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lundi, 15 janvier 2018

Tocqueville et la rage antirusse en 1849

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Tocqueville et la rage antirusse en 1849

Par Nicolas Bonnal 

Source nicolasbonnal.wordpress.com

Sans l’Angleterre, notre diplomatie est frappée de la « peur du vide » écrit le général de Gaulle dans ses Mémoires. À partir de 1815, on aime jouer au caniche, jusqu’au suicide de 1940. Voyons une guerre évitée contre la Russie, racontée par Tocqueville dans ses souvenirs.

On est en 1849. Les peuples se révoltent et se font écraser les uns après les autres, en France y compris. La belle révolution finit par le pitoyable coup d’État de Louis-Napoléon, qui laisse le peuple à peu près sans réaction. Sur cette triste époque Flaubert a tout dit en 1853 dans sa correspondance :

« 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n’y a plus rien, qu’une tourbe canaille et imbécile. Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. »


Un temps ministre, Tocqueville est confronté à une grande crise antirusse. Le tzar Nicolas (ce n’est pas qu’on le défende…) a contribué à écraser les rebelles de l’empire autrichien, ils se sont réfugiés en Turquie et il menace l’empire ottoman qui héberge ces rebelles, dont le fameux hongrois Kossuth. L’empire ottoman devient un havre de paix et de démocratie, lui qui massacrera les bulgares puis les Arméniens, simples orthodoxes il est vrai. Tout d’un coup, la presse britannique qui laisse « le marché » exterminer et exiler trois millions d’Irlandais au cours d’une famine qui dure cinq ans, décide de faire la guerre à la Russie pour sauver les droits de l’homme ! Cette guerre continentale pouvait détruire l’Europe (la guerre de Crimée – toujours d’actualité – aussi barbare et occidentale qu’elle soit, aura le mérite de rester limitée, en ne privant de vie qu’un million de soldats…).

On écoute Tocqueville qui narre la préparation britannique d’une guerre occidentale (déjà…) contre l’Autriche et la Russie :

« Malgré la gravité des circonstances, les ministres anglais, alors dispersés à cause des vacances du parlement, furent assez longs à se réunir, car, en ce pays, le seul dans le monde où l’aristocratie gouverne encore, la plupart des ministres sont en même temps de grands propriétaires et, d’ordinaire, de grands seigneurs. Ils se délassaient, en ce moment, dans leurs terres des fatigues et des ennuis des affaires ; ils ne se pressèrent pas de les quitter.

Pendant cet intervalle, toute la presse anglaise, sans distinction de parti, prit feu. Elle s’emporta contre les deux empereurs et enflamma l’opinion publique en faveur de la Turquie. »

Qui tenait, qui finançait cette fameuse presse anglaise, la plus libre du monde qui n’est bonne depuis toujours qu’à abrutir sa masse de lecteurs par le culte du fric et du people et à déclencher des guerres plus ou moins mondiales ?

soldatsrusse19.jpgTocqueville décrit cette préparation à la grande guerre européenne (et je crois que mon ami Preparata a raison, les élites anglaises sont aussi responsables de la première guerre mondiale que de la deuxième, comme elles seront responsables de la troisième à venir) :

« Le gouvernement anglais, ainsi chauffé, prit aussitôt son parti. Cette fois il n’hésitait point, car il s’agissait, comme il le disait lui-même, non seulement du sultan, mais de l’influence de l’Angleterre dans le monde. Il décida donc : 1° qu’on ferait des représentations à la Russie et à l’Autriche ; 2° que l’escadre anglaise de la Méditerranée se rendrait devant les Dardanelles, pour donner confiance au sultan et défendre, au besoin, Constantinople. On nous invita à faire de même et à agir en commun. Le soir même, l’ordre de faire marcher la flotte anglaise fut expédié. »

Le ministre Tocqueville, qui passe pour un anglophile (ici encore on ne l’a pas lu) essaie de calmer les ardeurs guerrières abruties et eschatologiques :

« La nouvelle de ces résolutions décisives me jeta dans une grande perplexité ; je n’hésitais pas à penser qu’il fallait approuver la conduite généreuse qu’avait tenue notre ambassadeur et venir en aide au sultan, mais quant à l’attitude belliqueuse, je ne pensais pas qu’il fût encore sage de la prendre. Les Anglais nous conviaient à agir comme eux ; mais notre position ne ressemblait guère à la leur. En défendant les armes à la main la Turquie, l’Angleterre risquait sa flotte et nous notre existence. Les ministres anglais pouvaient compter qu’en cette extrémité le parlement et la nation les soutiendraient, nous étions à peu près sûrs d’être abandonnés par l’Assemblée et même par le pays, si les choses en venaient jusqu’à la guerre. Car les misères et les périls du dedans rendaient en ce moment les esprits insensibles à tout le reste. J’étais convaincu, de plus, qu’ici, la menace, au lieu de servir à l’accomplissement de nos desseins, était de nature à lui nuire. »

Tocqueville évoqua la Russie sans sympathie et surtout sans hostilité préconçue :

« Si la Russie, car c’était d’elle seule au fond qu’il s’agissait, voulait par hasard ouvrir la question du partage de l’Orient par l’envahissement de la Turquie, ce que j’avais peine à croire, l’envoi de nos flottes n’empêcherait pas cette crise : et s’il ne s’agissait réellement, comme cela était vraisemblable, que de se venger des Polonais, il l’aggravait, en rendant la retraite du tsar difficile et en mettant sa vanité au secours de son ressentiment. J’allai dans ces dispositions au Conseil. »

Il comprend alors que Louis-Napoléon (il n’est alors que président, et comploteur encore) est un bon agent anglais qui pousse ses pions :

« Je m’aperçus sur-le-champ que le président était déjà décidé et même engagé, comme il nous le déclara lui-même. Cette résolution lui avait été inspirée par l’ambassadeur anglais, lord Normanby, diplomate à la manière du XVIIIe siècle, lequel s’était fort établi dans les bonnes grâces de Louis-Napoléon… La plupart de mes collègues pensèrent comme lui, qu’il fallait entrer sans hésitations dans l’action commune à laquelle nous conviaient les Anglais, et envoyer comme eux notre flotte aux Dardanelles. 

Je ne me troublais guère de ce qui allait se passer à Vienne, car je n’assignais dans cette affaire à l’Autriche d’autre position que celle de satellite. Mais qu’allait faire le tsar, qui s’était engagé si inconsidérément et en apparence si irrévocablement vis-à-vis du sultan, et dont l’orgueil était mis à une si rude épreuve par nos menaces ? »

Tocqueville tente de sauver la paix malgré le bellicisme humanitaire (et à géométrie variable) du gouvernement républicain :

« Heureusement, j’avais alors à Saint-Pétersbourg et à Vienne deux agents habiles, avec lesquels je pouvais m’expliquer à cœur ouvert. ‘Engagez l’affaire très doucement’, leur mandai-je, ‘gardez de mettre contre nous l’amour-propre de nos adversaires, évitez une trop grande et trop ostensible intimité avec les ambassadeurs anglais, dont le gouvernement est abhorré dans les cours où vous êtes, tout en conservant pourtant avec ces ambassadeurs de bons rapports. Pour arriver au succès, prenez le ton de l’amitié, et ne cherchez pas à faire peur. Montrez notre situation au vrai ; nous ne voulons pas la guerre ; nous la détestons ; nous la craignons ; mais nous ne pouvons-nous déshonorer. Nous ne pouvons conseiller à la Porte, qui nous demande avis, de faire une lâcheté ; et, lorsque le courage qu’elle a montré et que nous avons approuvé lui attirera des périls, nous ne pouvons, non plus, lui refuser une aide qu’elle réclame. Il faut donc qu’on nous prépare un moyen de sortir d’affaire.’ »

Lajos_Kossuth.jpgPuis Tocqueville met les pieds dans le plat sans mâcher ses mots cette fois :

« La peau de Kossuth vaut-elle la guerre générale ? Est-ce l’intérêt des puissances que la question d’Orient s’ouvre en ce moment et de cette façon ?

Ne peut-on trouver un biais qui ménage l’honneur de tout le monde ? Que veut-on enfin ? Ne veut-on que se faire livrer quelques pauvres diables ? Cela ne mérite pas assurément de si grandes querelles ; mais si c’était un prétexte, si au fond de cette affaire se trouvait l’envie de porter, en effet, la main sur l’empire ottoman, ce serait alors décidément la guerre générale qu’on voudrait ; car, tout ultra-pacifiques que nous sommes, nous ne laisserions jamais tomber Constantinople sans tirer l’épée. »

Le grand homme est aidé par la « diplomatie de style arabe » de Lamoricière pour éviter la guerre en soutenant la Turquie :

« L’affaire était heureusement terminée quand ces instructions arrivèrent à Saint-Pétersbourg. Lamoricière s’y était conformé sans les connaître. Il avait agi, dans cette circonstance, avec une prudence et une mesure qui surprirent ceux qui ne le connaissaient pas, mais qui ne m’étonnèrent point. Je savais que son tempérament était impétueux, mais que son esprit formé à l’école de la diplomatie arabe, la plus savante de toutes les diplomaties, était circonspect et fin jusqu’à l’artifice.

Lamoricière, dès que le bruit de la querelle lui fut arrivé par la voie directe de la Russie, se hâta d’exprimer très vivement, quoique sur un ton amical, qu’il blâmait ce qui venait de se passer à Constantinople ; mais il se garda de faire des représentations officielles et surtout menaçantes. Tout en se concertant avec l’ambassadeur d’Angleterre, il évita soigneusement de se compromettre avec lui dans des démarches communes ; et quand Fuad-Effendi, chargé de la lettre d’Abdul-Medjid, arriva, il lui fit dire secrètement qu’il n’irait pas le voir, afin de ne pas compromettre le succès de la négociation, mais que la Turquie pouvait compter sur la France. »

Le génie turc se rapproche alors prudemment de la Russie en déboutant les boutefeux occidentaux dirigés par le monstrueux Palmerston (lisez le très bon texte de Marx sur ce sinistre personnage) :

« Il fut merveilleusement aidé par cet envoyé du Grand Seigneur, qui, sous sa peau de Turc, cachait une intelligence très prompte et très déliée. Quoique le sultan eût réclamé l’appui de la France et de l’Angleterre, Fuad en arrivant à Saint-Pétersbourg, ne voulut pas même rendre visite aux représentants de ces deux puissances. Il refusa de voir personne avant d’avoir parlé au tsar de la volonté libre duquel il attendait seulement, disait-il, le succès de sa mission. »

Nicolas_1er_-_01.jpgComme notre Poutine, le tzar Nicolas garde son sang-froid :

« Celui-ci dut éprouver un amer déplaisir en voyant le peu de succès qu’avaient eu ses menaces et le tour imprévu que prenaient les choses, mais il eut la force de se contenir. Au fond, il ne voulait pas ouvrir la question d’Orient, bien que, peu de temps auparavant, il se fût laissé aller à dire : ‘L’empire ottoman est mort ; il ne reste plus qu’à régler l’ordre de ses funérailles.’ »

Puis le tzar recule :

« Faire la guerre pour forcer le sultan à violer le droit des gens était bien difficile. Il eût été aidé en cela par les passions sauvages de son peuple, mais repoussé par l’opinion de tout le monde civilisé. Il savait déjà ce qui se passait en Angleterre et en France. Il résolut de céder avant qu’on le menaçât. Le grand empereur recula donc, à la profonde surprise de ses sujets et même des étrangers. Il reçut Fuad et se désista de la demande qu’il avait faite au sultan.

L’Autriche se hâta de suivre son exemple. Quand la note de lord Palmerston arriva à Saint-Pétersbourg, tout était fini. »

Les Anglais en rajoutent comme toujours (le flegme ?) :

« Le mieux eût été de ne plus rien dire, mais tandis que dans cette affaire nous n’avions visé qu’au succès, le cabinet anglais avait, de plus, cherché le bruit. Il en avait besoin pour répondre à l’irritation du pays. L’ambassadeur anglais lord Bloomfield, le lendemain même que la résolution de l’empereur eût été connue, se présenta donc chez le comte de Nesselrode, qui le reçut fort sèchement, et il lui lut la note, par laquelle lord Palmerston demandait d’une façon polie, mais péremptoire, qu’on ne forçât pas le sultan à rendre les réfugiés. — Le Russe répliqua qu’il ne concevait ni le but ni l’objet de cette demande ; que l’affaire dont, sans doute, on voulait parler était arrangée, et que, d’ailleurs, l’Angleterre n’avait rien à y voir. »

Les Russes remettent le British à sa place :

« Lord Bloomfield demanda où en étaient les choses. Le comte de Nesselrode refusa avec hauteur de lui donner aucune explication ; parce que ce serait, dit-il, reconnaître le droit de l’Angleterre de s’immiscer dans une affaire qui ne la regarde point. Et comme l’ambassadeur anglais insistait pour laisser du moins copie de la note dans les mains du comte de Nesselrode, celui-ci après s’y être d’abord refusé, reçut enfin la pièce de mauvaise grâce et le congédia en disant nonchalamment, qu’il allait répondre à cette note, qu’elle était terriblement longue et que ce serait fort ennuyeux. »

Et la classe russe pour conclure – et remettre les Occidentaux à leur place :

« La France, ajouta le chancelier, m’a déjà fait dire les mêmes choses ; mais elle les a fait dire plus tôt et mieux. »

Cent-cinquante ans plus tard on en est toujours au même stade belliqueux, imbécile et humanitaire. C’est Borges qui évoquant Bouvard et Pécuchet, contemporains de Louis-Napoléon et de Palmerston, définit notre temps : « ce sont deux êtres qui copient et ne meurent pas. » Idem de Theresa May et de nos présidents…

Nicolas Bonnal

Sources bibliographiques

Alexis de Tocqueville – Souvenirs (dernières pages)

Nicolas Bonnal sur Amazon.fr

 

samedi, 13 janvier 2018

Preparing for Iran's Next Reza Shah

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Preparing for Iran's Next Reza Shah

Ex: https://jasonrezajorjani.com

No one in the mainstream media seems to have noticed that the uprising in Iran took place six months after the most well-established Iranian opposition groups were unified for the first time in 38 years of theocratic tyranny. On August 11, 2017 in Los Angeles, the Constitutionalist Party, the Pan-Iranist Party, and the National Front were brought together under the cultural umbrella of the Iranian Renaissance to form the Jebheyé Irângarâyân or Iranian United Front (literally, the “Iranist Front”).

For about a year now, a faction within the so-called “hardliners” of the Islamic Republic has been considering embracing the idea of an Iranian Renaissance in order to salvage some of the core structures of the Islamic Republic that protect Iran’s banking system from globalist control and secure Iran's territorial integrity in the face of foreign-backed separatist agitators. This faction is centered around Esfandiar Rahim Mashaei, who briefly served as Mahmoud Ahmadinejad’s Vice President and was unsuccessfully backed by Ahmadinejad to run against Rouhani (because the Guardian Council deemed Mashaei a “deviationist” for his nationalism). Mashaei’s circle has been reading Renaissance texts such as The Political Thought of Aryan Imperium, written by Shahin Nezhad, the spokesman of the Iranian Renaissance (and a Mashadi), who delivered a talk at The London Forum last February. Since this group of hardliners are a part of the regime itself, they were able to secure permits for demonstrations against worsening economic conditions and corruption. Ahmadinejad gave a speech threatening the regime's corrupt establishment shortly before the protests began, and he has since been arrested by the Islamic Republic for provoking unrest. The slogans of the Ahmadinejad-associated protests condemned the so-called “reformist” Rouhani administration for its broken promise that Iran’s concessions in the nuclear deal would raise living standards.

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At the same time that these legal demonstrations were organized in the city of Mashad (the city of Imam Reza), the Iranian Renaissance planned a celebration for Ferdowsi’s birthday. The event was originally scheduled for the 27th of Âzar (his actual birthday), but then rescheduled for the 2nd of Dây (the date he gives for his birth, not adjusted to changes in the calendar system), or December 23, 2017. The tomb of the author of the Persian national epic, the Shâhnâmeh, is in Tous, just outside of Mashad. The idea was to replicate our Cyrus Day event, when hundreds of thousands gathered at the tomb of Cyrus the Great on October 29, 2016. Once busloads of ultra-nationalists arrived at the tomb, they were informed that their rally permit was revoked. These angry ultra-nationalists were diverted to Mashad where they encountered the legal hardliner demonstrations, and joined them, shifting the slogans in a nationalist direction. Then they went back home to the smaller cities and towns where the Renaissance has its largest following, rather than in more Westernized major metropolitan areas. The rest is history.

The protests that we have been seeing in Iran since late December of 2017 are fundamentally different from the Green Movement of 2009. This can be seen from the type of slogans being chanted by demonstrators. They are not in favor of democracy or demanding so-called ‘free elections.’ No one is asking “where is my vote?” and not so much as a green handkerchief can be seen on the streets during this uprising. Here is a breakdown of some of the slogans that have become definitive of this revolt.

“We are Aryans, we don’t worship Arabs!”

Iran is shorthand for Irânshahr, the Middle Persian form of Aryânâ Khashatrâ or “Aryan Imperium.” Persians never referred to Iran as “Persia” or the “Persian Empire.” What we are seeing on the streets in Iran is the spearhead of a renaissance of the Aryan heritage of Iran after 1,400 years of genocidal Arab, Turkic, and Mongol colonization. Those who are concerned that Iran’s uprising will lead to the kind of change we saw during the so-called “Arab Spring” are clueless regarding the chasm that divides the Arabs and other Muslim societies from Iranians. The #AryanSpring in Iran is radically pre- and post-Islamic, if not anti-Islamic.

“Islam and the Quran, we sacrifice them both to Iran!”

Protesters who are chanting slogans such as this are not simply opposing the 39-year old Islamic Republic. They are burning down mosques, and setting fire to the religious schools that train Mullahs (i.e. clergy) and produce the regime’s reigning Ayatollahs. People are rejecting Islam as such in favor a renaissance of pre-Islamic Persian values like the reverence for wisdom, industriousness, chivalry, tolerance, and humanitarianism.

Reza Shah & Mohammad Reza Pahlavi.jpg“Whether by cannons, guns, or tanks – the clergy have to go!”

Contrary to the peaceful nature of the upper class 2009 protest movement, which was aimed at mobilizing the international community to impose allegedly ‘free elections’ on Iran with a pre-determined neo-liberal outcome, this working class uprising is forceful. People in the streets are not demanding a chaotic ‘democratic’ revolution, one that would decimate the nation’s industries and threaten its territorial integrity. Rather, they are inviting a military coup and removal of the Ayatollahs under martial law conditions.

“Reza Shah, may your soul rejoice!”

This is probably the most popular slogan of the current uprising, and further substantiates that the will of protesters is a transition out of the Islamic Republic under martial law. Reza Shah Pahlavi (d. 1944) was an authoritarian ultra-nationalist who came to power in a military coup. He is the one who, in 1935, requested that the world call “Iran” by the same name that the Persians have called it for 3,000 years. Reza Shah was removed by the Allied powers when they invaded and occupied Iran from 1941–1946, because although Iran was officially neutral, Reza Shah ideologically leaned toward the Axis.

So it is safe to say that what is going on inside of Iran is not a “color revolution.” In point of fact, the Mossad was taken completely by surprise, and the Trump administration had not yet even formulated, let alone implemented, a cohesive plan for how to effect regime change in Iran. We preempted them. That having been said, there is a very great danger that this movement will be co-opted.

Reza Shah, Not Reza Pahlavi

Slogans of “Reza Shah, may your soul rejoice!” should not be conflated with support for Crown Prince Reza Pahlavi, even if the latter’s supporters inside of Iran are attempting to conflate the two. The Crown Prince has repeatedly and emphatically rejected the legacy of his father and his even more authoritarian and ultra-nationalist grandfather. He is an advocate of liberal democracy, neo-liberal economics, and a kind of ‘human rights’ that entails federalism on an ethnic basis and the disestablishment of the Persian language (which we have not once heard come out of the mouth of his daughter and heir). In the summer of 2016 there was a revolt against him from among the ranks of the most elite proponents of a restoration of the Persian Imperial tradition. Those of us who signed the “Last Warning” statement of August 20, 2016 were particularly vexed by his close relationship with the Arab sheikhdoms of the Persian Gulf (which he has referred to as “the Gulf” in order to placate them). At a CFR meeting in Dallas on February 25, 2016, he went so far as to belittle the genocidal Arab invasion of Iran and mock Iranian nationalists. At the same meeting, Reza Pahlavi II relinquished a future post-Islamic Iran’s right to nuclear weapons and suggested that Saudi Arabia should so deeply invest in Iran’s economy and industry that war with the Wahhabi Kingdom would become inconceivable for Iranians. The Crown Prince has also gone on record saying that if the religious beliefs of Muslims are to be disrespected under a new regime, then it would be better for the Islamic Republic to remain in power.

Based on this past history, his response to the current developments in Iran were quite predicable. After returning from a winter vacation in Europe, which allegedly prevented him from delivering a speech during the days of the most intense protests, on January 10, 2018, Reza Pahlavi granted an interview with the newscaster Alireza Nourizadeh. In this interview, Reza Pahlavi actually admits that he “did nothing” to catalyze the uprising. He is gleeful about the prospect of its being leaderless, and yet he attempts to co-opt the movement on the streets in Iran for his own purposes, or rather, for those of his foreign financiers and handlers.

Leadership

The Crown Prince rejects the need for a charismatic leader, voicing concern that such a person could become an idol who is later toppled or smashed. He says that he has always insisted that Iran’s problems must be addressed through a bureaucratic system. This is in response to the interviewer’s rhetorical question about whether the current uprising has put him in a position of greater responsibility. As his own father once remarked about him to a prominent court minister, this Crown Prince has always endeavored to shirk responsibility by any means possible.

Reza Pahlavi denies the need for a charismatic leader to shepherd Iran’s transition out of the Islamic Republic because, unlike the grandfather who is his namesake, he is not such a leader. In fact those close to him know that he has repeatedly mocked his grandfather and criticized him for being a ‘dictator’. Apparently, the Crown Prince does not recognize the difference between dictatorship and the need for sovereign authority in a state of emergency when the normal constitutional order has been suspended. It is precisely in such situations that one cannot rely on the systematic decision-making process of a bureaucracy.

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The Crown Prince also fails to recognize the difference between the type of idolatry characteristic of Sultanates and the Persian Imperial concept of farré kiâni or “divine royal glory.” The latter is an inextricable element of any properly Persian monarchical system, and it is a philosophical concept that his father embraced by assuming the title Âryâmehr or “Light of the Aryans.” The farré kiâni was aesthetically symbolized by the halo or aura around the head, a convention that entered both European and Buddhist art via Iranian influence on Roman Mithraism and the Iranian development of Mahayana Buddhism. Reza Pahlavi actually rejects the idea of farré kiâni out of deep resentment over the fact that he lacks it. Protesters on the streets are, however, clearly looking for someone with this quality.

Reza Pahlavi says, “leadership (rahbari) is not dependent on one person. We each have our own roles. A workers syndicate leader has to provide leadership (rahbari) to exactly the same extent as a social activist inside the country and a student leader and so forth.” This shows his fundamental failure to understand the concept of rahbari or shahriyâri, i.e. sovereignty, in the framework of Iranian political thought. This becomes clearer in the context of his remarks concerning democratization of Iran.

Democracy

The Crown Prince identifies the establishment of a “true democracy” as the goal of the uprising against the Islamic Republic. He further defines this as the determination of Iran’s form of government, as well as all of the policies of this government, by means of “the ballot box” and according to “the will of the majority.” Interestingly, in rejecting the restoration of monarchy as a foregone conclusion, he says “I don’t know what form of government the majority of the people of Iran will choose in the future election that establishes a secular democratic parliamentary regime.” These are very telling words. They reveal that for Reza Pahlavi “a secular democratic parliamentary regime” is non-negotiable and while various ‘monarchist’ and republican parties may contend over the specific shape that it takes, the basic ideological parameters of this coming regime are predetermined.

What if the single largest segment of the population with a coherent will (what Rousseau called a volonté générale, which need not amount to 51%), prefer a regime that is not democratic or secular in the sense that Reza Pahlavi means? After all, the Islamic Republic came to power in a democratic election wherein 98.2% of the population voted for a regime that the Crown Prince himself now describes as “an occupation regime”. Perhaps Reza Pahlavi can identify what foreign power 98.2% of Iranians were acting as a fifth column for when they democratically elected it? If foreign manipulation did take place on such a scale (and perhaps it did), then why would the Crown Prince assume that democratic elections held amidst a chaotic revolution now would not be manipulated in the same way? Including, and especially, by the foreign interests who want to install him.

It is significant that he uses this phrase, “occupation regime”, to describe the Islamic Republic at a point in this interview when he is praising France as a model democracy. Since 1789 France has been through five republics, with each of the four preceding the present one being brought to an end by either a bloody revolution or a devastating war! Meanwhile, the “democratic” policies of the present French Republic have turned large parts of Paris, Marseilles, and other major metropolitan areas into Muslim slums and Sharia-law enforced no-go zones. Within a generation, there may be a Muslim majority in metropolitan France.

More fundamental than all of these criticisms is the fact that Iranian civilization is fundamentally anti-democratic and has been so since Darius and Xerxes fought with Athens over the control of Greek city states, many of which were pro-Persian. The core concept of Iranian political thought is Shahrivar (a contraction of the Avestan Khashatrâ Vairyâ), which means a utopian aristocracy wherein those who are most qualified to make decisions regarding certain areas of state policy are the ones making them, rather than the ignorant masses. This system avoids the injustice of treating those who are unequal as if they are equals. As Darius the Great states in the rock carving of Behistun, "Neither did I allow the strong to oppress the weak, nor did I allow the weak to tyrannize over the strong. I stood for what is Just." This conception of good governance guards against the manipulation of the masses by oligarchs who hide behind the façade of a democracy. Heraclitus, Pythagoras, and Plato all essentially accepted the superiority of this Persian form of government over the democracy exemplified by Athens. This ideal was resurrected in the West during the Italian Renaissance and its modern European representatives are thinkers such as Friedrich Nietzsche, Julius Evola, Carl Schmitt, and Martin Heidegger.

Unlike Greek democracy, the Persian Imperial tradition, which Reza Shah Pahlavi resurrected and Crown Prince Reza Pahlavi disowns, is one that outlawed slavery and insisted on charitably providing economic welfare to all workers (Daheshmandi) with a view to promoting industrious development and the beautification of the world (Abâdsâzié Gitiârâ). Such ideals of statecraft were superficially Islamized by Medieval Iranian thinkers like Shahab al-Din Suhrawardi and Al-Farabi, whose treatises in turn influenced Ayatollah Khomeini and some of the other theoreticians of the Islamic Republic. In other words, there are certain anti-democratic formal structures of the Islamic Republic that are thoroughly Iranian. Iranians can de-Islamize and reclaim these rather than adopting a system of government that is problematic even in the West.

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Human Rights and Secularism

Reza Pahlavi claims that the next constitution of Iran should be based on the 1948 United Nations’ Universal Declaration of Human Rights (UDHR), and he places a special emphasis on the freedom of religion (Article 18) while insisting on a “secular” regime. The Crown Prince makes it emphatically clear that by “secular” he does not mean anti-Islamic. On the contrary, he is very concerned with protecting Islam and the rights of Muslims to profess and practice their religion in tomorrow’s Iran.

The UDHR protects freedom of religion unconditionally, and it declares that popular sovereignty is the basis of the legal authority of governments. The drafters formulated these rights in an unqualified manner that renders the Declaration incoherent and self-vitiating, because it inadvertently allows the ‘moral majority’ of a religious democracy to deny dissenting minorities the very human rights that are protected by the Declaration. Certain of the drafters of the declaration were aware of this possibility. If one compares the law of the Quran to the Universal Declaration of Human Rights it becomes clear that Islam is not compatible with the qualified liberal democracy that some of the UDHR drafters had in mind when writing Article 21, but is compatible with the original Greek conception of Democracy, as well as the kind of Democracy advocated by Jean-Jacques Rousseau.

The establishment of the Islamic Republic of Iran in the popular revolution of 1979 is an example of a democracy that, once established, renounced its nation’s commitment to make a sincere effort to protect universal human rights under the UN Charter. There is a fundamentally false presumption underlying the drafting of Article 18’s unqualified right to freedom of religion, namely that the state can be “neutral” with respect to any and all religions. This is the same delusion that Crown Prince Reza Pahlavi is laboring under. It is nonsensical to tolerate an irrationally and inherently intolerant religion, and it is impolitic to do so when your nation is presented with a historic opportunity for a cultural revolution that could move it beyond 1,400 years of Islamic colonization at the hands of Arabs, Turks, and Mongols, on the basis of a renaissance of pre-Islamic Persian principles and ideals.

Humanism is one of these ideals, and it is often confused with the internally contradictory modern Western formulation of “human rights.” Cyrus the Great was not the author of ‘the first declaration of human rights,’ as Westernized Iranians like to refer to the Cyrus Cylinder. Cyrus the Great was an autocratic militarist whose conquests established the first true empire in human history that encompassed and integrated numerous formerly independent kingdoms. It is true that he was able to do this because, unlike previous tyrannical rulers, he was also a humanitarian. His humanitarian character and the cosmopolitan humanism of his Achaemenid successors is based on an ancient Iranian concept called Vohuman, which is the oldest Indo-European instance of the word “human.” According to Zarathustra (Zoroaster), one is a human being to the extent that one has cultivated one’s mind and thereby raised oneself above what one shares in common with animals. This sense was retained when Mithraism acted as a conduit to bring this idea from Iran to Rome, where it was revived as the ideal of humanitas in the Italian Renaissance. The West implicitly recognizes this in the designation of the liberal arts as “humanities” or the means whereby one becomes a human being. That is what Saadi of Shiraz meant in the famous poem that Barack Obama was so fond of misquoting, and that is stitched into a Persian carpet at the United Nations: “The children of Adam are all limbs of one another, should one be in distress the others unmoved cannot remain; should you be indifferent to human pain, a son of Adam may your name not remain!” This is not an endorsement of “human rights.” On the contrary, the idea is that many people are not deserving of being considered “human.” 

shah-d-iran-et-son-epouse-en-1967-637x0-2.jpgWhat is particularly alarming about Reza Pahlavi’s discourse of human rights and secularism, especially considering that he is funded by Saudi Arabia, is that he wants Sunnis in outlying provinces such as Kurdistan and Baluchistan to be able to build mosques and religious schools that reflect their beliefs. At a time when the majority of Shiite Iranians are burning down mosques and seminaries, do we really want Wahhabi-funded madrassas in Iran? Reza Pahlavi is utterly ignorant of his nation’s history when he claims, in this interview as in many others that he has given, that the Shiite-Sunni conflict does not precede the Islamic Republic’s allegedly divisive state ideology and foreign policy. When the Ismaili Assassins and Shah Ismail Safavi took up the banner of Shiism, it was to exploit this sectarian division in order protect Iran from being swallowed by the Arabian and Turkic Caliphates. Otherwise, Iran today might look a lot more like Persian-speaking Afghanistan. Iranian society has evolved beyond the need for cloaking Iranian ideas and values in a Shiite garb. Nevertheless, it is dishonest to deny the historic relationship between Shiism and the struggle to maintain Iranian identity in the face of the Sunni Muslim orthodoxy of the various Caliphates, including the present Islamic State to Iran’s immediate West and Al-Qaeda or the Taliban on Iran’s eastern border.

Liberalism

According to the Crown Prince, “Liberalism” was the uncompleted goal of the Persian Constitutional Revolution of 1905-1911 and the current revolt against the Islamic Republic represents the completion of the final stage of the project initiated by the constitutionalist revolutionaries. How interesting that although he rejects Iranian sacred ideals such as farré kiâni and insists that the next regime of Iran should be radically neutral with respect to every religion, Reza Pahlavi refers to the attainment of “complete liberalism” in Iran as “this sacred goal.” He does so while asserting that Iran’s new constitution should not be based on any particular ideology: “Equality before the law will have been established when no ideology is superior to any other and all ideologies are free. I see this exemplified around the world, in the freest and most progressive countries.” Does he think that Liberalism is not an ideology?

Of course it is. Liberals just cheat themselves out of an honest fight by pretending that it isn't. Liberalism is an ideology that originated in modern Europe and one that has been embraced by a particular segment of Western society, a small minority of extremely Westernized Iranians living abroad, and perhaps also an even smaller urban elite of nihilistic materialists in wealthy districts of Tehran and other big cities. It is certainly not the ideology of the people protesting since December 28, 2017.

