mercredi, 28 août 2013
Notes sur deux résistants antiSystème
Notes sur deux résistants antiSystème
Ex: http://www.dedefensa.org
Nous devons savoir et croire qu’à côté de l’exposé permanent des détails monstrueux de la menace qui pèse sur nous, avec la monstrueuse NSA notamment, ceux qui luttent contre cette menace avec un “rendement” inimaginable dans son rapport moyens-efficacité méritent bien autant, et même bien plus, d’être l’objet de notre attention. L’efficacité de leur action, leur courage, leur professionnalisme, leur habileté face au Système, constituent autant de motifs irrésistibles d’espoir dans l’accélération très rapide de l’effondrement du Système. Ces “héros de la Résistance”, bien connus ou parfois ignorés, sont non seulement un exemple du point de vue humain, mais encore plus un exemple du point de vue opérationnel. Ils démontrent l’extraordinaire vulnérabilité du Système, et, en quelque sorte, son espèce très particulière de bêtise, étrangement lié à la chose, donc aussi monstrueuse que la taille de la chose... (Parole de René Guénon, à toujours avoir à l’esprit : «On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature…»)
Nous allons prendre comme référence solide et “diluvienne” en un sens, avec nombre de citations, un article d’une longueur considérable de Peter Maass, journaliste indépendant et auteur, que nous ne qualifierions pas de “dissident” complètement, mais qui n’est pas si loin de l’être. Maass a publié très récemment une interview de Edward Snowden dans le New York Times Magazine (voir notre texte du 16 août 2013), et c’est également dans ce NYTM du 18 août 2013 qu’est publié ce très long article sur le “couple” Greenwald-Poitras, mais surtout sur Laura Poitras.
La bohème Greenwald-Poitras au travail
Laura Poitras, cinéaste de films documentaires dont la substance est clairement antiSystème, qui a reçu de nombreuses récompenses et nominations pour ses travaux, est la cheville ouvrière de l’affaire Snowden, et peut-être la stratège de cette affaire, le deus ex machina. Bien qu’il soit inapproprié de proposer ce qui pourrait se rapprocher d’un classement entre Poitras et Greenwald, qu’il est bien préférable parce qu’honorable de les mettre côte-à-côté sans trancher là où il n’y a rien à trancher, il reste que Poitras apparaît, par ses méthodes, ses extraordinaires connaissances en matière de sécurité informatique, son comportement vis-à-vis des moyens d’identification et de répression du Système, beaucoup plus comme une résistante au sens opérationnel du terme que Glenn Greenwald. Il s’agit bien là d’un constat à la fois opérationnel et technique, et nullement d’un jugement de valeur sur leurs psychologies et leur engagements réciproques.
L’extrait ci-dessous, qui met en scène aussi bien ces rapports entre Poitras et Greenwald, que la “base opérationnelle” de Greenwald à Rio-de-Janeiro, rend compte d’une situation insolite par un autre aspect. Cette “base”, l’habitation où Greenwald, qui est homosexuel, vit avec son compagnon, dans un environnement qui a toutes les allures d’une jungle, avec dix chiens dissipés et un chat philosophe, ressemble à une sorte de bohème qui serait aussi une installation rudimentaire de résistance. Il y a à la fois du hippy et du Paul Léautaud (pour l’esprit de la chose et les animaux) dans la description de ce chaos domestique, parcouru par les hordes d’animaux, avec Greenwald en T-shirt, devant son ordinateur, qui hurle par instant pour obtenir un peu de silence dans ce contexte jacassant. C’est pourtant là que s’élaborent la stratégie et la tactique de la plus formidable opération antiSystème jamais réalisée, mettant en jeu une technicité et des technologies d’une extraordinaire puissance et qui demande des capacités tout aussi extraordinaires. (Il y a dans cette description presque candide d'une sorte de clandestinité connue de tous et ainsi exposée à tous, le paradoxe fondamental de la lutte à ciel ouvert, et nécessairement à ciel ouvert pour bénéficier de l'apport de la communication, de l'antiSystème contre le Système.)
Dans la jungle, avec dix chiens et un chat
«Greenwald lives and works in a house surrounded by tropical foliage in a remote area of Rio de Janeiro. He shares the home with his Brazilian partner and their 10 dogs and one cat, and the place has the feel of a low-key fraternity that has been dropped down in the jungle. The kitchen clock is off by hours, but no one notices; dishes tend to pile up in the sink; the living room contains a table and a couch and a large TV, an Xbox console and a box of poker chips and not much else. The refrigerator is not always filled with fresh vegetables. A family of monkeys occasionally raids the banana trees in the backyard and engages in shrieking battles with the dogs.
»Greenwald does most of his work on a shaded porch, usually dressed in a T-shirt, surfer shorts and flip-flops. Over the four days I spent there, he was in perpetual motion, speaking on the phone in Portuguese and English, rushing out the door to be interviewed in the city below, answering calls and e-mails from people seeking information about Snowden, tweeting to his 225,000 followers (and conducting intense arguments with a number of them), then sitting down to write more N.S.A. articles for The Guardian, all while pleading with his dogs to stay quiet. During one especially fever-pitched moment, he hollered, “Shut up, everyone,” but they didn’t seem to care.
»Amid the chaos, Poitras, an intense-looking woman of 49, sat in a spare bedroom or at the table in the living room, working in concentrated silence in front of her multiple computers. Once in a while she would walk over to the porch to talk with Greenwald about the article he was working on, or he would sometimes stop what he was doing to look at the latest version of a new video she was editing about Snowden. They would talk intensely — Greenwald far louder and more rapid-fire than Poitras — and occasionally break out laughing at some shared joke or absurd memory. The Snowden story, they both said, was a battle they were waging together, a fight against powers of surveillance that they both believe are a threat to fundamental American liberties.
»Two reporters for The Guardian were in town to assist Greenwald, so some of our time was spent in the hotel where they were staying along Copacabana Beach, the toned Brazilians playing volleyball in the sand below lending the whole thing an added layer of surreality. Poitras has shared the byline on some of Greenwald’s articles, but for the most part she has preferred to stay in the background, letting him do the writing and talking. As a result, Greenwald is the one hailed as either a fearless defender of individual rights or a nefarious traitor, depending on your perspective. “I keep calling her the Keyser Soze of the story, because she’s at once completely invisible and yet ubiquitous,” Greenwald said, referring to the character in “The Usual Suspects” played by Kevin Spacey, a mastermind masquerading as a nobody. “She’s been at the center of all of this, and yet no one knows anything about her.”
»As dusk fell one evening, I followed Poitras and Greenwald to the newsroom of O Globo, one of the largest newspapers in Brazil. Greenwald had just published an article there detailing how the N.S.A. was spying on Brazilian phone calls and e-mails. The article caused a huge scandal in Brazil, as similar articles have done in other countries around the world, and Greenwald was a celebrity in the newsroom. The editor in chief pumped his hand and asked him to write a regular column; reporters took souvenir pictures with their cellphones. Poitras filmed some of this, then put her camera down and looked on. I noted that nobody was paying attention to her, that all eyes were on Greenwald, and she smiled. “That’s right,” she said. “That’s perfect.”»
L’apprentissage de résistante de Laura Poitras
Pour une cinéaste qui voyage beaucoup, l’existence de Laura Poitras depuis au moins 9/11 est un calvaire du point de vue de ses déplacements. Elle a été placée sur une “liste sélective” de suspects, juste en-dessous de la liste des personnes interdites de vol. (Un agent de sécurité compatissant lui a indiqué un jour : «You’re flagged. You have a threat score that is off the Richter scale. You are at 400 out of 400.») Elle a renoncé à tenir la comptabilité des occurrences où elle a été retenue pendant deux, trois heures, interrogée par des groupes musclés et obtus de la sécurité des aéroports US, avec son matériel saisi, interdiction de prendre des notes puisque un stylo est considéré comme une arme, etc., – mais le nombre de ces “incidents” dépasse au moins la quarantaine.
«“It’s a total violation,” Poitras said. “That’s how it feels. They are interested in information that pertains to the work I am doing that’s clearly private and privileged. It’s an intimidating situation when people with guns meet you when you get off an airplane.”
»Though she has written to members of Congress and has submitted Freedom of Information Act requests, Poitras has never received any explanation for why she was put on a watch list. “It’s infuriating that I have to speculate why,” she said. “When did that universe begin, that people are put on a list and are never told and are stopped for six years? I have no idea why they did it. It’s the complete suspension of due process.” She added: “I’ve been told nothing, I’ve been asked nothing, and I’ve done nothing. It’s like Kafka. Nobody ever tells you what the accusation is.”»
Au long de ces années d’“expérience”, Poitras a donc appris à prendre ses précautions. Avant un déplacement aérien, elle confie son ordinateur à un compagnon de voyage si compagnon compatissant et complice il y a, elle laisse ses notes chez des amis ou dans des consignes, elle débarrasse son matériel électronique de toute information de quelque intérêt que ce soit, ou bien les encrypte pour les rendre inaccessibles aux services de sécurité. Il faut compter qu’un voyage lui demande un à deux jours de préparation pour prendre toutes ces précautions. Ainsi est-elle devenue une exceptionnelle experte des mesures de sécurité, aussi bien dans le comportement que dans le maniement et l’usage du matériel informatique.
Contact avec Snowden
Cette expérience dans les matières de sécurité a conduit Poitras a tenir effectivement un rôle central dans les premiers contacts puis les relations avec Snowden. Ses propres relations avec Greenwald avaient été établies après que le journaliste US, alors à Salon.com, avait publié un article sur le harcèlement sécuritaire dont elle faisait l’objet dans les aéroports. Snowden avait lu cet article et savait que Poitras travaillait sur un documentaire, dernier d’une trilogie qu’elle réalise depuis 2007 (les deux premiers documentaires achevés et primés), et celui-là spécifiquement sur les programmes de surveillance du gouvernement, – dont la NSA au premier rang, certes. Après un premier contact infructueux avec Greenwald, Snowden décida de contacter Poitras
«In April [2013], Poitras e-mailed Greenwald to say they needed to speak face to face. Greenwald happened to be in the United States, speaking at a conference in a suburb of New York City, and the two met in the lobby of his hotel. “She was very cautious,” Greenwald recalled. “She insisted that I not take my cellphone, because of this ability the government has to remotely listen to cellphones even when they are turned off. She had printed off the e-mails, and I remember reading the e-mails and felt intuitively that this was real. The passion and thought behind what Snowden — who we didn’t know was Snowden at the time — was saying was palpable.”
»Greenwald installed encryption software and began communicating with the stranger. Their work was organized like an intelligence operation, with Poitras as the mastermind. “Operational security — she dictated all of that,” Greenwald said. “Which computers I used, how I communicated, how I safeguarded the information, where copies were kept, with whom they were kept, in which places. She has this complete expert level of understanding of how to do a story like this with total technical and operational safety. None of this would have happened with anything near the efficacy and impact it did, had she not been working with me in every sense and really taking the lead in coordinating most of it.”»
Rencontre d’un “freluquet de 29 ans”
La rencontre de Snowden met en évidence deux choses : la globalisation de la résistance avec ces trois citoyens US se déplaçant dans tous les sens, se rencontrant finalement à Hong Kong après des échanges à partir de diverses parties du monde, et ensuite eux-mêmes évoluant dans des pays étrangers, intervenant dans des médias non-US, etc... Et aussi, toujours avec le cas de Snowden, la jeunesse de cette résistance globalisée, avec ce “freluquet de 29 ans” (rencontre avant son anniversaire) qui en paraît à peine 20, que Greenwald-Poitras découvrent avec stupeur comme une sorte d’adolescent attardé porteur de certains des secrets les plus lourds du Système. Ils s’attendaient à voir un personnage d’entre 40 et 60 ans, chargé d’ans et d’expérience...
La rencontre, l’arrangement et les circonstances diverses font douter grandement de deux choses : 1) de la capacité du Système de paralyser la résistance en la parcellisant, en l’emprisonnant par des interventions de surveillance constantes sur les communications électroniques autant que physiques ; et 2) de l’argument de ceux qui jugent que le Système a suffisamment formaté les jeunes générations pour boucler tout notre avenir dans le “Goulag électronique global”... Assange, Manning, Snowden, – faites la moyenne d’âge des trois “whistleblower” les plus fameux et les plus efficaces de la Résistance, et concluez quelle généralisation l’on peut faire à propos de telle ou telle génération. (Ajoutez-y, si vous le voulez, l’enthousiasme extraordinaire soulevé chez les jeunes et les étudiants par la candidature de Ron Paul en 2012...) La jeunesse actuelle n’est pas plus vertueuse que les précédentes, mais elle n’est pas plus conditionnée non plus, – mais elle maîtrise suffisamment les techniques de communication pour envisager des coups tels que celui de Snowden.
«There, they were to wait until they saw a man carrying a Rubik’s Cube, then ask him when the restaurant would open. The man would answer their question, but then warn that the food was bad. When the man with the Rubik’s Cube arrived, it was Edward Snowden, who was 29 at the time but looked even younger. “Both of us almost fell over when we saw how young he was,” Poitras said, still sounding surprised. “I had no idea. I assumed I was dealing with somebody who was really high-level and therefore older. But I also knew from our back and forth that he was incredibly knowledgeable about computer systems, which put him younger in my mind. So I was thinking like 40s, somebody who really grew up on computers but who had to be at a higher level.” [...]
»“It’s an incredible emotional experience,” she said, “to be contacted by a complete stranger saying that he was going to risk his life to expose things the public should know. He was putting his life on the line and trusting me with that burden. My experience and relationship to that is something that I want to retain an emotional relation to.” Her connection to him and the material, she said, is what will guide her work. “I am sympathetic to what he sees as the horror of the world [and] what he imagines could come. I want to communicate that with as much resonance as possible. If I were to sit and do endless cable interviews — all those things alienate me from what I need to stay connected to. It’s not just a scoop. It’s someone’s life.”»
L’action antiSystème oblige à réviser le sens des “valeurs”
Ces diverses précisions sur ces deux personnages, sur les contacts établis avec Snowden, etc., nous introduisent dans un nouveau monde du journalisme, où le mot de “journalisme” n’a d’ailleurs plus grand sens, où il faut s’en garder comme de la peste pour ses connexions incestueuses avec le Système (presse-Système)... Nous y sommes, finalement : il ne s’agit pas de journalistes, ni de reporteurs, ou bien il nous fat changer le sens des mots. Dans cette époque où le système de la communication est devenu le champ de la principale bataille, et d’une bataille sans merci et sans exemple avec cette entité nommée Système, – cette entité constitutive sans aucun doute pour nous d’une intention délibérée de destruction du monde comme jamais aucune force historique n’en a manifesté l’intention, au point où il faut la mettre dans le champ métahistorique, – dans un tel monde et dans le champ de la communication, il n’y a plus ni journaliste ni reporteur ... Il y a des collaborateurs au sens de “collabos” (et l’on voit les “collabos” de qui il s’agit) et il y a des “résistants”.
Ainsi vivent-ils et agissent-ils comme des résistants, les Greenwald-Poitras & Cie. Ils sont toujours en mouvement, incroyablement sophistiqués dans leurs actions et la sécurité dont ils se protègent, mais sachant aussi bien dans un degré de sophistication dans la contre-sophistication, se priver de ceux des moyens de sophistication dont nous sommes prisonniers dans le chef du Système. (Cette attention systématique de Poitras de ne pas utiliser de téléphone portable, même fermé et verrouillé, parce que aisément repérable par GPS.) Ils se battent comme les plus expérimentés des terroristes de la G4G dans le sens le plus général (ici, celui de l’internet), eux-mêmes combattants de la G4G engagée contre le Système. Ils se déclarent d’ailleurs (Greenwald surtout dans des déclarations, Poitras plus discrète à cet égard, mais significative, elle, dans ses actes) comme des “journalistes” absolument non-objectifs selon le sens que le Système donne au concept d’“objectivité”, à son avantage et pour nous emprisonner dans la prison de ses “valeurs”... (On en verra plus loin là-dessus.)
Dans la citation ci-dessous, on trouve des considérations décisives quant à leur comportement, leur souplesse d’action par rapport aux médias dont ils dépendent (voir leur réaction devant les hésitations de Guardian à les suivre, – ce qui en dit tout autant sur le Guardian, qui finalement a suivi, et qui est finalement bien plus dépendant de Greenwald que Greenwald n’est dépendant de lui)
Scènes d’opérationnalisation de la Résistance
«Poitras and Greenwald are an especially dramatic example of what outsider reporting looks like in 2013. They do not work in a newsroom, and they personally want to be in control of what gets published and when. When The Guardian didn’t move as quickly as they wanted with the first article on Verizon, Greenwald discussed taking it elsewhere, sending an encrypted draft to a colleague at another publication. He also considered creating a Web site on which they would publish everything, which he planned to call NSADisclosures. In the end, The Guardian moved ahead with their articles. But Poitras and Greenwald have created their own publishing network as well, placing articles with other outlets in Germany and Brazil and planning more for the future. They have not shared the full set of documents with anyone. [...]
»Unlike many reporters at major news outlets, they do not attempt to maintain a facade of political indifference. Greenwald has been outspoken for years; on Twitter, he recently replied to one critic by writing: “You are a complete idiot. You know that, right?” His left political views, combined with his cutting style, have made him unloved among many in the political establishment. His work with Poitras has been castigated as advocacy that harms national security. “I read intelligence carefully,” said Senator Dianne Feinstein, chairwoman of the Senate Intelligence Committee, shortly after the first Snowden articles appeared. “I know that people are trying to get us. . . . This is the reason the F.B.I. now has 10,000 people doing intelligence on counterterrorism. . . . It’s to ferret this out before it happens. It’s called protecting America.”
»Poitras, while not nearly as confrontational as Greenwald, disagrees with the suggestion that their work amounts to advocacy by partisan reporters. “Yes, I have opinions,” she told me. “Do I think the surveillance state is out of control? Yes, I do. This is scary, and people should be scared. A shadow and secret government has grown and grown, all in the name of national security and without the oversight or national debate that one would think a democracy would have. It’s not advocacy. We have documents that substantiate it.”
»Poitras possesses a new skill set that is particularly vital — and far from the journalistic norm — in an era of pervasive government spying: she knows, as well as any computer-security expert, how to protect against surveillance. As Snowden mentioned, “In the wake of this year’s disclosure, it should be clear that unencrypted journalist-source communication is unforgivably reckless.” A new generation of sources, like Snowden or Pfc. Bradley Manning, has access to not just a few secrets but thousands of them, because of their ability to scrape classified networks. They do not necessarily live in and operate through the established Washington networks — Snowden was in Hawaii, and Manning sent hundreds of thousands of documents to WikiLeaks from a base in Iraq. And they share their secrets not with the largest media outlets or reporters but with the ones who share their political outlook and have the know-how to receive the leaks undetected.
»In our encrypted chat, Snowden explained why he went to Poitras with his secrets: “Laura and Glenn are among the few who reported fearlessly on controversial topics throughout this period, even in the face of withering personal criticism, [which] resulted in Laura specifically becoming targeted by the very programs involved in the recent disclosures. She had demonstrated the courage, personal experience and skill needed to handle what is probably the most dangerous assignment any journalist can be given — reporting on the secret misdeeds of the most powerful government in the world — making her an obvious choice.”»
L’objectivité de l’antiSystème
Comme on l’a lu ci-dessus, ces “journalistes” ne sont pas du type dont on louerait l’objectivité. Greenwald fait, de ce point de vue, l’objet de nombreuses attaques de ses confrères férus de la vertu d’“objectivité” selon les critères du Système. La question est de savoir ce que viennent faire précisément dans cette bataille suprême ces “valeurs”, dont la fameuse “objectivité” telle qu’elle est entendue en général fait partie, alors qu’on sait combien leur manifestation dans les règles et sous le contrôle du Système ne peut avoir comme effet que de rouler pour le Système. C’est qu’alors, pour bien comprendre la chose, il faut s’employer à redéfinir les concepts.
La définition de l’“objectivité” est multiple. Il est inutile de se compliquer la tâche, parce que nous sommes ici dans des situations simples. On retiendra, du Wikipédia, deux versions de la définition de l’objectivité. En philosophie, «[L’]on entend habituellement par objectivité d'un objet ce en quoi consiste la réalité de cet objet. [...] Entendue au sens métaphysique d’une réalité de l'objet, l'objectivité s'oppose soit à ce qui n'est qu'apparence, illusion, fiction... [...]
»Dans le domaine de l'information et du journalisme, l'objectivité est un idéal difficilement atteint par les contraintes extérieures (économie, argent, pression). De ce fait, la manière dont les informations sont traitées, mais aussi du choix des informations traitées et de l'importance relative qui leur est accordée dépend de l'indépendance et du savoir de la source. Il est outre difficile pour le journaliste, comme pour tout rédacteur, de s'abstraire d'un certain nombre d'influences liées à son milieu, son éducation, son pays d'origine, etc. Mais, le journaliste, en tant que professionnel, est dans le devoir de faire abstraction de toute contrainte extérieure, pour que l'information soit aussi proche que possible de la vérité.»
On observera que dans le deuxième cas (celui du journalisme), le mot “vérité” est employé, alors que le mot “réalité” est utilisé dans l’extrait de la conception philosophique et métaphysique. La situation que nous envisageons implique que le mot “vérité” doit être impérativement utilisé dans le cas métaphysique, au détriment du mot “réalité”, qui doit être rejeté. En effet, dans tous ces cas, l’“objet“ de l’observation et de la réflexion (métaphysique) ou de l’information (journalisme) n’est pas autre chose que le Système qui est l’objet-absolu par définition dans notre époque, et le seul objet digne d’observation, et qui représente une vérité ultime dans le sens le plus bas, le plus maléfique possible, comme représentation du Mal. Cet “objet”, qui est bien entendu l’ennemi totalitaire de la vérité, représente donc et paradoxalement une vérité lorsqu’il est justement identifié, et lui-même étant la démonstration du contraire de ce qu’il entend nous faire penser en refusant absolument la vérité. (Il nous démontre par son existence même que la vérité existe, qui est son aspect maléfique absolu, alors que sa production veut nous imposer absolument l’inexistence de la vérité.) Devant la simplicité et l’évidence de cette situation qui dicte la voie de la vérité (de l’“objectivité” dans ce cas), il ne saurait être question d’autre chose que de se battre par tous les moyens possibles et avec toute l’habileté possible contre lui, – et le meilleur de ces moyens étant de retourner contre lui sa propre force (Sun Yi), ce qu’ils (nos résistants en question) font avec un art consommé...
L’argument dérisoire de l’absence d’“objectivité” par absence de respect des règles de la définition habituelle du mot selon des valeurs que le Système instrumente à son avantage ne mérite même pas un instant d’attention, y compris pour sa réfutation. Mais l’“objectivité” telle que nous l’avons re-définie dans ce cas n’est pas non plus ni engagement, ni choix partisan ou idéologique selon les références classiques des batailles intraSystème ; elle est l’évidence de l’acte à accomplir, de la bataille antiSystème. Par conséquent, Greenwald et Poitras, lorsqu’ils luttent, résistant offensivement contre le Système comme ils font, représentent la vertu même de l’objectivité en tant que mise à nu de la vérité, de la nature absolument perverse et maléfique du Système. Cet acte n’est même pas volontaire ni calculé, ni nécessairement conscient, il est naturel, il les dépasse littéralement, montrant ainsi combien la Résistance est une activité qui correspond à la nature impérative des choses et du monde, avec les affrontements impératifs qui vont avec, dans cette époque de crise catastrophique et d’effondrement du Système.
L’énigme du Système
La fin de l’article nous dévoile encore plus combien ces deux aventuriers de cette sorte si spécifique de la G4G antiSystème acquièrent la conscience qu'il y a une énigme au bout de leur mission telle que nous avons tenté de la décrire. Dans leurs dernières réflexions, chez eux qui, à l’instar de Snowden, ont sacrifié le reste de leur vie selon des normes de tranquillité et de stabilité, on trouve en effet une volonté de la recherche de la compréhension de l’abysse insondable qu’est le Système. Greenwald-Poitras ont la sensation effectivement de se trouver devant un mystère qu’il tentent de déchiffrer ; point d’affirmations, comme si souvent chez nos chroniqueurs ainsi assez éloignés du véritable esprit de la Résistance, sur les divers “complots“ en cours, sur les élites qui nous manipulent depuis un ou deux millénaires, sur la rationalité planificatrice de ceux qui nous dirigent, sur leurs manigances arrangés depuis si longtemps et avec une telle maestria.
Au contraire, chez eux le respect de la vérité qui reste encore à trouver devant ce monstre qui est à première vue incompréhensible dans sa démarche de déconstruction et de dissolution... Greenwald-Poitras ont la sensation de détenir une clef du mystère, mais ils ne prétendent pas pour autant comprendre ce mystère ; il leur faudrait ouvrir la porte, et peut-être qu’une seule clef ne suffirait pas, et ils ne prétendent pas savoir ce qu’il y a derrière la porte avant de l’avoir ouverte, s'ils y parviennent. On sent qu’il y a chez eux l’intuition qu’il se pourrait bien que les explications humaines soient insuffisantes. La Résistance bronze les âmes.
Pour le reste, les deux sont comme celui avec qui ils ont sorti cet énorme crise Snowden/NSA. Comme Snowden, ils ont accepté de bouleverser leurs vies.
«Poitras smiled [...] She is not as expansive or carefree as Greenwald, which adds to their odd-couple chemistry. She is concerned about their physical safety. She is also, of course, worried about surveillance. “Geolocation is the thing,” she said. “I want to keep as much off the grid as I can. I’m not going to make it easy for them. If they want to follow me, they are going to have to do that. I am not going to ping into any G.P.S. My location matters to me. It matters to me in a new way that I didn’t feel before.”
»There are lots of people angry with them and lots of governments, as well as private entities, that would not mind taking possession of the thousands of N.S.A. documents they still control. They have published only a handful — a top-secret, headline-grabbing, Congressional-hearing-inciting handful — and seem unlikely to publish everything, in the style of WikiLeaks. They are holding onto more secrets than they are exposing, at least for now. “We have this window into this world, and we’re still trying to understand it,” Poitras said in one of our last conversations. “We’re not trying to keep it a secret, but piece the puzzle together. That’s a project that is going to take time. Our intention is to release what’s in the public interest but also to try to get a handle on what this world is, and then try to communicate that.”
»The deepest paradox, of course, is that their effort to understand and expose government surveillance may have condemned them to a lifetime of it. “Our lives will never be the same,” Poitras said. “I don’t know if I’ll ever be able to live someplace and feel like I have my privacy. That might be just completely gone.”»
La légitimité de la Résistance
Ce long article vaut bien des analyses rationnelles des experts, y compris et particulièrement ceux qui se croient critiques du Système. Par leur parcours, les résistants Greenwald-Poitras alimentent pour nous un certain nombre d’hypothèses que nous avons toujours favorisées.
