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vendredi, 18 septembre 2015

Viatcheslav Avioutskii - De la Géopolitique à la transition

Viatcheslav Avioutskii

De la Géopolitique à la transition

Intervention de Viatcheslav Avioutskii, Expert en Géopolitique, Spécialiste du monde russe

Nicolas Mazzucchi - De la géopolitique à la transition

Nicolas Mazzucchi

De la géopolitique à la transition

Intervention de Nicolas Mazzucchi, Chercheur associé à l'IRIS

L’ennemi dans le cyberespace

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L’ennemi dans le cyberespace

La révélation par Kaspersky il y a quelques jours des capacités d’un groupe de hackers russes nommé Epic Turla, apriori capable de pirater des satellites pour couvrir ses traces a relancé les débats sur la sécurité dans le cyberespace. Que tout, ou presque, était vulnérable dans le cyberespace lui-même, voilà qui n’a rien de nouveau. Toutefois la question d’interagir directement avec des satellites de télécommunication connecte un peu plus le cyber avec les autres sphères stratégiques, dont l’espace extra-atmosphérique fait partie. Les « exploits » des hackers se révèlent sans cesse plus impressionnants, tant par le niveau technique que l’on suppose dans ce cas, comme dans les dégâts occasionnés – à l’exemple de l’affaire Ashley Madison. Au-delà de cette question de qui est capable de quoi, à laquelle on ne peut par essence répondre puisque toute cyberarme ou cyberagression n’est qu’à usage unique – même si des socles communs existent – il revient surtout utile de se poser la question du traitement informationnel qui est fait de ces questions.

A l’occasion de la sortie de Gagner les cyberconflits où, avec F-B. Huyghe et O. Kempf, nous nous sommes interrogés – entre autres – sur la revendication, la dissimulation, les alliances et le poids des cultures stratégiques dans le cyberespace, une analyse s’impose. Tout d’abord les grands médias anglo-saxons comme le Financial Times ou le Washington Post désignent le groupe Epic Turla comme lié au gouvernement russe, ce que se garde bien de faire Kaspersky dans son analyse. En fait ces médias s’appuient sur une étude allemande de 2014 de G Data Software dont l’analyse repose sur des présuppositions uniquement techniques quant au niveau inféré du groupe de hackers. De facto tout groupe russe ayant un niveau de compétence un tant soit peu élevé apparait donc comme lié aux services de renseignement de Moscou. Si cela est fort possible sur le papier, l’analyse par Kaspersky des pays les plus touchés par les attaques d’Epic Turla semblent démontrer le contraire. Ainsi l’entreprise – russe – d’antivirus laisse apparaitre des attaques principalement concentrées sur la Russie, la France, la Biélorussie, les Etats-Unis et le Kazakhstan. Pour un groupe sensément lié au gouvernement russe, il est assez étonnant qu’Epic Turla s’attaque prioritairement à son propre pays ainsi qu’aux alliés économiques et militaires de ce dernier, surtout qu’Epic Turla vise principalement les cibles étatiques et les grandes entreprises…

Ce n’est pas sans rappeler les analyses – dont Fire Eye – qui avaient suivi l’attaque sur TV5 Monde et qui, trouvant des fragments de codes imputables à une origine russe, s’empressaient de pointer du doigt Moscou. Là encore la dissimulation derrière le paravent du « cybercalifat » ou l’utilisation de ce groupe se revendiquant de Daesh semble un peu étonnant géopolitiquement. Certes la culture stratégique russe, au travers de la pratique de la maskirovka, nous a habitués à des surprises foudroyantes et des inflexions byzantines. Toutefois encore il faut se demander si à vouloir chercher des signaux faibles partout on ne finit pas par en inventer ; célèbre biais de l’analyste bien connu depuis les travaux de Heuer.

Au fond cette volonté de voir des groupes de hackers russes au service du pouvoir poutinien agir partout sur la planète contre les intérêts des ennemis de Moscou, n’est pas sans rappeler la désignation systématique du gouvernement chinois comme commanditaire des cyberattaques lancées contre les Etats-Unis depuis le début des années 2000. La désignation de Pékin comme grand ordonnateur des actions, principalement d’espionnage, contre Lockheed-Martin, le Department of Defense ou d’autres cibles entrepreneuriales et étatiques (attaques Aurora, Titan rain, etc.), a culminé avec la publication du rapport Mandiant en 2013. Le gouvernement chinois, au travers d’une unité militaire nommée 61398, était désigné APT1 pour Advanced Persistent Threat 1, signe de la dangerosité universelle des actions chinoises. Les rapports entre la société Mandiant et le gouvernement américain – le fondateur K. Mandia était auparavant officier de l’US Air Force – ont donné lieu à de nombreux commentaires et interrogations sur la partialité éventuelle de certaines analyse, toujours est-il que la Chine était devenu le croquemitaine du cyberespace.

Or depuis le déclenchement des évènements de Crimée qui ont été la base du net refroidissement des relations entre la Russie et l’Occident, Moscou semble être devenu le nouveau voyou du cyberespace. La Chine est ainsi passée au second plan dans la désignation du « cyber-ennemi » au profit de la Russie. La géopolitique du cyberespace rejoindrait ainsi celle du monde réel ou la question de la désignation de l’ennemi suivrait-elle les velléités du moment ? La deuxième option semble plus probable eu égard à certaines caractéristiques du cyberespace. En effet le principe de non-attribution qui préside, pour le moment, à la cyberstratégie permet de grandes possibilités d’actions, entourant celles-ci d’un véritable brouillard de guerre. Or le principe de non-attribution s’il permet une grande latitude d’action à l’attaquant, lui permettant par exemple de dissimuler son identité réelle, offre aussi de grandes opportunités à l’agressé. Ce dernier peut ainsi, avant la revendication des attaques par l’agresseur, choisir de révéler publiquement les actions malignes dont il a fait l’objet, pointant ainsi ses ennemis. En termes stratégiques l’agressé peut ainsi conserver une certaine forme d’initiative stratégique et orienter les débats dans le sens qui lui est propre, privant son agresseur d’une opportunité de subversion.

Comme dans le domaine de l’économie, la désignation d’un ennemi dans le cyberspace amende les règles de C. Schmitt. Le caractère évasif et dissimulé des cyberagressions permet des jeux géopolitiques complexes avant, pendant mais aussi – et surtout – après l’attaque proprement dite. La désignation de l’ennemi est ainsi devenue une forme de riposte en soi qui permet, selon les opportunités du moment, de mettre en accusation tel ou tel avec, finalement, des répercussions assez limitée. Cela nous rappelle, une fois de plus, que le cyberespace, s’il est indéniablement un espace stratégique technique, est également celui où l’action sur les perceptions est le plus important.

00:05 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, défense, cyberspace | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Limonov : L’autodestruction de l’EUROPE est irréversible

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Limonov : L’autodestruction de l’EUROPE est irréversible

Le processus d’auto-destruction de l’Occident est en route

L’Écrivain et homme politique Edouard Limonov explique en quoi la migration actuelle vers l’Europe et ses conséquences ressemblent au 11 septembre.

*

Après le 11 Septembre 2001, le monde a changé pour le pire.

Nous avons clairement constaté son changement dans les aéroports. Le contrôle des passagers, ressemblant comme deux gouttes aux fouilles pénitentiaires, est devenu routinier. Vous en avez sûrement tous fait l’expérience et je ne vais pas vous expliquer ce que vous savez déjà.

Le monde est devenu globalement moins démocratique. Depuis la tragédie du 11 septembre, La police est bien plus présente et les pratiques totalitaires augmentent. Partout : aux États-Unis, et dans la vieille, mais inconsciente Europe.

Les Etats-Unis, afin de punir quelqu’un pour le crime du 11 septembre, ont envahi l’Afghanistan, qui vivait tranquillement dans sa version plutôt pacifique du Moyen-Age, sous prétexte que l’Afghanistan abritait Ben Laden, et que ce trublion saoudien avait organisé les attaques terroristes de New York. Personnellement, je pense que Ben Laden, le suffisant leader d’Al-Qaida, s’est simplement contenté de s’attribuer le mérite du plus grand acte terroriste de l’histoire.

Nous avons tous vécu ces 14 dernières années dans une ambiance de libertés décroissantes avec des aspects de non-liberté très semblables aux pratiques décrites dans le livre de George Orwell « 1984 » de plus en plus enracinés dans nos vies. Pas encore le fascisme, mais un type particulier de totalitarisme – généré par la peur, bien sûr – mais cela ne rend pas la chose plus facile.

Pour compenser la limitation des libertés politiques des citoyens et la mise en place de pratiques carcérales, l’Europe et les États-Unis se sont mis, de manière suspecte, à insister sur les droits secondaires de l’individu.

Je veux dire que l’engouement général de nos gouvernements européens et étasuniens pour les amours de même sexe, les mariages de même sexe, de leur emballement dégoulinant d’humanité pour les droits des personnes handicapées et l’adoption des enfants malades et étrangers, etc. – la liste est longue – va de pair avec le durcissement de la vie politique dans l’Ouest et l’augmentation des pouvoirs de police.

C’est comme cela que ça s’est passé jusqu’à ces dernières années. 2013, 2014 et 2015 nous ont apporté de nouvelles surprises. Et il y en aura d’autres. L’Europe est confrontée à un choix : soit devenir activement nationaliste avec des aspects nazis et fascistes, soit changer du tout au tout. Le problème de l’invasion de migrants vers l’Europe est le pire défi de l’Europe de toute son histoire.

Quelle est la situation?

En raison de la politique de prédation des Etats-Unis et de l’Europe, le système étatique de plusieurs pays importants s’est désagrégé. L’Afghanistan, l’Irak, la Libye – et pour finir la Syrie – ont été attaqués par l’Occident. Les guerres soi-disant pour les «droits humains», les conflits armés menés par l’Occident, étaient et restent des agressions, seulement recouverts de l’habillage moderne des droits humains pour dissimuler leur essence cannibale. L’Afrique est déstabilisée, directement ou indirectement, les affrontements entre les «bons» et les «mauvais» qui font rage dans plusieurs pays africains – le Mali, en est l’exemple le plus flagrant – ont aussi détruit leurs systèmes étatiques.

L’Ukraine a détruit son Etat apparemment toute seule, mais n’y a-t-elle pas été encouragée par les Américains, les Polonais, les Néerlandais, les Allemands, les Finlandais, les Français, les Baltes, qui sont venus parler aux Ukrainiens sur  le Maïdan? Et donc il faut ajouter l’Ukraine aux nombreux états détruits. Les Européens et les Yankees ont monté systématiquement le Maidan contre la Russie. C’est intéressant de constater que  bien que la Russie ne soit plus un pays communiste, ni soviétique, ils continuent de nous haïr avec la même violence. Il est donc clair maintenant, du moins je l’espère, que l’anti-communisme et l’anti-soviétisme ne servaient qu’à camoufler leur russophobie.

Et maintenant les peuples et les tribus fuient leurs pays dévastés.

Pour aller où?

Les côtes américaines sont loin, les bateaux fragiles ne peuvent pas traverser l’océan.

Et l’île italienne de Lampedusa n’est qu’à quelques encablures de la côte ravagée de la Libye. Et la Grèce est proche.

ISIS a beau être riche, terrifiant et rusé, il n’a pas les moyens d’organiser l’exode d’un nombre incalculable de réfugiés. Je ne crois pas un seul instant que  ces démons de l’enfer aient envoyé des centaines de milliers de réfugiés vers l’Europe. Ce n’est pas ISIS.

La plupart de ceux qui déferlent sur l’Europe sont des hommes jeunes parce que les hommes ont plus de force que les femmes et les enfants, ils peuvent surmonter les difficultés et les souffrances d’un voyage par-delà trois mers vers le cœur de la riche Europe – la riche Allemagne.

Qui fuit la guerre, qui fuit la ruine et la pauvreté, qui fuit les conséquences de la guerre ? Il est difficile de faire le tri. Et même le plus grand professeur à la Sorbonne n’en est pas capable. Car les trois sont vrais.

C’est vous, Européens et Américains, qui avez donné un coup de pied dans la fourmilière, alors de quoi vous plaignez-vous ? Tout cela est votre faute! Pour que les migrants n’affluent pas chez vous, il faudrait rendre leurs conditions d’accueil insupportables. Mais vous ne le ferez pas. Pas parce que vous êtes bons, vous n’êtes pas bons, mais parce qu’il est important pour vous de donner une bonne image, une image humanitaire, après vous être lavés les mains dans le sang des citoyens des Etats qui vous avez mis en pièces.

Comme le 11 septembre 2001, les migrants (les images de la gare à Budapest sont frappantes et fortes, parce que c’est le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique qu’on voit sur les photos et les vidéos, pas l’Europe) vont tellement changer le monde qu’on ne le reconnaîtra plus. Ils le changent déjà.

De deux choses l’une, soit en fin de compte les gens auront, en Europe, une autre religion, des yeux noirs et la peau sombre. Cela n’a rien à voir avec le racisme, (au cas où on serait tenté de m’en accuser), mais les citoyens de l’Allemagne ressembleront aux citoyens du Moyen-Orient. Soit on aura des Etats fascistes et racistes, retranchés derrière des barbelés, des murs et des mitrailleuses. Il n’y a pas de troisième solution.

Je viens d’apprendre qu’en Russie il y a 2,5 millions de réfugiés venus d’Ukraine (ou plutôt, 2 503 680 personnes), mais on ne peut pas les  distinguer des Russes. Donc, l’assimilation ne nous menace pas. Nous aurons les mêmes yeux, la même peau, la même religion. Les Ukrainiens n’auront pas de problème pour s’intégrer. Nous sommes dans une meilleure situation que la malheureuse Europe, vouée à perdre la forme qui a été la sienne pendant un demi-millénaire.

Cela me fait de la peine. Je préfère garder la vieille Europe. Mais puisqu’il semble qu’on n’ait pas le choix et que de toute façon l’Europe est hostile à la Russie, eh bien qu’elle disparaisse !

Le processus d’auto-destruction de l’Occident est déjà irréversible. Comme disait Gorbatchev : « Le processus est en route ».

Nous avons assisté à l’auto-destruction de l’URSS. Maintenant, c’est le tour de l’Europe. Chacun à sa manière.

 Edouard Limonov | 12.09.2015

*Edouard Limonov, est un auteur et un homme politique. Il est le leader du parti « L’Autre Russie ».

Article original: http://fortruss.blogspot.fr/2015/09/eduard-limonov-europes-self-destruction.html

Traduit du russe par Kristina Rus et de l’anglais par Dominique Muselet

Source: http://arretsurinfo.ch/limonov-lautodestruction-de-leurope-est-irreversible/

jeudi, 17 septembre 2015

Michel Onfray : « L’Occident attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme »

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Michel Onfray : « L’Occident attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme »

L’Europe, la guerre, le terrorisme, la crise migratoire, autant de questions auxquelles le philosophe a accepté de répondre.

Michel Onfray est docteur en philosophie. Il a publié une soixantaine d’ouvrages dont Traité d’athéologie : Physique de la métaphysique, Le Crépuscule d’une idole, Contre-histoire de la philosophie. Ses derniers ouvrages parus : Avant le silence. Haïkus d’une année, Galilée, 2014. Bestiaire nietzschéen. Les Animaux philosophiques, Galilée, 2014. Cosmos, Flammarion, 2015

On ne présente plus Michel Onfray, philosophe que l’on dit iconoclaste, grand pourfendeur devant l’Eternel (ou ce qui lui tient d’éternité) des conformismes et autres tables de lois. Il revient pour RT France sur les sujets qui ont, ces derniers temps, vrillé l’actualité.

RT France : Comment jugez-vous la façon qu’a l’Europe de traiter de cette crise migratoire ? 

Michel Onfray (M.O.) : L’Europe n’existe pas, sauf par sa monnaie unique. On voit bien dans cette affaire combien elle est impuissante, nulle, désarticulée. Elle bricole, ne parle pas d’une seule voix, elle improvise. C’est pitoyable.

RT France : Quand vous dites «BHL fait partie des gens qui ont rendu possible cet enfant mort», que vouliez-vous dire par là ? Qui sont «les  autres gens» ?

M.O. : Que tous ceux qui ont justifié les guerres contre l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Mali et autres pays musulmans sont responsables et coupables. Ils ont légitimé le bombardement de milliers de personnes sur place. Que la communauté musulmane soit en colère contre l’Occident me parait tout à fait légitime. L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant. Quel irakien menaçait la France en 1991 ? Saddam Hussein finançait même la campagne d’un président.

L’Occident attaque prétendument pour se protéger du terrorisme, mais il crée le terrorisme en attaquant.

RT France : Depuis la publication de la photo du petit enfant, les opinions publiques européennes semblent opérer une volte-face sur cette question, comment l’expliquez-vous ? Qu’est-ce que cela dit de nos opinions publiques ?

M.O. : Les médias ont transformé le peuple qui pensait en populace qui ne pense pas et ne réagit plus qu’à l’émotion, au pathos, à la passion. L’image d’un enfant mort interdit de penser : elle arrache immédiatement la pitié. La pitié empêche de penser. La preuve : ceux qui ont rendu possible cette mort en détruisant les pays bombardés vont répondre en bombardant plus encore.

RT France: Pourquoi cette crise migratoire semble-t-elle être traitée politiquement et médiatiquement «hors-sol», comme si elle n’avait pas de causes géopolitiques précises?

M.O. : Parce que le personnel politique est fait de gens médiocres qui n’ont aucune vision d’avenir pour le pays, aucun sens de l’histoire et qu’il n’écoute plus que les communicants qui leur donnent des recettes pour être élus ou réélus. La question n’est plus : «qu’est-ce qui est bon pour la France ?», mais «qu’est-ce qui va permettre ma réélection ?». La guerre, on le sait, hélas, booste les cotes de ceux qui les déclenchent. La testostérone fait plus en la matière que la matière grise. 

RT France : François Hollande a annoncé des frappes aériennes sur la Syrie que vous avez aussitôt vivement condamnées. Pourquoi ?

M.O : Bombarder des combattants de l’Etat Islamique suppose tuer des victimes civiles innocentes, les uns vivant chez les autres, et que ça n’empêchera pas un islamiste radical vivant en France de passer à l’acte. Au contraire !

RT France : Jacques Sapir a lancé l’idée d’un mouvement rassemblant tous les souverainistes, allant même jusqu’à une alliance avec le FN. Vous avez estimé que «l’idée est bonne (…) de fédérer les souverainistes des deux bords». Pourquoi ?

M.O. : Les souverainistes sont majoritaires dans l’opinion mais inexistants parce que répartis dans des partis très hétérogènes qui comptent pour rien dans la représentation nationale. Mais jamais un électeur de Mélenchon ne soutiendra une thèse de Marine Le Pen et vice versa. Seul un tiers au-dessus des partis pourrait fédérer ces souverainistes de droite et de gauche.

RT France : Cette proposition de Sapir ne traduit-elle pas une recomposition des lignes politiques dont le pivot (ou l’axe) ne serait plus l’économie mais le rapport à l’Europe ? Comment voyez-vous cette recomposition politique du paysage français ?

M.O. : L’idée est juste, mais elle n’aboutira pas. Les souverainistes sont représentés par des politiciens qui n’ont en tête que leur ego, leur trajectoire personnel, leur narcissisme. Aucun ne sera capable de jouer la fédération sous la bannière d’un tiers en s’effaçant. Entre la France et eux, ils ne choisiront pas la France.

Syrien – von den kolonialen Interessen Grossbritanniens und Frankreichs, zur Sicherung von Rohstoffen für die USA

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Syrien – von den kolonialen Interessen Grossbritanniens und Frankreichs, zur Sicherung von Rohstoffen für die USA

Interview mit Karin Leukefeld*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

In den Medien ist bereits von einer neuzeitlichen Völkerwanderung die Rede. Und auch über die Verantwortung sogenannter Schlepperbanden für die Flucht womöglich krimineller, mindestens aber heimlich wohlhabender Flüchtlinge wird diskutiert. Die Ursachen des Massenelends der Flüchtigen werden jedoch kaum erforscht. Die Syrien-Korrespondentin Karin Leukefeld berichtet im Interview mit Jens Wernicke von einem Wirtschafts- und Stellvertreterkrieg, der zunehmend zum Exitus des syrischen Staates führe, die Bevölkerung in den Hungertod treibe und bereits 11 Millionen Syrer auf die Flucht getrieben hat.

Frau Leukefeld, Sie sind neben Jürgen Todenhöfer die einzige mir bekannte deutsche Journalistin, die im Mittleren Osten wirklich vor Ort unterwegs ist, mit den Menschen dort spricht und darauf aufbauend dann qualifizierte Analysen, die mehr als nur Stereotype bedienen, produziert. Im Moment kommen Sie gerade von einer Syrien-Reise zurück. Wie ist die Situation vor Ort?

Es kommt darauf an, wo man sich in Syrien aufhält. In der Küstenregion ist es ruhig, manche Syrer, die jetzt in Europa leben, fahren sogar zum Urlaub dorthin, um ihre Familien zu treffen. Allerdings gibt es dort sehr viele Inlandsvertriebene, es ist also überall sehr eng geworden.
In Idlib, einer an die Küstenregion angrenzenden Provinz, herrschen die «Armee der Eroberung» und die al-Nusra-Front, Zehntausende sind geflohen, manche Dörfer werden belagert. In Aleppo ist die Lage schlimm, es herrscht Krieg zwischen den bewaffneten Gruppen und der syrischen Armee. Viele Teile der Stadt sind zerstört, die Strom- und Wasserversorgung bricht immer wieder ein, Lebensmittel sind sehr teuer, wenn sie überhaupt erhältlich sind. Bewaffnete Gruppen feuern Mörsergranaten, Raketen und selbstgebaute Geschosse in Wohngebiete, die syrische Armee feuert zurück.


Östlich von Aleppo gibt es Gebiete, die von Kurden kontrolliert werden, andere von dem selbsternannten «Islamischen Staat im Irak und in der Levante» (IS). Dort ist es extrem unsicher, die Fronten wechseln täglich, die syrische Luftwaffe und die von den USA geführte «Anti-IS-Allianz» fliegen Luftangriffe. Neuerdings fliegt auch die türkische Luftwaffe Angriffe. Im Nordirak greift sie Stellungen der Arbeiterpartei Kurdistans (PKK) an. Im Norden Syriens greift sie die von den syrischen Kurden kontrollierten Gebiete an. Der Einsatz läuft unter dem Motto «Kampf gegen den ‹Islamischen Staat›». Die USA wollen mit der Türkei nördlich von Aleppo eine «Schutzzone» durchsetzen. Das ist eine militärische Massnahme innerhalb Syriens, die der Genehmigung des UN-Sicherheitsrates bedarf. Die gibt es nicht, also handelt es sich um den Angriff auf einen souveränen Staat und ist eine Verletzung des Völkerrechts.
Die besiedelten Gebiete der zentralen Provinz Homs werden weitgehend von der syrischen Regierung und von der Armee kontrolliert. Die Wüstengebiete, die sich im Osten bis an die Grenze zum Irak erstrecken, sind unsicher. Die Lage in Tadmur, der modernen Stadt, die bei Palmyra liegt, ist unklar. Aus dem Kloster Deir Mar Elian, das ich sehr oft besucht habe, wurden Ende Mai der Priester Jacques Mourad und ein weiterer Geistlicher entführt. Von beiden fehlt jede Spur. Inzwischen wurden die Menschen auch aus Qaryatayn und Sadat vom IS vertrieben, viele von ihnen Christen.


Damaskus beherbergt bis zu 7 Millionen Menschen, Inlandsvertriebene aus allen Teilen des Landes. Es ist weitgehend ruhig, Strom und Wasser sind knapp, aus den Vororten um Damaskus, wo die Islamische Front und die al-Nusra-Front Basen haben, wird immer wieder auf die Stadt gefeuert, umgekehrt feuert die syrische Armee auch dorthin.
Sweida, wo die Drusen und Christen leben, ist noch ruhig, ich fahre jedes Mal dorthin, wenn ich in Syrien bin. Deraa ist weiter umkämpft und der Golan, an der Grenze zu Israel, ebenso. Derzeit findet eine grosse Schlacht um Zabadani statt, das liegt an der Grenze zu Libanon. Dort gibt es ein Hauptquartier der bewaffneten Gruppen, die um Damaskus herum agieren. Die syrische Armee und die libanesische Hizbullah, die gemeinsam kämpfen, wollen diese strategisch wichtige Basis der Kampfgruppen zurückerobern.


Das Leben ist teuer, das syrische Pfund hat nur noch ein Fünftel der Kaufkraft von 2010. Viele Menschen haben alles verloren, es wird gebettelt, Fleisch kommt nur noch selten auf den Tisch. Wenn die Leute überhaupt noch einen Tisch haben. Die Arbeitslosigkeit liegt bei über 40 Prozent, Kinder arbeiten, um der Familie zu helfen und gehen nicht mehr in die Schule. Die Hälfte der 500 000 syrischen Palästinenser ist geflohen, weil ihre Lager, die eigentlich Städte waren, zerstört sind.


Die wirtschaftlichen Zentren Syriens – die um Aleppo, Homs und Damaskus angesiedelt waren – sind weitgehend zerstört. Syrien hatte eine eigene Pharmaindustrie, eine hervorragende Textilindustrie, eine Lebensmittelindustrie und grosse Getreidereserven: Alles ist zerstört, geplündert und in die Türkei verkauft. Die bescheidenen Ölvorkommen im Osten des Landes werden von Kampfgruppen kontrolliert, das Öl ausser Landes geschmuggelt und dort oder auch im Land verkauft, selbst an die Regierung.


Inzwischen sind viele Ölförderanlagen von der Anti-IS-Allianz bombardiert worden. Und dann die archäologischen Stätten in Syrien, die bis zu 10 000 Jahre vor die christliche Zeitrechnung zurückdatieren – von Kämpfern besetzt und belagert, geplündert, zerstört.


Die Lage ist hart, das Elend gross. Besonders für die Syrer auf der Flucht. 4 Millionen von ihnen sind in Nachbarstaaten geflohen, weitere 7 sind innerhalb Syriens auf der Flucht.
Die Perfidie ist, dass diese Fluchtbewegungen politisch instrumentalisiert werden. Der innersyrische Konflikt wurde zu einem regionalen und schliesslich zu einem internationalen Stellvertreterkrieg ausgeweitet. Dort, wo Menschen flohen, zogen bewaffnete Gruppen ein, die bis heute regional und international unterstützt werden. Und dann hiess es, die syrische Regierung hat keine Kontrolle mehr und ist ohnehin die «Wurzel von allem Bösen» in Syrien, wie es gerade erst wieder ein Sprecher des US-Aussenministeriums erklärte. Syrien wird zu einem «failed state» erklärt, in den man humanitär und militärisch eingreifen kann.

Und diese Armut, dieses Elend, das Sie beschreiben und vor dem die Leute fliehen: Wo kommen die her, woraus resultieren die? Und wie meinen Sie das mit dem Stellvertreterkrieg? Bitte führen Sie das doch kurz aus …

Syrien ist ein Entwicklungsland. Es war 2010 auf dem aufsteigenden Ast und sollte 2015, also in diesem Jahr, die fünftstärkste Wirtschaftsmacht der arabischen Welt sein.
Heute liegt Syrien knapp vor Somalia. Die durch den Krieg entstandene Wirtschaftskrise wird durch die Wirtschaftssanktionen der EU noch verschärft. Was wir hier beobachten, ist auch ein Wirtschaftskrieg gegen ein aufstrebendes Land.


Die Wirtschaftssanktionen der EU begannen bereits Ende 2011 und betrafen den Öl- und Gashandel sowie den Finanzsektor. Die syrische Fluggesellschaft durfte europäische Flughäfen nicht mehr anfliegen, alle bilateralen Projekte wurden gestoppt, das Personal abgezogen, Syrien wurde isoliert. Anfangs konnten der Staat und die Bevölkerung Mängel aus eigenen Ressourcen überbrücken, doch die waren eines Tages aufgebraucht. Der Staat erhielt finanzielle Unterstützung und nahm bei Iran Kredite auf. Damit konnten Verluste aus der Ölindustrie verringert werden, Öl und Gas konnten an die Bevölkerung, an die noch funktionierende Industrie und die Armee geliefert werden. Doch die nationale Ökonomie wurde dem Krieg untergeordnet, es entstand eine Kriegsökonomie.

 

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Offiziell will die EU mit ihren Wirtschaftssanktionen die politische und militärische Führung Syriens unter Druck setzen, dass sie nachgeben und zurücktreten soll. Das ist nicht geschehen. Statt dessen wurde die Gesellschaft bestraft, ihre mühsam aufgebaute Existenzgrundlage zerstört. Geld konnten fortan diejenigen verdienen, die vom Krieg profitierten: Milizen, Schmuggler, Schwarzmarkthändler.


Jenseits der Sanktionspolitik wurde die Wirtschaft Syriens auch gezielt materiell zerstört. Am besten war das in Aleppo und in Damaskus zu sehen. Im Sommer 2012 gab es einen koordinierten Angriff, der eigentlich zum Sturz der syrischen Führung führen sollte. In Damaskus wurden bei einem Anschlag im Nationalen Sicherheitsrat vier hochrangige Militärs und Geheimdienstler getötet. Unmittelbar darauf folgten Angriffe auf Aleppo und Damaskus. Ausgeführt wurden diese Angriffswellen von Kämpfern, die aus Homs abgezogen worden waren, nachdem der Kampf um Baba Amr sich zugunsten der Streitkräfte entschieden hatte. Diese Kämpfer hatten sich im Umland der beiden grossen Städte gesammelt, wo sie von lokalen Kräften unterstützt wurden. Der Umsturz gelang nicht, sowohl die Aleppiner als auch die Damaszener weigerten sich, den Kampfgruppen die Tore in ihre Städte zu öffnen. Als Reaktion auf diese Weigerung wurden die Industriegebiete um Aleppo und um Damaskus zerstört, geplündert und zu Stützpunkten für weitere Angriffe auf die beiden Städte gemacht.
Und dass es sich hier um einen Stellvertreterkrieg handelt, wird klar, wenn man versteht, dass der sogenannte Islamische Staat, der vor Ort «Daish» genannt wird, anders als in unseren Leitmedien gern verbreitet, alles andere als aus dem Nichts aufgetaucht ist. Regionale und internationale Sponsoren stehen hinter ihm, so dass er offenbar über unerschöpfliche finanzielle Ressourcen verfügt.


Diese Sponsoren benutzen die Kämpfer, um die Nationalstaaten zu zerstören, die vor 100 Jahren in der Levante gegen den Willen der damaligen Bevölkerung geformt worden waren. Damals ging es um die kolonialen Interessen von Grossbritannien und Frankreich, heute geht es um die Sicherung von Rohstoffen für die von den USA angeführte westliche Welt. Der Zorn der Golf-Staaten auf die unabhängige Politik, die in Syrien verteidigt wird, schlägt sich nieder in der Bewaffnung und Ausbildung von irregulären Kampfgruppen, die von «Daish» dominiert werden. Der gesellschaftliche Boden, der sie nährt, ist Armut.

Haben Sie für derlei «Spirale in die Armut», um die es ja offenkundig geht, vielleicht ein konkretes Beispiel parat?

Nehmen wir einen Betrieb, der medizinische Einrichtungen für Praxen und Kliniken verkauft. Bisher hat der Betrieb die Einrichtungen aus Deutschland bezogen. Auf Grund der EU-Sanktionen konnte nichts gekauft und nichts mehr geliefert werden. Und in einem anderen Land zu kaufen, war schwierig für den Betrieb, weil sämtliche Geldgeschäfte unterbrochen waren. Die syrische Zentralbank steht unter Sanktionen, niemand darf mit ihr Geschäfte machen. Um das zu umgehen, liefert nun beispielsweise die deutsche Firma die Produkte an ein Unternehmen in Libanon, das sie dann an die syrische Firma weiterverkauft. Libanon ist an die EU-Sanktionen nicht gebunden. Der Warentransfer wird so extrem teuer.


Ein anderes Beispiel ist, dass Eltern, deren Kinder im Ausland studieren, ihnen kein Geld mehr schicken können, weil mit den syrischen Banken keine Geschäfte gemacht werden dürfen. Das gleiche gilt übrigens auch für Stipendien der syrischen Regierung für Studierende im Ausland. Oder Medikamente: Bisher waren sie sehr billig, weil sie in Syrien produziert wurden. Die Pharmaindustrie ist weitgehend zerstört, also werden Medikamente aus Libanon eingeführt oder aus der Türkei geschmuggelt – das treibt den Preis in schwindelnde Höhen.

Und die Interessen im Hintergrund dieses Konfliktes – von welchen Kräften sprechen wir hier? Wen meinen Sie, wenn Sie «Sponsoren» sagen?

Sponsoren sind diejenigen, die die bewaffneten Gruppen gegen die syrische Regierung und Armee unterstützen. Russland und Iran, die die syrische Regierung stützen, sind deren Alliierte oder Bündnispartner, weil sie mit dem syrischen Staat durch völkerrechtlich bindende Verträge verbunden sind. Die Regionalstaaten die Türkei, Saudi-Arabien und Katar sind eher «Sponsoren», weil sie Gruppen für eigene Zwecke benutzen, sie aber auch, wenn es opportun ist, wieder fallen lassen können. Das gilt auch für die Sponsoren unter den europäischen Staaten, aus Australien und aus den USA.


Von dem Chaos, das sich über den Irak und Syrien ausbreitet, profitieren vor allem die Golf-Staaten, die Türkei und die USA. Nicht die Bevölkerung natürlich, sondern politische und industrielle Eliten, allen voran die Rüstungsindustrie. Die arabische Halbinsel ist in den letzten 5 Jahren zu einem riesigen Waffenlager aufgerüstet worden. Westliche Militärs, staatliche und private, bilden Kämpfer aus, bewaffnen sie und schicken sie in den Krieg. Die USA liefern Rüstungsgüter in Milliardenhöhe an die Golf-Staaten ebenso wie an Israel. Deutschland bewaffnet die nord­irakischen kurdischen Peschmerga und bildet sie aus, und die Türkei profitiert als Nato-Land von ihrer Frontstellung zu Syrien und zum Irak. Natürlich wird Syrien von Russ­land und Iran militärisch unterstützt, aber das geschieht, wie gesagt, auf der Basis von bilateralen Verträgen.


Übrigens haben in keinem der vom «arabischen Frühling» betroffenen Länder die Protestbewegungen der jungen, aufgeklärten und modernen Jugend überlebt, nirgends! In Tunesien, Ägypten und Syrien wird das Geschehen vom politischen Islam bestimmt, ob als Kampf- oder Oppositionsgruppe.

Relevant ist bei alldem aber sicher doch auch der religiöse Fanatismus der Menschen vor Ort, der dazu beiträgt, dass es sozusagen regelrechte «Religionskriege» gibt …

Die Syrer waren nie religiöse Fanatiker! Lediglich die Muslim-Bruderschaft, die den ­politischen Islam propagiert, genauer gesagt, ein Flügel in der syrischen Muslim-Bruderschaft versuchte Ende der 1970er Jahre den Aufstand gegen die Baath-Partei, die einen säkularen Staat durchgesetzt hatte. Dieser Aufstand endete 1982 mit dem Massaker von Hama. Tausende starben beim Luftangriff der syrischen Armee, Tausende verschwanden ganz oder in Gefängnissen. Wer konnte, floh, die Muslim-Bruderschaft wurde bei Todesstrafe verboten.
Das wirkt natürlich nach, und viele junge Leute, die sich heute bei islamistischen Kampfverbänden verdingt haben, erinnern an Hama, wenn man sie fragt, warum sie kämpfen. Ein junger Mann, der allerdings friedlich demonstrierte, erzählte mir 2011, als alles begann, dass sein Onkel in Hama verschwunden sei und die ganze Familie deswegen die Opposition unterstütze. Allerdings muss man auch daran erinnern, dass der Damaskus-Flügel der Muslim-Bruderschaft damals, in den 1970er Jahren, gegen den bewaffneten Aufstand war.


Die Rolle der Muslim-Bruderschaft bei der Entstehung des radikalen politischen Islam darf dennoch nicht unterschätzt werden. Auch die Regierungspartei AKP in der Türkei ist eine Schwesterpartei der Muslim-Bruderschaft, und eine Umfrage hat ergeben, dass mehr als 10 Prozent der türkischen Bevölkerung den «Islamischen Staat im Irak und in der Levante» nicht als terroristische Organisation oder als Gefahr ansehen, sondern für legitim halten und unterstützen. Das ist nur möglich, weil die türkische Regierung selber eine Linie des politischen Islam verfolgt. In einem säkularen Staat wäre so etwas nicht denkbar.
Doch zurück zu Syrien. Es gab viele ­politische Konflikte, aber kulturell und religiös war Syrien immer ein sehr tolerantes und offenes Land. Auch diese Toleranz soll jetzt zerstört werden. Das kommt allerdings nicht «von unten» oder «aus dem Wesen der Menschen» vor Ort – das ist Folge der geopolitischen Interessen und strategischen Auseinandersetzungen.

Die Leute fliehen und leiden also, weil der sogenannte Westen ihre Heimat mit Krieg überzieht und wirtschaftlich in die Knie zwingt? Böse Schlepperbanden, über die wir medial viel hören, sind also nicht das Hauptproblem, auf Grund dessen inzwischen 11 Millionen Syrer auf der Flucht sind?

