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jeudi, 05 mai 2022

Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

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Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

Alexander Bovdunov

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/o-nacionalismo-liberal-contra-comunidades-organicas

Qui aurait pu l'imaginer ? Francis Fukuyama s'est récemment fait l'avocat du "nationalisme" et suggère de repousser l'avènement de la société mondiale. Mais s'agissait-il d'une "conversion" ou d'une diversion pour arriver à l'État mondial en empruntant à mi-chemin une route nationaliste?

Le penseur libéral sans originalité qu'est Francis Fukuyama a récemment publié un article dans lequel il appelle les libéraux à abandonner la cause de la création d'une "société mondialisée et à embrasser plutôt le nationalisme" (entendu comme un nationalisme civique) [1].

Bien sûr, il n'est pas surprenant que Fukuyama prône le "nationalisme libéral", puisqu'il affirme depuis 2000 qu'il est nécessaire de soutenir et de cimenter la création de structures modernes ("États-nations") dans le monde entier afin que le libéralisme puisse les utiliser comme un outil pour détruire les restes de communautés et de traditions pré-modernes qui survivent encore. L'article dit en substance: "Nous voulons créer un monde sans États-nations, mais comme cela est encore impossible, il vaut mieux utiliser les États-nations comme moyen d'atteindre cet objectif". Il affirme également que "malheureusement, l'opération militaire spéciale russe en Ukraine montre que nous n'avons pas encore créé un monde post-historique".

Fukuyama est favorable à un nationalisme civique de type jacobin qui détruit toutes les formes de communautés et de solidarités organiques, car "les sociétés libérales ne devraient pas reconnaître officiellement les groupes fondés sur des identités fixes telles que la race, l'ethnie ou la tradition religieuse. Ce n'est que par le "nationalisme" que l'on peut construire des valeurs et des attitudes uniformes compatibles avec le libéralisme. En outre, Fukuyama considère que le fédéralisme renforce les "identités ethniques et religieuses" pré-modernes.

Étrangement, Fukuyama considère l'Ukraine comme un parfait exemple de "nationalisme" libéral, puisque "ses citoyens se sont engagés en faveur de l'indépendance et de l'idéologie libérale et démocratique, faisant clairement savoir qu'ils sont prêts à se battre pour elle jusqu'à leur dernier souffle. Cependant, ils n'ont pas été en mesure de construire un État qu'ils peuvent appeler le leur". Fukuyama considère apparemment que les "droits de l'homme" et la société ouverte de Karl Popper ont pour représentant légitime le "bataillon d'Azov", allant jusqu'à laisser entendre que le nationalisme ukrainien est très similaire à celui épousé par les "pères fondateurs" des États-Unis.

Pourtant, Fukuyama admet que dans les États-nations où il existe des groupes ethniques et religieux hétérogènes, le fédéralisme peut résoudre les conflits des peuples qui "occupent le même territoire depuis des générations et ont leurs propres traditions culturelles et linguistiques", mais "le fédéralisme exige la dévolution du pouvoir à des entités infranationales indépendantes". Toutefois, cette solution a été écartée par l'Ukraine.

mercredi, 04 mai 2022

Changement "du" système ou changement "dans" le système?

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Changement "du" système ou changement "dans" le système?
 
"L'engagement sur la voie des grandes décisions par les armes"

 

Guerre régionale ou guerre générale?

 

Irnerio Seminatore

 

Sources:

 
 

Clausewitz et ses enseignements

"Si l'un des deux belligérants est décidé à s'engager sur la voie des grandes décisions par les armes, ses chances de succès sont considérables, pour peu qu'il soit certain que l'autre ne désire pas s'y engager" (Clausewitz). Cette proposition s'applique parfaitement à la Russie et à l'Ukraine. Les deux belligérants y étaient engagés depuis longtemps et leur dialogue, diplomatique et militaire, était soutenu, en sous mains, par des co-belligérants occultes, américains, britanniques, allemands, français, polonais, baltes et autres, qui armaient et entrainaient les Ukrainiens de Zelenski. Ainsi le réveil européen pour la guerre n'a été qu'une "fake news". "La bulle" de la grande hypocrisie occidentale, qu'on avait ignoré. La primauté de la politique n'est point une proposition théorique. L'Occident et la Russie étaient déjà en guerre, mais ils ne le savaient pas encore officiellement, ou ils feignaient plutôt de l'ignorer. Sinistre Illusion ! Les Européens de l'Ouest ont mis dans les armoires de leurs chimères du passé, amnésiques, les livres trompeurs de Kant, Alain, Russell et autres munichois et humanistes.

Par ailleurs les institutions européennes, en antennes éminentes du cartel international de la morphine historique, dont la Commission s'est voulue l'outil "géopolitique”, sont passées à la livraison d'armements pour prolonger le carnage des peuples. Les plus lucides n'ont pas découvert aujourd'hui la guerre ou sa barbarie, mais le visage et la perversion d'eux-mêmes, sous le masque d'un agitateur de théâtre.  C'était la violence des Yankees, le cynisme d’Albion, la logique déraisonnable et non rationnelle des Français et l'échine paralysée des Allemands. Tous croupis, au fond d'eux-mêmes, par la peur et par le manque de lucidité et de courage. Paix et Guerre, une intimité antique !

Révisons ensemble la dialectique de l'antagonisme historique et considérons les issues possibles de chaque type de paix et de chaque type de guerre. Une lecture qui sera conduite à la lumière de la politique étrangère, comportant l'unité du verbe diplomatique et de l'action militaire, unité qui, au sein de l'alliance atlantique, exclut la solidarité totale de tous les alliés. Or, puisque la subordination de la guerre à la politique dépend d'un ensemble d'intérêts, de facteurs et de circonstances, laquelle des politiques pratiquées les Européens suivront-ils, en calquant le chemin de Zelenski, de la Commission européenne et de l'Alliance Atlantique ? Pour quels enjeux et jusqu’où ? Clausewitz nous en rappelle les issues possibles: "Si la politique est grandiose et puissante, la guerre le sera aussi et pourra même atteindre les sommets, où elle prend sa forme absolue". Or l'inégalité des buts de guerre et l'inégalité de force et de résolution, subordonnera la montée aux extrêmes de la guerre à la réaction de l'autre et cela suite au principe de polarité.

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La Macht-Welt-Politik et ses revers

Si nous assumons le principe que le "type de paix" souhaitée détermine en large partie le "type de guerre" à mener, dans le but de parvenir à une "paix de satisfaction", une classification ternaire des paix (d'équilibre, d'hégémonie ou d'empire), nous indique que la violence des conflits est imputable à la géométrie des rapports de force. C'est la grandeur des enjeux qui accroit la détermination politique et l'ardeur des combats. Dans le cas du conflit ukrainien l'enjeu pour les deux parties c'est le passage d'une configuration du système international à un autre (bipolaire à multipolaire). Cela signifie pour l'Ukraine sa disparition en tant qu'Etat de la scène inter-étatique et son passage d'une zone impériale (atlantique) à une autre (russe).

Pour la Russie l'enjeu existentiel, serait, en cas d'échec, un déclassement de puissance à long terme et un tremblement géopolitique inacceptable, interne et extérieur, qui serait tectonique et fatale pour l'Europe, la Russie et l'Eurasie. Par son étendue il concernerait une turbulence élargie à l'ensemble des relations systémiques, multipolaires, intercontinentales et inter-étatiques. Dans la perception de la Russie et des autres acteurs de la communauté internationale le glissement inévitable de la guerre vers un conflit d'ampleur, amènerait à la restauration d'une zone impériale, qui rivaliserait avec la puissance hégémonique déclinante. Dans cette hypothèse une guerre de grande ampleur serait inévitable car elle mettrait en cause le pivot dominant du système (les Etats-Unis), les poussant prématurément à agir.

La signification historique et systémique de la crise Ukrainienne

Entrer dans la crise ukrainienne ou s'y laisser entraîner revêt une signification plus générale et plus abstraite. En effet il s'agit d'une "crise d'équilibres" régionale qui déplace le centre de gravité du système, la fameuse "Balance of Power" vers l'Est et montre la vanité de la résistance d'une zone de jonction géopolitique (l'Ukraine de Zelenski), rendant évidente l'incapacité des Etats européens de l'Ouest à influer sur les autres et tous ensemble sur la Russie. Celle-ci, contrairement à l'Ouest du continent doit son existence et sa sécurité à elle-même, tandis que les Etats européens, derrière l'encadrement de l'alliance atlantique doivent leur existence et leur sécurité à un acteur extérieur au continent, l'Amérique.

C'est l'Amérique qui choisit son ennemi principal, son théâtre décisif et le centre de gravité de son empire futur, ailleurs (Asie- Pacifique), que dans une zone d'influence disputée. Gagner ici (théâtre régional européen), c'est perdre dans l'Indo-Pacifique (théâtre systémique), au profit de la puissance chinoise. Or la "Paix d'équilibre" qui conviendrait à l'Europe, dictée  par "the anxiety with to the the balance of power is apparent..(David Hume) et se situe entre la puissance extérieure dominante (Etats-Unis) et la puissance extérieure révisionniste (Fédération de Russie).

Selon David Hume et selon "le common sens and obvious reasoning", jamais un Etat (en l'espèce la Russie? ou la Novorossyia? ou un nouvel Empire?), ne doit posséder des forces telles que les Etats voisins soient incapables de défendre leurs droits et leurs libertés contre lui (argument invoqué par la Pologne, les pays baltes, la Finlande et la Suède). Cet argument est à l'image du cas de l'empire romain, qui fut capable de soumettre l'un après l'autre ses adversaires et ses ennemis, avant qu'ils fussent en mesure de préserver les alliances qui auraient dû préserver leur indépendance. Cependant, puisque dans les relations internationales la réussite des grandes épreuves est fondée sur la légitimité, bien qu'hétérogène et sur les rapports de force, bien que variables, il est à supposer que l'unité des Etats européens de l'Ouest se réalisera  davantage par la coordination des pays qui disposent d'un vrai noyau de force (France et Allemagne) et qui, par la perte de légitimité de l'Union, fera de celle-ci une expérience marginale, non prioritaire et non décisive du processus de rapprochement des Etats du continent. En réalité l'hétérogénéité du principe de légitimité de l'Union (cas de la Pologne et de la Hongrie) est à la base de sa fissuration politique et l’asymétrie de son "noyau dur", est à la base de sa différente conception de la souveraineté et de sa géopolitique mondiale, dont la crise ukrainienne est l'une des manifestations.

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David Hume, Morton Kaplan et la théorie de l'équilibre

Que la politique de l'équilibre continental ou son statu-quo antérieur au conflit, plus favorable au camp de l'alliance atlantique, serve à préserver le système et justifie les puissances insulaires (Grand Bretagne et Etats-Unis), dans leur rôle de pourvoyeuses d'armements, est apparu immédiatement, comme l'un des objectifs de la coalition des puissances globalistes et de leur intervention indirecte, limitée et tardive.  De ce point de vue il faut empêcher à tout prix l'unification des terres slaves par la Russie, -ont elles pensé- après l'élimination historique de l'Allemagne avec la IIème guerre mondiale, comme acteur principal du continent et porteur de la possibilité d'une soudure de la terre centrale (le Heartland) en fonction anti-hégémonique. La Russie sait pertinemment qu'elle est tenue pour un Etat perturbateur, soupçonné de vouloir reconstituer un ensemble politique impérial et dominateur dans son pourtour d’Etats indépendants.

Dans de pareilles conditions, après l'effondrement de l'Union soviétique elle s'attend à être tenue comme une menace pour l'hégémonie et, par les Etats-Unis, comme la réémergence d'un rival. Or, si en fonction du "système européen" du XIXème David Hume avait défini la formule la plus simple de l'équilibre, analysant en particulier la rivalité de la France et de l'Allemagne, la politique de " l'équilibre multipolaire" du XXIème, définie de façon générale comme "Balance of Power" a été formulée dans les années cinquante par Morton Kaplan, qui repère six règles abstraites, auxquelles doivent s'attendre les unités politiques si un Etat aspire à l'Hégémonie en perturbateur du système, suscitant l'hostilité de tous les Etats conservateurs. C'est exactement ce qui arrive à la Russie aujourd'hui, qui a pris l'initiative des hostilités, dans l'acharnement des sanctions économiques et financières et dans la tentative d'isolement international et d'affaiblissement politique et militaire, dont témoigne l'envoi d'armements lourds à l'Ukraine de Zelenski.

"Paix d'équilibre" ou "paix d'empire" ? Changement "du" système, ou changement "dans" le système ?

"Entre la "paix d'équilibre" et la "paix d'empire", s'intercale "la paix d'hégémonie" dit Raymond Aron, mais, il ajoute, "l'hégémonie est une modalité précaire de l'équilibre", assurée par une volonté marquée d'indépendance, car les amitiés et les inimitiés sont historiquement temporaires. La "paix d'équilibre" de l'Europe du XIXème avait un caractère conjoncturel et se limitait à la "prépondérance" de l'Allemagne de Bismarck, que la Grande Bretagne empêchera de se transformer en hégémonie continentale. Aujourd'hui, en cas de victoire de la Russie poutinienne, les occidentaux pourront-ils l'empêcher de devenir une puissance hégémonique à l'échelle multipolaire et globale (Russie, Chine, Inde, Iran, tiers non engagés), de puissance prépondérante qu'elle était à l'échelle continentale (Europe orientale et sud orientale) ?

Cette perspective historique est rendue plausible par le fait que le modèle "parfait" de guerre, selon la typologie classique, est la "guerre inter-étatique" ou nationale, qui met aux prises des unités politiques de même nature et de même zone de civilisation, dans le but de préserver l'existence du pays, tandis que les "guerres impériales" visent l'élimination d'un belligérant et la constitution d'une unité politique supérieure, composée de plusieurs unités hétérogènes.

La guerre qui caractérise l'issue entreprise  par la Russie, serait pour ses adversaires le début d'une entreprise sans fin, une confrontation imparfaite et hétérogène qui met aux prises des relations inter-étatiques, trans-nationales et sociétales, qu'il faut stopper au plus vite et par tous les moyens. Il s'agirait d'un type de conflit qui ne peut donner lieu à une "paix de satisfaction", mais à des conflits prolongés, à des armistices précaires et belliqueux, asymétriques, terroristes et hybrides, dus à la coexistence d'intérêts contradictoires, dépourvus d'une perspective commune. Bien que né de la revendication d'un principe de légitimité, le principe de souveraineté étatique, revendiqué par l'Ukraine cet amalgame d'intérêts attisera des rivalités perpétuellement renaissantes surtout en Europe et conduirait qu'à une paix belliqueuse et, plus probablement, à un guerre civile permanente.

Dans le cas de la crise ukrainienne, dirigée de l'extérieur par les Etats-Unis et en subordre, par les Européens, le but de guerre et l'issue finale, changeront-ils "le" système international ou bien produiront-ils une modification des rapports de force "dans" le système ? On pourrait opiner avec Joe Biden que la "bonne" hypothèse est dans la première réponse et donc dans l'option d'une guerre limitée et dans la préservation de l'hégémonie américaine et avec Vladimir Poutine dans la deuxième, autrement dit dans le double désir de sécurité et de gloire (ou de prestige), car changeraient alors les deux éléments qui commandent à tout système international, le rapport de force, qui deviendrait plus favorable aux puissances de la terre (Russie, Chine, Inde, Iran, non-Alignés) et le principe de légitimité (oligarchique, autocratique ou despotique), renversant le cours de l'histoire, qui est allée jusqu'ici de l'Occident vers l'Orient.

Bruxelles le 23  avril 2022

Le Nouvel Ordre Mondial dans le contexte des théories des relations internationales

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Le Nouvel Ordre Mondial dans le contexte des théories des relations internationales

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/nwo-context-international-relations-theories

Nous devons comprendre ce qui se passe pour nous et autour de nous. Pour ce faire, le bon sens ne suffit pas, il faut des méthodologies. Considérons donc l'OMS (Opération militaire spéciale) dans le contexte d'une discipline comme les relations internationales (RI).

Il existe deux grandes écoles de pensée en relations internationales: le réalisme et le libéralisme. Nous allons discuter de celles-ci, bien qu'il en existe d'autres, mais ces deux-là sont les principales. Si vous n'êtes pas familier avec ces théories, n'essayez pas de deviner ce que l'on entend ici par "réalisme" et "libéralisme", la signification des termes serait tirée du contexte.

Ainsi, le réalisme en RI repose sur la reconnaissance de la souveraineté absolue de l'État-nation; cela correspond au système westphalien de relations internationales qui a émergé en Europe à la suite de la guerre de 30 ans qui s'est terminée en 1648. Depuis lors, le principe de souveraineté est resté fondamental dans le système du droit international.

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Les réalistes RI sont ceux qui tirent les conclusions les plus radicales du principe de souveraineté et pensent que les États-nations souverains existeront toujours. Cela se justifie par la compréhension que les réalistes ont de la nature humaine: ils sont convaincus que l'homme, dans son état naturel, est enclin au chaos et à la violence contre les plus faibles, et qu'un État est donc nécessaire pour empêcher cela; en outre, il ne devrait y avoir aucune autorité au-dessus de l'État pour limiter la souveraineté. Le paysage de la politique internationale consiste donc en un équilibre des forces en constante évolution entre les États souverains. Le fort attaque le faible, mais le faible peut toujours se tourner vers le fort pour obtenir de l'aide. Des coalitions, des pactes et des alliances se forment. Chaque État souverain défend ses intérêts nationaux sur la base d'un froid calcul rationnel.

Le principe de souveraineté rend les guerres entre États possibles (personne ne peut interdire à quelqu'un d'en haut de faire la guerre, car il n'y a rien de plus élevé qu'un État), mais en même temps la paix est également possible, si elle est avantageuse pour les États, ou si dans une guerre il n'y a pas d'issue univoque.

C'est ainsi que les réalistes voient le monde. En Occident, cette école a toujours été assez forte et a même prévalu, aux États-Unis, elle reste assez influente aujourd'hui: environ la moitié des politiciens américains et des experts en RI suivent cette approche, qui a dominé pendant la présidence Trump, la plupart des républicains (sauf les néocons) et certains démocrates y penchent.

Considérons maintenant le libéralisme en RI. Ici, le concept est très différent. L'histoire est vue comme un progrès social continu, l'État n'est qu'une étape sur la route du progrès, et tôt ou tard, il est appelé à disparaître. Puisque la souveraineté est entachée d'une possibilité de guerre, il faut essayer de la surmonter et de créer des structures supranationales qui la limitent d'abord, puis l'abolissent complètement.

Les libéraux de la RI sont convaincus qu'un gouvernement mondial doit être établi et que l'humanité doit être unie sous l'impulsion des forces les plus "progressistes", c'est-à-dire les libéraux eux-mêmes. Pour les libéraux de la RI, la nature humaine n'est pas une constante (comme c'est le cas pour les réalistes) mais peut et doit être changée. L'éducation, l'endoctrinement, les médias, la propagande des valeurs libérales et d'autres formes de contrôle des esprits sont utilisés à cette fin. L'humanité dans son ensemble doit devenir libérale et tout ce qui est illibéral doit être exterminé et banni. Car ce sont là les "ennemis de la société ouverte", les "illibéraux". Après la destruction des "illibéraux", il y aura une paix mondiale - et personne ne sera en guerre contre personne. Pour l'instant, la guerre est nécessaire, mais uniquement contre les "illibéraux" qui "entravent le progrès", défient le pouvoir des élites mondiales libérales et ne sont donc pas "humains", en aucune façon, et peuvent donc être traités de n'importe quelle manière - jusqu'à l'extermination totale (y compris l'utilisation de pandémies artificielles et d'armes biologiques).

Dans un avenir proche, selon ce concept, les États seront abolis et tous les humains se mélangeront, créant une société civile planétaire, un seul monde. C'est ce que l'on appelle le "globalisme". Le globalisme est la théorie et la pratique du libéralisme dans les RI.

La nouvelle version du libéralisme comporte un élément complémentaire aujourd'hui: l'intelligence artificielle dominera l'humanité, les gens deviendront d'abord sans sexe, puis "immortels", ils vivront dans le cyberespace et leur conscience et leur mémoire seront stockées sur des serveurs en nuage, les nouvelles générations seront créées dans une éprouvette ou imprimées par une imprimante 3D.

Tout cela se reflète dans le projet Great Reset du fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab.

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Les libéraux constituent l'autre moitié des politiciens et des experts en relations internationales en Occident. Leur influence augmente progressivement et dépasse parfois celle des réalistes en matière de RI. L'actuelle administration Biden et la majorité du parti démocrate américain sont des libéraux qui poussent dans ce sens. Les libéraux sont également dominants dans l'UE, qui est la mise en œuvre d'un tel projet, puisqu'elle vise à construire une structure supranationale. Ce sont les libéraux en matière de RI qui ont conçu et créé la Société des Nations, puis l'ONU, le Tribunal de La Haye, la Cour européenne des droits de l'homme, ainsi que le FMI, la Banque mondiale, l'OMS, le système éducatif de Bologne, la numérisation et tous les projets et réseaux mondialistes, sont tous l'œuvre des libéraux. Les libéraux russes font partie intégrante de cette secte mondiale, qui a toutes les caractéristiques d'une secte totalitaire.

Appliquons maintenant ces définitions au NOM (Nouvel Ordre Mondial). Après l'effondrement de l'URSS, l'Ukraine est devenue un outil des libéraux et des réalistes au sein des RI - précisément un outil de l'Occident. Les libéraux du MdD ont encouragé l'intégration de l'Ukraine dans le monde global et ont soutenu ses aspirations à rejoindre l'Union européenne et l'OTAN (l'aile militaire du globalisme); les réalistes du MdD ont utilisé l'Ukraine dans leurs intérêts contre la Russie; pour ce faire, il était nécessaire de faire de l'Ukraine un État-nation, ce qui contredisait l'agenda purement libéral. C'est ainsi que s'est formée la synthèse du libéralisme ukrainien et du nazisme contre laquelle l'Opération Militaire Spéciale se bat. Le nazisme en acte en Ukraine (l'Extrême droite, le Bataillon Azov et d'autres structures interdites en Russie) était nécessaire pour construire une nation et un État souverain le plus rapidement possible. L'intégration dans l'Union européenne exigeait une image ludique et comiquement pacifiste (ce fut le choix de Zelenski). Le dénominateur commun était l'OTAN. C'est ainsi que les libéraux et les réalistes IR ont obtenu un consensus russophobe en Ukraine. Lorsque cela était nécessaire, ils ont fermé les yeux sur le nazisme, les valeurs libérales et les parades de la gay pride.

Venons-en maintenant à la Russie. En Russie, depuis le début des années 1990, sous Eltsine, Tchoubais et Gaidar, le libéralisme a fermement dominé les RI. La Russie d'alors, comme l'Ukraine d'aujourd'hui, rêvait de rejoindre l'Europe et d'adhérer à l'OTAN. Si cela avait exigé une plus grande désintégration, les libéraux du Kremlin auraient été prêts à le faire aussi; mais à un moment donné, Eltsine lui-même et son ministre des affaires étrangères Evgueni Primakov ont légèrement ajusté l'agenda: Eltsine n'appréciait pas le séparatisme en Tchétchénie, Primakov a déployé un avion au-dessus de l'Atlantique pendant le bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN. Il s'agissait de faibles signes de réalisme. La souveraineté et les intérêts nationaux étaient invoqués, mais de manière hésitante, timide.

Le vrai réalisme a commencé lorsque Poutine est arrivé au pouvoir. Il a vu que ses prédécesseurs avaient affaibli la souveraineté à l'extrême, happés qu'ils étaient par la mondialisation, et que le pays était par conséquent sous contrôle étranger. Poutine a commencé à restaurer la souveraineté. Tout d'abord, dans la Fédération de Russie elle-même - la deuxième campagne de Tchétchénie, la suppression des clauses de souveraineté de la Constitution, etc., puis il a commencé à s'occuper de l'espace post-soviétique - ce furent les événements d'août 2008 dans le Caucase du Sud, puis la Crimée et le Donbass en 2014. Dans le même temps, il est révélateur que la communauté internationale des experts (SWOP, RIAC, etc.) et le MGIMO ont continué à être complètement dominés par la ligne du libéralisme. Le réalisme n'a jamais été mentionné. Les élites sont restées libérales - tant celles qui s'opposaient ouvertement à Poutine que celles qui acceptaient à contrecœur de se soumettre à lui.

L'Opération Militaire Spéciale a, comme un flash-back, éclairé la situation au sein du ministère russe de la Défense. Derrière l'Ukraine, il y a une alliance de libéraux et, en partie, de réalistes au sein du ministère de la Défense, c'est-à-dire les forces du mondialisme qui se sont retournées contre la Russie. Pour les libéraux (et Biden et son administration (Blinken and Co.), comme Clinton et Obama avant lui, appartiennent précisément à cette école), la Russie est l'ennemi absolu, car elle constitue un obstacle sérieux à la mondialisation, à l'instauration d'un gouvernement mondial et d'un monde unipolaire. Pour les réalistes américains (et en Europe les réalistes sont très faibles et à peine représentés) la Russie est un concurrent pour le contrôle de l'espace de la planète. Ils sont généralement hostiles, mais pour eux, soutenir l'Ukraine contre la Russie n'est pas une question de vie ou de mort: les intérêts fondamentaux des Etats-Unis ne sont pas affectés par ce conflit. Il est possible de trouver un terrain d'entente avec eux, pas avec les libéraux.

Pour les libéraux de la RI, cependant, c'est une question de principe. L'issue de l'Opération Militaire Spéciale déterminera s'il y aura ou non un gouvernement mondial. La victoire de la Russie signifierait la création d'un monde entièrement multipolaire dans lequel la Russie (et la Chine et, dans un avenir proche, l'Inde) jouirait d'une souveraineté réelle et forte, tandis que les positions des entités alliées de l'Occident libéral, qui acceptent la mondialisation et sont prêtes à compromettre leur souveraineté, seraient dramatiquement affaiblies.

En conclusion, le libéralisme dans les RI vise à imposer la politique du genre, la guerre de l'information et la guerre hybride, l'intelligence artificielle et le post-humanisme, mais le réalisme évolue également de son côté: confirmant la logique de S. Huntington (incidemment, un partisan du réalisme dans les RI), qui parlait du "choc des civilisations", les principaux acteurs ne sont pas des États mais des civilisations, ce qu'il appelle les Grands Espaces. Ainsi, le réalisme glisse progressivement vers la théorie du monde multipolaire, où les pôles ne sont plus les États-nations, mais les États-continents, les empires. Ceci est également clairement visible dans le déroulement de l'Opération Militaire Spéciale.

En termes de diverses théories des relations internationales, l'Opération lancée par la Russie en Ukraine a simultanément inauguré un conflit entre :

    - l'unipolarité et la multipolarité,
    - le réalisme et le libéralisme dans les RI,
    - la petite identité (nazisme ukrainien artificiel) et la grande identité (fraternité eurasienne de la Russie),
    - la civilisation de la terre (Land Power) contre la civilisation de la mer (Sea Power) dans la bataille pour la zone côtière (Rimland), qu'a toujours explicité la géopolitique,
    - l'État défaillant et l'empire résurgent.

Sous nos yeux et avec nos mains et notre sang, maintenant - en ce moment même - la grande histoire des idées est en train de se faire.

Les effets en cascade de la cyberguerre

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Les effets en cascade de la cyberguerre

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/cascading-effects-cyber-warfare

Dans le présent article, nous aborderons les aspects actuels de la cyber-guerre que mènent les États-Unis et les pays de l'OTAN contre la Russie. Bien entendu, le concept même de "cyber" doit être compris dans le sens traditionnel, platonicien, où le "cybernet" constitue le souverain. Par conséquent, même l'application des technologies de communication modernes est une question de domination et de contrôle.

Le 10 mars 2022, une autre conférence juridique du Cyber Command s'est tenue aux Etats-Unis pour discuter d'un certain nombre d'aspects juridiques et de questions de sécurité nationale.

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Étant donné que l'opération lancée par la Russie en Ukraine était déjà en cours à ce moment-là, le chef du Cyber Command, le général Nakasone (photo), n'a pas pu s'empêcher d'en parler, notant que "le Cyber Command surveille la ligne de front numérique des actions russes en Ukraine...". Le conflit russo-ukrainien augmente la probabilité d'opérations russes dans le cyberespace visant les intérêts américains et alliés... La situation en Ukraine a revigoré nos alliances et augmenté l'appétit pour des opérations conjointes parmi nos partenaires internationaux dans le cyberespace. C'est un aveu ouvert sur la structure d'élite du Pentagone qui travaille contre la Russie. Il semble que dès les premiers jours, on ait tiré certaines conclusions à Washington.

Le lieutenant général Charles Moore, qui est l'adjoint de Nakasone, a expliqué que la combinaison d'opérations d'information et de mesures cybernétiques pourrait donner aux États-Unis un avantage stratégique sur leurs futurs adversaires. "Sans aucun doute, nous avons appris que les opérations de cyberattaque, lorsqu'elles sont combinées - plutôt une approche globale - avec ce que nous appelons traditionnellement les opérations d'information, sont un outil extrêmement puissant." Selon lui, les États-Unis devraient adopter "une stratégie visant à influencer les perceptions des adversaires.

Il s'agit d'un niveau de guerre informationnelle-psychologique, cognitive ou mentale.