• Le Système est à la fois d’une puissance extraordinaire et d’un aveuglement à mesure, suivant par ce moyen l’équation surpuissance autodestruction. Sa surveillance est de chaque instant, mais elle s’exerce dans le vide, sans savoir pourquoi elle existe ni ce qu’elle cherche, avec une sorte d’aveuglement massif, presque obèse et certainement obscène, sans se soucier des effets et des dégâts, y compris pervers et contre-productifs. La bêtise du Système est une sorte de chef d’œuvre du domaine. Sa kolossal surveillance alerte celui qui est l’objet de cette surveillance si cette surveillance est justifiée dans son chef, ou bien elle le radicalise dans la résistance si cette surveillance n’est pas justifiée dans son chef. On peut dire que c’est le harcèlement automatisé du Système (Poitras est sur telle liste, Poitras est soumise au même traitement à chaque débarquement sur un aéroport US) qui a aguerri Poitras, qui l’a préparée à effectuer l’opération la plus délicate d’établir le contact avec Snowden, puis l’exploitation de ce contact, – en même temps que la contrainte qui lui était imposée formait sa psychologie à alimenter dans son esprit une philosophie de résistance antiSystème implacable.
• La G4G, puisqu’on peut utiliser cette formule en l’occurrence, est une méthode universelle ... On voit dans ce cas l’adaptation d’acteurs du drame à l’origine éminemment occidentalisés, sinon américanisés du bloc BAO, à une technique guerrière qui réfute la logique du Système dominant le bloc BAO. Cette adaptation favorise notamment l’exploitation de tous les attributs de la puissance du Système, pour sélectionner ceux qui lui sont favorables et les utiliser à son avantage, et pour sortir du contexte où évoluent ceux qui lui sont défavorables et retrouver des techniques surannées mais invisibles au monstre. La “guerrière” G4G Poitras est devenue une artiste incomparable de l’encryptage d’une part, mais elle se garde bien de transporter un téléphone portable et elle communique de la main à la main les email importants tirés sur papier plutôt que les expédier tels quels à Greenwald. La Résistance s’adapte d’instinct, sinon d’intuition et dans tous les cas d’expérience, à l’orientation qu’il faut donner à l’utilisation de tout ce technologisme qu’elle combat au fond, jusqu’à une utilisation qui est l’inversion même du technologisme ; elle fait de même avec la communication, dont elle use également de façons radicalement opposée selon les circonstances, toujours avec la même capacité d’adaptation. La résistance antiSystème réduit les deux piliers du Système à des outils dont il est si aisé de comprendre qu’on peut en obtenir ce qui importe si l’on est parvenu à donner un sens à l’action qu’on a entreprise.
• La tactique principale de l’antiSystème est nécessairement d’utiliser la force du Système contre le Système (Sun Tzu), ou de retourner la force du Système contre le Système. (Le 2 juillet 2012 : «L’opérationnalité de la résistance antiSystème se concentre naturellement dans l’application du principe fameux, et lui-même naturel, de l’art martial japonais aïkido : “retourner la force de l'ennemi contre lui...”, – et même, plus encore pour notre cas, “aider la force de cet ennemi à se retourner naturellement contre lui-même”, parce qu’il est entendu, selon le principe d’autodestruction, qu’il s’agit d’un mouvement “naturel”.») Le résultat est cet effet colossal, – en langage normal, dans ce cas, – de trois individus aussi insaisissables que des anguilles bien qu’ils évoluent en pleine lumière, qui tiennent dans leurs mains la formule à peine secrète d’un bouleversement à l’échelle de la toute-puissance du Système, et disposent d’assez d’énergie intelligente pour déclencher la dynamique qui va susciter ce bouleversement. Il ne s’agit pas de développer une force considérable et nécessairement aveugle, comme fait le Système, mais simplement de faire pression sur les quelques points vitaux ici et là, d’utiliser avec clairvoyance et régularité les documents disponibles (combien ? Trente, quarante déjà publiés sur des milliers qui attendent comme une énorme épée de Damoclès postmoderne), comme une cascade diluvienne mais contrôlée, d’ainsi obtenir par ces piqûres successives un effet de contrainte psychologique sur le monstre qui tonne, enrage, éclate de fureur aveugle, expose sa monstrueuse impuissance, jusqu’à des effets de rupture enchaînant les conséquences de sa propre déstabilisation.
La Résistance connaît bien son Gulliver. Elle ne l’enchaîne pas, certes pas, elle lui donne au contraire toutes les occasions possibles de se déchaîner et de montrer son vrai visage en brisant tout, en se découvrant dans toute sa fureur nihiliste. Le reste suit, comme un tricot se défait, en se détricotant par conséquent. Il y a, perceptibles dans l’article sur la fin, des moments de joyeuse complicité et même d’ironie jubilante entre Poitras et Greenwald. Ils sont, avec le freluquet-Snowden et d’autres compagnons de la même eau, des résistants qui devinent, s’ils ne le savent, qu’ils ont de leur côté le puissant adoubement de quelques principes fondamentaux. Ils sont légitimes. Salut aux héros de notre temps postmodernes, qui sauvegardent pour l’avenir le cimier principiel qui est nécessaire pour que ce qu’on nomme une civilisation le soit vraiment, et non l'imposture qui nous est offerte présentement.
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Selective Jihad
Selective Jihad
Notes:
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L’EGITTO AL CENTRO DELLA GRANDE SCACCHIERA
L’EGITTO AL CENTRO DELLA GRANDE SCACCHIERA
Ex: http://www.eurasia-rivista.org
L’esito degli scontri che stanno dilaniando l’Egitto costituisce un’incognita destinata a influire in maniera decisiva sia sulle dinamiche prettamente areali sia sulla ridefinizione dei rapporti di forza tra grandi potenze, in una fase di evidente declino della perno unipolare statunitense.
La Fratellanza Musulmana
Nel corso degli ultimi anni si è ritagliata, specialmente in Egitto, un ruolo di primissimo piano la Fratellanza Musulmana, o Ikhwan, movimento islamico fondato nel 1928 da Hassan al-Banna. Colui che sarebbe poi divenuto la guida del nazionalismo arabo, Gamal Abd el-Nasser, strinse un’alleanza tattica con questo movimento allo scopo di rovesciare la monarchia di Re Faruk – ritenuta ormai obsoleta anche dai dominanti britannici. Una volta cacciato il Re e abolita la monarchia, Nasser si dissociò bruscamente dalla Fratellanza Musulmana, la quale si opponeva frontalmente al suo progetto politico, dichiarandola illegale e facendone imprigionare il nuovo ideologo, Sayyid Qutb, il quale scrisse in carcere Pietre Miliari, una summa del suo pensiero destinata a divenire ben presto il testo di riferimento di ogni Fratello Musulmano.
Con la dura repressione ordinata da Nasser, la Fratellanza Musulmana venne drasticamente ridimensionata, finché la sconfitta dell’Egitto nella “Guerra dei Sei Giorni” attrasse sul governo una certa sfiducia, della quale i principali esponenti del movimento approfittarono per attuare una moderata revisione ideologica, finalizzata, attraverso l’abbandono delle derive estremistiche legate alla figura di Qutb (che nel frattempo era stato impiccato), a rendere gli Ikhwan maggiormente compatibili con la struttura statale egiziana edificata da Nasser. Questa “revisione” si rivelò quanto mai necessaria, dal momento che il nuovo presidente Anwar al-Sadat, preso atto della svolta “moderata” e del seguito che tale movimento riscuoteva in seno alla popolazione, decise di aprire alla Fratellanza Musulmana, pur senza riconoscerle piena legittimità, allo scopo di arginare la preoccupante ascesa delle fazioni marxiste che stavano prendendo piede all’interno del Paese. Gli Ikhwan non si erano tuttavia dotati di una solida struttura verticistica, piramidale e monolitica, poiché le idee di Qutb continuavano a trovare sempre nuovi adepti. Non deve pertanto stupire che, nonostante la sua politica di apertura, Sadat sia caduto in un attentato compiuto da un Fratello Musulmano.
Nonostante ciò, il nuovo presidente egiziano Hosni Mubarak scelse ugualmente di collocarsi nel solco tracciato da Sadat, portando avanti la sua politica di apertura nei confronti della Fratellanza Musulmana, che nel 1984 ottenne la legalizzazione e l’automatico diritto ad entrare in Parlamento. Da allora gli Ikhwan si sono collocati in una posizione subalterna rispetto al regime militare, limitandosi a mantenere legami piuttosto stretti con i gruppi gihadisti più agguerriti e ad esercitare una certa influenza sia sui ceti abbienti assicurando notevoli privilegi a professionisti di ogni genere (medici, professori, avvocati, ecc.) sia sugli strati sociali più poveri, grazie anche al contributo del telepredicatore Yusuf al-Qaradawi, cittadino qatariota di origine egiziana, che dagli schermi di “al-Jazeera” emana fatawa di dubbia ortodossia.
Il “Grande Oriente”
Fino ai primi mesi del 2011, Mubarak era stato attivamente sostenuto sia da Israele che dagli Stati Uniti, i quali gli riconobbero il merito di essersi collocato nel solco tracciato dal suo predecessore Sadat, artefice della rottura dei rapporti con l’Unione Sovietica precedentemente allacciati da Nasser e della sottoscrizione degli accordi di Camp David, che rappresentarono il culmine della politica di appeasement nei confronti di Tel Aviv. Come riconoscimento del valore attribuito al regime di Mubarak, Washington cominciò ben presto a inviare ben 1,3 miliardi di dollari all’anno di finanziamenti verso l’Egitto, che contribuirono ad arricchire la giunta militare al potere. Tel Aviv si accordò invece con Mubarak affinché assicurasse rifornimenti di gas naturale allo Stato ebraico e assumesse saldamente il controllo della turbolenta regione del Sinai – restituita all’Egitto contestualmente agli accordi di Camp David dal governo israeliano del premier Menachem Begin e del ministro degli esteri Moshe Dayan –, impedendo ai miliziani palestinesi di ricevere armi e rifornimenti transitando liberamente attraverso il confine che separa Israele dall’Egitto.
La stabilità garantita da Mubarak cominciò tuttavia ad essere messa in discussione dalla tracimazione, dalla Tunisia all’Egitto, della cosiddetta “primavera araba”, scoppiata in seguito agli esorbitanti apprezzamenti dei generi alimentari, di cui gran parte dei Paesi del Nord Africa è importatore netto, provocati dalla speculazione. I media si affrettarono a riferire che le agitazioni che inizialmente infiammarono piazza Tahrir, e che nell’arco di poche settimane si espansero in tutte le principali città egiziane, furono scatenate essenzialmente da giovani animati da delusione e collera nei confronti di un regime che governava autoritariamente il Paese da circa un trentennio durante il quale la corruzione dilagò progressivamente e il potere politico ed economico andò concentrandosi in maniera radicale nelle mani delle più alte gerarchie militari. Queste spiegazioni “minimali” sottolineano motivazioni che hanno certamente esercitato un ruolo non indifferente nell’accendere la miccia della rivolta, ma trascurano (spesso deliberatamente) i decisivi fattori esterni e le intenzioni delle potenze occidentali interessate a frenare la penetrazione economica della Cina in Nord Africa e in Medio Oriente. Come scrive Mahdi Darius Nazemroaya: «Incendiare l’Eurasia con la sovversione sembra essere la risposta di Washington per impedire il proprio declino. Gli Stati Uniti prevedono di accendere un grande incendio dal Marocco e dal Mediterraneo fino ai confini della Cina. Questo processo è stato sostanzialmente avviato dagli Stati Uniti attraverso la destabilizzazione di tre diverse regioni: Asia Centrale, Medio Oriente e Nord Africa» (1).
Così, sotto l’egida di Bush junior, gli Stati Uniti si mossero coerentemente con i principi espressi all’interno del Quadrennial Defense Review Report pubblicato nel settembre 2001, occupando l’Afghanistan allo scopo di assicurarsi il controllo delle rotte energetiche eurasiatiche, rinsaldando l’asse Washington-Tel Aviv in chiave antipalestinese e aggredendo con false prove l’Iraq, in modo di concorrere all’affermazione di Israele al rango di unica potenza egemone della regione e confinare gli arabi di Palestina in appositi bantustan controllati dalle forze israeliane. Successivamente, riversarono benzina sul focolaio libanese promuovendo ed incoraggiando la sommossa anti-siriana scaturita dall’enigmatico super-attentato, datato 14 febbraio 2005 ed istantaneamente attribuito a Damasco per via della vicinanza tra Bashar al-Assad e il presidente libanese Emile Lahoud (fresco beneficiario di un emendamento costituzionale atto a prolungarne il mandato di tre anni), che stroncò la vita del popolarissimo Rafik al-Hariri, dimessosi da poco dall’incarico di primo ministro in segno di protesta contro la radicale svolta filo-siriana imboccata dal proprio paese. La rivolta, prontamente ribattezzata come “Rivoluzione dei Cedri”, spianò la strada a Washington, i cui portavoce – che si guardarono bene dall’esercitare pressioni analoghe su Tel Aviv affinché procedesse al ritiro delle proprie forze militari dal Golan, sotto illegale occupazione israeliana dal 1967 – avvertirono che «Gli Stati Uniti ordinano ai siriani di andarsene dal Libano» (2), costringendo Bashar al-Assad a dichiarare la fine del protettorato siriano sul Libano e l’imminente ritiro delle proprie forze armate dal territorio libanese. Queste operazioni sono evidentemente rivolte, come osserva Nazemroaya, a ridisegnare, analogamente a quanto fece l’impero britannico nel 1922, l’intera cartina politica mediorientale nell’ambito del piano del “Grande Medio Oriente”, presentato da George W. Bush in occasione del G8 del giugno 2004. L’intenzione dichiarata di costituire una “area di libero scambio” dal Marocco al Pakistan consiste in realtà nello scardinare, attraverso strumenti politici, economici e militari, gli assetti geopolitici di quest’area per rimpiazzarli con strutture adeguate a tutelare gli interessi statunitensi.
Con l’appoggio alle “primavere arabe” e l’attacco alla Libia, Barack Obama e la sua amministrazione hanno evidentemente recuperato il progetto neocon del “Grande Medio Oriente”, pur ampliandone il raggio stringendo una serie di accordi principalmente militari con Singapore, Thailandia, Filippine ed Australia allo scopo di accerchiare la Cina e porre sotto il controllo statunitense le rotte petrolifere attraverso cui il “Paese di Mezzo” si rifornisce di energia. «Dalla strategia del “Grande Medio Oriente” (comprendente Nord Africa e Asia centrale), lanciata dal repubblicano Bush – osserva Manlio Dinucci –, il democratico (nonché Premio Nobel per la pace) Obama è passato alla strategia del “Grande Oriente”, che mira all’intera regione Asia/Pacifico in aperta sfida a Cina e Russia» (3).
In Medio Oriente e Nord Africa, Washington ha assegnato alle frange islamiste il compito di sovvertire i regimi sgraditi o di puntellare quelli ritenuti affidabili in cambio di sostanziosissimi finanziamenti. Ciò è accaduto in Libia, Siria, Giordania, Yemen, Palestina, Tunisia. Ed Egitto. Prendendo in esame il caso egiziano, va sottolineato che Mubarak stava intraprendendo iniziative distensive nei confronti dell’Iran ed era tentennante riguardo all’accettare o meno i finanziamenti e le regole del Fondo Monetario Internazionale, di cui si era cominciato a dibattere per via della disastrosa condizione economica in cui stava versando il Paese. Washington aveva allora cominciato a prendere alcune contromisure, individuando proprio nei Fratelli Musulmani guidati dal cittadino egiziano-statunitense Mohamed Morsi gli interlocutori giusti e nella Turchia di Recep Tayyp Erdogan e nel Qatar (che ospita la sede centrale del Central Command e il Combined Air Operations Center degli Stati Uniti) dell’Emiro Hamad bin Khalifa al-Thani i loro sponsor ideali. Venne così attivato un massiccio fiume sotterraneo di denaro che portò nelle casse dell’Ikwan ben 10 miliardi di dollari forniti da Ankara e Doha. Con questi lauti finanziamenti la Fratellanza Musulmana riuscì inizialmente ad acquisire un crescente peso politico all’interno del Paese, e successivamente a “mettere il cappello” sulla rivoluzione, dopo che i militari ebbero deciso di appoggiare i rivoltosi deponendo Hosni Mubarak.
La caduta di Mubarak e l’ascesa degli Ikhwan
Solitamente viene molto enfatizzato il sostegno finanziario, pari a 1,3 miliardi di dollari, che gli Stati Uniti forniscono all’Egitto allo scopo di “dimostrare” le stretta osservanza, da parte dei militari, dal “verbo statunitense”. Raramente viene tuttavia preso in considerazione il fatto che tali finanziamenti non vengono erogati a fondo perduto, ma sono rigidamente subordinati all’acquisto di armamenti prodotti dalle grandi compagnie belliche statunitensi (Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grummann, Raytheon, General Dynamics) e al rispetto degli accordi di Camp David del 1979 da parte delle autorità egiziane. L’importante, in parole povere, è che l’Egitto contribuisca al foraggiamento del complesso militar-industriale statunitense e a garantire la sicurezza di Israele, nonché a osteggiare i Paesi renitenti a sottostare ai dettami di Washington, come l’Iran.
La deposizione di Mubarak ad opera dei militari, datata 11 febbraio 2011, potrebbe quindi essere letta alla luce di questi presupposti, specialmente in virtù del fatto che tale cambio di regime comportò una repentina emersione dei più profondi sentimenti anti-israeliani in seno alla popolazione egiziana. La miccia venne innescata nell’agosto 2011, quando nel corso di un raid effettuato dall’aviazione israeliana sulla Striscia di Gaza rimasero uccisi (oltre alla consueta componente palestinese) alcuni militari egiziani schierati lungo la frontiera. La giunta militare egiziana protestò sonoramente ma Israele non fornì spiegazioni convincenti per giustificare l’accaduto, cosa che suscitò una feroce contestazione popolare culminata con l’assedio, avvenuto tra l’8 e il 9 settembre successivo, dell’ambasciata israeliana. Alcuni agenti israeliani sfuggirono di poco al linciaggio mentre il primo ministro Benjamin Netanyahu si affrettò a richiamare in patria il proprio ambasciatore al Cairo. Ciò contribuì a ravvivare la rovente polveriera del Sinai. Con la caduta di Mubarak e l’insediamento di Tantawi, il Sinai ridivenne il centro logistico da cui partono le incursioni da parte di miliziani palestinesi e di altri gruppi contro forze israeliane incaricate di sorvegliare la frontiera. Israele rispose inviando i bombardieri sul Sinai, provocando la morte di altri soldati egiziani. Per tutta risposta, il Feldmaresciallo Tantawi, rivolgendosi alle truppe dislocate nella penisola del Sinai, affermò che: «I nostri confini, soprattutto quelli a nord-est, sono infiammati. Noi non attaccheremo i paesi vicini, ma difenderemo il nostro territorio. Romperemo le gambe a chiunque tenterà di attaccarci o di avvicinarsi ai nostri confini» (4). Come se non bastasse, il regime del Cairo interruppe il flusso di gas diretto allo Stato ebraico, frantumando l’intesa energetica che vigeva tra i due paesi fin dal 2005, quando Mubarak aveva accordato ben 7 miliardi di metri cubi di gas ad Israele per i successivi 20 anni. Questa escalation di tensione portò l’ex capo del Consiglio per la Sicurezza di Israele Uzi Dayan ad affermare che «è giunta l’ora di porre il Sinai sotto il controllo israeliano» (5), mentre il ministro degli Esteri israeliano Avigdor Lieberman, nel corso di una visita a Baku, gettò ulteriore benzina sul fuoco spingendosi a sottolineare il fatto che «L’Egitto rappresenta un pericoloso maggiore dell’Iran rispetto alla sicurezza nazionale israeliana» (6). Le autorità israeliane temono infatti che l’ascesa degli ambigui Fratelli Musulmani e dei salafiti del partito al-Nur (sostenuti dall’Arabia Saudita) possa culminare con la formazione di un governo nominato dal basso tutto incentrato sui movimenti fondamentalisti islamici animati da sentimenti radicalmente antisraeliani. Per “prevenire” questa eventualità, Tel Aviv elaborò e mise in atto un piano che prevede la costruzione di un muro di cemento armato di 240 km che, correndo lungo il confine orientale egiziano, dovrebbe estendersi dal Mar Rosso alla Striscia di Gaza. Tale barriera allungherebbe la “fascia di protezione” innalzata per ben 725 km in corrispondenza dei confini con la Cisgiordania.
La perdita di controllo del Sinai e la tensione con Israele testimoniano l’instabilità che scaturì dal rovesciato il vecchio regime, alimentata dal peculiare ed ambiguo dualismo venutosi rapidamente a creare tra la Fratellanza Musulmana di Mohammed Morsi da un lato e la giunta militare guidata dal Feldmaresciallo Mohammed Tantawi, che aveva agguantato le redini del potere, dall’altro. I Fratelli Musulmani del partito “Libertà e Giustizia” (molto simile al “Partito per la Giustizia e lo Sviluppo” del primo ministro turco Recep Tayyip Erdogan), guidati da Mohamed Morsi, iniziarono a pretendere a gran voce che venissero indette nuove elezioni, certi di poter contare su di un vasto consenso popolare. Le elezioni decretarono la vittoria della Fratellanza Musulmana, che ottenne il 51% dei voti con un magro 50% di affluenza elettorale, ma i temporeggiamenti nel cedere i poteri a Morsi e la freddezza ostentata dai militari dinnanzi al verdetto delle urne irritarono fortemente gli Ikwan, i quali cominciarono, di concerto con altre fazioni, a scendere in piazza per protestare contro l’atteggiamento tenuto dalla giunta militare. La brutale repressione da parte dei militari e della polizia si protrasse per alcune settimane, finché il Feldmaresciallo Tantawi non decise di cedere alle forti pressioni esercitate dagli Stati Uniti – profondamente preoccupati anche dal fatto che Tantawi aveva autorizzato alcune navi da guerra iraniane a raggiungere il Mar Mediterraneo transitando attraverso il Canale di Suez –, accettando di lasciare a Morsi l’ambito incarico di presidente. Morsi, dal canto suo, decretò immediatamente il “pre-pensionamento” del Feldmaresciallo Tantawi, esponendo il proprio esecutivo al rischio di un colpo di Stato militare, e accettò l’invito del presidente iraniano Mahmud Ahmadinejad a partecipare al vertice dei “Paesi Non Allineati” (NAM). Così, nell’estate del 2012, a ben 57 anni dalla Conferenza di Bandung, numerosissimi Stati raggiunsero Teheran per prendere parte all’iniziativa. Raggruppando 120 membri effettivi e 21 osservatori, il NAM rappresenta una parte preponderante dei paesi e dei cittadini di tutto il mondo. All’incontro parteciparono, in qualità di osservatori, il Commonwealth delle Nazioni, il Fronte di Liberazione Nazionale Socialista Kanak, l’Unione Africana, la Lega Araba, l’Organizzazione di solidarietà dei popoli afro-asiatici, il Movimento di Indipendenza Nazionale Hostosiano, l’Organizzazione per la Cooperazione Islamica, il Centro Sud, il Consiglio Mondiale della Pace e diversi membri delle Nazioni Unite. Stati Uniti ed Israele deprecarono la partecipazione del segretario dell’ONU Ban Ki-Moon, il cui intervento, pur essendo improntato alla prudenza, conteneva comunque una chiara stigmatizzazione dell’oltranzismo guerrafondaio propugnato dai ben noti ambienti israeliani. Washington e Tel Aviv esercitarono forti pressioni su Mohamed Morsi, che in veste di leader della Fratellanza Musulmana e di presidente egiziano decise comunque di recarsi a Teheran dopo aver adottato una politica solo apparentemente conciliatoria con Mahmoud Ahmadinejad. L’ambiguità di Morsi è testimoniata dalla discordanza che vige tra l’appeasement nei confronti dell’Iran e il fatto che la sua ascesa al potere sia strettamente connessa ai miliardi di dollari di finanziamento erogati dall’Emiro del Qatar, nonché dalla feroce ostilità tanto di al-Thani quanto del suo “protetto” Morsi nei confronti della Siria di Bashar al-Assad, alleata di ferro della Repubblica Islamica dell’Iran. Va inoltre sottolineato che sotto la guida di Morsi, l’Egitto ha mantenuto i sigilli sulla frontiera con Gaza, sbarrando la strada ai palestinesi in perfetto accordo con Israele. Non era necessario il chiaro monito lanciato alle forze armate egiziane da parte da Washington, i cui rappresentanti avevano ribadito che il sostegno statunitense è subordinato al mantenimento del trattato di Camp David del 1979, dal momento che Morsi non avrebbe mai violato gli accordi siglati dai suoi predecessori con il beneplacito statunitense. L’avvicinamento di facciata all’Iran potrebbe quindi celare un piano ben più subdolo, volto a conquistare la fiducia dei dirigenti di Teheran in attesa del definitivo voltafaccia, in modo da trasformare l’Egitto in un autentico “cavallo di Troia” all’interno dell’alleanza sciita che collega Teheran, Beirut e Damasco. Si tratta di un modus operandi che la Fratellanza Musulmana ha già sperimentato attraverso la propria filiale palestinese di Hamas, che dopo aver militato per decenni assieme a Siria, Iran ed Hezbollah ha cambiato radicalmente paradigma cedendo alle lusinghe e ai petro-dollari del Qatar, schierandosi di fatto a favore dei “ribelli” intenzionati a rovesciare il regime di Assad. Non deve pertanto stupire che Khaled Meshaal, noto esponente di Hamas, si sia trasferito da Damasco a Doha, ponendosi sotto la “protezione” dell’Emiro al-Thani dopo aver ottenuto il “riconoscimento” implicito di Israele, che aveva accettato di barattare la liberazione del soldato israeliano Gilad Shalit con il rilascio di qualcosa come 1.027 prigionieri palestinesi (tra i quali non figurava il popolarissimo esponente filo-siriano del braccio armato di al-Fatah Marwan Barghouti). Dopo questi stravolgimenti, Hamas ha repentinamente avviato un processo di distensione con la Giordania (alleata degli Stati Uniti), che ha portato all’archiviazione dell’immane massacro di rifugiati palestinesi (il famoso “Settembre Nero”) ordinato da Re Hussein nel 1970, grazie alla visita di Meshaal presso la corte reale di Amman in seguito alla mediazione del Principe ereditario del Qatar. D’altra parte, anche il governo turco di Recep Tayyip Erdogan, capo di un partito che presenta numerose affinità con la Fratellanza Musulmana egiziana, ha effettuato una drastico voltafaccia nei confronti di Bashar al-Assad dopo aver intessuto rapporti economici e politici di grande rilievo con Damasco.
