Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 06 juin 2022

Embargo pétrolier de l'UE: se tirer une balle dans le genou (ou un peu plus haut)

627a1ee652180_embargoo.jpeg

Guerre économique

Embargo pétrolier de l'UE: se tirer une balle dans le genou (ou un peu plus haut)

Thomas Röper

Source: https:// _wp_cron=1654348907.0830259323120117187500 & www.anti-spiegel.ru/2022/eu-oelembargo-der-schuss-ins-eigene-knie-oder-etwas-hoeher/?doing

Après un mois d'âpres négociations, l'UE s'est mise d'accord sur un mini-embargo pétrolier contre la Russie. Toutefois, l'embargo risque de toucher les citoyens de l'UE bien plus durement que la Russie.

Alors que la prospérité de l'Allemagne et d'autres pays de l'UE fond comme neige au soleil, l'UE vient d'adopter une mesure qui va fortement aggraver cette tendance.

La chute des revenus réels

Le revenu réel est défini comme suit :

"Le revenu réel est un indicateur qui représente le pouvoir d'achat en tenant compte de l'inflation. Il décrit donc la quantité de biens que l'on peut acheter sur le marché avec le revenu nominal "+.

En clair, le revenu réel décrit le pouvoir d'achat. Lorsque les revenus réels augmentent, les gens peuvent se permettre de dépenser plus, lorsqu'ils baissent, les gens s'appauvrissent, même si leurs salaires augmentent sur le papier mais qu'ils ne peuvent se permettre de dépenser plus en raison de la hausse des prix due à l'inflation.

En Allemagne, les revenus réels ont fortement baissé depuis 2020. Grâce aux mesures Covid, les revenus réels se sont effondrés de 4,7% au deuxième trimestre 2020. Il s'agit d'un record absolu, car la plus forte baisse des revenus réels en Allemagne à ce jour depuis 2000 a eu lieu suite à la crise financière de 2008: au deuxième trimestre 2009, les revenus réels ont baissé de 0,9%.

Ce que nous vivons depuis 2020 n'a jamais été observé depuis la dernière guerre en Europe et, de facto, les politiques ne font rien pour y remédier, mais continuent de prendre des décisions qui accélèrent même le processus. Au dernier trimestre, les revenus réels en Allemagne ont chuté de 1,8%, soit le troisième plus haut niveau depuis l'an 2000, après les 4,7% du deuxième trimestre 2020 et la baisse de 2% du premier trimestre 2021.

Ce à quoi nous assistons actuellement est un appauvrissement massif de larges couches de la population, comme le confirment les banques alimentaires. Ces dernières années, de plus en plus de personnes en Allemagne sont devenues dépendantes des banques alimentaires si elles ne veulent pas mourir de faim. La situation est donc, même si tous les Allemands ne le ressentent pas encore, particulièrement dramatique.

bofrost_ORT_hackathon_scheckübergabe_3.jpg

L'appauvrissement est fait maison

Les médias affirment que la pandémie de Covid est responsable de l'appauvrissement des années 2020 et 2021. Ce n'est pas vrai, car la raison de la baisse massive des revenus réels n'était pas le Covid-19, mais les mesures imposées par les gouvernements pour lutter contre le Covid-19. Ce n'était pas le virus qui était en cause, mais les fermetures massives d'entreprises dans le cadre des mesures de confinement.

Ce sont les mesures prises par les gouvernements qui ont provoqué l'appauvrissement, et pour une raison quelconque, les médias ne veulent pas le formuler ainsi. Entre-temps, des études de l'OMS montrent également que les mesures n'ont pas eu de succès sanitaires mesurables, car dans des pays comme la Suède, où il n'y a pratiquement pas eu de restrictions, la grande extinction de masse n'a pas eu lieu. En revanche, les pays qui ont renoncé à des mesures radicales - en Europe, on peut citer la Suède, la Biélorussie et la Russie comme exemples - ont beaucoup mieux traversé la pandémie sur le plan économique.

Maintenant que la pandémie est en grande partie surmontée, l'économie devrait normalement repartir à la hausse, mais l'UE et ses États membres continuent de prendre des décisions qui vont poursuivre et même accélérer l'appauvrissement. Les Allemands en font déjà l'expérience depuis des mois avec l'augmentation du prix du gaz et donc du coût de l'électricité et du chauffage. Cette évolution a commencé dès 2021 et j'ai signalé depuis l'été 2021 que l'UE avait elle-même créé ce problème.

Gaspreisentwicklung-Deutschland-bis-2022-41a40640.jpg

Les "médias de qualité" n'ont découvert le sujet qu'à partir d'octobre 2021, lorsque les gens ont commencé à le ressentir. J'ai décrit très souvent pourquoi la hausse des prix du gaz est un problème créé par l'UE, pour ne pas le répéter, vous pouvez le lire sur mon site (cf. supra), si c'est nouveau pour vous.

L'"embargo pétrolier"

Maintenant, après presque un mois de querelles, l'UE s'est mise d'accord sur un embargo pétrolier contre la Russie, bien qu'il soit difficile de le qualifier ainsi. Les points essentiels sont que l'UE n'importera plus de pétrole russe livré par pétroliers. Et ce, seulement à partir de la fin de l'année.

Cette mesure aura pour conséquence que les pays de l'UE importeront probablement plus de pétrole de Russie d'ici là afin de constituer des réserves. La Russie peut donc se réjouir d'une demande plus élevée et de prix plus élevés.

D'ici la fin de l'année, les marchés pétroliers internationaux seront donc perturbés, car l'UE devra trouver de nouveaux fournisseurs pour remplacer le pétrole russe, sous la pression du temps. La Russie devra également trouver de nouveaux acheteurs, mais cela devrait être plus facile pour elle que de trouver de nouveaux fournisseurs pour les Européens. Comme l'UE est pressée par le temps, elle sera inévitablement obligée de proposer des prix plus élevés, ce dont la Russie peut se réjouir, des prix en hausse sur les marchés mondiaux permettront à la Russie de vendre son pétrole à ses nouveaux clients pour plus d'argent également.

La stupidité de la Commission européenne

C'est la Commission européenne qui a voulu imposer l'embargo sur le pétrole à tout prix, mais certains pays de l'UE ne voulaient pas d'embargo sur le pétrole, l'exemple le plus connu étant la Hongrie. Comme l'UE doit prendre de telles décisions à l'unanimité, la Hongrie pouvait demander des exceptions pour elle-même et elle l'a fait. La Hongrie (ainsi que la République tchèque et la Slovaquie) n'a pas de ports et dépend donc du pétrole amené par l'oléoduc russe. Par conséquent, l'"embargo pétrolier" de l'UE ne concerne que le pétrole livré par navires-citernes. Le pétrole russe acheminé par oléoduc peut continuer à être importé. La Hongrie a donc obtenu gain de cause.

Mais il y a mieux : si l'UE ne parvient pas à remplacer entièrement le pétrole russe livré par tankers d'ici la fin de l'année, la Hongrie devrait devenir un vendeur de pétrole russe, car elle pourra, si nécessaire, importer plus de pétrole via l'oléoduc russe qu'elle n'en consomme elle-même. Comme le pétrole russe acheminé par oléoduc devrait également être moins cher que le pétrole commandé dans l'urgence et livré par tankers, je suis prêt à parier qu'à la fin de l'année et au début de l'année 2023, nous verrons la Russie pomper plus de pétrole dans ses oléoducs vers l'Europe, plutôt que moins.

Ce que la Commission européenne a fait passer en force et qu'elle appelle "l'embargo pétrolier" va très probablement rapporter à la Russie plus d'argent qu'elle n'en a gagné jusqu'à présent sur son pétrole, car les prix du pétrole vont augmenter. De plus, le pétrole russe continuera d'arriver en Europe par les oléoducs. Voilà ce que j'appelle un embargo efficace !

PAZ20_07_Symbolbild_Ungarn_Oelembargo_Mauritius_Kopie.jpg

Le conflit au sein de l'UE va même si loin que des pays comme la Grèce ou Chypre ont pu obtenir que leurs pétroliers puissent continuer à transporter du pétrole russe, par exemple pour le vendre en Inde ou dans d'autres pays. Voilà ce que j'appelle un embargo pétrolier contre la Russie ! Ou est-ce plutôt un embargo de l'UE contre elle-même ?

Les pétroliers européens ne transporteront bientôt plus le pétrole russe vers l'UE, mais vers l'Asie, où les pays paieront probablement plus que ce que les États membres de l'UE ont payé jusqu'à présent, en raison des bouleversements attendus sur le marché international du pétrole. Cela ne manquera pas d'énerver Poutine.

C'est vous qui payez la facture !

En revanche, la Commission européenne a réussi à faire en sorte que le prix du pétrole continue à augmenter, ce qui entraînera inévitablement une nouvelle hausse de l'inflation en Europe, qui bat déjà régulièrement de nouveaux records. En effet, le prix du pétrole n'est pas seulement synonyme de hausse du prix de l'essence, mais aussi de hausse du prix de tout.

Lorsque l'essence et le diesel deviennent plus chers, les prix de tout augmentent, car les marchandises que vous achetez dans les magasins sont transportées par camion, entre autres, et cela devient plus cher. De plus, les prix de l'énergie continuent d'augmenter, ce qui rend la production de tous les biens plus chère, car rien ne peut être produit sans énergie.

Il est donc aussi certain que le fameux "Amen à l'église" que l'inflation va continuer à augmenter (ou du moins rester très élevée) et que, par conséquent, les revenus réels vont continuer à baisser. En d'autres termes, vous, vos amis et vos voisins, ainsi que tous les autres consommateurs, payez la facture de la politique insensée de la Commission européenne et l'appauvrissement ne fera qu'augmenter.

Au slogan lancé par les Verts "geler contre Poutine" s'ajouteront probablement des slogans tels que "avoir faim contre Poutine" ou "s'appauvrir contre Poutine". Un commentateur de la télévision russe vient de commenter la politique de l'UE en ces termes :

"Pour faire chier Moscou, on va se geler les oreilles, on va affamer le monde pour... Oui, pour faire quoi ? Ce n'est pas vraiment clair".

S8-les-gilets-jaunes-bloquent-des-depots-de-carburant-vers-une-penurie-d-essence-172584.jpg

Pénurie d'essence en été ?

Der Spiegel a interviewé le chef de l'Agence internationale de l'énergie, qui prévient qu'il pourrait y avoir une pénurie d'essence, de diesel et de kérosène cet été. Nous ne parlons donc pas seulement de prix plus élevés, mais même du risque que les stations-service européennes manquent d'essence pendant la saison des vacances d'été. Et ce n'est pas la méchante propagande russe qui le dit, c'est l'Agence internationale de l'énergie.

En Russie, on ne peut que secouer la tête, car ce que fait la Commission européenne est presque un suicide économique. Elle a d'abord abattu l'économie avec les mesures Covid et maintenant, alors que l'économie pourrait se redresser, elle lui donne un coup de boule avec ses mesures énergétiques et ses sanctions contre la Russie.

Mais selon les médias, la Commission européenne n'est pas à blâmer. Au début, c'était la faute du Covid, alors que ce sont les mesures Covid qui ont abattu l'économie. Maintenant, c'est prétendument la faute de Poutine, alors qu'en réalité, ce sont les sanctions anti-russes, totalement incongrues, qui créent les problèmes dont souffrent de plus en plus les Européens.

À qui cela fait-il le plus mal ?

Bien sûr, les sanctions créent des problèmes pour la Russie, cela ne fait aucun doute. Mais je vis en Russie et dans la vie de tous les jours, on ne remarque presque rien des sanctions. Certes, de nombreux prix ont brièvement augmenté en mars lorsque le rouble s'est effondré, mais entre-temps, le rouble ne s'est pas seulement redressé, il a tellement augmenté par rapport à l'euro que le rouble est jusqu'à présent la monnaie la plus forte du monde cette année. Par conséquent, l'inflation en Russie est à nouveau en baisse.

f123f5fd40723d029907531800e1cba1.png

Comment cela s'accorde-t-il avec les prévisions des experts occidentaux du début du mois de mars, selon lesquelles les sanctions occidentales allaient rapidement anéantir l'économie russe, dévaluer complètement le rouble et conduire la Russie à la faillite ?

En Russie, l'essence coûte l'équivalent de 80 centimes d'euro et son prix en roubles n'a pas changé. Les rayons des supermarchés en Russie sont pleins, à aucun moment il n'y a eu de pénurie de quoi que ce soit (ou d'huile de tournesol, etc.). La population russe ne ressent guère les sanctions et pour compenser les hausses de prix qui ont eu lieu en mars, le gouvernement russe a décidé d'augmenter les prestations sociales au 1er juin. Parmi celles-ci, il y a d'ailleurs une augmentation des retraites de 10%. Quand cela a-t-il été fait pour la dernière fois en Allemagne ou dans d'autres pays européens ?

Et si vous pensez que les retraites en Russie ne sont pas suffisantes pour vivre, vous êtes encore victime de vieux préjugés. Les retraités russes peuvent désormais se permettre à peu près la même chose que les retraités européens, car ils bénéficient de toutes sortes de réductions et ont donc des frais nettement moins élevés que les retraités européens. J'en ai déjà parlé en détail, mais si c'est nouveau pour vous, vous pouvez le lire sur mon site (cf. supra).

Je ne peux pas le qualifier autrement: l'UE est en train de se tirer une balle dans le genou, ou comme Poutine l'a dit il y a quelque temps à propos des sanctions américaines : "Ils ne se tirent pas seulement une balle dans le genou, mais un peu plus haut" (ndt: et risquent d'atteindre l'artère fémorale...).

Vers une "RAF verte" ?

ende-gelaende.jpeg

Mouvement pour le climat

Vers une "RAF verte" ?

Des militants radicaux pour le climat appellent à des actes de violence

Robert Mühlbauer

Source: https://paz.de/artikel/kommt-eine-gruene-raf-a6935.html

Une partie du mouvement pour la sauvegarde du climat se radicalise, appelle à la violence et aux actes de sabotage et bénéficie encore et toujours du soutien des médias établis. Ainsi, le marxiste et activiste climatique suédois Andreas Malm (photo) a récemment été autorisé à publier un pamphlet de plusieurs pages dans le Spiegel, dans lequel il faisait la promotion d'actions militantes. Selon lui, face à la progression du réchauffement climatique, les formes de protestation démocratiques et légales ne suffisent plus. "Nous n'avons pas besoin de grands concepts pour nous rendre compte que seuls le sabotage et les dégâts matériels sont désormais utiles. C'est le capital fossile lui-même et les réalités qu'il a créées qui nous y poussent", écrit l'auteur, présenté avec bienveillance par le "Spiegel" comme le "maître à penser d'un mouvement climatique radical".

Andreas_Malm_at_Code_Rood_2018_(cropped).jpg

andreas-malm-680x430.jpg

Les premières actions violentes ont déjà eu lieu : Malm rappelle "Ende Gelände", qui voulait occuper par la force une mine à ciel ouvert, les "Fridays for Sabotage", qui ont endommagé des infrastructures gazières, ou le dégonflage des pneus des véhicules SUV. Malm considère comme un fanal de la lutte pour le climat une attaque menée en février par des activistes anonymes cagoulés sur un site de construction de pipeline de l'Ouest canadien, sur la rivière Wedzin Kwa en Colombie Britannique. "Ils ont détruit des bulldozers et des camions et fracassé d'autres machines, des générateurs, de l'équipement lourd et des remorques". Les dégâts matériels se sont élevés à plusieurs millions de dollars. Malm invite ouvertement ses amis à commettre davantage de sabotages de ce type.

Sabotage et dommages matériels

La vice-présidente de l'AfD, Beatrix von Storch, a annoncé qu'elle porterait plainte contre l'"extrémiste climatique" pour incitation au crime (article 111 du code pénal). Le fait que le "Spiegel" publie l'appel de Malm au sabotage et à la destruction de biens sans aucune prise de distance critique, ce qui peut être considéré comme une approbation. Le magazine d'information de centre-gauche avait déjà eu peu de scrupules à publier des pamphlets extrémistes. En 1970, le magazine de Hambourg avait publié le tristement célèbre essai d'Ulrike Meinhof intitulé "Natürlich kann geschossen werden" (Bien sûr, on peut tirer), qui a été à l'origine des autres actes de la RAF. Meinhof est entrée dans une frénésie de haine avec des déclarations telles que "Les flics sont des porcs, nous disons que tout type en uniforme est un porc, ce n'est pas un être humain, et c'est ainsi que nous devons nous occuper de lui". Selon lui, il est erroné de parler avec les "flics", on ne peut que tirer.

Certes, le radical de gauche suédois, à qui le "Spiegel" offre désormais une grande tribune, s'efforce de prendre formellement ses distances avec tout plaidoyer visant à infliger des dommages corporels. Aucune personne ne devrait être attaquée physiquement . Mais certains militants du mouvement radical pour le climat ont pourtant déjà franchi cette limite. Lors d'affrontements entre des occupants de mines à ciel ouvert ou de forêts, ils ont attaqué des policiers. Malm lui-même rappelle le militant allemand pour le climat Tadzio Müller (photo) qui - toujours dans le Spiegel - prédisait l'année dernière qu'une partie de la jeunesse, qui milite pour le climat, était en train de se radicaliser au point de pouvoir créer à terme une "RAF verte". "Celui qui empêche la protection du climat contribue indirectement à créer la future RAF verte. Ou des cellules de partisans clandestins et climatistes", a déclaré ce conférencier de longue date de la Fondation Rosa Luxemburg.

1200px-Tadzio_Müller_@_-AlleFürsKlima_(48896243386).jpg

Prétendument en état d'urgence

La plupart des penseurs du mouvement climatiste extrême s'efforcent d'éviter tout parallèle avec l'évolution vers la violence terroriste qu'avait connue la RAF en s'attaquant à des personnes concrètes. La RAF déshumanisait les policiers, les chefs d'entreprise ou les hommes politiques, qu'elle faisait abattre en tant que représentants du "système". "Les gens ne sont pas le problème", écrit aujourd'hui Malm dans le Spiegel. Il serait "gravement préjudiciable à la lutte pour le climat que des activistes franchissent cette limite - par exemple en attaquant des mineurs dans les gisements charbonniers ou en assassinant des cadres du secteur pétrolier". La question est de savoir si tout le monde pense ainsi.

Des activistes climatiques complètement excités et aveuglés par des idées apocalyptiques délirantes pourraient à un moment donné franchir cette limite. De toute façon, beaucoup ont déjà renoncé aux méthodes démocratiques et légales. Lorsque les protestations démocratiques ne leur permettent pas d'avancer, ils parlent de "changer de système" - c'est le cas de la militante de "Fridays for Future" Luisa Neubauer, qui a parfois exprimé sa sympathie pour la manière dont la Chine, pays à économie communiste planifiée, transforme son économie et son approvisionnement énergétique, soi-disant beaucoup plus rapidement et efficacement que l'Occident. Les activistes qui évoquent en permanence la fin du monde à cause du changement climatique pensent pouvoir en tirer une sorte de justification pour la transgression des lois. La Terre est en feu, l'urgence climatique n'a pas de délai. Ils s'imaginent être dans une situation d'urgence qui nécessite d'enfreindre la loi.

La guerre hybride: encadrer le discours

guerre-hybride-1024x620.png

La guerre hybride: encadrer le discours

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/gibridnaya-voyna-teper-uzhe-diskurs-freym

Outre les militaires de haut niveau et les décideurs politiques, des institutions et organisations de recherche occidentales s'impliquent dans l'étude du phénomène de la guerre hybride (qui est devenu un domaine interdisciplinaire). L'Université arctique norvégienne, par exemple, dispose d'un groupe de recherche sur la zone grise et la guerre hybride. Il compte 20 membres, dont sept professeurs. Les domaines de recherche comprennent la géopolitique, la technologie, le droit et la sociologie. Les résultats sont des propositions de gestion des conflits, de stratégies, de défense, etc. Le site Web du groupe indique que "nous explorons à la fois la manière dont ces concepts sont définis et compris, ainsi que les différentes menaces et la manière dont elles sont perçues, de l'individu et du public aux niveaux national et international. Nos sujets de recherche incluent : "Personnes", "Géopolitique", "Droit" et "Technologie". Nous examinons les différentes manières de gérer les menaces, les crises et les guerres possibles, y compris la préparation locale et la confiance du public, les stratégies de préparation nationales, la défense commune, les approches pan-gouvernementales et intégrées. Nous souhaitons comprendre les complexités du vaste tableau des menaces, de l'utilisation de la désinformation et des opérations psychologiques/d'information aux cyberattaques sur les infrastructures et aux incursions militaires qui conduisent à l'érosion de la confiance et de la sécurité dans les sociétés" (1).

Christer Pursiainen May 2016.JPG

L'une des publications d'un auteur de ce groupe, Krister Pursiainen (photo), porte sur l'infrastructure critique de la Russie (2). Elle fournit une analyse des définitions, une liste des installations et des structures qui traitent de la sécurité dans leur domaine.

La responsable du groupe, le professeur Gunhild Hoogensen Gjorv, est également l'une des responsables du groupe international EU-HYBNET, un réseau paneuropéen de lutte contre les menaces hybrides qui est financé par la Commission européenne dans le cadre du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'UE et lancé en mai 2020 (le projet lui-même est d'une durée de 60 mois, soit cinq ans). Le projet est coordonné par l'Université des sciences appliquées d'Espoo, en Finlande.

indhybnetex.png

Le réseau comprend le Centre d'excellence européen pour les menaces hybrides (European Hybrid CoE (3), le Centre de ressources communes de la Commission européenne (4), l'Organisation européenne pour la sécurité (5) représentant la communauté des chercheurs et des CSI de 15 pays de l'UE, la Plate-forme polonaise pour la sécurité intérieure et plusieurs autres institutions, organisations et agences gouvernementales de toute l'Europe.

f6d0d4317b2c45f9915df0eea54a69c1.jpg

800x12inter00.jpg

Il ressort de ces publications que les auteurs de l'équipe de recherche de l'Université de l'Arctique adoptent une large approche interdisciplinaire. Par exemple, dans une publication, Gunhild Hoogensen Gjorv (photo) écrit que "bien qu'il n'existe pas de définition convenue des menaces et/ou de la guerre hybrides, certaines caractéristiques peuvent être mises en évidence. En général, la guerre hybride 1) utilise une combinaison de techniques militaires et non militaires, englobant les domaines militaire, politique, économique, civil et de l'information ; 2) l'adversaire est souvent caché ou dispersé et peut être un acteur étatique ou non étatique (ou les deux) ; 3) elle contrôle le récit par des combinaisons d'informations et de désinformation ; 4) elle utilise des cyberattaques contre des infrastructures critiques ; 5) elle est conçue pour déstabiliser ou affaiblir la cible, ce qui se traduit par des attaques souvent inférieures aux "seuils définis par l'article 5 de l'OTAN". En bref, cela conduit à une distinction floue entre la paix et le conflit. La guerre hybride s'appuie fortement sur des sphères non militaires. Les civils jouent un rôle central dans le conflit en tant que source de vulnérabilité sociopolitique potentielle pour la société et en tant que cibles de menaces et d'attaques non militaires, y compris de campagnes de désinformation" (6).

Un autre article examine la question du genre dans le contexte des menaces hybrides. Il indique que "la dynamique qui sous-tend les menaces hybrides démontre la complexité des différentes manières dont le genre et les autres marqueurs d'identité sont définis et manipulés pour atteindre des objectifs spécifiques. Le genre est un concept relatif dont la construction varie en fonction de l'espace géographique et du temps. L'influence des constructions de genre doit être comprise en relation avec d'autres catégories et hiérarchies de pouvoir socialement construites, telles que la race et la classe. La conceptualisation et la définition du genre sont très fluides et dynamiques, en fonction des événements et des acteurs impliqués dans le processus de construction. Les catégories de genre peuvent être manipulées et modifiées dans les discours, utilisées en politique ou reconstruites par les individus et les communautés pour répondre à la vulnérabilité sociale. Les menaces hybrides ... montrent comment le genre est complexe et s'entrecroise avec d'autres identités. Dans les situations de menace qui se concentrent sur les identités (généralement) marginalisées ou non dominantes, l'identité de l'autre est créée par rapport à soi-même et posée comme anormale, ne correspondant pas au groupe dominant" (7).

69773_Elementsofhybridwarfare101_1578577050785.jpg

Il convient de noter que l'article fait référence à des dimensions mondiales, ce qui indique une tentative des pays de l'OTAN d'élaborer un plan d'action en dehors de leur domaine d'expertise. "L'utilisation d'approches intersectorielles de l'analyse nous permet de comprendre des régions plus vastes et plus complexes qui sont de plus en plus ciblées par des menaces hybrides. Mais nous devons aller plus loin. Certaines recherches s'accumulent sur les démocraties du nord du monde, mais on en fait moins sur le sud du monde, où un nombre croissant de nouvelles démocraties émergentes peuvent être extrêmement vulnérables à d'éventuelles opérations d'influence et de désinformation. Il existe une lacune dans la littérature qui explore les divers aspects des menaces et des guerres hybrides dans le sud du monde, en particulier en Afrique. La littérature existante sur les cas africains fait très peu de recherches sur la mesure dans laquelle la technologie affecte les institutions, la gestion de crise ou les normes (et vice versa) " (8).

Étant donné l'activisme politique des États-Unis dans la diffusion de l'idéologie des minorités sexuelles sous le couvert de la normalité, on peut dire que la Maison Blanche et le Département d'État américain mènent une guerre hybride en instrumentalisant le genre comme objectif politique.

Le numéro de février 2022 de leur lettre d'information aborde le thème de la manipulation et de l'interférence des informations. "L'action proposée est considérée comme un moyen de renforcer la réponse paneuropéenne aux menaces hybrides survenant dans le domaine de l'information. En outre, les actions proposées pourraient être un moyen de soutenir la mise en œuvre du système d'alerte rapide des États membres de l'UE et la mise en œuvre du plan d'action de l'UE pour la démocratie, axé sur la "lutte contre la désinformation, l'ingérence étrangère et les opérations d'ingérence dans l'information". La solution proposée contribuerait également aux actions prévues dans la stratégie de sécurité de l'UE en mettant l'accent sur les menaces hybrides.

Un autre membre du groupe, Arsalan Bilal, a publié son texte directement sur le site de l'OTAN. Il stipule que "la guerre hybride implique l'interaction ou la fusion d'instruments de pouvoir conventionnels et non conventionnels et d'instruments de subversion. Ces outils se combinent de manière synchronisée pour exploiter les vulnérabilités de l'antagoniste et obtenir des effets synergiques. L'objectif de la combinaison d'outils cinétiques et de tactiques non cinétiques est d'infliger des dommages à l'État en guerre de manière optimale. En outre, la guerre hybride présente deux caractéristiques distinctives. Premièrement, la frontière entre la guerre et le temps de paix devient floue. Cela signifie qu'il est difficile de définir ou de distinguer le seuil de la guerre. La guerre devient insaisissable car elle est difficile à mettre en œuvre.

La guerre hybride en deçà du seuil de la guerre ou de la violence ouverte et directe rapporte des dividendes, même si elle est plus facile, moins chère et moins risquée que les opérations cinétiques. Il est beaucoup plus facile, disons, de parrainer et de diffuser de la désinformation en collaboration avec des acteurs non étatiques que d'introduire des chars sur le territoire d'un autre pays ou de faire voler des avions de chasse dans son espace aérien. Les coûts et les risques sont sensiblement moindres, mais les dégâts sont réels. La question clé ici est : peut-il y avoir une guerre sans hostilités directes ou confrontation physique ? Étant donné que la guerre hybride imprègne les conflits interétatiques, on peut répondre à cette question par l'affirmative. Elle reste également étroitement liée à la philosophie de la guerre. L'art suprême de la guerre consiste à soumettre l'ennemi sans combattre, comme le suggérait l'antique stratège militaire chinois Sun Tzu.

bb19dfe7426d844a0e42bc6427246504.png

La deuxième caractéristique déterminante de la guerre hybride concerne l'ambiguïté et l'attribution. Les attaques hybrides ont tendance à se caractériser par une grande ambiguïté. Cette ambiguïté est délibérément créée et étendue par les acteurs hybrides afin de compliquer l'attribution ainsi que la réponse. En d'autres termes, le pays visé est soit incapable de détecter l'attaque hybride, soit incapable de l'attribuer à un État susceptible de la perpétrer ou de la parrainer. En utilisant les seuils de détection et d'attribution, l'acteur hybride rend difficile pour l'État cible l'élaboration de réponses politiques et stratégiques... La guerre hybride rend la dynamique du conflit peu claire non seulement parce qu'elle offre une boîte à outils vaste et en expansion pour miner l'ennemi, mais aussi parce qu'elle permet de miner sa sécurité sur deux fronts simultanément. Cela s'applique également aux objectifs primordiaux de la guerre hybride. Le front des capacités exploite les vulnérabilités de l'État cible dans les sphères politique, militaire, économique, sociale, informationnelle et infrastructurelle jusqu'à l'affaiblir de manière tangible et fonctionnelle" (10).