Furthermore, Liberalism is an incoherent ideology insofar as it attempts to synthesize itself with Democracy. “Liberal Democracy” becomes a contradiction in terms as soon as the will of a majority in any country (or perhaps in a future global democracy) turns out to be illiberal. This may take the form of the electorate embracing some form of religious orthodoxy as the basis of public policy, as in the so-called “Arab Spring”, or democratic elections that empower more secular but anti-liberal forces, as in the example of Italian Fascism and German National Socialism. As Carl Schmitt understood well in his critique of John Stuart Mill, liberals like Reza Pahlavi make the mistake of confusing a political regime’s decision-making with a gentlemen’s debating society.  Every political order is at least implicitly based on a certain ideology. More than that, sovereign decision needs to be grounded in an ethos or moral character that is more fundamental than the written constitution of a nation.

“Liberalism” is an uprooted way to conceive of the values of a particular culture or civilization, values which Iranians actually may share with certain of their European cousins, on the basis of a common Aryan heritage of free-spirited chivalry and broad-minded tolerance. However, these values are nothing like universal to humanity and in Iran, in particular, they have been under a 14 century-long assault by brutal Muslim colonizers of the kind that are now targeting the West as well. It is the most liberal social atmosphere in Persian history, the Mazdakite Revolution of the late Sassanian period, that opened the way for the Islamic Conquest of Iran. The liberalizing reforms enacted by the Shah in the late 1970s, under pressure from President Carter and other Western leaders, led directly to the Ayatollahs’ tyranny. Today, when Iran is flanked by two rival forms of a fundamentalist Sunni Caliphate, and also finds itself across the Persian Gulf from a Wahhabi regime that is funding and arming anti-Persian separatists in all of Iran’s most resource-rich provinces, advocating a constitutional order based on liberal ideology is tantamount to treason.

Globalist Capitalism vs. Nationalism

The final points that Reza Pahlavi makes in his January 10th interview are the most damning. He doubles down on the direct assault on Iranian nationalism, and the promotion of globalist economics, which I blasted him for during an interview with Omid Dana that exposed his February 2016 speech and Q&A session at a Council on Foreign Relations dinner in Dallas. Toward the very end of his interview he even chuckles as he mentions that he has said these things before “at considerable cost.” He is talking about the damage that Omid and I did to him with this interview. Unrepentant, the Crown Prince patronizingly explains that: “We have to think deeply and get out of these blind nationalist games that always pit Arabs against Aryans and look at things in a way that is a little more sophisticated and realistic.”  He goes on to point out that European nations that fought terrible wars with one another are now joined together in the European Union, citing France and Germany, and France and England, in particular. Based on this grotesquely false analogy, which shows his inability to even conceive of an Iranian Civilization distinct from the Arab and other Muslim cultures that misappropriated its genius, he argues that Iran should enter into a regional common market with Saudi Arabia. Each of the countries in that market, the vast majority of which would be Arab states, ought to invest in all of the others to the extent that war between them becomes impossible.

In fact, Reza Pahlavi goes so far as to suggest that Iran should agree to have an integrated military structure with Saudi Arabia that would act as a “common defense” for the entire region of the Middle East and North Africa, stretching as far as Morocco. He repeatedly emphasizes that these ideas are based on numerous conversations with big players in the United Arab Emirates, Egypt, Saudi Arabia, and “the Arab world as a whole” where, he claims, people have no animosity toward Iranians and are only opposed to the Islamic Republic. So the Crown Prince essentially wants Iran to be swallowed by the GCC or Arab League, and one is left wondering if he could really be so idiotically naive as to believe what his Arab benefactors are telling him.

“In the end it’s all about people being able to get their daily bread, right?” he asks rhetorically. “Well, then,” he says, “if that’s what it is, tell me where the majority of the capital for rebuilding our nation is going to come from? …Who has the most money in their hands? These very same countries in the region. Should we throw it at each other in the form of missiles?! Or should there be capital investment in Iran to create jobs?” In other words, Reza Pahlavi wants sheikhdoms like Saudi Arabia and the UAE to be the single largest source of capital investment for the rebuilding of Iran’s economy after the overthrow of the Islamic Republic destroys all of those industries under the control of the Islamic Revolutionary Guard Corps (IRGC). The cherry on top is what he says about the banking system of Iran, which is currently one of the very few nations in the world without a Rothschild controlled bank: “When you… institute international standards, and regulations concerning banks – Iran is crying out for this! We cannot constantly be interfering in the affairs of our neighbors.” Really? The protesters are crying out for a Rothschild bank?

Reza Pahlavi is a disgraceful antithesis of the grandfather who is his namesake. The Pahlavi dynasty died with the Crown Prince's 'suicided' brother, Shapur Ali Reza – a true patriot and a doctor of Iranian Studies. This leaves us asking, “Who is the next Reza Shah?” Certainly not Maryam Rajavi or any commander of her Islamist-Marxist militia.

An Islamist-Marxist Terrorist Cult

The Mojaheddin-e-Khalq Organization (MEK or MKO) was the main force behind the hostage taking at the American Embassy in Tehran in 1979. They also introduced the description of America as “the Great Satan” and the slogan “Death to America!” into the Islamic Revolution in Iran. Anyone who has honestly studied the Iranian Revolution in depth knows that the hostage crisis was engineered, on the American side, by 33° freemason and CIA director George H.W. Bush. The Bushes are so close to the House of Saud that former Saudi Ambassador to the United States, Bandar bin Sultan was nicknamed “Bandar Bush.” So it should be no surprise that Saudi Prince Turki Bin-Faisal has praised the late Massoud Rajavi, leader of the Mojahhedin-e-Khalq, as a hero worthy of those memorialized in the Shâhnâmeh.

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On the weekend of July 2nd 2017, in a suburb of Paris, prominent US Senators Newt Gingrich and Joe Lieberman joined Saudi Prince Turki Bin Faisal to attend an event organized by the Mojaheddin-e-Khalq. At the meeting, former Democratic senator Robert Torricelli, who has since become the group’s lawyer, described them as the “point of the spear” for regime change in Iran. Also known by the aliases People’s Mojaheddin Organization of Iran (PMOI) and National Council of Resistance of Iran (NCRI), the group was on the US State Department’s list of foreign terrorist organizations until being removed by Secretary of State Hillary Rodham Clinton in September of 2012.

The Mojaheddin most certainly belonged on that list. Aside from the fact that these guerrilla fighters were responsible for assassinating Americans in 1970s Iran, and initiating the hostage-taking at the American Embassy in Tehran after the Shah was removed from power, they are first and foremost guilty of terrorizing their own membership. The group, led by Maryam Rajavi (in the wake of her husband Massoud’s recent death), is essentially a totalitarian cult of personality that controls every aspect of the lives of followers and demands blind obedience from them. Their bizarre ideology fuses a Che Guevara or Maoist type of Marxism with an anti-clerical and therefore radically heterodox messianic Shiite Islam. Their political leadership and militia commanders include red headscarf wearing women, and yet men and women are even more strictly segregated in Mojaheddin facilities and encampments than they are under the sharia law of the Islamic Republic. Members of the group are even forced to divorce their spouses and pledge all of their love to their Leader. When Massoud was still alive, it is rumored that he used to sleep with other members’ former wives as a test of loyalty. Also consistent with what is observed in many cults is the fact that disobedience from members, of any age, meets with physical torture, solitary confinement, and brainwashing tactics.

The group has virtually no following inside of Iran. After they helped to bring the provisional government of the Islamic Republic to power, Ayatollah Khomeini turned on them in 1980 and they responded by siding with Saddam Hussein during his 8-year, Western-backed war of aggression against the Iranian people. They defected to Iraqi territory taking some tank divisions and helicopters with them. Consequently, the Mojaheddin are considered traitors by almost everyone in Iran. It does not help that, during the war, the MEK agreed to govern the Iraqi-occupied oil-rich province of Khuzestan for Saddam, in the event that it could be separated from the rest of Iran, or that the NCRI’s official charter and proposed constitution promises regional autonomy and the right of self-determination to Kurdish separatists who falsely deny that all Kurds are Iranians. The US-occupation of Iraq in 2003, and the subsequent increase of Iranian influence in Iraq has meant that Iraq is no longer a safe haven for them, with the very significant exception of separatist Iraqi Kurdistan. Consequently, Rajavi and her followers have relocated most of their resources to the West.

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Senator Lieberman and former House Speaker Gingrich, who has been photographed bowing before the group’s leader, are not the only prominent politicians on the Mojaheddin’s payroll. The former governor of Pennsylvania, Ed Rendell, has been paid more than $150,000. Rudy Giuliani, the 9/11 mayor of New York, Republican Presidential candidate and close associate of Donald Trump, has received a $20,000 ‘honorarium’ for each of the many twenty minute speeches that he has given at MEK events over the years (including when the group was still listed as a terrorist organization). Senator “Bomb Bomb Iran” John McCain has accepted a medal from the MEK and praised them as “freedom fighters.” The list of the MEK’s bought and paid-for supporters in Washington goes on and on, including former US Ambassador to the UN, John Bolton, top brass of the US military such as Generals Wesley Clark, Peter Pace, Hugh Shelton, and Anthony Zinni, as well as three former directors of the CIA: James Woolsey, Michael Hayden, and Porter Goss.

The question is: Where does the MEK get its money? Tel Aviv and the Israel Lobby in the United States. The Mossad has trained the group’s operatives to carry out assassinations of nuclear scientists in Iran and clandestinely gather intelligence on Iranian nuclear facilities. Meanwhile, the American Israeli Public Affairs Committee (AIPAC) successfully strong-armed Hillary Clinton’s State Department to remove the Mojaheddin from its list of terrorist groups. Elie Wiesel and Alan Dershowitz are among the group’s most prominent advocates.

It has been very disturbing to see the NCRI/MEK/MKO promoted over American intelligence-backed Persian language news services during the course of the uprising. The CIA-run Voice of America Persian Service allowed Maryam Rajavi to use its capability to satellite broadcast into Iran and this reached another level with FOX News giving airtime to this Mojaheddin representative to distort the American public’s perception of this revolt against the Islamic Republic.

Bonapartist Persia

Concern over this movement being co-opted is, considering all of the above, quite reasonable, but it should leave no one with the illusion that the Islamic Republic can somehow be salvaged. Consider that 90% of the 3,700 protesters arrested in Iran are under 25 years old. No one should be fooled by the pro-regime demonstrations displayed on IRI propaganda outlets like Press TV. They are fake news. As in this case of this video from Shiraz, the Islamic Republic is transporting its supporters by bus from one city to another, staging demonstrations there, filming them, and moving on to the next city to repeat the same routine. In some cases, such as the alleged pro-regime demonstrations in Neyriz, they are simply broadcasting old footage of Qods Day gatherings on state TV. On the contrary, precisely because the situation has crossed the point of no return, it is imperative for the Iranian people to receive every encouragement to persist in their valiant struggle. Otherwise, those with the worst intentions will seize this opportunity to take up the mantle of opposition to the Ayatollahs.

President Trump should maintain his public support for the uprising in Iran. However, he should under no circumstances authorize a US military intervention in Iran. Moreover, the White House must prevent the governments of Israel and Saudi Arabia from manipulating the situation in Iran with their support for ethnic separatists and other terrorist organizations such as the MEK/MKO/NCRI. No one should militarily engage the Islamic Republic (even outside of Iran), as this would give the regime an excuse to crush any attempted coup as an act of treason. Finally, the President and his cabinet (i.e. Secretary Tillerson) would be well advised to never use the term “Arabian Gulf” again. It almost completely cost them their credibility with a population that could potentially turn Iran into America’s most reliable long-term strategic ally in the Islamic world.

At the same time, Americans should not impose their expectations upon Iran or be deceived by an opportunist like the Crown Prince simply because he mirrors those expectations. In view of how the current uprising began, one can project that it will not end with free elections and wholesale replacement of the Islamic Republic by foreign-based opposition. Rather, we are headed for a coup d'état by members of both the IRGC and the national military, a coup which preserves certain formal structures of the Islamic Republic while replacing its ideological content through a top-down cultural revolution.

That is as it should be. This uprising is not about democracy, human rights, and secularism. It is about the idea of "Iran", which is an inherently imperial idea. The repudiation of the Rouhani government is also a rejection of the international community's denial of Iran's right to nuclear weapons. Given its glorious world-historical civilization and incomparable geostrategic position, Iran should certainly have nuclear weapons as a deterrent against the numerous nuclear-armed rivals that surround it (recall that Russia alone is responsible for militarily conquering and colonizing one-third of Iranian territory, and that Pakistan's nuclear arsenal is essentially owned by Saudi Arabia). "Neither for Gaza, nor for Lebanon, I'll sacrifice my life for Iran!" is not a slogan of retreat or surrender. It is just that the sixth Persian Empire will have no place for the Palestinians or Hezbollah.

Iran is surrounded by 10 artificial states, and at least half of them were former provinces – some, for example northern Azerbaijan and large parts of Georgia in the Caucasus, were still part of Iran as recently as the 19th century (which is yesterday in terms of Iranian history). That Iranians are not willing to waste their lives and their hard-earned money on protecting Lebanese, Palestinian, Syrian, and Yemeni Arabs, does not mean that Iran can be prevented from re-integrating territories that have been part of at least five successive Persian Empires, including Iraq and the Tajik (i.e. Persian-speaking) regions of Afghanistan and Central Asia. As soon as he became the Revolution, Napoleon formed an Empire. Westerners (and irredeemably Westernized Persians) need to stop agitating for democracy in Iran. They should prepare themselves for the rise of Bonapartist Persia.

vendredi, 12 janvier 2018

Protecting the Belt and Road Initiative From US-Led Terrorism: Will China Send Troops to Syria?

Protecting the Belt and Road Initiative From US-Led Terrorism: Will China Send Troops to Syria?

Ex: https://www.stratgic-culture.org

An interesting theme concerning Syria is the involvement of the People's Republic of China in the conflict. While China’s diplomatic and economic assistance has been constant, its military contribution to Syria is less known. It is important for China and Russia to contain and defeat the terrorist phenomenon in the Middle East, as well as to defang the strategists in the US deep state who are unceasing in their efforts to employ jihadism as a weapon to destabilize Eurasia’s integration projects.

The Jihad International, under the economic and strategic guidance of the United States, has recruited tens of thousands of terrorists over the years and sent them to Syria. Among these, a significant number come from the Uighur ethnic group, situated in the autonomous Chinese province of Xinjiang, particularly from the city of Kashgar, geographically located in the extreme west and close to the borders of Kyrgyzstan and Tajikistan.

The employment of ethnic and religious minorities to destabilize the majority of a given population has been an ancient artifice repeatedly relied upon by great powers. We thus remember how radical Islam was used in Chechnya to strike the Russian Federation at its "soft underbelly" in the south-west of the country. Two wars and repeated terrorist attacks show the area has yet to be fully pacified. The Wahhabis, a Sunni (anti-) Islamic minority, have shown themselves to be the perfect spark to ignite the tensions between Shiites and Sunnis in the Middle Eastern region and beyond. The case of the Uighur Islamist extremists in Xinjiang is no exception, and the Chinese central government is well aware of the potential danger from an internal uprising or targeted sabotage in the region. Not surprisingly, there has been a tightening of security measures in the region, with exercises against terrorist attacks and riots carried out by police and paramilitary groups. Beijing does not underestimate the danger posed by populations susceptible to foreign manipulation.

While the economic support for Uyghur Islamist separatists more likely derives from Turkey than Saudi Arabia (for historical reasons), it is worth highlighting the highly proactive attitude of China in addressing the issue. As well as beefing up internal security and having a policy of zero tolerance towards such extremist ideologies, Beijing has since 2011 been contributing economically and diplomatically to the Syrian war against the jihadists.

Official estimates place about 5,000 Chinese Uyghur terrorists in Syria, and Beijing’s strategy has reflected the one already implemented in the Russian Federation. Rather than waiting for highly trained killers to return home, it is better to confront the danger in a foreign land, thereby gaining a strategic and tactical advantage over those financing and manipulating terror, which is to say the American deep state and its military and security apparatus.

Thus far, there has been a continuous support of the Syrian government coming from Beijing, both economic and diplomatic. However, rumour over the last few weeks has it that Chinese special forces and war veterans will be deployed to Syria to eliminate the Islamist threat breathing down on China’s western border.

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As always, when Beijing decides to move, it does so under the radar, with extreme caution, especially militarily. Chinese military strategists intend not only to act pre-emptively against internal destabilization, but to also respond asymmetrically to American involvement in the South China Sea and other areas lying within the China’s sphere of influence. The insertion of Chinese troops into the Middle East (albeit in limited numbers) would signal an epochal change in the region, a change that was instigated by the Saudi-Israeli-American trio in an effort to employ controlled chaos through Islamist terrorism but which is proving to be a chaos that they are incapable of controlling.

Preventing the spread of terrorism in Asia, and more generally in Eurasia, is understandably an important goal for Russia and China, especially in view of ambitious infrastructure projects like the Belt and Road Initiative (BRI). Much of the success of this project will depend on how well the Chinese government and its partners (Pakistan, Afghanistan and Turkey in particular) will be able to prevent destabilization through the fanning of ethnic and religious tensions along the route of the BRI, such as in Pakistan.

China’s foray into Syria will involve a few special-forces units, namely: the Shenyang Military Region Special Forces Unit, known as the "Siberian Tigers"; and the Lanzhou Military Region Special Forces Unit, known as the "Night Tigers". These units will have responsibilities for advising, training and conducting reconnaissance. Similar to the Russian engagement in Syria, Chinese involvement will remain as hidden and limited as possible. The Chinese goal, unlike the Russian one, concerns the gaining of urban-warfare experience, in addition to hunting jihadists, and more generally, to test Chinese military readiness in war conditions, experience of which is lacking in Beijing's recent experience.

China’s involvement in Syria is less obvious than that of the Russian Federation. The strategic objectives of the Chinese vary greatly from that of the Russians, especially vis-a-vis the Russian ability to project forces a long way from home.

The Chinese and Russians are increasing their operational capabilities, both in terms of defending their territorial boundaries as well as in their ability to project their power as a result of increased naval and aerospace capabilities. Syria offers Beijing the perfect opportunity to include itself in the global fight against terrorism, thereby preventing possible terrorist insurgencies at home. Further, it serves to send a clear message to rivals like the United States who might have thoughts of using Islamic terrorists to destabilize China. Beijing is aware of the perverse employment of terrorism to advance geostrategic goals by its Western adversaries and has no intention of succumbing to waves of attacks or chaos coordinated by the Western powers. Prevention is better than cure, and Russia and China seem to have completely embraced this philosophy by deciding, in different ways, to assist allies like Syria, Egypt and Libya to fight terrorism.

In terms of diplomacy and economic aid, the Sino-Russian contribution could prove decisive in linking the Middle East and North Africa to major projects under development, such as the BRI (Belt and Road Initiative) and the Eurasian Union. We are still at the preliminary stage for the time being, even as 2018 could end up being the year that major conflicts in the Middle East and North Africa (MENA) region end, with the prospect of economic reconstruction being at the forefront.

mardi, 09 janvier 2018

Un équivalent des groupes terroristes “ISIS” en Amérique Hispanique ?

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Un équivalent des groupes terroristes “ISIS” en Amérique Hispanique ?

Universitaire

Ex: https://metamag.fr

L’horreur qui a surgi de la seconde guerre mondiale, les armées  de l’OTAN, en réalité le  MI6, la CIA et leurs divers collaborateurs  a conduit à la destruction actuelle de l’Europe, où les soviets de la finance et les congrégations multinationales terrorisent les populations avec l’appui de ces services spéciaux qui entraînent et arment des mercenaires venus du vaste monde, regroupés sous l’acronyme ISIS.

Le but  étant connu, la domination du monde sous l’égide du totalitarisme marchand, les méthodes qui ont détruit l’Europe devraient s’appliquer aussi aux autres continents. Il n’est pas sûr que les  asiatiques se laissent manipuler désormais, mais l’Amérique Hispanique est beaucoup plus ouverte à la destruction. Des gangs kleptocratiques sont installés là depuis des siècles, sans préoccupation autre que le pillage, et l’Eglise officielle est au service de cette global invasion. Reste à préciser les degrés de la destruction.

Deux exemples nous aideront à discerner les horreurs en préparation

Les tenants de la global-invasion savent qu’en Amérique Hispanique ils trouvent de l’eau, des minéraux, des paysages “touristiques” ou écologiques, des ressources forestières. Ils veulent les voler. Comment faire ? Le Paraguay nous permet de comprendre la première méthode, alors que le problème ethnique des Mapuches nous aide à cerner la seconde.

Le Paraguay en effervescence.

Ce fut vers le mois d’août 2016 qu’au Paraguay un groupe armé attaqua une patrouille de la Force de Suveillance Conjointe Argentine-Paraguay. Huit militaires furent tués et le groupe d’assaut prit leurs armes et gilets pareballes. Le coup de main fut revendiqué par un groupe nommé Armée du Peuple Paraguayen (APP) dont on suppose qu’il entretient des liens avec les FARC colombiennes. Mais ce n’est pas clair. L’APP se proclame marxiste-léniniste depuis sa fondation en mars 2008. Son aire d’activités subversives se situe près de la frontière avec le Brésil, dans les régions du nord-est du Paraguay là où régne la forêt vierge, une population clairsemée et où l’État est absent. Cette troupe terroriste s’auto-proclame “les fils du pauvre peuple du Paraguay” et copie les méthodes  des groupes “révolutionnaires” des années 70, pratiquant l’expropriation et les enlèvements avec rançon. Son trésor de guerre ainsi constitué  s’approcherait des trois millions de dollar. Ils occupent un vide créé volontairement par l’État paraguayen dont l’oligarchie est alliée aux multinationales de produits transgéniques qui exploitent les meilleures terres. Mais ces marxistes refusent tout tout le temps, ne veulent rien savoir des problèmes sociaux spécifiques aux agriculteurs de la zone ni acceptent une réforme agraire. Étrange….

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Les Mapuches : un instrument de destruction des États-Nations ?

Tout le sud du continent américain est peuplé de tribus qui se reconnaissent dans le qualificatif ethnique de Mapuche. Ils luttent pour la “récupération” de territoires tant au Chili qu’en Argentine et les conflits sont quasi quotidiens. Il y a un an à peu près, en novembre 2016, par exemple, des types aux faciés camouflés sous des cagoules avaient incendié un centre appelé “Plantas del Sur” dont l’activité principale est la vente et l’exportation de fraises, situé dans la province de Chubut. Ils incendièrent ensuite un hangar où furent détruits de nombreuses machines agricoles . Le groupe d’assaut signa son forfait de l’acronyme RAM (Résistence Ancestrale Mapuche). De tels actes se perpétuent dans d’autres zones : destruction de matériel des ponts et chaussées dans l’entreprise Magri, située sur les bords de la rivière Azul dans la ville de El Hoyo ; l’incendie d’une structure appartenant au syndicat local du pétrole (région Chubut) ainsi que celle d’installations, propriété de la multinationale Benetton. Etc.

La coordination MAPU (Mouvement Autonome du Peuple Mapuche) revendique par ces moyens-là son droit historique à la propriété du territoire dont ils ont été dépouillés dès l’arrivée des “conquérants” espagnols et affirme en même temps qu’elle défend les ressources naturelles. Les guerriers de l’acronyme RAM se présentent comme des révolutionnaires de logique ancestrale dont le projet consiste à reconstruire le monde Mapuche puis de le conduire à la libération nationale. Ils prétendent récupérer une terre qui leur appartint. Il n’y a aucune étude précise de ce que fut la présence indigène dans ses régions, ni prise en compte de l’importance réelle de ces groupes au XIXème siècle. Ils affirment un droit à restitution de territoires…Ce droit n’émerge pas d’une antique législation indigène, mais s’appuie sur les droits crées par la Constitution argentine et les traités internationaux signés en 1994.

carte-territoire-mapuche.jpgLes ennemis des Mapuches sont les politiques qui gèrent ces territoires et les congrégations multinationales qui exploitent pétrole, électricité, mines, tourisme. On citera Benetton, propriétaire de 900.000 ha dans les provinces de Rio Negro, Chubut et Santa Cruz ; Joe Lewis, ex-propriétaire de la chaîne Hard Rock ; Ted Turner, Georges Soros, Perez Companc, Amalita Lacroze de Fortabat, etc.

Les gouverneurs régionaux tiennent un discours d’intégration et sont accusés de freiner l’avance des Communautés indigènes vers leur conscience ancestrale. Mais lorsqu’on cherche qui est le chef (ou l’un des principaux responsables) de l’organisation RAM, on découvre qu’il s’agit de Francisco Facundo Jones Huala dont le père est d’origine britannique et la mère appartient à une famille de chefs mapuches. Sert-il les intérêts des mapuches ou plutôt ceux de quelques tyrans  qui veulent détruire les États-nations ?

Des évolutions cohérentes en direction de la destruction des États

On entend fréquemment évoquer la nécessité d’un développement local qui passe systématiquement par une phase de municipalisation des sols, base de transfert de pouvoir incognito, sans que l’État ne soit informé. Non seulement les Mapuches et autres organisations de “lutte”  cherchent à éliminer l’État mais les transnationales  procèdent de même, de sorte que se télescopent les revendications à partir de légitimités affirmées très diverses : la législation de l’État, celle des municipalités, les droits révélés de la charte des droits de l’homme…

Les conflits ne peuvent trouver de solutions dans ces circonstances d’autant que les États ont accepté de se retirer peu à peu tant en matière de sécurité que dans le domaine juridique. Les pillards de la global-invasion et les vautours d’une pseudo-libération marchent main dans la main contre l’État qui fut et reste cependant la structure de mise en forme et de défense de toute vie collective harmonieuse.

vendredi, 05 janvier 2018

Les nœuds gordiens de la géopolitique post-occidentale, recensés en quelques cartes

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Les nœuds gordiens de la géopolitique post-occidentale, recensés en quelques cartes

Gérard Dussouy ♦
Professeur émérite à l’Université de Bordeaux.

Ex: https://metamag.fr

La géopolitique mondiale n’est plus ce qu’elle était. Sa configuration s’est transformée depuis le dernier quart du vingtième siècle parce que les acteurs internationaux dominants ne sont plus les mêmes. Au point que nous n’hésiterons pas à parler désormais d’une géopolitique post-occidentale, en ce sens que la géopolitique mondiale n’est plus ordonnée, ni même maîtrisée, par l’Occident.

Et le changement, dont le moteur principal a été ces dernières années le facteur économique, va s’accentuer au cours des décennies qui viennent sous la pression de certaines mutations technologiques, mais surtout de phénomènes structurels, tantôt humains (déséquilibres démographiques, migrations et nouveaux hégémonismes), tantôt naturels (réchauffement climatique). Dans le complexe d’espaces que la géopolitique systémique s’efforce d’interpréter, chacun d’entre eux a sa logique de structuration, et comme ils sont, à la fois, interactifs, différents et inséparables, il n’est pas simple de prévoir la tournure générale que ce changement prendra. Cela dépendra de la façon, plus ou moins dramatique, ou plus ou moins bien régulée, dont les hommes et leurs institutions trancheront les nœuds gordiens de la géopolitique qu’ils ont mise en place, délibérément ou pas.

Le premier d’entre eux réside dans les relations compliquées, parce que faites d’interdépendances et de rivalités potentielles, qu’entretiennent les principales puissances mondiales, la Chine et les États-Unis au premier chef. Le second se démutiplie, en quelque sorte, dans les régions ou les zones réputées être les plus instables, les plus conflictuelles, de l’espace géopolitique, où différentes situations pourraient dégénérer. Le troisième consiste dans la capacité qu’auront les hommes à faire face à la multiplication de leur nombre, et aux tensions qui vont avec, en se garantissant une croissance économique durable et suffisante. Le quatrième, qui pourrait s’avèrer le plus déterminant, mais qui reste le plus imprévisible, est celui du niveau d’adaptation des humains au réchauffement climatique et à ses effets perturbants, sachant qu’il apparaît inéluctable, et peut-être plus fort que prévu.

Chacun de ces nœuds gordiens est intéressant en soi parce qu’il met en exergue l’un des différents enjeux épistémologiques de la géopolitique globale, qu’il s’agit de prendre comme un Tout (tous les espaces factoriels sont à considérer), lequel ne relève pas des mêmes valeurs, dîtes universelles, mais qui s’affirme de plus en plus comme étant un plurivers (un lieu de rencontre de visions du monde et de cultures concurrentes).

Néanmoins, il n’est pas question de les analyser ici chacun en profondeur, mais, seulement, d’exposer leur bien-fondé avec des cartes qui peuvent s’avèrer plus explicites que de longs discours. C’est le rôle heuristique des images que d’ouvrir la voie à la réflexion, sans imaginer une seconde qu’elles puissent se suffire à elles-mêmes et se substituer à l’analyse.

I – L’espace géopolitique post-occidental.

La carte géopolitique du monde a, d’ores et déjà, changé de polarité. C’est la conséquence de la montée en puissance de l’Asie, de l’installation de la Chine au cœur du système économique mondial, du déclin de la puissance des Etats-Unis, et de l’inexistence de l’Europe.

Carte n° 1, la Chine au centre du monde.

Source : Le basculement du monde. Manière de voir n° 107. Editions du Monde Diplomatique.

La Chine, désormais première puissance économique mondiale (si l’on prend comme taux de change la parité des pouvoirs d’achat), a pris, du même coup, de façon intentionnelle, mais cela relève aussi de la mécanique de la puissance, l’initiative en matière de politique internationale. En effet, elle développe depuis quelques années une « grande stratégie », dans le cadre du « nouveau multilatéralisme » qui caractérise, selon les dires de ses dirigeants, la situation internationale (Panda, 2011). Cette géostratégie* chinoise s’appuie en particulier sur les autres BRICs (Brésil, Russie et Inde) avec lesquels elle entretient des relations renforcées. Son objectif est de prévenir, ou d’écarter, toute politique d’encerclement des États-Unis et, dans la mesure du possible de les isoler au maximum. Dans cette perspective, elle peut compter sur l’affaiblissement financier de ces derniers, frappés par un endettement sans précédent : 20 000 milliards d’endettement public en 2016, soit 100% du PIB, 60 000 milliards de dollars de dettes privées, et un déficit extérieur plus béant que jamais (750 mimmierds de dollars). Au point que des experts évoquent la possibilité d’un krach de Wall Street dans les années proches. Sachant que la Chine est le premier créancier de l’économie américaine (presque 10% de la dette publique US), elle pourrait tenir bientôt le dollar à sa merci. Mais, ce n’est pas son intérêt immédiat de mettre fin à son rôle de devise internationale, même si cela devait se faire un jour. Son marché intérieur en pleine expansion étant encore trop limité, la Chine a besoin de déverser ses exportations dans celui des États-unis. Certes, afin de garantir l’avenir de ses créances, certains économistes ont évoqué le scénario d’une Chine imposant aux Américains une politique déflationniste à l’instar de celle imposée par Berlin à la Grèce ( Panda, 2011, p. 40).Mais c’est une arme à double tranchant.

La fongibilité de la puissance, à savoir son transfert d’une capacité à une autre, comme de l’économique au militaire, par exemple, n’est jamais évidente et exige du temps. Mais, elle est toujours suffisante pour que l’on s’interdise de séparer, comme on l’a fait trop longtemps, et comme certains continuent à le faire, ce qui est la géopolitique stricto sensu, celle des territoires, et la géoéconomie ; mais également la géodémographie, la géoculture ou, pourquoi pas selon la terminologie de Deleuze et Guattari, la géophilosophie. La montée en puissance de l’économie chinoise ne peut donc qu’encourager Pékin à prendre des initiatives diplomatiques, parallèlement à la modernisation de ses forces armées ; en attendant de pouvoir, un jour, maintenant que la Chine a renoué avec ses traditions, exercer son influence culturelle et idéelle.

Carte n°2 : Les partenaires de l’OCS.

Source : Population Data.net

Le déploiement diplomatique de la Chine en Asie a pour principal instrument l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), fondée en 2001. Conçue à l’origine pour combattre ce que les Chinois appellent les « trois maux » du terrorisme, du séparatisme et de l’extrémisme, l’organisation a facilité le rapprochement russo-chinois, face à la présence américaine en Afghanistan et face à la pression de Washington sur l’Iran, mais elle est aussi au départ d’un certain nombre de coopérations économiques (c’est dans l’ordre géopolitique des choses), en matière de ventes et de transports d’hydrocarbures en particulier. Tout cela fait que l’OCS s’apparente de plus en plus à un G8 exclusif (par rapport aux États-Unis), mais qui se tourne aussi vers le Golfe Persique et vers l’Europe.

