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dimanche, 05 septembre 2021

La revue de presse de CD - 05 septembre 2021

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La revue de presse de CD

05 septembre 2021

CHINE

Les sociétés militaires privées chinoises

Avec la naissance en 2013 du projet de la Nouvelle route de la soie (One Belt One Road/OBOR ou Belt Road Initiative/BRI), la nécessité pour la Chine d’assurer la protection de ses entreprises, de ses personnels et plus généralement de ses intérêts est devenue une priorité. L’Armée populaire de libération (APL) étant limitée dans ses interventions à l’étranger par des facteurs politiques et matériels, Pékin a dû trouver une solution pour s’assurer que son expansion commerciale et stratégique ne soit pas menacée. Le terrorisme, la piraterie, les révoltes, les conflits armés ou encore les manifestations des populations locales sont autant de menaces qui pourraient mettre à mal le projet BRI. Pour y faire face, Pékin a choisi de faire appel au secteur privé et de déployer des SMP (sociétés militaires privées) chinoises partout où cela est nécessaire.

Cf2r

https://cf2r.org/documentation/les-societes-militaires-pr...

ÉTATS-UNIS

Rapport du renseignement US sur l’origine du Covid-19: une « diversion » de Joe Biden?

Un nouveau rapport des services de renseignement américains a échoué à préciser l’origine du Covid-19. Mais Joe Biden y a toutefois trouvé de quoi accuser Pékin. Le politologue Éric Denécé dénonce la politisation des services secrets servant les enjeux de la politique intérieure.

sputniknews

https://fr.sputniknews.com/international/2021083010460712...  

Julian Assange et l’Espionage Act (6/6) : Assange dans le box des accusés

Le changement le plus important apporté à l’Official Secrets Act de 1989 est son alignement sur l’Espionage Act amendé par McCarran : l’intention a été supprimée, éliminant ainsi la défense de l’intérêt public. Un livre blanc du gouvernement de 1988, qui envisageait des modifications de la loi sur les secrets officiels, était très explicite sur ce sujet.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/julian-assange-et-l-espionage-a...

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FRANCE

La France de Macron, une dictature post-démocratique

Un sondage IFOP réalisé pour le JDD les 11 et 12 août dernier, montre que pas moins de 43 % des personnes interrogées estiment que la France devient une dictature, du jamais vu dans notre pays. De même, durant tout le mois d’août – ce qui est également tout à fait nouveau –, des centaines de milliers de manifestants défilent chaque samedi dans de nombreuses villes de France, au cri de « liberté », contre l’instauration du passe sanitaire et la vaccination obligatoire des enfants. Manifestement, la question de la dictature ne se réduit pas à un fantasme complotiste…

Polemia

https://www.polemia.com/la-france-de-macron-une-dictature-post-democratique/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=la_lettre_de_polemia&utm_term=2021-09-01

L’Art : un enjeu géopolitique

Article écrit par Mangu Quesada, un peintre et sculpteur franco-espagnol. Son oeuvre réalise le dialogue nécessaire de la modernité avec sa propre histoire, celle de l’Aventure de l’Homme et d’une Nature retrouvée dans le monde d’aujourd’hui.

Pour évoquer les rapports de l’Art et de l’État en France tels qu’ils se présentent aujourd’hui, il est utile de mettre en évidence deux points de vue contradictoires : le national, qui s’autosatisfait de ses productions, et l’international qui minimise l’art français actuel de quelque nature qu’il soit.

Geopragma

https://geopragma.fr/lart-un-enjeu-geopolitique/  

Marion Maréchal : « Nous assistons à un glissement vers une forme d’ “autoritarisme doux” exercé par un Etat qui voudrait faire notre bien malgré nous »

Passe sanitaire, fracture de la société française, numérisation des données, complotisme, dictature, immigration, élection présidentielle… Marion Maréchal répond aux questions de Boulevard Voltaire en exclusivité !

Boulevard Voltaire

https://www.bvoltaire.fr/marion-marechal-nous-assistons-a...

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GAFAM

Et vous, comment vous informez-vous sur Internet ?

Si Internet peut servir de caisse de résonance aux fausses nouvelles, quel qu’en soit le sujet, son développement a également permis un accès aisé et rapide à de l’information médiatique fiable. Que sait-on de la manière dont les Français exploitent cet univers informationnel foisonnant ?

The Conversation

https://theconversation.com/et-vous-comment-vous-informez-vous-sur-internet-166231?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2029%20aot%202021%20-%202045620138&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2029%20aot%202021%20-%202045620138+CID_2cbf5ba8f379996a4c28b45a233fd975&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Et%20vous%20comment%20vous%20informez-vous%20sur%20Internet

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Free Basics de Facebook : le nouveau visage du colonialisme numérique ?

Facebook serait-il devenu philanthrope ? C’est l’image que souhaite se donner la compagnie américaine avec le lancement de son application Free Basics en 2013. À la clef, une promesse ambitieuse : garantir un accès universel à Internet. Alors que cette initiative reste largement méconnue en Europe, elle a permis à Facebook de s’imposer comme acteur incontournable dans l’hémisphère sud. Implantée dans 65 pays, Free Basics permet aux utilisateurs d’accéder gratuitement à une version limitée d’Internet, dont le contenu et les modalités sont définies par Facebook. Au carrefour entre le statut de réseau social et de fournisseur d’accès à internet, que dévoile ce projet pionnier sur la capacité de métamorphose de Facebook ? Suspectée d’incarner une forme insidieuse de cyber-colonialisme, la détermination de Facebook à rester maître du jeu est évidente.

https://lvsl.fr/free-basics-de-facebook-le-nouveau-visage...

Twitter désinforme en luttant contre la désinformation

L’été est une saison propice aux transformations ou annonces discrètes, souvent négatives, de l’augmentation du gaz aux nouvelles limitations de vitesse en ville jusqu’au nouvel outil de censure de Twitter, déjà bien armé dans le domaine.

OJIM

https://www.ojim.fr/twitter-desinforme-en-luttant-contre-...

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RÉFLEXION

Sur les mensonges et la post-vérité

De l'homme qui ment, nous trouvons deux formes fondamentales de mensonge : a) lorsqu'un mensonge est expressément énoncé avec l'intention de tromper, et b) lorsqu'une information est dissimulée. Dans la dissimulation, ou "tuer en se taisant", pour parler en créole, l'information est retenue et la vérité n'est pas dite par omission. Dans le cas du mensonge express, une étape supplémentaire est franchie, car les fausses informations sont présentées comme si elles étaient vraies.

Euro-synergies.hautefort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/08/25/s...

Chroniques du totalitarisme 4 - L’apogée paranoïaque

Dans l’hypocondrie délirante de la paranoïa, la maladie est partout, vécue comme dangereuse, mortelle, ennemie du vivant. Le malade est opposé au sain, comme l’impur au pur : ordre est donné d’éliminer (et avant cela, d’« évincer » pour reprendre le mot de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale en France, concernant les enfants non vaccinés) la partie du corps social désignée comme impure.

arianebilheran.com

https://www.arianebilheran.com/post/chroniques-du-totalitarisme-4-l-apogee-paranoiaque?utm_campaign=3d9909f9-7c71-4eca-9d48-6685aea263f8&utm_source=so&utm_medium=mail&cid=8fc99f82-d3e6-4f5d-8790-df95fbf30eb9

« Le diable dans la démocratie » de Ryszard Legutko (2)

Un ouvrage détonnant. Comment la démocratie libérale en est venue à devenir en partie cousine avec les régimes communistes au cours des dernières décennies.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/09/02/404081-le-diable-...

samedi, 04 septembre 2021

Les talibans et les États-Unis - Théories du complot et réalité

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Les talibans et les États-Unis - Théories du complot et réalité

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2021/09/01/talibanit-ja-yhdysvallat-salaliittoteoriat-ja-todellisuus/

La rapide montée en puissance des talibans en Afghanistan a surpris de nombreux observateurs, analystes et militants de la géopolitique. En particulier, les écrivains des médias alternatifs n'ont pas accepté le récit général des événements de Kaboul. Certains d'entre eux ont affirmé que tout le drame afghan n'est qu'une habile opération psychologique de la CIA et que le mouvement taliban - avec Al-Qaida - fait partie du complot de Washington.

Selon cette théorie, les Talibans n'ont pas pris le contrôle de l'Afghanistan après la défaite de l'Amérique, mais leurs ennemis supposés leur ont donné le contrôle de l'Afghanistan par un accord secret. Comme si les bombardements américains n'avaient pas suffi aux Afghans, les théoriciens du complot sont déjà certains d'une nouvelle guerre : il s'agit cette fois de faire de l'Afghanistan une tête de pont pour attaquer la Chine et la Russie.

La méfiance fondée des activistes et théoriciens bien intentionnés à l'égard de l'impérialisme américain semble avoir obscurci leur jugement, estime l'analyste Andrew Korybko. Ils sont incapables d'accepter que les talibans islamiques soient un véritable mouvement de libération nationale qui a vaincu la puissance militaire de manière encore plus humiliante que les Vietnamiens.

Leur théorie repose en partie sur le fait que ce sont les musulmans afghans conservateurs, les moudjahidines, qui ont mené la guerre de 1979-1989 contre l'Union soviétique et son mandataire, la République démocratique afghane, avec le soutien des États-Unis. Un autre facteur est probablement le fait que dans la Russie d'aujourd'hui, le mouvement taliban est toujours classé comme une organisation terroriste, bien que le Kremlin ait exprimé sa volonté de coopérer avec l'émirat islamique.

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Les moudjahidines anticommunistes ont autrefois coopéré avec les États-Unis dans la poursuite de leurs propres intérêts. Le gouvernement soutenu par les Soviétiques n'était pas particulièrement populaire auprès de la majorité du peuple afghan. Les moudjahidines et les Américains se sont exploités mutuellement, mais les États-Unis, à la manière typique des Américains, ont ensuite abandonné leur allié, puis se sont tournés résolument contre le mouvement qui a finalement émergé des militants musulmans au milieu des années 1990.

De nombreux pays en mauvais termes avec les administrations de Washington, ainsi que des groupes armés, ont eu et continuent d'avoir des liens avec les États-Unis et d'autres pays occidentaux et leurs services de renseignement. Cela est compréhensible, compte tenu de la dynamique de schémas militaires, politiques et économiques complexes. On dit aussi que les grandes puissances en particulier n'ont pas d'amis, seulement des intérêts égoïstes et des partenaires changeants. La realpolitik est tout sauf noire et blanche.

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Lorsque le porte-parole des talibans, Suhail Shaeen (photo, ci-dessus), a déclaré à la BBC que son mouvement souhaitait également ouvrir un nouveau chapitre dans les relations avec les États-Unis et espérait que ces derniers aideraient à reconstruire le pays déchiré par la guerre, cela a été perçu dans certains milieux comme un signe alarmant que les talibans étaient devenus un homme de main de la superpuissance et une organisation mandataire.

Cependant, les talibans ont également négocié avec la Chine et la Russie. La Chine espère même que les États-Unis se joindront à son initiative "Belt and Road" plutôt que Washington ne tente de la saboter, tandis que le représentant spécial du président russe pour l'Afghanistan a déclaré que les États-Unis avaient des obligations financières envers l'Afghanistan même après la fin de la guerre.

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Un autre porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid (photo, ci-dessus), a exhorté les ingénieurs, les médecins et les personnes instruites à rester (ou à retourner) dans leur pays d'origine, où leur expertise est nécessaire pour reconstruire le pays. "Ils doivent se réunir et établir une feuille de route pour relancer l'économie du pays", a déclaré Mujahid, ajoutant qu'il était "nécessaire de créer une atmosphère pour attirer les investissements étrangers".

L'Afghanistan n'allait jamais devenir un État client libéral-démocratique comme le voulait l'Occident. Ainsi, après deux décennies de guerre et de "gestion de crise", les États-Unis ont dû accepter un règlement à l'amiable, dont les détails se dévoilent lentement, dans une certaine mesure, pour nous qui restons à l'écart. Il reste à voir quelles seront les conséquences stratégiques et géopolitiques de la nouvelle émergence de l'"Émirat islamique".

Pour l'instant, les talibans doivent encore se mettre d'accord sur la composition du gouvernement avec leurs anciens adversaires. La politique du jeu peut créer des partenariats étranges. Alors que les politiciens, les milices et les États cherchent en toute hâte de nouveaux alliés, ils sont certainement prêts à tolérer le blanchiment de l'histoire.

Comment la communauté internationale va-t-elle traiter l'émirat islamique ? L'interprétation de la charia islamique et les droits des femmes suscitent déjà des inquiétudes, malgré la crise économique et la famine qui menacent le pays. Verrons-nous des sanctions ou une politique plus conciliante ? Ni les voisins de l'Afghanistan, le Pakistan et l'Iran, ni l'Europe ne souhaitent une avalanche de réfugiés.

L'Afghanistan dispose de milliards de dollars à l'étranger et les Talibans doivent avoir accès aux réseaux bancaires pour les obtenir. Les représentants des talibans ont déjà déclaré qu'ils voulaient une véritable reconnaissance internationale, avec des ambassades et des diplomates. Bien qu'ils doivent montrer une certaine pureté idéologique à leurs partisans - surtout après une si longue lutte contre l'Occident - ils sont conscients que des compromis doivent être faits pour remettre la société sur pied.

Je ne crois pas que les talibans soient des laquais de la CIA, prêts à s'opposer aux puissances eurasiennes. Je suis actuellement enclin à l'interprétation quelque peu optimiste selon laquelle les véritables pouvoirs en place aux États-Unis savent que leurs jours en tant qu'hégémon mondial sont terminés. Washington se retire donc d'engagements inutiles et réduit sa présence excessive et coûteuse dans d'anciennes zones de guerre comme l'Afghanistan. Si les États-Unis opèrent toujours dans la région, ils utiliseront certainement des drones et des mercenaires.

À moins que quelque chose de radical ne se produise, le cycle des nouveaux sujets d'actualité fera bientôt oublier au monde les vingt années de guerre, les talibans et le "cimetière des empires". Les États-Unis poursuivront, bien entendu, leur guerre hybride et leur compétition contre d'autres puissances pour tenter de consolider leur position dans le nouveau monde multipolaire. Espérons qu'à l'avenir, l'Occident laissera les Afghans tranquilles.

 

Déroute en Afghanistan et "Glasnost"-USA

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Déroute en Afghanistan et "Glasnost"-USA

par Dimitri Orlov

Ex: https://www.dedefensa.org/article/deroute-en-afghanistan-et-glasnost-usa

Les événements récents m’ont obligé à interrompre ma programmation habituelle pour vous présenter un rapport sur l’évolution de la situation en Afghanistan et ce qu’elle laisse présager, selon moi, pour les États-Unis. Les États-Unis et l’OTAN ont finalement quitté l’Afghanistan après une occupation qui a duré 20 ans. À l’heure actuelle [28 août 2021], ils gardent toujours un pied à l’aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, d’où ils tentent de rapatrier leurs ressortissants ainsi que les Afghans qui ont servi l’occupation. Ces collaborateurs craignent désormais pour leur vie face aux talibans, qui ont rapidement pris le contrôle de la quasi-totalité du pays dans le cadre de ce qui est probablement l’opération de changement de régime la moins sanglante que cette partie du monde ait jamais connue.

L’occupation américaine de l’Afghanistan a été rationalisée sur la base d’un édifice entier de mensonges. À la base, il y avait le mensonge du 9/11. Au-dessus, il y a eu le mensonge de la lutte contre le terrorisme (tout en formant et en équipant les terroristes). Quelque part en chemin, le mensonge de l’aide au développement de l’Afghanistan pour transformer le pays en une démocratie dynamique et moderne, avec égalité des sexes et autres cloches et sifflets, a été ajouté à cette structure déjà stupéfiante (alors que le seul développement réel fut celui du commerce de l’héroïne). Et, bien sûr, à tout cela s’est ajoutée une quantité vraiment stupéfiante de corruption et de vol.

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Si l’on en croit le récit officiel, Oussama Ben Laden était une sorte de Jésus des temps modernes qui a répété le miracle des pains et des poissons, mais avec des gratte-ciel, en faisant tomber trois d’entre eux (WTC 1, 2 et 7) avec seulement deux avions. Un autre de ses miracles a été de faire en sorte qu’un avion de ligne entier, piloté par un amateur, effectue des acrobaties aériennes vraiment stupéfiantes qu’aucun avion de ligne n’a jamais effectuées avant ou depuis, en se crashant sur un mur du Pentagone avec moteurs, sièges, bagages, corps et tout, laissant derrière lui une petite ouverture carbonisée et une partie d’un missile de croisière qui avait apparemment été caché à bord et qui a ensuite été emporté enveloppé dans une bâche sur les épaules de quelques messieurs en tenue de bureau, très nerveux et à l’air mécontent . Un autre avion rempli de passagers a laissé une petite fosse calcinée dans le sol et des enregistrements de conversations téléphoniques plutôt scénarisées tenues alors que l’avion supposé se trouvait dans une zone sans couverture téléphonique. Ben Laden a orchestré toute cette pagaille par téléphone satellite, ou par télépathie, sans jamais quitter le confort de sa grotte en Afghanistan. Je vous encourage à croire à ce récit parce que croire l’alternative peut vous faire perdre la tête. Cela a été le cas pour beaucoup de gens.

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Et si vous voulez être têtu et refuser de croire le récit officiel, alors il devient tout à fait plausible de penser que 9/11 était un somptueux canular américain : que les trois gratte-ciel ont été minés par des Américains, que le Pentagone a été frappé par un missile de croisière américain tiré par d’autres Américains et qu’Oussama ben Laden était un agent de la CIA qui réalisait des vidéos et des bandes audio de mauvaises qualités pour inspirer les terroristes préférés des Américains (appelés Al-Qaïda, puis ISIS/ISIL/Daesh/Califat islamique). Oussama aspirait à une retraite confortable quelque part dans le sympathique Pakistan – une retraite qui a été écourtée par une attaque d’un groupe de SEALs de la Navy quelque temps après sa mort due à une insuffisance rénale.

Pourquoi les Américains s’infligent-ils cela ? Pour dominer le monde, bien sûr ! Ils avaient adhéré à la théorie farfelue du “heartland” de Mackinder, selon laquelle la puissance mondiale qui contrôlerait le cœur de l’Eurasie contrôlerait le monde. Si vous pensez que le contrôle d’un tas de rochers habités par des indigènes hargneux et belliqueux dont l’esprit est resté bloqué au Moyen-Âge n’est pas propice à la domination du monde entier, alors vous êtes certainement plus intelligent que le quidam moyen, mais pas assez bon pour être l’un des brillants stratèges géopolitiques américains.

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Les développements du 9/11 ont justifié 20 ans d’occupation militaire de l’Afghanistan par les États-Unis et l’OTAN, ce qui a coûté plus de 2 000 milliards de dollars et causé environ un demi-million de morts injustifiées. Il ne s’agit en aucun cas d’une aubaine : mettre quelqu’un sous les feux de la rampe ne coûte pas près de 4 millions de dollars par tête, surtout pas en Afghanistan, pays très pauvre et inondé d’armes. Une hypothèse prudente est qu’une grande partie de cet argent a été simplement volée. En effet, les informations selon lesquelles l’ancien président afghan Ashraf Ghani a fui le pays à bord d’un hélicoptère tellement bourré d’argent qu’il a fallu en abandonner une grande partie sur le tarmac donnent une idée claire de la manière dont les fonds ont été alloués au cours de l’occupation américaine.

Il est officiellement connu qu’un peu plus de la moitié de l’argent a servi à remplir les coffres de quatre entrepreneurs de la défense – Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics, Boeing et Northrop Grumman. Leurs produits ont été librement utilisés sur toute l’étendue de l’Afghanistan, entraînant des quantités fabuleuses de dommages collatéraux. Une partie a également servi à armer l’armée afghane, qui s’est rendue aux Talibans sans combattre, abandonnant armes et bagages, à l’exception de 22 jets et 24 hélicoptères militaires qui ont fui en Ouzbékistan avec 585 soldats. Ce matériel, y compris les hélicoptères Black Hawk haut de gamme dotés de tous les gadgets récents, va maintenant être examiné, et probablement moqué, par les experts russes. (Le but des marchands d’armes américains, comme Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics, Boeing et Northrop Grumman, n’étant pas de produire des armes efficaces mais de faire des profits).

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Mais, me direz-vous, qu’en est-il des fruits du contrôle du pays “heartland” ? Qu’en est-il du contrôle du monde entier une fois installé là-bas ? Une fois sur place, les Américains ont découvert que l’Afghanistan n’offrait pas grand-chose d’autre que des indigènes hargneux et des champs de pavot. Et si les premiers n’étaient d’aucune utilité pour assurer la domination du monde, les seconds, transformés en héroïne, pouvaient être utilisés stratégiquement pour affaiblir l’ensemble de l’Eurasie en transformant sa population en une bande de drogués. À cette fin, l’Afghanistan a été transformé en usine à héroïne du monde, produisant 85 % de l’approvisionnement mondial estimé en héroïne et en morphine, un quasi-monopole. Avant l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis et l’OTAN, la culture du pavot avait été interdite par les talibans, il s’agit donc bien d’une réalisation entièrement occidentale.

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Le plan était de faire suinter l’héroïne afghane dans toute l’Eurasie environnante par des caravanes de chameaux traversant d’immenses déserts inhabitables, ce qui s’est effectivement produit en partie, mais il s’est rapidement avéré qu’il était plus rentable de l’acheminer par voie aérienne à l’aide d’avions de transport militaires américains à destination du Camp Bondsteel au Kosovo, qui est devenu le principal point de transbordement de l’héroïne. C’est ainsi qu’une grande partie de l’héroïne s’est retrouvée aux États-Unis et dans l’Union européenne, à tel point que l’on compte plus de 10 millions d’opiomanes aux États-Unis et que les décès par overdose d’opiacés dans ce seul pays s’élèvent à un demi-million par an et augmentent rapidement, les décès liés à la drogue étant la principale cause de décès chez les personnes n’ayant pas atteint le 3ème âge. Mais il semble qu’il ne s’agisse là que des toxicomanes aux opiacés, alors que l’abus d’opiacés est beaucoup plus répandu et, à en juger par la chute rapide de l’espérance de vie globale, assez grave.

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Une bonne question à poser est la suivante : Qu’adviendra-t-il des héroïnomanes lorsque les talibans auront à nouveau mis un frein à la culture du pavot ? Ce sera facile pour eux maintenant qu’il n’y a plus de troupes américaines ou de l’OTAN pour surveiller les champs de pavot. Ils compenseront le manque à gagner en vendant au marché noir des armes américaines abandonnées sur place. La réponse probable est que les junkies passeront (et passent déjà) au fentanyl, un opiacé synthétique que les Chinois sont heureux de fournir en quantités importantes. Toute suggestion selon laquelle les Chinois pourraient vouloir arrêter de le faire peut conduire à une mention polie des guerres de l’opium et à une suggestion selon laquelle on récolte ce que l’on sème. À un moment donné, un quart des Chinois étaient dépendants de l’opium ; voyons si les Américains peuvent battre ce record. Il est certain que l’héroïne afghane n’est pas la seule responsable de l’épidémie d’abus d’opiacés aux États-Unis. La famille Sackler a beaucoup fait pour construire un véritable tapis roulant qui a d’abord accroché les gens aux analgésiques sur ordonnance, puis les a abandonnés aux drogues de rue une fois les ordonnances épuisées. Mais l’héroïne afghane est un boomerang majeur de la politique américaine, comme beaucoup d’autres.

Une autre bonne question à poser est la suivante : D’où vient l’envie de dominer le monde en prenant le contrôle du “heartland” et en l’inondant d’héroïne (et de réfugiés afghans) ? Il y a certainement la nécessité de faire fonctionner le complexe militaro-industriel et d’alimenter les caisses électorales du Congrès, et puis il y a l’ambition impériale et mégalomaniaque de divers Washingtoniens des deux partis, mais c’est loin d’être tout. Le besoin primordial de perturber, de dégrader et de faire des ravages est un élément clé du plan d’affaires global de l’Amérique, qui consiste à continuer à vivre au-dessus de ses moyens en imprimant simplement de l’argent.

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La seule façon de faire fonctionner ce plan est que les États-Unis se présentent comme un îlot de stabilité dans un monde chaotique et un refuge financier où les oligarques voleurs du monde entier peuvent blanchir en toute sécurité leurs gains mal acquis. Si ce plan échoue, les États-Unis passeront alors par un statut de pays du tiers-monde puis à celui d’une interminable reconstitution de la guerre civile à balles réelles. D’où le Sturm und Drang actuel sur le retrait précipité des États-Unis et de l’OTAN d’Afghanistan.

Parce que qui se soucie de l’Afghanistan ? Bien sûr, on y trouve de l’héroïne, mais le fentanyl est encore plus puissant et n’implique pas tout le travail de la culture du pavot, de la récolte et du traitement du jus de pavot. Et excusez-moi si je ne crois pas que la mort de militaires américains ou de ressortissants américains laissés sur place puisse être considérée comme une sorte de tragédie nationale ; c’est ce qui arrive généralement lors d’une retraite précipitée. Et depuis quand les Américains n’ont-ils pas abandonné leurs alliés locaux ? Les Kurdes du nord de la Syrie, que les Américains en retraite ont abandonnés aux Turcs toujours aussi amicaux, sont le dernier exemple qui me vient à l’esprit ; mais combien d’Américains se souviennent encore de cette époque ? C’est simplement une habitude des Américains, toujours.

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Cette retraite précipitée signale, quelque part dans le subconscient profond (parce que la prise de conscience est trop douloureuse), la fin de l’économie de l’inutile dont les États-Unis sont de plus en plus dépendants depuis que Nixon a retiré le dollar américain de l’étalon-or il y a 50 ans. Cette maladie a peut-être été lente à se développer, mais elle est chronique, incurable et invariablement fatale. En 2021, le budget fédéral américain s’élève à 6.800 milliards de dollars et le déficit budgétaire à 3.000 milliards de dollars, ce qui signifie que pour chaque dollar dépensé, 44 cents sont imprimés pour exister. Il s’agit d’un niveau de morphine financière qu’on ne voit que dans les hospices.

À ce stade, aucune quantité de morphine financière ne permettra au patient américain de se lever de son lit, d’arracher l’intraveineuse de son bras et d’aller faire encore plus de ravages dans le monde, en semant la peur et le chaos. La peur et le chaos se trouvent maintenant au sein même des États-Unis. Les 753,5 milliards de dollars que les États-Unis dépenseront pour la défense en 2021 sont supérieurs aux dépenses combinées des neuf autres pays les plus dépensiers, mais ce n’est pas suffisant pour provoquer un chaos capable d’effrayer le monde entier et l’inciter à continuer à honorer le dollar américain dans le commerce international ou à investir dans des actifs libellés en dollars; tout ce qui reste, c’est l’inertie financière et un peu d’excitation autour de la plus grande bulle boursière au monde, que la réserve fédérale américaine continue de gonfler désespérément.

