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vendredi, 30 novembre 2012

Roberto Fiorini: "CRISE OU OFFENSIVE DU CAPITAL ?"

Roberto Fiorini: "CRISE OU OFFENSIVE DU CAPITAL ?"

Méridien Zéro a reçu Roberto Fiorini, secrétaire général de Terre & Peuple, pour développer avec lui sa thèse d'une offensive du Capitalisme sur fond de crise.

crise économique, capitalisme, offensive, dette, monnaie, chômage,

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2012/11/09/emission-n-118-crise-ou-offensive-du-capital.html

samedi, 24 novembre 2012

L'Europe ne sera sauvée que par une remise en cause du dogme libre-échangiste!

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L'Europe ne sera sauvée que par une remise en cause du dogme libre-échangiste!

Ex: http://infonatio.unblog.fr/

Jean-Luc Gréau n’est pas vraiment un agité altermondialiste. Cadre au CNPF, puis au MEDEF pendant trente-cinq ans, c’est un économiste iconoclaste qui nourrit sa réflexion aux meilleures sources : Smith, Schumpeter et Keynes. À la différence de bon nombre de ses pairs, il a vu venir la crise, comme il la voit aujourd’hui se poursuivre. Un économiste avisé. L’espèce est rare.

Le Choc du mois : Quelles sont selon vous les nouveautés radicales qui caractérisent la globalisation économique mise en place dans les années 1980-1990, et dont vous dites qu’elles ont changé la nature même du libéralisme économique ? 
Jean-Luc   Gréau : Nous percevons maintenant avec netteté les deux orientations cruciales qui ont ouvert la voie à la transformation économique et financière de ces trente dernières années. Une première orientation est donnée par la subordination de l’entreprise aux volontés expresses de ces actionnaires puissants que sont les fonds de placement. La personne morale « entreprise » a été instrumentalisée et abaissée au rang de machine à faire du profit (money maker). Le phénomène est manifeste pour les sociétés cotées qui ne sont pas protégées par un capital familial ou par des actionnaires de référence, mais il affecte aussi beaucoup de sociétés non cotées, contrôlées par des fonds dits de « private equity » qui ont les mêmes exigences que les actionnaires boursiers.
Une deuxième orientation est représentée par le libre-échange mondial qui concerne surtout l’Europe, espace le plus ouvert au monde, et à un moindre degré, les États-Unis. Cette ouverture des marchés des pays riches revêt une importance cruciale du fait que, contrairement au double postulat de suprématie technique et managériale des Occidentaux d’une part, et de spécialisation internationale du travail d’autre part, les pays émergents ont démontré leur capacité à rattraper nos économies et à s’emparer de parts de marché croissantes, y compris dans les secteurs à fort contenu technologique. Sait-on que les États-Unis subissent, depuis 2003, un déficit croissant de leurs échanges dans ces secteurs ?
La grande transformation s’est produite quand ces deux orientations ont conjugué leurs effets pour entraîner les économies développées dans une spirale de déflation rampante des salaires qui a été longtemps masquée par l’endettement des particuliers. C’est cela que signifie au premier chef la crise des marchés du crédit déclenchée en 2007 : l’incapacité pour de nombreux ménages occidentaux de rembourser une dette disproportionnée.

Estimez-vous que nous allons vers une sortie de crise comme le prétendent les chefs d’État du G20 ?
Non, la crise du crédit privé n’est pas résorbée, en dépit de ce qu’affirme la communication tendancieuse de la corporation bancaire: elle couve discrètement dans les comptes de nombreux organismes. Aujourd’hui, nous devons faire face de surcroît à une montée des périls sur la dette publique de la plupart des pays occidentaux, pour ne pas dire tous. L’affaissement des recettes fiscales, le subventionne-ment des banques en faillite et les mesures de relance ont sapé les fondements de l’équilibre des comptes publics. Pour conjurer les nouveaux périls, il faudrait que se manifeste une providentielle reprise économique forte et durable redonnant aux Etats les moyens de faire face à leurs obligations financières. Mais les orientations qui ont conduit au séisme sont toujours à l’œuvre et l’on peut craindre au contraire leur renforcement.

Comment interprétez-vous la crise suscitée par l’explosion de la dette publique grecque ?
La faillite virtuelle de la Grèce, qui devrait précéder de peu celle d’autres pays européens, nous enseigne deux choses. La première est que le choix d’une monnaie unique impliquait le choix corrélatif d’une union douanière. Or, nous avons fait, immédiatement après Maastricht, le choix inverse de l’expérience, en forme d’aventure, du libre-échange mondial et de la localisation opportuniste d’activités et d’emplois dans les sites les moins chers. Ce choix a fragilisé par étapes les économies les moins compétitives, de la périphérie européenne, mais aussi des économies dignes de considération comme la française et l’italienne. Il a en outre conduit l’Allemagne, puissance centrale, à réduire ses coûts du travail, pour se maintenir à flot grâce à un courant d’exportation croissant, mais au prix d’une consommation chronique-ment en berne, qui pèse sur les exportations des partenaires européens vers le marché allemand. L’Europe, s’il n’est pas trop tard, ne sera sauvée que par une remise en cause du dogme libre-échangiste.
La deuxième est probablement que la monnaie unique a joué, à l’inverse de ce qu’imaginaient ses concepteurs, un rôle d’inhibiteur des faiblesses et des déséquilibres. Avant la crise, tous les pays de la zone euro bénéficiaient de conditions d’emprunt favorables. Les écarts de taux entre l’Allemagne et les pays aujourd’hui directement menacés étaient tout à fait négligeables. C’était là la grande réussite apparente de l’euro. Mais ce faisant, et avec l’apport complémentaire des fonds dits de cohésion structurels, les pays membres de la zone euro n’ont, en dehors de l’Allemagne et des Pays-Bas, pas pensé leur modèle économique. Des déficits extérieurs structurels sont apparus partout où l’on n’avait pas les moyens de relever le double défi du libre-échange et de la monnaie forte. Ces déficits structurels n’ont aucune chance de se résorber, sauf dans deux hypothèses : la sortie de l’euro par les pays concernés ou l’entrée en violente dépression de la demande interne. On conviendra que chacune de ces hypothèses renferme la probabilité de la fin de l’Europe, telle que nous l’avons vu vivre depuis les commencements du projet.

Le dollar pourra-t-il rester selon vous l’étalon monétaire universel dans les années qui viennent ?
Il existe un malentendu ancien et majeur au sujet du rôle international du dollar. La devise américaine a cessé de constituer, une fois pour toutes, un étalon pour les autres monnaies, à partir de son flottement décidé au printemps 1973. Depuis lors, il fluctue, comme la plupart des autres monnaies importantes, en suivant de fortes variations dans le temps. Or, une monnaie étalon joue par définition le rôle d’un môle d’amarrage pour les autres monnaies. Au surplus, le rôle du dollar en tant que monnaie étalon ne figure plus dans aucun texte en vigueur. Il demeure prédominant en tant que moyen international de facturation et de règlement des transactions commerciales et financières. Cette prédominance découle de la puissance intrinsèque de l’économie américaine, mais aussi de la facilité d’acheter des biens internationaux comme les matières premières avec une seule monnaie. De surcroît, les partenaires asiatiques des États-Unis s’en sont toujours accommodés dans la mesure où ils étaient d’un côté importateurs de matières premières, et, d’un autre côté, exportateurs vers les États-Unis. L’entrée en scène de l’euro n’a pas modifié cet état de choses, sinon à la marge. Les Airbus sont toujours facturés en dollars, comme les Boeing.
On peut penser cependant que la situation pourrait évoluer du fait du déclin relatif de l’emprise économique et financière des États-Unis. La puissance américaine a trouvé un interlocuteur en la personne de la nouvelle puissance chinoise. C’est entre ces deux pays qu’a commencé, semble-t-il, le régime de partage de la domination, ce qui crée une situation dangereuse pour les autres parties du commerce mondial, mais aussi à terme, pour les États-Unis eux-mêmes, qui ne peuvent escompter autre chose qu’une poursuite de leur déclin relatif. La Chine deviendra maîtresse du jeu, sauf si les Occidentaux font obstacle à son impérialisme économique ou si ce pays devait connaître à son tour une crise due à la surchauffe qui se manifeste depuis quelques mois.

D’après vous, la crise économique que doit affronter le monde depuis trois ans a-t-elle ébranlé la solidité des dogmes libre-échangistes ?
Hélas, à l’instant présent, les dogmes, les tabous et les interdits qui définissent l’expérience néo-libérale restent en place. On se réjouit officiellement de ce que le libre-échange ait survécu malgré la gravité de la crise dont il constitue pourtant une cause majeure. On exhorte maintenant les pays sinistrés ou en difficulté à de nouveaux sacrifices sans prendre en considération le risque de retour en force de la crise de la demande et de rechute consécutive de l’ensemble des marchés financiers. L’aveuglement persiste et s’aggrave, en dehors de petits cercles de personnes placées en prise directe avec les entreprises ou les territoires sinistrés. Une chape de plomb s’est à nouveau refermée sur les consciences sincèrement ouvertes au débat. Mais le déni de réalité ne pourra se prolonger longtemps. Patience !

Propos recueillis par Pierre-Paul Bartoli

LECHOCDUMOIS mai 2010

À lire : Jean-Luc Gréau, La Trahison des économistes, « Le Débat », Gallimard, 250 p., 15,50 €

lundi, 12 novembre 2012

Il cancro del liberalismo secondo Moeller van den Bruck

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Il cancro del liberalismo secondo Moeller van den Bruck

di Luca Leonello Rimbotti

Fonte: mirorenzaglia [scheda fonte]

Che da circa tre-quattro secoli i popoli vengano giocati da un inganno assurdo e atroce è cosa nota a chiunque sia interessato alla storia come manifestazione della scienza politica applicata. Che questo inganno teso alla nazione abbia un nome e si chiami liberalismo appare evidente da oltre un secolo a tutti coloro che, davanti alla crisi sempre più chiara in cui l’Europa veniva e viene gradatamente sprofondata, si sono interrogati circa il destino che attende i popoli che si lascino irretire dalla fiaba della democrazia parlamentare. Il liberalismo come «rovina dei popoli» è un concetto utilizzato ad esempio da Moeller van den Bruck nel 1923, allorquando il piano di sovversione etica e di disintegrazione sociale ordito dal liberalismo era già evidente a chiunque avesse occhi per vedere. Interi schieramenti di alta cultura politica europea se ne resero conto in tempo, e lanciarono i loro poderosi avvertimenti. Gli Spengler o i Sombart, i Barrés o i Maurras, i Papini o i “vociani”, e dunque tutto l’ambiente vasto della Rivoluzione Conservatrice europea – da “destra” a “sinistra”: dai nazionalisti ai sindacalisti rivoluzionari, dai nazionalrivoluzionari ai nazionalbolscevici, dai fascisti ai nazionalsocialisti – avevano chiara una cosa: il liberalismo, sotto la scorza di una copertura “democratica”, è il più micidiale pericolo mai corso dalla civiltà non solo europea ma mondiale, diciamo mai corso dall’umanità, poiché nasconde una promessa di morte sociale di massa che avanza con le logiche di una inesorabile volontà di distruzione.

Moeller van den Bruck non fu che uno tra i migliori fra quanti seppero leggere con rigore e chiarezza la natura della minaccia. Novant’anni fa egli lanciò uno degli avvertimenti più crudi e veraci circa la natura dell’abisso verso il quale i popoli venivano sospinti dalla famelica volontà di corrosione di cui il liberalismo è strutturalmente animato. Qualcosa che va molto al di là delle stesse categorie politiche, che non riguarda solo la febbre economicista o il delirio usurario, ma che investe la stessa natura umana, sovvertendola. Il liberalismo come male morale, come lebbra dello spirito, come abbandono dei tratti di un umanesimo sociale in un lucido disegno di morte.

«È il distruttivo mondo ideologico di un liberalismo che, attraverso le sue soluzioni, diffonde una malattia morale nei popoli e penetra con la sua forza dominante in una nazione, decomponendola». Questa frase di Moeller, presente nel suo libro famoso intitolato Il Terzo Reich, ci dà conto della natura del contagio liberale. Esso non è solo politico o sociale, ma spirituale, anìmico, va alle viscere della mente e del cuore, e lì decompone senza posa. L’uomo liberale, soggiogato dalle logiche dell’individualismo acquisitivo, è una struttura trans-politica, è un risultato del lavoro che la macchina liberal-liberista va compiendo per lo meno dal Seicento e da quando in terra inglese si affermò la saldatura fra circuiti massonico-mercantili e puritanesimo biblista. Si tratta della sindrome visibile di una patologia che lavora negli interstizi coscienziali, fra le penombre di menti alterate dalla dis-umanizzazione della personalità, dando luogo al lucido incubo della società dei diritti: «Il liberalismo è la libertà di non avere princìpi, ma allo stesso tempo di sostenere che questi princìpi esistono». Questa asserzione di Moeller è la più potente diagnosi sul liberalismo che mai sia stata fatta da un’intelligenza europea. Facciamoci caso. Ha la portata di un aforisma nietzscheano. Essa nasconde, nella breve linearità di una frase sintetica, l’intero universo della debilitazione che va ascritta ad un disegno di snaturamento dell’uomo qual è il liberalismo. Una dottrina e una pratica che operano un vero e proprio attentato antropologico lavorando sull’uomo, destabilizzando e poi liquidando il suo arcaico onore di appartenere ad una comunità di simili tra i quali vigano amore e reciprocità. Dell’uomo animale sociale teso al suo simile il liberalismo fa una cellula afflitta da forme di egoica incontinenza sempre crescenti e che, simili al tumore, hanno nell’idea di “espansione” il loro vertice necrotico.

L’uomo liberale espande i suoi diritti e allarga il suo accesso al denaro con la logica aziendale di un procedere vorace sul mercato delle menti, egli agisce sotto la spinta di una necessità biologica, secondo istinti indotti da una rovinosa concezione dell’umano, che fa dell’interesse personale la molla prima ed unica dell’esistere. L’ignobile che diventa codice etico. Qualcosa che, nell’Antichità o nel Medioevo, sarebbe parso indegno e infame, cioè l’individuo che antepone il profitto al codice etico comunitario, sotto il trattamento dei “princìpi” liberali diventa titolo di accesso ai massimi prestigi sociali: l’uomo di successo, il ricco, il vincente. Un tale rovesciamento dei valori non riguarda solo l’uomo, ma soprattutto l’uomo associato. Investe non solo l’Io, ma soprattutto il Noi, facendolo a pezzi senza possibilità che si abbia una ricostruzione quale che sia del tessuto sociale così rozzamente e così a fondo lacerato.

L’analisi del liberalismo fatta da Moeller – che più di altri pose l’accento sugli aspetti generali, oggi diremmo “mondialisti”, di questa sinistra affermazione della disumanità – oggi attira l’attenzione di tutti coloro che ancora si pongono su posizioni antagoniste rispetto al potere mondiale liberal, proprio perché l’accento veniva da Moeller posto sul liberalismo in quanto sistema: un sistema attraverso il quale si distruggono le identità dei popoli e, su questo terreno desertificato, si erige un potere mondiale fondato sul profitto privato e sul gigantesco sfruttamento di massa. Il liberalismo ha una sostanza di progetto ultimativo. Non è una semplice dottrina politica. È una rete. È un piano mondiale ed epocale, un metodo col quale si intende chiudere la storia e liquidare le appartenenze (famiglia, nazione, etnia, cultura, civiltà), una volta per tutte.

Il liberalismo, quindi, come metodo, come prassi di un potere che non ha ideologia, né intende averla, ma ha solo un fine ultimo combaciante con una sorta di millenarismo in negativo ed invertito di segno: la «rete di intrighi estesa sul mondo» di cui parlava Moeller nel 1923 è ad esempio quella in cui ingenuamente cadde la vecchia Germania imperiale, sospinta a recitare la parte dell’imperialista aggressiva dagli stessi maggiori gestori e azionisti dell’imperialismo di rapina su scala planetaria, e così aprendo il ciclo guerresco con cui si ottenne la rovina politica dell’Europa e la sua uscita di scena come contropotere a livello globale.

Quella rete è esattamente la stessa nella quale cadono, una ad una, le nazioni al giorno d’oggi, in quella ultima fase che stiamo vivendo e in cui si assiste al passaggio finale dal liberalismo capitalista internazionale – ancora in qualche modo legato alla finzione dei “governi nazionali” – al liberalismo finanziario cosmopolita su base apertamente snazionalizzata. Moeller va oggi riletto proprio in questa chiave, come testimone diretto e di assoluto rilievo di una fase decisiva del liberalismo, già ai suoi tempi ben leggibile, nel suo passaggio da macchinazione ancora parlamentaristica e “democratica”, con vari gradi di applicazione della pantomima egualitaria, ad aperto gioco al massacro degli interessi vitali dei popoli, in nome della brutale prevalenza di quelli internazionali privati.

Moeller, con poche e illuminanti osservazioni, stilò una diagnosi del fenomeno liberale con categorie a tutt’oggi del più grande interesse. Egli seppe individuare nell’insieme delle contraddizioni del piano mondialista la natura stessa del progetto liberale: lotta contrapposta fra concentrazioni di potere divise dalle tattiche contingenti, ma unificate dalla strategia di asservimento. Un modo di procedere tipicamente massonico. Ma, attenzione: non si deve pensare alla vecchia massoneria di pensiero e di club, il metodo massonico essendo un insieme di circuiti anche in contraddizione tra di loro, ma sostenuti da un unico procedimento volto al medesimo fine. In questo, Moeller è stato un maestro come analista: «Ma il carattere ambiguo, mutevole della massoneria, la sua plasticità e quindi la sua capacità di adattarsi agli eventi» erano e sono la struttura del progetto liberale, il suo scheletro osseo, su cui si impianta l’intera operazione di sovvertimento.

«Dobbiamo inoltre considerare – continuava genialmente Moeller novant’anni, ripetiamo, novant’anni fa! – che, nel percorrere la storia della massoneria, ci si imbatte in una disgregazione di princìpi, che presuppone un uomo del tutto particolare, nel quale individuiamo la tipologia del liberale: un individuo con un cervello vacuo, debole, il quale o non è in grado di dare ordine ai propri princìpi, o si prende cura di metterli da parte. Un uomo cui non costa nessuna fatica rinunciare a tali princìpi, anzi è lieto di trarne vantaggio». Si tratta, quindi, essenzialmente di qualcosa di non-politico, anzi di a-politico e di anti-politico. La mutazione genetica dell’antropologia umana applicata dal massonismo liberale è la piattaforma su cui si erge la pratica di sbriciolamento dei legami umani. Le massonerie in competizione tra di loro – la Trilateral, il WTO, gli associazionismi ebraico-puritani, etc. – sono la maschera di un potere che nel suo fondamento è unico e unidirezionale. Questa la lettura: «La massoneria è solo una direttiva generale. Essa si rifà al liberalismo». E tutto, oggi ancora di più di ieri, è “massoneria”. Il potere mondiale è “massoneria”. Il fine agitato davanti alle masse e quello realmente perseguito dagli oligarchi liberali non sono altro che “massoneria”, esclusivamente “massoneria”. Poiché «l’appello al popolo serve alla società liberale soltanto per sentirsi autorizzata ad esercitare il proprio arbitrio. Il liberale ha utilizzato e diffuso lo slogan della democrazia per difendere i suoi privilegi servendosi delle masse». Cos’altro c’è da aggiungere? Dallo scatenamento della Prima guerra mondiale fino alle “guerre umanitarie”, fino all’Iraq, fino alla Libia di oggi o all’Iran di domani, è tutto un unico piano inclinato, un unico procedere sulla via tracciata dallo stesso, immodificato progetto “massonico” che anima il liberalismo: «Il liberalismo ha distrutto le civiltà. Ha annientato le religioni. Ha distrutto le patrie. Ha rappresentato la dissoluzione dell’umanità». Può esserci qualcosa di più da dire, rispetto a queste plastiche osservazioni espresse agli inizi degli anni Venti del Novecento da Moeller, adesso che siamo vicini agli anni Venti del Duemila?

Il segreto del progetto di rovesciamento liberale – che si è sempre servito della “patria”, del “popolo”, della “nazione” come di grimaldelli coi quali abbattere la patria, il popolo e la nazione – è il segreto stesso del male americano e del suo estendersi nel mondo con la negatività di una metastasi inarrestabile. I progettisti liberali sono gli ingegneri della dissoluzione:

La loro ultima idea è diretta alla grande Internazionale in cui vengono del tutto ignorate le differenze di lingue, di razze, di culture: si dovrebbe essere governati come un unico popolo di una famiglia fatta di fratelli selezionati dalle intelligenze di tutti i paesi, i quali assommerebbero in sé le prerogative morali del mondo nella sua globalità. Essi piegano la nazionalità a questo internazionalismo, e per fare ciò si servono anche del nazionalismo.

I liberali si servono di quella macchina infernale che è il “patriottismo costituzionale”, impiantata sul diritto acquisito per ius solii, sull’indifferenziato inglobamento nella “repubblica mondiale”: il sogno spaventoso dei massoni di vecchia data è il tappeto su cui scivola veloce la macchina della globalizzazione, che Moeller così lucidamente osservò durante quella Repubblica di Weimar, un laboratorio nel quale si fece un ottimo esercizio di prova sui metodi e i tempi con i quali si potevano ottenere ad un tempo lo sbriciolamento politico dell’Europa e l’annientamento della sua cultura differenziante e identitaria.

Oggi l’occhio dell’uomo europeo che ancora sappia sottrarsi alla rete degli inganni liberali deve di nuovo posarsi su Moeller van den Bruck come su un antesignano, un veggente e un sicuro diagnostico in cui trovare parole di risveglio. E attingere dalle sue analisi potrà significare ricostruire dalle fondamenta quella cultura politica che occorre per ingaggiare con i mondializzatori il loro stesso gioco. La lotta per la vita o per la morte, che impegna le residue energie delle avanguardie popolari ancora potenzialmente risvegliabili, passa attraverso una presa di coscienza totale del pericolo di fronte al quale si trovano i popoli e che si chiama dominio mondiale delle banche anonime e fine fisica di ogni legame dell’uomo con i suoi patrimoni di bio-storia. Una lotta con questa posta e di questa virulenza presuppone, come negli anni Venti del secolo scorso, idee radicali e una potente volontà di rivolta.


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mercredi, 07 novembre 2012

De Tien Mythes van het Kapitalisme

De Tien Mythes van het Kapitalisme

 
Ex: http://vrijenationalisten.blogspot.com/

Het kapitalisme, in haar neoliberale versie heeft zichzelf uitgeput. Financiële uitbuiters willen hun winsten niet verliezen en schuiven de schuldenlast door naar de armen. De geest van de "Europese lente" plaagt de oude wereld en de tegenstanders van het kapitalisme leggen het volk uit hoe hun leven wordt vernietigd. Dit is het onderwerp van het artikel van de Portugese economist Guilherme Alves Coelho.  

Er bestaat een bekende uitdrukking die stelt dat elke natie de regering krijgt die deze verdient. Dit is niet per definitie waar. Het volk kan misleid worden door agressieve propaganda dat vorm krijgt in denkbeelden die gemakkelijk gemanipuleerd worden. Leugens en manipulatie zijn het hedendaagse massavernietigingswapen en onderdrukken het volk. Het is net zo effectief als traditionele manieren van oorlogsvoering. In veel gevallen vullen zij elkaar zelfs aan. Beide methoden worden gebruikt om verkiezingen te winnen en dissidente naties te vernietigen.

Er zijn veel manieren om de publieke opinie te beïnvloeden waarin de kapitalistische ideologie geworteld is en naar het niveau van mythes gebracht is. Het is een combinatie van allerlei valse waarheden die miljoenen keren herhaald worden, generatie na generatie, zodat deze voor de meeste mensen onbetwistbaar geworden zijn. Deze zijn ontworpen om het kapitalisme als betrouwbaar te representeren en daarmee de steun en het vertrouwen van de massa te winnen. Deze mythes worden gedistribueerd en gepromoot via media, educatieve kanalen, familie tradities, kerk lidmaatschappen, etc. Hieronder zullen we enkele van deze veelvoorkomende mythes behandelen.

Mythe 1: Onder het kapitalisme kan eenieder die hard werkt rijk worden 

Het kapitalistisch systeem zou automatisch welvaart genereren voor hard werkende individuen. Arbeiders vormden onbewust een illusoire hoop, als deze echter niet tot uitkomst kwam dan zouden ze enkel zichzelf de schuld kunnen geven. Feitelijk is onder het kapitalisme het behalen van succes ongeacht hoe hard je ook werkt hetzelfde als een loterij. Rijkdom, met zeldzame uitzonderingen, wordt niet door hard werk gecreëerd, maar is het resultaat van fraude en een gebrek aan wroeging voor diegene die een grotere invloed en macht hebben. Het is een mythe dat succes het resultaat van hard werk is gecombineerd met een gezonde dosis geluk, feitelijk hangt succes voornamelijk af van het vermogen om deel te nemen aan het ondernemerschap en het niveau van het concurrentievermogen. Deze mythe creëert volgelingen die dit systeem ondersteunen. Religie, in het bijzonder protestantisme, voedt eveneens deze mythe.

Mythe 2: Kapitalisme creëert welvaart en rijkdom voor allen

Rijkdom geaccumuleerd in de handen van een minderheid zou vroeg of laat herverdeeld worden onder allen. Het doel hiervan is om de werkgever in staat te stellen alle rijdom te accumuleren zonder dat er vragen gesteld worden. Tegelijkertijd wordt de hoop in stand gehouden dat de arbeiders uiteindelijk beloond zullen worden voor hun werk en toewijding. In feite concludeerde zelfs Marx dat het ultieme doel van kapitalisme niet de distributie van welvaart is maar de concentratie ervan. Het alsmaar groter wordende gat tussen arm en rijk de recente decennia, in het bijzonder na de invoering van het neoliberalisme is hier het bewijs van. Deze mythe kwam het meest voor tijdens de fase van de "sociale verzorgingsstaat" van de post oorlogsperiode en haar belangrijkste taak was dan ook de vernietiging van socialistische naties.

Mythe 3: We zitten allen in hetzelfde schuitje

De kapitalistische samenleving zou geen klassen kennen en dus zou de verantwoording voor fouten en crisissen bij allen liggen en moet iedereen hiervoor betalen. Het doel hiervan is om een schuldcomplex te creëren voor de arbeiders, zodat kapitalisten verhogingen van inkomsten en uitgaven kunnen verhalen op het volk. In feite ligt de verantwoordelijkheid geheel bij de elite van miljardairs die de regering steunen en dientengevolge altijd grote privileges kennen in taxatie, offertes, financiële speculatie, offshore, nepotisme, enz. Deze mythe is door de elites geïnstalleerd om zo de verantwoordelijkheid ten opzichte van het volk te omzeilen en hen te laten betalen voor de fouten die door de elite gemaakt zijn.

