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mercredi, 21 novembre 2018

Carlos Paz y Muhsen Bilal, sobre Siria

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Carlos Paz y Muhsen Bilal, sobre Siria 19-10-2018

Carlos Paz y Muhsen Bilal, sobre Siria, de la derrota a la reconstrucción final !
 

Nouvelles exigences du complexe militaro-industriel américain (CMI)

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Nouvelles exigences du complexe militaro-industriel américain (CMI)

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un rapport qui sera prochainement examiné par les deux Commissions de défense (Armed Services Comittee) du Sénat et de la Chambre des Représentants, intitulé  The National Defense Strategy, deux éminentes personnalités militaires signalent l'incapacité actuelle où se trouvent selon eux, les forces armées américaines.

Ils ne mentionnent volontairement pas le nucléaire, tactique ou stratégique, dans lequel les Etats-Unis disposent encore d'une incontestable supériorité. Ils se placent dans la perspective d'une guerre dite conventionnelle, dans tous les domaines, traditionnels comme nouveaux (espace, cyberguerre). Les menaces proviennent selon eux de la Russie et la Chine. Le rapport ne mentionne qu'accessoirement d'autres menaces telles que le terrorisme .

Les auteurs en sont un ancien vice-ministre de la défense sous George Bush, Eric Edelman et un amiral retraité, ancien chef des Opérations Navales sous George Bush et Barack Obama, Gary Roughead. Le rapport est extrêmement détaillé. Il peut être lu en entier sur le site du Département de la Défense 1) On en trouve des éléments importants, avec des commentaires intéressants, sur le site NBC news 2) cité en référence ainsi que sur le site Southfront 3).

On peut penser que ce rapport est une réaction à l'annonce des économies que Donald Trump a demandé au département de la défense. Elles sont de 16 milliards de dollars. Cependant ce budget est actuellement de 716 milliards environ. Ceci dépasse largement la somme cumulée des budgets de défense de l'ensemble des autres nations, incluant évidemment la Russie et la Chine.

Observons qu'en France, l'Etat-Major constatant le nombre insuffisant des matériels français, par exemple les hélicoptères de combat, et surtout leur mauvaise maintenance faute de moyens d'entretien, fait aussi pression pour des budgets militaires plus importants.

Une militarisation complète de l'Amérique

Mais en lisant le rapport, on s'aperçoit aisément que les nouveaux domaines dans lesquels les auteurs demandent que s'investissent les forces armées américaines conduiraient à des budgets militaires considérablement plus élevés. En fait, c'est une militarisation complète de l'économie et de la société américaine que demande le rapport, analogue à celle obtenue lors de la 2e guerre mondiale.

Ceci paraît paradoxal, lorsque l'on sait que le Département de la Défense et son agence de recherche la Darpa financent l'essentiel des recherches et développements conduites aux Etats-Unis dans l'ensemble des domaines intéressant les nouvelles sciences et technologies. Ceci se fait au détriment de la recherche civile, maintenue au plus bas niveau possible et surtout qui ne peut accéder aux résultats des recherches militaires couvertes par le confidentiel-défense. Contrairement par ailleurs à ce qui est d'usage en matière de recherche scientifique civile, les scientifiques non-américains n'ont pas accès à ces recherches.

Le rapport évoque en permanence le risque d'une guerre conventionnelle avec la Russie ou la Chine, sinon les deux simultanément. Mais comment peut-on croire que ces puissances prendraient le risque de déclencher une guerre de grande ampleur contre les Etats-Unis, compte-tenu du peu de bénéfice qu'elles en tireraient en regard des coûts humains et matériels difficilement estimables, mais considérables qu'une telle guerre leur imposerait...à supposer qu'elles puissent la gagner ?

Certes, les militaires américains ont, comme nous l'avions relaté, découvert récemment avec stupéfaction les avancées considérables de la Russie, suivie de près par la Chine, dans le domaine notamment des missiles hypersoniques. Mais peut-on raisonnablement supposer que de telles armes, si elles n'étaient pas dotées de têtes nucléaires, pourraient l'emporter sur les armements terrestres, maritimes et aériens dont sont amplement dotées, notamment, les nombreuses bases militaires américaines situées aux frontières de la Russie et même de la Chine via des pays dépendants comme la Corée du Sud ?

En fait une lecture plus simple de ce rapport conduit à y voir de nouvelles exigences du complexe militaro-industriel américain, dit aussi l'Etat profond. Celui-ci a pourtant gaspillé sans résultats environs 1.000 milliards de dollars dans le projet d'avion de combat dit JSF F-35 qui n'est pas encore véritablement opérationnel après 10 de financements abondants. A plus petite échelle, il faudrait mentionner les 45 milliards de dollars en contrats pour la réalisation de MRAP ou véhicules blindés protégés contre les mines utilisées au Moyen-Orient par des adversaires ne disposant pas d'autres types d'armes 4).

Il est évident qu'en imposant à la société américaine comme à l'ensemble des pays alliés de nouvelles dépenses militaires consenties au détriment des besoins civils, des centaines de milliards nouveaux pourraient être apportés au CMI américain. Nul ne peut dire ce qu'en feraient les bénéficiaires de ces ressources, sinon améliorer encore leur statut social et politique actuel. Mieux vaudrait en ce cas considérer que les Etats-Unis deviendraient une véritable dictature politique et militaire visant à une domination universelle, y compris rappelons le, dans le futur domaine capital de la colonisation de l'espace en orbite terrestre puis dans celui des planètes accessibles d'ici la fin du siècle, soit la Lune et Mars.

Rappelons que, dans un article précédent, nous avions rappelé que le Pentagone n'hésiterait à recourir au nucléaire face à un échec même mineur constaté lors d'un engagement dans le domaine conventionnel 5).

Références

1) https://dod.defense.gov/Portals/1/Documents/pubs/2018-Nat...

2) https://www.nbcnews.com/news/us-news/u-s-military-crisis-...

3) https://southfront.org/why-the-u-s-military-is-woefully-u...

4) https://en.wikipedia.org/wiki/MRAP

5) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3156...

On pourra lire aussi sur ce sujet un article en français  très alarmiste du World Socialist Web https://www.wsws.org/fr/articles/2018/11/17/rdwr-n17.html

Image. Un MRAP de type Cougar testé par le passage sur une mine

Note à la date du 18/11
Nouveaux éléments chiffrés concernant les dépenses militaires américaines

* Nous venons d'obtenir une étude du très officiel Institut Watson. Ceux qui s'intéressent aux dépenses militaires américiaines y apprendront que depuis le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont consacré approximativement 5,9 trillions de dollars aux diverses guerres menées par le monde. 1 trillion équivaut à 1 milliard de milliards. Les Etats-Unis sont riches.
ttps://watson.brown.edu/costsofwar/files/cow/imce/papers/...

* Rappelons qu'en 2017 le budget militaire américain atteignait 716 billions de dollars, soit 716 milliards. Celui de la Russie était estimé à  10 fois moins.

* Le coût annuel des 800 bases américaines dans le monde a été estimé selon une étude de David Vine datant de 2015 et publié par Amazon à 156 milliards. 
https://www.amazon.com/Base-Nation-Military-America-Ameri...

On comprend que dans ces conditions ils n'aient pas pu financer le développement d'un modeste missile hypersonique tel que le Kinzal russe

mardi, 20 novembre 2018

Schröder dénonce l’«occupation» de l’Allemagne par les USA

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Schröder dénonce l’«occupation» de l’Allemagne par les USA

Ex: https://echelldejacob.blogspot.com

 
L’ancien chancelier allemand s’en est pris dans une interview récente à la politique commerciale américaine qu’il a qualifiée d’ «occupation». Selon lui, il est inévitable que «ceux qui souffrent des conflits déclenchés par les États-Unis se rapprochent».

Dans une interview accordée à la chaîne allemande N-TV, Gerhard Schröder a dénoncé la politique commerciale américaine à l'égard de l'Allemagne.

«Nous ne pouvons pas tolérer d'être traités comme un pays occupé. Lorsque j'observe les actions de l'ambassadeur américain en Allemagne, j'ai l'impression qu'il se croit un officier d'occupation et non l'ambassadeur des États-Unis dans un État souverain», a-t-il déclaré.

Selon l'ancien chancelier allemand, Berlin doit chercher des partenaires qui ont des intérêts semblables. Parmi de tels pays, il a indiqué la Chine.

«Il est impossible d'empêcher que ceux qui souffrent des conflits déclenchés par les États-Unis se rapprochent», a-t-il résumé.

En mars dernier, la Maison-Blanche a imposé des tarifs douaniers supplémentaires à hauteur respectivement de 25 et 10% sur les importations d'acier et d'aluminium, en exemptant de manière permanente l'Argentine, le Brésil et l'Australie notamment, en échange toutefois de quotas.

Le 25 juillet, Jean-Claude Juncker s'était rendu aux États-Unis afin de rencontrer le Président américain. À l'issue de négociations, ils avaient annoncé une série de mesures sur l'agriculture, l'industrie et l'énergie pour apaiser le conflit commercial qui déchire les relations entre les États-Unis et l'Union européenne.

Donald Trump avait promis de «résoudre» la question de l'augmentation des tarifs douaniers américains de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium européens. Ce sont précisément ces taxes, appliquées depuis le 1er juin, qui ont mis le feu aux poudres entre Washington et Bruxelles. Il n'a cependant pas indiqué si cela signifiait que son administration avait l'intention de suspendre ces taxes.
 

Le Sri Lanka, enjeu géopolitique important

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Le Sri Lanka, enjeu géopolitique important

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Sri Lanka est peu connu en France. C'est un tort car cette petite île, nommée Ceylan du temps de l'ancienne route des Indes pour laquelle elle constituait une escale obligée, située au sud-est de l'Inde et peuplée d'environ vingt-deux millions de personnes, est devenu un enjeu majeur de pouvoir entre les Etats-Unis et la Chine.
Les Etats-Unis veulent absolument y conserver leur influence traditionnelle, y compris militaire, car elle commande géographiquement la circulation maritime entre le Golfe du Bengale et la Mer Rouge autrement dit le Canal de Suez. Pour la Chine, commencer à y implanter des entreprises chinoises est considéré comme un premier pas permettant de concurrencer la domination économique de l'Inde, qui est encore aujourd'hui largement sous influence américaine.

 

 

 

L'ancien homme fort du pays, le chef du gouvernement Mahinda Rajapakse, avait accepté de nombreux prêts chinois pour la construction d'infrastructures semble-t-il démesurées. Cet endettement a fait que fin 2017, le Sri Lanka avait concédé pour 99 ans le port de Hambantota, dans le sud de l'île, à une société d'Etat chinoise en échange de l'effacement d'un peu plus de 1 milliard d'euros de dettes.

Or l'Inde et derrière elle les Etats-Unis, voient avec inquiétude la transformation possible de l'île en étape des « nouvelles routes de la soie » chinoises empruntant la voie maritime. Pékin a été l'une des rares capitales à avoir félicité Mahinda Rajapakse lorsqu'il a été nommé premier ministre fin octobre 2018.

Nous n'entrerons pas ici dans les détails fort compliqués de la vie politique du Sri Lanka et des luttes d'influences qui s'y exercent entre les différentes communautés politiques et religieuses. Disons seulement que la situation s'est tendue depuis que le président du Sri Lanka, Maithripala Sirisena, avait limogé, le 26 octobre, son premier ministre Ranil Wickremesinghe pour le remplacer par Mahinda Rajapakse. Or celui-ci, souvent présenté comme l'homme de Pékin, se voit aussi reprocher de nombreux faits de corruption.

Mais le remplacement ne s'est pas fait comme prévu, le chef du gouvernement sortant Ranil Wickremesinghe a refusé de quitter son poste de même que sa résidence officielle. Par ailleurs il bénéficie toujours d'une majorité au Parlement. Le président Maithripala Sirisena avait essayé de dissoudre la Chambre et d'organiser des élections anticipées. Mais la Cour suprême vient d'invalider ces décrets présidentiels.

Le pays est paralysé et nul ne sait qui le gouverne. Fin octobre, le Sri Lanka avait deux premiers ministres, celui qui refusait de partir, Ranil Wickremesinghe, et celui qui venait d'être nommé, Mahinda Rajapakse. Aujourd'hui, constitutionnellement, il n'en a plus aucun. Mahinda Rajapakse n'a pas le soutien du Parlement et Ranil Wickremesinghe a perdu celui du président Maithripala Sirisena. Ceci d'autant plus que Ranil Wickremesinghe envisagerait de se porter candidat à la présidence du pays fin 2019, alors que l'actuel président souhaite le rester. Les deux hommes multiplient les accusations l'un contre l'autre. Mais les citoyens du Sri Lanka restent, si l'on peut employer ce terme, dubitatifs.

Rappelons que Mahinda Rajapakse, accusé de népotisme, de corruption et de crimes de guerre lorsqu'il était président entre 2005 et 2015, avait écrasé la rébellion des Tigres tamouls en 2009. L'armée sri-lankaise qu'il dirigeait a été accusée d'avoir torturé, violé et tué des civils.

Il convient de suivre avec attention l'évolution de la crise actuelle. Elle pourra indiquer notamment sous quelle influence, indo-américaine ou chinoise, pourrait à l'avenir se retrouver le pays.

 

dimanche, 18 novembre 2018

"Turquie, quels enjeux ?"

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 "Turquie, quels enjeux ?"
 
 
Le 4ème numéro de Pragma avec Robert Steuckers est disponible !

samedi, 17 novembre 2018

The Russian Crimea: Results and Future Outlooks

Pavel Tulaev

Ex: http://www.ateney.ru

Everyone recognises that Crimea is one of the most beautiful and bountiful places in the world. Not for nothing has it been called «the blest land», «a paradise», «the throne of the Black Sea», «the Russian Holy Mount», «a precious jewel in the crown of the Russian Empire», «a Eurasian microcosm», «an unsinkable aircraft carrier».

From time out of mind different peoples have settled it. It has always been a centre of resistance to, and rivalry with, diverse forces. Over the last thousand years, the history of Crimea has been inextricably linked to Holy Rus’, Muscovy, Russia and the USSR.

The military, political and trade route «from the Varangians to the Greeks», which passed through Novgorod, Kiev and Chersonese before ending at Constantinople, connected the Baltic and Black Seas, and the Slavic and Greco-Byzantine civilisations. This route became the backbone of Russia’s living and expansion space, and led to the creation of a new Orthodox state, which proclaimed itself the heiress to the Byzantine Empire, like a third Rome.

Why is it that Taurian Chersonese, not Kiev, is seen as the cradle of the Christianisation of Rus’? The reason is that Christ’s direct apostle Andrew (‘the First-called’), was preaching the word of God there, as early as during the 1st century AD. St. Clement (Pope Clement 1), the third bishop of Rome and founder of the first Christian communities in Crimea, was martyred there. In the early Middle Ages, the city was celebrated for its many saints and martyrs of Greek, Gothic and Scythian origin. The brothers Cyril and Methodius, considered equal to the apostles, arrived in Chersonese in 860 on their teaching mission; it was they who developed the basis of Slavonic literacy. It was here that the first Russian princes, Askold and Dir, accepted Christianity, along with their company. Lastly, it was Chersonese, in 988, that Prince Vladimir Svyatoslavovitch after his baptism wedded the Byzantine Princess Anna. In company with a priest – chronicler, he took books of liturgy as well as Orthodox relics from Chersonese to Kiev. The history of Kievan Rus’ would have been different without Chersonese.

Tulaev-on-Crimea_cover.jpgThe Russian colonisation of Crimea, which began during the first campaigns against Constantinople, continued to develop during the Tmutarakan principality from the 10th to 12th centuries, on the territory of ancient Tamatarkha. Here, on the banks of the Cimmerian Bosphorus, one of the first Russian places of worship, a shrine to the Most Holy Virgin, was built. Nikon, the first of the chroniclers known to us, lived here; he was to become the abbot of the Kiev-Pechersk monastery. Here Boyan, the legendary teller of tales, sang epics to the accompaniment of his dulcimer. And on this place marched the forces of the prince of Novgorod-Severski, whose deed was celebrated in the inspired «Tale of Igor’s Campaign».

At the beginning of the 13th century, the Tartar Horde seized the peninsula by force, cutting off the road from Rus’ to Constantinople. The military and political alliance with the Ottoman Empire had allowed the Muslims to hold the peninsula in their thrall for several centuries, and, at the same time, to alarm Rus’ with vicious predatory wars, which reached as far as Moscow itself.

Suppression of the hordes, bringing them under the sway of the Orthodox Tsar’, and incorporating Crimea into the Russian state, were very intricate problems, the resolution of which did not begin in the reign of Catherine the Great, but as early as Ivan the Terrible’s time. True, the first Russian campaigns to the Black Sea were not entirely successful, but without the military experience of Prince Golytsin, without Peter the Great’s Azov campaigns, without the strategic plans of Anna Ioannovna of Russia and Elizabeth Petrovna of Russia, Prince Potemkin would have had no basis for his ambitions in Crimea.

The absorption of Crimea into the Russian Empire was a progressive development for a number of reasons. Above all, it destroyed a focus of military threat for many Christian peoples: Greeks, Armenians, Goths, and Bulgarians. The Crimean Tartars were given the opportunity to shift from a nomadic way of life, based on warfare, to peaceful, constructive labour, but preserved themselves as an ethnic group. The rich economic potential of Crimea began to be realised on a larger, more diverse, scale. Scientists began to research all aspects of life and activity on the peninsula. It became part of enlightened European civilisation. Lastly, this valuable geopolitical acquisition facilitated the spread of the Orthodox Empire to the shores of the Black Sea and to the establishment of closer ties to Mediterranean and Western European countries, which, in turn, gave impetus to the development of Ukraine and Novorossiya. A new chapter opened in the life of the entire Eurasian region.

The sacrament of marriage entered into by Rus’ and Byzantium under the veil of the Blessed Virgin made our fatherland the tabernacle of the Queen of Heaven, while the acquisition of Crimea led to the building of the new «Mount Athos (Holy Mountain)». Crimea became not only a popular Riviera, the best-loved holiday resort of the well-off, but a place of pilgrimage for simple Christians. During the Romanovs’ rule, many valuable works pertaining to our national culture were created here.

Russia’s sortie on to the vast expanse of Black Sea significantly strengthened the international position of the Orthodox Empire. However, old Europe was watching the growth of its power with envious eyes. It always took advantage of any opportunity to weaken Russia’s position in Crimea, blowing political dissension up into bloody war. The blockade and merciless bombardment of Sebastopol in the years 1855-1856 are an instructive example.

The cost of the victories in the Crimea

We must not forget the terrible price of our victories in Crimea. During the 18th century, the Russian army, during the Russo-Turkish wars, lost a total of over 250,000 men, including those killed outright, and those who died of injury and illness.
Russia, in the 19th century, was obliged to wage four large-scale wars to retain and expand its possessions in the northern Black Sea coastal zone. According to specialists, Russia’s losses were no less than 450,000 men.

About 600,000 more people perished in the defence and liberation of the peninsula during the Second World War. No accurate information is yet available on the casualties of the civil war during the revolutionary period at the start of the 20th century. In any event, the overall losses sustained in wars for the Crimea are of the order of 1.5 million people.

There is a major monument to Russian military glory in Sevastopol – the Brotherhood Cemetery. It combines the graves of the first defence of the city and of the defenders of 1941 and 1942, as well as of the sailors from the battleship «Novorossiya», and the nuclear submarines «Komsomolets» and «Kursk». Here, in mass and personal graves, lie up to 50,000 warriors, which, as we have seen, is only a fraction of the cost in human life.

The revolution turned into a social catastrophe and a terrible tragedy for the peninsula. In November 1920 alone, over 145,000 Russian refugees fled the Crimea by sea. During the Red Terror, the widespread hunger, the liquidation of the kulaks, persecution of the Cossacks and other repressions, hundreds of thousands of people lost their lives. Many places of worship were closed and destroyed, while the monasteries were converted into labour communes and stores. The estates of the aristocracy and of the rich were looted, and, if they were lucky, converted into public spas or recreation centres. However, thanks to the bravery of museum staff, some of the art treasures and libraries were saved and preserved.

The Soviet government’s foreign policy in substance brought about the so-called «localisation» of the Tartars and Ukrainians living on the peninsula. Russians were temporarily in the minority. An attempt was made to create a Jewish Republic in Crimea. However, the attempts to wrest the former Taurian province from Russia ended in failure. In Stalin’s time, the Russian portion of the peninsula’s population began again to grow. Whereas in 1927 our compatriots made up 42% of Crimea’s population, in 1959 this figure had grown to 71.4%, and, by 2003, 79%. True enough, we should bear in mind that the deportation of persons of non-Slavonic origin between 1941 and 1944 no doubt had an effect on the sharp change in the statistical data. Also, many holders of Russian passports were Ukrainian by origin.


The Russians were always the most educated section of Crimea’s population. Even in the days of Khrushchev’s recklessness, we were bringing spiritual and temporal enlightenment to other peoples. By the start of the 21st century, there were over 400 doctors habilitati, more than 2000 doctors, and more than 12,000 highly qualified specialists active in the fields of research and education.


In the post-Soviet period, after long years of atheism and terror, the Christian faith began to re-vitalise the sacred land of Taurian Chersonese. The Orthodox cross began to shine with new glory over the Crimea, and the light of Christ enlightened us sinners, so that we might understand God’s Plan and lovingly carry it out.

Ancient places of worship have been restored and new ones opened. Orthodox communities and brotherhoods are being created, and ecclesiastical newspapers and journals are being published. The awakening of an Orthodox and Slavonic movement has inspired the hope that the Russian Crimea will rise again under the flag of the apostle Andrew the First Called, which will bring together Christian, patriotic and naval traditions.


The short-lived Ukrainisation of Crimea has not outwardly changed the familiar flow of religious, scientific, cultural and leisure and tourism aspects of life on the peninsula. It has but little effect on the peninsula’s economy. However, from a military and political point of view, Ukrainisation was a destructive process. Crimea, at the transition from the 20th to the 21st century, became an area of instability, the fault line in Eurasia’s defensive alliance.

It will not be easy for Russia to develop under conditions of permanent aggression from the West, and its economic and political blockade. The West, however, is not the whole world. There is always the East, ancient, wise and powerful. There are the economically developed countries of Asia and other regions, with which Russia has strengthened its relations through such international structures as the Eurasian Economic Union (EAEU), the Shanghai Co-operation Organisation (SCO), the Collective Security Treaty Organisation (CSTO), the deliberative bodies of the BRICS countries (Brazil, Russia, India, China, and the Republic of South Africa), et cetera. Nor is our country a tiny state, it is a vigorous power, which has entered the 21st century with confidence.

A new stage in Russia’s destiny

From a geopolitical point of view, 2014 saw the beginning of a new turn in the process of integrating the Russian regions. This is being complicated by Ukrainian nationalists, who keep ‘throwing spanners in the works’, by using ideological propaganda, and economic and political levers. In essence, Kiev is organising an all-out blockade of the peninsula. This cannot fail to cause problems of another sort. However, they are all temporary. All misapprehensions and technical difficulties can be sorted out as they arise, while the strategy of developing a Russian Crimea inspires hope for a better future.

Despite the aspersions of the opponents of the reunification, the critics and the eternal complainers, the peninsula has begun to develop much more dynamically than before. This is reflected in radical economic and social reforms for the good of its citizens, the complete refurbishment of many buildings, the building of new roads, and the modernisation of education and the health service.


As we can see, much progress has been possible despite all the blockades and sanctions. Even Western researchers recognise that life in Crimea is, on the whole, much better and more stable than in Ukraine. And, when the Kerch Bridge opens, things will be easier.

Besides, the peninsula’s development should be considered in the light of events in the south- eastern regions of Ukraine, the past and present Novorossiya. The Northern Tauria has always had close ties to Crimea, while Donbas was, and still is, the most important industrial and energy centre in the southern region.

The Russian Spring drew universal attention to the Crimea, which triggered new research into the blessed land. Books by A. Shirokorad, O. Greig, M. Korsun, A. Prokhanov, N. Starikov and other authors have been published. Previous scientific experience has been collected in the «The History of Crimea» monograph, brought out on the initiative of the Russian military history society.


The National Committee for preservation the Republic of Crimea’s cultural heritage is hard at work under the supervision of military historian V. Zarubin, who co-ordinates his activity with the local government, cultural and social organisations, as well as with the Civic Chamber of the Russian Federation, which specialises in the very same subject. A list of facilities requiring additional attention and funding has been drawn up, on the basis of which the appropriate requisitions have been made.

Vladimir Putin, who is constantly monitoring the course of events on the peninsula, has pointed out that separate funds are being allocated from the national budget not only for the construction of the Kerch Bridge, roads and power lines, but also for the restoration of monuments. «Crimea’s cultural objects are the heritage of all Russia, which has been accumulated over centuries, including Aivazovski, and Chekhov, and Kuprin, the flower of Russian culture, on whose works we have been educated for generations, and on which our children and grandchildren will also be educated», states our President.

In this connection, it is fitting to recall that, in June 2016, the monument to Catherine the Great, destroyed in Soviet times, was triumphantly re-erected in Simferopol to mark Navy Day. The sculptors are Aleksandr Chekunov and Dmitri Startsev.

A monument to General Vrangel’ was unveiled in September 2016 in Kerch, at the church of the apostle Andrew the First-called. It was created to the design of sculptor Andrew Klykov, the son and successor of outstanding sculptor and public figure Vyacheslav Mikhailovich Klykov. At a time when Crimeans, busy restoring their economy, infrastructure and cultural heritage, appealed for help to the government of fraternal Russia, the Ukrainians stepped up their informational counter-measures and received tangible assistance from the USA. More than 100 nationalistically inclined journalists and their electronic resources, such as «Crimea. The realities», «The Island», «Hromadske TV») received grants from the Soros Fund amounting to 500,000 dollars, which meant that the flow of ideological propaganda from Kiev intensified.

To sum up generally the research we have conducted over many years, the following may be confidently asserted. There was no annexation in 2014. Holy Rus’, Orthodox Muscovy, the Russian Empire, and the USSR all had close ties with Tauride over many centuries. After the illegal, short-lived isolation of our compatriots from their Motherland, they went back home as soon as a real chance resented itself. The natural, completely lawful, long-awaited re-unification of a single nation took place, on the basis of a legal referendum. This was the restoration of historical justice, the triumph of Truth and Orthodoxy. A new chapter opened in the Destiny of the Russian people, a new stage of ethnic and religious re-birth. Hail the heroes! Eternal remembrance to the holy martyrs and innocent victims!

Pavel Vladimirovich Tulaev, Professor,
International Slavonic Institute, Moscow (Russia)

 

jeudi, 15 novembre 2018

America’s Permanent-War Complex

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America’s Permanent-War Complex

Eisenhower's worst nightmare has come true, as defense mega-contractors climb into the cockpit to ensure we stay overextended.

What President Dwight D. Eisenhower dubbed the “military-industrial complex” has been constantly evolving over the decades, adjusting to shifts in the economic and political system as well as international events. The result today is a “permanent-war complex,” which is now engaged in conflicts in at least eight countries across the globe, none of which are intended to be temporary.

This new complex has justified its enhanced power and control over the country’s resources primarily by citing threats to U.S. security posed by Islamic terrorists. But like the old military-industrial complex, it is really rooted in the evolving relationship between the national security institutions themselves and the private arms contractors allied with them.

The first phase of this transformation was a far-reaching privatization of U.S. military and intelligence institutions in the two decades after the Cold War, which hollowed out the military’s expertise and made it dependent on big contractors (think Halliburton, Booz Allen Hamilton, CACI). The second phase began with the global “war on terrorism,” which quickly turned into a permanent war, much of which revolves around the use of drone strikes.

The drone wars are uniquely a public-private military endeavor, in which major arms contractors are directly involved in the most strategic aspect of the war. And so the drone contractors—especially the dominant General Atomics—have both a powerful motive and the political power, exercised through its clients in Congress, to ensure that the wars continue for the indefinite future.