Die Schlepperbanden sind die Folge einer völlig falschen Politik im Mittleren Osten, nicht die Ursache. Diese Schlepperbanden sind integraler Teil der Kriegswirtschaft. Ohne Krieg hätten sie gar kein Geschäft. Sie benutzen die gleichen Wege, über die Waffen, Munition, Ausrüstung, Satellitentelefone und Kämpfer ebenso geschmuggelt werden wie Drogen und andere Dinge, die für den Krieg in Syrien gebraucht werden.


Die Flüchtlinge begegnen auf diesen Schmuggelpfaden den Kämpfern, die Organisatoren sind die gleichen. Das Büro der Vereinten Nationen für Drogen- und Verbrechensbekämpfung hat über diese Schmuggelpfade einen ausführlichen Bericht vorgelegt.
Solange sich mit Krieg und dem Leid betroffener Menschen viel Geld verdienen lässt, wird sich wohl auch nichts daran ändern.

Wie kommt es, das in unseren Medien hierüber kaum überhaupt und wenn dann in aller Regel vollkommen undifferenziert berichtet wird?

Diese Fragen muss man den grossen, den sogenannten Leitmedien stellen. Sie sollen das Denken und die Wahrnehmung der Bevölkerung leiten, anleiten und «einordnen», wie es neuerdings heisst. Für mich heisst das so viel wie: Sie geben vor, in welche Richtung zu denken und ein Konflikt «einzuordnen» ist. Mit der Realität in den Konfliktregionen hat das wenig zu tun, zumal viele Kollegen gar nicht dort, sondern in der Stadt eines Nachbarlandes oder auch im Heimatstudio eines Senders sind. Ein Pendant zu dieser Darstellung wäre eine Berichterstattung, die über kriegerische Optionen und Entwicklungen zwar berichtet, die nichtbewaffneten und politischen Vorschlägen, Initiativen und Entwicklungen aber mindestens ebenso viel, wenn nicht mehr Raum einräumen würde.

 

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Was müsste Ihrer Einschätzung nach geschehen, damit in Syrien wieder Frieden möglich wird? Und: Gibt es etwas, das wir, die deutsche Bevölkerung, tun können, um zu unterstützen und zu helfen gegen das Elend vor Ort?

Die USA und Russland müssen sich auf ein gemeinsames Vorgehen zu Stabilisierung Syriens und des Iraks einigen und die syrische Regierung und Streitkräfte ebenso wie die Regierung und Armee des Iraks einbeziehen. Vorbedingungen – wie «Assad hat keine Zukunft in Syrien» – haben zu unterbleiben. Die syrischen Akteure müssen dabei unterstützt und nicht davon abgehalten werden, sich an einen Tisch zu setzen. Einflussnahme im eigenen Interesse hat zu unterbleiben. Die Türkei muss – von der Nato oder bilateral von einzelnen Nato-Staaten – dazu gezwungen werden, ihre Unterstützung für den sogenannten Islamischen Staat einzustellen. Falls sie das nicht tut, muss die Türkei militärisch sanktioniert werden. Und die Heimatländer der internationalen Dschihadisten müssen die Ausreise islamistischer Kämpfer oder Unterstützer unterbinden. Dazu gehört in den jeweiligen Staaten auch eine Auseinandersetzung über ein respektvolles Zusammenleben und Chancengleichheit.
Die Bevölkerung muss vor allem den in Deutschland eintreffenden Flüchtlingen zur Seite stehen. Allerdings darf die Bundesregierung, die mit einer falschen Politik zu deren Flucht beigetragen hat, nicht aus der Verantwortung für diese Menschen entlassen werden. Im Bundestag, in den Landesparlamenten, Gewerkschaften, Schulen, Kirchen, in Blogs und politischen Versammlungen – überall muss über die Hintergründe des Krieges in Syrien aufgeklärt werden. Das ist Sache von jeder und jedem, der diesen Krieg beenden will.

Noch ein letztes Wort?

Ja. 70 Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges will ich an das Gedicht von Wolfgang Borchert erinnern: «Dann gibt es nur eins, sag NEIN». In der direkten Nachbarschaft Europas, im östlichen Mittelmeerraum und in Teilen Afrikas finden seit 25 Jahren ununterbrochen Kriege statt, die sich immer mehr ausweiten. Nehmen wir den Israel-Palästina-Konflikt hinzu, haben wir seit 1948 Krieg im Mittleren Osten. Mit der völkerrechtswidrigen Besetzung des Iraks 2003 haben die USA schliesslich «das Tor zur Hölle» geöffnet, vor dem viele bereits damals warnten.


Palästinenser sind seit bald 70 Jahren auf der Flucht oder leben – etwa in Gaza oder der West Bank – wie Gefangene in ihrem eigenen Land. Iraker sind auf der Flucht, jetzt die Syrer. Der Westen befeuert diese Kriege, auch Deutschland, das Waffen liefert und zum Bruch des Völkerrechts schweigt. Die politische Opposition im Bundestag oder im Europaparlament wird ihrer Aufgabe in Sachen Krieg und Frieden nicht gerecht. Und viele Medien agieren wie Kriegstrommler.


Ich vermisse die grosse Friedens- und Antikriegsbewegung, die einst gegen den Irakkrieg noch auf die Strasse ging. Sie muss zusammenstehen und darf sich nicht spalten lassen. Die Friedensbewegung muss gegen diese Kriege auf die Strassen!

Ich bedanke mich für das Gespräch.    •

(Interview Jens Wernike)

Quelle: www.nachdenkseiten.de/?p=27340 vom 27.08.2015

*    Karin Leukefeld, Jahrgang 1954, studierte Ethnologie, Islam- und Politikwissenschaften und ist ausgebildete Buchhändlerin. Organisations- und Öffentlichkeitsarbeit unter anderem beim Bundesverband Bürgerinitiativen Umweltschutz (BBU), Die Grünen (Bundespartei) sowie der Informationsstelle El Salvador. Seit dem Jahr 2000 ist sie als freie Korrespondentin zum Mittleren Osten tätig. Ihre Webseite ist leukefeld.net.

 

mercredi, 16 septembre 2015

L’arme migratoire et la fin des nations

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L’ère des disséminations. L’arme migratoire et la fin des nations

Par Jure George Vujic

Ex: http://www.polemia.com

(qui vient de signer un dernier livre aux éditions Kontre Kulture : Nous n’attendrons plus les barbares/ Culture et résistance au XXIe siecle).

Jure George Vujic est un écrivain franco-croate, avocat et géopoliticien, diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates.

Directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, il contribue aux revues de l’Académie de géopolitique de Paris, à Krisis et à Polémia. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la géopolitique et de la politologie.

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La crise migratoire, le spectacle quotidien et tragique des noyades de masse des migrants, l’hypocrisie et l’incapacité des élites occidentales à prendre des mesures efficaces face à ce problème… Néanmoins, le caractère brutal et massif de ce phénomène migratoire chaotique, qui prend les dimensions d’un exode, devraient inciter à la réflexion et à la prudence sur les causes réelles de l’afflux massif de migrants sur les rives de la Méditerranée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ce sont près de 224.000 réfugiés et migrants qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée entre janvier et juillet de cette année. Les Syriens constituent le groupe le plus important parmi ces arrivants (34%), suivis des Erythréens (12%), des Afghans (11%), des Nigérians (5%) et des Somaliens (4%). On estime qu’entre un demi-million et un million de migrants tenteront de rejoindre cette année les côtes européennes. Bien sûr, on ne peut que compatir avec les réfugiés syriens et libyens qui ont été chassés de leur foyer par l’intervention militaire des forces atlantistes en Libye et la volonté de renverser le régime de Bachar el-Assad en Syrie.

Néanmoins, face à cet exode, il convient de réfléchir sur le rȏle déstabilisateur et déstructurant de l’arme migratoire, qui pour la « Vieille Europe » pourrait signifier à long terme la transposition pure et simple sur son sol de la géopolitique étatsunienne de balkanisation et de fragmentation ethno-confessionnelle qui est en œuvre au Moyen-Orient, politique qui a généré une situation chaotique dans laquelle a vu le jour le pseudo-califat de l’Etat Islamique soutenu par les alliés occidentaux, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

La bombe démographique avec un taux de natalité exponentiel que représenterait la quantité massive des flux migratoires d’immigrées de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb pourrait bien à long terme « libaniser » les Etats européens, lesquels seraient confrontrés à une communautarisation, voire une ghettoïsation accrue, des populations allogènes, créant les conditions favorables à l’éclatement de potentielles véritables guerres inter-ethniques. Une Europe-continent affaiblie de l’intérieur et en déstabilisation permanente se devrait de supprimer ses frontières et les derniers soubresauts de souveraineté économique et politique, ce qui faciliterait l’installation du nouveau TAFTA, grand marché transatlantique, alors que les grandes corporations puiseraient abondamment dans la main-d’œuvre immigrée à bon marché tout fraîchement installée sur le sol européen. La transposition sur le continent européen du scénario du choc de civilisations entre Islam et Occident servirait les intérêts des puissances de l’Argent.

Il va de soi que cette migration massive, quand bien même fût-elle contrôlée, changera indubitablement à long terme la structure ethnique et démographique de la Vieille Europe qui semble incapable de résoudre et d’assainir les problèmes déjà existants d’absorption et d’intégration culturelle et sociale des populations extra-européennes qui résultent des flux migratoires précédents des années 1980 et 1990.

Il ne faut pas oublier que la démographie est une donnée constante de même qu’une arme redoutable dans les conflits contemporains. En effet, même si ses conséquences se font, pour la plupart, à long terme, elle ne peut être négligée d’un point de vue méthodologique, dans la mesure où elle est désormais une nouvelle arme utilisée dans les tensions géopolitiques mondiales : « La structure démographique – densité de population, masse, composition par âge et par sexe, taux d’accroissement – est en effet considérée comme un des paramètres conditionnant la violence collective. » Le même argument est développé par Jean du Verdier dans son ouvrage Le Défi démographique. L’auteur évoque la célèbre déclaration de Boumedienne à l’ONU en 1974, il y a 40 ans : « Un jour, des millions d’hommes quitteront les parties méridionales et pauvres du monde pour faire irruption dans les espaces accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie ».

Bien sûr, l’immigration massive à laquelle on assiste a pour cause non pas seulement la pauvreté et la misère économique, mais la guerre qui avait pour but le démantèlement planifié de la Libye, de l’Irak et de la Syrie, qui s’inscrit donc dans une relation de cause à effet. Comme l’a si bien récemment déclaré Kader A. Abderrahim, chercheur associé à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme : « La crise migratoire est en relation directe avec l’intervention franco-britannique de 2011. On ne peut pas provoquer la guerre et s’étonner ensuite du désordre » (http://francais.rt.com/opinions/5889-libye-crise-migratoire-expert). L’ampleur et la convergence des flux migratoires ainsi que les directions majeures qui s’étendent du sud au nord et d’ouest en est, les axes migratoires Libye/Maghreb-Afrique subsaharienne/Méditerranée méridionale/ Europe/Italie-Grande-Bretagne-France, Afghanistan-Irak-Somalie-Turquie/ Europe de l’Est-Roumanie-Bulgarie-Hongrie-Serbie-Allemagne ressemblent plus à un déplacement de populations qu’à des flux migratoires discontinus classiques.

Il ne faut pas oublier que les instances internationales et les centres financiers et économiques de décision mondialistes réfléchissent uniquement en termes quantitatifs, en chiffres et en valeurs ajoutées ; la démographie, la structure des populations, de même que les identités et les différences culturelles ne sont pensées et traitées qu’en termes économiques et doivent servir les impératifs et la dynamique dé-régulatrice du marché mondial unifié. Ainsi il faut rappeler que l’ONU parle ouvertement de migrations de remplacement. C’est ainsi que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un rapport intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ?. Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

Post-nationalité et « Dissémi-Nation » migratoire

Et pourtant, tout porte à croire – et en dépit de l’échec des politiques intégrationnistes, du modèle de la multiculturalité – que depuis des décennies on a conditionné les esprits et préparé l’opinion publique européenne à penser en termes de post-nationalité, de gestion migratoire et de catastrophe migratoire humanitaire, d’hybridation migratoire culturelle et identitaire. Ce discours post-national est aujourd’hui réactivé à des fins géopolitiques et d’ingénierie sociale, puisant ses sources dans le discours post-colonial classique cher à Frantz Fanon et à Edward Said, qui s’est s’attaqué dans les années 1960-1970 aux modes de perception et aux représentations dont les colonisés ont été l’objet. En effet, sous l’influence de la pensée post-structuraliste, néomarxiste et déconstructiviste, dont les chantres les plus connus sont Foucault, Derrida et Deleuze (la fameuse théorie française qui, sous l’appellation de French theory, influencera considérablement les élites universitaires américaines, par le biais des cultural studies et les subaltern studies), les élites atlantistes mondialistes en Europe ont participé en grande mesure à la légitimation du discours post-national et pro-migratoire.

La mode ambiante de la post-nationalité, l’apologie des vertus bénéfiques des brassages et des hybridations culturelles ont profondément modifié dans le mental occidental le rapport et la perception du rȏle de la frontière, dont la fonction de limite et de séparation a été systématiquement dénigrée, au profit de la conception « frontière contact », lieu d’hybridation et d’échanges et rencontres culturelles. Cet état d’esprit irénique explique les déclarations irresponsables des élites européennes face à la vague migratoire massive, qui puisent, dans le registre droit-de-l’hommien et humanitariste, sur l’impératif d’accueillir en Europe les flots d’immigrés qui traversent le tunnel de la Manche ou piétinent les barrières de protection frontalières. Cette posture, qui oublie trop souvent que la majorité des flux migratoires ont des causes et des motivations essentiellement économiques, sociales et pécuniaires, explique aussi la volonté dominante de discréditer, voire de diaboliser, les propositions de renforcement et de contrȏle aux frontières en fustigeant « l’Europe forteresse », les projets de construction de murs en Hongrie étant taxés de modèles ségrégationnistes.

Le discours globaliste et post-national corroboré par la pensée culpabilisatrice de le post-colonialisme estime que la nation, en tant que référence d’appartenance nationale et historique, serait une entité désuète, une catégorie territoriale inadaptée et historiquement consommée, qui devrait laisser la place à de nouvelles constructions transterritoriales, hybrides et fluides aux contours mal définis. La dissémination et la dispersion migratoires à l’échelle planétaire constitueraient le fer de lance de cette entreprise de liquidation de la nation, en tant qu’entité ethnique et linguistique enracinée, vecteur d’appartenance nationale et historique.

Souvenons nous de l’influence qu’exerça le concept de dissémination de J. Derrida en tant qu’outil de déconstruction sur la pensée postcoloniale de Homi Bhabha dans les années 1990, qui forgera le concept de « Dissémi-Nation », afin de proposer un nouveau lieu global sans frontières qui se cristalliserait et se formerait de manière quasi spontanée par le jeu de la dispersion migratoire. Ce jeu de mots de la « Dissémi-Nation » n’est pas aussi anodin et abstrait qu’on pourrait le croire, et l’on peut légitimement se poser cette question : l’Europe n’est-elle pas en voie de se transformer en « Dissémi-Nation », après qu’on a liquidé et décimé la Nation en tant que cadre de la chose publique et espace du vivre-ensemble citoyen ? La nouvelle Dissémi-Nation serait un condensé d’espaces intermédiaires, qui évoluerait sans frontières précises au gré des migrations de multitudes chaotiques, et qui permettrait une production de nouvelles « altérités », pensée qui influencera de nombreux théoriciens de la post-colonialisme, comme Gayatri Spivak, ainsi que la théorie de la subalternité.

Quand bien même ces extrapolations conceptuelles semblent parfois abstraites et farfelues, on est en droit de se demander si le concept de Dissémi-Nation n’est pas en train de voir le jour, par l’intermédiaire de la liquidation de la souveraineté politique et territoriale de l’Etat ? La prolifération, la dispersion et l’exportation des masses considérables de migrants extra-européens ressemblent bien à un processus de dissémination migratoire, qui à long terme pourrait bien déstructurer et déstabiliser ce qui reste encore des vieilles nations européennes, la dissémination migratoire faisant ainsi le jeu de la stratégie du « Grand Remplacement » évoquée par Renaud Camus. La dissémination migratoire massive serait alors une arme de décimation interne et massive de la nation.

Déconstruction de l’idée de frontière

Il convient de se rappeler que cette conception subjectiviste et culturelle de la frontière-contact est l’héritière d’un courant de pensée marqué par la topophilie. On se souvient que les théoriciens post-marxistes Castoriadis et Harvey voyaient déjà dans le territoire et dans la cartographie symbolique un des champs privilégiés de bataille des identités sociales, culturelles qui devaient supplanter les certitudes traditionnelles sur la territorialité souveraine, marquée le limes romain, et de l’existence d’un esprit des lieux (genius loci propre à un peuple, un groupe ethnique ou national) – opinion longtemps partagée par les géographes ou par des penseurs conservateurs et nationalistes, la nation sublimant le corps mystique républicain cher à Péguy ou la transposition générationnelle de « la terre et les morts » chère à Barrès. Cette effervescence terminologique et conceptuelle se traduira par une prolifération de notions floues telles que : lieu, emplacement, paysage, milieu, région, topographie, limite, frontière ou confins, qui viendront brouiller davantage les notions classiques géographiques et géopolitiques du territoire et de la frontière. L’engouement pour les études culturelles contemporaines en Occident comme en outre-Atlantique (les cultural studies) a abouti à une idôlatrie de la notion de topophilie qui avait été lancée par Gaston Bachelard pour insister sur le vécu subjectif de l’espace et sur les rapports de l’individu aux lieux. Pour Bachelard, les individus établissent des relations signifiantes avec les lieux. (D’après lui, il peut s’agir de saisir les modalités selon lesquelles les êtres humains construisent leurs rapports aux lieux, que ceux-ci soient symboliques ou constitutifs de l’identité – Bachelard 1957). C’est dans la même direction que l’opinion publique en Europe a longtemps été abreuvée par ce même discours cosmopolite globaliste qui imposerait de penser l’Europe, non d’une façon charnelle et différenciée, mais de façon abstraite et constructiviste, en tant que construction intellectuelle : un territoire abstrait conçu, dont certaines régions cartographiques sont volontairement éliminées (comme le remarque bien Hobsbawm, 1997).

La même opération dé-constructiviste et dé-substantialiste a été opérée par les sociologues modernes qui insistent sur le fait que la frontière n’est pas un fait spatial aux conséquences sociologiques, mais, par contre, un fait sociétal qui prend forme dans l’espace, faisant crédit à la thèse de Georg Simmel, selon laquelle les frontières sont le résultat d’un processus psychique de délimitation ayant comme résultat des territoires, des « régions » ou des « pays » – des espaces culturels représentatifs pour un certain groupe social, qui ne se superposent pas nécessairement sur les limites politiques et territoriales acceptées. Bien sûr, tout comme Simmel l’a bien remarqué, il y a à la base un acte de volonté, un rôle moteur des communautés dans la formation des limites et des frontières. Il n’en demeure pas moins qu’à force d’élargir le champ sémantique de la notion de frontière à tout processus de délimitation, voire de dispersion, dans le cas des flux migratoires, on finit par évacuer ce qui est à la base de toute structure spatiale élémentaire, à savoir les frontières en tant que discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, qui agissent, non seulement comme le soulignent Lévi-Strauss et Lassault sur le réel, mais aussi sur le symbolique et l’imaginaire d’une communauté nationale soudée par la même langue, le même sentiment d’appartenance et une certaine symbolique d’un esprit du territoire, que certains banalisent par le vocable le terroir : la patrie.

Des anthropologues, tels que Lévi-Strauss et Georges Dumézil, ont souligné le rôle fondateur du symbolique, qui institue et structure en tant que vecteurs des identités collectives et individuelles, symbolique qui passe par la fonction de délimitation (l’appartenance à une communauté inscrite dans un territoire qui est le sien). L’histoire et les mythes fondateurs qui président à la formation de toute conscience collective et nationale rendent compte de l’importance symbolique de l’acte de « poser une frontière » qui implique toujours un regard collectif sur « L’autre » et sur « soi ». La frontière qui délimite, enferme ou exclut met en mouvement de puissantes marques d’identité qui déterminent des rapports culturels et de voisinage spécifiques avec l’étranger. On se souvient que l’école française des Annales insistait sur l’équation significative frontière/identité. De même que Lucien Febvre avait analysé l’évolution sémantique du mot frontière comme signe d’une mutation de la réalité historique avec la formation de l’Etat-nation (Febvre, 1962), alors que le couple frontière/identité est aussi présent dans les réflexions de Fernand Braudel sur L’Identité de la France. L’approche déconstructiviste et intellectualisante de la frontière, tout comme l’approche culturaliste et post-moderniste de cette notion ont abouti à une survalorisation des projections intellectuelles (idéologiques et symboliques) au détriment du mode identitaire de penser la frontière arbitrairement taxée de « mode discriminatoire » suspect. Or, la fétichisation contemporaine de prétendues nations périphériques, les identités frontalièrers et transfrontalières ont conditionné les mentalités, et surtout les pratiques de projection culturelle telles que la littérature et les arts et la politique, à absolutiser et à ontologiser l’effacement des frontières ; la pensée post-frontalière qui revendique le nomadisme et la nouvelle figure de proue symbolique du migrant rejoint la promotion de la post-nationalité, en tant que dissolution programmée de la nation au nom d’une unification du monde par le marché et la consommation.

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Or, paradoxalement, les discours communautaristes (Chicanos, Afro-Américains, etc.), post-colonialistes, et la théorie de la subalternité (cette théorie a été initiée par le Groupe d’études subalternes – Subaltern Studies Group, SSG – ou Collectif d’études subalternes – Subaltern Studies Collective –, un groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l’étude des sociétés post-coloniales et post-impériales d’Asie du Sud en particulier et du Tiers-Monde en général), qui s’attaquaient à l’impérialisme des élites en renvoyant au contexte hégémonie culturelle au travail du marxiste Antonio Gramsci, sont devenus l’un des leviers du discours d’uniformisation marchande capitaliste qui, pour instaurer et libéraliser le marché mondial, se doit de déconstruire les dernières entraves que constituent les nations, les territoires souverains, les identités enracinées, ainsi que les dernières frontières protectionnistes. La nouvelle narration post-nationale à base de glorification de l’hybridation et de complexification identitaire prône une identité mondiale diasporique et migratoire, qui passe par la construction du sujet Foucaldien par assujettissement aux institutions de contrȏle, aujourd’hui à la mise en pratique de la thématique Deleuzienne de la dissémination des identités fluides et mouvantes, des sujets démultipliés le long des lignes de fuite nomadiques. Ainsi, la théorie de la déconstruction se proposait de promouvoir la désoccidentalisation des esprits et des grands concepts du changement du politique par la déconstruction des certitudes métaphysiques en arrachant tous les signifiants politiques régulatoires et structurants à leur champ de référence et de représentation. Seulement à force de déconstruire et d’arracher, la condition du dominé, du subalterne, devient peu à peu l’instrument de répression et la voie du dominant, le subalterne devenant l’angle mort du processus historique contemporain en tant qu’entreprise généralisée de déracinement.

Dissémination, contagion des idées et nouvelle anthropologie

La dissémination et la contagion des idées ont toujours précédé les grands bouleversements sociaux et politiques. Et c’est la raison pour laquelle la légitimisation des bienfaits de l’immigration massive et du brassage multiculturel s’est opérée par un changement des représentations mentales des populations autochtones et leur rapport vis-à-vis de leur identité et leur rapport avec l’autre, l’étranger. Comme le souligne l’anthropologue Dan Sperber, proche du courant néodarwinien, l’évolution culturelle dans le domaine des idées obéit à une logique de diffusion qui rappelle celle des épidémies. En effet, selon Sperber, les idées et les représentations se disséminent et se répandent par une sorte de contamination, par contagion (le titre de son livre est La Contagion des idées). Ce changement idéel des représentations mentales collectives, qui corrélativement contamine et modifie le champ sociétal, s’articule autour « d’attracteurs culturels » qui sont souvent les porte-parole, les relais de la nouvelle pensée dominante, les diffuseurs de nouveaux pseudo-paradigmes fantasmagoriques tout comme l’idéologie nomadiste. En effet, l’usage métaphorique des sociétés nomades ainsi que l’éloge du déracinement, de l’errance, en vogue dans le monde culturel et des arts, dans les grands médias, les sciences sociales et la philosophie dominante, qui vante les mérites du vagabondage, de l’exil, de l’esprit artiste, du flux, de la pensée ou de la raison nomade, constitue les trames idéologiques de la « nomadologie », fer de lance de cette véritable révolution anthropologique qui devait préparer, sur le terrain des idées et de l’esprit, l’acceptation indolore des grands bouleversements psychologiques, démographiques et ethno-culturels en Europe. Cette nomadologie, bien qu’elle puise ses sources dans l’orientalisme occidental du XIXe siècle, s’affirme depuis les années 1970-1990, c’est-à-dire dans le contexte intellectuel post-soixante-huitard, suite à l’avènement du post-modernisme, de la déconstruction de la raison et de la métaphysique (occidentale) et de l’universalisme-cosmopolitisme triomphant, la mode de l’écologie et la nouvelle philosophie. En effet, la nouvelle narration nomadiste qui devait se substituer à la fin des « grands récits » (les Lumières, les grandes idéologies de la modernité, marxisme, Hegelianisme) et qui devait fournir un modèle alternatif à la pensée dominante, grâce à l’apport d’une anthropologie nomadologique suspecte qui fera l’apologie et la promotion dans le contexte global des sociétés nomades en général, et plus particulièrement des sociétés de chasseurs-collecteurs, est ainsi présentée par Pierre Clastres comme un rempart contre l’Etat (La Société contre l’Etat, 1974) ou par Marshall Sahlins comme la première forme de la « société d’abondance » (M. Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance“, 1976). La pensée libérale-libertaire deviendra un véritable laboratoire d’idées pour cette nouvelle révolution anthropologique par la diffusion de revues telles que Libre dirigée par Marcel Gauchet, des réflexions de Jean Duvignaud, Paul Virilio et Georges Pérec sur la « ville nomade » dans la revue Cause commune de 1972 ou du numéro emblématique de cette même publication consacré au thème des Nomades et Vagabonds (1975). Sans oublier évidemment le livre-phare de la « nomadologie », Mille Plateaux, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui paraît en 1980.

Cette pensée « désirante » et « nomade » sera célébrée plus tard par Chatwin, avec Songs Lives (1986), Kenneth White, avec L’Esprit nomade (1987), Jean Borreil, naguère collaborateur de la revue Les Révoltes logiques dirigée par Jacques Rancière, avec La Raison nomade (1993), ou bien encore Jacques Attali, avec L’Homme nomade (2003), livre dans lequel cette figure est représentée par le marché, la démocratie et la foi. Le même éloge de l’errance se retrouve dans de nombreux mythes et récits bibliques dans lesquels est recyclé le grand mythe, cher au XIXe siècle, du juif errant, sans feu ni lieu (voir Du nomadisme : vagabondages initiatiques, 2006, de Michel Maffesoli, qui est ainsi articulé autour des thèmes du « juif errant », des « villes flottantes » et d’Hermès, tandis que, plus récemment, Le Siècle juif, 2009, de Yuri Slezkine, met en scène l’opposition entre « apolliniens » sédentaires et « mercuriens » nomades fonctionnels).

Il serait inutile de s’étendre sur le caractère fantasque et stéréotypé de cette pensée constructiviste, très souvent déconnectée du réel et des rapports avec les sociétés nomades « réelles », lesquelles n’existent jamais sous la forme de l’errance et de l’isolement. En fait, loin du caractère utopique et purement incantatoire de nomadisme, la diffusion de ces nouvelles formes de représentations sociétales devait servir de levier de déracinement (par les processus d’acculturation/déculturation) et d’uniformisation marchande par la promotion de l’individu comme élément central des sociétés contemporaines pour les besoins du capitalisme tardif en tant qu’acteurs de production totalement flexibles et disponibles, mobiles tout comme le sont les chasseurs-cueilleurs et nomades dans les sociétés primitives. En effet, l’idéologie néo-libérale et le nouveau capitalisme de séduction mis en exergue par Michel Clouscart instrumentalisera avec succès l’anthropologie libertaire des sociétés nomades en transposant sur l’individu et le monde du travail les caractéristiques de sociétés passées et/ou exotiques en y appliquant les nouvelles pratiques « new age » telles que les coach-chamanes, la sophrologie et le « développement personnel ».

La dissémination est le propre de la démarche post-moderne qui dans l’optique Derridienne serait destinée à interrompre et empêcher la totalisation, s’insurgeant contre l’idée de centre et de totalité, préférant le réseau et la dissémination, par l’effacement des repères normatifs et leur remplacement par une logique en apparence fluide mais opératoire. Sur le plan social et politique, la dissémination des processus dissolvants migratoires s’emploie à déconstruire de l’intérieur une société structurée par la verticalité de l’institution politique au profit de l’économique. La dissémination migratoire est le reflet de cette même post-modernité qui se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l’instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l’altérité à soi, où à l’identité-racine fait place l’identité-rhizome, le métissage, la créolisation, tout ce que Scarpetta désigne, dans le champ esthétique, par le concept d’ « impureté ». Les philosophes post-modernes (notamment Foucault et Agamben) qui ont souligné l’importance des relations de pouvoir dans la formation du discours d’une époque sont devenus, sans le savoir et sans vouloir le reconnaître, les allocataires et les propagateurs de cette nouvelle forme de discours dominant et, selon Alex Callinicos, ont « contribué à créer l’atmosphère intellectuelle dans laquelle celle-ci pouvait s’épanouir », voire post-humaine dans laquelle l’arme de la dispersion indifférenciée migratoire a pour but de liquider la réalité nationale, et d’instituer le règne du « sujet sans intériorité ».

Jure George Vujic

Bibliographie

– G. Bachelard, 1957, La Poétique de l’espace, PUF, Paris.
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– Jean-Pierre Renard (dir.), Le Géographe et les frontières, Paris, L’Harmattan, 1997.
– François Géré, Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique, édition Larousse en collaboration avec Courrier International, Paris 2002.
– Jean du Verdier, Le Défi démographique, éditions Muller, note de Polémia : http://www.polemia.com/le-defi-demographique-du-general-jean-du-verdier/
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– Georg Simmel, Über soziale Differenzierung : soziologische und psychologische Untersuchungen, Leipzig, Duncker und Humblot, 1910.
– Lucien Febvre, Pour une histoire à part entière, Sevpen, Paris 1962.
– Michel Foucher, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Fayard, Paris 1986, 1991.
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– Jacques Levy, « Frontière », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, Paris 2003.
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– Lévy J. et Lussault M. (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003.
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– Etienne Balibar, Nous, citoyens d’Europe ? Les frontières, l’Etat, le peuple, La Découverte, Paris 2000.
– J. Gottmann, La Politique des Etats et leur géographie, A. Colin, Paris 1952.
– Eric Hobsbawm, Nations et nationalismes depuis 1780 : programmes, mythe et réalité, Gallimard, 1992.

Correspondance Polémia – 14/09/2015

La eclosión masiva de refugiados hacia Europa

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La eclosión masiva de refugiados hacia Europa: salto cualitativo en el plan supremacista de despoblar Siria

por Tamer Sarkis – Consecuencia perseguida

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

El fenómeno de la partida masiva de refugiados sirios hacia Europa dista mucho de contar entre las consecuencias imprevistas del llamado “conflicto”. Tampoco tiene nada que ver con el tantas veces citado “efecto boomerang” impactando contra un “occidente” que habría sembrado vientos para recoger ahora tempestades. En su gran mayoría -y por rigor semántico- los “refugiados” sirios distan de ser refugiados huyendo de los estragos de una hipotética “guerra civil siria”. Se trata de población arrancada a la fuerza de su país, por la operación mercenaria de unos invasores que han pasado por “rebeldes” y hasta por “revolucionarios” en el lenguaje espectacular de masas. En la Agenda hegemonista estadounidense, tales mercenarios son mucho más: son colonos que, secuestrando para sí selectivamente a mujeres y niños y poniéndoles a servir, a procrear y “aprender” inculcos, arraigan sobre el terreno tomado, llegando a fundar entidades político-administrativas con el tiempo.

La desestructuración/reestructuración sociológica y vaciado demográfico de la tierra siria no es más que un estadio adelantado de aquella particular versión del Nuevo Oriente Medio que arrancaría en 2011 con Hillary-McCain, y cuyo corpus (devorando a sus ideólogos laicistas originales) iría tiñéndose cada vez más de los pigmentos confesionales del judeo-testamentarismo. Tal Weltanschauung (cosmovisión), en agresivo tropel de auto-materialización, imagina una Palestina bíblica integralmente judaizada y, a sus territorios circundantes, los requiere bajo mando de sectas domésticas y serviles; convencidas de la superioridad de los Elegidos en su condición ontológica diferencial como “pueblo de Dios”. En mitad de esta deriva escatológica (definitoria de desenlace resolutivo antesala del Nuevo Orden, o “Paraíso terrenal”), los reinos sirio-amorritas -y más tarde arameos- de Damasco y de Yamhad-Aleppo (Siria actual) son destruidos. Y, como ya lo hubieron sido los cananeos y parcialmente los samaritanos a la irrupción de Josué y sus Tropas nutridas por los persas, las gentes de los reinos (hoy los sirios) son desarraigadas de su tierra “a sangre y fuego” (léase una narrativa de las guerras mesiánicas en Pentateuco, Reyes).

Según su propio libro, “los Elegidos” no alcanzan su sueño de promisión terrena a menos que antes hayan hegemonizado bajo su cetro la vida política de la zona, en una repetición de la mítica cualidad salomónica como Rey de Reyes, a quien habrían rendido pleitesía todas las naciones en el arco del mundo conocido mesopotámico, “desde los faraones al Oeste hasta los elamitas al Este” (Pentateuco, Reyes). Para sellar su hegemonía política sobre una región doblegada, “los Elegidos” necesitan involucrar sin dobleces al “mundo occidental” y a sus sociedades en una operación militar de asentamiento con que proceder a la re-adecuación drástica de los grupos humanos sometidos. Estos quema-tierras por mandato divino saben que el “mundo occidental” no se volcará, dejando a un lado disquisiciones humanitarias y cerrando completamente filas tras el bastión israelí, a menos que ellos consigan re-presentar ideológicamente la zona (y remodelarla verdaderamente) en concepto de paisaje natural de enraizamiento y desarrollo para una vorágine de decapitadores que, habiéndose hecho fuertes, tienen por vocación el aniquilar toda diferencia y en particular cernirse contra “el mundo occidental” a título de nuevos bárbaros. A esta lógica de acuñación paisajística le incordia la persistencia en la zona de una población como la siria, educada en el laicismo y en la convivencia inter-religiosa (matrimonios inclusive) bajo una identidad común nacional más fuerte. A la luz de estas consideraciones se descifra el ahínco de exterminio practicado por los siervos armados del supremacismo sobre los cristianos sirios, iraquíes, libaneses y palestinos, quienes llevan casi cinco años de millonaria corriente migratoria y refugio (sobre todo en Escandinavia y Europa Oriental en menor grado). No en vano, los cristianos árabes y su participación en las sociedades mediorientales silencia en seco la discursividad de monocromía neo-tribal amenazante; espectro que el supremacismo recrea ante las Cortes centrales del Mundo mientras reclama un frente común y tutela regenerativa sobre la península de “territorios comanche”.

La oleada humana actual no es, pues, fruto de irresponsabilidad “occidental” y ni mucho menos de su inconsciencia. Bien al contrario, es el Éxodo profetizado por la irracionalidad Antigua y programado por una racionalidad Moderna disciplinada en servir a Yahweh, con toda su tecnología militar y su ingeniería socio-demográfica puntera. Generado el drama (bien real) e instalado en la consciencia televisiva de la muchedumbre de muy buen corazón, a cada perfil de la red social se le insta a “posicionamiento”. Los mismos que elevan cada vez más alto el alambre espinoso de Melilla, que añaden a éste cortantes cuchillas, que apuntalan las leyes exclusionistas de Europa-fortaleza y que dejan desiertas de salvavidas las costas italianas meridionales, manipulan, para este otro caso, sentimientos colectivos y sensibilidad. ¿No resulta un tanto sospechoso?.

Pues han querido los tiempos que este milenario Progrom en virtud de cuya ejecución Siria vaya dejando de ser Siria y los sirios vayan dejando de serlo, esté configurándose como deportación hacia el Viejo Continente. Alemania demanda hoy mano de obra barata cualificada y semicualificada. Tal vez mañana los llegados sean redistribuidos a lo largo de otros centros imperialistas de la Cadena mundial.

Existen, también, rentabilidades inmediatas de lo más mundano: la proporción de “migrantes” sirios varones jóvenes y de familias con niños resulta elevada. No en vano, son quienes reúnen fuerza suficiente para iniciar el periplo desde el país o desde los campos de refugiados más o menos limítrofes. Así pues, Siria se queda tendencialmente sin brazos que empuñen el fusil en su defensa, tanto como sin Fuerza de Trabajo en una tesitura hipotética de recuperación. De la Fuerza de Trabajo diría Marx que es la Fuerza Productiva más importante, y ella sería, a ojos de Mao Tse-Tung, nada menos que la variable determinante del producto de todas las otras juntas. En otras palabras, y contra riesgo de miopía, estas rentabilidades inmediatas aparentemente seculares caen dentro de esa otra supra-rentabilidad arriba descrita.

