Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 13 mai 2016

Bonne nouvelle pour l'Europe: Erdogan licencie Ahmet Davutoglu

ahmet_davutoglu_sn635.jpg

Bonne nouvelle pour l'Europe: Erdogan licencie Ahmet Davutoglu

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a soudainement annoncé mercredi 4 mai sa décision de démissionner de la présidence du Parti Justice et Développement (AKP) au pouvoir et de son poste de premier ministre. Lors d'une conférence de presse, après la réunion du Comité central de direction de son parti, Davutoglu a déclaré que l'AKP organiserait un congrès extraordinaire pour élire son successeur.
 
Davutoglu sauve les apparences en annonçant lui-même sa démission. Mais nul ne peut ignorer qu'il a été énergiquement poussé au départ par Recep Tayyip Erdogan. Plusieurs raisons justifient ce coup de force. La première tient aux réticences de plus en plus marquée du premier ministre aux actions menées par Erdogan et son parti pour écraser le Parti démocratique populaire pro-kurde (HDP).

erdogan_gewinnt_gegen_davutoglu_2695145.jpg

Cette démission est par ailleurs le reflet de conflits profonds au sein de l'Etat dans le contexte de la participation turque à la guerre civile syrienne, de tensions croissantes avec la Russie et d'une nouvelle guerre civile sanglante avec la minorité kurde en Turquie. On sait que depuis plusieurs jours l'AKP, instrumentalisé par Erdogan, menace de lever l'immunité parlementaire des députés HDP pour permettre leur procès sur des accusations de terrorisme. Si Davutoglu avait laissé faire, il ruinait définitvement son image et ceux des « islamistes « modérés qu'il représente désormais depuis que Erdogan a renoncé à toute modération pour éliminer y compris par des attentats organisés les désirs d'autonomie relative du parti kurde.

Merkel va-t-elle comprendre?

C'est non seulement auprès des 30% environ d'électeurs turcs souhaitant se rapprocher de l'Europe, qu'il aurait ruiné son image mais auprès des gouvernements européens. Davutoglu avait été pratiquement le seul artisan des accords négociés avec Angela Merkel pour que la Turquie contrôle les flux de migrants que jusqu'à présent, sous l'influence de Erdogan et de ses alliées les pétromonarchies, voire de soutiens au sein de Daesh, Ankara avait dirigés vers l'Union européenne pour la détruire de l'intérieur. Or l'expérience avait montré que si Erdogan acceptait les milliards d'euros de l'Europe, il ne faisait rien pour tarir le flot des migrants. Si Davutoglu avait fermé les yeux, il se déconsidérait définitivement comme interlocuteur de l'Union européenne dans la perspective de futurs rapprochements.

Son départ sera donc une bonne chose pour l'Europe, à commencé pour Angela Merkel. Il sera de plus en plus impossible de négocier avec la Turquie sur les migrants et l'éventuel rapprochement  avec l'Union européenne – y compris espérons-le sur la question qui aurait été très mal accepté de délivrer des visions aux voyageurs turcs. Il sera également de plus en plus impossible de continuer à offrir des portes ouvertes aux millions de « migrants » en attente.

Le départ de Davutoglu met en évidence la volonté d'Erdogan de devenir un dictateur en tous domaines, autrement dit le Sultan ottoman qu'il a toujours rêvé d'être. Ceci s'était traduit jusqu'ici par des poursuites contre la presse telles que la détention préventive de journalistes. Par ailleurs, de plus en plus aujourd'hui, Erdogan mène une politique belliqueuse, tant au niveau international qu'à l'intérieur de la Turquie.

davutoglu_fluechtet_2694995.jpg

Il a attisé une guerre civile contre la minorité kurde de Turquie et presque provoqué la guerre avec la Russie quand, avec le soutien américain, la Turquie a abattu un avion de chasse russe au-dessus de la Syrie en novembre dernier. Il est de plus en plus évident qu'avec ses appels à un régime « présidentiel », Erdogan tente de faire face à des contradictions politiques insolubles en imposant un régime autoritaire.

On peut espérer que le masque représenté par Ahmet Davutoglu une fois arraché, l'Union et les gouvernements européens renonceront à toute collaboration sérieuse avec la Turquie d'Erdogan – quitte à braver les reproches de Obama et des autres organes de pouvoir américains n'ayant jamais renoncé à affaiblir l'Union européenne par l'intermédiaire d'un mariage forcé avec la Turquie.

mardi, 10 mai 2016

Du sultan Recep Ier et du calife François

pape-en-turquie.jpg

Du sultan Recep Ier et du calife François

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

La commission de Bruxelles a officiellement indiqué son souhait de supprimer les visas pour les Turcs qui souhaiteraient visiter l’Union Européenne. Elle ne fait que transposer la décision des principaux chefs d’état et de gouvernement, Angela Merkel en tête, en échange de la pleine collaboration des autorités turques au plan établi de gestion des migrants « syriens » (beaucoup n’étant pas syriens du tout, ceci dit).

Le négociateur turc va néanmoins changer en cours de route. Le premier ministre Davutoglu, coupable d’avoir été encore trop accommodant avec les dirigeants européens, est démis par la volonté du président Recep Erdogan. Celui-ci a ainsi fait savoir que la suppression des visas qu’il exige ne souffrirait d’aucune contrepartie. Pas question pour lui de généraliser le passeport biométrique ou d’adapter sa politique anti-terroriste, dédiée aux Kurdes, pas à Daech bien sûr.

Erdogan continue sa politique de renforcement de son autorité en vue d’établir une crypto-autocratie à peine cachée en vérité. Personne ne doit lui faire de l’ombre. Après avoir réduit l’armée au silence, avec la bénédiction naïve de l’Union Européenne, après avoir réintroduit le voile islamique, Erdogan veut désormais tous les pouvoirs pour mener à bien la réislamisation du pays. Pour avoir négligé sa volonté, Davutoglu est débarqué. Le prochain premier ministre devra être un personnage effacé, vassal soumis de son sultan.

Alors que la Russie de Poutine est victime de sanctions économiques, dont la droite parlementaire en France a demandé sans succès l’arrêt, la Turquie d’Erdogan est l’objet d’une indécente flatterie. Merkel a même livré à la justice allemande un humoriste qui avait osé se moquer du tyranneau. Il faut ménager ce dernier, connu pour ses colères noires, et ce à tout prix. Il a en effet le doigt appuyé sur la manette ouvrant le barrage migratoire.

Il aurait suffit pourtant que les Européens changent leurs lois afin de rendre leurs pays moins attractifs aux migrants. Mais nos dirigeants semblent incapables d’oser montrer les crocs et de faire preuve d’une force morale même minimale. Au contraire, toute l’eurocratie est allée à Canossa offrir au pape François le prix Charlemagne. Il est vrai qu’il aurait été difficile de lui remettre le prix Charles Martel.

Le pape se permet (voir mon article précédent) depuis des mois de culpabiliser les Européens en les invitant à faire preuve d’un « nouvel humanisme » qui consisterait à accueillir tous les migrants sur son sol. Il déclare même rêver d’une Europe « où être migrant ne soit pas un délit ». Il prône lui aussi le multiculturalisme au lieu de ranger la chrétienté derrière la défense de l’européanité. François a ainsi mis fin au compromis romano-chrétien, et donc euro-chrétien, établi par l’empereur Constantin. En échange de la protection terrestre de l’Empire, l’Eglise devait lui assurer une protection céleste.

En flattant Erdogan et en se soumettant aux injonctions morales suicidaires de François, les dirigeants de l’Union Européenne trahissent gravement les intérêts des Européens. Une toute autre politique serait au contraire nécessaire, associant cohérence et fermeté, défense du véritable humanisme européen, celui hérité des Grecs et des Romains, et refus d’un multiculturalisme mortifère auquel les mondialistes, dont ce pape est, voudraient nous soumettre.

Le discours à tenir au pape, c’est de s’en tenir à la défense de son Église, et à s’abstenir de toute position publique de nature politique, en particulier invitant les Européens à faire preuve de faiblesse. Le discours à tenir au président turc, c’est de lui rappeler que son pays occupe illégalement Chypre-Nord et qu’il a existé en 1920 un traité de Sèvres qu’on pourrait avoir envie de ressusciter.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

samedi, 07 mai 2016

Complots à ciel ouvert… ou comment les groupes de réflexion liés à l’OTAN contrôlent la politique européenne des migrants

migrant5.jpg

Complots à ciel ouvert… ou comment les groupes de réflexion liés à l’OTAN contrôlent la politique européenne des migrants

Par William Engdahl 

Source New Eastern Outlook

Ex: http://lesakerfrancophone.fr

Les vagues de migrants fuyant les guerres touchant la Syrie, la Libye, les attentats de Tunisie et d’autres pays musulmans déstabilisés par les Révolutions de Couleur du Printemps arabe menées par Washington ont créé le plus grand bouleversement social qu’a connu l’Union européenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Maintenant, il est devenu clair pour la plupart que quelque chose de sinistre est en cours de réalisation, quelque chose qui menace de détruire le tissu social et l’essence même de la civilisation européenne. Ce que peu de gens réalisent, c’est que tout ce drame est orchestré, non pas par la chancelière allemande Angela Merkel ou par des bureaucrates anonymes de la Commission européenne, mais par une cabale de think tanks liés à l’OTAN.

Le 8 octobre 2015, au milieu de la vague créé par des centaines de milliers de réfugiés inondant l’Allemagne, la chancelière allemande Angela Merkel a proclamé, au cours d’un programme populaire de télévision allemande : «J’ai un plan». Elle en a profité pour critiquer vertement son partenaire de coalition, le chef de la CSU bavaroise, Horst Seehofer, un critique virulent de la politique des bras ouverts aux réfugiés de Merkel depuis le printemps 2015, qui a permis à plus d’un million de réfugiés d’entrer en Allemagne l’année dernière.

Depuis, avec une détermination d’acier, la chancelière allemande a défendu le régime criminel d’Erdogan en Turquie, un partenaire essentiel de son plan.

Le monde entier a regardé avec étonnement comment elle a ignoré les principes de liberté d’expression et a décidé de poursuivre publiquement un comédien bien connu de la télévision allemande, Jan Böhmermann, pour ses remarques satiriques à propos du président turc. Tout le monde est étonné de voir que le symbole de la démocratie européenne, la chancelière allemande, a choisi d’ignorer l’emprisonnement par Erdogan de journalistes d’opposition et sa censure des médias d’opposition turcs, alors qu’il tente d’établir une dictature de facto en Turquie. Tout le monde est resté perplexe quand le gouvernement de Berlin a choisi d’ignorer la preuve accablante qu’Erdogan et sa famille ont été matériellement complices du terrorisme d’État islamique en Syrie, qui est à la source de la crise des migrants. Tout le monde a été étonné de voir comment elle a poussé pour un engagement de l’UE à donner des milliards au régime d’Erdogan, pour soi-disant faire face à l’afflux de réfugiés dans les camps de réfugiés turcs.

merkel-616756.jpg

Le plan Merkel

Toutes ces actions en apparence inexplicables de la dirigeante allemand, qu’on dit par ailleurs pragmatique, semblent remonter à son approbation d’un document de 14 pages préparé par un réseau de think-tanks otaniens, effrontément intitulé Le plan Merkel.

Ce que la chancelière allemande n’a pas dit à son hôtesse, Anne Will, ou à ses téléspectateurs, c’est que son plan lui avait été fourni seulement quatre jours plus tôt, le 4 octobre, dans un document déjà intitulé Le plan Merkel, par un think-tank international nouvellement créé et, évidemment, bien financé, appelé l’Initiative de stabilité européenne ou ISE. Le site internet de l’ISE indique qu’il possède des bureaux à Berlin, Bruxelles et Istanbul.

De quoi éveiller les soupçons, car les auteurs du document ISE ont intitulé leur plan comme s’il provenait du bureau même de la chancelière allemande et non pas d’eux. Plus suspect encore est le contenu du Plan Merkel d’ISE. En plus d’avoir déjà hébergé plus d’un million de réfugiés en 2015, l’Allemagne devrait «accepter d’accorder l’asile à 500 000 réfugiés syriens enregistrés en Turquie au cours des 12 prochains mois». En outre, «l’Allemagne doit accepter les réclamations de la Turquie […] et assurer le transport en toute sécurité des candidats retenus […] déjà enregistrés auprès des autorités turques […]» Et enfin, «l’Allemagne doit accepter d’aider la Turquie à obtenir l’exemption de visa pour l’Union européenne en 2016».

Ce prétendu Plan Merkel est un produit des think tanks étasuniens et de l’OTAN liés aux  gouvernements des pays membres de l’OTAN ou de membres potentiels. La maxime «suivre la trace de l’argent» est instructive pour voir qui dirige vraiment l’UE aujourd’hui.

L’Initiative de stabilité européenne (ISE)

L’ISE vient à la suite des efforts faits par l’OTAN pour transformer l’Europe du Sud-Est après la guerre des États-Unis contre la Yougoslavie dans les années 1990, qui a abouti à la balkanisation du pays et à l’établissement d’une grande base aérienne conjointe entre l’OTAN et les États Unis, le Camp Bond Steel au Kosovo.

L’actuel président de l’ISE, qui est directement responsable du document intitulé Plan Merkel, est un sociologue autrichien basé à Istanbul, Gerald Knaus. Knaus est également membre du Conseil européen des relations étrangères (ECFR), et un membre de l’Open Society.

knaus2016_cut_590px.jpg

Fondée à Londres en 2007, l’ECFR est une imitation du Conseil de New York pour les Relations Etrangères, le think-tank créé par les banquiers Rockefeller et JP Morgan pendant les pourparlers de paix du traité de Versailles, en 1919, pour coordonner une politique étrangère mondiale anglo-américaine. De manière peu surprenante, le créateur et financier de l’ECFR est le multimilliardaire américain et bailleur de fonds des Révolutions de couleur, George Soros. Dans pratiquement toutes les révolutions de couleur soutenues par le département d’État américain depuis l’effondrement de l’Union soviétique, y compris en Serbie en 2000, en Ukraine, en Géorgie, en Chine, au Brésil et en Russie, George Soros et les ramifications de ses fondations Open Society ont été dans l’ombre du financement des ONG et des militants pro-démocratie, dans le but d’amener au pouvoir des régimes pro-Washington et pro-OTAN.

Les membres sélectionnés, appelés membres ou associés du Conseil de l’ECFR, basé à Londres, comptent son co-président Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères du Parti Vert, qui a obligé son parti à soutenir le bombardement illégal, par Bill Clinton, de la Serbie sans l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les autres membres de l’ECFR sont l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Xavier Solana. On y trouve aussi  le plagiaire déshonoré et ancien ministre allemand de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg ; Annette Heuser, directrice exécutive de la Bertelsmann Stiftung à Washington DC ; Wolfgang Ischinger, président de la Conférence sur la sécurité de Munich ; Cem Özdemir, président de Bündnis90 / Die Grünen ; Alexander Graf Lambsdorff du Parti libéral allemand (FDP) ; Michael Stürmer, correspondant en chef de Die Welt ; Andre Wilkens, directeur de la Fondation Mercator ; Daniel Cohn-Bendit du Parlement européen. Cohn-Bendit, connu sous le nom Danny le Rouge pendant les émeutes étudiantes de mai 1968, était un membre du groupe autonomiste Revolutionärer Kampf (Lutte Révolutionnaire) à Rüsselsheim en Allemagne, avec son proche allié, maintenant président de l’ECFR, Joschka Fischer. Les deux ont ensuite fondé la branche Realo des Verts allemands.

Les fondations Open Society sont un réseau de fondations exonérées d’impôts, créé par George Soros à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique, pour promouvoir la démocratie et le marché libre pro-FMI et la libéralisation du marché des anciens pays communistes, ce qui a ouvert grande la porte au pillage systématique des actifs miniers et énergétiques de ces pays. Soros était un financier majeur de l’équipe économique libérale de Boris Eltsine, qui comprenait aussi l’économiste de Harvard, promoteur de la thérapie de choc, Jeffrey Sachs, et le conseiller libéral d’Eltsine, Egor Gaïdar.

Déjà, il devient clair que le Plan Merkel est en réalité un Plan Soros. Mais il y a plus, si l’on veut comprendre l’ordre du jour qui sous-tend ce plan.

Les fondateurs de l’ISE

L’Initiative de stabilité européenne est financée par une liste impressionnante de donateurs. Le site les répertorie.

Logo-RobertBoschStiftung.jpgLa liste comprend, en plus des Fondations Open Society de Soros, la Stiftung Mercator, une organisation liée aussi à Soros et l’organisation Robert Bosch Stiftung. La Commission européenne est aussi un des bailleurs de fonds de I’ISE. Puis, assez curieusement, la liste des bailleurs de fonds pour le plan Merkel comprend également une organisation au nom orwellien, l’Institut de la paix des États-Unis.

Certaines recherches révèlent que l’Institut de la paix des États-Unis a tout sauf un esprit épris de paix. L’Institut de la paix des États-Unis est présidé par Stephen Hadley, ancien conseiller au Conseil de sécurité nationale des États-Unis pendant les guerres menées par l’administration néoconservatrice Bush-Cheney. Son conseil d’administration comprend Ashton B. Carter, l’actuel ministre de la Défense de l’administration Obama ; le secrétaire d’État John Kerry ; le major-général Frederick M. Padilla, président de la National Defense University des États-Unis. Ce sont des architectes très expérimentés de la stratégie de domination militaire mondiale, dite Full Spectrum Dominance, du Pentagone.

Les auteurs du Plan Merkel, en plus des largesses des fondations de George Soros, listent comme bailleur de fonds importants le German Marshall Fund étasunien. Comme je le décris dans mon livre, The Think Tanks, le German Marshall Fund est tout sauf allemand. «C’est un think tank américain ayant son siège à Washington, DC. Son ordre du jour est la déconstruction de l’Allemagne d’après-guerre et plus largement des États souverains de l’UE, pour qu’ils s’adaptent au mieux à l’agenda de globalisation de Wall Street.»

Le German Marshall Fund de Washington a été impliqué dans la politique de changements de régime post-1990 des États-Unis, en ligne avec le National Endowment for Democracy, les fondations Soros, et le faux nez de la CIA appelé USAID. Comme je le décris dans mon livre, «l’objectif principal du German Marshall Fund, selon son rapport annuel de 2013, était de soutenir le programme du Département d’État américain pour les soi-disant opérations de consolidation de la démocratie dans les anciens pays communistes dans l’est et le sud-est de l’Europe, des Balkans à la mer Noire. De manière significative, leur travail comprenait l’Ukraine. Dans la plupart des cas, ils ont travaillé en collaboration avec l’USAID, largement identifiée comme une façade de la CIA ayant des liens avec le Département d’État, et la Fondation Stewart Mott qui donne des fonds à la National Endowment for Democracy ».

On pourra remarquer que la même Stewart Mott Foundation est aussi un bailleur de fonds du Plan Merkel, tout comme le Rockefeller Brothers Fund.

TURKEY-GERMANY-DIPLOMACY.jpg

Tout cela devrait donner à réfléchir quant à savoir pour qui et vers quels objectifs est destiné l’accord Merkel-Erdogan censé faire face à la crise des migrants de l’UE. Est-ce que la faction Rockefeller-Bush-Clinton aux États-Unis a l’intention de l’utiliser comme une expérience d’ingénierie sociale importante pour créer le chaos et des conflits sociaux dans l’UE, en même temps que leurs ONG telles que la NED, Freedom House et les Fondations Soros attisent les choses en Syrie et en Libye et à travers le monde islamique ? L’Allemagne est elle, comme l’a dit Zbigniew Brzezinski, un vassal de la puissance américaine dans le monde après 1990 ? À ce jour, tout montre que c’est le cas. Le rôle des think tanks liés au États-Unis et à l’OTAN est central pour bien comprendre la façon dont la République fédérale d’Allemagne et l’Union européenne sont effectivement contrôlées au delà du rideau de l’Atlantique.

