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jeudi, 24 mars 2016

Même si Donald Trump était élu, l'Etat profond américain ne changera pas

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Même si Donald Trump était élu, l'Etat profond américain ne changera pas

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous sommes de ceux qui pensent possible (voir notre Editorial "Faut-il envisager un tremblement de terre à Washington http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2092&r_id=article ) que l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche provoque un changement important dans la politique extérieure et intérieure de l'Etat américain.
 
Ce changement viendrait du fait que Trump pourrait faire appliquer certaines des mesures surprenantes qu'il propose actuellement dans ses discours, la plus importante étant un rapprochement avec la Russie.

Mais il viendrait aussi du fait que derrière Trump, une majorité d'électeurs aurait clairement exigé un changement dans le système de pouvoir américain. Même si ce changement n'est pas aujourd'hui clairement défini, le terme même serait porteur d'espoir.

Ceci dit, nous souhaitons aussi être de ceux qui ne prendraient pas leurs espoirs pour la réalité. D'ores et déjà, l'Etat profond américain (deep state) se prépare à surmonter victorieusement toutes les difficultés que pourraient faire naître un Trump ou son électorat. On désigne couramment du terme d'Etat profond la conjonction des intérêts militaires, industriels, financiers et diplomatiques qui ont permis à l'Amérique depuis la 2e guerre mondiale de s'imposer comme hyper-puissance, même si cela lui imposait en même temps de mettre très souvent le monde à feu et à sang.

Ce complexe est trop bien organisé pour n'avoir pas prévu la façon d'échapper à d'éventuels contrôles de la Maison Blanche ou du Congrès. D'ores et déjà, on a appris que des officiers supérieurs américains avaient prévenu officieusementnt qu'ils n'obéiraient pas à des ordres de Trump qu'ils jugeraient dangereux pour ce qu'ils estiment être la sécurité nationale.

Plus subtilement le lobby militaro-industriel continue à exiger le renforcement des budgets militaires, en perspective de menaces supposées venir de la Russie et de la Chine. L'argument développé aujourd'hui est que ces menaces proviennent d'un domaine dans lequel l'opinion même informée ne comprend pas grand chose, celui de la guerre spatiale.

Les spécialistes savent que dans ce domaine l'Amérique s'est donnée depuis des années les moyens d'une « full spatial dominance ». Elle conservera son avance. Mais prétendre que la Russie et la Chine, malgré leurs efforts certains en ce domaine, pourraient menacer globalement cette domination, relève d'un argumentaire assez simpliste. Il s'agit d'abord d'obtenir de nouvelles ressources budgétaires, mais aussi de rappeler à un éventuel Président Trump que son laxisme à l'égard de ces deux puissances relèverait quasiment de la haute trahison.

Les électeurs de Trump s'en laisseront aisément persuader, si les militaires les menacent d'une destruction possible par la Russie et la Chine de leurs réseaux GPS ou de tous autres réseaux aujourd'hui vitaux.

Nous citons ici, sans le traduire car il parle de lui-même, un article mentionnant les interventions devant l'US House Armed Service strategic forces subcommittee du Général John Hyten, chef de l'Air Force Space Command.

Devant de tels arguments The Donald n'aura plus alors qu'à rentrer la queue basse à la maison.

"Adversaries are developing kinetic, directed-energy, and cyber tools to deny, degrade and destroy our space capabilities," Air Force Gen. John Hyten, head of the Air Force Space Command, told the US House Armed Service strategic forces subcommittee on Tuesday.

"They understand our reliance on space, and they understand the competitive advantage we derive from space. The need for vigilance has never been greater," he asserted.

Hyten has campaigned for a new Air Force project group, whose sole purpose would be to protect US space assets against foreign "aggression." On Tuesday, he warned that US Global Positioning System satellites are vulnerable to attack.

Lt. Gen. David Buck, commander of Joint Functional Component for Space, testified alongside Hyten.

"Simply stated, there isn't a single aspect of our space architecture, to include the ground architecture, that isn't at risk," Buck declared. "Russia views US dependency on space as an exploitable vulnerability and they are taking deliberate actions to strengthen their counter-space capabilities."

Buck also sounded alarms over China's creation of its Strategic Support Forces, a space warfare and cyber warfare unit.

"China is developing, and has demonstrated, a wide range of counter-space technologies to include direct-ascent, kinetic-kill vehicles, co-orbital technologies that can disable or destroy a satellite, terrestrially-based communications jammers, and lasers that can blind or disable satellites," he said.

"Moreover, they continue to modernize their space programs to support near-real-time tracking of objects, command and control of deployed forces, and long-range precision strikes capabilities."

Référence:

http://www.spacewar.com/reports/Panic_Reaches_New_HeightsRussia_China_Planning_Space_Attacks_on_US_999.html

Géopolitique de l’Afrique du Sud

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Géopolitique de l’Afrique du Sud

Par François LAFARGUE

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com & http://www.diploweb.com

Extrait de l’ouvrage du 8e festival de Géopolitique de Grenoble: François Lafargue, "Géopolitique de l’Afrique du Sud. Une nation en construction", Coll. Major, PUF.

La publication de cet extrait s’inscrit dans le contexte du 8e Festival de Géopolitique de Grenoble consacré aux "Dynamiques africaines" du 16 au 19 mars 2016. Du mercredi 16 h30 au samedi 20 h 15 de nombreuses conférences sont retransmises en direct sur le site festivalgeopolitique.com

Une nation orpheline de ses rêves

QUELLE sera l’évolution de l’Afrique du Sud dans les dix à quinze prochaines années ? Sans se fourvoyer dans une prospective hasardeuse, l’histoire contemporaine de l’Afrique nous permet de tirer quelques enseignements utiles pour l’avenir.

Une évolution similaire à celle du Zimbabwe

L’hypothèse d’une évolution de l’Afrique du Sud à l’image de celle du Zimbabwe de Robert Mugabe ces quinze dernières années est malheureusement concevable. Vingt ans après le premier scrutin libre et la célébration de la « nation arc-en-ciel », l’Afrique du Sud est une société gangrenée par la violence et incapable de cicatriser les plaies de l’apartheid. Le programme électoral de Jacob Zuma lors de sa première élection en mai 2009 se voulait une rupture avec les années de Thabo Mbeki qui avait su, par une politique économique prudente, rassurer les investisseurs étrangers. Mais son action avait été jugée trop favorable à la classe moyenne noire. Zuma avait promis d’engager une politique de redistribution sociale plus équitable, tout en restant très imprécis à propos de son financement. Jacob Zuma a eu bien du mal, avec ses alliés, le Parti communiste sud-africain (SACP) et la puissante centrale syndicale COSATU, à honorer ses promesses. Sa démagogie a provoqué une profonde frustration au sein des populations les plus défavorisées, qui s’étaient laissé séduire par son charisme et ses discours. Cette déception explique le résultat mitigé de l’ANC au dernier scrutin législatif. Zuma doit surtout sa réélection à l’absence d’une réelle alternative électorale et à la forte mobilisation de l’électorat zoulou. Dans les années à venir, confronté à une opposition politique de plus en plus violente (très régulièrement, les manifestations dégénèrent en affrontements meurtriers), le pouvoir pourrait être tenté de s’appuyer sur des forces supplétives, des milices populaires, composées principalement de Zoulous et chargées de rétablir l’ordre dans les townships qui leur sont familiers.

Ce climat insurrectionnel justifierait alors la restriction des libertés publiques, avalisée par le Parlement où l’ANC détient encore une très large majorité. Pour atténuer les critiques, Zuma pourrait être tenté, à l’instar de Robert Mugabe au milieu des années 1990, d’exacerber les tensions raciales en encourageant l’occupation des terres agricoles détenues par les Européens et en cristallisant sur cette minorité le mécontentement social. Même des personnalités modérées, comme Cyril Ramaphosa, contribuent par leurs propos à envenimer les tensions raciales. En novembre 2013, alors vice-président de l’ANC, il encourageait les jeunes noirs à s’inscrire sur les listes électorales pour éviter « le retour au pouvoir des Boers » et leur domination. La nationalisation des entreprises du secteur minier, déjà réclamée par certains élus de l’ANC, pourrait également être engagée. En 2002, la législation minière du pays a été modifiée, mettant un terme au régime d’accession jusque-là en vigueur et dans lequel le propriétaire du sol est également celui du sous-sol. La Loi sur le développement des ressources minérales et pétrolières permet à l’État d’attribuer des licences de prospection et d’exploitation des gisements de matières premières. Les autorités publiques se réservent le droit de révoquer les permis miniers si l’exploitant ne respecte pas suffisamment certaines dispositions sociales, comme la priorité d’embauche accordée aux femmes, des mesures destinées à améliorer la qualification de la main-d’œuvre, ou encore la mise à disposition de logements décents pour les mineurs. En échange de ces obligations, les droits d’exploitation sont portés à trente années. La nationalisation des groupes miniers et la création de milliers d’emplois publics, s’inscrivent dans une volonté de mieux contrôler la production de richesses. Les institutions de la jeune démocratie sud-africaine restent encore trop fragiles pour pouvoir éviter une dérive autocratique du régime.

Au Zimbabwe, la minorité européenne a massivement quitté le pays à partir du milieu des années 1990 pour regagner la Grande-Bretagne. Un tel scénario n’est pas envisageable pour une partie des Blancs d’Afrique du Sud, d’origine hollandaise, qui ne bénéficient pas d’une double citoyenneté. Les Afrikaners seront sans doute contraints, comme au xixe siècle face aux Britanniques, de résister par la force. Les perspectives qui s’ouvrent alors pour eux sont la mort ou le départ forcé vers d’autres pays d’Afrique comme la Namibie. Les Afrikaners pourraient aussi revendiquer la création de leur propre État, mais sans voir ce rêve se concrétiser. Ce projet avait été défendu au moment de la transition institutionnelle (1991-1994) par le général Viljoen. Ancien commandant en chef de l’armée sud-africaine (1980-1985), Viljoen dirige alors l’Afrikaner Volksfront, et menace de provoquer une sécession pour créer un « État », le Volkstaat, réservé aux Blancs. Conscient du faible soutien des Afrikaners à son entreprise et devant la détermination de Frederik de Klerk de parvenir à un compromis avec l’ANC, Viljoen renonça à ses projets. Mais ce dessein est peu envisageable aujourd’hui, car quelles seraient les frontières d’un tel État et sa viabilité économique ?

Des enclaves réservées aux Blancs se sont déjà constituées comme à Kleinfontein (cité de Tshwane), qui compte un millier de résidents ou à Orania, dans la province du Cap du Nord. Les promoteurs de ces projets, qui restent encore isolés, s’appuient sur la Constitution qui reconnaît dans son article 185 le droit aux minorités de protéger leur langue, leur culture et leur religion. Jacob Zuma, en se rendant à Orania en septembre 2010, a reconnu le droit des Afrikaners à défendre leur culture, mais sans apporter de réponse concrète à leur désarroi.

Surtout, l’espoir des Sud-Africains blancs est de vivre dans une Afrique du Sud démocratique. Les Afrikaners refusent d’être encore stigmatisés et rappellent que les Empires coloniaux furent le théâtre de sévices corporels, jamais punis, infligés aux autochtones, particulièrement au Congo belge. Les Européens ont le sentiment que la transition institutionnelle a été menée à leur détriment. Leurs représentants auraient dû leur obtenir davantage de droits (comme un quota d’élus au Parlement), et choisir la voie d’une cogestion du pays plutôt qu’un transfert du pouvoir sans aucune garantie. Un reproche d’autant plus justifié que l’ANC n’avait pas gagné la guerre contre le pouvoir blanc, et que l’effondrement de l’Union soviétique privait l’ANC d’un précieux soutien, éloignant davantage la perspective d’une victoire par les armes.

La criminalité alimente cette peur d’un « génocide blanc », que confirment partiellement les chiffres puisque depuis 2000, plusieurs milliers de Sud-Africains blancs sont décédés d’une mort violente. Au regard de l’histoire contemporaine de l’Afrique, la présence de cette minorité blanche en Afrique du Sud semble ne pas devoir durer. Ces Européens connaîtront le même sort que les Français d’Algérie ou les Britanniques de Rhodésie du Sud. Près de 400 000 Blancs (10 % des Européens), principalement des Afrikaners, vivent dans la pauvreté, regroupés dans des campements de fortune pour mieux se protéger. Leur colère n’est pas canalisée par une formation politique. Frederik de Klerk est ici souvent comparé à Mikhaïl Gorbatchev, deux hommes estimés en Occident pour leur sagesse, mais jugés très sévèrement dans leur pays natal. Ces Blancs souvent peu qualifiés ne parviennent plus à trouver un travail dans un pays où la couleur de la peau prime sur la compétence.

Le scénario de la guerre civile

L’hypothèse d’une guerre civile entre Sud-Africains est malheureusement à envisager. La violence dans le pays demeure endémique et rien ne semble pouvoir l’enrayer. Depuis le milieu des années 1990, près de 20 000 morts par arme à feu sont à déplorer en moyenne chaque année. Une certaine résignation s’est installée devant l’inefficacité du gouvernement dans la lutte contre la criminalité, un état d’esprit qui amène les habitants à organiser des groupes d’autodéfense. Les clivages raciaux demeurent profonds, naturellement entre Blancs et Noirs, mais également au sein de la population noire, entre Zoulous et Xhosas.

L’élection de Jacob Zuma à la tête de l’ANC a été perçue comme une revanche des Zoulous, jusque-là tenus à l’écart des instances de décision du mouvement. Le processus de transition constitutionnelle avait été engagé par des responsables noirs, principalement des Xhosas comme Chris Hani (jusqu’à son assassinat en avril 1993) ou encore Walter Sisulu. Pendant les années de la présidence de Thabo Mbeki (mai 1999 – septembre 2008), la plupart des postes de l’appareil d’État échappèrent à des personnalités zouloues. Parmi les portefeuilles régaliens, seul celui des Affaires étrangères est occupé par une Zouloue (Nkosazana Dlamini-Zuma). Dans un souci de réconciliation nationale, Thabo Mbeki avait nommé deux vice-présidents zoulous. Le premier, Jacob Zuma, fut contraint de démissionner en juin 2005 à cause de son implication dans une affaire de corruption. Et son successeur, Phumzile Mlambo-Ngcuka, était une fidèle de Mbeki. Son époux, Bulelani Ngcuka, un Xhosa, fut en qualité de procureur, à l’origine des poursuites pénales engagées contre Zuma.

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Après sa démission du poste de vice-président en juin 2005, Jacob Zuma s’est présenté comme la victime d’un complot politique ourdi par Thabo Mbeki et l’élite xhosa de l’ANC. Zuma dénonce la marginalisation des Zoulous depuis l’instauration de la démocratie et se dit être la victime d’une conspiration. Fier de sa culture, Zuma n’hésite pas à porter des vêtements en peau de léopard et un pagne lors des manifestations traditionnelles au Kwazoulou, et à s’afficher avec le roi zoulou, Goodwill Zwelithini, l’un de ses plus fidèles soutiens. Ses partisans ont été encouragés à porter des vêtements sur lesquels figurait la mention « 100 % Zulu boy ». Ce discours identitaire a été d’autant plus efficace que Zuma, de par sa personnalité (sa polygynie assumée et son instruction rudimentaire), a fait l’objet de sarcasmes.

Jacob Zuma, dont la candidature a très longtemps été contestée au sein de l’ANC, a souvent tenu un discours ethnique pour assurer sa victoire. Et dans son gouvernement formé en 2009, la plupart des ministères régaliens échappèrent à la minorité xhosa. Kgalema Motlanthe (un Pedi, un peuple très proche des Sothos) est nommé vice-président, Nathi Mthethwa, un Zoulou, est confirmé dans ses fonctions de ministre de la Police qu’il occupait déjà dans le gouvernement précédent. Les personnalités xhosas du gouvernement sont des opposants notoires à Mbeki comme Lindiwe Sisulu, nommée ministre de la Défense, fille de Walter Sisulu, l’un des compagnons d’arme de Nelson Mandela.

Deux hypothèses se dessinent actuellement. Le discours ethnique n’aura été qu’un argument électoral assurant à Zuma une victoire incontestable au sein de l’ANC, puis lors du scrutin présidentiel. Ou bien ces divisions finiront par s’exacerber amenant le pays vers un conflit ethnique opposant les Zoulous aux autres peuples noirs d’Afrique du Sud. Jacob Zuma a conservé comme principaux collaborateurs des hommes qui travaillaient avec lui au Kwazoulou-Natal comme Jeff Radebe (qui fut ministre de la Justice entre 2009 et 2014), Nathi Mthethwa (le ministre des arts et de la culture), ou Siyabonga Cwele, ministre des télécommunications. Une situation qui a amené Bantu Holomisa (l’ancien Premier ministre du Transkei de 1987 à 1994 et maintenant député au Parlement sud-africain) à affirmer que Zuma méprisait les autres peuples noirs du pays.

Une réconciliation

L’évolution sociologique de l’Afrique du Sud, avec l’émergence d’une bourgeoisie noire, pourrait contribuer à consolider la démocratie sud-africaine. Plusieurs mouvements ont essayé de réunir cette nouvelle bourgeoisie noire, comme le COPE ou plus récemment Agang, mais sans succès jusqu’à présent. Après la démission de Thabo Mbeki (septembre 2008), ses proches avaient fondé un nouveau mouvement, le Congrès du peuple (Congress of the people, COPE) dirigé par l’ancien ministre de la Défense, Mosiuoa Lekota. Le programme électoral du COPE s’adresse à la bourgeoisie noire et métisse inquiète des discours d’inspiration socialiste de l’ANC et de ses alliés. Le COPE était parvenu à recueillir 7,4 % des suffrages lors des élections législatives en 2009, mais les dissensions internes lui ont fait perdre une grande partie de son crédit (il n’a obtenu que moins de 1 % des voix en 2014).

Le scrutin de 2014 souligne que l’Alliance démocratique est la seule formation d’opposition crédible à l’ANC. Son défi est maintenant d’élargir sa base électorale à la classe moyenne noire encore fidèle à l’ANC, qui s’interroge cependant sur la capacité du mouvement à gérer le pays. L’AD avait désigné en janvier 2014 comme candidate à la présidence du pays une personnalité connue de l’électorat noir, Mamphela Ramphele, qui dirige le mouvement Agang. Le choix judicieux de l’AD lui permettait de se débarrasser de l’image d’un « parti blanc », mais M. Ramphele a finalement renoncé à ce rôle. Lulu Pieterson, la sœur du jeune Hector tué à Soweto en 1976, a aussi rejoint l’Alliance démocratique. Pour espérer remporter le prochain scrutin législatif, l’AD doit soit davantage représenter l’électorat noir modéré ou bien s’allier à un mouvement qui le représente. L’hypothèse de la victoire est alors envisageable et marquerait l’ancrage de la démocratie en Afrique du Sud.

Une évolution à la brésilienne

L’évolution du pays pourrait être dans les prochaines années, comparable à celle du Brésil. Une société où le niveau de vie progresse, mais qui se résigne à accepter un haut degré de violence et de profondes disparités sociales. La misère est contenue à la périphérie des centres-villes qui connaissent un processus de gentryfication.

Si l’Afrique du Sud est souvent présentée comme l’une des démocraties les plus violentes au monde, elle ne se classe selon les données de l’ONU, qu’au 14e rang mondial pour le nombre d’homicides par habitant (33,6 pour 100 000 h), et après des États comme la Zambie ou la Côte d’Ivoire. Ce taux d’homicide est en diminution régulière et a été divisé par deux depuis 1995. La criminalité a fortement augmenté dans le pays au milieu des années 1980, au moment de la lutte menée par l’ANC et des affrontements entre ce mouvement et l’Inkatha. Cette culture de la violence, dépourvue maintenant d’idéologie, imprègne encore la société. L’ampleur des armes à feu en circulation, l’éclatement de la structure familiale (seul un enfant sur trois vit avec ses deux parents biologiques, une situation provoquée notamment par les décès liés au sida) et les inégalités exacerbent cette violence. Les meurtres sont souvent liés à des règlements de compte entre organisations criminelles et sont perpétrés dans les quartiers les plus pauvres des villes du pays, comme Nyanga ou Mitchell’s Plain au Cap, qui servent de sanctuaires aux criminels.

Une action déterminée des pouvoirs publics, comme celle engagée au Brésil dans les favelas, permettrait de lutter plus efficacement contre la violence (le recours à l’armée, puis le déploiement permanent de forces de police mais aussi l’amélioration des conditions de vie de la population). La justice ne fait plus preuve d’autant de clémence que dans les premières années de liberté. L’Afrique du Sud a l’un des taux d’incarcération les plus élevés au monde parmi les nations démocratiques (294 prisonniers pour 100 000 habitants contre 98 en France). Au printemps 2014, près de 160 000 détenus étaient incarcérés dans les établissements pénitentiaires du pays.

Nelson Mandela incarnait le totem d’une réconciliation nationale, qui chaque jour semble de moins en moins possible. L’évolution récente de l’Afrique du Sud a montré que le pays avait su démentir les prédictions pessimistes, et donner tort aux observateurs qui doutaient de l’instauration d’un régime démocratique. L’élite politique noire sait ce qu’elle doit aux Européens, reste à savoir si la sagesse la guidera.

2015-Lafargue/PUF


François Lafargue, "Géopolitique de l’Afrique du Sud. Une nation en construction", Coll. Major, PUF.

Géopolitique de l’Afrique du Sud, F. Lafargue, Presses Universitaires de France (PUF)

4e de couverture

AS-601894.jpgL’Afrique du Sud évoque principalement pour le public français les Zoulous, l’or, le diamant, Nelson Mandela et les lois de ségrégation raciale qui portaient le nom lugubre d’apartheid, mises en place au milieu du XXe siècle. Une étude géopolitique de l’Afrique du Sud, vingt ans après les premières élections démocratiques, s’impose. La puissance économique de l’Afrique du Sud (elle assure 1/5e du PIB du continent) et ses réserves en minerais et en métaux précieux lui confèrent une place particulière sur la scène internationale. Ce pays a également une ambition militaire et politique et participe à de nombreuses opérations de maintien de la paix en Afrique. L’Afrique du Sud est une démocratie, la presse bénéficie d’une réelle liberté, les syndicats ont des droits reconnus, les scrutins électoraux qui se tiennent aux échéances prévues ne sont pas entachés de fraude. Mais cette réussite pourrait n’être qu’une parenthèse, car elle reste très fragile et la pérennité des institutions démocratiques n’est guère assurée. Cet ouvrage présente l’Afrique du Sud du XXIe siècle, les atouts et les faiblesses d’une nation en construction.

Docteur en géopolitique et en science politique, François Lafargue est professeur de géopolitique à Paris School of Business et anime le séminaire géopolitique à l’École centrale de Paris.

Voir plus sur le site des éditions PUF

mercredi, 23 mars 2016

Facing Turkey, Europe Chooses Suicide

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Facing Turkey, Europe Chooses Suicide

By

Voltairenet.org & http://www.lewrockwell.com

Democracy is a tramway – you climb on to get where you want to go, then you climb off. Recep Tayyip Erdoğan (1996)

The European Council of the 17th and 18th March 2016 adopted a plan which aimed to solve the problems posed by the massive influx of migrants from Turkey [1]. 28 heads of state and government submitted to the demands of Ankara.

We have already analysed the way in which the United States wanted to use the events in the Near East in order to weaken the European Union [2]. At the beginning of the current «refugee crisis», we were the first to observe that this event had been deliberately provoked and the insoluble problems that it was going to cause [3]. Unfortunately, all our analyses have been verified, and most of our positions have now been widely adopted by our erstwhile detractors.

Going further, we would like to study the way in which Turkey has seized control of the game, and the blindness of the European Union, which persistently remains one step behind.

Recep Tayyip Erdoğan’s game

President Erdoğan is unlike other politicians. and it seems that the Europeans, neither the people nor their leaders, have realised this.

• First of all, he came from the Millî Görüş, a pan-Turkish Islamic movement with connections to the Muslim Brotherhood of Egypt, and favourable to the restoration of the Caliphate [4]. According to him – and also to his allies of the Milliyetçi Hareket Partisi (MHP) – the Turkish people are the descendants of Attila’s Huns, who were themselves the children of the Steppenwolf of Central Asia, with whom they share endurance and cold-heartedness. They form a superior race who are destined to rule the world. Their soul is Islam.

President Erdoğan is the only head of state in the world who proclaims an ethnic supremacist ideology, perfectly comparable to Nazi Aryanism. He is also the only head of state in the world who denies the crimes of history, notably the massacres of non-Muslims by Sultan Abdülhamid II (the Hamidian massacres of 1894-95 – at least 80,000 Christians murdered and 100,000 Christians incorporated by force into the harems), then by the Young Turks (the genocide of the Armenians, the Assyrians, the Chaldeans, the Syriacs, the Pontic Greeks and the Yezidis, from 1915 to 1923 – at least 1,200,000 dead) – a genocide which was executed with the help of Germa n officers, including Rudolf Höß, the future director of the camp at Auschwitz [5].

While celebrating the 70th anniversary of freedom from the nightmare of Nazism, President Vladimir Putin emphasised that «ideas of racial supremacy and exclusivism provoked the bloodiest war in History» [6]. Then, during a march – and without naming Turkey – he called on the Russian people to be ready, if necessary, to renew the sacrifice made by their grand-parents in order to save the very principle of equality between all humanity.

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• Secondly, President Erdoğan, who is supported by only one-third of the population, governs his country alone and by force. It is impossible to know precisely what the Turkish people are thinking, because the publication of any information questioning President Erdoğan’s legitimacy is now considered as an attack on state security, and leads immediately to prison. However, if we refer to the latest studies published, in October 2015, less than one-third of the electorate supports him. This is much less than the Nazis in 1933, who could count on 43% of the votes. This is why President Erdoğan was only able to win the general elections by means of outrageous trickery. Amongst others –

- The opposition media were gagged – the major dailies,Hürriyet and Sabah, as well as ATV television, were attacked by thugs from the party in power, and investigations targeted journalists and Press organs accused of supporting «terrorism» or having published slanderous criticisms of President Erdoğan. Web sites were blocked, Internet service providers cancelled the offers of opposition TV channels, and three out of five national TV channels, including the public channel, broadcast programmes which were clearly in favour of the party in power. The other national TV stations, Bugün TV and Kanaltürk, were closed by the police.

- A foreign state, Saudi Arabia, poured 7 billion pounds of «gifts» into Turkey to help «convince» the electorate to support President Erdoğan (about 2 billion Euros).

- 128 political headquarters of the left-wing party (HDP) were attacked by thugs from President Erdoğan’s party. Many candidates and their teams were beaten up. More than 300 Kurdish businesses were destroyed. Several dozen HDP candidates were arrested and placed in provisional detention during the campaign.

- More than 2,000 opposition figures were killed during the election campaign, either by direct attacks or else by governmental repression against the PKK. Several villages in the South-East of the country were partially destroyed by army tanks.

Since Erdoğan’s «election», an iron veil has fallen over the country. It has become impossible to find information concerning the condition of Turkey in the national Press. The main opposition daily, Zaman, has been placed under supervision and now restricts itself to the praise of the greatness of «Sultan» Erdoğan. The civil war, which is already raging in the East of the country, is spreading, by means of terrorist attacks, to Ankara and as far as Istanbul, to the total indifference of the Europeans [7].

Mr Erdoğan governs almost alone, accompanied by a small group which includes Prime Minister Ahmet Davutoğlu. During the electoral campaign, he declared publicly that he was no longer applying the Constitution, and that all powers were now in his hands.

On the 14th March 2016, President Erdoğan declared that as far as the struggle with the Kurds was concerned, «… democracy, liberty and the rule of law no longer have the slightest value». He announced his intention to expand the legal definition of «terrorist» to include all those who are «enemies of the Turks» – in other words, those Turks and non-Turks who are opposed to his supremacy.

In a project costing half a billion Euros, Recep Tayyip Erdoğan ordered the construction of the largest Presidential palace ever occupied by a head of state in world history – the «White Palace», in reference to the colour of his party, the Justice and Development Party, or AKP. It extends over 200,000 square metres, and houses a plethora of services, including ultra-modern secure bunkers, linked to satellites.

• Thirdly, President Erdoğan uses powers which he has given himself – anti-constitutionally – to transform the Turkish state into the godfather of international jihadism. In December 2015, the Turkish police and legal system were able to establish the personal connection between Mr. Erdoğan and his son Bilal with Yasin al-Qadi, Al-Qaïda’s global banker. He fired the policemen and the magistrates who had dared to «damage the interests of Turkey» (sic), while Yasin al-Qadi and the state sued the left-wing newspaper BirGün for having reproduced my editorial, «Al-Qaeda, NATO’s Timeless Tool».

Last February, the Russian Federation presented a report to the Intelligence department of the UN Security Council which attested to the support by the Turkish state for international jihadism, in violation of numerous UN Resolutions [8]. I published a precise study of these accusations which was immediately censored in Turkey [9].

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The response of the European Union

The European Union had sent a delegation to supervise the general elections of November 2015. It held back the publication of its report for a long time, then decided to publish a short, diluted version.

Panicked by the reaction of their populations against the massive entry of migrants – and, for the Germans, the abolition of a minimum wage which resulted – the 28 heads of state and government of the Union worked out a procedure which would leave Turkey to solve their problems for them. The High Commissioner of the United Nations for Refugees, Filippo Grandi, immediately pointed out that the solution chosen was in violation of international law, but even supposing that this may improve, it is not the main problem.

The Union agreed to

- pay 3 billion Euros annually to Turkey to help it deal with its obligations, but with no structure for verifying the use of this funding,

- end the visa requirements for Turkish nationals who enter the Union [10] – it is only a question of months, even weeks,

- accelerate the negotiations for Turkey’s adhesion to the Union – this will take a lot longer and will be a more random process.

In other words, blinded by the recent electoral defeat of Angela Merkel [11], the European leaders have settled for applying a temporary solution to slow the flux of migrants, but without seeking to resolve the origin of the problem, and without taking into account the infiltration of jihadists among the refugees.

The Munich precedent

In the 1930’s, the elites of Europe and the United States considered that the USSR, by its model, threatened their class interests. They therefore collectively supported the Nazi project for the colonisation of Western Europe and the destruction of the Slavic people. Despite repeated appeals by Moscow for the creation of a vast alliance against Nazism, European leaders accepted all the demands of Chancellor Hitler, including the annexation of the regions peopled by the Sudetes. These were the agreements of Munich (1938), which forced the USSR, in order to save its own skin, to conclude, in turn, the Germano-Soviet Pact (1939). It was only too late that certain of the leaders of Europe, then the United States, realised their error, and decided to ally with Moscow against the Nazis.

Now, under our very eyes, the same errors are being repeated. The European elites consider the Syrian Republic to be an adversary – either they are defending the colonial point of view of Israël, or they hope to recolonise the Levant themselves and appropriate the gigantic and still unexploited reserves of gas. They, therefore, supported the secret operation by the United States for «régime change» and pretended to believe in the fable of the «Arab Spring». After nearly five years of proxy war, noting that President Bachar el-Assad is still there despite the fact that his resignation has been announced a thousand times, the Europeans have decided to finance – to the tune of 3 billion Euros per year – Turkish support for the jihadists, allow them victory and the end of the migrations. It will not be long before they realise [12], too late, that by repealing the visa regulations for Turkish citizens, they have authorised the free circulation to Brussels from the Al-Qaïda camps in Turkey [13].