La supuesta marcha de los supuestos refugiados de guerra es nada menos que la diáspora con que está borrándose del mapa, en el nivel del registro humano, aquello mismo que el “Estado Islámico” y sus otras bandas antecedentes están borrando del mapa en el nivel del registro material histórico y arqueológico. K.O. a Siria: esto es lo que se dirime en el fondo, mientras el aluvión de estremecedoras imágenes, que no dejan de hacerme llorar por fuera y por dentro, ubican a la opinión pública en el debate de la contradicción sobre fronteras, visados, estancia y hospedaje. Este debate público es el resultado de haber puesto a la gente a mirar al dedo para velar con sombra oscura posibles miradas hacia la luna…, cuando al mismo tiempo, y si se sabe leer, el dedo está señalando hacia la luna. Al interior de esta matriz de discursividad, el horizonte masivo es a lo sumo el buenismo. Y el buenismo no deja de servir a los planes en curso, pues los Amos trasatlánticos ya han mandado a los dirigentes europeos a encajar su deber de acogida.

Estados de todo el Mundo han sumado ya sus iniciativas de acogida: Canadá y Australia (Commonwealth), Chile, Brasil, Urugay, Argentina, etc. A los Estados árabes peninsulares (Qatar, Arabia Saudí, Emiratos Árabes Unidos…) se les ha encargado mantenerse al margen; son geográficamente demasiado próximos a la RAS.

Las Potencias que, por medio de su Terror a sueldo, producen desplazados y por ende producen su amontonamiento, agonía, asfixia, ahogo…, indican luego a sus noticiarios la exposición sin tregua de los ahogados, niños incluidos. Confrontado a la pantalla por los mismos asesinos, el espectador reclamará apertura de puertas. Lo importante es desperdigar a la población precisamente para que deje de serlo, así diluida al viento de los cinco continentes. Aquí aplica con matemática precisión la memorable sentencia que Menahem Beghin pronunciara una vez sobre los palestinos: Los palestinos emigrados querrán volver; los hijos se acomodarán a su hábitat; los nietos no se sentirán ya palestinos; los bisnietos habrán olvidado qué fue Palestina.

Anteayer la BBC enfocaba a un niño sirio diciendo: “No queremos vivir en Europa; queremos poder vivir en Siria. Todo lo que Europa tiene que hacer es dejar de hacer la guerra en Siria”. La televisión traducía la primera frase textual y la segunda frase como “Todo lo que Europa tiene que hacer es detener la guerra en Siria”. La traducción entraña connotaciones ciertamente ambiguas, pero escuchada por televidentes a priori condicionados, queda, con probabilidad, al modo siguiente: “Europa tiene que intervenir por la paz, deteniendo la guerra siria”. Y es que esta ocasión de flamante filantropía con que “occidente” viene obsequiándose a sí mismo a lo largo de las últimas semanas, de ningún modo se detiene al interior del perímetro europeo. Se quiere, en cambio, que sea la simiente fecundadora de respaldo público a un más firme compromiso logístico viejocontinental con la re-ordenación supremacista de Medioriente. En palabras de Francois Hollande hace escasos meses: “En Siria hay que volver a empezar desde cero”. Por aquellos días, portavoces de la Administración Obama apuntalaban la declaración del galo, mientras las cadenas radiofónicas -las catalanas sin ir más lejos- se afanaban en retransmitir la buena-nueva. Así intitulaba Catalunya Ràdio su rotativo: “Siria necesita de compromisos de intervención, dada la demostrada inaptitud de Assad para enfrentar el yihadismo en el país”.

 

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Previsible baile de máscaras

Nadie niega que decenas de miles de compatriotas han tenido que salir de Siria porque lo han perdido todo a raíz de los bombardeos aéreos llevados a cabo por la aviación del EAS. Y van ya más de cuatro años, en cuyo transcurso millares de viviendas han sido reducidas a escombro, tal y como certeramente relatan ante las cámaras algunos desplazados. No obstante, el sesgo introducido aquí por la prensa (por ejemplo, por la televisión italiana) es doble:

La primera distorsión nos remite a la fijación obsesiva de los medios “occidentales” por repetir y repetir este tipo de historia, que, aunque en efecto dramática, constituye una de las aristas de la catástrofe entre tantas otras. La segunda distorsión es inaugurada por un abuso interpretativo: a partir de la destrucción inmueble narrada (dato desde luego veraz), las televisiones hilvanan toda una narración especulativa donde las víctimas lo serían del “sangriento Dictador y de su ejército”. La referencia empírica al bombardeo le sirve a la prensa “occidental” para (sofisma) inferirle al espectador la inducción de que el objeto de tal bombardeo fue el ciudadano que ha perdido la casa a consecuencia de éste. La falacia, que sitúa presuntos objetivos militares ofensivos en el lugar de las consecuencias y de los daños militares defensivos, “olvida” preguntar a los agraviados si había un tercer elemento ocupante de sus barrios o de sus municipios. Las más de las veces, los habitantes civiles llevaban tiempo lejos de su residencia, refugiados no necesariamente fuera de Siria. Es éste el caso de un buen contingente de ciudadanos alepinos leales a la RAS, quienes, huidos del Terror reaccionario “rebelde” instalado en sus distritos, por decenas de miles han ido constituyendo campos en el extrarradio de Alepo.

Por otra parte, nadie duda tampoco de que el llamado factor interno nacional incide en el calado de la catástrofe y en su perduración: entre las masas de compatriotas desarraigados se cuentan, cómo no, partidas de trogloditas, de econo-liberales, de lúmpenes oportunistas sin conciencia social alguna, de sectarios netos, de cabecicubos que ni tan siquiera se auto-conciben sirios y piensan su afiliación nada más que en términos de rama teológica, etc. ONGs y demás tejido “cívico” subvencionado, en Catalunya y en toda Europa, afilan sus uñas pensando en la tajada que, presta a destripamiento, les ha caído de un plumazo a la mesa de los méritos. “Los Señores nos lo agradecerán”, piensan, y se ponen a adecentar el pescado para -¡alejop!- pasearlo por las ágoras, por las salas de Grados y por las palestras universitarias o de cochera municipal. Estos selectos refugiados van a tener voz hasta en el púlpito parlamentario. A nosotros, por sirios que sean, van a tenernos enfrente.

A escala más amplia, es de comprender que entre los sirios llegados a Cataluña van a primar las situaciones arduas, caracterizadas por el riesgo de exclusión social, la urgencia de encontrar un empleo que no llega, la exasperación ante las filas para recibir asistencia y los déficit vehiculares comunicativos. A estas luces, la ocasión la pintan calva para el chantaje. El tejido político para-estatal del imperialismo (por ejemplo el Comité Catalán en Solidaridad con la Revolución Siria) no estará dispuesto a perder chanza, y, ante los necesitados, mostrará ufano guardar la llave del porvenir…, a cambio de cosechar disposición a integrarse en “dinámicas informativas”, charlas, jornadas, ruedas de prensa, etc.

En fin, prevemos también cierto desarrollo de la reacción que la psico-sociología llama mimetismo (Gabriel Tarde), y de cuya imantación a muchos venidos les va a ser complicado escapar. Pronto quien más quien menos va a percibir que, bajo el clima de prejuicios no sólo socialmente dominante sino oficialmente instituido, empecinarse en la verdad va a significar auto-posicionarse como “loco” y como “sirio malo” a partes iguales. Para casi todos va a ser demasiada auto-exigencia de integridad el cosificarse “de sirio malo” cuando a “los malos” se les va a mostrar estigma de entorno y sanción negativa jurídica de regularización, integrativa, etc. Contrastarán su balance de cuentas con el de “los buenos”, compadecidos por la sociedad civil tanto como premiados con cuidados institucionales y disolución de trabas. Comunidades enteras de sirios, revestidos con el disfraz de lo políticamente correcto como único mecanismo de defensa, abominarán de los elementos “incorrectos” y se distanciarán, quizás hasta el ninguneo. No se podrá reprochar lo que a fin de cuentas es una estrategia adaptativa poco menos que obligada bajo un medio precario extremo. Pocos se resistirán a la simbiosis con “los buenos” -con los dignos de compasión y soporte-, reclamando un sitio seguro en tal particular carro del ganador. Así es como el mentiroso civil “occidental” se engañará una vez más a sí mismo, produciendo coercitivamente aquel arquetipo de “sirio refugiado” que ajustará con escrúpulo sus palabras a aquello audible por el conjunto social del que su suerte depende.

Expulsión de Oriente y estrategia confrontacionista de caballo de troya

Con la perspectiva que el tiempo procura, quien más y quien menos estará dándose cuenta de que la re-ubicación poblacional siria en campos de refugiados fronterizos (Turquía, Líbano, Jordania) no podía constituir más que un apaño transitorio en la mente del supremacismo, y de ningún modo “la solución final” diseñada. Ciertamente, los campos fueron conveniencia del imperialismo porque entre sus pasadizos pudieron los imperialistas deslizar mecanismos de reclutamiento armado contra la RAS. Paralelamente, la CIA y sus agentes gubernamentales regionales erigieron campos de instrucción, confundidos entre el marasmo de “los refugios”, o ampliaron tantos otros campos de entrenamiento preexistentes, introduciendo en su interior nueva carne de cañón a reclutar o redirigir.

Sin embargo, este tejido de frontera alberga una disfuncionalidad obvia: los desplazados pueden evadirse, cruzar y regresar. Muchos de ellos, hartos de subsistir en condiciones más que miserables bajo los auspicios de ACNUR y de distintas ONGs “de apoyo”, quisieron volver a su país, se sucedieron las revueltas en las tiendas, ante los camiones de provisión, etc. Pronto se instauró un régimen disciplinario de control de las presencias, similar al toque de queda en cualquier territorio ocupado, y que impedía hasta las visitas por parte de otros parientes trasladados. Los últimos encarnaban el último cordón umbilical con un mundo exterior y de procedencia que los diseñadores de vidas se esforzaban por evaporar en la nube confusa de una vida anterior más y más onírica con el pasar de los meses. No podía ser asunto sine die el aglutinar a tanto volumen poblacional sirio tan cerca de Siria, máxime en territorios como Jordania, la Arabia septentrional, Antioquia y Líbano, en sí mismos integrantes del Eretz Israel proyectado.

Tal vez más importante aún, Europa debe convertirse en escenario de destino para el propio Principio de Entropía fabricado, a quien enraizar como protagonista de atentados y conflicto. A tenor de lo último, y aún a riesgo de ser malinterpretado, es importante destacar esta rentabilidad ínsita al plan supremacista a costa de los sirios: mezclar el grano con la paja y usar el caudal migratorio como Caballo de Troya de “yihadistas” y de afines, sustentados materialmente y puestos a operar bajo coordenadas nutritivas de islamofobia entre los receptores. Tal deliberación en pro de acelerar espirales de acción-reacción, tiene por cometido tendencial gestar demanda en pro de centrifugar “intervenciones de seguridad” hacia el supuesto “origen focal del problema”, es decir, hacia el Oriente Árabe, justificando así la prosecución de la Campaña de sometimiento gentilicio. Consolidar el apoyo ciudadano a las falsas “cruzadas” antiguo-testamentarias, sólo puede hacerse, en tierras tan próximas al Asia Menor, asustando/indignando a las masas, para ponerlas a comulgar con el axioma atlántico presbiteriano del choque inter-civilización (Huntington, S.). El supremacismo mesiánico tiene, pues, que inyectar en el corazón de la ingenuidad europea una suerte de anticuerpo identitario, a través de ponerle a padecer vecindad con una identidad artificial tan exclusivista como violenta. Consonante a dicha racionalidad, Arabia Saudí acaba de ofrecer apoyo financiero de acogida a la Alemania de Merkel, a cambio de que parte de esos fondos se destinen a la erección de por lo menos 200 mezquitas de orientación predicatoria wahabí en suelo germano.

Conseguir la desbandada de personas sirias despobladas, desde los viejos campos circundantes hacia el Viejo Continente, no ha sido una jugada “occidental” de la noche a la mañana. “Occidente” lleva años propiciando un clima insufrible al interior de los campos, con humillaciones cotidianas; segregación intra-familiar; amenaza expresa de no poder volver a por comida ni a por cuidados si se abandona por horas el campo a fin de visitar a otras personas; sufragio y manutención generosos prestados a Kappos recabados de entre los elementos armados “rebeldes”; constitución y amparo del Terror de las bandas, erigidas, por iniciativa de los gestores institucionales u oenegistas sobre el terreno, en verdaderos Frei Korps de disciplina, encuadramiento, vigilancia y propaganda.

Ello en lo que se refiere a la acción endógena. En lo que respecta a la actuación exógena desde los campos, y podemos decir que cohetáneamente, “occidente” se dedicaba a amparar grupos que han llevado la desestabilización y el sufrimiento a los municipios y núcleos circundantes. Esto ha ocurrido con los lugareños en Turquía y en Jordania, negativamente afectados por abusos, tropelías, violaciones, atentados y estallidos, tráficos varios y acciones mafiosas, intentos de imponer lecturas de la sharia y cánones de vestimenta y comportamiento, asesinatos que incluían la extracción de órganos para su mercantilización hacia destinos como el israelí y el Atlántico Norte, etc. En ocasiones, los autóctonos -confundidos- la han emprendido injusta y abusivamente contra los refugiados, hecho que ha prendido la mecha de la animadversión por parte de la población siria confinada, y así en espiral auto-propulsada (sirve de pequeño anticipo a lo que el neo-mesianismo trama para Europa).

En suma, “occidente” fue afanándose en cocer un caldo de cultivo con un ingrediente de demanda latente a flor de piel. Así, a “occidente” le ha bastado con interrumpir de golpe su apoyo dinerario, infraestructural, de Capital humano y de “voluntarios” a los campos de la zona, para que los Gobiernos locales se hayan decantado por levantar barreras y abrir verjas, desencadenando el abrumador fenómeno aparente. Contra la naivitée que transpiran los miles de análisis “alternativos” que en estos días pueden leerse y que ponen el acento en una presunta “ida de manos occidental” respecto de su propia actuación en Siria (haciéndose eco de la premisa weberiana de “consecuencias no previstas” o de las premisas de la crítica a la Acción Racional), esto que se presume “caos” resulta ser de lo más ordenado, centralizado y atado.

En conclusión

Ciudadanos “occidentales”: no pueden dejarse ustedes engañar tan fácilmente. Los sirios les agradecemos, con el corazón en la mano, su solidaridad con nuestro pueblo. Pero, a su vez, la solidaridad debe armarse de reflexividad si desea evitar transformarse en energía funcional al seno del torrente artífice de nuestra tragedia. Estos artífices no son otros que las élites supremacistas radicadas en “occidente”, sus venales gobernantes de aquende y allende el Atlántico y sus terminales propagandísticas social-imperialistas más o menos grupusculares. Todos estos actores han sido los fundadores y los portadores de las fuerzas para la “des-sirización” demográfica, político-administrativa, regional-organizativa, productiva e infraestructural de la República Árabe Siria. La mayoría continúan cabezones secundando aquel falso “bando bélico” de su propia creación; unos (los más oficiales) en nombre de la “democracia” y otros (los social-imperialistas o bien los más cretinos) en nombre de la “revolución”. Encomiando al hospedaje abstracto de lo que cínicamente denominan “las víctimas del conflicto sirio”, los des-sirizantes no hacen otra cosa que proseguir con esa línea lúcida de desertización humana.

Un desplazado sirio les respondería lo que ya hizo el otro día, con palabras entrecortadas por el llanto, ante las cámaras en directo de la BBC, que no pudieron reaccionar a tiempo: “En Siria, antes de todo esto, vivíamos bien; mejor de lo que podamos llegar a vivir en Alemania. Vivíamos juntos, con trabajo para todos…”. Su esposa, una siria sunní ataviada con hiyab, se abrazaba a él mientras sus hijos escuchaban.

Mis hermanos sirios no huyen de su país “en guerra civil”. Huyen de aquello en que el exterior ha transformado a nuestro país. No pocas redes “solidarias” y portavoces políticos desbordan generosidad porque en el fondo están entusiasmados con la perspectiva del éxodo. O bien, como a los consistorios de varias capitales españolas, se les paga para escenificar la opereta raída que, un acto más, toma por trama el binomio dialógico del “campo civilizado” que, civilizado él, por consiguiente disfruta de la paz y tiende la mano hacia “el campo incivilizado”, preso de su propia incivilidad guerrera. Al mundo al revés, los sirios sabremos responderle con las sencillas palabras de nuestro compatriota filmado por la BBC.

 * Vicedirector de Diario Unidad,  articulista semanal del diario venezolano LA RAZÓN.

 

La Russie, l’Europe et l’Orient

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La Russie, l’Europe et l’Orient

par Youssef Hindi

Ex: http://www.geopolintel.fr

La Russie n’est pas qu’une grande puissance militaire, une vieille nation, tendant, depuis l’arrivée de Vladimir Poutine à sa tête, à équilibrer les rapports de forces géopolitiques et économiques. Elle est aussi un pont naturel, à différents degrés, entre l’Europe et l’Asie, l’Occident et l’Orient. Ce pont, certains veulent le détruire depuis plus d’un siècle, notamment au moyen de cette arme que sont les idéologies de la modernité : le bolchevisme, une maladie mortelle qui s’est attaquée au cœur de la Russie, à son âme, le Christianisme ; et l’ultralibéralisme des années 1990, pour achever la Russie. À cela se sont ajoutés les indépendantismes de régions de la fédération russe, stimulés voire encouragés par les Etats-Unis pour abattre définitivement l’ours russe. Si la Russie s’est relevée, il faut en saisir les causes profondes et percevoir le rôle ainsi que le destin de la Russie.

Anthropologie, religion et géopolitique

Le retour « miraculeux » du christianisme en Russie n’est pas le fruit d’un accident de l’Histoire, mais bien la manifestation de lois anthropologiques fondamentales qui doit attirer l’attention des européens. Toute société est organisée autour d’une croyance collective majoritaire ; les plus durables d’entre elles sont bien sûr les grandes religions qui, depuis l’ère industrielle en particulier, ont été remplacées progressivement par des croyances profanes, matérialistes et éphémères, comme les utopies communistes et libérales (issues du messianisme juif) promettant un paradis terrestre, ou encore les idoles de l’argent, du sexe et de la violence, qui occupent une place importante dans les sociétés néolibérales. Les idéologies antireligieuses, à l’instar du communisme et du laïcisme, n’existent, par définition, qu’en opposition aux religions transcendantes, qu’arc-boutées contre la croyance en un Dieu transcendant.

Mais l’histoire et l’anthropologie nous apprennent que l’athéisme (croyance négative), lorsqu’il devient majoritaire, conduit à un inexorable effondrement de la société – n’ayant plus de religion sur laquelle s’appuyer, ni de morale stable – se traduisant par l’atomisation de la société et l’apparition d’individus 1 dépourvus de toute horizontalité (communauté, famille, ekklesia), car privé de verticalité ; les deux étant de notre point de vue complémentaires.

La séquence historique qu’a traversée la Russie nous a montré comment l’effondrement brutal du communisme – l’idéologie dominante ne pouvant perdurer que par le maintien de la structure qui la sous-tend – fit place au retour de la religion traditionnelle en Russie (la nature ayant, selon Lavoisier, une sainte horreur du vide), à savoir le christianisme. Ceci nous permet d’ores et déjà, d’anticiper la manifestation du même phénomène en Occident et en Europe en particulier. En effet, le système libéral et son idéologie sont visiblement en cours d’effondrement (ou plus précisément en cours de mutation, mais nous ne développerons pas cette idée ici) – depuis la crise financière de 2007-2008 – tout comme le communisme hier ; dans ce contexte, nous pouvons anticiper un retour imminent à la religion en Europe. Il faut toutefois craindre que ce retour incontrôlé (par ceux qui en ont la charge : la hiérarchie ecclésiale) à la croyance en Dieu ou a ce qui s’y apparentera, n’entraîne des dérives dangereuses, comme la multiplication de gourous et d’imposteurs en tous genres. La Russie a réussi son retour à l’Orthodoxie grâce à une église solide, faisant corps avec le peuple et l’état.

Ce qui précède nous amène à déduire que la Russie – au-delà de sa complémentarité économique avec l’Europe de l’Ouest – pourra être un élément de stabilisation dans une Europe amenée à connaître de graves troubles sociaux, politiques et d’identité... Il faut ajouter à cela, le rôle éminemment important que la Russie joue au Proche-Orient. Elle est un véritable pont entre l’Europe et l’Orient, le christianisme et l’islam – comme l’a très bien analysé Imran Nazar Hosein – en tant que grande nation multiethnique et multiconfessionnelle ; elle est, par son seul exemple, un remède potentiel à la stratégie du choc des civilisations, stratégie dont elle est elle-même l’une des premières cibles.

La stratégie anti Russe

Cette Russie chrétienne, cette Russie puissance continentale, tellurocratique, étend une influence naturelle sur une vaste zone géographique où vivent des populations diverses mais ayant paradoxalement, pour la majorité d’entre elles, une structure familiale de type russe, communautaire égalitaire 2 ; c’est cette relative homogénéité anthropologique qui, sur la longue durée, a permis à la Russie de devenir cet « empire naturel », à l’inverse de son ennemi, la puissance américaine thalassocratique, héritière de l’Empire britannique et porteuse d’une idéologie différencialiste, imprégnée de darwinisme social sous couvert d’un démocratisme fondateur.

La Russie fait face à une double stratégie : une stratégie impériale américaine dont le principal cerveau est Zbigniew Brzezinski, et de l’autre, qu’il faut bien appeler précisément « sioniste ». Si la stratégie d’endiguement et de démantèlement de la fédération de Russie élaborée par Brzezinski, dans son livre Le grand échiquier (1997/2002), est devenue évidente aux yeux de tous les observateurs, la stratégie sioniste, elle, est beaucoup moins limpide.

La stratégie géopolitique de Brzezinski est un demi-succès : pour ce qui est de la domination du cœur de l’Europe par la soumission totale de la France et de l’Allemagne, c’est chose faite, mais quant à l’éclatement de la Russie en provinces, permettant aux Américains de contrôler toute l’Eurasie et d’en contrôler les richesses naturelles et principalement les énergies fossiles, cela reste de l’ordre du fantasme. Les rêves de domination de Brzezinski se sont brisés sur le mur russe, sur le souverainiste Poutine. Mais la crise en Ukraine – pays auquel Brzezinski accorda une attention particulière et qu’il voulait absolument séparer de la Russie ; ainsi il écrit : « L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’état Russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. » 3 – montre que les Américains n’ont absolument pas abandonné leur projet. Jusqu’ici, la Russie de Poutine a tenu en échec les Américains à la fois en Syrie (en septembre 2013 la Maison-Blanche renonce in extremis à ses opérations de bombardement) et par le retour spectaculaire de la Crimée dans la Maison russe (mars 2014) en pleine crise ukrainienne.

fem978135_f5d1c10a8f_z.jpgLa stratégie sioniste pour la Russie se combine avec la stratégie américaine, mais en aucun cas elle n’oppose ouvertement ou directement Israël à la Russie, bien au contraire. Israël entretient de bons rapports diplomatiques avec la Russie tout en s’opposant à ses alliés au Levant (la Syrie). Israël, via le lobby pro-israélien 4, utilise, en particulier depuis le tournant du 11 septembre 2001, les États-Unis et l’OTAN comme un outil de destruction des alliés historiques de la Russie au Proche-Orient, opposant plus encore russes et américains. En parallèle, les dirigeants sionistes tentent, via des intermédiaires, de négocier avec la Russie afin qu’elle abandonne ses alliés syriens et iraniens. En juillet 2013, le prince Bandar, en qualité de représentant de l’Arabie Saoudite (alliée d’Israël), a rencontré Vladimir Poutine, pendant la crise syrienne. Bandar aurait au cours de l’entretien proposé un accord économique, pétrolier et gazier à Vladimir Poutine, en échange de quoi, celui-ci devrait lâcher l’Iran, abandonner le président Syrien et livrer la Syrie aux terroristes 5.

Cette stratégie sioniste indirecte ou de « contournement » transparaît lorsque Henry Kissinger déclare le 11 mai 2014 qu’il ne faut pas isoler la Russie, mais qu’« il est dans l’intérêt de tous qu’elle soit maintenue dans le système international ». En 2008, il fut plus précis quant à ses intentions lorsqu’il tendit la main à la Russie au détriment de l’Iran qu’il désigna comme « un danger pour le monde environnant ». Et par monde environnant il faut bien entendu entendre Israël 6. Kissinger s’est entretenu avec Poutine en 2009 et en janvier 2012, deux mois avant sa réélection à la présidence de Russie 7.

La main que tendent les sionistes à la Russie, est une main « traîtresse », car, à partir du moment où la Russie a refusé tout compromis et s’est placée en bouclier devant la Syrie, le feu s’est allumé en Ukraine. Le message délivré alors à la Russie était clair : soit elle abandonne ses alliés orientaux pour les livrer au démantèlement géographique, politique, ethnique et confessionnel auquel les destine la grande stratégie d’empire Nord-Américain (au bénéfice immédiat d’Israël) ; soit elle se verra attaquée à ses frontières. Mais ce choix qui lui est proposé est aussi un piège car si la Russie abandonnait la Syrie, elle perdrait son seul port et point appui stratégique en Méditerranée (Tartous), ce qui n’empêcherait pas les Américains de maintenir leur politique d’ endiguement de la Russie, bien au contraire. En effet cette concession coûterait cher à la Russie face à un ennemi qui ne tient que fort peu ses engagements.

En bref, la Russie a toutes les raisons de ne faire aucune concession et d’avancer un pion à chaque fois qu’elle se sent attaquée ou menacée. Reste que l’actuelle partie d’échec arrivant sans doute bientôt à son « terme », Israël commence à dévoiler ses intentions envers la Russie ; alors que Poutine autorise la livraison de missiles défensifs S-300 à l’Iran (avril 2015), Israël s’apprête à envoyer des armes en Ukraine afin d’alimenter le feu 8 qui couve après les accords de cessez-le feu de Minsk II (12 février 2015).

Ce n’est qu’en ayant compris le couplage stratégique américain et sioniste vis-à-vis de la Russie que l’on peut espérer interpréter au mieux la position de certains géopolitologues qui, à la suite de Kissinger, prônent une main tendue à la Russie tout en étant hostiles à ses alliés… et en attisant en sous-main les feux de la guerre dans le Donbass.

La Russie n’est pas jusqu’ici tombée dans ce piège et n’a pas faibli face à l’évidente et sournoise agression américaine, elle est restée sur sa ligne. À ce titre l’on peut être assuré qu’elle jouera un rôle de plus en plus déterminant au Proche-Orient et en Europe, cela au détriment des politiques expansionnistes et déstabilisatrices des élites sionistes et de leurs homologues atlantistes. Le destin de la Russie est ainsi tout tracé, quant à celui de l’Europe de l’Ouest, s’il paraît fermé, il pourrait cependant bien s’ouvrir en cas de crise majeure, sur un réel bouleversement politique et sociétale. La Russie doit et devrait y être attentive.

Youssef Hindi

Notes

(1) Voir les travaux de l’anthropologue et historien Emmanuel Todd dans son livre Après la démocratie, Gallimard, 2008.

(2) Emmanuel Todd, Après l’empire, Folio Actuel, 2002.

(3) Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier, Bayard Editions, 1997, p. 74.

(4) John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2007.

(5) Al Manar, Ce qui n’a pas été révélé de la rencontre orageuse Bandar-Poutine, 21 août 2013.

(6) Sputnik, Henry Kissinger considère que les Etats-Unis doivent rechercher l’entente avec la Russie, 7 mai 2008.

(7) Source : http://fr.rian.ru/world/20120120/19...

(8) Sputnik, Poutine met Israël en garde contre les livraisons d’armes à Kiev, 18 avril 2015.

J.Y. Le Gallou: Tyrannie et désinformation publicitaire et médiatique

 

Jean-Yves Le Gallou

«Tyrannie et désinformation publicitaire et médiatique»

Conférence de Jean-Yves Le Gallou "Tyrannie et désinformation publicitaire et médiatique", organisée par le Cercle Afl Okkat le 17 juin 2015 à Strasbourg.

Présentation :

Artisan majeur de la réinfosphère, Jean-Yves Le Gallou nous parle de « Tyrannie et désinformation publicitaire et médiatique ».
2 à 3% de la richesse produite est consacré aux dépenses de « communication » c’est-à-dire de publicité et de propagande.
Jamais jusqu’ici, aucun régime, fut-il totalitaire, n’a disposé de tels moyens de contrôle, de manipulation et d’ahurissement de la population.

mardi, 15 septembre 2015

La transmission rendrait l’élève passif

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La transmission rendrait l’élève passif

Stevan Miljevic
Enseignant
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Il s’agit là certainement d’un des arguments les plus répandus pour justifier l’utilisation des pédagogies constructivistes. Quelqu’un a un jour décrété que lorsqu’un enseignant transmet des connaissances, les élèves sont passifs et, comme chacun le sait, on ne peut pas progresser au travers de la passivité. Depuis lors, cette antienne est systématiquement reprise en boucle et ce alors que personne n’a jamais apporté une quelconque preuve de cette passivité !

En fait, il s’agit d’une grave confusion entre la passivité comportementale et la passivité cognitive. D’ailleurs, généralement, cette passivité comportementale est même souhaitée puisque, lorsque l’enseignant parle, il est recommandé de se concentrer sur ce qui est dit/montré sans faire autre chose. Mais ce n’est pas parce que les élèves ne font rien en apparence que leur cerveau n’est pas actif. Le simple bon sens permet de comprendre qu’un élève à qui on expose une théorie, une règle de mathématique ou de grammaire notamment pourra difficilement reproduire l’exemple qui lui a été transmis s’il ne reconstitue pas mentalement les opérations que l’enseignant montre devant lui. Il lui est d’ailleurs totalement impossible de reproduire une série d’opérations si celles-ci n’ont pas été réalisées mentalement au moment de l’exposition à l’enseignement puisque cela reviendrait à dire que l’élève invente de toute pièce la procédure.

Ainsi donc, lorsque l’enseignant enseigne, loin d’être passif, le cerveau de l’élève reconstitue chaque geste que le maître expose. Cela peut mener à utiliser les fonctions cognitives les plus hautes qui soient puisque, si l’enseignant réalise une synthèse, pratique une évaluation ou fait de l’analyse, l’élève en fait tout autant. Et même plus si l’on en croit ce que nous démontrent les dernières avancées réalisées dans le domaine des neurosciences. Certains chercheurs ont en effet utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour observer l’activité cérébrale d’enfants âgés de 3 à 5 ans au moment où on leur faisait la lecture d’histoires et ont notamment constaté une activation de la région du cerveau responsable du traitement des stimuli visuels.[1] Autrement dit, non seulement le cerveau de l’enfant suit l’histoire qui lui est contée, mais il va même jusqu’à activer ses propres connaissances au sujet des éléments qui lui sont décrits et reconstitue un visuel de la situation, faisant ainsi preuve de créativité ! Une personne à qui l’on transmet des informations est donc potentiellement également capable de dépasser le stade de la simple reproduction de ce qui est transmis et de mettre en branle des fonctions cognitives supérieures à celles que l’enseignant essaie de lui transmettre. Peut-être met-il en lien le nouveau savoir avec d’anciens ou alors compare-t-il ce qu’il est en train d’apprendre avec d’autres procédures qu’il connaît ou autre. Il ne me semble pas y avoir de raison valable de penser que ce qui fonctionne avec l’enfant cesse avec l’âge. On est donc bien loin de la passivité et de l’abrutissement généralisé dénoncé par les penseurs constructivistes puisque, rappelons-le, l’élève atteint au minimum le même stade cognitif que son enseignant. Pour autant que celui-ci lui enseigne correctement les choses bien entendu.

En revanche, il n’est de loin pas certain que l’élève puisse atteindre de tels niveaux de pensée dans les dispositifs de découverte préconisés par les constructivistes. Un élève qui échoue à découvrir par lui-même ce qu’on essaie de lui faire trouver n’atteindra jamais le stade cognitif de l’opération qu’il lui faut trouver. Il risque même de se décourager et de tourner son attention vers autre chose, se rendant ainsi actif du point de vue comportemental mais cognitivement passif au regard de ce qu’il doit apprendre. Ou alors, il peut tout aussi bien se retrouver dans la situation de n’avoir que partiellement correctement reconstruit ce qu’il doit trouver et ainsi encombrer son cerveau de faux théorèmes. Et comme ces cas de figure arrivent de manière assez fréquente, il faut bien conclure que les dispositifs constructivistes de découverte ont bien plus de chances de rendre les élèves passifs ou de les emmener sur de fausses pistes qu’un dispositif transmissif.

Certains se demanderont certainement quel est l’intérêt de faire remarquer ce que n’importe qui possédant un peu de jugeote a compris. Ils ne savent vraisemblablement pas que dans les instituts de formation initiale comme continue et même dans les organes de contrôle des enseignants, ces formules sont systématiquement rabâchées car constituant un des piliers fondamentaux sur lesquels le constructivisme éducatif tente de se déployer. Le constructivisme forme des perroquets à tour de bras et ce jusque dans les plus hautes sphères de la formation!

Stevan Miljevic, 11 septembre 2015

 

[1] http://rire.ctreq.qc.ca/2015/08/lecture-histoires-cerveau/

L'Atlantide contre l'Atlantisme

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L'Atlantide contre l'Atlantisme

par Laurent James

Voici le texte de mon intervention aux Rencontres Eurasistes de Bordeaux, le 5 septembre dernier

Le but de mon intervention est de montrer les principes de l’Atlantide et de l’atlantisme afin d’éviter toute confusion entre les deux. La confusion contemporaine entre l’eurasisme et le mondialisme est fondamentalement basée sur les mêmes erreurs, et j’expliciterai les raisons pour lesquelles ce sont, précisément, le nationalisme, le marxisme et le complotisme (tous regroupés sous le terme générique de « dissidence » qui la propagent.
 
On peut trouver sur le site de VoxNR un texte inédit de Douguine. Il s’agit du chapitre 3 d’un livre titré « Misterii Evrazii » (Les Mystères de l’Eurasie »), un ouvrage paru en Russie en 1996, puis traduit en espagnol et en italien mais pas encore en français. Douguine y développe les motivations ésotéristes du combat eurasiste, lesquelles ne sont pas tellement connues.
 
A ce sujet, on peut noter que c’était précisément pour présenter ces aspects, que nous l’avions invité à Rennes-le-Château le 18 janvier de cette année pour une journée de conférences avec, entre autres, André Douzet, Erik Sablé, Walid Nazim, Tony Baillargeat et Constantin Parvulesco. Ce dernier devait présenter à cette occasion des « Interprétations alchimiques du Saint-Suaire ». J’en profite pour insister sur un point évoqué dans mon dernier texte paru sur le blog de Parousia, à propos de Paul-Eric Blanrue. Selon la tradition, le Suaire est le Linceul, cité par les Evangiles, qui servit à envelopper le corps du Christ au tombeau. Il renvoie directement à la réalité de la Passion, et c’est pour cette raison que Jean-Paul II l'a défini comme étant le « miroir de l'Evangile ». Tous les révisionnistes du Saint-Suaire sont nos ennemis absolus, à nous autres catholiques intégraux et soldats du Christ. Que cela soit bien clair !
 
Excusez-moi de parler de ça cinq minutes encore, même si ça semble hors sujet. Ça ne l’est pas, en réalité. Certains me reprochent de parler parfois de sujets subalternes, comme la querelle entre Yann Moix et Paul-Eric Blanrue. Je trouve au contraire qu’il est très intéressant d’insister sur le fait que ce n’est pas parce que le premier est un atroce écrivain béhachélien que le second a forcément raison. Voici ce que Blanrue a écrit dans le n°141 de « L’Homme libre, fils de la terre (Recherche d’une psychologie libératrice) », en octobre 1994 :
 
"J’aimerais aborder tranquillement les questions de l’historicité du Christ (rien ne prouve que Jésus soit autre chose qu’un mythe syncrétiste judéo-païen), de la mystification de la Salette (une des rares « apparitions » à avoir été jugée comme arnaque), des problèmes archéologiques liés à la découverte un peu trop providentielle du Saint Sépulcre (trois siècles après les prétendus événements)".
 
C’est le problème principal du révisionnisme, ça ne s’arrête pas aux portes des chambres à gaz. Dans le même texte, il parle de « la vieille Eglise catholique en pleine phase déliquescente ».
 
Lorsqu’on passe des années à saper les fondements du catholicisme en usant d’une arme aussi profane qu’est le zététisme voltairien (il faut savoir que Voltaire est la référence majeure de Blanrue), et que l’on se convertit ensuite à l’islam après avoir constaté qu’il n’y avait plus de valeurs dans le catholicisme, je pense qu’on est inconséquent, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourquoi Blanrue ne continue-t-il pas sur sa lancée voltairienne, et ne démontre-t-il pas maintenant, par exemple, que la Kaaba n’a jamais été construite par Abraham ? Il publierait son étude sous le titre « Le secret de la Kaaba : autopsie d’une escroquerie », et là, il aurait une certaine cohérence !
 
On peut se convertir à l’islam pour de très bonnes raisons, mais on peut aussi le faire pour de très mauvaises. De manière générale, le mot conversion est banni de mon vocabulaire. La seule conversion légitime est le retour à la foi de ses parents, ou de ses grands-parents. A condition que celle-ci soit légitime et justifiée, bien sûr ! Pour rester dans le monde chrétien : la fidélité à ses parents quand ils sont évangélistes ou Témoins de Jéhovah est, en réalité, une trahison complète envers la Tradition. Un de mes amis a trahi la foi protestante helvétique de sa famille, en venant se faire déprotestantiser à Marseille par le Père Zanotti-Sorkine. Voilà un bel exemple de fidélité absolue !
 