William Engdahl

Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone.

mardi, 12 avril 2016

Pirinçci: Böhmermann ist kein Held

pirinw=559,c=0.bild.jpg

Pirinçci: Böhmermann ist kein Held

von Felix Krautkrämer

Ex: http://jungefreiheit.de

Deutschland streitet über die Schmähkritik Jan Böhmermanns an Erdogan. Ist das noch Satire oder bloß plumpe Beleidigung? Die JUNGE FREIHEIT hat mit einem Experten für Fäkalsprache über den Fall geredet und den Publizisten Akif Pirinçci nach seiner Meinung zu Böhmermanns Gedicht befragt.

Herr Pirinçci, ganz Deutschland redet über Jan Böhmermann, weil er den türkischen Premier Erdogan in einem Schmähgedicht beleidigt hat. Können Sie die Aufregung nachvollziehen?

Pirinçci: Ach, der Böhmermann, das ist einer, der immer frech tut, aber in Wahrheit stets auf der richtigen Seite steht. Jetzt ist er halt mal ausgerutscht und hingefallen. Das wird aber keine negativen Konsequenzen für ihn haben, weil er sich den „richtigen“ Feind ausgesucht hat. Dafür wird er jetzt als Held gefeiert. Für etwas, wofür es keinen Mut brauchte.

Wie ein Besoffener, der durch die Straßen rennt und grölt

Wie finden Sie sein Gedicht?

Pirinçci: Lustig. Es ist auch keine Beleidigung an sich. Das Ganze ist doch sinnfrei. Bis auf den Punkt mit der Unterdrückung der Kurden enthält es auch keine politischen Inhalte. Der Rest ist auf jeden anwendbar, um ihn zu schmähen. Es ist, wie wenn ein Besoffener nachts durch die Straßen rennt und grölt. Und die Fäkalität in seinem Gedicht finde ich witzig.

Die Ausdrucksweise ist Ihnen ja auch nicht fremd …

Pirinçci: Wissen Sie, das linke Lustigsein war in den vergangenen Jahren ziemlich eingeschlafen. Es hatte keinen Biß mehr, keine Schärfe, alles war berechenbar, und da bin ich gekommen und habe das mal etwas aufgewirbelt, mit meiner Sprache. Ich habe diese Art der Schmähkritik hier ja quasi erst eingeführt. Satire muß nicht immer eine politische Botschaft haben, sondern darf manchmal auch einfach nur die Sau rauslassen. Als eigentliches Mittel zum Zweck.

In Ihrem Fall ist das aber nicht auf solche Begeisterung gestoßen.

pirin9783944872223.jpgPirincçi: Ich bin als Künstler aus dem deutschen Kulturleben ausgelöscht und ausradiert worden. Meine Bücher werden nicht mehr verkauft und sogar aus Bibliotheken verbannt, selbst meine Katzenkrimis. Da hat sich kaum einer daran gestört. Im Gegenteil: Die meisten haben das auch noch beklatscht. Böhmermann dagegen wird glimpflich davonkommen. Er wird ein paar tausend Euro Strafe wegen Beleidigung zahlen müssen, aber dann als heldenhafter Künstler in die Geschichte eingehen. Mir hat man dagegen die Existenz zerstört. Aber ich bin ja auch kein Linker. Da ist das dann ok.

Deutsche Debattenkultur könnte in Obszönitäten ertrinken

Noch ist nicht entschieden, ob es ein Verfahren im Fall Böhmermann geben wird.

Pirinçci: Egal, wie die ganze Angelegenheit ausgeht, die Kulturlandschaft kann nur verlieren. Entweder wird ein Richter entscheiden, was ein Künstler in Deutschland sagen darf und was nicht. Oder aber der Richter sagt, das ist alles von der Kunst- und Meinungsfreiheit gedeckt. Und dann wird die deutsche Debattenkultur, insbesondere im Netz, in Obszönitäten ertrinken und darin ersticken.

Wieso?

Pirinçci: Weil dann jeder reimen kann, was er will. Zum Beispiel über den Geruch gewisser Körperteile der Bundeskanzlerin, um bei Böhmermanns Beispiel zu bleiben. Und wenn es dann Ärger gibt, braucht er nur zu sagen: Das ist Satire, der Böhmermann durfte das ja auch.

Türken haben andere Beleidigungskultur

Sie stammen selbst aus der Türkei, hätte Böhmermann nicht wissen müssen, daß jemand wie Erdogan einen anderen Ehrbegriff hat als jemand, der nach 1968 in Deutschland sozialisiert wurde?

Pirinçci: Das glaube ich gar nicht. Wir haben in der Türkei eine viel hochentwickeltere Fluch- und Beleidigungskultur als die Deutschen. Das geht weit über das hinaus, was in Deutschland gebräuchlich ist. Ein „Ich fick deine Mutter“ ist da noch harmlos. Insofern müßte Erdogan das eigentlich abkönnen.

Warum reagiert er dann so empfindlich?

Pirinçci: Weil er weiß, daß er Deutschland in der Hand hat. Er sitzt am Flüchtlingshahn und wenn ihm ein Verhalten Deutschlands nicht paßt, dann dreht er diesen Hahn einfach etwas auf und läßt zehntausende Flüchtlinge nach Europa und Deutschland strömen. Andererseits: Vielleicht ist er auch einfach nur größenwahnsinnig geworden. Er hat gesehen, daß er in der Türkei unbequeme Journalisten ins Gefängnis stecken kann und hat sich möglicherweise gedacht: Mal gucken, ob das auch in Deutschland klappt. Nur daß er sich mit Böhmermann dabei eigentlich gar keinen unbequemen Komiker rausgesucht hat.

Ankara exige des poursuites pénales contre le comédien allemand pour ses propos sur Erdogan

nmr_mediathek-teaserbild.jpg

Ankara exige des poursuites pénales contre le comédien allemand pour ses propos sur Erdogan

Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Jan-Böhmermann-Alles-alles-über-Deutschland.jpgLe satiriste allemand Jan Böhmermann (photos) avait, lors d’une émission diffusée par la chaîne publique ZDF-neo, traité le président turc de pédophile et de zoophile. Ankara exige à présent que des poursuites pénales soient engagées contre le comédien.

Le gouvernement turc a réclamé au ministre allemand des Affaires étrangères d’ouvrir des poursuites pénales suite à la diffusion, fin mars, de l’émission télévisée dans laquelle Jan Böhmermann avait lu un poème sur le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Selon le ministère allemand des Affaires étrangères, l’Allemagne envisage d’étudier méticuleusement le contenu des revendications demandées par la Turquie afin de déterminer un plan d’action approprié.

Le parquet allemand avait déjà ouvert une enquête préliminaire à l’encontre du comédien après qu’une vingtaine de plaintes ont été déposées, et, que le porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, a qualifié les propos du comédien de «sciemment insultants».

Source : RT

mardi, 09 février 2016

Erdogan agace diablement The Economist

recep-tayyip-erdogan-the-ekonomist-kapaginda-1.jpg

Erdogan agace diablement The Economist

Ex: http://www.dedefensa.org

En temps normal, c’est-à-dire dans un temps fonctionnant bien au rythme de la narrative-BAO, Erdogan avec sa Turquie devraient être le favori de nos puissants Masters of the Universe. Ne voilà-t-il pas un homme qui veut la peau d’Assad de toutes les façons possibles, y compris en soutenant Daesh et en faisant la fortune de sa petite famille en même temps ; et mieux encore le fin limier, qui abat en plein vol un Su-24 de Poutine et menace l’ignoble Russe de toutes les calamités possible... Et encore “mieux encore”, pour ceux qui ont quelque mémoire disponible : Erdogan a pris cette position et fait ces choix après avoir copiné longuement et chaleureusement avec Poutine, pendant des années, à l’immense agacement de ceux qui, des Anglo-Saxons à l’OTAN, s’étaient considérés depuis des décennies comme les divers parrains, tuteurs et protecteurs d’une Turquie parfaitement occidentalisée par la corruption et l’occidentalisation affichées conjointement, – l’une et l’autre chose allant de pair, évidemment. L’irruption d’Erdogan avec certaines de ses lubies vers la fin de la première décennie du siècle, surtout son espèce de russophilie et ses positions anti-israéliennes, avait troublé le bon ordre des choses. Son retournement complet, préparé par son attaque contre Assad depuis 2011, achevé par le symbole musclé du flingage du-24 russe expédié ad patres le 24 novembre 2015, aurait du dissiper tout ce trouble de mauvais aloi et combler de joie tous ces messieurs-dames des diverses directions-Système du bloc-BAO. Eh bien, – surprise, surprise, ou bien désordre, désordre, – eh bien pas du tout.

The Economist consacre un long dossier à la Turquie et son texte de présentation est plus que critique vis-à-vis d’Erdogan. Par moment, – ô étrange et fatale ivresse des dieux, – on pourrait croire qu’Erdogan est le “méchant” et Poutine le “gentil”. Le distingué canard londonien va jusqu’à affirmer avec réprobation qu’Erdogan, en abattant le Su-24 de Poutine, s’est mis dans une position d’isolement ! Nous n’y comprenons plus rien, nous qui croyions avec constance et zèle que l’isolé-à-perpétuité, c’était Poutine avec sa barbare Russie ... On croirait presque à un compte-rendu de RT ou de Sputnik de l’incident, lorsqu’on lit dans The Economist, jusqu’à l’insistance sur les circonstances géographiques de la chose : « Le danger de l’isolement [de la Turquie et d’Erdogan] fut brutalement mis en évidence en novembre quand un chasseur turc abattit dans l’espace aérien syrien un chasseur russe qui avait brièvement pénétré dans l’espace aérien turc. » La suite du commentaire semblerait un conseil donnée à la Turquie de ne pas se frotter aux Russes, ce qui pourrait constituer avec un peu d’interprétation une drôle de façon indirecte de quasiment reconnaître la légitimité de l’intervention russe en Syrie.

Inutile de dire que les Russes, attentifs aux évolutions de la communication dans la maison de fous qu’est le bloc-BAO, ont sauté sur les jugements catégoriques de cette bible de l’hyperlibéralisme-hypercapitaliste qu’est The Economist. Le site de Sputnik.News en donne un compte-rendu résumé ce 8 février. Nous allons à la source originelle de l’outrage, pour donner la fin du texte de présentation de Max Rodenbeck, mis sur le site de l’hebdomadaire britannique ce 6 février.

« ...The danger of isolation was sharply underlined in November when Turkish jets shot down a Russian fighter over Syria that had briefly entered its air space. The Russian president, Vladimir Putin, swiftly responded with a broadside of sanctions. The Russian measures could trim up to 0.7% from Turkish GDP growth this year, according to the European Bank for Reconstruction and Development.

» With lukewarm support from its allies, Turkey has tried to calm the excitement. But given its support for militias fighting against Syria’s president, Bashar al-Assad, and Russia’s growing military commitment to his survival, there could well be more clashes. Turkey seems in danger of stumbling into an unplanned but potentially costly fight. It imports most of its gas from Russia, and Turkish construction firms have well over $10 billion-worth of Russian contracts on their books.

» Now Turkey faces a new threat. A double suicide-bombing in Ankara on October 10th last year aimed at a march by leftist trade unions and Kurdish activists killed more than 100 people. In January suicide-bombers struck again, this time in the heart of Istanbul, killing ten tourists. Both attacks were attributed to Islamic State. In a country that has long seen itself as insulated from Middle Eastern turmoil, the intrusion of violent radical Islam came as a particular shock. Worse, it partly reflected Mr Erdogan’s slowness to recognise the danger of blow-back from his own policies in Syria, where Turkey for too long indulged radical Islamists so long as they opposed the Assad regime.

» Rather than blame the party in power for such setbacks, worried voters in November rallied behind Mr Erdogan, backing a strong, tested government rather than risk rule by a possibly weaker coalition. It helped that the ruling party, in effect, controls Turkey’s mainstream media, which pumped up nationalism in the face of danger. Mr Erdogan had carried the 2014 presidential election with a slim majority of 52%, and his AK party, for all its success, enjoys the support of just half the Turkish public. Many of the rest remain sceptical or even bitterly opposed to him.

» This special report will argue that Turkey’s leaders, with their ambitions still set on mastery, are not doing nearly enough to heal such internal rifts. The Kurdish issue looms as one big danger, and so does the Turkish economy’s growing vulnerability to external shocks. Mr Erdogan’s blustering, bulldozing style, together with his party’s growing intolerance for dissent, portends trouble. »

...Non, The Economist n’est pas devenu fou, mais peut-être la cause qu’il défend avec une élégance toute britannique est-elle, elle, complètement folle. Ce digne organe de propagande de l’anglosaxonisme et de la globalisation hyperlibérale n’écrit rien qui n’ait une intention tactique, selon une stratégie qui ne varie pas depuis sa création, au XIXème siècle. Il s’agit de lire entre les lignes, et de retenir les paragraphes importants au milieu du bla-bla de convenance, comme avant l’on lisait la Pravda soviétique. Par conséquent, nous pouvons penser que ce texte de présentation si hostile à Erdogan et à la Turquie reflète un sentiment désormais dominant dans les milieux dirigeants-Système du bloc BAO. L’hypothèse s’impose sans aucun doute d’elle-même, quant à sa justification : il apparaît très probable que les manigances d’Erdogan dans la manipulation des migrants syriens vis-à-vis de l’Europe depuis le printemps 2015 est l’énorme goutte d’eau qui est en train de faire déborder un vase qui ne demandait pourtant qu’à rester bien sagement dans son espace contenu.

On a là un signe convaincant de l’ampleur de la crise que l’action d’Erdogan a provoqué chez les dirigeants-Système du bloc-BAO, dans leur entièreté puisque les meneurs anglo-saxons sont de la partie. On a la confirmation que la crise des migrants est un énorme problème pour la direction européenne. Si certains ont cru pouvoir avancer que cette crise des migrants constituaient un “plan” impliquant dans un parfait accord  tout ce beau monde solidaire [Erdogan + les dirigeants-Système], qu’elle était en un sens coordonnée entre les uns et les autres, nous serions tenté de penser que cette attaque de The Economist est une indice sérieux de la vanité de l’analyse. Notre préférence va plutôt au désordre, à l’absence de coordination, au déchaînement des hybris divers, aux mécanismes déterministes-narrativistes des fables sociétales, à la sottise et à la médiocrité standard des uns et à l’emportement hystérique et hyper-narcissique des autres, et ainsi de suite. Tout cela, qui caractérise le désordre général qui est désormais bien dans notre façon d’être, entraîne des heurts internes sans fin (au sein du au bloc-BAO), et chaque fois avec des conséquences de plus en plus considérables. C’est du standard surpuissance-autodestruction.

Autre indication que nous donne cette intervention, qui concerne les projets de Grand-Califat, avec invasion de la Syrie pour commencer, du président-Calife Erdogan. La position de The Economist avec des mots tels que “le soutien réservé” (de l’OTAN à la Turquie dans l’affaire du Su-24), est un indice de plus que le comportement d’Erdogan est de plus en plus mal vécu au sein de l’OTAN, y compris avec les alliés américanistes. S’il devait y avoir en enchaînement guerrier en Syrie du fait d’une intervention turque, il s’agirait d’un moment extrêmement difficile pour l’Alliance atlantique, soumise ainsi à une de ses plus rudes épreuves entre la solidarité affichée qu’on juge en général absolument impérative et les dissensions internes pouvant aller jusqu’à des situations proches de la rupture alors qu’il s’agirait d’une situation conflictuelle où les Russes seraient de la partie. Enfermé dans son palais des mille-et-un-songes, Erdogan qui est désormais plutôt du genre Prophète-Antéchrist n’est pas nécessairement informé de tout cela, ni même intéressé si on lui en faisait part. Il fait partie de cette nouvelle classe de dirigeants née du désordre du monde, et ayant ainsi délibérément choisi d’ignorer complètement les vérités-de-situation au profit des narrative qui correspondent à leurs humeurs et à leurs vaticinations diverses, – dont l’une des définitions, celle qu’on favorisera, est « Délire verbal, comme si on était habité par un dieu ». Tout cela est bien en phase avec le rythme du temps présent et à la représentation postmodeniste permanente.

 

13:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, turquie, erdogan | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 18 janvier 2016

Erdogan pris à son propre piège

erdotwitteresize.jpg

Erdogan pris à son propre piège

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'attentat suicide perpétré selon la Turquie par « un militant de Daech » le mardi 12 janvier à Sultanahmet, un quartier d'Istambul qui symbolise la puissance passée de l'Empire ottoman ainsi que l'ouverture du pays au tourisme étranger, semble marquer un tournant dans les relations entre la Turquie, et notamment son président Erdogan, avec Daech.
 
Jusqu'ici, malgré les dénégations officielles du gouvernement turc, Daech était considéré comme un partenaire important par la Turquie. L'organisation terroriste fournissait de grandes quantités de pétrole volées en Irak et Syrie, dont la majeure partie était revendue puis expédiée à partir de la Turquie. L'argent obtenu retournait en grande partie à Daech, ce qui lui permettait de se procurer hommes et armes dans sa guerre contre la Syrie et d'autres pays du Proche et Moyen Orient, sans mentionner la Russie. Une partie non négligeable se retrouvait dans les poches des dignitaires turcs amis d'Erdogan, ainsi que dans celle de sa famille proche.

Or à 10h20, heure locale, mardi, un kamikaze a déclenché sa charge explosive au milieu d'un groupe de touristes étrangers à quelques mètres de la Mosquée bleue, au pied de l'obélisque de Théodose, faisant dix morts et quinze blessés. «  L'auteur de cette attaque est un étranger membre de Daech », a déclaré le premier ministre, Ahmet Davutoglu, lors d'une brève allocution télévisée. Selon les autorités, il s'agit d'un ressortissant saoudien âgé de 28 ans, Nabil Fadli. D'après l'agence de presse Dogan, l'homme serait entré en Turquie depuis la Syrie le 5 janvier avec le statut de réfugié et la bénédiction de la police aux frontières turque.

L'attentat est-il le fait d'un exalté radicalisé agissant de son propre chef, comme on en rencontre de plus en plus en Europe? S'agit-il d'un repositionnement majeur de Daech à l'égard de la Turquie, et dans quel objectif? La chose est difficile à dire, dans le silence officiel imposé sur cette affaire. En cas d'une offensive délibérée de Daech, les milliers de djihadistes entrés récemment en Turquie avec l'accord d'Ankara pourraient se transformer en combattants suicides, non seulement comme ils ont toujours eu l'ambition de le faire, en Europe, Russie et autres lieux, mais en Turquie même.

Ceci dit, pourquoi ce repositionnement de Daech? On ne sache pas qu'il se sente menacé par les gesticulations militaires turques à son égard. La Turquie réserve son armée à la lutte contre les Kurdes. On ne voit pas d'ailleurs ce que Daech aurait à gagner à perdre l'aide économique abondante que lui a toujours apportée Erdogan.

Il est peu probable que l'on en sache davantage prochainement. Il est certain par contre que Erdogan se retrouve pris au piège de ses propres trahisons à l'égard de ceux qui luttent contre Daech. Même si Nabil Farid était un loup solitaire, il demeure l'archétype et sera nécessairement le modèle des milliers de djihadistes dissimulés dont la Turquie a facilité l'introduction en Europe, parmi le petit million de migrants qu'elle a déjà laissé passer à destination de l'Allemagne et d'autres pays européens.

Angela Merkel, qui il y a quelques semaines, faisait des salamalecs à l'égard d'Erdogan, avec un chèque de 3 milliards d'euros payés par la commission européenne, pour qu'il contrôle l'immigration, devrait en principe se rendre compte de sa criminelle inconscience. Les familles des touristes allemands tués à Istanbul pourraient en tous cas le lui rappeler.

00:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erdogan, turquie, actualité, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 09 janvier 2016

La Turquie, l'Islam sunnite et le grand jeu américain

balonerdo.jpg

La Turquie, l'Islam sunnite et le grand jeu américain

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous ne cessons pas ici de nous étonner devant l'aveuglement européen face à la volonté d'Erdogan de rebâtir un néo-Empire ottoman qui s'opposerait directement aux Etats arabes chiites du Moyen-Orient, à la Russie, à la Chine et finalement à l'Europe, celle-ci incarnant de nouveau pour les besoins de la cause l'Empire Chrétien d'Occident.
 