The comparison with the end of the 1930’s is all the more pertinent since, during the Munich agreements, the Nazi Reich had already annexed Austria without provoking any particular reaction from the other European states. Today, Turkey already occupies the North-East of a member state of the European Union, Cyprus, and a strip a few kilometres wide in Syria, which it administrates via a specially nominated wali (prefect). Not only does the European Union let that pass, but by its attitude, encourages Ankara to pursue its annexations with no regard for international law. The common logic of Chancellor Hitler and President Erdoğan is based on the unification of «race» and the cleansing of the population. Hitler wanted to unite the populations of «German «race» and cleanse them of «foreign elements» (the Jews and the gipsies) while Erdoğan wants to unite the populations of «Turkish race» and cleanse them of «foreign elements» (the Kurds and the Christians).

In 1938, the European elites believed in the friendship of Chancellor Hitler, today they believe in the friendship of President Erdoğan.

mardi, 22 mars 2016

Un européisme offensif pour surmonter le monde.

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Un européisme offensif pour surmonter le monde

Par Gérard Dussouy

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Face au changement mondial qui, avec ses perturbations de toutes natures (et qui n’ont rien à voir avec on ne sait quelle « main invisible », maléfique en l’occurrence), précipite les nations européennes dans un profond déclin, jusqu’à saper les bases de la civilisation européenne, les classes politiques au pouvoir persistent dans leurs errements suicidaires pour leurs peuples, en termes d’identité, d’emploi, ou d’indépendance. Quant aux divers mouvements populistes qui, en réaction, émergent un peu partout en Europe, ils ne perçoivent pas d’autre issue que celle d’un repliement, national ou régional, frappé d’une impuissance mortelle.

En effet, le vrai niveau de la lutte politique, parce que le seul où elle peut être efficace, est aujourd’hui continental. En premier lieu, il se situe au cœur même de l’Union européenne dont il est urgent que les peuples européens se la réapproprient en écartant la caste idéologique et technocratique qui la dirige.

Changer les formes pour sauver le fonds. Il faut comprendre, une fois pour toutes, que si l’on veut sauver ou préserver le fonds, à savoir la civilisation européenne avec son substrat humain (ses nations ancestrales), il faut, d’une part, rompre avec la logique libérale et purement mercantile imposée par les Etats-Unis depuis l’effondrement de l’Union soviétique, et, d’autre part, pour s’adapter aux réalités du monde, savoir changer les formes politiques, c’est à dire les institutions étatiques périmées. Compte tenu des bouleversements qui n’ont fait que commencer, et des périls grandissants, que chacun saisit désormais au quotidien, l’européisme rassembleur et offensif est à l’ordre du jour.

Maintenant que la construction libérale de l’Europe est à l’agonie, et que les Etats nationaux étalent leurs incapacités respectives dans la nouvelle distribution mondiale de la puissance (en particulier dans le champ de la démographie-question centrale du 21ème siècle), il est plus que jamais indispensable de réunir les dernières forces vives nationales dans le même Etat européen, et d’arrêter des stratégies unitaires tous azimuts.

L’incapacité des partis de gouvernement à changer leur vision du monde.

Avant tout parce qu’elles y trouvent leur intérêt financier, mais en raison, aussi, du formatage idéologique dont nos sociétés sont l’objet (facilité par une inculture historique généralisée) les élites dirigeantes des Etats européens s’accrochent à leurs croyances. Elles ne veulent pas admettre que leurs valeurs ne sont pas universelles, mais qu’elles sont contingentes d’une ère qui s’achève, celle de la modernité occidentale. Elles n’entendent pas mettre en cause les dogmes de la métaphysique des Lumières que sont : l’identification de la vérité (!) à l’universel, la conviction que la raison annihile les prédéterminations, l’unité du genre humain et la perfectibilité de l’homme, le développement économique et l’enrichissement mutuel grâce au libre-échange. Parce que cela leur sied, moralement et matériellement. Alors que tout ce que l’on observe concourt à contester le maintien d’une telle rhétorique.

hqdefault.jpgUne idéologie néfaste. Aussi bien la connaissance que l’expérience de la diversité, d’un côté, que les conséquences malheureuses de la mondialisation pour des pans entiers de la société, d’un autre, ont rendu cette rhétorique illusoire et dangereuse. Mais nos élites inhibées ne veulent pas l’admettre. De plus, à force d’avoir voulu séparer la culture de la nature, en surestimant la première pour dénigrer la seconde, elles ne peuvent pas comprendre que les idées occidentales n’ont mené l’humanité, sans jamais réussir à la convertir à leurs croyances, que tant qu’elles ont été portées par une infrastructure humaine et matérielle dynamique. Or, ce n’est plus du tout le cas. Maintenant, compte tenu du bouleversement des rapports de force mondiaux, culturels inclus, l’aspiration à une société humaine universelle signifie la fin de la civilisation européenne.

Outre son parti-pris idéologique, le problème de la classe politique européenne est qu’elle est obsédée par le souci de la croissance économique ou, ce qui revient au même dans nombre de pays européens, par la crise qu’elle-même a contribué à créer en avalisant le libre-échange avec les pays à bas salaires. Elle n’a jamais voulu légiférer pour faire en sorte que les grandes compagnies privilégient l’investissement dans l’espace européen. Il en va ainsi parce que l’idéologie basique libérale, à savoir la primauté de l’enrichissement individuel, a vaincu. Mieux, elle a retourné en sa faveur le préjugé universaliste égalitariste de la gauche, par une sorte de renversement gramscien, en obtenant qu’elle approuve l’installation en Europe d’un sous-prolétariat massif issu de l’ancien Tiers-monde.

Néanmoins, en raison d’une demande intérieure qui s’affaiblit, pour cause de vieillissement marqué, c’est la stagnation économique qui s’installe. Et pour longtemps, car contrairement à ce que la classe dominante claironne, malgré les nouvelles technologies, les beaux jours ne reviendront pas de si tôt. Elle pense alors résoudre les problèmes posés par la démographie européenne défaillante, en faisant appel aux susdites populations allogènes qui affluent par millions (3,6 millions de places offertes par le gouvernement allemand, d’ici à 2020 !).

Des contradictions insupportables. Cette politique systématique de portes ouvertes à tous les flux, matériels et humains, est cautionnée par tous les partis de gouvernement qui s’y croient obligés, qui n’en imaginent pas d’autres, et qui l’appliquent sans s’inquiéter du fait qu’elle prépare des temps barbares. Car le monde historique, et non pas rêvé, dans lequel nous sommes, reste le monde des forces et de la force, comme tout le démontre autour de nous, et maintenant aussi chez nous.

Devant tant de contradictions, seule la puissance des tabous, entretenue par les communicants de service, fait tenir encore le système. Alors que l’interprétation officielle du monde est démentie, tous les jours, par le réel, ils écrasent le champ symbolique et interdisent ainsi la diffusion d’autres façons de penser le monde. On retrouve là une fonction essentielle de l’idéologie qui est de maintenir des formes obsolètes de pensée en dissimulant tout ce qui les dément.

Les limites des populismes.

Malgré toute la défiance qui existe dans les populations européennes envers les partis de gouvernement, pour les raisons que nous venons d’évoquer, les différentes consultations électorales qui ont eu lieu en Europe, ces dernières semaines ou ces derniers mois, ont montré, encore une fois, les limites du populisme.

La faiblesse des partis « attrape-tout ». En France, l’échec du FN à s’emparer d’au moins une des deux ou trois régions qui lui étaient promises, dans un contexte de désaffection du vote qui lui est favorable, est symptomatique de la faiblesse programmatique d’un parti attrape-tout fondé sur le seul réflexe protestataire. Et, qui plus est, demeure un « parti de l’isoloir » (où l’on se cache pour voter pour qui l’on veut), tant il est vrai qu’il manque de cadres compétents (sinon on les connaitrait) et de militants capables d’être en nombre sur le terrain (ce qui serait une faiblesse rédhibitoire en cas de prise miraculeuse du pouvoir), alors même qu’il prétend agir dans la sphère sociale. A l’appui du constat, d’une part, la prestation pathétique de la candidate du Front National dans le Nord-Pas de Calais-Picardie face à son concurrent des Républicains quand celui-ci la questionna sur l’opportunité du retour des frontières pour une région située au cœur de l’Europe, et quand ils débattirent de l’euro. Il n’est pas étonnant que seuls 22% des Français jugent qu’elle ferait une bonne présidente et que 62% d’entre eux qui n’ont jamais voté pour le FN, n’ont pas l’intention de le faire à l’avenir. D’autre part, il y a l’incapacité notoire du parti nationaliste à mobiliser des manifestations de masse. S’il a hérité de l’ancien parti communiste français la fonction tribunitienne qui était la sienne (à savoir, celle de porte parole des classes défavorisées), il est très loin de pouvoir rivaliser, à distance dans le temps, avec lui dans ce domaine. Cela faute de disposer d’un appareil partisan comparable et d’un relais syndical comme la CGT.

L’inconséquence politique des dirigeants. En Espagne, le succès de Podemos s’explique, lui aussi, par le mécontentement d’une grande partie de la population. Mais, il est des plus relatifs, et sans doute éphémère, tant le mouvement est incapable de trouver des alliés, et de préconiser des solutions crédibles (autrement dit non démagogiques et soutenables par l’économie espagnole) pour résoudre la crise sociale. En effet, il est d’autant plus incapable d’y parvenir que, comme l’ultra gauche en France, il est internationaliste. Et qu’à ce titre, il ne saurait admettre que c’est la mondialisation qui a ruiné la plupart des industries espagnoles, et que le salariat espagnol est victime, comme tous les autres en Europe, de la concurrence mondiale.

Et que penser de la motivation de ces populistes régionalistes qui rêvent d’une souveraineté, nécessairement fictive compte tenu des potentiels régionaux concernés, à la seule fin, non exprimée bien sûr, de pouvoir mieux s’intégrer au marché mondial en faisant de leur terre respective un paradis fiscal ? A l’instar des nationalistes affairistes catalans qui entendent transformer leur province en une sorte de Grande Andorre (de culture catalane par ailleurs). Minoritaires en voix (47,8% des bulletins), lors des dernières élections régionales, mais majoritaires en sièges au parlement de Barcelone, grâce au mode de scrutin régional espagnol, ils ont quand même du mal à convaincre que l’Espagne est leur pire ennemi.

L’horizon des populismes est, certes, provisoirement large et dégagé, mais il n’est pas celui du pouvoir et encore moins celui de la maîtrise des réalités.

L’absence de projet politique en adéquation avec le réel. Rassembler des mécontents de tous les bords (et ils sont de plus en plus nombreux) est une chose. Proposer un projet de gouvernement crédible parce qu’en adéquation avec le réel et parce que susceptible de se donner les moyens de peser dans la balance du pouvoir mondial, est autre chose. Or, c’est là le seul critère qui vaille. Tout le reste n’est que verbiage, phantasmes, ou illusion. Car les vraies questions sont : quel Etat en Europe est en mesure de mettre en échec les stratégies de domination des Etats-Unis ou de la Chine ? Quel Etat est en mesure de se mettre, individuellement, à l'abri des fluctuations financières ? De quel pouvoir dispose-t-il pour négocier avec les géants de la finance ou avec les nouvelles économies ? Bon courage aux Anglais, si le Brexit est voté ! A quoi bon reprendre sa souveraineté monétaire si c’est pour disposer d’une monnaie dépréciée et être obligé d’acheter des devises étrangères (dollar ou yuan) pour régler ses paiements internationaux, et un jour, parce que cela arrivera, pour rembourser ses dettes ? Comment s’opposer, seul, et de façon durable, aux mouvements migratoires ou aux forces terroristes ?

Le seul enjeu politique qui s’avère pertinent : la prise du pouvoir à Bruxelles.

Le problème actuel des populismes, aussi légitimes qu’ils soient dans leur aspiration à porter les revendications des populations maltraitées par les politiques mises en place par des gouvernements, tous motivés par l’idéologie libérale et cosmopolite, est qu’ils n’ont rien d’autre à opposer à celle-ci qu’une utopie nostalgique et régressive. En effet, tandis que l’on peut parler d’une idéologie des groupes dominants parce que le libéralisme mondial satisfait leurs intérêts, et que cela les empêche, à la fois, d’en comprendre les effets préjudiciables et d’estimer objectivement l’état réel de la société, l’utopie des populistes consiste à croire que l’on peut revenir en arrière, voire retrouver la gloire passée, ou encore maintenir ce que de longues luttes sociales ont permis d’acquérir, en occultant des pans entiers de la réalité du monde et des changements irréversibles qui se sont opérés. Car, en effet, si le marché mondial donne l’impression de pouvoir se fracturer, la redistribution de la puissance est bel et bien effective, et avec elle, celle de la richesse et des ambitions. Dans ce nouveau contexte, les Etats nationaux européens ne sont plus que des petites puissances inaptes à retenir un mouvement du monde qui leur est devenu défavorable

theories_rel_inter_t2_L12.jpgLa mutation radicale du champ de l’action politique. Le niveau pertinent de l’action politique pour les Européens conscients des désastres qui s’annoncent et du dépassement des solutions nationales, dans un monde globalisé, est, d’évidence, celui du continent.

Après la crise bancaire de 2008 et la crise de la zone euro non résolue, celle des réfugiés le démontre à son tour. La rationalité politique de la pensée européiste consiste ici à accepter le nouveau monde tel qu’il est, et à produire une nouvelle compréhension de ce monde (car rien ne sert de nier le changement, et de regretter le passé aussi brillant qu’il ait été). Mais, en même temps, l’éthique politique de ce même européisme est une nouvelle volonté du monde en devenir, une volonté des Européens de sauvegarder leurs identités et de compter encore longtemps dans l’histoire, grâce à un rétablissement en leur faveur des rapports de force qui conditionnent tout, qui sont l’essence de la politique mondiale

A ce stade de la réflexion, deux chemins différents, mais qui ne sont pas exclusifs sous certaines conditions, s’offrent aux générations qui viennent pour conduire la lutte politique dont l’objectif est la prise du pouvoir en Europe (à Bruxelles en l’occurrence, d’un point de vue institutionnel), sachant que toute victoire qui demeurerait nationale ou provinciale serait à court terme annihilée. Le premier consiste à persister, malgré tout, dans la voie nationale avec des perspectives de réussite aléatoires selon les pays, puis, dans le meilleur des cas, si les divergences ne sont pas trop grandes et si les contentieux ne sont pas trop nombreux, à envisager des alliances entre les nouveaux pouvoirs contestataires de l’ordre imposé.

2296011837r.jpgLe second, celui qui permettait de sortir des chemins battus, réside dans l’invention d’un style et d’un organe politiques, tous les deux transnationaux, dont l’objectif est l’investissement coordonné du Parlement européen par les mouvements citoyens qui ont commencé à éclore. Et dont on peut concevoir qu’ils ne vont pas cesser de se multiplier au fur et à mesure que le contexte de crises va se confirmer et se durcir. La question qui se pose, et que l’organisme transnational a à résoudre, est celle de leur convergence et de leur fédération dans l’objectif précis de conquérir par les urnes le Parlement européen, afin de pouvoir ainsi changer de l’intérieur l’Union européenne, et par conséquent toutes les politiques non conformes aux intérêts des Européens conduites jusqu’à maintenant. Parce que le Parlement a les pouvoirs de le faire, dès lors qu’existerait en son sein un bloc nettement majoritaire de députés solidaires dans leur vision d’une Europe émancipée de ses vieux tabous idéologiques et consciente de la précarité de son avenir.

Bien évidemment, s’il s’avérait, qu’entre-temps, des pouvoirs nationaux prenaient conscience de l’impérieuse transformation du champ politique et, de ce fait, découvraient la convergence de leurs intérêts propres avec la démarche précédente, leur appui serait des plus décisifs. Il en découlerait la possibilité que se forme un premier noyau étatique dans la perspective d’une unification européenne en plusieurs temps.

Plateforme organisationnelle et doctrinale. Comme l’Histoire l’enseigne, c’est toujours dans l’épreuve que se fondent les grandes constructions. L’épreuve commune permet d’abord la prise de conscience de la précarité de la situation, puis la réflexion sur l’état des lieux et les solutions à trouver, et enfin, sur l’action à entreprendre. Peut-on voir, dès lors, dans les protestations contre « l’islamisation de l’Europe », écume d’un envahissement sournois, ou contre la négociation du traité transatlantique, aussi différemment intentionnés que soient les divers protagonistes, des indices, attendant que d’autres apparaissent, d’une réelle prise de conscience et d’une révolte européenne potentielle? C’est une possibilité, car l’identification d’ennemis ou de défis communs, supposés ou réels peu importe, est un préalable à toute construction politique.

Ce qu’il y a de sûr, aujourd’hui, c’est qu’on ne résoudra pas les crises apparues en se terrant dans les vieilles institutions, mais en élargissant l’horizon de la reconquête idéologique, culturelle et économique à toute l’Europe, et en retrouvant, par avancées simultanées et coordonnées dans toutes les provinces du continent, la voie de la maîtrise. Les premiers mouvements à l’instant évoqués, et tous ceux qui adviendront, doivent servir de « planches d’appel » à un saut vers l’action européenne dans toutes les directions possibles. Car, bien entendu, tout est lié. Et il faut offrir aux groupes résistants dispersés dans l’espace européen une image rationalisée de l’histoire qui se joue sous leurs yeux et qui sera leur lien. En effet, la dispersion politique est l’obstacle insurmontable des populismes, alors que la perspective du rassemblement des peuples européens, qui ont tout inventé, est grosse d’une dynamique irrésistible. Nous avons besoin pour cela d’un européisme intellectuellement offensif qui soit, à la fois, explicatif et critique, propositionnel et programmatique. Mais, comme on ne pense que pour agir, et que la théorie et la praxis vont ensemble, ce nouvel élan mental doit s’accompagner d’un travail d’organisation à l’échelle continentale, préalable aux initiatives à venir.

Au seuil d’une régression civilisationnelle irréversible et d’une dilution ethnocidaire dans le magma universel, un leitmotiv s’impose aux Européens lucides et décidés à ne pas subir : inventer un nouveau style politique continental pour changer les formes politiques afin de sauver le fonds (le substrat humain et civilisationnel de l’Europe).

Gérard Dussouy

Duitse nationalisten willen weer vriend zijn met Rusland

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Door: Dirk Rochtus

Duitse nationalisten willen weer vriend zijn met Rusland

Ex: http://www.doorbraak.be

In Duits-nationaal voelende kringen, zoals ook bij de AfD, leeft begrip voor Rusland. Die sympathie komt niet uit de lucht vallen.

Geen enkele partij aan de rechterflank van de Duitse christendemocraten (CDU en CSU) was tot nu toe een langdurig succes beschoren. De neonazistische NPD bijvoorbeeld vegeteert als muurbloempje. Maar nu is er de populistische Alternative für Deutschland (AfD) die zich als enige kracht rechts van de christendemocratie weet te verankeren. Dat tonen de verkiezingen van 13 maart in drie Duitse deelstaten aan. De AfD zetelt daarmee al in acht deelstaatparlementen en breidt haar invloed verder uit. Dat zou op lange termijn ook zijn weerslag kunnen hebben op de buitenlandpolitiek van de Bondsrepubliek Duitsland, meer bepaald tegenover Moskou. De AfD steekt haar begrip voor Rusland niet onder stoelen of banken. Haar vice-voorzitter Alexander Gauland noemt Rusland een 'legitieme partner in het concert van de mogendheden' en een bondgenoot in 'de strijd tegen het islamitisch terrorisme'. Zeker met dat laatste raakt de AfD een gevoelige snaar bij een groot gedeelte van de Duitse bevolking.

Bondgenootschap


Een korte historische terugblik leert ons dat Duitsland en Rusland er bijzondere relaties op nahielden. Met het Verdrag van Rapallo van 16 april 1922 bijvoorbeeld vonden Duitsland als verliezer van de Eerste Wereldoorlog en Rusland als jonge Sovjetstaat elkaar, juist omdat beide toen voor het Westen nog paria's waren. In diezelfde periode waren er ook Duitse intellectuelen die dweepten met Rusland als alternatief voor het 'decadente' Westen. Arthur Moeller van den Bruck, boegbeeld van de 'Konservative Revolution' en auteur van het boek 'Das dritte Reich' (1923), brak een lans voor de samenwerking van het Duitse en het Russische volk als 'jonge volkeren', die omwille van hun dynamiek de toekomst zou toebehoren. Linke Leute von rechts, zo werden die Duitse nationalisten genoemd die toen droomden van een bondgenootschap met de Sovjet-Unie in de strijd tegen het kapitalistische Westen. Na de Tweede Wereldoorlog integreerde de Bondsrepubliek Duitsland zich in het Westen vanuit het geloof in de waarden van de democratie. Bondskanselier Konrad Adenauer (CDU) loodste de jonge West-Duitse staat binnen in Europa (via de Europese Gemeenschap voor Kolen en Staal) en in de trans-Atlantische gemeenschap via de Noord-Atlantische Verdragsorganisatie (NAVO). Maar zelfs tijdens de Koude Oorlog bleef de Bondsrepubliek zich bewust van de noodzaak aan goede betrekkingen met Moskou.

'Europa van de naties'

Zo komt het dat er in het huidige Duitsland heel wat Russlandversteher te vinden zijn in de politiek, de media en de academische wereld, zowel aan de linker- als aan de rechterzijde. Iemand die van heel links naar heel rechts ging, is de publicist Jürgen Elsässer die zijn sympathie betuigde voor de pro-Russische vleugel van de AfD. Hij interviewde in 2013 voor het extreemrechtse magazine Compact de Russische filosoof Alexander Dugin, de theoreticus van de Euraziatische beweging. Volgens Dugin zou Rusland Europa moeten beschermen tegen het 'verderfelijke' liberalisme en tegen het 'imperialistische' Amerika, en daarvoor de Westerse landen via hun parlementen moeten infiltreren. Dat doet Moskou nu al, bijvoorbeeld door financiële steun te geven aan het Franse Front National. Zoiets weigert de AfD, maar ze gaat geestelijk wel mee met Rusland. De nationaal-conservatief denkende Gauland praat de annexatie van de Krim door Rusland goed, en strijkt zo de Europese Unie tegen de haren in. Het electorale succes van de AfD zal het koor van Russlandversteher binnen maar ook buiten Duitsland versterken en zo ook het geloof in een 'Europa van de naties'.

(Dit artikel verscheen eerder in De Morgen).

dimanche, 20 mars 2016

Das ewige Türkei-​Problem

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Das ewige Türkei-​Problem

von Georg Immanuel Nagel

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Die Historie der europäischen Politik betreffs der Türkei ist eine Geschichte der ewigen Demütigung, Unterwerfung, Volksbelügung und Frotzelei der Bürger.

Die politische Klasse hat diese peinliche Agenda gegen die Völker Europas entschieden, ohne dass es dafür auch nur den geringsten Grund gibt. Stattdessen müsste Europa entschlossen und selbstbewusst gegen das vorderasiatische Dritte Welt-​Land auftreten.

Wir werden mit der Türkei gequält

Es ist schon absonderlich, dass sich unsere Politiker so gerne mit der Türkei befassen und dies nicht nur als Partner auf Augenhöhe, was bereits zu viel der Ehre ist, sondern sogar als mächtigen Staat, dem man sich anzudienen hat. Seit Jahren lässt man sich ständig eine neue Lüge einfallen, mit der uns vorgegaukelt werden soll, dass wir angeblich irgendetwas Wichtiges von der Türkei bräuchten.

Früher war dies vor allem die angebliche wirtschaftliche Macht des Bosporusstaates. Andauernd wurde beteuert, wie wichtig der türkische Markt vorgeblich sei. Aktuell hat die Türkei ein Bruttoinlandsprodukt von 822 Milliarden US-​Dollar, bei einer Bevölkerung von rund 75 Millionen Menschen. Zum Vergleich: Die Niederlande mit 16,8 Millionen Einwohnern kommen auf 853,5 Milliarden US-​Dollar. Die Türkei hat dabei eines der weltweit größten Leistungsbilanzdefizite. Sie hängt also weitaus mehr vom Ausland ab als umgekehrt. Fast alle technologisch hochwertigen und wichtigen Güter muss sie importieren, während sie nur Billigwaren exportieren kann, die genauso in zahlreichen anderen Billiglohnländern in der Dritten Welt produziert werden können. Ein Handelsembargo gegen die Türkei wäre für sie brutal, jedoch für uns gleichgültig.

Ein anderer Betrug ist die Mär von der angeblichen Stabilität, welche die Türkei ob ihrer Fortschrittlichkeit in die Region brächte. Momentan ist das Möchtegern-​Großsultanat jedoch vor allem ein Faktor für Destabilisierung und Kriegstreiberei. Darum hat man sich jetzt den absurden Plan ausgedacht, die Türken zu den Grenzwächtern Europas zu bestellen, um die künstlich angelockten „Flüchtlinge“ von uns fern zu halten und somit wieder einen schwachsinnigen Vorwand gefunden, uns mit türkischen Befindlichkeiten zu quälen. Die größte Triebfeder dieser Politik sind wie üblich die USA.

Eine brutale Diktatur

Wie bei vielen islamischen Staaten handelt es sich auch bei der Türkei um eine rückständige Diktatur. Jahrelang wurde uns vorgelogen, sie sei die einzige moderne Demokratie im Orient. Die Wahrheit schaut jedoch ganz anders aus. Diktator Erdogan lässt politische Gegner und Andersdenkende verfolgen. Hunderte Journalisten sitzen in Haft. Der Höhepunkt dieser Entwicklung war wohl, als Regierungstruppen die Redaktion von „Zaman“, der größten kritischen Tageszeitung des Landes, stürmten. Schon vorher wurden regierungskritische Demonstranten oft zusammengeprügelt.

Nicht zuletzt befindet sich die Türkei, deren Name für einen Vielvölkerstaat schon unpassend gewählt ist, in einem ethnischen Krieg gegen die Kurden im eigenen Land. Da diese die einzigen wirklichen Gegner der Genozid-​Truppe des Islamischen Staates sind, die ebenso von Erdogans Regime offen unterstützt wird, geraten jetzt auch die Kurden zunehmend unter Beschuss. Diese ganze verbrecherische radikalislamische Mord-​Politik ist den westlichen Eliten kaum eine kritische Bemerkung wert, so wie alle anderen laufenden Menschenrechtsverletzungen in der Türkei. Das beweist, dass das ganze Geseier der Polit-​Apparatschiks von wegen „Demokratie“ und „Menschenrechte“ nichts als leeres Gerede ist, das nur herausgeholt wird, wenn es für die gegenwärtige Agenda als opportun erscheint.

Ein feindlicher Staat

Das Verhalten der Türkei gegenüber Europa ist feindlich und unverschämt. Es ist unglaublich, welche Beschimpfungen und Forderungen sich Erdogan und seine Schergen gegenüber Europa immer wieder herausnehmen können – ohne dass es dabei zu einer angemessenen diplomatischen Reaktion unsererseits kommt. Durch diese Feigheit wird die Kamarilla in Ankara natürlich nur noch weiter bestärkt. Schon so oft hätte man eigentlich alle diplomatischen Beziehungen einstellen müssen.

Am deutlichsten tritt die feindliche Einstellung der Türkei in ihrer Kolonisierungspolitik zu Tage. Abermillionen ihres Bevölkerungsüberschusses wurden nach Europa exportiert, um hier als Fünfte Kolonne Erdogans die Innenpolitik zu stören. Diese Taktik ist nicht neu. Schon nach der Invasion in Zyperns 1983 wurden Massen an Türken zur Festigung der Landnahme herangekarrt. Oder erinnern wir uns an die „Wahl-​Tour“ des muselmanischen Diktators in deutschen Landen, bei denen er ganze Stadien füllen konnte. Er proklamierte dabei, dass „Integration“ ein „Verbrechen gegen die Menschlichkeit“ sei. Zudem werden türkisch-​nationalistische, rassistische und radikalislamische Massenorganisationen in Europa von Ankara aus ferngesteuert. In Wien haben etwa Tausende Türken abstoßenderweise gegen die „internationale Lüge über den Völkermord an den Armeniern“ demonstriert. Solche Organisationen, wie auch DITIP oder die „Grauen Wölfe“, gehören eigentlich sofort als staatsfeindlich verboten und ihre Angehörigen inhaftiert und abgeschoben.

Die EU und die Türkei

Die Migrationswaffe der Türkei soll jetzt, zumindest wenn es nach Merkel geht, noch weiter verstärkt werden, indem die Türkei ab nun gänzlich visafrei ihre Landsleute in die EU schicken können soll. Es muss jedem klar sein, dass es sich hierbei nicht um Touristen handelt, die wieder nach Hause gehen, sondern um eine weitere millionenfache Einwanderung. Da jedem Angehörigen eines Turkvolkes laut Gesetz die türkische Staatsbürgerschaft zusteht, heißt das, dass nicht nur die derzeitigen Staatsbürger der Republik Türkei kommen werden, sondern auch weitere Millionen aus Vorderasien. Zudem kann man so „praktischerweise“ auch gleich Millionen Kurden, die man ohnehin vertreiben möchte, nach Europa abschieben. Die grenzenlose Islamisierung und Umvolkung des Abendlandes wird mit diesem Teufelspakt also nicht gestoppt, sondern nur noch weiter legalisiert und vorangetrieben.

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Wer für Europa ist, muss also notwendig gegen die Türkei sein. Hierbei sollte man aber immer genau auf die Wortwahl bzw. die Intention dahinter achten. Wenn Politiker von „Europa“ reden, meinen sie meistens nur die EU, das heißt die Diktatur von transatlantischen Lobbys, die Europa beherrschen und elementar schaden wollen. Damit passt das auch alles wieder zusammen, denn zum Hauptprogramm der EU gehört es, die Völker Europas multikulturell zu vernichten. Dabei ist die Türkei natürlich ein willkommener Partner, der dabei nur zu gerne mitspielt. Vor allem deshalb soll die Türkei in die EU geholt werden. Alleine, dass man darüber überhaupt laut nachdenken kann, beweist bereits, dass die EU eine antieuropäische volksfeindliche Institution ist, deren alsbaldige Auflösung zum Fixpunkt jeder patriotischen Bewegung gehören muss.

Wir müssen Politik gegen die Türkei machen

Anstatt den Verrückten aus Ankara weiter zu hofieren, müssten wir vielmehr Erdogan und sein Regime scharf in die Schranken weisen. Er ist der Schmalspur-​Sultan eines Dritte Welt-​Landes, mehr nicht. Es ist eine Farce, dass wir uns mit den Massen seiner Glaubensbrüder erpressen lassen sollen. Wenn er diese „Flüchtlinge“ ins Land lässt, ist das seine Sache. Wenn er sie jedoch weiter nach Europa schickt – oder damit droht – muss man das als Kriegserklärung werten. Wir müssen unsere Grenzen also vielmehr selber militärisch verteidigen, so dass die „Flüchtlinge“ in der Türkei bleiben.