Bilal qualifie le paysage complexe du conflit lui-même de zone grise, confondant ainsi les deux concepts. Selon cette approche, une guerre hybride elle-même peut se dérouler dans une zone grise, tandis que la zone grise crée par conséquent les conditions d'une guerre hybride.

Ensuite, selon la logique de Bilal, la Russie n'a pas mené de guerre hybride contre l'Ukraine en 2014, lorsque les troupes russes sont arrivées en Crimée, car il s'agit d'un niveau différent et évident d'utilisation des forces armées. Mais alors, pourquoi les représentants de l'OTAN et de l'Ukraine ont-ils constamment accusé la Russie de mener une guerre hybride ? La pluralité des interprétations de ce terme continue de différer de façon spectaculaire.

Les chercheurs de l'Université de la défense nationale de Suède ont également tendance à confondre zone grise et guerre hybride. Dans une monographie sur le sujet, ils écrivent que "l'environnement de sécurité internationale a évolué ces dernières années en une zone instable et de plus en plus grise de guerre et de paix. Les défis de sécurité posés par les menaces et les guerres hybrides figurent désormais en bonne place sur l'agenda de la sécurité dans le monde entier. Cependant, malgré l'attention et le nombre croissant de recherches sur des questions spécifiques, il existe un besoin urgent de recherches qui attirent l'attention sur la façon dont ces questions peuvent être abordées afin de développer une approche globale pour identifier, analyser et contrer la violence liée au sexe" (11).

Il est intéressant de noter qu'un chapitre a inclus le référendum catalan sur l'indépendance en Espagne parmi les cas de guerre hybride. Cependant, il a été déclaré (sans aucune preuve) que les forces de sécurité russes étaient impliquées dans ce projet.

Ainsi, nous pouvons constater que la guerre hybride en Occident devient un concept de plus en plus confus et flou, mais de plus en plus commode à utiliser à des fins politiques, car pratiquement n'importe quel domaine de la vie peut être attribué à la guerre hybride et ainsi justifier l'ingérence des gouvernements dans la vie privée, restreindre les droits et libertés des citoyens, et justifier leurs propres échecs, leur corruption et leur ignorance par certaines menaces hybrides émanant d'autres États.

Sources :

1) https://uit.no/research/thegreyzone

2 Christer Pursiainen. Russia’s Critical Infrastructure Policy: What do we Know About it? European Journal for Security Research (2021) 6:21–38. https://doi.org/10.1007/s41125-020-00070-0

3 https://www.hybridcoe.fi/

4 https://ec.europa.eu/info/index_en

5 http://www.eos-eu.com/

6 Gunhild Hoogensen Gjørv. Hybrid Warfare and the Role Civilians Play, Aug 2, 2018.

https://www.e-ir.info/2018/08/02/hybrid-warfare-and-the-r...

7 Jane Freedman, Gunhild Hoogensen Gjørv, Velomahanina Razakamaharavo. Identity, stability, Hybrid Threats and Disinformation // Icono 19 (1), 2021. Р. 43. doi:10.7195/ri14.v19i1.1618

https://uit.no/Content/713066/cache=20210201130129/2021%2...

8 Ibidem. Р. 61.

9 EU-HYBNET Policy Brief No3. Information Manipulation and Interference. Empowering a Pan-European Network to Counter Hybrid Threats, February 2022. Р. 4.

https://euhybnet.eu/wp-content/uploads/2022/02/EU-HYBNET_...

10 Arsalan Bilal. Hybrid Warfare – New Threats, Complexity, and ‘Trust’ as the Antidote. 30 November 2021.

https://www.nato.int/docu/review/articles/2021/11/30/hybr...

11 Niklas Nilsson, Mikael Weissmann, Björn Palmertz, Per Thunholm and Henrik Häggström. Hybrid Warfare - Security and Asymmetric Conflict in International Relations. Bloomsbury Publishing, 2021.

 

dimanche, 05 juin 2022

Alexandre Douguine: la philosophie gagnante

af59fdf8102d5ad7a3205f6e9222f527.jpg

La philosophie gagnante

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/winning-philosophy?fbclid=IwAR0XdgpI5Ub792MgePrqc09IXFY3Ryt4BTMcLvSOX0EdASDw-j3DGR-bXjo

Des réformes internes significatives devraient logiquement commencer en Russie. C'est ce qu'exige l'OMS, qui, à l'extrême, a aggravé les contradictions avec l'Occident - avec toute la civilisation occidentale moderne. Aujourd'hui, tout le monde peut voir qu'il n'est plus sûr d'utiliser simplement les normes, les méthodes, les concepts, les produits de cette civilisation. L'Occident répand son idéologie en même temps que ses technologies, imprégnant toutes les sphères de la vie. Si nous nous reconnaissons comme faisant partie de la civilisation occidentale, nous devrions accepter volontairement cette colonisation totale et même en profiter (comme dans les années 1990), mais dans le cas de la confrontation actuelle - qui est fatale ! - cette attitude est inacceptable. De nombreux occidentaux et libéraux en ont pris pleinement conscience et ont quitté la Russie au moment même où la rupture avec la civilisation occidentale était devenue irréversible; et la situation est bel et bien devenue irréversible le 24 février 2022, et même deux jours plus tôt - au moment de la reconnaissance de l'indépendance de la RPD et de la RPL - le 22 février 2022.

En principe, chacun a le droit de faire un choix de civilisation entre la loyauté et la trahison. Le libéralisme est en train de perdre en Russie et les libéraux sont cohérents lorsqu'ils partent. C'est plus compliqué avec ceux qui sont encore là. Je fais référence aux Occidentaux et aux libéraux qui partagent encore les normes de base de la civilisation occidentale moderne, mais qui, pour une raison quelconque, continuent à rester en Russie malgré le fossé qui s'est déjà formé entre la Russie et l'Occident; ils constituent le principal obstacle à des réformes patriotiques authentiques et significatives.

Les réformes sont inévitables car la Russie se retrouve non seulement coupée de l'Occident, mais essentiellement en guerre avec lui. À la veille de la Grande Guerre patriotique, l'URSS disposait d'un nombre suffisant d'importantes entreprises stratégiques créées par l'Allemagne nazie, et les relations entre l'URSS et le Troisième Reich n'étaient pas particulièrement hostiles ; mais après le 22 juin 1945, la situation a évidemment changé radicalement. Dans ces circonstances, la poursuite de la coopération avec les Allemands - légitime et encouragée avant la guerre - a pris une toute autre signification. Il s'est passé exactement la même chose après le 22 février 2022: ceux qui ont continué à rester dans le paradigme de la civilisation hostile - libérale-fasciste - avec laquelle nous étions en guerre, se sont retrouvés en dehors de l'espace idéologique qui avait clairement émergé avec le début de la Seconde Guerre mondiale.

Entre-temps, la présence de l'Allemagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale a été identifiée en URSS, tandis que la présence de l'Occident libéral-fasciste russophobe à la veille de l'OMS était presque totale. Les technologies méthodologiques, les normes, le savoir-faire et, dans une certaine mesure, les valeurs occidentales imprègnent toute notre société. C'est ce qui nécessite une refonte radicale. Mais qui y parviendra ? Les personnes qui ont été formées pendant la perestroïka ? Les libéraux et les criminels des années 1990 ? Les personnes des années 1980 et 1990 qui ont été formées et éduquées dans les années 2000 ? Toutes ces périodes ont été fondamentalement influencées par le libéralisme en tant qu'idéologie, en tant que paradigme, en tant que position fondamentale et globale dans la philosophie, la science, la politique, l'éducation, la culture, la technologie, l'économie, les médias, et même la mode et la vie quotidienne. La Russie contemporaine ne connaît que les vestiges inertes du paradigme soviétique et tout le reste est pur occidentalisme libéral.

cover-r4x3w1000-578e02143c7de-restaurant-mcdonald-s-de-moscou.jpg

Il n'existe tout simplement pas de paradigme alternatif, du moins aucun au pouvoir ou parmi les élites, au niveau où devrait se dérouler la confrontation actuelle des civilisations.

Aujourd'hui, nous opposons l'Occident en tant que civilisation contre "la" civilisation, et nous devons préciser quel type de civilisation nous sommes, sinon aucun succès militaire, politique et économique ne nous aidera et tout sera réversible, la tendance changera et tout s'effondrera. Je ne parle même pas de la nécessité d'expliquer aux Ukrainiens qu'à partir de maintenant ils seront dans notre zone d'influence ou directement en Russie, qui sommes-nous après tout ? Pour le moment, il n'y a que l'inertie de la mémoire soviétique ("la grand-mère avec le drapeau"), la propagande nazie occidentale ("vatniki", "occupants"), nos succès militaires - pour l'instant seulement initiaux - et... la confusion totale de la population locale. Ici, la voix de la civilisation russe doit être entendue. Clairement, distinctement, de manière convaincante, et ses bruits devraient être entendus en Ukraine, en Eurasie et dans le monde entier. Ce n'est pas seulement souhaitable, c'est vital, tout comme les munitions, les missiles, les hélicoptères et les gilets pare-balles sont nécessaires au front.

L'endroit le plus logique pour commencer les réformes est la philosophie. Il est nécessaire de former du personnel au Logos russe, soit sur la base d'une institution existante (après tout, aujourd'hui, aucune institution humanitaire ne fait, ne peut ou ne veut le faire - le libéralisme et l'occidentalisme dominent encore partout), soit sous la forme de quelque chose de fondamentalement nouveau. Hegel disait que la grandeur d'une nation commence par la création d'une grande philosophie. Il l'a dit et il l'a aussi fait. C'est exactement ce dont les philosophes russes ont besoin aujourd'hui, et non d'un vague accord à l'emporte-pièce avec l'Opération Militaire Spéciale. Nous avons besoin d'une nouvelle philosophie russe. Russe dans son contenu, dans son essence.

Par conséquent, la réforme de toutes les autres branches des sciences humaines et des sciences naturelles devrait partir de ce paradigme. La sociologie, la psychologie, l'anthropologie, la culturologie, ainsi que l'économie, et même la physique, la chimie, la biologie, etc. sont basées sur la philosophie, en sont des dérivés. Les scientifiques l'oublient souvent, mais écoutez comment sonne le synonyme occidental de PhD : n'importe laquelle des sciences humaines et naturelles ! - Ph.D. - Docteur en philosophie. Si vous n'êtes pas philosophe, vous êtes au mieux un apprenti, pas un scientifique (docteur est le mot latin pour "érudit", "savant").

C'est ici que se déroulera la bataille interne la plus importante pour l'initiation de réformes civilisatrices en Russie même (ainsi que dans tout l'espace de notre expansion, toute la zone de notre influence): la bataille pour la philosophie russe.

mkrxnrt-7c4-hd.jpg

Il y a ici un pôle clairement modélisé de l'ennemi interne. Il s'agit des représentants du paradigme libéral, de la philosophie analytique au post-modernisme en passant par les cognitivistes et les transhumanistes, qui insistent de façon maniaque pour réduire l'homme à une machine. Je ne parle même pas des libéraux et des progressistes, des partisans du concept totalitaire de "société ouverte", du féminisme, des études et de la culture queer, élevés à la bourse des fraternités. Il s'agit d'une pure "cinquième colonne", quelque chose qui ressemble au bataillon Azov interdit en Russie.

Le portrait de l'ennemi philosophique de l'Idée russe, de la civilisation russe, est très facile à tracer. Il ne s'agit pas simplement de liens avec les centres scientifiques et de renseignement occidentaux (qui sont souvent des concepts assez proches), mais aussi de l'adhésion à un certain nombre d'attitudes plutôt formalisables :

- la croyance en l'universalité de la civilisation occidentale moderne (eurocentrisme, racisme civilisationnel),

- l'hyper-matérialisme, en passant par l'écologie profonde et l'ontologie orientée objet,

- l'individualisme méthodologique et éthique - d'où la philosophie du genre (comme option sociale) et, à la limite, le transhumanisme,

- le techno-progressisme, le développement de l'intelligence artificielle et des réseaux neuronaux "pensants",

- la haine des théologies classiques, de la Tradition spirituelle, de la philosophie de l'éternité,

- le déni de l'identité ou son dénigrement par ironie, en la ridiculisant,

- l'anti-essentialisme, etc...

Il s'agit d'une sorte d'"Ukraine philosophique", disséminée dans presque toutes les institutions scientifiques et universitaires qui ont un rapport quelconque avec la philosophie ou les épistèmes scientifiques de base. Ce sont des signes de russophobie philosophique, puisque l'Idée russe est construite sur la base de principes directement opposés.

- L'identité de la civilisation russe (slavophiles, danilovistes, eurasiens),

- le fait de placer l'esprit avant la matière,

- la communauté, la collégialité - une anthropologie collectiviste,

- un humanisme profond,

- la dévotion à la tradition,

- la préservation minutieuse de l'identité, de la nationalité,

- la croyance en la nature spirituelle de l'essence des choses, etc.

Ceux qui donnent le ton à la philosophie russe contemporaine défendent avec véhémence les attitudes libérales et rejettent avec la même véhémence les attitudes russes. C'est un puissant bastion du nazisme libéral en Russie.

C'est ce point du champ de tir de l'ennemi, cette hauteur, qu'il faut conquérir dans la phase suivante, et les nazis libéraux se défendent contre la philosophie avec la même férocité qu'Azov ou les terroristes ukrainiens désespérés de Popasna. Ils mènent des guerres d'information, écrivent des dénonciations sur les patriotes et utilisent tous les leviers de la corruption et de l'influence des appareils.

Il convient maintenant de rappeler une petite histoire - personnelle, mais très révélatrice - concernant mon renvoi de la MSU à l'été 2014 (notez la date) [Ed. Dugin en 2014 a été démis de sa chaire à l'Université d'État de Moscou au moment où le "printemps russe" dans le Donbass a échoué]. De 2008 à 2014, au département de sociologie de l'université d'État de Moscou, avec le recteur et fondateur du département, Vladimir Ivanovitch Dobrenkov (photo), nous avons organisé un centre actif d'études conservatrices, où nous nous occupions précisément de cela : le développement d'un paradigme épistémologique de la civilisation russe.

56586_354ty_1492056513.jpg

Nous n'avions pas hésité à soutenir le Printemps russe. En réponse, cependant, nous avons reçu une pétition cinglante de... philosophes ukrainiens (promue par le nazi de Kiev Sergey Datsyuk) appelant à "l'expulsion de Dobrenkov et de moi-même de l'Université d'État de Moscou" ; le plus étrange - mais à l'époque ce n'était pas très étrange - est que la direction de la MSU a fait exactement cela. Dobrenkov a été démis de ses fonctions de recteur et moi, franchement, je suis parti de mon propre chef, même si cela ressemblait à un licenciement. On m'a également proposé de rester, mais à des conditions humiliantes. Bien sûr, ce n'est pas Sadovnichy, qui s'était auparavant montré très courtois et ouvert, qui a approuvé ma nomination à la tête du département et a suivi toutes les procédures de vote du conseil académique de la MSU. Mais quelque chose s'est ensuite produit : le Printemps russe a été mis en veilleuse et la question du monde russe, de la civilisation russe et du Logos russe a été complètement retirée de l'ordre du jour ; toutefois, ceci est symbolique : les promoteurs de la suppression du Centre d'études conservatrices de l'Université d'État de Moscou étaient des nationalistes ukrainiens, des théoriciens et des praticiens du génocide russe dans le Donbass et dans l'ensemble de l'Ukraine orientale, exactement ceux avec qui nous sommes en guerre actuellement.

C'est ainsi que le nationalisme libéral a pénétré à l'intérieur de la Russie. Ou plutôt, il y a pénétré il y a longtemps, mais c'est ainsi que ses mécanismes fonctionnent. Une plainte vient de Kiev, quelqu'un au sein de l'administration la soutient, et une autre initiative visant à déployer l'Idée russe s'effondre. Bien sûr, vous ne pouvez pas m'arrêter: au fil des ans, j'ai écrit 24 volumes de ma "Noomachia", et les trois derniers sont consacrés au Logos russe, mais l'institutionnalisation de l'Idée russe a encore été retardée. Mon exemple, bien sûr, n'est pas un cas isolé. Quelque chose de similaire a été vécu par tous ou presque les penseurs et théoriciens engagés dans la justification de l'identité de la civilisation russe. Il s'agit d'une guerre philosophique, d'une opposition féroce et bien organisée à l'Idée russe, supervisée depuis l'étranger, mais menée par des libéraux locaux ou de simples fonctionnaires, qui suivent passivement les modes, les tendances et une stratégie d'information bien organisée d'agents d'influence directs.

Nous en sommes maintenant au point où l'institutionnalisation du discours russe est nécessaire. Tout le monde a vu dans notre guerre de l'information à quel point les humeurs et les processus de la société sont contrôlables et manipulables. Les affrontements les plus graves se produisent au niveau des paradigmes et des épistèmes. Celui qui contrôle le savoir, écrivait Michel Foucault, détient le vrai pouvoir. Le vrai pouvoir est le pouvoir sur l'esprit et l'âme des gens.

La philosophie est la ligne de front la plus importante, dont les conséquences sont bien plus importantes que les nouvelles d'Ukraine, que chaque Russe recherche si avidement en se demandant comment vont les soldats, quelles nouvelles lignes ont été saisies, ou si l'ennemi a faibli. C'est là que réside le principal obstacle à notre victoire.

Nous avons besoin d'une philosophie de la victoire. Sans elle, tout sera vain et tous nos succès se transformeront facilement en défaites.

Toutes les véritables réformes doivent commencer dans le royaume de l'Esprit. Et puisqu'il faut chercher des nouvelles du front dans les actualités - eh bien, qu'en est-il de l'Institut de philosophie ? Toujours debout ? A-t-il déjà capitulé ?

La Turquie ébranle l'OTAN

images.jpg

La Turquie ébranle l'OTAN

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-turchia-scuote-la-nato

La relation de la Turquie avec l'OTAN met en évidence l'incompatibilité entre la préservation de sa souveraineté et le fait d'être un allié des États-Unis.

Les défis des Américains en Syrie, en mer Noire et en mer Égée

Le 1er juin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé le début d'une opération militaire en Syrie. "Une nouvelle phase commence avec la formation (en Syrie) d'une 'zone de sécurité' à 30 kilomètres à l'intérieur de la frontière avec la Turquie. Nous enleverons Tall Rifat et Manbij aux terroristes", a déclaré l'agence de presse Anadolu citant le dirigeant turc. Sont visées des formations de Kurdes syriens fidèles au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui constituent l'épine dorsale des "Forces démocratiques syriennes" (FDS) soutenues par les États-Unis.

Officiellement, l'opération se déroulera dans la zone où la Russie et la Turquie ont précédemment convenu de retirer les formations séparatistes kurdes de la frontière turque. Cependant, ces formations sont étroitement liées aux États-Unis et font preuve de loyauté, avant tout, envers les États-Unis. Cela rend leur protection officielle par la Russie et Damas inappropriée.

Selon des sources de l'opposition syrienne, les troupes russes ont quitté cette zone plus tôt que prévu.

Les États-Unis se sont liés si étroitement aux séparatistes qu'une attaque contre les forces syriennes dans n'importe quelle zone de responsabilité sera considérée comme une preuve de l'impuissance américaine. Cela affectera les relations avec d'autres alliés au Moyen-Orient, en premier lieu avec les pays du golfe Persique, qui deviennent de moins en moins dépendants des États-Unis et développent des contacts intensifs avec la Russie et la Chine.

La veille, le 30 mai, une conversation téléphonique a eu lieu entre les présidents de la Russie et de la Turquie, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. La veille, le 29 mai, le président Erdogan a accusé les États-Unis d'aider les terroristes kurdes.

X3GS7SG3A5Q73RDVZ5BM35MBLY.jpg

"Les États-Unis continuent de fournir des armes à des organisations du nord de la Syrie que la Turquie considère comme terroristes", a déclaré Erdogan. Le président a noté que la Turquie est déterminée à "éradiquer le terrorisme" dans le nord de l'Irak et en Syrie, tandis que le pays n'a pas l'intention d'obtenir la permission de quiconque, y compris des États-Unis, pour mener une éventuelle nouvelle opération en Syrie.

Plus récemment, le 12 mai, le Trésor américain a publié sur son site Internet une licence permettant d'opérer dans 12 secteurs différents de l'économie dans les zones occupées par les États-Unis et les zones séparatistes kurdes du nord-est de la Syrie. La licence ouvre également la possibilité d'un commerce gris de produits pétroliers, "destinés à être utilisés en Syrie". Auparavant, les États-Unis avaient imposé un embargo sur le commerce du pétrole syrien. Toutefois, une exception a maintenant été faite pour les zones contrôlées par les Kurdes.

Les intentions d'Ankara de mener une nouvelle opération militaire dans les zones contrôlées par les Kurdes, réitérées à plusieurs reprises ces derniers jours, compliquent une fois de plus ses relations avec Washington.

"Nous sommes profondément préoccupés par les rapports et les discussions concernant une éventuelle escalade de l'activité militaire dans le nord de la Syrie et, en particulier, par son impact sur la population civile", a déclaré la veille le porte-parole du département d'État, Ned Price, aux journalistes. "Nous condamnons toute escalade. Nous soutenons le maintien des lignes de cessez-le-feu existantes."

Le 1er juin, le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a déclaré que les États-Unis étaient opposés à une éventuelle opération militaire de la Turquie. Lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, le chef de la diplomatie américaine a déclaré que "nous nous opposerons à toute escalade dans le nord de la Syrie", soulignant que Washington soutient "le maintien des lignes de cessez-le-feu existantes".

La Russie, en revanche, comprend les préoccupations turques. "Jusqu'à présent, l'armée américaine, qui a occupé une partie importante de la rive orientale de l'Euphrate, y a ouvertement créé une formation quasi-étatique, encourageant directement le séparatisme, utilisant à cette fin l'humeur d'une partie de la population kurde d'Irak. Ici, les problèmes surgissent entre les différentes structures qui unissent les Kurdes irakiens et syriens. Tout ceci affecte la tension dans cette partie de la région. La Turquie, bien sûr, ne peut pas rester à l'écart", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, dans une interview accordée à RT Arabic.

Dans le contexte de la déclaration du Royaume-Uni sur la nécessité d'envoyer des navires de guerre pour exporter des céréales depuis les ports ukrainiens, Ankara a annulé le passage des navires de guerre de l'OTAN dans la mer Noire, se référant à la convention de Montreux.

Un nouveau conflit turco-grec éclate. Ankara accuse Athènes de violer ses obligations internationales de démilitarisation des îles de la mer Égée. La Grèce a reçu le soutien du président français Emmanuel Macron. Les traditionnelles contradictions turco-grecques ont déjà dépassé le conflit bilatéral au sein de l'OTAN, certes désagréable, mais non critique pour la structure de l'Alliance. Si les États-Unis étaient auparavant perçus comme au-dessus de la mêlée, la Turquie ne le voit plus de cette façon maintenant.

Le 31 mai, l'allié politique d'Erdogan, le nationaliste Devlet Bahceli, a de nouveau publié une déclaration anti-américaine, affirmant que les neuf bases militaires établies par les États-Unis en Grèce constituent une menace pour la sécurité nationale de la Turquie. Le leader du Parti du mouvement nationaliste (MHP) a déclaré que les Etats-Unis utilisent la Grèce comme un "pion" et entraînent la Turquie "dans l'abîme des préoccupations stratégiques et tentent de la pousser dans un environnement de conflit chaud".

572_1571036956_ATT00410.j.jpg

La géographie de la confrontation en mer Noire et en mer Égée rappelle la doctrine de la "patrie bleue" (Mavi Vatan) du géopoliticien turc moderne, l'amiral Cem Gürdeniz. L'objectif principal de la doctrine est le renforcement du contrôle turc sur les régions de la mer Noire, de la mer Égée, du golfe Persique et de la mer Rouge, la perception des États-Unis comme une puissance hostile et la recherche d'un terrain d'entente avec la Russie en tant qu'adversaire de l'hégémonie maritime américaine.

Ultimatum turc

Une autre question sérieuse qui démontre les différences entre l'OTAN et la Turquie est l'admission de la Suède et de la Finlande dans l'Alliance. L'expansion proposée de l'OTAN dans le nord pour inclure la Suède et la Finlande ne peut pas encore surmonter l'opposition de la Turquie. Malgré les déclarations du ministère suédois des Affaires étrangères sur des discussions "constructives" à Ankara, les dirigeants turcs indiquent qu'ils maintiendront leur position et insistent pour que toutes les demandes soient satisfaites.

Auparavant, les parlements et les gouvernements de la Suède et de la Finlande ont approuvé les demandes d'adhésion à l'OTAN. Ils devraient être examinés lors du sommet de l'OTAN à Madrid à la fin du mois de juin. Toutefois, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré le 13 mai que son pays ne laisserait pas les deux pays rejoindre l'Alliance de l'Atlantique Nord si certaines conditions n'étaient pas remplies. Il s'agit principalement du soutien de la Suède et de la Finlande aux séparatistes kurdes opérant en Syrie, de la fourniture d'asile et d'armes aux séparatistes et aux terroristes, et des activités permanentes des structures de Fethullah Gülen dans les pays scandinaves. Ankara demande également à Stockholm de lever l'embargo sur les armes à destination de la Turquie.

Il ressort des déclarations des responsables turcs que les demandes ne visent pas seulement la Finlande et la Suède, mais aussi d'autres membres de l'OTAN. Outre les membres potentiels de l'OTAN, le 13 mai, Erdogan a accusé un membre de longue date de l'Alliance, les Pays-Bas, d'abriter des terroristes. Le 1er juin, le dirigeant turc a étendu ses allégations, affirmant que les organisations terroristes sont soutenues non seulement par la Suède et la Finlande, non seulement par les Pays-Bas, mais aussi par l'Allemagne et la France.

Des revendications ont été formulées à l'encontre des pays européens qui ont imposé des restrictions à la coopération en matière de défense avec la Turquie en raison de leurs actions contre les séparatistes kurdes et les États-Unis. Washington a humilié la Turquie en refusant de participer au programme de production et de fourniture de chasseurs-bombardiers multirôles F-35 après qu'Ankara ait acheté des systèmes de défense aérienne russes S-400. Aujourd'hui, la Turquie tente de montrer qu'elle cherchera à modifier son statut inégal au sein de l'Alliance, sinon elle ralentira son expansion vers le nord.

Officiellement, il n'existe pas de mécanisme tel que le "droit de veto" à l'OTAN. Toutefois, l'article 10 du Traité de l'Atlantique Nord de 1949 stipule que les membres de l'OTAN "peuvent inviter tout autre État européen capable de développer les principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l'Atlantique Nord à adhérer au présent Traité" uniquement par "consentement général". Par conséquent, Ankara pourrait empêcher l'invitation de la Finlande et de la Suède à l'OTAN. Tous les récents élargissements de l'OTAN ont également exigé des membres existants de l'Alliance qu'ils signent les protocoles d'adhésion des nouveaux membres, puis les ratifient.

Dans un article du magazine britannique The Economist, Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre que les relations avec l'OTAN pourraient se détériorer si les préoccupations de la Turquie ne sont pas prises en compte : "Nous pensons que si les membres de l'OTAN appliquent deux poids deux mesures dans la lutte contre le terrorisme, la crédibilité de l'Alliance sera menacée.

ihpmaxresdefault.jpg

"La sortie de l'OTAN doit être mise à l'ordre du jour"

En Turquie même, un débat public animé a eu lieu sur la nécessité de l'adhésion du pays à l'OTAN et sur les perspectives d'admission de la Suède et de la Finlande. Le 12 mai, dans une interview accordée aux médias turcs, Ismail Hakkı Pekin (photo), lieutenant-général à la retraite et ancien chef du renseignement militaire sous le chef d'état-major des forces armées turques, a déclaré que "la Turquie devrait opposer son veto à l'expansion de l'OTAN". Selon un officier militaire de haut rang, l'élargissement de l'Alliance conduit à une extension de la confrontation avec la Russie, ce qui pourrait plonger la Turquie dans un conflit inutile. Un autre ancien officier militaire de haut rang, le contre-amiral Deniz Kutluk (photo, ci-dessous), a déclaré que l'expansion de l'OTAN "réduit la sécurité de la Turquie".

