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mardi, 23 septembre 2025

Le 3 septembre, l’Occident s'est éteint - L’intuition d’Alexandre Douguine

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Le 3 septembre, l’Occident s'est éteint

L’intuition d’Alexandre Douguine

Carlos Javier Blanco

Source: https://www.aporrea.org/ddhh/a344711.html

Il y a une intuition juste dans la pensée d’Alexandre Douguine: la Russie, bien qu’étant une partie essentielle de l’Europe, n’a pas d’autre choix que de se tourner vers l’Asie et de s’y unir.

Qui peut nier que la Russie fait partie de l’Europe ? Qui va réfuter que l’Europe ne serait rien, et n’aurait jamais été qu'un rien, sans la nation russe?

Je l’ai déjà souvent exprimé dans mes écrits, par exemple dans mon article «Les deux empires», écrit comme préface à l’œuvre classique de Walter Schubart L’Europe et l’Âme de l’Orient (Ed. esp.: Fides, Tarragone, 2019). À l’Ouest, l’Espagne a contenu les hordes afro-asiatiques qui prétendaient plonger l’Occident chrétien dans une œcumène exclusivement islamique. L’Espagne fut le rempart contre l’Islam durant plus de dix siècles (huit siècles de Reconquista et au moins deux siècles de surveillance en Méditerranée). Ce que fit le Royaume des Asturies-Léon à partir de 722 s’est élargi sur le plan géographique avec l’Empire des Habsbourg espagnols à l’époque moderne: rempart ou katechon face à l’essor atroce et irrésistible de l’hérésie protestante, prélude du libéralisme actuel, du nihilisme et du capitalisme, idéologies et formes matérielles de dissolution de la culture classique, catholique et humaniste. Et rempart contre le Turc.

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Le katechon espagnol à l’Ouest était symétrique au katechon russe à l’Est. Ce qui, de Rome, passa à Oviedo, León, Madrid, soit un esprit impérial de résistance au Mal, fut analogue à l’esprit de Byzance (la seconde Rome) qui passa à Moscou. Cette substance spirituelle transmise fut celle d’un empire katechonique qui mit un frein aux hordes turques ou tatares et sauva également la culture classique, le christianisme (orthodoxe) et l’humanisme, en les adaptant aux peuples slaves et autres populations asiatiques voisines.

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Frein, résistance et conservation combative (katechon) à l’Ouest comme à l’Est. Des empires, et non des impérialismes, qui freinèrent et firent naître des nations. Au milieu, l’Europe et la Méditerranée plongées dans la confusion, la déchirure nihiliste et la lutte fratricide pendant des siècles.

Il est significatif que cette Europe même, déchirée par le libéralisme, le capitalisme financier le plus atroce et le plus vorace, nihiliste et anti-traditionnel, n'ait jamais cessé de donner traîtreusement des coups de pied à la Russie, à la Grande Russie. Ses mystiques, romanciers, compositeurs, ses révolutionnaires, ses athlètes, ses scientifiques sont la chair et le sang de l’Europe. Imaginez-vous une Europe sans Tchaïkovski? Je ne dirai pas qu'elle serait une excroissance, mais ce serait une Europe pauvre et grise. Cette Europe envahie par des allogènes venus de partout trouve sa réserve humaine en Russie. Malheureusement, là-bas non plus, il ne naît plus beaucoup d’enfants.

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Les nazis ukrainiens, tant appréciés par le bouffon Zelensky, aimés par l’OTAN et les Américains, n’ont été qu’un instrument conçu pour dresser tous les murs possibles entre l’Europe amputée (cette Europe d'eunuques, castrée parce que vivotant, en marge, sans la Russie), d'une part, et sa partie essentielle qu’est la Fédération de Russie et d’autres nations sœurs (l’Ukraine elle-même, la Biélorussie, et d’autres encore), d'autre part. Le sabotage du Nord Stream n’a pas été un simple «sabotage» mystérieux. Ce fut un acte imposé par l’hégémon américain, cherchant à s’assurer la domination coloniale de l’Europe, écartée de sa partie intégrale et essentielle, la Russie. Il fallait affamer (du point de vue énergétique) l’Europe, pour que la Russie se tourne vers la Chine et les autres puissances asiatiques de plus en plus lassées du comportement hooliganesque des puissances anglo-saxonnes.

La connexion énergétique russo-chinoise est d'une ampleur considérable et elle est désormais irréversible. La fringale de gaz et d’énergie de l’Europe sera chronique, et cette Europe humiliée sera dépendante d’un fournisseur cher, peu fiable, décadent et probablement non durable pour ses besoins futurs: elle sera dépendante des Américains. Plus que les nazis ukrainiens, rejetons des néonazis actuels d’Israël, d’Allemagne, de l’Anglosphère, etc., ce sont les Américains qui ont forcé la Russie à embrasser le géant chinois, à renforcer ses liens avec l’Inde, à regarder vers une Asie émergente, ne voyant à l’Ouest qu’une meute de chiens nains et dégénérés, de la taille d’une souris, excités par un maître américain qui, dans sa chute, n’a pas peur de détruire le concept qu’il a lui-meme inventé: «l’Occident».

Douguine a vu juste. Le philosophe russe n’est certes pas l’inventeur du concept d’« Eurasisme », mais il est, selon moi, celui qui l’a le mieux actualisé et qui l’a explicité de la façon la plus pédagogique qui soit. La Russie, bien qu’elle aurait dû être essentielle à l’Europe, doit se transcender elle-même et construire – de façon impériale – une réalité supérieure, l’Eurasie, c’est-à-dire un grand bloc continental destiné au sauvetage des idéaux classiques et traditionnels (valeur sacrée de la personne, respect des traditions plurielles des peuples, défense de la communauté, lutte contre le matérialisme et le nihilisme). Douguine sait que l’Europe (occidentale) n’est pas prête à participer à cette mission. Il y eut d’autres grands visionnaires d’une Eurasie : Thiriart, Faye… Peut-être pensaient-ils d’abord à une union des petits caniches européens, débarrassés du maître américain, et sauvés par le grand ours russe. Mais l’ours russe doit aussi penser à se sauver lui-même. Or la série ininterrompue de provocations subies par la nation russe semble ne jamais devoir finir.

Alors que j’écris ces lignes, en ce mois de septembre 2025, je le fais tout en étant stupéfait par les déclarations des dirigeants occidentaux appelant à la guerre, exigeant des sacrifices pour lancer un réarmement ambitieux, aboyant aux portes de leur grand voisin de l’Est. Il y a quelques heures à peine, une sorte d’état d’alerte a été déclenché suite à l’incident de prétendus drones russes tombés sur le sol polonais. De nouveau, la Pologne victimaire veut des ennuis, comme en 1939, demandant à être envahie. La Pologne agressive, en tant que tentacule des « James Bond » britanniques, entre de nouveau en action. Les citoyens européens n’apprennent jamais rien de l’Histoire. La Pologne victimaire, tout comme Israël est également victimaire, est un pays qui brandit ses lettres de créance de peuple malmené par les géants, de peuple malheureux, persécuté par les impérialistes, de peuple déguisé en enfant battu et victime d’abus intolérables. Européen: méfie-toi des victimaires ! Ils pleurent pour susciter ta pitié, mais n’hésiteront pas à te pousser dans l’abîme. La colombe polonaise est, derrière les apparences, un faucon anglo-saxon.

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L’Europe, si elle continue à rester « l’Occident », tombera dans l’abîme. Être «l’Occident», c’est être le jouet des Anglo-Saxons, un jouet qu’une fois brisé ils jetteront. Et la catastrophe s’approche inexorablement. Le lien énergétique russo-chinois est dorénavant irréversible et ambitieux; le lien russo-germanique, lui, est brisé à jamais. Il aurait été de nature énergétique et, d’une manière générale, économique, mais il aurait représenté aussi le premier pas vers un rapprochement spirituel. C’était précisément l’idéal de Walter Schubart, une Europe «johannique» que la partie russophobe du nazisme a détruite.

Cette russophobie d’origine partiellement nazie et entièrement anglo-saxonne a crû de manière inattendue ces derniers temps. Toute personne sensée aurait supposé que des nations petites et détruites par la Seconde Guerre mondiale (dont l’Allemagne ou la Pologne, mais aussi toutes les autres) aspireraient à un monde de paix et de coexistence amicale entre les peuples. Depuis 1945, sous la loi de la Guerre froide, il avait toujours été politiquement correct de se montrer pacifiste. Les enfants des écoles de notre continent ont dessiné des millions de colombes blanches de la paix et chanté des rengaines de John Lennon pendant des décennies. Maintenant, les masques sont tombés: le petit nationaliste polonais et le petit nazi allemand, qui n’est jamais mort spirituellement, reprennent consistence, avec, à la clef, une russophobie de la pire espèce, déjà que celle des nationalismes suprémacistes, rancuniers et de clocher était mauvaise.

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L’intuition de Douguine va se confirmer. L’Eurasie qui va se forger à partir du 3 septembre 2025 s’est déjà révélée au monde lors d’un grand défilé de l’armée chinoise et en entendant les paroles des dirigeants souverains qui évoquent avenir et civilisation, à l’opposé de Trump et d'Ursula, qui parlent de réarmement, de privations, de menaces et de douleur. Cette Eurasie va s’imposer, que cela nous plaise ou non. Les visionnaires occidentaux qui voulaient une Eurasie «de Lisbonne à Vladivostok» ne verront pas facilement leur rêve se réaliser, en y incluant les nations occidentales. L’Eurasie du 3 septembre 2025, celle de l’OCS et des BRICS en constante expansion, laissera hors de «la civilisation» ces chiens de rue pleins de puces (corruption, incompétence, arrogance, ignorance) qui aboient au nom de l’OTAN, de l’Union européenne et des «valeurs de l’Occident».

813cUFbZbbL._SL1500_-1597702177.jpgChine, Russie, Inde (cette dernière a encore de nombreux comptes à régler) et d’autres puissances asiatiques en voie de «déconnexion» émancipatrice (comme le dirait plus ou moins Samir Amin) à l’égard des États-Unis, sont de grands États qui formeront l’Eurasie du 21ème siècle. Les petits chiens de l’Occident, capables de mordre la jambe de ceux qu’ils ont toujours désignés comme ennemis mais désormais incapables de créer une civilisation en phase avec les impératifs de notre temps, continuent à marcher vers cet abîme: «d’un pas ferme, le regard fixé devant soi».

Le drame n’a guère de remède. En Europe, il manque «le sujet émancipateur», c'est-à-dire le peuple. Le degré d’anomie, de nihilisme, d’atonie et de dépravation mentale (qui inclut la paresse) dans les nations occidentales est tel qu’à un niveau populaire, elles ont laissé leurs élites ploutocratiques jouer avec leur vie, leur patrie et leur avenir. À l’époque de ma jeunesse, des déclarations comme celles de Merz, Macron, Starmer, Ursula ou d’autres membres de cette bande criminelle, qu’auraient-elles signifié comme conséquence? Pour la moitié de ce que ces gens-là nous disent aujourd'hui, de leurs mensonges et leurs absurdités, les capitales de notre Europe auraient été, il y a des décennies, remplies de gens en colère, pancartes à la main, exigeant leur démission, la sortie immédiate de l’OTAN, ainsi que des demandes de condamnation pour crimes de guerre présumés. Il ne faut pas oublier qu’il existe une énorme responsabilité partagée avec la Russie dans la mort d’un million et demi d’Ukrainiens.

Il manque en Europe un peuple organisé, un peuple dans la rue qui commence à contester ces criminels « européistes » qui méritent de siéger sur le banc des accusés lors d’une seconde version du procès de Nuremberg. Il manque un peuple éduqué à l’histoire récente du continent. L’Europe a été détruite à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, et la partie non libérée par les Soviétiques n’a eu d’autre choix que d’abandonner toute prétention à une véritable souveraineté, l’Union européenne (et ses institutions antérieures, comme la CEE) n’étant que de simples instruments au service des Américains et de la gouvernance néolibérale de pays dont les élites se sont, dès le départ, soumises aux diktats américains.

Les puissances européennes – toutes, sans exception – traînaient derrière elles une histoire tristement célèbre d’exploitation coloniale du «Tiers Monde». La décolonisation bâclée et criminelle qui a suivi la défaite collective de l’Europe en 1945 n’a fait que préparer la nouvelle colonisation – plus économique que gouvernementale – que les États-Unis préparaient. Il semblait que la torche de la Statue de la Liberté à New York allait éclairer le Sud global, libéré des génocidaires français, britanniques, néerlandais, etc.

Mais le « Tiers Monde » a très vite compris qu’ils n’avaient fait que changer de maîtres. Dès qu’un dirigeant ou une force politique nationaliste ou socialiste résistait aux diktats de Washington, il était rapidement éliminé par des assassinats, des enlèvements, des coups d’État, des insurrections, des invasions. La CIA, comme le MI6, le Mossad et tous les autres tueurs à gages des États occidentaux, ont proclamé depuis 1945 (si ce n’est avant) leurs «valeurs». Le Sud global sait maintenant très bien ce que signifie vraiment la «défense des valeurs occidentales».

543x840-2596355975.jpgL’Eurasie qu’a pressentie Douguine n’est plus celle de Thiriart ou de Faye, mais celle d’une communion spirituelle entre l’élément européen et l’élément asiatique, magnifiquement représentée par Russes et Chinois. Cette communauté spirituelle ne doit pas être négligée à l’avenir. Il ne s’agit pas seulement de commerce de gaz, de minerais rares, de ressources technologiques, ni seulement de coopération scientifique, militaire, etc. Tous ces aspects matériels sont fondamentaux, et ces liens matériels dont l’Europe occidentale est absente sont forts, de plus en plus forts. Mais Douguine n’oublie pas l’aspect métaphysique, sans lequel on ne construit ni civilisations ni empires. La Russie et la Chine furent des empires, en effet. Mais des empires civilisateurs, comme le fut l'empire hispanique. Il faut distinguer empire et impérialisme. Dans toute création humaine, il y a des erreurs et des boucheries, mais les deux empires qui ont subi tant d’humiliations et de morts ont le droit de se reconstruire, malgré leurs erreurs. Et c’est pourquoi, aujourd'hui, c’est l’heure de la Russie et de la Chine. Ces deux empires-nations-civilisations furent les vrais « gagnants » de la Seconde Guerre mondiale, furent les numéros un et deux sur la liste des peuples les plus massacrés: des millions de héros et de martyrs anéantis par l’impérialisme nazi-allemand et japonais. Peu après le silence des armes en 1945, le bruit de la mort se fit de nouveau entendre. Si le critère de Churchill, ce Hitler britannique qui restera à jamais une honte pour l’humanité, avait prévalu, la guerre mondiale n’aurait jamais pris fin, et la fragmentation et l’asservissement de la Russie et de la Chine auraient eu lieu. Le socialisme autoritaire et la ténacité héroïque de deux grands peuples les ont sauvés de toutes les machinations anglo-saxonnes.

Les peuples d’Europe se lèvent, très lentement, contre les élites atlantistes et soumises à l’anglosphère. Souvent, ils le font sous les habits et les modes dites de «l’extrême droite». Mettez-y l’étiquette que vous voulez: populistes, eurosceptiques, xénophobes. Dans mon pays, l’Espagne, une partie importante de ce qu’il reste de la «gauche» fait carrière universitaire ou obtient une ridicule projection sociale en «faisant le chasse aux fascistes». Ces livres aux titres et contenus aussi absurdes que « L’extrême droite 2.0 » ou « Les nouvelles outres du nationalisme » vont dans le même sens que l’antifascisme proclamé, vulgaire stratégie « anti » de la gauche libérale de Soros. Tandis que la gauche a trahi, en grande partie, le marxisme, les peuples et les travailleurs, se mettant entre les mains de gens sinistres comme Soros, Biden et, en général, les grands fonds d’investissement mortifères, leurs pions cherchent des fascistes avec un zèle inquisitorial digne de meilleures causes. Ils n’ont pas compris le changement d’époque.

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Le véritable monde socialiste, la véritable patrie des travailleurs unis, n’est possible que dans le cadre d’un grand bloc continental fortement armé (avec les armes dissuasives du plus haut niveau), doté d’énormes ressources énergétiques, humaines et technologiques. Une masse de plusieurs millions d’hommes et de kilomètres carrés. Les sottises distillées depuis mai 68 puent les machinations de la CIA de tous leurs pores, il suffit de lire un peu en dehors des pages atlantistes qui se prétendent « progressistes ». Cette masse continentale et humaine nommée Eurasie peut domestiquer et vaincre le pire bâtard du néolibéralisme, à savoir le néolibéralisme de marque et de poigne « occidentale », le néolibéralisme anglo-saxon. La cause socialiste est la cause de ce Sud global armé de fortes armées défensives, d’ouvriers et de paysans bien formés et de ressources matérielles suffisantes pour créer un nouvel ordre mondial. L’Occident, avec ses « brokers » et ses « antifascistes » (les deux faces d’un Janus), ne possède rien de tout cela. L’Occident, depuis ce 3 septembre, est mort et plus que mort.

12:47 Publié dans Actualité, Eurasisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, eurasisme, eurasie, alexandre douguine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 22 septembre 2025

»Seul un ordre de paix paneuropéen incluant la Russie promet la stabilité«

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»Seul un ordre de paix paneuropéen incluant la Russie promet la stabilité«

L’Europe ne veut pas seulement se préparer à la guerre – elle veut également se passer de la Russie comme partenaire à l’avenir. Pourtant, la stabilité ne peut exister qu’avec la Russie.

Roberto De Lapuente s'entretient avec le politologue Stefan Luft

Source: https://overton-magazin.de/dialog/nur-eine-gesamteuropaei...

De Lapuente : Dans votre nouveau livre, vous traitez du plan d’opération qu'est désormais l'Allemagne. Cela signifie plus que simplement exploiter les ressources militaires – cela amène aussi le citoyen ordinaire au front sur le plan mental. Les médias attisent le feu. Constatez-vous dans votre quotidien que cette mobilisation mentale y parvient ?

Luft : Bien sûr. La propagande fonctionne. Ceux qui utilisent exclusivement les médias établis ne sont pratiquement jamais en contact avec des opinions divergentes. Chez les jeunes, comme les étudiants, c’est différent. Ils sont vraiment mal à l’aise à l’idée qu’ils pourraient eux-mêmes être concernés et mobilisés dans un avenir pas très lointain. De plus, leurs sources d’information sont plus diverses.

libri_9783987913303_0.jpgDe Lapuente : Voyez-vous le danger que les réflexions équilibrées de l’après-guerre disparaissent complètement de notre champ de vision? Après tout: les services civiques reviennent à la mode, une nouvelle légende du coup de poignard dans le dos existe aussi – et on ne dit plus »Plus jamais la guerre !« ... Quid?

Luft : La panique et la confusion dans le débat public ne cessent de croître. La radio Bayerischer Rundfunk relaie l’évaluation d’un collègue autrichien: »Nous sommes maintenant à 100% de probabilité que cette guerre aura lieu«. Il y aurait »une grande crise comparable au déclenchement de la Première Guerre mondiale« à venir. Même celui qui prend cette panique au sérieux devrait maintenant, alarmé, exiger un changement de cap politique. Pour la propagande, de telles projections absurdes, présentées comme des faits, n’aboutissent cependant toujours qu’à une seule chose: la mobilisation à tous les niveaux. La guerre ne pourrait être évitée »que si l’Europe se montre à nouveau prête à faire la guerre. Cela inclut non seulement l’achat d’armes, mais aussi des changements structurels, de la profondeur en personnel, des concepts de protection civile«. Nous ne marchons pas en somnambules vers la guerre, nos élites médiatiques et politiques avancent résolument vers une guerre présentée comme inévitable. Celui qui ne s’en occupe pas systématiquement ne peut que se désespérer face à la propagande omniprésente. Manifestement, cela paralyse aussi les forces de résistance – les grandes manifestations anti-guerre sont absentes.

Pour comprendre pourquoi un ordre de paix ne fonctionne qu’avec la Russie, il faut vite commander le livre de Stefan Luft, Jan Opielka et Jürgen Wendler !

De Lapuente : Vous avez écrit le livre avec les journalistes Jan Opielka et Jürgen Wendler. Ce dernier s’occupe d’un sujet que nous examinons rarement de manière sérieuse dans nos contrées – le post-colonialisme. Mais il relie ses thèses à des jugements moraux bien tranchés et à des indulgences, comme l’a récemment décrit Mathias Brodkorb: telle est la nature de l’Occident. Quels sont donc les traits essentiels qui caractérisent la soi-disant communauté de valeurs occidentale ?

