vendredi, 30 septembre 2022
L'endommagement sans précédent des deux gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 est un acte de guerre contre l'Europe
L'endommagement sans précédent des deux gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 est un acte de guerre contre l'Europe
par Daniele Dell'orco
Source : Daniele Dell'orco & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-danneggiamento...
L'endommagement sans précédent des deux gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 est un acte de guerre contre l'Europe. C'est la seule considération qui ne laisse aucune place au doute.
Une attaque contre l'Europe menée dans les eaux territoriales européennes. Quels que soient les auteurs du sabotage, sept mois après le début de la crise, il est de plus en plus clair que beaucoup, sinon tous, les prétendants sont d'accord sur une chose : profiter des faiblesses de l'Union européenne, qui, de son propre aveu, est à la fois l'entité qui a le plus à perdre dans cette affaire et qui est la plus couchée. Les explosions des deux tronçons de gazoducs qui déversent plus de 2 milliards d'euros de gaz naturel dans la mer représentent le point le plus bas de l'histoire récente de l'UE.
Au moment où ils en auraient le plus besoin, les citoyens européens voient la ressource vitale, dont ils ne disposent hélas pas eux-mêmes, partir en fumée dans une de leurs propres mers intérieures, car elle se déverse hors des infrastructures que leurs gouvernements ont contribué à construire.
Alors que Nord Stream 2 AG est détenu à 100 % par Gazprom (bien que les Européens aient financé 50 % de l'infrastructure), dans Nord Stream AG, 51 % appartiennent aux Russes, 15,5 % chacun aux Allemands Wintershall Dea et E.ON, 9 % à la société néerlandaise Gasunie et 9 % à la société française Engie. NS 1 a coûté 7,4 milliards d'euros, contre 11 milliards d'euros pour NS 2.
Après la crise des turbines de cet été qui a fait flamber les prix du gaz naturel en Europe, Gazprom a réduit la capacité de pompage de Nord Stream à 20 %, un choix politique évident motivé d'abord par la maintenance d'une turbine dans l'usine canadienne de la société allemande Siemens (les autorités canadiennes n'ont pas voulu rendre l'unité en raison des sanctions anti-russes et l'ont transférée en Allemagne. Gazprom, à son tour, a refusé de prendre la turbine sans preuve documentaire que les sanctions n'affecteraient pas le transport et les réparations ultérieures), puis avec une fuite d'huile sur l'unité, qui a finalement cessé de pomper complètement et pour une période indéterminée.
Nord Stream 2, d'une capacité similaire (55 milliards de mètres cubes) et d'une longueur de plus de 1200 km, a été achevé en septembre 2021 avec du gaz encore plus sophistiqué déjà injecté dans ses deux tronçons, mais après avoir été longtemps combattu par les États-Unis, l'Ukraine et la Pologne, il n'est jamais entré en service car l'Allemagne a suspendu sa certification après que Moscou a reconnu l'indépendance des républiques du Donbass fin février.
Aujourd'hui l'incident est commenté mais avec l'habituel et énième ping-pong de blâmes et de reproches. Le fait qu'il s'agisse d'un sabotage ne fait même pas l'objet d'un débat. Mais il s'agit d'une opération sérieuse et loin d'être anodine, qui nécessite l'intervention de forces spéciales, comme des plongeurs ou un sous-marin. Les dommages causés aux pipelines pourraient être la responsabilité des forces ukrainiennes ou polonaises, dans les deux cas avec le soutien américain. Ceux qui soutiennent cette hypothèse estiment que Kiev pourrait accroître son attractivité de cette manière, puisque le gaz russe qui atteint encore l'Europe circule à partir de gazoducs traversant l'Ukraine (ainsi que TurkStream). En outre, les États-Unis pourraient profiter encore davantage de la hausse déjà massive des achats de GNL par l'UE. Enfin, en rejetant la responsabilité sur la Russie au plus fort de la tension, l'Ukraine pourrait pousser l'Europe à entrer de plain-pied dans le conflit en envoyant des chars, notamment allemands, déjà demandés par le conseiller de Zelensky, Podolyak.
L'autre version serait celle d'une opération russe menée sous faux drapeau, ce qui pourrait provoquer davantage d'incertitude et faire grimper les prix du gaz pour exacerber la crise du coût de l'énergie en Europe, qui s'est quelque peu calmée récemment avec des prix passant de plus de 3000 $ à 1900 $ par 1000 mètres cubes.
Une chose à considérer est que, si d'une part pour la Russie faire sauter une infrastructure qu'elle possède serait insensé d'autant plus qu'elle la contrôle déjà en éteignant simplement un interrupteur pour l'arrêter, d'autre part, précisément parce qu'elle est déjà éteinte, faire sauter des gazoducs ne change pas grand-chose à la politique d'approvisionnement en gaz de l'Europe. Du moins à court terme.
Avec un stockage complet, une consommation réduite et du GNL à volonté, l'UE pense qu'elle compense le manque (en payant des prix plus élevés), et il ne peut y avoir de problèmes qu'à l'avenir, car des pipelines sont nécessaires pour remplir les installations de stockage. Mais en quelques mois, ils pourraient être réparés et, de toute façon, les pays de l'UE ont déjà convenu de réduire leur consommation de gaz l'année prochaine et de diversifier leurs approvisionnements, de sorte qu'il n'est même pas certain qu'ils en auront besoin.
Le sabotage pourrait donc n'être qu'un avertissement à l'Europe que la route vers Moscou est désormais fermée à jamais et qu'il est donc temps de passer aux choses sérieuses. Le plus grand dommage, dans tous les cas, serait causé à la Russie, qui, de toute façon, n'aurait déjà logiquement que très peu de raisons de saboter ses actifs.
Ce qui est certain, en revanche, c'est que nous avons atteint un nouveau stade inquiétant dans l'escalade, précisément dans les mêmes heures où les référendums pour l'adhésion à la Russie des quatre régions, où se sont tenus des référenda, entre le Donbass et le sud de l'Ukraine ont pris fin, et précisément dans les mêmes heures où l'armée ukrainienne encercle Liman et pousse les Russes hors de Kupyansk. Ce sont des moments très tendus. Tant de choses d'une importance capitale se produisent en même temps. Mais le plus grave pour nous tous est qu'aujourd'hui la guerre est officiellement arrivée sur notre territoire.
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L’américanisation et notre nullité terminale
L’américanisation et notre nullité terminale
par Nicolas Bonnal
« Ils ont simplement pris possession d’un butin ouvert à tous ».
Les Américains nous mènent à l’abattoir avec une facilité dérisoire.
La colossale braderie des âmes qui s’opère réduit à néant tous les cultes connus. Le crédit a remplacé le credo, a déclaré notre Marx, et on détruira et remplacera tout parce que c’est le triomphe de la destruction créatrice et du calcul égoïste. Le zombi touriste remplace le bâtisseur de Notre-Dame, du Taj Mahal ou bien de l’Alhambra. Et voyez ce que nos ploucs de la bourse et du business ont fait de Versailles, des îles ou bien d’Ushuaia. Le pauvre a neuf mètres carrés et un smartphone mais comme me dit un vieux promeneur andalou que je croise sur mon bord de mer assiégé, il n’est plus éduqué. Quant au riche, il se fait avoir à peu près partout, tant les prix ont augmenté, tant les prestations ont baissé, et tant ses clones se sont grotesquement multipliés.
L’américanisation… Paraphrasons Oswald Spengler : « la domination mondiale américaine est un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance. »
Plus l’homme moderne est nul, plus il s’américanise. L’américanisme lui ordonne de renoncer à son argent (sauf s’il est milliardaire en gros lards), sa race, sa famille, sa liberté, son sexe, son rang, sa culture, sa nation, sa tradition. Tout cela manifeste une résiliente toxicité qu’on ne cesse ici de dénoncer, mais aussi cet effondrement vieux de deux siècles. Je cite à nouveau Baudelaire, témoin de notre effilochement lors du stupide dix-neuvième siècle :
« Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques; n'implorez d'elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie… »
C’était avant les véganiens et la nouvelle culture branchée du cannibalisme.
Le poète ajoute avant les attentats de Las Vegas :
« Brûler des nègres enchaînés, coupables d'avoir senti leur joue noire fourmiller du rouge de l'honneur, jouer du revolver dans un parterre de théâtre, établir la polygamie dans les paradis de l'Ouest, que les Sauvages (ce terme a l'air d'une injustice) n'avaient pas encore souillés de ces honteuses utopies, afficher sur les murs, sans doute pour consacrer le principe de la liberté illimitée, la guérison des maladies de neuf mois, tels sont quelques-uns des traits saillants, quelques-unes des illustrations morales du noble pays de Franklin, l'inventeur de la morale de comptoir, le héros d'un siècle voué à la matière. »
Et de rajouter que l'américanomanie gagne du terrain vers 1850 chez le clergé catholique:
« Il est bon d'appeler sans cesse le regard sur ces merveilles de brutalité, en un temps où l'américanomanie est devenue presque une passion de bon ton, à ce point qu'un archevêque a pu nous promettre sans rire que la Providence nous appellerait bientôt à jouir de cet idéal transatlantique! »
Il y a donc déficit de notre part. Ortega Y Gasset évoque cette montée de la stupidité que le penseur et économiste oxonien Cipolla a théorisée. Nous ne sommes et ne valons plus grand-chose, et c’est pourquoi, que ce soit sous Macron, Sanchez, Merkel, Hollande, Johnson, Lyen, Truss, nous nous détruisons et nous anéantissons avec allégresse, démographiquement, spirituellement. Le triomphe du féminisme et du multiculturalisme US, dangers autrement plus percutants que l’épouvantail terroriste ou le baril d’islam saoudien, sont là pour le démontrer – et pour nous absorber.
Ce n’est pas la première fois que cela se produit, comme le rappela Oswald Spengler :
« La domination mondiale romaine fut un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance ».
Je trouve géniale cette phrase, moi qui aime surtout dans le monde romain les textes lucides sur sa décadence, en oubliant quelques lueurs comme l’Enéide (chant VI), les bonnes lettres de Sénèque ou le songe de Scipion (Cicéron, République). Pour le reste on est formidablement proche de notre entropie actuelle (un autre qui en parle est Ugo Bardi, chimiste de formation mué historien de vocation sur Lesakerfrancophone.fr).
On ne va pas rappeler notre époque et sa soumission, et son adoration, et sa déification des américains. L’action Boeing triplait pendant le scandale du Boeing 737, ce qui signifie que nous voulons mourir – nous « crasher » - par et pour ces dieux américains qui nous hypnotisent (cf. mes rappels de Guénon à ce sujet : le monde moderne est hallucinatoire).
Spengler donc, qui remet notre empire romain, sa bureaucratie, son homogénéisation, ses thermes et son multiculturalisme à leur place :
« Considéré en soi, la domination mondiale romaine était un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté - que les Romains n'avaient jamais eu depuis Zama - mais d'un déficit de résistance de l'autre. Que les Romains n'aient pas conquis le monde est certain; ils ont simplement pris possession d'un butin ouvert à tous. L'Imperium Romanum a été créé non pas à la suite d'efforts militaires et financiers aussi extrêmes que ceux qui avaient caractérisé les guerres puniques, mais parce que l'Orient ancien renonçait à toute autodétermination externe. L’apparition de brillants succès militaires ne doit pas nous induire en erreur. Avec quelques légions mal entraînées, mal dirigées et maussades, Lucullus et Pompée ont conquis des royaumes entiers - un phénomène qui aurait été impensable à l'époque de la bataille d'Issus… »
Au passage, et toujours dans son introduction, Spengler, dont on a fait un distrait poète, mais qui est surtout un naturaliste compétent, nous voit déjà cuits culturellement, et à l’époque de Picasso, Schoenberg et Stravinsky encore :
« Qu'il s'agisse de peinture ou de musique de qualité, il ne peut plus y avoir de question pour les Occidentaux. Leurs possibilités architecturales sont épuisées depuis cent ans. Seules d’extensives possibilités leur sont laissées… »
Depuis nous avons touché le fond, mais nous creusons encore. C’est ce qu’on nomme l’art contemporain, qui recouvre et pollue Versailles et les ronds-points de l’ancienne France.
L’empire romain exerce sa fascination comme aujourd’hui notre matrice US. Spengler :
« Il existe un type d'érudit dont la clarté de la vision tombe sous un charme irrésistible lorsqu'il passe d'une redingote à une toge, d'un terrain de football britannique à un cirque byzantin, d'un chemin de fer transcontinental à une voie romaine dans les Alpes, d'un destroyer de trente nœuds à une trirème, des baïonnettes prussiennes aux lances romaines - de nos jours même, du canal de Suez d'un ingénieur moderne à celui d'un pharaon. »
Hypnose, quand tu nous tiens…
Spengler rappelle les conditions romaines, notamment dans le domaine… immobilier :
« Pour moi, c’est un symbole de la première importance que dans la Rome de Crassus - le triumvir et le spéculateur de chantier tout-puissant - le peuple romain avec ses inscriptions fières, le peuple devant lequel tremblaient Gaulois, Grecs, Parthes, Syriens, vive dans une misère effrayante dans des établissements de plusieurs étages de banlieues sombres, acceptant avec indifférence ou même avec une sorte d'intérêt sportif les conséquences de l'expansion militaire: beaucoup de familles célèbres et nobles, beaucoup de descendants des hommes qui ont vaincu les Celtes et les Samnites ont perdu leurs maisons ancestrales en se tenant à l'écart de la précipitation sauvage de la spéculation et ont été réduits à louer des appartements misérables… le long de la voie Appienne, où se trouvent les tombes splendides et encore merveilleuses des magnats financiers, les cadavres de la population ont été jetés avec des cadavres d’animaux, la ville ayant été abandonnée dans une fosse commune monstrueuse… »
La ville se dévore elle-même, comme disait un Guy Debord impressionné par Mumford, elle est devenue cetamas de détritus urbainsqui constitue l’universelle mégapole… quant aux vieilles familles, elles ne font plus rêver personne en occident depuis longtemps : elles ont été, comme les rois, réduites à l’état de larves people.
A la place du spéculateur Crassus on a le spéculateur Donaldus qui bute aussi sur les iraniens, pardon, sur les parthes : lisez la vie de Crassus de Plutarque qui vous expliquera mieux que Wikipédia comment les parthes en finirent avec lui (Crassus)…
Et cette cerise sur le gâteau (ou sur le catho, pensez à cet antipape et à sa pacha Mama) sur notre apocalypse touristique :
« dans Athènes dépeuplée, qui vivait de visiteurs et de la richesse de riches étrangers, la foule de touristes parvenus de Rome resta bouche bée devant les œuvres de l'époque péricléenne avec aussi peu de compréhension que le globe-trotter américain de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, tous pièce d'art amovible ayant été enlevée ou achetée à un prix avantageux pour être remplacée par les bâtiments romains qui ont grandi, colossaux et arrogants, à côté des structures basses et modestes de l'ancien temps… »
L’épuisement du monde actuel, toujours plus lâche et stérile, ne se peut expliquer une nouvelle fois que par Guénon. Notre désindustrialisation sur ordre (n’en déplaise à tel lecteur à la fois peu instruit et malpoli), qui marque l’américanisation, a une dimension tératologique. Après l’époque de la solidification, survient la désintégration bien méphitique. Lisez l’intuition de Guénon sur les fissures de la grande muraille pour vous en convaincre. Dans le monde déchristianisé où nous évoluons, règne un satanisme extatique et cultuel sur fond d’églises cramées. A la pollution des Indes ou au smog du collectionneur Dorian Gray succèdent Netflix et sa froide inculture Illuminati.
Sources
René Guénon - Règne de la quantité, XXV
Guy Debord – La Société du Spectacle, § 174
Lewis Mumford – La Cité dans l’Histoire
Philippe Grasset - La Grâce de l’Histoire, le deuxième cercle, éditions mols
Nicolas Bonnal – Tolkien (Avatar), Les Territoires protocolaires (Maule)
Charles Baudelaire – Préface aux œuvres traduites d’Edgar Poe (ebooksgratuits.com)
Oswald Spengler, déclin de l'occident, introduction, archive.org
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jeudi, 29 septembre 2022
Les Patriotes créent la pression en Russie
Les Patriotes créent la pression en Russie
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/23/patriootit-luovat-painetta-venajalla/
La Russie a libéré des soldats britanniques et des membres du bataillon Azov en échange de prisonniers. Cette décision a suscité l'indignation des milieux patriotes russes, où l'"opération militaire spéciale" en Ukraine a déjà été critiquée comme étant inadéquate.
Comme je l'ai déjà dit, il semble que l'on ne comprenne pas, ici en Finlande et dans d'autres pays de la zone euro, que le régime de Poutine a été très pro-occidental, mais qu'il a été contraint de mener une guerre hybride dans une situation où l'élite au pouvoir en Occident veut briser la Fédération de Russie comme fut jadis brisée l'Union soviétique.
La véritable "opposition" en Russie, les forces patriotiques de droite et de gauche, font pression sur le régime de Poutine. Il existe plusieurs camps idéologiques dans le grand pays qui, dans des circonstances exceptionnelles, peuvent faire entendre leur voix plus clairement.
Les libéraux systémiques, composés principalement d'oligarques et de responsables d'institutions financières publiques, ont exprimé leur inquiétude quant aux conséquences de la guerre pour l'économie russe. Mais il existe d'autres groupes, des communistes aux monarchistes en passant par les gens de droite, qui critiquent Poutine pour des raisons totalement différentes.
Le New York Times (et le journal finlandais Helsingin Sanomat, qui imite le ton des articles du quotidien américain) qualifie cet ensemble diversifié de "parti de la guerre". Il se compose d'agences de sécurité, du ministère de la Défense et de personnalités influentes dans le domaine des médias et de la politique, couvrant l'ensemble de l'écosystème de la radio nationale. Ses partisans n'ont cessé de critiquer l'approche douce du Kremlin dans le conflit ukrainien.
Le "Parti de la guerre" s'est fait entendre depuis avril, appelant à la prise de contrôle de Kiev et au renversement du gouvernement Zelensky. Jusqu'à présent, le niveau de critique a été gérable pour l'administration Poutine.
Cependant, la situation a commencé à changer en août, lorsque la fille du politologue Aleksandr Douguine, Darya Douguina, a été assassinée à Moscou. L'attaque est soupçonnée d'avoir été perpétrée par des Ukrainiens, mais cela est démenti en Occident. Cependant, la chaîne ukrainienne Telegram a fait l'éloge de cet acte et a suggéré d'autres assassinats de militants nationalistes russes.
Le chef d'État tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui a fortement soutenu Poutine, a également exprimé son mécontentement quant à la conduite de l'opération militaire et à l'échange de prisonniers, après les sacrifices consentis par les forces russes. Kadyrov a déjà envoyé d'autres combattants tchétchènes en Ukraine.
Gennady Zyuganov (photo), le chef du parti communiste qui a écrit un livre sur Staline, appelle également à une "mobilisation maximale des forces et des ressources" et demande au Kremlin d'appeler le conflit une "guerre" et non une "opération spéciale". Les communistes ont également proposé la reconnaissance des républiques populaires d'Ukraine orientale en janvier dernier.
Leurs critiques ont manifestement été bien accueillies. La "mobilisation partielle" de quelque trois cent mille soldats par Poutine est un soutien majeur. On soupçonne également qu'il s'agit du coup d'envoi de la totalitarisation de la société russe, même si la loi martiale n'a pas encore été déclarée.
De même, la tenue de référendums - à Donetsk et Luhansk à l'est, et à Kherson et Zaporijia au sud - redéfinira les termes du conflit d'une manière qui conviendra également aux critiques bellicistes du président russe.
Mon opinion personnelle est que le régime de Poutine devra adopter une ligne de plus en plus illibérale et plus dure. Il est presque certain que le régime qui lui succédera ne fera pas preuve de la même tolérance à l'égard des provocations occidentales. La Finlande pourrait elle aussi subir des réprimandes pour son arrogance et sa complicité avec l'Occident.
18:44 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, actualité, politique internationale, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Hongrie démocratique: les citoyens peuvent voter sur les sanctions contre la Russie
Hongrie démocratique: les citoyens peuvent voter sur les sanctions contre la Russie
https://zuerst.de/2022/09/28/demokratisches-ungarn-buerger-duerfen-ueber-russland-sanktionen-abstimmen/
Budapest. On ne peut que rêver d'une telle démocratie dans notre pays : en Hongrie, les citoyens auront bientôt l'occasion de se prononcer par référendum sur les sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie. Selon les déclarations répétées du gouvernement hongrois, celles-ci ne nuisent qu'à l'Europe elle-même et ne sont en outre pas légitimées par la volonté de la population.
"Les sanctions n'ont pas été décidées de manière démocratique, ce sont les bureaucrates de Bruxelles et les élites européennes qui en ont décidé", a déclaré M. Orbán lundi au Parlement de Budapest, ajoutant : "Bien que les citoyens européens en paient le prix, on ne leur a pas demandé leur avis".
Dans le cadre d'une "consultation nationale", le gouvernement hongrois sera donc "le premier en Europe à demander l'avis des citoyens sur les sanctions contre la Russie", a annoncé Orbán.
Par le passé, le gouvernement Orbán a régulièrement organisé des référendums sur des questions politiques clés, comme la législation nationale sur la protection de l'enfance, ce qui lui a régulièrement valu des critiques de l'UE. (mü)
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L'ancien chef du Pentagone a révélé les plans de psycho-guerre américains contre la Russie
L'ancien chef du Pentagone a révélé les plans de psycho-guerre américains contre la Russie
par Andrew Korybko
Source: https://www.ideeazione.com/lex-capo-del-pentagono-ha-rivelato-i-piani-di-psico-guerra-degli-stati-uniti-contro-la-russia/
C'est le comble du "politiquement incorrect" de reconnaître que les États-Unis mènent une guerre psychologique (psywar) contre les autres puissances, puisque le dogme, attaché à la croyance suprématiste, serait alors discrédité en son propre "exceptionnalisme", qui prétend que tout le monde sur terre est déjà attiré par les modèles américains, rendant ainsi toute gestion de la perception inutile. La réalité, cependant, est que les États-Unis ont toujours mené des guerres psychologiques contre leurs adversaires géopolitiques et continueront à le faire.
Cela est particulièrement vrai pour la Russie, comme l'ancien directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA) David R. Shedd (photo) l'a étonnamment admis dans un article pour Politico intitulé "Waging Psychological War Against Russia", qu'il a cosigné avec Ivana Stradner, consultante du Barish Center for Media Integrity, de la Foundation for Defense of Democracies. Au lieu de s'accrocher à la tactique éprouvée qui consiste à vendre le rêve américain aux Russes, ils suggèrent de manipuler le "nationalisme" de leurs cibles.