Carte n°3 : les nouvelles routes de la soie.

Source : Map Attribute : China’s « One Belt, One Road », 2016.

C’est en partie dans le cadre de l’OCS (pour des besoins de co-financement), bien qu’il s’agisse d’une intitiative éminement chinoise bien accueillie par l’Union européenne, que s’est opérée la renaissance « des routes de la soie ». Avec parmi elles, celle qui mérite le plus le nom, parce qu’elle traverse l’Asie centrale, et qui, depuis cette année, relie notamment Wuhan à Lyon (11 300 km parcourus en quinze jours). Dans l’ensemble, il s’agit de mettre en place un réseau ferroviaire entre 16 villes chinoises et 15 villes européennes sur lequel Pékin compte voir circuler 5000 trains par an d’ici à 2020. L’objectif est de faire transférer par la voie terrestre une part de plus en plus élevée du commerce qui grandit entre la Chine et l’Europe. Actuellement, ce renouveau fait surtout l’affaire de la Chine puisque les flux Est-Ouest sont le double que dans l’autre sens. Il s’inscrit dans le projet chinois de devenir le pays manufacturier leader d’ici à 2049, et dont il faudra exporter la production. Imitant en cela le plan allemand d’Industrie 4.0, dont l’objectif est la production standardisée d’outils de production, le plan « Made in China 2025 » entend redoubler les dépenses en R&D afin de faire de la Chine une grande puissance technologique à l’horizon du centenaire de la révolution maoïste.

Carte n° 4 Les points de tension entre les deux géants asiatiques

Source : Caution India, Janvier 2011.

Evidemment, la nouvelle configuration géopolitique, celle qui correspond au leadership asiatique, n’est pas dépourvue de rivalités au cœur même de l’espace devenu référentiel. La Chine et l’Inde, pour ne parler que d’elles, sont deux États-continent d’une masse critique comme il n’en a jamais existé dans l’histoire. Culturellement, tout les oppose, et à la compétition politique et commerciale qui, immanquablement, va s’instaurer entre elles, s’ajoute un certain nombre de contentieux territoriaux. De la façon dont évolueront leurs relations bilatérales, plutôt apaisées à l’heure actuelle, et sachant qu’on peut prévoir qu’elles s’inscriront dans un jeu triangulaire avec les Etat-Unis, dépendra l’équilibre asiatique qui commandera à celui du monde.

II – Les régions les plus problématiques de la géopolitique post-occidentale.

La géopolitique post-occidentale ne sera pas exempte de luttes hégémoniques. Pas moins que ne le furent les périodes précédentes. Dans l’avenir le plus proche, c’est entre la puissance chinoise en pleine ascension, et de plus en plus sûre d’elle-même, et la puissance américaine, encore forte de son potentiel militaire et technologique, que des tensions sont à prévoir. Surtout si les États-Unis ont le sentiment de revivre le « cauchemar de Mackinder » (du nom du géographe anglais qui, au début du 20ème siècle, redoutait l’unification du continent européen par l’Allemagne ou par la Russie, avec pour conséquence l’exclusion du Royaume-Uni) (Dussouy, 2006). C’est-à-dire l’impression de se retrouver eux-mêmes « exclus » d’Eurasie par la Chine, à la suite des alliances qu’elle aura concoctées avec les autres puissances de l’Ile Mondiale. Une issue que le déploiement diplomatique chinois, par l’intermédiaire des BRI ou de l’OCS, et commercial, via les routes de la soie, pourrait accréditer.

Carte n° 5 : La politique de containment de la Chine par les États-Unis.

Source : Limes, Rome 9/9/2014.

A plusieurs reprises, réagissant aux initiatives américaines qu’un tel schéma (hypothétique) peut inspirer, les dirigeants chinois ont dénoncé la stratégie d’encerclement conduite par Washington. Affaire de perspective, de vision, certes, mais qui peut avoir des conséquences graves car le dispositif de surveillance militaire mis en place par les États-Unis dans le Pacifique ouest recoupe les nombreux axes de rivalité qui fractionnent la bordure océanique de l’Asie de l’Est.

Carte n°6 : Les rivalités territoriales 

Enfin, depuis l’été 2017, l’Asie de l’Est se trouve un peu plus à l’avant-scène de la géopolitique mondiale à cause de son « trublion nucléaire », la Corée du Nord. En quête de reconnaissance internationale, le régime de Pyongyang a montré qu’il disposait d’une panoplie de vrais missiles intercontinentaux (ICBM) susceptibles d’emporter des bombes nucléaires. La réalité de la menace qu’entend faire planer le dirigeant Kim Jong-un sur ses voisins et sur les États-Unis, principale cible diplomatique, est difficile à appréhender. On peut imaginer que, sauf accident ou réaction inconséquente de l’une des parties concernées, comme lors de la « crise des missiles » de Cuba, en 1962, on va s’acheminer vers un marchandage régional dans lequel, en contrepartie de son arbitrage, Pékin obtiendra des compensations dans les litiges (politiques ou commerciaux) que la capitale chinoise peut entretenir avec Washington.

Carte n°7 : Portée estimée des missiles nord-coréens

Sur l’autre face de l’Asie, et au-delà jusqu’au Nord de l’Afrique, s’étire le monde musulman que les géostratèges américains ont pris l’habitude de diviser en trois espaces stratégiques, et qui est, sans aucun doute, aujourd’hui, la région la plus tourmentée de la planète. Elle recelle de nombreux enjeux bien connus, qui attisent toujours la convoitise des grandes puissances économiques, mais aussi de nombreux dangers dont le plus évident, de nos jours et pour de nombreuses années à venir, est d’abriter les bases du terrorisme islamiste. Même si l’Etat du même nom est moribond. Car dans le vaste espace musulman sourde un hégémonisme, qui ne dit pas son nom, insuflé par la conjonction du dynamisme démographique, de la richesse financière, et d’une foi religieuse exclusive.

Carte n°8 Les trois espaces stratégiques du monde musulman

A l’Est, la zone formée par l’Asie Centrale et le Caucase est celle où sévit la guerre d’Afghanistan dans laquelle s’empêtrent encore les Américains, sous le regard attentif des Russes et des Chinois, mais aussi de la puissance montante de l’Iran, qui tous ont des intérêts économiques politiques, stratégiques, à faire valoir. Au centre, le Moyen-orient proprement dit est la région perturbée que l’on sait pour des raisons qui n’ont pas changé depuis des décennies, mais auxquelles se sont surajoutées la destruction d’abord, la déstabilisation ensuite, de l’Irak, la guerre civile syrienne, et l’activité meurtrière du terrorisme des fondamentalistes. A l’Ouest, en Afrique du Nord, depuis le fiasco des printemps arabes, la Libye constitue la principale préoccupation des chancelleries et des stratèges occidentaux.

Carte n°9 : Les régions les plus tourmentées de la planète.

Source : Le Monde Diplomatique.

Quant à l’Europe, cantonnée maintenant à la marge de la scène mondiale (ce qui risque fort de rester définitivement sa place en raison de son incapacité à s’unir), elle n’est pas exempte de tout risque de conflit. En effet, la situation demeure tendue entre l’Ukraine et la Russie, et aucune solution politique n’a encore été trouvée pour surmonter de façon satisfaisante, pour toutes les parties, le problème de la dissidence du Donbass. De surcroît, la « crise ukrainienne » éloigne l’Europe et la Russie l’une de l’autre, alors que tout tend à démontrer que, dans la nouvelle configuration géopolitique du monde, elles sont deux « alliés naturels » (Dussouy, 2013).

Carte n°10 : Le différend entre l’Ukraine et la Russie.

Mais, marginalisation ne rythme pas avec sécurisation ou avec mise à l’abri. L’Europe n’est qu’une pièce du système mondial qu’elle a contribué à mettre en place. Elle est directement concernée, au même titre que les autres continents, par les grands flux planétaires de toutes natures.

 III – Quelles conséquences géopolitiques de la surpopulation africaine (… et indienne) ?

En effet, l’Europe est désormais le premier continent d’accueil des migrants internationaux (34%), suivie par l’Asie (28%), l’Amérique du Nord(23%) l’Afrique (9%) et enfin l’Amérique Latine-Caraïbes (4%L L’Allemagne, à elle seule concentre 5% des migrants internationaux (468 800 entrées en 2014 contre 259 800 en France). Seuls les Etats-Unis (20%) en accueillent plus. Les principaux pays d’émigration sont l’Inde (16 millions), le Mexique (12 millions), la Russie (11 millions) et la Chine (10 millions), en 2015 (Bloom, 2016).

Carte n° 11 : Les migrations internationales.

L’une des plus importantes migrations intercontinentales de l’histoire récente s’est produite en 2015, avec l’exode de plus d’un million de Syriens vers l’Europe. Depuis, bien que d’une amplitude un peu moindre, le phénomène des migrations depuis l’Afrique et le Moyen-Orient à travers la Méditerranée crée des zones de tension aux points de passage entre les deux rives de cette mer, surtout en Italie, en Gréce et dans les Balkans, et maintenant en Espagne.

Carte n° 12 Les zones de tension en Méditerranée.

Source : RT 1/08/2015

Or, ces vagues migratoires qui affectent l’Europe sont probablement les signes avant-coureurs de grands mouvements de population, tant la conjoncture de la démographie mondiale paraît devoir se compliquer. La Terre portera près de 10 milliards d’habitants en 2050, contre 7,5 milliards en 2017, et entre 11 et 12 milliards en 2100. L’effet d’inertie de la croissance passée (c’est-à-dire l’existence d’une forte proportion de jeunes adultes dans la population mondiale) et le maintien de la fécondité à un niveau élevé en Afrique sub-saharienne expliquent cela. Questions : la croissance économique sera-t-elle à la hauteur ? Pourra-t-elle garantir un niveau de vie décent à tous les hommes, quand on sait que des économistes, dont le Français Daniel Cohen, envisagent l’entrée probable de l’économie mondiale dans une phase stationnaire de longue durée (Cohen, 2016) ? Le maintien des niveaux de vie des pays avancés est-il compatible avec une concurrence internationale des travailleurs de plus en plus éxacerbée ? Pessimiste, l’ethnologue Levy-Strauss considérait que 3 milliards d’individus était la charge maximale que pouvait supporter Gaïa pour que les hommes s’y trouvent bien !

Carte n° 13 : La population mondiale en 2050.

La croissance très inégale de la population du monde, selon les régions et les continents, depuis le milieu du 20ème siècle, engendre des déséquilibres qui se précisent, et qui s’expriment, à la fois, en nombre et par âge. Et c’est au niveau de l’Afrique, et dans une moindre mesure de l’Inde que le nœud gordien d’une démographie incontrôlée ou mal régulée apparaît le plus complexe à défaire. Nul doute que la croissance de la population africaine est un défi pour l’Afrique elle-même, mais aussi pour la planète et particulièrement pour l’Europe, car on voit mal comment le développement économique et alimentaire du continent africain pourra suivre la croissance des besoins. Quant à l’Inde, qui a le mérite de faire partie des économies émergentes, son surplus de population risque cependant d’être un frein, mais, surtout, d’être mal perçu en Asie.

Carte n°14 , par anamorphose : La population de l’Eurasie et de l’Afrique en 2100.

La carte par anamorphose est une « carte quantitative » qui met en relief un facteur donné. Les superficies représentées sont proportionnelles, ici, à la population des différents Etats. L’anamorphose déforme le réel mais permet la mise en perspective d’un de ses éléments cruciaux.

Sans tomber dans les fantasmes (que la carte par anamorphose peut susciter), Il est tout à fait réaliste de penser que les déséquilibres répertoriés provoqueront des mouvements migratoires de très grande ampleur. Du niveau, peut-être, des migrations européennes du 19ème siècle, qui ont radicalement changé le peuplement de l’Amérique du Nord. Et puis, sans en être la cause directe, les disparités démographiques ont souvent favorisé les guerres dans le passé. Il faudra de nombreux miracles économiques pour écarter les risques de guerre.

IV – L’impact géopolitique imprévisible du réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique, qui s’est ralenti entre 1996 et 2014 pour repartir à la hausse depuis, semble inéluctable. On ne refera pas ici le débat légitime des experts, et l’on partira de l’hypoyhèse de ceux qui lui accordent une cause anthropique. Compte tenu, alors, de la faiblesse des mesures adpotées, à ce jour, pour en ralentir le rythme, la question principale qui se pose aux hommes et aux sociétés est, ni plus ni moins, que celle de l’adaptation aux circonstances. En effet, la force du phénomène (Cf. les degrès de température moyenne en plus, selon les latitudes) dictera sa loi, et il s’agira de s’en accomoder, parfois en recherchant des stratégies de survie.

Carte n° 15 : Le réchauffement climatique.

Au plan géopolitique les conséquences seront multiples. L’agriculture des latitudes élevées profitera de la montée des températures. Mais, partout ailleurs, celle-ci va faire baisser les rendements moyens mondiaux de cultures comme le riz (moins 3,2% pour un degré Celsius de hausse), le blé (moins 6%), le maïs (moins 7,4%). Il va de soi que les tensions ou les pénuries alimentaires qui naîtront de la baisse des rendements pourront déstabiliser de nombreux états.

L’irrégularité de la pluviométrie et la raréfaction de la ressource en eau, ici, mais les inondations catastrophiques et les décalages saisonniers des cultures, ailleurs, sont aussi des causes possibles de dérives politiques, tandis qu’un peu partout de nouveaux risques sanitaires vont surgir. Les situations les plus critiques seront celles créées par la conjugaison de la pression démographique et de la nouvelle contrainte climatique. Ce sont elles qui pourraient déclencher de grands mouvements belligènes de population, tels que l’histoire en a le secret.

Enfin, un changement géopolitique des plus prévisibles est l’ouverture de plus en plus grande de l’océan Arctique au commerce maritime international, mais aussi aux flottes militaires, et la meilleure accessibilité des ressources des zones polaires.

Carte n° 16 : Les enjeux de l’océan Arctique.

Source : La Croix 18/08/2015.

Conclusion

L’idée de ce bref article est de montrer, par la preuve des cartes, l’existence de dynamiques planétaires qui font que l’histoire n’est pas finie. Ces dernières incitent à avancer l’hypothèse d’une géopolitique post-occidentale, dont les problématiques sont de vrais nœuds gordiens pour le devenir des jeunes générations. Il serait temps qu’en Europe, on en prenne conscience.

Notes :

BLOOM, D.E., « Bouleversement démographique. Le monde va devoir affronter la croissance démographique, le vieillissement, les migrations et l’urbanisation », Finance et développement, Mars 2016.

COHEN, D., Le monde est clos et le désir infini, Paris, Albin Michel, 2015

DUSSOUY, G. Quelle géopolitique au 21ème siècle ? Bruxelles, Complexe, 2001.

DUSSOUY, G. Les théories géopolitiques, Paris, L’Harmattan, 2006.

DUSSOUY, G. Fonder un Etat européen, Blois, Tatamis, 2013.

PANDA, J. P, China’s « New Multilateralism » and the Rise of BRIC. A Realist Interpretation of a “Multipolar” World Order, Institute for Security and Development Policy, Stockholm, 2011.

  • Nous distinguons, pour notre part, la géopolitique qui est d’ordre ontologique parce qu’elle est une réflexion sur l’étant de l’espace mondial (la configuration des acteurs et des différents sous-espaces qui le constituent), et la géostratégie qui est l’action stratégique (sa pratique et son observation) des différents acteurs (étatiques ou privés) dans un espace considéré.

Kalter Krieg und transatlantische Netzwerke – gestern und heute

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Kalter Krieg und transatlantische Netzwerke – gestern und heute

Zur Ausstellung «Parapolitik: Kulturelle Freiheit und Kalter Krieg»

von Urs Knoblauch, Kulturpublizist, Fruthwilen

Ex: http://www.zeit-fragen.ch.fr

Nur noch bis zum 8. Januar 2018 widmet sich das Berliner Museum «Haus der Kulturen» (HKW) mit einer grossen Ausstellung und Veranstaltungen der Aufarbeitung der propagandistischen Kulturpolitik im Kalten Krieg ab den 1950er Jahren. Aber auch über diesen Termin hinaus bleibt das Thema aktuell.
Eine sorgfältige Aufklärung über diese wichtige historische Epoche ist nötig. Und sicherlich ist es kein Zufall, dass gerade das Berliner «Haus der Kulturen» für die Ausstellung ausgewählt wurde, stand doch dieses Haus für die hier dargelegten kulturpolitischen Aktivitäten im Zentrum. «Es wurde auf Initiative der beim amerikanischen State Departement in Berlin tätigen Eleanor Dulles gebaut, der Frau des politischen Hardliners und Aussenministers John Forster Dulles», so Paul Jandl im Artikel «Der Geheimdienst fördert die Kunst» in der «Neuen Zürcher Zeitung» vom 30. November 2017. Jandl schreibt weiter, dass es in der Familie Dulles viele gab, «die im ideologischen Halbschatten Amerikas Karriere gemacht haben, nämlich bei der CIA».

Der Kongress für kulturelle Freiheit

Der Kampf der politischen Systeme wurde nach dem Zweiten Weltkrieg in Europa und besonders in Deutschland und Frankreich, aber auch in Österreich und Italien in grossem Stil mit Millionenbeträgen in Kunst, Kultur, Medien und Bildung geführt. «Dafür steht beispielhaft der Kongress für kulturelle Freiheit (Congress für Cultural Freedom, CCF)», so der Text des HKW zur Ausstellung. Im «Kalten Kulturkrieg», so auch der informative Artikel zur Ausstellung in der «Süddeutschen Zeitung» (18./19. November 2017), wurde die kulturelle Hegemonie und «Moderne» auf allen kulturellen Gebieten des Westens befördert. Ab 1950 organisierte der CCF zahlreiche Kongresse, kulturelle Veranstaltungen mit berühmten Persönlichkeiten, um die amerikanischen Werte und politischen Anliegen in Europa gegen den Einfluss des Kommunismus und Sozialismus, der viele Anhänger gerade unter den Intellektuellen fand, zu verbreiten. «Ausgehend vom Pariser Hauptquartier unterstützte der CCF zahlreiche Kulturprogramme in Lateinamerika, Afrika und Südostasien und spann ein Netzwerk von Zeitschriften, Konferenzen und Ausstellungen, um die ‹universelle› Sprache der Moderne in Literatur, Kunst und Musik zu fördern».
Der CCF griff immer mehr in die «intellektuelle Debatte ein, indem er Künstler und Medien unterstützte. Nicht nur «Heinrich Böll und Sigfried Lenz sollen von den Aktivitäten des CIA-Kassenwartes profitiert haben», auch «wurden Zeitschriften gegründet, die sich zu wichtigen Instrumenten des Austauschs entwickelten. In Deutschland war es der vom amerikanischen Publizisten Melvin Lasky ins Leben gerufene ‹Monat›, für den André Gide und Arthur Koestler, aber auch Theodor W. ­Adorno und Hannah Arendt schrieben».
«1967 stellte sich heraus, dass der CCF im verborgenen von der CIA finanziert worden war, um den antikommunistischen Konsens und damit die hegemonialen Interessen der USA in einem Kalten Krieg der Kulturen zu befördern. Mit der Enthüllung des CIA-Skandals war der Ruf des CCF ruiniert. Zu offensichtlich waren die ideologischen Widersprüche und die moralisch zweifelhafte Verteidigung von Freiheit und Transparenz mit Mitteln, die sich ihrerseits der demokratischen Rechenschaftspflicht entzogen.» (HKW) So wurden 44 westdeutsche Zeitungen, auch die «Süddeutsche Zeitung», und wichtige Zeitungen der Nachbarländer, beispielsweise die «Neue Zürcher Zeitung», mit grossen Geldsummen «subventioniert».

Weg in die Postmoderne

Für den «Kalten Kulturkrieg» setzten sich über zwei Dutzend amerikanische Stiftungen neben den offiziellen und halboffiziellen Institutionen mit riesigen Millionen-Dollar-Beträgen ein. In der Musik wurde die Avantgarde, in der bildenden Kunst wurden vor allem die modernen, abstrakten Maler gefördert. «Jackson Pollocks Bilder und der vom Kongress für kulturelle Freiheit favorisierte Abstrakte Expressionismus waren Inbegriff formaler Freiheit bei gleichzeitiger Abwesenheit direkter politischer Botschaften», so im informativen Artikel der «Neuen Zürcher Zeitung». Dabei ging es nicht um die historische «Moderne» in Kunst und Architektur des beginnenden 20. Jahrhunderts, sondern um eine Abstraktion ohne Grundwerte, um eine inhaltliche Beliebigkeit und insbesondere um eine Abwertung der wertvollen europäischen Tradition der realistischen und wertorientierten Kunst und Kultur, die dann kaum noch gefördert wurde.
In der Berliner Ausstellung sind moderne Bilder von zahlreichen bekannten Künstlern zu sehen. Dabei wird das Spektrum von der propagierten radikalen Abstraktion (Ungegenständlichkeit) bis zur abgewerteten figürlichen Kunst (Realismus) gezeigt. Von der Art&Language-Künstlergruppe ist das grossformatige Guernica-Gemälde von ­Picasso zu sehen, welches im «Action-Painting-Stil» von Jackson Pollock in den 1980er Jahren umgestaltet wurde. Die Bilder wurden von den Kuratoren zusammengestellt unter dem offenen Begriff «Parapolitik», der die globale Dimension der Kulturpolitik im Kalten Krieg, die Instrumentalisierung, ihre Einflüsse und die «wandelnden Bedeutungen und Ziele» der Moderne und Postmoderne mitbezeichnet.

VB-TrKK.jpgEin Buch von Volker Berghahn

Zur komplexen Problematik, welche die Ausstellung thematisiert, ist das lesenswerte Standardwerk «Transatlantische Kulturkriege – Shepard Stone, die Ford-Stiftung und der europäische Antiamerikanismus» (Stuttgart 2004) des deutschen Historikers Volker Berghahn, der unter anderem an der Columbia University in New York lehrte, besonders informativ. Am Beispiel einer Schlüsselperson wie Shepard Stone (1908–1990), Stabsmitarbeiter in der «Ford Foundation», Sonderberater der USA im «Kalten Kulturkrieg» und von 1974 bis 1988 Leiter des einflussreichen Berliner Aspen-Instituts, erhält der Leser detaillierte Einsicht in das historische Quellenmaterial, das dokumentiert, wie ab 1945 an verschiedenen kulturellen Fronten um «die Hegemonialmacht innerhalb des westlichen Bündnisses» gekämpft wurde.
Die Literaturwissenschaftlerin, Filmproduzentin und Kulturpublizistin Frances Stonor Saunders hatte schon mit ihrem Buch «Wer die Zeche bezahlt – Die CIA und die Kultur im Kalten Krieg» (New York 2000; Berlin 2001) vielen Künstler die Augen geöffnet. Der damalige Rezensent des Buches, Norbert Seitz, beschrieb, wie «prominente westliche Intellektuelle beabsichtigt oder unbeabsichtigt zu Werkzeugen des amerikanischen Geheimdienstes wurden» («Süddeutsche Zeitung» vom 18.4.2001).

Auswirkungen bis heute

Die Kulturstrategie des Kalten Krieges hat bis heute grosse Auswirkungen. Zu Recht schreibt Paul Jandl in der «Neuen Zürcher Zeitung»: «Man darf sich nicht täuschen lassen. Wenn es darauf ankommt, wird sie [die Kunst, uk] noch immer zum Diener der Politik degradiert. Als 2003 klar war, dass die USA dem Irak den Krieg erklären werden, haben die Vereinten Nationen im New Yorker Hauptquartier den Wandteppich mit Picassos ‹Guernica› schnell verhüllen lassen. Präsident Bushs sogenannter Feldzug des Guten und Aussenminister Colin Powell vor Picassos Anti-Kriegs-Bild: Das hätte nicht gut ausgesehen.»
Die hier kurz dargelegte Thematik der Kulturkriege verdient weitere Vertiefung, gerade auch im Hinblick auf die Verhaltensforschung und Bildungspolitik, die Amerika im Zusammenhang mit dem «Kalten Kulturkrieg» zentral «förderte». Ebenso sind die heutigen ausgefeilten politischen Propaganda- und Manipulationsmethoden eines Edward Bernays sowie die Auswirkungen von Theorien und Praxis der «Kulturellen Hegemonie» von Trotzki und Gramsci einzubeziehen.
Wenn man die Programme und Aktivitäten zur Bildung im Haus der Kulturen in Berlin studiert, erkennt man die Aktualität der Ausstellung. Sie zeigt die Notwendigkeit auf, Begriffe wie «Kultur» und «Freiheit» nicht zu missbrauchen und genauer zu definieren. So können uns Ausstellungen und Bücher die Augen öffnen und zum Nachdenken anregen, auch über die Notwendigkeit einer Kulturethik, zum Mitwirken im ehrlichen, mitmenschlichen Sinn und dazu, dem grossen Reichtum der europäischen Kulturtradition mehr Sorge zu tragen.    •

Eine Publikation zur Ausstellung in englischer Sprache erscheint im Frühjahr 2018. Informationen unter: www.hkw.de  

jeudi, 04 janvier 2018

Afghanistan : les diplomates chinois dament le pion aux Américains

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Afghanistan : les diplomates chinois dament le pion aux Américains

Ex : http://www.zuerst.de

Beijing/Kaboul. La Chine essaie en ce moment de chercher un compromis voire une solution dans la conflit afghan et pourrait très bien obtenir le succès voulu : les diplomates chinois, en effet, sont parvenus à amener l’Afghanistan à engager un dialogue pacificateur avec le Pakistan dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Le gouvernement chinois avait préalablement suggéré aux Afghans un programme d’investissement de plusieurs milliards. L’année 2018 pourrait donc bien couronner de succès les efforts chinois à Kaboul car Beijing est prêt à accepter les Talibans à la table des négociations.

En déployant cette stratégie diplomatique originale, la Chine sera d’emblée plus sûre de ses succès que les Etats-Unis, dont la politique afghane s’est avéré un désastre complet. Les observateurs de la politique internationale considèrent que ces chances chinoises d’obtenir de meilleurs résultats vient tout simplement du fait qu’ils cherchent équilibre et harmonie tandis que les Etats-Unis viennent de critiquer violemment le Pakistan et n’ont qu’une seule politique en Afghanistan, celle de ne perpétrer que des coups de force militaires. Les Chinois, eux, peuvent se présenter comme des « amis » du gouvernement pakistanais alors que les Américains ne soutiennent que des politiques conduisant à des conflits de longue durée dans la région.  

L’initiative chinoise en Afghanistan s’inscrit dans le cadre de l’initiative dit de la “Route de la Soie”. La région de l’Hindou Kouch joue un rôle important dans cet énorme projet géopolitique, géostratégique et infrastructurel. Beijing y suit bien sûr une politique visant à sécuriser ses propres intérêts et ceux-ci postulent évidemment que la paix règne dans la région et que le conflit cesse de connaître une « escalade » perpétuelle.

Pour les Chinois, l’Afghanistan a un rôle concret à jouer sur l’échiquier eurasien où doit s’articuler le projet de la “Route de la Soie”. Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, l’a expliqué : « Sur le long terme, nous envisageons de relier le corridor pakistanais avec le corridor économique du centre de la Chine puis avec le corridor économique ouest-asiatique à travers le territoire afghan ».

L’initiative chinoise en Afghanistan prolonge une tendance qui s’est mise en œuvre au cours des derniers mois : la Chine, en effet, a étendu son influence non seulement dans son environnement géographique immédiat mais aussi dans des régions plus éloignées d’elle, ce qui a amplifié l’éventail de ses intérêts géostratégiques, à un moment où les Etats-Unis se heurtent de manière de plus en plus frontale avec ses partenaires asiatiques et autres. Beijing renforce son réseau de relations internationales en optant pour une diplomatie visant l’équilibre et l’harmonie tandis que les Américains, en misant sur la force brutale et l’intransigeance impérialiste, accumulent les problèmes sans y apporter de solution.

mardi, 02 janvier 2018

Comparaison entre les moyens militaires américains et russes

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Comparaison entre les moyens militaires américains et russes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article du 29/12/2017, nous avions évalué rapidement ce à quoi correspondent ce que l'article avait nommé les « nouvelles forces armées russes »

Il est intéressant de comparer les moyens de celles-ci à ceux de l'armée américaine. Le site Russiafeed fournit des éléments à cet égard. Nous ne pouvons évidemment pas garantir la validité des chiffres. Disons seulement qu'ils paraissent très vraisemblables. Précisons qu'ils ne concernent pas les moyens aéro-navals, notamment en nombre de porte-avions et de flottes aériennes embarquées. Sur ce point l'Amérique dispose d'une supériorité écrasante. La Russie est en train de mettre au point de nouveaux missiles capables de traverser les barrières électroniques actuelles des navires américains. Mais l'US Navy ne restera certainement pas sans réponse.

Voir http://russiafeed.com/russia-vs-us-who-has-the-stronger-m...

Nous en retiendrons les éléments suivants:

Budget militaire annuel.
Etats-Unis $594 milliards, Russie $67 milliards.

Personnels d'active.
Etats-Unis 1.492.200, Russie 845.000

Bases militaires à l'étranger
Etats-Unis 800 dans 80 pays dont 174 en Allemagne, Russie 12 dont 10 dans les anciens Etats de l'Union soviétique à sa frontière sud, 2 autres l'une en Syrie et l'autre au Viet-Nam.

Arsenal nucléaire.
Nous ne reprendrons pas ici les chiffres. Disons que chacun des deux adversaires éventuels dispose de la capacité de rayer l'opposant de la carte mais aussi d'anéantir la Terre entière. Néanmoins, récemment, Donald Trump a ordonné de moderniser et renforcer les moyens américains, tètes nucléaires et ICBM, sans doute sous la pression du complexe militaro-industriel, toujours avide de nouveaux contrats, même s'ils ne reposent sur aucun besoin.

Aptitude à la « réponse asymétrique ».
On appelle ainsi, dans le cas des grandes puissances, la disponibilité de systèmes de défense aérienne, de systèmes de détection, de systèmes de défense anti-missiles. Or sur ce point la Russie, beaucoup plus exposée que l'Amérique aux attaques provenant des bases militaires qui l'encerclent, à mis au point divers systèmes qui semblent beaucoup plus efficaces que leurs homologues américains. Elle a pu les utiliser avec succès et les améliorer encore lors de la récente campagne en Syrie.

Le représentant russe à l'Otan a prévenu en été 2016 ses homologues des capacités de réponse asymétrique russes, non seulement peu couteuses, mais hautement efficace https://www.rt.com/news/337818-russia-nato-asymmetrical-r.... Voir aussi, en langue russe https://ria.ru/syria/20161006/1478654294.html?utm_source=...

Cyber-guerres.
Sur ce point, l'Amérique possède une indéniable supériorité sur la Russie, compte tenu du nombre et de la variété de systèmes d'espionnage, y compris spatiaux, dont disposent notamment la CIA et la NSA (National Security Agency). On peut penser que rien d'important de ce qui de passe à Moscou ou plus généralement en Russie n'échappe aux « grandes oreilles américaines.

Les capacités russes ont été volontairement surévaluées par le Pentagone et le Département d'Etat à propos de l'affaire dite du Russiagate. Il avait été dit que des Hackers russes étaient intervenus dans l'élection présidentielle américaine pour gêner la candidature d'Hillary Clinton. Mais après des mois d'enquêtes approfondies, les services américains n'ont jamais pu identifier la moindre cyber-intervention. Ceci n'est pas la preuve d'une « incomparable supériorité de la Russie dans la cyber-guerre », comme prétendu par le gouvernement américain, mais de l'absence de toute intervention russe d'ampleur, faute de moyens adéquats.

Dans son récent discours au Club de Valdaï, Vladimir Poutine avait ironisé sur la capacité de son pays d'intervenir dans la vie politique américaine avec des moyens électroniques. «  L'Amérique est un grand Etat et non une république bananière. Dites moi si je me trompe »

Opération « Regime change » en Iran ?

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Opération « Regime change » en Iran ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Quand on connait le crainte et la rage que suscite l'Iran en voie de devenir une grande puissance régionale, tant aux Etats-Unis de Trump que dans les pétromonarchies sunnites, il est tentant de penser que les manifestations de rue anti-gouvernementales qui se déroulent actuellement dans plusieurs villes d'Iran ont été provoquées ou du moins sont appuyées par les services spéciaux américains. Pourquoi ne pas renouveler une opération qui leur a si bien profité à Kiev?

