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jeudi, 05 mars 2015

L’empreinte de la Turquie dans la guerre de l’Occident contre la Chine et la Russie

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L’empreinte de la Turquie dans la guerre de l’Occident contre la Chine et la Russie

 
Alors que l’attention mondiale était focalisée sur la France à la suite des meurtres de Charlie Hebdo, la chasse à l’homme qui en a découlé, et sur les conséquences politiques de l’incident, de nombreuses informations importantes ont été discrètement repoussées dans les pages intérieures des principaux journaux mondiaux et sont passées derrière les premiers titres des programmes d’information des chaînes de télévision de la planète. Au Nigeria, Boko Haram est réapparu plus agressif que jamais, commettant une des pires atrocités de l’histoire récente de la région. En Syrie et en Irak, la guerre contre l’État islamique continue sans faiblir. En Grèce, une élection capitale aura lieu, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le futur de l’Union Européenne.Doucement, sans fanfare médiatique des médias internationaux, des articles sont sortis de Chine, indiquant que les autorités chinoises ont arrêté au moins dix Turcs suspectés d’avoir organisé et facilité le passage illégal de la frontière à de nombreux extrémistes ouïghours (un groupe ethnique musulman de l’Ouest de la Chine). Il a de plus été révélé que les extrémistes ouïghours avaient prévu d’aller en Syrie, en Afghanistan et au Pakistan, afin de s’entraîner et de combattre avec d’autres djihadistes.

Bien que les détails de l’enquête n’aient pas encore été entièrement révélés, l’incident dévoile un problème bien plus vaste que celui posé par quelques Turcs impliqués dans la fabrication de faux papiers et l’immigration illégale. L’histoire constitue plutôt une preuve de plus de l’existence d’un réseau terroriste international, bien financé et bien organisé, utilisé et/ou facilité par le gouvernement et les services de renseignement turcs. Depuis le refuge trouvé par les extrémistes le long de la frontière avec la Syrie jusqu’à la fourniture de soutien matériel aux terroristes en Chine, la Turquie s’est placée au centre d’un réseau de terrorisme international tourné vers les pays qui s’opposent à l’OTAN et qui barrent la route à la vision néo-ottomane que le président Erdogan et le Premier ministre Davutoglu promeuvent pour la Turquie.

Ce que nous savons et pourquoi c’est important.

Selon le ministère turc des Affaires étrangères, les dix citoyens turcs ont été arrêtés à Shanghai le 17 novembre 2014, pour avoir facilité l’immigration illégale. Alors que les accusations officielles portées contre eux vont de la fabrication de faux documents à l’assistance à l’immigration illégale, la question sous-jacente est celle, plus vaste, du terrorisme international. Parce que, bien sûr, les preuves indiquent que ces immigrants ouïghours ne voyageaient pas seulement pour aller voir des êtres chers dans un autre pays. Au contraire, ils appartenaient vraisemblablement à une tendance, déjà identifiée antérieurement, d’extrémistes ouïghours voyageant au Moyen-Orient pour s’entraîner et se battre aux côtés de l’État islamique ou d’autres groupes terroristes.

En fait, cette tendance avait été révélée deux mois auparavant, en septembre 2014, lorsque Reuters avait rapporté que Pékin avait formellement accusé les militants ouïghours de s’être rendus dans les territoires contrôlés par l’État islamique pour y être entraînés. Le Jakarta Times indonésien avait corroboré ces accusations en rapportant que quatre djihadistes ouïghours chinois avaient été arrêtés en Indonésie après avoir voyagé depuis le Xinjiang en passant par la Malaisie. De plus, d’autres rapports sont apparus ces derniers mois, dépeignant une campagne concertée pour aider les extrémistes ouïghours à se déplacer à l’intérieur de l’Asie, communiquant et collaborant avec des groupes terroristes transnationaux comme l’EI.

Maintenant, avec ces dernières révélations au sujet de Turcs impliqués dans le trafic d’extrémistes, un élément indispensable de l’infrastructure de transit des terroristes semble dévoilée. La question essentielle reste évidemment: pourquoi?

Pourquoi la Turquie, un pays qui a longtemps cherché à jouer sur les deux tableaux de la division Est-Ouest (qui est rapidement devenue une division entre l’Otan et le groupe BRICS/CSO [Conseil de sécurité de Shanghai: NdT], cherche-t-elle à déstabiliser la Chine de cette façon? Pourquoi prendre le risque de perdre un partenariat potentiellement lucratif avec Pékin pour aider un mouvement radical islamiste marginal au Xinjiang?

Le revanchisme turc ottoman

Si la politique d’Ankara fomentant un conflit régional par l’intermédiaire du terrorisme peut sembler contre-intuitive, étant donné les intérêts politiques et économiques actuels de la Turquie et l’importance pour elle d’entretenir des relations positives avec les pays non occidentaux, cette politique prend tout son sens dans une perspective néo-ottomane.

Il est peut être essentiel à ce stade de définir néo-ottoman simplement comme le terme servant à décrire le désir du gouvernement turc actuel de réunifier les peuples turcs dispersés entre Istanbul et la Chine occidentale, en passant par l’Asie centrale. Ainsi, Erdogan et Davutoglu voient-ils les djihadistes du Mouvement islamique de l’Est du Turkménistan (MIET ou les talibans chinois) du Xinjiang, et d’autres groupes similaires, non comme des terroristes chinois mais comme les enfants perdus de la Turquie, en quête désespérée d’une réunion avec leur patrie originelle. Même si une telle pensée à des relents évidents de néocolonialisme, elle n’est pas entièrement impopulaire en Turquie, surtout au sein de la base conservatrice qui soutient Erdogan.

L’attrait politique du revanchisme turc est essentiel à la compréhension de la raison pour laquelle il est mis en avant. Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP) ont galvanisé un large segment de la population devenu toujours plus sceptique à l’égard du libéralisme de l’Occident et de ses effets pernicieux, tels qu’ils sont perçus par la société turque. En retour, cela alimente une position agressive et militariste en matière de politique étrangère, où Erdogan joue avec les termes respect et honneur. C’est ce qu’a rapporté The Atlantic en 2013.

Mais, au delà de la politique étrangère, il y a une transformation intérieure significative,qui est aussi dictée par l'histoire.Dans le même discours,le ministre des Affaires étrangères à évoqué le besoin d'une grande restauration où «nous avons besoin d'adopter complètement les valeurs anciennes que nous avons perdues». Louant les liens historiques qui reliaient les peuples de Turquie par delà les «nouvelles identités qui nous ont été imposées par la période moderne», Davutoglu à soutenu que la route du progrès de la Turquie se trouvait dans son passé – une affirmation qui a suffisamment terrifié les détracteurs du gouvernement pour qu'ils en fassent une plate-forme politique perdante à chaque élection.

Mais lorsque l’on considère précisément les pays et les peuples qui sont affectés par cette pensée revancharde turque, les empreintes digitales de la politique étrangère de l’Occident – en particulier les États-Unis – deviennent immédiatement apparentes.

L’ Occident écrit la politique, la Turquie fait le sale boulot.

Plus on regarde la carte des peuples turcs, plus il est évident que le revanchisme turc (ou néo-ottomanisme) est une politique étrangère parfaitement alignée sur celles des États-Unis, puisque ses cibles principales sont la Russie et la Chine. En effet, une telle conclusion devient inévitable lorsque l’on considère le fait que les peuples turcs sont présents sur une large bande qui traverse les sphères d’influence, tant de la Chine que de la Russie. Des anciennes Républiques soviétiques d’Asie Centrale au Xinjiang en Chine occidentale, les populations turques sont devenus des foyers importants de terrorisme potentiel, de sécessionnisme et de déstabilisation. De plus, comme les États-Unis quittent formellement l’Afghanistan (restant bien entendu de façon informelle pour de multiples raisons), leur aptitude à influencer directement et/ou contrôler les événements sur le terrain en Asie centrale est considérablement diminuée.

Les États-Unis ont soutenu depuis longtemps des groupes terroristes dans toute la région du Caucase afin de déstabiliser et de contrôler la Russie et d’étouffer son développement politique et économique. La chose est aussi vraie pour le Xinjiang, en Chine, où les États-Unis, par l’intermédiaire de la National Endowment for Democracy et de nombreuses autres ONG chargées de promouvoir la démocratie, ont soutenu politiquement et financièrement durant des années les groupes séparatistes ouïghours. Pourtant, maintenant que la Turquie est devenue un acteur régional cherchant à affirmer sa propre hégémonie, Washington semble parfaitement se satisfaire de permettre à cette stratégie de se réaliser au détriment de la Russie et de la Chine.

Un bon indicateur de cette manière de voir de la part des États-Unis apparaît peut être dans le fait que des attaques terroristes à grande échelle au Xinjiang et en Chine occidentale ne sont généralement presque pas mentionnés par les médias occidentaux. Par exemple, le 31 mai 2014, 31 civils Chinois ont été tués dans une attaque terroriste sur un marché au Xinjiang. Presque trois fois le bilan des attentats contre Charlie Hebdo, mais à peine une mention de ces actions en Occident. C’est sans aucun doute dû au fait que l’Occident doit toujours présenter la Chine comme l’agresseur, jamais comme la victime du terrorisme. Au delà du double standard, une telle hypocrisie illustre l’état d’esprit insidieusement cynique des planificateurs occidentaux, qui considèrent toute les formes possibles de déstabilisation de la Chine comme un gain net pour leur hégémonie.

Les États-Unis sont gagnants lorsque la Chine et la Russie sont perdantes

flags8341c555853ef014.jpgCe sont finalement, la géopolitique et l’économie qui dictent l’agenda de la politique étrangère de l’Occident (et par extension de la Turquie) en Asie centrale et en Chine. Il s’agit d’une tentative d’étouffer le développement économique, tant de la Russie que de la Chine, et d’empêcher les deux puissances de poursuivre leur double démarche de coopération et d’intégration régionale. Ainsi considérée, la Turquie devient une pièce géante instrumentalisée pour garder la Russie et la Chine séparées mais aussi garder séparées la Chine et l’Europe. Il y a beaucoup de magie derrière le rideau proverbial.

Dans le contexte de la Chine, l’objectif premier de Washington est de l’empêcher d’étendre l’infrastructure de son développement économique, non seulement en Asie mais tout spécialement en Europe. Le plus important des grands projets de la Chine est la Nouvelle route de la soie – un projet ambitieux qui relierait la Chine à l’Europe par voie terrestre, grâce à des trains à grande vitesse, des nouveaux aéroports et un vaste réseau de distribution. Un tel développement transformerait le commerce mondial, et la Chine ne serait plus contrainte de dépendre presque entièrement des transports maritimes commerciaux, une sphère dominée par la force navale et l’influence des États-Unis.

La ville occidentale chinoise d’Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, est un pivot de la Nouvelle route de la soie. Comme l’a expliqué Duan Zixin, le directeur général du Groupe Xinjiang Airport :

«Nous croyons que le nouvel aéroport international dans la capitale régionale d’Urumqi sera opérationnel vers 2020. Il deviendra une des plate-formes aéroportuaires les plus importantes d’Asie centrale. (…) Notre objectif est de lancer de nouvelles routes reliant le Xinjiang à des centres commerciaux essentiels en Asie centrale, à l’Est de l’Asie et en Europe. Ce sera une Route de la soie aérienne.»

L’expansion des aéroports, jointe à la proposition d’utiliser Urumqi comme plate-forme ferroviaire sur le réseau de distribution de la Nouvelle route de la soie, a propulsé le Xinjiang au centre des projets chinois d’expansion économique mondiale. C’est précisément cela qui a fait de la déstabilisation du Xinjiang une priorité pour les États-Unis et la Turquie, son alliée dans la région. En finançant, en entraînant et en fournissant un soutien matériel à l’ETIM et à d’autres groupes extrémistes dans la région, l’Occident espère en quelque sorte que le Xinjiang ne sera pas viable pour le développement économique, faisant ainsi dérailler les projets de la Chine.

De façon similaire, la Russie a commencé à mettre en œuvre ses projets les plus importants en Asie centrale, spécifiquement avec l’établissement et l’expansion de l’Union économique eurasienne – une alliance économique régionale incluant la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie et l’Arménie; le Kirghizistan doit la rejoindre cette année et le Tadjikistan a manifesté son intérêt. Si l’on considère l’immensité géographique de la zone couverte par l’UEE, on ne peut s’empêcher de la voir comme un élément fondamental pour le succès de la Nouvelle route de la soie. En fait, les planificateurs russes et chinois ont depuis longtemps reconnu ce partenariat naturel et cette trajectoire mutuellement bénéfique à leur développement.

Les importants contrats autour de l’énergie récemment signés entre la Russie et la Chine, dont des engagements à investir des sommes importantes pour le développement d’infrastructures d’oléoducs tant à l’Ouest – le pipeline Altaï, ce n’est pas une coïncidence, terminera sa route au Xinjiang – qu’à l’Est, ont rendu Washington toujours plus nerveux. Naturellement, les États-Unis comprennent le potentiel inhérent à une telle coopération, qui pourrait même finalement transformer l’Europe en un allié peu fiable pour eux. Par conséquent, ils feront tout pour empêcher la coopération russo-chinoise de se réaliser.

Ainsi, l’Occident laisse la Turquie plus ou moins libre de poursuivre sa stratégie néo-ottomane en recourant à des méthodes états-uniennes éprouvées: financer le terrorisme, fomenter des guerres civiles et alimenter le chaos, dans un but de gestion de crises. Cette politique a déjà conduit à des morts innombrables en Syrie et indéniablement, elle provoquera toujours plus de morts à l’avenir. Elle a créé des divisions et des conflits au Moyen Orient, au profit des États-Unis et de leurs alliés les plus proches dans la région, Israël et la Turquie. Elle place la Russie et la Chine directement dans le viseur de l’Empire. Il semblerait que cela ait toujours été le but.

Eric Draitser

Eric Draitser est un analyste géopolitique indépendant basé à New York City, il a fondé StopImperialism.org il est aussi éditorialiste pour Russia Today, exclusivement pour le journal en ligne New Eastern Outlook.

Par Eric Draitser – Le 2 février 2015 – Source NEO

Traduit par Lionel, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

Source: http://lesakerfrancophone.net/lempreinte-de-la-turquie-dans-la-guerre-de-loccident-contre-la-chine-et-la-russie/

jeudi, 04 décembre 2014

Poutine en Turquie

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Poutine en Turquie: des relations exemptes de sanctions antirusses et du commerce en monnaie nationale

Auteur : Andreï Fedyachine 
Ex: http://zejournal.mobi

Le président russe Vladimir Poutine a été accueilli le 1-er décembre à Ankara avec tous les honneurs inhérents au protocole d’une visite d’Etat. L’accueil chaleureux réservé au Kremlin dans un pays de l’OTAN s’accordait plutôt mal avec les allégations de Washington sur l’« isolement international complet de Moscou ». Washington a fait jusqu’à la dernière minute pression sur Ankara pour que les Turcs confèrent à cette visite une froideur officielle. Mais les parties se sont retrouvées en bons voisins.

Au sein de l’OTAN, la Turquie vit en quelque sorte selon son propre calendrier et dans son propre espace politique. C’est le seul membre de l’alliance à avoir refusé de décréter des sanctions contre la Russie à cause de l’Ukraine. C’est aussi le seul pays de l’OTAN à avoir signé avec la Russie plus de 60 traités, accords et autres documents qui réglementent l’approfondissement des relations amicales ainsi que les contacts, les échanges et les consultations entre gouvernements, sans parler de la coopération économique dans divers domaines, de la pêche à l’électronucléaire en passant naturellement par le pétrole et le gaz.

Pendant la visite, au moins dix documents prévoyant d’étendre la coopération économique et commerciale s’ajouteront à ces accords.

D'autre part, la Russie est pour la Turquie le deuxième partenaire commercial derrière l’Allemagne. La Turquie occupe quant à elle la septième place dans le commerce extérieur de la Russie.

Vladimir Poutine est arrivé en Turquie pour intensifier la coopération déjà existante, non pas pour ouvrir de « nouveaux horizons », estime Goumer Issaïev, directeur du Centre d’études sur le Proche-Orient contemporain à Saint-Pétersbourg.

« On sait bien quels domaines de coopération sont prioritaires. D’abord, c’est le gaz russe qui importe pour la Turquie. Deuxièmement, il s’agit de promouvoir le tourisme. En outre, la Turquie livre depuis longtemps des produits alimentaires et agricoles à la Russie. Je ne pense pas que de nouveaux axes seront ouverts pendant la visite. Les orientations déjà explorées seront quant à elles élargies. »

La Turquie ne gagnera absolument rien à décréter des sanctions antirusses, dit pour sa part Aleksandr Vassiliev, expert à l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie.

« La Turquie est toujours l’un des premiers investisseurs pour la Russie. Les sociétés turques figurent d’ordinaire sur la liste des dix principaux investisseurs dans l’économie russe. La Turquie ne voit pas de raison de rompre ses liens avec la Russie ou de mettre l’accent sur les désaccords politiques qui existent bien sûr. »

La Turquie prône le renversement du régime de Bachar al-Assad en Syrie et refuse de reconnaître le rattachement de la Crimée à la Russie. Cependant, ces désaccords existent séparément des relations économiques qui se développent plus vite que les rapports politiques. Globalement, la Turquie et la Russie sont parvenues au cours de leur histoire à se quereller et à se rapprocher de nouveau. On ne peut pas dire qu’il leur était toujours confortable de vivre côte à côte. La vie dans le voisinage était plutôt difficile mais il leur était absolument impossible de vivre séparément.

La Russie et la Turquie vont élargir l'utilisation du rouble et de la livre turque dans  leurs échanges commerciaux réciproques, a annoncé lundi le président russe Vladimir Poutine à l'issue de négociations avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara.

"Nous estimons qu'il est très important d'élargir les règlements en monnaies nationales dans notre commerce réciproque. Nous ferons tout notre possible pour y parvenir", a déclaré le chef de l'Etat russe.

A cet effet, "nous encouragerons les efforts des institutions financières appropriées aussi bien en Turquie qu'en Russie", a ajouté Vladimir Poutine.

En juillet dernier, Ankara a proposé à Moscou d'utiliser les monnaies nationales dans leur commerce réciproque afin de se débarrasser progressivement du dollar.

En 2013, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 32,7 milliards de dollars.

L'idée de passer progressivement au rouble et à la livre turque a été vivement soutenue par Moscou qui juge cette démarche très importante pour réduire le rôle du dollar dans ses échanges extérieurs suite au refroidissement de ses relations avec l'Occident sur fond de crise ukrainienne.

mercredi, 22 octobre 2014

Decoding Erdogan’s shift on IS

Decoding Erdogan’s shift on IS

 

by M. K. Bhadrakumar

Ex: http://blogs.rediff.com

politique internationale, géopolitique, turquie, erdogan, levant, eiil, levant, syrie, irak, kurdistan, histoire, proche orient, moyen orient, The Turkish Parliament vote on Thursday authorizing the government to send troops across the border into Iraq and Syria is a historical reversal of the legacy of Kemal Ataturk that the country would never again get entangled with the Muslim Middle East. 

Ankara has trotted out various reasons to justify its U-turn over Turkey’s role in the fight against the Islamic State [IS]. The thrust of the reasoning is that Turkey is hell bent on fighting terrorism. But Turkish motives are highly suspect. 
 
The US Vice-President Joe Biden said in a speech at Harvard University on Thursday that Turkish Prime Minister Recep Erdogan is genuinely repentant about Turkey’s covert support for the IS in the recent years. Biden was inclined to forgive Erdogan for past sins and was delighted that Turkey would now allow the US to use its military bases for launching air strikes in Iraq and Syria, which indeed is a ‘game changer’ of sorts for the American military operations. Biden gave the impression that born-again Erdogan is raring to go against the IS. 
 
But Erdogan himself says his real reason is that his pious heart bleeds at the sight of the carnage and human suffering in Iraq and Syria and he cannot stand by idly. 
 
Both Biden and Erdogan are hundred-pound gorillas in the world of politics. What could be Erdogan’s calculus like? 
 
One thing can be said at the outset, namely, Erdogan has been expounding ‘neo-Ottomanism’, harking back to Istanbul’s destiny as the capital of the Muslim Middle East and north Africa. The ruins of Ottoman citadels as far away as Kenya in east Africa testify to that glorious past. 
 
Baghdad, Cairo and Damascus have been systematically ravaged and weakened in the past decade, thanks to a combination of covert US regional regional strategies and the folly of the Gulf countries (especially Saudi Arabia) to serve in their self-interests as America’s poodles in regional politics. Suffice to say, there is no Arab power today that can pretend to be capable of playing a leadership role in its region. 
 
The Arabs are down on their knees. At any rate, Turks have always considered the Gulf Arabs as a lower form of life. Thus, Erdogan could be sensing that Turkey’s hour of reckoning has come as by far the most powerful Sunni Muslim country.
 
Tactically, of course, Turkey stands to gain by occupying the Kurdish homelands in northern Iraq and Syria from where the PKK separatists operated and bled Turkey. Turkey is also dead against the formation of any Kurdish entities in Iraq and Syria. 
 
But beyond all that comes another question — Turkey’s expansionist dreams. Turkey is an ‘unsatiated’ regional power. Its present borders were thrust upon it by Imperial Britain and France. But it has no scope to expand toward the Balkans or Greece. 
 
But Erdogan would have heard the tantalizing remark by President Barack Obama in a recent interview with Tom Friedman that the Sykes-Picot agreement of 1916 is unraveling. Turkey has never reconciled with the loss of territory in Iraq and Syria following the Anglo-French settlement. 
 
Particularly galling has been the loss of territory under the Treaty of Sevres (1920) and the developments that immediately followed — Britain denying the oil-rich regions of present-day northern Iraq from beyond Mosul (which is now under IS control) to be part of the Turkish state. Britain insisted that those regions (where oil was stuck in the early 1920s) should be part of the newly-created state of Iraq (so that they remained under British control, of course). 
 
If anyone is interested in reading up on the breathtaking historical background to the momentous developments unfolding in the Middle East today on the pretext of the fight against the Islamic State, I would recommend the brilliant book (which I just finished reading a second time) by David Fromkin titled “A Peace to End All Peace.” 
 
Indeed, the pitiless vultures have begun circling in the skies above the Levant and Mesopotamia to pick on the carcasses that will be littered on those bleached lands as the US-led fight against the IS runs its course. 
 
But how much share will the US and Britain concede to Turkey? In the 1920s, the US was a bystander while Britain dictated the terms to Turkey. Today what is unfolding is an Anglo-American enterprise and they also have an agenda of their own. Then, there are the Kurds who are close to Israel. 
And unlike in the early 1920s, when the Bolsheviks were preoccupied at home — it was the Soviets who disclosed the very existence of the top secret Sykes-Picot pact (1916) — Russia has returned to the Middle East. 
 
Besides, will the Arabs countries countenance the Turkish surge into Sunni Arab territories — on whatever pretext? The humiliating memory of the despotic Ottoman rule still rankles, especially in Saudi Arabia. Baghdad has already voiced protest. So has Syria. How long will Cairo and Riyadh keep silent? Again, how can Turkey’s historical rival, Iran, stand back and watch Erdogan ordering troops to occupy territoriee in its neighborhood? 
 
The interplay of these factors becomes hugely relevant. For the present, though, it pleases Washington to no end that Turkey has followed the laudable example of Australia and is joining the fight against the IS. No doubt, militarily, Turkey will be a strategic asset for the US operations, but politically it can become a liability tomorrow. 
 
Erdogan has given shelter to the Muslim Brotherhood leadership that was evicted recently by Qatar (under Saudi pressure.) Erdogan still probably hopes that if there is a political transition in Syria, Brothers have a fighting chance to capture power. 
 
But then, the Brothers are the sworn enemies of the Egyptian regime. They happen to pose an existential threat to the autocratic Gulf monarchies — and Jordan. It is unclear how far Obama can travel with Erdogan once the latter begins pushing the envelope on the democratic transformation of the Muslim Middle East (Arab Spring), starting with Syria. All in all, Turkey’s entry into the US-led war against the islamic State introduces yet another contradiction.

jeudi, 03 avril 2014

VS steunt Erdogans misbruik van NAVO voor herstel Ottomaans Rijk

VS steunt Erdogans misbruik van NAVO voor herstel Ottomaans Rijk

Vanuit Turkije zal het nieuwe Islamitische Kalifaat worden opgericht


De verwezenlijking van Erdogans imperialistische visioen van een hersteld Turks-Ottomaanse Rijk komt met hulp van de VS en de NAVO steeds dichterbij.

Van alle 28 NAVO-landen is er slechts één land dat profiteert van het pro-islamistische Midden-Oostenbeleid van de Amerikaanse president Obama: Turkije. Premier Erdogan, wiens AK Partij vandaag de hoogstwaarschijnlijk zwaar gemanipuleerde lokale verkiezingen in Turkije zal winnen*, was in 2011 één van de grootste voorstanders van de NAVO bombardementen op Libië, dat volgens de recent afgezette premier Ali Zeidan binnenkort in een Al-Qaeda terreurbasis voor aanslagen in Europa zal zijn veranderd. 27 NAVO-landen, waaronder Nederland, zetten daarmee hun eigen nationale veiligheid op het spel, ten gunste Turkije.

* Al Jazeera berichtte dat het aantal stembiljetten bijna drie keer hoger is dan het aantal geregistreerde kiezers (3).

Libië dankzij NAVO een Al-Qaeda basis

Volgens de Engelse versie van Al-Akhbar zat de Libische tak van de Moslim Broederschap achter het afzetten van premier Zeidan. Het waren de Amerikaanse en Turkse regeringen die na het vermoorden van Gadaffi de Moslim Broederschap naar voren schoven om het machtsvacuüm op te vullen. Uit officiële documenten uit 2011 blijkt dat Al-Qaedalid Abdel Hakim Belhaj de leiding kreeg over ‘alle internationale ambassades’, inclusief de Amerikaanse.

Lawrence Freeman van het Executive Intelligence Review stelde onlangs dat Al-Qaeda inderdaad de macht heeft overgenomen in Libië, en dat in Syrië hetzelfde dreigt te gebeuren, wederom met steun van de NAVO. Freeman wees de voormalige Britse premier Tony Blair aan als de grote promotor van dit beleid in Europa. Waar of niet, Blair zorgde ervoor dat zijn land de grenzen wagenwijd opende voor grote aantallen moslimimmigranten.

Islamisering Europa door Turks lidmaatschap EU

Het snel toenemende aantal moslims in Europa is een bedreiging voor de stabiliteit en vrijheid van alle NAVO-landen, op één na: Turkije. Hoge AKP-politici en officials verklaarden enkele jaren geleden al dat de islamisering van heel Europa het belangrijkste doel van het nog altijd geplande Turkse lidmaatschap van de EU is. Sommigen spraken zelfs letterlijk van wraak voor de nederlagen bij Wenen in 1529 en 1683, toen beide Turkse pogingen Europa te veroveren, mislukten.

Moslim Broederschap welkom in Istanbul

Het afzetten van de Egyptische Moslim Broederschap president Mohamed Morsi was een lelijke streep door de rekening van Erdogan en Obama. Erdogan huilde zelfs op de nationale televisie, en de regering Obama eiste dat de Broederschapleiders onmiddellijk zouden worden vrijgelaten. De VS en Turkije, samen goed voor meer dan 50% van de NAVO-strijdkrachten, streven in het Midden Oosten dan ook dezelfde belangen na, die echter diametraal staan tegenover die van de andere NAVO-bondgenoten in Europa.