Il est incontestable qu'Erdogan est devenu depuis quelques mois un fou furieux qu'il faudrait traiter comme on ne l'a pas fait d'Hitler au premier temps du nazisme, l'isoler et le détruire politiquement. Mais il n'est pas seul dans son délire d'impérialisme belliqueux. Il est soutenu comme l'ont montré les dernières élections à Ankara par l'ensemble des musulmans turcs. Ceux-ci se réclament du sunnisme et voient d'un très bon oeil Erdogan s'en prendre à leurs ennemis au sein de l'Islam que sont les chiites et les Alaouites. Parmi ceux-ci il faut compter en premier lieu les Iraniens chiites et en Syrie l'Etat alaouite de Bashar al Assad.

Les Européens qui pensaient que les guerres de religions s'étaient éteintes depuis plusieurs siècles n'ont pas encore compris qu'une guerre de religion aussi impitoyable que celle ayant opposé Catholiques et Protestants en Europe fait rage entre musulmans sunnites et chiites. Il est pourtant évident que dans les pays où au contraire de l'Europe ne s'est  exercée une utile prise de distance d'avec les religions, les passions humaines qui ont toujours alimenté les guerres entre croyants de diverses obédiences continuent à faire rage.

En dehors de rares athées critiqués comme occidentalisés, les Turcs sont à tous les niveaux de la société des sunnistes convaincus. Ils ne demandent donc qu'à soutenir le « calife Erdogan », dans lequel ils voient une sorte de résurrection de leurs anciens prophètes. Ce soutien s'accompagne de la volonté de faire renaitre une vieille alliance avec les autres pays sunnistes de la région, en tout premier lieu l'Arabie saoudiste et les pétro-monarchies du Golfe. D'où l'inadmissible tolérance qu'ils ont depuis le début exercé à l'égard des soutiens multiples de l'Etat turc et d'Erdogan en premier lieu à Daesh en général et à l'opposition anti-Assad en particulier.

Mais comme toujours les guerres de religions font le bonheur des puissances extérieures qui s'en servent pour imposer leur pouvoir économique et militaire dans la partie du monde où elles sévissent.

Nul n'ignore dorénavant que les Etats-Unis ont toujours soutenu la Turquie sunnite pour en faire une arme de guerre au profit de leurs intérêts pétroliers et stratégiques, ceci par l'intermédiaire de l'Arabie saoudite et de ses alliés tout dévoués à ces intérêts.

Parmi les intérêts stratégiques américains se trouve évidemment une guerre jamais interrompue – au contraire – contre l'Etat russe, son potentiel militaires et son immense domaine territorial. La décision russe, malheureusement un peu tardive, de remettre un pied au Moyen Orient via la Syrie, jusqu'ici terrain de jeu américain, ne pouvait qu'encourager Washington à pousser aux affrontements militaires entre Turquie et Russie.

Les naîfs européens, à part quelques esprits réalistes comme l'ancien ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine n'avaient de leur côté jamais compris qu'à travers une adhésion contre nature de la Turquie à l'Union européenne, les Etats-Unis cherchaient à détruire de l'intérieur cette même Union, susceptible de se vouloir indépendante d'eux. Ils n'ont d'ailleurs pas renoncé à l'entreprise, comme le montre le soutien indécent qu'ils apportent à une reprise des négociations entre Bruxelles et Ankara, légitimée par un désir de limiter des afflux de migrants en Europe provoqués par la Turquie et en arrière-main, par les Américains eux-mêmes.

Le talon d'Achille

La machine de guerre turque souffre cependant d'un talon d'Achille qui réside dans l'importante communauté kurde de Turquie. Celle-ci, qui a toujours été tenue à l'écart, fait aujourd'hui de la part d'Erdogan, d'une véritable persécution. Certains parlent de génocide, à échelle réduite. Les relations avec les autres communautés kurdes, en Irak et en Syrie, ont toujours été tendues, les unes et les autres ayant des intérêts économiques différents. Cependant, avec la guerre anti-kurdes menée par Erdogan, elles se ressèrrent jusqu'à faire espérer un jour la mise en place d'un grand Etat fédéral kurde, qui priverait la Turquie de quelques 30% de son territoire.

Ceci n'avait évidemment pas échappé à Vladimir Poutine. Ankara et avec lui l'Otan espéraient une réaction militaire directe à la suite de la destruction par les turco-américains de l'avion russe. Cette réaction aurait provoqué une offensive militaire généralisée de l'Otan, avec appel éventuel à des armes nucléaires tactiques. Mais Poutine, au risque d'être accusé de faiblesse dans son propre camp, ne l'a pas fait.

Il est par contre en train d'attaquer la Turquie par son talon d'Achille. Le chef du parti turc prokurde vient d'être reçu avec beaucoup d'honneurs à Moscou. Ceci ne sera pas sans conséquences dommageables directes pour Erdogan. Par ailleurs d'autres mesures bien plus dangereuses pour la Turquie que l'interdiction du tourisme russe en Turquie sont en cours de mise en place.

Elles consisteront notamment, après plusieurs hésitations, à coopérer avec les Kurdes de Syrie et d'Irak dans la lutte contre Daesh, y compris militairement.. Ce que l'Europe ni d'ailleurs la Russie n'avaient pas jusqu'ici osé faire, en se donnant comme prétexte la propension des dits Kurdes à des trafics en tous genres.

Mais aujourd'hui, pour Moscou, s'impose le diction français « à la guerre comme à la guerre ». Non seulement la coopération avec les Kurdes en Syrie et en Irak complètera utilement leurs interventions anti-Daesh dans la région, mais avec un peu de chance elle pourrait entrainer indirectement un démembrement de l'Etat Turc.

La Turquie, à en croire l'opposition démocratique interne à Erdogan, ne s'en porterait pas plus mal. Mais ce serait la fin des rêves de califat de celui-ci. L'Europe en ce qui la concerne, à commencer par la chancelière Merkel, ne s'en porterait pas plus mal non plus. François Hollande pour sa part le comprendra-t-il ?

 

jeudi, 07 janvier 2016

Erdogan-Janus sera-t-il l’Antéchrist-2016?

antechristqdefault.jpgErdogan-Janus sera-t-il l’Antéchrist-2016?

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous aurions pu choisir un titre plus long avec “Erdogan-Janus sera-t-il l’Antéchrist-2016 ou le Prophète-2016 ?”, mais l’on sait que nous n’aimons pas les titres trop longs, à dedefensa.org. Il fallut donc choisir entre les deux images, et ainsi notre choix indiquant le sens de notre commentaire : l’image de l’“Antéchrist” nous paraît mieux adaptée et bien plus féconde à ces temps d’abîme recélant les abysses insondables de la déstructuration-dissolution type-Fin des Temps. Donc, bonne année 2016.

En effet, cette rapide introduction permet également d’indiquer qu’avec Erdogan-2016 pris comme premier sujet de cette année nouvelle, nous ne nous attarderons certainement pas du tout aux thèmes usés et habituels du commentaire, que nous jugeons à la fois complètement dépassés, inappropriés, et complètement accessoires : qu’il s’agisse d’une part de l’analyse géopolitique classique, pleine de grandes manœuvres stratégiques, de Grands Jeux et de toute cette sorte de choses sérieuses des experts très-sérieux du domaine qui réfléchissent avec un sérieux qui vous tient en respect ; qu’il s’agisse d’autre part de l’analyse spéculative, bourdonnante de complots, d’explications cachées et mystérieuses, soudain mises à jour, que nous laissons aux spécialistes du genre, qui pullulent en tous sens et dans tous les sens avec un dynamisme et une constance, sinon une résilience, qui ne cessent de faire notre admiration. On sait que ces parfums de maîtrise de la raison humaine à tout prix, pour continuer inlassablement à nous expliquer le monde qui ne cesse de dérailler dans un tourbillon vertigineux, soit par des raisonnements sérieux et impératifs, soit par des supputations exotiques et enfiévrées, ne constituent en aucune façon nos tasses de thé habituelles. Nous aborderons le sujet par les aspects qui nous importent parce que nous les jugeons primordiaux, qui sont la psychologie et la communication, le symbolisme et le désordre, toutes ces choses où la maîtrise humaine n’a plus qu’un rôle de figurant effacé dont on pourrait aisément se passer sauf pour ce qui est de sa contribution au désordre.

Il est par contre une vérité-de-situation sur laquelle tout le monde doit s’entendre pour cette année 2016, c’est la place subitement très importante que le président turc Erdogan a pris sur la scène mondiale de l’immense désordre qui tient lieu aujourd’hui de ce qu’on nommait in illo tempore “les relations internationales”. (Et, disant “scène mondiale”, nous entendons par là qu’il ne faut pas cantonner Erdogan au seul théâtre moyen-oriental. Les effets de ses excès se font sentir sur tous les fronts, liant un peu plus la crise syrienne à d’autres crises, à la crise européenne avec la migration-réfugiés, à la situation crisique chronique aux USA avec la position de The Donald dans la course aux présidentielles, à la crise ukrainienne du fait du rapprochement antirusse d'Ankara vers Kiev, etc., et contribuant à renforcer notre conviction selon laquelle la vérité-de-situation générale caractérisant notre temps courant est bien que toutes les crises sont désormais fondues en un “tourbillon crisique” et constituent la crise haute, ou Crise Générale d’Effondrement du Système.) Plusieurs évènements ont contribué à cette promotion dont on ne sait si elle est, pour l’homme en question, un triomphe catastrophique ou une catastrophe triomphante. Rappelons-les succinctement.

• Depuis sa désignation comme président, cela accompagné de changements substantiels en préparation de cette fonction qui ferait désormais d’un président turc une sorte de monarque tout-puissant, de type “gaullien”, – pour la structuration institutionnelle sans aucun doute mais pour l’esprit c’est une autre affaire, – Erdogan a commencé aussitôt et par avance à exercer ce nouveau pouvoir vers une tendance de plus en plus autocratique, encore plus après les dernières élections qui ont donné une victoire incontestable à son parti. Le résultat intérieur a été d’abord cette extension accélérée de la dérive autocratique du régime tendant, avec une répression très fortement accrue contre toutes sortes d’opposition et de désaccord, allant jusqu’aux extrêmes de la violence pour réprimer tout ce qui peut être interprété comme du Lèse-Majesté, c’est-à-dire hors de la ligne autocratique. (A cet égard, nous sommes bien loin du gaullisme, article qui ne peut s’exporter que dans les vieux pays structurés par une tradition d’ordre et de mesure.) L’autre aspect intérieur a été une reprise sauvage et brutale de la lutte contre la minorité kurde liée évidemment au bouillonnement extérieur affectant d’autres minorités kurdes, en Syrie et en Irak. Cette attaque contre la minorité kurde prend, selon des sources kurdes et même humanitaires, des allures de nettoyage ethnique, voire des tendances à la liquidation qui fait naître des soupçons de tentation génocidaire.

• La personnalisation du pouvoir a mis en évidence la dimension mafieuse des tendances népotiques dont bénéficie la famille et le clan Erdogan. Cette dimension et ces tendances sont directement liées à un aspect jusqu’alors resté assez discret de l’activité d’Erdogan, mais qui se révèle aujourd’hui au grand jour : son soutien au terrorisme islamiste, où la Turquie supplante désormais les usual suspect, l’Arabie et certains Émirats du Golfe comme le Qatar. Les liens d’Erdogan surtout avec Daesh, ou État Islamique, sont spectaculaires : soutien logistique, soutien direct des forces spéciales et services spéciaux divers de la Turquie, soutien économique avec d’excellentes affaires dans le trafic désormais considérable vers la Turquie comme “point de vente” international du pétrole syrien et irakien que Daesh exploite sur les territoires qu’il contrôle. La famille Erdogan y montre toute l’habileté de ses tendances mafieuses en se trouvant au centre de cette organisation, avec les bénéfices qui vont avec.

• La politique extérieure de la Turquie est désormais complètement bouleversée. Erdogan agit avec une brutalité sans nuances, que ce soit par rapport à la plupart de ses voisins (c’est l’inversion absolue de la formule de l’ancien ministre des affaires étrangères devenu Premier ministre Davutoglu, “Zéro problème avec nos voisins”), que ce soit dans les divers conflits où la Turquie s’invite désormais sans nécessité d’invitations, que ce soit enfin avec la Russie présente en Syrie depuis septembre 2015. Avec l’incident du Su-24 du 24 novembre 2015, les relations très-cordiales et tant bien que mal maintenues en l’état jusqu’à l’été 2015 entre Erdogan et Poutine, ont brusquement basculé. Depuis l’incident du 24 novembre, Erdogan n’a pas d’ennemi plus résolu et plus déterminé que Poutine, et il n’est pas assuré qu’il ait fait une excellente affaire à cet égard. Même un observateur aussi indulgent que MK Bhadrakumar, qui écartait au départ (après l’incident du 24 novembre) la possibilité d’une tension durable entre la Russie et la Turquie, juge au contraire que ces deux pays sont aujourd’hui “on a collision course”.

• Enfin, il y a les ambitions, sinon les rêves de puissance d’Erdogan. Cet aspect-là du personnage est désormais bien connu et tend à prendre une place démesurée dans son identification, dans une époque où la communication domine toute autre forme de puissance, et où le symbolisme joue un rôle fondamental, bien plus qu’une réalité objective dont on sait qu’elle n’existe plus, à notre  estime. Les ambitions d’Erdogan, en forme de rêves ou de cauchemar concernent la restauration de l’empire ottoman, le rôle d’inspirateur et de quasi-Calife du monde musulman. Pour certains, il est un Prophète, sinon un Dieu ; pour d’autres, il n’est rien de moins que l’Antéchrist. Un personnage d’époque, dans aucun doute.

... A côté de tout cela, il y a une réelle évolution, encore souterraine mais grandissante, du sentiment général du bloc-BAO vis-vis de la Turquie, à  cause des frasques provocatrices d’Erdogan (surtout vis-à-vis de la Russie) autant que du rôle plus que douteux qu’il a joué dans la vague de migration des réfugiés syriens vers l’Europe depuis l’été 2015 d’une façon ouverte. Désormais, des commentateurs de médias d’influence dans le Système, comme le site Politico à Washington (le 30 décembre 2015), s’interrogent sur la capacité de nuisance d’Erdogan, c’est-à-dire la possibilité que ses interférences puissent provoquer l’enchaînement vers un conflit de grande importance. Il s’agit de l’hypothèse désormais souvent évoqué qu’Erdogan, provoquant une tension débouchant sur un confit avec la Russie, n’entraîne l’OTAN dans un conflit avec la Russie au nom du fameux Article 5 (dont on oublie en général qu’il n’a pas d’aspect formellement contraignant sur l’essentiel, puisqu’est laissé à l’estime des États-membres le choix de l’aide à apporter à celui qui la réclame, cette aide pouvant par exemple consister simplement dans l’envoi d’un soutien médical). C’est ainsi, au niveau du système de la communication et par la grande porte de l’hypothèse potentiellement nucléaire qui n’a jusqu’ici été évoquée dans la séquence actuelle qu’avec la crise ukrainienne, et seulement à cause de l’implication directe de l’OTAN et des USA, que la Turquie s’est installée au centre du désordre général et international. Il ne s’agit pas de savoir si un conflit nucléaire est concevable ou pas, il s’agit de voir que la Turquie est désormais l’élément central donnant aux commentateurs la possibilité d’évoquer l’hypothèse. Sans doute est-ce ce qu’on appelle, dans notre langage-Système affectionné des salons, “jouer dans la cour des grands”, – c’est-à-dire manier les risques et les sottises pour des hypothèses de première catégorie...

« 2015 is drawing to an end. The unanswered questions of the year — especially the ones related to ISIL, Syria and the massive flow of refugees from the region into Europe — are being carried over onto 2016’s balance sheet. So are the unasked questions. Chief among them is, “For how long will you tolerate the government of Turkey, a member of NATO and would-be member of the EU, taking steps that make defeating ISIL, or Daesh, more difficult?” And, as a supplementary question to the leaders of Europe, “Why are you buying off the government of Turkish President Recep Tayyip Erdogan to gain its cooperation in dealing with all the problems arising from the disintegration of Syria? Shouldn’t his cooperation be part and parcel of membership in a democratic ‘alliance’?”

» But that is small beer compared to a month ago, when a Turkish fighter jet shot down a Russian plane. Since then tensions have grown between the two countries. The Turkish newspaper Zaman reports of renewed tensions between the two countries in the south Caucasus, saying that defense officials in Ankara claim “it is only a matter of time before the tension over Nagorno-Karabakh relapses into war.” If there is another incident — and given how crowded the skies along the Syria-Turkey border are, it can’t be ruled out — and Russia decides to retaliate by shooting down a Turkish jet, what happens then? Turkey is a NATO member and would be within its rights to invoke the Article 5 “collective defense” response.Would the Alliance really go to war against Russia then? »

Il y a aussi, comme nous l’avons évoqué, la dimension mystique et mythique dont commence à être habillé Erdogan, avec ses rêves de grandeur et ses conceptions teintées de références coraniques, bibliques, etc. Comme nous l’avons suggéré plus haut, les images de “Prophète” voire de “dieu”, de “Calife” d’un empire reconstitué, etc., ne nous intéressent guère parce qu’elles renvoient trop au théâtre intérieur et régional autour d’Erdogan, même si le but ultime de l’une ou l’autre de ses fonctions est bien évidemment, comme allant-de-soi, la conquête du monde. L’image d’“Antéchrist” est plus intéressante, parce que, dans les circonstances actuelles, utilisable comme référence religieuse qui, dans l’appréciation générale, est perçue comme catastrophique dans une époque qui ne l’est pas moins (catastrophique). Bien entendu, il ne s’agit pas de s’attacher à la référence religieuse en tant que telle, qui nous promet le retour du Christ après l’Antéchrist (ou “AntiChrist”, débat toujours en cours), car ce serait entrer dans le labyrinthe sans fin ni issue de la théologie. Il s’agit de prendre acte d’un fait du système de la communication qui s’est développé autour d’Erdogan et qui prend d’autant plus d’ampleur avec la politique de la Turquie, son activisme, son imbrication avec les courants activistes religieux, etc., au cœur du “tourbillon crisique”.

Un exemple de l’argument d’Erdogan-Antéchrist est donné par une longue analyse sur Shoebat.com par Walid Shoebat. Il s’agit d’un  personnage contesté et qui se justifie longuement sur son site, mais le but n'est ici que de lire l’analyse du développement du culte d’Erdogan et des références à partir des Écritures Saintes pour justifier et créditer cette perception en plein développement d’Erdogan. L’intérêt de ce texte du 27 décembre 2015 est évidemment qu’il rencontre effectivement une communication de plus en plus insistante autour d’un personnage (Erdogan) de plus en plus défini par son caractère d’impulsivité et d’hybris mêlé de références religieuses qu’il favorise lui-même. Nous en donnons ci-après quelques extraits qui donneront une impression assez précise du travail accompli, – en d’autres termes, de l’importance que certains accordent, avec références à l’appui, à la dimension disons eschatologique qu’Erdogan est en train d’accorder, ou de laisser accorder à ses propres mesures. (Le titre de ce texte est : “Erdogan vient d’être proclamé le chef du monde musulman, et les musulmans l’appelle d’ores et déjà ‘Dieu’”)

« As he wrote for Yeni Safak, the pro-Erdogan main newspaper under the control of Erdogan in Istanbul. In his article regarding the new presidential system which Erdogan wants to establish, Karaman desperately defended Erdogan and declared what we were saying all along they will do; that Erdogan will soon become the Caliph for all Muslims. The following is a presentation of the exciting part in an article Hayrettin Karaman wrote: “During the debate on the presidential system, here is what everyone must do so while taking into account the direction of the world’s national interest and the future of the country and not focus on the party or a particular person. What this [presidential system] looks like is the Islamic caliphate system in terms of its mechanism. In this system the people choose the leader,  the Prince, and then all will pledge the Bay’ah [allegiance] and then the chosen  president appoints the high government bureaucracy and he cannot interfere in the judiciary where the Committee will audit legislation independent of the president. ” 

» This one statement yields a multitude of prophetic consequences. Bay’at, as Islam calls it, which is “giving allegiance,” is the hallmark of the Antichrist as John declared: “but the fatal wound was healed! The whole world marveled at this miracle and gave allegiance to the beast” (Revelation 13:3). And here this man who is given allegiance to is called “The Prince”, exactly as predicted in Daniel 9:26. Erdogan qualifies to be “king of fierce countenance” (Daniel 8:23)

» Karaman is the major Islamist fatwa-giver in Turkey, one of Erdogan’s main henchmen and a practitioner of Muruna, the Muslim Brotherhood’s allowance for sanctioning Islamic prohibition in the case of Jihad,  which means that the Mufti can bend Islamic Sharia to produce favorable fatwas, whatever it takes to establish an Islamic Caliphate. Hosea 12:7 tells us of the Antichrist: “He is a merchant, the balances of deceit are in his hand: he loveth to oppress.” The “Balance of deceit” is exactly how the three decade Islamic doctrine, Muruna, is defined as the “Doctrine of Balance” where a Muslim can balance between good and evil and is sanctioned to do evil for the sake of victory. “He will be a master of deception and will become arrogant; he will destroy many without warning.” (Daniel 8:25) [...]