Ces manifestations ont été initialisées, selon tous les observateurs, par la hausse des prix et la raréfaction des produits de première nécessité dans les milieux populaires. Mais aurait-ce été un facteur suffisant? D'autres phénomènes de même nature s'étaient déjà produit sans déclencher des réactions d'ampleur.

S'agit-il, plus vraisemblablement, d'une révolte des milieux religieux les plus intégristes contre le parti du président Rohani, accusé de faire trop facilement le jeu de « Occident », non seulement dans le domaine nucléaire mais en favorisant une libéralisation des moeurs, notamment à Téhéran. C'est possible, mais l'image qui vient d'être diffusée d'une jeune femme arrachant publiquement son voile devant une foule apparemment approbative, pourrait nourrir un argument opposé. Les plus libéraux des Iraniens pourraient reprocher à Rohani sa trop grande lenteur dans l'adoption des réformes.

Pour le moment, en attendant de nouvelles informations, nous ne pouvons nous empêcher au soir du 31/12, de penser que les manifestations avaient été préparées depuis longtemps par des organisations secrètes iraniennes achetées avec force dollars par la CIA et d'autres services occidentaux.

Réussir un changement de régime à Téhéran serait pour Washington un coup de maitre. Il permettrait de restaurer la puissance américaine au Moyen-Orient, mais aussi de signifier à Vladimir Poutine, allié de l'Iran, qu'il devra renoncer au rôle d'arbitre qu'il était en train de se donner dans toute la région, et au delà.

Note au 01/01/2017
On  lira ici une analyse très éclairante montrant comment la CIA et autres agences américiaines avaient préparé depuis au moins 6 mois une opération de changement de régime en Iran.
http://www.moonofalabama.org/2017/12/iran-early-us-suppor...

 

samedi, 30 décembre 2017

Europe et Russie: ne pas mettre en danger les points communs

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Europe et Russie: ne pas mettre en danger les points communs

Dans le Brandebourg oriental, la conférence avec Gabriele Krone-Schmalz et Matthias Platzeck a suscité un vif intérêt

par Eva-Maria Föllmer-Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 novembre 2017, au château de Neuhardenberg à l’est de Berlin, la journaliste et écrivaine Gabriele Krone-Schmalz et l’ancien Ministre-président du Land de Brandebourg et actuel président du Forum germano-russe Matthias Platzeck (SPD) ont pris part à un débat public. Le modérateur de la conférence était Frank Mangelsdorf, rédacteur en chef de la «Märkische Oderzeitung». Le thème de la conférence était «Les relations entre l’Europe et la Russie».

Le texte d’introduction parlait d’une «relation faussée entre l’Europe et la Russie» et commentait: «Indépendamment de la qualité des relations du moment, les deux parties ne sont nullement indifférentes l’une à l’autre, et l’intérêt fondamental de vouloir coopérer ne peut être nié. Il y a donc suffisamment de raisons de rechercher des voies vers un nouveau rapprochement.»
Les participants à cette réunion étaient au nombre de 200 environ, la plupart d’entre eux venus de Berlin. En juin, trois heures à peine après l’annonce de la conférence, tous les billets avaient été écoulés. Malgré tout, quelques intéressés tentèrent leur chance à l’entrée. Et pourtant Neuhardenberg, ça n’est pas vraiment la porte à côté. Il faut compter au moins une heure et demie depuis Berlin vers l’est, et traverser en partie le Margraviat de Brandebourg, le paysage le plus aquatique d’Allemagne, avec ses belles allées bordées d’arbres presque jusqu’à la frontière polonaise.

Comprendre la Russie: la meilleure des positions

Les participants y ont trouvé leur compte, ce que l’on a pu mesurer aux applaudissements fournis. Il en a été ainsi dès l’ouverture, lorsque Gabriele Krone-Schmalz a critiqué l’utilisation négative de la notion de «Russlandversteher» [personnes faisant preuve de compréhension envers Moscou, ndt.], terme dont elle est elle-même également souvent affublée. Elle n’a jamais compris pourquoi le mot de «comprendre» pouvait être utilisé de façon aussi négative, car la compréhension est à la base de toute démarche sensée. Pour elle, il est évident que la connaissance et la compréhension doivent être à la base de tout jugement (et non la condamnation). Donc, le fait de «comprendre» Moscou, d’être un «expert» de la Russie, est la meilleure des positions qu’on peut avoir.

Relations culturelles et humaines millénaires

A la question du modérateur sur les évènements des 27 dernières années, depuis l’enthousiasme initial de l’Ouest pour la Perestroïka et la Glasnost de Gorbatchev, et l’évolution de nos rapports avec la Russie, Matthias Platzeck a apporté la réponse suivante: la recherche des causes est toujours en cours, mais ce qui s’est passé est plutôt effrayant. La Russie, cependant, est un pays avec lequel nous avons des relations culturelles, humaines et sociales millénaires. Avec aucun autre pays, notre histoire n’est aussi étroite, et cela avec tous les hauts et les bas qu’elle comporte. Reste inoubliable, un postulat élaboré dans les années 1989/90: en Occident, on est parti de l’idée que nous avions gagné la guerre froide. Francis Fukuyama a publié son livre sur «La fin de l’histoire» et proclamé la victoire définitive de la démocratie occidentale et du capitalisme. Il n’y aurait à l’avenir plus qu’une seule superpuissance. Il y avait pourtant aussi la Charte de Paris et son idée maîtresse: «A présent, nous vivrons tous ensemble et en paix.»
Bien sûr, la Russie était toujours là. Mais le pays était accablé, et l’Occident n’avait pas vraiment réagi comme il l’aurait fallu. Au contraire, le concept dominant était que nos valeurs, notre démocratie, notre système économique étaient les meilleurs. Il ne restait donc aux Russes qu’à devenir comme nous, s’ils désiraient un meilleur avenir pour eux. Jusqu’à présent, on s’interroge encore trop peu sur l’histoire, les traditions, la mentalité de ce peuple. Et Platzeck de préciser qu’il était convaincu que la Russie et les Russes chercheront leur propre voie et qu’ils la trouveront.

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«Diktats idéologiques»

Mais l’Occident a réagi une fois de plus avec la «diabolisation de la Russie» [«Feindbild Russland»] aux tentatives de ce pays de trouver sa propre voie. La «russophobie» ne date cependant pas d’hier, selon Gabriele Krone-Schmalz. En Occident, on a toujours prétendu que nous avions gagné la guerre froide. Cependant, en disant cela, la guerre froide n’est pas automatiquement terminée. Pour qu’elle soit vraiment finie, il faudrait que les deux parties se considèrent comme gagnantes. Mais nous avons tout mesuré à l’aune de notre propre monde: chez nous tout est mieux et nous faisions tout mieux.
Gabriele Krone-Schmalz parle d’expérience. Pendant la période des bouleversements, elle était à Moscou correspondante pour la Russie de l’ARD – la 1re chaîne de télévision allemande – et elle l’a constaté elle-même: tout le monde s’y est précipité pour expliquer qu’il fallait faire ceci, et puis cela, et encore cela. «Tous ces diktats idéologiques ont mis fin à beaucoup de bonnes initiatives, et le font encore aujourd’hui», dit-elle. La Russie a dû surmonter simultanément trois révolutions: premièrement, le passage de l’économie planifiée à l’économie de marché, deuxièmement, de la suprématie du parti communiste à un système orienté vers l’Etat de droit et troisièmement, de l’Union soviétique à l’Etat national. L’Ouest a montré peu de compréhension en la matière. Au contraire, il s’est produit une mise sous tutelle occidentale accrue.

Si nous avions considéré les choses sur un pied d’égalité …

Matthias Platzeck sait de quoi il parle, quand il décrit les effets délétères de l’ère Eltsine sur l’amour-propre des Russes. A l’époque, on lui expliquait: «Maintenant, nous ne sommes plus rien du tout. Nous n’avons plus aucune importance dans le monde.» Si aujourd’hui, «dans la Russie profonde», on utilise dans une discussion les notions «économie de marché», «démocratie» ou «privatisation», cela jette un «froid glacial» dans la salle parce que, pour beaucoup de Russes, cela reste associé à leur pire traumatisme du passé récent, c’est-à-dire les années 1991–1998, durant lesquelles 95% de la population ont presque tout perdu.
«Le fait que nous ayons si peu pris tout cela en considération et avions été si peu attentifs, signifie un manque d’intérêt, sinon nous aurions agi différemment sur de nombreux points, si nous avions pris tout cela plus au sérieux, si nous avions considéré les choses sur un pied d’égalité», a ajouté Platzeck.

Journalisme sérieux …

La plupart des grands médias occidentaux y ont joué un rôle très défavorable. Sous les applaudissements, Krone-Schmalz a attiré l’attention sur les divergences existant entre l’opinion publique et l’opinion propagée par les médias. Sur la question du modérateur de savoir si nous ne nous donnions pas assez de temps de réflexion et décrivions les choses uniquement en noir et blanc, Gabriele Krone-Schmalz, qui enseigne également le journalisme, a expliqué quel devait être aujourd’hui la contribution d’un journalisme sérieux. Même si aujourd’hui tout doit aller plus vite et que le monde est devenu plus complexe, il ne faut pas sacrifier le soin et la minutie, ne pas tomber dans la simplification divisant l’univers en bons et méchants.
A présent, de nombreux journalistes ont modifié leur image de soi et leur rôle en croyant devoir mettre leurs semblables sur la «bonne voie». «Je trouve cela déplorable.» En réalité, le journalisme a la tâche, «de raconter toute l’histoire, le mieux possible, et pas seulement le point de vue d’une partie. Il a l’obligation d’effectuer un changement de perspective, c’est-à-dire de se mettre à la place de ceux-là mêmes, dont il veut décrire la réalité de vie, afin de mieux la comprendre et la situer.» Quand, pour des raisons de manque de temps ou parce que tout est compliqué, on suit un schéma directeur [«mainstream»] en créant l’atmosphère que tout ce qui n’entre pas dans ce modèle doit être taxé d’extrémisme ou être rejeté, alors apparait une situation dans laquelle «une majorité de la population ne se retrouve plus dans cette presse».

… au lieu de reportages stéréotypés

Matthias Platzeck critique également les reportages stéréotypés. Il s’agit d’une situation dramatique, quand il n’y a pratiquement plus de différenciation possible dans des processus aussi sensibles que le travail pour la paix. Il y a d’énormes divergences entre ce qui préoccupe et ce que pensent le citoyen lambda et la «réalité» publiée par les médias et les politiques. «C’est une situation qui doit nous alarmer.» Et: «Les médias ne doivent pas éduquer, ils doivent informer sur la réalité.»

Informer sur la réalité avec respect et en gardant une certaine distance

A ce propos, Gabriele Krone-Schmalz s’est exprimé très clairement sur les récits concernant Donald Trump: «Ce que je pense de Trump n’a aucune importance. En tant que journaliste, je dois trouver et expliquer les raisons pour lesquelles il a été élu.» Il est inacceptable que je le fasse d’une «manière irrespectueuse, simplement parce que je ne peux pas supporter ce type». Il est tout aussi irresponsable d’expliquer l’élection de Trump par les activités «de quelques services et le piratage de quelques comptes de courrier électronique». Cela s’avoisine à «du colportage de rumeurs». Il faut informer sur la réalité, avec respect et en gardant une certaine distance. C’est ainsi qu’il faut lire les articles. Si l’on commence à criminaliser tout contact avec la Russie, cela ne contribuera en rien à l’amélioration des relations entre la Russie et les Etats-Unis, tout au contraire. Lors de sa campagne électorale, Trump a déclaré que de bonnes relations russo-américaines sont dans l’intérêt des Etats-Unis, «et là, cet homme a raison». Mais tout ce qu’il entreprend en ce sens joue en sa défaveur et génère des accusations contre lui «allant éventuellement même lui coûter son poste».

Aller sur place et entretenir des relations personnelles

Le modérateur a également interrogé Matthias Platzeck, qui a présidé le SPD pendant une année, sur les rapports entretenus par son parti avec la Russie. Réponse de Platzeck: «Ah, c’était une belle soirée … jusqu’à présent.» – La politique est un métier, il faut savoir ce qu’on fait, et c’est lourd à porter. Pour maintenir la paix sur notre continent, il ne suffit pas de lire des rapports, il faut aussi aller sur place, il faut entretenir des relations personnelles. Dans les CV des députés du Bundestag, on trouve de nombreux liens avec les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, et plus souvent avec la Nouvelle-Zélande qu’avec la Russie.


Egon Bahr a toujours pris grand soin de ses canaux d’informations à Moscou. Lorsqu’une situation s’aggravait, il pouvait les appeler et obtenir des informations fiables basées sur une confiance mutuelle. Quand on ne connaît pas un pays, le danger d’une guerre accidentelle est d’autant plus grand. C’est un des aspects à prendre en compte, lorsqu’aujourd’hui on parle de l’«aliénation des peuples». 2017 a été l’année de l’échange de jeunes germano-russe: «Cette année n’a pas été prise en compte en Allemagne, c’est un signal d’alarme.»

Deux poids, deux mesures

Suite à la question de savoir si l’Occident utilise le système du «deux poids, deux mesures» quand il s’agit de la Russie, Gabriele Krone-Schmalz répond spontanément qu’elle traite de ce sujet dans tous ses livres. Chaque jour, on peut traiter de ce sujet, tant c’est fréquent. «C’est égal, qu’il s’agisse du dopage ou d’autres choses, le deux poids deux mesures est définitivement établi quand il s’agit de la Russie, ce qui est très blessant.» Et Matthias Platzeck complète qu’il s’en est lui-même souvent aperçu lors de débats publics en Russie. Quand il était question de violation du droit international de la part de la Russie, des Russes l’ont souvent questionné sur les décisions du Bundestag de 2003, lors de l’attaque – contraire au droit international – des Américains contre l’Irak, ayant coûté des centaines de milliers de vies humaines. «Pourquoi, à l’époque, aucun d’entre vous n’a-t-il réclamé de sanctions?»

Le manque d’entente mutuelle met en danger l’intérêt commun

A la fin de la réunion, le modérateur a soulevé la question concernant les points communs encore existants entre l’Allemagne et la Russie. Krone-Schmalz a répondu qu’il y avait, en réalité, de très nombreux points communs, entre autres l’intérêt commun du bien-être des sociétés de part et d’autre et d’une bonne entente mutuelle. Le plus grand danger est que, suit à la méfiance qui s’est installée, on en vienne à des affrontements violents. Le plus grand problème réside dans les nombreux malentendus qui pourraient mener, «à ce que les choses tournent mal, échappent à tout contrôle et qu’on ne puisse plus les corriger.»
Il faut donc instaurer en Allemagne une politique de l’histoire et de la mémoire, a commenté Matthias Platzeck, il n’y a aucun futur possible tant que cela n’aura pas été mutuellement éclairci. Nous devons nous demander pourquoi 27 millions de victimes des opérations militaires contre l’Union soviétique, la «pire guerre d’extermination que l’humanité ait jamais connue», n’ont pas, dans notre mémoire collective, la même valeur que d’autres victimes. Après cette guerre d’extermination, les peuples de l’Union soviétique nous ont proposé la réconciliation, et pour finir également leur amitié. «Nous n’avons pas traité ce cadeau avec la sensibilité qui s’imposait.» Grande approbation dans la salle.
Tout cela est perçu en Russie, et accroit encore l’aliénation. Il y a, certes, une sympathie marquée envers l’Europe et particulièrement envers l’Allemagne, mais la Russie commence peu à peu à s’en détacher. Cette aliénation croissante induit un grand danger: moins on en connait sur la culture, la façon de vivre, la langue de l’autre, plus on peut raconter les plus grandes absurdités, car il n’y a plus guère de connaissances réelles à disposition.

Quand ça ne marche pas «en haut» – l’importance des jumelages

Toutefois, à la Conférence Internationales des Jumelages ayant récemment eu lieu à Krasnodar en Russie et à laquelle ont participé les ministres allemands et russes des Affaires étrangères, l’ambiance était bien différente: «Nous ne laisserons pas détruire cela!» Et on a proclamé l’année des jumelages interrégionaux et intercommunaux. C’est là une initiative sensée à laquelle il faut maintenant insuffler la vie. Et sous les applaudissements nourris, ils ont ajouté: «Si cela ne marche pas «en haut», il faut qu’au moins cela fonctionne ‹en bas›».    •

GKS-Rver.jpgGabriele Krone-Schmalz

Gabriele Krone-Schmalz est née en 1949 à Lam en Basse-Bavière en 1949. Elle a étudié l’histoire de l’Europe orientale, les sciences politiques et la slavistique. Elle est diplômée en Histoire et Sciences politiques, journaliste indépendante et auteur. De 1987 à 1991, elle a été correspondante d’ARD pour la Russie à Moscou. Depuis 2000, elle est membre du comité directeur du Dialogue de Pétersbourg, depuis 2006, elle est membre du Conseil d’administration du Forum germano-russe. Depuis 2011, elle occupe une chaire de journalistique et de communication télévisuelle à la Business and Information Technology School (BiTS) d’Iserlohn. Comptant au nombre des experts majeurs de la Russie en Allemagne, elle passe régulièrement à la télévision. Elle a publié de nombreux livres, dont le dernier «Comprendre la Russie» (17. édition 2016) et «L’âge de glace» (2017).

Matthias Platzeck

Matthias Platzeck est né en 1953 à Potsdam. Il est ingénieur diplômé en cybernétique biomédicale. Il a fait partie des 144 députés des nouveaux Länder, envoyés au Bundestag allemand après la réunification. En 1990, il a été nommé, pour le parti Bündnis 90, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et l’Aménagement du territoire du Land de Brandebourg. De 1991 à 1993, il a appartenu au Comité fédéral des porte-paroles du parti Bündnis 90, dont il refusa la fusion avec les Verts ouest-allemands en 1993.

platzeck-teaser-DW-Vermischtes-Potsdam-jpg.jpgEn 1994, il fut de nouveau nommé ministre, et en 1995 Matthias Platzeck a rejoint le SPD. En 1997, Matthias Platzeck fut félicité pour sa gestion des opérations lors des inondations catastrophiques de l’Oder en juillet et août. Depuis juin 1998, il appartient au Comité national du SPD au Brandebourg. En 2005, il a été nommé président du SPD. De 1998 à 2002, il a été maire de Potsdam. En 2002, il a été élu Ministre-président du Land de Brandebourg par le Parlement. En 2004 puis en 2009, il a chaque fois été réélu Ministre-président de Brandebourg. En 2013, il s’est retiré de son poste pour raisons de santé. Matthias Platzeck a reçu de nombreuses distinctions, entre autres la Croix fédérale du mérite de première classe de la République fédérale d’Allemagne (1998), l’Ordre «Pierre le Grand» de l’Académie russe pour les questions de sécurité, de défense et du système juridique (2005), la Grande Croix fédérale du mérite avec étoile et bandoulière de la République fédérale d’Allemagne (2011).


Le 19 février 2017 à Dresde, Matthias Platzeck a prononcé une allocution fondamentale très remarquée sur les rapports entre l’Europe et la Russie. On peut retrouver et relire ce discours sur: www.deutsch-russisches-forum.de/portal/wp-content/uploads...

Etats-Unis, OTAN et UE – une alliance de guerre commune

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Etats-Unis, OTAN et UE – une alliance de guerre commune

par Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au Ministère fédéral allemand de la Défense

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Durant la Guerre froide, il n’y avait aucun problème à expliquer l’importance de l’OTAN. Le Soviet Military Power, édité par le Pentagone et garni d’images et de constatations impressionnantes, nous fournissait une importante argumentation. Du moins, c’était le cas pour les partenaires de l’alliance en Europe de l’Ouest. On n’a réalisé que beaucoup plus tard qu’il y avait quelque chose de louche là-dedans, ceci en observant le comportement de l’époque et d’aujourd’hui des partenaires nord-européens de l’OTAN. En ce temps-là, il n’y avait aucune prise de position de l’Alliance sans que Danois et Norvégiens exprimassent très fort leurs opinions personnelles. La menace remarquée par l’Alliance, relative au Pacte de Varsovie, était généralement vue différemment et d’une façon moins grave à Copenhague ou/et à Oslo. Pourtant, les armées de blindés étaient véritablement face à face. Depuis l’apparition du Danois Rasmussen et du Norvégien Stoltenberg, nous devons constater en Europe centrale un changement complet des mentalités, soit une mutation en va-t’en-guerre suprêmes sur ordre de l’OTAN. Comment doit-on s’expliquer cela, notamment au regard du passé?

Etats-Unis en 1988: l’armée rouge en Europe centrale a un caractère purement défensif

Il faudra y réfléchir, quand au cours de la semaine de Saint Nicolas de l’année 2017 le contrat du belliciste Stoltenberg auprès de l’OTAN sera prolongé de deux ans. Mais ce n’est pas tout. Encore en 1988, le gouvernement américain déclara que même la présence massive du Pacte de Varsovie et notamment de l’armée rouge en Europe centrale avait un caractère purement défensif. Il s’agissait de «protéger la petite mère Russie» comme conséquence des expériences faites avec Napoléon et Hitler. Malgré tout ce qui avait compté au cours des décennies précédentes comme la «bible de l’OTAN», les partenaires de Washington niaient toute intention agressive envers le Pacte de Varsovie dominé par Moscou.

Politique américaine actuelle: un mur de séparation doit à nouveau diviser l’Europe

Et aujourd’hui? Les archives de Washington montrent clairement à quel point l’Occident, uni par la force au sein de l’OTAN, a rompu sans pitié toutes les promesses sur la non-extension de l’OTAN. Pire encore, comme le montre le réarmement par les Américains en Europe centrale et orientale soutenu par nous tous. C’est la politique déclarée des Etats-Unis de séparer à nouveau l’Europe par un mur allant de la mer Baltique à la mer Noire. S’il n’est pas encore possible d’éliminer la Russie, elle doit du moins être exclue du bon voisinage. Mais il faut prendre en compte encore deux autres éléments. Dans des Etats comme l’Ukraine, les démons du passé nazi sont revitalisés à l’aide de l’OTAN et de l’UE. Le regard non seulement à «droite», mais «vers l’Est». En Ukraine et selon Spiegel online aussi en Hongrie avec des liens dans d’autre camps. Des liens évidemment peu avouables qu’on ne peut ni imaginer ni croire …

Le bellicisme de l’Occident …

Si le gouvernement des Etats-Unis avait attribué, à notre plus grande surprise, au Pacte de Varsovie en pleine guerre froide un caractère purement défensif, on ne peut certes pas dire la même chose de l’OTAN actuelle à la frontière occidentale de la Russie. Le bellicisme de l’Occident est trop palpable depuis la guerre d’agression contre la Yougoslavie. Le caractère exceptionnel des Etats-Unis s’est distingué, depuis la fin de la guerre froide, uniquement par son abstention de tout engagement pour la paix et l’entente. Aux yeux de Washington, le monde représentait uniquement les conditions-cadres pour sa propre industrie d’armement, comme le démontre de manière remarquable le rejet de toute engagement pour la paix en Europe et en Asie du Nord-Est.

… et le rôle de l’UE

Et qu’en est-il de l’Europe de l’Ouest transformée, sous le joug de l’Union européenne, en une machine de destruction d’Etats? Aujourd’hui, l’adhésion à cette UE ne signifie plus la protection durable des valeurs fondamentales. Il est bien possible qu’un pays ne soit un jour plus en mesure de se gérer lui-même, de protéger son territoire national, son autorité étatique et sa population. Pour garantir cela, les peuples se sont déclarés d’accord d’accéder à l’Union européenne d’aujourd’hui et ont même salué ce pas avec joie.
Nous devons cependant constater qu’aujourd’hui ce consentement est utilisé pour créer autre chose. Quiconque se réfère aux éléments constitutionnels de cette Union européenne, est marginalisé sans pitié par les dirigeants et leurs troupes de choc de la presse, puis, au mieux, méchamment dénigré en tant que membre de l’extrême droite ou des nazis. Les frontières ne sont plus gardées et quiconque se permet d’émettre une critique au sein du Bundestag se fait injurier et ridiculiser. L’autorité étatique se manifeste quand des personnes âgées sont mises à l’amende à Düsseldorf lorsqu’ils s’asseyent sur un banc d’arrêt de bus, ou lorsqu’une ancienne nation modèle de l’industrialisation n’est plus capable de terminer la construction d’un aéroport, ou lorsque la «Deutsche Bahn» échoue à placer des trains opérationnels sur les rails. Pendant ce temps, les frontières allemandes sont libres d’accès. Des concitoyens turcs démontrent, comment on peut pousser à l’extrême la lutte contre son ancien pays d’origine, grâce au fait que la citoyenneté allemande est octroyée trop facilement. Le peuple, auquel ont été consacrées des lettres dorées sur le Reichstag, n’est plus que témoin de la transformation de son pays en un Etat multiethnique.

Un mort-né européen: l’union militaire

La semaine passée, un mort-né supplémentaire, sous forme d’une union militaire, a été baptisé. Est-ce que c’est ainsi que nous voulons contribuer à la paix dans le monde? L’ancienne Union d’Europe occidentale était en fait un excellent exemple de comment réaliser cela. Tout le monde s’était mis d’accord pour une défense légitimée uniquement par la Charte des Nations Unies. C’était pour la défense, non pas pour la projection de pouvoir global, afin d’être à temps prêts à participer à la prochaine guerre américaine dans le monde avec une alliance de guerre européenne.
Notre choix est manifestement de pouvoir choisir entre les intérêts anglo-saxons et français pour lesquels nos soldats sont envoyés au combat. Le Proche- et le Moyen-Orient pour les Anglo-Saxons, l’Afrique pour le «shooting star» français, récemment décoré à Aix-la-Chapelle? Un engagement clair pour la défense de l’Europe de l’UE devrait remplir au moins une condition: on devrait toujours se préoccuper de la situation, dans laquelle on se trouve et faire des déclarations claires sur comment le monde devrait se présenter. Suite à cela, on pourrait définir le montant que chaque pays aurait à verser pour la défense commune. Mais aucun des chefs d’Etats et aucun des gouvernements dans cette UE agressive ne veut cela. On préfère développer des projets de pouvoir global faisant grimper les budgets militaires. En tant que citoyens, nous ne pouvons pas même choisir, si notre argent est utilisé pour les victimes des guerres déclenchées par nous-mêmes ou pour les guerres elles-mêmes. Dans tous les cas, l’argent a disparu et nous sommes forcés par nos gouvernements de financer notre assurance vieillesse nous-mêmes. Même la question du déclenchement d’une guerre ou non, n’est plus décidée par le peuple souverain. L’UE nomme des commandants militaires créant des zones de tension et de guerres en outrepassant les Parlements et sans respecter les frontières des Etats, soumis au bon vouloir des Anglo-Saxons ou des Français laissant les blindés aller et venir.

L’éclatement est préprogrammé

Ils ont bien existé, ces excellents fonctionnaires ministériels allemands. Un exemple en était le dirigeant ministériel Hans Ambos qui était mandataire du système pour les avions de combat «Tornado». C’est à lui que nous devons de savoir que, pour la dernière augmentation de 5% de la puissance de combat, il aurait fallu débourser 100% du prix d’achat de ces avions, ce qui aurait représenté l’éclatement du budget fédéral. Avec une UE ne reconnaissant et n’acceptant plus les citoyens comme le souverain et le garant de la paix, l’éclatement est préprogrammé.    •
(Traduction Horizons et débats)

vendredi, 29 décembre 2017

Relations internationales: la fin des dogmes!

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Relations internationales: la fin des dogmes!

par Guillaume Berlat

Ex: http://www.zejournal.mobi

 
Auteur : Guillaume Berlat | Editeur : Walt | Mardi, 19 Déc. 2017 - 14h46

« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être » (Henri Poincaré). Mais qu’est-ce au juste que le dogme ? « Point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable (dans une religion, une école philosophique) ». Telle est la définition qu’en donne le petit Robert 1 ! Aujourd’hui, le champ des relations internationales est soumis par certains esprits critiques à un questionnement sans précédent – depuis 1989, la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et l’avènement de l’hyperpuissance américaine (Hubert Védrine), le retour en force de la Russie au Moyen-Orient – après avoir vécu sous le règne incontesté de multiples dogmes venus, le plus souvent, d’outre-Atlantique. Qui n’a pas entendu parler de celui de « la fin de l’histoire » pensée et vulgarisée par le grand expert en prévision, Francis Fukuyama ?

Horresco referens, les dogmes font désormais l’objet d’attaques anti-dogmes – telles celles des hackers informatiques -, par des hérétiques, des déviants qui contaminent par leurs mauvaises pensées les peuples et dont le nombre ne cesse de croitre de façon exponentielle. Que constate-t-on en effet aujourd’hui ? Après le temps des certitudes assénées et des vérités révélées vient celui des interrogations légitimes et des doutes sérieux sur l’intangibilité des dogmes. Vérité d’un jour n’est pas celle de toujours comme dit l’adage. Certaines vérités imposées ad nauseam aux citoyens par les médias « mainstream », au nom d’une fausse transparence, n’auraient-elles été que de grosses contre-vérités, de vulgaires mensonges, de mauvaises fables, de minables bobards ? Heureusement, les médias alternatifs jouent parfois leur rôle de passeurs d’idées, d’éclaireurs de l’obscurantisme, contribuant, avec le temps, le courage, la volonté à démystifier les supercheries de nos dirigeants, nos chercheurs idéologues et autres usurpateurs de haut vol.

Même si la liste est loin d’être exhaustive, cinq exemples récents (libre-échange et mondialisation ; hyperpuissance américaine ; effacement russe ; pérennité de l’Union européenne ; omnipotence de l’OTAN) éclairent notre propos. Rien ne vaut la confrontation de la théorie à la pratique.

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LE DOGME DU LIBRE-ÉCHANGE ET DE LA MONDIALISATION (1)

Que n’a-t-on entendu depuis la chute du mur de Berlin de la part des grands ayatollahs du libéralisme nous assénant le primat incontesté et incontestable du libre-échange, de la mondialisation et son corollaire, la fin des États nations avec l’ouverture des frontières. En dernière analyse, ces augures nous promettent la paix perpétuelle à l’instar de l’ouvrage d’Emmanuel Kant qu’ils n’ont vraisemblablement jamais lu. Leur projet de Grand Moyen-Orient immortalisé par George W. Bush doit être le premier point d’application de leur dada dans le monde du XXIe siècle. Il doit conduire à une occidentalisation/américanisation de la planète que les peuples accueilleront tel un don du ciel (2). A tel point qu’ils en redemanderont, supplieront de se vautrer dans la servitude volontaire pour l’éternité. Tel est le nouveau rêve américain relayé urbi et orbi par les amis fidèles, disons les « idiots utiles » de l’administration américaine et de ses « think tanks ». Un remake du meilleur des mondes grâce au « soft power » à l’américaine, voire parfois avec l’aide du « hard power » pour les récalcitrants ! La carotte et surtout le bâton.

Or, quelle est l’une des plus importantes conclusions du sommet du G20 de Hangzhou (4-5 septembre 2016), premier sommet du genre sous présidence chinoise ? Les dirigeants constatent la défiance croissante des peuples à l’égard du libre-échange, de la mondialisation. Ils relèvent, avec objectivité, que ce dogme n’a plus les faveurs de ses géniteurs si l’on en croit les positions tranchées prises sur le sujet par les deux candidats à l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. Ils observent également que les négociations des traités de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (TAFTA) ; entre les États-Unis et l’Asie (TPP) sont dans l’impasse, si ce n’est menacés par Donald Trump. Enfin, « en dépit des promesses répétées du G20, le nombre des restrictions affectant le commerce et les services a continué à augmenter » (communiqué final) (3). Mieux encore, lors du sommet du G20 au niveau des ministres des Finances de Baden-Baden (17-18 mars 2017), le premier de la présidence de Donald Trump, la délégation américaine s’oppose à toute mention de la défense du libre-échange, de l’interdiction du protectionnisme et des résultats de la COP21 sur le climat (4). On sait ce qu’il en est advenu depuis. Elle jette les évangiles dans la poubelle de l’Histoire. Rien ne va plus dans le monde idéal qui nous avait été promis, juré, craché. Il ne s’agissait que d’un remake du Veau d’or. Y compris à l’OMC (5).