0x0-emekli-tumamiral-deniz-kutluktan-ege-ve-dogu-akdeniz-cikisi-yunanistan-ukraynanin-yaptigi-hatalari-yapiyor-1654074864986.jpeg

Le partenaire d'Erdogan dans la coalition au pouvoir, Devlet Bahçeli, chef du MHP, a déclaré qu'Ankara pourrait envisager de quitter l'OTAN si ses conditions ne sont pas respectées : "La Turquie n'est pas prise au dépourvu. Si les conditions deviennent inacceptables, la sortie de l'OTAN devrait également être mise à l'ordre du jour comme une option alternative".

En réponse, le leader du "Parti républicain du peuple" Kilichdaroglu (auparavant neutre-positif envers les États-Unis) a proposé de fermer toutes les bases militaires américaines dans le pays. "Les États-Unis ont rempli la Grèce de bases, leur objectif est évident. Si [le parti de Bahceli] présente au Parlement un projet de loi visant à fermer les installations militaires américaines en Turquie, nous le soutiendrons", a écrit le politicien sur Twitter. Ainsi, tant les représentants des autorités que ceux de l'opposition partagent une attitude neutre-négative envers l'OTAN.

resized_a094d-78cbb38f7f26ad4c400bf5d270fee1f6.jpg

Detlev Bahçeli.

Les frictions entre l'OTAN et la Turquie sont complexes. Elle implique des contradictions sur la question kurde (les États-Unis et leurs alliés utilisent les Kurdes séparatistes comme un outil pour miner les pays du Moyen-Orient et faire avancer leurs intérêts), les différends territoriaux entre la Grèce et la Turquie, et l'expansion économique des entreprises françaises, italiennes et américaines en Méditerranée orientale - la zone des intérêts turcs et de la rivalité franco-turque en Libye et en Afrique en tant que telle. De manière générale, les tentatives de la Turquie moderne de jouer le rôle d'un pôle de puissance souverain, l'un des centres de la civilisation islamique, contredisent l'essence même de l'existence de l'OTAN en tant que pilier militaire de l'hégémonie américaine et de la démocratie laïque libérale en Europe.

Interaction compétitive

Certains experts turcs estiment qu'il est nécessaire d'étendre la coopération avec la Russie dans les domaines où les intérêts coïncident ou ont un adversaire commun, qui devient très souvent les États-Unis.

"Au risque de paraître vulgaire et d'être accusé d'être pro-russe, je dois dire qu'il ne semble pas y avoir d'autre issue pour la Turquie que de prendre le contrôle de la question à travers ses relations avec la Russie - ou plutôt, les relations entre le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine, qui ont gagné en profondeur pratique et empirique", a déclaré Suleiman Seyfi Yegun, chroniqueur pour la publication pro-gouvernementale Yeni Safak.

Outre la Syrie, où les Kurdes pro-américains des Forces démocratiques syriennes sont un élément indésirable, la Libye a été mentionnée comme un point de contact possible.

"Pour Washington, tant Moscou que son 'soi-disant allié' Ankara constituent un obstacle au contrôle de la Libye, qui revêt une importance stratégique en Afrique du Nord et en Méditerranée. Déjà en 2020, le Congrès américain a appelé à des sanctions contre la Turquie et la Russie", indique la publication turque Aydinlik. "La Turquie et la Russie pourraient conclure un accord et mettre fin à la politique impérialiste américaine en Libye et dans toute l'Afrique."

Atalayar_Turquía y Libia (3).jpg

Les opposants à la Turquie et à la Russie ont longtemps surnommé la propension des deux puissances à "l'interaction contradictoire". Ainsi, l'Institut allemand pour les relations internationales et la sécurité (Stiftung Wissenschaft und Politik) note les avantages pour Ankara: "En Syrie, en Libye et dans le Caucase du Sud, il y a plusieurs avantages significatifs que la Turquie peut obtenir en coopérant avec la Russie. L'aide russe en Syrie pourrait empêcher la création d'une autonomie kurde de jure dans le pays. En Libye, la mise à l'écart d'autres partisans de Haftar et du gouvernement de Tripoli pourrait contribuer à garantir les intérêts économiques et politiques turcs, notamment en forçant la Libye à soutenir la revendication de la Turquie concernant les zones économiques exclusives en Méditerranée orientale. Grâce à la coopération turco-azerbaïdjanaise dans le Haut-Karabakh, Ankara cherche à accroître sa présence militaire et à engager les dirigeants azerbaïdjanais dans des partenariats contre des tiers dans toute la région. Alors que les relations entre la Russie et la Turquie deviennent encore plus complexes, compte tenu des efforts coordonnés et de la rivalité entre les trois pays, ainsi que d'autres relations bilatérales entre la Turquie et la Russie, les risques liés à chaque théâtre de guerre sont encore réduits. Les deux sont toujours en mesure de contenir les problèmes sur un théâtre de guerre distinct grâce à des contreparties dans divers domaines de leur relation".

Les relations entre la Russie et la Turquie ne sont pas antagonistes, ce que l'on ne peut pas dire des relations d'Ankara avec Washington - et en particulier Washington et Moscou. Dans ces conditions, la Turquie se transforme en un pays qui divise l'unité euro-atlantique. D'autre part, Ankara ne considère plus l'OTAN comme un facteur de sa propre sécurité, mais comme un système relativement hostile qui peut toutefois être partiellement contrôlé. La Turquie n'a pas encore fait un pas décisif vers l'abandon de l'OTAN, mais une puissance souveraine consciente de sa mission de centre du monde islamique est déjà trop proche de cette structure.

"L'hypermoralisme fait partie du mode de vie actuel" - Entretien avec Thor Kunkel

ThorKunkel.jpg

"L'hypermoralisme fait partie du mode de vie actuel"

Entretien avec Thor Kunkel

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/hypermoralische-haltung-gehoert-zum-heutigen-lifestyle/

L'écrivain Thor Kunkel évoque les Verts, qui ont sacrifié le pacifisme sur l'autel du pouvoir et se sont entendus avec les Etats-Unis, et le risque que cette politique entraîne l'Allemagne dans la guerre en Ukraine.

Si l'on regarde la position des Verts en République fédérale d'Allemagne sur la guerre en Ukraine, ils n'ont aucun scrupule face aux livraisons d'armes. Où est passé le mouvement pacifiste dont sont issus en partie les Verts ?

Thor Kunkel : Nous avons tous été surpris, je pense, par la rapidité avec laquelle ce parti, qui s'est longtemps revendiqué du mouvement pour la paix et qui jouit donc d'une sympathie sans précédent auprès des jeunes électeurs, s'est transformé en très peu de temps. On pourrait parler d'un parti de politiciens au pouvoir. Remarquez qu'il s'agit de politiciens de pouvoir dépourvus de tout bagage professionnel.

Thor Kunkel fait partie des écrivains germanophones modernes. Il a étudié les arts plastiques, notamment à Francfort-sur-le-Main et à San Francisco, et a travaillé pendant de nombreuses années comme créatif pour des agences de publicité britanniques et néerlandaises (photo : Thor Kunkel).

Ce ne sont donc pas les bonnes personnes qui occupent des postes à responsabilité ?

Kunkel : C'est une certaine tradition chez les Verts. Pensez au fameux discours de Joschka Fischer en 1999 sur l'entrée en guerre de l'OTAN au Kosovo : on a découvert après coup que M. Fischer n'avait même pas lu le traité de Rambouillet. On a alors dit que si les chapitres 7 et 8 avaient été connus auparavant, de nombreux députés Verts n'auraient pas voté pour la guerre à l'époque. En d'autres termes, un certain manque de professionnalisme est tout à fait typique des Verts.

979100_Cover_neu.jpg

En ce qui concerne le pacifisme, ou plutôt la non-violence, il n'y a jamais eu de condamnation claire de la RAF de la part des Verts, et des représentants des Verts continuent de faire des mamours avec le petit monde des Antifa, qui est tout sauf pacifique.

Kunkel : Je dirais que la base du parti est relativement violente. Mais en ce qui concerne le comportement de Mme Baerbock et de M. Habeck, il y a encore d'autres raisons déterminantes, - la vassalité vis-à-vis des Américains et aussi l'intention de ne décevoir aucun des amis transatlantistes.

Si nous jetons un bref coup d'œil à l'histoire, lors de la guerre du Vietnam, le mouvement pacifiste a violemment critiqué les États-Unis et a quasiment glorifié les Nord-Vietnamiens et Ho Chi Minh. Au début des années 80, lors de la double décision de l'OTAN sur le réarmement, les États-Unis ont à nouveau été vivement critiqués, tandis que le rôle de l'URSS était occulté. D'où vient cette divergence ?

Kunkel : Tout d'abord, la gauche a fait à l'époque ce qu'elle fait aujourd'hui, c'est-à-dire qu'elle s'est solidarisée avec les peuples coloniaux exploités, parmi lesquels elle comptait les Nord-Vietnamiens. Par ailleurs, l'impérialisme géopolitique des États-Unis était alors à son apogée, ce qui correspondait très, très bien à la phase de légitimation des partis de gauche et des partis verts. Aujourd'hui, nous nous trouvons dans une situation différente : les Verts font partie de l'establishment. Ils sont choyés par les médias qui leur sont favorables, et ils savent aussi que la jeune génération les soutient. Ils cultivent un style de vie élitiste et ont appris à s'accommoder de la dernière grande puissance occidentale, les États-Unis. Les élites s'arrangent toujours avec les dirigeants, et cela explique le changement que vous venez d'évoquer.

Welt-unter.jpg

Le nouveau roman de Thor Kunkel, "Welt unter", va bientôt paraître.

Cela signifie que les choses vont probablement continuer ainsi avec les Verts, car la coalition "feux de circulation" va, selon les prévisions actuelles, tenir jusqu'à la fin de la législature.

Kunkel : Nous devons partir de ce principe. La majorité des Allemands approuvent cette orientation belliciste, cette "attitude", comme on dit, de la ministre des Affaires étrangères. On dit qu'elle fait du bon travail et que les Allemands sont également satisfaits du travail de M. Habeck. Bien entendu, ces déclarations des médias grand public doivent être prises avec précaution. Je pense toutefois qu'ils n'ont pas perdu la confiance en adoptant une position qui consiste à livrer des armes lourdes à un seul des belligérants. La majorité des Allemands semble les soutenir.

Ad-Endstufe-2021.jpg

Parce qu'ils pensent être du bon côté sur le plan moral ?

Kunkel : Cela correspond exactement à cette attitude hypermoraliste qui fait aujourd'hui partie du style de vie vert, on est alors "moralement protégé". De nos jours, le prestige, la réputation et cette attitude morale sont presque devenu des avantages en monnaie sonnantes et trébuchantes. On sait aussi, bien sûr, que si l'on adopte une position critique - du moins en Allemagne -, on risque aujourd'hui de perdre son gagne-pain ou de ruiner sa carrière. Celui qui fait partie du système et tous ceux qui gagnent simplement leur vie se taisent.

media_8872419.jpeg

Pourrait-on également formuler cela de manière un peu provocante en disant que l'opinion dominante est que "le monde doit être sauvé par l'hypermoralisme allemand" ?

Kunkel : Si vous faites allusion aux années 30 et 40, je ne peux que vous donner raison. J'ai l'impression que le risque d'être impliqué d'une manière ou d'une autre dans cette guerre est pris à la légère. On fait semblant de ne pas être impliqué dans la guerre, ce qui n'est pas vrai dans les faits. On ne peut pas livrer systématiquement des armes lourdes à une partie belligérante et prétendre ensuite ne pas être impliqué. Si des soldats ukrainiens sont formés par des Américains en Allemagne pour pouvoir maîtriser certains systèmes de missiles qui tuent des soldats russes, il s'agit clairement d'une forme de "service de guerre". S'il devait y avoir des réactions, s'il devait y avoir des explosions nucléaires, cette guerre se déroulerait principalement en Europe et les États-Unis seraient, comme toujours, en dehors du jeu.

C'est ce qui avait été envisagé dans les années 1970 comme le pire scénario de la 3ème Guerre mondiale. Un éventuel échange de coups devait se limiter au sol européen, plus précisément au territoire de l'Allemagne vaincue. En raison de leur manque de souveraineté, les gouvernements de l'époque - Schmidt, Kohl - ont accepté que des armes nucléaires soient installées sur le territoire allemand. Dans le pire des cas, on pourrait s'attendre à ce que ces systèmes d'armes fixes soient utilisés. Curieusement, cela semble laisser la population allemande indifférente, car elle n'a guère tiré de leçons des événements fatals de la Seconde Guerre mondiale.

Pendant longtemps, la grande maxime politique de la République fédérale était "plus jamais la guerre", et l'armée allemande ne devait pas participer à des opérations de guerre à l'étranger. Puis, comme vous l'avez déjà mentionné, le gouvernement fédéral rouge-vert et le ministre des Affaires étrangères Fischer ont déclenché la guerre de l'OTAN contre la Serbie, et l'Allemagne risque maintenant d'être entraînée dans la guerre qui sévit aujourd'hui en Ukraine. Comment expliquer tout cela ?

Kunkel : Je ne sais pas. Il s'agit vraisemblablement de certains schémas de réaction qui semblent se répéter. En arrière-plan, il semble y avoir un objectif supérieur et symboliquement chargé - un objectif fixé par nos "amis" transatlantiques, dont la géopolitique doit être accomplie par le vassal. Un État souverain se comporterait différemment dans cette situation, et surtout, les politiciens allemands ne seraient pas prêts à risquer la vie de millions d'Allemands pour une politique absurde basée sur des  "valeurs" (occidentales). Même si la catastrophe n'arrive pas tout de suite, plus les belligérants s'échauffent, plus le risque est grand que cela ait des conséquences que les "professionnels de la politique" comme Mme Baerbock et M. Habeck ne peuvent pas prévoir. Ce qui m'inquiète, c'est que la caste politique semble considérer 89 millions d'Allemands comme une masse de manœuvre qui doit simplement rester immobile.

M03499231514-source.jpg

J'aimerais vraiment entendre un jour un M. Scholz déclarer clairement: "Le bien du peuple, que je représente en vertu de ma fonction, passe avant tout". Avant les "valeurs" (occidentales), avant la politique symbolique, et même avant les victimes de la guerre, dans laquelle l'Allemagne n'a aucune responsabilité. En revanche, une guerre nucléaire en Europe serait si terrible qu'on ne veut pas y penser. Le comportement arrogant de certains personnages clés du gouvernement ukrainien suggère d'ailleurs de qui pourrait provenir une première frappe nucléaire en cas de doute. Je pense qu'un macho comme Zelenski n'a pas grand-chose à envier à Poutine.

Pour revenir brièvement au pacifisme : Peut-on résumer cela en disant que le pacifisme n'était ou n'est toujours qu'un slogan politique de la gauche ?

Kunkel : Il semblerait que oui. Pour le parti, c'était un terme de combat utile dans la boîte à outils du marketing politique, bien que je ne veuille pas nier à de nombreux membres de la gauche et du parti des Verts une attitude pacifiste de base. Dans la vie politique quotidienne, l'affirmation d'être un mouvement pacifiste était bien sûr un plus émotionnel et une feinte rhétorique visant à discréditer indirectement l'adversaire politique.

Il est également significatif que le terme ait récemment été utilisé dans le débat politique. M. Habeck a fait savoir que, bien qu'il éprouve du respect pour une "position de pacifisme inconditionnel" au sein de son parti, il "pense que c'est faux". Mme Baerbock a répondu aux questions de l'opposition que les Verts "ne voulaient plus être endormis". Ils sont prêts - à la différence de l'AfD - à adapter leurs exigences programmatiques "aux circonstances". Cela ressemblait à de l'auto-dénigrement, mais n'a pas vraiment irrité qui que ce soit. On sait que Mme Baerbock a une relation quelque peu légère et inconsistante avec la vérité.

L'entretien a été réalisé par Bernhard Tomaschitz.

La revue de presse de CD - 05 juin 2022

un-nouveau-format-de-lecture-plus-convivial-et-intuitif-a-l-attention-de-nos-abonnes-numeriques-photo-dr-1498507470.jpg

La revue de presse de CD

05 juin 2022

EN VEDETTE

Harari et "l'homme numérique de demain" : les projets inquiétants du Forum de Davos

Certains le connaissent, d’autres pas. Pourtant, son rôle est majeur au sein du Forum économique mondial, puisqu’il en est le conseiller principal. Yuval Noah Harari est un écrivain et historien israélien, auteur du best-seller "Sapiens", ouvrage qui ajoute la science à l'histoire de notre humanité entière. En 2018 déjà, avant la pandémie mondiale, il évoquait les concepts de l’homme numérique de demain. Cet homme serait celui que l’on pourrait "pirater", pour lequel la vie n’aurait plus de sens réel. Les dirigeants devraient alors tout mettre en œuvre pour remédier à cela, notamment grâce aux jeux vidéos et aux médicaments. Le bras droit de Klaus Schwab s’est également fait connaître avec son second tome : "Homo Deus".

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/societe-science-tech/yuval-hara...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES

Revue de presse RT (Russia Today) du 22 au 28 mai

Au menu cette semaine, l’Europe et les Etats-Unis qui continuent, de façon totalement volontaire et assumée, leur chute économique ; l’Ukraine qui plus elle perd plus elle se fascise ; la Russie et la Chine qui prépare leurs défenses contre l’inévitable assaut final, et suicidaire, de l’Occident. La crise vue du côté russe…

Lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-22-au...

Rivarol privé d’aides à la presse

C’est une pétition signée d’historiens, de personnalités diverses que nous évoquerons plus loin qui a entraîné cette mesure. Une trentaine de personnes considéraient que cette « propagande salit le travail des historiens ». La pétition remarque pourtant que la commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) réunie en 2018 avait accordé son imprimatur au journal et renouvelé les avantages qui résultent du numéro d’immatriculation : TVA à taux réduit (2,1 % au lieu de 20 %), tarifs postaux préférentiels et accès aux aides à la presse. Tout journal qui appartient à la catégorie des publications d’information politique et générale (IPG) et qui couvre en principe tout le champ de l’actualité y a droit. La pétition, qui demandait l’annulation de l’immatriculation du journal en tant qu’IPG, ajoute « pour autant que ces informations tendent à éclairer le jugement des citoyens ». Mais qui sera l’arbitre des élégances pour déterminer les « bonnes informations » qui vont « éclairer le jugement des citoyens » ? Les signataires de la pétition ?

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/rivarol-aides-a-la-presse/?utm_source...

grand_angle_macron_visite.png

Arabie Saoudite, les rois de la communication ?

Parole d’expert réalisé avec notre partenaire Terra Bellum au sujet de l'  « Arabie Saoudite, les rois de la communication » ? Pierre Conesa analyse les ressorts de l’influence du Royaume Wahabite dans les démocraties occidentales et les bénéfices qu’il cherche à tirer d’une communication bien huilée grassement financée par la pétro-monarchie. Vidéo.

httgeopragma.frps://geopragma.fr/parole-dexpert-arabie-saoudite-les-rois-de-la-communication-avec-pierre-conesa-membre-du-comite-dorientation-strategique-de-geopragma-2/

ÉCONOMIE

Le miroir aux alouettes de la réindustrialisation

Dès la fin de la guerre froide il devint intéressant de confier des tâches productives à des régions du monde devenues accessibles et qui disposaient d’une abondante main d’œuvre bon marché. Les pays occidentaux se transformèrent en économies de services, plus rémunérateurs, tout en pensant rester maître de leurs technologies. Si les tâches industrielles migrèrent vers l’Asie, elles furent accompagnées par les savoir-faire, sans que l’on veuille se rendre compte de cette dépossession. Trois décennies plus tard, les dépendances sont inversées : le confort matériel s’importe désormais de là-bas et la maîtrise technologique n’est plus une chasse gardée.

Le blog de Michel de Rougemont

https://blog.mr-int.ch/?p=8469&utm_source=mailpoet&am...

Alerte ! la dette de la France est structurelle

La dette du pays ayant maintenant dépassé le montant du PIB, il faut s’interroger pour savoir s’il va être possible de faire en sorte qu’elle n’augmente pas davantage encore dans les années à venir.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/05/31/428495-alerte-la-...

ÉNERGIES

Qui gagne la guerre de l’énergie ?

Nos dirigeants européens sont des irresponsables. En obéissant aveuglément aux Américains, ils ont mis en danger tout le volet des ressources énergétique dont l’Europe a besoin car nos économies reposent encore sur le gaz, le pétrole et le charbon dont la Russie nous fournit l’essentiel de nos besoins.

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/06/0...

ÉTATS-UNIS

L'Afrique, les pays BRICS et les républicains américains bloquent le traité mondial de l'OMS sur la pandémie !

Comme pour la lutte contre le diktat mondial de Corona, de nombreux pays du Sud, et en particulier ceux d'Afrique, sont à nouveau à la pointe de la résistance. En effet, le très controversé traité mondial de l'OMS sur les pandémies, qui vise à mettre en place une dictature mondiale de la santé au-dessus du statut constitutionnel des États-nations souverains, est rejeté dans ces pays. Au Brésil et dans d'autres parties du monde, on se défend également.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/02/l...

DeRNRXpWAAAD6Ik.jpg

FRANCE

Renaissance démocratique : Macron dissimule son mépris de la démocratie

Si la majorité semble s’être effectivement entichée de cette idée de renaissance, son application à la question démocratique semble quelque peu paradoxale lorsqu’on se souvient du bilan d’Emmanuel Macron sur ce point.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/05/31/429128-renaissanc...

Le fiasco de la Ligue des champions au Stade de France a un retentissement mondial

La Mondiovision a offert un spectacle navrant à quelque 400 millions de téléspectateurs sur la planète. Ils étaient pourtant privilégiés par rapport aux quelque 80.000 supporters qui avaient eu la mauvaise idée de se rendre au Stade de France. Attentes interminables, intrusions, vols, agressions y compris sexuelles (surtout à la sortie du stade), jets de gaz lacrymogènes d’une police débordée contre d’authentiques amateurs de football venus souvent de loin et en famille… un chaos inouï. Mais au lieu de reconnaître tout de suite le désastre et d’en demander pardon aux victimes, le ministre de l’Intérieur et la nouvelle ministre des Sports, témoins directs de ce fiasco, ont rejeté la faute sur les fans anglais en évoquant « une fraude massive, industrielle de faux billets », d’où « 30.000 à 40.000 supporters » sans billet ou munis de faux billets

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/le-fiasco-de-la-ligue-d...

GÉOPOLITIQUE

Ukraine/Russie : en Amérique latine et en Asie, des pays refusent de suivre les sanctions

Les Américains encouragent avec ardeur l’Ukraine dans une guerre qui, pour beaucoup, est une lutte décisive pour la liberté humaine. L’intensité de notre engouement fait qu’il est facile de supposer que tout le monde dans le monde le partage. Ce n’est pas le cas. La réaction passionnée des Américains n’a de pareil qu’en Europe, au Canada et chez la poignée d’alliés des États-Unis en Asie de l’Est. Pour de nombreuses personnes dans le reste du monde, le conflit Russie-Ukraine n’est qu’une autre guerre occidentale inutile dans laquelle ils n’ont aucun intérêt.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/ukraine-russie-en-amerique-lati...

inririnex.jpg

La Russie, l'Iran et l'Inde créent un troisième pôle d'influence dans les relations internationales

Le ministre russe des Transports, Valery Savelyev, vient de reconnaître le rôle vital que joue aujourd'hui l'Iran pour la logistique de son pays grâce au corridor de transport Nord-Sud (NSTC - North South Transport Corridor). Selon lui, les sanctions occidentales sans précédent imposées par les États-Unis en réponse à l'opération militaire russe en cours en Ukraine "ont pratiquement brisé toute la logistique dans notre pays. Et nous sommes obligés de chercher de nouveaux couloirs logistiques".

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/05/27/l...

La dynamique de la puissance dans la région indo-pacifique est en pleine mutation

La patrouille aérienne conjointe, au-dessus des eaux de la mer du Japon et de la mer de Chine orientale, lundi, par une force opérationnelle aérienne composée de Tu-95MS russes capables de transporter des armes nucléaires et de bombardiers stratégiques H-6K chinois n’aurait pas pu être une réaction plus instinctive à la tournée du président américain Joe Biden en Asie, sans parler de ses remarques provocatrices évoquant une guerre apocalyptique entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/la-dynamique-de-la-puissanc...

FQsYh-NWYAI3I7i.jpg

IMMIGRATION

Projet Horizon : des migrants dans nos campagnes

Le fond de dotation « Merci » qui appartient à la famille Cohen cherche à implanter des dizaines de familles de migrants dans la ville rurale de Callac en Bretagne. Yann Vallerie, habitant local et fondateur du site Breizh Info, s’inquiète d’un projet qui changerait la population et les mœurs de nos campagnes.

Lincorrect.org

https://lincorrect.org/projet-horizon-des-migrants-dans-n...

p1.jpg

LECTURE

L’Institut Iliade met à disposition tous les numéros d’Enquête sur l’Histoire, magazine fondé par Dominique Venner, de 1992 à 1999

L’Institut Iliade vient de mettre à disposition tous les numéros d’Enquête sur l’Histoire, magazine fondé par Dominique Venner, de 1992 à 1999. Enquête sur l’histoire est une revue française qui traitait de sujets d’histoire. Fondée en 1991 par Dominique Venner, elle était liée à la mouvance de la Nouvelle Droite. Elle disparut en 1999. Comme l’explique Dominique Venner dans l’éditorial du premier numéro de cette revue : « Il est impossible de penser le présent et le futur sans éprouver derrière nous l’épaisseur de notre passé, sans le sentiment de nos origines. Il n’y a pas de futur pour qui ne sait d’où il vient, pour qui n’a pas la mémoire du passé qui l’a fait ce qu’il est. Mais sentir le passé, c’est le rendre présent. Le passé n’est pas derrière nous comme ce qui a été autrefois. Il se tient devant nous, toujours neuf et jeune ».

Les numéros sont désormais tous libres d’accès et de téléchargement

Breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/05/31/187382/linstitut-i...

MONDIALISME/BIOTERRORISME/DICTATURE

Forum économique mondial 2022 : le retour de l’homme de Davos

La réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos est peut-être la conférence la plus impopulaire au monde, et son fondateur et président, Klaus Schwab, l’une des personnalités les plus méprisées au monde. Souvent comparé au Dr. Denfer, le personnage joué par Mike Meyers dans la série Austin Powers, et régulièrement comparé à un super-méchant de James Bond sur Internet, Schwab est considéré comme un mégalomane messianique dirigeant une infâme cabale de dirigeants mondiaux et de chefs d’entreprise vers un avenir dominé par une élite mondialiste.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/06/02/431611-forum-econ...

Soros et la fermeture hermétique de la "société ouverte"

Lorsque nous évaluons les bouleversements qui se produisent dans notre société et qui sont devenus soudainement si évidents, nous nous retrouvons souvent à en tenir quelques noms pour responsables, toujours les mêmes. Bien que cela ne satisfasse pas entièrement notre désir de compréhension et se prête au risque de simplifier à l'excès la réalité, il ne fait aucun doute que l'action visible par laquelle les individus exercent leur pouvoir est le miroir à travers lequel nous pouvons tenter d'identifier les lieux où nous mènent les forces mystérieuses qui guident le cours des événements.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/03/s...

RÉFLEXIONS

Au-delà du "gauchisme" : le fléau "trotskyste" dans les mouvements contre-hégémoniques

C'est surtout au sein des mouvements communistes qu'ont émergé les "trotskystes". Léon Trotsky était un marxiste révolutionnaire qui, entre autres contributions théoriques au marxisme, a représenté la première opposition majeure au sein du parti bolchevik dans la période post-Lénine. Léon Trotsky a mis en avant une ligne "plus marxiste" au détriment d'une ligne "plus nationale" adoptée par Josef Staline. C'était une façon de chercher à préserver les acquis de la révolution russe, de fortifier son propre État plutôt que d'appliquer la vision marxiste d'une soi-disant révolution mondiale.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/05/28/a...

c0c55def9ccab048f8e250068372aed2.jpg

Grand espace et idée d'empire - contre-projet à l'UE

L'État-Nation : pour certains, c'est un modèle dépassé, pour d'autres, c'est la possibilité de revenir au "bon vieux temps". Mais le problème soulevé par l'Etat-Nation réside dans le fait qu'il est d'une part trop faible pour contrer la menace de la mondialisation, l'espace qu'il domine n'étant tout simplement pas assez vaste, et d'autre part trop fort lorsqu'il s'agit de restreindre les libertés de son propre peuple, puisqu'il tente de rendre tous les citoyens "égaux" à partir d'un centre, au-delà des frontières des régions, des tribus et des états qui se sont développés au fil du temps.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/05/29/g...