» When Erdogan’s party had a major setback, many thought it was his end. But by meticulous study of Daniel’s text, we accurately predicted the reverse will happen (and we were accurate to the letter): For the first time in 13 years, the Turkish AKP, led by President Erdogan and Prime Minister Davutoglu, has lost its majority hold on the parliament which held 312 of the 550 seats in parliament and now only holds 258 seats while the other three (CHP, MHP and HDP) now has 292 seats. So does this set back mean the end for Erdogan and the AKP Party and are we to now eliminate the man of Turkey as the wrong candidate from being the Antichrist?

» Hardly.

» In fact, such a loss bolsters the biblical argument since unlike what most imagine, that the Antichrist storms in because through his charisma he gains a popular vote. On the contrary, Antichrist, as we are told by Daniel, does not gain prominence by majority support: “With the force of a flood they shall be swept away from before him and be broken, and also the prince of the covenant. And after the league is made with him he shall act deceitfully, for he shall come up and become strong with a small number of people.” (Daniel 11:23)

» The Antichrist, when he emerges, he forms a league and advances with a small number of supporters. Historically, the AKP began from a small number of people, the Refah Welfare Party which participated in the 1991 elections in a triple alliance with the Nationalist Movement Party (MHP) and the Reformist Democracy Party (IDP) to gain 16.9% of the vote. It was truly the incumbent PresidentRecep Tayyip Erdoğan, a former member of the party, but later founded Justice and Development Party (AKP) who catapulted the AKP to what it is today which still holds over 40 percent of the seats defeating all the other three. This is truly a victory for the Erdogan who started with “a few number of people”. »

beastline_mv4q71jKb71s4xilz.jpg

L’homme de l’avant-dernier Jugement Dernier

Dans ces diverses constatations, observations et citations, il y a beaucoup de choses , ou comme l’on dit “du grain à moudre”, – beaucoup trop, en fait. Il importe de faire la part des choses et, puisque nous sommes dans le lieu commun, de “séparer le bon grain de l’ivraie”. Ce qui nous importe, c’est la rencontre de circonstances diverses, chacune avec un grand effet de perception quelles que soient leur importance et leur véracité. Il est certain qu’Erdogan avec son habillage en Antéchrist devient un personnage symbolique de grande importance, qui s’inscrit parfaitement dans son époque pour y représenter la part la plus spectaculaire au sens d’une “époque de spectacle” (comme la fameuse “société du spectacle”), la plus génératrice de désordre, mais aussi la plus symbolique des fondations eschatologiques de notre Grande Crise.

Ce dernier cas est caractéristique de l’interprétation qu’il nous importe de donner : figurant comme une narrative, même si certains sont tentés de prendre la chose au sérieux pour se prosterner devant elle ou pour la dénoncer, indiquant que notre Grande Crise cherche par tous les moyens à se définir elle-même comme eschatologique, comme fondamentale, comme embrassant le domaine de la spiritualité. C’est une sorte de “point Oméga” (inverti) où la narrative peut conduire, sans le vouloir précisément parce qu’ignorant complètement cette notion de “vérité”, à une vérité-de-situation fondamentale...

Certains verraient alors une complète logique dans l’affrontement d’Erdogan avec Poutine, dans la mesure où le président russe est de plus en plus perçu comme défenseur de la Tradition, ou plus précisément comme défenseur du christianisme... Mais alors nous considérerions qu’il s’agit là d’une symbolique religieuse où le christianisme que défend Poutine et tel que le défend Poutine, quoi qu’il en pense et en dise, n’est effectivement qu’une représentation symbolique de la Tradition contre la déstructuration-dissolution de la postmodernité dont Erdogan-Antéchrist pourrait aisément, quoi qu’il en pense et dise lui aussi, devenir la représentation symbolique, s’avançant masqué de sa mine de “Calife à la place de tous les califes”. Les incroyables nœuds d’accointances, d’alliances et de désalliances qui caractérisent la crise dite Syrie-II, où Erdogan évolue comme un poisson dans la nasse, le labyrinthe kafkaïen de certaines politiques que personne ne parvient plus à identifier, – particulièrement l’antipolitique américaniste, plus que jamais “histoire pleine de bruit et de fureur, racontée par un BHO et qui ne signifie rien”, – pourraient aisément justifier cette position du Calife-Antéchrist, voire quasiment la légitimer selon la sorte des principes absolument invertis dont se goinfre la postmodernité. Dans cet univers et cette situation, tout est effectivement possible, et particulièrement le factice, l’apparence, la construction déconstruite, les palais au mille-et-unie pièces privé de poutres-maîtresses et ainsi de suite ... Il est effectivement temps qu'arrive un Antéchrist, et qu'on en soit quitte : alors, pourquoi pas Erdogan-Antéchrist puisqu’il devrait être logique de penser qu’on a l’Antéchrist qu’on peut ?

Cela permettrait d’autant mieux apprécier la solidité et la durabilité de cette prétention symbolique ainsi réduite à un désordre indescriptible qui conduit le Calife-Antéchrist, en même temps qu’il proclame son intention de soumettre le monde entier, à mettre le feu dans sa propre maison, que ce soit dans les flammes d’un régime d’exception qui ne fait que refléter une paranoïa perdu dans les mille-et-une pièce du palais présidentiel (1006 exactement, selon certaines sources indignes de foi), que ce soit dans une fureur prédatrice exercée contre les Kurdes. Il ne faut pas voir dans l’ironie qui sourd dans ces diverses observations la moindre volonté de réduire à rien la nouvelle position d’Erdogan, ses ambitions, etc., mais simplement un souci d’illustrer une époque comme un Tout absolument constitué en simulacre, – ce qui implique l’obscure mais mortelle faiblesse du Système qui s’est voulu l’architecte de la chose et ne cesse de chercher à détruire tout ce qui est architecture.

Sans le moindre doute et si l’on se place dans la perspective du véritable tragique qu’est l’histoire du monde, que sont nos grands mythes, les origines de nos grandes pensées et de notre spiritualité, le constat se trouve absolument justifié qu’Erdogan est faussaire en prétendant être l’Antéchrist, ou en laissant dire dans ce sens, qu’il ne fait que céder à un goût de la représentation que lui impose son hybris. Mais n’est-ce pas la fonction, voire la substance même même de l’Antéchrist qu’être faussaire, après tout, et précisément dans cette époque constituée d’inversion et de subversion, d’imposture régulièrement et presque heureusement assumées à ciel ouvert comme s’il s’agissait de la recette même du bonheur ? Dans ce cas, Erdogan n’est pas déplacé dans ce rôle, et sa survenue dans ce sens répond à une logique supérieure qui, elle, répond au tragique de l’histoire du monde. Il s’est transformé en cette représentation symbolique à mesure que la Grande Crise, devenue “tourbillon crisique” acquérait des dimensions eschatologiques, et parce qu’elle acquérait ces dimensions (la Grande Crise-devenue-eschatologique enfantant Erdogan-Antéchrist et non l’inverse). En ce sens, il serait devenu ou deviendrait Antéchrist pour accélérer la transformation surpuissance-autodestruction et alors cette imposture, cette magouille doivent lui être pardonnées parce qu’il est alors Antéchrist et Janus à la fois, et pour l’instant la meilleure chance pour 2016 d’accélérer l’effondrement du Système.

Erdogan, que nous jugions vertueux il y a quelques années, et malgré tout avec de justes raisons de porter ce jugement, transformé en ce qu’il est devenu à mesure que la Grande Crise se transformait elle-même et lui imposait cette voie, voilà ce que nous réserve 2016 en une nouvelle tentative de cette Grande Crise de trouver la voie vers le paroxysme d’elle-même. Simplement, et là nous séparant de la religion, nous croirions aisément que cette transformation est de pure communication, faite pour exciter des perceptions et susciter des réactions, également de communication, toujours à la recherche de l’enchaînement fatal vers l’autodestruction. Cela signifie que la Troisième Guerre mondiale n’est pas nécessairement au rendez-vous et sans doute loin de là avec leur sens du tragique réduit à la tragédie-bouffe, mais cela n’enlève rien à l’importance de la chose ; l’on sait bien, aujourd’hui, que toute la puissance du monde est d’abord rassemblée dans le système de la communication, que c’est sur ce terrain que se livre la bataille, qu’il s’agisse de la frontière turco-syrienne ou d’Armageddon.

Si cette interprétation symbolique est juste comme nous le pensons avec toutes les réserves dites dont aucune n’est en rien décisive, alors Erdogan est destiné à tenir un rôle important de provocateur, et très vite puisque tout va si vite aujourd’hui, pour attiser les feux de la crise parce que la dimension eschatologique l’exige. Nous prêterons donc attention à l’écho de ses terribles colères dans les mille-et-une pièces de son palais dont la prétention et le massivité de l’architecture (voir les photos présentées par l’article du Wikipédia, déjà référencé) nous font penser, pour l’esprit de la chose, à l’immense construction de son propre palais à laquelle avait présidé Ceausescu, à Bucarest, dans le bon vieux temps de la Guerre froide d’avant la chute du Mur. La construction et la constitution de cet événement architectural, et les péripéties qui l’ont accompagné, y compris l’ardoise au complet (€491 millions), font partie de ces “petits (!) détails” dont raffolait Stendhal, parce qu’ils disent tout de certaines grandes choses dont on tente de percer les mystères par la puissance de la seule raison : une telle construction pourrait constituer une preuve irréfutable de la constitution du président Erdogan, l’esprit emporté par la Crise, en Calife-Antéchrist dont on attend beaucoup en 2016 dans le rôle de l’allumeur de mèches nécessaire pour conduire à de nouveaux paroxysmes.

Pour terminer, on notera avec respect l’exceptionnelle position de stupidité contradictoire et d’aveuglement satisfait de l’Europe qui, pendant ce temps et malgré le doute de certains à l’encontre d’Erdogan, s’affaire à préparer la voie vers l’intégration de la Turquie en son sein pendant que son extraordinaire couardise sécuritaire parvient à handicaper encore plus son économie dans les remous d’attentats prétendument préparés par des organisations subventionnées au vu et au su de tous par la susdite Turquie, attentats déjoués par paralysie de l’activité. La perspective d’un processus, qu’on voudrait sans doute accéléré, d’intégration de la Turquie dans l’Europe constituerait une voie qui ne manquerait pas d'élégance pour achever l’effondrement de cette construction étrange qu’est l’UE, elle aussi comme un émanation, conceptuelle cette fois, des palais combinés de Erdogan-Ceausescu. Nous ne sommes pas loin de penser que la Grande Crise d’Effondrement du Système (CCES en abrégé) est d’abord et avant tout la plus grande tragédie-bouffe de l’histoire du monde : notre contre-civilisation, toutes réflexions faites, ne peut vraiment s’effondrer que dans le ridicule d’elle-même. Cela n’atténuera pas les souffrances ni les angoisses de ceux qui en sont affectées, mais il faut savoir distinguer où se trouve l’essentiel :  le ridicule serait finalement l’arme absolue de l’esprit antiSystème, c’est-à-dire la chimie ultime transformant la surpuissance en autodestruction, que nous ne serions pas plus étonnés que cela... 

vendredi, 01 janvier 2016

Ursula Gauthier, le terrorisme Ouïghour et le rôle délétère de Recep Tayyip Erdogan

kashgar.jpg

Ursula Gauthier, le terrorisme Ouïghour et le rôle délétère de Recep Tayyip Erdogan

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
La correspondante à Pékin de l'hebdomadaire français L'Obs, Ursula Gauthier, a annoncé avoir été informée vendredi 25 par les autorités chinoises qu'elle serait de facto expulsée le 31 décembre, devenant le premier journaliste étranger à subir ce sort depuis 2012.
 
La Chine a confirmé l'expulsion imminente de la journaliste, l'accusant de "défendre de manière flagrante" des actes terroristes, dans un communiqué mis en ligne samedi sur le site du ministère chinois des Affaires étrangères.

L'article de Ursula Gauthier décrivait une politique répressive à l'égard du Xinjiang, vaste région en majorité musulmane de l'ouest de la Chine, de la part de la RPC. Il dénonçait les mesures répressives et la politique "antiterroriste" des autorités chinoises au Xinjiang, région en proie depuis deux ans à une recrudescence de violences. Berceau de la minorité musulmane turcophone des Ouïghours, certains de ses membres dénoncent des discriminations ethniques, culturelles et religieuses grandissantes à l'encontre de cette communauté.

Apparemment, Ursula Gauthier n'avait pas enquêté complètement sur cette question.

Turkestan-map.gifSeymour Hersh, chroniqueur diplomatique et politique réputé, souvent accueilli dans la London Review of Books, vient de publier un article Military to Military où il apporte de nouvelles preuves de la complicité de Washington dans le soutien aux mouvements terroristes en Syrie, ceci avec la complicité active d'Ankara. Il y ajoute la dénonciation d'un canal de terroristes Ouïghours “Uyghur rat-line”, organisé par la Turquie en vue de transporter des rebelles musulmans djihadistes provenant de la Région Autonome du Xinjiang à destination de la Syrie.

Erdogan a mis en place des transports spéciaux pour ce faire, dans le même temps qu'il soutenait par différents moyens leur combat en Chine même. Les djihadistes ouïghours et birmans réfugiés en Thaïlande et volontaires pour aller combattre en Syrie reçoivent des passeports turcs qui leur permettent d'entrer en Turquie puis de là en Syrie.

Un autre canal est organisé de la Chine vers le Kazakhstan, puis vers la Turquie puis  la Syrie. Il aurait intéressé des milliers de djihadistes depuis les 3 dernières années. La Chine non sans raisons s'inquiète d'une politique turque visant à soutenir les rebelles islamistes au Xinjaing même. Ceci permettrait à Erdogan d'étendre ses ambitions pour la construction d'un califat turc aux frontières mêmes de la Chine, dans le Xinjiang. ..et pourquoi pas à terme vers la Russie.

Il est facile de comprendre pourquoi Pékin s'en inquiète. Il est moins compréhensible de constater que l'Europe, directement à terme menacée par les visées de Erdogan, le laisse faire sans réagir

samedi, 12 décembre 2015

Le jeu dangereux d’Erdogan

Recep-Tayyip-Erdogancadillac.jpg

Le jeu dangereux d’Erdogan

Le leader turc joue de la faiblesse de ses “alliés” européens pour imposer ses vues, contraires à nos intérêts

par Pascal Lorot

Ex: http://www.lenouveleconomiste.fr

La Turquie est-elle encore notre alliée ? C’est là une question qui interpelle aujourd’hui nombre de chancelleries. Depuis l’arrivée au pouvoir des islamo-conservateurs de l’AKP (Parti de la justice et du développement) et de son chef incontesté Recep Erdogan, la Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existant jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident.

En 2009, la Turquie va tout d’abord casser le partenariat stratégique prévalant avec Israël. Avant, au moment des révolutions arabes de 2011, de jouer la carte des Frères musulmans et des insurgés qui veulent, au nom de l’islam et de la “démocratie” (on voit ce qu’elle a donné…), renverser les dirigeants de la région. C’est la rupture avec l’Égypte de Moubarak et le soutien aux Frères avant, une fois ces derniers renversés, de s’orienter vers une posture semi-conflictuelle avec la nouvelle Égypte.

Le cas de la Syrie est encore plus flagrant. Allié de longue date de Bachar el-Assad, Erdogan va en faire son pire ennemi lorsque le maître de Damas décide de ne pas suivre ses “conseils”, et ne vise plus qu’un objectif : sa chute, quel qu’en soit le prix. Ce dernier s’appelle Daech, le pire adversaire de l’Occident, avec lequel il pactise. Dans sa conquête du pouvoir, l’État islamique peut ainsi s’appuyer sur l’“allié” turc : les djihadistes transitent par la Turquie, s’y reposent avant de repartir au combat, s’y font soigner ou s’y instruisent. À cette aune, les attaques ouvertes de Moscou quant à la complicité d’Ankara dans les trafics pétroliers de Daech ne sont qu’un élément à charge de plus. Et le fait que ces éléments soient mis sur la table par la Russie n’enlève rien à ce qui est perçu par nombre d’experts occidentaux comme une quasi-certitude.

“La Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existants jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident”

À l’inverse, lorsque les Kurdes libres de Kobané subissent les assauts de Daech, la Turquie les laisse se faire massacrer à quelques mètres de sa frontière. Lorsque Yazidis et autres minorités ethno-religieuses se font elles aussi massacrer, point de réaction non plus.

L’arme du contrôle des migrants

Enfin, lorsque le président Hollande s’engage pour la mise sur pied d’une vaste coalition visant à défaire une fois pour toutes Daech, la Turquie ne trouve rien de mieux que d’abattre un Sukoï 24 russe, qui ne menaçait en rien la Turquie quand bien même il survolait la frontière syro-turque. Avec pour résultat d’enterrer les espoirs de la diplomatie française de rassembler tous les acteurs sous la même bannière. Il est vrai qu’Erdogan, tout à son obsession anti-Kurde, préfère sans doute le statu quo à une éviction réelle de Daech qui conforterait Bachar el-Assad en Syrie, mais aussi nos alliés kurdes.

Que dire enfin de la passivité de Recep Erdogan face à la vague des migrants qui déferlent sur l’Europe ? Dans un État où la police et l’armée occupent une place centrale dans la hiérarchie du pouvoir, il est clair qu’Ankara était en mesure de sécuriser ses côtes et d’empêcher l’exode de centaines de milliers de vrais et faux réfugiés. Le président turc a pourtant laissé faire, car il a bien compris le profit politique qu’il pouvait en tirer face à une Europe faible et fragile. Le résultat du chantage réussi de la Turquie est là : contre l’engagement de “fixer” les réfugiés (ceux qui ne sont pas déjà en Europe), il reçoit des Européens un chèque de 3 milliards d’euros, la réouverture des négociations en vue de l’adhésion future à l’Union européenne et la liberté pour près de 80 millions de Turcs de pouvoir circuler sans visa, en Europe, à compter d’octobre 2016.

Recep Erdogan est un vrai leader et un homme de conviction, qui sait jouer de la faiblesse et des contradictions de ses “alliés” européens et n’hésite pas à hausser le ton et à menacer. Sauf que ses postures et engagements dans cet Orient compliqué vont à l’encontre de la plupart de nos intérêts stratégiques. Tout le monde en a conscience. Qui osera le dire à voix haute ?

Publié le

dimanche, 29 novembre 2015

Meet The Man Who Funds ISIS

bilal-gemi.jpg

Meet The Man Who Funds ISIS: Bilal Erdogan, The Son Of Turkey's President

By

Zero Hedge & http://www.lewrockwell.com

Russia’s Sergey Lavrov is not one foreign minister known to mince his words. Just earlier today, 24 hours after a Russian plane was brought down by the country whose president three years ago said “a short-term border violation can never be a pretext for an attack”, had this to say: “We have serious doubts this was an unintended incident and believe this is a planned provocation” by Turkey.