Turkije laat het er echter niet bij zitten. Gevluchte leiders van de Broederschap vonden een welkom (tijdelijk) thuis in Istanbul. Wat Erdogan van plan is heeft zelfs belangrijke profetische implicaties:

‘En hij (de Antichrist uit Turkije) zal zijn hand uitstrekken tegen de landen, en het land Egypte zal niet ontkomen, maar hij zal de schatten bemachtigen van goud en zilver en alle kostbaarheden van Egypte; en Libiërs en Ethiopiërs zullen in zijn gevolg zijn.’ (Dan.11:42-43)

In 2011 zei Erdogan in een interview met TIME Magazine dat ‘er geen sprake van kan zijn de (Turkse) erfenis van het Ottomaanse Rijk te ontkennen’. Tegelijkertijd ontkent Erdogan ten stelligste de Turks-Ottomaanse genocide op de Armenen.

NAVO behartigt Turkse belangen

Anno 2014 is Turkije feitelijk een vijand van de NAVO geworden. Ondanks het openlijke streven van de Turkse leiders het Ottomaanse Rijk te herstellen, weigert het Westen dit in te zien, en blijft het de Turken ten koste van zijn eigen belangen steunen.

Zo kozen de NAVO, Europa en de VS in het conflict in Syrië de kant van Turkije, dat de islamistische rebellen –inclusief leden en groepen van de Moslim Broederschap en Al-Nusra/Al-Qaeda- steunt met onder andere wapens, voorraden, luchtdekking en medische hulp. Dat is tevens de reden waarom het Westen de talloze gruweldaden van de rebellen, waarvan met name christenen het slachtoffer zijn, doodzwijgt.

False-flag om invasie van Syrië te rechtvaardigen

Turkse generaals die fel tegen Erdogans imperialistische veroveringsplannen gekant zijn, lekten enkele dagen geleden een gesprek met minister van Buitenlandse Zaken Ahmet Davutoglu, waarin openlijk een mogelijke false-flag aanval op Turkije werd geopperd, die als voorwendsel moet dienen voor een Turkse invasie van Syrië. Het ligt in de lijn der verwachtingen dat zowel Obama, de EU als de NAVO zich dan vierkant achter Turkije zullen opstellen.

‘Turken zullen ongelovigen op de knieën dwingen’

Het is Turkije dat de overige 27 NAVO-landen, inclusief Nederland, om zijn vinger heeft gewonden en met impliciete chantage en dreigementen in bedwang houdt. Het uiteindelijke doel werd jaren geleden openlijk gefilmd voor wie het maar wilde weten – en dat zijn er in het Westen helaas nog altijd zeer weinigen. Kijk naar deze video, waarin Erdogan op de eerste rij zit bij een toespraak van de hoog in aanzien staande soefistische leider Nazeem Kibrisi, die beloofde dat de Turken het Ottomaanse Rijk zullen herstellen, en alle ongelovigen –de niet-moslims in Europa en Amerika- op hun knieën zullen dwingen. (1)(2)

‘Gul’ betekent ‘beest’

Mocht Erdogan vanwege alle schandalen toch vervangen worden, dan is er nog altijd president Abullah Gul, die onder het valse voorwendsel van vrede en samenwerking met het Westen exact dezelfde doelen nastreeft. Merk op dat Gul in het Arabisch ‘beest’ of ‘monster’ betekent, wat christenen onmiddellijk zal doen denken aan ‘het beest uit de afgrond’ uit Openbaring. Sommigen zullen zeggen dat Gul een Turk is, maar zijn overgrootvader was een uit Siirt afkomstige Arabier. Ook Erdogans vrouw Emine is afkomstig uit een Arabische familie uit Siirt.

Islamitisch Kalifaat

Vanuit Turkije zal er een nieuw Islamitisch Kalifaat worden opgericht. De leider (‘Gog’ in de Bijbel) van Turkije zal zich afschilderen als de reïncarnatie van Mohammed, Saladin en de Ottomaanse heerser Suleiman Al-Qanuni. Het Westen zal zich laten misleiden door de zogenaamd ‘gematigde’ Turkse versie van de islam – totdat het er te laat achter komt dat het moslimfundamentalisme en de ‘gemoderniseerde’ islam twee kanten van dezelfde munt zijn.

Bijbel: ‘Troon van satan’ in Turkije

‘De Antichrist’ komt volgens de Bijbel dan ook uit Turkije, dat in Openbaring 2:2 de ‘troon van Satan’ wordt genoemd (Pergamum ligt in Turkije). Onlangs wezen we opnieuw op het grote aantal historische bewijzen dat met ‘Gog uit Magog’, dat in de eindtijd frontaal de aanval op Israël zal openen en de laatste Wereldoorlog zal ontketenen, Turkije wordt bedoeld, en niet Rusland, zoals veel christenen nog steeds denken.

Xander

(1) Shoebat
(2) YouTube
(3) Al Jazeera
(4) Shoebat

Zie ook o.a.:

07-03: De sleutelrol van Rusland en Turkije in de eindtijd (2)
28-02: De sleutelrol van Rusland en Turkije in de eindtijd (deel 1)

samedi, 29 mars 2014

Gelekt gesprek op YouTube: Turken plannen false-flag aanslag om Syrië aan te vallen

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Gelekt gesprek op YouTube: Turken plannen false-flag aanslag om Syrië aan te vallen

De Turkse premier Erdogan probeert al sinds het begin van de Syrische crisis een voorwendsel voor een oorlog te creëren.

Uit een gelekt gesprek tussen hoge Turkse militaire- en politiek leiders blijkt dat de regering Erdogan een false-flag terreuraanslag wil plegen, die als voorwendsel moet dienen voor een aanval op Syrië. Het gelekte gesprek is op YouTube te beluisteren, wat dan ook de echte reden was waarom Erdogan onmiddellijk de toegang tot YouTube en Twitter in Turkije liet blokkeren.

Enkele passages uit het onthutsende gesprek:

Minister Ahmet Davutoglu: ‘De premier heeft gezegd dat deze aanval (op de Suleiman Sah Tombe) in de huidige samenloop van omstandigheden als een goede gelegenheid voor ons moet worden gezien.’

Hakan Fidan: ‘Ik stuur vier van mijn mannen uit Syrië, als dat voldoende is. Ik zet een reden voor een oorlog in scene door bevel te geven voor een raketaanval op Turkije. We kunnen ook een aanval op de Suleiman Shah Tombe voorbereiden, als dat nodig is.’

Feridun Sinirolu: ‘Onze nationale veiligheid is een ordinair en goedkoop binnenlands beleidsinstrument geworden.’

Yacar Güler: ‘Het is een directe reden voor oorlog. Ik bedoel, wat ze gaan doen is een directe reden voor oorlog.’

Feridun Sinirolu: ‘Er zijn een aantal grote veranderingen in de wereldwijde en regionale geopolitiek. Het kan zich nu naar andere plaatsen verspreiden... We krijgen nu een ander spel... ISIL (islamisten in de Levant) en al die organisaties zijn extreem gevoelig voor manipulatie. Als de regio bestaat uit vergelijkbare organisaties, houdt dat een vitaal veiligheidsrisico voor ons in. Toen wij als eerste Noord Irak binnen vielen, was er altijd het risico dat de (Koerdische) PKK de boel opblies... Als we de risico’s grondig overwegen en onderbouwen... zoals de generaal zojuist heeft gezegd...’

Yacar Güler: ‘Meneer... daar hebben we het net over gehad. Openlijk. Ik bedoel dat de gewapende strijdkrachten bij iedere verandering een noodzakelijk ‘werktuig’ voor u zijn.’

Davutoglu: ‘Natuurlijk. Bij uw afwezigheid zeg ik altijd tegen de premier... dat je in die gebieden niet zonder harde kracht kunt blijven. Zonder harde kracht kan er geen zachte kracht (diplomatie) zijn.’

Kortom: NAVO-lid Turkije zoekt naar alle waarschijnlijkheid met medeweten en instemming van de Amerikaanse regering Obama naar een excuus, een false-flag aanslag of operatie, om een oorlog tegen Syrië te beginnen.

Premier Erdogan noemde het lekken van de ‘vergadering over de nationale veiligheid’ op YouTube ‘oneerlijk’ en ‘schurkachtig’, en liet de toegang tot de videosite blokkeren.

Enkele dagen geleden zocht Turkije ook al een excuus voor een invasie door een Syrisch toestel neer te halen en vervolgens te hopen op een escalatie. De Syrische president Bashar Assad trapte daar echter niet in. Het lijkt echter een kwestie van tijd voordat Turkije, de NAVO en de VS voor een false-flag operatie zorgen, en dit in de Westerse media zullen verkopen als ‘onaanvaardbare Syrische agressie’.


Xander

(1) Zero Hedge / Infowars

lundi, 17 février 2014

Ära Erdogan brachte der Türkei 400 Milliarden Euro an Schulden

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Ära Erdogan brachte der Türkei 400 Milliarden Euro an Schulden

Ex: http://www.unzensuriert.at

Auch wenn sich in der Türkei seit des Amtsantritts der Regierung Erdogan im Jahr 2003 die Einkommen um 40 Prozent erhöht haben, wuchs mit dem vermeintlichen Wohlstand auch der Schuldenberg gigantisch. Laut Informationen des Finanzministeriums hat die Türkei derzeit eine Schuldenlast von 561,5 Milliarden Dollar (416,08 Milliarden Euro) zu bewältigen. Im Vergleich zu 2002 hat sich die Verschuldung 2013 weit mehr als verdoppelt. Ein Jahr vor Antritt der regierenden AKP betrug die Verschuldung noch 221,3 Milliarden Dollar.

Der Verschuldungsgrad des einzelnen Bürgers in der Türkei ist in Folge mit 15.631 Lira (5.166 Euro) auf beinahe das Dreifache gegenüber dem Vergleichszeitraum 2002 angewachsen. Auch wenn Erdogan seinen Bürgern inflationsbereinigt ein um 40 Prozent höheres Einkommen brachte, gab es tatsächlich keinen Vorteil, da auch das Leben teurer wurde. So etwa Nahrungsmittel. Gerade für ärmere Schichten sind die massiven Preisschwankungen bei Obst, Gemüse und Grundnahrungsmitteln eine enorme Belastung. So sind etwa die Kartoffelpreise im Jänner gegenüber dem Vorjahr von über einer Lira auf bis zu 7,5 Lira (2,50 Euro) pro Kilo angestiegen.

Weil die türkische Zentralbank den Leitzins von 4,5 auf 10 mehr als verdoppelt hat, sind Kredite massiv teurer geworden, was türkische Schuldner noch weiter in die Krise treibt. Gesamt gesehen hat die Regierung Erdogan seinen Bürgern keinen Wohlstand geschaffen, sondern eher Armut. Wie mag es wohl enden, wenn die Türkei auch als Mitglied der EU ihren Kurs weiterfährt?

samedi, 18 janvier 2014

Erdogan in Trouble but Gulen and CIA Intrigues need containing

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Turkey in crisis: Erdogan in Trouble but Gulen and CIA Intrigues need containing 

Nuray Lydia Oglu and Lee Jay Walker 

Ex: http://www.moderntokyotimes.com - Modern Tokyo Times

The grand ambitions of Recep Tayyip Erdogan are unraveling in many directions because the Prime Minister of Turkey is suffering from many internal convulsions which are rocking this nation.  Several years ago it appeared that Erdogan could continue to abuse many excesses based on the strength of the Justice and Development Party (AKP). Therefore, Erdogan’s Islamist dream and “Ottoman mirror” had a powerful swagger, whereby he perceived himself to be the “new father of Turkey” providing nationals followed his conservative and Islamist agenda. Yet now, the AKP is starting to look fragile and increasingly authoritarian under Erdogan.

In saying this, it is clear that Fethullah Gulen is no savior because just like Erdogan he also wants to pull the strings. Equally important, both individuals share the Islamist dream of crushing progressive forces in Turkey. Indeed, in the past Erdogan and Gulen were playing the same tune.

Regionally, the grand designs of Erdogan have literally bitten the dust because of the meddling of Turkey. After all, only Erdogan could disillusion Egypt, Iraq, Iran, Israel, Syria, and other nations. Also, with Erdogan being determined to overthrow the government of Syria, then not only did he turn a blind eye towards international jihadists and covert operatives; but, more alarmingly, he avidly tolerates and encourages brutal sectarian and terrorist forces against secular Syria. Therefore, the image of Turkey is suffering greatly throughout the entire region because Erdogan can’t stop meddling and upsetting regional nations.

Re-focusing on the current scandal in Turkey then clearly the Erdogan boat is rocking. Baha Gungor, Deutsche Welle, says: “Erdogan has made the same mistakes as many autocrats before him. He has come to see himself as infallible, tolerating criticism of his policies less and less. Journalists, intellectuals and politicians who see things differently have been locked up. Large swaths of the army’s former leadership were handed harsh jail sentences for allegedly planning a coup.”

Indeed, it is clear that 2013 witnessed many shortcomings for the leader of Turkey because Erdogan kept on piling on more judgments of errors. This was clearly apparent during the Taksim Square crisis because Erdogan issued harsh statements about the demonstrators. Also, excessive force against demonstrators and his unapologetic stance meant that Turkey was becoming even more divided.

Serious allegations by the end of 2013 related to money laundering, the smuggling of gold, major bribes – and other areas related to corruption – equated to a huge downturn in the domestic fortunes of Erdogan. Not only this, the ramifications for the economy is now being felt. This is clearly apparent because now the Turkish lira is fairing miserably with the US dollar and the Euro.

Yet the current internal struggle of Islamist powerbrokers between Erdogan and Gulen is alarming. After all, under the Obama administration in America it is clear that a pro-Muslim Brotherhood agenda existed whereby Egypt was going to be the grand experiment. Luckily, the masses in Egypt rose up against the Muslim Brotherhood putsch for usurping state institutions in order to turn the clock back. However, the dream is still alive and kicking and not surprisingly Gulen is based in America just like the leading Islamist in Tunisia resided in the United Kingdom prior to returning. Therefore, the erratic behaviour of Erdogan must have set off some alarm bells in Washington and it would appear that Gulen is now being readied for the next stage in the unraveling of secularism in Turkey.

It must be remembered, that Afghanistan and Iraq had secular governments prior to America and the United Kingdom meddling into their respective internal affairs. Indeed, America also welcomed Sharia law in Sudan in the early 1980s despite the outcome of this policy being detrimental for Animists and Christians in Sudan. Likewise, Sharia law and the jihadist threat followed on the coattails of America, France, the United Kingdom and several Gulf powers in Libya. In other words, a natural reality is emerging whereby Western powers are siding with the Islamist agenda. This can also be witnessed in Syria whereby the usual players in the Gulf and West are siding with sectarian and terrorist forces. The knock on effect is also the crushing of Christianity in Syria just like what happened in Iraq and Kosovo. Similarly, Coptic Christians were expendable in Egypt because of the intrigues of Washington and London. However, just like the crisis in Iraq it is clear that Saudi Arabia doesn’t want the Muslim Brotherhood too close to home just like this nation didn’t welcome the loss of Sunni power in Iraq.

Family Security Matters says: Osman Nori, the retired head of Turkish intelligence, recently alleged that the Gulen movement has served as a front for US intelligence by sheltering 130 CIA agents in its schools throughout Kyrgyzstan and Uzbekistan.”

“This claim collaborates the testimony of Sybil Edmonds, a former FBI translator and celebrated whistleblower. Ms. Edmonds says that Gulen and his movement began to receive vast sums of money from the CIA in the wake of the collapse of the Soviet Union, when US officials realized that they could not obtain control of the massive energy resources of the newly created Russian republics because of a deep-seated suspicion of American motives.”

“The CIA, Ms. Edmonds maintains, came to view Turkey as a perfect “proxy” for US interests since it was a NATO ally that shared the same language, culture, and religion as the other Central Asian countries. But centralized control of these republics, she points out, could only be actualized by the creation of the Pan-Turkish nationalism and religion, envisioned by Gulen and his followers. And so, according to Ms. Edmonds, the CIA became Gulen’s partner in the creation of the New Islamic World Order. The money for the pasha’s schools and settlements, she says, came not from congressionally-approved funding but rather from covert CIA operations, including narcotics trafficking, nuclear black market, weapons smuggling, and terrorist activities.”

In other words, if Turkey is left to the geopolitical whims of America and the United Kingdom alongside the Islamist dreams of Gulen, then Turkey will lose its secular and modernist approach. Of course, the same applies to the initial gambit of America, the United Kingdom and Gulen utilizing Erdogan – and other Islamists in Turkey, prior to the ongoing internal struggle between Erdogan and Gulen – after the applecart began to lose balance. Therefore, is essential that secular forces wake-up in Turkey and the same applies to all independent forces, which don’t rely on Western and Islamist intrigues.

Erdogan is undermining secularism in Turkey therefore his authoritarian nature is worrying vast numbers of Turkish citizens. Yet, the intrigues of Gulen aren’t the answer and the same applies to CIA shadows and the usual role of the United Kingdom. The Russian Federation must also focus on events in Turkey because Chechen Islamists and others in the Caucasus have been given havens by Turkey and the same applies to Georgia. Likewise, the Erdogan government is undermining secular Syria by supporting sectarian and terrorist forces against the people of this nation.

Turkey like Egypt is facing an internal clash of civilization and currently the intrigues of America and the United Kingdom are favoring the Islamist agenda. Ironically, in Turkey the power play between Erdogan and Gulen is between two individuals who share much in common. It is hoped that both negative forces will devour each other in order for secular and other political forces in Turkey to return the nation back to its modernization path. Therefore, political parties who oppose Erdogan should not rush into the arms of “the Gulen shadow.”

http://www.familysecuritymatters.org/publications/detail/more-dangerous-than-bin-laden-protestors-to-descend-on-gulens-mountain-fortress-in-pennsylvania#ixzz2qRaPXtVm  Family Security Matters

http://www.dw.de/opinion-erdogan-is-on-course-to-self-destruct/a-17327807 Deutsche Welle

leejay@moderntokyotimes.com

http://moderntokyotimes.com

mercredi, 15 janvier 2014

Politics behind Turkey graft probe

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Politics behind Turkey graft probe
By Omer Aslan

Ex: http://www.atimes.com

Speaking Freely is an Asia Times Online feature that allows guest writers to have their say. Please click here if you are interested in contributing.

[As Asia Times Online was going to press, Turkey's ruling party ordered purges of police chiefs and moved to tighten control of the judiciary, as a top official said there's no chance of a truce in the struggle with prosecutors leading a corruption probe, Bloomberg reported.

The government will keep firing those leading the investigation and then seek to prosecute them for attempting a coup, Osman Can, a member of the central committee of Prime Minister Recep Tayyip Erdogan's Justice and Development Party, or Ak Party, said in a January 6 interview in Istanbul.


The government has reassigned prosecutors leading the investigations and dismissed almost 2,000 police officers since news of the 15-month secret investigations broke on December 17, Bloomberg cited Hurriyet newspaper as reporting.]

Six months after the Gezi Parki protests in Istanbul, Turkey is going through tumultuous times once again. To those observing Turkey from outside, it may seem a non-stable and highly polarized country. If lack of understanding on fine details of democracy and abuse of loopholes that exist in a democratic system is part of the answer for such turbulence and unpredictability, I argue that the main reason is the vibrancy of Turkish politics. That is to say, politics is alive in Turkey; social groups have causes to mobilize around for.

There are alternative visions of Turkish society represented by different groups as well as political parties. The dominant discourse around "old Turkey versus new Turkey" is a testimony to this feature of Turkish politics.

For this reason, it may be particularly hard to grasp Turkish politics from North America and Europe where "in the era of neoliberalism, the ruling elite has hollowed out democracy and ensured that whoever you vote for you get the same." The absence of alternative visions of American or European societies runs as "stability".

These reasons behind passionate political activity in Turkey are in fact interrelated. Groups that have different visions of Turkish society and public interest sometimes exploit the loopholes in the system either deliberately or because of a failure to grasp democracy fully. The most recent political battle between the Gulen movement and the Justice and Development Party (AKP), close allies for the past decade, exemplifies this well.

The Gulen movement
What exactly is the Gulen movement? Are they an international civil society group involved in education activities and promoting global peace and interfaith dialogue? Amid this heated controversy, members of the movement argued that they are a civil society organization. They point out that "democracy allows civil society groups to pursue their interests through democratic means. Besides, theory and practice of civil society also allow such groups to use all means of communication and interaction including media outlets for [the] public interest." Is this what the Gulen movement really does?

We may take our clues from the criticisms against the Israeli Lobby in the United States to make sense of what the Gulen movement does and why it is criticized in Turkey nowadays. The concerns John Mearsheimer and Stephen Walt, the authors of the Israel Lobby and US Foreign Policy, raised with the Israeli lobby was that it shaped American policy towards the Middle East in such a way that US policy served Israeli, not American, interests. The political clout that the lobby has had over primarily the US Congress forced US administrations to appoint pro-Israeli figures to critical positions, block anything in the United Nations that may be against Israel, and continue to support Israel in diverse ways that in the end ensured automatic American support for Israel.

The Gulen movement seeks to be Turkey's Israel Lobby. It would like Turkey's domestic and foreign policies to serve the movement's narrow interests. The movement has been so enmeshed in the international arena for the past decade that it now has its own interests independent of Turkey or the Muslim ummah, or community.

Some pillars of the movement's policies are maintaining good relations with Israel, avoiding any serious fall-out with the United States, where the movement's founder, Muhammed Fethullah Gulen, has resided since 1999 anyway, and never opting for an aggressive response when it comes to any type of assault on Muslims.

For example, it was for this reason that the movement and the AK Party were at loggerheads after the 2010 Mavi Marmara incident, when Israeli commandos boarded the vessel as it tried to breach Israel's blockade of Gaza. Gulen's followers were angry with the government because the break-up in ties between Turkey and Israel that followed gave the Gulen movement a headache in its dealings in the United States.

The recent political battle between the Gulen movement and the AKP is therefore more about "political deviance" of the government than the government's decision to close prep schools, a significant number of which are owned by the movement, or financial corruption charges against some prominent members inside the AKP.

For Gulen, the AKP government has lately been too critical of the West, too supportive of popular revolts in Egypt and Syria, and continues its economic dealings with Iran. In a relatively recent interview with the Atlantic, Gulen said that he did not think Turkey is having good diplomatic relations in the region and that it protects its reputation based on love, respect, and good will and collaborate around mutually agreeable goals.

A columnist at Zaman newspaper, Huseyin Gulerce, expressed the real reason behind the split: "It was the Mavi Marmara crisis that created the first cracks ... Mr Gulen's attitude was very clear, as he always suggested that Turkey should not be adventurous in its foreign policy and stay oriented to the West, and that it should resolve its foreign policy issues through dialogue."

In domestic policy too, the Gulen movement wants the government not to violate certain parameters. They do not want the government to take the PKK - the Kurdistan Workers' Party - as its negotiating partner even to resolve the Kurdish issue.

With a different vision of Turkish society and what Turkey should do in domestic arena and international politics, the Gulen movement exploited the legal cover provided by the system to start political operations on the government.

"The rule of law" and separation of three branches of government are indivisible parts of a democratic system. Prosecutors in Turkey are given an almost untouchable status so that they may prosecute without fear any holder of political power. However, while these rights and privileges are given to prosecutors, the law gives them certain responsibilities and puts certain limits on them. It is assumed and expected that prosecutors will not abuse their power and act as a supporting cast in political operations conducted on the executive branch.

However, the judiciary is treated as if they only need to be independent in Turkey; the fact that they also are expected to remain impartial is forgotten. Betraying these expectations, prosecutors suspected of links to the Gulen movement started the recent corruption probe in Turkey. The fact that three independent probes are combined for no understandable reason and that the suspects, including well-known figures, have been taken into custody to create noise and then released one by one led to the suspicion that the probes were politically motivated.

The content of the ongoing graft probe was somehow leaked to opposition newspapers, mainly to the Gulenist media outlets in Turkey.

Besides, the subjects of the probes somehow came to be published in Today's Zaman, a Gulenist mouthpiece, some days before the operation started. Some columnists at Today's Zaman later put great effort in relating the AKP to both Al-Qaeda and Iran (at the same time!) on social media.

Here is the dilemma in a democracy: how can a democratic government protect itself when unaccountable prosecutors conduct politically motivated operations to bring down a government and to arrest the prime minister under the legal cover of principles of rule of law and independent judiciary? Can a government subject to a politically motivated judiciary operating under the cover of independence and unaccountability save itself by remaining within the remit of law?

Anything but an NGO
Any civil society organization may criticize any government for its foreign and domestic policies on various scores. Civil society organizations, nevertheless, do not raise their own agents and penetrate state organs (the police, judiciary and so forth) through them so that, regardless of the identity of the government, they will set the parameters or red lines within which government policies will have to remain.

Here we have another fine line; any public employee has the constitutional right to belong to any sect/voluntary association as long as they do not confuse their duties to the state and their membership in such an association outside their job. This means that even when a public employee thinks his sect/tariqah may benefit from the classified information he has access to, he cannot leak any documents to his "brothers".

Nor may he legally eliminate his colleagues in his department or bureau so that he may replace them with his "brothers" to control the institution. There are credible doubts as to whether Gulenists respect such distinctions.

What is more, civil society organizations are transparent entities; they are accountable; those outside such organizations more or less know who belongs and who does not. They also declare their sources of income and the amount of money that they collect.

The Gulen movement does neither; no one knows the amount of money they control, the number of private schools, prep schools, other charities, print and visual media outlets, and number of members they have. Nobody exactly knows the hierarchy within the movement, or even whether there is one, and the chain of authority in it.

In that respect, the Gulen movement is the exact opposite of a civil society organization. It is rather a ghostly presence; everyone knows it exists, you feel its influence, people talk about it, certain figures are known to have ties to it, but you do not really see the whole or can put your finger on it.

But why is this movement so different from others? After all, the tradition of tariqahs in Turkey and other Muslim countries is centuries old. Yet, the Gulen movement differs from the rest as a messianic organization. They believe that "the destiny gave them a mission".

In practice, this means that they are the God's chosen flock, and have a particular program and method on Earth that they think will make only them reach their desired end. Those who stand in their way, who oppose the sacred program/roadmap, are shirkers, and thus deserve to be crushed.

In their mind, the AKP government that defends ousted Egyptian president Mohamed Morsi at the expense of antagonizing the junta administration in Egypt, or that protects Palestinians at the cost of eliciting Israeli fury, acts shortsightedly. Yet, the movement makes long-term projections; even if they may consciously refuse to speak against cruelties done to their fellow Muslims today, they are so sure that the movement will be so powerful in the year, say, 2150 that they will be able to appoint a governor to, say, Yakutia Republic in today's Russia.

They will not act or speak against the massacred members of the Ikhwan, or Muslim Brotherhood, because the Ikhwan chose the method of defiance and opposed the junta administration instead of reconciling with it and searching for ways of dialogue.

Such a messianic zeal combined with the idea of sacred chosen-ness justifies any means and acting against anyone as long as the means serve the ultimate purpose of Earthly glory promised to this movement. It is such heterodoxy that separates the Gulen movement from the corpus of tariqahs in and outside Turkey.

