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vendredi, 26 janvier 2024

Machiavel et l'art difficile de gouverner

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Machiavel et l'art difficile de gouverner

Gennaro Malgieri

Source: https://electomagazine.it/machiavelli-e-la-difficile-arte-del-governo/

Le Prince de Nicolas Machiavel est un texte qui ne vieillit pas. Antonio Gramsci, qui en a tiré les coordonnées pour esquisser la figure du "nouveau prince", ordonnateur de la politique moderne, le savait bien. Dans ses Noterelle, il disait : "Le caractère fondamental du Prince est de ne pas être un traité systématique mais un livre "vivant", dans lequel l'idéologie politique et la science politique se confondent sous la forme dramatique du "mythe"". Cela signifie que l'élément doctrinal et rationnel s'incarne dans un "condottiere" qui résume la "volonté collective" lorsqu'elle se forme à travers un processus d'appropriation de l'élément le plus humain par le sujet actif, à savoir la passion qui anime l'esprit du peuple. Cesare Borgia, le duc Valentino, était-il capable de susciter un phénomène similaire ? L'histoire s'interrogera longuement sur ce point. Mais certainement, en suivant les pages de Machiavel, nous dirions qu'il a incarné l'"exceptionnalité" dans le monde déchiré de son époque, en dirigeant un projet qui n'a pas laissé indifférents ceux qui avaient le cœur de sentir et la raison de comprendre: la création de l'État national.

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Le Valentin, comme l'observe Giuseppe Prezzolini dans son magnifique portrait du Florentin Nicolò Machiavelli (strictement avec un "c" dans son nom), publié par Longanesi, était un homme qui avait "flairé l'époque" et l'époque, comme cela est documenté, dans cette Italie désunie, dominée par des bandes qui se disputaient ses destinées, "poussait à une grande unité nationale, à des États modernes plus vastes, à des centres de justice organisés et à des impôts réguliers, à des budgets et à des caisses publiques séparés de ceux du prince, à la paix au moins dans l'intérieur, à la répression du brigandage". Le temps a fait disparaître les tyrans, les petites autonomies, les républiques, les cours des châtelains au 16ème siècle. Le temps était aux tyrans in quarto, aux grandes armées, à la justice et à l'injustice in grande, à l'autoritarisme à grande échelle. Les libertés dites communales sont en train de disparaître, parce qu'il s'agit de libertés limitées à des groupes et à des factions, au profit d'une sujétion générale, qui assure au moins des avantages matériels à un plus grand nombre. La liberté du petit nombre était échangée contre la semi-liberté du grand nombre".

C'était l'époque du duc Valentino et du secrétaire florentin. Et lorsque le premier exprime au second son intention d'"éteindre les tyrans" pour créer des agrégations politiques capables de tenir tête à des sujets agressifs dominés par une volonté de puissance inflexible, comment celui qui a décliné la figure du Prince par rapport à un ordre comme fondement de la paix et de la prospérité des peuples et des nations ne serait-il pas d'accord ? C'est un gentilhomme très splendide et magnifique", écrit Machiavel, "et il est si animé dans les armes que ce n'est pas une si grande chose qui lui semble petite ; et il ne se repose jamais, ni ne connaît la fatigue ou le danger, pour la gloire et pour acquérir un statut : il arrive le premier en un lieu où l'on peut comprendre le jeu dont il est content ; il fait que ses soldats le veulent bien, il a été capitaine des meilleurs hommes d'Italie ; ces choses le rendent glorieux et redoutable, ajouté à une fortune perpétuelle". Et lorsqu'il entreprend de mettre sur pied une sorte d'armée nationale, unissant la Romagne, Machiavel est séduit.

Un point de vue du 16ème siècle, pourrait-on dire, compréhensible à l'époque. Mais aujourd'hui ? L'Italie a longtemps souffert de l'absence d'une telle perspective, réalisée dans la tension vers la recomposition. C'est pourquoi la figure du Prince comme prototype de l'unificateur est tout à fait actuelle, car ce n'est qu'autour d'un principe ordonnateur que l'on peut trouver le sentiment de la nation, projeté dans une politique unitaire dont le paradigme machiavélique tient malgré tout, comme il a tenu pendant les cinq cents dernières années.

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Une telle vision, bien que transposée dans la figure d'un État-nation composite, est loin d'avoir disparu. Au contraire, elle apparaît extraordinairement vivante face à la décadence de l'art de gouverner examiné par Machiavel tout au long de sa vie de savant, mais aussi d'homme public.

Au centre, l'homme (élément tragiquement absent aujourd'hui comme fondement d'une anthropologie politique) auquel il faut s'adresser et pour lequel on prend des mesures qui peuvent même être impopulaires, difficiles à digérer, mais qui, malgré l'adversité qu'elles provoquent, si le gouvernant ou le "décideur" est convaincu de leur bien-fondé, ne peut que les adopter avec tous les moyens dont il dispose en exerçant un pouvoir légitime.

Et quand le pouvoir est-il légitime ? Voici ce que dit Machiavel : "L'homme qui devient prince grâce à la faveur du peuple doit se garder cet ami ; ce qui lui est facile, puisqu'il ne demande pas à être opprimé. Mais celui qui, contre le peuple, devient prince par la faveur des grands doit, avant toute chose, essayer de gagner le peuple ; ce qui lui sera facile, quand il aura pris sa protection". L'horizon du Prince, c'est-à-dire du détenteur du Pouvoir, est donc le "bien commun", quel qu'en soit le prix. Et bien au-delà du bénéfice qu'il peut lui-même en tirer. Car il sait bien de quoi est faite la nature humaine : en soi triste et vouée à des sentiments changeants, inconstante, plus attachée à la défense des biens matériels qu'à ses propres affections. Elle ne le veut pas, mais c'est ainsi dans la pérennité du devenir, bien au-delà de la "bonté" qui caractérise certaines époques, dont la nôtre.

Nous pouvons généralement dire ceci des hommes", lit-on dans Le Prince, "qu'ils sont ingrats, inconstants, simulateurs, fuyant le danger, avides de gain et que tant que vous leur faites du bien, ils sont tout à vous, enchérisseurs de sang, de biens, de vie, d'enfants, comme je l'ai dit plus haut. Les hommes ont moins de respect pour offenser celui qui se fait aimer que celui qui se fait craindre, parce que l'Amour est tenu par un lien d'obligation qui, parce que les hommes sont tristes, est rompu à chaque occasion de sa propre utilité, mais la crainte est tenue par une peur du châtiment qui n'abandonne jamais".

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À cet égard, Giovanni Papini, dans l'introduction aux Pensieri de Machiavel de 1910 (éditeur Carabba), a observé comment le secrétaire florentin, "conscient de la captivité et de la stupidité des hommes et désireux, dans son noble esprit, de les améliorer, n'a pas cru que le meilleur moyen était de guérir les blessures et de blanchir les taches.

Qu'il ait aspiré à une sorte de cité parfaite, habitée par un peuple libre et vertueux, sans maîtres ni tyrans, sans sectes ni batailles, cela se voit en maints endroits de ses œuvres, mais doit-on crier à la croix parce qu'il a eu le bon sens de voir que la République de Platon était plutôt loin et Cesare Borgia plutôt proche ?".

La négativité de la considération de Machiavel pour l'esprit humain est radicale. D'où le pessimisme raisonnable sur lequel il fonde la construction politique du Pouvoir comme instrument régulateur des égoïsmes, des conflits et des désordres inévitables. Des éléments qui, lorsqu'ils prennent des traits non pas privés mais publics, donnent lieu à des événements impliquant les peuples et c'est alors que le Prince s'exerce avec l'expertise qui découle de ses qualités et de la légitimité qui lui est conférée par ceux qui le reconnaissent comme détenteur du pouvoir de représenter les raisons qui lui sont confiées et de les défendre. En somme, le " mythe " gramscien, au-delà des contingences qui ont conduit Machiavel à identifier le Prince à la personnalisation du Pouvoir, c'est l'État.

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Dans la vision anthropologique et politique de Machiavel, la cité des hommes est habitée par des "brutes rationnelles" et sa science s'applique à minimiser les dommages causés par cette condition et, pour répondre de manière adéquate aux besoins du monde humain, il propose un autre art de gouverner, une "politique de la main lourde", comme le dit Sebastian De Grazia dans son Machiavelli all'Inferno (Laterza), qui reconnaît également que Machiavel "entre en scène au moment où tout commence à se précipiter vers l'abîme, quand la situation appelle un sauveur, un "rédempteur", un héros". Ce qui signifie que dans des circonstances particulières, dominées par une crise profonde des institutions civiles et de la morale commune, un pays peut avoir besoin d'un "pouvoir quasi-royal" difficile à trouver.

C'est donc dans "l'état d'exception", politiquement déterminé et juridiquement codifié, que l'action du Prince en tant qu'ordonnateur est légitimée. Nous dirions de l'État et des formes qu'il prendra.

En ce sens, l'œuvre de Machiavel a une valeur paradigmatique pour déchiffrer notre époque, qui lui ressemble à bien des égards, précisément parce que l'explosion des éléments anti-étatiques et, pourrions-nous dire, anti-communautaires, - en supposant que la formulation de l'État-communauté désigne la primauté politique de la Res publica dans laquelle les citoyens (qui ne sont plus des sujets) se reconnaissent - met en péril la liberté même qui, selon une certaine lecture du Prince, était considérée comme une sorte de guigne par Machiavel. Mais ce n'est pas le cas.

Il y a des époques où la liberté succède à l'ordre civil. Sans la garantie de celui-ci, il ne peut y avoir celui-là. Machiavel le voyait ainsi et c'est pourquoi, dans des termes que nous jugerions aujourd'hui méprisants, il écrivait : "Cesare Borgia passait pour cruel ; mais sa cruauté avait rassemblé la Romagne, l'avait unie, l'avait ramenée à la paix et à la foi. Si l'on y réfléchit bien, on s'aperçoit qu'il a été beaucoup plus clément que le peuple florentin qui, pour fuir le nom du cruel, a laissé détruire Pistoia. C'est pourquoi un prince ne doit pas se préoccuper de l'infamie du Cruel, afin de maintenir ses sujets unis et dans la foi ; car, à quelques exemples près, il sera plus clément que ceux qui, par trop de pitié, laissent s'installer le désordre, d'où découlent des événements ou des vols ; car ceux-ci tendent à offenser toute une universalité, et les exécutions qui viennent du prince en offensent une en particulier".

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Alors, vaut-il mieux être aimé ou craint ? Une combinaison des deux serait préférable. Mais dans un monde idyllique, qui n'est probablement pas le nôtre, car la nature humaine est par nature tout sauf orientée vers le bien. Cela ne signifie pas que la coexistence civilisée doive être dominée par la cruauté, mais qu'elle doit être régulée de manière à minimiser les conflits et à sanctionner ceux qui enfreignent la loi. C'est aussi dans cette dimension que se déploie l'espace de l'amour et de la miséricorde, qui est donné par la peur de ceux qui doivent veiller à limiter les conséquences du désordre. Il en va de même pour les États et toutes les autres institutions humaines qui ont un impact sur l'existence de citoyens liés par un ordre nécessaire et donc accepté.

Depuis cinq cents ans, nous nous demandons comment concilier les deux stades contradictoires de l'humanité, l'amour et la peur. Surtout lorsque l'absence de l'un donne lieu à la corruption et que les coutumes publiques deviennent le miroir de la tromperie de ceux qui croient pouvoir abuser de la main légère du prince-État, voire de son absence.

De ce point de vue, il n'y a rien de plus révolutionnaire que la régénération qui présuppose le principe de la légitimité du Pouvoir fondé non sur l'origine juridique des Constitutions, mais sur l'origine politique. Je ne sais pas si Machiavel aujourd'hui, souriant comme il apparaît dans le portrait de Santi di Tito au Palazzo Vecchio de Florence, serait favorable à l'abdication de l'État politique au profit d'un formalisme caduc ou vice versa. Tout indique le contraire. Mais je suis certain que, constatant la chute de l'État et les ravages qu'il a subis, il se retirerait à San Casciano pour "se gaver" de "ses" roturiers, plus enclins à le comprendre que les puissants auxquels il a tenté, peut-être sans succès, d'enseigner l'art de gouverner. Le plus difficile, le plus dangereux. Au moins aussi dangereux que l'amour que Machiavel a décrit et même prôné.

lundi, 05 septembre 2022

Michel de Montaigne : le premier conservateur

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Michel de Montaigne : le premier conservateur

par Klaus Kunze

Source: http://klauskunze.com/blog/2022/08/27/der-erste-konservative/

"J'ai horreur de la nouveauté" 

Le conservateur est celui qui aime le monde tel qu'il est. Pourquoi, dès lors, devrait-il tout bouleverser ? Michel de Montaigne (1533-1592) n'avait pas encore quarante ans que, ancien juge, il prenait sa retraite. Dans sa tour de 16 pas de diamètre, il se retira pour lire un bon millier de livres, pour la plupart des éditions latines de classiques antiques. Il vécut désormais de ses biens fonciers.

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Tour de Montaigne : la bibliothèque de la tour de Michel de Montaigne se trouve au deuxième étage (photo Heinrich Salome 2009, Wikipedia).

Montaigne s'affiche ouvertement comme un conservateur :

"J'ai horreur des innovations, quel que soit leur visage, et j'ai raison de le faire, car j'en ai vu les effets les plus désastreux. Celle qui nous fait si durement souffrir depuis vingt-cinq ou trente ans n'a certes pas tout fait à elle seule, mais on peut dire avec quelque raison qu'elle a tout produit et engendré, au moins indirectement, même les méfaits et les destructions qui se commettent depuis sans elle, et même contre elle".

    Montaigne, Livre I, 23, p.66.

En France, le XVIe siècle et en Allemagne, les XVIe et XVIIe siècles ont été l'époque des guerres de religion. Les innovations mentionnées par Montaigne sont les édits de Châteaubriant (1551), de Compiègne (1557) et d'Écouen (1559), qui ont privé les protestants de leurs droits et les ont finalement condamnés à mort, ce qui a conduit aux guerres huguenotes et a fait des milliers de victimes huguenotes lors de la nuit de la Saint-Barthélemy en 1572. Le catholique Michel de Montaigne aurait préféré que tout reste en l'état, les innovations ayant conduit à ces excès et à une "décomposition de l'ordre social".

La France du XVIe siècle a vu, outre les persécutions des huguenots, des cannibales d'Amérique du Sud ramenés par bateau. Montaigne opère une comparaison en 1580,

    "il est encore plus barbare de se repaître de l'agonie d'un homme vivant que de le manger mort : plus barbare de déchirer sur le banc de torture un corps qui sent encore tout, de le griller par morceaux, de le faire mordre et déchirer par les chiens et les porcs (comme nous ne l'avons pas seulement lu, mais comme nous le voyons encore devant nous dans un frais souvenir : pas du tout entre anciens ennemis, mais entre voisins et concitoyens, et, ce qui est pire, sous prétexte de piété et de fidélité à la foi), que de le rôtir et de se l'approprier après qu'il a rendu son dernier souffle. "[1]

    Michel de Montaigne, Essais, 1580, livre I, 31, p.113.

Dans son voisinage, des connaissances et des parents se massacraient parfois mutuellement pour des subtilités théologiques. Chacun, y compris Montaigne, était menacé de torture et de bûcher pour tout soupçon d' "hérésie". Il est très instructif et pertinent pour notre époque de voir comment le très cultivé Montaigne s'est comporté dans cette situation. Bien que conservateur, il considérait qu'un ordre moral bien établi et des institutions étaient nécessaires pour contenir les forces imprévisibles de la nature humaine [2]. L'Eglise catholique était pour lui un tel garant d'un ordre possible, raison pour laquelle il y restait extérieurement fidèle. "Il était un conservateur pratique, pas un conservateur déclaré, combatif, idéologique" [3], mais il restait sceptique vis-à-vis de toute doctrine.

Entre Charybde et Scylla

Juriste et bon rhétoricien, Montaigne a toujours su laisser transparaître sa véritable opinion sans que l'Inquisition ne puisse l'épingler. Dans un seul et même Essai (livre I, 23), il parvient à présenter des affirmations contradictoires de telle sorte que l'une le protège des poursuites et l'autre contient la critique. Montaigne affirme "l'exhortation sans équivoque d'obéir à l'autorité et de ne pas toucher à la forme de gouvernement", dont il a juste avant maudit les "innovations".

Les contradictions se dissipent immédiatement si l'on considère l'une comme son opinion réelle et l'autre comme une feuille de vigne rhétorique destinée à le protéger. Dans un autre essai, il l'admet ouvertement :

"Ce n'est pas que ces histoires ou ces citations m'aient toujours servi d'exemple, d'accréditation ou d'ornement : je ne les considère pas seulement sous l'angle de l'usage que j'en fais. Souvent, au-delà de leur rapport avec mon sujet, elles portent en elles le germe de réflexions plus complexes et plus audacieuses, et font résonner un sous-entendu subtil tant pour moi, qui ne veux pas m'étendre sur le sujet, que pour ceux qui sont capables de s'accorder à ma façon de penser".

    Montaigne, Essais, 1580, Livre I, 40, p.130.

Montaigne laisse sagement de côté les réflexions les plus osées. Il s'en tient au sous-entendu de l'incrédulité: "Je doute de moi comme de tout le reste" (II 17 p.314). Cette technique d'argumentation est typique des époques où la police de la pensée, avec ses chambres de torture, ses bûchers ou ses emprisonnements dans des camps, n'attend qu'un mot de travers. La prudence est d'autant plus recommandée qu'une domination combattue règne sur la société. René Descartes (1596-1650) a conseillé un jour à un ami : "Je veux en tout cas que tu n'exposes pas ouvertement tes idées nouvelles, mais que tu t'en tiennes extérieurement aux anciens principes. Tu dois te contenter d'ajouter de nouveaux arguments aux anciens. Personne ne peut t'en vouloir ; et ceux qui comprennent tes arguments pourront déduire d'eux-mêmes ce que tu as voulu leur faire comprendre".

C'est surtout sous les régimes totalitaires qu'un écrivain doit espérer que son lecteur réfléchira de manière compréhensive et ira jusqu'au bout de sa pensée. Les générations futures reconnaissent l'empreinte intellectuelle de ces époques au fait qu'il y a plus de choses entre les lignes que dans les lignes elles-mêmes [4].

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Briser les tabous

Les Etats théocratiques, comme dans l'espace de l'Islam, et d'autres Etats idéologiques mettent leur saint des saints respectif sous tabou. Une blague sur Mahomet peut être la dernière que l'on se permette. Aujourd'hui encore, en Allemagne, on n'a pas le droit de plaisanter sur tout. Pensez-vous de manière compréhensive ?

En Occident, l'existence de Dieu et la vérité de la révélation chrétienne étaient sacro-saintes, aujourd'hui, cette croyance est remplacée par une acception quasi-religieuse de la dignité d'une abstraction, celle de l'homme en soi. Montaigne savait exactement comment envelopper sa critique sans briser un tabou.

Celui qui est contraint d'utiliser le langage de l'adversaire court cependant le risque de faire de ses "contenus de pensée au moins le point de référence incontournable d'une pensée visant à l'efficacité sociale" et de se laisser ainsi dicter les conditions de la discussion [5]. Montaigne évitait cet écueil de façon magistrale. Le point de référence de toute pensée inquisitoriale était Dieu, et ce dans son interprétation par les théologiens catholiques. Montaigne loue ce Dieu de manière hymnique et ne manque pas de le confesser. En même temps, il affirme son humilité devant les théologiens appelés à interpréter la parole de Dieu. Non, il ne connaît rien à la théologie et n'a aucune ambition.

Après ces clauses salvatrices et stéréotypées, il donne du fil à retordre à la théologie scolastique de son temps. Il lui retire littéralement le tapis sous les pieds grâce à une argumentation intelligente. Elle était essentiellement basée sur le raisonnement. Par des déductions syllogistiques et un raisonnement convaincant, les scolastiques médiévaux avaient voulu prouver l'existence de Dieu. Montaigne n'a que des sarcasmes pour cela et désarme en même temps ses détracteurs avec l'argument hypocrite suivant : les conseils de Dieu sont si insondables qu'on ne peut absolument pas le prouver par la raison humaine.

Nous comprenons immédiatement que le Rubicon des "raisonnements plus audacieux" est atteint ici. Dans la vision du monde de Montaigne, Dieu n'a aucune fonction.  On pourrait le supprimer sans que cela change quoi que ce soit. Montaigne conduit ses lecteurs d'argument en argument jusqu'au point où ils ne peuvent raisonnablement que conclure : Dieu n'existe pas du tout, ou du moins n'est pas un référent pertinent. Montaigne se sauve en souriant vers la rive sûre avec l'excuse suivante : on ne peut que croire fermement en lui, ce que lui, Montaigne, fait naturellement. Je le vois rire de bon cœur dans sa tour et je me réjouis de voir avec quel génie mon collègue juriste, décédé depuis longtemps, savait raisonner. Avec lui, il ne faut jamais s'arrêter aux apparences, mais comprendre ce qu'il veut vraiment nous dire derrière ses mots.

Ses arguments sont complexes et profonds. Ce qu'ils prétendent dire ne correspond pas nécessairement à leur fonction argumentative. Il admet que "le public n'a pas à se soucier" (I, 23) de ses "pensées" non exprimées [6].

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Dieu - manœuvré hors du débat

Profondément sceptique, Montaigne juxtapose de nombreux points de vue de philosophes sur ce que sont Dieu et une âme, et les rejette tous comme ridicules : "Il est étonnant que même les partisans les plus acharnés de la croyance en l'immortalité de l'âme se soient trouvés incapables et hors d'état de la prouver, qu'ils trouvaient si évidente et si convaincante, en vertu de leur capacité humaine. Ce sont des rêves de gens qui désirent, non de gens qui savent, disaient les anciens" (II, 12) [7]. Cela semble très moderne et agnostique : Nous ne savons rien des "âmes". Quatre paragraphes plus loin, nous nous frottons les yeux avec étonnement : "Il était juste, en effet, de nous renvoyer à Dieu seul et au bienfait de sa grâce, avec la dette de reconnaissance pour la vérité d'une si noble foi, que c'est de sa main généreuse seule que nous recevons le fruit de l'immortalité, qui consiste à jouir de la béatitude éternelle".

Tout en fouillant avec délectation les fondements de la foi de l'Église, Montaigne repousse toute opposition théologique possible : "Nous ne pouvons avoir de certitude sur Dieu que par la foi. C'est pourquoi les théologiens peuvent nous faire croire ce qu'ils veulent. Comme on pensait autrefois chasser un démon avec un sort, il catapulte "Dieu" dans l'oubli argumentatif : hors de propos, affaire de foi, nous n'en savons rien. Montaigne ne contredit aucun dogme théologique. Ils ne l'intéressent plus, car il fait un pas décisif de la scolastique médiévale vers les temps modernes des Lumières :

Se tourner vers la nature

Au lieu de s'attarder sur les subtilités scolastiques et les fausses preuves de la "nature de Dieu" et de "l'homme en soi", Montaigne se tourne résolument vers la nature réelle, le monde que nous pouvons percevoir par les sens, la diversité des animaux, des peuples, des coutumes et des religions. Cette approche a ouvert la voie à l'empirisme et aux sciences naturelles. Au-delà de toute spéculation sur les "choses en soi" platoniciennes, il a comparé les cultures des hommes et les a trouvées toutes aussi aptes, dans leur diversité, à garantir la paix et la tranquillité par des lois quelconques.

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N'importe lesquelles ! Montaigne considère que toutes les religions, coutumes, traditions et lois liées à la culture se valent. Il relativise ainsi la prétention du christianisme à l'exclusivité et le relègue au rang de "coustume", de coutume, d'usage et de mode. Pour Montaigne, les lois, les religions et les coutumes sont des situations. Cela devait être fatal à tout intellectualisme et à tout normativisme [8].

Les intellectualismes sont des constructions intellectuelles rationalistes sophistiquées qui partent de postulats et en tirent des conclusions de plus en plus larges par déduction, sans commencer par regarder autour d'eux dans la réalité empirique. Est normativisme toute dogmatique qui part d'un postulat "moral", c'est-à-dire d'une exigence de devoir. Montaigne détruit les prétentions à l'absolu de toutes ces doctrines. Sa méthode de pensée relativiste signifiait un "adieu au principe" fondamental, comme l'a repris ces jours-ci un philosophe à la mode. Le "scepticisme" de Montaigne "décompose l'idéalité des normes en vigueur, mais consolide leur validité de fait" [9].

C'est dans l'abandon sceptique des principes que réside la pertinence permanente de Montaigne. Alors que les théologiens de l'Inquisition passaient au crible chaque imprimé pour y déceler des hérésies, les éditeurs doivent aujourd'hui à nouveau "retirer" les livres qui ont attiré la haine religieuse des fanatiques. Des fonctionnaires sont licenciés pour avoir prétendument "relativisé" le postulat de base de notre constitution : la "dignité" de l'homme. Aujourd'hui, ce terme ne désigne plus seulement la règle fondamentale de la civilisation selon laquelle l'État ne doit pas avilir un être humain. Aujourd'hui, est déjà considéré comme un ennemi de la dignité humaine celui qui tient à la pérennité ethnique de son peuple.

Une croyance métaphysique en un "homme en soi" abstrait et en sa "dignité inaliénable" est devenue un principe idéologique de base à partir duquel on peut joyeusement déduire tout ce qui va d'un droit d'immigration en Allemagne, d'une société multiculturelle, d'un revenu minimum de l'Etat pour tous jusqu'à la reconnaissance des 63 types sexuels réellement existants.

Interdire à l'État, en vertu d'un droit positif, c'est-à-dire d'une loi, de traiter les gens de manière dégradante était une décision constitutionnelle nécessaire. Mais faire de la dignité humaine un principe "pré-étatique" ( !), donc métaphysique, à partir duquel on peut déduire n'importe quel contenu idéologique, n'aurait fait que faire rire amèrement Montaigne : "Celui qui sait gagner notre foi à ses postulats est notre maître et notre dieu" (II, 12) [10]. C'est ainsi que nous aussi, aujourd'hui, avons nos maîtres gardiens de la pensée. La plupart des gens se prosternent devant eux, si tant est qu'ils y pensent. Les hommes, soupire Montaigne, suivent "de bonne foi en leurs opinions" la "conception dominante, et on l'adopte, avec tout le fatras des arguments et des preuves, comme une vérité, comme un corps de doctrine ferme et fermé, qu'on n'ébranle plus et sur lequel on ne se permet plus de juger". (II, 12) [11].

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Combien de temps les petits singes de cirque vont-ils continuer à faire des pirouettes ?

"Il est très facile d'ériger sur des "postulats statutaires des édifices de pensée de toute sorte, car en vertu d'un tel précepte qui fixe les règles, les autres parties peuvent être assemblées sans contradiction". Notre "accord et notre approbation leur donnent les mains libres pour nous entraîner tantôt à gauche, tantôt à droite, jusqu'à ce que nous fassions des pirouettes à leur rythme". (II 12) [12].

Tant que nous ne ferons pas abstraction aujourd'hui, dans l'espace pré-politique et le débat politique, des postulats de foi de nos maîtres idéologiques, nous ne ferons, sur le chemin de l'abandon total de nos intérêts nationaux et de notre peuple, que des pirouettes comme autrefois un petit singe de cirque enchaîné d'un joueur d'orgue de Barbarie. Montaigne est là pour nous conseiller :

"Chaque science a ses principes préétablis, qui limitent de toutes parts le jugement humain. Si vous vous heurtez un jour à cette barrière, à cette erreur de principe, la bouche des partisans des principes vous répondra aussitôt qu'on ne débat pas avec des gens qui n'ont pas de principes. Pourtant, il ne peut y avoir de principes pour les hommes, à moins que la divinité ne les leur ait révélés. Tout le reste, le début, le milieu et la fin, est un rêve et de l'écume. A ceux qui vont au combat avec des postulats, il faut postuler leur renversement respectif". [13]

    Montaigne, Essais, 1580, livre II, 12, p. 270.

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C'est pourquoi, résume Montaigne, nous devons "mettre dans la balance tous les postulats, et principalement les postulats généraux, et ceux qui nous tyrannisent".

Ne pas se laisser tyranniser par des principes et des postulats arbitraires - tel est l'héritage durable du conservateur sceptique Michel de Montaigne.

Notes:

[1] Michel de Montaigne, Essais, 1580, éd. Hans Magnus Enzensberger, traducteur Hans Stilett, Francfort 1998, livre I, 31, p.113.

[2] Panajotis Kondylis, Les Lumières dans le cadre du rationalisme moderne, 1981, p.143.

[3] Klaus Jürgen Grundner, Michel de Montaigne, in : Criticón 1981, 160 et suivantes (161 r.sp.).

[4] Klaus Kunze, Mut zur Freiheit, 1995, p.212.

[5] Kondylis, Les Lumières dans le cadre du rationalisme moderne, p.236.

[6] Montaigne, I 23, p.65.

[7] Montaigne, Livre II, 12, p.276.

[8] Kondylis, Les Lumières dans le cadre du rationalisme moderne, p.139.

[9] Hugo Friedrich, Montaigne, 2ème éd. 1967, cité ici par Grundner op. cit. S.163.

[10] Montaigne, Livre II, 12, p.270.

[11] Montaigne, Livre II, 12, p.269.

[12] Montaigne, Livre II, 12, p.269 s., 270.

[13] Montaigne, Livre II, 12, p. 270.

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dimanche, 28 novembre 2021

Le connétable des lansquenets

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Le connétable des lansquenets

par Georges FELTIN-TRACOL

Dans Le roman vrai d’un fasciste français, une biographie romancée de René Resciniti de Says, vieux militant royaliste maurrassien, Christian Rol rapporte une anecdote révélatrice. « Néné l’Élégant » passe un jour à « La Mère Agitée », un restaurant parisien bien connu de la mouvance. Il dîne non loin de la table de Dominique Venner qu’il n’apprécie guère et avec qui il engage pourtant une vive discussion historique. « Ce soir-là, la conversation dévie sur le Connétable de Bourbon qui avait levé les armes contre la papauté et  François Ier. Ce à quoi Venner était très favorable (1) ».

Toute l’historiographie française officielle fait du Connétable de France l’un de ses principaux traîtres. En 2000, compagnon de route de la « Nouvelle Droite » et professeur d’histoire spécialisé dans les Temps modernes (1492 – 1815), Jean-Joël Brégeon publie une belle biographie de ce mal-aimé (2). Il estime « qu’il y avait nécessité impérieuse de réhabiliter sa mémoire, entreprise qui, jusqu’alors, n’avait pas tenté grand monde. Le réhabiliter ou tout au moins le comprendre, l’analyser sans préjugé et, pour cela, le replonger dans son temps ».