Ma ad avvalorare l’ipotesi secondo cui Morsi avrebbe sfoggiato deliberatamente questo atteggiamento estremamente ambiguo in funzione puramente tattica è intervenuto il Fondo Monetario Internazionale, che ha reagito alla notizia della convocazione del presidente egiziano da parte di Teheran accettando improvvisamente, dopo mesi e mesi di titubanze, di negoziare la concessione di un corposo prestito. La situazione economica egiziana era effettivamente catastrofica, aggravata peraltro dalle fallimentari ricette somministrate dalla Fratellanza Musulmana. Morsi e i suoi seguaci hanno preteso di trasformare un Paese come l’Egitto, cioè una nazione giovane, popolosa (85 milioni di persone), controllata da un esercito molto potente ed economicamente basata sul turismo, in uno Stato islamizzato dominato da estremisti religiosi succubi dei petro-dollari del Qatar. Non deve pertanto stupire che il settore terziario sia crollato per effetto del crollo del turismo, la disoccupazione sia aumentata del 30%, i prezzi sono cresciuti del 40%, la lira egiziana si sia svalutata della metà e le riserve di valuta pregiata siano quasi esaurite. L’Egitto necessitava quindi di finanziamenti dall’estero per rimanere a galla, e Morsi puntava proprio ad ottenere denaro dal Fondo Monetario Internazionale, nonostante i suoi “programmi di aggiustamento strutturale” abbiano prodotto disastri economici in tutte le aree del pianeta.
La cospirazione dei militari e l’impotenza statunitense
Una fazione piuttosto corposa dei militari, dal canto suo, non vedeva affatto di buon occhio l’entrata in campo del FMI e l’ambigua, rischiosa politica estera condotta da un governo che ogni giorno di più stava dimostrandosi completamente asservito ai qatarioti, mentre in seno alla popolazione stava montando un crescente malcontento, dovuto alla drammatica condizione dell’economia nazionale e all’impressionante avidità dei Fratelli Musulmani saliti al potere, i quali si stavano prodigando unicamente di accentrare il potere allo scopo di consolidare la propria posizione all’interno del Paese. I militari cominciarono allora ad attivare i propri autonomi canali diplomatici per elaborare soluzioni alternative alla deriva in cui Morsi stava trascinando l’Egitto, prendendo in considerazione anche l’opportunità di sganciarsi dal legame con Washington in virtù del fatto che in realtà l’Egitto, Paese che ha una discreta industria militare, avrebbe anche potuto fare a meno di finanziamenti vincolati all’acquisto di armamenti statunitensi. Il ministro della Difesa, nonché capo dell’esercito, Abdul Fatah al-Sisi (che ama definirsi “nasserista”) siglò allora un accordo segreto con l’Arabia Saudita e le altre monarchie del Golfo Persico intenzionate a ridimensionare le sconfinate manie di grandezza dell’Emiro al-Thani, in base al quale questi ricchi Paesi avrebbero assicurato all’Egitto sostegno finanziario nel caso in cui Barack Obama avesse sospeso il versamento degli 1,3 miliardi di dollari annuali come ritorsione per la cacciata del cavallo su cui avevano puntato, cioè Mohamed Morsi. Così, quando il malcontento popolare ha raggiunto il punto di rottura e orde sconfinate di manifestanti hanno occupato piazze e strade delle principali città egiziane, esercito e polizia hanno colto al volo l’occasione per cavalcare la protesta, lanciare un secco ultimatum al governo e infine procedere, il 3 luglio 2013, alla rimozione (e al conseguente arresto) di Morsi, all’inclusione della Fratellanza Musulmana nel novero delle organizzazioni terroristiche, all’oscurazione dell’emittente qatariota “al-Jazeera” (volta a impedire che gli Ikhwan udissero ed applicassero le fatawa del potente e seguitissimo telepredicatore al-Qaradawi), all’imposizione della legge marziale e alla nomina del magistrato Adli Mansour come presidente ad interim, del filo-statunitense Mohamed el-Baradei come vicepresidente e dell’economista Hazem el-Beblawi come primo ministro.
Questo colpo di Stato militare, pur attuato con il consenso di gran parte della popolazione e delle forze istituzionali egiziane, ha spinto i Fratelli Musulmani a chiamare a raccolta tutti i propri sostenitori esortandoli alla resistenza armata contro le forze golpiste, di fronte alla quale esercito e polizia hanno risposto usando il pugno di ferro, provocando le dimissioni di el-Baradei. L’odio settario nei confronti di tutte le altre fedi religiose che caratterizza gli Ikhwan è emerso in tutta la sua tragicità nel momento in cui, subito dopo la chiamata alle armi da parte dei maggiori esponenti del movimento, numerosi militanti si sono abbandonati all’assalto di chiese copte e alla truci dazione di cittadini cristiani e sciiti. L’entità della violenza sprigionata ha fatto in modo che nell’arco di pochi giorni cadessero centinaia di cittadini e poliziotti egiziani.
Dal Pentagono e dal Dipartimento di Stato, Chuck Hagel e John Kerry hanno duramente condannato sia il colpo di Stato a danno del loro uomo che la repressione attuata da esercito e polizia, mentre Barack Obama ha annunciato l’abolizione dell’operazione militare Bright Star 2013, in programma per il mese di settembre con la partecipazione di migliaia di militari di Stati Uniti e altri Paesi, e minacciato la sospensione del finanziamento annuale da 1,3 miliardi di dollari. L’esercito egiziano si è tuttavia potuto permettere di ignorare le proteste e le intimazioni statunitensi potendo contare sul sostegno promesso da Arabia Saudita e dalle altre monarchie del Golfo Perisco, che entro la metà di luglio hanno inviato ben 6 miliardi di dollari in aiuti, prestiti e carburanti. Secondo quanto affermato dal ministro delle Finanze saudita Ibrahim al-Assaf, i finanziamenti forniti da Riad comprenderebbero 1,5 miliardi di dollari di deposito presso la Banca Centrale egiziana , 1,5 miliardi di dollari in prodotti energetici e 750 milioni di dollari in contanti, mentre gli Emirati Arabi Uniti avrebbero versato i restanti 2 miliardi. D’un colpo, Washington, che aveva attivamente sostenuto Morsi e tutti gli islamisti del Medio Oriente, si è resa conto di non disporre di validi strumenti di dissuasione per influenzare le mosse del nuovo leader al-Sisi. Il Pentagono, dal canto suo, non ha potuto far altro che inviare, a scopo puramente intimidatorio, la USS Kearsarge e l’USS San Antonio, piene di marines, verso le coste egiziane lambite dal Mar Rosso. Il che significa che per i centri decisionali statunitensi l’affaire egiziano deve aver indubbiamente rappresentato un potente ed inaspettato shock.
Lo sgretolamento della Fratellanza: la caduta di al-Thani e il ridimensionamento di Erdogan
La complessa manovra volta a detronizzare i Fratelli Musulmani messa in piedi dall’Arabia Saudita rientra in un più ampio disegno strategico, elaborato allo scopo non solo di ridimensionare le brame espansionistiche del Qatar e riaffermare la leadership di Riad all’interno del Consiglio per la Cooperazione del Golfo, che riunisce tutte le monarchie che si affacciano sul Golfo Perisco (Arabia Saudita, Qatar, Emirati Arabi Uniti, Kuwait, Bahrain e Oman), ma forse anche di rivedere i termini i termini dell’alleanza con gli Stati Uniti. Il 13 luglio 2013, Re Abdullah ha inviato il principe Bandar (direttore dei servizi segreti) a Mosca per incontrare il presidente russo Vladimir Putin. Fonti russe rivelano che Riad avrebbe proposto un accordo in base al quale l’Arabia Saudita, oltre ad aver garantito che nessun Paese membro del Consiglio per la Cooperazione del Golfo avrebbe mai intaccato l’egemonia russa sul mercato energetico europeo, si sarebbe impegnata ad acquistare ben 15 miliardi di dollari di armamenti russi, in cambio della rinuncia al sostegno del regime di Bashar al-Assad da parte di Mosca. A quanto si sa, Putin avrebbe declinato la proposta, ma appare piuttosto significativo il fatto che, subito dopo l’incontro, lo stesso principe Bandar sia stato invitato a Washington per un colloquio diretto con il presidente Barack Obama. Secondo quanto riporta il sito “Debka File”, assai vicino al Mossad, al 16 agosto «Il principe Bandar non ha ancora risposto all’invito» (7). Si tratterebbe di una mossa piuttosto inusuale per un regime solitamente assai fedele ai dettami di Washington.
Riflettendo sull’operato di Riad, il lucido analista William Engdahl scrive che: «La coraggiosa decisione saudita di agire per fermare ciò che percepisce come la disastrosa strategia islamica statunitense nel sostenere le rivoluzioni della Fratellanza Musulmana in tutto il mondo islamico, ha inferto un duro colpo alla folle strategia statunitense di credere di poter utilizzare la Fratellanza come forza politica per controllare più strettamente il mondo islamico e usarlo per destabilizzare la Cina, la Russia e le regioni islamiche dell’Asia centrale. La monarchia saudita cominciava a temere che la Fratellanza segreta sarebbe balzata un giorno anche contro il suo governo. Non ha mai perdonato a George W. Bush e Washington di aver rovesciato la dittatura laica del partito Baath di Saddam Hussein in Iraq, che ha portato la maggioranza sciita al potere, né la decisione degli USA di rovesciare lo stretto alleato dell’Arabia saudita, Mubarak in Egitto. Da esemplare “Stato vassallo” degli USA in Medio Oriente, l’Arabia Saudita si è ribellata il 3 luglio sostenendo e supportando il colpo di Stato militare in Egitto» (8).
Quanto al Qatar, va sottolineato che alcune stime quantificano in 6 miliardi di dollari i finanziamenti che l’Emiro al-Thani avrebbe inviato ai Fratelli Musulmani egiziani e in altri 7 miliardi gli “aiuti” che Doha avrebbe messo a disposizione degli Ikwan in Giordania e di altri gihadisti in Libia e Siria. Il “prestigio” che il Qatar si era ritagliato nei due anni precedenti era strettamente connesso ai finanziamenti e al sostegno militarmente fornito ai guerriglieri islamisti protagonisti della guerra contro la Giamahiriya di Muhammar Gheddafi, e all’esito di tale scontro. Successivamente, le brame di al-Thani hanno cominciato a vertere sulla riproposizione del “modello-Libia” in Siria e sull’acquisizione dell’influenza su di un Paese cruciale come l’Egitto, ma con il sostanziale fallimento della lunga ed estenuante aggressione che le bande islamiste supportate da Doha (e da Washington, Riad, Ankara, Parigi e Londra) hanno condotto contro il regime di Bashar al-Assad e, soprattutto, con la caduta del proprio “pupillo” Morsi, l’Emiro Hamad bin Khalifa al-Thani ha constatato il fallimento della propria politica estera – per sostenere la quale aveva profuso notevolissimi sforzi finanziari – e deciso di abdicare a beneficio di suo figlio Tamim, il quale ha immediatamente congedato il primo ministro Hamad bin Jassim al-Thani, ovvero l’artefice dell’ambiziosa strategia internazionale imperniata sull’appoggio alla Fratellanza Musulmana e , più in generale, sull’ostilità nei confronti dei regimi nazionalisti (Libia, Siria) e sciiti (Iran). La nuova dirigenza qatariota appare molto più attenta ai propri affari interni, ed è presumibile che abbandonerà le velleità imperialistiche che hanno caratterizzato i propri predecessori per dedicare tutti gli sforzi necessari alla preparazione del Paese ad ospitare i mondiali di calcio del 2022.
Anche la Turchia di Erdogan, altro pilastro del sostegno alla Fratellanza Musulmana, ha dovuto ridimensionare le proprie aspirazioni. Dopo un lungo periodo di consenso elettorale fondato essenzialmente sulla crescita economica maturata in un contesto regionale pacifico costruito in base alla necessità, segnalata dal ministro degli Esteri Ahmet Davutoglu, di «avere zero problemi coi vicini», i nodi della “questione turca” sono cominciati a venire progressivamente al pettine; all’infiammarsi dell’irrisolta “questione curda”, al rancore sotterraneo maturato tra le forze armate e parte consistente della magistratura e ai malumori delle componenti più “laiche” e conservatrici della società (come i “Lupi Grigi”), le quali rifiutano di accettare ogni sia pur cauto e moderato provvedimento di apparente islamizzazione, è andato a sommarsi il forte rallentamento dell’economia (con una crescita che è passata dal 9 al 2,2%), causato in buona parte dalla rottura delle relazioni con la Siria e dall’isolamento regionale imputabile alla politica aggressiva condotta da Erdogan. Tale crescita, per di più, è caratterizzata da poderose campagne di privatizzazione e da una febbre edilizia che ha coperto di cemento anche le aree boschive del Bosforo e delle regioni più interne. Seguendo il mito della globalizzazione, Erdogan ha fatto approvare una legge che elimina la protezione giuridica ai parchi nazionali turchi, in seguito alla quale ha progressivamente trasformato interi quartieri delle principali città costiere in giganteschi villaggi turistici nuovi di zecca, obbligando i vecchi residenti a trasferirsi verso le periferie. Interi rioni risalenti agli inizi del ’900 sono stati “ristrutturati” o demoliti per far posto a nuove strutture atte a “favorire il turismo”. Ordinando l’abbattimento di 600 alberi nell’ambito di un progetto volto a sostituire un parco con un enorme centro commerciale (sul quale aleggia un forte sospetto di tangenti, alla luce del fatto che il sindaco di Istanbul, esponente dell’AKP, è proprietario di una catena di negozi ed ha già ottenuto i diritti per installare in tale centro i propri punti vendita, senza contare che il genero di Erdogan si è aggiudicato il contratto per lo sviluppo immobiliare dell’intera area), ha manifestato con estrema chiarezza l’intenzione di trasformare una città millenaria come Istanbul in una delle tante megalopoli ultra-pacchiane stile Doha. Istanbul (come diverse altre città turche) è costellata di rovine greche, romane, bizantine, ottomane, ortodosse e islamiche che rischiano di essere sostituite da giganteschi centri commerciali ed edifici moderni commissionati alle più celebri stelle occidentali dell’architettura. Il che non può che suscitare un forte malcontento in seno alla popolazione turca, così come la politica imperialista – e non imperiale – impropriamente definita “neo-ottomana”. La “Sublime Porta” era riuscita a inglobare e far convivere decine di etnie e popoli diversi, mentre l’attuale Turchia, con la sua alleanza di fatto con Qatar e Arabia Saudita e il suo appoggio ai guerriglieri islamisti più feroci, sta facendo l’esatto contrario: sta promuovendo il settarismo e allargando la faglia che divide le molteplici “placche” religiose di cui è formato l’Islam. E a favorire questo processo è il primo ministro di un Paese costituito a sua volta da una notevole gamma di etnie e religioni diverse (50% circa sunniti, 20% alawiti, 20% curdi – principalmente sunniti –, il 10% appartiene ad altre minoranze). Non è quindi un caso che, secondo i sondaggi, ben 70 turchi su 100 disapprovino la politica aggressiva di Erdogan nei confronti della Siria. Il noto giornalista Thierry Meyssan ritiene a questo proposito che Erdogan abbia adottato il programma della Fratellanza Musulmana, il movimento finanziato e sostenuto dal Qatar che dall’Egitto alla Siria alla Giordania propugna una visione di Islam compatibile con gli interessi strategici degli Stati Uniti e dei loro alleati. «Mostrando la sua vera natura – scrive Meyssan – (di Fratello Musulmano sotto vesti “neo ottomane”) il governo Erdogan ha tagliato i ponti con la sua popolazione. Solo una parte minoritaria di sunniti può riconoscersi nel programma ipocrita e retrogrado dei Fratelli Musulmani» (9).
Conclusioni
Il colpo di Stato militare a danno della Fratellanza Musulmana sembra essere supportato da gran parte della popolazione e dei partiti, sia dai salafiti di al-Nur che dagli esponenti delle fazioni marxiste. Il golpe del generale al-Sisi avviene quindi sulle ceneri del malridotto Ikhwan, che dopo un lungo periodo di ascesa, connessa facoltosi agganci internazionali di Morsi e della sua cricca, è caduto vittima delle proprie colossali inadeguatezze intrinseche nell’ambito di un feroce conflitto internazionale contrassegnato dal continuo ed apparentemente inarrestabile arretramento statunitense, aggravato dalla fallimentare strategia di politica estera condotta da Barack Obama, che con l’appoggio alle “primavere arabe”, la guerra alla Libia e il potenziamento dell’Africa Command (AFRICOM) ha palesemente cercato di sbarrare la strada all’avanzata cinese nel “continente nero”, per poi spingersi a cingere d’assedio la Cina sia stringendo una serie di accordi militari con numerosi Paesi dell’Estremo Oriente, sia integrando Australia, Brunei, Canada, Cile, Giappone, Malaysia, Messico, Nuova Zelanda, Perù, Singapore e Vietnam in una “area di libero scambio” meglio nota come Trans Pacific Partnership (TPP) allo scopo di isolare economica il “Paese di mezzo”.
Il fallimento delle “primavere arabe”, la tenace resistenza siriana sostenuta dalla Russia, la crescita complessiva della Cina, l’emersione di una serie di scandali (fatti emergere da Bradley Manning, Julian Assange e Edward Snowden) hanno infatti decretato la debacle dell’amministrazione Obama, messa sotto accusa anche in patria da diversi esponenti del partito Repubblicano per aver attaccato la Libia senza l’autorizzazione del Senato, per la scandalosa gestione (l’intelligence russa ha dimostrato che i servizi segreti statunitensi avevano messo in allerta la Casa Bianca riguardo ai pericoli legati a questa faccenda, ma Obama tenne il Congresso all’oscuro di tutto) dell’oscura vicenda in cui l’ambasciatore statunitense Christopher Stevens a Bengasi rimase ucciso ad opera di islamisti debitamente armati e sostenuti da Washington e per il sostegno accordato ai “ribelli” siriani – resisi responsabili di atti indescrivibili (come mangiare gli organi dei soldati siriani caduti in combattimento) –, nonché per aver nascosto al Congresso le prove schiaccianti che dimostravano il coinvolgimento tra il Qatar di al-Thani e al-Qaeda. Costretto sulle difensive, Obama ha dovuto ammettere sia di aver spiato illegalmente nemici, alleati e compatrioti, sia di aver consapevolmente collaborato con un regime che sosteneva attivamente i terroristi (non è certo una novità) prima di abbandonarlo, decretando così il suo crollo e privando automaticamente la Fratellanza Musulmana egiziana del suo fondamentale sponsor e finanziatore. Erdogan, dal canto suo, si è trovato a dover rendere conto a una popolazione assai infastidita dall’affarismo che contraddistingue diversi esponenti del partito AKP, dalla sue velleità aggressive e dall’aver trasformato la regione meridionale del Paese in una gigantesca zona di addestramento e di transito per islamisti provenienti da mezzo mondo.
Il regime di Bashar al-Assad, al contrario, è riuscito, usufruendo dell’appoggio russo, a resistere alla conflitto interno aizzato da Stati Uniti, Turchia e Qatar in primis, anche grazie all’apporto fornito da Hezbollah, scesa in campo per evitare che un simile bagno di sangue potesse verificarsi anche in Libano. Supportando con tale ostinazione Damasco, la classe dirigente russa si è dimostrata ben consapevole che la caduta di Assad avrebbe spezzato, nel suo punto centrale, la corda tesa dell’arco sciita che collega Teheran a Beirut, innescando un incendio suscettibile di investire l’intero Medio Oriente (Libano, Iraq, Iran e Giordania) e di dilagare nel Caucaso, rinfocolando conflitti mai sopiti (Cecenia, Daghestan, Nagorno-Karabakh) capaci di intaccare la sovranità russa sulle sue regioni meridionali e alimentare il settarismo religioso, aggravando tragicamente la fitna che separa gli sciiti dai sunniti.
In tutto questo marasma, l’Egitto si trova al centro della contesa, sia per la sua notevole demografia, sia per via della sua vantaggiosissima posizione geostrategica, sia perché tocca da vicino gli interessi israeliani. La defenestrazione dei Fratelli Musulmani, su cui gli Stati Uniti hanno modellato tutta la propria strategia per il Medio Oriente, appare come un primo sussulto di indipendenza dopo decenni di ininterrotta subordinazione.
Lo stesso al-Sisi ha rivelato pubblicamente di aver ricevuto, mentre erano in corso i disordini con i Fratelli Musulmani, svariate telefonate da parte del presidente degli Stati Uniti Barack Obama e di non aver mai risposto. Qualora l’Egitto dovesse assecondare l’orientamento “nasserista” che il generale al-Sisi sostiene di professare, il Cairo potrebbe verosimilmente legare il proprio destino all’asse “non allineato” Iran-Siria-Hezbollah (ed Iraq), riconfigurando definitivamente i rapporti di forza regionali a scapito delle monarchie del Golfo Persico e fornendo in tal modo un contributo a ridisegnare i futuri assetti geopolitici planetari in un mondo che sembra essere irreversibilmente avviato verso il multipolarismo.
1. Mahdi Darius Nazemroaya, Israeli-US Script: Divide Syria, Divide the Rest, http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=32351.
2. “Financial Times”, 2 marzo 2005.
3. “Il Manifesto”, 17 luglio 2012.
4. “Infopal”, 24 aprile 2012.
5. “The European Union Times”, 11 agosto 2011.
6. “The Times of Israel”, 22 aprile 2012.
7. “Debka File”, Saudi King Abdullah backs Egypt’s military ruler, warns against outside interference, http://www.debka.com/article/23197/US-Egyptian-relations-on-the-rocks-El-Sisi-wouldn%E2%80%99t-accept-Obama%E2%80%99s-phone-call [1].
8. William Engdahl, Saudi’s unprecedent break with Washington over Egypt, http://www.globalresearch.ca/saudis-unprecedented-break-with-washington-over-egypt/5343092 [2].
9. Thierry Meyssan, Soulèvement contre le Frère Erdogan, http://www.voltairenet.org/article178820.html [3]
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El fin de la Unión Europea
El fin de la Unión Europea
El próximo miércoles Durao Barroso “recomendará” a Mariano Rajoy las “reformas” que debe implementar para luchar contra la crisis. Mientras tanto, un grupo de diputados de ERC “pagan” sus impuestos en una “Agencia Tributaria Catalana”, demostrando así lo poco que entienden de lo que pasa y lo mucho que les gustaría tener su propio cortijo. La actitud de estos sujetos, paradigma de la estupidez, la incompetencia y la ignorancia – ERC ha dado en su historia buena prueba de todo ello- es un caso bastante ilustrativo de la clase política europea en general, especialmente en los últimos 25 años.
No puede ser de otra manera: tras llenarse la boca con el asunto de la “construcción europea” hasta machacar los oídos del más insensible, el efecto y las consecuencias de las políticas apoyadas, por activa y por pasiva, por esa misma clase política está conduciendo a la Unión Europea a una desintegración ahora incipiente pero inexorable. Inexorable porque no se ven las palancas por las cuales esa misma Unión Europea puede resurgir y pesar en el conjunto de la escena multipolar del mundo del siglo XXI. En el extremo de esta incompetencia se halla gente como los diputados de ERC que, no solo es que apuesten por las delirantes tesis del nacionalismo catalán, sino que buscan la atomización de algo ya de por si pequeño y, en consecuencia, sujetarnos más aún a la pérdida de soberanía y de libertad que la Unión Europea ha supuesto desde que en 1985 el PSOE nos apuntara a tan singular club.
El hecho puede argumentarse mejor a raíz del último informe del Pew Research Global Attitudes Project (PRGAP). Los informes del PRGAP deben siempre tenerse en cuenta, en primer lugar, por la amplitud de problemáticas que se abordan; en segundo lugar por la variedad de colectivos en los que muestrean, llegando en algunos casos a realizar encuestas de proporciones planetarias. En el caso que nos ocupa, el pasado 13 de mayo, el Pew Research Center hizo público un estudio conducido en 7 países europeos, sobre una muestra de 7,646, encuestados entre el 2 y el 27 de marzo pasados. Los países considerados en el estudio fueron Alemania, Francia, Italia, España, Reino Unido, Polonia, Grecia y República Checa. A los participantes se les preguntó acerca de cómo percibían la situación actual de la UE. Los técnicos del célebre “fact tank”, subsidiario del Pew Charitable Trusts, han apuntado algunas conclusiones inquietantes para el futuro de uno de los principales puntales de la globalización: en primer lugar, la desafección general de los europeos respecto de la UE, siendo ésta máxima en Francia y en España. Se observa, además, un debilitamiento de la integración europea, tal y como es percibida por los europeos.
En segundo lugar, se aprecia una divergencia creciente entre alemanes y franceses y una desconfianza mutua. En tercer lugar, entre 2013 y 2013, ha crecido la desconfianza de los ciudadanos hacia sus líderes –personificados en el presidente del gobierno-, siendo máxima, y por éste orden, en Francia, Italia y España. En cuarto lugar, el pesimismo respecto la situación económica respecto de 2007, se ha incrementado en un 61%, un 54% y un 22% en España, Gran Bretaña e Italia, respectivamente. La situación es especialmente alarmante en lo que los autores del informe denominan “el desafío del sur” (“Southern Challenge”); es decir, España, Grecia e Italia. Pese a ello, el apoyo al euro ha crecido en España y en Italia, si bien aproximadamente un 30% de los encuestados en los siete países apuestan por volver a sus monedas originales.
Naturalmente, el informe es amplio y denso pero el resultado es bastante claro y los técnicos del Pew Research Center hablan de “tendencias centrífugas” en la UE. Curiosamente, preguntados acerca de la manera en que la UE saldría de la crisis, aproximadamente un 70% de los encuestados ha respondido que “recortando gastos”, mientras que solo un 30% apostó por políticas de estímulo. Sin duda, la “austeridad” goza de mucho predicamento entre la misma población que la sufre. Al margen de lo que opine la gente, las directrices económicas de la Comisión, y también de la “troika”, han sido un rotundo fracaso, como se desprende de los índices de paro y precariedad galopantes.
Próximamente, el miércoles esa misma comisión va a recomendar al presidente Rajoy que realice “reformas” en el mercado laboral, que suba los impuestos –especialmente el IVA- porque “hay margen”, que “reforme” las pensiones, en el sentido de desligarlas del IPC y otras medidas similares. Es obvio que supone un gran lastre, por ejemplo, operar con 42 tipos de contrato laboral o que se gasten millones de euros en administraciones duplicadas y a menudo inoperantes. Pero el problema que acarreamos no es un caso de mala gestión, aunque ello pueda contribuir, dado que los mismos problemas existen en la práctica totalidad de los estados europeos. Se trata más bien de una fracaso del modelo económico que apuesta por una financiación cara y escasa de la que se lucran los que controlan esas mismas fuentes de financiación; es decir, del capital privado. Se prima la economía especulativa frente a la productiva.
Gracias a la política del BCE y de la “troika” se está produciendo en las últimas décadas, y especialmente con motivo de esta crisis, un gigantesco trasvase de recursos de los bolsillos de los contribuyentes –asalariados y empresas- al sector privado financiero. Los costos de este trasvase se evidencian en forma de intereses elevados por una financiación que podría obtenerse mucho más barata directamente del instituto emisor en última instancia –el BCE-, evitando el encarecimiento que supone la presencia de intermediarios ávidos de beneficio. El sobrecoste se repercute en los bolsillos de las clases populares en forma de impuestos o en forma de “recortes” de los salarios, mayormente.