Revenons à Rennes-le-Château. Douguine connait parfaitement l’importance métahistorique de la région du Razès. Il désirait établir avec nous une connexion solide entre le Royaume d’Araucanie et la Sainte-Russie sur une des places fortes de la Gaule surnaturelle et enchantée. Ainsi que je l’ai dit, sa conférence devait porter sur les racines ésotéristes de l’eurasisme.
 
AtlantideScience.jpgComme vous le savez peut-être, une poignée de très sombres individus a réussi à faire capoter le projet cinq jours avant qu’il n’ait lieu. La version officielle réside dans la lâcheté de l’organisateur, qui en trahissant Alexandre Douguine, a également trahitoute la famille Parvulesco : le grand-père Jean, le père Constantin (qui avait immédiatement décidé d'annuler sa venue en apprenant la censure de Douguine), et le fils Stanislas. Mais nous sommes aussi parfaitement au courant des manipulations effectuées dans l’ombre par d’autres personnages, ésotéristes de troisième zone et guénolâtres stériles. Certains d’entre eux se sont d’ailleurs publiquement réjouis de l’annulation de cette conférence, assurés de leur impunité. Qu’ils sachent que nous les avons tout à fait identifiés, et que la riposte sera à la hauteur de leur lâcheté.
 
Je reviens à ce chapitre écrit par Douguine, diffusé sous forme de samizdat en 1988, portant sur « L’Amérique, ou la Terre verte ». Il y examine les « dessous mythologiques de l’Amérique », disant que (je cite) « si une telle idée de l’Amérique a pu s’enraciner dans la conscience géopolitique universelle et devenir quelque chose de néo-sacral, il doit y avoir à cela des raisons très sérieuses associées à l’inconscient collectif de l’humanité, et à cette géographie secrète continentale qui plonge ses racines dans les millénaires mais dont le souvenir continue à vivre comme archétypes psychiques ».
 
Il commence par noter que le continent américain était connu, « longtemps avant le voyage de Christophe Colomb », notamment par les Vikings. Ceci est aujourd’hui validé par presque tout le monde, et l’arrivée de Leif Erikson à Terre-Neuve, par exemple, est une chose établie. Sans parler du grand voyage de saint Brendan de Clonfert et saint Malo jusqu’au Québec au VIè siècle. Sur la question des Vikings en Amérique, je ne saurais trop conseiller de lire les ouvrages de Jacques de Mahieu (dont le fils Xavier Marie se livre aujourd’hui à des activités politiques intéressantes en Argentine). Jacques de Mahieu, professeur et directeur de l'Institut des Sciences de l'Homme de Buenos Aires dans les années 70 et 80, a étudié de nombreuses cartes géographiques précolombiennes, dont la célèbre carte de l’amiral ottoman Piri Reis, dérobée à un compagnon de Colomb après un combat naval. Cette carte représente de manière très précise l’Amérique du nord et du sud, ainsi que le Groenland et l’Antarctique. Pour Jacques de Mahieu, ces connaissances géographiques remontent au moins jusqu’aux Vikings, qui se seraient implantés au Pérou pour y fonder l’empire de Tiahanacu, ancêtre des Incas, et qui seraient à l’origine de la production métallurgique dans ce pays (mines d’or et d’argent). Il pensait même que la richesse des Templiers, qui financèrent la construction de 80 cathédrales gothiques en moins de cent ans, provenait de l’exploitation industrielle de ces mines et de leur réception au « port secret du Temple », celui de la Rochelle.
 
Cependant, la connaissance du continent américain est peut-être bien antérieure encore. L’amiral Piri Reis affirmait que, parmi les documents ayant permis à Colomb d’entreprendre son expédition, se trouvait également « un livre datant de l’époque d’Alexandre le Grand ». Mais est-ce bien de l’Amérique dont il s’agit ?
 
1)      L’Atlantide
 
Rappelons brièvement que l’Atlantide tenait elle-même ses principes civilisationnels de la Tula hyperboréenne, l’île polaire sacrée placée sous la protection de la constellation de la Grande Ourse. Lorsque l’on évalue les dates principales de notre cycle en se basant sur les ères précessionnelles de 2160 ans, la Chute, soit le passage de l’Age d’Or à l’Age d’Argent, ou encore la naissance du mal dans l’histoire humaine, s’est produite il y a environ 39 000 ans. Ce qui correspond à l’irruption de l’Homme de Cro-Magnon en Europe, mais ceci est un autre sujet.
 
L’Age d’Argent dura ensuite près de 20 000 ans, puis l’Age de Bronze débuta en – 17000 (ce que l’on appelle historiquement le magdalénien). Il se manifesta notamment par l’irruption de ce cataclysme spirituel irrévocable qu’est l’œuvre d’art plastique (art pariétal), et par la naissance de l’Atlantide sous le signe de la Balance.
 
Rappelons que tous les cyclologues, de Platon à Gaston Georgel, en passant par Guénon, situent la fin de l’Atlantide dix mille ans avant notre ère, soit en plein milieu de l’Âge de Bronze. – 10000 : c’est la fin de la glaciation de Würm II, avec une élévation importante du niveau des eaux, et le tout début de l’avènement du néolithique. Six mille ans plus tard, en – 4300, l’Age de Bronze se termine brutalement et débouche sur l’Age de Fer avec le Déluge de Noé, que Platon nomme le Deucalion.
 
Attention à ne pas confondre le Déluge de Noé avec le Déluge de l’Atlantide, 6500 ans les séparent.
 
Une fois, Douguine me demanda de lui dire en quelques mots ce que représentait pour moi l’eurasisme. Je lui répondis : c’est la meilleure manière de guérir du traumatisme du néolithique. Guérir notre continent d’une plaie infiniment douloureuse et lancinante, le traumatisme infligé par la submersion de l’Atlantide, la perte du dernier foyer de connaissance qui nous liait à l’Hyperborée primordiale, ce qui signa la fin du nomadisme métaphysique des peuples européens par leur sédentarisation agricole de plus en plus stérile et dissolvante : c’est donc ce que l’on nomme historiquement le néolithique, advenu durant les ères successives du Cancer et des Gémeaux, qui ont précédé le Déluge de Noé en – 4320.
 
On considère généralement qu’il y a eu deux récepteurs de la civilisation atlantéenne, deux filles de l’Atlantide : l’Egypte et la Chaldée, toutes deux émergeant durant l’ère précessionnelle du Cancer (8640/6480 av. J.-C.), soit deux mille ans avant la fin de l’Age de Bronze.
 
Le cas de l’Egypte est, de loin, le plus étudié. Voir, par exemple, les travaux de Schwaller de Lubicz sur la très haute civilisation de la « théocratie pharaonique » originelle. De nombreux auteurs ont mentionné que les pyramides étaient des images de l’axe polaire hyperboréen, dont les proportions arithmosophiques provenaient d’un enseignement atlantéen, et qu’elles avaient certainement été construites à une époque antédiluvienne.
 
Quant à la Chaldée, de nombreux auteurs l’ont en partie associé à la Celtide.
 
Jean Phaure relevait « l’identité sémantique de la terre celte et de la Chaldée (keltoï désignant en grec la caste sacerdotale) ». Il est possible que les celtes originels constituaient la caste sacerdotale de la société chaldéenne.
 
Je cite René Guénon, dans « Symboles fondamentaux de la science sacrée » : « La tradition celtique pourrait vraisemblablement être regardée comme constituant un des points de jonction de la tradition atlante avec la tradition hyperboréenne, après la fin de la période secondaire où cette tradition atlante représenta la forme prédominante et comme le substitut du centre originel déjà inaccessible à l’humanité ordinaire ».
 
Notons par ailleurs que la Chaldée et l’Egypte furent également deux étapes successives de l’histoire du peuple juif, avec les figures d’Abraham et de Moïse. Sem vécut d’abord chez Japhet avant de se rendre chez Cham. Cela explique la présence de la tradition atlantéenne dans l’Ancien Testament, comme l’avait étudié Guénon.
 
Alexandre Douguine «  La Terre verte – l’Amérique » [partiel]
 
« L’Atlantide est ce paléocontinent dont parlèrent Solon, Platon et beaucoup d’autres après eux. L’Atlantide est le continent sacré occidental, où prospéra une grande civilisation spirituelle, qui périt à la suite d’un terrible cataclysme et d’une inondation. La destruction du continent est le plus souvent décrite comme un événement graduel : après l’abaissement de sa partie continentale, de sa partie principale, située à l’ouest de l’Europe et de l’Afrique, survécurent pendant un certain temps quelques îles dans l’Atlantique Nord, où se concentrèrent les dernières souches atlantes, dépositaires de la tradition ancienne. L’une de ces terres, d’après Hermann Wirth, fur Mo-Uru, qui fut à son tour submergée beaucoup plus tard, plusieurs millénaires après le cataclysme principal. »
 
« Dans l’image sacrée (et par conséquent dans le nom) de l’Amérique doit d’abord se refléter l’idée de son origine ‘extrême-occidentale’. Selon les travaux du professeur Wirth, le plus ancien centre sacré de l’Occident était la terre de Mo-Uru, l’île de Mo-Uru, située dans l’Atlantique du Nord-Ouest. Ce nom est mentionné dans le Bundahishn (un texte sacré zoroastrien), où il vient en troisième position après l’Aryanam-Vaejo des grands ancêtres aryens (l’Aryanam-Vaejo se trouvait directement au Pôle Nord, sur le continent arctique ‘Arctogaïa’, disparu il a déjà de nombreux millénaires) ».
 
C’est probablement ce que les Grecs nommaient l’Hyperborée.
 
« C’est justement avec l’aide de ce mot-clé Mo-Uru, et en se fondant sur le déchiffrement des runes et des symboles proto-runiques que le professeur Wirth parvint à pénétrer les secrets de plusieurs cataclysmes ethniques et raciaux de la préhistoire ».
 

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« Il existe une doctrine sacrée mentionnée par Guénon, affirmant que la tradition judaïque est ‘occidentale’ par son origine symbolique et préhistorique. Ur en Chaldée, d’où Abraham partit vers la terre promise, apparaît comme un substitut de Mo-Uru, de la ‘Ur nord-atlantique’, puisque même le Zohar affirme que Ur, où résidait initialement Abraham, symbolise ‘l’état spirituel supérieur’, dont Abraham, par nécessité providentielle, ‘descendit’ vers le bas (il est intéressant de remarquer que les juifs partagent assez souvent ce point de vue concernant l’origine occidentale de leur tradition, comme cela apparaît à travers les premiers projets sionistes de l’organisation d’un ‘Etat juif’ en Amérique ou dans les livres de Simon Wiesenthal sur la préhistoire juive de l’Amérique et de Edmund Weizmann sur ‘L’Amérique, Nouvelle Jérusalem’). De cette manière, l’énigmatique nom Mo-Uru désigne précisément le continent sacré extra-européen, situé à l’Ouest, dans l’Atlantique ».
 
« Cependant le continent Amérique, selon nous, n’est pas le contient le plus occidental de la géographie sacrée (l’Atlantide), mais sa ‘continuation’ vers l’Occident. En d’autres mots, l’Amérique est une ‘Outre-Atlantide’, c’est-à-dire une terre située ‘de ce côté, vers l’Ouest’. Il est possible que ce déplacement sacralement symbolique de l’Amérique explique l’inquiétant secret associé à celle-ci dans le contexte de la géographie sacrée des civilisations traditionnelles de l’Eurasie.
 
 En accord avec cette géographie sacrée, à l’Occident se trouve la ‘Terre Verte’, la ‘Terre des morts’, une sorte de monde semi-matériel, qui rappelle l’Hadès ou le Shéol. C’est le pays du Crépuscule et du Coucher, d’où la sortie est impossible pour les simples mortels, et auquel peut accéder seulement un prédestiné. On pense que le nom du Groenland (littéralement, le ‘Pays Vert’) se réfère justement à ce lieu symbolique. Le ‘Pays Vert’ n’est pas l’Atlantide (et Mo-Uru non plus !), mais quelque chose se trouvant plus à l’Occident de celle-ci, le ‘monde de la mort’, le ‘royaume des ténèbres’. Et cet aspect ultra-mondain du continent américain se révèle d’une manière surprenante dès le premier regard sur une chose aussi banale que le symbole du dollar. René Guénon a remarqué un jour que le symbole $ sur la monnaie américaine est une simplification graphique de l’emblème sacré qui se rencontre sur les monnaies anciennes de la région méditerranéenne. Initialement les deux lignes verticales étaient des représentations des ‘colonnes d’Hercule’ qui, selon la tradition, se trouvaient à l’extrême-occident, après le détroit de Gibraltar. Sur ce symbole apparaissait initialement l’inscription symbolique ‘nec plus ultra’, qui signifiait littéralement ‘rien au-delà’. Ces deux symboles désignaient une frontière, la limite occidentale de la géographie sacrée humaine, au-delà de laquelle se trouvaient les ‘mondes non-humains’. Et ce symbole ‘frontalier’, indiquant qu’on ne peut pas aller au-delà de Gibraltar, est devenu d’une manière paradoxale le symbole financier de l’Amérique, d’un pays qui se trouve ‘au-delà de la frontière’, ‘là où on ne peut pas aller’, là où l’inscription sur le prototype du dollar interdisait justement d’aller ».
 
« Dans une telle perspective, la redécouverte du continent américain par Colomb porte en elle-même une signification assez funeste, puisqu’elle indique l’apparition à l’horizon de l’histoire de ‘l’Atlantide submergée’, et même pas de l’Atlantide, mais de son ‘ombre’, de sa continuation négative dans l’Occident symbolique, dans le ‘monde des morts’. Et la coïncidence chronologique de cette ‘redécouverte’ avec le début du brusque déclin de la civilisation européenne (et eurasienne en général), qui commença dès ce moment à perdre rapidement ses principes spirituels, religieux, qualitatifs et sacrés, est assez significative à cet égard »
 
« Sur le plan purement culturel-philosophique, l’Amérique devient dès lors le lieu de projection idéal de toutes les utopies profanes, athées ou semi-athées. On peut comparer le cycle historique de l’Amérique à celui d’une ‘Nouvelle Atlantide’, sortie de la profondeur des eaux, mais il ne s’agit pas de la vraie Atlantide ressuscitée, mais d’une autre, chimérique, contrefaite, fantomatique, qui s’est consacrée à faire revenir ‘l’âge d’or’, mais de laquelle émane l’odeur du continent-tombe ».
 
« L’eschatologisme pénètre la conception même d’un ‘Nouvel Ordre Mondial’ qui répète et développe les projets idéologiques américains, et cette conception présuppose l’expansion du modèle américain sur tous les territoires restants de la planète. Ainsi, émergeant des profondeurs d’un inquiétant mystère ésotérique, le ‘Nouveau Monde’ tente de se présenter comme la ‘nouvelle terre’ spirituelle dont parle l’Apocalypse et qui doit apparaître après la Fin des Temps. Mais pour le continent américain l’époque post-apocalyptique est déjà arrivée : la victoire des armées alliées dans la seconde guerre mondiale – qui a conduit les Etats-Uns à la domination mondiale – ainsi que la signification symbolique des vicissitudes des Juifs (de cette nation mystique si importante dans l’histoire) en Allemagne, tout cela a fusionné dans la théorie de ‘l’Holocauste’, de ‘l’ultime sacrifice de l’histoire’, après lequel l’Outre-Atlantide, unie au ‘Nouvel Israël’, est entrée dans la période du ‘Grand Sabbat’, de ‘l’époque heureuse’, de ‘l’ère d’abondance’. L’attente des temps messianiques a commencé, et la conscience continentale américaine archaïque, ‘l’esprit’ inquiet du continent ‘ré-émergé’, donne aux tendances messianiques et eschatologiques une force mystique enracinée dans la perception symbolique du monde d’une humanité qui conserve la conscience du lien et des correspondances de l’espace et du temps au cours des longs millénaires ».
 
On pourrait résumer cette prodigieuse analyse de cette manière :
 
L’atlantisme outrepasse l’Atlantide et contrefait la Jérusalem Céleste.
 
Il double l’origine et parodie la fin.
 
Parmi des milliers de citations, en voici une de  George Washington : « Les Etats-Unis sont la Nouvelle Jérusalem, établie par la Providence dans un territoire où l’homme doit atteindre son plein développement, où la science, la liberté, le bonheur et la gloire doivent se répandre en paix ».
 
Je reprends un paragraphe du texte de Douguine, «  La Terre verte – l’Amérique », portant sur l’Age d’Or.
 
« Si l’on ne tient pas compte du rôle symbolique de l’Outre-Atlantide dans son ensemble supra-temporel et méta-historique, ce pathos messianique restera incompréhensible et toute la dimension de fausse spiritualité qui se trouve derrière lui ne pourra pas être comprise et évaluée. Comme dans toutes les eschatologies ‘parodiques’, nous avons affaire ici à la confusion de ‘l’âge d’or spirituel, qui arrivera immédiatement après la Fin de l’histoire, avec la période temporelle précédent cette Fin ».
 
L’atlantisme est une eschatologie parodique, prétendant établir directement sur terre le nouvel Age d’Or (exactement comme l’a été le bolchevisme). L’eurasisme, quant à lui, propose l’établissement d’un rapport entre civilisations qui précéderait ce nouvel Age d’Or. Il s’agit de préparer les Temps de la Fin, et en aucun cas de faire advenir la Fin des Temps dont saint Matthieu nous dit bien «  Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul » (XXIV.36). Tout en rajoutant au verset suivant quelque chose de fondamental « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l’avènement du Fils de l’homme » (XXIV.37).
 
Et le déluge de Noé, c’est justement l’éradication de toutes les colonies atlantes, à l’exception – comme je le disais tout à l’heure – de la Chaldée (Japhet), de l’Egypte (Cham) et des juifs faisant la jonction entre les deux (Sem). C’est aussi, à cette occasion, le début de l’écriture. J’y reviendrai à la fin de mon intervention.
 
L’eurasisme n’a donc aucune prétention à établir un nouvel Age d’Or terrestre. L’Empire Eurasiatique ne constitue en aucun cas un pendant, un succédané ou une prolongation de l’empire américain. Penser et écrire cela, c’est justement ne rien comprendre à l’opposition radicale entre Atlantide et atlantisme. Ces sempiternelles accusations de contre-initiation à l’égard de Douguine et de l’eurasisme proviennent toujours de ces mêmes milieux de guénolâtres sectaires et dogmatiques, qui dressent une barrière autour de leur Idole (ils se défendent tous de ce terme, mais il est ici usité dans son acception la plus exacte) afin de la conserver dans sa pureté d’ivoire. Ces guénolâtres sont obsédés par les derniers chapitres de « Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps », attachés à traquer derrière la moindre parole ou le moindre geste de ceux qu’ils n’aiment pas (c’est-à-dire tous ceux qui tentent d’agir concrètement pour la beauté et la justice) les indices de « contre-initiation », de « contre-tradition », ou tout simplement de satanisme. Ces guénolâtres tentent de faire passer leur pauvreté ontologique, humorale et physique pour le résultat d’un grand travail guénonien de dépersonnalisation. On ne sera pas étonné d’apprendre, d’ailleurs, que certains d’entre eux font justement partie du groupe d’individus dont je parlais tout à l’heure, qui ont tout tenté pour faire capoter la venue de Douguine à Rennes-le-Château.
 

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Pour ces gens-là, Léon Bloy est également un contre-initié de première classe. J’ai justement retrouvé un texte extraordinaire de Léon Bloy : c’est la conclusion de son Exégèse des Lieux Communs. Je vais vous le lire partiellement, et vous verrez à quel point les visions du catholique intégral sont proches des nôtres, notamment sur cette opposition fondamentale entre atlantisme et Atlantide.
 
Léon Bloy Conclusion de « L’Exégèse des Lieux Communs » [partielle]
 
« On a souvent demandé où pouvait bien être situé le Paradis terrestre. Platon et mon savant ami de l’Institut, Pierre Termier, m’ont donné les moyens de l’identifier.
 
Le Paradis terrestre, le lumineux Eden d’où furent expulsés nos premiers Parents n’était et ne pouvait être que l’Atlantide.
 
Je sais que cela a été dit déjà par j’ignore quels Américains qui voudraient faire croire que ce continent disparu depuis tant de siècles fut autrefois une partie considérable de leur continent et que l’Amérique actuelle prolonge, en cette manière, à travers les âges, le biblique Jardin de Volupté. Il suffit d’avoir vu, ne fût-ce qu’en passant, le soi-disant béatifique empire du Dollar, pour savoir ce qu’il faut penser de cette prétention. Mais ils ajoutent sottement et lourdement que le Déluge qu’on croyait universel est assez expliqué par la submersion de la seule Atlantide et l’anéantissement simultané du premier Eden. Je cesse alors d’écouter ces protestants spécieux et je reviens au divin Platon qui ne savait rien du Paradis terrestre, mais qui paraît avoir été l’irrécusable témoin d’une tradition archi-séculaire.
 
En son admirable conférence à l’Institut océanographique, le 30 novembre 1912, Pierre Termier a supérieurement démontré, par les plus récentes acquisitions de la science géologique, la véracité du grand philosophe qui raconte, imperturbablement, depuis vingt-quatre siècles, l’histoire de l’Atlantide en ses Dialogues ».
 
2)      L’Atlantisme historique
 
Sur le plan strictement historique, Robert Steuckers nous explique dans son texte fondamental titré « Eurasisme et atlantisme : quelques réflexions intemporelles et impertinentes », que l’atlantisme est d’abord une alliance européenne et chrétienne contre l’islam.
 
« L’atlantisme naît évidemment de la découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1492. Mais l’objectif premier des puissances européennes, surtout ibériques, sera d’exploiter les richesses du Nouveau Monde pour parfaire un grand dessein romain et “alexandrin”, revenir en Méditerranée orientale, reprendre pied en Afrique du Nord, libérer Constantinople et ramener l’Anatolie actuelle dans le giron de la “Romania”. Le premier atlantisme ibérique n’est donc que l’auxiliaire d’un eurasisme “croisé” ibérique et catholique, allié à la première offensive de l’eurasisme russe, et portée par un dessein “alexandrin”, qui espère une alliance euro-perse. Une telle alliance aurait reconstitué le barrage des empires contre la steppe turco-hunnique, alors que les empires antérieurs, ceux de l’antiquité, se nourrissaient de l’énergie des cavaliers de la steppe quand ceux-ci étaient indo-européens. »
 
La naissance de l’atlantisme correspond donc historiquement à celle de la modernité. Il est identitaire et non-traditionaliste, puisqu’il est profondément ancré dans une époque qui se détourne radicalement du monde tri-fonctionnel médiéval.
 
Mais l’atlantisme se détache ensuite de notre continent, puis se constitue objectivement contre celui-ci. Son caractère anti-traditionaliste se renforce contre l’identité de l’Europe.
 
« L’atlantisme proprement dit, détaché dans un premier temps de tout projet continentaliste eurasien, nait avec l’avènement de la Reine Elisabeth I d’Angleterre (1558-1603). […] Le décès prématuré de Marie Tudor amène Elisabeth I sur le trône en 1558; elle y restera jusqu’en 1603: motivée partiellement par l’ardent désir de venger sa mère (Anne Boleyn), la nouvelle reine enclenche une réaction anti-catholique extrêmement violente, entraînant une cassure avec le continent qui ne peut être compensée que par une orientation nouvelle, anglicane et protestante, et par une maîtrise de l’Atlantique-Nord, avec la colonisation progressive de la côte atlantique, prenant appui sur la réhabilitation de la piraterie anglaise, hissée au rang de nouvelle noblesse après la disparition de l’ancienne aristocratie et chevalerie anglo-normandes suite à la Guerre des Deux Roses, à la fin du XV° siècle.
 
C’est donc une vendetta familiale, un schisme religieux et une réhabilitation de la piraterie qui créeront l’atlantisme, assorti d’une volonté de créer une culture ésotérique différente de l’humanisme continental et catholique. Elle influence toujours, dans la continuité, les linéaments ésotériques de la pensée des élites anglo-saxonnes, notamment ceux qui, en sus du puritanisme proprement dit, sous-tendent la théologie politique américaine. »
 
« Le terme d’atlantisme apparaît lors des accords entre Churchill et Roosevelt, scellés au beau milieu de l’Océan en 1941. En 1945, l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale forment un ensemble, qui deviendra l’OTAN, une alliance centrée sur l’Atlantique-Nord, que l’on qualifiera rapidement, dans les écrits polémiques, d’ “atlantisme”. »
 
Parler d’atlantisme pour évoquer le pouvoir judéo-anglo-saxon est certes réducteur, comme l’écrit Steuckers, parce que l’Empire est tri-océanique (Atlantique, Pacifique et Indien). Le vocable « atlantisme » n’est donc pas véritablement géographique, tout comme le vocable Occident, par ailleurs : c’est le monde entier qui est occidentalisé, d’Est en Ouest et du Nord au Sud. C’est la raison pour laquelle l’Occident – tout comme l’atlantisme, dont il est rigoureusement synonyme - est aujourd’hui une notion absolument délocalisée. Cela pourrait même constituer une véritable définition de l’Occident, tout à fait paradoxale mais juste : l’Occident est le terme qui désigne une zone du monde géographiquement délocalisée. Tout ce qui est géographiquement délocalisé est occidental. C’est-à-dire qu’il est tout à fait logique que la zone du monde qui se soit accaparé toutes les autres soit justement celle dénuée de toute racine, c’est-à-dire de toute valeur ontologiquement spirituelle. On reproche souvent son prosélytisme à la religion quelle qu’elle soit, mais en réalité, la laïcité, l’athéisme franc-maçon et le matérialisme libéral sont infiniment plus prosélytes que n’importe quel jésuite ou salafiste.
 
On peut donc parler d’Empire du non-être, puisque c’est un Empire qui ne possède aucun contour physique, aucune armature idéologique et aucune transcendance spirituelle.
 
3)      Nationalisme
 
En ce qui concerne l’eurasisme, le premier véritable changement de paradigme a eu lieu avec Konstantin Leontiev, diplomate, écrivain et philosophe russe de la seconde moitié du dix-neuvième siècle.
 
L'eurasisme russe était majoritairement pro-occidental (indo-européanisant) et anti-musulman jusqu'à l'avènement de la guerre de Crimée de 1853. Or, Konstantin Leontiev, à cette époque, a complètement changé les perspectives en proposant (je cite Robert Steuckers)."une alliance anti-moderne des chrétiens orthodoxes et des musulmans contre le libéralisme et le démocratisme modernes, diffusés par les puissances occidentales. Leontiev suggéra dès lors une alliance entre Russes et Ottomans, qui constituerait un bloc de Tradition contre le modernisme occidental" Il se trouve que l'eurasisme "douguinien" promeut très activement cette vision des choses.
 
C'est une des raisons principales pour laquelle la plupart des extrême-droites européennes sont anti-douguiniennes, ce dernier étant islamophile et se revendiquant d'une "race" russe (mélange de slaves, de scandinaves et de mongols). Douguine intègre l'épopée du khanat et de la Horde d'Or dans l'histoire de la Russie, et la revendique pleinement. Ce qui agace particulièrement les nationaux-socialistes racialistes, tous favorables à l'Ukraine pro-Otan (et racialement slave, non "contaminée" par les mongols).
 
Je pense personnellement que la guerre du Donbass est également motivée par des critères raciaux, surtout du côté ukrainien où l’on considère généralement que les russes sont des faux slaves. J’ai rencontré l’ukrainien Andriy Voloshyn à Zvenigorod en octobre 2011, lors du congrès « Against Post-Modern World ». C’est un homme très intéressant, bon poète et connaisseur de la littérature française. C’est en discutant avec lui et ses amis que j’ai découvert pour la première fois l’existence d’une animosité raciale ukrainienne contre le « faux slavisme » russe. Voloshyn est aujourd’hui chef adjoint des relations internationales pour Svoboda.
 
Je cite un exemple précis.
 
2906785185_1_3.jpgLe site nationaliste Breiz Atao a mis en ligne en août 2014 un texte titré « Alexandre Douguine ou la subversion de la Russie orthodoxe », très violemment opposé au penseur de l’eurasisme. Le texte cite un entretien de Douguine de 2002 donné au journal russe Kommersant-Vlast : « La Russie est seulement sauvée par le fait que nous ne sommes pas de purs Blancs. Les corporations multinationales prédatrices, oppressantes et détruisant tous les autres, sans parler de MTV, des gays et des lesbiennes – c’est le fruit de la civilisation blanche, dont il est nécessaire de se débarrasser. Donc je suis pour les rouges, les jaunes, les verts, les noirs, mais pas pour les blancs. » On imagine ce que ce trait d’humour peut provoquer chez des racialistes un peu crispés.
 
Le même article reproche à Douguine le fait d’estimer que la Russie ne soit pas un pays européen, contrairement à Poutine qui a déclaré “Les valeurs russes ne diffèrent pas des valeurs européennes”. Or, les principes premiers de l’eurasisme excluent d’autorité toute valeur commune entre l’Europe et la Russie, puisque les principes premiers de l’eurasisme relèvent de la spiritualité, et que l’Europe est (ou devrait être) catholique et protestante (malheureusement) et la Russie est orthodoxe. On peut travailler au rapprochement entre le catholicisme et l’orthodoxie, et c’est même la plus grande tâche à accomplir aujourd’hui, mais la Russie et l’Europe ne peuvent pas être confondues ni mises sur le même plan.
 
Rappelons que l’eurasisme politique, dont les bases intellectuelles se trouvent dans le concept de multipolarité civilisationnelle, promeut le rejet de toute norme internationale dans quelque domaine que ce soit et la promotion de la coexistence des civilisations au niveau mondial.
 
Je vais dire à nouveau ce que j’ai dit à Bruxelles en octobre dernier, parce que l’eurasisme politique est quelque chose d’absolument fondamental, et qu’il n’est pas vain ni inutile de rappeler ce paragraphe qui est en opposition frontale avec tous les schémas de pensée nationaliste, que l’on trouve notamment dans la fameuse dissidence française nationalisto-marxisto-complotiste.
 
Les civilisations sont les pôles du monde multipolaire, et leur définition repose sur le substrat de ce qu’est une civilisation au sens traditionnel, c’est-à-dire sa spiritualité ; ces civilisations sont (je cite Douguine dans son ouvrage "Pour une théorie du monde multipolaire") : la civilisation orthodoxe (« Son guide est l’union eurasienne, dont les étapes sont l’intensification de la coopération militaro-stratégique au sein de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, le partenariat économique au sein de la Communauté économique eurasienne, l’Union entre la Biélorussie et la Russie, le projet de l’espace économique commun, incluant l’Ukraine en partie, ainsi que les structures de la CEI ») ; la civilisation islamique (« recouvrant la Conférence islamique, la Banque islamique de développement, l’espace chiite commun incluant l’Iran, l’Irak et le Liban, ainsi que les projets fondamentalistes du nouveau califat »)
 
ce point est particulièrement important, dans la mesure où la dissidence nationalisto-marxisto-complotiste voit systématiquement derrière tout mouvement "islamiste radical" un complot américano-sioniste. Ces conceptions se retrouvent également dans son ouvrage "La Quatrième Théorie Politique". Voir, notamment, son chapitre "L'empire islamique (le califat mondial)" où il écrit clairement : "Le fait que les islamistes radicaux aient désigné les Etats-Unis comme leur principal ennemi constitue une preuve suffisante du fait que nous avons affaire à un projet sérieux et responsable". Bien sûr, le terme de califat utilisé par Douguine n’a rien à voir avec l’actualité, ses ouvrages étant antérieurs à 2013. Ce qui compte véritablement, c’est que puisse surgir «un Etat musulman supranational qui serait parvenu à unifier et restructurer le monde musulman» (je cite Soleiman Al-Kaabi, spécialiste de la temporalité coranique, et qui nous fait l’honneur d’être présent dans cette salle).
 
; la civilisation hindoue (« renforcement de l’influence indienne en Asie du Sud, sur le sous-continent indien, au Népal et dans certains pays du bassin du Pacifique, proches de l’Inde géopolitiquement et culturellement ») ; la civilisation chinoise (confucianiste) incluant la Chine, Taiwan, l’émergence de la zone du yuan or ; la civilisation japonaise ; la civilisation catholique (Europe d’un côté et Amérique latine de l’autre) ; la civilisation bouddhiste (Asie du sud-est) et la civilisation africaine (« Organisation de l’unité africaine, les Etats-Unis d’Afrique »).
 
Je répète, donc, ce que j’ai dit en octobre dernier à Bruxelles : Comprendre l’Empire Eurasien, c’est favoriser la gouvernance globale civilisationnelle contre la révolte des nations bourgeoises. La révolte des nations bourgeoises, comme par exemple la révolte de l’Ukraine atlantiste et occidentale contre l’Empire civilisationnel russe, contre la Novorossiya et ses hommes encadrés par Igor Strelkov, tous prêts à donner leur vie pour Jésus-Christ. Alors qu’en face, chez Svoboda ou le bataillon Azov, on se bat pour l’Ukraine indépendante.
 
Le texte de Breiz Atao cité tout à l’heure continue en ces termes :
 
« On comprend dès lors que Douguine ne souscrive absolument pas au principe de vérité révélée seule détenue par l’Eglise, orthodoxe ou catholique, et qu’en conséquence son approche géopolitique consiste à défendre un strict cosmopolitisme spirituel. Acquis à l’idée gnostique que la connaissance éclaire l’homme et le sauve et que la vérité est partout, pour qui sait la voir, Douguine veut donc dresser l’ensemble des civilisations non-occidentales, contre l’Ouest démocratique paradoxalement né dans les mêmes cercles.
 
Cette approche hérétique du point de vue orthodoxe comme catholique sert pourtant de base idéologique à l’intellectuel “eurasiste” afin de se faire passer comme le tenant d’une Russie orthodoxe intransigeante.
 
Ce confusionnisme spirituel, il le partage avec celui qui est de mise aux USA où les sectes et groupes religieux de toute nature sont particulièrement puissants, de l’Eglise de Scientologie à la maçonnerie, en passant par les églises évangélistes, les organisations musulmanes ou bouddhistes. »
 
Une confusion maximale est encore atteinte ici entre l’atlantisme et la Tradition héritée de l’Alantide. La proposition de Douguine en matière de religion consiste à éviter toute notion de conversion ou de mission religieuse : les conceptions politiques de la multipolarité s’étendent à la sphère spirituelle. C’est-à-dire que l’on condamne toute propagande religieuse. Par exemple, il est normal qu’un orthodoxe prétende que sa religion possède un caractère universel, et que tout le monde devrait être orthodoxe. Mais le principe de la multipolarité veut qu’il s’occupe d’abord de sa propre civilisation orthodoxe, qu’il la bâtisse correctement afin qu’elle soit belle, juste et cohérente. S’il convainc d’autres personnes de devenir orthodoxe, ce sera grâce à la perfection de l’exemple qu’il pourra donner. L’eurasisme est radicalement anti-colonialiste sur tous les plans, y compris – et peut-être même surtout – sur le plan religieux. Le traditionalisme pratiqué par Douguine sert surtout à comprendre que, si chaque religion est la seule valable pour la personne qui la pratique, le fait que toutes les religions justifiées procèdent d’une même substance permet de ne pas voir le croyant d’une autre religion comme un ennemi mais comme un allié face à l’athéisme marchand. Chacun sait qu’il a raison dans son for intérieur de posséder sa propre foi, mais chacun sait également qu’il a raison de ne pas vouloir convaincre l’autre par tous les moyens d’abandonner sa foi pour rejoindre la sienne. C’est justement cela, la multipolarité, et c’est la meilleure politique possible au XXIIè siècle. Et cela n’a strictement rien à voir avec ce « cosmopolitisme spirituel » dont parle le site Breiz Tao. Toujours cette confusion entre atlantisme et Atlantide. Par ailleurs, j’ai bien parlé de religions justifiées, telle que celles citées précédemment : orthodoxie, islam, hindouisme, confucianisme, shinto, catholicisme et bouddhisme. Les spiritualités modernes (Scientologie, maçonnerie ou Témoins de Jéhovah) n’ont pas leur place dans un monde eurasiste. Il n’y a aucune tolérance ni aucun confusionnisme spirituel dans les principes eurasistes.
 

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J’ai assisté il y a peu à une conférence de Mgr Williamson à Marseille. Il affirme que, lorsque l’on discute avec un orthodoxe comme M. Poutine par exemple, le but premier de la conversation est de pouvoir amener par tous les moyens son interlocuteur au catholicisme. Je pense, personnellement, qu’il y a d’autres urgences que de vouloir convertir à tout prix les masses russes à la foi catholique, et que, par ailleurs, il n’est pas tout à fait certain que l’on puisse y parvenir aussi facilement que cela.
 
Dans la perspective eurasiste, ce sont donc les alliances de civilisations, et conséquemment des spiritualités authentiques, qui renverseront la matrice du non-Etre. En tant que construction bourgeoise élaborée par la classe marchande pour élargir ses intérêts socio-économiques, la nation est la première ennemie du monde traditionnel, surtout dans notre patrie où, comme je l’ai déjà expliqué dans d’autres conférences, la France s’est construite de manière particulièrement visible contre la Gaule au bénéfice intégral de ses fausses élites, à tel point que la centralisation française et la destruction concomitante de nos terres enchantées sont devenues le modèle structurel et archétypal de l’occidentalisation du monde.
 