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Une puissante lignée féodale

Né en 1490, Charles de Montpensier appartient à une branche cadette des Bourbons. «La maison ducale de Bourbon est l’une des plus anciennes, des plus prolifiques et donc des plus ramifiées de la noblesse française. » Sixième fils de Louis IX dit bientôt « Saint Louis », le comte Robert de Clermont-en-Beauvaisis (dans l’actuel département de l’Oise) épouse Béatrix de Bourbon, l’ultime héritière d’une famille qui prétend descendre des Troyens et des Carolingiens. Par ce mariage, Robert devient le seigneur du Bourbonnais alors que ce « fief [...] était reconnu fief féminin, et ne suivait pas la loi salique excluant les filles de la succession de leur père ». Si leur deuxième fils, Jacques, est « à l’origine de la branche Bourbon – Vendôme qui finit par monter sur le trône de France avec Henri IV » en 1589, leur aîné, Louis Ier de Bourbon, unit son propre fils, Louis II, à « l’héritière du dauphin d’Auvergne [qui] lui permit d’arrondir son patrimoine avec le Forez et le Dauphiné d’Auvergne ». Sous son impulsion, la ville de Moulins devient la « capitale » d’un vaste domaine.

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Princes de sang aptes à porter éventuellement la Couronne des Lys, les Bourbons dont la devise est « Espérance », participent à la vie du royaume sous les derniers Capétiens directs et sous les Valois. Au XVe siècle, Jean II de Bourbon se montre d’une parfaite loyauté envers Louis XI. Deux de ses frères sont des clercs. Louis est prince-évêque de Liège qui aurait épousé sans aucune autorisation Catherine van Egmond, d’où la branche actuelle non dynaste des Bourbon-Busset. Charles de Bourbon est, pour sa part, l’archevêque de Lyon. Leur sœur, Isabelle, est la femme du «Grand Duc d’Occident», Charles le Hardi, duc de Bourgogne. Elle est donc l’arrière-grand-mère de Charles Quint. Leur plus jeune frère, Pierre de Beaujeu, se voit marié à Anne de France, la fille aînée de Louis XI dont elle a hérité le terrible sens politique.

Jean II de Bourbon n’a pas d’enfant. Or, son domaine forme, « pour reprendre la formule d’un chroniqueur “ un pays nouvellement composé, comme en marqueterie ou mosaïque, de plusieurs pièces rapportées, acquises des seigneurs voisins ”. Au duché de Bourbon étaient venus s’ajouter le Forez, le Beaujolais, l’Auvergne, les Haute et Basse Marches, le Carladès, Murat, Gien, les Dombes... ». Le patrimoine des Bourbons s’accroît encore. En 1476, Louis XI offre à son gendre « les comtés de la Marche et de                 Montaigut-en-Combrailles  ». En 1481, Anne de France reçoit le comté de Gien. La même année, Jean II de Bourbon doit remettre sur injonction royale à son frère Pierre de Beaujeu «le comté de Clermont-en-Beauvaisis, la baronnie de Beaujolais et les Dombes». Henry Montaigu explique que « la Marche, les comtés de Clermont et de Beaujolais, diverses autres seigneuries prises ici et là, devaient en attendant permettre aux époux Beaujeu de tenir rang parmi les princes (3) ».

Au décès de Jean II en 1488, son frère l’archevêque de Lyon se proclame chef de la Maison. Mais cruellement endetté, il renonce finalement à tous ses droits au profit de Pierre en échange d’une forte pension. Ainsi, « le 30 août 1488, Pierre de Beaujeu devenait duc de Bourbon et d’Auvergne, comte de Clermont, de Forez, de la Marche, de l’Isle-Jourdain et de Villars, seigneur de Beaujolais “ à la part de l’Empire ”, de Château-Chinon et d’Annonay... ». En 1491, Anne et Pierre de Bourbon – Beaujeu ont une fille d’aspect chétif, Suzanne.

Très tôt, forte de son influence à la Cour et régente de facto quand son frère Charles VIII part guerroyer en Italie, Anne de Beaujeu assure à sa fille les moyens légaux de conserver l’intégralité de leurs possessions territoriales. Elle s’attache aussi à régler la querelle vieille d’un demi-siècle avec les Bourbons – Montpensier dont les « terres [étaient] enclavées dans celles de la branche aînée des Bourbons, surtout à Aigueperse».

L’unité des Bourbons

Le père du futur Connétable se nomme Gilbert de Bourbon, comte de Montpensier et dauphin d’Auvergne. Au cours des premières Guerres d’Italie, il trouve sa femme en la personne d’une Italienne, Claire de Gonzague, la « fille aînée du marquis de Mantoue ». Le couple a six enfants (trois garçons et trois filles). L’arrivée de Claire dans le centre de la France introduit la Renaissance italienne dans le Massif Central ! La tragédie frappe rapidement cette famille heureuse. Charles devient à onze ans chef de famille en 1496 quand meurt son père de la malaria dans le Sud de l’Italie. En 1503 disparaît sa mère. Son éducation dépend de sa marraine, Anne de Beaujeu.

L’adolescent apprend le service de la chevalerie et se passionne pour les récits arthuriens. Son caractère le pousse vers le métier des armes. Pierre de Bourbon et sa redoutable épouse décident de lui donner leur fille unique Suzanne. Pour eux, « l’union des deux branches avait pour principal mérite d’éteindre le contentieux qui les séparait depuis trois générations tout en achevant l’unité territoriale du duché, faisant de lui le fief le plus étendu et le plus peuplé du royaume ». Quel est donc ce si grand domaine ? « Au Bourbonnais et à l’Auvergne s’ajoutaient les comtés de Clermont-en-Beauvaisis, de Forez, de la Marche, de Gien et de Clermont en Auvergne; les vicomtés de Carlat et de Murat, les seigneuries de La Roche-en-Rénier, de Bourbon – Lançay, d’Annonay, sans oublier, en pièces rapportées, les Dombes, le Beaujolais et les fiefs propres aux Montpensier, le comté de Montpensier, le dauphiné d’Auvergne, la baronnie de Mercœur, la seigneurie de Combrailles. À cet immense domaine – qui couvrait plus de 26.000 km² – s’ajoutaient les titres et les charges qui faisaient du nouveau duc de Bourbon le Grand le plus titré du royaume, pair de France, grand chambrier, en attendant le gouvernement du Languedoc et, bien sûr, la connétablie ». Jean-Joël Brégeon précise que « pour mieux considérer les domaines de Charles et de Suzanne, on peut les faire tenir dans les actuels départements, à savoir l’Allier, le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Loire, une partie du Rhône, de l’Ain et à l’autre extrémité, de la Haute-Vienne et de la Creuse ». Par son mariage, Charles de Montpensier qu’on désigne comme « Charles-Monsieur », devient le plus puissant féodal de France depuis la Maison de Bourgogne…

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La Dame de Beaujeu gouverne remarquablement ses terres. Elle dispose de « la châtellenie qui était la réalité administrative la plus tangible de l’« État » bourbonien. Leur nombre et leur taille étaient variables. Le Beaujolais n’en comptait que dix-huit mais le Forez en avait quarante. Beaucoup étaient minuscules, d’autres immenses, comme celle de Moulins avec ses soixante-seize paroisses réparties sur environ 1800 km² ». Elle entend surtout les conserver pour ses futurs petits-enfants. La mort en 1498 de Charles VIII et l’avènement de leur cousin le duc d’Orléans, Louis XII, la détachent de l’intérêt royal pour privilégier les intérêts familiaux et terriens de sa fille et de son gendre. Par chance, « attaché à la seigneurie, écrit Henry Montaigu, [le futur connétable] en possède la mystique (4) ».

Au service de deux rois de France

Le « Roi du peuple » Louis XII apprécie Charles-Monsieur. Quand il ne se bat pas en Italie avec les armées françaises, il sert d’« otage princier » dans la suite de l’archiduc Philippe de Habsbourg qui traverse la France pour se rendre dans les Espagnes qu’il va bientôt régner aux côtés de son épouse Jeanne, la fille des Rois catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon. Jeanne et Philippe sont les parents du futur Charles Quint. Une autre fois, « à Valenciennes, Charles de Bourbon fit la connaissance de ses cousins, les Croy, une puissante famille attachée au service et à la fortune des                             Habsbourg ».

En 1513, Louis XII le charge de « restaurer l’autorité royale et la paix publique » en Bourgogne. Charles-Monsieur « fit procéder à des travaux de fortification à Dijon, Châlons, Beaune et Auxonne. Sa sévérité à l’égard des gens de guerre coupables d’abus et d’exactions sur la population, sa rigueur et sa détermination, l’attention qu’il porta à cette mission sans gloire mais si impérieuse amenèrent Louis XII à manifester sa gratitude ». Charles de Bourbon reçoit la charge considérable de connétable de France.

Chef suprême de l’armée royale en l’absence du souverain, le connétable                  « porte l’épée royale et la présente, nue, à l’assistance » le jour du sacre à Reims. Il « possède sa propre juridiction – la connétablie et maréchaussée de France – qui lui donne des pouvoirs disciplinaires, sans appel, pour juger les délits et crimes des gens de guerre ». Fidèle à sa sévère réputation, le nouveau connétable interdit les pillages; il exige que ses troupes paient au juste prix les denrées prises aux paysans; il impose une réelle discipline à ses hommes d’armes; il punit le défaut de tenues particulières, reconnaissables et attribuées à chaque régiment royal. Cette dureté s’impose tant les mœurs sont rudes.

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À la fin du Moyen Âge, les fantassins sont appelés « les “ gens de pied ” [qui] se regroupaient en “ bandes ”, réparties en “ nations ”. On pouvait trouver là des Gascons, des Picards, des Allemands, que l’on qualifiait tantôt d’aventuriers tantôt de “ bandes noires ” et qui étaient pour l’essentiel des lansquenets, ces éternels rivaux des Suisses». Les combattants helvètes servent divers souverains dès que ces derniers leur versent une solde régulière, ce qui est rarement le cas. Les mercenaires helvètes manient avec une redoutable dextérité les « “ longs bois ” [qui] faisaient la loi sur les champs de bataille depuis plus d’un siècle [...]. C’étaient en fait des hallebardes dites de Soleure ou de Berne que les Suisses complétaient par une forte dague, lorsqu’ils ne maniaient pas la redoutable Zweihänder, l’épée à deux mains. Sûrs de leur tactique qui les voyait formés en hérissons, les Suisses se protégeaient peu et s’en faisaient même une gloire ». C’est dans cet univers âpre et violent que le Connétable de Bourbon parvient à s’imposer. Aux côtés de Louis XII, puis de François Premier (5), il se fait un nom en Italie. « Depuis Marignan, on le tenait pour un des meilleurs capitaines de sa génération. »

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Conscient de sa valeur et de ses qualités militaires, le Connétable de Bourbon n’hésite jamais à déployer un train de vie fastueux lors des grands événements comme au Camp du Drap d’Or où François Premier accueille Henry VIII d’Angleterre en 1520. Ce décorum luxueux agace le roi français. Par ailleurs, sa droiture et sa franchise lui valent d’irréductibles ennemis dans l’entourage immédiat du souverain: le duc d’Alençon, un temps fiancé à Suzanne de Bourbon, est un piètre homme de guerre que méprise le Connétable; le surintendant des finances Samblançay, Bonnivet et le chancelier Antoine Duprat, tous deux originaires de domaine dont il est le seigneur. Le plus redoutable de ses ennemis est néanmoins une femme, Louise de Savoie, la propre mère de François Premier !

Les visées de Louise de Savoie

La reine-mère a-t-elle des vues lubriques et concupiscentes sur le fringant homme à peine plus âgé que son propre fils ? Toute une littérature brode autour de cette « romance » fantasmée par l’une et refusée par l’autre. Il est en revanche certain que Louise de Savoie agit en féodale qui rêve « d’augmenter le patrimoine des Valois – Angoulême », surtout si c’est aux dépens des Bourbon. Bien qu’élevée par Anne de Beaujeu, Louise de Savoie (portrait, ci-dessous) la déteste profondément. La réciproque est aussi vraie.

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Homme à femmes soumis à l’inflexible volonté de sa mère, François Premier vexe fréquemment le Connétable à partir de 1521. Cette année-là est un tournant majeur dans la vie de Charles de Bourbon. Suzanne meurt précocement. Outre son époux qui détient en sa faveur une série de dispositions testamentaires légales, l’héritage territorial de Suzanne est revendiqué par sa cousine, Louise de Savoie. Or, « la succession de Suzanne de Bourbon était compliquée à démêler tant le statut juridique de ses biens dépendait d’origines extrêmement diverses ».

Louise de Savoie lance en 1522 un procès au Connétable devant le Parlement de Paris, seul autorisé à statuer sur les litiges liés à un pair de France. Elle réclame l’éventuelle saisie des duchés de Bourbon et d’Auvergne et des comtés de Clermont, de Forez et de la Marche. « Reine mère et régente à la fois, [Louise de Savoie] allait user de son rang prééminent pour influencer les magistrats. » Pendant ce temps, Charles de Bourbon se préoccupe de reprendre un fief italien. Son père, Gilbert, avait été fait archiduc de Sessa dans le royaume de Naples. Le Connétable souhaiterait relever le titre à son profit et adresse une ambassade conduite par Philibert de Saint-Romans auprès de Charles Quint.

Bien qu’ayant le droit féodal pour lui, le Connétable déchante vite, tant les magistrats parisiens craignent Louise de Savoie. Le Parlement de Paris rendra son arrêt en juillet 1527: tous les biens de Suzanne et Charles de Bourbon reviendront à la Couronne. S’estimant dupé et voyant que le roi se refuse d’intervenir de manière impartiale, Charles de Bourbon entre en négociations secrètes avec Charles Quint et Henry VIII d’Angleterre. Le Tudor exige d’être reconnu comme le seul roi de France légitime. Le Connétable refuse d’abord. Quant à l’Empereur, il lui propose d’épouser l’une de ses sœurs, Éléonore, veuve du roi de Portugal, ou Catherine.

Le Connétable de Bourbon a-t-il vraiment trahi ? Dans une perspective téléologique nationalitaire plus qu’anachronique, maints historiens français répondent par l’affirmative. Toutefois, dans une logique féodale plus factuelle qui correspond au contexte de l’époque, la trahison n’existe pas. Charles de Bourbon « était de sang italien par sa mère et son duché, bien inscrit dans la mouvance française, débordait sur l’Empire pour une petite part, les Dombes à l’est du Beaujolais. Il était le vassal du roi de France mais l’empereur était aussi son suzerain... ». Délaissant la devise habituelle des siens, il prend pour nouvelle devise personnelle : « Omnis spes in ferro est (Tout mon espoir est dans le fer). »

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Le chef des lansquenets

Pendant que les hommes du roi de France confisquent tous ses biens et arrêtent ses proches, le Connétable se réfugie en Franche-Comté. En juillet 1523, il noue une alliance avec Charles Quint et l’Angleterre. Il propose sans succès de soulever ses terres et la Normandie… Bientôt « dépossédé de sa connétablie, Charles de Bourbon en était réduit à se muer en condottière ». Il devient assez vite « un pion que Charles Quint et Henry VIII manipulaient. Le connétable, chef de guerre avisé et excellent stratège, n’avait pas toujours la même perspicacité dès lors qu’il s’agissait de politique et de manœuvres diplomatiques ». Ruiné et pourchassé, Charles-Monsieur se voit contraint de jurer fidélité à Henry VIII en tant que roi de France en 1524.

C’est seulement auprès des troupes impériales que s’épanouit encore le Connétable. Il envahit en juillet 1524 la Provence avec le marquis de Pescara. Le siège de Marseille tourne cependant au désastre. Les Impériaux doivent battre en retraite. Leur reculade permet la reconquête rapide du Milanais par les Français. Mais leur avancée se termine par la monumentale défaite de Pavie en 1525. François Premier est fait prisonnier à Madrid. Le Connétable cherche à peser sur le cours des négociations. Sans aucune réussite. Il ne devient pas le beau-frère de l’Empereur et le roi de France se montre intraitable à son sujet. C’est à ce moment-là qu’il intègre le monde viril des lansquenets. « Leurs costumes bariolés, leurs larges chapeaux de feutre hérissés de plumages multicolores, leurs barbes et leurs longs cheveux donnaient un aspect impressionnant aux lansquenets. Le grondement des hauts tambours et les sons aigrelets tirés des fifres accompagnaient des chants presque psalmodiés qui pouvaient glacer d’effroi leurs adversaires. » « Le mot Landsknecht francisé en lansquenet signifie tout simplement “ gens du pays ”. Il apparaît vers 1470 et désigne un combattant à pied, d’origine germanique, recruté principalement en Alsace, Pays de Bade, Wurtemberg ou dans le Tyrol autrichien. Les lansquenets sont répartis en régiments. Chaque régiment comprend environ quatre mille hommes, divisés en dix compagnies – Fähnlein – subdivisées en Rotten. Chacune de ces escouades est forte de dix lansquenets ou de six porteurs d’épée à deux mains. Le Doppelsöldner, qui porte cuirasse à guimpe et bassinets de fer sur la tête, est un rude gaillard qui, outre son immense épée à deux mains, trouve encore le moyen de porter au ceinturon l’épée normale du lansquenet. »

Charles Quint charge le Connétable de Bourbon de se rendre au Tyrol. Le bon catholique qu’il est y rencontre le principal meneur des lansquenets, le réformé Georg Frundsberg. Les deux hommes de guerre s’apprécient vite. À partir de 1526, Charles de Bourbon dirige les lansquenets allemands luthériens en Italie du Nord. Tous ces marcheurs et leurs homologues à cheval, les reîtres, n’ont qu’un seul objectif en tête : fondre sur Rome la pontificale et la saccager !

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Naguère vice-roi du Milanais à la demande de son souverain, le Connétable aspire à fonder un royaume. « Charles Quint lui fit croire qu’il pourrait ceindre la couronne de fer des Lombards. Il a sans doute rêvé d’un royaume d’Italie, de Milan à Naples. » Il se transforme progressivement en un aventurier à la tête des lansquenets. « Prince du sang, connétable de France puis lieutenant général des armées impériales, il finira comme un réprouvé à la tête d’une armée livrée à elle-même. » En effet, après la mort de Georg Frundsberg, les lansquenets « décidèrent les autres corps à se constituer en une république militaire et on désigna douze soldats, douze élus, pour représenter l’armée auprès de Bourbon ».

La fin d’un puissant songe géopolitique

Au printemps 1527, les troupes impériales assiègent la Ville éternelle. Le 6 mai, un coup d’arquebuse frappe Charles III de Bourbon devant les remparts. Fous de rage, les lansquenets dont le nouveau chef est le prince d’Orange, Philibert de Chalon, s’emparent de la ville et la ravagent. Cela vaudra au Connétable une excommunication posthume. « Le concile de Trente avait pris la peine de rendre un décret ordonnant l’exhumation et la dispersion des ossements. » La légende noire du Connétable commence ! Les sbires de François Premier l’accuseront de vouloir « démanteler le royaume capétien, en donner la couronne au Tudor, s’approprier un immense domaine comprenant aussi bien le Poitou, l’Anjou, le Maine, la Touraine, le Berry que ses terres patrimoniales. Une sorte de reconstitution hybride du grand duché d’Occident, de la Lotharingie et du royaume des Plantagenêts ».

En réalité, le Connétable de Bourbon serait, selon Jean-Joël Brégeon, « le dernier avatar, l’ultime tenant du rêve lotharingien, cette construction politique improbable qui naquit du traité de Verdun (843) pour satisfaire le fils aîné de Louis le Pieux, Lothaire. La Lotharingie allait des îles frisonnes à l’Italie du Nord jusqu’à l’Adriatique et au golfe de Gênes, empruntant le couloir rhénan et franchissant les Alpes pour réunir cette spectaculaire transversale. La Lotharingie disparut avec Lothaire Ier (855) et pourtant son souvenir hanta l’imaginaire médiéval. Elle inspira les ducs de Bourgogne et Charles le Téméraire en avait reconstitué une partie avant de disparaître (1477). Charles de Montpensier était familier de l’histoire de la Bourgogne; ses prétentions sur la Provence, son acharnement à constituer un immense domaine articulé entre Loire et Méditerranée indiquent bien une tentation “ lotharingienne ” qui ne pouvait être tolérée par les Capétiens ». Il s’inscrit néanmoins dans une tradition nobiliaire de contestation de l’État royal capétien. À l’instar des Cabochiens pro-bourguignons de Paris sous la Guerre de Cent Ans, des révoltes féodales de la fin du Moyen Âge comme la Ligue du Bien public et de certaines factions hétérodoxes de la Ligue pendant les Guerres de Religion, « Bourbon avait tout pour séduire ceux qui se complaisaient dans un idéal féodal volontiers frondeur à l’égard de l’institution monarchique ». La révolte justifiée du connétable de France Charles de Bourbon préfigure surtout les actions vaines d’une aristocratie soucieuse de préserver ses libertés d’état. On retrouvera ces réticences à l’extension du pouvoir royal avec la coterie autour de Gaston d’Orléans, le frère de Louis XIII, l’« esprit mousquetaire » dépeint par Alexandre Dumas contre la puissante volonté du Cardinal de Richelieu, et la Fronde des princes (1650 – 1653).

Honni autant par des générations d’historiens et que par une Église catholique romaine qui entame à ce moment-là son long déclin, Charles-Monsieur ne pouvait que plaire, par sa tenue fière et altière, à Dominique Venner. Grâce au livre de Jean-Joël Brégeon, il faut admettre le Connétable de Bourbon, chef des lansquenets de l’Empereur - Roi, parmi les rares Français d’Empire.

Georges Feltin-Tracol

Notes:

1 : Christian Rol, Le roman vrai d’un fasciste français, La manufacture de livres, 2015, p. 307.

2 : Jean-Joël Brégeon, Le Connétable de Bourbon. Le destin tragique du dernier des grands féodaux, Perrin, 2000, 290 p. Les citations non mises en notes sont extraites de cet ouvrage.

3 : Henry Montaigu, La guerre des Dames. La fin des féodaux, Olivier Orban, 1981, p. 95.

4 : Idem, p. 272.

5 : « François, qui voulait être le “ roi chevalier ” et le “ père des lettres ”, souligne Henry Montaigu, est donc bien davantage le père de cette “ patrie ” dont d’ailleurs il porte le nom. C’est pourquoi nous écrivons “ François              Premier ” en toutes lettres et non en chiffres comme il est d’usage, parce que cela devient une manière de surnom qui marque l’origine, le départ d’un cycle nouveau. », Id., p. 282.

  • D’abord mis en ligne sur Vox NR – Les Lansquenets, le 15 novembre 2021.

 

mercredi, 09 décembre 2020

A propos du livre de Françoise Bonardel Triptyque pour Albrecht Dürer

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Luc-Olivier d'Algange:

A propos du livre de Françoise Bonardel

Triptyque pour Albrecht Dürer

 La conversation sacrée

Peu d'essais échappent à l'alternative, ou au double écueil, de l'érudition pure et de la simplification plus ou moins polémique. Triptyque pour Albrecht Dürer est de ceux-là, rares, qui, tout en étant à la fois œuvre érudite et œuvre de combat, ne l'est que pour accomplir ce dont elle parle, rejoignant ainsi, à travers ses manifestations, et dans un beau voyage, l'instant de la rencontre du regard avec l'œuvre qui, en nous, mystérieusement, est antérieure au regard.

Une intuition vague hante les esprits. Quelque chose semble s'être perdu que l'on ne saurait définir mais qui nous tient en exil de cette part de nous-mêmes et du monde qui resplendit dans le secret et que l'on pourrait, si des réminiscences nous en viennent, nommer l'Ame, la nôtre, l'intime, la proche et si lointaine, et l'Ame du monde, à laquelle elle donne accès,- celle que Virgile figure sur le Bouclier de Vulcain.

Or, en ces temps profanés et profanateurs, une si âpre volition nihiliste, issue de l'esprit de vengeance, s'est emparée de nous que nous en sommes venus à manquer à l'Ame du monde, tant est si bien, avec de telles ingéniosités techniques, un tel affairisme, que notre propre âme s'est éloignée vertigineusement de nous-mêmes, au point qu'il semblerait presque, parfois, qu'elle n'existe pas, qu'il n'y eût jamais d'âme nulle part, pas davantage en nous-même que dans le monde, et que tout, l'univers, les hommes, la nature, se réduit à une machine, destinée à servir d'autres machines plus performantes.

p2-539x473.jpgCe qui nous manque, Françoise Bonardel le nomme et l'illustre, le définit et l'exerce, n'est autre que la conversation sacrée. L'ouvrage, à cet égard, dépasse de loin l'intérêt que déjà nous pourrions porter à un travail fortement étayé sur Albrecht Dürer. On ne saurait mieux dire ce qu'est une conversation sacrée qu'en s'y livrant, c'est-à-dire en s'aventurant dans cette subversion du temps qui révèle les strates, le palimpseste, les nuées et les nuances des temporalités qui échappent habituellement à l'attention limitée, calculante, à l'égrènement uniforme, au cours linéaire qui est celui de l'usure.

Dans la conversation sacrée le temps devient espace. Une œuvre n'est pas un objet de consommation culturel, moins encore une « côte » sur le marché de l'art, mais un événement de l'âme, voire un avènement qui surgit de l'entretien que nous avons avec elle. Or cette œuvre fut elle-même en conversation avec le paysage, l'idée, la forme, l'espace qu'elle créa et qu'elle porte jusqu'à nous, nous donnant ainsi accès au temps profond, où l'histoire et la légende de l'artiste et notre propre histoire coïncident.

André Breton, ressaisissant le propos de Nicolas de Cues, évoquait le point suprême à partir duquel toutes choses cessent d'être perçues de façon contradictoire. Cette « omnivision » n'est jamais, pour l'être humain, que fugace, mais ce que cette expérience inscrit en nous est l'empreinte de l'œuvre que nous devrons accomplir, tels le Chevalier entre la Mort et le Diable, dont la Figure, nous dit Françoise Bonardel, ne saurait se réduire ni à un piétisme militant issu de la Réforme, ni à une figure faustienne, - mais s'ouvrant peut-être, ainsi que Friedrich Schlegel en eut l'intuition, qui voyait en Dürer « le Jacob Böhme de la peinture », à une autre Figure, à la fois antérieure et apocalyptique, au sens étymologique, laissant au visible la puissance de révéler l'Invisible.

Comment, au pas de sa monture, vaincre la Mort et tenir le Diable à distance ? Comment surmonter ce qui divise, le diaballein, et ne plus craindre la Mort, qui n'est ici qu'insignifiante et grotesque, afin d'aller vers ce qui, - loin, là-bas - laisse l'âme verdoyer dans la contemplation de l'infime et de l'immense ? La question ne saurait se réduire à l'histoire de la culture ou à une identification sentimentale car ce qui est en vue, cette Cité,- au-delà des arbres, tout en haut, où l'on devine le règne d'une grande paix de l'âme, - est tout aussi important que celui qui se dirige vers elle et dont la force et la résolution, en accord avec la perfection formelle de la gravure, son détail péremptoire, valent surtout par le dessein qu'elles proposent.

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« L'exceptionnelle symbiose graphique entre simplicité et grandeur » qu'évoque Françoise Bonardel à propos de Dürer, donne au mot apparaître la plénitude de son sens. L'apparaître n'est pas seulement apparence, surface sur laquelle l'attention glisserait pour se perdre dans l'indéfini, mais une force qui se grave, un sceau invisible qui suscite le visible, le fait paraître, le dévoile dans son irréductible singularité ontologique. Françoise Bonardel cite à juste escient Heidegger: « Lui, le peintre Dürer en représentant un objet isolé à partir de sa situation fortuite, ne se borne pas à en faire apparaître un aspect isolé, offert au regard; mais à montrer chaque fois l'objet isolé en tant que cet objet unique dans son unicité, il rend visible l'Etre même dans un lièvre, l'être-lièvre, l'être animal de cet animal ».

A la singularité des êtres, témoins de l'attente et de l'éclaircie de l'être, correspond, mais de façon plus mystérieuse, l'harmonique propre d'une cité, son être, à nul autre semblable, et avec lequel il nous est possible, dès lors que nous ne sommes pas exclusivement assignés à une durée profane, d'entrer en conversation. Le livre de Françoise Bonardel nous donne ainsi à visiter, ou mieux encore, à hanter, en voyageurs du temps, les trois cités emblématiques du destin d'Albrecht Dürer, Anvers, Nuremberg et Venise.

« Plus encore que les œuvres d'un artiste, écrit Françoise Bonardel, et que sa biographie, les lieux où il vécut, ou simplement passe, paraissent a postériori, la matrice où s'est forgé son regard dont nous aimerions comprendre quel défi, quel pari sur la vie en raviva un jour l'éclat ». A qui s'approche d'une cité emblématique, y entre, non en touriste mais en pèlerin, avec cette inscience divine, cette innocence qui laisse advenir les signes et les intersignes, un Réel est donné qui n'a plus rien de commun avec le réel des « réalistes », qui ne sera jamais qu'une chose abstraite.

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Chaque voyageur, s'il n'est pas touriste, sait avancer tel le chevalier de Dürer, entre la Mort et le Diable, - entre la mort, toujours menaçante, de sa propre perception du monde qui en ferait un absent passant à côté de tout sans rien voir, et le Diable qui va diviser, en analyste chafouin, chaque chose, chaque paysage, chaque heure, jusqu'à les rendre incompréhensibles. Le bon voyageur se défie de lui-même et de ses représentations, et cette défiance est nécessaire à l'éveil de la plus grande confiance, que nous donnons et recevrons en retour. Avant même que notre savoir ou notre intelligence ne nous en disent les causes, l'aile de la réminiscence nous a frappés. Ce beau cheminement en compagnie du Noble Voyageur et de Dürer, son témoin, nous donne à comprendre que la raison ratiocinante, la raison redondante, la raison qui ignore sa propre raison d'être, peut-être, lorsqu'elle veut totaliser et planifier le monde, la pire folie.