»L’Occident brandit ses valeurs de manière ostentatoire«

Luft : L’Occident brandit ses valeurs de manière ostentatoire. Plus on argumente sur elles, plus il apparait probable qu’il ne s’agit pas vraiment de »valeurs« comme la liberté, la démocratie et l’État de droit, mais d’intérêts politiques et économiques. Les mensonges avec lesquels l’Occident a, rien qu'au cours de ces dernières décennies, déclenché des guerres et des changements de régime – qui étaient tous des »guerres d’agression contraires au droit international« (au Vietnam, en Irak, en Libye, en Serbie, etc.) – sont désormais bien connus. Il a toujours été affirmé que l’on faisait la guerre contre des despotes et pour empêcher des violations systématiques des droits de l’homme. Ce qui s’ensuivait était généralement une catastrophe incroyable pour les populations concernées, une situation bien pire qu’avant les guerres d’agression. À cela s’ajoutent les »doubles standards« – on ne respecte pas ses propres exigences éthiques. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles la domination de l’Occident s’effrite de plus en plus.

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De Lapuente : Ces doubles standards dont vous parlez traversent aussi l’Occident en interne. On poursuit les dissidents, on leur impose des perquisitions – bref: l’Occident mène en fait une offensive, extérieure et intérieure, contre tout ce qui pourrait faire obstacle aux »valeurs occidentales«. Diriez-vous que la guerre culturelle à l’intérieur de l’Occident et l’opération géopolitique contre ses ennemis sont un seul et même combat?

Luft : Non. Il y a eu des époques où l’on manifestait massivement contre la remilitarisation et les guerres d’agression contraires au droit international, et où il n’y avait pas de telles mesures absurdes comme aujourd’hui. Les motifs géopolitiques de la guerre sont à mon sens une chose, les tendances de plus en plus autoritaires des États occidentaux en sont une autre. La politique aux temps de pandémie s’est montrée particulièrement emblématique à ce propos. Je n’aurais jamais imaginé que quelque chose de ce genre deviendrait réalité en Europe.

En lien avec la guerre en Ukraine, la liberté d’expression est également restreinte. En temps de guerre, il faut – c’est l’idée – que le front intérieur tienne aussi. Les États belligérants restreignent souvent la liberté d’expression pour éviter que le doute ne prenne le dessus. Ainsi, le Bundestag allemand a, en octobre 2022, renforcé presque sans bruit l’infraction qu'est l’incitation à la haine selon le paragraphe 130 du Code pénal. Jusqu’alors, la disposition concernait principalement les actes commis à l’époque du national-socialisme. Avec l’amendement, le déni des crimes de la guerre en Ukraine doit également être sanctionné. C’est une disposition vague, susceptible de restreindre la liberté de la presse et d’opinion.

Cela devient encore plus concret avec les »radios ennemies«, comme l’interdiction de la chaîne étatique russe RT par l’UE en 2022. La démocratie et l’État de droit doivent-ils ou peuvent-ils tolérer les chaînes d’un État voisin avec qui il est en guerre? Faut-il protéger la population des »radios ennemies«? Ne risque-t-on pas de ressembler peu à peu à ceux dont on veut justement se distinguer le plus possible? Le Royaume-Uni n’a pas interdit les radios ennemies allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, mais informait la population sur leur nature.

»L’UE et l’Allemagne ont tout fait pour faire échouer un retour à la paix«

De Lapuente : Les comparaisons avec l’Empire romain sont à la mode. L’empire américain s’effrite, serre la vis pour maintenir ses vassaux sous sa coupe – au sein de l’empire, les forces de cohésion s’affaiblissent. Pensez-vous que cette comparaison avec l’Antiquité tardive est justifiée ?

Luft : C’est un sujet très complexe et je ne suis malheureusement pas spécialiste de l’Antiquité. Il y a de bonnes raisons de penser que les États-Unis ont fini de jouer leur rôle d’hégémon mondial. Le président Joe Biden déclarait encore à l’été 2024, sans détour: »Je gouverne le monde«, et: les États-Unis »sont la nation la plus importante du monde«. Cela reflétait sans doute la mentalité d’une grande partie des élites américaines. Économiquement – et géopolitiquement aussi – ce rôle n’est plus tenable. Trop d’erreurs ont été commises. Les États-Unis ont aujourd’hui surtout trop d’ennemis. La violence émanant des États-Unis se retourne de plus en plus contre eux.

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De Lapuente : Le titre de votre livre est »Avec la Russie«. Voyez-vous encore des possibilités pour que l’Occident et la Russie se rapprochent à nouveau, après tout ce qui s’est passé ces quatre dernières années ?

Luft : La politique allemande et euro-américaine a tout fait pour détruire fondamentalement la relation que nous avions avec la Russie. L’irrationalité et le fanatisme ont atteint une importance insoupçonnée. Il est difficile d’imaginer comment cela pourrait être raccommodé à nouveau. Après tout, en Allemagne et dans l’UE, presque partout ceux qui sont au pouvoir sont ceux qui portent la responsabilité de cette politique et continuent de la défendre avec vigueur. Peut-être qu’avec l'administration Trump II, un début de changement a été amorcé. Là aussi, l’UE et l’Allemagne ont tout fait pour faire échouer un retour à la paix. Cela ne change rien au fait que seule un ordre de paix paneuropéen incluant la Russie promet la stabilité. Il n’y a pas d’autre voie. Même si les conditions semblent les pires possibles, en politique rien n’est impossible – en bien comme en mal. La condition d’une catharsis est d’abord l’intérêt de percevoir les positions de l’ »ennemi« et de réfléchir de façon critique à sa propre position. Jan Opielka le fait dans notre ouvrage concernant les États d’Europe centrale et orientale – ce qui permet de mieux comprendre les contextes historiques, intellectuels et politiques de cette région. Celui qui veut la paix doit parler avec ses ennemis et non d’abord avec ses amis. En tant que catholique, je n’ai pas perdu espoir et je me réfère au Livre de la Sagesse: »À peine devinons-nous ce qui se passe sur la terre, et nous trouvons avec peine ce qui est sous la main; qui alors découvrira ce qui est dans le ciel ?«

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Qui est Stefan Luft?

Stefan Luft a étudié l’histoire moderne et la science politique à l’Université Ludwig-Maximilian de Munich. En 1992, il a obtenu son doctorat en histoire. De 1999 à 2004, il a été porte-parole adjoint du Sénat de la Ville libre hanséatique de Brême. Depuis 2004, il travaille comme chercheur à l’Institut de science politique de l’Université de Brême et y a obtenu son habilitation en 2008. Depuis, il y est maître de conférences privé. Les études gouvernementales et l’analyse des politiques sont au centre de sa recherche et de son enseignement.

L’attaque israélienne à Doha: la fin des refuges sûrs dans un Moyen-Orient multipolaire

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L’attaque israélienne à Doha: la fin des refuges sûrs dans un Moyen-Orient multipolaire

par Peiman Salehi

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31254-peim...

Le raid aérien israélien contre les dirigeants du Hamas à Doha, en septembre 2025, a été bien plus qu’une opération militaire. Il s’agit d’une rupture symbolique dans l’architecture même de la diplomatie au Moyen-Orient. Pendant des décennies, le Qatar s’est forgé une image de «médiateur neutre» en accueillant des négociations entre les talibans et Washington, ou en servant de plateforme à des pourparlers indirects entre l’Iran et les États-Unis. L’attaque israélienne a brisé cette perception: l’ère des «refuges sûrs» pour la diplomatie en Asie occidentale est terminée.

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La capitale du Qatar, Doha, a longtemps été décrite comme un pôle paradoxal. D’un côté, elle abrite la base aérienne d’Al-Udeid, la plus grande installation militaire américaine de la région. De l’autre, elle a accueilli les bureaux du Hamas et a servi de plateforme pour des négociations entre des acteurs considérés comme hostiles par Washington et Tel-Aviv. Doha a prospéré dans cet espace contradictoire, se forgeant un rôle de médiateur mondial. La décision israélienne de lancer une frappe aérienne sur Doha a brisé ce paradoxe. Elle a montré que même un allié des États-Unis, un supposé médiateur «protégé», n’est pas immunisé contre la logique qui veut l’expansion du champ de bataille. En frappant les dirigeants du Hamas alors qu’ils étaient apparemment en pourparlers avec des responsables qataris, Israël n’a pas seulement sapé la souveraineté du Qatar, mais a aussi envoyé un message glaçant aux autres acteurs du Sud global: la neutralité est une illusion dans les conflits actuels.

L’un des aspects les moins abordés de l’attaque de Doha est sa portée pour le Sud global. Pendant des années, des États comme le Qatar, Oman ou la Turquie ont cherché à affirmer leur indépendance en s’imposant comme médiateurs. Ces rôles n’étaient pas seulement diplomatiques; ils étaient aussi l’expression de la volonté des petits États de façonner la multipolarité à leur manière. L’attaque israélienne peut être interprétée comme faisant partie d’une stratégie plus vaste visant à démanteler ces espaces dédiés aux médiations indépendantes. C’est, en fait, une déclaration selon laquelle l’Occident, par le biais de ses mandataires régionaux, ne tolérera pas que des acteurs non occidentaux tentent de créer des cadres diplomatiques alternatifs. Doha n’est pas seulement une capitale attaquée; c’est un symbole de la souveraineté fragile des médiateurs du Sud global.

L’attaque révèle également une vérité plus profonde sur la géographie changeante de la résistance. En visant des dirigeants du Hamas sur le sol qatari, Israël a étendu le champ de bataille au-delà de Gaza, du Liban ou de la Syrie. Le message est clair: il n’existe plus d’«arrière» où les leaders de la résistance peuvent opérer en relative sécurité. Paradoxalement, cela pourrait avoir l’effet inverse de ce qu’Israël recherche. Au lieu d’isoler le Hamas, l’attaque pourrait encourager une coordination plus étroite entre l’Iran, le Qatar et même la Turquie, qui partagent désormais un intérêt commun à résister aux ingérences israéliennes. En ce sens, l’attaque pourrait accélérer la consolidation de ce que certains analystes appellent un «axe de résistance multipolaire».

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Du point de vue des relations internationales, l’attaque de Doha est un signe supplémentaire de l’érosion de l’ordre libéral. Les États-Unis soutiennent depuis longtemps que leurs alliances au Moyen-Orient reposent sur des règles et une certaine prévisibilité. Pourtant, lorsque Israël lance une frappe aérienne sur le territoire de l’un des partenaires les plus proches de l’Amérique, ces règles s’effondrent dans la contradiction. Si Washington a toléré l’attaque, cela révèle une complicité et une hypocrisie: proclamer le respect de la souveraineté tout en la violant via un allié. Si Washington n’a pas été consulté, cela révèle une crise encore plus profonde: l’hégémonie américaine s’est érodée au point que son allié le plus proche ignore ses intérêts. Dans les deux cas, la crédibilité de l’ordre libéral subit un nouveau coup.

L’importance de l’attaque de Doha dépasse le Moyen-Orient. Elle illustre une dynamique clé du monde multipolaire émergent: la rupture de la distinction entre «centre» et «périphérie». Dans un ordre unipolaire, les petits États pouvaient trouver protection en s’alignant sur l’hégémon. La stratégie du Qatar, pendant des décennies, a été précisément d’héberger des troupes américaines tout en jouant le médiateur en marge. Dans un contexte multipolaire, cependant, cette protection n’est plus garantie. Ce développement pousse les États du Sud global à faire un choix net: continuer à dépendre de garanties sécuritaires occidentales de moins en moins fiables, ou investir dans des alliances alternatives dans un cadre multipolaire. Le sommet BRICS+ de cette année a déjà montré un intérêt croissant pour cette dernière option. L’attaque de Doha pourrait encore accélérer ce réajustement stratégique.

D’un point de vue civilisationnel, l’attaque souligne les limites de l’universalisme occidental. Israël, en tant qu’avant-poste de l’Occident au Moyen-Orient, a clairement fait comprendre que la survie de son hégémonie prime sur le respect de la souveraineté, de la diplomatie ou du droit international. Le Sud global, cependant, considère la souveraineté comme la dernière ligne de défense contre la domination. Ce choc de priorités n’est pas seulement géopolitique, mais aussi civilisationnel. Le silence de nombreuses capitales occidentales après l’attaque de Doha contraste fortement avec l’indignation des sociétés arabes et musulmanes. Pour les élites occidentales, le calcul de la puissance l’emporte sur les principes qu’elles affirment défendre. Pour l’opinion publique du Sud global, la violation de la souveraineté du Qatar est un rappel de plus que l’ordre libéral n’est pas universel, mais appliqué de façon sélective.

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L’attaque israélienne contre Doha doit être comprise comme un tournant. Il ne s’agit pas seulement du Hamas ou du Qatar; il s’agit des fondements ébranlés d’un système international où la diplomatie bénéficiait autrefois de sanctuaires. Dans la nouvelle réalité multipolaire, même les États «neutres» deviennent des champs de bataille potentiels. Pour Israël, cela peut sembler un succès tactique. Pour la région, il s’agit d’une rupture stratégique qui pourrait avoir des conséquences inattendues: la perte de confiance dans la médiation dirigée par l’Occident, la consolidation d’une résistance multipolaire et l’accélération, pour le Sud global, de la recherche de cadres alternatifs de sécurité et de diplomatie. En résumé, la guerre est entrée à Doha non pas à coups de roquettes ou de troupes, mais parce que l’architecture même de la diplomatie a été bombardée. Le refuge sûr a disparu, et avec lui, une autre illusion colportée par le monde unipolaire.

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Nouvelles manifestations permanentes en Serbie: l’Occident prépare-t-il la prochaine «révolution de couleur»?

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Nouvelles manifestations permanentes en Serbie: l’Occident prépare-t-il la prochaine «révolution de couleur»?

Belgrade/Bruxelles. La Serbie a été l’une des victimes les plus en vue des «révolutions de couleur» organisées et financées par l’Occident après l’effondrement de l’Union soviétique. En octobre 2000, le président serbe de l’époque, Slobodan Milosevic, avait été contraint de démissionner après de longues manifestations de masse. La force motrice derrière ce renversement était l’ONG « Otpor », financée notamment par le multimilliardaire George Soros et ses réseaux « Open Society ».

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Des observateurs parlent ces jours-ci d’un sentiment de déjà-vu en Serbie. Là encore, on constate des manifestations de masse durables et bien organisées contre le gouvernement du Premier ministre Aleksandar Vucic. Les services de renseignement extérieurs russes (SWR) disent en savoir plus: selon leur analyse, l’UE serait à l’origine des troubles persistants. Selon le SWR, les manifestations de masse, auxquelles participent surtout des jeunes, «sont à bien des égards le produit des activités subversives des États membres de l’UE».

Le but affiché serait «d’amener au pouvoir, dans ce grand pays des Balkans, une direction obéissante et loyale envers Bruxelles». La vague de protestations avait commencé en novembre 2024 après l’effondrement du toit d’une gare à Novi Sad, qui avait fait 16 morts.

Les services de renseignement reconnaissent que «les élites européennes ont pu engranger de nombreux succès» et que les jeunes se radicalisent. Pourtant, le «scénario de ‘révolution de couleur’», testé avec succès par l’Occident dans de nombreux pays, «a calé en Serbie: les buts finaux de la bureaucratie européenne n’ont pas été atteints».

Comme raisons, le SWR invoque « les forts sentiments patriotiques de la population serbe », le rôle fédérateur de l’Église orthodoxe serbe, ainsi que le souvenir de l’attaque de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999.

Bruxelles tenterait maintenant d’instrumentaliser l’anniversaire de la tragédie de Novi Sad. Pour cela, on miserait sur «un lavage de cerveau de la jeunesse serbe» ainsi que sur la promotion d’un «brillant avenir européen».

Un rôle clé est joué – comme partout dans des cas comparables – par les médias, financés par des ONG. Sont nommément cités les sites d’information FoNet, RAM Network, Vreme, Juzne Vesti, Slobodna rec, Boom93, Podrinske, Freemedia, Indjija, SOinfo, FAR, Storyteller, ainsi que l’ONG «Link».

«Bruxelles compte sur le fait que, grâce à des injections financières pour les médias et les ONG, il sera possible de mobiliser l’électorat protestataire, de faire descendre les gens dans la rue et de conclure le ‘Maidan serbe’ selon un scénario maintes fois éprouvé», résume le SWR. Le terme « Maidan » fait référence aux événements de Kiev en 2014, lorsque, selon la version russe, le gouvernement ukrainien légalement élu a été renversé avec le soutien de l’Occident (mü).

Source: Zu erst, Sept. 2025.

L’Europe sous l’OTAN: Divide et Impera Comment l’OTAN a transformé l’Europe en vassale de Washington

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L’Europe sous l’OTAN: Divide et Impera

Comment l’OTAN a transformé l’Europe en vassale de Washington

par "The Otter"

The Otter avance que, depuis sa création, l’OTAN a servi à maintenir l’Europe sous la tutelle des États-Unis en bloquant ses liens avec la Russie et en imposant une vassalisation sous couvert de défense.

35616330-656074101.jpgC’est le premier secrétaire général de l’OTAN, Lord Hastings Ismay, qui déclara que le but de l’alliance était « de tenir l’Union soviétique hors (d'Europe), les Américains en Europe et les Allemands à terre ». Cet aveu franc dévoile la véritable intention de l’OTAN : non pas une alliance de défense mutuelle, mais un instrument pour subordonner l’Europe aux intérêts des États-Unis.

L’OTAN est présentée comme un rempart contre les menaces extérieures protégeant ce qu’on appelle l’Occident, mais tout au long de son histoire, elle a systématiquement réprimé l’autonomie européenne, drainé économiquement le continent et empêché la création de liens stratégiques avec la Russie. Malgré le discours actuel affirmant que l’Europe ne paie pas sa part — discours que le secrétaire général actuel, Mark Rutte, a joyeusement relayé en appelant Donald Trump « papa » — la réalité est que l’Europe a déjà payé un prix élevé tout en acceptant de devenir vassale de l’Amérique.

Charles de Gaulle avait averti que l’Europe deviendrait un protectorat des États-Unis, et rétrospectivement, cet avertissement apparaît prophétique. De la crise de Suez à Nord Stream 2, les États-Unis ont agi contre les intérêts européens via le cadre de l’OTAN. L’Union européenne s’est muée en marionnettes serviles sous la coupe d’un pays qui érode continuellement leur indépendance.

Reconstruire l’Europe à l’image de l’Amérique

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe était en ruines. Les États-Unis ont cherché à remodeler le continent selon leurs intérêts stratégiques. L’OTAN fut créée le 4 avril 1949 comme organisation de défense collective selon l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord. Son objectif, non dit, était d’empêcher le retour du militarisme allemand; cependant, sachant que le réarmement allemand était inévitable, l’Amérique a intégré l’Allemagne de l’Ouest à l’OTAN en 1955. Cela a mis fin à l’occupation alliée de l’Allemagne, mais la remilitarisation s’est faite sous un contrôle strict de l’alliance. Au lieu de réduire le nombre de bases militaires en Allemagne, le gouvernement américain les a augmentées sous prétexte de contenir l’Union soviétique, alors qu’il s’agissait en réalité de garder l’Allemagne sous son joug. Des documents déclassifiés révèlent que l’intention des États-Unis était un « double containment » de l’Allemagne et de l’Union soviétique. Ainsi commence la vassalisation de l’Europe par l’OTAN.

La pression américaine via l’OTAN a conduit rapidement à une humiliation de l’Europe en 1956. Le Royaume-Uni et la France, avec l’aide d’Israël, envahirent l’Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez, que le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait nationalisé, retirant ainsi le contrôle à la Compagnie française du canal de Suez. La crise de Suez a mis en péril l’autonomie européenne et une voie commerciale clé. Le président américain Dwight D. Eisenhower cherchait à préserver l’influence américaine dans les pays arabes, les empêchant de se rapprocher de l’Union soviétique.

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Le gouvernement américain promouvait la décolonisation, et permettre une aventure franco-britannique aurait sapé la crédibilité de l’Amérique. Eisenhower menaça de couper le soutien financier à la Grande-Bretagne, entraînant un retrait humiliant qui exposa les limites de tout pouvoir européen sans l’approbation des États-Unis. Les nations européennes furent soumises à discipline, apprenant que toute action indépendante pouvait entraîner des représailles américaines, renforçant ainsi leur dépendance vis-à-vis de Washington.

L’après-guerre froide : répression de la volonté européenne

À la fin de la guerre froide en 1990, alors que débutaient les discussions sur la réunification allemande, le secrétaire d’État américain James Baker et le chancelier allemand Helmut Kohl donnèrent à Mikhaïl Gorbatchev l’assurance que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est ». Or, ces promesses furent rapidement abandonnées. Dès 1999, l’OTAN avait intégré la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie, rapprochant ses frontières de la Russie, malgré les nombreux débats internes qui se déroulaient en Europe pour imaginer et prévoir d’autres cadres pour assurer la sécurité européenne.