♦♦♦

The privatization of military and intelligence institutions began even before the end of the Cold War. But during the 1990s, both Congress and the Bush and Clinton administrations opened the floodgates to arms and intelligence contractors and their political allies. The contracts soon became bigger and more concentrated in a handful of dominant companies. Between 1998 and 2003, private contractors were getting roughly half of the entire defense budget each year. The 50 biggest companies were getting more than half of the approximately $900 billion paid out in contracts during that time, and most were no-bid contracts, sole sourced, according to the Center for Public Integrity.

The contracts that had the biggest impact on the complex were for specialists working right in the Pentagon. The number of these contractors grew so rapidly and chaotically in the two decades after the Cold War that senior Pentagon officials did not even know the full extent of their numbers and reach. In 2010, then-secretary of defense Robert M. Gates even confessed to Washington Post reporters Dana Priest and William M. Arkin that he was unable to determine how many contractors worked in the Office of the Secretary of Defense, which includes the entire civilian side of the Pentagon.

Although legally forbidden from assuming tasks that were “inherent government functions,” in practice these contractors steadily encroached on what had always been regarded as government functions. Contractors could pay much higher salaries and consulting fees than government agencies, so experienced Pentagon and CIA officers soon left their civil service jobs by the tens of thousands for plum positions with firms that often paid twice as much as the government for the same work.

That was especially true in the intelligence agencies, which experienced a rapid 50 percent workforce increase after 9/11. It was almost entirely done with former skilled officers brought back as contractor personnel. Even President Barack Obama’s CIA director Leon Panetta admitted to Priest and Arkin that the intelligence community had for too long “depended on contractors to do the operational work” that had always been done by CIA employees, including intelligence analysis, and that the CIA needed to rebuild its own expertise “over time.”

By 2010, “core contractors”—those who perform such functions as collection and analysis—comprised at least 28 percent of professional civilian and military intelligence staff, according to a fact sheet from the Office of the Director of National Intelligence.

The dependence on the private sector in the Pentagon and the intelligence community had reached such a point that it raised a serious question about whether the workforce was now “obligated to shareholders rather than to the public interest,” as Priest and Arkin reported. And both Gates and Panetta acknowledged to them their concerns about that issue.

Powerfully reinforcing that privatization effect was the familiar revolving door between the Pentagon and arms contractors, which had begun turning with greater rapidity. A 2010 Boston Globe investigation showed that the percentage of three- and four-star generals who left the Pentagon to take jobs as consultants or executives with defense contractors, which was already at 45 percent in 1993, had climbed to 80 percent by 2005—an 83 percent increase in 12 years.

The incoming George W. Bush administration gave the revolving door a strong push, bringing in eight officials from Lockheed Martin—then the largest defense contractor—to fill senior policymaking positions in the Pentagon. The CEO of Lockheed Martin, Peter Teets, was brought in to become undersecretary of the Air Force and director of the National Reconnaissance Office (where he had responsibility for acquisition decisions directly benefiting his former company). James Roche, the former vice president of Northrop Grumman, was named secretary of the Air Force, and a former vice president of General Dynamics, Gordon R. England, was named the secretary of the Navy.

In 2007, Bush named rear admiral J. Michael McConnell as director of national intelligence. McConnell had been director of the National Security Agency from 1992 to 1996, then became head of the national security branch of intelligence contractor Booz Allen Hamilton. Not surprisingly McConnell energetically promoted even greater reliance on the private sector, on the grounds that it was supposedly more efficient and innovative than the government. In 2009 he returned once again to Booz Allen Hamilton as vice chairman.

The Pentagon and the intelligence agencies thus morphed into a new form of mixed public-private institutions, in which contractor power was greatly magnified. To some in the military it appeared that the privateers had taken over the Pentagon. As a senior U.S. military officer who had served in Afghanistan commented to Priest and Arkin, “It just hits you like a ton of bricks when you think about it. The Department of Defense is no longer a war-fighting organization, it’s a business enterprise.”

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The years after 9/11 saw the national security organs acquire new missions, power, and resources—all in the name of a “War on Terror,” aka “the long war.” The operations in Afghanistan and Iraq were sold on that premise, even though virtually no al Qaeda remained in Afghanistan and none were in Iraq until long after the initial U.S. invasion.

The military and the CIA got new orders to pursue al Qaeda and affiliated groups in Pakistan, Yemen, Somalia, and several other African countries, parlaying what the Bush administration called a “generational war” into a guarantee that there would be no return to the relative austerity of the post-Cold War decade.

Drone strikes against targets associated with al Qaeda or affiliated groups became the common feature of these wars and a source of power for military and intelligence officials. The Air Force owned the drones and conducted strikes in Afghanistan, but the CIA carried them out covertly in Pakistan, and the CIA and the military competed for control over the strikes in Yemen.

The early experience with drone strikes against “high-value targets” was an unmitigated disaster. From 2004 through 2007, the CIA carried out 12 strikes in Pakistan, aimed at high-value targets of al Qaeda and its affiliates. But they killed only three identifiable al Qaeda or Pakistani Taliban figures, along with 121 civilians, based on analysis of news reports of the strikes.

But on the urging of CIA Director Michael Hayden, in mid-2008 President Bush agreed to allow “signature strikes” based merely on analysts’ judgment that a “pattern of life” on the ground indicated an al Qaeda or affiliated target. Eventually it became a tool for killing mostly suspected rank-and-file Afghan Taliban fighters in both Pakistan and Afghanistan, particularly during the Obama administration, which had less stomach and political capital for outright war and came to depend on the covert drone campaign. This war was largely secret and less accountable publicly. And it allowed him the preferable optics of withdrawing troops and ending official ground operations in places like Iraq.

Altogether in its eight years in office, the Obama administration carried out a total of nearly 5,000 drone strikes—mostly in Afghanistan—according to figures collected by the Bureau of Investigative Journalism.

But between 2009 and 2013, the best informed officials in the U.S. government raised alarms about the pace and lethality of this new warfare on the grounds that it systematically undermined the U.S. effort to quell terrorism by creating more support for al Qaeda rather than weakening it. Some mid-level CIA officers opposed the strikes in Pakistan as early as 2009, because of what they had learned from intelligence gathered from intercepts of electronic communications in areas where the strikes were taking place: they were infuriating Muslim males and making them more willing to join al Qaeda.

In a secret May 2009 assessment leaked to the Washington Post, General David Petraeus, then commander of the Central Command, wrote, “Anti-U.S. sentiment has already been increasing in Pakistan…especially in regard to cross-border and reported drone strikes, which Pakistanis perceive to cause unacceptable civilian casualties.”

More evidence of that effect came from Yemen. A 2013 report on drone war policy for the Council on Foreign Relations found that membership in al Qaeda in the Arabian Peninsula in Yemen grew from several hundred in 2010 to a few thousand members in 2012, just as the number of drone strikes in the country was increasing dramatically—along with popular anger toward the United States.

Drone strikes are easy for a president to support. They demonstrate to the public that he is doing something concrete about terrorism, thus providing political cover in case of another successful terrorist attack on U.S. soil. Donald Trump has shown no interest in scaling back the drone wars, despite openly questioning the stationing of troops across the Middle East and Africa. In 2017 he approved a 100 percent increase in drone strikes in Yemen and a 30 percent increase in Somalia above the totals of the final year of the Obama administration. And Trump has approved a major increase in drone strikes in Afghanistan, and has eliminated rules aimed at reducing civilian casualties from such strikes.

Even if Obama and Trump had listened to dissenting voices on the serious risks of drone wars to U.S. interests, however, another political reality would have prevented the United States from ending the drone wars: the role of the private defense contractors and their friends on Capitol Hill in maintaining the status quo.

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Unlike conventional bombing missions, drone strikes require a team to watch the video feeds, interpret them, and pass on their conclusions to their mission coordinators and pilots. By 2007 that required more specialists than the Air Force had available. Since then, the Air Force has been working with military and intelligence contractors to analyze full-motion videos transmitted by drones to guide targeting decisions. BAE, the third-ranking Pentagon contractor according to defense revenues, claims that it is the “leading provider” of analysis of drone video intelligence, but in the early years the list of major companies with contracts for such work also included Booz Allen Hamilton, L-3 Communications, and SAIC (now Leidos).

These analysts were fully integrated into the “kill chain” that resulted, in many cases, in civilian casualties. In the now-famous case of the strike in February 2010 that killed at least 15 Afghan civilians, including children, the “primary screener” for the team of six video analysts in Florida communicating via a chat system with the drone pilot in Nevada was a contract employee with SAIC. That company had a $49 million multi-year contract with the Air Force to analyze drone video feeds and other intelligence from Afghanistan.

The pace of drone strikes in Afghanistan accelerated sharply after U.S. combat ended formally in 2014. And that same year, the air war against ISIS began in Iraq and Syria. The Air Force then began running armed drones around the clock in those countries as well. The Air Force needed 1,281 drone pilots to handle as many “combat air patrols” per day in multiple countries. But it was several hundred pilots short of that objective.

To fulfill that requirement the Air Force turned to General Atomics—maker of the first armed drone, the Predator, and a larger follow-on, the MQ-9 Reaper—which had already been hired to provide support services for drone operations on a two-year contract worth $700 million. But in April 2015 the Air Force signed a contract with the company to lease one of its Reapers with its own ground control station for a year. In addition, the contractor was to provide the pilots, sensor operators, and other crew members to fly it and maintain it.

The pilots, who still worked directly for General Atomics, did everything Air Force drone pilots did except actually fire the missiles. The result of that contract was a complete blurring of the lines between the official military and the contractors hired to work alongside them. The Air Force denied any such blurring, arguing that the planning and execution of each mission would still be in the hands of an Air Force officer. But the Air Force Judge Advocate General’s Office had published an article in its law review in 2010 warning that even the analysis of video feeds risked violating international law prohibiting civilian participation in direct hostilities.

A second contract with a smaller company, Aviation Unlimited, was for the provision of pilots and sensor operators and referred to “recent increased terrorist activities,” suggesting that it was for anti-ISIS operations.

The process of integrating drone contractors into the kill chain in multiple countries thus marked a new stage in the process of privatizing war in what had become a permanent war complex. After 9/11, the military became dependent on the private sector for everything from food, water, and housing to security and refueling in Iraq and Afghanistan. By 2009 contractors began outnumbering U.S. troops in Afghanistan and eventually became critical for continuing the war as well.

In June 2018, the DoD announced a $40 million contract with General Atomics to operate its own MQ-9 Reapers in Afghanistan’s Helmand Province. The Reapers are normally armed for independent missile strikes, but in this case, the contractor-operated Reapers were to be unarmed, meaning that the drones would be used to identify targets for Air Force manned aircraft bombing missions.

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There appears to be no braking mechanism for this accelerating new reality. U.S. government spending on the military drone market, which includes not only procurement and research and development for the drones themselves, but the sensors, modifications, control systems, and other support contracts, stood at $4.5 billion in 2016, and was expected to increase to $13 billion by 2027. General Atomics is now the dominant player in the arena.

This kind of income translates into political power, and the industry has shown its muscle and more than once prevented the Pentagon from canceling big-ticket programs, no matter how unwanted or wasteful. They have the one-two punch of strategically focused campaign contributions and intensive lobbying of members with whom they have influence.

This was most evident between 2011 and 2013, after congressionally mandated budget reductions cut into drone procurement. The biggest loser appeared to be Northrop Grumman’s “Global Hawk” drone, designed for unarmed high-altitude intelligence surveillance flights of up to 32 hours.

By 2011 the Global Hawk was already 25 percent over budget, and the Pentagon had delayed the purchase of the remaining planes for a year to resolve earlier failures to deliver adequate “near real time” video intelligence.

After a subsequent test, however, the Defense Department’s top weapons tester official reported in May 2011 that the Global Hawk was “not operationally effective” three fourths of the time, because of “low vehicle reliability.” He cited the “failure” of “mission central components” at “high rates.” In addition, the Pentagon still believed the venerable U-2 Spy plane—which could operate in all weather conditions, unlike the Global Hawk—could carry out comparable high-altitude intelligence missions.

As a result, the DoD announced in 2012 that it would mothball the aircraft it had already purchased and save $2.5 billion over five years by foregoing the purchase of the remaining three drones. But that was before Northrop Grumman mounted a classic successful lobbying campaign to reverse the decision.

That lobbying drive produced a fiscal year 2013 defense appropriations law that added $360 million for the purchase of the final three Global Hawks. In Spring 2013, top Pentagon officials indicated that they were petitioning for “relief” from congressional intent. Then the powerful chairman of the House Armed Services Committee, California Republican Buck McKeon, and a member of the House Appropriations Defense Subcommittee, Democrat Jim Moran of Virginia, wrote a letter to incoming Defense Secretary Chuck Hagel on May 13, 2013, pressing him to fund the acquisition of the Global Hawks.

The Pentagon finally caved. The Air Force issued a statement pledging to acquire the last three Northrop Grumman spy planes, and in early 2014, Hagel and Dempsey announced that they would mothball the U-2 and replace it with the Global Hawk.

Northrop spent nearly $18 million on lobbying in 2012 and $21 million in 2013, fielding a phalanx of lobbyists determined to help save Global Hawk. It got what it wanted.

Meanwhile, Northrop’s political action committee had already made contributions of at least $113,000 to the campaign committee of House Armed Services Committee Chairman McKeon, who also happened to represent the Southern California district where Northrop’s assembly plant for the Global Hawk is located. Representative Moran, the co-author of the letter with McKeon, who represented the northern Virginia district where Northrop has its headquarters, had gotten $22,000 in contributions.

Of course Northrop didn’t ignore the rest of the House Armed Services Committee: they were recipients of at least $243,000 in campaign contributions during the first half of 2012.

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The Northrop Grumman triumph dramatically illustrates the power relationships underlying the new permanent-war complex. In the first half of 2013 alone, four major drone contractors—General Atomics, Northrop Grumman, Lockheed Martin, and Boeing—spent $26.2 million lobbying Congress to pressure the executive branch to keep the pipeline of funding for their respective drone systems flowing freely. The Center for the Study of the Drone observed, “Defense contractors are pressuring the government to maintain the same levels of investment in unmanned systems even as the demand from the traditional theatres such as Afghanistan dies down.”

Instead of dying down, the demand from drones in Afghanistan has exploded in subsequent years. By 2016, the General Atomics Reapers had already become so tightly integrated into U.S. military operations in Afghanistan that the whole U.S. war plan was dependent on them. In the first quarter of 2016 Air Force data showed that 61 percent of the weapons dropped in Afghanistan were from the drones.

In the new permanent-war complex the interests of the arms contractors have increasingly dominated over the interests of the civilian Pentagon and the military services, and dominance has became a new driving force for continued war. Even though those bureaucracies, along with the CIA, seized the opportunity to openly conduct military operations in one country after another, the drone war has introduced a new political dynamic into the war system: the drone makers who have powerful clout in Congress can use their influence to block or discourage an end to the permanent war—especially in Afghanistan—which would sharply curtail the demand for drones.

Eisenhower was prophetic in his warning about the threat of the original complex (which he had planned to call the military-industrial-congressional complex) to American democracy. But that original complex, organized merely to maximize the production of arms to enhance the power and resources of both the Pentagon and their contractor allies, has become a much more serious menace to the security of the American people than even Eisenhower could have anticipated. Now it is a system of war that powerful arms contractors and their bureaucratic allies may have the ability to maintain indefinitely.

Gareth Porter is an investigative reporter and regular contributor to The American Conservative. He is also the author of Manufactured Crisis: The Untold Story of the Iran Nuclear Scare.

mardi, 13 novembre 2018

"Een sterke plaats voor de Lage Landen in het Verre Westen van Eurazië"

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"Een sterke plaats voor de Lage Landen in het Verre Westen van Eurazië"

Kort gesprek met Robert Steuckers

Op 17 november aanstaande organiseert het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland voor de tweede maal een congres in Leuven, ditmaal onder het thema ‘Een eerlijke kijk op geopolitiek’. Eén van de sprekers op dat congres is de Brusselse publicist Robert Steuckers, Novini sprak met hem.

Meneer Steuckers, u spreekt op 17 november aanstaande op het congres van het GIVN, over welk onderwerp zult u daar spreken en waarom juist dat onderwerp?

Eerst over een algemene definitie van wat in mijn ogen geopolitiek wel is: de noodzakelijkheid de lessen van de geschiedenis te onthouden op ieder specifiek stuk land op deze aarde. Geschiedenis is tijd en aardrijkskunde is ruimte. Niets gebeurt buiten tijd en ruimte. Dan, in het tweede deel, over geopolitiek in de specifieke tijd en de eigen ruimte van onze Lage Landen. Welke geopolitieke lessen kunnen wij trekken uit ons verleden, een verleden dat wij niet altijd zelfstandig hebben kunnen bepalen?

U heeft al veel geschreven over de geopolitiek van Europa, wat heeft in eerste instantie uw belangstelling voor die materie gewekt?

Ik werd altijd, zelfs als kind, gefascineerd door geschiedenis en door atlassen, in het bijzonder door historische atlassen. Met historische kaarten heb ik kunnen ontdekken dat door overwinningen en nederlagen onze huidige tijd er heel anders uit had kunnen zien. De regels van deze vooruit- of achteruitgangen uit het verleden moeten onderzocht worden. Daarom de drie delen van mijn recente drieluik, dat als titel “Europa” draagt. Wat in het verleden is gebeurd kan zich vaak herhalen op dezelfde plaatsen waar ze ooit aan de oude geschiedenis vorm en inhoud hebben gegeven.

Zijn er uit de huidige trends op dit gebied bepaalde ontwikkelingen voor de middellange termijn af te leiden? Zo ja, welke ontwikkelingen kunnen we als eerste verwachten? Zijn er bepaalde zaken die onze bijzondere aandacht verdienen als het om de toekomst van Europa gaat?

De trend die men vanuit Amsterdam, Rotterdam, Antwerpen of Brussel moet observeren en volgen, is ontwijfelbaar de strijd tussen een hernieuwde poging om de verschillende grote regio’s van Eurazië communicatief (spoorwegen, wegen, kanalen) te verbinden, meestal vanuit China, en de inspanningen van Amerika om de realisatie van deze verbindingen binnen de Euraziatische landmassa te verhinderen. Wij moeten schema’s en plannen schetsen om een sterke plaats voor de Lage Landen en voor Midden-Europa te vinden of beter, terug te vinden, hier in het Verre Westen van Eurazië. Daarom is het ook nodig de tot hiertoe verborgen gebleven wortels van een potentiële geopolitiek voor de Lage Landen grondig te doordenken.

Hartelijk dank voor uw antwoorden!

Het 2e congres van het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland (GIVN) onder het thema ‘Een eerlijke kijk op geopolitiek’ vindt plaats op zaterdag 17 november 2018, van 14.00 tot 17.00 uur aan de Andreas Vesaliusstraat 2 te Leuven. Van deelnemers wordt een kleine bijdrage in de onkosten gevraagd.

Les relations internationales dans un monde multipolaire

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Les relations internationales dans un monde multipolaire

par Hans Köchler*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Afin d’éviter tout malentendu, il est judicieux d’entreprendre d’abord une clarification concernant la formulation du sujet qui m’a été assigné «Les relations internationales dans un monde multipolaire». Pour le terme «international», c’est assez simple. Il faut cependant souligner spécifiquement ce qu’on entend par ce terme «interétatique», puisque qu’en allemand «nation» a encore une autre signification. Il s’agit donc des relations entre les Etats et implicitement, de celles entre les peuples et les individus. Cela n’entre pas en contradiction avec le fait que l’Etat obtienne sa légitimité du statut souverain du citoyen dans l’action commune.

«L’avantage décisif de la configuration multipolaire – plutôt complexe, il faut le reconnaître – est que chaque acteur, indépendamment de sa taille et de son pouvoir, a une marge de manœuvre – on pourrait aussi dire un espace de liberté – relativement plus grande que dans l’ancienne configuration unipolaire. Pour les Etats de moindre importance, un cadre multipolaire constitue clairement une meilleure garantie pour la sauvegarde de leur indépendance, qu’un système hégémonique ou aussi bipolaire.»

«Multipolaire» et «multilatéral»

Cependant, la notion de «multipolaire» nécessite d’être expliquée de manière plus précise. Il ne faut pas la confondre avec la notion de «multilatéral». Cette dernière se rapporte à la forme ou plutôt à la méthode de l’action en politique extérieure des Etats, alors qu’au contraire l’adjectif «multipolaire» met l’accent sur la configuration de pouvoir entre les Etats. Ce sont deux niveaux de compréhension totalement différents de l’application de cette notion. Les accords, par exemple, peuvent être soit bilatéraux, soit multilatéraux; ils ne peuvent cependant jamais être unilatéraux, puisque on ne peut conclure un accord avec soi-même. Les sanctions peuvent être unilatérales, si elles sont imposées par une seule partie, soit par un seul Etat, soit par un groupe ou une organisation d’Etats. Les sanctions ne deviennent des mesures de contrainte collectives, donc multilatérales, que si elles sont dispensées par le Conseil de sécurité des Nations Unies au nom de tous, donc au nom de la communauté des nations. On peut donc dire qu’un Etat agit dans un certain cas, de façon multilatérale, c’est-à-dire, qu’il prend des décisions en commun avec d’autres Etats, ou alors, dans un cas isolé ou de façon générale, il peut également agir de façon unilatérale.


Il en va tout autrement avec l’adjectif «multipolaire». A un moment donné, la configuration de pouvoir au niveau global ou régional peut être unipolaire, bipolaire ou multipolaire. Ici, il n’est pas question – tout autrement qu’avec «unilatéral», «bilatéral» ou «multilatéral» – du nombre des Etats trouvant un accord au sujet de mesures particulières, mais du nombre de pôles de pouvoir au niveau global. Juste un indice pour préciser cette différence: dans un ordre multipolaire, un Etat peut – s’il le souhaite – agir de manière unilatérale, s’il pense être assez puissant pour le faire. S’il n’y a qu’un seul centre de pouvoir, l’Etat dominant sera constamment tenté d’agir comme il le désire, sans rechercher l’entente avec les autres Etats, puisqu’il n’existe aucun contrepoids à son pouvoir. Dans une telle configuration, il peut cependant de son propre chef également agir de manière multilatérale, c’est-à-dire, accorder sa position avec d’autres Etats – s’il en ressent la magnanimité ou – selon le point de vue – suffisamment d’indulgence.

Trois questions déterminantes concernant le sujet

Après cette clarification, nous pouvons rentrer in medias res, dans le vif du sujet. Comme je vois la chose, il y a trois questions déterminantes concernant le sujet – comment avancer au niveau international dans un monde multipolaire:

  1. Quelle est la marge d’action des acteurs étatique dans une constellation multipolaire, induisant idéalement, mais non nécessairement, aussi un équilibre de pouvoir multipolaire?
  2. Quelle est la particularité des relations internationales, lorsqu’il y a plus de deux pôles de pouvoir, c’est-à-dire, quelle en est la différence d’avec une configuration unipolaire ou bipolaire?
  3. Quelles sont les perspectives d’avenir de l’action interétatique dans un contexte multipolaire – ou, très concrètement, hic et nunc: comment passer d’une configuration unipolaire à une configuration multipolaire?

Le monde est dans une phase transitoire

Je pense qu’il est clair pour nous tous que le monde se trouve actuellement dans une telle phase transitoire et que nous nous trouvons pour l’instant dans une sorte de mélange hybride. L’ordre mondial n’est plus exclusivement unipolaire, mais il n’est pas non plus entièrement multipolaire. Il est évident qu’une telle époque de bouleversements comprend pour tout le monde de l’instabilité et des risques. Il y a cependant encore une autre incertitude. Dans cette phase transitoire, il est tout à fait possible que se forme une nouvelle bipolarité – par exemple «Etats-Unis – Chine». Il n’est pas possible de donner une évaluation exacte du parallélogramme des forces globales en présence.

Rétrospective historique

Afin de comprendre correctement la situation actuelle et estimer d’une manière réaliste les chances et les perspectives de l’action étatique, il faut effectuer une brève rétrospective historique. Au cours des siècles depuis le début de l’organisation étatique, les relations internationales ont essentiellement été des démonstrations de force régies par la loi du plus fort. Il n’y avait à cela aucun cadre (légal) normatif. Pour décrire cette situation, il y a en allemand une expression adaptée: l’«anarchie de la souveraineté».


Dès le XVIIe siècle, et surtout depuis le Traité de Westphalie qui mit fin à la guerre de 30 Ans, on a essayé de formuler des règles du jeu pour les relations interétatiques – et cela dans une sorte de cadre multipolaire. Mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que sont apparus les prémisses d’une codification universelle des règles devant être suivies par les Etats, ou plus exactement des règles que les Etats se sont volontairement engagés à respecter. On pourrait citer en exemples la Sainte-Alliance qui fit suite aux guerres napoléoniennes ou – à la fin du XIXe siècle – l’unification par les Conventions de La Haye et enfin, au siècle dernier déjà, la mise en forme d’un statut pour l’organisation nommée Société des Nations, devenue – après une autre guerre mondiale – l’Organisation des Nations Unies. Mais on doit admettre qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucun système de règles pour la mise en application homogène et généralisée de normes internationales sur lesquelles on se soit mis d’accord. Finalement, tout au long des siècles, le progrès a seulement consisté à continuellement préciser et à codifier davantage ces règles et principes.

Potentiel de la Realpolitik et le cadre légal

Ainsi, en ce qui touche au positionnement de chaque Etat dans la communauté mondiale, les relations internationales sont définies, aussi au début de notre millénaire, par une sorte d’interaction entre deux facteurs: d’une part, le potentiel de la realpolitik et d’autre part, le cadre légal. On ne peut considérer aucun de ces aspects isolés l’un de l’autre.
Passons ensuite au potentiel de realpolitik: on entend par là la capacité d’un Etat à exprimer ses intérêts vitaux – soit, à l’américaine «the national interest». Ceux-ci sont déterminés d’une part par les paramètres économiques, militaires et technologiques, donc selon le potentiel de pouvoir effectif d’un Etat. Entretemps, il est devenu à la mode d’y adjoindre l’aspect de «soft power». D’autre part, il dépend aussi du savoir-faire tactique et diplomatique d’un Etat, de la manière dont il s’investit concrètement – avec le potentiel de pouvoir dont il dispose – dans les divers débats et de sa capacité à participer à l’articulation mutuelle des intérêts, ou à négocier ses intérêts avec les autres sur la base de la réciprocité. Cette habileté diplomatique – comme on peut l’observer dans les politiques d’alliance d’un Etat – fait essentiellement partie de la force de realpolitik et se joint donc au potentiel effectif du pouvoir. Le rôle joué par Talleyrand lors du Congrès de Vienne en est un exemple particulièrement frappant: il était le représentant de la France postnapoléonienne – le perdant de la guerre! – et malgré le potentiel de pouvoir radicalement réduit de son pays, il a été capable de jouer un rôle tout à fait décisif dans les pourparlers.

Des principes légalement codifiés plutôt que l’«anarchie des souverainetés»

Le deuxième facteur important, outre le potentiel de la realpolitik, est le cadre légal. A cet égard il y a une différence fondamentale avec l’époque pré-moderne de l’anarchie des souverainetés. Alors que les conflits d’intérêts précédents prenaient un tour essentiellement belliqueux, ils peuvent à présent être négociés selon des règles précises – depuis que les principes légaux sont codifiés dans des accords. La structure des normes interétatiques toujours plus complexe devrait offrir – tout au moins selon sa conception – de la sécurité à l’acteur étatique de deux façons: d’une part dans la vie réelle, on pourrait aussi dire, au sens physique – en tant que protection des attaques et interventions contre sa souveraineté. C’est, par exemple, l’importance des dispositions dans la Charte des Nations-Unies ou, auparavant, dans le Pacte Briand-Kellog. D’autre part, l’ensemble codifié des normes devrait offrir un genre de sécurité de planification – selon le principe de la bonne foi. Un Etat doit pouvoir être sûr que les autres Etats agissent également selon le système de règles sur lequel il y a eu accord préalable.