Celui qui échappe aux Normes profanes et à la sécurité fallacieuse prend le risque de la mort et de la division pour l'éminente raison qu'il n'est encore, lui, contrairement à l'individu interchangeable, ni mort, ni désagrégé. La compacité de la Figure, sa précision drue creusée en détails, la façon encore dont elle s'inscrit dans la paysage, par une forme qui semble le sceau d'une empreinte invisible, en témoigne: son chemin sera celui de l'interprétation, de la droiture, de la chevalerie spirituelle telle que sut la définir Henry Corbin, et le risque encouru pour avoir quitté la fausse sécurité est déjà une victoire. C'est ainsi que nous le trouvons, ou le retrouvons, par l'intercession du Maître-livre de Françoise Bonardel, après de longs oublis et de piètres reniements, pour nous faire signe et nous dire qu'il ne tient qu'à nous d'être, par le ressouvenir d'une certaine tradition européenne, le matin profond d'une nouvelle et fière résolution.

Luc-Olivier d'Algange

lundi, 18 mai 2020

Lansquenets et conquistadores allemands au Venezuela

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Lansquenets et conquistadores allemands au Venezuela

Par Harald Winter

En 1505, un premier grand voyage commercial commence, organisé par Anton Welser dans le cadre d’une vaste expédition maritime portugaise visant à accroître considérablement le commerce des épices. Celui-ci s’était amplifié après le voyage sur mer de Vasco de Gama en 1497-98, qui avait conduit l’expédition portugaise aux Indes. La famille Welser avait financé le voyage à concurrence de 20.000 cruzados. Par ce geste, les Welser, du moins la branche de Nuremberg de cette famille allemande, devint la principale maison commerciale dans le négoce d’outre-mer.

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Bartholomeus Welser.

Après la mort d’Anton I Welser, un an plus tard, Bartholomeus V Welser (1484-1561), de la branche d’Augsbourg cette fois, poursuivit l’initiative. C’est lui qui s’engagea dans les expéditions dans le Nouveau Monde. La première implantation des Welser Outre-Atlantique fut à Saint-Domingue dans les Caraïbes. En 1519, le roi d’Espagne Charles I, le futur Charles-Quint, emprunte des sommes considérables auprès des deux maisons commerciales d’Augsbourg, les Welser et les Fugger. Il fallait absolument qu’il dame le pion du Roi de France François I qui s’était présenté comme candidat à l’élection impériale. Comme il fut incapable de rembourser ses dettes d’environ 160.000 florins, à l’instar de tous les Habsbourg, il céda aux Welser un territoire de quelque 260 km2 se situant dans l’actuel Venezuela. On l’appela la « Petite Venise ». Finalement, les Welser y bâtirent deux villes et trois places fortes.

En 1529, Ambrosius Ehinger devint le premier gouverneur de la « Petite Venise ». Il débaptisa la petite ville de Coro, que les Espagnols avaient fondée deux ans auparavant, et la renomma « Nouvelle-Augsbourg » (Neu-Augsburg). La même année, les Allemands de sa suite, fondent la « Nouvelle-Nuremberg » (Neu-Nürnberg), l’actuelle Maracaibo. Un an plus tard, ils fondent une troisième ville, Barquisimeto. Au début, cette colonisation semblait être une bonne affaire car le Roi d’Espagne ne touchait que 10% sur l’or, l’argent et les pierres précieuses. En échange, les gouverneurs appointés par les Welser ne devaient pas payer l’impôt sur le sel, les droits de douane et les droits portuaires dans le port de Séville, qui monopolisait le commerce espagnol dans le Nouveau Monde. Sans cesse, les gens recrutés par les Welser ont tenté des expéditions dans l’intérieur des terres sud-américaines dans l’espoir de découvrir le fameux El Dorado, le pays légendaire où tout était d’or : ce fut une succession d’échecs dus à l’hostilité du milieu naturel et des tribus amérindiennes.

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Au cours des dix-sept années que dura la domination des Welser au Venezuela, on dénombre dans les actes seize noms de commandants allemands, qui menaient un grand nombre de subordonnés espagnols, de mercenaires et aussi de lansquenets allemands. On ne sait pas exactement quel fut le nombre d’Allemands de souche qui participèrent à cette entreprise car, finalement, peu de noms sont mentionnés dans les textes. Certains de ses noms ont été plus que probablement modifiés ou hispanisés.  Ainsi, Hannes Berger est devenu Juan Aleman ; Bartel Blümlein est devenu Bartolomé Flores. Un certain Hammer s’est fait appeler Martillo. Il n’y en eut probablement pas plus d’une centaine, dont une petite moitié était des lansquenets au service et à la solde de la Couronne d’Espagne.

Nous avons quelques indices dans le témoignage du lansquenet allemand Ulrich Schmidel, fils d’une famille patricienne de Straubing, qui participa à l’expédition de Pedro de Mendozas en 1535 qui explora le Rio de la Plata. Il signale, dans son témoignage, que l’expédition comptait 2500 Espagnols et 150 Hauts-Allemands, Néerlandais, Est-Allemands (« Osterlich ») et Saxons. Le pire ennemi de ces Européens, à l’intérieur des terres, fut la faim.

Parmi les autres récits écrits particuliers de l’époque, nous avons les lettres de Philippe von Hutten et les « Histoires indiennes » de Nikolaus Federmann. Ce dernier a commencé deux expéditions à la recherche de l’El Dorado. Il franchit les Andes et fonda, de concert avec les deux conquistadores espagnols Jiménez de Quesada et Sebastian de Belalcàzar, la ville de Bogota, ainsi que la ville de Riohacha en Colombie, qui fut notamment son initiative.

Philippe von Hutten, cousin du très célèbre humaniste Ulrich von Hutten,  servit comme colonel dans la colonie des Welser, avant d’en devenir le capitaine-général en 1540. Cinq ans plus tard, il affronte les Indiens dans l’intérieur des terres puis, aussi, des rebelles espagnols. C’est de la main de ces rebelles qu’il trouvera la mort en 1540, tout comme Bartholomeus VI Welser.

Le tribunal de Saint-Domingue élit alors Juan de Carvajal vice-gouverneur et capitaine-général du Venezuela en 1544. Election que ni les Welser ni Hutten n’acceptent. Lors d’une confrontation avec les troupes de Carjaval, qui, avec l’appui de cercles espagnols influents, refusait la présence des colons allemands, les deux hommes sont pris prisonniers et condamnés à mort. La sentence est exécutée immédiatement.

Charles-Quint ordonna une enquête et le 17 septembre 1546 Juan de Carjaval est à son tour condamné à mort. On l’exécuta en l’attachant à la queue d’un cheval qui le traîna jusqu’à ce que mort s’ensuive. Quand Charles-Quint se retira, les Welser perdirent leurs droits à la concession. C’est ainsi que se termina la présence allemande au Venezuela.

Harald Winter.

(Article issu de « zur Zeit », Vienne, n°12/2019).

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Ulrich Schmidl

Le puissant lansquenet bavarois Ulrich Schmidl maitrisait la lecture et l’écriture. Il nous a décrit, de manière bien vivante, les souffrances endurées par les Européens sur le continent sud-américain. Son récit porte sur une expédition partie du Venezuela, visant à ouvrir à la colonisation les régions situées au sud de la colonie allemande. Voici ce que Schmidl nous décrit : « Car nos gens n’avaient rien à manger, souffraient de grande misère et mourraient de faim. Même les chevaux ne suffirent pas, loin s’en faut. Il y eut tant de misère et de famine que ni les rats ni les rongeurs ni même les serpents ou autres vermines ne furent suffisants pour nous rassasier de notre immense misère et de notre pénible faim. Nous n’épargnâmes même pas nos chaussures et autres pièces de cuir : tout devait être mangé. Un jour, trois Espagnols prirent un cheval et le mangèrent en secret ; quand nous nous en aperçûmes, nous les fîmes prisonniers et nous les soumîmes à la question de très cruelle manière. Quand ils avouèrent, nous les conduisîmes à la potence et les pendîmes. La nuit suivante, trois autres Espagnols se concertèrent et se rendirent au gibet où avaient péri les trois pendus, ils leurs découpèrent les cuisses et ôtèrent force morceaux de chair de leurs corps morts et s’en servirent pour apaiser leur terrible faim dans leur tanière ».

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(NdT : Ce texte a vraisemblablement inspiré Werner Herzog pour le film « Aguirre et la colère de Dieu », avec Klaus Kinski et sa fille comme acteurs principaux).

HW.

mardi, 05 février 2019

Michael the Brave & the Tide of the Ottoman Wars

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Michael the Brave & the Tide of the Ottoman Wars

Michael the Brave, savior of Europe?

The history of Romania as a concrete country is generally assumed to have started with the Romanian, or Danubian, principalities, similarly to how the history of Russia as a concrete country starts with Muscovy. Both of these histories are of late medieval origin, having come into being in the wake of the Mongol invasions of Europe. In both comparable cases, however, the concrete starting point is not the same as the ethnologically related spiritual precursor from which the original states derived their patronage. In the case of Russia, the spiritual precursor was the Kievan Rus’, which was situated in present-day Ukraine. For the Romanian principalities, it was the Latin-speaking element of Constantinople, which originally ruled that city. That their patronage originated in Constantinople would be a crucial, if now overlooked, starting point for the princes of Moldavia and Wallachia – and their enemies.[1] [2]

For example, Mehmed II “the Conquerer” opposed the semi-autonomy of the Romanian principalities as vassals of the Ottoman Empire. As long as Wallachia and Moldavia still stood as states in the 1400s, Mehmed’s work in overrunning Constantinople was incomplete. This is why he unsuccessfully sought to crush the principalities with armies larger than the one he had used to conquer Constantinople.[2] [3] Stephen the Great of Moldavia did not really see himself as a crusader against Islam, but he earned that reputation by handing Mehmed the worst defeat the Turks had yet seen in 1475.

Officially, the principalities of Wallachia and Moldavia both, in early modern times, held the status of what is known in traditional Islamic international law as a “house of peace” – which is neither a “house of Islam,” in the sense that either Islamic countries or thoroughly conquered areas like Bulgaria and Greece were, nor classified as an enemy “house of war.” The Ottomans only had control of port cities on the northern bank of the Danube or the coasts of the Black Sea, not firm control of the land, as in the countries south of the Danube.

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The principalities were not considered outright Ottoman territory until the beginning of the eighteenth century. By then, the Ottomans, hoping to pacify a geopolitically ambiguous region that had caused them so much trouble, installed a dynasty of initially pro-Turkish Greek rulers called the Phanariots as puppet princes in the Romanian principalities. Before the Phanariot rule, no mosques (nor synagogues) could be legally built in the principalities unless the Prince himself made an exception, and the Romanian principalities were never allowed to be sources of janissary conscription. Wars between the principalities and the Turks had occasionally erupted when these terms were violated.

It should be noted that Habsburg Austria officially held the same status for decades. After the Ottoman Empire overran the Kingdom of Hungary (1526), Ottoman forces unsuccessfully besieged Vienna (1529). For the remainder of the sixteenth century, these two powers would be at war. Habsburg Austria, embroiled in other power struggles in Europe, would be content with appeasing the Turks, paying the Porte to leave Vienna alone whenever possible. This limited the struggles between the Habsburgs and the Ottomans to battles and skirmishes on the disputed Hungarian frontier for decades after 1529, but it also left Austria in an uncomfortable state of vassalage. The Turks continued to reject the Habsburg Emperors’ preferred title, “Emperors of Rome.”

“In previous centuries,” noted the German jurist and philosopher Carl Schmitt, “a controversy existed between the German kaiser (and king of Hungary) and the Turkish sultan on the question of whether the payments made by the kaiser to the sultan were in the nature of a ‘pension’ or a ‘tribute’. The debtor stressed that he did not pay ‘tribute’ but ‘pension’, whereas the creditor considered it to be ‘tribute’.”[3] [4]

The issue Schmitt refers to here is that Austria was technically an Ottoman vassal from the first siege of Vienna in 1529 up until the conclusion of the Long War in 1606, when the Ottomans humiliatingly agreed to address the Habsburgs as “Emperors of Rome.” This undermined the entire Ottoman mission since Mehmed II in the fifteenth century, which had been to conquer and destroy any state that claimed patronage from Rome. However, the amount of money paid to the Turks to leave Vienna alone actually increased in return for this Habsburg political victory, even as it was discredited as true tribute money. This contradiction wouldn’t be resolved until after the 1683 second siege of Vienna, or Battle of Vienna. Thus, the misnomer “Ottoman rule” does not apply all that much more, as a legal status, to the pre-eighteenth century Romanian principalities than it does to Austria at one point — though the Ottoman vassalage had always been much more directly felt in the principalities.

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Michael the Brave (1558-1601) attempted to do away with Wallachia’s vassal status altogether and turn it into an empire. This Wallachian prince was, as Hans Corneel de Roos has shown, the main historical basis of Bram Stoker’s Count Dracula – when the villainous vampire was still alive.[4] [5] De Roos’ research, even more than earlier arguments by Elizabeth Miller, has displaced the claim of Raymond T. McNally and Radu R. Florescu that Stoker based his character on Vlad Țepeș.

Interestingly, McNally and Florescu themselves, in Dracula, Prince of Many Faces: His Life and His Times, note that a certain character mentioned by the Count appears to be based on Michael the Brave.[5] [6] What they do not mention is one important detail it simply takes a careful reading of Stoker’s book to understand – namely, that the Count is speaking in the third person about himself in life.[6] [7]

In the Count’s recollection in the third chapter of Bram Stoker’s Dracula, the nostalgic rant that Jonathan Harker calls “the story of his race,” Dracula describes an ancestor of his, whom Stoker did indeed base on Vlad Țepeș. Stoker, as De Roos has shown, confused Vlad Țepeș, or Vlad Dracula, with his father (and Michael the Brave’s ancestor), Vlad Dracul. In making this mistake, Stoker appears to have reflected his source, William Wilkinson’s 1820 book Account of the Principalities of Wallachia and Moldavia with Political Observations Relative to Them. Stoker, again like his source, knew more about Michael the Brave than Vlad Țepeș.[7] [8]

This shouldn’t surprise us. After all, Vlad Țepeș was a late-medieval, pre-Columbian historical figure, while Michael the Brave was a figure from what Anglophone historiography remembers as the Elizabethan era. Michael the Brave, a relative of Vlad Țepeș and a more successful military strategist, was more often written about in English than his predecessor until the twentieth century. There is reason to suspect that Prince Michael was written about in Britain at the time.

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In Writing the Ottomans: Turkish History in Early Modern England, Anders Ingram writes, “The years of the Ottoman–Hapsburg ‘Long War’ of 1593–1606 brought an unprecedented flood of English publishing on the Turks. A substantial portion of this material either directly describes, or explicitly refers to, the events of this conflict.” During this time –  which was also the age in which the plays of Christopher Marlowe, which likewise display a keen interest in the Ottoman Wars, revolutionized English literature – England’s “contemporary news market was dominated by foreign news, or reports of English involvement on the continent, rather than domestic affairs.”[8] [9]

Michael the Brave was a central figure of the Long War. Although not mentioned in Ingram’s study, it would be an interesting task to determine whether and to what extent the Wallachian prince is mentioned in any of “the fifty-four [English] items on the topic of the Turks recorded in the years 1591 to 1610,” of which “twenty-two relate either directly to the Long War, the state of Hungary, or Ottoman–Habsburg conflict, while numerous others allude to contemporary events.”[9] [10] Considering Prince Michael’s outstanding role in the Long War, it would be more surprising to come up empty-handed in this endeavor than to see this question answered in the affirmative. During the Long War, until his 1601 assassination, he was both an accomplished military commander and a controversial political leader.

A 1901 article called “THE JEWS OF ROUMANIA FROM THE EARLIEST TIMES TO THE PRESENT DAY,” published by the American Jewish Committee, offers a glimpse into what led Prince Michael to reject the status quo in Wallachia’s relations with the Ottoman Empire. The study explains:

With the sixteenth century came new immigrations, composed of Polish and Turkish Jews . . . This was exactly at the time when the Jews of Turkey began to play an important rôle in the State and to gain diplomatic influence at the court, in the harems, and with the pashas and the grand viziers; and the princes of Moldavia and Wallachia turned to these influential Jews to obtain the throne or to strengthen themselves in possession. Commerce with Turkey was extended, and the Jews of Constantinople and other places frequently visited the principalities. Many established themselves there permanently. But the situation of the Jews varied with the prince, and depended upon the favor which he obtained from an influential Jew or Jewess at Constantinople.[10] [11]

Before Michael the Brave came to the Wallachian throne in 1593, he had worked this corrupt system like any other ambitious contender. Upon his rise to power, however, the moneylenders who had expected to control him were fatally disappointed. The above-mentioned Jewish source notes:

In 1594 Michael the Brave of Wallachia assembled his creditors, Turks, Greeks, and Jews, and had them all massacred; and he then informed certain individuals that they would all be released from their debts. This was the signal for a general slaughter of Turks and Jews. The entire community of Bukharest [sic] perished.

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Thus began the first stage of an anti-Ottoman crusade in which Michael and the allied Moldavians “massacred the Jews wherever their armies passed . . .”[11] [12]

The final decade of the sixteenth century in Eastern Europe has been described as “the time when the fierce sword blows of the crusader Michael were striking against the Turks along the Danube,”[12] [13] and even far beyond the Danube, pushing as far south as Adrianople (today’s Erdine, Turkey). It was thus that Mina Harker could say of Count Dracula in life that he “won his name against the Turk, over the great river on the very frontier of Turkeyland.”[13] [14]

Michael the Brave, later feeling betrayed by his Hungarian allies, the Báthory princes of Transylvania, turned his attention northward and controversially conquered that Hungarian-ruled principality, with the help of the Hungarian-speaking Szeklers. His conquest of Moldavia in the northeast was similarly based on betrayal by a formerly allied principality. It was in Moldavia that he would recruit many Polish-registered Cossacks, who settled there.

Making quite a few enemies from Turkey to Central Europe, from the Jews to the Porte to the papacy, Michael was assassinated in 1601 by an Albanian-Italian mercenary general named Giorgio Basta. According to one historian of Hungary, Austria, and Slovakia during the Long War, Basta later “likely accompanied the Pope, both in a ceremonial and protective capacity,” and probably “served as an emissary to the Papal entourage” as well.[14] [15] Basta’s subsequent iron-fisted rule over Transylvania led to revolts among the Hungarian nobles and the Christian side of the Long War was then reduced to the defensive, freeing Austria from official Ottoman vassalage at a high price by 1606.

However, the Ottoman Empire still had to defend itself from the network of Cossack raiders that Michael had helped build throughout the principalities, especially in Moldavia, by enthusiastically using Cossacks in his armies. Some of these Cossacks were also registered in Poland’s army, and accordingly they dragged Poland into wars with the Turks. This would be a problem for the Porte for the duration of the infamous Thirty Years’ War in Europe (1618-1648), when the Turkish sultans had to deal with constant Cossack raids and a rebellious janissary corps – and were thus unable to take advantage of the Thirty Years’ War and strike at Vienna. In Polish historiography, this period is known as the Moldavian Magnate Wars.

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By the time they belatedly and unsuccessfully besieged Vienna in 1683, the Turks faced a new, rationalistic system of Western international law. On both sides of the English Channel, this new system of thinking about foreign affairs had been built in response to the seventeenth century’s bloody sectarian fighting within Continental Europe and in the British Isles. In this cold new order, the Ottoman rule of Hungary had no place, and the former Kingdom of Hungary was wrested from Ottoman hands by the end of that century. Thus began the two centuries of the receding of the Ottoman holdings in Southeastern Europe.

By this time, so much blood had been spilled that Michael the Brave was largely forgotten as one of the chief instigators of the Christian reconquest of Southeastern Europe on land, following the Ottoman Empire’s defeat at sea in the Battle of Lepanto (1571). In Romania, he is mostly remembered for uniting Transylvania with Wallachia and Moldavia for a brief time. His dream of a pan-Christian empire stretching from the Carpathians to the Mediterranean Sea, Orthodox in character but tolerant of Protestants and Catholics, had died with him. But it was an ideal that helped turn the tide of history in its time.

Notes

[1] [16] For the best English introduction to early Romanian history and ethnology, see A. K. Brackob, Mircea the Old: Father of Wallachia, Grandfather of Dracula (Buffalo, N.Y.: The Center for Romanian Studies, Histria Books, 2018).

[2] [17] The remarks in this essay about Ottoman war aims in relation to the principalities’ original patronage were inspired by the author’s conversations with Romanian historian Fr. Dr. Mihai-Andrei Aldea. He is the author of several published and upcoming books in Romanian.

[3] [18] Carl Schmitt, The Concept of the Political, tr. George Schwab (Chicago: The University of Chicago Press, 2007).

[4] [19] Hans Corneel De Roos, “Count Dracula’s Address and Lifetime Identity,” collected in Marius-Mircea Crișan (ed.), Dracula: An International Perspective (London: Palgrave Macmillan, 2017), pp. 95-118.

[5] [20] Radu R. Florescu & Raymond T. McNally, Dracula, Prince of Many Faces: His Life and His Times (Boston: Back Bay Books, 1989), p. 11 & 231.

[6] [21] Bram Stoker, Dracula (London: Constable & Co., 1987), chapters 3 & 18.

[7] [22] Hans Corneel De Roos, ““Bram Stoker’s Vampire Trap – Vlad the Impaler and his Nameless Double,” Linköping Electronic Articles in Computer and Information Science 14 (2012), no. 2.

[8] [23] Anders Ingram, Writing the Ottomans: Turkish History in Early Modern England (London: Palgrave Macmillan, 2015), p. 37.

[9] [24] Ibid, p. 37 (Note: The discrepancy in the spelling of “Habsburgs” is in Ingram’s original).

[10] [25] E. Schwarzfeld, “THE JEWS OF ROUMANIA FROM THE EARILIEST TIMES TO THE PRESENT DAY,” The American Jewish Year Book, Vol. 3, pp. 25-62, published by the American Jewish Committee.

[11] [26] Ibid.

[12] [27] Nicolae Iorga, tr. Laura Treptow, Byzantium After Byzantium (Portland, Or.: The Center for Romanian Studies in cooperation with the Romanian Institute of International Studies, 2000).

[13] [28] Bram Stoker, Dracula, Chapter 18.

[14] [29] Kimberly L. Craft, Infamous Lady: The True Story of Countess Erzsébet Báthory, 2nd ed. (South Charleston, S.C.: CreateSpace, 2014), p. 120.

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lundi, 12 février 2018

La sagesse biblique de Montaigne et notre actualité

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La sagesse biblique de Montaigne et notre actualité

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Fatigué des nouvelles du jour, je me remets à glaner dans tout Montaigne. Sur nos guerres protestantes, américaines, notre choc des civilisations, j’y trouve ceci :

«… je trouve mauvais ce que je vois en usage aujourd’hui, c’est-à-dire de chercher à affermir et imposer notre religion par la prospérité de nos entreprises.

Notre foi a suffisamment d’autres fondements pour qu’il ne soit pas nécessaire de fonder son autorité sur les événements. Car il y a danger quand le peuple, habitué à ces arguments plausibles et bien de son goût, voit sa foi ébranlée par des événements qui lui sont contraires et défavorables. Ainsi en est-il des guerres de religion dans lesquelles nous sommes plongés. »

Sur la société d’abondance et de consommation qui produit satiété et dépression, j’y trouve cela :

« Pensons-nous que les enfants de chœur prennent vraiment du plaisir à la musique ? La satiété la leur rend plutôt ennuyeuse. Les festins, les danses, les mascarades, les tournois réjouissent ceux qui ne les voient pas souvent, et qui désirent depuis longtemps les voir ; mais pour celui dont ils forment l’ordinaire, le goût en devient fade et même déplaisant : les femmes n’excitent plus celui qui en jouit autant qu’il veut… Celui qui n’a pas l’occasion d’avoir soif ne saurait avoir grand plaisir à boire. »

Montaigne ajoute, comme s’il pensait à nos comiques :

 “Les farces des bateleurs nous amusent, mais pour eux, c’est une vraie corvée. »

La société d’abondance ? Il la définit ainsi Montaigne :

« Il n’est rien de si ennuyeux, d’aussi écœurant que l’abondance. Quel désir ne s’émousserait d’avoir trois cent femmes à sa disposition, comme le Grand Turc dans son sérail ?

Quel désir et quelle sorte de chasse pouvait bien avoir celui de ses ancêtres qui n’y allait jamais qu’avec au moins sept mille fauconniers ? »

Sur l’espionnage par l’Etat profond, Montaigne nous rappelle tout simplement que les Grands sont plus espionnés que les petits, mais qu’ils y ont pris goût (pensez à son pessimiste ami La Boétie):

Montaigne-titre.jpg« Tout le monde redoute d’être contrôlé et épié ; les grands le sont jusque dans leurs comportements et leurs pensées, le peuple estimant avoir le droit d’en juger et intérêt à le faire. »

Pensons au harcèlement de nos pauvres peoples. A son époque c’est pire :

« Et il ne m’est jamais venu à l’idée que cela puisse constituer un quelconque avantage, dans la vie d’un homme cultivé, que d’avoir une vingtaine d’observateurs quand il est sur sa chaise percée… »

Deux siècles avant Montesquieu, Montaigne dénonce les caprices de la mode :

« La façon dont nos lois tentent de régler les folles et vaines dépenses de table et de vêtements semble avoir un effet contraire à son objet. Le vrai moyen, ce serait de susciter chez les hommes le mépris de l’or et de la soie, considérés comme des choses vaines et inutiles. Au lieu de cela, nous en augmentons la considération et la valeur qu’on leur attache, ce qui est bien une façon stupide de procéder si l’on veut en dégoûter les gens. »

La mode va vite comme la télé (cf. Virgile-Ovide) :

« Il est étonnant de voir comment la coutume, dans ces choses de peu d’importance, impose si facilement et si vite son autorité. À peine avions-nous porté du drap pendant un an à la cour, pour le deuil du roi Henri II, que déjà dans l’opinion de tous, la soie était devenue si vulgaire, que si l’on en voyait quelqu’un vêtu, on le prenait aussitôt pour un bourgeois. »

La Fontaine dira que le courtisan est un ressort. Montaigne :

« Le reste de la France prend pour règle celle de la cour.

Que les rois renoncent à cette vilaine pièce de vêtement qui montre si ostensiblement nos membres intimes, à ce balourd grossissement des pourpoints qui nous fait si différents de ce que nous sommes et si incommode pour s’armer, à ces longues tresses efféminées de cheveux… »

Montaigne vit au présent perpétuel, les ridicules qu’ils dénoncent sont donc ceux de la cité grecque d’Alan Bloom et Platon :

« Dans ses Lois, Platon estime que rien n’est plus dommageable à sa cité que de permettre à la jeunesse de changer ses accoutrements, ses gestes, ses danses, ses exercices et ses chansons, en passant d’une mode à l’autre, adoptant tantôt tel jugement, tantôt tel autre, et de courir après les nouveautés, adulant leurs inventeurs. C’est ainsi en effet que les mœurs se corrompent, et que les anciennes institutions se voient dédaignées, voire méprisées. »

Oui, il n’est pas trop réformateur, Montaigne.

Parfois il divague gentiment et il nous fait rêver avec ce qu’il a lu dans sa bibliothèque digne de Borges (voyez Guénon, Règne de la Quantité, les limites de l’histoire et de la géographie) :

« On lit dans Hérodote qu’il y a des peuples chez qui les hommes dorment et veillent par demi années. Et ceux qui ont écrit la vie du sage Épiménide disent qu’il dormit cinquante-sept ans de suite. »

Bon catholique, homme raisonnable surtout, Montaigne tape sur la Réforme, rappelant que deux siècles avant la révolution on a voulu changer les noms :

« La postérité ne dira pas que notre Réforme d’aujourd’hui a été subtile et judicieuse ; car elle n’a pas seulement combattu les erreurs et les vices, et rempli le monde de dévotion, d’humilité, d’obéissance, de paix et de toutes les vertus. Elle est aussi allée jusqu’à combattre ces anciens noms de baptême tels que Charles, Louis, François, pour peupler le monde de Mathusalem, Ézéchiel, Malachie, supposés plus imprégnés par la foi ! »

Sur ce sujet lisez son disciple Rothbard et son texte sur l’idéal communisme-millénariste des protestants, en particulier des anabaptistes.

Lire Montaigne (il dénonce le rustre son temps et sa mode efféminées !), qui nourrit Pascal, Cervantès et Shakespeare, c’est retomber dans l’enfance de la sagesse de la grande civilisation européenne aujourd’hui engloutie. Une sagesse biblique un rien sceptique, héritée de Salomon, plus sympathique que celle du sinistre Francis Bacon, qui triompha avec son Atlantide scientiste et son collège d’experts en folles manipulations psychologiques, génétiques et même agronomiques (lisez-le pour ne pas rire). Montaigne a moins voulu nous prévenir contre la tradition que contre cette folle quantité de coutumes, de modes et de snobismes qui s’imposeraient dans notre monde moderne déraciné.

On le laisse nous remettre chrétiennement à notre place (apologie de Raymond Sebond) :

« Le moyen que j’utilise pour combattre cette frénésie, celui qui me semble le plus propre à cela, c’est de froisser et fouler aux pieds l’orgueil et la fierté humaine. Il faut faire sentir à ces gens-là l’inanité, la vanité, et le néant de l’homme, leur arracher des mains les faibles armes de la raison, leur faire courber la tête et mordre la poussière sous le poids de l’autorité et du respect de la majesté divine. Car c’est à elle, et à elle seule qu’appartiennent la connaissance et la sagesse… »

Voilà pour le paganisme aseptisé de nos couillons de nos manuels scolaires !

Ou bien (Essais, I, L) :

« Je ne pense pas qu’il y ait en nous autant de malheur que de frivolité, autant de méchanceté que de bêtise ; nous sommes moins remplis de mal que d’inanité, nous sommes moins malheureux que vils. »

A transmettre à Davos. Et comme on parlait du roi Salomon, on citera ses proverbes :

« La gloire de Dieu est de cacher une chose, et la gloire des rois est de sonder une chose. »

Enfin pour  faire lire et relire Montaigne je prends plaisir à recommander l’édition-traduction de Guy de Pernon, que j’ai trouvée juteuse et agréable, presque autant que le légendaire texte original (ebooksgratuits.com).

jeudi, 09 novembre 2017

Les quatre scandales de Machiavel...

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Les quatre scandales de Machiavel...

par Robert Redeker

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un article de Robert Redeker, cueilli sur son journal en ligne, La Vanvole, et consacré à Machiavel et à son traité Le Prince. Philosophe, Robert Redeker a dernièrement publié L'éclipse de la mort (Desclée de Brouwer, 2017).