But even that was tame compared to what Lavrov said to his Turkish counterparty Mevlut Cavusoglu earlier today during a phone call between the two (Lavrov who was supposed to travel to Turkey has since canceled such plans).

As Sputnik transcribes, according to a press release from Russia’s Ministry of Foreign Affairs, Lavrov pointed out that, “by shooting down a Russian plane on a counter-terrorist mission of the Russian Aerospace Force in Syria, and one that did not violate Turkey’s airspace, the Turkish government has in effect sided with ISIS.”

It was in this context when Lavrov added that “Turkey’s actions appear premeditated, planned, and undertaken with a specific objective.”

More importantly, Lavrov pointed to Turkey’s role in the propping up the terror network through the oil trade. Per the Russian statement:

“The Russian Minister reminded his counterpart about Turkey’s involvement in the ISIS’ illegal trade in oil, which is transported via the area where the Russian plane was shot down, and about the terrorist infrastructure, arms and munitions depots and control centers that are also located there.”

Others reaffirmed Lavrov’s stance, such as retired French General Dominique Trinquand, who said that “Turkey is either not fighting ISIL at all or very little, and does not interfere with different types of smuggling that takes place on its border, be it oil, phosphate, cotton or people,” he said.

1410608492297_wps_11_MidEast_Oil_jpg.jpg

The reason we find this line of questioning fascinating is that just last week in the aftermath of the French terror attack but long before the Turkish downing of the Russian jet, we wrote about “The Most Important Question About ISIS That Nobody Is Asking” in which we asked who is the one “breaching every known law of funding terrorism when buying ISIS crude, almost certainly with the tacit approval by various “western alliance” governments, and why is it that these governments have allowed said middleman to continue funding ISIS for as long as it has?”

Precisely one week later, in even more tragic circumstances, suddenly everyone is asking this question.

And while we patiently dig to find who the on and offshore “commodity trading” middleman are, who cart away ISIS oil to European and other international markets in exchange for hundreds of millions of dollars, one name keeps popping up as the primary culprit of regional demand for the Islamic State’s “terrorist oil” – that of Turkish president Recep Erdogan’s son: Bilal Erdogan.

His very brief bio:

Necmettin Bilal Erdogan, commonly known as Bilal Erdogan (born 23 April 1980) is the third child of Recep Tayyip Erdo?an, the current President of Turkey.

After graduating from Kartal Imam Hatip High School in 1999, Bilal Erdogan moved to the US for undergraduate education. He also earned a Masters Degree in John F. Kennedy School of Government at Harvard University in 2004. After graduation, he served in the World Bank as intern for a while. He returned Turkey in 2006 and started to his business life. Bilal Erdogan is one of the three equal shareholders of “BMZ Group Denizcilik “, a marine transportation corporation.

Here is a recent picture of Bilal, shown in a photo from a Turkish 2014 article, which “asked why his ships are now in Syria”:

In the next few days, we will present a full breakdown of Bilal’s various business ventures, starting with his BMZ Group which is the name implicated most often in the smuggling of illegal Iraqi and Islamic State through to the western supply chain, but for now here is a brief, if very disturbing snapshot, of both father and son Erdogan by F. William Engdahl, one which should make everyone ask whether the son of Turkey’s president (and thus, the father) is the silent mastermind who has been responsible for converting millions of barrels of Syrian Oil into hundreds of millions of dollars of Islamic State revenue.

By F. William Engdahl, posted originally in New Eastern Outlook:

Erdogan’s Dirth Dangerous ISIS Games

More and more details are coming to light revealing that the Islamic State in Iraq and Syria, variously known as ISIS, IS or Daesh, is being fed and kept alive by Recep Tayyip Erdogan, the Turkish President and by his Turkish intelligence service, including MIT, the Turkish CIA. Turkey, as a result of Erdogan’s pursuit of what some call a Neo-Ottoman Empire fantasies that stretch all the way to China, Syria and Iraq, threatens not only to destroy Turkey but much of the Middle East if he continues on his present path.

In October 2014 US Vice President Joe Biden told a Harvard gathering that Erdogan’s regime was backing ISIS with “hundreds of millions of dollars and thousands of tons ofweapons…” Biden later apologized clearly for tactical reasons to get Erdo?an’s permission to use Turkey’s Incirlik Air Base for airstrikes against ISIS in Syria, but the dimensions of Erdogan’s backing for ISIS since revealed is far, far more than Biden hinted.

ISIS militants were trained by US, Israeli and now it emerges, by Turkish special forces at secret bases in Konya Province inside the Turkish border to Syria, over the past threeyears. Erdo?an’s involvement in ISIS goes much deeper. At a time when Washington, Saudi Arabia and even Qatar appear to have cut off their support for ISIS, they remaining amazingly durable. The reason appears to be the scale of the backing from Erdo?an and his fellow neo-Ottoman Sunni Islam Prime Minister, Ahmet Davuto?lu.

iraq_isis_peshmerga.jpg

Nice Family Business

The prime source of money feeding ISIS these days is sale of Iraqi oil from the Mosul region oilfields where they maintain a stronghold. The son of Erdogan it seems is the man who makes the export sales of ISIS-controlled oil possible.

Bilal Erdo?an owns several maritime companies. He has allegedly signed contracts with European operating companies to carry Iraqi stolen oil to different Asian countries. The Turkish government buys Iraqi plundered oil which is being produced from the Iraqi seized oil wells. Bilal Erdogan’s maritime companies own special wharfs in Beirut and Ceyhan ports that are transporting ISIS’ smuggled crude oil in Japan-bound oil tankers.

Gürsel Tekin vice-president of the Turkish Republican Peoples’ Party, CHP, declared in a recent Turkish media interview, “President Erdogan claims that according to international transportation conventions there is no legal infraction concerning Bilal’s illicit activities and his son is doing an ordinary business with the registered Japanese companies, but in fact Bilal Erdo?an is up to his neck in complicity with terrorism, but as long as his father holds office he will be immune from any judicial prosecution.” Tekin adds that Bilal’s maritime company doing the oil trades for ISIS, BMZ Ltd, is “a family business and president Erdogan’s close relatives hold shares in BMZ and they misused public funds and took illicit loans from Turkish banks.”

In addition to son Bilal’s illegal and lucrative oil trading for ISIS, Sümeyye Erdogan, the daughter of the Turkish President apparently runs a secret hospital camp inside Turkey just over the Syrian border where Turkish army trucks daily being in scores of wounded ISIS Jihadists to be patched up and sent back to wage the bloody Jihad in Syria, according to the testimony of a nurse who was recruited to work there until it was discovered she was a member of the Alawite branch of Islam, the same as Syrian President Bashar al-Assad who Erdogan seems hell-bent on toppling.

Turkish citizen Ramazan Bagol, captured this month by Kurdish People’s Defence Units,YPG, as he attempted to join ISIS from Konya province, told his captors that said he was sent to ISIS by the ‘Ismailia Sect,’ a strict Turkish Islam sect reported to be tied to Recep Erdogan. Baol said the sect recruits members and provides logistic support to the radical Islamist organization. He added that the Sect gives jihad training in neighborhoods of Konya and sends those trained here to join ISIS gangs in Syria.

According to French geopolitical analyst, Thierry Meyssan, Recep Erdogan “organised the pillage of Syria, dismantled all the factories in Aleppo, the economic capital, and stole the machine-tools. Similarly, he organised the theft of archeological treasures and set up an international market in Antioch…with the help of General Benoît Puga, Chief of Staff for the Elysée, he organised a false-flag operation intended to provoke the launching of a war by the Atlantic Alliance – the chemical bombing of la Ghoutta in Damascus, in August 2013. “

Meyssan claims that the Syria strategy of Erdo?an was initially secretly developed in coordination with former French Foreign Minister Alain Juppé and Erdogan’s then Foreign Minister Ahmet Davuto?lu, in 2011, after Juppe won a hesitant Erdogan to the idea of supporting the attack on traditional Turkish ally Syria in return for a promise of French support for Turkish membership in the EU. France later backed out, leaving Erdogan to continue the Syrian bloodbath largely on his own using ISIS.

Gen. John R. Allen, an opponent of Obama’s Iran peace strategy, now US diplomatic envoy coordinating the coalition against the Islamic State, exceeded his authorized role after meeting with Erdogan and “promised to create a “no-fly zone” ninety miles wide, over Syrian territory, along the whole border with Turkey, supposedly intended to help Syrian refugees fleeing from their government, but in reality to apply the “Juppé-Wright plan”. The Turkish Prime Minister, Ahmet Davutoglu, revealed US support for the project on the TV channel A Haber by launching a bombing raid against the PKK.” Meyssan adds.

There are never winners in war and Erdogan’s war against Syria’s Assad demonstrates that in bold. Turkey and the world deserve better. Ahmet Davutoglu’s famous “Zero Problems With Neighbors” foreign policy has been turned into massive problems with all neighbors due to the foolish ambitions of Erdogan and his gang. 

Reprinted with permission from Zero Hedge.

mardi, 17 novembre 2015

Erdogan eist NAVO-invasie Syrië en aanval op alle Koerdische groepen

erdoobamnato.jpg

Erdogan eist NAVO-invasie Syrië en aanval op alle Koerdische groepen
 
Ex: http://xandernieuws.punt.nl

Turkse president chanteert Europa: Vernietig Koerden, of wij sturen nog eens 2,2 miljoen Syrische migranten

Moslimterroristen Parijs bekend, maar NAVO is machteloos tegen ISIS in Syrië en kan geen confrontatie aan met Rusland


De 27 jarige Belgisch-Marokkaanse moslim Abdelhamid Abaaoud (foto) zou het brein zijn achter de aanslagen in Parijs, waarbij inmiddels 132 mensen om het leven kwamen (1). Naast Abaaoud, die volgens sommige berichten in Syrië is, zijn Salah Abdeslam, Ibrahim Abdeslam, Samy Amimour, Ahmad al Mohammad en Ismael Omar Mostefai aangewezen als waarschijnlijke mededaders (2). De Franse president Hollande kondigde vol bravoure aan dat er een ‘massaal bombardement’ werd gestart op ISIS ‘hoofdstad’ Raqqa (3). Dat mocht prettig klinken in de oren van het wraakzuchtige publiek, maar in realiteit werden er slechts 20 bommen afgeworpen. De feiten maken dan ook pijnlijk duidelijk dat niet alleen de Fransen, maar de complete NAVO machteloos is tegen ISIS in Syrië (4).

De Franse bommenwerpers stegen op van het enige Franse vliegdekschip Charles de Gaulle, dat daar de afgelopen weken al naartoe was gestuurd om zogenaamd tegen ISIS, maar in werkelijkheid tegen president Assad te worden ingezet. De relatief kleine ISIS eenheid die zich in Raqqa bevindt houdt het al een jaar eenvoudig uit tegen de Amerikaanse vliegtuigen, die daar amper in actie komen. Ook de Fransen wierpen er slechts 20 bommen af.

Erdogan eist massaal ingrijpen NAVO en vernietiging Koerden

De ‘vergeldings’bombardementen lijken dan ook opnieuw slechts toneelspel. Het Westen zoekt al jaren naar een voorwendsel om militair in te grijpen tegen Assad, en ‘Parijs 13-11-15’ zou het excuus kunnen zijn om grote aantallen grondtroepen naar het land te sturen, zoals de Turkse president Erdogan dit weekend eiste (5). De Turken hebben al vaak vergeefs bij de VS en de NAVO aangedrongen op een invasie van Syrië.

Niet dat Erdogan daadwerkelijk iets tegen ISIS –tenslotte een gezamenlijke creatie van de CIA, de Saudi’s en de Turken- wil doen, want de jihadisten zijn een effectief middel gebleken om totale chaos te creëren en de regering Assad te ondermijnen. Erdogan, afgelopen weekend gastheer van de G-20 top in Antalya, eiste namelijk dat alle Koerdische groepen, inclusief de Peshmerga, de PKK en de YPG, die Amerika’s belangrijkste externe krachten tegen ISIS zijn –en die worden ondersteund door de Israëlische Mossad-, door de NAVO als terroristen worden bestempeld en worden aangevallen. (6)

Als het Westen niet instemt dan dreigt de Turkse president, die in eigen land druk bezig is na zijn zwaar gemanipuleerde verkiezingsoverwinning de absolute macht te grijpen, om minstens 2,2 miljoen Syriërs, die op dit moment nog in Turkije zouden zijn, naar Europa te sturen (8). De Duitse autoriteiten rekenen er inmiddels op dat minimaal 2 miljoen ‘Syriërs’ nog deze winter op de nog immer geopende Europese grenzen zullen afstormen (9).

Invasie wordt (nog) niet overwogen

President Hollande kon dan wel pathetisch een beroep doen op Artikel 5 van het NAVO-verdrag, maar ingrijpen van het bondgenootschap in Syrië zou onmiddellijk een confrontatie met de Russen betekenen, die met name in het Westen van Syrië een effectieve campagne voeren tegen alle Soenitische islamitische terreurgroepen, dus inclusief de door het Westen gesteunde zogenaamde ‘gematigde’ rebellen.

Noch in Europa, noch in de VS wordt de door Erdogan geëiste invasie dan ook serieus overwogen. Amerikaanse officials zeiden dat Egypte, Jordanië, Irak, Saudi Arabië en de andere Golfstaten grondtroepen naar Syrië moeten sturen – een farce, aangezien niet één van deze landen militair in staat is om ISIS rechtstreeks aan te pakken. De enige ‘outsiders’ die naast de Russen effectief zijn gebleken tegen ISIS zijn de Koerden, maar die smeken de Amerikanen al tijden vergeefs om wapens, en dat komt natuurlijk vanwege Erdogan.

En Egypte? Dat wil niet eens het aan ISIS gelieerde Ansar Beit Al-Maqdis in de Sinaï, dat verantwoordelijk wordt gehouden voor het opblazen van de Russische Airbus op 31 oktober, aanpakken, waarschijnlijk omdat het daar niet voldoende middelen voor heeft.

Westen heeft geen idee van ISIS netwerk Europa

De Franse en Belgische veiligheidstroepen mogen de afgelopen dagen dan tal van invallen en operaties hebben uitgevoerd in islamitische wijken zoals het Brusselse Molenbeek, en daar radicale moslims hebben gearresteerd, maar dat was voornamelijk bedoeld om het woedende publiek wat te kalmeren. In werkelijkheid hebben de Westerse inlichtingendiensten door de nog altijd onbeperkte migrantentoestroom geen flauw idee hoe groot het ISIS netwerk in Europa is, en hoeveel als vluchtelingen vermomde terroristen er inmiddels in Europa zijn. De schattingen lopen uiteen van enkele duizenden tot enige honderdduizenden.

Tekenend voor de Westerse onmacht en onkunde, ook op eigen grondgebied, is het bericht dat hoge Iraakse inlichtingenofficieren enkele dagen vóór 13-11-15 hebben gewaarschuwd dat ISIS-leider Abu Bakr al-Baghdadi het bevel had gegeven om aanslagen te plegen in Frankrijk, de VS, Groot Brittannië, Rusland, Iran en andere landen die tegen de jihadisten vechten. Baghdadi had het specifiek over bomaanslagen, executies en gijzelingen die in de dagen erna zouden plaatsvinden. (7)

Xander

(1) Ynet News
(2) Zero Hedge
(3) Zero Hedge / YouTube
(4) DEBKA
(5) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(6) DEBKA
(7) DEBKA
(8) Today’s Zaman
(9) Epoch Times

lundi, 16 novembre 2015

Allemagne et Turquie: deux dangers pour l’Europe

DTK1.gif

Allemagne et Turquie: deux dangers pour l’Europe

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Avec la ”crise des migrants et réfugiés”, qui ne fait que commencer et qui est une invasion migratoire d’une ampleur inouïe dont plusieurs nations européennes peuvent ne jamais se relever, deux pays constituent, par leur politique, des dangers pour les peuples européens : l’Allemagne d’Angela Merkel et la Turquie de R.T. Erdogan. L’Allemagne parce qu’elle favorise l’invasion par la pompe aspirante, la Turquie parce qu’elle la provoque par la pompe propulsive.

Pauvre Allemagne schizophrène…

Il y a quelque chose de suicidaire dans l’ ”âme allemande”, qui est la part d’ombre du génie allemand. Une propension à l’absolu, à l’exaltation extrémiste : du bellicisme et du racisme fous des IIe et IIIe Reich à l’immigrationisme forcené du gouvernement actuel de Berlin, on remarque une même psychologie autodestructrice. Par l’ancien militarisme expansionniste comme par l’humanitarisme inconditionnel, la mentalité politique allemande (est-ce l’héritage du romantisme allemand ?) semble brouillée avec la raison et adepte de l’ubris, y compris dans sa version masochiste.

Première puissance économique de l’UE, l’Allemagne d’Angela Merkel exerce de fait une domination douce sur l’ensemble de l’Europe, sans avoir besoin de force militaire. La nullité du président français Hollande (elle le roule dans la farine en permanence) est une chance pour elle. Le contrepoids ne peut pas venir des Britanniques, qui se désintéressent de l’Europe continentale. Le souvenir affreux des réfugiés allemands de la Seconde guerre mondiale a peut-être joué un rôle. Politicienne et tacticienne, Angela Merkel ne possède aucune conscience nationale allemande ni européenne. Cette femme n’est pas respectable parce que la duplicité est sa règle. Elle est franche comme un âne qui recule.

Devant l’énorme flux des ”réfugiés”, elle assure que l’Allemagne peut en accueillir 800.000, provoquant ainsi un catastrophique appel d’air. La chancelière s’est précipitée à Ankara (est allée à Canossa) pour supplier le gouvernement turc d’essayer de stopper un peu les flux de ”réfugiés” et d’ouvrir des camps d’hébergement sur son territoire. Cerise sur le gâteau : elle a proposé de l’argent aux Turcs, sans demander leur avis aux autres pays européens, ce qui prouve que le gouvernement allemand fait peu de cas de l’avis de ses partenaires. 

schizo1-624x294.jpg

Et c’est là où le président Erdogan, avec son sans-gêne et son cynisme habituel a proposé son marché de dupes. Sans même faire la moindre promesse à Mme Merkel (qu’il méprise comme une faible femelle en bon musulman machiste), il a exigé en contrepartie qu’on reprenne immédiatement les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. et qu’on supprime tout visa pour l’entrée des ressortissants turcs dans l’Union. Mme Merkel a aussitôt cédé. François d’Orcival commente : «  on échangerait donc 2 millions de réfugiés contre 79 millions de Turcs ! Là, on tombe sur la tête ». (Valeurs actuelles, 22–28/10/2015). Et Ivan Rioufol remarque  dans Le Figaro qu’on « essaie d’éteindre un incendie avec de l’essence ». M. Erdogan ne souhaite nullement éteindre l’incendie, mais le propager.

Recep Tayyip Erdogan est un ennemi majeur

Qui est M. Erdogan et que cherche-t-il ? D’abord Premier ministre puis maintenant président de la Turquie, il représente l’AKP, le parti ”islamique modéré”. En réalité, c’est un faux nez islamiste et les Européens sont tombés dans le piège. Et la stratégie menée est d’une redoutable habileté, machiavélienne. M. Erdogan est un fanatique islamiste dissimulé qui se rêve comme un néo-sultan ottoman conquérant. Sa haine de l’Europe est ancrée dans son idéologie. Son objectif, son programme, peuvent ainsi se résumer:

1) Éradiquer les Kurdes.

2) Réislamiser la Turquie (les ” Turcs noirs” anatoliens contre les ”Turcs blancs” laïcs).

3) Établir en Turquie une dictature sultanique présidentielle à son profit. 3) Conquérir l’Europe (reprise de la conquête ottomane) par le biais de l’immigration musulmane et par l’entrée de la Turquie dans l’UE.

Renforcé par sa victoire aux dernières élections, le néo-sultan Erdogan, qui instaure peu à peu un régime islamo-totalitaire soft, aide en sourdine Dae’ch et toutes les milices islamistes. Il veut en prendre le contrôle. Son but est de faire entrer en Europe des millions de ”réfugiés” musulmans pour saper l’identité de cette dernière, l’investir de l’intérieur. Erdogan veut rétablir, sous une autre forme, l’Empire Ottoman version 2.0 : c’est-à-dire prendre la tête de l’islam radical pour dominer l’Afrique du Nord et l’Europe. Il entend annihiler l’héritage de Mustapha Kemal Ataturk qui voulait désislamiser et européaniser la Turquie. Pour l’instant son entreprise progresse selon ses plans.