La pilule est difficile à digérer, certes. Mais, pas le moindre acte de contrition de la part des prêtres du libre-échange et du mondialisme ! (6) Ils sont aux abonnés absents.

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LE DOGME DE L’HYPERPUISSANCE AMÉRICAINE

Que n’a-t-on entendu après la chute de l’empire du mal ? Le monde passerait d’une structure bipolaire à une nouvelle unipolaire marquée par le règne sans partage de l’hyperpuissance américaine. Une sorte de gendarme du monde allant éteindre les feux aux quatre coins du monde, y compris sans l’autorisation du Dieu Conseil de sécurité de l’ONU. Tel Moïse et les Tables de la Loi, l’Amérique s’impose comme une sorte de législateur universel imposant ses normes, ses idées, sa langue, sa cuisine, son mode de vie, son manque d’humour et ses mensonges (sur la présence d’armes de destruction massive en Irak que personne n’a du reste jamais trouvées)… à tout un chacun. Le multilatéralisme se réduit comme peau de chagrin sous les coups de boutoir de l’unilatéralisme américain. A quoi bon entretenir à grands frais le machin qui n’est qu’un vulgaire arbre à palabres inutile ? A quoi bon penser, Washington s’en charge à votre place et gratuitement ?

Or, que constate-t-on aujourd’hui ? (7) La superbe n’est plus de mise tant la réalité douche l’hubris américain. Sur le plan économique, la Chine tient la dragée haute aux États-Unis endettés. Sur le plan technique, certains émergents monopolisent le marché du numérique et de la connectique en dépit de la puissance de la « Silicon Valley ». Sur le plan géopolitique, le Moyen-Orient, qui était la chasse gardée et exclusive de l’Amérique, voit quelques braconniers (russes) opérer au vu et au su de tout le monde, voir défier ouvertement l’Oncle Sam en débauchant certains de ses alliés les plus fidèles et les plus historiques. L’Amérique, en pleine campagne électorale, se montre affaiblie face à un quarteron de dirigeants autoritaires lors du G20 de Hanghzou (Chine) qui jettent quelques grains de sable dans la machine yankee (8). La situation en Irak, en Syrie semble lui échapper pour employer un euphémisme très diplomatique (9). L’allié historique turc rue dans les brancards, faisant ami-ami avec Moscou qui fait la loi sur le théâtre d’opérations syrien, y compris en tançant Israël.

La remise en cause du dogme par les croyants est toujours, à plus ou moins long terme, annonciatrice de réformes, voire de schismes. Elle a aussi pour corollaire la croissance du nombre des agnostiques déçus par les manquements à la parole du Dieu Amérique. Que dire de la semaine durant laquelle les Chinois refusent de dérouler le tapis rouge, à sa descente d’avion, à Barack Obama (en fin de second mandat présidentiel). En outre, il se fait traiter par le président philippin de « fils de pute » (en tagalog) ?

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LE DOGME DE L’EFFACEMENT RUSSE (10)

Que n’a-t-on entendu en boucle après la transformation de l’URSS en Fédération de Russie sur la sortie de l’Histoire, de la marginalisation économique, politique, géopolitique, culturelle, sécuritaire du gros ours rouge ? Le temps du duopole américano-soviétique est définitivement révolu. Il appartient désormais à une histoire ancienne, celle du XXe siècle. Pire encore, la chute vertigineuse du cours des matières premières de ces dernières années aura à l’évidence raison des velléités de Vladimir Poutine de jouer les empêcheurs de tourner en rond, voire de se prendre pour un nouveau Tsar en annexant la Crimée. Elle le mettra à genoux et le conduira à faire amende honorable la corde au cou tels les Bourgeois de Calais immortalisés par Auguste Rodin. La slavophobie, la russophobie courent partout sur les plateaux de télévision. Personne n’y trouve à redire sauf quelques hurluberlus ou originaux qui croient à l’avenir des nations.

Or, qu’en est-il aujourd’hui ? Prenons deux exemples emblématiques pour mesurer le chemin parcouru depuis le début des « révolutions arabes » (11). Hier, les Russes étaient traités en parias, en pestiférés, surtout au Proche et au Moyen-Orient. Aujourd’hui, ils ont droit aux égards américains (12). S’agissant du conflit syrien, les choses sérieuses ne se traitent plus dans les conférences des « affinitaires » et autres farfeluteries imaginées dans les usines à penser américaines (13). Désormais, c’est Moscou qui mène le branle militairement (en faisant le ménage sur le terrain) et diplomatiquement (en organisant une rencontre à Moscou et Syriens et Turcs au nez et à la barbe des Américains) (14). Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, Moscou tente une médiation entre les deux adversaires en les invitant à Moscou pour discuter directement entre eux alors (15) que Washington a jeté l’éponge il y a belle lurette et que Paris ne pèse plus rien, y compris avec sa conférence internationale médiatique, à Paris au début 2017. La Russie dispose de plus d’atouts de médiateur que l’Amérique de Donald Trump surtout après sa décision de transfert de son ambassade à Jérusalem.

L’écriture et la lecture des Évangiles se fait de moins en moins à Washington et de plus en plus à Moscou par une curieuse ironie de l’Histoire, au grand désespoir des « ludions médiatiques » anglo-saxons (16). « Les mouches ont changé d’âne ».

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LE DOGME DE LA PÉRÉNNITÉ DE L’UNION EUROPÉENNE (17)

Que n’a-t-on entendu au cours des dernières décennies ? La liste de ces vérités incontestables est impressionnante. C’est grâce à la construction européenne que nous vivons en paix depuis 1945. C’est grâce au marché commun, puis à l’Union européenne que le niveau de vie des Européens connaît une croissance permanente et que le chômage recule. C’est grâce à la politique européenne de sécurité et de défense que les 28 comptent dans le concert des nations et que la sécurité, la paix, la concorde règnent dans le monde. C’est grâce à un puissant service européen d’action extérieure (SEAE) que l’Europe est un acteur incontournable dans le concert des nations. C’est grâce à un euro fort que l’Europe s’impose dans le monde économique. C’est grâce à Schengen et à la liberté de circulation que ce traité organise que nous sommes protégés d’incursions extérieures. C’est grâce à une commission indépendante que l’intérêt général européen prévaut sur l’intérêt égoïste des nations (18). En un mot, « l’eurobéatitude court partout et transforme toutes les salles de presse en sacristies de la nouvelle religion » (19).

Or qu’en est-il aujourd’hui, plus particulièrement après le vote du peuple sur le « Brexit » ? Les certitudes d’hier se transforment aujourd’hui en incertitudes, en interrogations sur les mantras de la technostructure bruxelloise relayés par l’élite parisienne. La guerre est en Ukraine, le terrorisme frappe au cœur de l’Europe, la croissance est atone, le chômage augmente, la PESD est une coquille vide (20), l’Europe est spectatrice du monde, l’euro fort est critiqué par les exportateurs, Schengen est vilipendé et remis en cause par certains États membres dans le contexte de la crise migratoire (21). Pire encore, les peuples, que l’on avait voulu ignorer et mettre au pas en contournant l’expression de leur malaise (Cf. l’opération inqualifiable de Nicolas Sarkozy sur traité constitutionnel), se rebellent dans les urnes. Certains vont même jusqu’à reprendre les propos de Margaret Thatcher : « les référendums sont les armes des dictateurs et des démagogues ». A ce rythme, il faudra dissoudre les peuples. La béance actuelle donne le vertige (22). L’Europe a été bâtie à l’envers. C’est cela qu’il faut changer comme le souligne justement Hubert Védrine.

Les croyants sont de moins en moins nombreux aux offices. Heureusement, les grands prêtres (chefs d’État et de gouvernement des 27/28) se retrouvent régulièrement à Bruxelles pour d’inutiles grands-messes. Mais la foi n’y est plus. Seule reste une liturgie désuète pour tenter de sauver les apparences ! L’hymne à la joie n’a pas les mêmes accents lyriques lors des cérémonies du soixantième anniversaire du traité de Rome (25 mars 2017) qui coïncident avec le lancement du « Brexit ». Aujourd’hui, et plus encore demain, il faut (faudra) sauver le soldat Europe (23). Dans tous les cas, le statu quo n’est plus tenable

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LE DOGME DE L’OMNIPOTENCE DE L’OTAN (24)

Que n’a-t-on entendu après l’effondrement de l’URSS à Evere (siège de l’OTAN situé près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem), temple de l’atlantisme, d’une liturgie désuète ? Alors que certains agnostiques (la France) caressent le projet fou de démonter « l’Église » avec la dissolution du Pacte de Varsovie, la mise au point américaine la plus solennelle tombe telle une fatwa. Il n’en est pas question. Au contraire, l’OTAN va s’élargir aux anciens ennemis (la Russie exceptée), oublier le hors-zone en se mêlant de tout et de rien (sécurité, économie, écologie, droits de l’homme…) aux quatre coins de la planète. L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN est chargé, par le Dieu Amérique, de réciter la nouvelle religion atlantiste et d’encourager les fidèles à psalmodier sur les nouveaux textes sacrés. Mais, il faut aussi aller remettre de l’ordre manu militari en ex-Yougoslavie, et, plus tard, après les attentats du 11 septembre 2001, en Afghanistan.

Or, qu’en est-il aujourd’hui ? Y compris, parmi les croyants les plus inconditionnels, les aventures militaires américaines – parfois maquillées sous le logo de l’OTAN – sont de plus en plus remises en cause, pire elles agacent. Les batailles gagnées haut la main ne se finissent-elles pas par des débandades peu glorieuses (Irak, Afghanistan, Libye…) que les peuples désavouent majoritairement, découvrant les mensonges sur les prétendues armes de destruction massive en Irak ? Certains voient d’un mauvais œil cette nouvelle guerre froide développée par l’OTAN avec la Russie (déploiement de défenses anti-missiles en Pologne et en Roumanie, de troupes dans les pays baltes, langage belliqueux des secrétaires généraux de l’Alliance). Washington n’inventerait-il pas un nouvel ennemi (grosse ficelle américaine) pour justifier sa présence sur le continent européen ? Manifestement, la défiance éclairée fait place à la confiance aveugle. Cerise sur le gâteau, Donald Trump qualifie le « NATO » d’ « obsolète », allant même jusqu’à accuser les alliés (Allemagne en tête) de ne pas contribuer suffisamment à leur défense commune. Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson snobe la réunion des 5 et 6 avril 2017 à Bruxelles, nouvel acte de défiance à l’égard de l’Alliance atlantique.

Force est de constater que le dogme atlantiste de l’Amérique – hormis chez ses fidèles relais néo-conservateurs européens – ne fait plus guère recette. Pire encore, les évangiles otaniens sont contestés après avoir longtemps été loués et célébrés lors des sommets de l’Alliance au cours desquels la liturgie servait de bible. Horresco referens ! Le temps est à l’hérésie venue d’Outre-Atlantique ! Qui l’eut cru, il y a quelques années encore ?

« L’évidence détruit le doute » (25). Rien ne pire qu’une fausse évidence, puisqu’elle a tout d’une vraie. Montrer sans démontrer, c’est le mensonge dans lequel nous piège cette frénésie de dogmes venue d’Outre-Atlantique, d’Outre-Tombe, dirait Chateaubriand. Surtout lorsqu’elle s’entoure d’une « névrose de répétition » (Freud) à travers une débauche de communication. « Ainsi dans un monde saturé d’images, on aurait tendance à espérer le triomphe de la transparence. Au contraire, la très grande visibilité a généré une nouvelle forme d’invisibilité » (26). Or, cette démarche idéologique et dogmatique, qui nous submerge à travers une information à jet continu, se situe à l’opposé d’une approche scientifique respectueuse de la « vérité des faits » et permettant d’appréhender la réalité au travers de la raison (« libido sciendi » de Saint-Augustin), démarche qui sied, en principe, à l’étude sérieuse des relations internationales. Que sont devenus les authentiques cartésiens au pays de René Descartes ? Vers quel monde allons-nous ? Nul ne le sait, y compris chez nos brillants oracles. Il est vrai que les « prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir » comme nous le rappelle l’humoriste Pierre Dac.

Aujourd’hui, les questions ne manquent pas. Oserons-nous opposer l’information au savoir ? Saurons-nous dépasser l’image qui absorbe le regard mais, surtout, neutralise la réflexion sans laquelle rien n’est possible dans une démocratie digne de ce nom ? Aurons-nous le courage de ne plus céder à la tentation facile du panurgisme médiatique et américain ? Tels sont les principaux défis que devront relever les citoyens au XXIe siècle s’ils ne souhaitent pas se transformer en pions d’un totalitarisme médiatique ! Une question de la plus haute importance est désormais aussi sur la table. La liberté d’expression, sans cesse invoquée, n’est-elle plus qu’un leurre ? Les mots ne sont-ils plus désormais que mensonges (Cf. le débat lancé aux États-Unis par Donald Trump sur les informations bidon ou « fake news ») ? Tout semble embrumé dans une langue de bois épaisse. In fine, les crises multiples qui secouent le monde n’auront-elles pas un effet positif sur nos modes d’appréhension de la réalité de notre planète en nous contraignant, lentement mais sûrement, à nous orienter vers la fin des dogmes dans les relations internationales et, peut-être, à imaginer un futur recomposé ?

Notes:

(1) Guillaume Berlat, La mondialisation c’est comme les trains : elle peut en cacher une autre, www.prochetmoyen-orient.ch , 8 août 2016.

(2) Serge Audier (critique de l’ouvrage La démocratie universelle. Philosophie d’un modèle politique de Florent Guénard, Seuil, 2016), La démocratie, ça s’exporte mal, Le Monde des Livres, 9 septembre 2016, p. 8

(3) Simon Leplâtre, Commerce, climat, Brexit, fiscalité : les leaders mondiaux dans le flou, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 3.

(4) 20/20 au G20, Le Canard enchaîné, 22 mars 2017, p. 1.

(5) Éditorial, L’OMC est morte, vive l’OMC !, Le Monde, 13 décembre 2017, p. 25.

(6) Sylvie Kauffmann, La mondialisation en panne, Le Monde, 11-12 septembre 2016, p. 26.

(7) Frédéric Chatillon/Célia Belin (sous la direction de), Les États-Unis dans le monde, CNRS éditions, 2016.

(8) Brice Pedrolotti/Cédric Pietralunga, Au G20, le triomphe des dirigeants autoritaires. Les chefs d’État chinois russe et turc se sont imposés face à des responsables occidentaux affaiblis, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 3.

(9) Isabelle Mandraud, Poutine pousse ses pions au Moyen-Orient, Le Monde, 13 décembre 2017, p. 2.

(10) Guillaume Berlat, L’étrange victoire ou les clés du succès russe en Syrie, www.prochetmoyen-orient.ch , 25 avril 2016.

(11) Yves Aubin de la Messuzière, Monde arabe, le grand chambardement, Plon, 2016.

(12) Marc Semo, Accord américano-russe pour une trêve en Syrie, Le Monde, 11-12 septembre 2016, p. 3.

(13) Claude Angeli, L’imprévisible Poutine rebat les cartes en Syrie, Le Canard enchaîné, 7 septembre 2016, p. 3.

(14) Richard Labévière, Nouvelle donne : Assad et Erdogan bientôt à Moscou, www.prochetmoyen-orient.ch , 5 septembre 2016.

(15) Piotr Smolar, Moscou tente une médiation dans le conflit israélo-palestinien, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 4.

(16) Andreï Gratchev, Un nouvel avant-guerre ? Des hyperpuissances à l’hyperpoker, Alma, 2017.

(17) Guillaume Berlat, Union européenne : un nouveau remake de la SDN ? De Stefan Zweig à Romain Gary, www.prochetmoyen-orient.ch , 9 mai 2016.

(18) Thierry de Montbrial/Thomas Gomart (sous la direction de), Notre intérêt national. Quelle politique étrangère pour la France ?, Odile Jacob, 2017.

(19) Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Albin Michel, 2016, p. 239-240.

(20) Éditorial, L’Europe de la sécurité est une priorité, Le Monde, 9 septembre 2016, p. 22.

(21) Pierre Lellouche, Une guerre sans fin, Cerf éditions, 2017, pp. 207-215.

(22) Didier Modi, Le rêve européen. Autopsie d’un cauchemar, éditions Europolis, 2017.

(23) Hubert Védrine, Sauver l’Europe, Liana Lévi, 2016.

(24) Guillaume Berlat, Varsovie : comme un parfum de guerre froide…, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 juillet 2016.

(25) Mazarine Pingeot, La dictature de la transparence, Robert Laffont, 2016, p. 137.

(26) Mazarine Pingeot, précitée, pp 19-20.

jeudi, 28 décembre 2017

Islamabad et la lutte contre le terrorisme

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Islamabad et la lutte contre le terrorisme

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Pakistan avait été accusé le 21 août 2017 par Donald Trump de soutenir le terrorisme. Islamabad, par la voix du ministère des affaires étrangères, avait qualifié le lendemain de  décevantes les critiques américaines. Celles-ci  « ignorent les énormes sacrifices de la nation pakistanaise » dans la lutte contre le terrorisme.

Il est indéniable que le Pakistan, qui comporte en son sein de très nombreux groupes approchés par le terrorisme islamique, n'est nulle part considéré comme un agent très actif du contre-terrorisme. Ceci n'a pas empêché la tenue à Islamabad les 20-22 décembre d'une conférence régionale sur le terrorisme. Y participaient des parlementaires d'Iran, de Turquie et d'Afghanistan. La Russie et la Chine y étaient représentées en tant qu'invitées. 

L'Iran était représentée par le Speaker Ali Larijani, la Russie par le Speaker de la Douma Vyacheslav Volodin, très proche du Kremlin, la Turquie par le vice-président de l'Assemblée Ismail Kahraman et l'Afghanistan par le Speaker Abdul Rauf Ibrahimi, porte-parole du Hezb-e-Islami Gulbuddin qui est la plus grande des factions du parti Hezb-e-Islami d'Afghanistan. On observera que celui-ci a été placé, à tort ou à raison, sur la liste officielle des organisations terroristes par le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni.

L'objet de la conférence était la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. L'accent a été mis sur les substantielles ressources que lui procurait le narco-trafic. Le Pakistan et l'Iran considèrent que depuis l'arrivée dans le pays de la coalition sous direction américaine, les cultures de pavot se sont considérablement multipliées, ainsi que le nombre des laboratoires manufacturant la drogue. Les vues aériennes confirment d'ailleurs ce jugement.

Vyacheslav Volodin a mis en parallèle la Syrie et l'Afghanistan, exposant que si les mêmes efforts internationaux n'étaient pas faits pour combattre les organisations terroristes islamiques en Afghanistan, celle-ci pourrait devenir le fiel d'un Etat Islamique EI ressuscité. L'on constate en effet depuis l'élimination de l'EI en Syrie, que des transferts importants de militants islamiques et même d'armements se font vers l'Afghanistan. Or la Russie se préoccupe de plus en plus d'infiltrations islamiques dans les pays dits du 'Stan à sa frontière sud (Afghanistan, Tajikistan et Uzbekistan). Celles-ci pourraient très vite multiplier les attentats en Russie même.

Vladimir Poutine

Vladimir Poutine, dans un communiqué le lendemain de la conférence d'Islamabad, a constaté qu'en effet, sous la présence américaine, les trafics de drogues et le terrorisme n'ont pas diminué, mais au contraire augmenté. Cependant, avec sa prudence habituelle, il s'est refusé à en faire porter la responsabilité sur les Etats-Unis. Sans les Américains, a-t-il dit, la situation aurait pu être pire.
Il ne paraît pas favorable à une intervention russe en Afghanistan sur le modèle qui a rencontré un plein succès en Syrie.

Cependant, le 26 décembre, lors d'un sommet « informel » des Etats du CIS (Commonwealth of Independent States) à Moscou, il a mis l'accent sur la volonté russe de participer aux efforts communs contre le terrorisme, le crime trans-frontières, le trafic de drogues et d'armes. Il a par ailleurs confirmé la volonté de renforcer la coopération économique et les investissements productifs au sein des pays du CIS et du Collective Security Treaty Organization (CSTO).

Moins discrètement, le chef d'Etat-Major général russe le général Valery Gerasimov a confirmé qu'après leur défaite en Syrie des milliers de combattants de l'EI se dirigeaient vers la Libye et les pays de l'Asie du sud-ouest. Il a par ailleurs indiqué que, selon des observations spatiales ou d'autres sources, des centaines de combattants de l'EI s'entrainent désormais dans les bases américaines en Syrie. Les questions russes sur cette question sont restées sans réponse des Américains.

Concernant l'Afghanistan, les experts militaires russes considèrent qu'elle est en train de devenir un point fort de l'EI, avec plus de 10.000 hommes entrainés et bien armés s'y étant retranchés.

Le Pakistan proche ne devrait pas considérer ceci sans inquiétude, s'il était bien décidé, comme le gouvernement l'affirme, à lutter contre le terrorisme.

Quoi qu'il en soit, rien n'a été dit officiellement sur ces questions lors de la conférence de décembre 2017 à Islamabad.

 

samedi, 23 décembre 2017

Did The Anglo-British Bomb Japan To Stop Bose?

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Did The Anglo-British Bomb Japan To Stop Bose?

It was more than seven decades ago that the United States dropped the world’s first atomic bomb on Japan, obliterating the city of Hiroshima, killing 140,000 people and ushering in a new era of nuclear conflict.

Today President Barack Obama has become the first sitting US president to visit Hiroshima. Obama made it clear in his interview with Japan’s public broadcaster NHK that he would not offer an apology and Japan also said it would not seek one.

The majority of Americans have long viewed the two atomic bombings as necessary in bringing the war to an end and therefore saving even more lives, although this argument has been widely queried by historians.

General Douglas MacArthur, Commander of US Army forces in the Pacific, stated on numerous occasions before his death that the atomic bomb was completely unnecessary from a military point of view: “My staff was unanimous in believing that Japan was on the point of collapse and surrender.”

General Curtis LeMay, who had pioneered precision bombing of Germany and Japan (and who later headed the Strategic Air Command and served as Air Force chief of staff), put it most succinctly: “The atomic bomb had nothing to do with the end of the war.”

Was Hiroshima Necessary? Why the Atomic Bombings Could Have Been Avoided By Mark Weber from The Journal of Historical Review, May-June 1997 (Vol. 16, No. 3), pages 4-11.

So why were the bombs dropped on Japan?

To this day no one apart from the GreatGameIndia team have brought to light the connection between the decision to bomb Hiroshima and Nagasaki to Subhas Chandra Bose’s plot the bring down the British Empire.

World War II illustration created by the Japanese. Subhas Chandra Bose backed up by Japenese tanks is shown beheading the British Lion feasting on bones of dead Indians.

Although many in India, scholars besides, know about Netaji Subhash Chandra Bose, we shall include a couple of paragraphs below to put the matter in the context of international geopolitics. In World War II, the case for dropping two bombs on Japan was not an impeccable one, and many reasons are likely to be hidden from the public eye.

Could the equations of the Anglo-British involving a possible defeat in the Indian theater by a Bose-Japan combine have been a part of the decision process?

Bose was able to flee house arrest in Calcutta and go to Germany. Studying the German viewpoint of the international politics gave him an understanding that Gandhi and Nehru may not have had. In a very daring trip he would go further on to Japan, spend a few years there and have an audience with the Premier. He would subsequently land in Burma and take control of the Burmese Indian National Army. Upon learning that Bose had come to Burma and was raising an army, the Indian soldiers of the British army switched sides in favor of their countryman. Bose was thus able to raise an army of about 40,000 strong, equipped with arms from Japan. In addition, the Emperor of Japan committed about 100,000 Japanese troops and some air squadrons for his assistance. With this formidable combine, he stood a good chance of marching on to Delhi. The 100,000 Japanese troops would eventually back down, but Bose resolved to continue the fight. He occupied the Andaman and Nicobar islands, Nagaland, Mizoram, Assam and was about to enter Bengal. From the vantage of the Andaman and Nicobar islands, the Indian National Army had effectively tied up Mountbatten in Ceylon, and he was unable to move.

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World War II illustration created by the Japanese. Subhas Chandra Bose backed up by Japenese tanks is shown beheading the British Lion feasting on bones of dead Indians.

Bose had a brilliant strategy. A main force was to march on to Delhi. This would however be aided by three other forces, each of which would have first performed the task of destroying the British hold over three major ports – Calcutta, Vishakapatnam and Chennai as well as the Dutch control of ports at Machilipatnam and Yanam. The unit landing in Calcutta would join the units from Nagaland and Assam towards Delhi, while the units from Vishakapatnam and Chennai would march towards Bombay.

The conquest of these five cities, to be completed in two weeks, would have effectively ended British rule in India, cutting it off from the sea. But Bose would follow the same moral principle that Napoleon had: “Never my sword against my own people”. Around the end of July 1945 he dropped leaflets over the cities of Madras, Vishakapatnam and Calcutta, requesting citizens to leave so that the INA could bomb these coastal towns prior to landing. He set a two week deadline, after which he would start the attack.

Subhash planned to strike against the British and it is very likely that they would have been unable to face an attack by the INA. On 6 August 1945, before the deadline set by Bose was to expire, Hiroshima would be bombed, and then on 9 August, the second bomb would be dropped on Nagasaki. After the Japanese surrender, Subhash evacuated the Andaman on 15 August 1945, in a plane with Japanese markings. This plane was shot down by American gunners over Manila, en-route to Tokyo. Three POWs were taken in this crash. In accord with the Geneva convention, they stated their rank, name and age. The American captors did not realize who their prisoners were. So they telegraphed the information to the British, who responded “Discard the Baggage”. The Americans GIs refused to obey this instruction. The British advised them to hand over the three prisoners to Stalin’s red army.

Excerpt from the article Bose’s Plot To Bring Down The British Empire.

What follows after Bose’s plane was shot down is explained in detail in our article titled The Heroic Saga: The Escape, Exile & Death Of Bose.

The impact Bose and the INA had on the events in British India has since been downplayed by all the power groups that have controlled India, and not much is taught in modern history about the role played by this very great man.

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Read all articles related to Subhash Chandra Bose here – #NetajiFiles

La nouvelle stratégie spatiale américaine

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La nouvelle stratégie spatiale américaine

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Donald Trump vient d'annoncer ce que sous son autorité sera la Stratégie de Sécurité Nationale 2018 et au delà 1). On a beaucoup remarqué les menaces voilées que comporte cette Stratégie à l'égard de la Russie et de la Chine. Mais l'on a pas assez commenté l'importance qu'y comportera la construction d'une infrastructure spatiale beaucoup plus ambitieuse qu'elle ne l'est actuellement.

Le Pentagone est en train de réaliser que tous les systèmes d'armes américains font confiance au GPS et aux communications satellitaires. Mais qu'arriverait-il si ces ressources se trouvaient détruites par un ennemi éventuel?

Le Colonel Richard Zellmann, commandant la 1st Space Brigade basée au Colorado, vient de remarquer dans un rapport que si l'Armée américaine devait se passer de ces outils, elle devrait tripler ses effectifs, sans être pour autant assurée de conserver sa supériorité. Or les récentes recherches russes et chinoises visent à développer des satellites anti-GPS ou à brouiller leurs résultats. Ce brouillage pourra être produits par des stations terrestres (jammers) peu coûteuses et faciles à implanter ou transporter 2)

En conséquence, l'Armée et la Marine américaine ont commencé à former des personnels maitrisant des savoirs tombés en désuétude depuis plus de 20 ans. On pensera notamment aux sextants, apparus au 18e siècle sous le nom d'octants (image). A plus long terme, la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) développera des systèmes de géolocalisation se passant du GPS, tel des gyroscopes et capteurs destinés à ce que l'on appelle la navigation inertielle. Le principe en est simple. Chaque piéton la pratique intuitivement dans la campagne en évaluant le nombre de ses pas dans une direction donnée, et en se repérant à fin de contrôle sur des signaux tels que les clochers d'église.

Par ailleurs le Pentagone mettra en service de nouvelles générations de satellites dotés de capacités anti-brouillage.

Donald Trump dans le document qu'il vient de diffuser a précisé que « The United States considers unfettered access to and freedom to operate in space to be a vital interest, « Any harmful interference with or an attack upon critical components of our space architecture that directly affects this vital US interest will be met with a deliberate response at a time, place, manner and domain of our choosing ».

Les Européens ne pourront que constater leur quasi absence dans ces nouveaux domaines stratégiques.

Références

1) Voir CNN
http://edition.cnn.com/2017/12/18/politics/5-things-to-kn...

2) L'Agence spatiale européenne annonce le lancement imminent de 4 nouveaux satellites, destinés au système Galileo, le rival du GPS
http://www.gpsdaily.com/reports/Galileo_satellites_atop_r...

jeudi, 21 décembre 2017

Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

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Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

SAMEN MET TURKIJE EN IRAN WIL RUSLAND DE WERELD HERTEKENEN

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten’

Alexander Doegin wordt wel eens de huisideoloog van Poetin genoemd. Hij droomt van een nieuwe wereld. Waar Turkije en Iran het Midden-Oosten beheersen en Europa geen vazal van de Verenigde Staten meer is. ‘Vergeet dat liberalisme. Daag ons uit met jullie eigen waarden.’

Van onze redactrice in Nederland Corry Hancké

De Russische filosoof Alexander Doegin was zaterdag in Amsterdam voor de jaarlijkse Nexus Conferentie. Een dag later vertelt hij over de clash die hij daar met de Franse filosoof Bernard-Henri Lévy had. De twee mannen zijn elkaars tegenpolen.

‘Hij is alles wat ik niet ben. Lévy verdedigt de imperialistische ideologie van het Westen en vecht tegen de opkomende multipolaire wereld. Alles wat ik bewonder, keurt hij af. Alles waarvoor hij staat, vind ik fout. Het was een echte clash van ideeën. Het was boeiend, want we vertrekken allebei vanuit de idee van een eeuwenoude oorlog tussen beschavingen: de oorlog tussen Sparta en Athene of tussen Rome en Carthago. Een oorlog tussen een landmacht en een zeemacht.’

‘De landmacht – en dat is een land als Rusland, staat voor een onveranderlijke, collectieve identiteit. De zeemacht ziet constante verandering, globalisering en vooruitgang als hoogste goed. Ze probeert iedereen te bevrijden van een collectieve identiteit, omdat die onderdrukkend zou zijn.

Maar dat liberalisme loopt ten einde. Het eindigt in decadentie en een complete loskoppeling van de natuurlijke wetten. Geslachtsbepaling of het uitstellen van de dood door artificiële intelligentie, zijn een ontkenning van de menselijke waarden. Je krijgt immortaliteit voor de prijs van
menselijkheid.’

Welke waarden zijn belangrijk voor een landmogendheid?

‘Een landmacht baseert zich op het concept van eeuwigheid. Het gaat om identiteit, het is een sacrale houding tegenover de natuur, de wereld en God. In die visie is God belangrijker dan de mens, hiërarchie is beter dan gelijkheid, traditie en identiteit zijn belangrijker dan verandering en grensverlegging. Eigenlijk is de afwezigheid van verandering de meest positieve waarde. Je probeert dezelfde te zijn als je voorouders en je conserveert hun manier van leven.’
‘De geest van de moderne mens is zo beïnvloed door de zeemogendheid dat hij de landwaarden als archaïsch, negatief beschouwt. Maar als je vanuit de waarden van een landmacht kijkt, dan zie je dat vooruitgang leidt tot decadentie, immoraliteit en verlies van waardigheid. Het verlies van de collectieve identiteit is nihilisme.’
‘Men probeert ons tegenwoordig te vertellen dat de weg naar een zeemogendheid de enige mogelijke is. Maar dat klopt niet, het is een keuze. Landen als Rusland, China, Turkije, Iran of zelfs India kunnen kiezen voor identiteit in plaats van voor liberalisme, vooruitgang, bevrijding,... De hegemonie van de westerse waarden is niet onaantastbaar. De geschiedenis ligt open.’

Rusland zoekt toenadering tot Turkije. De Turkse president Erdogan deelt jullie ‘landwaarden’?

‘Correct, hij moet kiezen tussen een Euraziatische en westerse identiteit. Ik had mijn bedenkingen bij hem, maar nadat hij de Gülenpartij heeft opzijgezet, komt hij steeds dichter bij die Euroaziatische kernwaarden en neemt hij steeds meer afstand van het Westen.’

Helpt u hem daarbij?

‘Ja, ik help de Turken om te kiezen voor het Eurazianisme. Mijn boek is in Turkije vertaald en het biedt aan de militairen een ander denkkader. Tevoren kenden ze alleen het Navo-Atlantisch denkkader, waarin hen werd geleerd hoe ze tegen Rusland moeten vechten. In mijn handleiding leg ik uit dat Turkije kan kiezen en ook tegen de VS kan vechten. Vroeger, als je als Turk niet tevreden was met de rol van de Amerikanen in de regio, zoals hoe ze de Koerden naar onafhankelijkheid helpen, dan had je geen keuze, want je had maar één denkkader.’
‘Iran staat voor dezelfde keuze. Dat land zag Rusland altijd als de oude vijand, maar toen mijn boeken er werden vertaald, ontdekten de Iraniërs dat er parallellen bestaan tussen het Euroazianisme en hun visie op de samenleving. Dat sloeg een brug tussen Rusland, Turkije en Iran. Die metafysische brug leidt uiteindelijk naar concrete politieke actie.’
Ze heeft alvast de situatie in Syrië doen kantelen. Rusland en Turkije gingen samenwerken en samen gaven ze de Syrische president al-Assad de mogelijkheid om de burgeroorlog in zijn land te winnen. ‘Dat klopt, Syrië was de laatste dominosteen die viel.’

Begon het toen in 2015 een Russische piloot boven Turkije werd neergeschoten?

‘Ik heb toen hard gewerkt om een confrontatie tussen Turkije en Rusland te vermijden en om de banden tussen beide landen aan te halen. Niet omdat ik pro-Turks ben, neen, ik ben Russisch-orthodox. Maar ik ben tegen de Amerikaans hegemonie.’
‘Die samenwerking heeft ook geleid tot de deal tussen Irak en de Iraanse generaal Soeleimani, waardoor het opstandige Kirkoek weer in handen van Irak kwam. Dat was de tweede grote overwinning die we hebben behaald in de multipolaire wereld.’

Die nieuwe samenwerking verandert de situatie in het Midden-Oosten grondig.

‘Ja, maar daar zijn tientallen jaren aan voorafgegaan. Na de val van de Sovjetunie hebben we met een aantal Russische patriotten een Euraziatische visie ontwikkeld, gebaseerd op de “landwaarden”. Die visie zijn we aan het uitdragen en we werken aan een alliantie met Turkije en Iran. Het was een lange weg. Poetins politiek is de finalisatie van die ideeën.’ 

De strijd in Syrië was het eerste kantelpunt. Wat wordt de volgende stap?

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten. Eerst zullen we aandacht geven aan de heropbouw van Syrië en Irak. We hebben een militaire overwinning behaald, nu moet de politieke volgen. We moeten de territoriale eenheid bewaren, we moeten uitzoeken wat we aan de Koerden kunnen bieden. Ze zijn door het Westen in de steek gelaten en nu kan Rusland een oplossing voor de Koerden zoeken. We zullen hen geen nieuwe staat laten bouwen, want niet iedereen is daar voorstander van. Islamitische Staat moet verdwijnen, dat is duidelijk. En de invloed van de Saudi’s moet worden gestopt. De oorlog in Jemen moet worden beëindigd. Daar kunnen we, tegen de Saudi’s in, de sjiieten helpen.’

U wil de Verenigde Staten weg uit het Midden-Oosten. De huidige Amerikaanse president Trump is sowieso minder geïnteresseerd in buitenlands beleid. Het kan dus voor de Russen niet zo moeilijk zijn om de Amerikanen te verdrijven?

‘Het is iets gemakkelijker dan vroeger. Trump zegt dat hij een non-interventionist is. Hij zou natuurlijk afstand kunnen nemen van die belofte, zoals hij wel vaker heeft gedaan. Maar hij heeft binnenlandse problemen. Dat hij die maar eerst oplost. Wij willen vrede, we willen een wereld die vrij is van de Verenigde Staten en van zijn zogenaamde democratie. Laat Eurazië en Europa met rust. Europa moet niet bang zijn, wij gaan dat niet inpalmen.’

En Oekraïne dan?

‘Oekraïne is deels Europees deels Russisch. Het is een nieuwe staat, die de keuze had als België te worden, een land met twee entiteiten. Maar het westelijke deel van Oekraïne wilde het hele land domineren, in naam van de democratie en de mensenrechten, alhoewel er ook fascisten bij waren.
Daarom is het oostelijk gedeelte in opstand gekomen en die opstand hebben wij gesteund. Wij zijn dus geen dreiging voor Europa, wij zijn geen dreiging voor West-Oekraïne. Dat is voor ons een legitiem deel van Oost-Europa.’
‘Het is boeiend: je ziet in Oost-Europa steeds meer landen die toenadering tot ons zoeken. Ik merk dat landen als Polen of Hongarije zich afvragen of Europa wel zo’n ideale wereld is. De Polen denken dat democratisering en vooruitgang hun katholieke identiteit vernietigen. De beweging die de nadruk legt op de Poolse identiteit groeit, ik krijg er steeds meer aanhangers. Hetzelfde voor Hongarije. Daar vraagt men zich af wat het beste is: hun identiteit laten vernietigen door Europa of ze te behouden, met onze steun. Voor hen is de EU een culturele bedreiging. Wij daarentegen dringen ons niet op, zij hebben gewoon de keuze.’
‘Aangezien wij Europa niet bedreigen, hebben de Europeanen een kans om over hun identiteit na te denken. Ze hebben gezien welke chaos de Amerikaanse zeemogendheid veroorzaakt. Europa heeft een kans om zich te bezinnen. Ik droom van een sterk, onafhankelijk Europa dat zijn eigen logica hanteert en dat misschien tegen ons is. En toch verkies ik dat, want dat zou betekenen dat Europa opnieuw waardigheid heeft en niet langer de vazal van de Verenigde Staten is. Wees de ander die het verschil maakt. Nu? met al dat liberalisme, zijn jullie dat niet. Daag ons uit met jullie eigen
waarden.’

mardi, 19 décembre 2017

Syrie: le facteur chinois

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Bernhard Tomaschitz :

Syrie: le facteur chinois

Beijing accroît son engagement en Syrie pour mieux asseoir sa stratégie géopolitique après le conflit !

La Chine vient donc d’accroître son engagement en Syrie. Depuis avril 2016, quelque 300 conseillers et instructeurs chinois sont présents en Syrie d’après le Middle East Monitor ; désormais, la Chine veut y envoyer des soldats pour soutenir le Président Bachar El-Assad. On pense que ces soldats appartiendront aux fameuses unités d’élite chinoises, les « Tigres de Sibérie » et les « Tigres de Nuit ». Selon le droit chinois, l’envoi d’expéditions militaires à l’étranger est autorisé, à condition que ce soit pour combattre le terrorisme. Ensuite, on peut dire que les intérêts syriens et chinois coïncident en matière de sécurité. D’après les sources syriennes, quelque 5000 islamistes venus du Xinjiang chinois combattent dans les rangs de Daesh. Les Chinois craignent dès lors que ces hommes, après la défaite subie par l’organisation terroriste, ne reviennent dans leur pays et y commettent des attentats.

La Chine a cependant d’autres intérêts en Syrie, sur le long terme cette fois, car ce pays du Levant aura un rôle important à jouer dans le grand projet chinois de la « route de la soie », l’OBOR. C’est la raison majeure qui amène Beijing à intervenir dans le processus de paix. « En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a toujours veillé à ce que règne la paix, la stabilité et le développement au Proche-Orient », a déclaré, fin novembre 2017, Geng Shuan, porte-paroles du ministère chinois des affaires étrangères. Geng Shuan s’est avéré encore plus précis : « La Chine soutient les efforts des pays de la région qui cherchent à renforcer la lutte antiterroriste et entendent rétablir l’ordre et la stabilité ». La Chine est prête à échanger des idées avec les pays de la région « qui travailleront à la réalisation du projet OBOR et qui voudront assurer la paix et la stabilité en optant pour une politique de développement ».

La Chine, tout comme la Russie, veut participer à grande échelle à la reconstruction de la Syrie pour gagner en influence dans la région aux dépens des Etats-Unis. Beijing et Moscou profitent du fait que l’Occident, engoncé dans ses marottes idéologiques, cultive encore et toujours l’illusion d’un changement de régime à Damas. « Les Etats occidentaux disent qu’ils apporteront leur soutien à la reconstruction de la Syrie seulement si s’amorce « un processus crédible conduisant à un véritable changement politique soutenu par la majorité du peuple syrien », écrivait l’agence Reuters le 24 novembre 2017. La Chine, elle, ne demande à la Syrie que de faire preuve de ‘flexibilité’, d’esprit de dialogue et de négociation.

Pour se préparer à l’ère de la reconstruction, une rencontre bilatérale sino-syrienne de haut niveau a eu lieu en juillet dernier. Y participait également la « Banque d’investissements structurels asiatique », créée à l’initiative de la Chine. On y a planifié l’édification d’un parc industriel en Syrie, qui serait ouvert aux entrepreneurs chinois et aurait une valeur de deux milliards de dollars. Comme le remarquait Asia Times, « rien n’aurait davantage de sens qu’un engagement chinois ». Finalement, les négociants syriens ont été très actifs sur la route de la soie pour le petit commerce, avant la tragique guerre civile syrienne ». Les Chinois n’ont pas oublié non plus qu’aux temps de l’ancienne route de la soie la Syrie contrôlait le passage des marchandises vers l’Europe et vers l’Afrique.

Aujourd’hui, ajoute Asia Times, le projet OBOR fera inévitablement émerger un « moyeu syrien ». Ce n’est donc pas un hasard si l’ambassadeur syrien en Chine, Imad Mustafa, mise sur cet atout. La Chine, la Russie et l’Iran recevront la priorité demain, après la fin des hostilités, quand il s’agira de lancer les programmes de reconstruction, de rééquipement et d’investissements infrastructurels. Les Etats-Unis et, à leur suite, les Etats de l’Union européenne, resteront sur le carreau.

Avec l’aide de la Chine, Assad pourra sans doute réaliser son rêve des « Quatre mers ». En 2009, il avait déclaré dans un interview : « Dès que l’espace économique entre la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran sera intégré, nous deviendrons le lien nodal entre la Méditerranée, la Caspienne, la Mer Noire et le Golfe Persique. Dès que ces mers seront reliées entre elles, nous serons, dans le monde, le point d’intersection optimal pour tous investissements, transports et autres ». On avait planifié en Syrie la construction de routes, de ports et d’oléoducs. De plus, la stratégie dite des « Quatre mers » avait été évoquée dans « Syria today » en janvier 2011 : ce projet, disait le magazine syrien, «montrera que la Syrie, en matière de stabilité, ne dépendra plus des Etats-Unis et de leurs principaux alliés : c’est là un message clair pour beaucoup d’autres pays comme le Venezuela, le Brésil et l’Argentine ».  Assad n’a plus pu réitérer ce message car, très peu de temps après l’avoir formulé une première fois, les Etats-Unis ont déclenché leur guerre contre la Syrie, par terroristes interposés.

Or, sept ans après avoir énoncé ce projet, Assad a, envers et contre tout, consolidé son pouvoir et a offert aux adversaires géopolitiques des Etats-Unis l’occasion de gagner considérablement en influence au Levant. On dirait que l’histoire a puni l’Amérique. L’analyste russe Alex Gorka en tire des conclusions pertinentes : « La Chine peut devenir un acteur très important en Syrie. La Syrie, en effet, doit être reconstruite et la Chine est en mesure d’offrir cette aide. En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, le rôle qu’elle peut jour pour parvenir à une solution pacifique est de toute première importance. La participation chinoise fait que le processus de paix sera vraiment international, avec une large représentation de puissances autres qu’occidentales, réduisant du même coup le rôle que pourra jouer l’Ouest ».

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°50/2017, http://www.zurzeit.at ).  

lundi, 18 décembre 2017

« Dans les démocraties libérales, tout est fake news » : entretien avec Alexandre Douguine

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« Dans les démocraties libérales, tout est fake news » : entretien avec Alexandre Douguine

Entretien accordé par Alexandre Douguine aux hebdomadaire Knack (version néerlandaise) et Le Vif à Bruxelles

Propos recueillis par Jeroen Zuallaert

Ex: http://zejournal.mobi

 
Auteur : Jeroen Zuallaert | Editeur : Walt | Lundi, 18 Déc. 2017 - 11h04

« Vous prononcez le mot démocratie comme s’il était sacré. Vous trouvez certainement que les antidémocrates ne sont pas humains ! » Notre confrère de Knack s’est entretenu avec Alexandre Douguine, le prophète autoproclamé de Vladimir Poutine qui rêve d’un empire eurasien où il n’y a pas de place pour les journalistes.

Alexandre Douguine n’est pas l’idéologue maison de Vladimir Poutine. « Ou du moins pas littéralement », admet-il. « À l’heure actuelle, je n’occupe pas de position officielle au sein de l’appareil d’État. Je n’ai pas de ligne directe avec Poutine, je ne l’ai même jamais rencontré. Mais j’ai mes façons de communiquer ».

Pourtant, le terme « idéologue maison » n’est pas mal choisi, estime Douguine. « Si vous comparez mes théories et mes écrits à mon travail, vous pouvez uniquement en conclure que Poutine a suivi pratiquement toutes mes propositions politiques. Il a resserré les liens avec l’Iran et la Turquie et il a annexé la Crimée, ce que je lui recommande depuis des années. Il mise sur les normes et les valeurs traditionnelles. Il a fondé l’Union eurasienne, qui doit constituer la base d’un empire eurasien. Il y a dix ans, j’étais à Washington pour un débat, et on m’a introduit en ces termes : "Ne regardez pas la position de monsieur Douguine, regardez ses écrits et comparez-les aux actes de Poutine". C’est tout à fait ça ».

En Russie, Douguine est surtout populaire dans les cercles militaires, où la lecture de sa Quatrième théorie politique est obligatoire pour les futurs officiers. Cette théorie succède à trois idéologies politiques – le libéralisme, le communisme et le fascisme – qui d’après lui ont perdu leur légitimité. La quatrième théorie politique doit combiner les éléments des trois théories précédentes, même si Douguine semble surtout détester la démocratie libérale. La quatrième théorie politique doit devenir l’idéologie dominante en Eurasie, une alliance géopolitique entre la Russie et l’Europe, qui, tout comme dans 1984 de George Orwell, doit endiguer ce qu’il appelle l’impérialisme américain.

Vous avez qualifié l’investiture de Trump de « l’une des meilleures journées de votre vie ». Êtes-vous toujours de cet avis ?

Alexandre Douguine : Je pouvais à peine en croire mes oreilles ! Pour moi, l’élection de Trump est la preuve que le peuple américain est toujours en vie. Je suis très heureux de l’avènement du trumpisme, même si aujourd’hui il est pris en otage par le Deep State (l’État dans l’État, NLDR). Aujourd’hui, Trump se trouve dans la camisole de force des globalistes américains, on dirait un personnage de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Et pourtant, rien que son élection a été une gifle énorme pour l’interventionnisme américain. Grâce à lui, l’Amérique n’est plus le centre de la globalisation. Même s’il n’arrive qu’à implémenter un centième de ce qu’il a promis, ce serait un soutien incroyable pour le projet eurasien.

Assistons-nous à la fin du libéralisme ?

Ce n’est certainement pas encore la fin, mais les aspects négatifs du libéralisme se manifestent de plus en plus clairement. C’est une sorte de fascisme libéral qui considère tout le monde qui ne possède pas au moins un iPhone 6 comme moins humain. La modernité se voit elle-même comme un objectif final, alors que pour les traditionalistes c’est un choix. Heureusement, de plus en plus de personnes comprennent que le libéralisme est fondamentalement une erreur.

Quelle est pour vous l’erreur du libéralisme ?

Il a privé l’homme de toute forme d’identité collective. La religion, les valeurs traditionnelles, la hiérarchie, la conscience nationale : il faut s’en débarrasser. Tout devient optionnel : on peut choisir sa religion, sa nation, et aujourd’hui même son sexe.

Les transgenres sont tout de même une réalité...

Au contraire, c’est l’idéologie pure. L’homme invente ces concepts et la réalité s’y adapte. Les transgenres et l’homosexualité sont une idéologie politique, ils sont le dernier stade du libéralisme.

L’homosexualité a toujours existé, non ?

C’est de la propagande politique pure qui impose des normes de manière totalitaire à la société.

Dans une démocratie libérale, personne n’est contraint à être homosexuel, non ?

À partir du moment où on autorise quelque chose, la norme change. Au fond, les normes sont une sorte de schéma qu’il faut suivre, et si vous tolérez autre chose que la norme, vous en faites automatiquement une nouvelle norme. Si vous autorisez l’homosexualité, vous détruisez la société hétérosexuelle, parce que vous lui enlevez une forme d’identité collective. L’objectif ultime du libéralisme, c’est d’éliminer l’humanité : vous donnez le choix aux gens de poursuivre leur vie comme un cyborg, ou comme un animal.

Il n’y a tout de même personne qui propose ça sincèrement ?

Nous devons comprendre que le libéralisme est un produit de la modernité. Les concepts tels que le racisme, l’esclavage et le totalitarisme sont des concepts européens nés dans la modernité. Quand le libéralisme était encore contraire au fascisme et au communisme, on aurait dit un système antitotalitaire. Mais à présent qu’il n’y a plus de grands ennemis idéologiques, le libéralisme montre son vrai visage. Les idéologues tels que George Soros et Karl Popper divisent le monde en deux groupes : les sociétés ouvertes et fermées. Tout comme les communistes divisaient le monde en capitalistes et prolétaires et les nazis faisaient la distinction entre les ariens et les non-ariens, ils divisent le monde en progressistes – les bons – et les conservateurs – les mauvais.

Cela ne rime à rien, non ? Dans une démocratie libérale, les conservateurs ont tout à fait le droit d’avoir des idées conservatrices.

Dans une démocratie libérale, seuls les conservateurs libéraux sont les bienvenus. Ceux qui ne le sont pas sont immédiatement marginalisés et criminalisés. Les gens comme moi, qui préconisent une démocratie non libérale, sont immédiatement traités de fascistes et de stalinistes. Nous sommes les nouveaux juifs et ouvriers du goulag. Votre société soi-disant ouverte n’accepte que les partisans de la société ouverte.

AD-book4PTH.jpgMais les partis conservateurs sont tout de même autorisés dans les sociétés occidentales ?

Le débat est mené uniquement parmi les partisans du libéralisme. On peut être libéral de droite et libéral de gauche. On peut être libéral d’extrême droite ou libéral d’extrême gauche. Mais il est impossible d’être non libéral.

Considérez-vous le Front national comme un parti libéral ?

Le FN est un parti libéral d’extrême droite, car il est pour la république et la démocratie. Mais même lui est diabolisé et conspué parce qu’il n’est pas assez libéral.

N’est-il pas normal que les opposants politiques se critiquent entre eux ? Le FN peut tout de même simplement participer aux élections.

Mais ses adeptes sont diabolisés, ce sont des parias ! La même chose vaut pour les personnes qui soutiennent Trump. Si vous êtes dans un café à New York et vous dites que vous avez voté Trump, vous risquez de vous prendre une gifle.

Si vous êtes dans un café à Moscou et vous dites que vous détestez Poutine, vous risquez aussi de vous prendre une gifle.

Je ne suis pas d’accord avec cette analogie. En Russie, on peut parfaitement être anti-Poutine. Le seul moment où nous défendons Poutine, c’est quand nous sommes confrontés aux haïsseurs de l’extérieur. C’est une forme de solidarité russe collective.

Selon votre interprétation, l’Eurasie est-elle une démocratie ?

Vous prononcez le mot démocratie comme s’il était sacré. Vous trouvez certainement que les antidémocrates ne sont pas humains !

C’est une simple question. Votre interprétation de l’Eurasie est-elle démocratique ?

Ah, c’est quoi démocratique ? Disons-le ainsi : pour moi, l’Eurasie ne doit pas être non démocratique. Le taux démocratique de l’Eurasie dépend de ce que décide la société.

N’est-il pas logique qu’une telle décision découle d’un processus démocratique ?

Je trouve qu’une société doit pouvoir décider d’être régie par un monarque ou un dictateur. Le résultat d’une telle décision ne doit pas forcément être une démocratie. La seule véritable décision démocratique en Russie a été prise à l’époque du Zemski Sobor, l’assemblée russe qui a élu le premier tsar des Romanov au 17e siècle. Nous avons choisi un monarque, et nous en avons toujours été contents.

Que se passe-t-il si une société change d’avis ?

Tant qu’il n’y a pas de révolution, il y a un accord tacite qui légitime l’autorité du régime. Les libéraux veulent mettre fin à l’histoire et imposer leur idéologie à tout le monde alors que l’histoire politique est ouverte : la démocratie n’est pas une valeur universelle incontestable que le monde entier n’a qu’à accepter.

Ne trouvez-vous pas problématique que la Russie n’ait pas d’élections impartiales ?

Nos élections sont absolument impartiales, car chez nous elles ne servent pas à amener un nouveau régime au pouvoir. En tant que société, nous sommes plus ou moins contents de Poutine. Alors peu importe le pourcentage exact de gens qui votent pour lui.

Pourtant, vous êtes régulièrement critique vis-à-vis de Poutine ?

Je trouve qu’il ne fait pas ce qu’il a à faire, mais cela ne signifie pas que je ne trouve pas qu’il soit le seul leader légitime possible de la Russie. L’esprit russe fonctionne à plusieurs niveaux. Pour nous, la contradiction n’est pas inacceptable.

Quelle est votre principale critique envers Poutine ?

Je lui reproche d’avoir créé un système où il soit le seul individu capable de prendre une décision. En soi, c’est mieux que le chaos total, mais c’est instable. Poutine se comporte comme s’il était immortel. Malheureusement, il ne l’est pas.

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Vous plaidez en faveur d’une dynastie Poutine.

C’est impossible, car pour cela il faut les institutions, et pour fonder ces institutions il faut formuler les principes de votre vision de la société. Il ne le fait pas. Le plus grand problème de Poutine, c’est qu’il n’a pas d’idéologie. C’est un leader génial qui a transformé un pays qui se désagrégeait en puissance souveraine. Aujourd’hui, chacun doit deviner ce qu’il signifie par « démocratie », « tradition », « religion » ou « modernisation ». Et celui qui devine mal, est puni. En 2014, j’ai été éjecté de l’université parce que j’ai critiqué sa politique étrangère. Mais je me suis résigné, je ne m’intéresse pas à ma carrière.

Êtes-vous content de la politique étrangère de Poutine ?

Je la trouve généralement équilibrée. Sa plus grande erreur c’est de ne pas avoir poursuivi la libération de l’Est de l’Ukraine. Il aurait pu pénétrer beaucoup plus loin en Ukraine. On savait à l’avance qu’il y aurait des sanctions économiques. Aujourd’hui, nous payons un prix lourd pour un produit relativement limité.

Voyez-vous un successeur possible ?

Dans le système de Poutine, il n’y a pas de place pour un successeur. Il craint de nommer un héritier qui soit aussi fort que lui, parce qu’il pourrait l’éclipser. Il était impossible de trouver un meilleur dirigeant que lui, mais nous en avons trouvé de pires. Entre 2008 et 2012, Dmitri Medvedev a pratiquement détruit le système, et il est toujours Premier ministre. C’est un danger que Poutine manipule : si vous ne me soutenez pas, je mets le monstre libéral sur le trône, et notre stratégie au Moyen-Orient tombe à l’eau. Rien n’a été réglé formellement. Le problème, c’est que Poutine parie sur deux systèmes : il est tant eurasianiste que libéral. Dans le paradigme économique, il trouve le libéralisme nettement plus important. Il devrait faire un testament où il explique son idée à son héritier.

Vous souhaitez que Poutine détermine à quel point la Russie peut être occidentale.

(hoche la tête) Il doit traduire son intuition individuelle en une doctrine destinée à sécuriser l’ordre futur. Il n’a tout simplement pas d’idéologie déclarée, et cela devient de plus en plus problématique. Chaque Russe sent que cette approche hyper individuelle de Poutine représente un risque énorme. La propagande à la télévision russe devient de plus en plus stupide. Les talk-shows politiques sur Pervyj Kanal (la principale chaîne publique, NLDR) sont carrément stupides. Les présentateurs sont une bande de libéraux qui se font passer pour des conservateurs par considérations financières. C’est une espèce de jeu : si Poutine change d’avis, il faut changer toute la machine de propagande. Là, ils invitent en permanence les mêmes idiots américains et ukrainiens pour faire passer l’Occident pour stupide. Ce n’est plus convaincant. Comprenez-moi bien : l’Occident est mauvais, mais nous devons au moins prendre la peine de l’étudier.

Ne craignez-vous pas que pour beaucoup de Russes les libertés occidentales paraissent attrayantes ?

Les Russes sont plus constants que vous ne le pensez. Dans les années nonante, les Russes ont été séduits par le libéralisme, mais ils ont rapidement senti la réalité amère. Nous ne devons pas craindre les Russes et leur présenter une caricature de la réalité à laquelle personne ne croit. C’est pourquoi je trouve la télévision russe actuelle aussi répugnante.

Cette critique vaut-elle également pour Russia Today et Sputnik ?

C’est tout à fait différent. RT et Sputnik font parfaitement leur travail. Ils promeuvent une alternative à l’agenda libéral globaliste. Ils élargissent l’opinion démocratique. Nous nous défendons uniquement contre l’élargissement agressif de la société moderne. L’Occident devrait accepter que la forme de société libérale soit optionnelle.

Ne trouvez-vous pas problématique que des médias comme Russia Today et Sputnik inventent tout le temps des événements ?

Les médias mentent en permanence. Tout est fake news. On ne peut approcher la réalité de manière neutre. L’esprit humain fonctionne toujours avec de l’information pro-cédée. Si vous cherchez la vérité, je vous conseille de devenir philosophe : vous aurez une vie intéressante. Celui qui travaille dans les médias est par définition un menteur.

De quelle façon est-ce que je mens, monsieur Douguine ?

Vous mentez parce que vous faites passer une réalité codée définie par la société, par les détenteurs de pouvoir qui contrôlent les médias. Antonio Gramsci dirait : vous mentez parce que vous avez conclu un pacte historique avec le capitalisme. Tout est idéologique, dit le marxisme, et l’idéologie est une fausse conscience : un mensonge pur.

AD-putin.jpgMais il y a les faits, tout de même ? Si demain Moscou lâche une bombe sur Bruxelles, et j’écris que Moscou a lâché une bombe sur Bruxelles, ce n’est pas un mensonge ?

(ricane) D’abord et avant tout, vous ne pourrez rien écrire si cela arrive. Vous serez mort.

Mettons que je survive.

Même alors, il vous faut recueillir des informations et vérifier les sources. Qui paiera votre billet pour accéder aux ruines ? Comment allez-vous prouver que Moscou est derrière les bombardements et non Oussama ben Laden ? Aujourd’hui, il n’est même pas clair qui étaient les auteurs du 11 Septembre ! D’abord, c’étaient les Saoudiens, mais à présent le président Trump a suggéré qu’il fallait une nouvelle enquête. Pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que tout est fake news.

Vous êtes sérieux là ?

Dans notre société, on ne peut jamais être vraiment sûr que l’avion avec lequel Moscou a soi-disant lâché la bombe ait été détourné au dernier moment par des musulmans. Vous connaissez le film Conspiracy Theory ?

Non.

C’est un film extrêmement intéressant dont le personnage principal voit des complots partout, et qui est traité de fou. Mais finalement, il s’avère qu’il est le seul à avoir eu raison depuis le début.

Mais c’est de la fiction, non ?

Non, c’est le paradigme de la réalité. Nous vivons dans une réalité virtuelle du fake news. Le journalisme aussi est un produit typique de la modernité. La vérité est difficile à trouver, et pour la trouver nous devons éliminer le journalisme.

Vous voulez supprimer le journalisme ?

Il y a des sociétés sans journalisme qui ne sont pas pires que la société occidentale. En même temps je réalise que les mensonges peuvent être diffusés de millions de façons. Nous cherchons tout au plus la sécurité, la tolérance, le confort, et peut-être un peu de justice sociale. Le libéralisme ne s’occupe que d’efficacité et d’accélération, et plus de la recherche de la vérité.

L’autoritarisme s’intéresse encore beaucoup moins à la vérité.

Au contraire, dans l’autoritarisme il y a encore un choix. Le totalitarisme, la théocratie, la société de castes : dans les systèmes autoritaires, nous avons le choix entre plusieurs mensonges, ce qui est nettement plus agréable. En démocratie libérale, il n’y a qu’un mensonge à croire : l’assertion que la démocratie est la moins pire de toutes les formes de gouvernement. (réfléchit) Vous savez, le mal est surtout en nous. Nous mettons trop d’espoir et de confiance en la technologie épistémologique. Par exemple, je suis très préoccupé par la confiance aveugle des sociétés en les réseaux sociaux.

Vous aussi vous êtes un fervent utilisateur des réseaux sociaux.

J’essaie de transformer le poison en remède.

La Russie utilise les réseaux sociaux pour influencer les élections étrangères.

(ricane) Je crains que vous nous surestimiez. Oui, la Russie essaie de s’armer contre les attaques technologiques de l’Occident, mais nous n’y parvenons guère. Au fond, c’est une réaction à la guerre en réseau américaine des années nonante. Il vous faudra encore un peu de patience. Notre cyberprogramme n’en est qu’à ses balbutiements, et on nous accuse déjà d’avoir piraté les élections !


- Source : Le Vif (Belgique)

Ukraine. L'Union européenne à la botte de Washington

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Ukraine. L'Union européenne à la botte de Washington

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union européenne, lors d'un sommet européen à Bruxelles le 14 décembre, a décidé de reconduire ses sanctions contre la Russie à propos de l'Ukraine. Ces sanctions touchent des banques, des entreprises de défense et des compagnies pétrolières russes, et interdisent aux Européens les investissements financiers en Russie.

Le conflit ukrainien connait actuellement un regain. Les Ukrainiens de Kiev, soutenus et armés jusqu'ici de façon non officielle par les Etats-Unis, ont repris de violentes offensives contre les séparatistes russophones de l'Est. Les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les « rebelles » séparatistes, notamment en leur fournissant des armes, ce qui semble exact, bien que Moscou démente catégoriquement la chose. Mais le soutien russe reste modeste. Il n'est en rien comparable à l'aide occidentale. On apprend d'ailleurs aujourd'hui que le Canada a décidé, officiellement, d'armer les Ukrainiens de l'Ouest   https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/...

La décision du sommet européen devra encore être officiellement adoptée par les 28 pays de l'Union européenne, probablement dès la semaine prochaine, selon un porte-parole de l'Estonie, le pays qui assure la présidence tournante de l'Union jusqu'à fin décembre.

Il est regrettable que ni Angela Merkel ni Emmanuel Macron n'aient présenté d'objections à la décision du Conseil, au prétexte que le protocole de Minsk n'était toujours pas appliqué. Mais ils ont paru en imputer la responsabilité à la Russie, sans mentionner la volonté de Kiev, affichée dès le début, de n'en tenir aucun compte,. Depuis quelques mois, elle a repris ses offensives sur une large échelle.

Moscou a réagi calmement, mais il est évident que les relations entre la Russie et les Européens, déjà quasiment au point mort, ne s'amélioreront pas. Dans un premier temps, les contre-sanctions russes, dont souffre principalement l'agriculture françaises, ne seront pas levées.

La récente tournée européenne du secrétaire d'Etat Rex Tillerson a montré que Donald Trump fera tout son possible pour éloigner l'Europe de la Russie...et qu'il y a déjà réussi. Tillerson n'a cessé d'affirmer que la Russie était une menace grandissante pour l'Europe: « L'agression russe en Ukraine reste la plus grande menace actuelle contre la sécurité européenne » “Russia's aggression in Ukraine remains the biggest threat to European security.”. Aucun de ses interlocuteurs européens n'a fait valoir la moindre objection.

Il en résultera qu'au plan géostratégique, l'alliance entre la Russie et la Chine se renforcera. L'Europe sera de moins invitée à s'y joindre, le voudrait-elle. Quant à l'Ukraine, Vladimir Poutine dans sa dernière conférence de presse a mis en garde contre le risque d'un « massacre dans les Etats ukrainiens russophones pire que celui de Srebrenica si les Occidentaux continuaient à renforcer leur aide aux forces ukrainiennes nationalistes de Kiev ». On remarquera qu'avec sa prudence habituelle il n'a pas évoqué dans ce cas une intervention militaire de la Russie en défense des républiques populaires de Lougansk et de Donetz.

vendredi, 15 décembre 2017

L'Allemagne, la France et l'Eurasie

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L'Allemagne, la France et l'Eurasie

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans une Allemagne ou Angela Merkel semble avoir perdu sa capacité à rassembler les différents partis politiques, il est intéressant de constater la montée en influence de Sigmar Gabriel, actuel ministre des Affaires Etrangères et membre influent du SPD, Parti social-démocrate (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmar_Gabriel).