Les quatre scandales de Machiavel

La puissance et la vérité de la pensée de Machiavel (1469-1527) sont intimement liées au caractère scandaleux de son maître-ouvrage Le Prince. De fait, peu de noms sont aussi maudits que le sien. La malédiction commença tôt. Dès les années 1540-1550 les camps catholiques et protestants s’entre-attribuent polémiquement la paternité de ce livre, accusé d’athéisme. On se lance le nom de Machiavel à la figure, en guise d’injure: l’adversaire serait machiavélique, ses idées seraient celles du secrétaire florentin. Son nom fixe les haines : le machiavélisme est, au choix, l’anglicanisme, le calvinisme, l’athéisme, le jésuitisme, le gallicanisme, l’averroïsme; il est toujours l’Autre dans ce qu’on imagine de pire. De son côté, l’intolérance de la Contre-Réforme se convainc que Le Prince a été écrit de la main même de Satan, conduisant le concile de Trente à le mettre à l’index ; il en suivra des autodafés un peu partout en Europe jusqu’au milieu du XVIIème siècle. En 1615, à Ingolstadt, on élève un bûcher pour y brûler en place publique l’effigie de Machiavel. Des nuées de théologiens, catholiques et réformés, parcourent le vieux continent clamant urbi et orbi que Machiavel est une incarnation du Diable, qu’il s’est échappé de l’enfer pour perdre l’humanité, errant à cette sinistre fin de pays en pays. On torture son nom en quête de l’aveu de son origine diabolique: Match-evill, Matchivell, “ Match-evill, that evill none can match ” répète-t-on. En France l’antimachiavélisme se développe sous les couleurs de l’italianophobie, de l’aversion suscitée par la princesse Catherine de Médicis et son entourage. En Italie, Machiavel est haï pour d’autres raisons : il accusé de justifier un pouvoir se constituant aux dépens de la richesse, de la morale et de la religion. Multiforme, la haine antimachiavélienne poursuit sa course de nos jours.

Imaginons qu’un mage de foire nous offre l’occasion de remonter le temps – l’inverse des Visiteurs – jusqu’au XVIème siècle. Que verrions-nous ?  Une époque agitée et terrible ! Un temps tourmenté, violent, créatif ! Fils de petite noblesse, Nicolas Machiavel commence à exercer des responsabilités après l’épisode Savonarole, qui, postérieurement à son excommunication par le pape Alexandre VI, fut condamné à la pendaison suivi du bûcher en 1498. L’aventure politique de Jérôme Savonarole, moine exalté et fanatique dont le gouvernement théocratique culmina dans l’organisation d’un “ bûcher des vanités ” destiné à consumer dans les flammes toutes les richesses “ superflues ”, y compris les instruments de musique, les œuvres d’art et les poèmes de Pétrarque, de Florence en 1497, marqua puissamment Machiavel qui en tira la leçon selon laquelle “ tous les prophètes désarmés furent vainqueurs, et les désarmés déconfits ”. Savonarole fut un “ prophète désarmé ”, n’ayant pu, de ce fait, conserver le pouvoir obtenu au gré de circonstances exceptionnelles. Machiavel commence sa carrière officielle de secrétaire politique et de diplomate quelques jours après le supplice de Savonarole. Cette existence de secrétariat et d’ambassade, dangereuse au sein de jeux politiques aussi subtils que cruels où l’erreur se paie comptant, lui fournit le terrain d’observation d’où jaillira son œuvre. Il composa ses livres politiques  pendant sa période d’éloignement forcé de la vie publique, entre 1512, année de l’écroulement de la république, et 1526, année où, il se met au service de la famille Médicis. Quel homme rencontrons-nous grâce à ce voyage rétrospectif? Pas le diable assurément, n’en déplaise aux sombres fanatiques et à leurs autodafés. Pas non plus un théoricien – un philosophe au sens de l’antiquité classique ou de l’intellectuel médiéval – ni un héros ou un prince, mais un observateur désabusé et un diplomate fidèle.

Que trouve-ton dans Le Prince, réputé le bréviaire des méchants ? Essentiellement de l’histoire naturelle prenant pour objet non les plantes et les animaux, mais l’univers de la politique. Les postures religieuses s’intègrent à leur tour dans la description en termes d’histoire naturelle. Un prince doit paraître posséder les qualités exigées par la religion – “ faisant beau semblant de les avoir, elles sont profitables ” – tout en évitant de les pratiquer trop scrupuleusement, car alors elles deviendraient nuisibles, conduisant à la perte. Histoire, dans “ histoire naturelle ”, se dit au sens grec de description et enquête: description froide et désillusionnée de la conduite des affaires politiques. Pourtant, Machiavel se sépare des Grecs. Dans Les Parties des animaux, Aristote inventa l’histoire naturelle, dont Machiavel suit l’esprit si ce n’est la méthode. Cependant, Aristote appliqua à toute la nature la notion de finalité, ce qui faussa son regard, quand, parallèlement, il mit à part de l’histoire naturelle les activités humaines tenues pour les plus hautes, l’éthique et la politique. Machiavel fait sauter ces deux verrous : d’un côté, il décrit ce monde politique comme si nulle finalité autre que la soif de pouvoir n’existait, et de l’autre, son regard de naturaliste porte beaucoup plus loin que celui d’Aristote, puisqu’il intègre dans sa logique quasi mécanique, l’univers de l’existence collective des hommes. Que les Borgia et les Médicis agissent comme il le firent, voilà qui est dans l’ordre de la nature!

Il appuie ses analyses sur une idée de l’homme issue de l’observation, non sur un présupposé métaphysique radical comme le feront Hobbes et Rousseau. Sur une anthropologie en situation. Qu’est-ce que l’homme ? Regardez-le en situation, observez-le dans les intrigues de cabinet, les empoisonnements de banquets,  dans l’assaut d’une cité ou bien la défense d’une place forte, vous en apprendrez plus sur lui que dans les traités des philosophes et des théologiens ! Mais justement, regarder et observer sont des activités difficiles – il faut, pour y voir, pour ne point avoir la berlue, s’être guéri de la métaphysique et de morale, avoir jeté par-dessus bord tous ces filtres empêchant d’apercevoir la logique des choses. Le premier grand scandale que causa Le Prince, qu’il continue de causer, réside dans cette posture : écrire une histoire naturelle des activités humaines tenues pour les plus élevées, une histoire naturelle de la politique.

Le contenu du Prince s’éclaire par ce choix initial – décrire sans juger. Nous ne sommes plus, en cette première décennie du XVIème siècle, dans l’Antiquité, où la politique s’articulait intimement à l’éthique (Aristote, Platon), ni au Moyen Age, où elle s’ordonnait à Dieu, s’articulant à la théologie. En même temps, nous sommes pas encore dans la modernité,  où la politique trouvera une configuration différente comme expression et organisation de la justice (de Rousseau à Rawls en passant par Marx). Machiavel occupe une position singulière dans cet entre-deux ères. La Renaissance est un mouvement de retour à l’antique ; le secret de Machiavel est de prendre des exemples dans l’Antiquité pour développer une conception de la politique a-éthique que l’Antiquité aurait repoussée,  impensable dans l’univers gréco-romain. De ce point de vue, Machiavel n’est pas un homme de la renaissance italienne! Pas plus qu’un homme d’une autre époque – il n’est pas pour autant un homme de tous les temps, mais un type anthropologique que Nietzsche aurait appelé “ un intempestif ”, un homme à contre-temps.

Que dit-il, cet intempestif, dans Le Prince ? Le politique doit se conduire selon une exacte observation des hommes. Les “ hommes changent volontiers de maître, pensant rencontrer mieux ”. Cette propension à la versatilité explique l’instabilité des régimes tout en procurant une leçon de politique : il faut toujours être sur ses gardes, nul pouvoir ne se possédant définitivement. Des traits constants dessinent l’humanité : “ les hommes se doivent ou se caresser ou s’occire ; car ils se vengent des légères injures, et des grandes ils ne peuvent ; de sorte que le tort qui se fait à l’homme doit être tel qu’on n’en craigne point la vengeance… ”. Ou bien : “ c’est certes chose fort ordinaire, et selon nature, que le désir de conquérir ”. Et ceci : “ les hommes hésitent moins à nuire à un homme qui se fait aimer qu’à un autre qui se fait redouter ”. Les événements surviennent non en fonction d’une finalité ou de la volonté de Dieu, mais d’une logique aussi observable que celle guidant les comportements humains. Sur cette logique des événements, Machiavel est disert : “ une guerre ne se peut éviter, mais seulement se  diffère à l’avantage d’autrui ”. Ou encore : “ celui qui est cause qu’un autre devient puissant se ruine lui-même ”, ainsi “ causant en Italie la grandeur du Pape et de l’Espagne, les Français y ont causé leur propre ruine ”. La logique des armes mercenaires : “ si on perd on reste battu, et si on gagne on demeure leur prisonnier ”. Logique aussi : “ la haine s’acquiert autant par les bonnes œuvres que par les mauvaises ” par suite le prince, pour conserver ses Etats “ est souvent contraint de n’être pas bon ”.

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Et le prince, figure passagère de l’éternel politique, comment l’envisager ? On peut se faire prince par talent (tel François Sforza), on le peut par fortune (tel César Borgia). Le fondement de la politique repose dans la guerre (Julien Freund et Carl Schmitt le retiendront) : “ un prince ne doit avoir ni autre objet ni autre penser, ni prendre autre matière à cœur que le fait de la guerre et l’organisation militaire ”. Le prince doit savoir imiter et le lion et le renard : “  être renard pour connaître les filets, et lion pour connaître les loups ”. Toute l’attention du prince doit se porter sur les sentiments du peuple à son endroit. L’énoncé “ qui devient prince par l’aide du peuple, il le doit toujours maintenir en amitié ” en appelle un autre, encore plus important : tout prince “ doit sur toutes choses chercher à gagner à soi le peuple ”. Ne voyons pas ici le concept moderne de peuple, un sujet politique; le peuple s’identifie à la plèbe, une force passionnelle. Un conseil en découle:  “ les princes doivent faire tenir par d’autres les rôles qui attirent rancune, mais ceux qui apportent reconnaissance les prendre pour eux-mêmes ”. La politique est la guerre entre les loups, pas la guerre contre la plèbe. Ainsi la pensée de Machiavel se situe-telle à mille lieues de la tyrannie anti-populaire, de la dictature et du totalitarisme. Elle n’est pas non plus une utopie, forme pensée pour la première fois par un contemporain de Machiavel, Thomas More. L’utopie est totalitaire, tandis que la principauté machiavélienne est un lieu de violence parce que la liberté du désir de conquête ne peut jamais être contenue définitivement.

Pourquoi tant de haine contre Machiavel ? Son livre convoque à paraître une vérité dont l’humanité veut ignorer l’existence sans pouvoir l’éloigner de ses yeux. Quelque chose dont le germe ou le grain sommeille en chacun de nous, hommes et femmes ordinaires. Quelle chose? Ni héros grec, ni monarque médiéval oint de Dieu, le prince machiavélien n’est pas d’une autre nature; il est chacun d’entre nous, possédant l’anneau de Gygès, il fait ce que nous ferions tous dans des circonstances analogues, et, il est aussi ce que nous faisons en petit, chacun d’entre nous, en dehors de la politique, chaque jour. Le prince, c’est l’homme ordinaire en grand, l’homme ordinaire libéré. Le second scandale de l’œuvre de Machiavel se dévoile: le prince n’est personne d’autre que chacun d’entre nous. La révélation de notre parenté secrète avec le prince rend Machiavel insupportable. En décrivant la politique, Machiavel nous tend un miroir, renvoyant une image si vraie et si difforme de nous-mêmes que nous ne la supportons pas.

Mais peut-être la haine se justifie-t-elle de la définitive déception que la vérité machiavélienne adresse à toutes les illusions humaines ? Dans ce cas, la haine anti-machiavélienne serait comparable à la haine anti-freudienne. La Bible et le Capital dessinent conjointement un horizon de salut, livres prophétiques promettant à l’humanité la fin de la vallée des larmes, un avenir radieux. Le Prince au contraire ne promet rien. Si gît une prophétie en lui, elle s’appelle répétition : dans le futur, se répétera ce que nous avons sous les yeux, qui s’est déjà produit. Ecoutons-le : “ les hommes marchent toujours par les chemins frayés par d’autres […] ils se gouvernent en leurs faits par imitation ”. Les cités changent, les techniques progressent, les hommes se répètent. Cette répétition ne repose nullement sur l’affirmation d’une nature humaine – ce qui serait de la métaphysique, tour d’esprit éloigné de Machiavel – mais sur la considération de la logique des situations humaines et des passions qui les investissent – ce qui est une mécanique des forces et des passions. Ce point de vue sur l’homme est beaucoup plus subtil qu’un banal pessimisme anthropologique. L’homme est toujours en situation, donc il est toujours méchant. Il est méchant, et non mauvais – mauvais est un terme de morale, renvoyant à une essence, un jugement n’entrant pas dans la perspective machiavélienne, tandis que méchant demeure un  terme descriptif, suggérant qu’il ne peut en aller autrement. Se montre alors le troisième scandale de Machiavel: le mal n’est pas condamnable, puisque, loin de résulter d’une mauvaise nature des hommes (écho du  péché originel), il suit de la logique situationnelle s’imposant à eux. L’homme n’est pas mauvais, il est méchant: la méchanceté est constante sans pour autant être de nature.

Machiavel prend place dans la galerie des auteurs tenus à jamais pour ennemis de l’humanité. Et cela, du fait que sa pensée n’est en aucune façon sauvable par la morale ou l’optimisme anthropologique. Il est beaucoup plus désespérant que Hobbes, chez qui le contrat neutralise la méchanceté, spontanée plutôt que naturelle, de l’homme. Au contraire, cette méchanceté spontanée forme chez Machiavel la matière sur laquelle travaille le politique. Elle est la toile dans laquelle la politique taille son habit (la cité, l’Etat). Tandis que chez Hobbes la politique inhibe cette méchanceté, chez Machiavel elle se sert de cette méchanceté comme le sculpteur se sert du marbre pour sa statue. Ici se présente le quatrième scandale de Machiavel: la politique ne promet aucune rédemption de la méchanceté, mais sa reconduction à l’infini.

Nulle doctrine politique ne se trouve dans Le Prince. Plus: on n’y rencontre aucune critique directe des théories politiques existantes. Machiavel est un penseur politique sans philosophie politique. Construit sur ce vide philosophique, son ouvrage est une éclaircie, un dévoilement : la clairière de la politique. Elle livre à la visibilité la pure politique. Avant Machiavel, la politique était recouverte par des philosophies, des mythes, des religions, des considérations morales; elle demeurait invisible. La pensée politique – sous la forme des philosophies politiques – empêchait de voir et regarder la politique dans son effectivité (“ il m’a semblé plus convenable de suivre la vérité effective de la chose que son imagination ”). Après lui, après l’émergence de l’Etat moderne comme solution aux déchirements de l’Europe, se développeront les idéologies politiques, le progressisme, le marxisme, l’anarchisme, le libéralisme, tout un ensemble de dispositifs théoriques qui, du point de vue de la connaissance de la politique, reviendront au même que celui qui précéda Machiavel, empêcher de voir. L’œuvre de Machiavel est l’éclaircie entre deux nuits politiques, deux périodes où la politique tout en continuant de se pratiquer est occultée par les philosophies politiques. L’absence de philosophie politique conditionne l’accès à la vérité.

Les quatre scandales du Prince de Machiavel (la politique traitée comme une histoire naturelle; l’identité entre le prince et chacun de nous; l’homme étant méchant sans être mauvais; aucun horizon de rédemption ne se dégageant de la politique) se ramènent à un seul: Machiavel rend visible par l’écriture ce qui est fait pour ne pas être regardé, pour demeurer caché. Comme la nature selon Héraclite, la politique, en son essence, aime à se cacher,  à se rendre invisible derrière ces voiles que sont les doctrines, les idéologies, les philosophies. L’écriture de Machiavel est analogue à la peinture, occupée à rendre visible l’invisible. Mais Le Prince peint ce qu’il ne faut pas peindre, visibilise ce qui, par nature, répugne à la visibilité: la politique. D’où son éternel scandale : demain comme hier.

Robert Redeker (La Vanvole, 21 juin 2017)

vendredi, 03 novembre 2017

500 jaar Untergang des Abendlandes

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500 jaar Untergang des Abendlandes

door Rik Van Goor

Ex: http://www.novini.nl

Gisteren zou precies vijfhonderd jaar geleden de Reformatie hebben plaatsgevonden. Het begin zou het apocriefe spijkeren van 95 stellingen op de deur van de slotkapel van Wittenberg zijn geweest, door een zekere Maarten Luther. Zoals gezegd, de gebeurtenis is apocrief. En zelfs het aantal stellingen wordt betwist. Immers, de eerste versie, die van de 95 stellingen kon nauwelijks ‘protestants’ worden genoemd, zodat men de radicalere en latere versie, die van 97 of zelfs van 99 stellingen liever voor ogen houdt in de kritiek op de katholieke Kerk van toen en van nu.

Dat we vandaag de dag zo uitgebreid stilstaan bij een ‘reformatie’ van vijfhonderd jaar geleden is onderdeel van een ziekte die sinds de negentiende eeuw over ons is gekomen en die door de historicus Eric Hobsbawm werd aangeduid met de term ‘invented tradition’: uitgevonden of geconstrueerde traditie. In elkaar geknutseld om volkeren en culturen een (alternatieve) identiteit te verschaffen. Niet alleen om ze steeds te laten stilstaan bij een verleden, maar ook om ze zo te doen beseffen hoe ver vrijheid, vooruitgang en ontwikkeling zijn voortgeschreden om ons te bevrijden van achterlijkheid, middeleeuwsigheid en allerlei kwaad.

Volksliederen werden gecomponeerd, feestdagen ingevoerd en in Nederland werd een term als de Tachtigjarige Oorlog geïntroduceerd door de liberale historicus Robert Fruin. Sprookjes van burgerlijkheid, Hollandse koopmansgeest en een ‘Gouden Eeuw’ werden via school en academie en protestantse kansels over de hoofden van het volk heengegoten.

In Duitsland deed men daar niet voor onder. En één van de sprookjes die men daar formuleerde was die van ‘het protestantisme’. Waar in de zestiende en zeventiende eeuw lutheranen, calvinisten en doopsgezinden elkaar als ketters beschouwden en verder geen enkele belangstelling in elkaar hadden, kwamen de liberale theologen met de vlag ‘protestantisme’. In de oorlog tegen de katholieke Kerk werden lutherse en calvinistische ‘protestanten’ samengesmeed tot ‘protestanten’ die tezamen het nog verse nationalisme, liberalisme, de vooruitgang en Pruisische hegemonie moeten vooruitstuwen en versterken. Een klimaat werd geschapen waarin de geschiedenis werd gezien in een opgaande lijn, via het achterlijke jodendom (de term ‘woestijngodsdienst’ werd toen gemunt), via het achterlijke katholicisme naar het superieure cultuurchristendom van het moderne protestantisme.

Wat is en wat was protestantisme? Eigenlijk niets substantieels. Het is vooral een term die aanduidde en aanduidt wat men níet wil zijn: Rooms-katholiek. Het is zoals met ‘atheïsme’: men formuleert de eigen positie c.q. identiteit met datgene waar men tegen is, namelijk het godsgeloof dat men verwerpt. Of een nog actueler voorbeeld is een term uit de transgenderbeweging: ‘non-binair’: men is geen van beide (man of vrouw) en dat is dan de ‘seksuele’ identiteit. Zo is het ook met protestantisme: men is iets niet, en alles wat fout is projecteert men op dit grote ‘Niet’ om zo alles wat goed is zichzelf toe te eigenen.

De keuze voor Luther is niet slechts historisch bepaald. Ironisch genoeg laat ze zien hoe moderne ‘protestanten’ zijn vervreemd van hun werkelijke traditie, zoals die van het calvinisme. Een keuze voor Luther bevestigt de streep die menig ‘protestant’ door zijn of haar eigen geloof heeft gezet. Het is tevens een streep door de afzwakkingen van latere lutheranen, zoals Melanchton, van de leer van Luther die zelfs voor hen te gortig was.

En Luther was gortig. Het verstand was volgens hem een ‘hoer’, er is geen goede schepping of zoiets als scheppingsordeningen of natuurwetten die het goede leven in zich bergen. Er is geen universele Kerk of Europese geloofsgemeenschap: er is geen Avondland. Er zijn slechts subjecten die zich moeten onderwerpen aan machten, zoals die van de overheid en een ondergeschikte kerk. Er is het gevoel en het besef dat er grenzen nodig zijn: constructies om de mens in toom te houden, zoals vervat in wetten of dogmatieken.

Met de breuk die Luther sloeg in de Avondlandtraditie werd de eenheid van Europa, van het leven opgeheven, werd het evenwicht tussen de terreinen van het leven verstoord ten gunste van de macht van de politiek en de machthebbers. Ontevreden boeren werden het ene moment door Luther opgejut in opstand te komen om meteen daarna door hem verraden te worden door zich achter de machthebbers te stellen die de opstandige boeren afmaakten.

Wat een incident had kunnen zijn, werd illustratief voor de consequentieloosheid van zijn theologie die de revolutie en repressie van de ontluikende klassenstrijd zowel kon stimuleren als afremmen. De eenheid was weg en de dialectiek van Wet en Evangelie, totale verdorvenheid en genade baande de weg voor de typische Duitse geest van de negentiende eeuw die alleen nog maar kon denken in dialectiek en grootse en diepgaande tegenstellingen. Men denke aan Hegel en Marx, maar ook aan Nietzsche.

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De erfenis van Luther manifesteerde zich al vrij snel na zijn dood enerzijds in sentimentaliteit c.q. piëtisme, en anderzijds in de doodse rationaliteit van het dogmatisme: de voorlopers van Romantiek en Verlichting. De eenheid van het levensgevoel was weg, de ziel werd tot centrifuge en de harmonie van het klassieke christendom moest het onderspit delven. Politiek gezien werd het Duitsland van Luther het bruggenhoofd van de opkomende machtspolitiek van Hobbes. Waar deze in Engeland werd bestreden door zowel katholieken als calvinisten, kreeg zijn loutere machtsdenken weerklank in Duitsland en via Duitsland in Nederland. Zoals de historicus E.H. Kossmann uitvoerig heeft beschreven.

Het fijnzinnige politieke denken van klassieke denkers als Althusius, maar ook van de Spaanse school van Salamanca, werd teniet gedaan door een steriel staatsalmachtsdenken dat via lutherse streken de weg vrijmaakte voor verlichte despoten, grootschalige oorlogen en bureaucratische apparaten: moreel blind en blind voor ‘Gott oder Teufel’ (cf. Max Weber).

Vijfhonderd jaar ‘Reformatie’ is dan ook vijfhonderd jaar ondergang van het Avondland. Wie dat viert, maar ondertussen wel Spengler heeft aangeschaft (ook zo’n hype, net als 500 jaar Reformatie en vele andere hypes) of een conservatieve treurzang doet klinken over de ondergang van ons Westen, heeft dan vermoedelijk ook een gaatje in het hoofd. Waarschijnlijk die van de spijker die bij het aantimmeren van kweetniethoeveel stellingen te ver is doorgetimmerd en tot een typisch Avondlandse hersenbeschadiging heeft geleid.

jeudi, 02 novembre 2017

Messianic Communism in the Protestant Reformation

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Messianic Communism in the Protestant Reformation

[This article is excerpted from An Austrian Perspective on the History of Economic Thought, vol. 1, Economic Thought Before Adam Smith.]

Communist Zealots: the Anabaptists

Sometimes Martin Luther must have felt that he had loosed the whirlwind, even opened the gates of Hell. Shortly after Luther launched the Reformation, various Anabaptist sects appeared and spread throughout Germany. The Anabaptists believed in predestination of the elect, but they also believed, in contrast to Luther, that they knew infallibly who the elect were: i.e., themselves. The sign of that election was in an emotional, mystical conversion process, that of being “born again,” baptized in the Holy Spirit. Such baptism must be adult and not among infants; more to the point, it meant that only the elect are to be sect members who obey the multifarious rules and creeds of the Church. The idea of the sect, in contrast to Catholicism, Lutheranism, or Calvinism, was not comprehensive Church membership in the society. The sect was to be distinctly separate, for the elect only.

Given that creed, there were two ways that Anabaptism could and did go. Most Anabaptists, like the Mennonites or Amish, became virtual anarchists. They tried to separate themselves as much as possible from a necessarily sinful state and society, and engaged in nonviolent resistance to the state’s decrees.

The other route, taken by another wing of Anabaptists, was to try to seize power in the state and to shape up the majority by extreme coercion: in short, ultratheocracy. As Monsignor Knox incisively points out, even when Calvin established a theocracy in Geneva, it had to pale beside one which might be established by a prophet enjoying continuous, new, mystical revelation.

As Knox points out, in his usual scintillating style: 

in Calvin’s Geneva … and in the Puritan colonies of America, the left wing of the Reformation signalized its ascendancy by enforcing the rigorism of its morals with every available machinery of discipline; by excommunication, or, if that failed, by secular punishment. Under such discipline sin became a crime, to be punished by the elect with an intolerable self-righteousness…

I have called this rigorist attitude a pale shadow of the theocratic principle, because a full-blooded theocracy demands the presence of a divinely inspired leader or leaders, to whom government belongs by right of mystical illumination. The great Reformers were not, it must be insisted, men of this calibre; they were pundits, men of the new learning…1

And so one of the crucial differences between the Anabaptists and the more conservative reformers was that the former claimed continuing mystical revelation to themselves, forcing men such as Luther and Calvin to fall back on the Bible alone as the first as well as the last revelation.

The first leader of the ultratheocrat wing of the Anabaptists was Thomas Müntzer (c. 1489–1525). Born into comfort in Stolberg in Thuringia, Müntzer studied at the Universities of Leipzig and Frankfurt, and became highly learned in the scriptures, the classics, theology, and in the writings of the German mystics. Becoming a follower almost as soon as Luther launched the Reformation in 1520, Müntzer was recommended by Luther for the pastorate in the city of Zwickau. Zwickau was near the Bohemian border, and there the restless Müntzer was converted by the weaver and adept Niklas Storch, who had been in Bohemia, to the old Taborite doctrine that had flourished in Bohemia a century earlier. This doctrine consisted essentially of a continuing mystical revelation and the necessity for the elect to seize power and impose a society of theocratic communism by brutal force of arms. Furthermore, marriage was to be prohibited, and each man was to be able to have any woman at his will.

The passive wing of Anabaptists were voluntary anarchocommunists, who wished to live peacefully by themselves; but Müntzer adopted the Storch vision of blood and coercion. Defecting very rapidly from Lutheranism, Müntzer felt himself to be the coming prophet, and his teachings now began to emphasize a war of blood and extermination to be waged by the elect against the sinners. Müntzer claimed that the “living Christ” had permanently entered his own soul; endowed thereby with perfect insight into the divine will, Müntzer asserted himself to be uniquely qualified to fulfil the divine mission. He even spoke of himself as “becoming God.” Abandoning the world of learning, Müntzer was now ready for action.

In 1521, only a year after his arrival, the town council of Zwickau took fright at these increasingly popular ravings and ordered Müntzer’s expulsion from the city. In protest, a large number of the populace, in particular the weavers, led by Niklas Storch, rose in revolt, but the rising was put down. At that point, Müntzer hied himself to Prague, searching for Taborite remnants in the capital of Bohemia. Speaking in peasant metaphors, he declared that harvest time is here, “so God himself has hired me for his harvest. I have sharpened my scythe, for my thoughts are most strongly fixed on the truth, and my lips, hands, skin, hair, soul, body, life curse the unbelievers.” Müntzer, however, found no Taborite remnants; it did not help the prophet’s popularity that he knew no Czech, and had to preach with the aid of an interpreter. And so he was duly expelled from Prague.

After wandering around central Germany in poverty for several years, signing himself “Christ’s messenger,” Müntzer in 1523 gained a ministerial position in the small Thuringian town of Allstedt. There he established a wide reputation as a preacher employing the vernacular, and began to attract a large following of uneducated miners, whom he formed into a revolutionary organization called “The League of the Elect.”

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A turning point in Müntzer’s stormy career came a year later, when Duke John, a prince of Saxony and a Lutheran, hearing alarming rumours about him, came to little Allstedt and asked Müntzer to preach him a sermon. This was Müntzer’s opportunity, and he seized it. He laid it on the line: he called upon the Saxon princes to make their choice and take their stand, either as servants of God or of the Devil. If the Saxon princes are to take their stand with God, then they “must lay on with the sword.” “Don’t let them live any longer,” counselled our prophet, “the evil-doers who turn us away from God. For a godless man has no right to live if he hinders the godly.” Müntzer’s definition of the “godless,” of course, was all-inclusive. “The sword is necessary to exterminate” priests, monks and godless rulers. But, Müntzer warned, if the princes of Saxony fail in this task, if they falter, “the sword shall be taken from them … If they resist, let them be slaughtered without mercy….” Müntzer then returned to his favorite harvest-time analogy: “At the harvest-time, one must pluck the weeds out of God’s vineyard … For the ungodly have no right to live, save what the Elect chooses to allow them…. “In this way the millennium, the thousand-year Kingdom of God on earth, would be ushered in. But one key requisite is necessary for the princes to perform that task successfully; they must have at their elbow a priest/prophet (guess who!) to inspire and guide their efforts.

Oddly enough for an era when no First Amendment restrained rulers from dealing sternly with heresy, Duke John seemed not to care about Müntzer’s frenetic ultimatum. Even after Müntzer proceeded to preach a sermon proclaiming the imminent overthrow of all tyrants and the beginning of the messianic kingdom, the duke did nothing. Finally, under the insistent prodding of Luther that Müntzer was becoming dangerous, Duke John told the prophet to refrain from any provocative preaching until his case was decided by his brother, the elector.

“The clergy, which constituted the ruling elite of the state, exempted themselves from taxation while imposing very heavy taxes on the rest of the populace.”

This mild reaction by the Saxon princes, however, was enough to set Thomas Müntzer on his final revolutionary road. The princes had proved themselves untrustworthy; the mass of the poor were now to make the revolution. The poor were the elect, and would establish a rule of compulsory egalitarian communism, a world where all things would be owned in common by all, where everyone would be equal in everything and each person would receive according to his need. But not yet. For even the poor must first be broken of worldly desires and frivolous enjoyments, and must recognize the leadership of a new “servant of God” who “must stand forth in the spirit of Elijah … and set things in motion.” (Again, guess who!)