Entre-temps, M. Moore a déclaré que son commandement dispose des autorisations nécessaires pour mener des opérations quotidiennes visant à s'engager continuellement avec les adversaires dans le cyberespace pour exposer leurs cybermesures et les forcer à faire des dépenses. "Nous montrons que nous pouvons opérer dans cet espace en dessous du niveau d'utilisation de la force - en dessous de ce que nous considérerions comme un conflit armé - et mieux nous défendre sans escalade", a-t-il déclaré.

Pour le dire autrement, il s'agit du type de guerre hybride auquel les experts de l'OTAN se plaisent à faire référence ces dernières années, car l'une de ses caractéristiques est un niveau inférieur au seuil du conflit armé traditionnel.

Sur le plan pratique, il faut se pencher sur le cyber exercice OTAN Locked Shields, qui s'est déroulé du 19 au 22 avril au Centre de cybersécurité de Tallinn.

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Selon les responsables, cet exercice annuel de défense des réseaux en temps réel offre aux participants une occasion unique de s'entraîner à protéger les systèmes informatiques civils et militaires nationaux et les infrastructures critiques. Ils se déroulent dans un environnement sous haute pression, avec une série de cyberattaques sophistiquées s'abattant sur les équipes. Les exercices sont l'occasion de pratiquer la coopération en cas de crise entre les unités civiles et militaires, ainsi que les secteurs public et privé, car ces décideurs tactiques et stratégiques doivent travailler ensemble en cas de cyberattaque de grande envergure.

Dans le scénario de cette année, la nation insulaire fictive de Berelia connaît une situation sécuritaire qui se détériore. Une série d'événements hostiles a coïncidé avec des cyberattaques coordonnées sur des systèmes informatiques militaires et civils clés.

En plus de protéger de multiples systèmes cyber-physiques, les équipes impliquées s'exercent à la prise de décision tactique et stratégique, à la coopération et à la subordination dans une situation de crise où elles doivent également traiter des questions judiciaires et juridiques et répondre aux défis des opérations d'information.

Les similitudes avec l'Ukraine sont évidentes.

Cette année, plus de 2000 participants de 32 pays ont pratiqué ces actions. Quelque 5500 systèmes virtualisés ont été impliqués dans l'exercice, qui a été soumis à plus de 8000 attaques. Outre la sécurisation de systèmes informatiques complexes, les équipes participantes doivent également signaler efficacement les incidents et s'occuper de la criminalistique, des aspects juridiques, des opérations médiatiques et de la guerre de l'information.

L'exercice a été organisé par l'OTAN en coopération avec Siemens, TalTech, Arctic Security, CR14. Le Centre reconnaît également les éléments uniques ajoutés à Locked Shields 2022 par Microsoft Corporation, le Financial Services Information Sharing and Analysis Centre (FS ISAC), SpaceIT, Fortinet.

Nous pouvons donc constater que la grande industrie occidentale aide ouvertement l'OTAN dans la cyberguerre.

Ajoutons que de nombreux experts occidentaux en cybersécurité et des responsables ukrainiens n'ont cessé de mentionner que la Russie compléterait son opération par une puissante cyberattaque visant les infrastructures critiques.

En général, les publications américaines à vocation militaire diffusent continuellement des informations sur d'éventuelles nouvelles cyberattaques de la Russie contre des infrastructures critiques aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux.

Incidemment, à la veille de l'exercice, le Tallinn Center a publié une autre monographie collective sur la cybersécurité, consacrée aux attributions des cyberattaques. Elle accuse la Russie d'avoir interféré dans l'élection américaine et d'avoir lancé une cyberattaque avec SolarWinds en 2020.

Et le 7 avril, une nouvelle initiative visant à développer les technologies critiques et émergentes, l'Accélérateur d'innovation de défense pour l'Atlantique Nord - DIANA, a été lancée au siège de l'OTAN.

DIANA devrait permettre de réunir le personnel de la défense et les jeunes talents, les chercheurs universitaires et les entreprises technologiques les plus brillants de l'Alliance pour relever les défis critiques en matière de défense et de sécurité. Les innovateurs participant aux programmes DIANA auront accès à un réseau de dizaines de sites d'accélération et de centres d'essai dans plus de 20 pays alliés. Les dirigeants de l'OTAN ont décidé que DIANA disposera d'un bureau régional en Europe et en Amérique du Nord. Le bureau régional européen de DIANA a été choisi à la suite d'une candidature conjointe de l'Estonie et du Royaume-Uni, et le Canada envisage activement d'accueillir un bureau régional nord-américain.

DIANA se concentrera sur les technologies profondes et de rupture que l'OTAN a définies comme prioritaires, notamment : l'intelligence artificielle, le traitement des données massives, les technologies quantiques, l'autonomie, la biotechnologie, les nouveaux matériaux et l'espace.

Les Alliés occidentaux ont également décidé de créer un fonds multinational d'innovation de l'OTAN. Il s'agit du premier fonds de capital-risque multi-souverain au monde. Il investit un milliard d'euros dans des start-ups en phase de démarrage et dans d'autres fonds de technologie profonde qui correspondent à ses objectifs stratégiques.

Si vous regardez la carte des centres de cette initiative, ils sont concentrés en Europe de l'Est, c'est-à-dire plus près des frontières de l'Ukraine et de la Russie/Biélorussie. Cet emplacement a clairement été choisi avec une certaine intention.

Si l'on considère d'autres aspects pratiques de la guerre contre la Russie, l'enquête journalistique sur le programme d'espionnage des Zignal Labs, grâce auquel les États-Unis ont suivi le mouvement des troupes russes avant même l'opération en Ukraine et ont identifié les soldats, est très importante.

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Il est évident que ces données ont été transmises à la partie ukrainienne.

La numérisation du Pentagone se poursuit également à un rythme accéléré. Le 25 avril, l'un des dirigeants de Lyft, Craig Martell, a été nommé responsable de la transformation numérique et de l'intelligence artificielle au Pentagone.

Martell a également travaillé sur l'apprentissage automatique chez Dropbox et LinkedIn. On sait que son adjoint sera Margaret Palmieri, responsable de la guerre numérique à l'US Navy.

L'armée américaine utilise actuellement l'intelligence artificielle pour analyser les opérations de combat en Ukraine, ce qui permet de traiter plus rapidement de grandes quantités de données et de simuler divers scénarios. Il est probable que les États-Unis souhaitent dériver une formule générale qui permettra de calculer les vulnérabilités de la Russie et de les utiliser à l'avenir.

De plus, à en juger par le site Web du Département d'État américain, l'agence se concentre désormais sur les activités anti-russes, ce qui ne peut qu'être alarmant. Si vous descendez sur le site, vous pouvez voir des publications consacrées exclusivement à la Russie, laquelle y est toujours présentée sous un jour négatif. Trois articles ont été postés en avril, bien que les thèmes datent de 2017, 2018 et 2020. Il est clair que cela fait partie de la campagne globale de désinformation contre la Russie. Cela dit, ce site ShareAmerica lui-même a été, comme indiqué, créé pour couvrir la vie et les événements aux États-Unis.

Si l'on place tout ces éléments dans un même puzzle et que l'on ajoute le flux 24/7 de faux et de mises en scène à des fins politiques, on obtient une conclusion assez sérieuse avec laquelle il faut compter et à laquelle il faut répondre en conséquence.

mardi, 03 mai 2022

Le pouvoir de sanction du CAATSA

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Le pouvoir de sanction du CAATSA

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/il-potere-sanzionatorio-della-caatsa/

La loi CAATSA (Countering America's Adversaries Through Sanctions Act) a été adoptée en 2017 par le Congrès américain et promulguée par le président Donald Trump. Ce projet de loi était la réponse des États-Unis à l'implication de la Fédération de Russie dans les guerres en Ukraine et en Syrie et à son ingérence présumée dans l'élection présidentielle de 2016. En effet, elle a étendu les sanctions existantes et les a inscrites dans la loi.

La liste noire américaine comprenait à l'origine 39 agences de défense et de renseignement. Les listes de sanctions ont été élargies à plusieurs reprises.

En janvier 2018, un rapport du Kremlin a été publié. La liste comprenait 210 personnes proches des dirigeants russes, selon le gouvernement américain. Parmi eux figuraient l'ensemble du gouvernement russe, des fonctionnaires de haut niveau, des représentants d'organisations étatiques, ainsi que des oligarques russes disposant d'une fortune de plus d'un milliard de dollars.

Le rapport du Kremlin n'a pas été réellement sanctionné. Le document implique que les individus en question pourraient être soumis à d'autres restrictions, telles que le gel de leurs avoirs, l'interdiction d'entrer aux États-Unis, etc. Cependant, certains membres de la liste étaient toujours soumis à des sanctions. Ce sont, pour n'en citer que quelques-uns: Vladimir Bogdanov, Nikolai Patrushev, Evgeny Shkolov, Vladimir Kolokoltsev, Kirill Shamalov et d'autres.

Conflit d'intérêts

La CAATSA ne s'applique pas seulement aux pays susmentionnés. L'Amérique est prête à sanctionner toute personne qui conclut des accords d'armement militaire avec la Russie.

La Chine est devenue le premier pays à être sanctionné par l'Amérique pour avoir collaboré avec la Russie. Ainsi, en 2018, le département d'État américain a gelé tous les actifs du département de l'armement du Conseil militaire central de la RPC et de son chef Li Shanfu, qui sont sous la juridiction des États-Unis. Cette décision était due au fait que l'establishment de la défense chinoise avait acheté des avions de combat Su-35 et des systèmes de missiles sol-air (SAM) S-400 à la Russie.

En 2019, la Turquie s'est retrouvée dans une situation similaire. Puis le président américain Donald Trump a annoncé le refus de l'État de fournir et de coproduire les avions de combat F-35. À cette époque, la Turquie achetait également des SAM S-400 à la Russie.

L'Inde pourrait également être affectée par le régime de sanctions américaines. En 2018, la partie américaine avait déjà envoyé un avertissement au pays concernant l'imposition éventuelle de restrictions en raison de son achat de SAM à la Russie et de pétrole à l'Iran. Cependant, les sanctions n'ont jamais été imposées à ce moment-là. En mars 2022, un nouveau conflit a éclaté entre les États-Unis et l'Inde. Le désaccord concerne des points de vue différents sur une opération militaire spéciale en Ukraine. L'Amérique tente de convaincre l'Inde de prendre son parti sur la question.

Le gouvernement indien, pour sa part, note qu'en raison des nouvelles sanctions imposées aux banques russes, le processus d'achat d'armes en Russie est devenu beaucoup plus difficile. Le gouvernement a également dû annuler des commandes de MiG-29, d'hélicoptères et d'armes antichars. Le ministre de la défense du pays, Rajnath Singh, qualifie la Russie d'"allié naturel" et parle de relations avec la Russie comme étant "très stables". "L'Inde sera également très attentive à ce que les intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis ne soient pas endommagés à cause de nos relations avec un autre pays du monde", a déclaré le ministre.

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Principales dispositions de la CAATSA

Les sanctions américaines peuvent être divisées en sanctions de blocage et en sanctions sectorielles. Les restrictions de blocage font référence à l'interdiction d'utiliser les actifs des personnes et des entreprises. Les personnes ne peuvent pas entrer aux États-Unis ou peuvent être expulsées du pays. Les gouvernements ne peuvent pas acheter de biens et de services à des personnes sanctionnées; il existe également une interdiction de délivrer des licences pour transférer des biens à double usage à des personnes sanctionnées et une interdiction des transactions bancaires avec les actifs des personnes sanctionnées. Les sanctions sectorielles comprennent les activités dans le secteur de l'énergie, le marché des services financiers et l'industrie de la défense.

Les États-Unis imposent également des restrictions sur la distribution, l'acquisition et l'utilisation de certains produits contre la Russie. Par exemple, des sanctions peuvent être imposées sur des produits destinés à des fins militaires et des produits de haute technologie qui pourraient renforcer les capacités militaires de la Fédération de Russie. Les produits liés à la production de pétrole et de gaz sont également sous le contrôle du gouvernement américain. Tous les biens qui tombent sous le contrôle des exportations américaines - en ce qui concerne les exportations vers le territoire de la péninsule de Crimée et/ou les exportations vers des individus dont les actions vont à l'encontre de la sécurité nationale et des intérêts de la politique étrangère des États-Unis - sont soumis à des sanctions.

L'opération militaire spéciale en Ukraine a contribué à une augmentation des paquets de sanctions américaines. Par exemple, la CAATSA a mis sur liste noire quatre banques russes, VTB, FC Otkritie, Sovcombank et Novikombank, entraînant un gel de leurs avoirs. Le département américain a également ajouté 20 succursales de la VTB à cette liste. Toutes ces banques opèrent en Russie, mais les utilisateurs ont eu quelques difficultés avec les transactions en dollars et en euros, ainsi qu'avec les paiements via Google et Apple pay.

Des sanctions dévorantes

En plus de la loi fédérale CAATSA, les États-Unis disposent d'autres moyens pour surveiller la sécurité nationale du pays.

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L'un de ces organismes est l'Office of Foreign Assets Control (OFAC). Cette division du département du Trésor américain s'occupe du renseignement financier ainsi que de la planification et de la mise en œuvre des sanctions économiques et commerciales pour soutenir les objectifs de sécurité nationale et de politique étrangère des États-Unis. L'agence a le pouvoir d'imposer des amendes pour non-conformité, de geler les actifs et d'interdire les activités de certains individus ou de certaines entités aux États-Unis. L'OFAC publie une liste de ressortissants spécialement désignés (SDN). Cette liste identifie les personnes, entités ou navires sanctionnés avec lesquels les citoyens et résidents permanents américains ne peuvent pas faire d'affaires. L'OFAC compile également une liste d'identification des sanctions sectorielles (SSI). Il s'agit de personnes travaillant dans des secteurs de l'économie russe identifiés par le Secrétaire au Trésor en vertu d'un ordre exécutif. Les directives contenues dans la liste décrivent les interdictions de communication avec les personnes désignées. Il est important de noter que le SSI ne fait pas partie du RDS. Toutefois, les personnes et les entreprises figurant sur la liste peuvent également apparaître sur le RDS.

Pour la commodité des utilisateurs, l'OFAC a créé un site Web qui permet aux utilisateurs de suivre toutes les listes de sanctions détenues par l'organisation. Un registre des personnes étrangères échappant aux sanctions peut également être consulté ici.

1er mai 2022

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Soulèvement des généraux italiens: "Ce n'est pas notre guerre, arrêtons de suivre les États-Unis!"

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Soulèvement des généraux italiens: "Ce n'est pas notre guerre, arrêtons de suivre les États-Unis!"

Source: https://unser-mitteleuropa.com/aufstand-italienischer-generaele-das-ist-nicht-unser-krieg-stoppen-wir-die-usa/

Le général Leonardo Tricarico (photo, ci-dessus), ancien chef d'état-major de l'armée de l'air italienne et actuel président de la fondation ICSA, a déclaré à propos du conflit en Ukraine:

"La neutralité ? Je suis tout à fait d'accord avec cela. Et je pense qu'avant de mettre à exécution les menaces d'extension du conflit à l'OTAN de part et d'autre, nous devons faire en sorte que ce conflit se termine. Et de ce point de vue, je ne vois personne qui s'engage, au contraire, je vois toute une série de pyromanes qui font exactement le contraire".

Il a ajouté :

"Tout d'abord, notre pays devrait tout faire, et je ne vois pas qu'il le fait, pour que le conflit puisse se terminer. Quand je dis "tout faire", je veux dire que nous devons nous mettre d'accord avec d'autres pays européens, notamment la France et l'Allemagne, sur une position commune vis-à-vis des pays belligérants menés par les États-Unis, pour qu'ils cessent leurs manoeuvres, pour qu'ils favorisent un cessez-le-feu et des négociations, même au risque de perturber nos relations avec les États-Unis".

En accord avec Alessandro Orsini, directeur de l'Observatoire de la sécurité internationale de l'Université de Luiss :

"Et si l'article 5 du traité de l'Atlantique est déclenché, selon lequel la solidarité atlantique est activée, il sera alors possible de discuter du maintien des concepts fondateurs de l'OTAN, qui prévoient en tout le volontariat, et à ce moment-là, l'Italie pourra dire si elle veut se positionner en soutien ou rester à la fenêtre". - a conclu Tricarico - et elle pourra le faire après un large débat au niveau de l'opinion publique et institutionnelle. Ce n'est pas une décision simple que l'on prend instinctivement.

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"C'est un conflit dont nous devons essayer de nous tenir à l'écart le plus longtemps possible", a déclaré Marco Bertolini, lieutenant général de l'armée italienne à la retraite et désormais à la tête du département de défense de Fratelli d'Italia:

"La guerre a commencé avec l'intervention de la Russie, qui ne fait pas partie de l'OTAN, en Ukraine, qui ne fait pas davantage partie de l'OTAN: c'est un affrontement entre deux pays européens qui n'ont rien à voir avec l'OTAN et rien à voir avec l'Italie. Je ne pense pas que nous puissions discuter de neutralité ou d'autre chose".

Orsini avait déclaré que l'Italie devrait rester neutre si la Russie attaquait un pays de l'OTAN:

"Si un pays membre de l'OTAN est concerné, il ne fait aucun doute que l'article 5, qui prévoit l'intervention de l'Alliance atlantique, doit être appliqué", avait répondu Bertolini.

"Mais", a ajouté le lieutenant-général iR, "jusqu'à présent, la Russie n'a pas frappé un pays de l'OTAN, puisque l'Ukraine n'est pas membre de l'Alliance, et même l'évocation d'une telle possibilité ne fait qu'envenimer les esprits et réduire les possibilités de réconciliation, que je considère comme indispensables. Je répète : "indispensables".

Quant à la question de savoir si la guerre menée ces derniers mois est une guerre juste ou injuste, le raisonnement de Bertolini est indiscutable :

"Dans le milieu catholique, il y a toujours eu un débat pour savoir si une guerre est juste ou non. Beaucoup de théologiens en ont discuté, Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin, et ont dit quels étaient les critères d'une guerre juste ou injuste. - se souvient le lieutenant-général qui commandait les forces spéciales. - Je pense que pour qu'une guerre soit considérée comme juste, elle doit avant tout être "notre" guerre. Et celle-ci ne l'est pas".

Source : VoxNews

La Pologne est déjà en guerre. Elle vise à annexer Lviv

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La Pologne est déjà en guerre. Elle vise à annexer Lviv

Maurizio Blondet

Source: https://www.maurizioblondet.it/polonia-gia-in-guerra-mira-ad-annettersi-leopoli/

"La Pologne a livré 200 chars T-72 à l'Ukraine pour l'équipement de deux brigades blindées". Polskie Radio rapporte.

Le gouvernement polonais vient de promulguer une loi "pour la défense de la patrie", entrée en vigueur le 23 avril de cette année, qui rétablit le service militaire obligatoire pour tous, y compris les femmes. En fait, il est écrit :

Art. 5. 1. les citoyens polonais sont tenus d'effectuer un service militaire dans le cadre spécifié par cette loi à partir du jour où ils ont 18 ans jusqu'à la fin de l'année civile au cours de laquelle ils ont 55 ans, et ceux ayant le grade de sous-officier ou d'officier - 63 ans.

    - L'obligation d'effectuer le service militaire ne s'applique pas aux personnes visées au paragraphe 1 qui ont été déclarées définitivement inaptes à ce service en raison de leur état de santé.

    - L'obligation d'effectuer le service militaire ne s'applique pas aux femmes enceintes et aux femmes dans la période de 6 mois après l'accouchement."

Le premier ministre, le banquier Mateusz Morawiecki, ancien président du groupe bancaire Santander, qui a été hissé au pouvoir (comme Draghi) sans même être membre du parti PiS au pouvoir, a mis en place une censure paramilitaire contre toutes les voix dissidentes, avec des perquisitions de contre-espionnage et des intimidations sans précédent. Les Polonais à la tête froide sont réduits au silence.  Le gouvernement a également tenu ses citoyens dans l'ignorance du traité d'alliance qu'il a signé avec la Grande-Bretagne et le régime de Kiev. On en sait encore moins sur les termes et les motivations de cette alliance tripartite, qui s'est probablement formée dès 2014, après le coup d'État à Kiev.

Entre-temps, la planification d'un vaste "exercice" polonais en mai semble avoir été confirmée.

Tous ces éléments confirment la récente déclaration du chef du Service de renseignement extérieur (SVR), Naryshkin :

"Washington et Varsovie travaillent sur des plans visant à établir un contrôle militaire et politique étroit de la Pologne sur ses possessions historiques en Ukraine". Par possessions historiques polonaises, on entend essentiellement la ville de Lviv et sa région environnante, sur laquelle la Pologne a régné plusieurs fois dans le passé, la dernière fois entre les deux guerres mondiales".

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Le SVR a donné quelques détails sur le complot que les Américains auraient conçu avec Varsovie: "Les États-Unis ont un plan avec la Pologne selon lequel les forces polonaises de 'maintien de la paix', initialement sans mandat de l'OTAN, entreraient dans des parties de l'Ukraine occidentale où les chances d'un affrontement avec les forces russes sont faibles".

La Russie signale depuis plusieurs jours que le conflit pourrait se terminer par une partition forcée de l'Ukraine.

Le régime polonais a démenti: "Désinformation diffusée par Moscou. Les mensonges sur les prétendus plans de la Pologne pour attaquer l'Ukraine occidentale se répètent depuis plusieurs années", a déclaré Stanislaw Zaryn, porte-parole du coordinateur des services spéciaux polonais.

Les objectifs nostalgiques de la Pologne ultra-nationaliste de Lviv sont également bien connus. Le démenti du complot est d'autant plus nécessaire que si Varsovie a effectivement obtenu la permission de Washington de l'annexer, cela donne paradoxalement raison à la Russie: l'Ukraine serait alors une pure expression géographique dont les frontières ne sont pas intangibles et sacrées, mais sujettes à changement et à partition.  La libération par les Russes du Donbass et de Lugansk, où vivent des millions de russophones, est donc parfaitement justifiée.

Dans une implication de plus en plus directe et ostensible de Londres dans l'escalade de la guerre, voici la nouvelle que 8000 soldats britanniques seront envoyés en Europe de l'Est pour participer à des exercices militaires destinés à combattre l'agression russe.

Le déploiement - qui est l'un des plus importants depuis la guerre froide - verra des troupes placées dans des pays allant de la Finlande à la Macédoine du Nord, et bien sûr, en Pologne.

Des dizaines de chars et plus de 100 véhicules de combat blindés seront envoyés sur place cet été, selon des plans qui ont été renforcés depuis le début de la guerre en Ukraine."

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Pour plus d'exhaustivité et de lucidité, lisez l'article de Buffagni :

Comment se déroulera la phase 3 des hostilités en Ukraine?

par Roberto Buffagni

Compte tenu du succès probable de la prochaine offensive russe et de la neutralisation consécutive des forces armées ukrainiennes, les Britanniques, qui jouent un rôle de premier plan dans la gestion des hostilités, préparent la phase trois de la guerre : une fois les Ukrainiens hors jeu, laissons les Polonais et les Baltes entrer en campagne.

La phase trois de la guerre en Ukraine entre la Russie, les États-Unis et l'OTAN se déroulerait comme suit.

    - L'offensive suivante, dans laquelle la Russie utilise sa puissance de feu supérieure, neutralise le gros des forces armées ukrainiennes désormais fortifiées dans le Donbass. L'Ukraine n'est plus en mesure de résister efficacement. Fin de la deuxième phase des hostilités.

    - Début de la phase 3. À la demande du gouvernement ukrainien (peut-être un réfugié en exil) aux gouvernements polonais et baltes pour une aide militaire, des troupes régulières polonaises et baltes et un contingent de faux et vrais mercenaires entrent en Ukraine. Les vrais mercenaires sont fournis par des sociétés qui fournissent des ce type de combattants. Les faux mercenaires sont des soldats des pays de l'OTAN qui démissionnent de leurs propres armées afin de ne pas impliquer légalement leurs pays en tant que belligérants, et partent au combat sans insigne. Un contingent est déjà rassemblé en Pologne, qui, d'après ce que j'ai compris, compte déjà environ 120.000 hommes. Une aide financière et matérielle substantielle afflue en Pologne en provenance des États-Unis et de l'OTAN.

    - Le contingent polono-balte combat les Russes en Ukraine. Les Russes peuvent riposter sur le territoire ukrainien, mais ils ne peuvent pas frapper les centres de commandement et de logistique du contingent, qui sont situés en Pologne et dans les pays baltes, afin de ne pas entrer dans un conflit direct avec l'OTAN.

    - Les hostilités en Ukraine entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie, opposant les forces polonaises et baltes aux armées russes, deviendraient ainsi interminables, car l'afflux de troupes en Ukraine pourrait se poursuivre pendant des années, et la Russie ne pourrait pas frapper à la source sans entrer en conflit direct avec l'OTAN dans son ensemble.

    - L'objectif de la phase trois des hostilités serait le suivant: ouvrir une plaie permanente dans le flanc de la Russie + l'isoler politiquement + l'épuiser économiquement avec le coût des hostilités ajouté aux sanctions. En bref: saigner à blanc la Russie en vue de sa désintégration politique.

La Chine et l'ancrage post-léniniste

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La Chine et l'ancrage post-léniniste

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/04/25/kiina-ja-leninismin-ja...

Le livre de Dimitar D. Gueorguiev, Retrofitting Leninism : Participation Without Democracy in China (Oxford University Press, 2021) explique comment, en Chine, le gouvernement ouvert et les technologies modernes de l'information se combinent pour maintenir un système contrôlé mais socialement réactif.

La République populaire de Chine est une exception notable parmi les régimes autoritaires. Alors que les systèmes fermés échouent souvent et finissent par s'effondrer à mesure qu'ils se réforment et s'ouvrent, le Parti communiste a réussi son développement, tout en conservant le respect de la majorité du peuple.

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Gueorguiev, professeur associé de sciences politiques à l'université de Syracuse aux Etats-Unis et chercheur du Wilson Center sur la Chine, propose dans son livre une explication fondée sur des données empiriques. Il affirme que la clé de la capacité du parti communiste à se maintenir au pouvoir réside dans sa capacité à combiner le contrôle autoritaire avec l'inclusion sociale - un processus facilité par la technologie moderne des télécommunications.

En s'appuyant sur des données statistiques, des rapports médiatiques et des sondages d'opinion originaux, Gueorguiev a examiné comment l'opinion publique influence le contrôle politique et l'élaboration des politiques. Dans son livre, il analyse la représentation et la coordination ascendantes dans les législatures locales de Chine.

L'ombre de l'idéologue communiste révolutionnaire Vladimir Lénine se profile à l'arrière-plan. Les régimes léninistes qui ont émergé au début du 20e siècle ont mis en avant un intérêt pour la participation de la base. Le désir d'exploiter la contribution des citoyens au contrôle et à la planification bureaucratiques était un pilier fondamental de la pensée marxiste-léniniste et le cœur de la philosophie politique maoïste.

À cet égard, la technologie moderne offre des avantages considérables pour que l'administration reste à jour et prenne le pouls du pays. En effet, Gueorguiev soutient que l'intérêt du parti communiste pour la gouvernance participative reflète une tentative d'actualiser les mécanismes de la gouvernance léniniste, un processus que l'auteur appelle "retrofitting" dans le titre de son livre.

Lénine s'opposait au multipartisme démocratique, qu'il considérait comme un "pas en arrière" sur la voie de la révolution. De plus, l'avantage du régime chinois, effectivement à parti unique, est "la capacité de réfléchir au passé et au présent, et de planifier à long terme sans avoir à tenir compte des transitions politiques ou idéologiques de routine".

Gueorguiev affirme également que le parti communiste considère souvent son passé et son avenir à travers un "prisme d'incertitude politique", en raison de l'expérience de la révolution culturelle (1966-1974) et, dans une moindre mesure, de la première décennie d'ouverture et de réforme (1979-1989).

Pendant la Révolution culturelle, la société civile a été ébranlée par le culte de la personnalité et la ferveur idéologique, qui ont amené le système au bord de l'effondrement total. Dans la Chine contemporaine, les succès et les échecs de l'ère Mao font déjà l'objet d'une évaluation critique.

À la fin des années 1980, la décentralisation et la privatisation ont sapé les plates-formes juridiques et de protection sociale des citoyens ordinaires, créant une pression ascendante et un besoin pour le régime de répondre aux griefs signalés.

Le gouvernement chinois actuel veut éviter la répétition de ces deux erreurs. Les citoyens peuvent déposer des plaintes, des pétitions, fournir des tuyaux sur la corruption et commenter la législation en cours via Internet. M. Gueorguiev estime que les canaux en ligne aideront le régime à affiner ses politiques et à accroître sa légitimité.

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Avant tout, le parti communiste chinois est capable de contenir et d'exploiter les tensions sociales par le biais d'une participation non politique et de la technologie. Au cours de l'épidémie du coronavirus de ces dernières années, le régime de Xi Jinping a également cherché à démontrer son efficacité face au défi sanitaire en appliquant une "stratégie corona zéro", assortie de confinements stricts.

L'exemple le plus significatif de la révolution technologique dans la gouvernance chinoise est sans doute le nouveau système de notation du crédit social, qui a fait sensation en Occident et qui, selon Gueorguiev, est "une excroissance de la vision léniniste séculaire du contrôle informé".