SANTÉ/INTERDICTIONS/LIBERTÉS

Documents Pfizer : trop gros pour être vrai ?

Les documents Pfizer ont du mal à sortir. Il est vrai que plusieurs centaines de milliers de pages n’est pas évident à éplucher. Rien qu’un dossier de patient fait 250 pages, il y en a plus de 40 000, et il faut vérifier que ses éléments ont bien été retranscrits, et le résultat non déformé. Un travail de fous, que même la FDA, l’EMA, l’ANSM n’ont pas fait. Personne n’ayant réellement les moyens de le faire, l’industrie pharmaceutique a le champ libre pour faire ce qu’elle veut. Même pour des dossiers plus petits, comme le Paxlovid, du même menteur, personne n’a vu les rebonds.

Covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2022/06/01/documents-%c2%a8p...

UNION EUROPÉENNE

Char à laver

Sur un site peu connu mais très atlantiste, un plumitif résume un article du Washington Post. Selon le Wapo, citant la secrétaire étasunienne au commerce Gina Raimondo, les chars russes ne fonctionnent que par la grâce de circuits électroniques pris à des lave-linges et des frigos. Il y a donc cinq programmes, dont un pour obus délicats, et la rotation de la tourelle est déterminée par la vitesse d’essorage. C’est pour fabriquer de nouveaux chars, ou réparer les quelques-uns restants, que les Russes pillent les maisons en Ukraine et envoient à l’arrière les précieuses machines à laver.

Lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/char-a-laver

Après avoir affiché des fillettes voilées pendant deux années consécutives sur la couverture de l’un de ses rapports annuels, le Conseil de l’Europe les remplace par une seule femme voilée pour sa dernière édition

D’un rapport l’autre, le Conseil de l’Europe n’en finit donc pas son autoflagellation !

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2022/06/02/apres-avoir-affiche-des-fillettes-voilees-pendant-deux-annees-consecutives-sur-la-couverture-de-lun-de-ses-rapports- annuels-le-conseil-de-leurope-les-remplace-par-une-seule-femme-voilee-pour-sa-d/

samedi, 04 juin 2022

La malédiction de l'hypocrisie de gauche - Comment les pacifistes sont devenus des bellicistes

20200731-header-hauptstadtbriefing-media-pioneer-baerbock-panzer_2.jpg

La malédiction de l'hypocrisie de gauche

Comment les pacifistes sont devenus des bellicistes

Andreas Mölzer

Source: https://andreasmoelzer.wordpress.com/2022/06/02/vom-fluch-der-linken-heuchelei/

Si l'on analyse le débat actuel sur la guerre en Ukraine, on ne peut tirer qu'une seule conclusion: les plus grands bellicistes sont actuellement issus des rangs de la gauche européenne. Ces dernières semaines, les appels à la livraison d'armes lourdes, à un engagement toujours plus fort en faveur de Kiev et, dans certains cas, à une intervention active dans le conflit, ont été les plus virulents, voire les plus hystériques, de la part des représentants de la gauche de l'échiquier politique.

Si vous écoutez les Verts allemands, de la plus grande ministre des Affaires étrangères de tous les temps au président des Verts bavarois aux cheveux hirsutes, vous savez qu'un parti de véritables bellicistes s'est formé, abandonnant derrière lui l'ancien pacifisme de la révolte de 68 et de la Nouvelle Gauche. A l'époque, on disait "Des socs plutôt que des épées" et "Faire la paix sans armes" et on manifestait contre la guerre du Vietnam et contre le réarmement de l'OTAN. Aujourd'hui, ce sont les épigones de cette ancienne Nouvelle Gauche qui critiquent massivement le chancelier allemand Olaf Scholz parce qu'il n'est pas prêt à livrer des armes lourdes offensives à l'Ukraine.

Il convient d'analyser plus en détail comment peut s'expliquer un changement aussi radical dans l'attitude fondamentale de la gauche vis-à-vis de la guerre et de la paix. D'une part, cela tient bien sûr à l'adversaire actuel dans cette guerre en cours. Vladimir Poutine est depuis longtemps l'ennemi idéal de la gauche, car il incarne tout ce que la gauche déteste et rejette avec ses positions conservatrices en matière de patriotisme, de famille et d'attitude envers les homosexuels. Vladimir Poutine est alors rapidement comparé à Adolf Hitler, et les spécialistes en sciences politiques affirment plus facilement que le régime actuel du Kremlin est bien sûr un fascisme bien réel. Ils ignorent les voix modérées qui font remarquer que Poutine ne menace d'extermination aucun groupe ethnique ou social et que le fascisme implique la pénétration organisationnelle de la population et de tous les secteurs de la société. L'image de l'ennemi Poutine et du méchant impérialisme russe suffit à motiver le nouvel enthousiasme de la gauche pour la guerre.

FRizYezXoAAfJ1r.jpg

Une autre cause de ce changement de paradigme idéologique au sein de la gauche est sans doute l'hypocrisie que ces messieurs-dames ont depuis longtemps intériorisée, hypocrisie à laquelle on s'est concrètement habitué dans ce domaine et dans la fonction de bien-pensant attitré. Cette bien-pensance de gauche, qui s'est notamment développée sur la question de l'immigration de masse au cours de ces dernières années, est naturellement capable de porter des jugements en matière de guerre et de paix en toute décontraction, dans une pose complaisante de supériorité morale. Les Ukrainiens et leur président Zelenski, considérés auparavant comme l'un des pays les plus corrompus avec un président, lui, extrêmement corrompu, sont soudain ceux qui mènent une guerre juste, à savoir une guerre défensive, alors que Poutine est présenté comme un tyran fou et sanguinaire à la tête d'un régime tout aussi sanguinaire et d'une armée non moins sanguinaire. Et contre cela, l'utilisation d'armes lourdes est alors la moindre des choses.

Dans le paysage politique et médiatique allemand, la gauche belliciste rejoint curieusement les chrétiens-démocrates de Friedrich Merz et le style journalistique et polémique du "Bild-Zeitung". Alors que les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz freinent des quatre fers et se montrent réticents à l'idée de livrer des armes lourdes, ce sont ces deux secteurs politiques-là qui se profilent carrément comme des bellicistes. Et quiconque adopte une attitude prudente en ce qui concerne la prise de position dans la guerre en Ukraine est aussitôt diffamé parce qu'il "comprend Poutine" (est un "Putin-Versteher").

Bien que de plus en plus de voix s'élèvent dans les médias pour reconnaître qu'une défaite militaire totale des Russes est tout simplement impensable et que toute nouvelle escalade et extension de la guerre vers un conflit européen, voire mondial, doit être évitée à tout prix, la seule conséquence logique de cette reconnaissance, à savoir la recherche d'une paix négociée, semble encore lointaine. Ces dernières semaines, les discussions entre Moscou et Kiev se sont révélées fausses négociations et ont échoué sans donner le moindre résultat.

EzgnQwYXIAc-SYI.jpg

Les tentatives de médiation, comme celles du Turc Erdogan ou d'Israël, sont restées lettre morte jusqu'à présent, et les contacts téléphoniques réels ou supposés entre Macron et Poutine ou entre Scholz et Poutine n'ont guère donné de résultats. Sans parler des tentatives plutôt ridicules du chancelier autrichien de communiquer avec le maître du Kremlin. Il n'en reste pas moins que des négociations sérieuses devront avoir lieu un jour. Et celles-ci devront partir du principe qu'un éventuel compromis de paix devra naturellement tenir compte de la partie russe, c'est-à-dire que les gains de terrain russes dans l'est et le sud-est de l'Ukraine devront probablement être maintenus à long terme. Les bellicistes de gauche en Occident ne veulent pas en entendre parler. De même, les francs-tireurs du 10 Downing Street et de la Maison Blanche à Washington tentent encore aujourd'hui de nous faire croire que seule une défaite totale des Russes pourrait mettre fin à la guerre. Mais tout cela est illusoire et ne fait qu'accroître le risque d'une escalade généralisée jusqu'à la guerre nucléaire mondiale.

C'est ainsi que les va-t-en-guerre de gauche, tout comme les anglo-américains qui haïssent les Russes, s'avèrent être la véritable grande menace pour la paix mondiale. Bien entendu, cela ne change rien au fait que Vladimir Poutine et la Russie ont déclenché une guerre d'agression que rien ne justifie au regard du droit international. Néanmoins, les négociations restent le seul moyen d'y mettre fin. Et pour cela, il faudra offrir à Poutine un scénario de sortie. La soif de guerre, hypocritement déguisée en défense des "valeurs occidentales", comme le fait actuellement la gauche, rendra impossible la fin de la guerre et une solution pacifique.

La politique face à l'apocalypse

651c3d7f3a1d74275fd7641407928663--christian-images-apocalypse.jpg

La politique face à l'apocalypse

Source: https://www.tradicionviva.es/2022/04/28/politica-ante-el-apocalipsis/

Dans un essai publié dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, le politologue Comte Peter von Kielmansegg (photo) critique le fait que les élites politiques allemandes ne sont pas à la hauteur des défis stratégiques auxquels le pays est confronté. Face au risque d'utilisation d'armes nucléaires en Europe, les décideurs doivent être en mesure de faire face au "danger d'une catastrophe apocalyptique". Pour cela, ils auraient besoin de vertus classiques, comme le "courage prudent". La "classe politique" allemande, quant à elle, a démontré à plusieurs reprises sa "cécité" stratégique et ne sera probablement pas en mesure de prendre les décisions sages et courageuses nécessaires pour éviter les dommages à la communauté.

Peter_Graf_von_Kielmansegg-A.jpg

L'Allemagne est "un cas d'instabilité particulière". Les élites politiques du pays ont eu tendance à idéaliser la faiblesse et le manque de sagesse. La "classe politique" est "convaincue que son évitement habituel de l'urgence" est "la preuve d'une moralité supérieure, laquelle est le propre d'une communauté purifiée par l'expérience historique".

L'"aveuglement avec lequel cette classe politique a délibérément conduit son pays dans la dépendance énergétique de la Russie de Poutine jusqu'à la toute dernière seconde et a géré la Bundeswehr presque jusqu'à l'effondrement silencieux" "ne les qualifie pas exactement pour prendre l'initiative dans la direction opposée".

Dans la situation actuelle, il est particulièrement important de trouver des solutions éthiques qui ne doivent pas être interprétées comme un signe de faiblesse du côté russe, car cela pourrait conduire à une escalade, par exemple sous la forme d'une invasion russe des anciennes républiques soviétiques que sont les États baltes. Il s'agit avant tout d'éviter une guerre avec la Russie, car cela pourrait "se terminer en apocalypse".

D'un point de vue européen, le moyen le plus favorable d'éviter une escalade militaire est l'échec de l'invasion russe, car il pourrait en résulter une disposition à un cessez-le-feu chez les dirigeants politiques de la Russie, qui n'est pas encore perceptible. Quoi qu'il en soit, la situation en Europe centrale restera probablement instable sur le long terme. La "naïveté politique des dix ou vingt dernières années" ne pourra donc "plus se reproduire" en Europe occidentale (1).

Nous avons évoqué ici le manque de sagesse de la culture stratégique de l'Allemagne, qui devient maintenant évident. Il y a quelques semaines, le général de brigade à la retraite Erich Vad, ancien conseiller militaro-politique de la chancelière Angela Merkel, a critiqué dans ce contexte la "rhétorique de guerre" qui prévaut en Allemagne et qui est présentée "hors de toute bonne intention éthique". Cependant, la "route de l'enfer" est "toujours pavée de bonnes intentions". Il faut "penser à la guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine depuis la fin février" et, surtout, s'efforcer de prévenir une nouvelle escalade et éviter une éventuelle troisième guerre mondiale (2). (sur la réaction d'Erich Vad, voir: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/04/28/le-general-de-brigade-a-la-retraite-erich-vad-il-regle-maintenant-ses-compt.html#more ).

Il y a quelques mois, l'ancien ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel et Urban Rid, ancien chef de service à la Chancellerie fédérale, ont diagnostiqué un déclin des élites étatiques en Allemagne. Cependant, les auteurs n'ont pas abordé les causes culturelles de ce problème et les réponses possibles à celui-ci. Les réponses possibles ont été décrites par l'historien israélien Shalom Salomon Wald dans son ouvrage sur les conditions préalables à l'existence à long terme des nations, où il a identifié un certain nombre de caractéristiques intellectuelles et culturelles dont doivent faire montrer les élites étatiques qui ont réussi en temps de crise (3).

41ay0MZKOBL.jpg

Du point de vue de la doctrine sociale chrétienne, le pape Pie XII avait décrit l'essence de l'idée d'élite dans la tradition occidentale, qui comprend également les éléments spirituels énumérés par Wald. Ainsi, les États fonctionnels reposent sur une élite de personnes qui "se distinguent par leur esprit et leur force de caractère". Seules les personnes "à la doctrine claire et saine, à la volonté ferme et droite" sont capables "d'être des dirigeants et des responsables de leurs concitoyens" (4 ). Dans ce contexte, le pape Pie XI avait décrit la doctrine sociale chrétienne comme "l'école de l'élite dans la vie sociale et politique" (5). Cependant, en dehors d'initiatives privées individuelles, il n'existe actuellement aucune institution en Allemagne qui poursuit une formation d'élite dans ce sens. La suggestion de Werner Weidenfeld de créer une "école de pensée stratégique" n'a pas non plus reçu de réponse pertinente.

Cet article a été initialement publié en allemand sur renovatio.org.

Sources:

1) Peter Graf Kielmansegg : "La guerre de Poutine", Frankfurter Allgemeine Zeitung, 19.04.2022, p. 7.

2) Christoph Driessen : "Das Dilemma des deutschen Pazifismus", Aachener Zeitung, 14.04.2022, p. 2.

3) Shalom Salomon Wald : Rise and Decline of Civilizations : Lessons for the Jewish People, Boston/Jerusalem 2014, pp. 220-241.

4) Benignitas et humanitas 20.

Contre l'"optimisme scientifique". De l'"homo sapiens" à l'"homo deus"

b2ap3_large_shutterstock_214672753.jpg

Contre l'"optimisme scientifique". De l'"homo sapiens" à l'"homo deus"

Ernesto Mila

Source: http://info-krisis.blogspot.com/2022/05/cronicas-desde-mi-retrete-contra-el.html

L'un des mirages de notre époque est l'"optimisme scientifique" que l'on retrouve dans les médias. "Quoi, il y a un virus qui efface tout ? Relax, il ne se passe rien ici ! Le vaccin qui résoudra le problème sera bientôt prêt. Le VIH, qui était mortel dans les années 1980, n'est-il pas devenu aujourd'hui une maladie chronique ? C'est l'un des derniers arguments que nous entendons partout dans les médias depuis février-mars 2020. La science peut tout faire, elle résout tous les problèmes, ceux qui existent aujourd'hui et ceux qui apparaîtront demain. Quiconque ne fait pas confiance à la science a un problème. La science d'aujourd'hui est la définition la plus courte du "progrès". Puis il s'avère que les choses ne sont pas tout à fait comme ça.

Dans les années 1960, il y a eu un débat épistémologique sur la science et sa neutralité. Certains ont affirmé qu'il existait une "science" au service du capitalisme et que, par conséquent, la science n'était pas neutre, mais une extension du capitalisme pour mieux atteindre ses fins ultimes, plus rapidement et de manière plus rentable. Les autres disaient que la science était neutre car une invention comme la bombe atomique pouvait servir à la fois aux "capitalistes" et aux "communistes". Finalement, la chose la plus raisonnable - après la fièvre de Mai 68 - était que la science était neutre dans ses principes, mais que son application ne l'était pas. La science médico-légale, diffusée avec pédanterie depuis 20 ans par la franchise "CSI", peut être appliquée aussi bien par les enquêteurs de la police pour résoudre des crimes que par les criminels qui ne veulent pas laisser de traces (la série Dexter, par exemple, est basée sur cette idée).

Ainsi, à la conclusion sur la neutralité de la science, mais pas de ses applications, nous pouvons en ajouter une autre : la science peut être utilisée aussi bien dans son aspect "clair", bénéfique à l'humanité, que dans son aspect "sombre". Et, à partir de là, nous avons même une troisième conclusion à portée de main: les "optimistes scientifiques" ne font référence qu'aux aspects positifs des nouvelles découvertes et possibilités qui s'ouvrent dans les différents domaines, mais jamais, absolument jamais, à leur "côté sombre". Car tout progrès scientifique et toute avancée technique comportent inévitablement un aspect problématique.

Bien que nous reconnaissions que l'énergie nucléaire est le moyen le moins cher de garantir l'approvisionnement énergétique, du moins en Europe, et que les centrales nucléaires du 21e siècle n'ont rien à voir avec celles de la seconde moitié du 20e siècle, et sont donc plus sûres, il y aura toujours la possibilité d'une défaillance technique ou humaine ou d'une attaque. Mais toutes les formes de production d'énergie ont leur côté sombre: l'énergie éolienne, par exemple, génère des problèmes acoustiques qui empêchent la vie humaine à proximité des parcs éoliens. Quiconque a visité un parc éolien sait exactement de quoi nous parlons. Et, d'autre part, tout dépend du vent qui souffle, tout comme l'énergie solaire fonctionne tant qu'il n'y a pas de nuages qui s'amoncellent...

Il n'existe pas de solution qui soit sûre à 100 % et qui, en même temps, n'implique pas une forme de dommage, de nuisance, de risque ou de gaspillage.

Passons à un autre domaine. Celui des sciences de la santé. L'important capital excédentaire des entreprises technologiques investit dans ce domaine. Personne ne veut mourir. Personne ne veut être malade. Certains veulent même vivre éternellement. Et la science fait des recherches dans ce sens. Ce n'est pas de la science-fiction, ce sont des réalités qui ont déjà été réalisées: il a été possible de prolonger la vie de rats de laboratoire en multipliant par quatre leur durée de vie normale, en prolongeant les télomères qui garantissent la bonne reproduction de leurs cellules. Cela signifierait, dans la vie humaine, la possibilité d'atteindre 320 ans, sans aller plus loin. De même, ils expérimentent la technologie dite "CRISPR", qui consiste essentiellement à couper et coller les gènes endommagés dans les chaînes d'ADN et à les remplacer par d'autres gènes "sains". En d'autres termes, l'"édition de l'ADN" a été rendue possible. C'est très bien de pouvoir vivre un peu plus de trois siècles... mais le problème n'est pas seulement de vivre, mais quelle sera notre qualité de vie, et comment notre esprit réagira-t-il à un monde qui n'a rien à voir avec celui que nous avons connu dans notre enfance, pas même lorsque nous aurons atteint nos 100 premières années ; nous aurons atteint la "maturité" vers 150 ans... Qu'y a-t-il de mal à prolonger la vie au-delà de trois siècles ? Pouvons-nous imaginer ce que ce serait de naître en Espagne en 1700 et de mourir en 2022 ? Le cerveau pourrait-il stocker et traiter autant de souvenirs ? Pourrait-il résister à autant de changements ? Quelle serait notre qualité de vie ? La question de la "superlongévité" - techniquement possible aujourd'hui encore - génère de nouveaux problèmes très difficiles à résoudre... et aucun des scientifiques travaillant sur ces projets n'en parle.

elon-musk-neuralink-diffuser-musique-cerveau.jpg

L'ineffable Elon Musk finance le projet "Neurolink", qui consiste à connecter directement cerveau et ordinateur. Malgré le secret qui entoure ce projet, il a été rendu public: à une date indéterminée, en tout cas avant les 25 prochaines années, il sera possible de créer une interface permettant de "télécharger" tout ce que contient notre cerveau dans le "nuage" (le "cloud"). L'idée est que ce projet progresse parallèlement à d'autres nouvelles technologies. La robotique, par exemple. Si nous devons être en Australie, il ne sera pas nécessaire, dit Musk, que nous nous y rendions. Il suffira de charger un robot avec le contenu de notre partition dans le "nuage", pour que "nous" y soyons, sans y être... Science-fiction ? Pour le moment, oui, mais n'oublions pas que des milliards de dollars sont investis dans la recherche dans cette direction.

Beaucoup plus réaliste et à portée de main est l'abandon des transplantations d'organes. L'Espagne est réputée être un leader en matière de "dons" d'organes. Elle ne sera guère utile dans cinq ans, lorsque des organes artificiels pourront être "imprimés" dans des imprimantes 3D, en utilisant des cellules souches comme "encre". Ce sera une percée, car il n'y aura pas de "rejet" et le corps ne sera pas saturé après quelques années par les résidus chimiques des médicaments anti-rejet. La question fondamentale, une fois de plus, n'est pas technique, mais de savoir si la sécurité sociale couvrira les coûts de ce type d'opération ou si la technique ne sera qu'à la seule portée de quelques privilégiés. Les inégalités sociales risquent de se traduire en temps de vie: les plus fortunés pourront se payer un "étirement" des télomères, ils pourront remplacer tout organe qui se dégrade par une réplique imprimée en 3D et, à la limite, si tout échoue et qu'il n'y a pas de remède, ils pourront toujours souscrire une police auprès d'ALCOR, une entreprise qui opère depuis un quart de siècle, avec une succursale en Espagne, qui garantit la conservation cryogénique du corps physique en cas de décès dû à une maladie incurable, et la "dé-cryogénisation" au moment où l'on trouve un remède à cette maladie. L'assurance-vie couvre les frais de conservation. Et si l'on n'a pas une fortune pour payer les frais de cryogénie et de conservation du corps entier, ce qui sera conservé - ce qui est d'ores et déjà conservé aujourd'hui - c'est la tête dont le cerveau sera transplanté dans un robot à la première occasion.

À la limite de cet "optimisme scientifique" se trouvent les gourous du posthumanisme (à ne pas confondre avec le transhumanisme). Alors que le transhumanisme soutient qu'il est possible d'améliorer les capacités humaines grâce aux nouvelles technologies, les posthumanistes affirment qu'une fois le stade transhumaniste dépassé, il faudra atteindre une situation dans laquelle les êtres humains pourront s'émanciper complètement de la biologie qui les limite, se réfugier dans le "nuage", y créer une sorte de "conscience globale", qu'ils considèrent comme la limite de l'évolution darwinienne: nous aurons ainsi parcouru le chemin entre le ver et l'homme, comme disait Nietzsche... pour finalement nous transformer en un seul être global, avec une seule conscience d'espèce, presque comme celle qui gouverne une fourmilière ou une ruche.

Cette dernière perspective, défendue non pas dans le domaine de la science-fiction, mais dans celui des "sciences d'avant-garde", constitue la limite extrême d'une tendance très marquée de notre époque: la considération de la science comme la mère de toutes les solutions et du progrès comme la tendance inéluctable à laquelle elle nous conduit. Pourquoi s'interroger encore ? La science fait progresser l'humanité et il importe peu que nous vivions 320 ans, éternellement, ou que nous dépassions le "stade biologique" et parvenions à nous émanciper de ses limites. Le reste n'a pas d'importance. L'idée de "progrès" l'emporte toujours et nous devons toujours aller plus loin dans la direction qu'elle nous indique.

Au début du 20e siècle, les progrès scientifiques et techniques ont suscité un débat sur la science. Je crois me souvenir que c'est Henri Poincaré qui a inventé l'expression "science sans conscience" dans sa critique de la science positiviste. L'idée était que, s'il est vrai que la science peut explorer dans toutes les directions, elle doit le faire avec une éthique, une conscience, des critères moraux et raisonnables de sécurité et de prudence.

Dr-Jekyll-et-M-Hyde-affiche-de-la-comedie-musicale©Osterreichische-Nationalbibliothek.jpg

L'"ère informatique", créée par des personnes émotionnellement immatures (de Gates à Musk en passant par Jobs) préfigure les échecs titanesques évoqués dans la mythologie et dans la grande littérature : Icare qui voulait atteindre le soleil (très directement lié à Elon Musk avec son SpaceX), Faust qui a vendu son âme au diable en échange de la "connaissance" et, à partir de là, tout a mal tourné pour lui (la "science sans conscience" de Poincaré), Prométhée qui a volé le feu sacré de la connaissance et on sait comment il a fini (périphrase symbolique du transhumanisme), le Dr Frankenstein qui a voulu créer "l'homme parfait" et en est sorti une monstruosité (autre variante symbolique du sort qui attend les délires transhumanistes), le duo Jekyll et Hyde de Stevenson, qui croyait qu'un médicament pouvait améliorer les capacités humaines et a créé un monstre (ce qui renvoie directement aux "produits pharmaceutiques" et à leurs produits "miracles", notamment le vaccin anti-Covid ou le fentanyl, qui a dévasté les États-Unis plus que tout autre fléau biblique), et, comme tous les textes transhumanistes y font généralement référence, Gilgamesh lui-même, qui se plaignait que les dieux s'étaient réservé l'immortalité et voulait être comme les dieux.

Au fond, ce qui se cache derrière tous ces projets immatures et frustrés, c'est la transformation de l'"homo sapiens" en "homo Deus", ou encore le paradoxe selon lequel l'homme, qui a cessé de croire en Dieu, a fini par croire qu'il était un dieu et, par conséquent, ses projets consistent à réaliser les capacités de Dieu à travers la technologie.

C'est peut-être la raison pour laquelle, aujourd'hui plus que jamais, la phrase qui définissait le Diable comme "le singe de Dieu", le grand imitateur, est encore plus d'actualité qu'au Moyen Âge. Son inversion. En effet, nous vivons aujourd'hui une époque radicalement opposée à toute idée de "normalité". Pour "progresser" dans cette direction, la science de pointe, afin d'être acceptée et tolérée, s'abstient de faire allusion aux aspects négatifs qu'elle contient. Elle ne se concentre que sur ses réalisations positives, qui plaisent à tous. Mais toute avancée technique et scientifique comporte un risque. Jamais autant qu'aujourd'hui, les "optimistes technologiques", dans leur irresponsabilité la plus totale, n'ont évité de faire allusion aux risques des nouvelles technologies.

Le plus grave, c'est que nous vivons une époque de perte des identités : tout ce qui implique une référence, c'est-à-dire un système d'identités, est interdit ou tend à être estompé le plus possible : nous vivons une époque de perte des identités nationales, de perte des identités culturelles, voire de perte des identités sexuelles. Ce qui se passe avec les nouvelles technologies et dans leur arrière-plan est quelque chose d'encore plus grave et extrême : la perte de l'identité humaine.

Salmigondis macronien

8-juillet-2020-le-en-meme-temps-macronien.jpg

Salmigondis macronien

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 24 avril dernier, à 20 h 01, une fois annoncée la réélection d’Emmanuel Macron commençait la bataille pour sa succession prévue en 2027. En révisant en 2008 la Constitution, Nicolas Sarközy, l’esprit tourné vers le funeste modèle des États-Unis, imposa la limitation de deux mandats présidentiels consécutifs. Sans cette interdiction institutionnelle, vu son âge, « Manu » aurait pu briguer un troisième, voire un quatrième mandat…

Cette absurdité institutionnelle aiguise déjà l’appétit de certaines figures de la Macronie d’autant que les élections législatives des 12 et 19 juin prochains montrent que les alliés du chef de l’État réélu représentent, avec leurs formations politiques respectives, un ensemble disparate.

Centrisme contre-populiste, le macronisme s’étend sur tous les champs du spectre politique, du communiste Robert Hue à une soi-disant « extrême droite » incarnée par le maire de Béziers, Robert Ménard, en passant par la sociale-démocratie, l’écologisme, le radicalisme, la démocratie chrétienne et la pseudo-droite libérale – sécuritaire. Autour de La République en marche devenue Renaissance, du MoDem (Mouvement démocrate) et du Parti radical gravitent une composante libérale-bankstériste (Horizons d’Édouard Philippe et Agir – La droite constructive de Franck Riester), une faction écologiste (En commun), un courant sociétaliste divisé en Territoires de progrès et en Fédération progressiste, et même une aile souverainiste avec Refondation républicaine de Jean-Pierre Chevènement. Chacune de ces composantes à l’audience groupusculaire se prépare à l’échéance cruciale de 2027.