En termes simples, ils estiment que les objectifs stratégiques de l'Amérique peuvent être poursuivis plus efficacement en faisant tout ce qui est possible pour discréditer les réalisations impressionnantes du président Poutine au cours des deux dernières décennies, qui ont conduit la Russie à restaurer son statut historique de puissance mondiale. À cette fin, ils proposent de souligner l'"isolement" de la Russie par rapport à l'Occident, d'insister sur ses prétendues pertes en Ukraine, d'être obsédés par la corruption, d'attiser le sentiment ethno-séparatiste et d'employer des agents d'influence.
Les deux derniers sont particulièrement significatifs car ils font référence au fantasme politique de "balkaniser" la Russie et au recrutement actif d'influenceurs sur les médias sociaux. Ces propositions confirment involontairement l'évaluation qu'a posée le président Poutine, la semaine dernière, selon laquelle l'Occident représente une menace existentielle pour son État civilisationnel, historiquement diversifié, et démontrent également pourquoi le Kremlin a promulgué une législation de grande envergure contre les agents étrangers. Par conséquent, on peut conclure que les plans révélés publiquement par les deux sont contre-productifs.
Non seulement ils confirment tout ce que la Russie soupçonnait à propos de l'Occident dirigé par les États-Unis, mais ils discréditent également toute narration récente qui serait liée à leurs propositions, car toute personne connaissant le scénario qu'ils proposent se demandera si les détails sont vrais ou s'ils font partie des plans de guerre psychologique de l'ancien chef de la DIA. La seule raison pour laquelle lui et sa co-autrice se vantent de ce qu'ils font, c'est qu'ils pensent avec arrogance que personne d'autre que les experts en politique occidentale ne lira leur article.
Le fait est qu'ils viennent de vendre la mèche sur les moyens par lesquels le milliard d'or mène sa guerre psychologique permanente contre la Russie, qui va à l'encontre des intérêts stratégiques de leur camp et favorise ceux de Moscou. En se rappelant que "Tous les partisans du multipolarisme peuvent encore aider la Russie même sans se joindre à sa mobilisation partielle", ceux qui sont intéressés à le faire devraient partager cet article sur tous les médias sociaux qui s'alignent sur ce complot de guerre psychologique afin de l'exposer.
Publié dans la cadre du partenariat avec One World
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Sabotage de Nord Stream 1 & 2
Sabotage de Nord Stream 1 & 2
par le comité de rédaction de Katehon
Source: https://www.ideeazione.com/il-sabotaggio-del-nord-stream-2/
Le 26 septembre, une fuite de gaz a été signalée sur les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2. L'opérateur du gazoduc a déclaré que l'incident, marqué par une chute de pression au niveau de Nord Stream 2, s'est produit dans la zone économique exclusive danoise, au sud-est de Bornholm. Les gazoducs offshore Nord Stream et Nord Stream 2 ont une capacité combinée de 110 milliards de m3. Aucun gaz n'était pompé au moment de l'urgence, mais il y avait du gaz de procédé à l'intérieur qui a atteint la surface de la mer.
Le ministère danois de la Défense a déclaré que la frégate Absalon et le navire environnemental Gunnar Thorson ont été envoyés sur le site de la fuite des pipelines Nord Stream et Nord Stream 2 en mer Baltique pour évaluer les circonstances.
Le Premier ministre danois a poursuivi en disant que les fuites des gazoducs Nord Stream sont considérées comme le résultat d'une action délibérée. Le journal Berlingske, citant l'Autorité énergétique danoise, a également rapporté que les fuites de Nord Stream pourraient être le résultat d'une action délibérée, car "il n'y a pas seulement une petite fissure mais, au contraire, un très gros trou".
La police suédoise, pour sa part, a déclaré avoir lancé une enquête préliminaire sur un éventuel sabotage lié à cette fuite de gaz de Nord Stream 1 dans la mer Baltique. "Nous avons rédigé un rapport et classé le crime comme relevant d'un sabotage grave", a déclaré un porte-parole de la police nationale.
Les sismologues suédois, pour leur part, ont déclaré que plusieurs explosions ont été détectées et que la deuxième explosion de Nord Stream était d'une puissance équivalente à plus de 100 kg de dynamite. Il s'agit donc clairement d'un sabotage délibéré.
Les dommages subis par les gazoducs offshore du système Nord Stream sont sans précédent. Il n'est actuellement pas possible d'estimer combien de temps il faudra pour restaurer l'infrastructure gazière de Nord Stream.
Coupables possibles
L'hebdomadaire Spiegel, citant des sources, écrit que les autorités américaines ont averti l'Allemagne, il y a plusieurs semaines, d'éventuelles attaques contre les gazoducs des États riverains de la mer Baltique.
Le 7 février, le président américain Joe Biden avait déclaré ouvertement : "Si la Russie envahit, je veux dire, si ses chars et ses troupes traversent la frontière ukrainienne, une fois de plus, il n'y aura plus de Nord Stream 2, nous y mettrons fin... Nous le ferons... Je vous promets que nous pouvons le faire". L'ancien ministre polonais des Affaires étrangères Radek Sikorski (qui a étudié au Royaume-Uni et a été longtemps citoyen de ce pays, ayant même été ministre) a remercié dans un tweet les États-Unis pour avoir saboté Nord Stream.
La presse néo-conservatrice américaine a décrit la situation avec un cynisme particulier, suggérant que l'Allemagne en souffrira. Et en tentant d'indiquer que c'est dans l'intérêt de la Russie. 'Trois pertes en deux jours ? Wow, quelle honte ! Il semble que le gazoduc s'effondre et qu'il ne sera tout simplement pas un moyen fiable d'acheminer le gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne. Je pense que les espoirs de voir l'Allemagne et la Russie mettre de côté leurs différends concernant l'invasion de l'Ukraine et restaurer la dépendance à long terme de l'Allemagne vis-à-vis de l'énergie russe ne se concrétiseront pas dans un avenir proche. Une chance terrible pour Vladimir Poutine et le Kremlin, qui pensaient manifestement qu'un hiver froid avec des approvisionnements énergétiques limités forcerait l'Allemagne et d'autres pays européens à revenir à la table des négociations. Presque n'importe qui aurait pu bloquer le pipeline, mais celui qui l'a fait voulait s'assurer que les pipelines Nord Stream ne seraient pas utilisés pendant longtemps".
Des tentatives similaires de blâmer la Russie ont suivi de la part de plusieurs politiciens européens et américains. Mais comme le transit du gaz vers l'Allemagne passe désormais par l'Ukraine, il ne s'agit pas de bloquer complètement le gaz, mais d'exclure l'exploitation de corridors de transport de gaz passant exclusivement par la mer Baltique. Cela profite non seulement à l'Ukraine, mais aussi à la Pologne, aux États baltes et, indirectement, aux États-Unis. Le timing du sabotage est tel que les investissements des pays européens dans le gazoduc et l'intérêt pour le gaz russe ne sont plus une priorité. Même si le prix de l'essence a de nouveau augmenté depuis l'incident.
Outre les déclarations, d'autres preuves indiquent l'implication des États-Unis dans l'accident. Il a été enregistré que des hélicoptères et des avions militaires américains ont volé à plusieurs reprises le long de la route du Nord Stream. Ces manœuvres ont eu lieu dans la première moitié du mois de septembre. On sait que des hélicoptères Sikorsky MH-60S utilisant l'indicatif FFAB123 étaient impliqués.
BALTOPS-22, un exercice dirigé par les États-Unis, s'est déroulé en été dans la région de l'île de Bornholm, près du site du sabotage. Il a été rapporté que "la marine américaine continue d'utiliser l'exercice comme une occasion de tester de nouvelles technologies... En soutien à BALTOPS, la 6ème flotte de la marine américaine, en collaboration avec les centres de recherche et de guerre de la marine, a déployé les dernières avancées en matière de drones de détection de mines sous-marines dans la mer Baltique pour démontrer leur efficacité dans des scénarios opérationnels. L'expérience a été menée au large de Bornholm, île danoise, avec des participants du Pacific Information Warfare Center de la Marine, du Newport Underwater Warfare Center de la Marine et du Mine Warfare Readiness and Performance Measurement Center, sous la direction de l'US Navy 6th Fleet Task Force 68.
Le 22 septembre, un détachement de navires de l'US Navy, dirigé par le navire d'assaut amphibie polyvalent Kearsarge, quitte la mer Baltique pour la mer du Nord. On peut supposer que les sous-mariniers américains auraient pu placer des mines sous trois points du pipeline, puis faire exploser les dispositifs (à distance ou en mode différé).
Washington est clairement à l'origine d'une escalade. Il est difficile de prévoir quel sera le prochain coup : détournement d'un navire de transport ou pillage des propriétés russes à l'étranger. Évidemment, il faut être prêt à toute provocation et donner une réponse immédiate et ferme.
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mercredi, 28 septembre 2022
Détruire le gazoduc Nord Stream et "Fuck the EU !"
Détruire le gazoduc Nord Stream et "Fuck the EU !"
Par Dimitris Konstantakopoulos
Source: http://www.defenddemocracy.press/destroy-the-nord-stream-fuck-the-eu/
"Merci les USA" écrit sur son compte twitter l'ancien ministre des affaires étrangères de Pologne, membre du comité directeur du Club Bilderberg et actuel député européen Roman Sikorski (https://news.antiwar.com/2022/09/27/explosions-cause-major-damage-to-both-nord-stream-pipelines/). Sikorski fait référence au sabotage, selon toutes les indications, des deux pipelines sous-marins Nord Stream capables de transporter le gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne. Sikorsky se réjouit que la Russie paie le prix de ses opérations en Ukraine et voit le pipeline de vingt milliards de dollars gisant inutilisable dans les profondeurs de la mer Baltique.
Les États-Unis nient bien sûr avoir un quelconque lien avec le sabotage du gazoduc. Mais normalement, les soupçons se portent sur eux, étant donné les nombreuses déclarations de responsables américains contre les deux pipelines. En janvier dernier par exemple, le président Biden lui-même a eu le dialogue suivant avec des journalistes :
Président Biden : "Si la Russie nous envahit... alors il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin".
Journaliste : "Mais comment ferez-vous cela, exactement, puisque... le projet est sous le contrôle de l'Allemagne ?"
Biden : "Je vous promets que nous serons en mesure de le faire". (http://abcn.ws/3B5SScx).
Quant à la secrétaire d'État adjointe Victoria Nuland (et l'un des protagonistes du coup d'État à Kiev en 2014), elle l'a dit en janvier dernier : "Si la Russie envahit l'Ukraine, d'une manière ou d'une autre, Nord Stream 2 n'avancera pas" (souligné par nous).
Maintenant, Zelenski s'est précipité pour accuser la Russie d'être responsable du sabotage. Cette affirmation est plutôt ridicule comme l'était son autre affirmation selon laquelle les Russes bombardaient la centrale nucléaire de Zaporizhie, ce qui l'occupe (ou l'accusation contre Poutine selon laquelle il est responsable de l'assassinat d'un journaliste russe soutenant sa campagne ukrainienne à Moscou).
Bien que ridicules, de telles affirmations sont utiles aux forces extrémistes et aux services secrets qui contrôlent et utilisent le président ukrainien comme un provocateur international, afin même d'intervenir dans la vie intérieure de l'Allemagne au nom du "parti de la guerre" international.
Dans un environnement public occidental dominé par l'hystérie anti-russe, il est presque impossible de trouver des médias qui exposent le ridicule de telles affirmations, notamment par crainte de paraître pro-russe.
Confrontés au dilemme de croire les moyens auxquels ils font confiance ou leur esprit contre eux, les citoyens sont jetés dans une confusion généralisée. C'est aussi la logique de Goebbels: mentez, mentez, il en restera quelque chose.
Avec les deux pipelines en bon état, la Russie tient largement en main l'approvisionnement énergétique de l'Allemagne. Moscou peut fournir du gaz si elle le souhaite ou peut refuser de le faire. Pour que les pipelines soient une arme entre ses mains, comme l'affirme Bloomberg, la Russie a besoin que les pipelines existent et puissent fonctionner.
Mais si les gazoducs sont en état de marche, l'Allemagne peut aussi, si elle décide de changer sa politique à l'égard de l'Ukraine, par exemple sous la pression du manque d'énergie, rétablir immédiatement le flux complet du gaz russe vers elle.
Au contraire, avec les deux pipelines hors service, Berlin est désespérément dépendante des États-Unis pour son approvisionnement en énergie, il lui sera donc beaucoup plus difficile de changer de politique sur l'Ukraine, si elle le souhaite.
En d'autres termes, ce que le sabotage des deux pipelines accomplit, c'est qu'il prive d'une part la Russie de son "arme" et que, d'autre part, il lie l'Allemagne et, d'une manière plus générale, l'Europe, à la politique belliciste de l'OTAN qui continue son action contre la Russie. Cela prouve ainsi, une fois de plus, que nous n'avons pas seulement affaire à une guerre contre la Russie, mais, aussi, à une guerre indirecte contre l'Europe lancée par l'"Empire".
C'est l'Europe qui paie le coût des sanctions, son économie étant désormais sous la menace d'un effondrement complet, d'autant plus que le conflit autour de l'Ukraine s'intensifie. Les Etats européens, leur économie, leurs forces armées et leurs services secrets deviennent plus que jamais dépendants des Etats-Unis. L'Europe perd toute possibilité de cultiver des relations équilibrées avec Washington et Moscou, ce qui est une condition préalable à toute autonomie européenne. Elle se transforme en vassal total des Etats-Unis (Oscar Lafontaine : "L'Allemagne agit comme un vassal américain dans la guerre d'Ukraine" | cf. Defend Democracy Press) et de l'Empire international de la finance "super-impérialiste" (pour reprendre la terminologie de Kautsky) qui dirige l'"Occident collectif".
Cela ne doit pas être une surprise pour ceux qui connaissent les stratégies américaines et, en particulier, celles des néocons. L'une des idées principales qui sous-tendent leurs textes, comme par exemple le rapport Wolfowitz ou le Projet pour un nouveau siècle américain, est que Washington doit tout faire pour ne pas permettre à deux des pôles de puissance mineurs du monde (par exemple l'Europe et la Russie ou la Russie et la Chine) de développer des relations privilégiées entre eux, car dans ce cas ils remettraient en cause la domination mondiale des Etats-Unis.
La destruction des relations Europe - Russie est un objectif secondaire, non déclaré mais très important de la politique ukrainienne des Etats-Unis depuis de nombreuses années. Nous avons eu une manifestation de cette politique lors de la crise ukrainienne de 2014. Les ministres des affaires étrangères français, allemand et polonais se sont alors rendus à Kiev et ont négocié un accord permettant une sortie pacifique de la crise. Les auteurs du coup d'État, dont le Secteur droit et d'autres paramilitaires d'extrême droite, ont attendu que leur avion quitte Kiev et, aussitôt après, ont lancé leur provocation suivie immédiatement de leur coup d'État armé contre Ianoukovitch.
Une phrase prononcée alors par Victoria Nuland est devenue célèbre : "Fuck the EU!".
Nous devons maintenant souligner le fait que trop peu d'Etats ont la capacité technique d'entreprendre une opération comme celle qui a été mené contre le Nord Stream et, également, une chance raisonnable de la garder secrète pendant une longue période après celle-ci. Je crois qu'il nous est conseillé de ne pas tirer de conclusions hâtives quant à savoir qui était directement responsable.
Au contraire, il est presque certain que le sabotage des pipelines (alors que les référendums dans le Donbass et ailleurs avaient lieu), a été planifié et décidé par les centres de pouvoir de l'"Empire profond" et du "Parti de la guerre", contrôlant tout l'"Occident collectif" et même les États-Unis eux-mêmes. Nous avons vu l'action de ce parti à plusieurs reprises, non seulement sur le front de la crise ukrainienne, mais aussi de celles du Moyen-Orient et de la Chine. Maintenant, ils semblent avoir détourné, en quelque sorte, tout l'establishment politique occidental.
À propos, Mme Victoria Nuland est une personne clé qui relie tous ces "fronts". Elle était la conseillère du républicain Dick Cheney lorsqu'il a lancé les guerres au Moyen-Orient et elle était également secrétaire d'État adjointe sous le président démocrate Obama, lorsque la crise ukrainienne a éclaté.
Tant que le parti de la guerre ne rencontre aucune résistance sérieuse, que ce soit de la part de l'establishment politique, économique et médiatique occidental, ou des mouvements et partis de masse en Europe et en Amérique, ou des prétendus "intellectuels", il peut généraliser sans limites le conflit avec la Russie. Ils ne provoqueront pas la défaite de la Russie comme ils l'espèrent, mais ils tendent à conduire l'"Occident collectif" au néo-fascisme ("néoclassique" ou "postmoderne") et à une guerre mondiale totale.
Malheureusement, la plupart des politiciens, intellectuels, analystes ou activistes européens, même ceux qui, parmi eux, sont considérés comme radicaux, car ils ont vécu toute leur vie dans des temps relativement libres et prospères, semblent être organiquement incapables de réaliser pleinement vers quel type de précipice nous nous dirigeons et d'agir en conséquence.
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Le doute n'est plus permis: les gazoducs de Nord Stream ont été sabotés
Le doute n'est plus permis: les gazoducs de Nord Stream ont été sabotés
Source: https://zuerst.de/2022/09/28/zweifel-ausgeschlossen-die-nord-stream-pipelines-wurden-gesprengt/
Bornholm/Copenhague. Un jour après la destruction des deux tronçons du gazoduc Nord Stream en mer Baltique, le gouvernement fédéral allemand pense lui aussi qu'il s'agit d'un attentat. Le ministre allemand de l'Economie, M. Habeck (Verts), a déclaré mardi lors d'un événement organisé par les principales associations économiques que l'on sait désormais avec certitude que les dommages causés au pipeline "ne sont pas dus à des incidents ou événements naturels ou à la fatigue des matériaux, mais qu'il y a vraiment eu des attaques contre l'infrastructure".
Plusieurs observatoires sismologiques ont enregistré une activité dans la zone maritime autour de l'île de Bornholm en mer Baltique, suggérant des explosions. Les données sismiques indiquaient clairement que les explosions se produisaient dans l'eau et non dans la roche sous le fond marin, a déclaré Bjorn Lund, sismologue au Réseau sismique national suédois de l'Université d'Uppsala. Il ne peut pas s'agir de tremblements de terre ou de glissements de terrain.
Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs font état d'une force navale américaine avec le navire d'attaque amphibie USS "Kearsarge" (identification internationale de la coque: LHD-3), qui se trouvait au large de Bornholm ces derniers jours. Le 21 septembre, la flottille a désactivé son système d'identification automatique (AIS). Le 23 septembre, l'unité a de nouveau quitté la mer Baltique par le Fehmarnbelt. Sur le réseau, il est indiqué qu'une éventuelle explosion peut avoir eu lieu avec un certain retard.
D'autres observateurs rappellent que le président américain Biden a annoncé sans ambiguïté, lors de la première visite du chancelier Scholz le 8 février 2022, qu'une attaque russe contre l'Ukraine signifierait la fin du Nord Stream 2. Biden avait alors déclaré textuellement : "Si les troupes et les chars russes traversent la frontière de l'Ukraine, il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin". Une journaliste a insisté : "Comment comptez-vous faire exactement ? Puisque le projet et le contrôle du projet sont sous le contrôle de l'Allemagne ?" Ce à quoi Biden a répondu : "Je vous promets que nous y arriverons".
L'eurodéputé polonais Radek Sikorski, ancien ministre polonais de la Défense et l'un des critiques les plus virulents du projet de pipeline depuis des années, en sait peut-être plus lui aussi - il a posté le lendemain de l'attaque une photo de la surface de la mer au-dessus des fuites du pipeline, accompagnée d'un message : "Thank you, USA".
Alors que l'on peut tout de même reconnaître aux Etats-Unis un intérêt considérable dans la mise hors service du pipeline, la communication stratégique des états-majors de propagande occidentaux commence déjà à s'approprier l'affaire. Le premier à avoir évoqué la Russie comme auteur de l'attaque est le scientifique militaire et officier de marine norvégien Tor Ivar Strömmen : "Je ne vois qu'un seul acteur possible, et c'est la Russie", a déclaré l'officier, cité par les médias. Moscou ne veut pas assumer la responsabilité de l'arrêt de ses livraisons de gaz. (mü)
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18:38 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, mer baltique, nord stream | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les guerres illégales de l’OTAN
Les guerres illégales de l’OTAN
par Yannick Sauveur
Source: Eurasia, 4/2022 - Le guerre illegale della NATO.
Les journaux titrent "La guerre en Europe" tout en se gardant bien de préciser que cette guerre en Ukraine n’a pas démarré le 24 février 2022. En informateurs zélés au service de leurs sponsors occidentaux, ils passent sous silence les tensions qui agitent ce pays au cœur de l’Europe centrale depuis près de 20 ans : révolution orange en 2004, coup d’Etat de 2014, massacre de 14 000 de leurs concitoyens russophones dans le Donbass. Cette guerre n’est pas non plus la première en Europe depuis 1945. Une guerre atroce a accompagné dès 1992 le démantèlement de l’ex-Yougoslavie avec en point d’orgue les bombardements sur Belgrade en 1999.
Cette guerre au cœur de l’Europe rappelle opportunément le rôle de l’OTAN. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ou Traité de Washington est signé à Washington le 4 avril 1949 au début de la guerre froide, en réaction au blocus de Berlin exercé par les Soviétiques (juin-juillet 1948). À l’origine, l’OTAN comprend les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, les pays du Benelux, le Canada, le Danemark, l’Islande, l’Italie, la Norvège, le Portugal. La Grèce et la Turquie rejoignent l’OTAN en 1952 et l’Espagne en 1982. L’OTAN est généralement présentée comme une alliance défensive face à un ennemi, le bloc soviétique. Or, le Pacte de Varsovie (le pendant de l’OTAN) ne prend forme que six ans plus tard. Signé le 14 mai 1955, il l’est en réaction à l’adhésion de l’Allemagne de l’Ouest (RFA) à l’OTAN (6 mai 1955).