Le système de notation de crédit est destiné à aider le gouvernement à surmonter les faiblesses systémiques dans un certain nombre de domaines, notamment un système bancaire d'État hypertrophié et obsolète et une infrastructure de protection des consommateurs sérieusement défectueuse.

Les droits des citoyens et le statut social ne sont pas affectés de la même manière que ce qui est souvent sensationnalisé en Occident. Les autorités chinoises ont déclaré, lors de la phase pilote du projet, que le système de notation ne pouvait pas être utilisé pour punir les citoyens, mais que cela se ferait dans le cadre de la législation existante.

Les innovations numériques en matière de gestion de l'information peuvent encourager les dirigeants à envisager une répression ciblée comme alternative aux dépenses sociales à grande échelle. Cela est sans doute attrayant d'un point de vue autoritaire, mais s'il est mal utilisé, il pourrait saper l'autorité des personnes au pouvoir. À cet égard, la numérisation du contrôle de l'information offre des possibilités de contrôle accru, mais aussi des risques.

Une façon de se prémunir contre cette éventualité est de fixer des objectifs audacieux, tels que le plan annoncé par le Parti communiste pour éradiquer la pauvreté, développer les systèmes publics de soins de santé et de retraite, et passer très rapidement des combustibles fossiles aux énergies renouvelables.

Certains de ces objectifs ont déjà été atteints. La Chine est sortie des rangs des pays les plus pauvres et les moins développés du monde pour devenir un rival économique des États-Unis. Dans toute la Chine, les industries et les communautés se modernisent à un rythme sans précédent et les investissements ont augmenté, si bien que les économies de certaines villes chinoises rivalisent déjà avec celles de nombreux petits et même moyens pays.

Bien que l'on ne sache toujours pas si la Chine s'oriente de plus en plus vers une technocratie très au point, une idéologie mixte confucéenne-communiste, ou les deux, il est clair que ceux qui ont interprété les réformes participatives de la Chine comme menant à une "démocratisation" de style occidental ont été cruellement déçus.

En effet, tout au long du livre, Gueorguiev souligne que la participation publique en Chine maintient et affine le contrôle politique. La logique organisationnelle qui sous-tend la participation de masse dans la République populaire de Chine contemporaine assure également le cloisonnement des masses, la démobilisation politique et, plus largement, le contrôle du parti.

Dans la mesure où la complémentarité de la participation et du contrôle améliore encore la gouvernance, elle renforce la sécurité du régime au pouvoir. En effet, la Chine semble aujourd'hui plus éloignée de la démocratie qu'elle ne l'était il y a vingt, trente ou même quarante ans. Ainsi, l'idée que la Chine, en se modernisant, deviendra une démocratie libérale aux caractéristiques chinoises a peu de chances de se concrétiser.

S'il est facile de critiquer la techno-société autoritaire de la Chine, il ne faut pas ignorer la possibilité qu'un État de surveillance chinois favorise une meilleure gouvernance, le respect des règles et une société plus organisée en général. Il s'agit, en fait, d'un objectif déclaré du régime chinois, qui a également été implicitement accepté par ses citoyens.

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Avec l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la Chine est devenue le régime socialiste le plus important dans un monde dominé par les démocraties occidentales. Il est compréhensible que dans les pays en développement, par exemple, il existe un intérêt pour une alternative aux modèles de gouvernance occidentaux. Pékin affirme toutefois que sa révolution nationale n'est pas un produit d'exportation au même titre que la "démocratie" américaine.

La modernisation et le développement technologique de la Chine ont contribué à améliorer le régime autoritaire, rapprochant la République populaire de Chine de la vision technocratique de ses origines léninistes et d'une "dictature du prolétariat" actualisée. M. Gueorguiev estime que le "modèle chinois" est susceptible de susciter l'intérêt d'autres États axés sur le contrôle.

L'exemple chinois sert de contrepoids puissant à l'argument selon lequel l'intervention de l'État et la modernisation économique sont incompatibles. De même, pour ceux qui s'inquiètent de la montée du populisme démocratique, l'approche technocratique de la Chine est naturellement attrayante.

À ce stade, il convient toutefois de souligner que la technocratie de l'Occident, un système dirigé par de riches oligarques, n'est pas une imitation du "socialisme" chinois, mais le même capitalisme d'exploitation transnational avec un vernis technologique. En Occident, l'intérêt se limite aux diverses possibilités de la numérisation, et non au "socialisme avec des caractéristiques nationales".

L'étude de Gueorguiev sur "l'autoritarisme participatif" de la Chine montre comment le modèle léniniste est mis en pratique dans la Chine contemporaine, en utilisant la haute technologie et l'activation des citoyens. En même temps, il offre un regard intéressant sur la gouvernance chinoise et les perspectives d'avenir.

J'ai été amené à m'interroger sur l'impact de la technocratie sur la politique. De telles évolutions, avec leurs technologies d'IA et leurs algorithmes - "l'automatisation réussie du léninisme" mentionnée par Gueorguiev - pourraient-elles un jour rendre les partis politiques et les idéologies sans intérêt, tout comme l'automatisation et la robotique rendent superflus un grand nombre de travailleurs ?

lundi, 02 mai 2022

Qui sont les responsables du nouveau "Ministère de la Vérité" américain (Qui l'aurait cru?)?

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Qui sont les responsables du nouveau "Ministère de la Vérité" américain (Qui l'aurait cru?)?

Maurizio Blondet

Source: https://www.maurizioblondet.it/sono-j-i-capi-del-nuovo-ministero-della-verita-americano-chi-lavrebbe-detto/

Immédiatement après l'achat de Twitter par Elon Musk, qui l'a ouvert à la liberté et au pluralisme d'opinion extrêmement dangereux, il y a eu un tollé dans l'État profond et dans la clique démocratique américaine :

Hillary Clinton a demandé aux Européens d'intervenir pour maintenir cette censure, Barack Obama a appelé à une réglementation américaine, et l'administration Biden a créé un nouveau comité pour la gouvernance de la mise en place urgente, au Département de la Sécurité intérieure (le Département de l'Intérieur, DHS, qui n'existait pas aux Etats-Unis : il a été créé par Bush jr après le 11 septembre) d'une unité anti-"désinformation" c'est-à-dire d'une organisation policière répressive. Cette unité "anti-désinformation" a été définie, à juste titre, par le présentateur Tucker Carlson comme le "ministère de la Vérité" d'Orwell, doté de pouvoirs de censure policière sur les informations concernant le COVID-19 et la Russie et l'Ukraine, ainsi que sur les horreurs découvertes sur l'ordinateur portable de Hunter Biden. Ce ministère de la Vérité sera également utilisé pour couvrir la corruption de la famille Biden en Ukraine et en Chine, en dissimulant une piste de preuves remontant à l'époque où Joe Biden était vice-président. Avec cette mesure de censure et de contrôle de la pensée, le DHS va se transformer en mafia personnelle de la famille Biden.

Selon Natural News, en fait,

"Avec la formation du "conseil de gouvernance de la désinformation", le DHS devient la mafia personnelle de la famille Biden.

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Le chef du DHS, Alejandro Mayorkas, un cubain de confession mosaïque, a mis au point un "conseil de gouvernance de la désinformation" qui ciblera et éliminera toute information compromettante que le gouvernement fédéral ne veut pas que le public sache. Ce "comité anti-désinformation" imposera au public l'obéissance aux protocoles oppressifs du coronavirus de Wuhan (COVID-19) et fera disparaître toute preuve de fraude électorale. L'agence s'occupera de la "désinformation relative à la sécurité intérieure, en se concentrant en particulier sur la Russie".

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La directrice exécutive de cette nouvelle entreprise orwellienne s'appelle Nina Jankowicz (photo). Descendante de résidents du ghetto de Varsovie, elle est une ancienne consultante du ministère ukrainien des Affaires étrangères et un ancien membre du service de désinformation du Wilson Center. Elle a supervisé les questions liées au groupe de pression du National Democratic Institute.  Jankowicz sera chargé de peaufiner les récits officiels de l'administration et de cibler toute opposition à ces récits.

Mme J est connue pour avoir rejeté les révélations répugnantes découvertes sur l'ordinateur portable de Hunter Biden en les qualifiant de "désinformation", d'"opération de contrefaçon russe", même si les preuves de la pertinence criminelle de l'ordinateur portable sont maintenant dans le domaine public .  C'est la même dame qui a déclaré que l'idée de la liberté d'expression "me donne des frissons"... Elle a également affirmé que la question était un "produit de la campagne Trump" qui conduirait les électeurs de Trump à se présenter aux bureaux de vote armés et prêts à intimider les électeurs.

Elle a tweeté : "Honoré de servir dans l'administration Biden @DHSgov et d'avoir contribué à façonner nos efforts de contre-désinformation. - Nina Jankowicz (@wiczipedia) 27 avril 2022.

Le régime de Biden cherche à mettre fin à la dissidence alors qu'Elon Musk promet la liberté d'expression sur Twitter

Nina Jankowicz est très préoccupée par le fait que le régime actuel et son réseau de propagande perdent une partie de leur influence sur les plateformes de médias sociaux, en particulier Twitter. Elon Musk, en rachetant Twitter, a promis de rétablir la liberté d'expression légitime sur la plateforme. Jankowicz a précédemment qualifié Musk d'"agresseur en ligne" et a appelé à davantage de censure sur les personnes comme lui.

"Je frémis à l'idée que si les absolutistes de la liberté d'expression prenaient le contrôle d'un plus grand nombre de plates-formes ...". ", a déclaré Jankowicz.

Mais avec Musk à la tête de Twitter, les conservateurs pourraient bientôt avoir un terrain de jeu égal pour débattre des questions sur la place publique numérique. D'innombrables comptes conservateurs pourraient être restaurés lors de la réouverture de Twitter, permettant aux gens de discuter de diverses questions importantes. Sous la direction de Musk, les listes noires et les algorithmes de censure pourraient être révélés. Les communications internes de Twitter pourraient être exposées, révélant le contrôle du gouvernement et des intérêts spéciaux sur le flux d'informations. Le rétablissement de la liberté d'expression sur Twitter pourrait mettre la pression sur Facebook, Google et d'autres plateformes pour qu'ils mettent fin à leurs efforts d'ingérence électorale. En attendant, attendez-vous à ce que le régime actuel redouble de censure alors qu'il impose désespérément ses récits tordus au peuple américain.

La maîtresse de la parole chargée du tout nouveau ministère de la Vérité a un côté comico-démoniaque (psychiatrique) qui semble typique de l'administration, entre le président Biden en pleine démence et la vice-présidente Kamala Harris qui fulmine en public sur "l'espace qui nous enferme tous et nous fait poser des questions importantes" qu'elle manifeste en postant des chansonnettes sur TikTok en se surnommant "la Mary Poppins de la désinformation".

L'année dernière, Jankowicz a témoigné devant la Chambre des députés britannique que la "désinformation sur le genre" est une "peur de la sécurité nationale" et une menace pour la démocratie qui nécessite la censure du gouvernement.

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Les dangers d'une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie

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Les dangers d'une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/04/28/yhdysvaltojen-ja-venajan-sijaissodan-vaarat/

À stade où nous en sommes, il est probablement clair pour beaucoup d'observateurs que les États-Unis et la Russie mènent une guerre par procuration en Ukraine, tout comme ils l'ont fait en Syrie. C'est une façon de faire le tri dans les relations enflammées et les futures politiques de pouvoir dans le nouvel ordre post-libéral.

Alors que tout ceci n'est peut-être rien de plus qu'un sinistre théâtre du capitalisme destructeur scénarisé par les banquiers centraux, sans aucun égard pour les dommages collatéraux et les vies humaines, un autre point de vue est soulevé par les analystes classiques qui appellent à une "gouvernance responsable".

"Des déclarations récentes suggèrent que l'administration Biden est de plus en plus déterminée à utiliser le conflit en Ukraine pour mener une guerre contre la Russie visant à affaiblir, voire à détruire l'État russe", écrit l'analyste et historien britannique Anatol Lieven.

L'administration "kaganiste" de Biden semble prête à adopter une stratégie que les administrations américaines de la guerre froide se sont efforcées d'éviter. Le soutien à la guerre en Europe pourrait dégénérer en une confrontation militaire directe entre la Russie et l'OTAN.

Lieven estime que si l'affaire ukrainienne suscite bel et bien un sentiment anti-guerre critique chez les Russes, "la guerre contre les tentatives américaines d'endommager et d'assujettir la Russie séduira beaucoup plus fortement le public".

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Lors de sa visite à Kiev, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a ouvertement déclaré que les États-Unis souhaitaient voir "la Russie affaiblie au point qu'elle ne puisse plus faire les choses qu'elle a faites en Ukraine".

Le même jour, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré à la télévision russe qu'en fournissant des armes lourdes à l'Ukraine, l'OTAN est déjà "fondamentalement" engagée dans une guerre par procuration contre la Russie.

Beaucoup ont comparé la situation à la crise des missiles cubains. Selon Lieven, "les gens ont oublié à quel point nous sommes passés près de la destruction nucléaire à l'automne 1962". On dit qu'"à un moment donné, le sort du monde a dépendu de la sagesse et de la prudence d'un seul officier de la marine soviétique, Vasily Arhipov, à bord d'un sous-marin nucléaire".

Affaiblir la Russie n'est pas "nécessaire", sauf pour renforcer la propre position des États-Unis. Selon Lieven, "rien n'indique que la Russie veuille ou même puisse attaquer d'autres pays". Selon lui, l'armée russe n'est pas en état d'attaquer les pays de l'OTAN.

Quant à la Géorgie, la Moldavie et le Belarus, la Russie dispose déjà des "positions nécessaires" dans ces pays. Mais lorsqu'il s'agit de combattre les mouvements extrémistes islamistes en Asie centrale et ailleurs, "les intérêts de la Russie et de l'Occident sont en fait alignés", convient Lieven.

Les États-Unis semblent toujours croire que l'Ukraine peut miraculeusement "gagner" la guerre contre la Russie avec le bon équipement et le soutien occidental. Dans ce contexte, Lieven se demande ce que signifie réellement cette "victoire".

L'Ukraine ne peut pas facilement reconquérir tout le territoire qu'elle a perdu au profit de la Russie et des séparatistes pro-russes du Donbass depuis 2014, même avec l'aide de l'Occident. Cela ne serait qu'une "recette pour une guerre continue et des pertes et souffrances massives pour les Ukrainiens".

Même après l'administration de Poutine, aucun futur gouvernement russe ne pourrait accepter d'abandonner, par exemple, la Crimée, que la plupart des Russes considèrent comme un "territoire national" de la fédération. Ainsi, la seule façon de "gagner" le conflit actuel du point de vue des Américains et des Ukrainiens serait de détruire l'État russe.

L'effondrement de la Russie est prédit depuis des décennies, mais le conflit en Ukraine et la politique de sanctions ont peu de chances de le provoquer. Il convient également de rappeler que si la Chine a jusqu'à présent été réticente à soutenir la Russie en Ukraine, Pékin ne peut tolérer une stratégie américaine consistant à renverser le régime russe pour ensuite isoler la Chine.

Un état de guerre ne peut se terminer que par la défaite d'une des parties ou par une paix négociée. Si Moscou propose un cessez-le-feu comme base des pourparlers de paix après la libération du Donbass, les Occidentaux seront confrontés à un choix : accepteront-ils cette proposition ou continueront-ils à inciter l'Ukraine à riposter et à l'armer?

Lieven se demande à juste titre "combien de temps la Russie accepterait une telle stratégie occidentale avant de décider d'envenimer la situation et d'essayer d'intimider les Européens en particulier pour qu'ils se détachent de l'Amérique et recherchent un accord de paix".

Compte tenu de la dégradation de la situation économique, qui ne fera qu'accroître la polarisation entre les citoyens et les détenteurs du pouvoir, dans quelle mesure l'"unité de l'Occident", telle que vantée dans les médias, sera-t-elle maintenue dans ces circonstances? Par exemple, l'impopulaire président français Macron, qui s'est vu accorder un délai supplémentaire, devrait remercier sa bonne étoile d'avoir été bombardé de tomates il y a quelques jours seulement.

Les pays les plus arrogants de l'UE seront sans doute encore durement touchés. Les robinets de gaz russe ont maintenant été fermés à la Pologne et à la Bulgarie. Pendant ce temps, de nombreuses entreprises européennes et même certains pays commercent en roubles avec la Russie. À cet égard, le front commun États-Unis-UE a déjà commencé à se fissurer, bien que l'Occident puisse avoir d'autres plans pour affaiblir l'économie russe.

Lieven compare comment "pendant la guerre froide, aucun président américain n'a oublié que Washington et Moscou avaient la capacité de détruire la civilisation et de mettre fin à l'existence de l'humanité". La dissuasion nucléaire était suffisante pour maintenir l'équilibre dans un environnement autrement instable.

Les dirigeants d'aujourd'hui devraient également se rappeler que "lorsque les deux parties se sont engagées dans des guerres par procuration en dehors de l'Europe, les conséquences ont été désastreuses pour elles-mêmes et encore plus pour les peuples qui sont devenus les pions de ces superpuissances". Lieven demande : "N'avons-nous vraiment rien appris de l'histoire ?"

Vers une finlandisation de l'Ukraine?

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Vers une finlandisation de l'Ukraine?

Erich Körner-Lakatos

Source: https://zurzeit.at/index.php/kommt-es-zur-finnlandisierung-der-ukraine/

Neutralité et renonciation à l'adhésion à l'OTAN : une alternative envisageable

Au vu de la situation en Ukraine, il est question ces derniers jours que le pays situé sur les rives du Dniepr pourrait à l'avenir renoncer à adhérer à l'OTAN et devenir un Etat durablement neutre. Des signes en ce sens sont même apparus dans la bouche du président Volodymyr Selenski (soit dit en passant, le prénom Volodymyr correspond à Vladimir; Zelenski et son adversaire Poutine partagent donc au moins le même prénom). Avant cela, Emmanuel Macron avait déjà évoqué le terme de finlandisation, car la Finlande et l'Ukraine sont tout à fait comparables d'un point de vue géographique: tous deux ont une longue frontière avec leur voisin oriental, la Russie, qui est militairement surpuissante.

En d'autres termes, la finlandisation signifie que le petit voisin ne peut affirmer son indépendance limitée que si sa neutralité présente une caractéristique particulière, à savoir un déséquilibre en faveur de la Russie. Un autre parallèle saute aux yeux: la Finlande et l'Ukraine ont longtemps fait partie de la Russie tsariste, l'Ukraine même après, pendant la période de domination communiste. Les deux pays n'ont pu obtenir leur indépendance étatique que pendant une période de faiblesse de la Russie.

Pour comprendre ce que signifie la finlandisation pour la future Ukraine, il est nécessaire de se pencher sur l'histoire de la Finlande pendant la période où cette forme particulière de neutralité a existé.

Comme on le sait, la Finlande faisait partie de la sphère d'intérêt soviétique en vertu du protocole additionnel secret au pacte Molotov-Ribbentrop d'août 1939. C'est pourquoi les troupes soviétiques ont envahi les trois États baltes, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, sans rencontrer de résistance. Il en alla autrement en Finlande: pendant la guerre dite d'hiver en 1939/40, l'armée finlandaise, relativement petite, remporta des succès défensifs et mit à mal l'Armée rouge, affaiblie par les purges de Staline. Ce n'est qu'au bout de six mois que la supériorité de Moscou se fit sentir et qu'Helsinki dut demander un armistice et subir des pertes territoriales, tout en étant épargnée par l'occupation.

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La situation fut similaire après la guerre de Continuation du côté allemand dans le cadre de l'opération Barbarossa. En 1944, la Finlande n'est pas non davantage occupée, mais commence alors une période qui durera jusqu'à l'effondrement de l'Union soviétique et qui est connue sous le nom de "finlandisation", c'est-à-dire de prise en compte particulière des sentiments et des souhaits de Moscou.

Sous les présidences de Juho Paasikivi (1946-1956) et d'Urho Kekkonen (1956-1981), la Finlande eut plutôt le statut de vassal de l'Union soviétique, du moins en politique étrangère. Kekkonen, qui appartenait au parti paysan du centre et gouverna de manière presque dictatoriale, fit participer les communistes finlandais au gouvernement. On murmure même que Kekkonen a travaillé pendant des années pour les services secrets soviétiques, le KGB.

L'obéissance anticipée d'Helsinki fut frappante. Lorsque la télévision suédoise diffusa un film basé sur la nouvelle d'Alexandre Soljenitsyne Un jour dans la vie d'Ivan Denissovitch, la Finlande coupa les émetteurs des îles Åland (un groupe d'îles dans le golfe de Botnie entre la Suède et la Finlande) parce que le bureau de la censure d'Helsinki interdit le film comme étant hostile aux Soviétiques. Le roman L'Archipel du Goulag, également écrit par Soljenitsyne, ne put pas être publié en finnois - le chef de l'État Kekkonen s'y opposa. Par crainte d'effrayer Moscou.

Les manuels scolaires ne devaient rien contenir qui puisse fâcher les amis russes (les deux pays ont signé un traité d'amitié en 1948). Même la vie culturelle fut soumise à une censure sévère: les acteurs et les artistes de cabaret qui se permettent de faire de petites blagues sur le voisin de l'Est n'obtenaient plus de rôles.

Leonid Brejnev et son Politburo vieillissant se réjouissent d'autant plus des quelque mille manifestations festives organisées en Finlande en 1970. L'occasion en est le retour du centenaire de la naissance de Vladimir Ilitch Lénine, le fondateur de l'Union soviétique.

D'autre part, entre 1945 et 1979, l'économie finlandaise connut un essor fulgurant, basé sur l'économie de marché occidentale. On se transforma pour le voisin de l'Est en une sorte d'épicerie fine, qui profita certes en premier lieu à la nomenklatura, c'est-à-dire à la classe des fonctionnaires du PC soviétique.

En ce qui concerne l'Ukraine, une neutralité à la finlandaise serait un moindre mal. D'autres scénarios - un État vassal à la manière de la Biélorussie, voire une incorporation totale dans la Fédération de Russie - ne sont probablement pas du goût des citoyens ukrainiens.

RICs et multipolarité

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RICs et multipolarité

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/i-ric-e-la-multipolarita/

Ces dernières années, le monde est en crise, non seulement à cause de l'instabilité économique, mais aussi à cause des problèmes politiques relatifs au "déclin idéologique et à la perte d'identité". Un nouvel ordre mondial est en train d'émerger: d'un monde unipolaire, nous passons progressivement à un ordre mondial multipolaire. Cependant, sur le plan scientifique, la théorie du monde multipolaire (MMT) n'a pas été finalisée, car elle ne figure pas aujourd'hui parmi les théories et paradigmes classiques des relations internationales.

Malgré cela, un nombre croissant d'ouvrages sur la politique étrangère et la géopolitique liés au TMM sont apparus au fil du temps. L'historien britannique Paul Kennedy, spécialiste des relations internationales, a prédit dans son livre The Rise and Fall of the Great Powers (1987) que l'équilibre des forces militaires allait changer au cours des 20 à 30 prochaines années, pour aboutir à un monde multipolaire vers 2009. Jusqu'à présent, sa prédiction ne s'est pas réalisée, mais aujourd'hui, en 2022, nous faisons l'expérience d'un changement dans l'ordre mondial plus aigu que jamais. En 2000, la secrétaire d'État américaine Madeleine Albright a soutenu que l'ordre mondial émergent n'est plus unipolaire, mais plutôt multipolaire.

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En 2009, le rapport Global Trends 2025 du National Intelligence Council américain a déclaré que les conditions préalables à l'émergence d'un "système multipolaire mondial" étaient en train de se mettre en place sur les deux prochaines décennies, vers 2029. Cette hypothèse sera testée par le temps. Le rapport cite les facteurs suivants: la montée en puissance de pays tels que la Chine, l'Inde, qui peuvent influencer la création d'un système mondial multipolaire. En 2025, il n'y aura plus une seule "communauté internationale" d'États-nations. Le pouvoir sera dispersé parmi les nouveaux acteurs politiques. Il y a aussi la dépendance des pays vis-à-vis des grands exportateurs de gaz, comme la Russie et l'Iran. Si les prix sont élevés, la puissance de ces pays augmentera considérablement. Le niveau du PIB de la Russie pourrait en théorie égaler celui du Royaume-Uni et de la France. Comme nous le savons, la question de l'approvisionnement en gaz de la Russie à l'UE n'a pas été résolue jusqu'à présent. En raison d'un nombre précédent de sanctions américaines et européennes contre la Russie, la Fédération de Russie a décidé de vendre du gaz exclusivement en roubles à partir du 1er avril 2022, ce qui a provoqué une vague d'indignation dans l'UE. Toutefois, le 25 avril 2022, on a appris que l'Arménie et l'Azerbaïdjan étaient passés au paiement du gaz en roubles. Ainsi, l'un des points d'influence de la Russie sur le monde pourrait être les ressources énergétiques.

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Alors, quelle est la théorie du monde multipolaire? Il a été développé en Russie en 2012, grâce au philosophe, sociologue et penseur politique russe A. G. Douguine. Dans sa monographie intitulée The Theory of a Multi-polar World. Pluriversum, il a présenté le concept en détail. Le TMM est avant tout un concept politique, qui constitue une interprétation alternative du concept de multipolarité largement utilisé dans la théorie des relations internationales. La création de la théorie s'est appuyée sur diverses études politiques et culturelles-anthropologiques, ainsi que sur des systèmes socio-philosophiques tels que la géopolitique, l'eurasianisme et plusieurs autres. Ajoutons qu'elle s'appuie sur l'idéologie de la "révolution conservatrice" et le traditionalisme de la "nouvelle droite". Cette théorie vise à construire un nouveau système non occidental de relations internationales. En 1993, le politologue américain Samuel Huntington a proposé le concept du choc des civilisations, qui correspondait tout à fait aux idées de Douguine. Les "nouveaux centres", posés comme tels, sont une alliance de plusieurs États BRICS (Russie, Brésil, Chine, Inde et Afrique du Sud).

Cependant, les partisans américains de l'unipolarité rigide ne veulent pas reconnaître le terme "multipolarité". C'est pourquoi ils ont proposé un autre terme, la "non-polarité". Ce concept suppose que "les processus de mondialisation vont se développer davantage et que le modèle occidental d'ordre mondial va étendre sa présence parmi tous les pays et peuples de la terre". Ainsi, l'hégémonie intellectuelle des valeurs de l'Occident se perpétuera.

Toutefois, cette théorie soulève un certain nombre de doutes en raison des développements mondiaux actuels. La Chine, par exemple, devance désormais, en toute confiance de soi, les États-Unis dans un certain nombre d'indicateurs. Depuis 2013, l'initiative "Une Ceinture, une Route" s'est développée ("One Belt, One Road"). La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures a été lancée, ce qui a été un succès pour la RPC. La Chine a commencé à promouvoir les idées du concept chinois de "l'avenir commun de l'humanité". L'un des postulats de ce concept est la création d'une "grande famille", qui peut être interprétée comme une interconnexion étroite entre les peuples du monde. Progressivement, la Chine s'éloigne du soutien à l'ordre mondial existant pour tenter de remplacer l'ancien hégémon, les États-Unis.

Une autre théorie, alternative à la théorie de la multipolarité, est celle d'un "monde multipolaire". C'est que les États-Unis ne doivent pas être la seule puissance hégémonique. Elle devrait plutôt tenir compte des positions de ses partenaires et parvenir à des solutions de compromis avec les autres pays. Mais comme nous le savons, la politique américaine à ce jour est en totale contradiction avec cette thèse.

Ensuite, il convient de définir un cadre clair pour un monde multipolaire. Il ne s'agit pas d'un retour des deux pôles tels que les États-Unis et l'URSS qui se faisaient face autrefois: dans un monde multipolaire, il doit y avoir plus de deux pôles. La multipolarité n'est pas non plus compatible avec les concepts de non-polarité et de multilatéralisme mentionnés précédemment.

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Il est important de noter que la tendance à la multipolarité se fera dans les États qui sont principalement orientés vers un monde multipolaire: la Russie, la Chine, l'Inde et quelques autres. L'eurasisme, par exemple, est considéré comme l'une des stratégies pour un monde multipolaire. À ce jour, il existe plusieurs perspectives sur l'intégration eurasienne. Premièrement, l'Union économique eurasienne (UEE) en tant qu'interprétation de l'eurasisme. Deuxièmement, l'évaluation de l'EAEU comme un véritable concurrent qui pourrait menacer les intérêts de l'UE et des États-Unis. Troisièmement, la possibilité d'évaluer objectivement la relation entre la politique étrangère de la Russie et l'intégration eurasienne et les développements politiques mondiaux. Le projet chinois One Belt, One Road, mentionné plus haut peut être considéré comme un complément à l'eurasisme. Un projet comme celui de la Grande Eurasie est souvent considéré ici dans sa globalité. Par exemple, le diplomate sri-lankais D. Jayatilleka (photo, ci-dessus) estime que le plus faisable pour la géopolitique eurasienne de la Russie est "d'étendre le concept de "multivectorisme" de Primakov au domaine de l'idéologie et à l'évolution du soft power, qui est véritablement multivectoriel: droite, gauche et centre... Ce n'est qu'ainsi que la Russie pourra redécouvrir son rôle d'avant-garde d'un nouveau projet historique, de porteuse d'une nouvelle synthèse d'idées et de valeurs".