9782802711100-475x500-1-2788139993.jpgCette expansion a étouffé toutes les propositions naissantes d’une architecture de sécurité paneuropéenne plus inclusive, qui aurait pu favoriser l’indépendance vis-à-vis de la domination américaine. La France et l’Allemagne discutaient de la revitalisation d’organisations comme l’Union de l’Europe occidentale pour créer un système de sécurité européen plus large. Les décideurs américains considéraient ces alternatives comme une menace à leur influence. Les États-Unis ont activement promu l’élargissement de l’OTAN pour maintenir l’Europe arrimée aux structures transatlantiques. Cela a non seulement aliéné la Russie, mais aussi permis que l’Europe demeure entièrement dépendante du leadership militaire et des décisions américaines.

Le mythe du « passager clandestin »

Le président américain Donald Trump a maintes fois affirmé que les membres européens de l’OTAN ne payaient pas leur « dû », suggérant que les États-Unis supportaient un fardeau financier démesuré. En réalité, l’OTAN n’impose ni « cotisation » ni « facture » — les contributions sont volontaires, basées sur la règle des 2% du PIB adoptée en 2014. Les pays européens consacrent environ 2,27% de leur PIB collectif, mais leur PIB est inférieur à celui des États-Unis, ce qui fait que leurs contributions financières sont moins élevées. Les États-Unis offrent 3,2% de leur PIB à l’OTAN, un chiffre marginalement supérieur. Les nouveaux objectifs de dépenses, fixés à 5% par État membre, exerceront une pression considérable sur des économies européennes déjà fragilisées, prouvant que l’OTAN est surtout un bâton pour contraindre les nations européennes.

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Même en payant davantage, l’Amérique bénéficie du protocole de normalisation de l’OTAN, qui garantit l’interopérabilité. Cela oblige de fait les pays européens à acheter du matériel militaire auprès de sociétés américaines. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les importations d’armes des États européens ont augmenté de 155% entre 2015-19 et 2020-24, les États-Unis fournissant 64% des importations des membres européens de l’OTAN sur cette période. Cela représente des milliards en transferts. Les ventes d’armes américaines totalisent 318,7 milliards de dollars, l’Europe en représentant 35%.

En 2024, l’Europe a dépensé environ 111,5 milliards de dollars pour des armes américaines (hors Ukraine), tandis que la contribution américaine au budget de l’OTAN s’élève à 15,9% des 4,6 milliards d’euros, soit 731 millions d’euros — ou une infime fraction (environ 0,0026%) du PIB américain.

Les affirmations de Trump selon lesquelles l’Europe abrite des « profiteurs » ne prennent en compte qu’une partie de l’équation, car les États-Unis engrangent plus de cent milliards de dollars grâce au mandat de l’OTAN.

Alors que les États-Unis tirent d’énormes profits des achats d’armes européens, les industries de défense locales stagnent à cause de cette dépendance forcée. Les pays européens de l’OTAN achètent deux tiers de leurs importations aux États-Unis, au détriment de fabricants locaux comme l’Allemand Rheinmetall ou le Français Thales. Le coût de cette réalité nuit à l’innovation européenne et à la croissance de l’emploi.

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Les prévisions de printemps 2025 de la Commission européenne avertissent qu’une augmentation des dépenses de défense pour répondre aux objectifs de l’OTAN pourrait aggraver la situation, car les industries nationales fragmentées peinent à rivaliser, entraînant des coûts plus élevés et moins d’innovation. L’Amérique vide l’Europe de sa substance tout en se plaignant de ses propres choix politiques de dépenser une part exorbitante de son PIB dans la défense.

Nous sommes entrés dans une réalité géopolitique où l’Europe dépendra davantage des armes américaines pour atteindre l’objectif de 5% du PIB d’ici 2032. L’innovation va fléchir, car les entreprises européennes devront concentrer leurs efforts sur la montée en puissance plutôt que sur la R&D. L’Europe risque de perdre encore plus d’autonomie à travers ces nouveaux objectifs de dépenses.

L’arme énergétique : empêcher les liens euro-russes

Les impératifs stratégiques de l’OTAN sont allés au-delà des alliances militaires pour perturber activement le potentiel d’intégration économique plus profonde entre l’Europe et la Russie, particulièrement dans le secteur énergétique. Les liens énergétiques euro-russes étaient perçus comme une menace pour l’hégémonie américaine, ce qui explique l’opposition farouche des États-Unis à des projets comme Nord Stream 2, contribuant à forcer l’Europe à se tourner vers des alternatives plus coûteuses. Cette ingérence a privé l’Europe du gaz russe abordable tout en enrichissant les exportateurs américains, aggravant la crise économique sur un continent déjà confronté à la hausse des prix de l’énergie.

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Les gazoducs Nord Stream, destinés à acheminer directement le gaz russe vers l’Allemagne sous la mer Baltique, représentaient une voie vers la sécurité énergétique et des coûts réduits pour l’Europe, avec la possibilité de diminuer les prix de 30 à 40% grâce à la diversification de l’offre. Les États-Unis se sont opposés avec véhémence à Nord Stream 2 dès le départ, le présentant comme un instrument d’influence russe qui contournerait l’Ukraine et saperait l’unité européenne.

En 2019, l’administration Trump a imposé des sanctions via la loi Protecting Europe’s Energy Security Act, visant les entreprises impliquées dans la construction du gazoduc. Des efforts bipartisans (Républicains + Démocrates) au Congrès ont été entrepris pour stopper le projet, invoquant le risque que la Russie « militarise » l’énergie.

Le point culminant fut le sabotage des gazoducs en septembre 2022, qui provoqua d’énormes émissions de méthane. Des allégations d’implication américaine (et ukrainienne) sont régulièrement apparues, y compris des rapports évoquant la pose d’explosifs par des plongeurs de la Navy lors de l’exercice BALTOPS 22 de l’OTAN, avec l’aide norvégienne pour obtenir la détonation. L’incident a effectivement coupé un lien clé entre l’Europe et la Russie, forçant l’Europe à une diversification hâtive qui a bénéficié aux fournisseurs américains. Les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) américain vers l’Europe ont atteint un record de 8,5 millions de tonnes en décembre 2024. En mai 2025, l’UE importait 4,6 milliards de mètres cubes de GNL américain par mois, les États-Unis représentant 50,7% du total des importations de GNL de l’UE au premier trimestre 2025 — contre des niveaux négligeables avant 2022.

La multipolarité comme solution

Le passé est ce qu’il est, et aujourd’hui l’Europe se retrouve dans une situation où les actions de l’OTAN ont empêché des liens économiques fructueux avec la Russie — liens qui auraient pu éviter la guerre en Ukraine tout en assurant la sécurité énergétique. Ces relations pourront se rétablir à terme, mais l’Europe ne doit pas attendre indéfiniment. Elle doit se réveiller à la réalité que son potentiel est entravé par Washington et ses bases militaires qui colonisent le continent.

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Si l’Europe ne parvient pas à regarder au-delà de l’albatros étoilé accroché à son cou, elle risque de devenir un vassal permanent des États-Unis. Rétablir les relations avec la Russie n’est peut-être pas à l’ordre du jour, mais l’Europe peut regarder au-delà de l’Occident vers l’Est et l’Afrique. Le Nigeria et le Mozambique sont prêts à fournir du GNL à l’Europe, ce qui pourrait être accéléré par des investissements européens. L’Europe a la capacité d’assurer son approvisionnement énergétique et de renforcer son économie si elle a le courage de cesser d’être le chien de garde d’une puissance qui la parasite.

Les dirigeants européens prétendent rechercher une « autonomie stratégique », mais tant qu’ils ne reconnaîtront pas les dégâts causés par l’OTAN, ils ne seront jamais souverains. Le monde évolue vers la multipolarité, les droits de douane de Trump ayant bouleversé le système économique mondial comme jamais auparavant. De nouvelles alliances se forment, et d’anciens ennemis comme l’Inde et la Chine entretiennent désormais des relations chaleureuses. Des blocs commerciaux se créent, excluant les États-Unis à cause de leur imprévisibilité. Le message est écrit sur le mur; reste à savoir si les dirigeants européens sauront lire ce qui est déjà gravé dans l’avenir.

 

dimanche, 21 septembre 2025

La France de Macron: image de l’échec de l’Europe

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La France de Macron: image de l’échec de l’Europe

Antonio Terrenzio

Source: https://www.centromachiavelli.com/2025/09/12/la-francia-d...

Sébastien Lecornu est le nouveau Premier ministre français, le sixième en huit ans de gouvernements Macron. La France se réveille dans une crise qui a des racines profondes et qui vit aujourd’hui sa phase la plus aiguë, avec une dette publique à 114% et des problèmes socio-économiques qui risquent d’entraîner le pays dans un désordre irrémédiable. Après la chute du Premier ministre Bayrou, Emmanuel Macron se retrouve entouré de ses rares fidèles pour une saison politique qui annonce d'ores et déjà des coupes sombres dans les dépenses publiques, avec la suspension de la hausse des retraites, des coupes de près de 50 milliards pour une réforme financière exigée par la BCE, et qui ne sera pas acceptée par les Français qui menacent de bloquer le pays par des grèves et par la suspension des services publics.

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Mais la crise politique française est le reflet de l’état comateux et d’impuissance dans lequel se trouve toute l’Europe. La France a été le laboratoire où l'on a tenté de roder des leaders créés de toutes pièces, hologrammes des oligarchies globalistes, pour concentrer le pouvoir dans les forces centristes et isoler les souverainistes comme Le Pen, et la gauche populiste de Mélenchon. Ceci grâce à un système électoral à deux tours qui rend impossible pour le Rassemblement National de gagner les élections, même s’il est le premier parti de France. Les partis modérés se sont regroupés autour du protégé des Rothschild avec un exécutif minoritaire, mais cela n’a pas permis à la France d’éviter la crise économique avec l’urgence de réformes douloureuses, qui provoquent déjà des protestations violentes, au risque de faire voler en éclats la cohésion sociale du pays. Des affrontements avec 675 arrestations ont eu lieu dans les principales villes et dans la capitale, où les manifestants liés à des groupes d’extrême gauche réclament la tête d’Emmanuel Macron.

Mais l’état de paralysie de la France est le miroir de celui de Bruxelles, des Merz et des Starmer. Des non-élites discréditées qui gouvernent avec des exécutifs fragiles et peu de soutien populaire, sont sous pression à cause du coût de la vie devenu insoutenable, et des politiques de désindustrialisation dictées par l’idéologie écologiste, qui ont plongé des nations habituées au bien-être dans une pauvreté et des difficultés croissantes. Les politiques migratoires indiscriminées et l’échec du modèle multiculturel ont généré un sentiment d’insécurité désormais ressenti comme insupportable, accompagné d’une croissance constante des droites souverainistes.

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En France, le désastre du modèle multiethnique a atteint son apogée et Macron tente maintenant la carte de l’énième Premier ministre qui devra consulter socialistes, républicains et ce qui reste des petits partis modérés, pour former un gouvernement aussi inconsistant que ceux qui l'ont précédé, mais avec la tâche ingrate d’effectuer des coupes dans les dépenses publiques, que les citoyens français ne semblent pas prêts à accepter, même de loin. Si même le gouvernement dirigé par l’ancien ministre de la Défense devait échouer, alors ce serait un gouvernement technique, à la Monti, qui ferait office de Troïka, expérimentant quelque chose de similaire à ce que nous avons connu en Italie.

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Quoi qu’il arrive, ce sera une saignée dont on ne sait pas si Macron sortira indemne. Tant le mouvement de rue « Bloquons tout » que le Rassemblement National parlent d’une situation inacceptable et réclament à cor et à cri de nouvelles élections et le retrait définitif de Macron. Les affrontements dans la rue ont été systématiquement condamnés ainsi que la présence des «black blocs»: il n’est pas à exclure que le nouvel exécutif puisse prendre prétexte des désordres et violences pour promulguer des lois spéciales et suspendre les garanties constitutionnelles comme le fit De Gaulle en 1961.

Les « a-démocraties illibérales » ont déjà démontré à plusieurs reprises leur capacité à contourner leurs propres principes, utilisant souvent le couperet judiciaire pour éliminer des adversaires politiques gênants, comme cela s’est produit avec Le Pen, condamnée en première instance sur la base d’accusations qui ne sont que des prétextes.

Pour les révoltes de rue, on pourra toujours recourir à des lois répressives invoquant l’état d’urgence pour consolider le pouvoir macronien. Si la situation devait dégénérer et la cohésion sociale céder, si les banlieues s’enflammaient comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises, on peut s’attendre à une répression des révoltes avec suspension des droits fondamentaux et de tout espace pour la dissidence.

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Comme je viens de le dire, la crise française est le reflet de la paralysie des institutions démocratiques qui n’exercent plus qu’une fonction nominale. Le système de gouvernement macronien est le plus emblématique pour montrer la sclérose des classes politiques européennes, réduites à des oligarchies auto-proclamées sans aucune légitimité populaire. L’exemple français est actuellement le plus éclatant parce que c’est le pays où la société occidentale affiche tous ses échecs, de la crise de représentation des régimes « libéraux », aux délires idéologiques de la société fluide, au manque de sécurité et à l’attaque contre l’identité européenne, des sociétés laïques et déchristianisées menacées par l’invasion et l’intégrisme des sociétés islamiques. Le cas français reflète l’état de santé du continent et de ses groupes de pouvoir qui ne représentent qu’eux-mêmes, les lobbies bancaires et ceux de l’armement dont ils sont les fiduciaires.

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Dans ce contexte s’inscrit également la rhétorique belliqueuse qui cherche l’affrontement direct avec la Russie. Les autocraties sont le spectre vers lequel diriger les tensions qui montent à l’intérieur de l’Europe, tandis qu’en interne, le danger serait représenté par les droites qui seraient au dispason des objectifs expansionnistes du "dictateur du Kremlin". Bien entendu, ces contradictions sont destinées à exploser comme une bombe à retardement et les Macron et von der Leyen prolongent la période avant d’être renversés par l’irruption d’une nouvelle phase historico-politique qui exigera des acteurs politiques plus compétents. Tout pouvoir, même celui revêtu de l’image démocratique, n’est pas intouchable, et un changement de paradigme sera déterminé par les nécessités de l’histoire.

Tous les sondages montrent un désamour, voire un véritable mépris, pour l’UE et pour les dirigeants des pays membres. Ursula von der Leyen incarne de manière frappante et emblématique l’incapacité et la corruption morale des représentants de ce projet raté appelé Union européenne. L’appel rhétorique au sens de l’unité et à « l’épreuve difficile » que l’UE doit affronter face à l’ennemi russe, qui est aux portes et qui menace de nous envahir, ne suscite plus le moindre enthousiasme, au point que même les journaux et médias de connivence sont obligés de le reconnaître. Au moment de sa plus grande faiblesse, l’UE se dirige vers une remilitarisation anti-russe pour compenser son inconsistance politique.

Des années d’indécision, de politiques post-idéologiques, de politiques d’austérité économique désastreuses et d’immigration incontrôlée, nous ont livré une Union qui est bel et bien un échec historique. Le chaos français est l’image nationale de ce qui se passe à l’échelle continentale. La France n’est pas le seul malade de l’Europe, tout au plus celui dont les métastases sont les plus avancées: la Grande-Bretagne, l’Allemagne, mais aussi l’Espagne et l’Italie souffrent des mêmes problèmes. Avec un indicateur parmi tous, celui démographique, qui sonne le glas, l’alarme principale pour l’avenir vital du continent.

Le gouvernement Macron pourra rester en place quelques mois encore, peut-être jusqu’en 2027, année des élections présidentielles, espérant s’imposer à nouveau avec une Mme Le Pen mise hors-jeu, mais les facteurs critiques subsisteront même après lui. Ce gouvernement sera la dernière carte que Macron pourra jouer et cette fois-ci, il n’est pas certain qu’il restera accroché au pouvoir. L’aspect positif sur lequel on peut espérer, c’est que la pression sur son énième gouvernement remanié augmentera jusqu’à devenir insoutenable et qu’à sa chute pourrait s’enclencher cet effet domino qui libérera l’Europe des pires élites dirigeantes de son histoire. Ce n’est qu’ensuite qu’il sera possible de reconstruire une Europe véritable, souveraine et consciente de son rôle historique et géopolitique.

antonio-terrenzio.jpegQui est Antonio Terrenzio?

Entrepreneur, diplômé en sciences politiques (UNINT) avec un Master de 1er niveau en Relations internationales avec les pays de l’Est (Université de Macerata) ; actuellement en master de Relations internationales (Université Cusano)

Ibrahim Traoré – Révolutionnaire ou nouveau vassal ?

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Ibrahim Traoré – Révolutionnaire ou nouveau vassal ?

Le Burkina Faso entre décolonisation et redéfinition géopolitique

Hanno Borchert

Source: https://wir-selbst.com/2025/09/20/ibrahim-traore-revoluti...

"Sans dignité, il n’y a pas de liberté, sans justice, il n’y a pas de paix."

Patrice Lumumba, premier Premier ministre du Congo indépendant (1925-1961, assassiné)

"Nous ne nous battons pas seulement pour le Burkina Faso, mais pour toute l’Afrique. Notre liberté commence là où nous brisons les chaînes de la dépendance."

Ibrahim Traoré

Lorsqu’en septembre 2022, un jeune officier encore largement inconnu prit le pouvoir au Burkina Faso à la faveur d’un coup d’État militaire, peu imaginaient qu’une telle prise de pouvoir allait initier une réorientation politique pour toute l’Afrique de l’Ouest. Son nom: Ibrahim Traoré. Aujourd’hui, à peine quelques années plus tard, il est devenu la figure emblématique d’une Afrique nouvelle, radicalement anti-occidentale. Du haut de ses 37 ans, il n’est pas seulement le plus jeune chef d’État du monde, mais aussi l’un des plus controversés. Déterminé dans le ton de ses paroles, idéologiquement bien affûté dans ses discours, Traoré prend des risques dans le déploiement de sa politique car il incarne une rupture historique avec le passé colonial de son pays.

Alors que l’influence française décline visiblement au Sahel, Traoré se présente comme l’architecte d’une nouvelle Afrique – indépendante, souveraine, fière. Mais tandis que beaucoup voient dans cette évolution une libération révolutionnaire, une question demeure: le Burkina Faso est-il réellement à l’aube d’un avenir autodéterminé? Ou bien n’assiste-t-on qu’à un nouveau jeu de rôles géopolitiques – avec d’anciennes dépendances sous un nouveau visage?

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L’histoire d’Ibrahim Traoré commence dans la région des Hauts-Bassins – ou Kundumye, comme on l’appelle en mòoré, l’une des principales langues du Burkina Faso. Il a d’abord étudié la géologie, mais choisit rapidement la carrière militaire. Ses missions à l’étranger, au Mali dans le cadre de la MINUSMA, l’ont confronté à l’architecture sécuritaire internationale – et ont manifestement éveillé son ambition politique.

En 2022, après une ascension fulgurante dans l’armée, il prend la tête du deuxième coup d’État en un an. Les raisons: une situation sécuritaire catastrophique, la corruption et le sentiment largement partagé que le Burkina Faso avait perdu sa propre destinée sous l'influence occidentale. Dès le début, Traoré s’est mis en scène comme le « soldat du peuple », prêt à se battre pour la justice et l’indépendance. Sa rhétorique politique et sa symbolique rappellent sans ambiguïté un ancien héros: Thomas Sankara.

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Thomas Sankara – le « Che Guevara africain » – a dirigé l’ancienne Haute-Volta de 1983 à 1987. À 37 ans seulement, il fut victime d’un coup d’État, où des intérêts français auraient joué un rôle prépondérant. Sankara était un visionnaire, opposé au luxe importé, partisan de l’autarcie et de l’annulation de la dette africaine. Ses idéaux résonnent encore aujourd’hui – et Traoré les revendique sciemment: le béret rouge, la rhétorique nationaliste, les accusations contre les puissances impérialistes, le panafricanisme – tout fait partie d’un héritage symbolique.

Mais la politique de Traoré va au-delà du pathos symbolique. Elle est aussi une réaction à une histoire marquée par la violence coloniale, l’exploitation et le contrôle. Les troupes françaises ont conquis le pays à la fin du 19ème siècle, l’ont contraint à travailler pour elles durant les deux guerres mondiales, ont dissous arbitrairement la colonie en 1932 et réparti son territoire entre les voisins. Même après l’indépendance en 1960, l’influence française est restée profondément ancrée – dans l’administration, la langue, l’éducation. Aujourd’hui, Traoré tente de briser systématiquement cette dépendance historique.

Dans un discours, il a résumé la situation ainsi: « Dans leur tête, l’Afrique leur appartient – notre terre, notre richesse sont leur propriété. » Cette accusation traverse tout son récit – et trouve un écho profond chez nombre de ses compatriotes.

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Un des signes les plus manifestes de cette rupture est l’abolition du français comme langue officielle. À la place, des langues locales telles que le mòoré, le dioula, le fulfulde et le bissa prennent le devant de la scène dans la communication et l’éducation d’État. Même la justice change de visage: là où autrefois on portait la toge à la française, les juges apparaissent désormais en vêtements traditionnels de coton – signes visibles d’une réaffirmation culturelle.