Si la « justification » de l’OTAN résidait dans la menace soviétique, celle-ci n’existant plus avec la disparition de l’URSS (1991) et concomitamment la dissolution du Pacte de Varsovie (juillet 1991), en toute logique, l’OTAN n’avait plus sa raison d’être. Or, non seulement, l’OTAN continua d’exister mais de surcroît, elle continua de s’étendre contrairement aux engagements pris.
Il n’est pas inutile de rappeler que James Baker, Secrétaire d’État des États-Unis, sous l’autorité du président Ronald Reagan, avait promis à la Russie, par l’entremise de Mikhail Gorbatchev, que l’OTAN allait exclure toute « expansion de son territoire vers l’Est, ou s’approcher des anciennes frontières soviétiques. » Selon les nombreuses sources présentes, il réitéra lors de la signature cette promesse en s’accordant sur l’affirmation de Gorbatchev, selon laquelle l’expansion de l’OTAN est inacceptable, à présent que la guerre froide est terminée, et l’Europe, la Russie et les États-Unis devraient trouver un terrain d’entente sur la voie amenant à la paix et à la prospérité. Baker avait répondu : « lui et les Étasuniens ont compris que ‘non seulement pour l’Union soviétique, mais aussi pour les autres pays d’Europe, il est important de disposer de garanties selon lesquelles, si les États-Unis maintiennent leur présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, l’OTAN ne devrait pas bouger vers l’Est, c’est-à-dire ne pas s’étendre vers les pays de l’ancien Pacte de Varsovie. ’
Les pays ayant rejoint l’OTAN postérieurement à la fin de l’Union soviétique sont :
- la Pologne, la Hongrie, la République tchèque (1999),
- la Bulgarie, la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Slovaquie, la Slovénie (2004),
- la Croatie, l’Albanie (2009),
- le Monténégro (2017),
- la Macédoine du Nord (2020).
À ces pays, il faut ajouter la Suède et la Finlande, pays neutres, dont la demande d’adhésion à l’OTAN (2022) a été entérinée par l’ensemble de ses membres. Ce nouvel élargissement de l’OTAN est une provocation supplémentaire à l’égard du voisin russe, la Finlande partageant une frontière de plus de 1300 kms avec la Russie.
Deux autres pays, neutres eux aussi, l’Autriche et la Suisse, bien que ne faisant pas partie de l’OTAN, participent au Partenariat pour la paix (PPP). Pour l’ancien secrétaire à la Défense, William Perry : « La différence entre l’adhésion pleine et entière à l’OTAN et la participation au ˮPartenariat pour la paixʺ doit être aussi ténue qu’une feuille de papier ». Et pour Daniele Ganser, il ne fait aucun doute que ce PPP est un Partenariat pour la guerre et non un Partenariat pour la paix.
Enfin reste le cas de l’Ukraine, considérée comme un « pivot géopolitique » par Zbigniew Brzezinski et dont les velléités d’adhésion à l’OTAN sont anciennes puisque déjà en avril 2008, le sommet de l’OTAN à Bucarest actait le principe de l’adhésion de l’Ukraine. L’ancien conseiller du président Carter (1977-1981) est le véritable concepteur de l’élargissement de l’OTAN : « L’élargissement de l’Europe et de l’OTAN serviront les objectifs aussi bien à court terme qu’à plus long terme de la politique américaine. Une Europe plus vaste permettrait d’accroître la portée de l’influence –et, avec l’admission de nouveaux membres venus d’Europe centrale, multiplierait le nombre d’Etats pro-américains au sein des conseils européens –sans pour autant créer simultanément une Europe assez intégrée politiquement pour pouvoir concurrencer les Etats-Unis dans les régions importantes pour eux, comme le Moyen-Orient. »
L’histoire de l’OTAN est celle d’une succession de guerres depuis 1949 jusqu’à celle en cours de l’Ukraine. Il serait plus juste de parler de l’histoire de l’Empire US car cette « succession de guerres » n’a pas commencé en 1949, loin s’en faut, mais il faudrait remonter à 1846 et à la guerre du Mexique qui a permis aux États-Unis de s’emparer de la moitié du territoire mexicain, qui deviendra le Nouveau-Mexique, l’Utah, l’Arizona, la Californie, le Nevada ainsi qu’une partie du Colorado. Toutes obéissent toujours au même schéma : déstabilisation de pays cibles, vassalisation desdits pays, mise en place de bases militaires avec un seul et même objectif permanent, l’occupation politico-économico militaire au profit des puissances anglo-saxonnes dont les USA. Rappelons tout d’abord que si l’OTAN est une alliance militaire, celle-ci est, dans les faits, dirigée par les USA : « La seule organisation internationale qui ait jamais fonctionné est l’OTAN. Parce que c’est une alliance militaire et que nous la dirigeons. » (Richard Nixon). Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a une fonction essentiellement de relations publiques. C’est à ce titre qu’il est connu dans les médias. En revanche, le pouvoir réel est celui militaire qui est exercé au plus haut sommet par des Américains, à savoir le général Christopher G. Cavoli pour le Supreme Allied Commander Europe (SACEUR). Exercice américain sans partage comme en témoigne la demande de la France de voir le commandement Sud de l’OTAN attribué à un officier européen et à laquelle William Cohen, secrétaire d’Etat à la Défense, répondit sans ambiguïté : « c’est clair, c’est catégorique, ce n’est vraiment pas négociable ».
Dans cette succession de guerres, avant ou après 1949, soit directement, soit par procuration, le mode opératoire de l’Empire US est toujours le même, à base de provocations, de révolutions orange, de mensonges, de corruption, de guerre de l’information (c'est-à-dire de désinformation).
Si nul n’ignore aujourd’hui la propagande éhontée au sujet des armes de destruction massive , prétexte à l’invasion de l’Irak en 2003, il n’est pas inutile de rappeler, quoique de façon non exhaustive, la longue tradition de mensonges qui jalonne l’histoire des Etats-Unis :
- Le 15 février 1898, le cuirassé américain USS Maine explose dans le port de La Havane provoquant la mort de 266 Américains. Le prétexte est idéalement trouvé pour l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Espagne avec pour conséquence l’annexion de Cuba, de Porto Rico, des Philippines et de l’île de Guam. C’est la première guerre que les Etats-Unis menaient en dehors de leur territoire. En 1911, 13 ans après la fin de la guerre hispano-américaine, l’examen de l’épave USS Maine a montré que les effets conjugués du gaz et de l’électricité avaient détruit le navire de l’intérieur. Les Espagnols n’avaient donc rien à voir avec le naufrage du cuirassé.
- La guerre du Vietnam. Le président Lyndon Johnson, qui venait de succéder à John Fitzgerald Kennedy, et la CIA voulaient un prétexte pour impliquer les Etats-Unis dans une guerre ouverte contre le Vietnam. Lyndon Johnson a prétendu que le Viet Minh avait attaqué un navire de guerre américain, l’USS Maddox, dans le golfe du Tonkin (4 août 1964). Le 5 août, la guerre commençait officiellement avec les bombardements sur le Nord-Vietnam. En 2005, la NSA (Agence de sécurité nationale) a publié plus de 140 documents jusque-là top secret concernant l’incident du golfe du Tonkin, dont une étude de l’historien Robert Hanyok et qui confirme ce que d’autres soupçonnaient depuis longtemps : il n’y a eu aucune action contre des navires américains dans le golfe du Tonkin le 4 août 1964. Du reste, de la bouche même des équipages du destroyer américain, l’attaque dans le golfe du Tonkin était une pure invention.
- Le pillage des couveuses et la guerre du Golfe (1991). Le mensonge des « couveuses » est monté par la société de communication Hill & Knowlton. Le 10 octobre 1990, Nayirah, une jeune fille de 15 ans présentée comme une infirmière témoigne en larmes devant le Comité des droits de l’Homme du Congrès que pendant l’invasion, elle travaillait dans un hôpital koweïti et avait vu des soldats irakiens sortir des bébés des incubateurs et les déposer par terre où ils étaient morts. 312 nouveau-nés seraient morts. En réalité, après la guerre, on apprit que l’histoire des couveuses était un mensonge infâme et que Nayirah s’appelait en réalité Nijirah al-Sabah et était la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington.
Mensonges d’Etat, désinformation, tous les présidents des Etats-Unis impliqués dans des guerres sont des criminels de guerre, qu’il s’agisse d’Eisenhower, Johnson, Nixon, Carter, Reagan, Clinton, Bush père & fils, Obama accessoirement Prix Nobel de la Paix (sic). Aucun de ces présidents n’est allé en prison ou n’a eu à répondre devant la justice des milliers de morts. Il en est de même des dirigeants successifs de la CIA, des conseillers politiques (Madeleine Albright, Henry Kissinger), des chefs d’Etat ou de gouvernement (Margaret Thatcher, Tony Blair). Et la liste est loin d’être exhaustive.
Toutes les guerres de l’OTAN ont été relayées par un unanimisme des medias, de la classe politique, de la majorité des intellectuels, un formatage de l’opinion, le tout sous couvert d’humanitarisme, de bons sentiments moraux avec toujours la même rengaine, l’exportation de la démocratie (cf. ce qu’il advient en Libye, en Irak,…)
Le langage de la propagande ne s’embarrasse pas de subtilités de langage ou de finesse de vocabulaire : Saddam Hussein est un « psychopathe » et/ou un « nouvel Hitler » tout comme le dirigeant libyen Kadhafi. Milosevic est présenté comme un « dictateur sanguinaire » voire « le Führer serbe Milosevic » (Rudolf Scharping, ministre de la Défense allemand) ou « Boucher des Balkans ». Pour les Etats-Unis, la Libye compte avec l’Irak, l’Iran et Cuba parmi les « grands méchants » de la planète. Ces mêmes pays ainsi que la Syrie et le Soudan sont au choix des « Etats-parias » ou « terroristes ». Pour George Schulz, secrétaire d’Etat sous les mandats de Reagan, « Le Nicaragua est un cancer qui s’insinue dans notre territoire, il applique les doctrines de Mein Kampf et menace de prendre le contrôle de tout l’hémisphère ». Quant à Vladimir Poutine, volontiers présenté comme un « dictateur » (Jean-Yves Le Drian, ministre français des affaires étrangères sur TF1), d’aucuns vont jusqu’à faire état d’une continuité supposée entre Joseph Staline et Vladimir Poutine. Pour John McCain, Poutine est un « impérialiste russe et un apparatchik du KGB ». « Fou » ne faisait pas encore partie des éléments de langage, et bien, grâce à Milos Zeman, président de la République tchèque, c’est fait : il a qualifié jeudi l’invasion russe de l’Ukraine d’« acte d’agression non provoqué », estimant que « le fou doit être isolé (…) Il y a quelques jours, j’ai dit que les Russes n’étaient pas fous et qu’ils n’attaqueraient pas l’Ukraine. J’avoue que j’avais tort (…). Le fou doit être isolé. Et il s’agit de ne pas s’en défendre uniquement par des mots, mais par des mesures concrètes ».
À l’inverse, et dans le plus pur style orwellien, les Contras, assassins sanguinaires sont présentés comme des « combattants de la liberté » et la guerre de l’OTAN contre la Serbie est une « guerre humanitaire » !
Le coup d’Etat en Ukraine du 20 février 2014
Les Américains tirent les ficelles et ne s’en cachent pas. John McCain est présent à Kiev dans les semaines qui précèdent le coup d’Etat et exhorte les manifestants à renverser le gouvernement ukrainien. Les manifestations de Maïdan sont exploitées sur place par les multiples visites de responsables américains, les conversations téléphoniques entre Victoria Nuland et Geoffrey Pyatt, l’ambassadeur US en Ukraine, au cours desquelles ils ont discuté de la nouvelle composition du gouvernement. C’est au cours de ces conversations interceptées que Victoria Nuland avait lancé son fameux « Fuck UE ! » Après le putsch, l’objectif des nouveaux gouvernants était de rallier l’Ukraine à l’OTAN.
La position de la Russie est claire et de bon sens : que l’Ukraine n’accueille jamais de missiles américains et qu’elle n’adhère pas à l’OTAN. Ces demandes ont été rejetées par Victoria Nuland qui a déclaré : « Ce sont des décisions qui appartiennent à l’Ukraine et à l’OTAN, pas au Kremlin. » Et Serguei Lavrov résume la situation : « Toutes nos propositions visant à écarter ces menaces sur la base du respect mutuel des intérêts de la sécurité ont été ignorées par les États-Unis, l’UE et l’Otan. Malgré ses assurances antérieures de non-expansion vers l’Est, l’Alliance a rapproché ses frontières de celles de la Russie à cinq reprises. Nous pouvons assister à une situation similaire avec l’Ukraine. Dans ce pays, on a interdit tout ce qui est russe: la langue, l’éducation, la culture, les médias. »
L’objectif évident des USA est d’encercler toujours plus la Russie et, pour ce faire, intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. C’est là que se situe la ligne rouge pour Vladimir Poutine pour qui il en va de la sécurité de la Russie et celle-ci a besoin d’un glacis sécurisé. Il semble que les négociations étaient bien avancées avec l’Ukraine en vue de son intégration dans l’OTAN. Or, parallèlement, non seulement les Américains restaient sourds aux demandes de Vladimir Poutine mais en plus ils envoient davantage de troupes américaines chez les alliés d’Europe de l’Est de l’OTAN, les exercices de l’OTAN se déroulent à proximité des frontières de la Russie. Il faut rappeler ce contexte pour comprendre que l’opération militaire russe était l’unique solution pour empêcher l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan.
Pour mémoire, on rappellera les quelques dernières guerres de l’OTAN :
- 1991 : agression de la Yougoslavie,
- 1999 : bombardements de la Serbie et du Kosovo,
- 2001 : bombardements massifs en Afghanistan,
- 2003 : sans avoir obtenu l’autorisation du Conseil de sécurité, les Etats-Unis envahissent l’Irak avec comme principaux alliés le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie et l’Espagne. Pour une fois, la France sauve l’honneur,
- 2011 : Intervention en Libye,
- 2011… : Syrie,
- 2014 : Coup d’État en Ukraine,
- 2015 : Le Yémen est attaqué par l’Arabie saoudite sans mandat de l’ONU, avec le soutien des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, membres de l’OTAN.
Depuis 1945 et la fondation de l’Organisation des Nations Unies (ONU), il est interdit de recourir à la guerre, cette interdiction ne souffrant que deux exceptions : d’une part, le droit à l’autodéfense, d’autre part, l’autorisation d’un mandat explicite du Conseil de sécurité de l’ONU. Il est peu de dire que la Charte des Nations Unies (San Francisco, 26 juin 1945) interdisant à ses membres de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies a été superbement ignorée par la plus grande alliance militaire au monde, l’OTAN, qui a conduit le plus de guerres illégales et ce, en toute impunité. Guerres masquées, coups d’État, absence de mandat de l’ONU (Serbie 1999, Irak 2003), détournement d’un mandat de l’ONU (Libye 2011, la résolution de l’ONU autorisait une zone d’exclusion aérienne, afin de protéger la population civile. Elle n’autorisait pas un changement de régime et l’assassinat de Mouammar Kadhafi), l’ONU a montré son impuissance comme avant elle la SDN. Est-ce si étonnant ? Pas vraiment si on en juge par les propos de divers dirigeants américains : Madeleine Albright pour qui « le secrétaire général de l’ONU doit être seulement un administrateur » ou G.W. Bush : « je me demande si l’ONU est indispensable au XXIè siècle (…) ». Noam Chomsky note pour sa part que « Les plus hautes autorités expliquent avec une brutale clarté que la Cour Internationale de justice, l’ONU et les autres organisations internationales sont devenues sans objet, puisqu’elles n’obéissent plus aux ordres de Washington (…) ».
Nous faisons nôtres les constats de Daniele Ganser sur les guerres menées par l’OTAN qui sont des guerres au service de l’impérialisme américain. En revanche, nous sommes réservés sur le concept de « légalité ». La question n’est pas celle des guerres illégales, au regard du Droit, certaines peuvent l’être tout en étant des guerres justes, guerres de libération nationale ou celle de la Russie venant au secours des populations russophones du Donbass et d’autres qui ne le sont pas. Dans le cas qui nous occupe, les guerres décrites ici, celles de l’impérialisme américain, sont naturellement des guerres illégales. L’histoire contemporaine a prouvé que l’ONU est incapable de faire respecter le contenu de sa charte. Avec trois membres permanents de l’OTAN (E.U, G.B., F.) sur cinq au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, à moins d’un veto de la Chine ou de la Russie, le résultat est connu et on a vu, hélas, que dans des cas importants (Libye), la Russie et la Chine choisissent l’abstention. Pour les Etats-Unis, la force prime le droit et, se croyant investis d’une mission universelle, ils continueront à œuvrer comme ils l’ont toujours fait depuis près de 200 ans. L’OTAN a toujours été un outil au service de l’impérialisme américain et le « parapluie » américain en créant une soumission des pays de l’Europe de l’Ouest a empêché que se crée une véritable Europe souveraine et ayant sa propre défense. L’OTAN est une menace pour la paix mondiale et en premier lieu pour l’Europe, territoire convoité mais nain politique et militaire. L’OTAN n’a plus de raison d’être depuis la disparition de l’URSS. Cette organisation guerrière doit être dissoute et à tout le moins sortir de l’Europe. L’intérêt des peuples européens et de la paix en Europe le commande.
Yannick Sauveur
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mardi, 27 septembre 2022
La non-pensée occidentale
La non-pensée occidentale
par Daniele Perra
Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-antipensiero-occidentale
Il y a certains faits que de nombreux "analystes", journalistes (ou supposés tels) oublient (en raison de limitations cognitives évidentes ou de mauvaise foi) lorsqu'ils observent la réalité à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui : 1) l'histoire ne se réduit pas aux événements des deux derniers mois ; 2) la géographie ne se combat pas avec des sanctions économiques.
La guerre de Crimée (1853-1855), par exemple, a été particulièrement traumatisante pour la confiance en soi du peuple russe. Ces derniers, en particulier, n'appréciaient pas le fait que l'Europe (stimulée par la puissance de la thalassocratie britannique) formait un front uni en faveur de l'Empire ottoman désormais en déclin pour des raisons purement géopolitiques (dans le but de contenir la projection et l'influence russes sur la mer Noire, les Balkans et les détroits) après que la Russie elle-même ait contribué de manière décisive à la défaite de Napoléon. Dostoïevski a écrit des vers enflammés dans ce contexte : "Honte à vous, apostats de la croix, qui éteignez la lumière divine".
Il convient de répéter que la projection sud-ouest était celle à laquelle la politique étrangère de l'empire tsariste était historiquement la plus intéressée, pour des raisons d'affinité culturelle-historique liées à l'hypothèse d'un héritage direct de Byzance et à la communion ethnique avec les peuples slaves (d'ailleurs, le panslavisme n'est rien d'autre que la diffusion des sentiments et des idées du romantisme européen, en particulier du romantisme allemand, dans la sphère russe). Même à la fin du 19ème siècle, Vladimir Solov'ev écrivait, à travers les mots du personnage du général dans ses "Dialogues", que la Russie devait aller au-delà de Constantinople jusqu'à Jérusalem (un centre sacré rapporté dans les carnets de voyage d'Igumen Danil de l'époque de la Rus' de Kiev).
En fait, la guerre de Crimée n'était qu'un épisode du "Grand Jeu" (ou du "Tournoi des Ombres") entre l'Empire des Tsars et l'impérialisme britannique le long de la "ligne" allant de Constantinople à l'Asie centrale.
À la fin, cependant, les cercles conservateurs russes ont suggéré que les intérêts nationaux de l'empire devraient être orientés vers l'est, "laissant l'Europe tranquille en attendant des circonstances meilleures" (selon l'idéologue de l'époque, Mikhaïl Pogodine), comme c'est encore le cas aujourd'hui (pensez à la doctrine Trenin, qui envisage une réorientation de la politique étrangère russe vers l'Asie). Pour sa part, le général Pavel Grabbe a écrit : "Si nous sommes destinés à devenir un royaume de l'Est, c'est là que se trouve le véritable champ d'action de la puissance russe. Nous avons été cloué en Europe pendant longtemps sans rien obtenir. L'Europe nous est hostile et nous lui avons pris très peu de choses".
Il va sans dire que la Russie, à l'époque comme aujourd'hui, était considérée par le "progressisme" européen, idéologie dominante et rampante, comme un bastion de la préservation des valeurs traditionnelles, du conservatisme, donc un empire despotique et "obsolète" exerçant une influence pernicieuse sur le reste du continent et devant être repoussé vers ses homologues orientaux.
Alors qu'une partie de l'intelligentsia russe voyait la conquête de l'Est comme une mission civilisatrice dans le style du "fardeau de l'homme blanc" (bien que dans certains cas édulcorée par l'idée de redécouvrir la "patrie originelle" des peuples indo-européens, ce qui est très similaire à la mythologie du touranisme contemporain), les élites européennes (en particulier les Britanniques) l'interprétaient comme une expansion orientale d'un peuple déjà oriental.
Entre 1859 et 1897 (avec l'intermède de la vente de l'Alaska aux États-Unis et la fondation de Vladivostok, la "Dame de l'Orient"), la Russie pousse jusqu'à Port Arthur, jetant les bases de la résistance à l'expansionnisme naissant du Japon et au désastre guerrier qui s'ensuivit en 1905.
Si la conquête de la Sibérie a été essentiellement pacifique, on ne peut pas en dire autant de la conquête du Caucase (qui a même commencé sous Pierre le Grand, qui voulait contrôler les flux du commerce vers l'Europe) et de l'Asie centrale. La figure de Pierre le Grand, en particulier, a été fondamentale en ce sens, car le processus d'absorption de la culture européenne-occidentale qui a débuté sous son règne s'est également avéré décisif pour l'assimilation de la vision géographico-idéologique fondée sur l'opposition entre l'Est et l'Ouest (caractéristique de la modernité et exaspérée ultérieurement par les pouvoirs thalassocratiques britannique et nord-américain). L'historien Aldo Ferrari écrit : "À la lumière de cette redéfinition idéologique, la double nature européenne et asiatique du pays était également considérée comme similaire à celle des empires coloniaux européens émergents, avec une mère patrie européenne et un territoire colonial non européen. La principale différence était que les territoires impériaux russes ne se situaient pas dans un espace étranger (comme le Raj britannique en Inde), mais étaient géographiquement liés au centre impérial, ce qui rendait indéfinissable une distinction claire entre les deux.