Derzeit ist nicht Betteln, sondern Konfrontieren, Scharfmachen und Säbelrasseln das Gebot der Stunde. Moskau hat Ankara alsgleich in die Schranken gewiesen und so müssen wir das auch machen. Als erste Reaktion wäre es gut, alle türkischen Staatsbürger, die sich hierzulande nicht benehmen können, zurück in die Heimat zu schicken. Das ist rechtlich leicht möglich. Danach sollte man Wirtschaftssanktionen, sowie die Unterstützung der Kurden und der türkischen Opposition in Aussicht stellen, anstatt demütig Milliarden an Tributzahlungen anzubieten, die man wahrscheinlich ohnehin nur verschwenden wird. So hat sich Erdogan in seinem Größenwahn etwa erst kürzlich einen Palazzo Prozzo mit Tausend Zimmern erbauen lassen. Er hat also offenbar mehr als genug Geld. Man sollte ihm klar machen, dass sein Schlösschen, als auch seine machtpolitischen Luftschlösser, jederzeit wieder mit Leichtigkeit zusammenfallen können.

Georg Immanuel Nagel hat soeben sein erstes Büchlein in unserer Schriftenreihe BN-​Anstoß veröffentlicht: Die Auflösung. Wie Ideologien der Zersetzung Europa vernichten. (BN-​Anstoß VII, 100S., 8,50 Euro). Hier bestellen!

Hillary Clinton, candidate des néoconservateurs américains

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Bernhard Tomaschitz :

Hillary Clinton, candidate des néoconservateurs américains

Si Hillary Clinton est élue présidente des Etats-Unis, il faut compter avec un retour en force du bellicisme de l’ère Bush !

Après le Super Tuesday, ou Super Mardi, où des élections préliminaires ont eu lieu dans onze Etats, les choses se sont clarifiées positivement pour Hillary Clinton : elle risque fort bien d’être choisie comme candidate à la présidence en juillet lors de la diète des Démocrates. L’ancienne ministre des affaires étrangères des Etats-Unis dispose désormais de 544 délégués et bat ainsi son principal concurrent dans le parti démocrate, Bernard « Bernie » Sanders, qui n’a obtenu jusqu’ici, dans les préliminaires, que 349 délégués. Pour être « nominé », il faut au moins 2383 délégués. Du côté des Républicains, tout porte à penser que le milliardaire de l’immobilier Donald Trump emportera le morceau.

Hillary Clinton n’est pourtant pas la favorite dans la course à la succession de Barack Obama : elle est surtout la candidate du grand capital et des cénacles néoconservateurs. Timothy Alexander Guzman, journaliste indépendant, signale que parmi les « sponsors » de la campagne électorale d’Hillary Clinton, on trouve les géants de la finance Citigroup, Goldman Sachs et JP Morgan Chase. Parmi ses soutiens, on dénombre aussi le spéculateur George Soros et toute une série de personnalités influentes appartenant à la mouvance sioniste, ce qui permet à Guzman de conclure : « A Washington D. C., l’argent, c’est le pouvoir et Hillary en dispose largement. 90% des cotisations qui lui sont versées proviennent d’entreprises ou de bureaux d’avocats qui travaillent pour les plus grandes d'entre elles». Ensuite, Hillary Clinton peut compter sur « l’appui de personnalités puissantes à Hollywood, dans les banques, dans le complexe militaro-industriel, dans les organisations féministes, à l’AIPAC (le lobby américain pro-Israël) et dans les consortiums multinationaux pour l’aider à accéder au trône ».

A cela s’ajoute que les principaux médias américains se mobilisent pour promouvoir la campagne de l’épouse de l’ancien Président Bill Clinton. En janvier, un article élogieux sur sa personne est paru dans le « New York Times » : « Hillary serait le première candidate nominée par un parti populaire. Elle a servi le pays comme sénatrice d’un Etat important et comme ministre des affaires étrangères. Il faut aussi souligner qu’elle a l’expérience d’une First Lady avec son époux formidable mais fautif, l’ex-Président Bill Clinton ». Vient ensuite un passage de l’article qui indique que les Etats-Unis, sous une Présidente comme Hillary Clinton, mèneraient une politique étrangère encore plus agressive et belliciste qu’auparavant : « Madame Clinton sera capable de mener une politique plus dure qu’Obama quand il s’agira d’engager la puissance militaire américaine, comme l’annoncent d’ores et déjà son exigence d’imposer une zone interdite aux survols aériens en Syrie et son soutien antérieur à toute politique visant à armer et à entraîner les rebelles syriens ».

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Déjà le 5 juillet 2014, Jacob Heilbrunn, éditeur de la revue spécialisée « The National Interest », posait la question dans un article du « New York Times » : les néoconservateurs sont-ils prêts à s’allier à Hillary Clinton ? Dans ce cas, la mouvance néoconservatrice, après environ dix années de traversée du désert, reviendrait à l’avant-plan et profiterait du chaos créé en Ukraine et en Irak pour accuser Obama du désastre global et non pas la politique étrangère interventionniste de l’ère Bush. Tout en vilipendant Obama, les « néocons » prépareraient un coup de Jarnac en s’alliant à Clinton, tout au début de sa campagne, afin « de récupérer le siège conducteur de la politique étrangère américaine ».

De fait, il faut bien constater qu’Hillary Clinton, en tant que sénatrice et que ministre des affaires étrangères, a bel et bien mené une politique néoconservatrice. Heilbrunn le démontre : « Madame Clinton a voté pour le déclenchement de la guerre en Irak, elle a soutenu les livraisons d’armes aux rebelles syriens, a comparé le Président russe Vladimir Poutine à Adolf Hitler, a soutenu Israël du fond du cœur et a sans cesse souligné la nécessité de promouvoir la « démocratie » ». Par voie de conséquence, on peut « aisément s’imaginer » que Clinton donnera des positions importantes dans son gouvernement à des néoconservateurs.

Diana Johnstone, la grande dame du journalisme américain, rappelle fort opportunément le rôle d’Hillary Clinton dans l’aval aux bombardements de l’OTAN contre la Serbie au printemps de 1999 : « Dans Hillary’s Choice, une biographie de la First Lady, Gail Sheehy explique l’aval donné par Hillary Clinton à ces bombardements contre la Yougoslavie en 1999. Le livre de Gail Sheehy démontre comment Hillary a pu convaincre son mari, qui hésitait, à lancer la campagne de bombardements de 78 jours contre les Serbes, en avançant l’argument suivant : « A la fin de ce siècle, qui a connu l’holocauste, tu ne peux pas tolérer que ces épurations ethniques se poursuivent ».

Pour Diana Johnstone, les justifications d’Hillary Clinton sont « théâtrales » et totalement dépourvues de pertinence en ce qui concerne le conflit des Balkans. Car, en effet, il n’y a pas eu d’ « épuration ethnique » avant l’intervention militaire du Pacte nord-atlantique ; ce sont plutôt les bombes qui ont obligé les populations à fuir dans tous les sens. A la suite de quoi, la propagande de l’OTAN a utilisé cette catastrophe comme une preuve des « épurations ethniques » que les Américains et leurs séides voulaient en théorie empêcher en déversant leurs bombes sur le pays. La guerre des bombes de l’OTAN contre la Serbie a marqué une césure dans la politique internationale : en effet, depuis lors, toute « intervention humanitaire » peut sauter au-dessus du droit des gens et instaurer le droit du plus fort.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°10/2016, http://www.zurzeit.at ).

mercredi, 16 mars 2016

Géopolitique du libre-échange

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Géopolitique du libre-échange

Ex: http://katehon.com
 

Valérie Bugault est Docteur en droit, ancienne avocate fiscaliste, analyste de géopolitique juridique et économique

Introduction

Le libre-échange est la déclinaison du principe plus vaste de liberté du commerce. Il s’agit donc d’un concept commercial mis en pratique par des entreprises de type capitalistiques.

Sous couvert de liberté du commerce, le libre-échange a pour conséquence la mise en concurrence, au niveau international, de toutes les entreprises du monde. Il en résulte, de façon inéluctable, la disparition des petites et moyennes entreprises au profit des multinationales économiquement plus performantes, en raison non pas de leur efficacité de fonctionnement, mais de leur poids sur les différents marchés. En d’autres termes, le libre-échange favorise concrètement sur toute la planète la prédation économique des agents les plus faibles par les plus gros d’entre eux, c’est-à-dire la concentration des capitaux. En raison de l’extrême prévisibilité de cette conséquence du libre-échange, on peut en déduire qu’elle est, en réalité, l’objectif inavoué du principe en question.

Ainsi, la liberté du commerce via le libre-échange n’a pas pour vocation de servir mais au contraire d’asservir – la concurrence faussée et débridée aidant – les petits commerçants. La liberté du commerce au moyen du libre-échange n’a pas non plus pour vocation de servir les intérêts du citoyen en occasionnant une baisse générale des prix puisque la concentration des capitaux, qui lui est consubstantielle, s’y oppose fondamentalement. La liberté du commerce par le libre-échange ne sert finalement les intérêts que d’un seul maître : la petite caste qui détient les principaux capitaux du monde. Caste qui a consciencieusement organisé, à la faveur de sa mainmise sur l’organisation bancaire – permettant l’organisation et l’entretien de crises bancaires et financières 1 – et commerciales du monde, l’accaparement de la majeure partie des biens matériels de cette planète.

Nous analyserons l’historique du mouvement de libre-échange (I) avant d’examiner en quoi il s’analyse en une négation du concept d’État (II) et quelle méthodologie il suit (III).

I) Historique du libre-échange

Au niveau français :

Le pilier fondateur du libre-échange, qui est aussi le premier acte de son avènement mondial, se situe formellement en 1791 en France, année qui a vu naître à la fois le décret d’Allarde (des 2 et 17 mars 1791) et la loi Le Chapelier (14 juin 1791).

Le décret d’Allarde, officiellement paré des vertus de la liberté, a supprimé les corporations, qui n’étaient rien d’autres que des associations réglementant dans chaque ville les personnes exerçant le même métier. Il s’agissait déjà de la suppression des barrières non tarifaires, c’est-à-dire réglementaires, mais à l’intérieur du territoire français.

La loi Le Chapelier, elle aussi parée des merveilleuses vertus de la liberté, a interdit les organisations ouvrières, notamment les corporations de métiers mais aussi les rassemblements paysans et ouvriers ainsi que le compagnonnage ; elle ne visait en revanche ni les clubs patronaux, ni les trusts et ententes monopolistiques qui ne furent jamais inquiétés.

Les deux nouveautés législatives que sont le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier, au tout premier plan des avancées révolutionnaires, sont en réalité le premier pas vers ce que nous appelons aujourd’hui le libre-échange.

Au niveau européen :

S’agissant des institutions européennes, l’idéologie du libre-échange se déroule selon la chronologie suivante :

Le traité de Rome du 25 mars 1957 instituant la CEE : la libre circulation des capitaux, formellement inscrite, n’est pas encore effective.

La directive du Conseil européen dite Delors-Lamy de 1988 prévoit la libéralisation complète du marché des capitaux pour 1990.

Le Traité de Maastricht (1992) puis les articles 32, 45, 49 à 55 et 63 du TFUE 2 (liberté de circulation des marchandises, des travailleurs, liberté d’établissement et liberté de circulation des capitaux), issus du traité de Lisbonne – ratifié par la France moyennant une forfaiture politique – terminent au niveau européen le travail commencé en France en 1791 en imposant la liberté totale pour les groupes étrangers de s’installer sans limite sur des territoires européens qui ne protègent plus leurs ressortissants.

Il faut ici remarquer que l’institution européenne, qui a historiquement débuté en 1952 par la création d’un vaste marché du charbon et de l’acier (CECA), se termine par l’avènement d’institutions (Union européenne) à la solde des multinationales et par la disparition corrélative de la notion d’État en tant qu’entité politique – en raison de la disparition de toute souveraineté étatique; l’État est remplacé par des institutions supra-nationales fondamentalement indépendantes des peuples.

Au niveau international :

Au niveau international, l’année 1947 constitue le second acte, le second pilier fondateur, de la progression technique du libre-échange. Les accords internationaux du GATT mettent en place dès 1947 la matrice d’un commerce international fondé sur le libre-échange. Il aura néanmoins fallu attendre les accords de Marrakech de 1994 pour voir arriver l’OMC, qui instaure véritablement un ordre du libre-échange au niveau international. Il faut noter que la création de ce nouvel ordre international arrive presque en catimini car il résulte d’une simple annexe à l’acte final du Cycle de l’Uruguay.

La mise en œuvre de l’organisation économique mondiale autour du libre-échange avait initialement prévu d’être intégrée aux accords de Bretton Woods 3. Cependant, des désaccords ayant engendré un contre-temps, ce projet commercial de grande ampleur ne vit réellement le jour qu’à l’occasion de la création de l’OMC.

Une fois l’organisation mondiale du commerce (OMC) en place, les accords de libre-échange se sont mis à fleurir un peu partout sur la planète.

Les grands marchés transpacifique et transatlantique :

La réalisation et l’unification des grands marchés transatlantique – dont les négociations vont bon train – et trans-pacifique – signé le 4 février 2016 4 – constituera l’ultime étape de l’avènement du commerce comme ordre sociétal supérieur mondial.

Le grand marché transatlantique est matérialisé par divers accords de libre-échanges (TTIP/TAFTA, CETA/AECG, TISA) qui, ajoutés au grand marché trans-pacifique, seront, si la méthode appliquée à la création de l’Union européenne est suivie – ce qui est plus que probable compte tenu du succès rencontré –, le marchepied à l’avènement d’un traité plus vaste instaurant des institutions chargées de réguler le monde.

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Du point de vue de la méthode, l’oligarchie prédatrice aura alors, pas à pas, amené les différents pays du monde au Nouvel Ordre Mondial (NOM) tant attendu. La technique utilisée par les partisans et auteurs du mondialisme est toujours la même : faire en sorte que la marche suivante soit rendue nécessaire par celle qui la précède. Il semble superfétatoire de préciser que le NOM est attendu, non pas par les peuples, mais bien par l’oligarchie transnationale d’origine anglo-saxonne 5, oligarchie qui a pris le pouvoir politique en Occident en utilisant méthodiquement la monnaie et le commerce 6, dont le libre échange est la composante essentielle, comme armes de domination politique. L’ordre militaire étatique, les milices privées et les guerres restent soit des moyens de secours, lorsque la domination politique par l’économie a échoué, soit des moyens pour imposer la domination économique à des dirigeants politiques récalcitrants.

Le contexte politique du marché transatlantique : les pouvoirs exécutifs européens contre leurs citoyens

Le Congrès américain avait voté, en juin 2015, des pouvoirs accrus au président Obama afin de lui permettre de conclure rapidement des accords commerciaux avec la région Asie-Pacifique et l’Union européenne ; mission aujourd’hui pleinement accomplie par ce président docile pour ce qui concerne l’Asie-Pacifique.

Concernant le marché transatlantique, les dirigeants français 7 et allemand 8 se déclarent très pressés de mettre un terme aux négociations en cours qui n’ont, de leur point de vue, que trop retardé la signature de ce marché. Les dirigeants occidentaux – gouvernements et commission européenne 9 – s’avèrent en effet extrêmement motivés pour arriver le plus tôt possible à l’étape de la signature ; leur objectif ultime 10 étant d’arriver à faire entrer en vigueur ce grand marché sans passer par l’accord des parlements, nationaux et européen, considérés comme trop lents et peu fiables. Signalons en effet qu’en raison d’une mobilisation citoyenne sans précédent, le Parlement européen a déjà reporté son vote sur ce sujet. Jamais la signature d’accords internationaux n’aura autant mobilisé un public très majoritairement hostile à ces traités 11.

II) Le libre-échange est une négation du concept d’État

Attardons-nous un instant sur le contenu modèle des traités de libre-échange instituant ces grands marchés.

Les barrières tarifaires – c’est-à-dire les droits de douane – et non tarifaires – c’est-à-dire toutes les réglementations protectrices des consommateurs et des citoyens – devront céder face à la sacro-sainte loi de l’investissement et des marchés.

Sous l’empire du libre-échange, aucune législation de juste prévention ou de simple précaution ne pourra plus voir le jour car elle constituera un obstacle aux investissements – plus ou moins audacieux – des grands cartels de l’agro-alimentaire et de l’industrie pharmaco-chimique. Concrètement, place doit être au faite au tout transgénique, aux élevages inhumains et intensifs d’animaux mal nourris et gavés d’antibiotiques (farines animales à des ruminants etc.), aux conditions de conservation douteuse des viandes et poissons (poulets chlorés), aux terres agricoles asphyxiées par les engrais et autres pesticides (dont le fameux round-up descendant direct du défoliant agent orange abondamment répandu au Vietnam par les Américains), à l’utilisation d’huiles impropres à la consommation dans la restauration et l’alimentation humaine etc.

Le libre-échange conduit à faire renoncer les États à une partie substantielle de leurs ressources fiscales – et donc de leur capacité budgétaire – ainsi qu’à leur prérogative régalienne d’édicter des règles générales – puisqu’il leur devient interdit d’édicter toute réglementation protectrice de leurs ressortissants. Ce programme est réalisé par les États dans l’objectif de favoriser, sur leurs territoires, l’implantation de multinationales détenues par quelques personnes.

Dans ce contexte, le libre-échange organise le sabordement, par l’État lui-même, du principe politique étatique. L’objectif du libre-échange est, ni plus ni moins, de voir les États supprimer eux-mêmes leur utilité publique ; ultime raffinement de l’oligarchie qui organise le suicide des États par l’anéantissement de leurs prérogatives régaliennes. En effet, une fois acquise la disparition de la fonction protectrice de l’État, son rôle et sa fonction en viennent tout naturellement à pouvoir être mis en cause – en premier lieu par ceux-là même qui ont organisé son affaiblissement. Une expression française reflète parfaitement cette stratégie politique : «Qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage.»

Par ailleurs et pour s’assurer du respect des principes proclamés, le modèle des traités de libre-échange organise une clause, dite de règlement des différends, qui sanctionne la non-application par les États desdits principes.

La clause de règlement des différends incluse dans le modèle des traités de libre-échange donne aux multinationales le droit d’attaquer en justice les États qui auront eu l’audace d’édicter des réglementations protectrices dont l’effet secondaire serait de réduire ou annuler l’espoir de gain résultant d’un investissement fait par des multinationales.

A propos de cette clause particulière incluse dans le TTIP : pour faire bonne figure devant la levée de boucliers populaires, Cecilia Malmström, la négociatrice pour l’Union Européenne – commissaire européenne en charge du commerce –, envisage de transformer la cour d’arbitrage initialement prévue pour le règlement des différends en tribunal public. Un tribunal public permanent, payé par les con-tribuables européens, serait donc chargé de punir les États qui auront adopté des réglementations protectrices de leurs ressortissants dont l’effet aura été de réduire l’espoir de gain suscité par un investissement. Voilà l’avancée démocratique proposée par l’UE : remplacer une Cour d’arbitrage rémunérée par les parties en cause – entreprise et État – par un «tribunal d’investissement public» intégralement payé sur financement public – c’est-à-dire intégralement payé par les con-tribuables – pour protéger les investissements privés des multinationales. Belle rhétorique des mondialistes !

Le libre-échange est synonyme de «point de droit autre que celui de faire commerce illimité et sans condition de tout et partout» – produits et organes du corps humain inclus – permettant de facto, en raison de la disparition des contre-pouvoirs, l’empoisonnement de l’air, des sols et des aliments par les pesticides et autres productions du très puissant conglomérat pharmaco-chimique.

Le commerce et le libre-échange ne peuvent exister que débarrassés des barrières chargées de réguler le commerce et d’éviter l’accaparement. Dans ce contexte, les nations et leurs institutions apparaissent comme de potentiels freins à l’expansion du commerce tout azimut. Les États et leurs institutions, derniers remparts des peuples, ont – par la loi du libre-échange – vocation à disparaître du paysage politique qui deviendra vierge de tout corps constitué autre que par et pour servir l’oligarchie, laquelle est déjà officieusement au pouvoir.

La finalité du libre-échange est d’être fatal à la démocratie, à la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, à la liberté individuelle et à la propriété privée pour tous. C’est l’oligarchie à la manœuvre qui profitera, à la faveur de l’illusion, savamment entretenue, de la liberté du commerce pour tous – les mondialistes sont d’incontestables maîtres en rhétorique – de la disparition des contre-pouvoirs étatiques.

Le libre-échange suppose conceptuellement une prise de pouvoir définitive des corps économiques constitués sur les institutions politiques contrôlées par les citoyens. Il est, en réalité, la mise en œuvre, par les élites capitalistiques, d’un objectif géopolitique de domination politique globale. Autrement dit, le libre-échange, élevé au rang de religion, est utilisé par l’oligarchie comme une arme, redoutablement efficace, de destruction des États, des nations, des peuples et des individus. Il sert en réalité les intérêts de la caste des acteurs dominant l’économie mondiale, dont l’ambition ouverte est d’instaurer une ploutocratie mondiale.

Le pouvoir sans contre-pouvoir, c’est-à-dire le pouvoir absolu, est l’essence même du libre-échange, c’est aussi la définition de la dictature 12. Il en résulte que l’avènement du nouvel ordre mondial (NOM) ne sera rien d’autre que la résurgence au niveau mondial du système féodal : un nouveau système de dépendance et d’asservissement fondé sur la domination monétaire et commerciale, c’est-à-dire le contrôle du monde par les quelques acteurs qui dominent l’économie mondiale.

La liberté révolutionnaire du commerce, faussement proclamée pour tous, a été, est et sera en définitive le plus sûr moyen de tuer la liberté politique, civile et patrimoniale du plus grand nombre.

Une fois la finalité du libre-échange clairement précisée, intéressons-nous à la raison qui a permis l’émergence d’un principe aussi ouvertement scélérat.

III) L’opacité et la corruption comme méthodologie du libre-échange

Le libre-échange est indéfectiblement lié à une utilisation massive, voire institutionnelle de la corruption ; il s’accompagne de la suppression des débats publics et d’une corruption de grande ampleur des décideurs politiques.

Un exemple canadien, bien qu’ancien, est à cet égard parfaitement instructif. Il laisse apparaître sans aucun doute possible que le libre-échange s’accompagne en coulisse, derrière les beaux et lénifiants discours officiels sur la liberté, d’une volonté puissante de domination et d’une corruption généralisée des élites politiques.

L’anecdote particulièrement significative des objectifs réels du libre-échange, a été rapportée par David Orchard dans son ouvrage Hors des griffes de l’aigle. Quatre siècles de résistance canadienne à l’expansionnisme américain, concernant les visées américaines sur l’État canadien.

Dans cet ouvrage, l’auteur cite le rapport au département d’État américain fait le 13 mai 1854 par un certain Isaac Andrews, agent secret des États-Unis d’Amérique : «Dans le but d’aider les mouvements partisans de l’annexion et du libre-échange au Canada, j’ai versé 5 000 dollars à un rédacteur de journal, 5 000 dollars à un procureur général, 5 000 dollars à un inspecteur général et 15 000 dollars à un député de l’assemblée du Nouveau-Brunswick. J’ai pris par conséquent les mesures qu’exigeait la situation au Nouveau-Brunswick afin de modérer l’opposition et de tranquilliser l’opinion publique. J’ai réussi à me rendre à […] avant la fin de la session de l’assemblée législative du Nouveau-Brunswick et ainsi éviter tout débat sur la proposition de traité de libre-échange à l’étude ou sur toute autre mesure législative néfaste. J’ai déversé plus de 100 000 dollars pour convaincre d’éminentes personnalités d’appuyer l’annexion du Canada par les États-Unis ou, sinon, le libre-échange avec les États-Unis. Mais cette somme n’est rien en comparaison des privilèges qui vont être obtenus de façon permanente et du pouvoir et de l’influence que cela donnera à jamais à notre Confédération.»

Le fonctionnement de l’Union européenne, institution fondée par et pour le libre-échange, est une autre illustration de l’utilisation massive, institutionnellement admise, de la corruption des décideurs publics par les firmes multinationales ; cette corruption porte le doux nom anglais de lobbying. En Union européenne, le pouvoir législatif est entre les mains de décideurs non élus, les commissaires européens, adoubés par les pouvoirs exécutifs européens et d’autres institutions comme le CFR – qui promeut la consolidation économique du monde en blocs régionaux. La Commission européenne est, par construction, toute acquise à la cause oligarchique.

Plus récemment, les conditions de secret qui entourent la gestation du grand marché transatlantique est une autre manifestation de la vaste entreprise d’opacité, visant à court-circuiter les institutions politiques des États, qui accompagne de façon structurelle le libre-échange. Les élus d’Europe n’ont qu’un accès tardif et réduit aux négociations du grand marché transatlantique, qui ne supportent aucun réel débat public. L’accès aux documents de travail des élus n’est possible que dans des conditions extrêmement surveillées 13. Les parlementaires allemands ayant, sans surprise, davantage accès auxdits documents que les parlementaires des autres États, tout en ayant une interdiction formelle de les photocopier 14.

Conclusion : de la liberté du commerce à la disparition de la civilisation

Le libre-échange organise au niveau mondial un pur schéma de prédation économique qui a tôt fait de se transformer en prédation politique, géopolitique et civilisationnelle. Cette prédation ultime est une conséquence mécanique de la prédation économique qui génère spontanément une énorme concentration de capitaux. Les très grandes entreprises, dirigées par leurs actionnaires majoritaires, prennent le contrôle institutionnel des États au moyen du libre-échange.

Le champ d’action de la liberté totale du commerce, compris comme la domination géopolitique de la caste des grands capitalistes, n’est plus, aujourd’hui, limitée que par les seules connaissances techniques et scientifiques ; elle se développe et progresse à mesure que progressent ces dernières.  Ainsi, alors que la société commerciale permet de faire commerce de tout type de biens, licites ou illicites, elle permet aujourd’hui d’intégrer au commerce non seulement le corps humain mais aussi et surtout les produits et parties de celui-ci, remettant fondamentalement en cause la notion d’intégrité du corps humain. L’objectif à peine inavoué des principaux capitalistes à l’œuvre paraît bien être la possession de l’éternité, qui justifie les énormes capitaux investis – notamment par une entreprise comme Google – dans le projet transhumaniste.

Au-delà de la destruction des États, la liberté totale du commerce a pour conséquence sociologique d’engendrer une déstructuration profonde des sociétés humaines traditionnellement fondées sur un ancrage géographique et sur l’affection filiale et intergénérationnelle. Elle a également pour effet – à moins que ce ne soit un objectif ? – de détruire l’intégrité du corps humains, ravalant l’Homme au rang de bien matériel. Le libre-échange préfigure un monde dans lequel les classes financièrement inférieures seront reléguées au rang de fournisseur de pièces de rechange corporelles pour les plus riches.

Au bout du chemin du libre-échange il y a non seulement la disparition des États nations mais encore, et surtout, l’asservissement généralisé, voire même, un pas plus loin – si l’on en croit les indications du Georgia Guidestones – la disparition d’une bonne partie des populations vivant sur terre.

Cette voie, toute tracée pour nous par l’oligarchie à la manœuvre, n’est pas inéluctable. Nous verrons plus tard 15 que ce projet de domination planétaire, entièrement fondé sur la notion d’entreprise, peut être stoppé par une simple appropriation juridique par les États du concept d’entreprise. En d’autres termes, la survie – de la liberté et de l’humanité – suppose que l’entreprise de type capitalistique réintègre le corps social, dont elle a – grosso modo depuis la Révolution française – émergé comme une tumeur cancéreuse sur un organe sain. Un tel retournement des choses aurait pour effet de remettre le fait économique dans le giron du fait politique et de rendre à la notion d’État ses lettres de noblesses. Quel État, quel chef d’État, en sera capable ?

mardi, 15 mars 2016

Intervention de Xavier Moreau lors du colloque du RISI

Xavier Moreau : "Le terrorisme islamiste ne peut rien par lui-même"


Intervention de Xavier Moreau lors du colloque organisé par le RISI (Institut Russe des Etudes Stratégiques) présidé par le général Léonid Rechetnikov
12 février 2016

Thème du colloque : Perspectives du combat contre le terrorisme international

samedi, 12 mars 2016

Faut-il envisager un tremblement de terre à Washington?

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Faut-il envisager un tremblement de terre à Washington?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ceci se produira presqu'à coup sûr lors des élections présidentielles du 8 novembre prochain. La perspective est peu évoquée en Europe. Ce serait une raison de plus pour s'y préparer!

Un certain nombre d'articles expliquent aujourd'hui (cf ceux cités par notre confrère Dedefensa http://www.dedefensa.org/article/et-hillary-dans-tout-ca) que, quel que soit le président élu, le système politique américain actuel ne s'en remettrait pas. Nous employons le terme de président et non celui de présidente, car selon ces observateurs, Hillary Clinton traine avec elle tant de casseroles qu'elle ne pourra faire face aux critiques déchainées de Donald Trump, non plus qu'à celles, plus mesurées mais plus en profondeur, de Bernie Sanders. Elle pourra d'autant moins faire face qu'elle a montré une remarquable inaptitude à s'engager sans mauvaise foi et maladresses faciles à relever dans des débats quelque peu percutants.

donald-trump-history-hair-ss15.jpgExit donc Clinton. Resteront en lice Donald Trump et Bernie Sanders, chacun d'eux pouvant susciter des dizaines de millions de votes favorables. Sanders fera probablement une remontée remarquable au sein du parti démocrate, mais il sera probablement et pour cette raison en butte à l'hostilité de ce qui en Amérique rejette l'idée même de ce que l'on appelle en Europe la social- démocratie, à plus forte raison si elle est orientée à gauche. Sanders aura contre lui tout l'appareil politique des conservateurs et néo-conservateurs, des maîtres de Wall Street et sans doute d'une partie des militaires. L'establishment démocrate préféra perdre les élections que se rallier à lui.

Les fortes sympathie que suscite actuellement Sanders parmi ce que nous appelons à l'européenne les forces de gauche, se reporteront voyant les chances de celui-ci s'amenuiser, vers Donald Trump. Celui-ci sera donc élu à coup sûr, même s'il continue à susciter l'opposition de tout ce que le parti républicain continue à comporter de néo-cons et assimilés. Que fera-t-il alors de ce pouvoir? S'il se révélait un président agressif, interventionniste contrairement à Obama, intelligent fut-il vitupérant, il s'appuierait sur la majorité de l'électorat qu'il aura rassemblée pour mettre en application les plus importantes des idées qu'il aura défendues et qui d'ores et déjà le rendent populaire.