Seeing Saxony as inhospitable, Müntzer climbed over the town wall of Allstedt and moved in 1524 to the Thuringian city of Muhlhausen. An expert in fishing in troubled waters, Müntzer found a friendly home in Muhlhausen, which had been in a state of political turmoil for over a year. Preaching the impending extermination of the ungodly, Müntzer paraded around the town at the head of an armed band, carrying in front of him a red crucifix and a naked sword. Expelled from Muhlhausen after a revolt by his allies was suppressed, Müntzer went to Nuremberg, which in turn expelled him after he published some revolutionary pamphlets. After wandering through southwestern Germany, Müntzer was invited back to Muhlhausen in February 1525, where a revolutionary group had taken over.

Thomas Müntzer and his allies proceeded to impose a communist regime on the city of Muhlhausen. The monasteries were seized, and all property was decreed to be in common, and the consequence, as a contemporary observer noted, was that “he so affected the folk that no one wanted to work.” The result was that the theory of communism and love quickly became in practice an alibi for systemic theft:

when anyone needed food or clothing he went to a rich man and demanded it of him in Christ’s name, for Christ had commanded that all should share with the needy. And what was not given freely was taken by force. Many acted thus … Thomas [Müntzer] instituted this brigandage and multiplied it every day.2

At that point, the great Peasants’ War erupted throughout Germany, a rebellion launched by the peasantry in favor of their local autonomy and in opposition to the new centralizing, high-tax, absolutist rule of the German princes. Throughout Germany, the princes crushed the feebly armed peasantry with great brutality, massacring about 100,000 peasants in the process. In Thuringia, the army of the princes confronted the peasants on May 15 with a great deal of artillery and 2,000 cavalry, luxuries denied to the peasantry. The landgrave of Hesse, commander of the princes’ army, offered amnesty to the peasants if they would hand over Müntzer and his immediate followers. The peasants were strongly tempted, but Müntzer, holding aloft his naked sword, gave his last flaming speech, declaring that God had personally promised him victory; that he would catch all the enemy cannon balls in the sleeves of his cloak; that God would protect them all. Just at the strategic moment of Müntzer’s speech, a rainbow appeared in the heavens, and Müntzer had previously adopted the rainbow as the symbol of his movement. To the credulous and confused peasantry, this seemed a veritable sign from Heaven. Unfortunately, the sign didn’t work, and the princes’ army crushed the peasants, killing 5,000 while losing only half a dozen men. Müntzer himself fled and hid, but was captured a few days later, tortured into confession, and then executed.

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Thomas Müntzer and his signs may have been defeated, and his body may have moldered in the grave, but his soul kept marching on. Not only was his spirit kept alive by followers in his own day, but also by Marxist historians from Engels to the present day, who saw in this deluded mystic an epitome of social revolution and the class struggle, and a forerunner of the chiliastic prophesies of the “communist stage” of the supposedly inevitable Marxian future.

The Müntzerian cause was soon picked up by a former disciple, the bookbinder Hans Hut. Hut claimed to be a prophet sent by God to announce that at Whitsuntide, 1528, Christ would return to earth and give the power to enforce justice to Hut and his following of rebaptized saints. The saints would then “take up double-edged swords” and wreak God’s vengeance on priests, pastors, kings and nobles. Hut and his followers would then “establish the rule of Hans Hut on earth,” with Muhlhausen as the favored capital. Christ was then to establish a millennium marked by communism and free love. Hut was captured in 1527 (before Jesus had had a chance to return), imprisoned at Augsburg, and killed trying to escape. For a year or two, Huttian followers kept emerging, at Augsburg, Nuremberg, and Esslingen, in southern Germany, threatening to set up their communist Kingdom of God by force of arms. But by 1530 they were smashed and suppressed by the alarmed authorities. Müntzerian-type Anabaptism was now to move to northwestern Germany.

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Totalitarian Communism in Münster

Northwestern Germany in that era was dotted by a number of small ecclesiastical states, each run by a prince-bishop. The state was run by aristocratic clerics, who elected one of their own as bishop. Generally, these bishops were secular lords who were not ordained. By bargaining over taxes, the capital city of each of these states had usually wrested for itself a degree of autonomy. The clergy, which constituted the ruling elite of the state, exempted themselves from taxation while imposing very heavy taxes on the rest of the populace. Generally, the capital cities came to be run by their own power elite, an oligarchy of guilds, which used government power to cartellize their various professions and occupations.

The largest of these ecclesiastical states in northwest Germany was the bishopric of Münster, and its capital city of Münster, a town of some 10,000 people, was run by the town guilds. The Münster guilds were particularly exercised by the economic competition of the monks, who were not forced to obey guild restrictions and regulations.

During the Peasants’ War, the capital cities of several of these states, including Münster, took the opportunity to rise in revolt, and the bishop of Münster was forced to make numerous concessions. With the crushing of the rebellion, however, the bishop took back the concessions, and reestablished the old regime. By 1532, however, the guilds, supported by the people, were able to fight back and take over the town, soon forcing the bishop to recognize Münster officially as a Lutheran city.

It was not destined to remain so for long, however. From all over the northwest, hordes of Anabaptist enthusiasts flooded into Münster, seeking the onset of the New Jerusalem. From the northern Netherlands came hundreds of Melchiorites, followers of the itinerant visionary Melchior Hoffmann. Hoffmann, an uneducated furrier’s apprentice from Swabia in southern Germany, had for years wandered through Europe preaching the imminence of the Second Coming, which he had concluded from his researches would occur in 1533, the fifteenth centenary of the death of Jesus. Melchiorism had flourished in the northern Netherlands, and many adepts now poured into Münster, rapidly converting the poorer classes of the town.

Meanwhile, the Anabaptist cause in Münster received a shot in the arm, when the eloquent and popular young minister Bernt Rothmann, a highly educated son of a town blacksmith, converted to Anabaptism. Originally a Catholic priest, Rothmann had become a friend of Luther and the head of the Lutheran movement in Münster. Converted to Anabaptism, Rothmann lent his eloquent preaching to the cause of communism as it had supposedly existed in the primitive Christian Church, holding everything in common with no Mine and Thine and giving to each according to his “need.” In response to Rothmann’s reputation, thousands flocked to Münster, hundreds of the poor, the rootless, those hopelessly in debt, and “people who, having run through the fortunes of their parents, were earning nothing by their own industry….” People, in general, who were attracted by the idea of “plundering and robbing the clergy and the richer burghers.” The horrified burghers tried to drive out Rothmann and the Anabaptist preachers, but to no avail.

In 1533, Melchior Hoffmann, sure that the Second Coming would happen any day, returned to Strasbourg, where he had had great success, calling himself the Prophet Elias. He was promptly clapped into jail, and remained there until his death a decade later.

Hoffmann, for all the similarities with the others, was a peaceful man who counselled nonviolence to his followers; after all, if Jesus were imminently due to return, why commit against unbelievers? Hoffmann’s imprisonment, and of course the fact that 1533 came and went without a Second Coming, discredited Melchior, and so his Münster followers turned to far more violent, post-millennialist prophets who believed that they would have to establish the Kingdom by fire and sword.

The new leader of the coercive Anabaptists was a Dutch baker from Haarlem, one Jan Matthys (Matthyszoon). Reviving the spirit of Thomas Müntzer, Matthys sent out missionaries or “apostles” from Haarlem to rebaptize everyone they could, and to appoint “bishops” with the power to baptize. When the new apostles reached Münster in early 1534, they were greeted, as we might expect, with enormous enthusiasm. Caught up in the frenzy, even Rothmann was rebaptized once again, followed by many ex-nuns and a large part of the population. Within a week the apostles had rebaptized 1 400 people.

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Another apostle soon arrived, a young man of 25 who had been converted and baptized by Matthys only a couple of months earlier. This was Jan Bockelson (Bockelszoon, Beukelsz), who was soon to become known in song and story as Johann of Leyden. Though handsome and eloquent, Bockelson was a troubled soul, having been born the illegitimate son of the mayor of a Dutch village by a woman serf from Westphalia. Bockelson began life as an apprentice tailor, married a rich widow, but then went bankrupt when he set himself up as a self-employed merchant.

In February 1534, Bockelson won the support of the wealthy cloth merchant Bernt Knipperdollinck, the powerful leader of the Münster guilds, and shrewdly married Knipperdollinck’s daughter. On February 8, son-in-law and father-in-law ran wildly through the streets together, calling upon everyone to repent. After much frenzy, mass writhing on the ground, and the seeing of apocalyptic visions, the Anabaptists rose up and seized the town hall, winning legal recognition for their movement.

In response to this successful uprising, many wealthy Lutherans left town, and the Anabaptists, feeling exuberant, sent messengers to surrounding areas summoning everyone to come to Münster. The rest of the world, they proclaimed, would be destroyed in a month or two; only Münster would be saved, to become the New Jerusalem. Thousands poured in from as far away as Flanders and Frisia in the northern Netherlands. As a result, the Anabaptists soon won a majority on the town council, and this success was followed three days later, on February 24, by an orgy of looting of books, statues and paintings from the churches and throughout the town. Soon Jan Matthys himself arrived, a tall, gaunt man with a long black beard. Matthys, aided by Bockelson, quickly became the virtual dictator of the town. The coercive Anabaptists had at last seized a city. The Great Communist Experiment could now begin.

The first mighty program of this rigid theocracy was, of course, to purge the New Jerusalem of the unclean and the ungodly, as a prelude to their ultimate extermination throughout the world. Matthys called therefore for the execution of all remaining Catholics and Lutherans, but Knipperdollinck’s cooler head prevailed, since he warned Matthys that slaughtering all other Christians than themselves might cause the rest of the world to become edgy, and they might all come and crush the New Jerusalem in its cradle. It was therefore decided to do the next best thing, and on February 27 the Catholic and Lutherans were driven out of the city, in the midst of a horrendous snowstorm. In a deed prefiguring communist Cambodia, all non-Anabaptists, including old people, invalids, babies and pregnant women were driven into the snowstorm, and all were forced to leave behind all their money, property, food and clothing. The remaining Lutherans and Catholics were compulsorily rebaptized, and all refusing this ministration were put to death.

The expulsion of all Lutherans and Catholics was enough for the bishop, who began a long military siege of the town the next day, on February 28. With every person drafted for siege work, Jan Matthys launched his totalitarian communist social revolution.

The first step was to confiscate the property of the expelled. All their worldly goods were placed in central depots, and the poor were encouraged to take “according to their needs,” the “needs” to be interpreted by seven appointed “deacons” chosen by Matthys. When a blacksmith protested at these measures imposed by Dutch foreigners, Matthys arrested the courageous smithy. Summoning the entire population of the town, Matthys personally stabbed, shot, and killed the “godless” blacksmith, as well as throwing into prison several eminent citizens who had protested against his treatment. The crowd was warned to profit by this public execution, and they obediently sang a hymn in honour of the killing.

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A key part of the Anabaptist reign of terror in Münster was now unveiled. Unerringly, just as in the case of the Cambodian communists four-and-a-half centuries later, the new ruling elite realized that the abolition of the private ownership of money would reduce the population to total slavish dependence on the men of power. And so Matthys, Rothmann and others launched a propaganda campaign that it was unchristian to own money privately; that all money should be held in “common,” which in practice meant that all money whatsoever must be handed over to Matthys and his ruling clique. Several Anabaptists who kept or hid their money were arrested and then terrorized into crawling to Matthys on their knees, begging forgiveness and beseeching him to intercede with God on their behalf. Matthys then graciously “forgave” the sinners.

After two months of severe and unrelenting pressure, a combination of propaganda about the Christianity of abolishing private money, and threats and terror against those who failed to surrender, the private ownership of money was effectively abolished in Münster. The government seized all the money and used it to buy or hire goods from the outside world. Wages were doled out in kind by the only remaining employer: the theocratic Anabaptist state.

Food was confiscated from private homes, and rationed according to the will of the government deacons. Also, to accommodate the immigrants, all private homes were effectively communized, with everyone permitted to quarter themselves anywhere; it was now illegal to close, let alone lock, doors. Communal dining-halls were established, where people ate together to readings from the Old Testament.

This compulsory communism and reign of terror was carried out in the name of community and Christian “love.” All this communization was considered the first giant steps toward total egalitarian communism, where, as Rothmann put it, “all things were to be in common, there was to be no private property and nobody was to do any more work, but simply trust in God.” The workless part, of course, somehow never arrived.

A pamphlet sent in October 1534 to other Anabaptist communities hailed the new order of Christian love through terror:

For not only have we put all our belongings into a common pool under the care of deacons, and live from it according to our need; we praise God through Christ with one heart and mind and are eager to help one another with every kind of service.

And accordingly, everything which has served the purposes of selfseeking and private property, such as buying and selling, working for money, taking interest and practising usury … or eating and drinking the sweat of the poor … and indeed everything which offends against love – all such things are abolished amongst us by the power of love and community.

With high consistency, the Anabaptists of Münster made no pretence about preserving intellectual freedom while communizing all material property. For the Anabaptists boasted of their lack of education, and claimed that it was the unlearned and the unwashed who would be the elect of the world. The Anabaptist mob took particular delight in burning all the books and manuscripts in the cathedral library, and finally, in mid-March 1534, Matthys outlawed all books except the Good Book – the Bible. To symbolize a total break with the sinful past, all privately and publicly owned books were thrown upon a great communal bonfire. All this ensured, of course, that the only theology or interpretation of the scriptures open to the Münsterites was that of Matthys and the other Anabaptist preachers.

At the end of March, however, Matthys’s swollen hubris laid him low. Convinced at Eastertime that God had ordered him and a few of the faithful to lift the bishop’s siege and liberate the town, Matthys and a few others rushed out of the gates at the besieging army, and were literally hacked to pieces. In an age when the idea of full religious liberty was virtually unknown, one can imagine that any Anabaptists whom the more orthodox Christians might get hold of would not earn a very kindly reward.

The death of Matthys left Münster in the hands of young Bockelson. And if Matthys had chastised the people of Münster with whips, Bockelson would chastise them with scorpions. Bockelson wasted little time in mourning his mentor. He preached to the faithful: “God will give you another Prophet who will be more powerful.” How could this young enthusiast top his master? Early in May, Bockelson caught the attention of the town by running naked through the streets in a frenzy, falling then into a silent three-day ecstasy. When he rose again, he announced to the entire populace a new dispensation that God had revealed to him. With God at his elbow, Bockelson abolished the old functioning town offices of council and burgomasters, and installed a new ruling council of 12 elders, with himself, of course, as the eldest of the elders. The elders were now given total authority over the life and death, the property and the spirit, of every inhabitant of Münster. A strict system of forced labour was imposed, with all artisans not drafted into the military now public employees, working for the community for no monetary reward. This meant, of course, that the guilds were now abolished.

The totalitarianism in Münster was now complete. Death was now the punishment for virtually every independent act, good or bad. Capital punishment was decreed for the high crimes of murder, theft, lying, avarice, and quarreling! Also death was decreed for every conceivable kind of insubordination: the young against their parents, wives against their husbands and, of course, anyone at all against the chosen representatives of God on earth, the totalitarian government of Münster. Bernt Knipperdollinck was appointed high executioner to enforce the decrees.

The only aspect of life previously left untouched was sex, and this now came under the hammer of Bockelson’s total despotism. The only sexual relation permitted was marriage between two Anabaptists. Sex in any other form, including marriage with one of the “godless,” was a capital crime. But soon Bockelson went beyond this rather old-fashioned credo, and decided to establish compulsory polygamy in Münster. Since many of the expellees had left their wives and daughters behind, Münster now had three times as many marriageable women as men, so that polygamy had become technologically feasible. Bockelson converted the other rather startled preachers by citing polygamy among the patriarchs of Israel, as well as by threatening dissenters with death.

Compulsory polygamy was a bit too much for many of the Münsterites, who launched a rebellion in protest. The rebellion, however, was quickly crushed and most of the rebels put to death. Execution was also the fate of any further dissenters. And so by August 1534, polygamy was coercively established in Münster. As one might expect, young Bockelson took an instant liking to the new regime, and before long he had a harem of 15 wives, including Divara, the beautiful young widow of Jan Matthys. The rest of the male population also began to take to the new decree as ducks to water. Many of the women did not take as kindly to the new dispensation, and so the elders passed a law ordering compulsory marriage for every women under (and presumably also over) a certain age, which usually meant being a compulsory third or fourth wife.

Moreover, since marriage among the godless was not only invalid but also illegal, the wives of the expellees now became fair game, and were forced to “marry” good Anabaptists. Refusal to comply with the new law was punishable, of course, by death, and a number of women were actually executed as a result. Those “old” wives who resented the new wives coming into their household were also suppressed, and their quarreling was made a capital crime. Many women were executed for quarreling.

But the long arm of the state could reach only just so far and, in their first internal setback, Bockelson and his men had to relent, and permit divorce. Indeed, the ceremony of marriage was now outlawed totally, and divorce made very easy. As a result, Münster now fell under a regime of what amounted to compulsory free love. And so, within the space of only a few months, a rigid puritanism had been transmuted into a regime of compulsory promiscuity.

Meanwhile, Bockelson proved to be an excellent organizer of a besieged city. Compulsory labour, military and civilian, was strictly enforced. The bishop’s army consisted of poorly and irregularly paid mercenaries, and Bockelson was able to induce many of them to desert by offering them regular pay (pay for money, that is, in contrast to Bockelson’s rigid internal moneyless communism). Drunken ex-mercenaries were, however, shot immediately. When the bishop fired pamphlets into the town offering a general amnesty in return for surrender, Bockelson made reading such pamphlets a crime punishable by – of course – death.

At the end of August 1534, the bishop’s armies were in disarray and the siege temporarily lifted. Jan Bockelson seized this opportunity to carry his “egalitarian” communist revolution one step further: he had himself named king and Messiah of the Last Days.

Proclaiming himself king might have appeared tacky and perhaps even illegitimate. And so Bockelson had one Dusentschur, a goldsmith from a nearby town and a self-proclaimed prophet, do the job for him. At the beginning of September, Dusentschur announced to one and all a new revelation: Jan Bockelson was to be king of the whole world, the heir of King David, to keep that Throne until God himself reclaimed his Kingdom. Unsurprisingly, Bockelson confirmed that he himself had had the very same revelation. Dusentschur then presented a sword of justice to Bockelson, anointed him, and proclaimed him king of the world. Bockelson, of course, was momentarily modest; he prostrated himself and asked guidance from God. But he made sure to get that guidance swiftly. And it turned out, mirabile dictu, that Dusentschur was right. Bockelson proclaimed to the crowd that God had now given him “power over all nations of the earth’; anyone who might dare to resist the will of God “shall without delay be put to death with the sword.”

And so, despite a few mumbled protests, Jan Bockelson was declared king of the world and Messiah, and the Anabaptist preachers of Münster explained to their bemused flock that Bockelson was indeed the Messiah as foretold in the Old Testament. Bockelson was rightfully ruler of the entire world, both temporal and spiritual.

It often happens with “egalitarians” that a hole, a special escape hatch from the drab uniformity of life, is created – for themselves. And so it was with King Bockelson. It was, after all, important to emphasize in every way the importance of the Messiah’s advent. And so Bockelson wore the finest robes, metals and jewellery; he appointed courtiers and gentlemen-at-arms, who also appeared in splendid finery. King Bockelson’s chief wife, Divara, was proclaimed queen of the world, and she too was dressed in great finery and had a suite of courtiers and followers. This luxurious court of some two hundred people was housed in fine mansions requisitioned for the occasion. A throne draped with a cloth of gold was established in the public square, and King Bockelson would hold court there, wearing a crown and carrying a sceptre. A royal bodyguard protected the entire procession. All Bockelson’s loyal aides were suitably rewarded with high status and finery: Knipperdollinck was the chief minister, and Rothmann royal orator.

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If communism is the perfect society, somebody must be able to enjoy its fruits; and who better but the Messiah and his courtiers? Though private property in money was abolished, the confiscated gold and silver was now minted into ornamental coins for the glory of the new king. All horses were confiscated to build up the king’s armed squadron. Also, names in Münster were transformed; all the streets were renamed; Sundays and feastdays were abolished; and all new-born children were named personally by the king in accordance with a special pattern.

“Some of the main victims to be executed were women: women who were killed for denying their husbands their marital rights, for insulting a preacher, or for daring to practice bigamy — polygamy, of course, being solely a male privilege.”

In a starving slave society such as communist Münster, not all citizens could live in the luxury enjoyed by the king and his court; indeed, the new ruling class was now imposing a rigid class oligarchy seldom seen before. So that the king and his nobles might live in high luxury, rigorous austerity was imposed on everyone else in Münster. The subject population had already been robbed of their houses and much of their food; now all superfluous luxury among the masses was outlawed. Clothing and bedding were severely rationed, and all “surplus” turned over to King Bockelson under pain of death. Every house was searched thoroughly and 83 wagonloads of “surplus” clothing collected.

It is not surprising that the deluded masses of Münster began to grumble at being forced to live in abject poverty while the king and his courtiers lived in extreme luxury on the proceeds of their confiscated belongings. And so Bockelson had to beam them some propaganda to explain the new system. The explanation was this: it was all right for Bockelson to live in pomp and luxury because he was already completely dead to the world and the flesh. Since he was dead to the world, in a deep sense his luxury didn’t count. In the style of every guru who has ever lived in luxury among his credulous followers, he explained that for him material objects had no value. How such “logic” can ever fool anyone passes understanding. More important, Bockelson assured his subjects that he and his court were only the advance guard of the new order; soon, they too would be living in the same millennial luxury. Under their new order, the people of Münster would forge outward, armed with God’s will, and conquer the entire world, exterminating the unrighteous, after which Jesus would return and they would all live in luxury and perfection. Equal communism with great luxury for all would then be achieved.

Greater dissent meant, of course, greater terror, and King Bockelson’s reign of “love” intensified its intimidation and slaughter. As soon as he proclaimed the monarchy, the prophet Dusentschur announced a new divine revelation: all who persisted in disagreeing with or disobeying King Bockelson would be put to death, and their very memory blotted out. They would be extirpated forever. Some of the main victims to be executed were women: women who were killed for denying their husbands their marital rights, for insulting a preacher, or for daring to practice bigamy – polygamy, of course, being solely a male privilege.

Despite his continual preaching about marching forth to conquer the world, King Bockelson was not crazy enough to attempt that feat, especially since the bishop’s army was again besieging the town. Instead, he shrewdly used much of the expropriated gold and silver to send out apostles and pamphlets to surrounding areas of Europe, attempting to rouse the masses for Anabaptist revolution. The propaganda had considerable effect, and serious mass risings occurred throughout Holland and northwestern Germany during January 1535. A thousand armed Anabaptists gathered under the leadership of someone who called himself Christ, son of God; and serious Anabaptist rebellions took place in west Frisia, in the town of Minden, and even in the great city of Amsterdam, where the rebels managed to capture the town hall. All these risings were eventually suppressed, with the considerable help of betrayal to the various authorities of the names of the rebels and of the location of their munition dumps.

“At all times the king and his court ate and drank well, while famine and devastation raged throughout the town of Münster, and the masses ate literally everything, even inedible, they could lay their hands on.”

The princes of northwestern Europe by this time had had enough; and all the states of the Holy Roman Empire agreed to supply troops to crush the monstrous and hellish regime at Münster. For the first time, in January 1535, Münster was totally and successfully blockaded and cut off from the outside world. The Establishment then proceeded to starve the population of Münster into submission. Food shortages appeared immediately, and the crisis was met with characteristic vigour: all remaining food was confiscated, and all horses killed, for the benefit of feeding the king, his royal court and his armed guards. At all times the king and his court ate and drank well, while famine and devastation raged throughout the town of Münster, and the masses ate literally everything, even inedible, they could lay their hands on.

King Bockelson kept his rule by beaming continual propaganda and promises to the starving masses. God would definitely save them by Easter, or else he would have himself burnt in the public square. When Easter came and went, Bockelson craftily explained that he had meant only “spiritual” salvation. He promised that God would change cobblestones to bread, and of course that did not come to pass either. Finally, Bockelson, long fascinated with the theatre, ordered his starving subjects to engage in three days of dancing and athletics. Dramatic performances were held, as well as a Black Mass. Starvation, however, was now becoming all-pervasive.

divara_van_haarlem_large.jpgThe poor hapless people of Münster were now doomed totally. The bishop kept firing leaflets into the town promising a general amnesty if the people would only revolt and depose King Bockelson and his court and hand them over. To guard against such a threat, Bockelson stepped up his reign of terror still further. In early May, he divided the town into 12 sections, and placed a “duke” over each one with an armed force of 24 men. The dukes were foreigners like himself; as Dutch immigrants they were likely to be loyal to Bockelson. Each duke was strictly forbidden to leave his section, and the dukes, in turn, prohibited any meetings whatsoever of even a few people. No one was allowed to leave town, and any caught plotting to leave, helping anyone else to leave, or criticizing the king, was instantly beheaded, usually by King Bockelson himself. By mid-June such deeds were occurring daily, with the body often quartered and nailed up as a warning to the masses.

Bockelson would undoubtedly have let the entire population starve to death rather than surrender; but two escapees betrayed weak spots in the town’s defence, and on the night of June 24, 1535, the nightmare New Jerusalem at last came to a bloody end. The last several hundred Anabaptist fighters surrendered under an amnesty and were promptly massacred, and Queen Divara was beheaded. As for ex-King Bockelson, he was led about on a chain, and the following January, along with Knipperdollinck, was publicly tortured to death, and their bodies suspended in cages from a church tower.

The old Establishment of Münster was duly restored and the city became Catholic once more. The stars were once again in their courses, and the events of 1534–35 understandably led to an abiding distrust of mysticism and enthusiast movements throughout Protestant Europe.

This article is excerpted from An Austrian Perspective on the History of Economic Thought, vol. 1, Economic Thought Before Adam Smith.

mercredi, 25 octobre 2017

Charles Quint : empereur d'une fin des temps

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Charles Quint : empereur d'une fin des temps

Auteur : Denis Crouzet
Editeur : Odile Jacob
Nombre de pages : 450
 
Ex: http://www.famillechretienne.fr

L’historien Denis Crouzet brosse un portrait saisissant de Charles Quint dans le contexte de la fin de la chrétienté.

Quand le pape Benoît XVI a renoncé à la charge pontificale en février 2013, le philosophe Alain Finkielkraut compara le geste du pape allemand à celui de l’empereur Charles Quint. Le 25 octobre 1555, dans son palais bruxellois, le vieil homme s’adressait ainsi à la cour impériale : « Je me sens maintenant si fatigué que je ne saurais vous être d’aucun secours, comme vous le voyez vous-même. Épuisé et brisé comme je le suis, j’aurais des comptes à rendre à Dieu et aux hommes si je ne renonçais à gouverner. » Tout comme Benoît XVI, l’homme pleura amèrement après cette annonce, puis se retira dans un monastère.

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L’un et l’autre ne peuvent se comprendre qu’à travers la mission qu’ils estimaient avoir reçue de Dieu. L’historien Denis Crouzet nous la décrit dans son dernier essai. Un ouvrage dense, à la lecture exigeante, mais d’une richesse incomparable. Plutôt que de céder à la facilité du genre biographique, l’auteur nous transporte sur une courte période allant de 1545 à 1552. Sept années d’un règne qui en compte trente-six. L’époque est l’un des moments charnières de l’Histoire européenne et de la civilisation : dans sa lutte contre les princes protestants réunis dans la ligue de Smalkalde, Charles Quint semble avoir remporté la victoire à Mühlberg en 1547. Mais en 1552, le traité de Passau établit définitivement le célèbre principe : « Tel prince, telle religion. » Il s’agit du jour où « tout bascule », puisque l’Europe chrétienne n’est plus, déchirée entre catholiques et protestants.

Certes, l’empereur Charles Quint vit une époque qui sait le glorifier, mais ce personnage impénétrable cachait en lui une peur face au tragique de l’Histoire : « Une épreuve dramatique toujours recommencée, durant laquelle ce qui a été gagné est sous tension d’être perdu, bien vite. » Plus Bourguignon que Habsbourg, il est la parfaite illustration du mot de Boileau : « Rarement un esprit ose être ce qu’il est. » Mais il savait aller de l’avant, sous la contrainte, imitant par ailleurs le Christ fait homme. Stoïque, mais chrétien.  

Christophe Dickes

mardi, 08 août 2017

Les Anabaptistes de Münster (1534-1535) : terreur au nom de Dieu

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Matthias Hellmann :

Les Anabaptistes de Münster (1534-1535) : terreur au nom de Dieu

Au moment de la Réforme luthérienne, la ville de Münster, contrairement au reste de l’Allemagne du Nord, n’était pas devenue protestante. Dans la ville, la liberté de conscience régnait, au grand dam du chapitre de la cathédrale qui, en dépit de l’avis du nouvel évêque Franz von Waldeck qui sympathisait avec les réformés luthériens, avait contraint les autorités à sévir contre les tenants de la nouvelle foi. Mais les sanctions annoncées par le chapitre n’eurent aucun effet dans la ville, et l’évêque accorda le « Contrat de Dülmen », le 14 février 1533, qui garantissait la liberté de conscience.

Cependant, la réforme luthérienne avait ouvert une boîte de Pandore en Europe : à sa suite, de multiples sectes et autres associations de fanatiques émergèrent, dont bon nombre professaient des théories religieuses obscures et aberrantes. Parmi elles, un mouvement qui refusait le baptême des enfants. Seuls, à ses yeux, des adultes, disposant de leur propre volonté, pouvaient recevoir le sacrement du baptême. Cette secte exigeait de tous de s’y conformer. Ces anabaptistes se répandirent rapidement depuis la Suisse et l’Allemagne du Sud dans les régions du cours inférieur du Rhin, dans le Pays de Münster et dans les actuels Pays-Bas. Cette expansion de l’anabaptisme fit que, à Münster, les artisans et les corporations exigèrent plus de droits à la participation dans la ville et se mirent à flirter avec le protestantisme. Une partie de la ville devint luthérienne et l’évêque fut obligé d’accepter la situation.