Pese a ello, la Comisión sigue pensando que la medicina no es mala sino que es escasa. El hecho de la crisis y el desánimo se intentan conjurar con la promesa de una recuperación que nunca llega. De hecho, de vez en cuando las tesis oficiales –aireadas gracias a una prensa servil para con el partido encargado de gestionar la política económica del momento- sufren el aldabonazo de algún estudio que se filtra pero que jamás tiene consecuencias. Recientemente, la OCDE pronostica un 28% de paro para España en 2014, solo por detrás, y ligeramente, de Grecia. El Ejecutivo calcula que solo se creará empleo en 2016 cuando crezcamos al 1,3%, algo que parece hoy inalcanzable, pero para los analistas de Aspain11, según informa la web finanzas.com, esta cifra debe situarse en realidad en el 2.8% para que nuestro país cree verdaderamente empleo.
¿Qué se deriva de todo esto? Pues que el futuro económico es negro y que la crisis va a seguir por donde ya está. En estas condiciones las turbulencias políticas van a aumentar y las opciones heterodoxas ganarán masa crítica. En el mundo real, los eurócratas tendrán menos apoyo cada vez y es muy posible que la salida de la UE, que hoy es una opinión cada vez menos marginal y más generalizada, acabe desintegrando la Unión por la fuerza de los hechos. Aunque pese a la Comisión, y como sucede en Grecia, no se puede pedir que un país se suicide para ajustar el déficit o salvar una moneda.
Lamentablemente, en un mundo en el que cada vez Occidente pesa menos, el fin de Europa como entidad económica supondrá una indiscutible pérdida de peso político, algo notablemente nocivo para Occidente en su conjunto. Las fuerzas centrífugas antes mencionadas son en los tiempos actuales una pésima noticia, concomitante a la desintegración social y a la crisis espiritual que padecemos. A esto es a lo que un grupo de majaderos en Barcelona está contribuyendo sin ni siquiera saberlo.
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mardi, 27 août 2013
La Réserve Fédérale des Etats-Unis empêche l’Allemagne de rapatrier son or
La Réserve Fédérale des Etats-Unis empêche l’Allemagne de rapatrier son or
Les Etats-Unis refusent de rendre l’or que l’Allemagne a mis à l’abri dans la Réserve Fédérale des USA et a, par ailleurs, empêché les représentants allemands de visiter le coffre de la Banque Centrale de ce pays pour vérifier l’état des tonnes d’or entreposées.
La méfiance par rapport au dollar pourrait s’intensifier après que la Bundesbank allemande ait demandé le rapatriement de son or entreposé dans la Réserve Fédérale des États-Unis, mais que Washington ait refusé de le faire avant 2020.
L’agence d’information russe, RT, a publié que les représentants allemands se sont vus refuser le permis de visiter le coffre de la Banque Centrale des États-Unis.
« L’Allemagne, qui y a entreposé près de la moitié de ses réserves en or, a de bonnes raisons de s’inquiéter. En général, les institutions financières des USA sont connues pour vendre ce qui n’existe pas réellement », écrit RT sur la publication de son portail Web.
Ils citent l’exemple de 2012, lorsque la banque Goldman Sachs vendait des certificats d’or en assurant qu’ils étaient garantis par l’or authentique de ses coffres. Cependant, comme cela s’est su par après, il n’y avait pas d’or dans ces coffres, et la banque travaillait sur base d’un système de réserve fractionnaire, en supposant que peu de dépositaires exigeraient de récupérer leur or.
Le fondateur et président de l’Association Allemande de Métaux Précieux, Peter Boehringer, considère que ce refus des États-Unis est un mauvais signe.
« Nous avons exercé beaucoup de pression sur la Bundesbank, nous lui avons envoyé énormément de questions, ainsi que d’autres entités. Nous voulons savoir pourquoi elle n’agit pas en tant qu’audit approprié, pourquoi ils ne font pas pression sur la banque centrale de son partenaire, tout particulièrement sur la Réserve Fédérale, pour qu’elle soit un audit adéquat. Pourquoi n’est-il pas possible de rapatrier cet or ? Il y a donc énormément de questions sans réponses », dit-il.
« Les USA et la Réserve Fédérale financent actuellement entre 60 et 80% de la dette fédérale récemment publiée, les bons du Trésor. Et son achat libre est une mauvaise nouvelle pour la dette des USA. Cela met en évidence que quelque chose va mal pour la qualité du dollar des États-Unis comme monnaie de réserve. La Chine et l’Inde vont probablement consommer 2.300 tonnes d’or conjointement cette année, ce qui équivaut presque à 100% de la production mondiale », explique-t’il.
La Réserve Fédérale des États-Unis est une des organisations les plus secrètes au monde. Depuis bien des années, elle entrepose de grandes quantités d’or de différents pays. Si auparavant elle était considérée comme l’endroit le plus sûr pour les réserves de beaucoup de pays, maintenant la situation a changé, puisque l’or qui y est entreposé s’épuise du fait de sa vente, son cautionnement ou son utilisation comme garantie financière.
En janvier de cette année, la Bundesbank allemande a informé de sa décision de rapatrier 674 tonnes des réserves officielles d’or déposées à l’étranger d’ici 2020.
Jusqu’au 31 décembre 2012, la banque allemande conservait 31% de son or sur le sol allemand. Avec cette mesure, ils estiment que cette quantité s’élève à 50% avant le 31 décembre 2020.
« Les réserves d’or d’une banque centrale créent de la confiance », indique l’entité financière dans un communiqué qui assure que cette mesure augmentera la confiance en sa propre économie.
L’Allemagne possède la seconde plus grande réserve d’or au monde ; 3.396 tonnes. Au cours des prochaines huit années, 674 tonnes vont être rapatriées depuis New-York et Paris, avec pour objectif que 50% de cet or soit entreposé sur le sol allemand. 13% des réserves d’or allemandes sont entreposée à Londres et y resteront entreposées. Les réserves d’or déposées à New-York devraient passer de 45% à 37%. Les 374 tonnes actuellement entreposées à la Banque de France à Paris retourneront sur le sol allemand.
Source : Telesur
Traduit par SanFelice pour Investig'Action
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Banden broer Obama met Moslim Broederschap
Adviseur Constitutionele Gerechtshof: 'Regering Obama werkt samen met terroristen'
'Turkije speelt centrale rol bij complot tegen Egypte'
De huidige adviseur en voormalige kanselier van het Egyptische Constitutionele Gerechtshof, Tahani Al-Jebali, heeft verklaard dat de belangrijkste reden dat de VS niets onderneemt tegen de Moslim Broederschap gelegen is in het feit dat Obama's halfbroer Malik achter grootschalige investeringen in en voor de internationale organisatie van de Broederschap zit. Malik Obama - 'bezitter' en mishandelaar van maar liefst 12 vrouwen (6)- is lid van de islamitische Da'wa organisatie (IDO), een tak van de Soedanese regering die wordt geleid door oorlogsmisdadiger en christenslachter president Omar al-Bashir, die zelf lid is van de Moslim Broederschap.
'Amerikaanse regering werkt samen met terroristen'
'Wij zullen de wet uitvoeren en de Amerikanen zullen ons niet stoppen,' onderstreepte Jebali. 'We moeten de dossiers openen en beginnen met rechtszittingen. De Obama regering kan ons niet stoppen; ze weten dat ze het terrorisme hebben ondersteund. Wij zullen de dossiers openen, zodat deze landen worden ontmaskerd en duidelijk wordt hoe ze met hen (de terroristen) hebben samengewerkt. Dit is de reden waarom de Amerikaanse regering tegen ons strijdt.' (1)
In een TV-interview legde Jebali uit dat dit nieuws ook van belang is voor de Amerikanen die zich zorgen maken over de acties van hun president. 'Dit is een geschenk voor het Amerikaanse volk,' aldus Jebali, waarmee ze impliceerde dat er nog meer onthullingen zullen volgen. Ze benadrukte dat Egypte een hoge prijs heeft betaald voor de Amerikaanse steun aan de Moslim Broederschap, maar dat haar land geen samenzweringen tegen het Egyptische volk zal toestaan. Ook noemde ze het onacceptabel dat Egypte hetzelfde lot als Irak en Libië ondergaat.
'Centrale rol Turkije in complot tegen Egypte'
Volgens betrouwbare Arabische bronnen (2) speelt Turkije een centrale rol in het complot tegen Egypte. Gisteren berichtten we dat de Turkse premier Erdogan Israël de schuld geeft van de staatsgreep tegen de Moslim Broederschap. Enkele jaren geleden ging Erdogan pal achter de Palestijnse terreurbeweging Hamas staan. De Moslim Broederschap is de moederorganisatie van Hamas. Erdogans islamistische AK Partij streeft net als de Broederschap naar een geheel door de islam beheerst Midden Oosten en de verdwijning van de Joodse staat Israël.
Malik Obama sluist geld weg naar Broederschap
Ook Al-Wafd, een andere prominente Arabische nieuwsbron, kopt 'Obama's broer is Moslim Broederschap'. Hier een groot aantal links naar achtergrondartikelen waaruit blijkt dat Malik Obama een belangrijke speler is bij het doorsluizen van grote sommen liefdadigheidsgeld naar de Broederschap en de bouw van moskeeën (7). Al in mei berichtten alle belangrijke Saudische media dat Malik de uitvoerende secretaris van de islamitische Da'wa organisatie (IDO) is. Volgens het Amerikaanse ministerie van Buitenlandse Zaken is de IDO, die werd opgericht door de Soedanese regering, een terreurorganisatie. (3)
Banden met oorlogsmisdadiger Omar al-Bashir en antisemiet Al-Qaradawi
De website van de Barack H. Obama Foundation (BHOF) plaatste een foto van een IDO-conferentie in 2010 in de Soedanese hoofdstad Khartoum. Malik was een belangrijke official op deze conferentie, die werd geleid door de wegens oorlogsmisdaden gezochte Soedanese dictator Omar al-Bashir.
Op foto's (zie hierboven) is Malik samen met zijn baas Suar al Dahab te zien, de voorzitter van de IDO. Al Dahab bezocht in mei de Gazastrook en is dikke vrienden met Hamaspremier Ismail Haniyeh en Yusuf Al-Qaradawi, de extreem antisemitische spirituele leider van de Moslim Broederschap die openlijk heeft gezegd het te betreuren dat het Hitler niet gelukt is de Joden uit te roeien.
Malik meerdere malen in Witte Huis
Als zijn halfbroer en diens dubieuze contacten en acties ter sprake komen, doet president Obama altijd of zijn neus bloedt. Er zijn echter meerdere foto's van Maliks bezoeken aan het Witte Huis. Bovendien staat Malik aan het hoofd van de Barack H. Obama Foundation. De president zorgde ervoor dat de BHOF in 2011 met terugwerkende kracht een forse belastingkorting kreeg (5). Ook Obama's neef Musa is betrokken bij het wegsluizen van geld naar radicaal islamitische organisaties (6).
Xander
(1) Yourn 7 (YouTube) (via Walid Shoebat)
(2) Elbashayer / Elbilad / Akhbar-Today
(3) Walid Shoebat
(4) Daily Caller
(5) Al Jazeera (YouTube 1 / 2 / 3)
(6) Daily Mail
(7) World Net Daily
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Manœuvres d’été autour du chaudron égyptien
Manœuvres d’été autour du chaudron égyptien
Ex: http://www.dedefensa.org
On peut d’abord se référer à deux textes publiés sur ce site, le 17 août 2013 et le 19 août 2013. En les rapprochant, voire en les rassemblant, on peut déjà disposer d’indices sérieux pour annoncer le développement que nous allons proposer ici. Il s’agit nécessairement d’une spéculation mais qui nous semble correspondre à de grandes tendances, donc présentant une cohérence qui justifie de la développer. Même si cette spéculation concerne essentiellement la communication, elle a toute son importance, à la mesure de l'importance du système de la communication dans l'évolution des situations.
• D’un côté, il y a le constat jusqu’ici en constant renforcement d’une considérable inconsistance de la politique égyptienne (et moyenne-orientale) des USA. On peut même parler, à ce stade, d’une dissolution passive de cette politique, et par conséquent d'une érosion accélérée de l’influence US avec la mise en question des liens de coopération entre les USA et l’Égypte. A ce stade, on ne peut rien avancer d’assuré mais on est tout de même conduit à constater que la tendance est déjà affirmée sur la durée, qu’elle correspond à une tendance générale de la politique US, à une situation politique à Washington, voire au caractère d’un homme (Obama), tout cela d’ailleurs s’additionnant. Comme l’on sait (le 17 août 2013), les militaires égyptiens s’en sont avisés, tandis que le sentiment général en Égypte est clairement antiaméricaniste (voir le 7 août 2013). Comme l’on sait également, le grand sujet au cœur de la “politique égyptienne” des USA, c’est l’aide militaire US à l’Égypte et son éventuelle suspension ou suppression, qui gagne de plus en plus de partisans. Daily Beast du 20 août 2013 affirme même que l’administration Obama a “discrètement” décidé de “suspendre” l’aide US à l’Égypte sans pourtant nommer “coup” la prise de pouvoir des militaires (ce qui obligerait légalement à une suppression officielle de cette aide) ; cette affirmation (suspension de l’aide) étant plus ou moins mollement démentie par la Maison-Blanche, qui continue pourtant son exploration sémantique du mot “coup”... (Le constat ici est qu’avec Obama la maxime “pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué” est toujours respectée, le processus d’examen et de décision concernant le maintien ou pas de l’aide militaire ressemblant de plus en plus à une farce burlesque filmée au ralenti. L'absence de réalisation de cette perception catastrophique de sa politique par l'administration Obama est un phénomène psychologique remarquable, qui tient de l'autisme pour sa manifestation.)
• Devant cette incertitude de la position US, avec la perte d’influence considérable que cela entraîne, des rumeurs se sont développées à partir de la visite impromptue de Sultan Bandar, le chef du renseignement saoudien à la carrière mouvementée, à Moscou, le 31 juillet, avec 4 heures d’entretien avec Poutine à la clef. On a signalé, en nous attachant à la question des armements (voir le 19 août 2013), quelques-unes de ces rumeurs, affirmations semi-officielles et démentis qui le sont également ; et l'on a observé combien cette idée d’une certaine dynamique de consultation entre l’Arabie et la Russie, et encore plus à propos de l’Egypte que de la Syrie, avait la vie dure. La citation venue de Egyptian Independent ou/et (?) de DEBKAFiles sur le sujet d’une réunion convoquée par Poutine qui aurait eu lieu le 15 ou le 16 août à Moscou, est reprise dans nombre de textes («Putin had called an extraordinary session in the Kremlin to put “all Russian military facilities ‘at the Egyptian military's disposal.’” The report, which cited several sources without providing any further details about them, also said that “Putin will discuss Russian arrangements for joint-military exercises with the Egyptian army.”»)
• Justement, le site DEBKAFiles, qui alterne le pire et le meilleur, des narrative de circonstance à certaines indications intéressantes, a montré depuis des mois une constance réelle et bien documentée dans l’appréciation qualitative de la politique russe au Moyen-Orient, en Syrie certes mais aussi, depuis quelques temps, vis-à-vis de l’Égypte et là aussi en connexion avec l’Arabie. Dans une récente nouvelle, le 19 août 2013, DEBKAFiles explique la position d’Israël, favorable certainement aux militaires égyptiens mais dans une mesure très contrainte qui n’engage en rien l’avenir, avec une coopération strictement limitée à la lutte antiterroriste dans le Sinaï. («On Saturday, Aug. 17, El-Sisi remarked “This is no time to attack the US and Israel, because our first priority is to disband the Muslim Brotherhood.” Jerusalem found this remark alarming rather than comforting, noting that he made no promises about the future.») DEBKAFiles explique que la campagne en cours pour inciter le bloc BAO à soutenir les militaires selon le thème “les militaires ou l’anarchie” est essentiellement le fait, non d’Israël, mais de l’Arabie et des UAE, à l’instigation de Prince Bandar, et cela accordant une part importante de l’argument à la possibilité d’un tournant pro-russe de l’Égypte si ce soutien ne se manifeste pas... (Et tournant pro-russe de l'Arabie également...)
«Saudi Arabia and the United Arab Emirates – not Israel – are lobbying the West for support of the Egyptian military. Their campaign is orchestrated by Saudi Director of Intelligence Prince Bandar Bin Sultan - not an anonymous senior Israeli official as claimed by the New York Times, DEBKAfile’s Middle East sources report. The prince is wielding the Russian threat (Remember the Red Peril?) as his most potent weapon for pulling Washington and Brussels behind Egypt’s military chief Gen. Abdel-Fattah El-Sisi and away from recriminations for his deadly crackdown on the Muslim Brotherhood.
»The veteran Saudi diplomat’s message is blunt: Failing a radical Western about-turn in favor of the Egyptian military, Cairo will turn to Moscow. In no time, Russian arms and military experts will again be swarming over Egypt, 41 years after they were thrown out by the late president Anwar Sadat in 1972. Implied in Bandar’s message is the availability of Saudi financing for Egyptian arms purchases from Moscow. Therefore, if President Barack Obama yields to pressure and cuts off military aid to post-coup Cairo, America’s strategic partnership with this important Arab nation may go by the board.
»It is not clear to what extent Russian President Vladimir Putin is an active party in the Saudi drive on behalf of the Egyptian military ruler. On July 31, during his four-hour meeting with Prince Bandar, he listened to a Saudi proposition for the two countries to set up an economic-military-diplomatic partnership as payment for Russian backing for Cairo. [...]
»... From Israel’s perspective, the Bandar initiative if it takes off would lead to the undesirable consequence of a Russian military presence in Egypt as well as Syria. This would exacerbate an already fragile - if not perilous situation – closing in on Israel from the south as well as from the north.»
• Parmi d’autres commentaires qui vont dans le même sens, on notera celui de “Spengler”, le célèbre commentateur pseudo-incognito de ATimes.com, le 19 août 2013. “Spengler” ne déteste pas de se citer lui-même et il est attentif à suivre les grandes tendances de la politique générale d’une façon musclée. La situation américaniste ne lui a pas échappé, et sa description de l’extraordinaire “désordre paralysée“, de la formidable “impuissante puissance” du pouvoir américaniste à Washington n’est pas si mal vue. “Spengler” en déduit qu’il faut bien que d’autres prennent en charge ce que les USA ne sont plus capable d’assumer en aucun cas, – et, à son tour, il corrobore la connexion Russie-Arabie.
«Other regional and world powers will do their best to contain the mess. Russia and Saudi Arabia might be the unlikeliest of partners, but they have a profound common interest in containing jihadist radicalism in general and the Muslim Brotherhood in particular. Both countries backed Egypt's military unequivocally. Russia Today reported August 7 that “Saudi Arabia has reportedly offered to buy arms worth up to $15 billion from Russia, and provided a raft of economic and political concessions to the Kremlin - all in a bid to weaken Moscow's endorsement of Syrian President Bashar Assad.”
»No such thing will happen, to be sure. But the Russians and Saudis probably will collaborate to prune the Syrian opposition of fanatics who threaten the Saudi regime as well as Russian security interests in the Caucasus. Chechnyan fighters - along with jihadists from around the world - are active in Syria, which has become a petrie dish for Islamic radicalism on par with Afghanistan during the 1970s...»
Plus loin, “Spengler”, qui met également en scène la Chine pour nous proposer la vision surréaliste d’une alliance Moscou-Ryad-Pékin pour policer le Moyen-Orient, développe un raisonnement analytique pour montrer que, contrairement aux analyses ossifiées des experts du bloc BAO, la Russie est en bonne voie de renaissance et représente une puissance en pleine activité et pleine possession de ses moyens. Tout cela va dans le sens du courant général esquissé ici et là pour avancer l’hypothèse d’un changement de responsabilité dans le contrôle des affaires moyennes-orientales, qui pourrait effectivement se réaliser à l’occasion de la crise égyptienne où le bloc BAO se retrouve paralysé dans l’habituel dilemme qui, dans le brouhaha de sa rhétorique interne et de ses débats de communication, le conduit à considérer les deux options d’une politique comme aussi détestables l’une que l’autre. Ainsi les pays du bloc BAO, à l’image du Washington d’Obama, ne parviennent-il pas à se décider entre la condamnation décisive de la répression des Frères au nom de la sauvegarde d’une “démocratie” bien incertaine et le soutien affirmé aux militaires au nom de l’espoir du rétablissement d’un “ordre” bien suspect.
Mais cette paralysie renvoie moins à la difficulté du choix, quelle qu’en soit le justesse, qu’à la déliquescence interne du bloc BAO. Le cas extraordinaire des hypothèses qui sont soulevées dans ces rumeurs et ces diverses appréciations semi-officielles, se trouve dans ceci qu’on est conduit à se trouver obligés de constater que la monarchie archi-pourrie et déliquescente des Saoud s’avère finalement moins paralysée, moins ossifiée en un sens, que les pays du bloc BAO. Quant à la Russie, qu’on puisse envisager sans s’en étonner vraiment qu’elle-même puisse envisager de telles voies d’affirmation nouvelle au Moyen-Orient n’a justement rien pour étonner, puisque la situation égyptienne finit par ressembler pour elle à la situation syrienne : la proclamation des principes, dont ceux de la souveraineté et de la légitimité que les chars du général Sisi semblent avoir verrouillés à leur façon, et la lutte contre l’activisme islamiste en général et sous quelque forme que ce soit qui reste plus que jamais son obsession intérieure alimentée par les événements extérieurs. Simplement, on doit mesurer le chemin parcouru entre aujourd’hui et, disons, il y a trois ans d’ici, si l’on avait évoqué la possibilité d’un renouveau d’une influence majeure de la Russie en Égypte. (Ce chemin parcouru, cette situation nouvelle, justifient également les craintes israéliennes, appréhendant de voir un Sisi, à la tête d’un pays surchauffé, avec la “tutelle” US en déliquescence et dans les tendances nouvelles qui se manifestent, plus tenté de suivre dans sa politique régionale la voie nassérienne que celle de Moubarak pour verrouiller un rassemblement populaire qui rencontrerait un sentiment général.)
Finalement, la seule certitude que nous apporte cet ensemble de rumeurs et de suggestions semi-officielles sur une connexion de facto entre Russie et Arabie, c’est l’état absolument délabré de l’architecture du Moyen-Orient telle qu’elle fut élaborée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale à l’avantage du bloc BAO. Le chaudron égyptien est moins le résultat de multiples manigances et manipulations que l’expression de cette décrépitude extraordinaire ; ainsi ne peut-on être surpris en aucune façon que cette situation égyptienne soit l’objet, dans tous les cas dans le champ de la communication, de manœuvres si nouvelles dans la composition de ceux qui les conduiraient éventuellement, pour tenter une recomposition de cette architecture. Quant au bloc BAO, finalement, tout s’explique dans le chef de sa paralysie, outre son état chronique qu'on observe : il se trouve plongé si profondément dans un débat sur l’état de lui-même, avec la crise Snowden/NSA, qu’il n’est pas loin d’être, d’une autre façon certes, dans une situation de confusion proche de la situation égyptienne. D’une certaine façon, il en est l’équivalent, encore une fois à sa manière, par rapport à la “décrépitude extraordinaire” de sa propre architecture.
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Claudio MUTTI: Il lupo grigio al bivio
Claudio MUTTI:
IL LUPO GRIGIO AL BIVIO
Ex: http://www.eurasia-rivista.org
La Turchia è Europa
La regione chiamata con termine greco-bizantino Anatolia (“terra di levante”) nell’antichità fu considerata parte integrante dell’Europa: Erodoto1 fissa infatti il confine orientale dell’Europa sul fiume Fasi, nei pressi degli odierni porti georgiani di Poti e Batumi. Nel Medioevo Dante colloca “lo stremo d’Europa”2 vicino ai monti dell’Asia Minore, dai quali, dopo la distruzione di Troia, l’Aquila imperiale spiccò il volo verso l’Italia. Per la geografia moderna, la penisola anatolica è la propaggine più occidentale dell’Asia; tuttavia alcuni geografi la considerano più che altro la quarta penisola del Mediterraneo, data la sua posizione analoga a quella delle penisole iberica, italiana e greca.
Sotto il profilo etnico, il popolo turco stanziato nella penisola anatolica costituisce il risultato di una sintesi che ha coinvolto popoli di diversa origine. Fin dall’antichità, l’Anatolia è stata abitata da popolazioni di lingua indoeuropea: Ittiti, Frigi, Lidi, Lici, Panfili, Armeni, Celti ecc. Con l’arrivo dei Turchi Selgiuchidi e poi dei Turchi Ottomani, ebbe luogo una fusione dell’elemento autoctono con quello turanico, sicché oggi si ha in Turchia “un tipo medio, che va considerato più di fattezze europee che asiatiche”3. In altre parole, i Turchi dell’Anatolia “sono in maggioranza europidi purissimi, passati nel tempo all’uso di una lingua turca a opera dei loro conquistatori centro-asiatici”4.
La lingua ufficiale della Turchia, il turco ottomano (osmanli), come tutte le lingue turco-tatare appartiene al gruppo altaico. Si tratta perciò di una lingua non indoeuropea, così come non sono indoeuropee altre lingue parlate da secoli in Europa: le lingue turco-tatare della Russia, le lingue caucasiche, il basco, le lingue ugrofinniche (ungherese, finlandese, estone, careliano, lappone, mordvino, ceremisso, sirieno, votiaco ecc.).
La religione professata dalla quasi totalità del popolo turco è l’Islam, presente in Europa fin dall’VIII secolo d.C. La Turchia è musulmana così come lo sono state la Spagna, la Francia meridionale e la Sicilia; come lo sono alcune regioni della Russia, del Caucaso e dei Balcani; come lo è oggi una parte della popolazione dell’Europa, dove il numero complessivo dei musulmani supera ormai i dieci milioni di anime.
La dinastia che resse l’Impero ottomano fino alla sua caduta fu in sostanza una dinastia europea, nella quale il tasso di sangue turco diminuiva ad ogni generazione, poiché la validé (la madre del Sultano) era o greca, o slava o circassa o anche italiana. In un certo senso, si potrebbe dunque dire che i Sultani ottomani erano “più europei” che non i re ungheresi della dinastia di Arpád, turanici per parte di padre e di madre. Quanto alla classe dirigente ottomana, furono innumerevoli i visir, i funzionari politici e gli ufficiali dell’esercito appartenenti ai popoli balcanici. Gli stessi giannizzeri, l’élite militare dell’Impero, non erano d’origine turca.