La diversité des sensibilités ne s’arrête pas aux partis; elle concerne aussi des individus. Quoi de commun en effet entre Pap Ndiaye, le nouveau ministre wokiste de la (ré)éducation nationale, et Manuel Valls, candidat dans la circonscription des Français expatriés au Portugal, en Espagne, en Andorre et à Monaco, si ce n’est qu’une forte attachement au cosmopolitisme ? Les commentateurs remarquent la défaveur des laïcards du Printemps républicain. Dans un duel post mortem, Olivier Ferrand de Terra Nova l’emporte finalement sur Laurent Bouvet...

En nommant à Matignon une terne technocrate sans changer pour l’heure de secrétaire général de l’Élysée, Emmanuel Macron veut aussi neutraliser les rivalités naissantes entre des candidats putatifs. Il est vrai qu’un second mandat est toujours très compliqué. Réélu en 1965, Charles De Gaulle assiste à l’affrontement croissant entre Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Réélu en 1988, François Mitterrand prononce la dissolution de l’Assemblée nationale choisie en 1986. Les élections législatives de juin 1988 lui donnent une majorité relative. Son quatrième premier ministre, le socialiste Michel Rocard, doit au gré des projets de loi s’appuyer tantôt sur les communistes, tantôt sur les centristes. Il use et abuse par conséquent de l’article 49 – 3. Fait impensable depuis la révision de 2008 qui en limite l’usage. Par ailleurs, François Mitterrand contemple le naufrage de son courant en 1990 au congrès du PS à Rennes. Le mitterrandisme explose, miné par la féroce rivalité entre Laurent Fabius et Lionel Jospin. Réélu en 2002 après la « Quinzaine de la haine », Jacques Chirac n’arrive pas à entraver la montée en puissance de Nicolas Sarközy aux dépens de ses poulains Alain Juppé et Dominique Galouzeau de Villepin. On se souvient que, ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarközy encourage la fronde des étudiants et des lycéens contre le contrat première embauche (CPE) en 2006 afin de mieux saper l’autorité de Villepin, son propre chef du gouvernement et potentiel présidentiable.

2011_sauveur.jpg

À cinq ans de la fin prévue du second mandat macronien, qui lorgnent déjà sur la présidence de la République ? Malgré un âge certain, il y a François Bayrou qui n’a jamais renoncé à accéder un jour à la magistrature suprême. Il aimerait surtout ne plus être un « faiseur » de président. Fondateur et président d’Horizons, l’ancien premier ministre Édouard Philippe enregistre dans les enquêtes d’opinion une forte popularité. Étrange pour quelqu’un qui a tant martyrisé la France périphérique et appliqué avec une absence de bon sens la tyrannie covidienne. Très discret, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a supervisé en tant que principal responsable de la coalition présidentielle  Ensemble ! l’investiture des candidats aux législatives. C’est un poids lourd qui va compter. Candidat malheureux (2,38 %) à la primaire de la                       « droite » et du centre en 2016, Bruno Le Maire y pense sûrement tous les matins. Deuxième personnage du nouveau gouvernement, il conserve le ministère de l’Économie et en fait son fief à l’instar de Giscard d’Estaing, secrétaire d’État aux Finances de 1959 à 1962, puis ministre de l’Économie et des Finances de 1962 à 1966, et de 1969 à 1974, soit douze ans en deux fois, rue de Rivoli, l’ancienne adresse de ce ministère avant le déménagement à Bercy. Enfin, n’oublions pas l’« homme qui dissout plus vite que son ombre » : Gérald Moussa Darmanin. Ce fidèle sarközyste suit le même parcours que son triste mentor (le budget pour l’un, les comptes publics pour l’autre avant d’investir le ministère de l’Intérieur). Sa reconduction l’incite à penser à d’autres étapes plus prometteuses.

Ces ambitions navrent des macroniens qui aimeraient les circonvenir en organisant un parti unique et un seul groupe au Palais-Bourbon. Bien que ne s’appréciant guère, Édouard Philippe et François Bayrou s’unissent un instant et douchent immédiatement toute intention unitaire. Pas question d’imiter l’UMP de Jacques Chirac ! Cette profusion de micro-partis et de pré-candidats présidentiels démontre que le macronisme n’est pas une pensée politique structurée. Ce n’est qu’un opportunisme politico-électoral circonstanciel.

L’actuel locataire de l’Élysée doit donc s’attendre à un quinquennat compliqué et peut-être plus agité encore que le précédent. Pour reprendre une expression en cours aux États-Unis, il sera bientôt un « canard boiteux », c’est-à-dire un président sans plus aucune influence politique déterminante. Qu’il y ait donc un grand désordre à venir chez les macroniens ne peut être qu’une grande satisfaction publique ! 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 35, mise en ligne le 31 mai 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 03 juin 2022

Remarques sur la prolétarisation des millionnaires aux USA et ailleurs

0C8E6222-3B6A-4741-B75F-E95439D40B62.jpeg

Remarques sur la prolétarisation des millionnaires aux USA et ailleurs

Nicolas Bonnal

Poignez vilain, il vous oindra.

Zerohedge.com reprend Bloomberg qui pleurniche sur le sort des millionnaires. On peut ainsi gagner 250.000 dollars (autant en euros, bientôt le double) et ne plus joindre les deux bouts. 250.000 dollars c’est un million et demi de francs tout de même (rappel à ceux qui n’ont pas la mémoire du poisson rouge). Il fut un temps où gagner cent mille francs par mois vous faisait considérer comme riche et vivre une vie de footballeur : aujourd’hui cela permet à peine de joindre les deux bouts. Le coût de la vie et du logement, les impôts, l’éducation, les frais médicaux, tout désintègre le niveau de vie.

Tyler Durden donc le 3 juin dernier : « 36 % des Américains qui gagnent 250.000 $ vivent d'un chèque de paie à l'autre… Plus d'un tiers des Américains qui gagnent au moins 250.000 dollars par an disent qu'ils vivent d'un chèque de paie à l'autre, ce que Bloomberg suggère de souligner à quel point l'inflation "prend une plus grande part dans les budgets des Américains à toutes les extrémités de l'éventail des salaires". » Certes les boomers, les inévitables boomers, qui ont pu ou su acheter leur immobilier à temps s’en sortent mieux que les milléniaux, même s’ils commencent à toussoter eux aussi.

Après on invoque l’idiotie des gens, en se foutant du monde et du lectorat économique et financier, ce qui est typique de Bloomberg et de cette presse économique et financière qui s’est toujours adressée à des cadres-ilotes:

« Une autre interprétation est que les Américains gagnent au moins 250.000 $ - ce qui les place dans les 5% des mieux rémunérés du pays - ont une culture financière épouvantable. »

Mais voyons les data :

« Selon une enquête réalisée par Pymnts.com et LendingClub, quelque 36 % des ménages qui gagnent au moins 250.000 $ - près de 4 fois le salaire médian américain - consacrent la quasi-totalité de leurs revenus aux dépenses du ménage. Les ménages à revenu élevé sont également plus susceptibles d'effectuer des dépenses par carte de crédit, bien qu'ils soient également plus susceptibles d'être en mesure de rembourser intégralement leur solde. »

L’immobilier a augmenté de 30 ou 50% :

« Les dépenses de logement, qui occupent généralement une grande partie du budget des personnes les plus riches, ont grimpé en flèche pendant la pandémie. Par exemple, dans le comté d'Orange, en Californie, une maison de premier plan a coûté 1,7 million de dollars en avril, contre 1,2 million de dollars en février 2020, sur la base des données de Zillow Group Inc. Une hypothèque sur cette maison, en supposant un acompte de 20 %, coûterait environ 100.000 $ par année. C'est 40 % d'un revenu annuel avant impôt de 250.000 $. »

Ces hauts revenus souffrent moins que le reste bien entendu :

« Les hauts revenus, même ceux qui ont du mal à payer les factures, sont bien sûr bien mieux lotis que le reste de la nation, qui fait face à une flambée des prix pour tout, de la nourriture au gaz et à l’électricité (Bloomberg). »

Tout le monde vit à crédit alors (c’est nouveau ça en Amérique, Bloomberg ?) :

« Outre les hauts revenus, 61,3% de tous les consommateurs interrogés ont déclaré vivre d'un chèque de paie à l'autre, en hausse de 9% par rapport à l'année précédente, alors que les emprunts à la consommation aux États-Unis ont grimpé en flèche. En mars, les soldes des cartes de crédit ont atteint leur plus haut niveau jamais enregistré, et le crédit non renouvelable a également bondi. »

La retraite s’éloigne alors dans le temps comme en France (avec l’assentiment extatique des boomers) :

« Pendant ce temps, 25% des Américains retardent leur retraite en raison de l'inflation, selon une nouvelle enquête de BMO. Le report des plans de retraite est principalement dû à une épargne perturbée par la hausse des prix, selon l'enquête. Trente-six pour cent des répondants au sondage ont réduit leur épargne et 21 % mettent moins de côté pour leur retraite afin de faire face à la croissance des coûts, selon le sondage. »

iminlfusaage.jpg

Les crétins comme on sait pensent que l’inflation va ralentir alors que l’on multiplie les sanctions contre la Russie et que l’on met en place pénuries et Reset :

« Nous n'avons pas vu ce niveau d'inflation depuis très longtemps, et c'est très intimidant", a déclaré Paul Dilda, responsable de la stratégie des consommateurs chez BMO Harris Bank, qui a ajouté que de nombreuses personnes à la retraite ou proches de la retraite ne l'ont pas fait compte tenu de la flambée des dépenses. »

Les jeunes sont là pour déguster :

« L'inflation a le plus touché les jeunes Américains - avec plus de 60% des personnes âgées de 18 à 34 ans déclarant qu'elles ont dû réduire leurs cotisations d'épargne afin de compenser la hausse des coûts. »

La solution ? Moins vivre bien entendu :

« Que font les gens pour lutter contre l'inflation ? Les Américains mangent moins au restaurant, font plus attention au magasin, conduisent moins et annulent ou dépensent moins en vacances. »

Et le texte de conclure qu’il faut enseigner la culture économique et financière : c’est ce qu’on fait depuis deux siècles (Thoreau en parle dans son premier et long chapitre de Walden), avec les résultats que l’on sait, prophétisés par Thoreau : quiet desperation.

Les études à trente ou quarante mille euros par an n’aident pas les parents non plus et j’ai des amis chauffeurs de taxi dans mon bled qui travaillent toutes les nuits pour payer les études de droit de leurs filles (l’aînée veut devenir juge féministe).  Bref le cauchemar économiste voulu de A à Z par Macron-Biden-Davos est mis en place, accepté par des populations hébétées qui feront ce qu’il faut pour (sans rire) faire plier la Russie. L’inflation prodigieuse masquée par l’arrivée de l’euro et les instituts économiques et financiers est vieille de deux bonnes décennies. Faites le calcul pour rire. Le plouc moyen a perdu 56.000 euros depuis vingt-cinq ans, vient-on d’apprendre, en fait beaucoup plus.

Quelques données personnelles: j’ai un copain italien millionnaire à Monaco qui m’a dit avant la mise en place du Reset (pardon, avant l’épidémie) qu’il ne se considérait plus comme riche, mais comme faisant partie de la classe moyenne supérieure. Aujourd’hui un riche à Monaco (pour six millions d’euros vous avez un 100 m2), vit comme un petit-bourgeois alors que jadis –revoyez vos Guitry -  il avait un hôtel particulier (trente ou cinquante millions maintenant), un butler et un chauffeur. Pour vivre comme un milliardaire en anciens francs il faut être un milliardaire en euros, c’est-à-dire être un oligarque du vaccin, de la bourse ou de la surveillance informatique capitaliste (lisez le livre de Shoshana Zuzoff).

canva-photo-editor-8.png

Tout ceci pour dire que le cauchemar dystopique prévu par Dick dans ses visions ou par les films de SF est mis en place et qu’il frappe de plus en plus de monde. La solution ? Voter Macron ou Mélenchon aux législatives comme vont le faire 80% de nos Français; revoter Biden et raser la Russie.

Et surtout ne vous étonnez de rien : Nietzsche explique dans la Volonté de puissance que chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant (§154) ; ils le lui coupent donc cet appétit. Et la liquidation du « useless eater » de nos « élites hostiles » se passera comme à la parade.

Sources :

https://www.zerohedge.com/political/36-americans-making-2...

https://www.amazon.fr/DANS-GUEULE-BETE-LAPOCALYPSE-MONDIA...

https://www.amazon.fr/Philip-Kindred-Dick-grand-reset-ebo...

https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos...

https://www.amazon.fr/THOREAU-WALDEN-CRISE-MODERNE-LOGEME...

https://www.amazon.fr/L%C3%A2ge-capitalisme-surveillance-...

https://www.dedefensa.org/article/benjamin-griveaux-et-le...

http://www.thule-italia.net/sitofrancese/Libri/Nietzsche....

 

19:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, inflation, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Soros et la fermeture hermétique de la "société ouverte"

george-soros.jpg

Soros et la fermeture hermétique de la "société ouverte"

par Carlo Primerano

Source : Ricognizione & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/soros-la-chiusura-ermetica-della-societa-aperta

Lorsque nous évaluons les bouleversements qui se produisent dans notre société et qui sont devenus soudainement si évidents, nous nous retrouvons souvent à en tenir quelques noms pour responsables, toujours les mêmes. Bien que cela ne satisfasse pas entièrement notre désir de compréhension et se prête au risque de simplifier à l'excès la réalité, il ne fait aucun doute que l'action visible par laquelle les individus exercent leur pouvoir est le miroir à travers lequel nous pouvons tenter d'identifier les lieux où nous mènent les forces mystérieuses qui guident le cours des événements.

Roberto Pecchioli, dans son dernier ouvrage George Soros and the Open Society (Arianna editrice, 256 pages, euro 18.90), nous présente l'un de ces hommes, l'un des oligarques les plus puissants et les plus controversés de la planète, capable d'influencer les politiques de pays importants, dont l'Italie, grâce aux énormes ressources financières qu'il a investies.

Pecchioli documente méticuleusement tout ce que l'on associe généralement à la figure de l'oligarque hongrois: les spéculations financières au détriment des nations, le soutien apporté aux mouvements populaires massifs d'aujourd'hui, celui qui a contribué à la libéralisation des drogues douces, l'ingérence dans les changements de gouvernement de certains États, la similitude de ses programmes avec ceux de l'agenda 2030, et plus encore.

imrpgsages.png

La richesse des données et des informations fournies par ce livre peut donc être d'une aide considérable pour ceux qui souhaitent commencer à comprendre ce qui se cache derrière les événements les plus marquants de ces dernières années et les choix politiques de certains gouvernements. Par exemple, face à l'incrédulité de ceux qui ne voient pas que le phénomène de la soi-disant immigration n'est pas principalement dû à la fuite de ceux qui fuient la guerre dans leur pays d'origine, mais qu'il s'agit d'un mouvement organisé de réorganisation du monde sur de nouvelles bases culturelles, sociales et économiques, nous pourrons montrer les sommes considérables allouées dans les budgets des Fondations Open Society à des activités de soutien aux immigrants et au financement d'ONG sillonnant la Méditerranée.

L'immigration n'est qu'un des aspects dont s'occupe Soros et que Pecchioli analyse en détail dans son article. Le financier d'origine hongroise est présent avec ses contributions financières et sa "pensée" dans toutes les questions principales mises à l'ordre du jour pour la réalisation du nouvel homme prochain, disons, du trans-homme: le changement climatique, l'économie verte, la théorie du genre, les droits à la protection de la soi-disant "santé reproductive" et, bien sûr, les pandémies et la gouvernance qui y est associée. Grâce à la peur suscitée, la transition, explique Pecchioli, "de l'ordre naturel (et culturel) à l'ordre numérique" a été accélérée, "quoi qu'il en coûte en termes de liberté et de modification radicale de la vie, c'est-à-dire des changements anthropologiques irréversibles".

Toutes ces questions sont liées dans une relation de synergie qui est parfaitement fonctionnelle au travail de démantèlement des ganglions fondamentaux de la société telle que nous l'avons connue jusqu'à présent, et l'un des mérites du livre dont nous parlons est précisément de mettre en lumière sa cohérence "philosophique" substantielle.

La nouvelle société planifiée est décrite par Roberto Pecchioli comme "un monde liquide, dépourvu d'histoire et de caractère, dans lequel les individus ne vivent que pour eux-mêmes, sans appartenance, complètement étrangers à tout afflatus spirituel". Mais derrière la construction de ce monde un postulat idéologique, une idée anoblissante se cache-t-il ?

Pecchioli, en racontant la vie et l'éducation du jeune Soros, explique que toutes ses actions, les spéculations financières contre la lire et la livre sterling, l'énorme financement d'associations en faveur de l'avortement, l'encouragement aux changements de régime, ou au moins, dans les pays les plus résistants, à l'instigation de changements d'esprit progressifs, ont toutes été réalisées pour promouvoir la soi-disant société ouverte dont le principal théoricien était le philosophe autrichien Karl Popper, généralement considéré de manière irréfléchie comme un véritable défenseur de la liberté et de la démocratie.

soros-obama-puppet.jpg

Selon Popper, que cite Pecchioli, "la société ouverte est ouverte à autant d'idées et d'idéaux différents, et peut-être contradictoires, que possible. Mais, sous peine de s'auto-dissoudre, elle n'est pas "ouverte" à tout le monde: la société ouverte est fermée aux intolérants (...) la société ouverte est fondée sur la sauvegarde des libertés de ses membres, à travers des institutions capables de se corriger, ouvertes à la critique rationnelle et aux propositions de réforme". Si nécessaire, la société ouverte doit être défendue contre ce que l'on appelle "l'esprit de groupe perdu du tribalisme".

Nous ne nous étendrons pas ici sur les mérites de la théorie de Popper elle-même, qui contient en elle-même des apories et des contradictions que Pecchioli signale bien. Des contradictions évidentes ressortent de la comparaison entre l'idée de liberté et de démocratie, dans les mots défendus par Soros, et ses actions politiques concrètes.

Par exemple, on peut croire que les spéculations financières menées au détriment de pays comme l'Italie, l'Angleterre, la France, le Japon, pour ne citer que les principaux, ont été faites au nom de la "lutte acharnée contre les Etats-nations, bastions de la société fermée à démolir". Que ce combat est mené pour défendre le principe de subsidiarité et la conviction que "les décisions sont prises au niveau le plus bas possible". Cependant, note Pecchioli, comment concilier cela avec le désir de "déléguer tout le pouvoir à des organismes mondiaux, c'est-à-dire de centraliser les pouvoirs de décision, ce qui, dans une perspective poppérienne, revient à reproposer la société fermée sous un autre nom".

A travers des arguments précis, avec également des références culturelles à des penseurs qu'après avoir lu nous ressentons la curiosité d'approfondir, Pecchioli montre que la société ouverte conçue par Soros est en tout point semblable à la société liquide décrite par Zygmunt Bauman, dans laquelle "la seule constante est le changement et la seule certitude est l'incertitude. (...) La société ouverte est un monde liquide, dépourvu d'histoire ou de caractère, dans lequel les individus ne vivent que pour eux-mêmes, sans appartenance, complètement éloignés de tout afflatus spirituel".

En conclusion, nous pouvons dire que le livre de Roberto Pecchioli est un outil précieux pour la compréhension des événements qui se déroulent dans notre conjoncture historique, un ouvrage écrit avec soin qui rapporte les faits de manière objective, voire prudente dans certains passages. Nous ne sommes pas certains que cela suffira pour éviter l'accusation de complot de la part de ceux qui ne veulent pas entendre, comme on sait que les pires sourds le font.

La volonté d'impuissance

impuissance-apprise-comment-induire-la-résignation-ressources-plurielles.jpg

La volonté d'impuissance

par Pier Paolo Dal Monte

Source : Frontiere & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-volonta-d-impotenza

Les pays qui font partie du soi-disant "monde libre" (ceux qui exportent la démocratie, pour être précis) ont récemment été le théâtre d'une expérience sociale d'une ampleur sans précédent. L'avènement de la soi-disant "pandémie" a fourni l'excuse parfaite pour développer et mettre en œuvre des restrictions aux libertés personnelles et sociales, qui, jusqu'à récemment, étaient considérées comme allant de soi et inscrites dans les différents systèmes constitutionnels. Parallèlement, la technologie étant neutre (rions...), on a développé des dispositifs de contrôle qui ont le potentiel de constituer, à toutes fins utiles, une prison virtuelle pour les citoyens, dont les avertissements se sont manifestés dans l'état d'exception permanent qui a été instauré au cours des deux dernières années.

Cette situation ne semble pas pouvoir être modifiée par les instruments politiques dont disposent les démocraties parlementaires. Étant donné le caractère autoritaire incontestable que le système a pris, on entend de plus en plus souvent des comparaisons de ces types de despotisme technocratique avec d'autres régimes du passé, c'est-à-dire avec ce que l'on a appelé de manière un peu simpliste les "totalitarismes".

C'est l'héritage de cette sotte herméneutique, consistant en un raisonnement comparatif, selon lequel, tout phénomène pour lequel il n'existe pas de description immédiate, doit nécessairement être ramené dans un cadre lexical connu et, par conséquent, comparé à quelque chose de connu ou, comme dans ce cas, identifié ou, en ce qui concerne les phénomènes historiques, à quelque chose qui s'est déjà produit.

Comme nous l'avons écrit dans un article précédent, l'histoire ne connaît pas de retour en arrière et, par conséquent, toute comparaison prend l'apparence d'une herméneutique fausse (bien que commode) qui met tout dans le même sac. Ce dernier point peut, sans aucun doute, être réconfortant, étant donné qu'elle analyse ces phénomènes par une sorte d'"absolutisme magique" qui les voit isolés de leur contexte, c'est-à-dire comme une excroissance de l'histoire, déterminée avant tout par l'avènement du Mal dans les affaires humaines, une possession diabolique dont ont été victimes certaines communautés ou nations qui ont poursuivi le "Mal absolu", mais elle reste, fondamentalement, une sorte d'esprit de clocher herméneutique dicté, plus que toute autre chose, par l'attitude insensée qui postule que le "cours normal de l'histoire" est celui d'un "progrès" continu, non seulement matériel mais, surtout, sociopolitique et culturel (en bonne substance un signifiant vide de sens) et, par conséquent, le mystère de ces iniquités ne peut s'expliquer que par la présence de quelque influence maligne sur le cours de l'histoire.

Si c'est une opération plutôt superficielle de mettre dans le même sac des phénomènes politiques, pourtant jadis marqués par de grandes différences, et de les placer sous un dénominateur commun, le soi-disant "totalitarisme" qui, en réalité, est une fausse synecdoque, d'autant plus que l'assimilation de ces régimes au nôtre est une opération plutôt scabreuse.

Il est donc plutôt stupide (ou une véritable opération de Maskirovka) de décrire le régime actuel comme un "nouveau nazisme", comme un "fascisme sanitaire" et avec toutes les nombreuses variations sur le thème, de montrer les symboles de l'époque (croix gammées, etc.) pour stigmatiser le despotisme du présent, allant même jusqu'à invoquer un "nouveau Nuremberg" (signifiant, bien sûr, le procès, pas les références à Hitler) pour punir les coupables ; comme si la simple juxtaposition verbale ou l'affichage d'emblèmes typiques et tapageurs suffisait à rendre compte du phénomène actuel.

5b896da7e870a.jpg

Il est donc bon d'essayer de mettre un peu d'ordre dans ce fatras.

Ce que nous vivons actuellement peut être défini comme une "techno-dictature" qui a commencé à se manifester grâce à "l'état d'urgence pandémique", qui s'est rapidement transformé en état d'exception, en vertu duquel la structure juridique de l'État, la division des pouvoirs et l'attribution des pouvoirs ont été dépouillées, c'est-à-dire que les structures ont été vidées, tout en les maintenant formellement.

Le terme "techno-dictature" (un néologisme plutôt cacophonique, à vrai dire) vise à définir brièvement les modalités de ce type de despotisme sans précédent ; sans précédent parce qu'il ne se manifeste pas par l'usage de la force, mais par des dispositifs de contrôle électroniques, beaucoup plus efficaces et omniprésents, qui permettent de contrôler toutes les activités de la vie quotidienne des citoyens (des transactions aux déplacements).

De ce point de vue, aucune comparaison ne peut être trouvée dans l'histoire (sauf, en embryon, dans l'activité florissante des écoutes téléphoniques et environnementales de la STASI et du KGB) car, de nos jours, la violence et la coercition physique qui caractérisaient les régimes d'antan ne sont plus nécessaires (sauf dans une très faible mesure) : les chemises noires, la Gestapo, les camps de concentration, les vuelos de la muerte, la torture (même si nous pensons que, le cas échéant, ces pratiques ne seraient pas dédaignées, comme nous l'enseignent les disciples de Stefan Bandera, défendus à satiété par les champions des droits de l'homme), également parce que les appareils policiers des dictatures technocratiques modernes sont bien moins développés que ceux des régimes du siècle dernier.

cybersurveillance_hard_11.jpg

Une autre différence fondamentale est reconnaissable dans le fait que les régimes du passé étaient des dictatures ouvertes, c'est-à-dire qu'ils ne cachaient pas leur nature, alors que celui d'aujourd'hui est subreptice, car il se dissimule sous l'apparence formelle de la "démocratie représentative" (et rions, rions,...). Cette dernière, cependant, a été complètement vidée de tout aspect substantiel (ce processus n'a pas commencé aujourd'hui, mais aujourd'hui il a été achevé), en ce sens que la représentativité est complètement éteinte, les constitutions méprisées et les lois, inappliquées (ou appliquées avec un arbitraire extrême).

Toutefois, la différence la plus frappante ne concerne pas les modes de gouvernement, c'est-à-dire les moyens, mais les fins immanentes, c'est-à-dire ce qui détermine en définitive sa forme, ses caractéristiques et sa mythopoïèse.

Cette caractéristique, partagée par toutes les dictatures du siècle dernier (mais pas la nôtre), est ce que l'on pourrait définir comme la "volonté de puissance", dont sont issues les différentes "mythologies totalitaires".

Le fascisme, par exemple, a fait mine de s'inspirer du mythe de la Rome impériale et de sa grandeur. Le nazisme a inventé la fable de la race aryenne, la race supérieure originaire de la légendaire Thulé, la "demeure arctique des Vedas" : un mythe de pacotille qui a néanmoins gagné la foi, même des hiérarques du régime, qui ont dépensé d'énormes ressources pour tenter de prouver sa véracité.

Le bolchevisme, pour sa part, et dans une perspective quelque peu différente, recourait à la mystique de la frontière, de l'homme conquérant la nature hostile et la transformant en un instrument docile entre ses mains.

imvlzaages.jpg

zazoubrine_vladimir-le_tchekiste.jpg

Nous pouvons trouver une image efficace de ce mythe dans un discours prononcé par Vladimir Zazubrin (Zazoubrine/photo)) au congrès des écrivains soviétiques en 1926 :

"Que la fragile poitrine de la Sibérie soit revêtue de l'armure en béton des villes, équipée du système défensif en pierre des cheminées, encerclée par une ceinture ferroviaire. Laissez la taïga tomber et brûler, laissez les steppes être piétinées. Ainsi soit-il ; et il en sera inévitablement ainsi. Ce n'est qu'avec du ciment et du fer que se forgera l'union fraternelle de tous les peuples, la fraternité de fer de l'humanité".

Pf1EMbZTK7-p.jpg

Michail Pokrowski (photo), éminent historien de la révolution, a prophétisé que le temps viendrait où :

"la science et la technologie atteindront une perfection presque inimaginable, de sorte que la nature se transformera en cire malléable entre les mains de l'homme qui la moulera à sa guise".

Le communisme était "la puissance des Soviets plus l'électrification", les grands travaux ouvraient la voie.

En bref, bien que déclinée selon des mythologies différentes, la volonté de puissance était le véritable point commun des régimes du 20e siècle: la création de l'homme collectif était poursuivie comme l'incarnation de la puissance de la méga-machine sociale, qui devait se manifester à la fois dans la domination de la nature et dans la domination des autres nations (le Lebensraum). Tout était animé par une véritable pulsion constructiviste qui se manifestait dans le gigantisme des ouvrages: ponts, barrages, bâtiments imposants, poldérisation, canalisation des rivières.

Bien entendu, le secteur dans lequel, plus que dans tout autre, la volonté de puissance s'est manifestée est celui de la guerre ; ainsi, la course aux armements, qui est le moyen le plus efficace de manifester la puissance de la nation, combinée à la volonté de conquête et aux ambitions impériales, c'est-à-dire au Lebensraum, a décliné de différentes manières.