Traoré parle ouvertement du colonialisme mental: «Par leur communication, ils ont fait en sorte que tu détestes ta propre couleur de peau». Même dans la culture du deuil, dit-il, cela se fait sentir: autrefois, le bleu était la couleur des adieux, mais « elles » – sous-entendu les influences occidentales – ont imposé le noir comme symbole de la mort, de la médiocrité et du mal. « Et nous l’avons adopté. »

Cependant, malgré toute la force des symboles, la réalité reste difficile: plus de deux millions de déplacés internes, des attaques quotidiennes de groupes islamistes, des infrastructures fragiles et une pauvreté généralisée continuent de marquer la vie quotidienne.

Alors que la France et les États-Unis se retirent progressivement, le Burkina Faso cherche de nouveaux partenaires – et les trouve en Russie et en Chine.

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La Russie soutient la sécurité: formateurs, experts militaires et même des groupes paramilitaires, issus probablement de l’ex-groupe Wagner, sont présents. Lors d’une visite à Moscou, Traoré s’est affiché ostensiblement aux côtés de Poutine et a évoqué des coopérations dans le nucléaire et l’aérospatial – des projets dont la concrétisation reste floue à ce jour, mais qui illustrent la nouvelle orientation stratégique.

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La Chine, elle, mise sur une présence économique. Les investissements dans l’énergie solaire, l’infrastructure, l’éducation et la santé augmentent. Un Institut Confucius à Ouagadougou symbolise l’influence culturelle croissante. Traoré lui-même nuance : « Nous pensions que les produits chinois étaient bon marché et de mauvaise qualité. Mais aujourd’hui nous voyons : leur technologie est avancée. Et elle nous est revendue sous des marques occidentales. »

Ainsi, la Chine et la Russie reprennent les rôles jadis dévolus à l’Occident – avec de nouvelles promesses, mais aussi de nouvelles dépendances.

Malgré une isolation internationale croissante, Traoré poursuit une ligne remarquablement autonome. Son gouvernement mise sur l’autosuffisance économique, refuse les crédits du FMI et de la Banque mondiale, nationalise les mines d’or, crée une raffinerie nationale d’or, encourage les activités qui procèdent à la transformation de la tomate et du coton. Sous sa direction, le PIB est passé d’environ 18,8 à 22,1 milliards de dollars américains – une hausse significative, même si la pauvreté persiste: plus de 6 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire selon l’ONU.

"L’Afrique n’a pas besoin de la Banque mondiale, ni du FMI, ni de l’Europe, ni de l’Amérique," déclare Traoré. Il voit le monde comme un « triangle » dont le sommet est l’« empire du Bien » – ces États occidentaux qui croient avoir le droit de façonner le monde à leur image.

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Une nouvelle étape vers l’indépendance: en août 2023, Traoré fonde, avec le Mali et le Niger, l’Alliance des États du Sahel – une alliance conçue comme un contrepoids à la CEDEAO orientée vers l’Occident. Outre la coopération militaire, une monnaie commune est même envisagée. Objectif: davantage de sécurité régionale – et un signal fort d’autonomie africaine, soutenu par des partenaires non occidentaux.

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Et l’Allemagne ? Elle reste pour l’instant en retrait. Il existe des relations diplomatiques depuis les années 1960, et des organisations telles que la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit) sont actives dans l’éducation et l’alimentation. Mais la coopération sécuritaire est suspendue, et économiquement, le Burkina Faso joue un rôle mineur dans ce contexte. Pourtant, le potentiel existe: le Burkina Faso possède des ressources telles que l’or, le manganèse et le coton – l’Allemagne, pour sa part, dispose du savoir-faire en matière de transformation, de technologie et d’agriculture durable.

Un échange d’égal à égal serait envisageable et pourrait être développé: investissements allemands durables dans l’extraction d’or, dans les terres rares et l’hydrogène vert, accès équitable au marché pour le coton burkinabé, coopérations éducatives, dialogue scientifique et culturel. À condition d’un partenariat respectueux, loin des schémas paternalistes.

Traoré lui-même reste une figure parfois énigmatique. Ascétique, idéologue, soucieux du contrôle – mais parfois accessible, charismatique, presque chaleureux. La comparaison avec Mouammar Kadhafi n’est pas infondée: révolutionnaire, anticolonial, visionnaire – mais aussi avec un côté autoritaire.

Selon les médias – tels qu’Africanews, The Africa Report et la chaîne publique RTB – son gouvernement a reporté les élections prévues pour juillet 2025. La liberté de la presse a été restreinte, les voix critiques de plus en plus réprimées. Motif invoqué: la menace persistante des groupes djihadistes qui contrôlent de vastes parties du pays.

Ainsi, France 24 a été suspendue, les journalistes locaux sont soumis à de nouvelles règles. Du point de vue occidental – par exemple celui de Reporters sans frontières – il s’agit d’une rupture flagrante avec la liberté de la presse, considérée comme un bien universel. Mais dans le contexte burkinabè, marqué par l’insécurité et un fort discours anticolonial, beaucoup considèrent ces mesures comme une protection légitime contre la déstabilisation.

On retrouve ici un dilemme bien connu des mouvements postcoloniaux: le désir d’unité et de sécurité se heurte souvent aux libertés individuelles.

Ibrahim Traoré est sans conteste une figure historique. Qu’il soit porteur d’espoir ou annonciateur de nouvelles dépendances reste à voir. Son ascension marque un tournant dans un pays qui a subi des décennies de domination coloniale et cherche désormais sa propre voie.

Sa popularité ne repose pas seulement sur des paroles fortes, mais aussi sur des choix politiques concrets: autonomie économique, ré-africanisation culturelle, réorientation sécuritaire. Mais dans un État qui ne contrôle qu’une partie de son territoire, toute vision comporte aussi un risque.

La capacité de Traoré à trouver l’équilibre entre véritable souveraineté et nouvelles dépendances géopolitiques ne se mesurera pas seulement à sa constance idéologique – mais aussi à sa capacité à améliorer réellement la vie de ses concitoyens et à conquérir durablement leurs cœurs.

Personnellement, je souhaite beaucoup de succès au Président dans sa lourde tâche et, au pays, un avenir prospère.

Lectures complémentaires :

– Burkina Faso : A History of Power, Protest and Revolution – Ernest Harsch (2017)

Burkina Faso – Pierre Englebert (2018)

Captain Ibrahim Traoré: Hope Restored or the Rebirth of a Lost Nation – Abdoul Moumouni Ouédraogo

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Qui est Hanno Borchert?

Hanno Borchert, né en 1959, enfant de Cuxhaven à l’embouchure de l’Elbe. Dès son plus jeune âge, ses voyages (Tyrol du Sud, Balkans, Scandinavie, Inde, Iran, Indonésie, etc.) ont éveillé en lui la passion pour la cause des peuples.

Artisan qualifié avec des études en sciences économiques. Lecteur assidu depuis l’enfance, il aime aussi la musique, la peinture et s’intéresse à l’art du graphisme.

« Alter Herr » de l’association étudiante « Landsmannschaft Mecklenburgia-Rostock im CC zu Hamburg ». Sans affiliation politique. Fréquente souvent des concerts de presque tous les genres. Apprécie particulièrement le bluegrass, la country, le blues et la folk irlandaise. Grand admirateur du regretté auteur-compositeur Gerhard Gundermann, trop tôt disparu.

Rédacteur de la revue « wir selbst », ancienne et nouvelle mouture, puis rédacteur de « Volkslust ».

Pour commander des numéros récents de "wir selbst": 

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Trump et Xi: Rapprochement par la diplomatie pragmatique

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Trump et Xi: Rapprochement par la diplomatie pragmatique

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/09/trump-und-xi-annaeherung-durc...

L’entretien téléphonique entre Trump et Xi vendredi est plus qu’un simple contact épisodique; il signale un retour à la realpolitik dans un monde multipolaire.

L’entretien téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping vendredi constitue un moment marquant dans l’histoire récente des relations sino-américaines. Alors que de nombreux médias occidentaux ne l’évoquent qu’en passant, l’analyse approfondie des sujets abordés – le commerce, le fentanyl, le conflit en Ukraine et TikTok – révèle la logique sous-jacente d’une politique basée sur les intérêts concrets. Ici, il ne s’agit pas d’appels à la morale, mais d’une évaluation sobre des rapports de force et des interdépendances.

Sous les administrations démocrates, la confrontation avec la Chine était au centre des préoccupations, souvent justifiée par la référence à un "ordre international fondé sur des règles". Trump adopte une approche différente: il recherche le dialogue direct avec Pékin, sans s’enliser dans des débats idéologiques. La conversation a été qualifiée par les deux parties de "pragmatique, positive et constructive", ce qui indique une volonté délibérée de désescalade. Au fond, il s’agit de reconnaître les réalités économiques. Les États-Unis dépendent fortement des chaînes d’approvisionnement chinoises, comme l’ont montré les perturbations à propos des terres rares au printemps 2025, qui ont paralysé une partie de l’industrie automobile américaine. Trump reconnaît ces vulnérabilités et mise sur la négociation pour les gérer, plutôt que de les ignorer ou de les aggraver.

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TikTok comme élément de stratégie médiatique et politique

La discussion autour de la problématique TikTok est particulièrement révélatrice. La plateforme compte environ 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, principalement parmi les jeunes générations. Une éventuelle vente à des investisseurs proches de Trump pourrait changer la dynamique du paysage médiatique. Alors que X, dirigé par Elon Musk, est déjà une arène ouverte et que Facebook perd de l’influence, TikTok permettrait à Trump d’atteindre un électorat jusque-là fortement imprégné par les récits démocrates. Ce n’est pas un simple détail, mais un levier stratégique qui pourrait influencer l’équilibre politique interne et, dès lors, qui inquiète légitimement Washington.

Xi Jinping agit depuis une position de souveraineté et de supériorité économique. La Chine contrôle des secteurs clés des chaînes d’approvisionnement mondiales, investit massivement dans la technologie et les infrastructures, tandis que les États-Unis engagent leurs ressources dans le conflit ukrainien. Xi n’agit pas par complaisance, mais parce que la Chine détient les meilleures cartes. L’annonce de futures rencontres – la visite de Trump en Chine, la visite de Xi aux États-Unis, ainsi qu’une rencontre lors du sommet de l’APEC en Corée du Sud fin octobre – souligne le sérieux de ce rapprochement. Dans le même temps, Xi précise sans ambiguïté que Taïwan constitue une ligne rouge non négociable, ce qui montre les limites de ce pragmatisme.

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Message pour l’Europe

L’entretien téléphonique entre Trump et Xi vendredi est plus qu’un simple contact épisodique; il signale un retour à la realpolitik dans un monde multipolaire. Trump démontre ainsi sa capacité à relever les défis de la politique étrangère par des négociations directes tout en consolidant ses avantages internes. Xi souligne l’indispensabilité de la Chine et sa résilience face à l’isolement. Au final, il s’agit d’une réorientation des relations entre les deux principales puissances économiques mondiales – une évolution guidée par des intérêts pragmatiques, qui évite les superstructures idéologiques. En cette période d’incertitude mondiale, cela pourrait être le début d’une coexistence plus stable, quoique marquée de tensions.

Le véritable message de cet appel pour nous, Européens, est le suivant : qui ne formule pas sa propre stratégie devient l’objet de la realpolitik des autres.

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samedi, 20 septembre 2025

Les fédérations AfD d’Allemagne centrale précisent: Pas de service militaire obligatoire dans de telles conditions!

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Les fédérations AfD d’Allemagne centrale précisent: Pas de service militaire obligatoire dans de telles conditions!

Magdebourg. Contrairement aux récents rapports établis par les médias, les fédérations régionales de l’AfD d’Allemagne centrale rejettent fermement le rétablissement du service militaire obligatoire – du moins dans les conditions politiques actuelles. La conférence des présidents de groupe parlementaire des fédérations régionales d’Allemagne centrale, qui s’est récemment tenue au Landtag de Magdebourg, justifie cette position par des objections fondamentales à l’égard de la politique actuelle.

Selon eux, l’Allemagne n’agit pas de manière souveraine en politique étrangère, mais prend ses décisions dans le cadre d’alliances transatlantiques et au sein de l’UE – toutefois « contre l’intérêt de sa propre nation ». La poursuite de la guerre en Ukraine est également une raison du refus: « Après le gouvernement Scholz, le gouvernement Merz soutient aussi pleinement l’Ukraine et ne fait aucun effort pour une désescalade dans le conflit qui oppose l'OTAN à la Russie. » La CDU envisagerait « même d’envoyer des soldats allemands dans une guerre qui n’est pas la nôtre ».

L’AfD de l’Est critique sévèrement la façon dont l’État traite ses propres citoyens : « L’État fait preuve de scepticisme et de répression à l’encontre des chasseurs, des tireurs sportifs, des policiers et des soldats dès lors qu’ils manifestent de la sympathie pour l’AfD. » Parallèlement, « des millions de migrants culturellement étrangers à nos modes de vie sont autorisés à entrer dans le pays en violation du droit et de la loi, ce qui accélère la désintégration de la sécurité intérieure ».

Dans ce contexte, les fédérations régionales d’Allemagne centrale réclament d’abord des changements politiques internes: « Tant que les citoyens patriotes sont placés sous suspicion générale, que l’État n’est pas disposé à protéger ses citoyens et ne remplit pas sa mission de préserver la paix, un service militaire obligatoire est exclu pour nous. » Déjà lors de la dernière législature, le groupe AfD au Bundestag avait décidé de reporter la revendication du service militaire obligatoire – une position qui vient d’être réaffirmée (st).

Source: Zu erst, Sept. 2025. 

La place de l’Indonésie et du Kazakhstan à la porte de Tian’anmen montre l’ouverture de la Chine sur mer et sur terre

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La place de l’Indonésie et du Kazakhstan à la porte de Tian’anmen montre l’ouverture de la Chine sur mer et sur terre

L’Indonésie et le Kazakhstan symbolisent la connexion maritime et terrestre de l’Initiative "Ceinture et Route"

Brecht Jonkers

Source: https://brechtjonkers.substack.com/p/indonesia-and-kazakh...

La disposition des sièges à la porte de Tian’anmen lors du défilé de la Victoire de la Guerre populaire de résistance est quelque chose d’assez intéressant. Après tout, ce genre de symbolisme a son importance en politique ; et vous pouvez être sûr que la Chine n’a pas attribué les places au hasard dans ce sanctuaire de l’histoire chinoise, lors de l’un des événements les plus importants de ces dernières années.

Nous avons donc, à la droite et à la gauche du président Xi Jinping, le président Vladimir Poutine et le secrétaire général Kim Jong-Un, respectivement. Rien de surprenant (même si certains analystes euro-centriques ont malgré tout réussi à être surpris pour une raison ou une autre) : ce sont le principal partenaire géopolitique de la Chine à droite, et l’allié le plus ancien et le plus fidèle de la République populaire, respectivement.

Mais viennent ensuite les places d’honneur secondaires, et c’est là que cela devient intéressant. Le président Prabowo Subianto d’Indonésie d’un côté, le président Kassym-Jomart Tokaïev de l’autre. Ce sont des choix révélateurs, qui montrent sans aucun doute l’accent géopolitique de la Chine dans les années à venir.

Le Kazakhstan est un membre clé de l’Union économique eurasiatique et de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), ainsi que de l’OCS, et constitue un centre névralgique de l’Initiative "Ceinture et Route" reliant l’Est et l’Ouest de l’Eurasie. Il est également un important producteur de pétrole, de gaz, d’uranium et de terres rares.

L’Indonésie est un géant asiatique émergent, le poids lourd de l’ASEAN en Asie du Sud-Est, et elle est intrinsèquement liée aux routes commerciales maritimes dans l’important corridor stratégique entre l’océan Indien et le Pacifique en tant que « Pivot maritime mondial » – un concept avancé pour la première fois par le président Joko Widodo. L’Indonésie est aussi le plus grand producteur mondial de nickel. Et, ce qui n’est pas négligeable sur le plan du soft power, elle demeure le pays le plus peuplé du monde islamique.

En d’autres termes : un partenaire terrestre crucial et un partenaire maritime crucial, stratégiquement invités à la porte de la Paix céleste. Une représentation symbolique de l’Initiative "Ceinture et Route", en effet.

Alexandre Douguine sur l’intégration de l’espace eurasien

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Alexandre Douguine sur l’intégration de l’espace eurasien

Je pense que nous devons restructurer les relations avec les pays de l’espace post-soviétique, c’est-à-dire avec les entités séparatistes qui se sont détachées de notre grande puissance unifiée.

Son noyau est constitué de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine, et même ce noyau est actuellement en pleine tourmente. Les autres pays font également partie de ce même grand espace. Nous n’arrivons toujours pas à trouver le ton juste pour dialoguer avec eux. Peut-être cela n’est-il pas facile après ce que nous avons nous-mêmes fait dans les années 1990. Ce que nous avons fait était terrible.

Il nous faut regarder vers l’avenir et comprendre que nous devons adopter un autre style de relations. Je pense que nous devrions établir un algorithme clair pour chaque pays : comment exactement nous encourageons les gestes amicaux à notre égard, ce que nous considérons comme tels gestes, et comment nous réagissons aux insultes, offenses et attaques. Sans parler de la trahison ouverte.

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Chaque pays nécessite une approche propre, mais il doit y avoir un système. Jusqu’à présent, nous avons agi de manière sporadique. Poutine négocie avec les dirigeants, puis tout est transmis à des parties inconnues et tout s’effondre commodément.

Actuellement, il y a des changements importants dans la partie organisationnelle de l’interaction avec l’étranger proche de notre côté. Je pense que c’est une excellente opportunité de passer du chaos au système.

Nous devons élaborer un plan stratégique d’intégration pour chaque pays. Analyser les fondements, évaluer les ressources, déterminer un calendrier. Nous devons rassembler nos terres. Assez de dispersion et de les regarder s’éloigner toujours davantage de nous, comme des plaques de glace.

Si nous voulons être un pôle dans un monde multipolaire, alors nous avons besoin de tous les pays post-soviétiques. Nous devons les rassembler et les transformer en une zone de prospérité commune.

Nous devons développer des méthodes pour réprimer toute manifestation de russophobie directe en temps réel. Il existe des milliers de façons d’exercer une influence. Nous en utilisons trois ou quatre, à peine. Nous devons établir des mécanismes d’intégration qui soient durables et efficaces.

Pour l’instant, à court terme, on pourrait dire que cela suffit. Mais dès que l’on élargit l’échelle, il devient évident que ce n’est absolument pas suffisant. Tout ce qui se passe avec l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Moldavie, et même le Kazakhstan (Dieu merci la Géorgie n’est pas en première ligne, mais à quel point c’est fiable et durable, encore une fois, il n’y a aucune garantie), est en fait une catastrophe de notre politique eurasienne. Cela ne devrait pas être ainsi. Tout doit être sérieusement changé.

C’est sur cela que les autorités travaillent à présent. Il était tout simplement impossible de retarder davantage.

Espérons que toutes les erreurs de calcul seront comprises, et que nous passerons à un travail systématique pour intégrer l’espace eurasien.

Argentine, le tango triste de Javier Milei

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Argentine, le tango triste de Javier Milei

L’économie ne décolle pas, les scandales le pénalisent et les péronistes relèvent la tête : simple coup d’arrêt ou début du déclin pour le président à la tronçonneuse?

par Giorgio Ballario

Source: https://www.barbadillo.it/124514-argentina-il-tango-trist...

À une semaine de la nouvelle du spectaculaire effondrement du président ultralibéral argentin Javier Milei lors des élections de la province de Buenos Aires, il vaut la peine d'émettre deux réflexions à froid. Malgré les liens étroits et la proximité culturelle entre les deux pays, la presse italienne s’intéresse généralement très peu à l’Argentine et ne s’en préoccupe que lorsque des dépêches internationales annoncent des nouvelles fracassantes, comme la défaite électorale de la semaine dernière. Puis c’est à nouveau le silence. La prochaine échéance sera le 26 octobre, date à laquelle les Argentins reviendront aux urnes pour renouveler la moitié du Parlement, un scrutin qui correspond peu ou prou aux « élections de mi-mandat » américaines.

Il s’agit d’élections très importantes, non seulement parce qu’elles permettent de « prendre le pouls » des électeurs deux ans après la présidentielle de 2023, mais aussi parce que Milei a, jusqu’à présent, gouverné sans majorité au Congrès, devant donc s’appuyer sur les parlementaires de centre-droit du PRO (de l’ex-président Macri), sur ce qui reste des radicaux, ainsi que sur des députés et sénateurs indépendants.

Si, le 26 octobre, son parti, La Libertad Avanza, remporte la mise, alors le président à la tronçonneuse pourra poursuivre les réformes draconiennes promises lors de la campagne électorale (elles avaient été jusqu’ici bloquées par le Parlement). En revanche, si la tendance observée dans la province de Buenos Aires – qui concentre à elle seule 40% de l’électorat argentin – se confirme, l’avenir de Milei s’annonce des plus compliqués.