R. T. Erdogan est un chef d’État fort perspicace, avec une vision stratégique à long terme. C’est un véritable homme d’État, bien supérieur aux dirigeants européens, actuels comme Mme Merkel ou M. Hollande, qui ne sont que des politiciens. Le seul qui puisse se comparer à Erdogan est Wladimir Poutine. C’est la raison pour laquelle Erdogan est un véritable ennemi et Poutine un véritable ami.   

La Turquie abrite 2 millions de réfugiés venus de Syrie et d’Irak. Erdogan demande 7 milliards d’euros d’aide. Autrement, il menace de lâcher ces ”réfugiés”, à 95% musulmans, sur l’Europe, qui s’ajouteront aux autres. Avec une agressive impudence (pourquoi se gêner ?) Erdogan mène un double jeu avec l’OTAN, dont la Turquie est membre. Le gouvernement américain laisse faire : Washington joue la carte de l’affaiblissement de l’Europe par l’immigration et l’islamisation, ce qui ne déplaît pas à Obama, calculateur roué et islamo–compatible.

Débordée et impuissante, l’Europe se tourne vers la Turquie pour réguler et freiner les flux de réfugiés. À Bruxelles, Erdogan a réitéré devant la Commission son chantage, ce piège qu’il nous tend : il promet d’endiguer le flux des migrants (il ne tiendra évidemment pas parole) en échange d’une reprise des négociations d’adhésion, une libre circulation des Turcs dans l’espace Schengen et un accroissement des aides financières. Le culot paye face aux faibles.    

erdomerkel188202943.jpg

Agent de l’invasion musulmane de l’Europe, Erdogan possède deux forces et deux faiblesses : il est d’abord fort de la mollesse pathologique de l’UE mais aussi –il faut le reconnaître – de l’exploitation qu’il fait de sa relative réussite socio-économique. Son premier handicap est son comportement de satrape autoritariste, pas exempt de corruption et de folie des grandeurs ; le second est qu’Erdogan, par sa politique islamiste risque de faire éclater la société turque et prend un énorme risque.

Leçons à en tirer

La Turquie est en proie à une tension croissante : la laïcité et les valeurs européennes affrontent l’obscurantisme islamique en pleine croissance, à quoi s’ajoute la révolte kurde, qui prend doucement des allures sanglantes de guerre civile. La Turquie est un pays ethniquement double, ambivalent, ce qui ne simplifie pas les choses. Angela Merkel est considérée par Erdogan comme une idiote utile. En bon islamiste, il méprise les femmes politiques, ainsi qu’ un pays dirigé par une ”maman”. Pas très viril. Et il méprise aussi une Union européenne sans colonne vertébrale, un énorme mollusque.

D’autre part, n’oublions la très trouble alliance historique germano-turque, contre les puissances occidentales et la Russie au cours des deux dernières guerres mondiales – surtout la Première. La présence massive d’immigrés turcs en Allemagne doit être prise en compte, qui s’accompagne d’une certaine soumission du gouvernement allemand : Erdogan, avec son impudence habituelle (provocation calculée) avait accusé les Allemands d’une sorte de ”racisme” en voulant assimiler et germaniser les immigrés turcs ! Les Turcs possèderaient une sorte de droit à conquérir l’Allemagne, tout en se prétendant des victimes. C’est un classique.

Il faut noter aussi, ce qui est cohérent, la brouille de la Turquie d’Erdogan avec Israël, jadis pays allié et aujourd’hui ennemi. Le néo-sultan, qui veut mobiliser le monde musulman dans son projet de renaissance ottomane, doit logiquement désigner Israël comme puissance hostile. Encore un problème de plus pour les dirigeants allemands, échaudés par toute forme d’antisémitisme et qui se sont toujours montrés pro-israéliens… Nous nageons dans un océan de contradictions où le comique rejoint le tragique.

En déclin démographique dramatique, l’Allemagne – enfin, son oligarchie – essaie d’attirer de la main d’œuvre à tout prix. Politique à courte vue, contrairement à ce que pratique le Japon. D’autre part, culpabilisés par le souvenir cauchemardesque du IIIe Reich, les dirigeants allemands veulent se donner une image de petits saints : ouverture, accueil, charité, solidarité. D’un extrême à l’autre.

Autant il est complètement stupide et injuste de critiquer l’Allemagne pour sa réussite et son hégémonie économiques – c’est de la jalousie, le pire des sentiments, et c’est aussi fuir nos propres responsabilités – autant il est pertinent d’affirmer que la politique étrangère allemande a toujours, depuis 1870, été catastrophique pour l’Europe. La naïveté pacifiste et laxiste de la politique allemande actuelle contraste avec le bellicisme de l’Allemagne de jadis. Les deux attitudes sont aussi dommageables pour le reste de l’Europe.

Quant à la France, la seule qui pourrait faire contrepoids à l’Allemagne, elle n’a plus de politique étrangère ; on ne peut même pas dire que la France soit à la remorque des USA ; elle est comme une caravane sans tracteur. Depuis le début de la présidence Hollande, la politique étrangère française est indéterminée, erratique, illisible, tant vis-à-vis du Moyen-Orient que de la Russie. Marine Le Pen a traité, au Parlement européen, M. Hollande de vice-chancelier de Mme Merkel –les deux étant présents, ce qui fut un grand moment. Mais cette saillie est en dessous de la vérité : M. Hollande n’est ni le vice–chancelier de Mme Merkel, ni le président de la République française. Il est toujours le Premier secrétaire du Parti socialiste, installé gratuitement et par erreur à l’Hôtel Élysée cinq étoiles et qui entend y rester cinq ans de plus. Nous sommes embarqués sur un bateau ivre.

dimanche, 08 novembre 2015

Les multiples cartes dorénavant dans les mains d'Erdogan

Les multiples cartes dorénavant dans les mains d'Erdogan

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
erdow460.jpgErdogan était jusqu'ici apparu aux yeux de nombreux observateurs comme un personnage vaniteux et autoritaire, tenté par le rêve de réincarner à lui seul l'antique Empire Ottoman, un personnage finalement maladroit.
 
Beaucoup ne donnaient pas cher de son avenir, face à deux oppositions de plus en plus audibles, celles des Kurdes et celle d'un rassemblement unissant pour la circonstances les libéraux et les héritiers d'un Kémalisme laïc. Mais le succès de l'AKP et de lui-même aux élections du 1er novembre (que celles-ci aient été ou non en partie truquées) change la donne. Dorénavant, il n'aura que des amis au plan international, ce qui renforcera sa stature au plan interne.

Par amis, il faut évidement comprendre les puissances grandes et moins grandes qui compteront sur Erdogan et la position centrale qu'occupe la Turquie entre l'Asie et l'Europe pour servir leurs stratégies. On trouvera en premier lieu l'Amérique et la Russie. La première attendra d'une Turquie plus que jamais membre influent de l'Otan qu'elle continue à l'appuyer dans les politiques dangereuses qu'avec ou après Obama, elle ne renoncera pas malgré les échecs à mener au Proche et au Moyen Orient.

Vladimir Poutine pour sa part avait toujours encouragé la Turquie à lui offrir divers débouchés sur la Méditerranée et l'Europe. L'exemple le plus visible en était le projet de gazoduc dit Turkish stream qui sera probablement relancé, sous cette forme ou une autre. Conjointement avec la Russie, la Chine de son côté se prépare à offrir à la Turquie un rôle de choix au débouché vers l'Europe de son grand projet de Nouvelle route de la soie.

L'Iran qui est actuellement sur la voie de devenir une grande puissance au Moyen Orient ne pourra que se rapprocher de la Turquie avec laquelle jusqu'à présent les relations étaient assez tendues. Ni l'Iran ni la Turquie ne peuvent prétendre en effet devenir seules la grande puissance de la région, en éliminant la rivale. Il leur sera donc nécessaire de s'entendre. Les bases pour cela ne manqueront pas.

La Turquie pourra par ailleurs continuer à recevoir l'appui d'un Daesh loin d'être en difficulté aujourd'hui, compte tenu des aides diverses qu'elle a toujours apporté aux mouvements djihadistes. Ceux-ci, qui ne sont pas près d'être éliminés, notamment de la Syrie et de l'Irak, malgré les frappes russes, trouveront comme précédemment dans la Turquie une allié discrète, mais privilégiée. Par l'intermédiaire de la Turquie, Daesh pourra tout autant qu'à présent exporter vers l'Europe, notamment sous couvert de migrations, des combattants de plus en plus déterminés et bien armée.

L'Europe enfin, pour la raison inverse, sera de plus en plus encline à multiplier les concessions à Erdogan, comme l'avait montré Angela Merkel de façon assez irresponsable lors de son déplacement récent à Ankara. L'Europe se bercera ce faisant de l'illusion qu'en cédant à des exigences de plus en plus pressantes de la part de la Turquie, elle trouvera en elle une alliée pour freiner les flots de migrants djihadistes. Cela ne coûtera pas grand chose à Erdogan de continuer à le lui faire croire. Peut-être en échange pourra-t-il enfin envisager d'entrer dans l'Union. Les droitsdel'hommistes européens consentiront à garder les yeux fermés sur la mini-terreur qu'Erdogan fera plus que jamais régner à l'encontre de ses opposants intérieurs.

En résumé, Erdogan va se trouver dès les prochaines semaines ou prochains mois avec beaucoup de cartes en mains. Celles-ci seront en grande partie contradictoires, mais avec un peu d'habileté, il pourra faire croire à tous ses « amis » qu'il est tout dévoué à leurs intérêts. Jusqu'où pourra durer ce Grand Jeu ? Allah seul, en sa grandeur, le sait.

 

jeudi, 05 novembre 2015

Erdogan, la puissance et la peur

erdo92098-e1444198689396.jpg

Erdogan, la puissance et la peur

Ex: http://www.christianvanneste.fr

Comme l’écrivait Gaston Bachelard, « l’Homme est une création du désir, non pas une création du besoin ». Les tragédies comme les épopées ont cette origine. La politique est tissée par une navette qui va de l’un à l’autre. Les peuples ont besoin d’échapper à la misère et à la peur. Ils ressentent un besoin de sécurité qui les amène en premier lieu à demander à leurs dirigeants de les protéger contre la faim, le dénuement et la violence. Ceux qui détiennent le pouvoir cherchent à répondre à ces demandes dans le désir de s’y maintenir. Ils peuvent aussi succomber au vertige de l’autorité sans limite, de la puissance conquérante. Ils peuvent s’enivrer des fastes qui accompagnent le pouvoir. Mais les peuples aussi ont des désirs. Les individus qui les composent veulent  la sécurité, mais aussi la liberté, ou plutôt les libertés, qui vont du désir d’autonomie jusqu’à la licence, à la course aux menus plaisirs. Ceux qui sont à leur tête cherchent l’équilibre entre les uns et les autres. Ils peuvent aussi céder à la facilité du « panem et circenses ». Ils peuvent encore user de la peur pour asseoir leur autorité, la peur qu’ils inspirent, mais aussi celle dont ils prétendent délivrer. Ils peuvent enfin transmettre leur soif de puissance aux peuples qu’ils entraînent dans des aventures militaires. De la peur surmontée à la domination vengeresse, il n’y a souvent qu’un pas.

La récente victoire d’Erdogan et de son parti, l’AKP en Turquie offre à ce sujet une source de réflexions. Depuis le XIXe siècle, l’islam somnolent, dominé, colonisé et la Turquie ottomane qui en incarnait la principale puissance politique, connaissaient un humiliant déclin. Les nationalismes turc et arabes ont constitué un premier sursaut. Dans les années 1930, Ataturk consolidait le premier  à Ankara tandis que les seconds naissaient notamment avec le parti Baas en Syrie. A la même époque, les Frères Musulmans réveillaient l’islam en Egypte. Autant la synthèse du nationalisme et de l’islamisme est difficile dans les pays arabes puisqu’ils comprennent parfois des minorités non-musulmanes et que la communauté religieuse est plus vaste que chacune des nations, autant, elle a été facilitée en Turquie par l’élimination des minorités religieuses et par la continuité du nationalisme turc. Le sultan ottoman a régné de la Mer Noire jusqu’aux confins du Maroc. Il était aussi le calife, le commandeur des croyants, le chef religieux de la communauté sunnite. Le pouvoir sans partage qu’une majorité de Turcs a donné à Erdogan dimanche dernier n’est pas sans lien avec ce souvenir et cette nostalgie.

L’AKP, son parti dit « islamo-conservateur » dirige la Turquie depuis 2003. Il détient la majorité parlementaire, le gouvernement et la Présidence. Pendant un temps, il a délivré les Turcs d’un pouvoir laïc kémaliste encadré par les militaires, libéré l’expression religieuse de l’islam, et surtout accompagné une croissance économique dont a bénéficié une large partie de la population. Fort de ce redressement qui a donné aux Turcs un meilleur confort de vie et engendré un sursaut d’orgueil, le Président Erdogan a connu le vertige de la puissance, avec la construction d’un immense et somptueux palais et une volonté d’étendre son hégémonie au-delà des frontières. Le soutien des prétendus démocrates-musulmans turcs aux Frères Musulmans très présents dans le Printemps Arabe, leur alliance avec les Qataris et les Saoudiens wahhabites contre la Syrie d’Assad, mais aussi dans les Balkans ont dévoilé le vrai visage de la Turquie que certains envisagent encore de faire entrer en Europe. Après l’éradication des Arméniens, des Grecs et des Assyro-Chaldéens chrétiens au début du XXe siècle, l’immense majorité des Turcs est aujourd’hui sunnite. Mais il subsiste une minorité ethnique importante (20%), les Kurdes majoritaires dans le Sud-Est du pays. L’AKP a d’abord donné des signes d’apaisement et de réconciliation. Au lendemain de l’arrivée au Parlement du parti kurde HDP, et de la perte de la majorité absolue, Erdogan a changé son fusil d’épaule. La tentative de faire main basse sur la Syrie en faisant tomber le régime Assad et en le remplaçant par un pouvoir musulman ami a fait long feu. Au contraire des poches autonomes kurdes se sont consolidées en Syrie le long de la frontière turque tenues par de proches parents du PKK, le parti turc dissident qui se bat pour l’indépendance du Kurdistan. La détérioration de la situation économique a noirci le tableau. La croissance est tombée de 9,4% en 2004 à 2,9% en 2014. Le chômage, l’inflation et la dépréciation monétaire traduisent cette dégradation.

erdogdaesh.jpgPour poursuivre son rêve de puissance, le Président turc a doublement utilisé la peur, celle que son armée peut susciter par ses interventions contre les rebelles kurdes et celle que le peuple turc ressent à mesure que la violence se répand sur son territoire. Le 10 Octobre, une manifestation kurde est touchée par un attentat sanglant qui fait 102 morts. L’Etat islamique est accusé. Pour laver l’affront, l’aviation turque va mener des opérations punitives, mais elle bombarde surtout les Kurdes, doublement victimes. L’AKP se fait le gardien de la sécurité et rassure en se dressant à la fois contre Daesh et le PKK. Une partie des nationalistes du MHP reporte ses voix sur elle. Les pressions sur les médias, la monopolisation de l’information, des irrégularités relevées par l’OSCE font le reste. L’AKP a retrouvé la majorité absolue. Erdogan peut de plus belle entretenir la rébellion syrienne, lâcher des milliers de migrants chaque jour sur l’Europe et obtenir de la décevante Mme Merkel des signes favorables  à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

Le besoin de sécurité et d’autorité pour l’assurer d’une part, le nationalisme turc de l’autre vont permettre à Recep Tayyip Erdogan de reprendre sa dérive mégalomaniaque.

mercredi, 04 novembre 2015

Erdogan, le président sur le chemin du sultanat

erdo-805x453.jpg

Erdogan, le président sur le chemin du sultanat

Une victoire des islamistes qui ne règle rien

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
Une fois de plus les sondages se sont trompés, les observateurs aussi. Il y a 5 mois Erdogan perdait la majorité absolue. Les médias cependant ont transformé en vote pour une démocratie plurielle le score au-dessus des 10 % d’un parti pro kurde et anti Erdogan. Ce parti, sans s’effondrer, recule et les islamistes reprennent une majorité absolue qui leur avait échappé sans pour autant atteindre l'objectif des 2 /3 leur permettant de changer la constitution. Le pouvoir islamiste a bénéficié en fait de l’effondrement de la droite nationaliste.

Un grand nombre de Turcs ont voté pour l’ordre, la stabilité et la sécurité. L'inquiétude a profité à Erdogan alors qu’on aurait pu penser qu’il paye le prix des dégradations du pays. En effet la reprise de la guerre contre les kurdes, l’engagement même limité contre Daech et l'afflux de réfugiés a poussé une partie de l’électorat à éviter tout risque de déstabilisation politique. Le premier ministre islamiste pense, lui, que ce vote est un don de dieu. On lui laissera la responsabilité de cette analyse pointue.

Ce qui est sûr c’est que l’opposition, trompée par les sondages, est  sonnée et n’a rien vu venir. Attendu par les sondages comme l'un des principaux bénéficiaires de ce scrutin d'automne, le parti social-démocrate CHP a déçu. Avec 25,38 % des voix, il n'obtient que deux nouveaux sièges au Parlement. « Le parti est bloqué dans son vivier électoral, autour de 25 %, et n'a pas su attirer de nouveaux électeurs, il va falloir sérieusement repenser notre discours », estime sobrement Aykan Erdemir, membre du parti de gauche. Le discours de stabilité, autour des questions de sécurité, prôné par le gouvernement a su séduire les électeurs du parti nationaliste MHP . Preuve en est, le score calamiteux de la formation d'extrême droite qui, avec 11,93 % des voix, perd près de la moitié de ses sièges par rapport au scrutin de juin. La frange conservatrice et religieuse de la population kurde, elle aussi, s'est ralliée au parti conservateur et a fait défection au parti HDP.

Le patron de l’AKP se retrouve à la tête d’un pays de 75 millions d’habitants qu’il a contribué à polariser chaque jour davantage et dont la moitié de la population lui est farouchement opposée : laïcs contre religieux, Turcs contre Kurdes, sunnites contre alévites, élites urbanisées contre conservateurs du plateau anatolien. Ce paysage politique fragmenté est encore fragilisé par une situation économique des plus médiocres et par un environnement extérieur dominé par la guerre en Syrie. Ce résultat va peser lourd sur l’évolution de la guerre en Syrie, sur une crise des réfugiés qui s’installe dans la durée et, enfin, sur les relations de ce pays membre de l’OTAN avec ses partenaires européens.

Les islamo-conservateurs des médias aussi pertinents que les sondages ont toujours été des islamo autoritaires tentés par un islam totalitaire d’état, un islamisme mais à la turque bien sûr.

samedi, 10 octobre 2015

Les rapports Turquie-Russie à la lumière de Daesh

7ABFB9F8-6B44-4CEA-830B-3A13E058A583_cx0_cy3_cw0_mw1024_s_n_r1.jpg

Les rapports Turquie-Russie à la lumière de Daesh
 
Ex: http://www.dedefensa.org

Le chroniqueur indien MK Bhadrakumar est un fin connaisseur de deux pays, où il a été ambassadeur de l’Inde : la Turquie et la Russie. Son avis sur les “tensions” entre ces deux pays, dans le cadre de l’intervention russe en Syrie est nécessairement intéressant, et il donne une image pondérée des “gesticulations” qui ont accompagné quelques incidents à la fin de la semaine dernière entre avions russes et avions turcs autour de la frontière syrienne. Les susdites gesticulation viennent en petite partie d’une tactique propre à Erdogan et n’engageant nullement sa stratégie, et en très grande partie de l’OTAN (dont fait partie la Turquie) qui tient un rôle confus et désorienté, et fort marginal, dans cette crise où elle n’a aucune stratégie ; l'OTAN a cru, avec cette incident russo-turc, retrouver une voix au chapitre et a surtout montré la faiblesse dériosoire de sa position. (L’OTAN est poussée dans cette voie, où elle dramatise sans grand effet ni risque un faux antagonisme turco-russe, par les USA qui sont grands adeptes de la confusion et de la désorientation pour eux-mêmes, et eux-mêmes relégués à un rôle mineur dans la crise.)