Au fil du temps, le principal prédicateur luthérien de Münster, Bernhard Rothmann, se radicalise à l’extrême. Il adhère à l’anabaptisme. Or la Diète impériale de Spire (Speyer) avait décrété la peine de mort pour les anabaptistes qui n’abjuraient pas leurs convictions. Les chefs de file anabaptistes étaient de toutes les façons condamnés à mort, même s’ils renonçaient à leurs croyances avant l’exécution. La « Confessio Augustana » des luthériens, proclamée en 1530, rejetait expressis verbis le baptême à l’âge adulte. Sous l’influence de sectes extrêmes, actives dans les Pays-Bas actuels, l’atmosphère à Münster devint apocalyptique : on y attendait le Jugement Dernier et on voulait faire de Münster la « nouvelle Jérusalem ». On bascula dans l’hystérie de masse dès que Rothmann et d’autres prédicateurs luthériens se firent baptiser selon l’option anabaptiste, entraînant dans leur sillage la majeure partie de leurs ouailles. En une semaine, 1400 habitants de Münster se firent baptiser, soit 25% de la population de la ville. L’évêque ne pouvait plus tolérer la situation. Une première opération militaire échoua mais la ville fut assiégée par des forces communes aux catholiques et aux protestants. Entretemps, la communauté anabaptiste comptait 8000 âmes, par un afflux de coreligionnaires venus de l’extérieur. A côté de Rothmann, il y eut alors un certain Jan Matthijs, boulanger à Haarlem en Hollande, et un autre fanatique, Jan van Leiden. La supériorité numérique et militaire des assiégeants n’intimida pas les anabaptistes coincés dans la ville. Les murailles de la Cité leur offraient un bouclier et ils s’y sentaient à l’abri. En avril 1534, alors que l’on attendait le retour imminent du Christ, Matthijs, suivi de quelques fidèles, tenta une sortie et fut tué.

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Jan van Leiden prit aussitôt la succession de Matthijs et se proclama « roi des anabaptistes » de Münster. Il y avait beaucoup plus de femmes que d’hommes dans la ville. Jan van Leiden conseilla alors aux hommes de prendre autant d’épouses qu’ils estimaient bon d’avoir. Même si la peine de mort punissait l’adultère et le proxénétisme, la polygamie fut tolérée et même encouragée. Le « roi » Jan se choisit seize épouses. D’innombrables exécutions eurent lieu dans la ville et, si nécessaire, le « roi » Jean mettait la main à la pâte et jouait le rôle de bourreau.

Le siège de la ville dura quatorze mois. En juin 1535, la cité est prise d’assaut. Le « roi » Jan et deux autres chefs anabaptistes sont capturés, torturés et exécutés. Leurs cadavres sont placés dans des cages, hissées contre le mur de la tour de l’église Saint Lambert. Les cages y sont encore aujourd’hui.

Matthias Hellmann.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°22-23/2017, http://www.zurzeit.at ).

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dimanche, 01 janvier 2017

The Siege of Malta Knights of St John vs Ottoman Empire

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The Siege of Malta Knights of St John vs Ottoman Empire

This show looks at the rising Ottoman Empire attempts to conquer all Mediterranean trade routes, but the tiny island of Malta stands in its way. This island is also home to the fiercest knights, the Order of St. John, or Knights Hospitaller. 8,000 Knights and native Maltese fended off approx 48,000 Turkish warriors during the Siege of Malta. After the heroic stand, the capital of Malta is named after the commanding general, Jean de Valette.

The Siege of Malta (also known as the Great Siege of Malta) took place in 1565 when the Ottoman Empire invaded the island, then held by the Knights Hospitaller (also known as the Sovereign Order of Saint John of Jerusalem of Rhodes and of Malta, Knights of Malta, Knights of Rhodes, and Chevaliers of Malta).

The Knights, together with between 400 Maltese men, women and children and approximately 2,000 footsoldiers won the siege, one of the bloodiest and most fiercely contested in history, and one which became one of the most celebrated events in sixteenth-century Europe. Voltaire said, "Nothing is better known than the siege of Malta," and it undoubtedly contributed to the eventual erosion of the European perception of Ottoman invincibility and marked a new phase in Spanish domination of the Mediterranean. The siege was the climax of an escalating contest between a Christian alliance and the Ottoman Empire for control of the Mediterranean, a contest that included Turkish admiral and privateer Dragut's attack on Malta in 1551, and the Ottoman utter destruction of an allied Christian fleet at the Battle of Djerba in 1560.

The number of casualties is in as much dispute as the number of invaders. Balbi gives 35,000 Ottoman deaths, which seems implausible, Bosio 30,000 casualties (including sailors). However modern estimations from military historians using Turkish archives have put the number of casualties at 10,000 from combat and disease, though it is generally agreed that there were likely far more losses amongst the various volunteers and pirates, which the Turkish sources would not have noted. The knights lost a third of their number, and Malta lost a third of its inhabitants. Birgu and Senglea were essentially leveled. Still, 9,000 Christians, most of them Maltese, had managed to withstand a siege of more than four months in the hot summer, despite enduring a bombardment of some 130,000 cannonballs.

Jean De Valette, Grand Master of the knights of Malta, had a key influence in the victory against Ottomans with his example and his ability to encourage and hold together people as one man. This example had a major impact, because the kings of Europe realized that the only way to win against the Ottomans was to stop wars between them and form alliances; the result was the vast union of forces against Ottomans at the Battle of Lepanto few years later. Such was the gratitude of Europe for the knights' heroic defense that money soon began pouring into the island, allowing de Valette to construct a fortified city, Valletta, on Mt. Sciberras. His intent was to deny the position to any future enemies. La Valette himself died in 1568 after a hunting trip in Buskett.

The Ottomans never attempted to besiege Malta again. The failure of the siege did nothing to reverse the increasing dominance of Ottoman naval power in the Mediterranean, but in following a string of Christian naval defeats, such as at the Battle of Djerba, it did deny Ottoman forces the strategically vital island base in the centre of the sea which would have allowed them to launch ever deeper strikes into the belly of Europe.

vendredi, 22 janvier 2016

Machiavelli und die Diktatur

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Machiavelli und die Diktatur

von Carlos Wefers Verástegui

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Nach gut fünfhundert Jahren ist Machiavelli noch immer einer der einflussreichsten politischen Denker. Der Begriff „Staat“ ist von ihm geprägt worden.

Die Politik– und Sozialwissenschaften in ihrer heutigen Form wären undenkbar ohne ihn. In seiner Tradition stehen die berühmten Klassiker der politischen Soziologie Gaetano Mosca, Vilfredo Pareto und Robert Michels. Wenig bekannt ist, dass Machiavelli ein unübertroffener Theoretiker der Diktatur ist. Diese hat er, mittels einer geschickt getarnten Bezugnahme auf Oktavian-​Kaiser Augustus in ihren wesentlichen Funktionen dargestellt.

Das Unzeitgemäße ist das Falsche

Bei der Offensichtlichkeit, mit der Machiavelli über die Diktatur abhandelt, ist es erstaunlich, wie selten dieser Kernaspekt seiner Lehre bemerkt wurde: Il principe als Gegenstand einer eigenen Untersuchung nimmt eindeutig Bezug auf den Prinzeps schlechthin: Oktavian-​Kaiser Augustus. Im „Fürsten“ spricht Machiavelli kein einziges Mal über ihn. Das ist auffällig. Oktavian besitzt nämlich sämtliche Eigenschaften, die ihn eigentlich als „Fürsten“ im Sinne Machiavellis qualifizieren. Auch hat er Erfolg gehabt. Und das ist das einzig Ausschlaggebende für Machiavelli, dass der Fürst auch Erfolg hat. Und von allen Fürsten, die es jemals gegeben hat, ist Oktavian der einzige, der den vollkommensten, nämlich weltgeschichtlichen Erfolg erzielt hat: durch die Beständigkeit und Größe, die räumliche Ausdehnung sowie die überragende politische Qualität seiner Schöpfung.

Zu seiner Zeit war Machiavelli gezwungen, wenigstens zum Schein, von Oktavian abzusehen. Schließlich galt Oktavian als Stifter des von Karl dem Großen erneuerten römischen Imperiums. Das universelle Kaiserreich jedoch hatte das Mittelalter nicht überlebt. Das war Machiavelli, der am Anfang der „neuen Zeit“ stand, noch frisch in Erinnerung. Die wirtschaftliche und kulturelle Blüte Italiens hingegen hatte die moderne Staatlichkeit hervorgebracht. Kaiser Augustus da ins Spiel zu bringen, musste Machiavelli unpassend erscheinen. Hatten sich doch mit ihm die deutschen Könige identifiziert. Und deren Kaisertum, für das Augustus sogar seinen Namen (Caesar) hergab, repräsentierte für Machiavelli eine überlebte, fehlgeschlagene und somit falsche Organisationsform.

Geschichte ist ein Kontinuum aufeinanderfolgender Zyklen

Als guter Kenner der römischen Geschichte hatte diese natürlich Vorbildcharakter für Machiavelli. Seinerseits ging er von einer geschichtlichen, politischen und sozialen Zyklenlehre aus: Die Geschichte ist ein eigener Wirklichkeitsbereich menschlicher Ursachen, zusammengesetzt aus nachvollziehbaren sowie empirisch nachweisbaren Motiven. Geschichte ist daher grundsätzlich „vernünftig“.

Nach Machiavelli besitzen die Menschen zudem immer die gleiche Ausstattung der Psyche und des Charakters. Auch die Beweggründe und Ziele ändern sich nie wirklich in der Geschichte. Daher gibt es keinen wesentlichen Unterschied zwischen den Epochen. Geschichte ist für Machiavelli ein echtes Kontinuum. Der rein empirische Charakter dieses ungeschiedenen Geschichtsverlaufs macht es Machiavelli daher möglich, Geschichte naturgesetzlich aufzufassen und somit als ewig wiederkehrenden Zyklus zu begreifen. Aus jeder Vergangenheit können daher Lehren für die Gegenwart, aus der ganzen Geschichte Anleitungen fürs richtige Handeln gezogen werden.

Fig 11.jpgMachiavellis Helden tragen Züge Oktavians

Machiavelli war es unmöglich, sich damit zu begnügen, seinem von ihm konstruierten Idealtypus des „Fürsten“ dem so hervorragenden Oktavian, sozusagen als Schablone, einfach unterzulegen. Es ging ihm um weit mehr. Er wollte Oktavians Vorgehen in den bemerkenswertesten politischen Unternehmungen seiner Zeit wiederfinden. Vom schlauen Oktavian, der den Bürgerkrieg beendete, eine zentrale Verwaltung schuf, die Verfassung reformierte, das Römertum erneuerte, das Reich auf eine eigene, ihm angemessene Grundlage stellte, von diesem Übermenschen Oktavian und seiner „Tugend“ (virtù) finden sich daher unverkennbare Züge in Machiavellis Darstellung zweier so unterschiedlicher Gestalten wie dem spanischen König Ferdinand von Aragón und dem Papstsohn Cesare Borgia.

Die liberale Geschichtsschreibung des 19. Jahrhunderts sah in Oktavian immer nur den „Feind der Freiheit“: Er ließ die Republik nur der Form nach, als bloße Fassade, bestehen. Er errichtete ein autokratisches System, und die ihm dabei zukommende prokonsularische Amtsgewalt sei zu dem noch eine „Sünde wider dem Geist der römischen Verfassung“ gewesen. Diese Auffassung hat noch Einfluss auf Ronald Symes „Römische Revolution“ gehabt. Symes Darstellung steht aber bereits unter dem Einfluss machiavellistischer Soziologie („sozialen Zyklentheorie“). Die Parallelen zum Aufstieg des „Faschismus“, damals von Syme bewusst gezogen, halfen aber, den richtenden Maßstab der damals üblichen liberalen Historiographie zu überwinden. Diese gibt es aber so weiterhin noch heute. Sie kommt notgedrungen zu so lustigen Schnitzern wie dem, Oktavian tatsächlich, mittels der Blume, „Cäsarismus“ vorzuwerfen.

In Machiavellis Sprachgebrauch war Oktavian aber ein „Fürst“, sein System eine mit der „Republik“ nicht zu vereinbarende Monarchie. In unsere heutige Sprache übersetzt heißt das: Faktisch war Oktavian ein Diktator, mehr noch als es sein Großonkel, der amtsmäßige Diktator Julius Cäsar es jemals gewesen war.

Wenn die Rechtlichkeit sich in Luft auflöst …

In Zeiten der Umwälzung von „Fürsten“ und „Monarchien“ zu reden, ist ein Anachronismus. Machiavelli hätte sich dessen nie zu schulden kommen lassen. Wenn er nun doch von ihnen redete, so meinte er etwas ganz anderes damit. Machiavellis „Fürst“ ist genauso wenig ein Repräsentant der alten Ordnung, wie es der Prinzeps bei den Römern gewesen war. Der Ausnahmezustand, nicht die Tradition oder die „Verfassung“, ist der Grund ihrer Bevollmächtigung.

Sämtliche Rechtstitel, die der „Fürst“ in dieser Situation zu seiner Behauptung nötig hat, muss er sich erst zulegen, opportunistisch aneignen, oder zu seinen Gunsten auslegen. Alles, was Recht, rechtlich, rechtmäßig sein könnte, wird für seine Berufung geltend gemacht. Da es keine „Legitimität“, keinen politischen, rechtlichen und gesellschaftlichen Zustand mehr gibt, auf den sie sich beziehen könnten, sind die Kategorien des Rechts nur noch rein formal und damit inhaltslos geworden.

… dient alles dem politischen Kampf

Bar jedes existenziellen Geltungsgrundes sind sie von nun ab dazu gebräuchlich, als Waffe im politischen Kampf eingesetzt zu werden. Die Verfassung ist faktisch längst außer Kraft, es herrscht Ausnahmezustand. Der politische, rechtliche und gesellschaftliche Zustand im Gemeinwesen muss erst mit dem Gemeinwesen wiederhergestellt werden. Das Volk befindet sich im Bürgerkrieg, ist entzweit, zerstoben oder anderweitig von Vernichtung bedroht. Es ist daher keine verfassungsrechtliche, keine Frage des „Rechtsstaats“, die sich in einer solchen Situation auftut. Es ist eine Frage der faktischen Macht sowie der existenziellen Berechtigung. Und auf die gibt nur die Diktatur die passende Antwort.

Beten ist, wie Machiavelli am Negativbeispiel Savonarolas darstellt, keine Option. Wenn nichts mehr hilft und sich Treue, Glaube, Eintracht, Gottesfurcht und Vaterlandsliebe längst in Luft aufgelöst haben, und die Bürger sich allerlei Vergewaltigungen oder der Anarchie ausgesetzt sehen, dann ist die Zeit für die Diktatur gekommen. Die Zeit, d.h. die Menschen sind reif für den Diktator. Das sagt Machiavelli ausdrücklich, übrigens mit einem interessanten Hinweis auf Moses und die „Ägyptische Gefangenschaft“. Erst wenn die Völker ganz unten sind, sind sie auch in der Lage, das, was not tut, die Diktatur nämlich, anzuerkennen.

Gesunder Menschenverstand und „Natur der Sache“ beschränken die Diktatur

Die populäre deutsche Formel „Der Zweck heiligt die Mittel“ bringt den Kern von Machiavellis Lehre nicht auf den Punkt. Die Mittel bleiben ruchlos, „unheilig“, und, für sich gewertet, unverzeihlich. Auch wenn das edelste aller Ziele durch sie erreicht würde. Machiavellis Wahrheit näher kommt die Formel, die der spanische katholische Jurist Nicolás Rodríguez Aniceto geprägt hat: „Gerecht – im Sinne von gerechtfertigt – ist für ihn nur, was auch zu dem beabsichtigten Zweck führt.“ Derselbe Autor spricht auch klar an, dass mit der „Staatsräson“ und dem „Ausnahmezustand“ dem Missbrauch Tür und Tor geöffnet sind.

Dass die „Staatsräson“ willkürlich gehandhabt, der Ausnahmezustand ungerechtfertigter Weise geltend gemacht werden kann, oder als Vorwand dazu dienen kann, eine Tyrannei zu errichten, der nur daran liegt, sich selbst zu verewigen, war Machiavelli von Anfang an bewusst. Sein Hinweis auf den vernünftigen Gebrauch der „Grausamkeit“ setzt der Diktatur Schranken. Nicht um Willkür und rohe Gewalt, sondern um kalte Berechnung und Mäßigung muss es dem Fürsten gehen. Bei allem Negativen, was Machiavelli allgemein über die Menschen zu berichten weiß, setzt er doch letzen Endes auf eine genauso seltene wie menschliche, ja, sogar übermenschliche Tugend: den gesunden Menschenverstand.

lundi, 26 janvier 2015

Thomas Cromwell was the Islamic State of his day


         
       

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Hans Holbein’s portrait of Thomas Cromwell Photo: Alamy

On July 24, 2014, worshippers in Mosul were asked to leave one of the city’s most historic and famous buildings — an ancient Nestorian-Assyrian church that had long ago been converted into the Mosque of the Prophet Younis (biblical Jonah). The Islamic State then rigged the entire building with explosives, and blew it into oblivion. Tragically, it was a Shia mosque - one of many that have suffered the same fate.

The UK's current primetime TV fantasy blockbuster du jour is Wolf Hall. Everyone loves a costume drama, but there is a world of difference between fictional history and historical fiction. One dramatizes real people and events. The other is an entirely made-up story set in the past. The current tendency is to blur the two, which Wolf Hall does spectacularly.

Thomas Cromwell, whose life it chronicles, comes across as a plucky, self-made Englishman, whose quiet reserve suggests inner strength and personal nobility. Back in the real world, Cromwell was a “ruffian” (in his own words) turned sectarian extremist, whose religious vandalism bears striking comparison with the iconoclasm of Islamic State or the Afghani Taliban.

Thanks to Wolf Hall, more people have now heard of Thomas Cromwell, and this is a good thing. But underneath its fictionalized portrayal of Henry VIII’s chief enforcer, there is a historical man, and he is one whose record for murder, looting, and destruction ought to have us apoplectic with rage, not reaching for the popcorn.

Historians rarely agree on details, so a lot about Cromwell’s inner life is still up for debate. But it is a truly tough job finding anything heroic in the man’s legacy of brutality and naked ambition.

Against a backdrop of Henry VIII’s marital strife, the pathologically ambitious Cromwell single-handedly masterminded the break with Rome in order to hand Henry the Church, with its all-important control of divorce and marriage. There were, to be sure, small pockets of Protestantism in England at the time, but any attempt to cast Cromwell’s despotic actions as sincere theological reform are hopeless. Cromwell himself had minimal truck with religious belief. He loved politics, money, and power, and the reformers could give them to him.

Flushed with the success of engineering Henry’s divorce from Catherine of Aragon and his marriage to Anne Boleyn, Cromwell moved on to confiscating the Church’s money. Before long, he was dissolving monasteries as fast as he could, which meant seizing anything that was not nailed down and keeping it for himself, for Henry, and for their circle of friends. It was the biggest land-grab and asset-strip in English history, and Cromwell sat at the centre of the operation, at the heart of a widely-loathed, absolutist, and tyrannical regime. When Anne Boleyn pointed out that the money should be going to charity or good works, he fitted her up on charges of adultery, and watched as she was beheaded.

As an adviser to Henry, Cromwell could have attempted to guide the hot-headed king, to tame his wilder ambitions, counsel him in patience, uphold the many freedoms enjoyed by his subjects. But Cromwell had no interest in moderation. He made all Henry’s dreams come true, riding roughshod over the law of the land and whoever got in his way. For instance, we are hearing a lot about Magna Carta this year, but Cromwell had no time for tedious trials and judgement by peers. With lazy strokes of his pen, he condemned royalty, nobles, peasants, nuns, and monks to horrific summary executions. We are not talking half a dozen. He dispatched hundreds under his highly politicised “treason” laws. (When his own time came and the tables had turned, he pleaded to Henry: “Most gracyous prynce I crye for mercye mercye mercye.” But he was given all the mercy he had shown others.)

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And then there is his impact on this country’s artistic and intellectual heritage. No one can be sure of the exact figure, but it is estimated that the destruction started and legalised by Cromwell amounted to 97% of the English art then in existence. Statues were hacked down. Frescoes were smashed to bits. Mosaics were pulverized. Illuminated manuscripts were shredded. Wooden carvings were burned. Precious metalwork was melted down. Shrines were reduced to rubble. This vandalism went way beyond a religious reform. It was a frenzy, obliterating the artistic patrimony of centuries of indigenous craftsmanship with an intensity of hatred for imagery and depicting the divine that has strong and resonant parallels today.

It can only be a good thing that people are again thinking about Cromwell. Because as we look to the east, to the fanaticism that is sacking the cultural and artistic heritage of other ancient societies, we can all draw the same, inevitable conclusions about religious extremism in any age, whether Christian, Muslim, Jewish, Hindu, or Buddhist. None of it is pretty. All of it is real. And we, in England, are not in some way removed from it. We only have to survey the smashed up medieval buildings the length and breadth of the country, or contemplate Cromwell’s record of public beheadings and other barbarous executions.

It is plain that extremists come in all shapes and sizes.

jeudi, 23 octobre 2014

Luthers Türkenschriften

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Luthers Türkenschriften

von Marc P. Ihle

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Der Zeitgeist übt sich gerne in Kritik am vermeintlich intoleranten Martin Luther. Doch dessen „Türkenschriften“ zeigen, dass er auf eine bis heute aktuelle Bedrohung reagierte.

Die über den Balkan in Europa einfallenden Osmanen stellten für Karl V., den Kaiser des Heiligen Römischen Reiches, ein permanentes Problem dar. Der Fall Konstantinopels 1453, dreißig Jahre vor Luthers Geburt am 10. November 1483, war in lebendiger Erinnerung. 1529 stehen die Türken erstmals vor Wien. Luthers große Türkenschrift Heerpredigt wider die Türken wird ein Jahr später veröffentlicht. Bereits in den 1520er Jahren, nachdem die Rechtfertigungslehre als Kern der Reformation die Unterstützung vieler Fürsten gewonnen hatte, wendet sich Luther auch zeitpolitischen Fragen zu. Dies geschieht unter Eindruck seiner Interpretation der Geschichte als Heilsgeschichte. Mit voranschreitendem Alter neigte Luther jedoch zur Apokalyptik.

Luthers Angst: Eine Allianz zwischen den Türken und dem Papst

Historische Ereignisse werden ihm zum Gottesurteil über das eigene reformatorische Werk. Dessen Schicksal wird paradoxerweise durch den Türkeneinbruch begünstigt, da dieser den Kaiser bindet und zu Zugeständnissen an die protestantischen Stände zwingt. Denn auf deren militärische Unterstützung bleibt der Herrscher angewiesen. Luthers briefliche Bemerkung an den Reformator Philipp Melanchthon im Jahre 1530 über den Kampf gegen die „einheimischen Ungeheuer unseres Reiches“ zeigt, dass Luther vorerst den Hauptfeind nicht in den heranrückenden Türkenheeren, sondern im römischen „Antichristen“, dem Papst, sieht. Noch wenige Jahre vor seinem Tod ist Luther besessen von der Furcht vor einer antiprotestantischen Allianz von Papsttum und Türken. Eine Furcht, die in umgekehrter Konstellation auch der Kaiser teilte.

Luthers persönliche Haltung zum Islam hat eine ähnliche Entwicklung genommen, wie seine heute behauptete, angebliche Judenfeindlichkeit. Wie seine Zeitgenossen bezog er seine Kenntnisse über den Islam aus Sekundärquellen. Der Historiker Heinz Schilling unterstellt dem großen Reformator in seiner Anfang diesen Jahres erschienenen Biographie Martin Luther: Rebell in einer Zeit des Umbruchs eine grundsätzliche Toleranz gegenüber dem Islam. Das mag freilich bezweifelt werden. Zu Beginn seiner Auseinandersetzung mit Türken und Juden stellten diese für Luther potentiell zu missionierende Gruppen dar. Zugleich nimmt Luther aber die Türkengefahr nicht als realpolitische Bedrohung, sondern als „Zuchtrute Gottes“ wahr. In seinem heilsgeschichtlichen Verständnis wird der Türkeneinbruch als Strafe und Bußangebot Gottes gedeutet. Grund dafür seien die angeblichen Häresien der römischen Kirche.

Luther lehnte einen Kreuzzug ab

Der darin sich äußernde, beim späten Luther ganz verschwundene politische Optimismus gehört in die frühe Phase der rasanten Ausbreitung der Reformation. Luthers Weltbild verbaute dem Reformator zunächst den Blick auf die identitäre Bedrohung, die mit der Türkeninvasion verbunden war. Denn zu diesem Zeitpunkt bildete die Geschichte für Luther nur einen Austragungsort des Kampfes Gottes gegen die päpstliche Verfälschung des Evangeliums.

Einen Glaubenskrieg lehnte Luther ab, da religiöse Argumente in den geistlichen Kampf gehörten, nicht aber in den weltlichen Bereich des Schwertes. Das war bei weitem kein Pazifismus. Denn das Gewaltmonopol lag für Luther bei den Fürsten und dem Kaiser, die auf ihre Weise in der politischen Welt Ordnung schaffen sollten. Das betonte Luther auch ausdrücklich, als er sich gegen den Bauernaufstand von 1525 aussprach. Doch diese Aufteilung hinderte die Reformation einerseits an einem Missionierungskrieg gegen die Papsttreuen, zum anderen auch an einer Kreuzzugsidee gegen die Türken.

Luther hat drei große Türkenschriften verfasst: Vom Kriege wider die Türken (1528), Heerpredigt wider die Türken (1530), Versuchung zum Gebet wider die Türken (1541). 1529, zeitgleich mit der sogenannten „Protestation von Speyer“, als Anhänger Luthers sich auf dem Reichstag gegen seine Ächtung aussprachen, verdunkelt sich Luthers Sicht auf die Türken. Sie werden nun zu apokalyptischen Feinden des Christentums. Die Kreuzzugsidee lehnt der Reformator jedoch ab, da er dem Papsttum dafür jede Autorität, insbesondere die geistliche Autorität, und die Zuständigkeit im Allgemeinen abspricht. Gott allein muss nach Luther für die Sicherheit des Evangeliums in seinem Reich sorgen, der Kaiser aber für die territoriale Integrität.

Die Wende in Luthers Haltung zu den Türken

Die Türkenbelagerung Wiens 1529 jedoch zeigt auch Luther die Grenzen seiner politischen Zwei-​Reiche-​Lehre auf. Denn die Zukunft des Christentums wird durch den islamischen Konkurrenzanspruch zu einer politischen und religiösen Frage. Das geistliche Regiment kann, das hat Luther auch durch die landesfürstliche Protektion seiner protestantischen Landeskirchen erkennen müssen, nur durch militärische Macht geschützt werden.

Bei Luther scheint es vielmehr ab 1530 zu einer Vermischung heilsgeschichtlicher und politischer Motive zu kommen. Wie Schilling zutreffend sagt, wären die Türken nun für ihn „die Feinde der Deutschen und der Christen allgemein“, weil sie zu einer Bedrohung der kulturellen Identität Europas geworden sind. Diesen Gedanken hat Luther natürlich nicht formuliert, da es für ihn keinen Unterschied zwischen Geschichte, Heilsgeschichte, Europa und Glaube geben konnte. Doch seiner Begeisterung in der Heerpredigt mag eine Ahnung zugrunde liegen von der Korrelation politischer, ethnischer und kultureller Bedrohung und der Möglichkeit der eigenen Vernichtung. Die christlichen Soldaten sollten „die Faust regen und getrost dreinschlagen, morden, rauben und Schaden tun, so viel sie immer vermögen“, schreibt Luther fanatisch.

Luthers Lektion: Keine Toleranz für Eindringlinge

Diese Empfehlung Luthers unterscheidet sich unwesentlich von Kampfesreden universalistischer Kreuzritter unserer Tage. Es handelt sich zugleich aber auch um nichts anderes als eine realistische Beschreibung dessen, was eine Kultur in einem Abwehrkampf unternimmt. Denn dieser wurde ihr unfreiwillig von außen durch die Türken aufgezwungen. Dennoch wird Luther in der Gegenwart in einer eigenartigen, ahistorischen Perspektivlosigkeit unter Rubriken wie „Toleranz“ oder „Antisemitismus“ gelesen oder gar zum Fürsprecher eines aggressiven Kulturkampfes gemacht.

Doch heute, ebenso wie zur Zeit der Expansion der Osmanen, geht der Zusammenprall der Kulturen nicht von Europa, sondern eben vom Islam aus. Deshalb ist die Bewertung Luthers unter Kriterien der Politischen Korrektheit abwegig. Aber genau dies versuchen die Stellungnahmen der Evangelischen Kirche in Deutschland (EKD) zum Reformationsjubiläum. Und das ist auch der Tenor der Arbeiten eines sogenannten „Studierendenwettbewerbs“ zum Thema „Luther und Islam“, den das Bundesinnenministerium bereits 2013 ausgeschrieben hat. Namentlich der Beitrag von Marcus Meer mit seinem programmatischen Titel Martin Luther zum Islam. Ein frühneuzeitlicher Beitrag zur Toleranzdiskussion der Gegenwart? unterstreicht diese Tendenz. Meer erhebt zugleich Vorwürfe gegen Luthers Christologie, welche diesem in ihrem für den Autor verwunderlichen Wahrheitsanspruch die Einsicht in die „Wahrheit“ anderer Religionen verwehrt habe. Schließlich verhängt der Autor sein Verdikt gegen Luther: Mit dessen Toleranz sei es nicht weit her. In Fragen der „Anerkennung von Andersheit“ habe Luther dringenden Nachholbedarf gehabt.

Luthers Türkenschriften zeigen Perspektiven für das Zeitalter des erzwungenen Multikulturalismus auf. Wie damals gibt es heute keine freiwillige kulturelle Begegnung von Christentum und Islam, sondern eine auf Eroberung angelegte, feindliche und gewaltsame Landnahme. Diese führt stringent mindestens zu einer Relativierung der christlichen Kultur.

Der Antitoleranzvorwurf an Luther, der lediglich seine eigene Kultur verteidigte, mutet da absurd an. Nicht Luther, das Reich oder gar der Papst wünschten sich die Türkenpräsenz auf dem Kontinent. Die Osmanen drangen gewaltsam und mit klaren machtpolitischen Absichten in Europa ein, um Land zu rauben, Menschen zu unterwerfen und ihr Kulturmodell an die Stelle des Christentums zu setzen. In der Rückschau können wir Luther als aufrechten Streiter für abendländisches Christentum sehen – eine Rolle, die heute weder evangelische Bischöfe noch Päpste wirklich ausfüllen. Und Luther erteilt uns eine wichtige Lektion in Sachen Toleranz: Niemand ist zu Duldung gegenüber unerwünschten Eindringlingen verpflichtet. Zumindest niemand, der sich nicht selbst abschaffen möchte.

Bild: Martin Luther, Gemälde von Lucas Cranach d. Ä. (1529)

lundi, 03 mars 2014

La Batalla de Pavía

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La Batalla de Pavía

por  José Luis Álvarez

Ex: http://eloccidental.es
 
Se cumplen 489 años desde que en la madrugada del  24 de febrero de 1525 los valerosos tercios saliesen victoriosos de la batalla de Pavía luego de que el rey francés, Francisco I se sintiese amenazado por el Imperio de Carlos I de España y V de Alemania que se había convertido en el personaje más poderoso del mundo. Francisco I preocupado por la concentración de títulos en manos del español decidió anexionarse el ducado de Milán para lo que comenzó la primera batalla contra los españoles conocida como la batalla de Bicoca donde el ejército francés bajo el mando del general Lautrec inició la batalla con 15.000 piqueteros suizos contra 4.000 arcabuceros españoles. Los franceses, después de perder 22 capitanes y unos 3.000 hombres se vieron obligados a retirarse, mientras que los españoles no sufrieron ninguna baja. Al igual sucedió en Sesia donde los españoles vencieron de nuevo.
 