Pour des raisons historiques liées à leur anti-atlantisme originel, la plupart des mouvements nationalistes en Europe faisaient partie des dernières forces politiques à n’avoir pas succombé aux sirènes états-uniennes. Mais cette époque est bel et bien terminée, et la guerre du Donbass les a presque tous fait tomber dans le piège.
 
Je pense notamment à Zentropa ou Casapound. Je sais bien qu’il existe de nombreux courants de pensée en interne vis-à-vis de ces questions-là, mais enfin, il est quand même évident qu’ils relaient essentiellement des messages anti-NovoRossiya.
 
Ceux qui écoutent de la musique industrielle ou neofolk (ou autres) le savent aussi bien que moi : presque tous ces groupes musicaux sont passés du côté de Svoboda. Je pense notamment à la dernière série de concerts de Death In June, cette année en France, et à leur nouvelle version de « Liberté c’est un rêve ». Après l’incantation « Où est Klaus Barbie », Douglas Pearce rajoute « Où est Ben Laden, où est Poutine ? ». Ils appellent même ça le « Bin Putin mix ». Ce qui signifie bien, par ailleurs, qu’il n’y a jamais eu aucune ambiguïté depuis le début avec ce titre, Barbie étant considéré comme un méchant absolu au même titre que Ben Laden et Poutine, exactement comme le pense n’importe quel journaliste du Nouvel Observateur. Le groupe a également joué à Kiev, à Odessa, même à Marioupol, sur la mer d’Azov, « en hommage à leurs frères d’armes » ont-ils proclamé. De manière plus anecdotique, mais tout aussi révélatrice, un type comme Claus Larsen (de Leatherstrip) qui nous soulevait d’enthousiasme en 1992 avec son titre « Anti US », chante aujourd’hui « The evil in Putin’s Eyes ».
 
En réalité, ce n’est pas la première fois que les nationalistes tombent dans ce type de piège tendu par l’atlantisme.
 
J’ai relu cet été « Les Décombres » de Lucien Rebatet. J’ai été frappé par de nombreuses analogies avec notre époque. La volonté de guerre de l’Occident face à l’invasion des Sudètes par Hitler (en septembre 1938) fait songer à la propagande belliciste face au rattachement de la Crimée par Poutine. 1938 : les allemands des Sudètes, minorité ethnico-linguistique en danger au sein d’un pays fictif comme la Tchécoslovaquie. 2015 : les Russes de Crimée et du Donbass, minorité ethnico-linguistique en danger au sein d’un pays fictif comme l’Ukraine. Et, à l’époque, comme aujourd’hui, les nationalistes qui poussent à la guerre aux côtés de l’Occident. Rebatet, lui, faisait partie du camp de la paix.

Lucien Rebatet « Les Décombres – Ch. III Pour l’amour des Tchèques » [partiel]

« A une volonté de guerre aussi extravagante et frénétique, il fallait certainement des ressorts considérables. A Je Suis Partout et à l’Action Française, on les avait décrits sans répit depuis des mois. Le clan de la guerre tchèque était le même qui avait livré Mayence, remis Strasbourg sous le feu des canons allemands, vomi l’insulte contre Dollfuss, reçu Schussnigg à Paris dans une gare de marchandises, traité en hors la loi Mussolini, le garde du Brenner. La sécurité territoriale, la suprématie et la prospérité de la France lui importaient fort peu. Encore moins l’Autriche. Il l’avait condamnée e 1919. Il avait sournoisement précipité sa fin en lâchant et vilipendant ses défenseurs.
 
Mais la Tchécoslovaquie était sa chose, sa création de choix. J’hésitais souvent devant les explications un peu grosses et populaires d’un événement politique. Mais cette fois, l’erreur eût été de subtiliser. Hitler eût pu exiger sans courir le moindre risque le retour de plusieurs millions d’autres Allemands dans le giron nazi. Il réclamait ses Sudètes, Allemands de la tête aux pieds, en vertu d’un droit des peuples codifié et contresigné par les démocrates eux-mêmes. Mais le droit genevois variait selon les hommes et l’heure autant que la liberté et la justice des républicains. Il n’y avait pas plus de droit des peuples pour les Sudètes que de droits de l’homme pour Maurras en prison.
 
Nos boutefeux eussent peut-être bien livré sans coup férir deux millions d’Alsaciens authentiques. Mais le dessein de Hitler portait atteinte à un fief élu de la grande maçonnerie. Il menaçait de forcer la porte d’une Loge illustre entre toutes les loges.
 
La construction tchécoslovaque était manifestement ridicule et branlante. Mais c’était justement la meilleure raison pour que les hommes de toutes les expériences idiotes, des faillites socialistes, des pactes lunaires, des finances de cirque, des avions contre Franco, des sanctions contre le Duce, des tendresses à Staline, des ambassades de Guignol, l’adoptassent comme leur rejeton amoureusement couvé. Il avait fallu un collage laborieux et des spoliations indignes pour donner consistance à cet Etat chimérique. Mais nos hommes le caressaient comme le chef-d’œuvre de leur traité. Sur leurs cartes, les Allemands le coloriaient du vermillon dévolu aux pays contaminés par le bolchevisme. C’était bien en effet sa nature et sa fonction : au cœur de l’Europe, un instrument choisi du despotisme marxiste, des intrigues, des capitaux, des vetos et des haines du Triangle et d’Israël. Hitler menaçait là quelque chose d’infiniment plus essentiel aux yeux de bien des gens que la plaine d’Alsace ou la vie d’un million de nos fantassins. M. Benès avait fait le grand signe de détresse. Il ne s’agissait plus d’une des mésaventures ministérielles qu’on résout avec quelques pelotons de gardes mobiles et deux ou trois assassinats. Le grand branle-bas de combat répondait à l’appel de Frère ».
 
Rebatet confortera ensuite dans Je suis Partout sa position pacifiste, fasciste et grand-continentale. Un an après, la même histoire recommençait avec la Pologne. Et la guerre totale s’enclencha…
 
L’hitlérisme était un eurasisme par bien des côtés, et la lecture de Drieu La Rochelle nous le confirme, lui qui disait que la seule chose qui le gênait au début dans le fascisme, c’était le nationalisme, et qu’il avait définitivement rejoint le fascisme après qu’il se soit débarrassé de cette erreur. La victoire concomitante du libéralisme et du communisme en 1945 ont plongé l’Europe, et même le monde, dans une nuit profonde. L’intensité de l’oppression démocratique, médiatique et financière augmente chaque jour en France depuis 70 ans, tant et si bien que l’on est aujourd’hui persuadé qu’il est impossible que la libération ne provienne de forces internes à notre pays. Revenons à l’hitlérisme : c’était bien sûr un eurasisme partiellement dévoyé, car non ancré dans une authentique spiritualité justifiée et bien établie. Jean Parvulesco en dresse un court bilan dans Un retour en Colchide, son dernier ouvrage – son dernier roman – publié en 2010. Vous allez voir qu’on est très loin du discours « dissident » actuel.
 

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Jean Parvulesco « Un Retour en Colchide » [partiel]
 
« Si ce matin, au réveil, je ‘écrie Acqua Alta, c’est que je sens que nous entrons en des temps de très hautes marées. Des puissances immenses, tout à fait insoupçonnées jusqu’à présent, s’apprêtent à être de retour en force ; des choses se passeront que nous n’avions jamais encore vues, et cela d’un instant à l’autre. D’autre part il est certain que, malgré l’état authentiquement révolutionnaire de ses débuts, le Troisième Reich hitlérien a dû assumer, jusqu’à la fin et même au-delà, quatre grandes erreurs fondamentales, erreurs qu’il a dû payer de sa totale destitution politico-historique, de son évacuation irrévocable de la réalité de ce monde, comme s’il n’avait jamais existé. Ces quatre erreurs sont les suivantes – c’est le moment de les rappeler.
 
(1)   L’inconcevable imbécillité criminelle de la Shoah, de la conception et de la mise en œuvre dans les conditions que maintenant l’on sait du projet visant l’anéantissement du peuple juif dans toutes ses dispersions européennes ».
 
Afin de couper court aux critiques qui pourraient immédiatement fuser de la part des milieux « dissidents » actuels, je précise que Parvulesco n’écrivait pas ceci dans le but de passer à la télévision, d’entrer à l’Académie française ou d’avoir son siège au comité directeur du Groupe Bilderberg : il avait 81 ans, était rongé par la maladie et ne pouvait plus sortir de son lit. Mais Parvulesco, en tant qu’authentique ésotériste traditionaliste, a toujours proclamé sa passion pour la véritable mystique juive et pour la Kabbale (tout comme Guénon, d’ailleurs, je le signale aux guénolâtres antisémites qui courent un peu partout).
 
Je reprends.
 
« (2) Le mépris paranoïaque de toutes les nations slaves, et de la Russie en premier lieu, dans la perspective finale d’une vaste entreprise de colonisation des espaces continentaux de l’Est européen ».
 
On peut d’ailleurs penser que l’antisémitisme hitlérien n’était rien d’autre qu’un sous-produit de son anti-slavisme irréductible.
 
« (3) L’hostilité à l’égard de l’Eglise catholique, dont la partie la plus ardente eût dû constituer le substrat eucharistique de la grande révolution continentale européenne que menait le IIIè Reich.
 
(4) Ne pas avoir su reconnaître et encore moins utiliser, sur son front de combat intérieur, des penseurs de la taille d’un Martin Heidegger, ou de Karl Haushofer, ce dernier idéologue du rapprochement continental germano-russe, et avoir préféré à leur place les services d’un crétin subalterne comme Alfred Rosenberg et tous les débiles de la même classe d’indigence mentale (exception faite, peut-être, pour les niveaux supérieurs, ‘ultimes’, de certaines hiérarchies intérieures secrètes de la SS). 
 
Derrière ces terribles erreurs – derrière ces malédictions indélébiles – il y eut cependant une partie incomparable de grandeur réalisée, de surpuissance visionnaire et d’engagement irrationnel, abyssal, d’exploitation symbolique, révolutionnaire, de l’histoire européenne en marche, une part qui ne lui sera jamais enlevée ».
 
Pierre-Antoine Cousteau, dans son Dialogue des Vaincus avec Rebatet, publié en 1950, lâche cette stupéfiante prophétie : « L ’Amérique a mis le doigt dans un drôle d’engrenage. Ca se terminera peut-être très bien, par l’établissement sur cette planète d’une sorte de pax americana, à base de Coca-Cola, de bulletins de vote et de télévision. Ou ça se terminera très mal par un étripage général et des effondrements de gratte-ciel ».
 
4)      Marxisme
 
Les marxistes considèrent que le conflit entre Russie et Occident est une dispute intra-capitaliste, un combat entre deux entreprises multinationales, une lutte économique entre deux entités atlantistes. C’est assez similaire au discours des complotistes « catholiques » comme Pierre Hillard, qui considèrent que le conflit ukrainien n’est qu’une guerre entre deux sectes juives. On retrouve aussi ce discours chez des ésotéristes anti-chrétiens obsessionnellement anti-eurasistes, qui voient dans tout ceci un combat obscur entre deux forces concurrentes de la contre-initiation, Poutine étant issu du KGB et donc de la contre-initiation absolue, évidemment.
 
En fait, personne n’a avalé la désoviétisation de la Russie, effectuée entre autres sous l’impulsion de Jean-Paul II. Il est vrai que ce dernier a pu mener cette opération avec, en partie, le financement de Ronald Reagan. Mais Jean-Paul II l’a fait au nom de la Vierge Marie.
 
Les premiers à regretter la désoviétisation de la Russie sont les marxistes, bien sûr. Certains d’entre eux regrettent que la Russie n’en ait pas profité pour adopter le « véritable communisme » au lieu de se jeter la gueule ouverte dans le Christ ou Mahomet. Dès qu’ils en ont eu la possibilité, les 150 millions de Russes ont choisi de se jeter à corps perdu dans la foi vivante de leur religion retrouvée. Les 120 millions d’orthodoxes ont renoué avec le Christ dont ils avaient soif depuis plus de soixante ans, les 20 millions de musulmans ont retrouvé le chemin de leur mosquée, et les autres ont pu ré-embrasser Bouddha, la Torah ou la main de leur chamane.
 
Il n’y a pas que l’économie dans la vie. Pratiquer la religion ardente de ses ancêtres, avec les valeurs qui l’accompagnent, c’est aussi une façon de résister à l’Occident.
 
La structure économique russe est aujourd’hui faite de capitalisme et de corruption, parce que le caractère totalitaire du capitalisme financier est d’une puissance phénoménale. Mais, contrairement à l’Europe de l’ouest qui a choisi en 1945 de se faire coloniser par l’Amérique, le peuple russe a choisi au début des années 2000 des valeurs fondamentalement anti-occidentales, toutes basées sur l’orthodoxie ou bien l’islam.
 
Contrairement à ce que tentent de nous faire croire les nationalistes engagés du côté de Kiev, tous les partis communistes européens sont aujourd’hui délibérément anti-russes. Et le PCF en tout premier lieu.
 
Exemple n°1, communiqué du 27 novembre 2014. "Le régime de Poutine continue l’œuvre de la restauration capitaliste en ex-URSS, la liquidation des acquis sociaux, de pans entiers de l’appareil de production, l’accaparement des richesses par quelques oligarques. Il s’appuie sur les forces les plus réactionnaires, religieuses, nationalistes, souvent racistes. Il ne tolère les organisations syndicales et politiques, y compris celles dénommées « communistes », que lorsqu’elles lui restent docilement soumises. Le régime est répressif, policier, militariste."
 
Exemple n°2 : communiqué du 20 août 2012, relayé par « L’Humanité ».
 
 « A Moscou, la condamnation à 2 ans d'incarcération des Pussy Riot suscite de multiples protestations dans le monde au nom de la liberté d'expression et pour la défense d'une jeunesse russe qui supporte de moins en moins un système Poutine fermé et répressif.
 
Le Parti communiste français condamne ce qui apparait comme un procès politique qui a du mal à se cacher derrière les accusations de "blasphème" et "d'incitation à la haine religieuse". Il exprime sa consternation devant une peine aussi lourde dont la vocation manifeste est de chercher à freiner un mouvement de protestation populaire et d'aspirations démocratiques qui grandit en Russie.
 
Ce qui aurait pu rester comme une exhibition contestataire et insolente est devenu une affaire nationale qui pose la question des principes et des pratiques d'un Etat de droit, du respect des libertés et des conditions de la laicité et de la démocratie en Russie.  
 
Signé : Parti communiste français »
 
Exemple n°3. Communiqué du 1 mars 2015 : Le Parti communiste français a jugé ce dimanche 1er mars que l'assassinat de l'opposant russe Boris Nemtsov à Moscou avait un "mobile politique évident". Il "condamne avec la plus grande fermeté l'assassinat de Boris Nemtsov et souhaite que l'enquête puisse aboutir dans les plus brefs délais sur l'arrestation des responsables de ce crime, des hommes de main jusqu'aux donneurs d'ordre, et sur des poursuites judiciaires". "C'est un dû à l'ensemble de la société russe qui souffre déjà trop de carences et dénis démocratiques", ajoute le parti dirigé par le sénateur Pierre Laurent.
 
Etc., etc.
 
Il n’y a aucun « rangement délibéré et permanent du PCF derrière l’empire des terres », comme on veut parfois nous le faire croire.
 
Etre marxiste, c’est considérer qu’une Russie soviétique vaut toujours mieux qu’une Russie orthodoxe, quelle que soit la réalité du soviétisme vécu.
 
Etre catholique, c’est considérer qu’une Russie redevenue orthodoxe grâce à l’action de Jean-Paul II est un miracle historique qui devrait être célébré chaque jour avec joie. Bien que polonais, il est notoire que Jean-Paul II aimait la Russie : il avait lu Vladimir Soloviev et Nicolas Berdiaev, ce même Berdiaev qui avait écrit : « La culture occidentale est une culture de progrès. Le peuple russe, quant à lui, est le peuple de la fin ». La doctrine de la « toute-unité » de Soloviev, concernant la question de l’unité chrétienne, était : unité maximale dans la multiplicité maximale. En l’an 2000, pour le centenaire de la mort de Soloviev, Jean-Paul II avait déclaré : « En faisant mémoire de cette personnalité russe d’une profondeur extraordinaire, qui avait très bien perçu le drame de la division des chrétiens et le besoin urgent d’unité, je voudrais inviter le monde à prier pour que les chrétiens d’Orient et d’Occident [de Russie et d’Europe] retrouvent au plus vite la pleine communion ».
 

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Etre catholique, c’est étudier la pneumatologie orthodoxe, avec Saint Grégoire Palamas par exemple, ce saint du XIVè siècle né à Constantinople, qui fit son éducation monastique au Mont Athos, et qui recommanda la méthode d’oraison hésychaste (purification de l’intelligence et maîtrise du souffle) comme expérience directe avec Dieu. Saint Grégoire Palamas a passé sa vie à développer cette idée fondamentale : « Dieu s'est fait homme, pour que l'homme devienne Dieu ».
 
Etre catholique, c’est appeler à une unité retrouvée entre catholicisme et orthodoxie. Non pas dans un sens œcuménique, comme le dira l’orthodoxe Constantin Parvulesco tout à l’heure, c’est-à-dire que le but n’est pas de convertir les orthodoxes au catholicisme. Le but, comme l’écrivait Jean Parvulesco le catholique, c’est de parvenir à trouver le secret de la suprême jonction entre l’orthodoxie et le catholicisme, et ce secret réside dans le dogme du couronnement de la Vierge Marie associé à l’amour intransigeant du Paraclet.
 
Jean Parvulesco parlait de « l’immense bataille théologique et métahistorique en train de constituer actuellement les fondements du renouveau révolutionnaire grand-continental européen du troisième millénaire, qui verra la nativité dogmatique d’une nouvelle religion impériale grand-continentale axée sur la figure de Marie couronnée, de Marie souveraine maîtresse des cieux et de la terre ».
 
Etre catholique, c’est vénérer la Royauté Absolue et Cosmique de la Sainte Vierge, comme dans les visions de Joachim de Flore, comme la décrit saint Jean au chapitre XII de son Apocalypse.
 
Après deux millénaires de représentations picturales et sculpturales du Couronnement de la Vierge, de très nombreux courants chrétiens demandent aujourd’hui la reconnaissance dogmatique de la titulature de la Vierge comme co-médiatrice, co-rédemptrice, Mère de l’Eglise, Reine du monde… Comme l’écrit le Père Zanotti-Sorkine : « En reconnaissant que Marie a sauvé le monde avec son fils, l’église permettrait à sa royauté d’apparaître sous un jour unique, jamais atteinte par aucune tête couronnée de la terre. »
 
Enfin, être catholique, c’est être définitivement anti-marxiste, anti-démocrate, et anti-républicain.

 

 

5)      Complotisme
 
Au début de mon exposé, je rappelais que l’écriture est supposée être née vers – 3500, durant l’ère précessionnelle du Taureau, la première ère de l’Age de Fer qui débuta par le déluge de Noé.
 
Et le déluge de Noé, c’est justement l’éradication de toutes les colonies atlantes, à l’exception – comme je le disais tout à l’heure – de la Chaldée (Japhet), de l’Egypte (Cham) et des juifs faisant la jonction historique entre les deux (Sem).
 
J’aimerais insister sur le lien structurel et signifiant entre l’écriture et son support, et également entre la lecture et son support.
 
Contrairement à ce que proclament les évolutionnistes, toute irruption dans l’histoire d’une nouvelle technologie est un signe direct de l’affaiblissement des connaissances humaines. Plus l’homme est intelligent, et moins il connaît. Et c’est même parce qu’il connaît de moins en moins, du fait de l’éloignement progressif et historique des origines de sa création, que son intelligence analytique se complexifie afin de pouvoir reproduire des phénomènes qu’il savait contrôler auparavant par d’autres moyens que technologiques : des moyens cognitifs et spirituels. L’invention de la roue - et de la charrette – ne prouve rien d’autre le fait que l’homme était alors devenu suffisamment moderne pour ne plus savoir se déplacer autrement que par des moyens matériels.
 
L’écriture est née en même temps que la roue, et au même endroit : en Mésopotamie vers 3600 avant Jésus-Christ. La première écriture montre le besoin de fixer des connaissances sous forme de traits gravés dans l’argile, c’est l’écriture cunéiforme. Puis, quelques centaines d’années plus tard, on trouve les premiers hiéroglyphes en Egypte sur la palette de Narmer. Comme je le disais tout à l’heure, on trouve la présence des trois fils de Noé : deux sont sédentaires, Japhet et Cham, et le troisième, Sem, est nomade. Dans la cité de Japhet (la Chaldée), Sem s’appelle Abraham avant de se rendre dans la cité de Cham (l’Egypte), où il s’appellera Moïse. La vision philosémite des événements consiste à dire que les Juifs récupèrent à chaque fois l’écriture, c’est-à-dire les traces visibles de la religion – d’abord Gilgamesh puis Amon – afin de sauver l’essentiel de chaque civilisation avant qu’elle ne s’écroule. L’Arche d’Alliance pourrait alors être le cœur non-écrit de l’écrit, le centre vide du rouleau, la part interne et non divulgable réservée à la caste sacerdotale La vision antisémite consiste, au contraire, à dire que ce sont les Juifs qui provoquent à chaque fois l’écroulement de la civilisation, d’abord chaldéenne puis égyptienne, afin de pouvoir lui dérober son trésor spirituel. Ce n’est pas mon sujet.
 
Je veux insister sur le fait qu’avec l’écriture se révèle désormais à tout homme une partie des principes spirituels, alors que toutes les religions pratiquées depuis l’expulsion du Paradis étaient jusqu’alors basées sur des principes transmis de manière exclusivement orale et réservés à la connaissance des hommes en mesure de les comprendre.
 
L’invention de l’écriture correspond ainsi à une divulgation partielle des principes. C’est ce qui fait dire à un ami que Moïse, avec ses Tables de la Loi, a été le premier démocrate de l’histoire. Les grandes étapes de l’écriture ont ensuite été les suivantes : l’imprimerie, seconde moitié du XVè siècle (si l’on met de côté la xylographie pratiquée en Asie depuis 700 ans) ; les lettres sont désormais isolées les unes des autres, ce qui segmente la phrase. C’est à cette époque que surgissent à la fois l’humanisme et le protestantisme, deux pensées modernes et hérétiques qui se basent sur une version lettriste du monde, c’est-à-dire qui analysent les choses au pied de la lettre. Notons qu’en même temps, et comme par un effet de contre-réaction, on trouve Rabelais, Marsile Ficin, tous ces écrivains qui tentent d’utiliser la nouvelle technologie en la contournant, afin de retourner le plus efficacement possible aux sources du savoir.
 
Pour François Rabelais, et c'est indiqué très nettement dans le Pantagruel, Platon est le prince des philosophes. Il y fait beaucoup référence dans ses cinq livres. 
 
Il est souvent représenté, à tort, comme un humaniste.
 
Mais Rabelais était un excellent catholique, il voulait revenir aux sources de sa religion. Il disait qu'il fallait parler la langue arabe pour lire le Coran, ainsi que maîtriser l'hébreu et le grec. Rabelais nous parle de la Sibylle de Cumes qui annonça la venue du Christ et nous rappelle par là les origines helléniques (et donc égyptiennes), et non pas seulement juives, du christianisme. Il évoque la cyclologie, il situe la "création du monde" (entrée dans l'âge de fer) quatre mille ans avant Jésus Christ. Rabelais insiste sur la double origine du judaïsme, par l'analogie des épouses d'Abraham, l'une chaldéenne et l'autre égyptienne. Rabelais insiste également sur le rôle apocalyptique de la Vierge Marie. En bref, ce corpus est celui d'une pensée traditionaliste en totale opposition avec la pensée humaniste des lumières, de la naissance de la modernité. 
 
Par ailleurs, ce n’est certainement pas un hasard si l’invention de l’imprimerie en Europe correspond à la création, pour la première fois, de sociétés ésotériques profanes, laïques, telle que la Société Angélique à Lyon.
 
La rupture technologique suivante dans l’histoire de l’écriture, après l’imprimerie, est l’ordinateur. Après que la phrase ait été fragmentée par le système de l’imprimerie, c’est la lettre elle-même qui se fragmente sous l’effet de la pixellisation numérique. Comme l’avait très bien vu Abellio dans son roman La Fosse de Babel publié en 1962.
 
Au chapitre VI, le policier Pirenne exhibe sa gigantesque machine automatique de gestion d’informations sur les individus : c’est une « trieuse d’âmes ». « Vous êtes ici en présence du premier chef-d’œuvre de la police quantitative », explique Pirenne. « On raconte l’histoire de ce fantassin de l’armée Vlassov qui, étant ivre, en juin 44, à Sotteville, près de Rouen, coupa le doigt d’une jeune fille pour lui voler sa bague. On le retrouva en trois jours, à Strasbourg, un an et demi après, en sachant seulement qu’il était blond, mesurait environ 1 m 80 et avait une fossette au menton… Un jour, chaque homme aura sa fiche et on pourra, en un point quelconque du monde, à des milliers de kilomètres de chez lui, remonter instantanément dans son passé. Il n’y aura plus de distance et plus de passé ».
 
Raymond Abellio prophétise en ce roman en 62 le règne totalitaire de l’ordinateur qui abolit le temps et l’espace.
 
On retrouve ainsi une parfaite similarité entre l’évolution de l’écriture et les phases principales de la modernité chez l’homme décrites par Guénon : la lettre et l’être connaissent la même régression spirituelle : d’abord la coupure du lien transcendantal (invention de l’écriture), puis la coupure des liens horizontaux et la naissance de l’individualisme (isolement des lettres par l’imprimerie), et enfin la dissolution de l’être (pixellisation de la lettre). On ne lit pas un texte sur ordinateur, on le regarde, c’est tout à fait différent.
 
Enfin, voici la phase ultime. Avec internet, tous les ordinateurs du monde sont reliés les uns aux autres, et chaque pixel est instantanément délocalisé et mis en réseau. Le protestantisme est né avec l’isolement de la lettre ; le flicage généralisé des uns par les autres (la police parfaite) est né avec l’ordinateur ; avec la mise en réseau des pixels, est née la pensée en toile d’araignée : le complotisme.
 
J’ai suffisamment écrit sur le complotisme pour ne pas avoir à m’étendre sur le sujet. Lisez mondernier texte sur le sujet, mis en ligne sur le blog de Parousia le 16 février 2014, et titré « Le complotisme, cet anaconda dont nous écraserons la tête à coups de talon ». Je rajouterais simplement que cette pensée spécifiquement infantile produit des dégâts considérables en matière de religion et de politique.
 
Le versant religieux du complotisme se voit dans le succès grandissant du sédévacantisme, cette hérésie typiquement moderne où chacun prétend avec sa propre science infuse que le Vatican n’est plus le Vatican. Même Mgr Lefèvre n’a jamais été sédévacantiste ! On voit des traces de satanisme partout, sur le moindre cheveu du moindre curé de campagne.
 
Mais les ravages du complotisme en matière de politique sont tout aussi ahurissants.
 
On peut trouver sur internet une vidéo titrée « Incroyable : Poutine est juif et veut le nouvel ordre mondial ! », toujours relayée par les mêmes ahuris. En voici quelques commentaires.
 
7mn40 : On voit Poutine serrer la main du Pape François. « Tout le côté pseudo chrétien et anti-corruption de Poutine, c’est du théâtre ». Il est vrai que dans l’ombre des extra-terrestres, les illuminati à la tête du Vatican mettent la Cabale au sein de la prochaine société antéchristique…
 
9mn15 : « Il faut savoir que Poutine est juif, par sa mère qui s’appelle Maria Ivanovna Shalomova ». Il faut savoir que je suis moi-même juif, mon véritable nom est Laurent Jamesovitch, et je suis un ashkénaze infiltré dans les milieux eurasistes pour tout balancer aux flics. Je vous assure que c’est ce que l’on raconte dans certains milieux !
 
12mn50 : « Il faut savoir que Poutine a du sang sur les mains : Boris Nemtsov, Anna Politkovskaya ». La source ? Bloomberg News !
 
13mn42 : « Illuminati Puppets »
 
33mn : A propos de l’eurasisme : « Ca permet de brouiller les cartes des nations, et de faire croire que les nations, c’est dépassé ». Pour les complotistes, l’eurasisme est un mondialisme. Toujours cette confusion sempiternelle, ancrée – comme je l’ai montré – dans la confusion entre Atlantide et atlantisme.
 
34 mn : « Douguine, c’est un Brzezinsky russe »
 
« Ca me rappelle la deuxième guerre mondiale, où on avait d’un côté un camp inspiré par Marx (les russes), et de l’autre par Nietzsche (les allemands). A chaque fois, c’est des faux théoriciens qui viennent donner une idéologie pour permettre aux gouvernants d’être suivis par la foule ».
 
41mn30 : « Forcément, nos élites ne vont pas nous montrer le mauvais côté de la Russie, si c’est la Russie qui doit diriger le nouvel ordre mondial. C’est logique. Il faut forcément que le nouvel ordre mondial donne envie aux gens. Donc c’est pour ça que l’ancien ordre mondial, donc l’occident, qui se fait détruire parce qu’il est chrétien et que c’est l’ennemi des juifs, est déprécié. Donc en fait on montre une Russie complètement forte et largement supérieure à l’occident, parce que justement le but c’est d’écraser l’occident. Voilà, j’espère que vous avez compris la stratégie ». « Le but est l’instauration d’un nouvel ordre mondial communiste ».
 
Le complotisme est une pensée extrémiste fabriquée par internet pour lutter frontalement contre la pensée radicale.
 
Le complotisme est une force structurellement démotivante (puisque les Etats-Unis, les illuminati et les lézards contrôlent tout, y compris Douguine et le Vatican), mise en avant pour détruire de l’intérieur la révolution eurasiste.
 
Le complotisme est la maladie infantile de l’eurasisme.
 
Je termine avec le dernier paragraphe du texte de Douguine « La Terre verte – l’Amérique ».
 
« En premier lieu, les archétypes inconscients associés à la structure spatiale et temporelle du cosmos doivent être examinés à la lumière d’une tradition métaphysique véritable et orthodoxe, qui seule peut remettre les chose à leur juste place à l’intérieur de l’ordre divin. Au contraire, s’ils restent au niveau inconscient, ces archétypes, étant efficaces et puissants, pourront toujours attirer non seulement des individus particuliers, mais aussi des nations entières, des races et des civilisations vers les conséquences les plus imprévisibles et les plus destructrices. Mais pour atteindre la tradition métaphysique capable d’illuminer par le rayon de l’intelligence divine la profondeur abyssale du psychisme, il faut faire un effort intellectuel et spirituel presque incroyable dans les circonstances actuelles, afin de s’arracher aux ‘dogmes’ infondés de la pensée profane et matérialiste qui s’est emparée de la plupart de nos contemporains, mais sans pour cela tomber dans l’occultisme chaotique, le néo-mysticisme ou le néo-spiritualisme. La meilleure voie pour cela, et même la seule, est d’accepter une religion traditionnelle et, par la pratique spirituelle, rituelle et intellectuelle de cette religion, de pénétrer dans ses aspects ésotériques et secrets, dans ses mystères.
 
Deuxièmement, seules deux traditions religieuses sont moins exposées à l’influence de la ‘Terre verte’, à savoir le christianisme orthodoxe […] et l’islam orthodoxe. En tout cas, l’orientation verticale et métaphysique de ces religions, à conditions qu’elles soient épurées à la fois de toutes leurs stratifications modernes et de leurs associations archaïques, apparaît comme une garantie suffisante d’authenticité et d’efficacité spirituelle.
 
Et enfin, il est nécessaire de former un concept purement géopolitique et non-religieux de ‘bloc eurasien’ (‘Kontinentalblock’, comme on disait autrefois), qui unirait tous les peuples et tous les Etats eurasiens dans un seul complexe autonome et soustrait au paradigme parodique-eschatologique qui opprime le monde traditionnel. Aujourd’hui, après le démantèlement du système socialiste, il n’est pas vraiment important de savoir sous quelle forme politique et étatique cela surviendra. Au niveau mondial, il est maintenant beaucoup plus important qu’un seul peuple et qu’un seul Etat affrontent ‘l’Atlantide réémergeante’ et sa mission. C’est pourquoi l’idée d’une ‘Eurasie des peuples’ ou d’une ‘maison commune’ qui aurait une forte orientation anti-atlantique et qui ferait appel aux ressources intérieures, spirituelles, religieuses, économiques et matérielles, n’est aujourd’hui pas aussi abstraite et utopique qu’elle peut le sembler à première vue. La foi dans les ‘ancêtres morts’, dans les fabricants de coca-cola, est-elle plus réaliste et plus objective ?
 
Quant au continent Amérique, la période de son expansion, selon les correspondances cycliques précises, probablement, sera tendue, orageuse, pleine d’événements inquiétants, mais aussi extrêmement brève, puisque le ‘New Age’ dont l’arrivée a été annoncée par les partisans mystiques de la ‘Nouvelle Jérusalem’, mais qui n’a pas encore commencé, finira par arriver. Son arrivée sera signalée par un grand cataclysme géographique. Et qui sait si l’Amérique, la ‘Terre Verte’, ne connaîtra pas le même destin que celui qui frappa jadis un autre continent situé dans l’Atlantique ? »

 

Contre le triptyque Nationalisme, Marxisme et Complotisme :
Eurasiste, Catholique et Révolutionnaire ! 


Laurent James, Sainte-Foy-la-Grande, 5 septembre 2015

Déluge biblique et affectivisme postmoderne

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Déluge biblique et affectivisme postmoderne

Ex: http://www.dedefensa.org

7 septembre 2015 – ... Pour commencer, battez tambours, sonnez trompettes, et Gloire et Honneur à Michel Onfray, le 3 septembre 2015, sur BFM-TV... Pour la séquence, d’abord une image en studio d’une autre émission, avec BHL en image fixe, BHL seul, léonin par rapport au vulgaire et si loin du vulgaire, le regard au lointain qui voit le sort du monde, Statue du Commandeur d’une élégance inévitable ; la voix “off”, du pur-BHL dans le genre tragiquement-calme, mais humanitaire-hein, discourant à propos de la photo du petit garçon syrien trouvé mort sur une plage de Turquie ; des propos comme sur une tartine à la gelée royale, chargée de lieux communs délicieux, à propos de ces “images” qui “secouent le monde”, ou bien qui ont “l’étrange vertu” de “réveiller la conscience universelle”, “la mort d’un enfant”, “atroce” (on cite à vue de nez et d’une oreille un peu bouchée)... Puis, question à Onfray de l’aimable présentatrice : «Pour une fois, vous êtes d’accord ?»  ; réponse, toute fureur rentrée, ce qui laisse à Onfray la disposition d’un langage clair et tranchant  :

Non non, il a pas honte, il a pas honte, il ferait mieux de rester caché. Vous savez, je pourrais citer Audiard, “les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît”, parce que franchement, avec tout ce qu’il advient aujourd’hui il ferait mieux de rester chez lui ... Voilà un monsieur ...

Il n’y a vraiment rien qui peut vous mettre d’accord ...

Mais enfin, si, peut-être, sûrement, des choses, mais pas ça... Voilà quelqu’un qui a invité à bombarder la Libye, qui a invité à tuer des Libyens, sous prétexte qu’en tuant des Libyens on rendrait possible la démocratie ... On a détruit un État qui valait ce qu’il valait, mais avec lequel on pouvait discuter, on pouvait discuter avec l’interlocuteur qu’était Kadhafi. Là, on ne peut plus rien à faire avec la Libye, c’est une base extraordinaire pour le terrorisme... Responsable de rien, Bernard-Henri Lévy, il vient de nous expliquer qu’il faudrait ceci, qu’il faudrait cela... D’ailleurs on voit des photos de lui, récemment, où il donne des conseils aux gens qui combattent, etc. ... Donc, il faut juste qu’il y ait un moment donné où il faut un peu de pudeur, tous ces gens qui ont rendu possible cet enfant mort, et Bernard-Henri Lévy en fait partie ...

Il est complice ?

Oui, évidemment, il est complice, comme d’autres sont complices, les présidents de la République d’hier et d’aujourd’hui, qui défendent exactement la même ligne, et qui disent “oh là là, c’est effrayant cette photo”... C’est effrayant mais ce sont des criminels ces gens-là, leur politique est criminelle, on devrait commencer par arrêter cette politique ... Un chef d’État qui voudrait être un chef d’État dignement, devrait commencer par changer de politique, faire une politique indépendante ... (*)

Le démon, élégamment habillé d’une chemise d’un blanc éclatant comme l’innocence, ouverte sur un torse bronzé comme la peau tannée d’un vieux loup de terre qui a affronté les plus grands dangers pour sauver les pauvres hères accablés par les tyrans, surmonté d’une chevelure grisonnante du plus heureux effet puisque coiffée par les soins prodigieux des grands vents du Sud de la migration, le démon s’avance, à peine masqué. D’aucuns le nomment BHL, ce qui est à la fois à mourir de rire et mourir de plaisir.