Il est également important de noter que le terme "eurasisme" est souvent utilisé pour décrire la Russie et les nouveaux États indépendants. Selon l'historienne française M. Laruelle, la plasticité de l'eurasisme en tant qu'idéologie explique sa popularité. Parmi les prémisses théoriques de l'eurasisme, Laruelle identifie les suivantes: le rejet de l'Occident et du capitalisme, l'affirmation de l'unité culturelle entre l'ancienne Union soviétique et certaines parties de l'Asie, la formation d'une forme impériale d'organisation politique, ainsi que la croyance en l'existence de constantes culturelles.

En outre, M. R. Johnson, un chercheur de Pennsylvanie travaillant sur l'histoire de la Russie, note que la société américaine ne peut tout simplement pas accepter l'idée de l'eurasisme en raison d'un manque de compréhension de l'ontologie globale de l'eurasisme, et Johnson ne cache pas que le développement de l'eurasisme, et donc la formation d'un monde multipolaire, est une menace potentielle pour les États-Unis. Un autre historien américain, T. Fox, estime que pour parvenir à une diffusion mondiale de l'eurasisme, et donc à la multipolarité, il faut créer un récit universel qui combine l'expérience historique et les valeurs culturelles communes.

Après avoir discuté des théories de la multipolarité de la Chine et de la Russie, il convient de s'intéresser à la théorie de la multipolarité en Inde. L'Inde considère le concept de multipolarité depuis une position participative comme l'un des pôles. Cette position a été exposée lors d'une discussion en janvier 2017 dans The New Normal : Multilateralism with Multipolarity. Ce concept cherche à relier les deux théories de la "multipolarité" et du "multilatéralisme", dont nous avons discuté la distinction précédemment. La théorie indienne de la multipolarité est une fusion de la philosophie occidentale avec la Russie et la Chine. L'Inde présente les relations internationales contemporaines en termes de formation non pas de "pôles" mais d'États agissant en tant que sujets de la multipolarité.

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Le politologue hindou Suryanarayana estime que la formation de la multipolarité est possible si les pays au centre ont leur propre développement historique, leur identité culturelle, leur intérêt national et leurs stratégies politiques. Le politologue critique également les politiques de néocolonialisme et de messianisme caractéristiques de l'Occident. C'est ici qu'émerge un nouveau concept de "multipolarité" par les politologues indiens, à savoir la coopération et le partenariat égalitaire entre les États. Ainsi, la multipolarité n'est pas la domination des "superpuissances", mais la coopération totale entre les pays. Sanjaya Baru (photo, ci-dessus), en tant que directeur de la géo-économie et de la stratégie à l'Institut international d'études stratégiques en Inde, a souligné qu'il était dans leur intérêt de trouver un terrain d'entente et de résoudre les conflits avec le Pakistan, et de maintenir la coopération au plus haut niveau entre l'Inde, la Russie et la Chine. De cette manière, de nouveaux centres ont été identifiés qui, s'ils coopèrent, pourraient obtenir des résultats significatifs dans la réalisation d'un monde multipolaire. Un regard sur les concepts de la Russie, de l'Inde et de la Chine révèle que ces trois pays sont unis par des objectifs communs. S'il existe effectivement un équilibre des forces, une coopération bénéfique entraînera un changement de l'ordre mondial.

29 avril 2022

dimanche, 01 mai 2022

La revue de presse de CD - 01 mai 2022

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La revue de presse de CD

01 mai 2022

EN VEDETTE

Victoire de Macron : les 10 commandements des médias, par Jean-Yves Le Gallou

Ainsi la pièce est jouée. Comme prévu, le deuxième tour de l’élection présidentielle a vu s’affronter Marine Le Pen et Emmanuel Macron, permettant au Grand Liquidateur d’être réélu malgré l’immense rejet qu’il suscite par son arrogance et son mépris. Du début de la campagne jusqu’à sa clôture, les médias de propagande sont parvenus à garder la situation sous contrôle. Jean-Yves Le Gallou raconte l’histoire en 10 séquences.

Polemia.com

https://www.polemia.com/victoire-de-macron-les-10-command...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/DICTATURE

Un système de crédit social à l’essai en Italie pour récompenser les « citoyens vertueux »’.

Quoique publiée il y a trois semaines de cela déjà par le célèbre Corriere della Sera, cette information surprenante (ou pas) n’en est pas moins restée étrangement inaperçue. Et c’est bien dommage, car l‘article en question gagnerait à être connu

Le blog de Liliane Held Khawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2022/04/25/officiel-un-syst...

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Le sort de Julian Assange est entre les mains du gouvernement britannique… pour l’instant

Mercredi 20 avril 2022, la justice britannique a formellement autorisé l’extradition aux États-Unis de Julian Assange, journaliste australien et fondateur de Wikileaks, où il risque une peine de prison de 175 ans pour avoir révélé au grand public les crimes de guerre commis par le gouvernement américain.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/le-sort-de-julian-assange-est-e...

ÉCOLOGIE

L’écologie des gestionnaires : une impasse. Le cas du Parc National des Calanques

Le Parc National des Calanques (PNC) use de médias pour promouvoir son massif : affichages publicitaires, site internet, réseaux « sociaux » (Facebook, Instagram...) et une application mobile. Tout est fait pour inciter les touristes à s’y rendre. Paradoxalement, il souhaite mettre un terme à « l’hyper-fréquentation » de Sugiton pour mieux protéger ce « site naturel en péril 1 ». En effet, l’été dernier, nous apprenions la mise en place d’un permis de visite de cette Calanque dès la saison 2022. Cette mesure expérimentale de « contingentement » vise à plafonner le nombre de visiteurs du site à un seuil fixé par le directeur du PNC. Un système de
réservation génèrera automatiquement le précieux sésame : un QR Code. Un de plus.

Piecesetmaindoeurvre.com

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Qui pour « incarner » l’action climatique en France ?

Les rapports du GIEC se succèdent, tirant de toujours plus nombreuses sonnettes d’alarme ; malgré cela, la prise en considération de l’urgence climatique semble très souvent en décalage avec les faits. Dans ce sens, on peut dire qu’il existe un écart important entre l’action politique et les éléments mis en lumière par les scientifiques.

theconversation.com

https://theconversation.com/qui-pour-incarner-laction-climatique-en-france-181210?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2026%20avril%202022%20-%202274522615&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2026%20avril%202022%20-%202274522615+CID_8873156874489c4f478fa843d3441aa5&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Qui%20pour%20%20incarner%20%20laction%20climatique%20en%20France  

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ÉCONOMIE

La tension sur le Doliprane : l’arbre qui cache la forêt

La cause évoquée pour expliquer la délocalisation de la fabrication du paracétamol est le coût de la production en France. C’est un argument bateau pour expliquer n’importe quelle délocalisation. De prime abord c’est évident. Quand on creuse un peu c’est plus compliqué. En vérité, c’est l’industrie chimique qui s’est effondrée. Ce qui entre dans le cadre de l’effondrement de l’industrie en général, lui même lié à l’effondrement de l’économie française.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/04/30/426464-la-tension...

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ÉNERGIES

Les 12 mensonges du GIEC, par Christian Gerondeau

Il est difficile de croire qu’un organisme international officiel mente effrontément. C’est pourtant ce que fait le GIEC, émanation des Nations-Unies censées représenter l’intérêt de l’humanité. Il l’a fait par exemple lorsqu’il a déclaré en 2011 que l’humanité pourrait se passer des énergies fossiles en 2050 et que « près de 80 % des besoins d’énergie de l’humanité pourraient alors être satisfaits par les énergies renouvelables. » Or toutes les projections montrent que ces dernières ne pourront répondre au mieux à cette date qu’à 10 % des besoins et que les énergies fossiles en satisferont toujours près de 80 %. D’autres mensonges, tout aussi grossiers, concernent l’évolution de la température terrestre, la montée supposée des eaux, la survie de la faune et de la flore… L’invité de « Politique & Eco », l’ingénieur polytechnicien Christian Gerondeau, les énumère dans son ouvrage « Les douze mensonges du GIEC ». Passionnant !

Tvlibertes.com

https://www.tvlibertes.com/les-12-mensonges-du-giec-polit...

ÉTATS-UNIS

Qui sont les vrais criminels de guerre ?

Si tuer des civils sans nécessité est la définition standard d’un crime de guerre, alors les cinq derniers présidents américains sont tous des criminels de guerre. En d’autres termes, historiquement parlant, les accusations de crimes de guerre, qui n’ont aucune signification réelle en droit et sont à la fois infiniment élastiques et sujettes à interprétation, ont souvent dépendu du côté de la barrière où l’on se trouvait lorsque la guerre s’est terminée.

Lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2022/04/23/qui-sont-les-vrais-...

L’Empire du Mensonge

On dit que l’Amérique est devenue l’empire du mensonge. Aussi difficile à accepter soit-elle, cette allégation est vraie. Le nier serait se bercer d’illusions. La vérité est qu’au cours des dernières décennies, les élites américaines ont érigé un système dans lequel les mensonges imprègnent tous les aspects de notre vie sociétale.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/lempire-du-mensonge

FRANCE

La France hors limites

Les cinq années à venir marqueront un point de bascule stratégique pour la France dans le cadre d’un deuxième mandat du président Emmanuel Macron. Si la période 2017-2022 fut celle du retour aux dures réalités géopolitiques pour l’Europe et en particulier pour la France, l’avenir de notre pays est un parcours semé d’embûches dans lequel aucune puissance, alliée ou non, ne nous fera de cadeaux. Je vois trois chantiers sur lesquels le président français et sa majorité devront travailler : l’indépendance, l’interopérabilité des alliances, et la prévention.

Geopragma.fr

https://geopragma.fr/la-france-hors-limites/

GAFAM

Informatique. Les cookies c’est fini, place aux API de conversion

Les données de conversion sont le fondement de l’écosystème de la publicité numérique. Le suivi des conversions capture les interactions avec le site web ou les événements du navigateur, tels que les consultations de produits, les ajouts au panier, les paiements, etc. Les données de conversion permettent non seulement d’établir des rapports sur les publicités, mais elles constituent également le principal moteur des actions de suivi marketing, notamment l’optimisation des futures publicités, le choix de la meilleure audience pour les annonces grâce à l’optimisation du Machine Learning, le développement des prospects et le ciblage dynamique des publicités pour les clients potentiels.

Breizh-info.com

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GÉOPOLITIQUE

L'adhésion de la Suède et la Finlande à l'OTAN : réponse émotionnelle ou peur rationnelle ?

Réaction émotionnelle ou “peur rationnelle” ? Selon des sources nordiques, la Suède et la Finlande seraient en train de préparer une déclaration commune pour le mois de mai affichant leur volonté de rejoindre l’OTAN. Comment expliquer le virage de ces deux pays historiquement non-alignés (mais qui sont déjà des partenaires de l’OTAN depuis des années) ? Il convient certes de noter certaines nuances de perspectives : pour Stockholm, la neutralité a longtemps été un choix philosophique, tandis que pour Helsinki, elle a représenté une stratégie pragmatique pour maintenir l’indépendance de l’état finlandais face à son grand voisin de l'Est. Dans les deux cas, il est néanmoins clair que l’invasion de l’Ukraine par les forces de Poutine vient de pousser l’opinion publique fortement vers l’Alliance atlantique.

Laselectiondujour.com

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La géopolitique des îles: litiges territoriaux et autres aspects de la géographie maritime

Début avril, deux événements apparemment sans rapport ont eu lieu: l'Argentine a célébré le 40e anniversaire du début de la guerre pour les îles Malouines (au début, l'opération était en faveur de Buenos Aires, mais les Britanniques ont fini par battre les Argentins et ceux-ci ont capitulé), ainsi que les préoccupations exprimées par certains pays au sujet du prochain traité entre la Chine et les îles Salomon dans l'océan Pacifique. En fait, les deux cas reflètent un facteur très important de la géopolitique mondiale - l'importance des îles en tant que bastions, bases militaires et territoires souverains (autrement dépendants) contestés.

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RÉFLEXION

La démolition contrôlée de l'Occident

Le déclin de l'Occident se produit sous nos yeux, en ce moment même, mais il sera dévastateur pour bien plus de lieux que l'Occident lui-même. Ne vous méprenez pas, ce qui se passe est une démolition contrôlée conçue par l'élite. La dernière fois (bien sûr, ce n'est qu'un bref rappel de l'histoire) que nous avons vu quelque chose de similaire, c'était à la fin de l'Empire britannique et lors de la montée des États-Unis.

Euro-synergies.hautetfort.com

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SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Explosion des effets secondaires suite à la vaccination contre le Covid aux États-Unis

Aux États-Unis, les événements indésirables qui pourraient être liés aux vaccins grimpent en flèche. Parmi les effets secondaires repérés pendant la vaccination en population générale depuis le début de l'année 2021, les myocardites et les péricardites sont ceux qui sont le plus fréquemment rencontrés.

Francesoir.fr

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Addiction aux opiacés : un rapport d'enquête parlementaire américain accable McKinsey

573 millions de dollars ! C’est la somme que McKinsey a accepté de payer en février 2021 dans le cadre d’un compromis avec la justice américaine. Plusieurs États de l’Union accusaient McKinsey d’avoir contribué à la crise des opiacés par ses conseils à plusieurs laboratoires pharmaceutiques. Purdue Pharma, le fabricant de l’OxyContin et client important de McKinsey, était dans l’œil du cyclone. L’addiction aux médicaments opiacés contre la douleur a provoqué une épidémie dramatique : on estime à 500 000 le nombre de morts par surdosage aux États-Unis entre 1999 et 2018. Aujourd’hui, près de 650 000 prescriptions d’opioïdes sont faites tous les jours dans ce pays. 2 millions de personnes sont dépendantes et au moins 90 d’entre elles meurent chaque jour. On s’approche, sur une base annuelle, du double de morts par armes à feu.

leselectiondujour.com

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Peut-on apprendre quelque chose des chiffres de la DREES

Chaque semaine, la DREES met à jour les données résultant des appariements entre 3 fichiers produits par Santé Publique France : les fichiers de vaccination anti-Covid (VAC-SI), de tests (SI-DEP) et de données hospitalières (SI-VIC).

Peut-on en tirer des indications sur l’efficacité des vaccin, comme cela a parfois été fait pour affirmer que « la vaccination protège contre les formes sévères de Covid-19 » ? Ce n’est pas certain. En effet, outre certains biais possibles, les données fournies par la DREES ne reposent pas toujours sur des observations, et ne sont donc pas infaillibles.

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2022/04/28/peut-on-apprendre...

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UNION EUROPÉENNE

L’Union européenne va autoriser le transfert de nos données personnelles numériques à la NSA

C’est ce que nous a expliqué Ursula von der Leyen via Twitter après sa rencontre du vendredi 25 mars avec Biden. « Heureuse que nous ayons trouvé un accord de principe sur un nouveau cadre pour les flux de données transatlantiques. Il permettra des flux de données prévisibles et dignes de confiance entre l’UE et les États-Unis, en équilibrant la sécurité, le droit à la vie privée et la protection des données. Il s’agit d’une nouvelle étape dans le renforcement de notre partenariat. »

Generationfexit.fr

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La folle stratégie de l’Europe pour la sécurité alimentaire

La Commission Européenne a produit un document le mois dernier : « Safeguarding food security and reinforcing the resilience of food systems » (préserver la sécurité alimentaire et renforcer la résilience des systèmes alimentaires). Cette stratégie de l’UE sur la manière d’atténuer la crise de la sécurité alimentaire, les famines et l’augmentation de la malnutrition à venir consiste à promouvoir davantage la production alimentaire biologique, l’agro-écologie, la réduction de l’utilisation des engrais, l’agriculture de subsistance, les théories de justice sociale, Farm2Fork et l’augmentation de l’aide liée à l’alimentation (aux pays prêts à adopter une certaine idéologie de culte alimentaire partagée par une minorité d’activistes à Bruxelles). L’UE présente une recette pour la famine, les conflits civils et l’effondrement économique dans de larges pans du monde en développement… et leur communication s’en félicite.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/04/28/426312-la-folle-s...

Europe : L’UE veut faciliter l’immigration de travail provenant du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal, du Nigéria et du Pakistan

La Commission européenne devait présenter, mercredi 27 avril, un projet de directive visant à faciliter l’arrivée « de compétences et de talents » en Europe. En clair, favoriser une migration légale de travailleurs et de jeunes pour répondre au défi démographique et pallier le manque de main-d’œuvre dans des secteurs comme la santé, la technologie, la construction ou le transport.

fdesouche

https://www.fdesouche.com/2022/04/27/europe-lue-veut-faci...

samedi, 30 avril 2022

Le facteur diesel produit un paradoxe existentiel en Europe

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Le facteur diesel produit un paradoxe existentiel en Europe

Source: https://misionverdad.com/investigaciones/el-factor-diesel-produce-una-paradoja-existencial-en-europa

Bloomberg : L'Europe ne dispose que d'environ 40 jours d'approvisionnement en diesel dans ses stocks.

Des "sanctions" qui nuisent à ceux-là mêmes qui les appliquent.

Plus de 15 jours de grèves en Espagne et dans d'autres pays en raison de la hausse des prix du carburant.

Le ministre italien de la Transition écologique, Roberto Cingolani, a déclaré que 40 % de la consommation nationale correspondait à du gaz importé de Russie.

Le transport alimentaire, la navigation, l'agriculture et l'industrie lourde en Europe sont quelques-uns des secteurs les plus touchés par la série de "sanctions" imposées à la Russie sous les auspices des États-Unis et en chœur par l'UE.

Comme l'a expliqué John Cooper de Fuels Europe : "Il est très clair pour les gouvernements qu'il existe un lien évident entre le diesel et le PIB, car presque tout ce qui entre et sort d'une usine utilise du diesel.

L'Europe, si dépendante des ressources énergétiques, et plus encore de la Russie, se trouve maintenant à la croisée des chemins car la décision d'imposer des "sanctions" à son principal fournisseur d'énergie aurait un impact non seulement sur la disponibilité du gaz et, dans ce cas, du diesel, mais aussi sur l'inflation, les prix de tous les biens de consommation étant appelés à augmenter. C'est une chaîne, car elle entraînerait des problèmes dans la circulation des camions et donc dans la distribution des biens de consommation, à commencer par la nourriture.

Récemment, les principales sociétés de négoce de matières premières telles que Trafigura et Vitol se sont accordées pour avertir que l'Europe court un grand risque de pénurie systémique de diesel qui pourrait conduire à un rationnement. Cette situation a été aggravée par un rapport du réseau financier Bloomberg selon lequel le continent européen ne dispose plus que de 40 jours de diesel dans ses réserves.

La semaine du 21 mars s'est tenue le Financial Times World Commodity Summit. À cette occasion, l'événement a réuni les dirigeants de Trafigura, Vitol, Energy Aspects et Gunvor, qui ont présenté leurs projections concernant les ressources énergétiques face aux "sanctions" imposées à la Russie par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne.

    - Russell Hardy pour Vitol. L'Europe importe environ la moitié de son diesel de Russie, et les raffineurs pourraient augmenter la production de diesel en réponse à la hausse des prix au détriment d'autres produits pétroliers pour soutenir l'offre.

    - Torbjorn Tornqvist pour Gunvor. Le diesel n'est pas seulement un problème européen, c'est un problème mondial. En outre, les marchés européens du gaz ne fonctionnaient plus correctement, les négociants devant faire face à d'énormes demandes de liquidités auprès des banques pour couvrir les positions de couverture.

    - Jeremy Weir pour Trafigura. Entre 2 et 2,5 millions de barils de la production pétrolière russe disparaîtraient du marché mondial, répartis entre le brut et les produits raffinés. Le marché du carburant diesel se trouve actuellement dans des conditions extrêmement difficiles et va encore empirer.

    - Amrita Sen, analyste chez Energy Aspects. Le diesel est le plus touché des produits pétroliers car l'Europe importe environ 1 million de barils par jour de diesel russe.

La sonnette d'alarme a été tirée et les autorités européennes ont déployé la carte du monde pour voir quelles autres latitudes pourraient fournir des livraisons alternatives de gaz et de diesel. Et bien sûr : les orbites du Venezuela comme alternative.

Le mouvement de balancier de l'Europe

La semaine dernière, le vice-premier ministre russe Alexandre Novak a déclaré devant la Douma d'État :

"Les stocks européens de diesel sont à leur plus bas niveau depuis 2008, 8% en dessous de la moyenne des cinq dernières années. La pénurie de gazole pourrait être un facteur fortement déstabilisant, car la demande augmente en raison de la reprise du trafic de marchandises et de passagers après la pandémie".

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Le diesel dans les stations-service de certains pays européens, comme l'Allemagne, la Suède, la Belgique et la Pologne, a enregistré des prix plus élevés que le prix de l'essence. Selon Bloomberg, pour la première fois en 15 ans, le coût s'est situé autour de 2,13 euros par litre.

Depuis le début de l'opération spéciale de dénazification de Donbass, l'UE a déclenché toute la narration offensive consistant à imposer des "sanctions" à la Russie sans craindre la sphère énergétique dont elle est si dépendante. Dans la pratique, les faits sont différents, puisque les "sanctions" imposées aux banques, par exemple, sont celles qui n'ont aucun rapport avec les transactions dans le secteur gazier russe. Aujourd'hui, le ton du discours a été atténué, et encore plus lorsque le président russe Vladimir Poutine a répondu en annonçant que le paiement du gaz russe devait se faire en roubles.

Le ministre allemand de l'économie, Robert Habeck, a déclaré que la décision concernant le rouble constitue une violation des accords et que le gouvernement allemand discutera des mesures à prendre avec ses partenaires européens. La réponse de Habeck à la réponse de Poutine à l'ensemble de l'attaque contre le secteur énergétique russe est inhabituelle - à quoi s'attendaient-ils ?

Le Dr Jens Südekum, professeur à l'Institut d'économie compétitive de l'Université Heinrich Heine en Allemagne, abonde dans le même sens lorsqu'il souligne que la décision du président Poutine ne ferait qu'"intensifier la guerre économique" et qu'"un embargo sur les importations d'énergie en provenance de Russie est désormais plus probable".

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Contrairement à cet universitaire, l'Association des industriels allemands (BDI) a mis en garde les autorités allemandes contre toute décision précipitée en matière de "sanctions", car pour elle "l'UE n'est pas prête pour un embargo énergétique complet à court terme". Le président de l'association, Siegfried Russwurm (photo), s'est inquiété du fait qu'une telle décision pourrait mettre en péril la cohérence et la mobilité de l'UE, tant sur le plan économique que politique.

Cette semaine, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est entretenu par téléphone avec le président Poutine pour négocier sur la question. Dans cette optique, l'État russe a opté pour un nouveau système de paiement directement à la Gazprom Bank, qui ne fait l'objet d'aucune "sanction" ; la banque serait alors chargée de convertir l'argent en roubles.

Bien que les attaques provenant des États-Unis soient des attaques directes contre la Russie, elles sont indirectement dirigées contre l'Allemagne. Mision Verdad a développé ce sujet dans quelques articles :

    La crise en Ukraine concerne le commerce entre l'Allemagne et la Russie (https://misionverdad.com/globalistan/la-crisis-en-ucrania-se-trata-del-comercio-entre-alemania-y-rusia ).

    L'Europe se met la corde au cou dans la guerre énergétique contre la Russie ( https://misionverdad.com/globalistan/europa-se-pone-la-soga-al-cuello-en-la-guerra-energetica-contra-rusia ).

L'Allemagne est l'un des pays de l'UE les plus touchés par les "sanctions" dans le secteur du gaz. À la lumière des positions de chaque pays, on voit le Premier ministre Boris Johnson annoncer que "nous poursuivrons notre mission sans relâche pour sortir la Russie de l'économie mondiale, morceau par morceau, jour par jour et semaine par semaine", car sa dépendance au gaz russe n'est pas si importante par rapport à l'Allemagne ou à d'autres pays.

Il en va de même pour l'architecte "en chef" des manœuvres de sanctions, le président américain Joe Biden, lorsqu'il a annoncé les "sanctions" début mars "sur l'artère principale de l'économie russe : nous interdisons toutes les importations de pétrole, de gaz et d'énergie russes", car si les États-Unis importent du gaz et d'autres produits pétroliers de Russie, le pourcentage n'est pas comparable à celui de l'Allemagne.

Il convient de noter que les États-Unis ont besoin de diesel non seulement pour le transport des produits essentiels à la vie quotidienne de leur population, mais qu'il est également utilisé sur les plateformes de forage pour l'extraction du pétrole de schiste, ainsi que pour les générateurs d'électricité et le chauffage des habitations. De plus, de grandes quantités de diesel ne peuvent être obtenues à partir de l'huile de schiste, car l'un des avantages du pétrole brut lourd est que le diesel est obtenu à partir du craquage de l'huile de schiste.

En revanche, en Europe, ils comptent gagner du temps, car, par exemple, les décharges de gaz sont remplies pendant les mois d'été à venir, lorsque la demande et les prix sont plus faibles, mais ce scénario pourrait laisser l'Europe affronter l'hiver avec des stocks inférieurs à la normale.

Les pays européens continueront à produire du diesel et chercheront à l'importer au départ d'autres sources traditionnelles non russes. La vitesse à laquelle les stocks s'épuiseront dépendra du remplacement des fournitures provenant actuellement de Russie.

Manifestations en Europe

C'est la population européenne dans son ensemble qui a subi l'assaut direct des actions du duo USA-UE. Cela a conduit à une série de protestations et de fermetures de fermes dans différentes parties du continent européen :

- En Grèce, des centaines d'agriculteurs ont manifesté pour réclamer des subventions afin de lutter contre les prix élevés du carburant et des engrais qui ont grimpé en flèche avec l'imposition de "sanctions" au secteur énergétique russe. Les agriculteurs disent que les coûts ont tellement augmenté qu'ils seront obligés de produire moins et d'augmenter les prix pour les consommateurs.

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- En Italie, l'association agricole Coldiretti a signalé que 100 000 exploitations agricoles italiennes sont sur le point de fermer en raison des coûts de production élevés, car les prix des matières premières utilisées (y compris le diesel) par les producteurs agricoles ont considérablement augmenté. En Italie, le coût du diesel atteint 2,1 euros par litre.

- En Espagne, le Comité national du transport routier (CNTC) a lancé une grève des transporteurs routiers en raison de la hausse des prix du diesel le 14 mars. La hausse des prix du carburant a provoqué de graves problèmes dans la chaîne alimentaire.

- En France, les agriculteurs, les viticulteurs et les artisans ont également commencé à protester contre la hausse des prix du carburant. Une caravane d'une vingtaine d'agriculteurs sur leurs tracteurs dans la région ouest de la Bretagne a bloqué les autoroutes.

La réponse de l'Italie a été d'introduire des taxes spéciales dans le secteur des transports. Le ministre italien de la Transition écologique, Roberto Cingolani, a expliqué que l'Italie importe chaque année environ 29 milliards de mètres cubes de gaz de Russie, ce qui correspond à un peu plus de 40 % de la consommation nationale. Sur la base de ce chiffre, il a demandé que des mesures soient prises pour remplacer ce montant, ils sont donc à la recherche de nouveaux fournisseurs. Tout cela semble facile, mais les exportateurs alternatifs de ces ressources ne peuvent pas prendre tous les volumes dont ils ont besoin en Europe.

Selon le radiodiffuseur italien Rai, ces derniers jours, des membres du gouvernement italien ont tenu des réunions avec des représentants d'autres pays exportateurs de gaz et d'autres ressources pétrolières pour tenter de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie.

Du côté français, la réponse du gouvernement d'Emmanuel Macron, en pleine campagne électorale, a annoncé une aide de 400 millions d'euros pour les transporteurs et une réduction de 15 centimes par litre de diesel.

Pour l'Espagne, la ministre des transports, de la mobilité et de l'agenda urbain, Raquel Sánchez, a annoncé qu'elle s'engageait à subventionner chaque litre de diesel à hauteur de 20 centimes d'euro, une réduction qui sera appliquée du 1er avril au 30 juin.

La situation du secteur énergétique européen, qui a des répercussions sur le reste des zones productives du continent, devient de plus en plus compliquée. Il n'est toujours pas question pour les majorités européennes de subordonner leurs propres intérêts afin de se conformer aux ordres des États-Unis, qui cherchent à être le grand inspecteur et le contrôleur des ressources énergétiques mondiales.

Ces actions, qui sont absurdes pour le moment, pourraient déclencher d'autres résultats à long terme pour le spectre géopolitique dont l'Occident, en particulier les États-Unis, a besoin pour tenter de survivre au réalignement international que le monde connaît, la Russie et la Chine étant les pivots de cette voie longue et complexe.

Le 31 mars, Joe Biden a invoqué la loi sur la production de défense de 1950. Comme son nom l'indique, cette loi nationale, qui, en raison de l'exceptionnalisme américain, sert unilatéralement le reste du monde, pousserait à stimuler la production de minéraux stratégiques pour la fabrication de batteries pour véhicules électriques et le stockage à long terme, en prétextant la situation avec la Russie et "l'action légitime des États-Unis pour se défendre".

En fin de compte, la transition énergétique n'est rien d'autre que le droit d'exploiter tout minerai qui se présente à nous afin de parvenir à "ne pas dépendre des pays producteurs de ressources".