Sin embargo el 25 de octubre de 1924 después de cruzar Francisco I los Alpes y atacar Milán los españoles se vieron obligados a retirarse de su campaña. Alrededor de unos 2.000 arcabuceros españoles, 4.500 lansquenetes alemanes y 30 jinetes pesados , mandados todos ellos por Antonio de Leyva, se atrincheraron en la cercana  Pavía. Seguido por el comienzo del asedio a la ciudad por parte de los franceses con un ejército de unos 30.600 hombres y  53 piezas de artillería.
 
Los españoles aguantaron los incesantes ataques franceses durante nada menos que tres meses. Francisco I había decidido agotar a los asediados por hambre y sed, estrategia que no resultó tal y como éste esperaba. Antonio de Leyva, el héroe defensor de Pavía, tenía 45 años de edad y había participado ya en 32 batallas y 47 asedios, este se trataba de un hombre muy respetado por parte de Carlos I.
 
Mientras los franceses esperaban la rendición de Antonio Leyva, Carlos I ordenó la intervención de un ejército de auxilio desde Alemania a Pavía al frente del cual estaba el marqués de Pescara. El objetivo era apoyar a las tropas de Leyva y romper el cerco.
 
Los capitanes y generales españoles que se encontraban en Pavía desembolsaron de su propio bolsillo el dinero para que las tropas aguantaran. Ante la difícil situación de sus oficiales, los 2.000 arcabuceros españoles decidieron que seguirían defendiendo Pavía aún sin cobrar. El Marqués de Pescara, tan excelente psicólogo como general, se ganó a sus hambrientas tropa, y en la arenga que dio a sus hombres y a los defensores de Pavía, le dijo: "Hijos míos, todo el poder del emperador no os puede facilitar en el día de hoy pan para llevaros a vuestro estómago , nadie puede traeros ese necesario pan. Pero hoy, precisamente hoy os puedo decir que si queréis comer, el alimento se encuentra en el campo francés." . No fue necesario apelar a las banderas a la patria, al heroísmo, etc.
 
El 24 de febrero de 1525 el ejército imperial de refuerzo llegó a Pavía y abrió fuego. Estuvo constituido por 13.000 lansquenetes alemanes, 6.000 infantes de los tercios españoles y 3.000 italianos con 2.300 jinetes y 17 cañones. Las tropas francesas que sitiaban a las tropas españolas, ahora eran sitiadas por las tropas de refuerzo. Desde que acampó ante Pavía no pasó día en que Pescara no fingiera un ataque nocturno contra los franceses. Los franceses se acostumbraron a las falsas alarmas y de esta forma aprovecharía cogerles desprevenidos.  
 
El grueso del ejército francés se encontraba atrincherado en el parque del castillo del Mirabello, a las afueras de Pavía, parque rodeado por una muralla de más de 10 kilómetros de longitud y de 2,5 m de alto . Cuando llegaron las 3 de la mañana del 24 de febrero de 1524 los imperiales iban a comenzar un ataque sumamente estratégico. Las órdenes eran avanzar en silencio hasta el cercado del castillo de Mirabello donde estaban atrincheradas las tropas francesas y abrir brechas en sus muros. Pescara envió dos compañías de encamisados a abrir una brecha en el muro del parque que protegía a los franceses.
 
A las 5 de la mañana, los encamisados habían abierto tres brechas por las que al amanecer pasaría Pescara al frente de los imperiales con sus escuadrones de piqueros flanqueados por la caballería. Los tercios pasaron en formación compacta, con largas picas protegiendo a los arcabuceros. El ejército imperial ya había penetrado en el parque de Mirabello, los encamisados en la vanguardia, por el centro entraron los piqueros. Tras la brecha abierta en el muro del parque la artillería aguardó su turno para cruzar. Mientras los arcabuceros atacaban y saqueaban el castillo.
 
Francisco I ordenó entonces cargar a la caballería francesa. La flor y nata de la aristocracia francesa se iba a topar con el mejor arma de la época, los tercios españoles. Los tercios invictos desde las primeras batallas de Italia y que ahora, en Pavía, iban a demostrar tu auténtica capacidad para el combate. Los encamisados fueron lanzados en primer lugar, era el cuerpo ligero de la tropa de infantería.
 
Los 3.000 arcabuceros de Fernando de Ávalos clavaron sus picas y dispararon terminando con la primera línea de la caballería pesada francesa. Más tarde los alabarderos y piqueros entraron en combate cuerpo a cuerpo. Mientras tanto Carlos de Lannoy al mando de la caballería española y el marqués de Pescara, en la infantería, luchaban ya contra la infantería francesa comandada por el comandante Ricardo de la Pole y Francisco de Lorena. Los franceses caían a cientos, fue una batalla auténticamente sangrienta.
 
La situación era dramática para las tropas francesas; se luchaba cuerpo a cuerpo y los tercios no perdonaban la vida de los franceses. El rey de Francia y su escolta también combatían a pie; en el fragor de la batalla , Francisco I con un grupo de leales , quedó copado por las tropas. Francisco I cayó del caballo y al intentarse levantar se encontró con el estoque de un soldado de la infantería española, era el vasco Juan de Urbieta Berástegui y Lezo. Juan no sabía que había apresado al mismísimo rey de Francia.
 
Juan de Urbieta, junto al granadino Diego Dávila y el gallego Alonso Pita da Veiga, no eran conscientes de a quién acababan de apresar, pero por las vestimentas supusieron que se trataría de un noble francés. Aquel preso resultó ser el mismísimo rey de Francia. El rey de Francia Francisco I había caído prisionero de Carlos I. La noticia corrió como la espuma por todos los territorios europeos. Francia había sido humillada por la captura de su monarca a manos de los tercios españoles.
 

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samedi, 04 janvier 2014

Geschiedenisles: Nederlandse protestanten kozen in 16e eeuw kant van de islam

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Geschiedenisles: Nederlandse protestanten kozen in 16e eeuw kant van de islam

Lutheranen en Calvinisten uit Nederland en Engeland vochten zij aan zij met moslim invasiemacht

De unitaristische koning Sigismund zweert trouw aan sultan Suleiman de Grote. Beiden hadden hun afwijzing van de leer van de Drie-eenheid gemeen.

Op 15 december schreven we -op basis van onderzoek van een Amerikaanse auteur en een prent uit de 19e eeuw- dat Maarten Luther de kerstboom populair zou hebben gemaakt. Een Nederlandse auteur liet mij echter weten dat die afbeelding enkel fantasie was, en dat de kerstboom pas in de 19e eeuw in zwang raakte. Wél historisch verifieerbaar, maar nog minder bekend, is dat Luther het Vaticaan dermate haatte, dat hij een moslimheerser boven de paus verkoos. Dit leidde er mede toe dat protestanten in Holland, Vlaanderen en Engeland de kant kozen van de Ottomaanse Turken, toen deze Europa probeerden te veroveren. In onze tijd lijken veel kerken eenzelfde fatale fout te maken, door te beweren dat Jahweh en Allah één en dezelfde God zouden zijn.

Protestanten staan toch al niet bekend vanwege hun kennis van de historie van hun eigen kerken, noch van de inhoud of zelfs het bestaan van de meeste Bijbelse eindtijdprofetieën. Voor de meesten zal het daarom een schok zijn dat Luther toleranter stond tegenover moslims, dan tegenover katholieken en joden.

Luther schreef weliswaar een traktaat met de titel 'De oorlog tegen de Turk', waarbij hij zich op theologische gronden verzette tegen de islam, en de Duitsers opriep een invasie te weerstaan, maar hij schreef tevens: 'Laat de Turk geloven en leven zoals hij wil, net zoals men het pausdom en andere valse christenen laat leven.' En: 'Een slimme Turk is een betere heerser dan een domme christen.'

Haat tegen paus en joden groter dan afkeer van islam

De 'grote reformator' besefte heel goed dat de islam theologisch onverenigbaar was met het christendom, en ook wat er zou gebeuren als de Turken Europa zouden veroveren. Zijn haat tegen de paus en de joden was echter dermate groot, dat hij zijn volgelingen bewust opriep om desnoods een Turkse (moslim)heerser over zich te accepteren.

Tenslotte had Luther de joden en de paus als de 'antichrist' en 'de geïncarneerde duivel' omschreven, en ging hij zelfs zover dat hij zei dat sommige van zijn Duitse tijdgenoten 'feitelijk de komst en heerschappij van de Turken wilden, omdat ze vonden dat het Duitse volk wild en onbeschaafd was, ja, zelfs half-duivels en half-menselijk' (bron: The Ottoman Empire and early modern Europe, Daniel Goffman, 2002).

Sultan Suleiman en unitariër Sigismund

Suleiman de Grote, destijds de sultan van het Ottomaans Rijk, stuurde een brief aan Luthers volgelingen in Holland en Vlaanderen, waarin hij schreef dat hij zich verwant aan hen voelde, 'omdat ze geen beelden aanbaden, in één God geloofden en tegen de paus en de keizer vochten'. Met de Duitse prinsen die zich achter Luther schaarden wilde hij zelfs een alliantie vormen tegen de keizer en de paus, en beloofde hij bescherming aan de protestanten in Hongarije en Transsylvanië.

Eén van de grootste collaborateurs met Suleiman was een unitariër, John Sigismund Zápolya (koning John of János II), die tijdens zijn heerschappij over Hongarije afhankelijk was van de steun van de sultan, aan wie Sigismunds vader (koning John I) trouw had gezworen. Sigismund was de oprichter van de unitaristische 'kerk' van Transsylvanië, die bij de reformatorische kerken in ongenade was geraakt vanwege het ontkennen van de leer van de Drie-eenheid, die ook door de islam als godslasterlijk wordt afgewezen.

Marokko wilde alliantie met Ottomaans Rijk en Holland

Ongeveer een eeuw later stuurde Marokko een moslimdiplomaat naar Europa, met als doel een alliantie te vormen tussen het protestantse Holland, het Ottomaanse Rijk en de islamitische koninkrijken van Marokko en de Morisco's. Deze diplomaat, Al-Hajari, schreef in 'Het Boek van de Beschermer van de godsdienst tegen de beeldenaanbidders' dat 'hun leraren (Luther en Calvijn) hen (de protestanten) waarschuwden tegen de paus en de aanbidders van beelden; ze vertelden hen tevens de moslims niet te haten, omdat zij het zwaard van God in de wereld tegen de beeldenaanbidders zijn. Daarom kiezen zij de kant van de moslims.'

Vanwege hun gezamenlijke haat tegen de katholieke kerk was het voor de volgelingen van Luther en Calvijn niet moeilijk om de kant van de islamitische invasiemacht te kiezen. Met onder andere zijn halfhartige uitspraken over de islam had Luther hiervoor de basis gelegd. Daarmee hield het echter niet op; Murad III, de opvolger van Suleiman, schreef een brief waarin hij een alliantie met de Lutheranen in Vlaanderen en Spanje voorstelde:

'Wat jullie aandeel betreft: aanbid geen afgoden, jullie hebben de beelden en afbeeldingen en 'klokken' van de kerken verwijderd, en jullie geloof beleden door te verklaren dat God Almachtig één is, en de Heilige Jezus zijn Profeet en Dienaar, en nu met hart en ziel zoeken en verlangen naar het ware geloof. Maar de trouweloze die ze Papa noemen ontkent dat de Schepper Eén is, schrijft goddelijkheid toe aan de Heilige Jezus (vrede zij met hem!), en aanbidt beelden en afbeeldingen die hij met zijn eigen handen heeft gemaakt. Hiermee trekt hij de éénheid van God in twijfel en leidt hij velen dat verkeerde pad op.'

Lutheranen en Calvinisten steunden mosliminvasie Europa

Tijdens de slag van Lepanto in 1571 vochten Lutheranen en Calvinisten uit Holland en Engeland zelfs zij aan zij met de islamitische Ottomanen. Dit verraad kende ruim een eeuw later een vervolg in de cruciale slag om Wenen in 1681. Imre Thokoly, de leider van de protestanten in Hongarije, viel toen samen met de Ottomanen Wenen aan. Het is aan de genade van God en de Poolse koning Johannes Sobieski te danken dat het de moslims niet lukte om na Constantinopel ook Wenen te veroveren. Was dat wel gebeurd, dan was Europa wellicht al eeuwen islamitisch geweest.

De volgelingen van Luther en Calvijn kozen dus vóór de islam, omdat beide partijen het katholicisme als de grootste vijand beschouwden. In de 16e eeuw was het onder Nederlandse protestanten een algemeen gezegde dat zij 'liever een Turk dan een papist (volgeling van de paus)' zouden zijn. Eerder hadden Orthodoxe christenen in Constantinopel een vergelijkbaars credo: 'beter een tulband dan de tiara (kroon van de paus)'. Voor deze houding betaalden zij een bittere prijs, toen hun stad in 1453 door de Ottomaanse Turken werd veroverd, en duizenden van hen werden afgeslacht.

Geen excuus voor collaboratie met islam

Anno 2013/2014 dreigt de geschiedenis zich te herhalen. Opnieuw zoekt de islam met suikerzoete woorden toenadering tot de christelijke kerken, door te beweren dat wij dezelfde god zouden aanbidden, en wij veel met elkaar gemeen zouden hebben.

Johannes de Damascener, die werkte aan het hof van de Kalief van Syrië, noemde in zijn boek 'De Bron van Kennis' de islam echter de 'ketterij van de Hagarenen' (afstammelingen van Hagar, de moeder van Ismaël), Allah 'Baäl' en moslims 'verminkers van God', als tegenwerping tegen de (valse) beschuldiging van moslims dat christenen drie Goden zouden aanbidden.*

Christenen hebben geen enkel excuus voor het collaboreren met de islam. Hiermee hebben zij zelfs de kerk en hun geloof verraden, want juist in veel landen waar moslims de baas zijn wordt een uitroeiingsoorlog tegen christenen gevoerd. En als dat christenen niets zegt, dan zouden ze een korte blik op de islamitische leer moeten werpen, die immers de complete basis van het christelijke geloof -de 'Vader en de Zoon', het sterven van Jezus aan het kruis, de opstanding- ontkent en zich volgens de Bijbel daarmee aan de grootste godslasteringen schuldig maakt.

Samenwerking met islam = eigen doodvonnis tekenen

Honderden jaren geschiedenis laat zien dat iedereen die gaat samenwerken met de islam, uiteindelijk een prooi zal worden en op vaak bloedige wijze het onderspit zal moeten delven. De anti-Israël, antisemitische en pro-islamhouding van veel kerken is in dit opzicht even angstwekkend als veelzeggend. Zo verkettert de Lutheraanse Wereldraad regelmatig de Joodse staat voor het zich verdedigen tegen Palestijnse terroristen. En dat is niet zo vreemd als bedacht wordt dat Luther zelf tijdens het grootste deel van zijn leven een openlijke antisemiet was. (1)

Is dit een pleidooi om dan maar katholiek te worden? Zeker niet, want er is theologisch heel veel mis met de leer van het Vaticaan, dat tenslotte de basis heeft gelegd van de onbijbelse vervangingstheologie die ook door de protestantse kerken wordt geleerd, en die onder andere heeft geleid tot eeuwenlange Jodenvervolgingen en een aanhoudende blindheid voor het grootste deel van de Bijbelse eindtijdprofetieën.

Christenen moeten verschillen opzij zetten

Zoals we gisteren al schreven kan het Vaticaan echter nooit de 'hoer van Babylon' zijn, zoals veel kerken en groepen nog altijd leren. Katholieken belijden net als protestanten en evangelische/pinksterchristenen dezelfde Verlosser. In het licht van de islamitische oorlog tegen het christendom wordt het daarom hoog tijd dat christenen van alle gezindten hun theologische verschillen accepteren en laten voor wat ze zijn, en elkaar vinden in hun belijdenis dat Jezus de Christus is, is opgestaan uit de dood, en de enige Weg is om verzoend te worden met God de Vader. Doen we dat niet, dan zouden wij op termijn wel eens hetzelfde lot als de christenen in Azië en Noord Afrika kunnen ondergaan.

* Om een zijdelingse discussie over de Drie-eenheid te vermijden: noch de katholieken, noch de protestanten, noch de evangelischen zeggen drie Goden te aanbidden, maar één God die zich op drie wijzen manifesteert, namelijk als Vader, als Zoon, en als Heilige Geest - net zoals u zelf één persoon bent die uit drie 'delen' bestaat, namelijk geest, ziel en lichaam, waarbij uw lichaam is onderworpen aan uw geest (en zo de Zoon is onderworpen aan de Vader, zoals de Bijbel schrijft). Wij zijn immers naar Zijn beeld (Genesis 1:27) geschapen.

Xander

(1) Shoebat

lundi, 26 août 2013

Montaigne et l’indifférence active

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Montaigne et l’indifférence active

par Claude BOURRINET

1) Dans les Essais, le discours n’est nullement l’enregistrement d’une existence mais le monologue d’une conscience qui se voit agir, qui s’accepte agissante sans pour cela paraître trop indulgente ni sans omettre de relever ce qui est digne d’être pris comme modèle. Il est donc tentant de soupçonner a priori une mauvaise foi latente dans tout ce qui est avoué, et d’autant plus que c’est avoué. Les relations qui existent entre Montaigne et son œuvre sont d’ordre dialectique. Dialogue socratique entre un homme qui voudrait être, sans plus (mais tâche ô combien ardue !) et une excroissance de cette essence problématique, monstrueuse (dans le sens du XVIe siècle) et inquisitrice, dont la tâche est d’établir un bilan sans concession et de ne cesser de rappeler qu’il est nécessaire d’accepter, pour être. De boire la coupe jusqu’à la lie. Une manière de conscience assumée, en quelque sorte, superlative, alternant entre lucidité aiguë et impératif pratique.

 

2) Le discours des Essais a ceci de singulier qu’il se détruit lui-même en avouant son incapacité à réformer la vie. C’est un anti-discours, comme celui des pyrrhoniens. Impression de n’en jamais tenir le bout, de perpétuel enlisement. Sa véritable sagesse, c’est l’absence de sagesse.

 

3) De vouloir trop appréhender l’homme Montaigne, malgré le prologue des Essais, c’est renouveler l’illusion réaliste dans l’art pictural.

 

4) Quand on lit et apprécie les Essais, on se sent délivré de tout scrupule à se réconcilier avec les mille travers de l’humaine condition, tellement ils nous semblent devenus naturels, mais aussi innocents, et l’un parce que l’autre (ce que rend bien le terme « naïf »). À vrai dire, il peut paraître excessif de prétendre cela. Mais ces travers ne sont ni mauvais, ni bons : ils sont ce que la nature et nous-mêmes les faisons, ce qui laisse une substantielle amplitude à la Fortune et à la volonté.

 

5) Inutilité des Essais en période vertueuse. Les cannibales en auraient-ils besoin ? Les Essais n’existent que parce que le siècle est corrompu.

 

6) Il faut prendre garde que Montaigne se veut hautement, ou bassement (au sens de basse continue) philosophe : « La moyenne région loge les tempestes, les deux extrêmes, des hommes philosophes et des hommes ruraus, concurrent en tranquillité et au bon heur ».

 

7) C’est à cette époque que les derniers feux de l’idée de croisade s’éteignent.

 

8 – L’intériorisation et la spiritualisation du sentiment de l’honneur tendent à remplacer son ostentation, même dans la dévotion. François de Salles fondera l’humble, l’orgueil de n’être que commun.

 

9) Montaigne change parfois de chaussures, mais c’est toujours pour aller sur la même voie et dans la même direction.

 

10) Écrire et publier sont deux fonctions qui appartiennent à des individus différents. Publier est affaire de vanité, de mensonge, de sincérité, de dévoilement, de témoignage, de générosité, d’égoïsme, d’intérêt bien compris, que sais-je encore ? Mais écrire est affaire d’être.

 

11) Le discours de Montaigne (pensée appuyée sur des expériences) n’est pas discours rationnel : « La plus part des instructions de la science à nous encourager ont plus de montre que de force, et plus d’ornement que de fruict (La Pléiade, p. 1026) ».

 

12) Dans les Essais, on ne trouve pas tout de la doctrine chrétienne, mais tout ce qu’on y trouve, on eût pu l’y chercher.

 

13) L’indifférence est un idéal asymptotique.

 

14) Il se peut que Montaigne ne se soit pas définitivement « corrigé », mais au moins s’est-il progressivement découvert, non abstraitement, mais dans sa chair, ce qui n’a pas été sans efforts et sans sacrifices. Il est tragique sans pathos.

 

15) Sacrifice du « vieil homme ». Se connaître, c’est connaître ce que Dieu a daigné que l’on soit. Loin d’être « impersonnel », le Montaigne « stoïcien » était résolument individualiste. Élaguer le moi de cette protubérance vaniteuse et ostentatoire, c’est redevenir véritablement « impersonnel », enfant de Dieu et de Fortune. Et là est atteinte la véritable personne.

 

16) La sagesse de Montaigne n’existe pas a priori, elle est Expérience, elle est Leçon, que l’on reçoit et donne. La sagesse est apprentissage.

 

17) Le siècle devient « comme un autre passé (La Pléiade, p. 1081) ». Il n’est plus ce présent indigne du passé : il devient une deuxième Antiquité. Passé, présent, futur sont identiques.

 

18) Montaigne n’est ni stoïcien, ni épicurien, ni pyrrhonien, ni quoi que ce soit de ce que la Grèce et Rome ont légué, mais un peu de tout cela. Il est avant tout Montaigne. Et, au demeurant, devrions-nous le classer à tout prix, il nous faudrait l’intégrer à cette longue lignée de philosophes chrétiens qui, jusqu’à l’humanisme dévot en train de naître, s’est évertué de replacer l’homme à sa juste place sans l’écraser.

 

19) Nous sommes si éloignés de la vie et de nous-mêmes que la redécouverte qu’en fait Montaigne nous semble une nouveauté miraculeuse.

 

20) Le Livre III des Essais, et surtout les derniers chapitres, sont parmi les expressions les plus pures du mysticisme baroque.

 

21) Il faut se garder de croire naïvement, malgré certains passages des Essais, que Montaigne préconise une vie médiocre, sans s’apercevoir en quoi cet idéal est utopique pour un homme tel que lui. Ces « ruraus », ce sont les cannibales de son terroir. Bien sûr, ils « vivent », et la bête elle-même manifeste pleinement la puissance d’être. Mais vivre, est-ce « exister » ? Avoir conscience de vivre, n’est-ce point doublement vivre ?

 

22) Les Essais sont une conquête personnelle du présent, du siècle et de l’instant. De la présence.

 

23) On ne peut parfois s’empêche de penser qu’il y a du « fumeur de haschisch, chez Montaigne. Moins l’orgueil.

 

24) En grand danger de nihilisme ? Dans un passage de l’Apologie de Raymond Sebond, il est dit en substance qu’il est dangereux de s’aventurer plus avant. Tzara : « Les réactions des individus contaminés par la destruction, sont assez violentes, mais ces réactions, épuisées, annihilées par l’insistance satanique d’un à quoi bon continuel et progressif, ce qui reste et domine est l’indifférence. »

 

25) L’indifférence active est la suprême conscience.

 

26) Ce même mouvement qui porte l’intérêt de Montaigne pour le passé et le présent a pour aboutissement la réconciliation et comme moyen la rupture. Il procède de la redécouverte émerveillée d’un monde que l’on croyait connaître.

 

27) Montaigne cherche à reconstituer un Nomos afin que, quelque combat qu’il mène, il se trouve toujours en situation de préserver les remparts de son être. Mais ces murailles, c’est le monde. Nomos équivaut à Kosmos.

 

28) Montaigne a eu besoin de son livre pour se réconcilier. La béance se sera élargie chez Cervantès, et la sagesse devra s’accorder avec la folie.

 

29) Il ne faut pas tomber dans le piège des justifications prétendument « sincères » de Montaigne, à propos des raisons qui l’ont poussé à écrire. Il n’est rien de plus renard que la sincérité. La littérature est mauvaise foi. Il faut douter de toute affirmation péremptoire de l’auteur. Écrit-il pour ses proches ? Par originalité ? Sait-on vraiment pourquoi il écrit ? Sait-on pourquoi l’on écrit ? Les Essais sont entre autre la cristallisation d’impératifs qu’il se donne, moraux ou non, et qu’il ne suit pas toujours. Ils sont comme un miroir, mais un miroir déformé et déformant, renvoyant une image redressée du monde et de lui-même, du moins ce que Montaigne se veut être en se surprenant. S’il y a sincérité, elle est dans la relation courageuse qu’il établit avec son livre, c’est-à-dire avec sa conscience.

 

30) Tout ce qu’il dit à propos des Essais n’est pas faux, mais dans le sens qu’il donne aux termes « mensonge » et « vérité », qui sont des modalités justifiées de l’être et de sa puissance.

 

31) Car si l’on s’en tient uniquement, et docilement, à ce qu’il dit de lui-même et de son œuvre, on risque d’être désabusé : il n’existe pas de livre, ni d’individu, de son aveu même, qui ne soient aussi farcis de contradictions, constat qui authentifie sa vérité, plus sûrement que toute démonstration.

 

32) On s’est souvent arrêté à la nonchalance de Montaigne, et on a trop négligé ce qu’elle supposait de luttes dramatiques, pas toujours victorieuses.

 

33) La « diversion » est-elle encore fiable dès lors que l’on s’attache volontairement à la mettre en pratique ? Il subsiste toujours un Montaigne rebelle aux effets de l’indifférence totale, un Montaigne, non certes angoissé, mais inquiet et roide, non point à cause d’une trop grande soif de lucidité, mais de cette lucidité même, d’une tension trop aiguë vers la réalisation de l’être.

 

34) La « lucidité » de Montaigne provient non d’un détachement radical du monde, mais d’une adhésion à sa nature profonde, à sa nécessité, fût-elle à fleur de peau.

 

35) L’ignorance consiste à concéder de la substance à la perception phénoménale du monde. La docte ignorance est de s’accommoder de cette substance, et d’avoir la sagesse d’en jouir.

 

Claude Bourrinet

 


 

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lundi, 10 juin 2013

I cinquecento anni del Cavaliere ribelle

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I cinquecento anni del Cavaliere ribelle nell’incisione di Dürer

di Dominique Venner

Fonte: Barbadillo

Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

Il Cavaliere, la Morte e il Diavolo, è la mirabile incisione realizzata da Dürer nel 1513, esattamente 500 anni fa. Il geniale artista che eseguì su commissione tantissime opere edificanti, dà qui prova d’una libertà sconcertante e audacemente provocatrice. All’epoca non era opportuno ironizzare sulla Morte e il Diavolo, terrore della brava gente e non solo, alimentato da chi ne traeva profitto. Ma lui, il Cavaliere solitario di Dürer, sorriso ironico sulle labbra, continua a cavalcare, indifferente e calmo.

Al personaggio del Diavolo non concede uno sguardo. Pertanto, questo spaventapasseri è ritenuto pericoloso. Terrore dell’epoca, come lo ricordano le innumerevoli Danze macabre e vendite delle Indulgenze per i  secoli del purgatorio, il Diavolo è pronto all’imboscata. Si appropria dei trapassati per gettarli nelle fiamme dell’Inferno. Il Cavaliere se ne prende gioco e disdegna questo spettro che Dürer vuole ridicolo.

La Morte, lei, il Cavaliere la conosce. Lui sa bene che, lei, è alla fine del cammino. E allora? Cosa può su di lui, malgrado la sua clessidra vibri per ricordare lo scorrere inesorabile della vita?

Immortalato dall’incisione, il Cavaliere vivrà per sempre nel nostro immaginario al di là del tempo. Solitario, a passo fermo sul suo destriero, la spada al lato, il più celebre ribelle dell’arte occidentale cavalca tra i boschi selvaggi e i nostri pensieri sul suo destino, senza paura né supplica. Incarnazione di una figura eterna in questa parte di mondo chiamata Europa.

L’immagine dello stoico Cavaliere mi ha spesso accompagnato nelle mie rivoluzioni. E’ vero che sono un cuore ribelle e che non ho smesso d’insorgere contro la lordura invadente, contro la bassezza promossa a virtù e contro le menzogne assurte a rango di verità. Non ho smesso d’insorgere contro chi, sotto i nostri occhi ha voluto la morte dell’Europa, nostra millenaria civilizzazione, senza la quale io non sarei nulla.

(traduzione per Barbadillo.it di D.D.M.)

Note

Un ribelle del ventesimo secolo, lo scrittore Jean Cau, ha consacrato una delle sue più belle opere, Il Cavaliere, La Morte e il Diavolo, pubblicato (in Francia) dalle Edizioni della Tavola Rotonda nel 1977. Di fronte alla Morte, immagina queste parole dalla bocca del Cavaliere : “ Sono stato sognato e tu non puoi nulla contro il sogno degli uomini”.

mardi, 07 mai 2013

Machiavelli & the Conservative Revolution

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Machiavelli & the Conservative Revolution

By Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

Borne along by the French Spring, the Conservative Revolution is in fashion. One of its most brilliant theorists deserves to be remembered, even if his name has long been maligned. Indeed it is scarcely flattering to be described as “Machiavellesque” if not “Machiavellian.” It can be seen as an aspersion of cynicism and deceit. 

And yet what led Niccolò Machiavelli to write the most famous and the most outrageous of his works, The Prince, was love and concern for his fatherland, Italy. It was published in 1513, exactly 500 years ago, just like Albrecht Dürer’s “The Knight, Death, and the Devil [2].” A fertile time! In the early years of the 16th century, Machiavelli was nevertheless the only one to worry about Italy, the “geographical entity,” as Metternich later said. Then, one cared about Naples, Genoa, Rome, Florence, Milan, and Venice, but nobody cared about Italy. This had to wait a good three centuries. This proves that we should never despair. The prophets always preach in the wilderness before their dreams reach the unpredictable waiting crowds. We and some others believe in a Europe that exists only in our creative memory.