Le dilemme des Nations Unies

Ce deuxième facteur – le cadre légal – n’est toujours pas entièrement développé. Il reste abstrait, si l’on ne le considère pas en rapport avec le potentiel de la realpolitik. A quoi servent les plus belles règles – sur le papier –, si un Etat n’est pas en mesure d’exiger leur respect face à d’autres acteurs potentiellement plus forts. Voilà en quoi consiste exactement, depuis sa fondation, le dilemme de l’Organisation des Nations Unies en tant que garant du droit et de la paix au niveau mondial.

L’unipolarité rend le cadre légal presque totalement inefficace

Les deux facteurs – le potentiel de la realpolitik et le cadre légal – sont mis en œuvre différemment selon la structure du système international (unipolaire, bipolaire, multipolaire). Quand l’un des deux domine – dans une situation d’unipolarité – les facteurs que j’ai mentionnés dans le second point – le cadre légal – demeurent en grande partie sans effet. Dans une telle configuration, ce sont avant tout les petits et moyens Etats qui y perdent leur marge de manœuvre – ce que nous avons tous pu observer durant les dernières décennies – par exemple, dans l’ordre bipolaire de la guerre froide. Dans des conditions d’unipolarité, l’Hégémon s’en tiendra au cadre légal uniquement tant que celui-ci ne s’oppose pas à ses intérêts vitaux. Pour illustration, on pourrait renvoyer à la politique de Donald Trump. La résiliation unilatérale par les Etats-Unis du traité conclu avec l’Iran a démontré de façon drastique aux gens de bonne foi les conséquences d’une politique unilatérale. Lorsqu’un Etat se sent si puissant qu’il pense ne pas devoir prendre en considération les intérêts d’autrui, alors il est capable d’ignorer les engagements des résolutions obligatoires du Conseil de sécurité des Nations-Unies ou ceux conclus par un précédent gouvernement, dans le cas où le gouvernement en poste pense qu’une telle position correspond mieux à ses intérêts nationaux.


Dans une configuration unipolaire, ce ne sont, pour les membres de la communauté internationale, pas tant les normes formellement en vigueur qui comptent, mais leur positionnement en realpolitik: soit en tant que vassal de l’Hégémon – ce qui a été, par exemple, pendant longtemps le rôle de l’Allemagne à l’égard des Etats-Unis – ou dans une tentative de se regrouper avec d’autres Etats. Nous en trouvons un exemple pour ce cas, dans les formes transnationales de coopération, comme par exemple les BRICS ou les initiatives au niveau régional telle l’Organisation de coopération de Shanghai. Il s’agit là d’une coordination politique entre Etats sympathisants dans le but de résister à la pression de l’Hégémon.

Stratégie d’accès au pouvoir dans le domaine purement militaire

Parmi les options de la realpolitik, il y a aussi la possibilité que certains Etats poursuivent une stratégie d’accès au pouvoir dans le domaine purement militaire, notamment en recourant à des armes de destruction massive. Cela signifie, on a pu l’observer tout récemment avec l’exemple de la crise au sujet de la Corée du Nord. Concernant la problématique des armes nucléaires dans le contexte de la realpolitik, il existe également une intéressante – et sibylline – étude («Advisory Opinion») de la Cour de justice internationale qui a évoqué le tabou de la question de l’admissibilité des armes nucléaires dans sa réponse à la question qui lui avait été posée à ce sujet par l’Assemblée générale, à savoir si, dans un cas où il s’agit de la survie d’un Etat en tant que tel, la question de l’utilisation d’armes de destruction massive ne devait pas être considérée autrement que seulement sur un plan formel (uniquement aux termes de la loi).

Davantage de marge de manœuvre dans un ordre multipolaire

Les options – brièvement esquissées – d’action des Etats dans le contexte unipolaire contiennent déjà en elles-mêmes les prémisses de l’émergence d’un ordre multipolaire dans lequel plus de deux centres de pouvoir négocient les règles du jeu des relations internationales et articulent ensuite leurs intérêts dans le cadre de ces règles. Il est évident que dans un tel cadre l’acteur indépendant – en comparaison du scénario unipolaire – possède une marge de manœuvre clairement plus étendue. Il n’est plus alors livré, pour le meilleur et pour le pire, à la volonté d’un Hégémon, mais peut articuler ses intérêts en coopération avec d’autres acteurs, ce qui lui ouvre toujours plusieurs options. Il peut rejoindre un groupement régional ou en créer un autre, ou participer à un forum de coopération transnational. Mentionnons comme exemples, les BRICS ou le G20. Un Etat peut également se positionner en tant que médiateur neutre, comme le démontre manifestement la politique extérieure de la Suisse. Dans une constellation bipolaire, comme durant la guerre froide, cette politique peut cependant développer une plus importante efficacité. (Cela correspond aussi à l’expérience de la diplomatie autrichienne jusqu’à son entrée dans l’Union européenne.)

Aucune obligation à participer à un des centres du pouvoir

Dans cette comparaison des différents types d’ordre universel, il est important de souligner que la multipolarité ne veut pas dire que chaque Etat aurait l’obligation de se joindre à l’un des centres du pouvoir existant (et donc de se soumettre) – et que de cette façon, les petits Etats seraient pour ainsi dire marginalisés. La multipolarité signifie au contraire l’existence de plusieurs pôles de pouvoir pouvant se former autour d’Etats indépendants, mais aussi autour de groupements d’Etats ou d’organisations interétatiques ne s’étendant pas nécessairement au monde entier. Là aussi, il y a pour un Etat indépendant la possibilité fondamentale de s’abstenir ou de décider de façon autonome s’il nécessite une sécurité supplémentaire en intégrant une organisation existante ou non. Il y a donc une large marge d’appréciation et de manœuvre diplomatique. Les petits Etats ne sont donc pas contraints à se joindre à un groupe de pays.


L’avantage décisif de la configuration multipolaire – plutôt complexe, il faut le reconnaître – est que chaque acteur, indépendamment de sa taille et de son pouvoir, a une marge de manœuvre – on pourrait aussi dire un espace de liberté – relativement plus grande que dans l’ancienne configuration unipolaire. Pour les Etats de moindre importance, un cadre multipolaire constitue clairement une meilleure garantie pour la sauvegarde de leur indépendance, qu’un système hégémonique ou aussi bipolaire.


Même si dans une configuration à deux pôles de pouvoir des Etats neutres avec un bon savoir-faire diplomatique parviennent dans des cas isolés, à avoir un «poids» plus considérable que dans un contexte multipolaire, il y a, vu les conditions structurelles de cet équilibre de pouvoir, toujours un danger accru d’être aspiré dans la domination régionale d’un des deux pôles ou alors d’être repoussé dans l’«arrière-cour» d’une des superpuissances. Les risques sont donc plus élevés que de se placer dans le cadre d’une multitude d’Etats se trouvant en concurrence ou en coalition et s’inscrivant avec dynamisme dans le polygone des forces continuellement changeantes.

Ni Etat mondial, ni gouvernement mondial

Dans le monde multipolaire de l’avenir se dessinant d’ores et déjà, il y a l’opportunité pour chaque Etat d’affirmer sa souveraineté dans la coopération librement négociée sur la base de la réciprocité avec les autres pays. Malgré la grande fluctuation – il faut en convenir – de cette configuration, il s’agit probablement de la meilleure option que la formation d’un Etat mondial dont le quotidien politique – si j’ose ironiquement m’exprimer ainsi – serait structurellement absolument semblable aux conditions dans un ordre mondial unipolaire. L’Hégémon imposant sa volonté à tous les Etats, serait, au sein de la construction d’un Etat planétaire, remplacé purement et simplement par une sorte de gouvernement mondial qui absorberait la diversité des peuples et des cultures par son exercice de son pouvoir central. Il y a là une forte ressemblance structurelle avec l’unipolarité.


Pour terminer, permettez-moi mon ceterum censeo, en dernier ajout. L’ONU, l’Organisation des Nations-Unies fondée à la suite de la Seconde Guerre mondiale, ne pourra survivre en tant que projet mondial que si elle fait son deuil de l’idée d’un gouvernement mondial exercé par un Conseil de sécurité doté de plein-pouvoirs dictatoriaux et qu’elle réussit à se transformer en un cadre normatif et organisationnel pour un nouvel équilibre multipolaire des pouvoirs. La subordination persistante de la communauté mondiale à la volonté des cinq Etats les plus puissants de l’époque – c’était la multipolarité de 1945! – est, au sein du nouveau cadre se dessinant actuellement, un anachronisme dangereux pouvant finalement faire éclater tout le système.    •
(Traduction Horizons et débats)

 
Hans Köchler

Hans Köchler a été de 1990 à 2008 directeur de l’Institut de philosophie de l’Université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du Groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie inter­nationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler.
Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II.
Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation, au sein de diverses organisations internationales, à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public.
Hans Köchler a toujours pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale.
Le texte que nous reproduisons ici est la version autorisée d’un discours donné par M. Köchler lors du colloque de septembre «Mut zur Ethik», le 1er  septembre 2018 à Sirnach en Suisse.

Apokalypse auf halbem Weg

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Apokalypse auf halbem Weg

 

In seinem neuesten Buch sieht Michael Lüders den Orient am Abgrund. Und spiegelt dabei deutsche Dämonen.

„Armageddon im Orient – wie die Saudi-Connection den Iran ins Visier nimmt“, so der programmatische Titel. Der Autor der beiden Bestseller „Wer den Wind sät“ und „Die den Sturm ernten“ legt damit nach.

Mutig für Moslems

Lüders, so viel zur Person, ist studierter Politologe und Islamwissenschaftler, betreibt eine auf den Mittleren Osten spezialisierte Beraterfirma, ist Autor zahlreicher Sachbücher zu dieser Region, sowie einer Handvoll Romane. Er ist außerdem der Nachfolger Peter Scholl-Latours als Präsident der Deutsch-Arabischen Gesellschaft.

Die emotionale Bindung an die islamische Welt mag erklären, warum sich Lüders mit seinem neuen Buch so weit aus dem Fenster lehnt und gleichzeitig im Rahmen bleibt. „Armageddon im Orient“ ist ein sehr mutiges Buch, allerdings nur im Einsatz für Orient und Islam.

Lüders stellt darin nicht nur die im Untertitel so bezeichnete „Saudi-Connection“ an den Pranger, sondern ebenso in einer für westliche Länder und insbesondere Deutschland ganz außergewöhnlichen Schärfe und Deutlichkeit den jüdischen Einfluß auf die amerikanische Politik.

Von dieser amerikanischen Politik zeichnet er allerdings ein Zerrbild, daß primitiver in keinem Pamphlet gegen die „alten weißen Männer“ zu finden ist. Präsident Trump sei „die Verkörperung eines karikaturhaften Simpels“, dessen Politik der Gipfel der Plutokratie sei, in der reiche Großspender für die entsprechende Summe alles haben könnten. Seine Präsidentschaft sei die unverhüllte Fortsetzung der Privatgeschäfte mit anderen Mitteln.

Beweise?

Aus diesem Grund folgt Lüders Entstehungsgeschichte der Trumpschen Nahostpolitik auch großteils den Spuren von Jared Kushner. Die Geschäfte des jüdischen Schwiegersohns von Trump mögen noch so zwielichtig und seine Parteinahme für Israel noch so offensichtlich sein, Lüders Behauptung, der saudische Boykott Katars sei von Kushner eingefädelt worden, um Katar dafür zu bestrafen, daß sein Staatsfonds eine Verhandlung über die Refinanzierung einer Immobilie der Kushner Company platzen ließ, bedürfte starker Indizien und nicht nur der Spekulation.

Mit zweierlei Maß

Während Lüders seinen Lesern kompetent die politischen Verstrickungen des Orients entwirrt, bleibt die westliche Politik holzschnittartig primitiv: Trump habe sich von Saudis und jüdischen Zionisten kaufen lassen. Eine Betrachtung über die Verbindung von Innen- und Außenpolitik, wie er sie den Ländern des Orients angedeihen läßt, findet nicht statt.

Während er richtigerweise vor den Falschbehauptungen und der Gräuelpropaganda in der westlichen Presse warnt und seinen Lesern den machtpolitischen Hintergrund dieser Berichterstattung vor Augen führt, belegt er Behauptungen über den amerikanischen Präsidenten unreflektiert mit Zitaten aus amerikanischen Zeitungen, die Trump aus hauptsächlich innenpolitischen Gründen seit drei Jahren bis aufs Messer bekämpfen.

Selbst bei Zitaten aus „Fire and Fury“ läßt Lüders jegliche Quellenkritik vermissen. Obwohl es sich beim Autor dieses Buches um den Skandaljournalisten Michael Wolff handelt, gegen dessen Arbeitsweise auch bei früheren Veröffentlichungen erhebliche Vorwürfe erhoben wurden.

Während er immer wieder vor den moralischen Simplifizierungen warnt, mit denen die Propagandapresse die Weltpolitik in Gut und Böse einteilt, hat er am Ende seines Buches einfach die Rollen vertauscht. Nun steht das „anti-schiitische Dreieck“ aus Washington, Tel Aviv und Riad als großer Bösewicht da, während man für die Interessen Assads, Rußlands und des Irans Verständnis aufzubringen habe.

Dieses Messen mit zweierlei Maß hat System. Lüders füllt eine bestimmte Nische aus. Er bietet seinen Lesern scharfe Kritik an dem Narrativ, das uns tagtäglich aus der Mainstreampresse entgegenschallt. Diese Kritik untermauert er mit einer einseitig vereinfachten, aber umso eindringlicheren Beschreibung der Machtfaktoren, die den Mittleren Osten prägen.

Das ist erst einmal nicht schlecht. Aus meiner eigenen Jugenderfahrung kann ich bestätigen, daß dergleichen Literatur gerade bei jungen Menschen geeignet ist, überhaupt erst einmal die Ausbildung eines Bewußtseins zu fördern, das in politischen Tatsachen denkt, anstatt der planmäßigen Verblödung durch unsere politische Bildung zu folgen.

Trotzdem gegen das Eigene

Lüders liefert seinen Lesern aber gleichzeitig etwas, wovon ein Großteil des kritischen politischen Publikums doch nicht lassen will: Jenem schäbigen Überlegenheitsgefühl, daß dadurch entsteht, die eigenen Leute herunterzumachen. Das Selbstbild eines aufgeklärten Kämpfers für die von der eigenen Gemeinschaft Unterdrückten. Es ist die stärkste Triebkraft des etwas unglücklich als „Ethnomasochismus“ bezeichneten Phänomens.

Der Leser bekommt von Lüders ein Gefühl vermittelt, ähnlich demjenigen, daß ein grüner Student hat, nachdem ihm sein Postkolonialismusprofessorx erklärt hat, wie der strukturelle Rassismus Braune und Schwarze überproportional arbeitslos macht.

Am Ende seines Buches fordert Lüders die europäischen Staaten auf, Washington gegenüber entschlossen und einig ihre Interessen zu wahren. Doch diese Interessen bestehen für Lüders nur darin, keine armen Moslems zu bombardieren und keine Flüchtlingsströme abzubekommen, welche den Populismus förderten und der liberalen Demokratie schadeten. Eine sichere Grenze scheint ihm hierfür allerdings keine Lösung zu sein.

Keine eigenen Interessen

Hier liegt der Hund begraben. Lüders kennt keine eigenen Interessen Deutschlands, jedenfalls nicht des deutschen Volkes, allenfalls der Bundesrepublik. Für seine Liebe zur islamischen Welt riskiert er das Todesurteil der westlichen Nachkriegsöffentlichkeit: Antisemit zu sein. Doch bricht er nicht aus dem Opferspiel aus, er nimmt nur die Underdogs unter den Opfern, die Muslime, gegen die jüdischen Edelopfer in Schutz.

Seinem eigenen Nicht-Opfer-Volk fehlt in diesem Schema die Rechtssubjektivität. Ebenso allen anderen westlichen Ländern. Deshalb kann er nicht verstehen, daß der Orient nicht gerade Trumps oberste Priorität ist, er es sich aber nicht leisten kann, jene Republikaner im Kongreß zu verlieren, die bei AIPAC auf der Soldliste stehen. Lüders kommt gar nicht auf den Gedanken, daß ein Amerikaner die geplante Umsiedelung der Palästinenser auf die Sinaihalbinsel bedauern mag, die geplante Umsiedelung von Guatemalteken nach Iowa und Wisconsin hingegen als direkte Bedrohung auffaßt.

Kein Horrorszenario im Orient, sondern nur die Wiedergewinnung unseres Status als eines eigenständigen Rechtssubjekts kann uns die Handlungsfähigkeit zurückgeben, eigene Interessen zu vertreten und unabhängig von dem heuchlerischen Geschrei fremder Interessengruppen zu wahren.

Michael Lüders: Armageddon im Orient, Wie die Saudi-Connection den Iran ins Visier nimmt, München 2018, 272 S., 14,95 €. ISBN 978-3-406-72791-7

lundi, 12 novembre 2018

Pétrole iranien: les clients font la queue!

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Pétrole iranien: les clients font la queue!

Ex: http://www.zejournal.mobi

 
Auteur : | Editeur : Walt | Lundi, 12 Nov. 2018 - 01h25

Cinq jours après le retour des sanctions américaines contre le peuple iranien, de nouveaux détails ont été révélés sur les dérogations aux nouvelles sanctions décidées par Washington.

De sorte que des délégués de certains pays exemptés tel la Corée du Sud se sont rendus à Téhéran pour négocier la reprise de l’achat du pétrole iranien.

Au terme de plusieurs mois de propagande et d’efforts vains visant à réduire à zéro les exportations pétrolières iraniennes, l’administration américaine s’est vue obligée d’attribuer des dérogations à huit États acheteurs du pétrole iranien, à savoir la Chine, la Grèce, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud et Taïwan.

L’état du marché mondial du pétrole explique en grande partie la marche arrière de l’administration Trump. Les acheteurs du pétrole iranien ne tolèrent pas que les sanctions US menacent leur sécurité énergétique. L’Inde est même allée jusqu’à installer des raffineries adaptées au pétrole venant de l’Iran.

L’Inde n’est pas le seul pays à se battre pour continuer d’acheter du pétrole de l’Iran. La Corée du Sud s’est mise de son côté aussi à redoubler d’efforts pour pouvoir s’approvisionner en pétrole iranien. En effet, Reuters a annoncé qu’une délégation sud-coréenne est attendue à Téhéran ces jours-ci pour pouvoir négocier la reprise de l’importation du pétrole iranien.

Dans le cadre d’une dérogation aux sanctions US attribuée par Washington, Séoul sera autorisé à importer chaque jour jusqu’à 200 000 barils de pétrole condensat iranien qui est une forme de pétrole ultra-léger censé être utilisé par l’industrie pétrochimique, ont expliqué des sources informées à Reuters.

Avec une importation moyennant 159 770 barils de pétrole brut iranien entre janvier et août 2018, Séoul était, avant l’entrée en vigueur des sanctions, le troisième plus grand importateur du pétrole iranien et le premier acheteur du pétrole condensat de l’Iran.

Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait annoncé la semaine dernière que Séoul paierait le pétrole iranien en won, la monnaie nationale de son pays. Le pétrole iranien sera probablement livré par les pétroliers de la Société nationale iranienne de pétrole à Séoul.

À noter que, Emirates National Oil Company (ENOC) a augmenté l’importation du condensat du champ gazier iranien de Pars-Sud.

En ce qui concerne la Turquie, les experts et les marchands de pétrole pensent que ce pays est l’un de ceux les plus touchés par les sanctions américaines contre l’Iran. Lors d’une interview accordée à la chaîne allemande, Deutsche Welle, Umer Kiler, président du comité pour les relations commerciales turco-iraniennes au sein du Conseil du commerce extérieur a affirmé : « La Turquie sera la plus affectée par les sanctions américaines contre l’Iran. Nous attendions à ce que Washington fasse plus de concessions à notre égard ! ».

L’Irak qui compte parmi les grands acheteurs d’électricité à l’Iran, a réussi aussi en faisant pression sur Washington à faire figurer son nom sur la liste des pays ayant droit à une exemption aux sanctions.

- Source : Pars Today (Iran)

samedi, 10 novembre 2018

La guerre des Six Jours : un tournant militaire, politique et sémantique

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La guerre des Six Jours : un tournant militaire, politique et sémantique

Article publié le 5 juin 2017, à l’occasion des cinquante ans du conflit, sur le site Philitt.

C’était il y a cinquante ans. Le lundi 5 juin 1967, Israël lançait une gigantesque offensive militaire contre trois armées arabes : l’Égypte de Nasser, la Syrie du parti Baath (dirigée alors par Noureddine al-Atassi) et la Jordanie du roi hachémite Hussein. Ce troisième conflit israélo-arabe, court et intense, constitue un tournant certain pour le monde arabe et, à certains égards, dans les relations internationales.

Après la Nakba (le désastre) de 1948, soit l’exode de plus de 700 000 Palestiniens après la première guerre, et la campagne de Suez en 1956 contre l’Égypte de Nasser, menée par la France, le Royaume-Uni et Israël, la guerre des Six Jours est le troisième conflit israélo-arabe en moins de vingt ans. Et il y en aura bien d’autres. Chacun de ces conflits peut être considéré comme un tournant : celui de 1948  installe Israël dans la région et provoque des départs palestiniens massifs (notamment dans les pays arabes voisins) et celui de 1956 fait du zaïm égyptien Nasser une figure tutélaire du nationalisme arabe, un véritable héros. La guerre de 1967, notamment à cause de l’occupation et de l’annexion de territoires arabes qui s’ensuivent, contribue à plonger le monde arabe dans des impasses politiques et intellectuelles.

Inutile de revenir sur les détails militaires du conflit. Si l’enchaînement des événements est connu et admis, leur interprétation est loin de faire l’unanimité. Le conflit a commencé par une attaque de l’aviation israélienne, tandis que les aviations arabes étaient encore au sol. Les Mirage III français achetés par Israël ont pu ainsi prouver leur efficacité. Le casus belli fut le blocus du détroit de Tiran imposé par l’Égypte aux navires israéliens dès le 23 mai, action qui s’ajoute au départ des troupes onusiennes exigé par Nasser. Seulement, il est difficile de considérer honnêtement qu’il s’agissait d’une réponse israélienne à des velléités belliqueuses de la part de l’Egypte : la guerre des Six Jours s’apparente davantage à une agression israélienne préméditée, dont les motivations dépassent largement les actes et les discours du mois précédant le conflit.

Cette guerre est souvent décrite comme la première guerre de l’eau. De ce point de vue, c’est davantage le front syrien que le front égyptien qu’il convient d’observer. Dans ses mémoires, l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon (qui commandait une division au moment des faits) le reconnaît volontiers : deux ans et demi avant le début du conflit, Israël avait déjà prévu d’intervenir en réponse au projet syrien de détournement des eaux du Jourdain dans le Golan. Ce détournement faisait lui-même suite à la construction d’un canal israélien destiné à détourner ces eaux depuis le lac Tibériade. L’occupation du Golan à l’issue du conflit apparaît ainsi comme un but de guerre et non comme un butin accidentel.

La guerre des Six Jours constitue une rupture militaire, politique et sémantique à trois niveaux. A l’échelle mondiale, notamment dans le cadre de la guerre froide et de la politique étrangère de la France dans la région ; à l’échelle du monde arabe, y compris d’un point de vue idéologique ; enfin, à l’échelle de la question palestinienne.

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Un tournant politique et militaire

En 1967, les relations américano-soviétiques se caractérisent par une relative « détente » et les États-Unis du président Lyndon Johnson commencent à afficher une véritable proximité avec Israël, certes encore éloignée du soutien inconditionnel que nous connaîtrons plus tard, mais contrastant avec les pressions américano-soviétiques contre l’expédition de Suez en 1956. La position américaine est alors délicate : le soutien apporté à Israël est atténué par la crainte d’une déstabilisation du régime jordanien et d’une défaite arabe telle qu’elle rendrait l’intervention militaire des Soviétiques possible. Pour ce qui est de ces derniers, leur véritable rôle n’est pas tout à fait clair. Ont-ils encouragé les armées arabes à provoquer un conflit et à se préparer à celui-ci ? Ou ont-ils plutôt voulu l’éviter ? Des archives polonaises portant sur la session plénière du Comité central du Parti communiste du 20 juin 1967 semblent révéler que Léonid Brejnev n’avait aucune intention de déclencher ce conflit et que son influence sur les armées arabes (syrienne et égyptienne) était limitée.

Ces mêmes archives révèlent que Moscou avait prévenu Nasser des intentions israéliennes d’attaquer la Syrie dès avril-mai 1967 afin qu’il mobilise ses troupes pour aider ses alliés syriens, pensant qu’Israël ne pouvait tenir sur deux fronts[1]. Une erreur de calcul manifeste. Notons que l’historiographie soviétique associe, de son côté, cette défaite arabe au manque de préparation des militaires arabes, à une manipulation américaine des moyens de liaison ou à des manipulations internes à l’appareil militaire égyptien : des généraux égyptiens formés en « Occident » auraient voulu faire échouer Nasser afin de susciter un rapprochement avec les États-Unis. L’ironie voudra que ce rapprochement (et incidemment l’éloignement égypto-soviétique) se fasse après le relatif succès du conflit suivant en 1973 (toujours avec des armes soviétiques).

En France, cette guerre révèle une autre rupture vis-à-vis d’Israël. La France, sous le général de Gaulle, n’est plus ce fidèle allié qu’elle a été depuis 1945 (y compris pour les groupes armés précédant l’État, décrits comme terroristes par les forces britanniques). Avec l’indépendance de l’Algérie en 1962 et la volonté de mener une politique étrangère indépendante et équilibrée, il n’est plus question de poursuivre le soutien inconditionnel offert par la IVe  République. Dès 1958, le général de Gaulle remet en cause la coopération nucléaire entre les deux pays. En novembre 1967, dans une conférence de presse restée célèbre (pour de mauvaises raisons), il fait du conflit un diagnostic implacable et sans concession : « […] A la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir […] C’est pourquoi, d’ailleurs, la Ve République s’était dégagée vis-à-vis d’Israël des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet État […] Hélas, le drame est venu. Il avait été préparé par une tension très grave et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie et aussi des menaces de destruction prodiguées contre Israël […] Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré qu’éventuellement il donnerait tort à quiconque entamerait le premier l’action des armes […] On sait que la voix de la France n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué, s’est emparé en six jours de combats des objectifs qu’il voulait atteindre, maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression et expulsions. Et il s’y manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme […] » Ces mots forts, prononcés par un homme qui en connaît la teneur mieux que quiconque, révèlent une lucidité et une clairvoyance aussi inaudibles en 1967 qu’elles peuvent encore l’être aujourd’hui. Un discours singulier, bien différent des douces mélodies pro-israéliennes de Serge Gainsbourg (Le sable et le soldat) et d’Adamo (Inch’Allah).

images.jpgDans le monde arabe, à la défaite militaire s’ajoute la défaite symbolique. Il y a bien évidemment l’humiliation de l’occupation : le Sinaï égyptien (qui sera récupéré par le président Sadate), le Golan syrien (annexé en 1981), les fermes libanaises de Chebaa et les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie (dont Jérusalem-Est), administrés auparavant par l’Égypte et la Jordanie. Il y a aussi la spoliation du peuple palestinien, qui se retrouve occupé et malmené pendant des décennies par une puissance étrangère. Mais il y a aussi l’échec du nationalisme arabe qui en annoncera bien d’autres. Cet échec de trois grandes armées arabes encouragera le réveil de la résistance palestinienne. Dans les années 1970, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) jouera un rôle analogue à celui de Nasser, décédé en 1970. En Jordanie comme au Liban, Yasser Arafat apparaîtra comme une figure tutélaire à son tour, stimulé par quelques succès militaires dont les grandes armées arabes ont été incapables. On retrouvera ce phénomène avec le Hezbollah libanais. Un peu plus de dix ans après cette guerre, à la cause arabe contre Israël se substituera une cause nouvelle, nourrie par la montée du wahhabisme à la faveur des pétrodollars, celle de la guerre d’Afghanistan (1979). Tandis que l’Égypte vient de signer un traité de paix avec Israël (ce que la Jordanie fera en 1994), des milliers de combattants venus du monde arabe se retrouveront ainsi plongés dans un conflit lointain au nom d’une appartenance religieuse, encouragés par les Américains et contre l’ennemi « impie » tout désigné : l’Union soviétique.