90854227fdf05b08e3dc929bcff6087f.jpg

Inconvenante? Certainement, au point de conduire au conflit le plus sanglant de l'histoire de l'humanité, car le pouvoir peut détruire comme il peut construire. Cependant, la volonté de puissance, même si elle peut conduire à des conséquences tout à fait aberrantes, comme dans les cas cités, est ce qui distingue l'homo faber, dont la caractéristique est de manipuler et, donc, de dominer, la "matière première" fournie par le monde naturel, tout comme il dominait le feu fourni par Prométhée, qui peut forger aussi bien qu'incendier.

Nous pensons donc que c'est cette caractéristique qui constitue la différence axiale qui distingue les régimes du passé de ceux du présent.

Pour la première fois dans l'histoire, nous sommes confrontés à un régime fondé sur ce que l'on pourrait appeler une "volonté d'impuissance": sa mythologie n'est pas inspirée par des images grandioses, elle n'est pas animée par une aspiration à l'expansion, mais par une compulsion à l'anéantissement, à une diminutio anthropologique et sociale qui postule l'indignité de l'homme, comme si elle aspirait à une seconde expulsion du paradis terrestre (qui n'est d'ailleurs pas aussi paradisiaque que le premier). C'est l'idéologie terminale d'un long processus d'abstraction du monde, d'ablation de sa tangibilité, qui a commencé avec l'imposition des "qualités premières" et s'est poursuivi avec la reductio ad signum induite par le primat de la valeur d'échange, de la notation, qui a pris la place de la matière et du temps de la vie, et a donné naissance à un monstre qui, comme Chronos, a dévoré ses propres enfants.

"L'homme est désuet" et devient donc rapidement pléonastique.

Cette inessentialité ontologique détermine son destin: n'étant pas, il ne doit même pas avoir, il ne doit pas consommer la matière du monde, ni prétendre avoir sa propre place sur terre. Comme tout produit jetable, il peut être utile, tout au plus, pour récupérer la matière dont est faite sa vie, celle qui l'entoure et constitue son monde, afin de l'alimenter dans la forge de la valeur et de la transformer en un signe sur un quelconque livre de comptes (accumulation par expropriation).

Le même mythe du progrès qui, pendant des siècles, a été la boussole qui a guidé la voie de la modernité, semble s'être perdu dans le brouillard de ce vestige de l'histoire.

Dans l'après-guerre, les regrettées "trente glorieuses", l'humanité a été éblouie par le visage grandiose du progrès: le "pouvoir sur l'atome" et donc sur la structure même de la matière ; la conquête de l'espace ; l'apparente libération des limites imposées par la nature, grâce à des instruments toujours plus puissants. Cette idée de progrès illimité a capté l'imagination collective de l'époque et semblait destinée à transformer l'homme en une sorte de demi-dieu presque omnipotent.

2ff217312fc01964e7d5b4179ff373e1.jpg

Au fil du temps, la plupart de ces fantasmes se sont brisés contre les récifs de l'histoire, car l'apparente spontanéité du mouvement du progrès était en réalité déterminée par des motifs contingents, principalement l'ambition de suprématie technologique (et donc symbolique) des grandes puissances de l'époque. Une fois cette période terminée, le progrès a commencé à prendre d'autres chemins, comme pour montrer que, loin d'être le guide de l'histoire, c'est en réalité cette dernière (et le Zeitgeist immanent) qui en détermine la forme.

Une brochure intitulée "Les limites du développement" fut un jour publiée, le terme "écologie" fit son apparition, tout comme le concept d'"environnement" en tant qu'habitat. L'homme n'était plus considéré comme l'élève préféré de Prométhée, mais devenait une espèce parmi d'autres qui habitent la planète Terre.

Le pétrole devient une ressource rare (les crises des années 1970) et s'ouvre une longue période où l'austérité devient l'horizon des gouvernements occidentaux. Soudain, quelqu'un s'est rendu compte que le "baby boom" avait rendu la planète trop peuplée et que l'espèce humaine était trop gourmande et vorace, et qu'elle détruisait "l'environnement".  C'est ainsi que la culpabilité puritaine a commencé dans l'"anglosphère" et s'est répandue dans le monde comme une pandémie.

La volonté de puissance, qui avait orienté le progrès dans une certaine direction (le triomphe de la méga-machine), s'est arrêtée, et le progrès s'est retrouvé incertain de la route à prendre, comme un voyageur en terre inconnue.

Un désir d'impuissance a commencé à faire son chemin, qui s'est manifesté par une envie de "dématérialisation" (la fin de l'homo faber), accompagnée par la prolifération de systèmes de contrôle social de plus en plus envahissants, c'est-à-dire les appareils électroniques qui, aujourd'hui, déterminent tous les aspects de la vie et qui ont permis de créer un nouvel univers de catégories de marchandises. Lorsque l'argent s'est enfin libéré de toute entrave matérielle (1971), le profit s'est lui aussi progressivement libéré de la matière et s'est finalement orienté vers les marchandises financières et informatiques.

vege-Fotodemlia.jpg

Cependant, le mythe du progrès ne pouvait pas être abrogé tout court, car cela aurait entraîné la disparition de toute sotériologie résiduelle, puisque l'image d'un univers composé exclusivement de matière en proie à la décomposition entropique sans espoir d'en devenir le "maître et possesseur" ne pouvait en fournir.

Si tout un système historique est fondé sur le mythe du progrès et que celui-ci prend la forme d'un pouvoir matériel, il est difficile d'imposer un changement de cette ampleur à l'imagination collective et d'éviter ses réactions. À une époque où la pax Americana et l'américanisation du monde qui s'en est suivie (improprement appelée "mondialisation") ont conduit à la "fin de l'histoire", rendant inutiles les vagues revendications de pouvoir (du moins, de la part de toutes les entités autres que les États-Unis), il était nécessaire d'élaborer un nouveau mythe millénaire pour remplacer les précédents.

Ainsi, la pensée hétéroclite de ce vestige de la modernité a emballé une poignée de mythes misérables pour ressusciter le progrès sous une autre forme: il n'était plus mû par la volonté de puissance, mais par un méli-mélo mal défini d'illusions nouvellement créées, dont le trait commun n'était plus la domination du monde ou la libération de l'homme de toute corvée, mais la libération des entraves anthropologiques et naturelles qui avaient, en quelque sorte, caractérisé l'existence humaine jusqu'à présent. Ce fatras s'est manifesté sous des formes très différentes (comme c'est le cas de la diversification des produits en fonction de diverses niches de marché): cela va du déni de la sexualité biologique, avec le délire de la multiplication des " genres ", au puritanisme culturel, qui veut écarter l'histoire, l'art et la littérature parce qu'ils ne sont pas alignés sur les hallucinations de la respectabilité sociale.

La langue elle-même est soumise à une censure de plus en plus atroce et est ainsi inhibée et décolorée à tel point que la communication est presque impossible. L'expression verbale fait désormais appel, presque exclusivement, à des signifiants vides.

Ainsi, un nouveau mythe a fait son entrée, aussi insipide et mesquin que tout ce que produit cette époque stérile, un mythe tiré, in fine, des divagations calvinistes (eh, l'esprit du capitalisme...), à savoir celui de l'indignité de l'homme, coupable de ne pas avoir su préserver l'environnement (c'est-à-dire l'habitat) qui lui a été "confié", et qu'il faut donc mettre sous contrôle, afin qu'il cesse de perturber la création.

algorithme-intelligence-artificielle-avatar-numerique-disparition-des-emplois-robots-cols-blancs-programme-informatique-numerisation-digitalisation-deshumanisation-robotique.jpg

La volonté d'impuissance est la mystique de la fin des temps, de la fin de l'histoire, dans laquelle le loup ne paîtra pas avec l'agneau mais l'homme pourra se fondre dans la machine à laquelle il a donné naissance: l'homme algorithmique, purgé de la volonté et de tout but et donc de l'imprévisibilité humaine, libre du mal comme du bien, oublieux d'avoir été nourri par l'arbre de la connaissance. Il s'agit d'une véritable "dictature du nihilisme", l'après-moi le déluge d'une civilisation qui ne veut plus avoir de buts, d'énergie ou de motifs pour continuer sur sa lancée et qui fait donc tout pour s'empêcher d'aller plus loin.

Notes :

[1] (le livre éponyme de Hannah Arendt est en grande partie responsable de cette simplification)

[2] Par exemple, les présidents des régions ont été autorisés à fermer les "frontières" (inexistantes) des régions.

[3] B. G. Tilak, La maison arctique dans les Védas, TILAK BROS Gaikwar Wada, Poona, 1903

[4] F. R. Shtil'mark., L'évolution des concepts sur la préservation de la nature dans la littérature soviétique, Journal of the History of Biology, 1992, 431

[5] Cité dans : J. R. McNeill, Quelque chose de nouveau sous le soleil, Einaudi, Turin, 2000, p.423

[6) L'Amu Darya a été détourné pour construire des ouvrages d'irrigation pour les cultures de coton de l'Asie centrale soviétique, ce qui a entraîné l'assèchement de la mer d'Aral.

arton87-e253d.jpg

[7] D. H. Meadows, D. L. Meadows, J. Randers, et William W. Behrens III, The Limits to Growth. New York : Universe Books. 1972

[8) Avant le milieu des années 1980, en effet, le grand public ne parlait pas de la "bourse" et les économistes étaient considérés comme des techniciens comptables non habilités à exprimer quelque épistémè que ce soit.

[9] Bien sûr, personne n'est touché par l'idée que, pour le capitalisme, l'environnement n'a jamais été conçu que comme une base pour la multiplication des moyens d'échange.

[10) Hermann Rauschning a qualifié le nazisme de "dictature du nihilisme", mais la volonté de dominer, aussi perverse soit-elle, n'a rien de nihiliste.

jeudi, 02 juin 2022

Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux

lead-image.jpeg

Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux

Source: https://www.tradicionviva.es/2022/05/01/nueva-ley-de-servicios-digitales-dsa-la-union-europea-incrementara-la-censura-en-redes-sociales/

Avec la nouvelle loi sur les services numériques (DSA) de l'Union européenne, les entreprises technologiques telles que Facebook, Instagram, Twitter, Youtube et Google devront se conformer à de nouvelles exigences pour censurer les contenus indésirables dans le cadre de la nouvelle législation et notamment ce qu'elles appellent la "désinformation" sur leurs plateformes, après que des fonctionnaires du Parlement européen, de la présidence française du Conseil de l'UE et de la Commission se soient mis d'accord le 23 avril 2022 sur le nouvel ensemble de règles quant à la manière dont les grands acteurs de l'internet devront modérer et gérer les messages des utilisateurs.

La nouvelle loi est présentée sous un ensemble de bonnes intentions, telles que la "sauvegarde de la vie privée", et la prévention d'actes illégaux, comme le "terrorisme", l'"exploitation sexuelle des enfants", etc., toutes questions qui ont toujours été, logiquement, interdites par les différentes plateformes. Toutefois, le véritable objectif politique de ce type de législation, comme l'ont déjà déclaré des ONG telles qu'Amnesty et des leaders politiques mondiaux d'outre-mer, tels que Barack Obama et Hillary Clinton, sera de contrôler et de censurer ce que les Fact Checkers considèrent désormais comme de la "désinformation", ou la vaste catégorie des "discours de haine".

Le portail européen "Politico.eu" explique : "À l'avenir, les régulateurs surveilleront les efforts déployés par les géants de la technologie pour mettre fin à la diffusion de fausses informations, comme les batailles de l'information l'ont montré lors de la pandémie de coronavirus et du conflit en Ukraine. Ils s'assureront que les grandes entreprises numériques contrôlent mieux les algorithmes qui peuvent promouvoir des contenus extrêmes et dangereux".

Les entreprises seront tenues de publier des rapports semestriels détaillés sur leurs efforts de modération, y compris le nombre d'employés, l'expertise, les langues parlées et l'utilisation de l'intelligence artificielle pour supprimer le contenu indésirable. Ils seront tenus de divulguer le nombre de comptes qu'ils ont suspendus et le contenu qu'ils ont supprimé.

Des amendes pour non-conformité allant jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial toucheront les géants des médias sociaux comme Facebook et Instagram, les moteurs de recherche comme Google, les plateformes de diffusion de podcasts comme Spotify et les marchés en ligne comme Amazon. La dernière menace serait le bannissement des entreprises qui enfreignent les règles de manière répétée.

"La loi sur les services numériques est une étape importante", a déclaré Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur. "C'est la première fois en 20 ans que l'Europe s'attaque à la réglementation de l'espace numérique et de l'information."

Politique européenne: le traité de l'OMS sur la pandémie signifierait "l'abolition de la démocratie"

8dab31137b93e7eedb95527a12bb6999.jpg

Politique européenne: le traité de l'OMS sur la pandémie signifierait "l'abolition de la démocratie"

L'abolition de la démocratie par les élites mondiales se poursuit... Cela revient ni plus ni moins à priver les gens de leurs droits"

Source: https://www.tradicionviva.es/2022/05/22/politica-de-la-ue-el-tratado-pandemico-de-la-oms-significaria-la-abolicion-de-la-democracia/

BRUXELLES, Belgique ( LifeSiteNews ) - Le 11 mai, la députée allemande du Parlement européen (MEP) Christine Anderson (photo) a prononcé un discours corsé contre le traité sur les pandémies récemment proposé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avertissant que "l'abolition de la démocratie par les élites mondiales se poursuit".

1350591264-npl_anderson_plakat_klei_4c_1-2o10VEMTsyec.jpg

"Le 3 mars, la Commission européenne a été autorisée... à renégocier le traité avec l'Organisation mondiale de la santé au nom des États membres. Sous le prétexte d'améliorer la réponse mondiale à la pandémie, le plan consiste à permettre à l'OMS d'assumer les pouvoirs exécutifs du gouvernement des États membres en cas de pandémie", a expliqué M. Anderson. "Accorder des pouvoirs gouvernementaux à [un] organe non élu est l'exact opposé du recours démocratique et supprime toute possibilité pour les gens de demander des comptes aux responsables."

"Cela revient à rien de moins qu'à priver le peuple de son droit de vote. Je vous implore de faire ce pour quoi vous avez été élus", a-t-elle exhorté ses collègues. "Regardez ça et protégez les droits des gens."

Anderson a appelé les citoyens à "écrire à vos députés européens [et] leur faire savoir que vous ne tolérerez pas qu'ils vous privent de vos droits à un recours démocratique. Faites-leur savoir que tout député européen qui soutient ou vote en faveur de cette mesure n'obtiendra plus jamais leur vote".

Comme l'explique la pétition de LifeSite contre le traité proposé, "194 États membres représentant 99 % de la population mondiale sont censés signer avec l'OMS des traités de lutte contre les pandémies qui permettraient au [directeur général de l'OMS] Tedros, ou à tout autre directeur général futur, de dicter exactement comment leur nation devrait réagir à une nouvelle épidémie d'une maladie qu'ils considèrent comme une pandémie. Cette attaque contre la souveraineté nationale ne surprendra pas ceux qui, pendant des années, ont écouté des élites comme Klaus Schwab et Bill Gates discuter de leur vision de la centralisation du pouvoir dans des organisations mondialistes comme le Forum économique mondial (WEF), l'OMS et le reste des Nations unies".

Dans un communiqué de presse daté du 21 décembre 2021, l'OMS a annoncé que "l'Assemblée mondiale de la santé a décidé de lancer un processus mondial pour... créer un organe intergouvernemental de négociation (OIN) chargé de rédiger et de négocier une convention, un accord ou un autre instrument international de l'OMS sur la prévention, la préparation et l'intervention en cas de pandémie."

"Les représentants de Biden ont soumis des amendements au Règlement sanitaire international (RSI) de l'OMS, qui donneraient au directeur général le droit de déclarer des urgences sanitaires dans n'importe quelle nation, même en cas de contestation par le pays en question", indique la pétition de LifeSite. "Ces amendements, qui seraient juridiquement contraignants en vertu du droit international, seront votés par l'Assemblée mondiale de la santé (l'organe directeur de l'OMS) lors d'une convention spéciale qui se tiendra du 22 au 28 mai et jetteront les bases de l'adoption d'un véritable traité sur la pandémie."

L'Afrique, les pays BRICS et les républicains américains bloquent le traité mondial de l'OMS sur la pandémie!

c0318e9153_101519_oms-logo.jpg

L'Afrique, les pays BRICS et les républicains américains bloquent le traité mondial de l'OMS sur la pandémie!

Par Shabnam Palesa Mohamed

Source : https://unser-mitteleuropa.com/afrika-brics-staaten-und-us-republikaner-blockieren-globalen-who-pandemievertrag/

Comme pour la lutte contre le diktat mondial de Corona, de nombreux pays du Sud, et en particulier ceux d'Afrique, sont à nouveau à la pointe de la résistance. En effet, le très controversé traité mondial de l'OMS sur les pandémies, qui vise à mettre en place une dictature mondiale de la santé au-dessus du statut constitutionnel des États-nations souverains, est rejeté dans ces pays. Au Brésil et dans d'autres parties du monde, on se défend également. Le président brésilien Jair Bolsonaro a déjà annoncé qu'il ne soutiendrait pas le traité de l'OMS - nous en avons parlé.

Afrique, Brésil, Russie, Chine et autres

Dans une rare démonstration de puissance et de solidarité africaine, plusieurs États membresd'Afrique se sont opposés aux modifications proposées au Règlement sanitaire international (RSI) qui ont été discutées cette semaine à l'Assemblée mondiale de la santé 75 (AMS) - une mesure dont beaucoup pensent qu'elle pourrait ébranler la domination de l'Organisation mondiale de la santé.

Une source bien placée a fait savoir que "la résolution sur les modifications du RSI n'a pas été adoptée à l'AMS, car les pays africains craignaient que les consultations entre les États membres soient insuffisantes et que le processus soit précipité. Le Botswana a lu la déclaration au nom des 47 membres de l'AFRO et j'y étais personnellement présent".

Selon Reuters, "si l'Afrique continue à refuser son soutien, elle pourrait bloquer l'une des seules réformes concrètes attendues de la réunion, réduisant ainsi à néant l'espoir que les membres s'accordent sur des réformes visant à renforcer les règles de l'Organisation des Nations unies pour la santé, qui s'efforce de jouer un rôle central dans la gouvernance mondiale de la santé".

Le RSI vise à définir et à préciser les obligations des membres de l'OMS en matière d'urgences de santé publique et d'autres questions de santé. Le gouvernement des États-Unis a proposé 13 amendements controversés au RSI qui confèrent au directeur général de l'OMS, Tedros, le pouvoir unilatéral de déclarer des urgences sanitaires réelles ou potentielles et d'attendre une réponse dans les 48 heures.

Le projet de proposition, qui n'a pas encore fait l'objet d'une décision formelle, vise également à modifier l'article 59 du RSI et permettrait d'accélérer la mise en œuvre des futurs changements.

Les Africains hostiles

Il convient de rappeler que certains pays ont présenté à l'AMS des projets de résolution sur le RSI qui, selon la procédure de l'OMS, prennent au moins quatre mois pour être examinés. Ces pays sont l'Australie, la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, l'Union européenne et ses États membres, le Japon, Monaco, la République de Corée, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et les États-Unis d'Amérique.

La délégation africaine #WHA75 a exprimé des réserves sur ces modifications du RSI et a déclaré que toutes les réformes devraient être abordées ultérieurement dans le cadre d'un "paquet holistique".

"La région africaine partage le point de vue selon lequel le processus ne devrait pas être précipité", a déclaré mardi à l'Assemblée Moses Keetile (photo), secrétaire d'Etat adjoint au ministère de la Santé du Botswana, au nom de la région africaine.

Botswana-VIC-_-Part-3_-Final239-281x300.jpg

"Nous pensons qu'ils vont trop vite et que ce type de réforme ne peut pas être mené à la hâte", a déclaré un délégué africain inquiet à Genève. La représentation américaine à Genève n'a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters.

BRIMI fait son apparition : Brésil, Russie, Iran, Malaisie et Inde

Le Brésil et la Russie font partie de l'initiative BRICS qui regroupe le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. L'Iran et la Malaisie auraient également exprimé des réserves sur les modifications proposées du RSI, tandis que la Russie et le Brésil semblent vouloir prendre des mesures importantes en matière de politique de santé internationale ou peut-être même quitter l'OMS. Entre-temps, l'Inde a fait part de ses préoccupations concernant des irrégularités dans les finances de l'OMS.

Un observateur de l'Assemblée mondiale de la santé issu de la société civile a fait savoir: "Juste pour votre information, l'équipe indienne a déclaré hier au Comité des finances qu'elle était très déçue que son audit ait été ignoré par l'OMS".

Calendrier, double emploi et gaspillage de ressources financières

Les discussions sur les modifications du RSI se déroulent parallèlement aux discussions sur un nouveau traité potentiel sur la pandémie (#PandemicAccord), ce qui suscite des inquiétudes quant aux doubles emplois et au gaspillage des ressources financières pour l'OMS.

Compte tenu de l'évolution de la situation, il semble que les amendements au RSI et le nouvel accord sur les pandémies, s'ils aboutissent, seront tous deux appliqués au monde en 2024, à moins que les pays ne décident de réduire le pouvoir de l'OMS et d'assumer la responsabilité de leur santé.

Cette date de 2024 a été soulignée par le groupe de travail sur les modifications du RSI : "Les délégués ont accueilli favorablement le rapport final du groupe de travail sur le renforcement de la préparation et de la réponse de l'OMS aux urgences sanitaires, qui proposait notamment une procédure pour d'éventuelles modifications du RSI (2005). Ils sont convenus de maintenir le groupe avec un mandat et un nom modifiés ("Groupe de travail sur les modifications du RSI" (WGIHR)) afin de travailler exclusivement sur l'examen des propositions de modifications du RSI. Les États membres ont également demandé au directeur général de convoquer un comité d'examen du RSI chargé de formuler des recommandations techniques sur les modifications proposées qui pourraient être présentées. Le groupe de travail proposera un ensemble de modifications ciblées pour examen par la soixante-dix-septième Assemblée de la santé".

"Plusieurs pays en développement ont exprimé le fait que l'OMS a trop de plates-formes de négociation et que cela n'est tout simplement pas gérable", a déclaré Nithin Ramakrishnan, conseiller du Third World Network.

Les sénateurs américains s'opposent à la surfacturation de l'OMS

Selon le Daily Caller, le sénateur républicain Ron Johnson (photo) "a présenté jeudi un projet de loi qui s'oppose à la surfacturation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et assure au Sénat le contrôle du traité sur la pandémie.

210216-ron-johnson-se-923a.jpg

The Daily Caller a été le premier à recevoir la législation intitulée No WHO Pandemic Preparedness Treaty Without Senate Approval Act (Pas de traité de préparation à une pandémie de l'OMS sans l'approbation du Sénat), menée par Johnson et comptant 15 cosignataires. Le projet de loi mentionne la création par l'OMS d'un organe intergouvernemental de négociation (INB) et, s'il est adopté, exigerait que tout accord élaboré par l'INB soit soumis au Sénat sous la forme d'un contrat afin d'offrir une plus grande transparence à l'administration.

Les législateurs estiment qu'ils doivent engager la bataille pour empêcher l'OMS de créer une INB.

"L'Organisation mondiale de la santé, avec nos autorités sanitaires fédérales, a lamentablement échoué dans sa réponse au COVID-19. Leur échec ne devrait pas être récompensé par un nouveau traité international qui renforcerait leur pouvoir au détriment de la souveraineté américaine. Ce dont l'OMS a besoin, c'est de plus de responsabilité et de transparence", a déclaré Johnson au Daily Caller avant la présentation officielle du projet de loi.

"Ce projet de loi indique clairement à l'administration Biden que tout nouvel accord de l'OMS sur les pandémies doit être considéré comme un traité et soumis au Sénat pour ratification. La souveraineté des États-Unis n'est pas négociable", a poursuivi Johnson.

"Lobbyland": un ancien député allemand explique comment l'Allemagne est prise en otage par les lobbies

maxrembllsdefault.jpg

"Lobbyland": un ancien député allemand explique comment l'Allemagne est prise en otage par les lobbies

Eugen Zentner

Source: https://geopol.pt/2022/06/01/lobbyland-ex-deputado-alemao-explica-como-a-alemanha-esta-refem-dos-lobis/ & https://www.nachdenkseiten.de/?p=84388

Le pouvoir des associations de lobbyistes est énorme. Dans le système politique allemand, presque rien ne fonctionne sans eux. Leur influence atteint le point où de nombreux textes législatifs sont écrits mot à mot par eux. L'ancien politicien du SPD Marco Bülow parle dans ce contexte de "Lobbyland", c'est-à-dire d'un État qui subordonne tout au principe des grands et des puissants et des profits qu'ils engrangent. Dans son livre du même nom, il s'appuie sur son expérience de député pour décrire les mécanismes et les règles de fonctionnement de la politique en Allemagne.

Jusqu'à ce que notre auteur arrive à son vrai sujet, tire ses conclusions, il s'était frayé un long chemin à travers son ancien parti social-démocrate. Bülow avait en effet rejoint la SPD en 1992, s'était d'abord impliqué dans les Jusos [la branche jeunesse du parti] pendant plusieurs années et avait acquis progressivement une réelle notoriété politique dans sa ville natale de Dortmund. Il a rapidement gagné la sympathie des électeurs. En 2002, il entre enfin au Bundestag en tant que candidat direct. Entre 2005 et 2009, il a été porte-parole de son groupe parlementaire pour l'environnement, la conservation de la nature et la sûreté des réacteurs. En 2018, il y a eu une rupture. Bülow a quitté la SPD après 26 ans de militantisme, en réponse à des conflits survenus de longue date avec la direction son parti quant au contenu idéologico-politique et au personnel. Jusqu'en novembre 2020, il a continué à siéger au Parlement en tant qu'homme politique sans parti, qui n'était inféodé à aucun groupe parlementaire, mais il a ensuite rejoint DIE PARTEI, dont il a été député au Parlement jusqu'à la fin de la législature.

L'auteur esquisse la rupture entre lui et la SPD sur la base de certaines positions qui furent particulièrement formatrices au cours de sa carrière. Comme s'il s'agissait d'une sorte de chemin de Damas, il décrit sa déception croissante face au style de gouvernement du chancelier de l'époque, Gerhard Schröder, qui lui a montré ce qu'il en était réellement derrière la façade politique: "On peut nommer des gens selon ses propres idées, qui sont à son goût, qui dictent tout ce qui est ensuite approuvé par une majorité au Bundestag. Et si c'est serré, alors vous faites pression sur les dissidents ou menacez de ne plus les impliquer. À la fin, vous avez votre décision sans le moindre changement et vous êtes étonnés de voir comment vous avez simplement suspendu la représentation du peuple".

À Berlin, il y aurait 6000 lobbyistes en activité, soit presque dix fois plus que de parlementaires. La majorité absolue sont des lobbyistes dits à but lucratif pour les industries pharmaceutiques, de l'armement ou de la finance.

On comprend que l'indignation de Bülow fut grande, d'autant plus lorsqu'un collègue expérimenté du parti lui a dit carrément que le jeu se jouait de cette façon et non pas d'une autre: "Vous avez deux options. Si vous acceptez les règles du jeu, vous aurez peut-être la possibilité de jouer plus haut dans la hiérarchie du parti à un moment donné et peut-être de vous faire accepter pour un ou deux postes. Si vous ne les acceptez pas, alors vous devrez quitter le terrain rapidement". Ces passages sont parmi les plus forts du livre. Ils donnent un aperçu des coulisses, montrent comment la politique se fait réellement au parlement et au sein des partis. Bülow ouvre le débat en dehors des sentiers battus, de l'omerta, pour ainsi dire, mais ne va malheureusement pas en profondeur.

L'exposition des principales structures, des paramètres du système et des formes typiques de comportement reste malgré tout rudimentaire dans son livre. Les principaux projecteurs qu'il allume ne sont pas très éclairants. Au lieu de cela, l'auteur allume une simple torche ici et là, et surtout s'arrête de nous éclairer au moment où les choses commencent vraiment à devenir intéressantes. Cependant, certaines déclarations sélectives confirment les soupçons de nombreux observateurs critiques et semblent encore plus authentiques venant de la bouche d'un ancien député. Il s'agit, par exemple, de son expérience selon laquelle "aucun des projets de loi parlementaires n'a été adopté sans la consultation et l'approbation du gouvernement". La même explosivité est contenue dans sa description de la pratique et de la manière dont les amendements législatifs sont effectués. Selon M. Bülow, les politiciens experts ne peuvent influencer certaines nuances qu'au prix de nombreux efforts. La plupart des changements ont toutefois résulté de la pression exercée par les lobbyistes.