Born in Florence in 1469, died in 1527, Niccolò Machiavelli was a high official and diplomat. His missions introduced him to the grand politics of his time. What he learned, and what he suffered for his patriotism, prompted him to reflect on the art of conducting public affairs. Life had enrolled him in the school of great upheavals. He was 23 years old when Lorenzo the Magnificent died in 1492. The same year, the ambitious and voluptuous Alexander VI Borgia became Pope. He swiftly made one of his sons, Cesare (at that time, the popes cared little for chastity), a very young cardinal and then the Duke of Valentinois thanks to the king of France. This Cesare, gripped by a terrible ambition, cared nothing about means. Despite his failures, his ardor fascinated Machiavelli.

But I anticipate. In 1494 came a huge event that would change Italy for a long time. Charles VIII, the ambitious young king of France, made ​​his famous “descent,” i.e., an attempt at conquest that upset the balance of the peninsula. After being well-received in Florence, Rome, and Naples, Charles VIII then met with resistance and was forced to retreat, leaving a terrible chaos. It was not finished. His cousin and successor, Charles XII, came back in 1500, this time for longer, until Francis I became king. Meanwhile, Florence was plunged into civil war, and Italy was devastated by condottieri greedy for loot.

Appalled, Machiavelli observed the damage. He was indignant at the impotence of the Italians. From his reflections arose The Prince in 1513, the famous political treatise written thanks to its author’s disgrace. The argument, with a compelling logic, seeks to convert the reader. The method is historical. It is based on the confrontation between the past and the present. Machiavelli stated his belief that men and things do not change. This is why the Florentine councilor continues to speak to us Europeans.

Following the Ancients–his models–he believes Fortune (chance), represented by a woman balancing on an unstable wheel, rules half of human actions. But she leaves, he says, the other half ruled by the virtues (qualities of manly boldness and energy). Machiavelli calls for men of action and teaches them how to govern well. Symbolized by the lion, force is the primary means to conquer or maintain a state. But one must also have the cunning of the fox. In reality, one must be both lion and fox. “We must be a fox to avoid traps and a lion to frighten wolves” (The Prince, ch. 18). Hence his praise, devoid of any moral prejudice, of Alexander VI Borgia, who “never did anything, and never thought of doing anything, other than deceiving people and always found a way to do so” (The Prince, ch. 18). However, it is in the son of this curious pope, Cesare Borgia, that Machiavelli saw the incarnation of the Prince according to his wishes, able “to win by force or fraud” (The Prince. ch. 7).

Placed on the Index by the Church, accused of impiety and atheism, Machiavelli actually had a complex attitude vis-à-vis religion. Certainly not devout, he nevertheless went along with its practices but without abdicating he critical freedom. In his Discourses on the First Ten Books of Titus Livy, drawing lessons from ancient history, he questioned which religion best suits the health of the state: “Our religion has placed the highest good in humility and contempt for human affairs. The other [Roman religion] placed it in the greatness of soul, bodily strength, and all other things that make men strong. If our religion requires that we have strength, it is only to be more capable of suffering heavy things. This way of life seems to have weakened the world, making it easy prey for evil men” (Discourses, Book II, ch. 2). Machiavelli does not risk religious reflection, but only a political reflection on religion, concluding: “I prefer my fatherland to my soul.”

Source: http://www.dominiquevenner.fr/2013/04/machiavel-et-la-revolution-conservatrice/ [3]


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[2] The Knight, Death, and the Devil: http://en.wikipedia.org/wiki/The_Knight,_Death_and_the_Devil

[3] http://www.dominiquevenner.fr/2013/04/machiavel-et-la-revolution-conservatrice/: http://www.dominiquevenner.fr/2013/04/machiavel-et-la-revolution-conservatrice/

vendredi, 25 janvier 2013

Ons Wilhelmus

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Ons Wilhelmus

Francis Van den Eynde

Toen ik in december de geschiedenis van de Marseillaise en van het Deutschlandlied uit de doeken deed beloofde ik dat de volgende maal ons Wilhelmus aan bod zou komen. Hoog tijd om woord te houden. Vooral omdat het verhaal van dit volkslied ook wel wat te bieden heeft. Dermate veel zelf dat ik er mij toe verplicht zie het in twee delen te brengen.

Het oudste volkslied ter wereld?

Algemeen wordt aanvaard dat het ’God Save the Queen‘ het oudste nationaal lied ter wereld is omdat het rond 1748 voor de eerste keer zou opgevoerd zijn geweest. Iets dat afgeleid wordt uit het feit dat in dat jaar de laatste gewapende Schotse opstand plaatsgreep en dat hier naar verwezen wordt in de laatste strofe die niet bepaald vriendelijk voor de Schotten is.

Oordeel  zelf:

May he sedition hush,
And like a torrent rush,
Rebellious Scots to crush.
God save the Queen!

Wat er ook van zij, het Wilhelmus is veel ouder dan het God Save the Queen. Tenminste van tekst want die werd waarschijnlijk net voor 1572 opgesteld (we komen hier verder op terug). Als volkslied is het Wilhelmus dan weer veel jonger vermits het pas in 1932 als dusdanig werd aanvaard en dit in vervanging van: Wie Neêrlands bloed in de aders vloeit van vreemde smetten vrij (terloopse opmerking: de auteur van die tekst zou vandaag de dag ongetwijfeld wegens racisme voor de rechtbank gesleept worden).

Een pamflet voor psychologische oorlogsvoering

Zoals het met andere nationale hymnen het geval was werd het Wilhelmus oorspronkelijk niet bedoeld om deze functie te vervullen. Het was een pamflet  ter ondersteuning van de opstand van  de Nederlanden tegen Spanje alias de tachtigjarige oorlog.  Een conflict dat voor die tijd zeer modern overkomt  Op enkele uitzonderingen na (de slag der Gulden Sporen bv) waren oorlogen tot dan immers louter en uitsluitend de zaak van vorsten die het met beroepslegers tegen mekaar opnamen. Deze laatste werden weliswaar betaald met het belastingsgeld dat door het volk opgehoest werd maar verder had dit volk hier niets mee te maken en naar de mening van dat volk werd zeker niet geïnformeerd. De strijdende partijen deden dan ook niet te veel moeite om aan te tonen dat het moreel gelijk aan hun kant te vinden was. Waarom zouden ze dat ook geprobeerd hebben. Iedereen vocht voor zijn eigen belang en dat was dermate evident dat een verantwoording alles behalve nodig leek.. Geen sprake dus van psychologische oorlogsvoering in die tijd. De opstand tegen Filips II van Spanje is echter totaal anders van aard en concept. Het gaat hier niet langer om een oorlog tussen twee vorsten maar om een strijd die door de Staten-Generaal en de vele steden van de Nederlanden,  met de steun van de meerderheid van de locale adel, gevoerd wordt tegen een heerser die als een vreemde tiran beschouwd wordt De steun van het volk winnen blijkt voor beide kampen dus plots iets van primordiaal belang te zijn. De nog niet zolang geleden uitgevonden drukpersen komen dus voor iedereen goed van pas. Temeer dat in verhouding tot de rest van Europa de scholingsgraad van de bevolking in de Nederlanden zeer hoog ligt. Bij ons kunnen veel mensen lezen en schrijven. Iets dat in de zestiende eeuw zeker niet overal in Europa het geval was. We beschikken bovendien over drukkers met een internationale reputatie. Denk aan Dirk Martens in Aalst, Christophe Plantin in Antwerpen etc.. Kortom een psychologische oorlog is deze keer noodzakelijk en de middelen om hem te voeren zijn aanwezig en dus….

De mensen die op wetenschappelijke wijze alles wat toentertijd bij ons verscheen, bestudeerd hebben stelden met verbazing vast dat alhoewel het amper een eeuw geleden is dat Gutenberg de eerste drukmachine gebouwd heeft, alle moderne propagandatrukken al toegepast worden en dit zowel door de aanhangers van Filips als door die van de Staten.. Pamfletten, affiches, boeken, liederen ..en ook valse documenten die zogezegd van de vijand uitgaan en voor hem compromitterend zijn of waaruit zou blijken dat zijn bedoelingen alles behalve eerlijk zijn. Alles komt van pas.. Een gans arsenaal waarvan het Wilhelmus deel uitmaakt vermits bedoeld is om Willem van Oranje en de door hem gevoerde politiek te verklaren en om een aantal tegen hem geformuleerde aantijgingen te weerleggen.

De auteur: een Brusselaar?

Op het schrijven van geuzenliederen, en het Wilhelmus is er een, stond de doodstraf. Dit verklaart dat de tekst anoniem verspreid werd. Meestal wordt er echter vanuit gegaan dat het lied gemaakt is door Filips van Marnix van Sint-Aldegonde. De stijl van de tekst lijkt alvast zeer sterk op die van andere literaire werken waarvan met zekerheid geweten is dat ze van de hand zijn van deze trouwe paladijn van Willem van Oranje.

Filips die in 1540 in Brussel geboren werd en door velen Marnix genoemd wordt, terwijl dit patroniem een deel van zijn familienaam is, stamde uit een geslacht van magistraten uit Savoye dat in dienst van Marghareta van Oostenrijk naar de Nederlanden was gekomen.
Hij was zeer begaafd en studeerde theologie in Leuven, Parijs, Dole, Padua en Genève. In die laatste stad was hij student bij Calvijn en werd hij een overtuigd calvinist. Hij sloot zich in 1565 aan bij het Eedverbond der Edelen dat aan Marghareta van Parma, die in naam van haar broer Filips II gouvernante was van de Nederlanden, een smeekschrift overhandigde waarin de stopzetting van de vervolging van de’ ketters’ werd gevraagd. Daar de meeste leden van het Verbond van lagere adel waren ontlokte dit toen zij binnenkwamen bij De Berlaymont, een aanwezig raadslid van Margaretha,de uitroep ‘ Ne craignez point Madame, ce ne sont que des gueux’ (Vreest niet Mevrouw het zijn alleen maar arme mensen). De betrokkenen hadden dit gehoord en namen de ‘geuzennaam’ over. Na de Beeldenstorm vluchtte Filips naar Bremen, nadien naar Oost-Friesland waar hij diverse polemische stukken uitgaf. Het bekendste daarvan is "De Byencorf der H. Roomsche Kercke", een felle satire op de rooms-katholieke Kerk, dat tot het jaar 1761 ten minste 23 drukken beleefde.

Vanaf 1571 was hij in dienst van Willem van Oranje, wiens overgang tot het calvinisme hij bevorderde. Marnix werd een belangrijk medewerker van Willem, en voerde veel diplomatieke missies uit voor De Zwijger.

Van 1575 tot 1580 werkte Marnix aan een nieuw Nederlands psalter waarvoor hij de Psalmen Davids rechtstreeks uit het Hebreeuws vertaalde. In 1591 verscheen een tweede gewijzigde druk en na zijn dood een derde.

Burgemeester van Antwerpen

In 1583 benoemde Willem hem tot buitenburgemeester van Antwerpen een belangrijke bestuursfunctie, en werd hem opgedragen de stad te verdedigen, na de Spaanse Furie. Tegen de Spaanse overmacht onder Alexander Farnese was dit echter een schier onmogelijke opdracht. Als magistraat en militair blonk Marnix niet uit; daartoe miste hij Willems doortastendheid. Hij kon dan ook de val van Antwerpen niet beletten..

Teruggetrokken op zijn kasteel bij Souburg wijdde hij zich aan het schrijven.
Vergeten is hij niet. In Amsterdam en in Leiden is er een straat naar hem genoemd. Hij heeft twee standbeelden in Brussel ( een in het park van de Kleine Zavel en een aan een schoolgevel op nr. 225 van de Hoogstraat). Sinds 2012 staat ook in Antwerpen een standbeeld van de man die de stad tegen de Spanjaarden verdedigde. Voor zover als nodig mag ook nog vermeld worden dat de Marnixclub naar hem genoemd werd.

Het onderwerp van de tekst; Willem van Oranje.

Willem van Oranje werd geboren als oudste zoon van Willem de Rijke graaf van Nassau, en Juliana van Stolberg. Tot zijn elfde levensjaar kreeg Willem een opvoeding in lutherse zin op het stamslot Dillenburg in Duitsland. Zijn moeder was overtuigd protestant en bracht dat over op haar kinderen.
In 1544 stierf een neef van Willem, René van Chalon die in 1530 door een erfenis onder meer het onafhankelijke prinsdom Orange verworven had. Omsloten door Frankrijk, was het een twistappel tussen Frankrijk en het Heilige Roomse Rijk, de officiële soeverein. René had bij testament bepaald dat Willem van Nassau zijn opvolger zou worden. Ook keizer Karel V stemde hiermee in. De elfjarige Willem erfde hierdoor het prinsdom Orange met de prestigieuze titel van Prins.

In Brussel met Keizer Karel

Aan dit prinsdom waren zeer belangrijke voorrechten en bezittingen in de Nederlanden verbonden. Karel V verbond aan deze erfenis wel de voorwaarde: overgang tot het rooms-katholieke geloof en opvoeding aan het hof in Brussel. Om het familiebelang van de Nassaus gingen de ouders en Willem hiermee akkoord.  Aan het hof van keizer Karel werd hij, ingewijd tot diplomaat. Hij leerde naast Duits verschillende talen als Latijn, Frans, Spaans, Italiaans en Nederlands Zijn levenshouding werd gekenmerkt door optimisme en welsprekendheid. Hij bleek over diplomatieke gaven te beschikken. Hij kreeg zijn bijnaam de Zwijger niet vanwege zwijgzaamheid, maar vanwege zijn gewoonte nooit het achterste van zijn tong te laten zien. De ster van de jonge prins rees gestaag. Hij werd een van de belangrijkste edelen aan het hof. Toen Karel op 25 oktober 1555 terugtrad als koning van Spanje en keizer van Duitsland  leunde hij bij deze plechtigheid  op de schouder van deze 22 jaar jonge prins. Tegen zijn zoon Filips II zei Karel over hem: Houdt deze jongeman in ere, hij kan je waardevolste raadgever en steun zijn. In deze tijd toonde Willem van Oranje zich overigens een trouwe zoon van de rooms-katholieke kerk.

Conflict met Filips II

In 1555 werd Filips II heer der Nederlanden en het jaar daarop ook koning van Spanje, waar hij overigens al vanaf 1539 als regent voor zijn vader optrad. Filips II was een overtuigd aanhanger van de rooms-katholieke kerk. De reeds in 1550 ingevoerde strenge 'plakkaten' tegen de aanhangers van  Luther hadden zijn volledige instemming. Hij zag het als zijn levensdoel om één groot rijk te scheppen met slechts één godsdienst, het rooms-katholicisme. Op dit punt wilde hij van geen wijken weten. De koning was een vroom, ernstig en sober mens. Hij was ook achterdochtig en kon slecht delegeren. Prins Willem was daarentegen opgewekt, sociaal vaardig en ambitieus. Hoewel trouw aan de rooms-katholieke kerk, had hij waardering voor de kritische humanisten zoals bv Erasmus.

In juni 1559, zou Willem van Oranje een ontmoeting hebben gehad met de Franse koning. In zijn Apologie uit 1580, toen hij door Filips vogelvrij was verklaard kwam Willem op deze ontmoeting terug. De Franse koning zou hem mededelingen hebben gedaan over het gezamenlijke plan van de katholieke vorsten Hendrik en Filips om door middel van inquisitie, vervolging, tirannie en plakkaten de ketterij in Frankrijk en in de Nederlanden uit te roeien. Hij zegt in die Apologie dat het naar aanleiding van dit gesprek is dat zijn verzet tegen de politiek van Filips zou zijn ontstaan en formuleert het aldus: Ik wil gaarne toegeven dat ik toen een grote mate van medelijden voelde met zovele mensen van eer die aan de dood overgeleverd waren; tevens voelde ik mee met dit land, waarmee ik zozeer verbonden ben en waar men dacht een zekere vorm van inquisitie in te voeren die wreder zou zijn dan de Spaanse. Filips II benoemde in 1559 weliswaar zijn zus Margaretha van Parma tot landvoogdes voor de Nederlanden maar maakte van zijn vertrouweling Granvelle, die in 1561 ook nog aartsbisschop van Mechelen werd, de echte machthebber.

Vervolgingen en belastingen

Hij voerde nog strengere plakkaten voor de vervolging van de protestanten in. Op het punt van het rijksbestuur streefde hij naar een krachtig centraal gezag, ten koste van lokale privileges, waaronder bijvoorbeeld de eigen belastingpolitiek van de Staten-Generaal. Vooral de invoering van de Tiende Penning (een soort vlaktaks van 10%) riep heel wat spanning en weerstand op. De politiek inzake de religie en het landsbestuur werd  door de adel niet in dank afgenomen.. Onder de hoge adel kwamen onder andere Filips van Montmorency graaf van Hoorn, Lamoraal graaf van Egmont en Willem van Oranje in verzet. Op 11 maart 1563 stuurden prins Willem, Hoorn en Egmont een scherpe en waarschuwende brief aan koning Filips II. Het resultaat van dergelijke brieven werkte echter averechts. Filips II beet zich in zijn intimidatiepolitiek nog meer vast.

In het najaar van 1564 wendde de Raad van State zich opnieuw tot Filips over de gevolgen van de gevoerde politiek. In de besluitvorming over de brief aan de koning sprak prins Willem op 31 december 1564 een beroemde rede uit, de zogenaamde 'Oudejaarsrede'. De rede behoort tot de hoogtepunten in de Nederlandse geschiedenis, maar slechts delen zijn bewaard gebleven. In deze urenlange rede voerde hij openlijk en duidelijk een pleidooi voor gewetensvrijheid van de onderdanen. Lange tijd is hieruit door latere geschiedschrijvers de volgende zin uit geciteerd: Ik kan niet goedkeuren dat vorsten over het geweten van hun onderdanen willen heersen en hun de vrijheid van geloof en godsdienst ontnemen.

De opstand neemt vorm

Op 18 januari 1565 bracht Egmont de wens van de Raad van State over aan Filips II. In zijn antwoord wees de koning het verzoek van de Raad van State radicaal af. De plakkaten werden zelfs verscherpt,. Bovendien moesten de belastingmaatregelen zo nodig met geweld worden doorgevoerd.. De centralisatie van de besluitvorming werd doorgedrukt. Het conflict tussen Filips en prins Willem was een feit. De aanloop naar de Opstand was begonnen. Op 25 december 1565 werd het Verbond der Edelen opgericht.  Willem wachtte de komst van Alva  niet af. Hij vluchtte in april 1567 met zijn gezin naar Duitsland. Alleen Willems 12-jarige zoon Filips Willem bleef achter in Leuven, waar hij studeerde. Hij werd in 1568 afgevoerd naar Spanje, om een goede katholieke opvoeding te krijgen. Willem zou hem nooit meer terugzien. Margaretha trad af als landvoogdes uit protest tegen Alva, die haar betrekkelijk verzoeningsgezinde beleid doorkruiste. Alva werd haar opvolger.

Vanuit Duitsland organiseerde Oranje de strijd voor de bevrijding van de Nederlanden waarvan niemand er nog maar aan dacht hem de leiding te betwisten en dit omwille van zowel zijn hoge adellijke titel als  van zijn persoonlijke inzet.. De campagnes werd met wisselend succes gevoerd; sommige veldslagen werden gewonnen andere dan weer verloren. Ondanks het feit dat hij ook zijn persoonlijk fortuin voor het welslagen van de oorlog had ingezet, ontbrak het hem vaak aan financiële middelen..en deze zijn in een oorlog steeds van groot belang. Zeker in die tijd waar de strijd steeds voornamelijk door beroepssoldaten, huurlingen dus, werd gevoerd. Massamobilisatie is immers iets dat pas tijdens de Franse revolutie uitgevonden werd..

Een volksopstand

Op een april 1572 nemen de watergeuzen de stad Den Briel in en dit is als het ware het begin van een ware volksopstand. Oranje komt terug naar de Nederlanden en leidt nu gans de zaak van ter plaatse en zo mogelijk  in overleg met de Staten en de steden.

Eenvoudig is dat niet. Bij de protestanten kon de prins geen kwaad doen; de katholieken echter bleven terughoudend, mede door de bloedbaden tegen katholieke geestelijken die door de opstandelingen werden gepleegd. De tot dan toe formeel nog katholieke prins van Oranje ging eind 1573 weer over naar het protestantisme - nu in zijn Calvinistische vorm, terwijl hij tot zijn elfde levensjaar Luthers was opgevoed. Hij bezocht in deze periode verschillende steden in Holland en Zeeland. De situatie bleef wankel. Haarlem gaf zich in juli 1573, na een beleg van 9 maanden, over aan de Spanjaarden. Alkmaar wist echter een Spaans beleg te doorstaan, tot het op 8 oktober 1573 door de watergeuzen werd ontzet.

De Spaanse Furie

Op 18 december 1573 verliet Alva de Nederlanden. Zijn missie was mislukt. Volgens Voltaire heeft de Spaanse hertog in zijn campagne ruim 15.000 Nederlanders ter dood laten brengen. Zijn opvolger was Requesens. In april 1574 sneuvelden de jongere broers van Willem, Lodewijk en Hendrik, in de Slag op de Mookerheide, maar in mei werd de Spaanse vloot op de Zuiderzee verslagen door de watergeuzen,. Middelburg werd door de geuzen ingenomen en Leiden werd op 3 oktober 1574 door hen ontzet.. In maart 1576 overleed landvoogd Requesens plotseling, terwijl Spanje in ernstige financiële moeilijkheden verkeerde. De onrust nam in de loop van 1576 in alle 17 gewesten toe doordat de Spaanse soldaten, die geen soldij kregen, aan het muiten sloegen. De prins speelde hierop in en wist in deze periode in alle gewesten een goede positie te verwerven. Begin 1576 riep bijvoorbeeld Gent de hulp van de prins in tegen de Spanjaarden. De muiterij bereikte een dieptepunt met de Spaanse Furie, toen Antwerpen op 4 november zwaar te lijden had van plundering en brandschatting. De afkeer van Spanje was toen algemeen, zowel onder protestanten als katholieken. Op 8 november 1576 kon Willem daardoor zijn grootste politieke succes boeken met de Pacificatie van Gent. Deze legde de bestaande toestand in alle 17 gewesten van de Lage Landen op het terrein van de religie vast en verenigde die tegen het Spaanse gezag. Op 22 september 1577 werd Oranje feestelijk onthaald in Brussel. Op 18 september 1577 was Oranje in Antwerpen, toen de grootste stad van de Lage Landen. De macht en invloed van Oranje bereikten een hoogtepunt. De nieuwe landvoogd Juan van Oostenrijk moest met lede ogen de intocht van Oranje in Brussel aanzien. 'Als was hij de Messias in eigen persoon', zei hij. De pacificatie van Gent liep echter schipbreuk toen de calvinisten o.m.; in de Arteveldestad de macht grepen en de katholieken gingen vervolgen.

Wallonië haakt af

De verdraagzaamheid die de prins zelf ten toon spreidde en die hij voor de Nederlanden nastreefde om de aanhangers van de verschillende christelijke tendensen in een gezamenlijke strijd tegen de Spaanse heerschappij te verzamelen, botste te hard met de geest van die tijd. De Unie van Atrecht (met name de vrijwel geheel katholieke Franstalige gewesten) en de Unie van Utrecht (met name de Nederlandstalige gewesten) in 1579 betekenden het begin van de eigen weg van Noord- en Zuid.. Wallonie (de unie van Atrecht dus) verkoos de Spaanse monarchie. Het huidige Vlaanderen en Nederland, verenigd in de Unie van Utrecht, vervolgden onder leiding van de prins de weg van de Opstand. Verschillende vredesbesprekingen, onder andere in Keulen, liepen op niets uit. Filips wilde onder geen beding vrijheid van godsdienst toestaan.

De laatste jaren.

De laatste jaren van zijn leven waren voor de prins moeilijk. In 1579 kwam Alexander Farnese een zoon van Margareta van Parma en later hertog van Parma, als landvoogd naar de Nederlanden. Hij was een geduchte tegenstander, die door militaire en politieke behendigheid het zuiden grotendeels voor de koning wist te behouden.. Op 15 maart 1580 tekende de koning een vogelvrijverklaring van de Prins van Oranje. De prins verdedigde zich hiertegen in zijn Apologie. De Staten gaven op 17 december 1581 toestemming de Apologie te laten drukken en uit te geven.. Op 26 juli 1581 zwoeren de Staten-Generaal met het  Plakkaat van Verlatinghe Filips II formeel als koning af. Tot dan toe ging de Opstand in wezen om niet meer dan het herstel van traditionele vrijheden en privileges van de provincies. Dit plakkaat bevestigde echter dat het de Nederlanden omveel meer te doen was: met name om hun onafhankelijkheid., het is een geboortepapier van een nieuwe natie: de Nederlandse natie ook al omdat het mede ondertekend werd door de vertegenwoordigers van de Staten die het huidige Vlaanderen  uitmaken en dit laatste is belangrijk genoeg om het in vetjes te vermelden.

Na Willems vogelvrijverklaring werden er verschillende aanslagen op het leven van de prins gepleegd. Op 10 juli 1584 werd hij uiteindelijk vermoord door de Fransman Balthasar Gerards die een Spaanse agent was De man die terecht als de Vader des Vaderlands wordt beschouwd, heeft de kans niet gekregen om het werk waaraan hij gans zijn leven gewijd had af te maken: de bevrijding van de volledige Nederlanden. Hij werd terecht nooit vergeten. vermits hij een standbeeld kreeg op de Brusselse Kleine zavel en sinds 2012 ook in Antwerpen.. In beide gevallen samen met… zijn trouwe vriend: Filips van Marnix van Sint-Aldegonde.

In de volgende nieuwsbrief komen de oorsprong van de melodie en een verklaring van stijl en tekst aan bod.
 
Francis Van den Eynde

mardi, 30 octobre 2012

La Batalla de Lepanto

La Batalla de Lepanto

dimanche, 10 avril 2011

Machiavelli the European

Machiavelli the European

Dominique Venner

Translated by Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

Machiavelli.jpgEven his own name has been turned against him. Indeed it is hardly flattering to be described as “Machiavellian.” One immediately envisions a hint of cunning and treacherous violence. And yet what led Machiavelli to write his most famous and scandalous works, The Prince, was concern for his fatherland, Italy.In his time, in the first years of the 16th century, he was, moreover, the only one who cared about this geographical entity. Then, one thought about Naples, Genoa, Rome, Florence, Milan, or Venice, but nobody thought of Italy. For that, it was necessary to wait three more centuries. Which proves that one should never despair. The prophets always preach in spiritual wastelands before their dreams rouse the unpredictable interest of the people.

Born in Florence in 1469, dying in 1527, Niccolò Machiavelli was a senior civil servant and diplomat. He participated in the great politics of his time. What he learned offended his patriotism, inciting him to reflect on the art of leading public affairs. Life enrolled him in the school of great upheavals. He was 23 years old when Lorenzo the Magnificent died in 1492. That same year, Alexander VI Borgia became pope. He temporarily made his son Cesare (in this time, the popes were not always celibate) a very young cardinal. Then he became Duke of Valentinois thanks to the king of France. This Cesare, who was tormented by a terrible ambition, never troubled himself about means.  In spite of his failures, his ardor fascinated Machiavelli.

But I anticipate. In 1494, an immense event occurred that upset Italy for a long time. Charles VIII, the young and ambitious king of France, carried out his famous “descent,” i.e., an attempt at conquest that upset the balance of the peninsula. After being received in Florence, Rome, and Naples, Charles VIII met with resistance and had to withdraw, leaving Italy in chaos. But it was not over. His cousin and successor, Louis XII, returned in 1500, staying longer this time, until the rise of Francis I. In the meantime, Florence had sunk into civil war and Italy had been devastated by condottieri avid for plunder.

Dismayed, Machiavelli observed the damage. He was indignant at the impotence of the Italians. From his reflections was born The Prince, the famous political treatise written thanks to a disgrace. The argument, with irrefutable logic, aims at the conversion of the reader. The method is historical. It rests on the comparison between the past and the present. Machiavelli states his conviction that men and things do not change. He continues to speak to the Europeans who we are.

In the manner of the Ancients – his models – he believes that Fortune (chance), illustrated as a woman balancing on an unstable wheel, determines one half of human actions. But, he says, that leaves the other half governed by virtue (the virile quality of audacity and energy). To the men of action whom he calls to do his wishes, Machiavelli teaches the means of governing well. Symbolized by the lion, force is the first of these means to conquer or maintain a state. But it is necessary to join it with the slyness of the fox. In reality, it is necessary to be lion and fox at the same time: “It is necessary to be a fox to avoid the traps and a lion to frighten the wolves” (The Prince, ch. 18). Hence his praise, stripped of all moral prejudice, of pope Alexander VI Borgia who “never did anything, never thought of anything, but deceiving people and always found ways of doing it” (The Prince, ch. 18). However, it is the son of this curious pope, Cesare Borgia, whom Machiavelli saw as the incarnation of the Prince according to his wishes, able “to conquer either by force or by ruse” (The Prince, ch. 7).

Put on the Index, accused of impiety and atheism, Machiavelli actually had a complex attitude with respect to religion. Certainly not devout, he nevertheless bowed to its practices. In his Discourses on the First Ten Books of Titus Livy, drawing on the lessons of ancient history, he wonders about the religion that would be best suited for the health of the State: “Our religion placed the supreme good in humility and contempt for human things. The other [the Roman religion] placed it in the nobility of soul, the strength of the body, and all other things apt to make men strong. If our religion requires that one have strength, it is to be more suited for suffering than for strong deeds. This way of life thus seems to have weakened the world and to have made it prey for scoundrels” (Discourses, Book II, ch. 2). Machiavelli never hazarded religious reflections, but only political reflections on religion, concluding, however: “I prefer my fatherland to my own soul.”

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-53-machiavel/3813836

vendredi, 10 septembre 2010

Nice: hommage à Catherine Ségurane

Nice : Hommage à Catherine Ségurane

NICE (NOVOpress) – En 1543, sur les remparts de Nice, Catherine Ségurane, une lavandière, assomma de son battoir à linge un porte-étendard de l’armée turque qui assiégeait la ville et ceci redonna force et ardeur aux combattants niçois. Ainsi, Nice a résisté à ceux qui depuis soixante-dix ans faisaient trembler l’Europe. Les Turcs se replièrent mais en emmenant en esclavage les populations dont ils avaient pu s’emparer.

Pour la huitième année consécutive les jeunes niçois fier de leur identité ont défilé aux flambeaux le premier dimanche de septembre pour honorer cette héroïne nissarde.

Source des photos : Jouinessa Rebela, les jeunes Identitaires du Pays Niçois [1].

 

 

 

 

 

 


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[1] Jouinessa Rebela, les jeunes Identitaires du Pays Niçois: http://www.jouinessa.com/