Pour cette raison, toute comparaison entre l'impérialisme européen (et plus tard nord-américain) typique et l'empire russe (et même soviétique) est décidément imparfaite. Ferrari poursuit : "La Russie n'avait pas d'empire, mais c'était un empire. Un empire continental plutôt que maritime, procédant sur la base d'aspirations expansionnistes coloniales traditionnelles plutôt que modernes. L'histoire de la pénétration russe en Asie diffère de celle des autres puissances européennes précisément parce qu'il s'agit d'une histoire qui mûrit lentement au fil des siècles, et dans laquelle les relations pacifiques ou guerrières entre pays voisins se répètent. Une conscience coloniale semblable à celle qui a poussé les peuples d'Europe occidentale à s'expatrier - les Portugais en Inde, les Hollandais en Indonésie, les Français en Louisiane, les Espagnols au Mexique, les Britanniques en Amérique du Nord - ne s'est pas formée spontanément chez les Russes, mais seulement plus tard, également en tant que résultat tardif d'une violente occidentalisation. Dans la steppe, on ne sait pas exactement où et quand les frontières de la patrie sont franchies, et la volonté d'expansion russe, que ce soit dans les forêts sibériennes, dans les zones civilisées de l'Asie centrale musulmane ou dans le Caucase, ressemble à l'expansionnisme des grandes puissances européennes de l'ère pré-nationale, plutôt qu'à la colonisation occidentale : guerres de domination, création de relations de vassalité plus ou moins féodales, jamais création d'un sentiment de véritable supériorité ethnique".
Les raisons profondes de la haine "occidentale" de la Russie y sont expliquées en quelques lignes. On ne peut pardonner à la Russie d'avoir adopté une attitude entièrement "pré-moderne" envers l'Est. L'Est n'a jamais été un "tout autre" pour la Russie. Outre la marque notoire d'être profondément influencée par le monde turco-mongol (dans ce contexte, il convient de rappeler qu'au Moyen Âge européen, il y avait des gens qui louaient les Mongols pour avoir détruit le califat), elle est coupable de ne pas traiter les peuples orientaux assimilés à son empire de la manière raciste et exclusiviste typique du colonialisme européen moderne. Au contraire, elle s'inspire de la tradition romaine, exprimée dans la divinité typiquement italienne de Janus à deux visages, et s'adresse à la fois à l'Orient et à l'Occident, au passé et au futur. En ce sens, elle est la "troisième Rome".
En même temps, il faut garder à l'esprit que l'expansion vers l'Est n'a jamais rencontré le même intérêt de la part du public russe que les affaires occidentales de l'Empire (une tendance qui est encore fortement présente aujourd'hui). Au contraire, il y a eu pendant longtemps une grande peur des peuples orientaux (même si la Russie elle-même a accompagné la Chine dans sa parabole impériale descendante de manière presque paternaliste). Solov'ev, que nous venons de citer, a écrit dans son poème Panmongolisme, où il a prophétisé l'effondrement de l'autocratie tsariste : "Lorsque dans la Byzance corrompue / l'autel du Seigneur s'est figé / et a renié le Messie / princes et prêtres, peuple et empereur, / une nation étrangère inconnue / s'est levée de l'Est / et sous le lourd instrument du destin / la seconde Rome a plié dans la poussière. / Nous ne voulons pas apprendre / du sort de Byzance déchue / et continuer à répéter les flatteurs de la Russie : / Tu es la troisième Rome, tu es la troisième Rome ! / Ainsi soit-il ! Le châtiment divin / a d'autres instruments en réserve'.
La peur de l'Orient est une caractéristique essentielle de la culture européenne moderne. Un Orient qui inclut toutefois la Russie, bien que Catherine II considère déjà son empire comme une "puissance européenne" à part entière. Les perceptions européennes de la Russie restent toutefois façonnées par les siècles au cours desquels la noblesse polonaise a tenté (avec un succès mitigé) de se présenter comme l' antémurale (= la muraille avancée) catholique-occidentale contre l'expansionnisme russe-orthodoxe (une autre tendance récurrente dans le présent, alimentée par les pouvoirs thalassocratiques, bien que sous la forme d'une opposition à une forme plus fumeuse de néo-bolchevisme).
Une puissance européenne oui, mais avec une énorme ramification orientale! À l'occasion d'une victoire sur les Ottomans, le poète Gavrila Derzavin a dédié ces vers à Catherine : "Son trône se dresse / sur quarante-deux piliers / sur les montagnes de Scandinavie et du Kamtchatka, sur les collines dorées / des terres de Timur au Kouban".
Une ramification dont la propagation a été facilitée par l'absence de véritables barrières physiques. Cela montre que l'idée d'une frontière européenne dans les montagnes de l'Oural est géographiquement non pertinente. Comme l'a noté Nikolaï Danilevsky, l'Europe n'est en fait rien de plus qu'une péninsule du continent horizontal, bien plus vaste, qui s'étend du Pacifique à l'Atlantique.
Dans cet espace, la civilisation russe, du moins pour le dernier millénaire, a joué le rôle de pont entre les deux extrémités.
L'idée que la Rus' de Kiev était un monde à part (un éden indo-européen sans influences ni contacts avec les peuples turcs environnants) est un fantasme créé par la déformation de l'histoire par les penseurs du nationalisme ukrainien qui se considèrent comme ses héritiers ethniques directs. Il suffit de dire que le métropolite de Kiev désignait le Grand Prince Vladimir par le terme turc "Kagan".
En même temps, l'idée que la géographie peut être combattue en construisant des murs de sanctions est une fois de plus un fantasme qui envahit cycliquement la pensée (ou plutôt l'anti-pensée) occidentale, pour se briser ensuite contre la réalité des processus historiques.
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lundi, 26 septembre 2022
Samarkand : la voie de la multilatéralité
Samarkand : la voie de la multilatéralité
par Mario Lettieri et Paolo Raimondi
Source : Mario Lettieri et Paolo Raimondi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/samarcanda-la-via-della-multilateralita
Les résultats du sommet des chefs d'État des pays de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui s'est tenu le 16 septembre à Samarkand, en Ouzbékistan, méritent d'être analysés sans œillères idéologiques ou sans préjugés préétablies. Elle permettrait d'éviter les erreurs d'appréciation géopolitiques que l'on pourrait regretter par la suite.
L'OCS a été créée en 2001, dans le but de coordonner les activités des pays membres dans la lutte contre le terrorisme, pour la sécurité et surtout pour la coopération économique, technologique et infrastructurelle. Elle compte aujourd'hui neuf membres, dont la Chine, l'Inde et la Russie. Ensemble, ils représentent 40% de la population et 25% du PIB mondial.
Ceux qui essaient de voir dans l'OCS la réalisation d'un Otan d'Eurasie ont tort. Les différences entre les participants sont trop nombreuses et trop profondes. Il serait toutefois tout aussi erroné de sous-estimer leur importance. Il serait profondément trompeur de répéter pour l'OCS les erreurs de jugement que beaucoup font délibérément par rapport au rôle des BRICS.
Une lecture attentive de la Déclaration finale de Samarkand permettrait de mieux comprendre les processus à l'œuvre. Il convient tout d'abord de noter que parmi les différents chefs d'État, le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président russe Vladimir Poutine étaient présents. Et ce, malgré, il faut le noter, l'isolement total de Poutine imposé par l'Occident et par les sanctions contre la Russie.
Il convient plutôt de prendre note de l'évaluation géopolitique et géoéconomique offerte par le sommet. En ce qui concerne la sécurité, il est indiqué que "le monde subit des changements globaux. Ces processus s'accompagnent d'une multipolarité accrue. Le système actuel de défis et de menaces internationales devient plus complexe, la situation dans le monde s'est dangereusement détériorée, les conflits et les crises locales s'intensifient et de nouveaux conflits apparaissent."
À propos de l'économie, on peut lire: "La fracture technologique et numérique croissante, les turbulences persistantes sur les marchés financiers mondiaux, la réduction des flux d'investissement, l'instabilité des chaînes d'approvisionnement, la multiplication des mesures protectionnistes et d'autres obstacles au commerce international ajoutent à la volatilité et à l'incertitude de l'économie mondiale".
Le concept le plus répété est celui de la "multilatéralité", interpelant ainsi les États-Unis et l'Occident.
Certains aspects de la coopération économique méritent l'attention. La déclaration indique que les membres de l'OCS, à l'exception de l'Inde, "réaffirment leur soutien à l'initiative chinoise "Une ceinture, une route" (Obor, la route de la soie) et reconnaissent les travaux en cours pour mettre en œuvre le projet et les efforts visant à lier la construction de l'Union économique eurasienne à l'Obor." L'idée est d'établir un partenariat eurasien élargi impliquant, outre l'OCS, l'UEEA, les pays de l'Asean, d'autres États intéressés et des associations multilatérales.
Le texte fait également référence à l'importance de l'utilisation des monnaies nationales dans les règlements commerciaux et monétaires déjà pratiqués par certains Etats membres. C'est le cas entre la Russie et la Chine, et l'Inde devrait également régler prochainement ses échanges avec la Russie en monnaies nationales.
Cette orientation rapproche l'OCS des politiques des BRICS. En effet, la déclaration finale fait état de l'intention de créer une banque de développement de l'OCS, un conseil des affaires, un fonds de développement au sein d'un accord-cadre pour la coopération dans le domaine du commerce et des services, un programme de développement des infrastructures dans le domaine des transports et de l'énergie, et un plan d'action pour le développement du commerce entre les États membres. Toutes les pratiques déjà éprouvées par les BRICS.
Il n'est pas élégant de se répéter, mais espérons que l'Union européenne et ses États membres ne se limitent pas à de simples commentaires mais participent activement aux projets de développement. Sinon, le sommet de Samarkand ne serait que la confirmation d'une dangereuse division du monde en deux blocs opposés.
La division en blocs, surtout maintenant qu'il y a une guerre entre la Russie et l'Ukraine, peut encore aggraver la situation. Nous pensons que l'intérêt des peuples de l'UE, à commencer par celui de l'Italie, est au contraire de ne pas interrompre le mince fil des relations entre les différents mondes afin de parvenir à une coopération durable et pacifique.
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dimanche, 25 septembre 2022
L'activisme écologiste et utopique comme adversaire de la civilisation européenne
L'activisme écologiste et utopique comme adversaire de la civilisation européenne
L'environnementalisme agit comme un adversaire révolutionnaire de la civilisation européenne
Source: https://www.tradicionviva.es/2022/09/03/el-activismo-ecologista-utopico-como-adversario-de-la-civilizacion-europea/
Dans Die Welt, la philosophe Bérénice Levet accuse le militantisme environnemental, qui repose sur des idéologies utopiques, d'agir comme un adversaire révolutionnaire de la civilisation européenne. Cet activisme doit être opposé à l'idée traditionnelle de la protection de l'environnement, qui recherche "la stabilité, la durée et la continuité". Une "écologie cohérente et consistante" préserve la nature "sans sacrifier les hommes" et, surtout, préserve leur culture.
Les militants écologistes utopiques ont agi dans le contexte d'un mouvement plus large, celui de la gauche radicale, partageant sa position révolutionnaire et son désir ardent de "déconstruction". Pour eux, la protection de l'environnement n'est qu'un "alibi" et, en fait, ils veulent détruire la culture européenne. Ils se caractérisent par un "dégoût pour le mode de vie français" et rejettent également la civilisation européenne "dans laquelle ils ne voient que domination et surexploitation" et une "immense entreprise de production de victimes". De plus, ils "se moquent de la loyauté et de la solidarité des peuples avec leurs coutumes, leurs traditions et leurs paysages".
Le "nihilisme absolu" s'exprime dans des cas récents, où l'on a vu des activistes endommageant des œuvres d'art. On ne peut pas "prétendre se soucier de la nature et en même temps piétiner l'héritage des siècles". Par ce comportement, les militants soulignent leur refus de la "responsabilité de la civilisation historiquement constituée".
Ces militants partageaient également la vision de la gauche radicale, celle d'incarner les "bâtisseurs d'une nouvelle humanité" qui pouvait être créée par les "mesures de coercition les plus fortes". Pour elle, les gens ne sont "que du matériel" qui "doit être moulé" au sens de l'idéologie. La personne à laquelle ils aspirent "n'est liée à aucune communauté historiquement constituée". Cela devrait passer, par exemple, par une refonte du système éducatif, qui devrait se passer de "l'enseignement du savoir, du passé et des grandes œuvres de l'esprit" et former à la place d'autres militants qui s'opposent à la civilisation européenne en raison de "l'oppression des femmes, des minorités sexuelles et ethniques". Pour les militants écologistes utopistes, l'homme "n'a pas d'âme", mais seulement une identité de victime. Leur vision du monde est donc "juste une branche du wokisme".
Ils voulaient effacer les positions opposées par la "culture de l'annulation" (cancel culture). Ils ont de plus en plus de succès. En France, il existe désormais "une peur énorme d'être étiqueté comme un champion de l'identité française", et les élites politiques du pays, confrontées aux intimidations des militants, refusent également de "reconnaître la légitimité de ce que la philosophe Simone Weil appelle le besoin fondamental de l'âme humaine: l'attachement à un mode de vie familier". Avec leurs "exigences idéologiques et moralisatrices", ils ont également "détourné les hommes politiques des décisions rationnelles, par exemple sur la question de l'utilisation de l'énergie nucléaire".
Le philosophe Bertrand de Jouvenel a parlé d'un "pacte millénaire" que "l'homme occidental a conclu avec la terre". Cela doit être renouvelé. La condition préalable à cela est que les citoyens européens développent une "conscience claire de la fragilité, de la vulnérabilité et de la beauté de ce qui nous est confié" (1).
Levet a approfondi sa critique de l'activisme environnemental utopique dans son ouvrage L'écologie ou l'ivresse de la table rase. Nous traiterons, dans la brève suite de cet article, des tendances de la gauche radicale dans le mouvement environnemental en Allemagne.
Nous présentons ici en détail les impulsions conservatrices traditionnelles en matière d'écologie et de questions environnementales.
Les questions d'écologie et de durabilité sont d'une importance fondamentale pour l'existence à long terme d'une communauté. En utilisant l'exemple d'un certain nombre de cultures disparues, le géographe Jared Diamond a montré que la surexploitation des ressources ou un changement rapide des conditions environnementales dépassant la capacité d'adaptation de ces cultures était un facteur décisif de leur effondrement. Ces questions jouent un rôle de plus en plus important dans le débat public des sociétés occidentales. Cette situation est sous-tendue par une prise de conscience croissante du fait que ces sociétés vivent de plus en plus de leur substance, consommant des matériaux et d'autres ressources qu'elles ne peuvent plus entretenir et renouveler dans une mesure suffisante.
La vision traditionnelle du monde européen perçoit les gens comme porteurs d'un héritage à transmettre intact aux générations futures et est orientée vers la durabilité. Elle considère également les gens comme les gardiens et les conservateurs des fondements naturels et culturels de la vie communautaire. Cette vision du monde repose donc sur une compréhension holistique de l'écologie, qui vise la protection globale de tous les fondements de la vie des individus et des communautés, y compris les fondements spirituels et culturels de la vie. Cette vision du monde peut contribuer de manière décisive à surmonter les défis existentiels auxquels ne sont pas seulement confrontées les sociétés occidentales.
Du point de vue de l'enseignement social chrétien, Joseph Ratzinger (Benoît XVI) a accueilli en principe le débat sur l'écologie parce que toute recherche quant à la durabilité ou la résilience d'une communauté et la gestion attentive des biens matériels, intellectuels et culturels sur lesquels elle repose sont une partie fondamentale de la recherche du bien commun, que l'enseignement social chrétien considère comme la tâche centrale de l'action politique (2).
Selon Peter Hersche (photo), il y a depuis longtemps un manque d'acteurs politico-idéologiques en Allemagne qui se rattachent à la tradition chrétienne-conservatrice de la pensée écologique. Ce mode de pensée est issu de cette tradition, depuis longtemps reléguée au second plan, qui a reconnu, il y a environ 200 ans, les défis écologiques qui deviennent particulièrement évidents aujourd'hui (3).
Dans ce contexte, Roger Scruton a trouvé choquant que les partis conservateurs en particulier "n'aient pas reconnu la cause de la protection de l'environnement [...] comme étant la leur. Empoisonné par la montée de la pensée économique chez les politiciens modernes, car ils considèrent que "former des alliances avec des personnes qui pensent que les efforts pour préserver les choses sont futiles et dépassés" (4).
Cet article a été initialement publié en allemand sur https://renovatio.org/.
Notes:
(1) Ute Cohen : "'C'est du nihilisme'", Die Welt , 26 août 2022, p. 14.
(2) Joseph Ratzinger (Benoît XVI) : Le sel de la terre. Le christianisme et l'Église catholique au XXIe siècle, Munich 1996, p. 40.
(3) Peter Hersche : " Le long chemin vers 'Laudato si' ", Herder-Korrespondenz , n° 2/2016, p. 35-38, ici : p. 38.
(4) Roger Scruton : L'idée d'être conservateur. Un guide pour le présent et l'avenir, Munich 2019, p. 153.
13:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, écologie, écologistes, écologisme, bérénice levet | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 24 septembre 2022
Selon la Deutsche Bank, la récession allemande est "inévitable"
Selon la Deutsche Bank, la récession allemande est "inévitable"
La hausse des coûts de l'énergie nuit à la plus grande économie de l'UE, selon le PDG Christian Sewing
Source: https://www.tradicionviva.es/2022/09/13/segun-deutsche-bank-la-recesion-alemana-es-inevitable/
Le moteur du développement économique européen, l'Allemagne, est sur le point de connaître une sérieuse contraction économico-industrielle, a averti cette semaine le PDG de la Deutsche Bank, Christian Sewing, cité par CNBC.
Selon le média, M. Sewing a déclaré, dans un discours prononcé lors du sommet bancaire du Handelsblatt à Francfort, que la guerre en Ukraine "a détruit un certain nombre de certitudes" sur lesquelles le système économique mondial avait été établi au cours de ces dernières décennies.
Selon les rapports, il a cité la perturbation des chaînes de valeur et d'approvisionnement mondiales, ainsi qu'un goulot d'étranglement sur le marché du travail et une pénurie de gaz et d'électricité entraînant une hausse des coûts, comme les principales raisons pour lesquelles l'inflation dans la zone euro a atteint des niveaux record.
"Par conséquent, nous ne serons plus en mesure d'éviter une récession en Allemagne. Cependant, nous pensons que notre économie est suffisamment résiliente pour bien agir face à cette récession, à condition que les banques centrales agissent, elles aussi, rapidement et de manière décisive dès maintenant", a déclaré M. Sewing.
Le chef de la Deutsche Bank a noté que, pour l'instant, de nombreux Allemands disposent encore d'une épargne, suite à la pandémie, sur laquelle ils peuvent se rabattre pour faire face à la hausse des coûts énergétiques, tandis que la plupart des entreprises restent "suffisamment financées".
"Mais plus l'inflation reste élevée, plus la tension est grande et plus le potentiel de conflit social est élevé", a-t-il averti.
Sewing a également exhorté les dirigeants allemands à accélérer le découplage de la nation avec la Chine. Il a noté que la Chine représente environ 8 % des exportations allemandes et 12 % des importations, tandis que plus d'un dixième des ventes des entreprises cotées à l'indice boursier allemand DAX vont en Chine.
"Réduire cette dépendance nécessitera un changement non moins fondamental que le découplage par rapport à l'énergie russe", a déclaré le directeur général.
Cet article a été publié à l'origine sur https://www.rt.com
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Une réponse révolutionnaire au transatlantisme : la "mission eurasienne" d'Alexander Douguine
Une réponse révolutionnaire au transatlantisme : la "mission eurasienne" d'Alexander Douguine
par Alexander Markovics
Bron: https://gegenstrom.org/alexander-markovics-eine-revolutio...
Au vu des crises actuelles qui tiennent fermement les États européens comme dans un étau, de nombreux Européens inquiets s'interrogent anxieusement sur l'avenir géopolitique du continent. Alexander Markovics, on le sait, défend avec passion l'idée d'un lien fort entre l'Europe et la Russie. C'est ce qu'il fait également dans l'article suivant, où il explique les domaines de la politique sociale et de la géopolitique et leurs oppositions polaires respectives.
L'Europe souffre de son inféodation aux États-Unis et à la communauté des valeurs occidentales. Que ce soit en termes d'identité (immigration de masse, individualisme, politique de genre) ou de politique économique et énergétique (sanctions contre la Russie), le lien étroit avec les États-Unis et le libéralisme n'offre absolument aucun avenir à l'Europe. Mais à quoi peut ressembler une alternative révolutionnaire au "Nouvel ordre mondial" et à la mondialisation ? Dans son livre "Mission eurasienne", le philosophe russe Alexandre Douguine présente une contre-proposition révolutionnaire à l'ordre mondial occidental, qui promet également un avenir plein d'espoir pour l'Allemagne et l'Europe. Nous allons maintenant exposer les principales idées que Douguine exprime dans ce livre et déterminer si ce dernier peut également intéresser le camp des patriotes en Allemagne.
Mission eurasienne - une alternative au transatlantisme
Dans cette traduction en français d'un ouvrage déjà paru en anglais en 2014, Douguine décrit d'une part l'évolution de l'idée eurasienne, en commençant par l'eurasisme dans l'entre-deux-guerres, en passant par le néo-eurasisme vers la fin de l'Union soviétique, jusqu'à la Quatrième théorie politique à la fin des années 2000, et d'autre part il explique pourquoi celle-ci constitue une alternative au transatlantisme (ndt: terme allemand pour désigner l'atlantisme), non seulement pour la Russie, mais aussi pour les autres civilisations du monde. Les textes rassemblés pour ce livre couvrent une longue période allant du début des années 2000 ("Manifeste de l'alliance révolutionnaire mondiale") à 2022 (voir ses textes sur l'opération militaire russe en Ukraine) en passant par la fin des années 2000 et le début des années 2010 (textes sur la Quatrième théorie politique, interview de Douguine peu avant la réélection de Poutine en 2012). En outre, l'édition allemande contient également une préface de Peter Töpfer sur le "Sujet radical" de Douguine, qui fait référence à son œuvre philosophique. Nous n'en ferons ici qu'une brève remarque, car cette explication ne figure pas dans l'édition allemande. Ce faisant, les textes abordent également une question cruciale : Qu'est-ce qui fait de l'eurasisme et de la Quatrième théorie politique une réponse révolutionnaire au libéralisme pour l'Allemagne et l'Europe ?