Dans ce contexte complexe s’inscrit également la résurgence apparente du péronisme, qui, il y a deux ans à peine, avait subi une lourde défaite et qui aujourd’hui – du moins électoralement – semble s’être recomposé grâce à la coalition Fuerza Patria. Celle-ci a recollé les morceaux, masqué la crise d’identité de l’opposition et apaisé les vives rivalités politiques internes de ces dernières années.

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La victoire lors des élections provinciales de Buenos Aires constitue un succès avant tout pour le gouverneur Axel Kiciloff (photo), 44 ans, économiste, à la tête de la province de 15 millions d’habitants depuis deux ans. Ancien dauphin de la double présidente Cristina Fernandez Kirchner, Kiciloff a su se forger un rôle autonome et apparaît désormais comme le candidat péroniste le plus sérieux pour la présidentielle de 2027. D’ailleurs, le gouverneur est aujourd’hui en conflit ouvert avec sa « mère » politique, qui préférerait voir son propre fils biologique, Maximo Kirchner – président du parti justicialiste de la province de Buenos Aires mais détesté par une grande partie des péronistes non progressistes – lui succéder.

Revenant au président Javier Milei, les raisons de la défaite de la semaine dernière sont multiples et font craindre pour le scrutin d’octobre. D’autant plus que les prétendus grands succès économiques accumulés par l’Argentine en deux ans de présidence sont bien plus apparents que réels, même si en Italie ses alliés politiques – de Fratelli d’Italia à Forza Italia – semblent l’ignorer. Certes, grâce à sa recette ultralibérale et à ses coupes dans les dépenses publiques, l’inflation a considérablement baissé (de 140 à 36%) et le déficit budgétaire est redevenu positif, mais une politique économique aussi rigoureuse a déprimé la consommation intérieure, nui à l’industrie nationale, réduit drastiquement les budgets de l’éducation et de la santé, et fait passer le taux de pauvreté de 41 à 53%.

Selon l’économiste Guillermo Oliveto, interrogé par le quotidien pro-gouvernemental Clarín, 70% des Argentins, autour du 20 du mois, n'ont plus d’argent et doivent renoncer à tout achat durant les derniers jours. « Ce sont des pauvres intermittents », observe Oliveto.

Par ailleurs, les coupes dans la dépense publique ont provoqué le licenciement de dizaines de milliers de fonctionnaires, mais la politique économique de Milei a également de lourdes répercussions sur le secteur privé, puisqu’au cours des deux dernières années, même les entreprises privées ont supprimé des emplois, soit 44.000 postes en moins, rien que dans la province de Buenos Aires.

En somme, le chômage commence aussi à augmenter, et ce phénomène, conjugué aux coupes dans les retraites, les allocations et les programmes sociaux, risque de déclencher une dangereuse bombe sociale. Selon une enquête récente, 65% des personnes interrogées déclarent que leur situation économique s’est détériorée au cours des six derniers mois. Parallèlement, Milei a obtenu un nouveau prêt de 20 milliards du Fonds monétaire international et les agences de notation commencent à douter de la stabilité du pays.

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À cette situation économique fragile s’ajoute la chute de la popularité du président, également en raison des scandales qui l’entourent. D’abord, la promotion controversée, sur son profil officiel X, d’une cryptomonnaie qui s’est avérée être une escroquerie, faisant perdre de l’argent à des milliers d’épargnants.

Ensuite, plus récemment, une enquête sur un présumé réseau de pots-de-vin impliquant certains de ses proches et surtout sa sœur Karina, secrétaire générale de la présidence et pour beaucoup la véritable « femme forte » du gouvernement. Des enregistrements audio ont révélé que Diego Spagnuolo, ancien directeur de l’Agence des programmes sociaux pour personnes handicapées (Andis), a touché d’importants dessous-de-table sur des marchés publics, et que 3% étaient destinés à Karina Milei. L’indignation face à une affaire de spéculation sur le dos des personnes handicapées – alors même que le gouvernement Milei leur a déjà coupé de nombreux fonds – a été énorme, et il est possible que cela ait pesé sur les résultats électoraux des derniers jours.

Il y a enfin un sujet peu abordé dans la presse écrite mais omniprésent à la radio et à la télévision en ligne: l’incertitude sur l’état de santé du président. Depuis la campagne de 2023, des rumeurs courent sur la prétendue folie de Milei, rumeurs qu’il a lui-même alimentées en se faisant appeler « El loco » (= "Le Fou") et en multipliant les provocations: on se souvient qu’il a traité le pape François d’imbécile, de non présentable, de représentant du mal; qu’il a promis de faire sauter la banque centrale argentine; ou encore qu’il affirmait recevoir des ordres via une médium de son chien Conan, décédé des années plus tôt. On pensait à des excès de langage propres au personnage et à l’adrénaline de la campagne, mais même après son arrivée à la Casa Rosada, Milei a continué à donner des signes d’instabilité mentale, au point que certains adversaires politiques le qualifient explicitement de « schizophrène » et mettent en doute sa capacité à présider la nation.

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En particulier, le journaliste télévisé haut en couleur Santiago Cuneo (photo), celui-là même qui, en 2022, avait trinqué en direct à la mort de la reine Elizabeth II et s’était réjoui de la disparition de Henry Kissinger, mène depuis des mois une campagne médiatique virulente, qualifiant Milei de tous les noms: fou, schizophrène, génocidaire, imposteur, fils de pute. Il sous-entend en outre que le président ne serait qu’une marionnette droguée entre les mains de sa sœur Karina et du ministre de l’économie Luis Caputo. Et comme Cuneo se présentera aux élections du 26 octobre avec le parti Mouvement Confédéral Argentin et pourrait être élu au Parlement, il a déjà annoncé qu’il présentera alors au Congrès les preuves documentaires de la folie du président. Escarmouches pré-électorales, sans doute. Mais il est curieux que ni Milei ni les membres du gouvernement ne l’aient jamais poursuivi en justice.

vendredi, 19 septembre 2025

Roman Haider sur les objectifs climatiques de l’UE: “90 % de CO₂ en moins = 100 % d’autodestruction!”

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Roman Haider sur les objectifs climatiques de l’UE: “90 % de CO₂ en moins = 100 % d’autodestruction!”

Le report de la décision au Conseil européen doit être saluer

Par Roman Haider

Source: https://www.fpoe.eu/haider-zu-eu-klimazielen-90-prozent-w...

“Réduire de 90 % les émissions de CO₂ signifie en réalité pour les citoyens 100 % de coûts en plus et, de fait, zéro perspective d’avenir meilleur”, avertit le député européen de la FPÖ, Me Roman Haider. Avec le nouvel objectif pour 2040, la Commission européenne pousse délibérément des millions de personnes supplémentaires vers la pauvreté, la dépendance et le chômage.

“Déjà, l’objectif de 55% pour 2030 a fait exploser les prix de l’énergie, ruiné des entreprises et détruit des emplois. Mais cela était encore l’étape la plus facile, les économies dites ‘bon marché’. Si l’objectif de 90% est appliqué, comme proposé par la Commission, alors se chauffer deviendra un luxe, conduire une voiture sera hors de prix et des dizaines de milliers d’emplois partiront en Inde, en Chine et en Turquie”, critique sévèrement Haider.

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“Le paquet ‘Fit for 55’ est un exemple type de sur-réglementation. L’extension du système d’échange de quotas d’émission (SEQE) au chauffage et au transport touche chaque citoyen, mais n’apporte aucun progrès mesurable, hormis des recettes supplémentaires pour le ministre des Finances.”

“Il faut bien se chauffer et aller travailler, ce n’est pas un loisir. S’y ajoutent la hausse des coûts pour l’industrie et l’interdiction des moteurs à combustion. Si l’on veut encore intensifier cette voie, vouée à l’échec, c’est tout simplement de la pure folie”, constate Haider.

Les conséquences sont claires: pour atteindre l'objectif de "moins 90% de CO₂", il y aura une avalanche de bureaucratie supplémentaire, des coûts énergétiques encore plus élevés et, avec pour résultat, la perte totale de notre compétitivité et une dépendance irrémédiable envers des pays tiers. “Ce n’est pas une politique climatique, c’est de la planification économique à la soviétique peinte en vert. Nous avons besoin d’innovation et de liberté, pas d’une réglementation de notre vie et de notre économie dans les moindres détails”, conclut Haider.

Alors que l’UE n’est responsable que de 7% des émissions mondiales, la Chine et l’Inde en représentent plus de 40% – sans qu'elles n'aient souscrit à des engagements contraignants. “Nous ruinons nos citoyens et notre économie, pendant que nos concurrents rient et prospèrent. L’UE se légitimait autrefois en nous protégeant à l’extérieur et en offrant plus de libertés à l’intérieur. Mais depuis que la Commission cède à tous les caprices des activistes climatiques, c’est exactement le contraire: non seulement les fondements de notre économie sont en danger, mais la poursuite de cette politique fait également exploser les fondements de l’UE. On ne peut pas longtemps agir contre ses propres intérêts juste pour briller lors des sommets climatiques internationaux”, explique Haider.

“L’Europe a besoin d’innovation et de liberté – pas de paternalisme, d’interdictions et d’économie planifiée depuis Bruxelles. Nous nous battons au Parlement pour un rejet clair de cette trajectoire destructrice et pour une fin du Green Deal dans son ensemble”, conclut Haider.

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Qui est Roman Haider?

Porte-parole du groupe FPÖ au sein de la commission des transports (TRAN) | Membre de la commission de l’environnement (ENVI)

jeudi, 18 septembre 2025

Le « modèle finlandais » et autres scénarios possibles de l’après-guerre en Ukraine

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Le « modèle finlandais » et autres scénarios possibles de l’après-guerre en Ukraine

par Maurizio Boni

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31233-maur...

Au cours d’un entretien accordé à The Economist, le président finlandais Alexander Stubb a de nouveau évoqué la soi-disant « victoire » de la Finlande à l’été-automne 1944, non pas pour avoir vaincu une armée sur le terrain, mais pour avoir préservé son indépendance en négociant un armistice avantageux avec l’Union soviétique. L’histoire nous rappelle que le 9 août 1944, l’offensive soviétique vers Viipuri-Petrozavodsk en Carélie prit fin. L’Armée rouge élimina la menace que la Finlande faisait peser sur Leningrad et repoussa les troupes finlandaises de la République de Carélie.

À la suite de la perte de Viipuri/Vyborg, le maréchal Mannerheim, chef des forces armées finlandaises, et le gouvernement Hackzell se tournèrent vers Moscou en acceptant des conditions très strictes: rupture avec l’Allemagne, démilitarisation, réparations, cession de territoire et dissolution des organisations pro-hitlériennes. Le traité de paix de Paris de 1947 ratifia cet accord, scellant une neutralité qui dura plus de quatre décennies.

Ce parcours historique – armistice rapide contre marge d’autonomie – est aujourd’hui proposé comme scénario possible à l’Ukraine afin qu’après la guerre avec la Russie, elle puisse reconstruire sa souveraineté sans succomber aux diktats des vainqueurs.

Cette idée, déjà avancée à Washington lors du sommet avec les dirigeants européens dans le Bureau ovale de Trump, a été davantage commentée dans le monde russe qu’en Occident, stigmatisant certains aspects de la réalité historique non cités par Stubb et que les dirigeants européens, sans parler des Américains, ignoraient probablement.

En effet, tant le ministre des Affaires étrangères Lavrov que la porte-parole du ministère Maria Zakharova ont répondu à Stubb à la télévision nationale russe, soulignant que la Finlande a combattu aux côtés de la Wehrmacht contre l’URSS de 1941 à 1944, en rappelant des épisodes comme le blocus de Leningrad et la participation finlandaise à l’Holocauste.

Le message est clair : il ne suffit pas de revendiquer aujourd’hui une « victoire » habile de cette période du passé sans affronter la mémoire des atrocités commises. De fait, les Russes ont diffusé sur la première chaîne institutionnelle les images compromettantes de ces atrocités, qui, avec d’autres documents de l’époque, avaient été secrètement archivées et écartées pour ne pas entraver le développement des relations d’après-guerre entre Moscou et Helsinki.

Selon l’historien Gilbert Doctorow, en 1944, les Finlandais avaient simplement pris acte de l’évolution de la guerre et avaient décidé de changer de camp – ce qu’ils ont fait en payant un prix considérable.

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En effet, le traité conclu entre la Russie et la Finlande en 1948 imposait des conditions que Stubb n’a pas citées, mais que Lavrov a rappelées. En particulier, Helsinki était obligée de maintenir perpétuellement la neutralité sans appartenir à aucun bloc militaire dirigé contre la Russie – aspect élégamment et opportunément dépassé près de 80 ans plus tard avec l’entrée de la Finlande dans l’OTAN.

Toutefois, Stubb avait aussi déclaré en avril dernier que son pays devait être mentalement préparé à rétablir les liens avec la Russie après la guerre en acceptant que celle-ci sera toujours son voisin.

Déclaration tempérée par des précisions ultérieures, mais qui n’a pas pu cacher l’évidence d’une nouvelle adaptation pragmatique et opportuniste d’Helsinki aux circonstances.

Cependant, Doctorow considère le cas finlandais dans un contexte européen plus large de pressions économiques et de cohérence politique. La chute du revenu par habitant et la hausse des coûts de financement poussent les petits pays européens à réévaluer les sanctions et à plaider pour la reprise des liens avec la Russie.

La Belgique, par exemple, connaît une envolée de postes vacants, la fermeture de commerces importants et une contraction significative de la consommation; des tensions analogues touchent la Finlande et d’autres États étroitement liés à l’économie allemande, aujourd’hui en récession pour le deuxième trimestre consécutif. Paris aussi, sous le poids de la dette publique, montre des signes de fragilité intérieure.

En revanche, les puissances de référence – Allemagne, France et Royaume-Uni – maintiennent une ligne dure, convaincues que tout relâchement profiterait au Kremlin. Doctorow estime néanmoins que la cohésion de l’UE sera difficile à maintenir sur le long terme: des dynamiques centrifuges et des choix bilatéraux à adopter vis-à-vis de Moscou se dessinent à l’horizon.

Le compromis à la finlandaise n’est pas un mirage, mais il risque de se transformer en partie d’échecs où chaque État joue seul. Les alliés les plus vulnérables chercheront un consensus pragmatique, tandis que les grands acteurs maintiendront le régime des sanctions. Le défi pour Bruxelles sera de gérer cette double demande de reconnexion et la crainte d’affaiblir la position stratégique face à Moscou.

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Ainsi, à la fin du conflit ukrainien, l’Europe se trouverait, selon Doctorow (photo), divisée entre ceux qui prônent la réconciliation et ceux qui exigent la fermeté. Au milieu, comme toujours, demeureront les grands héritages du passé et le calcul de chaque puissance quant à son propre avenir géopolitique.

Pour ce qui est de Moscou, derrière les écrans de la diplomatie européenne, la priorité russe reste un accord avec les États-Unis, notamment sur le non-déploiement de missiles à portée intermédiaire en Allemagne. Ce n’est qu’après avoir résolu ce point que le Kremlin pourra s’adresser ouvertement à ses partenaires européens, désormais menacés par la perspective de sanctions prolongées et de tensions économiques croissantes.

Un scénario complémentaire est présenté par Douglas McGregor, colonel à la retraite et ancien conseiller du Secrétaire américain à la Défense, qui parvient à des conclusions similaires en ajoutant la variable du rôle de Washington dans l’après-guerre, ce qui n’est nullement acquis.

Selon cet officier américain, il est absurde de penser que Washington puisse garantir l’existence future de pays comme la Pologne, les pays baltes, la République tchèque, la Slovaquie ou la Hongrie. Les Américains ne vivent pas en Europe, mais les Européens, eux, oui, selon McGregor.

De plus, l’avenir de ce qui restera de l’Ukraine ne doit pas être discuté par la France ou l’Allemagne, mais par les États directement frontaliers de la Russie. Avec le déclin du parapluie protecteur américain et la crise de l’OTAN, ces pays devront complètement redéfinir leur architecture de sécurité. Le repli stratégique des États-Unis vers leur rôle historique de puissance maritime laissera un vide que les mécanismes traditionnels de l’Alliance atlantique ne pourront combler à eux seuls.

Dans ce contexte, la situation des pays d’Europe orientale est particulièrement complexe, car ils ont basé leur stratégie de sécurité post-soviétique entièrement sur la dissuasion de l’OTAN et la garantie de l’article 5. La perte de cette certitude les obligera à envisager des options fondamentales telles que des accords bilatéraux de non-agression conclus directement avec la Russie sur le modèle finlandais.

Ces accords pourraient inclure des garanties de neutralité en échange d’engagements russes à respecter l’intégrité territoriale et l’indépendance politique; l’Ukraine représente le cas le plus emblématique de cette transition.

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Compte tenu des profondes divisions identitaires qui caractérisent le pays, avec les régions occidentales plus tournées vers l’Europe, une solution possible pourrait être une structure confédérale qui reconnaîtrait ces différences avec des garanties de sécurité différenciées selon les régions.

Ou bien, l’Ukraine pourrait obtenir des garanties de neutralité soutenues non seulement par la Russie, mais aussi par des puissances comme la Chine, l’Inde, et potentiellement une Europe en voie de réorganisation. Une alternative intéressante serait l’adoption d’un modèle de neutralité armée similaire à celui de la Suisse ou de l’Autriche pendant la Guerre froide, fondé sur un principe de neutralité garanti par la constitution, l’interdiction d’adhérer à des alliances militaires, des forces armées robustes exclusivement orientées vers la défense territoriale, des garanties internationales soutenues par la Russie et les puissances européennes, et une coopération économique sans implication militaire.

Le nouveau système de sécurité endogène, non plus dépendant des États-Unis, pourrait, selon McGregor, se matérialiser par un traité de sécurité continental, c’est-à-dire un nouveau cadre incluant la Russie, les États européens, et potentiellement la Turquie, basé sur des principes de non-agression mutuelle et de respect des sphères d’influence. L’ensemble serait complété par un système de supervision internationale des accords de limitation des armements et des activités militaires dans les zones frontalières.

Tout cela nécessiterait cependant une maturation politique significative de la part des élites d’Europe orientale (et pas seulement), qui devraient abandonner la mentalité de dépendance stratégique développée au cours des trois dernières décennies et assumer la responsabilité directe de leur propre sécurité nationale.

Après l’accomplissement inexorable par Moscou de tous les objectifs opérationnels de l’Opération militaire spéciale, l’échec désormais évident de l’approche UE-OTAN dans la conduite de la guerre, et dans l’attente de voir ce qu’il restera vraiment à gérer de l’Ukraine, la perspective d’un système multipolaire plus complexe mais potentiellement plus stable, fondé sur des équilibres régionaux et des accords de dissuasion mutuelle, pourrait constituer un modèle à suivre.

Il resterait cependant à vérifier dans quelle mesure les États-Unis sont réellement déterminés à « débrancher la prise » et à permettre à la Russie de jouer un nouveau rôle en Europe, alors que la guerre en Ukraine a précisément été déclenchée pour atteindre l’objectif inverse: déconnecter Moscou économiquement et politiquement du Vieux Continent.

En outre, la « maturité politique » européenne précédemment invoquée pourrait tarder à se manifester, à moins d’un changement radical de leadership, porteur d’une nouvelle et plus courageuse culture des relations internationales, capable d’abandonner la perspective d’une confrontation permanente avec la Russie.

À l’heure actuelle, les scénarios évoqués restent des hypothèses de travail à la concrétisation incertaine, mais leur analyse s’avère fondamentale pour combler le vide d’alternatives qui caractérise le débat stratégique européen actuel.

En tout état de cause, il existe un point de convergence fondamental : l’après-guerre en Ukraine ne pourra pas se résoudre par un retour au statu quo, mais imposera une redéfinition profonde des équilibres européens et mondiaux.

La possibilité d’un compromis pragmatique avec Moscou, la fragmentation interne de l’Union européenne, la réduction du rôle américain et l’émergence de nouvelles architectures de sécurité continentales représentent des variables qui s’entrecroisent et qui, inévitablement, façonneront l’avenir du continent tout entier, appelé à redéfinir son rôle dans le nouvel ordre mondial inévitablement multipolaire.

 

BlackRock, avec Rheinmetall, s’étend des chars aux navires de guerre. Et l’ex-dirigeant Merz plaide pour le réarmement

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BlackRock, avec Rheinmetall, s’étend des chars aux navires de guerre. Et l’ex-dirigeant Merz plaide pour le réarmement

Rédaction Electo

Source: https://electomagazine.it/black-rock-con-rheinmetall-si-e...

Des coïncidences, ce ne sont que des coïncidences. Rheinmetall, le géant allemand de l’armement qui compte, par hasard, parmi ses principaux actionnaires le fonds BlackRock—au sein duquel le chancelier Merz était, comme par hasard, un haut dirigeant—a annoncé l’accord pour l’acquisition de Naval Vessels Lürssen, la division navale militaire du groupe Lürssen.