Il ne cesse d’éructer, de tonner, de s’emporter. En un sens, il nous avait tous avertis. La Libye, la Syrie, tout cela était assuré. L’innommable Kadhafi jouait déjà de la migration du temps où on le subventionnait grassement, puis vint la “libération de la Libye” dont il (BHL) fut le modeste inspirateur, qui n’a rien provoqué en fait de migration puisque les migrants qui traversent la Méditerranée ne sont pas des Libyens même s’ils viennent de Libye. Les Libyens eux-mêmes, ils sont chez et ils y restent, chez eux, débarrassés du tyran et c’est bien, et ils vont bien conformément aux consignes. Le reste, les politiques n’avaient pas prévu. La Syrie, c’est encore pire ! Tout est de la faute d’Assad, qui n’a pas disparu au printemps 2011 comme il aurait du, et qui est le véritable créateur de Daesh, contrairement à ce qu’affirment les bouffons de la DIA. D’où la fuite précipitée actuelle des Syriens, bien entendu à cause d’Assad, vers l’Europe dont le devoir humanitariste est de tous les accueillir... Ah, si Obama n’avait pas «trahi», à l’été 2013, lorsqu’on pouvait encore bombarder Assad, Damas et quelques trucs alentour, avec quel profit pour l’humanité ! Tout serait bien rangé aujourd’hui, dans la Syrie démocratique, comme ce l’est dans la Libye démocratique.

On traduit, on résume, on adapte, on approximative. Avec lui, seul compte l’esprit, la citation précise est inutile, presque obscène dirait-on tant elle suppose un doute quant à la justesse de la pensée. BHL est désincarné, l’être humain ne compte plus, qui s’est sacrifié derrière la dimension globalisante qu’il a acquise ; à l’égal, —mais un cran au-dessus, tout de même, – des alchimistes qui transmutaient le vil plomb en or, BHL transmute le lieu commun en parole de Prophète... Il est l’ange-démiurge exceptionnel de cet ouragan de communication qui a saisi l’Europe depuis quelques semaines, et surtout depuis quelques jours. On espère qu’un scribe, un jour, recueillera toutes ses sorties pour l’édification des masses futures, mais uniquement parce qu’elles expriment si bien le récit de la crise européenne, celle de l’Europe désormais plongée dans un déluge, – non, dans le Déluge quasiment biblique, qui la bouleverse et la secoue de fond en comble.

La Grande Crise de la Migration (GCM) est devenue un nouveau chapitre furieux de la crise européenne qui ne cesse de tordre, de malaxer, de déformer l’Europe et de la soumettre à des tensions inouïes. Mais ce chapitre-là n’est à nul autre pareil dans la pureté chimique de l’ingrédient spirituel qui écrase le reste, – nous avons nommé l’“affectivisme”, déjà bien identifié. Certes, BHL est le grand’maître, le porte-voix de l’“affectivisme”, et nul ne sait s’il en est la victime ou le manipulateur accomplissant son travail de Combattant Suprême surgi de Mordor.

Le caractère le plus remarquable de cet épisode extraordinaire de la Grande Crise de la Migration, c’est la mise au grand jour, à ciel ouvert jusqu’au-delà de l’horizon, de cet affectivisme ; d’une manière frappante, extraordinairement éclatante, absolument impérative, tournure de la psychologie qui se suffit totalement à elle-même pour expliquer à la fois la Cause Première et la Fin Dernière de l’aventure, et même pour remplacer Dieu dont l’absentéisme (dans cette aventure) en est une des marques les plus notables. Il faut en effet Le remplacer puisqu’Il n’assume plus ... Voici donc ce que nous nommons affectivisme alors que nous avions choisi d’abord le terme “affectivité”... Ce néologisme impliquant la constitution d’une forme spécifique de comportement pseudo-intellectuel est bien mieux approprié que le terme “affectivité” qui autorise toutes les confusions avec un phénomène naturellement produit par l’affect, d’abord employé dans ce texte du 11 juin 2012 où nous tentions d’en donner une définition. Ce changement de désignation est due à l’intervention extrêmement pertinente d’un de nos lecteurs, le 10 novembre 2014, concernant ce même texte du 11 juin 2012. (**) C’est sur ce concept d’“affectivisme” que nous voulons concentrer notre attention. Nous citerons simplement un texte du réseau russe RT pour documenter d’une façon générale, ou plus simplement en rappeler là-dessus, tant ces choses sont connues ces derniers jours, les circonstances récentes les plus marquantes.

(Les Russes sont les mieux à même d’observer cette phase de la crise européenne parce qu’ils sont extérieurs à l’enjeu, qu’ils sont pourtant attentifs à cette crise, qu’ils connaissent bien les réactions des Européens, qu’ils ont eux-mêmes à faire à des migrations massives, – près d’un million d’Ukrainiens passés en Russie depuis 2014 sans soulever le moindre intérêt en Europe, sinon le scepticisme le plus inculte quant à la véracité de la migration, et le mépris le plus insultant pour cette sorte de réfugiés faisant partie des Ukrainiens prorusses qui ont le toupet de vouloir nous faire croire aux intentions massacreuses de “Kiev-la-folle”. Poutine lui-même nous a confié ses réflexions, prétendant ainsi faire la leçon aux Européens, toujours selon RT : «Lors du Forum économique de Vladivostok en Extrême-Orient russe, Vladimir Poutine a affirmé que la situation dans laquelle se trouvait aujourd'hui l'Europe était “inévitable”, puisque l'UE poursuivait une politique étrangère qui s'est révélée être un échec au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Selon le président russe, le principal défaut de cette politique étrangère occidentale est “l’imposition de ses propres normes à travers le monde” sans prendre en compte les caractéristiques historiques religieuses, nationales et culturelles de régions indépendantes.»)

Dans son texte du 4 septembre 2015, RT rapporte les divers détails de l’image qui a transformé la situation européenne en ce Déluge biblique de l’affectivisme postmoderne. Il s’agit de l’image du corps de ce petit enfant syrien noyé, ramené par les flots sur une plage de Turquie, accompagnée d’autres illustrations du sort tragique de réfugiés le plus souvent syriens. Il y a aussi, comme contrepoint aux réactions diluviennes qui ont accompagné cette seule image tragique, une réaction assez sèche de la Haute Représentante (ministre des affaires étrangères) de l’UE, Federica Mogherini, qui en “a assez” de subir ces réactions hystériques complètement sorties de leurs gonds de la plupart des hommes politiques européens, réactions productrices des propositions, voire des politiques les plus insensées, face à la Grande Crise Migratoire.

«As horrific pictures of a Syrian refugee boy washed ashore in Turkey make headlines, equally distressing scenes of drowned children found in Libya are causing a massive outcry online. Still, the EU foreign policy chief has stressed that politicians cannot afford to act emotionally. While global media features the picture of a drowned Syrian boy washed up on the Turkey's shore, a no less shocking and tragic case, which happened only last week, managed to mostly stay out of the media spotlight.

»The set of elegiac images showing dozens of drowned asylum seekers was posted on Facebook by Syrian photographer and artist Khaled Barakeh on August 29 and gathered over 100,000 shares in just a few days. The majority of the images, which most media avoided showing, revealed drowned children lying in foam on a beach while another depicted multiple orange bags with what appeared to be bodies inside. The album entitled “Multicultural graveyard” has a note that reads: “Last night [August 28, 2015] more than 80 Syrians and Palestinians refugees have drowned in the Mediterranean close to the Libyan shores trying to reach Europe.” The author of the post, a widely exhibited artist, did not comment on the source of the photos he posted. [...]

»The figures of the asylum seekers killed in attempts to cross the Mediterranean are shocking, but when the EU foreign policy chief was asked on Thursday about the picture of “that” three-year-old boy, Federica Mogherini said that despite the hype over the human tragedy politicians cannot afford to act emotionally. “I am a little bit fed up that politicians are called to react emotionally,” Mogherini said. “Our job, as I said, is to take decisions rationally, being consistent and coherent with our emotions. So I think, I'm sure, all of us are shocked seeing that kind of picture but I expect not only for us to be shocked but also for all of us to be responsible enough to take the consequential decisions that are needed.”»

Nous prétendons que cette situation qu’on peut difficilement qualifier de “politique” répond à une particularité extraordinaire de la psychologie, conditionnant à mesure l’activité de l’esprit, le jugement qu’il en tire et l’action qui en résulte. En 2012, dans le texte cité, nous ne parlions que des réactions à propos de la crise syrienne, tandis qu’aujourd’hui le propos est beaucoup plus large. La crise syrienne circa 2012, ajoutée à la crise libyenne, est présente parce que ces deux crises sont les causes opérationnelles directes et incontestables de cette vague migratoire d’une puissance extraordinaire. Ces deux crise, surtout la syrienne, ont évolué en un énorme “tourbillon crisique” affectant le Moyen-Orient, notamment autour du phénomène Daesh, et faisant partie de la situation crisique désormais générale. Dans ce tourbillon s’inscrit également la puissante crise ukrainienne, qui s’est développée depuis le début 2014 avec ce qu’elle a introduit dans l’état d’aggravation permanente de la psychologie produisant l’affectivisme, notamment avec de nouveaux concepts, essentiellement le “déterminisme-narrativiste”. La situation est, en 2015, infiniment plus grave qu’en 2012, sur à peu près tous les plans, et notamment et essentiellement pour notre propos sur celui de la prolifération absolument affolante de cet affectivisme.

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“L’affectivisme, ça ose tout...”

Comment définissons-nous l’affectivisme à partir de sa définition présentée en 2012 ? (Dans le commentaire qui suit, les diverses citations en italique et entre guillemets sont empruntées à notre texte de 2012, avec des ajouts éventuels [entre braquets].) «Il s’agit du constat de l’effacement complet de la raison en tant que force structurante du jugement dans les attitudes politiques de ces directions vis-à-vis de la crise syrienne [et, désormais, d’à peu près toutes les crises qui affectent l’Europe et, plus généralement, les pays du bloc BAO]. Il n’est donc plus question, en vérité, d’attitudes politiques mais d’attitudes psychologiques comme détonateur d’une situation effectivement métahistorique.

»Le constat est effectivement que l’effacement d’une raison efficace, une raison “loyale à la perception de la réalité”, ouvre la porte au déferlement de l’affect en termes psychologiques, ou pure affectivité, dans les réactions [aux diverses situations de crise qui intéressent directement les esprits concernés et conduits à des réactions très rapides sous la pression de la communication]. Cet affect n’est évidemment pas suscité par un plan de manipulation puisqu’on a vu que la raison, qui seule peut produire humainement de tels plans, est absente dans son rôle habituel de rangement des ambitions et des projets humains. L’affect prépondérant dans ces réactions est donc la cause autant que le produit des manipulations innombrables qui caractérisent le compte-rendu de la [réalité d’une situation,] qui est bien entendu une [réalité] complètement fabriquée, [c’est-à-dire une narrative, selon le terme désormais consacré dans notre usage]. Il s’agit d’une auto-manipulation, ou techniquement d’une auto-mésinformation, suscitées par une affectivité qui a complètement pris le dessus dans [le fonctionnement de la psychologie] , et qui affecte l’observation des faits et le jugement selon des normes idéologiques de type hystérique elles-mêmes véhiculées dans la psychologie avant d’être transcrites en “idées” de type-standard et homogénéisées (droits de l’homme, humanitarisme, etc.).»

En 2012, déjà et bien entendu, nous consacrions un passage à l’importance primordiale de la communication dans ce processus. (La communication ”, pour ce cas, lorsqu’elle est au service du Système en général, selon une de ses fonctions-“Janus”.) Aujourd’hui, cette importance est tout simplement gigantesque, écrasant et dispersant tout le reste pour régner en maîtresse absolue ; la communication sous sa forme sophistiquée et complexe de “système” a introduit des notions nouvelles d’automatisme qui renforcent l’enfermement, l’emprisonnement de l’esprit, du jugement, et d’abord de la psychologie dans la voie de l’affectivisme. Le principal concept nouveau qui est apparu, avec la crise ukrainienne, est celui du “déterminisme-narrativiste” qui peut vous emmener dans des contrées totalement inexplorées de la narrative la plus grotesque et véritablement fantasmagorique (une sorte d’Alice au Pays des Merveilles en un peu plus sombre). L’absolutisme du concept nous fait penser qu’on pourrait lui appliquer la formule Onfray-Audiard  : “le déterminisme-narrativiste ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît”... L’usage massif d’informations déformées, fabriquées, inventées, souvent quasi-inconsciemment, pour servir la cause qui alimente l’affectivisme, pour justifier cette cause, pour lui donner cohérence et apparence de réalité, développées et produites à une cadence très élevée, «sans le moindre esprit critique qui disparaît avec la raison, la rapidité du processus de la communication qui interdit toute distance vis-à-vis du soi-disant fait exposé et la rapidité de la réaction émotive standard par conséquent, la profusion de l’emploi des mêmes images, la standardisation des réactions d’affectivité devant ce kaléidoscope ultra-rapide des mêmes éléments de communication présentés comme strictement objectifs, etc., tout cela crée cette atmosphère immensément favorable à la réaction affective, et seulement affective».

Nous écrivions en 2012 que «[c]ette atmosphère agit comme un complément, sinon décisif, dans tous les cas très efficace, pour le phénomène constaté». Nous dirions, trois ans plus tard que “cette atmosphère”, c’est-à-dire la communication en soi, est devenue une sorte de “monde en soi”, un “monde nouveau”, ou même un “Nouveau-Monde” si l’on veut honorer “Kiev-la-folle” qui est pour beaucoup dans cette évolution ; nul parmi ceux qui s’y sont aventuré n’en peut sortir sans subir des dommages psychologiques épouvantables, jusqu’à des pathologies, et sans aucun doute une sorte d’atonie de l’esprit, une paralysie générale de la pensée qui demande une longue convalescence ou bien s’avère inguérissable. Il s’agit donc beaucoup plus désormais qu’“un complément ... dans tous les cas très efficace”, mais au moins d’un “complément décisif”, sinon le facteur central, quasiment-créateur d’un renouvellement constant de l’affectivisme, comme une sorte de “potion magique” qui serait constamment en action (“Pas pour toi, Obélix, tu es tombé dans la marmite quand tu étais tout petit”).

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Nous parlions également dans le même texte de 2012 d’un aspect de “terrorisation” de l’esprit de nos dirigeants, toujours à cause de la faiblesse de leur psychologie. Nous nous référions notamment aux textes du 16 avril 2012 (“LEUR psychologie terrorisée”), et du 18 juin 2012 (reprenant une synthèse du dde.crisis du 10 juin 2012). Cet aspect de “terrorisation” des psychologies des directions politiques est devenu essentiel dans la psychologie des dirigeants politiques, essentiellement des pays du bloc BAO, depuis l’attaque du 11 septembre, et cela quelles qu’aient été les positions des uns et des autres vis-à-vis de cette attaque (y compris, même, s’il y a participation à un processus ou l’autre favorisant cette attaque, dans le cas de l’organisation des attentats 9/11 ou de la connaissance de l’organisation de ces attentats) : nous parlons là d’un processus affectant la psychologie, échappant à la maîtrise de l’esprit, et il y aurait donc dans certains cas une sorte d’“auto-terrorisation”... «Le résultat de cette situation de “terrorisation” de la psychologie est une dégradation extraordinairement accélérée des capacités d’une raison déjà largement subvertie par l’influence du Système. La raison subvertie et extrêmement dégradée n’est plus qu’un “outil technique” au service de l’[affectivisme] (au service du Système par conséquent, par délégation) pour construire la “narrative” et organiser l’action à l’intérieur de cette “narrative”; et même, dans le chef de cette même raison réduite au rôle d’“outil utile” comme on dit “idiot utile”, organiser la dissimulation de sa propre subversion et de sa propre dégradation...

»Les évènements jouent bien entendu un rôle considérable,[d’autant qu’ils sont pour l’essentiel profondément “dramatisés” en montages fantasmagoriques par le système de la communication agissant au nom du Système dans ce cas. Ils] accélèrent cette dégradation de la raison, de l’esprit en général, de la politique qui en est le produit. Ils mettent en lumière, par eux-mêmes, les effets des réactions catastrophiques d’une raison ainsi dégradée suscitant des politiques à mesure, et laissant la place au plus bas des composant de l’activité psychique générale, qui est l’affectivité. (L’affectivité [n’est pas sans valeur... Mais elle n’a de réelle valeur et évite l’affectivisme] que lorsqu’elle est contrôlée par la raison, et, [bien plus encore], éclairée par l’intuition haute [qui lui donne noblesse, substance et inspiration sublime]. Ce n’est bien entendu pas le cas dans notre situation, mais [absolument, complètement] une situation de complète inversion à cet égard.) Cette situation générale est appuyée sur l’idéologie maximaliste, absolue, nihiliste [qui est la marque absolument totalitaire que le Système impose à toutes nos activités aujourd’hui] ; l’idéologie pour elle-même, qui est l’extrême et le cul de sac à la fois d’une chose (l’idéologie), [qui est dans ce cas] une construction de l’affectivité pour faire accepter sous le couvert de la raison et d’un habillage d’une belle apparence logique ou morale, une politique absolument pervertie. (Résumons : [l’idéologie de l’affectivisme], ou la complète perversion de la politique par l’affectivité.)»

Les évènements, essentiellement depuis 2008 et la crise financière après l’épisode 9/11, ont effectivement joué ce rôle “considérable” dans la formation de l’affectivisme, notamment avec des caractères de vitesse, d’accumulation, de vélocité, d’incapacité complète à être pris sous contrôle et d’une tournure telle que des raisons déjà sous l’emprise de l’affectivisme sont totalement incapables d’en saisir la signification profonde, ni même la nécessité de tenter une telle recherche de compréhension. Il y a eu les évènements durant le “printemps arabe”, conduisant à un développement extraordinaire du terrorisme jusqu’à prendre des formes inusitées (Daesh) selon l’activisme complètement désordonné et déjà marqué par l’affectivisme des directions du bloc BAO ; il y a eu les caractères extraordinaires du point de vue de la communication et de ses effets sur la psychologie de la crise ukrainienne, conduisant à la nécessité de la construction de fausses réalités (narrative) dans une mesure jamais connue, jusqu’à une sorte d’hallucination construite et acceptée sans émettre le moindre doute sur la forme de ce processus, une sorte d’hallucination d’apparence rationnelle, mesurée, sinon même donneuse de leçons ; il y a enfin, pour notre cas présents, les premières grandes migrations à partir du printemps de cette année directement déclenchées par les activités déstructurantes du bloc BAO et constituant une extraordinaire anticipation du phénomène eschatologique des migrations massives (GCM ou Grande Crise de la Migration) jusqu’alors annoncées comme étant liées, dans un délai beaucoup plus long d’une ou plusieurs décennies, à des évènements également eschatologiques d’ampleur cosmique comme le dérèglement climatique et la crise environnementale... Ces évènements, et notamment les derniers (les migrations et la GCM) avec leur énorme charge eschatologique, ont constitué et constituent plus que jamais une pression constante énorme qui n’a fait qu’accentuer dans ces psychologies déjà dévastées des directions politiques l’influence prépondérante de l’affectivisme.

Par rapport à 2012 où nous nous attachions pour la première fois à l’affectivisme en tant que déviance intellectuelle identifiée, les directions politiques n’ont cessé de régresser dans le domaine de la maîtrise de leur propre raison, en même temps que cette raison ne cessait de se dégrader, et ces directions n’ont cessé de céder toujours plus à l’affectivisme jusqu’à perdre complètement toute capacité d’un jugement rationnel prenant en compte le processus de cause à effet, capable d’isoler les causes profondes de tel ou tel événement, capable de se libérer fût-ce un seul instant de l’empire total de la communication qui alimente l’affectivisme. Le cas d’un personnage aussi totalement discrédité, ridiculisé, mis aussi bas que possible si l’on a un jugement sain disposant d’une psychologie forte, qu’un Tony Blair (voir le 1er septembre 2015), exprimant comme il le fait son incompréhension devant l’apparition de divers phénomènes antiSystème, et semble-t-il incapable de concevoir la possibilité du fait de l’antiSystème, ce cas montre bien qu’un esprit touché par cette paralysie de la raison, et sous l’empire d’une psychologie si affaiblie qu’elle est toute entière et sur la durée sous l’empire de l’affectivisme, et d’un affectivisme triomphant comme on le décrit, se manifeste par une sorte de handicap mental qui a tous les caractères d’une pathologie fatale pour l’intelligence du monde. Tout cela fait de la victime de la chose, – Tony Blair en l’occurrence, – un malade mental qui devrait être traité dans un établissement psychiatrique. (Cette suggestion est conditionnée par la réserve d’apprécier dans quelle mesure de tels établissements ne sont pas eux-mêmes, au point d’infection par le Système où nous nous trouvons, des pourvoyeurs de cette même pathologie, du fait des traitements souvent choisis). Le fait que Tony Blair soit complètement pris au sérieux à cette occasion et même brandi comme référence dans les milieux dirigeants (voir le4 septembre 2015) montre sans surprise qu’il n’est pas seul dans le cas décrit, et même qu’il y a foule dans cet hôpital psychiatrique, au point qu’on prendrait pour un malade mental celui qui n’y séjourne pas...

Cet état de pénétration de l’intellect par l’affectivisme, et l’abaissement de la raison à mesure, traduisent bien entendu l’influence active et irrésistible du Système dans les directions politiques et les élites-Système. A cet égard, le constat que nous faisions en 2012 non seulement subsiste mais est grandement amplifié dans la mesure qu’on devine par les évènements qui se sont produits depuis. Cela signifie la disparition complète chez ces dirigeants-Système et élites-Système, d’une façon générale, du processus de la raison en état de complète subversion : «Plus aucun régulateur n’existe pour empêcher le déferlement de l’[affectivisme] selon des termes et des orientations suscités par [ce même affectivisme].» Mais il faut insister sur un facteur nouveau dont nous suggérions l’apparition en 2012, comme une des raisons du déferlement de l’affectivisme du point de vue de l’action du Système dans ce sens : «il s’agit [dans le chef du Système] d’empêcher par tous les moyens la moindre occurrence où l’esprit du “sapiens”-serviteur peuplant les directions politiques et les “élites” qui les soutiennent pourrait se douter de cet état catastrophique du Système.» Ce qui s’est passé depuis est que cet état catastrophique en constante aggravation du Système, marqué par le déferlement d’évènements catastrophiques, finit dans certains cas par susciter des réactions vitales chez certains, parmi les directions-Système, et l’on constate en effet l’apparition de cas de plus en plus nombreux (ceux que l’important Tony Blair ne comprend pas, – «I don’t get it...») de ce qu’on doit désigner comme des antiSystème au sein du Système. Dans ce cas, la prolifération de l’affectivisme produit un résultat inverse à celui que l’on attend, ce qui marque effectivement notre entrée dans un désordre considérable caractérisant essentiellement la transformation de la dynamique de surpuissance du Système en dynamique d’autodestruction. Nous sommes, avec cette énorme affaire de la Grande Crise de la Migration, notamment avec la puissance eschatologique qu’on a évoquée, au bord d’une sorte d’explosion de la poussée d’affectivisme vers des orientations et des conséquences impossibles à prévoir, où les psychologies épuisées et exacerbées peuvent produire des réactions complètement inattendues.

Bien entendu, on se doit de terminer notre démarche en envisageant l’appréciation hypothétique de la cause fondamentale de ce déchaînement de la raison subvertie laissant la voie libre à l’affectivisme. Bien entendu, notre approche n’a pas changé, elle s’est même accentuée dans le champ de la métaphysique. On y retrouve les séquences bien connues du “déchaînement de la Matière” entraînant la formation du Système comme entité opérationnelle organisant la recherche de la déstructuration, de la dissolution et de l’entropisation, – c’est-à-dire la primauté absolu du Mal «comme facteur dominant de notre contre-civilisation». Comme nous l’avons souvent proposé, l’idée même de la subversion de la raison implique une action contre la psychologie qui constitue la voie naturelle de toute influence sur cette même raison ; c’est, à l’origine de la séquence, le “persiflage” du XVIIIème siècle ; c’est aujourd’hui tout ce qu’organise le système de la communication lorsqu’il est manipulé par le Système.

L’affectivisme est donc un produit direct qu’on dirait “naturel” de l’action du Système à partir du “déchaînement de la Matière” de la fin du XVIIIème siècle, et une évolution logique de toute l’activité déstructurante et dissolvante qu’on constate tout au long de la séquence ainsi évoquée. Le constat qui peut être fait avec les évènements courants, et notamment par rapport à 2012 et depuis, est celui, là aussi et toujours plus, de l’accélération du processus qui engendre de plus en plus de désordre, de plus en plus d’évènements incontrôlables, de plus en plus d’enchaînements imprévus et imprévisibles, tout cela qui soumet nos psychologies à des tensions et à des souffrances inouïes mais ne parvient à aucun moment, et de moins en moins, à des situations de rupture décisive qui impliqueraient une véritable “organisation du Mal” signalant la réussite complète du processus. Le désordre est à diverses facettes, dont celle de l’“hyperdésordre”, témoignant toujours plus que cette «course folle, où la raison humaine qui était à l’origine faite pour recevoir la lumière de l’intuition haute est désormais précipitée dans les abysses de sa subversion et de sa dégradation, ne fait qu’accélérer la transmutation de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction». L’accélération des destructions diverses, l’éclatement des cohérences culturelles, la dispersion des politiques renvoyant à cet affectivisme omniprésent constituent des occurrences catastrophiques effrayantes mais n’en conduisent pas moins, selon cette logique surpuissance-autodestruction, à la mise en cause des structures mêmes édifiées par le Système pour conduire ses propres ambitions d’entropisation à leur terme. (L’UE, touchée prioritairement par l’affectivisme, est l’une de ces structures, comme la globalisation elle-même, structure suprême chargée de conduire à son terme l’entropisation, est attaquée de toutes parts par ses propres contradictions et ses propres antagonismes. Comparez la popularité et la “bonne réputation” de l’“Europe“ et de la “globalisation” d’il y a 15 ans et celles d’aujourd’hui, comparez leur efficacité et leur maîtrise respectives, leur influence “constructive” dans le sens d’une “entropisation organisée” sur les diverses cultures, sur les esprits, etc. Le désordre que produisent aujourd’hui l’“Europe” et la “globalisation”, même si certains jugent qu’il s’agit d’une politique volontaire, – et qui est de toutes les façons une fatalité de l’action de ces entités, – est producteur de malaise, d’angoisse, de révolte, d’insoumission, d’insurrection qui interfèrent gravement sur le rangement du néant absolu de l’entropisation vers où voudrait nous conduire le Système.)

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Comme nous en jugions déjà en 2012, nous sommes de plus en plus précipités, avec toutes les souffrances et les angoisses qui vont avec, dans ce Moment où la métahistorique a complètement remplacé l’histoire-Système qui est laissée à l’étrange folie de l’affectivisme. Déjà, en 2012, nous laissions la conclusion au comte Joseph, avec une simple modification pour y faire entrer notre temps de tempête diluvienne qui est comme un miroir décisif de l’époque de la Révolution à laquelle il se référait dans cette observation : «…Sans doute, la Providence n’a pas besoin de punir dans le temps pour justifier ses voies ; mais, à [certaines époques,] elle se met à notre portée, et punit comme un tribunal humain.»

... Nous avions commencé avec BHL, nous terminons avec Joseph de Maistre... Tout est bien.

Notes

(*) Il y en a qui n’ont pas du tout aimé l'intervention d'Onfray, qui le dise(nt) hautement, parce qu’ils voient les choses de haut et qu’un “intellectuel” comme BHL ça se respecte, et encore plus par un Onfray. (Voyez le philosophe de Challenge.fr, publication honorable, intellectuelle et défenderesse de la veuve et de l’opprimé de la globalisation, le 4 septembre 2015.) Pour nous rassurer à propos de ce petit chambardement, et rassurer BHL par conséquent, on citera à nouveau Audiard (Michel) : «Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche.»

(**) Nous employons donc le terme “affectivisme” alors que nous avions choisi d’abord le terme “affectivité” grâce à l’intervention d’un de nos lecteurs le 10 novembre 2014 concernant ce même texte du 11 juin 2012. Le 10 novembre 2014, nous publiions cette “Note de mise à jour” à laquelle il n’y a pas un mot à retrancher puisqu’elle dit tout sur cette mise au point : “Revenant très récemment, à propos d'un texte du 10 novembre 2014, sur ce texte ci-dessus du 11 mai 2012, un de nos lecteurs, monsieur Michel Donceel, a proposé fort justement (Voir le Forum de ce texte) le terme d’“affectivisme” plutôt que le terme d’“affectivité” que nous employions. Il a parfaitement raison, selon une perspective qui, à notre sens, mériterait un débat. Nous le remercions de sa suggestion, ainsi bien entendu que son amie de laquelle vient au premier chef cette proposition”.

lundi, 14 septembre 2015

Zarathoestra beleeft revival in Noord-Irak

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Door: Dirk Rochtus - Ex: http://www.doorbraak.be

Zarathoestra beleeft revival in Noord-Irak

Koerden in Noord-Irak herontdekken de oude religie van Zarathoestra als een wapen in de strijd tegen het door IS belichaamde Kwaad.

Een golf van politiek, religieus en sektarisch geweld overspoelt het Midden-Oosten. In Syrië woedt de soennitische terreurorganisatie Islamitische Staat (IS) in alle hevigheid tegen andersdenkenden en aanhangers van andere geloofsstrekkingen. In Turkije escaleert de strijd tussen het Turkse leger en de milities van de Koerdische Arbeiderspartij PKK. Iran en Saoedi-Arabië wedijveren met elkaar om de macht in de regio. Sjiieten en soennieten bestrijden elkaar om de juiste uitlegging van de islam.

Ware cultuur

De chaos drijft niet alleen vele mensen op de vlucht, maar doet ook velen onder de thuisblijvers snakken naar zekerheid en geborgenheid. Zo komt het bijvoorbeeld dat meer en meer Koerden een oude religie herontdekken. In de provincie Suleiman, in de Koerdische deelstaat van Noord-Irak, vond in de maand mei een merkwaardige ceremonie plaats. Honderden Koerden deden er een gewijde gordel, de 'koeshti', om. Ze betoonden zo hun gehechtheid aan het zoroastrisme, de religie van de Perzische profeet Zarathoestra (ook Zarathustra of Zoroaster genaamd). Ook dienden ze bij de overheid van de Kurdistan Regional Government (KRG) een aanvraag in voor de bouw van twaalf zoroastrische tempels en voor de erkenning van het zoroastrisme als officiële godsdienst. Volgens Luqman al Hadsch Karim van de zoroastrische organisatie Zand zouden met de revival van het zoroastrisme de 'ware cultuur en religie van de Koerden' weer in ere worden hersteld.

De 'betere Bijbel'

Over het leven van Zarathustra is niet veel geweten. Hij zou rond 1200 voor Christus geleefd hebben in Perzië, het huidige Iran. Hij predikte als eerste het geloof in 'één God' - Ahura Mazda, de 'Wijze Heer' of de god van het goede die strijdt tegen de duivel Ahriman -, het bestaan van engelen, van hemel en hel en het Laatste Oordeel. Al deze geloofsbeelden zouden via de Joden in ballingschap in Babylon binnengeslopen zijn in de latere monotheïstische religies. Voor de publicist Paul Moonen schreef Zarathustra daarom ook de 'betere Bijbel'. Maar juist omdat Zarathoestra als de 'vader' van het monotheïsme geldt, gebruikte de godloochenende Duitse filosoof Friedrich Nietzsche hem in een ironische omkering in zijn poëtisch meesterwerk 'Also sprach Zarathustra' om de 'dood van God' te verkondigen.

zor520-9-8df4d.jpgVuur

De zoroastriërs vereren in hun vuurtempels het eeuwig brandende vuur als afbeeld van Ahura Mazda. Het zoroastrisme groeide later uit tot de staatsgodsdienst van het Perzische Rijk. Toen de islam in de zevende eeuw Perzië veroverde, vluchtten vele zoroastriërs naar het naburige India. Vandaag de dag leven er vooral nog in Bombay een paar tienduizend 'parsi's' die vasthouden aan het zoroastrische geloof. In Iran zelf telt de zoroastrische gemeenschap een dertigduizend leden. Ze wordt in de Islamitische Republiek van Iran erkend als een minderheid. Net zoals de Armeense en de Joodse gemeenschap heeft ze recht op één zetel in de Majlis, het Iraanse parlement. Toch moet ze nog heel wat onderdrukking en discriminatie doorstaan. Ook de Jezidi's, de aanhangers van een door IS vervolgde Koerdische 'volksreligie', zouden door het zoroastrisme beïnvloed zijn. Zijzelf wijzen elke band met de leer van Zarathoestra af.

Strijdtoneel

Het zoroastrisme leek de laatste jaren op de terugweg. Het aantal gelovigen in Iran en India was aan het slinken ten gevolge van lagere geboortecijfers, vervolging en discriminatie. Merkwaardig is het dan ook dat Koerden in Noord-Irak de Oud-Perzische religie van Zarathoestra herontdekken. Sowieso zijn er culturele verbanden. De Koerden spreken een met het Farsi (Perzisch) verwante taal en in Newroz, hun nieuwjaarsfeest, speelt het vuur een grote rol. Volgens analisten zou de onzekerheid over wat nu de ware islam is nationalistische en liberaal denkende Koerden in de armen van een tolerante religie als het zoroastrisme drijven. Zarathoestra zag in de wereld het strijdtoneel van het Goede en het Kwade en riep de mensen op om de zijde van de goede god Ahura Mazda te kiezen. In zulk een wereldbeeld past voor vele Koerden ook de strijd tegen IS als de belichaming van het Kwade.

 

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Commémorations : mais l’histoire existe-t-elle encore ?

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Commémorations: mais l’histoire existe-t-elle encore?

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous avions envisagé comme titre initial “Commémorations : à qui l’histoire appartient-elle?”, puis nous avons préféré le titre que vous lisez, qui est en fait une réponse, elle-même en forme de question, à ce premier projet de titre... “A qui l’histoire appartient-telle ?” Réponse : “Mais l’histoire existe-t-elle encore ?” La réponse est évidemment négative.

Ce (très-vaste) sujet est abordé à l’occasion de la commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui a eu lieu hier en Chine, un jour après le 70ème anniversaire de la signature de l’armistice entre le Japon et les puissances alliées le 2 septembre 1945. (Voir aussi une contribution de dedefensa.org le 2 septembre 2015.) Cette commémoration en Chine suit la commémoration à Moscou, le 9 mai dernier, de la signature de l’armistice de 1945, entre l’Allemagne et les puissances alliées. Ces deux évènements sont singuliers et marquent, ou plutôt confirment une sorte de bouleversement de la fonction mémorielle de l’histoire, et de l’histoire elle-même.

Pour ce qui est de la fonction mémorielle, il est devenu évident que l’acte de la commémoration représente désormais un acte politique, où le symbolique est utilisé directement comme un acte de la politique. C’est la première fois, cette année, que les commémorations de 1945 sont interprétées directement de cette façon, dans une atmosphère d’antagonisme exacerbé. C’est cet aspect que présente le texte présenté ci-dessous, de Mikhail Gamandiy-Egorov pour Sputnik-français, le 3 septembre 2015. Gamandiy-Egorov présente la célébration du 3 septembre, après celle du 9 mai, respectivement dans les deux capitales du nouvel axe Moscou-Pékin, comme une affirmation de la nouvelle multipolarité du monde contre la vision unipolaire des USA, ou plutôt du bloc BAO selon notre terminologie. Nous présentons également un extrait d’un texte de MK Bhadrakumar, en date du 27 août 2015, qui donne une appréciation des effets de la Seconde Guerre mondiale sur la situation actuelle en Asie, en mettant l’accent sur certains points intéressants, – le plus intéressant étant certainement celui de la présence à Pékin de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, montrant que l’antagonisme avec le Japon qui unit la Corée du Sud et la Chine (souvenirs de la guerre) est extrêmement fort aujourd'hui face au Japon qui voudrait affirmer sa puissance militaire, et plus fort dans le cas sud-coréen que les consignes des USA.

On retrouve donc les mêmes caractères que lors de la commémoration de Moscou, avec le même boycott de la part des mêmes pays du bloc BAO, à peu près selon les mêmes lignes de conduites, parfois avec des arguments exotiques qui montrent une complète absence d’attention diplomatique pour de tels actes, c’est-à-dire le degré étonnant de crudité et de primitivisme auquel est réduite aujourd’hui la politique, surtout lorsqu’il s’agit de prendre en compte des facteurs historiques et culturels. Lorsque Spuntik-français écrit, le 1er septembre 2015 que le porte-parole de la Maison-Blanche «a déclaré lundi lors d'une conférence de presse qu'il ne connaissait rien du projet du président chinois de commémorer cette date et notamment du défilé donné à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale», on se dit que le réseau russe pousse un peu du point de vue de la traduction... A peine, à peine, puisque lorsqu’on consulte le texte officiel (le 31 août 2015), on tombe sur cet échange où, effectivement, le porte-parole Josh Earnest n’a pas l’air au courant de grand’chose, y compris, peut-être, le fait lui-même de la Deuxième Guerre mondiale après tout ... (On notera, en passant, que la question elle-même est truffée d’inexactitudes diverses, situant le climat culturel des connaissances à cet égard, et de l’intérêt pour tout ce qui n’est pas Washington D.C.)

Question : «President Xi this week is hosting a sort of military parade to commemorate the 70th anniversary of World War II, and a lot of U.S. allies... Prime Minister Modi, Prime Minister Abe... have declined their invitations to go to that ceremony. I'm wondering if you think that it's appropriate, considering some of the regional tensions, for him to be hosting this, and if this is something that came up with Susan Rice.»

Josh Earnets : «Justin, I don't know if this came up in the context of the National Security Advisor’s trip to China. I can check on that for you. Actually, I will acknowledge I was actually not aware of the Chinese President’s plans to mark the end of the second world war, but you might check with the State Department to see if they have an official response to this. And I'll see if I can get my colleagues at the NSC to respond to your question in terms of whether or not this came up in Dr. Rice’s visit to China this week.»