Mais ceci ne pourra pas prendre la forme d'un changement en douceur de l'Amérique. Il s'agira d'un véritable tremblement de terre, avec l'émergence de nombreux groupes d'intérêts jusqu'ici maintenus dans le silence par les institutions actuelles. Ces intérêts pourront être contradictoires. Ils s'affronteront donc, provoquant une partie du tremblement de terre. Mais, avec l'appui de Trump, et dans la ligne qu'il a déjà esquissée, ils pourraient notamment provoquer une refondation complète de la politique étrangère américaine, tant vis à vis de la Russie et du Brics, que vis-à-vis des pays arabes et des migrations dites économiques. Les ennemis de Trump parleront  de capitulation devant Moscou, doublée d'islamophobie et de racisme, mais l'Amérique profonde devrait très probablement le soutenir.

Dans ce cas, le tremblement de terre s'étendra jusqu'à l'Europe. Celle-ci s'est montrée jusqu'à ce jour incapable de définir une politique conforme à ses besoins de survie dans les domaines résumés ci-dessus. Elle a toujours attendu que Washington lui dicte les comportements à suivre, au service de ses propres intérêts. L'élection de novembre ne changera rien à ce rapport de dépendance dont l'Europe paraît ne jamais pouvoir s'émanciper.

La dépendance à l'égard d'une Amérique de Trump obligera les Etats européens, tardivement suivis par les institutions de l'Union européenne, à revoir au mieux de leurs intérêts leurs positions concernant, là encore, les rapports avec la Russie et les Brics, avec les pays arabes et avec les régions du monde qui, si rien n'est fait, détruiront l'Europe, fut-ce à leur corps défendant, par l'exportation prochaine de dizaines de millions de migrants.

jeudi, 10 mars 2016

L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

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L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

par Andreas Becker

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Actuellement, l’Arabie saoudite ne s’équipe pas seulement en matériel de guerre, mais semble être en effet avide de mettre le feu aux poudres. Ces derniers jours, des avions de combat saoudiens ont été transférés sur la base aérienne turque d’Incirlik. Ce transfert a eu lieu dans le cadre de la coalition militaire sous la direction des Etats-Unis contre l’Etat islamique (EI), dénommé aujourd’hui de préférence «Daech» par les politiciens et les médias occidentaux. Il faut considérer l’alliance turco-saoudienne contre la Syrie et l’Iran comme une alliance sunnite contre les chiites. Le Liban se montre cependant récalcitrant à la revendication saoudienne d’entrer dans son alliance militaire, comme le montre la lettre ouverte d’un important chrétien maronite adressée récemment au roi saoudien Salman. Lettre préconisant la paix, écrite à la veille d’une nouvelle guerre?

Depuis une semaine, le royaume du désert, riche en pétrole, est le théâtre de manœuvres militaires les plus étendues de son histoire. Y participent des forces armées provenant de 20 Etats différents: L’Arabie saoudite jouit actuellement des revenus des flux financiers investis, ces dernières décennies, dans des Etats arabes et africains. L’opération «Northern Thunder» («Tonnerre du Nord»), entamée il y a dix jours, est supposée durer une semaine encore. Elle ne fut communiquée que le jour initial même, parallèlement avec la menace de Riad, adressée au président Bachar al-Assad, de «le renverser par la force». C’est précisément ainsi que les guerres commencent.


La raison est que la victoire de l’EI contre Assad se fait attendre. Grâce au soutien aérien russe, le gouvernement syrien fut capable de reconquérir finalement certains territoires. Les Russes réussirent, assez rapidement, dans ce que la coalition anti-EI, dirigée par les Etats-Unis, n’atteignit pas une année durant: bloquer l’avancée de l’EI. Il faut pourtant préciser que le successeur d’Al-Qaïda n’est toujours pas vaincu.


L’Arabie saoudite mène déjà une guerre au Yémen contre les rebelles houthis. Le front anti-chiite est pourtant en train de s’élargir, menaçant d’englober un territoire allant de la Méditerranée au golfe Persique, de la frontière turque à la pakistanaise et l’afghane. En se montrant prête, de manière démonstrative, à intervenir militairement dans le conflit du Proche-Orient, Riad dissimule, selon sa propre logique, le fait qu’elle prend elle-même partie au conflit. L’Arabie saoudite a formé une alliance d’intérêts avec les Etats-Unis amis contre les alaouites au pouvoir en Syrie, dont est originaire la famille présidentielle d’Assad et qu’on considère comme faisant partie des chiites. Les raisons pour cette alliance anti-Assad ne sont pas identiques, mais la devise «L’ennemi de mon ennemi est mon ami» suffit pour se mettre d’accord pour déclencher une insurrection contre le gouvernement Assad.


Dans ce but, des clans syriens sunnites furent courtisés. On leur fournit argent et armes et leur assura un soutien logistique. Au début, Washington déclara qu’une «Armée syrienne libre» se battait contre le dictateur Assad et en faveur de la démocratie. Mais l’Armée syrienne libre se révéla, peu après, être en grande partie, des milices islamiques telles que le Front al-Nosra et l’Etat islamique (EI). Ni Riad, ni Washington n’accepte de le reconnaître. On ne parle pourtant presque plus de l’Armée syrienne libre aujourd’hui, mais surtout des meurtres perpétrés par les islamistes et dont les victimes sont avant tout des chrétiens. Pour le moment, il y a une zone d’ombre quant aux gouvernements et institutions qui soutiennent secrètement l’Etat islamique et ses rejetons.

Le Liban, un contre-modèle

Le Liban est le seul Etat du Proche-Orient à population fortement chrétienne. A l’origine, il fut un territoire de protection autonome pour les chrétiens vivant dans l’Empire ottoman et qui face à la répression se retirèrent dans ces terres maritimes et montagnardes. Durant les troubles sanglants du conflit au Proche-Orient, le pays a perdu sa majorité chrétienne. La cohésion et l’existence même du pays sont dues aux chrétiens et à leur foi, base de leur culture. Le Liban est l’exception remarquable d’un pays au Proche-Orient dont tous les différents groupes font partie du gouvernement.


Suite à ces évènements, les chrétiens auraient de bonnes raisons de se montrer, eux aussi, rancuniers. Ils pourraient donc également recourir aux armes, à l’instar des autres groupements religieux, mais ne le font que s’ils y sont contraints. Leur connaissance de l’histoire est bien là mais ils n’éprouvent aucun besoin de revanche.


La raison pour laquelle les chrétiens ne sont plus majoritaires dans ce pays – qui est en réalité le leur – est la fondation de l’Etat d’Israël et l’expulsion des Palestiniens, des musulmans sunnites et des chrétiens du pays. Ne voyant plus, dans un proche avenir, la possibilité de rentrer dans leur pays, l’OLP tenta de faire du Liban leur nouvel Etat. Une partie des Libanais sunnites les soutinrent.


S’en suivit une guerre civile sanglante. La tentative échoua. Le bilan fut catastrophique en vies humaines et en destructions. 27 ans après la fin de la guerre, le Liban est encore loin de bénéficier du niveau de vie qu’il avait auparavant grâce aux chrétiens. De même les Libanais doivent aux chrétiens que leur pays ne soit pas devenu un second Irak, une seconde Syrie, un second Yémen, une seconde Libye.


Tenter de continuer l’analyse des troubles libanais qui dominent les rapports entre les forces anti- et pro-syriennes, anti- et pro-occidentales, anti- et pro-israéliennes etc. dépasserait le cadre prévu et n’apporterait probablement plus de confusion que d’éclaircissement.

La «vengeance» saoudienne

Pour comprendre la situation actuelle, il importe juste de savoir que la Syrie vint en aide aux chrétiens dans la tentative de conquête palestinienne des années 70. Puis, il faut également tenir compte que le nombre de chiites, ayant considérablement augmenté au cours de ces récentes décennies, ces derniers se voient comme les alliés naturels des alaouites syriens.
Les chrétiens du Liban sont reconnaissants envers la Syrie pour leur aide militaire d’alors. Mais précisons également que la majorité des chrétiens libanais ne voulut pas d’un Liban sous protectorat syrien, raison pour laquelle ils soutinrent les Syriens qui se retirèrent en 2005. Cela ne change rien à la connaissance précise dont disposent les chrétiens libanais à propos des conditions de vie de leurs frères de foi chrétienne en Syrie, desquels ils sont souvent proches par des liens parentaux. En effet, ces conditions sont nettement meilleures sous l’alaouite Assad que sous une domination sunnite. Alors que le Hezbollah chiite lutte activement au côté d’Assad en Syrie, les chrétiens libanais se sentent proches des chrétiens syriens.

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Cela explique en partie la réticence du Liban à participer à l’alliance anti-chiite de l’Arabie saoudite orchestrée par les Etats-Unis. La raison principale en est l’autoprotection face à une autre guerre meurtrière et destructive dans laquelle on ne veut pas être impliqué. Un refus qui coûte cher au petit pays. Riad afficha ces jours-ci le catalogue pénal contre le Liban. Le roi Salman exige que le don, fait en 2013 par son prédécesseur le roi Abdallah, de trois milliards de dollars pour le réarmement de l’armée libanaise soit restitué. Cette somme considérable permit à ce petit pays, grâce aux livraisons d’armement de la France, de développer son armée. L’armée commune représente un facteur de stabilité important pour un Etat où combattaient encore il y a à peine plus de 25 ans de nombreuses milices armées.
Le désaccord de Riad s’exprime aussi dans l’avertissement public demandant aux Saoudiens d’éviter le Liban comme lieu de villégiature pour «des raisons de sécurité». Aujourd’hui, Riad est allé encore plus loin et a incité tous les Saoudiens à quitter le Liban. Cette mesure fut reprise par les alliés saoudiens les plus proches dans la région de Golfe, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Qatar. Les Libanais ne sont pas dupes: cet avertissement est en réalité une exhortation indirecte à réduire les relations économiques avec le Liban. Ce rappel actuel adressé aux citoyens saoudiens correspond au niveau civil en réalité à une mobilisation générale au niveau militaire.


La troisième menace qui ne fut pas exprimée officiellement mais fut très clairement mise en circulation informellement a des conséquences directes et massives: L’Arabie saoudite et les autres Emirats du Golfe pourraient expulser les 400'000 Libanais travaillant dans la région du Golfe. On devine aisément quelles seraient les conséquences de tels agissements pour le Liban, un pays comptant 4,4 millions d’habitants (auxquels s’ajoutent 450'000 réfugiés palestiniens et 1'250'000 réfugiés syriens). Au plus tard depuis l’annonce de cette menace tout Libanais sait que l’Arabie saoudite ne plaisante pas et que ce petit pays au bord de la Méditerranée doit se soumettre. Une quatrième menace complète encore la panoplie des menaces: la rumeur circule que les Etats du Golfe dirigés par des familles sunnites pourraient retirer leur argent des banques libanaises et provoquer ainsi une crise économique et sociale dans le pays.

Le refus libanais

La «vengeance» du roi saoudien Salman apparaît après que le ministre des Affaires étrangères libanais, le chrétien maronite Jebran Bassil du Mouvement patriotique libre, ait refusé par deux fois, lors des récentes rencontres des ministres des Affaires étrangères arabes, d’approuver une résolution anti-iranienne présentée par l’Arabie saoudite et de se soumettre ainsi à l’alliance saoudienne. Le Mouvement patriotique libre forme en politique intérieure le groupe parlementaire minoritaire des chrétiens libanais. Dans le domaine de la politique extérieure, concernant la poudrière du conflit entre sunnites et chiites, menaçant de faire sauter tout le Proche-Orient, la majorité et la minorité chrétienne sont en grande partie d’accord. Un engagement direct du Liban dans une guerre incontrôlable au Proche-Orient serait la fin de la dernière présence chrétienne significative dans la région.


Non seulement dans les cercles musulmans, mais aussi parmi les chrétiens libanais, circule la rumeur qu’Israël ne verrait aucun inconvénient à voir les territoires environnants détruits. Il en serait de même avec les forces occidentales pouvant à la suite d’une guerre faire main-basse sans aucune gêne sur les richesses naturelles du Proche-Orient. Une appréciation qui ne remonte guère le moral dans le pays. Un éminent chrétien du Liban ne veut pas spéculer sur de tels arrière-plans derrière les arrière-plans. Pour lui, les faits qui se trouvent sur la table sont suffisamment graves pour l’inciter à passer à l’action.


Face à cette crise grandissante où l’on peut sentir l’odeur de la poudre jusqu’à Beyrouth, le chrétien maronite Fady Noun, rédacteur en chef suppléant de «L’Orient-Le Jour», le quotidien libanais le plus renommé, a rédigé une Lettre ouverte adressée au roi Salman d’Arabie saoudite. Il y exige le respect mutuel et précise les raisons pour lesquelles le Liban ne peut pas accepter cette alliance, car sinon l’unique modèle permettant de trouver une solution au conflit serait détruit. Noun présente donc au roi saoudien le Liban comme modèle en l’invitant à choisir la paix plutôt que la guerre.    •

Source: www.katholisches.info/2016/02/24/zuendet-saudi-arabien-di...

(Traduction Horizons et débats)

«Il faut bien voir que l’on est là devant un phénomène de civilisation qui interpelle tout le monde, y compris l’Occident. L’Occident athée de la mort de Dieu, de la conquête coloniale, des invasions impériales, de l’inégalité des échanges, du racisme déclaré ou poli et du relativisme éthique. Un relativisme décrit par le philosophe américain Eric Voegelin, qui a réfléchi sur les millénarismes, comme ‹une divinisation de la société par elle-même›.
Comme elle nous manque, en ces jours troublants, cette réflexion vigoureuse sur les rapports civilisationnels qui nous permettrait de jouer notre rôle de médiateurs culturels, de ‹brokers› de la paix et de la vérité. Comme il nous manque aujourd’hui de penser le XXe siècle dont nous héritons. Comme elle nous manque, cette réflexion en profondeur sur l’islam pour comprendre ce qui a rendu possible cette aberration culturelle et politique que l’on nomme ‹Etat islamique›.»

Source: Lettre ouverte de Fady Noun adressée au roi saoudien Salman (extrait)

lundi, 07 mars 2016

La concretezza geopolitica del diritto in Carl Schmitt

La produzione teorica di Carl Schmitt è caratterizzata dalla tendenza dell’autore a spaziare in diversi settori di ricerca e dal rifiuto di assolutizzare un solo fattore o ambito vitale. Nonostante gli siano state rivolte frequenti accuse di ambiguità e asistematicità metodologica – in particolar modo da chi sostiene la “purezza” della scienza del diritto -, in una delle sue ultime interviste, rilasciata nella natia Plettenberg, Schmitt ribadì senza mezzi termini la sua radicale scelta esistenziale: «Mi sento al cento per cento giurista e niente altro. E non voglio essere altro. Io sono giurista e lo rimango e muoio come giurista e tutta la sfortuna del giurista vi è coinvolta» (Lanchester, 1983, pp. 5-34).

Un metodo definito sui generis, distante dalle asettiche teorizzazioni dei fautori del diritto positivo ma non per questo meno orientato alla scienza giuridica, sviscerata fin nelle sue pieghe più riposte per ritrovarne la genesi violenta e i caratteri concreti ed immediati, capaci di imporsi su una realtà che, da “fondamento sfondato”, è minacciata dal baratro del nulla.

In quest’analisi si cercherà di far luce sul rapporto “impuro” tra diritto ed altre discipline, in primis quella politica attraverso cui il diritto stesso si realizza concretamente, e sui volti che questo ha assunto nel corso della sua produzione.

1. Il pensiero di Schmitt può essere compreso solo se pienamente contestualizzato nell’epoca in cui matura: è dunque doveroso affrontarne gli sviluppi collocandoli in prospettiva diacronica, cercando di individuare delle tappe fondamentali ma evitando rigide schematizzazioni.

41oP4499VTL._SY344_BO1,204,203,200_.jpgSi può comunque affermare con una certa sicurezza che attorno alla fine degli anni ’20 le tesi schmittiane subiscano un’evoluzione da una prima fase incentrata sulla “decisione” a una seconda che volge invece agli “ordini concreti”, per una concezione del diritto più ancorata alla realtà e svincolata non solo dall’eterea astrattezza del normativismo, ma pure dallo “stato d’eccezione”, assenza originaria da cui il diritto stesso nasce restando però co-implicato in essa.

L’obiettivo di Schmitt è riportare il diritto alla sfera storica del Sein – rivelando il medesimo attaccamento all’essere del suo amico e collega Heidegger -, che si oppone non solo al Sollen del suo idolo polemico, Hans Kelsen, ma pure al Nicht-Sein, allo spettro del “Niente” che sopravviveva nell’eccezione, volutamente non esorcizzato ma troppo minaccioso per realizzare una solida costruzione giuridica. La “decisione”, come sottolineò Löwith – che accusò Schmitt di “occasionalismo romantico” – non può pertanto essere un solido pilastro su cui fondare il suo impianto teoretico, essendo essa stessa infondata e slegata «dall’energia di un integro sapere sulle origini del diritto e della giustizia» (Löwith, 1994, p.134). Il decisionismo appariva in precedenza come il tentativo più realistico per creare ordine dal disordine, nell’epoca della secolarizzazione e dell’eclissi delle forme di mediazione: colui che s’impone sullo “stato d’eccezione” è il sovrano, che compie un salto dall’Idea alla Realtà. Quest’atto immediato e violento ha sul piano giuridico la stessa valenza di quella di Dio nell’ambito teologico, tanto da far affermare a Schmitt che «tutti i concetti più pregnanti della moderna dottrina dello Stato sono concetti teologici secolarizzati» (Teologia politica, 1972, p.61). Solo nell’eccezione il problema della sovranità si pone come reale e ineludibile, nelle vesti di chi decide sull’eventuale sospensione dell’ordinamento, ponendosi così sia fuori che dentro di esso. Questa situazione liminale non è però metagiuridica: la regola, infatti, vive «solo nell’eccezione» (Ivi, p.41) e il caso estremo rende superfluo il normativo.

La debolezza di tale tesi sta nel fissarsi su una singola istanza, la “decisione”, che ontologicamente è priva di fondamento, in quanto il soggetto che decide – se si può definire tale – è assolutamente indicibile ed infondabile se non sul solo fatto di essere riuscito a decidere e manifestarsi con la decisione. Contrariamente a quanto si potrebbe pensare, decisionismo non è dunque sinonimo di soggettivismo: a partire dalla consapevolezza della sua ambiguità concettuale, Schmitt rivolge la sua attenzione verso la concretezza della realtà storica, che diviene il perno della sua produzione giuridica.
Un cambio di rotta dovuto pure all’erosione della forma-Stato, evidente nella crisi della ”sua” Repubblica di Weimar. Il decisionismo rappresentava un sostrato teorico inadeguato per l’ordinamento giuridico internazionale post-wesfaliano, in cui il tracollo dello Stato[1] spinge Schmitt a individuare nel popolo e nei suoi “ordinamenti concreti” la nuova sede del “politico”.

Arroccato su posizioni anti-universaliste, l’autore elabora tesi che vanno rilette in sostanziale continuità con quelle precedenti ma rielaborate in modo tale da non applicare la prospettiva decisionista a tale paradigma cosmopolitico.

2. Il modello di teoria giuridica che Schmitt approfondì in questa tappa cruciale del suo itinerario intellettuale è l’istituzionalismo di Maurice Hauriou e Santi Romano, che condividono la definizione del diritto in termini di “organizzazione”. La forte coincidenza tra organizzazione sociale e ordinamento giuridico, accompagnata alla serrata critica del normativismo, esercitò una notevole influenza su Schmitt, che ne vedeva il “filo di Arianna” per fuoriuscire dal caos in cui era precipitato il diritto dopo la scomparsa degli Stati sovrani.

Convinto fin dalle opere giovanili che fosse il diritto a creare lo Stato, la crisi irreversibile di quest’ ultimo indusse l’autore a ricercarne gli elementi essenziali all’interno degli “ordinamenti concreti”. Tralasciando la dottrina di Hauriou, che Schmitt studiò con interesse ma che esula da un’analisi prettamente giuridica in quanto fin troppo incentrata sul piano sociologico, è opportuno soffermarsi sull’insegnamento romaniano e sulle affinità tra questi e il tardo pensiero del Nostro. Il giurista italiano riconduceva infatti il concetto di diritto a quello di società – corrispondono al vero sia l’assunto ubi societas ibi ius che ubi ius ibi societas – dove essa costituisca un’«unità concreta, distinta dagli individui che in essa si comprendono» (Romano, 1946, p.15) e miri alla realizzazione dell’«ordine sociale», escludendo quindi ogni elemento riconducibile all’arbitrio o alla forza. Ciò implica che il diritto prima di essere norma è «organizzazione, struttura, posizione della stessa società in cui si svolge e che esso costituisce come unità» (Ivi, p.27).

La coincidenza tra diritto e istituzione seduce Schmitt, al punto da fargli considerare questa particolare teoria come un’alternativa al binomio normativismo/decisionismo, “terza via” di fronte al crollo delle vecchie certezze del giusnaturalismo e alla vulnerabilità del positivismo. Già a partire da Teologia politica il pensiero di matrice kelseniana era stato demolito dall’impianto epistemologico che ruotava intorno ai concetti di sovranità e decisione, che schiacciano il diritto nella sfera del Sein riducendo il Sollen a «modus di rango secondario della normalità» (Portinaro, 1982, p. 58). Il potere della volontà esistenzialmente presente riposa sul suo essere e la norma non vale più in quanto giusta, tramontato il paradigma giusnaturalistico, ma perché è stabilita positivamente, di modo che la coppia voluntas/auctoritas prevalga su quella ratio/veritas.
L’eclissi della decisione osservabile dai primi scritti degli anni ’30 culmina col saggio I tre tipi di pensiero giuridico, in cui al “nemico” scientifico rappresentato dall’astratto normativista Schmitt non oppone più l’eroico decisionista del caso d’eccezione quanto piuttosto il fautore dell’ “ordinamento concreto”, anch’esso ubicato nella sfera dell’essere di cui la normalità finisce per rappresentare un mero attributo, deprivato di quei connotati di doverosità che finirebbero per contrapporsi a ciò che è esistenzialmente dato. Di qui la coloritura organicistico-comunitaria delle istituzioni che Schmitt analizza, sottolineando che «esse hanno in sé i concetti relativi a ciò che è normale» (I tre tipi di pensiero giuridico, 1972, pp.257-258) e citando a mo’ di esempi modelli di ordinamenti concreti come il matrimonio, la famiglia, la chiesa, il ceto e l’esercito.

Il normativismo viene attaccato per la tendenza a isolare e assolutizzare la norma, ad astrarsi dal contingente e concepire l’ordine solo come «semplice funzione di regole prestabilite, prevedibili, generali» (Ibidem). Ma la novità più rilevante da cogliere nel suddetto saggio è il sotteso allontanamento dall’elemento decisionistico, che rischia di non avere più un ruolo nell’ambito di una normalità dotata di una tale carica fondante.

3. L’idea di diritto che l’autore oppone sia alla norma che alla decisione è legata alla concretezza del contesto storico, in cui si situa per diventare ordinamento e da cui è possibile ricavare un nuovo nomos della Terra dopo il declino dello Stato-nazione.
Lo Schmitt che scrive negli anni del secondo conflitto mondiale ha ben presente la necessità di trovare un paradigma ermeneutico della politica in grado di contrastare gli esiti della modernità e individuare una concretezza che funga da katechon contro la deriva nichilistica dell’età della tecnica e della meccanizzazione – rappresentata sul piano dei rapporti internazionali dall’universalismo di stampo angloamericano.

Sulla scia delle suggestioni ricavate dall’istituzionalismo, il giurista è consapevole che solo la forza di elementi primordiali ed elementari può costituire la base di un nuovo ordine.
La teoria del nomos sarà l’ultimo nome dato da Schmitt alla genesi della politica, che ormai lontana dagli abissi dello “stato d’eccezione” trova concreta localizzazione nello spazio e in particolare nella sua dimensione tellurica: i lineamenti generali delle nuove tesi si trovano già in Terra e mare del 1942 ma verranno portati a compimento solo con Il nomos della terra del 1950.

Nel primo saggio, pubblicato in forma di racconto dedicato alla figlia Anima, il Nostro si sofferma sull’arcana e mitica opposizione tra terra e mare, caratteristica di quell’ordine affermatosi nell’età moderna a partire dalla scoperta del continente americano. La spazializzazione della politica, chiave di volta del pensiero del tardo Schmitt, si fonda sulla dicotomia tra questi due elementi, ciascuno portatore di una weltanschauung e sviscerati nelle loro profondità ancestrali e mitologiche più che trattati alla stregua di semplici elementi naturali. Il contrasto tra il pensiero terrestre, portatore di senso del confine, del limite e dell’ordine, e pensiero marino, che reputa il mondo una tabula rasa da percorrere e sfruttare in nome del principio della libertà, ha dato forma al nomos della modernità, tanto da poter affermare che «la storia del mondo è la storia della lotta delle potenze terrestri contro le potenze marine» (Terra e mare, 2011, p.18) . Un’interpretazione debitrice delle suggestioni di Ernst Kapp e di Hegel e che si traduceva nel campo geopolitico nel conflitto coevo tra Germania e paesi anglosassoni.

schmitt1.jpgLo spazio, cardine di quest’impianto teorico, viene analizzato nella sua evoluzione storico-filosofica e con riferimenti alle rivoluzioni che hanno cambiato radicalmente la prospettiva dell’uomo. La modernità si apre infatti con la scoperta del Nuovo Mondo e dello spazio vuoto d’oltreoceano, che disorienta gli europei e li sollecita ad appropriarsi del continente, dividendosi terre sterminate mediante linee di organizzazione e spartizione. Queste rispondono al bisogno di concretezza e si manifestano in un sistema di limiti e misure da inserire in uno spazio considerato ancora come dimensione vuota. È con la nuova rivoluzione spaziale realizzata dal progresso tecnico – nato in Inghilterra con la rivoluzione industriale – che l’idea di spazio esce profondamente modificata, ridotta a dimensione “liscia” e uniforme alla mercé delle invenzioni prodotte dall’uomo quali «elettricità, aviazione e radiotelegrafia», che «produssero un tale sovvertimento di tutte le idee di spazio da portare chiaramente (…) a una seconda rivoluzione spaziale» (Ivi, p.106). Schmitt si oppone a questo cambio di rotta in senso post-classico e, citando la critica heideggeriana alla res extensa, riprende l’idea che è lo spazio ad essere nel mondo e non viceversa. L’originarietà dello spazio, tuttavia, assume in lui connotazioni meno teoretiche, allontanandosi dalla dimensione di “datità” naturale per prendere le forme di determinazione e funzione del “politico”. In questo contesto il rapporto tra idea ed eccezione, ancora minacciato dalla “potenza del Niente” nella produzione precedente, si arricchisce di determinazioni spaziali concrete, facendosi nomos e cogliendo il nesso ontologico che collega giustizia e diritto alla Terra, concetto cardine de Il nomos della terra, che rappresenta per certi versi una nostalgica apologia dello ius publicum europaeum e delle sue storiche conquiste. In quest’opera infatti Schmitt si sofferma nuovamente sulla contrapposizione terra/mare, analizzata stavolta non nei termini polemici ed oppositivi di Terra e mare[2] quanto piuttosto sottolineando il rapporto di equilibrio che ne aveva fatto il cardine del diritto europeo della modernità. Ma è la iustissima tellus, «madre del diritto» (Il nomos della terra, 1991, p.19), la vera protagonista del saggio, summa del pensiero dell’autore e punto d’arrivo dei suoi sforzi per opporre un solido baluardo al nichilismo.

Nel nomos si afferma l’idea di diritto che prende la forma di una forza giuridica non mediata da leggi che s’impone con violenza sul caos. La giustizia della Terra che si manifesta nel nomos è la concretezza di un arbitrio originario che è principio giuridico d’ordine, derivando paradossalmente la territorialità dalla sottrazione, l’ordine dal dis-ordine. Eppure, nonostante s’avverta ancora l’eco “tragica” degli scritti giovanili, il konkrete Ordnung in cui si esprime quest’idea sembra salvarlo dall’infondatezza e dall’occasionalismo di cui erano state accusate le sue teorie precedenti.
Da un punto di vista prettamente giuridico, Schmitt ribadisce la sentita esigenza di concretezza evitando di tradurre il termine nomos con “legge, regola, norma”, triste condanna impartita dal «linguaggio positivistico del tardo secolo XIX» (Ivi, p.60). Bisogna invece risalire al significato primordiale per evidenziarne i connotati concreti e l’origine abissale, la presa di possesso e di legittimità e al contempo l’assenza e l’eccedenza. La catastrofe da cui lo ius publicum europaeum è nato, ossia la fine degli ordinamenti pre-globali, è stata la grandezza del moderno razionalismo politico, capace di avere la propria concretezza nell’impavida constatazione della sua frattura genetica e di perderla con la riduzione del diritto ad astratta norma. Ed è contro il nichilismo del Gesetz che Schmitt si arma, opponendo alla sua “mediatezza”, residuo di una razionalità perduta, l’“immediatezza” del nomos, foriero di una legittimità che «sola conferisce senso alla legalità della mera legge» (Ivi, p.63).

BIBLIOGRAFIA ESSENZIALE

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CATANIA A., Carl Schmitt e Santi Romano, in Il diritto tra forza e consenso, Edizioni Scientifiche Italiane, Napoli, 1990, pp.137-177

CHIANTERA-STUTTE P., Il pensiero geopolitico. Spazio, potere e imperialismo tra Otto e Novecento, Carocci Editore, Roma, 2014

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GALLI C., Genealogia della politica. Carl Schmitt e la crisi del pensiero politico moderno, Il Mulino, Bologna, 2010

LANCHESTER F., Un giurista davanti a sé stesso, in «Quaderni costituzionali», III, 1983, pp. 5-34

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PIETROPAOLI S., Ordinamento giuridico e «konkrete Ordnung». Per un confronto tra le teorie istituzionalistiche di Santi Romano e Carl Schmitt, in «Jura Gentium», 2, 2012

ID., Schmitt, Carocci, Roma, 2012

PORTINARO P. P., La crisi dello jus publicum europaeum. Saggio su Carl Schmitt, Edizioni di Comunità, Milano, 1982

ROMANO S., L’ordinamento giuridico, Firenze, Sansoni, 1946

SCHMITT C., Die Diktatur, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia, 1921, trad. it. La dittatura, Laterza, Roma-Bari, 1975

ID., Politische Theologie. Vier Kapitel zur Lehre der Souveränität, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia 1922, trad it. Teologia politica. Quattro capitoli sulla dottrina della sovranità, in Le categorie del ‘politico’ (a cura di P. SCHIERA e G. MIGLIO), Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Verfassungslehre, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia 1928, trad. it. Dottrina della costituzione, Giuffrè, Milano, 1984

ID., Der Begriff des Politischen, in C. SCHMITT et al., Probleme der Demokratie, Walther Rothschild, Berlino-Grunewald, 1928, pp. 1-34, trad. it. Il concetto di ‘politico’. Testo del 1932 con una premessa e tre corollari, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Legalität und Legitimität, Duncker & Humblot, Monaco-Lipsia 1932, trad. it. Legalità e legittimità, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Über die drei Arten des rechtswissenschaftlichen Denkens, Hanseatische Verlagsanstaldt, Amburgo, 1934, trad. it. I tre tipi di pensiero giuridico, in Le categorie del ‘politico’, Il Mulino, Bologna, 1972

ID., Land und Meer. Eine weltgeschichtliche Betrachtung, Reclam, Lipsia 1942, trad. it. Terra e mare. Una considerazione sulla storia del mondo raccontata a mia figlia Anima, Adelphi, 2011

ID., Der Nomos der Erde im Völkerrecht des Jus Publicum europaeum, Greven, Colonia 1950, trad. it. Il Nomos della terra nel diritto internazionale dello “ius publicum europaeum”, Adelphi, Milano, 1991

ID., Die Lage der europäischen Rechtswissenschaft, Internationaler Universitätsverlag, Tubinga, 1950, trad. it. La condizione della scienza giuridica europea, Pellicani Editore, Roma, 1996

NOTE:

[1] «Un termine apparentato ad un periodo storico: vale solo da Hobbes ad Hegel», come scrisse in una lettera a Norberto Bobbio, cfr. P. TOMMISSEN, introduzione a C. SCHMITT, Il concetto d’Impero nel diritto internazionale, Settimo Sigillo, Roma, 1996, p.6
[2] Ricchi altresì di significati simbolici espressi mediante le figure veterotestamentali del Leviathan e del Behemoth. Rovesciando l’impostazione hobbesiana, Schmitt sembra prediligere il secondo, mostro terrestre che in battaglia penetra nel territorio nemico anziché annientarlo come fa il soffocante Leviatano (Terra e mare, 2011, pp.18-19). L’analogia con lo scontro in atto tra Germania e paesi angloamericani è lampante (Chiantera-Stutte, 2014, pp.120-121).

samedi, 05 mars 2016

La Chine en action: vers la chute du dollar

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La Chine en action: vers la chute du dollar

Auran Derien, enseignant

Ex: http://metamag.fr

Pour un monde dé-dollarisé

Depuis le début de 2016, la Banque Centrale de Chine a mis en fonctionnement un système interbancaire de ventes et d’achats d’or. Deux institutions, filiales de la Banque Centrale, se partagent les responsabilités.