On peut également apprendre de l'ancien parlementaire que la participation d'un parti au gouvernement rend son groupe parlementaire plus intéressant pour les associations de lobbying. Cela explique, entre autres, pourquoi certains politiciens ont changé d'avis si rapidement - comme, par exemple, le leader de la FDP Christian Lindner, qui s'était prononcé contre la vaccination obligatoire avant les dernières élections fédérales, mais qui a adopté une position exactement inverse lorsque son parti devint partie prenante de la coalition [actuelle] dite des feux tricolores (SPD-Verts-FDP). Qu'en est-il des groupes parlementaires eux-mêmes? La situation est-elle plus démocratique à ce niveau-là qu'au niveau des non-partis? Bülow dément catégoriquement et fait savoir que de nombreux postes sont formellement élus, mais qu'en réalité ils sont pourvus. Il n'y a pas de culture du débat ouvert. Les députés sont inconditionnellement soumis à la pression du groupe parlementaire.

maxspresdefault.jpg

Lorsque l'auteur aborde enfin son véritable sujet, on voit rapidement quels conflits internes et externes avec son parti l'ont conduit à le quitter: "S'il y a un fort lobby économique, écrit-il, la SPD s'y ralliera. Tant dans la question des voitures que dans celles de l'énergie, de l'agriculture, de l'industrie pharmaceutique. Il se liera même avec les militaires, même si cela est contraire aux principes de la social-démocratie." Comme les autres partis, la SPD s'est éloignée de sa propre base et de sa classe, a noté Bülow, surtout pendant la période de la Grande Coalition (CDU/CSU-SPD). Le budget, a-t-il dit, était un "budget déterminé par les lobbies" dans lequel les offres faites aux groupes d'intérêt respectifs étaient dissimulées de manière déguisée, souvent sous la forme de subventions dont personne ne pouvait suivre la trace.

À Berlin, il y aurait 6000 lobbyistes, soit presque dix fois plus que de parlementaires. La majorité absolue de ceux-ci sont des lobbyistes dits à but lucratif pour les industries pharmaceutiques, de l'armement ou de la finance. Contrairement aux "lobbyistes d'intérêt public", ils disposent de plus de moyens, mais ils sont également mieux formés et ont de meilleurs contacts en politique. Cela révèle la misère de tout le système. La relation étroite entre les politiciens et les lobbyistes produit ce que Bülow appelle "l'effet de porte tournante": "Il y a de plus en plus de politiciens qui utilisent leur mandat comme tremplin pour se lancer ensuite dans les affaires en tant que lobbyistes". Plus importants que les qualifications, dit-il, sont les numéros de téléphone. "Et, bien sûr, en tant que lobbyiste, vous avez un meilleur accès à vos anciens collègues. C'est une situation gagnant-gagnant".

Alors, que faire? L'ancien député estime qu'un registre des lobbyistes n'a pas beaucoup de sens, du moins s'il n'est pas contrôlé de manière indépendante et si les violations des règles n'entraînent pas de sanctions sévères. Au lieu de cela, il préconise des instruments qui rendent transparents ce dont les politiciens et les lobbyistes parlent vraiment, les accords qu'ils concluent réellement. Selon lui, les structures en place doivent être complètement révisées. Il ne sert à rien de remplacer les personnes ou le parti. À la fin de son livre, Bülow illustre ce à quoi pourraient ressembler des changements significatifs à l'aide de quelques points clés. L'accent est mis sur ce qu'il appelle le "triangle de l'avenir": "La base de ce triangle, soit le côté inférieur, est la véritable démocratie avec toutes ses obligations et ses droits. Les deux autres côtés sont constitués des besoins sociaux et des nécessités de base de la vie. Sous le terme "social", je voudrais également comprendre la justice générale et la cohésion. Par moyens de subsistance, j'entends l'environnement, le climat, la nature dans son ensemble".

Les propositions de Bülow sont idéologiquement colorées et contiennent à l'évidence des éléments de la politique verte-gauchiste. A priori, il n'y a rien de répréhensible à cela, mais en de nombreux endroits apparaît ce qui a discrédité ses représentants au cours de ces dernières années: l'horizon étroit de la critique qu'ils formulent. Par exemple, Marco Bülow se plaint de l'influence limitée du lobby des énergies renouvelables, qu'il considère comme agissant dans l'intérêt public. Ce faisant, il ne se rend pas compte que ce secteur est également devenu une entreprise à but lucratif dans laquelle ce sont principalement les grandes entreprises qui gagnent de l'argent. Il s'agit moins d'une question d'environnement que d'argent, comme l'a clairement montré le documentaire d'investigation "Headwind '21" du cinéaste néerlandais Marjin Poels. Il montre le côté sombre des soi-disant parcs éoliens, pour lesquels non seulement des surfaces entières de terrain ont été défrichées, mais où des matières premières sont également nécessaires, dont l'extraction cause de réels dommages à l'environnement.

E_JVJT4WYAIMtIS.jpg large.jpg

La vision critique est également brouillée lorsque Bülow met en avant les réactions positives aux mauvaises politiques. Si les mouvements de protestation sont loués, ce sont uniquement les mouvements verts comme les "Vendredis pour l'avenir". Le fait que des centaines de milliers de personnes soient descendues dans la rue depuis les mesures Covid pour manifester contre des politiques de plus en plus autoritaires n'est même pas mentionné - tout comme l'émergence du parti die Basis. Au lieu de cela, l'auteur cite DIE PARTEI comme preuve de la façon dont les nouveaux partis émergent du mécontentement envers le système. Les expériences autour du Covid sont au moins partiellement incluses dans le livre. Bülow l'a écrit pendant cette période et a, entre autres, traité de plusieurs scandales de mascarade impliquant des politiciens de la CDU. Ici aussi, il est évident que sa critique omet des aspects importants. Bülow ne mentionne pas d'un mot les nombreuses manipulations, les contradictions dans le récit officiel sur le Covid et les incitations à la corruption des institutions de santé, dont le camp politique gauche-vert est également en partie responsable.

L'auteur couronne le tout lorsqu'il cite Correctiv et Tilo Jung de Jung & Naiv comme exemples de journalisme indépendant et critique dans sa conclusion. Pendant la crise du Covid, cependant, les deux ont montré leur vrai visage. Correctiv, financé par les fonds de fondations et de grandes entreprises numériques, a dénigré tous ceux qui s'écartaient de la ligne de conduite du gouvernement avec ses prétendues vérifications des faits. En revanche, leur mauvaise conduite et leurs confusions n'ont pas été abordées. Et Tilo Jung a qualifié tous les détracteurs des mesures gouvernementales dans le cadre de la pandémie d'"extrémistes de droite". C'est du journalisme partisan particulièrement flagrant et cela n'a rien à voir avec un reportage objectif et indépendant. À cet égard, ils font également partie, en un sens, d'un lobby dont les pratiques devraient être critiquées tout autant que l'influence compliquée d'autres groupes d'intérêt.

mercredi, 01 juin 2022

Le mythe de l'"économie collaborative"

Economie-collaborative.jpg

Le mythe de l'"économie collaborative"

Ernesto Milà

Source: http://info-krisis.blogspot.com/2022/05/cronicas-desde-mi-retrete-el-mito-de-la.html

En 2016, Klaus Schwab, président du Forum économique mondial, a lancé, dans son livre sur La quatrième révolution industrielle, l'idée de l'"économie collaborative". Depuis lors, tous ceux - et ils ne sont pas peu nombreux - qui veulent s'acoquiner avec les idées qui "font bouger la modernité", répètent le thème comme des perroquets. Si Schwab l'a dit - "un homme qui sait" - alors cela doit être vrai. L'idée de Schwab est que la "quatrième révolution industrielle" va également modifier l'idée de "propriété". Nous ne chercherons plus à posséder tel ou tel bien ou objet de consommation, mais serons prêts à le partager avec d'autres, puisque nous n'en aurons pas besoin tout le temps. De plus, tout ce qui est inclus dans ce concept d'"économie collaborative" implique l'émergence de "nouveaux modèles commerciaux".

9782100759675-001-X.jpeg

A force de répéter ces idées encore et encore, voire des milliers de fois, et par des "leaders" issus des secteurs sociaux les plus divers, le concept s'est imposé et semble, même authentique, véridique et applicable actuellement. On dit, par exemple, qu'Uber, la plus grande compagnie de taxis, ne possède pas un seul taxi. Ou que Facebook, le plus grand réseau social qui diffuse du contenu, ne propose lui-même aucun contenu. On se souvient qu'AirBNB, la plus grande société d'hébergement, ne possède pas un seul appartement dans le monde. Il s'ensuit que ces "nouveaux modèles commerciaux" rompent avec les conceptions passées de l'industrie et de la propriété (ce qui est strictement vrai).

De plus, nous nous promenons dans les villes et nous voyons des vélos et des scooters électriques utilisés à bas prix par des centaines de propriétaires. Plutôt que d'acheter un de ces moyens de transport urbain, ils ont opté pour la location. Aujourd'hui, en Espagne, ils pénètrent également dans la location de cyclomoteurs et en Chine, la location de véhicules conventionnels a déjà été testée.

Les "gourous" de la post-modernité nous disent que, dans le futur, personne ne cherchera à posséder une maison: nous vivrons dans des maisons que nous partagerons avec d'autres. Aujourd'hui, nous sommes ici, mais demain, nous déménagerons là-bas. Nous vivrons tranquillement dans un appartement partagé avec d'autres personnes, comme nous, qui auront également besoin de maisons mobiles. Tout ce que nous utilisons, un ordinateur, une console de jeux vidéo, un drone, tout sera rigoureusement utilisé par l'un ou l'autre, loué à l'heure à des prix minimes. Un jour, nous nous rendrons compte que nous n'avons plus besoin de rien qui puisse être considéré comme "nôtre". Dans l'"économie collaborative", tout appartiendra à tous ceux qui en ont besoin et sont capables de payer un loyer minimum par utilisation. Nous le remarquerons à peine. Et cela nous libérera également de la peur de la "propriété" : personne ne pourra voler quelque chose qui est "à nous". Si un objet est volé, il l'aura été dans une société et l'assurance le couvrira sans que nous ayons à nous soucier de quoi que ce soit.

Les gourous nous disent : "à l'ère du numérique, l'économie ne peut être que collaborative". Et, sans surprise, ce modèle est justifié "pour sauver la planète" et créer un "développement durable".

Le modèle est basé sur la "collaboration mutuelle": quelqu'un a quelque chose dont j'ai besoin, et je le lui donne en échange d'une petite compensation qui contraste avec la grande valeur du service qu'il fournit. Ce donnant-donnant est favorisé par les nouvelles technologies de l'information, sans lesquelles l'existence des entreprises mentionnées dans les premiers paragraphes ne serait pas possible. Aujourd'hui, un modeste scooter électrique loué peut être localisé en permanence par GPS. L'idée de propriété et de consommation est modifiée : l'économie collaborative est celle qui correspond à un "modèle durable" : on produit moins, mais ce qui est produit peut être utilisé par beaucoup. Dans l'économie conventionnelle, une bicyclette n'était généralement utilisée que par son propriétaire. Dans l'économie collaborative, un même vélo peut être utilisé par des milliers d'utilisateurs au cours de sa durée de vie. On produit moins et l'environnement est sauvegardé... Comme c'est merveilleux !

belgaimage-95917070-full-e1550151322946.jpg

Dans l'économie collaborative, rien n'est jeté avant d'être totalement inutile. D'où la multiplication des applications de vente de biens d'occasion. Si, pour une raison quelconque, nous n'avons plus besoin d'une caméra vidéo, nous trouverons toujours un collectionneur intéressé. Si nous en avons assez d'un vêtement que nous avons trop porté, nous le mettons en vente. Un livre qui a été lu peut être vendu à quelqu'un d'autre qui pourrait être intéressé.

Et nous sommes tous prêts à partager notre vie privée sous forme de données pour améliorer les services dont nous avons besoin. Des entreprises telles que AirBNB, Amazon, Facebook, Alibaba, Uber, Blablacar, etc., modifient le visage économique des sociétés et génèrent de nouveaux modes de relation, de travail, de divertissement, d'achat ou d'information.

Klaus Schwab a donc raison et la quatrième révolution industrielle qu'il prédit est déjà là, en marche, présente parmi nous. Nous allons vers de nouveaux modèles, de nouvelles valeurs, de nouveaux critères de propriété et de consommation, de nouvelles formes de relations sociales... Nous voyons comment l'avenir se construit sous nos yeux et nous pouvons nous-mêmes participer à cette construction.

Tout ce que dit Schwab est répété par des perroquets excités d'être les premiers interprètes de la nouvelle ère et de savoir où elle va.

Mais, à vrai dire, le livre de Schwab contient de nombreuses erreurs et inexactitudes, notamment dans ses prévisions (dont nous parlerons une autre fois). Mais le pire n'est pas cela, mais ce que cela cache: car une chose est le modèle vers lequel nous nous dirigeons, et une autre de dire que cette évolution est "positive" et représente un "progrès".

Tout d'abord, il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer pour cette idée d'une "économie collaborative". C'est une vieille idée. Des centaines de sociétés de location de voitures existent depuis longtemps. C'est une bonne idée. Pour ma part, je préfère louer une voiture à certains moments plutôt que d'en posséder une que je n'utiliserai pratiquement pas. Le partage de la maison n'est pas non plus une nouveauté. C'est une pratique qui dure depuis plus de trente ans. Il n'a pas eu beaucoup de succès, à vrai dire. Chaque locataire occasionnel d'un tel bien tente d'y apporter un détail de sa personnalité (le "désordonné" le remettra en désordre, l'"original" introduira des variations discutables dans la décoration, le "sale" le transformera en tas de fumier et le "profiteur" l'utilisera aux meilleures périodes de l'année). Et puis il y a l'"arnaqueur" qui transformera un tel bien en quelque chose d'inutilisable qui n'aura servi qu'à escroquer de l'argent à des personnes bien intentionnées qui ont fait l'erreur de croire à la "bonté universelle". Le leasing automobile, par exemple, est aujourd'hui la meilleure alternative à la "propriété", la plus répandue, la plus ancrée et la plus efficace pour la majorité de la population.

Cambio-e1527159177569.png

D'autre part, la nouvelle orientation des technologies va à l'encontre de l'évolution de la société, et contribuera à mettre un terme à certaines formes d'"économie collaborative" : le temps où une chambre d'amis était mise à la disposition des touristes et des voyageurs est en déclin. Tout d'abord, parce que les hôtels ont été contraints de baisser leurs prix et d'améliorer leurs services. Ensuite, parce que de nombreux propriétaires ont constaté que les incivilités, les bizarreries psychologiques, les nuisances générées par nombre de ces loueurs occasionnels, l'emportent de loin sur les avantages de ce concept d'"économie du partage". La location de petits objets pour se déplacer dans une grande ville peut présenter un certain intérêt pour les utilisateurs, notamment les jeunes, mais la location touristique est une autre affaire et il ne semble pas que dans notre sphère culturelle elle puisse avoir le même succès que celui prédit en Chine. Quant aux applications de vente d'occasion, elles ne sont pas nouvelles : aujourd'hui encore, il existe des magasins de vêtements d'occasion qui vendent directement aux personnes économiquement limitées qui ne peuvent pas faire leurs achats dans les grands centres commerciaux.

Ce dernier nous donne un indice sur la véritable nature du problème, celui dont Klaus Schwab n'a pas dit un seul mot : le véritable nœud du problème. L'argent vaut de moins en moins, l'inflation est de plus en plus rapide par rapport à l'augmentation des salaires, et depuis le début des années 1970, cela se traduit par une perte de pouvoir d'achat, notamment des classes moyennes, inexorablement tirées vers le bas. En outre, les citoyens sont confrontés à une gamme de biens de consommation de plus en plus large et ont peur d'être laissés pour compte: à partir des années 1980, la présence d'un ordinateur personnel est devenue une nécessité dans les foyers. Puis vint l'ordinateur portable. Puis sont arrivés le téléphone portable et la tablette. Et les drones. Et puis il y a des centaines de petits gadgets qui permettent de profiter et de s'amuser. Ou pas si petit: même pour ceux qui aspirent à "sauver la planète", la course à la "consommation responsable" les laisse épuisés: la voiture électrique est chère et encore plus chère à entretenir; les produits issus de cultures biologiques et non polluantes, en plus d'être plus chers, sont plus rapidement périssables.

Il ne s'agit pas que les citoyens voient les besoins de l'"économie collaborative", mais plutôt qu'en réalité, la perte de pouvoir d'achat les oblige à se jeter dans ses bras, même s'ils ne le veulent pas. L'évolution dans cette direction ne peut être considérée comme un "progrès", mais comme le signe d'une crise économique irréversible. Si nous ne sommes pas en mesure de payer 40.000 euros pour acheter le dernier modèle hybride, pas même sous forme de leasing, nous pouvons toujours nous bercer de l'illusion que nous "sauvons la planète" en faisant partie des milliers d'utilisateurs du même véhicule qui change de mains chaque jour. Nous ne savons pas si le conducteur est un rustre ou un conducteur responsable, s'il a poussé le véhicule au-delà des limites de ses capacités et nous le prenons sérieusement en défaut.

Ce n'est pas l'optimisme qui génère une observation de la société : si nous avons des yeux et de la compréhension, nous nous rendrons compte que la société n'évolue pas vers des niveaux plus élevés d'éducation, de responsabilité et de civilité, mais le contraire. Une économie collaborative, au mieux, serait viable s'il y avait une conscience civique, une honnêteté, une responsabilité, un sérieux et une stabilité mentale dans les sociétés. Ce sont tous des éléments dont nous nous éloignons à pas de géant. C'est pourquoi les locations de chambres sur des applications sont en déclin, pourquoi les utilisateurs de plateformes d'achat et de vente d'articles d'occasion sont de plus en plus alertés par les arnaques, les escroqueries et les problèmes. C'est pourquoi le "logement en propriété partagée" est en désuétude et n'a jamais vraiment bien fonctionné.

4D6C2556-D823-4C84-A286-BA770F4439D9.jpeg

Le résultat est que le citoyen moyen n'a plus assez d'argent pour payer tous les biens de consommation proposés. Peu importe qu'il travaille dur, peu importe que son salaire soit élevé, il trouvera toujours que certains objets sont au-dessus de ses moyens (dans de nombreux cas pour répondre aux besoins de base). Il n'a donc pas d'autre choix que de se tourner vers le concept de "l'économie du partage". Mais il ne s'agit pas de "progrès", mais plutôt de la reconnaissance d'une crise que l'on habille de l'habituel "sauver la planète" pour la présenter comme une forme d'économie nécessaire à notre époque.

Si la République populaire de Chine est le modèle vers lequel l'élite veut nous conduire, c'est parce qu'elle est une symbiose entre le communisme (qui n'est pas le communisme sous sa forme marxiste-léniniste) et le capitalisme (qui n'est pas non plus le capitalisme libéral conventionnel). Le "collectivisme" pour les masses; la "propriété" pour l'élite. L'"économie collaborative" est une adaptation de l'"économie collectiviste" (tout appartient à tout le monde et personne ne possède rien), mais elle ne découle pas d'une révolution sociale, ni même imposée par une idée de "consommation responsable", mais elle découle de l'impossibilité pour la majorité de profiter des biens dont dispose l'"élite économique".

Nous ne pouvons pas imaginer le Baron de Rothschild partager un Uber avec le rejeton Rockefeller. Le destin de l'élite est ailleurs. Ceux des masses passent par l'"économie collaborative", qui nous sera présentée comme un "progrès technologique", alors qu'elle est en réalité un symptôme de manque et de crise.

Bienvenue dans la guerre des réseaux - Le spectre de la violence

000508441_5.jpg

Bienvenue dans la guerre des réseaux

Le spectre de la violence

par Schwab

Source: https://reactionair.nl/artikelen/welkom-in-de-netwerkoorlog/

Ceci est un article traduit, l'original peut être lu ici : https://schwabstack.substack.com/p/the-spectrum-of-violence?s=r.

    "La guerre n'atteint jamais son état absolu car la guerre n'est jamais un acte isolé : la guerre ne consiste pas en un seul et bref coup de poing : et dans la guerre, l'issue n'est jamais fixée définitivement." - Carl von Clausewitz

Bienvenue dans la guerre des réseaux. Vous êtes un guerrier en guerre contre un réseau. Ce réseau totalisant est défini par des mots tels que "globalisme", "le renversement", "le nouvel ordre mondial", "la conspiration ouverte", "l'antebellum" ou simplement "le réseau ouvert". On peut le décrire comme un mouvement social extrémiste, maximaliste et transnational. Dans ce contexte, l'épisode actuel de "guerre de cinquième génération" ou de "guerre hybride" doit être considéré comme une lutte entre réseaux, façonnée par des changements de loyauté politique et sociale envers l'"identité", qu'elle soit construite de manière organique ou cybernétique. Il n'existe pas de hiérarchie fixe, basée sur l'État, dans le monde. Il n'y a pas d'individus flottants. Soit vous avez formé votre propre réseau, rejoint un réseau de connexions déjà existant, soit vous êtes subjugué.

Le réseau "mondialiste", ou plutôt mondialisateur, est composé d'oligarques, de technocrates, de médias grand public, de gestionnaires d'État et d'entreprises, de services de renseignements, de terroristes, de mercenaires, d'institutions philanthropiques, de cryptocrates non élus et d'à peu près toutes les organisations internationales de la planète. Le réseau est décentralisé, modulaire et cellulaire - c'est-à-dire qu'il se compose de nombreux réseaux plus petits, couvrant le spectre de la légalité à l'illégalité et tout ce qui se trouve entre les deux. Le réseau ne se cache pas, ni ses activités, mais annonce ses intentions et dramatise ses actions.

Il n'y a pas de centre nerveux central, le réseau ne contient rien d'autre que des systèmes aux extrémités, systèmes cohérents et autonomes, permettant à chaque système d'extrémité de communiquer avec l'hôte de son choix. Certains sont des "réseaux multicouches" ou des "réseaux multifonctionnels / multidirectionnels" capables d'échanger leurs loyautés / identités tout en servant des objectifs environnants. Toutes ces structures suivent un protocole qui leur donne accès au réseau global. Le protocole est essentiellement un style de gestion qui injecte le contrôle dans les lignes de front du désordre, des réseaux de chantage, des horreurs invisibles, des crises, des conflits et des révolutions. Le protocole exige que pour accéder aux surfaces rhizomatiques du "méta-réseau", il faut passer par certaines procédures de contrôle qui surcodent et territorialisent l'espace. Ce réseau s'identifie à des stratégies telles que la "méta-crise" ou "la crise permanente", également connue sous le nom de "hype du moment" (l'actualité).

Si vous êtes un être humain, ce réseau est en guerre contre vous.

17:03 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réseaux, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 31 mai 2022

Ukraine, la défaite du modèle allemand: du leader au "paria" du Vieux Continent

MS-gergggggmanyfinalB.jpg

Ukraine, la défaite du modèle allemand: du leader à "paria" du Vieux Continent

par Roberto Iannuzzi 

Source : Il Fatto quotidiano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/ucraina-la-sconfitta-del-modello-germania-da-leader-a-paria-del-vecchio-continente

La guerre en cours en Ukraine n'est pas seulement un conflit par procuration entre la Russie et l'OTAN, mais un affrontement qui redéfinit l'équilibre des forces entre les deux côtés de l'Atlantique et l'équilibre même des forces au sein du continent européen. Une Europe qui ne peut pas profiter des ressources énergétiques bon marché de la Russie ni commercer avec Moscou (et qui sait, peut-être même pas avec la Chine demain) est fatalement plus dépendante du gaz liquéfié et du marché américain. L'augmentation de la facture énergétique (une tendance déjà amorcée avant le conflit) entraînera une hausse spectaculaire des coûts de production, ce qui se traduira par une baisse de la compétitivité des entreprises européennes et, en fin de compte, par un appauvrissement du vieux continent.

Le cas allemand est vraiment emblématique dans ce contexte. Berlin s'était consacré à la construction d'un modèle économique performant sans prêter attention aux fondements géopolitiques contradictoires sur lesquels il reposait. L'Allemagne a alimenté son industrie en hydrocarbures russes et a utilisé la main-d'œuvre bon marché des pays d'Europe de l'Est, accueillis dans l'UE depuis 2004. Grâce à l'euro, relativement plus faible que le mark, elle a pu facilement exporter ses produits vers le marché unique européen et dans le monde entier, où elle compte les États-Unis et la Chine parmi ses principaux clients. Elle a ainsi accumulé des excédents commerciaux compris entre 5,6 et 7,6 % du PIB au cours des dix dernières années. Bien qu'elle ait fini par dépendre énergiquement et économiquement de la Russie et de la Chine (deux adversaires stratégiques des États-Unis), Berlin est cependant restée militairement subordonnée à Washington, en restant au sein de l'OTAN et en soutenant son élargissement à l'Est, sans développer cette autonomie stratégique européenne dont la force motrice aurait dû être le soi-disant "axe franco-allemand".

Au sein de l'UE, Berlin s'est imposé comme un acteur économiquement hégémonique sans élaborer une vision politique qui renforcerait la cohésion des Etats membres, ni imaginer de solution pour aplanir les inégalités au sein de l'Union. Comme l'a écrit le journaliste allemand Wolfgang Münchau dans le Financial Times en 2020 - sous la direction d'Angela Merkel, l'Allemagne n'a toujours fait que le strict minimum pour assurer la survie de la zone euro, la laissant se traîner d'une crise à l'autre. En Ukraine, Berlin a essentiellement suivi les politiques anti-russes de Washington, croyant naïvement que cela profiterait à la "profondeur stratégique" allemande. Merkel a ainsi soutenu le soulèvement de Maidan à Kiev en 2014, et appuyé les sanctions imposées à Moscou après l'occupation russe de la Crimée. Mais cela ne suffit pas aux États-Unis, longtemps agacés par le modèle mercantiliste allemand et l'Ostpolitik de Berlin.

g5dfdbd4566ef089219389305af5fb6e41720c0b05b247af8a97ced12f4a033c1fe5f6f6aef96c15d6480e66386ec1289_640.jpg

Washington avait compris depuis longtemps que Moscou, Pékin et le continent asiatique étaient désormais en mesure d'offrir à l'Allemagne et à l'Europe des possibilités de commerce et d'investissement plus avantageuses que celles des États-Unis. N'ayant plus la force économique de lier le vieux continent à eux comme ils l'avaient fait dans l'après-guerre, les États-Unis n'avaient plus que l'outil coercitif suivant : 1) attirer la Russie dans un conflit en Ukraine, en l'accusant d'être l'agresseur ; 2) construire un nouveau rideau de fer en Europe, en le renforçant par un système de sanctions qui maintiendrait ses alliés dans l'orbite économique américaine ; 3) isoler Moscou, en créant les conditions d'une rupture économique avec la Chine. Transformer l'Ukraine en un pion à jeter en pâture à la Russie a servi à effacer l'alignement naissant entre Berlin, Moscou et Pékin.

L'objectif russe était initialement opposé à l'objectif américain: couper le cordon ombilical qui lie le vieux continent à l'Amérique et créer, avec la Chine et l'Europe dirigée par l'Allemagne, un ordre multipolaire fondé sur l'intégration économique de l'Eurasie. En intervenant en Ukraine, Moscou a manifestement estimé que Berlin et l'Europe n'étaient pas récupérables, et s'est résigné à s'appuyer sur l'axe avec Pékin, se pliant en fait au projet américain d'une nouvelle confrontation des blocs. Dans ce cadre, l'Allemagne, qui était le chef de file de la composante européenne de l'"île-monde" eurasienne, se voit reléguée au rang de "paria" dans un vieux continent qui est à nouveau dirigé par les Américains. Bien qu'il se soit conformé au régime de sanctions voulu par Washington (également destiné à saper les fondements de la compétitivité allemande), le successeur de Mme Merkel, Olaf Scholz, est montré du doigt par les extrémistes européens pro-Kiev, et par le gouvernement ukrainien lui-même, comme un "pacifiste" pro-Poutine parce qu'il rechigne à adopter des politiques encore plus autodestructrices.