Pour la diversité des peuples, contre l'universalisme occidental
La nature révolutionnaire de l'eurasisme se révèle dans le fait qu'il rejette l'universalisme occidental dans toutes ses dimensions. Chaque peuple doit-il vivre dans une démocratie à l'occidentale ? Toutes les économies doivent-elles obéir aux lois du libre marché et du capitalisme ? Ce sont précisément ces idées que les Eurasistes rejettent radicalement. Cela s'explique en grande partie par l'histoire de leur développement : dans le prolongement des slavophiles qui, dès le 19ème siècle, rejetaient le libéralisme et proclamaient une civilisation russe autonome, bien distincte de l'Occident, les Eurasistes ont commencé à réfléchir à la place de la Russie dans le monde lors de leur exil européen dans les années 1920, après la fin de la guerre civile russe. Les principaux représentants de l'eurasisme, tels Nikolai Trubetzkoy [1], Petr Savitsky [2] et Lev Gumiljov [3], ont rejeté l'exigence occidentale de pérégriner spirituellement "d'est en ouest" et ont insisté sur leur identité russo-eurasienne si particulière, qu'ils conçoivent explicitement comme une synthèse non seulement des cultures slaves orientales et finno-ougriennes, mais aussi des modes de vie mongol et turc. Une importance particulière est accordée à l'effet passionnel qui, selon Gumiljov, conduit à un mode de vie actif et intense (celui des peuples des steppes) et constitue une mutation génétique au sein de l'ethnos, contribuant à la naissance de passionnés.
Le monde : pas un univers, mais un plurivers
Par analogie avec le représentant de la Révolution conservatrice Oswald Spengler, ils ont ainsi forgé le concept de "civilisation", par lequel ils entendent non pas une forme de déchéance de la culture, mais un cercle culturel parmi d'autres, auquel différents peuples et cultures peuvent s'unir en raison de points communs dans leur histoire, leur culture et leur religion. Contrairement aux penseurs libéraux occidentaux du 20ème siècle, qui affirmaient qu'il n'existait qu'une seule civilisation occidentale et que tous les autres peuples étaient des barbares, les Eurasistes proclamaient la pluralité des civilisations et donc un plurivers, par opposition à la conception occidentale d'un univers culturel. Ainsi, tout en rejetant l'idée d'un "monde unique", ils considèrent qu'il y a autant de mondes que de peuples dans l'esprit des gens, générés par le langage propre à chacun d'eux et ce, en premier lieu, dans la pensée.
La terre : l'habitat comme influence décisive dans le devenir d'un peuple
En s'appuyant sur la discipline de la géosophie, les Eurasistes ont constaté qu'il ne pouvait y avoir de modèle universel de développement humain, car la multiplicité des paysages sur la Terre engendre également une multiplicité de cultures, chacune avec ses propres cycles, ses propres critères internes et sa propre logique. L'habitat définit donc le peuple qui y vit, les peuples deviennent l'expression du paysage dans lequel ils vivent. En conséquence, les Eurasistes ont plaidé pour que les civilisations soient également analysées selon un axe spatial.
Les néo-eurasistes : eurasisme + traditionalisme + géopolitique
Les néo-eurasistes, qui ont commencé à faire parler d'eux à la fin des années 1980 et dont Alexandre Douguine est l'un des principaux représentants, ont repris les idées de leurs ancêtres en les enrichissant de la pensée de la révolution conservatrice et de la géopolitique. L'émergence de ce mouvement de pensée a été rendue possible par l'érosion de l'Union soviétique qui, après la fin du stalinisme, était prise dans un conflit interne entre les forces réformistes/sociales-démocrates et les faucons aux idées conservatrices. La victoire des forces réformistes a été suivie par l'éclatement de l'URSS et l'émergence d'un État russe dont les élites percevaient la culture russe comme quelque chose d'étranger à assimiler à la culture occidentale. Le national-bolchevisme, né de la collaboration entre d'anciens cadres conservateurs du PCUS et des opposants conservateurs et patriotes, n'était qu'une étape intermédiaire dans le développement du néo-eurasisme. Suivant les leçons de Carl Schmitt, ils comprenaient la lutte entre l'Occident et la civilisation eurasienne comme un conflit entre des puissances maritimes à l'esprit progressiste et mondialiste et des puissances continentales (telluriques) à l'esprit conservateur et traditionaliste. Dans le cadre de ce conflit historique mondial entre la terre et la mer, chaque État et chaque culture peut choisir son camp. Les néo-eurasistes, en tant qu'opposants à l'ordre mondial unipolaire et à la mondialisation, plaident ici en faveur d'une prise de position aux côtés de la puissance terrestre dans la grande guerre des continents. Enfin, l'école de pensée philosophique du traditionalisme, avec ses représentants René Guénon, Julius Evola et Titus Burckhardt, est également d'une grande importance pour le néo-eurasisme, car elle représente un règlement de comptes général non seulement avec le libéralisme et le capitalisme, mais aussi avec l'ensemble de la modernité en tant que telle, qui souligne la primauté de l'idée et de la religion. Par conséquent, le néo-eurasisme est une idéologie anti-impérialiste, anti-moderne et anti-capitaliste, dont l'objectif est de restaurer le mode de vie et de pensée traditionnel au sein de chaque civilisation.
Grand espace et civilisation comme nouveaux acteurs de la géopolitique
S'appuyant également sur Carl Schmitt, ils considèrent que l'acteur de cette lutte n'est pas l'État-nation, mais le grand espace au sens de la "civilisation", telle qu'ils l'ont définie. Douguine voit l'avenir de l'Etat-nation dans la lutte contre la mondialisation en fonction de trois choix possibles:
- La dissolution dans un futur État mondial.
- La résistance à l'unipolarité avec maintien de l'ordre étatique national.
- L'abolition de l'État-nation dans une formation de grand espace.
Dans le prolongement de Carl Schmitt, Alexander Douguine se prononce en faveur de la civilisation et du grand espace comme forme d'organisation future en géopolitique. Celui-ci ne correspond pas, selon sa logique, au nationalisme qui uniformise et unifie ses citoyens dans la matrice de pensée propre à la modernité (voir par exemple la République française ou, dans l'histoire allemande, le Troisième Reich), mais à celui de l'empire, qui est toujours composé d'une multitude de peuples et de religions et dirigé par un peuple impérial. Douguine constate ici un pluriversum des civilisations, dans lequel non seulement la Russie-Eurasie, la Chine et le grand espace islamique composé de plusieurs civilisations ainsi que l'Amérique du Sud ont une chance de s'émanciper de l'universalisme occidental, mais aussi l'Europe elle-même, qui est pour le moment encore vassale [4] des États-Unis.
Grand espace, autarcie, autonomie, souveraineté
Les idées d'autarcie et de souveraineté sont fondamentales pour le grand espace: parce qu'un État-nation seul ne peut pas faire face à la mondialisation, plusieurs États-nations doivent s'unir et transférer leur souveraineté à l'échelle du grand espace. Parce qu'un État-nation n'est pas en mesure de s'affirmer face aux sanctions et aux politiques de blocus occidentales, plusieurs d'entre eux doivent s'unir pour garantir leur capacité d'action en cas d'urgence. Le concept d'autonomie, qui s'oppose à l'idée moderne de centralisme, est important à cet égard : le niveau de civilisation prendra certes à l'avenir des décisions importantes en matière de politique étrangère, mais à l'intérieur, les niveaux inférieurs de la grande région seront autonomes dans l'organisation de leurs propres conditions de vie, conformément au principe de subsidiarité et à l'idée "E pluribus unum" ("créer l'unité à partir de la pluralité"), ce qui inclut également l'indépendance culturelle. Dans ce contexte, l'autonomie n'englobe pas seulement le niveau culturel, mais aussi les dimensions religieuse, sociale, économique et ethnique de la vie. En ce qui concerne l'activité économique des grandes régions, le mouvement eurasien de Douguine revendique quatre zones géo-économiques. Contrairement aux penseurs transatlantiques (= atlantistes) qui ne proclament que trois zones et voient dans la Russie-Eurasie un trou noir, les Eurasiens plaident pour l'établissement de la ceinture continentale eurasienne comme quatrième zone géo-économique, à côté des zones géo-économiques américaine, euro-africaine et pacifique. Alors que dans la zone géoéconomique américaine, ils sont favorables à une organisation de la grande région d'Amérique centrale et d'Amérique latine ainsi qu'à un confinement des États-Unis sur eux-mêmes, dans la ceinture euro-africaine, les Eurasiens considèrent que l'indépendance de l'Europe vis-à-vis des États-Unis et la formation de l'Afrique subsaharienne en tant que grande région distincte sont importantes pour l'émergence de la multipolarité. Dans la ceinture continentale eurasienne, le grand espace de la Russie-Eurasie et de l'Islam continental reste à créer, alors que l'Inde et la Chine ont déjà largement constitué les frontières de leur grand espace.
La quatrième théorie politique : au-delà du libéralisme, du fascisme et du marxisme
La dernière étape de l'évolution de l'eurasisme est identifiée par Douguine dans la Quatrième théorie politique. Il s'agit de l'ébauche d'une nouvelle théorie politique centrée sur le Dasein de Martin Heidegger, par lequel Douguine entend le peuple, et dont l'objectif est le dépassement total de la modernité politique. La première théorie politique de Douguine est le libéralisme, la deuxième, le marxisme, et la troisième, le fascisme/national-socialisme [5]. En déconstruisant les idéologies, il les débarrasse de ce qu'il considère comme des éléments problématiques - le capitalisme et l'individualisme pour le libéralisme ; le collectivisme, la pensée de classe et le matérialisme pour le marxisme ; et l'illusion raciale et l'allégeance à l'État pour le fascisme/national-socialisme - pour finalement couler dans un moule nouveau les éléments qu'il considère comme positifs de ces théories. Dans le libéralisme, il reconnaît la "liberté de" comme un élément positif, dans le marxisme, la critique du libéralisme et dans le fascisme, l'ethnocentrisme comme un élément à préserver. Au-delà d'une critique dévastatrice de la modernité - qu'il mène également en s'appuyant sur les connaissances du postmodernisme, puisqu'il veut s'attaquer à la racine du problème - il reste donc une base positive de la Quatrième théorie politique, que chaque peuple et chaque civilisation peuvent désormais utiliser pour préserver/redécouvrir leur identité propre, libérée de la pensée de la modernité et de la contrainte d'aller "d'Est en Ouest", tout en construisant un ordre politique qui la reflète.
La primauté de l'esprit : aller d'ouest en est
Alors que Douguine reconnaît dans la Nouvelle Droite européenne l'expression européenne de la Quatrième Théorie Politique, il voit dans le néo-eurasisme la variante russo-eurasienne de la Quatrième Théorie Politique. A ce niveau, l'eurasisme signifie certes un refus de l'Occident moderne et de la primauté du matérialisme qu'il affirme, en empruntant un chemin qui va "d'Ouest en Est", qui mène à la primauté de l'esprit, ce qui suppose une participation à la noomachie (la guerre de l'esprit) et non une simple position de spectateur. Le pouvoir au sens de l'eurasisme est toujours une idéocratie, c'est-à-dire l'imprégnation de l'État par une idée qui donne un sens à l'ensemble de la construction de la communauté, et non une oligarchie de milliardaires masquée par une démocratie de façade. Cela pose sans aucun doute un grave défi à l'Occident, qui est non seulement le centre du monde (anciennement) unipolaire, mais aussi aux ravages intellectuels qu'il a générés. Comment pourra-t-il renaître de ses cendres après la Grande Réinitialisation ? Là encore, l'ouvrage de Douguine donne les premières indications sous la forme de voies possibles pour les États-Unis vers l'avenir.
Comment l'Occident peut-il surmonter la modernité ? Une question d'identité
Comme l'Occident ne fait aucun effort pour respecter les spécificités culturelles et les particularités des autres civilisations, mais qu'il cherche au contraire à les niveler par l'universalisme occidental - sans doute le plus visible aujourd'hui avec le libéralisme "branché" 2.0 du Great Reset - Douguine appelle à un soulèvement des civilisations et à un "Grand Réveil" contre l'hégémonie occidentale. Comme nous l'avons vu dans ses écrits sur le Grand Remplacement et la Quatrième Théorie Politique, cela ne s'accompagne pas chez Douguine d'une haine de la culture occidentale en tant que telle, mais seulement d'un rejet de l'Occident moderne, alors qu'il respecte profondément la tradition médiévale et antique de l'Europe occidentale, par exemple. Le modèle identitaire tripartite que le philosophe et ethnosociologue russe présente à propos des États-Unis est également intéressant à ce stade : 1) L'identité diffuse. Douguine entend par là un vague sentiment d'appartenance commune qui est confus, incertain et faible. L'identité diffuse ne se manifeste que dans des situations extrêmes, telles que les guerres, les révolutions et les catastrophes naturelles. 2) L'identité extrême. Elle représente une identité arbitraire et artificielle qui devient une idéologie. Le nationalisme ou l'identité de classe ou cosmopolite en sont des exemples. Alors qu'elle met souvent l'accent sur certaines caractéristiques de l'identité diffuse, elle en laisse d'autres de côté et en constitue une caricature. 3) L'identité profonde, qui se cache sous l'identité diffuse. Elle fait d'un peuple un peuple et en est le fondement. Le peuple n'est pas constitué du présent, mais se déplace du passé vers le futur au niveau de sa langue, de sa culture et de sa tradition. L'identité profonde représente le tout qui se déroule à la fois dans le temps et dans l'espace, c'est l'homme en tant qu'existence. Citant l'ethnologue allemand Leo Frobenius, Douguine note à ce stade que la culture est la terre qui se manifeste à travers l'homme. Alors que les Européens disposent toujours de leur identité profonde, les États-Unis sont confrontés au problème qu'ils ont été créés à l'origine sur une tabula rasa culturelle en Amérique du Nord pour réaliser l'utopie de la modernité. Les États-Unis ont été construits en négligeant le sol qui appartenait en fait aux Indiens. Ainsi, dès le départ, les États-Unis étaient une société hautement mobile de nomades se déplaçant à la surface d'un espace presque inexistant. Le système des deux partis, les démocrates et les républicains, résume leur identité diffuse, qui oscille autour des vecteurs de la liberté, du libéralisme, de l'individualisme et du progrès.
Trois possibilités pour les Américains de trouver leur identité profonde
En conséquence, Douguine voit trois possibilités pour les États-Unis : 1) Le retour à l'identité européenne. N'ayant pas de sol propre, les Américains peuvent se débarrasser de leur identité moderne et considérer leur situation dans le sens d'un autre camp existentiel du point de vue de la matrice-mère qu'est l'Europe. Cela signifierait pour les Américains d'origine européenne l'âge adulte d'une existence authentique au sens de Martin Heidegger. 2) L'Américain reste américain, mais cherche son identité dans le sens du logos américain individualiste. Cela le conduit, dans l'esprit du protestantisme, à ce que l'individu, manquant d'enracinement, cherche ses racines dans le ciel sous la forme d'un Dieu individuel qui lui est propre et qu'il doit se créer lui-même, librement, selon Friedrich Nietzsche. Les nombreuses sectes protestantes aux États-Unis peuvent être considérées comme un exemple de la recherche de Dieu par l'individu. C'est à travers elles que l'individu de l'époque moderne trouve sa profondeur. Enfin, 3) la voie de l'existentialisme américain, la préoccupation individuelle pour la mort, rendue possible par le fait que la société rend l'individu libre de tout, mais aussi libre pour le néant. C'est en s'occupant de sa propre fin que l'on peut finalement éveiller le contenu de son être.
Une lecture fascinante, importante pour la compréhension de l'eurasisme et du monde multipolaire
Dans l'ensemble, "Mission eurasienne" d'Alexandre Douguine est une lecture fascinante qui permet de mieux comprendre l'eurasisme et le monde multipolaire qui se dessine. Compte tenu des perspectives que l'eurasisme offre à l'Allemagne et à l'Europe, nous espérons qu'il sera souvent lu et encore plus souvent discuté. L'Allemagne et l'Europe ont besoin d'alternatives au transatlantisme qui s'effondre - ce livre peut en fournir une.
Le livre est disponible aux éditions Arktos (https://arktos.com/product/eurasische-mission/).
Notes:
[1] 1890 - 1938, linguiste russe, historien et fondateur de la morphophonologie. Un des leaders du mouvement eurasien, connu pour son livre "L'Europe et l'humanité".
[2] 1895 - 1968, co-fondateur du Mouvement Eurasien, économiste et géographe. A combattu le communisme aux côtés du général Wrangel pendant la guerre civile russe.
[3] 1912 - 1992, historien et ethnologue soviétique. A rejeté la thèse du joug mongol en ce qui concerne l'histoire russe et a évalué positivement la symbiose entre les Russes et les peuples turcs comme les Mongols.
[4] Le terme "vassal" désignait à l'origine l'engagement volontaire d'un homme à servir son seigneur, son duc ou son prince, c'est-à-dire l'expression d'une loyauté et d'un soutien mutuel, tout comme le principe de suzeraineté. Aujourd'hui, le terme "vassalité" a plutôt une connotation négative et désigne une sorte de lien involontaire entre un pays et un autre plus puissant. (NDLR)
[5] Douguine lui-même fait une distinction entre les deux concepts et leurs sujets respectifs - l'État pour le fascisme, la race pour le nazisme), mais reconnaît leur matrice idéologique commune faite de nationalisme, de militarisme, de collectivisme et de culte du chef.
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Sur la révolte agricole aux Pays-Bas
Sur la révolte agricole aux Pays-Bas
par Georges FELTIN-TRACOL
L’événement n’a pas fait les gros titres de l’actualité française. Seuls quelques sites de réinformation l’ont évoqué alors qu’il se déroule à quelques heures de voiture de Paris.
Depuis juin 2022, les Pays-Bas connaissent une impressionnante agitation rurale. On parle même de « révolte des agriculteurs ». En réalité, cela fait trois années, dès l’automne 2019, qu’une jacquerie inouïe secoue l’« autre pays des fromages ».
Les Pays-Bas sont le deuxième exportateur agricole mondial. Plus que les exploitants agricoles hexagonaux, leurs homologues néerlandais sont les grands bénéficiaires de la PAC (Politique agricole commune), le poste le plus important du budget communautaire européen. Le secteur agricole néerlandais profite en outre pleinement du libre-échange international encouragé par les accords économiques conclus au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Cette première place n’a pas été obtenue sans difficultés.
Dans les années 1960, une fronde traversait déjà les campagnes. De nombreuses fermes refusaient les contraintes de la PAC. Les agriculteurs s’opposaient à la modernisation à marche forcée qu’exigeaient le gouvernement et les banques dont la Rabobank, l’équivalent batave du Crédit agricole. Suite à de très fortes pressions, l’agriculture se spécialisa, devint productiviste et valorisa l’élevage intensif. L’agriculture des Pays-Bas constitue aujourd’hui une partie d’un ensemble agro-industriel hautement mécanisé et fortement dépendant des activités pétrochimiques.
La priorité n’est maintenant plus l’alimentation, mais le sauvetage fantasmatique du climat. L’actuel gouvernement de Mark Rutte repose sur une coalition plus ou moins bancale de quatre partis (le VVD libéral, le D66 libéral de gauche, le CDA démocrate-chrétien et les sociaux-chrétiens de Christen Unie). Au nom de l’« urgence climatique » et condamné en 2019 par sa propre justice pour « inaction climatique », ce gouvernement a décidé des mesures écologiques fortes. Il entend modifier les pratiques actuelles des agriculteurs. Les aides qu’il propose ne s’élèvent qu’à 25 milliards d’euros alors que les projections les plus optimistes prévoient la suppression vers 2030 d’un tiers des élevages et une reconversion inévitable pour un autre tiers.
Le D66 veut aller encore plus loin. Il suggère de réduire le cheptel de moitié. Au printemps 2022, le ministère néerlandais de la Nature et de l’Azote annonce l’obligation de réduire de 70 % les émissions d’oxyde d’azote à proximité des espaces classés Natura 2000. Faisons une brève digression sur l’intitulé assez grotesque de ce ministère. Il n’est pas le seul dans son cas en Europe. En Allemagne, le vice-chancelier Vert Robert Habeck est le ministre de l’Économie et du Climat. On attend avec impatience un ministère de l’Intérieur et des Flatulences…
Avec une superficie de près de 42.000 km² dont de vastes surfaces gagnées sur la Mer du Nord grâce à la construction de digues et l’aménagement de terres-pleins, les Pays-Bas appartiennent aux États les plus densément peuplés au monde (environ 420 hab./km²). La césure monde urbain – zones rurales y est moins nette qu’ailleurs sur le continent. C’est un pays saturé sur le plan démographique.
Le mécontentement des agriculteurs néerlandais ne se limite pas à cette révision économique déchirante. Il complète d’une part une vive colère des covidosceptiques. Des émeutes contre la vaccination, le port du masque et le confinement ont éclaté dans les centres urbains ces deux dernières années, en particulier dans des contrées réputées pour leur rigorisme calviniste. Il se nourrit d’autre part de l’exaspération croissante des flux migratoires. Dans tout le pays, les protestations se multiplient contre l’ouverture de centres d’hébergement pour les immigrés, y compris désormais dans les campagnes. Les autorités néerlandaises ne cachent pas leur préférence à l’égard des étrangers clandestins. L’excellent blogue de Lionel Baland nous apprend qu’elles vont leur donner près de 730 millions d’euros supplémentaires et ordonner aux municipalités de mettre à la disposition des demandeurs d’asile environ 20.000 maisons (peu de Néerlandais sont propriétaires de leur domicile).
Traduction: Requetequetek ! Quel cabinet de merde !
Les contestataires bloquent les centres névralgiques de fret et les infrastructures de transports plutôt que de manifester inutilement dans les rues. Laxiste envers la pègre allogène experte dans les trafics de drogue, le gouvernement néerlandais se montre intraitable, arrogant et implacable. Le 5 juillet dernier, des policiers ont tiré contre des manifestants. À part ça, Mark Rutte condamne la politique de Viktor Orban… De grandes consciences morales autoproclamées (avec le gros salaire qui va avec) ont réclamé dans leurs interventions médiatiques le recours à l’armée contre les agriculteurs révoltés. Les mêmes applaudissent bien sûr les « révolutions de couleurs » de l’hyper-classe cosmopolite.