Un tournant sémantique

La guerre des mots se joue d’abord aux Nations unies. Quelle résolution adopter au Conseil de sécurité des Nations unies ? Moscou, qui condamne « l’agression israélienne », souhaite un « retrait de tous les territoires occupés ». La France du général de Gaulle va dans le même sens en se montrant plus modérée : il faut condamner Israël pour avoir déclenché les hostilités, lui demander d’évacuer les territoires occupés et demander aux États arabes de reconnaître à Israël le droit d’exister. Sur la question de l’occupation, Moscou et Paris se heurtent à Washington. Les Américains rejettent la formulation toute simple « retrait des territoires occupés ». Les Britanniques réussissent alors à imposer une version consensuelle : « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ». La résolution 242 est adoptée par le Conseil de sécurité le 22 novembre 1967, quelques jours avant la fameuse conférence de presse du général de Gaulle. Une résolution jamais appliquée qui fera couler beaucoup d’encre. Entre autres raisons, parce que la version anglaise est moins précise que la version française. La version anglaise évoque un retrait « from territories occupied in the recent conflict » (l’absence d’article permettant de traduire par « de certains territoires »), tandis que la version française, plus précise, évoque le retrait « des territoires occupés » (donc de la totalité d’entre eux).

Un texte peut-il décemment exiger le retrait de certains territoires tout en laissant l’occupant décider desquels ? Ce flou voulu par Israël et installé par les grandes puissances, au premier rang desquelles les États-Unis, sera sans cesse alimenté. C’est ce même flou qui avait caractérisé le début du conflit, lorsque l’agression était présentée comme une guerre défensive. En France, une bonne partie de l’intelligentsia de l’époque veut croire à l’histoire de David contre Goliath – David n’étant pourtant pas connu pour ses « attaques préventives ». Car c’est de cela qu’il s’agit : une agression présentée comme une « attaque préventive », qui conduira à l’occupation, annonçant elle-même l’annexion et la colonisation. Les territoires occupés seront, quant à eux, des territoires « disputés », pour reprendre le discours officiel israélien. Les exemples ne manquent pas de ces audaces sémantiques annoncées par la guerre de 1967 : le nom biblique de Judée-Samarie plutôt que la profane Cisjordanie, la formule générique d’ « Arabes de Palestine » plutôt que l’admission de l’existence d’un « peuple palestinien », etc.

L’agression israélienne de 1967 était la première étape d’une stratégie bien préparée. D’abord, s’étendre et contrôler les ressources hydrauliques. Puis, faire la paix avec les États arabes voisins affaiblis séparément. Notons que si cela a fonctionné avec l’Égypte et la Jordanie, les tentatives avec la Syrie et le Liban ont échoué. Enfin, isoler les Palestiniens et noyer leur cause. De perversion sémantique en perversion juridique, jamais la situation n’aura été aussi déséquilibrée… et jamais les discours n’auront autant feint l’équilibre. Le langage de vérité du général de Gaulle en 1967 apparaîtrait aujourd’hui comme une intolérable provocation. Telle est pourtant la nécessité qu’impose la compréhension des faits : se réapproprier les mots justes.

Adlene Mohammedi

Note : 

[1] Uri Bar-Noi, “The Soviet Union And The Six-Day War: Revelations From The Polish Archives”, Cold War International History Project, Wilson Center, 7 juillet 2011. URL : https://www.wilsoncenter.org/publication/the-soviet-union....

vendredi, 09 novembre 2018

Le Brésil de Bolsonaro et les relations internationales

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Le Brésil de Bolsonaro et les relations internationales

par Romain Migus 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Ca y est. «Ele foi eleito presidente». Il est élu. Lui, c’est Jair Messias Bolsonaro, le nouveau président du Brésil. Ces derniers jours, impossible d’échapper aux différents commentaires – généralement d’indignation – qui accompagnent le résultat des élections présidentielles dans la 8e puissance mondiale.

Cette effervescence médiatique autour du nouveau président brésilien s’explique par deux phénomènes. D’une part, elle est en partie motivée par la déferlante actuelle de nouveaux acteurs populistes conservateurs sur la scène politique occidentale. Jair Bolsonaro viendrait en effet confirmer une tendance actuelle à la contestation apparente d’un ordre politique qui allait de soi, il y a encore quelques années.

D’autre part, le retentissement de l’élection de cet homme politique, aux déclarations aussi violentes que controversées, est aussi dû au poids que représente ce pays-continent au niveau international. Or qu’en est-il vraiment ? La marche du monde va-t-elle être bouleversée par l’accession au pouvoir de Jair Bolsonaro ?

Que change l’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir ?

Durant la première décennie du XXIe siècle, l’Amérique Latine s’était dotée d’organismes supranationaux dont le but était de renforcer l’intégration et la coopération entre les pays latino-américains. Une vision indépendante qui permettait de bâtir des solutions communes hors de l’ingérence de Washington. La construction d’un monde multipolaire, et l’édification d’une diplomatie Sud-Sud visant à l’élaboration de politiques conjointes en matière de finances, de développement, d’agriculture, d’énergie et de commerce, ont été l’horizon commun de la plupart des pays latino-américains durant la décennie précédente. Durant cette période, le Brésil de Lula a joué un rôle prépondérant dans la construction de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), de la  Communauté d’Etats latino-américains et caribéens (Celac), ou encore du forum bi-régional Amérique du Sud-Afrique (ASA), qui regroupait 55 pays d’Afrique et 12 d’Amérique du Sud.

Ce panorama régional était déjà largement écorné avant l’élection de Jair Bolsonaro. Sous les coups de butoir d’une droite décomplexée, qui a rongé son frein pendant une décennie, l’Unasur traverse une crise sans précédent. Six pays sur les douze qui la composent (dont le Brésil) ont fait connaître leur souhait de suspendre leur participation à cet organisme (1). Quand au Forum ASA, il est au point mort et n’a plus tenu de réunion plénière depuis 2013.

Comment en est-on arrivé là ? Les raisons sont avant tout politiques. L’arrivée au pouvoir de plusieurs gouvernements de droite a changé la donne. Ces gouvernements, dont la ligne politico-économique renoue avec le néolibéralisme, préfèrent établir des traités économiques bilatéraux ou des accords commerciaux régionaux – comme l’Alliance du Pacifique rassemblant le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique – plutôt que de parier sur la coopération comme moteur du développement régional. Jair Bolsonaro s’insère dans cette dynamique et il y a fort à parier que son élection mettra un coup d’arrêt aux organismes de coopération régionale, ainsi qu’à la dynamique des relations Sud-Sud.

Même s’il existe, pour l’instant, plus d’indices que de propositions programmatiques chez le nouveau président brésilien, on peut d’ores et déjà déceler une certaine cohérence entre son programme économique ultra-libéral et sa vision internationale. Tout comme il rejette toute régulation de l’économie par les secteurs étatiques, il n’acceptera aucune contrainte internationale qui pourrait aller à l’encontre de la réalisation de son projet politique.

Ce qui est choquant n’est pas tant la réaffirmation de la souveraineté brésilienne sur les 3/5e de la forêt amazonienne, que son projet politique et économique aux antipodes des préoccupations écologiques internationales

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre sa position par rapport à l’Accord de Paris. Jair Bolsonaro a réaffirmé qu’il n’en sortirait pas à la condition qu’aucune contrainte écologique extérieure n’entrave son projet de développement de l’agro-industrie, de l’élevage intensif et de l’industrie minière dans la région amazonienne.

Ce qui est choquant n’est pas tant la réaffirmation de la souveraineté brésilienne sur les 3/5e de la forêt amazonienne, que son projet politique et économique aux antipodes des préoccupations écologiques internationales (2). Le futur nous dira qui gagnera ce bras de fer. L’Accord de Paris résistera-t-il à la sortie du Brésil après celle des Etats-Unis ? Ou tout sera-t-il fait pour éviter une sortie du géant sud-américain ? La réponse semble déjà faire partie de la question.

Les positions de Jair Bolsonaro nous rappellent surtout qu’aucun traité ou organisme international ne réussit à s’imposer aux choix politiques et économiques d’une nation souveraine, si détestables qu’ils puissent nous paraître.

Il en a été de même par le passé lorsque les gouvernements de gauche d’Amérique latine ont fait capoter l’Accord de libre-échange pour les Amériques (3) ou lorsque le Venezuela décida de se retirer de la Communauté andine des nations, sans que le ciel ne lui tombe sur la tête. En dernier lieu, le dépositaire de la souveraineté reste le peuple et son expression électorale. A moins de remettre en cause le principe de démocratie représentative, mais ceci est un autre sujet.

Relations ambiguës avec la Chine

Quelle peut être la marge de manœuvre du nouveau président brésilien face à la Chine ? Durant sa campagne, Jair Bolsonaro a multiplié les déclarations hostiles et provocantes contre la grande nation asiatique. Sa volonté de s’aligner sur la diplomatie de Washington pourrait laisser penser qu’un virage diplomatique drastique pourrait être opéré.

Les relations de Brasilia avec Beijing devront se faire sous l’angle du pragmatisme économique et non de l’idéologie

Néanmoins, la réalité des liens entre la Chine et le Brésil devrait pousser le nouveau chef d’Etat à une position plus pragmatique, surtout à court et moyen terme, le mandat présidentiel ne durant que quatre ans. En effet, 54 milliards de dollars ont été investis par les Chinois sur une centaine de projets de 2003 à 2018. Le gouvernement non élu de Michel Temer, peu suspect de sympathie pour le communisme ou le monde multipolaire a, sur la seule année 2017, porté les investissements du géant asiatique à 10,8 milliards de dollars. Ni les Etats-Unis, ni l’Europe n’étant en mesure de constituer une alternative crédible à cet investissement massif, les relations de Brasilia avec Beijing devront se faire sous l’angle du pragmatisme économique et non de l’idéologie.

Même si le Brésil pourra restreindre certains investissements chinois, tourner le dos aux Brics (4) ou à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, dont le Brésil fait partie, reste peu probable sinon suicidaire pour son économie. De même, il ne semble pas vraisemblable que le Brésil s’isole du projet de Nouvelle route de la soie en Amérique Latine, négocié au sein du Forum Celac-Chine, laissant ainsi des concurrents régionaux profiter des avantages tirés de tels accords.

Qui plus est, si les exportations brésiliennes vers la Chine représentaient à peine 2% avant l’arrivée de Lula au pouvoir, elles totalisent en 2018, 26% du total des exportations, principalement dans le domaine de l’agro-business, l’un des piliers du soutien au nouveau président brésilien. Si le Brésil est en droit de diversifier les pays où il exporte, via l’accord Union européenne-Mercosur, par exemple, le marché chinois apporte un débouché bien plus sûr et stable pour ses produits que ne pourrait l’être l’Europe ou les Etats-Unis, régions du monde où commence à s’agiter l’étendard du protectionnisme économique.

Le Venezuela

L’un des thèmes récurrents de la campagne de Bolsonaro a été le Venezuela. Rien d’étonnant. Depuis quelques années, le pays bolivarien s’invite en guest-star de nombreux processus électoraux à travers le monde. Du Chili à l’Espagne en passant par l’Argentine, la France et même les Etats-Unis, une campagne électorale ne semble pas être aboutie sans qu’une référence au modèle chaviste soit utilisée par les candidats de droite pour stigmatiser leurs adversaires politiques.

Jair Bolsonaro n’a pas fait exception à cette règle, vociférant tout au long de la campagne qu’il mettrait tout en œuvre pour que «le Brésil ne devienne pas un autre Venezuela». Nul doute que le nouveau président brésilien augmentera la pression politique et diplomatique contre son voisin. L’échange téléphonique entre Mike Pompeo et le nouveau président du Brésil au lendemain de son élection va dans ce sens. Le secrétaire d’Etat étasunien ayant évoqué une nécessaire coordination entre les deux pays sur la question du Venezuela.

Le Venezuela deviendra un argument de change dans les relations qu’entretiendra Jair Bolsonaro et son équipe avec l’administration Trump, fervent opposant au gouvernement de Nicolas Maduro

Dans ce contexte, comment interpréter les déclarations de certains proches du nouveau président ? Son fils Eduardo, ainsi que le général Augusto Heleno y Luiz Philippe de Orleans, pressentis pour occuper respectivement le ministère de la Défense et celui des Affaires étrangères ont laissé entendre qu’une intervention militaire contre le pays bolivarien n’était pas à exclure. Si Jair Bolsonaro s’est lui même défendu de toute aventure guerrière, il paraît évident que le Venezuela deviendra un argument de change dans les relations qu’entretiendront Jair Bolsonaro et son équipe avec l’administration Trump, fervent opposant au gouvernement de Nicolas Maduro.

Il faut aussi se rappeler que l’Etat du Roraima, frontalier avec le Venezuela, est alimenté en électricité par le pays bolivarien. Dans un conflit aggravé, le Venezuela disposerait donc de la possibilité de rationner cet approvisionnement et de générer une situation chaotique dans un Etat désormais gouverné par Antonio Denarium, un partisan du président élu (5).

Une intervention du Brésil en terres bolivariennes aurait des répercussions sur tout le continent. Non seulement le Venezuela compte sur des soutiens diplomatiques ou militaires de poids (russes, chinois et cubains) mais la nouvelle doctrine militaire de ce pays, élaborée dès 2005, mise sur une stratégie adaptée aux conflits non conventionnels et à la guerre de quatrième génération.

Agresser le Venezuela reviendrait à créer une poudrière régionale et un bourbier militaire qui s’étendrait sur plusieurs années. Pas sûr que le Brésil sorte vainqueur d’un tel affrontement ni que Bolsonaro y gagne en popularité.

Israël et le Proche Orient

Jair Bolsonaro entretient des liens politiques et religieux très fort avec Israël et s’est même fait baptiser dans les eaux du Jourdain. Il a plusieurs fois rappelé son attachement à la «démocratie israélienne» qu’il considère comme un exemple à suivre. Ce faisant, il se démarque de la politique extérieure du PT qui avait reconnu l’Etat de Palestine et rappelé son ambassadeur en Israël pour protester contre l’opération Bordure Protectrice en 2014.

De la même manière, le gouvernement de Dilma Roussef s’était opposé à la nomination de Dani Dayan comme ambassadeur de Tel Aviv au Brésil. Motif invoqué : alors que le gouvernement brésilien dénonçait l’occupation de la Palestine, Dani Dayan, membre du parti extrémiste Foyer Juif, et ancien président du conseil de Yesha, qui représente les intérêts des colons israéliens, pouvait perturber les relations entre les deux pays. Une campagne de soutien au diplomate israélien avait été orchestré par la députée Geovania da Sé, membre du groupe parlementaire évangéliste à l’assemblée brésilienne, groupe parlementaire qui comptait parmi ses membres un certain Jair Bolsonaro (6).

Le « nationaliste » Bolsonaro au cours d’un discours

Suivant le mouvement initié par Donald Trump, ce dernier a annoncé le transfert de l’ambassade brésilienne à Jérusalem et a promis de fermer l’ambassade de l’Etat Palestinien, ouverte en 2016 en déclarant : «La Palestine est-elle un pays ? La Palestine n’est pas un pays, donc elle ne devrait pas avoir d’ambassade ici».

Le Brésil de Bolsonaro deviendra sans aucun doute l’un des soutiens majeurs de la politique israélienne au Proche-Orient et développera certainement des partenariats rapprochés avec l’Etat d’Israël.

Bolsonaro au-delà des maux

Le tournant géopolitique que représente l’élection de Jair Bolsonaro doit se comprendre dans son contexte régional. La direction géopolitique que prendra la nouvelle équipe dirigeante devrait peu différer de celle déjà en vigueur dans les pays latino-américains dirigés par des gouvernements néo-libéraux. En cela, il renforcera cette tendance, qui s’inscrit désormais comme un virage continental qui balaie les politiques et les avancées réalisées par les gouvernements post-libéraux du début du siècle.

Au-delà des mots et des maux, l’alignement sur les politiques de Washington dans la région, et un certain pragmatisme par rapport à la Chine, caractériseront surement le mandat du nouveau président brésilien, qui, pour mettre en œuvre sa politique autoritaire sur le plan intérieur ne pourra se payer le luxe d’être isolé diplomatiquement.

Notes:

(1) Les pays suivants ont exprimé leur souhait de suspendre leur participation à Unasur: L’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Pérou, et le Paraguay. Notons que le président équatorien a décidé de porter un sérieux coup d’arrêt à l’organisme d’intégration en décidant de récupérer ses installations situées dans la banlieue de Quito.

(2) La France dispose du 2e espace maritime au monde (Zone économique exclusive). L’écosystème dans ce territoire français est aussi d’une richesse inestimable. Doit-on pour autant renoncer à notre souveraineté sur cette zone en raison des intérêts écologiques internationaux qui en découle? 

(3) La Zone de Libre Échange entre les Amériques était un projet de libéralisation des économies et de dollarisation du continent. Principalement porté par les Etats-Unis, il fut mis en déroute grâce à l’action conjointe des gouvernements progressistes dans la région. Voir Telesur, “América Latina, a 12 años de la derrota del Alca”, 05/11/2017, https://www.telesurtv.net/news/10-anos-del-NO-al-ALCA-201...

(4) Le siège pour les Amériques de la Banque de Développement des Brics a récemment été ouverte à Brasilia par le gouvernement de droite –non élu- de Michel Temer

(5) Une intrusion armée, sous le prétexte d’une guerre humanitaire, pourrait être le prétexte pour prendre le contrôle des centrales hydro-électriques vénézuéliennes, situées juste de l’autre coté de la frontière.

(6) Voir Romain Migus, “La agenda secreta de Israel en América Latina”, Venezuela en Vivo, 30/04/2016,  https://www.romainmigus.info/2017/11/la-agenda-secreta-de...


- Source : RT (Russie)

jeudi, 08 novembre 2018

Russia, India & Iran Want to Create Alternative Trade Route to Suez Canal

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Russia, India & Iran Want to Create Alternative Trade Route to Suez Canal

vendredi, 26 octobre 2018

El problema del uigur en China - La parte no mencionada

F. William Engdahl*

Ex: http://www.elespiadigital.com

En los últimos meses, los medios de comunicación occidentales y la Administración de Washington han empezado a aumentar el tono y el llanto por los supuestos campos de internamiento en masa en el noroeste de China, donde supuestamente hasta un millón de chinos uigures chinos están siendo detenidos y sometidos a diversas formas de "reeducación" Varias cosas sobre estas acusaciones son notables, entre otras cosas, todas se originan en los medios de comunicación occidentales o en las ONG "demócratas", como Human Rights Watch, cuyo historial de veracidad deja mucho que desear.

En agosto, Reuters publicó un artículo titulado "La ONU dice que tiene informes creíbles de que China tiene millones de uigures en campamentos secretos ".  Una mirada más cercana al artículo no revela una declaración oficial de la ONU, sino más bien una cita de un miembro estadounidense de un Comité “independiente” que no habla en nombre de la ONU: Resulta que la fuente de la acusación es una ONG asesora independiente de las Naciones Unidas llamada Comité para la Eliminación de la Discriminación Racial. La única persona que hizo la acusación es la miembro del comité estadounidense Gay McDougall, dijo que estaba "profundamente preocupada" por esos "informes creíbles", pero McDougall no citó ninguna fuente para sostener tan dramática acusación.

Reuters en su artículo refuerza su reclamo citando a una turbia ONG con sede en Washington DC, los Defensores de los Derechos Humanos de China (CHRD). En una excelente investigación de sus antecedentes, los investigadores del Proyecto Grayzone descubrieron que el CHRD obtiene cientos de miles de dólares de gobiernos anónimos. La notoria ONG del gobierno de los Estados Unidos, National Endowment for Democracy, está en la lista de los sospechosos habituales.  Cabe destacar que el discurso oficial de CHRD es el de Human Rights Watch, que también recibe fondos de la fundación Soros .

El 'problema uigur'

El verdadero estado de los asuntos en la provincia china de Xinjiang con respecto a los uigures no es posible verificarlo de forma independiente, si existen tales campamentos y, de ser así, quién está allí y bajo qué condiciones. Sin embargo, lo que se sabe es el hecho de que las agencias de inteligencia de la OTAN, entre ellas Turquía y Estados Unidos, junto con Arabia Saudita, han estado involucradas en el reclutamiento y despliegue de miles de musulmanes uigures chinos para unirse a Al Qaeda y otros grupos terroristas en Siria en años recientes. Este lado de la ecuación merece una mirada más cercana, es el lado omitido por Reuters o la embajadora de la ONU Haley.

Según los medios sirios citados en Voltaire.net, en la actualidad hay aproximadamente 18,000 uigures étnicos en Siria concentrados en una aldea en la frontera turca con Siria. Desde 2013, dichos soldados uigures han abandonado el combate junto a Al Qaeda en Siria y han regresado a Xinjiang de China, donde han llevado a cabo varios actos terroristas .  Esta es la punta de un desagradable proyecto vinculado a la OTAN para plantar las semillas del terror y el malestar en China. Xinjiang es un eje de la Iniciativa Belt Road de China, la encrucijada de los oleoductos y gasoductos estratégicos de Kazajstán, Rusia y un objetivo principal de la intriga de la CIA desde hace décadas.

Turquía, al menos desde 2011, al comienzo de la guerra de la OTAN contra la Siria de Bashar al Assad, desempeñó un papel clave en facilitar el flujo de personas uigures chinas para convertirse en jihadistas en Siria. Utilizo deliberadamente el "desempeñó" para dar beneficio de la duda si todavía es el caso hoy o si se ha convertido en una vergüenza para Erdogan y la inteligencia turca. En cualquier caso, parece que miles de uigures están escondidos en Siria, la mayoría alrededor de Idlib, el último puesto de avanzada de terroristas en contra del régimen.

Washington y el ETIM

En un excelente análisis de la historia de terror uigur de China, Steven Sahiounie, periodista sirio del 21st Century Wire, señala que una organización clave detrás de la radicalización de la juventud uigur china es el Movimiento Islámico del Turquestán Oriental (ETIM) y su frente político, el Partido Islámico del Turquestán (TIP), también conocido como "Katibat Turkistani". Cita un discurso pronunciado en Estambul en 1995 por el entonces alcalde de Turquía, Erdogan, quien declaró: "Turquestán Oriental no es sólo el hogar de los pueblos turcos, sino también la cuna de la historia, la civilización y la cultura turcas....". Turkestán oriental es Xinjiang.

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Hoy en día, el ETIM está encabezado por Anwar Yusuf Turani, autoproclamado Primer Ministro de un gobierno en el exilio que reside principalmente en Washington DC. ETIM se mudó curiosamente a Washington en un momento en que el Departamento de Estado de los Estados Unidos lo catalogó como una organización terrorista. De acuerdo con un informe publicado en una revista de investigación turca,  “las actividades de la organización de Turani para el gobierno en el exilio se basa en un informe titulado El Proyecto de Xinjiang”. Eso fue escrito por el ex oficial superior de la CIA Graham E. Fuller en 1998 para Rand Corporation y revisado en 2003 bajo el título "El problema de Xinjiang"

He escrito extensamente en mi libro, The Lost Hegemon, sobre el agente de la CIA Graham Fuller. El ex jefe de la estación de la CIA en Estambul, Fuller, fue uno de los arquitectos del asunto Irán-Contra de Reagan-Bush, y uno de los principales patrocinadores o gestores de la CIA que facilitó el exilio en los EE. UU. de Gülen. También, estaba según lo ha reconocido, en Estambul la noche del fallido golpe de Estado de 2016. En 1999, al final de la era Yelstin rusa, Fuller declaró: “La política de guiar la evolución del Islam y de ayudarlos contra nuestros adversarios funcionó maravillosamente bien en Afganistán contra los rusos. "Las mismas doctrinas todavía pueden usarse para desestabilizar lo que queda del poder ruso, y especialmente para contrarrestar la influencia china en Asia Central". Esto es a lo que se dirige la encubierta arma estadounidense del ETIM. Como la mayoría de los grupos yihadistas sunitas radicales, el ETIM de Turani obtuvo fondos de los grupos sunitas radicales de Arabia Saudita.

A fines de la década de 1990, Hasan Mahsum, también conocido como Abu-Muhammad al-Turkestani, fundador del Movimiento Islámico de Turkestán Oriental, trasladó la sede de ETIM a Kabul, refugiándose en el Afganistán controlado por los talibanes. En Afganistán, los líderes de ETIM se reunieron con Osama bin Laden y otros líderes de Al Qaeda, los talibanes y el Movimiento Islámico de Uzbekistán, entrenados por la CIA, para coordinar acciones en Asia Central.  Cuando el ejército paquistaní asesinó a al-Turkestani en 2003, Turani se convirtió en jefe de ETIM y llevó su sede a Washington.

En su propio estudio de Xinjiang, Graham E. Fuller, observó que los grupos de Arabia Saudita habían diseminado la literatura religiosa extremista wahabí y posiblemente armas pequeñas a través de simpatizantes en Xinjiang, y que los jóvenes musulmanes turcos habían sido reclutados para estudiar en las madrasas en Pakistán, Afganistán y Arabia Saudita. Añade que los uigures de Xinjiang también lucharon junto a Al Qaeda de Osama bin Laden en Afganistán en la década de 1980.

Fuller señaló: "Los uigures están realmente en contacto con grupos musulmanes fuera de Xinjiang, algunos de ellos se han radicalizado en una política yihadista más amplia en el proceso, unos pocos estuvieron involucrados anteriormente en guerrilla o entrenamiento terrorista en Afganistán, y otros están en contacto con Mujahideen musulmanes internacionales luchando por las causas musulmanas de independencia en todo el mundo".

El documento político de la Estrategia de Defensa Nacional del Pentágono de enero de 2018 nombró explícitamente a China junto con Rusia como las principales "amenazas" estratégicas para la supremacía de los Estados Unidos. Afirma que "la competencia estratégica entre estados, no el terrorismo, es ahora la principal preocupación en la seguridad nacional de los Estados Unidos". De manera explícita, y esto es nuevo, el periódico del Pentágono no cita una amenaza militar sino económica. Afirma: "China y Rusia ahora están socavando el orden internacional desde el interior del sistema al explotar sus beneficios al mismo tiempo que socavan sus principios y 'reglas ” La escalada de la guerra comercial contra China, las amenazas de sanciones sobre las denuncias de los campos de detención uigur en Xinjiang, las amenazas de sanciones si China compra equipos de defensa rusos, todo está destinado a interrumpir la única amenaza emergente para un orden global de Washington, que no se basa sobre la libertad o la justicia, sino sobre el miedo y la tiranía. Cómo las autoridades de China están tratando de lidiar con este asalto completo es otro tema. El contexto de los acontecimientos en Xinjiang, sin embargo, debe quedar claro. Occidente, y especialmente Washington, participa en una guerra irregular a gran escala contra la estabilidad de China.

*consultor de riesgos estratégicos y profesor. Es licenciado en política por la Universidad de Princeton

jeudi, 25 octobre 2018

The Mass Media and the reciprocal Al-Qaeda: Afghanistan, Bosnia, Libya, Syria, and now Myanmar

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The Mass Media and the reciprocal Al-Qaeda: Afghanistan, Bosnia, Libya, Syria, and now Myanmar

Murad Makhmudov and Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times: http://www.moderntokyotimes.com

The mass media corporations throughout the Northern Hemisphere that incorporate the Sunni Muslim media agenda, once more appear to be quenching the al-Qaeda and Sunni Islamist terrorist chord along with so-called humanitarian organizations that incite. Of course, the pattern is abundantly obvious despite the media elites ignoring this reality. After all, since the Siege of Mecca, this natural flow can be seen in the coverage of Afghanistan (the 1980s and early 1990s), Bosnia, Libya, Syria, and now the same media and the humanitarian machine that incites is in full flow against Myanmar.

In other words, the mass media ups the ante against either the non-Muslim side in the conflict or against Muslim leaders that seek a more secular or non-Sharia Islamic path. Hence, the mass media and various Sunni Islamist terrorist groups espouse overt generalizations jointly in order to galvanize the “Takfiri sword.”

Reuters reported last year, “In a video message released by al Qaeda’s al-Malahem media foundation, Khaled Batarfi called on Muslims in Bangladesh, India, Indonesia, and Malaysia to support their Rohingya Muslim brethren against the enemies of Allah.”

The result of the usual theme turned Afghanistan into Year Takfiri Zero after ousting President Najibullah. Since the start of the demise of Afghanistan the same one-sided media hatchet job then manipulated events in Bosnia to galvanize the “Muslim victim card,” while Islamists – including international jihadists – were butchering and beheading on the ground based on a mainly silent mass media. Of course, the same scenario of good versus evil would then be ushered against Libya and Syria – in recent times the same process is being used against Myanmar. This mass propaganda that is propagated in Western media circles – and similarly being ushered by Gulf media outlets – is the boost that Sunni Islamists need in order to declare another “fake jihad.” The upshot is a huge boost for international Sunni Islamist terrorists, a future failed or weakened nation-state, and further persecution against religious minorities – be they Alawites, Christians, the Shia, Shabaks, Yazidis, or other faith groups.

Therefore, the announcement that al-Qaeda seeks a Sunni Islamist “fake jihad” against Myanmar on the back of the mass media, is yet another continuation of a process that is monotonous by nature. In other words, the same collaborating forces are now seeking a new conflict in Myanmar that will encourage more terrorism and embolden sectarianism on all sides. Hence, humanitarian groups are equally inciting against one side while glossing over massacres in the other direction and failing to link events in the Chittagong Hill Tracts and Southern Thailand.

Khaled Batarfi, a leading figure in Al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP), called on international Sunni Islamists to declare war against the government of Myanmar. He said, “So spare no effort in waging jihad against them and repulsing their attacks, and beware of letting down our brothers in Burma [Myanmar].”

Of course, it is fine for AQAP and other Sunni Islamist terrorist groups to butcher and slaughter Shia Muslims and other non-Muslim groups. After all, Shia Muslims are deemed to be “apostates” in the eyes of Sunni Takfiris. Hence, AQAP and Saudi Arabia led Sunni alliance in Yemen, happens to be turning this country into a living nightmare. However, this reality isn’t seen by AQAP and other Sunni Muslim voices emanating from nations including Turkey (a nation that also kills the mainly Sunni Kurds and is involved in supporting sectarianism against the Syria government) because it doesn’t suit the agenda. Like usual, while Yemen is going to hell the usual Western powers are selling more military arms to allies throughout the Gulf. Therefore, the only thing that unites “the fake unifying Sunni Muslim voice” is a sense of injustice providing Muslims are perceived to be on the losing side when fighting non-Muslims or the Shia.

Shia Iran is also caught up in the rhetoric but where were the mass Sunni Muslim demonstrations against ISIS (Islamic State – IS) in Iraq, when ISIS butchered the Shia in vast numbers in single based massacres in several parts of the nation? Likewise, did nations like Malaysia (Shia Islam is illegal) and Turkey (Alevi persecuted and the mainly Sunni Kurds killed by the state apparatus) lambast ISIS to the same anti-Myanmar degree when Sunni Takfiris began to cleanse Christians in Iraq, enslave Yazidis, and kill the Shia? Despite this, Iran also plays the “Muslim victim card” despite the fact that it is Sunni Islamists on the whole that is butchering the Shia in several nations.

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Turning to Libya, Colonel Gaddafi was no saint but the mass media glorified a “fake-revolution” that was based on Gulf and NATO intrigues. Like usual, the media provided the propaganda angle and then Sunni Islamists entered the fray on the ground. Hence, the usual forces promised democracy in Libya but the end result was a failed state, the lynching of black Africans by various Arab militias, ISIS beheading Christians, rampant poverty, countless militias, the destruction of Sufi shrines by Takfiris, and becoming a conduit for exporting Sunni Islamist sectarians to Syria. In 2018, Libya is now a paradise for human smuggling and raping black African female migrants in transit and other ill deeds based on being a failed state.

This reality, just like supporting Sunni Islamists in Afghanistan in the 1980s and early 1990s, is a million miles from the promises ushered by senior international politicians and the mass media. In other words, the propaganda used to oust both leaders led to failed states, narcotics, women put further into the shadows, chaos, and boosting forces that support killing apostates, stoning women to death for adultery, butchering the Shia (Afghanistan), and other barbaric realities.

The next nation to follow the usually combined forces of the mass media, Sunni Islamist sectarianism, Gulf and NATO intrigues, and the incitement by humanitarians was Syria. After all, from day one Sunni Takfiris supported the policy of “Alawites to the grave, Christians to Beirut.” Yet, the mass media portrayed a one-sided view of events that swelled the numbers of Sunni Islamist terrorists entering Syria from nations including NATO Turkey.

Myanmar now faces the same combined forces based on “good versus evil.” Given this reality, Al-Qaeda is seeking to further increase the bloodshed and spill blood in the name of sectarianism and Sunni Islamic jihad in this nation – while Bengali Muslims on the ground in Rakhine seek another land grab to replicate the Chittagong Hill Tracts. Hence, like usual, this is following on from the one-sided mass media reports of events in Myanmar. Hence, while small minorities including the mainly Buddhist Mro people face being cleansed by the Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) – who are following the usual Islamist traits of killing and persecuting small minorities – the mass media is negating this reality to any major extent. Similarly, ARSA terrorists in Myanmar are killing Bengali Hindus. Meanwhile, some reports state Hindu women are being forced to convert to Islam – a tactic used against Yazidis in Iraq and against other minorities in countless conflicts throughout history. Despite this, the mantra of the mass media is creating the knock-on-effect of encouraging international jihadists to flock to the arena of conflict based on “good versus evil.”

AFP (France 24) reports, “San Tun said many of his Mro people — who number between 20,000 and 40,000 — had to leave everything behind as they sought sanctuary in government-held areas, fearful Rohingya militants would target them again.”

mro.jpgModern Tokyo Times says, “In other words, just like Yazidis have been enslaved and raped by Sunni Islamists in Iraq, and the same Sunni Islamist Takfiri virus stating “Alawites to the grave, Christians to Beirut” in Syria, then the small mainly Buddhist tribe of the Mro equally face Islamist cleansing. Yet, if mass media corporations seek to be believed, then surely the Islamists of ARSA would be solely focused on the armed forces of Myanmar in order to protect Bengali Muslims. Instead, just like in Iraq where Sunni Islamists target Yazidis and other minorities who have no power – nor have persecuted Sunni Muslims – it seems that ARSA is following the Islamist mantra of cleansing, killing, and persecuting…Therefore, ARSA is threatening the small mainly Buddhist tribe of the Mro who number between 20,000 and 40,000 people. At the same time, Bengali Hindus caught in the path of ARSA also face the Islamist sword.”

Overall, with al-Qaeda seeking a new Sunni Islamic jihad against Myanmar, then once more the mass media is laying the foundation by spreading one-sided versions to the point of inciting hatred. Similarly, Sunni Islamists throughout Europe will utilize the non-Muslim angle in order to recruit more terrorists to several conflicts. Therefore, Myanmar faces increasingly dark times and regionally divided loyalties will boost sectarianism on several fronts.

It is worth noting that more Muslims have been killed by Muslims in nations including Afghanistan, Iraq, Libya, Somalia, Syria, and Yemen – rather than in Myanmar. Equally, the security forces in this nation only responded after Islamists and Bengali Muslims turned against the indigenous of Rakhine. Of course, this will not stop the Islamist agenda of spreading more violence to Myanmar – while increasing pressure regionally in nations including Bangladesh and Indonesia. This role is continuously played out based on the one-sided media mantra and the role of humanitarian agencies that incite.

http://www.france24.com/en/20170903-buddhists-hindus-flee...

https://www.reuters.com/article/us-myanmar-rohingya-alqae...

http://moderntokyotimes.com/?p=7710

mercredi, 24 octobre 2018

Myanmar and the Yazidi shadow in Rakhine: Buddhists, Mro, Bengali Hindus, and others fled ARSA Islamists

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Myanmar and the Yazidi shadow in Rakhine: Buddhists, Mro, Bengali Hindus, and others fled ARSA Islamists

Sawako Utsumi and Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times: http://www.moderntokyotimes.com

In Iraq and Syria it soon became apparent that Sunni Islamist forces, be it al-Qaeda, ISIS, or a plethora of other Takfiri Islamist groups, hated all and sundry. Hence, it wasn’t just a battle against the central government of Syria – or international troops on the ground in relation to Iraq. Instead, it was a literal survival for ethnic and religious minorities who were caught up in the Sunni Islamist storm of wanton violence and massacres. Similarly, for small indigenous ethnic groups in Rakhine (Myanmar) and for Bengali Hindus, the religious angle soon became apparent. Therefore, the sword of ARSA (Arakan Rohingya Salvation Army) Islamist terrorism would target non-Muslim minorities despite these groups holding no power over Bengali Muslims in Rakhine.

Sadly, if you view the brutal massacres against the Yazidis in Iraq by ISIS and note the same aim of ARSA against the mainly Buddhist tribe of the Mro in Rakhine and other small minorities including Bengali Hindus, then a pattern emerges. This pattern is that the Sunni Islamist sword seeks to crush the indigenous and all smaller ethnic and religious groups in Iraq and Rakhine respectively – just like Syrian Christians were attacked and other smaller religious groups in Syria. In other words, the Sunni Islamist sword is fighting against central forces and smaller ethnic and religious groups at the same time in order to cleanse entirely.

AFP (France 24) last year reported about the Mro fleeing ARSA terrorism, “San Tun said many of his Mro people — who number between 20,000 and 40,000 — had to leave everything behind as they sought sanctuary in government-held areas…”

State Counsellor Aung San Suu Kyi of Myanmar stipulates, Those who have had to flee their homes are many. Not just Muslims and [Buddhist] Rakhines but also small minority groups such as Daing-net, Mro, Thet, Mramagyi and Hindus, of whose presence most of the world is totally unaware.”

U Tun Aung Thein, a local politician from the township of Buthidaung, is especially vociferous when it comes to protecting various indigenous groups and preserving the binding force of Buddhism. This politician stipulated strongly, “The minority Arakanese people and other tribes have fled their homes because of overwhelming fears. The whole area has fallen to the hands of non-Myanmar citizens.”

The same politician, who is deeply worried about international pressure, stated earnestly, “Under such circumstances, resettlement of non-citizens in southern Maungdaw can harm sovereignty in the future. Locals have also released statements against resettlement of Bengalis in southern Maungdaw, and we must heed their desires.”

Ironically, and of course, negated by the mass media, is that the armed forces of Myanmar were welcomed by the indigenous Buddhists, small ethnic Tribal Groups, Bengali Hindus, and others. After all, they all face ARSA terrorism, the Bengali Muslim land grab (just like Assam and the Chittagong Hill Tracts), and Islamist religious hatred of non-Muslims. Therefore, unlike the Yazidis who were abandoned when the ISIS Sunni Islamist sword came to butcher them and enslave Yazidi women because of the failure of central forces in Iraq – the various minorities of Rakhine were protected by the armed forces of Myanmar when ARSA tried the same tactic.

Amnesty International, an organization that is anti-Myanmar in general, even highlighted massacres committed by ARSA Islamists against Bengali Hindus. In other words, even fellow Bengalis were butchered because they happened to follow Hinduism. Of course, this isn’t a shock to Bengali Hindus given the historical reality of being butchered by Islamist forces throughout history – irrespective if killed by non-Bengali Muslims or killed by Bengali Muslims.

The BBC reports about one massacre by ARSA in accordance with the report by Amnesty International. This media source reportsIn this brutal and senseless act, members of ARSA captured scores of Hindu women, men and children and terrorized them before slaughtering them outside their own villages.”

In this massacre by ARSA in the village of Ah Nauk Kha Maung Seik, it is known that Islamist terrorists even killed 23 Hindu children, of which 13 of them were under the age of eight. Hence, just like countless Sunni Islamist massacres against the Yazidis in Iraq, the sword of Islamism cares little about butchering non-Muslims despite these groups having no power within Iraq and Rakhine respectively. Of course, similar machete attacks and other brutal methods by Islamists in butchering Mro Buddhists and other non-Muslims in Rakhine are continuing in 2018.

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Therefore, the armed forces of Myanmar entered Rakhine to protect various ethnic and religious groups. If the army hadn’t entered Rakhine, then a further bloodbath against various non-Muslim groups would have ensued on a much larger scale. Hence, the government of Myanmar prevented the fate that befell the Yazidis in Iraq. After all, the Yazidis were abandoned by central forces and the international coalition that just bombed from the sky.

Veena Sikri, former ambassador of India to Bangladesh, told India.com, “the terror perpetrated by ARSA and Haraka al-Yaqeen should not be ignored by New Delhi and other neighboring nations.”

Reuters reports that Islamist terrorists also killed Hindus for not converting to the Islamic faith. This agency says one witness, Bina Bala, stipulates, “We watched as they tied each person, hands behind their back and also legs … They cut all their throats and pushed them into a hole.” Hindu women who survived this attack did so because they converted to Islam.

ARSA and ISIS

Of course, the objectives of ARSA and ISIS are different even if their hatred of non-Muslims is the same. For example, while both equally use the methodology of killing and intimidation, the ARSA angle is interwoven within the Bengali Muslim land grab that blights various non-Muslim indigenous groups in Assam (India), the Chittagong Hill Tracts (Bangladesh), and Rakhine in Myanmar. However, ISIS is focused on an international Sunni Islamist movement that will devour nation states – hence, the central governments of Iraq and Syria were being challenged by a movement that solely wanted a Sunni Islamist Takfiri state that would supplant the nation-state.

ARSA, like the Sunni Islamist Taliban in Afghanistan and parts of Pakistan, seems more focused on the ethnic angle and behaving like “its string is being held by an external national or international entity.” In other words, the role of Pakistan and Saudi Arabia – and others – should be studied carefully. Likewise, the media over-distortion in the West and Islamic world is like the anti-Serbian Orthodox Christian bias in Kosovo (Serbia) – that was probably more aimed at appeasing Gulf petrodollars and reducing the leverage of the Russian Federation in the Balkans. Therefore, China and the Russian Federation in recent times are becoming increasingly alarmed by the same tactics being used against nations. For example, Libya and Syria were attacked based on mass media distortions and NATO and Gulf nations utilizing various Sunni Islamist terrorist groups on the ground.

India and Myanmar

The nations of India and Myanmar should forge closer border policies in order to stem the tide of mass Bengali Muslim migration while pressurizing Bangladesh to act. Equally, just like China and the Russian Federation are preventing the diktats of the OIC, it is incumbent that India supports Myanmar over events in Rakhine. After all, India knows full well about Islamization by stealth, Sunni Islamist terrorism, and the Bengali Muslim land grab against the indigenous of Assam – and other areas of India. Therefore, India should be more outspoken in supporting Myanmar, especially given the legacy of countless Islamic invasions and the role of the British in cutting up this nation once the tyranny of both forces had finally come to an end.

Conclusion

The government of Myanmar faces untold pressure to accept Bengali Muslims back into Rakhine in Myanmar because of the utter bias of certain Western and Islamic nations. Yet, if Myanmar is pressured then Buddhists, Hindus, and Tribal people have much to fear in Rakhine. This is based on Islamic terrorism and institutional religious hatred emanating from Sharia Islamic law that seeks to crush non-Muslims in this part of Myanmar. Similarly, when the demographic time bomb reaches majority status in Rakhine, then will the same pressures emerge in another part of Myanmar based on Islamization? Indeed, Buddhists and other minorities in Rakhine only need to look at events in the Chittagong Hill Tracts and parts of Southern Thailand to see how Buddhists have been treated and the demographic reality that entails. In the case of Southern Thailand, then this scenario is happening despite the armed forces of this nation protecting Buddhists and Buddhist monasteries from Islamist forces.

Overall, Myanmar needs to forge closer ties with important geopolitical powers including China, India, and the Russian Federation. At the same time, this nation should foster closer economic ties with China, India, Japan, Singapore, South Korea, and other nations based on positive relations. Likewise, Myanmar should strengthen ties with all regional nations throughout the Mekong Delta and other parts of Asia that encompasses nations including Sri Lanka. Equally important, Myanmar needs to focus on a media campaign and social media areas that highlight the role of the armed forces of Myanmar in protecting various ethnic and religious groups in Rakhine – for example, protecting the mainly Buddhist Mro to helping Bengali Hindus fleeing ARSA terrorism during the height of the crisis last year. After all, Myanmar faces an endless media and social media war – the role of Gulf petrodollars in manipulating events on the ground, in order to cover-up the deeds of major Western and Sunni Muslim powers that are butchering in Yemen – and the negative intrigues of Western powers that have eyes on dominating any nation that is independent.

http://www.france24.com/en/20170903-buddhists-hindus-flee...

https://www.reuters.com/article/us-myanmar-rohingya-hindu...

https://www.bbc.com/news/world-asia-44206372

https://www.irrawaddy.com/news/rakhine-parliament-says-no...

https://www.india.com/news/world/mass-grave-of-28-hindus-...

Myanmar should utilize its geopolitical importance: Positive ties with China, India, and Japan

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Myanmar should utilize its geopolitical importance: Positive ties with China, India, and Japan

Sawako Utsumi and Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times: http://www.moderntokyotimes.com

The nation of Myanmar is far from isolated despite the efforts of many Western and Islamic media outlets. Equally, Myanmar doesn’t need any moral lambasting from nations that sell military arms to Saudi Arabia despite the utter barbarity of what is happening in Yemen. Hence, Western nations are not only ignoring the plight of 12 million people suffering from severe shortages of food in Yemen based on the brutal deeds of the Saudi Arabia-led Sunni Muslim alliance; the same Western nations have no qualms in selling vast amounts of military arms to Saudi Arabia. Therefore, leading Western powers and Islamic nations should put their respective houses in order, rather than continuously lambasting Myanmar.

Ironically, the negative narrative being used against Myanmar seems to be creating greater awareness to enhance relations with regional nations, two Permanent Members of the United Nations, and nations further afield in Northeast Asia. The outcome being that Myanmar is improving relations with China, India, Japan, the Russian Federation, South Korea, Thailand, Vietnam, and others. At the same time, business investments from other nations including Singapore and Taiwan highlight the fact that this nation can’t be isolated based on foreign intrigues.

In terms of geopolitics the powers of China, India, and Japan respectively understand the significance of Myanmar. At the same time, the Russian Federation understands the bigger geopolitical picture and along with China, these two Permanent Members of the United Nations are valuable friends of Myanmar.

However, for Myanmar, this nation doesn’t need to focus on any single nation or one collective angle. Instead, China, India, and Japan – and others – seek positive ties with Myanmar based on various factors. Hence, Myanmar should utilize each nation for the unique traits that exist. For example, China is important for economic investments and is a Permanent Member of the United Nations. Likewise, Japan is a democratic and economic power that can boost the infrastructural development of Myanmar, can mediate with leading Western powers in the northern hemisphere, provide technological advancements, boost economic investments, and other important areas.

In relation to India, the International Institute for Strategic Studies, stipulates, New Delhi views the nation as a key part of its ‘Act East’ policy, which was announced by Modi during the 12th ASEAN–India Summit in Myanmar in 2014. India believes it can use Myanmar to strengthen trade links and increase engagement with the regional grouping – but sees Myanmar as a neighbor first, and an ASEAN member second.”  

Hence, for India, the nation of Myanmar is important based on regional factors, the geopolitical angle in relation to China, national security issues, and is a key nation in India’s “Act East” initiative. Equally, Myanmar is a natural bridge to ASEAN based on geography. Also, in recent times India and Japan are increasingly looking at enhancing important areas related to geopolitics, the military, and economics.

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Recently, State Counsellor Aung San Suu Kyi of Myanmar met Prime Minister Shinzo Abe of Japan in Tokyo. Prior to this important meeting, Modern Tokyo Times stipulated, Japan values positive relations with Myanmar based on recent history and because of the progress made by this nation in recent times in the realm of democracy. Of course, the geopolitical angle of Myanmar is richly important and the binding ties of Buddhism mean that both nations have natural bonds. Therefore, Aung San Suu Kyi knows that her reception is keenly awaited in the corridors of power in Japan.”

Overall, Myanmar doesn’t need to fall into any one single orbit because China, India, and Japan have various strengths. Similarly, the Russian Federation is a good bridge between China and India – and political elites in Moscow seek to further ties with Japan. At the same time, the Russian Federation is a Permanent Member of the United Nations and recent military sales highlight new ventures in the pipeline. Therefore, Myanmar is of geopolitical importance and the same applies to the entire development of the Mekong Delta region – this factor, and many others equates to Myanmar being able to cherry pick the best angle of China, India, and Japan in order to strengthen many areas of the nation.

https://www.iiss.org/blogs/analysis/2018/05/india-myanmar...

http://moderntokyotimes.com/japan-to-welcome-state-counse...

lundi, 22 octobre 2018

Honte à l’Union européenne, qui n’a pas le courage de commercer en euros avec l’Iran !

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Honte à l’Union européenne, qui n’a pas le courage de commercer en euros avec l’Iran !

par Marc Rousset
Ex: http://bvoltaire.fr

L’Union européenne, protectorat de l’Amérique, a fait le bon diagnostic sur le scandale des sanctions américaines à l’égard de l’Iran, mais elle n’a pas la volonté politique d’une Europe puissance des nations pour commercer en euros avec l’Iran et le monde entier. « Il est absurde que l’Europe paie 80 % de sa facture énergétique de 300 milliards d’euros par an au total, en dollars alors que 2 % seulement de notre énergie provient des États-Unis », a déploré M. Juncker, jugeant également « ridicule » que les entreprises européennes achètent des avions européens en dollars plutôt qu’en euros.

La majorité des hommes politiques européens qui parlent du problème du règlement international en euros ne comprennent pas ce qui se passe et les raisons exactes ne sont jamais expliquées d’une façon claire, technique et précise dans les médias. L’une des raisons est qu’en fait, l’euro, monnaie unique, contrairement à ce que l’on nous raconte, n’existe pas !

L’euro est monnaie unique en apparence seulement car les euros italiens ne peuvent pas dévaluer vis-à-vis des euros français ou allemands mais, en fait, les banques centrales des pays européens sont toujours techniquement indépendantes les unes des autres et présentent toutes les symptômes d’une monnaie propre à chaque pays avec leurs propres réserves physiques en or. Elles pourraient reprendre immédiatement, chacune, leur indépendance vis-à-vis des autres banques centrales. La BCE n’est, en fait, que la consolidation comptable des bilans des différentes banques centrales européennes. La zone euro peut se défaire techniquement en une nuit, si elle explose !

La preuve en est le « système Target 2 » de règlement entre les banques centrales qui fait qu’aujourd’hui, dans la zone euro, la Bundesbank détient 1.000 milliards d’euros de créances bancaires sur les autres banques centrales alors que la Banque centrale d’Italie est débitrice de 460 milliards d’euros, principalement vis-à-vis de l’Allemagne.

Et comme il n’y a pas, techniquement, une véritable zone euro, la BCE et l’Union européenne ont été incapables, jusqu’à ce jour, de mettre en place un système européen interbancaire européen indépendant du système international SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) sous l’emprise de Washington, de la Fed, des banques américaines et du roi dollar. La volonté de mise en place de ce système est en paroles seulement. « Nous devons augmenter l’autonomie et la souveraineté de l’Europe en matière économique, commerciale et financière », a déclaré le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas, le mois dernier, à Berlin. Un système interbancaire de paiement européen indépendant, conforme au droit européen, avec l’euro comme moyen de paiement international pour commercer avec le monde entier est urgent.

L’Europe impuissante face aux sanctions américaines contre l’Iran souhaite mettre en place seulement un système de troc sophistiqué à partir de la vente de pétrole iranien. L’Union européenne sera amenée à créer, comme du temps du rouble dans les pays satellites de l’ancienne URSS, une chambre de compensation sans transactions financières dans la zone euro. Si l’Iran vend du pétrole à l’Espagne, ces euros serviront à régler pour un même montant directement l’exportateur allemand des machines-outils à l’Iran en évitant les transactions en dollars qui pourraient exposer les acheteurs et les vendeurs européens à des sanctions américaines.

L’impérialisme américain est odieux, scandaleux, inacceptable. Les grands groupes tels que Total, Peugeot, Renault, Airbus, Siemens, suite aux menaces de représailles sur le marché intérieur américain, ont déjà tous renoncé. Mais la malheureuse chambre européenne « croupion » de compensation s’attire, cependant, les foudres du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche John Bolton. Il a osé déclarer :

« Les États-Unis seront “agressifs et inflexibles” dans l’application des sanctions […] L’Union européenne est forte dans sa rhétorique, mais faible pour l’appliquer. Nous allons surveiller le développement de cette structure qui n’existe pas encore et pour laquelle aucune date de création n’a été fixée. Nous n’avons pas l’intention de permettre à l’Europe ou quiconque d’éviter nos sanctions. »

Debout, l’Europe puissance des nations anti-Macron à construire !

Emissions Pragma 1 & 2 - Ed. Bios

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Emissions Pragma 1 & 2 - Ed. Bios

 
Emission Pragma, n°2, Multipolarité et unipolarité, par Robert Steuckers
 
Emission Pragma, n°1, Les discours de Trump et Macron aux Nations Unies, par Robert Steuckers

Editions BIOS @EditionsBIOS
 
Pour écouter, il faut s'inscrire GRATUITEMENT ici

samedi, 20 octobre 2018

The Geopolitics of the Khashoggi Murder

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The Geopolitics of the Khashoggi Murder

by Graham E. Fuller

Ex: https://lobelog.com

The grisly details of the murder of Saudi journalist Jamal Khashoggi by Saudi security goons in their own consulate in Istanbul has riveted global attention like few other recent stories. Not surprisingly, the lurid descriptions of this single sensational case have far greater impact on public perceptions than the deaths of some ten thousand Yemenis—mostly civilians— in Saudi Arabia’s military operations in Yemen—facilitated by Washington and London.

Simultaneously we have the theatrical spectacle of the Erdogan government in Turkey releasing in tantalizing dribs and drabs the apparently documented details of the horrors of Khashoggi’s torture, murder and dismemberment, keeping the story alive. All of this skillfully escalates public revulsion and places Saudi Arabia and its impetuous crown prince Muhammad bin Salman (MbS) into a stark spotlight before the world. Saudi Arabia has many enemies in this world; the chickens are coming home to roost.

But what is really going on here? What is Turkey up to?  

Pundits love to talk about some “implacable historical confrontation” between Shi’ite Iran and Sunni Saudi Arabia. To buy into this is to miss deeper issues. In reality it is the ideological gulf between Saudi Arabia and Turkey, not Iran, that is more deeply rooted—even if less publicly aired—than the so-called Iranian threat. It is about the future face of the Middle East,

For starters, it was the Ottoman Turkish Empire that undertook to  roll back and overthrow the first Wahhabi state to arise in Arabia in the early 19th century that had already rampaged across the peninsula when the Holy Places were under the legal protection of the Ottoman Sultan.

But what are the fissures today? The bottom line is that Turkey represents a modern, rational, institutionalized state still functioning within a democratic order—although its moderate Islamist president Erdogan is now probing the boundaries of what is acceptable in a democratic state. Nonetheless Erdogan has won successive elections, even while playing rough games against opposition parties. It may be harder today than a decade ago to speak of “democratic Turkey” but it is nonetheless a reality in terms of its political parties, elections, political debate inside parliament and in public (though limited in the state-controlled media.) Turkey’s sophisticated electorate, general westernization, the position of women, its advanced economy, levels of education and westernization and long-standing political and social institutions—however much manipulated and abused by Erdogan today—still exist. Turkey’s political sophistication and experience over the longer run will enable democratic practice to prevail.

The point of this is not to praise Turkey’s democratic order today; there is now much to criticize in Erdogan’s personalized and arbitrary management of the country, his arrest of outspoken journalists and purges of police, the courts, and universities.  Indeed, if Erdogan had resigned after his first ten years in office, his long list of accomplishments and those of his party would suffice to make him the greatest prime minister in modern Turkish history. Yet—classically—power corrupts and often leads to greater authoritarianism;  we now witness Erdogan’s  squandering of his own legacy through his own arbitrary and high-handed actions.

But that is not the point. For all of its current abuses, the political and social institutions of even Erdogan’s Turkey scare Saudi Arabia. Turkey has a constitution, maintains the trappings of democracy and elections and political debate in a parliament. All these things are anathema to Riyadh and threaten the very basis of Saudi monarchy.  In addition, Erdogan’s party, the AKP, represents a moderate Islamist perspective in the region that stands in near total opposition to the narrow, xenophobic, intolerant and extreme version of Islam—routinely exported—of Saudi Wahhabi Islam. Erdogan’s views are closer to the more modern Muslim Brotherhood—an old and now mainly non-violent party that embraces at least the principles of democratic procedure, elections, and a broad-based electorate that includes non-Muslims. It wins elections. Saudi Arabia loathes the Muslim Brotherhood which they view as ultimately serving to undermine monarchy; indeed political Islam basically has little regard for monarchy which it perceives as lacking in Islamic legitimacy.

In short, the Turkish view of politics and Islam is abhorrent and threatening to the Saudi political order that is based on monarchy and Wahhabi clergy. If any state represents advanced Islamic opinion in this world, it is more likely Turkey and certainly not Saudi Arabia with its near medieval mind-set coexisting alongside its glittering turnkey skyscrapers.

Then we have the anomaly of Qatar. This small Gulf state is also a monarchy and even embraces—at least nominally—Wahhabi Islam, but in a vastly more open and tolerant form than the Saudi version. Qatar, even though a monarchy, also views the Muslim Brotherhood as essentially the face of a more modern future political Islam, far from the Saudi Wahhabi version. And Qatar sponsored and still maintains the pan-Arab satellite TV station al-Jazeera, which revolutionized public discussion of politics all across the Arab world and beyond. Riyadh detests the debates on al-Jazeera and the threat that such open discussion of regional politics poses to autocracy. Turkey, for all its present warts, represents the future of Muslim governance in the region while Saudi Arabia languishes far in the past, apart from the formidable power of its wealth.

Saudi Arabia aspires to leadership of the Muslim world, but apart from its massive wealth and technical “custodianship” of the Muslim Holy Place, its sterile and arthritic culture offers very little to anybody.

Qatar too finds itself in close sympathy with the Turkish government. And with MbS’s rash decision to try to bring to heel or overthrow the independent-minded government of Qatar, Turkey lined up with Qatar and dispatched Turkish troops there to guard the border against possible Saudi military invasion.

Saudi Arabia and Turkey fundamentally represent rival forces jockeying for influence in the future Syrian political order in post-civil war Syria.

Sunni Qatar and Sunni Turkey both deal widely with Shi’ite Iran. Yet Saudi Arabia claims that Iran is the source of all evil and instability in the Middle East, and shares ever closer ideological views with Israel—on purely cynical basis of enemy-of-my-enemy. Sadly Washington has bought into this Israeli-Saudi narrative on Iran.

With the murder of Jamal Khashoggi in Istanbul, Ankara has been happy to exploit the scandal and turn the screws on Riyadh. Ankara’s staged leaks of detailed grisly documentation of the event has thrown Riyadh badly off balance—which strengthens the hand of Ankara and nearly everybody else including Washington in being able to pressure the Saudi Kingdom.

Iran of course is the alleged sinister threat constantly trumpeted by Riyadh—and Israel—a policy designed ultimately to bring the US into a war with Iran. Here too Riyadh more fundamentally fears Iran as  an evolving democratic state in an Islamic context; Iran’s elections and fairly transparent politics are all closely followed by the outside world, they matter.  Basically Iran will preside over a functioning democratic state far earlier than Saudi Arabia ever will; Saudi Arabia indeed lacks any institutional foundations for such an open political order. In addition the Saudis fear their own oppressed Shi’ite minority, yet deep Shi’ite alienation becomes a self-fulfilling prophesy under onerous Wahhabi oppression. Above all, Wahhabi Islam detests Shi’ite Islam in principle—even as Wahhabism is hostile to nearly all other schools of Islam as well. So Iran constitutes for Riyadh the ideal target that can be opposed on religious and ideological grounds while avoiding denunciations of Iranian democratic structures, elections, or analysis of the oppression of Saudi Shi’ites.

This is why Ankara is happy to embarrass Riyadh in its murder of Khashoggi; the two countries are far more rivals than allies in the Muslim world and will remain so. Yet Ankara still does not wish to break with Riyadh entirely either, since Saudi financial resources might still just be useful to Ankara down the road.

As the geopolitics of the world changes—particularly with the emergence of new power centers like China, the return of Russia, the growing independence of Turkey, the resistance of Iran to US domination in the Gulf, the waywardness of Israel, and the greater role of India and many other smaller players—the emergence of a more aggressive and adventuristic Saudi Arabia is not surprising. Indeed we might even say it is overdue in a state so long marked by conservative and cautious foreign policy.  And so for Washington “managing the Gulf” becomes an increasingly impossible task with every passing year. Too many other significant players have stepped into the game with their own vital interests—even as the US has reduced its international clout to a primarily military role —a trend that well precedes Trump.

As we follow the lurid news about the murder of Jamal Khashoggi, it’s important to realize that this ugly incident represents just a small piece of the much bigger geopolitical game playing itself out in the Gulf.

Graham E. Fuller is a former senior CIA official, author of numerous books on the Muslim World; his first novel is “Breaking Faith: A novel of espionage and an American’s crisis of conscience in Pakistan;” his second one is BEAR. (Amazon, Kindle). Reprinted, with permission, from grahamefuller.com

Russie, quelle vision politique pour la Russie au XXIème siècle ?

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Russie, quelle vision politique pour la Russie au XXIème siècle ?

par Emmanuel LEROY,

Consultant et Président d’Urgence Enfants du Donbass

Ex: http://www.academiedegeopolitiquedeparis.com

Introduction 

Avant d’aborder ce qui serait aujourd’hui la vision du monde des héritiers de Vladimir 1er, prince de Novgorod et Grand-Prince de la Rus’ de Kiev, je crois nécessaire d’essayer de comprendre pourquoi la Russie est l’objet de tant de haine de la part des élites qui gouvernent l’occident. Répondre à cette question me parait important car souvent, trop souvent de mon point de vue, depuis le règne de Pierre le Grand, le pouvoir en Russie a eu tendance parfois, à calquer sa politique en réaction ou à l’imitation de l’occident, sans percevoir toujours très clairement les forces véritables qui sont à l’œuvre dans la vision du monde occidentale. Cette tendance lourde a bien évidemment favorisé cette fameuse querelle opposant les slavophiles aux occidentalistes à laquelle l’URSS n’a pas échappé, et dans laquelle la Russie de Vladimir Poutine baigne encore, séparant deux visions du monde antagonistes qu’incarnent parfaitement aujourd’hui des personnalités comme Sergueï Glaziev pour le camp conservateur slavophile ou comme Alexeï Koudrine pour le camp libéral occidentaliste.

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Emmanuel Leroy

Définir ce que souhaite le camp libéral n’est pas très difficile, il nous suffit de regarder à quoi ressemble l’occident aujourd’hui, à savoir des sociétés où toute notion de solidarité a disparu, où l’argent règne en maître, où l’homosexualité et le mariage pour tous sont promus comme une norme, et où l’on augmente l’âge de la retraite tout en ouvrant les vannes de l’immigration au lieu de promouvoir la natalité. La faction libérale en Russie est pratiquement absente du champ électoral comme on l’a vu ces dernières années avec les résultats du parti Labloko, mais elle est en revanche surreprésentée dans les médias – contrairement à ce que l’on pense en occident – dans la sphère économique et au sein du gouvernement où aux côtés du Premier ministre siègent d’autres ministres qui ont parfaitement intégré la théorie de la « main invisible » dans leur vision du monde.

Il est plus difficile de définir précisément ce que souhaitent les conservateurs russes car il y a plusieurs approches possibles du conservatisme : il y a celle incarnée par le club Stolypine de M. Glaziev qui au rebours des idées libérales d’Adam Smith souhaiterait un Etat interventionniste sur le modèle de l’Allemagne de Bismarck influencée par les idées de Friedrich List et de son « protectionnisme éducateur ». Il existe aussi un conservatisme slaviste que l’on pourrait qualifier de social-chrétien et qui s’inspire d’auteurs comme Berdiaev, Soloviev, Iline, Dostoïevsky ou encore Soljenytsine mais qui ne semble pas avoir trouvé de traduction politique dans le paysage russe contemporain. Et il existe enfin, grand paradoxe, un conservatisme communiste dont la permanence peut s’analyser non seulement comme une réaction aux dérives libérales de la Russie sous Boris Eltsine mais également comme un contrepoids à l’hégémonie du parti majoritaire – lorsque celui-ci est perçu comme trop libéral – comme on vient de le voir récemment à Vladivostok.

Autre paradoxe de la société russe contemporaine est celui incarné dans les plus hautes sphères de l’Etat où est promue une vision conservatrice et multipolaire du monde, en réaction à la vision unipolaire et totalitaire de l’occident, tout en ayant conservé au plan institutionnel une constitution occidentalo-compatible héritée des années Eltsine et permettant sur le plan économique la mise en place d’une praxis ultra-libérale que ne désavouerait pas l’Ecole de Chicago. Il s’agit là d’une contradiction idéologique majeure que la Russie devra trancher tôt ou tard, et le plus tôt dans l’intérêt du peuple russe lui-même sera le mieux.

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Pour mieux comprendre en quoi la Russie d’aujourd’hui incarne, presque malgré elle, l’opposition absolue au système occidental, il faut se pencher d’abord sur les origines profondes de la russophobie, ensuite nous devrons répondre à la question délicate « Que veut faire la Russie ? ».

1/ Les origines profondes de la russophobie

2/ Que veut faire la Russie ?

1/ Les origines profondes de la russophobie

Au fil du temps et de mes réflexions, j’ai acquis la conviction que l’on ne peut comprendre les événements géopolitiques sans avoir présent à l’esprit ce que le grand historien Fernand Braudel appelait la longue histoire et qui renvoie en quelque sorte à l’aphorisme de Nietzsche selon lequel « l’homme de l’avenir sera celui qui aura la plus longue mémoire ».

Si l’on refuse l’idée que la plupart des guerres, des coups d’état, des « révolutions de couleur » auxquels nous assistons relèvent d’une très ancienne vision du monde que j’appelle l’Idéologie anglo-saxonne, on se trouve alors dans la situation d’un médecin traitant un cancer avec de l’aspirine.

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne ?

C’est ce que Kipling a appelé Le Grand Jeu lors de l’affrontement des empires russe et britannique dans ce qui n’était pas encore l’Afghanistan. Mais le Grand jeu c’était aussi l’éradication du catholicisme en Angleterre sous Cromwell, c’était la politique des William Pitt, père et fils, dans l’avènement de la révolution française et de la prise de contrôle de la France après la défaite de Waterloo, c’était la politique impériale de Benjamin Disraeli, c’était la guerre du Japon contre la Russie en 1905 et la 1ère révolution qui suivit, financée par les banques anglo-saxonnes, tout comme la révolution bolchevique de 1917, ce furent les deux guerres mondiales et ce jeu, car pour eux c’est un jeu, même s’il est souvent cruel, continue jusqu’à aujourd’hui avec l’Afghanistan, la Lybie, la Syrie, la Géorgie, l’Ukraine, le Yémen etc..

Je n’aurai pas le temps en quelques minutes de vous résumer 5 siècles d’histoire européenne et a fortiori mondiale, aussi, je voudrais juste esquisser devant vous quelques pistes de réflexion afin que vous creusiez vous-même dans cette direction si vous l’estimez nécessaire.

Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Elisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume. Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse Ecole de la nuit), car il est le premier à avoir conceptualisé l’idée d’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé l’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

C’est là, à partir de cet exploit de piraterie exceptionnel, qu’est née cette idée de parvenir à la suprématie mondiale par la puissance maritime et l’accaparement des richesses d’autrui.

Mais ce qu’il faut bien comprendre – et c’est cela qui est véritablement révolutionnaire – c’est que cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles au sein des élites anglo-saxonnes notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « Qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l’Eurasie ; qui gouverne l’Eurasie contrôle les destinées du monde ».

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à trois siècles de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie.

Mais alors en quoi cette idéologie anglo-saxonne serait-elle russophobe ?

Elle n’est pas spécifiquement russophobe, elle a d’abord été francophobe, puis hispanophobe, puis à nouveau francophobe, puis germanophobe, mais il se trouve qu’après les défaites successives de l’Espagne à la fin du XVIIème siècle, de la France en 1815, des empires centraux en 1918 et du monde germanique en 1945, il ne reste plus qu’un protagoniste sur le continent eurasiatique à s’opposer aux Anglo-Saxons, et c’est le peuple russe.

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Voilà brièvement résumées, les causes profondes de la russophobie et tant que l’on n’a pas intégré cette vision de la longue histoire, on ne peut comprendre véritablement la nature des conflits qui sont en cours. Ces conflits sont des étapes, des épiphénomènes dans le Grand jeu de contrôle des destinées de l’humanité par la nomenklatura anglo-saxonne et la Russie est le dernier grand obstacle qui se dresse devant elle et voilà pourquoi elle doit disparaître. À n’importe quel prix.

Et elle a bien failli disparaître en 1991 quand elle perdut 1/5ème de son territoire et plus de 30 millions de ses concitoyens qui sont aujourd’hui, Kazakhes, Kirghizes, Ouzbèks ou Tadjiks. Elle a failli mourir aussi durant ces années 90 où elle fut pillée et saccagée ignominieusement par des prédateurs travaillant en étroite relation avec la finance anglo-saxonne.

Pour ceux qui voudraient un dessin explicite, je leur conseille de visiter l’académie Glazounov à Moscou où au 1er étage se trouve un immense tableau de cet illustre peintre et résumant parfaitement le martyre que subit la Russie durant ces années terribles.

Oui, je pense également que la fin de l’Union soviétique a été la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle car elle a permis à l’occident d’avancer jusqu’aux frontières de la Russie et même de mettre la main sur son cœur historique, la Rus’ de Kiev.

À ce stade, que peut faire la Russie pour inverser le processus et mettre un terme à l’hégémonie totale de ceux qui veulent prendre en main les destinées du monde, car tout bien pesé, c’est bien de cela dont il s’agit : unipolaire ou multipolaire le monde de demain devra choisir et dans ce contexte d’antagonisme absolu, que pourra faire la Russie ?

Et tout d’abord…

2/ Que veut faire la Russie ?

Il peut paraître présomptueux, surtout ici, devant des citoyens russes, de poser cette question, mais si l’on se souvient de ce que disait Churchill lui-même à ce sujet, à savoir que « la Russie était un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », il n’est peut-être pas inutile d’ouvrir la matriochka pour essayer de voir ce qu’il y a dedans.

Je crois que la Russie a un rôle essentiel à jouer dans les années qui viennent pour restaurer un équilibre dans le monde mais c’est un message qui est difficile à faire passer car le tempérament russe est assurément peu porté à l’universel, du moins tel que le conçoivent les Français ou les Anglo-Saxons.

Pourtant la Russie a déjà par deux fois dans son existence, proclamé sa vérité dans le monde. La première fois, c’était au nom de la Sainte Alliance quand le Tsar Alexandre 1er tentait d’élever une digue contre les idées destructrices de la Révolution française. La deuxième fois, et c’est un paradoxe, c’est au nom des idéaux de cette même Révolution française que les bolcheviques répandront sur la terre l’idéal prolétarien.

On voit se dessiner en Russie, depuis le début des années 2000 une vision du monde multipolaire et qui semble vouloir s’afficher comme une altérité à l’idéologie occidentale.

Pour bien comprendre la réorientation de la Russie en ce début de XXIème siècle, il faut relire le discours fondamental de Vladimir Poutine à Munich en février 2007 qui entend mettre un terme à l’unipolarité anglo-saxonne et qui réaffirme une certaine conception westphalienne d’équilibre du monde.

Voilà ce que déclarait le Président de la Fédération de Russie : « J’estime que le monde unipolaire n’est pas seulement inadmissible pour le monde contemporain, mais qu’il est même tout à fait impossible. Non seulement parce que dans les conditions d’un leader unique, le monde contemporain (…) manquera de ressources militaro-politiques et économiques, mais, et c’est encore plus important, ce modèle est inefficace, car il ne peut en aucun cas reposer sur une base morale et éthique de la civilisation contemporaine ».

Dans ce discours, Vladimir Poutine remettait également en cause la prétendue primauté du droit étatsunien sur le droit international et dénonçait la volonté des Etats-Unis d’empiéter dans les domaines réservés des autres Etats, notamment à travers la sphère juridique.

Mais contester le modèle occidental en lui opposant la multipolarité – qui n’est qu’un concept creux – n’est pas suffisant. Tant que l’économie et les institutions russes fonctionneront avec le moteur occidental de l’idéologie libérale, la Russie sera confrontée à une contradiction interne qui sera mortelle à terme.

À l’idéologie des droits de l’homme, il faut opposer la primauté du droit des peuples.

Au libéralisme égoïste et destructeur qui ne favorise que l’oligarchie mondiale, il faut opposer l’interventionnisme de l’Etat souverain protecteur des plus faibles.

À la permissivité sans limite et à la destruction des valeurs fondamentales des sociétés humaines, il faut opposer la protection de la famille et des valeurs traditionnelles, y compris religieuses.

Ces quelques exemples montrent bien que la nature de la guerre totale qui oppose aujourd’hui l’occident à la Russie est bien culturelle et idéologique avant d’être militaire et je redoute fort que les conflits chauds ou tièdes comme ceux de Syrie ou du Donbass et dans lesquels les Anglo-Saxons entraînent la Russie aujourd’hui, ne soient que des leurres pour dissimuler le cheval de Troie que jour après jour les occidentaux mettent en place dans tout l’espace de la CEI.

Nous étions en Arménie la semaine dernière avec mon ami Jean-Michel Vernochet pour une série de conférences et de rencontres et nous avons pu mesurer la réalité de la présence étatsunienne dans ce pays ex-soviétique où ils ont installé leur deuxième plus grande ambassade dans le monde aux confins de la Caspienne, de la Mer Noire et de la Méditerranée : pas un programme culturel ou archéologique sans la présence du logo « USAID », pas un café qui n’arbore fièrement le sigle Coca-Cola et jusqu’à la Bibliothèque nationale d’Arménie qui abrite en son sein un « American Corner » où sont diffusées, entre autres, les œuvres de M. Brzezinski et de l’amiral Mahan. Même les Chinois sont présents à Erevan avec leur programme « China Aid ». Nous n’y avons pas vu de programme « Russia Aid » et dans ce pays qui comptait 100% de russophones il y a un quart de siècle, les jeunes générations ne parlent plus que l’anglais et dans moins d’un siècle il n’y aura plus que quelques savants distingués qui parleront encore la langue de Pouchkine.

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Plus grave encore que ce que je viens de vous décrire en Arménie, est la reconnaissance de l’Eglise autocéphale d’Ukraine la semaine dernière par le patriarcat de Constantinople. Il s’agit là encore d’une catastrophe géopolitique ou géoreligieuse majeure pour le monde slave. À quoi sert de vaincre militairement le terrorisme manipulé par l’occident en Syrie quand le monde orthodoxe est menacé d’un schisme majeur ?

Je voudrais achever cette intervention en formulant le vœu que la Russie retrouve sa place, toute sa place dans le monde, notamment en reprenant la tête de file des pays non-alignés afin que se dresse contre la maladie occidentale une alliance de pays libres et souverains. La Russie pourrait proposer de remettre à jour la Charte de La Havane de 1948 et d’y entraîner tous les peuples qui veulent sortir de la spirale mortifère de l’idéologie anglo-saxonne. Quelques pays en Europe et dans le monde semblent aujourd’hui se réveiller et être prêts à sortir de l’état de vassalité et d’esclavage dans lequel ils sont plongés.

La Russie non seulement s’honorerait à les y aider, mais ce faisant, j’en suis persuadé, elle se sauverait elle-même.

jeudi, 18 octobre 2018

Belligérance tous azimuts : Trump veut reprendre le contrôle de l’Amérique latine

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Belligérance tous azimuts : Trump veut reprendre le contrôle de l’Amérique latine

 
Auteur : Ken Livingstone
Ex: http://www.zejournal.mobi 
 

Trump intensifie ses efforts pour provoquer des changements de régime dans les pays d’Amérique latine qui refusent de se plier à ses desiderata, tout en gardant un silence hypocrite sur les violations des droits humains commises par des alliés américains comme l’Arabie saoudite.

Ces dernières années, la droite a refait surface en Amérique latine. La première étape de l’élection du prochain président du Brésil a vu le candidat de droite Jair Bolsonaro remporter 46 % des voix. À deux semaines du scrutin final, il mène de 16 %.

Même si les gouvernements progressistes qui placent l’égalité, l’éducation, les soins de santé et la lutte contre la pauvreté au premier plan de leur politique, sont toujours puissants dans la région, la dernière période a été difficile, y compris au Venezuela.

Mais il est également vital, en temps de crise, de se rappeler pour quoi se battent ceux qui, comme nous, participent à des campagnes de solidarité. Le décès d’Hugo Chavez en 2013 nous a tous bouleversés, mais les idéaux et les progrès sociaux pour lesquels il s’est battu ne sont pas morts avec lui. Ceux qui écoutent les médias de droite, ne voient en Chavez qu’un dictateur brutal, et refusent d’admettre qu’il a changé Venezuela en mieux. Chavez ne s’intéressait d’ailleurs pas uniquement à son propre pays : il voulait remodeler le continent tout entier. Il a été une inspiration pour ceux qui, comme lui, voulaient s’attaquer aux énormes inégalités et sortir du système néo-libéral qui nuit à la population.

J’ai eu l’honneur de le rencontrer lorsqu’il est venu à Londres en 2006 et de travailler avec lui par la suite. Ce qui m’a le plus frappé chez lui, c’est que contrairement à tant d’autres présidents et premiers ministres, c’était un homme simple, complètement dépourvu de la vanité ou de l’obsession de célébrité qui défigure tant de nos dirigeants. Il n’était pas issu d’un milieu politique et il avait passé sa carrière militaire à mener la lutte contre les guérillas qui tentaient de renverser le gouvernement réactionnaire du Venezuela. J’ai été très ému quand il m’a dit ce qui l’avait fait changer. C’est au cours d’une escarmouche où l’un de ses hommes, un de ses bons amis, a été abattu. Chavez l’a tenu dans ses bras pendant son agonie, et c’est à ce moment que Chavez a décidé que lui-même et son pays devaient changer.

J’ai pris la parole le week-end dernier lors de la campagne de solidarité avec le Venezuela, organisée pour commémorer le vingtième anniversaire de la première victoire électorale de Chavez. J’ai dit que nous devions faire connaître son vrai bilan.

Malgré les campagnes de diffamation des États-Unis et des médias, la tentative de coup d’État et les efforts incessants de l’opposition pour le chasser par des moyens antidémocratiques, Chavez est resté fidèle à son objectif de sauver le Venezuela. Comme on peut le voir par ses actes politiques :

– Il a mis en place le Programme Mission Miracle qui a sauvé plus de 3,5 millions de personnes de la de cécité en Amérique latine.

– Il a fourni 1,2 million de logements bons marchés aux plus démunis du Venezuela, et ce nombre ne cesse de croître depuis 2010.

– Ses programmes d’éducation ont éradiqué l’analphabétisme au Venezuela, 1,5 million d’adultes ont appris à lire et à écrire.

– Le nombre de Vénézuéliens bénéficiant d’une pension d’État a sextuplé.

– Il a également mis en place un service national de santé qui a permis de sauver la vie de millions de personnes.

Malheureusement, l’économie vénézuélienne est aujourd’hui confrontée à de réels défis, la chute massive des prix du pétrole a sapé l’économie, les exportations de pétrole étant la principale source de revenu du pays. Mais ce qui a causé le plus de dégâts, ce sont les sanctions américaines contre le Venezuela, qui ont commencé sous l’administration Obama, et qui ont été considérablement aggravées par Trump. Il s’agit notamment de l’interdiction pour les États-Unis d’acheter toute dette ou créance du gouvernement vénézuélien et du géant pétrolier public PDVSA.

Il n’est pas surprenant que les sanctions économiques aient accru les pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres biens essentiels tout en limitant la capacité du gouvernement à résoudre les problèmes économiques du pays. Ce sont les Vénézuéliens à faible revenu qui souffrent le plus. Les sanctions ont également accru la polarisation politique, rendant le dialogue indispensable plus difficile au moment où des voix internationales viennent soutenir les efforts du pays pour sortir de la crise.

Pendant sa campagne présidentielle, Trump a clairement indiqué qu’il voulait provoquer un changement de régime au Venezuela et on ne peut pas l’accuser de ne pas tenir sa promesse. Les sanctions contre le Venezuela, en sont la preuve d’autant qu’elles s’accompagnent de menaces d’une intervention armée.

On a appris le mois dernier, grâce au New York Times, que des officiers vénézuéliens dissidents avaient tenu une réunion secrète avec des responsables de l’administration Trump pour discuter du renversement de l’actuel président Nicolas Maduro. L’article expliquait que l’administration Trump avait refusé de les soutenir, mais les sanctions continuent. La Maison-Blanche a refusé de répondre aux questions sur ces entretiens mais a admis « dialoguer avec tous les Vénézuéliens qui manifestent un désir de démocratie afin d’apporter un changement positif à un pays qui a tant souffert ».

Il y a déjà eu deux tentatives ratées pour renverser le gouvernement de Maduro, dont une en août pendant un rassemblement à Caracas, où deux drones ont explosé sans toucher leur cible.

Ce n’est pas la première fois que Trump menace publiquement d’intervenir militairement. En août 2017, il a dit« nous avons le choix entre plusieurs options pour le Venezuela, y compris une option militaire si nécessaire. »

Cela fait des décennies que les Etats-Unis s’efforcent renverser des gouvernements progressistes ou parfois même des gouvernements qui affirment simplement leur souveraineté nationale, en utilisant toutes sortes de méthodes qui vont des coups d’État par des moyens détournés et discrets aux coups militaires, des sanctions aux blocus et de l’isolement international aux interventions militaires.

Les manifestations de belligérance tous azimuts de Trump, y compris sa volonté de construire un mur le long de la frontière avec le Mexique, sont accompagnées du versement de millions de dollars à des organisations qui œuvrent contre des gouvernements qui refusent d’obéir aux Etats-Unis, pour réaffirmer le contrôle américain dans la région.