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L’angoisse mentale produite par cette situation a donné lieu à des images médiatiques terribles depuis l’aéroport de Kaboul. On ne tient pas compte du fait que le reste de l’Afghanistan est soudainement devenu plutôt calme, avec des talibans aux yeux brillants et à la barbe fournie, armés des dernières et meilleures armes américaines, qui patrouillent les marchés et les coins de rue. L’ISIS-K, les terroristes chouchous des Américains en Afghanistan, de la lignée de Ben Laden/Al Qaeda, se sont tus. Ils avaient l’habitude d’organiser régulièrement des attentats à la bombe à Kaboul, tuant régulièrement des centaines d’habitants, mais maintenant le seul endroit où ils font encore sauter des gens est l’aéroport, qui est comme par hasard la seule zone encore sous contrôle américain.

Les Américains ont eu la gentillesse de partager leur plan de bataille astucieux avec leurs alliés de l’OTAN, ce qui explique pourquoi Lord Pederast d’Angleterre et Madame Petite-Pute de France [En français dans le texte, NdT] (je ne veux pas me donner la peine de chercher leurs vrais noms) ont rendu publique la nouvelle de cette attaque terroriste bien avant qu’elle ne se produise. Treize militaires américains sont morts; de nombreux autres locaux sont morts parce que les militaires américains survivants ont ouvert le feu sur les victimes. Personne n’a été traduit en cour martiale et personne n’a démissionné; c’est la routine. La raison pour laquelle les garçons d’ISIS-K ont été chargés de cette mission est évidente. Les Américains ont besoin d’une raison pour écourter l’évacuation de leurs ressortissants et de leurs serviteurs afghans locaux, comme l’exigent les Talibans, et maintenant ils ont une excuse : la sécurité de leurs militaires est primordiale.

Le retrait américain d’Afghanistan était inévitable, mais ce qui a stupéfié et consterné le monde entier, c’est l’inimaginable maladresse de l’opération à tous les niveaux. Comparé au retrait soviétique, c’est une profonde humiliation nationale. Les Soviétiques se sont retirés en ordre de bataille, drapeaux flottants, et ont laissé derrière eux un gouvernement fonctionnel qui est resté au pouvoir pendant trois années supplémentaires, résistant avec succès aux efforts occidentaux pour le renverser, et qui n’est tombé que lorsque le soutien soviétique a cessé parce que l’URSS s’était effondrée – essentiellement à cause de la trahison de Gorbatchev. Mais les Afghans se souviennent des Russes et les aiment toujours, ils les appellent toujours “Shuravi” (Soviétiques) et sont reconnaissants à la Russie pour tout ce qu’elle a construit là-bas. L’ambassade russe à Kaboul est dotée d’un personnel complet et fonctionne normalement, maintenant des canaux de communication bien établis avec les Talibans. En revanche, au cours de leurs 20 années d’occupation, les Américains n’ont rien construit, ont détruit beaucoup de choses et sont maintenant presque universellement détestés et méprisés.

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Je crois que l’extrême et apparente incompétence des Américains en Afghanistan est le résultat de l’effet corrosif des mensonges. Une fondation de mensonges est inévitablement fragile et ne peut être empêchée de s’effondrer que dans des circonstances soigneusement contrôlées. Par exemple, un oligarque véreux peut promouvoir un certain vaccin comme étant efficace contre un certain virus alors que son intention réelle est d’arrêter la croissance démographique en rendant les femmes stériles. Cela fonctionne parce que les structures d’entreprise peuvent être organisées autour d’une stratégie de gestion connue sous le nom  de théorie du champignon (les garder dans l’obscurité et les nourrir de merde). Mais cela ne fonctionne pas pour un empire militaire tentaculaire, où la vérité est inévitablement divulguée : les contradictions s’accumulent et le moral s’effondre. Un mensonge en appelle toujours un autre, et les erreurs commises, les efforts pour les réparer et les efforts pour les cacher deviennent alors sans fin. À un moment donné, les terroristes de la CIA combattaient les terroristes du Pentagone en Syrie. C’était vraiment gênant et difficile à cacher. Heureusement, les Russes ont réglé ce problème en les bombardant tous pour les faire tomber dans l’oubli.

L’occupation de l’Afghanistan a commencé avec les horribles mensonges du 9/11, s’est poursuivie avec les excuses ridicules et inventées pour l’invasion et a ensuite duré 20 longues années, chacune ressemblant à la précédente, les mensonges de chaque année s’empilant sur ceux des années précédentes. L’Amérique a dû rester à cause du terrorisme causé par les terroristes qu’ils ont d’abord organisés pour combattre les Soviétiques, puis gardés comme animaux de compagnie. Et maintenant, dire la vérité en Amérique revient à crier au feu dans un théâtre bondé. Ce pauvre vieux Joe Biden, dont le cerveau fait un tic-tac de plus en plus fort, qui a du mal à former une phrase cohérente, qui souffre de la charge écrasante de ces mensonges, ne peut rien faire de mieux que de se mettre en position fœtale au beau milieu d’une conférence de presse. Pouvez-vous imaginer ce qui se passerait s’il cessait soudainement de mentir ? J’en frémis à l’idée ! Il serait prudent de garder des provisions de thorazine. Mais un tel accès de “glasnost” américain semble inévitable. Tôt ou tard, la vérité débordera de ce barrage géant débordant de mensonges. L’inondation qui s’ensuivra balaiera certainement tout sur son passage.

28 Août 2021, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone

vendredi, 03 septembre 2021

La "diplomatie secrète" entre les États-Unis et les talibans : l'objectif de Washington

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La "diplomatie secrète" entre les États-Unis et les talibans : l'objectif de Washington

Federico Giuliani
Ex: https://it.insideover.com/politica/la-diplomazia-segreta-tra-usa-e-talebani-ecco-lobiettivo-di-washington.html

Les États-Unis ont quitté l'Afghanistan après une guerre qui a duré 20 ans, la plus longue de l'histoire américaine. Joe Biden avait fixé le 31 août comme date limite. Ce jour-là, les soldats américains, et avec eux l'ensemble du corps diplomatique, devaient quitter Kaboul et rentrer chez eux. C'est ce qui s'est effectivement passé, mais non sans controverse pour une évacuation qui n'a pas été exactement bien gérée.

En tout cas, ceux qui pensent que la présence de Washington en Afghanistan s'est soudainement évaporée comme neige au soleil se trompent. Le département d'État - a expliqué à CNN un fonctionnaire anonyme du même département - n'aura plus de civils sur le territoire afghan. Cela ne signifie pas pour autant que les États-Unis vont suspendre "tout engagement envers les citoyens américains en Afghanistan, les Afghans en danger et le peuple afghan".

En d'autres termes, un canal de communication, ne serait-ce que pour parler aux Talibans, doit d'une manière ou d'une autre rester en place. C'est pour cette raison que les deux parties - les Américains d'un côté et les Talibans de l'autre - seraient en train d'élaborer un ensemble d'accords pour les relations futures, loin des projecteurs.

Vers un nouveau dialogue

Le 31 août doit-il être considéré comme une limite infranchissable ? Pour comprendre cela, il est utile d'écouter ce que le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan (photo), a déclaré lors d'une récente interview sur CBS. Tout d'abord, a expliqué M. Sullivan, les attaques contre Isis-K se poursuivront depuis l'extérieur de l'Afghanistan, même si tout retour éventuel aux missions de combat est exclu.

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En outre, après le retrait complet des troupes américaines de Kaboul et de ses environs, Washington veillera à ce que "tout citoyen américain, tout résident permanent légal" et tous les Afghans ayant servi les intérêts américains puissent circuler en toute sécurité. D'autre part, il n'est pas surprenant que les talibans aient fait savoir qu'ils autoriseraient une circulation sûre, tandis que le gouvernement américain a fait pression pour s'assurer que le groupe respecte ces engagements.

Sullivan a également abordé une autre question. L'ambassade des États-Unis à Kaboul fermera très probablement le 1er septembre. Ce qui est certain, c'est que les Américains continueront à avoir "des moyens et des mécanismes pour avoir des diplomates sur le terrain, pour pouvoir continuer à traiter avec ces demandeurs, pour pouvoir faciliter le passage d'autres personnes qui veulent quitter l'Afghanistan". Le sentiment, confirmé par des sources américaines, est que les Etats-Unis n'ont pas l'intention de sacrifier toutes les relations diplomatiques avec leurs interlocuteurs. Beaucoup dépendra cependant de la façon dont les talibans se comporteront.

Entre négociation et diplomatie

Comme l'a souligné Asia Times, les États-Unis semblent avoir négocié un ensemble d'accords avec les talibans, avec la perspective éventuelle de la réouverture de l'ambassade américaine à Kaboul. Mais à qui l'Amérique va-t-elle parler? Selon Voice of America, qui a cité un chef taliban anonyme, le nouveau gouvernement dirigé par les talibans est en phase finale de formation. Et c'est précisément avec ce gouvernement que Washington se retrouverait à tisser les fils diplomatiques de l'affaire afghane.

L'aversion pour les talibans ne redeviendra apparemment une constante que si le groupe islamique trahit ses engagements. Mais il y a aussi une autre question très sensible à considérer, à savoir la menace du terrorisme. Pour éviter le risque d'attentats, on parle beaucoup d'une "alliance informelle" entre les États-Unis et les talibans pour étouffer dans l'œuf la montée en puissance d'Isis-K. Le chaudron de l'Afghanistan est de plus en plus chaud. Et personne n'a le courage de faire des prédictions, ni même d'essayer de prévoir l'avenir immédiat.

La Corse en litige : une île incomprise au cœur de la Méditerranée

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La Corse en litige : une île incomprise au cœur de la Méditerranée

Par Vincenzo D'Esposito

Ex: http://osservatorioglobalizzazione.it/progetto-italia/la-corsica-contesa/

Située entre la mer Ligure et la mer Tyrrhénienne, la Corse a été pendant des siècles le théâtre de conflits entre les républiques maritimes italiennes, d'abord, et entre la France et l'Italie, ensuite. Une position stratégique et une valeur symbolique trop importantes pour Paris mais trop risquées pour Rome. Au-delà de l'île, ce qui est en jeu, c'est l'avenir de la mer Tyrrhénienne, véritable cœur battant de l'Italie sur les mers.

La Corse, une terre oubliée

La Corse fait partie de la région géographique italienne. L'île est située au nord de la Sardaigne, à l'ouest de la Toscane et au sud de la Ligurie. Au fil des siècles, ces trois territoires ont fortement imprégné d'italianisme la culture et la langue corses, notamment la Toscane en raison de sa proximité géographique et la Ligurie en raison de sa domination séculaire sur l'île. Gérée par la Banco di San Giorgio, la Corse était destinée par le gouvernement génois principalement à l'approvisionnement en bois de châtaignier pour les chantiers navals, alors que les bénéfices pour l'île pendant cette domination étaient très limités. La conformation géographique et la répartition irrégulière de la population l'ont toujours rendue difficile à contrôler, ce qui, à la longue, s'est avéré être un avantage pour la population corse.

Les rébellions qui ont caractérisé l'histoire de la Corse ont bénéficié de la nature accidentée du territoire, qui a favorisé les petites villes et leur regroupement en clans. Cette prémisse est fondamentale pour comprendre pourquoi Gênes et Paris ont eu tant de mal à contrôler la Corse. La France, qui a succédé à Gênes après le bref intermède de l'indépendance, a rencontré une forte résistance à la normalisation de l'île, également en raison de la différence linguistique avec le reste du territoire métropolitain.

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L'abandon auquel la Corse a été condamnée en a fait une terre d'émigration et de banditisme, qui depuis des siècles infeste les régions intérieures et empêche une normalisation de la vie politique. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la criminalité de l'île, avec sa branche marseillaise, s'est étendue jusqu'aux États-Unis, où elle a entretenu des liens avec les représentants de la criminalité italo-américaine, bien qu'elle ait été sévèrement combattue au cours des dernières décennies. Cependant, la France, contrairement à l'Italie, n'a pas une solide tradition de répression du crime organisé et a eu plus de mal à endiguer le phénomène. L'attitude française a également été influencée par le fait que, dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les services de sécurité français ont profité de la criminalité pour mettre un terme à la propagation de l'indépendance corse. Néanmoins, d'une part, la France devait lutter contre le banditisme corse en raison du nombre élevé de meurtres qui se produisaient chaque année et des conséquences négatives qui étaient créées par le renforcement de l'organisation, tandis que d'autre part, la cause de l'indépendance n'était jamais vraiment mise de côté par la population corse. La stratégie française de diviser pour régner s'est avèrée moins efficace que prévu à Paris.

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L'importance géopolitique de l'Île de la Beauté pour Paris et Rome

L'instabilité endémique de la Corse en fait un point critique du bassin méditerranéen, les puissances actives dans la zone profitant périodiquement de la situation difficile des gouvernements centraux dans la gestion de l'île pour tenter de tirer profit de sa position géographique favorable.

La France a profité de la faiblesse de Gênes, qui était arrivée au XVIIIe siècle fortement sclérosée, pour entrer de plain-pied dans la Méditerranée centrale, violant ce qui était jusqu'alors un lac italien: la mer Tyrrhénienne. Avec ses bases à quelques kilomètres de la Toscane et avec Rome à quelques jours de navigation, Paris avait capitalisé sur son statut de force de la fin du XVIIIe siècle pour étendre encore son influence en Europe. D'un seul coup, elle était devenue capable de surveiller le commerce de Florence, Rome, Gênes et Naples, cette dernière étant présente jusqu'en 1801 dans la haute mer Tyrrhénienne avec le Stato dei Presidi.

Pasquale_Paoli.jpgBien que l'Île de la Beauté ait été le lieu de naissance de l'empereur Napoléon Bonaparte, elle s'est rebellée contre la domination française au cours de la dernière décennie du XVIIIe siècle et a donné naissance à l'éphémère Royaume anglo-corse. Protégé par la marine anglaise, Pasquale Paoli tente de donner forme à un État détaché de la France et projeté vers l'Italie et l'Angleterre: la première en raison des forts liens linguistiques et culturels qui la lient à la Corse, il suffit de dire que la constitution corse est écrite en italien, la seconde comme seule nation capable d'offrir une protection contre la France. Les tentatives britanniques de s'immiscer de plus en plus dans la politique corse pour faire de l'île une véritable colonie ont toutefois aliéné les sympathies du peuple corse envers Londres et, à la fin du siècle, l'île a été réoccupée par les troupes françaises.

Bien que la France ait apprécié la possession de la Corse sur le plan militaire et stratégique, garantissant le contrôle des liaisons entre la métropole et l'Afrique du Nord, elle a dû faire face, entre le XIXe et le XXe siècle, à l'émergence du phénomène de l'irrédentisme, qui s'est propagé de l'Italie unie à la dernière grande île de la mer Tyrrhénienne encore hors de l'orbite de Rome. Sous le fascisme, en particulier, l'Italie a tenté d'arracher l'île à la France en l'envahissant en 1942. L'occupation ne dure cependant qu'un an en raison de la chute du régime fasciste et du nettoyage des territoires occupés pour laisser la place aux forces de la France libre, qui, avec quelques troupes italiennes, combattent les Allemands en 1943 en Corse, devenant ainsi le premier territoire français d'Europe à être libéré.

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En haut, ouvrage récent sur la réintégration de la Corse dans l'orbite italienne. En bas, des goumiers marocains de l'armée américano-gaulliste défilent après avoir ré-annexé la Corse à la France.

L'Italie s'inquiète de la présence française en Corse pour deux raisons: stratégique et idéologique.

Sur le plan stratégique, la Corse représente un poignard pointé sur le cœur de l'Italie, permettant à Paris de garnir l'arc tyrrhénien qui va des villes industrielles de la Ligurie aux centres sidérurgiques de la Toscane et jusqu'à la capitale de l'État, pouvant également mener des actions pour perturber les liens entre la Sardaigne et le continent. Dans le cas d'une France hostile, la Corse s'élèverait presque naturellement au rôle de base logistique de premier ordre pour frapper le cœur de notre pays et mettre hors d'état de nuire les grands nœuds industriels et politiques de l'Italie centrale et de la Sardaigne.

Sur le plan idéologique, le moteur du Risorgimento reposait sur deux grandes lignes géopolitiques: la réalisation des frontières jusqu'aux Alpes et l'union de tous les peuples parlant des dialectes considérés comme apparentés à l'italien en un seul État. Parce qu'elle a toujours été au cœur des principaux enjeux de la botte, et qu'elle est pleinement intégrée à l'espace géographique et linguistique italien, la Corse est considérée depuis l'Unification de l'Italie comme l'une des terres irrédentes à reconquérir.

L'occupation italienne de l'île pendant la Seconde Guerre mondiale et la propagande française de l'immédiat après-guerre visant à discréditer les Italiens en tant qu'oppresseurs et ennemis des Corses, ont toutefois aliéné les sympathies de la majorité de la population corse envers l'Italie. Aujourd'hui, en effet, très peu de Corses croient qu'un transfert de l'île à Rome est possible, la majorité ayant choisi la voie de l'indépendance.

La force de l'identité

Île montagneuse habitée par des populations fortement attachées à leurs traditions, la Corse a su à la fois repousser et attirer les principales puissances de la Méditerranée. Sa capacité à résister aux influences extérieures a fait qu'après plus de deux cents ans de domination française, la langue corse est encore largement comprise et parlée aujourd'hui. Néanmoins, on observe une tendance à la diminution du nombre de locuteurs en raison de la diffusion des médias français et de l'immigration dans la plaine d'Aléria de nombreux colons français revenant de leurs anciennes possessions africaines.

L'omniprésence de l'État français s'est manifestée non seulement par une tendance répressive à l'égard de l'usage de la langue corse jusqu'à il y a quelques années, mais aussi par le soutien à une grammaire standardisée et éloignée des règles de la langue italienne pour tenter de créer un diaphragme d'incommunicabilité progressive entre Rome et Ajaccio. La population corse elle-même, comme une forme de rejet de l'Italie, considérée comme agressive et impérialiste après l'invasion de 1942, a remis en question ses liens linguistiques avec l'italien, en mettant l'accent sur le corse en tant que langue indigène et en le privant de toute volonté de lien privilégié avec l'Italie.

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Si les tentatives de résistance aux influences extérieures ont souvent été brutales, la population corse n'en a pas moins été contaminée au cours des siècles par les puissances avec lesquelles elle est entrée en contact. La présence de nombreuses résidences secondaires de ressortissants français du continent, par exemple, bien qu'elle soit un sujet de controverse politique en Corse, a contribué à la diffusion de la langue française sur l'île. Même les mouvements indépendantistes de l'île, dans l'exercice de leurs fonctions, utilisent principalement une communication bilingue car toute la population de l'île ne comprend pas le corse, alors qu'en France continentale la langue corse n'est ni parlée ni comprise. Le français est donc un moyen de véhiculer des messages à portée supra-insulaire, tandis que le corse semble relégué au rôle de langue étroitement liée à la dimension locale.

La Corse s'est révélée être une île qui refuse l'idée d'être absorbée par des réalités plus larges, car, ainsi, elle risque de perdre sa spécificité. Bien que la contamination culturelle ait été inévitable grâce au contact avec des cultures extérieures telles que Gênes, la Toscane et la France, en termes politiques et identitaires, la Corse s'est toujours perçue comme quelque chose de différent de tout ce qui l'entourait. Une île, en fait. Ce concept a toutefois été compris peu et tardivement en Italie, un pays qui a senti, tout au long de la première phase de son existence, qu'il devait être le héraut de l'italianité et, par conséquent, récupérer les terres dites irrédentes. Souvent, elle ne tenait pas suffisamment compte de la volonté des personnes qu'elle approchait. La France, en revanche, a annexé une île qu'elle savait dès le départ éloignée d'elle par sa langue et ses traditions. Or, le rôle de puissance que joue Paris en Méditerranée dépend en partie de la possession de ce territoire, qui projette la puissance française directement dans la mer Tyrrhénienne et lui permet de réduire la prééminence italienne dans le secteur central du bassin ouest-méditerranéen.

La culture corse est une culture italienne, tout comme la langue corse. Mais la Corse, sans vouloir être française, ne veut pas nécessairement être italienne. L'histoire lui a appris que les dominations extérieures ne sont que cela, des dominations, et que les avantages pour l'île sont limités. Il est temps que Paris et Rome apprennent à coexister avec cette terre indomptable, dans ce qu'il faut bien appeler l'anomalie corse.

A propos de l'auteur / Vincenzo D'Esposito

Diplômé en études internationales à l'université "L'Orientale" de Naples avec une thèse sur l'hydrohégémonie dans le bassin du Syr Darya. Il est actuellement inscrit au programme de maîtrise en développement durable, géopolitique des ressources et études arctiques au SIOI. Il a étudié et travaillé en Allemagne après avoir obtenu deux bourses Erasmus, qui l'ont conduit d'abord à étudier à Fribourg-en-Brisgau, puis à effectuer un stage à la Chambre de commerce italienne pour l'Allemagne. Passionné par l'Asie centrale et les questions énergétiques, il collabore avec plusieurs groupes de réflexion en tant qu'analyste géopolitique.

La fin de l'histoire : repenser le présent comme historicité

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La fin de l'histoire : repenser le présent comme historicité

Diego Fusaro

Ex: http://adaraga.com/el-fin-de-la-historia-volver-a-pensar-en-el-presente-como-historicidad/

Dans le cadre d'un régime temporel qui, marqué par le fanatisme de l'économie, doit se penser comme éternel, irrémédiable et, finalement, comme la fin de l'histoire, il ne peut y avoir de place pour la dimension du futur, pour la praxis transformatrice, pour la catégorie ontologique de la possibilité et pour le plan de l'historicité.

C'est pourquoi la logique idéologique actuelle dans laquelle se condense l'esprit de notre temps doit continuellement diaboliser ces quatre déterminations mutuellement innervées: afin que l'éternel présent du capital, imparfait mais inéluctable, inéluctable et sans histoire, s'impose sur le plan imaginatif, et soit ainsi compris non pas comme le produit d'un faire temporellement déterminé et toujours reprogrammable, mais comme une condition naturelle éternelle hors de laquelle aucun exode ne peut être prévu.

La fin de l'histoire, le sentiment de la nécessité absolue de tout, l'omniprésence du présent, le sentiment frustrant d'impuissance sont les caractéristiques les plus saillantes de la constellation idéologique actuelle. Après avoir fait le requiem de la dialectique, il était nécessaire de faire aussi le requiem de l'historicité, étant donné la relation symbiotique entre les deux.

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L'ordo oeconomicus de la phase historique actuelle se caractérise par son caractère absolu-totalitaire, parce qu'il a saturé le monde (en le totalisant tant au niveau réel que symbolique) et a ainsi réalisé la correspondance en acte avec son propre concept. L'action imaginative et la capacité à planifier des futurs différents ont elles-mêmes été annihilées. Si, dans les sociétés pré-modernes, la dimension du passé était hégémonique et que, dans les sociétés modernes, le futur dominait, le paysage post-moderne d'aujourd'hui est aplati sur le présent, avec en annexe la déconstruction de l'historicité comme possibilité réelle de changement et comme devenir ouvert sur des extensions du non-encore-fait.

La suppression forcée et idéologiquement dominante de l'historicité semble se présenter, dans ce cadre, comme la plateforme idéologique idéale pour naturaliser le capital comme destin inéluctable: c'est-à-dire pour supprimer la détermination historique, ainsi que pour la soustraire à un devenir qui, en tant que tel, pourrait conduire à la déchéance, ou même simplement réactiver, dans l'imaginaire collectif, la pensée intempestive, forgeant des futurs alternatifs. Le passage au régime actuel d'une temporalité de l'éternel présent est, après tout, basé sur la suppression des éléments dialectiques qui, dans la phase précédente, rendaient praticable le conflit pour inaugurer un lendemain alternatif.

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La déconstruction de la conscience de classe prolétarienne se configure, comme l'élimination de l'historicité, comme une fonction de référence du nouvel ordre du capitalisme absolu-totalitaire, qui est vécu par les opprimés comme par les oppresseurs comme un destin inévitable et, de plus, comme une réalité naturelle, éloignée du devenir historique et du sens du possible qui le distingue.

L'abandon du sens historique est caractérisé comme une constante de la réflexion contemporaine. Ce dernier, sous la forme (à laquelle nous sommes désormais habitués) de l'apparent pluralisme multicentrique et polyphonique, professe dans le supposé pluralisme une vérité unique, celle de la pensée unique dominante et de son but, la sanctification sub specie mentis de la réalité dans son état actuel.

Elle se trouve dans une gamme riche et inégale de formations idéologiques profondément différenciées, voire opposées. Elles vont de la pensée postmoderne (qui neutralise le sens de l'histoire en la faisant exploser en une myriade chaotique d'événements sans lien entre eux et donc babéliquement dépourvue de sens au-delà de la rhapsodie du pur happening) à la philosophie analytique (avec son élimination programmatique du "facteur histoire" de la pensée philosophique), trouvant toujours dans le théorème usé de la fin de l'histoire sa propre fonction expressive implicite de référence.

Même les positions apparemment les plus incompatibles se révèlent, si on les lit avec pénétration, comme secrètement unies dans leur fonction expressive de type anti-historique. Leur fond commun reste ce que l'on pourrait à juste titre qualifier de passage de la "maladie historique" du XIXe siècle, qui aspirait à tout faire entrer dans le champ d'un devenir privé de son innocence par le poids des dispositifs chronologiques des philosophies de l'histoire, à la maladie anti-historique contemporaine, qui cherche à fermer les récits à toute dimension d'historicité. Que l'axiome de la fin de l'histoire soit porteur d'une valeur idéologique intrinsèque et que, comme la formule abusive de la "mondialisation", il cache une performance prescriptive sous le vernis d'une description apparemment anodine est d'ailleurs une évidence.

Ceci est corroboré par le fait que le slogan de Fukuyama n'offre pas tant une expression théorique, et surtout pas à la condition réelle qui a émergé après la chute du mur de Berlin, dernier rempart (au moins sur le plan imaginatif) contre la globalisation mercantile (la reconfiguration rapide, dans l'ancienne République démocratique allemande, des chaires d'hégélianisme-marxisme en cours de philosophie analytique est significative à cet égard). Au contraire, l'axiome de la fin de l'histoire résume un programme largement partagé par la culture contemporaine dans ses articulations les plus hétérogènes. On pourrait la condenser dans la phrase "mettre fin à l'histoire", afin que les peuples, les sociétés et les individus soient convaincus qu'il n'y a pas d'autre monde que celui qui existe: en d'autres termes, afin qu'ils soient persuadés que la réalité épuise la possibilité, que l'être-pouvoir est coextensif à l'être, que le futur ne peut être que le présent projeté dans les régions du "pas encore" de la mémoire blochienne.

Diego Fusaro: 100% Fusaro: Los ensayos más irreverentes y polémicos de Diego Fusaro. Letras Inquietas (Julio de 2021) (= Diego Fusaro : "100% Fusaro : Les essais les plus irrévérencieux et polémiques de Diego Fusaro", Letras Inquietas, juillet 2021).

Note : Cet article est un extrait du livre susmentionné.