Les tensions sociales ont une répercussion politique notable. D’après de récents sondages, la coalition gouvernementale serait en grande difficulté. Cependant, le camp national se divise entre quatre formations rivales (le PVV de Geert Wilders, JA21 d’Adrien de Boer, le Forum pour la démocratie de Thierry Baudet et les nouveaux venus nationaux-libéraux du Belang van Nederland). Pour l’heure représenté par un seul député, le BBB (Mouvement agriculteur–citoyen) fondé en octobre 2019 pourrait remporter une vingtaine de sièges. De sensibilité agrarienne de centre-droit, le BBB parie sur une alliance entre les exploitants agricoles en colère et les citoyens mécontents. N’oublions pas enfin le maintien des fondamentalistes protestants calvinistes du SGP (Parti politique réformé).
L’échéance des prochaines élections législatives est assez lointaine puisqu’elles sont prévues pour 2025. C’est dommage, car les populismes auraient pu fort bien se manifester avec fracas au pays des tulipes !
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 43, mise en ligne le 21 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.
22:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, révolte paysanne, pays-bas, europe, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 23 septembre 2022
Le virus financier américain infecte le monde
Le virus financier américain infecte le monde
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/21/amerikan-finanssivirus-sairastuttaa-koko-maailman/
"On disait autrefois que lorsque l'Amérique éternue, le monde entier attrape un rhume, ce qui signifie que si l'économie américaine entre en récession, les économies de tous les autres pays entrent en récession avec elle", écrit Mark Blacklock.
En 1929, la spéculation sur le marché boursier a provoqué le krach de Wall Street et a déclenché la Grande Dépression. De même, la crise financière mondiale de 2008, qui a débuté aux États-Unis, a entraîné une récession et une crise de la dette en Europe.
"Aujourd'hui, l'économie mondiale est à nouveau menacée par une maladie financière qui se propage à partir des États-Unis", déclare M. Blacklock. Cette fois, c'est dû à un dollar fort. Les produits de base tels que le pétrole et le gaz sont échangés au niveau mondial en dollars, dont la valeur croissante augmente les coûts. Cela a un impact direct sur presque tous les autres aspects de l'économie mondiale, ainsi que sur l'inflation.
La force artificielle du dollar est due aux efforts déployés par la Réserve fédérale américaine pour freiner l'inflation intérieure par de fortes hausses des taux d'intérêt. Un dollar fort rend les produits plus chers par rapport aux autres devises.
"Les taux d'intérêt élevés du dollar contribuent à la maladie de l'Amérique, mais ils nuisent à l'économie mondiale avec quelque chose de bien pire que la grippe. Le médicament de la Fed envoie la maladie à l'étranger, pour que d'autres en souffrent", a diagnostiqué M. Blacklock.
La Réserve fédérale américaine décidera aujourd'hui de nouvelles hausses des taux d'intérêt. La prévision est d'une autre augmentation de 75 points de base du taux directeur. Si cela se produit, cela mettra davantage de pression sur les devises en difficulté et augmentera le risque de récession.
Claudia Sahm, ancienne fonctionnaire de la Fed, affirme que les conditions géopolitiques et économiques mondiales ne justifient pas une autre hausse des taux. La politique monétaire américaine "écrase l'Europe et les marchés émergents". L'économiste ne semble pas comprendre que c'est exactement ce qui est fait, pour maintenir la domination de l'élite qui dirige l'Occident.
Un dollar plus fort rend tout ce qui est négocié en devise américaine plus cher par rapport aux autres devises - et ces autres devises sont moins attrayantes pour les investisseurs.
La livre sterling a été dépréciée. L'euro est tombé à son plus bas niveau par rapport au dollar depuis deux décennies. Le yen japonais a dégringolé à son plus bas niveau depuis près d'un quart de siècle. Trente-six monnaies dans le monde ont perdu au moins un dixième de leur valeur cette année.
"L'Amérique essaie de soigner sa propre inflation en infectant le reste du monde", lance Blacklock. À la lumière de l'histoire, il semble que les capitalistes avides intensifient à nouveau leur guerre des devises, pour soutenir leur système défaillant.
Faudra-t-il l'effondrement de toute l'économie mondiale et une instabilité menant à la guerre pour que la dépendance au dollar et le libéralisme économique soient surmontés ? Un nouvel ordre émergera-t-il de l'extérieur de l'Occident pour défier la City de Londres et Wall Street ? Sommes-nous à un tournant de l'histoire ?
21:02 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, finances, dollar, états-unis, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 22 septembre 2022
Charles III, roi de la "Grande Réinitialisation"
Charles III, roi de la "Grande Réinitialisation"
Le nouveau monarque britannique est un partisan du "Nouvel ordre mondial
Bernhard Tomaschitz
Source: https://zurzeit.at/index.php/charles-iii-koenig-des-great-reset/
Après la mort de la reine Elizabeth II, son fils aîné Charles est devenu le nouveau chef d'État. Contrairement à sa mère, qui ne s'est jamais exprimée politiquement au cours de sa longue vie, le nouveau roi, qui portera le nom de Charles III, a pris clairement position à plusieurs reprises. Il est surtout l'une des figures de proue du "Great Reset", c'est-à-dire de la transformation fondamentale de l'économie et de la société ordonnée d'en haut.
Lors d'une conférence virtuelle du "Forum économique mondial", le 3 juin 2020, l'héritier du trône à l'époque a déclaré que "nous avons une occasion en or de tirer quelque chose de bon de cette crise - rendre ses ondes de choc sans précédent plus réceptives aux grandes visions du changement". Par crise, il faut entendre la crise provoquée par le coronavirus. Et de poursuivre : "En passant du sauvetage à la reprise, nous avons donc une occasion unique, mais qui disparaît rapidement, de tirer des leçons et de nous engager sur une voie plus durable. Nous n'avons jamais eu cette opportunité et ne l'aurons peut-être plus jamais. Nous devons utiliser tous les leviers à notre disposition, car nous savons que chacun d'entre nous a un rôle important à jouer".
De plus, l'ex-Prince de Galles a fait savoir sur son site internet : "Le Great Reset, lancé aujourd'hui dans le cadre d'une table ronde virtuelle, vise à reconstruire, redessiner, revitaliser et rééquilibrer notre monde. Il a été conçu pour garantir que les entreprises et les communautés 'reconstruisent mieux' en plaçant les pratiques commerciales durables au cœur de leurs activités".
Le terme clé est "durable" et semble à première vue raisonnable et discret. Mais en réalité, le terme "durable" est le prétexte pour augmenter ou créer de nouvelles taxes, changer les habitudes de vie des gens, manipuler les masses ou restreindre les droits fondamentaux au nom de la religion civile du changement climatique prétendument causé par l'homme uniquement. Et tout cela, bien sûr, sans que les citoyens aient leur mot à dire démocratiquement.
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mercredi, 21 septembre 2022
L'intelligence artificielle: la reine de la censure mondiale?
L'intelligence artificielle: la reine de la censure mondiale?
Vladimir Prokhvatilov
Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/seguridad/38691-2022-09-01-10-04-17
Le 10 août, le site web du Forum économique mondial (WEF) a publié l'article La solution aux abus en ligne ? L'IA plus l'intelligence humaine.
L'auteur de l'article, Inbal Goldberger, vice-présidente de la société israélienne Active Fence, "experte en intelligence", propose de combiner un réseau d'intelligence artificielle avec l'intelligence humaine pour combattre le "monde obscur des abus en ligne" de "l'extrémisme, de la désinformation et des discours de haine".
Selon Mme Goldberger, les logiciels d'intelligence artificielle (IA) ne peuvent souvent pas comprendre les "formulations verbales des groupes haineux", n'ont pas atteint "la maîtrise des langages terroristes et une compréhension subtile des campagnes de désinformation".
"Par exemple, il existe des modèles d'IA robustes pour détecter la nudité, mais seuls quelques-uns peuvent distinguer si cette nudité fait partie d'un tableau de la Renaissance ou d'une image pornographique. De même, la plupart des modèles ne peuvent pas dire si le couteau montré dans la vidéo est utilisé pour faire la publicité d'un outillage de boucherie ou d'une agression violente. Les attaquants peuvent exploiter ce trou béant".
Les modérateurs qui suppriment le contenu "indésirable" n'ont pas la force et les connaissances nécessaires pour dresser une liste noire de tous les sites de désinformation. "Contrairement à l'IA, les modérateurs humains et les experts en la matière peuvent détecter les nuances de l'abus en ligne..... Toutefois, cette précision est limitée au domaine d'expertise particulier de l'analyste : un modérateur humain expert de la suprématie blanche en Europe n'est pas forcément capable de reconnaître un contenu malveillant en Inde ou des récits de désinformation au Kenya."
Goldberger entonne un plaidoyer pour une censure mondiale : les modérateurs seraient au mieux de leur forme en Europe, mais n'ont pas encore atteint l'Inde et le Kenya. Il est entendu que l'on ne peut faire confiance aux Indiens, aux Africains, aux Arabes, ainsi qu'aux Chinois et aux Russes eux-mêmes pour le contrôle des informations sur Internet.
Pour que la lutte contre les "contenus offensifs" soit véritablement mondiale, Mme Goldberger propose de combiner les efforts de l'IA (échelle des menaces) avec l'esprit des experts des pays.
Les réseaux mondiaux sont devenus fous: "Le Forum économique mondial de Klaus Schwab propose d'automatiser la censure des "discours de haine" et de la "désinformation" à l'aide d'une IA alimentée par des "experts du domaine"". Une telle symbiose entre l'homme et la machine est appelée intelligence hybride, mais Goldberger évite ce terme, car le domaine de l'intelligence hybride est l'un des principaux domaines de recherche et de développement des agences de renseignement américaines par le biais de l'Advanced Research Agency ( IARPA ) dans le domaine de l'intelligence dite anticipative (Anticipatory intelligence).
En 2017, l'IARPA a lancé le développement d'"un système de prévision hybride homme-machine pour des problèmes tels que les épidémies, les fluctuations boursières, les élections, les conflits interétatiques". En particulier, le projet Synergistic Anticipation of Geopolitical Events ( SAGE ) était dirigé par le chef du groupe de recherche sur l'intelligence artificielle et les bases de données de l'Université de Californie du Sud, Aram Galstyan. Il a travaillé sur la "rétroaction entre l'intelligence humaine et l'intelligence informatique". En établissant un tel retour d'information, Inbal Goldberger entrevoit les perspectives d'une censure mondiale.
Le projet SAGE fait partie du programme plus vaste Hybrid Forecasting Competition (HFC), supervisé par l'Office of the Director of National Intelligence (ODNI) des États-Unis, qui vise à comparer les performances de "divers hybrides homme-machine dans la prévision d'événements de la vie réelle en fusionnant le jugement humain avec des informations provenant de sources telles que les bulletins d'information traditionnels, les réseaux sociaux et les chiffres financiers", a déclaré l'ODNI.
La possibilité d'utiliser le renseignement hybride à des fins de renseignement aux États-Unis a été abordée parce que de précédents projets de ce type avaient échoué. Le projet FutureMap a échoué. Le projet de prédiction de l'intelligence collaborative a échoué ; sa précision s'est avérée inférieure à 48 %, c'est-à-dire pire qu'un tirage à pile ou face.
Le projet d'intelligence proactive avec l'aide de l'intelligence hybride a également échoué. Elon Musk a maintenant évolué dans cette direction. Il a rapidement abandonné ses promesses d'envoyer des gens sur Mars et a commencé à soutenir l'idée que les gens devraient être fusionnés avec l'intelligence artificielle dans un avenir proche.
Selon le directeur de la technologie numérique de la CIA, Andrew Hellman, les services de renseignement proactifs américains ont appris à prévoir avec précision les foyers d'instabilité, les conflits et les attaques terroristes 3 à 5 jours avant qu'ils ne se produisent. Cependant, "les capacités prédictives avec un horizon d'événement de 3 à 5 jours ne peuvent être adaptées qu'aux personnes ordinaires qui vont faire un pique-nique le week-end prochain et qui s'intéressent à la météo. Pour une intelligence proactive de l'instabilité sociale et des conflits, un horizon de prévision d'au moins quelques semaines est désespérément nécessaire, mais dans le meilleur cas, de 3 à 5 semaines", déclare Sergey Karelov, un analyste informatique russe de premier plan.
Dans ce contexte des échecs de l'utilisation de l'intelligence hybride, il semble qu'ils aient décidé de ne pas essayer de prédire l'avenir, mais de le concevoir, comme l'a enseigné le lauréat du prix Nobel Dennis Gabor. C'est de l'ingénierie sociale.
L'article d'Inbal Goldberger sur le site du WEF a fait beaucoup de bruit. "Le WEF prévoit d'utiliser la technologie de l'intelligence artificielle pour combattre 'les discours de haine et la désinformation' et désormais, tout ce qui va à l'encontre de son programme sera considéré comme de la désinformation... Appelons cela une dictature mondiale en devenir", écrit la journaliste britannique Sophie Corcoran.
"Inbal Goldberger promeut l'IA comme la reine de la censure.... Elle semble avoir complètement fusionné avec l'équipe de Biden", disent-ils sur les médias sociaux.
"Le groupe à l'origine du Grand Redémarrage promeut la censure mondiale dans le cadre du schéma 'IA plus intelligence humaine'. "Le Forum économique mondial (WEF) a proposé une nouvelle façon de censurer les contenus en ligne qui exige qu'un petit groupe d'experts entraîne l'intelligence artificielle à détecter la 'désinformation' et le contenu offensant", peut-on lire dans le titre.
D'une manière ou d'une autre, les tentatives d'introduire une censure mondiale à l'aide de l'intelligence artificielle n'ont pas été marquées par un succès pratique. Jusqu'à présent, beaucoup de bruit pour rien.
elespiadigital.com
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mardi, 20 septembre 2022
Le délcin de l'empire
Le déclin de l'empire
par Klaus Kunze
Source: http://klauskunze.com/blog/2022/09/18/der-niedergang-des-imperiums/
Le déclin des États-Unis entraînera-t-il notre Allemagne dans sa chute ? Ceux qui s'étonnent de cette question devraient se familiariser avec l'analyse d'un capitaliste de premier plan : Ray Dalio, qui est classé 71ème sur la liste des personnes les plus riches et possède le plus grand fonds spéculatif.
Pour lui, il n'y a aucun doute : les États-Unis déclinent et la Chine monte en puissance :
Exemple conceptuel du changement cyclique de l'ordre mondial (Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.76).
Son analyse révélatrice concerne directement la situation allemande et fait partie des livres à lire.
Ray Dalio, World Order in Change, Principles for Dealing with the Chanching World Order, 2021, World Order in Change, Vom Aufstieg und Fall von Nationen, 2022.
Ceux qui n'aiment pas le capitalisme financier mondial devraient cependant regarder cet homme et ses thèses en face. Dalio est l'un des plus grands joueurs et connaît personnellement un grand nombre de chefs d'État renommés. Il adopte une perspective à vol d'oiseau et a étudié de manière approfondie l'histoire économique des derniers siècles.
Du point de vue de Dalio, tout tourne autour de l'argent, car le pouvoir d'achat est toujours synonyme de prospérité et de puissance. Son hypothèse principale est que tous les pays traversent des cycles d'ascension et de déclin et sont fondamentalement soumis aux mêmes "relations de cause à effet intemporelles et universelles" (Dalio p.191): le leadership, l'éducation, une culture forte et la capacité d'innovation mènent à l'apogée de la puissance. Un très petit nombre de personnes deviennent extrêmement riches, ce qui entraîne des tensions sociales. Les générations suivantes s'en sortent encore bien, mais leur productivité diminue parce qu'elles ne sont pas aussi travailleuses que leurs parents.
Lorsque les habitants du pays leader deviennent plus riches, ils ne travaillent généralement plus aussi dur. Ils s'accordent plus de temps libre, se consacrent aux choses plus agréables et moins productives de la vie et, dans les cas extrêmes, deviennent décadents. Au cours de l'ascension vers le sommet, les valeurs changent d'une génération à l'autre - de ceux qui ont dû se battre pour la richesse et le pouvoir à ceux qui en ont hérité. La nouvelle génération n'est plus aussi combative, mais elle est gâtée par le luxe et s'est ramollie.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.67.
Leurs désirs et leurs exigences sont de plus en plus grands et ne sont satisfaits que par des emprunts. L'État s'endette, mais dépense de moins en moins pour les investissements et de plus en plus pour la redistribution improductive des riches vers les pauvres. Si les guerres imposent des dépenses militaires de plus en plus importantes, la dette finit par atteindre un niveau critique : elle consiste en la promesse d'honorer un jour une dette monétaire et forme une bulle financière.
Inévitablement, le pays commence à emprunter de manière excessive, ce qui entraîne un gonflement énorme de ses dettes envers les prêteurs étrangers. [...] Si l'on emprunte beaucoup, le pays paraît très fort, mais en réalité sa puissance financière s'affaiblit, car le pouvoir du pays est maintenu à crédit, alors que cela ne se justifie plus fondamentalement. Les fonds étrangers servent à financer à la fois la surconsommation nationale et les conflits militaires internationaux.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.68.
Alors que la population est aussi pauvre au début de chaque cycle, les écarts entre riches et pauvres et entre différents groupes ethniques et religieux se creusent. L'économie s'affaiblit et, devant le choix entre la faillite de l'État et le lancement de la presse à imprimer, les gouvernements décident presque toujours d'imprimer de la monnaie en quantité. "Ce faisant, la monnaie perd de sa valeur et l'inflation s'accélère" (p.69 et s.). Les conflits conduisent, selon Dalio,
à l'extrémisme politique, qui se traduit par le populisme de gauche et de droite. La gauche veut redistribuer les richesses, la droite veut s'assurer qu'elles restent entre les mains des riches. Il s'agit de la "phase anticapitaliste", dans laquelle les problèmes sont imputés au capitalisme, aux capitalistes et, plus généralement, aux élites.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.70.
Quand les promesses de payer ne peuvent plus être tenues, le cycle se termine par un effondrement.
L'effondrement inévitable de la monnaie entraîne, à la fin du cycle, la perte totale de tous les actifs financiers, le chaos, la guerre civile et un nouveau départ. Le cycle typifié ressemble donc à ceci :
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De la montée et de la chute des nations, 2022, p.73.
Dalio estime que les États-Unis ont parcouru environ 70% de leur cycle. La limite de la phase "de guerre civile ou de révolution, où l'on prend les armes, n'a pas encore été franchie, mais les conflits politiques internes sont violents et s'intensifient" (S.443).
Et l'Allemagne ?
"Parce que la nature des hommes change peu avec le temps" (p.52), écrit Dalio, "le cycle politique interne d'ordre et de chaos" (p.25) se répète partout et toujours selon une loi. Il a tenté de démontrer empiriquement cette hypothèse en 668 pages, en s'appuyant sur une multitude de données. L'ère des temps modernes a commencé, entre autres, avec l'invention de la comptabilité en partie double et du capitalisme financier. Les analyses de Dalio sont cohérentes. Que signifient-elles pour nous ?
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.57.
La "prospérité et la puissance" de l'Allemagne - que Dalio cite souvent dans le même souffle - ont suivi les lois qu'il a mises en évidence. Au 20ème siècle, après des guerres perdues, la politique financière a connu deux nouveaux départs à la fin d'un cycle d'endettement. Les facteurs déterminants de notre renaissance après 1945 sont un exemple qui confirme l'hypothèse de Dalio. Nous sommes, comme les États-Unis, sur la branche descendante de notre cycle. Selon Dalio, ces cycles durent généralement une centaine d'années. La fin de la situation actuelle est annoncée.
Les États-Unis sont en train de descendre. Et nous, ses satellites ? La fin est d'autant plus proche que nos gouvernements accélèrent les facteurs de déclin.
Le leadership a été remplacé par les atermoiements de Kohl et Merkel et les tergiversations de Scholz. L'inventivité est de moins en moins récompensée. L'éducation pluridisciplinaire a été remplacée par un système qui sabote les pics de performance, réduit l'éducation historique à néant, impose l'endoctrinement comme le genderisme et donne souvent l'illusion d'une éducation plus générale uniquement grâce à des diplômes sans valeur. Ce qu'un bachelier sait aujourd'hui, un collégien le savait depuis longtemps il y a 40 ans. La pensée indépendante et le questionnement critique sont réprimés par la surveillance idéologique au lieu d'être encouragés.
La "culture forte", l'une des caractéristiques d'ascension d'un pays soulignée par Dalio, a été remplacée par un bric-à-brac ridicule de gadgets à la mode. Des us et coutumes de peuples étrangers, incompatibles avec notre culture, s'immiscent dans le vide culturel.
La dette publique, qui ne peut plus être remboursée, est typique des périodes de déclin. Pendant la période de la pandémie, nous avons réduit la productivité par des interdictions, tout en distribuant des milliards à ceux qui étaient dans le besoin et en contractant des sommes exorbitantes de nouvelles dettes, ce qui nous a rapprochés de l'effondrement. Notre guerre économique contre la Russie, combinée aux dépenses militaires, menace à nouveau de ruiner notre économie réelle et de réduire de grands groupes de personnes à la mendicité. Afin d'anticiper les troubles sociaux imminents, de nouvelles quantités d'argent non remboursable sont produites. La masse monétaire nominale n'est pas compensée par une quantité suffisante de biens et de services réels à acheter. L'argent a de moins en moins de valeur.
Les conflits de répartition internes autour des lignes de fracture déjà existantes de notre société divisée augmentent le potentiel de conflit idéologique. Spirituellement, la guerre civile bat déjà son plein. Les restes de la génération d'après-guerre maintiennent encore des vestiges de l'orientation vers la performance et de nos valeurs traditionnelles. Au plus tard lorsque ses ressortissants seront décédés, la part de la population non allemande, et donc la part de personnes ne présentant aucune des caractéristiques conduisant à une résurgence, sera prépondérante. En bref, tout cela va exploser à la figure de nos enfants.
Philosophie de l'histoire ou analyse basée sur les données ?
Les analyses de Dalio se distinguent des philosophies de l'histoire comme celle de Marx par leur approche basée sur des données factuelles. Il ne prédit pas, mais cherche des lois permanentes, il recherche ce qui est toujours valable. C'est une position de base conservatrice. Il voit aussi les lois sociologiques avec un regard clair :
De même, j'ai compris que depuis toujours et dans tous les pays, les personnes qui possèdent la prospérité sont celles qui possèdent les moyens de la produire. Pour maintenir ou accroître leur prospérité, ils collaborent avec ceux qui ont le pouvoir politique d'édicter et d'appliquer des règles, et entretiennent avec eux une relation symbiotique. Je me suis rendu compte que cela s'était produit de manière très similaire dans tous les pays et à toutes les époques. [...] Au fil du temps et à travers les pays, l'histoire montre qu'il existe une relation symbiotique entre les riches et ceux qui exercent une influence politique, et que les arrangements qu'ils prennent entre eux déterminent l'ordre dominant".