- Nous sommes un groupe de chercheurs indépendants qui se consacrent à l'analyse du processus de guerre contre le Venezuela et de ses implications mondiales. Depuis le début, l'utilisation de notre contenu est gratuite. Nous comptons sur les dons et les collaborations pour soutenir ce projet. Si vous souhaitez contribuer à Mision Verdad, vous pouvez le faire ici: https://misionverdad.com/donate

L'OTAN et la manipulation politique de la jeunesse occidentale

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L'OTAN et la manipulation politique de la jeunesse occidentale

Par Marcelo Ramirez*

Source : https://noticiasholisticas.com.ar/la-otan-y-la-manipulacion-politica-de-las-juventudes-de-occidente-por-marcelo-ramirez/

Deux mois après le début de l'opération spéciale de la Russie en Ukraine, nous commençons à voir de quoi il retourne vraiment. Le combat sous-jacent concerne en réalité l'OTAN contre la Russie, un différend qui se déroule à plusieurs niveaux qui vont au-delà du niveau militaire.

Il existe deux axes principaux que l'on pourrait sans peine qualifier de guerre hybride: l'axe militaire et l'axe économique/financier.

L'aspect économique est présenté dans les médias occidentaux comme une réponse dévastatrice contre l'économie russe qui détruira son fonctionnement et ramènera le pays eurasien des décennies en arrière.

Joe Biden, le flamboyant président américain qui suscite des doutes quant à sa clarté mentale pour évoluer dans un monde aussi dangereux, a déclaré sans ambages que le rouble allait être réduit à néant lorsqu'il a annoncé de nouvelles séries de sanctions contre la Russie.

Le 31 décembre 2021, le rouble s'échangeait à 0,01332 cents US par unité alors que la crise existait mais que l'on ne craignait pas encore la guerre. Le 24 février, lorsque l'action armée a commencé, il est tombé à 0,01187, le 9 mars, il a enregistré son prix le plus bas jamais atteint au milieu de prédictions sinistres sur l'avenir de la Russie et sur "l'erreur" de Poutine d'avoir fait un faux pas en permettant à "la communauté internationale", c'est-à-dire les États-Unis, l'UE, le Canada, l'Australie et le Japon, ainsi que quelques autres États mineurs, de prendre les devants pour déclencher une tempête de sanctions qui feront tomber le gouvernement russe, déjà, selon la presse occidentale, discrédité aux yeux de ses citoyens.

Mais à partir de ce moment-là, la Russie a commencé à montrer non seulement que le leadership de Poutine était toujours intact, progressant de 10 points pour atteindre 79 % des Russes - en contraste frappant avec les pourcentages pitoyables du dirigeant occidental moyen - mais aussi à montrer des signes que son économie était prête à affronter les sanctions.

Non seulement la Russie a commencé à démontrer que sa production d'énergie, de minerais et d'autres matières premières était indispensable à l'Occident, mais elle a planifié un système de compensation bancaire international pour remplacer SWIFT et, dans un geste impensable, Poutine a annoncé à qui voulait l'entendre que son pays n'accepterait plus les dollars ou les euros des pays hostiles et exigerait des roubles pour son énergie, et que cela pourrait être étendu à d'autres types de production.

Le résultat a été une inversion de la courbe descendante du rouble, et le rouble a commencé à se redresser pour atteindre des valeurs qui dépassent maintenant celles d'avant la crise ukrainienne, à des niveaux similaires à ceux de la fin de 2021.

Le résultat de ces politiques a montré que la Russie dispose d'un plan stratégique économique/financier efficace avec des touches originales qui menacent aujourd'hui quelque chose que beaucoup pensaient impossible, à savoir que le dollar perdra son statut de monnaie de réserve et d'échange internationale, compromettant ainsi les fondements de la puissance américaine.

La vulnérabilité attendue ne se trouvait pas chez les sanctionnés mais chez les sanctionneurs, comme l'UE, qui a commencé à connaître des fissures internes car tous les pays ne sont pas d'accord avec les sanctions et certains d'entre eux se sont rebellés en rejetant l'imposition des sanctions en n'utilisant pas de roubles.

L'Allemagne soutient formellement ces mesures, mais ses organisations intermédiaires, économiques et politiques avertissent déjà publiquement que cela conduira à une catastrophe pire que celle vécue avec la paralysie due au Covid 19. Le risque ne sera pas seulement qu'il n'y ait pas de chauffage pour l'hiver prochain, mais aussi que la production industrielle devienne non viable, paralysée par les coûts énergétiques, et que la société perde une grande partie de ses emplois.

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Si ce tableau n'est pas assez inquiétant, nous pouvons y ajouter le coût des denrées alimentaires, qui, avec l'énergie, entraînera une hausse des taux d'inflation plus typique de l'Argentine en difficulté que de l'Europe autrefois puissante.

Une image grave qui compromet le leadership européen en général, alors que ces conséquences commencent à avoir un impact féroce sur la société et que les protestations sociales se multiplient devant des citoyens qui ne se contentent plus de blâmer Poutine pour tout et qui commencent à se demander pourquoi ils ont dû abandonner leur vie autrefois confortable et sombrer dans un niveau de pauvreté du tiers monde auquel ils ne sont pas habitués.

Si cela semble en soi quelque chose qui devrait tirer la sonnette d'alarme, il y a d'autres questions en jeu qui pourraient faire de cette situation le moindre des problèmes, et c'est le front militaire.

La presse, et certaines chaînes militaires spécialisées sur les réseaux, toutes largement contrôlées par l'OTAN, ne se lassent pas de répéter que Poutine, comme pour la question économique/financière, a fait une nouvelle bourde sur le plan militaire en entrant en Ukraine avec ses troupes.

Les nouvelles se multiplient: la Russie subit d'énormes pertes humaines et matérielles, fait preuve de maladresse dans ses stratégies, ne parvient pas à mettre en place des tactiques efficaces, doit se retirer de Kiev vaincue, les Ukrainiens ont une capacité de résistance étonnante, et un etcetera sans fin de raisons pour lesquelles on conclut que la Russie a une armée du "tiers-monde" qui ne pourrait pas résister à la puissance de l'OTAN plus de quelques heures.

Ils expliquent sans ambages qu'au désastre de la Russie s'ajoute le "réveil d'un géant endormi" comme l'Allemagne et que le résultat se traduit par des déclarations de responsables qui investissent énormément dans l'avenir.

Tout d'abord, l'Allemagne est dans un état de quasi-impuissance où elle ne dispose pas d'une force aérienne dotée de capacités opérationnelles à moitié sérieuses, de matériel obsolète, d'une production coûteuse et surtout d'un personnel militaire plus soucieux de montrer son bronzage et de faire respecter ses droits individuels que de descendre dans la boue pour combattre les Tchétchènes. Il faudra des années pour inverser ce cours et un changement de priorités politiques par rapport à une succession de gouvernements plus préoccupés par les droits des minorités que par le fait d'avoir une armée en bonne santé.

La vocation pacifiste que l'on pourrait présupposer pour s'exonérer de toute responsabilité se dilue lorsqu'ils envoient des armes en multipliant les menaces, ajoutant de l'huile sur le feu de la guerre.

L'Allemagne est le symbole d'une Europe décadente qui est aujourd'hui impuissante, face à l'abîme à cause d'un leadership servile au pouvoir atlantiste, qui n'est plus mondialiste parce que le mondialisme est mortellement blessé. Menacée par une crise économique aux proportions bibliques, Berlin non seulement ne prend pas de mesures pour écarter cette menace, mais l'aggrave et ajoute un défi ouvert à une puissance comme la Russie.

La Russie, soyons clairs sur ce point, a réussi en quelques heures à mettre hors d'état de nuire une armée de 350.000 hommes entraînée et équipée par l'OTAN pendant huit ans, qui dispose aujourd'hui du soutien de milliers de mercenaires, de troupes spéciales camouflées en volontaires et de toutes sortes d'informations tactiques pour les opérations sur le théâtre du conflit.

S'il y a le moindre doute, c'est Moscou qui décide quand et où se battre, qui a pris le contrôle de grandes villes, qui a réduit l'armée ukrainienne à une guérilla se cachant parmi les civils, qui a capturé des troupes étrangères et éliminé des centaines de mercenaires, en envoyant de nombreux autres en fuite. Sans vergogne, les chaînes spécialisées qui alimentent en informations de nombreux "spécialistes" des affaires internationales et de vulgaires journalistes qui insistent sur le fait que la Russie est plongée dans un désastre militaire, sont incapables de comprendre, ou peut-être d'accepter, que les techniques de Maskirov ont été utilisées par l'armée ukrainienne dans le passé, que la technique maskirovka (technique de tromperie sur les actions réelles), dont on parle beaucoup, signifie que la Russie n'a jamais eu l'intention de prendre les grandes villes comme Kiev mais qu'il s'agissait d'un moyen d'empêcher de plus grandes concentrations dans la région du Donbass, dans laquelle une nouvelle offensive russe pour libérer ces régions russophones va avoir lieu.

Les "spécialistes" occidentaux insistent sur leurs théories des catastrophes russes, prouvant ainsi que leur intention n'a jamais été de travailler sur la vérité de manière professionnelle, mais qu'ils sont de simples outils de l'OTAN dans la guerre de l'information.

C'est d'autant plus important que l'escalade de l'action militaire commence à menacer sérieusement la guerre nucléaire, créant un faux sentiment d'efficacité des troupes de l'OTAN et d'inefficacité de la Russie.

La Russie n'a utilisé que 7% de ses capacités réelles, ne montrant que certaines de ses armes révolutionnaires telles que le Kalibr, l'Iskander ou les missiles hypersoniques Kinzhal utilisés pour frapper des cibles spécifiques dans toute l'Ukraine. Moscou démontre ainsi que pratiquement personne en Europe n'est hors de sa portée et que, si nécessaire, elle pourrait détruire les nations européennes qui s'opposent à elle et deviennent une menace.

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Le nouvel essai du missile Sarmat est un message pour Washington: ce missile de nouvelle génération, qui n'a pas d'équivalent en Occident, peut détruire un pays de la taille de la France et est presque impossible à arrêter en raison de sa manœuvrabilité. S'il est équipé de planeurs hypersoniques Avangard, l'Occident ne peut qu'assister à la destruction de ses capitales ou de cibles choisies par la Russie.

Cette puissance apocalyptique que possèdent les forces stratégiques russes - et nous n'avons mentionné que quelques cas, mais il y en a beaucoup d'autres, comme le drone maritime Poseidon qui peut transporter une ogive de 100 mégatonnes, dont l'explosion pourrait anéantir une ville côtière avec des vagues de 500 mètres de haut ou couler une flotte menée par un porte-avions - n'est qu'un exemple de plus du risque que représente la politique de l'OTAN.

Le plus étonnant, ce sont les sociétés européennes qui vivent dans l'ignorance la plus totale de ce que leur réserve l'avenir immédiat. Si leurs élites politiques continuent dans cette voie, elles verront leur niveau de vie réduit à ce qu'était la vie de leurs grands-parents après la guerre. S'ils ont de la chance et que leurs dirigeants reviennent à la raison au sujet de la guerre et laissent l'expansion des frontières de la Russie tranquille, ils ont un espoir, sinon leurs beaux jours seront finis en quelques minutes.

La grande question, vu qu'en France c'est le clownesque Macron, un personnage étrange qui, de par son activité politique antérieure, a décroché la présidence française et qui a montré des signes d'arrogance et d'incapacité, qui l'emporte une fois de plus, est de savoir comment il est possible qu'il ait été réélu.

Nous ne devrions pas être surpris lorsque Boris Johnson sera à la tête du Royaume-Uni ou Joe Biden des États-Unis. Certains de ces personnages hauts en couleur, d'autres souffrant de graves déficiences cognitives, tiennent le destin du monde entre leurs mains et ne semblent pas comprendre que la Russie ne peut plus reculer, qu'elle est acculée mais qu'elle a plus de pouvoir que leur propre pays.

Ils feraient bien de se demander pourquoi la Chine, qui est tout aussi menacée, soutiendrait l'Occident dans un conflit qui se retournerait ensuite contre elle.

La Russie n'est pas seule: elle a le soutien de nombreux pays comme l'Inde, qui ignore les pressions occidentales; la Turquie, membre de l'OTAN, a une attitude très prudente et s'oppose non seulement aux sanctions mais veut aussi entrer sur le marché russe; Israël lui-même, insoupçonné d'être hostile à l'Occident, Tel Aviv vient d'ajouter d'autres devises à son panier de réserves en plus de l'euro, du dollar et de la livre, et a ajouté le yuan dans une première étape de réajustement à ce qu'elle perçoit comme une nouvelle réalité mondiale dans laquelle elle devra évoluer.

Dans ce contexte, les sociétés occidentales sont narcotisées et ne réagissent pas.

Avec des perspectives de faim, de chômage et de guerre, il y a peu de protestations dans cet hémisphère contre ce que font les gouvernements. Les raisons sont peut-être à chercher dans une génération qui se retire de la vie, qui a connu un progrès matériel constant et qui a vendu son âme au diable en acceptant la destruction de sa propre identité culturelle en échange de la prospérité.

Les personnes âgées en Occident sont soumises à un bombardement médiatique qui, combiné au confort et à la résignation de l'âge, ne semblent pas comprendre grand-chose à ce qui se passe et, si elles le comprennent, elles ne sont plus en mesure d'organiser des manifestations de rue et d'affronter la police comme elles le faisaient dans les décennies précédentes.

Nous ne devrions certainement pas être surpris que ce soit le cas, après tout, leur cycle historique est terminé et les jeunes, avec leur avidité naturelle à tester les limites, à rechercher de nouvelles expériences et leur désir inné de justice, sont ceux qui devraient prendre le relais et freiner le délire de leurs conducteurs.

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Cependant, cela ne se produit pas. Les jeunes naissent dans un environnement où le matérialisme, l'hédonisme et l'individualisme sont favorisés. Leurs idées se réduisent donc à vivre le plus confortablement possible, en profitant des plaisirs les plus immédiats et dans la solitude ; il n'y a pas d'idées fermes d'engagement envers la communauté, la nation ou les idées supérieures de transcendance.

Ainsi formés, leur quotidien, lorsqu'ils sont issus des classes moyennes ou aisées, est de prendre du bon temps, et comme la vie a besoin de stimuli et d'une alternance naturelle entre désirs et réalités, ces jeunes font appel comme éléments à des sujets mineurs comme la musique, l'alcool ou la drogue. Rien d'étonnant à ce que la CIA ait fait la promotion du sexe, de la drogue et du rock&roll dans les années 60 par le biais du hippisme et d'autres idéologies.

Leurs idéaux révolutionnaires ne visent plus à socialiser les moyens de production, mais à satisfaire les désirs de petites minorités radicalisées sur des questions secondaires et souvent néfastes, mais qui servent un double objectif, en canalisant ceux qui ont encore un peu de rébellion vers des questions qui ne compromettent pas les véritables pouvoirs ou leurs structures.

La stratégie même du pouvoir a été d'inculquer une idée d'immédiateté et de manque d'engagement, en considérant que tout doit être "amusant", mais pas de manière saine, mais comme une sorte d'évasion des vrais problèmes, les "bonnes vibrations" sont la prémisse maximale et donc toute personne porteuse de nouvelles inquiétantes est quelqu'un qui "a de mauvaises vibrations" et doit être isolée.

Étant ensuite dans une société qui encourage la passivité, qui considère les choses profondes comme ennuyeuses, qui pense en 144 caractères, la réflexion et la critique s'éteignent progressivement. Ce processus conduit à la réalité que nous voyons aujourd'hui, une majorité sociale qui est inconsciente de ce qui se passe dans le monde, qui donne au mieux une opinion légère sur des questions qu'elle ne comprend pas et qui valorise sa propre volonté comme quelque chose sans limites.

Lorsqu'il s'agit de l'Ukraine, leur univers se réduit à des Russes autoritaires parce qu'ils n'acceptent pas les idées minoritaires à la mode et sont des traditionalistes, qui ont le droit de faire ce qu'ils veulent sans comprendre les nuances et la sécurité internationale, et sont finalement très faciles à manipuler pour la propagande de l'OTAN.

Si une personne comme Marine Le Pen suggère que nous devrions repenser à rester dans cette UE, ou à ne pas acheter de gaz russe en expliquant les conséquences pour l'ensemble, la réponse est qu'elle est une fasciste. Il est inutile de leur expliquer que c'est Macron qui soutient les vrais néo-nazis, ils ne découvrent jamais ce qui se passe réellement car cela ne peut être expliqué en 144 caractères et il y a des priorités pour être informé en profondeur. L'immédiateté et l'idée du plaisir comme seule chose qui fait l'homme leur servent de pierre d'achoppement pour développer leurs propres critères.

Dans une société où ceux qui ont certaines expériences sont fatigués et méprisés parce que seul le jeune novice est à valoriser plutôt que la sagesse que procurent les années, il est simple de manipuler des jeunes qui ne connaissent pas d'histoire et qui sont vulnérables à ces trois sensations de base: l'attachement au matérialisme, l'hédonisme profond et le fait de ne penser qu'à soi, un individualisme qui se transforme rapidement en égoïsme malgré une patine de solidarité qui marque comme scandaleuse la fin de certains mots.

Il existe une profonde ignorance de ce qui se passe réellement dans le monde, mais celle-ci, et c'est ce qui la rend plus dangereuse, s'accompagne d'un désintérêt, de pensées banales, d'un manque de spiritualité ou de toute idée que quelque chose est transcendant.

Ne penser qu'au présent finit par être synonyme de ces jeunes gens incapables de réagir au danger qui plane au-dessus de leurs têtes, la fluidité et le détachement consommant leurs actions.

Il n'est donc pas étonnant qu'ils soutiennent la "lutte contre le réchauffement climatique" et appellent à la fermeture des centrales à charbon et à gaz, tandis que leurs politiciens mènent ce même pays à la destruction parce qu'ils refusent que la Russie soit garantie de ne pas être attaquée.

Comment est-il possible qu'il y ait un défilé de "fierté" gay avec des dizaines ou des centaines de milliers de personnes ou que le féminisme continue à prétendre que le problème de l'humanité est l'oppression des femmes et la nécessité d'intégrer le genre dans les gouvernements, alors que les menaces d'une guerre nucléaire qui exterminera des milliards de personnes deviennent une réalité ?

Elle est le résultat naturel de tout ce qui précède, l'ignorance, l'égoïsme, le vide, l'indifférence. Pour ces jeunes, la rébellion consiste à devenir végétalien parce que les animaux sont égaux aux personnes, ou parce qu'ils polluent, à croire que les enfants annulent une femme ou sont des fautes graves parce qu'ils augmentent l'empreinte carbone, à penser qu'ils peuvent choisir d'être des hommes, des femmes ou quelque chose de non spécifique selon leur volonté et une énorme liste de questions similaires.

Pendant ce temps, l'atlantisme s'achemine vers la destruction du monde tel que nous le connaissons et se redéfinit selon un autre modèle qui leur garantit de conserver leurs positions dominantes.

La situation est donc très grave lorsque l'incompétence, l'ignorance et la mauvaise foi se conjuguent chez les dirigeants occidentaux et que ceux qui devraient faire contrepoids ont été aliénés par ce même pouvoir pour les diriger comme des moutons obéissants qui n'ont même pas conscience de ce qu'ils sont.

Ils ont fait en sorte que les esclaves mettent leurs fières chaînes, et ils réprimandent, "annulent" en termes d'aujourd'hui, ceux qui leur crient qu'ils sont des esclaves poussés à la destruction. Ne pas jeter de "mauvaises ondes" sera sûrement leur dernière réponse s'ils aperçoivent le champignon atomique avant qu'il ne s'éteigne.

*Marcelo Ramirez est un analyste géopolitique. Directeur d'AsiaTV.

22:14 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, otan, occidentisme, occidentalisme, jeunesse | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Sondagite aiguë

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Sondagite aiguë

par Georges FELTIN-TRACOL

Les régimes pseudo-démocratiques d’Occident se complaisent volontiers dans un mal moderne venu d’outre-Atlantique : la « sondagite aiguë ». Certes, il ne s’agit pas d’une nouvelle épidémie virale ou d’une infection microbienne jusque-là inconnue. La « sondagite aiguë » désigne l’emploi compulsif et incessant des enquêtes d’opinion et des sondages par les gouvernements, les médiats et les formations politiques. La récente élection présidentielle française et les législatives à venir témoignent de leur grande nocivité.

Politologues et journalistes s’accordent sur les résultats du premier tour, le 10 avril 2022: les trois candidats qui franchissent la barre des 20 % ont bénéficié dans les derniers jours d’un vote utile. Les électeurs ont choisi un candidat non pas en fonction de son programme, de ses convictions, de sa personnalité, mais en suivant les intentions de vote publiées tous les jours avant les quarante-huit heures fatidiques de réserve électorale obligatoire.

C’est à la présidentielle de 2002 que s’est installée cette vilaine habitude de sondagite permanente. Auparavant, entre 1965 et 1995, les plus anciens auditeurs s’en souviennent peut-être, les quinze jours de la campagne officielle s’effectuaient en l’absence de tout sondage. L’incertitude dominait les derniers jours. Ainsi personne ne vit-il les 14,39 % en 1988 et les 15 % en 1995 de Jean-Marie Le Pen. Toujours en 1995, les sondages alors confidentiels pronostiquaient un duel entre Édouard Balladur et Jacques Chirac. C’est le candidat socialiste Lionel Jospin qui arriva en tête au soir du 23 avril avec 23,30 %.

La publication répétée des sondages jusqu’à l’ultime instant autorisé transforme les citoyens en véritables « parieurs » politiques, en « turfistes » électoraux qui misent non point sur les meilleurs chevaux de course, mais sur le candidat le plus apte à gagner. Cette pratique marque en matière politico-électorale le passage de l’électeur en consommateur d’ailleurs vite dépité par son choix.

La propension sondagière commence en France en 1965 au moment de la première élection présidentielle au suffrage universel direct de la Ve République. L’atlantiste libéral Jean Lecanuet mène une campagne inspirée de l’exemple étatsunien. Surnommé « Monsieur Dents blanches », le maire centriste de Rouen s’inspire du candidat Kennedy et bénéficie des conseils avisés du publicitaire Michel Bongrand qui inaugure dans l’Hexagone les méthodes de mercatique politique. Couplée aux premiers sondages politiques, la persuasion quasi-commerciale de segments socio-professionnels particuliers assure à Jean Lecanuet une troisième place, 15,57 % des suffrages, qui met en ballottage le général De Gaulle trop sûr de lui-même, et assèche le candidat national, Jean-Louis Tixier-Vignancour, qui plafonne à 5,20 %.

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Michel Bongrand (photo) est le lointain ancêtre des spin doctors anglo-saxons, capables de vendre des tonnes de sable aux habitants du Sahara par une narration médiatique sophistiquée. En Russie, leurs équivalents s’activent autour des polittekhnologui (ou « technologies politiques »). Ce terme regroupe les démarches de lobbying, les relations publiques, voire des actions compromettantes si possibles filmées. Toutes travaillent l’électorat sous l’impulsion des professionnels de l’information, de l’influence subliminale, de la manipulation factuelle et de la désinformation.

Le recours massif aux sondages n’est pas anecdotique. Avant la campagne officielle qui impose une stricte égalité du temps d’antenne des candidats, les semaines qui précédent cette phase déterminante appliquent une équité entre les candidats. Outre les résultats électoraux antérieurs récents, entrent dans la prise en compte les tendances générales indiquées dans les sondages. Cette procédure entérinée par les autorités de l’audio-visuel accentue l’invisibilité des « petits candidats » qui, écartés des émissions grand public, restent inaperçus aux yeux du public. Cette absence de visibilité rend plus incertaine encore la collecte des parrainages comme Florian Philippot a pu l’observer récemment.

L’importance accordée aux sondages permet enfin aux plumitifs du Système de relativiser certaines performances obtenues. Au lendemain du premier tour, les 7,07 % d’Éric Zemmour déroutent ses sympathisants. Les commentateurs ne se privent pas de comparer ce résultat effectif avec les sondages flatteurs d’octobre – novembre 2021 qui le propulsaient au second tour face à Emmanuel Macron. Or un sondage n’est que la radiographie de l’opinion publique à partir d’un panel sociologique scientifiquement constitué à un instant T. Ses données demeurent virtuelles, liquides qui ne peuvent pas être confrontées avec le résultat définitif. Réunir 2.485.226 voix pour un essayiste candidat néophyte est un exploit impossible à minimiser, surtout quand il s’accompagne d’un écroulement parallèle des deux partis qui ont dominé la Ve République de 1958 à 2017 !

Quitte à se mettre à dos les instituts de sondage et les étudiants en sciences politiques ou en sociologie qui y exercent de petits boulots, il serait temps d’interdire strictement la réalisation et la publication de tout sondage politique au minimum quinze jours avant le premier tour et au maximum un à deux mois auparavant au nom de la salubrité publique et de l’hygiène mentale du corps électoral. On notera que l’électeur occidental n’adhère plus à un projet particulier; il préfère rejeter celui des autres. Il participe à un jeu de massacre qui, au final, le conduit à un abattoir symbolique. Les sondages incitent à un comportement moutonnier panurgique collectif.

Georges Feltin-Tracol

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 30, mise en ligne le 26 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

Les peuples d'Europe se soulèveront contre les élites mondialistes

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Les peuples d'Europe se soulèveront contre les élites mondialistes

Entretien avec Alexandre Douguine pour Nexus

Propos recueillis par Lorenzo Maria Pacini

1) Alexander Goulievitch, le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine modifie l'ordre géopolitique mondial de manière multipolaire. À votre avis, à quoi ressemblera l'architecture internationale - disons, dans les cinq prochaines années - lorsque les combats seront terminés ? Qu'est-ce qui va changer exactement, quels équilibres de pouvoir sur l'échiquier mondial vont émerger et/ou être configurés ? 

Tout d'abord, un système de trois pôles s'est clairement formé. Chacun d'entre eux a son propre domaine de responsabilité, sa propre monnaie de réserve, son propre ensemble de valeurs culturelles, sa propre stratégie indépendante.

Ce n'est pas une seule humanité normative qui émergera (en tant que projection de l'Occident libéral et de ses normes et règles), mais trois. Pas un seul ordre libéral basé sur les règles occidentales, mais trois ordres civilisationnels différents - avec des idéologies différentes. Ce sera un coup dur pour le mondialisme.

Suite à cet effondrement du monde global, d'autres civilisations se joindront à cette multipolarité. Tout d'abord, je pense, l'Inde. Elle a son propre système, une démographie énorme, un potentiel économique puissant.  Le monde peut devenir quadripolaire assez rapidement. Puis viendra le temps du monde islamique, où l'Iran, le Pakistan, la Turquie, et aussi la Syrie, sont déjà des entités souveraines. 

L'Amérique latine et l'Afrique graviteront dans le même sens.

Et parallèlement à cela, je pense qu'une guerre civile va commencer en Europe - les peuples d'Europe se soulèveront contre les élites mondialistes. Lorsque les continentalistes auront gagné, l'Europe se sera organisée en un autre pôle.

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Et enfin, sous les coups de toutes parts, la dictature mondialiste aux États-Unis elle-même s'effondrera, et les Trumpistes comme les continentaux américains créeront un nouvel État. Peut-être le plus fort, peut-être pas.

2) La lutte géopolitique est aussi un "choc des civilisations", selon l'expression de Huntington, qui contraste avec la "fin de l'histoire" prônée par Fukuyama. Plusieurs fois dans vos discours, vous avez parlé d'une "guerre de l'esprit" quand vous évoquiez ce qui se passe. Pourriez-vous expliquer plus clairement votre vision métaphysique de ce conflit ?

C'est une longue histoire. Je suis un traditionaliste, et je crois que le monde moderne est l'opposé du monde de la Tradition. L'Occident moderne a détruit sa propre tradition, la tradition médiévale, la tradition antique, et détruit la tradition chez les autres peuples. En bref, l'Occident moderne est le Satan collectif, l'Antéchrist. À la fin des temps, et nous vivons à la fin des temps, Satan l'emporte sur ceux qui restent fidèles à Dieu, à l'ordre sacré. Mais cela ne dure pas longtemps. Dans la bataille finale, les armées de l'archange Michel, c'est-à-dire nous, sont victorieuses. C'est là l'essentiel : c'est le combat de la Tradition contre le monde moderne, le monde de la Révolution conservatrice. Pour les chrétiens, c'est une guerre contre l'Antéchrist, pour les musulmans contre Dajjal, pour les hindous contre le Kali Yuga, pour les Chinois contre le capitalisme et l'impérialisme occidentaux.

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3) En Italie, vous avez été appelé à plusieurs reprises "l'idéologue de Poutine" et "le Raspoutine du Kremlin". Une grande partie de la presse italienne vous associe politiquement à l'extrême-droite, vous qualifiant de "fasciste" ou de "néo-nazi". Et cela - comme pour toute personne qui reçoit une "étiquette idéologique" de la part des médias - a en tout cas contribué à changer les perceptions des Italiens, intellectuels ou simples citoyens. À votre avis, qu'est-ce qui a suscité des étiquettes aussi peu judicieuses ?