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Diego Fusaro
Diego Fusaro (Turin, 1983) est professeur d'histoire de la philosophie à l'IASSP de Milan (Institute for Advanced Strategic and Political Studies) dont il est également le directeur scientifique. Il a obtenu son doctorat en philosophie de l'histoire à l'université Vita-Salute San Raffaele de Milan. Fusaro est un disciple du penseur marxiste italien Costanzo Preve et du célèbre Gianni Vattimo. Il est spécialiste de la philosophie de l'histoire, en particulier de la pensée de Fichte, Hegel et Marx. Son intérêt est orienté vers l'idéalisme allemand, ses précurseurs (Spinoza) et ses continuateurs (Marx), avec un accent particulier sur la pensée italienne (Gramsci ou Gentile entre autres). Il est éditorialiste pour La Stampa et Il Fatto Quotidiano. Il se définit comme un "disciple indépendant de Hegel et de Marx".

 

La fin du monde unipolaire plutôt que la fin de l'histoire

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La fin du monde unipolaire plutôt que la fin de l'histoire

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/konec-odnopolyarnogo-mira-vmesto-konca-istorii

Francis Fukuyama a récemment écrit un article assez objectif et équilibré sur la fin de l'hégémonie américaine. 

Au début des années 90, Fukuyama s'est empressé d'annoncer la victoire mondiale du libéralisme et la fin de l'histoire. Il a ensuite corrigé sa position. Au cours de mes conversations personnelles avec lui, j'ai acquis la conviction qu'il comprend de nombreux processus mondiaux de manière assez réaliste et qu'il peut admettre des erreurs dans ses prévisions - un trait rare chez les politologues, généralement narcissiques, qui se trompent tous les jours et sont encore plus arrogants à cause de cela.

Maintenant, ce que Fukuyama dit est ceci. Le retrait d'Afghanistan n'est pas seulement la cause de l'effondrement de l'hégémonie américaine, mais seulement son point final. Cette hégémonie a commencé à s'effilocher il y a dix ans, lorsqu'il est devenu évident que la stratégie américaine au Moyen-Orient, mise en oeuvre au début des années 2000, avait échoué, et que la crise financière a sapé la confiance dans la stabilité de l'économie américaine.

Mais la chose la plus effrayante pour les États-Unis, ces derniers temps, a été le profond clivage public sur la politique intérieure, et surtout sur Trump. Cette fois, non seulement le transfert pacifique du pouvoir des républicains aux démocrates n'a pas eu lieu, mais la polarisation des partisans et des opposants de Trump a amené le pays au bord de la guerre civile. Par conséquent, selon Fukuyama, ce qui fait peur, ce n'est pas le retrait des troupes d'Afghanistan, qui était attendu depuis longtemps, mais la situation dans laquelle il s'est produit sur fond de processus politiques intérieurs aux États-Unis.

41OgU3ua9xL._SX302_BO1,204,203,200_.jpgBiden, qui, à l'origine, n'était pas considéré comme un président légitime par les républicains, apparaît désormais comme un parfait perdant et un idiot impuissant. À cela s'ajoutent les critiques des néoconservateurs, qui fondaient de grands espoirs sur Biden, critiques suivies de celles formulées par les alliés britanniques. Aujourd'hui, il est considéré, même par ses partisans, comme un vieil homme dément à qui tout échappe - mêmes les Afghans cachés dans les trains d'atterrissage des avions américains.

    Fukuyama déclare : les Etats-Unis ne sont plus l'hégémon de la politique mondiale. La multipolarité est un fait accompli.

Cependant, Fukuyama propose de ne pas peindre le tableau en des tons trop criards. Les États-Unis sont toujours la plus grande puissance mondiale. Mais désormais, elle doit chercher des alliés et compter avec d'autres puissances.

Il convient d'examiner ce que le conseiller de l'administration Fukuyama conseille à l'administration Biden en matière de politique étrangère. Le tableau est le suivant: le monde unipolaire est passé entre 1989 à 2008 à une nouvelle bipolarité, et maintenant le déclin de l'unipolarité en direction de la multipolarité a commencé. 

Et maintenant, les principaux adversaires de l'Occident ne sont pas tant les extrémistes islamiques (bien que Fukuyama lui-même, au moment de la montée de l'unipolarité, ait formulé une thèse plutôt idiote sur l'islamo-fascisme comme principal ennemi), mais les nouveaux pôles que sont la Russie et la Chine. Pour les combattre - c'est nous ! - Fukuyama invite à se concentrer sur ces deux môles de puissance tellurique. Tout est de retour à la case départ, mais dans de nouvelles conditions et de nouvelles proportions.

Et par conséquent, comprend Fukuyama, sans la finaliser, nous devrions revenir à la pratique consistant à opposer les radicaux islamiques à la Russie et à la Chine. Par conséquent, il ne considère pas le fait même du retrait de l'Afghanistan comme une grande tragédie. Elle libère les mains de Washington pour retourner l'agression des talibans (hors-la-loi en Russie) contre la Russie et la Chine. 

9782070304431_1_75.jpgLes militants pachtounes ne seraient pas vraiment intéressés par la construction d'une nation (par un "nation building"). Cela ne fait pas partie de leurs objectifs historiques. Les Pachtounes sont un peuple de guerriers. Presque personne ne les a jamais maîtrisés, sauf brièvement. D'ailleurs, nos Cosaques russes nous rappellent cela: campagnes militaires, attaques, avancées et retraites rapides, utilisation parfaite du paysage pour la guérilla - voilà la vie des Cosaques russes. La guerre comme vocation. Un travail paisible pour les autres.

    Les Pachtounes sont les cosaques afghans, mais multipliés par un million. Et si oui, quel genre d'état...

C'est sur cela que Fukuyama et apparemment Biden comptent. S'ils réussissent à nouveau, comme à l'époque du monde bipolaire, à opposer les radicaux islamiques à la Russie et à la Chine, les États-Unis auront encore un peu de temps pour exister historiquement. Ils espèrent se reconstruire pendant cette période, consolider leurs positions et panser leurs plaies.

La conclusion est simple : l'essentiel pour la Russie est de ne pas laisser cela se produire. Et ici - parce que c'est une question de vie ou de mort - tous les moyens sont bons. Si Moscou et Pékin élaborent une stratégie efficace pour faire face à la nouvelle réalité de l'Afghanistan et du monde islamique en général, nous pourrions non seulement garantir nos intérêts, mais rendre irréversible l'effondrement de l'hégémonie occidentale.

Fukuyama lui-même n'écrit rien sur ce sujet, bien sûr, espérant que nous ne lisons pas assez attentivement son texte qui s'adresse aux stratèges de la Maison Blanche. Mais nous l'avons lu assez attentivement. Et nous sommes d'accord avec lui : l'Occident s'effondre. Ce qui signifie qu'il faut pousser ce qui tombe (Nietzsche: "Was fällt soll man noch stossen"). Et mettre en exergue certaines des faiblesses que Fukuyama lui-même nous a suggérées.

jeudi, 02 septembre 2021

Les États-Unis ont un plan pour la suite des événements en Afghanistan mais ce n’est pas un plan de paix

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Les États-Unis ont un plan pour la suite des événements en Afghanistan mais ce n’est pas un plan de paix

Par Moon of Alabama

Je veux faire savoir aujourd'hui que le travail de l'Amérique en Afghanistan se poursuit. Nous avons un plan pour la suite, et nous le mettons en œuvre.

Le nom de code du plan que le secrétaire Blinken est en train de mettre en œuvre n’a pas été communiqué officiellement. Il sera probablement appelé « Eternal Revenge » ou quelque chose dans le genre.

Les États-Unis n’ont jamais été bon perdant. Le président Biden et Blinken non plus. Ils vont se venger du tollé que leur évacuation chaotique des troupes et des civils d’Afghanistan a provoqué. Les talibans en seront tenus pour responsables, alors même qu’ils avaient, à la demande des États-Unis, escorté des groupes de citoyens américains jusqu’aux portes de l’aéroport de Kaboul.

On peut anticiper ce que leur plan implique en examinant le processus qui a conduit à la résolution d’hier du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Afghanistan. La résolution complète n’a pas encore été publiée, mais le rapport de l’ONU en donne l’essentiel :

Le Conseil de sécurité exhorte les talibans à assurer un passage sûr hors d'Afghanistan.

Treize des 15 ambassadeurs ont voté en faveur de la résolution, qui exige 
en outre que l'Afghanistan ne soit pas utilisé comme refuge pour le terrorisme. Les membres permanents, la Chine et la Russie, se sont abstenus.

Comme la résolution ne fait que « demander instamment », elle est évidemment minimale et non contraignante. Ce n’est pas ce que les États-Unis voulaient obtenir. Ils en voulaient une beaucoup plus forte, assortie de sanctions possibles (voir « tenir les talibans responsables » ci-dessous) si les talibans ne la respectaient pas.

Avant la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, la France et la Grande-Bretagne avaient proposé de créer une « zone de sécurité » à Kaboul. Cette demande a été silencieusement abandonnée, probablement en raison des préoccupations de la Chine et de la Russie concernant la souveraineté de l’Afghanistan.

Le 29 août, Blinken s’était entretenu avec le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, au sujet d’une résolution contraignante. Le compte rendu du département d’État sur cet appel a été minimal :

Le secrétaire d'État Antony J. Blinken s'est entretenu aujourd'hui avec le 
conseiller d'État et ministre des Affaires étrangères de la RPC, Wang Yi,
de l'importance pour la communauté internationale de tenir les talibans
responsables des engagements publics qu'ils ont pris concernant le passage

en toute sécurité et la liberté de voyager des Afghans et des ressortissants
étrangers.

Le compte rendu de la Chine révèle que les sujets de discussion ont été beaucoup plus nombreux que cela :

Selon Wang, la situation en Afghanistan a subi des changements fondamentaux, et 
il est nécessaire que toutes les parties prennent contact avec les talibans et
les guident activement. Les États-Unis, en particulier, doivent collaborer avec la communauté
internationale pour fournir à l'Afghanistan l'aide économique, l'aide à
la subsistance et l'aide humanitaire dont le pays a besoin de toute urgence,
aider la nouvelle structure politique afghane à assurer le fonctionnement
normal des institutions gouvernementales, maintenir la sécurité et la
stabilité sociales, freiner la dépréciation de la monnaie et l'inflation,
et s'engager rapidement sur la voie de la reconstruction pacifique, a-t-il
ajouté.

Les États-Unis ont bloqué les réserves de la Banque centrale d’Afghanistan, ont arrêté tout paiement budgétisé à l’Afghanistan et ont ordonné au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale de bloquer leurs programmes pour l’Afghanistan.

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Cela paralysera toutes les fonctions de l’État afghan. La Banque mondiale est par exemple actuellement chargée de payer les enseignants et le personnel médical afghans. L’Afghanistan connaît une sécheresse et devra importer de grandes quantités de nourriture. Avec ses avoirs étrangers bloqués, il n’a aucun moyen de le faire.

La Chine est clairement consciente que l’Afghanistan connaîtra une catastrophe humanitaire si les États-Unis poursuivent leur blocus économique.

Il y a aussi le danger du terrorisme auquel les États-Unis n’ont pas su faire face :

Wang a exhorté les États-Unis, sur la base du respect de la souveraineté et de 
l'indépendance de l'Afghanistan, à prendre des mesures concrètes pour aider
l'Afghanistan à lutter contre le terrorisme et la violence, au lieu de pratiquer
la politique du deux poids deux mesures ou de combattre le terrorisme de manière
sélective. La partie américaine connaît clairement les causes de la situation chaotique
actuelle en Afghanistan, a noté Wang, ajoutant que toute action à entreprendre
par le CSNU devrait contribuer à apaiser les tensions au lieu de les intensifier,
et contribuer à une transition en douceur de la situation en Afghanistan plutôt
qu'à un retour à la tourmente.

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La Chine est particulièrement préoccupée par le « Mouvement islamique du Turkestan oriental » (MITO) basé dans l’est de l’Afghanistan, que l’administration Trump avait retiré l’année dernière de sa liste de terroristes, alors que l’organisation continue de cibler la Chine. L’administration Biden n’a fait aucune tentative pour renouveler la désignation terroriste du MITO.

La Russie a les mêmes préoccupations, comme l’a expliqué son représentant permanent, Vassily Nebenzia, après s’être abstenu de voter la résolution :

Nous avons dû le faire parce que les auteurs du projet avaient ignoré nos 
préoccupations de principe. Tout d'abord, en dépit du fait que le projet de résolution a été proposé dans
le contexte d'une attaque terroriste odieuse, les auteurs ont refusé de mentionner
État Islamique et le "Mouvement islamique du Turkestan oriental", des organisations
qui sont internationalement reconnues comme terroristes, dans le paragraphe sur
le contre-terrorisme. Nous interprétons cela comme une réticence à reconnaître
l'évidence et une tendance à diviser les terroristes entre "les nôtres" et
"les leurs". Les tentatives de minimiser les menaces émanant de ces groupes
sont inacceptables. Deuxièmement, au cours des négociations, nous avons souligné le caractère inacceptable
et les effets négatifs de l'évacuation du personnel afghan hautement qualifié pour
la situation socio-économique du pays. S'il subit une "fuite des cerveaux", le
pays ne sera pas en mesure d'atteindre les objectifs de développement durable.
Ces éléments qui sont vitaux pour le peuple afghan n'ont pas été reflétés dans
le texte de la résolution. Troisièmement, les auteurs n'ont pas tenu compte de notre proposition d'indiquer
dans le document les effets négatifs du gel des avoirs financiers afghans sur
la situation économique et humanitaire du pays, et de mentionner le fait que
l'aide humanitaire à l'Afghanistan doit impérativement respecter les principes
directeurs de l'ONU, stipulés dans la résolution 46/182 de l'AGNU.

La première préoccupation mentionnée par Nebenzia reconnait les préoccupations chinoises. La deuxième est basée sur une préoccupation que les talibans avaient soulevée lorsqu’ils ont refusé de prolonger l’évacuation par les États-Unis de la population afghane éduquée. La troisième est la plus importante.

La Russie avait proposé de lever le blocage des avoirs afghans. Les États-Unis ont rejeté cette proposition. Il est donc évident que les États-Unis ont l’intention de les maintenir en place. Ils s’en serviront pour formuler des exigences que les talibans seront incapables de satisfaire.

Dans le même temps, les États-Unis utiliseront les membres de l’ISPK (ISIS-K) et de l’« Alliance du Nord » en Afghanistan pour poursuivre la guerre et rendre impossible toute tentative de gouverner l’Afghanistan de manière fructueuse.

Ils accuseront ensuite les talibans des mauvais résultats.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

La CIA utilise ISIS-K pour garder un pied en Afghanistan

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La CIA utilise ISIS-K pour garder un pied en Afghanistan

Par Moon of Alabama

Il y a une autre histoire derrière les récents événements terroristes en Afghanistan. Nous allons tenter de la retracer.

Au fil des ans, plusieurs rapports publiés par le Réseau d’Analystes Afghans (AAN) concernant État islamique dans la province du Khorasan (ISKP ou ISIS-K) montrent que ce groupe est composés de militants venant de groupes pakistanais. Un rapport de 2016 décrit en détail comment ils ont été encouragés par l’État afghan :

Les combattants de État Islamique qui ont créé la filiale Khorasan étaient des 
militants pakistanais installés depuis longtemps dans les districts du sud-est
de Nangarhar, dans les montagnes de Spin Ghar ou ses contreforts, de l’autre
côté de la frontière où vivaient les groupes tribaux, du côté pakistanais de
la ligne Durand. Avant de choisir de rejoindre ISKP, ces militants opéraient sous différentes
marques, principalement sous l'égide du Tehrik-e Taleban Pakistan (TTP).
Depuis 2010, la plupart de ces militants arrivent à Nangarhar, principalement
en provenance de groupes tribaux d'Orakzai, du Nord-Waziristan et de Khyber.

Le Pakistan affirme que TTP est soutenu par le RAW, les services secrets indiens. Ils pourraient également avoir contribué à financer une autre filiale, ISKP.

Dans l'espoir de les utiliser contre le Pakistan, le gouvernement afghan a commencé 
à courtiser certains de ces combattants, selon certains anciens vivant dans les
tribus qui participent à l'établissement des relations et qui ont abrité les
militants invités. ... Toutefois, les efforts déployés par les services de renseignements afghans,
la Direction nationale de la sécurité (NDS), pour courtiser les militants
pakistanais dans le Nangarhar ne se sont pas limités au Lashkar-e Islam ou

aux militants de Khyber. Des anciens des tribus et des habitants d'Achin,
Nazian et Kot témoignent que des combattants des filiales d'Orakzai et de
Mohmand, appartenant à différentes factions du TTP, ont été autorisés à
circuler librement dans la province et à se faire soigner dans les hôpitaux
publics. Lorsqu'ils se déplaçaient en dehors de leur centre dans les districts
du sud de Nangarhar, ils n'étaient pas armés. Lors de conversations confidentielles avec l'AAN, des représentants du gouvernement
ont confirmé ce type de relations entre des militants pakistanais et la NDS,
comme en ont les anciens des tribus et les politiciens pro-gouvernementaux de
Jalalabad. Ils ont décrit cet état de fait comme une réaction de représailles

à petite échelle au soutien institutionnalisé, plus large et de plus longue portée,
apporté par le Pakistan aux talibans afghans dans leur lutte contre le gouvernement
afghan.

Le NDS de l’État afghan était une agence proxy de la CIA. Au milieu des années 1990, le chef des services de renseignement de l’Alliance du Nord, Amrullah Saleh, a été formé par la CIA aux États-Unis. Après que les États-Unis ont renversé le gouvernement taliban, Saleh est devenu le chef de la NDS. La NDS entretenait également des relations étroites avec les services secrets indiens.

Alors que les États-Unis prétendaient combattre État islamique en Irak et en Syrie (ISIS), des rapports concordants émanant de diverses parties affirmaient que des membres du noyau dur d’ISIS avaient été extraits d’Irak et de Syrie par des hélicoptères américains banalisés et transférés à Nangarhar où ils ont renforcé les militants de l’ISKP.

Hadi Nasrallah @HadiNasrallah - 1:18 UTC – 28 Aout 2021

En 2017 et 2020, la chaîne syrienne SANA rapportait que des hélicoptères américains 
avaient transporté entre 40 et 75 militants ISIS de Hasakah, dans le nord de la
Syrie, vers une "zone inconnue". La même chose a été signalée pendant des années
en Irak par l'UMP, ainsi que des rapports selon lesquels des hélicoptères américains
ont largué de l'aide à ISIS.

Comme le résume Alex Rubinstein :

La liste des gouvernements, des anciens responsables gouvernementaux et des 
organisations de la région qui ont accusé les États-Unis de soutenir l'ISIS-K
est longue et comprend le gouvernement russe, le gouvernement iranien, les médias
du gouvernement syrien, le Hezbollah, un groupe militaire irakien soutenu par
l'État et même l'ancien président afghan Hamid Karzai, qui a qualifié le groupe
d'"outil" des États-Unis ...

Comme en Irak et en Syrie, l’utilisation par la CIA d’islamistes ultra-militants a entraîné un retour de bâton, les militants attaquant de plus en plus l’État afghan. L’armée américaine a finalement jugé nécessaire d’intervenir contre eux. Mais la lutte sur le terrain a surtout été menée par les talibans, qui ont reçu à cette fin le soutien direct de l’armée de l’air américaine.

Les opérations des talibans ont été couronnées de succès et la propagation d’ISKP dans l’est de l’Afghanistan a été bloquée. Au lieu de s’emparer ouvertement de nouvelles zones, l’ISKP a alors eu recours à des attentats-suicides sensationnels contre des cibles vulnérables à Kaboul. En mai 2021, par exemple, une voiture piégée placée devant une école de filles hazara à Kaboul a tué plus de 90 personnes, dont la plupart étaient des enfants.

La CIA et la NDS disposaient aussi de militants qui luttaient contre les talibans. Ils avaient développé et construit des forces spéciales organisées en plusieurs bataillons (NDS-01 à -04 et la Khost Protection Force (KPF)). Ces escadrons de la mort contrôlés par la CIA disposaient de leur propre soutien par hélicoptère :

Depuis 2018, la CIA est engagée dans un programme visant à tuer ou capturer des chefs 
militants, nom de code ANSOF, précédemment Omega. Les effectifs de la CIA sont
complétés par du personnel provenant du Commandement des opérations spéciales
de l'armée américaine. Mi-2019, l'ONG Human Rights Watch déclarait que "les forces de frappe afghanes
soutenues par la CIA"
ont commis "de graves abus, certains équivalant à des crimes
de guerre"
depuis fin 2017.

Le rapport 2019 de HRW note :

Ces forces d'attaque ont tué illégalement des civils lors de raids nocturnes, 
fait disparaître de force des détenus et attaqué des établissements de santé
pour avoir prétendument soigné des combattants insurgés. Les victimes civiles
de ces raids et opérations aériennes ont augmenté de façon spectaculaire au
cours des deux dernières années.

Après la prise de Kaboul par les talibans, il est devenu évident que la CIA allait devoir mettre un terme à son programme de « lutte contre le terrorisme » et qu’elle perdrait le contrôle d’une grande partie de son activité (de drogue) en Afghanistan.

Alors que Kaboul tombait, au moins une de ses unités afghanes, soit quelque 600 soldats, a reçu l’ordre d’aider à garder l’aéroport de Kaboul.

NDS 01 Unit @NDS_Afghanistan - 11:50 UTC - Aug 17, 2021

Nous viendrons

Nous servirons aussi nos compatriotes.

#انشاء_الله #Kabul #ANDSF

Les forces afghanes de la CIA se sont chargées de garder les portes et les tours :

Les Américains ont fait appel à plusieurs centaines de commandos de la Direction 
nationale de la sécurité de l'ancien gouvernement afghan pour limiter l'accès
à certaines portes de l'aéroport, afin d'empêcher la foule de submerger l'aéroport. ... Les commandos de l'ancien NDS devraient être parmi les derniers à quitter le pays
lors de l'évacuation, servant d'arrière-garde avant d'être évacués par avion, selon
des responsables américains et afghans.

Certains membres de cette unité à la gâchette facile ont eu un incident de tir ami avec des soldats allemands. Les troupes afghanes de la CIA présentes à l’aéroport vont être évacuées. D’autres unités, dont les KPF, se rendraient dans la vallée du Panjshir, où une nouvelle « Alliance du Nord », dirigée par Amrullah Saleh et Ahmad Massoud, est censée se constituer. Les talibans tentent de les traquer.

Jeudi, un kamikaze a attaqué une porte de l’aéroport de Kaboul où de nombreuses personnes attendaient d’être évacuées. État Islamique en a revendiqué la responsabilité :

L'attentat suicide de jeudi à Kaboul et la panique qui a suivi ont tué plus de 150 
civils (dont une trentaine de Britanno-afghans), 28 combattants talibans et 13
soldats américains. Avant l'attentat, un porte-parole des talibans avait déclaré à RT qu'ils avaient
averti les États-Unis de l'imminence d'une attaque par ISPK.

Il est difficile de comprendre pourquoi les États-Unis, après avoir été avertis, n’ont pas pris davantage de précautions contre une telle attaque.

La plupart des victimes de l’attaque n’ont pas été causées par le kamikaze mais par les gardes postés sur le mur et dans les tours de garde entourant l’aéroport.  « La plupart des victimes » avaient des blessures par balle sur le haut du corps et les balles venaient d’en haut. Cela a maintenant été confirmé par de multiples sources :

Sangar | سنګر پیکار @paykhar - 13:02 PM – 28 Aout 2021

"La plupart des victimes de l'explosion de l'#KabulAirport n'ont pas été tuées 
par l'explosion mais par les balles tirées sur elles par les Américains"
. Faisal, de la chaîne Kabul Lovers, a interviewé des travailleurs humanitaires

à l'hôpital d'urgence de #Kaboul et voici ce qu'ils ont à dire : video

Les médias américains tentent d’ignorer ces rapports. Ce n’est qu’au plus profond d’un long article du New York Times que l’on trouve ces lignes :

Pour la première fois, des responsables du Pentagone ont reconnu publiquement 
la possibilité que certaines personnes tuées à l'extérieur de l'aéroport jeudi
aient pu être abattues par des membres des services américains après
l'attentat suicide. Les enquêteurs cherchent à savoir si les tirs provenaient des Américains postés
à la porte d'embarquement ou de État Islamique.

Ce ne sont ni les Américains à la porte ni État Islamique, mais très probablement les escadrons de la mort afghans de la CIA postés dans les tours de garde qui ont causé le massacre.

L’analyse de l’attaque par le Washington Post est tout aussi trompeuse :

Plusieurs hommes armés ont ensuite ouvert le feu sur les civils et les forces 
militaires. Une filiale locale de État Islamique a revendiqué la responsabilité
de l'attaque.

Deux jours après l’attaque la CIA, CNN, a publié une interview de Clarissa Ward avec un commandant présumé d’ISKP, qui aurait été enregistrée il y a deux semaines dans un hôtel de Kaboul. La raison pour laquelle CNN a flouté le visage de l’homme n’est pas expliquée.

Comme RT le titre de façon moqueuse :

« La CIA tweete une interview de la CIA par la CIA » : Les téléspectateurs réagissent à l’interview de CNN avec le commandant d’ISIS-K, qui a été soudainement diffusée et qui est « sinistrement prophétique ».

Un jour après l’attaque de l’aéroport, la CIA a également tué un « planificateur » présumé d’ISKP à Jalalabad qui n’avait rien à voir avec l’attaque de l’aéroport.

Dion Nissenbaum @DionNissenbaum - 10:43 UTC – 29 Aout 2021

Une vidéo exclusive du @WSJ montre les conséquences d'une attaque de drone 
américain, qui a utilisé un missile "Flying Ginsu", contre État Islamique en
Afghanistan. Le Pentagone affirme qu'il n'y a pas eu de victimes civiles. Un
témoin oculaire affirme qu'une femme figure parmi quatre blessés. Une vidéo exclusive montre les conséquences d'une attaque de drone américaine
en Afghanistan.

Dire qu’il s’agirait d’un missile « Flying Ginsu », qui ne contient pas d’explosifs, est incompatible avec les importants dégâts causés par des éclats d’obus, que l’on peut voir dans la vidéo ci-dessus.

Passons maintenant aux choses importantes.

Si ISKP est, comme indiqué ci-dessus, un produit de la CIA/NDS et si les gardes de l’aéroport qui ont tué la « plupart des victimes » de l’attaque sont des forces spéciales afghanes dirigées par la CIA, tout cela pourquoi faire   ?

Nous trouverons peut-être la réponse dans un autre article du New York Times intitulé :

Au milieu du chaos afghan, une mission de la CIA qui persistera pendant des années

Alors que la guerre d'Afghanistan touche à sa fin, la CIA s'attend à ce que 
son objectif principal s'éloigne progressivement du contre-terrorisme - une
mission qui avait, en deux décennies, transformé l'agence en une organisation
paramilitaire axée sur les chasses à l'homme et les meurtres - pour revenir à
un espionnage traditionnel orienté vers des puissances comme la Chine et la Russie. Mais les deux explosions mortelles de jeudi sont les dernières d'une rapide
série d'événements qui se déroulent depuis l'effondrement du gouvernement
afghan et la prise de contrôle du pays par les talibans et qui bouleversent
ce plan. Tel un trou noir ayant sa propre attraction gravitationnelle,
l'Afghanistan pourrait coincer la CIA dans une mission complexe de
contre-terrorisme pour les années à venir.

La pauvre CIA, replongée dans une coûteuse mission de « contre-terrorisme » en Afghanistan et ailleurs, qui était censée prendre fin alors que… eh bien, alors qu’un groupe terroriste créé par la CIA envoie un kamikaze à l’aéroport de Kaboul et que les forces afghanes dirigées par la CIA abattent une foule de réfugiés.

On pourrait aussi considérer cela comme la revanche de l’État profond contre l’ordre du président Biden de se retirer d’Afghanistan.

C’est ce même État profond qui nous a valu quatre années de « Russiagate », lorsqu’un autre président était également enclin à rappeler les troupes américaines à la maison et à limiter ainsi les champs d’opération de la CIA.

Pour que leur point de vue soit parfaitement clair, les auteurs de la CIA s’exprimant dans le NYT émettent, dans leur dernier paragraphe, cette menace pas vague du tout :

Toute attaque terroriste en provenance d'Afghanistan exposerait M. Biden à 
des critiques féroces de la part de ses adversaires politiques, qui lui
reprocheraient d'avoir pris la décision de retirer les troupes américaines
du pays - un autre facteur susceptible d'entraîner une pression intense de
la Maison-Blanche sur les agences d'espionnage pour qu'elles se concentrent
sur l'Afghanistan.

La pression de la Maison-Blanche sur les agences d’espionnage ? Non, plutôt la pression exercée par la CIA sur la Maison-Blanche pour qu’elle puisse continuer ses petites affaires en Afghanistan.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Bonnal et l'Apocalypse Planétaire

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Le CDG-NB N.07

Bonnal et l'Apocalypse Planétaire

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, la rubrique de Café Noir enregistrée le mardi 31 août 2021.
 
 
Grand Reset et grand effondrement par Alexandre Karadimas – Patrick Reymond – Nicolas Bonnal https://www.amazon.fr/dp/B09DMR94YX
 
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mercredi, 01 septembre 2021

Quand le Jerusalem Post exécute notre vieil empire américain

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Quand le Jerusalem Post exécute notre vieil empire américain

Nicolas Bonnal

La presse israélienne est souvent surprenante et honnête. Voilà qu’elle nous apprend que l’empire américain se meurt, malgré nos médias ou des agents appointés pour célébrer sa survie. Il n’y a plus grand-chose à en dire sauf qu’il a été remplacé par une redoutable matrice informatique (la pieuvre hugolienne des Travailleurs de la mer) dont nous commençons à ressentir les affres. Cette pieuvre se tourne avec Big Pharma contre les peuples occidentaux qui se croyaient jusque-là maîtres du monde libre ; voir ce qui se passe en Israël, en France et en Amérique du Nord. Les sadiques n’ont plus qu’à torturer leurs populations avec leurs sponsors.

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Dans un article, publié le 27 août par le Jerusalem Post, Amotz Asa-El (photo), journaliste et écrivain israélien, conclue que l’ère de l’impérialisme américain est révolue : 

 « L’Empire, l’ère la plus ambitieuse, la plus contradictoire et la plus coûteuse de l’histoire américaine, est sur le point de prendre fin. Ce qui a commencé avec les conquêtes d’Hawaï et des Philippines il y a plus de 120 ans, et a produit plus tard l’empire le plus puissant de l’histoire, est maintenant devenu absurde en termes de taille, exorbitant en termes de coûts et sans rapport avec ses objectifs », écrit Amos Asa-El au début de son article. 

Rappel de la stupidité dudit empire qui ne fut à 90% qu’une gabegie bureaucratique et militaire financée par un dollar imprimable à volonté :

« Compte tenu de l’histoire impériale, des circonstances internationales et du code génétique de la société américaine, le retrait mondial est en effet ce que l’Oncle Sam devrait faire maintenant. […] L’imperium américain a implanté 800 bases dans le monde, plus de 20 fois ce que les quatre autres superpuissances ont combiné. Le nombre de militaires américains stationnés à l’étranger, 200 000, est égal à la taille de l’ensemble de l’armée permanente de la France. Quelque 150 des 195 pays du monde accueillent des troupes américaines. Les dépenses militaires annuelles de l’Amérique s’élèvent à plus de 770 milliards de dollars. Eh bien, ils voulaient des choses différentes à des moments différents. À la fin de la prochaine guerre mondiale, la position impériale de l’Amérique a été transformée : ce n’était plus une jeune nation en quête de la puissance, mais désormais animée par le souci de la survie dans ce monde. »

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Notre auteur se pose la bonne question :

« Pourquoi alors entourer le globe de troupes, de bases et de porte-avions ? Et pourquoi dépenser 770 milliards de dollars par an pour la défense, alors qu’il y a dans chaque métropole américaine des ghettos tentaculaires où des millions d’Américains sous-éduqués croupissent dans la pauvreté, l’indignité et le désespoir ? »

Et de conclure :

« L’imperium américain est devenu une absurdité qui néglige le bien-être des Américains et vide ses bourses afin de lutter pour une cause impossible contre des ennemis qui n’existent plus ».

Rappel : l’empire aujourd’hui liquide ses propres populations.

Sources:

https://www.jpost.com/international/the-american-empire-i...

https://strategika.fr/2020/07/10/declin-imperial-et-triom...

 

Joe Biden : la fin de l'Amérique

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Joe Biden: la fin de l'Amérique

Alexander Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/dzho-bayden-konec-ameriki

Le siècle américain est terminé. Quelle est la prochaine étape ?

Aujourd'hui, seuls les paresseux ne donnent pas de coup de pied à Biden suite à son échec total en Afghanistan. Mais même les paresseux vont s'y mettre. Et à juste titre.  Un échec aussi dramatique et graphique, un échec aussi épique des mondialistes libéraux, le monde n'en avait pas vu depuis longtemps.

Lorsque Biden se précipitait encore vers le pouvoir, éliminant impitoyablement Trump, il proclamait le slogan "Build Back Better". C'était une sorte de mot de passe pour la grande réinitialisation annoncée par les mondialistes à Davos en 2020. Le plan général était le suivant: 

- Pour faire échouer la montée du populisme et d'abord pour faire dérailler la réélection de Trump aux États-Unis même ;

- restaurer la dictature ébranlée des élites libérales dans l'Union européenne ;

- perturber la consolidation de la souveraineté russe et chinoise, notamment en sapant l'économie du pétrole et du gaz et en renforçant le chantage à l'environnement (énergie verte) ;

- accélérer la mondialisation et un programme universel pour diffuser l'idéologie du genre ;

- passer à un rythme accéléré à un nouvel environnement technologique, où l'intelligence artificielle et les technologies post-humaines (réseaux neuronaux, cyborgs, etc.) seront au premier plan, et, en même temps,

- inoculer à toute l'humanité quelque chose de suspect. 

Dans la pratique, cela signifiait une série d'étapes concrètes plutôt menaçantes pour garantir qu'un tel ordre du jour soit un succès stratégique. Ces étapes étaient les suivantes : 

- Remettre la Russie à sa place, notamment en rendant la Crimée à l'Ukraine, en interrompant Nord Stream 2 et, au passage, en confiant le pouvoir à Moscou à Navalny ou, au pire, à Medvedev ;

- pour gagner rapidement une guerre commerciale avec la Chine ;

- écraser Orban et les Polonais, qui refusent obstinément les politiques migratoires et gendéristes de l'UE ;

- organiser une révolution de couleur en Biélorussie ;

- porter un coup fatal à l'Iran intransigeant et à la Turquie entêtée ;

- renverser le régime d'Assad et

- en finir avec le fondamentalisme islamique, que les États-Unis ont eux-mêmes créé pendant la guerre froide. 

Ensuite, une fois tous ces obstacles désagréables rapidement écrasés, il serait possible de revenir à la construction d'un monde unipolaire et à l'établissement d'un gouvernement mondial. 

C'est ce que l'on attendait du "grand reboot". Et maintenant le moment est arrivé. 

Les néonazis ukrainiens, qui avaient été relancés immédiatement après l'arrivée de Biden, ont tenté de prendre quelques mesures dans le Donbass, mais ont été immédiatement repoussés. Moscou a organisé un exercice de paix et les clowns de Kiev se sont figés de terreur. Nord Stream 2 a été achevé et est sur le point de commencer à fonctionner. A Téhéran, l'ultra-conservateur Raisi a été légitimement élu, enterrant tout espoir d'une restructuration iranienne.  Erdogan est toujours aussi fort. Orban ne laisse pas entrer les migrants et refuse les parades de la gay pride. Lukashenko s'assoit dans son fauteuil et raconte des blagues, faisant atterrir des avions avec des opposants et lançant des réfugiés irakiens dans la Lituanie prise en tenaille par l'OTAN. Assad en Syrie fait ce qu'il veut. La Chine n'a pas reculé d'un pouce par rapport à ses politiques. Le gaz et le pétrole sont encore à un prix élevé. Toutes les mesures de répression contre le Parti républicain et les trumpistes aux États-Unis n'ont fait que diviser davantage le public. 

Et maintenant, enfin, le point culminant: une retraite honteuse de Kaboul, où les Talibans éliminent impitoyablement les retardataires. Mais que voulait Washington? La guerre est perdue pour de bon. Deux décennies d'occupation ont été gaspillées. Et maintenant, le colonisateur en fuite, qui a jeté une montagne d'armes, est escorté,à sa sortie, par des balles, des mines et des explosions. 

Les six mois de l'administration Biden peuvent être résumés. C'est un véritable échec. Pas seulement le vieux sénile lui-même. Personne ne se soucie de lui, il est dément et c'est évident pour tout le monde. C'est avant tout un échec du plan des élites mondiales. Elles ont fait une dernière tentative pour revenir aux années 90, pour restaurer les paramètres du moment unipolaire.  Et... et elles ont échoué. C'est la fin du monde unipolaire. Il n'y a plus aucune chance. 

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Peu de gens ont encore pris conscience de la gravité de ce qui s'est passé. Les élites libérales du monde entier espéraient sérieusement une revanche post-Trump. Et voici le résultat. Ce n'est pas facile à comprendre. Et les douleurs fantômes sont encore assez sensibles. Surtout par les néocons et les maniaques de la mondialisation comme Bernard-Henri Lévy, qui a récemment escaladé les gorges du Panjsher pour inspirer la lutte désespérée contre les talibans (interdits en Russie) chez les Tadjiks afghans. Mais partout où Levy est apparu, les mondialistes ont subi une défaite ignominieuse. Des exemples à foison - Syrie, Kurdistan, Ukraine, Géorgie... C'est un véritable Monsieur "pas de chance". Tout libéral aujourd'hui est exactement cela: "Monsieur pas de chance". Pas une seule chance. Tout le monde gagne sauf eux. N'importe qui. Mais pas "Build Back Better".

Il est impossible d'accepter cela pour ceux qui ont dirigé le monde jusqu'à ces dernières années et qui le dirigent encore par inertie. En 1990, l'élite soviétique défunte ne pouvait pas non plus croire que l'URSS était sur le point de s'effondrer. Aujourd'hui, le monde unipolaire s'est réellement effondré. C'est comme un film au ralenti de l'effondrement des tours jumelles. On aperçoit déjà des nuages de poussière, des langues de flamme, des employés qui tombent en grappes des fenêtres, le bâtiment qui s'affaisse et tremble... Mais qui reste debout. Encore un moment...

C'est ce que sont les États-Unis aujourd'hui. Et lorsque Biden agite ses vieux poings secs, en menaçant les extrémistes islamiques (l'ISIS ou les Talibans, qui sont interditsen Russie), cela semble aussi pathétique que les marmonnements inarticulés de Gorbatchev à la veille de sa disparition dans le caniveau de l'histoire. 

Ce n'est pas le fait que les Américains aient quitté l'Afghanistan, c'est la manière dont ils l'ont quitté, c'est ça qui est fondamental. C'est pire qu'un déshonneur. C'est la fin de l'Amérique que nous connaissions. Et ils ne s'en remettront plus jamais. Ils ont essayé de recommencer et de reprendre là où ils s'étaient arrêtés (Build Back Better). Le bilan aujourd'hui est très clair: ça n'a pas marché. Et ça ne marchera plus. Plus jamais.

Dans le nouveau monde post-Afghanistan, c'est maintenant chacun pour soi. Et la souveraineté devra dorénavant être défendue non seulement face à un hégémon évident mais dans une situation beaucoup plus complexe et compliquée. Oui, le monde a été libéré de l'empire américain. Celui-ci est en déclin. Il n'a pas encore atteint le point zéro, mais il est en train de le faire. L'attente ne sera pas longue. 

Mais que faire de cette nouvelle liberté, la nôtre et la vôtre? Comment l'ancrer? Comment le défenderez-vous?

C'est ce que pensent Pékin, Téhéran, Ankara, Riyad et même Kaboul. Ce à quoi le Kremlin pense, je ne peux pas l'imaginer. Mais il est impossible d'ignorer ce qui se passe. Même au Kremlin.

Biden ne s'est pas contenté de glisser et de tomber, il a cassé tout ce qu'il pouvait casser, et il a été placé aux soins intensifs, dont il a peu de chances de sortir.

Les États-Unis sont toujours là, mais il n'y a plus aucun intérêt pour cela. Les États-Unis sont en soins intensifs. Cela vaudrait la peine d'être noté si le nouveau monde post-libéral ne promettait pas tant de problèmes nouveaux et difficiles. Mais quelque chose me dit que nous ne sommes pas du tout préparés.

tg Nezigar (@russica2)

Écosse : Des presbytériens sans Dieu ?

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Écosse: Des presbytériens sans Dieu?

Konrad Rękas

https://www.geopolitica.ru/en/article/scotland-presbyterians-without-god

Politiciens chrétiens dans un pays athée

L'identité historique des Écossais s'est forgée dans le feu des luttes religieuses, pour l'essentiel convergentes avec les disputes politiques. Et celles-ci n'ont jamais été douces ou particulièrement transparentes au sein de cette nation constituée de clans. Car lorsque l'Église calviniste d'Écosse, qui s'assume comme "nationale", a été victorieuse des catholiques habituellement royalistes, elle a immédiatement dû lutter contre l'influence de l'épiscopalisme qui proposait sa vision politique d'une oligarchie couronnée. Et les presbytériens écossais eux-mêmes - les Covenanters - étaient divisés comme les hussites, entre les radicaux, appelés le parti Kirk, qui voyaient l'Écosse comme une fédération de clans / congrégations, même dans une alliance avec les Anglais puritains, et ceux qui choisissaient une forme de collaboration avec leur propre dynastie nationale comme méthode de maintien de l'indépendance vis-à-vis du voisin du sud éternellement agressif. Oui, la religion en Écosse a toujours été vivante, avec de nombreuses morts violentes. Alors pourquoi est-elle presque morte aujourd'hui ?

Le genre au lieu de Dieu

L'Écosse a (?) la réputation d'être le pays le plus sécularisé d'Europe occidentale. Selon diverses estimations, environ 56 % des habitants se déclarent athées, et près de 70 % sont généralement non religieux. Et ce malgré, ou peut-être précisément parce que, la principale dénomination, l'Église d'Écosse, continue d'être reconnue comme l'Église nationale et une composante importante de l'identité écossaise en tant que telle. Cela est dû en partie au fait que la politique écossaise est devenue athée mais n'a pas perdu les caractéristiques formelles et typiques du calvinisme. Elle reste donc agressivement missionnaire et empreinte de déclarations moralisatrices. Sauf qu'aujourd'hui, bien sûr, elle est complètement opposée au rigorisme éthique historique des anciens protestants. Les politiciens écossais d'aujourd'hui sont le plus souvent les successeurs de presbytériens fanatiques qui ne croient plus au presbytérianisme, mais qui croient toujours fermement au fanatisme.

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Justement, avec un tel feu, digne de John Knox (bien que contre toutes ses recommandations) - le gouvernement autonome écossais de Nicola Sturgeon fixe ses principaux objectifs idéologiques pour imposer une plate-forme "gendériste" complète, y compris la doctrine du "genre par choix" avec des réglementations pénales très strictes pour les contrevenants et contestataires, dépassant toutes les limites de la définition des crimes de haine. Sur la base de la nouvelle loi de 2021 sur les crimes de haine et l'ordre public (Écosse), une raison suffisante pour engager des poursuites pour discours haineux n'est pas seulement une critique acerbe ouinjurieuse du "gendérisme", mais même le simple fait de constater que seules les femmes ont leurs règles. Pour compléter le sentiment d'étouffement qu'impose le serpent du progressisme, il convient de mentionner que cette loi est déjà utilisée pour poursuivre non pas des misogynes, mais... des féministes et des lesbiennes.

Oui, ces deux attitudes, sans rien changer dans leurs présupposés - ne sont plus classées comme modernes et progressistes, mais comme... réactionnaires et fascistes! La première de ces attitudes pour avoir rappelé que les suffragettes sont allées en prison pour obtenir le droit de vote et d'éligibilité et non pour avoir réclamé quelques mascarades comme le droit d'utiliser les toilettes pour femmes et de gagner des compétitions sportives féminines. La seconde de ces attitudes, parce que les lesbiennes s'entêtent à affirmer qu'elles veulent coucher avec d'autres femmes, et non avec des hommes en prétendant que cela a donné de la personnalité aux femmes.

D'abord l'homme - ensuite la femme politique

Voilà quel est le niveau actuel des querelles idéologiques en Écosse, de sorte que la consternation a été d'autant plus grande que l'on a vu apparaître au sein du gouvernement local une secrétaire déclarant ouvertement et à haute voix son attachement aux valeurs chrétiennes et témoignant de leur confession dans la vie privée et publique. Kate Forbes (photo), 31 ans, secrétaire d'État aux finances et à l'économie, est une militante du Scottish National Party (organisation responsable de toutes les expériences idéologiques susmentionnées), une partisane enthousiaste de l'indépendance du pays - et en même temps une fidèle zélée de la Free Church of Scotland, la faction presbytérienne du XIXe siècle, décrite aujourd'hui avec un peu de mépris comme "quelque chose comme l'Église d'Écosse mais avec du christianisme".

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Fille de missionnaires calvinistes en Inde, où elle a passé son enfance, Mme Forbes parle de sa dévotion à Dieu avec une passion que ses parents lui ont inculquée. "Pour être franche, je crois en la personne de Jésus-Christ. Je crois qu'il est mort pour moi, qu'il m'a sauvée et que ma vocation est de le servir et de l'aimer et de servir et d'aimer mes prochains de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toute ma force. Pour moi, c'est donc essentiel à mon être. La politique passera. Je suis une personne avant d'être une femme politique et cette personne continuera à croire que je suis faite à l'image de Dieu" - a déclaré l'actuel secrétaire, il y a quelques années, dans une interview pour la BBC, et rappelons que ce ne sont pas des mots que l'on entend souvent aujourd'hui de la part des politiciens occidentaux.

Paradoxalement, une éthique chrétienne comme celle de Mme Forbes, et aussi expressive, se démarque radicalement de la ligne dominante actuelle du SNP, qui jusqu'à récemment était encore multiforme, avec une forte aile moralement conservatrice, autrefois construite sous le patronage de la légendaire Winnie Ewing (photo, ci-dessous), la première députée SNP élue à la Chambre des Communes en 1967.

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Toutefois, cette tendance a été presque totalement éliminée au sein du SNP. La démission de Dave Thompson (photo, ci-dessous), l'animateur du mouvement des Chrétiens pour l'Indépendance, et aujourd'hui le leader du groupe de campagne Action pour l'Indépendance, le père spirituel de la carrière politique de Forbes, avec qui elle a commencé comme assistante, en est l'illustration. Mais d'un autre côté, la jeune politicienne a gagné la reconnaissance des communautés chrétiennes, même celles de l'autre côté de la rivière Tweed.

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Exprimons notre foi sans crainte

L'actuelle secrétaire est toutefois fidèle à son parti, même si elle n'hésite pas à faire valoir une opinion distincte - qui n'est d'ailleurs plus populaire dans les rangs du SNP mainstream, dont la direction fait la chasse au "politiquement incorrect", à toute trace de "trans-" et "queerphobia", sans parler d'attitudes encore plus... réactionnaires. Pendant ce temps, Kate Forbes a prié à voix haute lors de la Journée de prière publique de 2018: "Que nos politiciens reconnaissent que la façon dont nous traitons les plus vulnérables - que ce soit les enfants à naître ou les malades en phase terminale - est une mesure du véritable progrès". Ainsi, alors que même les politiciens de l'opposition unioniste admettent qu'il n'y a personne au Parlement écossais qui n'aime pas Kate personnellement - au sein de son propre parti, il y avait de sérieux doutes sur sa promotion de secrétaire à l'un des postes les plus importants du gouvernement autonomiste. Forbes doit s'occuper, entre autres, des préparatifs pour l'introduction de sa propre monnaie par l'Écosse indépendante - et cela peut-il être fait par quelqu'un dont l'attitude envers le mouvement LBGTQ est pour le moins controversée !

Forbes, cependant, a reçu la nomination en tant que secrétaire, ce qui a été considéré comme un geste de la direction du SNP envers les électeurs plus traditionalistes, en particulier ceux de la région des Highlands et des îles, où les communautés chrétiennes (Église d'Écosse, Église libre d'Écosse et catholiques), bien que ne soutenant pas le postmodernisme extrême de Holyrood, mais appuyant bien sûr aussi le nationalisme écossais, constituent de véritables bastions du mouvement indépendantiste. Il y a quelques mois, les milieux les plus radicaux du gendétisme ont donc lancé une attaque collective, tant en public qu'en coulisses, dans le but d'empêcher les partisans de Forbes de voter pour former un gouvernement. Toutefois, une députée de l'une des plus belles circonscriptions d'Écosse - Skye, Lochaber et Badenoch - a répondu dignement qu'elle représentait tous ses électeurs, quelle que soit leur attitude vis-à-vis de la religion. Mais le christianisme est l'essence même de son existence, et elle considérait et considère qu'une telle honnêteté sur sa foi est le plus important. - Je voudrais que mon exemple inspire d'autres personnes à surmonter la peur et les difficultés liées à l'expression publique de notre foi dans le service public - a annoncé Mme Forbes.

Les critiques se sont tues. Mais nous pouvons être sûrs que ce ne sera pas pour longtemps...

mardi, 31 août 2021

Les trois grands courants de la pensée politique contemporaine

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Les trois grands courants de la pensée politique contemporaine

Prof. Carlo Gambescia

Ex: https://cargambesciametapolitics.altervista.org/stato-stato-stato-le-tre-grandi-correnti-del-pensiero-politico-contemporaneo/

De manière générale, il existe trois grands courants dans la pensée politique contemporaine. Nous ne parlons pas d'une nomenclature de nuées, mais de courants d'idées aux conséquences politiques et sociales inévitables. Entre autres choses, ils sont là pour que tout le monde puisse les voir. Notre analyse va donc au-delà d'une reconstruction historique purement érudite. Les idées génèrent toujours des conséquences, ne l'oublions jamais. Dans une certaine mesure, les mots sont des pierres.

Nous avons dit trois courants de pensée. Examinons-les ensemble.

1) Une pensée libérale-progressiste, avec des traits socialistes, attentive à la question de la redistribution des biens, qu'elle confie à l'État, et subordonnée au marché. La redistribution confiée à l'État signifie l'introduction de taxes élevées - pour simplifier - pour prendre aux riches et donner aux pauvres en termes de services et d'allocations sociales. Cela impose la multiplication de lois et de règlements détaillés pour mettre tous les citoyens, comme le répète le mantra libéral-socialiste, sur un pied d'égalité: du travail aux droits civiques, de l'environnement à l'immigration. D'où l'intervention de l'État, en des termes non définis comme exclusifs, pour contrôler et définir les différents aspects de la vie sociale.

2) La pensée conservatrice-populiste, conservatrice dans ses valeurs, justicialiste dans ses programmes économiques. Elle se distingue de la pensée libérale-progressiste en ce qu'elle nie l'égalité entre les individus, les États et les nations. Elle ne croit pas à la redistribution fiscale, mais considère que la redistribution en termes de services et de prestations sociales est tout aussi importante. À cet égard, il partage avec le libéral-progressisme une passion pour la multiplication des lois et des règlements ainsi que pour l'interventionnisme étatique. Qui, bien que condamné en paroles, notamment l'interventionnisme fiscal, a une intensité égale à celle du libéral-progressisme.

3) Une pensée social-nationaliste qui croit avant tout au devoir de l'État de contrôler tous les secteurs de la vie sociale et économique. Une pensée qui partage avec le libéral-progressisme les politiques punitives de la richesse et avec la pensée conservatrice-populiste le justicialisme social. Contrairement aux deux principaux courants, il est un ennemi absolu du marché au point de prôner l'autarcie économique et une alliance entre blocs géopolitiques animés par la même idéologie social-nationaliste.

Il convient de noter que la pensée libérale-progressiste et la pensée conservatrice-populiste partagent des idéaux pacifistes, mais de manière différente: dans une optique internationaliste, pour la première; dans une optique patriarcale, pour la seconde. Le social-nationalisme, par contre, voit dans la lutte entre les nations une sublimation de la lutte des classes: par conséquent, le justicialisme interne court toujours le risque de se transformer en justicialisme externe, international.

Le libéral-progressisme prévaut en Occident, tandis que la pensée conservatrice-populiste est au pouvoir dans des pays plus petits comme la Hongrie et la Pologne (pas exactement dans la stricte tradition occidentale). Alors que, pour l'instant, le social-nationalisme, surtout en Europe, reste l'apanage de minorités plutôt agressives. Dans le reste du monde, le libéral-progressisme semble être sur la défensive. En revanche, en Russie, en Chine et dans de nombreuses nations d'Asie et d'Amérique latine, la pensée social-nationaliste semble dominer.

Évidemment, la pensée conservatrice-populiste, dans les pays où le fondamentalisme religieux prévaut, comme le monde musulman, prend des dimensions qui, si elles ne sont pas explosives, sont en tout cas très dangereuses. Cela signifie qu'en Occident, le rôle du fondamentalisme, le liant ainsi au conservatisme populiste (presque un détonateur), peut être joué par les partis et mouvements sociaux-nationalistes d'inspiration confessionnelle.

Quant au féminisme et au para-féminisme, à l'environnementalisme et au soutien à l'internationalisme migratoire, on peut dire que l'environnementalisme est accepté, bien qu'avec des accents différents, par les trois courants de pensée. Alors que le féminisme et l'internationalisme migratoire apportent la dissensus entre libéraux-progressistes et conservateurs-populistes. Enfin, la question de la migration divise le social-nationalisme de l'intérieur.

La dissociation est basée sur la priorité donnée à la lutte des classes. Pour la pensée social-nationaliste de gauche, l'immigrant renforce les troupes pour la lutte de classe interne, tandis que pour le social-nationaliste de droite, l'immigrant est la preuve vivante de la nécessité de déplacer la lutte de classe du niveau interne au niveau externe entre les nations riches et pauvres. Une idée, à vrai dire, qui remonte aux origines du fascisme, qui pourtant, cent ans plus tard, ne semble pas déplaire au social-nationaliste de gauche, s'il est libéré - évidemment - de toute hypothèque raciste.

Donc, État, État, État, trois fois "Etat": les trois grands courants de pensée ne semblent pas pouvoir se passer de ce gigantesque cadenas apposé sur les chaînes qui barrent le chemin de la liberté.

De la pure rhétorique ? Est-ce que nous exagérons ? Ainsi soit-il. Mais comme vous pouvez le constater, la grande absente aujourd'hui est la pensée libérale. Il y a un manque de pensée forte et calme, sans adjectifs. Capable de s'adresser non pas à des individus pleurnichards mais à des individus courageux, conscients des risques de la liberté, donc des limites humaines, mais néanmoins prêts à relever le défi de la liberté.

La liberté, qui n'est ni de droite ni de gauche.

Pensons à une pensée qui se méfie de l'État, qui a confiance dans le marché, qui espère dans la capacité de l'individu à tracer sa propre voie, qui est optimiste quant à la force créatrice de la société ouverte et surtout quant à son pouvoir de se reproduire par la liberté.

Disons aussi que deux guerres mondiales, avec leur inévitable accent sur le rôle "salvateur" de l'État, ont détruit le climat moral de liberté qui a fait du XIXe siècle, où l'on était libéral sans le savoir, le merveilleux siècle du libéralisme.

Malheureusement, à cet égard, le XXe siècle peut être appelé le siècle de l'étatisme. Et le 21e promet d'être encore plus étatiste que le 20e. L'épidémie, pardon la pandémie, risque de faire plus de dégâts que deux guerres mondiales.

Carlo Gambescia

lundi, 30 août 2021

Qu'est-ce qu'Isis-K, le cauchemar des talibans qui a frappé à Kaboul ?

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Qu'est-ce qu'Isis-K, le cauchemar des talibans qui a frappé à Kaboul ?

Francesca Salvatore

Ex: https://it.insideover.com/terrorismo/cosa-e-isis-k-talebani-stato-islamico-khorasan.html

La peur était dans l'air depuis plusieurs jours et, ces dernières heures, les hypothèses d'une attaque imminente ont été reprises dans les médias et dans les rapports de 007. Alors que l'on tente de comprendre l'entité et la matrice des attentats qui ont ensanglanté Kaboul ces dernières heures, Isis, suspect numéro un des massacres, est une fois de plus le cauchemar de l'Occident mais aussi des talibans. Et c'est précisément cette formation qui risque de transformer le pays en une bombe à retardement, bien plus que les talibans, contribuant à la déstabilisation de toute la région. Presque tous les voisins de l'Afghanistan - la Chine, le Pakistan, l'Iran - ont des appréhensions à cet égard: pour l'Asie, bien mieux que les Talibans, au contraire, avec lesquels toutes ces puissances ont déjà une expérience de coopération.

Qu'est-ce que Isis-K?

Concrètement, la cellule tant redoutée est celle dite Isis-K, la branche afghane de l'État islamique, selon les services de renseignement américains, soupçonnée de préparer depuis un certain temps une attaque visant à frapper l'OTAN et les Afghans en fuite. Le groupe a déjà revendiqué l'acte: des massacres vraisemblablement coordonnés par le leader actuel Shahab al Mujair, un ancien Qaediste nommé au poste suprême en avril 2020.

La variante afghane d'Isis a une genèse relativement récente et a rassemblé des adeptes au cours des cinq dernières années, se rendant responsable des principales attaques contre la capitale, "disputant" aux Talibans le record des attaques contre des cibles militaires et civiles. Cette division découle des rivalités internes au pays, fondées sur les divergences avec les Pachtounes, coupables de marchandage avec la CIA et l'Occident tout entier. La naissance du groupe a eu lieu dans la province de Khorasan, à la frontière avec le Pakistan, où de nombreux commandants qui avaient échappé aux forces talibanes ont décidé d'embrasser le drapeau noir. Cependant, ce même groupe a également vu ses combattants rejoindre les talibans afghans. Contrairement aux talibans, Isis-K avait clairement exprimé son intention de lancer des attaques contre les puissances occidentales et l'ONU, au-delà des retraits militaires et de leurs échéances. Isis-K se targuait d'environ 800 combattants en octobre 2018 et atteignait un pic de taille en 2016 avec jusqu'à 4000 membres militants, destinés, peut-être, à augmenter.

Où le mouvement était-il pendant toutes ces années ?

Au cours de ses premières années d'existence, le groupe s'est emparé de quelques districts dans l'est de l'Afghanistan et a progressivement étendu sa présence dans le nord. Cependant, sa progression a été rapidement freinée par les forces de sécurité afghanes et les talibans. Bien qu'elle ait été empêchée d'atteindre une certaine puissance de feu, d'envahir des villes et des quartiers, sa capacité à mener des opérations de sabotage et des attaques complexes telles que des attentats-suicides, des explosions de grosses bombes et des assassinats ciblés est restée intacte.

En 2016, Isis-K a mené six attaques à Kaboul, puis 18 en 2017 et 24 en 2018. Plus d'un millier de civils ont été tués dans des dizaines d'attaques, dont certaines très récentes et exemplaires par leur exécution et leur ciblage: 55 morts dans l'attaque d'une école de filles à Kaboul le 8 mai, 12 morts dans l'attaque d'une mosquée à Shakar Darah dans la province de la capitale le 16 mai, 20 morts à l'université de Kaboul en novembre 2020, 29 morts dans le raid sur une prison à Jalalabad.

Entre-temps, ses miliciens se sont également consacrés à la propagande, appelant à de nouvelles attaques en Occident à l'occasion de massacres comme celui d'Orlando ou d'épisodes isolés de terrorisme islamique qui ont touché l'Europe.

Quelques points faibles

Pour le moment, les forces dont dispose Isis-K sont nettement inférieures aux forces financières, militaires et politiques des Talibans. Par exemple, elle ne dispose pas d'un véritable sanctuaire: mis en déroute à la hâte dans la province du Helmand, les miliciens sont restés enracinés dans celle du Nangarhar, qui s'étend dans une zone grise de trafics et d'intrigues où domine l'Isi, les services secrets pakistanais.

Le groupe a également perdu ses dirigeants les uns après les autres dans des attaques de drones, des bombardements et des opérations terrestres. Ce que l'on craint aujourd'hui, en revanche, ce sont deux phénomènes concomitants possibles: le pouvoir de fascination de l'État islamique sur les jeunes étudiants islamistes et d'éventuelles défections de commandants talibans si cette cellule devait grossir à l'excès; cette seconde hypothèse semble toutefois la moins probable des deux au vu de l'image solide que le groupe exécutif taliban donne de lui-même ces dernières semaines.

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Deux courants différents de l'Islam

La veine islamiste de cette cellule apparaît résolument plus radicale que ce que nous connaissons de l'État islamique et, dans le même temps, nettement plus puriste que les talibans eux-mêmes. Les deux groupes se sont affrontés sur de nombreuses autres questions, notamment le trafic de drogue, qui sert à financer en partie le militantisme. Par exemple, Isis-K estime que la culture du pavot à opium n'est pas respectueuse de la foi islamique, une activité approuvée par les Talibans. La société afghane appartient principalement à l'école de pensée islamique hanafite, qui est compatible avec l'islam des talibans. La branche K de l'État islamique, quant à elle, suit une interprétation salafiste stricte de l'islam. De nombreux rituels islamiques, qui ont presque pris la forme de coutumes et de traditions pachtounes, autorisés par les hanafites, sont considérés comme non islamiques et hérétiques par les salafistes.

Ergo, pour ses miliciens la guerre permanente et la charia sont le verbe.

Ce à quoi il faut s'attendre

Pour l'heure, les sources de renseignement semblent donner les forces d'Isis-K en approche de Kaboul, faisant craindre de nouvelles attaques dans les prochaines heures. Dans ces phases délicates, cette menace risque de jeter de l'huile sur le feu afghan, rendant plus complexe la sortie des forces occidentales mais, en même temps, l'installation des Talibans. Le risque est que le pays se transforme en une bataille à mort entre les deux différentes déclinaisons islamistes, avec de graves dommages pour les civils. Si ces forces venaient à grossir leurs rangs et à gagner des avant-postes, leur progression - paradoxalement - pourrait être beaucoup plus dangereuse pour l'Afghanistan que la reconquête des talibans.

La vallée de Panjsher - le talon d'Achille des Talibans ?

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La vallée de Panjsher - le talon d'Achille des Talibans?

Amalendu Misra

Pendant très longtemps, les habitants de la vallée ont été connus comme des insurgés indomptables. Une fois encore, un mouvement de résistance s'y dessine.

La vallée de Panjsher et ses habitants ont une réputation particulière. Située à environ 90 miles de Kaboul, dans la région du centre-nord de l'Afghanistan, la vallée est une sorte d'aberration. Elle abrite la plus grande population ethnique tadjike du pays, soit quelque 100.000 habitants dans la vallée, habitants que l'on appelle les "perdants persistants".

Pendant très longtemps, les habitants de la vallée ont été connus comme des insurgés indomptables. Il est certain que, pendant près de 50 ans, de tous les districts et provinces d'Afghanistan, cette région particulière a défié avec succès tous les malfaiteurs, tant internes qu'externes, dans sa quête pour préserver la liberté et l'autonomie de l'Afghanistan. La vallée de Panjsher est le centre indomptable de la guérilla afghane depuis des décennies. Si l'Afghanistan est le cimetière des empires, la vallée de Panjsher est le cœur de ce cimetière.

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Lorsque les chars soviétiques ont envahi l'Afghanistan en 1979, les habitants de la vallée, menés par le légendaire commandant de la guérilla Ahmad Shah Masood, les ont fait disparaître dans le sang. Le même Masood s'est opposé aux milices rivales qui se sont opposées à la formation d'un gouvernement central après le départ des Soviétiques en 1989. Il mènera à nouveau son peuple contre les redoutables talibans (interdits dans la Fédération de Russie) avant d'être assassiné par Al-Qaida (également interdit dans la Fédération de Russie) le 9 septembre 2001.

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Nous devons tourner notre attention vers cette vallée de Panjsher, invincible et libre d'esprit, et vers ses habitants, comme une alternative possible à la crise actuelle en Afghanistan. En parlant de l'expansion du contrôle des talibans sur l'Afghanistan, nous avons tendance à oublier que de tous les districts et provinces du pays, c'est la vallée de Panjsher qui les a défiés. Fidèle à sa réputation, ses habitants se distinguent et sont plus invaincus que jamais. Il n'est pas surprenant que cette région attire maintenant rapidement un mouvement de résurgence contre les talibans. Mais la vallée peut-elle à nouveau s'élever contre le pouvoir des talibans et faire honneur à son ancienne gloire de vainqueur de la tyrannie?

Une horreur pour les Talibans

De nombreux itinéraires ont été empruntés par d'anciens dirigeants du gouvernement afghan soutenu par les États-Unis qui tentaient de fuir le pays. Certains ont fui l'Afghanistan, d'autres ont pris le maquis, d'autres encore se sont retirés dans la vallée du Panjsher. Le vice-président Amrullah Saleh en a fait son refuge et sa base. Ancien disciple du Lion du Panjsher, Ahmad Shah Masood, Saleh prétend maintenant ostensiblement être le président intérimaire légitime en vertu de la constitution afghane après la fuite d'Ashraf Ghani. Réfugié dans la vallée, il parle aussi de former une résistance unie contre les talibans. Mais la vallée et ses habitants peuvent-ils se montrer à la hauteur de leur réputation et redevenir des catalyseurs de la future défaite des talibans ?

Si l'on en croit les rapports des médias sociaux, il semble que diverses figures de l'opposition se rassemblent lentement mais sûrement dans la vallée. Parmi eux, l'ancien ministre de la défense, le général Bismillah Mohammadi, figure en bonne place. On y retrouve également Ahmad Masood, le fils déterminé et provocateur d'Ahmad Shah Masood, qui lui ressemble étrangement.

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Depuis ce foyer de résistance, Saleh et Ahmad Masood appellent à des représailles contre les talibans. Pour sa part, M. Saleh a déclaré sur Twitter: "Je ne me prosternerai jamais, jamais et en aucun cas devant les terroristes talibans. Je ne trahirai jamais l'âme et l'héritage de mon héros Ahmad Shah Masood, seigneur de guerre, légende et mentor. Je ne décevrai jamais les millions de personnes qui m'ont écouté. Je ne serai jamais sous le même toit que les Talibans. JAMAIS."

C'est également ce qu'a indiqué très clairement Ahmed Masood dans un récent article du Washington Post: "Quoi qu'il arrive, mes combattants moudjahidines et moi-même défendrons le Panjsher comme le dernier bastion de la liberté afghane. Notre moral n'a pas souffert. Nous savons par expérience ce qui nous attend. Saleh et Masood espèrent que leur allégeance jurée et leur lien de sang avec le héros le plus célèbre de l'histoire récente de l'Afghanistan inciteront la population à former des unités de résistance. Reconnaissant que le terrain de la vallée est idéal pour une guerre défensive dans les montagnes, et bien sûr, sentant son aura légendaire de défi, des milliers d'anciens soldats afghans se sont également retirés dans la vallée.

Pendant qu'ils se regroupent et planifient leur stratégie, les principaux défis auxquels sont confrontés ces adversaires talibans sont le soutien militaire, économique et logistique indispensable pour mener à bien une telle mission. Malgré toute sa beauté, la vallée est enclavée et difficile d'accès. Si la résistance se tourne vers les talibans, elle aura besoin de toute l'aide qu'elle peut obtenir de la part d'étrangers acquis à sa cause. Comme il fallait s'y attendre, le chef des Panjsher, Ahmad Masood, a clairement fait savoir à la communauté internationale que pour résister efficacement aux talibans, "ils ont besoin de plus d'armes, de plus de munitions et de plus de fournitures". Qui pourrait leur venir en aide ?

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Il existe déjà une certaine résistance régionale externe à la prise de pouvoir par les Talibans. Le Tadjikistan, avec ses liens ethniques avec la vallée, pourrait fournir un soutien essentiel si celle-ci devient un foyer de résistance. Le lieutenant-général Zahir Agbar, ambassadeur d'Afghanistan au Tadjikistan, ancien responsable de la sécurité avant d'occuper son poste diplomatique, a déjà promis que le Panjsher deviendrait une tête de pont pour les Afghans qui souhaitent poursuivre la lutte contre les Talibans. Selon lui, le "Panjsher s'oppose fermement à quiconque veut réduire les gens en esclavage".

L'Inde, qui a été expulsée sans ménagement de l'Afghanistan après avoir tenté pendant 20 ans d'établir des liens avec ce pays, n'aurait rien pu souhaiter de mieux qu'un mouvement de résistance se développant dans la vallée du Panjshir. Pendant la guerre civile des années 1990, elle a fourni un important soutien militaire et économique à l'Alliance du Nord dirigée par Ahmad Shah Masood.

Le fait que les talibans ne traitent pas équitablement la minorité chiite hazara (photo, ci-dessous) du pays (qui a été maltraitée par le groupe dans le passé) pourrait attirer l'ire de Téhéran. N'oublions pas que l'Iran a été un soutien essentiel de l'Alliance du Nord lorsque les talibans étaient au pouvoir de 1996 à 2001. Des accords avec les États-Unis sont également envisageables. Si les intérêts de Washington sont mis à mal par les talibans, il se peut qu'il soutienne à nouveau un front intérieur qui se soulève contre les nouveaux dirigeants de Kaboul.

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Une nouvelle guerre civile ?

Il va sans dire que si les habitants de la vallée du Panjshir décident de croiser le fer avec les talibans et d'offrir une résistance, ils pourraient sérieusement entraver la capacité de ces derniers à imposer un gouvernement unifié au mélange complexe de régions et de groupes ethniques de l'Afghanistan. Il convient de rappeler que les Tadjiks de langue farsi de l'ouest et du nord de l'Afghanistan, y compris ceux de la vallée de Panjsher, se sont toujours opposés aux Pachtounes du sud et de l'est qui forment le noyau des Talibans. Un Panjsher libre et militant peut également encourager d'autres chefs régionaux, chefs de milice et seigneurs de guerre qui ont maintenant été renversés par les talibans à résister.

Tout au long de leur histoire, les Afghans sont rarement restés unis sous une autorité centralisée. Malgré les menaces constantes qui pèsent sur l'existence de l'État, dans le passé, les différents groupes ethniques du pays n'ont jamais exprimé leur solidarité avec l'idée d'une cause nationale. C'est en grande partie ce défi permanent qui a contribué à la chute du gouvernement d'Ashraf Ghani. Dans ces circonstances, compte tenu des énormes griefs nourris par divers groupes, chefs et citoyens, il est peu probable que les talibans soient en mesure de former un "véritable" et "inclusif" gouvernement d'unité nationale dans un avenir prévisible. C'est précisément ce système de calcul qui pourrait devenir une arme décisive dans l'arsenal des adversaires des talibans.

Source : https://katehon.com/ru/article/pandzhsherskaya-dolina-ahillesova-pyata-talibov

Le court-circuit djihadiste provoqué par les États-Unis

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Le court-circuit djihadiste provoqué par les États-Unis

par Alberto Negri

Source : Alberto Negri & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-cortocircuito-jihadista-degli-stati-uniti

Scénarios. Ne gouvernant pas le chaos qu'ils ont eux-mêmes créé, les Américains ont tenté ensuite de l'utiliser à leur profit en Irak, en Libye et en Syrie. Nous sommes à l'avant-garde de nouveaux troubles. Et pas seulement en Afghanistan.

Il y a des djihadistes utiles et d'autres non. Il vaut mieux manœuvrer les djihadistes que les combattre, ont pensé les Américains après les échecs en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie. Avec les talibans, on peut aussi trouver un accord: ainsi, en 2018 déjà, ils ont demandé aux Pakistanais, parrains des talibans, de libérer le mollah Baradar (photo, ci-dessous) et les danses de Doha ont commencé. Un spectacle que tout le monde a apprécié parce que personne, à cette époque, ne s'y est opposé.

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Bien sûr, il fallait vendre les Afghans qui avaient cru en l'Occident aux anciens bourreaux, mais la Maison Blanche n'est nullement tourmentée de scrupules, tant avec Trump qu'avec Biden. Après tout, en octobre 2019, Trump avait vendu les Kurdes, courageux alliés des États-Unis contre Isis, à la Turquie d'Erdogan: où est le mal à le faire à nouveau? Après tout, l'OTAN et les Européens digèrent tout.

C'est en utilisant des extrémistes islamiques que les États-Unis ont commencé leurs aventures dans ces régions: dans les années 1980, avec le Pakistan et l'Arabie saoudite, ils ont soutenu les moudjahidines afghans contre l'URSS. Beaucoup étaient des djihadistes, mais en Occident, nous les appelions "combattants de la liberté". Ce fut un succès: l'URSS a perdu la guerre et s'est retirée en 1989, laissant un gouvernement qui a duré seulement trois ans de plus.

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Ensuite, les Américains ont également tenté en Syrie, avec la complicité de la Turquie d'Erdogan, de renverser Bachar El Assad: mais là, ils ont été stoppés en 2015 par la Russie renaissante de Poutine.

Lesdjihadistes avaient également contribué, à l'époque, à éliminer le régime de Kadhafi en 2011. Des guérilleros libyens et des djihadistes revenant d'Irak et d'Afghanistan étaient transportés de la Libye vers la Turquie pour traverser le territoire syrien avec des Tunisiens, des Tchétchènes, des Marocains, etc. La secrétaire d'État Hillary Clinton, dont l'équipe comprenait alors Toni Blinken, l'actuel chef de la diplomatie américaine, a pensé former une alliance de complaisance avec les djihadistes libyens anti-Assad en envoyant l'ambassadeur Chris Stevens à Benghazi: il a été tué par les salafistes d'Ansar Al Sharia le 11 septembre 2012. Et Clinton a perdu la Maison Blanche.

EN NE GÉRANT PAS le chaos qu'ils avaient eux-mêmes créé, les Américains ont essayé de l'utiliser contre leurs rivaux. En Irak, les États-Unis se sont retirés sous la présidence d'Obama en 2011, laissant le pays à son sort après l'avoir envahi en 2003 avec le mensonge des armes de destruction massive: le pays est tombé aux mains d'Al-Qaïda puis d'Isis.

Ces djihadistes ont été utiles pour enliser l'Iran, parrain du gouvernement local: en 2014, les Pasdarans et les milices chiites ont dû intervenir pour arrêter le califat aux portes de Bagdad. Bloquer le Croissant chiite et le mettre sous pression était le véritable objectif géopolitique de Washington. Une fois la mission accomplie, les Américains ont livré les Kurdes au massacre par les Turcs, éliminé Al Baghdadi et, le 3 janvier 2020, tué le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad avec un drone.

Maintenant, les États-Unis sont partis, pour la deuxième fois, même de l'Irak, laissant la place à l'OTAN avec un contingent sous le commandement de l'Italie. Et après la défaite à Kaboul, nous devons croiser les doigts, car ils laissent généralement une terre brûlée derrière eux.

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LES ACCORDS DE DOHA étaient censés rendre l'Afghanistan aux Talibans, complices d'Al-Qaïda le 11 septembre 2001, mais aussi héritiers des moudjahidines préférés des antisoviétiques. En bref, il s'agissait d'une bonne opération pour s'effacer et rétablir "l'ordre" après avoir constaté l'échec de l'exportation de la démocratie libérale.
Lorsqu'ils ont commencé à négocier au Qatar, les Etats-Unis étaient conscients qu'ils allaient démanteler la "bulle" pro-occidentale dans un Afghanistan déjà contrôlé à 50% par les Talibans. Il suffisait d'un coup de vent et tout s'effondrait entre leurs mains.

Le 2 juillet, les États-Unis ont fermé de nuit la base de Bagram, sans prévenir l'armée afghane, en coupant l'électricité et l'eau: Kaboul était alors déjà perdue. Le message a été dévastateur pour le moral des soldats afghans qui se sont également retrouvés sans couverture aérienne en raison du retrait des techniciens et des contractants. Le timing a été mal calculé et les États-Unis et l'OTAN se sont retrouvés dans le chaos de l'aéroport et dans une évacuation plus chaotique que celle de Saigon 1975, où, toutefois, il n'y avait pas de kamikazes à affronter.

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ISIS-KHORASSAN ne sort pas de nulle part. Fondée en 2015, elle a mené quelque 70 attaques et a massacré le 8 mai 55 étudiants à Kaboul. Les Américains, l'armée afghane, les talibans et même Al-Qaïda s'étaient mobilisés pour la combattre. Avec l'attaque de Kaboul, Isis-K avait quatre objectifs : 1) frapper les États-Unis ; 2) saper la crédibilité de l'"ordre" taliban ; 3) frapper le rival Al-Qaïda ; 4) envoyer un message au djihad mondial, de l'Asie à l'Afrique du Nord, du Moyen-Orient au Sahel. Le retrait américain peut provoquer un effet domino sur la sécurité internationale.

Ce que nous voyons est un avant-goût du chaos à venir en Afghanistan et dans d'autres régions critiques du monde. Maintenant, raccourcir le délai et fuir laisserait, selon la plupart des estimations, des centaines de citoyens américains et des milliers de collaborateurs afghans bloqués en territoire hostile. Tous les candidats deviennent des otages. Mais rester plus longtemps serait une invitation à de nouvelles attaques terroristes contre l'aéroport par Isis-K et, après le 31 août, par les Talibans eux-mêmes. Le court-circuit djihadiste, déclenché il y a 40 ans par les États-Unis, électrocute et incinère ses opérateurs maladroits.

Kaboul aujourd'hui signifie la fin de l'impérialisme. Nous n'avons plus besoin de l'OTAN

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Kaboul aujourd'hui signifie la fin de l'impérialisme. Nous n'avons plus besoin de l'OTAN

Entretien avec le diplomate italie Sergio Romano

Propos recueillis par Umberto De Giovannangeli

Source : Il Riformista & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/kabul-e-la-fine-dell-imperialismo-noi-non-abbiamo-bisogno-della-nato

"Kaboul est la fin de l'impérialisme, de l'occupation de l'Afghanistan, illimitée dans le temps", a déclaré l'ancien ambassadeur Romano.

sergio-romano-il-rischio-americano-9788830420205-3-197x300.jpgLes leçons sont toujours les bienvenues lorsqu'elles sont données par des "professeurs" qui ont maîtrisé le sujet avec sagesse et avec une réelle indépendance politique et intellectuelle. Une leçon d'histoire et de géopolitique. Il s'agit de celle accordée à Il Riformista par l'un des analystes les plus autorisés en matière de politique étrangère, un profond connaisseur de la "planète USA", ainsi que de celle de la Russie : l'ambassadeur Sergio Romano. Au cours de sa longue et prestigieuse carrière diplomatique, il a été, entre autres, ambassadeur auprès de l'OTAN et ambassadeur à Moscou (1985-1989), dans l'Union soviétique de l'époque. Il a été professeur invité à l'Université de Californie et à Harvard, et a enseigné aux Universités de Pavie, Sassari et Bocconi à Milan. Parmi ses nombreux écrits, citons, à propos de l'Amérique, Il rischio americano (Longanesi, 2003) ; Il declino dell'impero americano (Longanesi, 2014) ; Trump e la fine dell'American dream (Longanesi, 2017).

En août 2019, l'ambassadeur Romano a écrit un article pour le Corriere della Sera qui, à la lumière des événements actuels, a une sorte de valeur prophétique, et cela, dès le titre: "Afghanistan, la guerre inutile". Et les risques du retrait américain. "Les 18.000 soldats que le président Trump veut retirer d'Afghanistan sont présents dans la région depuis 18 ans. Ils sont arrivés en octobre 2001, avec quelques milliers de soldats européens, lorsque le gouvernement américain, après l'attaque terroriste d'Al-Qaïda contre les tours jumelles, a demandé au gouvernement de Kaboul d'extrader son chef, Oussama ben Laden, qui avait trouvé refuge dans le pays. Les Afghans ont invoqué le devoir sacré d'hospitalité et les forces américaines ont répondu en envahissant l'Afghanistan. Ils ont gagné rapidement sur le terrain, mais ont dû se rendre compte qu'une victoire militaire dans les montagnes de l'Afghanistan peut être illusoire. Les Britanniques et les Russes l'avaient déjà appris lorsqu'ils se sont disputé le pays au XIXe siècle, dans un jeu qui a duré plusieurs décennies et qui a été appelé le "grand jeu". Les Soviétiques l'ont également appris lorsqu'ils sont intervenus militairement en 1979...". L'Amérique avait l'intention de participer à ce "grand jeu". En perdant.

Fuite, trahison, reddition de l'Ouest. Beaucoup se sont aventurés à définir les événements en Afghanistan. Ambassadeur Romano, quelle est votre clé d'interprétation?