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De la montée et de la chute des nations, 2022, p.39, 111.
Si nous prenons comme exemple la nouvelle symbiose entre le capitalisme financier international et nos représentants gouvernementaux "progressistes" issus de la gauche alternative, elle a été récemment qualifiée aux Etats-Unis de "woke capitalism": capitalisme "éveillé" (?). Il a culminé avec le mouvement d'émancipation des minorités sexuelles et raciales, et a démoli tous les bastions de la normalité traditionnelle. Des drapeaux arc-en-ciel flottent devant les sièges sociaux des grandes entreprises. J'ai expliqué en détail pourquoi cela semble être dans l'intérêt des deux parties dans mon livre sur "Le libéralisme, ennemi public" (2022) (cf. infra).
La principale critique adressée au capitalisme financier est, du point de vue de la gauche, son manque d'équité dans la répartition des biens et, du point de vue de la droite, la dissolution et l'anéantissement des peuples qui se sont accrus ainsi que la disparition de l'héritage financier et la mise au pas des États. Les opposants de droite et de gauche s'accordent en revanche à dire que les limites de la croissance mondiale ont été atteintes et que toute croissance supplémentaire détruit nos bases naturelles de vie. Or, la croissance est une condition d'existence inhérente au capitalisme financier.
Les peuples et les cultures n'intéressent pas particulièrement Dalio. Ils ne sont pas des variables de calcul dans ses modèles analytiques qui s'interrogent sur les relations de cause à effet, comme entre la croissance de la masse monétaire et l'endettement, le pouvoir et le déclin. Il est cependant évident pour lui aussi que tous les peuples n'ont pas la même capacité à "monter" :
Tous les êtres humains viennent au monde avec un patrimoine génétique qui influence dans une certaine mesure la manière dont ils se comportent. Il est donc logique que la nature génétique de la population d'un pays ait un effet sur la manière dont ce pays se développe.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.93.
Tout le monde n'aime pas tout le monde, ce qui conduit à des conflits le long de certaines lignes de fracture :
Les personnes avec lesquelles les gens se sentent le plus liés, avec lesquelles ils s'entourent le plus souvent et ont le plus de points communs déterminent la ou les classes auxquelles ils appartiennent. Et leur classe détermine qui sont leurs amis et alliés, et qui sont leurs ennemis. Les classes déterminantes les plus courantes sont les riches et les pauvres, et la droite (c'est-à-dire capitaliste) et la gauche (socialiste). Il existe de nombreuses autres distinctions importantes, telles que l'ethnie, la religion, le sexe, le style de vie (libéral ou conservateur) et le lieu de résidence (par exemple, ville, banlieue ou campagne). En général, les gens peuvent être répartis dans ces classes et, en période de prospérité, au début d'un cycle, il existe une harmonie entre ces classes. Lorsque les temps deviennent mauvais, les conflits se multiplient.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De la montée et de la chute des nations, 2022, p.124.
De trop grandes différences intra-culturelles au sein d'un pays sont sources de conflits et peuvent accélérer son déclin :
Chaque société développe une culture sur base de la manière dont elle perçoit le fonctionnement de la réalité, et chaque culture fournit des principes qui devraient guider les individus dans leur rapport à la réalité - et surtout dans leurs relations mutuelles. [...] Lorsque les valeurs divergent de plus en plus, en particulier en période de crise économique, cela conduit généralement à des périodes de plus grand conflit. [...]
Souvent, ils diabolisent les membres d'autres tribus au lieu de se rendre compte que, comme eux, ils ne font que ce qui est dans leur propre intérêt.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, De l'ascension et de la chute des nations, 2022, p.99, 101.
Problème identifié
Selon Dalio, des conflits surviennent au sein de chaque cycle juste avant l'effondrement. Ceux-ci sont à première vue de nature idéologique ou religieuse. Mais il les classe en fin de compte comme des luttes pour la répartition. Plus un État laisse l'écart entre les riches et les pauvres se creuser, plus cet écart devient dangereux. Dalio reconnaît, dans la critique par la gauche de l'absence d'équité dans le capitalisme, le potentiel de mise en danger du système.
Je pense que le plus grand défi pour la politique est de mettre en place un système économique capitaliste qui augmente la productivité et le niveau de vie sans accroître l'inégalité et l'instabilité.
Ray Dalio, L'ordre mondial en mutation, L'ascension et la chute des nations, 2022, p.128.
Malheureusement, il ne nous dit pas à quoi devrait ressembler un tel système, car personne ne le sait apparemment à ce jour. Il y a un point aveugle dans la logique du système du libéralisme économique. Il se fonde exclusivement sur l'individualisme méthodologique. Chacun est le plus proche de soi-même et si chacun poursuit ses intérêts privés de manière purement égoïste, cela servira au mieux la prospérité de tous, pensent les tenants de l'individualisme méthodologique. Malheureusement, personne ne croit encore à cette légende du 19ème siècle, pas même Dalio. Pour lui, le fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres est précisément la conséquence inévitable de la prospérité à l'apogée d'un cycle, et s'il revient inévitablement, on ne peut justement pas le changer.
Comme Friedrich von Hayek avant lui, Dalio pense fondamentalement à partir de l'individu. C'est pourquoi, pour lui, les systèmes collectivistes sont un indicateur de crise pour la période de conflits internes dans les phases de déclin. Dans l'individualisme, en revanche, "le bien-être de l'individu prime sur tout le reste" (p. 258). Dalio ne mentionne pas le fait que l'on puisse partager ce point de départ mais en voyant dans le bien-être d'une communauté de personnes (famille, tribu, peuple) une condition fondamentale pour le bien-être de l'individu.
Hayek : l'apôtre libéral du pur individualisme
L'autre extrême, le collectivisme, repose philosophiquement sur un holisme. Pour lui, l'ensemble collectif est donc une sorte d'"essence" propre et unifiée, à laquelle les personnes individuelles doivent s'intégrer en tant que parties.
"La volonté de mettre dans le même panier du holisme, d'un point de vue libéral occidental, le communisme menaçant et le fascisme ou le nazisme tout juste vaincus, a donné un élan idéologique supplémentaire à l'évangile de l'individualisme méthodologique et a assuré sa rapide diffusion. C'est en tant qu'évangélistes des valeurs libérales de l'Occident en difficulté que Hayek et Popper ont acquis leur renommée".
Panajotis Kondylis, La politique et l'homme, volume 1 : Relation sociale, compréhension, rationalité (1999), p.141.
La communauté : le point aveugle
Le "schéma de pensée néolibéral" de Röpke et Hayek souffrait toutefois d'une erreur de raisonnement :
"Il approuvait le libéralisme économique et rejetait ses conséquences, il défendait les prémisses libérales et combattait la réinterprétation et le développement démocratiques de masse de celles-ci. Mais l'atomisation de la société, le calcul eudémoniste et la dissolution des traditions et des conditions substantielles dans le pluralisme des valeurs constituent les conséquences nécessaires du libéralisme économique sur une base hautement technologique" [1].
Panajotis Kondylis, Le politique et l'homme, volume 1 : Relation sociale, compréhension, rationalité (1999), p.141.
Le libéralisme est aveugle à ces conséquences, le capitalisme financier n'a pas d'œil pour elles. Hayek l'avait négligé et Dalio persiste dans cette voie de pensée. Hayek qualifiait la solidarité et l'altruisme d'instincts ataviques, devenus anachroniques aujourd'hui [2]. En revanche, Konrad Lorenz écrivait qu'un homme seul n'est pas un homme du tout, d'une certaine manière :
"Ce n'est qu'en tant que membre d'un groupe spirituel qu'il peut être pleinement humain. La vie spirituelle est fondamentalement une vie supra-individuelle ; nous appelons culture la réalisation concrète individuelle de la communauté spirituelle".
Konrad Lorenz, Les huit péchés capitaux de l'humanité civilisée, 1973, 9ème éd. 1978, p.66.
Le comportementaliste avait déjà formulé avec clairvoyance il y a quelques années :
"Nous devons apprendre à combiner une humanité lucide envers l'individu avec la prise en compte de ce qui est nécessaire à la communauté humaine. L'individu qui est frappé par la défaillance de certains comportements sociaux et par la défaillance simultanée de la capacité à éprouver les sentiments qui les accompagnent est en effet un pauvre malade qui mérite toute notre compassion. Mais la défaillance elle-même est le mal par excellence" [3].
Konrad Lorenz, Les huit péchés capitaux de l'humanité civilisée, 1973, 9ème éd. 1978, p.66.
Dalio est un spécialiste de la prospérité. Ce dont la communauté a besoin ? Du pouvoir d'achat, bien sûr. Y avait-il autre chose ? Dans son univers mental, les communautés supra-individuelles n'existent pas. Il incarne la position extrême de l'individualisme par rapport à la position extrême du collectivisme. Il considère que le problème est de "mettre en place un système économique capitaliste qui augmente la productivité et le niveau de vie sans accroître l'inégalité et l'instabilité". Il va sans dire qu'il n'a pas trouvé de solution à ce problème dans le cadre de l'idéologie libérale.
Et si un pays n'allait pas bien ou était en déclin ? Son conseil radicalement individualiste est le suivant : vous pouvez toujours changer de domicile : Ubi bene, ibi patria.
Pour en savoir plus sur le capitalisme financier, cliquez ici :
Notes:
[1] Panajotis Kondylis (1999), p.142. Klaus Kunze, Staatsfeind Liberalismus, 2022, p.116.
[2] Alain de Benoist, Contre le libéralisme (2021), p.243.
[3] Konrad Lorenz (1973 / 91978), p.66.
19:26 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, états-unis, libéralisme, individualisme, cycles économiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 19 septembre 2022
A propos de Piłsudski et de l'Intermarium
A propos de Piłsudski et de l'Intermarium
par Danny Sguera
Source : Danny Sguera & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/intermarium-30382
La politique extrémiste et belliciste de l'OTAN et des États-Unis n'est rien d'autre, aujourd'hui sur fond de conflit russo-ukrainien, qu'une répétition de la stratégie militaire conçue au début du 20ème siècle par le général polonais Piłsudski (connu pour le "Miracle de la Vistule") qui soulignait la nécessité de canaliser une union de nations non russes afin d'encercler la Russie (voir l'extension récente de l'OTAN) qui appartenait alors, comme aujourd'hui, à partir de l'après-guerre, à la sphère tsariste ou du Pacte de Varsovie. Ces pays s'étendaient de la Baltique à la Caspienne et au Caucase et auraient dû recevoir comme tâche précise de stabiliser leurs souverainetés, celles-ci étant toutefois hétéro-dirigés par les diktats étrangers franco-britanniques à l'époque et placés sous l'égide des États-Unis aujourd'hui (le garant de la Pologne, à l'époque, était l'entente franco-britannique qui a misérablement abandonné Piłsudski en poussant le chef de l'ethnat ukrainien Skoropads'kij, à l'époque, vers la Russie pour réduire les empires allemand et austro-hongrois).
Piłsudski croyait, par le biais de la vision de l'INTERMARIUM et des méthodes propres à son idéologie PROMETHEISTE, qu'il était indispensable de stabiliser le territoire ukrainien afin de contenir les visées de l'Empire tsariste d'abord, puis du régime soviétique, de manière à rompre toute relation avec l'Est et à proclamer ensuite la Pologne, porte d'entrée du monde slave, gardienne de ce rôle de premier plan. Piłsudski préférait être un franc-tireur méfiant tant à l'égard de l'Est que de l'Ouest, car il était conscient qu'il pouvait être écrasé par les empires de l'époque, notamment celui des Habsbourg et l'empire allemand qui étaient en constante progression. Aujourd'hui, comme à l'époque, il est possible de tracer les similitudes avec le rôle assumé par la Pologne dans le domaine géostratégique, qui, en cohabitation avec d'autres Etats vassaux (Ukraine, Finlande, Lettonie, Lituanie, Géorgie, en partie Azerbaïdjan), exerce certes des politiques d'intérêt mutuel mais aussi et surtout des politiques coïncidant avec les intérêts des Américains. Ces États jouent le rôle de chiens enragés envers la Russie en soutenant les politiques les plus militaristes de la zone européenne.... mais pas seulement. En fait, aujourd'hui comme à l'époque, la Pologne, à la lumière du récent conflit interne avec l'Union européenne, peut encore conserver des espaces d'autonomie obtenus grâce à l'hégémon américain, du moins tant qu'elle restera subordonnée aux plans géopolitiques de la superpuissance qui, en échange, lui permettra d'exprimer un revanchisme nationaliste axé principalement sur la détestation de la Russie.
La politique actuelle à courte vue des États-Unis vise, comme il y a quelques décennies et pendant tout le siècle dernier, à espérer une chute progressive et providentielle du système régissant la Fédération de Russie, comme elle l'a fait avec l'URSS pour des raisons endogènes, par l'effondrement politico-économique dû à la course aux armements, au système économique dépassé de planification contre l'économie de marché et avec, en prime, quelques raids ici et là des états de l'INTERMARIUM exerçant une force perturbatrice qui n'est pas vraiment efficace mais utile pour gagner du temps afin que les deux premières causes, déjà expliquées dans le présent article, se réalisent finalement dans le temps (voir aujourd'hui le déploiement et l'effort militaire en Ukraine plus les glissements de terrain entre la Géorgie et le Nagorno Karabagh combinés avec les sanctions occidentales).
Ces théories politiques du maréchal et ministre de la guerre polonais en 1915-1918 ont laissé leur empreinte sur le modus operandi euro-américain en produisant des crises successives qui se répercutent aujourd'hui sur tout notre continent en raison des grandes similitudes avec les conflits de 2008 en Géorgie et de 2014 en Ukraine. Une approche insensée qui, en élargissant le front de l'OTAN, a rassemblé tous les États dits "prométhéens" (selon la définition donnée par les idéologues autour de Pilsudski) qui, en réitérant leurs provocations au fil du temps, entendent contrecarrer la forte résurgence de la Russie dans le monde eurasien, résultat de la politique de réaffirmation de Vladimir Poutine.
Le fait est qu'entre-temps, le monde a changé, la Russie n'est plus ni un empire ni l'URSS, même si cela arrange le monde occidental de lui coller des étiquettes du siècle dernier pour ne pas avoir à dire la vérité ou du moins à avouer les changements historiques à ses citoyens. Les espoirs d'un effondrement socio-économique à la manière de l'URSS, complétés par des théâtres de guerre pour user et harceler la Russie, révèlent un Occident vieux, malade et fortement colonialiste qui préfère se bercer d'illusions en retournant inlassablement à de vieilles pages du passé tout en éludant les changements structurels internationaux qui, sauf en cas de conflit mondial, sont INÉVITABLES.
Le système économique russe a changé et adopte désormais un modèle hybride de marché et de souveraineté. Mais, à côté de cela, tout un monde a changé avec les BRICS. L'Inde mais surtout la Chine offrent des opportunités de marché qui font voler en éclats les politiques d'isolement dépassées et rétrogrades que l'on veut appliquer contre la Russie. Au contraire, par une propagande immorale, l'Américanosphère a convaincu ses citoyens qu'il y a un monstre de l'autre côté de la ligne, et par des décisions politiques précises, elle a choisi obtusément de faire sauter tout un échafaudage économique et culturel, en se retranchant, comme elle l'a fait jadis pour l'URSS, dans une économie fermée (SEV/COMECON), qui non seulement n'a pas de débouchés économiques en politique étrangère, mais fait de ses Etats membres des sujets politiques soumis au pouvoir hypercentralisé de Washington. En bref, des Etats fantoches sans autonomie ni réel pouvoir législatif en matière internationale !
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dimanche, 18 septembre 2022
La guerre mondiale en cours et l'asservissement des peuples européens
La guerre mondiale en cours et l'asservissement des peuples européens
par Luciano Lago
Source: https://www.ideeazione.com/la-guerra-mondiale-in-corso-e-la-sottomissione-dei-popoli-europei/
Les tensions internationales, les conflits et les changements qui se produisent dans le scénario mondial démontrent irréfutablement la phase de modification des équilibres de l'ordre international que le monde traverse.
On peut dire qu'une nouvelle guerre mondiale a commencé depuis longtemps en raison de la volonté des États-Unis, en tant que superpuissance hégémonique, de maintenir leur leadership perdu sur la scène internationale.
On pourrait imaginer une telle guerre comme une confrontation nucléaire entre les superpuissances, alors qu'aujourd'hui l'échange de coups se fait par des méthodes complètement différentes.
Aujourd'hui, les États-Unis cherchent désespérément à maintenir leur leadership par des actions destructrices non seulement contre leurs adversaires, mais aussi contre leurs alliés et ce, dans toutes les directions possibles. Cela est démontré à la fois par les nombreux conflits armés et les agressions dans le monde entier dont les États-Unis sont les instigateurs, et par les sanctions imposées aux pays qui ne veulent pas se plier aux directives de Washington et n'acceptent pas d'être les marionnettes de la superpuissance américaine. Sans compter que ces sanctions sont imposées en violation des normes généralement acceptées et sans l'approbation des organisations internationales.
Washington ne se soucie pas de la position de ces pays, et encore moins des effets dévastateurs que ces sanctions ont souvent sur leurs populations, mais impose au contraire ses diktats, se sentant l'arbitre et le gendarme du monde vis-à-vis de ceux qui ne se conforment pas à ses règles. Cependant, de plus en plus de pays contestent cette politique et se distancient des décisions des États-Unis et de leurs alliés sur la base de leurs propres intérêts nationaux, comme en témoigne le refus de la plupart des États du monde de se joindre aux sanctions contre la Russie.
Face à l'émergence de nouvelles puissances, Chine, Russie, Inde, les Etats-Unis tentent de marginaliser par le chantage des sanctions les pays qui refusent de s'aligner sur leur domination politique, financière et militaire mais se heurtent à un mur.
L'élite du pouvoir à Washington est déterminée à faire en sorte que le monde unipolaire le reste à jamais. C'est la meilleure condition pour les hégémonistes, car elle est optimale pour leurs affaires. Les monopoleurs savent qu'il n'y a rien de mieux qu'un monopole assuré pour toujours. Cette condition leur permet d'accumuler de nombreux bénéfices, d'imprimer des dollars à volonté pour financer leur niveau de consommation, de financer leurs guerres et de vivre sur le dos des autres.
Bien que la stratégie déclarée de la politique étrangère américaine ne désigne officiellement que la Russie et la Chine comme adversaires, la stratégie essentielle des États-Unis implique certainement que les alliés européens, aussi serviles soient-ils, sont également inclus dans la liste des concurrents de son monopole.
Washington a fait tout ce qui était en son pouvoir pour saper l'unité européenne sur la base du vieux principe "diviser pour régner", et a notamment cherché tous les expédients pour réduire la capacité de l'industrie allemande, considérée comme un concurrent des États-Unis.
Le plus grand danger pour Washington était celui d'une soudure entre la capacité industrielle et technologique de l'Allemagne et la puissance énergétique et minière de la Russie. Par conséquent, toute la politique étrangère des États-Unis visait à créer le fossé le plus profond possible entre la Russie et l'Europe.
Le conflit en Ukraine, incité et fomenté par Washington, sert cet objectif: rompre les relations avec la Russie et rendre l'Allemagne et l'Europe totalement dépendantes des États-Unis.
Avec cet objectif en tête, il était essentiel pour Washington de favoriser l'ascension de personnages profondément imbéciles et facilement manœuvrables tels que Ursula von der Leyen, Charles Michel et Josep Borrell à des postes de premier plan dans les institutions européennes, afin qu'ils puissent influencer la politique européenne dans le sens des intérêts des États-Unis et au mépris total des intérêts de l'Europe dans son ensemble, sans parler de leurs pays d'origine. Le contrôle exercé sur le concurrent potentiel des États-Unis, l'Allemagne, est encore plus grand grâce à son dirigeant faible et sans vergogne, Olaf Scholz, et aux efforts de lobbying anti-russes et pro-USA du Parti des Verts, une véritable cinquième colonne américaine en Allemagne qui prêche la guerre contre la Russie et accuse le gouvernement d'indécision dans la fourniture d'armes à l'Ukraine.
La campagne massive de propagande et de désinformation menée par les méga-médias du système a fait naître un fort sentiment de "russophobie" en Europe, qui a incité l'UE à répudier tous les accords économiques existants avec Moscou et à suspendre les importations d'énergie en provenance de Russie, ce qui a porté un grave préjudice à la compétitivité du système industriel européen, déstabilisé la situation politique et sociale des pays européens et réduit encore davantage leur compétitivité.
Exactement ce que Washington voulait et qui endommage irréversiblement l'économie européenne.
Les conséquences de la crise énergétique déclenchée par les sanctions contre la Russie, voulues par Washington, auront leur plus grand impact l'hiver prochain et nous verrons alors les protestations dans les rues et la répression des gouvernements prostitués aux intérêts américains. Ce sera le moment de vérité pour savoir si les peuples d'Europe seront capables de se réveiller de leur torpeur et de reprendre la défense de leurs propres intérêts.
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La Russie se tourne vers l'Asie
La Russie se tourne vers l'Asie
par Leonid Savin
Source: https://www.ideeazione.com/volgersi-ad-est/
La Russie est le pays du Soleil Levant, a déclaré le président russe Vladimir Poutine le 5 septembre lors d'une rencontre avec des militants au forum environnemental du Kamtchatka. Le même jour, le gouvernement russe a décidé de se retirer des accords jadis conclus avec le Japon sur la procédure des visites réciproques et des facilités sur les îles de Kunashir, Iturup et de la Petite Crête des Kouriles accordées aux citoyens japonais vivant sur ces îles et les membres de leur famille. Cet accord était en vigueur depuis 1999.
Le même jour, le Forum économique oriental s'est ouvert à Vladivostok, auquel ont participé de nombreux délégués non seulement de Russie, mais aussi d'autres pays, y compris des fonctionnaires de haut rang. Au même moment, les exercices militaires Vostok-2022 étaient en cours, impliquant cinq camps d'entraînement et les eaux de deux mers, la mer d'Okhotsk et la mer du Japon. Deux pays pourtant ennemis de longue date, la Chine et l'Inde, étaient impliqués.
Même isolés, ces événements semblent assez impressionnants. Et les décisions prises seront lourdes de conséquences. Bien que ce soit habituellement une façon de s'exprimer par des actions hostiles, dans ce contexte, il est possible de parler d'aspects positifs de la politique russe. La perspective s'ouvre de créer une autre ville en Extrême-Orient avec une zone économique libre. Des mesures de stimulation financière et économique sont mises en œuvre. D'autres perspectives s'ouvrent également pour l'activité économique à l'étranger.