Il pontefice Pio II, nella lettera da lui inviata nel 1469 a Mehmed il Conquistatore, riconobbe il Sultano come “imperatore dei Greci” de facto, in quanto successore dei basileis di Bisanzio e degli imperatori di Roma: “Fuerunt Itali rerum domini, nunc Turchorum inchoatur imperium”. Papa Enea Silvio Piccolomini proponeva quindi al Conquistatore di trasformare la situazione de facto in stato de jure, facendosi nominare da lui “imperatore dei Greci e dell’Oriente” mediante… “un pochino d’acqua (aquae pauxillum)”. Ma, mentre un altro principe “pagano”, il magiaro Vajk, si era fatto battezzare col nome di Stefano e aveva ricevuto da Papa Silvestro II la corona regale, Mehmed invece rimase Mehmed e trasmise ai suoi successori quell’autorità imperiale che, toccatagli per effetto dell’ordalia del maggio1453, era stata ben presto riconosciuta dall’Europa in maniera esplicita e ufficiale. Secondo la Repubblica di Venezia, infatti, Mehmed II era imperatore di Costantinopoli, cosicché gli spettavano di diritto tutti i territori dell’impero bizantino, comprese le vecchie colonie greche della Puglia (Brindisi, Taranto e Otranto). Per quanto riguarda Firenze, Lorenzo il Magnifico fece coniare una medaglia sulla quale, accanto all’immagine del Conquistatore, si poteva leggere: “Mahumet, Asie ac Trapesunzis Magneque Gretie Imperat(or)”; dove per Magna Gretia si doveva intendere Bisanzio col suo vasto retroterra europeo. Altre due medaglie, che parlavano anch’esse un linguaggio inequivocabile circa il carattere rivestito dall’imperium ottomano, furono fatte coniare nel 1481 da Ferrante d’Aragona; le iscrizioni qualificavano Mehmed II come “Asie et Gretie imperator” e “Bizantii imperator”.
“Fatto come i Romani per reggere i popoli, secondo l’affermazione dell’antico poeta, [il Turco] ha governato vecchi popoli civili nel rispetto delle loro tradizioni e delle loro ambizioni millenarie”5. Così l’Impero ottomano, subentrando all’Impero Romano d’Oriente, fu “l’ultima ipostasi di Roma (…) la Roma musulmana dei Turchi”6, ovvero “un Impero romano turco-musulmano”7. La Turchia ottomana fu perciò una potenza europea, come venne d’altronde ufficialmente riconosciuto dagli stessi rappresentanti degli Stati europei nel congresso di Parigi del 1856, quando la Turchia era diventata “il grande malato d’Europa”.
Un secolo e mezzo più tardi lo Stato turco non è più il grande malato d’Europa, ma, al contrario, gode di uno stato di salute migliore di quello di molti Paesi europei. Tuttavia, pur essendo candidata dal 1999 all’ingresso nell’Unione Europea, la Turchia viene tenuta in quarantena a tempo indeterminato. La sua adesione all’Unione, fissata per il 2015, è tutt’altro che scontata.
La Turchia è Asia
Il primo insediamento di un popolo turco sul territorio anatolico ebbe luogo in seguito alla battaglia di Melashgert, avvenuta il 26 agosto 1071, nella quale le truppe comandate da Romano Diogene furono sbaragliate dai guerrieri selgiuchidi di Alp Arslan. Con questi primi invasori turchi erano arrivati in Anatolia anche i Turchi ottomani, ai quali fu inizialmente assegnata una marca di confine fra i territori selgiuchidi della Frigia e della Galazia e la provincia di Bitinia, ancora sotto controllo bizantino; l’indebolimento della potenza selgiuchide favorì la nascita dell’impero ottomano.
Ma già prima che Selgiuchidi e Ottomani giungessero in Anatolia, tra i secoli VI e IX diversi gruppi turchi si erano stanziati in Europa. I Cazari avevano fondato un impero che dalle rive nordoccidentali del Caspio si estendeva fino alla Crimea; i Bulgari avevano costituito due distinti khanati, nei bacini della Volga e del Danubio; gli Avari erano dilagati fino ad occidente del Tibisco; i Peceneghi avevano occupato le foci del Danubio; i Qipciaq e i Cumani si erano stabiliti a nord e a nordest del Mar Nero. Prima ancora, nel IV secolo, nei territori dell’Impero romano erano apparsi gli Unni, che sotto la guida di Attila (m. 453) sarebbero poi assurti a grande potenza creando un impero; essi erano i probabili discendenti di quegli Hsiung-nu che per qualche secolo avevano minacciato l’Impero cinese.
Selgiuchidi e Ottomani, antenati dei Turchi d’Anatolia e degli Azeri, costituiscono una delle tre parti in cui si divise, tra i secoli X e XII, la massa di tribù turche nota come gruppo oguzo. La seconda, costituita inizialmente da Uzi e Peceneghi, è rappresentata oggi dai Gagauzi (sparsi tra Ucraina, Repubblica di Moldavia, Romania e Bulgaria) nonché da varie comunità turche dei Balcani. La terza parte del gruppo oguzo è quella che, rimasta rimasta nei pressi dell’Aral, diede origine al popolo dei Turkmeni.
Premesso che i vari sistemi di classificazione delle lingue e dei dialetti turchi proposti dai turcologi “sono tutti necessariamente artificiosi nel tentativo di raggruppare concrezioni linguistiche di età differente”8, è comunque possibile collocare il gruppo oguzo nel ramo occidentale della famiglia turca, al quale appartengono anche i gruppi bulgaro, kipciak e karluk.
Il gruppo bulgaro, che nell’Alto Medioevo comprendeva la lingua parlata dai Bulgari della Volga e della Kama, nonché la lingua cazara, è rappresentato attualmente dal ciuvascio, parlato sui territori di tre repubbliche autonome della Federazione Russa.
Il gruppo kipciak viene ripartito in tre sottogruppi, al primo dei quali appartenne la lingua di quei Cumani che, apparsi nell’Est europeo nel sec. XI, in parte si stanziarono in territorio ungherese; le lingue vive di questo sottogruppo sono parlate da circa cinque milioni di anime tra Lituania, Ucraina, Caucaso, Kirghizistan e Uzbekistan. Il secondo sottogruppo è costituito da Tatari e Baskiri. Fra le tre lingue del terzo sottogruppo, la più importante è quella kazaka, lingua ufficiale del Kazakhstan.
Il gruppo karluk comprende, oltre ad alcune lingue antiche e letterarie, due lingue parlate in vari territori dell’Asia centrale: l’usbeco (ufficiale in Uzbekistan) e l’uiguro moderno (ufficiale nella Regione Autonoma dello Hsinkiang).
Per quanto riguarda il ramo orientale della famiglia turca, esso comprende il gruppo uiguro-oguzo e quello kirghiso-kipciak. Nel primo gruppo rientrano, assieme ad altri idiomi, il tuvino, parlato nell’omonima repubblica della Federazione Russa, e lo jacuto, che corrisponde alle zone più settentrionali ed orientali dell’area turcofona (Repubblica Jacuta e isola di Sachalin). Nel secondo gruppo, la lingua più diffusa è il chirghiso, che è parlata in Kirghizistan, Tagikistan, Uzbekistan, Hsinkiang, Afghanistan e Pakistan.
Fatta eccezione per la lingua parlata anticamente dai Bulgari, per lo jacuto e per il ciuvascio, le lingue turche antiche e moderne non differiscono molto tra loro, sicché risulta evidente il rapporto di affinità linguistica che lega i Turchi dell’Anatolia agli altri popoli turchi che vivono nel continente eurasiatico.
Prospettive eurasiatiche
Non è facile stabilire dove gli antenati della grande famiglia turca abbiano avuto la loro primitiva dimora, dalla quale ondate successive di orde nomadi partirono per invadere i territori della Cina, dell’India, della Persia e dell’Europa. Secondo le ipotesi formulate dagli studiosi, la sede originaria dei Turchi dovrebbe coincidere con la zona dei monti Altai o con la regione compresa tra gli Altai, gli Urali e l’Ural, mentre altri ritengono che essa si sarebbe trovata a nord della Cina, nell’odierna Jacuzia; altri ancora indicano la vasta area che va dal deserto del Gobi fino al corso della Volga.
L’identificazione dell’Urheimat turco con la regione designata dal termine persiano Turan, a nord dell’Iran, costituisce il mito d’origine del movimento politico-culturale noto come panturanismo, che preconizza l’unità dei popoli turchi. Della tesi panturanista, nata nel quarto decennio del XX secolo in ambiente tataro, si appropriò Ármin Vámbéry9, il quale la propose alla Gran Bretagna come uno strumento ideologico da utilizzare nel “Grande Gioco”: una grande entità politica compresa tra i Monti Altai e il Bosforo avrebbe potuto sbarrare per sempre la strada all’espansione russa verso la Persia e i Dardanelli. Ben diverso fu il significato che l’ideale panturanico assunse nei primi anni del Novecento, quando fu la Germania guglielmina, alleata della Turchia, a sostenere il panturanismo e il panislamismo nel quadro geostrategico di un asse Berlino-Vienna-Istanbul-Bagdad che metteva a rischio l’egemonia coloniale britannica.
Anche Samuel Huntington ha preso in seria considerazione l’eventualità che, ponendosi “a capo di una comunità di nazioni turche”10, la Turchia “si ridefinisca come paese leader del mondo islamico”11 e persegua “sempre più intensamente i propri interessi particolari nei Balcani, nel mondo arabo e in Asia centrale”12. Il teorico dello “scontro delle civiltà” ha riassunto nei termini seguenti le iniziative intraprese da Ankara in direzione turanica subito dopo il crollo dell’URSS: “Il presidente Özal e altri leader turchi cominciarono a vagheggiare la creazione di una comunità di popoli turchi e dedicarono grandi sforzi per sviluppare legami con i ‘turchi esterni’ dell’ex impero ‘dall’Adriatico ai confini con la Cina’. Particolare attenzione venne prestata all’Azerbaigian e alle quattro repubbliche centroasiatiche di lingua turca: Uzbekistan, Turkmenistan, Kazakistan e Kirghizistan. Nel 1991 e 1992 la Turchia avviò un’ampia gamma di iniziative volte a rinsaldare i legami e ad accrescere la propria influenza in queste nuove repubbliche: prestiti a lungo termine e a interesse agevolato (…) assistenza umanitaria (…) televisione via satellite (…) reti telefoniche, servizi aerei, migliaia di borse di studio e corsi di formazione in Turchia per banchieri, imprenditori, diplomatici e ufficiali centroasiatici e azeri. Furono inviati insegnanti di lingua turca e sono nate circa duemila imprese miste. La comunanza culturale ha certamente aiutato i rapporti economici”13.
Nell’elaborazione geopolitica di Ahmet Davutoğlu14, consigliere diplomatico di Erdoğan diventato ministro degli Esteri nel 2009, la comunità dei popoli turchi occupa un posto fondamentale: “L’impero delle steppe, l’Orda d’Oro, dal Mar d’Aral all’Anatolia è un punto fermo del suo pensiero. La Turchia ha ogni interesse a rivivificare questa vocazione continentale e ad avvicinarsi al gruppo di Shanghai sotto la bacchetta della Cina e della Russia”15. La lentezza con cui procedono i negoziati per l’adesione all’Unione Europea è stata determinante per spingere Ankara nella direzione teorizzata da Ahmet Davutoğlu, il quale ha firmato nell’aprile 2013 un protocollo d’intesa che fa della Turchia un “membro dialogante” dell’Organizzazione per la Cooperazione di Shanghai. “Ora, con questa scelta, – ha dichiarato Dmitrij Mezencev, segretario generale dell’Organizzazione – la Turchia afferma che il nostro destino è il medesimo dei Paesi dell’Organizzazione per la Cooperazione di Shanghai”. E Davutoğlu: “La Turchia farà parte di una famiglia composta di paesi che hanno vissuto insieme non per secoli, ma per millenni”.
La decisione turca di aggregarsi all’Organizzazione di Shanghai, nucleo di un potenziale blocco di alleanza eurasiatica, potrebbe essere gravida di importanti sviluppi. Infatti la politica di avvicinamento a Mosca, Pechino e Teheran, se coerentemente perseguita, si rivelerebbe incompatibile con un “neoottomanismo” che malamente nasconde un ruolo subimperialista, funzionale agl’interessi egemonici statunitensi. Non solo, ma prima o poi la Turchia potrebbe porre seriamente in discussione il proprio inserimento nell’Alleanza Atlantica e rescindere i vincoli col regime sionista, qualora intendesse credibilmente proporsi come punto di riferimento per i Paesi musulmani del Mediterraneo e del Vicino Oriente. E non è nemmeno da escludere che uno scenario di tal genere possa indurre l’Europa stessa ad un’assunzione di responsabilità, incoraggiandola a riannodare quell’alleanza con la Turchia che la Germania e l’Austria-Ungheria avevano stabilita all’inizio del secolo scorso…
Börteçine,il lupo grigio che guidò i Turchi verso l’Anatolia, oggi si trova ad un bivio. Non si tratta di scegliere tra l’Europa e l’Asia, ma tra l’Occidente e l’Eurasia.
* Claudio Mutti, direttore di “Eurasia”.
1. Erodoto, IV, 45.
2. Dante, Par. VI, 5.
3. R. Biasutti, Le razze e i popoli della terra, Utet, Torino 1967, vol. II, p. 526.
4. S. Salvi, La mezzaluna con la stella rossa, Marietti, Genova 1993, p. 60.
5. R. Grousset, L’empire des steppes, Payot, Paris 1939, p. 28.
6. N. Iorga, cit. in I. Buga, Calea Regelui, Bucarest 1998, p. 138.
7. A. Toynbee, A Study of History, London – New York – Toronto 1948, vol. XII, p. 158).
8. A. Bombaci, La letteratura turca, Sansoni-Accademia, Firenze-Milano 1969, p. 17.
9. Ármin Vámbéry (pseud. di Hermann Bamberger) nacque il 19 marzo 1832 da una famiglia ebraica che si era stabilita a Szentgyörgy, nei pressi dell’attuale Bratislava. Dopo avere studiato il turco, nel 1857 andò a Istanbul, dove rimase fino al 1861. Partito per l’Asia centrale, si spacciò per derviscio ed arrivò a Khiva, Bukhara e Samarcanda. Rientrato a Pest, si recò successivamente a Londra, dove, per i servigi resi alla Gran Bretagna, fu nominato membro onorario della Royal Geographical Society e ricevuto dalla corte reale inglese. Nel 2005 gli Archivi nazionali di Kiev hanno rivelato che Vámbéry lavorò per il British Foreign Office come agente e spia nel “grande gioco” in Asia centrale. Nel 1900-1901 si adoprò per procurare a Theodor Herzl un’udienza presso il Sultano Abdülhamid II. Morì il 15 settembre 1913.
10. S. P. Huntington, Lo scontro delle civiltà e il nuovo ordine mondiale, Garzanti, Milano 2001, p. 211.
11. S. P. Huntington, op. cit., p. 234.
12. S. P. Huntington, op. cit., ibidem.
13. S. P. Huntington, op. cit., p. 210.
14. A. Davutoglu, Strategik derinlik [Profondità strategica], Kure yayinlari, Istanbul 2008.
15. T. Josseran, La nouvelle puissance turque. L’adieu à Mustapha Kemal, Ellipses, Paris 2010, pp. 42-43.
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70. Geburtstag Panajotis Kondylis
70. Geburtstag Panajotis Kondylis
Ex; http://www.sezession.de
(Text aus dem Band Vordenker [2] des Staatspolitischen Handbuchs, Schnellroda 2012.)
von Adolph Przybyszewski
Der Philosoph Panajotis Kondylis hinterließ ein umfangreiches, gleichwohl Fragment gebliebenes Werk: Ein überraschender Tod riß ihn, nachdem er zahlreiche gewichtige Monographien, Übersetzungen und Aufsätze vorgelegt hatte, mitten aus der Arbeit an einem auf drei Bände geplanten Opus magnum.
Der Außenseiter des akademischen Betriebs ist zwar längst in der Fachwelt anerkannt, wird im intellektuellen Establishment aber noch immer als »Geheimtip« gehandelt. Ein Grund dafür liegt in der Kühnheit und Souveränität des analytischen Zugriffs von Kondylis: Seine Denkhaltung kennzeichnete er selbst als »deskriptiven Dezisionismus«, der jegliches Wertesystem als Funktion menschlichen Machtwillens mit tiefer Skepsis betrachtet, andererseits wissenschaftlich objektiver Erkenntnis mit großem Pathos verpflichtet ist. Seine Werke enthalten sich folglich ahistorischer normativer Urteile, um die Tugend des kalten, illusionslosen Blickes zu schulen.
Der Sohn eines Berufsoffiziers und einer Lehrerin war Sproß einer griechischen Oberschichtfamilie, zu der u. a. der 1936 gestorbene General und zeitweilige Minister Georgios Kondylis zählte. In Athen, wo er auch die Schule besucht hatte, studierte Panajotis Kondylis Philosophie und Klassische Philologie, absolvierte überdies noch vor Abschluß des Studiums seinen Militärdienst. Nach dem »Putsch der Obristen« im Jahr 1967 geriet er wegen seiner Befassung mit Marx und Engels in Verdacht, wurde aber nicht behelligt und konnte 1971 nach Deutschland gehen, um in Frankfurt am Main, vor allem aber in Heidelberg Philosophie, Geschichte und Politikwissenschaften zu studieren. Gefördert wurde er dort von den kriegsgedienten Historikern Reinhart Koselleck und Werner Conze, promovierte jedoch 1977 bei Dieter Henrich als Philosoph.
Kondylis blieb als Autor, Leser und Mann des Gesprächs zeit seines Lebens Privatgelehrter, der in Athen wie in Heidelberg zu Hause war. Sein Hauptwerk schrieb der polyglotte Grieche auf deutsch, da er dieser Sprache eine dem Altgriechischen ähnliche begriffliche, grammatische und damit philosophische Potenz zumaß. Kondylis’ Denken geht aus von einer sozialhistorisch gesättigten Ideengeschichte, die zu systematischen philosophischen Einsichten destilliert und damit theoretisch fundiert wird. Seine Fragment gebliebenen »Gründzüge der Sozialontologie « (Das Politische und der Mensch, 1999) verstehen den Menschen als ein soziales Wesen von Grund auf. Seinsgeschichte hat Kondylis zufolge nicht beim Menschen als einzelnem anzusetzen, so seine Kritik an Heidegger, sondern beim agonalen Sozialwesen, das stets zwischen Konflikt, Konkurrenz und Kooperation ausgespannt ist.
In Macht und Entscheidung (1984) legt er dar, daß Identität auf vorbewußten Grundentscheidungen fußt; indem sich der Machtanspruch der »eigenen Identität innerhalb des mit ihr verwachsenen Weltbildes« entfaltet, sind geistige Operationen nicht weniger als handfeste Handlungen immerauch Funktionen des menschlichen Selbsterhaltungstriebs und daher stets polemisch angelegt. Das Ringen um die Köpfe ist elementarer Bestandteil des Kampfes um die eigene Stellung in der Welt.
Beispielhaft entfaltet wird dies schon in Kondylis’ Dissertation über Die Entstehung der Dialektik (1979) bei Hölderlin, Schelling und Hegel und der damit zusammenhängenden Studie über Die Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus (1981), wo er zeigt, »wie sich ein systematisches Denken als Rationalisierung einer Grundhaltung und -entscheidung allmählich herauskristallisiert, und zwar im Bestreben, Gegenpositionen argumentativ zu besiegen«. Die Ausformung jener Dialektik, wie sie nach Hegel im Marxismus Ideologie einer weltgeschichtlich wirksamen Macht wurde, erweist sich als Teil eines konfliktreichen, schon im Spätmittelalter einsetzenden Prozesses der Ablösung von Weltbildern, in dem die formal-begrifflichen Strukturen der jeweils älteren Metaphysik stillschweigend übernommen und polemisch umgedeutet werden.
Kondylis’ Interesse galt daher einerseits solchen Denkfiguren, andererseits auch den konkreten Menschen und Schichten, die damit operieren. In diesem Sinne beschrieb und analysierte er die Formierung und Entwicklung der europäischen »Neuzeit« in seiner Studie über den Konservativismus (1986) und den Niedergang der bürgerlichen Denk- und Lebensform (1991), um schließlich konsequent mit der im 20. Jahrhundert etablierten nachbürgerlichen Massendemokratie auch die aktuellen Formen der Globalisierung in den Blick zu nehmen. Bereits Kondylis’ Deutung von Clausewitzens Theorie des Krieges (1988), deren Aneignung und Fortführung insbesondere in der Marxschen Tradition er untersuchte, belegt, daß er seine geistesgeschichtliche Arbeit nicht nur zur Fundierung einer Philosophie des Menschen als Sozialwesen betrieb: Sie läßt ihn als genuin politischen Denker erkennen, der sich vor allem Thukydides, Machiavelli, Thomas Hobbes, Carl Schmitt und Raymond Aron verpflichtet weiß.
Als besondere analytische Leistung von Lenins Clausewitz-Verständnis betont er etwa, daß diesem »die Politik nicht als das mäßigende Element erscheint, das den Krieg bändigen soll, sondern als ein Zustand permanenten Kampfes, woraus von Zeit zu Zeit Kriege entstehen müssen. Die Vorstellung vom Kampf steht im Mittelpunkt von Lenins politischem Denken «. Mit Clausewitz mißt Kondylis dem »Takt des Urteils« größte Bedeutung für jede angemessene »zukunftsorientierte Lagebeschreibung« zu: Dieser ist nicht als Metapher für Intuition, sondern als eine aus Erfahrung und Wissen gespeiste intellektuelle Urteilsfähigkeit zu verstehen. Dem entspricht Kondylis’ gesamtes Werk: Seine systematische und große Materialmassen bewältigende Durchdringung der Geschichte stellt das Rüstzeug bereit, die gegenwärtige Lage und das Potential künftiger Lageentwicklungen zu beurteilen. Frucht dieses politischen Denkens sind Kondylis’ zu einem Band zusammengefaßte Aufsätze über Das Politische im 20. Jahrhundert (2001), besonders aber seine Studie über die »Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg«. Hier wird eine Zukunft »als Form und Möglichkeit, nicht als Inhalt und Ereignis erkennbar«, in der globalisierte Verteilungskämpfe »das erschütterndste und tragischste Zeitalter in der Geschichte der Menschheit« jenseits aller Utopien erwarten lassen.
Schriften: Die Entstehung der Dialektik. Eine Analyse der geistigen Entwicklung von Hölderlin, Schelling und Hegel bis 1802, Stuttgart 1979; Die Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus, Stuttgart 1981; Macht und Entscheidung. Die Herausbildung der Weltbilder und die Wertfrage, Stuttgart 1984; Konservativismus. Geschichtlicher Gehalt und Untergang, Stuttgart 1986; Marx und die griechische Antike. Zwei Studien, Heidelberg 1987; Theorie des Krieges. Clausewitz – Marx – Engels – Lenin, Stuttgart 1988; Die neuzeitliche Metaphysikkritik, Stuttgart 1990; Der Niedergang der bürgerlichen Denk- und Lebensform. Die liberale Moderne und die massendemokratische Postmoderne, Weinheim 1991; Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg, Berlin 1992; Montesquieu und der Geist der Gesetze, Berlin 1996; Das Politische und der Mensch. Grundzüge der Sozialontologie, Bd. 1: Soziale Beziehung, Verstehen, Rationalität, aus dem Nachlaß hrsg. v. Falk Horst, Berlin 1999; Das Politische im 20. Jahrhundert. Von den Utopien zur Globalisierung, Heidelberg 2001; Machtfragen. Ausgewählte Beiträge zu Politik und Gesellschaft, Darmstadt 2006; Machiavelli, Berlin 2007.
Literatur: Jeroen Buve: Macht und Sein. Metaphysik als Kritik oder die Grenzen des Kondylischen Skepsis, Cuxhaven 1991; Falk Horst (Hrsg.): Panajotis Kondylis. Aufklärer ohne Mission, Berlin 2007; Adolph Przybyszewski: Autorenportrait Panajotis Kondylis, in: Sezession (2006), Heft 12.
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lundi, 26 août 2013
De l’étude des racines celtiques au projet politique pan-celtique de la République d’Irlande
Robert Steuckers:
De l’étude des racines celtiques au projet politique pan-celtique de la République d’Irlande
Conférence prononcée au Château Coloma, Sint-Pieters-Leeuw, le 2 mars 2013.
Prologue:
Quelle surprise, la veille de notre rendez-vous annuel en ce château, de découvrir à l’étal des librairies un ouvrage sur le thème de notre colloque d’aujourd’hui, les Celtes et le celtisme. Il est de la plume du célèbre Jean-François Kahn, directeur de l’hebdomadaire “Marianne”, du moins de sa version française, puisqu’il existe désormais une version belge qui ne me semble pas avoir le tonus de sa consoeur parisienne, si bien que je ne parie guère sur sa survie. Jean-François Kahn ne semble pas homme, a priori, qui encombre ses réflexions d’un souci permanent des racines celtiques ou gauloises de la France actuelle: ses sujets de prédilection sont à l’évidence les problèmes sociaux, les dysfonctionnements politiques qui affectent son pays. Dans la littérature géopolitique et dans certains atlas historiques, cet “Hexagone” est désormais qualifié d’ “espace gallique”, recouvrant ainsi l’acception de “Francie occidentale” lors du partage de Verdun en 843. Le reste, soit la part de l’Hexagone qui n’est pas “gallique”, est inclu dans un “espace germanique et lotharingien” par les auteurs d’un précieux “Atlas des peuples d’Europe occidentale”, soit Jean et André Sellier (La Découverte, Paris, 1995-2006). L’espace “germanique et lotharingien” étant, pour J. et A. Sellier, l’addition des héritages de Lothaire et de Louis le Germanique (la “Francie orientale”) en 843. Dans son livre “L’invention des Français – Du temps de nos folies gauloises” (Fayard, Paris, 2013), Jean-François Kahn se penche sur ce qui s’est passé sur le territoire aujourd’hui “français” (y compris la part lotharingienne —et burgonde— absorbée et dénaturée) entre 600 av. J. C. (date présumée de l’arrivée massive de tribus celtiques) et 500 après J. C., quand les Francs, venus de nos régions, prennent le relais des Romains moribonds ou disparus. Ces onze siècles, pour Kahn, sont le véritable creuset où s’est formée la “nation française”, en dépit des apports romains et germaniques, campés comme des adstrats sans réelle importance. Ce creuset est celui d’un “invraisemblable capharnaüm de bandes et de hordes, de cités et de nations”, d’où sortira, en bout de course, “un étrange mille-pattes à mille têtes qu’on appellera les Français”. Kahn privilégie évidemment l’idée d’un creuset où se mêlent toutes sortes d’ingrédients hétérogènes au détriment de toutes les homogénéités qui se sont juxtaposées dans les espaces gallique, lotharingien et burgonde. Kahn tente de retracer les épisodes qualifiables d’anarchisants et de libertaires dans ces onze siècles quasi inconnus de nos contemporains, en manifestant sa sympathie pour ce magma tissé de turbulences, rétif à tout ordre politique.