Political suicide
The Gulen movement has been interested and involved in politics for a long time. However, they did not out come out in the open until recently. It appears that open political engagement in front of cameras and the public eye proved to be tough for the movement. It is therefore no surprise that Gulen's explosive curses, perceived by the wider public as against the AKP government, in a video recently released by the movement backfired.

The public outrage ran so high that perhaps for the first time since 2002 Gulen had to immediately release another video to retract and reframe what he said. The video went viral and became subject of pranks.

The recent row also widened the distance between the Gulen movement and the rest of the tariqahs in Turkey. Other tariqahs threw their open support behind the government after the battle broke out. To make things worse for the Gulen movement, the rest of the Nurcu (or Nursu)? community, with which the Gulen movement is related, took a stance against them as well.

A cursory skim of discussions on social media demonstrates the widening rift within the Nurcus now, so much so that many Nurcu groups including Said Nursi's students accuse Gulen betraying the true, non-political ideals of Bediuzzaman Said Nursi.

Perhaps the most important outcome of the recent controversy will be that Gulen movement was stripped of its immunity from criticism. The conservatives and Islamists have now joined the Kemalists, leftists, liberals, nationalists of all hues who had already been criticizing Gulen and doubting his real intentions for a long time.

Today therefore the Gulen movement is on the table and Turkey's conservatives, Islamists of all stripes sit around the table discussing what it is that they have on the table, what is its nature, why it wants to conquer the state, which actors it cooperates with outside Turkey, how consistent Gulen's words are and how Islamic what he preaches, his methods and goals are.

Moreover, Turkey's dominant conservative public may not buy the support that the CHP - or Republican People's Party - in any case a strange bedfellow for the movement, is giving the Gulen movement.

Such an odd alliance between the CHP and the Gulen movement may be deceptive for two reasons. First, the movement will find it very hard to convince its grassroots to vote for the Kemalist CHP, which for decades had been for them the chief evil. Secondly, since all political actors will know the role of the movement in case the AKP government falls, no political party will ever trust the Gulen movement from now on.

It is unlikely that any government will forget for a moment what Prime Minister Recep Tayyip Erdogan says so often these days: "The parallel state". For all these reasons, the question that begs an answer is not, as some assume, whether the Gulen movement or the AKP will win this war; the question is, why has such a powerful movement as Gulen's attempted something that is akin to political suicide?

And unfortunately also just that for the concept of civil society in this part of the world; in our region, either states control civil society organizations for exerting social control or those who claim to be civil society organizations, such as the Gulen movement, try to capture the state.

Speaking Freely is an Asia Times Online feature that allows guest writers to have their say. Please click here if you are interested in contributing. Articles submitted for this section allow our readers to express their opinions and do not necessarily meet the same editorial standards of Asia Times Online's regular contributors.

Omer Aslan is a PhD candidate in political science at Bilkent University, Ankara, Turkey, and may be contacted at aslano@bilkent.edu.tr.

(Copyright 2014 Omer Aslan)

mardi, 31 décembre 2013

Turkey Caught Up in a Storm

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Mikhail AGHAJANYAN
Ex: http://www.strategic-culture.org

Turkey Caught Up in a Storm

A corruption scandal has broken out in Turkey. At the epicenter of the scandal is the ruling Justice and Development Party (AKP). Over 50 people have been detained on suspicion of exceeding official authority, taking bribes, and merging authority and business (according to various data, between 52 and 84 people). The greatest resonance in the Turkish media was caused by the arrests of the sons of cabinet members. The hidden political motives for the revelations of corruption in the ranks of the ruling party are intriguing as well...

The scandal poses the greatest threat to Turkish Prime Minister Recep Erdogan, the leader of the AKP. He has always taken the position of an uncompromising fighter against corruption within the government system and outside of it, and now he himself has been affected by the corruption investigations. 

Commentators have proposed various explanations for the surfacing of a topic which compromises Erdogan and his party. They name a flare-up in the relations between two old friends (or rather, former friends) as the most likely detonator for the scandal. This refers to Erdogan and Fetullah Gulen, a Muslim cleric and founder of the Hizmet movement. The latter now lives in the American state of Pennsylvania, from which he continues to rule his «mini-empire», which includes media outlets and educational institutions (1), and influence social and political processes in Turkey. 

At the dawn of Erdogan's political career, as he was just starting to ascend the Olympus of power, there was complete harmony between him and Gulen. Gulen is an advocate of the systematic Islamicization of Turkey. His theological views combined with the ambitions of a political leader appealed to Erdogan. Gulen supported Erdogan in all the previous national elections. The flare-up in relations, Turkish commentators note, became noticeable in the first few months of 2012, when Erdogan and Gulen disagreed over several issues at once. The most sensitive among these for the «Gulenites» was the government's intention to close private schools. Approximately a quarter of such educational institutions in Turkey are closely tied with the Hizmet movement (they are often called «Gulen schools»). By autumn 2013 things had come to the point of direct confrontation. The Erdogan government moved from words to actions; several schools were forced to close their doors. This was a direct challenge to Erdogan's former ally. In response, the «Pennsylvania exile» brought all his influence to bear. Warnings to those in power appeared on the pages of Zaman, one of the most-read newspapers in Turkey, which is under Gulen's control. 

There are plenty of Gulen supporters in the ruling party, the corridors of power, and especially in the judicial and law enforcement systems of Turkey. If one is to believe Turkish journalists, it was pro-Gulen public prosecutors who initiated the corruption investigation. After Erdogan came to power in 2003, he promoted an entire cohort of personnel to responsible posts, including in the law enforcement system.  For all these years Erdogan's appointees have given no cause to doubt their loyalty to him. However, the flare-up between the prime minister and the influential Islamic authority figure has shown that the vector of loyalty can change.

At the same time, the agitation in the system of power built by Erdogan cannot be explained only by the conflict between Erdogan and Gulen. On the lower levels of the AKP there are growing sentiments in favor of a generational change in party leaders. In addition, some party members support the nomination of Abdullah Gul, the current president of Turkey, for another presidential term next year. The coming elections are to be held by direct voting for the first time (previously the president of Turkey was elected by the parliament). This part of the political elite sees Gul as a more level-headed statesman than the impulsive Erdogan, whose emotional disposition has recently led to several incidents in Turkey's relations with foreign partners.

The nascent opposition to Erdogan and his circle has become especially difficult to restrain since summer 2013, when a wave of protests swept across the largest Turkish cities. The trigger was the clearing of Istanbul's Gezi Park and the building of a new shopping center on its territory. The authorities were able to localize the protests and prevent them from expanding beyond large cities. However, the demonstrations had deeper causes than environmental protection. Amid the complete removal of the Turkish army from positions of power and a series of prosecutions against senior generals, forces for which Erdogan's name was associated with total control over the media, a simulation of democratic reforms, and most importantly, the creeping Islamicization of Turkey, the aims and implementation of which has caused sharp disagreement even in the ranks of the ruling AKP, have become more active. 

The army returned to its barracks, and civilian activists took to the streets; fertile ground appeared for all the conflicts in society and the government to come to the surface. Up until then Gulen and his followers had been opposing Erdogan tacitly; the corruption scandal essentially was the first real manifestation of this group's capabilities. They sent Erdogan the signal that if he wants a «smear war», he'll get it. But first, let him think about what he will bring to the new elections next year (municipal and presidential). This is the somewhat simplified, but enlightening leitmotif of the current conflict between the prime minister and the preacher. The opinion of Turkish analyst Murat Yetkin is also worthy of attention: Gulen's supporters in the AKP are irritated by Erdogan's claims to ideological monopoly in the party and sole authority in the country.  

Erdogan reacted to the attacks on him and his team in his typical harsh style. The wave of arrests initiated by pro-Gulen public prosecutors was followed by a counter-wave of indictments. Now the public prosecutors and policemen themselves have fallen afoul of Turkish justice. Five Istanbul police officials were relieved of their duties a day after their subordinates made arrests on suspicion of corruption. Something similar could be observed in the «challenge-response» actions of Erdogan and his cabinet at the very beginning of the demonstrations in defense of Gezi Park in Istanbul. First Erdogan brought down the full force of Istanbul's police on the demonstrators, but then moved away from repressions. He started to hold a dialog with the protestors, albeit only in the intervals between firing water cannons at them and attacking them with tear gas. Something tells me that this time, too, after the energy of the conflict has dropped off, the various groups in power will start to resolve the conflicts through negotiation. Essentially, Erdogan has no other option, considering the upcoming elections; escalation of the conflict is not in his interests. 

Much will become clearer closer to the elections for the head of Turkey's largest city in March 2014. The country's main financial streams are concentrated in Istanbul, and over 18% of Turkey's 75 million people live there. Along with other metropolises of Western Turkey, the city has become a hotbed for protest sentiments with an anti-Erdogan tone. Victory in the Istanbul elections would serve as a stimulus for the current prime minister and his team to strengthen their power in the country. And then Gulen and his mudslinging will move to the ranks of less dangerous opponents to the impulsive yet charismatic Erdogan. 

(1) According to Turkish sources, Gulen's «mini-empire» includes 18 places of worship, 89 specialized religious schools, 207 trading companies, 373 teacher's colleges and around 500 dormitories in Turkey. Outside of Turkey there are 6 religious universities, 236 high schools, 2 elementary schools, 2 Turkish language study centers, 6 university preparation courses and 21 dormitories operating under the auspices of Gulen and his movement. They also publish 14 journals and broadcast on 2 national radio stations and the satellite television channel Samanyolu TV.




Republishing is welcomed with reference to Strategic Culture Foundation on-line journal www.strategic-culture.org.

dimanche, 29 décembre 2013

Turquie: un triste spectacle

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Turquie: un triste spectacle

Ex: http://www.europesolidaire.eu

par Jean-Paul BAQUIAST

Vue de l'extérieur et malgré les efforts d'explication de la presse européenne, la Turquie paraît s'enfoncer dans une crise incompréhensible. Depuis quelques jours maintenant, les déclarations abruptes du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan se succèdent, accusant des manipulations politiques destinées à déstabiliser son gouvernement, dit islamo-conservateur, et son parti l'AKP.

Dans le même temps, la justice et la police mènent depuis le 17 décembre une vaste opération dite anti-corruption. Cinquante et une personnes étaient toujours en garde à vue, mercredi soir, soupçonnées de malversations, de fraudes et de blanchiment d'argent. Parmi les placés en garde à vue figurent le maire (AKP) du quartier central de Fatih à Istanbul, les fils de trois ministres parmi les plus proches du chef du gouvernement, le cousin d'un responsable du bureau national de l'AKP, des bureaucrates de premier plan mais aussi des hommes d'affaires liés au secteur de la construction et de la promotion immobilière.. .

La justice enquête en particulier sur l'Administration de développement de l'habitat collectif (TOKI), qui a réalisé au cours de la dernière décennie des bénéfices considérables en revendant à des promoteurs immobiliers amis du pouvoir des terrains publics, tout en réalisant ses propres projets de logements collectifs. Cette entreprise parapublique est au cœur de la politique de transformation urbaine initiée par Erdogan à Istanbul et tant décriée au printemps au moment des manifestations de la place Taksim. Ceux-ci protestaient notamment contre la destruction envisagée par le pouvoir du parc de la place Taksim, le seul ou presque espace vert demeurant dans la capitale.

L'opposition menée par le CHP (Parti républicain du peuple), exige la démission du gouvernement et la création par l'Assemblée nationale d'une commission d'enquête. Mais la justice et l'opposition peuvent-elle se présenter comme neutres dans cette offensive de vertu? Malheureusement non. Il apparaît de plus en plus qu'elles sont instrumentalisées par une secte ou confrérie très puissante qui, un peu comme les frères musulmans dans d'autres Etats islamiques, a pris en mains une partie de la police, de la justice et des cercles économiques.

Bien qu'elle s'en défende, la confrérie, née dans les années 1970 autour des prêches de l'imam turc Fethullah Gülen, issue du courant Nourdjou et inspirées par les idées du penseur Said Nursi, prospère depuis vingt ans dans les coulisses du pouvoir politique. L'Etat turc, quelle que soit la couleur du parti majoritaire, a utilisé, dès le début des années 1990, les réseaux de ces "missionnaires de la turcité", actifs dans les pays d'Asie centrale nouvellement indépendants.

Une véritable guerre

Or longtemps alliés, la secte et l'AKP s'opposent aujourd'hui dans une véritable guerre. Les partisans du premier ministre Erdogan affrontent désormais ceux de Fethullah Gülen, exilé depuis 1999 aux Etats-Unis à la suite d'enquêtes menées à l'époque par les militaires alors très présents au gouvernement avant d'en être chassés par Recep Tayyip Erdogan. L'instruction contre l'entourage de ce dernier est conduite par le procureur Zekriya Öz, proche des gülénistes, et qui avait dirigé l'enquête dans l'affaire Ergenekon, un réseau militaro-nationaliste démantelé après 2008.

Pourquoi les deux pouvoirs, précédemment alliés, non seulement contre les militaires mais contre l'opposition réputée démocratique, sont-ils entrés en guerre? Les raisons n'en sont guère glorieuses. La secte reproche désormais au gouvernement la fermeture des dershane – un réseau de cours privés de soutien scolaire dans lesquels elle a massivement investi. Plus généralement, l'enjeu est la conquête du patronat, notamment de province. Depuis 2004, la forte croissance turque a largement profité aux petits patrons qui forment le tissu du mouvement religieux et financent ses écoles dans le monde entier. Depuis 2005, les gülénistes ont formé leur propre patronat : la confédération des entrepreneurs turcs (Tüskon). Elle compte 30 000 membres, dont 30 des 200 plus grandes entreprises du pays, et les réseaux commerciaux de ses hommes d'affaires sont incontournables.

Mais pourquoi l'AKP a-t-elle décidé d'affronter la secte en organisant la fermeture de ses écoles privées? D'une part pour prendre de l'influence dans les esprits des très nombreux milieux sociaux fréquentant ces écoles, et d'autre part pour récupérer une partie des revenus en découlant.

Tout ceci ressemble fort à une guerre entre mafias. L'actuel visage de la Turquie la rend plus mal fondée que jamais à poursuivre une entrée dans l'Union européenne, quels que soient les soutiens qu'elle avait reçus pour cela de l'Amérique. Certes les intérêts de beaucoup d'entreprises européennes sont très liés aux intérêts turcs dont nous venons de voir la complexité. Mais les Européens doivent cependant sauver les apparences. Ajoutons que les louvoiements de la diplomatie turque dans le conflit syrien augmentent encore les méfiances qu'elle inspire.

La conclusion de ces péripéties pourrait être, non une montée sérieuse de l'opposition libérale toujours faible et divisée, mais un certain retour en grâce des militaires. Ils ont été chassés du pouvoir par Erdogan, à la suite d'accusations apparaissant aujourd'hui injustes. En fait, dans la tradition du kémalisme, ils incarnaient un gouvernement se voulant aussi laïc et intègre que souhaitent l'être beaucoup d'Etats européens. Dans une certaine mesure, ils ressemblaient aux militaires égyptiens revenus récemment au pouvoir à la suite du « coup d'état » du général Abd el Sissi.

N'idéalisons pas ici les militaires turques ou ce qu'il en reste, mais bornons nous à retenir, en attendant la suite des évènements, que Recep Tayyip Erdogan et l'AKP ne donnent pas une image très attrayante de la politique islam-conservatrice modérée qu'ils prétendaient incarner. La place de la Turquie en Europe est moins souhaitable que jamais.
 
20/12/2013

lundi, 25 novembre 2013

Syria, Egypt Reveal Erdogan’s Hidden “Neo-Ottoman Agenda”

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Syria, Egypt Reveal Erdogan’s Hidden “Neo-Ottoman Agenda”

 
Global Research, November 20, 2013

The eruption of the Syrian conflict early in 2011 heralded the demise of Turkey ’s officially pronounced strategy of “Zero Problems with Neighbors,” but more importantly, it revealed a “hidden agenda” in Turkish foreign policy under the government of Prime Minister Recep Tayyip Erdogan.

What Sreeram Chaulia, the Dean of the Jindal School of International Affairs in India ’s Sonipat, described as a “creeping hidden agenda” (http://rt.com on Sept. 15, 2013) is covered up ideologically as “Islamist.”

But in a more in-depth insight it is unfolding as neo-Ottomanism that is pragmatically using “Islamization,” both of Mustafa Kemal Ataturk’s legacy internally and Turkey ’s foreign policy regionally, as a tool to revive the Ottoman Empire that once was.

Invoking his country’s former imperial grandeur, Foreign Minister Ahmet Davotoglu had written: “As in the sixteenth century … we will once again make the Balkans, the Caucasus, and the Middle East, together with Turkey , the center of world politics in the future. That is the goal of Turkish foreign policy and we will achieve it.” (Emphasis added)

Quoted by Hillel Fradkin and Lewis Libby, writing in last March/April edition of www.worldaffairsjournal.org, the goal of Erdogan’s AKP ruling party for 2023, as proclaimed by its recent Fourth General Congress, is: “A great nation, a great power.” Erdogan urged the youth of Turkey to look not only to 2023, but to 2071 as well when Turkey “will reach the level of our Ottoman and Seljuk ancestors by the year 2071” as he said in December last year.

“2071 will mark one thousand years since the Battle of Manzikert,” when the Seljuk Turks defeated the Byzantine Empire and heralded the advent of the Ottoman one, according to Fradkin and Libby.

Some six months ago, Davotoglu felt so confident and optimistic to assess that “it was now finally possible to revise the order imposed” by the British – French Sykes-Picot Agreement of 1916 to divide the Arab legacy of the Ottoman Empire between them.

Davotoglu knows very well that Pan-Arabs have been ever since struggling unsuccessfully so far to unite as a nation and discard the legacy of the Sykes-Picot Agreement, but not to recur to the Ottoman status quo ante, but he knows as well that Islamist political movements like the Muslim Brotherhood International (MBI) and the Hizb ut-Tahrir al-Islami (Islamic Party of Liberation) were originally founded in Egypt and Palestine respectively in response to the collapse of the Ottoman Islamic caliphate.

However, Erdogan’s Islamist credentials cannot be excluded as simply a sham; his background, his practices in office since 2002 as well as his regional policies since the eruption of the Syrian conflict less than three years ago all reveal that he does believe in his version of Islam per se as the right tool to pursue his Ottoman not so-“hidden agenda.”

Erdogan obviously is seeking to recruit Muslims as merely “soldiers” who will fight not for Islam per se, but for his neo-Ottomanism ambitions. Early enough in December 1997, he was given a 10-month prison sentence for voicing a poem that read: “The mosques are our barracks, the domes our helmets, the minarets our bayonets and the faithful our soldiers;” the poem was considered a violation of Kemalism by the secular judiciary.

Deceiving ‘Window of Opportunity ’

However, Erdogan’s Machiavellianism finds no contradiction between his Islamist outreach and his promotion of the “Turkish model,” which sells what is termed as the “moderate” Sunni Islam within the context of Ataturk’s secular and liberal state as both an alternative to the conservative tribal-religious states in the Arabian Peninsula and to the sectarian rival of the conservative Shiite theocracy in Iran.

He perceived in the latest US withdrawal of focus from the Middle East towards the Pacific Ocean a resulting regional power vacuum providing him with an historic window of opportunity to fill the perceived vacuum.

“Weakening of Europe and the US’ waning influence in the Middle East” were seen by the leadership of Erdogan’s ruling party “as a new chance to establish Turkey as an influential player in the region,” Günter Seufert wrote in the German Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) on last October 14.

The US and Israel , in earnest to recruit Turkey against Iran , nurtured Erdogan’s illusion of regional leadership. He deluded himself with the unrealistic belief that Turkey could stand up to and sidestep the rising stars of the emerging Russian international polar, the emerging Iranian regional polar and the traditional regional players of Egypt and Saudi Arabia , let alone Iraq and Syria should they survive their current internal strife.

For sure, his allies in the Muslim Brotherhood International (MBI) and his thinly veiled Machiavellian logistical support of al-Qaeda – linked terrorist organizations are not and will not be a counter balance.

He first focused his Arab outreach on promoting the “Turkish model,” especially during the early months of the so-called “Arab Spring,” as the example he hoped will be followed by the revolting masses, which would have positioned him in the place of the regional mentor and leader.

But while the eruption of the Syrian conflict compelled him to reveal his Islamist “hidden agenda” and his alliance with the MBI, the removal of MBI last July from power in Egypt with all its geopolitical weight, supported by the other regional Arab heavy weight of Saudi Arabia, took him off guard and dispelled his ambitions for regional leadership, but more importantly revealed more his neo-Ottoman “hidden agenda” and pushed him to drop all the secular and liberal pretensions of his “Turkish model” rhetoric.

‘Arab Idol’ No More 

Erdogan and his foreign policy engineer Davotoglu tried as well to exploit the Arab and Muslim adoption of the Palestine Question as the central item on their foreign policy agendas.

Since Erdogan’s encounter with the Israeli President Shimon Peres at the Economic Summit in Davos in January 2009, the Israeli attack on the Turkish humanitarian aid boat to Gaza, Mavi Marmara, the next year and Turkey’s courting of the Islamic Resistance Movement “Hamas,” the de facto rulers of the Israeli besieged Palestinian Gaza Strip, at the same time Gaza was targeted by the Israeli Operation Cast Lead in 2008-2009 then targeted again in the Israeli Operation Pillar of Defense in 2012, Turkey’s premier became the Arab idol who was invited to attend Arab Leage summit and ministerial meetings.

However, in interviews with ResearchTurkey, CNN Turk and other media outlets, Abdullatif Sener, a founder of Erdogan’s AKP party who served as deputy prime minister and minister of finance in successive AKP governments for about seven years before he broke out with Erdogan in 2008, highlighted Erdogan’s Machiavellianism and questioned the sincerity and credibility of his Islamic, Palestinian and Arab public posturing.

“Erdogan acts without considering religion even at some basic issues but he hands down sharp religious messages … I consider the AK Party not as an Islamic party but as a party which collect votes by using Islamic discourses,” Sener said, adding that, “the role in Middle East was assigned to him” and “the strongest logistic support” to Islamists who have “been carrying out terrorist activities” in Syria “is provided by Turkey” of Erdogan.

In an interview with CNN Turk, Sener dropped a bombshell when he pointed out that the AKP’s spat with Israel was “controlled.” During the diplomatic boycott of Israel many tenders were granted to Israeli companies and Turkey has agreed to grant partner status to Israel in NATO: “If the concern of the AKP is to confront Israel then why do they serve to the benefit of Israel ?” In another interview he said that the NATO radar systems installed in Malatya are there to protect Israel against Iran .

Sener argued that the biggest winner of the collapse of the Syrian government of President Bashar al-Assad would be Israel because it will weaken Lebanon ’s Hizbullah and Iran , yet Erdogan’s Turkey is the most ardent supporter of a regime change in Syria , he said.

Erdogan’s Syrian policy was the death knell to his strategy of “Zero Problems with Neighbors;” the bloody terrorist swamp of the Syrian conflict has drowned it in its quicksand.

Liz Sly’s story in the Washington Post on this November 17 highlighted how his Syrian policies “have gone awry” and counterproductive by “putting al-Qaeda on NATO’s (Turkish) borders for the first time.”

With his MBI alliance, he alienated Egypt , Saudi Arabia and the UAE, in addition to the other Arab heavy weights of Syria , Iraq and Algeria and was left with “zero friends” in the region.

According to Günter Seufert, Turkey ’s overall foreign policy, not only with regards to Syria , “has hit the brick wall” because the leadership of Erdogan’s ruling party “has viewed global political shifts through an ideologically (i.e. Islamist) tinted lens.”

Backpedaling too late

Now it seems Erdogan’s “ Turkey is already carefully backpedaling” on its foreign policy,” said Seufert. It “wants to reconnect” with Iran and “ Washington ’s request to end support for radical groups in Syria did not fall on deaf Turkish ears.”

“Reconnecting” with Iran and its Iraqi ruling sectarian brethren will alienate further the Saudis who could not tolerate similar reconnection by their historical and strategic US ally and who were already furious over Erdogan’s alliance with the Qatari financed and US sponsored Muslim Brotherhood and did not hesitate to publicly risk a rift with their US ally over the removal of the MBI from power in Egypt five months ago.

Within this context came Davotoglu’s recent visit to Baghdad , which “highlighted the need for great cooperation between Turkey and Iraq against the Sunni-Shiite conflict,” according to www.turkishweekly.net on this November 13. Moreover, he “personally” wanted “to spend the month of Muharram every year in (the Iraqi Shiite holy places of) Karbala and Najaf with our (Shiite) brothers there.”

Within the same “backpedaling” context came Erdogan’s playing the host last week to the president of the Iraqi Kurdistan Regional Government, Massoud Barzani, not in Ankara , but in Diyarbakir , which Turkish Kurds cherish as their capital in the same way Iraqi Kurds cherish Kirkuk .

However, on the same day of Barzani’s visit Erdogan ruled out the possibility of granting Turkish Kurds their universal right of self-determination when he announced “Islamic brotherhood” as the solution for the Kurdish ethnic conflict in Turkey , while his deputy, Bulent Arinc, announced that “a general amnesty” for Kurdish detainees “is not on today’s agenda.” Three days earlier, on this November 15, Turkish President Abdullah Gul said, “Turkey cannot permit (the) fait accompli” of declaring a Kurdish provisional self-rule along its southern borders in Syria which his prime minister’s counterproductive policies created together with an al-Qaeda-dominated northeastern strip of Syrian land.

Erdogan’s neo-Ottomanism charged by his Islamist sectarian ideology as a tool has backfired to alienate both Sunni and Shiite regional environment, the Syrian, Iraqi, Egyptian, Emirati, Saudi and Lebanese Arabs, Kurds, Armenians, Israelis and Iranians as well as Turkish and regional liberals and secularists. His foreign policy is in shambles with a heavy economic price as shown by the recent 13.2% devaluation of the Turkish lira against the US dollar.

“Backpedaling” might be too late to get Erdogan and his party through the upcoming local elections next March and the presidential elections which will follow in August next year.

Nicola Nasser is a veteran Arab journalist based in Birzeit, West Bank of the Israeli-occupied Palestinian territories. nassernicola@ymail.com

mardi, 05 novembre 2013

La Turquie déjà en Europe grâce au Kosovo

La Turquie déjà en Europe grâce au Kosovo
 
Erdogan jette le masque

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
1372453379-people-in-kosovo-protest-in-favor-of-turkish-pm-erdogan_2203285.jpgLes turcs ne se sentent certes pas européens mais ils sont en Europe physiquement déjà et de plus en plus. L’Europe s’est laissée entraîner par les Usa et l’Otan dans une guerre stupide contre la Serbie, contre le dictateur Milosevic pour les gentils kosovars.

C’était objectivement faire le jeu des musulmans contre les chrétiens dans une région d’affrontement historique entre la civilisation helléno- judéo-chrétienne et la civilisation arabo musulmane. Le perdre de vue était totalement stupide. La reconquête de la quasi-totalité des Balkans sur les turcs qui ont achevé contre l’empire romain d’orient ce que les arabes avaient commencé, est comparable à la reconquista espagnole.
 
Le Kosovo, patrie d’origine des Serbes, devenu un état musulman kosovar, c’est une chose terrible et parlante au niveau du poids de la démographie et des migrations de remplacement. La revendication de cette terre, au nom d’un passé commun, par la Turquie est plus terrifiante encore et rappellera, à certains démocrates sourcilleux, des thèses de l’époque la plus sombre de notre histoire.

En visite officielle au Kosovo à l’occasion de l’inauguration de l’aéroport de Pristina, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lâché une petite bombe en déclarant : « la Turquie, c’est le Kosovo, et le Kosovo, c’est la Turquie ». Le chef du gouvernement turc a déclaré que les citoyens du Kosovo et de Turquie faisaient toujours partie d’un même pays. « Chers frères et amis, nous partageons la même histoire culturelle et la même civilisation. N’oubliez pas que la Turquie, c’est le Kosovo et que le Kosovo, c’est la Turquie. Nous sommes à ce point proches que l’auteur de l’hymne turque, Mehmet Akif Ersoj, est originaire du Kosovo, de la ville d’Ipek-Peć-Peja », s’est exclamé Recep Tayyip Erdoğan. 

 
Hashim Thaçi, le Premier ministre du Kosovo, a remercié son homologue turc de la qualité de la coopération entre les deux pays et a rappelé que la Turquie était le premier pays à avoir reconnu l’indépendance du Kosovo. Le Premier ministre albanais, Edi Rama a, quant à lui, déclaré que les citoyens du Kosovo et de la Turquie, Albanais et Turques, étaient des peuples frères, qui devaient travailler ensemble à construire un avenir meilleur. Banques, autoroutes, aéroport de Pristina : la Turquie est le premier investisseur étranger au Kosovo. Cette présence économique massive alimente toutes les théories du complot. Le Kosovo serait-il, comme certains le prétendent, le « point d’ancrage » dans les Balkans d’une Turquie, qui aurait retrouvé ses ambitions impériales ?

Du côté de Belgrade, les propos de Recep Tayyip Erdoğan ont provoqué de très vives réactions. « Je considère ces déclarations scandaleuses  et j’attends des excuses rapides de la Turquie et de son Premier ministre. Ce comportement est inacceptable et incompatible avec de bonnes relations diplomatiques », a déclaré jeudi 24 octobre le vice-Premier ministre Aleksandar Vučić, avant d’ajouter que la Turquie savait très bien que le Kosovo n’était plus turc « depuis les Guerres balkaniques ».

Ce que semble oublier ce premier ministre très pro-occidental, c’est que les guerres balkaniques ont repris, menées par l’occident contre la Serbie et apparemment au profit de l’ottoman. Détruire la grande Serbie pour instaurera au cœur de l’Europe une nouvelle grande Turquie, ça c’est bien joué !

mardi, 22 octobre 2013

Erdogan y el TSK

Ex: http://www.elespiadigital.com

Por Germán Gorraiz Lopez

Erdogan proseguiría con su estrategia de implementar el Estado Erdoganista, (socavando los pilares del Estado Secular que en 1923 implantó el Padre de la Turquía Moderna, Mustafa Kemal)  y que se plasmarían en pinceladas como la implantación de la enseñanza del Corán en la escuela Primaria, restricciones a la libertad de expresión en forma de encarcelación de periodistas opositores, la polémica restricción de venta de alcohol y el anunciado despliegue de la policía en los campus y residencias universitarias que podría desencadenar un nuevo Mayo del 68. Recordar que Kemal creía que “el secularismo y la europeización de Turquía eran los medios más aptos para transformar su país en una nación industrial moderna”, pero el kemalismo dejó como herencia una crisis de identidad en la sociedad turca, europeizada pero no integrada en las instituciones europeas y musulmana pero extraña al mundo islámico.

Erdogan y Egipto

El primer ministro turco, Recep Tayip Erdogan, ha acusado al Gobierno en funciones de Egipto de terrorismo de Estado y ha comparado al jefe del Ejército, Abdel Fatá al Sisi, con el presidente sirio, Bashar al Assad. Igualmente, acusó a los medios de comunicación occidentales que transmitieron en directo  las protestas violentas de las calles de Estambul, “como BBC y CNN” de “no mirar ni escuchar lo que ocurre en Egipto”, según  el diario ‘Hurriyet’.

El propio Erdogan ha reiterado que Turquía no reconoce al Gobierno interino egipcio y que sigue considerando al depuesto y encarcelado mandatario, Mohamed Morsi, como único presidente legal del país árabe, con lo que la tensión entre ambos Gobiernos ha ido “in crescendo” y tras el baño de sangre producido por la represión del ejército egipcio, ambos países habrían llamado a consultas a sus respectivos embajadores y Egipto habría cancelado las maniobras militares marítimas conjuntas que tenía previsto realizar con Turquía el próximo mes de octubre , debido “ a la injerencia flagrante de Ankara en los asuntos egipcios”, por lo que Erdogan se  habría granjeado la enemistad de EEUU.

Pulso Erdogan-TSK

El Ejército turco (TSK) desempeña un importante papel político en la sombra,  puesto que se consideran los guardianes de la naturaleza secular y unitaria de la República  siguiendo los postulados kemalistas y los partidos políticos juzgados como anti-seculares o separatistas por el Poder Judicial Turco (a instancias del estamento militar), pueden ser declarados ilegales.Ya en vísperas de la elección de Abdullah Gül como Presidente de Turquía ( agosto del 2007), las Fuerzas Armadas  afirmaron que “intervendrán decisivamente en la defensa del laicismo ante los esfuerzos de determinados círculos de socavar los valores fundamentales de la república  que han aumentado claramente en tiempos recientes”, advertencia próxima a la retórica del Golpe Militar de 1.980 y que podría extrapolarse a la situación política actual.

En los últimos años , Erdogan ha asestado varios golpes a la cúpula militar turca, del que sería paradigma la decisión de Erdogan de relegar de su cargo a tres oficiales de alto rango acusados de formar parte de la trama “Ergenekon”, una agrupación ultra-nacionalista compuesta por militares y activistas de marcado carácter laicista, pero también por segmentos de la esfera política, mediática, intelectual y educativa del país y cuyo supuesto cometido habría sido deponer al actual ejecutivo islamista de Erdogan y el pulso Erdogan-TSK habría llegado a su paroxismo con las sentencias condenatorias del caso Erdegon, destacando la dureza de las penas impuestas a 250 de los implicados, 12 de los cuales habrían sido condenados a cadena perpetua.

¿Hacia el golpe de mano?

El mandato de Erdogan como primer ministro finiquita en el 2015 sin posibilidad de reelección,por lo que es previsible que abandone el puesto de Primer Ministro para competir por la presidencia en las elecciones presidenciales de septiembre.

Dicho cargo sería meramente simbólico pero podría asumir poderes ejecutivos si prospera la reforma constitucional que el propio Erdogan propone con el objetivo inequívoco de implantar la nueva República Islámica de Turquía en el horizonte del 2016, con lo que Turquía se convertiría en un régimen indefinido en el que la lealtad a los intereses occidentales en Oriente Próximo estaría en entredicho.

Ante esta situación, tras conocerse las condenas del mediático affaire Ergenekon, (de las que sería paradigma el general retirado Ilker Basbug, antiguo Jefe de Estado Mayor del TSK, condenado a cadena perpetua y su frase premonitoria “La Nación tendrá la última palabra”) y sin el paraguas protector de la UE (al posponer “sine die” la incorporación de Turquía miembro de pleno de derecho de la UE), no sería descartable que el ejército turco (TSK) protagonice un nuevo golpe “virtual” o “posmoderno” que acabaría con el mandato del Primer Ministro Erdogan, (rememorando el ‘golpe blando’ de 1997, cuando los generales kemalistas arrebataron el poder al Gobierno del presidente Necmettin Erbakanpor, quien lideraba una coalición islamista).

Dicho golpe contaría con las bendiciones de Washington al haber dejado Erdogan de ser un peón útil para la estrategia geopolítica de EEUU en Oriente Próximo y significaría el ocaso de la primavera árabe del arco mediterráneo y la posterior inmersión en el llamado otoño árabe, fruto de la nueva estrategia de EEUU para la zona tras el evidente fracaso para sus intereses del experimento de exportación del otrora régimen islamista moderado y pro-occidental de Erdogan a todos los países que componen el tablero gigante del mundo árabe-mediterráneo.

La nueva estrategia de EEUU consistirá en la implementación de “golpes virtuales o postmodernos“ en los países de la zona con el objetivo inequívoco de sustituir a los regímenes islamistas surgidos de las urnas por regímenes militares presidencialistas en el marco del nuevo escenario geopolítico mundial surgido tras el retorno al endemismo recurrente de la Guerra Fría entre EEUU y Rusia, quedando Siria y Marruecos como portaaviones continentales de Rusia y EEUU respectivamente.

* Analista

mercredi, 18 septembre 2013

Il Processo Ergenekon: Un’analisi giuridica e politica in ordine cronologico

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Il Processo Ergenekon: Un’analisi giuridica e politica in ordine cronologico

Aytekin Kaan Kurtul

Ex: http://www.statopotenza.eu

Il 5 agosto ha avuto luogo l’ultima udienza del processo Ergenekon che si trattava della “formazione di un’organizzazione terrorista” che “ha tentato ad organizzare un colpo di stato contro il Governo attuale (Erdoğan)”. L’inchiesta era stata iniziata nel 2007, con la “scoperta” delle armi “segrete” e dei “diari del golpe” dalla polizia, i quali erano stati “forniti” nel dipartimento della polizia secondo i video fatti da parte della polizia (gia’ qui si capisce come si e’ svolto il processo) .


Dopo il consolidamento del potere della “nuova oligarchia islamica” (ovvero dopo le elezioni generali e l’elezione presidenziale del 2007, con le quali il partito di Erdoğan ha praticamente “nominato” il Presidente)  il processo e’ stato portato davanti alla Corte dove sono state scritte le accuse. I soggetti in questione venivano accusati di far parte di un’organizzazione terrorista, chiamata Ergenekon, che mirava ad organizzare un colpe di stato contro il Governo Erdoğan. Anche se le accuse venivano considerate dentro il quadro di un tentato colpo di stato, i primi ad essere arrestati erano civili. Il piu’ noto di questi, Ergun Poyraz, era un ricercatore e uno scrittore indipendente che aveva scritto libri sulle relazioni “intime” tra le sette mafiose in Turchia (come la setta Gülen) , “gli stati religiosi” (il Vaticano e l’Israele) e i capitalisti finanziari d’Occidente. Il libro che veniva considerato come “una prova di delitto” s’intitolava “Erdoğan e Gül: I Figli d’Israele“, tanto per mostrare la liberta’ di espressione in Turchia.


Un altro personaggio noto tra i primi ad essere arrestati era l’imprenditore Kuddusi Okkır. Egli era il fondatore di un’impresa di informatica che cercava di sviluppare tecnologie nazionali per non dipendere totalmente dal rete statiunitense. Okkır e’ stato arrestato il 20 giugno 2007 ed e’ morto in carcere (presumabilmente a causa della tortura) prima della prima udienza del processo Ergenekon, nella data del 6 giugno 2008. Il 22 gennaio 2008, e’ stata iniziata la seconda onda di arresti. Questa volta i bersagli erano prevalentemente militari, con alcune eccezioni. Due di queste erano l’avvocato Kemal Kerinçsiz e la portavoce della Chiesa Ortodossa Turca, Sevgi Erenerol. Kemal Kerinçsiz era noto per aver impugnato scrittori liberali come Orhan Pamuk per “aver incitato odio razziale, aver insultato la nazione turca e aver incitato una guerra contro i confinanti della Repubblica” (artt. 301, 304 del Codice Penale). Sevgi Erenerol, invece, era una sacerdotessa cristiana e una scrittrice nota per le sue idee patriottiche.


Il 21 marzo 2008 era la data dell’inizio della onda piu’ grande. Personaggi noti dell’opposizione legale in Turchia come il Presidente del Partito dei Lavoratori (noto per essere uno dei primi due partiti comunisti a difendere il socialismo eurasiatista), il Dottor Doğu Perinçek; il giornalista socialista noto per essere torturato durante il regime della giunta del ’71, İlhan Selçuk; il Vice Presidente del Partito dei Lavoratori, Ferit İlsever; il Vice Presidente del Partito dei Lavoratori, Nusret Senem; il fondatore della Fondazione del Pensiero Kemalista, Şener Eruygur; l’ex generale e personaggio kemalista Hurşit Tolon; giornalista socialdemocratico e deputato del Partito Repubblicano del Popolo, Mustafa Balbay; il tenente noto per aver provato ad arrestare i soldati statiunitensi ad İncirlik, Hasan Atilla Uğur e l’accademico Erol Mütercimler sono stati detenuti dalla polizia e la maggior parte e’ stata arrestata.
L’1 luglio 2008 ha testimoniato l’espansione dell’onda precedente ed e’ stato arrestato il Presidente Fondatore dell’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia), Adnan Türkkan. L’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia) e’ stata definita come “l’ala giovanile dell’organizzazione terrorista Ergenekon” dalla stampa liberale (conosciuta come “la stampa dei pinguini” dopo la Sollevazione di Giugno), anche se non era definita cosi neanche nelle accuse. L’arresto e’ stato seguito da repressioni nelle universita’ e tanti studenti hanno dovuto lottare per praticare il loro diritto allo studio.

La prima udienza e lo “schema” dell’organizzazione


La prima udienza ha avuto luogo nel comune di Silivri nella provincia di İstanbul (il quale e’ abbastanza lontano dal centro) il 20 ottobre 2008 ed e’ stato dichiarato lo “schema” dell’organizzazione. Secondo lo “schema”, non c’era una gerarchia o qualsiasi struttura organizzativa – c’era solo un “gruppo” di leader composto prevalentemente da militari. Tra questi leader, c’erano due personaggi noti: il Generale Martire Eşref Bitlis e l’ex generale Hurşit Tolon.


Il Generale Martire Eşref Bitlis era stato assassinato misteriosamente il 17 febbraio 1993. Egli era noto per aver promosso il dialogo con i contadini curdi per risolvere la questione curda. Il 7 febbraio 1993, il Generale Bitlis aveva dichiarato che “gli aerei statunitensi che partono da İncirlik portano armi e forniture ai terroristi del PKK nell’Iraq settentrionale e gli israeliani gli offrono informazioni vitali riguardo le nostre posizioni nella regione“. Era stato assassinato 10 giorni dopo.


L’ex generale Hurşit Tolon, invece, era uno dei primi militari a dichiarare il fatto che “far parte della NATO e’ una minaccia per l’esistenza della Repubblica“. Egli aveva promosso un’alleanza con “l’altro polo che sta crescendo, cioe’ quello guidato oggi dalla Cina, dalla Russia, dall’India e dall’Iran. In questo quadro l’Iran e’ il nostro alleato naturale per il fatto che abbiamo legami sociali e nemici in comune – a prescindere dalle nostre differenze ideologiche“.


Gli avvocati dei prigionieri hanno obiettato l’intero processo citando la mancanza delle prove concrete, l’illegalita’ dell’invasione della sfera privata durante l’inchiesta e il fatto che il Generale Bitlis era gia’ morto nel 1993 e quindi non era fisicamente capace di fare un colpo di stato nel 2008. Le loro obiezioni non sono state prese in considerazione.

L’aggiunta dell’attacco al Consiglio di Stato e il salafita Osman Yıldırım


Il 3 agosto 2009, il caso che riguarda l’attacco al Consiglio di Stato perpetuato da un salafita che si chiama Osman Yıldırım e’ stato aggiunto al caso Ergenekon, rendendo la cosidetta “organizzazione terrorista” in questione “un’organizzazione terrorista attiva”. Osman Yıldırım era stato condannato precedentemente per “aver commesso matricidio” e “aver venduto la propria nipote” (artt. 81, 227 del Codice Penale). Nelle prime udienze nel processo riguardo all’attaco al Consiglio di Stato, egli aveva affermato che mirava a “distruggere il regime laico infedele e costruire il Sacro Califfato. Io sono un cittadino dello Stato Islamico dell’Asia Minore  e un nemico del bastardo europeo che ha fondato il regime“, riferendosi al fondatore della Repubblica, il comandante antimperialista Mustafa Kemal Atatürk che era nato a Salonica. Per di piu’ ha ammesso che egli aveva perpetuato l’attacco. Nonostante il fatto che egli ha commesso i crimini “mirando a distruggere l’ordine repubblicano e l’unione nazionale” ed “essersi opposto all’ordine costituzionale” (artt. 302, 309 del Codice Penale), e’ stato rilasciato dopo l’ultima udienza (per aver collaborato con la corte) mentre decine di giornalisti, accademici e politici e anche l’ex Comandante in Capo delle Forze Armate Turche con il quale lo stesso Governo Erdoğan aveva collaborato sono stati simbolicamente condannati all’ergastolo.

La durata della reclusione e le sentenze della Corte Costituzionale e della CEDU


La maggior parte dei prigionieri e’ stata in carcere per piu’ di cinque anni senza una sentenza definitiva, una situazione che era stata legittimizzata con l’ultima riforma del Codice di Procedura Penale che aveva prolungato la durata massima di reclusione a 10 anni. La riforma, comunque, e’ stata dichiarata incostituzionale da parte della Corte Costituzionale con la sentenza 07/2013 pubblicata il 2 agosto 2013 sulla Gazzetta Ufficiale. Secondo la Corte, siccome la norma presente e’ stata annullata, dovrebbe essere applicata la norma precedente che aveva fissato la durata massima a 5 anni.


La sentenza e’ stata emessa parzialmente in conformita’ con le ultime sentenze della CEDU riguardo alla massima durata di reclusione. La CEDU, infatti, nella sentenza Vaccaro v. la Repubblica Italiana, aveva deciso che sei anni di reclusione era inaccettabile in un caso piu’ “leggero” rispetto al processo Ergenekon. Nonostante le sentenze della CEDU (le cui massime dovrebbero essere applicate nelle corte nazionali siccome la Turchia e’ una firmataria della Convenzione) e l’ultima sentenza della Corte Costituzionale della Repubblica di Turchia, la corte penale ha deciso di non rilasciare i prigionieri mentre uno che doveva essere condannato all’ergastolo secondo il Codice Penale vigente e’ stato rilasciato.

Una sintesi


Come avete visto, il processo Ergenekon e’ stato un processo illegale, incostituzionale e disumano sia nel senso giuridico che nel senso morale. L’Associazione degli Avvocati ha dichiarato che essa non riconosce le sentenze e giornalisti comunisti come Jürgen Elsasser e partiti comunisti come il Partito Comunista della Federazione Russa hanno espresso solidarieta’ ai prigioneri politici in Turchia. Gli antimperialisti nel mondo hanno visto che personaggi come l’ex Comandante in Capo delle Forze Armate Turche sono stati arrestati “simbolicamente”, ovvero per rendere piu’ “credibile” il processo che era totalmente politico e mirava a reprimere l’opposizione legale in Turchia. E ultimamente il Primo Ministro Erdoğan ha affermato che “non riconoscere le sentenze Ergenekon e’ un delitto“. Le sue parole contraddicono le norme del Codice Penale ma se esse valgono piu’ del diritto nazionale e della Costituzione, possiamo parlare di uno stato di diritto?
Scusate la mia liberta’ di espressione.

Le sentenze


Adnan Türkkan, membro fondatore dell’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia): 10 anni e 6 mesi in carcere
Tunç Akkoç, membro fondatore dell’Unione Giovanile di Turchia (l’Unione della Gioventu’ di Turchia), membro del Comitato Centrale del Partito dei Lavoratori: 11 anni in carcere
Doğu Perinçek, Presidente del Partito dei Lavoratori: Ergastolo + 117 anni in carcere
Ferit İlsever, Vice Presidente del Partito dei Lavoratori: 15 anni in carcere
Nusret Senem, Vice Presidente del Partito dei Lavoratori: 20 anni, 3 mesi in carcere
Mehmet Bedri Gültekin, Vice Presidente del Partito dei Lavoratori: 10 anni, 6 mesi in carcere
Zafer Şen, membro del Comitato Centrale del Partito dei Lavoratori: 8 anni, 9 mesi in carcere
Erkan Önsel, membro del Comitato Centrale del Partito dei Lavoratori: 9 anni in carcere
Mustafa Balbay, Deputato del Partito Repubblicano del Popolo: 34 anni e 8 mesi in carcere
Tuncay Özkan, giornalista socialdemocratico: Ergastolo aggravato
Yalçın Küçük, accademico marxista: Ergastolo aggravato
İlker Başbuğ, Ex Comandante in Capo delle Forze Armate Turche: Due ergastoli aggravati seguenti + 4 anni, 2 mesi in carcere
Hikmet Çiçek, giornalista comunista: 21 anni in carcere
Sevgi Erenerol, Portavoce della Chiesa Ortodossa Turca: Ergastolo
Şener Eruygur, Fondatore della Fondazione del Pensiero Kemalista: Ergastolo
Tenente Hasan Atilla Uğur: 29 anni, 3 mesi in carcere
Dursun Çiçek, ammiraglio: Ergastolo aggravato
Mustafa Özbek, Presidente del Sindacato Türk-Metal: Ergastolo
Deniz Yıldırım, ex direttore editoriale del quotidiano comunista Aydınlık: 16 anni, 10 mesi in carcere
Hurşit Tolon, ex generale: Ergastolo aggravato
Kemal Kerinçsiz, avvocato: Ergastolo aggravato
Emcet Olcaytu, avvocato: 13 anni, 2 mesi in carcere
Adnan Akfırat, giornalista: 19 anni in carcere
Ünal İnanç, giornalista: 19 anni in carcere
Ergün Poyraz, scrittore: 29 anni, 4 mesi in carcere
Vedat Yenerer, giornalista: 7 anni, 6 mesi in carcere
Kemal Alemdaroğlu, accademico: 15 anni, 8 mesi in carcere
Mehmet Perinçek, accademico, figlio di Doğu Perinçek: 6 anni e 3 mesi in carcere
Ferit Bernay, accademico: 10 anni in carcere
Mustafa Yurtkuran, accademico: 10 anni in carcere
Aydın Gergin, membro del Partito dei Lavoratori: 8 anni in carcere
Tenente Fikri Karadağ: Ergastolo aggravato
İsmail Hakkı Pekin, ex generale: 7 anni, 6 mesi in carcere
Özlem Konur Usta, editore del quotidiano comunista Aydınlık: 6 anni, 3 mesi in carcere
Mehmet Bozkurt, editore del quotidiano comunista Aydınlık: 9 anni, 3 mesi in carcere
Turan Özlü, fondatore del canale televisivo Ulusal: 9 anni in carcere
Sinan Aygün, Deputato del Partito Repubblicano del Popolo: 13 anni, 6 mesi in carcere
Tenente Fuat Selvi: Ergastolo
Fatih Hilmioğlu, accademico: 23 anni in carcere
Serdar Öztürk, veterano di guerra: 25 anni, 6 mesi di carcere
Mahir Çayan Güngör, corrispondente del canale televisivo Ulusal: 6 anni, 3 mesi in carcere
Kemal Yavuz, ex generale: 7 anni, 6 mesi in carcere

mardi, 17 septembre 2013

Turkey’s Islamists and the military

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Turkey’s Islamists and the military

Youri Kirillov
Ex: http://journal-neo.org

A trial of a group of the former military has started in Turkey. They are accused of the overthrow, in the course of the bloodless coup in 1997, of the Islamist government led by Prime Minister N. Erbakan’s Refah Partisi (Welfare Party). Later, it was banned by the country’s Constitutional Court for the activities of the “anti-secular nature”.

The Justice and Development Party (JDP) – the Islamist party which has been ruling the country since 2002 – originated from Refah Partisi. One of its founders – present Prime Minister Erdoğan – received the relay baton from the hands of his teacher Erbakan.

The trial process, which reminds us of who governs politics in Turkey today, continues the sequence of trials of the military. They include the Ergenekon case, which took place only a month ago, a conspiracy against the government, the imprisonment verdicts issued earlier to more than 300 military for preparing terrorist acts aimed at destabilisation.

In fact, this is the echo of the confrontation between the Islamists and the Turkish army, which, for a long time, considered itself to be the successor of Kemal Ataturk – the founder of secular Turkey.

Although the current process is Turkey’s internal matter, its regional subtext should not be disregarded in the context of the ongoing turbulent Arab Spring near Turkey.

After the Islamists’ success (which was unexpected for many) at the elections in Egypt and Tunisia, as well as the deepening of the crisis in Syria, prospects have emerged for these forces to strengthen their positions at the centre of power, in place of the former elites. A number of Arab political forces, especially the Muslim Brotherhood and similar groups, have focused their attention on the development experience according to the Turkish model. These trends, obviously, appealed to the JDP’s leadership and increasingly inspired them for political involvement, and not only that, in the internal affairs of the countries undergoing the “Arab awakening”.They have revived the long-cherished dreams of Ankara’s Islamist elite to obtain the status of the leader or “big brother” in the Arab-Muslim region.

However, as the subsequent events of the Spring have shown, the leadership of the Islamist parties in Egypt and Tunisia turned out to be incapable to put an end to the post-revolutionary turmoil. Their rule just exacerbated the existing problems in all aspects, and in the field of security in particular.

In Syria, the anti-government opposition was joined, under the mask of the revolution, by the most militant elements of the international terrorist forces.

As a result of the perturbations and the overall imbalance of the situation in the region, the system of economic relations established by Turkey with a number of Arab countries during the rule of the authoritarian leaders, has been shaken. Ankara suffered damage economically and financially due to the internal war and overthrow of Gaddafi in Libya, which used to be one of the strongholds of Turkey’s entrepreneurship in the Arab world. There were about 30,000 Turks here engaged in the implementation of projects worth $15 billion dollars.

The Ankara–Syria relations – once friendly and mutually beneficial for both countries – now have been knocked out. Bilateral trade was growing rapidly, the visa regime was removed, but Ankara’s withdrawal from this trajectory in 2011 shook the cooperation structure like an earthquake.

In addition to the expenses for the support of rebels, the Turkish authorities had to provide shelter to more than 400,000 Syrian refugees. The presence of so many people is fraught with the destabilisation of normal life in the region, which leads to dissatisfaction among the local population.

Experts are warning that the rebellion in Syria fomented with Turkey’s help can have a boomerang-like effect on Turkey itself, and the Syrian religious war will spill into Turkey.

Turkey’s regional geopolitical ambitions were challenged by the overthrow of President Mohamed Morsi in Egypt as the Egyptian Muslim Brotherhood had been considered by Ankara as one of the most important partners.

Ankara’s relations with Egypt began to show signs of strain after Turkey’s leadership condemned the rise of the military in Egypt and the overthrow of Morsi. Cairo responded with an official protest to the interference in its internal affairs.

A very subdued reaction to the coup in Egypt from the West (especially from Turkey’s close ally – the US), the support for the Egyptian military on the part of Saudi Arabia and the other Gulf monarchies increased Erdoğan’s concerns about the military, interprets Atilla Yesilada, political analyst at Global Source Partners, Istanbul.

There is no denying that Turkey has outpaced the Arab world in terms of the level of the secularisation of society. Today, when in a number of the Spring countries there is a growing divide in society and an increasing confrontation between the Islamists, who came to power on the protest wave, and the liberal pro-secular forces, logically Ankara should side with the latter.

However, in reality, its authorities, following their narrow party interests, are playing into the hands of those forces in the Arab countries which, by striking the Islamist chords, are pulling their countries back.

Yuri Kirillov, an expert on the Middle East and North Africa, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

samedi, 24 août 2013

Turquie: coup dur contre l’armée

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Bernhard TOMASCHITZ:

Turquie: coup dur contre l’armée

Le procès du réseau Ergenekon en Turquie sert à renforcer le processus de ré-islamisation voulu par Erdogan et à éviter un scénario à l’égyptienne

Au bout de cinq années, enfin, le procès contre la très hypothétique “société secrète” Ergenekon vient de prendre fin en Turquie. Plusieurs verdicts de culpabilité ont été prononcés. Le Tribunal de Silivri, près d’Istanbul, n’a acquitté que 21 prévenus sur les 275 accusés: tous les autres ont écopé de nombreuses années de prison, certains ont reçu la perpétuité. Parmi eux, beaucoup de militaires, dont l’ancien chef de l’état-major, Ilker Basbug. On reproche aux condamnés d’avoir fomenté un putsch: parmi eux, il n’y a pas que des militaires, il y a aussi des hommes de science, des hommes politiques et des journalistes.

Des militaires et quelques civils auraient amorcé un complot en 2003, sous le nom de code “Marteau préventif”. Selon les plans prévus, les comploteurs auraient voulu faire sauter une grande mosquée un vendredi, jour de prière, et provoquer le voisin grec de façon à ce qu’un appareil turc aurait été abattu. Les conséquences de ces deux actions auraient été telles, prévoyait le plan, qu’une agitation générale aurait secoué le pays, si bien que l’armée aurait pu, en toute bonne conscience, intervenir et se poser en “force salvatrice du pays”.

Mais, en fait, on ne sait pas très bien si la société secrète Ergenekon, baptisée du nom du foyer territorial initial des peuples turcs en Asie centrale, existe vraiment... Le procès est dès lors contestable, lui aussi, et le tribunal d’appel d’Ankara statuera une dernière fois sur les jugements prononcés. Bon nombre d’observateurs critiquent les preuves avancées et les contradictions flagrantes énoncées au cours de la procédure. On reproche surtout au premier ministre islamiste Recep Tayyip Erdogan de manipuler la procédure pour en finir avec ses vieux ennemis politiques. “Cette procédure n’a d’autres motivations que politiques”, a déclaré l’un des accusés, Mustafa Balbay, dans la salle du tribunal. Quant au député de l’opposition Umut Oran, il a déclaré: “C’est un procès mis en scène par Erdogan, c’est là son théâtre”. Pour l’organisation “Reporters sans frontières”, ce procès a démontré une fois de plus qu’une réforme générale de la justice est indispensable en Turquie.

Quoi qu’il en soit, il est certain qu’Erdogan, par ce procès, vient de porter un coup très dur à son principal adversaire politique, l’armée, qui se veut la gardienne de l’héritage laïque kémaliste. Débarrassé de l’armée, Erdogan peut poursuivre sa politique de ré-islamisation de la Turquie. C’est dans cette optique que l’on peut interpréter les procédures lancées contre de prétendus “ennemis de l’islam” ou de “blasphémateurs”. Le procureur d’Istanbul exige ainsi des peines avec sursis de neuf à dix-huit mois de prison pour les animateurs d’une plateforme populaire sur internet et pour 39 utilisateurs connus de ce portail parce que ces accusés auraient proféré des propos blasphématoires outrepassant les limites accordées à la liberté d’expression.

Outre le but de ré-islamiser la société turque, les jugements portées contre les soi-disant activistes de la société secrète Ergenekon ont encore un autre objectif: Erdogan veut éviter à tout prix un “scénario à l’égyptienne” où, vu les protestations incessantes —depuis la fin mai 2013 les manifestations anti-gouvernementales ne cessent plus—, l’armée pourrait prendre le prétexte d’intervenir pour démettre les élus du peuple de leurs fonctions. Erdogan a sévèremement critiqué le coup des militaires égyptiens et déploré le renversement du Président Mohammed Mursi, un Frère Musulman. Lorsque le ministre américain des affaires étrangères John Kerry a commenté brièvement l’élimination de Mursi en ces termes: “finalement, ce putsch a restauré la démocratie”, la réponse turque ne s’est pas fait attendre: le vice-premier ministre turc Bekir Bozdag a répondu sur Twitter: “L’armée a-t-elle un jour aussi rétabli la démocratie dans les Etats de l’UE ou aux Etats-Unis? Les coups d’Etat n’apportent pas la démocratie: ils ruinent et détruisent la voie vers la démocratie. Comme en Egypte”.

Il y a toutefois de bonnes raisons de penser que les Etats-Unis pourraient tenter de semer le désordre en Turquie; en effet, les relations entre Ankara, d’une part, et Washington et Tel Aviv, d’autre part, se sont considérablement détériorées depuis quelques années. L’une des raisons majeures de cette détérioration vient d’un concept mis en oeuvre par le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu, celui de la “profondeur stratégique” nécessaire à la Turquie. Ce concept structure désormais la ligne de conduite de la diplomatie turque. Pour pouvoir devenir une puissance régionale, dont l’aire d’influence correspondrait à celle de l’ancien Empire ottoman, la Turquie doit entretenir de bonnes et étroites relations avec tous les acteurs importants de la région. Parmi ces acteurs, il y a évidemment des Etats que Washington considère comme des “Etats-voyous” qu’il faut ramener à la raison en provoquant en leur sein des changements de régime. Ankara ne se soucie guère des classifications américaines.

Des cercles et caucus importants aux Etats-Unis ont pris position. Ainsi, Freedom House, organisation propagandiste américaine, reproche au gouvernement d’Erdogan de commettre de graves entorses aux principes des droits de l’homme. Le but de ces reproches n’est évidemment pas de promouvoir véritablement les droits de l’homme et du citoyen en Turquie; le but réel est de ramener au plus vite cet Etat-clef d’Asie Mineure, qui est un “pays de transit”, dans le giron de l’américanosphère. Dans une publication de “Freedom House”, on peut lire ce passage dépourvu de toute ambigüité: “En tant que pays stratégiquement très important, la Turquie doit impérativement se démocratiser et viser une intégration plus étroite encore à l’Europe; ce serait non seulement important pour le pays lui-même mais aussi pour l’ensemble de ses voisins voire au-delà”.

Tout en critiquant la politique étrangère du Président Obama qu’ils jugent trop molle, les cercles néo-conservateurs sont encore plus explicites. Michael Rubin, animateur de la boîte-à-penser “American Enterprise Institute”, écrivait en mai sur “la rupture prochaine dans les relations américano-turques” et dressait l’inventaire des péchés commis par Erdogan: “Au cours de cette dernière décennie, les conflits potentiels entre Washington et Ankara ne se sont pas apaisés (...) Jadis, la Turquie, les Etats-Unis et Israël coopéraient très étroitement; aujourd’hui, la rupture entre Ankara et Jérusalem constitue un souci permanent pour les Etats-Unis (...) Tandis que les affaires étrangères américaines soutiennent les autorités autonomes palestiniennes, la Turquie favorise, elle, le Hamas”.

En fin d’article, Rubin nous livre sa conclusion: “La Turquie constitue de plus en plus un obstacle à l’unité de vues au sein de l’OTAN: dans l’avenir, elle constituera une question ouverte dans l’alliance”. Enfin, tout nouveau président américain sera amené “à prendre des décisions graves à propos de la Turquie”.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°33-34/2013; http://www.zurzeit.at ).

jeudi, 04 juillet 2013

Hoog lid Erdogans AKP dreigt Berlijn met 3,5 miljoen Turken in Duitsland

Hoog lid Erdogans AKP dreigt Berlijn met 3,5 miljoen Turken in Duitsland

Radicalisering Turken in Europa door islamistische Gulenbeweging - Erdogan moedigt gebruik van vlag Ottomaans Rijk aan


Erdogan moedigt het gebruik van de Ottomaanse vlag inmiddels openlijk aan.

Onopgemerkt -of opnieuw bewust genegeerd- door de Westerse media is een uiterst veelzeggend dreigement dat Melih Gökcek, de burgemeester van de Turkse hoofdstad Ankara en een vooraanstaand lid van premier Erdogans AK Partij, deze week aan het adres van de Duitse regering Merkel heeft gedaan vanwege de kritiek die Berlijn had op het keiharde neerslaan van de massademonstraties in Turkije. 'Duitsland zou voorzichtig moeten zijn. In Duitsland leven 3,5 miljoen Turken.' In april 2012 schreven we al dat de regering in Ankara van plan was om de in Europa woonachtige Turken te mobiliseren, om zo de belangen van Turkije en de islam te 'verdedigen'. Hiervoor werd in 2010 zelfs een speciaal ministerie opgericht.

Westerse 'inmenging'

De flamboyante burgemeester Gökcek was woedend om wat hij de 'Westerse inmenging' bij de massale demonstraties tegen de regering Erdogan noemde. Hij beschuldigde een BBC-journalist ervan een geheim 'agent' te zijn die tot acties tegen de regering zou hebben opgeroepen, en op Twitter voerde hij een ware veldslag tegen CNN. Tevens kondigde hij op TV aan een campagne tegen Duitsland op te zullen starten. Als voorbeeld van de 'inmenging' noemde hij de Duitse pianist Davides Martello, die op het Taksimplein in Istanbul een paar deuntjes had gespeeld 'om de bevolking op te hitsen'.

'Vijandige buitenlandse machten'

De regering Erdogan geeft inmiddels 'vijandige machten' in het buitenland de schuld van de demonstraties, die nog altijd doorgaan. Een paar weken geleden wees Erdogan al 'bankiers' in het buitenland als de plannenmakers achter de schermen aan. (3) Gökcek eist inmiddels een verbod op de seculiere oppositiepartij CHP, die volgens hem de aanstichter van de protesten is. Ook wil de AKP de regels voor Twitter verscherpen, om daarmee de negatieve berichtgeving over de regering in te dammen.

De Turkse kritiek op de regering Merkel had ook te maken met de aanvankelijke blokkade die Duitsland opwierp tegen een nieuwe onderhandelingsronde over de toetreding van Turkije tot de Europese Unie. Nadat hier alsnog overeenstemming over werd bereikt matigde de regering Erdogan zijn toon. Minister van Economie Zafer Caglayan zei dat het antwoord op Merkels voorlopige afwijzing van de Turkse toetreding 'hoffelijk' moest blijven.

Getuigen van dodelijk politiegeweld opgepakt

Tegelijkertijd komen er steeds meer berichten uit Turkije over toenemende intimidatie en geweld door de veiligheidstroepen. Zo zei de advocaat van de familie van de door politieagenten doodgeschoten demonstrant Ethem Sarsülük dat de politie twee getuigen van de dodelijke schietpartij heeft gearresteerd. Het lijkt er sterk op dat de regering demonstranten en getuigen wil bang maken. De agent die Sarsülük doodschoot werd daarentegen weer op vrije voeten gesteld.  (1)

Afgelopen avond en nacht kwam het in het zuidoosten van Turkije tot nieuwe ongeregeldheden. Bij een militaire politiepost in Lice/Diyarbakir werd vrijdag een 18 jarige demonstrant doodgeschoten. Volgens de BDP partij heeft de militaire politie gericht met scherp geschoten, waardoor in Istanbul opnieuw honderden mensen de straat opgingen om tegen het regeringsgeweld te protesteren. (2)

Speciaal ministerie om Turken in buitenland te mobiliseren

De waarschuwing van burgemeester Gökcek zal in Europa waarschijnlijk lacherig worden weggewuifd, maar kan maar beter heel serieus worden genomen. In 2010 richtte de regering Erdogan het ministerie voor Turken in het Buitenland op, dat speciaal is bedoeld om de in het buitenland woonachtige Turken, met name in Europa, te mobiliseren om samen een vuist te maken en de belangen van Turkije en de islam te 'verdedigen'.

Aan de buitenkant klinkt dat wellicht nog niet zo dreigend, ware het niet dat er in 2010 een speciale geheime bijeenkomst met 1500 in het buitenland woonachtige Turkse politici en zakenmensen werd georganiseerd om dit omvangrijke project op poten te zetten. Ook werden er vorig jaar twee grote conferenties georganiseerd om een strategie op te stellen hoe de invloed van de in Europa woonachtige Turken kan worden vergroot.

Islamistische Gulenbeweging bestuurt AK Partij

Bovendien is de Turkse vicepremier en theoloog Bekir Bozdag, die aan het hoofd van het bewuste ministerie staat, een aanhanger van de beruchte extremistische islamistische Gulenbeweging, die openlijk pleit voor het met leugens en misleiding ondermijnen van de Westerse samenleving en daarbij uiteindelijk geweld en terreur niet schuwt. De vrees bestaat dan ook dat Bozdag het omvangrijke internationale netwerk van de Gulenbeweging de ruggengraat van zijn 'mobilisatie'plannen heeft gemaakt, waardoor de in Europa wonende grote Turkse gemeenschap sterk zal radicaliseren.

In Turkije worden critici van de Gulenbeweging inmiddels als 'terreurverdachten' vastgezet. De oprichter van de beweging, Fethullah Gulen -door sommigen beschouwd als de gevaarlijkste islamist ter wereld-, vluchtte in 1998 naar de VS omdat de toenmalige seculiere Turkse regering hem wilde arresteren vanwege zijn plannen om van Turkije een radicaal islamistische staat te maken. Vanuit Amerika controleert Gulen de heersende islamitische AKP partij van premier Tayyip Erdogan, die net als president Abdullah Gul een heimelijke discipel van Gulen is.

Erdogan moedigt Ottomaanse vlag aan

Gezamenlijk streven de AKP- en Gulenleden naar de wederoprichting van het Turks-Ottomaanse Rijk. 'Wij zullen weer heersen van Sarajevo tot Damascus,' voorspelde de Turkse minister van Buitenlandse Zaken Davutoglu eerder dit jaar aan zijn Amerikaanse collega John Kerry. Veelzeggend is dat Erdogan zijn aanhangers inmiddels aanmoedigt om de vlag van het Ottomaanse Rijk te gebruiken (4). In zijn toespraak vorige week in Erzurum, de grootste stad van Oost Turkije, zei hij:

'Hang de Turkse vlaggen aan uw huizen op... Maar liever nog zou ik willen dat u daarnaast aan uw balkon de Ottomaanse vlag ophangt, die drie halve manen heeft. Dat zullen we verwelkomen, want we zijn trots op de Ottomaanse vlag (4).' Historisch gezien is deze vlag het symbool van het islamistische theocratische systeem waar het Ottomaanse Rijk op gebaseerd was, wat anno 2013 door Erdogan en de AKP opnieuw wordt nagestreefd.

'We hebben genoeg van deze arrogante premier'

Een Turkse zakenman: 'We hebben genoeg van deze premier, zijn dagelijkse uitbranders, zijn bemoeienis met hoeveel kinderen we zouden moeten krijgen (drie per gezin), zijn verbod op zoenen in het openbaar, zijn verbanning van alcohol tussen 10 uur 's avonds en 6 uur 's ochtends (behalve in toeristengebieden) en zijn derde brug over de Bosporus (die wordt genoemd naar Sultan Selim de Meedogenloze, die in de 16e eeuw Egypte annexeerde en van de Ottomanen het machtigste islamitische rijk maakte)... Erdogans stijl is zo onvriendelijk en arrogant geweest, dat de mensen nu zeggen dat het genoeg is geweest en de straat op gaan.' (5)

Xander

(1) Tagesspiegel
(2) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(3) Ynet News
(4) Hurriyet (via Walid Shoebat)
(5) Huffington Post

Zie ook o.a.:

10-06: Erdogans megamoskee in VS wordt Ottomaanse 'ambassade'
05-06: Gatestone Instituut: VS helpt herstel Turks-Ottomaans Rijk
23-03: Turkse minister BuZa: Wij zullen weer heersen van Sarajevo tot Damascus
21-03: Jordaanse koning waarschuwt het Westen voor Turkse premier Erdogan
12-03: Duitse geheime dienst: Turkije werkt al jaren aan kernwapens
01-03: Turkse premier Erdogan: Israël en kritiek op islam zijn misdaden tegen mensheid
02-02: Turkse minister BuZa roept Syrië op Israël aan te vallen

2012:
04-07: Turkse rechter: ' ... Erdogan en president Gül jagen het Ottomaanse Rijk na'
18-06: Turkije wil terugkeer machtigste en gevaarlijkste islamist ter wereld
18-04: Turkse regering gaat miljoenen Turken in Europa mobiliseren (/ Turkse vicepremier gaat extreem islamistische Gülen beweging inzetten)

2011:
12-07: Turkije wil leger verdubbelen naar 1 miljoen man (/ Erdogan impliceert nieuw Ottomaans Rijk inclusief Sarajevo en Jeruzalem)
09-06: Turkse opperrechter: Erdogan is tiran en wil sultan van het Midden Oosten worden

2010:
09-12: WikiLeaks (8): Turkije wil Europa islamiseren via lidmaatschap EU (/ 'Wraak op Europa vanwege nederlaag bij Wenen')
08-04: Gevaarlijkste islamist ter wereld is een Turk en leeft veilig in Amerika

lundi, 24 juin 2013

Turquie: détricoter le kémalisme

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“M.”/” ’t Pallieterke”:

Turquie: détricoter le kémalisme

Le mécontentement qui agite la Turquie à l’heure actuelle a des racines profondes mais fort hétérogènes. Un large éventail de motivations anime les contestataires mais l’Occident ne braque les projecteurs de ses médias que sur la relation difficile qui a toujours existé entre l’Etat et la religion dans la République turque. On peut le comprendre. Les émeutes nocturnes ne sont que le sommet de l’iceberg: voilà ce qui importe de constater. Le pays connait depuis des années des glissements considérables. Ils ont toujours été minimisés ou ignorés.

Si le Proche et le Moyen Orient nous ont appris quelque chose au cours des dernières années écoulées, c’est bien que le terme “révolution” doit être pris, désormais, avec des pincettes. On ne peut plus l’utiliser à tort et à travers. Le syndrôme “Vivaldi”, qui consiste à placarder le rythme des saisons sur la vie politique des peuples arabo-musulmans, est, lui aussi, une aberration qu’il faudra bien vite jeter à la poubelle de l’histoire. Donc, disons-le une fois pour toutes, il n’est pas question d’évoquer ici un “printemps turc” tout comme il n’y a plus lieu de répéter à satiété la formule “printemps arabe”. La Turquie, d’abord, est un pays bien différent de l’Egypte ou de la Tunisie d’il y a deux ans. Le premier ministre turc Erdogan, dans certains cas, agit de manière aussi tyrannique que le faisaient Mubarak en Egypte ou Ben Ali en Tunisie mais, force est aussi de constater, qu’il a gagné les élections trois fois de suite. Les adversaires de son régime font face à un gouvernement bien ancré, qui a engrangé quelques beaux succès économiques. Ce n’est là qu’un premier aspect de la situation actuelle de la Turquie qui nous intéresse ici.

Dans les médias en général, on a tendance à utiliser des anecdotes hautes en couleurs pour simplifier les choses qui, en réalité, ne sont pas simples du tout. Exemple: quelques habitants d’un quartier d’Ankara sortent le soir de chez eux en frappant des couvercles de casseroles avec des cuillers en scandant des slogans pro-kémalistes comme “Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal”, vociférés par des jeunes gens qui passent à toute vitesse en voiture. Quand les médias extrapolent et mettent ce type d’incident en exergue, cela devient la narration médiatique d’une “résistance séculière contre la ré-islamisation” envisagée par Erdogan. On a commis la même erreur en Egypte. Quelques manifestants sur la Place Tahir militaient effectivement pour une démocratisation du pays mais, en bout de course, la plupart des manifestants qui se sont joints à eux avaient de toutes autres idées derrière la tête, tout en voulant, eux aussi, chasser Moubarak du pouvoir. Sur la Place Taksim, c’est le même topo. L’Occident évoque certes un ressentiment chez les forces séculières et laïques mais, simultanément, tente de relativiser ce mécontentement . A tort, nous semble-t-il, car il y a vraiment, en Turquie, aujourd’hui, un ressentiement kémaliste.

Tansu Çiller

C’est un fait incoutournable: au cours de ces dernières années, le gouvernement AKP a provoqué des transformations profondes au sein de la tradition séculière du pays. Ainsi, de manière systématique, le gouvernement verse plus de fonds aux écoles religieuses au détriment des établissements d’enseignement qui entendent promouvoir un regard séculier sur la société. Pour des raisons financières, les écoles se transforment, par la force des choses, en institutions religieuses. Rien qu’à Istanbul, 98 écoles primaires ont déjà franchi le pas. Conséquence logique de cette politique de subsides: suivre les cours dans une école séculière devient plus cher et n’est plus accessible qu’aux seules classes aisées. Les familles normales sont obligées désormais de faire suivre un itinéraire religieux à leurs enfants.

Le climat est bien différent aujourd’hui qu’hier, disent tous ceux qui sont à même de comparer. Apparemment, il faut du culot et du courage désormais pour manger en public pendant la période du Ramadan. Il y a deux ans, deux amoureux se sont embrassés dans le bus (public!): une émeute a failli se déclencher... La colère du chauffeur (“Mon bus n’est pas un bordel!”) a été suivie d’une action de protestation en faveur des deux tourtereaux, suivie d’une deuxième action de protestation, religieuse celle-là, et hostile, comme il se doit, à ces deux “dangereux pervers”. Au cours des années écoulées, la violence à l’endroit des femmes aurait augmenté de 1400%. Mais lorsqu’on a appris qu’un homme de 78 ans avait des relations sexuelles avec une jeune fille de 14 ans, aucun acteur en vue de la sphère religieuse n’a émis de protestation. Ensuite, que faut-il penser d’un premier ministre qui appelle les femmes à rester chez elles et à faire beaucoup d’enfants? Rappelons qu’Erdogan est l’homme politique qui a un jour déclaré que la démocratie, c’était un autobus: “Dès qu’on arrive à destination, on en sort!”. Dans son cas, et vu les incidents de ces dernières semaines, cette réflexion est exacte. Récemment, une loi réglementant de manière drastique la vente d’alcool a suscité du mécontentement. Elle a été concoctée par les députés de l’AKP, soi-disant pour éviter les abus, alors que la Turquie est le pays de l’OCDE qui présente la consommation d’alcool la plus basse... Ce ne sont là que quelques exemples dans une longue série. Tout cela se déroule, rappellons-le aussi, dans un pays qui, il y a vingt ans seulement, avait une femme pour premier ministre: Tansu Çiller, ancienne étudiante de Yale.

Les forces armées

L’absence de toute influence religieuse sur la vie socio-économique est un trait caractéristique de tout Etat séculier. En Turquie, aujourd’hui, il faut bien constater que de nombreuses initiatives gouvernementales visent à ruiner le caractère séculier de l’Etat. Le changement de donne s’observe surtout au sein des forces armées et est sans doute l’indice le plus patent de ce glissement. On a certes appris que des soldats ont distribué des masques à gaz aux manifestants hostiles à Erdogan et ont évacué les blessés vers des hôpitaux militaires. Mais, mis à part de tels cas, on s’est également aperçu que l’emprise religieuse est désormais plus forte dans l’armée, certainement dans le corps des sous-officiers. N’oublions pas qu’un général turc sur dix est actuellement en prison, pour participation présumée à la préparation d’un quelconque coup d’Etat. Dans le passé, on disait que la Turquie était un simple decorum d’Etat autour d’une armée, noyau réel de la République. Cette armée était la gardienne de la tradition séculière voulue jadis par Atatürk. Aujourd’hui, cette armée est soumise à deux pressions: sa composition est plus marquée par la religion et par ailleurs elle perd tout soutien politique. Les pouvoirs politiques réduisent les moyens mis à disposition de l’armée. Plusieurs analystes constatent en effet que le nombre d’accident d’avions militaires, ces derniers temps, sont l’effet de ces restrictions.

La République turque, née en 1923, a été un laboratoire fort intéressant. Dans quelle mesure les principes de démocratie et de sécularisme étaient-ils compatibles dans une société musulmane? Bien sûr, un certain équilibre a été atteint, pendant un assez long moment de l’histoire de la Turquie kémaliste, mais, aujourd’hui, force est de constater que ces équilibres n’existent quasi plus. Personne n’ose augurer ce que deviendra la Turquie le jour du centième anniversaire de la République. Ah oui... n’oublions pas que la Turquie, par dessus le marché, est candidate à l’adhésion pleine et entière à l’UE...

“M.” / “ ’t Pallieterke”, Anvers, 19 juin 2013.

mercredi, 12 juin 2013

Mai 68 en Turquie

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Mai 68 en Turquie :
Réelle malvie et nostalgie d’empire

«L’érudition n’est pas la science, de même que les matériaux ne sont pas l’édifice.»

 Proverbe turc

Des émeutes de plus en plus incontrôlables eurent lieu ces derniers jours en Turquie. Mis en cause un projet d’urbanisation et aussi la dureté de la répression par la police. La résistance face aux projets de construction dans le parc Gezi, dans le quartier Taksim à Istanbul, s’est transformée, ce week-end, en une remise en cause globale de la politique du gouvernement turc, et la révolte s’est propagée dans toute la Turquie.

Les médias occidentaux pensaient et pensent  que le dernier «domino» allait tomber. Ils ont présenté cette colère comme celle d’une Turquie ultralaïque qui en a marre de l’AKP et tout est fait pour forcer l’analogie avec les places Tahrir et partant avec les tyrans arabes. Pas un mot d’une analogie avec mai 1968 en Europe au sortir des trente glorieuses bâties sur la sueur des émigrés. Quand Daniel Cohn-Bendit et ses camarades avaient mis à mal le gouvernement de De Gaulle ce n’était pas pour du pain comme la plupart des révoltes dans les pays arabes, mais c’était pour secouer un ordre ancien en interdisant d’interdire…

Les journalistes voulaient ainsi, montrer que ce mouvement «spontané» touchait toutes les couches de la société, toutes sensibilités, jeunes ou vieux, mais en filigrane on sent l’attaque contre l’Islam, avec les allusions à l’alcool à la laïcité, au mode de vie à l’européenne Florilèges de quelques impressions le plus souvent sollicitées par les journalistes occidentaux qui avaient un cap: «Il y avait longtemps que le ´´peuple´´ n’avait pas réagi, malgré les restrictions sur l’alcool, l’annulation de certaines fêtes nationales par le gouvernement, l’impossibilité d’organiser le 1er-Mai… » (1)

 « A croire que tous les esprits s’étaient accordés: dans les rues d’Ankara, jeunes actifs, étudiants, pères et mères de famille, issus des classes moyenne et populaire marchaient ensemble pour soutenir Istanbul sans mauvaises intentions. A la base de toutes les manifestations qui se sont multipliées en Turquie pendant trois jours, il y a une colère irrésistible qui s’est développée pendant le gouvernement de l’AKP (le Parti pour la justice et le développement d’Erdogan). Les citoyens turcs sont confrontés à une attitude et une politique de renoncement par le gouvernement de plusieurs valeurs morales importantes pour les Turcs. Tout d’abord, des attitudes hostiles contre Atatürk et ses valeurs, comme la République, les fêtes nationales, la laïcité. (…) Les hommes dans ces manifestations ont essayé de souligner que nous n’avons pas seulement des valeurs religieuses, mais aussi celles nationales, sociologiques et plus profondément des valeurs réelles. Nous ne voulons pas une Istanbul qui devient un bazar de bâtiments et de shopping centers’. Nous ne voulons pas vivre dans une ville où les arbres sont coupés au nom d’une régularisation de l’environnement sans prendre l’avis des Stambouliotes.»(1)

Il y a cependant d’autres causes objectives. Il est vrai que l’on ne peut pas vivre uniquement pour survivre. Il est nécessaire que les corps exultent et toutes les conditions sont réunies pour que la mayonnaise prenne :

«Cette révolte peut être résumée par deux réalités: la jeunesse étudiante, se réclamant de Mustafa Kemal Atatürk, est dans la rue pour dénoncer la pratique trop longue du pouvoir de l’AKP. Mais il y a aussi la réalité alévie, niée par les médias: cette minorité religieuse en Turquie dénonce la politique fondée sur le sunnisme de M.Erdogan, qui se traduit par sa politique contre Bachar Al- Assad et le nom choisi au futur pont à Istanbul: Selim Ier ou Yavuz Sultan Selim, le sultan génocidaire des Alévis… La population veut simplement que le gouvernement respecte leur mode de vie, sans les insulter ni tenter d’islamiser la société. Beaucoup parlent de ´´démocratie à reculons´´, car les droits et les libertés sont de plus en plus limités. Depuis onze ans, nous sommes chaque jour un peu plus pris en étau par Erdogan, qui est le seul acteur dans toutes les lois et les sanctions grâce à son fort pouvoir au Parlement. (…) il insulte Mustafa Kemal Atatürk, notre grand héros et fondateur de la Turquie moderne et laïque, et ses sympathisants. (…) Nous sommes des socialistes, des républicains, des communistes, des libéralistes, des démocrates, des anarchistes. Nous sommes musulmans, athées, chrétiens, juifs. Nous sommes des gens qui nettoient les rues le lendemain de ´´la guerre´´.» (1)

Parti du parc Gezi à Istanbul, le mouvement de contestation en Turquie a surpris, autant par sa soudaineté que par son ampleur et son expansion à plus de quarante villes de province. ´´A Istanbul, comme à Ankara ou Izmir, cela était attendu depuis des mois. Les journaux étaient inondés de signaux alarmants à destination du pouvoir indiquant que les choses ne pouvaient continuer comme cela en matière de contrôle du corps et de l’espace public´´, analyse Hamit Bozarslan, historien à l’Ehess. (…)Parmi ces manifestants, nombreux sont sans affiliation politique mais ont une sensibilité de gauche libérale, écologiste, défendent les droits de l’homme, ´´Ces contre-pouvoirs se sont émoussés ces dernières années´´, indique Jean Marcou »

    « « La dérive autoritaire est très claire depuis 2008-2009. Il y a un culte de puissance. Individuel: Recip Tayyep Erdogan est devenu très puissant et dans son amour-propre, il n’arrive pas à comprendre pourquoi il est défié. National: de la Turquie qui se projette comme une superpuissance mondiale. Du parti: l’AKP est un super-parti avec 50% d’opinions favorables après onze ans au pouvoir. ´´On n’est pas dans un processus de soulèvement, de printemps turc’ comme on a pu le lire ici et là, car le pouvoir est politiquement et électoralement légitime´´, indique Jean Marcou. La société turque est devenue extrêmement conservatrice au cours des vingt dernières années. ´´Elle a été marquée, comme dans le reste du Moyen-Orient, par une crise identitaire violente allant dans le sens d’un conservatisme social face aux transformations socio-économiques considérables. Ce qui explique l’hégémonie de l’AKP´´, explique Hamit Bozarslan» (2).

Pour rappel, samedi 1er juin, tard dans l’après-midi, les forces de police se sont retirées de la place. Les bars de la rue de Pera sont envahis de jeunes gens exprimant leur frustration à grand renfort de bière. Les gens se pressent autour de moi pour me parler, l’air frondeur et déterminé. Ils demandent le départ du gouvernement d’Erdogan et sont résolus à rester sur la place Taksim tant qu’il le faudra. ´´Tous les Turcs ne sont pas pareils, me disent-ils. Il y a des Turcs, des Kurdes, des alévis et d’autres minorités, les gays, les hétéros et tout ça. Nous voulons que tout le monde soit respecté et accepté.» (3)

Pourquoi les manifestations contre un projet d’urbanisme à Istanbul se sont-elles transformées en protestations contre le pouvoir du Premier ministre? Parce que celui-ci s’est isolé dans un refus des critiques et semble avoir choisi la fuite en avant, estime un éditorialiste. Erdogan, qui s’est enfermé dans une tour d’ivoire où aucune critique ne peut plus l’atteindre, ne veut pas voir que les projets qu’il a décidés et qu’il estime utiles à la collectivité suscitent en réalité de sérieuses objections dans de nombreuses franges de la société. Il ne veut pas non plus entendre que cette société n’accepte plus que tous les mécanismes de décision ne se trouvent plus que dans les mains d’un seul homme. (…) Il n’a pas compris que ménager la minorité, même s’il dispose d’une majorité confortable, n’est pas le signe d’un manque de puissance mais bien une preuve de vertu, et que le pouvoir faire montre de souplesse quand il le faut n’est pas un signe de faiblesse mais bien d’une grande intelligence politique.

Par ailleurs à l’international après avoir, littéralement, contribué  à la « fitna » ( le chaos)  dans le Monde arabe, Erdogan se permet de par une ivresse du pouvoir, de donner des leçons çà et là dans le Monde arabe, Erdogan subit lui-même la colère de son peuple. « Erdogan commence à subir l’effet retour de sa politique d’ultralibéralisme défavorable aux pauvres et d’ingérence coûteuse dans les affaires syriennes. Le peuple turc ne veut pas de la politique d’Erdogan qui a coupé ses contacts commerciaux via la Syrie. Il veut la paix, le bon voisinage. Toutes les tendances ont des griefs: les laïcs, les Kurdes, les Alévites, les Arabes, les communistes en ont assez, mais aussi les partis islamistes d’opposition en ont assez de l’alliance entre la Turquie à l’Otan et à Israël. Tout cela sous couvert hypocrite d’islam ». (4).

La réalité du « modèle turc »

Pourtant, Erdogan c’est 52% des voix et 70% d’opinions favorables en Turquie, c’est l’homme qui a sorti le pays du tiers-monde et son gouvernement est considéré comme le plus populaire depuis l’avènement de la Turquie. Il y a une réalité: cet ancien empire est en train de revenir sur le devant de la scène. La Turquie de par son histoire, sa profondeur stratégique, son poids démographique, près de 80 millions, est en train de s’affirmer comme un pays émergent qui a toute sa place dans le Bric’s. Pour rappel, la Turquie d’Atatürk avait octroyé le vote aux femmes dès les années 30 bien avant la plupart des pays européens

«Contrairement à l’Union européenne, en plein marasme économique et politique, écrit José Ignacio Torreblanca, c’est un pays sûr de lui et en plein essor économique qui se rend aux urnes le 12 juin. Une puissance émergente érigée en modèle par les démocraties moyen-orientales naissantes et que l’UE n’a pas su garder dans son giron. Cela faisait des années qu’on se demandait si la Turquie était européenne ou asiatique, si elle était tournée vers l’Occident ou vers l’Orient, et on a enfin trouvé la réponse. En fait, la question était mal posée. La Turquie ne va ni vers l’est ni vers l’ouest, elle va vers le haut. En seulement une décennie, la Turquie a vu son PIB multiplié par quatre, passant de 200 à 800 milliards de dollars (550 milliards d’euros); elle a triplé son revenu par habitant, qui est passé de 3000 à 10.000 dollars; elle a réduit sa dette publique de 75% à 40% du PIB et ramené sa prime de risque très en dessous du niveau de la plupart des pays du sud de l’Europe. Entre-temps, l’Union européenne stagne, et beaucoup se demandent si elle n’a pas cessé de progresser, si son avenir n’est pas marqué par le déclin, si les Européens ne sont pas résignés à un recul de leur niveau de vie.(5)

« Poursuivant son plaidoyer, sur le feuilleton de l’adhésion à l’Europe depuis 1959, Ignacio Terreblanca écrit: «Alors même que l’Europe débattait sur l’adhésion de la Turquie, s’offrant le luxe de négliger ce pays, voire de le mépriser ouvertement, les Turcs ont battu en brèche tous les stéréotypes et ont volé de succès en succès. (…) Cette Turquie pauvre et analphabète qu’on nous a si souvent dépeinte, qu’on disait peuplée de paysans anatoliens ignorants, avides de prendre d’assaut la forteresse du bien-être européen, appartient au passé. Dans les rues de Rabat, de Tunis ou du Caire, l’Europe a cessé d’être le modèle à suivre au profit de la Turquie, un pays qui démontre qu’il peut être à la fois musulman, démocratique et prospère, et même avoir une politique extérieure indépendante, non soumise aux diktats de l’Occident. Apparue dans un espace méditerranéen sous le joug de dictatures serviles, la Turquie [du Premier ministre] Recep Tayyip Erdogan laisse présager un avenir où de nombreux régimes indépendants et fiers n’hésiteront plus à montrer du doigt l’Europe quand elle appliquera deux poids, deux mesures face à Israël, à l’ouverture des marchés, aux droits de l’homme, à la prolifération nucléaire ou à l’immigration».(5)

Il est vrai que nous sommes toujours à la promesse d’adhésion en 1999, les négociations durent depuis huit ans et des pays autrefois communistes sont maintenant adoubés, même la partie cypriote grecque fait partie de l’Union. Juste retour des choses, cette partie envie l’autre partie cypriote turque et il n’est pas sûr que les Turcs veulent bien encore d’une adhésion, à moins que cela l’Europe du déclin en fasse la demande.

L’ivresse du pouvoir et la nostalgie de l’empire perdu

Cependant tout n’est pas rose ; Au fil du temps Erdogan, devient de plus en plus mégalomane. Hassan Cemal ancien journaliste licencié nous parle de la folie des grandeurs et de la dérive progressive d’Erdogan lui qui a connu la torture. : « Erdogan, lui aussi, a connu la prison, et il y a même été torturé. (…)Dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union européenne (UE), il a réalisé des avancées indéniables sur le plan du droit et de la démocratie. Il a ainsi mis un terme à la tutelle que l’armée exerçait sur la société et a fait en sorte que l’autorité militaire dépende désormais de l’autorité civile élue, c’est-à-dire du gouvernement, ce qui était juste. Sauf qu’il s’est ensuite substitué aux militaires qui freinaient le processus démocratique et s’est mis à son tour, considérant qu’il incarnait désormais l’Etat, à bloquer cette évolution démocratique.  Il est ainsi devenu avec le temps l’unique source du pouvoir, à tel point qu’il s’est mis à penser que “l’Etat, c’était lui”. Tout en recourant de plus en plus souvent à la force, il a, peut-être sans s’en rendre compte, été pris par une sorte d’ivresse du pouvoir. Une sorte d’orgueil d’enfant gâté qui ne veut plus lâcher le pouvoir, qui sait tout et qui ne tolère plus aucune critique » (6)

On l’aura compris l’ivresse du pouvoir la nostalgie d’empire a fait que progressivement il en soit amené à vouloir tout contrôler  et particulièrement le quatrième pouvoir des médias qui en vinrent à être tétanisés au point que la couverture de la révolte soit minimisée voire ignorée .Hassen Cema poursuit : «  (…) Il s’est aussi permis de réunir à Ankara les patrons de médias et des rédacteurs en chef pour leur expliquer quelles étaient les lignes rouges à ne pas franchir. C’est encore lui qui a le dernier mot lorsqu’il s’agit de savoir comment les journaux et les chaînes de télévision doivent être répartis entre ces différents patrons. Il décide alors à qui on va ôter un quotidien ou une chaîne et à qui on va les réattribuer. L’ombre d’Erdogan sur les médias s’est fait sentir dans la façon dont ont été couverts les événements du parc Gezi. Nous avons ainsi pu mesurer l’état pitoyable des médias dont la couverture de cette mobilisation a été scandaleuse.  (…) Le nombre de journalistes et d’éditorialistes qui ont perdu leur job à la suite des manœuvres en coulisse n’a cessé d’augmenter. (6)

Enfin parlant des disparités ethniques le journaliste pointe du doigt le peu d’effort d’Erdogan pour régler les problème  des minorités : « La sensibilité des alévis [chiites hétérodoxes anatoliens, minoritaires] pour lesquels aucune solution n’a été apportée durant les mandats d’Erdogan n’a absolument pas été prise en compte lors du choix du nom du troisième pont sur le Bosphore [Yavuz sultan Selim, c'est-à-dire Selim Ier, sultan ottoman connu pour avoir combattu violemment les chiites ; ce pont a été inauguré en présence d'Erdogan le 29 mai].  (…) Souhaitons que les personnes de bonne volonté qui sont dans son entourage puissent freiner ce penchant autoritaire et le ramener à la raison ».(6)

Erdogan à Alger malgré le chaos place Taksim

Laissant une situation de chaos, sûr de lui, Recep Tayyip Erdogan, se permet de s’absenter quatre jours de Turquie pour un périple en brochette au Maghreb. Il  est arrivé à Alger pour une visite d’une journée dans le cadre d’une tournée maghrébine qui l’a conduit, au Maroc et en Tunisie. A la tête d’une importante délégation comprenant plus de 200 acteurs et chefs d’entreprise.

Pour rappel, écrit Said Rabia décrivant l’ingérence turque dans le printemps arabe: «Aux côtés du Qatar, la Turquie a joué un rôle important dans la chute des régimes dictatoriaux. Dans le cas de la Libye, elle y a participé pleinement. Les Turcs voyaient d’un si bon oeil l’arrivée au pouvoir, au Maghreb et ailleurs dans le Monde arabe, des Frères musulmans prêts à ouvrir les portes aux frères de l’AKP plus qu’à n’importe quel autre. (..) En Algérie, la mayonnaise de l’AKP, bien qu’elle ait ses adeptes, n’a pas pris. C’est donc dans un contexte politique totalement différent de celui d’il y a deux ans que Recep Tayyip Erdogan arrive dans les pays du Maghreb. En Algérie, les Turcs sont depuis longtemps dans le secteur du bâtiment et viennent de mettre le paquet dans le textile avec plusieurs usines. Plus de 200 entreprises turques prendront part, aujourd’hui à Alger, à un forum pour explorer les opportunités de partenariat avec leurs homologues algériennes.» (6)

Le Premier ministre a prononcé, à cette occasion, un discours devant les élus de la nation. Au plan économique, cette visite permettra aux deux responsables de l’exécutif, de passer en revue l’ensemble des volets de la coopération bilatérale, notamment dans d’autres secteurs comme l’énergie, les transports, le commerce, la pêche, l’industrie, la construction des infrastructures économiques et sociales. Le Premier ministre turc, Recep Tayyib Erdogan, a émis mardi à Alger le voeu de supprimer les visas d’entrée entre l’Algérie et la Turquie. ´´Nous avons supprimé les visas d’entrée avec 70 pays, alors pourquoi pas avec l’Algérie´´, a-t-il indiqué La suppression des visas d’entrée entre l’Algérie et la Turquie va encourager les échanges entre les deux pays, notamment dans le domaine touristique.

On peut regretter cependant que l’aspect culture et archives historiques soit absent de ce deal. Les relations de plus de trois siècles ne peuvent et ne doivent pas se résumer à un dialogue de marchands C’est peut être là aussi, l’un des signes de mépris dans lequel  le « sultan » Erdogan croit pouvoir tenir les anciennes régences.

Aux dernières nouvelles, et malgré les excuses la tension ne faiblit pas. La porte-parole de la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navy Pillay, a demandé à la Turquie de mener une enquête ´´rapide, complète, indépendante et impartiale´´ sur ´´les policiers qui auraient violé la loi et les normes internationales des droits de l’homme´´.

Nul doute cependant le croyons-nous -du fait des institutions légitimes-  que la Turquie surmontera cette crise, mais rien ne sera comme avant. L’autoritarisme  d’Erdogan isolé dans Tour d’ivoire plus craint que respecté , devrait laisser la place au dialogue et pourquoi pas à l’alternance après  dix ans de pouvoir sans partage. Le XXIe siècle est celui de la liberté et non celui de la contrainte . Il est vrai que  Les Turcs ne meurent pas de faim. Le chômage n’est pas structurel comme en Europe, mais il est important que toutes les sensibilités se sentent en sécurité, libres de réfléchir et de vivre en harmonie avec un libre arbitre qui respecte les autres sensibilités.

L’agitation des médias occidentaux n’est pas neutre en filigrane, il est demandé aux Turcs de jeter par-dessus bord des siècles d’équilibres sociologiques et d’espérance religieuse pour aller à l’aventure de  l’anomie , celle de la théorie du genre qui dit-on est l’asymptote vers laquelle il faut tendre.  Erdogan n’a pas compris,  le croyons nous, que s’il veut faire aimer l’Islam ce n’est pas par la contrainte –Pas de contrainte en religion lit on dans le Coran-  c’est l’adhésion de chacun qui pourra alors aboutir à une  vision  apaisée d’un Islam en phase avec le monde et qui demeure un repère moral  en ces temps où il devient évident qu’il de plus en plus difficile  interdit d’interdire ..

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

1. http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/06/03/on-se-sent-chaque-jour-un-peu-plus-pris-en-etau-par-erdogan_3422878_3214.html

2. http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/06/04/en-turquie-le-ras-le-bol-face-a-la-marche-triomphante-de-l-akp_3423050_3214.html

3. Ariana Ferentinou Hürriyet Gouvernement démission!´´ scande la foule à Istanbul
Daily News 3 juin 2013

4. http://www.courrierinternational.com/chronique/2013/06/03/erdogan-assiege-dans-sa-tour-d-ivoire

5. José Ignacio Torreblanca http://www.presseurop.eu/fr/content/article/705901-ni-l-est-ni-l-ouest-mais-vers-le-haut

6. Hasan Cemal | 6 juin 2013 T 24 repris danshttp://www.courrierinternational.com/article/2013/06/06/comment-erdogan-est-devenu-autocrate?page=all

7.Said Rabia: Quand les affaires font oublier la politique El Watan 4 06 2013

mardi, 11 juin 2013

Inconnaissance d’Erdogan

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Inconnaissance d’Erdogan

Ex: http://www.dedefensa/

Commençons par le cas de notre ami M.K. Bhadrakumar, commentateur distingué des questions de relations internationales, ancien diplomate indien qui fut notamment ambassadeur, et précisément ambassadeur en Turquie puisque c’est là où nous voulons en venir. M.K. Bhadrakumar est manifestement opposé à l’hégémonie US, aux méthodes US, etc., et il ne cesse de critiquer son propre gouvernement (indien) pour n’être pas assez ferme contre les pressions US. De ce point de vue, il est plutôt pro-russe et, sans aucun doute, manifeste une extrême considération pour les dirigeants russes, surtout Poutine et Lavrov. D’un autre côté Bhadrakumar a gardé un esprit type “guerre froide” et il n’aime jamais plus une situation que lorsqu’elle s’arrange selon des lignes diplomatiques d’une entente raisonnable et réaliste entre les deux “superpuissances” traditionnelles de l’époque Guerre froide ; nous considérerions plutôt ce dernier point de sa méthode comme une faiblesse tant nous estimons que cette sorte de rapports est dépassé, que l’intrusion du Système, la formation du bloc BAO, etc., ont changé tous les facteurs et interdisent un retour à une telle diplomatie. Voilà donc notre perception de la méthodologie et du fondement du travail de commentateur de Bhadrakumar, qui indique précisément combien il peut nous servir, à nous, de référence utile.

… Il le peut, notamment à propos de la crise turque, bien sûr, en raison de son expérience d’ambassadeur et des contacts qu’il a gardé à Ankara. Or, sa position est extrêmement originale par rapport à la “ligne” qu’on serait tenté de suivre dans cette affaire turque, si l’on veut une ligne absolument antiSystème, – ce qui est notre cas. (Nous-mêmes, nous rangeons en général le commentaire de Bhadrakumar effectivement selon cette ligne antiSystème, que cela soit ou non assumé consciemment dans son chef.) M.K. Bhadrakumar a fait au moins deux textes sur la crise turque depuis qu’elle a éclaté, un sur Asia Times (le 5 juin 2013), l’autre sur son propre blog (Indian PunchLine), le 7 juin 2013. Sa position est la suivante : Erdogan est victime d’une attaque qui a la forme d’une sorte de manœuvre, ou un complot si l'on veut, soutenue par les USA, qui est le fait d’une fraction à l’intérieur de son gouvernement, avec le vice-Premier ministre Arinç et le président Gül, tout cela sous l’inspiration de Fetullah Gulen, grand intellectuel turc résidant aux USA que Arinç a récemment salué comme “la conscience de 75 millions de personnes” en Turquie. Bien sûr et selon cette interprétation, Gulen serait l’âme du complot ourdi par les USA, à partir des USA, selon l'orientation de l’habituelle stratégie de regime change bien connue des USA.

«But the attempt will fail because the AKP is Erdogan — and Erdogan is AKP. The party’s phenomenal rise is almost entreily due to his charisma and political vision and his great organizing capacity. There is a subtle attempt to project Erinc and Gul as “founding fathers” or members of the “triumvira” of the AKP, but it is a silly joke. It is Erdogan who fired up the Anatolian Turk and Erinc and Gul have been largely beneficiaries of Erdogan’s rise.

 

»In essence, Erdogan has bluntly told Washington to back off. He is ignoring the admonitions by the Obama administration, which issued not less than 6 condemnatory statements in five days alone at the level of the White House and state department, including a demarche with Ankara to order investigation into the “excessive use of force.” The Obama administration made a grave error of judgment by encouraging Gulen to move against Erdogan. True, Erdogan is not the kind of person who can be trusted to pursue the American diktat. But then, he is a proud Turk and he knows he draws his strength from the people.

»The contradiction here is that Erdogan also has a tryst with the New Middle East and it is at odds with the US’s regional agenda. Washington’s blueprint is to have “islamic” regimes backed by the legitimacy of elections replace the pro-western autocrats in the New Middle East so that regional stability and security is strengthened, but provided these “Islamists” are under American thumb. However, Egypt’s Mohamed Morsi is showing that the islamists have a mind of their own, too. The US is disenchanted with Morsi. Now, Erdogan is a staunch supporter of Morsi and is himself an Islamist.

 

»Again, Obama has failed to bring about a Israel-Turkey patch-up. Erdogan’s visceral hatred of Israel is such that so long a he remains in power, Turkey’s reconciliation with Israel is out of the question. Besides, Erdogan is threatening to visit Gaza despite Washington’s warnings against it. All this puts US regional policies in a bind. Unsurprisingly, the American media, which is heavily under the Israeli Lobby’s influence, is giving Erdogan hell in the current standoff.

»If Erdogan smashes up this formidable challenge to his place in the history of Turkey and the Muslim world, it will be something like what Ronald Reagan famously said once in his address to the nation in 1984 — “You ain’t seen nothing yet.”»

On comprend combien tout cela interfère avec plus ou moins de profondeur sur la position naturelle qui est prise dans cette crise turque, notamment par les commentateurs antiSystème dont nous sommes. On observera, et nous le rappelons en renvoyant à notre texte du 3 juin 2013, que nous ne faisons pas un procès général à Erdogan et que nous ne nous intéressons guère à la situation politique intérieure en Turquie telle qu’elle est, notamment dans le champ des positions à l’intérieur de la direction politique, et à l’intérieur du parti AKP d’Erdogan. La question de l’islamisme du parti AKP par rapport aux tendances dites “laïques” ou “kémalistes”, voire par rapport à la question de la “démocratie”, – selon l’interprétation-BAO qui frétille d’intérêt à l’égard de cette sorte de débat “sociétal”, – ne nous intéresse pas davantage. Pour l’essentiel, notre appréciation de l’une des causes centrales, voire de la cause principale de l’ampleur prise par les événements, est notre constat qu’Erdogan a perdu sa légitimité en pervertissant brutalement une politique extérieure brillante, de type “gaulliste”, qui lui avait assuré une position extrêmement puissante et ferme, celle qu’assure la légitimité justement… Bien entendu, il s’agit de la Syrie, comme nous l’affirmions le 3 juin 2013...

«Erdogan avait construit sa légitimité en développant cette politique extérieure s’orientant vers l’indépendance nationale, l’établissement de liens hors bloc BAO (avec la Russie, avec l’Iran), enfin la rupture avec Israël au nom de la condamnation de l’illégitimité des actions de force israéliennes, caractéristiques de l’“idéal de puissance” qui inspire toutes les velléités d’actes politiques du bloc BAO. Il avait ainsi construit un “modèle turc”, absolument fondé sur les principes de souveraineté et d'équilibre des relations internationales (“idéal de perfection”, selon Guglielmo Ferrero) qui fondaient à leur tour sa propre légitimité. La Syrie a changé tout cela, en découvrant certainement un problème individuel de caractère et de perversion psychologique dans le chef d’Erdogan, interférant gravement sur la brillante dimension collective d'un destin... […] Erdogan a donc troqué la légitimité qui implique la domestication de la force par l’établissement de l’équilibre des producteurs de force que sont les nations et autres entités, au profit d’une ambition hégémonique relevant effectivement de l’“idéal de puissance” et, dans son chef personnel, d’un déséquilibre psychologique dont l’hubris est une des productions les plus dévastatrices. Le résultat net, absolument paradoxal, a été que la Turquie est retombée, par la voie de l’imbroglio syrien, dans l’orbite du bloc BAO (USA, OTAN, Israël, etc.)… […]

»Notre conviction est que cet aspect puissant de l’évolution turque et de l’évolution d’Erdogan joue un rôle fondamental dans la crise actuelle, où aspects intérieur et extérieur se mélangent pour organiser la perception d’un dirigeant politique légitime perverti dans la délégitimation, et instituer un jugement de condamnation que nourrit la psychologie ainsi orientée. C’est bien la dissolution puis l’entropisation de la légitimité d’Erdogan qui assurait son autorité, qui ont conduit par contraste à l’affirmation d’un autoritarisme illégitime, qui alimente la revendication et la colère populaires…»

Nous ne retirons pas une ligne de ce commentaire, qui assure qu’il y a au départ de la crise turque ce malaise de l’illégitimité ; cela ne contredit pas absolument M.K. Bhadrakumar, qui ne fait pas du “complot” USA-Gulden la cause de tous les événements, sans d’ailleurs préciser exactement son appréciation. Il y a, pour nous, l’observation qu’on peut trouver une explication acceptable de compromis des deux analyses en avançant que le “complot” n’a fait que “prendre le train en marche” d’une contestation que nous jugeons et continuons à juger comme politiquement spontanée, et psychologiquement explicable à partir du malaise de l’illégitimité. (“Malaise de l’illégitimité”, donc malaise du à la politique syrienne d’Erdogan puisque cette politique l’a délégitimé.)

(Les seuls points précis où il peut y avoir contestation, désaccord formel entre Bhadrakumar et nous, se trouvent dans l’évaluation que nous donnons de la position du président Gül, que nous jugeons plutôt adversaire de la politique syrienne d’Erdogan, et par conséquent plutôt anti-US, comme certains faits ont semblé le montrer. Sur ce point, Bhadrakumar est d’un avis complètement opposé, et nous devons prendre en compte sa profonde connaissance du monde politique turc, ce qui implique la possibilité d’une erreur de notre part. Ce n’est de toutes les façons pas essentiel.)

D’autre part, il est remarquable d’observer que, dans sa défense d’Erdogan, Bhadrakumar ne dit pas grand’chose, et dans tous les cas rien du tout dans son texte sur Indian PunchLine, de la politique syrienne d’Erdogan ; surtout, il n’en fait à aucun moment d’appréciation critique, se contentant de la citer pour signaler la position de l’un ou l’autre acteur par rapport à Erdogan. Or, dans plusieurs textes depuis l’engagement syrien d’Erdogan et précédant les événements actuels , et notamment dans celui dont nous nous faisions l’écho le 30 avril 2012, M.K. Bhadrakumar déplorait dans des termes catégoriques et d’une grande force la dérive syrienne de la Turquie, et particulièrement d’Erdogan, exactement selon la même analyse que nous faisons : si brillant (si brillamment antiSystème) jusque là, Erdogan s’est complètement “perdu” dans ce cas jusqu’à se retrouver “dans le sillage des USA” ; Erdogan, littéralement, “a perdu le Nord”. (Ce qui est traduit par nous par le constat désolé qu’il a perdu sa légitimité en abandonnant de facto son orientation antiSystème.)

«…But Turkey is getting things horribly wrong in its foreign policy. The curious thing is that Erdogan’s foreign policy lacks a national consensus and yet this politician who is an ardent democrat is nonchalantly pressing ahead. The intellectuals I met are aghast that Turkey is reclaiming its Ottoman legacy and is needlessly getting entangled in the Muslim Middle East. […]

»Isn’t Turkey following the footsteps of the US — getting bogged down in quagmires some place else where angels fear to tread, and somewhere along the line losing the plot? I feel sorry for this country and its gifted people. When things have been going so brilliantly well, Erdogan has lost his way.»

M.K. Bhadrakumar ne s’explique pas de tout cela : pourquoi et comment Erdogan, a-t-il “perdu le Nord” ? Pourquoi et comment Erdogan le retrouverait-il, ce qui est nécessairement implicite dans le jugement que fait M.K. Bhadrakumar de la crise turque puisqu’il place à nouveau Erdogan, qui s’était fourvoyé “dans le sillage des USA”, en opposition à ces mêmes USA, dans une vertu antiSysème qu’il aurait effectivement retrouvée ?

Pour l’instant nous n’avons pas de réponse. Nous n’avons aucune raison de croire que M.K. Bhadrakumar, de son côté, “has lost his way”. Il reste absolument consistant dans son appréciation critique des USA, de leur politique d’interventionnisme humanitariste si complètement déstructurante et dissolvante, bref dans ce que nous jugeons être sa ligne antiSystème. On le voit bien dans son dernier commentaire (du 8 juin 2013) sur la nomination de Rice et de Power, qui rencontre parfaitement le notre (le 6 juin 2013).

«The appointment of Susan Rice as national security advisor and of Samantha Power as the envoy to the United Nations becomes extremely intriguing because it doesn’t fit into a straitjacket… […] But Obama would know he is letting loose two cats among pigeons — secretaries of state and defence, John Kerry and Chuck Hagel. Rice and Power by their record are the very antithesis of Kerry and Hagel. They are two noisy exponents of the doctrine of interventionism and had a whale of a time with Hillary Clinton around… […]

»One would like to be a fly on the wall when or if Rice gets around to a face-to-face meeting with Russia’s Vladimir Putin or China’s Xi Jinping. Her predecessor Thomas Donilon felt at ease in Beijing and Moscow. Donilon is leaving behind a commendable legacy in piloting the US foreign policy through a transformative period in history, which Rice will be hard-pressed to match… [W]hat went on in Obama’s complicated mind by introducing two contrarian personalities into his foreign policy team at this point when the world is turning around in its axis? He would know that an inner harmony is useful when coping with such utter disharmony abroad and the US needs to navigate its way forward to a new era where it is a much lesser superpower than during the past several decades…»

La Turquie est entrée dans la crise du Système

Nous sommes donc face à une énigme, qui n’est pas catastrophique ni fondamentale, loin de là, qui représente même une remarquable opportunité de préciser aussi bien un commentaire politique qu’une méthodologie d’analyse. Nous notons bien entendu que les deux “partis” ont de bons arguments : M.K. Bhradakumar a ses qualités de commentateur antiSystème dont nous sommes parfaitement conscients, il a sa connaissance aigue du monde politique turc, ses réseaux, la confiance dont il bénéficie dans ces milieux comme ancien diplomate indien, enfin une explication consistante de la thèse qu’il expose selon laquelle le parti antiSystème (anti-US) est du côté d’Erdogan. Il y a de l’autre côté la politique syrienne voulue et conduite par Erdogan, qui l’a ramené “dans le sillage des USA”, comme s’il avait “perdu le Nord”, et donc lui a fait prendre une politique contraire à la logique antiSystème (choses que Bhadrakumar était le premier à dénoncer in illo tempore). L’énigme est donc pour nous, pour l’instant, indéchiffrable, et il serait stupide et vain de vouloir la déchiffrer parce qu’elle doit être considérée comme accessoire, conduisant à faire de la recherche de sa résolution une perte de temps et une cause de désordre intellectuel déplaçant le centre d’intérêt de l’essentiel à l’accessoire. Nous allons donc affirmer complètement, pour cette question accessoire de la compréhension de l’affrontement politique turc, une posture d’inconnaissance.

(Nous allions écrire “nous allons nous réfugier dans l’inconnaissance, pour cette question accessoire…”. Nous avons prestement modifié notre intention. L’inconnaissance n’est pas une un “refuge”, comme si nous parlions d’une posture défensive, d’un repli, d’un recul avec la décision d’abandonner une position qui serait celle de la compréhension générale de la situation. Au contraire, l’inconnaissance est une position de plus grande hauteur, qui permet de mieux distinguer pour l’écarter l’accessoire où l’on se perd en vain, au nom d’une prétention à tout vouloir expliquer. C’est une position de renforcement décisif et non de refuge.)

Sorti de cette “querelle” qui reste une énigme accessoire, il nous reste deux convictions essentielles. Elles structurent notre raisonnement.

• La première de ces convictions est que la crise turque a démarré sur un accident qui ne pouvait être prévue (on connaît les circonstances), et donc qu’elle n’a pas été déclenchée par une manœuvre, une manigance, un complot, etc. (Tout le monde pronostiquait la probabilité d’une crise turque à cause de la crise syrienne, mais selon une opérationnalité de proximité et de circonstances politiques connues : soit des incidents près de la frontière syrienne, avec les réfugiés et la présence turbulente et méprisante pour la souveraineté nationale turque des réfugiés et rebelles islamistes ; soit un tour catastrophique du problème kurde, provoquant des incidents et des remous graves en Turquie.) S’il y a éventuellement ceci et cela, – manœuvre, manigance, complot, – c’est, selon la doctrine du “je prends le train en marche”, après que la crise ait démarré. Pour l’explication fondamentale, – car nous en avons une à proposer, – nous nous reportons à la psychologie. Pour nous, la Turquie vit dans un état de malaise profond depuis près de deux ans, à cause de la crise syrienne, pour les raisons qu’on va voir plus loin. Ce malaise implique une tension psychologique forte, qui touche tout le monde, peut s’exprimer dans toutes les circonstances et porter sur n’importe quel sujet, susciter par conséquent des effets complètement inattendues et hors de proportions avec les causes apparentes, toutes choses qui n’auraient pas nécessairement de connexion directe avec la crise syrienne. C’est la thèse que nous identifierions, temporairement dans tous les cas, comme une “extension crisique erratique”.

• La seconde de ces convictions est la reprise et l’extension à la lumière du sujet de cette analyse de la thèse développée le 3 juin 2013. Nous confirmons donc absolument notre thèse qu’il y aurait bien eu délégitimation d’Erdogan, exclusivement à cause de sa politique syrienne. La tension provoquée en Turquie par la crise syrienne s’est renforcée par cette perte de légitimité, et s’est exprimée a cet égard, après avoir été vécue comme le malaise que nous avons mentionné. Par conséquent, toute réaction de protestation, de contestation, pour quelque motif que ce soit, le plus futile du monde éventuellement, si elle se déroulait dans une circonstance psychologique où existerait une équation favorable à l’exacerbation du malaise (donc de la protestation et de la contestation), s’exprimerait nécessairement contre et à propos de l’élément essentiel constitutif de ce malaise, – à savoir la personnalité d’Erdogan dans ceci qu’il a perdu sa légitimité à cause de sa politique syrienne. Cela vaut pour le démarrage de la crise qui tend à fixer les positions, quelle que soient l’évolution des choses, et quelle que soit la validité de tout ce qu’évoque Bhradakumar en fait de manœuvre, manigance ou complot contre Erdogan.

A la lumière de ces constats et sans nous attacher au destin de l’un ou l’autre, ni même aux évolutions politiques possibles dans le court terme en question, nous observons qu’il nous paraît très probable que la crise ouverte en Turquie n’est pas réduite aux écarts et aux soubresauts de la rue mais qu’elle concerne également le personnel politique, y compris à l’intérieur du gouvernement et du parti AKP. Ce constat vaut selon le schéma de Bhadrakumar, ou même sans ce schéma, dans la mesure où la délégitimation d’Erdogan rejaillit sur toute la direction politique et incite nécessairement à des actions. C’est dire si la crise turque est loin d’être achevée, même si la rue devait s’apaiser ou jouer un rôle secondaire.

Dans ce cas très probable sinon acquis où la “crise de la rue” se double d’une crise politique, il nous paraît manifeste que la politique syrienne jouerait, directement ou indirectement, un rôle majeur, par elle-même bien entendu mais aussi parce qu’elle est un composant majeur de l’attitude de la Turquie vis-à-vis des USA et que cet ensemble (crise syrienne et question des relations entre la Turquie et les USA) est aujourd’hui le cœur dynamique de toute problématique en Turquie et constitue la cause principale du malaise que connaît ce pays. Dans ce cas encore, l’enjeu central serait la capacité ou non d’Erdogan à rétablir sa légitimité, cette légitimité étant nécessairement liée à la souveraineté et à l’indépendance nationale, donc à une prise de distance vis-à-vis des USA qui ne pourrait se faire principalement que par l’intermédiaire de l’évolution des relations de la Turquie avec la crise syrienne. Si Erdogan est bien celui que dépeint Bhadrakumar, il lui faudra “retrouver le Nord” et sortir vite fait du “sillage des USA” sur cette question, et cela se mesurera nécessairement dans la politique syrienne de la Turquie … De même des adversaires d’Erdogan, qui devront se situer par rapport à cette problématique de la crise syrienne et des relations avec les USA ; qu’ils agissent ou pas comme prête-nom des USA, ou alliés des USA, il leur faudra, à eux aussi, se déterminer par rapport à la rue et au malaise de la délégitimation, c’est-à-dire à un moment ou l’autre par rapport à la crise syrienne et, par conséquent, par rapport aux relations avec les USA. Ce serait là un paradoxe pour eux, tels qu’ils sont catalogués par Bhadrakumar : s’ils veulent l’emporter sur Erdogan, ils ne pourront le faire qu’en attirant sur eux la légitimité perdue par Erdogan, donc en adoptant une politique syrienne qui prenne ses distances de la politique des USA.

(La même chose pourrait être dite de l’armée, si l’armée devait intervenir dans le débat, selon les circonstances, les opportunités et les volontés en jeu et malgré son affaiblissement politique consécutif aux mesures prises ces dernières années. Finalement comme toute force à prétention politique éventuelle, l’armée devrait elle aussi jouer dans le sens d’une légitimation selon les conditions décrites ci-dessus, par rapport à la question de la légitimité, parce que le temps de la crise d’effondrement du Système ne laisse d’autre voie pour s’imposer dans le sens d’un apaisement du désordre public dont cette crise d’effondrement du Système est elle-même la cause par l’intermédiaire du désordre de la “guerre syrienne”. Ce désordre public s’étant installé à la suite du fait de la délégitimation [d’Erdogan dans ce cas, dans les circonstances qu’on a vues], il ne peut être réduit d’une façon satisfaisante que par un rétablissement de la légitimité. Si cela n’est pas rencontré, il s’agirait d’une action de force et de contrainte, et le désordre ressurgirait à la première occasion. Pour le détail de l’hypothèse à peine évoquée aujourd’hui de l’intervention de l’armée, c’est une énigme de plus qu’on laisse à l’inconnaissance, c'est-à-dire une énigme accessoire...)

Quoi qu’il en soit de la seule question de la situation politique en Turquie, il nous paraît également évident que l’actuelle crise turque entrera nécessairement, à un moment ou l’autre, dans les eaux d’un débat sur la politique syrienne de la Turquie, et par conséquent un débat sur les relations entre la Turquie et les USA. C’est la première fois dans l’histoire moderne de la Turquie qu’un tel débat (les relations avec les USA) aurait lieu, au niveau politique et, indirectement au niveau de la rue. (Même lorsqu’Erdogan mena cette politique qui le légitima, d’une prise de distance des USA, il n’y eut pas de débat à cet égard.) Ce débat serait naturellement marqué par la question de la légitimité, et des principes qui en dépendent, que le comportement d’Erdogan (aussi bien dans sa première période, lorsqu’il a acquis sa légitimité, que depuis 2011, lorsqu’il a perdu cette légitimité dans la crise syrienne) met nécessairement en avant. Le débat serait alors passionnant puisqu’il deviendrait fondamentalement principiel, rejoignant le cœur de la crise d’effondrement du Système. D’un point de vue annexe, tactique si l’on veut, on observerait que les USA, irréductibles ennemis de toute politique principielle, ont tout à perdre d’un tel débat en Turquie, donc tout à perdre de la crise turque actuelle. (Qu’ils l’aient éventuellement aidé à se développer ne contredit rien de ce qui précède : nous sommes habitués à de telles erreurs absolument grossières de la part des USA, qui ignorent tout de la question des principes et en sont les ennemis par leur nature américaniste même.)

Pour conclure, nous devons remarquer combien est grande la puissance de la crise syrienne pour ses environs, sans pourtant qu’elle soit nécessairement une crise à expansion géographique et politique régulière comme on prévoit en général qu’elle va devenir. C’est pourquoi nous définissons son activité d’influence comme une “extension crisique erratique”, parce que ses effets sont imprévisibles et non identifiables dans l’espace et dans le temps, qu’ils interviennent comme des projections à distance, sur des thèmes inattendus, et essentiellement selon une tension psychologique avérée. Cette capacité que nous reconnaissons à la crise syrienne, ou à la “guerre syrienne” comme nous l’appelons également, vient de sa spécificité si particulière, dont nous avons proposé l’identification avec sa transmutation en un composant majeur, sinon le composant principal conjoncturel actuel de la “crise haute” (voir le 1er juin 2013).

La Turquie a donc effectivement été investie psychologiquement par la crise syrienne, en tant que “guerre syrienne” transmutée en “crise haute”, et donc la Turquie est investie en mode actif par la crise d’effondrement du Système (le 3 juin 2013 : «L’on voit donc que la crise turque, puisque crise il y a finalement, rejoint la cohorte des autres crises rassemblées et exacerbées par l’“insaisissable guerre syrienne”, comme une des expressions de la crise haute et, plus généralement, de la crise d’effondrement du Système.») A Erdogan, si l’analyse de Bhadrakamar est bonne, d’en faire son miel, et il ne pourrait y parvenir que d’une seule façon qui est de se re-légitimiser en épousant le fondement principiel des événements en cours, c’est-à-dire en abandonnant l’utopie expansionniste, autoritariste, inspiré de l’idéal de la puissance, de sa politique syrienne.

Adressées le 4 juin, le lendemain d’une chute de 10,5% de la bourse d’Ankara, à une assemblée de l’Association des Investisseurs Internationaux en Turquie, ces paroles du président Gül se voulaient ironiques et rassurantes à la fois… «Two years ago in London, cars were burned and shops were looted because of similar reasons. During revolts in Spain due to the economic crisis, people filled the squares. The Occupy Wall Street movement continued for months in the United States. What happens in Turkey is similar to these countries…»

Tout cela est au fond très juste et particulièrement révélateur mais nous nous demandons avec un certain scepticisme et même un scepticisme certain s’il faut y voir de quoi rassurer les investisseurs d’un système en déroute erratique et chaotique. Qu’il l’ait réalisé ou pas, Gül signifiait à ses auditeurs que la Turquie est entrée en part très active dans la grande crise d’effondrement du Système, et l’on peut penser qu’il y a des nouvelles plus rassurantes que celle-là pour les investisseurs qui ont nécessairement partie liée avec le Système. Voilà donc la grande nouvelle, – “la Turquie entrée en part très active dans la grande crise d’effondrement du Système”. C’est bien entendu le principal enseignement de la crise turque, le seul qui vaille d’être reconnu et retenu à partir de notre posture d’inconnaissance, Erdogan ou pas, manœuvres américanistes et finaudes ou pas ; c’est aussi le principal enseignement que notre posture d’inconnaissance nous permet de distinguer, après avoir écarté l’accessoire de l’“écume des jours”. Grâce en soit rendue à la crise syrienne, dit “guerre syrienne” qui a fait naître tant de rêves trompeurs chez le Premier ministre turc.

dimanche, 09 juin 2013

LA TURQUIE SANS LE RAKI ET LE HAMAM

LA TURQUIE SANS LE RAKI ET LE HAMAM

Ce n'est plus la Turquie !

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr/

Guillaume Perrier correspondant à Istanbul pour Le Point et journaliste au Monde n’avait cessé de nous avertir ces derniers mois : La Turquie d’Erdogan dérapait et dérivait dans un islamisme totalitaire. Dans le n° 2092 du Point, il évoquait la colline de Camlica qui surplombe le détroit du Bosphore et constitue un des derniers refuges naturels d’Istanbul. Erdogan avait décidé d’y construire une mosquée monumentale sur 15 000 mètres carrés, une mosquée qui devait être visible depuis chaque point de la ville et qui s’enorgueillirait plus tard d’avoir les plus hauts minarets du monde, des minarets plus élevés que les 105 mètres de la mosquée de Médine, en Arabie Saoudite ! 
 

Une société en changement
 
Au troisième jour de leur mouvement, les manifestants turcs ont maintenu, toute la journée de dimanche la pression sur le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan en occupant la place Taksim d'Istanbul, tandis que de nouveaux incidents violents ont éclaté dans la capitale Ankara. C’est l'aménagement d'un parc en centre commercial qui a été à l'origine de la contestation de nombreux habitants d'Istanbul parce qu’il fait suite  à une série de destruction d’espaces verts pour y construire à chaque fois des lieux de culte. Ici, les travaux de projet d'aménagement urbain visaient plus directement un centre commercial. Le projet porté par la municipalité tenue par le parti islamo-conservateur au pouvoir, prévoyait de déraciner 600 arbres du parc situé près de la célèbre Place Taksim pour permettre la reconstruction d'une ancienne caserne militaire de l'époque ottomane démolie en 1940 et établir sur ce nouveau lieu un centre commercial avec ces magasins, ces cafés et ces espaces culturels. Ce projet faisait partie des plans de la mosquée monumentale de la colline de Camlica de l’architecte Hadji Mehmet Güner, un projet surnommé là-bas « la Mecque en plastique ».
 
 
En juillet 2012, Erdogan avait déjà inauguré une mosquée monumentale, une réplique en béton de la mosquée de Soliman où il avait invité tout le gratin sunnite, qatari en tête. C’était la mosquée Mimar Sinan du nom du célèbre bâtisseur ottoman. Par ces constructions permanentes de lieux de culte spectaculaires, petit à petit le visage d’une Turquie laïque et tolérante s’obscurcissait. On allait jusqu’à prévoir l’ouverture de salles de prière dans les universités, les centres commerciaux et même les opéras et les théâtres. La Turquie que nous aimons, celle de ses grands lettrés et intellectuels (Orham Pamuk, Ylmaz Güney, Nazim Hikmet, le poète maudit, Yasar Kemal, Elif Safak, le fabuleux Ahmet Hamdi Tanpinar, romancier et essayiste du milieu du XXe siècle) le vivait très mal. Selon des dernières statistiques, alors qu’on compte un hôpital pour 60 000 personnes, il y a aujourd’hui en Turquie une mosquée pour 350 « fidèles » ! Le budget gouvernemental des affaires religieuses a été doublé d’une année sur l’autre. Le pire a été l’aménagement d’une mosquée au sein même de l’Assemblée nationale, à Ankara et l’autorisation du port du voile islamique dans les universités au grand dam de la Cour Constitutionnelle qui s’était pourtant mobilisée mais qui avait vite été rappelée à l’ordre. Erdogan était en train de devenir un nouveau sultan ottoman, un sultan pieux et totalitaire jusqu’au…jusqu’à…
 

Inhabituel : profanation de mosquée en Turquie
 
Cette contestation de la rue tombe au pire moment pour Recep Tayyip Erdogan après une stratégie déployée à la frontière syrienne très contestée et critiquée dans les rangs de l’armée. Cela a été non seulement un fiasco militaire mais une véritable humiliation pour les soldats turcs autrefois très susceptibles. L’armée ne semble pas avoir, loin s’en faut, digéré tout cela et elle ne supportera pas très longtemps le désordre dans la rue, même si, bastion traditionnel de la laïcité, elle semblait ces derniers mois avoir rabaissé sa vigilence sur les principes du nationalisme révolutionnaire.  
 
La méthode Erdogan est comme un creuset paradigmatique de la métapolitique islamique libérale-conservatrice. Cette métapolitique néo-conservatrice consiste à vouloir transformer la société par les idées religieuses, chambouler la base des croyances et des préjugés populaires pour justifier ensuite la charia et la discrimination des femmes, l’interdiction de l’alcool et l’obligation des prières, le tout ficelé par le vote et des réformes démocratiques. Chez les Turcs, cela marchait jusqu’alors plutôt bien. C’était un condensé anachronique de populisme religieux globalitaire et de fondamentalisme salafiste allégé. Aux dernières élections législatives de juin 2011, l’AKP, parti au pouvoir obtint près de 50 % des voix mais quelque chose, cet hiver s’est grippé avec cette idée gouvernementale de plus en plus affirmée de constituer une « jeunesse religieuse ». A Istanbul, carrefour européen, ville cosmopolite mais centre aussi des retours des immigrés turcs d’Allemagne, l’idée d’une « jeunesse religieuse » ardente et motivée passait mal. On a vu le radicalisme islamique, que ce soit au Mali ou aux Comores, combattre partout où il s’installait, une tolérance millénaire, la tolérance humaniste d’un islam soufie. La tradition soufie a aussi nourri celle des derviches tourneurs. Cet islam s’accommodait depuis longtemps de la liberté individuelle, de la consommation de la drogue et de l’alcool. Le renouveau ottoman d’Erdogan était plus importé qu’authentique. Il ne correspondait pas du tout à l’esprit libéral et humaniste des Turcs, narguilé au bec.
 

Projet de mosquée en 2015
 
Erdogan en plus de construire des mosquées avait aussi entrepris de réformer l’éducation nationale : cours religieux obligatoires, cours sur la vie du prophète Mahomet, travaux pratiques sur le Coran, séparation des filles et des garçons dès l’âge de 12 ans dans des écoles spéciales, les Iman Hatip qui devenaient en quelque sorte les laboratoires éducatifs officiels du nouveau régime. La plupart des ministres du gouvernement en sont d’ailleurs aujourd’hui issus. L’été dernier, certaines municipalités proches du régime commencèrent, comme on le voit en Tunisie ou en Egypte à s’attaquer aux touristes accusés d’importer au pays tous les vices « occidentaux ». L’université Bahçesehir dans une étude récente avait relevé qu’un quart des Turcs boivent régulièrement de l’alcool contre un tiers, il y a dix ans. Ce chiffre était très significatif et marque bien une rupture et une régression. Il n’est pas question de soutenir que l’alcool sauve le Musulman , mais dans la Turquie d’hier, le petit verre de raki à la fin du repas ou à l’apéritif était comme à Damas un rituel oriental. Le fondateur de l’Etat turc, Atatürk, était de fait un alcoolique notoire : il est mort prématurément d’une cirrhose du foie ! Dans la chaleur de l’été dernier, les jeunes turcs comme les plus vieux avaient très mal supportés les descentes de police dans le quartier festif de Beyoglu à Istanbul. Les fonctionnaires fanatiques religieux avaient confisqué tables et chaises en plein mois d’août et, à la fin de l’été, les terrasses le soir étaient devenues désertes. Plus d’alcool, plus de touristes, plus de parcs, demain plus de saunas, Istanbul ne serait plus alors Istanbul. 
 
Ce néo-islamisme puriste et chaste vient se greffer, du moins pour Istanbul et toutes les rives du Bosphore, sur une culture millénaire du vin et de l’alcool. Guillaume Perrier raconte que la presse turque s’était émue en août dernier d’une femme, d’une villageoise, qui s’était vue refuser l’accès à un ferry parce qu’elle transportait dans son panier, des bouteilles de vin ! Il y a eu, lundi dernier, l’arrivée des bulldozers dans le parc près de Taksin mais il y a en cours bien d’autres projets comme celui des bus roses réservés aux femmes pour lutter officiellement contre le harcèlement sexuel. Les jeunes turcs écoutent de la techno, surfent sur le net, ont pour idole le chanteur efféminé Tarkan et on leur demande de rythmer leur vie sur les appels à la prière, des appels qui retentissent maintenant aux sons de tambours imposteurs dans les ruelles y compris dans les quartiers alevis ou branchés ! Les jeunes turcs commencent à regretter le mode de vie d’autrefois : ils veulent boire et chanter ! 
 
En France, le Printemps français en appelle à Marie ou à Jeanne d’Arc et à veiller par des cantiques contre la décadence. L’Histoire n’est-elle alors que le balancier ordre-désordre de nos générations successives ? Chrétien démocrate ou musulman démocrate, ne sont-ils que les jouets d’un certain compromis vital avec le politique ? C’est que sans doute, comme le faisait remarquer ce paillard et ce grand buveur de Rabelais qui s’y connaissait en libertinage, « la plus grande rêverie du monde est de vouloir gouverner avec une cloche », que ce soit chez les Turcs ou chez les Gaulois.

samedi, 08 juin 2013

L’Islam politico turco: ascesa e declino di uno Stato precursore

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L’Islam politico turco: ascesa e declino di uno Stato precursore

Dal primo giorno delle ad oggi le dimostrazioni hanno registrato tre morti, più di 2mila fermi e circa 2.500 feriti.