Dans un texte du 6 octobre sur son blog (Indian PunchLine), Bhadrakumar minimise la gravité que la communication a voulu donner à ces incidents. Il pense que les Turcs ont un rôle important à jouer dans la crise parce qu’ils en sont les protagonistes obligés ; ils auraient les moyens de transformer l’engagement russe en un bourbier type-Vietnam mais ils s’abstiendront au bout du compte à tenter de mettre les Russes, qui détiennent la “carte kurde”, en difficultés. Il pense que le but des Russes, avec ces incidents, est d’indiquer à la Turquie, comme ils le font avec Israël avec d’autres moyens, qu’il y a désormais de nouvelles règles en Syrie et que les interventions turques et israéliennes impunies en territoire syrien pour soutenir tel ou tel groupe font désormais partie du passé. Pour le reste, conclut Bhadrakumar, les rapports importants entre la Russie et la Turquie, symbolisés par les relations personnelles entre Erdogan et Poutine, ne seront pas affectés.

« The Turkish dictum had enabled Ankara up until now to ensure that the Syrian rebels could operate with impunity in a significant belt in northern Syria without fear of air attacks by Damascus. Russia is summarily terminating that privilege Ankara enjoyed. Russia is also simultaneously strengthening Syria’s air defence system and a point is reaching when the Turkish air force cannot any longer operate inside the Syrian airspace. In short, the weekend’s incidents have forced Ankara to contend with the new reality that its continued violations of Syria’s territorial integrity will come at a heavy price.

» By the way, Israel also is traveling in the same boat as Turkey – clandestinely supporting al-Qaeda affiliates operating in Syria, launching wanton air attacks on targets deep inside Syria, and systematically wearing down the Syrian state and its sovereignty. Israel too is livid that Russia will apply ‘red lines’ in Syria aimed at squashing Israeli interference in Syrian affairs. Israel is furious with Moscow – like Turkey – but has no option but to fall in line with the Russian ground rules. [...]

» In sum, an Afghanistan-type quagmire scenario is unlikely to develop in Syria for the Russians. During the Cold War, US brilliantly succeeded in pitting radical Islam against communism. Today, however, Russia enjoys diversified ties with the Muslim Middle East. The Russian diplomacy has been particularly active in Saudi Arabia and the UAE in the Gulf region as well as in Cairo and Amman. Egypt and Jordan have distinctly edged closer to Russia on the Syrian question.

» Conversely, Moscow’s close ties with the Syrian Kurdish leadership (which supports the PKK’s separatist movement inside Turkey) will act as a deterrent against Ankara setting up a bear trap in Syria. Suffice it to say, fueling insurgency is a game that both Turkey and Russia can play. [...] Simply put, if yet another Kurdistan takes shape in Syria (alongside the one already existing in northern Iraq), it would inevitably blur the sanctity and inviolability of Turkey’s established borders to the south and make them look somewhat like the Durand Line separating Pakistan from Afghanistan – a lawless no-man’s land that is condemned to remain a dagger forever aimed at Turkey’s heart.

» Erdogan’s priority will be to ensure that Turkey regains a place at the high table if a Syrian peace process picks up. Erdogan will try its best to forestall the emergence of yet another Kurdish entity in its neighborhood, which is a fast-emerging scenario already. Ankara’s main challenge lies in persuading Russia and the US to rein in the aspirations of the Syrian Kurds for regional autonomy in northern Syria as quid pro quo for their robust participation as Washington and Moscow’s foot soldiers in the war against the IS.

» At the end of the day, therefore, Erdogan will begin talking with the Kremlin. Actually, the conversation never really ended. His equation with the Russian leader at the personal level is something he can still count on. Vladimir Putin too has taken great pains to encourage Erdogan’s ‘Look East’ policies. Unlike the western powers, Russia has never been prescriptive about Turkey’s domestic politics. If Erdogan manages to win the November election and succeeds in switching Turkey to a presidential system, Putin will only congratulate him and possibly even draw satisfaction that he has a friend in Ankara who is likely to be a life-time executive president with whom he can do business to great mutual benefit. »

vendredi, 09 octobre 2015

La nouvelle illusion turque

TURKEY-DIPLOMACY_1444061910842834.jpg

La nouvelle illusion turque

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr

Elle semble sur le point de s'installer dans les cercles de pouvoir de l'Europe institutionnelle. Il s'agit, de la part de MM. Jean-Claude Juncker, Donald Tusk et Martin Schulz, de supplier le gouvernement d'Ankara de contrôler les flux migratoires qui transitent actuellement par son territoire.

Une première rencontre s'est tenue le 5 octobre. On a déployé à Bruxelles le tapis rouge au président turc Erdogan. On a tout dégagé en vue du lèche-vitrines de son épouse Emine avenue Louise "n’hésitant pas, selon les clients, à faire bloquer par son service de sécurité l’entrée à certains magasins qu’elle visitait." (1)⇓

Les Européens ont absolument besoin de la Turquie, tel est le message que l'on veut faire passer. Le Monde parlait à l'avance, dès le 3 octobre, d'une sorte d'alliance "obligatoire". (2)⇓

Voilà, dès lors, comment le journal conservateur allemand Die Welt (3)⇓ évoque de tels pourparlers. "Beaucoup de paroles chaleureuses de la part des plus hauts représentants de l'Union européenne. Ceci est un jour important pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan. "Nous avons besoin de la Turquie. Nous ne pouvons pas nous y prendre tous seuls" (toujours cette expression "wir schaffen das"…), a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk, ayant en vue le nombre croissant de réfugiés en Europe. En outre au nom de l'Union européenne Tusk était même prêt à parler d'une "zone tampon" en Syrie le long de la frontière turque. Ceci est une vieille revendication que formule Ankara. Erdogan sourit : "Nous sommes prêts à toutes les formes de coopération." Et le journal conclut : "La Turquie est maintenant plus importante que jamais pour l'Union européenne".

Pour ce qui est de l'actualité fugace, cependant, il convient ici de rappeler aux gentils négociateurs bruxellois quelques données, sur lesquelles nos médias demeurent fort discrets.

La Turquie n'est pas seulement inondée de réfugiés et migrants. Elle se débat dans une grave crise monétaire. En un an, entre octobre 2014 et octobre 2015, la livre turque est passée de 2,21 pour un dollar à 3,02, soit un dévissage de 36 %.

Elle est en pleine campagne électorale. La guerre dans le sud-est anatolien a repris par la volonté d'Erdogan de ressembler le nationalisme turc contre le PKK.

Soulignons que sur c'est sur ce thème qu'il a organisé ce 4 octobre un énorme meeting de 12 000 personnes à Strasbourg, s'impliquant plus que jamais dans la campagne électorale, espérant rallier une partie de l'électorat nationaliste. Cette intervention la veille de sa visite d'État relève autant du mauvais goût que du mélange des genres.

Car la majorité AKP a été durablement ébranlée par divers scandales. Dès lors on dit s'inquiéter du fait que l'on négocie avec M. Erdogan dont le pouvoir constitutionnel reste encore, sur le papier, à peu près égal celui du grand-duc de Luxembourg quoique sa mégalomanie soit devenue grandissante depuis quelque temps.

Certes la diplomatie d'État de ce pays, la résilience de son peuple et, même, l'habileté de ses dirigeants au cours sa longue histoire permettent de préjuger de sa capacité à rebondir.

La part d'illusion consiste d’autre part, à faire l'impasse sur la politique étrangère de "chauve-souris" qui caractérise la diplomatie turque, tiraillée au moins entre trois identités contradictoires, dont l'islam sunnite et l'Asie centrale, qui l'éloignent de l'Europe. (4)⇓

Mais justement, il se révélera d'autant plus nécessaire de rappeler aussi quelques faits historiques dont la mémoire habite encore les peuples de l'est européens. Ils sont en général d'autant mieux passés sous silence que l'on a réduit à sa plus simple expression l'enseignement de l'Histoire aussi bien dans le secondaire, depuis la réforme Haby de 1975, ou par l'invasion des soixante-huitards ou dans des programmes comme ceux de l'Institut d'Études politiques sous la régence de feu Richard Descoings.

Après 40 ans de giscardo-chiraco-socialisme la mémoire nationale des Français n'existe plus, et leur conscience européenne semble s'être réduite à ce que peut en penser Cyril Hanouna.

Voilà qui permet de répandre, dans une opinion décérébrée, toutes les illusions, en général, et celles qui ont trait à la politique de l'Europe, en particulier.

JG Malliarakis

À lire en relation avec cette chronique

"La Question turque et l'Europe" par JG Malliarakis à commander aux Éditions du Trident, sur la page catalogue ou par correspondace en adressant un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris.

Apostilles

  1. cf. sur le site "capitale.be" le 5 octobre 2015 à 15 h 51, et la protestation d'un conseiller communal.
  2. cf. "Le Monde" le 3 octobre 2015 à 10h43 "Erdogan, allié obligé de l’Europe"
  3. cf. "Die Welt" le 5 octobre, article "Flüchtlingskrise : Wir brauchen die Türkei" ("Crise des réfugiés: "Nous avons besoin de la Turquie").
  4. cf. notre chronique de 2009 "La chauve-souris turque sa propagande et sa diplomatie 
du pacte germano-soviétique jusqu'à nos jours", base d'un chapitre de mon petit livre "La Question turque et l'Europe" à commander aux Éditions du Trident, sur la page catalogue ou par correspondace en adressant un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris.

Si vous aimez cet article

Faites-en suivre le lien : http://www.insolent.fr/2015/10/la-nouvelle-illusion-turque.html

→ Pour être tenu au courant de nos chroniques, il suffit de s'inscrire à la liste de diffusion de L'Insolent en copiant collant le message "Je souhaite recevoir par courriel les liens de vos chroniques. D'avance, merci" adressé à :courrier.insolent@gmail.comcourrier.insolent@gmail.com"

mercredi, 07 octobre 2015

Erdogan: danger pour l'Europe

erdo501ca3af9_480x270.jpg

Erdogan: danger pour l'Europe

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le dimanche 4 octobre à Strasbourg le Premier ministre turc Recep Tayyb Erdogan a voulu lancer un appel à la diaspora turque en Europe. Il a réuni 15.000 sympathisants surchauffés. L'ensemble des médias se sont étonnés du fait que lors de ce meeting, hommes et femmes étaient séparés. La pratique est courante en Turquie mais donne un signal déplorable dans la capitale de l'Union européenne. Rappelons que la diaspora turque est très fortement représentée en Allemagne.
 
Erdogan veut évidemment rassembler ceux des futurs électeurs susceptibles de voter pour lui lors des prochaines élections législatives, où il espère récupérer la majorité absolue. Son intervention devait invoquer une nécessaire lutte contre le terrorisme. Mais Erdogan n'a jamais mentionné Daesh. Il s'en est pris aux séparatistes kurdes dont l'influence en Turquie même est de plus en plus grande. Nul n'ignore que la Turquie n'est absolument pas engagée dans la lutte contre Daesh. Au contraire elle encourage ledit Daesh par divers moyens, notamment le passage d'armes et de combattants djihadistes à travers sa frontière. Au contraire les kurdes d'Irak et de Syrie ont toujours lutté, initialement seuls au début, contre l' « Etat islamique » (EI). Ils continuent aujourd'hui à le faire.

Erdogan peut désormais se prévaloir d'un appui diplomatique massif, celui des Etats-Unis et de l'Otan. Ceux-ci comptent sur lui pour mettre en difficulté, y compris par des troupes au sol, l'alliance dite 5+1 (Iran, Irak, Syrie, Hesbollah et Russie) qui vient de se mettre en place, à l'initiative de la Russie, pour engager des moyens militaires importants contre l'EI. Le numéro 6 de la coalition devrait être désormais la Chine, qui vient d'engager en méditerranée son unique porte-avion, le Liaoning, lequel devrait prochainement recevoir des avions. La Chine, à juste titre, veut aider la Russie à lutter contre les combattants islamiques se référant à Daesh et de plus en plus nombreux à envahir le Caucase et les provinces chinoises dite Ouïghours.

Logiquement, les pays européens membres de l'Otan, à défaut des Américains eux-mêmes, devraient se réjouir de cette coalition, susceptible de contrer l'EI bien mieux que la coalition hétéroclite montée par Obama il y a quelques mois. Mais les grands alliés des Européens et des Etats-Unis sont les monarchies arabes du Golfe, dont le grand mérite est d'approvisionner l'Occident en pétrole. Elles combattent également par des moyens divers, y compris militaires au Yémen, les Etats chiites participant aux 5+1. Autrement dit, elles aident l'EI, considéré comme un rassemblement sunnite, à lutter contre l'axe chiite auquel vient de se joindre la Russie. Elles bénéficient donc plus que jamais de toutes les attentions de l'Otan.

Erdogan lutte, tant que membre actif de l'Otan, contre une montée en puissance de la Russie qui inquiète dorénavant de plus en plus les Etats-Unis. Il compte donc sur son positionnement anti-russe pour recevoir les appuis des pays européens disposant d'une importante diaspora turque.

Les membres européens de l'Otan,devraient se féliciter de l'engagement des 5+1 pour essayer de tarir en Syrie même et en Irak la source du terrorisme djihadiste dont ils seront de plus en plus les victimes. Par ailleurs, ni la Russie ni la Chine ne représenteront une menace militaire à leur égard, comme voudrait le faire croire Washington. Ils ne devraient donc pas encourager Erdogan à provoquer des incidents entre ses avions et ceux des russes, ce qu'il semble résolu faire.

Malheureusement, sous la pression américaine, ces pays européens, au premier rang desquels se trouve la France, continuent contre tout bon sens à vouloir la chute de Bashar al Assad, ce que de son côté le sunnite Erdogan a toujours cherché à faire. Tout ce qui en ce sens pourra faire des difficultés à la Russie,  provenant notamment de la Turquie, sera donc essayé, avec la bénédiction des Européens.

 

Jean Paul Baquiast

mardi, 06 octobre 2015

Erdogan is Starting to Pay His Bills

erdogan-destroy-mosque-bridge-.jpg

Pogos Anastasov

Erdogan is Starting to Pay His Bills

Yerevan is anxiously watching developments in neighbouring Turkey. Destabilization in a neighbouring country is in nobody’s interests, but events there are developing rapidly, and it is unlikely that there is anything good in store for Ankara, which has got involved in a whole range of conflicts in the region.

It seems that the truly strong and popular Turkish leader has overestimated his strength and, having unleashed a war on all fronts, both internal and external, now risks if not losing power, then facing very serious problems.

What has happened that the President of Turkey, formerly prime minister, and most importantly, continuous leader of the country for almost fifteen years, should suddenly find himself in such a difficult situation? The answer is both simple and complicated. R. T. Erdogan came to power at the beginning of the twenty-first century as an exponent for the professedly down-trodden Muslim masses of Turkish citizens, who are both relatively poor and followers of the religious ideals of Islam, to which his Justice and Development Party (AKP) gave a political “mould”.

By all accounts, the success of the last decade has gone to the Turkish politician’s head, and he decided to go after internal achievements as well as external. Beyond Turkey’s borders, he set himself the task of overthrowing the Bashar al-Assad’s secular regime in Syria, in the hope of bringing kindred Sunni “Muslim brothers” to power there and inside Turkey he set upon completely changing the political landscape of the country and, having achieved absolute majority in the parliamentary elections of 7 June 2015, changing the country’s constitution so that the Parliament’s basic powers were transferred to the president.

However, Erdogan clearly never studied the Coup of 18 Brumaire. The June elections not only didn’t allow him to become the sole ruler of the country, but he couldn’t even form a government, and now he has been forced to hold new elections, which are scheduled for November 1, where he plans to take revenge. But are his hopes justified?

Firstly, outside the country, the support for all anti-governmental forces in Syria has led to the fact that Turkey has become almost an accessory to the ISIS terrorist movement, which until very recently received the supply of militants and weapons via the 900-kilometre Turkish-Syrian border. This led, in turn, to tensions between Erdogan and his NATO allies, primarily the United States, whom Turkey did not allow to bomb ISIS from its territory or use its Incirlik air base. Relations between the Turkish president and the Kurds have sharply deteriorated. The latter believed, they were receiving insufficient support from the Turkish authorities in the battle against ISIS for the town of Kobanî (Ayn al-Arab), where Washington itself had staunchly supported the Kurds.

The situation changed only after July 20 of this year, when an ISIS militant bombed Kurdish volunteers who had got together to help with the rebuilding of Kobanî, killing 32 of them. However, the attitude of the Turkish authorities to ISIS members had soured even earlier, when on July 17 an ISIS publication in Turkish entitled Konstantiniyye called for a fatwa against the “caliphate” and for a boycott of “unclean” Turkish meat.

The authorities couldn’t leave this with no response Immediately after the terrorist attack, and a telephone conversation between Erdogan and Obama, an agreement was signed according to which the United States was finally granted the right to use the Turkish Incirlik, Diyarbakir, Batman and Malatya air bases to bomb ISIS, and Turkey pledged to directly take part in these bombings. In Turkey, for the first time after the appearance of ISIS on the political map of the Middle East in June 2014, large-scale arrests of supporters of terrorist quasi-state commenced (to be fair, it must be said that the first dozens of radical Islamists were arrested as early as mid-July, before the terrorist attack). More than 500 people were imprisoned; and the border control was tightened: By the end of July, 500 foreigners had been deported for relations with ISIS, 1,100 were denied entry to Turkey, and 15,000 were put on the “black list”. ISIS did not forgive this and on July 23 the first clashes between the Turkish army and ISIS members took place. Scorpion bit the one who hid it in his sleeve, as B. Assad figuratively said speaking on the terrorist attacks in an interview with Russian journalists.

For his consent to the bombing of ISIS, Erdogan was allegedly granted the right to create a kind of no-fly zone over the western 90-km stretch of the Syrian-Turkish border officially to protect 1.8 million Syrian refugees from Assad, but in fact to help the anti-governmental forces (mainly the Free Syrian army). But this fig leaf was of little help to the Turkish president.

Having smoothed out his relations with the West and the United States over ISIS, and having thus obtained a pardon from the USA for taking a tougher stance on his domestic policies, Erdogan opened, apparently inadvertently, a new front, this time with the Kurds, and in particular with the Kurdistan Workers’ Party (PKK).

They perceived the attack of July 20 as a provocation by the authorities (after all, ISIS was called the organiser by the Turkish authorities, not the Islamic State itself) and responded to terror with terror, killing a couple of police officers. And this is where the Turkish president seems to have made a fatal mistake, which hasn’t backfired on him yet.

Instead of allaying the situation, he decided to punish the power that he believes is interfering with his plans to overthrow Assad and is preventing political hegemony inside the country (in the elections of June 7, the People’s Democratic Party (HDP) won 80 seats in parliament, depriving Erdogan’s party of the majority), he broke the ceasefire with the Kurds that had been in effect since 2012 and unleashed military actions on those who stood for the HDP and the PKK. AKP activists simultaneously attacked the offices of the Democratic People’s Party across the country. Legal proceedings were filed against the party leader, S. Demirtas, for “inciting violence”.

In response, the Turkish Kurds, who decided that they were deceived when they were called for peace, but were declared war instead, took up arms and sabotaged a pipeline, along which oil flows to the camp of supporters of an independent Iraqi Kurdistan – Turkey and Israel (thanks to which 77% of the needs of the Jewish state are met) from its leader, M. Barzani, with whom Ankara shares special relationship. They do not believe in the anti-ISIS policies of the authorities, because they supposedly consider ISIS an Ankara’s tool in the fight against them. According to them, by encouraging the PKK to resume the civil war, they want to discredit the HDP, and then ban it and prevent them from taking part in elections. There are already calls for this from the Turkish ultra-nationalists, who have decided to support Erdogan. They demonise the HDP, declaring it a supporter of separatism.