Je suis une personne assez courageuse, et si j'étais un fasciste ou un nazi, je le dirais. Et je me moque de ce que les autres en pensent. De même, si j'étais communiste. Mais je ne suis pas un nazi, un fasciste ou un communiste, et je détaille ma critique de ces visions du monde dans La quatrième théorie politique et dans mes autres écrits. Je suis contre l'Occident moderne et toutes ses idéologies - libéralisme, communisme et fascisme. Pour moi, les sujets normatifs de ces trois visions - l'individu, la classe et la nation (et encore moins la race) ne sont pas acceptables. Je crois que le sujet de la politique devrait être le Dasein ou le peuple compris existentiellement, non pas une nation politique, mais l'unité historique et culturelle d'un tout organique - toujours ouvert et sans rapport avec la citoyenneté ou l'ethnicité. Une nation est une unité de destin.

Mais le libéralisme qui prévaut aujourd'hui ne permet pas la possibilité même d'une critique à partir de la position de la Quatrième théorie politique. Tout ce qui s'y oppose doit être considéré soit comme du fascisme, soit comme du communisme. Les libéraux ne discutent donc pas avec moi, ils se contentent de me diaboliser, de me bannir, puis de colporter une caricature qu'ils ont eux-mêmes créée et qui n'a absolument rien à voir avec moi ou avec mes idées.

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Il en va de même pour Poutine. Il n'est clairement pas un libéral, mais pas non plus un communiste et encore moins un nationaliste. Comment le définissez-vous en Occident? Comme un mélange de Staline et d'Hitler, il ne faut pas longtemps aux libéraux pour se décider. Et il n'est ni l'un ni l'autre. Les libéraux ne sont pas des nazis, mais ils se comportent comme des nazis. Et leur comportement rappelle également les procès staliniens, même s'ils ne sont pas communistes. 

Je sais tout cela depuis ma jeunesse soviétique : le libéralisme est devenu si totalitaire qu'il ne tolère pas la dissidence et est incapable de polémiquer. Il s'agit d'un monologue. Un tel monologue narcissique sans cervelle est la chose la plus désagréable du fascisme et du communisme. C'est la méthode privilégiée du libéralisme aujourd'hui : si vous n'êtes pas un libéral, vous êtes un ennemi de la société ouverte, c'est-à-dire un "fasciste" Cela ne peut être modifié selon les vicissitudes du moment. Le camp de concentration idéologique en Occident et dans le monde disparaîtra en même temps que le libéralisme, tout comme les autres idéologies totalitaires occidentales ont disparu. 

4) Dites-nous, s'il vous plaît, pour notre public italien, qui est de plus en plus intéressé par vos idées, mais qui, en même temps, n'écoute souvent que ce qui est diffusé par les grands médias : quelle est votre relation avec Vladimir Poutine ?

Poutine et moi sommes inspirés par la logique du destin russe, défendons l'identité russe, sommes dévoués à la civilisation russe et sommes conscients des règles du grand jeu géopolitique. Je pense que cette coïncidence est spontanée.

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5) Votre quatrième théorie politique est un dépassement des trois grandes doctrines politiques, et elle fascine aussi les Européens, y compris les Italiens. Y a-t-il, en fait, un élément nouveau qui offre des possibilités pour l'avenir - y compris pour notre pays ? Et, à votre avis, quel rôle joue l'Italie dans la renaissance de l'Europe ? Et dans quelle mesure votre Quatrième théorie politique peut-elle être une voie à suivre ?

Je ne peux pas dire que je suis particulièrement impressionné par le patriotisme italien. Je ne suis pas non plus impressionné par aucun État-nation bourgeois créé à l'époque moderne. J'admire Rome et l'Empire romain. Je suis fasciné par la Renaissance italienne. J'aime beaucoup les régions italiennes - la Sicile, le Nord, etc. Et je suis très impressionné par les travaux et les idées du traditionaliste italien Julius Evola.

La quatrième théorie politique en Italie doit se fonder logiquement sur le Dasein italien. Mais qu'est-ce que c'est ? Chaque nation a son propre Dasein. Ce n'est pas une catégorie formelle - pas la citoyenneté, pas l'ethnicité, pas la langue... C'est la structure de la vie et la relation à la mort, c'est la profondeur d'une culture métaphysique et existentielle. Parfois, je pense que je ressens le Dasein italien et que je l'admire. Mais cela nécessite une sérieuse philosophie là. Dans ma série de livres, Noomachia, l'un des volumes est consacré au Logos latin. Je me penche sur l'histoire de l'Italie, de la Rome antique à nos jours. Mais il ne s'agit encore que d'une approche préliminaire. Décrire et explorer le Dasein italien est l'affaire des Italiens eux-mêmes. C'est également le point sur lequel doit être construite la version italienne spécifique de la Quatrième théorie politique. D'ailleurs, de telles études ont déjà été lancées en Espagne, au Brésil, en Argentine et dans d'autres pays.

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6) En raison des sanctions (passées et présentes), la Russie est et sera contrainte d'accroître son indépendance vis-à-vis de la finance occidentale. Et selon certains, la possibilité d'un retour à l'étalon-or, surmontant la monnaie fiduciaire qui prévaut depuis les années 1970, lorsque les États-Unis ont imposé au monde une monnaie abstraite sans valeur, est proche. En outre, l'or a une signification symbolique précise que les traditions spirituelles ont toujours prise en compte. Pensez-vous qu'un tel scénario n'aurait qu'une signification économique, ou aurait-il également une signification plus large ?

Je m'en tiens ici plutôt à la théorie économique développée par Ezra Pound dans ses Cantos. L'étalon-or est une catégorie associée à quelque chose d'étranger à une économie particulière et porte déjà en elle, bien que modifiée, la référence à la caisse d'émission. Une monnaie nationale ne devrait être liée qu'au volume du produit national. L'émission est l'affaire de la banque centrale souveraine sans aucune référence à une quelconque mesure étrangère, qu'il s'agisse d'une monnaie de réserve mondiale ou d'un étalon-or. Et pour éviter de déclencher l'inflation, les investissements stratégiques doivent être acheminés par une deuxième boucle, distincte de celle du consommateur de masse. Ce modèle ne dépend pas de l'idéologie - le New Deal de Roosevelt, l'économie de Staline de 1928-1953 et l'économie de HJalmar Schacht ont été toutes aussi efficaces, tandis que le libéralisme, le communisme ou le nazisme dans d'autres versions auraient pu se conjuguer avec stagnation, effondrement et dégradation. La souveraineté économique, que Pound vantait et que le brillant Silvio Gesell a tenté d'incarner, est la solution optimale. 

vendredi, 29 avril 2022

Où l'Occident trouvera-t-il des roubles?

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Où l'Occident trouvera-t-il des roubles?

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/loccidente-dove-trovera-i-rubli/

Poutine a ordonné que le marché monétaire national de la Russie soit préparé au passage au règlement en roubles des livraisons à l'exportation, pour l'instant, notamment du gaz naturel. Cette demande devient urgente car les banques des "pays hostiles" (un terme technique qui inclut l'UE et la plupart des pays anglophones) retardent délibérément et volontairement les paiements pour l'énergie russe. Par conséquent, les livraisons sont désormais effectuées à crédit - un crédit basé sur le rouble !

Entre-temps, le taux de référence de la banque centrale russe est passé à 17%, contre 20% précédemment, mais quand même ! Il semble que quelqu'un de pas très intelligent fasse tout pour faire grimper les prix de l'énergie. Entre-temps, les paiements reçus pour les exportations de pétrole et de gaz ont été réduits de moitié, ce qui rend probable que ces mêmes exportations (vers des "pays hostiles") seront également réduites de moitié. À ce stade, certains historiens pourraient sortir de vieux livres poussiéreux et prétendre que ce genre de politique commerciale folle était la cause de la Grande Dépression. Je ne suis pas d'accord et je l'appelle l'effondrement des entreprises, qui suit l'effondrement financier avec sa perte d'accès au crédit causée par un risque de contrepartie excessif.

Poutine aimerait que ce problème soit résolu. Il veut que l'Europe soit maintenue en vie car la Russie n'a pas besoin d'un énorme cadavre en décomposition à sa frontière occidentale. Le problème avec le décret de Poutine est que les banques russes feront office d'agents de change dans le règlement du programme "marchandises contre roubles" et que les transactions de conversion auront lieu sur le marché des devises de la Bourse de Moscou au sein du système financier russe, et que ce système connaît une grave pénurie d'acheteurs de devises étrangères.

Poutine n'est pas un magicien, et il ne peut pas générer à partir de rien une armée de zombies qui voudront emprunter des roubles et acheter avec eux des dollars et des euros qu'il n'y a aucun moyen d'investir de manière rentable pour rembourser les intérêts de la dette libellée en roubles; pas avec une inflation à deux chiffres dans la zone euro et la zone dollar; pas avec un taux d'intérêt d'au moins 17% sur le rouble. Sauf une, sur laquelle je reviendrai plus tard.

Si ce ne sont pas les zombies, alors qui élargira ses positions en dollars et en euros à une échelle aussi gigantesque?

Des importateurs russes? Non, les importations représentent la moitié des exportations, sans parler des problèmes logistiques et contractuels dus aux sanctions.

Le peuple russe? Certainement pas! La mode consistant à conserver un stock de billets de 100 dollars sous le matelas a disparu depuis longtemps, tout comme celle consistant à conserver des comptes en dollars dans les banques russes. Tout le paradigme monétaire a changé et il n'y a pas assez de monnaie libre parmi la population russe pour absorber les flux d'exportation.

Des entreprises russes ? Parmi eux, seuls les exportateurs disposent de ressources importantes, mais leur faire accepter des dollars ou des euros les ramène à la case départ et ne fait qu'exacerber leur problème en les obligeant à vendre 80 % de ces dollars et euros en roubles. Et le problème est encore pire pour les exportateurs russes, qui doivent maintenant essentiellement vendre 100 % de leurs revenus en dollars et en euros pour des roubles.

Les banques russes? C'est une possibilité ce mois-ci, mais pas dans les mois à venir. Les banques servent les intérêts de leurs clients et ceux-ci, ayant été coupés du système financier occidental, n'ont plus besoin de dollars ou d'euros. Et comme ils ont eux-mêmes été coupés du système financier occidental, ils n'ont pas non plus besoin de ces monnaies. Ils liquident leurs actifs en dollars et en euros.

Oh, et enfin, les étrangers n'ont pas accès au marché des changes russe. Cela rend les choses vraiment simples, n'est-ce pas?

Il ne reste plus que la banque centrale russe et le gouvernement russe qui la possède et l'exploite. Alors qu'auparavant ils se contentaient d'accumuler des réserves en dollars et en euros, la définition des réserves a été modifiée pour exclure ces deux éléments. Si une accumulation de réserves de change devait avoir lieu maintenant, ce serait en yuan, et alors tous ces roubles excédentaires passeraient directement des mains des acheteurs d'énergie des "nations hostiles" aux mains amicales des exportateurs chinois.

On pourrait penser que les Chinois polis seraient prêts à accepter des dollars et des euros en échange de leurs exportations vers la Russie, ce qui leur permettrait de gagner des roubles en utilisant ces deux monnaies. Malheureusement non, la Chine et la Russie ont passé des accords pour transférer leurs échanges commerciaux vers le rouble et le yuan, excluant spécifiquement le dollar.

J'ai bien peur de ne pas avoir d'idées brillantes à proposer pour résoudre ce problème, comme l'a ordonné Poutine. Il y a cependant une idée. Il est possible d'obtenir des crédits en roubles très bon marché dans le but de remplacer les importations. Le plan consiste donc à emprunter des roubles, à les utiliser pour acheter des dollars ou des euros, puis à utiliser ces dollars ou ces euros pour acheter, emballer et expédier en Russie des usines et des équipements occidentaux capables de fabriquer des produits pour lesquels il existe une demande en Russie et dans les pays amis de la Russie.

Bien sûr, les gouvernements occidentaux tenteront très probablement de bloquer ce plan. Ils n'ont plus beaucoup d'occasions de se tirer une balle dans le pied, mais ils vont certainement continuer à essayer. Et la Russie se retrouvera avec un énorme cadavre en décomposition à ses frontières occidentales. J'espère que quelqu'un trouvera le moyen d'exécuter l'ordre de Poutine, mais je n'ai aucune idée de ce que cela pourrait être.

26 avril 2022

Pourquoi l'Occident déteste la Russie et Poutine

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Pourquoi l'Occident déteste la Russie et Poutine

par Fabrizio Marchi

Source : Fabrizio Marchi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/perche-l-occidente-odia-la-russia-e-putin

Bien que cela puisse ressembler à un fantasme politique, surtout pour ceux qui ne sont pas impliqués dans la politique internationale, il est important de souligner que l'objectif stratégique de l'offensive globale américaine (lire, entre autres, l'expansion de l'OTAN à l'Est), est la Chine, et non la Russie.

L'affaiblissement, voire la déstabilisation de la Russie à moyen-long terme n'est "que" (avec beaucoup de guillemets...) une étape intermédiaire, même si elle est d'une importance énorme, pour isoler la Chine, le véritable et plus important concurrent des Américains. Tout reste à vérifier, bien sûr, pour savoir si cela est possible, mais à mon avis, telle est bien l'intention.

Les États-Unis cherchent à prolonger le conflit en Ukraine le plus longtemps possible, voire à le rendre permanent. Ils espèrent ainsi saigner la Russie, tant sur le plan militaire que, surtout, sur le plan économique, et l'user psychologiquement au fil du temps, en sapant sa cohésion interne. À moyen terme, la guerre pourrait renforcer le leadership de Poutine, et c'est déjà le cas, mais à long terme, elle pourrait peut-être l'affaiblir. Après tout, rester embourbé dans une guerre à long terme peut être, et a été, déstabilisant pour tout le monde. Pensez au Vietnam pour les États-Unis et à l'Afghanistan pour l'Amérique et l'Union soviétique, pour ne citer que quelques exemples bien connus. Et quelle que soit la solidité du leadership de Poutine, nous ne pouvons pas exclure a priori qu'il puisse être affaibli en interne au fil du temps. Dans quelle mesure et si cela est possible, comme je l'ai dit, est une autre question, mais je crois que la stratégie du Pentagone est la suivante.

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Immédiatement après l'effondrement de l'URSS (mais la désintégration avait déjà commencé depuis un certain temps), la Russie a été réduite à l'état de colonie, un pays disposant d'un énorme réservoir de matières premières à piller et d'une grande masse de main-d'œuvre bon marché à la disposition des multinationales et des entreprises occidentales, ainsi que d'un gouvernement d'hommes d'affaires sans scrupules, de mèche avec la mafia et dirigé par une marionnette ivre au service des États-Unis. Ils étaient convaincus qu'ils avaient le monde entre leurs mains. Et c'était leur plus grande erreur. Une erreur qu'ils ont en fait souvent commise au cours des trente dernières années. Ils ont été littéralement délogés par la croissance économique impétueuse, voire inquiétante, de la Chine et n'ont pas pensé que la Russie pouvait se relever et retrouver sa force, son centre de gravité, son identité, qui est celle d'un grand pays, avec une grande histoire, une grande culture et un grand peuple qui ne peut accepter d'être réduit à une colonie de l'Occident.

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Qu'on le veuille ou non (cela n'a absolument rien à voir avec la compréhension des choses), Poutine était l'homme qui incarnait cette renaissance. Et c'est précisément cela que l'Occident ne lui pardonne pas. Parce qu'il leur a enlevé le grand jouet qu'ils pensaient avoir entre les mains et, ce faisant, leur a enlevé le rêve - qui semblait avoir été réalisé - de pouvoir dominer la planète entière.

Que la croisade anti-russe se fasse pour défendre les valeurs occidentales, la liberté, les droits civils et la démocratie, c'est évident, mais c'est du bavardage, de la propagande des plus évidentes, de la soupe pour les naïfs (je ne veux pas m'y frotter...). L'Occident fait et a fait des affaires, a soutenu, financé, armé et souvent créé les dictatures les plus féroces dans le monde entier (tout comme il n'hésite pas aujourd'hui à anoblir la pire racaille nazie-fasciste jamais vue en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale), et encore moins si le problème peut être les droits et la démocratie. Si Putin était à votre service, vous pourriez aussi bien manger littéralement de la chair de petit enfant au petit déjeuner et personne ne s'en soucierait le moins du monde et tout le monde trouverait même un moyen de le dissimuler.

Affaiblir, réduire radicalement ou même déstabiliser la Russie et installer un gouvernement complaisant signifierait, comme je l'ai dit, isoler la Chine. Pensons aujourd'hui à l'Inde, un pays formellement placé dans la sphère d'influence occidentale, mais en fait non homogène avec cette même sphère, pour des raisons géographiques évidentes et donc économiques et commerciales. Avec la disparition de la Russie, l'autre principal bastion, outre la Chine, du bloc (euro-asiatique), l'Inde serait inévitablement aspirée dans la sphère d'influence occidentale, et peut-être aussi le Pakistan, un allié des États-Unis jusqu'à il y a tout juste un an ou deux.

Il s'agit évidemment d'une stratégie et d'un projet très ambitieux avec lesquels les Américains pourraient jouer à moyen et long terme. D'autre part, s'ils ne parviennent pas à briser d'une manière ou d'une autre le lien entre la Russie et la Chine, c'est-à-dire l'axe central du bloc asiatique (possible mais pas encore complètement homogène), les choses pourraient se gâter pour les États-Unis et le bloc occidental.

C'est pourquoi la crise actuelle est certainement la plus grave et la plus inquiétante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Objectivement, nous ne sommes pas en mesure de prévoir les évolutions et, surtout, les résultats potentiellement dramatiques.

Elections françaises: le peuple dit "non", les élites disent "oui" à Macron

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Elections françaises: le peuple dit "non", les élites disent "oui" à Macron

par Daria Platonova Douguina

Source: https://www.ideeazione.com/elezioni-francesi-il-popolo-dice-no-le-elite-dicono-si-a-macron/

Au second tour, Emmanuel Macron a obtenu 58,55% des voix (résultats fournis par le ministère français de l'Intérieur après traitement de 100% des bulletins de vote). La première soirée après l'élection du président pour un second mandat a déjà été marquée par des manifestations de grande ampleur contre le "macronisme" et le libéralisme. Les gilets jaunes, des éléments de la gauche et de la droite sont descendus dans la rue. Philippe Poutou, le leader du parti anticapitaliste, a appelé au renversement de Macron. Et les leaders de l'opposition (Le Pen, Zemmour, Mélenchon), dont l'électorat cumulé dépasse 50% de la population française, ont déclaré que les élections ne sont pas terminées, et que le troisième tour sera les élections législatives qui auront lieu en juin. Macron risque de ne pas obtenir de majorité parlementaire. Cela est fortement influencé par l'échec de sa politique quinquennale, surnommée le "Macronisme", qui a conduit le parti de Macron à ne remporter aucune des 13 régions lors des élections régionales de 2021.

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Philippe Poutou.

Le fait que les prochaines années seront turbulentes a également été noté par le président nouvellement élu lui-même. "Un second mandat ne sera pas turbulent, mais il sera historique pour la France", a déclaré M. Macron, lors d'un meeting de victoire. La France risque d'être confrontée à une période d'instabilité, et la page s'est ouverte pour un quinquennat plus défiant (ou même un septennat, dans le cas de la réforme constitutionnelle de Macron visant à prolonger le mandat présidentiel). Le pays entre dans une période de turbulences politiques et les slogans des manifestations d'hier, avec le mot "Révolution", suggèrent de possibles changements radicaux à venir.

Dans le même temps, trois grands blocs politiques ont émergé, dont deux représentent les intérêts du peuple (Le Pen et Mélenchon) et un, Macron, les intérêts des élites transnationales orientées vers un agenda mondialiste. Le résultat de Le Pen est en effet impressionnant: par rapport à 2017 (où l'écart était de 33%), le tableau actuel montre que ses thèses (critique de l'immigration, de l'OTAN, du mondialisme, du capitalisme) reflètent la volonté de la moitié des Français.

Le think tank français Strategika note que "les situations des élections présidentielles de 2017 et de 2022 sont très différentes. En 2017, il y a eu une confrontation entre le candidat Macron, présenté à l'époque par tous les médias et le système politique comme "nouveau", et Marine Le Pen, qui portait en quelque sorte le "poids" du passé (du passé de son parti). Il y avait une illusion que le monde politique vermoulu, contre lequel Macron s'est positionné comme une fausse nouveauté sans précédent, allait soudainement exploser et résoudre des décennies de problèmes accumulés". Toutefois, selon l'auteur de Strategika, en 2022, la situation a radicalement changé: "En 2022, un autre Macron est apparu - avec une crise économique massive à son actif et des politiques néolibérales qui ont eu un impact négatif sur le peuple français et la cohésion sociale du pays, ainsi qu'une série d'échecs en matière de politique intérieure et extérieure, notamment :

    - la répression sanglante des "gilets jaunes" ;

    - une gestion autoritaire et inadéquate de la crise sanitaire ("covidisme") ;

    - le déclin de la démocratie et de la liberté d'expression dans le pays ;

    - la dégradation de la situation migratoire dans le pays (un épisode récent hautement symbolique de l'état de guerre civile rampante de la France a été l'assassinat en prison du militant nationaliste corse Ivan Colonna par un djihadiste. Sans parler de l'hypothèse de l'exécution éventuelle donc d'un meurtre sur commande) ;

    - échec au Mali et perte d'influence sur le continent africain ;

    - l'annulation des contrats de sous-marins avec l'Australie ;

    - l'échec du processus de paix entre Moscou et Kiev".

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La crédibilité de Macron a également été ébranlée par une importante affaire McKinsey: "Macron a effectivement placé le pays sous un contrôle externe: le Sénat français a constaté que la France perdait sa souveraineté dans la sphère législative".

Strategika note que "outre la montée en popularité de Marine Le Pen (également causée par la présence dans son projet d'un certain nombre d'éléments de politique socio-économique: retraite à 60 ans, réductions d'impôts, accent mis sur le pouvoir d'achat, etc.), on a assisté à un renforcement de la position de l'homme politique de gauche Jean-Luc Mélenchon. Le point commun des deux candidats est qu'ils se concentrent davantage sur les stratégies visant à résoudre la crise économique actuelle en France et qu'ils envisagent des modèles pour introduire une régulation étatique partielle dans certains secteurs de l'économie dans la période d'après-crise.

Que réserve l'avenir à la France? Devons-nous nous attendre à des changements radicaux? Apparemment, oui. La victoire de Macron hier a ouvert une boîte de Pandore. Le peuple français, sensible à la trahison et à la déloyauté, ne pardonnera pas à un président responsable d'une crise d'une telle ampleur. Les sanctions anti-russes ont touché les cordons de la bourse des Français, beaucoup admettant qu'il est plus coûteux de se déplacer pour aller travailler que de rester au chômage chez soi. La politique étrangère de Macron, que ce soit en Afrique ou en Ukraine, a soulevé des questions non seulement parmi les citoyens ordinaires ou les politiciens, mais aussi parmi les militaires. L'insatisfaction à l'égard de Macron est croissante. Et les lettres sur les pancartes des manifestants deviennent plus vives : "Révolution. Renversons le régime libéral".

27 avril 2022

jeudi, 28 avril 2022

La CIA adopte une idéologie de gauche

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La CIA adopte une idéologie de gauche

Michael Tracey (2021)

Source: https://misionverdad.com/traducciones/la-cia-adopta-una-ideologia-de-izquierda

Dans une vidéo marketing époustouflante diffusée pour la première fois le 25 mars 2021, mais qui était passée inaperçue jusqu'à il y a quelques jours, la CIA a approuvé avec enthousiasme plusieurs principes clés de ce qui est désormais indiscutablement devenu une construction idéologique et rhétorique hégémonique de la gauche et du libéralisme :

"Je suis une femme de couleur", proclame triomphalement la protagoniste de la vidéo, un agent de la CIA anonyme". "Je suis une millenian cisgenre à qui on a diagnostiqué un trouble d'anxiété généralisée. Je suis intersectionnelle, mais mon existence n'est pas un exercice de mise en boîte".

Elle poursuit: "J'avais l'habitude de lutter contre le syndrome de l'imposteur. Mais à 36 ans, je refuse d'intérioriser les idées patriarcales erronées sur ce qu'une femme peut ou doit être. Je suis fatiguée de me sentir comme si je devais m'excuser pour l'espace que j'occupe".

La vidéo est un rapide tour de force des tropes et des bizarreries les plus étroitement associés à l'"idéologie Woke" contemporaine, comme par exemple:

    - Une référence directe à la doctrine de l'"intersectionnalité". On peut soutenir que c'est le principal principe de fonctionnement de la dite idéologie, ce qui signifie qu'un large éventail d'oppressions fondées sur l'identité se "croisent" et doivent être renversées.

    - L'invocation du terme "cisgenre", qui vise à signifier l'inclusion par la CIA des personnes sans normes de genre, c'est-à-dire les personnes trans.

    - Une dénonciation du "patriarcat", l'un des systèmes d'oppression identitaire les plus abhorrés.

    - L'étrange fierté d'être diagnostiquée avec une maladie mentale, comme s'il s'agissait simplement d'un autre trait d'identité à rendre public et à accepter, plutôt que d'une affection débilitante à guérir.

    - L'utilisation désormais omniprésente du substantif "espace" pour désigner non pas un lieu physique quelconque, mais la vague force métaphysique que l'on est censé exercer dans la vie... ou quelque chose comme ça. ("Connaissez votre valeur. Maîtrisez votre espace", ajoute la femme).

"Woke Ideology" est un terme vague et amorphe désignant un vaste ensemble de croyances et de pratiques; les adeptes de l'idéologie nient souvent qu'une telle chose existe. Et pourtant, toute personne qui n'a pas vécu sous une roche sait à peu près ce que ce terme signifie, reconnaît le style rhétorique dans lequel il est exprimé et comprend immédiatement que cette vidéo en est un exemple. Tout comme on peut identifier des exemples de "communisme" ou de "libertarisme" malgré les débats perpétuels sur la définition précise de ces désignations idéologiques.

Bien que la vidéo ait été produite par la CIA, elle aurait facilement pu être produite par n'importe quelle entreprise du Fortune 500 ou organisation militante financée par une fondation, qui lisent toutes plus ou moins le même script.

La vidéo de la CIA est en fait un épisode d'une série intitulée Humans of the CIA, un titre probablement destiné à rappeler la mode des médias sociaux Humans of New York, dans laquelle des citoyens ordinaires sont "humanisés" avec des histoires sentimentales et touchantes. Tout comme la CIA a tenté de le faire avec cette série.

Une autre vidéo de la série Humans of the CIA présente un homme qui raconte son parcours avec la citation suivante: "Ayant grandi en étant gay dans une petite ville du sud, j'ai eu la chance d'avoir une famille merveilleuse et acceptante. J'ai toujours lutté contre l'idée de ne pas pouvoir parler de ma vie personnelle au travail. Imaginez ma surprise lorsque, lors de mon assermentation à la CIA, j'ai remarqué un arc-en-ciel sur le cordon du directeur de l'époque, M. Brennan".

"L'inclusion est une valeur fondamentale ici", poursuit The Man Who Came Out Gay. "Les membres du personnel, du haut en bas de l'échelle, s'efforcent de faire en sorte que chaque personne - quel que soit son sexe, son identité sexuelle, sa race, son handicap ou son orientation sexuelle - puisse apporter tout son être au travail chaque jour".

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Il s'avère que John Brennan (photo) , l'ancien directeur de la CIA sous Barack Obama (et protagoniste de la saga Trump/Russie générée par la CIA) apparaît dans ces deux vidéos comme un homme qui cherche à s'assurer que les agents de la CIA puissent "apporter tout leur moi au travail chaque jour", plutôt que juste une partie de leur moi, comme quelques membres. Il est là, souriant aux côtés de la femme latina, symbole de l'engagement de la direction de la CIA en matière d'équité et d'inclusion. L'un des successeurs de Brennan, Gina Haspel, dont la nomination a été annoncée par l'administration Trump comme une victoire pour "l'émancipation des femmes", fait également un caméo. Il est clair que la nouvelle dévotion passionnée de l'Agence pour ces valeurs identitaires n'a rien de partisan !

S'il est possible que le zèle du département marketing de la CIA à adopter ce jargon se soit intensifié avec le début d'une nouvelle administration démocrate, le plan de relations publiques semble être antérieur à l'inauguration de Joe Biden. Le 4 janvier 2021, une vidéo a été publiée dans laquelle un autre agent anonyme vante son expérience en tant que "responsable de la stratégie d'entreprise et de l'éducation pour la diversité et l'inclusion" comme une merveilleuse préparation à une carrière à la CIA.

On a du mal à imaginer Donald Trump autorisant personnellement une telle campagne de marketing (mais qui sait). Quoi qu'il en soit, le rôle de la CIA dans l'activisme politique gauche/libéral a atteint une sorte de crescendo sous la présidence de Trump. Brennan a joué un rôle particulièrement important dans le lancement du récit selon lequel Trump aurait été "de connivence" avec le gouvernement russe pour subvertir la démocratie américaine, et ce récit est devenu un objet de fixation furieuse de la gauche/gauche libérale, en partie en raison de l'agitation constante de Brennan sur Twitter et de sa position dans les médias d'entreprise :

 
John O. Brennan
 
@JohnBrennan
 
Donald Trump’s press conference performance in Helsinki rises to & exceeds the threshold of “high crimes & misdemeanors.” It was nothing short of treasonous. Not only were Trump’s comments imbecilic, he is wholly in the pocket of Putin. Republican Patriots: Where are you???
 