Mythe 4: Kapitalisme betekent vrijheid

Echte vrijheid zou enkel bereikt kunnen worden onder het kapitalisme door de zogenaamde "zelfregulatie van de markt". Het doel hiervan is om een soort kapitalistische religie te creëren waarin alles wordt genomen voor wat het is en waarmee het volk het recht wordt ontnomen om te participeren in macro-economische besluiten. Uiteraard is de vrijheid van besluitvorming een ultieme vrijheid, maar in de kapitalistische praktijk kent enkel een kleine cirkel van machtige individuen deze vrijheid en wordt dit recht het volk en zelfs de regering ontzegd. Tijdens bijeenkomsten en fora worden, achter gesloten deuren, beslissingen genomen omtrent alle grote financiële, economische en strategische vraagstukken door de hoofden van grote conglomeraten, banken en supranationale bedrijven. De markt is dus niet zelfregulerend, maar wordt voortdurend gemanipuleerd. Deze mythe wordt eveneens gebruikt om inmenging te rechtvaardigen in de binnenlandse aangelegenheden van niet-kapitalistische landen, gebaseerd op de aanname dat deze geen vrijheid zouden kennen.

Mythe 5: Kapitalisme betekent democratie

Democratie zou enkel onder het kapitalisme kunnen bestaan. Deze mythe, die eigenlijk voortvloeit uit de voorgaande, was gecreëerd om iedere discussie over andere modellen van sociale orde tegen te gaan. In de kapitalistische beleving zouden deze immers allen dictatoriaal zijn. Kapitalisme wordt het alleenrecht aangemeten op concepten zoals vrijheid en democratie, terwijl hun feitelijke betekenis wordt vervormd. In de praktijk is de kapitalistische samenleving ingedeeld in klassen waarin de minieme minderheid van rijken alle andere klassen domineert. De kapitalistische "democratie" is niets anders dan een vermomde dictatuur en "democratische hervormingen zijn processen die vooruitgang in de weg staan. Net als de vorige mythe is dit enkel een excuus om niet-kapitalistische landen te bekritiseren en aan te vallen.

Mythe 6: Verkiezingen zijn synoniem voor democratie 

Verkiezingen zouden hetzelfde zijn als democratie. Het doel hiervan is om andere systemen te demoniseren en discussie, over politieke en electorale systemen waarin leiders worden verkozen door niet-bourgeois verkiezingen, te voorkomen. Feitelijk is het, het kapitalistisch systeem dat manipuleert en omkoopt terwijl de stem is gereduceerd tot een conditionele term en verkiezingen tot een formele daad. Alleen al het feit dat de verkiezingen praktisch altijd gewonnen worden door vertegenwoordigers van de bourgeois minderheid maakt hen onrepresentatief. Dat bourgeois verkiezingen een vorm van democratie zouden garanderen is een van de meest diepgewortelde mythes die zelfs door enkele linkse en nationalistische krachten wordt geloofd.

Mythe 7: Afwisselende partijen in het parlement is hetzelfde als een alternatief hebben

Bourgeois partijen die elkaar periodiek afwisselen in de macht zouden alternatieve platformen bieden. Het doel is echter om het kapitalistische systeem te bestendigen binnen de heersende klasse om zo de mythe te voeden dat democratie gereduceerd is tot verkiezingen. Het is dan ook duidelijk dat een parlementair systeem met meerdere partijen in de praktijk niet veel verschilt van een een-partij systeem. Het gaat immers om meerdere fracties van dezelfde politieke kracht die elkaar van tijd tot tijd afwisselen en zich voordoen als een partij met een alternatief beleid. Het volk kiest altijd een agent van het systeem, terwijl zij de illusie houden dat ze een keus hebben. De mythe dat bourgeois partijen verschillende platforms hebben en zelfs in oppositie tegenover elkaar staan is van fundamenteel belang om het kapitalistisch systeem te laten werken.

Mythe 8: De verkozen politicus representeert het volk en kan daarom voor hen beslissen

De politicus heeft mandaat verkregen van het volk en kan dus regeren vanuit eigen inzicht. Het doel van deze mythe is om het volk lege beloften voor te houden om zo de echte maatregelen die in de praktijk doorgevoerd worden te verbergen. De verkozen leider vervult zijn verkiezingsbeloften niet maar implementeert stilgehouden maatregelen die vaak conflicteren met de originele constitutie. Vaak bereiken zulke politici die door een actieve minderheid verkozen zijn, in het midden van hun mandaat, hun minimale populariteit. In deze gevallen leidt het verlies van representatie niet tot een politieke verandering via constitutionele middelen, maar leidt het tot een degeneratie van de kapitalistische democratie in een echte of verhulde dictatuur. De systematische vervalsing van democratie onder het kapitalisme is een belangrijke reden waarom steeds meer mensen niet langer deelnemen aan de verkiezingen.

Mythe 9: Er bestaat geen alternatief voor het kapitalisme

Kapitalisme zou niet perfect zijn, maar zou het enige politieke en economische systeem zijn dat werkt. Het doel hiervan is om de studie en promotie van andere systemen te voorkomen en alle ideologische competitie met alle mogelijke middelen - inclusief geweld - te elimineren. Uiteraard zijn er andere politieke en economische systemen, waarvan het socialisme wellicht een van de meest bekende is. Deze mythe is bedoeld om het volk te intimideren en discussie over eventuele alternatieven voor het kapitalisme te elimineren en zo unanimiteit te garanderen.

Mythe 10: Bezuinigingen generen welvaart

De economische crisis zou zijn veroorzaakt door een overmaat aan sociale voorzieningen en arbeidsvoorwaarden. Als deze ingetrokken zouden worden dan zou de regering weer veilig zijn en het land weer rijk worden. Het doel hiervan is om aansprakelijkheid van de kapitalistische schuld af te wentelen op de publieke sector. Een ander doel is om het volk zo de armoede te laten accepteren met de leugen dat deze armoede tijdelijk zou zijn. Een andere belangrijke doelstelling is de facilitatie van de privatisering van de publieke sector. Het volk wordt ervan overtuigd dat besparingen en bezuinigingen "de verlossing" biedt zonder erbij te vermelden dat deze bereikt wordt door de privatisatie van de meest winstgevende sectors waarbij de toekomstige inkomsten verloren gaan. Dit beleid leidt tot een daling van staatsinkomsten en een afbraak van de publieke sector en alle sociale voorzieningen.

 

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mardi, 30 octobre 2012

Quotation of James Burnham

James_Burnham2.jpg"Modern liberalism does not offer ordinary men compelling motives for personal suffering, sacrifice and death. There is no tragic dimension in its picture of the good life. Men become willing to endure, sacrifice and die for God, family, king, honor, country, from a sense of absolute duty or an exalted vision of the meaning of history. It is such traditional ideas and the institutions slowly built around them that are in present fact the great bulwarks, spiritual as well as social, against the tidal advance of the world communist enterprise. And it precisely these ideal and institutions that liberalism has criticized, attacked and in part overthrown as superstitious, archaic, reactionary and irrational. In their place liberalism proposes a set of pale and bloodless abstractions — pale and bloodless for the very reason that they have no roots in the past, in deep feeling and in suffering. Except for mercenaries, saints and neurotics, no one is willing to sacrifice and die for progressive education, medicare, humanity in the abstract, the United Nations and a ten percent rise in Social Security payments."

— James Burnham, Suicide of the West : An Essay on the Meaning and Destiny of Liberalism

vendredi, 12 octobre 2012

Guillaume Faye: “Al capitalismo restano due giri di roulette, poi torna il medioevo”

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Guillaume Faye: “Al capitalismo restano due giri di roulette, poi torna il medioevo”

Ma chi è questo apocalittico che con chiaroveggenza quasi oracolare aveva stabilito che il decennio 2010-2020 sarà quello della convergenza di catastrofi che rischia di mettere fine alla civiltà globalizzata? E’ un inquieto, un eccentrico, un irregolare, che da un cursus honorum di tutto rispetto – iniziato con un dottorato a Sciences Po – è precipitato nella deriva situazionista di una carriera da giornalista sul Figaro Magazine, Paris Match eVSD, più qualche performance come sceneggiatore e attore porno, e una breve stagione di animatore-vedette su Skyrock, stazione radio seguitissima da punk ed emarginati consapevoli. E’ un antimoderno lucido e sferzante, che appartiene alla schiera dei grandi insofferenti al progresso, dei refrattari ai luoghi comuni, come lo erano a loro tempo Joseph de Maistre, Baudelaire, Flaubert, Céline, e tutti i grandi intellettuali atrabiliari di tradizione francese.

“La globalizzazione è come la carne avariata”


Allineato sul fronte sulfureo della Nouvelle droite antiamericana, filosoficamente pagana e antimonoteista, Faye però è ormai un isolato della destra identitaria, dacché ha abbandonato il maestro storico e fondatore del movimento Alain de Benoist, che l’ha accusato di estremismo razzista, per poi scomunicarlo come revisionista. E infatti, tra una pausa e l’altra dei suoi pellegrinaggi negli gli Stati Uniti, per la conferenza di American Renaissance sulla minaccia demografica delle minoranze non bianche, o a Mosca, per un convegno sull’avvenire del mondo bianco, preludio alla creazione del Consiglio dei popoli di origine europea, Faye è riuscito a smarcarsi dalla destra radicale nazionalista e rivoluzionaria, accusando i suoi esponenti di aver mostrato “l’atavico spirito femmineo del collaborazionista” nei confronti dell’islam e dell’immigrazione islamica.

Così, l’ultimo denunciatore della modernità e delle sue illusioni, guarda oggi con raccapriccio alla crisi dei mercati finanziari. “La civiltà globalizzata è un po’ come la carne avariata, dove basta solo un pezzo del 10 per cento per contaminare l’insieme”, dice infatti Faye usando una metafora assai cruda. Ma le conseguenze, in realtà, sono ancora più sanguinolente: “La crisi di oggi è più grave di quella del ’29. Data l’interdipendenza del sistema finanziario globale, basta infatti una crisi dei crediti a tasso variabile, come quella dei subprime americani, che le banche rifilano a clienti non in grado di rimborsare, per provocare un effetto domino su scala planetaria. Quando le banche cominciano a crollare una dopo l’altra, è tutto il sistema mondiale che rischia di non essere più in grado di prestare soldi, dunque di investire nell’economia. Assisteremo a una recessione gigantesca, non subito, ma tra un paio d’anni, perché viviamo in un’economia globalizzata, dove non ci sono più barriere tra persone e capitali, e il virus si propaga in modo incontrollabile. Oggi, infatti, il capitalista non è più un individuo isolato, o un gruppo di speculatori invisibili, ma alberga in ognuno di noi, se è vero che un fondo pensione americano raccoglie i piccoli risparmi di milioni di persone che aspirano a una redditività del 4 per cento l’anno”.


E’ questo il dramma del mondo contemporaneo, secondo l’apocalittico Faye, che si avvicina all’analisi del nostro Giulio Tremonti ma senza condividerne gli effetti virtuosi, visto che non spetta a un cane sciolto come lui stabilire in modo solidale come innescare un’autocorrezione del sistema dominante: “L’unico modo per evitare il contagio sarebbe quello di ripristinare un sistema relativamente autarchico. Gli stati cercano di intervenire: davanti al fallimento delle banche, gli americani nazionalizzano società di credito e di assicurazioni. Ma l’economia finanziaria somiglia sempre di più a un’economia da casinò, dove chiunque ha un po’ di soldi, entra, si siede al tavolo verde e comincia a giocare alla roulette un gioco puramente speculativo ed estremamente pericoloso. Il libero scambismo mondiale è una follia. Il liberismo senza frontiere è assurdo. Provoca delocalizzazione e disoccupazione, alimentando la spirale astratta dell’economia virtuale. Bisognerebbe tornare alla terra e alla ricchezza prodotta dal lavoro, entro uno spazio chiuso. Se non si producono oggetti e nemmeno servizi, siamo in un’economia virtuale, che peraltro in Francia e in Italia si regge oramai su un debito pubblico esorbitante, che graverà sulle nuove generazioni.”

Una convergenza di catastrofi

E’ per questo che agli occhi di Faye il capitalismo potrà anche superare la crisi a breve termine, ma a lungo termine è condannato, perché è lo stesso sistema a essere degenerescente. La crisi, infatti, si ripeterà ogni quattro-cinque anni, ma finirà per diventare inesorabile a causa della “convergenza di catastrofi” che si profila all’orizzonte: “Crisi mondiale delle materie prime, dell’energia petrolifera, della domanda troppo sostenuta di India e Cina, della mancanza di acqua nell’intero pianeta”. Che fare allora davanti al prevedibile cataclisma? La risposta degli Stati Uniti per Faye, che in fondo resta un ostinato antiamericano, sembra inadeguata: “Gli Stati Uniti non sono una nazione, ma un’impresa fondata sul complesso militare industriale e per questo hanno bisogno di fare la guerra. La Cina è troppo potente, perciò adesso hanno trovato il modo di provocare la Russia”. Vista dalla Georgia, però, la provocazione sembra venire da Mosca. “In effetti anche la Russia, come l’America, ha bisogno della guerra fredda – insiste Faye – mentre l’Europa non ha i mezzi per entrare in gioco. Per questo io avevo lanciato l’idea di un’Eurosiberia, ma i russi non hanno fiducia nell’Europa atlantista. E’ comprensibile, mettiamoci al posto loro…”. Anche in fatto di libertà Faye sembra avere idee autarchiche: “Putin non offre molte garanzie sul piano delle libertà individuali, è vero, ma ai russi non interessa: pensano solo alla ricchezza, alla prosperità economica, e del resto anche in occidente se non sei ricco non puoi pubblicare grandi giornali, perciò non possiamo chiedere con innocenza alla Russia di essere democratica”.


Il problema vero per Faye è uno solo, la civiltà globalizzata, uniforme, senza frontiere. “Il rischio di conflitto aumenta, le crisi si propagano a tutta velocità, come i flussi immigratori, portatori di guerre di religione”. E’ la tesi dell’“Archeofuturismo”, il saggio del 1998, che prevedeva la catastrofe dell’inizio del XXI secolo. “Un tempo la terra era separata in grandi civiltà a compartimenti stagni. Ognuna viveva le sue crisi, senza rischio di contagio. Oggi purtroppo non è così. Per questo – spiega Faye – io difendo la teoria dell’autarchia dei grandi spazi, Eurosiberia, Africa, Asia, America del nord, America del sud, con un’economia locale sana, pulita”.


L’utopia archeofuturista proietta nel futuro il passato remoto, ma serve a correggere la fiducia nel progresso costante e ininterrotto che alberga nel cuore del contemporaneo. “Noi crediamo ai miracoli se immaginiamo che per nove miliardi di persone sarà possibile avere un livello di vita paragonabile a quello occidentale. E’ semplicemente impossibile”, spiega Faye e, per dimostrarlo, non esita a utilizzare un argomento pudicamente definito “la variabile di aggiustamento umano” che tuttavia risulta scabroso per il politicamente corretto. “La popolazione del globo terrestre tornerà a un miliardo di persone. Ci saranno stermini di massa, effetto della fame e delle carestie. E’ impossibile immaginare un tasso di crescita del sei per cento l’anno, come se avessimo sei ‘pianeta Terra’ a disposizione. Alla fine del XXI secolo, la terra avrà due velocità: una piccola minoranza vivrà come oggi, un’altra vivrà un nuovo medioevo, senza tecnologia, senza risorse”.

Nel 2100 mancherà l’energia per telefonare


Non disarma Faye nemmeno se uno insiste sul progresso che l’economia globale ha rappresentato per un miliardo di persone che ora sono in grado di mangiare. “Sono molto pessimista, è vero, ma come il medico che scopre un tumore e non dice che è un’influenza. Noi siamo ancora in balia dell’ideologia del progresso, pensiamo che sia una curva ascendente e lineare. Nel 1960 si diceva che per il 2000 saremmo andati a ballare sulla luna. Errore. Quando nacque il Concorde si disse che nel 2000 avremmo avuto tutti aerei supersonici. Altra illusione. Nel 2100 non potremo nemmeno telefonare da Parigi a Roma, perché non ci sarà energia a sufficienza. I francesi si sono accorti che c’è stato un calo del 15 per cento nel consumo di energia. Continuiamo a pensare che saremo sempre più ricchi, più felici, ma intanto non sappiamo ancora come sostituire il petrolio, mentre le fonti alternative non basteranno al fabbisogno industriale. Del resto basta leggere la storia di Roma antica di Lucien Gerphagnion, per rendersi conto come non sia la prima volta che succede nella storia dell’umanità. L’impero romano regredì enormemente con le invasioni barbariche, se pensiamo che il livello di vita dell’élite romana nel primo secolo dopo Cristo, vale a dire cent’anni dopo Cicerone, era già come quello dell’élite europea nel XIX secolo: acqua corrente, strade pavimentate. Mancava la luce elettrica, ovviamente”.


Marina Valensise
© Il Foglio, 21 settembre 2008

Fonte: http://politicainrete.it/forum/movimenti-e-cultura-politica/destra-radicale/454-guillaume-faye-e-la-crisi.html

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vendredi, 05 octobre 2012

CONTRA LOS PREJUICIOS DE LA GLOBALIZACIÓN

CONTRA LOS PREJUICIOS DE LA GLOBALIZACIÓN

 
 
La globalización es el proceso histórico que tiene como meta convertir al mundo en un único mercado,  regido por las leyes económicas, sin ningún control político y anulando identidades y diferencias, entendidas como estorbos. Un proyecto en el que el hombre es concebido como consumidor-productor universal, idéntico e intercambiable, sin pasado, herencia ni cultura; sólo un elemento más de la cadena de producción y consumo que alimenta ese mercado universal entendido como meta ideal del liberalismo capitalista globalizador.
Como todo proceso histórico la globalización es producto de una voluntad -la de los grandes poderes económicos y financieros- y de una ideología -el cosmopolitismo neoliberal internacionalista. Ideología que se basa en una serie de dogmas, hoy asumidos como intocables por lo “políticamente correcto” pero necesariamente revocables para que los que presentamos una alternativa sólida a la crisis actual.
 
Libre circulación de mercancías: entendido el mundo como una unidad comercial, el neoliberalismo globalizador ha hecho todo lo posible por terminar con el impedimento que frena este proceso de mercantilización universal: el arancel. Señalado como una barrera política a la tendencia globalista del mercado, el arancel ha ido disminuyendo y desapareciendo hasta convertir el mundo en una unidad de comercio sin prácticamente barreras internas. La consecuencia de esto es que Europa se ha llenado de productos del Tercer Mundo, producidos en situaciones sociales y económicas de semi-esclavitud y sin el menor respeto al medio ambiente que se exige a nuestros fabricantes. Sin ninguna medida de protección esos productos han inundado el mercado europeo a unos precios con los que la producción autóctona no puede competir. La consecuencia es clara: desindustrialización, paro y depauperación de las masas trabajadoras europeas.
 
Libre circulación de personas: no es sólo una de las premisas del cosmopolitismo liberal, sino también es un arma económica de los globalizadores para “bajar el coste de producción” en una Europa de tradición sindical y social. Nada mejor para hacer ceder en sus derechos sociales a los trabajadores europeos que importar mano de obra barata del Tercer Mundo dispuesta a hacer a precios de esclavos, los trabajos de los obreros autóctonos. Un chantaje del capitalismo internacional. Para que no provoque reacciones obvias, a la opinión pública se le inculca el dogma del “antirracismo”, si alguien denuncia esta maniobra explotadora es calificado de “racista” para intentar apartarlo de la escena pública. Maniobra que por los resultados electorales que estamos viendo en Europa, empieza a dejar de funcionar.
 
Sumisión del poder político a las leyes del mercado: Adam Smith y los teóricos del liberalismo ya señalaron que el poder político debería reducirse a la mínima expresión para que las “manos invisible del mercado” regulara las relaciones sociales y económicas. El mismo principio que aplica hoy la globalización neoliberal. Su objetivo es vaciar de poder a toda institución política –fundamentalmente los Estados- último obstáculo para imponer su dictadura global. Es el proceso al que estamos asistiendo estos años y que ha incluido golpes de estado “de libro” como el de Monti en Italia o Papademos en Gracia.
En algo los globalizadores tienen razón, los Estados y las instituciones políticas democráticas son el último freno para su hegemonía. Por eso hemos de proteger nuestras democracias hemos de apoyar la soberanía política de los Estados y hemos de crear una alternativa social e identitaria presente en esas instituciones políticas. Es la única manera de evitar el colapso económico, social y ecológico al que nos lleva la mundialización del capitalismo global.
 
Enric Ravello
Secretario de relaciones nacionales e internacionales de Plataforma per Catalunya

jeudi, 20 septembre 2012

Unthinking Liberalism: A. Dugin’s The Fourth Political Theory

Unthinking Liberalism:
Alexander Dugin’s The Fourth Political Theory

by Alex KURTAGIC

Ex: http://www.counter-currents.com/

Alexander Dugin
The Fourth Political Theory, London: Arktos, 2012

Arktos recently published what we can only hope will be the first of many more English translations of Alexander Dugin’s work. Head of the sociology department in Moscow State University, and a leading Eurasianist with ties to the Russian military, this man is, today, influencing official Kremlin policy.

The Fourth Political Theory is a thoroughly refreshing monograph, combining clarity of analysis, philosophical rigor, and intellectual creativity. It is Dugin’s attempt to sort through the confusion of modern political theory and establish the foundations for a political philosophy that will decisively challenge the dominant liberal paradigm. It is not, however, a new complete political theory, but rather the beginning of a project. The name is provisional, the theory under construction. Dugin sees this not as the work of one man, but, because difficult, a collective heroic effort.

The book first sets out the historical topology of modern political theories. In Dugin’s account, liberalism, the oldest and most stable ideology, was in modernity the first political theory. Marxism, a critique of liberalism via capitalism, was the second. Fascism/National Socialism, a critique of both liberalism and Marxism, was the third. Dugin says that Fascism/National Socialism was defeated by Marxism (1945), that Marxism was defeated by liberalism (1989), leaving liberalism triumphant and therefore free to expand around the globe.

According to Dugin, the triumph of liberalism has been so definitive, in fact, that in the West it has ceased to be political, or ideological, and become a taken-for-granted practice. Westerners think in liberal terms by default, assuming that no sane, rational, educated person could think differently, accusing dissenters of being ideological, without realizing that their own assumptions have ideological origins.

The definitive triumph of liberalism has also meant that it is now so fully identified with modernity that it is difficult to separate the two, whereas control of modernity was once contested by political theory number one against political theories two and three. The advent of postmodernity, however, has marked the complete exhaustion of liberalism. It has nothing new to say, so it is reduced endlessly to recycle and reiterate itself.

Looking to identify what may be useful to salvage, Dugin proceeds to break down each of the three ideologies into its component parts. In the process of doing so, he detoxifies the two discredited critiques of liberalism, which is necessary to be able to cannibalize them. His analysis of liberalism follows Alain de Benoist. Because it is crucial, I will avail myself of de Benoist’s insights and infuse some of my own in Dugin’s explication of liberalism.

Dugin says that liberalism’s historical subject is the individual. The idea behind liberalism was to “liberate” the individual from everything that was external to him (faith, tradition, authority). Out of this springs the rest: when you get rid of the transcendent, you end up with a world that is entirely rational and material. Happiness then becomes a question of material increase. This leads to productivism and economism, which, when the individual is paramount, demands capitalism. When you get rid of the transcendent, you also eliminate hierarchy: all men become equal. If all men are equal, then what applies to one must apply to all, which means universalism. Similarly, if all men are equal, then all deserve an equal slice of the pie, so full democracy, with universal suffrage, becomes the ideal form of government. Liberalism has since developed flavors, and the idea of liberation acquires two competing meanings: “freedom from,” which in America is embodied by libertarians and the Tea Party; and “freedom to,” embodied by Democrats.

Marxism’s historical subject is class. Marxism is concerned chiefly with critiquing the inequities arising from capitalism. Otherwise, it shares with liberalism an ethos of liberation, a materialist worldview, and an egalitarian morality.

Fascism’s historical subject is the state, and National Socialism’s race. Both critique Marxism’s and liberalism’s materialist worldview and egalitarian morality. Hence, the simultaneous application of hierarchy and socialism.

With all the parts laid out on the table, Dugin then selects what he finds useful and discards the rest. Unsurprisingly, Dugin finds nothing useful in liberalism. The idea is to unthink it, after all.

Spread out across several chapters, Dugin provides a typology of the different factions in the modern political landscape—e.g., fundamental conservatism (traditionalism), Left-wing conservatism (Strasserism, National Bolshevism, Niekisch), conservative revolution (Spengler, Jünger, Schmitt, Niekisch), New Left, National Communism, etc. It is essential that readers understand these so that they may easily recognize them, because doing so will clarify much and help them avoid the errors arising from opaque, confused, contradictory, or misleading labels.

Liberal conservatism is a key category in this typology. It may sound contradictory on the surface, because in colloquial discourse mainstream politics is about the opposition of liberals vs. conservatives. Yet, and as I have repeatedly stated, when one examines their fundamentals, so-called “conservatives” (a misleading label), even palaeoconservatives (another misleading label), are all ideologically liberals, only they wish to conserve liberalism, or go a little slower, or take a few steps back. Hence, the alternative designation for this type: “status-quo conservative.”

Another key category is National Communism. This is, according to Dugin, a unique phenomenon, and enjoys a healthy life in Latin America, suggesting it will be around for some time to come. Evo Morales and Hugo Chavez are contemporary practitioners of National Communism.

Setting out the suggested foundations of a fourth political ideology takes up the rest of Dugin’s book. Besides elements salvaged from earlier critiques of liberalism, Dugin also looks at the debris that in the philosophical contest for modernity was left in the periphery. These are the ideas for which none of the ideologies of modernity have had any use. For Dugin this is essential to an outsider, counter-propositional political theory. He does not state this in as many words, but it should be obvious that if we are to unthink liberalism, then liberalism should find its nemesis unthinkable.

But the process of construction begins, of course, with ontology. Dugin refers to Heidegger’s Dasein. Working from this concept he would like the fourth political theory to conceptualize the world as a pluriverse, with different peoples who have different moralities and even different conceptions of time. In other words, in the fourth political theory the idea of a universal history would be absurd, because time is conceived differently in different cultures—nothing is ahistorical or universal; everything is bound and specific. This would imply a morality of difference, something I have proposed as counter-propositional to the liberal morality of equality. In the last consequence, for Dugin there needs to be also a peculiar ontology of the future. The parts of The Fourth Political Theory dealing with these topics are the most challenging, requiring some grounding in philosophy, but, unsurprisingly, they are also where the pioneering work is being done.

Also pioneering, and presumably more difficult still, is Dugin’s call to “attack the individual.” By this he means, obviously, destabilizing the taken-for-granted construct that comprises the minimum social unit in liberalism—the discrete social atom that acts on the basis of rational self-interest, a construct that should be distinguished from “a man” or “a woman” or “a human.” Dugin makes some suggestions, but these seem nebulous and not very persuasive at this stage. Also, this seems quite a logical necessity within the framework of this project, but Dugin’s seeds will find barren soil in the West, where the individual is almost sacrosanct and where individualism results from what is possibly an evolved bias in Northern European societies, where this trait may have been more adaptive than elsewhere. A cataclysmic event may be required to open up the way for a redefinition of what it is to be a person. Evidently the idea is that the fourth political theory conceptualizes a man not as an “individual” but as something else, presumably as part of a collectivity. This is probably a very Russian way of looking at things.

The foregoing may all seem highly abstract, and I suspect practically minded readers will not take to it. It is hard to see how the abstract theorizing will satisfy the pragmatic Anglo-Saxon, who is suspicious of philosophy generally. (Jonathan Bowden was an oddity in this regard.) Yet there are real-world implications to the theory, and in Dugin’s work the geopolitical dimension must never be kept out of sight.