Pendant ce temps, le centre de gravité européen de l'OTAN s'éloigne de l'axe franco-allemand au profit d'un arc de pays - de la Grande-Bretagne aux nouveaux candidats à l'OTAN, la Finlande et la Suède, en passant par les républiques baltes et la Pologne - qui ont pris la tête de la croisade anti-russe. Avec Londres qui, ironiquement, pousse l'Ukraine à adhérer à l'UE après le Brexit !

9788869449185.jpg

* Auteur du livre Se Washington perde il controllo. Crisi dell'unipolarismo americano in Medio Oriente e nel mondo (2017).
Twitter : @riannuzziGPC
https://robertoiannuzzi.substack.com/

Qui paiera pour l'opération la plus autodestructrice du continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale?

a870345f705c43a6e3688c73d643da25.jpg

Qui paiera pour l'opération la plus autodestructrice du continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale?

par Andrea Zhok 

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/chi-paghera-per-l-operazione-piu-autodistruttiva-sul-continente-europeo-dalla-seconda-guerra-mondiale

Notes sur la guerre russo-ukrainienne

1) Au lendemain de l'invasion, l'Europe avait deux options.
Elle aurait pu accompagner les sanctions nécessaires d'une double requête à Zelensky et à Poutine, visant à entamer des négociations immédiates sur la base des deux exigences fondamentales du conflit: la neutralité de l'Ukraine et le respect des accords de Minsk. Si Zelensky ne s'était pas senti couvert et si sa démarche n'avait pas été garantie s'il poursuivait la guerre, la paix aurait probablement pu être obtenue en une semaine.

Ou, et c'est le choix qui a été fait, l'Europe a commencé à dire que Poutine était le nouvel Hitler, était un fou, un animal; elle pouvait dès lors commencer à approvisionner l'Ukraine en argent, en instructeurs et en armements lourds, elle pouvait déclencher une vague de russophobie embarrassante et elle pouvait persévérer dans cette voie jusqu'à dire (comme Borrell) que la guerre devait être réglée sur le terrain (les diplomates s'improvisant guerriers avec le cul des autres).

2) En fournissant à l'Ukraine des tonnes d'armes sans aucune garantie quant à leur destination, l'Europe a créé une zone de guerre folle à ses portes, à laquelle participent non seulement l'armée régulière et les milices mercenaires, mais aussi des groupes paramilitaires et des clusters de combattants irréguliers, incontrôlables, agissant de manière autonome, souvent avec des intentions plus terroristes que militaires (comme le bombardement d'une école à Donetsk hier), et qui n'obéira jamais à aucune paix signée par Zelensky. Il y a la perspective (et c'est un desideratum américain depuis le début) d'un conflit de longue durée, ou peut-être après une déclaration de trêve d'un conflit d'intensité réduite, qui engagera l'armée russe pour longtemps et conduira à la destruction totale de l'Ukraine - au moins de la partie de ce pays située à l'est du Dniepr.

1-russia-ukraine-2-640x360.jpeg

3) Comme toujours, plus le conflit dure, plus les deuils s'accumulent, plus la haine irrévocable envahit les âmes, et plus on abandonnera les derniers scrupules dans la conduite de la guerre (la Russie a progressivement augmenté le poids des types d'armement utilisés, l'Ukraine a commencé à viser le territoire russe dans la province de Belgorod). Nous verrons quelle sera la limite dans l'escalade.

4) Entre-temps, nous avons tous allègrement occulté le fait qu'en Ukraine, outre les gazoducs et les centrales nucléaires, il existe certains des plus grands gisements de plutonium et d'uranium enrichi au monde. En bref, nous jouons à la guerre, qui s'intensifie progressivement, dans l'une des zones les plus dangereuses de la planète en termes de répercussions générales possibles. Il est utile de rappeler que la distance entre l'Italie et l'Ukraine est de 1500 km à vol d'oiseau, celle entre l'Ukraine et les États-Unis est de 7500 km (avec un océan entre les deux).

5) Sur le plan économique, l'Europe a parié sur l'accès à des sources d'énergie abondantes et à prix modéré. L'Europe étant la zone du monde la plus vouée à la transformation industrielle et la moins dotée en ressources naturelles, l'actuelle politique ukrainienne de l'Europe équivaut à avoir fait un nœud coulant et à se le passer au cou. L'Europe soutient et alimente une guerre à sa propre porte, et non seulement cela, mais elle fait tout pour qu'elle dure longtemps et pour rompre définitivement toutes ses relations avec le reste de l'Eurasie. En substance, nous nous coupons de la partie du monde dont nous sommes économiquement complémentaires (la Russie pour les ressources, la Chine pour la fabrication de base, tous les BRICS en tant que plus grand marché du monde). Dans le même temps, nous nous subordonnons à nouveau et sans alternative à un concurrent primaire avec lequel nous sommes en concurrence directe sur le plan industriel, mais qui, contrairement à l'Europe, est énergétiquement autonome.

6) Ayant atteint ce point, la Russie n'a plus un intérêt primordial à parvenir à une paix rapide. D'un point de vue économique, elle paie effectivement un prix, mais d'un point de vue stratégique, elle est en train de devenir la référence mondiale pour la "revanche" de cette partie majoritaire du monde qui s'est sentie malmenée par le tyran américain pendant des décennies. Cette victoire stratégique permet à la Russie de cultiver une alliance substantielle avec la Chine, une alliance absolument invincible et incassable à tout point de vue: territorial, démographique, économique et militaire.

tombe-covid-19-anti-masque-780x470.jpg

7) L'Europe, en revanche, a creusé sa propre tombe. Si les gouvernements européens ne parviennent pas, d'une manière ou d'une autre (et pour l'instant à grands frais), à rétablir les relations avec la partie restante de l'Eurasie, le sort de notre sous-continent est scellé. Les deux siècles d'ascension mondiale qui ont débuté au début du XIXe siècle connaitront une fin peu glorieuse. Dès l'automne, nous commencerons à voir les premiers signes de ce qui s'annonce comme une nouvelle contraction économique de longue durée, une contraction qui, impliquant les pays européens en bloc, aura des caractéristiques inédites, bien plus lourdes que la crise de 2008, car il n'y aura pas ici de "garanties de fiabilité financière" pour tenir le coup.

En regardant Draghi, Macron, Scholz et leurs marionnettes parlementaires aujourd'hui (en Italie, la quasi-totalité de l'arche parlementaire), la seule question qui reste est: est-ce que quelqu'un va payer ?

Qui paiera pour l'opération la plus autodestructrice du continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale ? Les journalistes mercenaires et écervelés qui ont fabriqué et répété le récit de propagande pour alimenter la guerre paieront-ils ? Vont-ils payer les politiciens qui ont soutenu activement la guerre ou qui ont fait des génuflexions devant les diktats du Premier ministre ?

Ou devant les nouveaux chômeurs et travailleurs pauvres, réussiront-ils une fois de plus le tour de passe-passe consistant à expliquer qu'il n'y avait pas d'alternative ?

De la géopolitique à un monde thématique avec des dirigeants post-modernes

imapmpolges.jpg

De la géopolitique à un monde thématique avec des dirigeants post-modernes

Alberto Hutschenreuter

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/de-la-geopolitica-un-mundo-tematico-y-con-lideres-posmodernos

Napoléon avait coutume de dire que la géographie gouvernait les nations. Il est fort possible que si le terme "géopolitique", né un siècle plus tard, avait existé à l'époque, le Corse l'aurait préféré à celui de géographie.

Parce que c'est la géopolitique, c'est-à-dire les considérations politiques appliquées aux territoires à des fins liées à l'intérêt national et au pouvoir, qui détermine (dans une large mesure) les décisions prises par les gouvernements, ou plus précisément, par les évaluations des hommes d'État, qui ne sont pas seulement des gouvernants, mais des personnes qui pensent à partir de ce que Karl Deutsch appelait "la cuisine du pouvoir".

Au XXIe siècle, les hommes d'État se font rares. Les derniers sont morts ou ne sont plus en fonction, par exemple Jacques Chirac et Angela Merkel. Bien sûr, il y a des hommes de talent, mais ce n'est peut-être pas la stature stratégique qui fait défaut, mais la configuration dé-géopolitisée et multi-thématique que prend le monde qui freine l'émergence de leaders d'envergure.

Nous avons été privés de véritables hommes d'État pendant longtemps. Ceux du XXe siècle, c'est-à-dire les protagonistes des grands événements mondiaux, Churchill, de Gaulle, Mao, Tito, etc., ont progressivement disparu dans les années 1960 et 1970; et comme l'a dit le professeur Carlos Fernández Pardo, le XXe siècle s'est terminé avec eux. Ensuite, il y a eu des leaders et des penseurs importants à la fin de l'ère bipolaire et de l'ère post-communiste, Reagan, Schmidt, Gorbatchev, Kohl, Mitterrand, etc.

Le 20e siècle a été hautement géopolitique, dans la mesure où les événements majeurs ont été précédés d'événements au cours desquels la politique, les intérêts et les territoires ont interagi, c'est-à-dire qu'il y avait à l'oeuvre des "vannes géopolitiques". La guerre froide a impliqué des logiques idéologiques opposées qui se sont mêlées à la géopolitique. Tout cela exigeait un leadership doté de connaissances politico-territoriales. En Amérique latine même, les dirigeants ayant cette préparation ont prédominé, par exemple Perón en Argentine.

Mais au 21e siècle, il semble que la pluralité des questions ait généré le besoin de leaderships croissants ayant des vues (et des pratiques) liées au parrainage et à l'affirmation d'un nouveau modèle pour les questions mondiales à strates multiples; en d'autres termes, pratiquement rien de ce que nous avons connu et qui a eu un impact sur les humains n'a plus de place ou de sens. Même si ce n'est pas le cas pour tous, on peut observer de tels "nouveaux leaders" dans un certain nombre de pays de l'UE.

Dans cette approche "adamiste", ceux qui soutiennent, par exemple, que l'anarchie internationale, c'est-à-dire l'absence de gouvernement ou d'entité exécutive interétatique, reste un fait des relations internationales, faisant des États les arbitres de ces relations, sont qualifiés de "philo-anarchistes", quelque chose comme les porteurs d'une obsession qui non seulement ne correspond pas à la réalité, mais constitue un obstacle à de nouveaux progrès.

De même, ceux qui considèrent que la géopolitique, l'intérêt national et le pouvoir sont des questions qui restent plus valables que jamais sont qualifiés de "dépassés" qui, comme les autres, restent "attachés", pour reprendre les termes de Richard Falk, à "la permanence du système d'États comme forme optimale de gouvernance mondiale réalisable", et ignorent les préoccupations normatives et les avantages de la coopération. De même, les "anciennes approches" ont tendance à latéraliser les nouvelles questions, comme l'écologie.

Stephen_Gill222222.jpg

51MstGH5G4L._SX322_BO1,204,203,200_.jpg

En d'autres termes, l'idée de ce que l'on appelle le "mondialisme" repose sur une force pratiquement imparable venant d'en bas qui "relâche" les forces qui ont toujours marqué les relations internationales d'en haut. Il y a quelques années, le spécialiste Stephen Gill (photo) a simplifié cela d'une manière plutôt intéressante et curieuse lorsqu'il a parlé du "prince postmoderne" pour désigner les questions qui venaient au centre de ces relations : les mouvements sociaux, la technologie, les droits des personnes, l'environnement, la connectivité, la solidarité, etc.

Tolstoï et Gramsci y faisaient déjà référence bien avant, mais les nouveaux sujets ont renouvelé cette tendance qui nous dit qu'un monde nouveau, uni et plein d'espoir est en train de naître.

Dans une large mesure, le manque de grands leaders internationaux est associé au globalisme (qui n'est pas la même chose que la mondialisation), un phénomène anti-géopolitique qui nous dit que : dans un monde de nouveaux enjeux, désirs et logiques sociales, il n'y aura guère de place pour les enjeux dépassés et délétères, les positions conservatrices et l'individualisme. Quoi qu'il en soit, les "nouveaux dirigeants" devront s'identifier au mondialisme, car les dirigeants qui s'identifient aux "anciennes questions", c'est-à-dire la géopolitique, la patrie, l'intérêt national, les valeurs nationales, les capacités, la famille, etc. sont soit rétrogrades, autocratiques, souverainistes et bellicistes et mettent le monde en danger.

De cette façon, le monde, une fois de plus, est configuré (et divisé) en approches et pratiques opposées et conflictuelles. Face à cette configuration, il est et sera important, une fois de plus, de ne pas croire qu'il existe des processus neutres ou détachés de ce qui, proto-historiquement, a été une réalité catégorique : le pouvoir et ses multiples formes d'exercice.

* Publié à l'origine sur : abordajes.blogspot.com

Remarques fatiguées sur l’infatigable puissance maléfique américaine

2PcsSkull-Punisher-Flag-USA-Scary-Satan-symbol-Embroidered.jpg

Remarques fatiguées sur l’infatigable puissance maléfique américaine

Nicolas Bonnal

Biden et sa folle administration (on se croirait dans un Mel Brooks) veut faire la guerre à la Chine et à la Russie, anéantir l’Europe vassale et terroriser le reste du monde. Ces Amerloques sont infatigables. Ils me font parfois penser à Tom Cruise dans Collatéral, tueur enragé qui doit exterminer tout un petit monde pendant une nuit disco et qui ne s’arrête que faute de munitions. Là il s’assoit (on est dans le métro) et il meurt. Qui viendra VRAIMENT  à bout des munitions américaines ? Ce pays empoisonne le monde depuis deux siècles, qu’il soit aux ordres des Illuminati ou des prédateurs extraterrestres (cf. Castaneda) et ce sur le plan énergétique, militaire, juridique, militaire ou culturel. Ce pays qui n’en est pas un (Etats-Unis d’Amérique ?) est une nuisance, il est là pour mettre fin au monde ; des dizaines de grands esprits l’ont dit, y compris américains (de Poe à Miller en passant par London ou Sinclair), chacun à leur manière ; mais c’est Dostoïevski qui remarque que l’Amérique jouit d’un charisme extraordinaire digne d’Oz ; elle emmène le monde à sa suite c’est-à-dire à sa destruction ontologique et spirituelle, comme le charmeur de Hamelin emmène ses rats.

91fznKijoQL._AC_SL1500_.jpg

Dostoïevski évoquant des « libéraux russes » :

« Il a légué toute son immense fortune aux fabriques et aux sciences positives, son squelette à l’académie de la ville où il résidait, et sa peau pour faire un tambour, à condition que nuit et jour on exécuterait sur ce tambour l’hymne national de l’Amérique. Hélas ! nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis ; la Russie est un jeu de la nature et non de l’esprit. »

Dostoïevski encore :

« Loin de là, dès le début, nous avions posé en principe, Kiriloff et moi, que nous autres Russes, nous étions vis-à-vis des Américains comme de petits enfants, et qu’il fallait être né en Amérique ou du moins y avoir vécu de longues années pour se trouver au niveau de ce peuple. Que vous dirai-je ? Quand, pour un objet d’un kopek, on nous demandait un dollar, nous payions non seulement avec plaisir, mais même avec enthousiasme. Nous admirions tout : le spiritisme, la loi de Lynch, les revolvers, les vagabonds. »

Tout est dit, et il n’y a rien à faire : si le plus grand écrivain du monde le dit…Les cons adoreront toujours l’Amérique, ils la diviniseront. Et si l’Amérique a donné l’ordre à Ursula (qui d’ailleurs est Américaine) d’exterminer les Européens, elle le fera, et tous les vaccinés Pfizer-Netflix seront d’accord.

1473677_Scan10111.jpg

Le problème est que l’Amérique restera nocive même si elle prend une branlée en Ukraine après en avoir pris une en Afghanistan et ailleurs : car cette entité n’est pas un empire mais une matrice. Et au temps de l’intelligence ou plutôt de l’inintelligence artificielle cette matrice nous renvoie comme elle veut à l’âge de pierre (dixit Kilgore). L’anéantissement culturel occidental est fait sur ordre et Macron est là pour en terminer avec la France, ce territoire repeuplé par un peuple nouveau, toujours très occupé et adorant l’être.

Si vous pensez que j’exagère, lisez les grands historiens libertariens Beard, Flynn, Denson, Raico ou Shaffer Butler. Sur cet appétit de guerre humanitaire et cette imbécillité ontologique, lisez aussi le brillant historien Howard Zinn. Il rappelle dans son histoire populaire de l’Amérique :

« La guerre avait été menée par un gouvernement dont les principaux bénéficiaires - en dépit d'un certain nombre de réformes - étaient les membres de l'élite fortunée de la nation. L’alliance tissée entre le gouvernement et les milieux d'affaires les plus influents remontait aux premières mesures présentées au Congrès par Alexander Hamilton, immédiatement après la guerre d'Indépendance. Quand la Seconde Guerre mondiale survint, cette alliance s'était développée et consolidée (p. 472). »

howard-zinn.jpg

Depuis Hamilton  et la guerre d’indépendance menée par des marchands et des propriétaires esclavagistes (ancêtres de Leyen d’ailleurs), les jeux sont faits. Zinn (photo) ajoute après Tocqueville que l’Amérique va adorer la guerre :

« Illustration d'une vieille leçon apprise par les gouvernements : la guerre règle les problèmes de maintien de l'ordre. Charles Wilson, président de la General Electric Corporation, fut si satisfait de la situation en temps de guerre qu'il proposait de perpétuer l'alliance du militaire et de l'économique afin de pratiquer une « économie de guerre permanente ».

Ralph Raico a parlé de l’épouvantable rôle de Truman, rôle souligné ensuite par Kennan en personne (rappelons que les démocrates sont toujours plus dangereux que les  républicains, y compris, rappelle Zinn, quand il s’agit de baisser jusqu’à extinction les impôts des oligarques et milliardaires) :

« Et c'est ce qui eut lieu. Lorsque, immédiatement après la guerre, l'opinion publique américaine, lassée par les combats, sembla favorable à la démobilisation et au désarmement, l'administration Truman (Roosevelt était mort en avril 1945) travailla à créer une atmosphère de crise et de guerre froide. Certes, la rivalité avec l'Union soviétique était bien réelle - ce pays, sorti du conflit avec une économie effondrée et vingt millions de morts, était en train de faire un incroyable retour en reconstruisant son industrie et en confortant sa puissance militaire. Pourtant, l'administration Truman préférait présenter l'Union soviétique non comme un simple rival mais comme une menace immédiate. »

La guerre sert à faire marcher, même mal, l’économie ; mais la guerre sert aussi à entretenir la peur, qu’elle soit contre le climat, la Russie, la Chine ou le « terrorisme islamique » ; Zinn  ajoute :

« Par une série d'actions, elle instaura un climat de peur - et une véritable hystérie vis-à-vis du communisme - qui entraîna l'escalade progressive du budget de l'armée et la stimulation de l'économie nationale par le biais des commandes militaires. Cette combinaison permettait d'engager des actions plus agressives à l'étranger et plus répressives à l'intérieur du pays (p. 482). »

018035.jpg

Parfois on va un peu trop loin (on est tombé sur un os en Ukraine, quoiqu’en pense les généraux Gamelin ou le colonel yoga – ou Yoda ?…) ; alors le public râle un peu et on fait marche arrière :

« En juillet de la même année, un sondage évaluant la confiance du public à l'égard du gouvernement entre 1966 et 1975 révélait que la confiance en r armée était passée de 62 % à 29 %, la confiance dans le monde des affaires de 55 % à 18 % et la confiance envers le président et le Congrès de 42 % à 13 %. Peu après, un autre sondage révélait que « 65 % des Américains [s'opposaient] à l'idée d'une aide militaire américaine à l'étranger parce qu'ils [pensaient] qu'elle permet aux dictateurs d'opprimer leurs populations (p. 625). »

Rassurez-vous, ce peuple bigarré américain qui est par excellence le peuple nouveau mondialisé-remixé-concassé a aussi une mémoire de poisson rouge. Alors on remet ça, et on en est à 200 guerres (Oliver Stone) menées par le démocratique Oncle Sam. Zinn cite des dizaines d’opérations militaires en Amérique du sud et en Asie (pensons au Japon) dès le dix-neuvième siècle : car on est là pour emmerder le monde, pour le « corriger » dans tous les sens du terme. Oh, cette scène de Shining quand le père sévère explique dans sa pissotière comment il a corrigé ses petites filles…

On termine avec Orwell, qui explique génialement la guerre interminable :

« La guerre, si nous la jugeons sur le modèle des guerres antérieures, est une simple imposture. Elle ressemble aux batailles entre certains ruminants dont les cornes sont plantées à un angle tel qu’ils sont incapables de se blesser l’un l’autre. Mais, bien qu’irréelle, elle n’est pas sans signification. Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée. »

Pour l’élite totalitaire américaine comme pour l’élite totalitaire européenne, la guerre est une affaire intérieure, destinée à faire plier la masse :

« Ainsi qu’on le verra, la guerre est une affaire purement intérieure. Anciennement, les groupes dirigeants de tous les pays, bien qu’il leur fût possible de reconnaître leur intérêt commun et, par conséquent, de limiter les dégâts de la guerre, luttaient réellement les uns contre les autres, et celui qui était victorieux pillait toujours le vaincu. De nos jours, ils ne luttent pas du tout les uns contre les autres. La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société. »

Orwell ajoute même qu’on entre dans un état de cauchemar permanent (pensez à leurs guerres contre l’humain polluant, le pétrole, le gaz, le russe et le virus, etc.) :

« Le mot « guerre », lui-même, est devenu erroné. Il serait probablement plus exact de dire qu’en devenant continue, la guerre a cessé d’exister (p. 243). »

Tu l’as voulu, Georges Dandin…

Références:

https://inventin.lautre.net/livres/Orwell-1984.pdf

https://jugurtha.noblogs.org/files/2018/05/HowardZinn-His...

https://maxencecaron.fr/wp-content/uploads/2010/08/Les-po...

lundi, 30 mai 2022

Civilisations et nations : l'ordre mondial multipolaire de Douguine

33062_image_0-cdde43dc6f077ce1ae264fabc9c12bb0.jpg

Civilisations et nations: l'ordre mondial multipolaire de Douguine

Par Valentina Schacht

Source: https://www.compact-online.de/zivilisationen-und-nationen-dugins-multipolare-weltordnung/?mc_cid=fbd916d5ee&mc_eid=128c71e308

Le philosophe et expert en géopolitique russe Alexandre Douguine aspire à un ordre mondial entièrement nouveau. La guerre en Ukraine en est-elle le prélude ? Dans son dernier livre "Le grand réveil contre le grand reset", il a développé sa pensée de manière décisive.

L'ouvrage d'Alexandre Douguine "Fondements de la géopolitique" (1997) est considéré comme une lecture standard dans les académies militaires russes. Le philosophe et politologue, qui a occupé la chaire de sociologie des relations internationales à l'université Lomonossov de Moscou, y divise la Terre en trois grandes régions principales du point de vue géopolitique: l'île mondiale (Etats-Unis et Grande-Bretagne), l'Eurasie (Europe centrale, Russie et Asie) et les terres marginales (les Etats situés entre les deux grandes régions citées précédemment).

9780954465261_1_75.jpg

Ses réflexions se fondent sur l'eurasisme, une école de pensée philosophique et géopolitique développée dans les années 1920 par des exilés russes autour de Nikolai Trubetzkoy et centrée sur l'idée d'une opposition fondamentale entre la puissance continentale russe et les puissances maritimes anglo-saxonnes.

Selon Douguine, qui a actualisé l'eurasisme, il existait et il existe toujours un conflit permanent entre les deux pôles d'un point de vue géostratégique, mais aussi idéologique: mondialisation et universalisme contre ordre mondial multipolaire et préservation des spécificités culturelles de chacun.

Abandon de l'État-nation ?

Au cœur de la critique de Douguine se trouve la prétention au leadership mondial du libéralisme (et du capitalisme) occidental, qu'il considère - sur ce point, il est d'accord avec son compagnon de route d'un temps, Alain de Benoist - comme la plus grande menace pour les peuples ou comme "l'ennemi principal".

Washington s'efforce d'imposer ce leadership soit par la séduction, soit par des méthodes subversives comme les "révolutions de couleur", soit carrément par la force militaire dans le monde entier. Ceux qui ne se soumettent pas volontairement au diktat du capital financier, à la doctrine du libre-échange ou à des idées telles que l'approche gendériste de l'égalité entre les hommes et les femmes, seront victimes de soulèvements populaires mis en scène et/ou de la guerre, affirme Douguine tout de go.

9782912164841_1_75.jpg

Comme alternative à la mondialisation, Douguine esquisse son "idée eurasienne" ethnopluraliste, qui ne se limite pas à l'espace russo-asiatique et qui s'inspire explicitement du concept de grand espace de Carl Schmitt. Il écrit à ce sujet :

"L'idée eurasienne réunit en elle toutes les approches critiques de la mondialisation. L'eurasisme rejette catégoriquement la vision occidentale du monde selon laquelle la planète est divisée en un centre (le monde anglo-saxon et l'Europe) et des périphéries éloignées (l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Asie). Au lieu de cela, l'idée eurasienne voit le monde comme un ensemble d'espaces de vie politiques, culturels et économiques totalement différents qui correspondent les uns aux autres".

Douguine considère que l'ordre international avec les États-nations comme acteurs politiques souverains, le "système de la paix de Westphalie", est obsolète. Dans les faits, le pouvoir réel serait déjà détenu depuis longtemps par de toutes autres structures - supranationales ou même économiques.

Estimant que cet ordre westphalien ne peut plus être réinstallé, il plaide pour un système de relations internationales avec des "civilisations" (terme qu'il reprend de Samuel Huntington, mais en le réinterprétant selon son point de vue) comme nouveaux acteurs.

Souvent taxé de "nationaliste grand-russe", Douguine s'est démarqué du nationalisme depuis des années :

"Je ne suis pas moi-même un nationaliste, mais un traditionaliste".

Il poursuit :

"Il y a une nécessité géopolitique pour une fédération ou une alliance européenne, quelle qu'en soit la forme, si le continent veut jouer un rôle à l'avenir".

Dans ses "Fondements de la géopolitique", il écrit même :

"Le monde multipolaire ne considère pas la souveraineté des États-nations existants comme une vache sacrée, car cette souveraineté repose sur une base purement juridique et n'est pas soutenue par un potentiel militaire et politique suffisamment fort".

Dans les circonstances actuelles, "seul un bloc ou une coalition d'États peut prétendre à une véritable souveraineté".

9781907847189-475x500-1.jpg

Ensemble plutôt que les uns contre les autres

Outre la "civilisation" occidentale (Amérique du Nord et Europe occidentale), Douguine en identifie six autres, à savoir la civilisation orthodoxe ou eurasienne (les États de l'ex-Union soviétique et certaines parties de l'Europe de l'Est et du Sud), la civilisation islamique (Afrique du Nord, Asie occidentale et centrale et certaines parties de la région Pacifique), la civilisation chinoise (Chine, Taïwan et les États de l'ASEAN), la civilisation indienne (Inde, Népal et Maurice), la civilisation latino-américaine (Amérique du Sud et centrale) et la civilisation japonaise (Japon).

Ce modèle ne tient pas compte de l'Afrique, que Douguine considère comme une "civilisation potentielle" qui a encore besoin de temps pour se développer pleinement et entrer sur la scène politique mondiale.

En ce qui concerne les "civilisations", les nouveaux "pôles du monde multipolaire", il affirme qu'elles doivent être souveraines et dotées d'un centre de pouvoir légal "d'un point de vue juridique formel". Et il écrit :

"La zone dans laquelle une civilisation exerce son pouvoir de domination et fixe les règles du jeu en vigueur doit être différenciée et tenir dûment compte de la composition ethnique et confessionnelle de sa population".

Outre les groupes confessionnels, les classes sociales devraient également être représentées de manière adéquate et "légalement représentées" dans la "civilisation" concernée. Son objectif est en fin de compte une coexistence et une cohabitation plutôt qu'une opposition entre les civilisations et également entre les groupes de population au sein d'une même civilisation.

9781914208591.jpg

En exclusivité chez COMPACT : dans son dernier ouvrage "Le grand réveil contre la grande réinitialisation", Alexander Douguine appelle les Européens à une résistance sans compromis contre les élites mondiales. Un appel à la lutte contre le mondialisme, le transhumanisme, les expériences génétiques et la transformation du monde selon les idées de Klaus Schwab et de son Forum économique mondial. Commander ici: https://www.compact-shop.de/shop/buecher/alexander-dugin-das-grosse-erwachen-gegen-den-great-reset/