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Au reste, si l’on s’en tient à cette réponse assez étrange du porte-parole de la Maison-Blanche, qui aurait aussi bien pu la raccourcir en disant simplement qu’il est actually not aware of the end of the second world war et qu’il peut éventuellement check on that for you auprès de ses collègues du NSC, on en vient au constat que tout cela n’a plus rien à voir avec l’histoire elle-même que la commémoration est censée célébrer. Il y a là un phénomène en pleine accélération, né avec les évènements d’Ukraine, les diverses narrative, les diverses récritures de l’histoire (des évènements de la Seconde Guerre mondiale) développées pour pouvoir répondre à la logique de fer du déterminisme-narrativiste, etc. L’histoire, dont la commémoration est devenue un enjeu presque exclusif pour les évènements en cours selon l’interprétation de communication qu’on veut leur donner, est en train de se transformer en un magmas incompréhensible et insaisissable qui n’a plus pour fonction que de correspondre à l’événement de communication “du jour”. Bien entendu, cette évolution est toute entière et absolument de la responsabilité du Système mais elle entraîne nécessairement des réactions antiSystème qui sont nécessairement déployées dans le même sens, – car comment faire autrement ? Que la Chine commémore comme elle le fait la la victoire alliée sur le Japon est une façon de réparer une grande injustice, parce que le rôle de la Chine dans cette victoire a souvent été minorée, sinon complètement ignorée dans les diverses commémorations faites depuis 1945. Pour autant, commémorer cette victoire alliée quasiment in absentia des États-Unis, du Royaume-Uni, etc., n’a pas tellement plus de sens.

Ainsi l’action du Système tend-elle à étouffer, non plus telle ou telle version de l’histoire, mais l’histoire elle-même, en tant que récit fondamental de notre passé commun. D’une certaine façon, on observera que cela n’a rien pour étonner dans la mesure où se développe à très grande vitesse une perception du monde qui se résume dans la formule dite du big Now, bannissant toute existence du passé et réduisant l’avenir à une formule postmoderne qui proclame une sorte de “présent éternel” contenant à la fois le “présent“ et le “futur inéluctable de ce présent”. Cela permet effectivement de faire passer à peu près tout, de proclamer un jour Pravy Sektor mouvement patriotique de libération d’Ukraine, sans s’interdire une seule seconde de le condamner le lendemain comme mouvement “fasciste” téléguidé par Moscou, ou d’affirmer que l’armée ukrainienne a libéré Auschwitz, ce qui permet de fêter le 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz en se passant d’inviter Poutine, représentant actuel de l’Armée Rouge qui libéra le camp.

Le constat de cette expulsion de l’histoire de notre champ de perception, correspondant à la dissolution de la “réalité” au profit de narrative éventuellement diverses, n’est pas un phénomène absolument nouveau et certainement pas inattendu si l’on observe l’évolution du Système. Mais il est extrêmement rapide (évident depuis l’Ukraine) et il n’est jamais apparu aussi évident qu’aujourd’hui. Bien entendu, la disparition de l’histoire telle qu’on l’observe ici ouvre toutes grandes les portes à l'interprétation de la métahistoire, tout comme la disparition de la “réalité” ouvre l’intuition à des constats de “vérités de situation” dont la richesse et la puissance sont incontestables. Bien entendu, nous persistons plus que jamais à considérer que le grand perdant dans cette opération est le Système parce qu’il perd ainsi toute sa légitimité globale qu’il tenait d’un récit de l’histoire jusqu’alors arrangé à son avantage (ce que nous avions notamment traduit par l’idée de métaphysique de l’Holocauste).

Cela ne signifie pas nécessairement que cette légitimité passe à l’antiSystème qu’on pourrait identifier notamment dans l’axe Moscou-Pékin, parce qu’on sait, justement, comme on l’a souvent rappelé, que cette fonction d’antiSystème se développe au sein même du Système (des pays comme la Russie et comme la Chine sont, selon notre formule, “un pied en-dedans, un pied en-dehors” par rapport au Système). L’antiSystème n’est pas une alternative au Système, ce n’est pas une entité d’une essence nouvelle mais une simple fonction, dont la dynamique est de facto d’attaquer le Système, même si cela revient à attaquer le cadre dans lequel on est soi-même installé. (Bien entendu, il faut apporter des nuances à cette règle, mais on les connaît, et certaines auront peut-être, voire certainement un rôle à jouer lors de l’arrivée à maturation extrême de la Grande Crise d’effondrement du Système actuellement en cours ; l’une des nuances les plus connues, d’une grande importance, est la résilience de la nation russe et sa force spirituelle qui, à côté de la fonction antiSystème de la Russie, font de ce pays un acteur central des bouleversements à venir.)

Le résultat général de l’évolution qu’on décrit ici est simplement la disparition de la légitimité comme principe, comme d’ailleurs la disparition de la structure principielle en général, et par conséquent l’affaiblissement du Système qui avait depuis longtemps repris à son avantage l’exploitation subversive de cette structure. Le résultat opérationnel est visible de plus en plus chaque jour, comme le constatait très récemment un orfèvre en la matière, Tony Blair, dont l’article du 31 août 2015 a été l’objet d’une analyse dans notre F&C du 1er septembre 2015. (L’on notera que cet article il a été traduit pour Le Monde, il a été très remarqué dans les milieux européens, – les moutons vont toujours par troupeaux, – avec des commentaires alarmistes devant cette description du surgissement de phénomènes antiSystème jugés “incohérents” et donc insensibles à quelque riposte que ce soit. L’article de Blair, lui-même apprécié comme extrêmement avisé sinon admirable du point de vue de la vision politique, est partout cité dans les milieux-Système, surtout européens, comme un signal d’alarme, et essentiellement dans ce cas parce que le “magicien-Blair” avoue qu’il ne sait pas comment on peut riposter devant de telles inconvenances. Que tout ce remue-ménage puisse encore être produit par un Blair, même un Blair-s’avouant-impuissant, donne une mesure des capacités du Système et de sa hauteur de pensée.)

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... Mais nous devons en revenir à des préoccupations plus terre-à-terre, qui ont salué cette commémoration chinoise du 70èmre anniversaire de la capitulation du Japon. Dire “plus terre-à-terre” ne signifie de notre part nul dédain ni condescendance, mais simplement une description opérationnelle. Pour le reste, la bataille Système versus antiSystème a lieu à tous les échelons, partout, de toutes les façons. Il n’y a rien qui ne mérite d’être salué pour sa participation à la bataille contre le Système... Voici donc les deux textes complet/partiel que nous avons annoncés plus haut.

dedefensa.org

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Après Moscou, la grande marche multipolaire se poursuit à Pékin

La grande alliance multipolaire une nouvelle fois en marche ! Après le défilé de la Victoire du 9 mai dernier à Moscou, célébrant le 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, cette fois c'est l’allié chinois qui célèbre depuis sa capitale Pékin la fin de la Seconde guerre mondiale.

Pour rappel, l'URSS et la Chine ont perdu respectivement 27 millions et 20 millions de morts (militaires et civils) durant ce conflit, faisant des deux pays ceux qui ont sacrifié le plus pour anéantir la peste brune.

A noter la participation en plus des forces armées de la République populaire de Chine et à l'instar du défilé de la Victoire de Moscou, des forces armées d'autres pays. Et comme pour remercier les amis chinois d'avoir été la plus grande délégation étrangère lors du 9 mai à Moscou, à Pékin ce sont les forces russes qui étaient deuxièmes en termes d'effectifs, après bien évidemment les forces armées chinoises. A noter aussi l'absence à Pékin de tous les dirigeants occidentaux. Seul le courageux président tchèque a fait le déplacement comme il l'avait déjà fait à Moscou, étant ainsi le seul chef d'Etat représentant un pays de l'UE. Pour le reste que des ambassadeurs des pays dits du monde "civilisé". A l'opposé donc des dirigeants russe, kazakh, biélorusse, kirghize, sud-africain, vénézuélien, serbe et d'autres, qui ont bien été présents à Pékin, et pour qui l'histoire ne se réécrit pas.

Pour revenir au défilé, qui a été grandiose, en plus donc des représentants de l'Armée populaire de libération (nom officiel de l'armée chinoise), y ont pris part aussi les militaires de la Russie, de la Biélorussie, du Kirghizistan, du Venezuela, de Cuba, de Mongolie, du Mexique, du Kazakhstan, d'Egypte, du Tadjikistan, du Pakistan, de Serbie, de Cambodge, du Laos, des Fidji et du Vanuatu.

On pouvait aussi observer, comme ce fut le cas à Moscou, les présidents chinois et russe, côte à côte, tout au long du défilé. Et malgré toute la puissance affichée de la Chine, le leader chinois n'a pas manqué de noter dans son allocution que son pays est déterminée à défendre la paix: "La Chine ne recherchera jamais d'hégémonie, pas plus qu'elle ne cherchera à s'étendre. Elle n'imposera jamais des souffrances tragiques à d'autres nations", a affirmé ainsi le président Xi Jinping. Un message clair, précis et plein de sens. Un sens d'ailleurs qui devrait faire méditer une fois de plus le leadership d'un certain nombre de pays, dont un en particulier.

Ce qui est certain, c'est que par cette vision commune de l'histoire des leaders et des peuples de Russie et de Chine, mais également par une vision très proche sur l'avenir du monde, qui ne peut être que multipolaire, l'humanité attend avec espoir la suite des événements. Et compte tenu des événements que l'on observe en ce moment, il ne peut y avoir que deux suites logiques: soit le monde multipolaire s'impose une bonne fois pour toute et les partisans de l'unipolarité dépassée l'acceptent. Soit les habitués du monde unipolaire continuent à prétendre de garder leur hégémonie sur toute la planète, avec tout le chaos qui en découle.

Reste grandement à espérer que c'est la première option qui l'emportera, même si vraisemblablement du temps supplémentaire sera nécessaire, ainsi que des efforts communs de tous les partisans de la multipolarité, peu importe que nous soyons citoyens de grands ou de petits pays.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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China’s WW2 parade guest list has meanings

[...] The western countries have a misconception that if they do not grace an international event, it loses importance. It’s a hangover from the colonial era. But then, the vanity has limits, too – provided, there is serious money involved. How the western countries fell over each other to join the China-led Asian Infrastructure Investment Bank [AIIB] as ‘founding members’ is legion. They instinctively saw AIIB as a free ride on Chinese money and no amount of American persuasion could keep them away from the honey pot. Britain and Germany hold very little equity in the AIIB in comparison with India, but are keen on the commercial spin off from the investment projects.

Alas, there is no money in China’s celebrations over the 70th anniversary of World War II. And there is no David Cameron at the ceremony in Beijing on September 3. The western media insists it’s a ‘snub’. Whereas, China says it didn’t press the invite but left to the invitees to suit themselves. At any rate, why should any country ‘snub’ China for celebrating a magnificent victory over fascism? There wasn’t any Holocaust in the Asian theatre, but the marauding Japanese army was no less horrific in war crimes than Nazi Germany.

China wasn’t the aggressor in World War II. It didn’t spill Anglo-Saxon blood. China’s participation took the form of its liberation struggle against Japanese imperialism. No doubt, the impact of World War II on the Asian region was historical. Fundamentally, the war galvanized the national movements across the region. Asia could shake off the colonial yoke, finally.

But in geopolitical terms, the single biggest beneficiary turned out to be the United States. The war on Japan – and the deliberate use of atomic weapons – enabled the US to eventually get embedded in the Asian region. Today, it claims to be an ‘Asian power’. On the other hand, the biggest loser was Imperial Britain, since its decline as a second rate power really began when it found that clinging on to the Indian colony was no longer sustainable. Of course, India’s independence in 1947 is attributable to World War II.

All the same, if the expected line-up in Beijing next week is interesting, it is for three reasons. First, Russian President Vladimir Putin’s presence in Beijing on September 2-4 affirms beyond doubt that the quasi-alliance between the two big powers is only getting stronger by the day and world politics and the international system will be profoundly affected by the Sino-Russian strategic partnership.

Second, the absence of the western countries at the celebrations underscores that they are a long way from accepting China as a strategic partner – and, furthermore, that if push comes to shove, blood will prove thicker than water and the Europeans will dutifully line up behind the US in any confrontation with China. Germany or Britain cannot do without the Chinese market to ensure that their economies remain resilient, but they see China inherently as an adversarial power in the world order. Their disquiet over China’s rise is compounded by the acute awareness of the West’s decline after a long history of global dominance since the Industrial Revolution.

Third, the presence of South Korean President Park Geun-hye as well as the absence of Japanese Prime Minister Shinzo Abe and North Korean leader Kim Jong UN will make a significant template of the emergent realignments in the politics of the Far East. China and South Korea have drawn together as strong economic partners, while Park’s presence in Beijing will underscore the two countries’ shared concerns over the rise of militarism in Japan under Abe. Significantly, setting aside speculations, Park decided to attend the military parade as well...

M.K. Bhadrakumar

S.P.Q.R

S.P.Q.R

Inno Impero Romano

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dimanche, 13 septembre 2015

Un ancien patron de la CIA veut s’allier avec Al-Qaïda…

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Un ancien patron de la CIA veut s’allier avec Al-Qaïda…

 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

S’allier aux terroristes de Jabhat al-Nosra, c'est-à-dire Al-Qaïda en Syrie et en Irak, pour lutter contre d’autres terroristes, ceux de Dae’ch, l’organisation « Etat islamique », est la dernière trouvaille du général David Petraeus. Cet ancien chef de la CIA vient d’expliquer ce qu’il pense être « une impérieuse nécessité » au site américain d’information The Daily Beast[1]. Comme plusieurs experts américains, ce général en retraite qui fût en charge de la lutte anti-terroriste en Irak avec le succès que l’on sait, qualifie les terroristes de Nosra de « combattants modérés ». Evidemment par rapport aux fêlés de Dae’ch, c’est une question d’appréciation… Commandant en chef des forces américaines en Afghanistan, ce bon Petraeus était déjà l’inventeur du concept très discutable de « Taliban modéré » dont on peut, aujourd’hui encore, vérifier toute la pertinence alors qu’il ne se passe pas un jour sans qu’un ou plusieurs attentats meurtriers n’ensanglantent Kaboul et ses faubourgs…

Cette conception de la « modération » est l’une des vieilles marottes des « experts » du Pentagone, spécialistes dans le déclenchement de guerres désastreuses - en Afghanistan, dans les zones tribales pakistanaises, au Yémen, en Irak et ailleurs - et de solutions post-conflits toutes aussi foireuses. La méthode est simple, brutale autant que répétitive : on casse tout et ensuite on réfléchit afin de bricoler des alternatives politico-militaires supplétives et susceptibles de garantir les intérêts stratégiques, économiques et politiques de l’invincible Amérique. Chacun se souvient comment fut lancée la troisième guerre du Golfe au printemps 2003, enchaînant les mensonges d’Etat avec la complicité de la grande presse occidentale, en contournant l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. L’allié britannique de l’époque - Tony Blair (voir notre dernier Editorient) - osait affirmer que les armes de destruction massives irakiennes (de la troisième armée du monde !) restées pourtant introuvables, pouvaient menacer la planète entière en moins de 45 minutes… Fichtre ! On se souvient aussi comment, dès la chute de Bagdad, le pro-consul américain Paul Bremer congédiât l’ensemble des cadres de l’armée irakienne et du parti baath, les institutions les plus structurantes du pays, hormis les grandes confédérations de tribus.

Dans un tel contexte, nul n’était besoin d’être ni devin, ni grand expert militaire pour anticiper une suite qui verrait immanquablement la fragmentation communautaire et territoriale de ce grand pays, désormais livré aux factions jihadistes et mafieuses où il s’agissait donc de repérer les « modérés » pour essayer d’endiguer une implosion pourtant programmée ! Encore bravo ! Ainsi, en 2007, le même général Petraeus a dépensé beaucoup d’énergie et d’argent afin de convaincre des milices sunnites de s’allier avec les troupes américaines plutôt que de combattre aux côtés… d’Al-Qaïda. En effet, avec beaucoup de dollars, cette tactique a vaguement fonctionné quelque temps, repoussant les partisans d’Oussama Ben Laden aux confins du désert syro-irakien. De cette brillante stratégie devait naître Dae’ch, quelques années plus tard.

Ces tentatives d’instrumentalisation de l’islam radical sunnite ne datent pas d’aujourd’hui. Bien avant Lawrence d’Arabie, les services britanniques de New Delhi et du Caire en avaient fait l’un de leurs principaux leviers de domination impériale : diviser pour régner, jouer les minorités les unes contre les autres et tribaliser les Etats-nations en devenir tout le long de la route des Indes, en Asie, en Afrique et ailleurs. Dès la fin de la Seconde guerre mondiale, lorsqu’ils ont pris le relais aux Proche et Moyen-Orient, les Américains ont bien intégré la leçon et l’ont mise en pratique partout où ils se sont installés durablement. Ce fût notamment la signature du Pacte du Quincy entre le président Roosevelt et le roi d’Arabie Ibn Séoud - premier accord de protection de la ploutocratie saoudienne contre l’exploitation monopolistique des plus grandes réserves mondiales d’hydrocarbures -, pour 60 ans. Renouvelé en 2005 par l’administration Bush pour une nouvelle période de soixante années, cet accord n’a pas fait l’objet d’une grande attention de la part de nos grands experts de la région.

Tout aussi logiquement, et après avoir poussé Nasser dans les bras de l’Union soviétique, les administrations américaines successives (républicaines et démocrates) n’ont cessé de cirer les pantoufles des Frères musulmans, à l’époque déjà largement financés par le roi Fayçal d’Arabie. Dès le milieu des années 50 et jusqu’à aujourd’hui, les Américains se sont littéralement amourachés des Frères et plus largement du sunnisme radical. Pour quelques raisons très simples : là où sont les Frères, il n’y a pas se syndicats, pas de communistes ni de nationalistes arabes ; la jeunesse se contente de faire des allers et retours entre la mosquée et McDo ou Pizza-Hut. C’est bon pour les affaires et contenir les Rouges… Il faut ressortir la belle photo d’une délégation de Frères musulmans emmenée par Saïd Ramadan (le père du télé-coraniste actuel, Tarek, sorte de BHL de l’Islam contemporain) dans le bureau ovale de la Maison Blanche, bras-dessus-bras-dessous avec le président Eisenhower durant les plus belles années de la Guerre froide pour mieux comprendre pourquoi et comment les services américains, saoudiens et pakistanais fabriqueront plus tard Oussama Ben Laden !

Dans un petit livre définitif - Ben Laden, secret de famille de l’Amérique -, l’écrivaine indienne Roy Arundhati décrit par le menu cette logique américaine implacable de la « modération » islamiste. Dans un autre registre, travaillant sur les filières de financement - Les Dollars de la terreur[2] -, nous nous rappelons à quel point nous retombions fatalement, presque toujours, sur un mixte très dosé de services américains, de financements saoudiens et de logistiques fréristes, dans le montage de la plupart des attentats terroristes qui vont de février 1991 (fin de la deuxième guerre du Golfe) jusqu’à ceux du 11 septembre 2001. Ensuite, la nébuleuse Ben Laden s’est décentralisée entre l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, mais en suivant toujours les mêmes logiques américaines de la « modération » de l’islam radical sunnite, avec les mêmes bailleurs de fonds des pays du Golfe et les mêmes télé-coranistes…  

L’ayant interviewé à plusieurs reprises, j’ai toujours été chaque fois sidéré par l’ancien conseillé à la sécurité du président Carter - Zbigniew Brzezinski - qui se vantait d’avoir personnellement attiré l’ours soviétique dans le guêpier afghan. Aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, il affirmait le plus tranquillement du monde que les 3000 victimes du World Trade Center n’étaient rien, historiquement absolument rien au regard de la victoire américaine contre le bloc de l’Est ! Par contre, il était plus discret sur la suite, sur la façon dont les jihadistes fabriqués par les services américains se retourneront contre leurs maîtres. L’histoire complète de l’alliance des Etats-Unis avec l’islam radical sunnite reste à faire pour bien évaluer comment les dérives meurtrières actuelles d’Al-Qaïda, de Dae’ch, d’AQMI, de Boko-Haram ou des Shebab somaliens tiennent principalement aux erreurs d’appréciation, de gestion et d’anticipation des prédécesseurs, des contemporains et des successeurs du bon général Petraeus…

Le plus navrant de cette histoire est de voir comment la « politique arabe » de la France du général de Gaulle et de François Mitterrand s’est abîmée dans le précipice de la « politique sunnite » de Laurent Fabius qui, en août 2012, se félicitait du « bon travail accompli par les petits gars de Nosra… » La France éternelle a-t-elle à ce point perdu toute son expertise de l’Orient compliqué pour s’aligner inconditionnellement sur les désastres répétitifs orchestrés par Washington ? La dernière idée du général Petraeus est malheureusement du Fabius dans le texte. Celui-ci est tellement irrespectueux des analyses produites par sa propre administration qu’il est bien capable de revendiquer, un de ces jours prochains, la paternité de cette nouvelle pirouette américaine. A terme, l’obsession partagée par Laurent Fabius et François Hollande de vouloir « punir » et « neutraliser » Bachar al-Assad pour vendre encore plus d’armes aux pays du Golfe coûtera très cher à la France. Pour l’heure, elle coûte déjà très cher à notre cher Liban, sans président de la République depuis plus d’une année, parce que Paris cherche à imposer un candidat qui soit adoubé par Riyad et Washington…      

Richard Labévière, 9 septembre 2015  

[1] The Daily Beast est un site Web créé en 2008 et appartenant au groupe IAC. Ce site a été fondé par la journaliste Tina Brown, ancienne journaliste du New-Yorker et de Vanity Fair, qui en est aujourd'hui la rédactrice en chef. The Daily Beast publie ses propres articles, mais agrège également le contenu d'autres sites d'information.

[2] Editions Grasset, avril 1998.

Les Balkans menacés aussi par le GREXIT

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Les Balkans menacés aussi par le GREXIT

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Tournons un court instant le projecteur vers les Balkans et regardons ce qu'on y craint aujourd'hui plus que tout.


En effet, tout l'été, plusieurs pays des Balkans, ceux qui ont de forts liens financiers et commerciaux avec la Grèce sont en état d'alerte devant une contagion possible de la crise grecque, la sortie toujours possible d'Athènes de l'euro zone, sur leurs territoires. En mai dernier, la banque américaine Morgan Stanley avait ainsi anticipé de possibles problèmes de paiement pour la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie du fait que de nombreuses banques grecques possèdent une participation en actions importante dans ces trois pays. Les banques centrales de Bulgarie et de Roumanie ont officiellement écarté depuis avoir un quelconque problème sur leurs avoirs, insistant même pour souligner que dans tous les cas, il s'agissait ou s'agira de banques nationales à participation grecque et non de banques purement grecques. Pourtant, 25 % du système financier bulgare est, par exemple, aux mains de quatre banques grecques : Alpha Bank, UBB, Pireaus Bank et Postbank et ces quatre banques grecques sont présentes dans tous les Balkans.  La crise bancaire internationale qui se dessine n'annonce donc rien de bon pour la région. Certains experts craignent que la panique n'ait des effets largement négatifs dans tous les Balkans, l'une des régions toujours les plus fragiles de l'Europe. Les relations économiques entre la Bulgarie et la Grèce sont étroites et ce, pas seulement dans le secteur financier mais aussi en ce qui concerne les infrastructures, l'industrie et le commerce bilatéral. 7 % des exportations bulgares vont vers la Grèce. Le Grexit affectera aussi forcément la Bulgarie à travers les 300 000 Bulgares qui travaillent en Grèce et qui comme tout immigré, enverront moins d'argent au pays ou alors des fonds totalement dévalués en drachmes.


Par rapport à la Grèce, la Roumanie n'est guère mieux lotie. 


Moins exposée que la Bulgarie, les autorités roumaines craignent aussi les effets collatéraux de la crise grecque comme une dévaluation de leur monnaie, le leu. Dans tous les cas, la Banque nationale roumaine avoue redouter, à court terme, de sérieuses difficultés monétaires et budgétaires. De plus, à Bucarest, la sortie de la Grèce de l'euro aura nécessairement un effet négatif sur l'entrée de la Roumanie dans l'euro zone. La Roumanie qui a reporté plusieurs fois cette entrée dans la monnaie unique européenne, la souhaite pourtant pour 2019 ou 2020.


Situation Serbe 


La Banque Centrale a assuré que l'exercice dans le pays des quatre banques grecques citées plus haut n'est pas en danger ni menacée. Entre 2005 et 2011, la Grèce fut d'ailleurs le troisième investisseur en Serbie avec un total de 1 300 millions d'euros qui généra 25 000 emplois. Mais depuis 2011, l'investissement grec s'est bien évidemment tari en raison de la faillite de l'Etat hellénique même si l'échange commercial entre les deux pays demeure toujours élevé avec le chiffre en 2014 de 427,12 millions d'euros.


La Hongrie mobilise son armée


La Hongrie a déjà entamé la construction d'une barrière, d'un mur le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie afin de contenir l'afflux de migrants, principalement des réfugiés originaires de Syrie, qui tentent de rejoindre l'espace Schengen . Hier, la Bulgarie annonçait l'envoi de blindés et de militaires le long de sa frontière avec la Macédoine. L'Autriche s'est aussi résolu à mobiliser des militaires afin de soutenir l'action de l'État autrichien dans les camps de réfugiés et les centres d'accueil. 


Lundi, près de 2.000 migrants sont entrés dans l'Union européenne par la frontière serbo-hongroise. Un record pour une seule journée mais l'Europe est prospère et en paix, nous avait-on promis. Vous en souvenez-vous ?

Quels scénarios d’avenir pour la Syrie?

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Quels scénarios d’avenir pour la Syrie?

par Romain Dewaele et Antoine Valentin

Ex: http://globalediplomatie.com

Afflux de réfugiés, nettoyage ethnique, guerre civile, démodernisation des combats, violence extrême,  brutalisation (G.Mosse) des sociétés, guerre chiites/sunnites, guerre par procuration des puissances régionales, un régime autoritaire toujours là, les horreurs de l’État Islamique, une opposition hétéroclite et sans agenda, un pays en ruines, bref la Syrie est de facto morte.

Une fois ce constat  fait, quels peuvent être les scénarios d’avenir à moyen terme pour la Syrie ?  Son emplacement stratégique dans la région, ainsi que l’implication des grandes puissances et des acteurs régionaux ne peuvent laisser la Syrie devenir une Somalie bis.

Première hypothèse : un scénario à la libyenne.

Progressivement l’armée régulière exsangue ne peut tenir ses positions dans la Syrie « utile ». Ravagée par la guerre des services qu’impose El Assad pour garder son leadership, l’armée du régime qui subit de plus en plus de défections se montre incapable de garder « l’alaouitistan ». En manque de soutien russe et iranien, et du Hezbollah, l’armée n’arrive pas à contenir les assauts de l’Armée de la Conquête (Al Nosra, Ahrar Al Sham…). D’ailleurs de plus en plus financée par la Turquie, des monarchies du Golfe (et peut-être armée par la France). Bachar El Assad tombe, les Alaouites fuient, tout comme les Chrétiens pour éviter les massacres, Israël créer un couloir aérien pour que les Druzes se réfugient chez leurs « frères » Israéliens. La Turquie bombarde le PYD (branche syrienne du PKK) pour obtenir une zone tampon peuplée de Turkmène entre la Turquie et le Kurdistan syrien. La Syrie est donc partagée entre le Kurdistan et le glacis turkmène au nord, l’Armée de la Conquête qui contrôle la moitié ouest du pays, et l’État Islamique à l’est, ce dernier contenu par la coalition internationale. L’Armée de la Conquête installe dans sa zone un régime sunnite, mais les factions de l’Armée de la Conquête sont divisées, elles ne sont pas désarmées, aucun chef ne s’impose, les structures de l’État syrien sont en lambeaux, et l’arsenal militaire du régime est récupéré de multiples factions. Au niveau régional, le Liban, déjà en proie à un blocage institutionnel et à l’afflux de réfugiés est en danger, tout comme Israël, et la Jordanie.

Seconde hypothèse le statut quo.

Le Hezbollah avec des volontaires, l’Iran et la Russie avec des armes et des financements parviennent à faire tenir le régime, qui depuis  entame un repli stratégique en concentrant ses forces sur « l’Alaouitistan » et cesse d’être un État « checkpoint » en privilégiant la continuité territoriale à la dispersion. Les combats font toujours rage entre le régime, l’Armée de la Conquête, l’Armée Syrienne Libre et l’État Islamique. Les réfugiés continuent à affluer en Europe et surtout dans les pays de la région. Les frappes de la coalition internationale permettent de contenir Daesh mais pas de l’endiguer. Comme dans toute guerre civile, les puissances étrangères jouent leur cartes, dans cette hypothèse l’intransigeance des puissances domine, aucunes ne lâchent des concessions pour une éventuelle sortie de crise.

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Troisième hypothèse : le départ négocié de Bachar El Assad.

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Dans le cadre d’une médiation, avec d’une part les Russes et les Iraniens, et de l’autre les États-Unis et l’Arabie Saoudite (les Européens excluent du jeu en raison de leur échec en Libye) ; le départ de Bachar El Assad est organisé.  En effet, El Assad est impossible à recycler en raison des 200 000 victimes civiles du conflits, la fracture est désormais trop grande. L’ex leader et sa famille proche trouvent exil en Iran ou en Algérie.  Ce départ négocié veut éviter la création d’un territoire de non-droit dans une zone déjà tendue. Les Russes et les Iraniens font rapidement constituer un gouvernement provisoire entre des anciens du régime et des opposants modérés (Armée Syrienne Libre). L’initiative russo-iranienne veille à préserver l’armée, les services de renseignement, l’administration, bref toutes les sphères de l’État syrien. Le gouvernement provisoire d’union national s’engage à organiser des élections démocratiques sous la surveillance d’observateurs de l’ONU, afin de former une assemblée constituante représentative et équitable démographiquement de toutes les confessions du pays. La Syrie est donc partagée entre le Kurdistan et le glacis turkmène imposé par la Turquie au nord, dans la Syrie « utile » le nouveau régime syrien zone d’influence russo-iranienne est reconnu par la communauté internationale, et à l’ouest, les zones contrôlées par Al Nosra et Ahrar Al Sham sont stabilisés territorialement et deviennent une zone d’influence des Saoudiens, enfin à l’extrême est l’État Islamique. Ce dernier sera rapidement en difficulté : « quand un empire ne progresse pas il s’effondre ». En outre, il sera difficile à Daesh de diriger des zones ni sunnites ni arabes, de même une expansion trop forte de Daesh peut conduire à ce que Paul Kennedy appelait la « sur-extension impériale », où les coûts de la conquête ne compensent pas les gains. Au final, les puissances sunnites ont leurs appuis, l’Iran empêche la création d’une Syrie entièrement sunnite, la Russie garde son accès à la méditerranée, les Alaouites et les Chrétiens partagent le pouvoir avec les sunnites jusque-là marginalisés. Enfin, le but de cette hypothèse est d’éviter un scénario à la libyenne et à l’irakienne pour restaurer un État syrien viable. La nouvelle Syrie ne doit pas de débaasifier, les cadres de l’État doivent perdurer, et toutes les communautés doivent retrouver un rôle politique.

Voilà trois hypothèses d’avenir pour la Syrie, toutes à compléter en fonction des avancées militaires et diplomatiques. Tout en sachant, que depuis l’accord entre les grandes puissances et l’Iran en juillet dernier, on constate un intense ballet diplomatique entre la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite et des opposants Syriens…À suivre.

 Romain Dewaele et Antoine Valentin

Heiliges Römisches Reich deutscher Nation

Heiliges Römisches Reich deutscher Nation

Ich stand auf hohem Berge:


Ich stand auf hohem Berge
sah runter ins tiefe Tal
Ein Schifflein sah ich schweben
darin drei Grafen warn.

Der jüngste von den Grafen
der in dem Schifflein saß
gab mir einmal zu trinken
aus einem venedischen Glas

"Ach Mädchen, du wärst schön genug,
wärst Du nur ein wenig reich;
fürwahr, ich wollt Dich nehmen,
wär´n wir einander gleich."

Er zog von seinem Finger
ein goldenes Ringelein.
"Nimm hin, Du Hübsche, Feine,
das soll dein Denkmal sein."

Was soll ich mit dem Ringe,
den ich nicht tragen kann?
Ich bin ein armes Mädchen,
das stehet mir nicht an.

Und weil ich ja nicht reich bin,
daß es dem Herren frommt,
will ich die Zeit abwarten,
bis meinesgleichen kommt."

"Wenn deinesgleichen nun nicht kommt,
was willst du fangen an?"
"Dann geh ich in ein Kloster,
will werden eine Nonn´."

Es stand wohl an ein Vierteljahr,
dem Grafen träumte es schwer,
daß sein herzallerliebster Schatz,
ins Kloster gegangen wär.

"Steh auf, mein Knecht und tummle Dich,
sattle mir und dir ein Pferd;
Wir wollen reiten Tag und Nacht,
der Weg ist des Reitens wert!"

Und als der Graf geritten kam,
wohl vor des Klosters Tür,
fragt er nach seiner Liebsten,
ob sie wohl darinnen wär.

Sie kam heraus geschritten,
in einem schneeweißen Kleid.
Ihr Haar war abgeschnitten,
zur Nonn´ war sie bereit.

Sie kam mit einem Becher,
den sie dem Ritter bot;
er trank und ein paar Stunden
danach war er schon tot.

Ihr Mädchen laßt Euch raten,
schaut nicht nach Geld und Gut.
Sucht Euch einen braven Burschen,
der euch gefallen tut.

samedi, 12 septembre 2015

Monde multipolaire: Chine, Russie, quelles stratégies?

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VERS UN MONDE MULTIPOLAIRE

« Chine-Russie : quelles stratégies ? »

Alexandre ORLOV*
Ex: http://metamag.fr
 
Parler de la Russie et de la Chine, c'est parler,  non seulement du présent, mais aussi de l'avenir , de l'ordre mondial de demain.

Nous comprenons tous que la portée des relations russo-chinoises dépasse largement le cadre bilatéral. Elles constituent un facteur puissant de formation d'un monde multipolaire.

Oui, notre monde est en passe de devenir multipolaire. C'est un processus objectif et irréversible. On peut toujours essayer de le ralentir, mais personne n'est désormais en mesure de l'arrêter.

De fait, dans l'ambition d'assurer leur hégémonie, de maintenir la domination unipolaire, les Etats-Unis suivent le cap de l'endiguement de nouveaux pôles d'influence – avant tout la Russie et la Chine.

A l'égard de la Russie, cette politique d'endiguement prend une forme ouvertement agressive. On inflige à mon pays des sanctions chaque fois nouvelles – et ce, sans plus aucun lien avec la situation en Ukraine. Des bases militaires américaines et de l’OTAN poussent sur ses frontières tels des champignons, on y construit le bouclier antimissile américain. On lui livre une guerre médiatique, psychologique et économique.

Pour la Chine, cette même politique d'endiguement revêt un caractère latent, voilé. C’était d'ailleurs pareil pour la Russie, jusqu'à ce que la crise en Ukraine ne fasse tomber les masques.

La tactique utilisée est pourtant la même. 

Pour justifier cette politique d'endiguement, on impose à l'opinion publique toutes sortes de mythes – sur la "menace" russe ou chinoise ou sur "l'antagonisme idéologique" entre l'est et l'ouest.

Mais en réalité, ni ces menaces imaginaires, ni l'antagonisme idéologique, propres à l'époque de la guerre froide, n'existent. Il n'y a que l'ambition américaine de domination universelle. De la géopolitique à l’état pur.

Il faut bien comprendre que, malgré toute la diversité des systèmes politiques ou des valeurs, la multipolarité moderne n'est pas de nature idéologique. Au contraire, elle résulte en grande mesure du fait que le modèle du développement capitaliste né en Europe Occidentale et aux Etats-Unis s'est enraciné dans d'autres régions du monde. Tout espoir de bloquer l'émergence d’un monde multipolaire est illusoire. Toute tentative d'empêcher ce processus porte un grave préjudice au système de  sécurité universelle et sape le développement économique global. 

On a beau s'y accrocher, le modèle unipolaire restera immanquablement dans le passé. Il ne correspond plus au monde moderne, qui est bien trop varié et bien trop complexe. Aucun pays, aucun groupe, aussi puissant soit-il, n'est capable aujourd'hui de résoudre les problèmes universels à lui-seul.

Les États-Unis ont échoué dans le rôle de leader universel 

Ils se sont comportés tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils ont piétiné le droit international – en Yougoslavie, en Irak, en Libye ou au Yémen. Ils ont poussé le Moyen Orient dans le bourbier du chaos et des guerres civiles, ils ont libéré de sa bouteille l’esprit de l’islamisme radical. Ils ont trahi la confiance de leurs alliés les plus proches, car eux-mêmes ne faisaient confiance à personne, les considérant comme des Etats satellites ou des vassaux, d’où l'espionnage et l'ingérence dans les affaires intérieures, y compris par l'application extraterritoriale des décisions de justice américaine.
 