(Traduction de ce Twitter du 16 juillet 2018: La performance de Donald Trump lors de sa conférence de presse à Helsinki nous mène au seuil, et dépasse même ce seuil, du "délit et méfait de haute gamme". Ce n'était rien moins que de la trahison. Non seulement les commentaires de Trump étaient imbéciles, mais il s'avère qu'il est complètement dans la poche de Poutine. Patriotes républicains: où êtes-vous???")

(Pour tous ceux qui nient que des segments de "la gauche" ont été impliqués dans le récit Trump/Russie, veuillez jeter un coup d'œil aux organisations qui ont parrainé des rassemblements pour défendre le conseiller spécial Robert Mueller tout au long de 2017 et 2018. Ils comprennent le Working Families Party, Progressive Democrats of America, People for the American Way, Indivisible, et d'autres. Ce ne sont pas seulement les "libéraux" ou les "centristes" insipides qui ont fait cela).

Ainsi, la dernière ouverture rhétorique de la CIA pourrait être comprise comme une continuation de la tendance selon laquelle les prérogatives de la CIA sont de plus en plus alignées sur les prérogatives du complexe à but non lucratif de la gauche libérale et des activistes financés par des fondations. Ce n'est peut-être pas une coïncidence si les anciens (ou "ex") agents de la CIA ont constitué une part importante des nouveaux membres du Parti démocrate lorsque celui-ci a pris le contrôle de la Chambre des représentants en 2018.

Chaque fois qu'ils sont confrontés à la réalité que leurs styles rhétoriques sont imités dans tous les centres de pouvoir du pays, y compris maintenant la Communauté du renseignement, les militants et les journalistes de gauche ont tendance à nier rageusement toute culpabilité. La décision de la CIA de se déclarer institutionnellement comme une source d'"intersectionnalité", insisteront-ils, est une cooptation fausse et cynique.

Cependant, il ne s'agit pas tant d'une "cooptation" que d'une évolution naturelle des impératifs de l'idéologie woke. La CIA peut facilement adopter quelque chose qui s'approche d'une attitude "intersectionnelle" à l'égard des oppressions raciales, de genre et d'identité sexuelle et poursuivre sa mission ordinaire. En fait, l'adoption de cette rhétorique pourrait améliorer sa mission en renforçant son cachet culturel interne. Supposons que John Brennan soit un vrai croyant dans la doctrine de l'intersectionnalité - ce qui n'est absolument pas hors de question - et qu'il croit vraiment que la CIA peut contribuer à la réalisation de ses objectifs. Que faire alors ?

Prétendre qu'il y a une discontinuité entre la nouvelle popularité universelle de ces concepts et l'activisme de gauche n'a aucun sens. Y a-t-il une croyance de gauche plus puissante en circulation en ce moment que celle des oppressions "intersectionnelles" et de leur influence omniprésente et déterminante sur la vie américaine ? La CIA ne fait que signaler son empressement à participer au projet idéologique de démantèlement de ces supposées oppressions. D'une certaine manière, il s'agit d'une véritable victoire pour la gauche militante, dont les convictions gagnent des adhérents à un rythme vertigineux, probablement jamais aussi rapide que l'année dernière.

Mais au lieu de se demander pourquoi le paradigme rhétorique et idéologique qu'ils ont promu sans relâche s'accorde si facilement avec les institutions les plus puissantes du pays, des banques de Wall Street aux grands monopoles technologiques en passant par la CIA, les activistes et les journalistes de gauche changent souvent de sujet avec pétulance. Après que j'ai commenté la vidéo "Woke CIA" hier via Twitter, le frontman radical de Rage Against the Machine, Tom Morello, est sorti de nulle part pour m'accuser de nier les "maux" des actions passées de la CIA - comme les assassinats et les coups d'État - et de faire comme si le "vrai problème" de la CIA était sa pratique soudaine de distribution de soi-disant "pamphlets woke".

En ce moment, je lis un livre très éclairant (ce n'est pas un pamphlet) qui détaille de nombreuses transgressions brutales et largement oubliées de la CIA, comme une mission secrète de 1958 qui a abouti au bombardement d'un marché et d'une église sur l'île d'Ambon, en Indonésie, anéantissant des civils. Tous ceux qui ne connaissent pas ce chapitre de l'histoire de la CIA, ainsi que d'autres, devraient "s'instruire", et peut-être cela les aidera-t-il à comprendre ce que le guitariste gauchiste audacieusement subversif ne comprend manifestement pas: que l'"idéologie du réveil" est parfaitement compatible avec la prérogative institutionnelle de la CIA d'asseoir davantage son propre pouvoir.

Cette histoire rend doublement absurde le fait que les libéraux (et, bien que plus tacitement, les gauchistes) aient été si tolérants à l'égard des interventions de la CIA dans les affaires politiques intérieures parce que leurs objectifs politiques à court terme (désactiver et destituer Trump) s'alignaient les uns sur les autres. Maintenant, ils semblent plus en colère contre ceux qui soulignent l'absurdité évidente de cette tactique de marketing de la CIA que contre la tactique elle-même. Peut-être est-ce parce qu'ils ont été les principaux artisans de la création des conditions politiques dans lesquelles l'adoption de telles tactiques est considérée comme astucieuse.

(L'été dernier, Morello s'est déclaré un grand admirateur de White Fragility de Robin DiAngelo, l'un des pires livres jamais écrits et une source primaire des préceptes "antiracistes" insensés adoptés dans toute l'Amérique des entreprises. Cela vous donne donc une idée d'où il vient).

Les libéraux et les gauchistes doivent constamment nier que leurs croyances, leur esthétique et leurs codes d'expression sont devenus hégémoniques, car se positionner comme des marginaux nobles et assiégés est au cœur de leur concept de soi. Comme me l'a dit un commentateur sur Twitter : "A mon avis, la CIA a examiné les croyances de ceux qui sortent des écoles d'élite et a décidé que c'est ainsi qu'elle doit se présenter à eux". Eh bien... oui.

Nombreux sont ceux qui ne trouvent pas intéressant ou digne de commentaire le fait que les prescriptions idéologiques et les formulations rhétoriques, autrefois largement reléguées au Tumblr et aux cercles académiques obscurs, ont migré vers les plus hauts niveaux de l'appareil de renseignement américain en l'espace de quelques années. Qu'ils se sentent libres de continuer à hurler dans le vide en ligne, tandis que d'autres tentent d'évaluer de manière critique ce phénomène qui perturbe la culture.

Michael Tracey est un journaliste américain qui se concentre sur l'analyse et le commentaire de la politique américaine. Son livre sur la façon dont la psyché collective des élites politiques et médiatiques américaines a été déformée par une rupture épistémique sismique pendant l'ère Donald Trump doit être publié en 2022.

Cet article a été initialement publié sur le blog de Michael Tracey le 4 mai 2021, traduit pour Mision Verdad par José Aponte.

- Nous sommes un groupe de chercheurs indépendants qui se consacrent à l'analyse du processus de guerre contre le Venezuela et de ses implications mondiales. Depuis le début, l'utilisation de notre contenu est gratuite. Nous comptons sur les dons et les collaborations pour soutenir ce projet. Si vous souhaitez contribuer à Misión Verdad, vous pouvez le faire ici: https://misionverdad.com/donate .

Langage clair à la télévision russe: "Les Allemands sont de la chair à canon dans la guerre économique"

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Langage clair à la télévision russe: "Les Allemands sont de la chair à canon dans la guerre économique"

Source: https://www.compact-online.de/klartext-im-russischen-fernsehen-deutsche-sind-kanonenfutter-im-wirtschaftskrieg/?mc_cid=3b95b79c94&mc_eid=128c71e308

Les sanctions contre la Russie nuisent énormément à l'UE, mais Bruxelles travaille déjà sur le sixième paquet de sanctions. L'économie allemande, en particulier, ne doit plus servir que de chair à canon dans la guerre économique.

par Thomas Röper

La pression monte au sein de l'UE pour que le pétrole et le gaz russes soient également sanctionnés. En outre, il n'y a pas encore d'accord sur l'opportunité de répondre aux exigences russes de payer le gaz en roubles. La Commission européenne, du moins, a déjà fait savoir qu'elle considérait qu'accepter les conditions russes constituait une violation des sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie. Dans la revue hebdomadaire d'actualité de la télévision russe, le correspondant russe en Allemagne a énuméré sans ménagement les problèmes actuels de l'Allemagne dans ce contexte de sanctions. Comme il est toujours intéressant de voir comment la Russie rend compte de la situation politique en Allemagne, j'ai traduit le reportage de la télévision russe.

Début de la traduction :

Les Européens hésitent toujours à payer le gaz russe en roubles. Ils sont trop occupés à inventer un nouveau paquet de sanctions, le sixième, contre la Russie. Même les protestations, l'appauvrissement de leur propre population, la hausse vertigineuse des prix du chauffage, de l'essence et de la nourriture ne les arrêtent pas.

Pas de rouble, pas de gaz

Moscou a déclaré sans ambages: si le paiement n'est pas effectué en roubles, il n'y aura pas de gaz. Jusqu'à présent, seuls quelques pays européens ont accepté de payer le gaz en roubles et de ne pas détruire leur économie. Il s'agit de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Moldavie, de la Serbie et de l'Arménie.

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Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (SPD) tolère jusqu'à présent les insultes de l'ambassadeur ukrainien Andrej Melnyk et garde un calme stoïque.

Pourquoi Steinmeier a-t-il été insulté de la sorte? Depuis mardi soir, lorsqu'il a été annoncé que le président allemand ne pourrait pas se rendre à Kiev, les hommes politiques et les médias allemands analysent les raisons de cette démarche diplomatique. Steinmeier lui-même ne s'est pas exprimé à ce sujet, se limitant aux faits. Il s'est exprimé ainsi :

    "Mon collègue et ami, le président polonais Duda, a proposé l'autre jour que nous visitions Kiev avec les présidents de Lettonie, de Lituanie et d'Estonie et que nous envoyions un message de solidarité européenne à l'Ukraine. J'étais prêt à le faire, mais apparemment, je dois prendre acte du fait que ce n'était pas dans l'esprit de Kiev".

En quoi le parrain de l'actuel régime ukrainien a-t-il contrarié ses protégés ? On s'est souvenu du soutien de Steinmeier au Nord Stream 2, de ses contacts avec Moscou et de la formule Steinmeier, de son nom, pour appliquer les accords de Minsk, détestés par Kiev.

"Une insulte qui n'aide aucune partie"

Même le président de la CDU, Friedrich Merz, s'est exprimé :

    "J'interprète cette insulte, qui a un arrière-plan politico-historique, comme une réaction émotionnelle des dirigeants ukrainiens qui n'aide aucune partie".

D'autre part, Zelensky n'aurait guère osé insulter l'Allemagne sans consulter - directement ou indirectement - Washington, comme le montre la participation de la Pologne à la provocation. Et bien sûr, la véritable cible n'était pas Steinmeier, mais son camarade de parti, Olaf Scholz. Le chancelier allemand ne veut pas partir à la guerre et, si l'on en croit le diplomate en chef de l'UE, M. Borrell, l'Europe définit le processus dans lequel elle est engagée en Ukraine comme une guerre pour elle-même, sans euphémisme ni demi-teinte.

La rébellion des amis des armes

Le premier reproche fait à Scholz est de ne pas vouloir envoyer d'armes lourdes en Ukraine. Le groupe Reinmetall a décidé de se faire un peu d'argent supplémentaire et a rendu un mauvais service au chancelier en annonçant au monde entier qu'il avait en stock cinq douzaines de chars Leopard 1 obsolètes et une soixantaine de véhicules de combat d'infanterie Marder, eux aussi très anciens, et que ces équipements pouvaient encore être utilisés. Cette nouvelle a provoqué un grand émoi parmi les partenaires de la coalition qui demandent à Scholz de donner son feu vert à ces livraisons.

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Le magazine Der Spiegel a fait remarquer ce qui suit :

    "Le chancelier est de plus en plus sous pression - à Bruxelles et à Berlin - en raison de sa politique réservée à l'égard de l'Ukraine. Une rébellion a éclaté au sein de la coalition. L'incompréhension grandit dans les rangs des partenaires du chef de gouvernement silencieux et extrêmement faible".

Et Anton Hofreiter, président de la commission des affaires européennes au Bundestag, a fait remarquer :

    "Nous ternissons notre réputation aux yeux de tous nos voisins. Nous devons enfin commencer à fournir à l'Ukraine ce dont elle a besoin, y compris des armes lourdes. Et l'Allemagne doit cesser de bloquer l'embargo énergétique, notamment sur le pétrole et le charbon".

"Une zone d'exclusion aérienne franchirait la ligne rouge"

Les Verts allemands ont été si actifs qu'au cours de la semaine, des rumeurs ont effectivement circulé selon lesquelles l'Allemagne était sur le point d'envoyer du matériel dans le Donbass, d'autant plus que des convois militaires se dirigeaient effectivement quelque part vers l'est. Le gouverneur de la région de Mykolaïv a tweeté avec excitation que des chars allemands allaient à nouveau traverser l'Ukraine et tirer sur les Russes. Mais la rumeur n'a pas été confirmée: les images qui ont tant inspiré l'homme politique ukrainien ont apparemment donné au chancelier un sentiment si sombre qu'il a pour l'instant émis un "non" ferme.

Olaf Scholz a en revanche souligné :

    "Permettez-moi de le dire encore une fois très clairement. Je suis impressionné par le nombre de personnes qui parviennent à googler rapidement quelque chose et à devenir immédiatement des experts en armes. Bien sûr, dans une telle situation, il y aura toujours quelqu'un pour dire: je veux que les événements se déroulent de cette manière. Mais je voudrais dire à certains de ces garçons et filles: je gouverne le pays précisément parce que je ne fais pas les choses comme vous le voudriez".

Il est clair que par "garçon", Scholz entend le député Hofreiter. Mais par "fille", voulait-il évoquer la ministre des Affaires étrangères Baerbock ? D'ailleurs, tous les Verts ne sont pas contre Scholz. Son allié inattendu sur la question de la livraison d'armes lourdes était l'un de leurs leaders, le ministre de l'Économie Habeck. Comme on pouvait s'y attendre, le respecté ministre-président chrétien-démocrate de Saxe, Michael Kretschmer, s'est également rangé du côté de Scholz.

Il a déclaré :

    "Nous franchirions une limite si nous fournissions des chars ou des avions, ou même si nous établissions une zone d'exclusion aérienne. Cette ligne doit être maintenue".

Aller en Biélorussie pour faire le plein

Une concession au "parti de la guerre" a été la décision de Scholz d'augmenter immédiatement les dépenses de défense de deux milliards d'euros - dont une grande partie pour l'achat d'armes pour l'armée ukrainienne, qui ne nécessitent pas une longue formation. Cependant, pour satisfaire la deuxième exigence, M. Scholz a besoin de beaucoup plus d'argent et surtout de ce dont il dispose le moins - du temps. Les partenaires demandent un embargo sur l'énergie. La décision a été prise pour le charbon - les importations doivent cesser à la mi-août - mais comment vivre sans pétrole russe ?

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a quant à lui déclaré:

    "Nous commençons maintenant à travailler sur le sixième paquet de sanctions. Avec des options sur le pétrole. Cela signifie que nous avons déjà commencé à travailler pour parvenir à un consensus, et j'espère que cette fois-ci, nous y arriverons".

Rien que des mots

En tout cas, cela va marcher. En fait, tout a déjà fonctionné dans le pays dont la diplomatie est dirigée par M. Landsbergis, sauf qu'on n'entend plus parler de l'industrie lituanienne depuis longtemps et que les citoyens vont faire le plein en Biélorussie.

On peut dire que l'Allemagne, son économie et ses ménages, n'apprécieront pas une telle victoire sur les Russes. De plus, l'OPEP a fortement déçu cette semaine; l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ne sera pas en mesure de compenser le retrait de la Russie du marché et l'agence de notation Moody's prévoit que, dans ce cas, le prix du pétrole atteindra immédiatement 160 dollars le baril. Berlin veut élaborer une stratégie progressive de sortie du pétrole russe, mais ce ne sont pour l'instant que des mots.

La situation sur le marché du gaz est encore plus incertaine et menace de diviser l'UE - la date limite pour le passage au rouble approche. La Commission européenne a émis cette semaine un avis selon lequel cela serait contraire à la politique de sanctions de l'UE, qui vise à dévaluer la monnaie russe. On ne peut que constater: oui, l'UE a un gros problème avec cette partie des sanctions.

Ainsi, le chancelier autrichien Karl Nehammer a déclaré :

    "L'Autriche n'est pas seule à s'opposer à l'embargo sur le gaz. L'Allemagne, la Hongrie et d'autres États membres de l'UE sont du même avis. D'autre part, l'Autriche soutient fermement, avec les États de l'UE, les sanctions contre la Russie. Mais les sanctions devraient frapper la Russie plus durement que l'UE".

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Et le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó a déclaré :

    "Pour nous, il y a une ligne rouge: la sécurité énergétique de la Hongrie. C'est pourquoi nous avons décidé que nous ne pouvions pas signer de sanctions contre le pétrole et le gaz".

Lutte pour le gaz du Qatar

Si l'approvisionnement en gaz russe est interrompu, l'économie allemande perdra environ 220 milliards d'euros au cours des deux prochaines années. Elle les perdrait même si elle trouvait une sorte de substitut pour les volumes supprimés, car il n'y aura jamais de prix aussi avantageux que ceux que Gazprom peut offrir. Le GNL australien ou colombien ne peut pas coûter la même chose que le gaz de pipeline russe. D'ailleurs, la Chine a plus que quintuplé ses achats de GNL par rapport à l'année dernière, ce qui signifie qu'il y aura également une bataille pour le gaz du Qatar. Dans l'ensemble, une autolimitation et une économie strictes seront la clé de sa survie dans les années à venir.

Robert Habeck, ministre de l'Économie et vice-chancelier de la République fédérale d'Allemagne, a déclaré :

    "Je demande à chacun de faire sa part pour économiser l'énergie. A titre indicatif, j'essaierais d'économiser 10 pour cent, c'est faisable. Si vous chauffez votre appartement et fermez les rideaux le soir, vous pouvez économiser jusqu'à 5 pour cent d'énergie. Et si vous baissez la température de la pièce d'un degré, cela représente environ 6 pour cent. Bien sûr, ce n'est pas très confortable, mais personne n'aura froid. Une situation dans laquelle il y aurait des problèmes d'approvisionnement ou des entreprises qui devraient fermer serait un cauchemar politico-économique".

Il appelle ses concitoyens à économiser presque chaque semaine, c'est-à-dire avec la même fréquence que celle avec laquelle la Grande-Bretagne, par exemple, ment. Pour maintenir la folie des sanctions sur le continent, National Grid promet d'augmenter le transit du gaz produit en Norvège, mais on a pu voir comment la Grande-Bretagne se comporte réellement en cas de crise au plus fort de la pandémie, lorsqu'elle a réussi à faire passer tous les vaccins sous le nez de la Commission européenne. Et la Grande-Bretagne connaît déjà une crise du carburant. L'inflation explose, elle a atteint 7% en mars. Du jamais vu depuis 30 ans. Et cela vaut pour toute l'Europe.

Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, s'est exprimée à ce sujet :

    "L'inflation a atteint 7,5 pour cent en mars, contre 5,9 pour cent en février. Les prix de l'énergie ont augmenté depuis le début de la guerre et sont maintenant 45 pour cent plus élevés qu'il y a un an".

Vers une pauvreté assistée

Friedrich Merz en est convaincu:

    "De toute façon, le sommet de notre prospérité est probablement derrière nous depuis longtemps. La situation devient de plus en plus difficile. Ce n'est pas seulement moi, en tant que chef de l'opposition, mais aussi le chancelier Olaf Scholz qui doit le dire à la population".

La fin de l'ère de la prospérité, il est amusant que ce diagnostic soit posé par le multimillionnaire et président du parti CDU, qui représente les intérêts des moyennes et grandes entreprises. Mais sur le fond, le pessimisme public est juste. L'inflation en Allemagne est déjà perçue par les consommateurs comme étant de 14%, soit le double de ce qu'elle est en réalité, ce qui signifie que le niveau de frustration augmente plus rapidement que le niveau de vie réel ne diminue. Et c'est là que diverses pensées malheureuses viennent à l'esprit.

Le Süddeutsche Zeitung écrit ainsi :

    "Quel est le double standard aujourd'hui ? Il s'agit de condamner l'attaque russe, mais de refuser l'embargo sur le gaz. Il s'agit de condamner la guerre en Europe, mais de ne pas voir la guerre dans le reste du monde. C'est condamner la propagande russe, mais rester silencieux sur la guerre en Irak, qui a été déclenchée sur des mensonges. Il s'agit de diaboliser le gaz de Poutine, mais de ramper devant les Émirats. Et il faut en tout cas admettre comment on a été induit en erreur par Poutine, par les exigences démesurées de la Russie et par l'âme russe elle-même".

La citation du journal allemand sonne comme une invitation à réfléchir à ses propres erreurs.

Et bien sûr, on peut réfléchir, mais on ne peut rien changer. Le naufrage est un sentiment qui se répand lentement dans la société allemande. La situation avec Steinmeier, les accusations constantes de faiblesse contre le chancelier Scholz, la fissure au sein de la coalition, la pression de ceux qui considèrent les Allemands comme des alliés - on commence à comprendre son propre rôle dans le conflit entre l'Occident et la Russie. Pour le dire sans détour : même une guerre économique a besoin de chair à canon.

Fin de la traduction

Macron gagne, mais la fracture sociale interne de la France est irrémédiable

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Macron gagne, mais la fracture sociale interne de la France est irrémédiable

Par Luigi Tedeschi

Source: https://www.centroitalicum.com/macron-vince-ma-la-frattura-sociale-interna-della-francia-e-insanabile/

L'abstentionnisme record est devenu une marée montante, qui affecte profondément la crédibilité et la représentativité de la classe politique dans le système libéral-démocratique occidental. Le clivage entre le peuple et les institutions est clair: le choc social entre le peuple et l'élite, entre le centre et la périphérie, reviendra très bientôt. 

Macron a gagné et vaincu la menace souverainiste, illibérale et poutiniste de Le Pen. Macron est-il donc le héros de la croisade eurocratique contre le démon souverainiste dissolutiste? Non, l'UE veut juste se préserver et conserver son immobilisme cadavérique, révélant sa totale aversion au changement dans un contexte géopolitique mondial en mutation. L'élection présidentielle française, du moins en termes d'image médiatique, a été présentée comme un référendum dans lequel la survie même de l'Europe était en jeu. Soit l'UE (et l'OTAN), soit la dissolution de l'Europe elle-même (et de l'Occident). Soit avec l'OTAN, soit avec Poutine. Par répétition inlassable de ces contrastes, qui ont eu un effet médiatique dévastateur, une campagne de diabolisation authentique de l'idée de souveraineté lepéniste a eu lieu.

Macron a gagné, comme cela était largement prévisible. Mais, pour reprendre une vieille blague d'Altan, "le truc est là, vous pouvez le voir et tout le monde s'en fout". Il est tout à fait clair que le processus de décomposition progressive des institutions démocratiques en Europe est maintenant à un stade avancé. La dissolution des partis traditionnels (socialistes et gaullistes) est une réalité incontestable en France, comme en Italie. Sur les cendres de l'ancienne opposition entre la droite et la gauche, il est devenu nécessaire de créer un parti artificiel comme "En Marche" et un nouveau leader, Macron, ancien membre de la Banque Rothschild & Cie.

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Donc un parti institutionnel, apte à créer une coalition républicaine en opposition à "l'ennemi absolu" souverainiste et poutiniste, dont le contenu politique peut se résumer au slogan "Tout sauf Le Pen". Par conséquent, Macron et son parti ont leur raison d'être en tant que garants de l'ordre eurocratique et de la loyauté de la France envers l'OTAN.

Ce sont en fait les valeurs qui donnent une légitimité démocratique aux gouvernements des pays de l'UE. En Italie, une fonction similaire est assurée par le PD, un parti minoritaire mais ancré dans les institutions politiques et économiques italiennes. En fait, le PD s'est vu déléguer la gouvernance de l'Italie par l'UE et l'OTAN.

Même en cas de victoire de Le Pen, le camp souverainiste n'aurait certainement pas été autorisé à gouverner le pays. En effet, Marine Le Pen se serait trouvée confrontée au bombardement quotidien des grands médias, qui auraient évoqué le danger d'une guerre civile fantôme, un système judiciaire hostile, une UE dominée par la rigueur financière allemande, et surtout elle aurait été rapidement déstabilisée par le jugement défavorable des marchés, seuls détenteurs d'un pouvoir économique pouvant conférer ou non une "légitimité démocratique" aux gouvernements, dans le contexte d'un système néolibéral qui a privé le consensus populaire de son pouvoir. L'expérience du gouvernement gialloverde en Italie est un témoignage tragique de la structure technocratique et financière dominante en Europe. Ce n'est pas une coïncidence si, dans la semaine précédant le second tour, Mme Le Pen a été inculpée de fraude financière présumée en rapport avec des fonds publics européens indûment dépensés pour 600.000 euros.

Macron a gagné grâce au soutien de l'establishment économique et financier, du courant dominant et de l'élite intellectuelle idéologiquement alignée sur les libéraux anglo-saxons. Macron a obtenu 18,7 millions de voix (58,55%) et Le Pen 13,3 millions de voix (41,45%). Mais le chiffre le plus remarquable est le pourcentage d'abstentionnistes (28%), le niveau le plus élevé depuis le scrutin de 1969. L'abstentionnisme record est devenu une marée montante, qui affecte profondément la crédibilité et la représentativité de la classe politique dans le système libéral-démocratique occidental. La fracture irrémédiable entre le peuple et les institutions est évidente : la somme du vote souverainiste et des abstentions dépasse largement 50% du corps électoral.

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L'orientation nettement fondée sur la classe sociale du vote présidentiel français est également notable. Elle reflète la stratification sociale générée par le modèle néo-libéral, dans lequel prévalent des inégalités de plus en plus marquées et la prolétarisation rampante des classes moyennes, c'est-à-dire les perdants de la mondialisation. Le vote pour Macron s'est en effet concentré dans la bourgeoisie et les classes éduquées des grandes villes, tandis que celui de Le Pen s'est concentré dans les régions du Nord décimées par la désindustrialisation et dans l'immense province agricole française, de plus en plus appauvrie et dépeuplée.

La première présidence de Macron a débuté sous les auspices d'une réforme libérale des institutions et de l'économie, qui s'est fatalement heurtée au malaise social croissant apparu d'abord avec la révolte des gilets jaunes, puis avec la crise de la pandémie et enfin avec la crise russo-ukrainienne. Nous ne savons pas comment Macron pourra imposer de nouvelles réformes libérales face à un choc social entre le peuple et l'élite, entre le centre et la périphérie, qui ressurgira. La fracture interne de la France est désormais irrémédiable. Un scénario similaire se déroulera bientôt en Italie. Il est difficile de voir comment la vision politique libéraliste de Macron peut guérir la pays. Le gouvernement Macron, ainsi que le gouvernement de Draghi en Italie, sont l'expression d'un système qui veut préserver les équilibres sociaux élitistes en Europe, en conflit ouvert avec les classes populaires: l'UE est un organe réactionnaire et répressif qui ne défend que sa propre subsistance.

imafrfsges.jpgEn ce qui concerne l'Europe, les propositions de Le Pen, orientées vers une réforme des politiques publiques européennes, qui prévoirait le rapatriement des pouvoirs déjà dévolus des Etats vers l'UE, une politique anti-immigration plus efficace et la prévalence du droit national sur le droit européen, il faut noter que Macron lui-même a été confronté à de multiples conflits entre les intérêts nationaux et européens. Le projet d'"intégration différenciée" des États membres de l'UE n'a pas été couronné de succès. Macron a réussi à imposer à l'Allemagne le lancement de l'UE nouvelle génération, mais s'est heurté au veto des pays frugaux du Nord concernant la réforme du pacte de stabilité (un projet partagé avec Draghi) et la proposition de partager la dette contractée par les États pendant la crise de la pandémie.

Les propres propositions de Macron pour la création d'une force de défense européenne autonome n'ont pas abouti, étant donné la réticence évidente des pays d'Europe de l'Est et du Nord, qui exigent plutôt un renforcement de l'OTAN. Le propre rôle prééminent de la France en Europe dans le domaine de la défense, en tant que seul pays de l'UE (après le Brexit) doté de l'arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, pourrait être remis en question par les perspectives de réarmement de l'Allemagne. La présidence de l'UE et les initiatives diplomatiques de Macron dans la crise russo-ukrainienne ne sont pas formidables. Le bilan global de la première présidence de Macron est donc négatif, comme le soulignait Giulio Sapelli quelques jours avant le scrutin: "Si Macron gagne les élections, comme cela est hautement probable, la réduction de la puissance internationale de la France continuera à être douloureuse et profonde et entraînera de plus en plus toute l'Europe, avant l'UE, avec elle. La présidence française de l'UE a déjà été un échec que seules la guerre d'agression russe et la crise énergétique peuvent dissimuler. Le macronisme est la destruction de la force civique de la France par la destruction de ses bastions politiques et institutionnels historiques: l'État napoléonien et l'Armée. 