Je ne veux pas aller trop loin, mais je pense que pour comprendre les événements d'aujourd'hui, il est bon de remonter dans le temps, dans ce cas à l'époque des empires coloniaux qui ont caractérisé l'histoire des États-Unis et de l'Europe pendant de nombreuses décennies. Aujourd'hui, les empires coloniaux sont en train de disparaître. Ces empires n'ont plus aucune raison d'exister. Mais un certain désir de continuer à récupérer les pouvoirs perdus existe toujours dans les sociétés politiques des États-Unis, de l'Europe, de l'Occident en général. Il y a toujours une tentative de récupérer les espaces perdus. L'Afghanistan est donc devenu, pour ainsi dire, le morceau le plus convoité, notamment en raison du grand désordre qui y a toujours régné. Tout cela a ouvert des perspectives. Cela dit, il faut se demander si tout cela avait un sens dès le départ. Parce que, franchement, à l'époque des empires coloniaux, cela avait un sens: il y avait une compétition, cette compétition était en quelque sorte justifiée par les relations internationales et aussi dans certains cas par des considérations purement économiques, c'est-à-dire qu'il y avait là quelque chose qui pouvait être utile aux divers protagonistes en place et donc ils ont tous essayé de mettre la main dessus. Dans cette affaire afghane, il y a une note de contre-temps, ce qui la rend parfois même un peu ridicule. Ce jeu de l'impérialisme défunt....

8830439924SRam9788830439924-195x300.jpgEn Europe, et aussi dans notre pays, un doigt accusateur a été pointé sur Joe Biden. Et maintenant, Trump a rejoint le mouvement. Considérez-vous le président américain comme un "traître" pour les Afghans ?

Non. Au contraire, cela me suggère une autre considération qui concerne les États-Unis en particulier. Je dis cela parce que je ne me souviens pas d'une autre situation dans laquelle un président américain a été une victime de ce genre, esclave de motifs strictement électoraux. Une petite élection qui se profile à l'horizon, une visite dans un endroit où il y a des gens qui, je l'espère, voteront pour moi aux prochaines élections, mais je sais qu'ils ont ce désir particulier, cette fixation particulière... Bref, non seulement les États-Unis font partie des pays qui, d'un point de vue impérial, sont les plus menacés, parce qu'ils sont en train de perdre ce qu'ils avaient, si, du moins, on pouvait considérer qu'ils possédaient réellement l'Afghanistan, mais, de plus, ils sont aussi très conditionnés par des considérations purement électoralistes. Et les considérations de cette nature produisent d'autres difficultés et problèmes. C'est ainsi et ce sera encore le cas pendant un certain temps.

En parlant de ça, précisément. Il y a vingt ans, l'intervention militaire en Afghanistan était justifiée comme un acte nécessaire dans la guerre contre le terrorisme, après l'attaque des tours jumelles. Maintenant, Biden, s'adressant en rafale au peuple américain, prétend que cet objectif a été atteint avec l'expulsion d'Al-Qaïda d'Afghanistan et l'élimination d'Oussama Ben Laden. Mais si c'est le cas, que faisons-nous dans ce pays depuis tout ce temps ?

Ici aussi, il faut revenir une fois de plus à ce problème de la crise des empires coloniaux. Lorsque les empires coloniaux sont devenus plus acceptables qu'ils ne l'avaient été dans le passé mais davantage critiqués par une partie de l'opinion publique, il est arrivé que de nombreux pays tentent de leur donner une couverture sublime en disant qu'ils étaient des pays de bons maîtres philanthropiques, qu'ils aideraient les générations futures de leurs citoyens coloniaux à devenir des citoyens modernes. Nous nous sommes tous, d'une manière ou d'une autre, promus ainsi en tant que maîtres, en tant qu'enseignants généreux dans un monde colonial, comme pour racheter notre passé de colonialistes et, en même temps, pour préserver une présence, parce que c'était ce qui était vraiment prévu. Et donc nous constatons ces situations, où les gens justifient leur présence ou leur désir d'être présents, avec un bel alibi moral. Ce en quoi il faut croire, ce sur quoi il faut parier ces jours-ci est plutôt limité, mais quant au sujet de notre conversation, je dirais que cette condescendance post-colonialiste est ce qui s'est réellement passé, et cela, permettez-moi d'ajouter, en regardant ces vingt années.

519YWQ7XUYL._SX336_BO1,204,203,200_.jpgEn parlant d'empires. L'Afghanistan a été appelé, historiquement, "le cimetière des empires". Est-ce aussi le "cimetière" de l'OTAN ?

J'avoue qu'il ne faut jamais dire oui d'avance à quelque chose que l'on veut mais qui ne s'est pas encore réalisé. Parce que franchement, si cela devait se produire, je dirais tout d'abord que cela découle d'une certaine logique. Parce que l'OTAN aussi est dans une situation similaire à certains égards, d'un point de vue politique et moral, à ce que je vous disais tout à l'heure, c'est-à-dire similaire à ces empires qui se promeuvent comme enseignants, missionnaires, savants. L'OTAN est également à la recherche d'un rôle international. Avec la fin de la guerre froide, l'OTAN aurait dû se retrouver dans la catégorie des organisations internationales au chômage. Et comme à un certain moment, certaines personnes, même de bonne foi, ont pensé qu'après tout, l'OTAN représente encore un lien de l'Europe avec les États-Unis qu'il ne serait pas prudent de gâcher, il y a donc cette tentative de l'OTAN de se réévaluer, de démontrer qu'elle a encore un but, une certaine utilité. Je regarde surtout vers nous, vers l'Europe, parce qu'en Europe il y a des pays et des groupes sociopolitiques qui raisonnent en ces termes sur l'OTAN. Ce discours de revalorisation de l'OTAN en ces termes présente un inconvénient extraordinaire pour nous, Européens. Parce que cela nous fait oublier que le prochain mouvement de l'Union européenne devrait être de reconstruire la CED, la Communauté Européenne de Défense, qui avait été par la suite torpillée par le Parlement français. Nous devons faire revivre la CED. Elle ne s'appellera plus comme ça, elle s'appellera l'Union européenne de défense ou quelque chose comme ça. Nous n'avons plus besoin de l'OTAN. Nous avons besoin de l'Union européenne de défense (UED).

En Italie, un débat s'est ouvert sur le fait de négocier ou de ne pas négocier avec les Talibans. Entre-temps, le directeur de la CIA a rencontré le chef des talibans à Kaboul il y a quelques jours. Comment dire? N'y a-t-il pas un peu d'hypocrisie dans tout ce tapage?

Je dois dire que le réalisme finit toujours par l'emporter. Et même ceux qui se sont exposés en déclarant qu'il était impossible de parler aux talibans finiront tôt ou tard par dire qu'il faut parler aux talibans. Il s'agit d'un type de logique qui présente de nombreux inconvénients. Car lorsque vous parlez à une organisation qui est si éloignée de ce que nous considérons comme la démocratie politique, ou l'État de droit, ou encore l'égalité des sexes, etc., c'est comme si vous l'aviez promue, autorisée à exister. J'avoue que cela me dérange un peu. L'idée que nous devions parler à ces gens m'agace. Bien sûr, chacun a sa propre justification pour exister, mais parler à ceux qui, à moins de changer d'avis, continueront à être ce qu'ils ont toujours été, eh bien, c'est vraiment difficile à accepter. Ils sont la négation de tout ce que nous considérons comme utile pour le plus grand nombre de personnes possible. Ils sont exactement le contraire. Parce que les Talibans ne sont pas une formation politique. Ce sont des "missionnaires". Et raisonner avec les missionnaires n'est jamais facile, et parfois c'est même carrément  inutile.

dimanche, 29 août 2021

Échecs et Jeu de Go : les deux philosophies opposées des États-Unis et de la Chine

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Échecs et Jeu de Go : les deux philosophies opposées des États-Unis et de la Chine

Federico Giuliani

Ex: https://it.insideover.com/politica/scacchi-e-go-le-due-filosofie-opposte-di-usa-e-cina.html

En observant ce qui se passe en Afghanistan, et en retraçant ce qui s'est passé sous ces latitudes ces dernières années, il est possible de comparer deux approches différentes utilisées par les puissances mondiales pour faire des incursions à Kaboul et dans ses environs.

La première approche, adoptée par les Etats-Unis et, plus généralement, par les puissances occidentales, vise essentiellement à atteindre les objectifs fixés. À tout prix, sans compromis et sans prendre de raccourcis. L'autre, beaucoup plus pragmatique et attentiste, suit le comportement de la Chine, ce qui renvoie à l'esprit asiatique dans la résolution des affaires de la vie. Dans ce cas, au lieu de mener une action verticale, il est préférable d'encercler la cible sans la frapper, en attendant sa capitulation qui, tôt ou tard, devra venir.

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Soyons clairs: ces deux façons de traiter l'adversaire géopolitique ne sont pas construites à la planche à dessin et ne peuvent pas être définies comme de véritables stratégies. Beaucoup plus simplement, nous nous trouvons devant deux modes opératoires qui peuvent être placés aux antipodes et dictés par des contextes culturels différents. De ce point de vue, l'Ouest et l'Est peuvent être considérés comme deux extrêmes diamétralement opposés, tandis que les États-Unis et la Chine incarnent les "idéaux types" parfaits des approches mentionnées.

L'approche américaine (et occidentale) : la partie d'échecs

Nous pouvons faire une comparaison pour mieux comprendre la différence entre ces deux approches. L'attitude géopolitique utilisée par les Américains en Afghanistan suit les principes appliqués dans le jeu d'échecs ; au contraire, l'approche chinoise propose les règles du go (ou weiqi), un jeu de société similaire mais en même temps différent des échecs.

Dans le détail, deux philosophies opposées sous-tendent ces modus operandi. En comparant les stratégies des échecs et du go, il est possible de déduire une "philosophie de l'attaque" que l'on retrouve également dans les actions de politique étrangère de Washington et de Pékin. Alors qu'aux échecs l'objectif est d'abattre le roi par une attaque directe, auquel cas tous les autres pions sont éliminés, au go il existe un plan d'encerclement visant à neutraliser l'ennemi grâce à la force qui l'entoure et l'empêche de se déplacer.

En d'autres termes, aux échecs, le but est de dominer le centre du terrain afin d'obtenir un échec et mat. Les deux adversaires contrôlent une "armée" de 16 pions, chacun d'importance variable, dont un roi chacun. Dès qu'un des deux rois est "mangé", la partie est terminée avec la victoire de celui qui a réussi à manger le roi de son adversaire. Le concours se termine par l'anéantissement de l'adversaire. L'un des deux challengers devient ainsi le maître du territoire après avoir détruit l'autre. Et c'est précisément l'approche utilisée par les États-Unis en Afghanistan (et ailleurs).

L'approche chinoise : le jeu de go

Le discours du weiqi est différent, comme l'a souligné le site web China Files. Le go répond à une philosophie bien éloignée de celle qui guide les échecs. Dans ce cas, les deux joueurs doivent placer des pions d'importance égale sur une grille de 19×19 lignes. Calculatrice en main, il y a 361 intersections sur un plateau de Go, ce qui est beaucoup plus qu'aux échecs. Il y a deux camps, les Blancs et les Noirs. Mais personne n'est obligé de manger quelqu'un d'autre. Au début de chaque tour, chaque challenger place sa pierre dans l'une des intersections libres. L'objectif ici est de placer les pièces de manière à encercler celles du challenger.

Le but du go n'est donc pas d'anéantir l'adversaire, mais de contrôler une plus grande surface de la table que l'ennemi. De ce point de vue, la stratégie de la politique étrangère chinoise semble suivre la voie d'un joueur de Go. En Afghanistan, Pékin a essentiellement encerclé Kaboul par le biais d'accords commerciaux, de réunions et de dialogues de toutes sortes, afin d'amener le pays sous son influence géopolitique sans y faire la guerre. Il reste à voir laquelle des deux stratégies, surtout à long terme, portera le plus de fruits.

La revue de presse de CD - 29 août 2021

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La revue de presse de CD

29 août 2021

ÉCONOMIE

La France prise au piège de sa dette

La notion d’argent devient compliquée lorsque l’on dépasse le million d’euros. Pour le milliard d’euros et au-delà, le premier réflexe est de dire « c’est beaucoup d’argent » ! Qu’en est-il de la dette ?

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/08/23/403509-la-france-...

ÉDUCATION

Les MOOCs, une alternative au monopole éducatif

La période de rentrée scolaire est propice à toutes les annonces et polémiques sur les sujets les plus mineurs concernant l’éducation (jusqu’à la récente décision du ministère de l’Éducation nationale d’interdire les pokémons rares dans les établissements). C’est à croire que ces bruits médiatiques stériles constituent une diversion face à l’absence totale de perspectives et de débats sur les grands sujets de fond concernant l’élaboration des programmes (imposés d’en haut), les pratiques pédagogiques ou encore les carrières des enseignants. La grande absente des discussions de cette rentrée est la question de l’enseignement numérique et de son dernier avatar : les MOOCs (Massive Open Online Courses) traduits en français par CLOM (Cours en Ligne Ouverts et Massifs).

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/08/25/264503-moocs-alte...

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ÉTATS-UNIS

Julian Assange et l’Espionage Act (4/6) : Pendant la Guerre chaude et froide

À quelques exceptions près, les journaux américains se sont volontairement autocensurés pendant la Seconde Guerre mondiale avant que le gouvernement ne le leur dicte. Pendant la guerre de Corée, le général Douglas MacArthur a déclaré qu’il ne souhaitait pas « rétablir la censure en temps de guerre » et a plutôt demandé à la presse de s’autocensurer. Il l’a largement obtenue jusqu’à ce que les journaux commencent à faire état des pertes américaines sur le champ de bataille.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/julian-assange-et-l-espionage-a...

Julian Assange et l’Espionage Act (5/6) : Les Pentagon Papers

La décision de la Cour suprême de 1971 contre l’injonction de « restriction préalable » de l’administration Nixon à l’encontre du New York Times, permettant à la presse de continuer à publier les Pentagon Papers, est bien connue. Ce que l’on sait moins, c’est que le ministère de la Justice de Nixon a constitué un grand jury à Boston dans l’intention d’inculper des journalistes du Times, du Washington Post et du Boston Globe en vertu de la l’Espionage Act pour avoir publié des articles basés sur les Papers qui étaient classifiés.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/julian-assange-et-l-espionage-a...

Nouvelle défaite judiciaire pour Julian Assange

En janvier 2021, la juge Vanessa Baraitser avait refusé la demande d’extradition de Julian Assange aux États-Unis. Ceux-ci ont demandé à contester la décision. Le 11 août, la Haute cour du Royaume-Uni leur a donné une première satisfaction, en étendant le périmètre des questions sur lesquelles ils pouvaient faire appel. Les défenseurs de Julian Assange dénoncent cette reculade de la justice britannique face aux pressions américaines.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/julian-assange-pourrait-etre-extrade-aux-...

FRANCE

Immigration et démographie urbaine : les cartes à peine croyables de France Stratégie

Seine Saint-Denis, Paris intra-muros… mais aussi Rennes ou Limoges (!): la proportion des 0-18 ans nés de deux parents extra-européens explose dans de nombreuses aires urbaines. Un basculement démographique historique. Analyses et cartes. Accrochez vos ceintures.

Causeur

https://www.causeur.fr/immigration-et-demographie-urbaine...

Rentrée 2021 : open bar pour Bercy avant la présidentielle !

Pour Emmanuel Macron, la politique de l’open bar qui déborde de tous les guichets publics doit être interprétée comme une politique responsable visant à « protéger » les Français, pas comme une fuite en avant…

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/08/26/403778-rentree-20...

GAFAM

Apple scanne les messages sur iCloud Mail depuis 2019

L’annonce du déploiement par Apple de nouveaux outils pour détecter les images de pédopornographie a créé une vive controverse. Si la firme a avoué avoir mal présenté ses fonctionnalités, une enquête du média 9to5Mac démontre que la firme de Cupertino scanne les courriels des utilisateurs d’iCloud Mail depuis deux années déjà.

Siècledigital

https://siecledigital.fr/2021/08/24/apple-scan-icloud-mai...

Désinformation : ce rapport que Facebook a préféré cacher

Alors que Biden avait publiquement mis en cause le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de la désinformation sur la pandémie de coronavirus, Facebook a décidé d’enterrer un rapport susceptible de ternir son image en la matière, d’après les révélations du New York Times.

Front populaire

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co614720/desinformati...

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GÉOPOLITIQUE

L’Afghanistan, éternel « tombeau des empires ».

L’humiliation des Américains à Kaboul n’est en rien une surprise. Ils n’ont rien voulu apprendre ni comprendre de ce « pays des Cavaliers » (Kessel), ni des expériences passées. Les flux et reflux de l’histoire permettent pourtant d’y voir plus clair dans la situation présente. Récit et explication de Philippe Conrad.

Institut Iliade

https://institut-iliade.com/lafghanistan-eternel-tombeau-...

Qui est capable de vaincre les Talibans en Afghanistan ?

Le triomphe des Talibans donne le sentiment d’être total. En ce moment même, plusieurs chefs militaires et politiques afghans rassemblent leurs forces pour combattre les « Taliban ». Qui sont ces hommes, quelles régions et quelles ressources sont derrière eux – et ont-ils une chance de vaincre les fanatiques religieux qui ont si facilement pénétré dans Kaboul ? L’opposition anti-talibane s’est soudain découvert plusieurs “parrains” en même temps. Il semblait pourtant que jusqu’à il y a deux jours, personne n’aurait pensé que quelqu’un résisterait aux “étudiants”.

Geopragma

https://geopragma.fr/%d0%ba%d1%82%d0%be-%d1%81%d0%bf%d0%b...

PROCHE-ORIENT

Le statu quo perdure et les civils continuent de souffrir

Israël a de nouveau bombardé illégalement la Syrie cette semaine, violant l’espace aérien libanais pour ce faire et mettant en danger la vie d’un nombre incalculable de civils. Et après cela, encore une fois, silence radio des médias. Jeudi 20 août, peu après 23 heures, des missiles israéliens ont visé les environs de Damas et Homs, selon un communiqué de l’armée syrienne. Le Centre de réconciliation russe pour la Syrie a déclaré qu’Israël l’avait fait via six avions qui ont tiré 24 missiles guidés sur la Syrie [dont 22 ont été interceptés par les défenses syriennes, d’après les forces armées russes en Syrie].

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/08/23/pourquoi-les-frappe...

RÉFLEXION

Allons-nous continuer la recherche ?

La « crise » sanitaire (celle du Covid-19) ramène une fois de plus à l’esprit une question et un questionneur que la corporation scientifique s’efforce d’ignorer, d’éliminer et d’enfouir depuis un demi-siècle. Le questionneur est pourtant un scientifique lui-même, mathématicien de génie reconnu comme tel par ses pairs, et son questionnement est on ne peut plus scientifique : « Pourquoi faisons-nous de la recherche scientifique ? A quoi sert socialement la recherche scientifique ? Allons-nous continuer à faire de la recherche scientifique ? »

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&...

Comment la démographie bouleverse le monde

Qu’est-ce que la démographie ? Commençons par un petit rappel étymologique : si la démocratie c’est le pouvoir du peuple, la démographie, c’est écrire (graphie) les peuples, c’est-à-dire les décrire. Les compter d’abord, globalement puis par tranche d’âge. Et, en principe aller plus loin : étudier les langues, les races etc. mais sur ce point on se heurte souvent à des obstacles politiques.

Conflits

https://www.revueconflits.com/demographie-chine-afrique-e...

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Le mythe du Pass sanitaire garant des libertés

L’horizon « libéral » pro-pass sanitaire et pro-obligation vaccinale, c’est la prohibition a priori de tout comportement à risques pour autrui, sous prétexte que leur réalisation pourrait constituer un délit.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/08/28/403967-le-mythe-d...

RUSSIE

Nord Stream 2 : Les États-Unis exhortent l’Ukraine à rester calme au sujet du pipeline russe

Dans le cadre de négociations tendues avec Berlin au sujet d’un pipeline controversé reliant la Russie à l’Allemagne, l’administration Biden demande à un pays ami de taire son opposition véhémente. Et cela ne plaît pas à l’Ukraine. Les responsables américains ont fait savoir qu’ils avaient renoncé à entraver le projet, connu sous le nom de gazoduc Nord Stream 2, et qu’ils s’efforçaient désormais de limiter les dégâts en concluant un grand accord avec l’Allemagne. Dans le même temps, les responsables de l’administration ont discrètement exhorté leurs homologues ukrainiens à ne pas critiquer un accord à venir avec l’Allemagne concernant le gazoduc, selon quatre personnes ayant eu connaissance de ces conversations.

Les-crises.com

https://www.les-crises.fr/nord-stream-2-les-etats-unis-ex...

SANTÉ

Covid-19 et point de situation dans le monde au 21 août. Quels sont aujourd’hui les premiers résultats de l’expérimentation vaccinale de masse ?

Nouveau décryptage du général Delawarde. 32,3% de la population mondiale aurait reçu au moins une dose d’un vaccin COVID-19 et 24,3% seulement seraient complètement vaccinés. 4,91 milliards de doses auraient été administrées dans le monde et 34,94 millions seraient désormais administrées chaque jour, en utilisant trop souvent des mesures coercitives, dans des pays occidentaux qui voudraient se poser en modèle pour le reste du monde. 1,3% seulement des habitants des pays à faible revenu ont reçu au moins une dose. Ils ont, il est vrai, parce qu’ils sont plus jeunes, une mortalité Covid très inférieure aux pays les plus vaccinés.

Breizh-info

https://www.breizh-info.com/2021/08/23/169324/covid-19-et...

Voie Balte 2021 : une chaîne humaine contre la « dictature sanitaire »

Ce 23 août, à partir de 19 heures, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé à la Voie Balte 2021 (Baltic Way 2021), une chaîne humaine reliant Tallinn (Estonie) à Vilnius (Lituanie) en passant par Riga (Lettonie), une manifestation transnationale largement inspirée du mouvement historique de la voie balte organisée le 23 août 1989 et qui mena à l’indépendance des Pays baltes.

Visegradpost

https://visegradpost.com/fr/2021/08/24/voie-balte-2021-un...

 

Les ombres de la surveillance de masse et des régimes éternels

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Les ombres de la surveillance de masse et l'ère des régimes éternels

Emanuel Pietrobon

Ex: https://it.insideover.com/societa/le-ombre-del-controllo-permanente-e-dei-regimi-eterni-sul-futuro-del-mondo.html

L'avenir (in)évitable du monde semble être celui de la surveillance de masse. Un avenir auquel personne ne pourra échapper, car les microphones et les caméras seront partout, et qui changera radicalement l'histoire de l'humanité, peut-être pour toujours. Car ce futur, qui se matérialise progressivement sous nos yeux, ne rencontrant que peu ou pas de résistance de la part des Humains, pourrait être le début d'une nouvelle ère: l'ère des régimes éternels.

Il n'y a pas de retour en arrière possible en matière de surveillance

L'avenir du monde est illibéral, que nous l'acceptions ou non, et par illibéral nous n'entendons pas un avenir dominé par les populismes de droite de mémoire trumpienne, mais un avenir dominé, précisément, par la réduction des libertés individuelles. Un avenir dominé, en somme, par des régimes politiques qui commettent des actes liberticides sous prétexte de protéger les libertés de la collectivité.

Ces manoeuvres liberticides seront acceptées par les masses, qui les accueilleront comme les Troyens en leur temps ont ouvert les portes au Cheval d'Ulysse, et cela pour trois raisons: ils seront intoxiqués par les pluies torrentielles issues des clouds du biopouvoir - des psyops créés pour tromper l'opinion publique -, ils seront assommés par les effets soporifiques de l'hypnopédie et du soma - toute référence à Aldous Huxley est purement intentionnelle - et ils seront empêchés de se rebeller contre les abus de la techno-tyrannie parce qu'ils sont contrôlés en permanence par Big Brother.

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Les plus sceptiques pourront taxer ce scénario d'irréalisme et de pessimisme anthropologique, le croyant entaché d'une fascination pour la dystopie apocalyptique, mais leurs convictions ne peuvent et ne veulent pas altérer la réalité des faits. Et la réalité des faits, c'est-à-dire le cours des événements, suggère que le monde se dirige depuis un certain temps déjà vers le destin du contrôle permanent. Edward Snowden, Yuval Harari et Jean-Luc Mélenchon, trois personnalités très différentes qui, après avoir observé de près le dégagement de la surveillance de masse et la répression de la dissidence pendant la pandémie, nous ont récemment mis en garde contre cette dérive, invitant les citoyens ordinaires à prendre acte de l'émergence progressive de nouveaux totalitarismes.

Vers la montée des régimes éternels ?

Les régimes de contrôle permanent, qu'ils soient occidentaux ou basés dans le reste du monde, ont certaines particularités en commun. La plus importante, sans aucun doute, est liée à leur raison d'être: ils sont créés pour satisfaire des objectifs extemporanés - de la lutte contre le terrorisme à la lutte contre une pandémie - et, une fois l'urgence passée, ils sont maintenus intacts sous réserve de leur utilité pour la sécurité publique et le bien-être collectif. Et ceux qui s'opposent à une mesure destinée à protéger la collectivité ne peuvent, à l'évidence, qu'être nuisibles, qu'ils soient porteurs de sombres secrets, qu'ils soient poursuivis (et poursuivables) au nom de la présomption de culpabilité.

Les régimes éternels sont déjà là, bien que peu l'aient remarqué. Ils sont très répandus, présents sur toutes les masses continentales et régissent un nombre croissant d'États-nations. Ce sont les régimes politiques qui emploient des contrôleurs de réseau - Google, Facebook, Twitter, YouTube et similaires - pour faire taire les dissidents, en les dé-plaçant. Qui, à la fin d'une crise, normalisent l'extraordinaire exceptionnel - constitué de caméras intelligentes pour la reconnaissance faciale, de drones pour le contrôle territorial et de suivi illégal des téléphones portables - en persuadant les citoyens de la bonté et du caractère inévitable de la "nouvelle normalité". Qui réécrivent le passé en renversant les statues et en réécrivant les livres, et qui dominent le présent en imposant des outils orwelliens tels que la psychoréalité, la bisexualité, la bien-pensance, le néo-langage et les moments de haine. Et qui, enfin et surtout, introduisent des états policiers et des formes d'euthanasie de la pensée et de la créativité, comme le système de crédit social, sous couvert de concordia civium murus urbium.

Les régimes éternels sont donc déjà là, et ils sont tels parce qu'ils sont incroyablement capables de légitimer leur existence aux yeux des masses et de réprimer la dissidence par une surveillance omniprésente et la stratégie éternelle de la polarisation induite - les poches d'opposition, au-delà de leur danger réel, sont isolés et suscitent la haine de la majorité manipulée par la propagande - possèdent les capacités régénératrices de l'Hydre de Lerne - dont ils partagent également la toxicité, le génie malin et la propension à tromper.

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Les implications de l'éternisation des régimes politiques

Nous sommes à l'ère des guerres hybrides et sans limites, où tout est ou peut être une arme: des organisations non gouvernementales qui peuvent endoctriner la population de leur rival aux multinationales qui peuvent coloniser des secteurs productifs entiers, des pirates informatiques qui peuvent faire s'effondrer des infrastructures critiques telles que des hôpitaux et des centrales électriques, et des médias, tant nouveaux que traditionnels, qui peuvent diviser les sociétés jusqu'à la guerre civile.