Pour beaucoup d'Occidentaux l'émergence d'un nouveau monde multipolaire apparaît comme chaotique, mais c'est parce que les vielles méthodes unipolaires de prise de décisions et de règlement des conflits ne fonctionnent plus. Nos partenaires occidentaux n'ont toujours pas appris, ou ne veulent tous simplement pas apprendre à travailler d'une façon nouvelle – par le compromis. Ainsi ils associent la fin de l'ordre unipolaire à la fin de l'ordre tout court, à l'arrivée du chaos universel.
 
Je tiens à souligner que la Russie, aussi bien que la Chine, j'en suis certain, sont sincèrement intéressés à développer avec les Etats-Unis, qui étaient et restent une grande puissance mondiale, des relations étroites et mutuellement avantageuses. Pourtant, le vrai partenariat ne serait possible que lorsque Washington et les milieux atlantistes d'Europe abandonneront l'idée de leur exclusivité et leur droit à la domination globale.

Le monde multipolaire – c'est une lourde responsabilité
 
Il peut devenir un monde de confrontation de blocs, de lutte pour les sphères d'influence, d’hostilité. Mais il peut aussi bien être un monde de coopération et d’intégration. Telle est la philosophie des nouveaux formats universels initiés par la Russie et la Chine. Je parle des BRICS et de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). L'égalité des membres, la culture du compromis, toute décision comme dénominateur commun des intérêts nationaux de chacun, voici ce qui distingue ces forums du fonctionnement d'alliances économiques ou politico-militaires traditionnels avec leur subordination et leur discipline de bloc.

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Les états des BRICS ou de l'OCS se rassemblent non pas "contre" quelqu'un, mais pour un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui serait fondé sur le droit international et le rôle central de l'ONU. Nos pays mettent au centre de leurs préoccupations le principe de sécurité égale et indivisible à tous les niveaux – aussi bien global que régional. Cela signifie que la sécurité des uns ne doit pas être assurée en dépit de celle des autres. Cette vision du monde est aux antipodes de la mentalité des blocs propre à l'OTAN.

En juillet dernier la ville d’Oufa a accueilli les Sommets des BRICS et de l'OCS sous la présidence de la Fédération de Russie. Ces rencontres, qui ont réuni les représentants de plus d'une moitié de la population globale, n'ont pas seulement détrôné le mythe de "l'isolement de la Russie", n'ont pas seulement confirmé la similitude des approches des pays-membres aux grands problèmes politiques et économiques du monde. Elles ont avant tout démontré, une fois de plus, la viabilité du modèle de prise de décisions collectives qui, j'en suis fermement persuadé, sera la base du monde multipolaire.
 
Les relations russo-chinoises se présentent aujourd'hui comme "un partenariat tous azimuts et une coopération stratégique". C'est bien cette définition qui figure dans la déclaration commune des deux chefs d'états adoptée en mai 2014, lors de la visite du Président Poutine à Pékin.
Nous évitons sciemment le terme "allié" ou "alliance" car ils reflètent la logique des blocs, incluent l'idée d'identification "friend-or-foe" – ami/ennemi. Encore une fois: les relations Moscou-Pékin ne sont pas "contre" qui que ce soit. Car ni la Russie, ni la Chine (du moins, pour autant que je sache) ne revendiquent la domination globale. Notre coopération se développe sur une base pragmatique, tenant compte des intérêts des deux peuples et des réalités du monde multipolaire en gestation. 

Il faut reconnaître pourtant que les intérêts russes et chinois ne coïncident pas forcement. Nous pouvons avoir une vision différente sur certains problèmes internationaux. Il existe entre nous une concurrence rude en ce qui concerne les marchés régionaux. Les Chinois, il faut le reconnaître franchement, sont des partenaires difficiles et des négociateurs redoutables lorsqu'ils défendent leurs priorités. Mais les principes de base de nos relations – l'égalité et le respect de chacun, permettent toujours de trouver des solutions mutuellement acceptables. 
Entre la Russie et la Chine il n'y a pas, et j'espère qu'il n'y aura jamais, de lutte pour les sphères d'influences – comme celui que les Etats-Unis et l'Union Européenne nous ont imposé ces dernières années, notamment sous la forme du "Partenariat oriental".

C'est l'Union Européenne qui a placé l'Ukraine devant le choix – "être avec nous ou avec la Russie". Ce choix artificiel qui a fracturé le pays et l'a poussé dans une guerre civile qui dure toujours. Ni la Russie ni la Chine n'ont jamais imposé à leurs voisins ce choix – être "avec" ou "contre" nous.

Au contraire, en dépit de leur concurrence économique (qui est naturelle), nos deux pays voient le continent eurasien comme un espace de coopération prometteuse, capable d'assurer la synergie des ressources humaines et en matières premières, des potentiels économiques, industriels et scientifiques de différents pays.
 
L'Union économique eurasienne et l'initiative chinoise de la "Ceinture économique de la Route de la Soie" nous paraissent parfaitement complémentaires et ouvrent d'excellentes opportunités pour la Chine comme pour la Russie. En tant qu'espace économique commun, donc – sans frontières douanières, l'Union économique Eurasienne offre de façon objective le meilleur tracé possible pour cette nouvelle "Route de la soie".

La concurrence russo-chinoise pour les marchés de l'Asie Centrale ne change rien sur la donne principale: nos deux pays ont un intérêt commun – la prospérité de cette région. Le "Grand Jeu" pour l'Asie Centrale, que menaient au XIX-ème siècle la Russie et la Grande Bretagne, n'a pas sa place dans les relations entre Moscou et Pékin. Au contraire, nous cherchons à joindre nos efforts et nos capacités dans la réalisation de grands projets économiques et industriels, et aussi pour contrer la menace de l’islamisme radical qui vient du Sud. Autrement dit – plus nos pays-voisins seront (..) riches et stables, mieux ce sera pour la Russie et pour la Chine. 

En même temps, la Russie a des raisons de croire que l'idée de déstabiliser l'Asie Centrale selon le scénario moyen-oriental – c'est-à-dire sur le fond de discours sur les ''transformations démocratiques" et sous les drapeaux de l'islamisme radical, – peut être envisagée aux Etats-Unis comme une des "options" en vue d'affaiblir la Russie et la Chine, de créer sur leurs frontières des foyers permanents de tension, de semer la discorde entre eux. Nous devrons, ensemble, contrecarrer ces tentatives.

Aujourd'hui, l'économie russe traverse une période difficile, due à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales, et l'économie chinoise tourne elle-aussi au ralenti. Apparemment, la tâche de renforcer les liens commerciaux et d'investissements entre nos pays revêt dans ces conditions une importance particulière. 

La multipolarité possède des dimensions différentes – politique, économico- financière et culturelle.

La Russie et la Chine attachent une attention particulière à la réforme du système monétaire global. Il nous parait évident que le monopole du dollar constitue désormais une source de risques de plus en plus importants, qui sont de nature non seulement financière, mais aussi politique. L'affaire de "BNP-Paribas" – est un exemple par excellence de où peut mener un tel monopole, qui va de pair avec l'application extraterritoriale de la justice américaine. Cela vaut la peine de rappeler que la France avait proclamé la réforme du système monétaire global comme une des priorités de sa présidence au G-20 en 2011. Pourtant, rien n'a bougé depuis. 

Moscou et Pékin comptent élargir progressivement l'utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges commerciaux bilatérales ainsi que dans le commerce régional. A cet égard, les décisions des BRICS sur la création d'un pool de réserves monétaires propres et de la Nouvelle banque de développement, constituent un pas important vers une nouvelle architecture monétaire internationale. Il est important qu'une grande partie des projets de la Nouvelle banque de développement soit financée en monnaies nationales. La Russie a rejoins également La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank) créée sur l'initiative de la Chine.

Ces nouvelles institutions ne représentent pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais un complément nécessaire et attendu aux institutions de Bretton Woods, qui ne répondent plus aux besoins de l'économie mondiale. Nous estimons que le FMI et la BM ont besoin d'être réformés – ils ne doivent plus rester les outils politiques de Washington. 

Autre domaine prioritaire de coopération entre la Russie et la Chine qui contribue à un ordre mondial plus juste et plus sûr : les technologies informatiques. Les Etats-Unis abusent de leur monopole dans ce secteur, ce qui engendre des risques pour la sécurité et la souveraineté de nos pays. Ce n'est pas par hasard que la déclaration finale du sommet d’Oufa évoque la nécessité de créer un mécanisme de gestion d'Internet "basé sur un processus transparent, qui ne serait pas soumis à l'effet des décisions unilatérales".

D'une manière générale, les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie – sont un signal lancé à tous les pays, qui devraient réfléchir sur leur indépendance financière, technologique et informatique face aux Etats-Unis qui usent sans scrupules de leur supériorité pour exercer la pression politique et le chantage.

Ces derniers temps, on entend souvent que la Russie s'est détournée de l'Europe pour se tourner vers la Chine. C’est faux. La Russie ne se détourne de personne, encore moins de l'Europe. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, la Russie était, reste et restera une partie inaliénable et importante de la civilisation et de la culture européennes. On ne peut pas se détourner de soi-même. En même temps la Russie est une puissance Eurasienne. Il est donc logique et important qu'elle ait de bonnes relations avec ses voisins à l'Est comme à l'Ouest. Regardez nos armoiries – L'aigle bicéphale qui y est représenté regarde bien des deux cotés.
  
Il faut reconnaître pourtant que le grand potentiel de nos relations avec la Chine est longtemps resté inexploité. Quoique le besoin de se tourner vers l'Asie-Pacifique était évident bien avant la crise actuelle dans nos relations avec l'Occident, jusqu'à ces derniers temps une partie majeure de nos liens économiques, commerciales et en matière d'investissements était orientée vers l'Union Européenne. Apparemment, avions nous trop confiance en nos partenaires européens, et espérions naïvement avancer vers un espace économique et humain communs. Les sanctions se sont révélées être une douche froide, confirmant une fois de plus la vielle sagesse populaire – il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier.
 
La Russie a pris le cap de diversification de ses liens économiques, mais elle ne se détourne néanmoins pas de l'Union Européenne. Au contraire, c'est l'Europe, docile à une volonté étrangère, qui cherche en dépit de ses propres intérêts à se démarquer de la Russie. Ce qui pousse naturellement notre pays à chercher des partenaires et des débouchées dans d'autres régions du monde.

Ceux qui veulent "l'isolement" de la Russie paraissent avoir oublié que nous ne sommes plus au XIX-ème siècle, et que depuis longtemps, la "communauté mondiale" ne se limite plus à l'Europe et à l'Amérique du Nord. La nature a horreur du vide. D'autres pays, dont la Chine, n'attendaient que cela pour élargir leur présence sur le marché russe et prendre la place occupée jadis per nos partenaires occidentaux, au détriment de ces derniers.

En tout cas, la coopération avec la Chine ne contredit pas mais complète nos liens traditionnels avec l'Union Européenne. C'est un complément nécessaire, attendu, et riche en perspectives en matière d'échanges commerciaux et technologiques, d'investissement et de développement des territoires. 

La question de savoir si la Russie doit choisir dans ses relations l'axe européen ou asiatique est purement artificielle. La France – doit-elle choisir entre l'Espagne et l'Allemagne? Autre idée préconçue – se retournant vers la Chine, la Russie est condamnée au rôle auxiliaire de son fournisseur de matières premières. Jusque là nous avons vécu une expérience de rapprochement avec l'Union Européenne qui effectivement réduisait la Russie au rôle de fournisseur de l'Occident. Apparemment c'était la seule place qu'on nous réservait.
 
Certes, nous allons utiliser toutes les opportunités qu'offre le marché chinois pour le commerce de matières premières et d'hydrocarbures. Un accord a été signé sur la construction du gazoduc "la Force de la Sibérie" (ainsi est nommé le tracé oriental), et des négociations sont en cour pour le gazoduc "Altaï" (ainsi est nommé le tracé occidental). Il s'agit de dizaines de milliard de mètres cubes de gaz.

Ces projets d'envergures permettent à la Russie de diversifier les débouchées de ses hydrocarbures, ce qui n'est pas sans importance, surtout sur fond d'appels politisés à renoncer à notre gaz, qui résonnent de plus en plus fort en Union Européenne. En limitant la coopération énergétique avec notre pays, l'UE se tire une balle dans le pied et scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle réduit ainsi elle-même sa compétitivité. 

Néanmoins, – et c'est capital, – la coopération russo-chinoise ne se limite pas au commerce des matières premières. Elle s'étend aussi sur les secteurs et les industries de pointe. La Russie garde et renforce ses positions sur le marché chinois notamment en ce qui concerne la coopération militaire et le commerce d'armes modernes, mais aussi dans le secteur nucléaire, dans l'industrie aérienne (avions et hélicoptères), la pétrochimie, les transports… Autre volet important – la coopération spatiale. Ainsi, nous travaillons sur l'inter-connectivité de nos systèmes de navigation par satellite GLONASS et "Beidou".

Mais le principal – est que notre partenariat avec la Chine s'appuie sur le respect mutuel des intérêts de chacun, tandis que l'Union Européenne cherchait toujours à nous imposer des conditions unilatérales, en dépit des intérêts de la Russie mais "en application du règlement européen". La troisième directive énergétique en est un exemple par excellence. 
Notre colloque porte dans son nom la question "quelles stratégies?". Et bien, les stratégies, on pourrait en inventer de toutes sortes, mais le critère de leur efficacité restera toujours le même – le réalisme.

Certains préfèrent vivre dans un monde imaginaire – se croire exceptionnels; inventer des mythes sur les "menaces" russes et chinoises; alimenter en armes et en argent l'inexistante "opposition modérée" en Syrie; croire que des tribus moyenâgeuses peuvent en un jour se transformer en démocraties de type occidental; se persuader que les Criméens ont voté leur réunification avec la Russie sous la menace des armes… Mais le monde réel revient toujours et le dégrisement peut être amer. Le carrosse de Cendrillon se change en citrouille, les "opposants modérés" en djihadistes, les "démocrates ukrainiens" en nationalistes agressifs…

Sauf qu'en se battant contre des moulins à vent, on risque de laisser passer les vraies menaces. Je suis persuadé que la stratégie de la communauté internationale doit consister à se mobiliser pour résoudre les vrais problèmes et faire face aux réelles menaces, dont la plus dangereuse est aujourd'hui l'islamisme radical.

* Intervention d'Alexandre ORLOV, ambassadeur de la Fédération de Russie à Paris, lors du Colloque du 28 août 2015

 

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Ex: http://landdestroyer.blogspot.com

 
NATO terror network implicated in Bangkok blasts, appears to have been running Uyghur terrorists through Asia, into Turkey and onward to fight NATO's proxy war in Syria. 

September 4, 2015 (Tony Cartalucci - LD) - An unprecedented blast in Bangkok, Thailand last month left 20 dead and over 100 injured. The blast was the latest in a string of violence carried out by US-backed proxy Thaksin Shinawatra, who himself was ousted from power in 2006 and finally had his political party removed from power completely in 2014 after massive street demonstrations and a military coup toppled the regime headed by his own sister, Yingluck Shinawatra.

 

Image: NATO created and funded the Grey Wolves terrorist network during the Cold War as part of its stay behind networks. Instead of fighting non-existent Soviet invaders, they were used instead to kill NATO's political enemies by the thousands. Today, the Grey Wolves are represented by the Nationalist Movement Party (MHP), the third largest in Turkey's parliament. They are reported to operate globally, including terrorist training camps in Xinjiang, China. 


 
While the blast represented an escalation in violence, it should be remembered that terrorist networks operating in support of Shinawatra have carried out egregious acts of violence in the past, including fielding up to 300 armed militants in Bangkok's streets in 2010 leading to weeks of gunbattles between Thai troops and Shinawatra's armed supporters, leaving almost 100 dead and culminating in city-wide arson.

As for bombings themselves, while generally these networks have used grenades to attack institutions and individuals perceived as enemies of Shinawatra and his foreign sponsored agenda, precisely the same pipe bombs used in the August blast have been implicated in explosions in 2010 and 2014 where bomb makers accidentally killed themselves while assembling devices. In February 2015, a double pipe bombing would be carried out just down the street from where the most recent blast occurred. The devices used were linked to the 2010-2014 incidents
 
And while it is clear the bombing was used as a form of violent coercion against a Thai government increasingly drifting away from accommodating both Shinawatra and the foreign interests he represents and closer toward regional partners including China, what was not certain was which networks specifically these interests used to carry out the attack.

Recent evidence has emerged as several suspects have been identified and arrested, suggesting this network includes NATO's "Grey Wolves" and several other Uyghur groups long backed, funded, and directed by the US as a means of eliminating its enemies across Eurasia and up to and including China. In addition to carrying out attacks in Thailand, they appear to have also been moving militants from across Asia and feeding them into NATO's proxy war in Syria. 
 

Global Gladio, Target Thailand  

In the immediate aftermath of the bombing in Bangkok, the BBC would be the first to float the idea the blasts were in retaliation for Thailand's deportation of Uyghurs to China - Uyghurs apparently on their way to fight in NATO's proxy war in Syria - according to Reuters' report, "Uighurs 'on way to jihad' returned to China in hoods."

 

 

Images: The US State Department's NED refers to China's Xinjiang region as "East Turkistan," a fictional realm that does not exist. The US seeks to either destabilize or carve off a vast sum of Chinese territory through supporting terrorism in western China.  

On the very same day when the deportations occurred, Thursday July 9th, protests broke out in Turkey, both in Ankara the capital, and in Istanbul at the Thai consulate. Leading the protests in Ankara was the World Uyghur Congress (WUC), a US-funded, Washington D.C. and Munich based political front that specializes in supporting terrorism under the guise of defending "human rights." 
 

 

Image: Thailand's consulate in Istanbul Turkey was destroyed on the same day Thailand deported Uyghur terror suspects back to China. One may find it difficult to speculate who on Earth currently possesses the operational capacity to organized a same-day retaliation anywhere in the world besides a handful of actors - NATO among them. 

 

WUC admits that violence broke out among the mobs it was leading in Ankara but denied any affiliations with the protesters in Istanbul who attacked the consulate and destroyed it on the same day, in the same country, over the same alleged grievances. WUC itself suggested it was the work of the "Grey Wolves," an organization they admit was "clandestinely funded by the US government."

The Grey Wolves are comprised of Turks and Uyghurs, and throughout the Cold War served as part of NATO's "stay behind networks" referred to as Gladios. They were used to purge NATO's enemies from Turkey in bloody violence that would leave over 6,000 dead. Since the Cold War, the Grey Wolves have set up operations internationally, including terrorist training camps in Xinjiang, China - all indicating that NATO's Gladio has gone global.  
 

 

Image: The US-based and funded World Uyghur Congress admits it led mobs on the same day the Thai consulate was attacked. Their mobs in Ankara also turned violent, however Turkish police were able to maintain control. While WUC claims they have no ties to the Grey Wolves they claim were likely behind the consulate attack, they admit they, like WUC itself, have been funded by the US government. 

  

During the days following the Bangkok blast, the Foreign Correspondents Club of Thailand (FCCT) would give a presentation implicating the Uyghur-linked Turkish "Grey Wolves" terrorist network.

The FCCT is a group of foreign journalists from several of the most prominent Western news networks including the BBC, CNN, Reuters, the New York Times, Associated Press, and Agence France-Presse. They have systematically manipulated events in Thailand in efforts to support the regime of Thaksin Shinawatra. The goal of the FCCT's recent presentation was to help deflect as much blame as possible from Thaksin Shinawatra over the bombings and to suggest Thailand faces "international terrorism."

Despite the detailed presentation the FCCT provided and the immediate headlines across the Western media attempting to sell the theory to the public, no mention ever was made of the Grey Wolves' NATO or US funding. Similarly, no mention has been made by the Western media regarding US funding and support behind many, if not all Uyghur opposition groups both in Xinjiang and beyond.

What is clear is that Thailand has inadvertently stumbled upon a highly organized, well-funded, international criminal and terrorist network operating from Xinjiang, China, across Southeast Asia, and as far as Turkey and Syria. This terrorist pipeline appears to have been "tapped" by those seeking to undermine the Thai government, causing its toxic contents to spill over into the ongoing crisis already racking Thailand.

That the Grey Wolves, Uyghur opposition front, and Thaksin Shinawatra are all backed by the US and instruments of US global hegemony, indicates that such instruments often share resources when necessary and are even used interchangeably. NGOs created and maintained in Thailand to support the regime of Shinawatra now cover for Uyghur terrorism, and Uyghur terrorism used against China and Syria is now used to strike hard at Shinawatra's political foes.

America's One-Size-Fits All Global Terror Racket 

NGOs the United States funds and directs in Thailand, and primarily used to undermine the current government and defend the remnants of Shinawatra's political front, were quick to not only condemn the Thai government for deporting terror suspects back to China, but have since then attempted to justify the bombing as Thailand's deserved return for doing business with China. One Bangkok Post op-ed penned by a former Reuters employee titled, "Should Regime Not Deported Uighurs?" attempted to argue that:
In retrospect, should Thailand not have expelled the Uighurs to China? Or to be more precise, should the ruling junta, which is not fully recognised by the democratic world, have been less responsive to Chinese demands?

National interest always comes first in a country's diplomacy. But being so accommodating to a superpower's demands, making Thailand the target of an international outcry and what is looking increasingly like an international terror attack, does not bode well for the country in the long term.  
The ransacking of the Thai consulate in Istanbul failed to alert the Thai security services that the anger was real and long-lasting, and could possibly turn into a calamity 
It should be noted that the author uses the term "international" to describe what is exclusively the US and Europe's "recognition" and "outcry." 
 
This op-ed and many like it pervading the Western media are sending a message to the Thai government that failure to comply to the demands of the "international community" will result in terrorism - whether it is a mob destroying your consulates abroad, or bombs exploding in the heart of your nation's capital. And while this "international community" has many terrorist proxies to use against Thailand, it appears they have selected their "Uyghurs" to stand in the front ranks. 
 
Ousted-exiled dictator Thaksin Shinawatra most likely still possesses the terrorist networks and paramilitary organizations he created and eagerly used during his time in power. However, by using them, he would only further justify the current government's moves to permanently uproot Shinawatra from Thailand's political landscape. Just as NGOs assigned by the West to support Thaksin Shinawatra have now become instrumental in justifying and manipulating the recent Bangkok bombing, the West's terrorist networks used to destabilize nations elsewhere from China to Syria have had terrorism in Thailand apparently outsourced to them.

So far, the investigation suggests this network has been in Thailand for years, long before the deportation of Uyghurs in July. Evidence also suggests a link between the uncovered terror network and previous terror networks uncovered at the height of Shinawatra's violence in 2010 and 2014. A large amount of forged Turkish passports and ties to Uyghur trafficking networks appear to implicate the terror network in what Syrian and Chinese authorities have attempted to expose for years now - a terror pipeline feeding militants from all over the globe first into Turkey where they are armed, trained, and staged, then into Syria to fight NATO's proxy war against the government in Damascus.

Do Business With China and Die 

It should be stated that the vast majority of China's Uyghurs do not support the aspirations of the terrorists and US-funded fronts which claim to represent them. Forty-five percent of Xinjiang's population - some 10 million people - are Uyghurs. It is likely that if even half of them supported violent separatism, they would have already gained their "independence."

In reality, Uyhgurs are perhaps the first and foremost victims of US-backed terrorism in Xinjiang and beyond. Those who seek to live in peace and stability with their Chinese compatriots, and who condemn the means and methods of US-backed groups are themselves attacked. The most prominent example of this is that of Imam Jume Tahir, 74 years old, hacked to death in front of China's largest mosque by terrorists.

The imam had openly condemned US-backed violence and in particular called for street clashes with Chinese police to end.

 

Image: Uyghurs in China who attempt to lead normal lives often find themselves the primary target of US-backed terrorism. The mosque pictured above, the 600 year old Kah Mosque, saw the murder of its imam, Jume Tahir, by US-backed terrorists for the "crime" of condemning violent protests. 


In the wake of his brutal murder, the Western press would write him off as a "state-appointed leader," while the US-funded World Uyghur Congress would repeatedly justify the murder throughout the Western media. In the New York Times article, "Chinese Court Sentences Teenagers to Death in Killing of Jume Tahir, Islamic Cleric," it was reported that:
Dilxat Raxit, a spokesman for the World Uyghur Congress, an exile group based in Germany, condemned the harsh sentences for the defendants in the imam’s murder, saying they would do little to stem the rising tide of Uighur discontent. 
“The Chinese government should examine the roots of the problems, which are caused by coercive policies that Uighurs find unbearable,” he wrote. “It should respect the Uighur religion and traditional way of life, and stop provocations to avoid triggering new turmoil.” 
In another report titled, "The Day Imam Tahir Died," the World Uyghur Congress again justify the murder:
Dilxat Raxit, spokesman for the exiled political organization World Uyghur Congress, told Reuters that local Uighurs, “suspected that he had a special relationship with China’s Ministry of Public Security” and that he helped the authorities monitor Uighur religious activity. His support for Beijing most likely bred resentment among Kashgar’s Uighurs, many of whom disdain the central government.
No where can it be found in WUC's many US-funded press releases, congressional assemblies, or publications anything even closely resembling condemnation for the murder of an unarmed elderly man who advocated non-violence. WUC's message, like that of the Western media in the wake of the Bangkok blast is simple - do business with China and you will die.
 
America's Grand Strategy in Asia in One Word - Primacy 
 
In this it is clear that "Uyghur terrorism" is simply another attempt to conceal what is essentially yet another tool devised to achieve and maintain American global hegemony. Looking at a map of China, it is clear why this otherwise minuscule, obscure ethnic group has been propelled to center stage by American interests.

 
Image: The US has much to gain by backing separatists in western China. 
The Xinjiang region along with Tibet, if successfully destabilized or carved off from China, would sever Beijing's long-laid plans to construct a modern-day Silk Road. It would deprive China of both its territory, its resources, and drive tens of millions of its people eastward from their homes in a refugee crisis that would strain the very stability of Chinese society.
 
And because the US-Uyghur cause is not genuine nor enjoys popular support even in Xinjiang, it is no surprise that those willing to participate can be persuaded to fight overseas in other projects of American hegemony - essentially as mercenaries.

The use of minority groups to divide and destroy a targeted nation is a tactic as old as empire itself. And while the Western media works ceaselessly to explain how various organizations, advocacy groups, and militant fronts all operate in an apparent vacuum, only "coincidentally" propelling US foreign policy forward, it is clear through both a study of history and current US policy papers that global hegemony is still at the very heart of Western ambitions globally and includes all forms of coercion, from propaganda to paramilitary groups.

In one of the  most recent US policy papers on the subject, published this year by the influential Council on Foreign Relations - a corporate-funded think tank that represents the collective interests of some of the most powerful Western corporate-financier interests on Earth - the goal of maintaining "primacy in Asia" is literally spelled out.

Their report, "Revising U.S. Grand Strategy Toward China," states in no uncertain terms:
Because the American effort to 'integrate' China into the liberal international order has now generated new threats to U.S. primacy in Asia—and could result in a consequential challenge to American power globally—Washington needs a new grand strategy toward China that centers on balancing the rise of Chinese power rather than continuing to assist its ascendancy. 
The report was written by US political administrator and political lobbyist Robert Blackwill who has throughout his career played a role in grooming prospective client regimes in Asia through which the US planned to maintain its regional primacy. Among these client regimes was Thaksin Shinawatra himself. The use of violence and terrorism by Shinawatra to take and maintain control over Thailand is well documented. To think that the US would simply abandon its aspirations to control Thailand, or other nations throughout Southeast Asia vis-a-vis China would be misguided. What would be predictable would be instead an increase in terrorism and political destabilization.

Thailand is now being coerced through a concerted campaign of propaganda and organized violence, seized on by Shinawatra's supporters who are eagerly exploiting the socioeconomic and political damage the recent bombing has incurred, while so-called "rights" advocates invent creative defenses for otherwise indefensible violence directed at entirely innocent people.

Dismantle the Pipeline

Gladio was successful throughout the Cold War because those among NATO who employed such tactics did so within their borders. "Global Gladio" has networks stretching around the world, vulnerable to police and military operations carried out by host countries.

While the bombing in Bangkok appears to have been aimed at the government for its continued attempts to remove Shinawatra from power and divest from American interests by moving closer to China, the bombing itself stands as the single greatest example of just why Thailand has chosen to change tack in the first place. Accelerated military and counter-terrorism cooperation with China will  now be necessary to ensure the peace and security of both nations. As long as one serves as a base of operations for terrorism aimed at the other, neither will be safe.

For Thailand specifically, it is clear that Shinawatra's political existence was meant to infiltrate and overwrite Thailand's current political order. While threats and terrorism are being used to coerce Thailand into accommodating Shinawatra, it should be noted that by doing so, violence, division and destruction are all that await Thailand as a guarantee. The slow, patient dismantling of his political networks, along with a measured pivot toward Beijing appears to be Thailand's best bet.

For the rest of the world - NATO's "Gladio" networks are vast and varied. From Ukraine to Syria to Thailand, the most violent and criminal elements in any given society have been organized by the West in a bid to divide, destroy, and dominate the planet. From the original Gladio program in Western Europe, the means of expertly manipulating these criminal gangs has been perfected. Increasing awareness of how Gladio works will not only better arm society to take action against it, but perhaps even dissuade eager criminal elements from joining organizations that are essentially cannon fodder for NATO. 
 
 

Qui a gagné de la crise des réfugiés dans l’UE ?

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Qui a gagné de la crise des réfugiés dans l’UE ?

Auteur : Valentin Vasilescu
Ex: http://zejournal.mobi

L’UE est en concurrence avec les économies de certains pays comme la Chine ou l’Inde qui ont une population beaucoup plus importante que l’Europe et un taux annuel de croissance hors de portée. Pour être compétitif, l’UE aurait besoin d’un marché commun  plus vaste. Les anciens États communistes au sein de l’EU ont fourni à l’Allemagne, la France, l’Angleterre, un plus grand espace où elles ont pu facilement intensifier leur marché, l’Union Européenne devenant ainsi un concurrent plus fort pour non seulement la Chine et l’Inde mais aussi pour les Etats-Unis, le Japon et la Russie.

Cette année a commencé avec un grand défi pour l’UE, en particulier pour l’Allemagne (moteur et contributeur majeur de l’UE) grâce à de coûteuses solutions financières pour maintenir la Grèce dans l’UE. Si la Russie ou la Chine avaient eu une implication quelconque dans cette affaire, il était très facile pour eux d’accorder un prêt à la Grèce pour sortir de l’UE. Mais ils ne l’ont pas fait.

Immédiatement après ce choc, il est apparu la crise migratoire qui n’a aucun lien avec la Grèce, mais trouve son origine dans la même tendance de vouloir saper l’économie de l’UE. Cette fois-ci, non plus, ni la Russie, ni l’Inde, ni la Chine n’apparaissent dans l’équation. La Commission Européenne a imposé des quotas obligatoires pour la redistribution d’un premier lot de 160 000 réfugiés. Etonnamment, l’Angleterre, fidèle allié des États-Unis, a été exemptée de la répartition des réfugiés sur son territoire. Et comme cette mesure encourage d’autres plus grandes vagues de migrants, il est prévu que l’ensemble des dépenses de l’UE serait supportées par les économies de la plupart des États membres.

Les avions multi rôles des sultanats du Golfe (Qatar et Émirats Arabes Unis) ont été extrêmement utiles pour les Etats-Unis et l’Europe (France, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Canada, Danemark, Italie, Norvège, Espagne, Suède) lors de l’opération de bombardement de la Libye. L’opération a conduit au remplacement de Kadhafi par les hordes islamistes qui sont arrivées pour se battre entre eux depuis les quatre dernières années. Le phénomène de djihadistes de l’Isis qui détruit les fondations de la Syrie, a été créé avec l’aide de l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, et le soutien des Etats-Unis et ses alliés dont les principaux pays de l’UE.

http://reseauinternational.net/des-choses-que-lon-sait-beaucoup-moins-a-propos-de-lenorme-vague-migratoire-en-europe/

Pour le complexe militaro-industriel européen, armer les riches califats du Golfe constitue une manne céleste. Cependant, ni eux ni leurs clients ne contribuent en rien à la résolution de la crise des réfugiés. Le Qatar est équipé de chars modernes Leopard 2A7 et d’obusiers automoteurs PzH 2000 fournis par l’Allemagne, de systèmes de missiles antichar HOT et MILAN et d’avions multi rôles Mirage 2000 fournis par la France.

L’Arabie Saoudite a été armée par l’Allemagne avec des véhicules de transport amphibis TPz Fuchs , par la Grande Bretagne avec des avions multi rôles Eurofighter Typhoon, Panavia Tornado et des pièces d’artillerie FH-70, par la France avec des chars AMX-30, des véhicules de combat pour l’infanterie AMX-10P, des frégates de classe La Fayette, Al Madinah et des hélicoptères anti sous-marins AS565 SA Dauphin.

Les Émirats Arabes Unis ont été armés par la France avec des chars AMX Leclerc, des véhicules de combat AMX-10P, des corvettes lanceurs de missiles de classe Baynunah, des avions multi rôles Mirage 2000-9, des avions de ravitaillement en vol Airbus A330 MRTT, des hélicoptères anti sous-marins Eurocopter AS 565 Panther ; par la Grande Bretagne avec des chars légers FV101 Scorpion, des pièces d’artillerie L118, des systèmes de missiles AA Rapier ; par l’Italie avec des corvettes lanceur de missiles de classe Abu-Dhabi.

La morale et la politique multiculturelle dépendent en grande partie de la situation économique de l’UE. Par conséquent, l’introduction délibérée dans une économie en chute libre de millions d’immigrants, orchestrée par une main invisible, pourrait amener l’Union Européenne à y voir une solution pour mettre un terme à la dégradation de la qualité de vie des Syriens, des Yéménites, des Libyens, etc. L’UE pourrait traiter avec plus d’intransigeance des déclarations telles que celles de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a dit que son pays ne reçoit pas de réfugiés Syriens, semblant motiver son refus par la crainte que les syriens puissent attaquer la population chiite locale. Cet argument ne tient évidemment pas puisque la Jordanie, beaucoup plus pauvre, a dans son territoire au moins 2 millions de réfugiés palestiniens sunnites (et chrétiens) à la suite des guerres israélo-arabes, 300 000 Irakiens et deux autres millions de réfugiés Syriens. Et personne n’a jamais entendu parler d’incidents entre chiites et sunnites en Jordanie.

Une Union Européenne affaiblie signera sans aucune opposition le partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP), un accord commercial entre l’UE et les États-Unis, qui repousse les barrières du commerce (droits de douane, règlements et restrictions sur les investissements). L’essence du TTIP consiste à supprimer tous les obstacles tendant à limiter les bénéfices des sociétés transnationales.

En même temps, avec le TTIP, sont éliminés par les règlements qui protègent les citoyens européens, des abus des grandes corporations tels que le droit du travail, les règles de sécurité alimentaire, l’utilisation de produits chimiques toxiques et les lois relatives à la protection des données personnelles. Un mécanisme du TTIP appelé « résolution différends entre investisseurs et l’État » (ISDS), permet aux entreprises transnationales de poursuivre des gouvernements qui appliquent une législation nationale dont les décisions peuvent réduire leurs bénéfices. Une autre disposition de l’accord va permettre l’élimination des normes concernant les heures de travail et le minimum garanti des salaires, considérés comme des obstacles au commerce. Ainsi, les contrats collectifs de travail, sont considérés, dans le cadre du TTIP, comme des restrictions qui, du point de vue des entreprises transnationale, devront être éliminées.

Le but du TTIP est de créer de nouveaux marchés par l’ouverture, aux sociétés transnationales, des services publics et des marchés publics. Les cibles des privatisations massives sont les secteurs clés des États de l’UE, tels que la santé, l’éducation, l’ordre public, l’armée et les ressources naturelles.

- Source : Valentin Vasilescu

Poland Slams Second Russia-Germany Pipeline

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Poland Slams Second Russia-Germany Pipeline

Ex: http://www.therussophile.org

Did we say pipeline avoids Polish territory?

September 8 (AFP) – Poland’s conservative president on Tuesday slammed a deal between Russia’s Gazprom energy giant and several leading Western firms to build a second gas pipeline under the Baltic Sea, saying it ignores Polish interests.

“Considering that an agreement was concluded on building Nord Stream-2, which completely ignores Polish interests, one must seriously question unity” in the 28-member European Union, President Andrzej Duda told delegates to an economic forum in the southern Polish mountain resort of Krynica, dubbed Central Europe’s “Davos”.

In June, Gazprom agreed with Anglo-Dutch Shell, Germany’s E.ON and Austria’s OMV to build the new gas pipeline – dubbed Nord Stream-2 – to Germany, bypassing conflict-torn Ukraine but also EU neighbour Poland.

The route under the Baltic Sea from Russia would have a capacity of 55 billion cubic metres per year and would double the flow of the existing Nord Stream pipeline currently linking the two countries.

No timeframe was given for the deal that will boost Germany as a distribution hub for Russian gas in Western Europe but undermines Poland’s role as a transit state.

Polish politicians from across the political spectrum have long opposed Nord Stream, claiming it undermines Poland’s energy security stemming from its role as a transit country for Russian gas via the Yamal-Europe pipeline.

The Nord Stream-2 announcement comes as Moscow seeks more gas delivery routes to the EU that bypass Ukraine, despite the EU’s insistence that it wants to cut its dependence on Russia.

Russia and the West are locked in a bitter standoff over the Kremlin’s role in Ukraine and a gas dispute between Kiev and Moscow has threatened energy supplies to the EU.

vendredi, 11 septembre 2015

Hommage public à Emmanuel Ratier

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18:32 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, paris, emmanuel ratier, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook