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mercredi, 27 avril 2022

Les Iles Salomon: elle peuvent conférer l'hégémonie!

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Les Iles Salomon: elle peuvent conférer l'hégémonie!

Anastasia Tolokonina

Source: https://www.geopolitika.ru/article/gegemonovy-ostrova

Comment les États-Unis et la Chine utilisent les îles Salomon comme un point d'appui pour protéger leurs intérêts.

Il a été révélé le 18 avril que le coordinateur du Conseil national de sécurité américain pour les affaires indo-pacifiques, Kurt Campbell, et le secrétaire d'État adjoint américain pour les affaires de l'Asie de l'Est, Daniel Kritenbrink, visiteront trois îles du Pacifique cette semaine: les Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon, ce dernier État présentant un intérêt particulier. Selon Adrienne Watson, porte-parole du NSC, la délégation américaine entend veiller à ce que leur partenariat "assure la prospérité, la sécurité et la paix dans le Pacifique et les îles indo-pacifiques". Quel est le véritable objectif de la visite des fonctionnaires du département d'État aux îles Salomon et qu'est-ce que l'Australie a à voir avec cela ?

Officiellement, le voyage a été programmé pour coïncider avec la visite du secrétaire d'État américain Anthony Blinken dans la région en février et en fait, il s'agit d'une continuation de celle-ci. C'est après la tournée asiatique du chef de la politique étrangère américaine que la Maison Blanche a publié la stratégie indo-pacifique, qui explique en grande partie le très fort intérêt de Washington pour la région, ainsi que les objectifs réels des visites prévues cette semaine, notamment aux îles Salomon.

Échiquier asiatique

La région indo-pacifique a été le principal centre d'intérêt de la politique étrangère américaine, car le principal objectif de Washington en matière de politique étrangère depuis la fin de la guerre froide était (et est toujours) la domination du monde.

Néanmoins, avec l'influence croissante de la République populaire de Chine, avec sa soi-disant "ascension" dans le monde et ses ambitions de leadership mondial, les États-Unis ne peuvent pas avoir le statut de superpuissance mondiale sans domination dans la région indo-pacifique. Il existe donc une rivalité constante entre ces deux "géants" pour le leadership dans la région indo-pacifique, et les pays asiatiques sont confrontés au choix d'être avec l'Amérique contre la Chine ou sans l'Amérique dans une alliance avec la Chine. Ainsi, la rivalité entre la Chine et les États-Unis dans la région indo-pacifique est principalement motivée par des raisons géopolitiques, même si l'économie joue également un rôle important, étant donné la croissance économique continue des pays de la région. Néanmoins, l'importance de la géopolitique est également notée dans la stratégie indo-pacifique des États-Unis:

"La RPC combine sa puissance économique, diplomatique, militaire et technologique dans la poursuite d'une sphère d'influence dans la région indo-pacifique et cherche à devenir la puissance la plus influente du monde".

Pour l'Amérique, la région indo-pacifique fait partie de "l'échiquier" eurasien dont parlait l'idéologue de la politique étrangère américaine Zbigniew Brzezinski dans son livre The Great Chessboard (1997). C'est dans cette région que se déroule une confrontation féroce entre les États-Unis et la Chine, et c'est l'un des endroits où la suprématie américaine est contestée.

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Le dilemme des îles Salomon

En ce qui concerne les îles Salomon, c'est le seul État qui n'a pas encore totalement résolu le dilemme d'"être avec l'Amérique contre la Chine ou sans l'Amérique dans une alliance avec la Chine". Ce dilemme a de profondes racines historiques.

Le fait est que les îles Salomon, qui ont obtenu leur indépendance de la Grande-Bretagne en 1978, sont géographiquement et culturellement fragmentées. Ces facteurs ont rendu difficile une gouvernance centralisée et ont créé un certain nombre de problèmes, notamment une méconnaissance de la communauté politique par l'État et la quasi-impossibilité pour les insulaires éloignés de participer à la vie politique du pays. En outre, en 1998, une guerre civile a éclaté dans les îles Salomon à la suite d'un conflit interethnique entre les résidents de Guadalcanal (où le gouvernement central est basé) et les migrants de Malaita. La population indigène exigeait plus de respect et de réparation de la part des Malaitis et bientôt, les Guadalcanais ont commencé à attaquer les Malaitis et ont fondé une organisation paramilitaire, le Mouvement de libération de l'Isatabu (ODI), forçant la plupart des Malaitis à quitter Guadalcanal. Les Malaitis restants ont formé les Malaitan Eagles pour se défendre contre l'ODI.

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Il convient de noter que l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont joué un rôle important dans le conflit en envoyant leurs troupes dans les îles Salomon en 2003. Comme raison de l'introduction de ces troupes, les deux pays ont indiqué le fait que les îles Salomon ne sont pas en mesure d'assurer seules la stabilité de leur territoire, qui peut donc devenir un champ d'action pour diverses organisations criminelles et terroristes. En conséquence, l'intervention australo-néo-zélandaise a permis de ramener l'ordre dans les îles Salomon, mais les conflits internes ne se sont pas arrêtés là, ils ont juste été "gelés" pendant un certain temps.

Le conflit a repris de plus belle le 24 novembre 2021, lorsque des manifestations pacifiques ont éclaté et sont devenues violentes, les manifestants (pour la plupart originaires de la province de Malaita) affrontant la police et les forces gouvernementales, faisant des victimes et mettant le feu au bâtiment du parlement des Îles Salomon.

Les émeutes semblent avoir été suscitées par un autre désaccord entre le gouvernement et les Malaitis: en 2019, le premier ministre des îles a décidé d'établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, rompant 36 ans de liens officiels avec la République de Chine (Taïwan) partiellement reconnue, qui, du point de vue de la Chine continentale, est l'une de ses unités administratives, bien qu'indépendante de facto. Cette décision a provoqué un fort mécontentement parmi les habitants de la province de Malaita, dont le premier ministre a accusé le premier ministre des îles Salomon d'entretenir des liens trop étroits avec Pékin.

Il convient de noter que tant Taïwan, soutenue par Washington, que la RPC apportent une aide financière à la région depuis le milieu des années 2000 pour obtenir une reconnaissance diplomatique. Si les Malaitis se sont initialement rangés du côté de Taipei, le gouvernement central des Iles Salomon a eu tendance à coopérer avec Pékin. En conséquence, Malaita a continué à soutenir Taïwan et les États-Unis, et ces désaccords, associés au rejet par le gouvernement du référendum sur l'indépendance de Malaita ainsi qu'à la hausse de la pauvreté et du chômage, ont provoqué des troubles en 2021.

Cette fois, l'Australie est à nouveau intervenue dans le conflit, déployant du personnel de la police fédérale australienne et de la force de défense australienne à la demande du gouvernement des îles Salomon, en vertu d'un traité de sécurité bilatéral entre l'Australie et les îles Salomon.

Ainsi, l'essence du dilemme des îles Salomon est que l'État est effectivement divisé en deux sphères d'influence, comme c'était le cas pendant la guerre froide, par exemple en Allemagne, en Corée ou au Vietnam. Une des sphères d'influence (le gouvernement du pays) appartient à la Chine communiste, l'autre (la province de Malaita) à Taïwan soutenue par Washington (c'est-à-dire les États-Unis). Si, jusqu'à présent, la Chine remporte cette bataille géopolitique, il est possible que les Malaitis déclenchent à nouveau une guerre civile. Pour cette raison, il est trop tôt pour parler de la certitude totale des Îles Salomon face au dilemme "être avec l'Amérique contre la Chine ou sans l'Amérique dans une alliance avec la Chine".

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Visite géopolitique

De toute évidence, les îles Salomon constituent un autre champ de bataille pour les deux grandes puissances représentées par les États-Unis et la Chine. Par conséquent, la prochaine visite de responsables du département d'État américain aux îles Salomon ne porte pas en elle l'objectif de simplement "s'assurer que le partenariat garantit la prospérité, la sécurité et la paix dans le Pacifique et les îles indo-pacifiques", comme l'a déclaré le porte-parole du NSC. Quel est donc l'objectif principal ?

Le 19 avril, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a annoncé un pacte de sécurité de grande envergure avec les îles Salomon. L'accord, essentiel pour une nation insulaire aux prises avec des troubles politiques incessants, a particulièrement alarmé les États-Unis et l'Australie, car la possibilité d'une tête de pont militaire de la RPC dans le Pacifique Sud menace les intérêts des pays de la région. Bien que le texte du traité n'ait pas été divulgué, un projet de document ayant fait l'objet d'une fuite indique qu'il permettrait aux navires de guerre chinois de s'arrêter dans les îles Salomon et que la police de la RPC, à la demande de l'archipel, pourrait aider à maintenir l'ordre public.

C'est pourquoi, immédiatement après l'échec de l'Australie à convaincre les Îles Salomon d'annuler l'accord de sécurité avec la Chine, de hauts responsables américains se sont immédiatement rendus dans le pays. Bien entendu, l'objectif principal de Washington est de "tirer" Honiara de son côté et de le convaincre que l'accord avec la Chine doit être abandonné.

Compte tenu de la politique américaine à l'égard des Îles Salomon, on peut affirmer qu'à ce stade, il ne sera pas possible de "tirer" Honiara de son côté. Pendant de nombreuses années, les États-Unis n'ont pas accordé suffisamment d'attention aux îles; ils y ont été pratiquement absents, distraits par d'autres problèmes mondiaux et laissant l'élaboration de la politique régionale à l'Australie. Par conséquent, la visite de Campbell aux îles Salomon est probablement une entreprise vaine.

Toutefois, si l'on considère le long terme, le succès de la visite des officiels américains dans le pays pourrait être favorisé par une rencontre avec toutes les forces politiques des îles, y compris l'opposition. Tôt ou tard, le pouvoir peut changer, ce qui fera le jeu des États-Unis.

En outre, un facteur qui affecte négativement la politique américaine dans la région est l'absence fondamentale d'ambassade. Une représentation diplomatique renforcerait le poids politique et économique de la région, mais elle est absente depuis 29 ans. En revanche, la Chine dispose d'une grande ambassade de trois étages à Honiara, avec suffisamment de place pour accueillir la police et le personnel militaire, qui pourrait arriver sous peu.

Enfin, les îles Salomon ont besoin d'investissements dans les infrastructures. On pense que c'est la promesse du gouvernement chinois d'une aide financière sous la forme d'un prêt de 500 millions de dollars qui a contribué à la décision d'abandonner Taipei pour se joindre à Pékin en 2019.

Il est clair que dans la bataille géopolitique entre la RPC et les États-Unis dans les îles Salomon, la Chine mène actuellement par une large marge. Mais Washington pourrait également tirer son épingle du jeu s'il intensifie sa politique dans la région et commence à fournir une assistance financière et militaire. Mais le temps presse.

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L'intérêt de l'Australie

Si les intérêts des États-Unis dans la région sont presque évidents, la situation est quelque peu différente avec l'Australie, qui ne rivalise pas avec la Chine pour le statut de leader mondial.

L'Australie a conclu un pacte de sécurité avec les îles Salomon en 2017, mais malgré le respect du droit des îles à prendre des décisions souveraines, la signature du pacte avec la Chine a été profondément décevante pour l'Australie. En effet, le parti travailliste de l'opposition l'a qualifié de "plus grand échec de la politique étrangère australienne dans le Pacifique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale".

Bien entendu, l'accord préoccupe l'Australie car il pourrait compromettre la stabilité de la région. Et cela se comprend: une présence militaire chinoise potentielle à quelque 1 600 km de l'Australie n'est pas agréable.

Il ne faut pas non plus oublier le fait qu'en 2021, l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni ont créé l'alliance politico-militaire AUKUS, qui vise précisément à contenir la Chine dans la région. Les relations difficiles entre Pékin et Canberra sont également mises en évidence par l'abandon par l'Australie de presque tous leurs projets de coopération conjointe au cours des deux dernières années.

Une autre raison de l'inquiétude de l'Australie est la crainte que le pacte n'entraîne une nouvelle poussée d'instabilité dans les îles Salomon. En particulier, elle pourrait provoquer chez les Malaitis, qui ont des sentiments anti-chinois très forts, une nouvelle vague de protestations. L'instabilité au sein des îles, à son tour, pourrait conduire à une autre intervention australienne dans le conflit au sein de l'État.

En outre, les îles Salomon sont un partenaire économique de l'Australie et un point stratégique essentiel, car elles constituent une route maritime reliant la côte est de l'Australie à l'Asie. Par conséquent, Canberra est effrayée par la perspective d'une détérioration des relations avec les îles Salomon.

Ainsi, les îles Salomon constituent un autre champ de bataille pour les États-Unis et la Chine. Malgré l'avantage diplomatique de Pékin sur les îles, il est prématuré de parler d'un nouveau succès chinois dans la région, car les îles Salomon sont un État très spécifique avec beaucoup de contradictions et de problèmes internes qui pourraient ultérieurement affecter de manière significative l'issue de la rivalité entre les États-Unis et la Chine pour le leadership dans la région indo-pacifique.

mardi, 26 avril 2022

Quels sont les atouts dans la manche de l'Iran ?

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Quels sont les atouts dans la manche de l'Iran?

Anastasia Solyanina

Source: https://www.geopolitika.ru/article/kakie-kozyri-v-rukave-irana

Le cœur du Moyen-Orient

L'Iran (République islamique d'Iran) est l'un des plus anciens pays du monde. Le pays a une histoire riche et une variété de particularités culturelles. Il est important de noter que jusqu'en 1935, l'Iran était appelé Perse. D'après les événements historiques, la Perse était l'un des États les plus puissants. Toutefois, en raison de l'impact des États-Unis sur l'opinion publique, l'Iran est désormais identifié comme un pays du tiers monde sous-développé et menaçant sur le plan du terrorisme. L'Amérique a souvent profité des capacités des pays qui lui étaient ou sont alliés. Cependant, comme nous le savons, l'Amérique est célèbre pour sa "politique spéciale", dans laquelle il est important pour un pays allié d'exister seulement selon le principe élaboré par les États-Unis.

Dès qu'un État va à l'encontre de l'agenda politique de l'Amérique, il passe automatiquement du statut de pays ami à celui de pays inamical.

La pierre d'achoppement actuelle de la coopération de l'Iran avec l'Occident et les États-Unis est le "programme nucléaire". L'Iran développe sa propre puissance nucléaire depuis les années 1950, donc déjà sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi, un allié des Etats-Unis au Moyen-Orient. Le président américain Dwight Eisenhower a soutenu l'idée dans le cadre du programme Atomes pour la paix, et en 1957, il a signé un accord avec l'Iran pour "l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire".

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En 1958, l'Iran est devenu membre de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'objectif du développement de l'énergie nucléaire en Iran était de développer une supériorité technologique sur les pays arabes. Il convient également de noter qu'outre les États-Unis, des pays comme la France, le Royaume-Uni, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne ont participé au programme de développement de l'énergie nucléaire en Iran dans les années 1960 et 1970. Le projet de diversification de l'énergie nucléaire en Iran devait être achevé en 1994, mais le plan a été entravé par la vague révolutionnaire islamiste qui a éclaté en 1979. En conséquence, tous les projets ont été réduits à néant et tous les contrats avec les partenaires américains et européens ont été annulés.

À partir de la seconde moitié des années 1980, l'Iran a commencé à coopérer avec la Chine après l'échec des tentatives de rapprochement avec l'Occident. Toutefois, sous la pression des États-Unis, la Chine s'est également retirée de la coopération avec l'Iran. Ainsi, après cela, presque tous les pays ont refusé de coopérer avec l'Iran. Ce n'est qu'au début des années 1990 que la Russie a commencé à coopérer avec l'Iran, période durant laquelle un accord intergouvernemental a été signé entre la Russie et l'Iran. En août 2002, le Conseil national de la résistance iranienne a exposé les usines d'enrichissement d'uranium non déclarées de l'Iran à Natanz. Il convient également de noter que la coopération entre la Russie et l'Iran se situe à un niveau élevé. Le chiffre d'affaires commercial entre la Russie et l'Iran à la fin de 2021 a atteint un record historique de 4 milliards de dollars.

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L'année 2003 a été marquée par le début des négociations avec l'Iran sur le "dossier nucléaire". Au départ, trois pays européens participaient aux pourparlers: la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. En 2006, les États-Unis, la Russie et la Chine les ont rejoints. Cela a été facilité par l'émergence du format 5+1 ou JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). Il convient également de noter qu'un certain nombre de trains de sanctions ont été imposés à l'Iran entre 2006 et 2010. Cependant, les sanctions à l'encontre de l'Iran remontent aux années 1950, lorsque l'Iran a nationalisé l'Anglo-Iranian Oil Company, qui était détenue par la Grande-Bretagne. Pendant 30 ans, les États-Unis ont rompu tout contact avec l'Iran, interdisant toute forme de commerce.

Le 14 juin 2015, la version finale du JCPOA a été approuvée à Vienne. L'Iran s'est engagé à ne pas produire de plutonium de qualité militaire pendant 15 ans, à ne pas détenir plus de 3,67 % d'uranium enrichi et à utiliser ses installations nucléaires exclusivement à des fins pacifiques. Depuis lors, les sanctions ont été assouplies. Mais à peine 2 ans plus tard, en février 2017, l'administration du président Donald Trump a annoncé de nouvelles sanctions, contre l'Iran. En effet, Trump, un républicain, avait accusé l'Iran de ne pas respecter les accords adoptés par le format des Six-Parties.

Encore une fois, en 2017, l'Iran est un État voyou. Cependant, l'Iran détient le record des réserves d'hydrocarbures liquides. Il convient de noter ici que les changements dans l'environnement géopolitique, tels que l'imposition ou la levée des sanctions contre l'Iran, affectent les prix du pétrole. En mai 2018, ignorant la déclaration de l'AIEA selon laquelle l'Iran respecte toutes ses obligations, les États-Unis ont annoncé leur retrait de l'accord sur le nucléaire iranien. Les États-Unis ont formulé de nouvelles demandes, avec l'intention de parvenir à un nouvel accord. Et depuis le 5 novembre 2018, ils ont renouvelé les sanctions contre l'Iran. En mai 2019, le bras de fer entre l'Iran et les États-Unis s'est intensifié, en raison de l'escalade de la situation dans le golfe Persique. Ceci était dû à des informations présumées selon lesquelles les troupes iraniennes se préparaient à attaquer les installations américaines situées au Moyen-Orient. Les États-Unis ont également accusé l'Iran d'avoir attaqué des pétroliers au large des côtes des Émirats arabes unis (EAU). Les États-Unis imposent à nouveau une série de sanctions contre l'Iran.

Le conflit s'est encore intensifié en janvier 2020. Le gouvernement américain a lancé une frappe de missiles pour détruire le Corps des gardiens de la révolution islamique, Al-Quds. L'Iran a ensuite déclaré que l'armée américaine était une "organisation terroriste".

En mars 2021, sous la pression des sanctions américaines, la Chine et l'Iran concluent une coopération globale de 25 ans, ce qui renforce la coopération entre la Chine et l'Iran. Ici aussi, la confrontation stratégique de l'Iran avec les États-Unis en entrant en coopération avec des pays désignés par l'Amérique comme une menace est remarquable. Outre la Chine et la Russie, l'Iran coopère également avec la RPDC et le Venezuela.

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Il convient de mentionner qu'en 2002, le président américain George W. Bush a déclaré les pays qui sont menacés par une activité terroriste accrue et les a nommés "axe du mal". Il s'agit de l'Iran, de l'Irak et de la RPDC, et plus tard, en 2007, la Russie et la Chine ont été ajoutées à la liste. Par conséquent, la coopération entre ces pays pourrait être considérée comme la bonne décision stratégique. Après tout, la Corée du Nord et le Venezuela sont sous sanctions depuis un total combiné de plus de 60 ans. Les pays tentent de s'entraider pour affronter les États-Unis. La RPDC avec ses secrets nucléaires et militaires, l'Iran avec ses capacités de raffinage du pétrole, et le Venezuela avec ses réserves naturelles et sa position stratégique vu la proximité géographique des États-Unis. La coopération entre l'Iran et la Corée du Nord est très controversée, mais les modes de développement des programmes nucléaires des deux pays sont similaires, sauf que la RPDC a développé son programme nucléaire sans le soutien des États-Unis. En effet, l'Amérique voyait un avantage à aider Téhéran, poussée par un intérêt personnel dans les réserves de pétrole de l'Iran. Pourtant, le Venezuela est considéré comme une source principale de réserves de pétrole, représentant environ 17,2% du total mondial. Les États-Unis ont également imposé des sanctions au Venezuela depuis 2005, pour des allégations de trafic de drogue et de terrorisme. L'énergie peut donc être considérée comme un domaine clé de la coopération entre le Venezuela et l'Iran. Les pays coopèrent dans le cadre de l'OPEP et s'encouragent également mutuellement pour maintenir des prix élevés pour les hydrocarbures.

Le 29 novembre 2021, des pourparlers entre Téhéran et Washington sur l'"accord sur l'Iran" ont eu lieu à Vienne. Les pays occidentaux n'étaient prêts à discuter des sanctions que dans le cadre de "l'accord nucléaire". Le résultat idéal pour l'Occident aurait été de limiter non seulement le programme nucléaire de l'Iran, mais aussi son programme de missiles. Cependant, l'Iran a fait des demandes réciproques, en premier lieu la levée totale de toutes les sanctions. Mais l'Occident et l'Iran ne sont pas parvenus à un nouvel accord sur le programme nucléaire.

De plus, à ce jour, la situation n'a pas changé ; après 11 mois de négociations, la signature d'un nouvel accord nucléaire va dérailler. La raison en était l'opération spéciale de la Russie en Ukraine. Politico note qu'il est très difficile de négocier un accord nucléaire dans les circonstances actuelles. La Russie est actuellement sous le coup de sanctions américaines et européennes. L'UE étudie actuellement un moyen de reprendre l'accord nucléaire sans la participation de la Russie, mais dans la pratique, elle est toujours dans l'embarras.

Il convient également de noter que le 13 avril 2022, l'Iran a annoncé qu'une usine fabriquant des pièces pour une centrifugeuse à uranium à Natanz avait été mise en service.

Le 20 avril 2022, les États-Unis ont soulevé la question du bénéfice de la Russie, sous réserve de l'accord de l'Iran sur son programme nucléaire. Plus tôt, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que la reprise des négociations sur le programme iranien touchait à sa fin. Par conséquent, les préoccupations des États-Unis sont immédiatement compréhensibles. Après tout, la coopération entre l'Iran et la Russie pourrait constituer une menace sérieuse pour les politiques menées par les États-Unis.

L'Iran joue un rôle clé dans la région de l'Asie occidentale et occupe une position militaro-stratégique vitale en raison de sa situation géographique avantageuse.

L'Iran est également désigné comme le cœur du Grand Moyen-Orient. De plus, comme il a été mentionné précédemment, l'Iran dispose de réserves de pétrole, ce qui lui permet d'influencer l'environnement géopolitique mondial. Le soutien de l'Iran à des pays comme la Chine, la Russie joue un rôle important dans la formation d'un monde multipolaire. Il convient ici de prêter attention à la théorie de la multipolarité. Il s'agit d'un modèle politique qui suppose l'existence non pas d'un seul centre, mais d'un certain nombre de centres de pouvoir qui seraient à la mesure de leurs capacités politiques, militaires, culturelles et économiques. Un autre facteur important de ce modèle est d'éviter de "marcher sur les pieds", en d'autres termes, d'étendre l'influence d'un pays sur un autre en appliquant le genre de double standard que l'Amérique a si souvent utilisé.

La réorientation du monde d'unipolaire à multipolaire dépend dans une large mesure des pays BRICS (Russie, Chine, Brésil, Inde). Par conséquent, l'Iran, en raison de sa situation géographique avantageuse et de ses réserves de pétrole, est déjà capable d'influencer les changements dans l'ordre mondial. Et avec l'aide des alliés mentionnés précédemment comme le Venezuela et la RPDC, ainsi que des pays du BRICS, la Chine et la Russie font partie des alliés qui peuvent obtenir des résultats s'ils unissent leurs forces. Cependant, il est important de dire que c'est la coopération égale des pays qui créera un monde multipolaire. Mais la question se pose ici de savoir si des États tels que la Chine et la Russie coopéreront sans exercer leur influence sur d'autres "États moins importants" : il est important de maintenir un équilibre et de répartir les rôles intelligemment. L'Iran est le plus susceptible de jouer un rôle sur la voie d'un monde multipolaire - un pays servant de lien entre d'autres États de valeur.

Les risques pour la Finlande (et au-delà) d'abjurer la neutralité

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Les risques pour la Finlande (et au-delà) d'abjurer la neutralité

Les Finlandais, avec leurs grosses vieilles chaussures de paysans bien ancrées dans le sol, étaient autrefois politiquement concrets. Mais maintenant, ils continuent de répéter le mantra "la situation sécuritaire a changé". Ce qui n'est pas vrai du tout, car dans le quadrant nord de la Baltique, les Russes n'ont fait aucun mouvement dans cette délicate partie d'échecs avec l'OTAN ; au contraire, ils ont éloigné des troupes de la frontière finlandaise, probablement pour les envoyer en Ukraine.

par Luigi De Anna

Source: https://www.barbadillo.it/104133-i-rischi-per-la-finlandia-e-non-solo-che-abiura-la-neutralita/

HANNIBAL AD PORTAS... OU... DELENDA CARTHAGO ?

Observer une guerre de loin est déjà dramatique, mais l'avoir vraisemblablement à sa porte conduit au découragement. Découragement, pour l'essentiel, de la capacité des politiciens à concevoir une stratégie qui préserve les intérêts de l'Europe, et non ceux de son puissant allié, les États-Unis.

J'ai vécu en Finlande pendant plus de 50 ans. Lorsque je suis arrivé là-bas, la règle stricte de la "finlandisation" était en vigueur, c'est-à-dire que la Finlande restait un pays libre avec un système parlementaire de style occidental, mais n'interférait pas avec les intérêts de l'Union soviétique et, en tant que nation neutre, faisait office d'État tampon entre l'Est et l'Ouest. Il s'agissait de la ligne dite Paasikivi-Kekkonen, poursuivie ensuite de manière substantielle par Mauno Koivisto. Avec la chute de l'Union soviétique, la Finlande a commencé à regarder vers l'ouest, oubliant ce que le président Koivisto avait dit sur le danger de ce renversement de la politique étrangère, car "celui qui s'incline d'un côté montre son derriere à l'autre".

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Urho Kekkonen et Mauno Koivisto.

Le parti conservateur Kokoomus est au gouvernement depuis des années, et devrait revenir lors des prochaines élections. Le centre et la droite finlandais ont été anti-russes en raison de leur vocation naturelle à s'occidentaliser, mais aussi en raison de l'attrait génétique fort, presque inéluctable, qui pousse les peuples riverains de la Baltique à l'anti-russisme. Alors que l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie faisaient partie de l'Union soviétique, la Finlande, comme mentionné, avait conservé son indépendance.

Nous pourrions nous demander pourquoi. En 1944, Staline aurait pu pousser ses armées jusqu'à Helsinki et ne l'a pas fait. La version finlandaise pour expliquer cette décision est liée au mythe de l'héroïsme de ses soldats, né avec la soi-disant "guerre d'hiver", de novembre 1939 à mars 1940. Sans doute héroïque, mais pas suffisamment pour arrêter l'Armée rouge qui, après être arrivée à Berlin, aurait bien pu arriver à Helsinki. Staline n'a pas non plus réalisé en Finlande l'assimilation des pays que Yalta lui avait accordée, alors qu'il existait en Finlande un parti communiste fort qui aurait été bien adapté à cette tâche. Staline juge plus utile d'avoir une Finlande neutre, et surtout il ne veut pas risquer de pousser la Suède dans le camp occidental, ce qui aurait fermé la Baltique à sa flotte. La Finlande a payé les réparations de guerre, a jugé dans son propre petit Nuremberg (mais sans bourreaux américains ou soviétiques) les responsables de l'alliance avec l'Allemagne (mais pas le maréchal Mannerheim, probablement le principal architecte de l'accord avec Staline) et, année après année, a prospéré grâce au commerce avec sa voisine orientale.

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Carl-Gustav Emil Mannerheim.

Nous en arrivons à la crise ukrainienne: la Finlande s'aligne immédiatement sur le récit atlantiste. Les nouvelles sont pleines d'images larmoyantes, les (rares) talk-shows (les Finlandais sont notoirement peu loquaces) n'invitent que ceux qui accusent la Russie d'agression, de massacres, etc. etc., mais jamais quelqu'un qui, je ne dirai pas défend la Russie, mais qui explique ses raisons. Les plus modérés dans cette course à l'anti-russisme semblent être les militaires, invités en tant qu'experts, bien conscients de là où cela pourrait mener.

Sic fuit in votis. Hier, 13 avril, le gouvernement finlandais a présenté son Livre blanc sur la sécurité, ou plutôt sur les perspectives de cette crise internationale, qui recommande l'adhésion de la Finlande à l'OTAN.

Mais qui menace la Finlande ?

Personne. Et, chose intéressante, personne n'a posé cette question très simple. On ne fait que plaider... "si la Russie... si la situation... si un jour...". En finnois, il existe un verbe, "jossitella", qui indique précisément la futilité des hypothèses. Les Finlandais, avec leurs grosses vieilles chaussures de paysans bien ancrées dans le sol, étaient généralement politiquement concrets. Mais maintenant, ils continuent de répéter le mantra "la situation sécuritaire a changé". Ce qui n'est pas vrai du tout, car dans le quadrant nord de la Baltique, les Russes n'ont pas fait un geste dans cette délicate partie d'échecs avec l'OTAN; au contraire, ils ont déplacé des troupes de la frontière finlandaise, probablement pour les envoyer en Ukraine.

Oui... la frontière. Une frontière de près de 1300 km, qui passe non loin de Saint-Pétersbourg, la patrie de Vladimir Poutine, qui pourrait un jour voir de sa fenêtre, au-delà des dômes en bulbe de ses belles églises, les missiles nucléaires de l'OTAN. L'alliance atlantique s'étendrait pratiquement jusqu'à Mourmansk, la base navale la plus importante de la Russie, qui abrite sa flotte de sous-marins nucléaires. Et Mourmansk est la clé stratégique de la nouvelle route arctique qui s'ouvre, qui unira le commerce asiatique à l'Occident.

Comment Poutine pourrait-il laisser ces deux zones sensibles, le golfe de Finlande et la péninsule de Kola, être assiégées par l'OTAN ?

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L'absurdité est que la Finlande demande à rejoindre l'OTAN (sans doute le Parlement le proposera-t-il) pour éviter une éventuelle intervention russe et, ce faisant... ils la provoquent ! Vraiment brillant !

Les Finlandais, comme de bons vieux paysans, se croient malins: ils veulent rejoindre l'OTAN maintenant parce que la Russie n'a pas assez de soldats pour l'envahir... oui, c'est vrai, les soldats sont ailleurs, mais la Russie, ne pouvant utiliser de chars utiliserait... les sages dirigeants finlandais n'y pensent-ils pas? Les armes nucléaires tactiques de la Russie devraient les faire méditer. Les temps désespérés appellent des mesures désespérées, c'est peut-être aussi un dicton slave.

À la folie incontestable des dirigeants actuels de la Finlande, il faut cependant ajouter une autre motivation: faire plaisir aux États-Unis. La Finlande coopère militairement avec l'OTAN depuis longtemps, organisant des exercices militaires conjoints avec elle, tout récemment il y a quelques semaines en Norvège, manifestement en préparation de l'activation de l'offensive arctique. L'année dernière, la Finlande a acheté les F-35 dont elle avait besoin pour remplacer les vieux Hornets, mais ce sont des avions offensifs, alors pourquoi? Au lieu de se doter de systèmes de missiles défensifs, à la suggestion des Américains, ils ont opté pour des jets qui transportent une telle charge de missiles et de bombes ainsi que des équipements électroniques que... de temps en temps, ils tombent, comme nos Starfighters, appelés tombes volantes.

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Le Premier ministre finlandais, Sanna Marin (photo), a clairement indiqué avant-hier que des consultations avec les États-Unis sur cette possibilité de rejoindre l'OTAN sont en cours. Et voici la véritable raison pour laquelle le gouvernement de centre-gauche de Marin fait pression en faveur de l'OTAN: les États-Unis ont besoin d'un nouveau front sur lequel engager la Russie, en la détournant et en l'affaiblissant ainsi sur le front ukrainien. Sans aucun doute une stratégie intelligente et utile. Pour eux. Mais pas pour la Finlande, qui entre désormais allègrement dans la tanière de l'ours pour le réveiller. Une chose que les anciens chasseurs finlandais savaient être très risquée.

Mais il n'y a plus de vieux chasseurs en Finlande. Le pays est gouverné par une troïka de cinq secrétaires de parti, tous âgés d'une trentaine d'années. La nouvelle histoire nous a appris qu'il existe des composantes apparemment irrationnelles mais quantifiables dans l'histoire. Et sans doute le récit médiatique des enfants ukrainiens comme victimes de la guerre agit-il sur l'inconscient de ces jeunes mères. Mais les mères devraient aussi penser à leurs enfants plus âgés: ceux que la Finlande enverra inévitablement à la mort dans une guerre absurde et futile à venir.

Delenda Carthago... oui, mais quel Carthago ?

Luigi De Anna

La guerre hybride de l'argent

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La guerre hybride de l'argent

par Roberto Pecchioli

Source : Ereticamente & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-ibrida-del-denaro

La guerre en Ukraine est un désastre. Nous devons respecter la souffrance de la population et le sacrifice des soldats des deux côtés. Il faut cependant sortir d'un récit de guerre déséquilibré, manichéen, propagandiste, qui a généré une forme d'hyperréalité dans laquelle l'opinion publique est plongée dans un climat de mensonge, de distorsion, de tension permanente dont le but est de faire accepter de nouveaux sacrifices, de nouvelles privations de liberté. Une approche testée avec succès lors de la pandémie et appliquée selon un scénario de guerre.

Il est essentiel de regarder l'ensemble du tableau pour tenter de comprendre les événements d'un point de vue politique, économique, financier et géopolitique, c'est-à-dire d'analyser le véritable pouvoir, le "grand jeu" contemporain qui se moque des peuples, de la vie humaine et de la destruction. Suivre l'argent est un excellent critère pour observer les événements comme des mouvements sur un échiquier aussi grand que la planète. L'un des premiers effets de l'affrontement entre l'Occident - les États-Unis, l'Anglosphère et les vassaux européens - et le reste du monde est l'émergence probable d'un système financier alternatif, soutenu par une monnaie numérique basée sur un panier mixte de monnaies nationales et de ressources naturelles. L'objectif sous-jacent est de vaincre l'unipolarité occidentale et le pouvoir du dollar, monnaie de référence du commerce international.

Les signes de cet affrontement - non moins titanesque que celui des armes - sont déjà visibles: l'expulsion de la Russie du système interbancaire Swift, l'autoroute numérique sur laquelle fonctionnent les échanges et les paiements liés aux importations, aux exportations et aux services internationaux; le blocage des fonds russes en Occident (un vol déguisé en sanction) et la réponse de Moscou, avec la demande de paiements en roubles. Dans le même temps, la création de systèmes financiers et monétaires et d'instruments techniques détachés de l'hégémonie américaine progresse. Ce sont les enjeux d'un jeu dans lequel la guerre n'est qu'un des champs de bataille.

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L'opération, selon ses inspirateurs, permettra de libérer le Sud du monde de la dette occidentale et de l'austérité imposée par le Fonds monétaire international. L'un des protagonistes de la tempête géopolitique et géoéconomique est Sergey Glazyev (photo), un Russe, l'un des économistes les plus influents du monde, responsable de l'intégration macroéconomique de l'Union économique eurasienne, l'espace économique financier formé par la Russie, le Belarus, l'Arménie, le Kazakhstan et le Kirghizstan. Le défi consiste à concevoir un système monétaire/financier grâce à un partenariat entre l'UEE et la Chine, en contournant le dollar américain. Le projet est une sorte de Bretton Woods de l'Est du monde alternatif au Consensus de Washington libéral et dominé par le dollar. Selon Glazyev, l'oligarchie dirigeante américaine joue son dernier atout dans la guerre hybride contre la Russie. Le gel des réserves de change de la Russie pourrait toutefois avoir sapé le statut du dollar, de l'euro et de la livre en tant que monnaies de réserve, accélérant ainsi la fin de l'ordre mondial basé sur le dollar.

Des travaux sont en cours pour passer à un système alternatif fondé sur un échange de devises virtuelles basé sur un indice des devises des pays participants. Le panier de devises est complété par la valeur d'au moins vingt matières premières négociées en bourse, afin de maintenir un haut degré de résilience et de stabilité. Dans le même temps, les gouvernements d'Eurasie et la Chine ont entamé des pourparlers pour créer une coalition internationale de contre-attaque dans la guerre hybride pour la domination mondiale déclenchée par l'élite dirigeante américaine contre les pays qui échappent à son contrôle impérial. Glazyev a expliqué la nature de cette guerre dans un livre publié en 2016 (The Last World War : The United States to Move and Lose) et a fait valoir son caractère inévitable, fondé, selon lui, sur les lois objectives du développement économique à long terme, qui entraînerait la défaite de l'ancien pouvoir en place.

indexlgla.jpgLes États-Unis luttent pour maintenir leur hégémonie, mais comme la Grande-Bretagne avant eux, qui a provoqué deux guerres mondiales mais n'a pu maintenir son empire et sa position dominante en raison de l'obsolescence de son système économique colonial, ils sont voués à l'échec. Le système colonial britannique basé sur l'exploitation massive et directe a été supplanté par les États-Unis et l'URSS, qui ont été plus efficaces dans la gestion du capital économique et humain au sein de systèmes intégrés verticalement qui ont divisé le monde en zones d'influence. Après la désintégration de l'URSS, une longue transition a commencé, qui touche à sa fin avec la défaite imminente du système basé sur le dollar, le linteau de la domination mondiale des États-Unis.

Le nouveau système économique convergent qui émerge entre la Chine, la Russie et l'Inde est pour Glazyev la prochaine phase inévitable. Elle combine les avantages de la planification stratégique centralisée avec l'économie de marché et le contrôle par l'État de l'économie monétaire et physique, des infrastructures et de l'esprit d'entreprise. Le nouveau paradigme vise à unir ces sociétés en augmentant la prospérité au-delà du modèle occidental.  Ce succès est la principale raison pour laquelle Washington ne serait pas en mesure de gagner la guerre hybride qu'il a déclenchée. Le système financier centré sur le dollar sera remplacé par un nouveau mécanisme fondé sur le consensus entre les pays qui y adhèrent.

Dans la première phase de la transition, ces pays se contenteront d'utiliser les monnaies nationales et leurs mécanismes de compensation, soutenus par des échanges bilatéraux de devises. La formation des prix sera toujours déterminée principalement par les performances des bourses, qui sont libellées en dollars. Cette phase toucherait à sa fin: après le gel des réserves russes en dollars, euros, livres et yens, il est peu probable qu'un pays souverain continue à accumuler des réserves dans ces monnaies, remplacées par l'or et les monnaies nationales.

La deuxième phase de la transition impliquera des mécanismes de tarification qui ne se réfèrent pas au dollar. La fixation des prix en monnaies nationales pose des problèmes considérables, mais peut être plus attrayante que le risque politique des monnaies devenues traîtresses comme le dollar, la livre sterling, l'euro et le yen. L'autre monnaie mondiale, le yuan chinois, ne les remplacera pas en raison de son inconvertibilité et de son accès externe limité aux marchés de capitaux chinois. L'utilisation de l'or comme référence de prix est limitée par les inconvénients des paiements et le contrôle exercé par l'anglosphère (galaxie Rothschild).

La troisième étape de la transition vers le nouvel ordre économique impliquera la création d'une monnaie numérique résultant d'un accord international fondé sur des principes de transparence, d'équité, de bonne volonté et d'efficacité. Cette monnaie pourrait être émise par un panier de réserves monétaires des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), que d'autres pays pourraient rejoindre. Le poids de chaque devise serait proportionnel au PIB de chaque pays (pondéré à la parité de pouvoir d'achat), à la part dans le commerce international, à la population et au territoire des participants. Il contiendrait également un indice des prix des principales matières premières négociées à la bourse: or, métaux précieux et industriels, hydrocarbures, céréales, sucre, eau et autres ressources naturelles. Pour soutenir la monnaie, d'importantes réserves de ressources internationales seraient créées. La nouvelle monnaie serait utilisée exclusivement pour les paiements transfrontaliers et émise sur la base d'une formule prédéfinie. Les pays participants utiliseraient leurs monnaies nationales pour la création de crédits, pour financer les investissements et l'industrie nationale, et pour les réserves de richesse souveraine. Les flux de capitaux transfrontaliers resteraient soumis aux réglementations nationales.

Un projet d'une énorme ambition, destiné à modifier la carte du pouvoir sur la planète: il y a une vie au-delà de l'Occident. La transition vers le nouvel ordre économique mondial, selon ses architectes, s'accompagnera peut-être d'un refus d'honorer les obligations en dollars, euros, livres et yens. Cela n'est pas sans rappeler l'exemple des pays occidentaux qui ont confisqué les réserves monétaires de l'Irak, de l'Iran, du Venezuela, de l'Afghanistan et de la Russie, une véritable confiscation de la richesse d'autrui.

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Le système vise à rester flexible, en accueillant ses membres indépendamment de leurs dettes en dollars, euros, livres et yens, dont le défaut éventuel n'affecterait pas leur notation dans le nouveau système financier. La nationalisation de l'industrie extractive est recommandée, un changement de paradigme par rapport au modèle de privatisation qui a dominé après la fin de l'Union soviétique. Les pays qui utilisent une partie de leurs ressources naturelles pour soutenir le nouveau système augmenteraient leur poids dans le panier de devises de la nouvelle unité monétaire, accumuleraient des réserves et obtiendraient une plus grande solvabilité. En outre, les lignes d'échange bilatérales avec les partenaires fourniraient un financement adéquat pour les co-investissements et les initiatives commerciales. Il s'agirait d'une architecture extrêmement importante, déplaçant l'axe du pouvoir et de la prospérité vers l'est et le sud et orientant le nouvel ordre financier et le système de règlement des paiements dans une direction bipolaire: l'Ouest contre le Sud-Est du monde.

Pour M. Glazyev, la Russie ne peut plus jouer selon les règles du système du dollar "après que les réserves monétaires de la Russie ont été capturées par l'Occident. Les agents d'influence occidentaux contrôlent les banques centrales de la plupart des pays, les forçant à appliquer les politiques prescrites par le FMI, qui sont manifestement contraires aux intérêts nationaux de ces nations". "Au sein des groupes de direction de la Banque centrale russe, il y a un affrontement permanent entre les partisans du consensus de Washington et les partisans du nouveau système. Entre-temps, la BCR a dû faire face à la réalité et créer un système interbancaire national indépendant du réseau Swift, ouvert aux banques étrangères. Des lignes d'échange intermédiaires ont été mises en place avec les principales nations participantes. La plupart des transactions entre les États membres de l'Union eurasienne sont désormais libellées en monnaies nationales.

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Une transition similaire est en cours dans le commerce avec la Chine, l'Iran et la Turquie. L'Inde a également manifesté son intérêt. De nombreux efforts ont déjà été faits, accélérés ces derniers mois, pour développer des mécanismes de compensation pour les paiements en monnaies nationales. Parallèlement, des tentatives sont faites pour développer un système de règlement numérique non bancaire lié à l'or et à d'autres matières premières négociées en bourse (stablecoin).

La BCR a longtemps conseillé aux producteurs d'or russes de vendre sur le marché de Londres pour obtenir un prix plus élevé que celui que le gouvernement ou la banque centrale elle-même paierait, en suivant les recommandations du FMI. Le résultat a été dévastateur, le gel de près de 400 milliards de dollars de réserves de change. Les soi-disant oligarques russes auraient détourné des sommes incalculables vers des destinations offshore. Suivant les indications du grand public, la BCR a cessé d'acheter de l'or ces dernières années, obligeant l'industrie minière à exporter la totalité de sa production de 500 tonnes par an. L'erreur et les dégâts sont évidents. Aujourd'hui, la BCR a repris ses achats d'or et les dirigeants politiques exigent des politiques plus conformes à l'intérêt national, plutôt qu'un contrôle strict de l'inflation au profit des spéculateurs internationaux, comme cela a été le cas au cours de la dernière décennie.

Le gel des réserves russes en réponse à la guerre est une mesure gouvernementale qui a pris les banques centrales au dépourvu, un retour de la politique qui a surpris les autorités monétaires, qui sont perplexes et irritées. Sergei Glazyev est favorable au remplacement des dollars, des euros, des livres et des yens dans les réserves monétaires par de l'or, qui est produit en abondance en Russie. Cependant, seul le scénario de guerre semble mettre à l'ordre du jour ses suggestions, qui ont jusqu'à présent été rejetées par Elvira Nabiullina, qui a récemment été confirmée à la tête de l'institut d'émission.

Le partenariat stratégique russo-chinois se renforce de jour en jour comme moyen de contrer l'unipolarité américaine et la domination du dollar. Les analystes indépendants se rallient à l'idée que l'élite américaine a lancé une guerre hybride mondiale pour défendre sa position hégémonique dans le monde, en ciblant la Chine comme principal concurrent économique et la Russie comme principale force de contrepoids. Au départ, les efforts géopolitiques américains visaient à créer un conflit entre la Russie et la Chine. Cependant, les intérêts souverains de la Russie et de la Chine ont conduit à une coopération stratégique croissante pour faire face aux menaces de Washington.

La guerre tarifaire américaine contre la Chine et l'ampleur des sanctions financières contre la Russie ont accru les inquiétudes et démontré le danger tant du point de vue chinois que russe. Rien n'unit plus qu'un ennemi commun. Guerre mise à part, nous verrons bientôt si l'axe tiendra sur le long terme et si le processus de dédollarisation façonnera l'histoire économique et financière du 21e siècle. Les précédents historiques ne manquent pas: c'est l'URSS qui a soutenu la Chine contre l'occupation japonaise et dans la première industrialisation d'après-guerre, avant qu'émergent les divergences entre les deux puissances communistes. Le présent parle aussi de la Route de la Soie, le grand projet chinois de pénétration vers l'Occident par le biais de gigantesques infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, et aussi de la tentative russe de construire des navires capables de suivre la route de l'Arctique, en contournant les voies du commerce international.

Le conflit en Ukraine n'est qu'un des scénarios d'une confrontation planétaire à multiples facettes, dont l'Europe reste étrangère, tout simplement parce qu'elle n'existe pas. Colonie des États-Unis, incapable de mener une politique commune et de défendre ses propres intérêts concrets, elle vit la dernière phase d'un déclin qui a commencé avec le carnage de la Première Guerre mondiale. Au retour de la grande politique - dont la guerre est parfois la continuation par d'autres moyens - nous sommes spectateurs et victimes d'un choc financier, économique, culturel et civilisationnel. Les absents ont toujours tort.

 

Bombes de vérité : comment les Etats-Unis ont mis la main sur l'Ukraine

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Bombes de vérité : comment les Etats-Unis ont mis la main sur l'Ukraine

par Fabio Mini

Source : Il Fatto quotidiano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/bombe-di-verita-cosi-gli-usa-hanno-messo-le-mani-sull-ucraina

Il y a quelques semaines, lors d'une apparition à la télévision américaine, la célèbre journaliste Lara Logan a lâché tant de "bombes de vérité" sur un public médusé que les présentateurs du programme ont dû supplier (sur des téléphones internes) pour une pause commerciale. Les "bombes" étaient en fait des choses que les soi-disant complotistes disaient au monde entier depuis longtemps, sauf aux Américains bien sûr.

Outre la rhétorique poutiniste, qui reflète la rhétorique anti-poutiniste, ce qui est étonnant, c'est la réaction du public: une avalanche de compliments pour les vérités non dites, quelques objections, de nombreuses expressions d'admiration pour le courage et tout autant de prières de la part de ceux qui craignent pour la vie de Lara.

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Lara Logan.

Même au pays de la liberté d'expression, si vous dites quelque chose qui dérange les pouvoirs en place, vous êtes mort. La tirade de Lara Logan est plus que cela: c'est un appel clair à la responsabilité du leadership américain dans ce qui se passe en Ukraine. Là-bas, la rhétorique des bons gars et des méchants voyous a explosé, tout comme au Vietnam, en Irak et en Afghanistan, mais pour les Américains qui se sont habitués à l'idée d'être les bons gars, c'est toujours une "découverte" saine mais traumatisante.

Rechercher des traces d'une implication directe des États-Unis dans cette guerre, présentée comme une question subalterne qui ne concerne que la Russie et l'Ukraine et tout au plus l'UE ou l'OTAN et la Russie, est moins difficile qu'il n'y paraît.

Les États-Unis sont présents en Ukraine depuis 1991 et n'en sont jamais repartis. Lorsque l'URSS s'est désintégrée, l'Ukraine s'est retrouvée avec le troisième arsenal nucléaire le plus puissant du monde, après les États-Unis et la Russie. Pas moins de 176 missiles intercontinentaux avec 1240 têtes nucléaires.

Plusieurs dizaines de bombardiers nucléaires stratégiques avec 600 missiles et bombes à gravité et 3000 dispositifs nucléaires tactiques. Les États-Unis et la Russie se sont mis d'accord sur une réduction de l'armement nucléaire et, avec l'idée que l'Ukraine serait toujours dans la sphère d'influence de la Russie, ont décidé d'éliminer tout l'armement nucléaire existant en Ukraine.

À partir de 1992, l'Ukraine a exploité la sensibilité de l'Occident à la question nucléaire et, jusqu'en 1994, elle a continué à gagner du temps et à marchander son adhésion au traité de non-prolifération et la ratification de START. Le démantèlement de chaque silo à missiles coûtait 1 million de dollars (à l'époque) et les États-Unis ont fourni 399,2 millions de dollars pour payer Bechtel Corp. afin de sous-traiter les travaux.

La dénucléarisation a été achevée, du moins sur le papier, en 1996, mais ce n'est qu'en 2000 que les bombardiers stratégiques ont été remis à la Russie en échange d'un allègement des dettes de gaz qui s'étaient accumulées. L'Ukraine a hérité d'environ 30 % de l'industrie militaire soviétique, qui représentait 50 à 60 % de toutes les entreprises ukrainiennes et employait 40 % de sa population active. L'armée ukrainienne a échangé des armes conventionnelles et signé des contrats avec des entreprises commerciales. Les premiers contrats de livraison d'armes à l'Iran, signés à la mi-1992, ont provoqué une réaction négative en Occident (surtout aux États-Unis). Depuis lors, l'Ukraine n'a cessé de produire des armes et de les vendre sur le marché noir à divers pays, toujours sous l'œil attentif des États-Unis, de la Russie et de leurs trafiquants et oligarques.

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Depuis la révolution orange de 2004, les États-Unis sont intervenus en Ukraine pour déstabiliser les relations avec la Russie. Les différentes tentatives se sont concrétisées dix ans plus tard avec les incidents de Maidan. L'ingérence est flagrante et il s'agit, en l'occurrence, de l'appel téléphonique de Victoria Nuland - "Fuck the EU !" - pour révéler qu'elle ne se contente pas de surveiller les événements, mais qu'elle assure une direction politique et opérationnelle. De 2014 à 2022, grâce aux sanctions et à l'aide militaire des États-Unis et de l'OTAN, l'armée a été restructurée, des milices paramilitaires ont été équipées et entraînées, et des laboratoires de recherche biologique ont été installés par des entreprises américaines. Dans une tentative grotesque de faire passer la question des laboratoires pour des fake news, l'équipe Vox Check écrit: "Des laboratoires biologiques américains secrets en Ukraine? Un mythe de la propagande russe. Rien ne prouve qu'il y en ait... Cependant, il existe une coopération entre les institutions ukrainiennes et américaines. Depuis 2005, les États-Unis ont aidé à moderniser les laboratoires ukrainiens, à mener des recherches et à améliorer la sécurité pour prévenir les épidémies de maladies infectieuses dangereuses par le biais du programme de réduction des menaces biologiques. Pendant toute la période de coopération, les États-Unis ont investi environ 200 millions de dollars dans le développement de 46 laboratoires et institutions médicales en Ukraine. Ces institutions ne sont pas impliquées dans le développement d'armes chimiques ou biologiques".

Et en effet, comme la mutuelle ukrainienne ne s'occupe pas de vaccins mais d'agents pathogènes à haut risque, l'Organisation mondiale de la santé a conseillé à l'Ukraine, le 11 mars dernier (source : Reuters), de détruire ces agents hébergés dans les laboratoires de santé publique du pays afin d'éviter "toute fuite potentielle" qui propagerait des maladies au sein de la population.

Mais la question est que "au contraire, les États-Unis ont lancé un programme visant à empêcher le développement de telles armes. L'Union soviétique avait son propre programme d'armes biologiques. Après l'effondrement, des matières biologiques dangereuses sont restées sur le territoire de l'Ukraine. Le programme américain vise à garantir que ces matériaux ne soient pas volés ou utilisés à des fins autres que la recherche. Jusqu'en 2014, le programme s'étendait également aux laboratoires russes".

Cependant, ces matériaux laissés par l'URSS soulèvent la question d'autres matériaux soviétiques en Ukraine. L'URSS disposait d'un stock de près de 40.000 tonnes d'agents chimiques neurotoxiques, vésicants et suffocants. Selon certains rapports, le stock total a dépassé 50.000 tonnes, avec un stock supplémentaire de 32.300 tonnes d'agents phosphorés. Quelle proportion de ce stock est restée en Ukraine?

Officiellement aucune, mais si les armes biologiques sont laissées, pourquoi ne pas laisser aussi les armes chimiques que la Russie et les États-Unis possèdent encore?

Les traces des États-Unis en Ukraine sont également présentes ici, ne serait-ce que parce qu'elles savent exactement où elles ont abouti. Si l'on devait mesurer l'implication américaine par le nombre de soldats américains sur le terrain, on peut se limiter à compter les soi-disant volontaires parmi les combattants et les contractants étrangers. Le président Zelensky a parlé d'environ 20.000 volontaires du monde entier (y compris des États-Unis).

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La "légion internationale" a été intégrée aux forces de défense de l'Ukraine, afin de ne pas tomber dans un vide juridique sur le statut des mercenaires. En fait, nombre d'entre eux sont payés avec des fonds donnés par les États-Unis et l'Europe, ainsi que par des "particuliers". Le commandant de la Légion géorgienne, M. Mamulashvili, procède depuis avril 2014 au recrutement et à la formation de bataillons composés de professionnels, principalement américains et britanniques. Eante a personnellement dirigé ses bataillons contre les Russes à l'aéroport d'Hostomel, dans la région de Kiev. Si l'on veut ensuite examiner le rôle des États-Unis dans la question ukrainienne à quelques pas de la frontière, on peut en déduire que la "défense" de l'OTAN est peu défensive et très provocatrice. Le Pentagone a repositionné ses troupes avant l'invasion russe. Les 160 hommes de la Garde nationale de Floride (instructeurs) ont été retirés d'Ukraine. Sur les quelque 40.000 soldats américains présents en Allemagne, plusieurs milliers ont été déployés dans les pays voisins de l'OTAN. L'OTAN a déployé 5000 soldats depuis 2014 dans les États baltes et les États-Unis ont envoyé 5000 autres soldats en Allemagne.

La présence américaine dans la cyberguerre est également ancienne. La dernière attaque russe contre le réseau ukrainien de contrôle de l'électricité (8 avril) a été miraculeusement évitée grâce à Microsoft et à la société slovaque Eset. Le collectif Anonymous a attaqué à plusieurs reprises la Russie et s'est entièrement rangé du côté de l'Ukraine. L'origine des membres éphémères du collectif est des plus variées et offre diverses possibilités aux agents de la cyberguerre de se déguiser derrière cette marque. La même opportunité est offerte aux sites anti-russes comme RURansom Wiper et à des dizaines d'autres plateformes formelles et informelles. Les grandes entreprises américaines sont toutes présentes en Ukraine et boycottent et censurent toute communication "indésirable". Il s'agit d'activités collatérales mais importantes.

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Cependant, l'implication la plus importante se situe avec et derrière l'envoi de fonds et d'armes. Le président Biden a porté la contribution américaine à 1 milliard de dollars en une semaine et à 2 milliards de dollars depuis son entrée en fonction. Les nouvelles armes envoyées comprennent des missiles Stinger (800), des missiles Javelin (2000) et des systèmes antichars (6000). Le transfert de véhicules blindés, de technologies et de drones d'autres pays vers l'Ukraine a été autorisé. Beaucoup de ces systèmes ont également besoin de leurs opérateurs et ceux-ci sont normalement fournis par des sociétés militaires privées, qui continuent à recruter du personnel spécialisé.

Avec tout cela, seul un pays délibérément laissé dans l'ignorance peut encore penser qu'il n'est pas impliqué et peut avoir une Pâques paisible.

Après la conquête de la mer d'Azov

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Après la conquête de la mer d'Azov

par Federico Dezzani

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/dopo-la-conquista-del-mare-di-azov & Federico Dezzani

Au 57e jour de la guerre russo-ukrainienne, le ministère russe de la Défense a annoncé la conquête de la ville de Marioupol. Il est temps d'analyser comment la campagne militaire a évolué au cours des deux derniers mois, comment elle pourrait évoluer dans un avenir proche et, surtout, quelles seront ses répercussions internationales: il est de plus en plus évident que les puissances anglo-saxonnes veulent utiliser le conflit pour affaiblir la Russie et, en même temps, déstabiliser l'Allemagne et l'Italie.

Une guerre par procuration tous azimuts

Un peu moins de deux mois après le début des hostilités russo-ukrainiennes, le ministère russe de la Défense a annoncé la conquête de la ville de Marioupol, qui compte environ 400.000 âmeset est située sur le littoral de la mer d'Azov: seul le grand complexe sidérurgique, qui fait partie du kombinat de l'acier construit dans le Donbass dans les années 1930, reste encore aux mains des troupes ukrainiennes désormais clairsemées, mais sa chute est une question de temps. La Russie a donc obtenu un premier résultat stratégique tangible: elle a recréé un pont terrestre avec la péninsule de Crimée (annexée en 2014) et transformé la mer d'Azov en un lac intérieur. Les frontières russes sont donc revenues, sur le front sud, à la conformation de la première moitié du XVIIIe siècle, lorsque l'empire tsariste a réussi à arracher la mer d'Azov aux Turcs et à entrer dans les mers chaudes.

Il est particulièrement utile de reconstituer comment la Russie est parvenue à ce résultat en l'espace de deux mois. Dans notre analyse effectuée au "jour -1", nous avions supposé une campagne militaire de grande envergure, d'une durée de 30 à 40 jours, qui conduirait les Russes jusqu'au Dniepr et à partir Odessa jusqu'au Dniestr. Les faits montrent toutefois que cette option, une campagne militaire de grande envergure sur le territoire ukrainien, n'a jamais été envisagée par les stratèges russes qui pensaient à tort pouvoir se limiter à une "opération militaire spéciale" aux fins éminemment politiques, à savoir le renversement du gouvernement Zelensky et l'avènement d'une junte militaire qui rétablirait la coopération traditionnelle entre la Russie et l'Ukraine. Appeler les opérations qui ont duré du 25 février au 31 mars la "bataille de Kiev" est erroné: on peut tout au plus parler d'une "intimidation de Kiev", car les Russes n'ont jamais envisagé de conquérir la ville dans cette phase de la guerre. La "première phase" de la campagne militaire peut être résumée par l'appel lancé par Poutine aux militaires ukrainiens le 26 février 2022 pour qu'ils prennent le pouvoir et se débarrassent de la "bande de drogués et de néonazis", facilitant ainsi le début des négociations.karte-meerenge-von-kertsch.jpg

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Ces calculs se sont révélés erronés, car Moscou a sous-estimé le degré de pénétration des puissances anglo-saxonnes dans l'appareil ukrainien: en huit ans (le temps écoulé entre la révolution colorée de 2014 et aujourd'hui), Londres et Washington ont eu les moyens de s'insinuer jusque dans le coin le plus caché de l'État et de l'armée ukrainiens, éliminant les éléments qui auraient pu accepter l'appel de Poutine et renverser Zelensky. À ce moment-là, les Russes se sont retrouvés dans une position militaire aussi inconfortable qu'improductive: une tête de pont autour de Kiev, alimentée avec de grandes difficultés logistiques par la Biélorussie et exposée à la guérilla des nationalistes ukrainiens. Tant qu'il y avait la possibilité d'un règlement politique du conflit (les négociations tenues en Biélorussie puis en Turquie), les Russes sont restés aux portes de Kiev. Une fois ce scénario écarté, ils se sont retirés en bon ordre du nord de l'Ukraine pour poursuivre des objectifs militaires plus concrets dans le sud-est de l'Ukraine: c'est la "phase deux", annoncée dans les derniers jours de mars. La nomination du général Aleksandr Dvornikov, déjà en charge des opérations militaires en Syrie, comme commandant unique du front ukrainien, annoncée le 9 avril, peut être considérée comme le tournant de la campagne, qui prend de moins en moins de connotations politiques et de plus en plus de connotations militaires. Il convient toutefois de noter que deux mois après l'ouverture du conflit, la Russie ne s'était pas encore lancée dans la destruction systématique des infrastructures ukrainiennes, qui, si une approche purement militaire avait été suivie, aurait dû avoir lieu dès les premières heures de la campagne.

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La conquête de Mariupol (avec ses aciéries, photo ci-dessus) annoncée le 21 avril, avec le déploiement consécutif des troupes engagées dans la ville, devrait être le prodrome de la déjà célèbre "bataille du Donbass", dont les Russes ont jeté les bases en conquérant, le 24 mars, le saillant d'Izyum: sur le papier, elle se préfigure ainsi comme une grande tenaille qui, partant du nord et du sud, devrait se refermer sur la ville de Kramatosk. Les avantages que pourraient obtenir les Russes seraient multiples: la destruction de l'armée ukrainienne concentrée depuis le début des hostilités dans le Donbass (estimée à environ 40.000-60.000 unités) et l'affinement des futures frontières, de manière à rendre compacte la région à annexer à la Russie. Quoi qu'il en soit, même en cas de défaite sévère de l'armée ukrainienne, il est peu probable que la "bataille du Donbass" marque la fin des hostilités.

Les puissances anglo-saxonnes ont intérêt à prolonger le conflit le plus longtemps possible et, à cette fin, s'apprêtent à déverser de plus en plus d'armes en Ukraine pour alimenter la "résistance". Le Royaume-Uni, en particulier, qui joue un rôle de premier plan en Ukraine, comme en témoigne le voyage de Johnson à Kiev le 9 avril, a promis d'envoyer des instructeurs, de l'artillerie, des missiles anti-navires Harpoon et même des véhicules blindés pour transporter les systèmes anti-aériens Starstreak. Cet activisme britannique s'explique par le fait que dans la "troisième guerre mondiale" menée par les puissances anglo-saxonnes contre les puissances continentales pour le contrôle du Rimland, le quadrant européen de l'Eurasie a été mis entre les mains de Londres, tandis que Washington et Canberra doivent se concentrer sur le Pacifique et la Chine.

Qu'est-ce que les puissances anglo-saxonnes espèrent gagner en prolongeant jusqu'au bout la guerre en Ukraine, à créer une nouvelle "Syrie" au cœur de l'Europe? Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises dans nos analyses, toute compréhension géopolitique des événements actuels doit englober l'Eurasie dans son ensemble et donc l'axe horizontal Chine-Russie-Allemagne (avec ses nombreuses branches verticales en Birmanie, au Pakistan, en Iran, en Italie, etc.). En prolongeant le conflit pour au moins toute l'année 2022, en jetant de plus en plus d'armes létales sur le théâtre ukrainien, les puissances maritimes anglo-saxonnes espèrent :

- affaiblir davantage la Russie, de manière à rendre possible la chute de Poutine et la relocalisation stratégique du pays dans une fonction anti-chinoise (ou du moins la disparition de la Russie en tant que facteur de puissance, dans le sillage d'une crise politique et d'un effondrement socio-économique) ;

- mener à bien la déstabilisation de l'Europe, en mettant un accent particulier sur l'Allemagne et l'Italie.

A plusieurs reprises, en effet, il a été souligné que les objectifs anglo-saxons de la guerre en Ukraine se situaient sur deux fronts: le russe et l'allemand. Les invectives de plus en plus violentes de Zelensky à l'encontre des dirigeants allemands, coupables de ne pas fournir suffisamment d'armes et de faire obstacle à l'embargo total sur la Russie, illustrent bien ce phénomène. En exacerbant le conflit en Ukraine et en le faisant traîner jusqu'à l'automne prochain, les Anglo-Américains espèrent imposer le blocus convoité sur les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie, plongeant ainsi l'Allemagne et l'Italie, qui sont les plus dépendantes du gaz russe, dans une récession économique grave et prolongée. À ce moment-là, l'"axe médian" de l'Europe, qui a son prolongement naturel en Algérie et qui tend naturellement à converger vers la Russie et la Chine, serait jeté dans le chaos ou, du moins, sérieusement affaibli, également parce que les Anglo-Saxons travaillent activement à faire de la terre brûlée partout où les Italiens et les Allemands peuvent s'approvisionner, en Libye comme en Angola. Chaque missile Starstreak envoyé par les Britanniques en Ukraine est un missile visant à laisser l'Allemagne et l'Italie sans énergie: tout porte à croire que l'automne 2022 sera l'un des plus difficiles de mémoire d'homme.

lundi, 25 avril 2022

Nord Stream 2, une des clés de la guerre en Ukraine

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Nord Stream 2, une des clés de la guerre en Ukraine

Daniel Miguel López Rodríguez

Source: https://posmodernia.com/nord-stream-2-una-de-las-claves-de-la-guerra-de-ucrania/ 

Le flux du Nord

Le sous-sol ukrainien contient un réseau de gazoducs par lequel passe une partie de l'approvisionnement russe vers l'Europe. Entre 2004 et 2005, 80 % du gaz russe destiné à l'Europe a transité par le sous-sol ukrainien. Lorsque Gazprom (le géant russe de l'énergie appartenant à l'État) a interrompu l'approvisionnement des Ukrainiens en janvier 2006 et en janvier 2009, ces derniers ont saisi le gaz destiné à l'Europe, ce qui a entraîné des pertes énormes pour ces pays, qui sont très dépendants du gaz russe, et a jeté un sérieux discrédit sur la Russie en tant que fournisseur.

Afin d'éviter ce transit ukrainien, les Russes ont décidé de construire deux nouveaux gazoducs. Gazprom a fait valoir que le fait de relier un gazoduc directement à l'Allemagne sans avoir besoin de passer par des pays de transit permettrait d'éviter que les exportations de gaz russe vers l'Europe occidentale ne soient coupées, comme cela s'est produit deux fois auparavant. C'est ainsi qu'est né le projet Nord Stream (Севеверный поток), un gazoduc qui relierait la Russie à l'Europe (directement à l'Allemagne via la mer Baltique) sans devoir passer par l'Ukraine ou la Biélorussie.

En avril 2006 déjà, le ministre polonais de la défense, Radek Sikorski, comparait les accords sur la construction d'un gazoduc au pacte de non-agression germano-soviétique, le pacte Ribbentrop-Molotov signé aux premières heures du 24 août 1939, car la Pologne est particulièrement sensible aux accords passés par-dessus sa tête (https://www.voanews.com/a/a-13-polish-defense-minister-pi... ). Tout pacte conclu par la Russie et l'Allemagne y fera penser et sera diabolisé (telle est la simplicité de la propagande, mais elle est tout aussi efficace non pas en raison du mérite des propagandistes mais du démérite du vulgaire ignorant, qui abonde). 

Le ministre suédois de la défense, Mikael Odenberg, a indiqué que le projet constituait un danger pour la politique de sécurité de la Suède, car le gazoduc traversant la Baltique entraînerait la présence de la marine russe dans la zone économique de la Suède, ce que les Russes utiliseraient au profit de leurs renseignements militaires. En fait, Poutine justifierait la présence de la marine russe pour assurer la sécurité écologique.

L'hebdomadaire allemand Stern a émis l'hypothèse que le câble à fibre optique et les stations relais le long du gazoduc pourraient être utilisés pour l'espionnage russe, mais Nord Stream AG (le constructeur du gazoduc) a répondu en arguant qu'un câble de contrôle à fibre optique n'était pas nécessaire et n'avait même pas été prévu. Le vice-président du conseil d'administration de Gazprom, Alexander Medvedev, minimise la question en soulignant que "certaines objections sont soulevées qui sont risibles : politiques, militaires ou liées à l'espionnage. C'est vraiment surprenant car dans le monde moderne, il est ridicule de dire qu'un gazoduc est une arme dans une guerre d'espionnage" (https://web.archive.org/web/20070927201444/ et http://www.upstreamonline.com/live/article138001.ece ). Où que soient les Russes, on craint toujours les espions (on ne se méfie pas autant des Ricains, malgré les révélations d'Edward Snowden : l'enfer, c'est toujours les autres).

Le Rockefellerien Greenpeace se plaindrait également de la construction du gazoduc, car il traverserait plusieurs zones classées comme aires marines de conservation. 

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Le 13 juin 2007, face aux préoccupations écologiques, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que "la Russie respecte pleinement le désir d'assurer la durabilité environnementale à 100 % du projet et soutient entièrement cette approche, et toutes les préoccupations environnementales seront traitées dans le cadre du processus d'évaluation de l'impact environnemental" (https://www.upstreamonline.com/online/russia-backs-green-... ).

Le gazoduc devait être inauguré le 8 novembre 2011 lors d'une cérémonie dans la municipalité de Lubmin (Mecklembourg-Poméranie occidentale) par la chancelière Angela Merkel et le président russe Dmitri Medvedev ; étaient également présents le Premier ministre français François Fillon et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Il était également prévu de construire South Stream, un gazoduc qui devait relier la Russie à la Bulgarie en traversant la mer Noire jusqu'à la Grèce et l'Italie. Mais il a finalement été annulé au profit de Blue Stream, qui transporte du gaz naturel du sud de la Russie vers la Turquie via la mer Noire. Grâce à ce gazoduc, la Turquie est le deuxième plus grand importateur de gaz russe, juste derrière l'Allemagne.

Alors que l'Allemagne a pu réaliser le projet Nord Stream 1, la Grèce et l'Italie ont vu leur projet South Stream mis au rebut. C'est un signe de qui a le plus de pouvoir dans la prétentieuse Union européenne. Mais Nord Stream 2 n'est pas allé aussi loin et - comme nous le verrons - les Allemands se sont pliés aux diktats des Américains.

Nord Stream 1 se compose de deux pipelines allant de Vyborg (nord-ouest de la Russie) à Greifswald (nord-est de l'Allemagne). Il a la capacité de transporter 55 milliards de mètres cubes par an, même si en 2021, il était capable de transporter 59,2 milliards de mètres cubes. Il s'agit du gazoduc par lequel transite le plus grand volume de gaz à destination de l'UE. 

Les travaux sur le gazoduc Nord Stream 2 ont duré de 2018 à 2021, et on estime que le matériau du gazoduc peut durer environ 50 ans. Le pipeline part de la station de compression Slavyanskaya, près du port d'Ust-Luga (dans le district Kingiseppsky de l'Oblast de Leningrad), et va jusqu'à Greifswald (Poméranie occidentale). En 2019, la société suisse Allsea, qui était chargée de poser le gazoduc, a abandonné le projet et Gazprom a dû le mener à bien par ses propres moyens. La première ligne a été achevée en juin 2021 et la seconde en septembre. Son ouverture était prévue pour le milieu de l'année 2022, ce qui devait permettre de doubler le gaz transporté pour atteindre 110 milliards de mètres cubes par an. Outre Gazprom, les partenaires pour la construction de Nord Stream 2 ont été Uniper, Wintershall, OMV, Engie et Shell plc.

Le gouvernement allemand a approuvé le projet en mars 2018, afin d'éloigner l'Allemagne du nucléaire et du charbon (c'est-à-dire pour des raisons environnementales, toujours aussi sensibles en Allemagne, déjà depuis des temps pas particulièrement démocratiques). Les coûts du gazoduc sont estimés à 9,9 milliards d'euros, Gazprom apportant 4,75 milliards d'euros et ses partenaires le reste.  

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Nord Stream 2 aurait complété les troisième et quatrième lignes (par rapport aux première et deuxième lignes de Nord Stream 1). À travers la Baltique, Nord Stream 1 et 2 suivent fondamentalement le même itinéraire. Les deux pipelines tirent leur gaz des gisements de la péninsule de Yamal et des baies d'Ob et de Taz. Avec ces deux gazoducs (avec quatre lignes au total), l'Allemagne fournirait du gaz russe à d'autres pays, ce qui améliorerait sans aucun doute la situation sur le marché européen et permettrait de surmonter la crise énergétique. Les Allemands sont allés jusqu'à affirmer que le Nord Stream 2 serait plus rentable que les livraisons terrestres via l'Europe de l'Est. La Russie a fourni 35,4 % du gaz arrivant en Allemagne (et avec Nord Stream 2, elle aurait doublé cette quantité) et 34 % du pétrole.

Les principaux opposants à Nord Stream 2 ont été les pays baltes, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie ( ?), la Roumanie, la Croatie, la Moldavie et principalement la Pologne et l'Ukraine, tous soutenus par la Commission européenne et les États-Unis. Ces pays se sont opposés à Nord Stream 2 au motif qu'un gazoduc direct vers l'Allemagne pourrait entraîner l'arrêt de leur approvisionnement en énergie et les priver des lucratifs frais de transit.

Chronologie de la politique américaine contre Nord Stream 2

Les plaintes américaines contre le gazoduc ne sont pas propres à l'administration Biden (qui a subi la pression de ses collègues démocrates pour adopter une ligne dure contre la Russie, qualifiant ainsi Poutine de "meurtrier" - comme si l'administration Obama dont il était le vice-président n'avait pas commis d'innombrables crimes de guerre, bien plus que la Russie ne l'a jamais fait : mais le premier président afro-américain est un démon qui "ne sent pas le soufre"). Déjà sous Obama, les protestations ont commencé alors que le projet n'avait pas encore totalement pris forme (l'idée du projet a commencé à prendre forme en octobre 2012).

Sous l'administration Trump, les plaintes se sont poursuivies et n'ont jamais cessé, même si Trump a d'abord affirmé qu'il n'appliquerait pas la loi contre les ennemis de l'Amérique par le biais de sanctions sur les exportations énergétiques russes, mais il a rapidement changé d'avis. M. Trump a même menacé d'imposer des droits de douane aux pays de l'UE et a proposé de rouvrir les négociations en vue de conclure un accord commercial entre les États-Unis et l'UE si le projet était annulé.

Le 27 janvier 2018, coïncidant avec le 73e anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz, le secrétaire d'État Rex Tillerson (un ancien PDG d'Exxon Mobil, c'est-à-dire un homme de Rockefeller infiltré dans l'administration Trump, qui sera finalement évincé par le plus loyal Mike Pompeo) a fait valoir que les États-Unis et la Pologne s'opposaient à Nord Stream 2 en raison du danger qu'il représente pour la sécurité et la stabilité énergétiques de l'Europe, "tout en donnant à la Russie un outil supplémentaire pour politiser le secteur de l'énergie" ( https://www.expansion.com/economia/politica/2018/01/27/5a... ).

Les sénateurs américains des deux partis se sont inquiétés en mars 2018, lorsque le gouvernement allemand a approuvé le projet, et ont écrit que "en contournant l'Ukraine, Nord Stream II éliminera l'une des principales raisons pour lesquelles la Russie évite un conflit à grande échelle dans l'est de l'Ukraine, comme le Kremlin le sait bien" (https://www.cfr.org/in-brief/nord-stream-2-germany-captiv... ).

Le transit ukrainien fournissait autrefois 44 % du gaz russe à l'UE, ce qui permettait aux caisses de l'État (de plus en plus corrompu) d'empocher quelque 3 milliards de dollars par mois. Mais avec Nord Stream 2, cela devait changer et le transit par le sous-sol ukrainien devait être encore décuplé. Cela aurait fait perdre à l'Ukraine 3 % de son PIB. L'Ukraine y voyait une atteinte à sa souveraineté, mais aussi à la sécurité énergétique collective de l'Europe dans son ensemble, car le transit du gaz par l'Ukraine dissuade l'agression russe. L'ouverture de Nord Stream 2, qui aurait fait de l'Allemagne la première plaque tournante du gaz en Europe, aurait mis fin à cette situation.  

En janvier 2019, l'ambassadeur américain en Allemagne, Richard Grenell, a envoyé une lettre aux entreprises qui construisent le gazoduc, les exhortant à abandonner le projet et les menaçant de sanctions si elles le poursuivent. En décembre de la même année, les sénateurs républicains Ted Cruz et Ron Johnson ont également fait pression sur les entreprises impliquées dans le projet.

Le président du Conseil européen Donald Tusk, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et le ministre britannique des Affaires étrangères de l'époque Boris Johnson ont protesté contre la construction de Nord Stream 2. Tusk a clairement indiqué que le gazoduc n'était pas dans l'intérêt de l'Union européenne. Les fonctionnaires de la Commission européenne ont déclaré que "Nord Stream 2 n'améliore pas la sécurité énergétique [de l'UE]" (https://euobserver.com/world/141584 ).

Nord Stream 2 est quelque chose qui a divisé l'UE. Bien que lorsque Donald Trump était dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le projet ne semblait pas si mauvais, et la France, l'Autriche et l'Allemagne, plus la Commission européenne, ont critiqué les États-Unis (c'est-à-dire l'administration Trump) pour les nouvelles sanctions contre la Russie au sujet du pipeline, se plaignant que les États-Unis menaçaient l'approvisionnement énergétique de l'Europe.

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Le chancelier autrichien Christian Kern et le ministre allemand des Affaires étrangères Sigman Gabriel se sont plaints dans une déclaration commune : "L'approvisionnement énergétique de l'Europe est l'affaire de l'Europe, pas celle des États-Unis d'Amérique" (https://www.usnews.com/news/business/articles/2017-06-15/... ). Et ils ajoutent : "Menacer les entreprises d'Allemagne, d'Autriche et d'autres États européens de sanctions sur le marché américain si elles participent ou financent des projets de gaz naturel comme Nord Stream 2 avec la Russie introduit une qualité complètement nouvelle et très négative dans les relations entre l'Europe et les États-Unis" (https://www.politico.eu/article/germany-and-austria-warn-... ). Mais - comme nous le verrons - les politiciens allemands, avec un gouvernement social-démocrate, n'ont pas été aussi audacieux avec l'administration Biden.

Isabelle Kocher, PDG du groupe ENGIE (un groupe local français qui distribue de l'électricité, du gaz naturel, du pétrole et des énergies renouvelables), a critiqué les sanctions américaines et a affirmé qu'elles tentaient de promouvoir le gaz américain en Europe (ce qui est la clé de toute l'affaire). Olaf Scholz, lorsqu'il était ministre des finances dans le gouvernement de coalition dirigé par Merkel, a rejeté les sanctions comme "une intervention sévère dans les affaires intérieures allemandes et européennes". Un porte-parole de l'UE a critiqué "l'imposition de sanctions contre des entreprises de l'UE faisant des affaires légitimes" (https://www.dw.com/en/germany-eu-decry-us-nord-stream-san... ).

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Mass, a déclaré sur Twitter que "la politique énergétique européenne se décide en Europe, pas aux États-Unis". M. Lavrov a affirmé que le Congrès américain "est littéralement submergé par le désir de tout faire pour détruire" les relations avec la Russie (https://www.cnbc.com/2019/12/16/ukraine-and-russia-look-t... ). Toutefois, il convient de noter que l'Allemagne a fortement soutenu les sanctions contre la Russie suite à l'annexion de la Crimée en 2014.

L'Association allemande des entreprises orientales a déclaré dans un communiqué que "les États-Unis veulent vendre leur gaz liquéfié en Europe, pour lequel l'Allemagne construit des terminaux. Si nous arrivons à la conclusion que les sanctions américaines visent à chasser les concurrents du marché européen, notre enthousiasme pour les projets bilatéraux avec les États-Unis se refroidira considérablement" (https://www.dw.com/en/nord-stream-2-gas-pipeline-faces-sa... ).

Le 21 décembre 2019, Trump a signé une loi imposant des sanctions aux entreprises ayant contribué à la construction de l'oléoduc, qui a été interrompue après la signature de Trump, mais reprendrait en décembre 2020, après l'élection de Joe Biden à la présidence. Mais immédiatement, le 1er janvier 2021, un projet de loi annuel sur la politique de défense adopté par le Congrès américain prévoyait des sanctions pour les entreprises travaillant sur le pipeline ou le sécurisant. Le 26 janvier, la Maison Blanche a annoncé que le nouveau président estime également que "Nord Stream 2 est une mauvaise affaire pour l'Europe", et que son administration va donc "revoir" les nouvelles sanctions (https://www.reuters.com/article/us-usa-biden-nord-stream-... ).

Ainsi, le bipartisme au Capitole s'est prononcé contre l'achèvement du gazoduc Nord Stream 2, non pas parce que c'est "une mauvaise affaire pour l'Europe", mais parce que c'est une mauvaise affaire pour les États-Unis. Sur ce point, les "mondialistes" et les "patriotes" sont d'accord.

Le 30 juillet 2020, le secrétaire d'État Mike Pompeo s'est adressé au Sénat en critiquant la construction de Nord Stream 2 : "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que ce gazoduc ne menace pas l'Europe. Nous voulons que l'Europe dispose de ressources énergétiques réelles, sûres, stables, sûres et non convertibles". C'est comme s'il disait : "Nous ferons tout ce que nous pouvons pour nous assurer que ce pipeline ne menace pas les États-Unis. Nous voulons que l'Europe dispose de ressources énergétiques qu'elle achète aux États-Unis". Il a ajouté que le département d'État et le département du Trésor "ont très clairement indiqué, dans nos conversations avec ceux qui ont des équipes sur place, la menace expresse que représente pour eux la poursuite des travaux d'achèvement du pipeline" (https://www.rferl.org/a/pompeo-u-s-will-do-everything-to-... ).

Le 20 avril 2021, on pouvait lire sur le site Web du Conseil européen des relations étrangères (think tank de Soros) : "Ce serait mauvais pour l'Europe si la pression américaine devait forcer l'annulation du gazoduc et laisser l'Allemagne et les autres États membres dont les entreprises participent à sa construction amers et meurtris. Ce serait également mauvais pour l'Europe si le gazoduc finissait par balayer les réticences de la Pologne et par dépeindre l'Allemagne comme un acteur égoïste qui ne se soucie pas de ses partenaires. L'un ou l'autre résultat affaiblirait également l'alliance transatlantique et, plus ou moins directement, profiterait à Moscou... si Washington arrête le projet, Moscou trouvera une autre raison de rejeter l'Europe comme un acteur politique qui manque de crédibilité. Bien sûr, cela ne doit pas signifier que l'Europe doit sauver Nord Stream 2 juste pour impressionner la Russie. Le raisonnement de l'UE devrait avoir des racines plus profondes que cela". Il s'agit donc d'un "problème de gestion des relations" (https://ecfr.eu/article/the-nord-stream-2-dispute-and-the... ). 

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Cependant, le 19 mai 2021, le gouvernement américain a levé les sanctions contre Nord Stream AG, mais a imposé des sanctions contre quatre banques russes et cinq sociétés russes. Sergueï Ryabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a salué cette démarche et y a vu "une opportunité pour une transition progressive vers la normalisation de nos liens bilatéraux" (https://www.bbc.com/news/world-us-canada-57180674 ).

Le sénateur républicain Jim Risch a déclaré qu'une telle démarche était "un cadeau à Poutine et ne fera qu'affaiblir les États-Unis" (https://www.reuters.com/business/energy/us-waive-sanction...).

Yurity Vitrenko de Naftogaz (la compagnie pétrolière et gazière d'État ukrainienne) s'opposerait à cette démarche et affirmerait que l'Ukraine fait pression sur les États-Unis pour qu'ils réimposent des sanctions afin d'empêcher l'ouverture du pipeline. Biden prétendrait qu'il a mis fin aux sanctions parce que le pipeline était presque terminé et parce que les sanctions avaient nui aux relations entre les États-Unis et l'Union européenne.

Le président ukrainien, alors inconnu en Occident, Volodymyr Zelensky, s'est dit "surpris et déçu" par la décision de l'administration Biden, qui a également refusé de sanctionner le PDG de Nord Stream AG, Mathias Warning, un allié de Poutine.

Cependant, en juin 2021, la pose des deux lignes de pipelines a été entièrement achevée. Le 20 juillet 2021, Biden et une Angela Merkel sortante ont convenu que les États-Unis pourraient sanctionner la Russie si elle utilisait Nord Stream 2 comme une "arme politique", dans le but d'empêcher la Pologne et l'Ukraine de manquer de gaz russe.

Mme Merkel est une atlantiste avouée et n'était pas exactement enthousiaste à l'égard du projet Nord Stream 2, mais elle ne voyait aucun moyen de faire marche arrière. Pour elle, c'était une situation très délicate.

L'Ukraine obtiendrait un prêt de 50 millions de dollars pour investir dans les technologies vertes jusqu'en 2024, et l'Allemagne créerait un fonds d'un milliard de dollars pour la transition de l'Ukraine vers l'énergie verte, afin de compenser la perte de droits de douane due au fait que tout le gaz russe qui devait passer par le gazoduc Nord Stream 2 ne passerait pas par son sous-sol.

Après cette étrange hésitation, le département d'État américain prendra une décision complète et imposera, en novembre 2021, de nouvelles sanctions financières aux entreprises russes liées à Nord Stream 2.

Le 9 décembre 2021, le Premier ministre polonais Mateusz Marawiecki a fait pression sur le nouveau chancelier allemand, le social-démocrate Olaf Scholz, pour qu'il n'inaugure pas le Nord Stream 2 et ne cède pas à la pression russe, et donc "ne permette pas que le Nord Stream 2 soit utilisé comme un instrument de chantage contre l'Ukraine, comme un instrument de chantage contre la Pologne, comme un instrument de chantage contre l'Union européenne" (https://www.metro.us/polish-pm-tells-germanys/ ).

Après avoir détecté des troupes russes à la frontière orientale de l'Ukraine, le secrétaire d'État Antony Blinken a annoncé de nouvelles sanctions le 23 décembre.

Olaf Scholz serait pressé d'arrêter l'ouverture du pipeline lors du sommet de l'UE. Le 7 février 2022, il rencontrera Biden à la Maison Blanche et, lors de la conférence de presse, il déclarera que les États-Unis et l'Allemagne sont "absolument unis et nous ne prendrons pas de mesures différentes". Nous prendrons les mêmes mesures et elles seront très, très dures pour la Russie et ils doivent le comprendre. Toutes les mesures que nous prendrons, nous les prendrons ensemble. Comme l'a dit le président [Biden], nous nous y préparons. Vous pouvez comprendre et vous pouvez être absolument sûrs que l'Allemagne sera de concert avec tous ses alliés et surtout les États-Unis, que nous prendrons les mêmes mesures. Il n'y aura aucune différence dans cette situation. Je dis à nos amis américains que nous serons unis. Nous agirons ensemble et nous prendrons toutes les mesures nécessaires et toutes les mesures nécessaires que nous prendrons ensemble" (https://edition.cnn.com/2022/02/07/politics/biden-scholz-... ).

On peut voir qu'il ne se plaignait plus de l'intervention des États-Unis "dans les affaires intérieures allemandes et européennes", comme on l'a vu dire lorsqu'il était ministre des finances dans le gouvernement de coalition avec Merkel, alors que Trump était à la Maison Blanche.

Pour sa part, Joe Biden a averti que si la Russie envahit l'Ukraine, avec "des chars et des troupes", comme cela finirait par arriver, "alors il n'y aura plus de Nord Stream 2 : nous y mettrons fin" (https://edition.cnn.com/2022/02/07/politics/biden-scholz-... ).

Face aux menaces de Biden envers la Russie, Scholz a gardé un silence timide, ne disant absolument rien sur l'ingérence flagrante des États-Unis dans les relations économiques de l'Allemagne avec la Russie. Il s'est plié aux diktats de Washington. 

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Le 15 février, Scholz devait rencontrer Poutine à Moscou, où le dirigeant russe a affirmé que le gazoduc renforcerait la sécurité énergétique européenne et qu'il s'agissait d'une question "purement commerciale" (https://www.reuters.com/business/energy/putin-says-nord-s... ). Comme si l'économie n'était pas une économie-politique et une question géopolitique de la plus haute importance et, comme nous l'avons vu, d'une transcendance vitale.

Scholz a affirmé que les négociations avaient été intenses mais confiantes et a supplié la Russie d'éviter toute interprétation dans le conflit avec l'Ukraine.

Lors de la conférence de presse, Poutine est allé jusqu'à dire : "L'Allemagne est l'un des principaux partenaires de la Russie. Nous nous sommes toujours efforcés de favoriser l'interaction entre nos États. L'Allemagne est le deuxième partenaire commercial extérieur de la Russie, après la Chine. Malgré la situation difficile causée par la pandémie de coronavirus et la volatilité des marchés mondiaux, à la fin de 2021, les échanges mutuels ont augmenté de 36 % et ont atteint près de 57 milliards. Dans les années 1970, nos pays ont mis en œuvre avec succès un projet historique. Il s'appelait "Gaz pour les tuyaux". Et depuis lors, les consommateurs allemands et européens sont approvisionnés en gaz russe de manière fiable et sans interruption. Aujourd'hui, la Russie satisfait plus d'un tiers des besoins de l'Allemagne en matière de transport d'énergie" (https://1prime.ru/exclusive/20220220/836108179.html ).

Le projet "Gaz pour les pipelines" a été possible malgré la guerre froide. Les États-Unis ont tenté d'empêcher la construction du gazoduc Urengoy-Pomary-Uzhgorod et ont également essayé d'empêcher les entrepreneurs allemands de participer au projet, bien qu'il ait finalement été construit en 1982-1984 et officiellement ouvert en France, complétant le système de transport transcontinental de gaz Sibérie occidentale-Europe occidentale qui était en place depuis 1973. Ce gazoduc traverse l'Ukraine, pompant du gaz vers la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. À cette époque, l'URSS n'avait pas la capacité de produire les pipelines nécessaires. Après la construction, d'importantes livraisons de gaz en provenance de Russie ont commencé, depuis le gigantesque champ de Vengoyskoye vers l'Allemagne et d'autres pays européens. Les conséquences d'une telle quantité de gaz ont été le remplacement du charbon américain sur le marché européen, et la RFA a bénéficié d'un énorme élan économique. Nous constatons que les accords gaziers entre la Russie et l'Europe (alors l'URSS) n'ont pas profité aux États-Unis, où ils en prendraient acte.  

Scholz a ensuite rencontré Zelensky, accusé d'avoir utilisé le "livre de jeu de Merkel" en évitant les questions sur le gazoduc lors de la conférence de presse qu'il a donnée avec le président ukrainien (https://www.telegraph.co.uk/news/2022/02/14/olaf-scholz-f... ).

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé que l'avenir du pipeline dépendrait du comportement de la Russie en Ukraine. Le 19 février, elle a déclaré à la Conférence sur la sécurité de Munich que l'Europe ne pouvait pas être aussi dépendante de la Russie pour ses besoins énergétiques (peut-être veut-elle qu'elle soit dépendante des États-Unis, et pas seulement sur le plan énergétique mais aussi sur le plan géopolitique, ce qui est la conséquence logique). "Une Union européenne forte ne peut pas être aussi dépendante d'un fournisseur d'énergie qui menace de déclencher une guerre sur notre continent. Nous pouvons imposer des coûts élevés et des conséquences graves sur les intérêts économiques de Moscou. La pensée bizarre du Kremlin, qui découle directement d'un passé sombre, pourrait coûter à la Russie un avenir prospère. Nous espérons encore que la diplomatie n'a pas dit son dernier mot" (https://www.dw.com/en/natos-jens-stoltenberg-urges-russia... ).

Le 22 février, le lendemain de la reconnaissance par la Russie des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Olaf Scholz, qui a toujours été favorable au projet mais qui venait de voir Biden (alors qu'il devait rendre visite à Poutine immédiatement après), a suspendu la certification de Nord Stream 2. <...> Il s'agit d'une étape nécessaire pour que la certification du pipeline ne puisse avoir lieu maintenant. Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut être lancé" (https://www.vedomosti.ru/economics/articles/2022/02/22/91... ). La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Berbock, a déclaré aux journalistes que le gouvernement allemand avait "gelé" le projet.

Le 23 février, M. Biden a ordonné des sanctions contre l'exploitant du gazoduc, Nord Stream 2 AG, ainsi que contre des responsables de la société. "Ces mesures sont une autre partie de notre tranche initiale de sanctions en réponse aux actions de la Russie en Ukraine. Comme je l'ai dit clairement, nous n'hésiterons pas à prendre de nouvelles mesures si la Russie poursuit l'escalade." Ces sanctions ont été imposées après des "consultations étroites" entre les gouvernements américain et allemand. Et il a remercié Scholz pour son "étroite coopération et son engagement inébranlable à tenir la Russie responsable de ses actions" ; en d'autres termes, il l'a remercié pour sa soumission aux États-Unis. En reconnaissant les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Poutine, a déclaré Biden, "a donné au monde une incitation irrésistible à abandonner le gaz russe et à passer à d'autres formes d'énergie" (https://www.rbc.ru/politics/23/02/2022/621684c49a794730b4... ). 

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Le jour suivant, la Russie commencera une "opération militaire spéciale" en Ukraine. Les États-Unis avaient donc déjà la guerre qu'il leur fallait pour empêcher l'ouverture du gazoduc Nord Stream 2 et la rupture des relations germano-russes ; même si Nord Stream 1 continuerait à transporter du gaz vers l'Allemagne, fonctionnant comme les autres gazoducs approvisionnant l'Europe, dont la Russie empoche quelque 800 millions d'euros par jour, plus 260 millions d'euros pour l'exportation de pétrole.

Le 8 mars, les États-Unis ont interdit toute importation de pétrole et de gaz en provenance de Russie, établissant un record historique pour le prix de l'essence (7 % du pétrole consommé aux États-Unis est russe).

Le 9 mars, le secrétaire de presse du président russe, Dmitry Preskov, a répondu à la sous-secrétaire d'État américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland - la femme qui a dit "fuck the EU" (https://www.youtube.com/watch?v=dO80WVMy5E4&ab_channe...  ), en déclarant que Nord Stream 2 est "mort et ne sera pas ressuscité" (un jour plus tôt, devant le Congrès américain, elle avait déclaré que le gazoduc n'est qu'"un tas de métal au fond de la mer") - en lui disant que le gazoduc est prêt à être utilisé, en ajoutant que les États-Unis déclarent la guerre économique à la Russie.

Un différend géo-économique et donc géopolitique

Plutôt qu'un projet d'infrastructure dans le pouvoir fédérateur (ou le commerce international) des couches corticales des États concernés, Nord Stream 2 ressemble davantage à un symbole de discorde dans le pouvoir diplomatique, voire militaire, que l'on observe en Ukraine. Il ne fait aucun doute que Nord Stream 2 et tous les gazoducs et oléoducs entraînent des problèmes géopolitiques, car les ressources de base sont intégrées dans les problèmes corticaux de la dialectique des États (l'économie est toujours l'économie-politique ; c'est-à-dire que les deux ne peuvent être compris comme des sphères mégaréales mais comme des concepts conjugués : conceptuellement dissociables, existentiellement inséparables).

Sans aucun doute, comme on l'accuse à juste titre, la Russie utilise sa puissance énergétique comme une arme géopolitique et géostratégique, tout comme les États-Unis. En effet, cette puissance russe est énorme. En additionnant les exportations de pétrole, de gaz et de charbon, la Russie serait le premier exportateur mondial de ces produits.

Si Nord Stream 2 avait été mis en œuvre, les États-Unis auraient perdu leur influence sur l'UE et aussi sur l'Ukraine. Cela rendrait les pays européens, notamment l'Allemagne, encore plus dépendants des ressources énergétiques russes. Certains de ces pays et bien sûr le meneur de la bande, les États-Unis, ont pris position contre la construction de ce pipeline. L'Ukraine est considérée comme l'une des économies les plus touchées si le Nord Stream 2 est mis en service, car une grande quantité de matières premières en provenance de Russie ne passerait plus par son sous-sol (bien que cela affecte également le Belarus, allié plutôt vassal de la Russie).

Les Russes affirment qu'avec Nord Stream 2, le prix du gaz baisserait, car quelque 55 milliards de mètres cubes de gaz seraient transportés par an (plus ou moins la même quantité que Nord Stream 1). Il ne faut pas oublier qu'un peu plus d'un tiers du gaz qui atteint l'Europe provient de Russie.

En Espagne, seulement 10 % du gaz que nous recevons est russe. L'Algérie (alliée historique de la Russie) est notre principal exportateur de gaz (30 % de son gaz finit en Espagne), et le gouvernement de Pedro Sánchez ne fait pas vraiment preuve de tact diplomatique avec ce pays ; il le traite même avec une extrême insouciance, cédant le Sahara au Maroc (abandonnant pour la deuxième fois les pauvres Sahraouis). C'est peut-être la récompense que le sultanat a reçue pour avoir reconnu Israël. Mais puisqu'en Espagne, depuis plusieurs décennies, la politique étrangère est une trahison continue plutôt qu'une politique étrangère ?

Regardez ce que dit le rapport 2019 de l'important groupe de réflexion américain RAND Corporation : "Augmenter la capacité de l'Europe à importer du gaz de fournisseurs autres que la Russie pourrait étirer la Russie sur le plan économique et protéger l'Europe de la coercition énergétique russe. L'Europe avance lentement dans cette direction en construisant des usines de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL). Mais pour être vraiment efficace, cette option nécessiterait que les marchés mondiaux du GNL deviennent plus flexibles qu'ils ne le sont déjà et que le GNL devienne plus compétitif en termes de prix par rapport au gaz russe" (https://www.rand.org/pubs/research_briefs/RB10014.html ).

L'Allemagne verrait sa sécurité énergétique menacée si Nord Stream 2 n'est pas mis en service. Et il ne faut pas oublier que ce projet a été construit à l'initiative de Berlin et non de Moscou. Et pourtant, l'Allemagne s'est rangée du côté de l'Ukraine (se pliant ainsi aux diktats de l'empire de Washington).

Mais il faut garder à l'esprit qu'avec Nord Stream 2, la relation entre la Russie et l'Allemagne ne serait pas exclusivement une relation de dépendance de la seconde vis-à-vis de la première, puisque la Russie dépendrait également de l'Allemagne, c'est-à-dire qu'une relation de coopération serait établie, ce que les États-Unis ne veulent pas. Et l'Allemagne distribuerait à son tour le gaz qui arrive de Russie aux autres pays. 

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Le problème serait que si ce gazoduc commence à pomper du gaz, les États-Unis pourraient alors perdre la vassalité de l'Allemagne et d'autres pays européens. Les États-Unis ont toujours essayé d'empêcher les relations commerciales entre l'Allemagne et la Russie de s'épanouir (comme ils l'ont fait lorsqu'il s'agissait de la RFA et de l'URSS, comme nous l'avons vu).

D'où les plaintes de Biden (ainsi que celles de Trump, et déjà celles d'Obama), car les États-Unis veulent à tout prix empêcher l'ouverture de Nord Stream 2. Ce gazoduc n'aiderait-il pas la Russie à consolider le leadership allemand dans l'UE ? Bien qu'historiquement, malgré Napoléon, la Russie a eu de meilleures relations avec la France. Et les Russes n'oublient certainement pas les deux guerres mondiales, en particulier la Grande Guerre patriotique.

L'Allemagne a fait valoir que Nord Stream 1 n'empêchait pas le Reich d'adopter une ligne dure contre l'expansionnisme russe. Et, élément crucial, que les États-Unis se sont opposés au projet parce qu'ils voulaient vendre davantage de gaz naturel liquéfié sur les marchés européens (cela résume l'intrigue). 

Près d'un quart de la consommation énergétique de l'UE est constituée de gaz naturel, dont un tiers provient de Russie, les pays de l'Est étant évidemment plus dépendants de ce gaz. L'UE obtient 40 % de son gaz de la Russie, ainsi que 27 % de son pétrole. Les États-Unis ne reçoivent pas de gaz russe, bien que - comme nous l'avons déjà dit - ils reçoivent 7 % de leur pétrole (qu'ils ont maintenant l'intention de remplacer par du pétrole vénézuélien). Le 25 mars 2022, l'UE a signé un accord dans lequel les États-Unis fourniront 15 milliards de mètres cubes de gaz liquéfié au marché européen cette année. Et entre maintenant et 2030. Mission accomplie : l'Europe courbe la tête devant son serviteur.

Et comment les États-Unis peuvent-ils se permettre de freiner un projet entre deux nations souveraines derrière un chantier pharaonique à des milliers de kilomètres de distance ? Se pourrait-il que l'Allemagne, qui avec la France dirige l'UE, ne soit rien d'autre qu'un vassal des États-Unis, même si elle a maintenant l'intention de se réarmer ? Et si l'axe franco-allemand est un vassal des États-Unis, l'Espagne, l'Espagne délaissée, ne sera-t-elle pas un vassal des vassaux ? Quoi qu'il en soit, les États-Unis se sont comportés envers l'Allemagne comme le gangster extorqueur : celui qui oblige les commerçants sous la menace d'une arme à acheter ses marchandises. Puis, armés d'un visage en diborure de titane, ils appellent cela un "marché libre".

Selon un rapport de la Commission européenne intitulé "EU-US LNG trade", en 2021, le record d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis vers l'UE a été battu, dépassant les 22 milliards de mètres cubes. En janvier 2022, elle a déjà atteint 4,4 milliards de mètres cubes (si elle continue à ce rythme, elle atteindra plus de 50 milliards). Mais cela ne suffit pas pour les États-Unis. Bien que la Commission européenne soit favorable à ce que les Yankees soient les principaux fournisseurs de gaz naturel sur le marché européen.

Au vu de tout cela, on pourrait dire que les États-Unis ont fomenté une guerre en Ukraine afin de restreindre la coopération économique de l'UE avec la Russie, ce qui va à l'encontre des intérêts de l'Union, qui s'est comportée dans cette crise comme un ensemble d'États vassaux de Washington ; ce qui est le cas depuis longtemps, pratiquement depuis la Seconde Guerre mondiale, sauf que cela apparaît maintenant de manière embarrassante. 

Dans une interview avec Jacques Baud, colonel de l'armée suisse, expert en renseignement militaire et député à l'OTAN et à l'ONU, il a déclaré : "Je suis sûr que Poutine ne voulait pas attaquer l'Ukraine, il l'a dit à plusieurs reprises. De toute évidence, les États-Unis ont exercé des pressions pour déclencher la guerre. Les États-Unis ont peu d'intérêt pour l'Ukraine elle-même. Ce qu'ils voulaient, c'était augmenter la pression sur l'Allemagne pour qu'elle ferme Nord Stream II. Ils voulaient que l'Ukraine provoque la Russie, et si la Russie réagissait, Nord Stream II serait gelé" (https://www.lahaine.org/mundo.php/militar-suizo-experto-d... ).

Le Royaume-Uni semble également devoir bénéficier de son statut de pays de "transit" pour l'approvisionnement en gaz naturel de l'Europe, via le gazoduc traversant la Belgique et les Pays-Bas, qui tentera de se sevrer de sa dépendance au gaz russe, comme le prévoit pour cet été le seul opérateur énergétique britannique qui collecte le gaz de la mer du Nord en Norvège : National Grid. Selon le Daily Telegraph, National Grid pense pouvoir exporter environ 5,1 milliards de m3 vers l'Europe cet été. Elle envisage également d'importer du gaz liquéfié des États-Unis au Royaume-Uni pour le transformer en gaz normal et l'exporter en Europe.

En raison de l'opération militaire russe dans la marine des pays de l'OTAN (pas tous) en Ukraine, la non-ouverture de Nord Stream 2 n'a pas divisé les pays européens, comme ce fut le cas en 2003 avec la guerre en Irak, même si le Royaume-Uni a quitté l'UE. Il semble y avoir un consensus anti-russe (la Hongrie anti-sorosienne est peut-être l'exception, quoique de manière ambiguë).

Pour gagner l'alliance de la Russie contre la Chine, ni l'administration Trump (ce qui était son intention) ni l'administration Biden (qui a montré au monde sa russophobie exacerbée, dans la lignée du trilatéraliste-rockefellerien polonais et américain Zbigniew Brzezinski) n'ont su agir avec tact diplomatique. Et ils devraient savoir que les alliances sont aussi importantes que les forces elles-mêmes. C'est pourquoi la Russie a conquis l'allié chinois, mais toujours avec la crainte que ce dernier ne l'absorbe ou ne la trahisse à un moment donné (l'hypocrisie est notre pain quotidien dans les relations internationales).

L'humiliation du président allemand par Zelensky

Pendant des années, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a entretenu une relation cordiale avec Vladimir Poutine, dont il a fait l'éloge en tant que chancelier sous Gerhard Schröder, puis en tant que ministre des affaires étrangères sous Angela Merkel. Et il a également montré son plus grand soutien au projet Nord Stream 2 pendant ces années, jusqu'à juste avant la guerre, ce que, après l'entrée des troupes russes en Ukraine, le chef d'État allemand a admis comme une "erreur manifeste". Une erreur qu'il a entretenue pendant des années, presque une décennie ? Après la diffusion sur Twitter de photos de M. Steinmeier embrassant le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le président a exprimé ses remords. Pour cela, il ne serait pas le bienvenu à Kiev, et a dû annuler sa visite : "Il semble que ma présence ne soit pas souhaitée" (https://www.elmundo.es/internacional/2022/04/12/6255a91f2... ).  "Nous n'avons pas réussi à créer une maison européenne commune qui inclut la Russie. Nous n'avons pas réussi à inclure la Russie dans l'architecture de sécurité globale. Nous nous sommes accrochés à des ponts auxquels la Russie ne croyait plus, comme nos partenaires nous en avaient avertis" (https://ria.ru/20220404/evropa-1781787894.html ). Tout cela montre la honteuse servilité de l'Allemagne envers les États-Unis.

L'ambassadeur ukrainien à Berlin, Andriy Melnyk, poursuit en soulignant que l'Allemagne a "trop d'intérêts particuliers" en Russie et que Steinmeier est en grande partie à blâmer, car il a passé des décennies à tisser une toile d'araignée de contacts avec la Russie (tout comme Merkel, avec qui Poutine a parlé en russe et en allemand). "Beaucoup de ceux qui sont maintenant en charge dans la coalition (allemande) sont impliqués dans cette affaire" (https://www.elmundo.es/internacional/2022/04/12/6255a91f2... ).

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Le porte-parole adjoint du gouvernement allemand, Wolfgang Büchner, a calmé les esprits en comprenant "la situation exceptionnelle" que traverse l'Ukraine. Il a déclaré que "l'Allemagne a été et est l'un des plus ardents défenseurs de l'Ukraine... et continuera de l'être. Le président a une position claire et sans équivoque en faveur de l'Ukraine" (https://www.elespanol.com/mundo/europa/20220413/zelenski-... ).

Dans le magazine allemand Spiegel, Steinmeier a rappelé qu'en 2001, Poutine avait prononcé un discours en allemand au Bundestag même : "Le Poutine de 2001 n'a rien à voir avec le Poutine de 2022, que nous voyons maintenant comme un fauteur de guerre brutal et retranché" (https://www.elespanol.com/mundo/europa/20220413/zelenski-... ). Et qu'il attendait toujours "un reste de rationalité de la part de Vladimir Poutine" (https://www.spiegel.de/politik/frank-walter-steinmeier-ue... ).

Mais nous avons déjà montré de manière assez puissante dans les pages du Postmodernisme, en réfléchissant contre l'hystérie des politiciens et des journalistes, que Poutine n'est pas fou : https://posmodernia.com/putin-esta-loco/ .    

Signe des temps: l’hystérie électoraliste

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Signe des temps: l’hystérie électoraliste

par Pierre-Emile Blairon 

Elle ne semble pas naturelle, même si elle constitue comme un dernier appel au secours - un appel de détresse -  du peuple français pour sauver notre pays en danger de mort; mais cette injonction d’appeler à voter à tout prix vient après toute une série d’autres mots d’ordre issus des instances étatiques et mondialistes comme, entre autres: le « je suis Charlie », le « plus jamais ça », le droits-de-l’hommisme, l’antiracisme, le « Black lives matter », le covidisme, le « wokisme » et le dernier en date, l’ukrainisme, selon le bon mot de Michel Maffesoli.

L’originalité de cette hystérie électoraliste est qu’elle n’a pas été insufflée, comme les autres, par le Système, mais par une bouffée de démocratisme qui est venue submerger les milieux traditionnels.

Les esprits encore éveillés ont constaté avec effarement cette soudaine ferveur républicaine manifestée par un camp qui nous avait habitué à plus de circonspection dans ce domaine.

Il faut constater que le formatage des esprits depuis des siècles a bien fonctionné à tel point qu’il a pu influencer des esprits dont l’idéologie de base va exactement dans le sens contraire de cet endoctrinement.

Le fait est d’autant plus navrant que le système électoral, depuis surtout l’avènement au pouvoir du représentant attitré de l’Ordre mondial, n’a rien de très fiable et qu’il est fort possible que les résultats de ce premier tour de scrutin soient aussi truqués que ceux des sondages, et que ceux du deuxième le soient aussi, avec ou sans la complicité des autres candidats à la présidentielle.

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Démocratie et aristocratie

En effet, malgré tout ce qu’on a pu nous en dire, la démocratie « républicaine » n’est pas la « souveraineté du peuple »  tel qu’on peut le constater aujourd’hui: c’est le pouvoir du vulgaire, de l’argent, de la trahison, du mensonge, de la corruption, de la bêtise, de la brutalité.

L’inverse de la démocratie, comme système de gouvernement, c’est l’aristocratie, du grec aristos: le meilleur, et kratos: le pouvoir; aristocratie signifie donc  le pouvoir des meilleurs.

L’aristocratie et la démocratie sont tout à fait incompatibles pour la bonne raison que le supérieur ne peut émaner de l’inférieur.

A l’origine, au temps où ce que les historiens conventionnels appellent la préhistoire, un roi ne peut être élu mais il se dégage lui-même du peuple par intuition de sa charge – par désignation divine - qui est acte de sacrifice et d’abnégation au service de son peuple, de son sang et de son sol. Nous sommes donc loin de la sinécure et de la recherche de profits égoïstes.

L’aristocratie n’est pas une caste de nantis privilégiés comme les bons instituteurs socialistes nous l’ont appris dès l’enfance. La noblesse, avec laquelle on confond l’aristocrate, est celle de l’esprit, du coeur et de l’âme, le fort au service du faible, les valeurs millénaires de la chevalerie.

L’aristocrate a pour devise « noblesse oblige » qui signifie : ma noblesse m’oblige à venir en aide aux autres et à respecter les valeurs de loyauté, de courage, de justice, d’humilité, d’équité, etc.

L’aristocrate, dans le sens originel du mot, se sacrifie et meurt pour défendre les valeurs qui font la grandeur d’un peuple, d’une nation ou d’un empire.

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Les valeurs de la République

Que je sache, depuis la main-mise de la crapule républicaine sur le destin de la France en 1789, ces valeurs aristocratiques n’ont jamais pu être restaurées, même s’il y eut quelques tentatives après l’accession au pouvoir de Napoléon.

Les valeurs de la République se sont confondues avec celles de la démocratie telles que je les ai énoncées au début du paragraphe précédent, en y ajoutant des symboles exécrables tels que l’usage de la guillotine ou le génocide des Vendéens.

Depuis la mise en place qui semble définitive du système républicain, quelques soubresauts glorieux ont marqué certaines périodes de son histoire, si l’on excepte les guerres européennes qui ont vu sacrifier sur l’autel des intérêts financiers et déjà mondialistes nos paysans (l’âme de notre peuple) en 14-18 et la fine fleur de notre élite en 39-45.

Ainsi, la fin de l’empire colonial français a pu révéler, telle une résurgence du plus lointain passé de notre pays, l’éclosion d’actes de chevalerie et de grandeur accomplis par des hommes et des femmes qui avaient hérité de cette profonde mémoire; on doit se souvenir de ceux qui ont sauté sur Dien-Bien-Phu alors que tout était perdu et de ceux qui ont sacrifié leur vie à l’Algérie française pour défendre l’honneur de l’armée et l’intégrité du territoire  français.

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Ces glorieux combattants ne sont pas morts pour défendre le « pouvoir d’achat », la retraite à 60 ans ou la question de savoir si le voile peut être porté ou non dans l’espace public français.

Leur héritage a donné lieu à la création des mouvements nationalistes après la guerre d’Algérie, qui ont eux -mêmes donné le jour à l’accession de la famille Le Pen à la tête de l’opposition aux partis de « pouvoir ».

Gilets jaunes et résistants à la dictature sanitaire : deux mouvements révolutionnaires passés inaperçus

Depuis, ces militants dits « nationalistes » (dont je faisais alors partie) ont vieilli, se sont embourgeoisés et n’ont pas su assurer une relève efficace.

Pourtant, deux mouvements de nature authentiquement révolutionnaire sont nés dans l’indifférence quasi-générale de la mouvance qu’on nommera, faute de mieux, traditionnelle.

Le premier de ces mouvements, celui qu’on a appelé des « Gilets jaunes » à cause de la tenue que ses militants arboraient, est né le 17 novembre 2018 pour des raisons d’abord d’ordre utilitaire mais a réuni, dès ses premiers rassemblements, toute une frange du peuple français qui a manifesté pour protester essentiellement contre la disparition des valeurs traditionnelles qui structuraient la base même de la nation française; le mouvement a été ensuite rapidement récupéré par l’extrême-gauche au service du pouvoir en place.

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J’ai participé aux premières manifestations de ce mouvement où j’ai pu rencontrer des Français de tous horizons sociaux dont la principale préoccupation était d’ordre patriotique, si ce n’est spirituelle.

Je n’ai rencontré, au cours de ces différentes manifestations, aucun membre de la mouvance traditionnelle.

Le second mouvement a été constitué par l’ensemble des résistants à la pseudo-pandémie inventée par le système mondialiste pour soumettre par la peur la population planétaire.

Ce mouvement de résistance à Big Brother a été initié par quelques lanceurs d’alerte lucides, par d’éminents professeurs du domaine médical, par les soignants empêchés d’exercer leur métier et par quelques très rares hommes politiques, à la tête desquels s’est distingué en France Florian Philippot qui a méthodiquement organisé les manifestations réunissant chaque samedi des dizaines de milliers d’opposants à cette dictature sous couvert sanitaire.

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J’ai essayé en vain de rallier à cette cause la mouvance traditionnelle; je n’ai pas eu plus de succès que pour les Gilets jaunes.               

Faux rebelles confits dans leur confort

Ainsi donc, nationalistes, souverainistes, régionalistes, intellectualistes gravitant dans l’orbite traditionnelle supposée être antimondialiste se sont bien gardés, hormis quelques individualités, de participer à quelque action que ce soit qui pouvait laisser entrevoir qu’ils se révoltaient contre le système. Masqués, vaccinés, respectant scrupuleusement les gestes-barrières, faux rebelles confits dans leur confort, ces personnes me faisaient remarquer qu’il ne servait à rien de descendre dans la rue parce que le pouvoir ne tenait aucun compte de nos manifestations et de nos revendications.

Ce sont les mêmes qui viennent maintenant me donner des leçons de démocratie me faisant comprendre que je serais un mauvais citoyen si je n’allais pas mettre un bulletin dans l’urne alors que pas une seule fois depuis les débuts de cette sinistre mascarade républicaine (plus de deux cents ans), le peuple n’a pu avoir gain de cause et que, donc, le vote, masqué et truqué, encore moins que les manifestations, ne sert non plus à rien.

Un peuple digne et fier n’attend pas que des racailles à col blanc lui octroient quelques bribes de liberté ; il la prend et toute entière ; s’il ne peut pas le faire, c’est qu’il est déjà mort.

Pierre-Emile Blairon.

 

dimanche, 24 avril 2022

Jeffrey Sachs : l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN est le chemin vers la paix

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Jeffrey Sachs : l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN est le chemin vers la paix

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/04/21/jeffrey-sachs-naton-laajentumisen-pysayttaminen-tie-rauhaan/

On observe un changement intéressant parmi les universitaires américains: alors qu'auparavant, seuls les réalistes (comme le politologue John Mearsheimer) tenaient l'OTAN pour responsable de la crise actuelle en Ukraine, désormais, même les mondialistes comme Jeffrey Sachs reconnaissent que c'est exactement le cas. Sachs explique son point de vue dans un éditorial pour CNN.

Sachs estime que la stratégie américaine "visant à aider l'Ukraine à vaincre l'agression russe en imposant des sanctions sévères et en fournissant à l'armée ukrainienne des armes de pointe" a peu de chances de réussir.

L'économiste américain estime que la seule solution est un accord de paix négocié. "Toutefois, pour parvenir à un accord, les États-Unis devraient faire des compromis sur l'OTAN, ce que Washington a rejeté jusqu'à présent."

Selon la Russie, les négociations sont dans l'impasse. Avant de lancer son opération militaire, Poutine a présenté à l'Occident une liste de demandes, dont notamment "l'arrêt de l'expansion de l'OTAN". Les États-Unis n'ont pas voulu s'engager dans cette voie, mais M. Sachs estime que le moment est venu de "revoir cette politique".

Sachs se rapproche de la position des réalistes en matière de politique étrangère et de sécurité. Selon lui, "l'approche américaine en matière de transferts d'armes et de sanctions" peut sembler convaincante "dans la chambre d'écho de l'opinion publique américaine, mais elle ne fonctionne pas sur la scène mondiale". Selon M. Sachs, même aux États-Unis et en Europe, les sanctions bénéficient d'un "faible soutien" et un "retour de bâton politique" pourrait encore se produire.

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En Occident, il a été considéré comme acquis que l'action militaire en Ukraine mettrait la Russie dans la position d'un pion exclu. Selon Sachs, ce n'est pas le cas : les pays émergents en particulier ont refusé de se joindre à la campagne de l'Occident visant à isoler la Russie.

Cet échec s'est traduit tout récemment par le vote dirigé par les États-Unis visant à exclure la Russie du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. "Il est vrai que 93 pays ont soutenu la démarche, mais 100 autres ne l'ont pas fait (24 se sont opposés, 58 se sont abstenus et 18 n'ont pas voté du tout). Plus important encore, 76 % de la population mondiale vit dans ces 100 pays".

La politique de sanctions américaines présente une "myriade de problèmes", selon l'économiste.

La première est que "si les sanctions causeront des difficultés économiques en Russie, il est peu probable qu'elles modifient la politique russe de manière décisive".

"Pensez aux sanctions sévères imposées par les États-Unis au Venezuela, à l'Iran et à la Corée du Nord", suggère Sachs. "Ils ont affaibli l'économie de ces pays, mais n'ont pas modifié leurs politiques de la manière souhaitée."

Deuxièmement, "les sanctions sont faciles à contourner, du moins en partie, et d'autres contournements sont susceptibles d'apparaître au fil du temps". Les sanctions américaines s'appliquent le plus efficacement aux "transactions en dollars impliquant le système bancaire américain".

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Les pays qui cherchent à contourner les sanctions trouveront des moyens de faire des affaires par des moyens autres que la banque ou le dollar. "Nous pouvons nous attendre à voir une augmentation du nombre de transactions en roubles, roupies, renminbis et non-dollars avec la Russie", prédit Sachs.

Le troisième problème, selon Sachs, est que la majeure partie du monde ne croit pas aux sanctions. "Lorsque vous additionnez tous les pays et territoires qui ont imposé des sanctions à la Russie - les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne, le Japon, Singapour, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et quelques autres pays - leur population combinée ne représente que 14 % de la population mondiale."

Le quatrième problème est "l'effet boomerang". Les sanctions à l'encontre de la Russie ne feront pas seulement du tort à la Russie, mais à l'ensemble de l'économie mondiale, entraînant une augmentation des perturbations de la chaîne d'approvisionnement, de l'inflation et des pénuries alimentaires. C'est pourquoi de nombreux pays européens continuent d'importer du gaz et du pétrole de Russie. "L'effet boomerang est également susceptible de nuire aux démocrates lors des élections de mi-mandat de novembre, car l'inflation ronge les revenus réels des électeurs", estime Sachs.

Un cinquième problème est "la demande inélastique et sensible aux prix des exportations russes d'énergie et de céréales". La chute des exportations russes entraînera une hausse des prix mondiaux de ces matières premières. La Russie pourrait se retrouver avec des volumes d'exportation plus faibles mais des revenus d'exportation presque identiques, voire plus élevés.

Le sixième problème énuméré par Sachs est - surprise, surprise - géopolitique. "D'autres pays - et surtout la Chine - voient la guerre Russie-Ukraine au moins en partie comme une guerre dans laquelle la Russie s'oppose à l'expansion de l'OTAN en Ukraine. C'est pourquoi la Chine soutient sans cesse que la guerre concerne les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité", explique Sachs.

Les États-Unis aiment dire que l'OTAN est une "alliance purement défensive", mais la Russie, la Chine et bien d'autres pays ne sont pas d'accord. Sachs sait pourquoi. "Ils sont sceptiques quant aux bombardements de l'OTAN en Serbie en 1999, aux forces de l'OTAN en Afghanistan pendant 20 ans après le 11 septembre et aux bombardements de l'OTAN en Libye en 2011, lorsque Mouammar Kadhafi a été renversé."

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Les dirigeants russes s'opposent à l'expansion de l'OTAN vers l'est depuis qu'elle a commencé au milieu des années 90 avec la République tchèque, la Hongrie et la Pologne. De façon remarquable, lorsque Poutine a demandé à l'OTAN de mettre fin à son expansion en Ukraine, Biden a refusé catégoriquement de négocier avec la Russie.

De nombreux pays dans le monde, y compris une Chine montante, ne soutiennent pas une pression sur la Russie qui pourrait conduire à une expansion de l'OTAN. "Le reste du monde veut la paix, pas la victoire des États-Unis ou de l'OTAN dans une lutte de pouvoir avec la Russie", affirme Sachs.

Les États-Unis aimeraient voir Poutine vaincu militairement, mais il est peu probable que la Russie accepte la défaite et se retire. Les armes des États-Unis et de l'OTAN peuvent imposer des coûts énormes à la Russie, mais elles ne peuvent pas sauver l'Ukraine, qui sera détruite dans le processus, d'autant plus que l'Occident prolonge la crise.

Sachs affirme que l'approche actuelle "sape la stabilité économique et politique dans le monde et peut diviser le monde en camps pro-OTAN et anti-OTAN, ce qui est profondément dommageable à long terme, y compris pour les États-Unis eux-mêmes".

La diplomatie américaine punit donc la Russie, mais a peu de chances de réussir réellement en Ukraine, "en termes d'avancement des intérêts américains". Le véritable succès serait que les troupes russes rentrent chez elles et que la situation en Ukraine se stabilise. Ces résultats peuvent être obtenus à la table des négociations.

L'étape la plus importante, selon Saschi, serait que "les États-Unis, les alliés de l'OTAN et l'Ukraine fassent clairement savoir que l'OTAN ne s'étendra pas en Ukraine". Ensuite, les pays alignés sur Poutine et ceux qui ne prennent aucun parti diraient que "puisque Poutine a arrêté l'expansion de l'OTAN, il est maintenant temps pour la Russie de quitter le champ de bataille et de rentrer chez elle".

Sachs est convaincu que le discours musclé de Biden sur "le retrait de Poutine du pouvoir, le génocide et les crimes de guerre" ne sauvera pas l'Ukraine. "En donnant la priorité à la paix plutôt qu'à l'expansion de l'OTAN, les États-Unis gagneraient le soutien d'une plus grande partie du monde et contribueraient ainsi à apporter la paix en Ukraine et la stabilité dans le monde", estime-t-il.

Pour l'instant du moins, Washington ne partage pas l'avis de Sachs, mais un "soutien militaire plus direct" - artillerie lourde et drones - est toujours prévu pour l'Ukraine. Pendant ce temps, les Russes ont complètement encerclé les forces ukrainiennes dans la ville de Mariupol, dans la zone de l'usine Azovstal. Un tournant décisif sera-t-il bientôt atteint ?

Maurizio Murelli, éditeur de Douguine : "Voilà ce qui se cache derrière le conflit en Ukraine"

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Maurizio Murelli, éditeur de Douguine : "Voilà ce qui se cache derrière le conflit en Ukraine"

Propos recueillis par Umberto Baccolo

Source: https://www.spraynews.it/post/maurizio-murelli-editore-di-dugin-ecco-cosa-c-%C3%A8-dietro-al-conflitto-in-ucraina?fbclid=IwAR3bLG15a2tRE_RNlg0NHY8oM4EZH7Nvz88psQF6NvhLZ5qntYwkEytwa1w

Maurizio Murelli est un homme qui a le courage de ses idées, aussi impopulaires soient-elles et quel que soit le prix à payer, et depuis les années 1980, il mène une bataille culturelle et politique pour les diffuser. Anti-libéral, anti-américain, il est issu de la droite radicale, un milieu dans lequel il jouit encore d'un grand crédit, mais qu'il a depuis longtemps abandonné pour d'autres rivages : en particulier, la Quatrième théorie politique d'Alexandre Douguine, le philosophe et politologue russe que Murelli invite à parler en Italie depuis le début des années 1990 et qu'il traduit et publie ici. Il l'a d'abord fait avec sa propre Società Editrice Barbarossa et le magazine associé Orion, et maintenant avec AGA Editrice, qui a pris leur place.

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Murelli, comme Douguine, est l'un des rares intellectuels qui, dans ce conflit en Ukraine, se range ouvertement du côté des Russes, sans demi-mesure ni circonlocutions verbales. Dans cette longue interview, il explique en détail pourquoi, racontant ce qu'il n'a pas eu le temps d'expliquer complètement lorsqu'il était récemment invité à la télévision en prime time sur Rete4. Si, après avoir lu l'interview, vous êtes curieux de connaître sa figure atypique, je vous renvoie au film documentaire "Maurizio Murelli - Non siamo caduti d'autunno", que j'ai réalisé en 2020 et qui peut être visionné gratuitement sur YouTube, une chaîne où il a enregistré un certain nombre de visites.

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Dans votre analyse très suivie sur Facebook, vous expliquez que la vraie guerre n'est pas celle de l'Ukraine, car elle n'est qu'un front dans un affrontement plus vaste. Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par là et quels sont les véritables éléments en jeu ?

L'Ukraine est un champ de bataille de la Grande Guerre mondiale à laquelle les États-Unis ont donné un nouvel élan et une accélération dans les années 1990 afin d'imposer leur ordre mondial au monde, se concevant, depuis leur naissance, comme la véritable Jérusalem terrestre, leur peuple comme le véritable "peuple élu" dont la mission messianique est de racheter toute l'humanité. Cette vision qui est la leur est bien expliquée par John Kleeves dans le livre "A Dangerous Country" qu'en tant qu'éditeur j'ai publié pour la première fois en 1998 et ai réédité chez AGA Editrice en 2017. Pour être plus précis, la Grande Guerre mondiale pour la conquête du monde a commencé bien avant les années 1990, lorsque - faisant passer la doctrine Monroe d'une échelle continentale à une échelle mondiale - ils sont intervenus en Europe pendant la Première Guerre mondiale, ce qui a permis aux États-Unis d'être décisifs dans la rédaction du traité de Versailles avec lequel ils ont élaboré une première ébauche du nouvel ordre mondial redessinant, de mèche avec les Britanniques, la géographie de l'Europe et aussi de l'Afrique. Ils ont franchi une nouvelle étape avec la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle ils sont intervenus via le Pacifique. À cette époque, leur principal intérêt était d'établir leur propre domination dans la zone Pacifique en désintégrant le Japon. La dynamique liée au jeu des alliances a amené les États-Unis sur le théâtre de guerre européen qu'ils ont colonisé à la fin de la guerre. Et voici le Pacte deYalta, qui constitue pour les États-Unis une sorte d'"image fixe" dans leur progression vers l'établissement de leur propre domination mondiale. Les États-Unis se sont retrouvés libérés du pacte de Yalta à la fin des années 1980 avec l'implosion de l'URSS et après avoir réduit le Panama, qui voulait nationaliser le canal, à une peau de chagrin en arrêtant et traînant le président Noriega enchaîné dans sa propre prison ; ils ont commencé leurs guerres au Moyen-Orient, d'abord en parrainant la guerre contre l'Iran, puis en intervenant directement en Irak, puis en Syrie, en Somalie, en Libye et même en Europe contre la Serbie. Tous ces États étaient, avant les années 1990, alliés ou sous le parapluie protecteur de l'URSS. Ils ont promu la guerre de vingt ans contre l'Afghanistan tandis que, par diverses flatteries, ils ont incorporé dans l'OTAN - la feuille de vigne de l'armée américaine - plus ou moins tous les pays de l'ancien Pacte de Varsovie. L'Ukraine est restée à l'extérieur. Par le biais de diverses "révolutions colorées", ils ont tenté de miner de l'intérieur tous les autres États qui n'avaient pas encore été subjugués, jusqu'au coup d'État de Maidan en Ukraine. Il faudrait être myope ou de mauvaise foi, mais il faudrait aussi être un idiot cognitif, pour ne pas voir le schéma global de cette guerre mondiale, asymétrique et menée aussi avec des armes commerciales et des sanctions, souvent contre les Etats les plus faibles, comme ceux d'Afrique, où les Américains se présentent avec le Colt et le chéquier, pour les soumettre, d'une manière ou d'une autre, à leur propre domination. C'est dans ce cadre, certainement décliné en complot par les pontes, que je soutiens que l'Ukraine n'est qu'un des nombreux champs de bataille de la grande guerre biséculaire.    

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Vous avez longtemps pris vos distances avec la zone dite de la droite radicale, mais il est intéressant de noter que, tout comme dans la gauche radicale, cette situation a produit la plus violente fracture interne depuis longtemps. À votre avis, quelle en est la raison, car cette même crise russo-ukrainienne a créé des divisions aussi nettes et féroces entre les héritiers des idéologies du 20e siècle ?

Tant la "droite radicale" que la "gauche radicale" ne sont que les déchets des orthodoxies idéologiques de la première moitié du 20e siècle, des résidus humains qui vivent depuis des décennies sur des malentendus et des illusions. Tant la "droite" que la "gauche" ne sont pas les antagonistes du libéralisme, mais en sont l'expression directe. Ils sont progressivement conquis et enivrés par les valeurs libérales et à la fin, rayés de la carte, ils rivalisent entre eux pour être plus libéraux que les libéraux déclarés. La gauche vit un véritable psychodrame. La Russie, berceau du communisme inversé, a brisé la propre certitude centrée sur l'inéluctabilité du cours historique tel que conçu par la gauche. Dans leur album de famille, il y a l'oncle Lénine qui est renié et reste seul comme une momie emblématique sur la Place Rouge. Pour eux, il était inéluctable que le Quatrième État, celui du prolétariat, batte le Troisième État, celui de la bourgeoisie et du capitalisme. C'est le contraire qui s'est produit. Pour l'essentiel, l'aile gauche a d'abord répudié le communisme, puis a recherché de nouvelles échelles de valeurs progressistes, toutes raffinées et essentiellement individualistes. Au point que si vous mettez une centaine de gauchistes devant vous, il n'y en a pas deux qui puissent se superposer, c'est-à-dire qu'ils auraient la même idée de comment être de gauche. Et en fait, ils sont tous en conflit les uns avec les autres pour revendiquer l'authentique "forme de la gauche". Mais je dois m'arrêter ici, car toute la question serait trop longue à expliquer. Les événements en cours en Ukraine obligent la "droite" et la "gauche" à prendre parti, tout en restant discrets sur la question. Et si la "droite" et donc les divers néo-fascismes s'enlisent sur un terrain romantique en étant fascinés par les runes et les croix gammées dextrogyres, la gauche, et même ceux qui se sont déclarés communistes, deviennent des serviteurs objectifs de l'impérialisme atlantiste qu'ils ne reconnaissent pas comme tel, tandis qu'en définissant la Fédération de Russie comme un empire, ils ne l'acceptent pas comme tel. Il y a aussi une sorte de ressentiment irrépressible envers la Russie pour la façon dont elle est passée du communisme à autre chose. Et ils sont fascinés par l'idée de résistance et autres bêtises du genre. Je salue avec un énorme plaisir cette désintégration idéologique de la droite et de la gauche, du communisme et du fascisme. Le champ des malentendus est en train d'être nettoyé. Je suis heureux de les voir se tenir côte à côte sur le même front pour défendre les valeurs libérales, l'atlantisme et l'impérialisme atlantique. En restant sur cette position, ils débarrassent le champ des cadavres idéologiques en faveur de ceux qui se sont depuis longtemps libérés des malentendus, en faveur de ceux qui adoptent aujourd'hui une véritable position révolutionnaire et donc une fonction antilibérale.

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Pour en revenir à la question précédente, j'ai l'impression que beaucoup de gens, à commencer par Poutine lui-même et même Douguine qui parle de nazis et de dénazification, ont tendance à vouloir adapter cette situation à un affrontement entre les anciennes idéologies, où l'on ne sait plus très bien qui sont les nazis et qui sont les communistes. Je pense que cette façon de voir les choses est vieille et inefficace, cependant, que ce qui est en jeu n'est pas le fascisme et le communisme, qu'en pensez-vous ?

Tout d'abord, il faut partir du fait que les terminologies, et donc les langues, utilisées en Occident et celles utilisées en Orient, ce qui vaut également pour la Chine, l'Inde, etc., ne sont pas superposables car elles sont différentes. Pour les détenteurs du pouvoir, les terminologies doivent agir sur ce qu'on appelle l'imaginaire collectif, et les imaginaires en Orient sont différents de ceux qui circulent en Occident. Dans l'imaginaire collectif russe, le nazisme est l'idéologie qui a tenté d'anéantir l'identité russe et qui a fait 26 millions de victimes russes. La Seconde Guerre mondiale se décline en guerre patriotique, c'est-à-dire en guerre pour la défense de l'identité russe que les nazis voulaient nier. Ainsi, en se mettant au service de l'atlantisme, les Ukrainiens ont en fait sublimé les nazis en niant l'identité russe. Il faut garder à l'esprit que non seulement il y a eu huit ans de guerre dans le Donbass pour éradiquer les russophones et les russophiles, mais que durant ces mêmes huit années, il y a eu une répression meurtrière à l'intérieur de l'Ukraine, qui a pris la forme d'une persécution de la culture russe, d'une interdiction de l'utilisation de la langue russe, de la mise hors la loi des partis russophones et d'une série d'assassinats ciblés, de persécutions physiques et d'emprisonnements, des faits dont personne ne parle mais qui sont pourtant bien documentés. Poutine voit dans tout cela une action nazie. Personnellement, je pense que l'adoption par Poutine du concept de "dénazification" a également une valeur tactique: il voulait anticiper l'utilisation de l'épithète "nazi" à son encontre, car c'est ce que fait l'Occident lorsqu'il veut objectiver comme un mal absolu ceux qui sont ses ennemis; il l'a également fait avec Saddam, Assad, Milosevic, etc. Quant à Douguine, il sait très bien que le nazisme en circulation aujourd'hui n'a rien à voir avec le nazisme historique (quoi qu'on pense du nazisme) et l'identifie comme un néo-produit du libéralisme, un faux nazisme créé en "laboratoire" par ceux qui n'ont aucun problème à l'exploiter de diverses manières, selon leur convenance, en la désignant comme un danger dans certains contextes, à d'autres moments, dans d'autres contextes - comme dans le cas de l'Ukraine ou, pour ne citer qu'un exemple, comme au Chili dans les années 1970 - comme quelque chose de bénéfique. Selon Aleksandr Douguine, donc, le nazisme, le fascisme et le communisme étaient une réponse au libéralisme tout au long de la Modernité. Sa position nous place au-delà de la post-modernité (celle dans laquelle nous vivons aujourd'hui) et de la modernité, celle dans laquelle nous vivons hier, et se situe précisément dans la pré-modernité, c'est-à-dire dans le monde de la Tradition. Par conséquent, en ce sens, il est anti-nazi. Il faut également admettre que la remise en jeu du nazisme par Poutine est l'une des causes du court-circuit déterminé dans la "droite" et la "gauche" et que, par conséquent, dans la perspective de leur désintégration, il s'agissait d'une remise en jeu efficace et bénéfique".

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D'autre part, en parlant du monde de l'information, vous dénoncez - en apportant beaucoup de vidéos et de témoignages et de preuves à l'appui - que les médias sont très partiaux et ne font que de la propagande, nous abreuvant de beaucoup de mensonges, afin de pousser les gens à accepter les conséquences économiques d'une crise avec les Russes, en les mettant en exergue et en exaltant les Ukrainiens. Cependant, une chose doit être dite: dans nos talk-shows et nos journaux, une large place est accordée à ceux qui théorisent que les Ukrainiens doivent se rendre, que nous ne devons pas intervenir, et que Poutine a ses nombreuses bonnes raisons: outre les divers Orsini et Canfora, intellectuels de gauche respectés, et l'ANPI de Pagliarulo, nous avons même trouvé beaucoup de place pour Douguine et aussi pour vous, des figures souvent diabolisées... Comment voyez-vous cela ? S'agit-il d'une question de respect du pluralisme ou d'autre chose ?

Il y a un cas d'école que personne ne mentionne. En 1990, une femme s'est présentée au Congrès américain en tant qu'infirmière réfugiée du Koweït, racontant des horreurs indicibles commises par les troupes irakiennes, telles que des enfants jetés sur des baïonnettes, des viols et des massacres généralisés, un récit qui a été immédiatement soutenu même par Amnesty International, ainsi que par tous les médias occidentaux. Le témoignage de l'infirmière autoproclamée a déclenché l'indignation qui a conduit à l'opération "Tempête du désert", la première guerre du Golfe en Irak.

Cependant, le témoignage de l'infirmière Nayirah était un mensonge colossal, à commencer par le nom avec lequel elle s'est présentée. Son vrai nom était, en fait, Saud al Sabath, et elle n'était ni une réfugiée ni une infirmière pauvre, mais la très riche fille de l'ambassadeur du Koweït aux États-Unis. Il a fallu attendre 1992 pour découvrir la vérité révélée par le New York Times, qui a également documenté la façon dont le canular a été conçu par une agence de publicité, Hill & Knowlton (le lavage de conscience médiatique posthume typique: jamais la dénonciation du bobard n'a lieu alors que le mensonge est flagrant). Ce faux témoignage repris sans critique par les médias occidentaux a servi à galvaniser et à pousser les masses à donner leur consentement à la guerre d'invasion de l'Irak. Une "petite guerre" qui a coûté la vie à 100.000 Irakiens, dont 2300 civils. Plus célèbre est le canular utilisé comme casus belli pour la deuxième guerre du Golfe, l'exposition par Colin Powell à l'ONU de la fameuse fiole qui, selon le général qui s'était recyclé dans la politique, contenait suffisamment d'anthrax pour exterminer la population d'une grande ville. Cet autre canular, qui, comme le premier, a galvanisé les Occidentaux, a coûté une "petite guerre" qui a duré huit ans et fait 63.000 victimes civiles plus environ 8.000 militaires. C'est plus ou moins le même schéma qui est utilisé en Ukraine, avec une méthode beaucoup plus harcelante, la quasi-totalité des soi-disant correspondants de guerre se faisant passer pour des témoins oculaires et se laissant mener par les milices ukrainiennes qui leur montrent ce qu'ils veulent voir et leur disent ce qui leur convient le mieux. Si l'un de ces correspondants essayait de dire aux Ukrainiens quelque chose qu'ils n'aiment pas, nous verrions combien de minutes il lui faudrait pour recevoir un ordre de quitter le territoire. Il y a trois ou quatre correspondants de guerre occidentaux sur le front russe. Il faut aller sur les télévisions russes, chinoises, arabes, indiennes et africaines, ainsi que sur les chaînes Telegram pour voir une réalité totalement différente. J'ai archivé une centaine de films du front russe, réalisés par des journalistes indépendants, dont aucun ne sera jamais diffusé à la télévision grand public. "Une large place est accordée dans les talk-shows à ceux qui avancent des points de vue opposés à ceux des pro-Ukraine" dites-vous ? Je suis plus ou moins tous ces talk-shows où ceux qui s'expriment contre le récit atlantiste sont mis devant une sorte de peloton d'exécution; des duels à un contre dix, où l'animateur interrompt avec ses remarques souvent déplacées afin de frustrer le récit du dissident, puis, fatalement, diffuse les publicités quand il a l'intention de faire taire le récit qui est désagréable pour lui. Au fait, si, au moment de la soi-disant urgence sanitaire pandémique, quiconque passait à la télévision et s'écartait du récit de Speranza & C. devait faire précéder sa déclaration de: "Je suis vacciné et sur-vacciné mais, en ce qui concerne.... Je ne suis pas d'accord", ici chacun doit d'abord faire profession d'amour inconditionnel pour l'atlantisme, dire que la Russie est un envahisseur et l'Ukraine une victime, que Poutine est un monstre, etc. Bien sûr, ils doivent soutenir qu'en Italie il y a une information pluraliste et pour cette raison ils donnent un peu d'espace à ceux qui ont des positions légèrement différentes. Sauf à les massacrer et à les obliger à s'exprimer entre un film horrible et larmoyant et un autre. Chaque jour, je reçois des demandes pour passer à la télévision ou pour favoriser la présence de Douguine. Je n'ai accepté qu'une seule fois, et Aleksandr Douguine que je protège, en dictant les conditions de l'émission. Quand ils n'acceptent pas et sont intelligents, malgré les supplications, Douguine ne passe pas à la télévision. Laissez-les faire leur propre petit théâtre.   

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Enfin, vous êtes doué pour faire des prédictions. Selon vous, quelles seront les conséquences à court, moyen et long terme de ce conflit pour l'Italie ? Et comment pensez-vous que le conflit va se poursuivre ?

Pour l'Italie, à court et moyen terme, elles seront catastrophiques. Ce n'est pas moi qui le dis, mais divers analystes universitaires du domaine économico-financier, sans exclure ceux de la Confindustria, qui le disent. Il est prévu qu'aux alentours de juin-juillet, 570.000 travailleurs seront licenciés et mis à pied, et que 26.000 entreprises fermeront. Il y aura une pénurie de tous les métaux et "terres rares" nécessaires au fonctionnement de certaines entreprises, des engrais, de la farine pour les pâtes et le pain, etc. L'inflation (qui pour un citoyen devient une surcharge) devrait atteindre 8%. Pour se passer du gaz russe que nous allons quémander en Afrique dans des pays qui sont tout sauf stables, nous devrons payer au moins trois fois plus... et de toute façon nous ne pourrons jamais remplacer les 29 milliards de mètres cubes de gaz que nous prenons en Russie, quoi qu'en dise le trio Conte-Cingolani-Di Maio. Avec les sanctions, nous allons détruire des milliers d'entreprises italiennes qui font du commerce avec la Russie, nous allons perdre les revenus du tourisme russe..... À long terme, ce sera encore pire. Nous entrerons en récession avec les autres pays européens. En dernière analyse, il s'agit d'une guerre américaine contre l'Europe, que les Américains ont forcée à se priver du poumon primaire russe et, en perspective, du poumon secondaire chinois. Compte tenu de ce scénario, il est facile de comprendre l'action meurtrière consistant à évoquer la monstruosité russe. Les citoyens doivent être convaincus que la Russie est objectivement responsable de la misère à laquelle ils devront faire face. Cependant, la Russie s'en sortira bien, bloquant avec la Chine cette partie du monde où il y a plus de trois milliards de nouveaux consommateurs potentiels, où il y a ceux qui aspirent à passer de la bicyclette à la moto et ceux qui aspirent à passer de la moto à la voiture. Un marché énorme.

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Dernière chose : les erreurs de notre gouvernement. À votre avis, quels étaient les plus graves et comment le gouvernement aurait-il dû agir dans ces cas-là pour protéger les intérêts des citoyens ?

Nous n'avons pas de gouvernants. Nous avons des serveurs, des serviteurs inconscients qui ne veulent que faire plaisir à leurs maîtres d'outre-mer. Draghi, d'ailleurs, bien soutenu à la fois par la coalition qui le soutient et par la pseudo-opposition de Meloni, est parmi les serviteurs imbéciles des USA, le faucon, celui qui a suggéré, par exemple, de stériliser la banque centrale russe. Cette masse de serviteurs du gouvernement est incapable de protéger les intérêts des citoyens. J'espère que, le moment venu, ils ne resteront pas impunis et qu'ils seront appelés à rendre compte du désastre qu'ils ont préparé. Une chose me console: historiquement, l'Italie est sortie d'un conflit en tant qu'alliée de ceux qui étaient ses ennemis au début du conflit, et ceux avec qui elle est entrée en conflit sont sortis de ce même conflit en tant que perdants. Je ne suis pas de ceux qui croient en la vertu théologique chrétienne de l'"espérance", mais faisant une exception pour une fois, j'espère et donc je souhaite que d'une certaine manière, à la fin de cette phase de la Grande Guerre, les alliés actuels de l'Italie sortent vaincus et que d'une certaine manière l'Italie se retrouve au moins réconciliée avec la Russie, un pays avec lequel nous avons de grandes affinités électives, artistiques, culturelles, métaphysiques, par opposition à ce que nous partageons avec l'Empire du Mal, les États-Unis, qui nous accable de valeurs décadentes. Tôt ou tard, quelqu'un devra se demander pourquoi aux Etats-Unis, tous les deux jours, un psychopathe entre dans une école, un supermarché, un bâtiment administratif et tue comme si de rien n'était. Une nation de psychopathes qui nous contamine depuis des décennies et avec laquelle, en tant que vrais Européens, nous n'avons rien à faire. Entre autres choses, ils sont comme un arbre sans racines qui a grandi en se nourrissant du massacre et du meurtre de peuples, à commencer par les Amérindiens. L'Europe a de nombreuses racines et si certaines se sont taries, d'autres fonctionnent encore. C'est la nourriture qui monte à l'arbre à partir de ces racines qui rachètera l'Europe et la réconciliera avec sa composante géopolitique à l'Est.

Par Umberto Baccolo.

La revue de presse de CD - 24 avril 2022

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La revue de presse de CD

24 avril 2022

EN VEDETTE

Harari et "l'homme numérique de demain" : les projets inquiétants du Forum de Davos

Certains le connaissent, d’autres pas. Pourtant, son rôle est majeur au sein du Forum économique mondial, puisqu’il en est le conseiller principal. Yuval Noah Harari est un écrivain et historien israélien, auteur du best-seller "Sapiens", ouvrage qui ajoute la science à l'histoire de notre humanité entière. En 2018 déjà, avant la pandémie mondiale, il évoquait les concepts de l’homme numérique de demain. Cet homme serait celui que l’on pourrait "pirater", pour lequel la vie n’aurait plus de sens réel. Les dirigeants devraient alors tout mettre en œuvre pour remédier à cela, notamment grâce aux jeux vidéos et aux médicaments. Le bras droit de Klaus Schwab s’est également fait connaître avec son second tome : "Homo Deus".

Francesoir.com

https://www.francesoir.fr/societe-science-tech/yuval-hara...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION

L’Observatoire des sources, reflet direct de l’idéologie Wikipédia

Wikipédia promettait le règne de la foule éclairée, il est en réalité celui de minorités militantes. L’encyclopédie reflète l’activisme subversif de la gauche de la gauche libérale libertaire. Dernier exemple en date : l’Observatoire des sources de la communauté Wikipédia. Ce nouvel outil permet de perpétuer les préjugés dominants et d’excommunier les sources alternatives.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/observatoire-des-sources-wikipedia/

Macron aime tendrement l’internet très régulé

Pour Macron, Internet, c’est très mignon, mais ce serait nettement mieux sans anonymat et avec des réseaux sociaux à la botte du pouvoir.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/04/20/425648-macron-aim...

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ÉCOLOGIE

La nouvelle place des émotions dans le militantisme écologiste

Interpeller à tout prix. Voici sans doute le mot d’ordre des actions de désobéissance civile d’Extinction Rebellion pendant ce week-end de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle 2022. La radicalité de leur militantisme écologiste est symptomatique de la manière dont le dérèglement climatique n’est plus seulement une question politique, mais existentielle, intime. L’angoisse parsème les conclusions apocalyptiques du dernier rapport du GIEC. Longtemps délégitimées, à cause de leur éloignement d’une raison cartésienne objective, les émotions sont aujourd’hui largement reconsidérées, voire revalorisées, en (science) politique. Dans la sphère écologique, la frontière entre objectivité et subjectivité n’en donc que plus ténue, des militants aux chercheurs eux-mêmes.

Theconversation.com

https://theconversation.com/la-nouvelle-place-des-emotions-dans-le-militantisme-ecologiste-181502?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20avril%202022%20-%202269522555&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20avril%202022%20-%202269522555+CID_02b803c4f566675a5557370fa7e34304&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=La%20nouvelle%20place%20des%20motions%20dans%20le%20militantisme%20cologiste

ÉCONOMIE

Qui est isolé ? La guerre en Ukraine dans son contexte géoéconomique, par Jacques Sapir

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a mis en évidence une profonde fracture entre le monde « occidental » » et le reste du monde. Cette fracture survient dans un contexte de démondialisation accélérée. Cette dernière est devenue une évidence depuis la crise des subprime de 2008-2010 qui n’a jamais été surmonté complètement. Elle s’est accentuée avec l’épidémie de la Covid-19 et, aujourd’hui, avec les conséquences de la guerre résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Se réveillent alors de vieilles peurs. Et si cette démondialisation annonçait le retour au temps des guerres ?

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/qui-est-isole-la-guerre-en-ukra...

ÉNERGIES

Le cas de guerre économique Nord Stream 2

La guerre en Ukraine donne un éclairage particulier sur les enjeux énergétiques sous-jacents à ce conflit. La remise en question du projet de gazoduc Nord Stream 2 éclaire d’une part sur la manière dont la France a été indirectement visée et le risque encourus pour des entreprises françaises tout au long d’un imbroglio de sanctions.

Ege.fr

https://www.ege.fr/infoguerre/le-cas-de-guerre-economique...

Compensation des exportations boycottées de pétrole russe. L'Opep dit : niet !

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés n'ouvriront pas davantage leurs vannes pour suppléer les barils russes menacés d'embargo par l'Union européenne.

Lexpressiondz.com

https://www.lexpressiondz.com/economie/l-opep-dit-niet-35...

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ÉTATS-UNIS

Popularité en vrille d'un Joe Biden lâché par les sénateurs démocrates

Arrivé au pouvoir avec 81,2 millions de voix, le vote le plus plébiscitaire de l’histoire américaine fomenté par le mot d’ordre de barrage à Donald Trump, Joe Biden ne jouit désormais en avril 2022, à mi-terme de son mandat, que d’approximativement 40 % de taux d’approbation, selon toutes les études. Le taux le plus bas de l’histoire contemporaine américaine, après Jimmy Carter.

Francesoir.fr

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Madeleine Albright était une impérialiste meurtrière

Madeleine Albright est morte à 84 ans. Pionnière de l’impérialisme, elle prônait avec passion un recours accru à la violence meurtrière dans la poursuite d’un ordre mondial post-Guerre froide dominé par les États-Unis – et a tué de très nombreuses personnes dans le cadre de ce processus.

Les-crises.fr

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Yémen : les attaques saoudiennes se sont multipliées après le nouveau soutien des États-Unis

Les chiffres ne mentent pas : les attaques saoudiennes contre le Yémen se sont multipliées après le nouveau soutien des États-Unis. Cela fait déjà sept ans, mais l’administration Biden semble moins susceptible que jamais de tenir sa promesse de contribuer à mettre fin à la guerre.

Les-crises.fr

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L’Oncle Sam, grand gagnant de la guerre en Ukraine

On ne compte plus les perdants de la guerre en Ukraine : l’Ukraine, la Russie, les pays européens et nombre de pays dépendant des céréales importées de Russie et d’Ukraine, telle l’Égypte. En revanche, les États-Unis tirent d’ores et déjà de la guerre des profits substantiels. Bien que partiel, l’embargo sur les sources d’énergie russes non seulement favorise les États-Unis, mais divise l’Union européenne, constate le New-York Times (14 avril, en lien ci-dessous). Cela n’a évidemment pas échappé à Vladimir Poutine qui annonce une perturbation majeure de l'économie mondiale si les pays occidentaux décidaient de proscrire totalement l’importation de pétrole et de gaz russes.

laselectiondujour.com

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11 Septembre : Nouvelles preuves de l’implication saoudienne, et tout le monde s’en moque

Le FBI a discrètement révélé de nouvelles preuves de la complicité du gouvernement saoudien dans les attentats du 11 Septembre – et rien ne s’est passé.

les-crises.fr

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FRANCE

Après la fin de Barkhane, le Sahel à l’épreuve du conflit en Ukraine

Au Sahel central, l’annonce du retrait partiel de l’opération militaire française Barkhane laisse la région face à des défis sécuritaires majeurs dans le contexte d’une progression des groupes armés terroristes dans la région et d’une recrudescence des attaques. À ces incertitudes s’ajoutent les possibles répercussions dans la région de la récente offensive russe en Ukraine, l’attention de la France et de ses alliés européens ayant pivoté vers l’est de l’Europe au détriment de l’Afrique. Importateur de matières premières agricoles et énergétiques, le Sahel subit en outre une hausse des prix importante avec un risque de contestation sociale et de détérioration sécuritaire à la clé.

Revueconflits.com

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Macron supprime le corps diplomatique entre les deux tours

En plein dimanche pascal, ce 17 avril 2022, un décret est passé en catimini au Journal officiel. Il annonce la « mise en extinction », d'ici à 2023, des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires. Concrètement, au lieu de disposer de cadres de la haute fonction publique, formés tout exprès à représenter les intérêts de la France à l'étranger, c'est un « vivier » de cadres dits « de catégorie A+ » qui pourront être employés, indifféremment, comme diplomates, tout comme ils auraient pu être inspecteurs des finances ou sous-préfets.

bvoltaire.fr

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GAFAM

L’Europe renforce sa législation sur le numérique, Apple double ses dépenses en lobbying à Bruxelles

Tentatives pour améliorer leur image en Europe, rencontres entre les membres de la direction de la Commission européenne et les représentants des leaders du numérique (américain d’abord, mais aussi chinois), tentatives pour diluer les textes… Autant d’actions mises en œuvre par les GAFAM à la Commission européenne entre 2021 et 2022 alors que l’agenda législatif européen a été plus chargé que jamais, en particulier dans le secteur du numérique, actions qui se traduisent par une explosion des dépenses en lobbying du géant du secteur. 

Portail-ie.fr

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GÉOPOLITIQUE

La crise ukrainienne à travers les yeux du monde arabe

En Asie de l'Ouest (le "Moyen-Orient" en termes occidentaux), l'opération spéciale de la Russie est très présente dans les médias sociaux de la région. Les analystes locaux surveillent également la façon dont l'Internet réagit à ces événements et leurs implications dans différents domaines de la vie et de la politique.

Euro-synergies.hautetfort.com

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Les retombées géopolitiques de la guerre en Ukraine

Les conséquences de la guerre des Russes en Ukraine sont innombrables : si les pays européens ont unanimement condamné l’intervention russe en Ukraine, il n’en est pas de même pour la plupart des pays du Moyen-Orient et de la sphère eurasiatique … Après le refus de la Chine et de l’Inde de condamner l’opération militaire russe en Ukraine, il semblerait que les pays du Moyen-Orient tentent d’éviter une brouille avec la Russie.

geopragma.fr

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La-Litterature-a-balles-reelles.png

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LECTURE

Titre :

La littérature à balles réelles, de Bruno Lafourcade. Jean Dézert éditeur ; 2021.

Auteur :

Romancier et essayiste, collaborateur notamment à la revue Éléments, Bruno Lafourcade est un écrivain sévèrement burné ! « Cash », comme écrivent les journalistes d’aujourd’hui dans leur blougi bougla sirupeux qu’il exècre.

Présentation :

Un abécédaire dont « la jalousie m’a dicté ces pages : auteur sans lecteurs, souvent sans éditeur, l’échec m’a aigri ; […} » Un humour qui tue ; une méchanceté qui ravit : Lafourcade est notre Lucky Luke de la littérature contemporaine. Il tire plus vite qu’il ne lit. Il a raison. Le temps est trop précieux pour le gâcher. Il nous venge de toutes les conneries que, parfois, nous subissons malgré nous. Grâce lui soit rendue.

Extraits :

L’autofiction : « […] on n’a jamais écrit et pensé qu’en ‘’faisant des amalgames’’. On n’écrit pas La pauvreté et ses conséquences à Paris du 22 au 25 février 1848 : on écrit L’Éducation sentimentale. ».

Frédéric Beigbeder : « L’insignifiance a rarement l’ambition de se limiter à elle-même : elle poussa Beigbeder dans la presse, à la télévision, au cinéma, toujours avec le même succès, et le même malheur, car c’est en un d’être Beigbeder quand on sait que l’on ne sera jamais que cela : un noceur et non un poète, un publicitaire du roman et non le romancier de la publicité, un chroniqueur de cette province américaine qu’est devenue la France et non l’écrivain de l’Amérique. Il ne sniffe pour rien d’autre. »

Renaud Camus : « On sait qu’un brelan de branleurs fait à Renaud Camus depuis des années une réputation de phobique multisphérique – je n’y reviens pas ici, tant tout cela est lassant. Je précise toutefois que par branleur je désigne la machine. Exactement la branleuse, qui en imprimerie sert, ou servait, à égaliser les feuilles après les avoir passées au massicot : ceux dont je parle, les as de la branleuse, massicotent les opinions et els égalisent. C’est une profession, c’est une ambition ; il y a des gens qui rêvent d’être Vidocq ou Vinteuil ; et d’autres de branler et massicoter aux Inrockuptibles.  Chacun sa vocation. »

Cinéma. « C’est quand un écrivain réalise un film que l’on sent le mieux qu’il est un mauvais écrivain. »

Collusion. « Olivier Adam, sur Europe 1, dénonce ‘’un milieu littéraire où il y a beaucoup d’entre soi, de collusion et de coups bas’’, car c’est sans collusion ni entre soi que l’on obtient, comme lui, le prix Goncourt de la nouvelle, le prix France Télévisions, le prix RTL-Lire, et que l’on est sélectionné pour le Goncourt ; que l’on obtient une chronique mensuelle dans Libération, que l’on est nommé chevalier des arts et des lettres, que l’on se retrouve à la Villa Kujoyama. Les collusions et l’entre soi, il ,e sait même pas ce que c’est, Olivier Adam, il est trop modeste, trop pur, trop moral, trop peu compromis, ni les coups bas, sauf quand il faut se mettre, à cent contre un, pour obtenir la tête de Millet, en signant la lettre-pétition d’Ernaux. »

Croissance ? « Livres Hebdo vient de publier la liste des dix éditeurs ‘’qui ont connu la plus forte croissance de 2017 à 2018’’. Panini France, le fabricant d’albums d’images autocollantes. »

Écologie. « A côté de la petite troupe des écrivains polluants, il y a l’énorme masse des écrivains zéro-carbone, les sauveurs de planète et de migrants, qui se battent contre la souffrance animale, la fonte des glaciers et les naufrages de la Méduse. Ils écrivent sans sucre, sans graisse, sans gluten, sans viande et sans CO2, mais avec beaucoup d’ouverturozôtres. Alors, évidemment, leur littérature-quinoa, elle est assez fade. C’est pour ça qu’ils sont obligés d’y mettre du souchien fasciste ; ça épice. »

David Foenkinos. « Sa Délicatesse est bouleversante de niaiserie, sa Charlotte poignante de platitude ; l’ensemble ignoble à force d’être soumis à une modestie de façade. Foenkinos est traduit dans le monde entier ; dans un monde juste, il le serait devant les tribunaux. »

Générations. « C’est la génération qui les précède née au milieu des années soixante, qui pourrait bien surprendre tout le monde. Il faut dire qu’on ne l’attendait plus. Longtemps ignorée, étouffée, réduite aux mêmes et pénibles têtes de gondole, elle commence à donner – avec Patrice Jean, Matthieu Jung, Olivier Maulin, Nicolas Fargues, d’autres encore – des fleurs qui s’épanouissent dans le refus de l’époque. »

Bruno Lafourcade (lui-même). « Il fait penser à un maître d’école qui ferait payer à ses élèves ses échecs répétés à l’agrégation : quand il malmène un auteur, c’est sa propre faillite qu’il se reproche – et doublement : en ne renonçant pas tout à fait à écrire, il a même raté son ratage. »

Yann Moix. « En passant d’un roman d’amour à celui d’un sosie de Claude François, de la vie d’un chanteur américain à celle d’une sainte morte à Auschwitz, il offre une cohérence dans l’obscénité qui fait froid dans le dos. »

Plagiaires. « Il y a deux catégories de plagiaires, et ils ont tous pourtant des points communs : jamais leurs pillages ne les ont discrédités ; ne les ont contraints, sauf Gilles Bernheim, à démissionner des fonctions qu’ils occupent dans les chaînes et les journaux ; ne les ont empêchés de publier, et d’en appeler à la ‘’moralisation de la vie publique’’. Leur cynisme n’a pas plus de limite connue que leur impunité. ‘’Je ne compte pas mes emprunts, a dit un jour Jacques Attali, je les pèse.’’ »

« Ce qui constitue le mauvais écrivain, c’est de croire, par un automatisme putassier, qu’il faut se montrer ému pour émouvoir. »

indexsendixm.jpgRÉFLEXION

Xénophon, les Dix-Mille

Les Dix-Mille de Xénophon est republié chez Phébus dans une édition établie par Pascal Charvet et Annie Collognat. C’est un livre qui raconte notre présent et qui dit les enjeux géopolitiques qui sont les nôtres. Un livre qui raconte l’histoire des Grecs et qui dit aussi notre histoire.

Revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/xenophon-les-dix-mille/?utm...

SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Médecine et totalitarisme (1/5)

Cet écrit fait suite à une lettre ouverte adressée à trois confrères du conseil de l’Ordre des médecins, restée sans réponse. Il s’agit d’une réflexion sur la responsabilité des médecins dans ce que je pense être le plus grand désastre sanitaire, à savoir l’injection généralisée d’un produit expérimental à base d’ARNm de la protéine spike du Sars-CoV-2.

lesakerfrancophone

https://lesakerfrancophone.fr/medecine-et-totalitarisme-1-5

Covid dans les médias : en parle-t-on toujours autant ?

Tagaday, a observé et mesuré l’évolution médiatique du Covid-19 dans les médias français depuis le début de la pandémie. Entre janvier et février 2020, aux prémices de la pandémie, le Covid faisait l’objet de 880 articles par jour en moyenne « seulement », moins de 1% des sujets traités dans les médias français. Le 20 mars 2020, quatre jours après l’annonce du 1er confinement, le sujet dépassait tous les records avec 19 187 citations sur une seule et même journée. 25 mois plus tard, alors que le conflit ukrainien et l’élection présidentielle accaparent les esprits, qu’en est-il de la couverture médiatique réelle du Covid sur l’ensemble de cette longue période ?

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/04/21/185420/covid-dans-...

Comment-fonctionne-la-reconnaissance-faciale-1000.jpgUNION EUROPÉENNE

L'UE se prépare à construire un énorme système international de reconnaissance faciale

Au cours des 15 dernières années, les forces de police à la recherche de criminels en Europe ont pu partager entre elles des empreintes digitales, des données ADN et des informations sur les propriétaires de véhicules. Si les autorités françaises soupçonnent que quelqu'un qu'elles recherchent se trouve en Espagne, elles peuvent demander aux autorités espagnoles de vérifier les empreintes digitales dans leur base de données. Désormais, les législateurs européens sont sur le point d'inclure des millions de photos de visages dans ce système et de permettre l'utilisation de la reconnaissance faciale à une échelle sans précédent. L'expansion de la reconnaissance faciale à travers l'Europe est incluse dans des plans plus larges de « modernisation » des services de police à travers le continent, et elle relève des propositions de partage de données Prüm II.

Intelligence-artificielle.developpez.com

https://intelligence-artificielle.developpez.com/actu/332...

Agressions sexuelles à Milan par une meute d’étrangers

Une eurodéputée (ID) demande à la Commission si ce phénomène qui se propage en Europe a été étudié et s’il sera combattu. Réponse : cela n’a pas de rapport avec l’immigration.

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2022/04/22/agressions-sexuelles...

samedi, 23 avril 2022

Pakistan: le peuple contre le parlementarisme

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Pakistan: le peuple contre le parlementarisme

par Maxim Medovarov

Source: https://www.ideeazione.com/il-popolo-contro-il-parlamentarismo/

Le coup d'État constitutionnel qui a eu lieu au Pakistan a non seulement entraîné des changements significatifs dans la situation géopolitique, mais est également devenu le reflet d'une vieille tendance: l'opposition du peuple au parlementarisme oligarchique.

Le système politique pakistanais est caractérisé par une instabilité extrême, des coups d'État et des assassinats constants. Aucun des premiers ministres du pays, depuis sa fondation par les Britanniques en 1947 jusqu'à aujourd'hui, n'a effectué un mandat complet. Cependant, pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, un coup d'État a eu lieu sous la forme d'un vote de défiance de la majorité parlementaire à l'égard du cabinet d'Imran Khan.

Pendant un demi-siècle, le Pakistan a été divisé en plusieurs parties et spolié par deux clans oligarchiques: la famille Sharif, étroitement liée aux républicains américains, aux monarchies arabes et aux entreprises chinoises, et la famille Bhutto-Zardari, orientée vers les démocrates américains et les élites britanniques. Imran Khan a défendu la volonté du peuple, qui veut échapper à la pauvreté et aux mains de ces deux clans, en prenant le poste de premier ministre en 2018, puis en installant son collègue Arif Alvi comme président.

Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, Imran Khan a commencé à construire un État-providence, islamique dans sa base doctrinale, mais résolument tolérant envers toutes les minorités religieuses. Ses subventions sociales pour l'électricité et l'essence ont permis à des dizaines de millions de Pakistanais de sortir de la pauvreté. Sa géopolitique indépendante défie l'Occident anglo-américain, vise une forte coopération militaire avec la Russie et la Chine et le règlement des relations avec l'Inde. La montée en puissance des Talibans en Afghanistan a joué en faveur du Pachtoune Imran Khan, lui assurant une arrière-garde solide sans les troupes américaines.

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Grâce à une intervention directe, les Anglo-Américains ont pris le contrôle de certains députés des partis mineurs et ont obtenu une majorité de deux ( !) voix au Parlement. Bien que le président Alvi ait publié un décret pour dissoudre le parlement, la Cour suprême s'est rangée du côté des conspirateurs et a permis au parlement illégitime d'élire le gouvernement de coalition oligarchique Sharif-Zardari, soutenu par un certain nombre de petits partis, dont des islamistes purs et durs et des séparatistes belliqueux. Le peuple, privé des avantages sociaux par le premier décret de Sharif, est resté fidèle à Imran Khan et organise d'innombrables manifestations pour son retour. L'Iran et l'Afghanistan apportent un soutien de facto à Imran Khan, même si les perspectives de son retour au pouvoir sont sombres, l'état-major de l'armée pakistanaise étant rempli de marionnettes américaines.

Il est évident que Shahbaz Sharif n'a pas l'intention de rompre les projets communs avec la Chine et la Russie. Mais il succombera sans doute aux sanctions occidentales, car, selon lui, le Pakistan est un pays trop pauvre pour mener une politique indépendante, et donc, en général, les décrets de Washington doivent être respectés. Une déclaration aussi humiliante est devenue un autre stigmate pour la famille Sharif, des corrompus notoires et des fonctionnaires corrompus qui ont déjà été jugés à de nombreuses reprises.

Il est curieux que Sharif et Zardari accusent Imran Khan de gaspiller le budget pour les besoins sociaux et de se préparer à un défaut de paiement - mais pendant ce temps, dans la région voisine du Sri Lanka, on assiste à un effondrement complet de l'État, à des émeutes de la faim, au manque de pain et de carburant, précisément à cause de la ploutocratie proche des États-Unis: les gouvernements des trois frères Rajapaksa, qui ont reçu des prêts du FMI et, sur ordre de Biden, ont laissé leur pays sans charbon au nom de l'"énergie verte". Une révolte nationale a entraîné le changement de certains ministres sri-lankais, mais dans l'ensemble, le régime Rajapaksa est maintenu à flot par un parlement ploutocratique obéissant.

L'opposition du peuple au parlement est très ancienne. Elle s'est manifestée clairement aux 18ème, 19ème et 20ème siècles dans différents pays. La peur pathologique des référendums dans la plupart des régimes oligarchiques-parlementaires d'Europe occidentale et orientale est bien connue. Bien sûr, un référendum peut aussi être falsifié ou formulé de manière incorrecte, mais néanmoins, c'est le parlementarisme qui est le plus souvent en nette contradiction avec la voix du peuple, non pas en tant que collection d'individus atomiques, mais en tant que tout organique (sociologie de Hans Freyer). C'est pourquoi une situation anormale s'est développée au Pakistan, où la grande majorité des gens soutiennent activement Imran Khan et une politique étrangère totalement indépendante, mais ne peuvent rien faire contre les députés ploutocrates, dont beaucoup ont été soudoyés au dernier moment.

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Inutile de dire que depuis 30 ans, l'Ukraine rampe dans une frénésie sanglante, précisément parce qu'elle a refusé à maintes reprises d'appliquer les résultats de ses propres référendums sur l'autonomie de la Transcarpathie (1991), l'autonomie du Donbass (1994), la création du Sénat et la fédéralisation (référendum de Koutchma de 2000), jusqu'à ce que les référendums populaires de 2014 infligent une blessure mortelle à cette entité ploutocratique.

Mais la Moldavie suit le même chemin, où maintenant - et ce n'est pas la première fois - une majorité russophobe artificiellement imbriquée de plusieurs députés (parfois 51 sur 100, parfois 60 sur 100 - cela s'est passé de différentes manières) adopte des "lois tyranniques" qui provoquent un rejet et un rejet de masse au sein du peuple. En réponse à l'interdiction parlementaire cynique du ruban de Saint-Georges et des lettres Z et V par le parlement moldave, le nord de la république (Balti) et le sud (Gagaouzie) ont lancé des manifestations sous ces symboles, défendant leur dignité et leur insoumission face au despotisme lâche de Chisinau.

Le parlementarisme ploutocratique de la Moldavie ou du Sri Lanka n'est que la copie caricaturale d'un original tout aussi ploutocratique: le parlementarisme à la française et à l'anglaise. Aujourd'hui, alors que le consensus réel de Boris Johnson ou Joe Biden est tombé à 30% (et que Macron au premier tour n'a obtenu que 28% des voix sur une participation de 70%), mais que le peuple n'a pas la moindre chance de les rejeter, cela est plus évident que jamais. Mais plus la restructuration de l'ensemble du système des relations internationales avance, plus l'effondrement de la ploutocratie parlementaire se rapproche. Les événements au Pakistan peuvent devenir un déclencheur du processus mondial à cet égard.

Israël, Biden et les élections de mi-mandat de 2022 

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Israël, Biden et les élections de mi-mandat de 2022 

par German Gorraiz Lopez

Source: https://www.ideeazione.com/israele-biden-e-le-midterms-2022/

Les offensives militaires israëliennes successives contre Gaza et la Cisjordanie ont toujours été protégées par la "spirale du silence" des principaux médias mondiaux contrôlés par le lobby juif transnational, une théorie formulée par la politologue allemande Elisabeth Noelle-Neumann dans son livre The Spiral of Silence. Public Opinion: Our Social Skin (1977).

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Cette thèse symboliserait "la formule de superposition cognitive qui établit la censure par une accumulation délibérée et étouffante de messages à un seul signe", ce qui produirait un processus en spirale ou une boucle de rétroaction positive et la manipulation conséquente de l'opinion publique mondiale par le lobby juif transnational (droit d'Israël à se défendre).

Cependant, le caractère inéquitable de la punition infligée aux Palestiniens de Gaza, avec près de 300 morts, des centaines de blessés et la destruction des infrastructures de base à Gaza, entraînerait une répudiation internationale contre Netanyahou et la chute de Bibi devant l'AIPAC. Après quoi, le gouvernement de coalition dirigé par le centriste Yair Lapid et le droitier Naftali Bennett (Coalition Arc-en-ciel) s'est cristallisé. Cela représente le déclin politique du dernier empereur israélien, Netanyahou, après 12 ans au pouvoir mais suivant l'endémisme atavique de tous les gouvernements israéliens, l'actuel gouvernement Bennett poursuit sa campagne systématique de colonies illégales, dont l'avant-dernier épisode serait l'annonce de la création des nouvelles colonies d'Asif et de Matar dans le but avoué de "doubler la population du plateau du Golan" après avoir reçu les bénédictions des deux administrations Trump et Biden et aurait signé des alliances avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite pour former une entente contre l'Iran, pour laquelle il utilisera une fois de plus la dictature invisible de la peur du troisième holocauste.

L'Iran, la "bête noire" d'Israël

En 1978, Zbigniew Brzezinski déclarait dans un discours : "Un arc de crise s'étend le long des rives de l'océan Indien, les structures sociales et politiques fragiles d'une région d'importance vitale pour nous menacent de se fragmenter. La Turquie et l'Iran, les deux États les plus puissants du flanc sud, sont potentiellement vulnérables aux conflits ethniques internes, et si l'un ou l'autre était déstabilisé, les problèmes de la région deviendraient incontrôlables", ébauche d'une théorie qu'il a fini par dessiner dans son livre The Grand Chessboard. American supremacy and its geostrategic imperatives (1997), considéré comme la bible géostratégique de la Maison Blanche ainsi que la table de chevet de générations successives de géostratèges et de politologues.

L'Iran a acquis une dimension de puissance régionale grâce à la politique erratique des États-Unis en Irak, (le résultat de la myopie politique de l'administration Bush obsédée par l'Axe du Mal) éliminant ses rivaux idéologiques, les talibans sunnites radicaux et Saddam Hussein avec le vide de pouvoir qui en résulte dans la région, pour lequel il a réaffirmé son droit inaliénable à la nucléarisation, mais après l'élection de Hasan Rowhani comme nouveau président élu de l'Iran, un nouveau scénario et une nouvelle opportunité se sont ouverts pour la résolution du différend nucléaire entre les États-Unis, Israël et l'Iran, car un éventuel blocus du détroit d'Ormuz (par lequel passe un tiers du trafic énergétique mondial) pourrait aggraver la récession économique mondiale et affaiblir profondément l'ensemble du système politique international, ce qui obligerait les États-Unis à reconsidérer le rôle de l'Iran en tant que puissance régionale et arbitre potentiel dans le différend syrien.

Toutefois, après l'approbation par le Congrès et le Sénat américains d'une déclaration préparée par le sénateur républicain Lindsey Graham et le démocrate Robert Menéndez, qui affirme catégoriquement que "si Israël est contraint de se défendre et d'agir (contre l'Iran), les États-Unis seront à vos côtés pour vous soutenir militairement et diplomatiquement", nous assisterions à une pression accrue du lobby pro-israélien américain (AIPAC) pour procéder à la déstabilisation de l'Iran par des méthodes rapides.

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Ainsi, le Sénat américain a renouvelé à l'unanimité l'Iran Sanctions Act (ISA) jusqu'en 2026 et après que l'Iran ait lancé un nouveau missile balistique, Trump a augmenté les sanctions contre plusieurs entreprises iraniennes. liées aux missiles balistiques sans violer l'accord nucléaire signé entre le G+5 et l'Iran en 2015, connu sous le nom de Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), un accord que l'administration Trump a abandonné.

Cet abandon a eu pour effet secondaire d'étrangler les exportations de pétrole brut de l'Iran et de le faire entrer dans l'orbite d'influence de la Chine, ainsi que d'augmenter son enrichissement d'uranium à 60 %, pour lequel Israël déplacerait ses pièces MOSSAD par le biais d'attaques médiatiques. et sélective pour déstabiliser le régime du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei à l'époque. Israël scellerait alors des alliances avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite pour former une entente contre l'Iran. Ainsi, Bennett considère l'Iran comme "le plus grand exportateur de terreur et de violation des droits de l'homme dans le monde alors qu'il continue à enrichir de l'uranium et dangereusement proche d'obtenir une bombe nucléaire". Et selon un rapport du portail Veterans Today, "Israël transfère des armes de défense aérienne, de l'artillerie à longue portée, des hélicoptères et des avions de combat F-15 à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, en vue d'une guerre plus large contre l'Iran" (Operation Persia).

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Biden et les élections de mi-mandat de 2022

La démocratie américaine est sui generis. Les Etats-Unis auraient comme pilier de leur système politique l'alternance successive au pouvoir des partis démocrate et républicain (tous deux engloutis par le lobby), avec Joe Biden comme nouvel outsider de l'AIPAC. Ainsi, la victoire surprise de Donald Trump sur Hillary Clinton a représenté Israël "perdant un ami précieux pour gagner un meilleur ami", Donald Trump, qui a établi le puzzle désarticulé du chaos qui s'est terminé par la victoire du candidat démocrate Joe Biden, qui a déclaré en 2007: "Je suis un sioniste. Il n'est pas nécessaire d'être juif pour être sioniste". Alors que les réserves stratégiques américaines n'ont jamais été aussi élevées et que l'industrie américaine du schiste ne parvient pas à décoller malgré la flambée des prix du pétrole, et qu'un défi croissant à l'hégémonie américaine est représenté par le géant chinois, cela pourrait obliger Joe Biden à utiliser une première attaque surprise d'Israël contre l'Iran pour déclencher une nouvelle guerre au Moyen-Orient avec le double objectif de drainer les sources d'énergie de la Chine et de diluer les stigmates de la division dans la société américaine.

L'attrition subie par Biden après le fiasco en Afghanistan, l'inflation galopante et l'entrée possible de l'économie en récession l'année prochaine après la guerre en Ukraine, pourraient conduire à une victoire républicaine aux élections de mi-mandat de 2022 qui anticiperait un retour triomphal de Trump aux élections présidentielles de 2024 et ce qui serait un paradigme de la récente victoire républicaine dans l'État de Virginie. Ainsi, après les fiascos de la Syrie, de la Libye et de l'Irak, l'Iran serait le nouvel appât du plan machiavélique esquissé par l'Alliance anglo-israëlienne en 1960 pour attirer à la fois la Russie et la Chine et provoquer un conflit régional majeur qui marquerait l'avenir de la zone dans les années à venir et qui serait un nouvel épisode local qui s'inscrirait dans le retour à l'endémie récurrente de la guerre froide américano-russe. Ce conflit pourrait impliquer les trois superpuissances (USA, Chine et Russie) comptant comme collaborateurs nécessaires les puissances régionales (Israël, Syrie, Egypte, Jordanie, Arabie Saoudite et Iran), couvrant l'espace géographique s'étendant de l'arc méditerranéen (Libye, Syrie et Liban) au Yémen et à la Somalie, avec l'Irak comme épicentre et rappelant la guerre du Vietnam avec Lyndon B. Johnson (1963-1969).

Macron-Le Pen: un dialogue entre sourds qui oublient le sens des mots

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Macron-Le Pen: un dialogue entre sourds qui oublient le sens des mots
 
par Frédéric Andreu

Les dialogue de sourds sont souvent les plus bruyants. Emmanuel Macron et Marine Le Pen viennent d'en donner une démonstration éclatante ce jeudi 21 avril 2022 à la faveur du traditionnel débat de l'entre-deux tours des élections présidentielles. Au cours du débat télévisé, le premier accusa la seconde de "nationalisme étroit", tandis que la seconde le qualifia d'"euro-mondialiste" et d'"incompétent", autant de noms d'oiseaux qui ne volèrent pas très haut.

"Incompétent" n'est d'ailleurs pas le mot que j'aurai personnellement choisi pour qualifier la politique du capitaine Macron au gouvernail de la France depuis cinq ans. Cela tombe bien, je ne fus pas convié au débat. Je dirai même que le Young Leader applique son plan politique avec une redoutable efficacité.
 
L'équation politique que veut résoudre Macron peut se résumer en ceci : créer les conditions d'une souveraineté européenne dans le cadre d'une Europe basée sur des valeurs qui ne sont pas européennes. Le comble est qu'il veut résoudre cette équation à partir d'un pays européen - la France - qui n'a plus de souveraineté depuis 200 ans, depuis le soir de la bataille de Waterloo pour être précis.

Mais ne rentrons pas dans un débat entre historiens qui nous obligerait à choisir entre gentils droits-de-l'hommistes et méchants complotistes. Ce débat-là ne nous intéresse pas.
 
Soulignons plutôt la perte totale des repères sémantiques des deux finalistes à la Présidentielle, leur discours truffé de statistiques et d'(im)postures verbales et non verbales, le manque de hauteur de vue, et l'ignorance crasse de l'Histoire.

Rappelons quelques faits. L'élection du Président de la République n'a été instauré en France que pour le maintien au pouvoir des vainqueurs de 1789. Elle est typique des fausses libertés imaginées par le pays légal pour contrer le pays réel. Elle fut instaurée, à la fin du XIXème siècle, pour rendre impossible le retour des Bourbons (le comte de Chambord) sur le trône de France. En plus de la valeur symbolique du nombre sept, le septennat fut imaginé en rapport au calcul de l'espérance de vie du dît comte de Chambord. On considérait que dans sept ans, il serait mort et que la république serait donc sauvée.

Au-delà de cette petite piqûre de rappel de faits historiques tombés dans les oubliettes, les deux candidats à la présidentielle 2022, semblent souffrir d'une autre maladie très française: la perte du sens des mots et des métaphores. Le terme "démocratie" martelé comme autant de clous dans un pays qui bat tous les records de consommation de tranquillisants, est révélateur. Répéter à longueur d'onde médiatique des mots tels que "démocratie", "racisme", "antisémitisme", c'est leur effacer tous sens et les remplacer par des clous de propagande.
 
Rappelons le sens d'un de ces mots cloutés en nous: "Démocratie". Ce mot provient de l'assemblage de deux mots grecs, "Démos et "Cratos": le "pouvoir par le peuple". Il fut forgé dans l'Athènes d'avant l'ère chrétienne, en un temps où le pays ne connaissait ni nation ni smartphone ni monothéisme. Pour les Grecs de l'époque, parler de "Demos" sans 'Ethnos" n'avait pas grand sens. Cette Ethnos est précisément ce que le système en place depuis 200 ans dans le monde et particulièrement en France cherche à transformer, voire à faire disparaître. On a même l'impression que plus l'Ethnos disparaît plus leur Demos est prospère. Pour couper court à toutes spéculations historiques, je propose à nos chers élites parisiennes qui se succèdent au pouvoir en France depuis 1789 - par la magie de l'entre-soi et des loges d'obédience diverses - d'acheter un billet de train Paris-Genève. Qu'ils descendent à la gare Cornavin, marchent dans les rues de la vieille ville, discutent avec les commerçants, les passants. Ils feront l'expérience non pas de la démocratie grecque mais de la "démocratie" moderne dans un pays européen. Ils feront l'expérience d'un espace citoyen circonscrit dans l'espace, où on prend le temps de respirer et de parler entre voisins et où le peuple a encore l'impression d'être souverain.

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Ces élites parisiennes seront peut être surpris de voir trois drapeaux flotter dans les places et les rues de Genève. Un drapeau de commune, un autre du canton, et un troisième plus connu, le fameux drapeau helvétique frappé de la croix blanche. Trois drapeaux pour trois niveaux de souveraineté, chacun étant organiquement lié au deux autres. Un détail ne leur apparaîtra pas à première vue: le drapeau de la confédération helvétique est le seul drapeau au monde de forme carrée. Quant à la République de Genève, elle ne dépasse pas la taille du canton éponyme et n'a aucune prétention à l'universalisme. A Lausanne prévalent d'autres lois, d'autres parlers, d'autres moeurs...

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En prenant un peu de hauteur, grâce notamment à la lecture de Denis de Rougemont, les cantons suisses organiquement liés entre eux, pourraient même leur apparaître comme une union européenne en petit. Les relations à la fois tendues et solidaires entre cantons pouvant être perçues comme un résumé des relations entre nations. Bref, nos élites rentreront sans doute peinés de ce voyage laborieux pour leur bonne conscience républicaine en revenant la tête pleine et les poches vides.
Les poches vides? En effet. Non pas que le prix du Vitell Fraise soit plus élevé à Genève qu'à Paris, mais parce que les "patriotes" qui gouvernent la France depuis Paris ont une fâcheuse tendance à laisser des sommes d'argent assez importantes dans les banques suisses...

Frédéric Andreu
Contact : fredericandreu@yahoo.fr 

vendredi, 22 avril 2022

Japon: face à la guerre en Ukraine, dans le style de l'Occident collectif

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Japon: face à la guerre en Ukraine, dans le style de l'Occident collectif

par Ekaterina Kiiko

Source: https://www.ideeazione.com/nello-stile-dellovest-collettivo/

Le Japon s'est également joint à la condamnation de l'opération militaire spéciale de la Russie. Les grandes menaces du Japon, telles que la Chine et la Corée du Nord, passent à l'arrière-plan. Bien que la RPDC ait lancé deux projectiles vers la mer du Japon le 17 avril, les principaux titres des médias d'État du pays portent sur l'Ukraine. Cette distorsion peut être due à la forte influence du principal partenaire économique du Japon, les États-Unis.

Le 21 juin 2000, l'Association japonaise des éditeurs et rédacteurs de journaux a adopté un code du journalisme qui stipule un reportage impartial et véridique. Lorsqu'elles décrivent les événements en Ukraine, les publications centristes et libérales japonaises ignorent le côté russe et condamnent son intervention militaire dans ce qu'elles considèrent comme un "État souverain".

Le centre-gauche ne se soucie que des victimes

La publication de centre-gauche Mainichi se concentre sur les sanctions qui pèsent désormais sur la Russie et le Japon. "Mainichi a publié le 17 avril un sondage réalisé par l'agence indépendante japonaise Kyodo Tsushin, qui révèle que sept Japonais sur dix sont favorables à des sanctions économiques contre la Russie. La contradiction est que les Japonais, dans le même sondage de deux jours, parlent d'une forte augmentation des prix des denrées alimentaires. Néanmoins, les personnes interrogées insistent toujours sur le maintien des sanctions. Le centre-gauche cite des sources d'information ukrainiennes dans ses articles sans proposer d'alternative. Dans ce cas, le Mainichi et d'autres publications bien connues au Japon renient l'un des points principaux de leur code : l'impartialité.

Les rapports des journaux sont liés à "l'agression russe" à Mariupol et à Kiev. Les articles expliquent cela en disant que soi-disant "le commandement militaire russe, furieux du naufrage du croiseur Moskva et des provocations ukrainiennes sur son territoire, a accéléré son offensive à l'est". En réalité, le navire amiral de la flotte de la mer Noire, le Moskva, a coulé alors qu'il était remorqué pendant une tempête, et l'agression ukrainienne sur le territoire russe n'a fait qu'accélérer les bonnes décisions militaires.

Les conservateurs pensent à tout en même temps

Le journal conservateur Yomiuri Shimbun se concentre davantage sur les relations commerciales entre la Russie et le Japon. Le journal évoque notamment les négociations en ligne sur les quotas de pêche, qui ont débuté le 12 avril. Les deux parties imposent "des limites de capture pour les navires japonais opérant dans les eaux situées à moins de deux cents milles nautiques du Japon et des taxes correspondantes à payer à la Russie". Il s'avère que les truites et les saumons pêchés au large des côtes d'Hokkaido, qui sont si populaires au Japon, arrivent là par des rivières russes. Le secrétaire du Cabinet, Hirokazu Matsuno, a déclaré lors d'une conférence de presse la veille que "Nous (le Japon) ferons de notre mieux pour préserver et protéger les droits et les intérêts de la pêche".

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Une autre preuve que la publication n'est pas très intéressée par la discussion d'une action militaire en Ukraine est la nouvelle du changement de la prononciation du mot "Kiev". Le 1er avril, le ministère japonais des Affaires étrangères a annoncé que "le gouvernement désignera la capitale ukrainienne par le terme 'kiiu', basé sur le mot ukrainien pour Kiev, au lieu de 'kifu' basé sur le nom russe". Le gouvernement japonais aura beau modifier la prononciation du nom de la ville, il ne changera pas l'histoire de son origine. Kiev est dérivé du nom de Kiy, le fondateur légendaire de la ville, dont deux chroniques ont survécu. De plus, ce nom commence à être mentionné dans les chroniques russes à partir de 860.

Le journal accorde également beaucoup d'attention aux élections présidentielles françaises. Par exemple, la publication publie des articles de l'Associated Press, qui cite la politicienne Marine Le Pen comme ayant déclaré qu'elle cesserait d'envoyer des armes à l'Ukraine. Les nouvelles, également tirées d'une telle source, peuvent sembler neutres. Toutefois, à la fin de l'article, il est fait référence à Dominique Sopo, de l'organisation antiraciste, qui qualifie Le Pen d'admirateur du "régime de Poutine". Il n'y a aucune logique à cela, car l'altermondialiste n'approuvait pas le comportement de la partie russe, mais suggérait simplement que l'on devrait comprendre les positions des deux parties au conflit avant de condamner et de tirer des conclusions.

Condamnation par les libéraux

La publication japonaise progressiste-libérale Tokyo Shimbun condamne l'opération militaire spéciale en Ukraine. Le journal ne se contente pas de publier des informations provenant de sources occidentales collectives, mais tente également de faire quelque chose de son cru. Ils écrivent des articles dans lesquels ils examinent en détail les actions de l'armée russe et celles de Vladimir Poutine. En particulier, le 25 février, le Tokyo Shimbun a publié un article très critique à l'égard du président russe, expliquant en termes peu flatteurs pourquoi sa guerre contre l'Occident et ses vues "impériales" pourraient être le début de la fin pour la Russie. L'analyse porte également sur l'évolution de l'ordre mondial, qui aura des répercussions négatives sur tous les pays. En effet, l'ordre mondial dirigé par les États-Unis a été établi après la fin de la guerre froide, et la Russie ne contribue aujourd'hui à un monde multipolaire que par ses actions.

"Le Tokyo Shimbun a également publié un article le 9 avril sur les projets du Parti libéral-démocrate du Japon d'augmenter les dépenses de la défense en relation avec le conflit Russie-Ukraine. Le raisonnement était que "si une situation d'urgence survenait à Taiwan en Chine dans quelques années et que le Japon était en danger, rien ne pourrait être fait sans les préparatifs nécessaires". Tous les membres du Parti libéral démocrate ont voté en faveur de l'augmentation du budget de la défense, mais si un tel projet est approuvé, le Japon pourrait devenir une menace pour d'autres États, y compris son allié, les États-Unis.

Le journal libéral national Asahi publie des articles principalement liés aux sanctions mutuelles de la Russie et de l'Ukraine. Il publie également fréquemment des articles analytiques sur la crise ukrainienne. Le journal a également cité le Premier ministre Fumio Kishida, qui aurait déclaré que le Japon cesserait d'importer du charbon et du pétrole russes et interdirait les investissements en Russie. Selon l'homme politique, ce durcissement est lié à de "graves violations du droit international" par la Russie. Le Japon a imposé de nouvelles sanctions après l'Europe et les États-Unis. Cependant, le gouvernement hésite depuis longtemps à le faire, car le pays a déjà connu des augmentations des prix de l'essence et de l'électricité. Le Japon, pour ne pas être un mouton noir, a soutenu l'expulsion des diplomates le 8 avril dans un climat de folie générale. En réponse, la ministre russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que le pays obtiendrait une réponse ferme "bénéfique pour Moscou".

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Le Japon est un pays dépendant du charbon russe. Kishida a également mentionné que les industries et les services publics souffriraient de l'abandon de la ressource. Le Premier ministre a déclaré : "Nous devrons d'abord évaluer l'impact des sanctions et prendre des mesures pour interdire le charbon russe en proposant des alternatives.

La Russie avait déjà cessé les négociations sur un traité de paix avec Tokyo. Le document accorde une attention particulière aux îles Kouriles. La publication libérale écrit que la Russie aurait "pris (les îles) en otage". Les Japonais mentionnent aussi fréquemment l'Union soviétique, qui, selon la rhétorique du journal, a arraché les îles au petit Japon après la Seconde Guerre mondiale. Selon le libéral Asahi, "d'ici la fin du mois d'avril, le gouvernement élaborera des mesures globales et d'urgence contre la hausse des prix du pétrole et d'autres produits de base afin de minimiser l'impact sur la vie des civils".

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Si l'on étudie les articles précédents du journal, il est clair que le renforcement des sanctions par le Japon a toujours été lié à la "violation du droit international" par la Russie. Le fait est que la publication invoque toujours les mots "souveraineté" et "violation des frontières". Cependant, même le journal libéral condamne l'approche molle des politiciens japonais dans le traitement des questions importantes concernant les îles Kouriles. Ils sont également appelés "occupés" dans les journaux.

L'Asahi présente également la position du Japon sur la participation de la Russie à la réunion du G20. L'article du journal du 15 avril cite le ministre des finances Shunichi Shizuki, qui ne pouvait pas dire avec certitude si la Russie participerait, mais n'a pas dit que le Japon s'opposerait à sa participation. Selon le journal, le sommet discutera des devises, le yen ayant atteint le 13 avril son plus bas niveau depuis 20 ans par rapport au dollar.

Concernant l'opération militaire spéciale en Ukraine, Asahi, comme tous les médias libéraux japonais, condamne les actions de la Russie et se réfère aux déclarations de la partie ukrainienne. Le journal cite le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et le conseiller du chef du bureau présidentiel Oleksiy Arestovych qui suggèrent comment la situation dans l'est de l'Ukraine, en particulier à Mariupol, va évoluer. Ce qui est également intéressant, c'est que les journaux japonais ne publient pas de résumés des pertes des deux États, mais font des déclarations uniquement sur la base des données ukrainiennes.

Dualité d'opinion parmi les communistes japonais

Le magazine du parti communiste japonais, le Chosu Shimbun, propose une analyse des dégâts des sanctions mutuelles entre les deux pays. Il examine en particulier les problèmes liés au rejet des ressources russes et ce à quoi ce rejet pourrait conduire. Les communistes japonais, contrairement aux libéraux, sont prudents dans leurs accusations contre la Russie et écrivent avec précaution sur l'"effet boomerang" des sanctions mutuelles. En outre, le document suggère que l'abandon du pétrole russe pourrait dévaster le marché mondial des matières premières.

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Le Chosu Shimbun mentionne pour la première fois le projet pétrolier et gazier Sakhalin-1. Il s'avère que de nombreuses entreprises japonaises ont été impliquées dans le projet et ont importé "environ 4 % de pétrole brut et 10 % de GNL (gaz naturel liquéfié)". Cependant, après l'Europe et les États-Unis, le Japon sera désormais contraint d'abandonner Sakhalin-1, ce qui, selon les communistes japonais, pourrait avoir un impact négatif sur l'économie du pays et la vie des Japonais. Il est également intéressant que les communistes mentionnent séparément la position des pays du Moyen-Orient qui n'ont pas soutenu les sanctions anti-russes et ont refusé de coopérer avec les États-Unis et l'Europe.

La publication de gauche publie également des articles spéculant sur la manière dont le Japon devrait gérer la crise ukrainienne. Une interview de Kenji Isezaki, professeur à l'Université des langues étrangères de Tokyo, a notamment été publiée à ce sujet. Le professeur affirme qu'après la reconnaissance de la DNR et de la LNR par la Russie, les résidents des territoires indépendants ont demandé au président de les protéger, ce qui est conforme au droit de défense collective inscrit dans la Charte des Nations unies.

En outre, l'article mentionne qu'en 2014, les États-Unis étaient également à l'origine des troubles en Ukraine. Ils étaient auparavant intervenus dans les affaires politiques d'autres États, par exemple à Cuba.

L'interview elle-même est contradictoire, car d'une part elle condamne l'opération militaire spéciale russe et d'autre part elle se méfie des déclarations sévères des autorités japonaises sur le conflit. De plus, dans le document, il y a la notion d'un "État tampon", ce que l'orateur appelle le Japon. Selon Isezaki, cela signifie que le pays n'a pas de volonté propre et qu'il dépend des décisions d'un autre État.

Un autre journal de gauche, qui appartient au Parti communiste du Japon, condamne l'opération militaire spéciale de la Russie et publie principalement les déclarations du président du parti. Le 24 février, Kazuo Shii a également déclaré que "l'agression de la Russie viole la souveraineté des territoires de l'Ukraine et viole la Charte des Nations Unies".

Presque tous les journaux de droite et de gauche au Japon condamnent désormais les actions de la Russie en Ukraine, ce qui était, en principe, à prévoir. Cependant, seuls les journaux libéraux ont complètement copié les positions des médias occidentaux. Les conservateurs et les communistes essaient d'analyser davantage la situation et d'aller à l'encontre de l'agenda mondialiste.

Le débat Macron-Le Pen et la France sans vision

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Le débat Macron-Le Pen et la France sans vision

Le président s'est imposé grâce à son bagage technico-économique tandis que le "nouveau" leader patriotique vise l'électorat frontalier

par Gennaro Malgieri

Source: https://www.barbadillo.it/104085-il-dibattito-macron-le-per-e-la-francia-senza-visione/

Le débat télévisé Macron-Le Pen

Le dernier débat de la campagne électorale a montré qu'aucun des candidats n'a la stature des anciens présidents. Comme l'écrit Le Figaro, s'il est vrai que chaque camp a trouvé ses raisons, il est également vrai que Macron et Le Pen ont donné l'impression que "leur" France manque de vision politique et est donc incapable de jouer un rôle de premier plan sur la scène européenne.

Les deux prétendants ont trouvé des moyens et des mots pour être satisfaits du débat qu'ils ont animé. Tant Emmanuel Macron que Marine Le Pen ont couvert les domaines qui leur sont les plus favorables: l'économie, la finance et le développement pour le premier; l'identité française, l'Europe des nations, la controverse sur le quinquennat pour la seconde. Ni l'un ni l'autre n'a fait chavirer le cœur des Français. Les rabâchages et les vieux gags politiques n'ont pas fait rire les téléspectateurs, dont beaucoup ont dit s'ennuyer.

Justifiés par une situation interne et externe difficile, sur laquelle ni Macron ni Le Pen n'ont porté de coups décisifs, s'en tenant plus ou moins aux généralités, ils ont donné lieu à un affrontement sans âme. Dans lequel le pragmatisme du président est apparu grâce à son bagage technico-économique et à sa solide expérience gouvernementale. La "nouvelle" Le Pen, pour tenter de séduire l'électorat frontiste, s'est présentée comme rassurante, calme, pacifiante et a jeté aux orties les thèmes classiques de la droite française pour ne pas paraître excessivement répétitive. Bref, la leader du Rassemblement national a offert une image d'elle-même bien éloignée du cliché habituel qui l'a jusqu'ici "diabolisée": une modérée pour qui - c'est du moins ce que nous avons compris - l'euro et l'islam ne sont plus les principaux "dangers" qu'elle craignait il y a cinq ans.

Dans les derniers jours de la campagne électorale, il faudra voir quel effet aura le nouveau look politique de Le Pen, tandis qu'en face, on trinque presque déjà à la victoire car, objectivement, malgré les nombreuses erreurs qu'il a commises, Macron semble avoir, plus par le rôle qu'il a joué que par les intentions qu'il a exprimées, une plus grande maîtrise de ce qu'attendent les Français, c'est-à-dire une action sur les impôts, la sécurité, plus en rapport avec les préoccupations des citoyens qu'avec une Europe que lui et ses autres collègues sont incapables de gouverner.

Mme Le Pen a frappé son meilleur coup lorsqu'elle a déclaré, non sans l'approbation des téléspectateurs, du moins selon les opinions exprimées immédiatement après le débat, qu'elle voulait être "le président de la vie quotidienne, de la vraie vie", suscitant une réponse furieuse de M. Macron qui a déclaré "nous sommes tous dans la vraie vie". Mais ce n'est pas le cas, car la plupart des Français le perçoivent encore comme "le président des riches", la figure de proue de l'establishment, le candidat de l'élite. Mais cela ne suffit pas si, comme le montre un sondage Ipsos publié par Le Monde, 29% des 45% de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, voteront pour Macron, tandis que les 16% restants convergeront vers Le Pen.

En bref, l'absence du Front républicain a été remplacée par la gauche afin de construire une barrière contre la montée de la candidate de droite : maigre consolation pour Mélenchon et les écologistes qui apportent à Macron en dot tout ce pour quoi la gauche l'a contesté, et en particulier une bonne partie de cette bourgeoisie conformiste déterminée à ne jamais changer au prix de devenir l'agneau sacrificiel des politiques sociales du président sortant.

Avoir "inventé" les gilets jaunes malgré lui, avoir humilié la France profonde avec ses politiques sociales, ne pas avoir tendu la main aux classes les plus modestes pour résoudre leurs problèmes, avoir utilisé la rhétorique écologique comme un attrape-votes, fait de Macron un heureux élu pour le préjugé anti-système (et même pas tant que ça) que Le Pen a continué, bien que comme "modérée", à poursuivre dans cette campagne électorale.

S'il est vrai qu'il existe un écart de dix points entre les deux, comme l'affirme Le Monde, qui rapporte toujours les données d'un sondage Ipsos, cela signifie que la France ne veut pas changer. Et les "candidats à la présidence" qui l'ont compris ne dépassent pas leurs frontières et ne tentent pas de rassembler tout ce qui est à leur portée. Macron parviendra probablement à l'emporter avec l'apport décisif de la gauche, ce qui le rend faible devant son propre électorat; Marine Le Pen perdra pour la deuxième fois pour le simple fait qu'en cinq ans elle n'a pas su construire une droite à la hauteur de ses ambitions, favorisant la naissance de Reconquête de l'antagoniste Éric Zemmour. La droite française n'a jamais été aussi divisée. Et cela est incroyable si l'on considère l'effondrement du parti inspiré de De Gaulle, évoqué par Le Pen, qui, avec les deux formations, ou du moins une partie d'entre elles, aurait pu changer le sort de la compétition.

Le dernier débat de la campagne électorale a montré qu'aucun des concurrents n'a la stature des anciens présidents (sauf Hollande, bien sûr). Comme l'écrit Le Figaro ce matin, s'il est vrai que chaque camp a trouvé ses raisons, il est également vrai que Macron et Le Pen ont donné l'impression que "leur" France manque de vision politique et est donc incapable de jouer un rôle de premier plan sur la scène européenne.

On s'attend à ce que Macron gagne, mais l'enjeu ne sera pas uniquement le sien. Il y aura un peu moins de la moitié de la France qui le regardera avec suspicion et, comme par le passé, ne l'aimera pas. Il deviendra président parce que ses adversaires n'ont pas été capables de le défier sur son terrain et d'appeler les Français à reprendre ce que la haute finance, le "système", leur a pris. En commençant par la fierté et une certaine idée de la grandeur qu'aucun président avant le vieux garçon d'Amiens n'avait jamais abandonnée.

@barbadilloit
Gennaro Malgieri

Au bord de la rupture? L'effondrement du dollar et des alliés des États-Unis

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Au bord de la rupture? L'effondrement du dollar et des alliés des États-Unis

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/sullorlo-della-rottura-il-crollo-del-dollaro-e-gli-alleati-degli-usa/

Le partenariat transatlantique continue de vaciller ouvertement: les alliés se chamaillent sur l'instabilité du dollar et les sanctions contre la Russie. Selon le représentant du département du Trésor américain, Wally Adeyemo, un autre problème des initiateurs des sanctions contre la Russie a été l'incapacité de parvenir à un compromis sur la question des restrictions économiques contre la Fédération de Russie. La guerre des sanctions lancée contre l'économie russe est devenue une véritable pomme de discorde entre les alliés autrefois solides: les pays de l'Occident collectif, l'UE en particulier.

Elle atteint le point où l'absence de consensus peut même conduire à la désunion du système économique mondial, dont ces pays sont les principaux acteurs. De telles prédictions sont ouvertement exprimées par certains alliés européens des États-Unis qui, dans le cadre d'une politique étrangère dépendant de l'hégémonie mondiale des États-Unis, sont contraints de suivre l'agenda fixé par Washington au détriment de leurs propres intérêts.

Le secrétaire adjoint au Trésor américain, Wally Adeyemo, a souligné à juste titre que de nombreux partenaires étrangers reprochent aux États-Unis le fait que la nouvelle réalité économique (vraisemblablement dure) pour la Russie ne fera que devenir une incitation à la formation d'un nouveau système économique.

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Un politicien d'un avis similaire n'est pas d'accord et tente toujours de promouvoir l'idée que Washington démontre ainsi une fois de plus au monde entier l'importance et l'exceptionnalité de la structure économique mondiale actuelle dans laquelle il joue un rôle dominant. L'Occident, a-t-il dit, montre à la Russie et à tous les autres pays combien il est coûteux de s'isoler de ce système financier.

À Washington, on craint également l'effondrement du dollar en raison des sanctions anti-russes et le renforcement potentiel de la Fédération de Russie et de son lien avec la Chine. En outre, la position de pays tels que l'Inde et l'Arabie saoudite, qui indiquent qu'ils effectuent leurs paiements dans des devises autres que le dollar, constitue un facteur de risque pour la stabilité du système financier dominé par les États-Unis.

Selon Adeyemo, la devise américaine conserve son statut, mais tout peut facilement changer en raison de l'imprévisibilité de la situation géopolitique.

L'impact de la coopération énergétique stratégique entre les États-Unis et l'Union européenne

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L'impact de la coopération énergétique stratégique entre les États-Unis et l'Union européenne

par Giulio Chinappi, Ding Yifan & Shi Junqi

Source: https://www.ideeazione.com/limpatto-della-cooperazione-strategica-usa-ue-sullenergia/

Ding Yifan et Shi Junqi, chercheurs à l'Institut Taihe de Pékin, ont publié un article analysant la dépendance énergétique de l'Europe et, en particulier, la coopération énergétique entre les États-Unis et l'UE à la lumière des récents événements en Ukraine. Vous trouverez ci-dessous une traduction de l'article.

Introduction

Lors du voyage du président américain Joe Biden en Europe, les États-Unis et la Commission européenne ont conclu un accord pour mener une coopération stratégique en matière d'énergie visant à atteindre l'indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes, et un groupe de travail conjoint sur la sécurité énergétique a été créé pour définir les paramètres de la coopération. La coopération stratégique actuelle entre les États-Unis et l'Union européenne dans le domaine de l'énergie est encore entravée par des facteurs tels que l'inertie du commerce du gaz naturel, la capacité américaine de produire du gaz naturel liquéfié (GNL) et les différences au sein des États membres de l'UE. Cependant, la volonté politique affichée par les États-Unis et la Commission européenne a déstabilisé la coopération énergétique entre l'UE et la Russie et a créé des implications de grande envergure pour les stratégies énergétiques, industrielles et monétaires de l'UE.

L'UE pourrait devenir dépendante de l'énergie américaine

Après la fin de la guerre froide, l'UE a pris l'initiative d'entamer une coopération énergétique avec la Russie. Derrière cette démarche se cachait une politique rationnelle en matière d'énergie et de sécurité: l'UE était déjà le plus grand importateur d'énergie de la Russie et celle-ci ne menaçait donc pas la sécurité de l'UE. En conséquence, les éventuelles menaces de sécurité provenant de l'Est ont été davantage atténuées et l'UE a pu allouer d'importantes dépenses financières, autrement utilisées pour la défense nationale, à la poursuite du développement économique.

Contrairement aux importations en provenance du Moyen-Orient, les importations d'énergie russe offraient à la fois des coûts inférieurs et une meilleure stabilité de l'approvisionnement, ce qui a renforcé la compétitivité internationale de l'économie européenne. En d'autres termes, la coopération énergétique entre l'UE et la Russie a contribué à jeter les bases de l'autonomie stratégique de l'UE. Malgré la pression américaine, l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel a fait avancer le projet de gazoduc Nord Stream 2 afin d'augmenter l'approvisionnement stable en gaz naturel directement depuis la Russie et de contourner la Pologne et l'Ukraine, toutes deux sensibles à l'influence américaine.

Non seulement les États-Unis ont désapprouvé la mise en œuvre de l'autonomie stratégique par l'UE, mais ils ont activement cherché des occasions de perturber la coopération énergétique UE-Russie. Ces dernières années, les États-Unis ont vendu du pétrole et du gaz de schiste à l'UE sous le couvert du "renforcement de la sécurité énergétique européenne", occultant ainsi leur véritable agenda qui consiste à forcer l'énergie russe à quitter le marché européen.

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Actuellement, l'énergie russe détient une part de marché plus importante que l'énergie américaine sur le marché de l'UE. En 2021, l'UE avait importé 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie, dont 140 milliards de mètres cubes de gaz naturel par gazoduc et 15 milliards de mètres cubes de GNL, soit 45 % de ses importations totales de gaz naturel. Bien que le volume total des exportations américaines de GNL vers l'UE ait atteint un nouveau record au cours de la même période, avec un total de 22 milliards de m3, cela ne représentait que 6 % des importations totales de gaz naturel de l'UE.

Cependant, le 25 mars 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président américain, Joe Biden, ont publié une déclaration commune sur la sécurité énergétique européenne, qui a démontré la volonté politique de la Commission européenne de déplacer sa dépendance énergétique de la Russie vers les États-Unis.

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Le nouvel accord énergétique entre les États-Unis et l'Union européenne verra les États-Unis s'engager à garantir des volumes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) pour le marché européen d'au moins 15 milliards de mètres cubes en 2022, avec d'autres augmentations prévues au fil du temps. Ainsi, les États-Unis ont pratiquement déclaré qu'ils remplaceraient toutes les commandes de GNL russe auprès de l'UE, qui s'élevaient également à 15 milliards de m3 de GNL en 2021. En effet, un haut fonctionnaire du gouvernement américain a déclaré publiquement que le pacte énergétique entre les États-Unis et l'UE "visait à rendre l'UE indépendante du GNL russe dans un délai très court".

Outre les accords susmentionnés, la Commission européenne a indiqué qu'elle travaillerait avec les États membres de l'UE pour garantir une demande stable de GNL américain supplémentaire d'environ 50 milliards de mètres cubes par an jusqu'en 2030 au moins. Dans le plan REPowerEU dévoilé le 8 mars, la Commission européenne a proposé que l'UE importe chaque année 50 milliards de mètres cubes supplémentaires de GNL en provenance du Qatar, des États-Unis, d'Égypte, d'Afrique occidentale et d'ailleurs. Selon la déclaration commune, la Commission européenne semble avoir attribué l'intégralité du "quota" d'importations supplémentaires de GNL aux États-Unis. Si le plan ci-dessus est mis en œuvre et que l'UE parvient à réduire sa demande de gaz naturel de 100 milliards de m3 d'ici 2030, le GNL américain pourrait représenter environ 30 % des importations totales de gaz naturel de l'UE à ce moment-là.

Les deux parties ont également confirmé leur détermination commune à mettre fin à la dépendance de l'UE vis-à-vis des combustibles fossiles russes d'ici 2027. Cela a interrompu la stratégie de longue date de l'UE visant à atteindre l'"indépendance énergétique" grâce à la coopération énergétique entre l'UE et la Russie au cours des trois dernières décennies et a considérablement augmenté la susceptibilité de l'UE à être "manipulée" par les États-Unis dans les domaines de l'énergie et de la finance.

La compétitivité des industries européennes pourrait diminuer

Ces dernières années, et surtout après l'apparition de la pandémie covidienne, les États-Unis et l'UE ont pris conscience de l'importance de la réindustrialisation. Bien qu'ils restent de fidèles partenaires d'alliance, les États-Unis et l'UE sont désormais engagés dans le jeu à somme nulle de la concurrence pour attirer les entreprises industrielles sur leurs marchés intérieurs respectifs. Les États-Unis se sont transformés en exportateurs d'énergie et éclipsent l'UE en termes de puissance financière. Toutefois, l'ampleur de l'évidement de la chaîne industrielle américaine est bien plus grave que celle de l'UE. C'est pourquoi l'accès à un approvisionnement énergétique stable et abordable est devenu un domaine clé pour les deux parties qui s'affrontent dans le processus de réindustrialisation.

En tant qu'importateur d'énergie, l'UE est dans une position relativement désavantageuse. Le graphique ci-dessus montre qu'après la déclaration États-Unis-UE de juillet 2018, lorsque le GNL américain est entré pour la première fois sur le marché européen, le prix moyen du gaz naturel exporté par Gazprom vers l'Europe était relativement élevé. En 2019, l'Espagne, la France et les Pays-Bas, positionnés le long de la côte atlantique, sont devenus les trois premiers acheteurs de GNL américain au sein de l'UE, position qu'ils conservent aujourd'hui (NB : les Pays-Bas ont acheté plus que la France en 2021).

Au milieu de l'année 2021, l'UE a commencé à promouvoir le paquet Fit-for-55 et le mécanisme d'ajustement à la frontière du carbone (CBAM), dans le but d'appliquer le gaz naturel importé par la Russie à bas prix à partir de 2020 comme un "antidouleur" industriel pendant sa transition vers une économie verte. Depuis sa transition, l'UE a imposé d'énormes tarifs carbone aux pays exportateurs d'énergie, ce qui a contraint le prix moyen du GNL de Gazprom à dépasser celui du GNL américain exporté vers l'Espagne, les Pays-Bas et la France. En tant que tel, le passage de la Commission européenne au GNL américain a une certaine justification économique mais ne compense pas le risque significatif d'une dépendance accrue à l'énergie américaine.

Plus important encore, une fois que les États-Unis et l'Europe auront établi une relation stable entre l'offre et la demande de GNL, l'économie de l'UE sera très probablement confrontée à la situation difficile de coûts de production plus élevés et d'une compétitivité industrielle plus faible que celle des États-Unis. Après tout, le prix moyen du gaz naturel sur le marché industriel intérieur américain est bien inférieur à celui du GNL exporté des États-Unis vers l'Espagne, les Pays-Bas et la France. Contrairement au gazoduc russe, qui a déjà bénéficié de l'investissement initial dans l'infrastructure, les importations de GNL par l'UE impliquent des frais de transport maritime et des coûts de construction et d'exploitation des terminaux GNL. Depuis le déclenchement du conflit entre la Russie et l'Ukraine, le coût de la construction du terminal GNL de Brunsbuttel en Allemagne est passé à plus d'un milliard d'euros, dépassant de loin les 450 millions d'euros précédemment estimés.

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En outre, le prix de l'énergie a entraîné une baisse de la compétitivité industrielle de l'UE, et les risques de sécurité posés par le conflit entre la Russie et l'Ukraine ont augmenté la probabilité que l'industrie des pays en développement gravite vers les États-Unis plutôt que vers l'UE. Cela ne désavantagera pas seulement l'UE dans la compétition pour la réindustrialisation avec les États-Unis, mais aura un impact considérable sur l'économie de l'UE. La combinaison de l'affaiblissement de la réindustrialisation de l'UE, des hausses de taux d'intérêt plus élevées que prévu par la Réserve fédérale américaine et de la fuite des capitaux de l'UE causée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine pourrait encore affaiblir l'effet stimulant des investissements dans l'économie européenne. Ainsi, l'impact de l'inflation élevée dans la zone euro, qui a atteint 7,5 % en mars 2022, indique que les États membres de l'UE risquent de répéter les erreurs commises par d'autres pays développés au début du siècle dernier et de tomber dans la stagflation où l'intervention du gouvernement ne parvient pas à inverser la contraction économique.

La domination du dollar sur l'euro pourrait encore se consolider

Depuis son introduction, l'euro a contesté la domination du dollar. Le mode de règlement des transactions sur les marchandises, que ce soit en dollars ou en euros, affecte directement la proportion et le statut de la monnaie dans le système de paiement international. Étant donné que les échanges entre l'UE et la Russie peuvent être réglés en euros, la coopération énergétique entre l'UE et la Russie a non seulement accru l'utilisation de l'euro dans la communauté internationale, mais a également réduit les réserves en dollars des États membres de l'UE pour les achats d'énergie. Récemment, le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé que l'Allemagne refuse d'acheter du gaz naturel à la Russie en roubles, soulignant que la plupart des contrats d'approvisionnement en gaz naturel allemand prévoient un paiement en euros, une petite partie seulement étant libellée en dollars.

À la suite du conflit russo-ukrainien, l'Allemagne a non seulement suspendu le processus de certification du projet germano-russe Nord Stream 2, mais a également décidé de construire un nouveau terminal GNL à Brunsbuttel d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes par an, destiné à soutenir la nouvelle demande énorme d'importations de GNL en provenance de pays autres que la Russie. Si la déclaration commune des États-Unis et de la Commission européenne du 25 mars est mise en œuvre, les deux parties pourraient avoir des commandes supplémentaires de GNL allant jusqu'à 15 milliards de mètres cubes en 2022, pouvant atteindre 50 milliards de mètres cubes par an jusqu'en 2030 au moins. Ces commandes de GNL seront très probablement réglées en dollars plutôt qu'en euros, ce qui aura un impact majeur sur le statut international de l'euro.

Publié sur World Politcs Blog

Incendie en Europe - Intérêts géopolitiques et défi à l'ordre libéral

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Incendie en Europe

Par Andrés Berazategui*

Source: https://nomos.com.ar/2022/04/19/fuego-en-europa/?fbclid=IwAR1-F33Lt9hPuz8XmKAezJvqzASFrI9ihsVdoDidWu4IH2x8f1_TtUa6SkM

Intérêts géopolitiques et défi à l'ordre libéral

Lorsque l'intervention de la Russie en Ukraine a débuté le 24 février, la principale raison invoquée par Vladimir Poutine pour lancer les opérations était le conflit vieux de huit ans au Donbass. Nous ne nous attarderons pas sur les faits, étant donné l'importante couverture médiatique en cours. Depuis quelques années, la situation dans la région semblait se calmer en raison de l'impasse qui a créé une frontière de facto entre les territoires contrôlés par les forces loyales au gouvernement ukrainien et ceux sous le contrôle des insurgés des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Il est donc clair que la décision du président russe de lancer une telle opération ne peut être uniquement liée au conflit dans le Donbass. Le différend entre la Russie et l'Ukraine doit être placé dans un cadre plus large dans lequel nous soulignerons deux aspects: d'une part, des considérations géopolitiques liées aux questions de sécurité et à la lutte pour l'hégémonie en Eurasie; et, d'autre part, un défi plus large où une Russie revigorée remet en question l'ordre international en déclin dirigé par les États-Unis.

La Russie et la géopolitique eurasienne

En stratégie, un "intérêt vital" est défini comme un intérêt pour lequel un acteur est déterminé à faire la guerre afin de le défendre. Dans la politique interétatique, la vie de la population, la possession ou l'accès à des ressources critiques, ou le territoire lui-même peuvent être identifiés comme des facteurs d'intérêt vital pour un État. Les États élaborent des stratégies pour neutraliser les menaces, c'est pourquoi les politiques de sécurité et de défense figurent souvent en bonne place dans les agendas publics. Il n'est pas surprenant que les puissances aient tendance à consacrer d'importantes ressources à cet effet. L'ex-URSS ne faisait pas exception, bien au contraire, et sa désintégration a laissé un grand nombre de conflits potentiels qui pourraient être très problématiques pour son principal État, la Russie d'aujourd'hui. Vladimir Poutine considère que l'effondrement de l'URSS est la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle. Il a toutes les raisons de le croire. Mais le plus grave, au vu des événements qui ont suivi cet automne, était la menace que la Russie percevait dans une OTAN avançant vers l'est. Historiquement, le principal défi de la Russie a été de défendre son espace national contre une multitude de voisins actifs et souvent instables. Il n'est donc pas surprenant que l'avancée de l'alliance atlantique ait mis les dirigeants russes mal à l'aise. La raison est classique: aucune puissance ne veut de menaces près de ses frontières. Les Américains toléreraient-ils une alliance militaire chinoise incluant, par exemple, des pays des Caraïbes, le Canada ou même le Mexique ? Comment les États-Unis ont-ils réagi lorsque les Soviétiques ont envoyé des missiles à Cuba ? Pourtant, une Russie encore faible ne pouvait rien faire en 1999 lorsque la première expansion de l'OTAN de l'ère post-soviétique a eu lieu, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne rejoignant l'alliance.

Selon certains analystes, la Russie ne s'inquiétait guère, au début des années 1990, de la capacité de l'OTAN à contenir une Allemagne nouvellement unifiée. Il n'y avait pas non plus de signe public de la volonté de l'OTAN de "marcher vers l'est", sans parler du fait que beaucoup en Russie estimaient que la propagation de la démocratie ne nécessitait pas l'expansion parallèle d'une alliance militaire. Mais plus d'un Occidental a considéré l'élargissement de l'OTAN comme une grave erreur, y compris le stratège George Kennan, celui-là même qui a conçu la politique d'endiguement de l'URSS pendant la guerre froide, dans un article du New York Times d'aujourd'hui intitulé "A fateful error" [1].

Cependant, d'autres voix se sont fait entendre et la géostratégie finalement conçue avait réservé à l'OTAN et à l'Union européenne le rôle fondamental d'être la "tête de pont démocratique" des Etats-Unis sur l'Eurasie, comme le soutenait Zbigniew Brzezinski en 1997 [2]. Il a écrit une stratégie séduisante pour Washington avec une relecture néo-mackinderienne de la géopolitique, car il voyait l'Eurasie comme le principal échiquier dans la lutte pour l'hégémonie mondiale et où il était nécessaire d'opérer sur trois fronts : L'Europe de l'Est, où l'UE et l'OTAN (deux architectures institutionnelles qui allaient de pair) devaient s'étendre; les "Balkans eurasiens", une région qui s'étend de l'est de la Turquie et d'une grande partie de l'Iran à l'Asie centrale, où régnait une grande instabilité qui devait être gérée par la diplomatie et l'équilibre; et enfin l'Extrême-Orient, où une Chine en pleine expansion devait être contenue afin de demeurer uniquement une puissance régionale.

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La plus grande crainte de Brzezinski était qu'une alliance anti-hégémonique prenne forme, qui contesterait la suprématie mondiale des Etats-Unis et finirait par chasser les Etats-Unis d'Eurasie. Une telle alliance, selon le stratège, pourrait se faire entre la Russie, la Chine et éventuellement l'Iran. Brzezinski avait des craintes particulières au sujet de la Russie, car son territoire lui permet d'opérer à la fois en Europe et en Extrême-Orient, mais aussi parce qu'elle est une puissance nucléaire.

Les universitaires libéraux ont joué leur rôle dans la politique d'expansion vers l'est de l'UE et de l'OTAN : ils étaient profondément ancrés dans l'idée que les États-Unis étaient destinés à apporter la liberté, la démocratie et la prospérité au monde entier. Le modèle américain de capitalisme et de démocratie avait réussi à résoudre les contradictions de l'histoire, ce n'était donc qu'une question de temps avant que ce modèle puisse être apporté au monde entier. C'est du moins ainsi que Francis Fukuyama l'a formulé, et beaucoup l'ont cru.

Ce n'est pas ce que pensaient les dirigeants russes ou de nombreux autres dirigeants dans le monde. Très tôt, Poutine a clairement indiqué que l'expansion de l'OTAN constituait une menace pour la sécurité de la Russie et il n'était pas disposé à tolérer la présence de membres de l'OTAN parmi les pays voisins. Cependant, la Russie ne pouvait rien faire non plus en 2004, lorsqu'un nouveau cycle d'élargissement est arrivé: cette fois, la Bulgarie, la Slovaquie, la Slovénie, la Roumanie et pas moins de trois pays voisins, la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie (qui jouxte Kaliningrad), ont rejoint l'alliance. Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase est arrivée en avril 2008 lorsque l'OTAN a déclaré sa volonté d'intégrer l'Ukraine et la Géorgie. Comme si cela ne suffisait pas, le mois suivant a vu le lancement officiel du Partenariat oriental, une initiative visant à établir des relations communes avec les pays d'Europe de l'Est sur la base de la promotion de valeurs, d'institutions et d'intérêts communs proclamés entre cette région et l'UE. Suite à une action militaire géorgienne dans deux régions séparatistes, la Russie est intervenue dans la zone et a soutenu les régions d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie contre la Géorgie. Cette intervention russe aurait dû faire comprendre aux Occidentaux ce que Poutine pense de ses voisins qui ont manifesté leur décision de rejoindre l'OTAN.

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À l'Ouest, cependant, les politiciens n'ont pas changé de cap et ont soutenu une "révolution colorée" en Ukraine qui a réussi à évincer le président pro-russe Ianoukovitch en 2014, tournant une fois de plus l'Ukraine vers l'Ouest. Le conflit a alors éclaté au Donbass, mais pas seulement là, mais dans presque toutes les régions russophones. Profitant de l'escalade, une Russie déterminée et active s'empare de la péninsule de Crimée. Malgré tout cela, loin de s'orienter vers une politique de négociations qui établirait la fin de la marche de l'OTAN vers l'est et définirait la neutralité de l'Ukraine, cette dernière a insisté sur l'intégration à l'Occident et l'OTAN a déclaré avec insistance que chaque pays pouvait décider de ce qu'il voulait faire. Les événements se sont radicalisés lorsque le Kremlin a pressenti l'intégration imminente de l'Ukraine dans l'alliance et que des missiles seraient déployés sur son territoire.

Le défi de l'ordre libéral international

Aussi important qu'il soit d'analyser la concurrence géopolitique sur l'échiquier eurasien, ce fait à lui seul n'explique pas entièrement les intentions de la Russie, car dans un aspect plus vaste, Vladimir Poutine remet en question l'ordre international libéral dirigé par les États-Unis. Le président russe a critiqué à plusieurs reprises les valeurs incarnées par l'Occident, notamment dans ses discours au Club Valdai. En outre, le défi est même logique, étant donné que la Russie, en tant qu'État revigoré, vise à revenir au pouvoir en proposant ouvertement la fin de l'ordre international actuel pour donner naissance à un ordre qui lui serait plus favorable. Poutine souhaite qu'un tel ordre lui permette d'avoir son mot à dire sur les questions importantes de politique internationale, en particulier les questions de sécurité. En outre, le Kremlin ne souhaite pas simplement adapter les changements à l'ordre international actuel, mais les dirigeants russes veulent en construire un qui tienne compte des nouvelles réalités de la répartition mondiale du pouvoir. Au fil du temps, il semble devenir évident que le monde évolue vers la multipolarité. Un commentaire sur ce point. La polarité du système international est donnée par sa structure, c'est-à-dire par la forme que prend le système international. C'est-à-dire que même si le système international est toujours un et le même, il peut prendre différentes formes en fonction des différentes répartitions des capacités matérielles: avec une seule puissance hégémonique, il sera unipolaire; avec deux puissances, bipolaire; avec trois puissances ou plus, multipolaire...

Cependant, après la fin de la bipolarité et la chute de l'URSS, le "moment unipolaire" est né lorsque les États-Unis sont devenus la seule superpuissance.  Ainsi, ce pays s'est consacré à étendre ses propres valeurs et institutions au monde entier, dans ce qui semblait être le triomphe du libéralisme à l'échelle mondiale. C'est dans ce contexte de triomphalisme qu'est née la théorie de la paix démocratique, une théorie qui affirme que les démocraties ne se font pas la guerre, de sorte que le modèle démocratique et capitaliste occidental devait être élargi afin de parvenir à la paix internationale. Et cette expansion de la démocratie libérale était positive pour les États-Unis pour deux raisons. D'une part, s'il est vrai que les démocraties ne se font pas la guerre, quelle meilleure contribution à la paix internationale que de faire de tous les États des pays démocratiques ? Mais d'un autre côté, étant un ordre pacificateur, il a été interprété que les Américains eux-mêmes seraient plus en sécurité chez eux, puisqu'ils ne seraient pas "forcés" de s'impliquer à l'étranger et pourraient s'occuper de leur propre politique intérieure. Les libéraux américains des années 1990 ont défendu l'expansionnisme de leur propre modèle d'ordre, identifiant l'intérêt international pour la paix à leur propre intérêt national. Il se trouve que les puissances ont tendance à rechercher des ordres internationaux qui leur profitent, et ces ordres naissent comme une expression de la façon dont chaque peuple conçoit la réalité. C'est-à-dire que de chaque esprit national naît une vision du monde à partir de laquelle est projetée une manière de comprendre comment le monde devrait être ; appliquée à la politique internationale, c'est le substrat sur lequel sont conçus les ordres internationaux, et ce sont les puissances qui ont la volonté et les capacités matérielles de les construire et de les maintenir.

Mais les Russes n'ont pas la même vision du monde que les Américains. L'ordre international actuel repose sur une philosophie libérale, une philosophie qui considère l'individu comme l'alpha et l'oméga de tout ordre social. Fondée sur une confiance aveugle dans le pouvoir de la raison, cette philosophie part du principe que, tôt ou tard, toute l'humanité atteindra le même objectif dans le futur; le progrès est inéluctable. Mais alors que le progrès avance, il est évident que les individus ont des religions, des idées ou des intérêts différents, alors comment résoudre le problème de la coexistence tout en atteignant le but final de l'histoire? Avec un contrat né de volontés libres, rationnelles et suffisamment informées. C'est ainsi que sont nés le contractualisme, la pensée "sociétale" et les régimes démocratiques modernes. Transposez ce même raisonnement à la politique interétatique et vous obtenez l'ordre libéral international, un ordre fondé sur la promotion des droits de l'homme, de la libre économie et de la démocratie.

Bien sûr, le créateur, le soutien et le garant de cet ordre était et est toujours les États-Unis, qui ont leur propre façon de comprendre ces facteurs. Ainsi, avec l'ascension des États-Unis au sommet de la puissance mondiale, les droits de l'homme sont interprétés de manière individualiste, en prenant pour acquis l'existence d'atomes rationnels et libres guidés par l'intérêt personnel. L'économie de marché implique la déréglementation, la limitation de l'interventionnisme de l'État et la recherche acharnée du profit. Enfin, la démocratie se comprend non pas en termes de "volonté du peuple", mais dans l'articulation d'un système de contrepoids entre des pouvoirs équivalents, avec un système politique dont la représentation est monopolisée par les partis politiques et où l'alternance dans l'exercice du pouvoir est recherchée. Pour les États-Unis, toutes ces choses étaient positives lorsqu'ils ont décidé de les étendre dans les années 1990, car lorsqu'elles sont appliquées à la politique internationale, elles créent "un monde basé sur des règles". Mais bien sûr, les organisations et les institutions qui étaient censées faire respecter ces règles ont été largement créées et façonnées par les États-Unis eux-mêmes... il en a été de même pour l'ONU, le FMI, l'OMS, l'OTAN et ainsi de suite.

C'est cette situation que la Russie conteste et veut changer. Ses valeurs ne conçoivent pas les individus repliés sur eux-mêmes en marge de la vie collective, ni l'État comme un acteur secondaire de l'économie. Et quelle valeur peut avoir la démocratie de type occidental dans la tradition autocratique de la Russie ? Il est inacceptable pour le Kremlin de continuer à participer à un monde fondé sur l'expansion d'un ordre qui, selon lui, ne les représente pas adéquatement. C'est pourquoi nous affirmons que l'Ukraine ne concerne pas seulement le sort des territoires. Il est certain que la géopolitique est la première clé pour comprendre les intérêts de l'État russe. Mais le point principal à noter est le défi lancé par Vladimir Poutine à l'ordre libéral international.

Une perspective américaine

L'Argentine doit calibrer ses décisions de politique étrangère à la lumière des deux aspects que nous avons évoqués : le retour de la politique de puissance entre les puissances, avec son cortège de tensions géopolitiques, et l'évolution vers un nouvel ordre international qui est en cours. Avant d'analyser l'impact de ces réalités, disons quelques mots sur la construction du pouvoir national. Quel que soit le scénario qui se dessine, notre pays doit profiter des tensions et des réalignements internationaux à venir pour renforcer sa puissance nationale et accroître sa liberté d'action. La question est simple: peu de pouvoir, peu d'options; trop de pouvoir, trop d'options. Tous les scénarios sont mauvais pour un État faible. Et la puissance nationale se construit en renforçant des attributs matériels tels que le territoire, la population, l'économie ou la capacité militaire; mais aussi en renforçant des attributs immatériels tels que la volonté nationale, l'éducation de la société, la qualité des institutions ou la professionnalisation des élites dirigeantes. Vient ensuite, bien sûr, la capacité de ceux qui dirigent un État à traduire ce pouvoir en stratégies efficaces et efficientes pour atteindre les objectifs nationaux.

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Passons maintenant aux deux questions prioritaires que nous avons identifiées. En ce qui concerne les tensions géopolitiques actuelles, un point est évident, mais mérite d'être souligné: l'échiquier fondamental de la compétition entre les puissances continuera d'être l'Eurasie, et notre pays et l'Amérique du Sud n'y sont pas. Les pays de notre région (et nous faisons expressément référence à l'Amérique du Sud) devraient avoir une politique cohérente et unifiée par rapport à ce scénario. Il est encore plus important de comprendre que l'Argentine ne doit pas adopter une stratégie d'alignement automatique sur l'un des acteurs du conflit. Il n'y a aucune raison de s'impliquer en "prenant parti" définitivement pour l'un ou l'autre des concurrents, car leurs principaux intérêts stratégiques se situent précisément là-bas en Eurasie, et non ici en Amérique du Sud. Par conséquent, il peut être commode pour eux de nous avoir comme alliés aujourd'hui, mais pas demain.

Un autre point, en rapport avec la concurrence sur l'échiquier eurasien, est qu'il n'est pas dans l'intérêt des États de notre région qu'une alliance anti-hégémonique expulse définitivement les États-Unis d'Eurasie, si cela peut se produire un jour. Une puissance nord-américaine expulsée du plateau de jeu principal (ou dont l'influence serait réduite à un niveau secondaire) se retirerait du grand continent eurasien, réévaluerait le concept de l'hémisphère occidental et tournerait ses principales ressources diplomatiques et militaires vers notre région ; dans cette nouvelle réorganisation, les États-Unis chercheraient à créer une nouvelle architecture de sécurité hémisphérique afin de protéger leurs intérêts et nos gouvernements seraient certainement confrontés à une pression encore plus forte de la part des États-Unis.  Le meilleur scénario, pour les pays de notre Amérique, est celui d'une Amérique retirée de notre région, constamment et principalement impliquée dans l'Eurasie luttant pour l'hégémonie contre d'autres puissances.

En ce qui concerne l'émergence potentielle d'un nouvel ordre international, le fait que la Russie - ou toute autre puissance - défie les États-Unis est en soi une bonne nouvelle. Pour l'Argentine et les pays de notre région, les politiques interventionnistes américaines ont presque toujours laissé de mauvais souvenirs et, dans notre cas, seulement de mauvaises nouvelles. Nous n'avons pas bénéficié de l'alignement automatique dans les années 1990, bien au contraire. Et les architectures sécuritaires et économiques que les États-Unis ont créées, telles que la TIAR, le FMI, la BM, par exemple, ont été inefficaces ou ont rendu notre situation bien pire. Un ordre international dans lequel il y a plus d'acteurs importants sera plus positif pour des pays comme l'Argentine, car il y aura plus d'alternatives pour rassembler des intérêts ou chercher des ressources.  Tout cela tient également compte du fait que la Russie tient tête à l'OTAN, une alliance militaire dont l'un des membres usurpe une partie de notre territoire, ce qui devrait faire réfléchir les politiciens argentins sur la manière de planifier la diplomatie et la défense nationale en ce qui concerne l'Atlantique Sud.

Mettons tout de suite les choses au clair : les États-Unis pensent aussi à l'évolution vers un monde multipolaire [3]. À Washington, on accepte de plus en plus le déclin des États-Unis en tant que puissance hégémonique, qui est perçu comme le produit d'une nouvelle répartition des capacités au niveau mondial. Il faut donc comprendre que nous ne sommes pas face à une compétition entre des Etats-Unis qui veulent revenir à l'unipolarité et une Russie ou une Chine qui promeuvent la multipolarité : nous sommes en présence de différentes manières de vouloir organiser un système international avec plus d'une puissance dans un futur proche; il se peut même qu'à long terme il n'y en ait que deux. On ne sait pas encore exactement à quoi ressemblera la nouvelle répartition du pouvoir.

Maintenant, pour revenir à notre pays et à notre région: nous devons construire une puissance nationale qui soit également orientée vers l'intégration avec le reste des pays d'Amérique du Sud. Le grand espace sud-américain doit devenir un acteur significatif reconnu et qui obtient une représentation adéquate et équitable dans l'ordre international à venir. En ce qui concerne la lutte qui se déroule en Eurasie, il convient d'élaborer des stratégies visant à tirer le meilleur parti de la marge de manœuvre qui subsiste toujours dans la politique internationale lorsqu'il y a plus d'une puissance. Lorsqu'il n'y a qu'une seule puissance hégémonique, comme ce fut le cas dans les années 1990, les options de politique étrangère sont considérablement réduites. Pour un pays comme l'Argentine, un monde multipolaire est en soi plus bénéfique qu'un monde unipolaire. Non pas parce qu'un système international avec plusieurs "pôles" est plus juste et plus pacifique qu'un système avec une seule puissance au sommet du pouvoir ; en effet, un monde multipolaire est peut-être plus instable et insécurisé, précisément parce que c'est un monde avec plusieurs acteurs concurrents. Non seulement cela, mais sous cette compétition, il y aurait une multiplicité d'États qui se disputeraient l'avantage. C'est pourquoi, pour notre pays, la neutralité active est la meilleure solution : une position qui évite de s'aligner automatiquement et en permanence sur un seul acteur, mais qui cherche activement à maximiser le pouvoir et à obtenir des ressources en profitant des tensions entre les grandes puissances. C'est un monde en transition où plusieurs alternatives vont émerger. Il s'agit d'en tirer parti.

*Andrés Berazategui, membre de Nomos, est titulaire d'une licence en relations internationales de l'Universidad Argentina John F. Kennedy, et d'un master en stratégie et géopolitique de l'Escuela Superior de Guerra del Ejército (ESGE).

Notes:

[1] Voir George Kennan, "A fateful error", dans The New York Times, 5 février 1997.

[2] Dans son livre The Great World Chessboard. La supremacía estadounidense y sus imperativos geoestratégicos, Paidem

Impératifs géostratégiques, Paidós, Barcelone, 1998.

[3] Voir, par exemple, l'article "Le nouveau concert des puissances. Comment prévenir les catastrophes et promouvoir la stabilité dans un monde multipolaire", publié le 23 mars 2021 dans Foreign Affairs, par Richard N. Haass et Charles A. Kupchan. Haass est président du Council on Foreign Relations.

jeudi, 21 avril 2022

Le brouillard de la guerre et le changement de paradigme mondial

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Le brouillard de la guerre et le changement de paradigme mondial

Fabio Reis Vianna*

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/37413-la-niebla-de-la-guerra-y-el-cambio-de-paradigma-global

La maxime du penseur brésilien José Luís Fiori selon laquelle "l'expansionnisme et la guerre sont deux parties essentielles de la machine à produire du pouvoir et de la richesse dans le système interétatique" n'a peut-être jamais été aussi pertinente et semble se confirmer dans le moment historique exact auquel nous assistons.

Les événements extraordinaires résultant de l'intervention russe en Ukraine, qui a débuté le 24 février, laissent des traces indélébiles et confirment certaines des perceptions que nous avons déjà mentionnées dans d'autres de nos articles.

L'ordre international dirigé par l'Occident est clairement remis en question dans sa hiérarchie de pouvoir, et la guerre en Ukraine est un symptôme clair de ce défi.

Ce qui est vraiment frappant, cependant, c'est la perception que cette guerre pointe vers quelque chose de beaucoup plus grand qu'il n'y paraît à première vue, car il ne s'agirait pas d'une guerre régionale, mais d'une guerre aux proportions mondiales: une guerre hégémonique.

Le changement de paradigme représenté par l'intervention de la Russie en Ukraine consolide ainsi la voie d'un nouveau système international plus fragmenté, dans lequel la puissance occidentale est affaiblie. Dans ce scénario, les plaques tectoniques du système international se déplacent lentement face au monde nouveau et sans précédent qui s'ouvre.

Par conséquent, qu'on le veuille ou non, les élites de pays comme le Brésil, si inféodées à la stratégie de sécurité américaine, sont poussées vers une solution consensuelle en direction de l'expérience eurasienne par le biais des BRICS. Ainsi, les militaires brésiliens, si réactionnaires et obéissants à Washington, sont confrontés à un nouveau monde, apparemment déjà compris par la tradition diplomatique de l'"Itamaraty"(palais du ministère des affaires étrangères au Brésil - photo, ci-dessous), et même par le puissant lobby brésilien de l'agrobusiness.

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Le palais d'Itamaraty à Brasilia, oeuvre de l'architecte Oscar Niedermeyer.

A l'inverse, l'aveuglement des élites européennes provoque la stupeur en alimentant un jeu qui plonge l'Europe dans ce qu'elle a toujours été: la grande arène de la compétition militaire interétatique depuis 500 ans.

Par conséquent, en tenant compte de cette terrible prémisse, l'armistice qui a rendu possible la création de l'Union européenne, ainsi que la monnaie commune, n'aurait été qu'un simple interrègne de paix, jusqu'à la prochaine guerre.

Reprenant sa place tragique dans le système international classique, l'Europe est à nouveau la scène du vieux théâtre de la mort, et la maxime selon laquelle "la paix est presque toujours une trêve qui dure le temps imposé par la contrainte expansive des vainqueurs et le besoin de vengeance des perdants" n'a jamais été aussi appropriée.

Dans ce contexte, l'humiliation allemande suite au veto américain à l'encontre du gazoduc Nord Stream 2 est paradigmatique. Le 7 février, en pleine Maison Blanche, et avant même l'intervention russe en Ukraine, Joe Biden désavoue publiquement le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, en déclarant catégoriquement que le gazoduc Nord Stream 2 sera arrêté.

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Cela pourrait être considéré comme le déclencheur de l'intervention russe et l'ouverture de la boîte de Pandore pour le nouveau monde qui s'ouvre. En plus de représenter, en termes symboliques, l'humiliation de l'Allemagne en tant que pays souverain, il consolide le "coup d'État" définitif dans le projet d'intégration européenne.

Le président ukrainien Vladimir Zelensky étant une sorte de porte-parole d'un scénario écrit à Washington - ou, qui sait, à Hollywood - les attaques répétées contre les dirigeants européens qui ont travaillé si dur pour normaliser les relations russo-européennes, comme la récente attaque contre l'ancienne chancelière Angela Merkel, indiquent que les instruments de la guerre de quatrième génération, déjà utilisés par les États-Unis dans d'autres régions de la planète, s'intensifient au sein de l'alliance occidentale.

Non seulement le maintien, mais l'approfondissement de la reproduction et de l'expansion continues et illimitées de l'empire militaire américain est une réalité qui est devenue encore plus claire après l'entrée du premier char russe sur le territoire ukrainien, quitte à déstabiliser, voire à détruire des alliés fidèles et de longue date.

En ce sens, le vieux postulat soutenu par de nombreux spécialistes de l'école "réaliste" des relations internationales, ainsi que par les grands penseurs du Système mondial, selon lequel la concentration du pouvoir mondial dans un seul État serait une condition essentielle à une paix mondiale durable, tombe à l'eau.

Le "Paradoxe de l'hyperpuissance" est confirmé comme une gifle au visage de l'énorme consensus théorique développé depuis le milieu des années 1970.

En d'autres termes, depuis la première minute du bombardement américain de l'Irak en 1991, qui a précédé les 48 interventions militaires des années 1990, et les 24 interventions des deux premières décennies du XXIe siècle, qui ont à leur tour abouti à 100.000 bombardements dans le monde - le système international est plongé dans un sinistre processus de guerre permanente, ou infinie, qui contredit l'utopie kantienne de la paix perpétuelle reflétée dans l'idée de stabilité hégémonique.

Ainsi, c'était une erreur de considérer que la puissance mondiale unipolaire qui a émergé avec la victoire de la guerre froide pouvait exercer son hégémonie au nom de la paix et de la stabilité mondiale, assumant ainsi un leadership responsable et au nom de la grande gouvernance.

Au lieu de cela, ce à quoi nous avons assisté au cours des 30 dernières années, c'est à l'escalade de la concurrence interétatique, les autres États réagissant au processus insensé et sans conséquence d'expansion du pouvoir de l'empire militaire américain.

En conséquence, nous sommes confrontés à un monde qui semblait n'appartenir qu'aux livres d'histoire ; où les intérêts nationaux des grandes puissances reviennent avec la force que, finalement, ils n'ont jamais cessé d'avoir, mais qui est seulement restée en sommeil.

Cette nouvelle (ancienne) géopolitique des nations laisse donc sa marque la plus nette avec ce que la Russie impose dans son intervention en Ukraine: la remise en cause du primat selon lequel seuls les Occidentaux ont la légitimité d'imposer leur volonté par la guerre.

C'est la nouveauté qui ébranle les structures du système international.

Face à cette guerre imminente aux proportions mondiales, résultant de la défiance russe et de l'intensification de la course aux armements - avec le retour alarmant de l'Allemagne et du Japon dans le jeu - nous nous dirigeons inexorablement vers une aggravation du chaos systémique interétatique, ainsi que vers l'escalade du conflit social systémique, notamment en Europe.

Comme à d'autres moments de l'histoire du système mondial, l'Europe est à nouveau le centre névralgique de la lutte mondiale pour le pouvoir. Et comme dans d'autres moments tragiques de l'histoire, le comportement des dirigeants européens est une fois de plus irrationnel; au milieu d'un jeu à somme négative. Les Européens sont largement perdants.

* LL.B., étudiant en master de relations internationales à l'Université d'Évora (Portugal), écrivain et analyste géopolitique.

L'Occident distributif, une menace pour la multipolarité

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L'Occident distributif, une menace pour la multipolarité

А. Drevov

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/37397-el-occidente-distributivo-una-amenaza-para-la-multipolaridad

Maintenant que près de deux mois se sont écoulés depuis le début de l'opération militaire spéciale des forces armées russes en Ukraine, il est possible de mettre de côté les émotions et l'agitation initiales pour se consacrer à une réflexion sur les événements et les changements globaux majeurs qui se sont produits dans les sphères économiques et socioculturelles de diverses régions du monde.

Le Heartland distributif

Le philosophe russe Alexandre Douguine a observé en 2019 que l'un des impératifs de la géopolitique multipolaire était la création d'un Heartland distributif [1]. La géopolitique classique - à laquelle Douguine a apporté plusieurs contributions - stipule que le Heartland est le point de départ à partir duquel se forment les civilisations terrestres conservatrices, stables, religieuses, antiglobalistes ou altermondialistes. Le Heartland a toujours été considéré comme la pierre angulaire de la géopolitique, car celui qui contrôle le centre du continent eurasien contrôlera le monde.

Les puissances terrestres du Heartland s'opposent aux puissances maritimes, thalassocratiques ou atlantistes, soit les Civilisations de la Mer dont les principes économiques, culturels et politiques sont incarnés par l'"Occident moderne". Selon A. Douguine, si nous voulons évoluer vers la multipolarité, nous ne pouvons plus parler d'un seul Heartland ou d'une seule puissance maritime, car la confrontation entre ces deux principes s'est déplacée vers chacun de ces pôles, blocs ou puissances militaires et économiques. Les forces conservatrices en faveur de la multipolarité, de l'autarcie culturelle et de l'autarcie des civilisations existent dans tous les États du monde et chacun a son propre Heartland régional : les Russes, les Européens, les musulmans, les Chinois, les Sud-Américains et même les Américains ont des formes particulières de conservatisme. L'Américain moyen tend vers l'isolationnisme et vers l'idéal de Make America Great Again. Cette confrontation ne touche donc plus seulement des frontières géographiques et politiques particulières, mais s'étend également au-delà des États, des nations et des cultures.

Cela nous amène à dire que s'il existe un Heartland distributif, il existe également un Sea Power distributif. Nous tenterons ci-dessous d'identifier certaines de ses caractéristiques.

L'atlantisme est un projet civilisationnel holistique et total dont la description et l'image de l'avenir peuvent être comprises dans une perspective culturelle et économique. Le projet économique de l'atlantisme est sans aucun doute très complexe, mais nous nous concentrerons sur une critique beaucoup plus conjoncturelle et l'associerons à l'approche culturelle qui a permis l'hégémonie occidentale grâce à la technologie.

Alexandre Douguine a consacré un volume entier de Noomakhia à la Grande-Bretagne et il y souligne que l'une des caractéristiques les plus intéressantes de l'Empire britannique était la manière dont il a quitté la scène mondiale [2]: contrairement à d'autres empires, qui ont été détruits par la Première Guerre mondiale ou la Révolution russe, Douguine soutient que la liquidation de l'Empire britannique était comme un faisceau de lumière frappant un prisme et se divisant en un spectre infini de couleurs. La Grande-Bretagne cesse d'être un empire colonial et devient une lumière multicolore qui baigne désormais le monde de son éclat: la musique des Beatles, la mode, le style de vie, son système économique, ses idées technologiques (y compris les ordinateurs), etc. On peut dire que leur influence n'a pas disparu, mais qu'elle a pris une forme et un sens très différents, qui seraient désormais culturels (en comprenant la culture au sens large, c'est-à-dire toute activité humaine). La Grande-Bretagne a, en effet, été la première puissance à convertir son hégémonie militaro-industrielle et économique en une puissance culturelle diffuse et distributive. Bien sûr, le nombre de bases militaires et d'administrations coloniales britanniques a diminué, mais aujourd'hui, tout le monde écoute du rock britannique à la radio et copie les subcultures londoniennes. La règle britannique est devenue la mode britannique !

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Un tel héritage a rapidement été repris par l'héritier géopolitique de la Grande-Bretagne: les États-Unis d'Amérique, un pays qui non seulement développera un complexe militaro-industriel qui lui est propre, mais tentera également de dominer la culture et l'imaginaire de tous les peuples du monde par le biais d'Hollywood, en essayant d'apporter le rêve américain partout. Jean Baudrillard a consacré plusieurs de ses ouvrages à l'étude de la culture, des médias et des systèmes symboliques américains.

Au début du 21e siècle, les États-Unis ont tenté de créer un nouveau pôle d'attraction en plus d'Hollywood: la Silicon Valley ou Vallée du Silicium. Les technologies de l'information, les BigTech et les réseaux sociaux ont atteint un niveau de popularité et de pertinence sans précédent ces dernières années. En fait, les dirigeants de ces entreprises font partie des personnes les plus riches du monde, sont des leaders importants de l'opinion publique et sont devenus un phénomène culturel autonome. Les technologies de l'information offrent un statut, un revenu et une mobilité aux jeunes du monde entier. Elle est devenue un pilier de l'Occident, au même titre que le complexe militaro-industriel et la communauté intellectuelle.

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Sanctions et réactions

Le nombre de sanctions imposées à la Russie ces derniers mois est très parlant, car il révèle le mode de fonctionnement de l'Occident. L'attention du public s'est principalement concentrée sur la fuite de nombreuses personnalités politiques et culturelles importantes, mais le principal problème de la Russie réside dans la sphère technologique et les problèmes culturels qu'elle entraîne. Malheureusement, trop peu d'attention a été accordée à ce problème.

Il est intéressant de noter que la quasi-totalité des marques, entreprises, services, applications et systèmes de paiement IT & HighTech les plus célèbres au monde ont quitté la Russie au début du premier trimestre 2022. La Russie a été déconnectée des réseaux et des systèmes occidentaux (y compris des marques et des codes culturels qui leur sont associés) afin de faire pression sur la population et les autorités russes pour qu'elles arrêtent la guerre. L'Occident estime que l'exclusion des Russes de ses systèmes culturels, d'information et d'infrastructure détruira non seulement l'économie, mais aussi l'identité des citoyens russes et les obligera ainsi à se ranger du côté de la "mondialisation". Mais ces tentatives n'ont pas fonctionné. En outre, certaines plateformes, réseaux sociaux et services occidentaux ont été fermés par les tribunaux russes en raison de leurs actions agressives.

Néanmoins, le niveau de pénétration de la culture occidentale à l'intérieur de la Russie est révélé de la manière suivante: les médias ont appelé au remplacement des importations occidentales par des produits, des plateformes et des réseaux sociaux créés en Russie. Les médias et les fonctionnaires ont commencé à dire à la population que l'utilisation privée de Meta (une société qui a été déclarée par la Russie comme une organisation extrémiste) ne sera pas punie par la loi, mais qu'il existe des plateformes et des réseaux sociaux très similaires pour échanger des messages, ainsi que des services de streaming (RuTube, VKontakte), des fournisseurs de films (Okko, ivi), des logiciels et des systèmes d'exploitation domestiques créés par des Russes. Des promesses ont même été faites pour créer des applications populaires telles que Yappy [3] pour remplacer TikTok ou un réseau appelé Rossgram pour remplacer Instagram. Il a également été annoncé qu'une application russe sera créée pour remplacer Google Play et Apple Store au cas où ceux-ci quitteraient également le pays.

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Les autorités russes affirment que les programmeurs, les spécialistes des technologies de l'information et les entreprises bénéficieront d'avantages fiscaux, ainsi que d'un traitement favorable pour leurs industries, car "leurs concurrents ont cessé leurs activités dans le pays". Le problème est encore plus compliqué dans le domaine de la microélectronique, qui est dominé par la Chine et ses systèmes technologiques, à commencer par la société Huawei.

Nous pourrions dire qu'ils essaient de montrer à la population que l'infrastructure et la culture "occidentales" existent toujours en Russie, bien que sous une forme très différente et en changeant d'apparence. En bref, il s'agit d'une variante glocale [4] de "l'Occident sous une apparence russe" sans se débarrasser d'abord d'Internet. Des choses similaires se sont produites dans des pays qui ont été soumis à des sanctions américaines et européennes pendant des décennies, comme l'Iran et la Chine. L'Iran conservateur dispose de toutes sortes de systèmes, de plates-formes culturelles et de haute technologie analogues à ceux de l'Occident qui sont distribués ouvertement et légalement, comme Aparat (substitut de YouTube), FILIMO (Netflix), TaxiMaxim (Uber), CafeBazaar (Google Play), etc. Les services VPN qui permettent d'accéder à l'Internet fonctionnent très bien.

D'autre part, les produits et équipements occidentaux sont introduits en contrebande dans le pays en violation des droits d'auteur et vendus ouvertement partout. Bien sûr, il existe des marques originales qui ne fonctionnent qu'à l'intérieur du pays, mais il n'est pas impossible de se procurer des produits étrangers en Iran. Cela nous amène à dire que l'Iran est un pays économiquement et technologiquement autarcique, mais qu'il n'a pas réussi à échapper (même s'il est "enfermé" !) au pouvoir pénétrant de la culture "occidentale". On peut dire que toutes ces influences sont les drapeaux et les bataillons d'occupation culturelle et technologique que la civilisation de la mer distribuée utilise pour finalement subjuguer la République islamique d'Iran, tandis que le commun des mortels est fasciné par ces merveilles occidentales. Cela nous amène à conclure que si le régime des ayatollahs permet aux marques occidentales d'ériger leurs panneaux publicitaires et leurs centres commerciaux sur son territoire, alors les fondements de son règne s'érodent rapidement et une partie du peuple iranien est déjà prête à renoncer à sa souveraineté en échange de faire à nouveau partie du monde.

L'influence de l'Occident est encore plus évidente en Chine qui - malgré son opposition ouverte aux États-Unis en termes d'économie, de politique et de valeurs - s'appuie sur les mêmes méthodes et technologies occidentales. En Chine, nous retrouvons les mêmes principes culturels qu'en Occident et ils ne sont pas toujours déguisés sous une apparence locale. Cela est particulièrement évident dans l'architecture de leur métropole où brillent les néons, l'intégration de leur vie sociale dans la réalité virtuelle grâce à des applications telles que WeChat, les excellentes connexions VPN qui leur permettent d'échapper aux pare-feu gouvernementaux, le développement de systèmes de surveillance étatiques, l'autonomisation sociale (les banques privées et les BigTech fonctionnent à peu près de la même manière que les entreprises occidentales) et devenir le premier fabricant industriel mondial et l'un des leaders mondiaux de la microélectronique et des équipements de réseau (IBM et CISCO ont fait pression sur le gouvernement de Donald Trump pour qu'il ferme les succursales américaines de Huawei). L'industrie cinématographique chinoise s'est intégrée avec succès à Hollywood, car cette dernière se pare de l'esthétique chinoise et utilise des acteurs chinois autochtones dans nombre de ses superproductions afin de réaliser de gros profits dans l'Empire du Milieu. Ainsi, malgré la confrontation économique et géopolitique, il n'y a pas de différence entre la Chine et l'Occident en termes de culture et de technologie.

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C'est pourquoi beaucoup en Russie s'attendent à ce que les "technologies chinoises" remplacent les "technologies occidentales" maintenant que ces dernières ont quitté notre pays. Cependant, les technologies chinoises ne sont rien d'autre qu'une copie des technologies occidentales. La boucle est bouclée et nous sommes de retour à la case départ: la multipolarité ne peut être réduite à une confrontation politique, culturelle et économique, puisque les mêmes structures et "modèles" créés par les puissances maritimes pour assujettir les autres pôles existent toujours. Nous n'assistons pas à la naissance d'une véritable autarcie, mais à la création de "Wests" locaux et semi-fermés. Nous pourrions parodier la vieille formule stalinienne en disant que nous construisons un "Occident dans un seul pays".

Tant les élites qu'une grande partie du peuple russe espèrent que les difficultés actuelles passeront et qu'ensuite tout redeviendra comme "avant". Ce souhait a été clairement et ouvertement exprimé pendant la pandémie et l'est à nouveau aujourd'hui: tout le monde s'attend à ce que les applications occidentales, Google, Apple, Twitter et Facebook fonctionnent à nouveau lorsque la guerre sera terminée. Et tandis que certaines personnes le souhaitent consciemment, parce que c'est la civilisation à laquelle elles appartiennent, d'autres veulent revenir à leurs anciennes habitudes par une sorte d'inertie parce qu'il n'y a pas de véritable alternative en vue. En attendant, de nombreux Russes se contentent d'utiliser VKontakte parce que Facebook est bloqué.

Sur la neutralité de la technologie

L'un des mythes de la modernité est la neutralité supposée de la technologie, celle-ci étant considérée comme un simple outil que chacun peut utiliser de manière passive. Cependant, ceci est faux. La technologie fait partie de la culture et n'est pas un objet ou un produit passif, mais un sujet qui cherche à l'améliorer et à la reproduire, en transformant les relations sociales, de travail et économiques (révolutions technologiques) ainsi qu'en produisant ses propres signes et unités sémantiques (mèmes). La technologie transforme notre rapport au temps, à la communication, à la nature, à l'écologie ou à l'exploitation du sous-sol (le monde est réduit à un moyen de consommation), etc.

heidegger-by-barry-bruner1-208x300.pngLa philosophie de Martin Heidegger [5] part de l'hypothèse que la technologie est une forme de destruction et d'annihilation du Dasein, qui produit une fuite dans l'inauthenticité, c'est-à-dire le renoncement à l'être pour la mort. Martin Heidegger a décrit cela comme le Gestell, le Dispositif, une sorte de forme métaphysique et de technologie qui nous est imposée, établie (er-stellen, installer) et qui cherche à bloquer l'être authentique des hommes. L'existence inauthentique se consacre à regarder des séries sur Netflix ou RuTube ou à créer ses propres applications pour smartphone.

De plus, comme le souligne à juste titre le philosophe français Alain de Benoist, l'hégémonie technologique et l'idéologie de la consommation sont nées en Europe grâce à [6] :

- La disparition de la culture paysanne vivante et sa réduction à des éléments folkloriques ;

- L'urbanisation et l'anthropocentrisme comme "abandon de l'état de nature" ;

- L'esprit prométhéen de la croissance et du capitalisme ;

- La disparition de la prudence (phronesis) et le décontrôle de l'orgueil (hubris) ;

- Le triomphe des religions abrahamiques et la destruction de "l'harmonie naturelle" ;

- L'émergence du cartésianisme et la naissance du sujet comme "maître et seigneur de la nature" ;

- Le triomphe du mythe du progrès, de la croissance et du profit éclairé illimité.

La technologie ne peut être dissociée des chaires universitaires, qui se consacrent à la production et à la création des calculs, des connaissances et des champs d'application de la technologie. Sans oublier l'économie comme moyen de rationaliser la production (usines, transports) et la distribution (centres commerciaux, marchés) des biens de consommation [7]. La culture d'aujourd'hui a été dominée par la technologie, donnant naissance à de nouvelles formes qui ont leurs propres sphères et influences.

Or, la technologie est née de l'oubli du soi en Occident et ce processus a culminé avec la naissance de l'idéologie du progrès qui a embrassé à la fois la Modernité et la Postmodernité. La technologie n'est pas neutre et nous pourrions dire qu'elle est la quintessence de la métaphysique occidentale sous la forme d'appareils, d'infrastructures et de services de consommation. Nous pouvons même parler d'une subjectivité indépendante et autonome de la technologie par rapport aux êtres humains, car il existe en son sein une logique interne qui s'incarne dans une série de formes idéologiques qui semblent viser à détruire la vie sur terre.

Tout ce qui précède nous amène à douter de mythes tels que "la modernisation sans occidentalisation", car il est impossible d'adopter une technologie sans en assumer au préalable les valeurs et l'idéologie. Une telle idée ne peut être réalisée que de manière partielle et superficielle : même si nous soumettons la technologie à nos propres valeurs, elle finira par les détruire à long terme. En outre, la technologie exige certains paramètres et mesures dictés par les codes ISO qui opèrent à l'échelle mondiale. La technologie numérique est mondiale et nécessite une société ouverte, des marchés libres, la circulation des informations et des produits, etc. Le cosmopolitisme et la société ouverte font partie du matériel technologique. Ce n'est pas une coïncidence si les personnels des médias et de l'informatique sont à l'avant-garde des protestations telles que celles qui ont eu lieu récemment dans la CEI ou les récentes émeutes violentes à Hong Kong. De plus, ce sont eux qui proposent leurs propres solutions aux conflits.

Il existe également des tentatives pour justifier la technologie d'un point de vue non-européen, à la suite des travaux du penseur chinois Yuk Hui (photo). Cependant, ces variantes ne font que renforcer directement ou indirectement les tendances du mythe eurocentrique du progrès en concluant que même des civilisations et des systèmes métaphysiques différents finissent par développer des technologies similaires en suivant des voies très différentes.

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Nous pouvons démontrer la fausseté de cette façon de penser en utilisant la métaphore du matériel et du logiciel. Les logiciels sont les programmes, les applications et, surtout, le système d'exploitation ou l'interface utilisateur graphique (GUI) qui permettent à l'utilisateur d'interagir avec le matériel. Le matériel est constitué des puces, structures, connecteurs, cartes et alimentations d'un ordinateur. En utilisant cette métaphore du matériel et du logiciel, nous pourrions dire que la multipolarité actuelle est un conflit au niveau du logiciel, c'est-à-dire du système d'exploitation et de ses différentes propositions sur la gouvernance et la souveraineté étatique des Grands Espaces. Cependant, tous ces Grands Espaces restent dépendants du matériel occidental, l'essence même de la décadence. C'est pourquoi nous pensons que ce système technologique qui a envahi toutes les sphères de la vie quotidienne et de la culture est l'expression par excellence du Sea Power distributif, pour le dire en termes géopolitiques. Un État peut être isolé par des sanctions et des embargos, comme c'est actuellement le cas de la Russie, mais il reste prisonnier des structures et des systèmes d'exploitation créés par l'Occident, qui espère gagner à long terme.

La dé-technologisation est la seule vraie voie vers la multipolarité

Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent nous convainc que seule une dé-technologisation totale nous permettra d'évoluer vers une véritable multipolarité, une pluralité culturelle et naturelle.

Alain de Benoist parle de la nécessité de rejeter totalement l'idéologie de la croissance et du progrès, tant sur le plan philosophique que culturel, typique de la mentalité occidentale, et parle donc de l'émergence d'un homme nouveau, ou plutôt du réveil de l'homme européen authentique, capable de rompre avec le système frénétique et anti-européen qui a fondé la société occidentale moderne. Alexandre Douguine affirme dans ses traités d'ethnosociologie que "les sociétés ne se développent pas, elles vivent".

Si nous n'abandonnons pas l'idée de progrès et le culte de la technologie, la multipolarité ne sera qu'une fiction, un terrain intrinsèquement instable où le hardware-Gestell dominera de manière unipolaire. Aujourd'hui, nous assistons à l'émergence de "Wests locaux" qui sont soit des copies exactes de celui-ci, soit qui introduisent clandestinement des gadgets, des réseaux sociaux et des services occidentaux avec la connivence et même le parrainage des autorités. Les alternatives multipolaires n'ont pas été en mesure de surmonter la mondialisation technologique et l'hypnose produite par les marques commerciales ou les écrans brillants qui piègent notre conscience, injectant dans notre cerveau de la dopamine et toutes sortes de simulacres.

Nous avons besoin non seulement d'une idée différente et d'une idéologie différente, mais aussi d'une alternative totalement différente. D'autre part, nous devons laisser de côté le piège des alternatives technologiques locales, car la multipolarité ne peut être une bataille de hardwares: hardware-2 et hardware-3 contre hardware-1. Cette dernière ne signifierait rien d'autre que le triomphe du Gestell et réduirait tout ce conflit à une lutte de hardwares opérationnels au sein du dispositif technologique. La multipolarité ne doit pas être considérée comme une confrontation d'un logiciel contre un autre logiciel ou d'un matériel-1 contre un matériel-2, mais d'un matériel contre autre chose. Nous devons également sauver la critique de la technologie qui existe au sein de la philosophie européenne et que nous pouvons trouver dans les livres d'Oswald Spengler, Ernst et Friedrich-Georg Jünger, Werner Sombart, Alain de Benoist et Martin Heidegger, etc. [8].

Essayer de construire un "Occident local" et de recréer ses applications, son architecture, ses réseaux sociaux et culturels est, a priori, la voie du désastre et de l'acceptation de la défaite. Aussi isolé qu'un tel État puisse être, il capitulera à long terme. L'Iran a tenté de créer une alternative en 1979, mais celle-ci s'est effondrée en 2022. Le problème est encore plus grave pour la Russie, car nous manquons d'une idée propre que nous pourrions proposer comme alternative.

La véritable multipolarité implique la détechnologisation et la démondialisation du monde et des communautés. Nous n'avons donc pas besoin de construire un âge des ténèbres local dans les limites d'un État ou d'un bloc militaire renforcé par un armement technologique de pointe. Les observations de l'écologiste finlandais C. P. Linkola, selon lesquelles une société écologique aurait besoin d'un armement avancé pour protéger ses frontières et son mode de vie de ses voisins beaucoup plus avancés, sont exactes. Cependant, cela signifie retomber dans le Gestell.

C'est pourquoi notre proposition est la désindustrialisation et la déstechnologisation de l'Occident lui-même, qui est devenu aujourd'hui le centre de cet anti-monde. Puisque l'Occident d'aujourd'hui est, par nature, une Anti-Europe qui renie le véritable héritage européen de l'Antiquité et de Rome, devenant une anti-humanité qui veut tout détruire par le biais du transhumanisme et du progressisme. La multipolarité veut, paradoxalement, libérer l'Occident et l'Europe de ses propres maux et rendre à l'homme européen sa propre culture et son identité.

Cela signifie que le Heartland européen et américain doit se réveiller. La multipolarité, qui est née comme un moyen de mettre fin à l'hégémonie mondiale de l'Occident incarnée par sa domination culturelle et technologique, doit également détruire le matériel occidental et libérer le Dasein de l'Amérique du Nord et de l'Europe qui est désormais recouvert de toutes sortes de machines et de puces.

La doctrine thalassocratique d'Alfred Mahan stipule que "la défense de nos rivages commence par la maîtrise des rivages de l'ennemi". Si nous tenons compte de cette thèse, alors notre véritable défense contre les sanctions occidentales consiste à détruire les serveurs DNS, l'infrastructure Internet, les satellites, les câbles de connexion, les centres de données et la Silicon Valley. Notre objectif doit être de détruire le système d'exploitation même de l'ennemi.

Notes :

[1] См. : Экспертиза Дугина №49 : Императив новой геопополититики // URL : https://www.geopolitika.ru/directives/ekspertiza-dugina-no49-imperativ-novoy-geopolitiki

[2] См. : А. Дугин "Ноомахия : войны ума. Англия или Британия ? Морская миссия и позитивный субъект".

[3] Ce nom est une sorte de référence à la sous-culture américaine des jeunes urbains Yuppie, férus de mode, des années 1980 et 1990.

[4] La glocalisation est un mot qui combine le global et le local en adaptant et en utilisant des outils, des valeurs et des applications globaux aux spécificités des cultures locales. Il s'agirait de déviations archéomodernes.

[5] Voir Heidegger "L'origine de l'œuvre d'art", Е. Фалев "Герменевтика языка в философиии Мартина Хайдегера".

[6] Alain de Benoist, But : Décroissance. Pour une écologie intégrale.

[7] См. Е. Нечкасов "Традиция и футурошок. Образы не нашего будущего".

[8] Voir l'article d'E. Nechkasov Contre la technologie et le capital.

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mercredi, 20 avril 2022

De la création d'une technocratie souveraine

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De la création d'une technocratie souveraine

Alexandre Douguine

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/37294-2022-04-03-12-58-15

Je pense que l'un des graves problèmes que nous rencontrons actuellement est que nous continuons à nous accrocher à de vieilles attitudes et à de vieux schémas de pensée à un moment où les conditions objectives ont changé, notamment parce que nous continuons à croire, ici en Russie, que le gouvernement russe est divisé en deux camps: l'un composé de libéraux au sein du système (6e colonne) et l'autre composé de patriotes.

Dans un état normal, ce serait une attitude valable pour les patriotes de rester enfermés dans leurs foyers, mais puisque nous sommes entrés dans un état d'urgence, il est préférable de soutenir le gouvernement. Il semblerait qu'une lutte mortelle soit menée entre les deux camps en ce moment, même si, par ailleurs, nous sommes en pleine guerre en Ukraine.

Cependant, nous devons garder à l'esprit que cette guerre a complètement détruit les chances du libéralisme de revenir en Russie (que ce soit celui de la 5e colonne, qui a pratiquement disparu, ou celui de la 6e colonne, qui continue à se manifester par intermittence). Dès que l'Occident a déconnecté la Russie de la mondialisation, la 6e colonne a commencé à se désintégrer d'elle-même.

Il semble parfois que les libéraux attendent le moment de riposter (ou de contre-attaquer) aussi désespérément que les nazis du bataillon Azov de Mariupol (une organisation interdite en Russie).

Les civils, les volontaires et les soldats qui se battent et meurent en Nouvelle Russie (Novorossiya) sont outrés, déconcertés et horrifiés d'entendre les points convenus lors des négociations entre Medinsky et Abramovich à Istanbul. Kadyrov, qui est devenu la quintessence de la voix du monde russe, a ouvertement exprimé son rejet. Bien sûr, il est naturel que ces déclarations aient suscité le mécontentement et les autorités en sont conscientes. À cela s'ajoutent les succès des opérations militaires et les premières attaques ukrainiennes sur notre territoire (les attaques de Belgorod, etc.). Tout cela a déclenché des signaux d'alarme, à juste titre.

Cependant, lorsque les stratèges de Moscou ont lancé cette opération spéciale, ils savaient qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de vaincre l'ennemi et d'atteindre leurs objectifs: la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine. Il ne suffit pas de libérer la Novorossiya ou le Donbass, il faut aller plus loin. Bien sûr, Kiev n'acceptera jamais nos propositions de plein gré, et s'il le fait, il se contentera de renier ce qui a été convenu. Poutine le comprend mieux que quiconque, c'est pourquoi il sait que le lancement de l'opération spéciale est le point de non-retour.

C'est pour cette raison que la bataille féroce entre la 6ème colonne et les patriotes n'est qu'un spectre qui continue à nous hanter après le lancement de l'opération spéciale du 22 février 2022. Les choses ont définitivement changé : nous ne pouvons plus penser que maintenant les patriotes sont les seuls à faire quelque chose pendant que les libéraux sabotent tout. Je crois que nous assistons à la naissance d'une "technocratie souveraine", car dans les conditions actuelles, la seule chose qui compte est l'efficacité dans la réalisation d'un seul objectif: contribuer activement à la réalisation de la Victoire. Dans un état d'urgence, l'idéologie de l'individu n'est plus pertinente: un patriote qui ne fait que se plaindre et crier n'est pas une figure nécessaire dans le jeu qui se déroule. En revanche, un "libéral" qui se bat aujourd'hui pour le pays, l'armée et le peuple est digne de soutien et de confiance. Nos critères doivent être adaptés aux événements actuels.

C'est pourquoi l'émergence d'une technocratie souveraine deviendra l'objectif principal de notre gouvernement. Si cela se produit, alors les vieilles querelles idéologiques en Russie appartiendront au passé. Si des gauchistes, des patriotes ou des libéraux collaborent en versant leur sang pour notre Victoire, cela signifie que nous sommes tous unis pour le plus grand bien. Pendant l'état d'urgence, nous devons mettre de côté toute forme de controverse idéologique. Notre seul code doit être le "code de la victoire" et cela signifie ne pas tirer sur les nôtres. Notre soutien doit viser à étayer la victoire de Poutine, de la Russie et de l'opération Z, car l'important est d'être utile à la patrie à un moment critique.

C'est un moment de vie et de mort. Bien sûr, tout libéral qui s'oppose à l'opération Z est un traître. Il n'y a aucun doute là-dessus, car ils travaillent pour l'ennemi: il n'y a pas d'argumentation à développer ici. Mais lorsque les patriotes et les gauchistes critiquent à l'excès les autorités - nous aimerions tous que cela se termine le plus rapidement possible, mais de telles opérations prennent du temps - nous n'apportons plus rien. Il n'est pas non plus acceptable que d'anciens libéraux, qui prétendent maintenant être des patriotes, utilisent leurs ressources pour persécuter leurs anciens détracteurs.

Cependant, notre seul mot d'ordre doit désormais être de remporter la victoire. D'où la question: y avons-nous contribué et comment? La victoire est bien plus importante que les "erreurs" commises par le gouvernement: le code du samouraï dit qu'un seigneur est bon dans la mesure où il est servi par un bon samouraï. C'est précisément ce bon service qui rend le seigneur bon, et non l'inverse. La "technocratie souveraine" doit faire tout ce qu'elle peut pour la Grande Russie, notre Patrie, et, au moment décisif, n'importe lequel d'entre nous peut être la paille qui permet de remporter enfin la Victoire.

Nous devons faire face à deux problèmes : les disputes idéologiques au sein du gouvernement et notre méfiance parfois très marquée envers les autorités. Tous ces problèmes remontent aux luttes d'avant l'opération Z et sont devenus une sorte d'auto-sabotage. Nous ne sommes pas en mesure de nous battre pour le pouvoir et un conflit débridé entre nous pourrait nous conduire à tout perdre. Notre victoire dépend de la consolidation de notre souveraineté et de notre unité. D'où le vieux dicton : "mieux vaut travailler, mon frère". Frères et non pas carriéristes ou critiques exacerbés.

La démolition contrôlée de l'Occident

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La démolition contrôlée de l'Occident

Damjan Pirc

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/37402-2022-04-14-18-28-28

Le déclin de l'Occident se produit sous nos yeux, en ce moment même, mais il sera dévastateur pour bien plus de lieux que l'Occident lui-même. Ne vous méprenez pas, ce qui se passe est une démolition contrôlée conçue par l'élite. La dernière fois (bien sûr, ce n'est qu'un bref rappel de l'histoire) que nous avons vu quelque chose de similaire, c'était à la fin de l'Empire britannique et lors de la montée des États-Unis.

Par exemple, lorsque la République de Venise était en déclin, l'élite s'est simplement déplacée vers le nord, à Amsterdam, dans certaines parties de l'Allemagne actuelle et dans ce qu'on appelle la City de Londres. Ils n'avaient pas besoin de défendre le territoire dans lequel ils vivaient. Ainsi, lorsqu'une place n'a plus le contrôle des principales routes commerciales, elle devient inutile pour l'élite. Lorsque la "découverte" de l'Amérique a rendu la République de Venise obsolète (elle ne pouvait plus contrôler les routes les plus importantes du commerce/du pillage), l'élite vénitienne a alors déménagé à Amsterdam. Et vers la City de Londres, qui est devenue le noyau de l'empire britannique qui a longtemps eu le contrôle des routes commerciales du monde. Et lorsque l'Empire britannique est devenu obsolète, l'élite s'est déplacée aux États-Unis, qui sont devenus une superpuissance mondiale. Et les États-Unis ont très bien joué le rôle de puissance hégémonique mondiale. Mais comme on dit, toutes les choses ont une fin à un moment donné et nous y sommes.

Ainsi, lorsque la Belt & Road Initiative de la Chine est entrée en jeu, les voies maritimes américaines contrôlables n'étaient soudain plus les lignes majeures de la vie commerciale/économique (ou du moins n'étaient plus les plus importantes) pour le commerce mondial. Nous pouvons ajouter ici au moins la Route de la soie polaire, le projet ferroviaire PAKAFUZ, le NSTC (North-South Transport Corridor)... qui ne peuvent plus être contrôlés par les États-Unis et leurs alliés. Cela signifie que l'élite n'a plus besoin des États-Unis et que quelque chose de nouveau doit remplacer les States pour que l'élite reste aux commandes. Pour conserver ce contrôle qui était en jeu au cours des dernières décennies, le prix à payer était énorme. Que ce soit sous la forme de vies humaines à travers les guerres, ou de dettes accumulées qui ne peuvent plus être cachées, et encore moins remboursées. Et surtout maintenant, alors que le pétrodollar perd à son tour le contrôle des flux, les options sont de plus en plus rares. Mais cela ne signifie pas que les États-Unis ou l'Occident sont finis pour de bon. Cela signifie simplement que les gens ordinaires de l'Ouest seront coincés avec beaucoup de dettes et de chaos. L'élite (par élite, j'entends quelques familles qui contrôlent l'humanité non seulement financièrement, mais qui essaient aussi de contrôler notre évolution mentale) a un nouveau plan. Ils n'ont plus besoin de grands États, encore moins d'États souverains, mais de petites entités facilement contrôlables.

Pour y parvenir, ils doivent balkaniser les régions. Mais pas seulement la balkanisation de l'Europe de l'Est, des Balkans, de l'Asie centrale, du Moyen-Orient... Mais aussi la balkanisation des États-Unis et de l'UE. Les États d'aujourd'hui ne sont plus durables ni même nécessaires. L'époque où des armées massives ou de grandes flottes navales étaient nécessaires est révolue. Ma prédiction est donc que nous verrons les États-Unis s'effondrer. Lentement mais sûrement, certaines parties des États-Unis (notamment la Floride, le Texas...) vont s'effondrer. Les cercles de l'élite travaillent à établir l'infrastructure de base pour ce scénario. Le fossé entre les États américains va devenir de plus en plus grand et ce n'est pas une coïncidence.

Cependant, il s'agit d'une démarche délibérée de l'élite pour poursuivre le processus d'installation du "Nouvel Ordre Mondiale" qui se situera essentiellement dans le cyberespace, dans l'espace..... Et elle ne sera pas gérée par des États, mais par des entreprises privées et par des personnes qui ne connaissent aucune allégeance étatique, de sorte qu'elles peuvent facilement se déplacer dans d'autres parties du monde. Ne laissant derrière elle que destruction et dettes. Pour cela, ils ont besoin de balkaniser le monde face à des pays qui restent encore nationaux et souverains et qui seront posés comme les principaux ennemis. Pour y parvenir, ils sont prêts à tout, si nécessaire, ils tueront la moitié de l'humanité. C'est un jeu ancien et ils sont passés maîtres dans l'art de le jouer.

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Pourquoi le Français va réélire Macron à hauteur de 60% (écrit avec Edouard Drumont)

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Pourquoi le Français va réélire Macron à hauteur de 60% (écrit avec Edouard Drumont)

Nicolas Bonnal

On va citer son testament à Edouard Drumont. Notre journaliste-penseur, maître de Bernanos, honni par nos flics de la pensée, ne se fait plus d’illusion sur ses compatriotes petit-bourgeois et laïcards apprivoisés à l’orée des années 1890; il observe que l’électorat parisien déjà adore réélire de banals conseillers municipaux ripoux:

« …Les Parisiens ont réélu la plupart des conseillers municipaux convaincus d'avoir trempé dans ces malpropretés. Ils les ont réélus très librement, avec des urnes très surveillées par des représentants de tous les partis,  par des gens de comités experts dans toutes les roueries électorales et qu'on ne met pas facilement dedans. »

Et de chercher une explication: l’ataraxie. Mieux même, la prostration.

« Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d'ataraxie, d'impassibilité générale, qui n'est point l'ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n'agit. »

Le cœur ne bouge plus trop :

« Les physiologistes connaissent bien ces phases passagères où le cœur est inexcitable. L'organe où l'humanité puise sa flamme a soudain des moments de repos, d'hébétude, de torpeur après lesquels il reprend son fonctionnement… A l'heure actuelle, malheureusement, ce n'est plus par saccades, c'est toujours que le cœur ne répond plus  aux excitants. Et comme ce bourdon, qui rythme nos artères, nos expansions et nos violences, dépend lui-même du cerveau, c'est toujours au cerveau qu'il faut chercher la cause des défaillances et des sommeils. »

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Et Drumont de s’interroger :

« Comment s'étonner alors que la lassitude saisisse ces entendements secoués, non plus la saine lassitude du travail, où se puisent des forces nouvelles, mais la dépression atonique où l’on a l’illusion de la vigueur ? »

Le monde moderne est là et son absence de réaction (sauf pour aller se vacciner ou pester contre le fascisme ou la Russie – toujours par conformisme et conditionnement):

« La Mort gagne le monde par l’insensibilité, par l’anesthésie. Cette anesthésie sociale, que l’on appelle l’ataraxie, envahit les masses, comme sa sœur envahit les êtres. Elle débute d'ici, de là, par plaques qui se rejoignent et couvrent bientôt le corps tout entier. Certaines régions intermédiaires jouissent d'une fausse excitation que l’on retrouve avant tous les désastres. Celui qu'attend la congestion bâtit des projets bienheureux. »

Le temps est à l’optimisme paresseux:

«Nous autres, au bord du gouffre, nous affirmons le Progrès indéfini, une ère joyeuse et libre. Au fond, nous ne croyons même pas à Demain, et nous nous en occupons très peu.»

Nous sommes entourés de frivoles en effet:

« Les frivoles rient jusqu'à la mort; les esprits moins légers, ceux qui réfléchissent sur les spectacles que la vie déroule devant eux et qui s'irritent de ce qu'elle leur cache, ne peuvent se défendre de la tristesse qui se dégage de tout... Cor sapientium ubi tristitîa...»

On chasse le pessimisme (pas de grand remplacement, pas de gouvernance mondiale, pas de dictature sanitaire, pas de complots…):

« Les Français modernes n'ont rien de tout cela. Les troublantes théories de Schopenhauer comme les belles désespérances de Tolstoï, vastes et désolées comme des steppes, les laissent parfaitement indifférents. Intellectuellement, c'est trop fort pour eux, trop étendu d'horizon, trop intense de pensée; cela les  obligerait à trop de méditation ».

Et on se contente de peu intellectuellement et moralement et spirituellement :

« La conception que les Français contemporains ont de la vie n'a d'analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d'abord que si la vie moderne s'est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s'est singulièrement simplifiée au point de vue moral; comme une espèce de Peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport. »

Le monde moderne a créé son homme en France, pays de la Révolution (voyez nos textes sur Cochin) et du bourgeois (Taine) :

« Le régime moderne a créé, on peut le dire, un type d'être spécial que l'on serait tenté d'appeler le contribuable; car, en réalité, si on demandait à beaucoup d'hommes de ce temps pourquoi ils sont sur la terre, ils seraient bien embarrassés de répondre et finiraient  par vous dire:

— Ma foi, pour faire notre service militaire, pour acquitter nos contributions et pour payer notre terme ».

S’ensuit une belle comparaison animale :

« Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale; ils sont comme les méharis qui s'agenouillent pour qu'on puisse les charger plus facilement, ou comme les chevaux de renfort d'omnibus qui, leur besogne faite, vont tout seuls rejoindre leur place au bas de la montée et attendent là qu'on les attelle de nouveau… »

Sources :

Drumont, Testament, III, 1, p.171-172 (archive.org).

https://archive.org/details/letestamentduna01drumgoog

https://www.revuemethode.org/m101828.html

https://strategika.fr/2020/07/19/augustin-cochin-et-le-pi...

https://strategika.fr/2021/08/01/pass-sanitaire-biopoliti...

https://reseauinternational.net/terreur-republicaine-et-d...

 

mardi, 19 avril 2022

La Russie, les Etats-Unis et la Chine dans une conjoncture de conflit. Quels sont les objectifs prioritaires de la "nouvelle guerre froide"?

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La Russie, les Etats-Unis et la Chine dans une conjoncture de conflit. Quels sont les objectifs prioritaires de la "nouvelle guerre froide"?
 
Politique internationale ou Macht-Welt-Politik

 

Puisque la politique internationale a été tenue depuis toujours comme politique de puissance, Macht-Politik dans la culture allemande et Power politics dans le monde anglo-saxon, la conversion idéaliste des Etats en porteurs d'avenirs pacifiés n'a concerné que l'Europe post-moderne, héritière du droit des gens, des empires universels du passé et du cosmopolitisme des élites intellectuelles des XVIIIème  et XIXème siècles.

La morphologie triadique du système multipolaire actuel distingue toujours entre objectifs historiques et objectifs éternels et accorde à la géopolitique et à dialectique de l'antagonisme la tâche de distinguer entre types de paix et types de guerres. En fonction des rôles joués par les grands acteurs historiques nous passerons en revue  - et à des seules finalités de connaissance,-  les différents types de paix, car ils déterminent non seulement les types de guerre, mais également les stratégies générales des acteurs majeurs du système.

Pour l'Europe l’Idéal-type de paix dans un système planétaire est une paix d'équilibre entre l'Amérique et la Russie, puisque le continent est situé à la jonction du Rimland et du Heartland, entre la terre centrale et la grande île du monde ; pour la Russie une paix d'empire, fédératrice de plusieurs peuples, de plusieurs terres et de multiples confessions religieuses. Une paix d'Hégémonie est celle qui convient au choix de l'Amérique, vouée, par sa mission universelle, à exercer son pouvoir sur les trois Océans, Indien, Pacifique et Atlantique, en respectant la souveraineté des pays de la bordure des terres. Pour l'Empire du milieu, le mandat du ciel situe le meilleur type de paix entre une architecture régionale équilibrée et une vision planétaire à long terme, déterminée en partie par sa position géopolitique et en partie par la rivalité qui découle de sa culture et du système mondial des forces. Quant à la crise ukrainienne et à son issue, la superposition de trois types d'hostilité et donc d'insécurité alimentera un conflit de longue durée. S'y entremêlent de manière contrastée:

- Une hostilité/insécurité de la Russie vis-à-vis l'Otan et des Etats-Unis.
- Une inimitié de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie. Une ambiguïté de la Chine quant à la pression américaine sur les sanctions occidentales, concernant l'économie russe et ses conséquences et ces incertitudes influent sur le dilemme de fond de notre époque, "affrontement ou condominium" sino-américain, auquel est subordonnée la paix mondiale.

Dans cette conjoncture de changement, le continent européen, sans hauteur symbolique et historique devient  le reflet du type d'ordre qui règne dans le monde selon  la formule d'une "Nouvelle guerre froide", contestée par certains (G. H. Soutou).

Les objectifs prioritaires de la "Guerre Froide" de l'âge de la bipolarité. Une approche comparée

Le conflit entre les deux blocs de l'époque de la bipolarité n'était qu'un aspect du processus de transformation et de passage du capitalisme au socialisme, qui se voulait révolutionnaire. Il conjuguait tous les aspects de la vie collective des peuples et des nations et excluait des accords durables comme celui d'une coexistence pacifique entre les deux systèmes. Tout devait se passer suivant le primat du conflit et guère de la paix, selon les lois inexorables et objectives de l'histoire.  

51qBxbAKe9L.jpgCependant l’objectif stratégique de l'Occident, selon un courant de pensée américain offensif, représenté par Robert Strausz-Hupé, William R. Kintner et Stefan T. Possony  et exposé dans le livre "A forward strategy for America", devait exiger comme "objectif prioritaire, la préservation et la consolidation de notre système politique, plutôt que le maintien de la paix". Selon ce courant, la survie du régime politique des Etats-Unis, n'autorisait "d'autre choix qu'une stratégie à la Caton": "Carthago delenda est !". La coexistence de deux empires rivaux était conçue comme une cause d'instabilité profonde, qui devait déboucher fatalement sur une guerre inexpiable. La situation multipolaire d'aujourd'hui est-elle comparable à celle de l'époque? Change-t-elle sur le fond, à l'essence de la rivalité et à la structure de l'hostilité déclarée? La précarité apportée à la sécurité de la Russie est-elle le premier pas d'une stratégie générale d'élimination d'un adversaire, pour qu'il ne s'allie au troisième, en vue d'un guerre totale, difficile à gagner ?

Le triple rôle de la Russie, national, eurasien et mondial

La rivalité est-elle compatible avec la paix, indépendamment du rôle historique d'un acteur de l'importance de la Russie ? Cet immense pays remplit aujourd'hui un triple rôle, national ou de régime, régional ou eurasien, et mondial ou de système. En fonction du premier, il constitue un modèle spécifique d'autocratie, porteuse d'une Weltanchauung anti-occidentale, qui doit résoudre en permanence le problème de la légitimité du pouvoir et du consensus des opinions; en rapport au deuxième, un facteur de stabilité et d'équilibre en Eurasie, convoité par le grand Turc. Par référence au système planétaire, un type d'ordre, de meneur du jeu et de leadership, qui apparaît indispensable contre l'entreprise multipolaire et désagrégeante de l'hégémonie américaine. Sur sa face européenne la menace d'une alliance germano-russe ferait de Moscou une candidate moderne à l'empire universel, ôtant la liberté des pays d'Europe centrale; sur l'échiquier de la jonction du Rimland planétaire et du Heartand continental, la Turquie et l'Iran se disputeraient le rôle d'alliés privilégiés pour un condominium, excluant l'hégémon de la terre centrale et agrégeant l'Inde à une entreprise de long terme. Et, dans la profondeur des espaces et du temps, vers les bordures des deux océans, indien et pacifique, la Russie se joindrait à l'Empire du milieu pour donner vie à une civilisation renouvelée et non décadente s'imposant sur la multiplicité des centres asiatiques de décision. Ce rôle de la Russie est à la fois ambivalent, entrainant et dangereux, pour l'Est et pour l’Ouest. Pour l'ensemble des menaces actuelles, politiques, idéologiques et militaires, la stratégie de Caton, définie dans les années soixante, demeure-t-elle toujours valable. "Carthago delenda est!". L'Occident et l'Otan recommandent l'asphyxie de l’économie russe, en pratiquant au même temps la stratégie de la provocation, de l'usure et de l'escalade militaire.

Se faire justice soi même

Puisque la théorie des relations internationales part de l'idée que chaque unité politique a le droit, en dernier recours, de se faire justice d'elle -même, l'enjeu de la décision finale sur la paix et la guerre est défini par le Chef de l'Etat- Chef de guerre. Comment les opérations militaires engagées sur le terrain des combats, peuvent-elles être reconduite à la logique de la négociation et du compromis? Et, faute d'univocité et d'objectifs communs, qui peut jouer, à une échelle diplomatique, le rôle du médiateur et de l’arbitre?

Qui peut juger enfin de la pertinence et satisfaction des objectifs atteints? La stratégie du Blitz initial imputée au Chef d'Etat-Chef de guerre du pouvoir perturbateur part du principe de la primauté du système interétatique, ce qui exclut la prédominance explicative du facteur économique. En effet la guerre d'Ukraine est une guerre politique et pas une guerre personnelle, d'homme à homme, soumise à l'idée d’une punition ou d'un crime.

Le système interétatique est un système dans lequel s'intègrent les Etats, dont aucun n'est soumis à un pouvoir central de contrôle et qui s'organise autour du principe de survie. En ce sens le recours à des fictions comme celles de la paix par la morale ou de la paix par le droit, voilent les relations d'inimitié, idéologiques ou géopolitiques. A ce propos, le changement de stratégie opérationnelle pratiquée par l'Etat major russe, après l'attaque initiale et le siège des métropoles, a été de consolider l'emprise sur la mer d'Azov et de lier plus étroitement la Russie à la Crimée, soustrayant celle-ci et l'intégralité de la Mer Noire, au contrôle de l'Otan. Par ailleurs et à propos de la conduite de terrain, tactique ou stratégique, le principe de solidarité des Etats-nucléaires face au risque paroxystique de l'atome, se fonde sur le principe du concept "d'acteur rationnel" et exclut toute notion d'effets pervers, par vice mental ou par égarement de la raison, qui constitue un des sujets de prédilection de la communication psycho-politique occidentale.

Inimitié et hostilité

Or, l'enjeu du conflit ukrainien, de nature géopolitique et sécuritaire, oppose deux frères-ennemis, qui ont beaucoup de choses en commun (ethnie, religion, histoire) et appartiennent à une même zone de civilisation, se réclamant des mêmes principes, poursuivis alternativement par le dialogue ou par le combat. Le dialogue a donné lieu à l'intérieur de l'aire culturelle de l'ancienne Byzance à l'antithèse classique de l'Etat et de l'Eglise sous la forme du césaro-papisme, come subordination du pouvoir idéologico-religieux au pouvoir étatique et à l'hybridation bicéphale de la souveraineté encore effective sous le régime soviétique. Le combat a marqué la division de l'Ukraine en deux zones culturelles, lors de la deuxième guerre mondiale, exploitées intensément par les médias mainstream et par leurs efforts de propagande.

Persuasion et subversion à l'heure du conflit ukrainien

L'effort constamment entretenu pour dresser les opinions contre leurs élites, (oligarques à l'Est, et anti-souverainistes à l'Ouest), désigne un mode d'action qui a pour but une conversion des esprits au profit de la cause défendue par l'un ou l'autre des deux belligérants. En l'absence d'un objectif commun d'ordre et de stabilité, visant à délimiter des zones d'influence légitimes, la mobilisation mondiale autour du conflit, acquiert la signification d'un choix entre globalisme occidental et souverainisme oriental (Russie et Chine) et cette signification a pour origine l'hétérogénéité des intérêts et des cultures des deux camps, démocratique en Occident et autocratique en Eurasie. L'objet de dispute demeure cependant la sécurité, et, en amont, la préservation d'une certaine conception de l'aire civilisationnelle, de la société et de ses mœurs. La propagande forcée du temps de la bipolarité est devenue guerre de l'information, brouillard de Fake news et théâtre de cyberwars. L'un et l'autre camps considèrent cette propagande comme une entreprise de subversion et tiennent la sienne propre pour persuasion.

Homogénéité et hétérogénéité des deux camps

Du point de vue des régimes constitutionnels pluralistes, l'hétérogénéité des structures politiques et sociales des pays de l'Ouest, favorise la liberté d'expression et la compétition des idées, tandis que l'homogénéité organisée, entretenue par les régimes autocratiques, de Russie ou de Chine, décourage la critique ou l'opposition et la propagande apparaît  comme l'une des armes de l'arsenal politique du pouvoir en place. Les campagnes multiples contre les maux de la société post-moderne, par lesquels les opposants aux régimes occidentaux, s'efforcent de gagner des adeptes, sont amplifiés par une militance plus au moins déguisée, mais présentés comme des infiltrations intellectuelles du camp d'en face. Cette infiltration ne réussit pas à éliminer l'engagement du camp adverse, se situant entre le pouvoir et le peuple.

Dans le cadre du conflit ukrainien ces infiltrations sont emphatisées ou suscitées de toute pièce pour dénigrer le régime adverse. Ainsi les trois voix de la Triade (Chine, Occident et Russie), sont différemment audibles, car elles sont différemment ostracisées et  l'adhésion intellectuelle et morale aux régimes du Heartland (Chine, Russie et Iran), ou du Rimland (Amérique, Europe, Grande Bretagne et Indopacifique ), est exaspérée et poussée aux extrêmes par la dialectique de la subversion et de la persuasion des deux camps, qui se rejettent réciproquement l'accusation d'agresseurs, de dangers publics et de criminels de guerre. Chacun des deux justifie son combat au nom de deux conceptions de la géopolitique actuelle qui oppose l'eurasisme au globalisme et donc le souverainisme du premier à l'individualisme démocratique du deuxième. Or, si , dans ce dialogue péremptoire et confus, la persuasion  consiste à convaincre, la subversion et le langage de la passion attisent la flamme du mécontentement et incitent à la rébellion et à la révolte. Cependant la subversion suppose l'existence d'agents dormants et de structures opérationnelles, aptes à la transformation du mécontentement en rébellion et de la rébellion en révolte, puis, de celle-ci en révolution, de couleur ou pas et, à l'extrême en coup d'Etat de Palais  A ce point, ce qui est décisif, ce sont la prise de pouvoir et le changement de régime, effectués grâce aux alliances militaires, supportées de l'extérieur par le pouvoir en place.

Les Etats-Unis et le "Regime change"

Une des finalités de l'action politique contemporaine est de mettre en œuvre la démocratie, de dénigrer le pouvoir autoritaire et d'assurer la stabilité du pouvoir. Une dégradation des conditions de vie ou un affaiblissement du soutien conscient et intentionnel du gouvernement peuvent inverser très rapidement les bases sociales ou le socle idéologique du pouvoir établi. Pour rappel, la politique américaine du "regime change" a été le cadre théorique de l'interventionnisme militaire dans plusieurs pays jugés faibles, au nom des intérêts stratégiques des Etats-Unis et de politiques d'incitation à des réformes politiques. Or, dans le cadre de sa visite à Varsovie du 27 mars dernier, le Président J. Biden, n'a pas hésité à proclamer, dès son arrivée, que le départ de Poutine du pouvoir, n'était pas un but de guerre pour les Etats-Unis, pendant que la presse anglaise formulait l'hypothèse qu'un insuccès militaire de l'armée russe condamnerait le Chef du Kremlin à quitter le pouvoir dans les deux ans. Ainsi dans une campagne orchestrée autour des résultats obtenus par l'invasion de l'Ukraine, de sa surprise stratégique  et de son enlisement présumé, l'ex-oligarque et opposant russe Mikhail Khodorkovski, après 10 ans de prison, purgés en Sibérie pour "fraude fiscale", en appelle à l'histoire, pour prophétiser une chute prochaine de Poutine, comme une constante de l'histoire russe, en cas d'échec politique ou militaire. La guerre prochaine,- dit-il - dans une interview accordée au Figaro du 29 mars dernier, contre la Pologne ou un pays balte, scellera une prise de risque supplémentaire, marquant un décalage entre la vision des occidentaux et celle de Poutine.

A titre de rappel la politique d'Obama/Bush de "regime change", recherchant une ligne directrice pour résoudre le dilemme entre démocratie et stabilité, ou de l'actuelle administration démocrate pour articuler une stratégie globale et définir une doctrine pour le paix en Europe et dans le monde, a été  de construire un ordre international pacificateur, en incitant les régimes en place à des réformes politiques et socio-économiques. Cependant, en partant de perspectives historiques antagonistes, les objectifs opposés de l'Occident et des puissances de l'Eurasie et du Pacifique, peuvent-ils trouver une conciliation dans leurs intérêts et stratégies divergentes? Ou bien, en revanche, ne contribuent-ils pas à frayer la voie des seules puissances montantes, visant à définir un nouvel ordre international plus adapté à l'époque de la multipolarité et, à l'aide de celui-ci, à définir un système post-wesphalien plus stable et une conception plus conséquente de la démocratie?

Bruxelles le 31 mars 2022.