La lente montée en puissance des régimes éternels est cependant destinée à modifier profondément cette façon de faire la guerre et à changer le concept même des relations internationales. Parce qu'un régime éternel, par définition, exerce un contrôle total et omniprésent sur tout ce qui concerne l'État, et est potentiellement capable de se régénérer, et de progresser avec l'âge sans sombrer dans la démence sénile, grâce à l'utilisation de la surveillance de masse. Une surveillance qui dote la classe dirigeante d'un large éventail de pouvoirs, dont la répression préventive des soulèvements populaires, la transformation des opposants en lilliputiens, en Emmanuel Goldstein, et la réduction significative des marges de manœuvre des cinquièmes colonnes.

Ces pouvoirs découlent de l'expansion sans précédent d'une nouvelle forme de surveillance - miniaturisée parce qu'elle est introduite dans les foyers et dûment fixée parce qu'elle peut être projetée partout, des places aux gares -, rendue possible par le progrès technologique et emblématisée par l'expansion des télécaméras intelligentes, le dronage du ciel à des fins policières et la dépendance croissante des gens à l'Internet des objets et du corps.

L'histoire décidera de récompenser ou de condamner cette prédiction qui, si elle se réalise un jour, pourrait annoncer le début d'une ère de confrontations hégémoniques longues et économiquement inconfortables parce qu'elles opposeront des puissances dotées d'un pouvoir thaumaturgique d'auto-guérison. Des puissances éternelles telles que l'Eurasie, l'Eastasie et l'Océanie. Des puissances dont l'existence nous semble être une fiction irréalisable, mais qui existent, aujourd'hui encore, et qui, entre une urgence et une autre, transforment lentement leurs rêves de vie éternelle en réalité.

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samedi, 28 août 2021

Sur le guerrier Whig et sa métaphysique

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Sur le guerrier Whig et sa métaphysique

Ex: https://fnordspotting.blogspot.com/

Lorsqu'un président démocrate vient de se retirer du pays autrefois envahi par l'un de ses prédécesseurs républicains, il peut sembler à première vue que tout se passe comme d'habitude. Le fait que les républicains soient des faucons et les démocrates des colombes n'est pas seulement une notion de longue date, mais aussi une notion si répandue qu'elle est largement considérée comme allant de soi. Historiquement, c'est également tout à fait correct, puisque les Républicains sont le parti américain qui remplit aujourd'hui le rôle des Tories, tandis que les Démocrates remplissent le rôle des Whigs.

Dans le contexte de l'hégémonie libérale, deux des principales fonctions des partis tories ont traditionnellement été de sauver leurs rivaux whigs d'eux-mêmes lorsqu'ils deviennent (comme ils le font souvent) trop radicaux même pour leur propre bien, et de sauver la nation des menaces extérieures en période de troubles, d'agitation et d'instabilité. Par conséquent, la mère de tous les partis whigs a eu plus ou moins le monopole du pouvoir en Grande-Bretagne pendant une grande partie du 18e siècle, classiquement libéral, jusqu'à ce que la Révolution française éclate.

Exaspéré par l'attrait que le chant des sirènes jacobines venu du continent s'est soudainement avéré exercer sur les principaux représentants whigs, le peuple britannique a nommé un cabinet tory, chargé non seulement de sauvegarder l'héritage de la révolution whig de 1688, mais aussi de diriger les décennies de guerre contre les armées de conscrits révolutionnaires puis napoléoniennes qui ont suivi, et il faudra attendre près d'un demi-siècle¹ avant que les whigs ne regagnent la confiance des Britanniques pour former à nouveau un gouvernement. Le schéma se poursuit ; pendant les guerres de Crimée et des Boers, la Grande-Bretagne est à nouveau dirigée par des ministres conservateurs.

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La Première Guerre mondiale éclate sous la surveillance d'un gouvernement whig, mais celui-ci se révèle rapidement inapte à la tâche et est contraint de compter de plus en plus sur le soutien des tories. À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, non seulement les Britanniques laissent les Tories aux commandes, mais Neville Chamberlain, qu'ils jugent beaucoup trop sage, est rapidement remplacé par l'archétype aristocratique Winston Churchill. De même, lorsque l'Argentine a occupé les Malouines plusieurs années plus tard, c'est un dirigeant conservateur qui, à la consternation de la gauche, a choisi d'entrer en guerre pour les récupérer, ce qui a grandement contribué à ce qu'un gouvernement impopulaire et irresponsable gagne le cœur des gens d'une manière très inattendue et mette ainsi en œuvre son programme visant à restaurer la confiance dans une Grande-Bretagne durement éprouvée par la domination radicale des Whigs².

Le fait que les rôles de Tories et de Whigs en Amérique soient occupés respectivement par les Républicains et les Démocrates permet de supposer que ce sont les Républicains qui sont les plus belliqueux des deux partis. Comme nous venons de le voir, l'image conventionnelle de ces derniers semble être confirmée par l'histoire également, mais le problème de cette image est que les preuves statistiques sous-jacentes se limitent à Ronald Reagan et George Bush le jeune. Depuis la révolution de Franklin Delano Roosevelt dans les années 30, ce sont en fait les démocrates qui ont assumé le rôle du parti qui défend, promeut et étend les intérêts de l'empire américain par la force des armes.

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Si le modèle s'était maintenu, le peuple américain n'aurait pas confié à Roosevelt les cordons de la bourse en 1936 ou 1940, afin de laisser les conservateurs mener l'épreuve de force que tout le monde voyait venir. Au lieu de cela, non seulement FDR a regagné la confiance à plusieurs reprises, mais il a également été l'un des principaux moteurs de l'engagement américain dans la guerre. En outre, le projet Manhattan, qui s'est terminé par la destruction de deux villes japonaises sous des champignons atomiques, vus à travers des lunettes d'historien, était un exemple classique d'une opération tory. Sauf, bien sûr, pour le petit détail que la bombe atomique a été, du début à la fin, un projet whig.

Cette entorse à l'ordre naturel des choses ne s'est pas terminée avec la fin de la guerre ; au contraire, tant la pax americana que la guerre du Vietnam étaient des projets whigs. Lorsque Kennedy est arrivé au pouvoir et que son soutien tiède à l'invasion de Cuba prévue par l'administration Eisenhower a conduit à l'échec de la baie des Cochons, beaucoup ont pu penser que l'ordre ancien était désormais rétabli, mais lorsque le nouveau régime whig a poussé le monde au bord de la guerre nucléaire un an et demi plus tard lors de la crise des missiles de Cuba, il est apparu clairement que ce n'était pas le cas.

Alors que le Viêt Nam devenait un traumatisme américain, c'est le républicain Richard Nixon, téméraire et impitoyable, selon l'histoire des Whigs, qui a finalement dû mettre fin à l'impopulaire conscription et à la guerre, et c'est ironiquement pendant la période où Reagan était au pouvoir que les tentatives du président whig Jimmy Carter de rétablir une infrastructure qui permettrait de reprendre la conscription si nécessaire se sont transformées en un tigre de papier édenté. Dit autrement, l'élection présidentielle de 2016 s'est déroulée entre une candidate whig belliqueuse et son rival tory isolationniste, ce qui n'est pas l'expression de quelque chose de nouveau mais, au contraire, le reflet d'un schéma qui perdure depuis les désormais célèbres années 1930.

Comment expliquer alors que ni les Tories ni les Whigs ne remplissent plus leurs rôles historiques, et que rien n'est donc ce qu'il paraît ? La réponse se trouve dans l'élection présidentielle de 1932 et dans le fait que, pour des raisons qui avaient beaucoup plus à voir avec les cordons de la bourse qu'avec des questions géopolitiques, les Américains ont voté pour un dirigeant qui a rompu avec toutes les conventions et a donc mis le monde sur une voie complètement nouvelle. Le parti démocrate que Franklin Delano Roosevelt a pris en charge était fortement marginalisé depuis la guerre civile et constituait une plate-forme qu'aucun acteur de pouvoir opportuniste n'avait choisi de faire sienne, mais tout cela était sur le point de changer au cours de sa période record au pouvoir.

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Comme Lincoln avant lui, Roosevelt est venu redéfinir fondamentalement le type d'État américain. Les démocrates sont devenus le nouveau parti de l'establishment, le pays a assumé le rôle de la Grande-Bretagne en tant qu'hégémon mondial, et sans que cela ne change quoi que ce soit, la Constitution a pris un sens très différent pendant son mandat qu'à l'époque de son prédécesseur, Herbert Hoover. À la mort de FDR, les États-Unis étaient un empire whig pour lequel rien de moins que la domination mondiale n'était bon, et les démocrates étaient désormais le parti chargé de protéger cet ordre. Ces dernières années, même les vieux bastions tories de l'État profond, tels que la police de sécurité et les services de renseignement, sont tombés aux mains des partis whigs, de sorte que l'on peut dire que la révolution rooseveltienne a atteint sa fin logique.

Les années 30 sont entourées d'un grand nombre de bruits hystériques destinés à confondre, effrayer et distraire, mais quiconque écoute attentivement sera parfois capable, lorsque les conditions de l'ionosphère sont favorables, de discerner un signal clair et authentique enfoui sous tout ce bruit. La véritable leçon des années 30 est que c'est à ce moment-là que le progressisme a relevé le gant et s'est exclamé dans un large dialecte new-yorkais: "Plus de M. Nice Guy !". L'impitoyabilité avec laquelle elle combattrait ses ennemis dans la guerre qui s'annonçait serait également l'impitoyabilité avec laquelle elle combattrait tous ses ennemis, adversaires et rivaux perçus à l'avenir, peu importe ce qu'ils avaient en commun avec les puissances de l'Axe de la Seconde Guerre mondiale. Mais lorsque les Tories et les Whigs ne s'en tiennent plus à leurs rôles historiques et que ce sont les Whigs qui sont chargés de diriger en temps de crise, il n'y a plus personne pour sauver les Whigs d'eux-mêmes. C'est pourquoi le chaos croissant qui se cache derrière la métaphysique historique occulte des Whigs depuis la révolution Roosevelt se répand plus rapidement que jamais.

Notes:

1) Sauf pour une seule année de règne raté des Whigs.

2) Personne ne doit se laisser abuser par le fait que le parti whig britannique de l'époque s'appelait officiellement "Labour".

 

La répudiation de la douleur : le leurre insidieux du "progressisme"

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La répudiation de la douleur: le leurre insidieux du "progressisme"

par Michele Iannelli

Source : Michele Iannelli & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-ripudio-del-dolore-un-insidiosissimo-adescamento-del-progressismo

Depuis le deuxième après-guerre et avec une accélération impressionnante au cours des dernières décennies, une grande partie de l'humanité a été soumise au bombardement inopportun d'un "progressisme" faux et pernicieux: les concepts et les pratiques traditionnels ont été diabolisés en les qualifiant de rétrogrades et d'obsolètes; grâce également à l'omniprésence perturbatrice de la télévision et de toutes les autres formes de communication, des suggestions "publicitaires" ont été proposées et imposées, offrant des promesses aussi captivantes qu'illusoires et qui, avec une exagération obstinée, ont été habillées de "progressisme". 

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Or, le véritable progrès doit nécessairement correspondre à une amélioration concrète de la qualité de vie (entendue non seulement comme la disponibilité des biens) ; si, depuis que les "mythes du progrès" dominent, on observe un déclin des indices qui qualifient le bien-être, il est raisonnable de penser que quelque chose ne tourne pas rond dans les comptes.

Les effets toxiques de la répudiation de la douleur

L'une des sirènes de cette tendance "progressiste" vise à faire comprendre aux gens que tout ce qui sent le labeur profitable, la rudesse inévitable et la douleur utile peut et doit être supprimé ou évité par des raccourcis néfastes. Les diplômes deviennent alors courts et superficiels; l'enrichissement ne peut être obtenu par un travail honnête, mais par le jeu, le vol et la corruption; la conscription est abolie.

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L'érudit est étiqueté comme un "geek" antipathique et démodé; la personne honnête est considérée comme une sotte idéaliste; la personne travailleuse est antisyndicale, flagorneuse et ambitieuse; dans le sport, la tentation du dopage prend le dessus avec une fréquence inquiétante; la Terre Mère, source primaire et laborieuse de la vie, est soit abandonnée, soit continuellement empoisonnée par une forme perverse d'agriculture qui vise à obtenir toujours plus, plus vite et avec moins d'efforts, des aliments inévitablement toxiques.   

La passion qu'apporte le feu de la vie est atténuée par la peur de la souffrance qu'elle peut engendrer; l'attente qui donne saveur à l'existence se transforme en une exigence qui n'admet pas de frustration et peut donc devenir meurtrière.

Le mariage et la parentalité sont en net recul car ils sont considérés par beaucoup comme trop "exigeants".

La diversité d'opinion et la dissidence sont également soumises à de puissants silencieux: d'une part, l'illusion d'un monde au bord de la perfection, et d'autre part, le confort analgésique du "politiquement correct" et d'une normopathie qui, à long terme, s'avère grise et étouffante.         

La médecine du bon sens comme antidote à la "médecine de la répudiation de la douleur".

Les signes, les symptômes douloureux, les points et zones de douleur, les mimiques, les postures, les anomalies structurelles (aujourd'hui clairement visibles par l'imagerie diagnostique), etc. sont la grammaire et la syntaxe d'un langage corporel qu'il faut détecter, accepter, comprendre, interpréter et auquel il faut donner une place et un sens afin d'offrir à la personne une thérapie bio-logique, naturelle, personnalisée et donc de bon sens.

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Au contraire, la soi-disant "médecine officielle" (qui se sert et alimente en même temps la répudiation de la douleur), grâce à l'utilisation inconsidérée de médicaments de synthèse, supprime les précieux signaux du système humain et l'endommage en l'intoxiquant et en produisant des pathologies iatrogènes, c'est-à-dire qu'elle se comporte comme un conducteur qui, lorsque le voyant d'essence clignote, au lieu de se rendre dans une station-service, pense résoudre le problème en martelant le tableau de bord jusqu'à ce que l'ampoule jaune s'éteigne.

Évidemment, dans ce cas également, le "médicament de la répudiation de la douleur" est produit et diffusé par un appareil composite et féroce: tout d'abord, les multinationales pharmaceutiques qui réalisent des profits fabuleux pour elles-mêmes; les médias subventionnés par la publicité de la pharmacologie synthétique; la corruption de secteurs de l'administration publique et du monde médical.

Tous ensemble, ils essaient de faire croire aux gens que la thérapie suppressive nocive est le fruit délicieux du "progrès scientifique" et que seule elle peut bénéficier d'un statut officiel. En réalité, ce statut officiel est le résultat d'une autoconsécration et de recherches dont la base scientifique est douteuse (voire inexistante).         

14:28 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : douleur, actualité, problèmes contemporains | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 27 août 2021

L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

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L’État roumain a annoncé qui est son ennemi n°1: Iurie Roșca

 

Iurie Roşca est déclaré persona non grata sur le territoire roumain

Le 14 août 2021, le signataire de ces lignes, un ancien dignitaire de la République de Moldavie, journaliste, éditeur et militant civique avec une carrière de personnalité publique de 35 ans, a été interdit d’entrée sur le territoire roumain.Les agents de la police des frontières m’ont ainsi informé que cette interdiction m’avait été imposée, sans en expliquer les raisons.Ils ont seulement précisé que je suis couvert par le libellé passé en lettre H du document qui m’a été remis et qui s’intitule « Refus d’entrer à la frontière ». Voici la définition qui me concerne : ”C’est une personne pour qui consigne de refus d’entrée a été ordonnée”. Les éléments suivants sont inscrits sur l’en-tête : « Roumanie. Ministère de l’Intérieur. Police des frontières. Le poste frontière d’Albița ». J’ai également été informé verbalement par les officiers respectifs que cette interdiction aurait été imposée par une ordonnance d’urgence du gouvernement roumain en septembre 2020 pour une période de trois ans.  Cependant, rien n’est expressément écrit dans le texte du document respectif ni sur la date d’adoption de cette décision, ni sur la durée pour laquelle je suis persona non grata sur le territoire roumain.

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Il faut noter en particulier que dès la fin de l’épisode de mon expulsion de Roumanie, à partir du même jour du 14 août et ce pendant plusieurs jours, une gigantesque campagne de dénigrement public de ma personne a été organisée par toute la pieuvre de la presse dominante en Roumanie et en République de Moldavie. Toutes les chaînes de télévision et de radio, centrales et provinciales, des dizaines de portails d’information, des structures médiatiques telles que la BBC, Free Europe, Deutsche Welle ont déclenché une véritable guerre médiatique contre moi. Et, bien entendu, aucun mercenaire déguisé en journaliste n’a JAMAIS appelé la personne ciblée pour lui demander son avis sur ce qui s’était réellement passé. Évidemment, il s’agit d’une campagne de presse visant à me discréditer en tant que personnalité publique.

Qui aurait pu commander une telle opération de presse? Bien sûr, les mêmes cercles d’influence qui contrôlent à la fois l’État roumain et les réseaux de presse qui servent leurs intérêts occultes.Nous les appelons généralement par divers euphémismes, plus ou moins conventionnels: mondialistes, globalistes, corporatocratie, ploutocratie, banksters, etc.Nous les appelons aussi communément le Monde Occulte, les artisans du Nouvel Ordre Mondial.Ce sont ces cercles derrière le rideau de l’histoire et de la politique internationales qui ont été la cible de mes enquêtes journalistiques et de mes critiques publiques ces dernières années.

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Les causes qui auraient pu conduire aux mesures punitives contre moi, entreprises au nom de l’État roumain

A travers mes articles de presse, à travers des conférences académiques, à travers mon activité éditoriale, à travers ma présence internationale, à travers la multitude d’événements publics dans lesquels j’ai abordé des sujets géopolitiques, économiques, socio-politiques et, plus largement, civilisationnels, j’ai réussi à concentrer l’attention de la diplomatie occidentale, du réseaux Soros, de toute la pieuvre qui a vassalisé et dévasté mon pays, ainsi que les autres pays du monde.

Je suis pratiquement la seule personne publique en République de Moldavie, qui articule systématiquement un discours eurosceptique, souverainiste, anti-atlantique, favorable au nationalisme économique et surtout centré sur les valeurs du christianisme orthodoxe.Je suis un critique fervent et constant du „politiquement correct”, de la pensée unique, de la promotion du colonialisme économique et de l’agenda LGBT.Je combats l’unipolarisme américano-centré et l’hégémonie du capitalisme spéculatif, je révèle l’essence de la dictature de la ploutocratie mondiale, qui prend actuellement la dimension d’une technocratie et nous pousse vers une ère de transhumanisme et vers un goulag planétaire numérique.

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Je pense que l’interdiction d’entrer en Roumanie aurait pu également se fonder sur les événements publics que j’avais organisés à l’occasion de mes dernières visites à Bucarest. Le 24 janvier 2020, nous avions organisé la présentation du livre de l’auteur français Lucien Cerise «Neuro-pirates. Réflexions sur l’ingénierie sociale».Au cours de cet événement, nous avons annoncé notre intention de proposer de tels événements éditoriaux chaque mois, avec la présence d’auteurs occidentaux anti-système (voir le lien lors de l’événement : https://www.youtube.com/watch?v=_9VczDUUCf8). Puis le 5 mars 2020 a suivi la présentation de mon livre „L’Intérêt National comme Modus Vivendi” (voir lien : https://www.youtube.com/watch?v=hUL2WVdnj2I).

J’incline à croire que ces deux événements publics ont achevé de remplir le verre de patience des vrais maîtres de la Roumanie.

Il est à noter que depuis décembre 1989 et jusqu’à présent,je suis la seule personne d’origine roumaine à qui l’on a interdit d’entrer en Roumanie. Bien que je n’ai pas la nationalité roumaine, je suis un descendant de citoyens roumains qui l’ont perdue suite à l’invasion soviétique de la Bessarabie en 1940.Et comme je n’ai jamais mené d’activité criminelle sur le territoire de la Roumanie, ni eu aucune activité économique ni même pas enfreint le code de la route, il est clair que je suis persécuté pour mes convictions exprimées publiquement. C’est mon attitude ferme envers le Système qui a fait de moi l’ennemi public numéro un de la Roumanie. En fait, de la mafia qui contrôle cet État.

Il est bien connu qu’après la chute du communisme les pays de l’espace ex-communiste ont été envahis et colonisés par la corporatocratie occidentale. Les centres d’influence occidentaux, qui ont définitivement dé-souverainisé dans la seconde moitié du XXe siècle non seulement les pays du Tiers-Monde, mais aussi les États d’Europe occidentale, les États-Unis et le Canada, ont aussi lancé une offensive générale contre les peuples d’Europe Centrale et de l’Est, utilisant à cette fin tout l’arsenal de la guerre non-militaire.Ainsi, l’expansion du réseau des ONG et des médias a assuré la colonisation de l’esprit collectif des anciens peuples captifs de l’Empire soviétique. La  «thérapie de choc », l’instauration du régime de libre-échange, l’imposition de prêts exorbitants, la privatisation de masse et la libéralisation des prix ont assuré la colonisation économique. Le diktat des vainqueurs de la Guerre Froide a imposé le paradigme libéral comme une idéologie unique, à caractère axiomatique, qui a produit l’uniformisation et la vassalisation de tout le spectre politique dans l’espace ex-communiste.L’imposition de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, l’Union européenne et l’OTAN ont achevé le processus de soumission des pays ex-communistes.

Quelques précisions sur mon passé

Le signataire de ces lignes était pleinement engagé dans le mouvement anticommuniste et d’émancipation nationale à la fin du siècle dernier, étant dans le tourbillon de tous les événements qui ont précédé la chute de l’URSS et suivi cet événement géopolitique majeur.J’ai été l’un des dirigeants du premier parti anticommuniste, avec d’autres camarades j’ai créé les premiers journaux libres, j’ai dirigé pendant deux décennies le plus ancien parti anticommuniste, qui a eu la plus longue présence parlementaire continue, pendant cinq législatures, de 1990 à 2009.J’ai été quatre fois député au Parlement de la République de Moldavie, deux fois vice-président du Parlement et vice-premier ministre du pays.

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Ma pensée politique et implicitement la trajectoire de mon action politique étaient typiques des patriotes de cet espace. Entré dans la vie publique comme anticommuniste et nationaliste, je croyais naïvement que l’Occident collectif, en concurrence avec le système soviétique, serait notre allié naturel, et que le modèle occidental nous serait bénéfique. Ceci explique le fait que le rejet du paradigme communiste a nous a jeté dans le piège du paradigme libéral. Mais l’expérience acquise au fil du temps nous a montré le vrai visage de nos « bienfaiteurs » occidentaux.Ainsi, de la position de combattant contre l’empire soviétique, je me suis retrouvé dans la position de combattant contre l’empire planétaire américain.Et si jusqu’à il y a une dizaine d’années j’étais l’ennemi numéro un de Moscou, entre-temps je suis devenu l’ennemi numéro un de Washington.

J’ai eu une carrière de journaliste pendant quatre décennies. J’ai également publié toute une série de livres, dont certains sont disponibles au format PDF ici : http://iurierosca.md/carti/.Parmi les derniers volumes du soussigné figurent «La chute de l’URSS dans l’UE. Chroniques antilibérales »(2014), «Orthodoxie et nationalisme économique»(2017),”La conspiration des démons rouges. 100 ans depuis le coup d’État bolchevique. Interviews”(2017) „L’Intérêt National comme Modus Vivendi. Les Chroniques d’un dissident eurosceptique”(2020).

En tant qu’éditeur, j’ai publié ces dernières années une série de livres d’auteurs anti-système au sein de la Maison d’édition de l’Université populaire. Les auteurs que j’ai publiés représentent tous une pléiade de la nouvelle dissidence souverainiste européenne,résistante à l’hégémonie américaine. Ces auteurs sont parus exclusivement dans notre maison d’édition, aucune autre maison d’édition en République de Moldavie ou en Roumanie (le même espace linguistique) n’a publié d’auteurs de cette nouvelle vague de patriotes anti-atlantistes.Nous listons ici une série d’auteurs édités en traduction roumaine par nos soins: Hervé Juvin, Ivan Blot, Jean-Michel Vernochet, Youssef Hindi, Lucien Cerise, Valérie Bugault, Pierre-Antoine Plaquevent (tous les sept étant des auteurs français non-alignés de premier plan),Alexandre Dougine (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Russie à l’heure actuelle), Ilie Badescu (le sociologue et géopoliticien le plus remarquable de Roumanie aujourd’hui).

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Je suis l’organisateur d’une initiative internationale, appelée Chisinau Forum, créée en 2017, qui a eu trois éditions et a réuni des intellectuels de premier plan de plusieurs pays du monde, pleinement engagés dans le courant de la pensée et de l’action souverainiste.En mai 2017, la réunion de Chisinau a abouti à l’adoption du document suivant :https://flux.md/stiri/le-manifeste-de-chisinau-créer-la-g....  Je reproduis ici le titre du document adopté en mai 2017: «Le Manifeste du Chisinău: Créer une grande Europe. Le brouillon géopolitique du monde multipolaire». En décembre de la même année 2017, a suivi la deuxième édition de notre forum, qui s’est déroulée sous la devise suivante : «Le capitalisme financier et ses alternatives pour le 21e siècle. Contributions à la quatrième théorie économique ». (vidéo complète: https://flux.md/stiri/video-international-conference-fina...– chisinau-15-décembre).Suit la troisième édition de septembre 2019. Les discours des participants sont disponibles sur www.flux.md. Voici mon discours d’ouverture : https://flux.md/stiri/chisinau-forum-iii-international-co....

En 2019, à l’initiative de l’avocat international Arnaud Develay, nous avons organisé une délégation de souverainistes européens, qui s’est rendue en Syrie, victime d’une guerre d’agression. Au cours de cette visite, nous avons eu toute une série de réunions publiques dans plusieurs villes de Syrie. Ce fut une expérience de solidarité intense avec le peuple syrien. J’ai fait des reportages quotidiens sur ce que j’ai vu en Syrie, que j’ai publiés sur www.flux.md (Voir ici exemple: https://flux.md/stiri/externe/foto-video-conferinta-publi...).

Je suis poursuivi depuis 2017, l’affaire est en cours, je risque jusqu’à 7 ans de prison

Le 29 février 2017, mon domicile a été perquisitionné par le parquet anticorruption. C’est alors que j’ai découvert que j’étais poursuivi dans une affaire fabriquée par l’ancien gouvernement criminel. Je suis accusé du délit de « trafic d’influence ». Je risque d’être condamné à 7 ans de prison. Ceci dans les conditions dans lesquelles j’ai critiqué sévèrement ceux qui ont usurpé le pouvoir de l’État en République de Moldavie depuis 2009 et l’ont maintenu en captivité jusqu’à il y a un an et demi.Après le changement de pouvoir, y compris le procureur général, plusieurs dizaines de personnes ont été annoncées par le parquet général comme „victimes de la persécution politique du régime Plahotniuc lors de l’usurpation du pouvoir de l’Etat”. Ceci en dépit du fait que, contrairement à moi, aucune des personnes acquittées n’avait eu d’activité publique en désaccord avec l’ancien gouvernement. La plupart d’entre eux n’ont souffert qu’en tant qu’hommes d’affaires.Mais mon cas n’a pas bénéficié du même traitement, bien que je fus un opposant irréconciliable à ce régime. L’affaire est toujours devant le tribunal, au stade de l’audience préliminaire.