Ceci est d'autant plus important que Sigmar Gabriel défend des perspectives très intéressantes dans le domaine international. Elles concernent tout autant la France que l'Allemagne. Ainsi, dans un discours-programme sur la politique étrangère, le 5 décembre, il paru prendre acte de la perte d'influence des Etats-Unis en Europe. Mais loin de la regretter, il s'est est quasiment réjoui. Il y voit une occasion pour l'Allemagne de réaffirmer ses ambitions géopolitiques. Il parlait devant des diplomates et experts de haut rang rassemblés dans le cadre du Forum Berlinois sur la politique étrangère organisé par l'influente Fondation Körber 1).

Certains pourraient craindre en France que le concept de Grande Allemagne qui était sous-jacent à son discours corresponde à celui d'Europe allemande. En effet, pour lui, il n'est pas question d'envisager d'une façon ou d'une autre le retrait de l'Union européenne. Cependant, même s'il ne l'a pas dit, obligé à la réserve diplomatique, il considère que l'Allemagne n'a rien à gagner dans l'Europe actuelle, largement au service des intérêts américains, tant économiques omni-présents à Bruxelles que politico-militaires fondamentalement anti-russes au sein de l'Otan.

Par contre, si l'on peut dire les choses d'une façon un peu brutale que Sigmar Gabriel ne voudrait certainement exprimer officiellement, il ambitionne une Europe franco-allemande, ou plutôt alémano-française. Avec réalisme, il admet que si l'Allemagne dispose d'une puissance économique et financière infiniment supérieure à celle de la France, celle-ci aura longtemps, car ces choses ne s'improvisent pas, la supériorité d'une force armée polyvalente, de solides industries de défense et de capacités de déploiement incomparables dans un certain nombre de théâtres mondiaux.

On peut penser qu'aujourd'hui Emmanuel Macron, par divers qualités que nous n'examineront pas ici, est beaucoup plus rassurant pour l'Allemagne que ses prédécesseurs. Macron lui-même avait déjà montré son attrait pour une Europe franco-allemande, mais le moins que l'on puisse dire est qu'Angela Merkel ne l'avait pas encouragé dans cette voie. Les ouvertures d'un Sigmar Gabriel, même si celui-ci ne dispose encore que de pouvoirs limités au sein de l'actuelle ou de la future Grande Coalition, ne pourront que l'intéresser.

Une stratégie eurasiatique

Au plan international, Sigmar Gabriel, dans son discours, s'est radicalement démarqué de ce que l'on pourrait appeler la stratégie américaine de ses prédécesseurs, visant à faire de l'Allemagne le meilleure élève d'une classe européenne dont Washington resterait toujours le magister. Il a expliqué, pour la première fois en Allemagne, dans une instance aussi influente que le Forum Berlinois, qu'il portait un intérêt considérable au grand projet de la Chine, dont nous avons souvent discuté ici, relatif à l'OBOR, “One Belt One Road” ou “nouvelle Route de la Soie”). Il y voit une initiative très prometteuse pour intégrer les politiques économiques, géopolitiques et géostratégiques des nombreux pays qui seront ainsi reliés.

Certes la Chine, responsable de l'initiative, entend en rester le moteur, mais en aucun cas elle ne paraît viser à le faire à son seul profit, non plus qu'à celui de la Russie, son alliée indéfectible. Il a expliqué que «  Nous, en Occident, pourrions être à juste titre critiqués pour n'avoir conçu aucune stratégie comparable ». Il semble y voir, non seulement pour l'Allemagne, mais pour une Europe alémano-française, une occasion irremplaçable permettant de s'intégrer à la construction d'un grand ensemble eurasiatique en gestation. Celui-ci deviendrait sans discussions la première puissance mondiale à tous égards – peut-être la seule puissance capable d'assurer la survie du monde face aux multiples crises qui se préparent.

Il serait inadmissible que la France ne voit pas les enjeux et tarde encore, comme elle le fait actuellement, à rejoindre le grand ensemble eurasiatique qui se mettra d'autant plus vite en place qu'une Allemagne sous la direction d'un Sigmar Gabriel, déciderait sans attendre d'en exploiter les opportunités.

1) Voir
* https://www.deutschland.de/fr/topic/politique/forum-berli...
* https://www.koerber-stiftung.de/en/berlin-foreign-policy-...

mardi, 12 décembre 2017

L’atlantisme: une passion française

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L’atlantisme: une passion française

Auteur : Guillaume Berlat
Ex: http://zejournal.mobi

 

 

« L’OTAN est un faux-semblant. C’est une machine pour déguiser la mainmise de l’Amérique sur l’Europe. Grâce à l’OTAN, l’Europe est placée sous la dépendance des États-Unis sans en avoir l’air » déclarait le 13 février 1963 le général de Gaulle qui en connaissait un rayon sur nos meilleurs amis américains. Manifestement, les choses ont peu évolué dans notre Douce France. Au lieu de se tenir à distance respectable de cette institution avatar de la Guerre Froide comme l’avait fait le premier président de la Cinquième rompant avec la structure militaire intégrée de l’Alliance atlantique, ses successeurs n’ont eu de cesse que de reprendre une place pleine et entière à Evere et à Mons. Malheureusement, le rôle d’idiot utile n’est jamais payant auprès du grand frère américain, pas plus hier qu’aujourd’hui. La théorie de la servitude volontaire chère à Etienne de la Boétie n’a pas pris la moindre ride. Il est pathétique d’entendre déclamer par les servants de la liturgie des éléments de langage de l’OTAN les fadaises sur « l’alliance la plus durable de l’histoire ». Quelques précisions sémantiques s’imposent d’entrée de jeu pour mieux appréhender le concept d’atlantisme qui n’est pas neutre.

PRÉCISIONS SÉMANTIQUES

Avant toute chose de quoi parle-t-on concrètement dans un domaine où la confusion est souvent la règle ? D’un fort ancrage anglo-saxon de l’OTAN que l’on doit compléter par un questionnement sur la finalité de l’Alliance atlantique après la fin de la Guerre froide.

Un fort socle anglo-saxon de l’OTAN

Sur le plan de l’étymologie : le terme d’atlantisme est un dérivé d’atlantique, concept contenu dans l’appellation de l’ « Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (OTAN sous son acronyme français et NATO en anglais). Le mot atlantique est issu du grec atlantikos, Atlantique. Il est un dérivé d’Atlas, du nom d’une chaîne de montagnes situées en Afrique du Nord. L’adjectif « atlantique » qualifie ce qui concerne l’Océan atlantique et les pays riverains. L’atlantisme désigne une politique extérieure caractérisée par le soutien apporté aux Etats-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN. Conceptualisé au début de la Guerre froide, l’atlantisme prône une étroite coopération entre les Etats-Unis, le Canada et les pays européens dans les domaines politique, militaire, économique et culturel. L’objectif avoué consiste, en principe, à assurer la sécurité des pays membres de l’OTAN (clause de solidarité de l’article 5 qui veut qu’une attaque contre l’un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous) et de protéger les valeurs qui les unissent : démocratie, libertés individuelles et Etat de droit. L’atlantisme désigne aussi l’attitude politique, l’opinion, la doctrine de ceux qui font du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) la base de leur action extérieure et qui, au nom de ces principes, s’alignent de manière plus ou moins systématique, idéologique sur la politique extérieure des Etats-Unis qu’elle soit entièrement justifiée ou totalement infondée, ce qui arrive parfois.

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Un questionnement sur la finalité de l’OTAN dans l’après-guerre froide

Depuis la fin de la Guerre froide, l’atlantisme est souvent dénoncé, dans les mouvements de gauche et altermondialistes de certains pays d’Europe, mais aussi chez ceux qui se revendiquent du gaullo-mitterrandisme, comme un soutien à la politique étrangère des États-Unis et à la défense d’une conception purement anglo-saxonne du libéralisme économique. Les préjugés envers l’atlantisme sont plutôt favorables au Royaume-Uni, en Pologne, dans les pays Baltes, et défavorables en France et en Allemagne. Un atlantiste est un partisan de l’atlantisme. L’adjectif atlantiste qualifie ce qui est relatif à l’atlantisme(1). L’Atlantiste se revendique d’une vision occidentaliste et universaliste du monde consistant à prétendre se substituer aux autres peuples pour définir leurs intérêts, y compris par la force pour les plus récalcitrants d’entre eux (Cf. concept du Grand Moyen-Orient développé par George W. Bush après la guerre en Irak). On peut mesurer les effets négatifs d’une telle conception du monde à travers les expériences afghane, irakienne, libyenne. Cette approche atlantiste peut se résumer sommairement en un amour immodéré de l’OTAN(2) complété par une haine viscérale de la Russie(3).

Un retour en arrière sur l’immédiat après Seconde Guerre mondiale dans notre pays.

LA TENTATION OTANIENNE : UN MARQUEUR DE LA QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

Durablement affaiblie sur la scène internationale après « l’étrange défaite » de 1940, la France de la Quatrième République n’a d’autre ressource que de se soumettre aux Diktats de Washington surtout à une époque où le péril soviétique est bien présent en Europe. La défaite de Dien Bien Phu ne redore pas le blason terni d’une France affaiblie politiquement, économiquement et diplomatiquement. En dépit des appels à l’aide lancés à l’Amérique pour l’aider à desserrer l’étau autour de la cuvette de la mort, Washington reste de marbre. Cela lui permettra de remplacer la France en Indochine. L’expédition franco-britannique de Suez est condamnée par les États-Unis. Les premières tentatives d’acquisition de l’arme atomique font l’objet de sévères mises en garde de Washington auquel l’OTAN emboîte le pas.

La France est accusée d’être un pays proliférateur et priée de cesser de jouer dans la cour des grands. La guerre d’Algérie vient ajouter un sujet de mécontentement américain à l’endroit de la « Grande Nation ». Mais, lorsqu’on est affaibli, il faut savoir faire bon cœur contre mauvaise fortune et se montrer un otanien discipliné et servile. Accepter sans coup férir les humiliations répétées, les Oukazes, les rabaissements… venus de Washington. Il faudra attendre le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958 pour que la donne change petit à petit… mais sûrement. Cela va décoiffer chez les esprits formés au moule de la servitude atlantiste.

Le retour du général de Gaulle aux affaires en 1958 constitue de ce point de vue une véritable rupture idéologique vis-à-vis de l’Amérique et de ses outils de domination, en particulier militaires.

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LE CHOIX DE L’INDÉPENDANCE NATIONALE : LE DÉSIR DU GÉNÉRAL

Seul un retour à une économie forte et dynamique permet au premier président de la Cinquième République de gagner son indépendance militaire.

Le retour de l’autonomie économiqueC’est que le général de Gaulle a quelques idées bien arrêtées sur la nature de la relation qu’il entend développer avec les États-Unis qui lui ont donné pas mal de fil à retordre pendant la Seconde Guerre mondiale et à la Libération de la France qui avait vocation à un régime de tutelle. La première de ses préoccupations consiste à rembourser toutes ses dettes aux Américains tout en mettant un terme au conflit algérien pour retrouver les mains libres. Allié fidèle en cas de coup dur, il le sera comme pendant les crises de Berlin et de Cuba. Aligné indéfectible en temps normal, il refusera de l’être choisissant la voie de l’indépendance nationale. Construire une Europe avec un moteur franco-allemand, renforcer le franc, contester la convertibilité du dollar, réclamer voix au chapitre dans les grandes décisions otaniennes… telles sont les grands axes de la politique étrangère du général de Gaulle. Contrairement à certains de ses éminents successeurs, il fait ce qu’il dit. Les actes suivent les paroles au grand dam de nos excellents amis américains très peu portés à la contradiction et au rejet de leur politique hégémonique, pour ne pas dire parfois, leur politique impériale.

Le choix de l’indépendance militaire

Qui dit indépendance économique, dit indépendance diplomatique (parler avec Moscou, établir des relations diplomatiques avec Pékin, critiquer la guerre du Vietnam lors du discours de Phnom Penh ; titiller Washington en Amérique latine et au Québec…) et indépendance militaire (parvenir au seuil nucléaire sans l’aide américaine et faire ses premiers essais nucléaires dès le début des années 1960 dans le Sahara). Toutes choses, on l’imagine, qui ne sont pas du meilleur goût pour nos alliés américains et pour toute la piétaille française grassement rémunérée pour lutter contre le terrorisme mais surtout pour cultiver un état de servitude volontaire vis-à-vis du tuteur américain.

N’ayant obtenu aucune réponse favorable à ses demandes de traitement identique à celui des Britanniques, le général de Gaulle en tire les conséquences : retrait de la structure militaire intégrée, départ de toutes les troupes américaines stationnées en France, déplacement du siège de l’OTAN de Paris à Bruxelles… Circulez, il n’y a rien à voir en France. Allez voir chez nos voisins belges ! Ils seront ravis de vous héberger à Bruxelles et à Mons pour aller vous préparer à faire la guerre… surtout après la fin de la Guerre froide. Le premier président de la République traite directement avec l’ours soviétique et avec Mao sans aller chercher ses instructions à la Maison Blanche.

En France, les vieux démons ont la vie dure. Chassez le naturel, il revient au galop. Sortie par la grande porte de l’histoire gaullienne, la pensée atlantiste revient par la petite fenêtre de l’histoire sarkozyste.

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LE RETOUR AU BERCAIL OTANIEN : LE CHOIX DE NICOLAS SARKOZY

Après quelques hésitations des successeurs directs du général de Gaulle en termes de positionnement par rapport à l’OTAN, c’est l’un de ceux qui se prétendent ses héritiers qui pratiquera la transgression, la trahison.

Les héritiers du général

Les successeurs du général de Gaulle, avec des degrés différents, maintiennent le dogme gaullien tout en se montrant plus souple sur la forme. Georges Pompidou n’aura pas le temps matériel de s’affirmer mais fait le voyage aux États-Unis sous les lazzis. Valery Giscard d’Estaing apprécie ses rencontres avec ses homologues américains, flattant ainsi son ego démesuré. François Mitterrand veut se différencier de l’homme du coup d’état permanent tout en le caricaturant mais doit, au moins au début de son premier quinquennat, montrer pattes blanches en raison de la présence de ministres communistes dans son premier gouvernement. L’affaire Farewell lui permet de démontrer qu’il est un allié fiable dans la lutte contre les menées subversives de l’URSS.

Reconnaissons-lui le mérite d’avoir proposé la création d’une confédération européenne après la chute du mur de Berlin (rejetée avec vigueur par tous nos alliés) et d’avoir interpellé George Bush père lors du sommet de l’OTAN à Rome en 1992, lui rappelant que l’Alliance atlantique n’était pas la Sainte Alliance. Quant à Jacques Chirac, il s’opposera, certes, à la guerre en Irak de 2003 mais fera assaut d’amabilités auprès de Washington pour se faire pardonner sa déviance anti-atlantiste. Il en faudra de peu pour qu’il rejoigne la structure militaire intégrée de l’OTAN. Il y renoncera dans la mesure où les Américains ne lui proposeront pas un grand commandement.

« Sarko l’américain », le capitaine de pédalo et Jupiter

Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir en 2007 pour que « Sarko l’américain » brise le tabou en reprenant en 2009 le chemin perdu du Saint des Saints en se rangeant sous la coupe du Pentagone. Les Américains décident, les Français exécutent comme des idiots utiles. En échange, nous recevons un commandement à Norfolk en Virginie (SACT ou Commandement Suprême Allié de la Transformation). Tout est bien qui finit bien pour la France ! Le président de la République multiplie les attentions à l’endroit de ses interlocuteurs américains. Mais, contrairement à ce qu’il escomptait (ceci ne relevait-il pas de la vulgaire farce ?), les Américains et autres Britanniques ne font pas le moindre pas en direction de la politique européenne de sécurité et de défense.

L’argument est imparable en période de restrictions budgétaires, pourquoi faire mal au Berlaymont ce que l’on fait parfaitement à Evere ! C’est le règne du circulez, il n’y a rien à voir. Quant à François Hollande qui avait critiqué la décision de Nicolas Sarkozy alors qu’il était le chef de l’opposition, il n’y trouve rien à redire dès qu’il prend ses fonctions à l’Élysée. Il fait même rédiger un rapport par Hubert Védrine qui souligne les inconvénients d’un nouveau départ de la structure intégrée. Tout est bien qui finit bien. Jupiter écrase la main de Donald Trump mais essuie ses avanies successives (retrait de l’accord sur le climat, décertification de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, retrait de l’UNESCO au moment où une Française, Audrey Azoulay est désignée comme directrice générale Place Fontenoy…). Dans son discours sur la refondation de la Sorbonne, il se prononce pour une défense européenne en concertation avec l’OTAN, le membre de phrase qui tue. Ce qui signifie en clair que tout change pour que rien ne change ! La servitude volontaire a encore de beaux jours devant elle.

La voie est désormais libre pour tout ce que la France compte d’admirateurs de l’Amérique.

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L’AMOUR DE L’AMÉRIQUE : LES NÉOCON TIENNENT LE HAUT DU PAVÉ PARISIEN

L’américanisme touche d’abord une haute administration passée par le même moule de l’ENA qui est majoritairement néo-conservatrice.

Une haute administration passée par le même moule

Mais, il y a plus grave encore dans cette otanomania. Elle concerne toute la haute administration française (formée sur les bancs de l’ENA) qui constitue le meilleur ambassadeur des thèses néoconservatrices en France et dans les institutions internationales. Que nous dit le général Pierre Lorenzi sur le sujet : quand les hauts fonctionnaires civils trustent la quasi-totalité des directions du ministère de la défense (des armées) et des postes interministériels à vocation stratégique ?

La  qualité de l’administration civile française, la valeur de ses hauts fonctionnaires, issus pour un certain nombre de l’ENA et l’ouverture de la Défense à des savoir-faire originaux ne sont pas contestées. La Défense peut se sentir honorée de l’attrait de ces fonctionnaires civils pour la chose militaire. Mais cette tendance très nette à la substitution des personnels d’encadrement aboutissant peu à peu au monopole des personnels civils sur ces postes laisse perplexe quand on connait l’investissement de la Défense – et donc du contribuable français  – dans la sélection et la formation permanente de ses  officiers généraux. Aller chercher ailleurs ce dont la Défense dispose largement en son sein, à un moment où les contraintes budgétaires sont sans cesse rappelées, répond-il à un besoin effectif ?

Pour illustrer ces propos, observons la distribution des rôles dans l’appareil de sécurité et de défense français et les parcours universitaires et professionnels de leurs détenteurs : président de la République : inspecteur des finances ; Premier ministre : conseiller d’Etat ; ministre des Armées : conseillère d’Etat ; Secrétaire Général de la Défense et de la Sécurité Nationale : conseiller maître à la Cour des Comptes ; éphémère prédécesseur du ministre des Armées, directeur des Affaires financières au ministère de la Défense, directeur du Service Historique de la Défense, directeur des Relations Internationales et de la Stratégie au ministère des Armées, directeur de la DGSE, responsable national du contre-terrorisme, coordinateur du renseignement auprès du Président : tous diplômés de l’ENA !

Sans compter le nombre considérable de conseillers, membres et directeurs de cabinets de ces dirigeants, et la diminution considérable du nombre de militaires dans le pilotage des derniers Livres blancs de la Défense, dont l’extension à la sécurité constitue là encore un prétexte supplémentaire à la marginalisation des militaires. Plus largement, on peut s’étonner que le musée de l’air et de l’espace, à forte dimension militaire, ne soit plus dirigé par un officier général de l’armée de l’Air ou que la communication de la défense (DICOD) soit désormais pilotée exclusivement par des civils (4).

Une haute administration majoritairement néo-conservatrice

Ce que l’on dit moins est que notre élite bienpensante pense (le terme est peu approprié), parle anglais, ne rêve que d’un monde unilingue et se nourrit au lait des « think tanks » d’Outre-Atlantique, du cinéma d’Hollywood, de la chanson anglo-saxonne, privilégie le « fast food » à la gastronomie française…. Elle se montre de plus en plus incapable de penser français de parler français. À Abidjan, le président de la République, Emmanuel Macron qui avait vanté la veille à Ouagadougou les vertus de la langue française et de la francophonie (il était accompagné de sa représentante personnelle pour la Francophonie, Leïla Slimani), n’hésite pas à évoquer une task force » (pour évoquer un groupe de travail ou une force opérationnelle) et « l’intelligence » (en parlant du renseignement).

En un mot, elle est néo-conservatrice, plus néo-conservatrice que les néo-conservateurs américains-5). C’est la fable bien connue de l’élève qui dépasse le maître. Cette élite gagnerait à méditer le petit opuscule de Noam Chomsky intitulé « De la guerre comme politique étrangère des États-Unis »(6). On reste confondu au spectacle d’une haute administration formée sur les bancs des meilleures écoles de la République, en particulier de l’ENA, qui succombe aux sirènes américaines sans mesurer les impasses auxquelles conduit la diplomatie (ou l’absence de diplomatie) d’une Amérique rongée par l’hubris alors même qu’elle perd de plus en plus son rôle de nation indispensable dans le monde. Pense-t-elle que la France serait une terre de mission américaine qui se grandirait en s’abaissant au rôle de valet de Washington ?(7)

Cette dérive néo-conservatrice préjudiciable aux intérêts bien compris de la France ne semble émouvoir que quelques esprits chagrins ! Comment parler sérieusement de « souveraineté européenne » comme le fait le président de la République, Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne tout en se mettant dans le même temps sous le parapluie américain de moins en moins fiable et de moins en moins crédible depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche (le président jugeant « obsolète » l’OTAN) ? Nous devenons plus otanien que les Américains alors que ces derniers deviennent moins otanien. Méfions-nous que notre atlantisme ne se transforme un jour en Atlantide, cette île mythique évoquée par Platon qui fut engloutie par les flots dans un cataclysme provoqué à l’instigation de Zeus, dieu grec que les Romains appelaient Jupiter… Telle serait la morale de cette passion française, qui dévore nos élites et qui a pour nom l’atlantisme.

Notes:

(1) www.toupie.org/Dictionnaire/Atlantisme.htm 

(2) Jaap de Hoop Scheffer, « La Turquie pose un sérieux problème à l’OTAN », Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.

(3) Gaidz Minassian, L’illusoire « soft power » russe, Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.

(4) www.asafrance.fr/item:la-defense-pilotee-par-des-hauts-fo... , 20 octobre 2017. 

(5) Juliette Grange, Les néoconservateurs, Agora Pocket, 2017.

(6) Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Agone, 2017.

(7) Jean-Michel Autran, La France, terre de mission américaine, Vendémiaire, 2017.

vendredi, 08 décembre 2017

Niko Roa: El Aliado Persa

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Niko Roa: El Aliado Persa

Centro Cultural Buenavista

 

mardi, 05 décembre 2017

L'Iran en train de s'imposer au Moyen-Orient au détriment de l'Arabie Saoudite

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L'Iran en train de s'imposer au Moyen-Orient au détriment de l'Arabie Saoudite

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les forces chiite Houthis sont en voie de prendre le contrôle complet du Yémen. Elles en éliminent progressivement les représentants du gouvernement se disant légitime de Sanaa, la capitale. Elles devraient prochainement la conquérir entièrement, ainsi qu'une partie de plus en plus étendue des provinces stratégiques du sud du pays.

Elles viennent d'annoncer la mort de l'ancien président, Ali Abdallah Saleh, tué dans des affrontements à Sanaa. Celui-ci était leur allié, jusqu'au moment où il s'était enfui pour leur échapper et s'était réfugié en Arabie saoudite.Il suffit de regarder une carte du Yémen pour comprendre l'intérêt stratégique du pays au profit de celui qui le contrôle. Il commande très largement le trafic maritime dense qui circule en Mer Rouge à partir ou vers le canal de Suez.

C'est la raison pour laquelle l'Arabie saoudite, avec le soutien des Etats-Unis, s'efforce depuis des mois d'en éliminer les Houthis, tribus chiites du nord du pays, en guerre contre le gouvernement officiel, allié depuis le début des pétro-monarchies sunnites. En fait, elle a surtout bombardé les populations, détruit les cultures vivrières et engendré les morts, les famines et les épidémies qui dévastent actuellement le Yémen

Or l'Iran est en train de s'imposer comme puissance dominante au Moyen-Orient. Son objectif est de remplacer dans ce rôle l'Arabie Saoudite. Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait décidé depuis le début de soutenir les rebelles Houthis. Bien qu'elle s'en défende, elle l'a fait en leur fournissant des armes et semble-t-il quelques contingents de combattants. Cette perspective était insupportable pour Ryad. L'Arabie avait donc décidé d'attaquer les positions Houthis avec notamment des moyens aériens considérables et des armes modernes acquis aux Etats-Unis. Mais les Saoudiens sont de piètres miliaires. Ils n'ont jamais réussi à se débarrasser des Houthis.

Ils ne réussiront pas davantage aujourd'hui, autant que l'on puisse le pronostiquer, à les empêcher de s'emparer de la partie utile du Yemen. Les efforts impuissants de l'héritier du trône saoudien Mohammad bin Salman, le montrent amplement. 

L'ennui est que, comme indiqué, ce sera inévitablement l'Iran qui profitera de cette impuissance, au détriment de l'Arabie saoudite. L'Iran vient de déclarer, par la voix de son président Hassan Rohani, que les Yéménites vainqueurs allaient faire regretter leurs actions aux "agresseurs", dans une allusion à l'Arabie saoudite. 

L'axe chiite

Mais si l'Iran est en train de cerner l'Arabie par le sud, elle est depuis bien plus longtemps en bonne voie pour le faire par le nord. Elle est l'élément le plus actif de la coalition politico-militaire dit « axe chiite » qui est en train de se former et qui réunira l'Iran, la Syrie et une partie de l'Irak. L'objectif, comme nous l'avons souvent relaté ici, est non seulement d'affirmer les Chiites en face des Sunnites, mais d'éliminer du Moyen-Orient l'influence et les intérêts américains. Nul n'ignore en effet que depuis plus de 15 ans, ce sont les politiques désastreuses de Washington qui ont provoqué de nombreux conflits et des centaine de millions de morts.

L'Iran est d'autant plus motivée aujourd'hui pour jouer un rôle déterminant au sein de l'axe chiite que le président américain affirme en toutes circonstances que l'Iran est un ennemi organique des Etats-Unis et doit donc être rapidement détruite. Pour ce faire, il semble compter en premier lieu sur l'Arabie saoudite. Un des premiers objectifs de l' « axe chiite » en cours de mise en place sera donc, même s'il s'en défende, de neutraliser une Arabie alliée de Washington.

La Russie, pour sa part, a toujours encouragé l' « axe chiite », notamment à travers Damas et dans une moindre mesure Téhéran. Il est en effet vital pour elle de résister aux efforts américains qui cherchent à l'éliminer de la région, et notamment de ses bases en Syrie.

Mais peut-on craindre qu'elle profite des échecs de Ryad pour prendre des postures beaucoup plus agressives à l'égard de la coalition militaire américano-arabe, et au profit de Téhéran. Cela ne semble pas être dans le caractère de Vladimir Poutine, qui a toujours préféré les négociations. Au Moyen-Orient, certes, il n'acceptera jamais de se voir éliminer au profit de Washington, avec l'appui des Saoudiens. Cependant, il continue à entretenir différents types de dialogues avec ceux-ci. On ne doit sans doute pas, à Moscou, renoncer à la perspective de relations apaisées avec les monarchies sunnites. 

dimanche, 03 décembre 2017

Les Etats-Unis continuent à développer une scission entre la Russie et l’Europe

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Les Etats-Unis continuent à développer une scission entre la Russie et l’Europe

par Eberhard Hamer,

professeur en économie, Allemagne

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Récemment, le Département d’Etat américain a présenté une nouvelle liste des sanctions contre la Russie. Il remplit ainsi une exigence signée par le Président Trump le 2 août, intitulée CAATS (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act). Ce règlement prend effet le 29 janvier 2018 et comprend une nouvelle attaque de la guerre économique contre la Russie, concernant non seulement des entreprises russes, mais en premier lieu les entreprises européennes réalisant des affaires avec des entreprises russes sanctionnées.


L’accentuation de cette nouvelle guerre économique correspond entièrement à la devise trumpienne de l’«Amérique d’abord». S’agissant par exemple des sanctions contre les entreprises russes et allemandes participant à la pipeline North Stream, le but avoué est de couper l’Europe du gaz russe, afin de mieux lui imposer l’achat de gaz liquide américain plus cher, actuellement disponible en abondance mais sans aucun acheteurs trouvé. Il faut donc que le gazoduc North Stream soit interrompu à mi-chemin, tout en menaçant en même temps les entreprises allemandes impliquées, pour stopper leur participation.


Toutes les sanctions américaines sont punissables aux Etats-Unis, car la justice américaine soumet au droit américain toutes les affaires accomplies dans le monde entier et facturées en dollar ou effectuées à l’aide du dollar. Tout endroit, où le dollar est utilisé, est un territoire soumis à la juridiction et à l’hégémonie américaine. Cela permet aux Etats-Unis de condamner et d’exploiter à volonté les sociétés européennes. Seul VW a déjà dû payer 25  milliards d’euros à la justice américaine à cause des normes US spécialement introduites contre les moteurs diesel. La Deutsche Bank, quant à elle, a dû régler plus de 10 milliards et d’autres multinationales européennes des montants de différentes hauteurs.


EH-visionen.jpgL’acte américain CAATS prévoit que toutes les sanctions doivent être harmonisées avec les partenaires étatsuniens. On ne peut donc guère l’exprimer plus ouvertement: les sanctions ne seront poursuivies que là où elles nuisent aux partenaires américains au niveau de la concurrence. Finalement, les entreprises américaines restent les instances décisionnelles des sanctions.


De cette manière, les Etats-Unis veulent non seulement isoler systématiquement la Russie de l’Europe et empêcher les sociétés russes de réaliser quelques affaires que ce soit avec l’Europe, mais ils veulent également menacer de peines (et d’exécution de peines) le reste du monde et notamment l’Europe, si un commerce a lieu avec des entreprises russes. Cela a des conséquences considérables en Europe, où le commerce avec le marché de l’avenir le plus optimiste (Russie) a diminué de 30% au cours des deux dernières années. Parallèlement à la réduction du commerce européen avec la Russie, le commerce américain avec ce pays a augmenté. Il ne s’agit donc non seulement de causer du tort à la Russie, mais aussi de soutenir l’idée «America first» [«Amérique d’abord»], c’est-à-dire empêcher l’Europe de faire des affaires avec la Russie, là où les entreprises américaines veulent et peuvent les accomplir.


Il est difficile de s’imaginer une manière plus brutale d’effectuer l’impérialisme économique américain au détriment de l’Europe. Non seulement les grandes entreprises n’osent plus faire du commerce avec la Russie ou participer à des investissements russes – mais également des centaines d’entreprises de grandeur moyenne, ayant jusqu’à présent bien commercé avec la Russie, n’osent plus continuer leurs affaires, parce qu’ils ne survivraient pas à des brutaux paiements de sanction américains.


Aux Etats-Unis se prépare encore un nouveau durcissement de la guerre économique contre la Russie: on veut interdire aux banques européennes et même à des privés de commercer ou de tenir des emprunts russes. Ainsi, on veut punir la Russie de ne plus vouloir accepter le dollar comme seul monnaie mondial, mais de vouloir imposer le rouble comme moyen de paiement international. En outre, on veut empêcher les marchés financiers européens d’utiliser le rouble au lieu du dollar et de ne plus du tout travailler avec des emprunts en roubles.


De telles mesures unilatérales nuisent à l’Europe et devraient être discutées avec les alliés européens. On aurait au moins pu s’attendre à des protestations de la part de la Commission européenne et du gouvernement fédéral allemand. Mais non, pas de réaction! L’UE cède sans broncher à la puissance coloniale, même là où cela fait mal.


Isoler la Russie de l’Europe est non seulement fatale à court terme pour une partie de notre économie, mais à long terme pour toute notre prospérité en Europe: la politique de l’«Amérique d’abord» au profit des sociétés américaines rend maintenant déjà tout commerce avec les Etats-Unis de plus en plus difficile et le réduit fortement. Cela aura des conséquences dramatiques, quand le système pourri du dollar des Etats-Unis surendettés s’effondra.