For Dugin, triumphant liberalism is embodied by Americanism; the United States, through its origins as an Enlightenment project, and through its superpower status in the twentieth and twenty-first century, is the global driver of liberal practice. As such, with the defeat of Marxism, it has created, and sought to perpetuate, a unipolar world defined by American, or Atlanticist, liberal hegemony. Russia has a long anti-Western, anti-liberal tradition, and for Dugin this planetary liberal hegemony is the enemy. Dugin would like the world to be multipolar, with Atlanticism counterbalanced by Eurasianism, and maybe other “isms.” In geopolitics, the need for a fourth political theory arises from a need to keep liberalism permanently challenged, confined to its native hemisphere, and, in a word, out of Russia.

While this dimension exists, and while there may be a certain anti-Americanism in Dugin’s work, Americans should not dismiss this book out of hand, because it is not anti-America. As Michael O’Meara has pointed out in relation to Yockey’s anti-Americanism, Americanism and America, or Americans, are different things and stand often in opposition. Engaging with this kind of oppositional thinking is, then, necessary for Americans. And the reason is this: liberalism served America well for two hundred years, but ideologies have a life-cycle like everything else, and liberalism has by now become hypertrophic and hypertelic; it is, in other words, killing America and, in particular, the European-descended presence in America.

If European-descended Americans are to save themselves, and to continue having a presence in the North American continent, rather than being subsumed by liberal egalitarianism and the consequent economic bankruptcy, Hispanization, and Africanization, the American identity, so tied up with liberalism because of the philosophical bases of its founding documents, would need to be re-imagined. Though admittedly difficult, the modern American identity must be understood as one that is possible out of many. Sources for a re-imagined identity may be found in the archaic substratum permeating the parts of American heritage that preceded systematic liberalism (the early colonial period) as well as in the parts that were, at least for a time, beyond it (the frontier and the Wild West). In other words, the most mystical and also the least “civilized” parts of American history. Yet even this may be problematic, since they were products of late “Faustian” civilization. A descent into barbarism may be in the cards. Only time will tell.

For Westerners in general, Dugin’s project may well prove too radical, even at this late stage in the game—contemplating it would seem first to necessitate a decisive rupture. Unless/until that happens, conservative prescriptions calling for a return to a previous state of affairs (in the West), or a closer reading of the founding documents (in America), will remain a feature of Western dissidence. In other words, even the dissidents will remain conservative restorationists of the classical ideas of the center, or the ideas that led to the center. Truly revolutionary thinking—the re-imagining and reinvention of ourselves—will, however, ultimately come from the periphery rather than the center.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2012/09/unthinking-liberalism/

samedi, 15 septembre 2012

Aleksandr Dugin: Liberalism, Communism, Fascism, and the Fourth Political Theory

Aleksandr Dugin: Liberalism, Communism, Fascism, and the Fourth Political Theory

lundi, 04 juin 2012

Globalistische Kulturszene

Claus WOLFSCHLAG:

Globalistische Kulturszene

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Die „Neue Weltordnung“ führt zu neuen globalen Menschentypen. Menschentypen, die von der Verbindung zu einer Heimat, zu Nation, Religion, überlieferten Traditionen und Werten weitgehend abgeschnitten sind. Eine Gliederung dieser angestrebten Weltgesellschaft erfolgt demnach nicht mehr auf der Ebene verschiedener Völkerschaften, sondern nur noch durch kurzlebige Subkulturen oder Hobby-Gemeinschaften und die soziale Schichtung.

Der stumpfe Discounter-Konsument gehört somit ebenso zum Spiel wie der global austauschbare Bürohengst, der dauerflugreisende Manager oder eine sich im Globalismus sonnende Kulturszene. Will man der Seele der „Neuen Weltordnung“, des westlichen Kapitalismus und der globalistischen Ideologie auf die Spur kommen, dann blättere man einfach ein bißchen im Zentralorgan der spezifischen Kreativszene: Der Zeitschrift Vice.

Das kostenlose Blatt liegt in Musikläden und Szene-Boutiquen aus, kann aber auch abonniert werden. Gegründet wurde das Magazin 1994 von drei arbeitslosen Freunden in Montreal, wechselte dann nach Entzug der staatlichen Förderung nach New York, um dort zur beliebten Lektüre der städtischen Subkultur zu werden. Der Habitus eines skurrilen Kunststudenten-Magazins soll nicht täuschen, denn hinter Vice versteckt sich mittlerweile ein weltweit agierendes Medienunternehmen mit 3000, großenteils freien, Mitarbeitern und festen Niederlassungen in vier Ländern.

Vermeintlich gebildete Großstädter als Zielgruppe

Das Magazin erscheint entsprechend seiner globalistischen Ausrichtung in 26 Staaten mit einer Gesamtauflage von 1,2 Millionen Exemplaren. Angeschlossen sind Musiklabel, Buchverlag, Werbeagentur, Filmproduktionen und eine Bekleidungsreihe. Für die zugehörige Fernsehfirma vbs.tv wurde der Anspruch formuliert, das MTV des 21. Jahrhunderts zu werden. Vice ist somit die konsequente Weiterentwicklung einstiger Szene-Magazine der 90er Jahre, beispielsweise „Tempo“. Es ist nahe liegend, daß die deutsche Redaktion in Berlin, Prenzlauer Berg, untergebracht ist.

Die Zielgruppe sind junge, vermeintlich gebildete Großstädter. Viele haben wohl ihre Wurzeln im Punk und der Skateboardkultur. Die meisten Mitarbeiter kommen aus dem Bereich der bis 25-jährigen Jungkreativen und Dauerpraktikanten, deren Motiv der Stolz ist, zum Geringverdienst für ein globales Szenemagazin arbeiten zu dürfen.

Mit-Gründer Suroosh Alvi klassifizierte den Lesertypus folgendermaßen: „Uns überraschte, daß sich unsere Leser überall auf der Welt sehr ähneln. Ganz gleich, ob in Rio, Moskau oder Sydney: Unsere Fans hören die gleichen Bands und tragen die gleichen Jeans.“ Lars Jensen ergänzte in der FAZ: „Sie kennen sich mit Turnschuhen aus, tragen originell bedruckte T-Shirts, halten Porno für eine Kunstform, und in einem Magazin sehen sie gerne kraß ausgeleuchtete Fotos von kotzenden Mädchen.“

Kokain, AIDS und Wohlstandskinder

Nachdem sich das Magazin anfangs um den eigenen Kosmos drehte, um Kokain und Trainingsjacken mit asymmetrischen Reißverschlüssen, begann man sich zunehmend auch für Auslandsreportagen zu interessieren. Dabei geht es vor allem um spektakuläre Bilder, die dem Nervenkitzel gesättigter Wohlstandskinder dienen, zum Beispiel um Kinder tötende afrikanische Warlords, in Abwasserkanälen hausende kolumbianische Obdachlose, nordkoreanische Soldatinnen oder die größte Puffsiedlung des Kongo mit einer AIDS-Rate von 100 Prozent.

Irakische Derwische werden als „echte Stecher“ präsentiert, denn sie „feiern Gott, indem sie sich selbst durchbohren“. Ein afrikanisches Flüchtlingslager wird als „die heißeste Scheiße der Welt“ betitelt. Die Artikel dienen meist nicht wirklicher tiefer Erkenntnis durch die Begegnung mit dem Fremden, sondern nur der Vorführung von vermeintlicher Skurrilität. Das Fremde ist hier das kauzige Überbleibsel einer langsam verschwindenden Welt. Der Zug fährt schließlich in eine Richtung, und der „kosmopolitische Trendsetter“ ist der Leitstern.

Das Rezept der teils durchaus unterhaltsamen Berichte ist, daß diese möglichst spektakulär oder irre sein müssen. Am besten beides zusammen. Nun ist insofern dagegen nichts zu sagen, als Boulevard-Medien oftmals nach dieser inhaltlichen Devise verfahren. Das Spezifikum von „Vice“ aber ist, daß sich Macher und Leser meilenweit über Medien wie der Bild-Zeitung, The Sun oder dem Kölner Express stehend wähnen.

Die Faszination des Abstoßenden

Sie bedienen somit das trügerische Selbstbild scheinbarer geistiger Überlegenheit. Zweitens aber, und das ist das fatalere, präsentieren sie ihren Boulevard-Journalismus bewußt im Gewand der Verhäßlichung. Sie richten sich also an eine satte, gelangweilte urbane Jugendszene, deren letzter Nervenkitzel es ist, möglichst wackelige Fotos von möglichst häßlichen Objekten zu erstellen oder sich daran zu ergötzen.

Die Faszination des Abstoßenden ist es, die viele Leser zu Vice lockt. Das ist natürlich auch der Zielgruppe angepaßt, bedient das „Anti“ gegen die schöne Welt der Tradition (auf der einen Seite) und der Hochglanzmagazine (auf der anderen Seite) doch oft nur die intellektuelle Selbstüberschätzung weiter Teile des kreativen Milieus.

Über die 14-tägige Feier der Insassen des psychiatrischen Klinikums Wahrendorff wird als „Klapsen-Disco“ berichtet. Eine brasilianische Dragqueen erklärt, „wie Mann sich eine Pussy macht“. Ein Bericht über Karatschi wird als „Reportage aus Pakistans verrücktester Stadt“ angekündigt. Man begegnet tätowierten Rockers, skurrilen NPD-Politikern, drogensüchtigen Russen in Abbruchhäusern. Man kann eine Fotostrecke von „Hunden mit Perücken“ betrachten. „Gibt es etwas Amüsanteres als verkleidete Hunde?

Der globalistische Menschentyp

Wir glauben kaum“, heißt es dazu im typischen Vice-Jargon. Auf Fotos sieht man aufgeplatzte Jeans, einen halbnackten Weihnachtsmann mit grünem Bart, dicke Frauen in engen bunten Leggins, Models mit angekauten Pizzastücken auf der Zunge, mit Lackfarbe bemalte Finger, einen entblößten Hintern mit Zigarette zwischen den Backen, einen körperbehaarten Gewichtheber, ein halb gegessenes Sandwich auf einer Mauerbrüstung, debil blickende Zwillinge, eine alte Frau mit blauem Auge in der U-Bahn. Comicfiguren übergeben sich in kleinen Strips, erledigen ihr kleines und großes Geschäft oder werden brutal verstümmelt.

Der globalistische Menschentypus, der von Vice als Zielgruppe angesprochen werden soll, wird als der „kosmopolitische Trendsetter“ klassifiziert. Hier kann man exemplarisch sehen zu welch geistiger Armseligkeit die Globalisierung und ihre schleichende Gleichschaltung der weltweiten Lebensstile als Endprodukt führt. Die FAZ schrieb über sie: „Von den etablierten Medien haben sie sich längst abgewendet, wie die ihre Weltsicht nicht abbilden.“ Doch das stimmt nicht wirklich. Vice treibt die Weltsicht des westlichen Linksliberalismus nur bis zur konsequenten Spitze. Alles andere ist Attitüde einer sich überlegen wähnenden Lifestyle-Avantgarde.

Ungezügelter Kapitalismus

Es ist ähnlich wie einst beim alten Punk, der oft die gleichen Dreßcodes und hedonistischen Lebensvorstellungen vertrat wie der verhaßte Yuppie. Nur die äußerlichen Merkmale unterschieden sich. Wo hier die Bierflasche gehoben wurde, war es dort das Sektglas.

Das Zusammenspiel von avantgardistischer Rebellenpose und finanzstarker Werbeindustrie läuft dabei wie geschmiert. Werbekunden sind unter anderem Nike, Adidas, Calvin Klein, Sony und Diesel. Auch hierin zeigt sich, daß der Inhalt der global agierenden Konzerne allein der Profitmaximierung dient. Wenn sich mit Kot und Kotze Geld machen läßt, stehen Geldgeber jederzeit bereit, auch fragwürdigste Projekte zu stützen. Bei Vice darf der Kapitalismus eben ungeniert seine häßliche Seite zeigen.

 

Dr. Claus Wolfschlag wurde 1966 in Nordhessen geboren. Er ist seit vielen Jahren als Journalist, Kultur- und Geisteswissenschaftler für diverse Magazine, Wochen- und Tageszeitungen tätig. Zudem veröffentlichte er mehrere Bücher zu den Themenbereichen Geschichte, Politik und Kunst. 2007 erschien sein Buch „Traumstadt und Armageddon“ über die Geschichte des Science-Fiction-Films.

jeudi, 16 février 2012

La valeur travail dissoute
 dans le néolibéralisme

La valeur travail dissoute
 dans le néolibéralisme

En 2007, Nicolas Sarkozy avait fait de la « valeur travail » un argument central d’une campagne électorale victorieuse. Cinq ans plus tard, cette dernière est plutôt en lambeaux. Car ce discours, dont l’efficacité reposait à la fois sur les faiblesses de la gauche en ce domaine et sur une certaine confusion sémantique, s’est brisé sur les effets délétères des orientations économiques néolibérales que le gouvernement a impulsées contre vents et marées.

Promouvoir la « valeur travail »… En fait c’est avant tout le slogan « travailler plus pour gagner plus » qui a incarné cette démarche, explicitement hostile aux trente-cinq heures, parées de tous les défauts : étouffoir mis sur le pouvoir d’achat, encouragement à la paresse, carcan posé contre la nécessaire flexibilité et compétitivité de nos entreprises. Or les trente-cinq heures ne justifiaient pas cette diabolisation, même si on pouvait en critiquer nombre de limites. Si elles se sont traduites par une certaine modération salariale, elles ont tout de même aidé à la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois et n’ont guère freiné – on peut même le regretter – la tendance au développement de la flexibilité du temps de travail à l’initiative des directions d’entreprise. Leur faiblesse tenait plutôt dans l’intensification et la dégradation du sens du travail qu’elles ont accompagnées, notamment dans les secteurs les moins qualifiés et les moins organisés syndicalement du monde du travail. Pouvoir faire un travail de qualité, conforme aux valeurs que l’on investit dans son activité professionnelle, est devenu encore un peu plus difficile.

 

C’est sans doute pour avoir été insuffisamment attentive ou trop défensive à propos de cette dimension essentielle de la « valeur travail » – enjeu de sens et de reconnaissance, y compris bien entendu dans la dimension du salaire, mais aussi du pouvoir d’agir et de dire son mot sur le lieu de travail – que la gauche a été sévèrement battue il y a cinq ans.

Cinq ans plus tard, la preuve a été faite des impasses du néolibéralisme en matière de revalorisation du travail. Ce n’est pas sans raison qu’au cours des manifestations d’opposition aux décisions gouvernementales des dernières années le slogan initial a pu être retourné en « travailler plus pour gagner moins ». Car en quoi consiste la « valeur travail » dans notre société ? D’abord en la possibilité de travailler régulièrement : le nombre de chômeurs et de précaires atteint des records. Ensuite dans une rémunération décente : huit millions de personnes sont en dessous du seuil de pauvreté et le bilan du RSA en matière de réinsertion est dérisoire. Enfin, en la possibilité de se reconnaître dans un travail de qualité, réalisé dans des conditions décentes : la souffrance au travail, qui trouve son expression extrême dans des suicides au travail, fait des ravages. Ajoutons un travail qui ne dégrade ni la santé ni l’environnement : les catastrophes alimentaires et sanitaires font la une de l’actualité.

Mais la victoire possible de la gauche dans quelques semaines se fera-t-elle simplement « par défaut », sur la base du bilan négatif de Nicolas Sarkozy en ce domaine comme en bien d’autres ? Où la revalorisation du travail trouvera-t-elle toute la place qu’elle mérite dans la campagne électorale ?

L’Humanité

mercredi, 26 octobre 2011

Libéralisme, corporatisme et populisme

Libéralisme, corporatisme et populisme

 

par Benjamin GUILLEMAIND

 

Bonsoir aux auditeurs.

 

J’ai accepté de vous traiter cette chronique, car l’évolution de la situation suscite bien des observations, auxquelles le « Libre-Journal des Artisans » apporte des solutions, qui rompent avec le discours très universitaire des grosses têtes qui s’expriment sur Radio Courtoisie.

 

En effet, je suis souvent consterné par certaines analyses formulées ici et de solutions proposées à la crise actuelle. Crise qui est plus qu’une crise. C’est la fin d’un cycle. C’est un effondrement : l’effondrement d’un « système », installé il y a plus de deux siècles, dont les artisans ont été les premières victimes, et qui produit aujourd’hui tous ses effets. Un « Système » qui est vicié en lui-même dans sa conception même de l’organisation sociale et auquel on se contente de n’apporter que des correctifs partiels pour en limiter les méfaits, sans réformer, ni changer le « système » lui-même.

 

Même des personnalités, qui sont d’excellents amis à Radio Courtoisie, qui ont compris la dérive culturelle, éducative, familiale, artistique, médicale, éthique… (Bravo ! à chacun), en même temps se tirent une balle dans le pied en se laissant gagner au libéralisme économique, qui est la cause première, la cause fondamentale de tous les autres désordres, qui s’enchaînent les uns aux autres. Très peu apportent de solutions d’ensemble pour changer le système.

 

Tout le discours libéral focalise le public sur l’emprise croissante de l’État, pendant que des pans entiers de l’économie se libéralisent. En tirant à boulet rouge sur l’État, on se trompe d’adversaire. Le problème n’est pas là : plus d’État…, moins d’État…; l’excroissance de l’État n’est qu’une conséquence du système libéral : dès lors qu’il n’y a plus face à face que l’individu et l’État, celui-ci se substitue aux corps intermédiaires où devraient normalement être prises les décisions être organisées les solidarités et les « économies » de chaque secteur professionnel. Tant que l’on n’a pas compris cela, on n’a rien compris à la situation. C’est un premier point.

 

Je voudrais maintenant attirer votre attention sur d’autres points, pour que les auditeurs de Radio Courtoisie ne se laissent pas entraîner et égarer vers des voies de garage.

 

L’ultra-libéralisme

 

Récemment j’entendais des intervenants traiter de la crise du livre : l’un en attribuait la cause à « l’ultra-libéralisme », qui ne met aucun frein à des ventes concurrentielles parallèles. Cette formule de « l’ultra-libéralisme » est souvent utilisée par d’autres invités, pour limiter leur hostilité aux méfaits évidents du libéralisme, comme s’il y avait un bon et un mauvais libéralisme. C’est exaspérant. L’autre intervenant, bien qu’il déplorât cette injustice commerciale, offre les colonnes de sa publication à un auteur qui termine toujours ses articles en vantant les vertus du marché : le marché ! le marché ! le marché !…, c’est-à-dire la concurrence sans limite doit tout résoudre. Ils n’ont pas compris que c’est la doctrine même du libéralisme qui est en cause. J’y reviendrai tout à l’heure. Ce n’est pas une question de degré, c’est une question de nature et de valeurs.

 

Corporatisme et populisme

 

D’autres emploient à tort et à travers les termes de corporatisme et de populisme. Ils qualifient de corporatisme des structures maffieuses, comme les syndicats du livre ou des dockers, ou encore des lobbies qui défendent des intérêts financiers très sectoriels. J’ai même entendu un jour quelqu’un assimiler le corporatisme au fascisme, au prétexte que les régimes nationaux-socialistes allemands et fascistes italiens avaient intégré les communautés naturelles corporatives à l’État. En sorte qu’avec de tels commentaires et une telle désinformation – même sur Radio Courtoisie – personne ne s’y retrouve plus.

 

Il a même fallu que le Pr. François-Georges Dreyfus, lors d’une émission d’août 2011 sur le Maréchal Pétain rectifie l’assertion en ce sens d’un intervenant de la première partie et rétablisse la vérité pour rappeler que sous Pétain le « corporatisme à la française » qui fut mis en œuvre (je précise bien : « à la française ») était dans la droite ligne de l’application de la Doctrine sociale de l’Église.

 

Soyons clairs : le corporatisme, c’est l’auto-organisation professionnelle, indépendante de l’État, pour assurer le BIEN COMMUN d’un métier, c’est-à-dire le bien vivre de ses membres, selon le principe de subsidiarité, et assurer des salaires décents.

 

Quant au populisme, c’est un courant d’origine centre-gauche, qui met en cause, à juste titre, les oligarchies, qui se sont installées dans le système de démocratie représentative et dirigent le pays par-dessus le peuple organisé. Mais avec le populisme, « le peuple » est considéré globalement dans son expression électorale et représente toujours les partis, composés d’individus et de classes en fonction de leur idéologie et du nombre de votants. On reste dans la démocratie du nombre. Les libéraux qui aujourd’hui dénoncent ces oligarchies, sont les premiers à en avoir créé les conditions, en considérant « le peuple » globalement hors de ses communautés naturelles.

 

De plus le populisme se réduit souvent au référendum d’initiative populaire. On est très loin de la démocratie directe où les communautés gèrent leurs propres affaires. Tant qu’on n’a pas compris ces mécanismes du libéralisme, qui a fondé nos institutions sur les individus regroupés en partis, on n’a rien compris au système, installé à la Révolution, avec la loi Le Chapelier, qui a aboli les communautés professionnelles avec leurs libertés pour édicter leurs propres lois privées.

 

Ce caractère individualiste du libéralisme a entraîné son expression dans la représentation parlementaire. C’est là aussi un aspect mal perçu de nos concitoyens. À la Révolution, on est passé d’une démocratie organique à une démocratie « représentative », où le député que vous élisez n’est plus votre avocat, mais devient « député de la Nation ». Il y a un député de la droite républicaine qui à chaque fois qu’il vient à Radio Courtoisie ne manque pas une occasion de rappeler ce caractère. Grâce à Radio Courtoisie, il ne cache pas sa couleur : il n’est pas là pour émettre vos souhaits ou doléances. Il est là pour représenter « la nation », l’intérêt de la nation, il « sublime la nation ». Au moins c’est clair.

 

Primauté du Bien Commun

 

Ainsi s’affirme nettement ce caractère individualiste qui s’est substitué à la notion de BIEN COMMUN. Toute la vie sociale, économique, politique s’organise autour de l’individu. En politique, on compte des individus-électeurs, regroupés en partis, qui définissent, la loi générale, l’intérêt général en fonction du nombre. En économie, c’est pareil. L’individu est libre de créer son entreprise, en fonction de son intérêt individuel, indépendamment du « bien commun » de ses collègues de même métier, qu’il peut concurrencer sans règles.

 

Il faut le redire inlassablement, la toute première cause du désastre actuel, le péché originel en quelque sorte, c’est la promotion de l’individu,  l’individualisme libéral, qui considère l’individu hors de toute communauté

 

Le Bien Commun a complètement disparu. Les libéraux ne parlent jamais de bien commun, mais d’intérêt général. Alors que dans la société traditionnelle, le bien commun est la fonction primordiale en fonction de laquelle on se détermine pour apprécier une situation. C’est d’ailleurs un point essentiel de la Doctrine sociale de l’Église. Tous les papes insistent beaucoup pour réhabiliter la notion de Bien Commun. Car elle prend en compte, non seulement les avantages matériels, les intérêts financiers, mais les valeurs éthiques, morales, culturelles, spirituelles : l’octroi par exemple d’un salaire décent, des conditions de travail décentes, en fonction des besoins familiaux, valeurs qui priment sur les avantages matériels.

 

Les quatre critères du libéralisme

 

Enfin dernier point pour comprendre le système et proposer des solutions cohérentes.

 

Quand on met en cause le libéralisme, certains objectent : seriez-vous contre la liberté d’entreprendre ? Comme si cette liberté était la seule en cause ?

 

1) Bien sûr que nous sommes – sur le principe – pour la liberté d’entreprendre. Mais pour les libéraux, adeptes de l’intérêt individuel, il ne doit y avoir aucune condition, aucune limite à son exercice. N’importe qui peut faire n’importe quoi, même sans compétence. L’entreprise, organe de combat et pilier de l’économie doit pouvoir prospérer, sans règle, grossir même au détriment des concurrents : toujours plus grand au nom de la liberté de concurrence et des lois du marché ?

 

Alors que dans une économie de Bien Commun, une économie organique, c’est la profession (tous les membres de la profession associés, patrons et salariés) qui fixe les règles pour exercer un métier, garantir au consommateur une qualité de fabrication, et ne pas nuire à la liberté d’entreprendre des collègues.

 

2) La liberté d’entreprendre n’est pas le seul élément à mettre en cause dans le système libéral. Il y a la liberté des prix et des salaires. Les libéraux revendiquent la liberté totale en matière de prix. Dans un système fonctionnant en fonction du Bien Commun, il s’agit de fixer les règles de la concurrence pour que s’établisse un marché équitable, permettant un revenu décent et des conditions de travail conformes à la dignité des personnes.

 

Sans règle c’est la porte ouverte à la mondialisation, qui uniformise les économies de chaque pays; c’est la porte ouverte à la concurrence mondiale entre entreprises, qui tend à mettre sur un pied d’égalité le salarié chinois et français.

 

3) Le troisième aspect du libéralisme économique, c’est la liberté de circulation des hommes et des marchandises. Elle découle de la précédente liberté des salaires. C’est l’abolition des frontières, des douanes….

 

4) Quatrième aspect : c’est l’abolition des monnaies locales et nationales. Ce ne sont plus les États qui créent leur propre monnaie nationale. Ce sont les banques. Le système mondialisé est devenu incontrôlable.

 

On entend souvent sur Radio Courtoisie des émissions fort savantes sur l’endettement d’économistes qui traitent de l’endettement : endettement de l’État, des collectivités locales des entreprises, des particuliers, comme le fléau majeur à combattre. Mais personne ne veut s’attaquer à la cause première de cette situation : le libéralisme économique et la création monétaire par les banques.

 

Pour conclure

 

La cause première de nos malheurs, c’est le libéralisme économique. Ce n’est pas le socialisme qui n’en est qu’une conséquence, dû au fait que le libéralisme, après avoir supprimé les corps intermédiaires naturels professionnels, composé de l’association patrons et salariés, a laissé face à face l’individu de l’État.

 

C’est à cette cause première qu’il faut s’attaquer en priorité, et non aux effets secondaires : l’endettement, la fiscalité, les taux de croissance, les taux d’intérêts, l’étatisation des charges sociales, le chômage, l’investissement… Il faut s’attaquer aux quatre critères rappelés tout à l’heure et remettre en cause le système globalement.

 

Et reconstituer la démocratie directe ou démocratie organique à partir des deux réformes fondamentales et de trois secondaires.

 

Deux réformes fondamentales :

 

1) Sortir du système des partis : en restaurant une représentation parlementaire, fondée sur les communautés naturelles : familles, professions, associations…

 

Sous l’Ancien Régime, cela s’appelait les États Généraux. En 1789, ils avaient doublé le nombre de députés du tiers état. Mais les révolutionnaires de la bourgeoisie s’empressèrent de supprimer l’institution, d’instituer le vote par tête, et non plus le vote par ordre, et de  supprimer le « mandat impératif », fondement d’une démocratie organique….
 
2) Mutualiser l’économie, en rendant aux communautés de métier reconstituées (patrons et salariés associés), la maîtrise de leurs propres affaires. Cela implique une réforme des syndicats actuels de salariés, qui sont dans l’esprit du système libéral, des syndicats de classes. Il ne s’agit pas de les supprimer, mais de les remodeler leur donner davantage de pouvoir économique par profession, de façon à ce qu’elles soient de véritables corps intermédiaires entre l’État et les entreprises, capables de prendre des mesures économiques, par des accords et conventions négociées entre syndicats de patrons et de salariés. Cette mutualisation de l’économie tend à unir patrons et salariés d’une même profession pour assurer le Bien Commun de leurs membres.