Toujours privilégier les faits romains et francs
Ce qui est vrai dans sa démonstration, comme dans la démonstration de bon nombre de celtisants bretons ou autres, c’est que l’historiographie dominante a toujours privilégié les faits romain/latin et franc/germanique dans l’espace gallique, au détriment de ce que Kahn campe aujourd’hui comme “celtique” ou “gaulois”. Effectivement, le facteur celtique a été longtemps oublié dans l’historiographie dominante. Rome a évidemment apporté la langue latine dans l’espace gallique et, comme l’histoire repose sur l’étude des textes, nous n’avons jamais disposé que de textes latins. Il n’y a pratiquement pas de textes longs, sinon des épigraphies, en langues celtiques continentales. La démarche de l’historien repose sur des textes, sur des travaux sauvés de l’oubli comme ceux de Tacite et de Tite-Live. La Renaissance carolingienne privilégie, elle aussi, le latin, toutefois elle collationne en marge de ses activités des récits populaires germaniques, sous l’impulsion d’Alcuin (natif de York) et d’Eginhard (un Rhénan). Même sous l’égide de Dicuil, moine irlandais au service du pouvoir installé par Charlemagne, le latin triomphe comme langue officielle de l’Empire, pourtant germanisé. Les Germains ont pris le relais de Rome, surtout sur le plan militaire. Dans le bassin parisien, les Francs, venus de Taxandrie et de l’espace rhénan au Nord de Cologne, puis de Tournai et de Soissons, donnent leur nom à l’espace gallique: après eux, on ne parlera plus de “Gaule” mais de “Francie” ou de “France”, de “Franken-Reich”, de l’Empire des Francs. La loi salique, droit coutumier germanique rédigé vers l’an 600 dans une langue dont dérive directement les parlers néerlandais actuels (du moins les dialectes “bas-franciques”), s’impose à tous. La mémoire populaire —non celle des historiens spécialisés dans le haut moyen âge— oublie généralement un apport celtique très important (non linguistique et non démographique), celui des missions irlandaises de Colomban, Columcille, Vergile (Fergill), sauveurs des textes antiques qu’ils se mettront à recopier, parfois en s’opposant, comme Vergile dans l’espace alpin à cheval sur l’Italie et l’Autriche actuelles, à la papauté romaine.
Aujourd’hui encore, les instances officielles campent la Wallonie comme germanique de race et latine de culture
En tenant compte de ce contexte historique lointain, carolingien et bas-lotharingien —il existait une Basse-Lotharingie et une Haute-Lotharingie— la Wallonie actuelle, notamment sous l’impulsion d’un historien haut en couleurs aujourd’hui décédé, Léopold Génicot, et dans un ouvrage sur “Le français en Belgique”, publié par l’ex-Communauté française (devenue la “Fédération Wallonie-Bruxelles”), se pose comme héritière de Rome et du catholicisme, en tant que cadre forgé par un Empereur romain, Constantin. Les Wallons, officiellement, ne revendiquent donc aucune racine celtique, même si a existé un fond pré-romain et pré-germanique, aujourd’hui difficilement définissable. Pour Génicot, les Wallons descendent des Lètes germaniques de l’Empire romain, chargés de garder la frontière contre d’autres incursions germaniques. Rapidement latinisés, avec leurs officiers qui accèdent souvent à la citoyenneté romaine, ces Lètes ont précédé les Francs sur le territoire aujourd’hui wallon, surtout dans la vallée mosane: dans le chef de Génicot, le germanisme avait un droit d’aînesse en Wallonie dans le cadre belge et non la Flandre! Pour les héritiers de Génicot, qui ont confectionné cet excellent ouvrage, très précis, méticuleux et philologique, sur “Le français en Belgique”, les soldats germaniques de l’armée romaine installés en Wallonie actuelle auraient été recrutés, non pas en Rhénanie ou dans les tribus vivant sur la rive droite du Rhin, mais le long des côtes de la Mer du Nord en Hollande, en Frise, dans les régions de Brème et de Hambourg et en Scandinavie parmi les tribus classées sous le nom d’ “Ingwéoniens”. Ce n’est pas moi qui le dit, pour paraphraser Himmler et Degrelle: ce sont les historiens de la dite “Communauté française”... qui ne partagent apparemment pas les vues de Jean-François Kahn quand celui-ci déplore l’oubli des facteurs celtiques dans l’espace gallique et critique la surévaluation, à ses yeux, des facteurs romains et francs. Nous vivons une époque étonnante...
La “Gaule Françoise” de François Hotman
Le facteur celtique a effectivement été escamoté par toutes les renaissances intellectuelles qui ont jalonné l’histoire d’Europe occidentale jusqu’à la fin du 18ème siècle. Nous ne trouvons que quelques vagues évocations au 16ème siècle, où, une fois de plus, les facteurs classiques, gréco-latins, et germaniques sont seuls valorisés. Dans sa critique d’une monarchie française, qu’il considérait comme dévoyée après les massacres de la Saint-Barthélémy (1572), le juriste huguenot français d’origine allemande François Hotman, né à Paris, évoque une “Franco-Gallia” ou une “Gaule Françoise” (1573). Hotman souligne les origines franques-germaniques de la France médiévale. Ces tribus, qui ont franchi le “Rhein” (sic), avaient une notion innée de la liberté, comme le soulignait aussi Tacite: le principe germanique est donc un principe de liberté (et de liberté religieuse pour le protestant Hotman), idée que l’on véhiculera jusqu’à la première guerre mondiale. Il y a donc, d’un côté, cette idée de liberté, et, de l’autre, l’idée féroce de l’absolutisme, qui n’hésite pas à recourir à des massacres comme celui de la Saint-Barthélémy. Quand les principes libertaires germaniques régnaient sur tous les esprits, écrit Hotman, “Les rois n’avaient pas une puissance infinie ni absolue” (cf. André Devyver, “Le sang épuré – Les préjugés de race chez les gentilshommes français de l’Ancien régime (1560-1720)”, Ed. de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1973). Kahn inverse simplement le raisonnement ancien du Huguenot Hotman: le fonds pré-celtique, celtique et autre est réservoir de liberté, tandis que les systèmes mis en place par Rome et par les Francs sont tyranniques. Pour retrouver leurs libertés face à une droite et une gauche qui deviennent “mabouls”, les Français contemporains doivent, selon Kahn, recourir au fonds hétérogène pré-romain. Chez Hotman, le fonds pré-franc et pré-romain était réservoir de cruelle anarchie: le système libertaire germanique est venu l’humaniser (avant la lettre).
Vogue celtisante et “Sturm und Drang”
Les 16ème et 17ème siècles sont donc peu enclins à redécouvrir le fait celtique dans l’histoire des espaces gallique et lotharingien/germanique. Il faudra attendre la fin du 18ème siècle pour que naisse une véritable “vogue celtisante”, qui se poursuit encore aujourd’hui, notamment dans l’univers de la chanson, dans la bande dessinée et avec un festival comme le “Festival inter-celtique de Lorient”. Le “Sturm und Drang” littéraire allemand secoue les bonnes habitudes ancrées dans la culture européenne. Les protagonistes de ce mouvement littéraire en ont assez de la répétition des modèles classiques. Ils recherchent autre chose. Ils veulent un retour à des thèmes plus variés, comme chez Shakespeare, qui s’inspire certes de la culture classique, mais puise aussi dans les traditions de la très vieille Angleterre et de la Scandinavie du haut moyen âge. Ils espèrent aussi un retour à l’hellénité homérique, plus âpre que l’Athènes classique. Le philosophe Herder démontre dans la foulée du “Sturm und Drang” que l’excellence littéraire vient uniquement des racines, des sources les plus anciennes et non pas d’une répétition ad nauseam des mêmes thèmes classiques. Les frères Grimm, célébrés en 2012 outre-Rhin, seront ses héritiers en Allemagne. Les slavophiles russes le seront en Russie. En Ecosse, James McPherson, un écrivain pré-romantique, épigone du “Sturm und Drang” allemand, prétend avoir découvert les écrits d’un barde celtique ancien et de les avoir traduits. Ce barde se serait appelé “Ossian”. Il n’y a jamais eu d’Ossian: ces magnifiques poèmes, construits sur des canons non classiques, sortaient tout droit de l’imagination de McPherson. La vogue celtisante était lancée. Elle ne s’arrêtera plus.
Nous verrons que ce “Sturm und Drang” et ce “celtisme” britannique sont à replacer dans un contexte révolutionnaire dans la période 1780-1795 mais un révolutionnarisme qui tient compte des racines, tout en se montrant fort virulent dans ses critiques de l’absolutisme royal de l’Ancien Régime. Après Ossian, nous avons la renaissance du druidisme au Pays de Galles et l’émergence des Gorsedd, concours de poésie en langue galloise. Ailleurs en Europe, en dehors des régions où l’on a parlé des langues celtiques jusqu’à nos jours, l’archéologie tchèque (W. Kruta), hongroise (M. Szabo) et autrichienne s’est penchée sur les civilisations celtiques de la Tène et de Halstatt, découvrant un celtisme alpin et danubien, dont le 18ème siècle du “Sturm und Drang” et de l’“ossianisme” n’avait pas encore conscience
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Le Pan-celtisme actuel
Recension et source majeure de cet exposé: Peter Berresford Ellis, The Celtic Dawn – A History of Pan-Celticism, Constable, London, 1993.
Avant de parler de “pan-celtisme”, il convient préalablement de définir le terme, l’“ethnonyme” de “Celte”. Pour la plupart des celtisants ou des militants indépendantistes celtophones, est “Celte” seulement celui qui est locuteur d’une langue celtique, comme le gaëlique irlandais ou le gallois, le cornique ou le breton. A l’exclusion de tous les autres. Cette exclusivité celtophone a posé quelques problèmes, notamment quand les Galiciens et les Asturiens de la péninsule ibérique ont voulu adhérer au club des nations celtiques. Galiciens et Asturiens défendaient leurs positions en arguant qu’une émigration britannique (brythonique!), face à l’invasion des Angles, Jutes et Saxons, s’était installée dans le Nord-Ouest de l’Espagne, en même temps qu’en Bretagne. L’argument des adversaires de leur adhésion était de dire que les dialectes galiciens et asturiens (le “bable”) contenaient moins de mots d’origine celtique que le français ou l’anglais. De plus, le Nord-Ouest de la péninsule ibérique recèle encore d’autres ingrédients ethniques, suèves, wisigothiques, basques et alains. Sont cependant acceptés les locuteurs d’une des deux “linguae francae”, l’anglais et le français, si les postulants peuvent se dire d’origine gaëlique, cornique, bretonne ou galloise, parce que dans leurs régions des langues celtiques ont encore été parlées à l’époque médiévale ou post-médiévale.
Solidarités celtiques
On ne parlait pas de “celtisme” ou de “celtitude” avant la seconde partie du 18ème siècle. Cependant, pour l’historien du celtisme et écrivain Peter Berresford Ellis, Président de la “Celtic League” de 1988 à 1990, on peut repérer, tout au long de l’histoire médiévale des Iles Britanniques, des solidarités politiques inter-celtiques contre la prépondérance des éléments angles, saxons, jutes et normands, notamment quand il s’agit de porter secours à l’Ecossais Robert Bruce en 1314 ou d’aider les Tudor suite à la Guerre des Deux Roses au 15ème siècle. Richard III reçoit effectivement un appui de troupes corniques, galloises, écossaises et bretonnes. Quand les Tudor accèderont au trône d’Angleterre, ils oublieront leurs racines celtiques et se montreront plus anglais que les Anglais, tout simplement parce qu’il auront alors hérité du pouvoir central et que celui-ci, quel qu’il soit, s’oppose toujours à ses marges géographiques et ethniques.
Les pionniers de la redécouverte du fait celtique sont Edward Lhuyd, en Angleterre, dont les oeuvres paraissent en 1707. C’est lui qui réintroduit les termes “celte” et “celtique” dans le vocabulaire (d’abord philologique). Son travail est purement académique. En Bretagne, l’Abbé Pezron se penche pour la première fois sur la littérature celtique et amorce, encore timidement, la “vogue celtique”, qui prendra, comme on l’a vu, sa vitesse de croisière avec James McPherson (1736-1796). Tributaire de la mode lancée par le “Sturm und Drang” allemand, McPherson écrit des ballades et des poésies, attribuées à un barde du nom d’Ossian, qu’il aurait soi-disant traduites du gaëlique écossais. C’est un faux qui aura une postérité incroyable. L’engouement pour la poésie bardique atteint toutes les couches de la société: Napoléon était un lecteur fervent de McPherson. Bernadotte, le futur roi de Suède, figure au départ picaresque et époux d’une Irlandaise née à Marseille, nommera son fils héritier “Oscar”, du nom du fils d’Ossian. A la même époque, les Gallois celtisants organisent leur premier “Eistedfodd”, un festival de musique, de chants et de poésie celtique, ancêtre du fameux “festival inter-celtique de Lorient”.
Méchantes racines et bons nomades
Aujourd’hui, vu l’hostilité des idéologies dominantes aux racines, surtout dans l’espace linguistique francophone, on a tendance à dissocier complètement recours aux racines et volonté révolutionnaire: ne peut être “révolutionnaire” ou “progressiste” que celui qui s’arrache à ses racines, comme le réclame explicitement, sans la moindre nuance, un Bernard-Henri Lévy depuis son fameux “Testament de Dieu”, où, comme Moïse, il nous annonçait, sans rire, les nouvelles tables de la Loi, qu’un hypothétique Yahvé lui aurait confiées. Pour être acceptable, non condamnable, il faut être un “nomade”, un “vagabond” errant partout sur la planète: les “errants” sont les nouveaux Übermenschen pour ce fatras idéologique. Les braves enracinés, les nouveaux Untermenschen. Cette optique hostile à toutes racines est peut-être vraie pour la France, où le Club des Jacobins donnera le ton, et luttera contre les “patois” et les “pequenauds”: ce n’est pas vrai ailleurs et cela explique, notamment, le renversement unanime des révolutionnaires allemands les plus virulents (Fichte, Arndt, Jahn, etc.), qui prendront fait et cause contre la domination napoléonienne, quitte à s’allier aux rois. Cette optique franco-jacobine est fausse pour le monde celtique, où recours aux racines et volonté révolutionnaire ne faisaient qu’un. Dès 1789, Thomas Jones, un révolutionnaire anti-monarchiste, organise les premiers “Gorsedd”, les assemblées druidiques, dont on se gausse au départ. Cependant, tous s’y mettront rapidement avec enthousiasme, au Pays de Galles, en Cornouailles et en Bretagne. Iolo Morganwg lance, le 21 juin 1792, jour du solstice d’été, une assemblée annuelle des Bardes.
Idées républicaines et renaissance des langues
En 1820, se crée en Ecosse la “Celtic Society”, sous l’impulsion, notamment, du célèbre romancier Walter Scott, dont les opinions politiques sont républicaines. Il utilise l’anglais pour son oeuvre mais n’aborde que des thèmes hostiles à la monarchie d’origine normande, en opposant les Saxons (Ivanhoe, Robin des Bois) aux Normands. En Flandre, cette manière de présenter les choses sera reprise par Hendrik Conscience, qui y ajoute, consciemment ou inconsciemment, la thématique du Huguenot François Hotman: l’élément germanique est vecteur de liberté populaire (ou de fougue révolutionnaire — ce qui n’est pas le cas de Conscience, qui a l’appui de Léopold I), l’élément normand (chez Scott) ou capétien (chez Conscience) est synonyme d’absolutisme et de tyrannie. La “Celtic Society” de Walter Scott est à l’origine de deux revues, qui paraîtront jusqu’à la fin du 19ème siècle, le “Celtic Magazine”, et le “Celtic Monthly”. Ces publications se fixent deux buts: 1) promouvoir les idées républicaines; 2) promouvoir la renaissance des langues celtiques. La notion de “république”, que l’on répète inlassablement aujourd’hui en France, sur un ton incantatoire qui nous agace profondément en dehors des frontières de l’Hexagone, ne correspond dont pas du tout à l’idée républicaine véhiculée dans les pays celtiques et en Ecosse à l’époque de la révolution française.
Ainsi, Thomas Muir, proclamé “Président d’Ecosse”, suite à une rébellion républicaine en 1797, fuit en Irlande où il est reçu au sein de la confrérie occulte des “United Irishmen”, opposés aux Anglais et à la monarchie (avec leurs collègues des “United Scotsmen” et des “United Englishmen”). Les “United Irishmen” se révolteront avec l’appui d’unités françaises débarquées en 1797 mais, contrairement aux clivages à l’oeuvre depuis le soulèvement catholique de gauche de Bernadette Devlin en 1972, les nationalistes-révolutionnaires des “United Irishmen” seront plutôt protestants que catholiques, ces derniers, inquiétés par les dérapages de la révolution française en Vendée et en Bretagne, seront plutôt loyalistes.
Des racines celtiques de l’idée républicaine en France
Autre indice, qui confirme la thèse de Peter Berresford Ellis: les députés républicains bretons de l’Assemblée Nationale française, Armand Kersaint et Lafayette (homme de paradoxes...!) réclament une intervention militaire ou navale pour sauver les républicains écossais de la défaite et de la répression. Ces députés bretons sont opposés au centralisme parisien et ne cessent de réclamer l’autonomie de la Bretagne, inaugurant ainsi un filon qui perdure jusque aujourd’hui dans le mouvement breton. Thomas Paine, Gaëlique écossais, rédige le premier manifeste des “Droits de l’Homme”: l’édition gaëlique connaîtra, à l’époque, un chiffre de vente et de diffusion plus important que sa version française, preuve que les Jacobins, les BHListes parisiens actuels et les chaisières du bazar droit-de-l’hommard, de Mitterrand à Hollande, se soucient comme d’une guigne des véritables droits de l’homme, qu’ils galvaudent au rang de pur slogan. Le premier manifeste des “Droits de l’Homme” a été rédigé par un militant, peut-être naïf, diront les conservateurs, mais dont les convictions républicaines ne peuvent être mises en doute ni la volonté d’émanciper ses contemporains, mais cette volonté n’est pas séparable d’un recours aux racines les plus profondes. Robert Price, autre militant celtique du Pays de Galles, écrit en 1776, suite à la révolution américaine, un manifeste “Civil Liberties” qui inspirera les rédacteurs de la première constitution républicaine française: il y a donc en celle-ci un élément républicain gallois. Price en a été l’inspirateur, ainsi que son propre maître Thomas Roberts. Les républicains celtisants insulaires sont donc, à un certain moment, en porte-à-faux par rapport aux Bretons, qui abandonnent l’idéal républicain vicié par les Jacobins et les centralistes parisiens qui refusent la reconstitution du Parlement de Bretagne, et adhèrent à la chouannerie royaliste.
L’oeuvre de Charles De Gaulle (1837-1880)
Au dix-neuvième siècle, le celtisme breton sera structuré par Charles De Gaulle (1837-1880), oncle du général de même nom et prénom. Natif de Valenciennes, dans le Hainaut annexé et toujours occupé, cet homme, malade et invalide, mourra dix ans avant la naissance de son neveu, que l’on prénommera Charles en son souvenir. Les De Gaulle, originaires du Hainaut mutilé et de la Flandre irrédente, ont des origines irlandaises, en la famille d’un certain Sean McCartan, Colonel d’une brigade irlandaise de l’armée royale française. Charles De Gaulle (numéro un) est un infirme: il est paralysé et habite au 282 de la Rue de Vaugirard à Paris. C’est dans ce logis, qu’il ne quittera pratiquement jamais, qu’il va tout imaginer, explique Peter Berresford Ellis. Il devient le secrétaire de “Breurez Breiz”, la société des poètes bretons de Paris, où il rencontre Théodor Hersart de la Villemarqué (1815-1895), qui a publié en 1836 le “Barzaz Breiz”, anthologie remarquée de chants populaires de la Bretagne. Les deux hommes sont également liés à l’Association Bretonne, fondée auparavant par Armand de la Rouerie en 1791. Elle avait pour objectif de restaurer l’autonomie de la Bretagne (comme avant 1532). De la Rouerie restera fidèle à la révolution française, en dépit de son départ pour l’Amérique, jusqu’à l’abolition du Parlement de Bretagne. Il meurt en 1793. Son Association est dissoute mais recréée en 1843, formulant les mêmes revendications. En 1858, elle est à nouveau dissoute par Napoléon III, bête noire des polémistes en Belgique à l’époque, sans doute pour cette hostilité à toute autonomie bretonne mais surtout pour son annexion, jugée totalement inacceptable à Bruxelles, de la Savoie et du Comté de Nice, encore deux fragments de l’ancienne Burgondie impériale détachés d’un Etat héritier de ce Saint-Empire: la crainte était grande de voir Napoléon III, comme auparavant Philippe le Bel ou Louis XIV, diriger ses efforts vers l’espace bas-lotharingien, après avoir grignoté l’espace burgonde ou haut-lotharingien. Charles De Coster, libertaire d’opinion, ne se lassera pas de fustiger ce “Napoléon-le-petit”, comme disait Victor Hugo en exil à Bruxelles, et le Philippe II de son “Tyl Uilenspiegel” est parfois une caricature de Napoléon III.
Charles De Gaulle le celtisant, est royaliste, catholique et conservateur, contrairement à bon nombre de celtisants des Iles Britanniques. Il fait basculer le mouvement breton, jusqu’aux années 60 du 20ème siècle, dans le camp conservateur, avec l’appui, il faut le dire, d’un roman à grand succès, celui d’Alexis-François Rio, intitulé “La petite Chouannerie” (1842). Ce roman donne le coup d’envoi à la volonté récurrente, en Bretagne, de suggérer une autre vision de l’histoire. La revue “Stur” d’Olier Mordrel, avant la seconde guerre mondiale, son livre “Le mythe de l’Hexagone”, les articles de la revue “Gwenn ha Du”, sont autant d’expressions de cette volonté. De Gaulle plaide pour la résurrection de la langue, comme les celtisants des Iles Britanniques s’efforcent de raviver le gallois ou le gaëlique irlandais. Les efforts de De Gaulle seront dès lors plus linguistiques que politiques. Autre petit fait intéressant à signaler: lorsque le Gallois Michael D. Jones fonde une colonie galloise en Patagonie, De Gaulle soutient le projet mais demande de respecter là-bas l’identité araucarienne: nous voyons là l’émergence d’un thème cher à Jean Raspail, la défense de toutes les racines, et au créateur de bandes dessinées Bilal, qui fait émigrer tout un village breton, hostile à des promoteurs immobiliers sans scrupules, vers la pampa argentine. De Gaulle veut une langue celtique unifiée, d’abord en Bretagne même, puis dans l’ensemble de l’espace celtophone. Sous son impulsion, les études celtiques sont enfin prises au sérieux en milieux académiques. Une véritable renaissance peut commencer, se consolider et être sûre de sa pérennité.
Les trois tendances du mouvement celtique
Trois tendances vont alors se juxtaposer dans le mouvement celtique, toutes nations particulières confondues:
1. Une tendance littéraire avec l’émergence d’une littérature d’inspiration celtique mais rédigée en français ou en anglais. William Butler Yeats en sera l’exemple le plus connu mais son ésotérisme, assez éthéré, sera critiqué notamment par la revue “Stur” en Bretagne, cet ésotérisme oblitérant toute référence directe au réel concret, tout recours fécond au “vécu” (Mordrel).
2. Une tendance purement philologique qui se focalisera sur la renaissance des langues et leur emploi dans la vie quotidienne et publique.
3. Une tendance politique, qui englobera le travail littéraire et le travail philologique mais les doublera de revendications politiques et sociales, articulées dans les parlements et dans la vie politique du Royaume-Uni surtout, dont la dévolution sous Blair, avec l’émergence de parlements autonomes gallois et écossais et les tentatives actuelles de faire aboutir un référendum pour l’indépendance de l’Ecosse sont les dernières manifestations.
Cens décent, “fixity of tenure”, Home Rule
La dimension politique du combat celtique, voire pan-celtique, va s’arc-bouter dans un premier temps sur un problème très important et fort épineux: la question agraire, suite notamment aux famines qui ont frappé l’Irlande. La question agraire n’est pas résolue dans le Royaume-Uni au 19ème siècle, ni en Irlande ni en Ecosse. Au Pays de Galles, elle se greffe sur le problème du “tithe”, soit le paiement d’une dîme au propriétaire terrien (généralement protestant et anglais). Le but des “Panceltes” qui veulent résoudre la question agraire est d’imposer aux latifundistes qu’ils se satisfassent d’un cens décent et qu’il acceptent la “fixity of tenure”, soit le droit des exploitants ruraux à ne pas être chassés de leur lopin. Ce combat sera notamment mené par William O’Brien (1852-1928), dont l’inspiration politico-culturelle était panceltique, mais dont l’action était concrète: il fut, outre un combattant pour le droit des petits paysans irlandais contre les propriétaires absents (les “absentee lords”), un défenseur de l’idée de “Home Rule”. Lloyd George, avant de détenir les plus hautes fonctions dans le Royaume-Uni, était partisan d’une alliance parlementaire entre députés gallois et irlandais (la périphérie contre le centre) et d’un “self-government” gallois, équivalent du Home Rule irlandais réclamé à Dublin. Dans le sillage de ce combat pour la question agraire et pour le Home Rule naît l’association culturelle “Conradh na Gaeilge”, visant la renaissance des langues dans la vie quotidienne: elle militera pour le bilinguisme dans les écoles.
A l’aube du 20ème siècle, les anciennes structures panceltiques sont remplacées par le “Celtic Congress” puis par la “Celtic League”. Ce sont des organisations faîtières qui chapeautent tout le mouvement panceltique. La figure principale, la plus notable, dans le cadre de ces organisations a été le Dr. Douglas Hyde (1860-1949), issu directement du “Conradh na Gaeilge”. Il sera le premier président de l’Irlande indépendante en 1937. Avant cela, il fut le premier professeur d’irlandais moderne (“Modern Irish”) à l’Université de Dublin. Des tiraillements existaient dans le mouvement irlandais avant la première guerre mondiale: fallait-il privilégier le combat linguistique, en visant l’ancrage de l’irlandais moderne dans les réseaux d’enseignement? Ou fallait-il privilégier l’union panceltique? La majorité a privilégié le combat linguistique; le combat panceltique était jugé difficile voire impossible sur le plan purement pragmatique à l’époque: de plus, il se heurtait à des clivages religieux qu’on ne saurait minimiser; les Irlandais étaient majoritairement catholiques et puisaient dans les ressources de leur catholicisme des énergies pour combattre l’Angleterre, tandis que les Ecossais étaient majoritairement presbytériens et les Gallois, méthodistes. Dans ces réseaux, issus du “Conradh na Gaeilge”, s’activait un futur martyr de la cause irlandaise, Padraig Pearse (1879-1916), l’un des seize fusillés suite à l’insurrection des Pâques 1916. Pearse mêlait dans son oeuvre des références au passé païen d’avant la conversion de l’Irlande par Patrick à un catholicisme celtique de l’époque mérovingienne, dont l’idéalisme de Columcille, l’un des sauveteurs de l’héritage antique. Il développait une éthique du sacrifice, à laquelle il a eu le courage de ne pas se soustraire.
Une ambiance révolutionnaire
Le “Celtic Congress” avait des dimensions essentiellement académiques. Il voulait celtiser l’enseignement et a donc axé son combat sur la question scolaire en Irlande. C’est à ce niveau que se rejoignent les dimensions culturelles et politiques parce que ce combat devait se gagner forcément dans les assemblées élues et légiférantes. La propagande anglaise soulignait alors l’“archaïsme” qu’il y avait à parler et écrire des langues celtiques: Pearse et ses compagnons rétorquèrent que les parler devenait de ce fait un acte politique contestataire de l’ordre établi. En 1914, avec l’éclatement de la Grande Guerre, le “Celtic Congress” a dû interrompre ses activités. Elles ne reprendront ni en 1915 ni en 1916. Elles reprennent toutefois en 1917, quand le souvenir cuisant de l’échec de l’insurrection d’avril 1916 se fait encore douloureusemet sentir. Ces activités se font à feu doux. Pearse est mort, d’autres sont encore emprisonnés. L’ambiance est révolutionnaire. Parmi les fusillés de 1916, il y avait le fougueux et très original leader socialiste irlandais, James Connolly, adepte et théoricien d’un marxisme virulent (appelé à résoudre la question agraire et les problèmes ouvriers), mais un marxisme “hibernisé”, avec des références à la mythologie celtique. Peter Berresford Ellis, également auteur d’une histoire du mouvement ouvrier irlandais (1), rappelle quelles ont été les grandes lignes de ce marxisme hibernisé. Il repose principalement sur l’idée d’un “communisme primitif” des tribus celtiques irlandaises, avant la conquête anglaise du 12ème siècle. Friedrich Engels apprendra même des rudiments de la langue celtique d’Irlande pour étudier ces structures tribales communautaires, avant d’ajouter un chapitre (jamais achevé) de son ouvrage essentiel sur les “Origines de la famille, de la propriété privée et de l’Etat”. L’appui de Marx et d’Engels à l’indépendantisme irlandais, comme expression de la lutte des classes et de l’émancipation des ruraux exploités par les latifundistes, ont suscité l’enthousiasme non seulement des pionniers du socialisme irlandais mais aussi des nationalistes, qui seront toujours reconnaissants à l’endroit et de Marx et d’Engels.
James Connolly: alchimie marxiste et nationaliste
De cet enthousiasme du “Dr. Marx” qui prend fait et cause pour l’indépendance de l’Irlande, même face à l’hostilité des socialistes anglais, découle le mixte, étonnant ailleurs en Europe et dans le monde, de nationalisme et de marxisme. Pierre Joannon, dans son “Histoire de l’Irlande et des irlandais” (Perrin, Paris, 2006), nous explique très bien l’alchimie nationaliste et marxiste de la pensée de James Connolly, tout comme, en marquant une distance plus nette, l’historien anglais F. S. L. Lyons (2) nous avait démontré comment nationalisme, catholicisme et socialisme s’étaient combinés en une synthèse originale et difficilement transposable en d’autres contextes. Pour Connolly, le socialisme en place, devenu routinier et opportuniste, ne faisait plus que du “syndicalisme étroit aux objectifs limités” (Joannon, op. cit., p. 345). Le socialisme irlandais devait donc recevoir un apport d’énergie complémentaire que seul le nationalisme pouvait lui procurer, surtout le mixte de catholicisme sacrificiel et de nationalisme celtique mythologisé, chanté par Padraig Pearse (3). Ces réflexions sur le combat social, bien ancré dans le mouvement ouvrier et marxiste de son époque, et sur l’apport indispensable de la religion, de la mythologie et du nationalisme, conduisent Connolly à se joindre aux insurgés de Pâques 1916, à être capturé par les Anglais les armes à la main dans le “Grand Post Office” de Dublin et d’être condamné à mort et exécuté. Peter Berresford Ellis rappelle qu’en pleine guerre, les ouvrirers gallois envisagent de faire grève pour obtenir la grâce de Connolly. Ils volent même des explosifs qui seront expédiés en Irlande. Plus tard, des volontaires gallois et écossais (notamment la “Scottish Brigade” de Jim Reeder) se battront aux côtés des insurgés républicains entre 1919 et 1923.
Les événements qui secouent l’Irlande de 1916 à 1923 éveillent les esprits en Bretagne armoricaine. Les militants bretons sont fascinés par la création du premier Etat celtique moderne. Morvan Marchal est l’un de leurs chefs de file. Il appelle en 1925 les peuples celtiques à créer une organisation faîtière pour défendre leurs droits politiques et culturels, doublé d’un “Comité international pour les minorités nationales”. Forts de cette idée, les Bretons de “Breizh Atao” dépassent très vite les limites du seul “panceltisme”; ils appellent Corses, Flamands et Basques à se joindre à leur combat. Du “panceltisme”, on passe à l’idée d’un fédéralisme européen, celui que véhiculeront, chacun à leur manière et en dehors de tout contexte socialiste et marxiste, des figures comme Olier Mordrel, Marc Augier (dit “Saint-Loup”), Jean Mabire ou Yann-Ber Tillenon. “Breizh Atao” est ainsi la toute première organisation politique à énoncer l’idée d’un parlement européen, ne représentant pas des partis (corrompus) mais des populations réelles, concrètes, inscrites dans l’histoire.
De quelques nationalistes écossais
Le clivage gauche/droite, tel qu’il est manipulé par les idéologies dominantes et leurs médias actuellement, n’est nullement de mise quand on évoque les pages de l’histoire du panceltisme. Ainsi, le nationaliste écossais, le baron Ruraidh Erskine, est un aristocrate de vieille famille mais aussi un marxiste et un socialiste, qui va transmettre au nationalisme écossais, jusqu’à nos jours où il enregistre ses meilleurs succès, une idéologie de gauche. Erskine est en faveur d’une “république socialiste d’Ecosse”, tout comme son compatriote John Mclean (1879-1923), mort des suites des tortures qu’il a endurées après avoir protesté contre “la guerre impérialiste imposée aux Ecossais” en 1914. Dix mille personnes suivent son cercueil jusqu’au cimetière, à Glasgow lors de ses obsèques. Erskine, qui prend le relais de ce martyr, encourage, outre la lutte ouvrière comme Connolly en Irlande avant 1914, des aspects plus traditionnels, plus culturels et littéraires, selon les bonnes habitudes prises en pays celtiques. Lewis Spence (1874-1950) s’intéresse ainsi au druidisme, à l’art magique, aux traditions celtiques en général. Hugh MacDiarmid (1892-1978) lance le mouvement de la “Scottish Renaissance” qui ne se borne pas à ressusciter le gaëlique écossais des franges littorales occidentales de l’Ecosse mais aussi les dialectiques germanisés (influencés par l’anglais et le norvégien) des autres territoires écossais. MacDiarmid est également, comme Erskine, partisan d’une “république radicale-socialiste d’Ecosse”. Il est l’un des fondateurs du SNP (“Scottish National Party”) en 1928, ce qui nous ramène à l’actualité britannique, où, justement, ce SNP a le vent en poupe et s’apprête à demander que se tienne un référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Les avatars du nationalisme écossais nous montrent clairement que les démarches panceltiques sont inséparables des questions sociales et du monde ouvrier traditionnel, teinté de marxisme mais d’un marxisme somme toute bien différent de ce que nous connaissons sur le continent.
L’itinéraire étonnant de Hugh MacDiarmid
Revenons à MacDiarmid: son marxisme, rappelle Peter Berresford Ellis, n’est ni celui d’un Marchais et du PCF ni celui de la RDA ou de l’URSS mais, bien évidemment, celui de Connolly. MacDiarmid a également eu sa (brève) période mussolinienne, ce qui étonnera plus d’un simplet qui gobe aujourd’hui les terribles simplismes des médias actuels. Mais Mussolini était un socialiste vigoureux, aimé de Lénine, et, surtout, apprécié de Jules Destrée chez nous, dont l’énorme statue de bronze se dresse sur une place à Charleroi, sans qu’on ne se rappelle qu’il fut un vibrant mussolinien! L’engouement passager de MacDiarmid pour Mussolini ne l’empêche pas de devenir communiste par la suite pour être exclu plus tard pour “déviationnisme national”. Cette exclusion ne l’empêche pas d’être réintégré, à un moment fort mal choisi, en 1956, immédiatement après l’intervention soviétique en Hongrie.
Exclusion des Bretons et discours de De Valera
La persistance d’une fidélité à Marx —qui avait réclamé l’indépendance de l’Irlande dès les années 60 du 19ème siècle et avait ébauché des plans précis pour concrétiser ce projet— fait qu’après la seconde guerre mondiale, les Bretons sont exclus de l’orbe panceltique, vu l’engagement de nombreux nationalistes dans une formation paramilitaire, la “Bezen Perrot”, mise sur pied et armée par l’occupant allemand, pour venger un prêtre philologue très populaire, le paisible Abbé Perrot, assassiné par des militants communistes pro-français. Le mouvement nationaliste breton, en porte-à-faux idéologique par rapport aux autres nationalismes celtiques des Iles Britanniques, subit la répression française de plein fouet à partir de la fin 1944. Dans les Iles, la situation est calme: l’Irlande est restée neutre et les Ecossais et les Gallois ont combattu dans le camp allié. En 1947 se crée la “Celtic Union”, avec l’appui du Président irlandais Eamon de Valera (1882-1975). Celui-ci adresse un message intéressant à relire à ses amis gallois. Peter Berresford Ellis nous en rappelle la teneur et la clarté: “En étant fidèles à leurs traditions et à leurs langues, même dans des circonstances qui peuvent être jugées très critiques, les Gallois ont prouvé qu’une nation peut préserver son individualité tant que sa langue, qui lui procure l’expression le plus parfaite de sa personnalité, demeure utilisée dans la vie quotidienne. Un lien fort relie le peuple du Pays de Galles à celui d’Irlande, non seulement parce tous deux procèdent de la même matrice celtique, mais aussi parce qu’ils marquent une dévotion aux choses de l’esprit; cette attitude a été prouvée au-delà de tout doute possible par le désir passionné de chacune de ces nations à préserver leur culture. Nos deux nations savent qu’en agissant ainsi, elles sauvegardent quelque chose qui enrichit l’humanité toute entière, et, en particulier, renforce les liens qui unissent les peuples celtiques entre eux”. On retiendra de ce discours la nécessité impérieuse de garder sa langue ou ses traditions dans la vie quotidienne. Aussi que toute politique sérieuse, acceptable, toute politique qui n’est pas inéluctablement vouée à sombrer dans la plus veule des trivialités, doit uniquement envisager les “choses de l’esprit”, comme le voulait aussi un précurseur fascinant du nationalisme irlandais au 19ème siècle, Thomas Davis. La primauté accordée au spirituel par De Valera en 1947 permet effectivement d’enrichir l’humanité entière: les idéologies et les pratiques politiques qui n’accordent pas cette primauté à la culture, à la mémoire, constituent donc, sous-entendu, autant de dangers pour tous les hommes, quelles que soient leurs origines, leur race, leur position sur la carte du globe.
En 1947, les Bretons sont toujours exclus des organisations faîtières panceltiques. Mais les Gallois et les Ecossais finissent par apprendre que la répression française ne frappe pas seulement les volontaires de la “Bezen Perrot”. D’autres Bretons, apolitiques et non collaborateurs, parfois fort hostiles à l’idéologie nationale-socialiste allemande, ont été assassinés par les Français, dont le poète Barz Ar Yeodet, l’historienne Madame de Gerny et les écrivains Louis Stephen et Yves de Cambourg. Ces dérapages, les Gallois ne peuvent les admettre. Ils envoient une délégation en Bretagne et en France qui mènera une enquête minutieuse du 22 avril au 14 mai 1947. Le rapport de cette délégation est accablant pour Paris. Il donne tort à la France sur toute la ligne. Les Gallois déclenchent alors une campagne de presse dans tout le monde anglo-saxon qui conduit notamment à la grâce du militant Geoffroy, condamné à mort. Les Bretons sont aussitôt réhabilités et à nouveau acceptés dans les organisations panceltiques: l’attitude de la France est si inacceptable aux yeux des nationalistes gallois marxisés que la collaboration avec l’Allemagne hitlérienne est considérée sans doute comme un pis-aller, de toutes les façons comme un dérapage inéluctable dans le contexte tragique de l’époque.
Sean MacBride
En 1948, les Unionistes pro-britanniques gagnent les élections en Ulster, créant de la sorte les conditions d’une partition définitive de l’Ile Verte. Cette victoire conduit à l’émergence du “mouvement anti-partition”, dont les objectifs se poursuivent encore de nos jours. De Valera: “Pour nous, c’est une simple question de justice. L’Irlande est une; c’est donc une injustice criante que nous soyons partagés entre deux Etats. La partition est un mal qui doit être rectifié”. Dans la suite de son discours, résumé par Peter Berresford Ellis, De Valera exprimait son espoir de voir les peuples celtiques apprendre davantage les uns des autres parce qu’une nouvelle société, partout dans le monde, ne pouvait se construire que sur base de rapports entre ethnies profondément enracinées et non sur base de rapports entre empires ou Etats multi-nationaux, dominés par une seule nation. Il n’y avait pas de meilleur plaidoyer pour un ethnopluralisme planétaire, l’année même où les blocs se formaient suite au “coup de Prague” et allaient enfermer les peuples jusqu’à la perestroïka dont les retombées n’apporteront pas l’émancipation mais un esclavage nouveau sous l’emprise du néo-libéralisme.
Le ministre irlandais des affaires étrangères, Sean MacBride, fils de John MacBride, fusillé en 1916, avait été le chef de l’état-major de l’IRA. Cet avocat, fondateur du “Clann na Poblachta”, petit parti nationaliste radical, deviendra aussi le président d’Amnesty International, puis obtiendra le Prix Nobel de la Paix en 1974 et le Prix Lénine de la Paix en 1977! L’homme était un nationaliste irlandais pan-celte. Interviewé par le journal “Le Peuple breton”, il déclare, rappelle Peter Berresford Ellis: “Ce qui manque au monde, c’est un idéal basé sur un système où la liberté et la dignité humaines sont reconnues parce que la liberté, l’indépendance et l’intégrité des peuples sont protégées... les peuples celtiques peuvent aider (le monde) à propager cet idéal, qui est absent aujourd’hui”.
De 1947 à 1954, l’idéal panceltique est porté, entre autres organisations, par la revue “An Aimsir Cheilteach”, soucieuse de l’avenir des langues sans exclure un souci profond et permanent pour les questions sociales, en bonne logique “connollyste”. Cet engagement social rapproche les militants panceltes du “Labour” britannique. Mais suscite aussi les moqueries acides de la presse anglaise. En France, la répression jacobine, portée par son habituelle bêtise à front de taureau, s’abat sur cette revue, qui est interdite. Car le recours aux “interdits”, en bonne logique orwellienne, est une pratique qui coïncide avec la devise de la “République”: liberté, égalité, fraternité... MacBride, avocat, estime, pour sa part, que c’est une violation des droits de l’homme et engage un procès contre l’Etat français, qu’il gagne bien évidemment. Comique: la patrie des “droits de l’homme”, qui se targue de cette qualité depuis les délires à l’emporte-pièce énoncés par le très médiatisé Bernard-Henri Lévy, a été condamnée pour violation des droits de l’homme, lors d’un procès mené par un ministre irlandais des affaires étrangères, Prix Nobel et Prix Lénine de la Paix et président d’Amnesty International... Un petit épisode à rappeler, un sourire narquois aux lèvres, quand on a devant soi un fort en gueule qui pontifie son pauvre catéchisme “droit-de-l’hommard” à la sauce BHL! L’hydre jacobine cède de mauvaise foi: la revue n’est plus interdite. On fait simplement pression pour qu’elle ne soit pas distribuée. Rien de nouveau sous le soleil!
Première session du “Conseil de l’Europe”
En 1949, se tient la première session du “Conseil de l’Europe”, présidé par Paul-Henri Spaak. Les délégués irlandais déclarent que “l’Europe a sombré dans un marécage” et que “la vision celtique (ethnopluraliste définie par De Valera et MacBride) peut la sauver”. John Legonna (1918-1978) abondait dans ce sens, lors de son discours: “par leur exemple et par l’action de leurs dirigeants, les peuples celtiques pourraient fournir à l’Europe une voie pour retrouver le salut et s’extraire du marais dans lequel s’enfonce progressivement la civilisation européenne. Nous, dans les pays celtiques, disposons de tous les éléments nécessaires pour mener à bien une tâche historique de la sorte. Nous, les Celtes, avons toujours une puissante contribution à offrir à la civilisation humaine”. Les délégués celtiques demandent la création d’une “Union Fédérale des Nationalités Européennes”, pour sauvegarder les droits des minorités ethniques. Ce sera en vain: la Grande-Bretagne bloque la résolution parce qu’elle ne veut pas que les Irlandais d’Eire ouvrent le dossier de la partition, qu’ils jugent inique. La France, elle, refuse la constitution d’une “Court européenne des Droits de l’Homme”! Encore un bon rappel pour les zélotes actuels... Les Irlandais, dépités, haussent les épaules: “encore une manifestation des ‘power politics’”, conclueront-ils.
Une autre figure, également mise en exergue par Peter Berresford Ellis, mérite d’être extraite de l’oubli, celle de la juriste galloise Noëlle Davies, auteur d’ouvrages sur le nationaliste romantique Danois Grundvigt et sur Connolly. Elle suggère, pour les peuples celtiques comme pour les peuples européens, un modèle “pan-nordique”, semblable à l’Union Scandinave. En 1961, la “Celtic League” élit comme Président le Breton Alan Heusaff, un ancien combattant de la “Bezen Perrot”, qui lance la revue “Cairn”, qui paraît toujours actuellement.
Le panceltisme, qui permet de penser le politique en dehors du clivage gauche/droite, tel que nous le subissons dans le prêt-à-penser dominant, ouvre des pistes non encore exploitées:
- l’anti-impérialisme en des termes euro-centrés, centré sur des identités européennes visibles et concrètes et non sur des identités loitaines difficiles à comprendre, soit un anti-impérialisme qui ne soit pas uniquement à l’usage de peuples du dit “tiers monde”, quoique ces derniers ont évidemment bien le droit d’en développer des formes propres, à leur bon usage; l’impérialisme contemporain pratique la colonisation mentale et la dépendance économique en Europe aussi: ce que bon nombre de tiers-mondistes des années 60 et 70 avaient oublié.
- Un socialisme réel, non détaché d’une certaine matrice marxiste, qui pourrait renouer aussi avec des filons fédéralistes-proudhoniens, comme l’avaient proposé les auteurs d’un groupe animé à Nice par Alexandre Marc ou certains théoriciens italiens; la solidarité populaire, génératrice de formes politiques socialistes, ne peut être optimale qu’au sein d’identité concrètes; les autres formes de socialismes s’accomodent trop aisément du système; on l’a vu avec le néo-libéralisme, la fausse “troisième voie” du travailliste Blair, le bellicisme de ce dernier, les timidités et les atermoiements des sociaux-démocrates qui fâchaient déjà James Connolly.
- Un féminisme sainement conçu dans le sillage d’une autre héroïne irlandaise, dont il faudra un jour parler à cette tribune, la Comtesse Markiewicz (1869-1927), où la citoyenne d’une république socialiste, nationaliste et panceltique aurait été un “zoon politikon” au même titre que les mâles.
- Une piste écologique intéressante, où la préservation de la nature est aussi un impératif dicté par le désir naturel de préserver les paysages exaltés par la poésie traditionnelle et les traditions populaires. Cette piste écologique est inséparable d’un recours au local, même de dimensions réduites, au nom du slogan “Small is beautiful” de Kohr et Schumacher, et surtout respectueuse des “lois de la variété requise”, selon l’idée qu’avait formulée le militant breton devenu citoyen irlandais, Yann Fouéré.
S’engager sur les pistes qu’ouvrent les études serrées du panceltisme ou du socialisme irlandais, comme celles réalisées par Peter Berresford Ellis, permet de s’insinuer profondément dans les dispositifs de nos adversaires, d’utiliser leur propre vocabulaire en lui donnant une épaisseur bien plus substantielle, en le ramenant de force à ses matrices historiques: en effet, la métapolitique d’en face procède par affirmations péremptoires, assénées par la répétition ad nauseam dans les “mainstream medias”, par une méthode Coué qui finit par saoûler. Toutes ses affirmations, aussi tonitruantes que boîteuses, qu’elles se réfèrent à une forme ou une autre de marxisme ou au corpus des “droits de l’homme”, sont posées comme détachées de tout contexte historique. Elles n’ont dès lors aucune consistance car leur donner consistance, en les plongeant dans un empirisme historique, serait les transformer en armes redoutables contre le système planétaire, aliénant et amnésique qui nous oppresse. Le nationalisme et le socialisme identitaires des Irlandais a bien fait fléchir l’Empire britannique au faîte de sa puissance. Le système ne veut pas de consistance car toute consistance est, en fin de compte, un matériau pour l’érection d’un môle de résistance à l’homogénéisation globale, à l’homocratie en marche (Jan Mahnert). Nous voulons redonner de la consistance à nos peuples pour qu’ils s’émancipent, tout comme BHL veut nous arracher à nos racines et à nos mémoires pour que nous soyons d’éternels moutons de Panurge. Le modèle irlandais est une bonne source d’inspiration pour réapprendreà résister.Une source d’inspiration à laquelle nous allons sans cesse retourner, ainsi qu’à d’autres chantiers similaires. J’espère que le résultat de ce colloque sera de susciter de telles vocations.
Robert Steuckers.
(Forest-Flotzenberg, février 2013; version finale: août 2013).
Notes:
(1) Peter Berresford Ellis, Historia de la clase obrera irlandesa, Ed. Hiru, Hundarribia (Guipuzcoa), 2013 (traduction espagnole d’un livre aujourd’hui épuisé et intitulé A History of the Irish Workig Class, 1985).
(2) F. S. L. Lyons, Culture and Anarchy in Ireland 1890-1939, Oxford University Press, 1982.
(3) F. S. L. Lyons, op. cit.; cf. également: Ruth Dudley Edwards, Patrick Pearse, The Triumph of Failure, Gollancz, London, 1977.
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Windows 8 kwetsbaar voor NSA-spionage
Cryptoloog en veiligheidsexpert vergelijkt Windows 8 met elektronische enkelband - 'Dit is het einde van de persoonlijke computer en smartphone'
De Duitse overheid waarschuwt dat het nieuwe besturingssysteem van Microsoft, Windows 8, kwetsbaar is voor spionage door de Amerikaanse NSA. Volgens IT-experts is Windows 8 uitgerust met de zogenaamde Trusted Computing technologie, waarmee Microsoft - en daardoor ook de NSA, die tenslotte nauw met de softwaregigant samenwerkt - de controle kan krijgen over zowel de hardware als de software van een PC of laptop. Ook kan gecontroleerd worden of de geïnstalleerde software wel legaal is.
Windows 8 is tot nu toe geen groot succes. Veel computergebruikers ervaren het 'tegeltjesscherm' als onhandig en lelijk, en vinden het ontbreken van de kenmerkende startknop met bijbehorend menu maar niets. Microsoft hoopt dat de aanstaande update naar Windows 8.1 de grootste bezwaren van gebruikers wegneemt.
'Gevaarlijke veiligheidslekken'
IT-experts van de Duitse overheid zeggen nu dat Windows 8 aanzienlijke veiligheidslekken heeft en kenmerken deze zelfs als 'gevaarlijk'. 'Door het verlies van de volle soevereiniteit over de informatietechniek zijn de veiligheidsdoelstellingen 'vertrouwelijkheid' en 'integriteit' niet meer gegarandeerd,' concluderen de experts. Om deze reden noemen ze het gebruik van de 'Trusted-Computing' technologie voor de overheid en gebruikers van kritieke infrastructuur 'onacceptabel'.
'Elektronische enkelband'
Op veel PC's en laptops wordt Windows 8 voorgeïnstalleerd. Volgens cryptoloog en veiligheidsonderzoeker Rüdiger Weis verliezen gebruikers door Windows 8 en een geïntegreerde 'bespieder'chip genaamd Trusted Computing Module (TPM)- met name in de veilige opstartmodus- 'de controle over hun eigen hardware en software.'
'Het doet op onaangename wijze denken aan een elektronische enkelband. Zo kan bijvoorbeeld via internet worden gecontroleerd of er op de PC enkel legale software draait. Dit is het einde van de persoonlijke computer en smartphone. Het klinkt als een droom voor oncontroleerbaar geworden geheime diensten en onderdrukkende staten...'
'Droomchip voor NSA'
Vooral het feit dat de geheime sleutel na afloop van het fabricageproces van de chip wordt ingebracht ligt gevoelig, aangezien het op deze wijze eenvoudig is een kopie van alle sleutels te maken. Hiermee is de TPM een ware 'droomchip' voor de NSA en andere veiligheidsdiensten. Volgens Weis is ook het andere scenario, namelijk dat de TPM niet door de NSA maar door de Chinese overheid misbruikt kan worden, niet bepaald geruststellend.
Ook binnenlands internetverkeer kwetsbaar
Uit nieuwe informatie en gesprekken blijkt dat de NSA zeker 75% van al het internetverkeer in de VS kan afluisteren en registreren. Dit kan ook voor Europa en Nederland van belang zijn, want sommige binnenlandse internetcommunicatie verloopt bijvoorbeeld om financiële redenen via het buitenland - een feit dat ook de Duitse overheid heeft toegegeven. Juist daar kunnen geheime diensten, onafhankelijk van de nationale wetten van het land waar de communicatie plaatsvindt, toeslaan. (1)
Xander
(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
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Isolationnisme par dissolution, au soleil de la NSA
Isolationnisme par dissolution, au soleil de la NSA
Ex: http://www.dedefensa.org
Il n’y a rien que l’establishment américaniste ne craigne et ne dénonce plus que l’isolationnisme. Les administrations successives depuis la fin de la guerre froide ont diabolisé avec véhémence cette tendance alors qu’une politique hyper-interventionniste s’est développée, comme on le sait, et particulièrement depuis l’attaque du 11 septembre 2001. Le poaradoxe de cette évolution par rapport aux craintes d’isolationnisme est que cette politique hyper-interventionniste ajoutée aux diverses crises en cours aux USA ont conduit à la pire des crises, qui est la paralysie du pouvoir, et à une situation qui commence à ressembler à une sorte d’“isolationnisme” par défaut. La crise égyptienne a mis cette situation en évidence, aussi bien par la confusion de la politique US qui se complaît dans une absence complète de décision entraînant une perte à mesure d’influence, voire même de présence dans cette crise majeure du Moyen-Orient (voir le 21 août 2013).
Cette crise du pouvoir à Washington se ressent même dans les groupes de pression les plus actifs, et notamment chez les fameux neocons. On retrouve chez eux, mais d’une façon aggravée et dans l’occurrence beaucoup plus importante de la crise égyptienne, la division qu’on avait observée lors de la crise libyenne (voir notamment le 29 mars 2011). Cette fois, ce sont deux dirigeants ou inspirateurs majeurs du mouvement qui s’opposent sur la question égyptienne, avec la fracture que cela entraîne à la fois dans le mouvement et pour son influence : William Kristol et Robert Kagan. Jim Lobe a publié un nouvelle à ce propos le 20 août 2013.
«... Bill Kristol, in a Sunday appearance on ABC’s “This Week With George Stephanopolous”, crystallized (shall we say) the internal split among neoconservatives over how to react to the military coup and subsequent repression against the Muslim Brotherhood in Egypt. Breaking with his fellow-neoconservative princeling, Robert Kagan (with whom he co-founded the Project for the New American Century (PNAC) and its successor, the Foreign Policy Initiative (FPI), Kristol came out against cutting military aid to Egypt... [...]