Il n’y a pas que le Venezuela qui subit des sanctions, la République du Nicaragua et Cuba en subissent depuis près de soixante ans. Ce qui n’est jamais dit dans les médias, c’est que ces sanctions sont illégales en vertu du droit international. Mais l’Amérique a un droit de veto aux Nations-Unies et domine les principales institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Des investissements dans son économie et une diversification qui lui éviterait de dépendre totalement du pétrole permettraient au Venezuela de résister à la politique de Trump. Espérons que le processus de dialogue qui se déroule au Venezuela et le succès des récentes élections régionales permettront de revenir à la normale et de relever les défis auxquels le pays est confronté.

Mais Trump n’a pas que le Venezuela en ligne de mire. Après la réélection des Sandinistes (FSLN) en 2016, la dernière attaque des États-Unis contre le Nicaragua est le Nicaraguan Investment Conditionality Act qui vise à bloquer les prêts de la Banque mondiale, de la Banque internationale de développement et d’autres institutions au Nicaragua. Le Nicaragua reçoit chaque année des millions de dollars de prêts pour investir dans les infrastructures et les programmes éducatifs et sociaux. Cette loi a été largement condamnée, notamment par les représentants des entreprises, le parlement et les syndicats.

Trump reprend l’attitude hostile de George W Bush vis à vis Cuba. En juin de l’année dernière, Trump a promis de revenir sur les modestes progrès réalisés sous Obama et de renforcer le blocus étasunien de l’île, malgré l’opposition de la plupart des Cubano-américains. Trump a aussi expulsé 60% des diplomates cubains pour satisfaire les partisans de la ligne dure.

Il faut savoir qu’il y a une alternative à l’agenda de Trump. L’opposition à Trump se renforce aux Etats-Unis, en Amérique latine et dans le monde entier, y compris ici en Grande-Bretagne, où le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a fait preuve d’une réelle intégrité en étant la première personnalité politique nationale à demander à Theresa May de renoncer à recevoir Trump. Corbyn a dit : « Soyez sûrs que je m’opposerai et que le parti travailliste s’opposera à tous ceux qui attisent les peurs chez nous et à l’étranger, et le parti travailliste se tiendra sans équivoque aux côtés de ceux qui manifestent contre Trump et il le fera jusqu’à notre victoire ».

L'auteur, Ken Livingstone, est un politicien anglais, il a été maire de Londres de 2000 à 2008. Il a également été député et membre du Parti travailliste.

Traduction: Dominique Museletet

Photo d'illustration: © Reuters / Marco Bello


- Source : RT (Russie)

mardi, 16 octobre 2018

Dostojewski, Danilewski, Dugin: Marksteine russischer Identität

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Der Weg nach Eurasien

Von Johannes Schüller

Dostojewski, Danilewski, Dugin: Marksteine russischer Identität

Ex: http://www.neue-ordnung.at

Durch die ukrainische Krise könnte die NATO erstmals seit dem Zusammenbruch der Sowjetunion 1991 wieder einen ebenbürtigen geopolitischen Gegner finden. Die Russische Föderation unter Präsident Wladimir Putin wächst nach der wirtschaftlichen und politischen Not der 1990er Jahre zur neuen Kontinentalmacht heran. Schlagworte wie „Eurasien“ bündeln auch die Hoffnungen einiger rechter Kritiker weltweiter US-amerikanischer Dominanz. Doch die Ideen dahinter sind alt: Das multiethnische Rußland hatte nie die Gestalt des klassischen europäischen Nationalstaates. Seit dem 19. Jahrhundert entstanden deshalb verschiedenste Ideen, dem Westen eine andere, konservative Identität gegenüberzustellen.

Drei Schlüsselereignisse trieben die Entwicklung des russischen Selbstbewußtseins voran. Das erste, wahlweise als traumatisch oder initial wahrgenommene Ereignis bildete die Herrschaft Peter des Großen von 1682 bis 1725. Seine am westeuropäischen Vorbild orientierten Reformen in der Wirtschaft, Verwaltung, im Schulwesen und Militär sicherten Rußland den Weg zur Großmacht. Zugleich stellten sie aber auch die altrussische Reichsidentität, die sich am mittelalterlichen Erbe des Moskauer Großfürstentums und der einer vor allem bäuerlichen geprägten Gesellschaft orientierte, fundamental in Frage. Doch auch Peter I. konnte Rußlands Staat und Kirche, dieses seltsame „Gemisch von byzantinischem, lateinischem und mongolischem Ursprung“1, nicht endgültig europäisieren.

Die Dekabristen: Volksbegriff der deutschen Romantik

Gut hundert Jahre später folgte das zweite Schlüsselereignis: Kaiser Alexander I., Herrscher von 1801 bis 1825, führte 1812 den ersten „Vaterländischen Krieg“ des Russischen Reiches gegen Napoleon. Trotz der französischen Niederlage wirkte der kulturell-geistige Einfluß des modernen Europas bis tief ins 19. Jahrhundert nach. Junge, adelige Offiziere kamen als Besatzer mit den sich herausbildenden Nationalstaaten Europas, dem Konstitutionalismus und den Ideen der Aufklärung in Berührung. Diese Erfahrung führte unter anderem, ausgehend von Soldaten und Offizieren, zum Aufstand der Dekabristen am 14. Dezember 1825 als „erste[r] Erfahrung Rußlands mit der politischen Revolution“2. Den Anlaß bildete der eingeforderte Eid auf den neuen Kaiser Nikolaus vor Senat und Synode in St. Petersburg. In ihren oppositionellen Verfassungsentwürfen stellten sie den alten Reichspatriotismus in Frage und setzten an seine Stelle einen auch den Ideen der deutschen Romantik entlehnten Volksbegriff.


Sprache und Geburt galten demnach erstmals als entscheidendes Kriterium für die russische Staatsbürgerschaft. Angesichts des bisherigen übernationalen und sich vor allem am Zaren-Patriarch orientierten Selbstverständnisses handelte es sich um eine revolutionäre Forderung. Zudem forderte die dekabristische „Wohlfahrtsunion“, offenbar inspiriert vom Vorbild der Französischen Revolution, eine sprachliche und politische Homogenisierung der Bevölkerung des Reiches, die Durchsetzung einer vorpetrinischen Terminologie und eine Reinigung der russischen Sprache von Fremdwörtern. Im Mittelpunkt dieses Programms stand das russische Volk als Kulturnation, das „narod“. Dieses Wort sollte zum Schlüsselbegriff eines ethnischen russischen Nationalismus werden.

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Der Nationalismus begann in Rußland konservativ

Diese von Westeuropa inspirierte Identität trug revolutionären Charakter, denn ein vorrangig auf das Volk als Kulturnation bezogenes Bewußtsein gab es zuvor in Rußland kaum. Die zwei Säulen der Reichsidentität, die sich seit dem 16. Jahrhundert durchsetzte, bildeten die Herrschaft des Zaren als Autokraten sowie dessen Legitimation und Verbindlichkeit durch die orthodoxe Kirche. Erst Mitte des 18. Jahrhunderts lassen sich erste Anzeichen eines kultur- und sprachbezogenen Nationalbewußtseins im gebildeten Adel feststellen.3 Der russische Nationalismus hatte, anders als in Westeuropa, einen konservativen Ursprung: Ein Zeugnis davon legt die „Schrift über das alte und neue Rußland“ des offiziellen Reichshistoriographen Alexanders I. und Schriftstellers Nikolai Michailowitsch Karamsin ab. Karamsin, der zuerst mit der Französischen Revolution sympathisierte und schließlich zu einem ihrer entschiedensten Kritiker wurde, bezog in diesem 1811 veröffentlichen Werk deutlich Stellung gegen westeuropäische Einflüsse und berief sich statt dessen auf die nationalrussische politische und kulturelle Tradition.


Die entscheidende Rolle in der offiziellen Durchsetzung eines dezidiert konservativen Nationalbewußtseins aber sollte Sergei Semjonowitsch Uwarow spielen: Als „Minister für Volksaufklärung“ unter Nikolaus I., der als Kaiser von 1825 bis 1855 die Abwendung Rußlands vom einstigen Vorbild Westeuropa betrieb, setzte er die sogenannte Uwarowsche Triade durch. Sie gilt als „Gründungsurkunde des russischen Nationalismus“. Ihre drei Elemente hießen „Orthodoxie“, „Autokratie“ und „volksverbundener Patriotismus“, „narodnost“ im russischen Original. Uwarow zog damit zugleich die Konsequenzen aus dem gescheiterten Dekabristenaufstand. Er übernahm die Sprache des politischen Gegners, um sie zugleich im Sinne des zaristischen Vielvölkerreichs umzuinterpretieren, in dessen Mittelpunkt Rußland als führende Nation verstanden werden sollte. Der politischer Notwendigkeit geschuldete Kompromiß zwischen Reichs- bzw. Staats- und Volksidentität blieb bis ins heutige, moderne Rußland erhalten. Der modellierte Nationalismus Uwarows sollte aber zugleich die Integrität eines vor allem multiethnischen Reiches auf die Probe stellen, denn die „Umgründung des Imperiums in einen russischen Nationalstaat“4 stellte das bisherige Selbstverständnis des Zarismus in Frage.

Die Slawophilen: Dorfgemeinschaft als Ideal

Deutlich wird das auch in der sich Mitte des 19. Jahrhunderts etablierenden Bewegung der Slawophilen. Sie trieben gemeinsam mit den ideologisch konträren Westlern die öffentliche Debatte um die russische Identität voran. Unter dem Einfluß des aufkeimenden Nationalbewußtseins und der deutschen Schule des Idealismus, darunter Friedrich Wilhelm Schelling und Friedrich Hegel, etablierten sie einen auch dem deutschen Idealismus entlehnten Volksbegriff. Zu den Kernelementen der Mehrheit der Slawophilen gehörten vor allem die dezidierte Kritik am zeitgenössischen Zarenreich, die Forderung nach einer „theologiefreien Volkskirche“ – im Gegensatz zur orthodoxen Staatskirche –, eine Idealisierung des einfachen Volkes sowie des vormodernen, also in erster Linie vorpetrinischen Rußlands. Das hieß konkret, so die Osteuropa-Historiker Frank Golczewski und Frank Pickhan: „Moskau statt St. Petersburg, Einheimische statt ‚fremder‘ Berater, das friedliche Leiden und Fühlen der Russen gegen das oberflächliche, rationalistische, dominierende Agieren der Ausländer.“5 Im Gegensatz zur kriegerischen Entwicklung des Westens sei Rußland aus Liebe und Gewaltlosigkeit entstanden, urteilte der russische Romantiker Stepan Petrovič Ševyrev. Verkörpert wurde dieses explizit vormoderne Selbstverständnis in der „obščina“, dem Urtypus der bäuerlichen Dorfgemeinde. Diese Identität ließ politisch zweierlei zu: zum einen die grundlegende Auffassung, „daß das russische Volk demokratisch war“6 und in seiner regionalen Vielfalt auch grundlegende kommunale Selbstbestimmung Ausdruck findet, und zum anderen die Besinnung auf die überlieferte familiär-patriarchalische Ordnung des Dorfes, die auf Reichsebene in der Autorität des Zaren gipfelt.

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Aleksandr Nikolaïevitch Axakov

Anders als in Europa bezog sich der Nationalismus im Zarenreich in seinen Ursprüngen zudem nicht auf das sich gesellschaftlich durchsetzende Bürgertum, sondern stärker auf Prekariat und Bauerntum. Die Verbindung von Unterschichtenbewußtsein und Nationalismus bildet bis heute in Rußland eine wichtige Denkschule, etwa in Gestalt des linke und rechte Elemente vereinenden Nationalbolschewismus der 1990er Jahre.
Die Gleichsetzung russischer Identität und des Unterschichtenbewußtseins spiegelt sich im 19. Jahrhundert vor allem im Werk von Fjodor Michailowitsch Dostojewski wider. Als sein weltweit „bekanntester russischer Roman“ darf bis heute Schuld und Sühne gelten. Hier treffen die Metropole St. Petersburg heimatlose, entwurzelte Großstädter und Provinzmädchen ebenso wie die psychologischen Defekte der Moderne gegenüber christlich-orthodoxer Erweckung aufeinander. All dies bündelt sich in der Figur des 23jährigen ehemaligen Jurastudenten und Mörders Rodion Romanowitsch Raskolnikow. Dieser lebt um 1860 in ärmlichsten Verhältnissen und wohnt in einer düsteren, sargähnlichen Dachstube, die „eher einer Handkammer oder einer Art Schrank als einem Wohnraum“ ähnelt, inmitten des „unerträglichen Geruchs aus den Schenken“ von St. Petersburg. Er ist „so schlecht gekleidet, daß manch einer, selbst ein an schlechte Kleidung gewöhnter Mensch, sich geschämt hätte, in solchen Lumpen am Tag auf die Straße zu gehen.“7 Zugleich erweist sich Raskolnikow intellektuell jedoch als überdurchschnittlich begabt. Als vermeintlich außergewöhnlicher Mensch gesteht er sich die gleichen moralischen Privilegien zu, die beispielsweise auch Napoleon für sich in Anspruch hätte nehmen können. Das Opfer dieses Größenwahns ist eine alte herzlose Wucherin, die er als unnötige Last der Menschheit betrachtet und, ebenso wie deren geistig minderbemittelte Schwester, ermordet.

max-beckmann-dostojewski-i.jpgDostojewski: National-religiöse Überwindung des Nihilismus

Doch Raskolnikow zeigt sich seiner Tat nicht gewachsen. Er wird zunehmend nervöser und verräterischer, obwohl er offenbar einen „perfekten Mord“ ohne eindeutige Spuren durchgeführt hat. Dennoch wird Raskolnikow nach zwei, oftmals durch Fieberfantasien unterbrochenen Wochen als Mörder gefaßt. Seine Schwester und die Mutter aus der russischen Provinz, die als Personifikationen ärmlicher Unschuld erscheinen, können die Verwirrung Raskolnikows erst kaum verstehen. Ins sibirische Zuchthaus treiben ihn der Untersuchungsrichter Porfirij Petrowitsch, der ihn unter anderem mit einer Diskussion über die Idee des Übermenschen auf die Schliche kommt, sowie die Prostituierte Sonja Marmeladow. Petrowitsch jedoch fehlen die belastenden, eindeutigen Beweise, obwohl alles auf Raskolnikow als Mörder hindeutet.


Die ehemalige Prostituierte aber, die selbst tiefgläubig ist, überredet Raskolnikow zum Geständnis, damit er seine Sünde bereue. Vor Gericht bekennt dieser die Tat in vollem Umfang, beschuldigt sich noch zusätzlich selbst und erklärt, er habe „infolge aufrichtiger Reue“ seine Selbstanzeige bei der Polizei vorgenommen. Den Aufenthalt im sibirischen Straflager, in dem ihn seine Freundin Sonja regelmäßig besucht, beschreibt der Erzähler – im Gegensatz zu Raskolnikows Zeit in St. Petersburg – als Freiheit. Der Verurteilte nähert sich dank Sonja dem einst verschmähten Christentum, freilich ohne in der Bibel zu lesen. Gemeinsam mit ihr träumt er von einer Zukunft in Sibirien, fernab von St. Petersburg. Dabei ahnt Raskolnikow, daß er sein neues Leben mit „einer großen künftigen Tat werde bezahlen müssen“.8


Die ins Mythische verweisende Selbsterneuerung Raskolnikows im letzten Kapitel von Schuld und Sühne bleibt dunkel. Sie läßt sich als beispielsweise „religiöse Überwindung des Nihilismus“9 oder Abwendung von den in St. Petersburg damals „modernen, landläufigen Ideen der materialistischen Philosophie“10 deuten. Über der psychologischen und kriminalistischen Tiefenstruktur möglicher Interpretationen bleiben jedoch die Kontraste deutlich, die Dostojewski in seinem ersten großen und bekanntesten Roman als Slawophilen kennzeichnen. Die moderne, westliche Großstadt St. Petersburg erscheint als Ort des Verbrechens, des Gestanks und ungerechter Armut, das Zwangsexil in der sibirischen Verbannung deutet jedoch die Erlösung Raskolnikows an. Sein Verbrechen rechtfertigt er ausgerechnet durch einen Vergleich mit Napoleon, dessen Einmarsch in Rußland der eigenen nationalen Identität erst ihr Selbstbewußtsein verlieh. Verbrechen und Strafe (Titel in der neueren Übersetzung des Romans von Swetlana Geier) ist gegen den abendländischen Helden gerichtet, dessen Urbild der aischyleische Promotheus ist, „der Frevler zum Heil der Menschheit mit Napoleon als moderner Variante“, benennt Gerigk ein wesentliches Motiv in Schuld und Sühne.11


Gegen das Heldenideal der westlichen Nationalstaaten setzte Dostojewski unter anderem die Idee einer christlich-orthodoxen Menschheitserlösung durch Rußland. Diese Gedanken verdichten sich in dem in der Wochenschrift Der Staatsbürger bis 1881 in Form kleinerer Essays veröffentlichten Tagebuch eines Schriftstellers: „Rußland kann nicht der großen Idee untreu werden, die ihm von einer Reihe von Jahrhunderten als Vermächtnis übertragen worden ist und der es bisher unbeirrt gefolgt ist. Diese Idee besteht unter anderem auch in der Vereinigung aller Slawen; aber diese Vereinigung soll nicht gewaltsame Aneignung sein, sondern Dienst an der Allmenscheit“, notierte Dostojewski 1876 im Artikel Die Orientfrage. Das Russische Zarenhaus, das den Panslawismus nach anfänglicher Skepsis zur Legitimation eigener außenpolitischer Interessen instrumentalisierte, verstand sich auch als Schutzmacht der Slawen auf dem Balkan. Der Russisch-Türkische Krieg von 1877/1878 endete gut 60 Kilometer vor Istanbul, zahlreiche russische Freiwillige hatten gemeinsam an der Seite Serbiens, Rumäniens und Montenegros gekämpft. Dostojewski forderte, daß Konstantinopel „– früher oder später – doch unser werden muß“. Soweit kam es jedoch nicht: Die europäischen Großmächte, darunter vor allem Österreich-Ungarn, verhinderten 1878 auf dem Berliner Kongreß einen erheblichen Machtzuwachs Rußlands auf dem Balkan.


Den Panslawismus Dostojewskis entkräftete das nicht: An der Spitze der „wirklichen, neuen Herrschaft Christi und der Verkündigung des endgültigen Wortes der Orthodoxie“ stehe schon längst Rußland. Es solle als „Beschützerin, vielleicht sogar Führerin, nicht aber Beherrscherin“, abseits vom „Schein des offiziellen Christentum, an das in Wirklichkeit niemand mehr außer dem einfachen Pöbel glaubt“, die slawischen Völker und Griechenland zum „umfassenden Dienst an der Menschheit“ vereinen.12 Bemerkenswerterweise notierte Dostojewski, jene Russen, die sich dieser nationalen Mission stellen, seien „Revolutionäre aus Konservatismus“.13

dan.jpgDanilewski: Der russische Spengler

Seinen geistigen Mentor fand er früh in dem Naturwissenschaftler und Geschichtsdenker Nikolai Jakowlewitsch Danilewski, dessen 1871 veröffentlichtes Buch Rußland und Europa. Eine Untersuchung der kulturellen und politischen Beziehungen der slawischen zur germanisch-romanischen Welt zur „Bibel der Panslawisten“ wurde. Danilewski, der von 1822 bis 1885 lebte, wirkt mit seiner Streitschrift für den Eigencharakter Rußlands bis heute in die nationalen Identitätsdebatten nach. Alexander Dugin, einflußreicher Kopf der heutigen Eurasischen Bewegung, nennt Danilewski neben den Geschichtsphilosophen Oswald Spengler und Arnold J. Toynbee als geistige Mentoren.14 Der Biologe, der Mitte des 19. Jahrhunderts neben Dostojewski den „Übergang von einer religiös-nationalen zu einer säkulär-nationalen Geschichtsphilosophie“15 geprägt hatte, gilt zugleich als wissenschaftlicher Begründer des Panslawismus. In Rußland und Europa argumentiert er anhand vererbter seelischer Eigenschaften verschiedener Kulturkreise, aber auch – gemäß dem Stand der damaligen Anatomie – auf Grundlage von Schädel- und Kieferform. Europa, das eigentlich nur eine „westliche Halb-Insel Asiens“ darstelle, so Danilewski, sei eine willkürlich definierte Landmasse, als deren Teil sich Rußland keineswegs verstehen dürfe: „Es bezeichnet nur das Gebiet der großen germanisch-romanischen Zivilisation – es ist ihr Synonym, und nur mit der fortschreitenden Entwicklung dieser Zivilisation erhielt das Wort ‚Europa‘ den Sinn und die Bedeutung, in der es jetzt angewandt wird.“ Danilewski erkennt wenige historische Gemeinsamkeiten zwischen Rußland, jenem Reich zwischen der germanisch-romanischen Welt und Asien, und dem Westen: „Gehört nun Rußland in diesem Sinne zu Europa? Leider oder erfreulicherweise, zum Glück oder zum Unglück – nein, es gehört nicht dazu. Es nährte sich nicht durch keine einzige der Wurzeln, durch welche Europa sowohl wohltätige wie schädliche Säfte unmittelbar einsog (…) Rußland bildete keinen Teil des erneuerten Römischen Reiches Karls des Großen“, und es „gehörte nicht zur theokratischen Föderation, welche die Monarchie Karls ablöste“.16

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Danilewski betont, schärfer und entschiedener als Uwarow und auch Dostojewski, die Gegensätze seiner Nation zur europäischen, „germanisch-romanischen Zivilisation“ und deren erdrückender Dominanz. Die Bemühungen der Westler seit Peter dem Großen, Rußland in Anlehnung an das Vorbild des Westens zu modernisieren, seien zwangsläufig zum Scheitern verurteilt gewesen. Denn auch aus der Sicht der Europäer stelle das Slawentum mit Rußland an der Spitze einen vollkommen eigenständigen, organisch gewachsenen Kulturkreis zwischen Europa und Asien dar. Danilewski nennt einen Großteil der Charakterisierungen, die noch heute zum Teil unser Rußlandbild prägen. Der Slawe, so der Biologe, habe im Laufe seiner Geschichte eine außerordentliche Duldsamkeit, Rechtsgläubigkeit und eine Liebe der Gewaltlosigkeit entwickelt. In scharfem Gegensatz dazu stehe Europa: es sei historisch geprägt von Gewaltsamkeit bei gleichzeitig ausuferndem Individualismus, religiöser Unduldsamkeit und einem verlogenen Amtsglauben. Die angeblichen Gründe benennt Danilewski in der Kombination des Charakters der germanisch-romanischen Völker mit dem Katholizismus und schließlich dem den Nihilismus einleitenden Protestantismus. Rußland hingegen habe sich – trotz der Bemühungen prowestlicher Kräfte – nie an diesem Verfallsprozeß beteiligt und sich eine organisch gewachsene Volksseele, Widerwillen gegen den Parteienstaat und den Vorrang des Kollektivs vor dem Individuum bewahren können.


Dabei nimmt Danilewski Spenglers Theorien aus dem Untergang des Abendlandes von 1918 vorweg, eben nur mit eindeutig prorussischer Präferenz. Auch er betrachtet die Weltgeschichte aus der Perspektive voneinander unabhängiger, einem Aufstiegs- und Verfallsprozeß unterworfenen Kulturtypen. Während sich der germanisch-romanische Westen im Niedergang befinde, solle ihm als aufstrebende Macht Rußland an der Spitze eines „Allslawischen Bundes“, zu dem auch das orthodoxe Griechenland gehöre in einem „Weltkampf“ entgegentreten. Die Idee des europäischen Gleichgewichts, wie es vor allem Großbritannien forcierte, diene nicht dem russischen Interesse. „Der Kampf mit dem Westen ist das einzige Rettungsmittel sowohl zum Ausheilen unserer russischen Kulturkrankheiten wie auch zur Entfaltung der allslawischen Sympathien“, so sein Fazit.17 Danilewskis oft ins Klischee abgleitende, radikale Thesen fanden in der russischen Gesellschaft des 19. Jahrhunderts eine breite Anhängerschaft.

Die frühen Eurasier: Asien als Heimat

Danilewskis Einfluß auf konservative und traditionalistische Bewegungen in Rußland entspricht der Wirkmächtigkeit Spenglers innerhalb der Konservativen Revolution in Deutschland. Mit seiner Idee eines expliziten Sonderbewußtseins, eines „Kontinents“ zwischen Europa und Asien nahm Danilewski zugleich auch die eurasische Ideenwelt vorweg. Die „Eurasische Bewegung“, deren Ursprünge sich in einem 1921 im bulgarischen Sofia von vier russischen Emigranten veröffentlichten Sammelband namens Der Auszug nach Osten (im russischen Original: Ischod k Vostoku) finden, verstand den geographischen Raum – ebenso wie Danilewski – als wichtigste Kategorie der eigenen Identität. „Die russischen Menschen und die Menschen der Völker der ‚Rußländischen Welt‘ sind weder Europäer noch Asiaten. Da wir mit den verwandten und uns umgebenden Kultur- und Lebenselementen verschmolzen sind, schämen wir uns nicht, uns als Eurasier zu betrachten (Hervorhebung im Original, J. S.)“, heißt es in dem von dem Musikologen Petr Petrovič Suvčinskij, dem Geographen Petr Nikolaevič Savickij, dem Theologen Georgij Wassilewitsch Florowskij sowie dem Slawisten Nikolaj Sergeevič Trubeckoj herausgegebenem Werk.18 Die vier Autoren entstammten, ebenso wie die intellektuelle Mehrheit der eurasisch gesinnten Exilrussen, der universitären Elite des zaristischen Rußlands.


Bemerkenswerterweise waren die Herausgeber von Ischod k Vostoku in drei Fällen auch ostukrainischer Herkunft und plädierten für eine Einbindung ihrer Heimat in ein zukünftiges, russisch dominiertes eurasisches Imperium. Die Konflikte und Debatten der Gegenwart deuteten sich bereits an. So wandten sich die Eurasier gegen einen bisher dominanten Eurozentrismus und betonten statt dessen, in mindestens historisch korrigierender Absicht, das asiatische Erbe Rußlands. Entscheidend für die Identität ihres Vaterlandes sei der fruchtbare kulturelle, politische und militärische Austausch Rußlands mit Asien vom 13. bis ins 19. Jahrhundert. Während die offizielle Geschichtsschreibung im frühmittelalterlichen Großreich der Kiewer Rus den Ursprung des modernen Rußlands erkannte, betonten die Eurasier die mongolischen Eroberungszüge durch Dschingis Khan im 13. Jahrhundert als Grundlage der eigenen Identität. Damals sei es zu einer ersten imperialen Vereinigung des Großkontinents Eurasien gekommen, auf dessen Territorium sich später zum größten Teil auch das Zarenreich und die Sowjetunion erstreckten. Unter russischer Dominanz bildete sich so eine eigene, multikulturell geprägte, seit 700 Jahren bestehende Zivilisation heraus, die den europäischen Kultureinfluß in Rußland marginal erscheinen lasse – so die ersten Eurasier in Ischod k Vostoku.19 Den geographischen Begriff „Eurasien“ hatte bereits in den 1880er Jahren der österreichische Geologe Eduard Suess eingeführt. Die Emigranten erweiterten ihn im Sinne einer eigenständigen, politischen und kulturell verstandenen Großmacht, die unter anderem auch Ostukrainer, Weißrussen und die Völker Mittelasiens, darunter den Turan als Urheimat der heutigen Türken, umfassen sollte.