Le marché interne de l’or est sous la responsabilité de la Shanghai Gold Exchange (SGE) ; le marché interbancaire est administré par le China Foreign Exchange Trading System (CFETS). Si on sait que la Chine est le principal pays détenteur d’or dans le monde, la quantité exacte n’en est pas connue, de sorte que les nouvelles institutions vont améliorer la liquidité interbancaire de l’or tout en favorisant la création de nouveaux marchés pour le métal.

Jusqu’alors, les banques chinoises ne pouvaient négocier de l’or entre elles. Chacune avait seulement la possibilité d’acheter du métal au Shanghai Gold Exchange, institution monopolistique par laquelle passaient toutes les demandes. Désormais, dix banques vont intervenir sur deux niveaux. Quatre banques, associées au groupe Australia and New Zealand Banking group (ANZ) feront fonctionner le marché primaire. Six autres banques participeront à un marché secondaire. Il est toujours interdit d’exporter de l’or mais en même temps la Banque Centrale en achète en moyenne 20 tonnes chaque mois depuis 2015.

Fin de la confiance dans le dollar

De telles manœuvres renforcent l’analyse selon laquelle les gens civilisés de par le monde se lassent des transactions liées au dollar. Depuis 2014, les contrats entre la Chine et la Russie ont éliminé l’usage du dollar. Les Chinois ont réduit leurs énormes réserves de cette monnaie en achetant, à travers le monde, des actifs de toutes sortes. Ils se paient l’Europe, notamment les entreprises utilisant une technologie qui les intéresse, tant en France qu’en Allemagne.

De plus, en France ils cherchent à installer une tête de pont à partir de laquelle déverser leurs produits sur toute l’Europe, bénéficiant d’une part des mêmes avantages que les multinationales (pas d’impôts, etc.), d’autre part en utilisant le label “made in France” sur l’essentiel de leur production importée qu’ils revendraient dans le monde comme si elle était locale. La City de Londres, depuis octobre 2014, coopère avec la Chine pour émettre des obligations libellées en Renminbi, et de nouvelles institutions bancaires, telles la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (AIIB) vont permettre à divers pays de s’éloigner peu à peu des voyous de la Banque Mondiale.

On peut donc déduire que les Chinois veulent garder une porte de sortie au cas très probable où les bulles gigantesques construites par la finance globalitaire se dégonfleraient plus ou moins rapidement. L’or serait une base de négociation monétaire face à l’incertitude qui suivrait la chute du dollar ou de l’Euro. Les titres publics américains sont déjà considérés comme sans valeur car Janet Yellen, qui parle au nom de la Réserve Fédérale américaine prétend que les taux d’intérêt seront maintenus ou augmentés alors que chacun constate le délabrement de l’économie américaine et de l’occident en général. Tout y est faux, mensonger ; ce spectacle incarne parfaitement la révélation monothéiste : le réel n’existe pas, seule la parole  doit s’imposer ici, les indices officiels trafiqués.

Dans une situation de déliquescence de l’économie occidentale et de perte de prestige des financiers transcendentaux, l’or retrouvera la fonction qu’il eut depuis l’origine du monde : être une référence, un soutien, une forme de richesse. La Chine, achetant de l’or, se sépare de dollars pourris tout en laissant se dévaluer sa monnaie car toutes les monnaies se dévaluent au temps de la création monétaire débridée imposée par la finance mondialiste. Mais le mécanisme est innovateur. Le prix de l’or est déterminé en yuans, il existe un commerce interbancaire pour le métal, de sorte que le yuan dispose d’une cotation “absolue” en or, indépendante de celle en dollar. Les changes flexibles demeurent puisqu’il n’est pas possible aujoud’hui de fixer des règles équitables pour le système monétaire international. Reste que le prix du yuan en or est un meilleur indice de la valeur du yuan que le cours du yuan en dollar.

Stimuler les exportations en changeant les flux

Cette nouvelle chinoiserie entre aussi en concurrence avec une institution dépendant des démons financiers de Londres. Le pouvoir financier a toujours voulu le monopole de l’émission de monnaie. La Chine offre une alternative : le prix de l’or en renmibi plutôt que celui fixé à Londres en dollars. Selon la logique de l’arbitrage, il pourrait en résulter assez rapidement un transfert des transactions vers la Chine qui, offrant un meilleur taux, inciterait la plupart des agents à vendre leur or contre yuans. L’expansion du yuan permettrait d’acheter plus de biens et services et donc, peu à peu, stimulerait le commerce extérieur chinois.

Le « goldman sachs » a testé sa capacité de nuisance le 16 février de cette année en attaquant le prix de l’or et en reprenant son discours éculé sur le manque d’avenir d’un métal que par ailleurs ils achètent systématiquement. Le système bancaire des « criminels en col blanc » promeut une escroquerie permanente, les certificats d’or (un bout de papier) aussi bons que l’or physique. Cette petite crapulerie touchera à sa fin si le système chinois fonctionne bien, permettant l’achat / vente d’or physique plutôt que les confettis papier de goldman sachs et cie.

La guerre monétaire fondée sur la création ex nihilo va-t-elle finalement favoriser la Chine dont la monnaie est désormais liée au cours de l’or que les démons de Londres ne seront plus les seuls à déterminer selon leurs intérêts ?

Chacun espère que la voie vers la dé-dollarisation du monde soit sans retour et que ceux qui ont créé cette arme de destruction massive cesseront peu à peu de nuire.

 

Staakt het vuren? Turkije en Saudi Arabië bereiden nog steeds invasie Syrië voor

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Staakt het vuren? Turkije en Saudi Arabië bereiden nog steeds invasie Syrië voor

Turken schieten bij El Abyad ISIS te hulp door op de Koerden te schieten

Syrische president tegen Europa: Stop jullie oorlog tegen mij, dan hoeven de Syriërs niet meer te vluchten, en kunnen jullie hen tegen veel lagere kosten in ons eigen land helpen


Sinds afgelopen weekend zou het staakt-het-vuren in Syrië goed worden nageleefd. In Ankara en Riyadh wordt deze gevechtspauze echter voor heel andere doeleinden gebruikt dan voor het bereiken van permanente vrede in het land. De eerste vier Saudische F-16’s zijn namelijk op de Turkse luchtmachtbasis Incirlik gearriveerd, zogenaamd om tegen ISIS te vechten (1), maar in werkelijkheid als onderdeel van de in voorbereiding zijnde invasiemacht. Rusland heeft beide landen opnieuw gewaarschuwd niet militair in te grijpen in Syrië.

In strijd met de wapenstilstand vielen Turkse troepen en artillerie zaterdagavond de Syrische plaats El Abyad aan, waar de Koerdische PYD/PYG milities tegen ISIS vechten. Voor de duidelijkheid: de Turken schoten ISIS te hulp door op de Koerden te schieten, iets dat nu ook door Israëlische defensiespecialisten wordt bevestigd (2). Dat de Turken –met de zegen van de NAVO- heimelijk hun eigen creatie ISIS steunen hebben we de afgelopen anderhalf jaar uitgebreid gedocumenteerd.

Turken blijven jihadisten steunen en Koerden beschieten

Ondertussen blijft het Turkse leger troepen naar de grens met Syrië sturen, en worden moslimterroristen bevoorraad en bewapend, zodat ze nieuwe aanslagen in het noorden van het half verwoeste land kunnen plegen. Premier Davutoglu erkent inmiddels openlijk dat zijn land met alle mogelijke middelen de ‘militanten’ –radicale jihadisten- steunt die de wettig gekozen regering van president Assad omver willen werpen. Ook maakte Ankara nog eens goed duidelijk dat men niet van plan is de aanvallen op de Koerden te stoppen.

Dit zijn niets anders dan pure oorlogshandelingen, waar de Syrische regering zich gerechtvaardigd tegen mag verweren. En ook de Russen, omdat die de enige buitenlandse grootmacht zijn die met toestemming van Damascus in Syrië opereren. (3)

Assad tegen Europa: Stop jullie oorlog, dan hoeven Syriërs niet meer te vluchten

Assad legde in een interview met de Duitse ARD nog eens de vinger op de zere plek door te stellen dat als het Westen nu eens zou besluiten om hem in zijn strijd tegen de terroristen te steunen in plaats van andersom, de Syriërs niet meer naar Europa zouden hoeven vluchten. Ook stelde hij de ‘retorische’ vraag of het niet veel slimmer zou zijn om tegen veel lagere kosten dan de massa immigratie Europa nu kost de Syriërs in hun eigen land te helpen.

Saudi Arabië bevestigt mogelijke invasie

De belangrijkste Turkse partner in de Islamitische Militaire Alliantie, Saudi Arabië, heeft bij monde van minister van Defensie brigadier-generaal Ahmed Assert bevestigd dat er twee weken geleden op het NAVO hoofdkwartier in Brussel met 48 andere landen (5) uitgebreid is gediscussieerd over een potentiële invasie van Syrië. De generaal benadrukte dat, zodra het besluit is gevallen, zijn land een aanzienlijke bijdrage aan de interventiemacht zal leveren. (4)

De Saudi’s blijven bij hun eis dat Assad moet verdwijnen en moet worden vervangen door een ‘overgangsregering’. Minister van Buitenlandse Zaken Adel Al-Jubeir dreigde nogmaals dat zijn land militaire actie zal ondernemen als de Syrische president niet vrijwillig het veld ruimt en niet stopt met het aanvallen van de islamistische rebellen.

Syrië in 5 delen opgesplitst; ISIS behoudt Kalifaat

De CIA denktank Rand Corporation heeft een plan gepresenteerd waarmee Syrië in vijf delen wordt opgesplitst. Opmerkelijk is dat de door ISIS gecontroleerde gebieden in het oosten van het land niet in de plannen zijn opgenomen, waardoor de indruk wordt gewekt dat Washington accepteert dat het Islamitische Kalifaat tenminste een deel van Syrië in bezit krijgt. Ook de Koerden zouden ten oosten van de Eufraat hun eigen terrein mogen behouden. (6)

Kerry: Minstens 30.000 Amerikaanse soldaten nodig

De Amerikaanse minister van BuZa John Kerry noemde al een aantal van 30.000 Amerikaanse soldaten die nodig zouden zijn voor het opzetten van ‘veilige havens’ in Syrië. Zoals we eerder schreven zullen deze ‘veilige havens’ hoogstwaarschijnlijk als voorwendsel worden gebruikt voor een langdurige bezetting, en als bases om in later stadium het Syrische leger alsnog te verslaan, zodat er in Damascus een islamistisch regime kan worden geïnstalleerd.

Turkse plannen ‘zeer gevaarlijk’ voor rest van de wereld

‘De Turkse regering is compleet geobsedeerd geraakt met hun zuiderburen,’ schrijft Michael Snyder van The Economic Collapse blog. ‘En dat is zeer gevaarlijk voor de rest van de planeet. De enige wijze waarop Turkije, Saudi Arabië en hun bondgenoten de oorlog nog kunnen winnen is door een massale grondinvasie van Syrië. Dat zou een direct conflict veroorzaken met Iran, Hezbollah en de Russen, en aangezien Turkije lid van de NAVO is, zou dat ook de VS en Europa in de oorlog kunnen meesleuren.’

Xander

(1) DEBKA
(2) DEBKA
(3) Infowars
(4) Infowars
(5) End of American Dream
(6) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(7) The Economic Collapse (via Infowars)

Zie ook o.a.:

21-02: Turkse raketten naar Syrische grens; Russische MiGs naar Turkse grens
19-02: ‘Wereld maakt zelfde fatale fout met Erdogan als met Hitler’
12-02: Rusland waarschuwt voor wereldoorlog bij Turkse-Saudische invasie Syrië
09-02: Geplande invasie Syrië: Turkije en Saudi Arabië op oorlogspad tegen Rusland

jeudi, 03 mars 2016

La quête du soft power

La quête du soft power

Une notion clé de la stratégie US
 
par François-Bernard Huyghe
Ex: http///www.huyghe.fr

image.php.jpgL’inventeur de l’expression est Joseph S. Nye, sous-secrétaire d’État à la Défense sous Clinton. Pour lui, les États-Unis prédominent déjà grâce au pouvoir « hard », celui de la carotte (les récompenses) ou du bâton (la menace) autrement dit le dollar et l’US Army. Mais une action indirecte peut amener les autres pays à se comporter conformément aux désirs et intérêts US. Dans "Bound top lead", Nye affirmait que cette façon de diriger soft, et qui retraduisait peu ou prou la notion européenne d’influence diplomatique et stratégique, était la voie de l’avenir.

Désormais un État ne prédominerait plus par la contrainte, mais par son attractivité, et sa capacité d’incarner des valeurs universelles. En somme, le soft power suppose que l’autre veuille suivre un modèle, s’allier avec un gouvernement et croie en son discours et en son système.

Cette façon d’inciter autrui à « vouloir ce que vous voulez » suppose, ajoute-t-il, la capacité de «faire l’agenda de la politique mondiale et d’attirer les autres ». Le soft power combine donc initiative diplomatique, séduction d’une image et propagation de valeurs. L’aspect diplomatique concerne la capacité américaine de trouver des alliés pour soutenir ses initiatives et défendre ses thèses dans les organisations internationales, bref de faire apparaître sa politique comme moins unilatérale. La politique d’image consiste à donner une « vraie vision » de la réalité américaine ou de l’american way of life et à combattre les légendes que répandent ses adversaires, notamment en se dotant de médias s’adressant directement aux populations concernées par dessus la tête de leurs gouvernements : c’est l’idée qui a présidé à la création de radios comme Radio Free Europe ou de télévisions comme la chaîne arabophone al Hurrah. Quant à la diffusion des valeurs, de liberté, de démocratie, de confiance dans le marché et dans l’initiative, d’optimisme technologique, etc., il s’agit là d’une véritable conquête idéologique et culturelle . Guerre pour laquelle les Américains croient disposer d’atouts avec l’industrie de la communication et la culture "mainstream", à commencer par Hollywood,

Cette notion de soft power née dans la décennie 1990, en reflète la confiance en l’élargissement (enlargment) du modèle politique, économique et culturel US. Mais, malgré les récents conflits et la "guerre globale contre le terrorisme", la notion de soft-power reste centrale dans le débat stratégique outre-Atlantique (et d'ailleurs dans pas mal de pays dont la Chine ou l'Inde qui ont importé la notion).

19722559.jpgLa vision du soft power se heurte ou se mélange souvent à une autre notion plus populaire chez les Républicains, celle de "diplomatie publique". Cette dernière renvoie aux méthodes de guerre idéologique contre l'Urss employée dès la présidence d'Eisenhower et auxquelles Reagan prêtait un grand rôle dans sa victoire dans la guerre froide : créer des radios qui émettent dans la langue de l'adversaire et jusque sur son territoire (Voice of America, Radio Free Europe...), encourager les mouvements intellectuels anticommunistes, accueillir et garder le contact avec de jeunes étrangers prometteurs (young leaders)supposés pro-Américains. Évidemment la diplomatie publique a retrouvé une nouvelle jeunesse après le onze septembre.

Et, chez les démocrates, on prône désormais un "smart power", une autre idée d Nye, une stratégie mêlant les deux éléments de puissance et d'influence. Mais que l’on parle de soft power ou de diplomatie publique, ces notions relèvent un peu de l’incantation. Il ne suffit pas de proclamer que l’on renonce au pouvoir « hard » de la coercition pour qu’effectivement l’attraction du modèle US suffise à aplanir toutes les difficultés.

Cela supposerait des progrès dans au moins trois domaines :

1 L’attraction du modèle américain (on peut souhaiter atteindre le niveau de prospérité ou de technologie de l’hyperpuissance sans en imiter les moeurs ou la culture, et moins encore s’aligner sur sa politique).

2. La capacité de la diplomatie US de recueillir des soutiens en faveur de ses objectifs. Or après les expériences de la « vitrine démocratique » que les USA voulaient établir au Moyen Orient ou les faux espoirs du printemps arabe, il n’est pas sûr que cette capacité s’accroisse.

3. La promotion de l’image des USA, à la façon d’une marque dont il faut faire la « com » et dont on améliore l’image. Or l’antiaméricanisme n’a jamais été aussi puissant dans le monde.

ISIS is Already in Eastern Europe

An interview with Polish MEP Andrzej Zapałowski about the worsening situation in Ukraine and what it means for Europe's security as a whole.

The following is an interview with state security expert, Dr. Andrzej Zapałowski. He was formerly a member of the Polish and European parliaments, where in the latter he was Vice Chairman of the delegation to the EU-Ukraine Parliamentary Cooperation Committee and a member of the Committee on Agriculture and Rural Development. At the moment he is a senior lecturer at the University of Rzeszow.

You have said that 70,000 prisoners out of a total of 140,000 are to be released in Ukraine. You also suggest that the melting pot of Ukrainian nationalists, released criminals, refugees infiltrated by ISIS, and an uncontrolled flow of weapons can be a threat to the whole Europe – starting from the border with Ukraine. Could you elaborate on this issue in the context of the wall that could potentially be built on the border between Poland and Ukraine?

In Ukraine there is a draft of a bill which proclaims amnesty for about 70,000 prisoners. The head of the State Penitentiary Service of Ukraine reports that within this group, about 1,000 murderers might be released. On top of that, there is an ongoing criminalisation of political life among the nationalist volunteer units in Ukraine. The nationalists have lost support from some of the oligarchs, so now they lack the necessary resources to continue. They do not answer directly to the Army or the Ukrainian Ministry of Internal Affairs, so they have to take care of themselves. Therefore, they are trying to take over sectors that were previously dominated by organized crime. It turns out, for example, that a few kilometres of the Ukrainian-Slovak border have been overtaken by criminal groups, according to local media reports. We are dealing with a situation where not only is Ukraine the most corrupt country in Europe, and one of the most corrupt countries in the world, but is additionally a state in which successive groups are making profits from organized crime.

You have to remember that in the war in Donbas, Chechens who are accused of terrorist activities and of having associations with ISIS are fighting on the Ukrainian side. The Ukrainian Security Service estimates that at least 70–80 people might be linked to ISIS in Ukraine.

We know that ISIS and Ukraine have a common enemy: Russia. Turkey, in turn, supports ISIS, something which was recently confirmed by Russia. In this context, how do you understand the statement of the Ukrainian politician and leader of the Crimean Tatars, Mustafa Dzhemilev, who said that Turkey is ready to consider supplying Ukraine with needed military equipment? In view of this, are we dealing with ISIS setting up in Eastern Ukraine, and thus in Europe?

ISIS is already in Eastern Europe. The Dzhokhar Dudayev Battalion has been accused of blowing up pylons that carried electricity to Crimea. Turkey, which has considerable military potential, will probably not support the Tatars in Ukraine so much, but rather Ukraine directly, in an effort to intensify its military operations against Russia. The situation makes it clear that Turkey would be very keen on a Ukrainian offensive in Donbas, and therefore declares that it will provide the Ukrainian Army with modern, offensive military weapons. This is highly dangerous in the context of a further destabilisation of Eastern Europe.

Eight million immigrants will try to get to Europe this year, warns the German Minister for Economic Cooperation and Development, Gerd Müller. What do you think will happen to Europe in the long term, in the context of such a large migration and the arrival of ISIS militants hiding among refugees?

It has been officially stated that during this year alone, 80,000 people have already fled to Greece. All these people will soon move through Bulgaria and the Romanian Carpathians and into Ukraine. I’m afraid that with such a deep economic collapse, the entire Ukrainian criminal underworld – and not only that – will make it possible to smuggle immigrants into Poland and Slovakia, and this will create a huge industry. In fact, the ships that will depart from Turkey by sailing through the Black Sea will eventually arrive at the Ukrainian ports and unload thousands of immigrants, who will later be transported to the Slovakian and Polish borders.

If Western Europe continues to put pressure on migration, we will face a situation where Alternative for Germany will have support on the level of several dozen percentage points, and France will elect a president like Ms. Le Pen. If, by the beginning of 2017, we see a big change in Western Europe, these immigrants will be sent back. The only question is where to. Some sub-Saharan African countries have openly declared that they will not take their citizens back, as in the case of the Afghan government (sic). Of course, some of the consequences will also be suffered by the members of the Visegrád Group.

The important issue here is a dynamic Catholicism that pushes Islam back. All these immigrants who are coming to Europe are not only followers of Islam, but they are also actively practicing this religion. These people are part of a mission to convert Europe to Islam, and perhaps this is why the centres which govern them insist that this first wave is arriving in countries that are already so atheistic that they have abandoned their Christian roots. This obviously makes them an easy target. In the context of a living Catholicism, Central Europe will thus witness a violent conflict between vital Catholicism and dynamic Islam.

About The Author

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Konrad Stachnio is a journalist and political analyst who is working with several different media outlets, most recently New Eastern Outlook.

mardi, 01 mars 2016

Actualité du Groupe de Visegrád

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Actualité du Groupe de Visegrád

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Groupe de Visegrád rassemble la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. Il s'agit d'anciens pays du bloc soviétique, aujourd'hui membre de l'Union européenne, mais qui ont jugé bon de se rapprocher pour sauvegarder leur identité indéniable dans un ensemble où toutes les identités nationales ont tendance à se diluer.

Les gouvernements, sans prétendre former un bloc séparé au sein de l'Union, cherchent à se consulter et s'unir pour faire face à des problèmes qu'ils estiment communs. On leur a prêté selon la phrase du Général de Gaulle, la volonté de rester un peuple majoritairement de « race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Sans avoir des positions aussi affirmées, ces pays réagissent actuellement aux politiques européennes visant à accepter un nombre croissant de migrants venus du Moyen Orient et de l'Afrique, à la religion et aux mœurs tout à fait étrangers à la tradition de l'Europe centrale. Angela Merkel, qui avait illustré cette politique, se retrouve aujourd'hui en difficulté dans son propre pays.

Visegrad_group.pngLe Groupe de Visegrád va certainement être de plus en plus écouté au sein même de l'Union européenne. Ils proposent la restauration des frontières pour contrôler l'afflux de migrants, notamment dans les pays qui sont sur la route de la migration vers l'Allemagne. Ils mettent également, au service des gouvernements qui en feront la demande, une douane composée de policiers des différents pays du Groupe pour surveiller les frontières et assurer leur étanchéité.

Ces mesures resteront sans doute insuffisantes, au vu de l'accroissement par millions des migrations vers l'Europe que tous les spécialistes prédisent pour les prochaines années. Il est à noter cependant que les pays du Groupe, bien que provenant d'anciens satellites de la Russie, entretiennent aujourd'hui de bonnes relations avec la Russie, dont ils pourront recevoir de l'aide. La Russie, bien qu'à une toute autre échelle, devra rapidement faire face aux mêmes problèmes.

Comme prévisible, cette attitude attire depuis quelques mois les foudres de l'ONG Amnesty International. Mais ceci n'a rien d'étonnant quand on sait que cette organisation, n'ayant que l'humanitaire à la bouche, a toujours travaillé en étroite liaison avec les Etats-Unis pour favoriser les politiques américaines de pénétration, tant en Europe qu'en Russie.


NB. Cet article ne corr
espond pas nécessairement aux points de vue de tous les membres de notre Comité de rédaction.

 

lundi, 29 février 2016

L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

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L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

In occasione del 150° anniversario delle relazioni Italia-Giappone, l’Intellettuale Dissidente ha intervistato Mario Vattani, Console Generale ad Osaka dal marzo 2011 al maggio 2012 e attuale Coordinatore per i Rapporti con i paesi dell’Asia e del Pacifico. La sua profonda esperienza sia lavorativa che personale con il mondo nipponico ci dà una chiave di lettura per capire due mondi così lontani ma in fondo così vicini.
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it

Dottor. Vattani, quest’anno ricorre il 150° anniversario delle relazioni italo-giapponesi, un rapporto che è cominciato ufficialmente nel 1866, pochi anni dopo l’Unità. Come si spiega questa storica amicizia tra due paesi così distanti geograficamente e culturalmente?

Il 1866 è un momento importantissimo nella storia delle relazioni tra Italia e Giappone ma va anche contestualizzato. Sono due paesi che a quella data hanno subito delle profonde trasformazioni: uno si è unificato e sta diventando un protagonista internazionale, l’altro sta attraversando una fase interna di cambiamento strutturale volta alla modernizzazione, all’industrializzazione e, in parte, all’occidentalizzazione proiettandosi anch’esso, con la volontà di potenza tipica della fine dell’Ottocento, sullo scacchiere internazionale. Da quel momento le loro storie hanno seguito un percorso parallelo nelle rispettive regioni. L’Italia fa parte dell’Europa continentale solo perché la unisce un lembo di montagne, ne fa parte ma ne è anche in qualche modo isolata, in competizione con i propri vicini immediati. Questo spinse i governi post-unitari a cercare alleanze con chi fosse più simile alla nostra posizione come il Regno Unito. Per il Giappone lo status quo era molto simile, proiettato in Asia nel tentativo di costruire stabili relazioni con i vicini ma in forte competizione con la Cina e la Russia zarista. A questi fattori di similitudine geopolitica possiamo aggiungerne altri interni come la scarsità di risorse, di materie prime e una popolazione concentrata in modo non omogeneo sul territorio. Ma non sarebbe corretto dire che l’Italia e il Giappone arrivano a conoscersi solo in questo momento di trasformazione. I loro rapporti erano infatti di lunga data. Abbiamo prontezza di importanti missioni risalenti a più di cinquecento anni fa, così come è accertata la presenza italiana a Yokohama con i corallari di Torre del Greco e i semai piemontesi molto tempo prima della rivoluzione Meiji. L’Italia in qualche mondo c’era sempre stata e con interessi commerciali fortissimi. Si andava a comprare i bachi da seta e, sebbene non avessimo ancora firmato un accordo diplomatico, avevamo degli inviati come Fe’ d’Ostiani e Sallier de La Tour, piemontesi del Regno di Sardegna, i quali impostarono fin da subito un rapporto da pari tra i nostri due paesi, a differenza di quanto fecero gli altri europei. C’era un profondo rispetto da parte nostra che si era radicato già nell’incontro avuto nel 1615 da papa Paolo V con Hasenura Tsunenaga, inviato dell’Imperatore; il Pontefice riconobbe non dei pagani semiselvaggi da convertire ma interlocutori colti, raffinati, poliglotti e questo mutuo rispetto si è saldato e sviluppato nel tempo. Riprendendo le fila della domanda iniziale, la data del 1866 è importantissima ma ricordiamoci che ci conoscevamo già da prima, ci rispettavamo a vicenda e riuscivamo già ad avere accesso alle zone chiuse del paese. I semai, per esempio, potevano girare tranquillamente per il paese accompagnati dai nostri diplomatici in posti dove altri europei non erano ammessi. In una dichiarazione del 1887 il primo ministro Inoue disse: “L’Italia, vera amica del Giappone, senza secondi fini, è la Gran Madre delle nazioni occidentali dalla quale esempi debbono essere cercati”. Un riconoscimento notevole al ruolo del nostro Paese.

Del resto l’opinione pubblica italiana in un momento delicato come la guerra russo-giapponese del 1905 si schierò dalla parte di Tokyo e a Tsushima erano presenti due navi da guerra costruite a Genova. Così come il Regno Sardo aveva combattuto contro il gigante austriaco allo stesso modo il Giappone affrontava il gigante zarista.

Certamente, le navi furono armate dai genovesi e vendute al Giappone nel 1903. Erano la Kasuga e la Mikasa, progettate dall’ingegnere italiano Salvatore Positano. Emilio Salgari inoltre, proprio in quel periodo, scrisse un libro dal titolo L’eroina di Port Arthur, ambientato nella guerra russo-giapponese da cui emerge il suo incondizionato appoggio alle ragioni nipponiche. Nel libro descrive “il buono e bravo giapponese”, le “forze armate splendidamente organizzate, in marce meravigliose per celerità”. Gli italiani simpatizzavano per il Giappone insomma, cosa strana perché non bisogna dimenticarsi che in Europa questo era il periodo del pericolo giallo. C’è un interessante quadro di Hermann Knackfub del 1895 che descrive bene questa nuova paura verso i popoli asiatici agli inizi del Novecento. In questo senso possiamo dire che l’Italia ha un credito nei confronti del Giappone per il suo sostegno durante la guerra russo-giapponese. Ma questi fatti purtroppo sono stati oscurati da quanto avvenuto negli anni ’30 e ’40 e questa sorta di special relationship che avevamo costruito venne, se non dimenticata, messa in secondo piano. Se ne approfittarono i francesi che, ad esempio, sotto il governo Chirac investirono fortemente nel paese del Sol Levante quasi a reiventare un rapporto di amicizia stretta che non c’era mai stato. Un francese avrebbe da ridire su questo, ma c’è da precisare che ad esempio quando lo Shogun (signore della guerra N.d.R.) perse il suo potere durante la rivoluzione Meiji, i francesi rimasero fedeli agli accordi con il Bakufu (governo militare, N.d.R.) e si trovarono anche a sostenere i ribelli contro l’Imperatore come nella battaglia di Hakodate. L’Italia invece era riuscita a capire la profondità del cambiamento e firmò un accordo con il governo imperiale di Mutsuhito.

D’Annunzio raccontava di non saper resistere alla cultura giapponese e di aver speso una fortuna nell’acquisto di opere, vasi, dipinti. Puccini colse a piene mani dalla lirica nipponica, Edoardo Chiossone fu direttore nel 1872 dell’Ufficio Valori del Ministero delle Finanze di Tokyo. Al contrario, che cosa trovavano, e trovano ancora oggi, i giapponesi nell’Italia?

Se parliamo di questioni pratiche, dal punto di vista giapponese l’Italia era vista a quei tempi come una specie di banca culturale. C’era tutto. Bastava venire a Roma, Torino, Firenze per vedere quelle che erano le arti e l’eccellenza dell’architettura, del disegno, dell’arte figurativa, della scultura; tutto ciò che aveva quei caratteri occidentali, possiamo dire le radici dell’Occidente, loro sentivano di trovarlo in Italia. Bisogna anche considerare che i giapponesi, ieri come oggi, hanno sempre attuato una politica di “shopping culturale” diversificato. Il sistema educativo, per esempio, fu ispirato a quello tedesco e ancora oggi se leggiamo Mori Ogai, uno scrittore del primo Novecento, notiamo questo tipo di impostazione nei suoi scritti, così come nelle uniformi militari ispirate a quelle scolastiche e di servizio della Prussia di Bismarck. Tutto quello che era tecnica della navigazione, marina militare fu preso dagli inglesi. Quanto aveva a che fare invece con urbanistica, architettura, organizzazione amministrativa, cultura in senso ampio, il modello di riferimento era, come detto, l’Italia. Oggi, saltando un attimo al presente, fanno un altro tipo di “shopping culturale” che, nel bene e nel male, tende a semplificare forse eccessivamente la loro visione dell’Occidente. L’Italia è associata con il classico, il romano, il Barocco ma soprattutto il Rinascimento. E si fermano qui. Dunque è necessario uno sforzo, specialmente da parte nostra, per far conoscere ai giapponesi anche l’Italia che è venuta dopo il Rinascimento. Quest’anno festeggiamo i 150 anni delle relazioni italo-giapponesi; i grandi sponsor nipponici che organizzano esposizioni, mostre, in generale l’offerta culturale italiana nel Sol Levante, sono i grandi media nipponici (spesso proprietari degli spazi museali ed espositivi) che guadagnano sulla vendita di biglietti. Trasferiscono l’oggetto d’arte, creano la domanda, vendono il biglietto. Così l’Italia continuerà a vendere e mostrarsi sempre per le stesse cose sminuendo un patrimonio immenso e non attecchendo come potrebbe su un pubblico che non comprende solo visitatori e turisti ma anche potenziali investitori, imprenditori, politici. Se la società civile giapponese continua ad avere una visione dell’Italia che è sempre la stessa, il nostro lavoro consiste nel continuare a promuovere la multiforme varietà dell’offerta italiana. Questa secondo me è la sfida del futuro da vincere. Molti giapponesi, per fare un esempio, non si rendono conto che noi siamo grandi esportatori di macchinari e alta tecnologia, pensano unicamente ai vini, ai prosciutti, alla moda dimenticando che produciamo parti di aerei e satelliti. Il 150° anniversario è una occasione proprio per farci conoscere meglio.

Riprendendo un attimo le fila del percorso storico parallelo dei due paesi, non si può non menzionare il Patto Tripartito del settembre 1940. Quell’alleanza fu in qualche modo il logico risultato del rapporto costruito negli anni oppure fu una sorta di tragico errore o di tragica patologia delle relazioni internazionali come si stavano strutturando agli inizi del Novecento?

Secondo me bisogna distinguere tra l’alleanza italo-tedesca, l’alleanza italo-giapponese e quella giapponese-tedesca. Sono tre componenti diverse. Non sono uno storico, ma semplificando possiamo dire che l’alleanza italo-giapponese era quella più “tradizionale”, cioè una alleanza militare stretta da paesi che stavano tentando la carta coloniale in un momento in cui era impensabile riuscire a sostenere ancora quel tipo di politica. Ma era un accordo che si basava sul nemico comune cioè gli inglesi, in quanto ostacolo all’espansione fascista in Africa e giapponese in Manciuria. In quel periodo, nonostante Tokyo avesse interessi in Etiopia, decisero di rinunciarvi come contropartita al riconoscimento italiano del Manciukuò. Due paesi che si alleano condividendo progetti e problemi simili. I tedeschi avevano una visione opposta, gli inglesi fino al 1940 non erano il nemico principale quindi la loro alleanza con i giapponesi ebbe premesse diverse. Roma, Berlino e Tokyo furono in qualche modo attirate nell’orbita di una alleanza, che sfocerà nel Patto Tripartito, sebbene le rispettive condizioni storico-politiche iniziali fossero del tutto differenti. Alcuni ambienti diplomatico-militari italo-giapponesi fino ad un certo momento avevano sperato in una alleanza difensiva e quasi neutralizzante tra Roma e Tokyo. Invece l’accordo con la Germania nazista era di per sé molto pericoloso, immediato e aggressivo. Quindi c’era una differenza tra l’alleanza italo-giapponese e quello che fu il Patto Tripartito, una tragica decisione foriera di grandi drammi e orrori. E in questa tragedia ci sono però degli aspetti umani molto profondi che sono stati dimenticati, come quando i sottomarini italiani oceanici combatterono a fianco dei giapponesi a Kobe fino allo sgancio delle bombe atomiche, quando l’Italia si era già arresa da tempo. E’ vero quindi che quella della Seconda Guerra Mondiale è una storia triste e dolorosa, ma se raccontata in modo sano e senza forzature ideologiche, come storia di uomini, possiede anche tratti commoventi. Gli stessi giapponesi quando vengono a sapere del sacrificio dei marinai italiani a Kobe per combattere insieme a loro finiscono per commuoversi, rendendosi conto che, dopo tutto, non erano rimasti soli.

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Il Giappone e l’Italia sembrano per alcuni versi molto distanti tra loro ma per altri più vicini di quanto possa sembrare. Una popolazione che invecchia progressivamente, una economia che ha difficoltà a ritrovare una crescita slanciata, un alto debito pubblico. I governi Kan, Noda e Abe hanno tentato di invertire la tendenza con varie riforme di cui l’ultima è la nota Abenomics che sembrava aver avuto successo ma adesso sta rallentando. Dati questi fattori comuni, c’è qualcosa che l’Italia potrebbe prendere ad esempio per invertire la propria tendenza?

Senz’altro esistono queste similitudini e se osserviamo i nostri due Paesi con la lente del 150° anniversario ci rendiamo conto che il loro percorso storico parallelo è stato un insieme di sfide e opportunità comuni. Abbiamo parlato della guerra ma possiamo guardare anche al dopoguerra, quando Giappone e Italia dovettero superare la sfida della ricostruzione economico-sociale a fronte delle devastazioni lasciate dal conflitto. Per quanto riguarda i problemi contemporanei, è vero che abbiamo entrambi un alto debito pubblico ma il Giappone può ancora agire sulle leve delle politiche monetarie cosa che l’Italia non può più fare. Quindi dovrebbe essere l’UE nel suo insieme a prendere di esempio alcune misure della Abenomics. Ma sul fronte di altre sfide importanti l’Italia più che ispirarsi dovrebbe collaborare. Il nostro paese soffre l’afflizione ad esempio del dissesto idrogeologico e sismico, i quali sono connessi a loro volta al progressivo inurbamento e all’abbandono delle campagne. L’invecchiamento della popolazione infatti non ha effetti solo su fisco, economa, assistenza sociale e sanitaria ma anche sul territorio. Il Giappone deve affrontare le stesse difficoltà che però, se interpretate nell’ottica di una mutua collaborazione, possono diventare delle opportunità. Pochi altri paesi industrializzati al mondo hanno i nostri stessi problemi in tema di prevenzione dei disastri, alluvioni, terremoti. L’Italia può presentarsi in questo settore con ottime credenziali dal punto di vista della tecnologia satellitare, aerospaziale e di controllo del territorio e dovremmo farlo conoscere ai giapponesi: il mio ufficio sta lavorando proprio a questo nell’anniversario dei 150 anni di relazioni bilaterali. Esso deve essere infatti non solo un momento di celebrazione culturale ma anche proattivo strumento di promozione. In questo senso poi lo scambio è ovviamente bilaterale: i giapponesi sono i maggiori esperti di prevenzione alluvionale e terremoti. Sull’invecchiamento della popolazione si può agire tramite domotica e tecnologia quotidiana per migliorare la vita di anziani e disabili. Design, architettura, robotica, medicina, farmaceutica, settori in cui entrambi siamo all’avanguardia possono intersecarsi e trovare soluzioni tanto per una popolazione che invecchia quanto per le necessità economiche e lavorative dei più giovani. Se riuscissimo a costruire un rapporto ancora più stretto in questi settori il Giappone e l’Italia potrebbero creare una partnership strategica di notevole valore.

Con questo ha risposto alla mia domanda successiva che partiva dalle dichiarazioni del Presidente Renzi durante il suo viaggio in Giappone. Dopo l’incontro con l’Imperatore Akihito e il Primo Ministro Abe aveva infatti dichiarato che “Le relazioni tra i nostri due paesi sono cruciali”.

Certamente, non dimentichiamo che oltre ad essere un partner commerciale in tutti i settori che abbiamo enumerato il Giappone è anche un partner politico in Asia. E’ un paese che in un contesto regionale molto differenziato, anche con problemi di sicurezza, ha una costituzione democratica, vicino ai valori fondamentali che anche noi riconosciamo, con un sistema di welfare simile al nostro. E’ uno Stato con cui mantenere sempre rapporti immediati, diretti. Siamo già ad un ottimo livello soprattutto dal punto di vista culturale e politico, ma si può sempre fare di più ed è bene impegnarsi per questo. Cercare di accelerare e potenziare i nostri scambi su alta tecnologia, aerospazio, farmaceutica e sulle sfide che ci accomunano. Yukio Mishima è stato uno dei romanzieri più conosciuti in Occidente, rimasto indissolubilmente legato, in modo forse anche un po’ fuorviante, alla critica che aveva mosso contro la perdita delle tradizioni, delle radici culturali e quella che lui chiamava la “svendita” dell’anima giapponese all’Occidente. Si uccise nel 1970 proprio nel momento in cui il suo Paese era nella fase ascendente di sviluppo. Oggi, arrivati nel XXI secolo, come vive il Giappone il rapporto con l’Occidente e quanto le tradizioni sono riuscite a riequilibrare e bilanciare la società tra queste due sponde? Io su questo ho una mia personale opinione che si basa sulla mia osservazione e sulle mie esperienze anche famigliari con il Giappone. Secondo me è difficile parlare di una occidentalizzazione del Sol Levante; fin dai tempi della rivoluzione Meiji i giapponesi sono sempre stati molto pragmatici. Quando vedono che c’è un sistema migliore del loro lo assorbono ma lo fanno senza mai incidere sul nocciolo della loro struttura identitaria. Ci sono stati momenti in cui questo nocciolo influenzava di più i comportamenti esterni e altri dove i comportamenti esterni hanno attecchito di più ma nella sostanza i giapponesi sono rimasti giapponesi e solo loro possono essere giapponesi. Quello che vediamo però è che ci sono state delle fasi importanti nella storia giapponese in cui il paese ha guardato molto all’esterno mantenendo però una forte identità interna, forse anche come meccanismo difensivo. Si prendeva dagli inglesi, dagli olandesi, dai tedeschi e si rielaborava assorbendo e superando. Quando dopo la Seconda Guerra Mondiale ci fu l’occupazione americana i giapponesi capirono che accettare lo status quo era un modo per sopravvivere liberi. Non hanno assunto quindi comportamenti occidentali perché gli piaceva l’occidente ma per salvarsi dall’occidente e dopo pochi anni, grazie a quei sistemi, sono rimasti indipendenti, liberi e con una Costituzione democratica che, anche se imposta dall’esterno, hanno accettato in quanto prodotta da un sistema, quello americano, che aveva vinto e quindi doveva essere per forza di cose funzionante. Oggi il primo ministro Abe rappresenta ancora una volta una fase nuova; egli si è posto, rispetto alla Storia, e lo si è visto nell’anniversario della fine della guerra del Pacifico lo scorso 14 agosto, un obiettivo di riassorbimento nella coscienza collettiva e di superamento. E non si tratta solo di narrativa politica ma di un cambiamento di posizione che nulla toglie al rimorso per quanto occorso nell’ultimo conflitto; si sono accettati gli errori e le responsabilità ma ci si è posti allo stesso tempo la necessità di guardare al futuro. Questo si riflette in tutti i comportamenti giapponesi che, una volta identificato un obiettivo, si impegnano fino al suo completo raggiungimento. L’Abenomics, il nuovo sistema di sicurezza regionale con gli Stati Uniti, l’introduzione dell’inglese nelle università, le Olimpiadi del 2020 e tutto ciò che queste riforme significano come processo di modernizzazione non eliminano nulla dal nocciolo identitario. Ma è certamente un momento in cui si sta pensando ad un Giappone diverso, nuovo, e ciò si è visto anche nella rimodulazione dei rapporti regionali e in una politica estera più attenta ai paesi dell’Asean.

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Proprio in connessione al tema delle riforme, il primo ministro sta portando avanti una dura battaglia con la Dieta Imperiale per riformare l’art. 9 e dare alle Jieitai, le forze di autodifesa, la possibilità di essere impiegate all’estero in operazioni di peacekeeping. Da un lato vuole rimettere il Giappone in linea con altre nazioni, dall’altro però c’è un timore di possibili inasprimenti delle tensioni presenti nell’area. Come mai allora, nonostante queste tensioni nel Pacifico con la Corea del Nord, con la Cina e le dispute sulle Senkaku, Abe sta incontrando così tante resistenze nella società giapponese?

E’ difficile dirlo da osservatori esterni. Innanzitutto c’è il dibattito politico interno, perché si tratta di un tema costituzionale talmente radicato nel sistema educativo giapponese che, nel bene e nel male, coinvolge quasi tutti. E’ ovvio che se questa riforma viene presentata con toni sbagliati, come una sorta di ritorno indietro allora può creare numerose difficoltà al governo. Ma è comunque un dibattito aperto e c’è chi perfino sostiene che non c’è bisogno di modificare l’art. 9 per partecipare a missioni di peace-keeping, che Tokyo in sostanza possa già intraprendere buona parte delle azioni richieste dalla comunità internazionale. Questo tema, tuttavia, rischia di polarizzarsi su un argomento, guerra-pace, molto delicato che però finisce per diventare fuorviante rispetto al problema. Soprattutto per noi è infatti più interessante cercare di capire, al di là del dibattito interno, quali siano gli effetti di questa riforma in Asia. E paradossalmente, a parte per qualche rimostranza cinese più diretta agli americani che non al Giappone, nella regione tutto tace. Tendenzialmente infatti, l’idea che nella regione ci sia un altro giocatore di peso militare importante è in realtà rassicurante per molti paesi più piccoli i quali, più che un riarmo giapponese, temono un disengagement americano. Questo è il vero problema: la paura che ci possa essere un reflusso isolazionista americano dalla regione asiatica. Il dibattito interno alla società giapponese è complesso, articolato, riguarda le loro motivazioni e il loro rapporto con la storia recente. Ma come si può ben vedere se la riforma dell’art. 9 dovesse passare non ci sarebbero alterazioni degli equilibri o un aumento critico delle tensioni, tutt’altro. Poiché ciò che preoccupa è come detto un ritiro progressivo degli Stati Uniti dall’Asia, l’idea di una potenza militare navale che ha uno stretto rapporto con Washington potrebbe anzi dare un senso di bilanciamento rafforzando l’equilibrio regionale.

 

vendredi, 26 février 2016

« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

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« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

Entretien avec Gilles Munier, par Cherif Abdedaïm (La Nouvelle République – Algérie – 25/2/16)

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

28_photo_31195_61969.jpgRécemment, le ministre Jaafari a estimé que le soutien international et régional n’est pas à la hauteur des défis auxquels fait face l’Irak. D’une part, quels seraient ces défis dont par le ministre irakien ; et d’autre part, quelles seraient les attentes du gouvernement irakien en matière de soutien international ?

Gilles Munier : En Irak, quand un dirigeant prend position, il faut commencer par se demander qui il est. Ibrahim al-Jaafari, actuel ministre des Affaires étrangères - de son vrai nom al-Eshaiker, une famille originaire d’Arabie - représentait le parti Al-Dawa à Londres du temps de Saddam Hussein. Il a été choisi par les Américains et les Britanniques – donc aussi par la CIA et le MI6 - pour présider le Conseil de gouvernement mis en place dès la chute de Bagdad en 2003. La coalition l’a ensuite nommé vice-président du Gouvernement intérimaire, puis Premier ministre. Un homme de confiance donc, jusqu’à ce que George W. Bush qui ne supportait pas ses timides récriminations le remplace en 2007 par Nouri al-Maliki, jugé – à tort - plus arrangeant. Afin de se rester dans la course au pouvoir, Jaafari a alors créé un parti concurrençant Al-Dawa. Pour lui, le principal défi de l’Irak est – cela va de soi - le maintien de son intégrité territoriale. Mais, y croit-il vraiment ? Est-ce bien son but ? Il est bien placé pour savoir ce que son ami Joe Biden attend de lui. Le vice-président des Etats-Unis, ordonnateur de sa carrière, est un des artisans du projet de démembrement de l’Irak.

Autre défi – cela va aussi de soi - la stabilité du pays. Mais Jaafari est aussi bien placé pour savoir que le confessionnalisme a totalement déstabilisé l’Irak… puisqu’il y contribue depuis 2003 !

L’Irak, par la faute de Jaafari et consort, est à feu et à sang. Ce sont des pompiers-pyromanes. Le mur de sécurité qu’ils construisent autour de Bagdad symbolise leur échec, d’où leurs « attentes »: un accroissement du soutien étranger - occidental, russe et iranien – à leur régime toujours plus d’armes, la formation de miliciens chiites camouflés en militaires ; le bombardement des zones sous contrôle de l’Etat islamique.

L’éclatement de l’Irak a été le plus grand bouleversement stratégique au Moyen-Orient, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il a déstructuré la politique régionale et internationale au Moyen-Orient. D’un Etat que les Américains considéraient comme Etat-voyou, nous nous trouvons maintenant avec un Etat défaillant. Ce que souhaitent nombre de puissances régionales et notamment la Turquie et même une partie des leaders politiques américains, le dépeçage de l’Irak et sa division en trois entités chiites, sunnites et Kurdes. D’après-vous, y -aurait-il une possibilité pour les Irakiens de déjouer ce plan ?

Je crains que la situation soit irrattrapable. Le régime de Bagdad n’a rien fait pour déjouer le plan de partition du pays. Il en fait partie. Les Américains - et les Britanniques qui ont une grande expérience en matière de manipulation des ethnies et des communautés religieuses - savaient ce qu’ils faisaient en portant au pouvoir des individus connus pour leur sectarisme. Nouri al-Maliki a fait le lit de l’Etat islamique en refusant de partager le pouvoir avec les sunnites de la région d’Al-Anbar, en les réprimant sauvagement et en ordonnant la retraite de l’armée gouvernementale stationnée à Mossoul. Son successeur Haïdar al –Abadi, qui vient de Manchester, n’arrive pas à ses faire obéir dans son propre camp. En janvier dernier, il a dû envoyer des troupes et des chars à Bassora pour rétablir un semblant d’ordre. Il parle de reconquérir Mossoul d’ici l’été. On verra. Mais cela signifie détruire la ville – comme cela a été le cas pour Tikrit et Ramadi – et peupler les camps du Kurdistan et de Turquie de centaines de milliers de nouveaux réfugiés.

Pendant ce temps, Massoud Barzani annonce d’ici la présidentielle américaine un referendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, un projet soutenu officiellement par Israël. S’y opposer déclencherait une nouvelle guerre arabo-kurde…

Pour déjouer les manœuvres visant à partitionner l’Irak, il faudra d’abord que les chiites parlent d’une seule voix, celle d’un homme à poigne. Je ne vois que Hadi al-Amiri, chef de la Brigade Badr, qui puisse remplir ce rôle.

Entre ceux qui instrumentalisaient un chaos contrôlé et ceux qui prêchaient les vertus d’un chaos constructif, on se trouve actuellement devant un chaos chronique en Irak dont les répercussions dangereuses dépassaient les frontières de ce qui était un Etat fort. Si jamais le plan de partition préconisé par certains réussissait, quelles seraient ses répercussions sur le plan régional, et notamment la Syrie ?

Sans les interventions militaires russe et iranienne, Damas serait tombée. Il n’est pas dit que Bachar al-Assad arrive à reconquérir le nord de son pays. Mais s’il y parvient : qui reconstruira les villes, villages et infrastructures détruits ? Avec quels moyens ? Quelle sera l’attitude des millions de réfugiés à l’égard du régime ? Trop de questions demeurent en suspens. Rien n’est joué car la Turquie – et donc l’Otan – ne laisseront pas l’influence russe se développer aux portes de l’Europe.

Qui sait si le projet de reconfiguration du Proche et Moyen-Orient ne comprend pas aussi la « dé-saoudisation » de l’Arabie, la partition de la Turquie et de l’Iran ? L’ayatollah Khamenei a raison de dire que les Gardiens de la Révolution combattent en Irak et en Syrie pour ne pas avoir à le faire un jour en Iran.

En l’absence d’acteurs politiques transcommunautaires éliminés ou affaiblis par la politique américaine, le champ est resté entièrement libre aux partis et aux mouvements communautaires de tous genres. Pensez-vous que ces forces politiques arriveraient un jour à un consensus qui pourrait « replâtrer » l’Irak ? Dans ce cas précis, quelles sont les options pour l’Irak pour sortir de cette logique de l’unilatéralisme américain ?

Un consensus permettant de « replâtrer » l’Irak ? Un jour, peut-être, dans deux ou trois générations. Il n’y a rien espérer des hommes politiques irakiens actuels.

Pour sortir de la logique de l’unilatéralisme américain, les peuples de la région n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers Moscou. L’Europe est un nain politique et la Chine prudente. Mais, attention danger ! Si la confrontation USA-Russie dérape en Syrie ou en Irak, il faut s’attendre au pire, y compris une guerre mondiale. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Dimitri Medvedev, Premier ministre russe, il y a quelques jours…

La guerre froide à laquelle nous assistons entre Ryad et Téhéran ne risque-t-elle pas de se répercuter sur la scène irakienne avec notamment un regain de violence entre chiite et sunnites ?

Elle se répercute sur la scène irakienne depuis 2003. Des centaines de milliers d’Irakiens sont morts ou ont été déplacés parce qu’ils étaient sunnites ou chiites. La violence sectaire a débordée en Syrie, au Liban, au Yémen, et même au Pakistan et au Nigéria. A qui la faute ? Aux Etats-Unis qui ont envahi l’Irak.

Les Saoudiens obsédés par le « croissant chiite » et la « menace chiite safavide » jettent de l’huile sur le feu en permanence, tandis que l’Iran temporise. Le Proche et le Moyen-Orient semblent entraînés - contre le gré de ses peuples - dans une guerre sunnite/chiite. Si elle éclate – comme cela a été le cas de la guerre Iran-Irak - personne n’en sortira vraiment vainqueur.

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Quelle nouvelle configuration pour l’Irak pourrait-on envisager dans la période de l’après- Daech ?

En juin 2014, le parti Baas clandestin envisageait de déclarer à Mossoul la formation d’un « Gouvernement provisoire de la République irakienne » auquel auraient participé des représentants des organisations de la résistance anti-américaine, des tribus et des minorités religieuses et ethnies du pays. Daech l’en a empêché. Depuis, l’Etat islamique s’est structuré et fonctionne comme un véritable Etat.

L’après- Daech n’est donc pas pour demain. Certes, les armées locales et étrangères stationnées dans la région et leurs aviations ont les moyens de raser la province d’Al Anbar, d’éliminer Abou Bakr Al-Baghdadi, mais pas celui de « reconquérir les cœurs et les esprits », faute de projet alternatif viable. C’est pourtant ce qui risque de se passer. Mais, l’occupation de la région de Ninive - comme elle l’était par l’armée gouvernementale avant la prise de Mossoul par Daech - déboucherait sur un Daech II, avec la réactivation de toutes les organisations islamiques lui ayant prêté allégeance. Au Proche-Orient et dans le monde par voie de conséquence, le terrorisme a malheureusement encore de « beaux jours » devant lui. Pauvre Irak…

http://www.france-irak-actualite.com/2016/02/a-bagdad-il-...

jeudi, 25 février 2016

L'Allemagne perd-elle la main en Europe?

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L'Allemagne perd-elle la main en Europe?

Ex: http://l-arene-nue.blogspot.com
 
Angela Merkel ne nous avait pas habitués à ça. A "l'incroyable Mme Merkel", on prêtait la capacité d'absorber tous les chocs et de protéger son peuple de leurs répliques, grâce à un « pragmatisme » hors normes, à la mesure de l'excellence supposée du « modèle allemand ». Dans un livre intitulé Angela Merkel et nous etparu en 2013, le journaliste Ralph Bollmann expliquait en ces termes l'imperméabilité de Mutti au phénomène classique de l'usure du pouvoir : « tant que la crise durera, les Allemands plébisciteront Angela Merkel (…) sa côte de popularité est liée au fait qu'elle [les] préserve de l'effort ».
 
Pourtant, la chancelière semble aujourd'hui en difficulté. Un sondage paru en fin de semaine dernière dans l'hebdomadaire Focus indique que près de 40 % des Allemands sont favorables à son départ. C'est beaucoup, même si un tel départ est très improbable à ce stade. Ça tombe en tout cas fort mal alors que des scrutins régionaux s’apprêtent à ponctuer toute l'année 2016, tels ceux de Rhénanie-Palatinat, du Bade-Wurtemberg et de Saxe-Anhalt qui auront lieu dès le 13 mars.
 
Or les enquêtes d'opinion font d'ores et déjà apparaître un fait saillant : le parti de droite radicale Alternative für Deutschland (AfD), un temps affaibli pour cause de règlements de comptes entre représentants de l'aile « libérale » et tenants de l'aile « conservatrice », a à nouveau le vent en poupe. Une enquête d'opinion le donne à 13%. Et la toute dernière sortie de Frauke Petry, sa patronne, semble indiquer que l'aile anti-immigration du parti s'est imposée face à l'aile anti-euro. Elle montre d'ailleurs peu de goût les précautions oratoires. Petry a en effet suggéré, pour lutter contre l'afflux de migrants à la frontière germano-autrichienne, que les policiers allemands pourraient éventuellement.... tirer sur les réfugiés ! En décembre, un autre élu du parti, Björn Höcke, s'était déjà illustré en affirmant que « le comportement reproductif des Africains » était une menace pour l'Allemagne. 
 
Le rebond de l'AfD et l'orientation prise par celui-ci ne sont évidemment pas sans causes. C'est bien la politique migratoire d'Angela Merkel qui les a provoqués, tout comme elle a provoqué la colère de la CSU bavaroise, et une fronde au sein même du parti de la chancelière, la CDU. Cette politique parfaitement erratique a d'abord consisté à annoncer l'accueil sans limite des réfugiés, avant, quinze jours plus tard, d'opérer un virage au frein à main et de rétablir précipitamment le contrôle aux frontières. A l'immense déception, sans doute, de ces commentateurs hexagonaux qui aiment à se prosterner devant la supériorité supposée de l'Allemagne pour mieux déprécier la France. Que d'eau apportée à leur moulin par l'initiale générosité merkelienne, et par les images - certes touchantes - de ces volontaires allemands se portant au devant des réfugiés la bouche pleine de mots de bienvenue ! On semblait découvrir que la précellence germanique, loin d'être limitée aux performances économiques, était également morale. Le pays confirmait son statut « puissance de paix » et se révélait ouvert, bienveillant, assuré, et définitivement à l'aise, désormais, avec son identité.
 
Quelques indices, toutefois, signalaient à qui voulait bien les apercevoir que le tableau était moins rose. Assez rapidement, les structures d'accueil se sont trouvé débordées, par exemple à Munich, une ville ayant connu, à l'automne 2015, des pics d'arrivées à plus de 10 000 personnes par jour. Même s'ils sont imputables à des groupuscules d'hyper-excités, les actes racistes augmentent à vive allure. Selon la BBC, la police fédérale allemande aurait annoncé une multiplication par cinq en un an des attaques contre les foyers de réfugiés. Celles-ci seraient passées de 199 en 2014 à 1005 en 2015. La semaine dernière, un centre d’accueil a même été attaqué... à la grenade
 
Et puis, il y a désormais le souvenir Cologne. De Cologne et des 700 plaintes pour agressions sexuelles déposées depuis cette fameuse nuit de la Saint-Sylvestre, dont on sent bien qu'elle marque un tournant dans le rapport du pays au phénomène migratoire. Comment la société allemande encaissera-t-elle le choc à long terme ? Difficile à prédire. Dans un article paru dans Le Débat et traitant des relations entre la France et l'Allemagne, Luuk van Middelaar souligne la manière très différente, dans chacun des deux pays, d'appréhender chocs exogènes et imprévus. « En France, un événement, même un événement dramatique, reste un signe de vie, de renouvellement, un appel à l'action (…) la presse transforme dûment la chose en un moment collectif, une nouvelle page dans le roman de la nation. (…) En Allemagne, en revanche, un événement sape l'ordre. La classe politique peine à la lire ; une crise y produit un non-sens, de la panique. Cela donne parfois des revirements brusques, mal contrôlés, telle la sortie du nucléaire en 2011 à la suite du tsunami japonais, ou les zigzags entre charité et fermeture face aux vagues migratoires de l'été 2015 », explique le philosophe néerlandais. Dans ces conditions, quel genre de « revirements brusques » et autres « zigzags » l’événement de Cologne nous promet-il ?
 
Le problème, par ailleurs, est qu'il n'arrive pas seul. Sans doute l'assurance allemande, due à la place prépondérante que le pays occupe en Europe, risque-t-elle d'être aussi entamée par la dégradation des relations avec ses voisins de l'Est.
 

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Les pays d'Europe centrale ont toujours été considérés comme appartenant à la sphère d'influence naturelle de l'Allemagne - comme son Hinterland - raison pour laquelle Berlin a beaucoup œuvré en faveur des élargissements de l'Union dans les années 2000. « Pour l'Allemagne, l'élargissement à l'Est est autant un devoir historique et moral qu'une nécessité politique. C'est de Pologne, de Hongrie et de Tchécoslovaquie qu'est partie, à des titres divers, la révolution pacifique qui a ouvert la voie à l'unification allemande. En outre, cet élargissement à l'Est plonge ses racines dans la célèbre Ostpolitik initiée dans les années 1970 par Willy Brandt », expliquait il y a quelques années le spécialiste Jacques-Pierre Gougeon. Une longue histoire donc, que la question migratoire vient compliquer, depuis que ces pays, Hongrie en tête, ont décidé de fermer leurs frontières aux réfugiés. Sans parler de la Pologne, partenaire majeur de la République fédérale. On s'en souvient, Angela Merkel avait toutfait pour imposer l'ancien premier ministre de ce pays, Donald Tusk, à la tête du Conseil européen. Aujourd'hui, le nouveau gouvernement de Varsovie va parfois jusqu'à convoquer l’ambassadeur allemand, une pratique pour le moins inhabituelle entre deux membres de l'UE ! Bref, la Mitteleuropa a du plomb dans l'aile.
 
merkel_untergang.jpgPendant ce temps-là, l'Europe du Sud non plus n'est pas immobile. Les gauches y grignotent du terrain jour après jour, ce qui ne manquera pas, à terme, de faire resurgir le volet économique d'une crise européenne désormais globale. Bien sûr, l'acharnement, entre janvier et juillet 2015, de la Banque centrale européenne et d'un Eurogroupe largement dominé par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, ont réussi à briser Syriza en Grèce. D'ailleurs, la situation désespérée d'Athènes permet à Berlin de se livrer à présent à un marchandage indigne, en proposant à la Grèce plus de souplesse dans la mise en œuvre du troisième mémorandum contre davantage d'efforts dans le contrôle des frontières extérieures de Schengen. 
 
Mais au delà de la Grèce, c'est toute l'Europe méditerranéenne qui est travaillée par une poussée anti-austéritaire. C'est le cas du Portugal, où le gouvernement socialiste soutenu par la gauche radicale tient actuellement tête à Bruxelles dans le cadre de la mise en œuvre du « semestre européen ». C'est aussi la cas de l'Espagne, où l'on sent bien que, malgré les actuelles difficultés à former un gouvernement, il faudra désormais compter avec l'atypique parti Podemos. De fait, si ni le Portugal ni l'Espagne ne semblent sur le point de renverser la table dans l'immédiat, si aucun des deux pays, par exemple, n'envisage de quitter la zone euro et si l'expérience Syriza a quelque peu dégrisé les gauches alternatives, il n'en reste pas moins que les évolutions anti-austéritaires conjuguées au Sud contribuent à mettre la pression sur les pays créanciers d'Europe du Nord.
 
Enfin, un dernier élément de contexte à ne pas négliger réside dans la menace du Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Celle-ci reconfigurerait en profondeur les équilibres au sein de l'UE. Bien que n'étant pas membre de l'euro, Londres demeure un allié pour Berlin lorsqu'il s'agit de faire évoluer l'ensemble européen vers davantage d'austérité et de déréglementation. Un allié dont la perte potentielle est jugée suffisamment dommageable pour que l'Allemagne ait choisi de mettre sur pied un groupe de travail anti-Brexit installé à Berlin, et chargé de trouver des « arrangements créatifs » pour de répondre aux exigences de David Cameron.

***

Des alliances que l'on croyait indéfectibles et qui s'effritent, des équilibres qui changent lentement mais sûrement, la trajectoire sur laquelle se trouve engagée l'Union européenne a de quoi inquiéter son maillon dominant, l'Allemagne. D'autant que le pays se trouve désormais tourmenté par une crise migratoire mal abordée, qui tend à prendre une place croissante dans la vie politique du pays. Pour autant, ceci n'empêchera pas la crise de l'euro de refaire violemment surface à la première occasion, réactivée par le retentissement de l'économie mondiale ou par quelque nouvelle crise financière survenant inopinément . Aussi peut-on sérieusement s'interroger : l'Allemagne est-elle en train de perdre la main en Europe ? Ira-t-elle jusqu'à perdre pied ?
 
 
Article initalement paru sur FigaroVox. 

dimanche, 21 février 2016

Géopolitique. L'Europe et le recul de l'Amérique

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Géopolitique. L'Europe et le recul de l'Amérique

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Europe pourrait bientôt se retrouver face à une occasion exceptionnelle, se libérer de la domination américaine qui pèse sur elle depuis la 2e guerre mondiale.

De cette domination, beaucoup d'européens ne veulent pas convenir, ou ne sont même pas conscients, depuis si longtemps qu'ils y sont accoutumés. Pourtant un évènement à portée historique est désormais en train de se produire. On peut penser qu'il sera irréversible.

Il s'agit de la perte mondiale d'influence de l'Amérique, autrement dit son recul. Ceci résulte en partie de la montée en puissance de la Russie et de ses « alliés » du Brics, notamment la Chine. Mais d'autres facteurs, internes à l'Amérique ou découlant du poids excessif pris par les intérêts financiers dont l'Amérique a voulu se donner le monopole, interviennent aussi

Nous les résumerons dans une premiere partie. Nous verrons ensuite, dans une seconde partie, en quoi l'Europe pourrait à cette occasion revaloriser des ressources historiques qu'elle a laissé dépérir en cédant à la domination américaine.

1. Le recul de l'Amérique

Il se manifeste sur de nombreux plans, dont chacun mériterait de longs articles. Résumons les ici en quelques paragraphes.

- La perte d'influence du pétrodollar que l'Amérique avait jusqu'ici réussi à imposer comme référence économico-monétaire internationale.

Cette perte tient à une baisse qui sera sans doute irréversible de la valeur du pétrole en tant que source d'énergie, face aux carburants de remplacement et à la crise climatique. L'Amérique ne produit pas directement beaucoup de pétrole, mais elle avait réussi à s'allier les producteurs du Moyen Orient. Par leur intermédiaire, grâce à un prix élevé du pétrole, manipulé à sa demande, elle mettait toute l'économie mondiale sous la dépendance de ses choix stratégiques. Depuis une décennie, elle avait cru pouvoir poursuivre ce jeu en exploitant ses propres réserves de gaz de schistes, mais le bas prix du pétrole rend la production de gaz de schistes ruineuse.

Le terme de pétro-dollar signifie que le dollar, en tant qu'arme de guerre contre les autres monnaies, tire sa force du poids politique considérable que lui conférait la maîtrise par les Etats-Unis des marchés pétroliers, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Or la baisse mondiale des prix du pétrole prive l'Amérique de cette arme. On dira qu'avec de bas prix du pétrole, elle avait failli asphyxier l'économie russe ou celle de concurrents comme le Vénézuéla en Amérique latine. Mais ce serait oublier que face à cette baisse, la Russie a finit par réagir en se dotant d'industries qui la rendront indépendante des seules exportations de pétrole et de gaz et qui en feront une concurrente très compétitive des Etats-Unis – tant au plan civil que militaire.

- Dédollarisation progressive d'une partie du monde.

Le terme signifie que la Chine, l'Iran ou d'autres pays importants, sans mentionner la Russie, s'orientent progressivement vers des monnaies étalon propres, notamment yuan et rouble. De même beaucoup de banques centrales vendent désormais une partie de leurs actifs en dollars. Elles se rendront donc indépendantes des manipulations de la valeur du dollar permise par l'abandon de l'or comme référence monétaire internationale.

Ces manipulations prenant de nombreuses formes, dont depuis quelques temps l'impression de dollar-papier par la Banque fédérale américaine (quantitative easing) faisaient de Washington, par l'intermédiaire de la Fed et de la Banque mondiale, l'arbitre d'une grande partie des choix d'investissements et d'échanges dans le monde. Il en sera beaucoup moins capable.

Rappelons que l'euro pourrait être un concurrent majeur du dollar. Encore faudrait-il que les pays européens membres de l'Eurogroupe s'organisent pour exploiter les possibilités de l'euro. Ils devraient commencer par faire de la Banque centrale européenne (BCE) autre chose qu'une annexe de la Fed. Nous y reviendrons dans notre seconde partie.

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- Désindustrialisation des Etats-Unis

.Depuis la montée en puissance des intérêts financiers internationaux basés à Wall Street, c'est-à-dire sous le contrôle américain, l'Amérique a renoncé à développer les investissements industriels dits de l'économie réelle qui lui avaient permis de s'imposer lors des dernières guerres mondiales. Or ceux-ci seront de plus en plus indispensables face aux nouveaux enjeux du développement, notamment dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

Certes, avec l'exode dans les pays dits émergents des principales entreprises américaines, notamment dans le domaine numérique, l'Amérique avait jusqu'ici réussi à se conserver des avantages considérables dans l'économie réelle mondiale. Mais de plus en plus de pays décident aujourd'hui de reprendre un certain contrôle politique sur ces entreprises, ou bien leur suscitent des concurrents locaux.

- Désaméricanisation des zones d'influence traditionnelles.

Ces zones couvrent encore une grande partie du monde développé. L'Amérique en jouit pour se donner une influence mondiale bien supérieure à celle que lui donneraient ses forces propres. Elle s'appuie encore sur elles dans le conflit progressif qui l'oppose à la Russie, à la Chine et à certains pays du Brics. On les trouve au Moyen-Orient, en Amérique latine et dans une partie de l'Asie, notamment dans les pays en voie d'accepter d'entrer dans le Traité de libre-échange transpacifique imposé par Washington. L'Europe évidemment en constitue un élément fondamental.

Or depuis quelques mois, la résurrection de la puissance diplomatique et militaire de la Russie, comme en parallèle l'affirmation d'une puissance chinoise, conduisent de nombreux pays à décider de se désaméricaniser, c'est-à-dire refuser de rester sous la domination américaine, qu'elle soit politique, économique ou même culturelle. On cite à juste titre l'exemple de l'Iran ou de l'Irak. Mais nombre de pays caucasiens ou asiatiques suivent cette voie. Il n'est pas impossible que des alliés fidèles, comme Israël ou le Japon, décident à leur tour de se désaméricaniser, au moins en partie.

- Perte d'influence de l'énorme potentiel militaire américain

Ce potentiel, valant à lui seul environ 17 fois les forces cumulées du reste du monde, a toujours permis à Washington de s'imposer comme arbitre mondial et d'assurer sa domination, notamment sur l'Europe. Seule l'ex URSS, devenue la Russie de Poutine, s'était donné les moyens de faire peser sur Washington la menace d'une frappe nucléaire en retour. Or avec la nucléarisation de certains pays refusant de céder aux menaces américaines, il apparaît de plus en plus que des conflits, même locaux, opposant l'Amérique au reste du monde seraient vite stabilisés par la crainte qu'ils ne dégénèrent en conflit nucléaire, voire en 3e guerre mondiale. Les Etats-Unis ne pourraient prendre ce risque, car ils en subiraient eux-aussi en retour les conséquences catastrophiques.

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Par ailleurs, dans le domaine des armements dits conventionnels, la Russie, suivie par la Chine, ont mis au point des armes très sophistiquées, bien moins coûteuses que les grandes équipements américains, mais capables dans de nombreux cas de faire jeu égal avec eux. C'est le cas des missiles balistiques, dont un seul exemplaire, bien placé, pourrait envoyer par le fond un porte-avions. On peut citer aussi le domaine des avions de combat, avec le désastreux F35 dit Joint Strike Fighter. Le Pentagone va certainement essayer de se doter d'armes aussi efficaces que les Russes et les Chinois, mais le retard pris ne se rattrapera pas facilement

- Recul progressif des monopoles acquis depuis 50 ans dans les sciences et les technologies du futur, ainsi que dans les grands programmes associés.

Ceci tient au fait que les recherches correspondantes sont de moins considérées par Wall Street et le gouvernement fédéral soumis à ses intérêts, comme de rapport suffisant à court terme. Ne conservent de ressources budgétaires généreuses que les recherches et développement ayant un intérêt militaire. Certes, la liste en est longue. Il en résulte que l'Amérique est encore loin de perdre les positions dominantes acquises dans un certain nombre de sciences. S'y ajoute le fait qu'avec un espionnage généralisé sophistiqué, elle peut récupérer à son profit les recherches faites ailleurs, notamment en Europe ou au Japon.
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Cependant, face aux recherches russes et chinoises, ainsi que dans une certaine mesure face aux investissements du reste du monde, y compris en Europe, l'Amérique risque de se laisser évincer de domaines qui seront stratégiques. On peut mentionner la lutte contre les changements climatiques et la dégradation des éco-systèmes. Il en sera peut-être de même dans le spatial civil, l'astronomie et la cosmologie dont les retombées irrigueront beaucoup de développements dans les prochaines décennies (Voir à ce sujet notre article « A la poursuite des ondes gravitationnelles », commentant les travaux du scientifique français Pierre Binétruy;

Développement en interne d'oppositions politiques qualifiées d'anti-système.

Ce terme désigne les mouvements qui au sein même des deux grands partis américains, refusent de lier leur sort aux stratégies imposées jusq'à ce jour par le domination de l'infime en nombre mais toute puissante minorité des super-riches et super-puissants. Ces mouvements anti-système sont à ce jour représentés par deux candidats à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump pour les Républicains et Bernie Sanders pour les Démocrates.

Même s'ils ne réussisent pas à s'imposer aux forces conservatrices qui dominent la vie politique américaine, ils prendront certainement suffisamment d'importance pour militer en faveur, non pas d'un recul proprement dit de la puissance américaine mais de limites mises aux plus aventurées de ses ambitions géostratégies.

2. La remontée en puissance de l'Europe.


Pour cela un certain nombre de stratégies convergentes devront être mises en oeuvre.

Refonder les alliances à l'Est

Le premier objectif d'une Europe ayant réussi à s'affranchir de la tutelle américaine devra être d'élargir ses alliances à l'Est. Concrètement cela voudra dire considérer que son centre de gravité ne devra plus être exclusivement euratlantique, mais aussi eurasiatique.

Le premier partenaire à prendre en considération dans cette nouvelle perspective sera la Russie. Avec un certain nombre de précautions à prendre vis-à-vis de l'expansionnisme chinois, ce sera aussi la Chine. Le terme de partenaire devra être pris dans son sens le plus large, notamment concernant la Russie. Il ne s'agira pas comme actuellement avec les Etats-Unis, d'un rapport de dominés à dominants, mais de rapports entre puissances se considérant comme globalement équivalentes. Chacune disposera d'avantages spécifiques, mais la conjugaison de ces avantages produira une puissance finale qui sera dans la plupart des cas supérieure à la puissance américaine, surtout si l'exploitation quasi coloniale que celle-ci fait des ressources européennes pouvait diminuer.

Le futur ensemble eurasiatique se manifestera d'abord par des coopérations étendues dans le domaine qui est et sera à la source de toute puissance sur le long terme, sur une planète en évolution rapide confrontés à des défis multiples. Il s'agit de la recherche scientifique et technique, complétée par le plus grand nombre d'applications industrielles et économiques possible.

Inutile d'en esquisser le détail ici. Disons seulement qu'il s'agira de l'adaptation au changement climatique, à la diminution du nombre des espèces vivantes, à la raréfaction des ressources naturelles actuellement disponible. Au delà de ces priorité, on placera notamment la coopération à de grands projets structurants, par exemple l'exploration spatiale et ses multiples retombées, les biotechnologies et le génie génétique, les sciences de l'information, du numérique et de la robotique.

Dans ces divers domaines, même si l'Amérique dispose encore d'une indéniable supériorité, l'Europe, la Russie et la Chine, en conjuguant leurs ressources humaines et leurs laboratoires, pourront très vite prétendre au premier rang mondial. Ceci ne veut pas dire que tout serait mis en commun, car nécessairement les membres de l'alliance eurasiatique voudront se conserver certaines spécificités, mais beaucoup d'éléments, comme idéalement cela devrait d'ailleurs être le cas au plan mondial en matière de recherche fondamentale, pourront être développés en commun.

Un point délicat concerne les recherches susceptibles d'applications duales, civiles et militaires. La encore, si les politiques industrielles concernant les armements ne seront pas nécessairement partagées, elles pourraient reposer sur des coopérations et des symbioses étendues. Nous avons ici souvent cité le cas des avions de combat. Une coopération, par exemple, entre le français Dassault et la société russe Sukhoi Aviation Incorporated, pourrait être bénéfique pour les deux partenaires. Mais elle devrait reposer, comme d'ailleurs dans tous les domaines cités ici, sur une confiance réciproque, autrement dit excluant l'espionnage systématique.

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Une nouvelle alliance entre l'Europe, la Russie et la Chine devrait s'exprimer aussi dans le domaine diplomatique. Il s'agira de définir des politiques sinon communes du moins étroitement coordonnées vis-à-vis du reste du monde: les Amériques, l'Inde, le Japon, les Etats du Pacifique, l'Afrique. Si ces politiques peuvent conduire à des coopérations au plan de l'ensemble eurasiatique, ce sera une excellente chose. Mais il ne faudra pas craindre de manifester en tant que de besoin des positions différentes, sinon antagonistes, du fait que les intérêts de chacun des partenaires ne seront pas nécessairement convergents. Nous pensons notamment à la Chine, qui ne voudra pas toujours aligner ses positions sur celles de la Russie et de l'Europe, la réciproque étant également vraie.

Dans le domaine militaire se posera avec plus d'acuité que dans les autres la question des relations avec les Etats-Unis. Si ceux-ci poursuivent des politiques étrangères reposant sur un appel permanent à la puissance militaire et à l'espionnage numérique qui la soutend, l'ensemble eurasiatique en sera nécessairement la cible. Il sera considéré, comme l'est aujourd'hui la Russie et de plus en plus la Chine, comme un adversaire à éliminer. Si cependant le nouvel ensemble eurasiatique prend un poids suffisant, et vu sa diversité géopolitique, il sera peu sensible aux politiques de « regime change » auxquelles l'Amérique à d'innombrables fois fait appel à l'égard d'Etats plus fragiles, semant à cette occasion la guerre et le terrorisme.

Il ne faut pas par ailleurs exclure l'hypothèse selon laquelle de nouvelles majorités politiques plus modérées que ne le sont les néoconservateurs prennent le pouvoir à Washington. Dans ce cas, les rivalités, sans disparaître, pourraient prendre une forme plus pacifique qu'actuellement.

Construire l'Euroland

Sans vouloir nécessairement abandonner le concept d'Europe à 27 Etats ou davantage il sera indispensable qu'au sein de l'Europe se construise un sous-ensemble fédéral que l'on a déjà nommé l'euroland, mais qui reste une entité informelle et sans pouvoirs réels.

L'euroland est au sein de l'Europe le sous-ensemble d'Etats utilisant l'euro comme monnaie commune. L'euro a fait l'objet de nombreuses critiques. Mais celles-ci ne concernent pas directement l'euro proprement dit ni la Banque Centrale européenne. Elles concernent le fait qu'aucune pensée géopolitique solide n'anime le concept. L'euro est laissé au bon vouloir des financiers, eux-mêmes très largement sous le contrôle des intérêts anglo-américains, ceci l'intermédiaire de Wall Street et de la City de Londres. De ce fait les pays utilisateurs de l'euro ne peuvent bénéficier de politiques gouvernementales globales telles que celles mises en oeuvre par l'Etat fédéral américain, et dans une moindre mesure par tous les autres Etats du monde.

Pour que les choses changent, en excluant dans cette note les perspectives de sortie de l'Union européenne et de l'euro souvent évoqués par certains Etats membres de l'euroland, il faudra décider de tout le contraire: transformer l'euroland en un véritable Etat fédéral et mettre l'euro à son service. Au plan constitutionnel cette perspective a souvent été étudiée, y compris par nous ici. Inutile d'y revenir. Il s'agirait de mettre en place les éléments d'une structure fédérale démocratique: élections communes, parlement, gouvernement et services publics fédéraux. Ceux-ci, comme dans tous les Etats fédéraux, laisseraient de vastes responsabilités aux structures politiques et administratives des Etats fédérés, dans le cadre d'une répartition convenable des pouvoirs.

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Au plan de la monnaie, l'euro, qui donne son nom à l'Euroland, il faudra faire ce qui n'a jamais été fait jusqu'à présent, sous la pression de Washington, transformer la Banque centrale européenne (BCE) en instrument au service des politiques fédérales. Autrement dit, la BCE, tout en conservant une nécessaire mais partielle indépendance, devra, sur le modèle de la Fed américaine, définir des taux d'intérêts et quantité de monnaie en circulation permettant à l'euro de servir les objectifs des Etats de l'euroland.
Ceci en ce qui concerne les taux de change, les perspectives d'emprunt sur les marches financiers internationaux, la lutte contre l'inflation et la déflation

Par ailleurs, comme nous l'avons souvent également demandé ici, la BCE devra servir de relai à de nouveaux instruments à créer permettant de faire appel en priorité aux épargnes internes des pays de l'euroland, en les affectant à des besoins spécifiques d'investissements productifs à moyen et long terme dans l'économie réelle. L'un de nous a décrit ici en détail ce que pourraient être des « obligations à durée indéterminée » (ODI) pouvant être affectées à de grands programmes d'investissement dans l'industrie, les infrastructures, la recherche. A partir notamment de la mobilisation de ces épargnes, il pourrait être possible de « restructurer » c'est-à-dire allonger la durée et le poids des remboursements.

Une autre caractéristique de l'euroland devrait être de se voir conférer une certaine possibilité de protection vis-à-vis des concurrences « libres et sans contraintes » imposées par des Etats prétendant au nom du libéralisme exporter en Europe des produits à bas coût résultant notamment d'un écrasement des charges salariales et sociales pesant sur les salariés et les PME.

Le protectionnisme peut évidemment être dangereux en facilitant la poursuite d'archaïsmes face au progrès technique. Aussi faudra-t-il en faire usage d'une façon mesurée, dans le cadre notamment d'accords de réciprocité avec les pays concurrents.

Enfin, l'autonomie de type fédéral que devra acquérir l'euroland dans tous les domaines évoqués ici ne devra pas faire perdre en considération la nécessaire communauté culturelle et d'intérêts qu'elle entretiendra avec les pays hors-euro de l'Union européenne. L'euroland devra participer en tant que telle au bon fonctionnement des institutions de l'UE proprement dite, qui continuer à jouer un rôle important.

ll s'agira notamment du Parlement et du conseil des chefs d'Etat européens. S'y ajouteront d'autres institutions communes encore embryonnaire actuellement et qui devront être renforcées, notamment en matière de politique européenne de défense. Dans ce cas, la participation actuelle des pays européens à l'Otan n'aurait plus lieu d'être maintenue.

De très nombreux autres domaines, en matière par exemple d'infrastructures, d'équipement, de lutte pour la protection de l'environnement, de grands programmes de recherche, de politique spatiale (notamment au sein de l'Agence spatiale européenne (qui comprend d'ailleurs des membres non européens), devront être maintenus.

Par ailleurs, dans une conception de l'UE s'étendant plus largement qu'aux actuels 28, toutes négociations et contact utiles permettant d'associer ces Etats européens aux programmes, tant de l'Union que de l'euroland, devront être encouragés.

samedi, 20 février 2016

Hungarian Lessons

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I was surprised by how grimy and sooty Budapest was. So many of its buildings, once gorgeous, were in an advanced state of decay. This city looked better before World War II, for sure, and certainly a century ago. Since escaping Communism, Budapest is regaining its glories, though not at the same pace as Prague. There’s a peculiar local fad called ruin pubs, where hip types can drink and dance in these half-wrecked buildings. Too creaky to boogie, I only glimpsed them from the outside, but they didn’t look half bad.

In the subway concourses, there were many homeless, and they stayed there all day. Other aimless types loitered. The underground shops offered food, drinks, magazines and flowers. Some were owned by Chinese. At street level, there were many gyro shops run by Greeks, Turks or just plain Hungarians. According to the 2011 census, 7.3% of Budapest residents were foreign-born, but most were just ethnic Hungarians arriving from Romania, Serbia and Ukraine.

Before World War II, there were 200,000 Jews in Budapest and they had the largest synagogue in all of Europe. Half would be massacred by Germans and their Hungarian allies. In the countryside, a Jew’s chance of survival was even worse. Many Gypsies were also killed. Estimates of Gypsies in Hungary range from 3.1 to more than 10%. Thanks to a high birthrate, that percentage is constantly increasing.

Many of the most famous Hungarians were, well, not Hungarian, as in Magyar. Franz Liszt was German. Bela Bartok was half German and a quarter Serbian. Houdini, Robert Capa, Arthur Koestler and André Kertész were Jews.

Hungary has gotten much bad press lately because of Viktor Orban. Newsweek compared him to Mussolini, and John McCain described him as “a neo-fascist dictator getting in bed with Vladimir Putin.” When Orban became Prime Minister in 1998, he integrated Hungary into NATO so was seen as snugly in the Western camp, but with his second stint as Hungary’s leader, from 2010 to now, Orban has made some bold moves against both Brussels and Washington. What has been most highlighted and lambasted is Orban’s stance on the current refugee/illegal immigrant crisis, but some of his other decisions are even more rebellious against the hegemony of the power elite, to borrow a term from the Saker.

Orban rejected the IMF’s austerity measures, increased Hungary’s oversight over its Central Bank, raised taxes for all banks and, in 2013, even kicked out the International Monetary Fund. Orban’s moves against banksters have not been foregrounded by the international press because banksters and their allies don’t want you to think too much about their rampant criminal activities.

In defiance of the power elite effort to isolate Russia, Orban’s government agreed in 2014 to have South Stream go through Hungary. This Russian gas pipeline would also have crossed Turkey’s territorial waters, Bulgaria, Serbia, Greece, Slovenia and Austria. Though it would have benefited all of Europe, South Stream was scuttled by our global elites through pressures on Bulgaria. In contrast to Hungary’s decision, Poland has gone out of its way to avoid relying on Russian natural gas by arranging in 2006 to buy from distant Qatar. Thanks to a delay in the construction of a sea terminal, Poland still hasn’t quaffed any Qatar liquefied natural gas, though it’s already paying through its nose due to contractual obligations. Huffing the Russian stuff costs a lot less.

Besides seeking closer ties with Russia, Orban has repeatedly stressed that sanction against Russia hurts all European countries. What he’s advocating, then, is a Europe that must look out for its own interests in defiance of the suicide diktats from the power elite.

In 2011, Orban banned GMO crops from Hungary and destroyed 1,000 acres of corn planted with Monsanto seeds.

Also of note is Orban’s reaching out to Hungarians in neighboring countries. His government has provided monetary aid and even citizenship to all ethnic Hungarians (with the stipulation that one must speak the language to be naturalized). Thanks to the vindictive Treaty of Trianon after World War I, Hungary lost 71% of its land and 66% of its people. Not even Germany was truncated so ruthlessly.

Orban’s government has revoked tax-exemption status from most Hungarian religious organizations, including all versions of Muslim, Buddhist, Hindu and Baha’i, all but three Jewish synagogues, as well as many sects and religious orders such as Opus Dei, Benedictines, Marists, Carmelites, Mormons, Jehovah’s Witnesses, Seventh Day Adventists, Episcopalians, and Methodists.

The only ones to receive state recognition and support are those deemed traditional to Hungarian society.

OrbanP.jpgEchoing Putin and other leaders, Orban has condemned NGOs as a fifth column. Though as a young man, Orban received a four-month scholarship from the Soros Foundation to study in Oxford, he is fingering the Budapest-born Soros as an unwelcome meddler in Hungary and the rest of Europe. Thanks for the chump change, George, but bug off!

What you have, then, is a nationalist leader, and in Europe, we haven’t seen one in a long while who’s so unapologetic without sounding shrill. In his speeches and interviews, Orban explains himself quite clearly and candidly. To Die Weltwoche, a Swiss newspaper, Orban said in November of 2015, “There are terms and concepts which for a long time could not be uttered, but which are once again beginning to form part of public discourse. For example, ‘borders’—are they good or bad? We can once again say that they have their good sides. Or ‘nation’: this word can once again be used in a positive sense. “Christianity”: most European leaders – including myself – are advised not to use this word too frequently, because most Europeans no longer feel Christian. Now, however, this word is once again returning to political debates. Or ‘pride,’ as in ‘the pride of a nation’: once again it has become a legitimate expression. A positive consequence of the migration crisis is that once again we are attempting to talk openly about our continent’s identity—more freely than in the past two decades.”

The refugee/illegal immigration crisis has also exposed the impotence of the European Union, “This negative impression over the EU’s helplessness already existed before the migration crisis. The citizens of Europe saw it during the financial crisis and the crisis over Greece. They criticized their politicians for not being able to find a way out of the financial crisis. The stagnation of our national economies is still evident […] European citizens are convinced that their leaders are not effective. The migration crisis has, however, created a new impression. This is not related to effectiveness, but to democracy.”

With citizens having no inputs, and most European leaders unable to make decisions in their nation’s interests, one is left to wonder who are behind all this mayhem? Orban, “It is hard to shake off this thought. We were debating for months, but the outcome was always the same: ‘Let the people in.’ And on top of this, in the first few months, for some reason no one was able to say out loud that this is an issue of the utmost importance for Europe. For months it was first regarded as a humanitarian issue, and then as a technical problem as to where the refugees should be settled and how they should be distributed. No one raised the question of whether the essence of the matter is more about our existence, our cultural identity and our way of life. I do not know for certain what is actually happening, and I do not want to blame anyone; but the suspicion arises that none of this is happening by chance. I am not brave enough to publicly talk about this as a certainty; the suspicion inevitably emerges, however, that there is some kind of master plan behind this.”

The same elites who’ve weakened, if not destroyed, countries in the Middle East, North Africa, Europe and elsewhere have done so to the United States itself, and it has all been executed by design, for it’s easier to rule and rob prostrated and confused populations. The master plan is to reduce citizens of whatever nation to disposable cogs that must compete for the lowest wages and be chained to lifelong debts, as dished out by criminal banks. In the United States, farcical elections are held with sustained fanfare to give an increasingly angry populace an illusion of political participation. Whoever is propped up as “President,” the military banking complex, power elite or American Empire, call them what you will, will continue their rampage worldwide while eviscerating their host nation.

Is there an alternative? Orban sees the world as having changed radically since the 2008 financial crisis, and there’s no recovery, in his view. Though guarded in his statements, he’s prepping Hungary for life beyond the collapse of both Washington and the European Union. In the meantime, Orban is straddling East and West. In August of 2014, Hungary was caught sending about 80 T-72 tanks to the Ukraine. Dumped for just $8,500 a piece, it hardly seems worth it to antagonize Russia. The Pentagon has also announced it will send heavy weapons and tanks to Hungary. Perhaps Orban will use these new tanks to retake the Transcarpathian as Ukraine weakens even further.

Joining NATO in 1999, Hungary participated in the embargo of Yugoslavia, and for the American wars on Afghanistan and Iraq, it sent 360 then 300 troops, respectively. After aiding the American Empire, Hungary is dodging the consequence by rejecting legitimate refugees. Orban was disingenuous, then, when he claimed, “We did not destroy the countries from which migrants are coming. We did not bomb anyone. We did not invite anyone here. And now those who dropped the bombs and sent out invitations want to settle them here. Is this fair?” Orban has evolved from a US-groomed protégé to a critic of Uncle Sam. He has matured.

It’s interesting that in all former Communist countries, citizens have rejected any globalist vision, as embraced by the left, to elect nationalist governments. American politicians also speak of defending the nation’s interests, but it’s only so much hot air from jerking puppets. With sane, intelligent voices drown out by incessant garbage, there’s no composure or wisdom in the public discourse. Instead, we get slogans or loutish insults. We dwell in a mad mental universe. In his 2013 Presidential Address, Vladimir Putin stated:

“Today, many nations are revising their moral values and ethical norms, eroding ethnic traditions and differences between peoples and cultures. Society is now required not only to recognize everyone’s right to the freedom of consciousness, political views and privacy, but also to accept without question the equality of good and evil, strange as it seems, concepts that are opposite in meaning. This destruction of traditional values from above not only leads to negative consequences for society, but is also essentially anti-democratic, since it is carried out on the basis of abstract, speculative ideas, contrary to the will of the majority, which does not accept the changes occurring or the proposed revision of values.

We know that there are more and more people in the world who support our position on defending traditional values that have made up the spiritual and moral foundation of civilization in every nation for thousands of years: the values of traditional families, real human life, including religious life, not just material existence but also spirituality, the values of humanism and global diversity.

Of course, this is a conservative position. But speaking in the words of Nikolai Berdyaev, the point of conservatism is not that it prevents movement forward and upward, but that it prevents movement backward and downward, into chaotic darkness and a return to a primitive state.

In recent years, we have seen how attempts to push supposedly more progressive development models onto other nations actually resulted in regression, barbarity and extensive bloodshed. This happened in many Middle Eastern and North African countries. This dramatic situation unfolded in Syria.”

These “progressive development models” are nothing but dignified cloaks to hide barbaric imperialism. The USSR worked the same way. Having never been subjugated and humiliated, Americans have only dished out, and not experienced, “chaotic darkness and a return to a primitive state,” but the elites that have destroyed so many lives worldwide are also working against us Americans, so a future of terror and degradation will be our lot unless we can muster up the collective will to challenge our criminal overlords. Sniping at each other, there’s no dialogue here, much less unity. It doesn’t look promising.

dimanche, 14 février 2016

Teheran will keine Dollars mehr

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Teheran will keine Dollars mehr

von Robin Classen
Ex: http://www.blauenarzisse.de

In Deutschland war es nur wenig mehr als eine Randnotiz, in den USA ist es gerade eines der Wahlkampfthemen: Die Abschaffung der Iran-​Sanktionen.

Der Konflikt mit Weltkriegspotential um die iranischen Versuche, Atomkraft zu nutzen, besteht schon seit 2002, als bekannt wurde, dass das Land einige geheime Atomanlagen unterhielt. Ab 2005 begann der Konflikt dann zu eskalieren, als mit Mahmud Ahmadinedschad ein Islamist zum Präsident des Irans gewählt wurde. Er ersetzte den gemäßigten iranischen Unterhändler Hassan Rohani durch Ali Laridschani, der seinen kompromisslosen Standpunkt teilte.

Ahmadinedschads Rückzug ermöglichte eine friedliche Lösung

Von 2006 an wurden durch UN-​Resolutionen und Maßnahmen der USA sowie der EU Embargos und Sanktionen zunächst für militärische und später auch für zivile Güter verhängt, die die wirtschaftliche Entwicklung des Landes seitdem massiv negativ beeinflusst haben. Die Aufhebung der Sanktionen war daher für das Land von unvorstellbarer wirtschaftlicher Bedeutung und eröffnet ein enormes Wachstumspotential in den nächsten Jahren.

Als 2012 Ahmadinedschad seinen Rückzug aus der Politik mit dem Ende seiner Amtszeit im August 2013 bekannt gab, entspannte sich die Lage erstmals und es konnte immerhin ein Übergangsabkommen abgeschlossen werden, was den IAEA-​Kontrolleuren Zugang ermöglichte, den Iran zu einer Verlangsamung der Anreicherung verpflichtete und allgemein den Konflikt entschärfte, der insbesondere zwischen 2008 und 2011 beinahe zu einem militärischen geworden wäre. Seit dem 14. Juni 2013 ist nun der ehemals von Ahmadinedschad geschasste Unterhändler Hassan Rohani Präsident des Landes und betreibt eine Politik der Entspannung, was sich schon bald sehr positiv auf die Verhandlungslage auswirken sollte.

Durchbruch im April 2015

Anfang April des letzten Jahres gelang nun ein weiterer Durchbruch: Der Iran sicherte in Lausanne zu, sein Atomprogramm für zehn Jahre unter Aufsicht zu stellen, die Zentrifugen auf ein Drittel zu reduzieren, Uran nicht über 3,67 Prozent anzureichern und den Uranbestand von 10 Tonnen auf nur noch 300 Kilogramm zu verringern. Die „Breakout-​Time“ für die Herstellung von genügend spaltbarem Material zum Bau einer Atombombe soll von nur noch drei Monaten auf immerhin ein Jahr erhöht werden. Des Weiteren wurde die Umgestaltung von zwei besonders problematischen iranischen Atomanlagen vereinbart. Am 16. Januar 2016 wurden auf Grund der bis dahin gegebenen Vertragstreue des Irans die Sanktionen schließlich aufgehoben.

Für Israel war das Abkommen ein Schlag ins Gesicht und ein Beleg für den immer weiter sinkenden Einfluss des Judenstaates, der nun nicht einmal mehr den traditionellen Partner USA von diesem Abkommen abhalten konnte. Die Mainstream-​Republikaner aus dem Partei-​Establishment in den Vereinigten Staaten waren ähnlich unzufrieden mit Obamas Kompromissvorschlag. Hauptkritikpunkt war der Umstand, dass das illegale Programm des Irans nun letztlich doch legitimiert worden sei und das Land, selbst wenn es sich an das Abkommen halten sollte, immer noch in nur einem Jahr zur Atombombe kommen könnte.

In Wahrheit war der Abschluss des Abkommens, an dem auch Deutschland einen enormen Anteil hatte, wohl alternativlos in diesem festgefahrenen und brandgefährlichen Konflikt. Sollte die Einhaltung der Vereinbarungen nun auch entsprechend sichergestellt und kontrolliert werden, könnte das Abkommen als einer der wenigen Erfolge Obamas in die Geschichte eingehen. Wäre 2008 hingegen McCain Präsident geworden, hätte es wohl stattdessen einen militärischen Konflikt von unabschätzbarem Ausmaß gegeben.

Rohani greift nun den Dollar an

Auch für die deutsche Wirtschaft hat sich die Aufhebung der Sanktionen als absolut positiv herausgestellt. Noch im Januar reiste Sigmar Gabriel nach Teheran und auch Rohani reiste durch Europa, um die sich bereits abzeichnenden Kooperationen mit der Automobilindustrie, der Pharmaindustrie, der Kommunikationsbranche und natürlich dem Energiesektor zu besprechen. Allein Siemens hofft auf den Auftrag, eine rund 1000 Kilometer lange Hochgeschwindigkeitstrasse bauen und 500 Züge liefern zu dürfen.

Doch ist Rohani womöglich nur geschickter als Ahmadinedschad? Vielleicht hat er den Atomstreit, der das Land seit mehr als zehn Jahren lähmt, als Sackgasse begriffen und will nun den Iran über die wirtschaftliche Schiene zur Großmacht und zum Einflussfaktor weit über die Region hinaus machen. Dafür sprechen sein rigoroses Vorgehen gegen Blogger und Internetaktivisten und der massive Anstieg der Todesstrafen nach seinem Wahlsieg. Nach dem Knüpfen wirtschaftlicher Beziehungen folgte nun schließlich der nächste Paukenschlag: Ölgeschäfte wird der Iran künftig in Euro abwickeln – und nicht mehr mit der bisherigen De-​Facto-​Weltwährung US-​Dollar. Auch China bezahlt bereits russisches Öl in seiner Landeswährung Yuan.

Wird der Euro doch noch gerettet?

Eventuell ist also in den nächsten Jahren damit zu rechnen, dass Russland, China und der Iran ihre Zusammenarbeit weiter vertiefen und der US-​Dollar international an Bedeutung verliert. Dies wäre wohl auch der einzige Weg für die autoritäreren Schwellenländer die USA zu schlagen: Was militärisch kaum möglich ist, kann über eine Entwertung des Dollars recht leicht erreicht werden. Einziger Wehrmutstropfen: Auch die Chinesen haben gigantische Dollar-​Reserven, die in diesem Fall entwertet würden. Deshalb will das Großreich künftig stärker diversifizieren: Gerade der Euro soll im Blick sein. Retten also am Ende geostrategische Überlegungen östlicher Großmächte die angeschlagene Gemeinschaftswährung? Der jüngste Schritt des Irans dürfte jedoch nicht nur eine Schwächung der USA, sondern auch eine engere Bindung Europas an sich zum Ziel gehabt haben, um künftige Sanktionen unwahrscheinlicher zu machen.

samedi, 13 février 2016

Selon le stratégiste Thomas M. Barnett, le monde idéal serait composé de consommateurs employés et endettés

Bernhard LÖHRI :
Selon le stratégiste Thomas M. Barnett, le monde idéal serait composé de consommateurs employés et endettés


ThomasBarnett.jpgDeux mondes sont désormais envisageables en Europe : soit nous aurons une Europe des patries et des citoyens, portée par des valeurs européennes, soit nous aurons une Europe noyée dans un monde globalisé, où les humains seraient tous employés, consommateurs et, devenus âgés, sources de revenus pour l’industrie de la santé.


Le stratégiste américain Thomas M. Bernett (né en 1962) élabore depuis des années des plans pour édifier un monde définitivement globalisé, où le « One World » aurait priorité sur tout en matières politique, juridique et économique.


Les nations jadis souveraines doivent être mobilisées pour atteindre les objectifs de cette globalisation. Pour l’Europe, la construction eurocratique, l’UE, doit être le modèle à suivre dans l’intérêt des Etats-Unis. Par définition, la globalisation, ainsi conçue, n’est rien d’autre que le processus de soumission au système des intérêts américains. George Friedman, ancien directeur de la très influente boîte-à-penser Stratfor, nous donne son explication : « Quand on parle de stratégie, cela ne signifie pas seulement préparer une guerre conventionnelle. Une stratégie vise surtout à maintenir intact et solide tout ce qui préserve et renforce une nation. Dans le cas des Etats-Unis d’Amérique cependant, la stratégie surplombante, plus que pour d’autres pays, implique bien la guerre ou plutôt une interaction entre la guerre et l’économie ».


barnettkl-L._AC_UL320_SR214,320_.jpgHerfried Münkler, de l’Université Humboldt de Berlin, est désormais un théoricien politique en vue en Allemagne : pour lui, l’option impériale russe, qui vise à acquérir ou à récupérer des territoires comme la Crimée, par exemple, est un mode archaïque d’action sur le monde. Pourquoi ? Parce qu’il parie sur un processus d’acquisition territoriale qui coûte cher sur le plan économique, surtout lorsqu’on tient compte de toutes ses retombées ultérieures (gestion et défense du territoire acquis, installation des communications, etc.). Pour Münkler, la pratique impériale russe est quelque peu anachronique. Les Etats-Unis, en revanche, parient pour un contrôle de tous les types de flux : flux de capitaux, flux générés par les mobilités humaines (voyages, transhumances, tourisme, affaires), notamment les migrations, flux des données. De cette façon, ils gèrent les informations les plus pertinentes qui leur permettent de téléguider les flux qu’ils choisissent d’influencer. Le contrôle des flux de données entre pourtant en conflit avec les principes démocratiques et avec les droits de l’homme : mais le pragmatisme américain ne s’en soucie guère, l’exercice effectif de la puissance prime dans le jeu qu’il joue sur l’échiquier planétaire.


Si la globalisation signifie l’américanisation, il s’avère nécessaire de développer des stratégies pour assurer l’imposition illimité et sans frein de règles, de critères, de standards, de biens et de services qui permettront le triomphe de cette globalisation/américanisation. Il faudra, par exemple, standardiser l’art, la musique, la culture et le langage quotidien des hommes car, à terme, il est tout aussi utile de contrôler ces « flux culturels » que de contrôler les flux ininterrompus de pétrole, de gaz ou d’autres matières premières. Pour le monde globalisé, théorisé anticipativement par Barnett, la propriété des matières premières ne doit pas demeurer aux mains des nations : il faudra privatiser les ressources pour les soumettre à des dispositifs transnationaux.


Le flux des capitaux devra guider les investissements et la consommation de façon à ce que les intérêts américains soient toujours préservés. Déjà Edward Bernays, originaire de Vienne en Autriche, créateur de la notion de « public relations », grand « spin doctor » devant l’Eternel, neveu de Sigmund Freud, avait commenté l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 par une phrase devenue célèbre, exprimant parfaitement les intentions du Président Wilson : « Nous devons rendre le monde plus sûr, pour faire advenir partout la démocratie » (« to make the world sure for democracy »). Dans le même sens, Barnett parle du flux ininterrompu de troupes américaines dans le monde comme d’un « service » rendu aux marchés régionaux.


barnettT5QL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgPour Barnett, cette globalisation, cette gestion des flux, ne peut advenir que s’il y a mélange racial généralisé, de façon à établir en Europe, une race nouvelle, « brune claire ». Cet objectif ne peut être atteint que si l’on amène en Europe chaque année 1,5 million d’immigrants venus du tiers-monde africain. Il faut, ajoute-t-il, une Europe où le QI moyen ne dépasse pas le chiffre de 90. Ainsi, la population sera trop stupide pour comprendre qu’elle est incluse dans un « One World », dans un « nouvel ordre mondial » mais suffisamment intelligente pour pouvoir travailler. Dans le cas de l’Europe, travailler, cela signifie produire des biens largement appréciés dans le cadre d’entreprises, qui paieront mal leurs salariés et dont les profits gigantesques couleront tout droit dans les poches des propriétaires transnationaux.


Barnett est convaincu que l’Europe, dont le taux des naissances a diminué de 50% en cinquante ans, est désormais un continent de vieilles gens où l’on peut ouvrir toutes les écluses démographiques, provoquant ainsi une inondation migratoire. L’Allemagne, par exemple, connaîtra toujours la croissance jusqu’en 2030 mais, tout comme au cours de ces quinze dernières années, aura un déficit de main-d’œuvre de huit millions d’unités, ce qui appelle l’immigration.


Le fameux Traité transatlantique complètera le traité NAFTA, qui lie le Mexique et le Canada aux Etats-Unis ; cette fois, ce sera l’Europe qui sera incluse dans un accord semblable de libre-échange, soit plongée totalement et irrémédiablement dans la sphère économique américaine.


Bernhard LÖHRI.
(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°46/2015 ; http://www.zurzeit.at ).

 

"Etats-Unis : une nouvelle vision géopolitique ?"

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"Etats-Unis: une nouvelle vision géopolitique?"

par Jean-Claude Empereur

Ex: http://www.europsolidaire.eu

Ci-dessous, reprise pour Europe solidaire de mon article consacré aux thèses de George Friedman, article qui vient d'être publié, sous le titre : "Etats-Unis : une nouvelle vision géopolitique ?", dans le numéro de décembre de la "Revue Politique et Parlementaire" consacré au réalisme diplomatique.
 
Ps: depuis la rédaction de cet article, G. Friedman a quitté la présidence de Stratfor pour créer et prendre la tête de "Geopolitical Futures" avec l'intention de renforcer encore son influence au sein de l'oligarchie dirigeante des Etats-Unis.
 
Flashpoints - The Emerging Crisis in Europe

de George Friedman

Un avertissement brutal mais lucide du géopolitologue américain

Note de lecture et commentaire de Jean-Claude Empereur

Convention pour l'indépendance de l'Europe

flasho-EL._SX327_BO1,204,203,200_.jpgFace à la crise de souveraineté et d'identité qui affecte l'Union Européenne, il n'est pas inutile d'analyser le regard que portent certains géopolitologues américains sur cette situation. On connaissait les positions, souvent critiques, de quelques-uns d'entre eux tels que Samuel Huntington ou Zbigniew Brzezinski. George Friedman va encore plus loin dans le pessimisme et surtout la méfiance à l'égard d'une construction dont il considère qu'elle est devenue dangereuse pour l'équilibre du monde.

Spécialiste reconnu de la prospective, président de Stratfor, société qui se consacre à l'analyse géostratégique et à l'intelligence économique, souvent qualifiée de « CIA bis », George Friedman est proche des milieux dirigeants américains. Il peut être ainsi considéré comme très représentatif de la pensée géopolitique dominante à Washington, qu'il s'agisse des cercles dirigeants « visibles » que de ceux du « deep-state » et du complexe militaro industriel, qu'ils soient Républicains ou Démocrates.

Son dernier livre : « FLASHPOINTS. The emerging crisis in Europe » est non seulement une analyse plus que critique ,voire même brutale, de la situation sur le vieux continent, mais surtout une mise en garde des dangers potentiels que représente, pour le reste du monde et surtout pour les Etats-Unis, une Union Européenne à la dérive.

Son point de vue peut se résumer de la manière suivante :

  • L'Union Européenne a échoué,

  • La « question allemande » est de retour,

  • L'Eurasie est un  cauchemar géopolitique pour les Etats-Unis.

L'effondrement du système européen.

D'emblée, et pour mieux mettre en évidence l'ambiguïté initiale du projet européen, George Friedman considère que l'on a trop tendance à oublier le rôle essentiel joué, dès l'origine, par les Etats-Unis dans une construction destinée essentiellement à contrer la menace soviétique. Cette origine, assez éloignée du récit officiel, explique et justifie, selon lui, la parfaite et nécessaire consanguinité entre l'OTAN et l'UE, la seconde n'étant ni plus ni moins, dans cette perspective atlantiste, que la façade économique de l'autre.

Dès sa création, surtout depuis le traité de Maastricht et jusqu'en 2008 l'Europe était devenue une puissance industrielle mais surtout commerciale florissante, l'interdépendance économique des Etats et des entreprises garantissant apparemment paix et prospérité.

Soixante ans plus tard, George Friedman, constate, non sans une certaine « shadenfreude », que ce double objectif de paix et de prospérité n'a pas été atteint. La crise économique et financière ne cesse de s'étendre et la menace de conflits traditionnels ou identitaires plane tant à l'intérieur qu'aux frontières de l'Europe. C'est précisément la multiplication de ces zones de conflits : « flashpoints », en cours ou potentiels, qui, pour l'auteur, sont la marque, congénitale de l'Europe. Livrés à eux-mêmes, les Européens sont dans l'incapacité de s'entendre. La construction européenne a pu faire un moment illusion mais le tragique de l'histoire a repris ses droits.

Les Européens ne changeront jamais .Dès que se profile une crise majeure leurs vieux penchants les reprennent. Aucun système institutionnel européen n'a réussi à enrayer ce mouvement, l'Union Européenne pas plus que les autres.

Incapable de se contrôler eux-mêmes, au risque de déchainer une nouvelle guerre mondiale, ils ne peuvent que se soumettre à une puissance extérieure.

friedw204.jpg« Les Européens ont su conquérir le monde mais se sont montrés incapables de se conquérir eux-mêmes »

Pour George Friedman le point tournant de l'histoire se situe en 2008, année d'une double crise: d'abord militaire en Géorgie, économique ensuite avec la chute de Lehman Brothers. Sur le moment le lien entre ces deux événements pivots ne fut pas remarqué. Le premier d'entre eux montrait que les relations entre la Russie et l'Europe venaient de prendre brutalement un tour nouveau et que la guerre pouvait ressurgir à tout moment sur le continent, comme devait le montrer par la suite, le conflit en Ukraine. Le second, quant à lui, en marquant le début d'une crise économique profonde, mettait en évidence la fragilité de l'Union Européenne, fragilité que les discours incantatoires de ses dirigeants avaient réussi à masquer jusqu'alors.

Dès que les difficultés apparurent, devant la sidération et la paralysie des institutions européennes, les Etats ont repris les commandes, divergences et antagonismes se sont donnés libre cours. Les institutions européennes ont révélé alors leurs faiblesses et le moteur franco-allemand a cessé de fonctionner correctement.

Le retour de la « Question allemande ».

La réconciliation franco-allemande, à condition d'être équilibrée et soigneusement contrôlée, a toujours été, pour les anglo-saxons, le principe fondateur de la construction européenne.

Aujourd'hui l'équilibre est rompu et le contrôle de plus en plus incertain. La réunification a rendu à l'Allemagne sa place centrale en Europe. Grâce à une politique économique tournée vers l'exportation, appuyée sur une monnaie unique qui n'est autre qu'un mark déguisé et une Banque Centrale Européenne copie conforme de la Bundesbank, la République Fédérale s'est imposée comme puissance économique dominante, dictant sans trop d'égards ni de scrupules, à son seul profit, ses orientations ordo-libérales et mercantilistes à l'ensemble de l'Union, sous prétexte de bonne gouvernance.

Pour le président de Stratfor le divorce entre l'Allemagne et la France est consommé de manière quasi irréversible. Les voies et les choix économiques et stratégiques divergent déjà, l'Allemagne se tournant vers l'Est et la France vers le Sud.

Mais notre auteur va beaucoup plus loin. Il pense que ce pivot oriental, conforme à l'histoire et aux tropismes allemands, n'est qu'un début. Il est l'expression d'une volonté de se débarrasser des contrôles, de l'état de soumission et de souveraineté limitée qui est imposé à l'Allemagne depuis la fin de la guerre. Dans cette perspective l'Allemagne constitue une menace, Personne ne peut prévoir, selon lui, dans quel chemin va s'engager ce pays, au cours des vingt prochaines années , s'il est livré à lui-même

La « Question allemande », formulation qui, dans l'histoire, a toujours exprimé vis-à-vis de nos voisins une interrogation anxieuse, serait-elle de retour ?

Mais pour George Friedman le pire est encore à venir si les Allemands, libérés de leurs liens étroits avec la France et par la même d'une Union Européenne en situation d'échec, se tournent, comme leur passé les y invite, vers la Russie.

L'obsession eurasienne : un cauchemar géopolitique.

On sait depuis Tocqueville que l'affrontement entre l'Amérique et la Russie fait partie des grands mythes de l'histoire.

Pour certains, le caractère inévitable de cet affrontement a été théorisé dès 1904 par Hartford Mackinder dans sa conférence à la Royal Geographical Society de Londres. Cette conférence reprise ultérieurement dans un simple article de douze pages résume encore aujourd'hui les orientations de la politique américaine en mettant en évidence l'opposition absolue entre une Amérique appuyée sur la maîtrise intégrale des océans et une Russie retranchée dans « l'ile du monde » cœur du système continental eurasiatique et « pivot géographique de l'histoire ».

Pour Friedman le rapprochement de la nouvelle Allemagne et de la Russie éternelle en rendant inévitable la constitution d'un ensemble continental gigantesque peuplé de plus de sept cent millions d'habitants, aux immenses ressources naturelles, à la profondeur stratégique inégalée, en continuité et en contiguïté avec la Chine ,l'Inde et le monde musulman est inacceptable.

friedSuGu1GsgL._UY250_.jpgCe rapprochement, s'il devait se confirmer dans les vingt ans à venir, constituerait pour les Etats-Unis, un véritable cauchemar géopolitique en même temps qu'une menace majeure, mettant en cause une hégémonie considérée comme non négociable.

Dans ces conditions, tout, absolument tout, doit être mis en œuvre pour en empêcher la réalisation.

C'est ainsi que l'intégration de l'Ukraine à l'Union Européenne, en réalité à l'OTAN, constitue un enjeu majeur et prend tout son sens. Dans cette logique, le conflit doit être mené jusqu'à son terme afin de positionner les armées de l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie et ceci «  pour des décennies »...

Bien au-delà du simple endiguement de la guerre froide « containment », c'est d'une stratégie de refoulement pur et simple « roll back » dont il s'agit. Cette stratégie, fait ainsi entrer subrepticement les Etats-Unis dans l' « étranger proche » de la Russie, en plaçant de facto cette zone périphérique, à laquelle elle est très attachée, pour sa sécurité, sous contrôle américain. L'étape suivante est d'utiliser, dans la ligne de ce que préconise Zbigniew Brzezinski dans le « Grand échiquier », l'Ukraine comme bélier géostratégique pour disloquer ensuite la Fédération de Russie.

Au cours d'une conférence donnée au Chicago Council for Global Affairs, George Friedman, à l'occasion de la sortie de son livre, n'a pas hésité à envisager le retour de la guerre froide voire même la possibilité d'un conflit préventif avec la Russie.  « si  l'on veut éviter qu'une flotte constitue une menace il faut empêcher sa construction avant qu'il ne soit trop tard ».Précise-t-il.

Nous voilà dûment avertis...

Europe/Etats-Unis, des malentendus aux divergences transatlantiques.

On est loin de la vision Kissingérienne du réalisme diplomatique et de l'équilibre des puissances. Conscient des risques insensés que fait courir au monde cette politique agressive et invasive, l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger a déclaré, dans une interview accordée au New York Times au début de l'année 2015 à propos du conflit en Ukraine: « Je pense qu'une reprise de la guerre froide serait une tragédie historique ».

Il est clair que la brutalité – le mot n'est pas trop fort- de l'analyse de Friedman s'apparente plus à de la provocation qu'à de la diplomatie.

De ce point de vue, on se souvient des propos, méprisants, peu diplomatiques, pour ne pas dire plus, de Victoria Nuland, assistante au Secrétariat d'Etat américain pour les affaires européennes et eurasiennes, interceptés lors d'un entretien téléphonique avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev : « we F... the European Union ». Ce langage d'une diplomate chevronnée, très liée aux milieux néo-conservateurs, ( son mari n'est autre que Robert Kagan , l'un des fondateurs du « Project for a New American Century ») sont très représentatifs de cette tendance provocatrice et jusqu'auboutiste faisant peu de cas des intérêts de l'Union Européenne.

S'agissant des rapports euro-atlantiques et de l'évolution de la construction européenne, on aurait tort de ne pas tenir compte de l'analyse de George Friedman et de ne pas en tirer un certain nombre de leçons pour l'avenir, ceci pour au moins deux raisons :

  • La première c'est qu'elle n'est pas toujours dépourvue de sens, en ce qu'elle met en lumière, les divergences d'intérêts aiguisés par la crise, entre les Etats membres de l'Union Européenne.

  • La seconde vient, compte tenu de l'appartenance de son auteur aux cercles du pouvoir, de son caractère potentiellement auto réalisatrice.

Il ne faut pas se bercer d'illusions cette analyse, partagée par la plupart des milieux dirigeants de Washington, qui rappelons le sont souvent les commanditaires de Stratfor, dénie à l'Union Européenne toute possibilité d'indépendance politique économique ou militaire,

Car du fait de l'impossibilité supposée des responsables politiques européens de maîtriser leurs conflictualités latentes, tout désir d'indépendance de leur part, est perçue comme un risque et une menace permanente pour la paix et la sécurité des Etats-Unis.

freidVSAZL._AC_UL320_SR202,320_.jpgFriedman insiste sur le fait que les Etats–Unis doivent continuer à contrôler sans partage les océans et l'espace, il pourrait ajouter le numérique et le Big data, car c'est le socle de leur puissance. Devant les risques que présentent, selon lui, l'irresponsabilité et l'incontrôlabilité européenne, et le double échec de l'intégration économique et militaire de l'Europe, deux solutions s'imposent : le renforcement et l'extension de l'OTAN, la mise en œuvre du Grand Marché Transatlantique, deux instruments de vassalisation de l'Union.

Il est clair que les Européens qui font de moins en moins confiance à leurs institutions pour faire face aux problèmes du moment,

Aveuglés par une vision irénique de la mondialisation, dépourvus, à la différence de tous les autres acteurs mondiaux, de la moindre vision géopolitique et plongés dans un état de sidération depuis le début d'une crise sans fin, ils auront du mal à résister à ce double arraisonnement s'ils ne prennent pas rapidement un certain nombre de mesures de rupture.

Les plus urgentes mais aussi les plus difficiles à mettre en œuvre devraient être les suivantes :

Solidarité puissance identité souveraineté

Refonder le projet européen sur quatre concepts intimement liés entre eux : solidarité, puissance, identité et souveraineté. La crise a mis à mal, depuis longtemps, les impératifs de solidarité et de puissance, les faisant passer imprudemment derrière les contraintes techniques et comptables de «  gouvernance » budgétaire.

Les crises migratoires et la perspective de leur amplification pose le problème de l'existence et de l'identité d'un peuple européen. Cette incertitude identitaire est à l'origine de bien des difficultés présentes.

Enfin le retour à la multipolarité du monde et le développement d'une compétition acharnée entre ses différents acteurs met en évidence l'exigence fondamentale de souveraineté

En effet, malgré les discours iréniques sur la mondialisation et l'érosion des Etats-Nations, la souveraineté  reste, le marqueur central de la réalité d'un pouvoir. Or la construction européenne a consisté, sous prétexte de gradualisme, à installer, sous couvert du principe anesthésiant de subsidiarité, un système très coercitif, de transfert/neutralisation insidieux de la souveraineté des Etats membres, au profit d'une Union, incapable de construire, en retour, à son niveau une souveraineté européenne authentique. Ce système d'aspiration/annihilation dont l'extrême nocivité apparait maintenant au grand jour, du fait des multiples crises existentielles qui assaillent l'Europe, a mis en péril sa défense, et explique dans une large mesure son incapacité à forger une politique dans ce domaine.

La refondation des institutions européennes commande le retour au principe, plus souple, d'un « Concert européen de souverainetés nationales ».

Ce double refus impolitique et névrotique de l'identité et de la souveraineté condamne, s'il n'est pas surmonté rapidement, l'Europe à sortir de l'histoire

Pour une Europe des grands espaces

Construire et renforcer le partenariat Euro-Russe , l'Union Européenne l'avait un moment envisagé, puis abandonné sous la pression anglo-saxonne. Il est temps de le relancer, dans une perspective d'équilibre entre le monde atlantique océanique et le monde asiatique continental. Seul en effet, ce partenariat s'appuyant sur un lien tripartite équilibré et complémentaire entre Paris, Berlin et Moscou est capable d'offrir au projet européen une réelle puissance en accordant à celui-ci la possibilité de :

  • développer de grands projets industriels et technologiques, en particulier, dans l'espace et le numérique,

  • lui donner accès à des ressources naturelles considérables

  • le doter enfin d'une véritable profondeur stratégique allant bien au-delà de ce que George Friedman appelle « l'Europe péninsulaire ».Cette convergence entre les trois pays s'est manifestée, avec succès, au cours des dernières années dans des situations très critiques, la guerre en Irak en 2003 et le conflit en Ukraine avec les accords de Minsk II en 2015.

Conclusion.  Rompre avec la stratégie américaine d'encerclement issue de la guerre froide

Se dégager de l'endiguement « Mackinderien » qui oppose depuis plus d'un siècle l'ensemble eurasiatique au reste du monde pour le seul bénéfice de l'hégémonie américaine en recherchant des alliances avec les puissances émergentes et notamment les BRICS. De ce point de vue une attention toute particulière doit être accordée non seulement au monde méditerranéen mais surtout à l'Afrique, le plus proche voisin de l'Europe, dont l'évolution démographique, récemment rappelée par un rapport de l'ONU, va déterminer, pour une part l'équilibre du monde dans les prochaines décennies : 2,4 milliards d'habitants en 2050 et 4,4 milliards en 2100. Le refus de voir les conséquences géopolitiques de cette situation, s'il persistait, est gros d'énormes difficultés à terme très rapproché. 

Reste à savoir s'il existe aujourd'hui une opinion publique européenne prête à entendre ce message et des hommes politiques «  grand format » pour reprendre la formule de Thomas Mann capables de les guider dans cette voie.