There is every reason to believe that pursuing this policy of aggravation, Erdogan risks losing the upcoming parliamentary elections. In the current climate he is unlikely to succeed in unifying the nation, while fighting on three fronts – against Syria, ISIS and the PKK. Reforms are stalling in the country, the economic situation is not improving, and the desire to impose an ideology on the whole nation that not everyone shares (at least not the Kurds and the Kemalists) and monopolize power, could lead to increased social unrest. Bonapartism is not fashionable these days…

Pogos Anastasov, political analyst, Orientalist, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook.”

mercredi, 26 août 2015

Erdogan’s Dirty Dangerous ISIS Games

turkaturkar-e1412623867483.jpg

Erdogan’s Dirty Dangerous ISIS Games

by F. William Engdahl

Ex: http://journal-neo.org

Turkey is a beautiful land, rich in resources, with many highly intelligent and warm people. It also happens to have a President who seems intent on destroying his once-proud nation. More and more details are coming to light revealing that the Islamic State in Iraq and Syria, variously known as ISIS, IS or Daesh, is being fed and kept alive by Recep Tayyip Erdoğan, the Turkish President and by his Turkish intelligence service, including MIT, the Turkish CIA. Turkey, as a result of Erdoğan’s pursuit of what some call a Neo-Ottoman Empire fantasies that stretch all the way to China, Syria and Iraq, threatens not only to destroy Turkey but much of the Middle East if he continues on his present path.

In October 2014 US Vice President Joe Biden told a Harvard gathering that Erdoğan’s regime was backing ISIS with “hundreds of millions of dollars and thousands of tons of weapons…” Biden later apologized clearly for tactical reasons to get Erdoğan’s permission to use Turkey’s Incirlik Air Base for airstrikes against ISIS in Syria, but the dimensions of Erdoğan’s backing for ISIS since revealed is far, far more than Biden hinted.

ISIS militants were trained by US, Israeli and now it emerges, by Turkish special forces at secret bases in Konya Province inside the Turkish border to Syria, over the past three years. Erdoğan’s involvement in ISIS goes much deeper. At a time when Washington, Saudi Arabia and even Qatar appear to have cut off their support for ISIS, they remaining amazingly durable. The reason appears to be the scale of the backing from Erdoğan and his fellow neo-Ottoman Sunni Islam Prime Minister, Ahmet Davutoğlu.

Nice Family Business

The prime source of money feeding ISIS these days is sale of Iraqi oil from the Mosul region oilfields where they maintain a stronghold. The son of Erdoğan it seems is the man who makes the export sales of ISIS-controlled oil possible.

Bilal Erdoğan owns several maritime companies. He has allegedly signed contracts with European operating companies to carry Iraqi stolen oil to different Asian countries. The Turkish government buys Iraqi plundered oil which is being produced from the Iraqi seized oil wells. Bilal Erdoğan’s maritime companies own special wharfs in Beirut and Ceyhan ports that are transporting ISIS’ smuggled crude oil in Japan-bound oil tankers.

Gürsel Tekin vice-president of the Turkish Republican Peoples’ Party, CHP, declared in a recent Turkish media interview, “President Erdoğan claims that according to international transportation conventions there is no legal infraction concerning Bilal’s illicit activities and his son is doing an ordinary business with the registered Japanese companies, but in fact Bilal Erdoğan is up to his neck in complicity with terrorism, but as long as his father holds office he will be immune from any judicial prosecution.” Tekin adds that Bilal’s maritime company doing the oil trades for ISIS, BMZ Ltd, is “a family business and president Erdoğan’s close relatives hold shares in BMZ and they misused public funds and took illicit loans from Turkish banks.”

In addition to son Bilal’s illegal and lucrative oil trading for ISIS, Sümeyye Erdoğan, the daughter of the Turkish President apparently runs a secret hospital camp inside Turkey just over the Syrian border where Turkish army trucks daily being in scores of wounded ISIS Jihadists to be patched up and sent back to wage the bloody Jihad in Syria, according to the testimony of a nurse who was recruited to work there until it was discovered she was a member of the Alawite branch of Islam, the same as Syrian President Bashar al-Assad who Erdoğan seems hell-bent on toppling.

Turkish citizen Ramazan Başol, captured this month by Kurdish People’s Defence Units,YPG, as he attempted to join ISIS from Konya province, told his captors that said he was sent to ISIS by the ‘İsmail Ağa Sect,’ a strict Turkish Islam sect reported to be tied to Recep Erdoğan. Başol said the sect recruits members and provides logistic support to the radical Islamist organization. He added that the Sect gives jihad training in neighborhoods of Konya and sends those trained here to join ISIS gangs in Syria.

According to French geopolitical analyst, Thierry Meyssan, Recep Erdoğan “organised the pillage of Syria, dismantled all the factories in Aleppo, the economic capital, and stole the machine-tools. Similarly, he organised the theft of archeological treasures and set up an international market in Antioch…with the help of General Benoît Puga, Chief of Staff for the Elysée, he organised a false-flag operation intended to provoke the launching of a war by the Atlantic Alliance – the chemical bombing of la Ghoutta in Damascus, in August 2013. “

Meyssan claims that the Syria strategy of Erdoğan was initially secretly developed in coordination with former French Foreign Minister Alain Juppé and Erdoğan’s then Foreign Minister Ahmet Davutoğlu, in 2011, after Juppe won a hesitant Erdoğan to the idea of supporting the attack on traditional Turkish ally Syria in return for a promise of French support for Turkish membership in the EU. France later backed out, leaving Erdoğan to continue the Syrian bloodbath largely on his own using ISIS.

Gen. John R. Allen, an opponent of Obama’s Iran peace strategy, now US diplomatic envoy coordinating the coalition against the Islamic State, exceeded his authorized role after meeting with Erdoğan and “promised to create a « no-fly zone » ninety miles wide, over Syrian territory, along the whole border with Turkey, supposedly intended to help Syrian refugees fleeing from their government, but in reality to apply the « Juppé-Wright plan ». The Turkish Prime Minister, Ahmet Davutoğlu, revealed US support for the project on the TV channel A Haber by launching a bombing raid against the PKK.” Meyssan adds.

There are never winners in war and Erdoğan’s war against Syria’s Assad demonstrates that in bold. Turkey and the world deserve better. Ahmet Davutoğlu’s famous “Zero Problems With Neighbors” foreign policy has been turned into massive problems with all neighbors due to the foolish ambitions of Erdoğan and his gang.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

mercredi, 10 juin 2015

La Turquie refuse à Erdogan sa super-présidence

erdogan-a-istanbul-le-29-mars-2014_4865479.jpg

La Turquie refuse à Erdogan sa super-présidence

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les électeurs turcs ont rejeté Super-Erdogan, ce « héros » auto-proclamé de la Turquie islamique et néo-ottomane, nouveau calife en son luxueux palais. Depuis la fin du mandat d’Abdullah Gül, son vieux complice désormais marginalisé, et son élection, Recep Erdogan n’a cessé de jouer les autocrates et encore récemment fêtait devant ses troupes militantes la victoire de Constantinople en 1453.

Avec 40.93% des voix, et 256 députés (sur un total de 550), l’AKP réalise une contre-performance même si ce parti reste le premier du pays, perdant plus de huit points par rapport à 2011 et 72 sièges. Il est désormais bien loin de la majorité absolue et bien davantage encore du nombre de sièges nécessaires pour faire voter une révision constitutionnelle accentuant le caractère présidentiel du nouveau régime qu’il souhaite mettre en place, mais que 75% des Turcs selon les derniers sondages, et même 60% de ses propres électeurs, refusent.

Avec 25.08% des voix et 132 sièges, le mouvement kémaliste CHP ne progresse guère en nombre de voix. Le CHP échoue une fois de plus à représenter une véritable alternative aux yeux des électeurs, la réislamisation en cours de la Turquie que l’AKP a fortement encouragée depuis dix ans lui étant nettement défavorable, y compris à Istanbul et à Ankara.

Avec 16.38% des voix (+3.37) et 82 sièges (+29), démentant ainsi tous les sondages, les nationalistes du MHP réussissent en revanche un très bon score, même s’ils ne retrouvent pas leur résultat de 1999 (18%). Ils bénéficient de la perte de crédits d’Erdogan et de l’échec de la ligne néo-ottomane du premier ministre Davutoglu. A côté d’eux, les nationaux-islamistes du BTP avec 0.38% sont nettement marginalisés.

Le vainqueur indiscutable de ce scrutin est le DHP, ce parti démocrate représentant surtout les Kurdes mais aussi les minorités. Avec 13.1% et 80 sièges (+50), il fait une entrée fracassante au parlement et réussit surtout à empêcher l’AKP de bénéficier de la prime, car ses sièges auraient été au premier parti du pays en cas de score inférieur à 10%. Une part importance de l’échec de l’AKP s’explique par un vote massif en faveur du DHP dans le Kurdistan et même en dehors (10.6% à Istanbul, 11.5% à Izmir).

Enfin, le parti islamiste Saadet en revanche reste très faible avec 2.06% des voix (+1.06) même s’il progresse très légèrement. Les autres partis sont très faibles, à l’instar du parti de gauche radicale Vatan Partisi (0.33%), du DP nationaliste (0.15%), du Turk Parti (0.12%) ou encore des libéraux-démocrates (0.05%).

Ces résultats vont contraindre l’AKP à mettre en place une coalition qui limitera considérablement sa marge de manœuvre. On pourrait aussi imaginer une grande coalition contre lui au parlement, mais l’incompatibilité doctrinale totale entre le MHP (nationalisme turc) et le DHP (pro-Kurdes) rend cette hypothèse peu vraisemblable. Une grande coalition AKP/CHP est de même totalement inconcevable. Une coalition MHP/AKP, alors que le MHP est opposé à l’adhésion à l’UE du pays, est en revanche imaginable, de même qu’un gouvernement AKP minoritaire.

Du point de vue des Européens opposés au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ces résultats électoraux ne sont pas nécessairement une bonne nouvelle. La dérive autoritariste d’Erdogan était un argument en or pour y mettre fin et en tout cas pour faire traîner les choses au maximum. Avec la montée du DHP, qui prône davantage de démocratie et de droits, cet alibi est affaibli. En revanche, une coalition AKP/MHP serait très positive car les nationalistes turcs sont de farouches opposants à l’adhésion à l’UE. De plus, mouvement d’extrême-droite lié au Bozkurt (« loups gris »), sa réputation en Europe occidentale est plutôt négative.

L’AKP a en tout cas connu son premier revers significatif, même si ce parti est loin d’être à terre. Perdre huit points en quatre ans alors qu’il est le parti sortant n’est pas lamentable. Et puis certains électeurs ont voulu mettre un frein aux ambitions du chef de l’Etat ou ont été révulsés par quelques scandales de corruption. Il y a enfin la croisade intérieure que mène Erdogan contre le mouvement Fetullah Gülen, après s’en être pris à l’opposition laïque au sein de l’armée et de la presse. Mais Erdogan découvre désormais que le peuple ne le suit plus aveuglément.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Erdogan en zijn tegenstanders in Europa zijn objectieve bondgenoten

erdogan.afp_.gi_.jpg

Erdogan en zijn tegenstanders in Europa zijn objectieve bondgenoten

door Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

De tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap hekelen Erdogan, maar in feite zou een overwinning van hem een godsgeschenk zijn voor hen.

Een 'nieuw Turkije' vormt de inzet van de Turkse parlementsverkiezingen die vandaag 7 juni gehouden worden. Als de regerende Partij voor Gerechtigheid en Ontwikkeling (AKP) twee derde van de zetels in de wacht sleept, kan ze via een grondwetswijziging een presidentieel systeem invoeren. De huidige president Recep Tayyip Erdogan zou meer armslag krijgen en verder gestalte kunnen geven aan wat hij het 'nieuwe Turkije' noemt. Maar wat betekent hier 'nieuw'? Algemeen luidt de kritiek in binnen- en buitenland op Erdogan dat Turkije onder hem (als premier toen) een meer autoritaire koers is gaan varen. Onder een president die uitvoerende macht verwerft, zou die tendens nog worden versterkt. Zo een president zou in staat zijn om nog meer een conservatieve moraal aan te prijzen, nog meer grootse en zelfs megalomane projecten op touw te zetten en nog een forser buitenlands beleid erdoor te duwen. Hij zou nog minder rekening hoeven te houden met kritiek van mensenrechten- en milieuactivisten, vakbonden, journalisten of vertegenwoordigers van minderheden. Hij zou op die manier inderdaad op 29 oktober 2023 bij de honderdste verjaardag van de stichting van de republiek kunnen terugblikken op een 'nieuw Turkije'. Een dergelijk land zou misschien modern ogen omdat er nieuwe, glinsterende bouwwerken oprezen, omdat er nieuwe wegen getrokken en grote stuwdammen aangelegd werden, maar het zou vaak ten koste van het milieu en van de leefomstandigheden kunnen gegaan zijn. Een dergelijk land zou misschien geen sociale conflicten kennen onder het mom van een 'harmonische' samenleving die wordt aangestuurd door een sterke president en een machtige regeringspartij. Maar nieuw in de zin van respectvol tegenover andere meningen en samenlevingsvormen zou het niet zijn. Paradoxaal gezien zou de overwinning van de AKP op zondag 7 juni net meer van hetzelfde zijn.

Risico's

Het klopt dat er onder de AKP heel wat verwezenlijkt is. De economie ging er op vooruit en er kwam een opening naar de Koerden. Maar Erdogan ontpopte zich ook tot de pleitbezorger van een meer conservatieve, religieus geïnspireerde moraal, terwijl hij tegelijkertijd kritische mensen de mond snoerde. De onafhankelijkheid van pers en justitie is bedreigd, oppositiepartijen bieden weinig weerwerk. Maar nu zit er met de pro-Koerdische Democratische Volkspartij (HDP) een flinke luis in de Turkse pels. Bij de vorige parlementsverkiezingen stuurde haar voorgangster direct gekozen volksvertegenwoordigers naar het parlement die daar dan een fractie vormden; nu komt de HDP als geheel op. Een groot risico, want haalt de partij de kiesdrempel van tien procent? De HDP rekent niet alleen op de stemmen van nationalistische Koerden, maar ook op die van liberale en seculiere Turken die naar een alternatief voor de AKP snakken. Selahattin Demirtas, de charismatische voorzitter van de HDP, waagt het erop omdat hij bij de presidentsverkiezingen van augustus vorig jaar 9,77 procent van de kiezers achter zich wist te scharen. Erdogan probeert nu religieus voelende Koerden voor zich te winnen en deinst er niet voor terug Demirtas te bestempelen als 'zoroastriër' (aanhanger van de leer van de Oud-Perzische profeet Zarathustra).

Frustratie

Als de HDP de kiesdrempel haalt, ziet de AKP haar gewenste twee derde meerderheid in rook opgaan. Indien niet, gaan de 50 zetels die de HDP normaal zou halen naar andere partijen. De gevaren zijn in dat geval niet min. De Turkse Koerden – degenen onder hen die dromen van meer autonomie binnen het Turkse staatsverband – zijn dan niet vertegenwoordigd in het parlement. Uit frustratie trekken ze misschien weer de separatistische kaart. Nog meer botsingen met de centralistische Turkse staat zijn dan voorgeprogrammeerd. Aan het huidige bondgenootschap tussen gematigde Koerdische nationalisten en liberale Turken komt ook een einde. Erdogan zal zo Turkije nog meer naar zijn inzichten kunnen boetseren.

Analisten vragen zich af of Turkije omwille van zijn meer op het Midden-Oosten gericht beleid wegdrijft van het Westen. Maar zou een Turkije onder een sterke president als Erdogan niet ook in zijn binnenlandse politiek, zijn maatschappijmodel, wegdrijven van de Europese Unie (EU)? Het zou misschien wel modern ogen, maar niet Westers zijn. De tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap hekelen Erdogan, maar in feite zou een overwinning van hem een godsgeschenk zijn voor hen. Nu al gaan er her en der stemmen op die zeggen dat het in geval van een AKP-zege beter zou zijn de onderhandelingen met de kandidaat-lidstaat af te breken. Dat is het paradoxale: dat Erdogan en zijn tegenstanders in Europa nu zondag objectieve bondgenoten zijn.

(Dit artikel verscheen eerder op www.knack.be)

lundi, 18 mai 2015

Du côté de chez Erdogan

Erdogan-e1431644160713-1456x648.jpg

Du côté de chez Erdogan
 
La Turquie a choisi son camp, et ce n’est pas le nôtre.
 
Journaliste et écrivain
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Comme l’Espagne à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, la Syrie est décidément le champ de bataille qu’ont choisi des pays tiers pour s’affronter dans une guerre civile de jour en jour plus internationale.

Les combattants envoyés et les armes livrées par le Hezbollah libanais, l’Iran et la Russie n’étaient pas pour rien dans la résistance opiniâtre opposée par le régime de Bachar el-Assad à la subversion et dans les quelques succès qu’il avait remportés sur le terrain à la fin de l’année dernière. Les revers qu’accumulent les gouvernementaux depuis quelques semaines doivent moins à l’afflux des djihadistes venus de toute l’Europe et du Moyen-Orient qu’à l’appui financier, matériel et militaire qu’apportent aux insurgés de généreux et discrets donateurs étrangers.

Si la province d’Idleb, dont Damas avait prématurément annoncé la reconquête, lui échappe aujourd’hui en grande partie, si le réduit alaouite lui-même, autour de Tartous et de Lattaquié, semble désormais menacé, la proximité de ces deux zones avec la Turquie de M. Erdoğan n’y est pas pour rien.

Maître d’un pays qu’Atatürk et ses successeurs avaient pu croire définitivement arrimé à l’Occident et à la modernité, celui qui en est aujourd’hui le président après en avoir été pendant treize ans le tout-puissant Premier ministre a fait accomplir à la Turquie des pas de géant dans la direction opposée. Le vernis laïque et républicain dont les Jeunes-Turcs avaient badigeonné la façade décrépite de l’ancien Empire ottoman craque de toutes parts. Retour vers le passé : en même temps qu’il restaure l’influence et la prégnance de la religion sur un pays qui s’en croyait émancipé, Erdoğan entend bien rétablir sinon la domination au moins l’influence turque sur le monde sunnite. Le parallèle est troublant, même si l’opposition est totale, avec l’évolution de l’Iran depuis la chute du shah et l’avènement du régime des mollahs.

Membre de l’OTAN depuis sa création, la Turquie, aussi longtemps que dura la guerre froide, fut le meilleur rempart du monde libre face au bloc soviétique et peut-être l’Europe a-t-elle raté l’occasion de l’intégrer à l’Union, tout comme les États-Unis ont eu tort, en leur temps, de lâcher le régime impérial iranien. Tout cela n’est plus de saison. Refusant l’accès de ses aérodromes aux avions de la coalition occidentale et laissant ou faisant transiter par son territoire renforts et matériels à destination des adversaires de Bachar, M. Erdoğan renoue avec la légendaire tradition de la perfidie ottomane.

Il faut être aveugle comme un diplomate occidental ou buté comme un Premier ministre israélien pour s’obstiner à ne pas voir en face la réalité du Moyen-Orient. Aux yeux des gouvernements sunnites, l’ennemi prioritaire n’est ni le salafisme ni Al-Qaïda ni même Daech, mais le monde chiite dont le maillon faible est actuellement la Syrie. Pour le roi Salmane d’Arabie, comme pour M. Erdoğan, l’homme à abattre n’est pas le prétendu calife qui a mis la main sur la moitié de l’Irak et la moitié de la Syrie, mais Bachar el-Assad. Dans la guerre par personnes interposées qui oppose plus ou moins ouvertement Riyad et Istanbul à Téhéran et Damas, l’Occident, moitié jobard moitié complice, persiste à s’appuyer sur les planches pourries que sont les régimes les plus obscurantistes et les plus corrompus de la planète. Dans cette affaire, le gouvernement régressif et autoritaire de M. Erdoğan n’est plus un allié sûr ni un ami sincère ni même un partenaire fiable. La Turquie a choisi son camp, et ce n’est pas le nôtre.