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Orthodoxer Glauben als verbindendes Element

Obwohl es mit dem Panslawismus als einer weiteren „antiwestlichen Abgrenzungs- und imperialen Legitimationsstrategie“20 zahlreiche ideologische Schnittmengen gibt, betonte der Eurasismus deutlich stärker die asiatische und östliche Komponente in der russischen Identität. Dementsprechend wurde auch das Modell westlicher Demokratie und der dort verortete Liberalismus, anders als bei den Panslawisten, fast durchgehend abgelehnt. An die Stelle des ebenfalls aus Europa importierten Bolschewismus sollte eine sogenannte Ideokratie treten, deren zentrale Elemente Elitenherrschaft, Einparteiensystem und eine allgemeinverbindliche, eurasische Staatsideologie bilden. Die Eurasier waren sich der ideologischen und geographischen Schnittmengen mit dem Sowjetstaat und dessen Fähigkeit, die territorialen Grundlagen eines zukünftigen eurasischen Reiches zu sichern, durchaus bewußt. So sollte der Sozialismus laut einzelnen Strategien seit 1926 nicht etwa gestürzt, sondern vielmehr mittels einer Machtübernahme innerhalb der Kommunistischen Partei durch die „wahre Ideologie“ des Eurasismus ersetzt werden.21 Den wesentlichen Unterschied zum „Sozialismus in einem Land“ bildete jedoch der Bezug auf den orthodoxen Glauben als staatstragende Religion.


Diese Bewegung des Jewrasistwo erfuhr in den russischen Emigrantenkreisen nach der Oktoberrevolution 1917 in Europa ihre Blütezeit, beschränkte sich jedoch im Wesentlichen auf Intellektuellenzirkel. Denn die Positionen der Eurasier fanden sich vor allem seit 1923 im Eurasischen Verlag sowie verschiedenen eigenen Periodika, unter anderem in Berlin, Paris, Prag und Brüssel, wieder. Zwar gab es vor allem seitens ehemaliger weißer Offiziere Pläne zum Aufbau einer eurasischen Partei und einer stärkeren Einflußnahme und Bekämpfung des Sozialismus in der UdSSR, jedoch wurden diese Versuche schnell vom sowjetischen Geheimdienst beendet. 1929 spaltete sich die Bewegung nach langen Flügelkämpfen in ein linkes, prosowjetisches sowie ein traditionalistisches, christlich-orthodoxes Lager. Erst in der geopolitischen Debatten nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion 1991 entfaltete der Eurasismus sein ideologisches Potential erneut. Durch das zeitgleiche Auseinanderfallen des Warschauer Paktes sah sich die neugegründete Russische Föderation gezwungen, vor allem im mittelasiatischen Raum der ehemaligen Sowjetrepubliken verstärkt die politische und wirtschaftliche Zusammenarbeit zu suchen. Innerhalb der politischen und intellektuellen Elite Rußlands erfuhr der Eurasismus als Alternative zur Westbindung eine Wiedergeburt. „Raum, Hegemonie, Staatlichkeit und Multiethnizität“ seien die zentralen Kategorien des politischen Eurasismus nach 1990, betont der Politikwissenschaftler Jens Fischer. Als dessen zentrale Werte in der politischen Praxis nennt er die „Liebe zu Rußland, materielles und geistiges Eigentum Rußlands, staatliche Einheit, territoriale Unversehrtheit, Familie, Kollektivismus, Freiheit der Persönlichkeit, gewissenhafte Arbeit, Demokratie, soziale Gerechtigkeit, Gleichberechtigung der Völker, multinationale Kultur, Selbstlosigkeit in der Verteidigung des Vaterlandes, Geistigkeit“22. Unter der pragmatisch-selbstbewußten Außenpolitik von Präsident Wladimir Putin haben diese Werte erneut Konjunktur, ideologisch erweitert und mit den Denkern der europäischen Konservativen Revolution verknüpft wurden sie jedoch von Alexander Dugin.

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Dugin: Neoeurasismus gegen US‑Imperialismus

Dugin, 1962 in Moskau geboren, ist der wichtigste Kopf der „neoeurasischen Bewegung“ nach 1990. Seine Konjunktur erfuhr der Eurasismus, freilich stark modifiziert, angesichts der „geopolitischen Tragödie“ des Zusammenbruchs der Sowjetunion, wie Dugin selbst betont.23 Anders als der klassische russische Nationalismus, der nach 1990 ebenfalls wieder auflebte, geht es den Neoeurasiern jedoch nicht allein um eine Rückkehr zur alten, ethnisch gebundenen russischen Großmacht. Zugleich handelte es sich bei Dugins Ideologie keineswegs um eine Aktualisierung der eurasischen Konzepte der 1920er Jahre. Drei Elemente, so der Historiker Stefan Wiederkehr, kennzeichneten den Neoeurasismus: „Erstens dominierte bei Dugin das Denken in geopolitischen Kategorien. Zweitens stützte er sich zu Beginn der neunziger Jahre stärker auf das Gedankengut der westeuropäischen Neuen Rechten und deren Kanon von älterer Literatur als auf den klassischen Eurasismus. Deshalb umfaßte drittens der Eurasienbegriff Dugins zu Beginn der neunziger Jahre die zusammenhängende Landmasse von Europa plus Asien (Hervorhebung im Original, J. S.).“24

Ziel, so Dugin zu Beginn der 1990er Jahre, sei ein „eurosowjetisches Imperium von Dublin bis Wladiwostok“, Europa sei es darin auf Grundlage einer pax eurasiatica bestimmt, „freiwillig oder unfreiwillig der UdSSR beizutreten“.25 Daß die geopolitische Tradition der sowjetischen Supermacht jedoch sich nicht ohne weiteres wiederbeleben ließe, wurde Dugin schnell bewußt. Statt dessen suchte er verstärkt Allianzen mit Kräften, die ebenfalls gegen die US-amerikanische Dominanz und den westlichen Liberalismus gerichtet sind. Zu seinen Austauschpartnern innerhalb sogenannter Rundtischgespräche in der führenden Wochenzeitung der neoeurasischen Bewegung, Den (Der Tag), zählten unter anderem Vertreter der europäischen Neuen Rechten, darunter der Franzose Alain de Benoist und der Belgier Robert Steuckers, aber auch Muslime. Anders als die Autoren des Jewrasistwo der 1920er Jahre erkannte Dugin nicht im „germano-romanischen“ Europa den Feind, sondern in den USA als einzig verbliebener Weltmacht und der ihr zugrunde liegenden Ideologie des Liberalismus. Orientiert an Carl Schmitts Idee der Weltgeschichte als Kampf von Land- gegen Seemächte betrachtete er eine zukünftige, globale Eurasische Union unabhängiger Staaten und Kulturen als Gegenmodell zur US-amerikanischen Idee der „One World“.


Innerhalb dieses weit über die ehemalige Sowjetunion hinausweisenden „heiligen Eurasischen Reichs“ sollten die Völker ihre Werte und Traditionen vor dem Liberalismus verteidigen, so Dugin. Statt einer weltweiten US-Dominanz schlug er eine „Autarkie der Großräume“ vor. Damit einher geht die Ablehnung jeder Form von Universalismus. In einem Interview mit dem deutschen Wochenmagazin Der Spiegel vom Juli dieses Jahres betonte Dugin: „Es gibt keine universellen Werte. Die, die dafür gehalten werden, sind eine Projektion westlicher Werte.“ „Die westliche Zivilisation“, so legte er nach, sei „eine rassistische, ethnozentristische Zivilisation. Jeder Westler ist ein Rassist – kein biologischer, wie Hitler, aber kulturell. Deswegen denkt er, es gebe nur eine Zivilisation – oder Barbarei.“26 Die Thesen von Dugin erscheinen oft stark überspitzt und auf öffentliche Skandalisierung programmiert. Die neoeurasische Ideologie, die Dugin sowohl als Überwindung von Liberalismus, Kommunismus als auch Faschismus versteht, verdichtete er in dem 2009 auf Russisch und 2013 in der deutschen Übersetzung erschienenen Sammelband Die Vierte Politische Theorie. Aufbauend auf Martin Heideggers Ontologie entwarf ein Autorenkollektiv um Dugin ein theoretisches Modell, das als Synthese und Überwindung der drei Großideologien der Moderne verstanden werden soll. Im Mittelpunkt der Kritik stehen sowohl der westliche Fortschrittsoptimismus als auch der Glaube an ein „Ende der Geschichte“, wie es der US-amerikanische Politikwissenschaftler Francis Fukuyama voreilig prognostiziert hatte. Statt dessen glaubt Dugin, in der Tradition von Spengler, an eine Wiederkehr der Geschichte: „Im Wesentlichen haben wir es aber mit einer Erneuerung und Fortsetzung jenes westlichen Universalismus zu tun, der von dem Römischen Reich durch das christliche Mittelalter und durch die Moderne im Sinne von Aufklärung und Kolonisierung überliefert wurde, bis hin zu den heutigen Erscheinungen von Postmodernismus und Ultraindividualismus.“27 Damit erweist sich Dugins Neoeurasismus zugleich als Wiederauflage der antiwestlichen Geschichtsphilosophie von Danilewski und als Erweiterung der eurasischen Geopolitik der 1920er Jahre. Mit einer Anpassung dieser Legitimationsideen russischer Großmachtpolitik an das 21. Jahrhundert gelang es ihm zugleich, weltweit Unterstützer zu finden – unter anderem auch in Brasilien und China. Auch in der deutschen Rechte findet Dugin Gehör, denn er betont, der Widerstand gegen die erdrückende US-amerikanische Dominanz sei zwangsläufig zugleich mit dem Streben nach nationalstaatlicher Souveränität der Bundesrepublik verbunden. In einem Interview mit Manuel Ochsenreiter für das Nachrichtenmagazin Zuerst! betonte Dugin: „Deutschland muß sich als unabhängiges, freies und souveränes politisches Gebilde definieren. Was auch immer die US-amerikanischen oder deutschen Politiker heute reden, die Wahrheit ist ganz einfach: Es gibt keine Freiheit in der Okkupation. Wenn Deutschland frei sein will, muß es gegen die Okkupation rebellieren.“28


dugin geopolitica libros-books-amazonia.jpgIm Zuge der ukrainischen Krise geriet auch Dugin ins Visier der westlichen Öffentlichkeit; etablierte deutsche Zeitungen, darunter Die Welt und die Frankfurter Allgemeine Zeitung, porträtierten den vermeintlichen „rechtsradikalen Guru“ und „Einflüsterer Putins“29. Dugins Stern scheint jedoch zu sinken. Im Mai dieses Jahres wurde er als Soziologieprofessor an der staatlichen Moskauer Lomonossow-Universität vom Rektor entlassen. Grund waren unter anderem sein Aufruf, die Opfer des Massakers von Odessa vom Mai 2014 mit dem Blut der „Kiewer Junta“ zu rächen, sowie eine sich anschließende Unterschriftensammlung gegen ihn. Als aktuell bedeutendster Vertreter der langen Tradition russischer Großreichsideen dürfte seine Stimme jedoch nicht leiser werden. Europas Patrioten und Konservative sollten diesen Gegenpol zur ideologischen Dominanz des Westens zu schätzen wissen. Aber sie sollten auch nicht vergessen: Die Ideen dieses wichtigen Verbündeten stehen in einer langen Tradition russischen Reichsbewußtseins. Sie verkörpern nicht mehr und nicht weniger als den ideologischen Überbau nationaler Interessen.

Anmerkungen

1 Vgl. Pëtr Kropotkin: Ideale und Wirklichkeit in der russischen Literatur. Zürich: Diogenes 2003 (= Kropotkin):, S. 36 f. Fürst Kropotkin (1842–1921), Geograph, Schriftsteller und einer der wichtigsten anarchistischsten Theoretiker, betrachtet vor allem den für Russland verheerenden asiatischen Mongolensturm als wesentlich für die Bildung eines Moskauer Zentral- und Militärstaates. Mit Hilfe der Mongolenkhane sei es dem Großfürstentum Moskau gelungen, die umliegenden Stadtstaaten und Fürstentümer zu unterwerfen: „Der Mongoleneinfall, der im Jahre 1223 stattfand, zerstörte diese ganze junge Zivilisation und leitete Rußland in ganz neue Bahnen.“
2 So das Urteil des Dekabristen Gawriil Stepanowitsch Batenkow. Zitiert nach: Nikolaj I. Zimbajew: Zur Entwicklung des russischen Nationalbewußtseins vom Aufstand der Dekabristen bis zur Bauernbefreiung. In: Die Russen. Ihr Nationalbewußtsein in Geschichte und Gegenwart. Herausgegeben von Andreas Kappeler. Nationalitäten- und Regionalprobleme in Osteuropa. Band 5. Köln: Markus Verlag 1990, S. 38. Die Bezeichnung „Dekabrist“ leitet sich von der russischen Bezeichnung für „Dezember“, dem Monat des Aufstandes, ab.
3 Vgl. Frank Golczewski/Gertrud Pickhan: Russischer Nationalismus. Die russische Idee im 19. und 20. Jahrhundert. Darstellung und Texte. Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht 1998 (= Golczewski/Pickhan), S. 15.
4 Vgl. ebd., S. 22.
5 Zitate: Ebd., S. 25.
6 N. L. Brodskij, Rannie slavjanofily. Moskau 1910, S. LXII. Zitiert nach: Ebd., S. 25.
7 Fjodor M. Dostojewski: Schuld und Sühne. Rodion Raskolnikoff. Roman. Aus dem Russischen von E. K. Rashin. München: Piper 2008, S. 7 ff.
8 Ebd., S. 741.
9 Hans-Jürgen Gerigk: Dostojewskijs Entwicklung als Schriftsteller. Vom „Toten Haus“ zu den „Brüdern Karamasow“. Frankfurt am Main: Fischer 2013 ( = Gerigk), S. 53 f.
10 Kropotkin, S. 251.
11 Gerigk, S. 74.
12 Ebd., S. 231f.
13 Ebd., S. 221.
14 Vgl. das Interview im Spiegel mit Dugin vom Juli 2014: „Jeder Westler ist ein Rassist.“ Spiegel-Gespräch. Der Spiegel. Nr. 29/14. 7. 2014. S. 120–125 ( = Der Spiegel), hier S. 121.
15 Golczewski/Pickhan, S. 39.
16 Nikolai Jakowlewitsch Danilewski: Rußland und Europa. Eine Untersuchung der kulturellen und politischen Beziehungen der slawischen zur germanisch-romanischen Welt. Übersetzt und eingeleitet von Karl Nötzel. Osnabrück: Otto Zeller 1965 ( = Danilewski), S. 21.
17 Ebd., S. 235.
18 Ischod k Vostoku. Herausgegeben von Petr Petrovič Suvčinskij, Petr Nikolaevič Savickij, Georgij Wassilewitsch Florovskij, Nikolaj Sergeevič Trubeckoj. Sofia 1921. Zitiert nach: Stefan Wiederkehr: Die eurasische Bewegung. Wissenschaft und Politik in der russischen Emigration der Zwischenkriegszeit und im postsowjetischen Rußland. Köln/Weimar/Wien: Böhlau 2007 (= Wiederkehr), S. 34.
19 Vgl. dazu: Jens Fischer: Eurasismus: Eine Option russischer Außenpolitik? Berlin: Berlin Verlag 1998 (= Fischer), S. 39 f.
20 Wiederkehr, S. 33.
21 Vgl. ebd., S. 137.
22 Fischer, S. 107.
23 Vgl. Wiederkehr, S. 233.
24 Ebd., S. 234.
25  So Dugin in der führenden Wochenzeitung der neoeurasischen Bewegung, Den (Der Tag), 1992. Zitiert nach: Wiederkehr, S. 233.
26 Der Spiegel, S. 122.
27 Alexander Dugin: Die Vierte politische Theorie. London: Arktos 2013, S. 77 f.
28 „Ohne Rebellion keine Souveränität“. Deutsches Nachrichtenmagazin Zuerst! Januar 2014. S. 20–24, hier S. 22 f.
29 Vgl. Julia Smirnova: Putins Vordenker, ein rechtsradikaler Guru. Die Welt, 11. 7. 2014. Online einsehbar unter: www.welt.de/politik/ausland/article130011929/Putins-Vorde... (Stand vom 25. Juli 2014), oder Kerstin Holm: Auf diesen Mann hört Putin. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 16. Juni 2014. Online einsehbar unter: www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/

Rußlands riesige Landmasse verbindet Europa mit Asien. Der eurasische Gedanke hatte schon in den Emigrantenkreisen der Zwischenkriegszeit größere Wirksamkeit, nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion entfaltete sich sein ideologisches Potential erneut.

jeudi, 11 octobre 2018

La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

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La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

par Nikolas Gvosdev

Ex: https://versouvaton.blogspot.com 

Article original de Nikolas Gvosdev, publié le 2 août 2018 sur le site War On The Rocks
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Le 16 mai, le président russe Vladimir Poutine a inauguré le pont du détroit de Kertch, reliant la péninsule de Crimée au continent russe, sept mois plus tôt que prévu. Ce faisant, il a signalé la détermination de la Russie à remodeler l’équilibre géopolitique et géo-économique de la région de la mer Noire, malgré les sanctions occidentales. Bien que Moscou ne soit pas en mesure de dominer la mer Baltique, ses efforts pour transformer la mer Noire en mare nostrum  portent leurs fruits. Au cours des dernières années, le Kremlin a maîtrisé la feinte de la Baltique : en se livrant à des provocations aériennes et maritimes dans une région très surveillée par l’Occident, la Russie a été capable de renforcer sa position en mer Noire sans préavis. Alors que la plupart des stratèges américains s’inquiètent de la région de Suwalki sur la frontière polono-lituanienne en tant que voie potentielle d’invasion russe vers l’Europe centrale, c’est l’accumulation de puissance de la Russie en mer Noire qui devrait préoccuper les décideurs politiques. En utilisant la mer Noire comme un tremplin, la Russie peut projeter sa puissance au-delà de son environnement immédiat – au Moyen-Orient, dans les Balkans et en Méditerranée – et renforcer sa réémergence en tant que grande puissance.

John Kerry a déjà évoqué avec malice le fait que cette politique étrangère russe remonte au XIXe siècle. Mais dans ce cas, Poutine et son équipe ont remonté un siècle de plus en s’inspirant de l’illustre prince Grigori Potemkine. Favori de Catherine la Grande, Potemkine a conçu la première annexion de la Crimée par la Russie et a été le premier gouverneur général de la « Nouvelle Russie » (Novorossiia) – territoires qui comprennent aujourd’hui le sud-est de l’Ukraine. Il a défendu le point de vue selon lequel le destin de la Russie se trouvait au sud et plaidé en conséquence pour une expansion dans les Balkans, le Caucase et le nord du Moyen-Orient. Le soi-disant « projet grec » de Catherine – un complot visant à étendre le contrôle russe autour de la mer Noire en démantelant l’Empire ottoman et en le remplaçant par la restauration de ce que l’on appelait autrefois Byzance en tant que marionnette russe – était un projet audacieux, une machination de Potemkine.

Le projet grec de Potemkine supposait une inimitié persistante entre les empires russe et ottoman. Au milieu du XIXe siècle, Nicolas Ier et son ministre des Affaires étrangères, Karl Nesselrode, ont tenté de retourner le scénario. Abandonnant l’approche de Potemkine, ils ont cherché à cultiver une amitié avec le sultan ottoman Mahmoud II et ont ainsi coupé les Ottomans de leur partenariat traditionnel avec les puissances d’Europe occidentale. Leur approche a réussi et, en 1833, les deux parties ont signé le traité d’Unkiar Skelessi. En contrepartie de l’adhésion aux exigences stratégiques russes – dont le principal accordait à la marine russe l’accès à la Méditerranée – le Sultan a reçu le plein soutien de l’Empire russe dans sa lutte contre ses opposants internes. Malheureusement pour Nicolas, cependant, ce traité à court terme ne pouvait pas conduire au réalignement permanent de l’Empire ottoman, en particulier compte tenu de l’hostilité du siècle dernier. Après la mort de Mahmoud, son fils Abdulmejid I s’est retourné vers les Britanniques et les Français pour résister à l’empiétement de la Russie. Ce qui est arrivé ensuite est bien connu : la Russie a subi une perte dévastatrice pendant la guerre de Crimée, qui a limité la marche du pouvoir russe vers la Méditerranée.

Comme ses deux contemporains, les efforts récents de Poutine auraient recueilli beaucoup de soutien de Potemkine. La prédilection du président à utiliser la station balnéaire de Sotchi sur la mer Noire comme capitale de facto (c’est l’endroit préféré de Poutine pour des sommets bilatéraux avec des leaders mondiaux et des événements tels que le Congrès du peuple syrien) relève la Russie du sud à l’importance que Potemkine envisageait. Potemkine aurait, bien sûr, applaudi ce que la Russie considère comme la deuxième annexion de la Crimée en 2014. Cela a permis à Moscou de refuser aux puissances rivales l’accès au bassin de la mer Noire en cas de conflit militaire. En effet, les éléments clés de l’offensive de la Russie en matière de soft power aujourd’hui – en soutenant le partenariat stratégique avec l’Arménie et en rapprochant la Géorgie de l’orbite russe – préservent ainsi les 250 ans du vieil héritage de Potemkine.

Dans le même temps, Poutine s’est lancé avec succès dans la stratégie de Nicolas Ier. Bien que la sensibilisation du tsar au Sultan Mahmoud ait été éphémère, Poutine semble avoir plus de chance de nouer un partenariat stratégique avec Recep Tayyip Erdogan. Ce partenariat de commodité a survécu à plusieurs obstacles, notamment la crise qui a éclaté après qu’un jet russe fut abattu par  des avions de combat turcs à la frontière turco-syrienne en 2015. Oui, la Turquie ne reconnaît pas les prétentions de la Russie sur la Crimée et les deux pays ont des différends constants sur la Syrie, mais Erdogan est prêt à compartimenter ces désaccords pour obtenir des avantages pour la Turquie dans d’autres domaines – que ce soit pour obtenir des systèmes de défense aériens S-400 ou des centrales nucléaires. En fin de compte, Moscou cherche à inciter Ankara à ne pas s’opposer à la résurgence de la Russie dans la région de la mer Noire en échange de gains concrets pour la prospérité turque, dont M. Erdogan a besoin pour maintenir sa position politique intérieure. L’alternative indésirable serait que Ankara revienne à sa position traditionnelle d’aide à l’Occident et à la guerre froide, à savoir aider l’Occident et bloquer les ambitions russes. Heureusement, la Russie a plusieurs carottes à offrir à son partenaire. Celles-ci incluent la collaboration sur des questions distinctes en Syrie ainsi que des infrastructures énergétiques. Bien que toujours membre officiel de l’OTAN, la Turquie a accepté ce partenariat stratégique de facto. À l’instar du traité d’Unkiar Skelessi, des siècles auparavant, l’acceptation par la Turquie du partenariat avec Moscou a permis de positionner la Russie en mer Noire, d’ouvrir l’accès russe à la Méditerranée et de faciliter les livraisons d’énergie vers l’ouest, donnant au Kremlin la possibilité de conserver ses instruments d’influence.

Cette résurgence des capacités militaires russes en mer Noire remet en cause la stratégie par défaut de l’Occident dans la région depuis l’effondrement de l’Union soviétique : l’expansion inexorable des institutions euro-atlantiques pour englober tout le littoral de la mer Noire et contenir la Russie dans les limites de sa côte Nord-Est. La fatigue de l’expansion, combinée à l’instabilité politique dans la périphérie méridionale de l’Europe, a coupé l’élan du projet occidental. Parallèlement, les actions de la Russie contre la Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 ont permis à Moscou de mieux contrôler le littoral de la mer Noire en détachant l’Abkhazie de la Géorgie et en s’emparant de la Crimée. Il n’y a pas d’appétit, en particulier en Europe, pour la lourde charge nécessaire pour faire entrer le reste des États riverains de la mer Noire dans l’OTAN et l’Union européenne. Pendant ce temps, la Russie a pris les devants en se présentant comme le meilleur arbitre des problèmes régionaux pressants – de la résolution du statut juridique de la mer Caspienne à la fin de la guerre civile syrienne. Le message de Moscou est clair : les pays de la mer Noire n’ont pas besoin que les États-Unis s’impliquent.

L’initiative d’origine occidentale restante dans la région est le corridor énergétique du Sud – un projet visant à développer les liens d’infrastructure et les relations de sécurité nécessaires pour permettre au gaz naturel eurasien d’atteindre les consommateurs occidentaux sans passer par un territoire sous contrôle russe. L’Azerbaïdjan est l’État clef de cet effort. Non seulement l’Azerbaïdjan possède ses propres grandes réserves de gaz, mais il sert également de centre de transit essentiel reliant l’Asie centrale à l’Europe.

Pourtant, même ici, la Russie a adapté son approche. La tentative russe impitoyable menée dans les années 1990 pour contraindre l’Azerbaïdjan à renoncer à la « principale route d’exportation » de Bakou à Ceyhan (Turquie) a été remplacée par une approche plus accommodante. Moscou ne cherche plus à bloquer mais à coopter. Le pipeline russe Turkish Stream, actuellement en construction pour relier la partie continentale de la Russie à la Turquie européenne, servira de base à la Russie pour fournir du gaz non seulement à la Turquie mais à l’ensemble de l’Europe du Sud. Cela aidera à étendre l’influence de la Russie dans des pays comme la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie – et même en Italie, où un nouveau gouvernement pourrait être beaucoup moins enclin à soutenir des sanctions continues contre Moscou. Dans le même temps, la Russie pourrait également travailler avec l’Azerbaïdjan en approvisionnant le pays en gaz, et ainsi participer indirectement au projet de corridor énergétique du Sud. Cela compromettrait la logique stratégique d’un projet censé réduire l’influence de l’énergie russe en Europe méridionale et centrale.

Ironiquement, étant donné que les États-Unis ont identifié la Russie comme un adversaire majeur, la décision de l’administration Trump de se retirer de l’accord nucléaire iranien aurait involontairement renforcé la position de la Russie dans la mer Noire. Pour réussir à réduire l’influence de la Russie, le corridor énergétique du Sud exige un volume de gaz supérieur à celui que l’Azerbaïdjan seul peut fournir. Alors que les sanctions américaines reviennent hanter Téhéran, la colonisation de la mer Caspienne devient beaucoup moins probable. L’acceptation par l’Iran de la délimitation de la mer reposait en partie sur la possibilité de mettre en place des projets conjoints avec d’autres États riverains de la mer Caspienne. Rien n’indique que l’administration Trump est intéressée à émettre des dérogations pour de tels projets. Sans règlement, une autre partie de la stratégie du corridor énergétique du sud vers l’Ouest – la construction d’un pipeline transcaspien pour amener les vastes réserves de gaz naturel du Turkménistan vers l’ouest – sera probablement abandonnée. D’autres efforts visant à exploiter pleinement le corridor sud, soit en échangeant du gaz avec l’Iran, soit en acheminant du gaz iranien vers l’Ouest, sont également en cours. Par conséquent, soit le Turkish Stream russe comblera les lacunes, soit la Russie elle-même deviendra un participant au corridor Sud et, dans les deux cas, l’influence de la Russie ne sera pas moindre.

Il y a deux ans, j’ai noté que « la Russie avait fait sa demande pour être l’arbitre du bassin de la mer Noire ». De nombreux analystes américains ont admis que la Russie renforçait ses capacités militaires, mais Moscou a appris à tirer avantage de ces tendances pour soutenir ses objectifs politiques, à une époque où les États-Unis n’ont pas de stratégie cohérente. Aujourd’hui, la Russie est plus proche que jamais de son objectif de devenir la puissance dominante en mer Noire.

Nikolas Gvosdev est le président de la chaire « Capitaine Jerome E. Levy » au US Naval War College et un boursier non résident de l’Institut de recherche sur la politique étrangère. Les opinions exprimées sont les siennes.

Note du traducteur

Cet article est issu d'une série de 5, par un auteur enseignant pour l'US Navy. Il est toujours intéressant de lire les points de vue qui y sont développés car même si certains jugements de valeur sont contestables, l'ensemble est assez équilibré dans le cadre de la russophobie endémique en Occident.