»It’s a remarkable moment when the two arguably most influential neocons of their generation disagree so clearly about something as fundamental to US Middle East policy, Israel and democracy promotion. They not only co-founded PNAC and the FPI; in 1996, they also co-authored “Toward a Neo-Reaganite Foreign Policy” in Foreign Affairs, which among other things, advocated “benevolent global hegemony” as the role that Washington should play in the post-Cold War era. But they now appear to have a fundamental disagreement about how that benevolence should be exercised in a strategically significant nation which is also important to Israel’s security.
»Of course, this disagreement highlights once again the fact that democracy promotion is not a core principle of neoconservatism. It also suggests that the movement itself is becoming increasingly incoherent from an ideological point of view. Granted, Kagan considers himself a strategic thinker on the order of a Kissinger or Brzezinski, while Kristol is much more caught up in day-to-day Republican politics and consistently appears to align his views on the Middle East with those of the Republican Jewish Coalition and the Likud-led Israeli Government. But what is especially interesting at this moment is the fact that Sens. John McCain and Lindsay Graham — both leaders of what could be called the neoconservative faction of the Republican Party — are moving into Kagan’s camp.»
Cette division dans le groupe le plus actif et le plus extrémiste pour soutenir l’interventionnisme extérieur conforte la thèse d’un “isolationnisme par défaut” en réduisant d’autant les pressions sur l’administration Obama, justement parce que les neocons ne savent plus que recommander comme type d’action du fait de leur division, eux-mêmes victimes de la même paralysie que celle qui touche l’administration Obama. La situation n’est pas meilleure dans le parti républicain, force habituelle poussant à l’hyper-interventionnisme mais elle aussi divisée ou incertaine sur la politique à suivre. On a déjà souligné le paradoxe d’un McCain, qui, après avoir hésité, s’est prononcé pour la suppression de l’aide de à l’Égypte, se retrouvant ainsi sur la même ligne que son ennemi juré Rand Paul, qui s’affiche clairement de tendance neo-isolationniste et veut la fin de l’aide à l’Égypte selon cette logique. McCain est dans un état proche de la sénilité et il est plus que jamais l’inspirateur de la politique extérieure prônée par le parti républicain. Les quelques appréciations concernant l’état du pouvoir washingtonien de “Spengler”, de ATimes.com, déjà cité le même 21 août 2013, valent d’être reproduites ; elles sont très incisives et très justes à la fois... (Notamment cette très juste remarque que la catastrophique politique égyptienne des USA n’est pas le résultat de l’aveuglement mais de l’impuissance du pouvoir ; notamment cette très juste conclusion que le parti républicain est terrorisé par les néo-isolationnistes type-Rand Paul alors que, finalement, McCain se retrouve sur la même ligne que Rand Paul...)
«America's whimsical attitude towards Egypt is not a blunder but rather a catastrophic institutional failure. President Obama has surrounded himself with a camarilla, with Susan Rice as National Security Advisor, flanked by Valerie Jarrett, the Iranian-born public housing millionaire. Compared to Obama's team, Zbigniew Brzezinski was an intellectual colossus at Jimmy Carter's NSC. These are amateurs, and it is anyone's guess what they will do from one day to the next.
»By default, Republican policy is defined by Senator John McCain, whom the head of Egypt's ruling National Salvation Party dismissed as a “senile old man” after the senator's last visit to Cairo. [...] It doesn't matter what the Republican experts think. Few elected Republicans will challenge McCain, because the voters are sick of hearing about Egypt and don't trust Republicans after the debacles in Iraq and Afghanistan.
»Neither party has an institutional capacity for intelligent deliberation about American interests. Among the veterans of the Reagan and Bush administrations, there are many who understand clearly what is afoot in the world, but the Republican Party is incapable of acting on their advice. That is why the institutional failure is so profound. Republican legislators live in terror of a primary challenge from isolationists like Senator Rand Paul (R-KY), and will defer to the Quixotesque McCain.»
Cette situation est l’objet de critiques à l’intérieur même des bureaucraties de sécurité nationale, notamment du département d’État, notamment de fonctionnaires marquées par leur engagement interventionniste mais aussi par leur position pro-israélienne. C’est ce que détaille un article de Gayle Tzemach Lemmon, senior fellow au Council Foreign Relations, et donc marquant une position approuvée par le puissant CFR. (L’article, sur DefenseOne.com, le 21 août 2013.) Curieusement, l’article ne vaut guère que par l’idée qu’il exprime dans son titre, qui est celle de l’isolationnisme («Whispers in the Ranks that Iraq Has Turned Obama Isolationist to a Fault»). L'analyse, qui porte sur la Syrie, développe des arguments oiseux dans la mesure où les critiques, comme l’ultra-pro-israélien Dennis Ross, voire comme le CFR lui-même, ont eu la même attitude erratique sur la Syrie que celle qu'ils dénoncent dans la politique de l’administration Obama ; la politique de “prudence” US en Syrie est beaucoup plus défendable, du point de vue du système de l’américanisme, que la confusion extraordinaire de Washington dans la crise égyptienne, cette dernière crises avec des enjeux bien plus décisifs pour les USA. La référence à l’Irak (et l’Afghanistan) est également oiseuse («In a recent interview with National Public Radio, a Syrian rebel commander, formerly a Syrian Army colonel, said what many in Washington have whispered: It is “our bad luck” that Syria “has come after Afghanistan and after Iraq.”»). L’Irak (et l’Afghanistan) ne sont pas une cause de l’actuelle paralysie, mais une étape dans la dégradation du pouvoir menant à l’actuelle situation catastrophique du pouvoir washingtonien. Le résultat tel qu’il est présenté est aussi bien catastrophique : cet “isolationnisme par défaut”, qui est certainement une perspective proche de la réalité, n’a aucune des vertus de l’isolationnisme puisqu’il se fait alors que l’“Empire” est engagé partout, désormais sans effets bénéfiques, et qu’il perd son sang (son fric, ses budgets pentagonesques, etc.) dans cet étalage de puissance impuissante...
Cela (“l’actuelle situation catastrophique du pouvoir washingtonien”) étant fixé, nous passons à ce qui semblerait être un tout autre domaine ; pourtant, qui figure dans notre volonté de l'intégrer dans notre analyse comme un prolongement du précédent, et qui pourrait et même devrait être considéré en fait comme une cause fondamentale de l’accélération du précédent. Il s’agit de la grande autre crise de l’été, la crise Snowden/NSA. Un article de Dan Roberts, dans le Guardian de ce 22 août 2013, développe un sentiment profond d’amertume du fait de l’absence de débat, sinon même d’information à la lumière de l’“incident d’Heathrow” (le cas David Miranda, voir le 20 août 2013), de la part de la presse britannique, dans cette crise Snowden/NSA qui est aussi une “crise GCHQ” (“partner” à temps complet et britannique de la NSA) impliquant le Royaume-Uni. Dan Roberts a son explication, qui concerne la différence de mentalité et de goût du débat politique entre les USA, – dont la vertu démocratique reste ainsi sauvegardée, – et le Royaume-Uni. Voici quelques citations de l’article de Roberts, qui relève par ailleurs la stricte vérité quant à l’étonnante faiblesse, sinon quasi-absence, de réactions de la presse britannique essentiellement à l’incident qui est survenu au Guardian de devoir détruire des disques durs du fonds Snowden sous la pression des autorités, – cette violation de la liberté de la presse qui aurait dû conduire à une réaction de solidarité...
«From the moment the first story revealing sweeping surveillance of domestic phone records by the National Security Agency appeared in early June, the Guardian ignited a storm of public and political debate in the US that has been noticeably absent in the UK response to similar revelations about GCHQ spying. Within hours, former vice-president Al Gore declared this "secret blanket surveillance [was] obscenely outrageous", setting the tone for weeks of mounting criticism from both left and right and a series of follow-up investigations that have forced the administration to consider major reforms. [...]
»As saturation media coverage across US television networks, newspapers and websites dominated the news agenda through June and July, the White House was forced to modify its defence of the programmes and Congress prepared to act. On 24 July, more than 200 Congressmen voted in favour of legislation to ban the bulk collection of US telephone records, a narrowly-defeated bill that shocked defenders of the NSA and united libertarians on the right with liberals on the left. Michigan Republican Justin Amash, said he introduced his amendment to the annual Defence Department appropriations bill to "defend the fourth amendment, to defend the privacy of each and every American". A further 11 legislative attempts at reform and improved oversight are expected to dominate Capitol Hill when lawmakers return in September, with some sort of united response seen as inevitable. [...]
»[...I]n contrast to US politicians and officials, there has been very little official acknowledgement that there is a public interest in holding a debate, and much less any sign that something might need to change as a result. Instead home secretary Theresa May has sought to justify the use of draconian laws to detain David Miranda for assisting Guardian journalists in reporting the story by claiming he was carrying “stolen information that could help terrorists”. Former foreign secretary Malcolm Rifkind made similar claims that the Guardian had been “helping terrorists” when defending a decision to force the newspaper to destroy certain computers containing Snowden's leaks. The decision was backed by a former civil libertarian deputy prime minister Nick Clegg. [...]
»A so-called D notice was even issued by authorities in London to deter reporting of the original leaks on Fleet Street — something hard to imagine in a US media and political community that has been consumed by the story for three months. In Germany, there was initially more reporting of Miranda's detention at Heathrow and news of Guardian computers being destroyed than where they happened in London. On Tuesday morning it made the lead story on Spiegel, Zeit, Sueddeutsche, Frankfurter Allgemeine websites before anything had appeared on the Telegraph, Times, Mail or BBC websites. A columnist for Speigel suggested it caused less soul-searching at home than in the US or Germany because “Britons blindly and uncritically trust their secret service”»
En dépit de l’apparente différence de champ de réflexion et d’action entre ces deux événements, la politique US dans la crise égyptienne et la crise Snowden/NSA – l’“isolationnisme par défaut” de Washington et l’activisme échevelé autour de la question de la NSA respectivement, – nous allons au contraire établir un lien direct entre les deux événements. Certes, nous suggérions déjà cette idée dans notre texte du 21 août 2013 : «Quant au bloc BAO, finalement, tout s’explique dans le chef de sa paralysie, outre son état chronique qu'on observe : il se trouve plongé si profondément dans un débat sur l’état de lui-même, avec la crise Snowden/NSA, qu’il n’est pas loin d’être, d’une autre façon certes, dans une situation de confusion proche de la situation égyptienne. D’une certaine façon, il en est l’équivalent, encore une fois à sa manière, par rapport à la “décrépitude extraordinaire” de sa propre architecture.» (Et, certes, nous maintenons le cas du bloc BAO, et non pas seulement des USA comme l’article du Guardian le suggère : l’effet de la crise Snowden/USA sur la psychologie américaniste, et la crise qu’enfante cet effet, se répandent nécessairement à tout le bloc BAO ; quant à la “décrépitude extraordinaire”, on admet sans trop de difficultés que c’est celle du bloc dans son ensemble.)
Les spectres épuisent la psychologie
Bien entendu, en bon anglo-saxon qui n’oublie jamais ses dévotions à l’American Dream version-Fleet Street, Dan Roberts attribue in fine le débat extraordinaire que la crise Snowden/NSA a provoqué et ne cesse d’alimenter aux USA à la vertu propre à ce même American Dream : démocratie, transparence, Premier Amendement de la Constitution, We, The People et ainsi de suite. Cela, bien entendu, par contraste avec les aspects quasi-médiévaux dans l’obscurantisme de l’establishment britannique, qui ne peut être fustigé par les Anglo-Saxons que lorsqu’il permet de valoriser d’autant l’American Dream. L’air est connu, la chanson aussi.
Ce n’est pas du tout notre appréciation, même si nous acceptons l’idée que cette supposée “vertu” de l’American Dream a son utilité, mais comme moyen et comme outil de circonstance offerts par le conformisme américaniste, nullement comme fin. Le fond du débat extraordinaire qu’a ouvert la crise Snowden/NSA, c’est la réalisation extrêmement concrète, extrêmement réaliste, de ce qu’est exactement la NSA (et, plus, par extension, on le verra plus loin en retrouvant la crise égyptienne). Nous avons souvent épilogué là-dessus et ne manquons jamais d’y revenir, en faisant de la NSA (et du reste) cette entité qui n’est pas loin d’être une égrégore, qui est hors de tout contrôle humain, et dont on découvre qu’elle est sur une pente à la fois catastrophique et eschatologique qui met en cause le Système lui-même, ou bien qui fait douter inconsciemment du Système lui-même. Cette prise de conscience, c’est l’important, touche d’abord l’establishment lui-même, cet outil du Système, comme on le voit par la vigueur du débat qui est le fait de cet establishment et nullement du public, de la question des 99% contre les 1% à l’occurrence du vote de la Chambre. L’idée de cette dangerosité ultime de l’évolution de ce qui est le produit du Système (la NSA et le reste), de sa perversité qui le fait évoluer entre surpuissance et autodestruction hors de tout contrôle possible, se répand et est exprimée sans ambages. On peut le lire, par exemple, dans le chef de Simon Jenkins qui, s’il a une plume parfois alerte et audacieuse, n’en est pas moins un commentateur-Système au sein de la presse-Système. (Le 21 août 2013, dans le Guardian.)
«Last week in Washington, Congressional investigators discovered that the America's foreign intelligence surveillance court, a body set up specifically to oversee the NSA, had itself been defied by the agency “thousands of times”. It was victim to "a culture of misinformation" as orders to destroy intercepts, emails and files were simply disregarded; an intelligence community that seems neither intelligent nor a community commanding a global empire that could suborn the world's largest corporations, draw up targets for drone assassination, blackmail US Muslims into becoming spies and haul passengers off planes.
»Yet like all empires, this one has bred its own antibodies. The American (or Anglo-American?) surveillance industry has grown so big by exploiting laws to combat terrorism that it is as impossible to manage internally as it is to control externally. It cannot sustain its own security. Some two million people were reported to have had access to the WikiLeaks material disseminated by Bradley Manning from his Baghdad cell. Snowden himself was a mere employee of a subcontractor to the NSA, yet had full access to its data. The thousands, millions, billions of messages now being devoured daily by US data storage centres may be beyond the dreams of Space Odyssey's HAL 9000...»
Notre appréciation et notre hypothèse sont que la puissance du débat est telle aux USA, et le bouleversement qu’il implique par conséquent, que l'un et l'autre affectent profondément les psychologies et donnent ainsi aux jugements une aire nouvelle où se former. (Cette sorte de démarche privilégiant l'importance de la psychologie n’est certes pas conforme aux capacités planificatrices et rationnelles que certains prêtent au Système, mais elle permet d’éviter le piège de la naïveté de croire que cet artefact de surpuissance puisse accorder quelque attention que ce soit aux vertus subtiles de la raison et de l’organisation théorique des événements.) Dans cette circonstance, le cas de la NSA n’est plus exceptionnel, il devient exemplaire. Il devient le cas beaucoup plus général de la communauté de sécurité nationale ou de la communauté sécuritaire, du complexe militaro-industriel, du National Security State ou du Global Surveillance/Security System, c’est-à-dire de tout ce qui fait la substance même à la fois du Système, du système de l’américanisme, et de tout ce qui en découle. Le débat met en avant des spectres aussi terrifiants que celui de la destruction de la NSA, avec des effets irréparables sur le complexe-militaro-industriel, ou bien au contraire, et ceci et cela dans une même appréhension, dans un même jugement, le spectre de la destruction du système de l’américanisme par le Système, ou de la destruction des deux par les monstres qu’ils ont enfantés.
Tout cela, perçu par une psychologie déjà épuisée par une continuité crisique sans précédent, de thème en thème avec aucun qui ne soit résolu, au moins depuis 2008, et notamment avec la crise centrale du pouvoir washingtonien, tout cela qui fait craindre désormais une issue fatale épuise encore plus cette psychologie déjà épuisée. L’effet se fait alors sentir sur les politiques, et notamment, pour ce qui nous intéresse, sur la politique égyptienne des USA (du bloc BAO), qui représente si parfaitement la complexités, les contradictions, la production systématique d’effets antagonistes, de tout ce qui a été conduit depuis des années dans cette région, alors que l’enjeu égyptien est d’une si considérable importance d’un point de vue US (bien plus que l‘enjeu syrien, répétons-le). Le désordre engendré par la politique qui se prétendait maîtresse du désordre qu’elle provoquait et continue à provoquer, jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’une stratégie dissimulée pleine de génie (“le désordre créateur”), finit par toucher la substance de la politique elle-même et la psychologie de ceux qui osent à peine prétendre encore la conduire, – le désordre paralysant de la politique, et l’épuisement de la psychologie par le désordre paralysant de la politique. On comprend que la crise Snowden/NSA telle qu’on l’a décrite vienne là-dessus comme le coup de grâce.
Cette perception d’une psychologie épuisée face à des événements qu’on ne comprend plus, face aux outils de la surpuissance qu’on ne contrôle plus et qui semblent vivre de leur propre vie en menaçant de devenir autodestruction pure, cette perception conduit directement à la paralysie des volontés, à l’atonie des décisions. Le substitut se trouve dans le discours verbeux d’un vieillard en visite au Caire ou dans l’enquête sans fin menée autour du concept de “coup”, dans une réflexion du type “to be or not to be a coup”. L’attitude d’un Obama, celle d’un McCain, le désarroi des neocons, le désordre complet des classements selon les circonstances (McCain au côté d’un Rand Paul, en néo-isolationniste de circonstance !), conduisent à des extensions de non-politiques paralysées productrices de situations qui ne peuvent être décrites que comme des anathèmes pour le Système, – l’isolationnisme par défaut, dans ce cas... Désormais, tout est dans tout et inversement comme diraient les Dupond-Dupont (bonne orthographe), ce qui facilite l’évaluation de la situation ; aucune crise n’échappe aux effets de chaque autre crise, et ainsi s’avance majestueusement la structuration décisive de la crise d’effondrement du Système.
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Montaigne et l’indifférence active
Montaigne et l’indifférence active
par Claude BOURRINET
1) Dans les Essais, le discours n’est nullement l’enregistrement d’une existence mais le monologue d’une conscience qui se voit agir, qui s’accepte agissante sans pour cela paraître trop indulgente ni sans omettre de relever ce qui est digne d’être pris comme modèle. Il est donc tentant de soupçonner a priori une mauvaise foi latente dans tout ce qui est avoué, et d’autant plus que c’est avoué. Les relations qui existent entre Montaigne et son œuvre sont d’ordre dialectique. Dialogue socratique entre un homme qui voudrait être, sans plus (mais tâche ô combien ardue !) et une excroissance de cette essence problématique, monstrueuse (dans le sens du XVIe siècle) et inquisitrice, dont la tâche est d’établir un bilan sans concession et de ne cesser de rappeler qu’il est nécessaire d’accepter, pour être. De boire la coupe jusqu’à la lie. Une manière de conscience assumée, en quelque sorte, superlative, alternant entre lucidité aiguë et impératif pratique.
2) Le discours des Essais a ceci de singulier qu’il se détruit lui-même en avouant son incapacité à réformer la vie. C’est un anti-discours, comme celui des pyrrhoniens. Impression de n’en jamais tenir le bout, de perpétuel enlisement. Sa véritable sagesse, c’est l’absence de sagesse.
3) De vouloir trop appréhender l’homme Montaigne, malgré le prologue des Essais, c’est renouveler l’illusion réaliste dans l’art pictural.
4) Quand on lit et apprécie les Essais, on se sent délivré de tout scrupule à se réconcilier avec les mille travers de l’humaine condition, tellement ils nous semblent devenus naturels, mais aussi innocents, et l’un parce que l’autre (ce que rend bien le terme « naïf »). À vrai dire, il peut paraître excessif de prétendre cela. Mais ces travers ne sont ni mauvais, ni bons : ils sont ce que la nature et nous-mêmes les faisons, ce qui laisse une substantielle amplitude à la Fortune et à la volonté.
5) Inutilité des Essais en période vertueuse. Les cannibales en auraient-ils besoin ? Les Essais n’existent que parce que le siècle est corrompu.
6) Il faut prendre garde que Montaigne se veut hautement, ou bassement (au sens de basse continue) philosophe : « La moyenne région loge les tempestes, les deux extrêmes, des hommes philosophes et des hommes ruraus, concurrent en tranquillité et au bon heur ».
7) C’est à cette époque que les derniers feux de l’idée de croisade s’éteignent.
8 – L’intériorisation et la spiritualisation du sentiment de l’honneur tendent à remplacer son ostentation, même dans la dévotion. François de Salles fondera l’humble, l’orgueil de n’être que commun.
9) Montaigne change parfois de chaussures, mais c’est toujours pour aller sur la même voie et dans la même direction.
10) Écrire et publier sont deux fonctions qui appartiennent à des individus différents. Publier est affaire de vanité, de mensonge, de sincérité, de dévoilement, de témoignage, de générosité, d’égoïsme, d’intérêt bien compris, que sais-je encore ? Mais écrire est affaire d’être.
11) Le discours de Montaigne (pensée appuyée sur des expériences) n’est pas discours rationnel : « La plus part des instructions de la science à nous encourager ont plus de montre que de force, et plus d’ornement que de fruict (La Pléiade, p. 1026) ».
12) Dans les Essais, on ne trouve pas tout de la doctrine chrétienne, mais tout ce qu’on y trouve, on eût pu l’y chercher.
13) L’indifférence est un idéal asymptotique.
14) Il se peut que Montaigne ne se soit pas définitivement « corrigé », mais au moins s’est-il progressivement découvert, non abstraitement, mais dans sa chair, ce qui n’a pas été sans efforts et sans sacrifices. Il est tragique sans pathos.
15) Sacrifice du « vieil homme ». Se connaître, c’est connaître ce que Dieu a daigné que l’on soit. Loin d’être « impersonnel », le Montaigne « stoïcien » était résolument individualiste. Élaguer le moi de cette protubérance vaniteuse et ostentatoire, c’est redevenir véritablement « impersonnel », enfant de Dieu et de Fortune. Et là est atteinte la véritable personne.
16) La sagesse de Montaigne n’existe pas a priori, elle est Expérience, elle est Leçon, que l’on reçoit et donne. La sagesse est apprentissage.
17) Le siècle devient « comme un autre passé (La Pléiade, p. 1081) ». Il n’est plus ce présent indigne du passé : il devient une deuxième Antiquité. Passé, présent, futur sont identiques.
18) Montaigne n’est ni stoïcien, ni épicurien, ni pyrrhonien, ni quoi que ce soit de ce que la Grèce et Rome ont légué, mais un peu de tout cela. Il est avant tout Montaigne. Et, au demeurant, devrions-nous le classer à tout prix, il nous faudrait l’intégrer à cette longue lignée de philosophes chrétiens qui, jusqu’à l’humanisme dévot en train de naître, s’est évertué de replacer l’homme à sa juste place sans l’écraser.
19) Nous sommes si éloignés de la vie et de nous-mêmes que la redécouverte qu’en fait Montaigne nous semble une nouveauté miraculeuse.
20) Le Livre III des Essais, et surtout les derniers chapitres, sont parmi les expressions les plus pures du mysticisme baroque.
21) Il faut se garder de croire naïvement, malgré certains passages des Essais, que Montaigne préconise une vie médiocre, sans s’apercevoir en quoi cet idéal est utopique pour un homme tel que lui. Ces « ruraus », ce sont les cannibales de son terroir. Bien sûr, ils « vivent », et la bête elle-même manifeste pleinement la puissance d’être. Mais vivre, est-ce « exister » ? Avoir conscience de vivre, n’est-ce point doublement vivre ?
22) Les Essais sont une conquête personnelle du présent, du siècle et de l’instant. De la présence.
23) On ne peut parfois s’empêche de penser qu’il y a du « fumeur de haschisch, chez Montaigne. Moins l’orgueil.
24) En grand danger de nihilisme ? Dans un passage de l’Apologie de Raymond Sebond, il est dit en substance qu’il est dangereux de s’aventurer plus avant. Tzara : « Les réactions des individus contaminés par la destruction, sont assez violentes, mais ces réactions, épuisées, annihilées par l’insistance satanique d’un à quoi bon continuel et progressif, ce qui reste et domine est l’indifférence. »
25) L’indifférence active est la suprême conscience.
26) Ce même mouvement qui porte l’intérêt de Montaigne pour le passé et le présent a pour aboutissement la réconciliation et comme moyen la rupture. Il procède de la redécouverte émerveillée d’un monde que l’on croyait connaître.
27) Montaigne cherche à reconstituer un Nomos afin que, quelque combat qu’il mène, il se trouve toujours en situation de préserver les remparts de son être. Mais ces murailles, c’est le monde. Nomos équivaut à Kosmos.
28) Montaigne a eu besoin de son livre pour se réconcilier. La béance se sera élargie chez Cervantès, et la sagesse devra s’accorder avec la folie.
29) Il ne faut pas tomber dans le piège des justifications prétendument « sincères » de Montaigne, à propos des raisons qui l’ont poussé à écrire. Il n’est rien de plus renard que la sincérité. La littérature est mauvaise foi. Il faut douter de toute affirmation péremptoire de l’auteur. Écrit-il pour ses proches ? Par originalité ? Sait-on vraiment pourquoi il écrit ? Sait-on pourquoi l’on écrit ? Les Essais sont entre autre la cristallisation d’impératifs qu’il se donne, moraux ou non, et qu’il ne suit pas toujours. Ils sont comme un miroir, mais un miroir déformé et déformant, renvoyant une image redressée du monde et de lui-même, du moins ce que Montaigne se veut être en se surprenant. S’il y a sincérité, elle est dans la relation courageuse qu’il établit avec son livre, c’est-à-dire avec sa conscience.
30) Tout ce qu’il dit à propos des Essais n’est pas faux, mais dans le sens qu’il donne aux termes « mensonge » et « vérité », qui sont des modalités justifiées de l’être et de sa puissance.
31) Car si l’on s’en tient uniquement, et docilement, à ce qu’il dit de lui-même et de son œuvre, on risque d’être désabusé : il n’existe pas de livre, ni d’individu, de son aveu même, qui ne soient aussi farcis de contradictions, constat qui authentifie sa vérité, plus sûrement que toute démonstration.
32) On s’est souvent arrêté à la nonchalance de Montaigne, et on a trop négligé ce qu’elle supposait de luttes dramatiques, pas toujours victorieuses.
33) La « diversion » est-elle encore fiable dès lors que l’on s’attache volontairement à la mettre en pratique ? Il subsiste toujours un Montaigne rebelle aux effets de l’indifférence totale, un Montaigne, non certes angoissé, mais inquiet et roide, non point à cause d’une trop grande soif de lucidité, mais de cette lucidité même, d’une tension trop aiguë vers la réalisation de l’être.
34) La « lucidité » de Montaigne provient non d’un détachement radical du monde, mais d’une adhésion à sa nature profonde, à sa nécessité, fût-elle à fleur de peau.
35) L’ignorance consiste à concéder de la substance à la perception phénoménale du monde. La docte ignorance est de s’accommoder de cette substance, et d’avoir la sagesse d’en jouir.
Claude Bourrinet
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EUROPA Y ESTADOS UNIDOS UNA ENEMISTAD CRECIENTE
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