Le Myanmar (dont les dirigeants étaient présents au forum de Vladivostok) prévoit d'acheter du pétrole russe. Dans le contexte de la diversification des approvisionnements énergétiques, le nouvel accord entre la Russie et la Chine sur le passage complet au rouble et au yuan dans les règlements mutuels est une nouvelle importante. La quantité totale de gaz naturel fournie passera à 48 milliards de mètres cubes par an. En comparaison, la capacité des deux pipelines Nord Stream est de 55 milliards de mètres cubes par an. Même si le volume total des approvisionnements de l'Europe et de la Turquie s'élève à 135,75 milliards de mètres cubes (chiffres pour 2020).
Ainsi, la Chine pourra acheter à elle seule plus de 30 % du volume de gaz européen. Cela indique un véritable virage vers l'Est. Plus précisément, vers l'Asie du Sud-Est, qui est en train de devenir le moteur de l'économie mondiale.
Il convient de noter que le concept de se tourner vers les pays asiatiques remonte à l'époque de l'Empire russe. La doctrine de l'"orientalisme" a été proposée par le prince Esper Ukhtomsky (photo). Dans son petit mais perspicace ouvrage intitulé "On Events in China: On the Relations of the West and Russia with the East", Ukhtomsky a noté l'importance de l'interaction avec les pays de cette région, les tentatives des puissances occidentales d'y semer la méfiance à l'égard de la Russie, et une incompréhension générale du potentiel de ces pays de la part des politiciens européens. Déjà à l'époque, Esper Ukhtomsky notait que la Chine ne dormait pas, comme le croyaient les impérialistes d'Europe occidentale, mais qu'elle s'éveillait au mouvement ; le pays était "si puissant et énorme qu'il est difficile d'imaginer ce qu'il deviendra dans quelques décennies" (ndt: le Prince Ukhtomsky est en quelque sorte un précurseur d'Alain Peyrefitte qui écrivit en français un livre qui fit, à l'époque, beaucoup de bruit, Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera...).
Comme nous pouvons le constater, les prédictions d'Ukhtomsky sont devenues réalité. Tout comme l'eurasisme, un autre mouvement idéologique né il y a un siècle parmi les émigrants blancs, est en train de devenir une réalité. Les Eurasistes ont critiqué la culture et la politique européennes décadentes pour leur nature explicitement raciste et ont proposé le concept de Russie-Eurasie en tant qu'unité culturelle et historique distincte, séparée à la fois de l'Europe et des cultures asiatiques uniques ayant leur propre identité.
Le renforcement de la souveraineté de la Russie, comme l'a noté Vladimir Poutine lors du Forum économique oriental, fait partie du concept d'eurasisme, d'autant plus que la Russie est le fleuron de l'Union économique eurasienne, qui vise à réintégrer l'espace post-soviétique. En tant qu'État souverain, la Russie souhaite renforcer ses relations avec les États également souverains sur la base du principe du respect mutuel. Les vassaux et les satellites des États-Unis ne veulent pas d'un tel scénario, car ils veulent que ces Etats se contentent du statut et du rôle de client qui leur a été imposé. Par conséquent, s'ils adhèrent encore et toujours aux mirages occidentalistes, ils continueront à perdre leur souveraineté, cette fois sous le prétexte de renforcer la défense collective contre la Russie (ou la Chine).
À cet égard, le président Poutine a déclaré que "l'épidémie a été remplacée par d'autres défis, également de nature globale, qui menacent le monde entier. Je fais référence à la frénésie des sanctions qui agite l'Occident, à ses tentatives flagrantes et agressives d'imposer des modèles spécifiques de comportement aux autres pays, de les priver de leur souveraineté et de les soumettre à sa volonté. Il n'y a rien d'inhabituel à cela: c'est une politique que l'Occident collectif mène depuis des décennies. Le catalyseur de ces processus a été le déclin de la domination mondiale des États-Unis en politique et en économie, associé au refus obstiné et à l'incapacité des élites occidentales à voir et à reconnaître les réalités objectives...
Des changements irréversibles, on pourrait dire tectoniques, se sont récemment produits dans le système des relations internationales... Nous n'avons rien perdu et nous ne perdrons rien. En termes de ce que nous avons gagné, je peux dire que le principal gain a été le renforcement de notre souveraineté, et c'est le résultat inévitable de ce qui se passe maintenant. Bien sûr, une certaine polarisation a lieu, tant dans le monde qu'au sein du pays, mais je crois que cela ne sera que bénéfique, car tout ce qui est inutile, nuisible et qui nous empêche d'avancer sera rejeté. Nous allons accélérer le rythme du développement car le développement moderne ne peut être fondé que sur la souveraineté. Toutes nos démarches visent à renforcer la souveraineté".
Enfin, tout ceci se déroule sur fond d'aggravation de la crise énergétique en Europe et d'une hausse significative de l'inflation aux États-Unis. Il est déjà clair que si la confrontation géopolitique collective de l'Occident avec la Russie se poursuit, il ne sera pas en mesure d'obtenir des ressources énergétiques bon marché, comme c'était le cas auparavant. L'absence de réserves suffisantes de gaz naturel détruira des secteurs économiques importants, tels que la métallurgie, les machines-outils, la transformation, la pétrochimie, réduira considérablement le secteur agricole en raison des prix élevés de l'électricité et des engrais, et affectera directement le bien-être des ménages. Il semble que l'Occident va bientôt sombrer dans le chaos et les ténèbres. Et la Russie continuera à se tourner vers l'Est, au sens large du terme.
Publié initialement dans Oriental Review.
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samedi, 17 septembre 2022
L'ordre du chaos au 21ème siècle
L'ordre du chaos au 21ème siècle
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/08/2000-luvun-spektaakkelit-ja-kaaoksen-jarjestys/
Résumons rapidement les événements du 21ème siècle, du drame terroriste du 11 septembre 2001 à la crise financière de 2008, qui ont conduit à la nécessité d'une "pandémie" en 2020, avec des confinements et des mesures restrictives. Le même jeu de politique économique se joue maintenant sous prétexte du conflit en Ukraine, qui sert de justification à une crise énergétique.
Tous les États sont plus ou moins volontairement impliqués dans ce jeu effrayant de démantèlement contrôlé de l'ordre ancien pour construire les centres de pouvoir de la "nouvelle normalité" qui, à mesure que la "quatrième révolution industrielle" progresse, révolutionneront la vie sociale, la politique et le système économique du monde.
Le public n'est pas consulté dans ce tourbillon de changements, mais, avec l'aide des politiciens, des experts et des (faux) médias du pouvoir, tout est présenté comme une "nécessité": on oblige les gens à se soumettre à des "conditions exceptionnelles" et à accepter pour argent comptant des "nouvelles" spéculatives sur les sacrifices futurs à consentirsur , la baisse inévitable du niveau de vie, sur les coupures de courant et les douches froides.
Malheureusement, tout n'est pas que théorie du complot, mais on peut arriver à ces conclusions en examinant les phénomènes tangibles qui se déroulent devant nous. La direction actuelle est conforme non seulement aux programmes de l'ONU, aux visions du Forum économique mondial, de Wall Street et des bourses de la City de Londres, mais aussi aux plans de l'OTAN et de l'UE.
Le grand slogan de l'administration Biden, le jargon maçonnique de "Build Back Better", semble poursuivre la doctrine du "conflit perpétuel" soutenu par le complexe militaro-industriel américain et le capitalisme destructeur, qui cherche à détruire l'ancien monde toujours plus vite. Du chaos émerge alors un nouvel ordre, l'Ordo ab Chao, comme le disent les ésotéristes de l'élite.
Comment ceux d'entre nous qui survivront à cette apocalypse pourront-ils renverser les anciens dirigeants ? Après tout, les gens ordinaires, les "mangeurs inutiles", selon les pouvoirs en place, ne sont même plus nécessaires, mais il faudrait radicalement amincir la population afin de "sauver le monde" pour la petite foule de psychopathes qui possèdent déjà tout. Bien sûr, on a encore besoin de sujets et de travailleurs humbles, mais pas dans les proportions d'aujourd'hui.
La croissance démographique, les ressources limitées et la surconsommation sont autant de menaces pour la planète. Avons-nous atteint les limites de la croissance et quelles en seront les conséquences ? Cette pensée "Linkola", qui ressemble à de l'écofascisme, combinée à la haute technologie, à l'eugénisme, à l'élimination des "inutiles" et à la survie darwinienne des "élus", semble s'être développée depuis longtemps derrière le masque de la "philanthropie" misanthropique du pouvoir de l'argent.
Est-ce que cela vous semble sombrement pessimiste ? On dit que la nuit est la plus sombre juste avant l'aube. Des temps meilleurs sont-ils encore à venir, même si à ce stade, les dissidents sont exclus des médias sociaux et que les opinions erronées peuvent même entraîner une peine de prison ?
Alors que nous sommes déjà entourés de tous les dangers possibles, est-il possible de ne plus avoir peur de rien ? Lorsque les gouvernements occidentaux augmenteront collectivement la misère de leurs citoyens, y aura-t-il une révolte populaire en Europe qui nécessitera encore de guillotiner les têtes des dirigeants les plus emblématiques de notre monde?
Ou bien la série de psychodrames de la société spectaculaire de l'Occident pourrait-elle culminer dans une "guerre des mondes" ? Aux États-Unis, les politiciens et les fonctionnaires ont commencé à parler de "phénomènes atmosphériques non identifiés", l'agence spatiale Nasa a annoncé qu'elle enquêtait sur les observations d'ovnis et le Pentagone a publié des rapports sur le sujet.
Lorsque tous les autres moyens auront été épuisés, des attaques terroristes aux dommages climatiques, un "ennemi commun" venu de l'espace apportera-t-il une paix plus durable sur Terre, où, comme les intellectuels du Club de Rome l'affirmaient déjà dans les années 1970, le pire virus et ennemi est l'humanité elle-même ?
Alors que le monde est en proie à la crise actuelle, on se demande quelles solutions existent. Sommes-nous condamnés à un optimisme cruel, vivant dans l'espoir d'un lendemain meilleur, alors que la réalité suggère le contraire ? Devons-nous sombrer dans le nihilisme politique ou nous engager dans une lutte pour la liberté, au moins dans le contexte de notre propre vie ?
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Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire
Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire
par Maxim Medovarov
Souce: https://www.ideeazione.com/elizabeth-windsor-ed-elizabeth-truss-risultati-intermedi/
Une évaluation sobre des capacités du système politique britannique dans une nouvelle phase de crise exceptionnellement aiguë du développement mondial s'impose.
Deux jours après avoir rencontré son homonyme et l'avoir confirmée comme Premier ministre, la reine Elizabeth II, minée par un stress excessif, a quitté ce monde. Il est difficile d'imaginer un moment plus symbolique et providentiel.
La Reine a commencé à régner sur le pays avec Churchill et l'a laissé avec Truss: la dégradation est évidente, mais le vecteur politique du premier et de la seconde est le même. Elizabeth II, en tant que monarque, n'a jamais été une figure décorative et a toujours été impliquée dans les affaires publiques bien plus que ce que l'on pouvait attendre d'elle. Même la première fois qu'il lui a parlé de politique, Churchill a été interpelé par la profondeur de ses connaissances.
Il ne fait aucun doute qu'Elizabeth II partage non seulement formellement (en tant que monarque qui ordonne l'usage de la force), mais en fait avec ses premiers ministres, la responsabilité de toutes les interventions, guerres, répressions et coups d'État dans le monde déclenchés par la Grande-Bretagne au cours des 70 dernières années. Le symbole de la complicité personnelle de la Reine dans les crimes de guerre a été sa prestation devant un piano volé au palais de Saddam Hussein. Et puis il y a eu et il y a Suez, les Malouines, l'Irak, la Yougoslavie, la Libye, la Syrie, l'Ukraine: partout l'élite britannique a laissé des marques sanglantes dans le monde au cours des 70 ans de règne d'Elizabeth II. Les réseaux sociaux en Argentine, en Iran, en Égypte se réjouissent aujourd'hui de la nouvelle de la mort de la reine.
Pour la société britannique elle-même, ce furent 70 ans de dégradation de la culture, de l'éducation, des infrastructures, de la protection sociale, des soins de santé et de l'économie. Aujourd'hui, les gens ordinaires et les villes du Royaume-Uni sont plus pauvres et plus ruinés qu'il y a seulement un demi-siècle. Un tiers de la population britannique est constituée d'immigrants ou de descendants d'immigrants, un fait qui se reflète désormais de manière éclatante au niveau du gouvernement et du parlement.
Le Commonwealth britannique s'est effondré sous nos yeux au cours des deux dernières décennies. L'Inde a même rompu ses liens symboliques avec Londres et mène une politique totalement indépendante. Les Fidji ont fait sécession du Commonwealth, la Barbade de la Couronne britannique. L'Australie et la Jamaïque abordent pour la première fois une discussion politique sérieuse sur la sécession, sur le rejet de la souveraineté britannique suite au prochain couronnement de Charles. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à une sécession immédiate, mais le processus est en cours. En quelques années, Londres pourrait - si les circonstances extérieures le permettent - perdre non seulement ces territoires d'outre-mer, mais aussi l'Écosse et l'Irlande du Nord, devenant ainsi un royaume divisé.
Le décès d'Elizabeth II ne peut pas être simplement évoqué comme s'il s'agissait d'une simple question d'âge. Sa mère et son mari ont vécu plus longtemps qu'elle. Elle s'inscrit dans la tendance de l'année 2022, avec la grande guerre de libération en Ukraine et le glissement tectonique de l'économie mondiale vers la multipolarité, avec les décès symboliques de ceux qui incarnaient cette époque proche et révolue, de Jirinovski aux responsables de l'effondrement de l'Union soviétique. En l'espace de quatre mois, Chouchkevitch, Kravchuk, Burbulis, Bakatin et Gorbatchev sont morts les uns après les autres, ce qui ne peut être une simple coïncidence. Elizabeth II trouve logiquement sa place dans cette énumération nécrologique, tandis que les noms de Biden, Kissinger et Soros manquent encore à l'appel.
Elizabeth II était un symbole de l'atlantisme "doux". Il semble qu'elle n'ait fait des commentaires ouvertement anti-russes qu'une seule fois, il y a quelques années, dans un discours du trône devant le Parlement. Son rôle dans le système atlantiste était de représenter le "bon flic" face à ses premiers ministres. Aujourd'hui, les masques sont tombés et la catastrophe anthropologique vivante qu'est aujourd'hui la Grande-Bretagne, en la personne de Liz Truss, est harmonieusement complétée par le roi Charles III de Grande-Bretagne, caricatural et très mal aimé, qui a battu tous les records d'âge pour accéder au trône.
Le choix du nom de Charles pour le trône, d'une part, ramène pour la première fois la couronne britannique au souvenir des Stuarts et à ses racines écossaises. Bien qu'il n'y ait pas une goutte de sang anglais ou écossais chez Elizabeth et Charles, seulement du sang allemand et un peu de sang danois, tous deux ont pris soin de donner la priorité à l'Écosse dans leurs visites et leurs titres. Ce n'est pas une coïncidence si la reine a passé les derniers mois de sa vie au château de Balmoral, en Écosse.
D'autre part, Charles II (1766-1788) était le nom du prétendant au trône britannique, le légendaire favori Charles Edward Stuart, "Bonnie Prince Charlie", dont le monument se dresse même à Derby, en Angleterre. Dans cette optique, le choix par le nouveau roi du nom de Charles III révèle un accent délibérément provocateur de sa succession aux monarques libéraux et oligarchiques qui gouvernent les îles depuis 1689 et qui sont étroitement alliés à l'élite financière et politique de la City. Le Prince Charles a longtemps cherché à se créer une drôle de réputation de champion du traditionalisme, mais ces dernières années ont montré à quel point il l'était.
L'engagement du nouveau roi envers l'atlantisme et le mondialisme sera tout aussi ferme que celui du nouveau premier ministre. Mais une nouvelle ère se profile à l'horizon, une ère sans Gorbatchev, si vous voulez ; et les différences se manifesteront par une profonde crise politique intérieure, un effondrement énergétique et une rupture complète des procédures démocratiques, même apparentes (c'est déjà le troisième premier ministre à arriver au pouvoir sans élections générales et malgré la haine de la majorité de la population du pays).
Du point de vue de la Russie, il n'y a pas lieu de se réjouir ou de se désoler. Il est nécessaire de procéder à une évaluation sobre des capacités réelles du système politique britannique dans la nouvelle phase, extraordinairement aiguë, du développement mondial. Mais l'écrasante majorité de la population britannique, selon tous les sondages et enquêtes, n'est manifestement pas heureuse de voir Charles III devenir ou de voir Liz Truss ou Boris Johnson à la tête du gouvernement, ou de subir l'imposition autoritaire du programme LGBT ou de se voir administrer des factures astronomiques d'électricité et de chauffage. On ne peut que lui présenter nos condoléances.
18:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, angleterre, grande-bretagne, royaume-uni, élisabeth ii, liz truss, charles iii | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 16 septembre 2022
La Suède détruit le cauchemar social-démocrate
La Suède détruit le cauchemar social-démocrate
par Enric Ravello
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/09/suecia-destruye-la-pesadilla.html
Magdalena Andersson, Premier ministre suédois, démissionne après les résultats des élections législatives suédoises. La cause n'est pas le résultat de son parti, qui reste le premier parti du pays avec 30% (+2%), mais l'échec de sa coalition gouvernementale de gauche, qui se retrouve derrière le bloc droite+nationalistes, laquelle, avec 176 sièges, a la majorité absolue et la possibilité de former un gouvernement.
C'est le signe indubitable de l'échec du modèle social-démocrate qui, depuis les années 1970, s'est acharné à détruire la société suédoise et à la transformer en un cauchemar multiculturel (1).
Ces résultats ouvrent un processus de négociations. Étant donné que la majorité absolue est détenue par le bloc droite+nationalistes et que le résultat des élections reflète un rejet clair des politiques sociales-démocrates, il y a deux options et deux questions.
La première option - la plus logique - serait que Jimmie Akesson, leader des Démocrates suédois (SD), qui a remporté 21% des voix et est la force la plus représentative du bloc de droite en nombre de voix, soit à la tête du nouveau gouvernement. La deuxième option serait pour le leader du deuxième parti de droite, Ulf Kristersson des Modérés (17%), qui a subi lors de ces élections le raz-de-marée dans le bloc de droite en faveur des "Démocrates Suédois" (SD).
Pour savoir quelle option sera la dernière, il faut se poser deux questions: Akesson exigera-t-il d'être le nouveau Premier ministre? Le reste des partis de droite, libéraux, modérés et conservateurs, continuera-t-il à appliquer un cordon sanitaire contre ce qu'il est convenu, dans les médias mainstream, d'appeler l'"extrême droite", soit les SD ? Les chrétiens-démocrates sont les plus réticents à l'idée de le faire, des rumeurs indiquant qu'ils pourraient même soutenir un gouvernement social-démocrate si les SD n'arrivent pas au pouvoir.
Les négociations s'annoncent longues et intenses, et M. Akesson a fait des déclarations initiales en toute franchise et dans un esprit constructif, mais sans encore arrêter une position concrète:
"Deuxièmement, le peuple suédois a voté pour un changement de pouvoir. Les succès électoraux, tant pour le camp bleu-jaune que pour notre parti, impliquent une grande responsabilité envers les électeurs, et nous assumerons cette responsabilité de la meilleure façon possible et avec le plus grand respect. Il faut maintenant en finir avec la politique social-démocrate ratée qui, depuis huit ans, continue de mener le pays dans la mauvaise direction. Il est temps de commencer à reconstruire la sécurité, le bien-être et la cohésion. Il est temps de faire passer la Suède en premier. Les Démocrates suédois seront une force constructive et motrice dans ce travail".
Un processus commence maintenant pour pouvoir définir en détail comment l'équipe gagnante sera structurée et c'est un processus qui prendra le temps qu'il faut, tout cela afin de construire un nouveau gouvernement stable à long terme.
La formule du succès des SD est simple: être le seul parti qui ose pointer du doigt les conséquences désastreuses de l'immigration de masse, telles l'insécurité, la criminalité, le taux de viols élevés et le radicalisme islamique dans un pays où la gauche et la droite traditionnelle n'osaient pas dire un mot critique. Cette formule, associée à un processus interne de modération des formules, a fait passer les SD de 0,1 % en 1991 à 21 % aux dernières élections aujourd'hui.
Autres parties et tendances futures
Dans la section sur les autres partis, avec 1,4 % des voix, deux partis se distinguent par leurs positions et leurs positions antithétiques.
Le premier est Alternative pour la Suède (0,28%), une dissidence des SD, qui préconise une révision de tous les processus de légalisation et de naturalisation des immigrants et leur rapatriement. Si le vote anti-immigration s'est concentré sur les SD, le discours d'AfS augmente son soutien dans l'opinion publique suédoise. Dans une situation de radicalisation sur l'immigration, l'avenir dira si les SD durciront leurs discours ou si l'AfS parviendra à se développer au sein de l'électorat identitaire suédois. Beaucoup dépendra des performances des SD au cours des quatre prochaines années.
L'autre formation est le parti islamiste Nyans (0,44%) qui obtient des résultats compris entre 20 et 25% dans les banlieues de Stockholm et de Malmö. Nyans a été fondé récemment et est soutenu financièrement et logistiquement par le gouvernement turc (2). Sa croissance est due à une tendance claire: les immigrants musulmans, qui sont de plus en plus nombreux, se sentent politiquement et démographiquement plus forts et votent déjà directement pour leurs propres partis, délaissant les partis de gauche, qui recevaient traditionnellement leurs votes comme acquis ; la croissance des Nyans se fait aux dépens des sociaux-démocrates et des autres partis de gauche. C'est le vote ethno-religieux qui va changer la carte politique européenne. Aux Pays-Bas, DENK, un parti présentant les mêmes caractéristiques est déjà présent au Parlement néerlandais.
Notes:
1) https://www.enricravellobarber.eu/2021/06/rinkeby-como-paradigma-del-fracaso.html#.YyRNxLTP2Uk
2) https://www.enricravellobarber.eu/2021/06/nuevo-partido-musulman-en-suecia-apela.html#.YyRNf7TP2Uk
16:04 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, actualité, europe, suède, scandinavie, affaires européennes, élections suédoises | | del.icio.us | | Digg | Facebook