2020-2021: La Grande Réinitialisation, l’usurpation du pouvoir à l’échelle mondialladictature technocratique

À partir de mars 2020, je fus le seul intellectuel de la République de Moldavie et parmi les quelques personnalités publiques de tout l’espace roumain, pleinement engagé à démasquer le projet des mondialistes d’établir le Nouvel Ordre Mondial comme une forme de dictature à l’échelle mondiale, progressant rapidement sous prétexte médical. J’ai réalisé plusieurs centaines d’enregistrements vidéo, quotidiennement, en roumain et en russe, dévoilant point par point tous les éléments de cette mascarade mondiale, dont la cible se réduit à deux priorités majeures des satanistes cachés en coulisses:

  • DEPOPULATION ou LA REDUCTION DE LA POPULATION MONDIALE DE 90-95%;
  • L’ESCLAVAGISATION DES SURVIVANTS DE CET HOLOCAUSTE PLANÉTAIRE.

Voir à cet égard : www.flux.md, iurierosca.md, altermedia.md, chaîne Telegram Iurie Roșca.

Imposition de la « p(l)andemie », les mesures liberticides et génocidaires comme le port du masque, les tests et surtout les injections forcées et répétées, les confinements, la destruction méthodique des économies du monde, la numérisation totale, la suppression de l’argent liquide,  Agenda 21 et Agenda 2030, „développement durable”, Club de Rome et ” limites de croissance”, le rapport 2010 de la Fondation Rockefeller, Bill Gates et Klaus Schwab, Organisation mondiale de la santé et GAVI, nanoparticules, 5G, cyber pandémie, urgence climatique (mythe du réchauffement climatique et armes climatiques), traces chimiques, agenda transhumanisme, puces, programmation prédictive, contrôle sur l’esprit humain, ingénierie sociale, etc., etc.Voici les sujets que j’ai abordés dans mes discours, ceux-ci s’appuyant sur une multitude de sources internationales d’une crédibilité maximale.

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Il est bien connu que mes matériaux bénéficient d’une audience importante sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux cumulant plus de 500 000 vues et des dizaines de milliers de partages et de likes.Ma chaîne YouTube a été supprimée. Mon compte Facebook de base est actuellement bloqué pendant 30 jours.Les médias dominants, parrainés par les mondialistes, font la promotion agressive de leur agenda et entreprennent régulièrement des campagnes pour dénigrer ma personne. Le but est de me compromettre et ainsi de discréditer mon discours public.

Malheureusement, en République de Moldavie, aucun parti politique, aucune organisation non gouvernementale, aucun journaliste n’a adopté d’attitude critique envers le régime dictatorial sous prétexte de santé depuis un an et demi.Ma voix reste singulière, ce qui fait de moi une cible privilégiée de toutes les attaques des agents du pouvoir mondialiste.

Conclusion

L’acte punitif d’exécution publique au travers de l’interdiction du mon entrée en Roumanie, mes poursuites pénales pendant des années,ansi que  le lynchage médiatique sont les moyens traditionnels utilisés par les centres d’influence basés en Occident contre un adversaire dangereux pour leurs intérêts. Je suis une figure publique mal vue dans les cercles qui établissent méthodiquement actuellement l’agenda du Nouvel Ordre Mondial.Au cours de ma longue carrière de personnalité publique, je me suis déjà habitué à un état de terreur psychologique permanente.Mais malgré tout le harcèlement et la pression, je ne céderai pas et je ne renoncerai pas à dire la vérité.

Iurie Roșca,

Chisinau,

République de Moldavie,

23.08.2021

Telephone portable: +373 79 77 44 44 (Telegram, Signal, Viber)

Adresse électronique: roscaiurieppcd@gmail.com

 

L'impérialisme intersectoriel et la guerre froide "woke" 

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L'impérialisme intersectoriel et la guerre froide "woke" 

Les États-Unis et leurs alliés atlantistes se préparent à une croisade progressiste mondiale contre tous les peuples et États qui n'acceptent pas la théorie intersectionnelle des genres, le mouvement LGBTQIXYZ+ et les autres doctrines insensées de la nouvelle foi de l'Occident. Bienvenue à Cold War Woke.

Par N. S. Lyons
L'impérialisme intersectoriel et la Guerre Froide Woke [1]

Ex: http://novaresistencia.org/2021/08/04/imperialismo-interseccional-e-a-guerra-fria-woke/

La nouvelle foi se prépare à une croisade mondiale

Le 16 juillet, le secrétaire d'État Antony Blinken envoie un télégramme aux ambassades américaines du monde entier avec de nouvelles instructions. Face à ce qu'il a décrit comme une menace croissante de forces autoritaires et populistes émanant de pays du monde entier, M. Blinken a exhorté les diplomates américains à "rechercher activement des moyens de faire efficacement pression sur ces pays pour qu'ils se conforment aux normes démocratiques et respectent les droits de l'homme", et a promis que "la défense de la démocratie et des droits de l'homme partout dans le monde n'est pas en tension avec les intérêts nationaux des États-Unis ou notre sécurité nationale. Il a précisé que cela devrait être vrai même pour les alliés et partenaires des États-Unis, affirmant qu'"il n'existe aucune relation ou situation dans laquelle nous cesserons de soulever des préoccupations en matière de droits de l'homme".

Le président américain Joe Biden a explicitement caractérisé sa politique étrangère comme une "bataille entre l'utilité des démocraties au XXIe siècle et les autocraties", et a décrit le monde comme étant à un "point d'inflexion" qui déterminera à l'avenir "qui triomphe, l'autocratie ou la démocratie, car c'est ce qui est en jeu". Et s'il a désigné la Chine et la Russie comme les plus grandes menaces pour la démocratie, il a également déclaré que "dans de nombreux endroits, y compris en Europe et aux États-Unis, le progrès démocratique est attaqué."

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Ce type de rhétorique a conduit de nombreuses personnes à décrire que Biden s'oriente vers une nouvelle compétition idéologique mondiale semblable à la guerre froide, et le télégramme de Blinken semble être une étape de l'opérationnalisation de ce projet dans la politique quotidienne des Yankees.

De nombreux Américains, et notamment de nombreux conservateurs américains, ont en mémoire une grande affection pour la première guerre froide (notamment parce qu'ils l'ont gagnée). Et l'idée de promouvoir la démocratie et les droits de l'homme, notamment face aux nombreux abus autoritaires de la Chine, est désormais une passion bipartisane à Washington.

Mais ils doivent comprendre que, cette fois-ci, le "progrès démocratique" et les "droits de l'homme" auront souvent une signification très différente de celle que ces expressions avaient pendant la dernière guerre froide.

De nouveaux droits, de nouvelles normes et une nouvelle lutte mondiale

M. Blinken a réussi à indigner brièvement certains conservateurs américains lorsqu'il a publié une déclaration officielle, le 13 juillet, affirmant que l'administration Biden était "profondément dévouée à la lutte contre les injustices raciales dans le pays et à l'étranger", que "les pays ne devraient pas craindre un examen minutieux de leur bilan en matière de violations des droits de l'homme" et que les États-Unis "ont proposé une visite officielle du rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines de racisme" pour examiner de près le "racisme systémique" aux États-Unis.

Il a ajouté que: "J'applaudis également le Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui a adopté aujourd'hui à Genève une résolution visant à lutter contre le racisme systémique à l'encontre des Africains et des personnes d'ascendance africaine dans le contexte de l'application de la loi. Je suis impatient de m'engager avec le nouveau mécanisme pour promouvoir la justice et l'équité raciales".

L'invitation de M. Blinken était en fait une réponse à la déclaration faite le 26 juin par le Haut Commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, qui faisait suite à l'achèvement d'un "rapport complet sur le racisme systémique", qui, sans surprise, a constaté que le sujet en question était bien ancré dans le monde entier, notamment dans la "surpolice des agences et des communautés noires" aux États-Unis. Dans sa déclaration, Mme Bachelet a critiqué l'Occident pour son "approche fragmentaire du démantèlement de systèmes enracinés dans des siècles de discrimination et de violence", a déclaré que "le statu quo n'est pas viable" et a appelé à une "réponse systémique de l'ensemble de la société" pour éradiquer le racisme systémique dans le monde entier et mettre en œuvre la "justice réparatrice" réclamée de toute urgence par la "mobilisation mondiale des personnes réclamant la justice raciale".

L'administration Biden n'aurait guère répondu autrement que par un soutien total et clair, bien entendu, puisque la lutte contre le spectre omniprésent du "racisme systémique" aux États-Unis est devenue un élément central de l'administration Biden.

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Et peu de responsables administratifs ont embrassé cette bataille avec autant de zèle personnel que M. Blinken, qui, dès son entrée en fonction, a non seulement installé un directeur de la diversité et de l'inclusion au département d'État (dans un nouveau poste particulièrement puissant, ne relevant que de lui-même), mais a désigné que chaque bureau du département nomme également un secrétaire général adjoint à la diversité et à l'inclusion - dans le but annoncé d'"intégrer la diversité et l'inclusion dans les activités du département d'État à tous les niveaux".

On peut supposer que cette incorporation est ce qui a déjà conduit à des innovations telles que l'encouragement des ambassades américaines à faire flotter des drapeaux Black Lives Matter dans le monde entier comme un pilier parmi d'autres d'une politique globale visant à "propager l'équité raciale dans le cadre de la défense de nos intérêts de sécurité nationale".

Le département d'État n'est pas le seul à avoir commencé à intégrer la "diversité et l'inclusion" à "tous les niveaux de service", bien sûr. Le secrétaire américain à la défense, par exemple, a ordonné au ministère de la défense d'"accroître le nombre de pays disposés à soutenir et à défendre les droits de l'homme des personnes LGBTQI+", faisant des considérations d'impact sur les droits LGBT un élément obligatoire de toutes ses (très nombreuses) décisions de passation de marchés et de financement dans le monde. Pendant ce temps, l'organisation sœur du département d'État, l'Agence américaine pour le développement international (USAID), s'est employée à sauver l'Ukraine des Russes en rendant le Donbass encore plus ridicule.

Et puisque nous parlons de ce genre de choses, la plupart des personnes mécontentes de l'invitation de Blinken aux inquisiteurs antiracistes de l'UNHRC semblent, curieusement, avoir manqué un autre développement sur un front similaire de la guerre culturelle mondiale.

Et ce malgré le fait que le département d'État souhaite vivement que vous sachiez que "le 23 juin, les États-Unis ont organisé, et 20 pays ont coparrainé, leur premier événement parallèle sur les droits humains des femmes transgenres, soulignant la violence et les obstacles structurels, juridiques et intersectionnels auxquels sont confrontées les femmes transgenres de couleur".

Donc vous avez ça. Mais un événement parallèle à quoi? En l'occurrence, la dernière section du CDH, au cours de laquelle les États-Unis ont fait des pieds et des mains pour aborder plusieurs "situations graves en matière de droits de l'homme" en contribuant à inaugurer le lancement du "Groupe d'amis du mandat de l'expert indépendant des Nations unies sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre" (GoF IE SOGI).

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En plus des États-Unis, le groupe inaugural SOGI comprend : L'Allemagne, l'Argentine, le Chili, l'Uruguay, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Costa Rica, le Danemark, la Grèce, la Finlande, l'Islande, Israël, l'Irlande, l'Italie, le Liechtenstein, le Luxembourg, Malte, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.

Qui est cet expert indépendant qui a tant d'amis ? Il s'agit de Victor Madrigal-Borloz, Senior Visiting Research Fellow au programme des droits de l'homme de la Harvard Law School.

Après sa formation, le premier acte du groupe a été d'examiner un rapport produit pour le CDH par M. Madrigal-Borloz, intitulé "La loi de l'inclusion".

La "loi de l'inclusion" affirme que toutes les preuves "mènent nécessairement à la conclusion que tous les êtres humains vivent dans des sociétés sexuées traversées par des hiérarchies de pouvoir" et déclare que, puisque nous voulons tous "reconstruire mieux qu'avant" (reprenant inexplicablement le slogan de campagne de Biden), "l'adoption d'analyses intersectionnelles et sexospécifiques" est une "composante fondamentale de l'accomplissement diligent de la responsabilité [de tous les pays] en matière de droits de l'homme".

Il est essentiel que l'approche intersectionnelle permette de "reconnaître que la race est sexuelle et que le genre est racial, ainsi que les nombreux autres facteurs qui influencent la manière dont les droits d'une personne sont attribués". De plus, en prime, "la théorie du genre est également pertinente en tant qu'outil pour aborder, analyser et transformer les systèmes de masculinité violente".

Heureusement, cette analyse a déjà "imprégné les politiques publiques" et de nombreux États "reconnaissent désormais son importance." En effet, parmi les plus de 500 soumissions de commentaires inspectées par l'expert pour servir de base aux conclusions du rapport, toutes les soumissions provenant d'entités étatiques et non étatiques " soulignent uniformément l'importance des cadres, de l'analyse et de la diffusion dans les médias du concept de genre en tant qu'outil pour atteindre la justice sociale par le biais des politiques publiques.

Il est vrai que certaines "autres soumissions étaient haineuses ou contenaient des discours de haine et ont été exclues ad portas", et "elles ne feront partie d'aucune publication parrainée par le titulaire du mandat", donc certaines dissidences ont pu être exclues méthodologiquement, mais que pouvait faire d'autre un Expert indépendant? La tolérance est une affaire délicate.

Enfin, sur la base de son analyse intersectionnelle, l'Expert Indépendant déclare un nouveau "devoir fondamental de l'Etat" sur la base de son enquête approfondie: "Reconnaître que tout être humain a la liberté de déterminer les limites de son existence, y compris son identité et son expression de genre".

(Je ne pense pas que vous trouverez une description plus impeccable du libéralisme tardif que celle que j'ai esquissée auparavant, caractérisée par son cheminement incessant dans la poursuite de notre libération de toutes les frontières, d'ailleurs).

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Sur la base de cette conclusion, et en appelant tous les États à "défendre les droits de l'homme liés au genre et à la sexualité en tant que droits universels et inaliénables, indivisibles, interdépendants et intimement liés à tous les autres droits", le rapport recommande que "les États donnent accès à la reconnaissance légale de l'identité de genre" et "adoptent toutes les mesures nécessaires à cette reconnaissance" :

    - Basé sur l'autodétermination du demandeur ;
    - Il s'agit d'un simple processus administratif ;
    - Non lié à des exigences abusives, telles que des certificats médicaux, une opération chirurgicale, un traitement, une stérilisation ou un divorce ;
    - Comprend la reconnaissance et l'acceptation des identités non-binaires dans toute leur diversité et spécificité ;
    - Veiller à ce que les mineurs aient accès à la reconnaissance de leur identité de genre.

(Ce qui revient à dire, pour être clair, que les enfants de tout âge devraient avoir le droit humain de changer entièrement de sexe par auto-identification).

Les États-Unis et le reste du groupe SOGI ont immédiatement publié une déclaration soutenant et approuvant pleinement le rapport, notant qu'ils "aimeraient réaffirmer" que: "Comme le démontre clairement l'analyse approfondie fournie par le rapport, le genre est une construction sociale" ; que l'analyse intersectionnelle "s'est avérée fondamentale pour la conception et la mise en œuvre de politiques publiques inclusives" ; qu'ils soutiennent "l'importance de promouvoir la reconnaissance juridique du genre sur la base de l'auto-identification" ; et qu'ils "s'opposent à toute tentative de supprimer le genre des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et des processus législatifs".

J'espère que vous pourrez retenir au moins une leçon de toute cette salade faite de jargon intersectionnel sur la race et le genre: que le langage et les concepts doctrinaux idéologiques distinctifs de la Nouvelle Foi se sont déjà étendus bien au-delà de la cour de Harvard, ont traversé les océans et se sont maintenant, comme le dit le rapport, "infiltrés" profondément dans le monde par le biais d'institutions mondiales dirigées par l'élite financière, comme le Conseil des droits de l'homme des Nations unies.

Les conservateurs en particulier sont typiquement dédaigneux de l'ONU en général, et du CDH en particulier (le président Trump a officiellement retiré les États-Unis du conseil en 2018, et après cela Biden l'a réintégré en tant qu'observateur), car ils le considèrent comme une scène de discussion inutile qui passe la plupart de son temps à critiquer les États-Unis et ses alliés, bien qu'avec peu d'effet pratique. C'est une erreur.

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Ce qui se passe ici, c'est la création et la consolidation permanentes de nouvelles normes qui cherchent à redéfinir ce qui est considéré comme la limite normale et acceptable des pratiques juridiques, politiques et culturelles des pays du monde entier. Le CDH n'a peut-être pas de pouvoir politique direct, mais c'est précisément l'ignorance ou le mépris flagrant du pouvoir de transformation à long terme des normes qui a conduit les conservateurs à perdre toutes les batailles culturelles auxquelles ils ont été confrontés jusqu'à présent. Pour une raison quelconque, les conservateurs - et maintenant les libéraux - ont toujours été pris par surprise par des normes apparaissant juste en dessous d'eux (progressivement, puis soudainement), même lorsqu'ils occupaient des positions élevées de pouvoir politique.

Entre-temps, sous l'administration Biden, Washington a adopté ce type de mécanisme de fixation de normes pour reconstruire le monde à sa nouvelle image idéologiquement renforcée.

Impérialisme intersectoriel

Néanmoins, tous les pays n'ont pas atteint un niveau complet de "sagesse" en ce qui concerne le prétendu droit absolu de chacun à pouvoir s'identifier comme étant de n'importe quel sexe ou même en ce qui concerne la prétendue nécessité d'une "transformation de toute la société" afin de surmonter les hiérarchies d'oppression.

L'expert international M. Madrigal-Borloz a également remarqué ce problème, et c'est pourquoi il produit, avec le groupe SOGI, un rapport complémentaire à "The Law of Inclusion", cette fois sous le titre "Exclusionary Practices".

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Ce document, qui doit encore être publié, "analysera la résistance à l'utilisation de la théorie du genre et les risques que cela engendre", notamment "l'interprétation progressive des critères relatifs aux droits de l'homme". Les exemples de cette "résistance" que le rapport va "déconstruire et confronter" comprennent, sans s'y limiter, les éléments suivants: Le récit d'un ordre "naturel" fondé sur le déterminisme biologique et l'idée connexe selon laquelle "la reconnaissance légale de l'identité de genre des enfants est censée menacer leur bien-être"; "les récits qui vont à l'encontre des approches car fondées sur les droits de supposées normes culturelles et religieuses" ; et la façon dont "le récit des valeurs traditionnelles est utilisé pour justifier la discrimination" ou même "qui cherchent à éliminer le cadre de genre des instruments et processus du droit international des droits de l'homme, [ou] des documents politiques et législatifs nationaux".

Probablement dans tout autre contexte, lorsqu'une ou plusieurs puissances extérieures tentent de "déconstruire" et de remplacer les "valeurs traditionnelles" et les normes "culturelles et religieuses" d'un autre peuple contre sa volonté, on parlerait à juste titre d'"impérialisme" (ou, parfois pire, de "génocide").

Néanmoins, le rapport sur les "pratiques d'exclusion" devrait être publié lors de la prochaine réunion de l'Assemblée générale des Nations unies à New York en septembre, et sera sans aucun doute approuvé par les États-Unis, le Royaume-Uni et d'autres membres progressistes du groupe SOGI - même si bon nombre de ces mêmes pays ressentent encore une forte résistance intérieure à toutes ces idées.

Que signifie tout cela, alors? En bref, que les batailles idéologiques de la guerre froide 2.0 ne se limiteront pas à des catégories similaires à celles qui semblaient (du moins dans un sens général) avoir caractérisé la première guerre froide. Ils ne tiendront même pas nécessairement compte des concepts classiques de "démocratie libérale" et d'"autoritarisme" ou d'"autocratie" qui nous sont familiers.

Au contraire. Il faut bien comprendre que l'administration Biden et ses partenaires de même sensibilité opèrent désormais selon un calcul idéologique très différent lorsqu'il s'agit de déterminer ce que doivent signifier la "démocratie" et les "droits de l'homme", même si ce calcul entremêle directement les ennemis idéologiques nationaux et internationaux, comme c'était le cas lors de la première guerre froide.

Dans cette vision du monde, pour qu'un État démocratique soit une "démocratie" légitime, il ne suffit pas qu'il dispose d'un gouvernement élu par le peuple à l'issue d'élections libres et équitables. Il doit également défendre les "bonnes" valeurs progressistes. C'est-à-dire qu'il doit être "réveillé". Sinon, selon les libéraux, cet État n'est pas une véritable démocratie, mais quelque chose d'autre. Le terme "populisme" est ici très utile: même si un État n'est pas encore autoritaire ou "autocratique" au sens traditionnel, il peut être sous l'emprise du "populisme", un concept mal défini et suffisamment vague pour englober le large éventail de sentiments et de tendances réactionnaires qui peuvent caractériser une "résistance" au progrès, fondée sur des "valeurs traditionnelles", etc. Et enfin, ils essaient de nous convaincre que le "populisme" est susceptible de mener à l'autocratie. Après tout, dans la vision post-libérale, si vous ne progressez pas vers la démocratie, vous reculez, sur le spectre binaire, vers l'autocratie.

De plus, tout comme dans la lutte entre le capitalisme-libéralisme et le communisme-autoritarisme pendant la première guerre froide, les "forces traîtresses" du populisme-autocratie sont présentes non seulement dans le "tiers-monde" indécis, mais rampent même à l'intérieur des véritables démocraties libérales - menaçant constamment de les faire basculer, comme des dominos, dans le camp opposé. C'est de là que viennent les avertissements publiés par Biden, comme celui qui affirme que "dans de nombreux endroits, y compris en Europe et aux États-Unis, le progrès démocratique est attaqué". Dans cette vision du monde, la lutte contre les soi-disant "forces du populisme-autocratie" au sein même des États-Unis ou de l'Europe n'est en rien séparée de la lutte contre la Chine, la Russie et les autres puissances internationales. Au contraire, les deux font partie de la même lutte.

Cela se reflète dans la similitude avec laquelle Biden (à titre d'exemple, il n'est guère le seul) se réfère à ses adversaires politiques nationaux. À titre d'exemple, il a récemment critiqué les nouvelles lois électorales de certains États américains en ces termes: "Nous devons nous demander si vous êtes du côté de la vérité ou du mensonge, des faits ou de la fiction, de la justice ou de l'injustice, de la démocratie ou de l'autocratie. C'est le nœud du problème."

Et, pour exacerber encore ce sentiment de peur et de division, il y a le fait que dans la vision du monde des libéraux 2.0, une démocratie ne peut pas simplement défendre certaines des "bonnes" valeurs. Non, il doit respecter toutes les valeurs jugées correctes par le nerd à l'esprit unique. Après tout, c'est la principale conclusion de l'"analyse intersectionnelle": toutes les injustices sont interconnectées, formant des systèmes d'oppression imbriqués les uns dans les autres. Ainsi, permettre à l'"injustice" d'exister n'importe où dans le monde signifie menacer la "justice" dans le monde entier.

L'intersectionnalité exige donc une libération totale de l'individu: il ne peut y avoir de pluralisme. Aucun peuple, aucun État, aucune culture, aucune société ne peut être laissé libre de décider ce qui est le mieux pour lui-même, car aucune "injustice", à quelque niveau que ce soit et où que ce soit, ne peut être autorisée à exister, car cela risquerait de polluer et de menacer l'ensemble du système.

La conclusion est inéluctable: la nouvelle foi doit être une foi missionnaire et évangélique. Par sa propre logique interne, par sa propre survie, elle doit marcher en avant pour convertir les peuples "infidèles" "non civilisés", et en même temps traquer les "hérétiques" chez elle.

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Les résultats d'un réveil de la guerre froide

Laissez-moi faire une petite prédiction: ce sera un désastre pour l'Occident.

Il existe encore de nombreux pays (en fait, la grande majorité des pays) qui croient que la théorie intersectionnelle du genre et les autres fruits de la nouvelle foi progressiste sont en fait de la pure folie. Ils sont également très attachés à leurs propres cultures et traditions.

Ainsi, même si vous êtes un fervent partisan des droits des LGBT, du féminisme ou d'autres idées progressistes, il convient de réfléchir aux conséquences pratiques de cet impérialisme intersectionnel. Si l'Occident veut faire de la conformité idéologique une condition absolue pour que l'on se rallie à son bloc démocratique, pour recevoir son aide ou même pour travailler en étroite collaboration avec lui (ce à quoi Blinken a fait allusion), alors la chose la plus probable à faire est que ces pays tombent dans les bras de la Chine et d'autres États "autoritaires" mais non missionnaires.

Pensez, par exemple, à l'Indonésie. C'est l'une des plus grandes démocraties du monde (avec un d minuscule) et aussi l'un des plus grands marchés émergents. Il se trouve également qu'il est géographiquement situé dans une position stratégique cruciale pour déterminer qui aura le contrôle de la mer de Chine méridionale contestée et du détroit crucial de Malacca. Malgré sa longue tradition de neutralité en matière de politique étrangère, elle est peut-être actuellement l'État le plus à même de modifier l'équilibre de la concurrence entre les États-Unis et la Chine pour emporter l'influence prépondérante dans la région indo-pacifique, et les deux pays le savent. L'Indonésie est également une nation pieusement islamique, et il est très peu probable qu'elle accepte la prédication intersectionnelle de la loi sur l'inclusion. Et elle n'est pas la seule à le faire.

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Il est ironique de penser qu'il n'y a pas si longtemps, l'Occident s'arrogeait des titres pompeux comme "bastion de la liberté" et répétait ad nauseum des idées comme la liberté d'expression, la liberté de pensée et la souveraineté démocratique dans ses discours de propagande. Aujourd'hui, l'Union européenne s'apprête à ajouter le "discours de haine" à la liste officielle des crimes réprimés par l'UE, tweeter des pensées "critiques à l'égard de la théorie du genre" est déjà un délit passible de prison au Royaume-Uni, et les États-Unis exposent leurs plans pour "éclairer" le monde sur les dangers des "microagressions oppressives".

Les croisés de la nouvelle foi progressiste sont prêts à marcher au combat contre les autocrates et leurs alliés populistes, et vous êtes soit avec eux, soit contre eux. Bienvenue à Cold War Woke.

Notes:

[1] Woke est un terme anglais dérivé du verbe "to wake", qui signifie "se réveiller". Woke serait une personne "réveillée" ou "excitée". Il est utilisé aujourd'hui par les mouvements progressistes comme BLM, le mouvement LGBTQI+, etc. pour désigner les personnes censées avoir une conscience sociale ou être sensibilisées aux problèmes des minorités."