Trois réformes secondaires : elles permettront de replacer l’homme comme « sujet » de l’économie, moteur de l’économie.

 

1) Relocaliser les économies, à l’échelon des États et des régions, de façon que chaque État ait son autonomie alimentaire, son autonomie financière, son autonomie industrielle avec un réseau très diversifié de petites entreprises.

 

2) Retour à la création monétaire par les banques centrales des États. Création d’un réseau de banques professionnelles, gérées paritairement par tous les membres de la profession.

 

3) Calcul des charges sociales sur la valeur ajoutée des productions – et non plus sur les salaires.

 

Il faut regretter de ne pas retrouver ces orientations fondamentales dans les programmes électoraux, alors qu’elles furent dans leur esprit général soutenues et proposées aux Français dans des projets antérieurs et par des personnalités de premier plan. Simone Weil préconisa la suppression des partis politiques. Le Maréchal Pétain avait préparé, comme il en avait reçu mission par Albert Lebrun en 1940, un projet de constitution pour rétablir en 1944 une république, fondée sur un Sénat organique. Pierre Poujade fut le seul en 1955 – 1960 à proposer les États Généraux, qui était le cœur de son programme. Le général De Gaulle en reprit l’idée d’un Sénat organique au référendum de 1969, qui n’eut pas l’agrément des autres partis en place.
 
Il n’y a cependant pas d’autre issue pour redresser la situation catastrophique de la France.

Benjamin Guillemaind
 
« Chronique de l’artisanat » dans le « Libre-Journal des Artisans » du 7 Octobre 2011, sur Radio Courtoisie.

 

 


 

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lundi, 12 septembre 2011

Entretien avec Paul Gottfried

Entretien avec Paul Gottfried : les étranges métamorphoses du conservatisme

Propos recueillis par Arnaud Imatz

Ex: http://www.polemia.com/

gootfried.jpgProfesseur de Lettres classiques et modernes à l’Elizabethtown College, président du Henry Louis Mencken Club, co-fondateur de l’Académie de Philosophie et de Lettres, collaborateur du Ludwig von Mises Institute et de l’Intercollegiate Studies Institute, Paul Edward Gottfried est une figure éminente du conservatisme américain. Il est l’auteur de nombreux livres et articles sur notamment le paléo et néoconservatisme. Proche de Pat Buchanan, qui fut le candidat républicain malheureux aux primaires des présidentielles face à George Bush père (1992), Paul Gottfried a été l’ami de personnalités politiques comme Richard Nixon et intellectuelles prestigieuses telles Sam Francis, Mel Bradford, Christopher Lasch…

1. Au début des années 1970 vous sympathisiez avec le courant dominant du conservatisme américain. Quarante ans plus tard, le spécialiste notoire du conservatisme américain que vous êtes, déclare ne plus se reconnaître dans ce mouvement. Que s’est-il passé ?

L’explication tient dans le fait qu’il n’y a pas de véritable continuité entre le mouvement conservateur américain des années 1950 et celui qui a pris sa place par la suite. Sur toutes les questions de société, le mouvement conservateur actuel, « néo-conservateur », est plus à gauche que la gauche du Parti démocrate dans les années 1960. Depuis cette époque, et surtout depuis les années 1980, les néo-conservateurs [1] dominent la fausse droite américaine. Leur préoccupation essentielle, qui éclipse toutes les autres, est de mener une politique étrangère fondée sur l’extension de l’influence américaine afin de propager les principes démocratiques et l’idéologie des droits de l’homme.

2. Selon vous, les conservateurs authentiques croient en l’histoire et aux valeurs de la religion ; ils défendent la souveraineté des nations ; ils considèrent l’autorité politique nécessaire au développement de la personne et de la société. Aristote, Platon, Saint Thomas, Machiavel, Burke ou Hegel sont, dites vous, leurs références à des titres divers. Mais alors comment les néo-conservateurs, partisans de la croissance du PNB, du centralisme étatique, de la démocratie de marché, du multiculturalisme et de l’exportation agressive du système américain, ont-ils pu s’imposer?

J’ai essayé d’expliquer cette ascension au pouvoir des néo-conservateurs dans mon livre Conservatism in America. J’ai souligné un point essentiel : à l’inverse de l’Europe, les États-Unis n’ont jamais eu de véritable tradition conservatrice. La droite américaine de l’après-guerre n’a été, en grande partie, qu’une invention de journalistes. Elle se caractérisait par un mélange d’anticommunisme, de défense du libre marché et de choix politiques prosaïques du Parti républicain. Il lui manquait une base sociale inébranlable. Son soutien était inconstant et fluctuant. Dans les années 1950, le mouvement conservateur a essayé de s’enraciner parmi les ouvriers et les salariés catholiques ouvertement anti-communistes et socialement conservateurs. Mais à la fin du XXème siècle cette base sociale n’existait plus.

Les néo-conservateurs proviennent essentiellement de milieux juifs démocrates et libéraux. Antisoviétiques pendant la guerre froide, pour des raisons qui étaient les leurs, ils se sont emparés de la droite à une époque ou celle-ci était épuisée et s’en allait littéralement à vau-l’eau. J’ajoute que les conservateurs de l’époque, qui faisaient partie de l’establishment politico-littéraire et qui étaient liés à des fondations privées, ont presque tous choisi de travailler pour les néo-conservateurs. Les autres se sont vus marginalisés et vilipendés.

3. (…)

4. (…)

5. Vous avez payé le prix fort pour votre indépendance d’esprit. Vos adversaires néo-conservateurs vous ont couvert d’insultes. Votre carrière académique a été torpillée et en partie bloquée. La direction de la Catholic University of America a fait l’objet d’incroyables pressions pour que la chaire de sciences politiques ne vous soit pas accordée. Comment expliquez-vous que cela ait pu se produire dans un pays réputé pour son attachement à la liberté d’expression ?

Il n’y a pas de liberté académique aux États-Unis. La presque totalité de nos universités sont mises au pas ( gleichgeschaltet ) comme elles le sont dans les pays d’Europe de l’Ouest, pour ne pas parler du cas de l’Allemagne « antifasciste » ou la férule a des odeurs nauséabondes. Tout ce que vous trouvez en France dans ce domaine s’applique également à la situation de notre monde académique et journalistique. Compte tenu de l’orientation politique de l’enseignement supérieur aux États-Unis, je ne pouvais pas faire une véritable carrière académique.

6. (…)

7. (…)

8. Vos travaux montrent qu’en Amérique du Nord comme en Europe l’idéologie dominante n’est plus le marxisme mais une combinaison d’État providence, d’ingénierie sociale et de mondialisme. Vous dites qu’il s’agit d’un étrange mélange d’anticommunisme et de sympathie résiduelle pour les idéaux sociaux-démocrates : « un capitalisme devenu serviteur du multiculturalisme ». Comment avez-vous acquis cette conviction ?

Mon analyse de l’effacement du marxisme et du socialisme traditionnel au bénéfice d’une gauche multiculturelle repose sur l’observation de la gauche et de sa pratique aux États-Unis et en Europe. Le remplacement de l’holocaustomanie et du tiers-mondisme par des analyses économiques traditionnelles s’est produit avant la chute de l’Union soviétique. Au cours des années 1960-1970, les marqueurs politiques ont commencé à changer. Les désaccords sur les questions économiques ont cédé la place à des différends sur les questions culturelles et de société. Les deux « establishments », celui de gauche comme celui de droite, ont coopéré au recentrage du débat politique : la gauche s’est débarrassée de ses projets vraiment socialistes et la droite a accepté l’Etat protecteur et l’essentiel des programmes féministes, homosexuels et multiculturalistes. Un exemple : celui du journaliste vedette, Jonah Goldberg. Ce soi-disant conservateur a pour habitude de célébrer la « révolution féministe et homosexuelle » qu’il considère comme « un accomplissement explicitement conservateur ». Sa thèse bizarre ne repose évidemment sur rien de sérieux… Mais il suffit qu’une cause devienne à la mode parmi les membres du « quatrième pouvoir » pour qu’une pléiade de journalistes néo-conservateurs la présentent immédiatement comme un nouveau triomphe du conservatisme modéré.

9. Vos analyses prennent absolument le contrepied des interprétations néo-conservatrices. Vous rejetez comme une absurdité la filiation despotique entre le réformisme d’Alexandre II et le Goulag de Staline. Vous récusez comme une aberration la thèse qui assimile les gouvernements allemands du XIXème siècle à de simples tyrannies militaires. Vous réprouvez la haine du « relativisme historique » et la phobie de la prétendue « German connection ». Vous contestez l’opinion qui prétend voir dans le christianisme le responsable de l’holocauste juif et de l’esprit nazi. Vous dénoncez l’instrumentalisation de l’antifascisme « outil de contrôle au main des élites politiques ». Vous reprochez aux protestants américains d’avoir pris la tête de la défense de l’idéologie multiculturelle et de la politique culpabilisatrice. Vous affirmez que les chrétiens sont les seuls alliés que les Juifs puissent trouver aujourd’hui. Enfin, comble du « politiquement incorrect », vous estimez que la démocratie présuppose un haut degré d’homogénéité culturelle et sociale. Cela dit, en dernière analyse, vous considérez que le plus grave danger pour la civilisation occidentale est la sécularisation de l’universalisme chrétien et l’avènement de l’Europe et de l’Amérique patchworks. Pourquoi ?

En raison de l’étendue et de la puissance de l’empire américain, les idées qu’il propage, bonnes ou mauvaises, ne peuvent manquer d’avoir une influence significative sur les européens. Oui ! effectivement, je partage le point de vue de Rousseau et de Schmitt selon lequel la souveraineté du peuple n’est possible que lorsque les citoyens sont d’accords sur les questions morales et culturelles importantes. Dans la mesure où l’État managérial et les médias ont réussi à imposer leurs valeurs, on peut dire, qu’en un certain sens, il existe une forme d’homonoia aux États-Unis.

En fait, la nature du nationalisme américain est très étrange. Il est fort proche du jacobinisme qui fit florès lors de la Révolution française. La religion civique américaine, comme sa devancière française, repose sur la religion postchrétienne des droits de l’homme. La droite religieuse américaine est trop stupide pour se rendre compte que cette idéologie des droits de l’homme, ou multiculturaliste, est un parasite de la civilisation chrétienne. L’une remplace l’autre. Le succédané extraie la moelle de la culture la plus ancienne et pourrit sa substance.

Pour en revenir au rapide exposé que vous avez fait de mes analyses, je dirai que je suis globalement d’accord. Mais il n’est pas inutile de préciser pourquoi je considère aussi essentiel, aux États-Unis, le rôle du protestantisme libéral dans la formation de l’idéologie multiculturelle. Le pays est majoritairement protestant et la psychologie du multiculturalisme se retrouve dans le courant dominant du protestantisme américain tout au long de la deuxième moitie du XXème siècle. Bien sûr, d’autres groupes, et en particulier des intellectuels et des journalistes juifs ont contribué à cette transformation culturelle, mais ils n’ont pu le faire que parce que le groupe majoritaire acceptait le changement et trouvait des raisons morales de le soutenir. Nietzsche avait raison de décrire les juifs à demi assimilés comme la classe sacerdotale qui met à profit le sentiment de culpabilité de la nation hôte. Mais cette stratégie ne peut jouer en faveur des Juifs ou de tout autre outsider que lorsque la majorité se vautre dans la culpabilité ou identifie la vertu avec la culpabilité sociale. Je crois, qu’à l’inverse de la manipulation bureaucratique des minorités disparates et du lavage de cerveau des majorités, la vraie démocratie a besoin d’un haut degré d’homogénéité culturelle. Je suis ici les enseignements de Platon, Rousseau, Jefferson ou Schmitt, pour ne citer qu’eux.

10. Parmi les adversaires du néo-conservatisme, à coté des « vieux » conservateurs, souvent stigmatisés comme « paléo-conservateurs », on peut distinguer trois courants : le populisme, le fondamentalisme évangélique et le Tea Party. Pouvez-vous nous dire en quoi ces trois tendances diffèrent du vrai conservatisme ?

Je ne crois pas que l’on puisse trouver du « paléo-conservatisme » dans l’un ou l’autre de ces courants. Les membres du Tea Party et les libertariens sont des post-paléo-conservateurs. Les évangéliques, qui n’ont jamais partagé les convictions des vieux conservateurs, sont devenus les « idiots utiles » des néo-conservateurs, qui contrôlent les medias du GOP (Grand Old Party ou Parti Républicain). Actuellement, les « paléos » ont sombré dans le néant. Ils ne sont plus des acteurs importants du jeu politique. À la différence des libertariens, qui peuvent encore gêner les néo-conservateurs, les « paléos » ont été exclus de la scène politique. Faute de moyens financiers et médiatiques, ils ne peuvent plus critiquer ou remettre en cause sérieusement les doctrines et prétentions néo-conservatrices. Le pouvoir médiatique ne leur permet pas de s’exprimer sur les grandes chaînes de télévision. Ils ont été traités comme des lépreux, des « non-personnes », comme l’on fait les médias britanniques avec le British National Party. Pat Buchanan, qui fut un conseiller de Nixon, de Ford et de Reagan et qui est connu pour sa critique des va-t-en-guerre, a survécu, mais il est interdit d’antenne sur FOX, la plus grand chaîne de TV contrôlée par les néo-conservateurs. Il ne peut paraître que sur MSBNBC, une chaîne de la gauche libérale, où il est habituellement présenté en compagnie de journalistes de gauche.

11. Vous avez été traité d’antisémite pour avoir écrit que les néo-conservateurs sont des vecteurs de l’ultra-sionisme. En quoi vous différenciez-vous du sionisme des néo-conservateurs ?

Les néo-conservateurs sont convaincus que seule leur conception de la sécurité d’Israël doit être défendue inconditionnellement. Il est pourtant tout-à-fait possible d’être du côté des israéliens sans mentir sur leur compte. Que les choses soient claires : il n’y a aucun doute que les deux parties, les israéliens et les palestiniens, se sont mal comportés l’un vis-à-vis de l’autre. Cela dit, c’est une hypocrisie scandaleuse, une tartufferie révoltante, que de refuser à d’autres peuples (disons aux Allemands et aux Français) le droit à leur identité historique et ethnique pour ensuite traiter les Juifs comme un cas particulier, parce qu’ils ont connu des souffrances injustes qui les autoriseraient à conserver leurs caractères distinctifs.

12. Quels livres, revues ou sites web représentatifs du conservatisme américain recommanderiez-vous au public francophone ?

Je recommanderai mon étude la plus récente sur le mouvement conservateur  Conservatism in America  (Palgrave MacMillan, 2009) et le livre que je suis en train de terminer pour Cambridge University Press sur Leo Strauss et le mouvement conservateur en Amérique. Vous trouverez également les points de vue des conservateurs, qui s’opposent aux politiques des néo-conservateurs, sur les sites web : www.americanconservative.com 
www.taking.com [2]

13. Vos amis les néo ou postsocialistes Paul Piccone et Christopher Lasch, estimaient que les différences politiques entre droite et gauche se réduisent désormais à de simples désaccords sur les moyens pour parvenir à des objectifs moraux semblables ? Considérez-vous aussi que la droite et la gauche sont inextricablement mêlées et que les efforts pour les distinguer sont devenus inutiles ?

Je suis tout-à-fait d’accord avec mes deux amis aujourd’hui décédés. Les différences politiques entre droite et gauche se réduisent de nos jours à des désaccords insignifiants entre groupements qui rivalisent pour l’obtention de postes administratifs. En fait, ils ergotent sur des vétilles. Le débat est très encadré ; il a de moins en moins d’intérêt et ne mérite aucune attention. J’avoue que j’ai de plus en plus de mal à comprendre l’acharnement que mettent certains droitistes - censés avoir plus d’intelligence que des coquilles Saint-Jacques - à collaborer aux activités du Parti Républicain et à lui accorder leurs suffrages. Plutôt que d’écouter les mesquineries mensongères d’une classe politique qui ne cesse de faire des courbettes au pouvoir médiatique, je préfère encore assister à un match de boxe.

14. Dans les années 1990, deux universitaires néo-conservateurs ont soulevé de farouches polémiques en Europe : Francis Fukuyama, qui a prophétisé le triomphe universel du modèle démocratique, et Samuel Huntington, qui a soutenu que le choc des civilisations est toujours possible parce que les rapports internationaux ne sont pas régis par des logiques strictement économiques, politiques ou idéologiques mais aussi civilisationnelles. Ce choc des civilisations est-il pour vous une éventualité probable ou un fantasme de paranoïaque?

Je ne vois pas une différence fondamentale entre Fukuyama et Huntington. Les deux sont d’accords sur la nature du Bien : l’idéologie des droits de l’homme, le féminisme, le consumérisme, etc. La principale différence entre ces deux auteurs néo-conservateurs est que Fukuyama (du moins à une certaine époque car ce n’est plus le cas aujourd’hui) était plus optimiste qu’Huntington sur la possibilité de voir leurs valeurs communes triompher dans le monde. Mais les deux n’ont d’autre vision historique de l’Occident que le soutien du consumérisme, les revendications féministes, l’égalitarisme, l’inévitable emballage des préférences américaines urbaines c’est-à-dire le véhicule valorisant du hic et nunc.

Je ne doute pas un instant que si la tendance actuelle se poursuit les non-blancs ou les antichrétiens non-occidentaux finiront par occuper les pays d’Occident. Ils remettront en cause les droits de l’homme, l’idéologie multiculturaliste et la mentalité qui les domine aujourd’hui. Les nations hôtes (qui ne sont d’ailleurs plus des nations) sont de moins en moins capables d’assimiler ce que le romancier Jean Raspail appelle « un déluge d’envahisseurs ». En fait, l’idéologie des droits de l’homme n’impressionne vraiment que les chrétiens égarés, les Juifs et les autres minorités qui ont peur de vivre dans une société chrétienne traditionnelle. Pour ma part, je doute que l’idéologie ou le patriotisme civique de type allemand puisse plaire au sous-prolétariat musulman qui arrive en Europe. Cette idéologie ne risque pas non plus d’avoir la moindre résonance sur les latino-américains illettrés qui se déversent sur les États-Unis. Dans le cas ou les minorités revendicatrices deviendraient un jour le groupe majoritaire, une fois les immigrés parvenus au pouvoir, il y a bien peu de chances pour qu’ils s’obstinent à imposer les mêmes doctrines multiculturelles. En quoi leurs serviraient-elles ?

15. Vous avez anticipé ma dernière question sur les risques que devront affronter l’Europe et l’Amérique au XXIème siècle…

Je voudrais quand même ajouter quelques mots. La dévalorisation systématique du mariage traditionnel, qui reposait hier sur une claire définition du rôle des sexes et sur l’espoir d’une descendance, est la politique la plus folle menée par n’importe quel gouvernement de l’histoire de l’humanité. Je ne sais pas où cette sottise égalitariste nous conduira mais le résultat final ne peut être que catastrophique. Peut être que les musulmans détruiront ce qui reste de civilisation occidentale une fois parvenus pouvoir, mais je doute qu’ils soient aussi stupides que ceux qui ont livré cette guerre à la famille. Si ça ne tenait qu’à moi, je serai ravi de revenir au salaire unique du chef de famille. Et si on me considère pour cela anti-libertarien et anticapitaliste, je suppose que j’accepterai cette étiquette. Je ne suis pas un libertarien de cœur mais un rallié à contrecœur.

Propos recueillis par Arnaud Imatz
31/08/2011

Notes :

[1] Les figures les plus connues du conservatisme américain de l’après-guerre furent M. E. Bradford, James Burnham, Irving Babbitt, le premier William Buckley (jusqu’à la fin des années 1960), Will Herberg, Russell Kirk, Gerhart Niemeyer, Robert Nisbet, Forrest McDonald et Frank Meyer. Celles du néo-conservatisme sont Daniel Bell, Allan Bloom, Irving Kristol, S. M. Lipset, Perle, Podhoretz, Wattenberg ou Wolfowitz (N.d.A.I.).
[2] Dans son livre Conservatism in America, Paul Gottfried recommande trois autres sources qui peuvent aussi être consultées avec profit : l’enquête de George H. Nash, The Conservative Intellectual Movement in America Since 1945 (2ème éd., Wilmington, DE : ISI, 1996), l’anthologie de textes de Gregory L. Schneider, Conservatism in America Since 1930 (New York, New York University Press, 2003) et l’encyclopédie publiée par l’Intercollegiate Studies Institute, American Conservatism : An Encyclopedia (ISI, 2006), (N.d.A.I.).

Correspondance Polémia - 5/08/2011

dimanche, 10 juillet 2011

La droite et le libéralisme

La droite et le libéralisme

par Pierre LE VIGAN

Maurras rappelle une réticence classique des droites vis-à-vis du libéralisme quand il énonce : « la liberté de qui ? la liberté de quoi ? c’est la question qui est posée depuis cent cinquante ans au libéralisme. Il n’a jamais pu y répondre » (Maurras, Dictionnaire politique et critique, 1938). Pour comprendre cette réticence, il faut remonter aux origines de la droite.

Août – septembre 1789 : à l’occasion du débat constitutionnel, les partisans du veto absolu (et non suspensif) du roi se situent à droite de l’assemblée. À gauche se placent les partisans d’un pouvoir royal faible. Dans le même temps, une partie des droites se prononce en faveur d’une constitution à l’anglaise fondée sur le bicaméralisme. De quoi s’agit-il ? Exactement de deux rapports très différents au libéralisme, et qui concernent dés l’origine les familles politiques qui se situent « à droite ». Être partisan d’un veto royal absolu signifie refuser l’autorité venue « d’en bas », c’est-à-dire du Parlement. C’est, d’emblée, défendre une conception transcendante du pouvoir, et considérer, avec Joseph de Maistre, qu’on ne peut « fonder l’État sur le décompte des volontés individuelles ». À l’inverse, être partisan du bicaméralisme signifie se méfier du peuple tout autant que du pouvoir. Tout en ayant comme point commun l’opposition à la toute-puissance de l’Assemblée constituante, ce sont là deux façons très différentes d’être « à droite ». Le paysage se complique plus encore en prenant en compte les arrière-pensées de chaque position.

Si le bicaméralisme est l’expression constitutionnelle assez claire d’un souci d’alliance ou de compromis entre la bourgeoisie montante et l’aristocratie déclinante, par contre, la revendication d’un pouvoir royal fort peut – et c’est une constante de l’histoire des familles politiques de droite – se faire en fonction de préoccupations non seulement différentes mais contradictoires : s’agit-il de donner au roi les moyens de liquider au profit de la bourgeoisie les pouvoirs nobiliaires qui s’incarnaient dans les anciens parlements, ou au contraire s’agit-il de pousser le roi à s’arc-bouter sur la défense de ces privilèges nobiliaires, ou bien encore de nouer une nouvelle alliance entre roi et  peuple contre la montée de la bourgeoisie ? De même, le bicaméralisme a pour préoccupation d’affaiblir le camp des « patriotes » (c’est-à-dire de la gauche), et rencontre donc des soutiens « à droite ». Pour autant, est-il « de droite » dans la mesure où il relève d’une  méfiance devant tout principe d’autorité ? En tant que moyen d’empêcher la toute-puissance de l’Assemblée constituante, ne relève-t-il pas indiscutablement du libéralisme, c’est-à-dire d’une attitude moderne qu’exècrent une grande partie des droites ?

Cette attitude moderne a ses racines, comme l’a bien vu Benjamin Constant, dans un sens différent de la liberté chez les Anciens et les Modernes. Le bonheur étant passé dans le domaine privé, et étant, sous cette forme, devenu « une idée neuve en Europe » (Saint-Just), la politique moderne consiste à ne pas tout attendre de l’action collective. La souveraineté doit ainsi être limitée, ce qui va plus loin que la simple séparation des pouvoirs. « Vous avez beau diviser les pouvoirs : si la somme totale du pouvoir est illimitée, les pouvoirs divisés n’ont qu’à former une coalition et le despotisme est sans remède » (Benjamin Constant). Tel est le principe de fond du libéralisme : la séparation tranchée des sphères privées et publiques. Conséquence : la crainte du pouvoir en soi. Car dans le même temps, la désacralisation du monde aboutit à ce que chacun estime – comme l’avait vu Tocqueville, avoir « un droit absolu sur lui-même », par déficit de sentiment de  participation à la totalité du monde. En sorte que la volonté souveraine ne peut sortir que de « l’union des volontés de tous ». La réunion des conditions d’une telle unanimité étant à l’évidence difficile, – ou dangereuse – le libéralisme y supplée en affirmant le caractère « naturel » – et par là indécidable – de toute une sphère de la vie sociale : la sphère économique, celle de la production et reproduction des conditions de la vie matérielle. Rien de moins.

Un tel point de vue par rapport à l’économie et aux rapports de travail dans la société n’est caractéristique que de l’une des droites – une droite qui n’est pas « née » à droite mais qui a évolué vers le freinage d’un mouvement qu’elle avait elle-même contribué à engendrer. C’est en quelque sorte la droite selon le « droit du sol » contre la droite selon le « droit du sang ». Relève de la première l’homme politique et historien François Guizot, valorisant la marche vers le libéralisme avant 1789, mais cherchant à l’arrêter à cette date. C’est la droite orléaniste. Les autres droites, celles qui le sont par principe – et parce qu’elles croient aux principes  – prônent l’intervention dans le domaine économique et social. « Quant à l’économie, on ne saurait trop souligner combien le développement d’une pensée sociale en France doit à la droite, remarque François Ewald. […] Il ne faut pas oublier que les premiers critiques de l’économie bourgeoise et des méfaits du capitalisme ont été des figures de droite (Villeneuve de Barjemont, Sismonde de Sismondi) (1). »

Cette critique des sociétés libérales par certaines droites n’est pas de circonstance. Elle s’effectue au nom d’une autre vision  de l’homme et de la société que celle des libéraux. « Il y a une sociologie de droite, précise encore François Ewald, peut-être occultée par la tradition durkheimienne, dont Frédéric Le Play est sans doute avec Gabriel de Tarde le représentant le plus intéressant ». La pensée anti-libérale de droite est, de fait, jalonnée par un certain nombre d’acteurs et de penseurs importants. Joseph de Maistre et Louis de Bonald voient dans l’irréligion, le libéralisme, la démocratie des produits de l’individualisme. Le catholique Bûchez (1796 – 1865), pour sa part,  défend les idées de l’association ouvrière par le biais du journal L’Atelier. Le Play, de son côté, critique « les faux dogmes de 1789 » : la perfection originelle de l’homme (qui devrait donc être restaurée), sa liberté systématique, l’aspiration à l’égalité comme droit perpétuel à la révolte. La Tour du Pin, disciple de Le Play, critique la séparation (le « partage ») du pouvoir, considérant que celui-ci doit s’incarner dans un prince, mais propose la limitation du pouvoir et la consultation de la société (civile) notamment par la représentation corporative : le refus du libéralisme n’équivaut pas à une adhésion automatique à l’autoritarisme.

Par contre, le refus d’une société réduite à des atomes individuels est une constante de la pensée de droite, de l’école contre-révolutionnaire aux divers traditionalismes. Maurras a défendu l’idée, dans ses Réflexions sur la révolution de 1789, que la loi Le Chapelier interdisant l’organisation des travailleurs était un des actes les plus néfastes de la Révolution. Il établit un lien entre celle-ci et le libéralisme pour, tous les deux, les condamner. « L’histoire des travailleurs au XIXe siècle, écrit Maurras, se caractérise par une ardente réaction du travailleur en tant que personne à l’encontre de son isolement en tant qu’« individu », isolement imposé par la Révolution et maintenu par le libéralisme (2). » Thierry Maulnier résumait de son côté l’opinion d’une Jeune Droite composante essentielle des « non-conformistes de années Trente » en écrivant : « Il devait être réservé à la société de structure libérale d’imposer à une catégorie d’individus un mode de dépendance qui tendait, non à les attacher à la société, mais à les en exclure (3) ».

L’Espagnol José Antonio Primo de Rivera formulait un point de vue largement répandu dans la droite française extra-parlementaire quand il évoquait, en 1933, la signification du libéralisme économique. « L’État libéral est venu nous offrir l’esclavage économique, en disant aux ouvriers : vous êtes libres de travailler; personne ne vous oblige à accepter telle ou telle condition. Puisque nous sommes les riches, nous vous offrons les conditions qui nous conviennent; en tant que citoyens libres, vous n’êtes pas obligés de les accepter; mais en tant que citoyens pauvres, si vous ne les acceptez pas, vous mourrez de faim, entourés, bien sûr, de la plus haute dignité libérale. »

Les critiques à l’égard du libéralisme énoncées par une partie des droites sont parallèles à celles énoncées d’un point de vue catholique par Louis Veuillot, puis par René de La Tour du Pin et Albert de Mun, promoteurs des Cercles catholiques d’ouvriers, qui furent confortés par l’encyclique Rerum Novarum (1891), mais dont les positions annonçaient avec cinquante ans d’avance celles de Divini Redemptoris (1937). C’est à ce moment que se met en forme, à droite (avec Thierry Maulnier, Jean-Pierre Maxence, Robert Francis, etc.), une critique du productivisme complémentaire de la critique du libéralisme. La Jeune Droite rejoignait sur ce point la critique d’auteurs plus inclassables (Drieu La Rochelle, Robert Aron, Arnaud Dandieu, …).

Si l’anti-productivisme, comme l’anti-économisme (celui par exemple de la « Nouvelle Droite » du dernier quart du XXe siècle) apparaissent par éclipse à droite, la condamnation du libéralisme est le noyau commun de la pensée de droite. Caractéristique dans sa banalité droitière même est le propos de Pierre Chateau-Jobert : « Le libéralisme, écrit-il, […] a pris la liberté pour seule règle. Mais pratiquement, c’est le plus fort, ou le moins scrupuleux, ou le plus riche, qui est le plus “ libre ”, puisqu’il a le plus de moyens (4) ». Droitiste d’une envergure plus considérable, Maurice Bardèche ira jusqu’à déclarer que, comme Jean-Paul Sartre, il « préfère la justice à la liberté ».

Cette conception de la liberté comme toujours subordonnée à d’autres impératifs explique que la droite soit à l’origine de nombreuses propositions sociales. En 1882, Mgr Freppel demande la création de retraites ouvrières. En 1886, Albert de Mun propose la limitation de la journée de travail à dix heures et, en 1891, demande la limitation du travail des femmes et des enfants. En 1895, le même de Mun demande que soit reconnue aux syndicats la possibilité de posséder de biens à usage collectif. En 1913, Jean Lerolle réclame l’instauration d’un salaire minimum pour les ouvrières à domicile (5).

Les projets de réorganisation des rapports sociaux de Vichy (la Charte du travail soutenue par nombre de syndicalistes) comportent  de même des aspects socialement protecteurs. Enfin, la difficulté de réaliser des transformations sociales qu’a montré l’expérience de gauche de 1981 à 1983 permet de réévaluer les projets de participation et de « troisième voie » du Général de Gaulle et de certains de ses soutiens venus de la droite radicale comme Jacques Debu-Bridel, d’ailleurs anciens du Faisceau de Georges Valois.

La critique du libéralisme par la droite – hormis le courant orléaniste -, concerne tout autant l’économie que le politique. Le parlementarisme, expression concrète du libéralisme politique selon la droite est, jusqu’à l’avènement de la Ve République, accusé de fragmenter l’expression de la souveraineté nationale, et de la soumettre aux groupes de pression. Pour Barrès, « le parlementarisme aboutit en fait à la constitution d’une oligarchie élective qui confisque la souveraineté de la nation ». D’où sa préférence pour le plébiscite comme « idée centrale constitutive » : « le plébiscite reconstitue cette souveraineté parce qu’il lui donne un mode d’expression simple, le seul dont elle puisse s’accompagner ».

De son côté, Déroulède précise : « Vouloir arracher la République au joug des parlementaires, ce n’est pas vouloir la renverser, c’est vouloir tout au contraire instaurer la démocratie véritable ». Péguy, pour sa part, dénonce en 1902 le parlementarisme comme une « maladie ». Trente années plus tard, André Tardieu (1876 – 1945), chef d’une droite modernisatrice de 1929 à 1936, créateur des assurances sociales, député de Belfort (ville se dotant souvent de députés originaux), auteur de La révolution à refaire voit dans le parlementarisme « l’ennemi de la France éternelle ». Dans un contexte singulièrement aggravé, et énonçant le point de vue de la « Révolution nationale », Charles-Emmanuel Dufourcq, dans Les redressements français (6) concentre aussi ses attaques contre le parlementarisme et l’autorité « venue d’en-bas » comme causes, tout au long de l’histoire de France, des affaiblissements dont le pays n’est sorti que par le recours à l’autorité indiscutée d’un roi, d’un Napoléon ou d’un Pétain. Il manifestait ainsi une remarquable continuité – ou une étonnante absence d’imagination selon le point de vue – avec les tendances théocratiques de la Contre-Révolution.

En revanche, plus marginaux sont les secteurs de la droite qui se sont sentis concernés par la critique du parlementarisme effectuée par le juriste Carré de Malberg, qui inspirera René Capitant et les rédacteurs de la Constitution de 1958.  Dès le XIXe siècle, aussi bien la droite dans ses composantes non-orléanistes que la gauche des démocrates et des socialistes – de Ledru-Rollin à Proudhon – sont en porte à faux par rapports aux mythes fondateurs de la modernité française. « L’objectif de 1789 […] consiste, indique Pierre Rosanvallon, à démocratiser, “ politiquement ”, le système politique, qui est d’essence absolutiste, et à libéraliser, “ sociologiquement ”, la structure sociale, qui est d’essence féodale (7) ».

La difficulté du processus tient dans sa simultanéité (et c’est la différence avec l’Angleterre). D’un côté, la gauche socialiste veut « républicaniser la propriété » (Jules Guesde), de l’autre, une certaine droite met en cause « les responsabilités des dynasties bourgeoises » (Emmanuel Beau de Loménie) et le libéralisme qui les a laissé prendre tant de place. Rien d’étonnant à ce que des convergences apparaissent parfois (le Cercle Proudhon avant 1914, les planistes et « non-conformistes des années Trente », le groupe Patrie et Progrès au début de la Ve République, …).

En effet, pour toute la période qui va du milieu du XIXe siècle à nos jours, la distinction proposée par René Rémond en 1954 entre trois droites, légitimiste, orléaniste, bonapartiste, apparaît peu adaptée. D’une part, l’appartenance du bonapartisme à la droite est très problématique : c’est un centrisme césarien. D’autre part, l’orléanisme est écartelé dès son origine entre conservatisme et libéralisme : conservatisme dont François Guizot est une figure centrale, qualifiée par Francis-Paul Benoît de « conservateur immobile, donc non libéral (8) », le libéralisme étant représenté, plus que par les économistes « classiques », par les saint-simoniens modernistes ralliés à Napoléon III.

À partir de 1870, le clivage qui s’établit, « à droite », oppose, plutôt que les trois droites de la typologie de René Rémond, une droite radicale (radicalement de droite, et non conjoncturellement radicalisée), voire une « droite révolutionnaire » (Zeev Sternhell) en gestation, et une droite libérale-conservatrice. L’organisation d’une « droite » libérale au plan économique, conservatrice au plan politique est en effet ce qui permet après le Second Empire le passage, sinon sans heurts, du moins sans révolutions de la France dans l’univers bourgeois et capitaliste. C’est à l’évidence à cette droite que pensait un jour François Mitterrand disant : « la droite n’a pas d’idées, elle n’a que des intérêts ». C’est la droite comme la désigne désormais le sens commun.

Entre la droite révolutionnaire (forme extrême de la droite radicale) et la droite libérale (qui n’est conservatrice que dans la mesure où un certain conservatisme, notamment moral, est le moyen de faire accepter le libéralisme), la vision de la politique est toute différente. Du point de vue libéral, dans la mesure où la souveraineté ne peut venir que du consensus, le champ de la « naturalité » économique et sociale doit être étendu le plus possible. À la suite des penseurs libéraux français comme Bastiat, Hayek affirme que « le contrôle conscient n’est possible que dans les domaines où il est vraiment possible de se mettre d’accord » (ils ne sont évidemment pas très nombreux).

Tout autre est l’attitude du radicalisme de droite (appelé souvent « extrême droite » avec de forts risques de contresens). Jean-François Sirinelli, coordinateur d’une Histoire des droites en France (9), remarque que « l’extrême droite aspire rien moins qu’à un état fusionnel de la politique ». Certes. En d’autres termes, elle aspire à retrouver – ou à inventer – un critère d’indiscutabilité du principe d’autorité, et du lien social lui-même. Conséquence : cette droite radicale tend à ne pas décliner son identité comme celle d’une droite, s’affirmant « ni de droite, ni de gauche » (Barrès, Valois, Bertrand de Jouvenel, Doriot, les hommes des Équipes d’Uriage, le Jean-Gilles Malliarakis des années 80, …), ou encore « simultanément de droite et de gauche » (la « Nouvelle Droite »).

La difficulté de caractériser la droite par des idées à amener certains analystes comme Alain-Gérard Slama à essayer de la définir par un tempérament. Celui-ci consisterait, selon Slama, dans la recherche du compromis. Cette hypothèse ne fait que souligner l’existence de deux droites, une droite libérale, et la droite radicale, que presque tout oppose. Si la première recherche effectivement les accommodements, la droite radicale se caractérise plutôt par la recherche d’un dépassement synthétique des contradictions du monde moderne. À divers égards, sous des formes et à des niveaux très différents, c’est ce qui rassemble Le Play, Péguy, Bernanos, Drieu la Rochelle, Charles de Gaulle. Dépassement des contradictions de la modernité : vaste programme que ces hommes – pas toujours « à droite », mais sans doute « de droite » – n’ont jamais envisagé de mettre en œuvre par des moyens par principe libéraux.

Pierre Le Vigan

Notes

1 : François Ewald, Le Magazine littéraire, « La droite. Idéologies et littérature », décembre 1992.

2 : cité dans Thomas Molnar, La Contre-Révolution, La Table Ronde, 1981.

3 : Thierry Maulnier, Au-delà du nationalisme, Gallimard, 1938, p. 153.

4 : Pierre Chateau-Jobert, Manifeste politique et social, Diffusion de la pensée française, 1973.

5 : Cf. Charles Berrias et Michel Toda, Enquête sur l’histoire, n° 6, 1992, p. 13.

6 : Charles-Emmanuel Dufourcq, Les redressements français, Lardanchet, 1943.

7 : François Furet, Jacques Julliard, Pierre Rosanvallon, La République du centre. La fin de l’exception française, Calmann-Lévy, 1988.

8 : Francis-Paul Benoît, Les idéologies politiques modernes. Le temps de Hegel, P.U.F., 1980, p. 314.

9 : cf. Histoire des droites en France, Gallimard, trois volumes, 1992.

Le présent article, remanié pour Europe Maxima, est paru dans Arnaud Guyot-Jeannin (sous la direction de), Aux sources de la droite, L’Âge d’Homme, 2000.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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mercredi, 25 mai 2011

Impasse Adam Smith

« Impasse Adam Smith » de Jean Claude Michéa

Ex: http://www.polemia.com/

Le titre de l’ouvrage de Jean-Claude Michéa, Impasse Adam Smith, est quelque peu réducteur. Son sous-titre est plus explicite : Brèves remarques sur l’impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche. La thèse centrale de l’auteur est, en effet, que la gauche et le libéralisme puisent aux mêmes sources idéologiques : l’esprit des Lumières, c’est-à-dire un utilitarisme et un individualisme radicaux. Michel Geoffroy fait le point pour Polémia.

Une physique sociale

impasseMichéa.jpgLes philosophes des Lumières vont progressivement faire de l’intérêt rationnel le seul véritable déterminant de la conduite humaine, dans le fil de Newton qui découvrit la loi de l’attraction universelle. Cette réduction de l’homme à son intérêt « bien compris », c’est-à-dire éclairé par les lumières de sa raison, débouche sur une « physique sociale » dont l’esprit des Lumières croit avoir découvert les lois indépassables. Et si tout homme est déterminé par sa nature à rechercher ce qui lui est utile, « alors l’échange économique devient l’exemple le plus net d’une relation humaine rationnelle » puisque chacun, au terme d’une négociation – un négoce – pacifique, est censé y trouver son compte.

La conduite utilitariste ne constitue qu’une des figures possibles de la conduite humaine

Pour Jean-Claude Michéa cette vision est réductrice car la conduite utilitariste ne constitue qu’une des figures possibles de la conduite humaine. A l’appui de son analyse l’auteur développe notamment une analyse des comportements altruistes et reprend les travaux de Marcel Mauss sur le don, qui est irréductible à tout calcul économique. Il ouvre aussi d’intéressantes perspectives sur les limites de la théorie d’Hobbes pour qui la contrainte étatique serait le seul moyen d’empêcher la guerre de tous contre tous.

L’utilitarisme désagrège l’humanité

N’est-ce pas plutôt l’utilitarisme qui, en désagrégeant l’humanité en monades, en détruisant les solidarités, les identités et les cultures pour donner naissance à l’individu absolu, atome social, flexible et mobilisable à tout moment par le marché, a détruit les fondements du vivre ensemble ? C’est-à-dire la capacité à partager l’existence, y compris avec des hommes qui ne nous ressemblent pas. Car dans le paradigme utilitariste c’est le sujet individuel qui est premier et autosuffisant, la relation à l’autre est toujours seconde. Pour l’auteur qui assimile libéralisme et capitalisme puisque les deux sont indissociables, la théorie libérale n’est qu’une utopie, car le présupposé sur lequel elle repose du primat d’un individu toujours rationnel, calculateur et égoïste n’est rien d’autre qu’un mythe philosophique, une « robinsonnade », comme l’écrivait Marx. Et l’économie politique n’est qu’une « métaphysique libérale ».

C’est le libéralisme qui a bouleversé les traditions

Par conséquent l’auteur estime que la gauche fait fausse route quand elle assimile le libéralisme et le capitalisme au conservatisme : en réalité c’est le libéralisme qui a bouleversé les traditions et détruit l’ordre social. En particulier parce qu’il a introduit l’idée que l’on pouvait désormais dissocier société bonne et citoyens vertueux (cf. La Fable des abeilles, de Mandeville, 1714) et substituer le gouvernement des choses (la « main invisible » du marché, réputée toujours trouver la moins mauvaise solution) au gouvernement des hommes (réputé toujours tyrannique). Pour le libéralisme à l’encontre de la sagesse politique des temps anciens, le problème (l’égoïsme naturel des individus) est désormais aussi la solution. Plus les individus se conduisent en individus, c’est-à-dire se conforment au seul calcul égoïste, mieux cela sera. Cette logique, qui conduit à tuer toutes les relations humaines, explique la pente libertaire fatale du libéralisme que Jean-Claude Michéa analyse avec beaucoup de clarté.

La gauche n’est pas une alternative crédible au désenchantement du monde

Mais si la gauche puise aux mêmes catégories que le libéralisme, cela signifie qu’elle ne peut constituer une alternative crédible au désenchantement du monde que ce dernier a provoqué. Pour Jean-Claude Michéa cela signifie aussi que les clivages gauche/droite sont dépassés : la droite se contente de contester les conséquences sociales des prémisses libérales auxquelles elle adhère. Symétriquement la gauche prétend contester ces mêmes prémisses alors qu’elle présente leurs conséquences comme des progrès dans la « libération » des hommes.

Retrouver le sens des solidarités humaines

Pour Jean-Claude Michéa, qui se réclame aussi de Christopher Lasch, il n’y a pas d’autre issue que de retrouver le sens du socialisme originel, avant qu’il ne soit récupéré par la gauche au moment de l’affaire Dreyfus et avant qu’il ne soit contaminé par l’idéologie du progrès, fille des Lumières et contre laquelle il s’affirmait. C’est-à-dire de retrouver le sens des relations, des communautés et des solidarités humaines.

On n’est, certes, pas forcé de partager sa conclusion. Mais son ouvrage ouvre cependant de très enrichissantes perspectives, très actuelles.

Michel Geoffroy
20/05/2011

Jean-Claude Michéa, Impasse Adam Smith : Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche, Editeur Flammarion, coll. Champs, 2006, 184 pages

jeudi, 12 mai 2011

Le néo-libéralisme et la domestication de l'homme

Le néo-libéralisme et la domestication de l’homme

par Pierre LE VIGAN

270px-20050112-hayek.jpgLe néo-libéralisme est la « nouvelle raison du monde ». C’est le nouveau principe ordonnateur du monde. Pourtant, la crise financière de 2008 a pu au contraire laisser  croire que ce libéralisme débridé avait fait son temps. Nous assisterions au retour de l’État. Or la réalité est tout autre. L’État n’a jamais été absent, et le néolibéralisme a justement été un libéralisme appuyé sur l’État, et même l’organisation du marché par l’État. Un marché encore parfois concurrentiel pour les secteurs les moins importants mais surtout oligopolistique. Si l’idéologie de la naturalité du marché perdure (illustrée par un Alain Minc), elle est contrecarrée par une autre idéologie qui sait parler, notamment avec Nicolas Sarkozy, du retour de l’État et du besoin de régulation.

Dans les deux cas, l’objectif est toutefois le même. Quelle que soit la rhétorique utilisée, il s’agit de garantir et renforcer les profits, et la domination de l’hyperclasse adossée à l’argent-roi. C’est pourquoi les discours de Sarkozy sur le « retour de l’État » n’ont empêché nullement qu’il poursuive la privatisation de la Poste ou la réduction du nombre de fonctionnaires, y compris dans la police malgré la criminalité croissante. « L’État ne succède pas au marché tout simplement parce que l’État a en réalité toujours été là, parce qu’il n’a pas un instant cessé, comme Marx l’avait d’ailleurs en son temps souligné, d’être un levier puissant destiné à briser les obstacles de toute nature au processus de l’accumulation du capital », écrivent Pierre Dardot et Christian Laval. Quand l’État intervient, il s’agit de sauver le capitalisme financier. C’est cela la nouvelle raison d’être de l’État « néo-libéral », nouvelle raison du monde qui s’impose à toute la société.

Il y a deux façons d’analyser le nouveau rôle de l’État dans le soutien et le réagencement de l’hyper-capitalisme. On peut insister sur les continuités entre le libéralisme classique et ses formes nouvelles, notamment au regard de la permanence du discours des droits, essentiellement des « droits de l’homme », et de l’extension indéfinie de ceux-ci. C’est en partie le point de vue de Marcel Gauchet (La crise du libéralisme, tome 2 de L’avènement de la démocratie, Gallimard, 2008).

On peut au contraire insister sur les nouveautés, sur l’esprit libéral-libertaire qui n’empêche pas une « policiarisation » croissante, indépendante du nombre même de fonctionnaires de police et basée sur la vidéo-surveillance, le fichage et flicage généralisé de la vie. C’est l’approche de Luc Boltanski et Ève Chiapello (Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999) qui montrent qu’après le fordisme et ses compromis, le capitalisme veut désormais l’engagement de chacun au service de la mobilité, de la fluidité, et par l’adhésion intime de tous à la logique de l’entreprise.  Une thèse qui prend le relais du célèbre livre de Daniel Bell sur Les contradictions culturelles du capitalisme (1976).

Les deux approches ne sont pas exclusives l’une de l’autre. L’important est que ce nouvel esprit du capitalisme se traduit par l’intériorisation d’une nouvelle « gouvernementalité » (Michel Foucault) c’est-à-dire par des normes de conduite intériorisés par chacun d’entre nous. Le capitalisme nous dote d’un nouveau surmoi. C’est « une certaine mise en ordre de la conduite effective des sujets sociaux », notent Pierre Dardot et Christian Laval. C’est pourquoi le « néo-libéralisme » n’est pas seulement l’héritier du libéralisme classique. Il porte plus loin son ambition. Le libéralisme classique voulait fixer des limites à l’action des gouvernements. Les limites étaient à la fois les « droits » des individus, y compris le droit d’exploiter autrui, elles étaient le marché en tant qu’ordre « naturel », et elles étaient enfin la logique de l’utilité et de l’intérêt, opposée aux logiques altruistes ou communautaires.

Or le libéralisme renforcé ou « néo-libéralisme » vise à organiser l’ensemble de la société autour de la logique du marché, de l’État jusqu’à l’individu, et avec l’ambition de faire intérioriser par chacun cette logique. Comme l’avait bien vu Karl Polanyi, le marché n’est pas naturel, c’est une construction sociétale. Il n’est pas seulement l’échange, qui a toujours existé, mais la concurrence. Le néo-libéralisme voit l’État et le gouvernement lui-même comme une entreprise privée gérant l’entreprise France, ou la filiale France de l’entreprise Europe, elle-même segment d’une économie-monde. C’est pourquoi la logique du néo-libéralisme consiste à étendre cette logique de l’entreprise à l’individu et à toutes ses relations, à coloniser le monde vécu avec l’axiomatique de l’intérêt (Alain Caillé) et de l’utilité (« qu’est-ce que cela va me rapporter ? »).

Cette individualisation portée à l’extrême de l’idéologie de l’intérêt et de la performance aboutit à la fin de la possibilité même de la démocratie par dissipation chimique du peuple. Il ne reste que l’individu et la démocratie est même suspecte d’être porteuse d’une « tyrannie de la majorité ». Ce qui explique les thèmes très contemporains de la critique des « populismes » et la valorisation de toutes les minorités, visibles ou non. L’idée de souveraineté du peuple est invalidée par le néo-libéralisme. Friedrich Hayek écrivait en ce sens : « Un peuple libre n’est pas nécessairement un peuple d’hommes libres. » Ce qui ne saurait faire oublier qu’il n’y a pas d’homme libre dans un peuple qui ne l’est pas – ce qui est justement le point aveugle de la théorie néo-libérale. Les thèmes néo-libéraux de primauté des droits de l’individu sur ceux du peuple ne sont pas autre chose que la formulation d’une critique radicale de l’idée même de démocratie comme souveraineté du peuple. Ces thèmes aboutissent à reconnaître un droit de sécession de chacun par rapport à la société. Ce qui est la porte ouverte aussi bien à l’évasion fiscale qu’à la rupture du lien social.

La célébration de la modernité par le néo-libéralisme s’oppose à un certain conservatisme idéologique mais n’est pas plus contradictoire avec celui-ci que ne l’est un keynésianisme de circonstance. Il s’agit toujours d’amener l’homme à se gérer comme une entreprise, ce qui est parfaitement compatible avec un discours « libertaire » sur l’autonomie et les mœurs mais n’exclut pas un discours plus traditionnel sur les valeurs de l’effort pour un segment plus conservateur de l’électorat.

C’est Saint-Simon (1760 – 1825) qui a été l’un des premiers à parler de substituer au gouvernement des hommes l’administration des choses. Cette idée avait séduit Engels, et on la retrouve dans un certain marxisme français « simplifié », dans la lignée du « mécanicisme » des Lumières. Alain de Benoist a parfaitement montré dans sa « Brève histoire de l’idée de progrès » comment ce mécanicisme des Lumières pouvait rencontrer un organicisme naturalisant l’homme qui ne relèverait plus d’une gouvernance mais d’une simple administration. Or la voie de Saint-Simon est une voie erronée. C’est en fait une voie technocratique qui aboutit à la domestication de l’homme.

À l’inverse, si Rousseau ne règle pas toutes les questions en disant qu’il faut obéir aux lois issues de la volonté générale, il n’en ouvre pas moins le chemin à la démocratie comme souveraineté du peuple. Mais la volonté qui s’élabore dans la délibération du peuple n’a de sens que si l’imaginaire de chacun a cessé d’être colonisé par la marchandise et la recherche exclusive de l’intérêt.

Le souci de soi, notait Michel Foucault, relève avant tout d’un « art de la vie », et même d’une ascèse, exercice de l’ordre d’un athlétisme de l’âme. Il n’était à cet égard sans doute pas très éloigné de Julius Evola. C’est pourquoi, sans mésestimer les bienfaits de la révolte, ni sa légitimité, c’est aussi et peut-être surtout une contre-culture, une contre-conduite, une autre éthique de la conduite de soi dans le monde, qu’il faut opposer à la raison néo-libérale du monde hypercapitaliste. Ce n’est pas la crise financière qui enterrera le capitalisme, ce sera peut-être l’émergence en chacun d’entre nous d’une autre vision du monde.

Pierre Le Vigan

- Pierre Dardot et Christian Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néo-libérale, La Découverte, coll. « Poche », 498 p., 13 €.

- Cet article est paru dans Flash, n° 52, du 4 novembre 2010. Il a été brièvement remanié pour Europe Maxima.


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samedi, 19 mars 2011

Sortir du cauchemar strauss kahnien

Sortir du cauchemar strauss kahnien

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

Ex: http://www.insolent.fr/

110314

Depuis la diffusion de la grande nouvelle, à savoir que DSK aurait pris sa décision en personne mais qu'il désire encore en conserver le secret, les commentaires conspirationnistes affleurent.

Ceux-ci proviennent du reste des gens auxquels on s'attend le moins. Sur RTL ce 14 mars, M. Alain Duhamel glapissait, de sa manière inimitable, une sorte de réquisitoire mettant en cause le couple infernal du populisme et du socialisme. Plus scientifique, le 12 mars M.  M.Franck Gintrand (1), conseil en communication, soulignait le trucage grâce auquel ont été calculés les résultats de l'étude Louis Harris, chiffres sur la base desquels, bien évidemment, le directeur général du FMI fait office de "sauveur". Déjà "Libération" le 7 mars avait publié une charge tant soit peu polémique de Jérôme Sainte-Marie directeur général adjoint du concurrent CSA contre le patron dudit institut : "le bonhomme nous ridiculise". (2)

Dans la pratique, à dire vrai, rien ne nous assure encore que l'époux d'Anne Sinclair daignera même quémander ni les voix virtuelles des sympathisants du PS dans le cadre des primaires de 2011, ni les suffrages effectifs des électeurs français lors de la présidentielle de 2012.

En tout état de cause son influence peut faire autant de mal au pays que son accession au pouvoir.

Reste en effet le fond du problème.

Évoquons les cures dites d'austérité qui s'imposent hélas à un certain nombre de pays européens. Ceci va englober bientôt, de manière inéluctable, la république jacobine. Dans ma chronique du 11 mars, j'avais cherché à tirer, brièvement, les leçons du cas de la Grèce. Je l'ai fait à la fois parce que je cherche à le suivre et le comprendre depuis le début et aussi parce qu'il aura été le plus immédiatement révélé à l'opinion dès l'automne 2009. (3)

Sans doute ne faut-il pas mettre ni au débit du seul Dominique Strauss-Kahn, ni à son crédit, le plan de sauvetage financier, ni dans ses grandes lignes, ni dans le détail de son application. Une assez scabreuse intervention de la "troïka" à Athènes a fait ainsi couler beaucoup d'encre et de salive. Cela se déroulait au moment même où les trois représentants de l'UE, de la BCE et du FMI constataient la bonne tenue [arithmétique] du programme gouvernemental local. Douloureusement, mais finalement de manière assez crédible, le retour vers la santé des finances publiques s'accomplit. Or, les trois porteurs d'attachés-cases ont cru bon, pour mieux faire, de suggérer une vente à l'encan des biens fonciers appartenant à l'État. Évidemment cette solution, la pire de toute, ressemble à celle que les jacobins utilisèrent au temps des assignats. (4) Mais finalement cette scandaleuse "sardine" n'aura pas bloqué longtemps le port du Pirée et il a encore été rappelé lors du Conseil européen du 11 mars qu'elle était totalement écartée.

Dans ce dossier, Strauss-Kahn n'endosse aucune responsabilité personnelle.

Seulement voilà. À vouloir incarner la finance mondiale, à poser en sauveur du capitalisme le dirigeant socialiste, l'ancien ministre de Jospin, le maire de Sarcelles, l'ancien militant des courants du PS eux-mêmes issus des groupuscules trotskistes conforte surtout son image d'ancien étudiant en économie à Chicago, et une réputation [à mon avis flatteuse, trop flatteuse] d'ancien élève du libéral conservateur Gary S. Becker. La vérité vraie consiste à considérer qu'il ne mérite sans doute "ni cet excès d'honneur ni cette indignité". Ex trotskiste ne signifie pas admirateur de Chavez ou sympathisant de Mélenchon, élève ne veut pas dire disciple, coureur de jupons ne veut pas dire violeur en série, etc.

DSK ne doit pas être vu comme le diable incarné, il en deviendrait presque intéressant. Il doit être débusqué avant tout comme un gros enfumeur.

Admirons la grande commisération avec laquelle il se penche sur le cas de la France. Le propriétaire immobilier à Paris qu'il demeure, au moins à égalité avec Marrakech, ne doit pas manquer de se préoccuper des valeurs foncières place des Vosges, ce qui implique un minimum de maintien de la sécurité du quartier, de la propreté de la ville et de l'efficacité des taxis. [Présumons que l'odeur du métro ne l'étouffe pas.] Ne reconnaît-on pas là le B A Ba de la citoyenneté ?

Malheureusement, à Paris comme n'importe où ailleurs, cela ne suffit pas.

Les équations keynésiennes, entièrement fausses du point de vue de la Théorie économique, n'interdisent pas de comprendre que les budgets publics, ceux des États comme ceux des collectivités locales, ceux des organismes sociaux comme ceux des entreprises sous contrôle ministériel, doivent se présenter, devraient revenir, seront contraints de se rétablir au moins à l'équilibre.

On ne doit donc pas tenir les critères dits de Maastricht pour de simples obligations liées à la "construction de l'Europe", ou à ce qu'il en reste. On doit les considérer comme des bases minimales assurant un plancher de crédibilité, certes grossier et arbitraire, mais en dehors duquel on entre dans le délire, au moins en temps de paix. Un grand nombre de pays européens, – dont l'Angleterre sous Gordon Brown, la France depuis Mitterrand et Chirac, etc. – y ont succombé ces dernières années.

En quoi, dès lors, l'influence de M. Strauss-Kahn conduirait-elle un programme de redressement plus mauvais qu'un autre ? Tout simplement parce qu'on ne communiquerait que sur le principe de ce programme, que ses adversaires succomberaient à la tentation et commettraient l'erreur de lui laisser le monopole de la rigueur – mais dans le quotidien, dans le réel, il se révélerait incapable de le fonder sur ses vraies bases qui s'appellent libertés, responsabilités et respect du droit de propriété.

D'un tel point de vue la régence de DSK, ou le gouvernement de celui qu'il désignera comme le plus capable de réaliser le programme qu'il préconise ne différerait en rien de l'alternance entre sociaux démocrates et démocrates sociaux qui fonctionne depuis des décennies.

Je ne m'intéresse pas au rapport que les politiciens, socialistes ou autres, entretiennent avec les autres commandements de la Loi, je leur pose seulement la question suivante : en matière économique et sociale ne devrait-on pas commencer par appliquer ceux qui s'énoncent simplement ainsi : "tu ne voleras pas", "tu ne désireras pas le bien d'autrui" et "tu ne mentiras pas".

JG Malliarakis

Apostilles

  1. Sa chronique écrite "Le fil rouge de l'opinion" ne manque pas d'intérêt et il faut la recommander.
  2. cf. "On ment pour avoir de la reprise médiatique": Jean-Daniel Lévy [de l’institut qui a réalisé le sondage, rappelle Libé] s’est déjà associé à des sondages qui se sont révélés totalement faux, mais qui ont bénéficié d’une reprise médiatique intense.
  3. Je me permets d'ailleurs de rappeler que dès le 27 novembre 2009, l'Insolent titrait sur "la redécouverte du risque souverain". (version vocale sur le site de Lumière 101).
  4. Rappelons que les "dynasties bourgeoises" que fustige Beau de Loménie sont nées de ce détournement de propriétés.

Vous pouvez entendre l'enregistrement de notre chronique
sur le site de Lumière 101

 

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Du concept Strauss-Kahn et de sa régence annoncée

Du concept Strauss-Kahn et de sa régence annoncée

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

Ex: http://www.insolent.fr/

110311Sinistre pour le peuple grec, la cure d'austérité imposée par le FMI s'est déjà traduite par un taux de chômage de 13,1 % et une hausse des prix à la consommation évaluée à 4,9 %. On peut, certes, souhaiter qu'il en résulte, à moyen terme, un assainissement financier et une meilleure compétitivité. Paradoxalement ce drame offre au moins des avantages certains pour l'observateur étranger. Aux Français, il devrait faire comprendre ce qui les attend, à partir d'une situation très comparable, s'ils recourent aux mêmes médecins. On doit rappeler notamment que l'actuel premier ministre athénien, Georges Papandréou applique son programme, dicté par les petits hommes gris en étroite conformité de vues avec Dominique Strauss-Kahn, son camarade au sein de l'internationale socialiste, son ami.

 

Depuis plusieurs jours les lecteurs du journal grec Kathimerini (1) connaissent le contenu du documentaire "Un an avec DSK" que s'apprête à diffuser la chaîne Canal + (2), du moins pour la partie essentielle à leurs yeux.

Celle-ci révèle la manière dont, dès l'automne 2009, le recours au FMI a été convenu entre le gouvernement d'Athènes, qui à l'époque s'en défendait mensongèrement, et le directeur général de cet organisme. On peut penser que dans cette affaire très délicate, M. Papandréou et son ministre des Finances, jouant une partie difficile, ont évité le pire pour leur pays. Souhaitons que leur habileté ne se retourne pas contre leur propos. Il faudra se souvenir en revanche que le patron du FMI agissait subtilement mais sciemment, subrepticement, contre l'Europe.

DSK semble cependant, à l'évidence, très heureux de passer aux yeux des naïfs pour le "sauveur du capitalisme". Depuis son accession aux bureaux de Washington, il cherche à diffuser cette image. Et depuis quelques jours de calculs autour des sondages et de spéculations autour des hypothèses, il aimerait bien aussi passer pour le garant futur de notre démocratie qu'on dit gravement menacée par le populisme.

Le même journal Kathimerini ce 9 mars au matin titrait à nouveau sur les propos tenus par DSK dans le cadre de cette émission, destinée au public français. Traduisons, en attendant de l'entendre "en français dans le texte" : [En Grèce] "il existe des gens qui n'ont rien [pas de pain] à manger, et d'autres qui font de l'évasion fiscale un sport national". Le titre réduit encore plus "les uns souffrent, les autres fraudent". Car on veut confondre, on juxtapose sémantiquement, la fraude et l'évasion fiscales.

Souvent désinformés par des Grecs d'extrême gauche, je ne doute pas que trop de Français se représentent ainsi la réalité de la Grèce. Je ne chercherai pas à redresser leur opinion, car je n'y parviendrai pas. Mais je tiens à dire à mes amis lecteurs que je la tiens pour fausse.

En revanche, ils peuvent être certains que le même remède de cheval sera tantôt appliqué à la France.

Par exemple, Romano Prodi avait commencé à mettre en place cette doctrine, d'une façon relativement modérée, pendant la courte période où il revint de Bruxelles pour "redresser les finances italiennes" entre 2006 et 2008, avant le retour de Berlusconi.

DSK et Papandréou n'ont évidemment rien inventé. Ils ont simplement accentué cette pratique de la "rigueur de gauche", adossée elle-même aux craintes pour l'Union monétaire. Les questions budgétaires ne sont confondues pourtant avec l'ordre monétaire que pour mieux enfumer les opinions. Signalons ainsi que la coalition libérale-conservatrice au pouvoir en Grande-Bretagne redresse ses propres comptes publics par des réformes au moins aussi radicales, que celles adoptées par la Grèce, tout en restant en dehors de la zone euro et sans faire appel à DSK.

Mais voila, une partie non négligeable de l'Europe continentale, et pas seulement les gens de l'Europe du sud, veut la sociale-démocratie.

L'argument démagogique de la séparation entre "ceux qui souffrent" et "ceux qui fraudent" fonctionne comme une forme nouvelle de la vieille lutte des classes.

Il rencontrera l'assentiment de tous les coupeurs de têtes jacobins. La recette marche toujours. Faisons confiance aux gauchistes et aux staliniens du syndicat national unifié des impôts pour l'alimenter en informations partiales. Les gens d'Attac ou de la revue "Alternatives économiques" distilleront de faux arguments, adossés à leurs chiffres biaisés. Ils rencontreront sur ce terrain le soutien d'autres forces du même genre, Tous répercuteront les mêmes slogans destructeurs.

L'affaire dite "Bettencourt" n'a pas été agitée en vain pendant toute l'année 2010. Elle a bien chauffé à blanc l'opinion dans ce sens.

Donc DSK devient un concept "socialiste keynésien". Le PS pourrait presque se reconvertir en "PSK", un sigle à faire rêver. L'important n'est peut-être même plus de savoir si "il" se présente, mais quel candidat "il" adoubera. Tous les subventionnaires, tous les fonctionnaires, tous les médecins intéressés à maintenir le malade sous cloche vous le garantiront : les finances publiques ne souffrent pas de leurs gaspillages et de leurs prédations mais de recettes jugées insuffisantes du fait de la fraude, du fait des niches et des riches, du fait de leurs évasions, confondues avec autant de tricheries, du fait des exilés fiscaux dont on parle comme les robespierristes parlaient des émigrés, etc.

Confondant les effets et les causes, on cherchera à camoufler à l'opinion que la fraude et le travail au noir résultent d'abord d'une pression fiscale et de charges sociales trop élevées. On justifiera de la sorte non seulement le contrôle accru et le durcissement des contentieux mais également la hausse de tous les taux d'imposition, pendant 5 ans encore de 2012 à 2017. Pendant la même période les pays concurrents renforceront leur compétitivité.

Voila ce que l'on doit redouter autour du concept DSK. La gauche dure y voit un libéralisme camouflé. Elle se trompe. Une certaine droite y voit un subtil complice des grosses entreprises monopolistes qu'elle affectionne et qu'elle courtise elle-même. Elle s'égare dans sa propre myopie. D'autres s'apprêtent à développer des campagnes de réfutations ontologiques ou moralistes du personnage. Elles lui rendent service, lui conférant une dimension humaine, sympathique et même victimaire, et discréditant ceux qui les manient.

Il reste quelques mois pour cerner sérieusement le danger.

Ne comptons sur aucun état-major politicien. Tous raisonnent au fond comme les détenteurs brevetés du concept DSK. Ils s'apprêtent à l'imiter. Tous se complaisent, parfois inconsciemment, dans leurs logiques de prédateurs. (3)

C'est bien de ce cercle infernal qu'il s'agit de sortir.

JG Malliarakis
 

Apostilles

  1. "Kathimerini" est l'équivalent "Figaro", version un peu moins turcophile.
  2. Canal+ diffusera ce 13 mars un documentaire inédit sur DSK : "Un an avec Dominique Strauss-Kahn", au cœur du FMI.
  3. Celle que dénonce Bastiat sous le nom de "spoliations" dans ses "Harmonies sociales".

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jeudi, 03 mars 2011

Liberalism is the cause of inequality

One of the pitfalls of being human is the many perceptual traps that can ensnare us. Spotting an object in water is difficult because of refraction; our ability to estimate the lengths of lines is hampered by nearby objects. Colors surrounding an object affect how we perceive it.

For the past five hundred years, a perceptual trap has gained momentum. This trap starts simply: we see civilization around us, and that it provides for us, and we assume that it will always be that way, even if we make changes. So greedily we demand as much as possible for ourselves and ignore the consequences of those acts.

More than a political movement, this is a social movement based on the wishful thinking of people who are not engaged in maintaining the civilization itself. They view society as like a supermarket: you take what you want, pay your money, and worry about nothing else.

In the USA and Europe, a resistance movement has awakened to resist this perceptual trap. We resist it both as an economic doctrine (socialism/liberalism) and as a philosophy of civilization (narcissism). We don’t want it in any form because it is the opposite of a healthy attitude toward life, and its results are correspondingly bad.

A huge share of the nation’s economic growth over the past 30 years has gone to the top one-hundredth of one percent, who now make an average of $27 million per household. The average income for the bottom 90 percent of us? $31,244. – MJ

The good liberals over at MotherJones.com, who provided us the above quotation and several informative charts, have stepped into a perceptual trap. They assume that individual equality exists, therefore that if inequality exists, something must be wrong.

They point out an interesting fact, however: the average income in the USA is dropping, while the incomes of the “super-rich” are rising, which is symptomatic of a third-world population. However, what they forget is that liberalism caused this vast inequality by undermining the middle class:

  • Spreading the wealth. The agenda of liberalism is equality, which becomes filtered through the socialist notion of redistributing the wealth from rich to poor; if we’re all equal, the rich have that wealth unfairly, they think. The problem is that in doing this they take money away from those who are more competent, and who will use it to make more money, and spread it to people who are by definition less able to make competent financial decisions.
  • Importing voters. A favorite liberal tactic since 1965 has been to import voters from third-world nations. The problem with this is that it skews the population demographic toward low-income low-skilled workers. This cheapens our cost of basic labor-oriented tasks, but in turn, forces the same amount of value to go to more people and ensures that any given task requires more people. The result is a dissipation of value, so that even if the number values remain the same, quality declines, as we’ve seen happen in American construction, poultry/meat and manufacturing since the 1990s.
  • Fast money. Bill Clinton effected an economic miracle by making money easy and quick to borrow. While this provided a great stimulus to business in the short-term, in the long-term it shifted profitability from production of value-adding goods to the shuffling of paper and reselling of financial instruments. This produced an economy that while “profitable” existed entirely on paper. This not only creates a new class of super-rich manipulators, but also devalues the currency as investors worry about its actual value.
  • Red tape. Affirmative action, H1-B visas, anti-discrimination legislation, Obamacare, environmental regulations, extensive safety rules and a Byzantine tax code afflict our businesses with miles of red tape. This in turn makes them less competitive, which they compensate for by cutting corners, which in turn reduces the value of their goods relative to those who have fewer obligations. Even more, this tempts them to outsource, where they don’t have to pay these costs.
  • Unions. Unions combine the worst of all of the above: they spread money to the wrong people, including organized crime; they create violent social polarization between classes; they support and encourage immigration; they generate miles of red tape; they spread the wealth from those who make more wealth to those who sit in offices and pore over books of rules. In addition, unions wreck our competitiveness by creating more internal communication over non-productive issues, having more rules and more people to buy in on any compromise. If unions were biological we’d call them cancers.
  • Allegiance. Removing the more organic questions of culture, heritage and ability, the liberal Utopia promotes people based on their allegiance to political concepts. Whether Viet Cong recruits reciting Mao, or Bono from U2 having the “right opinions,” we make a new elite for political motives. Surely Barack Obama, with his missing dissertation and questionable accomplishments, serves as a vanguard for this new political ueber-class.

All of the above are liberal darlings because the above support the liberal agenda of equality through wealth distribution and fragmentation of any majority group (who could possibly be more equal than the rest of us). In addition, the American left gets most of its funding from unions and associated concerns.

Unions, most of whose members are public employees, gave Democrats some $400 million in the 2008 election cycle. The American Federation of State, County and Municipal Employees, the biggest public employee union, gave Democrats $90 million in the 2010 cycle.

Follow the money, Washington reporters like to say. The money in this case comes from taxpayers, present and future, who are the source of every penny of dues paid to public employee unions, who in turn spend much of that money on politics, almost all of it for Democrats. In effect, public employee unions are a mechanism by which every taxpayer is forced to fund the Democratic Party. – Washington Examiner

If you want to know why your money is decreasing in value, and thus inequality is increasing, it is because of the liberal left’s attempts to make inequality disappear.

Before the left took over, the philosophy of Europe and the United States was that we would provide opportunity and reward those who were more competent. This natural philosophy, a lot like natural selection, enabled us to grow and challenge ourselves and produce an elite of smart, capable, dedicated people.

As the fight over the federal budget gathers pace, we will also see big confrontations between the reformers and the hostages to the status quo in Washington. Democrats are salivating over a possible backlash against Republican lawmakers if they force a government shutdown in early March by insisting on spending cuts. And complacent Republicans are dreading that very possibility in the face of the onslaught from the more energetic House Republican freshmen who recently passed that bold measure to reduce the federal budget by $61 billion.

The United States has been getting away with surreal levels of debt for far too long. If the dollar were not the world’s reserve currency, a major debt crisis would have exploded by now. The total outstanding federal debt has reached $14.1 trillion, almost the equivalent of what the economy produces in a year. Meanwhile, the annual deficit, a major source of that ever-mounting debt, stands at more than $1.6 trillion for 2011. It represents almost 11 percent of the nation’s gross domestic product — which compares pitifully even with Greece, whose deficit in 2010 amounted to 8 percent of that country’s economy.

As a result of these imbalances, and of the illusion that unemployment can be brought down with government spending, the Federal Reserve has been printing dollars like crazy — half of them to purchase Treasury bonds. The policy of easy money has contributed to skyrocketing commodity prices, whose ugly political, social and economic consequences we are only beginning to see around the world. – Real Clear Politics

As the left got more popular, it introduced the perceptual trap: why can’t we all just be equal, spread the wealth, be pacifists, and live in tolerance of each other. The problem is that wealth redistribution penalizes the competent and responsible, and replaces them with a few vicious controllers and vast clueless masses who do not care about social problems they cannot understand.

There’s a major difference between the US aristocracy and the meritocracy though. Aristocrats like Henry Chauncey, bred at Saint Grottlesex boarding schools and the Ivy League, were conscious of their privilege and social responsibility, and focused on developing the character and leadership skills necessary for public service. Many of today’s meritocrats, in contrast, don’t believe it’s a rigged game in their favour, and commit themselves to winning it at all costs, which means stepping on everyone else. As a result, too many lack self-reflection or self-criticism skills, meaning even those who are grossly overpaid give themselves outrageous bonuses.

But as long as the global elite is armed with and shielded by the belief that they are a genuine meritocracy they’d find it morally repulsive to make the necessary compromises. Whether American or Chinese, individuals who focus too much on ‘achievement,’ and who believe the illusion that they’ve achieved everything simply through their own honest hard work, often think very little of everyone else as a result.

That’s the ultimate irony of the otherwise admirable efforts of Conant and Chauncey to create a fairer world: in giving opportunities for the bright and able (regardless of whether they are rich or poor), they’ve created a selfish and utilitarian elite from which no Conant or Chauncey will be likely to appear from in the future. – The Diplomat

Liberal policies create inequality. By enforcing an equality of political means, instead of practical ones, they create a false elite. This false elite then takes from the middle class, and funnels that wealth into a cancerous government and a new “elite” fashioned out of those who benefit from gaming the system. These aren’t innovators and trailblazers; they’re people who have learned to manipulate society for their benefit.

In addition, much like the Soviet Union and the ill-fated Southern European socialist states, these entitlement states spread the wealth too thin and re-direct it from growth areas into dead-ends, resulting in not only bankruptcy but a delusional population who, when the money runs out, won’t stop their own benefits in order to get everyone through the trouble. A nation that is disunified like that isn’t a nation; it’s a supermarket.

Traditional peasant societies believe in only a limited amount of good. The more your neighbor earns, the less someone else gets. Profits are seen as a sort of theft; they must be either hidden or redistributed. Envy, rather than admiration of success, reigns.

In contrast, Western civilization began with a very different, ancient Greek idea of an autonomous citizen, not an indentured serf or subsistence peasant. The small, independent landowner — if he was left to his own talents, and if his success was protected by, and from, government — would create new sources of wealth for everyone. The resulting greater bounty for the poor soon trumped their old jealousy of the better-off. – National Review

The psychology of hating inequality produces greater inequality. Where natural inequality may seem unfair, it works to produce “more equal” people who rise above the rest and, through their competence, give to the rest of us a functional society with profitable industries. Artificial equality on the other hand forces us all to the same level of poverty, leaving a few cultural/political elites to rule us, as is the case in most third-world nations.

The choice is upon us: first-world inequality, or third-world equality? The battle in Wisconsin is symbolic more than it is a choice of Wisconsin as a place particularly in need of fixing; it’s a battle over the philosophy that will define us, and decide which of these two societies we pick.

mardi, 08 février 2011

La société civile: de l'état libéral à la gouvernance réactionnaire

La société civile : de l’état libéral à la gouvernance réactionnaire

Ex: http://www.mecanopolis.org/

Une société libérale réfute théoriquement l’idée d’une surcharge juridique, l’Etat se place donc en retrait de tout interventionnisme dans les champs de l’individualité. Il s’agit d’un modèle de société qui, en théorie, n’est pas gouvernée par une autorité morale, et dont les principes traditionnels sont pour la plupart devenus de simples pièces de la mosaïque des subjectivités. Mais à la tradition, s’est en réalité substitué un ordre moral, dont l’exercice provient désormais d’une autorité anti-traditionnelle : la classe dirigeante. Cette dernière détient son pouvoir grâce à l’appui d’une entreprise globale de manipulation: pas de médias indépendants, des processus électoraux manipulés ou absents, et une frontière poreuse entre le privé et la classe dirigeante.

[1]

La morale quant à elle est réservée à ce qui est en dehors de l’état, au non-gouvernemental, soit à la société civile. Bien que les instances religieuses y soient représentées conformément à la loi de 1905, leurs influences restent mineures. Car la société civile est avant tout le foyer des associations, des lobbys, et des think-tanks, qui selon l’organisme auquel ils s’adressent, peuvent avoir un degré d’influence différent. Mais pour y parvenir, il leur faut être reconnu en tant qu’organisme de la société civile (OSC), et obtenir un statut de la part de la classe dirigeante. La morale provient donc d’un appareil qui est à l’initiative du pouvoir et ce dernier organise l’écoute des revendications de l’ “appareil moral ».

Comme le disait Foucault : « la société civile, ce n’est pas une réalité première et immédiate […], c’est quelque chose qui fait partie de la technologie gouvernementale moderne« . En effet, il s’agit avant tout d’un outil de régulation de l’opinion qui sert des intérêts précis et temporels. En utilisant la morale et donc en s’octroyant le droit de déterminer ce qui est juste, la société civile permet à la classe dirigeante d’élargir son champ de possibilités. Par conséquent la promotion de causes présentées comme justes par la sphère extra-étatique, permet d’acquérir par avance l’aval du peuple.

La société civile est par ailleurs moins hétérogène que ce qu’on peut en penser au premier abord. En effet, il existe des causes pour lesquelles l’extrême majorité des associations, think-tanks, etc. s’accordent sans le moindre problème. Ces accords peuvent parfois surprendre comme dans le cas du Centre d’Étude et de Prospection Stratégique (CEPS). Le CEPS est une ONG dotée du statut participatif au Conseil de l’Europe. Elle fonctionne essentiellement à travers ses clubs de réflexions, sur le modèle suivant:  « Nous adoptons les « Chatham house rules », c’est-à-dire que nous avons tous le droit de reprendre des idées exprimées pendant ces rencontres, mais ne devons jamais communiquer d’informations sur l’auteur des propos, ni sur le lieu où ils ont été tenus. Ces rencontres sont exclusivement destinées aux membres du club, lesquels font tous l’objet d’une cooptation. » Parmi les partenaires et animateurs du CEPS, on trouve : SOS-Racisme; l’OTAN; Areva; JP Morgan; Endemol, EADS, La Croix Rouge, L’OCDE, L’Institut Robert Schuman pour l’Europe, etc. On pourrait se demander quel intérêt commun officiel ces organismes partagent-ils. Mais il est évident que la réponse réside dans l’existence même de la société civile et de son homogénéité effective.

Dans cette mesure, il est tout à fait logique que la société civile et la classe dirigeante ne fassent qu’un. Un des buts recherchés étant de parvenir à une morale qui soutient la doctrine de la globalisation libéral: en instaurant un tas d’organismes réactionnaires, en soutenant l’émergence de structures supra-étatiques et en organisant la tenue d’un monde organisé autour du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Tout ce qui n’entre pas dans ce cadre est immédiatement considéré comme irrecevable car en-dehors du consentement global. Il s’agit donc, pour la société civile, d’installer une instance réactionnaire d’une part, et de soutenir l’action de la classe dirigeante d’autre part. Pour conclure, le décryptage du rôle de la société civile incite à se référer à la théorie de Tittytainment de Zbigniew Brzezinski : la volonté de construire une lente dépolitisation de l’humanité, en procédant en premier lieu par la construction d’une morale qui va manifestement à l’encontre de l’humanité.

Julien Teil, pour Mecanopolis [2]

Notes :

[1] FOUCAULT Michel, Naissance de la Biopolitique, Cours au Collège de France, 1978-1979,
Paris : Gallimard/Seuil, 2004, p.300

[1] http://www.ceps.asso.fr/Nos-actions/Les-Clubs [3]

[1] http://www.ceps.asso.fr/Le-CEPS/Nos-partenaires [4]

 


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lundi, 31 janvier 2011

Le néolibéralisme face au mur des réalités

Le néolibéralisme face au mur des réalités

Par Michel Geoffroy

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Le XXe siècle a été marqué par la victoire intellectuelle et politique de la gauche, mais aussi par la chute du communisme en Europe. Le XXIe siècle a commencé par la prise du pouvoir par la super-classe mondiale en Occident, sous domination anglo-saxonne, au nom de la révolution néolibérale. Mais au train où va le monde le XXIe siècle risque d’être marqué également par la fin de l’idéologie libérale en Occident. Car comme le marxisme, le libéralisme se heurte à son tour au mur des réalités.

Dans l’histoire européenne, le libéralisme a d’abord rimé avec la démocratie. Les libéraux s’opposaient aux traditionalistes et prônaient la libération du commerce et de l’industrie comme moyen de réaliser le bonheur sur terre, voire de conduire les États vers la paix par le « doux commerce ». Mais ils prônaient aussi la liberté du commerce des idées et la liberté politique.

Libéralisme et démocratie : la fin d’une convergence

Il y avait donc convergence entre la théorie économique (l’intelligence du marché et de l’échange libres : plus ils sont libres et transparents, plus ils prennent de bonnes décisions car les acteurs économiques sont mieux informés) et la théorie politique (la loi de la majorité débouche sur de meilleures décisions que tout autre régime politique).

A l’origine, le libéralisme n’est pas une idéologie d’importation et il y a une école libérale française ancienne qui tire son origine de la Fronde et de la lutte contre l’absolutisme. Mais le spectacle des débordements de la Révolution de 1789 va ancrer chez certains le principe de la supériorité absolue du modèle politique et économique anglais et bientôt américain (voir notamment à ce sujet le livre « Les révolutions de France et d’Amérique, » de Georges Gusdorf) sur celui de l’Europe continentale.

A fortiori face aux effets désastreux de la mise en œuvre du communisme et de la social-démocratie dans la seconde moitié du XXe siècle, le libéralisme incarnait encore la défense de la propriété privée et la libération de toutes les contraintes étatiques.

Le messianisme anglo-saxon a fait perdre la raison au libéralisme

Le problème majeur tient justement au fait que le libéralisme a perdu la raison quand il a rencontré le messianisme anglo-saxon au XXe siècle et qu’il a hérité de sa prétention ridicule à incarner le bien absolu dans tous les domaines, quand le communisme s’est effondré. C’est alors « la fin de l’histoire » diagnostiquée un peu vite par Francis Fukuyama.

Le libéralisme est alors devenu le discours des maîtres : il est passé du stade de la théorie – économique voire sociale – à celui de l’idéologie, c’est-à-dire un discours qui sert des fins politiques. C’est pourquoi aujourd’hui l’idéologie libérale s’est mise au service de l’oligarchie, de la super-classe mondiale, et se détache de plus en plus de la démocratie. Les néolibéraux considèrent les peuples comme des obstacles sur la route du gouvernement mondial, c’est-à-dire du leur, bien sûr. Tocqueville doit se retourner dans sa tombe…

C’est justement cela qui est en passe d’être soumis au jugement de l’histoire.

Comme le communisme a tenté de monopoliser à son profit la question sociale qui émergeait au XIXe siècle, l’idéologie libérale instrumente des principes de bonne économie, mais au service d’un projet politique de pure domination.

Oui, il vaut mieux des prix libres que des prix administrés. Oui, la concurrence doit être recherchée de préférence aux monopoles. Oui, les déficits publics doivent être combattus. Oui, l’intervention publique dans l’économie peut déboucher sur des effets pervers. Oui, la bureaucratie est étouffante. Mais ce qui est en cause ce ne sont pas ces principes – dont beaucoup renvoient à la sagesse des nations – mais le fait que l’idéologie libérale soit frappée d’hybris et de cécité.

Or les idéologues libéraux n’acceptent aucune contradiction, car leur libéralisme est désormais un système intellectuel fermé sur lui-même.

L’idéologie libérale : un raisonnement de défense circulaire à l’image de celui du communisme

L’idéologie libérale reste très prolixe, en effet, lorsqu’il s’agit de critiquer l’économie dirigée sous toutes ses formes. Parce qu’elle est un discours très efficace pour mettre en accusation les institutions ou les politiques, quelles qu’elles soient, en particulier les politiques redistributives. Elle est au sens propre une idéologie révolutionnaire, que les socialistes saluaient d’ailleurs en leur temps comme préparant la route à la révolution communiste. Il suffit de relire le Manifeste du parti communiste !

Les intellectuels libéraux sont aussi très forts pour expliquer le passé : ils trouvent toujours des racines étatiques aux crises du marché ! On l’a vu lors de la dernière crise financière : c’était la faute aux subprimes, donc aux politiques publiques conduites en faveur de l’accès préférentiel des « minorités » au crédit. Pas au marché qui a pourtant donné massivement la préférence aux actifs toxiques.

En bons idéologues, les intellectuels libéraux retombent toujours sur leurs pieds, comme les chats. Si ça marche, c’est grâce à la libération du marché. Si ça ne marche pas, c’est parce que le fonctionnement du marché a été perturbé par l’intervention publique. A ce jeu intellectuel, la réalité se trouve vite écartée.

Il faut dire que, comme dans les pays occidentaux l’Etat – même aux Etats Unis – intervient toujours plus ou moins dans l’économie et le social, il n’est pas difficile de trouver des arguments en faveur de la thèse.

Si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances ce n’est pas que les principes soient mauvais, c’est, au contraire, qu’on ne les a pas assez mis en œuvre : le genre de raisonnement circulaire – propre à tous les doctrinaires – de ceux qui expliquent que l’URSS ne représentait pas le vrai communisme…

Les effets du libre-échange : chômage, désindustrialisation, immigration

L’idéologie libérale reste aveugle au réel d’aujourd’hui. Nous sommes assurés avec elle de mourir en bonne santé économique et morale…

Comment ne pas s’interroger, en effet, devant les effets du libre-échange adopté par l’Union européenne : chômage, désindustrialisation, immigration ? Qui peut sérieusement prétendre que cette ouverture, mise en application concrète de l’idéologie du libre-échange, produit les effets bénéfiques escomptés par la théorie des avantages économiques comparatifs ? L’économiste Maurice Allais a pourtant clairement établi la connexion entre le chômage en Europe et ce choix du libre-échange mondial – sous l’influence anglo-saxonne d’ailleurs. Mais c’est vrai qu’on l’a réduit au silence à partir de ce moment là. « Maurice Allais : la mort d’un dissident »

L’Asie et les États-Unis, eux, se protègent

Comme il est curieux que les pays qu’on nous présente comme des parangons de la révolution libérale, soient en réalité ceux qui se protègent le plus – par des dispositifs les plus variés ou tout simplement par la distance culturelle – de la concurrence mondiale et notamment européenne : États-Unis, Asie. Est-ce à dire que la concurrence ne produirait pas toujours les effets bénéfiques escomptés quand les termes de l’échange sont par trop inégaux ? Ou que le protectionnisme pourrait produire des effets positifs ?

Il est quand même remarquable qu’aucun pays ne mette vraiment en œuvre de politique économique reposant totalement sur le principe « laisser faire, laisser passer ». Et pour cause : tout ordre politique suppose de réaliser le contraire de ce fameux principe : il suppose notamment des frontières et d’édicter des droits et des obligations spécifiques en faveur de certaines catégories de personnes, autant d’obstacles à la transparence ou à la non-discrimination.

La « société ouverte » n’existe nulle part

Le débat réel ne porte donc que sur le degré de libération de l’économie que l’on préconise. Il faut alors se rendre à l’évidence : la « société ouverte » défendue par les théoriciens libéraux, paradigme qu’ils opposent toujours à l’enfer de la société fermée, n’existe nulle part. Ce qui devrait quand même conduire à nous interroger. Si on ne la rencontre pas, ne serait-ce pas parce que ce modèle est justement inhumain ?

Que dire des effets réels des mesures de déréglementation et de réduction des charges pesant sur les entreprises initiées à partir des années 1990, quand le chômage de masse a commencé de progresser en Europe ? Ces mesures, inspirées du mot d’ordre libéral « Trop d’impôt tue l’impôt », étaient censées « libérer l’énergie des créateurs de richesses » – car l’idéologie libérale a aussi sa langue de bois ! – et permettre à nos entreprises de mieux affronter la concurrence mondiale et de sauver l’emploi.

L’idéologie libérale trouve ses plus chauds partisans au sein de la super-classe mondiale

Mais quel est le résultat réel de ces politiques ? L’augmentation de la profitabilité des entreprises et, en même temps, des déficits publics. Car les entreprises se sont restructurées, elles ont réduit leurs effectifs et délocalisé leur production mais l’État doit payer les plans sociaux. Comme il doit assumer les coûts de l’immigration qui a servi à limiter les coûts salariaux de ces mêmes entreprises. Pendant ce temps l’écart des salaires, lui, a explosé partout en Occident.

Il faut en vérité une certaine dose d’optimisme – un optimisme déjà raillé par Voltaire dans son Zadig, d’ailleurs – pour qualifier « d’échange moral » un système économique où les profits sont privatisés et les pertes systématiquement transférées aux États !

Mais on comprend que l’idéologie libérale trouve de chauds partisans parmi les dirigeants des entreprises transnationales, membres actifs de la super-classe mondiale, toujours prompts à fustiger le conservatisme des Etats et, bien sûr, des autochtones bornés et pas assez mobiles !

Les désastres du « paradis » britannique

Que dire des paradis anglo-saxons toujours vantés par les idéologues libéraux ? La Grande-Bretagne, quel paradis en effet ! : Ce pays n’a plus d’industrie et est devenu une économie de services, financiers principalement ; il n’a plus d’armée, et son modèle social implose sous les coups du communautarisme et de l’islamisme, fruit du dogme de l’ouverture des frontières. Après la révolution thatchérienne, les services publics anglais sont devenus un sujet d’hilarité à l’étranger. Que sont devenus les « miracles » irlandais ou espagnol qu’on nous vantait au début du siècle ? Qui nous parle de la progression de la pauvreté aux États-Unis, dont l’affaire des subprimes ne constitue que la face émergée ?

Que dire des effets de la « destruction créatrice » tant vantée par Schumpeter comme ressort de la supériorité du capitalisme ? Les Européens voient bien les destructions mais ne voient pas les créations, si ce n’est la mise en place d’une vague économie de services, dont les emplois sont d’ailleurs de plus en plus occupés par les immigrés de première ou seconde génération.

Le rouleau compresseur de l’esprit mercantile

Que dire d’une société dont les valeurs sont passées au rouleau compresseur de l’esprit mercantile et dont toutes les structures, toutes les traditions ont été « dérégulées » pour les soumettre au modèle états-unien : la fin de l’histoire assurément, mais en poussant son caddy comme dans le terrible roman de fiction de Cormack Mac Carthy, La Route.

Les libéraux expliquaient toujours que les erreurs publiques sont plus graves que les erreurs privées. Mais à l’heure des entreprises transnationales, qui ont des surfaces financières supérieures à certains États – sans parler de leur pouvoir d’influence politique – qui peut encore sérieusement soutenir cela ? Qui n’a vu les multinationales menacer les Irlandais de représailles si d’aventure ils maintenaient leur vote négatif lors du second référendum sur l’Europe ? Si le marché est toujours plus intelligent que les États, comment se fait-il que les États – c’est-à-dire les contribuables – soient appelés au secours des banques à chaque crise financière ?

Une idéologie qui date du XVIIIe siècle

A vrai dire le roi est nu : l’idéologie libérale – conçue pour l’essentiel au XVIIIe siècle – a beaucoup de mal à concevoir le monde du XXIe siècle, qui est devenu un monde de masses, d’oligopoles et de mise en concurrence non des simples acteurs économiques, mais des civilisations elles-mêmes.

Le libéralisme – conçu à une époque où l’Europe était dominante, rurale, où le summum du transport était la marine à voile et où la monnaie était convertible en or ou en argent – a du mal à s’appliquer à un monde globalisé qui fonctionne avec Internet à la vitesse de la lumière et où les « traders » vendent de l’immatériel avant de l’avoir payé. A l’évidence nous ne sommes plus au temps d’Adam Smith.

Déjà du temps de Marx on pouvait nourrir des doutes sérieux quant à la liberté réelle du travailleur « échangeant » sa force de travail contre un salaire. Que dirait-il aujourd’hui, alors que les médias – possédés par les puissances d’argent, c’est-à-dire les banques et les entreprises transnationales – façonnent par la publicité l’esprit public et sont dotés de pouvoirs de sidération sans précédent dans l’histoire : qui peut croire vraiment que le consommateur est libre de ses choix, que l’échange est équitable et que le commerce est « doux » ?

Une théorie et une praxis adaptées à la situation de l’Europe restent à inventer

Comment sérieusement croire que l’Europe va pouvoir « s’adapter », pour faire face à la concurrence des pays émergents qui pratiquent sur une grande échelle à la fois le dumping social et l’espionnage économique, en appliquant les potions libérales ? Pays émergents qui ne se bornent pas, au surplus, à fabriquer des T-shirts mais qui fabriquent aussi des ordinateurs et des fusées et qui regroupent la majorité de la population mondiale et qui constituent à eux seuls des marchés. En faisant en sorte que les Européens acceptent des salaires indiens ou des conditions de travail chinoises ? Qui peut sérieusement se réjouir d’une telle perspective ? Qui peut s’étonner que ce discours ait du mal à passer auprès des autochtones ?

Nous sommes en réalité, nous autres Européens, déjà sortis du circuit économique tel qu’il était conçu par les libéraux.

Nous sommes en train de découvrir que la « main invisible » nous pousse sans ménagements excessifs vers la sortie de l’histoire.

Une théorie et une praxis – comme diraient les marxistes – adaptées à notre situation économique réelle restent à inventer !

Polémia

lundi, 17 janvier 2011

Agrarfreihandel führt zu mehr Hunger und Ausbeutung in der Welt

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Agrarfreihandel führt zu mehr Hunger und Ausbeutung in der Welt

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/

Seit dem Ausbruch der Finanzkrise und den verheerenden Auswirkungen auf die Weltwirtschaft und auf die darin lebenden Menschen tritt immer wieder die Spekulation mit Nahrungsmitteln und Agrarrohstoffen in den Fokus des weltweit vernetzten Finanzmolochs. Da die Derivatgeschäfte an den Finanzmärkten Hochrisikogeschäfte sind, haben sich in den letzten Jahren die Fondsmanager und Berufsspekulanten vermehrt auf die Nahrungsmittelbranche gestürzt, um ihre zweifelhaften Gewinne in einen neuen Sektor zu investieren, eine neue Blase zu bilden und erneut Milliardengewinne einzustreichen. Dies hat zu enormen Preissteigerungen von Getreide und anderen Agrarprodukten geführt, die besonders ärmere Länder in schwere Krisen gestürzt haben. Auf Grund dieser Entwicklung hat der Uno-Menschenrechtsrat bereits im Juni 2008, noch vor dem Zusammenbruch der Lehman Brothers, eine Sondersitzung einberufen, um auf diese dramatischen Fehlentwicklungen aufmerksam zu machen und eine Resolution zu verabschieden, die dem Menschenrecht auf Nahrung verstärkte Beachtung schenkt und die Staatengemeinschaft verpflichtet, alles daran zu setzen, dass die Ärmsten der Armen nicht unter der Habgier und der damit verbundenen Spekulationswut der «Satten» zu leiden haben.

thk. Neben der unsäglichen Spekulation mit Agrarprodukten hat sich für kleine Länder und Entwicklungsländer der Freihandel à la WTO als besonders heimtückisch herausgestellt, da ausschliesslich die Industrienationen mit grossflächigem Agrarland einen Vorteil besitzen und so zu Preisen produzieren können, die vor allem die noch schwachen Märkte der Entwicklungsländer sowie deren einheimische Landwirtschaft zerstören. Somit werden vornehmlich Entwicklungsländer weiterhin in der Abhängigkeit von den reichen Nationen gehalten. Mathias Binswanger, Professor für Volkswirtschaftslehre, legt in seinem publizierten Vortrag «Globalisierung und Landwirtschaft – Mehr Wohlstand durch weniger Freihandel» wissenschaftlich einleuchtend und nachvollziehbar dar, dass der Freihandel in der Landwirtschaft zur Verarmung besonders der ländlichen Bevölkerung sowie zu einem Verschwinden von bäuerlichen Betrieben führen muss. Die lange im Vokabular der Globalisierer geführte These vom «Wohlstand für alle durch freie Märkte» wird damit endgültig ad absurdum geführt (vgl. Kasten).

Landraub verstärkt Spekulation

Als neue Bedrohung für die Ernährungssicherheit ganzer Staaten kommt der in den letzten Jahren immer stärker grassierende Kauf von fruchtbarstem Landwirtschaftsland in Afrika, Asien und Europa hinzu (vgl. Leitartikel auf Seite 1), unter anderem auch von Erdöl exportierenden oder produzierenden Ländern, die gleichzeitig Agrarrohstoffe für Biodiesel anbauen wollen, um sich diesen Markt ebenfalls zu sichern, auf Kosten der oft schlecht ernährten oder gar hungernden Bevölkerung in diesen Ländern. Während der von der Uno (FAO) in Auftrag gegebene Weltagrarbericht (IAASTD) auf Grund seriöser wissenschaftlicher Studien schon vor zwei Jahren zu dem eindeutigen Schluss kam, dass die kleinräumige, lokal oder regional verankerte Landwirtschaft am besten dazu geeignet ist, die Bevölkerung des jeweiligen Landes mit genügend Nahrungsmitteln zu versorgen, finden sich immer wieder die grossen Apostel des Agrarfreihandels, die nach wie vor die «heilenden Kräfte des freien Marktes» zum besten geben. Dabei ignorieren sie bewusst, dass die Organisationsform des Familienbetriebs oder der genossenschaftliche Zusammenschluss, wie er auch in der Schweiz traditionell immer betrieben wurde und heute noch betrieben wird, am besten dafür geeignet ist.

Lokal verankerte, kleinräumige Landwirtschaft löst Hungerkrisen

«Das Konzept, in durchrationalisierten Monokulturen riesige Mengen weltweit gehandelter Agrarrohstoffe aus wenigen standardisierten Hochleistungspflanzen zu gewinnen und dann in immer aufwendigeren und komplexeren industriellen Verarbeitungsgängen zu der scheinbaren Vielfalt zu verarbeiten, die wir aus unseren Supermärkten kennen, hat wesentlich zu den modernen Formen der Über- und Fehl­ernährung beigetragen. Es erfordert gewaltige Mengen an Pestiziden und Kunstdünger und verbraucht mittlerweile rund 70 Prozent unserer gesamten Süsswasserentnahme. Ausgelaugte versalzene Böden, Entwaldung, die Vergiftung ganzer Wasserläufe und natürlicher Nahrungsketten und ein Artensterben unbekannten Ausmasses sind der ökologische Preis des Fortschritts. Trotz Überproduktion ist das industrielle Modell globalisierter Landwirtschaft unfähig, die Grundbedürfnisse von Milliarden von Menschen nach ausreichender und ausgewogener Ernährung zu befriedigen. Statt dessen erlaubt es, besonders in Lateinamerika und in Teilen Asiens und Afrikas, eine florierende industrielle Produktion sogenannter cash-crops, die an der unversorgten Bevölkerung vorbei auf dem Weltmarkt verkauft werden.» Soweit der Kommentar der deutschsprachigen Broschüre zum Weltagrarbericht «Wege aus der Hungerkrise – Die Erkenntnisse des Welt­agrarberichtes und seine Vorschläge für eine Landwirtschaft von morgen». Dieser von über 400 Wissenschaftlern ausgearbeitete Bericht kommt denn auch auf folgenden Ausweg aus dieser Krise: «Diversifizierte, kleinbäuerliche Höfe stellen den Löwenanteil der weltweiten Landwirtschaft. Auch wenn die Produktivitätszuwächse in speziellen Grossbetrieben mit hohem Input schneller erreicht werden können, liegt der grösste Spielraum in der Verbesserung von Existenzgrundlagen und von Gerechtigkeit in den kleinteiligen und vielfältigen Produktionssystemen der Entwicklungsländer. Dieser kleinbäuerliche Sektor ist dynamisch und reagiert schnell auf veränderte sozioökonomische Rahmenbedingungen, denen er sein Produktangebot, besonders auch die Steigerung der Produktion, bei gesteigerter Nachfrage anpasst.»1

Setzt die Linke noch immer auf Hochkapitalismus?

Trotz dieser Erkenntnis und den verheerenden Entwicklungen auf den Agrarmärkten parallel zu der Finanzkrise, deren Ausmass vor allem deswegen niemand absehen kann, weil Milliarden von neu geschöpftem Geld im Umlauf sind, scheint offensichtlich eine Mehrheit der Linken immer noch am neoliberalen Projekt des Agrarfreihandels festhalten zu wollen. Die unsinnige Argumentation, dass der Freihandel im Agrarwesen gerade den Unterprivilegierten zugute käme, stösst bei der betroffenen Bevölkerung schon lange auf Widerstand, und in letzter Zeit macht sich auch bei politischen Vertretern zunehmend Skepsis breit und sie wird im seriösen wissenschaftlichen Diskurs immer häufiger in Frage gestellt.
Als der Nationalrat in der Wintersession über die parlamentarische Initiative von Nationalrat Joder abstimmen musste, waren es lediglich zwei Nationalräte der SPS, die für die Initiative gestimmt hatten und somit dem Agrarfreihandelsabkommen mit der EU den Garaus machen wollten – das erklärte Ziel dieser Initiative. Dass der Nationalrat diese am Schluss angenommen hat, ist der Weit- und Einsicht vieler Parlamentarier und nicht zuletzt auch den Bemühungen der bäuerlichen Verbände zu verdanken.

Wo bleiben die Gewerkschaften?

Dass unsere Gewerkschaften sich letzte Woche zu Wort gemeldet haben und bei Schweizer Arbeitnehmern in den Jahren 2000 bis 2008 auf Grund steigender Lebenshaltungskosten, vor allem im Bereich Energie und Gesundheit, einen Einkommensverlust von 1400 Franken feststellten und dies anprangerten, gehört eigentlich zu ihrem Kerngeschäft. Aber dass die Gewerkschaften noch nie ein Wort darüber verloren haben, dass die Bauern seit Jahren einen jährlichen Einkommensverlust in dieser Grössenordnung verzeichnen, gehört wahrscheinlich ins gleiche Kapitel wie die Unterstützung der Linken für einen Agrarfreihandel mit der EU. Alles, was nach Internationalismus riecht, wird unterstützt.

Bauernverband für mehr Ernährungssicherheit

Noch haarsträubender war in einem Teil unserer Medien die Argumentation bezüglich Dioxin-verseuchter Lebensmittel in der EU. Dass ein Agrarfreihandelsabkommen zu einer besseren Information der Schweiz über den Dioxin-Skandal hätte führen müssen, entbehrt jedwelcher Grundlage. Erst nach Tagen kommt das ganze Ausmass des Skandals ans Tageslicht, und man gewinnt immer mehr den Eindruck, dass die EU-Behörden völlig ahnungslos sind und das Ganze eher verharmlost haben, als dass sie über das wirkliche Ausmass Bescheid wissen. So kommen jeden Tag neue Ungeheurlichkeiten ans Tageslicht.
Bis heute gibt es, der Unabhängigkeit sei Dank, keine Hinweise, dass verseuchte Produkte in die Schweiz gelangt seien. Bei einem Agrarfreihandel mit der EU hätten wir die Produkte im Land ohne jede Kontrolle an der Grenze. Das sind die rosigen Aussichten eines solchen Freihandelsabkommens mit der EU, unter dem die EU-Bürger ebenfalls leiden.
Am 4. Januar hat sich der Schweizerische Bauernverband an seiner Neujahrs-Pressekonferenz dezidiert und fundiert zu der gesamten Problematik der Landwirtschaft, des Agrarfreihandels mit der EU und der Ernährungssicherheit geäussert. Dabei kamen verschiedene kritische Punkte zur Sprache, die ein Agrarfreihandel mit sich bringen würde, und dass gerade in Zeiten wirtschaftlicher und politischer Unsicherheit nichts Unsinnigeres getan werden könnte, als die Nahrungsmittelversorgung im eigenen Land vermehrt vom Ausland abhängig zu machen. Im folgenden druckt Zeit-Fragen, die wichtigen Stellungnahmen der Pressekonferenz ab.    •

1    Global Report of International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development (IAASTD), Agriculture at a Crossroad.

«Zusammenfassend kann man sagen: Freihandel bei landwirtschaftlichen Produkten führt zu vielen Verlierern und wenigen Gewinnern. Verlierer sind die meisten Bauern, sowohl in den Industrie- als auch in den Entwicklungsländern, während sich einige Grossbauern und ein paar internationale Konzerne zu den Gewinnern zählen dürfen. In den ärmsten Entwicklungsländern machen die sich auf der Verliererseite befindenden Kleinbauern zudem die Mehrheit der Bevölkerung aus. Aus diesem Grund sind gerade diese Länder am stärksten von den negativen Folgen des Freihandels betroffen, obwohl sie gemäss der Theorie am meisten profitieren sollten.
Die wohlstandsmindernden Auswirkungen des Freihandels bei Agrargütern lassen sich aber erst erkennen, wenn man den Handel nicht ausschliesslich unter dem Gesichtspunkt der Theorie der komparativen Vorteile betrachtet. Diese kann nämlich wesentliche Aspekte des Handels mit Agrargütern nicht erfassen und prophezeit deshalb Wohlstandsgewinne, die sich in der Realität in Verluste verwandeln.»

Quelle: Binswanger, Mathias. Globalisierung und Landwirtschaft. Mehr Wohlstand durch weniger Freihandel. ISBN 9-783854-525837, S. 52 f.

mercredi, 17 novembre 2010

Neo-liberaal denken: de kanker in onze samenleving

Neo-liberaal denken: de kanker in onze samenleving

3 november 2010 - Ex: http://www.zonnewind.be/
Door Joachim Sondern

arton2345.jpgOnze samenleving wordt van dag tot dag onmenselijker. De mensen wordt - geheel naar Amerikaans voorbeeld - steeds meer voorgehouden dat er alleen nog top of flop bestaat, met niets er tussenin. Geheel volgens het kapitalistische contrastdenken is er blijkbaar geen plaats meer voor de normale, menselijke middelmaat. Hoe ironisch is dat? Want de luidop zwijgende massa, die zonder vraagtekens deze anti-menselijke trend ondersteunt, heeft diep van binnen juist zeer veel behoefte aan meer menselijkheid. Maar men durft als individu niet zijn kop boven het maaiveld uit te steken, nieuwe accenten te zetten. Men wil tonen dat men wel-opgevoed is en zijn reputatie niet in gevaar brengen. Anderen met de vinger wijzen is natuurlijk ook veel gemakkelijker dan zelf eens in de spiegel te kijken. 

De Duitse TV-show 'Supertalent' was daarvan onlangs weer een goed voorbeeld. Door het zich als een kanker in de wereld verspreidende neo-liberalisme is het vroeger best 'gezellige' programma verworden tot een podium voor spot, hoon en haat. Maar na 1000 jaar moderne, Westerse geschiedenis zou de mens toch inmiddels moeten hebben geleerd waar het toe leidt wanneer we onze gevoelens van medemenselijkheid en empathie laten varen?

In het Duitse programma, een talentenjacht waarin jonge artiesten zich blootstellen aan het publiek en een zogenaamde vakjury, kwam kort geleden Michael Hemmersbach aan bod; een sympathieke straatmuzikant. Geheel conform onze materialistische maatschappij was de eerste vraag waar hij van leefde en of dat lukte van de straatmuziek. Het tafereel wat zich vervolgens ontspon was de moderne, neoliberale samenleving in een notendop. Met een sociale samenleving had het niets meer van doen. Groot was het gapende gat tussen de TV-show en de kenmerken van echte mede-menselijkheid.

Gestuurd door hun vooroordelen begon een deel van het publiek de jonge muzikant uit te joelen. Een man stond zelfs op, vouwde zijn handen rond zijn mond en riep "Donder op!". De regisseur gaf close-ups van het publiek nadat de jonge man op de vraag '"wie dat allemaal betaalde" had geantwoord: "Jullie met zijn allen". Op het TV-scherm verschenen beelden die men niet licht vergeet: hard, afwijzend, onmenselijk. Uit de gezichtsuitdrukkingen van het publiek was af te lezen dat deze kandidaat maar helemaal niets vonden. Binnen enkele seconden veranderde het boe-geroep echter in toejuichingen en applaus. Straatmuzikant Michael leverde een zeer goed optreden af en overtuigde met zijn muzikaal talent. Wat was er echter gebeurd als zijn optreden middelmatig was geweest? Er zaten slechts enkele minuten tussen, maar de dubbele moraal van onze Westerse samenleving werd nog maar een heel fijntjes duidelijk. De bijstandstrekkende straatmuzikant wordt per definitie afgewezen, is voor het publiek waardeloos. Dan blijkt hij over een groot talent te beschikken en lap! het publiek is om.

Het is een val waar de meeste mensen om ons heen steeds weer zeer snel in trappen. Het publiek kende straatmuzikant Michael niet, ze wisten niets van zijn achtergrond en hoe hij in de situatie waar hij in verkeerde terecht was gekomen. En dus werd er geoordeeld aan de hand van het opgedrongen beeld dat men heeft van een straatmuzikant: lui, laag opgeleid, arm en talentloos. Hoe goed was het dat Michael ze van het tegendeel wist te overtuigen? Waarom had men niet sowieso respect voor de keuze van een jonge muzikant? Waarom werd er meteen met de beschuldigende vinger gewezen naar een mens die nog niet veel succes had gehad in zijn leven?

Eern zelfde reactie was te zien bij een optreden van Robert Fröhlich en Sinan Aydin. De laatste begeleidde de eerste als beat box. De jury oordeelde dat Robert talent had maar dat hij alleen een ronde verder zou komen wanneer hij zonder Sinan Aydin verder zou gaan. De beat boxer moest zich daarnaast nog een aantal schandalige beledigingen van de jury laten welgevallen. Robert Fröhlich deed vervolgens het enige juiste: hij vond de vriendschap van jaren belangrijker dan zijn persoonlijke succes en liet de kans op de volgende ronde aan zich voorbij gaan. De jury maakte hem onmiddellijk uit voor "idioot", maar een deel van het publiek had waardering voor Roberts beslissing. De jury legde vriendschap echter uit als zwakte. Is dat vreemd in een samenleving met overwegend systeemzombies?

Echte vriendschap, familieleven, samenleven in een maatschappij van zich wederzijds respecterende burgers. Bestaat het nog? Meer en meer sluiten mensen zich op in hun kooitjes, lijken zichzelf te dwingen menselijke basiswaarden op te geven voor een klein beetje glitter. Glitter die menselijk gezien vaak helemaal niets waard is en die bijna altijd weer snel in rook opgaat.

Onze Westerse media geven graag een vertekend beeld. Maar de anti-menselijke tendens is ook in ons dagdagelijkse leven goed zichtbaar, wanneer men met de ogen open over straat loopt. Al wat telt is welke status een mens bereikt heeft, welke materiële waarde men vertegenwoordigt en hoeveel maskers men kan opzetten om iedereen welgevallig te zijn. Het kan en mag niet zo zijn dat de schijn die men wekt van groter belang is dan het eigenlijke wezen achter een mens. Uitgaande van de oorspronkelijke staat van de mens zijn we van alle levende wezens op deze planeet de minst onafhankelijke, autonome wezens. De aarde, het water, de lucht, de planten en de dieren - de mens heeft het allemaal nodig om te overleven. En toch hebben we ons ertegen gekeerd, vernietigen we de natuur - niet alleen door zeer onverstandig om te gaan met onze levensruimte, maar ook nog eens door ons wederzijds het leven zuur te maken. Elk mens heeft zijn eigen talent en zijn eigen waarde, zijn eigen manier van denken. Wie mensen op basis daarvan begint te classificeren lijkt zich niet bewust van de gruwelijke gevolgen die uit dergelijke boosaardigheid kunnen voortkomen.

Jammer.

Nog steeds hebben we niet geleerd uit de laatste duizend jaar moderne geschiedenis wat het lot van dergelijke mensen is. Zoals altijd gaat het nog steeds alleen maar om status en macht, en laten de mensen zich leiden door het angstaanjagende spelletje dat onze media heel bewust met ons spelen.

Misschien daarom een citaat om te besluiten:

"Gevangen in een vernietigende denkwijze, niet in staat de natuurlijke drijfveer van de mens te herkennen, steeds bezig de eigen dwangneuroses aan te wakkeren, zal hij op een dag ten onder gaan aan wat hij zelf gezaaid heeft, uit angst zijn eigen spiegelbeeld onder ogen te zien"

lundi, 15 novembre 2010

El neoliberalismo, la derecha y lo politico

El neoliberalismo, la derecha y lo político

Jéronimo MOLINA

Ex: http://www.galeon.com/razonespanola/

minerve.jpg1. Aquello que con tanta impropiedad como intención se denomina «a la derecha» se ha convertido, como el socialismo utópico y el liberalismo político en el siglo XIX, en el chivo expiatorio de la política superideologizada que se impuso en Europa desde el fin de la I guerra mundial. Entre tanto, «la izquierda», como todo el mundo sabe, se ha erigido en administradora «urbi et orbe» de la culpa y la penitencia del hemisferio político rival. La izquierda, consecuentemente, ha devenido el patrón de la verdad política; así pues, imperando universalmente la opinión pública, su infalibilidad no puede tomarse a broma. Por otro lado, la retahíla de verdades establecidas y neoconceptos políticos alumbrados por el «siglo socialista» no tiene cuento.

Removidas en su dignidad académica las disciplinas políticas polares (el Derecho político y la Filosofía política), caracterizadas por un rigor y una precisión terminológicas que hoy se nos antojan, al menos de momento, inigualables, el problema radical que atenaza al estudioso de la Ciencia política tiene una índole epistemológica, pues las palabras fallan en lo esencial y ni siquiera alcanzan, abusadas, a denunciar realidades. Agotado hasta la médula el lenguaje político de la época contemporánea, nadie que aspire a un mínimo rigor intelectual debe apearse del prejuicio de que «ya nada puede ser lo que parece». En esta actitud espiritual, dolorosamente escéptica por lo demás, descansa probablemente la más incomprendida de las mentalidades políticas, la del Reaccionario, que casi todo el mundo contrapone equívocamente al vicio del pensamiento político conocido como progresismo.

2. En las circunstancias actuales, configuradoras, como recordaba no hace mucho Dalmacio Negro, de una «época estúpida», lo último que se debe hacer, por tanto, es confiar en el sentido inmaculado de las palabras. Todas mienten, algunas incluso matan o, cuando menos, podrían inducir al suicidio colectivo, no ya de un partido o facción, sino de la «unidad política de un pueblo». Hay empero raras excepciones en la semántica política que curiosamente conducen al pensamiento hacia los dominios de la teología política (politische Theologie) cultivada por Carl Schmitt, Alvaro d'Ors y unos pocos más escritores europeos. Parece que en dicha instancia todavía conservan los conceptos su sentido. De la importancia radical de lo teológico político, reñida con la consideración que estos asuntos merecen de una opinión pública adocenada, pueden dar buena cuenta los esfuerzos del llamado republicanismo (Republicanism) para acabar con toda teología política, uno de cuyos postulados trascendentales es que todo poder humano es limitado, lo detente el Amigo del pueblo, el Moloch fiscal, la Administración social de la eurocracia de Bruselas o los guerreros filantrópicos neoyorquinos de la Organización de las Naciones Unidas. Este nuevo republicanismo, ideología cosmopolítica inspirada en el secularismo protestante adonde está llegando en arribada forzosa el socialismo académico, no tiene que ver únicamente con el problema de la forma de gobierno. Alrededor suyo, más bien, se ha urdido un complejo de insospechada potencia intelectual, un internacionalismo usufructuario de los viejos poderes indirectos, cuya fe se abarca con las reiterativas y, como recordaba Michel Villey, antijurídicas declaraciones universales y continentales de derechos humanos. Todo sea para arrumbar la teología política, reducto ultramínimo, junto al realismo y al liberalismo políticos tal vez, de la inteligencia política y la contención del poder. Ahora bien, este republicanismo cosmopolítico, que paradójicamente quiere moralizar una supuesta política desteologizada, no es otra cosa que una política teológica, íncubo famoso y despolitizador progeniado por Augusto Comte con más nobles intenciones.

3. A medida que el mito de la izquierda, el último de los grandes mitos de la vieja política, va desprendiéndose del oropel, los creyentes se ven en la tesitura de racionalizar míticamente el fracaso de su religión política secular. Una salida fácil, bendecida por casi todos, especialmente por los agraciados con alguna canonjía internacional, encuéntrase precisamente en el republicanismo mundial y pacifista, sombra ideológica de la globalización económica. Vergonzantes lectores del Librito Rojo y apóstatas venales de la acción directa predican ahora el amor fraternal en las altas esferas supraestatales y salvan de la opresión a los pueblos oprimidos, recordando a Occidente, una vez más, su obligación de «mourir pour Dantzig!». Estas actitudes pueden dar o acaso continuar el argumento de las vidas personales de los «intelectuales denunciantes», como llamaba Fernández-Carvajal a los «soixante huitards», mas resultan poca cosa para contribuir al sostenimiento de la paz y la armonía mundiales. Tal vez para equilibrar la balanza se ha postulado con grande alarde la «tercera vía», postrera enfermedad infantil del socialismo, como aconsejaría decir el cinismo de Lenin. Ahora bien, esta prestidigitante herejía política se había venido configurando a lo largo del siglo XX, aunque a saltos y como por aluvión. Pero no tiene porvenir esta huida del mito hacia el logos; otra cosa es que el intelectual, obligado por su magisterio, lo crea posible. Esta suerte de aventuras intelectuales termina habitualmente en la formación de ídolos.

Aunque de momento no lo parezca, a juzgar sobre todo por los artistas e intelectuales que marcan la pauta, la izquierda ha dejado ya de ser sujeto de la historia. ¿Cómo se explica, pues, su paradójica huida de los tópicos que constituyen su sustrato histórico? ¿A dónde emigra? ¿Alguien le ha encomendado a la izquierda por otro lado, la custodia de las fronteras de la tradición política europea? La respuesta conduce a la inteligencia de la autoelisión de la derecha.

Suena a paradoja, pero la huida mítico-política de la izquierda contemporánea parece tener como meta el realismo y el liberalismo políticos. Este proceso, iniciado hace casi treinta años con la aparición en Italia de los primeros schmittianos de izquierda, está llamado a marcar la política del primer tercio del siglo XXI. No cabe esperar que pueda ventilarse antes la cuestión de la herencia yacente de la política europea. Ahora bien, lo decisivo aquí, la variable independiente valdría decir, no es el derrotero que marque la izquierda, pues, arrastrada por la inercia, apenas tiene ya libertad de elección. Como en otras coyunturas históricas, heraldos de un tiempo nuevo, lo sustantivo o esencial tendrá que decidir sobre todo lo demás.

El horizonte de las empresas políticas del futuro se dibuja sobre las fronteras del Estado como forma política concreta de una época histórica. El «movimiento», la corrupción que tiraniza todos los asuntos humanos, liga a la «obra de arte» estatal con los avatares de las naciones, de las generaciones y, de manera especial, a los de la elite del poder. La virtud de sus miembros, la entereza de carácter, incluso el ojo clínico político determinan, como advirtió Pareto, el futuro de las instituciones políticas; a veces, como ha sucedido en España, también su pasado.

4. Precisamente, el cinismo sociológico paretiano -a una elite sucede otra elite, a un régimen otro régimen, etcétera- ayuda a comprender mejor la autoelisión de la derecha. La circulación de las elites coincide actualmente con el ocaso de la mentalidad político-ideológica, representada por el izquierdismo y el derechismo. En términos generales, la situación tiene algún parangón con la mutación de la mentalidad político-social, propia del siglo XIX. Entonces, las elites políticas e intelectuales, atenazadas por los remordimientos, evitaron, con muy pocas excepciones, tomar decisiones políticas. Llegó incluso a considerarse ofensivo el marbete «liberal», especialmente después de las miserables polémicas que entre 1870 y 1900 estigmatizaron el liberalismo económico. Son famosas las diatribas con que el socialista de cátedra Gustav Schmoller, factótum de la Universidad alemana, mortificó al pacífico profesor de economía vienés Karl Menger. Así pues, aunque los economistas se mantuvieron beligerantes -escuela de Bastiat y Molinari-, los hombres políticos del momento iniciaron transición al liberalismo social o socialliberalismo. La defección léxica estuvo acompañada de un gran vacío de poder, pues la elite europea había decidido no decidir; entre tanto, los aspirantes a la potestad, devenida res nullius. acostumbrados a desempeñar el papel de poder indirecto, que nada se juega y nada puede perder en el arbitrismo, creyeron que la política era sólo cuestión de buenas intenciones.

El mundo político adolece hoy de un vacío de poder semejante a aquel. La derecha, según es notorio, ha decidido suspender sine die toda decisión, mientras que la izquierda, jugando sus últimas bazas históricas, busca refugio en el plano de la «conciencia crítica de la sociedad». En cierto modo, Daniel Bell ya se ocupó de las consecuencias de este vacío de poder o «anarquía» en su famoso libro Sobre el agotamiento de las ideas políticas en los años cincuenta (1960). Al margen de su preocupación por la configuración de una «organización social que se corresponda con las nuevas formas de la tecnología», asunto entonces en boga, y, así mismo, con independencia de la reiterativa lectura de esta obra miscelánea en el sentido del anuncio del fin de las ideologías, Bell se aproximó a la realidad norteamericana de la izquierda para explicar su premonitorio fracaso. El movimiento socialista, del que dice que fue un sueño ilimitado, «no podía entrar en relación con los problemas específicos de la acción social en el mundo político del aquí y del ahora, del dar y tomar». La aparente ingenuidad de estas palabras condensa empero una verdad política: nada hay que sustituya al poder.

6. El florentinismo político de la izquierda, que en esto, como en otros asuntos, ha tenido grandes maestros, ha distinguido siempre, más o menos abiertamente, entre el poder de mando o poder político en sentido estricto, el poder de gestión o administrativo y el poder cultural, espiritual o indirecto. La derecha, en cambio, más preocupada por la cuestiones sustanciales y no de la mera administración táctica y estratégica de las bazas políticas, ha abordado el asunto del poder desde la óptica de la casuística jurídica política: legitimidad de origen y de ejercicio; reglas de derecho y reglas de aplicación del derecho; etcétera. La izquierda, además, ha sabido desarrollar una extraordinaria sensibilidad para detectar en cada momento la instancia decisiva y neutralizadora de las demás -pues el dominio sobre aquella siempre lleva implícito el usufructo indiscutido de la potestad-. De ahí que nunca haya perdido de vista desde los años 1950 lo que Julien Freund llamó «lo cultural».

En parte por azar, en parte por sentido de la política (ideológica), la izquierda europea más lúcida hace años que ha emprendido su peculiar reconversión a lo político, acaso para no quedarse fuera de la historia. Lo curioso es que este movimiento de la opinión se ha visto favorecido, cuando no alentado, por la «autoelisión de la derecha» o, dicho de otra manera, por la renuncia a lo político practicada sin motivo y contra natura por sus próceres.

La izquierda europea, depositaria del poder cultural y sabedora de la trascendencia del poder de mando, permítese abandonar o entregar magnánimamente a otros el poder de gestión o administrativo, si no hay más remedio y siempre pro tempore, naturalizando el espejismo de que ya no hay grandes decisiones políticas que adoptar. Resulta fascinante, por tanto, desde un punto de vista netamente político, el examen de lo que parece formalmente una repolitización de la izquierda, que en los próximos años, si bien a beneficio de inventario, podría culminar la apropiación intelectual del realismo y del liberalismo políticos, dejando al adversario -neoliberalismo, liberalismo económico, anarcocapitalismo- que se las vea en campo franco y a cuerpo descubierto con la «ciencia triste». Aflorarán entonces las consecuencias del abandono neoliberal de lo político.



Jerónimo Molina

samedi, 30 octobre 2010

Eastern Europe versus the Open Society

by Srdja Trifkovic

Ex: http://www.chroniclesmagazine.org/
 
Excerpts from a speech to the H.L. Mencken Club, Baltimore, October 23, 2010

4886122ae5131.jpgTwo weeks ago the first “gay pride parade” was staged in Belgrade. Serbia’s “pro-European” government had been promoting the event as yet another proof that Serbia is fit to join the European Union, that is has overcome the legacy of its dark, intolerant past. Thousands of policemen in full riot gear had to divide their time between protecting a few hundred “LBGT” activists (about half of them imported from Western Europe for the occasion) and battling ten times as many young protesters in the side streets.

 The parade, it should be noted, was prominently attended by the U.S. Ambassador in Belgrade Mary Warlick, by the head of the European Commission Office, Vincent Degert of France, and by the head of the Organisation for Security and Cooperation in Europe (OSCE) Mission in Serbia, Dimitris Kipreos. Needless to say, none of them had attended the enthronment of the new Serbian Patriarch a week earlier. Two days later, Hillary Clinton came to Belgrade and praised the Tadic regime for staging the parade.

Mrs. Clinton et al are enjoying the fruits of one man’s two decades of hard work in Eastern Europe. George Soros can claim, more than any other individual, that his endeavors have helped turn the lands of “Real Socialism” in central and eastern Europe away from their ancestors, their cultural and spiritual roots. The process is far from over, but his Open Society Institute and its extensive network of subsidiaries east of the Trieste-Stettin line have successfully legitimized the notions that only two decades ago would have seemed bizarre, laughable or demonic to the denizens of the eastern half of Europe.

The package was first tested here in America. Through his Open Society Institute and its vast network of affiliates Soros has provided extensive financial and lobbying support here for

  • Legalization of hard drugs: We should accept that “substance abuse is endemic in most societies,” he says. Thanks to his intervention the terms “medicalization” and “non-violent drug offender” have entered public discourse, and pro-drug legalization laws were passed in California and Arizona in the 90s.
  • Euthanasia: In 1994 Soros—a self-professed atheist—launched his Project Death in America (PDIA) and provided $15 million in its initial funding. (It is noteworthy that his mother, a member of the pro-suicide Hemlock Society, killed herself, and that Soros mentions unsympathetically his dying father’s clinging on to life for too long.) PDIA supports physician-assisted suicide and works “to begin forming a network of doctors that will eventually reach into one-fourth of America’s hospitals” and, in a turn of phrase chillingly worthy of Orwell, lead to “the creation of innovative models of care and the development of new curricula on dying.”
  • Population replacement: Soros is an enthusiastic promoter of open immigration and amnesty & special rights for immigrants. He has supported the National Council of La Raza, National Immigration Law Center, National Immigration Forum, and dozens of others. He also promotes expansion of public welfare, and in late 1996 he created the Emma Lazarus Fund that has given millions in grants to nonprofit legal services groups that undermine provisions of the welfare legislation ending immigrant entitlements.

Soros supports programs and organizations that further abortion rights and increased access to birth control devices; advocate ever more stringent gun control; and demand abolition of the death penalty. He supports radical feminists and “gay” activists, same-sex “marriage” naturally included. OSI states innocently enough that its objectives include “the strengthening of civil society; economic reform; education at all levels; human rights; legal reform and public administration; public health; and arts and culture,” but the way it goes about these tasks is not “philanthropy” but political activism in pursuit of all the familiar causes of the radical left—and some additional, distinctly creepy ones such as “Death in America.”

Soros’s “philanthropic” activities in America have been applied on a far grander scale abroad. His many foundations say that they are “dedicated to building and maintaining the infrastructure and institutions of an open society.” What this means in practice? Regarding “Women’s Health” programs in Central and South-Eastern Europe, one will look in vain for breast cancer detection programs, or for prenatal or post-natal care. No, Soros’s main goal is “to improve the quality of abortion services.” Accordingly his Public Health Program has focused on the introduction of easily available abortion all over the region, and the introduction of manual vacuum aspiration (MVA) abortion in Macedonia, Moldova, and Russia. Why is Soros so keen to promote more abortions? Overpopulation cannot be the reason: the region is experiencing a huge demographic collapse and has some of the lowest fertility rates in the world. Unavailability of abortions cannot be the answer either: only five European countries had more abortions than live births in 2000: the Russian Federation, Bulgaria, Belarus, Romania and Ukraine. The only answer is that Soros wants as few little European Orthodox Christians born into this world as possible.

Soros’s Public Health Programs additionally “support initiatives focusing on the specific health needs of several marginalized communities,” such as “gays” and AIDS sufferers, and promote “harm reduction” focusing on needle/syringe exchange and supply of methadone to adicts. His outfits lobby governments to scrap “repressive drug policies.” Over the past decade and a half the Soros network has given a kick-start to previously non-existent “gay” activism in almost all of its areas of operation. The campaign for “LGBT Rights” is directed from Budapest, publishing lesbian and gay books in Bulgaria, the Czech Republic, Hungary, Slovenia and Slovakia, opening Gay and Lesbian Centers in Ukraine and Rumania. Its activists routinely attack the Orthodox Church as a key culprit for alleged discrimination of “LGBTs.”

Education is a key pillar of Soros’s activities. His Leitmotif is the dictum that “no-one has a monopoly on the truth” and that “civic education” should replace the old “authoritarian” model. Even under communism Eastern Europe has preserved very high educational standards, but the Soros Foundation seeks to replace the old system with the concept of schools as “exercise grounds” for the “unhindered expression of students’ personalities in the process of equal-footed interaction with the teaching staff, thus overcoming the obsolete concept of authority and discipline rooted in the oppressive legacy of patriarchal past.” The purpose of education is not “acquisition of knowledge”: the teacher is to become the class “designer” and his relationship with students based on “partnership.” Soros’s reformers also insist on an active role of schools in countering the allegedly unhealthy influence of the family on students, which “still carries an imprint of nationalist, sexist, racist, and homophobic prejudices rampant in the society at large.”

“Racism” is Soros’s regular obsession, but he had a problem finding it in racially non-diverse East European countries. This has been resolved by identifying a designated victim group—gypsies (“Roma”). His protégés now come up with policy demands to “protect” this group that could have been written by Rev. Jesse Jackson:

  • anti-bias training of teachers and administrators;
  • integration of Romani history and culture in the textbooks at all levels;
  • legally mandated arffirmative action programs for Roma;
  • tax incentives for employers who employ them;
  • access to low-interest credit for Roma small family businesses;
  • setting aside a percentage of public tenders for Roma firms;
  • legislation to fight “racism and discrimination” in housing;
  • adoption of “comprehensive anti-discrimination legislation”;
  • creation of mechanisms “to monitor implementation of anti-discrimination legislation and assist victims of racial discrimination in seeking remedies”;
  • recognition by governments of “the Roma slavery and the Holocaust through public apology along with urgent adoption of a package of reparatory measures.”

A budding race relations industry is already in place, with the self-serving agenda of finding “discrimination” in order to keep itself in place for ever.

To make his agenda appear “normal” to the targeted population, millions of East Europeans are force-fed the daily fare of OSI agitprop by “the Soros media”—the term is by now well established in over a dozen languages—such as the B-92 media conglomerate in Serbia.

The social dynamics Soros uses to penetrate the target countries is interesting. To thousands of young East Europeans to become a “Soroshite” represents today what joining the Party represented to their parents: an alluring opportunity to have a reasonably paid job, to belong to a privileged elite, for many to travel abroad. The few chosen for the future new Nomenklatura go to Soros’s own Central European University in Budapest. In all post-communist countries Soros relies overwhelmingly on the sons and daughters of the old Communist establishment who are less likely to be tainted by any atavistic vestiges of their native soil, culture and tradition. The comparison with the janissary corps of the Ottoman Army is more apt than that with the Communist Party. The new janissaries, just like the old, have to prove their credentials by being more zealous than the Master himself.

The key ideological foundation for Soros’s beliefs is the same: that all countries are basically social arrangements, artificial, temporary and potentially dangerous. A plethora of quotes from his writings will make it clear that he thinks that owing allegiance to any of them is inherently irrational, and attaching one’s personal loyalty to it is absurd. Like Marx’s proletarian, Soros knows of no loyalty to a concrete country. He could serve any—or indeed all—of them, if they can be turned into the tools of his Wille zur Macht. In 1792, it could have been France, in 1917 Russia. Today, the United States is his host organism of choice because it is so powerful, and its media scene is open to penetration by his rabidly anti-traditionalist and deeply anti-American worldview and political agenda.

Textbooks and educational curricular reforms pushed by Soros in Eastern Europe indicate that he is trying to perform crude dumbing down of the young. Within months of coming to power in October 2000 the “reformists” within Serbia and their foreign sponsors insisted that schools—all schools, from kindergarden to universities—must be reformed and turned from “authoritarian” institutions into poligons for the “unhindered expression of students’ personalities in the process of equal-footed interaction with the teaching staff, thus overcoming the obsolete concept of authority and discipline rooted in the opressive legacy of patriarchal past.” They started with primary schools, with a pilot program of “educational workshops” for 7-12 year olds. The accompanying manual, sponsored by UNICEF and financed by the Open Society, denigrades the view that the purpose of education is acquisition of knowledge and insists that the teacher has to become the class “designer” and his relationship with students based on “partnership.”

The reformers devote particular attention to the more active role of schools in countering the allegedly unhealthy influence of the family on students, which “still carries an imprint of nationalist, sexist, [anti-Roma] racist, and homophobic prejudices rampant in the society at large.” The time-honored Balkan tradition of slapping childrens’ bottoms when they exceed limits is now presented in the elementary classroom as a form of criminal abuse that should be reported and acted upon. Traditional gender roles are relativized by “special projects” that entail cross-dressing and temporary adoption of opposite gender names.

Soros’s vision is hostile even to the most benign understanding of national or ethnic coherence. His core belief—that traditional morality, faith, and community based on shared memories are all verboten—is at odds even with the classical “open society” liberalism of Popper and Hayek, by whom he swears. His hatred of religion is the key. He promotes an education system that will neutralize any lingering spiritual yearnings of the young, and promote the loss of a sense of place and history already experienced by millions of Westerners, whether they are aware of that loss or not. Estranged from their parents, ignorant of their culture, ashamed of their history, millions of Westerners are already on the path of alienation that demands every imaginable form of self-indulgence, or else leads to drugs, or suicide, or conversion to Islam or some other cult.

To understand Soros it is necessary to understand globalization as a revolutionary, radical project. In the triumph of liberal capitalism, the enemies of civilization such as Soros have found the seeds of future victory for their paradigm that seeks to eradicate all traditional structures capable of resistance. The revolutionary character of the Open Society project is revealed in its relentless adherence to the mantra of Race, Gender and Sexuality. His goal is a new global imperium based that will be truly totalitarian. But he is making a colossal miscalculation. He does not realize that the unassimilated and unassimilable multitudes do not want to be the tools of his will to power. Illegal aliens in America, Algerians in France, Turks in Germany and Pakistanis in Britain have their own, instinctive scenario, and it does not entail leaving Soros and his ilk in positions of power, or alive.

About the Author

Dr. Srdja Trifkovic, an expert on foreign affairs, is the author of The Sword of the Prophet and Defeating Jihad. His latest book is The Krajina Chronicle: A History of the Serbs in Croatia, Slavonia and Dalmatia.

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