A long terme, la Russie va continuer à augmenter sa solvabilité, mais à l’avenir, elle aura également besoin de l’économie européenne. L’économie allemande continuera uniquement à croître jusqu’en 2050, si elle s’élargit vers l’Est. La Russie dispose de toutes les matières premières dont nous avons besoin et nous avons toutes les technologies dont la Russie a besoin. Pour les deux pays et pour l’Europe, cette coopération est décisive pour la prospérité durant un siècle.1 Si nous nous laissons évincer par les Etats-Unis, les entreprises américaines concurrentes vont conquérir ce marché et nous resterons les perdants.


Mais qui ose, en Allemagne ou en Europe, s’opposer au comportement arbitraire des Américains?   

1    cf. Hamer, Eberhard, Visionen 2050. Wohin steuern wir? Trends und Prognosen für Deutschland und Europa. [Vision 2050. Où nous dirigeons-nous? Tendances et prévisions pour l’Allemagne et l’Europe], Kopp Verlag 2016

dimanche, 26 novembre 2017

European Union, Euro-skepticism, Western Civilization, Eurasianism and Slavic World

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European Union, Euro-skepticism, Western Civilization, Eurasianism and Slavic World

Boris Nad (Serbia) interviews Robert Steuckers (Brussels)

Q.: The European Union, in fact the entire European continent, is in a deep crisis today. The impression is that this crisis is primarily the result of a crisis of ideas. Political ideologies, and first of all liberalism, are deplored, obsolete, anachronistic. We can also say the same for other parts of the political spectrum. Do you share this impression?

A.: Well, the first idea that comes in my mind is one derived from Moeller van den Bruck’s articles in the Twenties : the people that have adopted and assimilated liberalism die after some decades because they will have lost their organic stamina. Liberalism is thus a disease before being a mere mentality. Liberalism and modernism are akin because both refuse to accept permanencies in the political City. In the 17th century, you had on philosophical and literary level the so-called quarrel between the Ancients and the Moderns, which took several aspects, some of them may well be considered retrospectively as positive but nevertheless there is an etymological connection between “modernism” and the French word “mode”, i. e. fashion, “mode” being always transitory and can be changed at will. When you consider all things political as mere “modes”, you thrive to escape the very pressure of reality which is made of time and space. All necessities, derived from the acceptance of the limits implied by time or space, are perceived by the Moderns as burdens that you should get rid of. Today you don’t even have to try to get rid of them but to wipe them out thoroughly or to transform them so that they acquire a new fully artificial and therefore transitory dimension. This is the essence of liberalism. But even if liberalism has its roots in the 17th and 18th centuries, it has never been, at least after the Battle of Waterloo in 1815, a powerful political movement, the conservative or Christian democratic in a first period, the socialist movement in later decades could temper liberalism’s rejection of realities and permanencies. Even if the official liberal parties, being more liberal-conservative than liberal in the Anglo-Saxon meaning of the word, were rather quantitatively weaker than the two other main political families in Europe, the anti-political spirit that was indeed the fundament of its core ideology could ran into the thoughts of the Christian democrats (despite the Church doctrine) and of the social-democrats (despite their watered down Marxism). Gradually the conservative, the Christian democrats and the social-democrats took over most of the ideas of basic liberalism.

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France was partially spared because it had a “caudillist” leadership introduced by De Gaulle in 1958 after the collapse of the 4th Republic, that was genuinely liberal. The personality of the President could prevent the liberals and the main parties to phagocytize the political body. But this was only a respite as we’ll see. In 1945, Europe was destroyed by the war. It took a bit more than a decade to recover, especially in Germany. But once the horrors cleared, Europe could reach economic power again. France in the Sixties, being a permanent member of the Security Council of the United Nations, could claim more independence within the West. For the United States, it was time to inject a new and stronger dose of liberal poison into the European political bodies. The United States has as ideology all the poisons needed to contaminate the world, i. e. not only the reality denying Enlightenment you find in Western Europe but also the basic puritanical denegation of the medieval European heritage, a denegation that was sweetened during the first decades of the 18th century by the deist movement and the Whigs. The American colonists developed the sense of a mission in the world that combined puritanical fanaticism and enlightened liberalism, apparently softer but nevertheless radical in its hate against inherited traditions and institutions.

affiche_07.jpgThe more radical underlying principles were adapted to the Zeitgeist of the Fifties and the Sixties by think tanks lead ultimately by the OSS (“Office of Strategic Studies”). This created the perverse corpus of May 68 that was launched into Germany and France. Both countries could resist in the Seventies although their societies were all the same contaminated by the bacillus that was eroding gradually their traditional psychological assets.  A second wave had to be prepared to give all the Western societies the last blow to let their political bodies crumble down. Next to the May 68 ideology, more or less derived from the Frankfurt School, a new weapon was forged to destroy Europe (and partly the rest of the world) more efficiently. This weapon was the infamous Thatcherite neoliberalism. At the very end of the Seventies, neoliberalism (be it Thatcherism or Reaganomics) was celebrated as a new liberation ideology that was about to get rid of the political State-centered praxis. Neither the Christian democrats nor the social-democrats were able to resist staunchly and to remember their supporters that the Church doctrine (based on Thomas Aquino and Aristoteles) or the interventionist socialist tradition were genuinely hostile to such an unbridled liberalism. Economics became more important than politics. We entered at that very moment the so-called post-history where no marks were still to be found. Even worse, the corrupt “partitocratic” system, in which Christian democrats and social-democrats were painfully muddling through, prevented any rational reaction and any challenge from new parties, blocking the democratic process they so vehemently pretend to incarnate alone.

Europe is now in a blind alley and seems unable to escape the liberalism of May 68 as well as neoliberalism as new challenging forces seems unable to gather enough votes to get into power effectively. You have to take into account that the conventional forces have been in power since almost 70 years and have literally occupied all the institutions by nominating officers at all levels, who couldn’t be replaced instantaneously by new really efficient people. Challengers risk launching newcomers into realms they are unable to master.  

Q.: Europe is, as you say, in a blind street. The European Union has been hit by a political, economic, immigrant crisis ... Then a wave of terrorism followed. European political bodies and institutions seem paralyzed. So far, European integration was threatened by so-called Euro-skeptical movements. It seems that today we are at the beginning of a wave of secessionism, like the one in Catalonia, which shakes many European countries. What is your relationship to that?

A.: Some secret services beyond the Atlantic have as a policy to weaken Europe by regular non military attacks typical of the so-called “Fourth Generation Warfare”. Economic stratagems, stock exchange manipulations are the usual tricks used by those whose main aim is to prevent Europe to develop fully, to find a better autonomy in all political and military matters, to reach a quite high welfare enabling rewarding R&D, to develop a strong commercial relationship with both Russia and China. Therefore Europe should constantly be undermined by all kind of troubles. Chirac’s France was the best example, beyond the well-known psy-ops that the “color revolutions” are. France is still a nuclear power but cannot develop this capacity beyond a certain level: in 1995, when experiments where performed in the Pacific Ocean, Greenpeace, as a pseudo-ecological movement tried to torpedo them. But on French territory, strikes paralyzed the country, orchestrated by a socialist trade union that had been anti-communist in the Fifties and had received support by the OSS. Social-democrats and socialist trade-unionists had secretly an Atlanticist support what’s often forgotten nowadays.

To get rid of Chirac, who had supported a phantom alliance between Paris, Berlin and Moscow at the time of the 2003 Bush’ invasion of Iraq, the activists among the African migrants communities in the dreary suburbs near Paris launched a series of violent riots in November 2005 after a first minor incident that caused accidentally two deadly casualties. Eventually the riots extended to other cities like Lyon and Lille.

carteemeutes.jpgAs the New Right writer Guillaume Faye had previously told it: France in the present-day situation is totally unable to reestablish law and order when riots spread in more than three or four big urban areas. The riots lasted the time needed to promote a new previously obscure petty politician, Nicolas Sarközy, who promised to wipe out the troublemakers in the suburbs and did of course absolutely nothing once in power. Charles Rivkin, US ambassador in France is the theorist of this “4th Generation Warfare” operations aiming at exciting migrant communities against law and order in France (see: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2011/03/21/t... ). This vicious strategy was only possible in France ten or twelve years ago as no other European country had such a huge amount of migrants among its population. The refugee crisis that hit Germany in 2015 is a next chapter in the sad story of Europe’s submersion and neutralization. Germany has now to face the same violent communities as France did and does. The purpose is evidently to weaken the country that is thriving industrially due to the excellent commercial links it has with Eurasia in general. The aim of the British and American secret services has always been to prevent any German-Russian connection. Now Germany is weakened by the critical mass of the million fake refugees that will rapidly let collapse the social security system that has always been the peculiar mark of German social systems (be they Bismarckian, national-socialist, Christian-democratic or social-democratic).

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The complete destabilization of the European industrial societies (Sweden, France, Germany, Italy and partially the Low Countries) lead to social and political shifts that sometimes take the shape of so-called “populist movements” that the media frantically label as “extreme rightist” or “neo-fascist”, in order to stop their development. Till now they have been unable to get a serious share of power, the conventional parties having infiltrated all institutions (press, media, justice, banks, etc.). In Spain, which is a poorer country that doesn’t attract the migrants as the given material advantages are less interesting, the only possible lever to launch a “4th Generation Warfare” operation against the country was the Catalan micro-nationalism. If Catalonia secedes, one of the most industrialized provinces of historical Spain will leave a commonwealth that exists since the marriage of Isabella of Castile and Ferdinando of Aragon in 1469. This would mean a serious setback for Spain, which is already fragile, and would have to depend from the neighboring countries, i. e. from an also destabilized France and a Germany that has to cope with its refugee problem and with an erosion of its social security system, leading to general dissatisfaction, to a rejection of the conventional political parties and eventually to a further development of the challenging AfD-party, whereby Merkel becomes unable to build an ideologically coherent majority for her next government.

My position is to say that all this problems currently jeopardizing Europe’s future have not occurred by pure coincidence. They are all linked together even if, by saying that, I’ll inevitably be accused of manipulating a “diabolical causality” or to adhere to “plot theories”. But I don’t see the Devil here as a supernatural being but I simply use the word as an easy image to stigmatize real forces and endeavors that try to shape the world according to their own interests. But on this same chessboard, the Europeans are unable to spot the enemy and to define their own interests.

RS-EEb.jpgQ.: In 2016, you published the book The European Enterprise: Geopolitical Essays. It explores the historical, cultural and spiritual foundations of the main European empires, i.e. the Reich principle, which is not equivalent to "nation" (If I understand it well), you consider that the natural development of Europe has been hampered or avoided by the "Western civilization". You pay special attention to the "Russian theme" - the Russian space and the concept of Eurasia. Why is it necessary in the era of globalization or attempts by the United States to impose itself as a world hegemon, or to "globalize" its own political and economic model?

A.: Indeed I’ve explored and I’ll continue to explore the European past as amnesia is the worst illness a political body can suffer of. You cannot think Europe without thinking simultaneously the notion of Empire and the so-called “Roman form”. Carl Schmitt was very conscious of being the heir of the “Roman form”, be it heathen/imperial or Catholic or inherited by the “German Nation”. No one is currently denying the importance of Schmitt in the realm of political theory. Some circles of the American New Left, like the “Telos Press”, have even promoted his works in the New World beyond all the hopes the few German students of Schmitt’s works had ever dreamt of. The Roman Empire was geographically and hydrographically based on the Mediterranean Sea and the Danube River: the “Middle Sea” assuring communication between the Rhone Valley and Egypt, between Greece and Hispania, etc. and the Danube link between Southern Germany and the Black Sea and beyond this Pontic Area the legendary Colchis and Persia what will later be mythologized by the Chivalry Order of the Golden Fleece created by Philip, Duke of Burgundy in 1430.  

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After the fall of the Roman Empire, there was the well-known “translatio imperii ad Francos” and later, after the Battle of Lechfeld in 955, a “translatio imperii ad Germanos”. The central part of Europe became so the core of the Empire, being centered now on the Rhine, the Rhone and the Po. The Danube axis was cut at the level of the “Iron Gates” beyond which the Byzantine area extended far to the East. The Byzantine Empire was the direct heir of the Roman Empire: there the legitimacy was never disputed. The Mount Athos community is a spiritual center that has recently be fully recognized by the Russian President Putin. The Roman-German Empire (later Austrian-Hungarian), the Russian Empire as heir of Byzantium and the Mount Athos religious community partake the same symbols of a golden flag with a black double-headed eagle, remnant of a very old Persian traditional cult where birds assured the link between Earth and Heavens, between men and the gods. The eagle being the most majestic bird flying to the highest heights in the sky, it became obviously the symbol of the sacred dimension of Empire.

archange.jpgLiving within the territorial frames of an Empire means to fulfill a spiritual task: to establish on Earth a similar harmony as the one displayed by the celestial order. The dove symbolizing the Holy Spirit in Christian tradition has indeed the same symbolic task as the eagle in imperial tradition: assuring the link between the Uranic realm (Greek Uranus/Vedic Varuna) and the Earth (Gaia). As the subject of an Empire, I’m compelled to dedicate all my life trying to reach the perfection of the apparently perfect order of the celestial bodies. It’s an ascetic and military duty featured by the archangel Michael, also a figure derived from the man/bird beings of the Persian mythology that the Hebrews brought back from their Babylonian captivity. Emperor Charles V tried to incarnate this Chivalry’s ideal despite the petty human sins he consciously committed during his life. He remained truly human, a sinner, and dedicated all his efforts to keep the Empire alive, to make of it a dam against decay, which is the task of the “katechon” according to Carl Schmitt. No one better than the Frenchman Denis Crouzet has described this perpetual tension the Emperor lived in his marvelous book, Charles Quint, Empereur d’une fin des temps, Odile Jacob, Paris, 2016. I’m reading this very thick book over and over again which will help me to precise my imperial world view and to understand better what Schmitt meant when he considered Church and Empire as ‘katechonical” forces. This chapter is far from being closed.

CrouzetCHV.jpgCrouzet explains in his book that the German and European Reformation wanted to “precipitate” things, aspiring at the same time to experiment lively the “eschaton”, the end of the world. This precipitation theology is the very first outward sign of modernism. Luther in a quite moderate way and the other actors of Reformation in an extreme way wanted the end of a world (of a historical continuity) they considered as profoundly infected by evil. Charles V, explains Crouzet, has an imperial and “katechonical” attitude. As an Emperor and a servant of God on Earth, he has to slow down the “eschaton” process to preserve his subjects from the afflictions of decay.

After Luther the extreme puritanical elements of Reformation in Northern France, Holland, Münster and Britain will render this “precipitation theology” even more impatient, even again Anglican England and Anglican rule in the Thirteen Colonies of Northern America, as tragic events testify it like the beheading of King Charles I due to Cromwell puritanical revolution. This way of seeing history as a deep malediction has been inherited by the Founding Fathers in the future United States. With the deist tradition in England and in the Whig political tradition both in Britain and Northern America, this “precipitation theology” will be skillfully rationalized and given an enlightened varnish that will culminate in President Wilson’s design to purge the world of evil. The “precipitation philosophy” (and not “theology”) of French philosophers will lead to a secular political eschatology under the shadow of the guillotine, under which all those who were supposed to slow the process had to perish preventively. After Wilson, several American diplomats will coin principles preventing the very sovereignty of States to express itself by launching all kind of pro-active projects with or without wars. Since the collapse of the Soviet system, the rationally disguised “precipitation theology” will once again run amuck. You know the results: catastrophe in the Balkans, stalemate in Iraq, endless war in Syria and Afghanistan. “Precipitation theology” as feature of the Western world, of the world lead by the Western hemisphere or by the realms West of Western Europe or of Central Europe, offers no valuable solution to the problems that inevitably occur in the imperfect world under the perfect Uranic Heavens. The views of Charles V consisted in slowing down the process and in leading moderate military operations against the rebels. It was a better stance anyway. 

In the Nineties, I discovered that China and many other Asian countries developed an alternative way to harmonize international relations, excluding among other things the post-Wilsonian principle of intervening violently in other countries’ affairs. This is the principle adopted not only by Xi Ping’s China today but also by Putin and Lavrov. The Chinese alternative excludes for instance the policy of “regime change” that has thrown Iraq and Syria in these atrocious civil wars the previous Baathist regimes could wisely but nevertheless ruthlessly avoid. But isn’t it better to have a ruthless “katechonical” although imperfect regime than to see hundreds of thousands innocent people killed in senseless attacks, bombing, shelling or Taliban/Salafist slaughters? The “precipitation theology” of post-puritanical/neo-Wilsonian America and of Salafist Muslims has created chaos in otherwise seemly calm countries. Didn’t Luther himself warn his contemporaries that the Devil was able to use the theological speak (or “newspeak”) to dupe the people?

Russia is important in this general frame of a “katechonical” interpretation of history as an antidote to the “crazy eschatological” one. Russia is heir of Byzantium also direct heir of the “Roman form”. It was considered as the stronghold of conservatism before 1917, even if this conservatism was fossilized by Konstantin Pobedonostsev as Dmitri Merezhkovski, who rejected later all the aspects of the Soviet revolution, could observe. Russia hasn’t experiment the traumatic 16th century Reformation and its contemporary iconoclast rage and was later preserved from the silliest deist or frenchified philosophy of the 18th century. This doesn’t mean that Russia was a backward country: Catharina II was a female enlightened despot that has made of Russia a great power; Alexander I had traditional and appeasing ideas on religion, that we should study attentively now after the Syrian disaster; Alexander II modernized the country at full speed at the end of the 19th century and could wipe out the disadvantages Russia had inherited from the 1856 Paris Treaty after the Crimean War, etc. But Russia, except during the first decennia of the Bolshevik regime, seems to have remained immune to the dangerous toxicity of “precipitation theology”.

The Byzantine style of developing chess-like strategies instead of looking for immediate retaliation or aggression has finally inspired Russian diplomats and statesmen. Byzantine style and Chinese Confucian harmony can serve nowadays as practical alternative models in a Western world confused by media propaganda which has ceaselessly conveyed a modernist post-puritanical form or another of “precipitation theology”. Therefore the Eurasian idea, provided it conveys this “katechonical” precipitation-less ideas similar to those Charles V wanted to apply in his Empire before confronting the Ottomans, is the real alternative to a world that would otherwise be ruled and perverted by a superpower that draws his principles from the craziest adepts of the former “precipitation theology” of its own “Founding Fathers”.

chevbouc.jpgI could add that a “precipitation theology or ideology” doesn’t express itself by all sorts of millennial pseudo-religious babbling claptrap like the one which is predicated for instance in Latin America but can also act as an economic fundamentalism like the neoliberal craze that affects America and Europe since the end of the Seventies. Puritanism can also quite often be reversed in its diametral contrary i. e. postmodernist debauch what explains that millennials, femens, pussy rioters, Salafists, neoliberal “banksters”, media moguls, color revolutionists, etc. follows on the international chessboard the same “4th Generation Warfare” agenda. Aim is to destroy all the dams civilization has set to serve the “Katechon” or the Aristotelian  “Spoudaios”. We must define ourselves as the humble servants of the Katechon against the pretentious designs of the “precipitators”. This means serving the imperial powers and fighting the powers that are perverted by the “precipitators”. Or having a Eurasian option and not an Atlanticist one.

Q.: You are a supporter of Eurasianism. It clearly separates you from those who share the hard-line nationalist positions and many thinkers, or alleged thinkers from the right. Your geopolitical thought is, as you say, a response to the thought of the American strategist of Brzezinski and is deeply rooted in European tradition. Can you basically explain your geopolitical conception?

A.: You could indeed count me among the supporters of a neo-Eurasianism but the roots of my own Eurasianism are perhaps quite different than those attributed to traditional or new Russian Eurasianism; nevertheless these different perspectives do not collide as antagonisms; on the contrary they could perfectly complete each other to promote a worldwide anti-system resistance movement. The most important thing if you want to develop a strong Eurasianist movement is to have simultaneously a wide vision on the history of each political historical component of the combined territory of Europe and Asia and to give oneself for task to study it by looking for convergences and not for enmities. This had already been suggested by Prof. Otto Hoetzsch in the Twenties and Thirties for West Europe and Russia. Therefore one first step would be to find as far back as possible in history a convergence between West European powers and Russia as a Eurasian entity. Peter the Great, as you know, connected Russia to Europe by opening a window on the Baltic Sea, leading unfortunately to a vicious war with Sweden at the beginning of the 18th century. But after the vicissitudes of the Seven Years’ War (1756-1763), France, Austria and Russia were allies and the territory of their realms extended from the Atlantic to the Pacific, being de facto a Eurasian alliance. Leibniz, who was not only a philosopher and a mathematician but also a diplomat and a political adviser was in a first step quite distrustful in front of Russia as a new power because it could have been a new “Mongol Khanate” or a “Tartary” threatening Europe. In a second step, seeing with benevolence the development of Peter’s Russia, he started to perceive gigantic Russia as the necessary territorial link that would enable communications between Europe and the two old civilizational spaces that were at his time China and India, that had a quite higher level of civilization than Europe at that time, as present-day historians remember it, like Ian Matthew Morris in Britain (in: Why the West Rules – For Now…) and the Indian teaching in England, Pankaj Mishra (in: From the Ruins of the Empire and Begegnungen mit China und seinen Nachbarn). Pankaj Mishra is a typical Third World ideologist displaying some sort of resentment against the West, more specifically against the former British rule in India. 

During the short period when France, Austria and Russia were allies important Eurasian designs avant la lettre were initiated: the development of a strong French fleet in order to avenge the disastrous defeats of Louis XV in Canada and India during the Seven Years’ War, the exploration of the Pacific Ocean by Russian and French sea captains, the common efforts of Austria and Russia to liberate the Balkans and the Northern coast of the Black Sea with Crimea as the main territorial asset enabling to settle a first important Russian navy base in the Pontic area. The French fleet defeated the English in Northern America in 1783 which made possible the complete independence of the United States (!). Russia could conquer Alaska, build a stronghold in California and contemplate a strong Russian-Spanish alliance in the New World. Russian sailors could land in the Hawaii Islands and claim them for their Czar. The French explorations in the Pacific were on many levels very fruitful and one should never forget that Louis XVI some few minutes before going up the stairs of the scaffold where he was to be guillotined asked news of La Pérouse, who had been lost while exploring the Northern shores of the Pacific. This first Eurasian design avant la lettre was torpedoed by the French revolutionists paid and excited by the English and Pitt’s secret services according to the historian Olivier Blanc (in: Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, 1989). Pitt wanted to get rid of a regime that promoted the development of a fleet and had outlined the guidelines of French world politics.

dostoWrDi.jpgThe second Eurasian project avant la lettre was the very short-lived “Holy Alliance” or “Pentarchy” created in the aftermath of the Treaty of Vienna in 1814. It allowed the independence of Greece but failed after the independence of Belgium when England and France helped to destroy the United Kingdom of the Netherlands. The “Holy Alliance” definitively crumbled down when the Crimea War started as two Western powers of the “Pentarchy” clashed with Russia. The Anti-Western affect spread widely in Russia and the core ideas of it are clearly outlined in Dostoyevsky’s main political book,  A Writer’s Diary, written after his Siberian exile and the Russian-Turkish War of 1877-78. The West permanently plots against Russia and Russia has to defend itself against these constant endeavors to erode its power and its domestic stability.

But now back to Eurasia: two important books have been published in recent years that should be the bedside books of all those who are animated by the Eurasist idea:  Prof. Christopher I. Beckwith’s Empires of the Silk Road – A History of Central Eurasia from the Bronze Age to the Present (2009) and Peter Frankopan’s The Silk Roads – A New History of the World (2015). Beckwith’s book is the most complete panorama of Eurasian history: the core ideas from his captivating chapters I now constantly keep in mind are first the fact that in a very far past Indo-Iranian horsemen tribes coined sets of rules that determined all the future organization schemes of kingdoms and empires on the Silk Road; second, Beckwith states that modern times and modern ideologies ruined completely the sublime accomplishments of the Central Asian realms throughout the ages. A new Eurasianism should then have as main task to restore the spirit that allowed these extraordinary achievements. Prof. Beckwith masters a good dozen of ancient and modern languages spoken or having been spoken in Central Asia, a tremendous wide knowledge that enables him to understand more thoroughly the old texts and the very spirit that enhanced the thriving of kingdoms and empires.  

PFsilk.jpgPeter Frankopan’s book is more factual but also enables to criticize the Western arrogant attitude namely in Iran. The chapters in his book dedicated to old Persia and modern Iran would allow diplomats to settle bases for a renewed cooperation between European powers and Iran, provided, of course, that Europeans really would abandon the guidelines dictated by NATO and the United States. Eurasianism compels you to study history more thoroughly than the present-day Western way of leading policies in the world. Facts shouldn’t be ignored or disregarded simply because they don’t fit into the schemes of the superficial interpretation of the Enlightenment the Western powers are currently handling, provoking at the same time a concatenation of catastrophes.

Indeed the intellectual acceptation of the excellence of past and present Asian or Central Asian traditions and the will to pacify the immense territory between Western Europe and China lead us to dismiss the Brzezinski project of launching a permanent war (as an updating of the Trotskite project of “permanent revolution” that the neocons partook in a “former life”) and to favor the Chinese “One Belt, One Road” project, which is the only serious project for the 21st century.

Q.: The United States itself today is undergoing a difficult and comprehensive crisis. Trump and trumpism are certainly not the cause but the consequences. On the other hand, with the rise of Russia and China, the geopolitical situation in the world has changed, the world is no longer unipolar. Hal Brands for liberal Bloomberg notes that US foreign policy has reached its historic critical point, that the project of globalization of its political model faces failure, that the main goal of the US in the future will be to defend the „world's liberal order“. In other words, the time of American hegemony is nearing its end, and the events in the Middle East, in Syria, as it seems, speak in favor...

A.: This is not a question of yours but a general statement that easily be shared by alternative minds. The crisis the United States are undergoing nowadays can be explained by the inadequacy of the religious/ideological core of its „deep state“ in front of the plurality of actual or potential world views that could be as efficient as the mix of religious puritanism, deism and wilsonism that gave the United States an incredible strength during the 20th century. The puritanical core of radical protestantism, as seen in Dutch or British history at the time of the iconoclasts or Cromwell’s Roundheads. The attitude of these radicals is a savage rejection of past heritages and a will to eradicate everything that’s judged „impure“ or „belonging“ to a „bad past“, exactly along the same lines the Wahhabites are currently working in the Near East. If you share such views you start indeed an eternal war against the entire world. But this is practically impossible on the long run. Resistances emerge permanently and some countries or civilizational areas can always be considered as breakwaters, especially as they have enough power or space to avoid invasion, i. e. if they can offer a sufficient „mass“, as Elias Canetti once wrote, to resist on the long term. Even Afghanistan is a „mass“ able to resist but of course not to reverse the trend. Russia and China can together offer such a „mass“ but the struggle will nevertheless be hard as the Latin American part of the BRICS has more or less be compelled to surrender or to weaken its position. Venezuela undergoes a „color revolution“ that risks to bring it back in the so-called backyard of the United States.

In the near future, the United States will as a consequence try to keep its domination on Western Europe (even if on the other hand they try to weaken it through uncontrolled migrations and Soros initiatives), on Latin America and especially on Africa, where they develop a new form of imperialism through the AFRICOM command structure to counter the Chinese and to kick the French out of their „Françafrique“, while wooing them to participate in the process of their own neutralization! Nevertheless this policy is due to fail as such an ubiquitous control is impossible on the basis of a mass of 350 millions taxpayers.  Such a „mass“ has been useful till the end of the 1990s as it allowed the Atlantic superpower to launch military and civilian R&D programs that could be made profitable on all levels in a sufficiently short term to build up the real hardpower of Washington and to be always ahead of their opponents. But 350 millions consumers and taxpayers are now no longer sufficient to sustain the competition.

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Detroit's crumbled down theatre

The project of a „Big Society“, which would have given the American citizens a social security system as in Europe, has been hampered by the Vietnam war. The Reaganomics ruined huge urban areas such as Detroit. At the end of the line, American society has become steadily unstable, the racial issues and the ubiquitous drug problem making both the situation even more complicated: these two issues may let us conclude that the Soros initiatives aim deliberately at creating an even worse racial situation in Europe so that European nations couldn’t be able to challenge the former main superpower of the West and that the drug problem is in a certain sense a serious backlash if you keep in mind that drugs were introduced in the 1960s due to special CIA ops in Laos and Burma where Chinese opponents were cultivating the weeds in order to finance potential nationalist insurrections in Maoist China. The secret services’ support to drug smugglers allowed indirectly a financing of the Vietnam war that Congress would never have voted. Drugs, unsolved domestic conflicts in race mixed areas and neoliberal Reaganomics were and are all expediencies that have left behind significant marks in the American society and, above all, created a junk culture they cannot get rid of anymore. The countries that will be strong enough to resist to the effects of this junk culture and to reject it will be resilient. The other ones will perish slowly.    

Q.: You learn Russian and studied Russian culture. Also, in your research, you have paid special attention to the traditions and ethnos of the East of Europe. For example, to Scythians, the indo-European ethnicity that inhabited the Eurasian steppe, south of Russia, and is extremely important in the ethnogenesis of the Slavs. Slavic cultures, including the Serbian and the Slavs of Balkans, unfortunately, have not been sufficiently studied in the West of Europe. Do you have the impression that the Slavic heritage is not only not well known, but also systematically suppressed and underestimated in Western Europe?

A.: I never learned Russian properly but it’s true that as teenagers my friends and I were seduced by Russian history and fascinated by the conquest of Siberia from the Urals to the Pacific Ocean. When I started to publish my journals at the beginning of the 1980s, I was deeply influenced by a German cultural and political trend that had emerged a couple of years before. This trend took into account the nationalist elements of the left-wing movements since the 19th century and also all the diplomatic traditions that had favored an alliance between Germany and Russia (or the Soviet Union). The Germans, but also the people in the Low Countries, were upset because the US Army had deployed deadly missiles in Central Europe, compelling the Soviets to do the same so that in case of war Central Europe would have been definitively nuked. No one could accept such a policy and the result of that was the birth of the pacifist neutralist movement that lasted till the fall of the Berlin Wall and that allowed incredible convergences between left-wing and conservative or nationalist groups.

In the frame of this movement, we started to translate or summarize German texts or debates in order to show that history could have been different and that the will to analyze the past with other eyes could open perspectives for a different future. We didn’t reduce our research to German questions but broaden it in order to see things from an “All-European” point of view. We stated of course that history had been reduced to Western European history, what was an intellectually unacceptable reductionism that I could spot very early by reading some books on East European countries while writing down an end paper at the end of my secondary school studies. My friends and I didn’t reduce our readings to contemporary history but widen them to medieval and ancient history. So we were attracted by the Scythians, namely after having read a book of the French historian Arthur Conte, where he reminded us that many Slavic people trace back their origins not only from Slavic tribes but also from Sarmatians knights, including those who had formerly built up the cavalry of the Roman Legions.

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The Sarmatian element is not only important for Slavic people but also for the West that has tried to wipe out this heritage from the collective memory. Nevertheless, British historians, with the help of Polish colleagues, admit now that Sarmatian Knights are at the origin of the Celtic Arthurian myths, as the Roman cavalry in Roman Britain was partly or mainly composed of Sarmatian Knights.

RSch-D.jpgThe German historian Reinhard Schmoeckel hypothezises that even the Merovingians, from whom Chlodowegh (Clovis for the French) descended, were partly Sarmatian and not purely Germanic. In Spain, historians admit that among the Visigoths and the Sueves that invaded the peninsula as Germanic tribes were accompanied by Alans, a horsemen people from the Caspian and Caucasus area. The traditions they brought to Spain are at the origin of the chivalry orders that helped a lot to perform the Reconquista. As you say, all that has been neglected but now things are changing. In my short essay on the geopoliticians in Berlin between both world wars, I remember a poor sympathetic professor who tried to coin a new historiography in Europe taking the Eastern elements into accounts but whose impressive collection of documents were completely destroyed during the battle for Berlin in 1945. His name was Otto Hoetzsch. He was a Slavic philologist, a translator (namely during the negotiations of the Rapallo Treaty, 1922) and a historian of Russia: he pleaded for a common European historiography stressing the convergences and not the differences leading to catastrophic conflicts like the German-Russian wars of the 20th century. I wrote that we all have to walk in his footsteps. I suppose you agree.