Sebastiano Caputo

Ex: http://www.rinascita.eu/

L’intera regione arabo-musulmana, dal Marocco al Pakistan, sta vivendo un clima incandescente nel quale le piazze non cedono alla violenza degli scontri. Recentemente la Turchia di Recep Tayyip Erdoğan è finita nel mirino dei dimostranti che da ormai sei giorni stanno continuando inesorabilmente una lotta contro un governo di maggioranza reputato eccessivamente autoritario. Dal primo giorno delle violenze, quando il 31 maggio la polizia aveva aggredito i manifestanti Verdi che protestavano pacificamente contro lo smantellamento del parco Gezi a Taksim, uno dei quartieri più importanti del centro della città di Istanbul, ad oggi le dimostrazioni si sono allargate a macchia d’olio su tutto il Paese facendo registrare ben tre morti, più di 2mila fermi e circa 2.500 feriti. Oltre alle immagini di estrema violenza che arrivano dal Paese turco, anche alcune altre notizie attestano le difficoltà del governo islamico nel placare la protesta. Infatti proprio ieri il quotidiano turco Hurriyet ha segnalato l’arresto, nella notte, a Smirne, di ventiquattro persone con l’accusa di aver fomentato i disordini e fatto propaganda su Twitter.
E a sei giorni dall’inizio degli scontri con le forze dell’ordine la situazione non sembra migliorare. Il premier Erdoğan, in visita in Marocco da qualche giorno, dovrebbe atterrare proprio oggi ad Ankara, nella speranza che le tensioni si attenuino e che il popolo in lotta si disperda. Diversi “capi-popolo” della rivolta hanno fatto sapere però di voler dimostrare il contrario al leader islamico, il quale recentemente aveva pensato di organizzare una contro-manifestazione proprio oggi, giorno del suo arrivo, con il rischio di provocare una guerra civile vera e propria. Dal Maghreb, Erdoğan ha attribuito le agitazioni al proselitismo di alcuni gruppi estremisti presenti sul territorio, tuttavia le sue affermazioni non corrispondono a quelle espresse dalla prima carica dello Stato, Abdullah Gül e dal vice premier Arinc, volto moderato del partito Giustizia e Sviluppo (Akp), il quale ha ammesso gli errori nella gestione della protesta iniziale contro la distruzione del Gezi Park a Istanbul. “Non sono riusciti a batterci attraverso le elezioni – aveva detto il premier – e ora ci riprovano utilizzando metodi anti-democratici”, dopo che il presidente Gül aveva affermato “se ci sono critiche e obiezioni, tolto il periodo elettorale, è normale che vengano espresse mediante proteste pacifiche”.
Le origini della rivolta popolare in Turchia appaiono estremamente difficili da inquadrare e risulta riduttivo limitarsi ad una sola motivazione tra i diversi dualismi - democrazia e autoritarismo, ecologia e capitalismo, laicità e islamismo, imperialismo e anti-imperialismo o ancora precarietà e crisi economica – attribuiti dai tanti gruppi associativi e partitici che stanno partecipando alle dimostrazioni. L’ondata di protesta che sta travolgendo il Paese sembrerebbe racchiudere al suo interno diverse correnti, la sensazione è comunque che stiano prevalendo le motivazioni politiche su quelle economiche. La Turchia è un Paese poco indebitato che ha evidenziato una crescita sostenuta e che sarà in costante accelerazione nei prossimi anni (nel 2015 il Pil turco sarà pari a 1,1 trilioni, 2,3 volte rispetto al 2005, divenendo la sesta potenza economica dietro alla Spagna). Tutto questo grazie all’azione combinata di tanti fattori che costituiscono tuttora i perni centrali dello sviluppo economico del Paese, tra questi la dimensione del mercato interno (74 milioni di abitanti di cui una maggioranza di giovani e una classe media che sta emergendo economicamente) e una posizione geografica strategica sia dal punto di vista economico (ponte di accesso a oltre 350 milioni di potenziali clienti in Russia, Asia Centrale, Nordafrica e Medio Oriente), sia da quello geopolitico, dato che la Turchia è imprescindibile per la Russia e per il fronte occidentale e atlantista.
Dinanzi allo stato attuale di crescita e sviluppo e nonostante le esistenti disparità sociali causate dall’ampio programma di privatizzazioni lanciato a seguito della crisi del 2001, molti analisti hanno ventilato erroneamente l’ipotesi di una “primavera turca” facendo riferimento alla “primavera araba” che ha travolto il Maghreb due anni fa. Ma è necessaria una distinzione, dato che in Nordafrica, a differenza dell’attuale rivolta turca, i sollevamenti popolari traevano le loro origini dalla situazione economica piuttosto che da quella politica. “Primavere arabe” che a seguito degli stravolgimenti dirigenziali hanno provocato una rivoluzione che è stata de facto solo culturale (islamizzazione della società) e politica (ascesa degli islamisti al potere in Egitto, Marocco, Tunisia, Libia), e che in qualche modo ha seguito la via della Turchia quale primo Paese musulmano in cui è salito al potere un partito che si rifà al moderno islam politico – o islamismo – ideato da Hasan al-Banna nel 1928, poi evoluto nella potente organizzazione dei Fratelli Musulmani (alle elezioni legislative del novembre 2002, Giustizia e Sviluppo (Akp), ottiene la maggioranza assoluta dei seggi in Parlamento e forma un governo monocolore).
Oggi il governo islamico di Recep Tayyip Erdoğan si trova a fare i conti con la protesta più violenta mai verificatasi in oltre dieci anni al potere (dal 2002). Contro la politica conservatrice del leader dell’Akp, propensa ad un islamizzazione silenziosa della società, ci sono gli studenti universitari, ad esempio della Bilgi University, insieme ai loro colleghi provenienti dalla prestigiosa Università del Bosforo, gli attivisti del Chp, fondato da Mustafa Kemal Ataturk, che incarna l’anima laica dell’opposizione all’attuale governo, i deputati del Bdp, il Partito curdo per la società democratica, impegnato con il premier in una delicata trattativa per mettere fine alla lotta armata dei separatisti del Partito dei lavoratori del Kurdistan (Pkk), il TGB (Unione dei Giovani Turchi), ma anche i sindacati, che si stanno mostrando decisi a svolgere un’azione politica di forte coesione con le altre componenti antagoniste, portando in piazza i loro iscritti e promettendo scioperi generali nei prossimi giorni. Nella mobilitazione generale ci sono anche i Verdi e il Partito Comunista di Turchia, forti oppositori alla sottomissione del premier alle logiche capitaliste, oltre che le associazioni che si oppongono visceralmente al collaborazionismo del governo nei confronti dell’aggressione alla Siria. Contro Erdoğan, insomma, c’è un intero popolo. Le “primavere arabe” si sono tramutate velocemente in inverni freddi a causa di un islamismo dilagante. L’Akp, fautore di un modello economico e sociale di stampo liberale e islamico-conservatore, da che era un partito precursore dell’Islam politico, rischia adesso di essere il primo governo della Confraternita a cadere, con il rischio di trascinare con sé tutti i governi della regione che hanno cavalcato la protesta in Nordafrica e che sono legati a doppio filo con i Fratelli Musulmani.
 


06 Giugno 2013 12:00:00 - http://www.rinascita.eu/index.php?action=news&id=21337

Neo-Ottomaans Turkije botst met modern Turkije

Neo-Ottomaans Turkije botst met modern Turkije

door Paul Vanden Bavière

Ex: http://www.uitpers.be/

turkije protestSedert de laatste week van mei neemt de beroering toe in Turkije. Wat begon als een protest tegen bouwplannen van premier Recep Tayyip Erdogan van de islamistische Partij voor Gerechtigheid en Ontwikkeling (AKP) op het laatste stukje groen bij het Taksim-plein in hartje Istanboel, is uitgedeind naar de hoofdstad Ankara en andere grote steden. Het protest heeft inmiddels veel nieuwe thema’s in de politieke arena gegooid.

 

 

 

Tien jaar nadat de AKP aan de macht kwam in Turkije zit er duidelijk sleet op de partij. En is er een tegenbeweging gegroeid rond een generatie, die geprofiteerd heeft van Erdogans economische successen, maar niets wil weten van zijn plannen Turkije om te vormen tot een verstikkend islamistisch land. Het protest is geen heropleving van het al lang gediscrediteerd republikeins Turkije, maar een zelfbevestiging van een opkomend modern Turkije, dat zich afzet tegen het streven naar een nieuwe of neo-ottomaanse maatschappij van de AKP.

 

Het Ottomaanse rijk, ontstaan in de 14de eeuw, en genoemd naar Osman I, kende een roemloos einde na de Eerste Wereldoorlog (1914-1918), waarin het de kant van de Duits-Oostenrijkse verliezers had gekozen. Daarom zou het ontmanteld worden. Het verloor zijn Arabische gebieden en de meeste nog resterende bezittingen op de Balkan. Generaal (pasha) Mustafa Kemal wist te voorkomen dat Grieken, Italianen, Fransen en Britten zich meester maakten van delen van Anatolië en dat in oosten Armeniërs en Koerden eigen staten zouden krijgen.

 

De generaal, later Atatürk (de vader van de Turken) genoemd. Ging resoluut de weg van de modernisering in westerse zin op. Hij zette de laatste Ottomaanse sultan af en schafte ook diens titel van kalief, opvolger van de profeet Mohammed, af. Turkije was niet langer de leider en de behoeder van de orthodoxie van de soennitische tak van de islam, veruit de belangrijkste tak. Dit tot grote spijt van vele Turken, die voor een groot deel vrome moslims waren en zijn – bij de laatste parlementsverkiezingen, die van 2011, behaalde de AKP bijna 50% van de stemmen.

 

 

Diepe staat

 

Meer nog Atatürk, ging de weg van scheiding van moskee en staat op: Turkije werd een seculiere staat – met dien verstande dat de Turkse regering wel de islam als staatsgodsdienst aannam maar tegelijkertijd de clerus onder een strikte controle hield. Imams worden opgeleid in staatsscholen, krijgen hun benoemingen van de staat, die ook instaat voor de bouw van moskeeën. Geen wildgroei van privé-initiatieven dus, die het staatsgezag uiteindelijk in gevaar zouden kunnen brengen.
De seculiere staat maakte het mogelijk dat de Turken die dat wensten, in tegenstelling tot in de meeste islamitische landen, zich konden onttrekken aan controle door de islamitische clerus en vrij hun mening over godsdienst konden uiten. Dat was een grote verdienste. Maar de Turkse Republiek was alles behalve een democratie. Pas in de jaren 1950 werd partijvorming toegelaten. Maar dan nog werd alles gecontroleerd door wat men de “diepe staat” noemt, een groep van generaals, die zich als behoeder van de erfenis van de in 1938 overleden Atatürk opwierp, van rechters, professoren, journalisten… De partijen moesten rekening houden met een aantal door de “diepe staat” uitgezette rode lijnen. Zo mocht het parlement niet debatteren over het budget van het leger en politie en zich niet moeien met het optreden van de militairen tegen van separatisme verdachte Koerden en tegen linkse groepen. Een optreden dat moorddadig was. De mensenrechten werden op alle manieren geschonden. Censuur en controle alom tegenwoordig. De democratie in Turkije was dus grotendeels fictie.

 

Hierin kwam geleidelijk verandering toen Turkije zijn kandidatuur stelde voor lidmaatschap van de Europese Unie, die een hele reeks voorwaarden stelde op gebied van economie, politiek en mensenrechten. Dat was het begin van het einde van het republikeinse establishment en van de “diepe staat”. Europa maakte het mogelijk dat de AKP in november 2002 de verkiezingen kon winnen zonder dat het leger een staatsgreep pleegde. Voor Erdogan begonnen jaren van manoeuvreren om uit de greep van de “diepe staat” te geraken. Daar slaagde hij in toen hij uiteindelijk de macht van de militairen wist te breken. Ook haalde hij bij elke opeenvolgende parlementsverkiezingen meer stemmen, waarin zijn economische successen een rol grote rol speelden. Erdogan bouwde de rol van de staat in de economie systematisch af en wist het investeringsklimaat te verbeteren door nieuwe wetten en reglementen. Turkije is nu de 15de grootste economie van de wereld en is grotendeels gespaard gebleven van de banken- en beurscrash van 2008.

 

 

Autoritair islamist

 

Maar Erdogan is en blijft een conservatieve islamist, die de Turkse maatschappij wil moraliseren. Hij heeft zich ook opgeworpen tot een autoritaire eerste minister, die geen tegenspraak duldt en ervoor gezorgd heeft dat duizenden politici, journalisten, linkse activisten, Koerden, militairen… in de gevangenis werden gestopt zonder veel bewijzen. Van persvrijheid houdt de eerste minister helemaal niet. Veel journalisten durven hun mening niet meer uiten uit vrees in de gevangenis te geraken en torenhoge boetes te krijgen. Krantenuitgevers die zich tegen de regeringspolitiek uitspreken kunnen op elk ogenblik enorme belastingsboetes krijgen.
Geleidelijk aan wordt de islamitische moraal aan de Turken opgedrongen. De hoofddoek, destijds door Atatürk gebannen uit publieke gebouwen, keert geleidelijk aan terug. In april begon Erdogan Ayran, yoghurt aangelengd met water, aan te prijzen als de Turkse nationale drank in de plaats van de gealcoholiseerde anijsdrank raki. Inmiddels werden al wetten ingediend om de verkoop van alcohol bij bepaalde plaatsen zoals scholen en moskeeën en op bepaalde uren te verbieden.

 

Enkele jaren geleden zorgde Erdogan tot bij de Europese Unie voor ophef toen hij een wet wou laten goedkeuren om overspel strafbaar te maken. Dat voorstel moest hij intrekken door de beroering die het internationaal verwekte. Nu laat Erdogan zich laatdunkend uit over homoseksualiteit – volgens hem een ziekte – en bestempelt hij abortus als moord.
Erdogan werpt zich de laatste paar jaren ook steeds meer op als de beschermer en behoeder van de soennitische islam, zoals de sultans-kaliefen dat vroeger deden. Daarom ook heeft hij zich aangesloten bij de soennitische as van Jordanië, Saoedi-Arabië en de andere monarchieën op  het Arabische schiereiland zoals Qatar en wil hij zijn voormalige vriend Bashar al-Assad, de president van Syrië, ten val brengen.

 

Dat moraliserend en conservatief beleid heeft hem een verlies aan populariteit opgeleverd bij de moderne Turken, die graag hun raki of hun Efes-pils willen blijven drinken. En de rol van soennitisch leider is niet goed gevallen bij de ongeveer 20 miljoen Turken die alevieten zijn, de Turkse tegenhanger van de Syrische alawieten, die beide zijn voortgekomen uit een dissidentie binnen het sjiisme. In Turkije steunen de alevieten de Syrische president Assad. Zij niet alleen, ook partijen als de Republikeinse Volkspartij (CHP), de partij die destijds door Atatürk werd opgericht, verwerpen de Syrië-politiek van Erdogan.

 

De vraag is nu of Erdogan onder de druk van de betogingen zal terugkrabbelen. Momenteel geeft hij de indruk van niet en verwerpt hij vergelijkingen van het huidige oproer in Turkije met de “Arabische lente”. Hij weet zich ook gesterkt door het feit dat bijna de helft van de Turken in de vorige verkiezingen voor hem hebben gestemd.

 

mercredi, 17 avril 2013

La nouvelle entente turco-kurde: un hasard?

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“M.”/” ’t Pallieterke”:

La nouvelle entente turco-kurde: un hasard?

 

C’est une combinatoire de faits nouveaux —tels la lassitude face à un conflit de très longue durée, les changements de donne géopolitique suite aux événements d’Irak et de Syrie— et des intérêts politico-économiques importants qui ont convaincu le premier ministre turc Erdogan qu’il était temps, enfin, de mettre un terme au conflit qui opposait l’Etat turc aux Kurdes depuis plus de trois décennies. Cette volonté de paix n’a rien à voir avec une sympathie subite à l’égard des Kurdes d’Anatolie orientale. Au contraire, cette démarche découle d’un calcul politique bien conçu.

 

Si, dans l’avenir, nous aurons une paix de plus ou moins longue durée entre Turcs et Kurdes, ce n’est certainement pas parce que le premier ministre turc Erdogan est tombé de son cheval, frappé par la foudre, comme le Saint-Paul des Epitres sur le chemin de Damas. L’idéal d’une paix définitive n’est pas tombé du ciel comme la manne du désert sur les Juifs errant dans le Sinaï. Plusieurs glissements d’ordre géopolitique et économique ont contribué à forger un nouveau contexte.

 

Première constatation: après trente ans de conflit, avec au moins mille morts par an, les deux camps se rendent enfin compte qu’une victoire rapide et glorieuse n’est plus envisageable: ni pour les militaires turcs ni pour les guerilleros du PKK. Le gouvernement d’Ankara voit qu’il ne parviendra pas à décapiter la résistance armée kurde; de même, les Kurdes se rendent bien compte désormais qu’un Etat indépendant kurde, viable et digne de ce nom, n’est pas une perspective réaliste. Ces constatations, posées par les uns et par les autres, permettent d’envisager le pragmatisme. Le discours modéré, prononcé récemment par le leader kurde Öçalan, qui croupit depuis 1999 dans une cellule turque, après que des agents turcs l’aient arrêté au Kenya, montre que ce chef de guerre a gardé toute son aura. Il ne prononce plus le mot “indépendance”. Il évoque au contraire l’idée d’une “autonomie locale”, de droits linguistiques et de l’arrêt des répressions turques. Ces revendications sont nettement moins fortes que la volonté préalable des révolutionnaires nationaux kurdes de créer un Etat indépendant kurde, promis à la fin de la première guerre mondiale. La pensée d’Öçalan a donc évolué. Mieux: pour Erdogan, c’est l’ébauche d’un compromis défendable devant le parlement turc.

 

Vraisemblablement les choses bougent depuis octobre 2012. Un va-et-vient diplomatique s’est mis en branle entre les résidences du premier ministre turc et l’île d’Imrali, où le chef kurde est détenu. On avait déjà l’impression que les Kurdes avaient décidé d’un cessez-le-feu unilatéral. En réalité, il y avait plus. Au cours des conversations, tenues à l’abri des regards, les deux parties ébauchaient les contours d’un compromis de grande ampleur. Pour amener les Turcs à céder, les Kurdes ont promis à Erdogan de soutenir ses projets de réforme, allant dans le sens d’un pouvoir présidentiel plus fort, qui serait alors taillé sur mesure pour la propre candidature future du premier ministre.

 

Le facteur syrien

 

Le rapprochement entre le gouvernement d’Erdogan et les Kurdes ne s’explique que par les événements qui affectent la Syrie. Syriens et Kurdes avaient partie liée. La guerre de résistance lancée par le PKK en 1984 a commencé en Syrie. Dès cet instant, le PKK est devenu un instrument aux mains du régime baathiste syrien face à la Turquie, souvent suite à de longues et pénibles négociations pour les eaux du Tigre et de l’Euphrate. Opérons un retour en arrière de trente années. Le régime syrien d’Assad voulait faire des Kurdes ses alliés. Cela s’est, semble-t-il, avéré un faux calcul, car les Kurdes aussi se sont opposés au régime syrien. Les Turcs ont suivi cette évolution avec inquiétude: en effet, pour eux, un scénario apocalyptique —et bien réel— risquait de se dérouler. Certes, c’est tenter de prédire l’avenir dans une boule de cristal que de spéculer sur ce qui adviendra en cas de désagrégation de l’Etat syrien mais, malgré tout, l’émergence d’une entité kurde indépendante sur le territoire de la Syrie actuelle est plausible, tout comme ce fut le cas en Irak. Nous sommes bien sûr fort éloignés d’un grand Etat kurde qui surplomberait toutes les frontières actuelles et engloberait tous les Kurdes ethniques (le plus grand peuple sans Etat!) mais l’apparition potentielle, sur la mosaïque proche-orientale, de deux entités étatiques ou semi-étatiques kurdes inquiète grandement Ankara. Un diplomate remarquait récemment: “Avec ce qui s’est passé en Irak et avec les événements de Syrie, la Turquie est dorénavant confrontée à la pression la plus forte sur ses frontières qui ait jamais existé depuis que Britanniques et Français ont démantelé l’ex-Empire ottoman”.

 

Le rapprochement turco-kurde entre bien dans le cadre de la politique intérieure turque. Erdogan poursuit deux objectifs: il veut éviter tout nouveau coup d’Etat militaire et il veut aussi éliminer les tendances anti-religieuses (dont anti-islamistes) qui avaient structuré l’Etat kémaliste turc, désireux de mettre un terme à toute influence de la religion dans les affaires politiques. Öçalan ne trouve rien à redire à ces deux axes majeurs de la politique erdoganienne. Le premier ministre turc veut aussi un pouvoir présidentiel plus fort. Pour revoir la constitution en ce sens, il faut une majorité des deux tiers. Un bref calcul nous apprend que pour réaliser ce triple projet politique, Erdogan a besoin du soutien de 20% de ses concitoyens kurdophones, que les kémalistes appelaient “Turcs des montagnes”.

 

Sur le plan économique, Erdogan flaire également une plus-value. On sait que la meilleure image de marque de son gouvernement a été de promouvoir un important boom économique. La Turquie peut toutefois faire mieux encore, surtout, justement, dans la partie kurdophone du pays. A cause du conflit de longue durée qui a affecté cette région, son poids économique n’a cessé de décliner. Ensuite, les relations économiques entre la Turquie et l’entité kurde du Nord de l’Irak sont bonnes et très prometteuses. Si une pacification définitive intervient dans cette région jusqu’ici en ébullition, Erdogan pourra tirer grand profit de la nouvelle donne et réaliser ses projets de démantèlement de l’Etat kémaliste.

 

“M.”/” ’t Pallieterke”.

Article paru dans “ ’t Pallieterke”, Anvers, le 10 avril 2013.

Sur la “réconciliation” israélo-turque

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“M.”/” ’t Pallieterke”:

Les effets d’une réconciliation froide

 

Sur la “réconciliation” israélo-turque

 

Israël et la Turquie ne sont pas encore franchement réconciliés. Mais un premier pas a été fait. Il y plus intéressant à faire que de commenter inlassablement les excuses de Netanyahu à son collègue turc Erdogan: chercher à savoir quelle est la motivation exacte de cette démarche. L’instabilité en Syrie, disent la plupart des observateurs, ce qui est peut-être vrai mais réduit considérablement le rôle que joue dans ce scénario le Président américain Obama, architecte silencieux de ce glissement diplomatique au Proche-Orient.

 

“Une semaine fantastique pour Erdogan” annonçait le “tweet” de Javier Solana, jadis secrétaire général de l’OTAN, avant qu’il ne devienne le “Haut représentant” de tout et du contraire de tout au sommet de l’UE. Deux événements expliquent cet enthousiasme de Solana pour Erdogan. D’abord, le cessez-le-feu accepté par les Kurdes, ensuite les premiers pas vers une normalisation des rapports turco-israéliens.

 

Les choses ne tournaient pas rond depuis quelques années déjà entre la Turquie et Israël. On se rappellera surtout la tentative des quelques “activistes” turcs en 2010 qui, à bord du bateau “Mavi Marmara”, avaient tenté d’atteindre la Bande de Gaza. Lors d’un raid israélien contre ce bâtiment, neuf citoyens turcs avaient été tués. Ankara avait immédiatement rompu toutes ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. Les Turcs avaient exigé trois conditions pour re-normaliser les relations: des excuses, le paiement de compensations et l’assouplissement du blocus imposé à Gaza. Aujourd’hui, semble-t-il, les deux premières conditions ont été remplies. Quant à l’avenir de Gaza, les choses sont beaucoup plus floues.

 

S’il fallait croire certains témoins, le moment où cette réconciliation s’est amorcée fut le départ du Président Obama après sa première visite à Israël. Quelques minutes avant d’embarquer, Obama aurait mis son téléphone portable dans les mains de Benjamin Netanyahu: son collègue turc Erdogan était au bout du fil. Netanyahu a alors exprimé des excuses, lesquelles ont été acceptées par Erdogan. Un peu plus tard, Obama a participé à la suite de la conversation. Ainsi, le Président américain, après une visite peu ambitieuse et sans beaucoup de relief à Israël, a pu engranger un succès diplomatique. La réconciliation n’est sans doute pas complète entre les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région mais un premier pas, important, a été posé.

 

Maître Obama, Notaire

 

On aurait tort de croire que tout est réglé. Le chemin à parcourir est encore long et ardu. Les positions turques vis-à-vis de la question palestinienne demeurent tranchées. Il y a quelques mois, Erdogan décrivait encore le sionisme comme un “crime contre l’humanité”. Peu après ces déclarations fracassantes, Ankara prétendait que les mots d’Erdogan avaient été mal interprétés. Cette rectification n’était rien de plus qu’un petit édulcorant diplomatique.

 

Un diplomate nous déclarait: “Rien que la personnalité d’Erdogan, avec ses discours virulents, rend l’idée d’une normalisation définitive impossible”. Bon nombre d’observateurs partagent ce point de vue. Mais il y a aussi des arguments objectifs non niables qui plaident pour un rapprochement israélo-turc: les événements récents en Egypte et la découverte de ressources gazières dans le bassin oriental de la Méditerranée. Même lorsque les relations entre les deux pays étaient au plus bas, Turcs et Israéliens s’achetaient des armes en quantité relativement importantes. Quant au reste, les litiges jettent pour l’instant une ombre lourde sur les relations entre les deux alliés des Etats-Unis.

 

Mis à part le “truc” utilisé pour obtenir les excuses de Netanyahu, Obama s’est montré le véritable architecte de la réconciliation. Cependant, mettons un bémol a cet enthousiasme: les bouillants “fans” du président américain surestiment son rôle. A côté des discours officiels, il y a les réalités. Avant tout, la Syrie. Benjamin Netanyahu, pour expliquer aux membres de son parti, aux likoudistes et à ses électeurs, qu’il se soit excusé, a avancé l’argument que “la situation en Syrie s’aggrave d’heure en heure”. Ankara prétend que ce n’est pas la Syrie qui a poussé Netanyahu à exprimer ses excuses mais a fait aussi comprendre “que vu que nous nous trouvons maintenant dans un processus de normalisation, nous allons échanger des informations sur ce dossier syrien”. Mais il y a mieux: l’idée de poser un “pipeline” entre la Turquie et Israël devient soudainement plus plausible. Si Obama n’a pas été le principal artisan de la réconciliation, comme le voudraient ses thuriféraires, il en a certainement été le témoin et le notaire. Plusieurs sources diplomatiques confirment que la situation en Syrie a contraint Netanyahu à avaler l’amer cachet des excuses, sans doute une première pour l’Etat hébreu. L’idée que le Hizbollah ou des milices liées à Al-Qaeda puissent se procurer des armes chimiques est un cauchemar pour Israël. Donc pour sortir de l’isolement, il faut que Tel Aviv retrouve des relations diplomatiques stables avec la Turquie: ce serait là un facteur essentiel pour éloigner de l’horizon ce scénario apocalyptique d’islamistes armés de missiles chimico-bactériologiques et pour participer à toutes les initiatives qui rendraient ce cauchemar impossible.

 

Chypre

 

Mais n’oublions pas Chypre. N’évoquons pas, ici, les banques cypriotes et les contacts douteux entre elles et les milieux de l’UE & Co. Au cours de ces dernières années, Chypre (c’est-à-dire la partie grecque et indépendante de l’île et non pas la partie septentrionale de celle-ci occupée par l’armée turque) a misé sur Israël, a renforcé ses liens avec l’Etat hébreu. Comme les relations turco-israéliennes étaient rompues, ces initiatives cypriotes ont connu un certain succès. Comme les Turcs sont les occupants illégitimes d’une partie de l’île, les Chypriotes grecs se sont dit: les ennemis de nos emmenis pourraient peut-être devenir nos amis... Mais que se passera-t-il si les relations turco-israéliennes s’améliorent, du moins sur le plan économique? Nicosie sera sans doute contrainte, alors, de négocier avec son ennemi héréditaire turc. Chypre avait essayé d’obtenir toutes sortes d’avantages grâce à des relations quelque peu privilégiées avec Israël, pour pouvoir contourner la Turquie: c’était une politique réaliste et réalisable, mais aujourd’hui, vu le rapprochement israélo-turc, elle risque bien de ne pas enregistrer le succès escompté ni de s’inscrire dans la durée. Il suffit d’un petit changement de donne pour modifier de fond en comble un contexte politique qui évoluait vers de nouvelles stabilités.

 

“M.”/” ’t Pallieterke”.

Article paru dans “ ’t Pallieterke”, Anvers, 3 avril 2013.