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Ainsi, BlackRock renforce sa présence dans le secteur militaire, l’élargissant du domaine terrestre (chars, lance-grenades, véhicules de combat) à tout le domaine naval. Et cela arrive, comme par hasard, alors que son homme Merz, en tant que chancelier, insiste sur la nécessité du réarmement, de la préparation à la guerre, du retour à la conscription, car les jeunes Allemands ne semblent pas très enthousiastes à l’idée de s’engager comme volontaires pour aller se faire tuer par des Russes ou des Nord-Coréens.

Mais les jeunes Allemands ne comptent pas, pas plus que le vote régional qui a vu l’AfD tripler ses voix. Ce qui compte, c’est BlackRock, ce sont ses ordres et la promptitude de Merz à les exécuter. Mais, au moins, s'il vous plait, n’appelez pas cela une démocratie.

L’essor du technofascisme dans l’Amérique de Trump

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L’essor du technofascisme dans l’Amérique de Trump

Markku Siira

Source: https://geopolarium.com/2025/09/15/teknofasismin-nousu-tr...

Le développement de l’intelligence artificielle a déclenché une vague d’investissements dans le secteur technologique. Des grandes entreprises comme Microsoft, Meta, Amazon et Google misent sur les modèles linguistiques, la puissance de calcul, la technologie des semi-conducteurs et les centres de données. Toutefois, la rentabilité économique de ces investissements demeure incertaine. Des innovations telles que celle de DeepSeek, une entreprise chinoise, démontrent que d’immenses ressources ne sont pas toujours nécessaires pour réussir dans la compétition mondiale.

Les récits médiatiques sur le potentiel révolutionnaire de l’IA se polarisent entre deux extrêmes: des visions utopiques prédisant que l’IA résoudra les problèmes de l’humanité, et des scénarios de menaces existentielles où l’IA relèguerait l’humanité au second plan. Ce discours polarisant néglige souvent les changements progressifs et pratiques par lesquels la technologie influence réellement la société.

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La recherche de l’historienne Janis Mimura sur le technofascisme japonais, Planning for Empire: Reform Bureaucrats and the Japanese Wartime State (2011), offre un cadre d’analyse pour les évolutions actuelles. Mimura décrit comment le Japon a colonisé la Mandchourie, au nord-est de la Chine, dans les années 1930, faisant de la région un terrain d’expérimentation précoce du technofascisme. Il en résulta un État fantoche autoritaire, le Mandchoukouo, centré sur l’industrie lourde comme la production d’acier et d’armes, exploitant la population locale et les ressources naturelles au service des besoins militaires du Japon.

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Le fonctionnaire du ministère du Commerce, Kishi Nobusuke (photo), a dirigé à partir de 1936 un programme d’industrialisation soutenu par les conglomérats zaibatsu au Mandchoukouo. Cela impliquait le recours au travail forcé et à l’esclavage, ainsi que des conditions de travail inhumaines, entraînant de nombreuses victimes. De retour à la politique nationale japonaise en 1939, Kishi a promu une industrialisation dirigée par l’État similaire dans son pays.

La technocratie était un projet idéologique plaçant la rationalité technologique au-dessus des valeurs sociales, légitimant ainsi la concentration du pouvoir. Contrairement au fascisme de Mussolini ou au national-socialisme d’Hitler, le système japonais ne reposait pas sur un chef charismatique, mais sur des bureaucrates et sur l’armée. Selon Mimura, le Japon a « glissé vers le fascisme » lorsque les fonctionnaires utilisaient leur pouvoir dans l’ombre au nom de l’empereur. La survie de la technocratie dans le Japon d’après-guerre témoigne de sa capacité d’adaptation institutionnelle.

L’élite technocratique de la Silicon Valley est devenue un acteur central aux États-Unis. Les géants du numérique tirent un pouvoir symbolique et matériel de l’apparente irrésistibilité de la technologie, marginalisant les débats critiques sur les impacts sociaux de la digitalisation. Ce pouvoir s’inscrit dans le plan d’action sur l’IA de l’administration Trump, visant à accélérer le développement de l’IA en réduisant la régulation et en promouvant le leadership mondial des États-Unis selon des objectifs géopolitiques stratégiques.

Lors de l’investiture présidentielle en janvier, des leaders technologiques tels qu’Elon Musk et Mark Zuckerberg ont apporté leur soutien à Donald Trump, ce qui a été interprété comme une alliance stratégique au service d’intérêts économiques et politiques. Selon Mimura, une telle alliance entre l’État et l’élite industrielle rappelle le technofascisme du Japon durant la Seconde Guerre mondiale, où les technocrates ont pris le pouvoir.

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Contrairement au fascisme traditionnel, le technofascisme américain s’exprime comme une gouvernance technocratique subtile. Il se manifeste dans la prise de décision militaire, les opérations des services de sécurité et la projection de puissance mondiale. Socialement, il se traduit par la surveillance policière préventive, la surveillance des réseaux sociaux et le soutien au sionisme dans la politique étrangère. Dans le monde du travail, la culture du « hustle » issue de la Silicon Valley normalise la surcharge et affaiblit les droits des travailleurs. Cette évolution légitime la discrimination algorithmique et approfondit les inégalités socio-économiques.

Si le progrès technologique repose souvent sur des réformes progressives, le cœur du technofascisme consiste à considérer que la régulation – qu’il s’agisse de la protection de l’environnement, des droits des travailleurs ou de la supervision financière – freine l’innovation. Par exemple, le discours public d’Elon Musk est passé de la mise en avant des risques de l’IA à sa valorisation stratégique dans la prise de décision automatisée et les applications basées sur les données, comme le développement de technologies par xAI.

Les conglomérats zaibatsu du Japon ont mené le développement industriel sans considération pour les droits des travailleurs; une dynamique similaire est visible aujourd’hui aux États-Unis, où les entreprises technologiques promeuvent automatisation et technologies de surveillance. L’infrastructure bâtie par les géants du numérique crée un « État profond » modernisé et antidémocratique, au service de l’élite technocratique et économique.

250px-Curtis_Yarvin_portrait-3384195920.jpgCe système démantèle les structures de gouvernance traditionnelles et remplace les processus démocratiques par une logique d’efficacité. Comme l’affirme le penseur Curtis Yarvin (photo), apprécié des techno-oligarques, « les élections démocratiques sont inutiles pour la gestion administrative, et même si le système électoral disparaissait, Washington continuerait à fonctionner comme avant ».

La recherche de Mimura souligne la capacité des technocrates à survivre à l’effondrement des systèmes autoritaires en dépit des changements institutionnels. L’ascension de Kishi Nobusuke – malgré qu'il dirigea le projet technofasciste en Mandchourie et malgré des accusations de crimes de guerre – au poste de Premier ministre du Japon, avec le soutien des États-Unis, montre comment la compétence technocratique peut légitimer les changements de pouvoir dans les moments de rupture historique.

Aux États-Unis, une dynamique similaire ne s’exprime pas à travers des alliances fragiles (comme l’illustre la rupture entre Trump et Musk), mais par une intégration systémique: les géants du numérique sont devenus une partie essentielle de la cybersécurité fédérale, du renseignement et de la gestion des infrastructures critiques. La base du pouvoir se déplace du mandat démocratique vers une irremplaçabilité technique.

À mesure que l’ordre libéral occidental chancelle, il pourrait être remplacé par un pouvoir d’entreprise technofasciste agissant dans les coulisses de la politique. Selon une nouvelle étude, la majorité de plus de 500 politologues estime que les États-Unis évoluent vers un modèle de gouvernance autoritaire, où un groupe dominant utilise les institutions étatiques pour réprimer ses opposants politiques.

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Poudrière latino-américaine

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Poudrière latino-américaine

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/polveriera-latino-americana/

Maduro part en guerre. Le leader vénézuélien, qui se réfère à Simon Bolívar et à Chávez, semble déterminé.

Il est désormais temps de passer aux armes. Pour réagir aux ingérences constantes des gringos nord-américains.

Il ne voit pas d'autre solution. Passer à la défense active.

Cela peut faire sourire. Et, bien sûr, la force militaire de son Venezuela est risible face à la flotte américaine qui croise déjà, menaçante, dans ses eaux.

Cependant, la situation est très complexe. Et elle révèle le signal d'alarme d'un malaise qui touche toute l'Amérique du Sud, ou presque.

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Car Washington a été très clair depuis l'arrivée au pouvoir de Trump. Le monde, dans son ensemble, est à l'évidence multipolaire. Et le jeu entre les puissances – en particulier la Russie, la Chine et les États-Unis – répond à trop de variables pour qu'il puisse y avoir une seule puissance à la tête du globe. Le rêve, ou le cauchemar, qui a commencé avec Clinton s'est misérablement évanoui avec la présidence de Biden.

Mais l'Amérique, c'est autre chose. Toute l'Amérique, de la pointe extrême de l'Alaska à la Terre de Feu. Le jardin de la maison yankee. Et cela ne se discute pas.

Maduro se mue donc en un problème. Qui devrait être résolu rapidement.

Cependant, la rébellion vénézuélienne n'est pas un événement isolé.

Toute l'Amérique du Sud est en effervescence. Ou plutôt, elle est traversée par une fièvre qui risque de devenir dangereuse. Voire mortelle, pour Washington.

Et à la Maison Blanche, ils le savent parfaitement. Car Washington peut prendre puis perdre le contrôle de l'Afghanistan. Cela fait partie du jeu.

Mais il ne peut absolument pas se permettre de laisser partir certaines parties de son jardin.

Un jardin, cependant, qui est aujourd'hui extrêmement agité.

Le géant brésilien, sous la présidence de Lula, s'est déjà, de fait, retiré du jardin. En se liant de plus en plus étroitement aux BRICS et en s'éloignant de toute protection de Washington.

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Milei, bien sûr, est un allié fidèle. Mais seul un aveugle ne verrait pas que son hyperlibéralisme mène l'Argentine à la faillite. Écrasant sous le seuil de la misère de larges couches sociales.

Et les élections dans les États ont vu une lourde défaite du président actuel. De tristes présages pour l'avenir proche.

Puis, bien sûr, les pays de la région andine. Avec le Venezuela en tête.

Le Venezuela bolivariste, qui ose désormais défier Washington de plus en plus ouvertement.

Presque pour le contraindre à une intervention armée qui, bien sûr, aurait une issue prévisible.

Et qui pourrait néanmoins constituer un signal dangereux. La première étincelle d'un incendie capable de ravager toute l'Amérique du Sud.

Laisser l'URSS derrière soi Le passé soviétique divise; l'avenir russe unit

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Laisser l'URSS derrière soi

Le passé soviétique divise; l'avenir russe unit

Alexander Douguine

Alexander Douguine soutient que l'URSS incarnait à la fois la russophobie et la grandeur russe, et qu'aujourd'hui, les Russes doivent dépasser son héritage non résolu pour construire une Grande Russie souveraine, orthodoxe et créative.

Comment devons-nous nous positionner par rapport à l'URSS ? D'un côté, les bolcheviks ont infligé des dommages irréparables au peuple russe. Des dommages terribles et irréparables. Cela ne peut être contesté; leur idéologie était véritablement russophobe, antichrétienne, purement satanique.

D'autre part, l'élite de l'Empire russe était occidentalisée et russophobe depuis le 18ème siècle, depuis Pierre le Grand. Totalement servile, pareille à l'image que nous a laissée Eltsine. Comment le peuple russe aurait-il pu ne pas se révolter contre une élite aussi occidentalisée ? Et, bien sûr, il s'est révolté.

Il s'est effectivement révolté. Mais une fois de plus sous la direction d'une élite inadaptée. Et avec une idéologie inadaptée. Encore une fois, une idéologie russophobe.

Que fallait-il donc faire ?

Le peuple russe a grandi à travers le communisme, à travers le soviétisme, en tendant vers Dieu et vers les étoiles. Comme le peuple russe est beau et indestructible !

En URSS, il y avait à la fois l'élément marxiste et l'élément russe. L'élément russe était magnifique; l'élément marxiste était loin d'être magnifique, il était même tout en laideur. L'élément populaire, folklorique, en URSS, était très important. Les Russes voulaient être libres. Ils voulaient abolir les élites occidentalisées. Aujourd'hui, les Russes veulent toujours la même chose. Mais cela est secondaire pour l'instant.

Quant à l'URSS, l'équilibre entre les Russes et les non-Russes n'a jamais été trouvé. Aujourd'hui, dans la Fédération de Russie, certains Russes regrettent le passé soviétique (on entend souvent: «Staline, reviens!»), tandis que d'autres rêvent d'un empire et exigent que Lénine soit retiré du mausolée.

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L'idée même de l'URSS nous divise. Ce dont nous avons besoin, c'est que tout nous unisse, nous les Russes. Cela signifie que soit nous devons repenser l'URSS différemment (ni « pour » ni « contre », mais pour le bien du peuple russe), soit nous ne devons pas y penser du tout et aller de l'avant, vers l'avenir russe. Si nous ne parvenons pas à comprendre l'URSS à la manière russe (et nous n'y parvenons pas), alors peut-être est-il temps d'arrêter d'essayer de la comprendre. Laissons-la de côté pour plus tard. Construisons la Grande Russie, totalement indépendante du passé. Seulement tournée vers l'avenir. Nous avons besoin de la Russie du futur. Belle, grande et prospère. Libre et souveraine. Orthodoxe et populaire. Construisons-la.

Il est temps que nous commencions à créer notre propre culture. À nous libérer des clichés et à créer. Tout ce qui s'est passé avant ne doit pas nous freiner. Ce qui est fait est fait. Nous pouvons faire naître quelque chose d'inédit. Le peuple russe est grand, puissant, joyeux et capable de beaucoup de choses.

Nous devons seulement nous libérer. De l'Occident (qui n'est plus aujourd'hui qu'un monceau d'immondices) et de ce que nous n'avons pas réussi à accomplir dans le passé.

Nous devons davantage compter sur nos propres forces.

Quelqu'un a un jour expliqué à notre dirigeant que l'autarcie était une mauvaise chose. C'est une erreur: autarcie signifie la même chose que souveraineté, autosuffisance, mais en grec. Et la souveraineté est une bonne chose. L'autarcie est une bonne chose. Nous avons besoin d'une autarcie créative.

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mercredi, 17 septembre 2025

Le ministre américain de l'Énergie, Chris Wright, ne considère pas les accords de plusieurs milliards conclus entre Bruxelles et Washington comme une solution provisoire, mais comme une réorganisation durable des marchés énergétiques

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Le ministre américain de l'Énergie, Chris Wright, ne considère pas les accords de plusieurs milliards conclus entre Bruxelles et Washington comme une solution provisoire, mais comme une réorganisation durable des marchés énergétiques

Source: https://www.freilich-magazin.com/welt/trumps-energieminis...

Washington, D. C/Bruxelles. – La décision de l'Union européenne d'acheter aux États-Unis, dans un délai de trois ans, du pétrole, du gaz et des technologies nucléaires pour une valeur de 750 milliards de dollars américains aura, selon le gouvernement américain, des conséquences considérables. Dans une interview accordée à Euractiv, le ministre américain de l'Énergie, Chris Wright, a évoqué une réorientation structurelle des flux énergétiques mondiaux. « Je pense qu'il s'agit d'un changement à long terme », a déclaré M. Wright à Bruxelles. « L'achat d'énergie, en particulier de gaz naturel liquéfié, nécessite la mise en place d'une infrastructure considérable. »

Un accord qui va au-delà du mandat

Wright a clairement indiqué que l'accord ne se limitait pas à quelques années. « Cela ne prendra pas fin au bout de trois ans et demi », a-t-il souligné après des discussions avec des représentants de haut rang de l'UE. Son évaluation contraste toutefois avec la position de la Commission européenne. Bruxelles a officiellement qualifié l'accord de solution transitoire.

« À court terme, nous devons couvrir nos besoins énergétiques et, dans ce contexte, nous envisageons d'augmenter certaines importations d'énergie en provenance des États-Unis », a déclaré la Commission. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également souligné à Strasbourg que l'Europe devait saisir cette occasion pour développer une « énergie propre et locale ».

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L'offre américaine, une opération « gagnant-gagnant »

Selon M. Wright, cet accord est avantageux pour les deux parties. Il constitue également un moyen de remplacer progressivement l'énergie russe. « Une partie du dialogue que nous menons porte sur le fait que les capacités d'exportation de GNL aux États-Unis vont doubler sous l'administration Trump, et pas seulement augmenter de 10 ou 20% », a-t-il déclaré. En contrepartie de la limitation des droits de douane à 15%, l'UE s'est engagée à acheter pour 250 milliards de dollars d'importations par an pendant les trois dernières années du mandat de Trump.

Alors que les analystes doutent de la faisabilité de ces montants, M. Wright s'est montré convaincu: les deux tiers pourraient être couverts uniquement par le remplacement des importations d'énergie russe, soit directement par du gaz naturel liquéfié, soit indirectement par des restrictions sur les importations de produits raffinés via des pays tiers.

Dimension stratégique de la politique énergétique

Les diplomates soulignent que la politique énergétique est également un instrument dans la guerre en Ukraine. Selon Euractiv, Wright n'a pas souhaité s'exprimer sur la pression exercée par Washington sur Bruxelles.

« Nous avons discuté de différentes façons dont les États-Unis et l'UE peuvent coopérer pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine », s'est-il contenté de déclarer.

Wright n'a laissé aucun doute quant aux ambitions stratégiques de Washington : « Les ressources énergétiques considérables et abondantes de l'Amérique nous permettent d'être un fournisseur clé pour nos alliés à travers le monde, qui jusqu'à présent se procuraient du pétrole, du gaz et d'autres technologies auprès de nos adversaires. »

La fracture de l'ordre judéo-chrétien - Le faible soutien de l'opinion publique américaine à Israël marque la rupture entre l'Occident et l'Etat sioniste

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La fracture de l'ordre judéo-chrétien

Le faible soutien de l'opinion publique américaine à Israël marque la rupture entre l'Occident et l'Etat sioniste

Constantin von Hoffmeister

Constantin von Hoffmeister affirme que la consolidation des positions d'Israël à Gaza et en Syrie, combiné à l'effondrement du soutien de l'opinion publique américaine, annonce une rupture de l'alliance judéo-chrétienne et l'avènement d'une multipolarité de nature darwinienne.

Israël se trouve à l'aube d'une nouvelle réalité. Ses dirigeants parlent ouvertement de l'occupation permanente de Gaza et même de certaines parties du sud de la Syrie. Netanyahu a averti que le pays devait se préparer à l'isolement, à une économie de siège, à des industries qui produisent tout à l'intérieur même de la forteresse. Il ne s'agit pas de rhétorique, mais d'une préparation à un monde où les sanctions pourraient venir non pas des États arabes, longtemps écartés, mais de l'Occident même qui a autrefois assuré la survie d'Israël.

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Les manœuvres sur le mont Hermon (photo), le plus haut sommet du Levant à la frontière entre la Syrie et le Liban, l'annexion du plateau du Golan, une plaine fertile conquise sur la Syrie en 1967, annexion reconnue par Washington en 2019, les alliances avec les conseils locaux de Soueida, une province à majorité druze du sud de la Syrie, et la perspective d'un corridor traversant Deraa, la province voisine connue pour être le berceau du soulèvement syrien de 2011, montrent une tendance claire: prendre, tenir, normaliser. Israël ne cache plus ses intentions. Le territoire devient théologie, les montagnes deviennent des alliances, et la géographie fusionne avec l'idéologie. Ce qui était autrefois considéré comme une défense temporaire se transforme désormais en permanence.

Ce changement coïncide avec une profonde fracture au sein même de l'Occident. L'ordre établi après 1945 s'effondre sous nos yeux. Dans le même temps, le cadre moral de la solidarité « judéo-chrétienne » qui liait Israël à l'Occident commence à se fissurer. Les sondages aux États-Unis montrent que le soutien à Israël s'effondre: selon Gallup, seuls 32% des Américains approuvent les actions d'Israël à Gaza, tandis que 60% les désapprouvent. Un sondage Quinnipiac révèle que 60% des Américains s'opposent à l'envoi d'une aide militaire supplémentaire, contre seulement 32% qui y sont favorables. Cette érosion est la plus forte chez les jeunes et les indépendants, des groupes qui façonneront l'électorat futur.

C'est là que réside le sens profond de la mutation à l'oeuvre sous nos yeux. L'alliance était fondée non seulement sur une stratégie, mais aussi sur une identité commune. Israël était présenté comme l'avant-poste vivant d'une civilisation « judéo-chrétienne ». Les églises, les synagogues et les tribunes politiques soutenaient toutes cette vision. Aujourd'hui, cette vision s'estompe. Les images des bombardements l'emportent sur la teneur des sermons. L'alliance se dissout dans la conscience publique. Pour la première fois, l'opinion publique occidentale se demande si les actions d'Israël sont conformes aux valeurs que ses dirigeants ont autrefois proclamées.