Les déchirures entre les nations européennes sont profondes et seront exacerbées par l'incapacité de Macron à développer une politique de puissance française qui rappelle de loin la fierté gaulliste et le radicalisme républicain de Jean-Pierre Chevènement: les deux seuls grands leaders, De Gaulle et Chevènement, que la France a produit après la Seconde Guerre mondiale, éclipsés par le fascinant écran de fumée littéraire de Mitterrand. Macron a fait en France ce que la libéralisation par le haut souhaitée par les États-Unis et le Royaume-Uni a fait en Italie, en utilisant le système judiciaire et la crise morale d'une nation déjà épuisée par la confusion institutionnelle et l'incapacité expansionniste internationale de sa classe moyenne supérieure industrielle et étatique-financière".

L'Europe traverse une crise politique et institutionnelle sans solution, car le système démocratique libéral s'est révélé irréformable. Parce qu'avec l'UE, la démocratie a dégénéré en démocratie libérale. Le libéralisme et la démocratie ne se sont pas avérés compatibles. La démocratie libérale est fondée sur l'individu, ne tient pas compte de la communauté, protège les droits de l'homme et les libertés individuelles, mais la valeur du bien commun, qui est une caractéristique de la démocratie ancienne, lui est étrangère. Par conséquent, dans une démocratie libérale, la représentation politique est le reflet des relations entre les groupes d'intérêt qui dominent la société civile. L'idéologie du progrès est inhérente à la démocratie libérale. Le pouvoir politique est donc de plus en plus dévolu à des oligarchies technocratiques. La démocratie libérale est donc un système destiné à se transformer en oligarchie. L'inévitable dérive élitiste de la démocratie libérale est analysée comme suit par Alain de Benoist dans son essai "La crise actuelle de la démocratie": "L'expression "démocratie libérale" associe deux termes censés être complémentaires, alors qu'ils sont contradictoires. Cette contradiction, qui se manifeste pleinement aujourd'hui, menace les fondements mêmes de la démocratie. "Le libéralisme met la démocratie en crise", dit Gauchet. Chantal Mouffe a observé à juste titre que "d'un côté, nous avons la tradition libérale constituée par l'État de droit, la défense des droits de l'homme et le respect de la liberté individuelle; de l'autre, la tradition démocratique dont les idées maîtresses sont celles de l'égalité, de l'identité entre gouvernants et gouvernés, et de la souveraineté populaire. Il n'y a pas de relation nécessaire entre ces deux traditions différentes, seulement une articulation historique contingente".

Quiconque ne voit pas cette distinction ne peut rien comprendre à la crise actuelle de la démocratie, qui est précisément une crise systémique de cette "articulation historique contingente". La démocratie et le libéralisme ne sont en aucun cas synonymes ; en effet, sur des points importants, ce sont même des notions opposées. Il peut y avoir des démocraties non libérales (démocraties tout court) et des formes de gouvernement libérales qui n'ont absolument rien de démocratique. Carl Schmitt est allé jusqu'à dire que "plus une démocratie est libérale, moins elle est démocratique".

 

Le général de brigade à la retraite Erich Vad: il règle maintenant ses comptes avec les écolos fauteurs de guerre

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Le général de brigade à la retraite Erich Vad: il règle maintenant ses comptes avec les écolos fauteurs de guerre

Par Sven Reuth

Source: https://www.compact-online.de/brigadegeneral-a-d-erich-vad-jetzt-rechnet-er-mit-gruenen-kriegstreibern-ab/?mc_cid=3b95b79c94&mc_eid=128c71e308

Une escalade de la guerre en Ukraine comporte d'énormes risques pour l'Allemagne. C'est ce que le général de brigade à la retraite Erich Vad n'a cessé de rappeler ces dernières semaines. Il s'est exprimé clairement sur le bellicisme des Verts.

Erich Vad est un homme qui possède la plus grande expérience et a occupé les plus hauts postes de direction. De 2006 à 2013, il a été chef de groupe à la Chancellerie fédérale, secrétaire du Conseil fédéral de sécurité et conseiller en politique militaire de la chancelière Angela Merkel. Cette ascension a été possible malgré le fait que Vad ait donné en 2003 une conférence à l'Institut für Staatspolitik sur le thème "Le maintien de la paix et la géopolitique dans la pensée de Carl Schmitt". En 1996, Vad avait déjà publié le livre Stratégie et politique de sécurité. Perspectives dans l'œuvre de Carl Schmitt.

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"Nous n'avons pas besoin d'une guerre par procuration"

Il y a deux semaines à peine, Vad avait déjà provoqué un scandale selon l'ambassadeur ukrainien Melnyk parce que, dans une interview accordée à Die Welt, il ne voulait pas attribuer à Poutine une intention de bombarder une clinique et faisait en outre référence au nombre élevé de victimes que les guerres menées par l'Occident avaient fait au cours des dernières décennies. Son message principal à l'époque était le suivant:

    "Si nous ne voulons pas de la troisième guerre mondiale, nous devrons tôt ou tard sortir de cette logique d'escalade militaire et entamer des négociations".

Hier, dans le talk-show Maybritt Illner, Erich Vad a de nouveau suscité l'irritation en critiquant à la fois la ligne belliciste des Verts et l'attitude complètement naïve de la majorité de la société allemande face à une éventuelle escalade de la guerre en Ukraine. Son message de base était que l'établissement d'un cessez-le-feu rapide devrait être prioritaire par rapport à la question de savoir quel camp remporterait la victoire à la fin.

Vad a déclaré à ce sujet:

    "Nous n'avons pas besoin en Europe centrale d'une guerre par procuration pendant des années, qui a le potentiel de dégénérer en guerre nucléaire".

"Nous ne voulons pas d'une victoire de l'Ukraine"

Toute "rhétorique guerrière" devrait être évitée. Afin de montrer clairement que la négociation rapide d'un cessez-le-feu et la recherche d'une solution politique à long terme au conflit sont prioritaires, aussi le gouvernement allemand devrait enfin déclarer :

    "Nous ne voulons pas la victoire de l'Ukraine".

Il s'est montré particulièrement critique à l'égard du rôle actuel des Verts dans la politique fédérale. Il a déclaré à ce sujet :

    "Ce qui me dérange, c'est quand les politiciens des Verts présentent les solutions militaires comme l'objectif ultime. C'est complètement fou ! Ce sont des politiciens Verts qui ont refusé et condamné le service militaire à l'époque !"

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Vad avait déjà déclaré dans son interview à Die Welt qu'il estimait totalement erroné de dénier au président russe son humanité et de le qualifier de despote pathologique avec lequel personne ne peut plus parler. Après tout, il y a eu dans un passé récent d'autres guerres terribles et contraires au droit international, en Irak, en Syrie, en Libye et en Afghanistan, menées par des puissances occidentales.

Voici revenu le temps du nazisme

La bulle de gauche libérale et woke de Twitter est déjà en ébullition suite aux déclarations de Vad. On y fait notamment référence à un texte de Vad paru il y a 19 ans dans le magazine intellectuel de droite Sezession pour justifier l'interdiction imposée à cet expert patenté de participer à un talk-show. Si la campagne devait aboutir, l'un des rares critiques de la guerre encore en vie disparaîtrait de la scène publique.

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mercredi, 27 avril 2022

La géopolitique des îles: litiges territoriaux et autres aspects de la géographie maritime

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La géopolitique des îles: litiges territoriaux et autres aspects de la géographie maritime

Leonid Savin

Source: https://katehon.com/ru/article/geopolitika-ostrovov-territorialnye-spory-i-drugie-aspekty-morskoy-geografii

Bases militaires, postes d'étape et garantie du contrôle d'une zone économique exclusive

Début avril, deux événements apparemment sans rapport ont eu lieu: l'Argentine a célébré le 40e anniversaire du début de la guerre pour les îles Malouines (au début, l'opération était en faveur de Buenos Aires, mais les Britanniques ont fini par battre les Argentins et ceux-ci ont capitulé), ainsi que les préoccupations exprimées par certains pays au sujet du prochain traité entre la Chine et les îles Salomon dans l'océan Pacifique.

En fait, les deux cas reflètent un facteur très important de la géopolitique mondiale - l'importance des îles en tant que bastions, bases militaires et territoires souverains (autrement dépendants) contestés. Bien que l'un des premiers géopoliticiens, Halford Mackinder, ait utilisé le concept d'île mondiale pour l'Eurasie et l'Afrique, et que les îles britanniques ou Cuba soient également des sujets assez importants de la politique internationale, nous analyserons dans ce rapport la fonction, le rôle et l'importance d'îles plus petites, voire de rochers et d'atolls. Cela dit, de nombreux cas sont tout à fait uniques.

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Le cas des Malouines (la version argentine et françaises des îlesnommées Falkland par les Britanniques) est un pur défi de souveraineté. Le 2 avril 1982, l'Argentine a tenté de reprendre les îles par la force et a pu y prendre pied pendant un certain temps. Cependant, le gouvernement de Margaret Thatcher a envoyé un groupe de porte-avions dans la zone de conflit, et pour un certain nombre de raisons objectives (indécision des dirigeants argentins, problèmes de munitions et de logistique), l'Argentine a perdu.

Quarante ans plus tard, la question n'a toujours pas été résolue. Dans le même temps, la plupart des pays d'Amérique latine reconnaissent la souveraineté argentine sur les Malouines (la Russie aussi, d'ailleurs), tandis que l'Occident collectif se range du côté de la Grande-Bretagne. Les îles sont importantes pour la sécurité de l'Atlantique Sud. En tant que membre de l'OTAN, la présence de la Grande-Bretagne près du littoral du cône sud du continent (qui s'ouvre à l'Antarctique) est une préoccupation constante pour les pays qui n'ont aucune sympathie pour les politiques anglo-saxonnes.

Un cas géographiquement plus proche est celui des îles Åland dans la mer Baltique, qui appartiennent formellement à la Finlande mais ont un statut autonome. En outre, ils ont leur propre juridiction douanière, un parlement et un gouvernement séparés.

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Les îles ont un statut démilitarisé. La question se pose: que se passera-t-il si la Finlande rejoint l'OTAN ? Ces îles resteront-elles sans contingent militaire, ou leur statut sera-t-il révisé, comme cela s'est produit pour l'île suédoise de Gotland relativement récemment (manifestement sous l'influence d'une russophobie artificiellement gonflée) ?

Les États-Unis, après tout, sont les principaux experts en matière de manipulation des îles. Et les bases de cette politique manipulatoire ont été posées dès le 19e siècle. Le fondateur de l'atlantisme, Alfred Mahan, dans un article de 1890, écrivit: "Les États-Unis regardent vers l'extérieur"; il soulignait ainsi que "des conditions politiques instables, comme en Haïti, en Amérique centrale et dans de nombreuses îles du Pacifique, en particulier dans le groupe hawaïen, combinées à une grande importance militaire ou commerciale, comme dans le cas de la plupart de ces positions, entraînent, comme toujours, de dangereux germes de discorde, auxquels il est au moins sage de se préparer".

"Il ne fait aucun doute que l'état d'esprit général des nations est plus opposé à la guerre qu'il ne l'était autrefois. Si nous ne sommes pas moins égoïstes et avides que nos prédécesseurs, nous avons une grande aversion pour les inconvénients et les souffrances qui accompagnent la rupture de la paix; mais pour préserver cette paix si précieuse, et la jouissance sereine des profits du commerce, il est nécessaire de discuter avec l'ennemi à armes égales".

Et plus loin: "La France et l'Angleterre donnent déjà aux ports qu'elles détiennent un degré de puissance artificielle, inapproprié à leur importance actuelle. Ils se tournent vers l'avenir proche. Parmi les îles et sur le continent, de nombreux postes très importants sont désormais occupés par des États faibles ou instables. Les États-Unis sont-ils prêts à les vendre à un puissant concurrent? Mais quel droit invoqueraient-ils contre un tel changement? Ils ne peuvent revendiquer qu'une seule chose - ses politiques sensées soutenues par sa puissance" [i].

Aujourd'hui, Porto Rico dans les Caraïbes, et dans le Pacifique, Guam, Hawaï et un certain nombre d'îles et d'atolls au sud servent divers objectifs des États-Unis. Saisie de l'Espagne pendant la guerre en 1898, Guam est aujourd'hui une possession américaine, ce qui signifie que l'île ne fait pas partie des États-Unis et qu'elle est "officiellement répertoriée comme un territoire non associé organisé par les États-Unis".

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Entre-temps, il y a un délégué de Guam à la Chambre des représentants des États-Unis, bien que sa fonction ne soit pas tout à fait claire puisqu'il n'a pas le droit de vote. Apparemment, il s'agit d'une sorte d'aumône symbolique de la part de Washington afin que les habitants ne soient pas particulièrement indignés, car il existe un mouvement pour l'indépendance sur l'île.

Et Washington a beaucoup à perdre - c'est maintenant la plus grande base militaire stratégique américaine dans le Pacifique. Les troupes américaines sont principalement concentrées sur la base aérienne d'Andersen et la base navale d'Apra Harbour. Étant donné que les distances dans le Pacifique ne sont pas proches (par exemple, la côte de la Chine est à environ cinq mille kilomètres, celle de l'Australie un peu moins), le Pentagone tentera de tenir cet avant-poste.

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Les États-Unis ont également des bases dans des territoires étrangers. L'île de Taïwan est souvent considérée comme le plus grand porte-avions insubmersible des États-Unis. Mais la base militaire américaine la plus septentrionale, Thulé, est située au Groenland, qui appartient au Danemark, mais qui est des dizaines de fois plus grand que ce royaume d'Europe du Nord.

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Au XXe siècle, les États-Unis ont utilisé certaines îles pour tester des armes nucléaires - les tristement célèbres atolls de Bikini (découverts, soit dit en passant, par un capitaine russe) et Eniwetok sur les îles Marshall ont subi la frappe de 67 ogives nucléaires. De nombreux natifs des îles voisines sont morts de cancer, et la radioactivité est toujours au-dessus des niveaux acceptables [ii].

On trouve des choses tout aussi intéressantes en Méditerranée. L'île grecque de Kastellorizo se trouve à deux kilomètres de la côte sud de la Turquie et à des centaines de kilomètres de la côte grecque, y compris d'autres îles importantes comme Rhodes et Chypre.

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Le groupe d'îles, qui comprend Kastellorizo, Rho et Strongili, est très important pour la zone économique exclusive de la Grèce, car il s'agit du territoire le plus oriental de la Grèce. En vertu du droit maritime des Nations unies ainsi que du droit international coutumier, la Grèce peut revendiquer la majeure partie du bassin méditerranéen oriental.

En plus de ce groupe d'îles, il en existe d'autres dans la mer Égée qui sont proches de la Turquie, ce qui pose un problème de chevauchement des eaux territoriales et de l'espace aérien entre les deux pays [iii].

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Chaque année, des incidents surviennent entre les deux pays. Les avions de guerre turcs envahissent régulièrement le territoire grec et la Grèce répond en faisant décoller ses avions de chasse pour les intercepter. Dans les années 90, il y a même eu des morts de pilotes des deux côtés. Jusqu'à présent, le problème n'a pas été résolu.

Un sujet assez proche est la zone de défense aérienne (ZDA). Ainsi, l'évolution du droit international au cours des dernières décennies a transformé les paramètres des zones de défense aérienne de l'Asie de l'Est et les revendications juridictionnelles connexes. Les zones de défense aérienne japonaise et sud-coréenne ont été établies avant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, qui stipule que les eaux territoriales/espace aérien s'étendent à 12 milles nautiques (22 km) de la côte et la zone économique exclusive (ZEE) à 200 milles nautiques (370 km).

Le rocher submergé de Jeodo Rock dans la mer Jaune, à 149 km de l'île sud-coréenne de Jeju, se trouvait auparavant en dehors de la zone de défense aérienne de la Corée du Sud en raison d'un simple oubli. Séoul a étendu sa zone de défense aérienne en 2013 parce qu'il se trouvait dans les eaux internationales et non dans la zone de défense aérienne sud-coréenne lorsque celle-ci a été établie. L'extension de cette zone par la Corée du Sud a entraîné un chevauchement de sa zone de défense aérienne avec celle du Japon au-dessus de Yodo, bien qu'il n'y ait aucun désaccord entre le Japon et la Corée du Sud sur cette question.

Toutefois, alors que le droit international affirme qu'un rocher immergé situé en dehors des eaux territoriales d'un État ne peut faire l'objet d'un litige sur la zone, la Chine et la Corée du Sud se disputent depuis longtemps le droit de juridiction sur la zone maritime autour de Yodo, qui couvre les zones de défense aérienne des deux pays qui se chevauchent.

Le 23 novembre 2013. La Chine a atteint un degré établi de contrôle de l'espace aérien en mer de Chine orientale grâce à l'établissement de sa première zone de défense aérienne. La Chine a conçu sa zone de défense aérienne de manière à chevaucher les zones de défense aérienne du Japon, au Sud et à l'Est.

La Corée et Taïwan, malgré des juridictions territoriales et maritimes contestées telles que les îles Senkaku (Diaoyu dans la version chinoise) contrôlées par le Japon et les eaux autour de Yodo, qui ont suscité les protestations des responsables japonais, sud-coréens et américains [iv].

La Corée du Sud a demandé à la Chine de redessiner sa zone de défense aérienne pour supprimer ce chevauchement, mais la Chine a refusé d'apporter des modifications. En décembre 2013. La Corée du Sud a répondu en étendant sa zone de défense aérienne pour inclure Yodo. Aucun des trois pays en question ne reconnaît aujourd'hui la zone de défense aérienne de la Chine.

La Chine, en général, qui a mis en avant une stratégie unique consistant à créer des îles artificielles et à déclarer sa souveraineté sur celles-ci. C'est le cas des îles Paracel et Spratly, précédemment inhabitées, dans la mer de Chine méridionale.

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Dans le cadre du concept géopolitique du collier de perles, la Chine a besoin des îles comme bases de transbordement et places fortes. C'est pourquoi Pékin s'emploie activement à conclure des baux avec les États insulaires et à proposer ses services.  Au Sri Lanka, la Chine a aidé à construire des installations dans le port de Hambantota, et comme il n'y avait rien à payer, un bail à long terme a été négocié [vi].

Mais revenons aux îles Salomon dont nous avons commencé à évoquer dans le présent article. Jusqu'à présent, seule une ébauche de l'accord a été préparée.

"L'accord-cadre en six articles claironné par les médias occidentaux a une formulation plutôt vague. Les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande estiment qu'il permettra à la Chine de mener des opérations militaires et de renseignement diversifiées et à grande échelle, ainsi que de participer activement au maintien de l'ordre public en déployant "des policiers, des policiers armés, des militaires et d'autres forces de l'ordre et forces armées".

La souveraineté des Îles Salomon serait vraisemblablement protégée par des pouvoirs détaillés contrôlant l'intervention chinoise, tels que la délivrance de "consentements" pour les visites de navires de la marine chinoise. Cependant, l'inclusion d'une phrase qui donne soi-disant aux deux pays le droit d'agir "conformément à leurs propres besoins" a renforcé les craintes de ce qui pourrait arriver si l'accord prend effet.

L'accord accorderait également à tout le personnel chinois une "immunité légale et judiciaire" et les coûts seraient traités "par une consultation à l'amiable entre les parties".

La véracité du document n'a pas été confirmée jusqu'à ce que le gouvernement des Îles Salomon reconnaisse officiellement, le 25 mars 2022, qu'il recherchait "une coopération accrue en matière de sécurité avec davantage de partenaires". Ils ont également confirmé que l'accord-cadre avec la RPC n'est pas encore signé, bien que le gouvernement des îles Salomon ait l'intention de le compléter, malgré les pressions régionales croissantes.

La situation intérieure des Îles Salomon doit également être prise en compte ici, car les casques bleus régionaux d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Fidji et de Nouvelle-Guinée ont commencé à arriver à la demande du Premier ministre Manasseh Sogavare depuis le 26 novembre 2021. Cette demande d'assistance fait suite aux émeutes qui ont éclaté dans la capitale Honiara deux jours plus tôt. La résidence du chef du gouvernement et le bâtiment du parlement national étaient sur le point d'être envahis par les émeutiers.

Les émeutes elles-mêmes ont été déclenchées par des désaccords de longue date entre la province de Malaita (qui couvre toute l'île du même nom), la plus peuplée et la plus grande des îles Salomon, qui souffre d'un manque chronique de ressources, et la population de l'île principale de Guadalcanal (où se trouve Honiara), où de nombreux Malaitis doivent souvent s'installer pour trouver du travail.

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Les tensions ont dégénéré en un conflit armé entre les Malaitis et la population de Guadalcanal en 1998. La situation s'est détériorée au point que la Mission d'assistance régionale aux îles Salomon (RAMSI), dirigée par l'Australie, est arrivée à la demande du premier ministre de l'époque en 2003 et est restée sur place jusqu'en 2017. À cette époque, l'Australie a signé un accord de sécurité avec les îles Salomon.

Les tensions non résolues entre Malaita et le gouvernement se sont à nouveau intensifiées en septembre 2019, lorsque le Premier ministre Sogaware a radicalement modifié l'engagement de 36 ans du pays envers Taïwan. Les politiciens de Malaita se sont opposés à cette décision, déclarant leur soutien continu à Taiwan.

Ils ont accusé le gouvernement Sogaware d'abandonner les projets de développement et d'autres formes de soutien à la province de Malaita en représailles de leur position pro-Taïwan, qui a été le déclencheur des émeutes. Ce faisant, les attaques visaient la communauté chinoise de Honiara. Et l'accord-cadre prévoit la "protection" du personnel chinois et des "grands projets" comme déclencheur de l'intervention chinoise.

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Lorsque les forces de maintien de la paix régionales ont répondu à la demande d'aide de Sogaware (photo), les dirigeants de Malaita se sont opposés à l'intervention car, selon eux, elle soutenait un "dirigeant profondément corrompu et très impopulaire".

La superposition des tensions entre la RPC et Taïwan a connu une nouvelle escalade en décembre 2021, lorsque Sogaware a accusé les émeutiers d'être des "agents de Taïwan" et a annoncé que la Chine enverrait six formateurs de police avec des équipements "non létaux" pour travailler avec la police des îles Salomon.

Selon les experts américains, "le 80e anniversaire de la bataille épique de Guadalcanal pendant la Seconde Guerre mondiale, qui approche à grands pas, souligne l'importance critique des îles Salomon pour la sécurité de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (en particulier la nation en développement de Bougainville, située au nord de la frontière des îles Salomon), de la Nouvelle-Calédonie, du Vanuatu et des Fidji, ainsi que de la région au-delà des voisins immédiats des îles Salomon.

Il convient de réfléchir au coût de cette bataille pour toutes les parties, car les habitants des îles Salomon sont toujours aux prises avec des débris militaires résiduels et dangereux. Bien que la situation en matière de sécurité ait radicalement changé au cours des huit décennies qui se sont écoulées depuis la bataille de Guadalcanal, les principes de base qui ont rendu cette bataille cruciale pour renverser le cours de la guerre et empêcher une invasion japonaise imminente de l'Australie restent les mêmes.

Les îles Salomon se trouvent à 2000 miles (ou moins de quatre heures d'avion) à l'est du nord de l'Australie. Ils traversent des voies de navigation et de communication critiques, de sorte que, comme en 1942, leur contrôle par une puissance hostile constitue une menace pour la capacité de défense de l'Australie et au-delà.

L'accord-cadre assurerait une présence militaire importante pour l'Armée populaire de libération dans les îles Salomon (les troubles civils serviraient probablement de prétexte à l'APL pour envahir les îles Salomon) et permettrait également à la marine de l'APL de visiter régulièrement les navires et de réapprovisionner la logistique.

La réaction régionale, menée par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, s'est fortement opposée à l'accord. Le Premier ministre néo-zélandais, Jacinda Ardern, l'a qualifié d'"extrêmement préoccupant". L'accord proposé n'est pas seulement le résultat de la coopération régionale et du soutien apporté au gouvernement des Îles Salomon pour l'envoi de soldats de la paix en novembre dernier, il s'accompagne également d'autres manifestations de soutien.

Il s'agit notamment de l'annonce, en février 2022, lors de la visite du secrétaire d'État Anthony Blinken dans le Pacifique, de la réouverture de l'ambassade des États-Unis à Honiara, fermée depuis 1993. Lors de l'annonce, M. Blinken a déclaré que cette mesure visait à empêcher la Chine de "s'implanter fermement" dans la nation du Pacifique Sud.

Confronté à une rude bataille de réélection où les relations avec la Chine sont un facteur majeur, le Premier ministre australien Scott Morrison a essuyé des critiques selon lesquelles ses politiques sur le changement climatique et les coupes dans l'aide étrangère, notamment aux îles Salomon, ont sapé l'influence de l'Australie au bénéfice de la Chine.

Le gouvernement Morrison a largement utilisé l'expression "famille du Pacifique" pour exprimer les liens profonds entre les acteurs traditionnels du Pacifique, ce qui exclut implicitement la Chine. Le déploiement de cette rhétorique sentimentale ne semble pas avoir réussi en tant que stratégie.

Il ne fait aucun doute que l'émergence de l'accord-cadre est une pilule amère à avaler pour tous les pays qui ont travaillé ensemble ces derniers mois pour contrer l'influence de la Chine dans le Pacifique par divers moyens. Il est impossible d'éviter le sentiment que ce regain d'intérêt pour le Pacifique arrive trop tard.

Ce récent regain d'activité est évident dans le pacte de sécurité AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, annoncé en septembre 2021, et dans la stratégie indo-pacifique lancée par la Maison Blanche de M. Biden en février 2022. Certains commentateurs appellent maintenant à une révision complète de la stratégie des îles Salomon, en particulier en ce qui concerne le Premier ministre Sogaware et son gouvernement" [vii].

Ainsi, le Centre d'études stratégiques et internationales, au nom de son expert, a trahi les véritables objectifs et intérêts des États-Unis, qui sont de maintenir leur contrôle sur l'océan Pacifique. Et dans le cadre de la stratégie indo-pacifique, nous voyons une tentative d'étendre sa zone d'influence [viii].

En réalité, les différentes îles peuvent être plus que de simples points d'appui aériens ou navals. Si la souveraineté d'un État, aussi petit soit-il, est établie sur un point de terre dans l'océan, le droit international étend cette souveraineté à la zone économique exclusive ainsi qu'à l'espace aérien.

La surface de l'eau peut être utilisée pour la capture de fruits de mer et le plateau continental pour la prospection et l'extraction de ressources naturelles - hydrocarbures, minéraux et métaux et terres rares. L'épuisement des exploitations minières traditionnelles dans divers pays oblige de nombreuses entreprises à se tourner de plus en plus vers cette forme prometteuse d'extraction des ressources naturelles.

"L'économie bleue", comme les explorateurs modernes appellent les projets impliquant des ressources marines, même si elles se trouvent en eaux profondes, présente un sérieux potentiel d'enrichissement. Et la présence d'îles facilite grandement l'exploitation des fonds marins en permettant l'équipement, le personnel, le stockage et le traitement des ressources, ainsi que la poursuite de la logistique en fonction de leurs intérêts.

Cela encourage à son tour les pays à prendre plus au sérieux la protection de leurs îles et territoires d'outre-mer. La France, par exemple, possède les îles Wallis et Futuna en Océanie, qui sont formellement les royaumes d'Alo et de Sigaw, mais font partie de la République française en vertu du traité de protectorat de 1887.

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De ce fait, la France revendique une présence commerciale, économique, politique et donc militaire dans le Pacifique. Et le domaine maritime total de la France s'élève à plus de 11 millions de kilomètres carrés, soit vingt ( !) fois plus que le territoire continental de la France.

La première place en termes de possessions maritimes revient aux États-Unis, les véritables maîtres des mers. De manière révélatrice, la disponibilité des ressources peut provoquer des tensions politiques entre la métropole et les provinces. Par exemple, lorsque les habitants de Wallis et Futuna, ainsi que leurs dirigeants, ont découvert qu'un groupe minier français, Eramet, prévoyait de draguer le cratère du Culolassi, qui contient des gisements de métaux de terres rares, ils ont protesté auprès de Paris et ont même menacé de faire sécession.

Et combien d'autres micro-îles de ce type peuvent être trouvées dans les océans Pacifique et Atlantique, et les grandes entités n'hésitent pas à transformer leurs économies dans les bonnes conditions et à se joindre à la course aux terres rares et autres ressources des fonds marins.

Ces facteurs complexes ont toujours été associés aux îles, mais à l'ère actuelle de la mondialisation et de la transformation simultanée de l'ordre géopolitique mondial, leur rôle et leur statut sont considérablement renforcés.

Notes:

[i] Alfred T. Mahan, "The United States Looking Outward", Atlantic Monthly, LXVI (décembre, 1890), 816-24.

[ii] https://phys.org/news/2019-07-radioactivity-marshall-islands-higher-chernobyl.html

[iii] http://www.turkishweekly.net/pdf/aegean_sea.pdf

[iv] https://fas.org/wp-content/uploads/2020/08/ADIZ-Report.pdf

[v] https://www.gazeta.ru/business/2015/04/17/6644201.shtml

[vi] https://www.ng.ru/world/2021-02-25/6_8090_%20srilanka.html

[vii] https://www.csis.org/analysis/framework-agreement-china-transforms-solomon-islands-pacific-flashpoint

[viii] https://www.fondsk.ru/news/2018/07/04/indo-tihookeanskij-region-ssha-v-prostranstve-dvuh-okeanov-46398.html