C'est là la marque d'une multipolarité darwinienne en advenance. Le pouvoir appartient désormais à ceux qui s'adaptent, qui allient force et crédibilité. Les frontières changent à nouveau, les alliances se transforment et les symboles perdent leur force automatique. Israël peut encore agir, occuper et se retrancher, mais il ne peut plus compter sur le même bouclier moral de la part de l'Occident. Une fracture s'ouvre au cœur de l'alliance, et à travers elle, l'ancien ordre mondial s'effrite.

L'avenir ne s'écrira pas dans des traités ou des sermons, mais dans la force, dans la perception publique, dans les changements d'allégeances. L'étiquette « judéo-chrétienne » qui a uni l'Occident et Israël pendant des générations s'affaiblit. Ce qui viendra après sera plus dur, façonné uniquement par la puissance.

18:42 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, levant, proche-orient, israël | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Fin de l’empire américain et leçons pour l’Inde - Stratégies géopolitiques pour l’Inde dans un monde multipolaire

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Fin de l’empire américain et leçons pour l’Inde

Stratégies géopolitiques pour l’Inde dans un monde multipolaire

S. L. Kanthan

(20 mars 2025)

Source: https://slkanthan.substack.com/p/end-of-the-american-empi...

« Être un ennemi de l’Amérique peut s’avérer dangereux, mais en être un ami est fatal. » Ce seraient là les mots d’Henry Kissinger, criminel de guerre et lauréat du prix Nobel de la paix, qui a profondément influencé la politique étrangère américaine. L’Inde ne doit pas oublier ce côté sombre de l’establishment américain, même si Biden a déclaré que les relations américano-indiennes étaient les plus importantes du siècle et que Trump a rencontré à plusieurs reprises Modi, le qualifiant de grand dirigeant. Le recentrage américain sur l’Inde repose sur trois faisceaux d'intérêts: la volonté de contenir la Chine, l’accès à une main-d’œuvre bon marché et un vaste marché de consommateurs. Les États-Unis n’ont pas de véritables alliés, seulement des intérêts narcissiques et impérialistes.

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Modi a été l’un des rares dirigeants étrangers invités à la Maison Blanche au cours du premier mois du mandat de Trump. De façon générale, les Indiens ont aussi une opinion très positive de Trump et des États-Unis en général. Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les États-Unis jouissent d’un fort pouvoir d’influence en Inde: immigration, emplois dans la tech, succès des Américains d’origine indienne, popularité de la langue anglaise, financement occidental des think tanks indiens, investisseurs américains dans les médias indiens, tensions avec la Chine, etc. Cependant, l’Inde doit veiller à ne pas devenir « l’Ukraine de l’Asie » – un pion géopolitique sacrifiable de l’Empire américain.

Soyons clairs: les États-Unis veulent contrôler toutes les dimensions de l’Inde. Il y a quelques mois, l’ambassadeur américain en Inde a affirmé devant un public indien que l’autonomie stratégique n’existait pas. De façon inquiétante, cet avertissement est intervenu juste avant que les États-Unis ne mettent en scène une révolution de couleur au Bangladesh et ne renversent la Première ministre Hasina, qui n’était pas parfaite mais avait fait un travail remarquable pour relancer l’économie. La raison en était simple: la Première ministre Hasina (photo) avait refusé d’autoriser l'installation d'une base militaire américaine dans son pays.

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De même, tout analyste géopolitique objectif peut voir comment les États-Unis ont orchestré des coups d’État au Pakistan et au Sri Lanka au cours de ces dernières années. Le Premier ministre Imran Khan a été évincé par un coup d’État « doux » après une pression manifeste des États-Unis, son parti a été interdit et il a été emprisonné. Voilà la liberté et la démocratie à l’américaine ! Son crime? Être trop proche de la Russie. Quant au Sri Lanka, le parti au pouvoir était jugé trop pro-chinois. Bien entendu, les États-Unis ne pouvaient tolérer une telle indépendance.

L’histoire montre aussi que les États-Unis n’ont jamais été un véritable allié de l’Inde.

Alors que le ministère indien des Affaires étrangères se méfie de l’influence de la Chine dans le voisinage de l’Inde, il n’y a pratiquement aucune protestation contre l’ingérence américaine dans la sphère d’influence indienne. Les Indiens sont trop indulgents et oublient un fait: en 1966, les États-Unis/la CIA auraient probablement poussé à assassiner le Premier ministre Lal Bahadur Shastri et le scientifique nucléaire Homi Bhabha.

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Pendant toute la guerre froide, les États-Unis ont saboté l’Inde en guise de punition pour sa politique de non-alignement et ses relations amicales avec l’URSS. Les États-Unis ont également encouragé l’Inde à entrer en guerre contre la Chine au sujet du Tibet, mais le président JFK a ensuite refusé toute aide militaire au moment crucial. Plus tard, lorsque le Bangladesh a cherché à devenir indépendant, les États-Unis ont envoyé des navires de guerre dans la baie du Bengale pour menacer l’Inde, qui n’a pu repousser les Américains qu’avec l’aide de l’Union soviétique.

Aujourd’hui, l’Inde n’a pas vraiment tiré profit de ses relations étroites avec l’Amérique.

À la fin de la guerre froide, les entreprises américaines se frottaient les mains à l’idée d’exploiter la Chine et l’Inde pour leur main-d’œuvre bon marché, dans l’industrie et les services respectivement. Cependant, la différence entre ces deux pays est frappante. Tandis que la Chine s’est concentrée sur la maîtrise des technologies et la création d'atouts nationaux, les élites indiennes se sont contentées d’utiliser des produits américains. Le résultat se voit dans les géants technologiques chinois comme Huawei, BYD, ByteDance (maison-mère de TikTok) et 135 autres entreprises figurant dans le classement Fortune 500, contre seulement 9 pour l’Inde.

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Dans le domaine de l’IA, la technologie la plus perturbatrice du siècle, la Chine détient 60% des brevets, contre moins de 1% pour l’Inde. Dans de nombreux autres secteurs – voitures électriques, panneaux solaires, batteries, smartphones, semi-conducteurs, robotique, cloud computing, biotechnologie, exploration spatiale, avions de chasse, navires de guerre, etc. – la Chine a largement dépassé l’Inde.

Pourquoi l’Inde a-t-elle pris du retard ? Parce que nous suivons le modèle économique américain du capitalisme financiarisé, et nous nous sentons en sécurité dans la dépendance au dollar américain, à la technologie américaine, aux médias américains, à la médecine américaine, aux investissements américains, etc.

L’Inde laisse également sa politique étrangère être dictée par les États-Unis plus que de raison. Par exemple, nous pourrions acheter du pétrole et du gaz bon marché à l’Iran, et nous aurions pu commencer à réaliser le projet du port de Chabahar depuis longtemps. Mais l’Inde fait trop preuve de déférence envers les sanctions américaines. De même, le fait que l’Inde rejoigne le QUAD et d’autres accords « indo-pacifiques » pour contenir la Chine, ou refuse de rejoindre la Belt and Road Initiative, ne fait que servir les manœuvres géopolitiques américaines de division et de domination.

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Actuellement, les États-Unis tirent bénéfice de l’Inde de multiples façons: main-d’œuvre indienne relativement peu chère dans l’industrie du logiciel, main-d’œuvre de fabrication ultra-bon marché pour des entreprises comme Apple, immense marché de consommateurs issus de la classe moyenne croissante, startups indiennes ouvertes aux investisseurs américains, achats d’armes américaines par le gouvernement indien, et l’Inde en tant qu’outil géopolitique potentiel pour contenir la Chine diplomatiquement, économiquement et militairement.

Cependant, le soft power américain ne durera pas longtemps en Inde. D’abord, les États-Unis vont bientôt restreindre l’immigration en provenance de l’Inde, en particulier pour les travailleurs technologiques H1-B. L’« alt-right » américaine raciste a déjà commencé à diaboliser les Indiens. Ensuite, les États-Unis vont commencer à contenir l’Inde à mesure que celle-ci continue de croître et de devenir plus indépendante. Les États-Unis peuvent autoriser des Indiens à devenir PDG de Google ou de Microsoft, mais ils ne toléreront pas des entreprises indiennes qui concurrencent Google ou Microsoft. Les États-Unis maintiennent leur hégémonie mondiale non pas grâce à des partenaires égaux, mais via un réseau de vassaux.

Même les Européens commencent enfin à sortir de leur sommeil hypnotique. Le nouveau chancelier allemand, Merz, a déclaré que l’Europe devait œuvrer à son indépendance vis-à-vis des États-Unis.

Dans l’ensemble, nous assistons au cycle inexorable de l’histoire, dans lequel un nouvel empire est au bord de l’effondrement. Cependant, contrairement aux derniers siècles, les États-Unis ne seront pas remplacés par un autre empire. Un monde multipolaire émerge pour démocratiser la géopolitique et la géoéconomie. Des organisations comme les BRICS offriront un nouveau paradigme de coopération et de développement aux nations du Sud global. Le privilège extraordinaire du dollar américain, qui sous-tend la tyrannie américaine des sanctions et des guerres sans fin, disparaîtra également.

Cinq siècles de domination occidentale sur le monde touchent à leur fin. Ce sera le siècle de l’Asie, de l’Eurasie et de l’Afrique. L’Inde doit donc élaborer sa stratégie en conséquence.

S.L. Kanthan

«Stratégie nationale de défense» des États-Unis: axée sur le Mexique et les Caraïbes, elle relègue la Chine et la Russie au second plan

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«Stratégie nationale de défense» des États-Unis: axée sur le Mexique et les Caraïbes, elle relègue la Chine et la Russie au second plan

Alfredo Jalife-Rahme 

Source: https://www.jornada.com.mx/2025/09/14/opinion/006o1pol

Le portail Politico, contrôlé par la société d'information allemande Axel Springer SE, qui est résolument atlantiste et pro-israélienne, divulgue le projet de la nouvelle « Stratégie de défense nationale (EDN) » des États-Unis, généralement publiée par le Pentagone – rebaptisé sous son nom d'origine « Département de la guerre (!) » – au début de chaque administration (http://bit.ly/41URcBs ).

D'emblée, l'EDN a été qualifiée d'« isolationniste » et de promouvoir le néo-monroïsme de Trump 2.0 : « les missions de défense et de protection du territoire national et de l'hémisphère occidental ont la priorité absolue (!!!) ».

Sans détour, Politico affirme que « le Pentagone prévoit de hiérarchiser les questions intérieures (!!!) par rapport à la menace chinoise », ce qui « marque une rupture importante avec la première administration Trump, qui mettait l'accent sur la dissuasion de Pékin ».

Trump 1.0 n'est pas le même que Trump 2.0, qui est aujourd'hui confronté à de graves problèmes nationaux dans son conflit ouvert avec le groupe mondialiste de George Soros et de son fils Alex, auxquels il envisage d'appliquer la loi RICO (http://bit.ly/4gnHJIR ), alors que les États-Unis sont au bord d'une guerre civile après l'assassinat de son allié chrétien millénariste Charlie Kirk – plusieurs hypothèses circulent quant aux commanditaires de cet assassinat: cela va de l'Ukraine (http://bit.ly/3Kkg6nS) à Israël (Netanyahu), selon l'ancien agent de la CIA Larry Johnson (http://bit.ly/4nyMQbB ), et comprend également l'hypothèse mormone (http://bit.ly/46I6Cuv  et http://bit.ly/4grh1z1 ).

En effet, « le Pentagone a mobilisé des milliers de soldats de la Garde nationale pour faire appliquer la loi à Los Angeles et à Washington et a envoyé plusieurs navires de guerre et avions F-35 dans les Caraïbes (!!!) pour barrer la route au trafic de drogue vers les États-Unis », avec l'élimination controversée de 11 membres présumés du gang du Tren d'Aragua embarqués sur une chaloupe.

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De plus, « le Pentagone a également établi une zone militarisée le long de la frontière sud avec le Mexique qui permet à l'armée d'arrêter des civils ». Cela se produit en parfaite synchronisation avec l'affirmation téméraire d'un « rapport spécial (sic) de Reuters », porte-parole de l'anglosphère (http://bit.ly/4nuRJCm ).

Deux autres révisions sont attendues en octobre concernant la posture mondiale des États-Unis – le stationnement de leur armée – et la défense aérienne et antimissile, qui sont liées à l'EDN alors qu'il est très probable que les troupes soient retirées d'Europe et du Moyen-Orient. En outre, l'Initiative de sécurité des pays baltes, à ses frontières avec la Russie (sic), subirait d'importantes réductions de son financement (http://bit.ly/41QEVhp).

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Le concepteur de cette nouvelle version de la politique du Pentagone est Elbridge Colby, qui s'est aligné sur le vice-président J. D. Vance, futur candidat à la présidence, afin de « libérer les États-Unis de leurs engagements étrangers ».

Le retrait militaire américain prend tout son sens lorsque Trump 2.0 a l'intention de rencontrer fin octobre, lors du sommet de l'APEC en Corée du Sud, son homologue chinois Xi Jinping, avec lequel il mène des négociations commerciales sur les tarifs douaniers à Genève, et que deux hauts responsables de la défense à Washington et à Pékin maintiennent la communication.

Il n'est pas non plus surprenant que la Russie, qui occupait la deuxième place parmi les adversaires des États-Unis sous Trump 1.0, était le premier ennemi désigné sous Biden et son groupe démocrate, qui souffraient de russophobie congénitale, alors qu'aujourd'hui les négociations se poursuivent à plusieurs niveaux, comme l'ont laissé entendre le président Poutine dans son discours à Vladivostok lors de la réunion du Forum économique de l'Asie de l'Est, et Kirill Dmitriev, conseiller du Kremlin pour les fonds souverains.

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Malgré la résurrection du G-3 le 3 septembre dernier par le Groupe de Shanghai à Tianjin, soit la réactivation de l'ancien RIC (Russie/Inde/Chine) – un concept forgé par l'ancien Premier ministre russe Yevgeny Primakov en 1998 (!) –, Moscou maintient sa proposition d'une collaboration « trilatérale » entre la Russie, les États-Unis et la Chine pour exploiter les réserves abondantes d'hydrocarbures dans l'Arctique, sans parler de la collaboration pétrolière entre ExxonMobil et la société d'État russe Rosneft (http://bit.ly/4n7BTxK ).

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mardi, 16 septembre 2025

L'essor de l'Asie et l'avenir de la mondialisation

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L'essor de l'Asie et l'avenir de la mondialisation

Markku Siira

Source: https://geopolarium.com/2025/09/09/aasian-nousu-ja-global...

La fin de la mondialisation a été prédite à la suite des crises du 21ème siècle, telles que les attentats du 11 septembre, la crise financière et la pandémie de coronavirus. Cependant, l'analyste stratégique Parag Khanna affirme que la mondialisation ne s'essouffle pas, mais qu'elle se transforme, l'Asie devenant son centre. Bien que la vision de Khanna sur le rôle de l'Asie soit convaincante, l'avenir de la mondialisation est complexe en raison de la concurrence technologique entre les grandes puissances et des divisions qu'elle crée.

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Khanna (photo) décrit la mondialisation comme la construction de réseaux qui englobent les échanges commerciaux, les capitaux, les idées et les technologies. Selon lui, le centre de la mondialisation s'est déplacé de l'Occident vers l'Asie, où le commerce et les investissements entre les pays, soutenus par exemple par l'accord de libre-échange régional RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership, qui couvre 15 pays d'Asie et du Pacifique), renforcent l'intégration régionale.

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La mondialisation est un phénomène fragile, menacé par le protectionnisme, les guerres commerciales et la concurrence entre les États-Unis et la Chine, par exemple dans le développement de l'intelligence artificielle et des réseaux sans fil avancés. Cette concurrence divise le monde en camps technologiques et fragmente les marchés mondiaux.

Khanna utilise le terme « asiatique » pour décrire la convergence économique, culturelle et politique que l'on observe en Asie.

Le développement qui a débuté avec la reconstruction du Japon s'est rapidement étendu à des économies en pleine croissance telles que Hong Kong, Singapour, la Corée du Sud et Taïwan, ainsi qu'à la Chine et à l'Asie du Sud-Est, créant ainsi un réseau d'interdépendance. Cependant, l'essor technologique de la Chine, comme la domination de Huawei dans le domaine de la 5G, a suscité des réactions négatives en Occident. Les restrictions et les sanctions imposées aux exportations technologiques pourraient ralentir l'intégration asiatique et affaiblir le caractère ouvert de la mondialisation.

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Les atouts de l'Asie sont sa population jeune, ses bas salaires et ses investissements dans les infrastructures, qui soutiennent la croissance économique. Cependant, le développement technologique nécessite une main-d'œuvre qualifiée et, en Inde par exemple, le chômage des jeunes et la qualité inégale de l'éducation limitent le potentiel. En outre, la stabilité politique est remise en question lorsque les gouvernements utilisent des technologies de pointe pour restreindre les libertés civiles, ce qui peut accroître les tensions sociales et ébranler la confiance dans la liberté promise par la mondialisation.

La concurrence technologique divise le monde en deux écosystèmes dominés respectivement par les États-Unis et la Chine, où les normes et la gestion des données diffèrent. Les controverses autour de TikTok et WeChat aux États-Unis montrent par exemple comment la technologie crée de nouvelles frontières. Les petits pays asiatiques, comme le Vietnam ou les Philippines, peuvent se retrouver pris au piège de la dépendance technologique, par exemple en ce qui concerne les réseaux 5G chinois ou les semi-conducteurs occidentaux, ce qui accroît les inégalités entre les pays.

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Même si Khanna affirme que la pauvreté a diminué en Asie, les bénéfices de la mondialisation sont répartis de manière inégale et les écarts de revenus se creusent. L'automatisation peut remplacer des millions de travailleurs et accroître la popularité du populisme politique, ce qui remet en question la légitimité de la mondialisation.

Selon Khanna, le changement climatique est le plus grand défi pour l'Asie et la mondialisation, même si ses causes et son ampleur font encore l'objet de désaccords. L'Asie souffre de conditions climatiques extrêmes et est le plus grand producteur mondial d'émissions de dioxyde de carbone, la Chine représentant à elle seule environ 30% des émissions mondiales.

Le développement et l'adoption des énergies vertes, souvent présentés comme des solutions, posent toutefois problème. L'énergie solaire et éolienne dépendent de matières premières critiques, telles que le lithium et les métaux rares, dont l'extraction cause des dommages environnementaux importants et accroît les tensions géopolitiques. En outre, les sanctions commerciales et les litiges en matière de brevets ralentissent le partage des innovations, ce qui empêche la transition vers une économie durable et remet en question la capacité des technologies vertes à résoudre les défis environnementaux sans compromis plus larges.

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L'avenir de la mondialisation se dessine en fonction de la concurrence technologique. L'essor de l'Asie s'inscrit dans cette transition, mais la pandémie et les clivages technologiques encouragent des pays comme l'Inde et les pays de l'ANASE à développer leur autosuffisance, par exemple dans le domaine des semi-conducteurs. Cela pourrait conduire à une « mondialisation locale », dans laquelle le commerce se concentrerait sur des blocs régionaux.

La numérisation et l'intelligence artificielle augmentent le flux de données, mais les différences réglementaires peuvent créer de nouveaux obstacles.

Même si le développement durable prévu par l'agenda des Nations unies nécessite des technologies neutres en carbone, les économies asiatiques, en particulier la Chine et l'Inde, restent dépendantes du charbon, du gaz naturel et du pétrole brut. La Chine a toutefois investi massivement dans l'économie verte, par exemple dans le développement de la plus grande usine de production d'hydrogène vert au monde, qui soutient la transition vers des sources d'énergie à faibles émissions.

Les répercussions sociales de la technologie sont considérables: elle crée des opportunités, mais elle écarte également des travailleurs, en particulier dans les secteurs à faible niveau de compétences en Asie. Si les avantages sont concentrés entre les mains d'une minorité, le mécontentement social pourrait affaiblir le soutien à la mondialisation.

Khanna constate : « À chaque moment de l'histoire, une partie du monde atteint son apogée. En ce moment, c'est l'Asie. » Cela est en partie vrai, mais l'avenir de la mondialisation est incertain. Le succès de l'Asie dépend de la résolution des défis technologiques, écologiques et sociaux. La prochaine étape de la mondialisation sera une lutte pour trouver un équilibre entre la concurrence technologique, l'environnement et l'équité.

Paléotrumpisme et néotrumpisme

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Paléotrumpisme et néotrumpisme

Daniele Perra

Après la trahison substantielle des revendications antisystème lors de la première expérience trumpiste (l’administration du magnat new-yorkais a agi dans une continuité quasi totale avec celle de ses prédécesseurs sur le plan géopolitique et, sur certains aspects, a même préparé le terrain pour son successeur), la machine de propagande s’est vue obligée de doter le message du candidat républicain d’une nouvelle « virginité ». Cette fois, libéré de l’inspiration pseudo-religieuse « à la QAnon » (une opération psychologique au succès indéniable, vu l’influence qu’elle a eue aussi sur de larges secteurs de la droite et une partie de la gauche européenne), le message trumpiste semble s’orienter vers des voies bien plus pragmatiques, visant une forme de techno-mercantilisme postmoderne qui fascine (et pas qu’un peu) les courants prométhéens de la droite occidentale, ainsi que certains représentants de l’ultra-capitalisme mondialisé.

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Dans un article publié sur son site graymirror.substack.com, sous le titre emblématique Gaza and the laws of war, l’ancien programmeur informatique de la Silicon Valley (et aujourd’hui activiste politico-idéologique) Curtis Yarvin défend la nécessité de laisser à Israël toute liberté d’agir (comme bon lui semble) dans la bande qu'est le territoire palestinien. À l’IDF devraient être attribués les mêmes pouvoirs dont bénéficiaient les Britanniques sur le mandat de Palestine (y compris celui de déplacer massivement une partie de la population). Selon lui, ce serait la seule manière de mettre fin, en un temps relativement court, à un conflit qui pèse directement sur les épaules des contribuables américains [1].

Au final, le prix que paierait le peuple palestinien ne serait que celui de quelques « transferts de propriété » aux nouveaux colons sionistes. Ainsi, la « Nouvelle Gaza », construite par l’homme d’affaires judéo-américain Jared Kushner (gendre de Donald J. Trump), deviendrait une sorte de « Los Angeles de la Méditerranée »: « une ville qui vaudrait six mille milliards de dollars » et qui rendrait millionnaires les Palestiniens eux-mêmes (sic !). En effet, tous ceux qui accepteraient volontairement d’abandonner leurs maisons en front de mer (une « zone côtière très précieuse », selon Kushner) seraient récompensés et pourraient enfin s’installer massivement à Dubaï [2].

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À cette fin, Yarvin (photo) ne se limite pas à interpréter le conflit en termes purement monétaires, en termes de flux de capitaux avant tout (ce qui, d’ailleurs, n’a rien d’original de la part d’un « penseur » américain), mais il s’aventure également dans des questions relatives à la tactique militaire, exprimant son enthousiasme pour la soi-disant « doctrine Dahiya » de l’armée israélienne. Cette doctrine, élaborée par le général Gadi Eisenkot (photo) au début des années 2000, prévoit la destruction systématique de toutes les infrastructures civiles (écoles, hôpitaux, centres de loisirs, etc.) qui pourraient de quelque manière être liées aux groupes de Résistance (Hamas et Hezbollah en premier lieu).

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Cette « doctrine » fut utilisée, avec peu de succès à vrai dire, lors de la « guerre des 33 jours » au Liban en 2006. Ciblant directement les infrastructures civiles, l’objectif serait de mettre la pression sur l’ennemi et de pousser les civils survivants à fuir afin de pouvoir, ensuite, attaquer la même cible (et les militaires à proximité) avec plus de force. La « doctrine Dahiya » est donc intrinsèquement liée à l’idée de « recours disproportionné à la force » sur laquelle repose une grande partie de la stratégie militaire sioniste actuelle.

Les idées de Yarvin font écho à celles présentées par J. D. Vance (le sénateur de l’Ohio choisi par Donald J. Trump comme vice-président dans la course à son second mandat présidentiel). En effet, Vance a déclaré en juillet dernier qu’Israël devrait mettre rapidement fin au conflit dans la bande de Gaza afin de pouvoir se concentrer (avec les monarchies sunnites participantes aux « Accords d’Abraham ») sur la menace iranienne [3].

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À ce sujet, il est intéressant de noter que parmi les principales références idéologiques de Vance figure le journaliste Sohrab Ahmari (photo - ancien rédacteur du Wall Street Journal). Fils d’Iraniens sécularisés et anti-khomeynistes, il a émigré aux États-Unis alors qu’il était adolescent et, après avoir d’abord adhéré à certains groupes trotskystes, a fini par passer dans le camp néoconservateur (Après tout, il s’agit du même parcours suivi par le père idéologique du néoconservatisme, l’Américain Irving Kristol, de confession israélite, qui, à partir de positions trotskystes défendues en 1960, a commencé à élaborer les thèses néoconservatrices dans certaines revues liées à la communauté juive nord-américaine). Ahmari, après avoir voté pour Hillary Clinton en 2016, a opté pour un changement de cap décisif, voyant en Donald J. Trump la seule chance de sauvegarder l’hégémonie mondiale américaine [4].

Il n’est donc pas surprenant qu’une autre référence idéologique de J. D. Vance soit Patrick Deneen, qui a théorisé un « ordre mondial américain post-libéral »: c’est-à-dire un ordre qui ne dépasse pas l’hégémonie mondiale des États-Unis (Donald J. Trump lui-même a défendu la nécessité d’imposer des droits de douane élevés — comme de véritables armes — à ceux qui n’utilisent pas le dollar comme monnaie de référence pour le commerce international) [5], mais qui la réajuste simplement selon de nouveaux axes.

Il semble que Yarvin ait eu une influence notable sur la « vision du monde » particulière de Vance. Sa « pensée » mérite donc une brève analyse. Descendant d’une famille de communistes juifs (du côté paternel), Yarvin aime, par suite, se définir comme « communiste juif » [6], bien qu’il soit considéré à juste titre comme le père théorique des courants néoréactionnaires et des soi-disant « Lumières noires » (dark enlightenment). Au centre de la pensée de Yarvin se trouve le concept de « monarchie profonde » (deep monarchy), qui s’oppose directement à celui d’« État profond » (le fameux « deep State »).

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Selon l’ancien programmeur informatique, la démocratie libérale actuelle n’a plus de sens, puisqu’elle s’est transformée de fait en une forme d’oligarchie (et jusque-là, il est difficile de lui donner tort). À son avis, ce modèle devrait être dépassé d’abord par une forme d’administration dirigée par un « directeur général » (un « CEO », Yarvin utilise toujours des termes « entrepreneuriaux ») qui jouerait effectivement le rôle de « dictateur » et qui ferait table rase des vestiges de « l’État profond » (ce devrait être la tâche de Donald J. Trump, personnalité dotée d’indéniables capacités entrepreneuriales). Ensuite, le « dictateur-CEO » devrait quitter ses fonctions ou assumer lui-même le rôle de monarque et donner naissance à une monarchie postmoderne (sans désignation divine) qui se comporterait comme une « entreprise dotée de souveraineté », basée sur une sorte de « camaraderie techno-entrepreneuriale » et destinée à maximiser les profits et ses propres ressources.

Il convient ici de souligner quelques points. Tout d’abord, le succès de la pensée de Yarvin auprès de la droite occidentale (et/ou « occidentalisée ») est en partie aussi le fruit d’une inévitable erreur de traduction qui conduit de nombreux « non-initiés » à associer le terme anglais « corporations » au corporatisme d’inspiration médiévale européenne ou, même, au fascisme.

En réalité, Yarvin, selon ses propres dires, l’utilise simplement au sens de société/entreprise. Et il n’a aucun problème à se définir comme un « austro-mercantiliste » disciple de Ludwig von Mises (lié donc aux prémisses théoriques de cette école autrichienne qui, avec son individualisme méthodologique — aux côtés du contractualisme, du scepticisme et de l’utilitarisme — représente l’un des quatre courants théoriques du libéralisme économique).

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Il en découle que son « projet monarchique », auquel il rattache l’idée d’« illuminisme noir », vise en fait seulement à donner une structure autocratique au dit libéralisme économique : une sorte de « capitalisme absolu » garanti par le « souverain entrepreneurial ». Deuxièmement, sa vision monarchique-sociétale-financière, bien que dépourvue d’inspiration religieuse, ne semble pas du tout différente du messianique qu'implique la vision d'un « Royaume d’Israël », un royaume que la doctrine rabbinique elle-même veut purement terrestre. Ce n’est pas un hasard si Yarvin, tout en déclarant ne pas croire en Dieu, mais seulement en la physique (on retrouve ici une idée que Carl Schmitt avait associée tant au libéralisme qu’au marxisme-léninisme : réduire le gouvernement à une forme de science exacte, confiée à des spécialistes sélectionnés de façon scientifique), s’identifie aux préceptes de l’orthodoxie juive qui imposent « d’écouter et d’agir ». En elle, en effet, le point central n’est pas de croire en Dieu, ce n’est pas la foi, mais simplement l’exécution des actions requises (même si elles impliquent l’extermination de personnes sans défense).

Troisièmement, il devrait s'avérer assez difficile d’associer les concepts de l’individualisme méthodologique de l’école autrichienne à des formes de « camaraderie » (même exprimées en termes entrepreneuriaux), de corporatisme ou de collectivisme, même si Yarvin estime que « maximiser les profits et les ressources » de la « monarchie/société » équivaut à garantir le « bien commun ».

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Enfin, il est nécessaire d’ouvrir une brève parenthèse sur le concept de « Lumières noires », qui rappelle, d’une certaine manière, l’idée du « Soleil Noir » des SS himmlériens, bien que totalement dépourvue de son message spirituel. À la théorie astronomique du Soleil Noir (c’est-à-dire l’existence d’une étoile effondrée de couleur rouge-brun et de petite taille qui perturbe occasionnellement le système solaire), on a attribué dans certains milieux allemands une signification mystique-ésotérique qui la reliait à la présence/absence d’un Dieu caché, déchu et détrôné. On peut trouver des exemples similaires dans diverses civilisations traditionnelles: l’Atoum égyptien, père des dieux de l’Ancien Empire, qui devint le soleil du monde souterrain suite à l’arrivée de Rê (le « soleil de midi »); le titan Cronos/Saturne, détrôné par son fils Zeus/Jupiter; Apollon, qu’Otto Rahn, chercheur SS, associait à l’Apollyon de l’Apocalypse de saint Jean et donc à Lucifer (l’ange déchu, le prince des ténèbres) [7].

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Mircea Eliade avait déjà souligné l’existence, dans les civilisations traditionnelles d’Eurasie, d’une grande variété de mythes, rites et symboles impliquant plus ou moins clairement la coincidentia oppositorum, la présence de deux divinités opposées ou, même, la parenté entre le Dieu suprême et son rival (le Diable). Souvent, ils étaient présentés comme coéternels, tandis que dans d’autres cas, Dieu semblait incapable d’achever la création sans l’aide du Diable [8].

En ce sens, le luciférisme doit être compris comme une sorte de sentiment de vengeance émanant d’un Dieu détrôné; un renversement des valeurs religieuses traditionnelles au nom du retour au mythe originel. C’est la revanche du titanisme sur les dieux olympiens; la revanche de l’ange déchu sur le Dieu suprême. Ce n’est pas un hasard si l’idéologue du mouvement Azov ukrainien, Olena Semenyaka (un mouvement idéologique et militaire qui, bien qu’il soit un « idiot utile » de l’atlantisme, se réfère symboliquement de diverses manières à l’expérience des SS), s’appuyant sur une interprétation inadéquate de la pensée nietzschéenne, a souvent parlé de la « volonté de puissance luciférienne » comme « sentiment métaphysique de liberté absolue » et comme instrument idéologique d’opposition aux modèles de valeurs dominants dans les sociétés occidentales actuelles.

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Le problème fondamental de telles constructions idéologiques réside dans le fait qu’elles ne comprennent pas que le « luciférisme élitiste » peut difficilement vaincre une construction sociale qui est déjà « luciférienne » dans ses fondements mêmes. En d’autres termes, il s’agit d’une simple contradiction dans les termes.

En effet, pour paraphraser à nouveau Schmitt, la modernité elle-même s’est construite autour d’un « changement de paradigme »: la domination centrale de la société prémoderne (la religion) a été remplacée par une domination périphérique, celle de la technique, qui est rapidement devenue religion. Une religion construite sur la prémisse que tous les problèmes seront résolus par la technique et le progrès infini. Il semble donc, pour le moins, difficile d’espérer une nouvelle affirmation du titanisme alors qu’en réalité, nous y sommes déjà plongés.

En ce sens, Yarvin a le « mérite » de ne pas recourir au mythe. Il sait parfaitement que le Dieu de la Modernité relève des Lumières dans leur version qui est le courant techno-scientifique. Il ne s’y oppose pas par « une inversion de ses valeurs », mais simplement par une accélération absolutiste. Sa pensée, par conséquent, se définit (à raison ?) comme « néoréactionnaire », dans la mesure où elle n’est en rien réactionnaire, mais très « progressiste » ; tout comme les « néofascistes » ou « néonazis » actuels ne sont en rien ni « fascistes » ni « nazis ».

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La « monarchie profonde » de Yarvin, comme nous l'avons déjà mentionné, se résume simplement à l’affirmation utopique d’un « Nouveau Royaume d’Israël » ultramécanisé et fondé sur la domination des plus avancés technologiquement sur les autres. Encore une fois, rien de particulièrement original dans une pensée américaine.

On a dit qu’il n’est pas réactionnaire, mais absolument « progressiste », aussi parce que Yarvin s’est déclaré favorable au droit des personnes de même sexe de se marier. Parmi les financiers de sa start-up informatique Tlon figure Peter Thiel, célèbre investisseur américain du secteur, chrétien évangélique convaincu mais homosexuel assumé, ainsi que membre actif du Groupe Bilderberg, avant-garde atlantiste fondée par la CIA et le MI6.

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Yarvin aurait déclaré à une autre personnalité liée à la soi-disant « droite alternative », l’activiste Milo Yiannopoulos (photo - également ouvertement homosexuel, déjà connu pour avoir affirmé que les aventures amoureuses entre adolescents et adultes peuvent être une expérience mutuellement bénéfique) [9], que Thiel, défenseur de la libération de la technologie des contraintes bureaucratiques et gouvernementales qui la musèlent, aurait été son disciple. Inutile de préciser que Thiel fut le principal financier de la campagne électorale de J. D. Vance en 2022.

À ce stade, il ne reste plus qu’à examiner le domaine purement géopolitique. Dans ce champ, Yarvin suggère plus qu’il n’affirme. On n’y retrouve pas les références du trumpisme bannonien originel au « choc des civilisations », au danger que représentent pour l’hégémonie américaine l’alliance islamo-confucéenne et l’unification de l’espace allant de l’Europe centrale et orientale à la Chine. Cependant, son interprétation du conflit en Ukraine est assez intéressante. Il le définit comme un « conflit cinétique », au sens où son issue finale dépend exclusivement de l’action humaine et peut donc se terminer de manières diamétralement opposées [10]. Or, Yarvin soutient que le résultat de ce conflit déterminera l’avenir des États-Unis: soit ils persisteront sur leur trajectoire descendante (où le nationalisme libéral-démocratique les a conduits), soit ils se transformeront en «TurboAmerica»: une puissance capable de guider le monde selon de nouveaux principes.

C’est ici qu’entrent en jeu les soi-disant « isolationnistes » classiques d’un certain trumpisme. Selon Yarvin, les États-Unis devraient se comporter avec l’Europe de la même manière que la Grande-Bretagne s’est comportée avec l’Amérique dans les premières décennies du 19ème siècle. À son avis, les Britanniques furent les véritables promoteurs de la soi-disant « doctrine Monroe ». Celle-ci était totalement fonctionnelle aux intérêts de Sa Majesté, car, à un moment où Londres jouissait encore d’une hégémonie thalassocratique absolue, elle sanctionnait l’impossibilité pour la Couronne d’Espagne de récupérer son « empire ». De même, une solution adéquate du conflit en Ukraine (au sens de faire porter les coûts à l’Europe, tout en s’assurant que Poutine ne puisse pas nuire aux intérêts des États-Unis) pourrait garantir aux États-Unis un autre siècle (si ce n’est plus) de domination mondiale sans rival.

Notes :

[1] Voir Gaza and the laws of war, 3 abril 2024, www.graymirror.substrack.com .

[2] Ibidem.

[3] Voir Vance: Israel should finish war as quickly as possible, partner sunni states against Iran, 16 julio 2024, www.timesofisrael.com .

[4] Voir The seven thinkers and groups that have shaped JD Vance’s unusual worldview, 18 luglio 2024, www.politico.com .

[5] Voir Trump wants huge tariff for dollar defectors, fewer US sanctions, 13 settembre 2024, www.bloomberg.com .

[6] Voir Interview with Curtis Yarvin, 15 noviembre 2023, www.maxraskin.com 

[7] M. Zagni, La svastica e la runa. Cultura ed esoterismo nella SS Ahnenerbe, Mursia, Milano 2011, p. 385.

[8] M. Eliade, Mefistofele e l’Androgine, Roma 1971, p. 77.

[9] Voir Yiannopoulos quits Breitbart, apologies for uproar year-old comment, 21 febrero 2017, www.nbcnews.com .

[10] Voir Ukraine, the tomb of liberal nationalism, 15 febrero 2024, www.graymirror.substrack.com .

Source: https://www.eurasia-rivista.com/paleotrumpismo-e-neotrump...

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Les Etats-Unis en phase terminale: l'autodestruction annoncée

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Les Etats-Unis en phase terminale: l'autodestruction annoncée

Nicolas Maxime

Source: https://www.facebook.com/nico.naf.735

S’il existe aujourd’hui un pays qui illustre jusqu’à la caricature ce que l’on pourrait appeler la phase terminale de l’Occident, ce sont bien les États-Unis. À l’image de instrumentalisation politique des événements récents — le meurtre tragique d’Iryna Zarutska, ou l’assassinat du conservateur chrétien Charlie Kirk — et de la polarisation qui s'en suit entre deux camps irréconciliables, tout semble concourir, jour après jour, à l’effondrement de la première puissance mondiale qui ne parvient désormais plus qu’à mettre en scène ses propres convulsions.

Dans le meurtre d’Iryna Zarutksa, le profil de l’assassin, un afro-américain atteint de schizophrénie, illustre la faillite d’un système de santé qui laisse des centaines de milliers de sans-abri sans soins, livrés aux opiacés et à la violence de la rue. Les États-Unis sont le pays le plus riche du monde, mais tolèrent l’exclusion et l’effondrement de pans entiers de leur population, au risque de laisser des malades psychiques devenir des dangers potentiels pour les autres.

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Quant au tueur de Charlie Kirk, Tyler Robinson, il en serait le miroir inversé. Issu d'une famille blanche mormone, ce jeune homme de 22 ans a été décrit comme le gendre idéal. Sa trajectoire illustre l’effondrement social et moral d'un pays où l’isolement collectif et la perte de repères vont faire basculer des jeunes dans une violence meurtrière. De Bowling for Columbine jusqu'à la tuerie, récemment, dans une école dans le Minnesota, il ne passe pas une année sans qu'il y ait une tuerie de masse aux États-Unis impliquant des jeunes, parfois encore adolescents.

Sans plus tarder, la droite trumpiste a récupéré ces meurtres pour en faire la preuve d’un complot de la gauche contre l’Amérique blanche et chrétienne, tandis que certains militants progressistes ont jubilé à l'annonce de la mort de Charlie Kirk. Le débat n'est plus possible lorsqu'on instrumentalise les cadavres pour des raisons idéologiques.

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Dans Civil War, Alex Garland imagine une guerre civile aux États-Unis dans un futur proche où la haine et les règlements de comptes finissent par balayer le processus de civilisation décrit par Norbert Elias. Ceux qui ont vu le film se rappellent de cette scène effroyable où le milicien pose la question, « quel type d’Américain es-tu ? » avant de passer à l'acte. La réalité est peut-être en train de rattraper la fiction car ce qu’il montrait — une Amérique incapable de surmonter sa polarisation, où chaque camp vit dans le fantasme de l’élimination de l’autre — est en train de se réaliser sous nos yeux.

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Pour le comprendre, il faut convoquer le philosophe René Girard qui avait compris ce mécanisme dans La violence et le sacré. Il l'illustre par le désir mimétique selon lequel on désire toujours ce que l'autre désire,  ce qui mène à la violence. Cela engendre une crise sacrificielle lorsqu'il y a un conflit généralisé. Pour sauvegarder sa cohésion, la société concentre sa haine sur une victime unique, le bouc émissaire, accusé d’incarner tous les maux. Dans le cas américain, chaque camp érige son adversaire en ennemi absolu. Le meurtre de Charlie Kirk devient pour la droite trumpiste la preuve que la gauche est prête à tout pour détruire l’Amérique blanche et chrétienne. À l’inverse, une partie de la gauche voit dans la mort de Kirk celle d'un ennemi des idées progressistes. Au lieu d’apaiser la société, ce drame est devenu le support sacrificiel d’une haine sans issue où chaque camp est persuadé d'être l'ennemi du mal.

Complètement livrée au nihilisme et à ses démons intérieurs : misère sociale, drogue, violences, perte de repères … qu'elle n'a pas su et pu résoudre en devenant le pays de l'argent Roi, le pourrissement des États-Unis est tel que le pays est en voie d’auto-destruction annoncée. Pour l’instant, ce ne sont que des incendies épars, des étincelles violentes qui s’allument ici ou là. Mais viendra le jour où l’embrasement, et l'affrontement violent entre les deux camps sera définitif.

La question n’est plus de savoir si l’Amérique implosera, mais quand.

16:10 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : états-unis, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook