Bernard Wicht est un universitaire helvète qui enseigne la stratégie. Auteur de plusieurs ouvrages dont L’O.T.A.N. attaque en 1999 ou Une nouvelle Guerre de Trente Ans en 2011, cet esprit curieux a depuis longtemps élargi sa réflexion à l’histoire, au politique et à la philosophie. Il perçoit dans ces domaines de connaissance de fortes similitudes au point qu’il est légitime de le considérer comme le fondateur d’une nouvelle discipline, la philosophie stratégique.
Avec Europe Mad Max demain ?, il développe d’une manière magistrale un point de vue détonnant. Fin observateur de la course folle du monde contemporain, Bernard Wicht devine les fractures essentielles d’un monde à venir. Contre les thèses en vogue, il explique que la mondialisation et le néo-libéralisme n’ont pas ruiné l’État-nation, mais l’affaiblissent durablement.
Le travail de sape des fondements stato-nationaux revient en réalité aux dernières avancées d’une « révolution militaire » dont l’affirmation des guérillas, des mafias, des diasporas militairement organisées et des S.M.P. (sociétés militaires privées) réactualisent la figure de l’entrepreneur de guerre de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Il y devine une revanche de l’Ordre des Templiers qui exerçait un pouvoir supranational déterritorialisé. Sa dissolution suite au « fameux procès du 22 mars 1312 apparaît […] comme un exemple caractéristique de transition et de mutation des formes d’organisation politique : l’effacement d’organisations militaires et financières souveraines, mais sans territoire, au profit de l’affirmation naissante de l’État territorial (p. huit) ». Ces moines-chevaliers s’opposaient aux ambitions centralisatrices du roi de France Philippe le Bel sans comprendre le phénomène de territorialisation politico-militaire. À la suite du sociologue Charles Tilly, Bernard Wicht estime que « c’est la logique des guerres modernes, à partir de la fin du XVe siècle, qui conduit à la création de l’appareil étatique moderne (p. 12) » parce que l’effort de guerre implique une mobilisation toujours croissante des ressources (généralisation de la fiscalité, centralisation administrative, essor de la colonisation et du commerce transocéanique). Les conflits deviennent conventionnels, ordonnés et limités entre puissances étatiques de même nature.
Guerres en mutation…
Le XXe siècle change toutefois la nature de ces guerres réglementées. La modification s’opère dès les guerres de la Révolution et de l’Empire (1792 – 1815), mais elle s’accélère à notre époque. Bernard Wicht en distingue trois grandes phases consécutives :
— La période militaire va de 1940 à 1945 et se caractérise par l’apport décisif de la guerre de partisans.
— La période politique s’étend des années 1945 à 1975 avec la prolifération des guerres révolutionnaires, soutenues et/ou financées par les deux Super-Grands ou leurs alliés.
— La période économique depuis 1980 connaît de profonds changements. Les organisations de partisans – parfois appelées « terroristes » comme l’I.R.A. ou l’O.L.P. – accèdent à l’indépendance financière et se dégagent de la tutelle de leurs premiers soutiens étatiques. Elles nouent une coopération fructueuse avec des milieux criminels et profitent de la mondialisation financière.
L’auteur signale aujourd’hui la « mutation ontologique et culturelle de l’art de la guerre (p. 33) ». Celle-ci doit composer avec les restrictions budgétaires, valorise désormais l’emploi de forces spéciales et promeut une sous-traitance tant officielle envers les S.M.P. qu’officieuse avec des unités paramilitaires. Ces bouleversements affectent le fondement régalien. Bernard Wicht assure que « la guerre fait l’État… ou toute autre organisation adaptée au conflit (p. 10) ». Or l’État – s’il veut perdurer au XXIe siècle – doit s’adapter à la « petite guerre », aux « conflits irréguliers », aux « guerres asymétriques » et à la « guérilla ».
Certes, « la guerre irrégulière est essentiellement le fait de combattants d’occasion et de groupes marginaux. Or ceux-ci répondent à un ordre qui leur est propre et qui ne correspond pas à celui des États (p. 14) ». Cela ne l’empêche pas d’être érigée en « mode de conflit de plus en plus utilisé, par les États d’abord, pour s’affirmer ensuite, de nos jours, comme la principale forme d’affrontement à travers le monde (p. 11) ». Cette forme spécifique de guerre correspond à l’esprit du temps, à ce « monde liquide » décrit par le philosophe Zygmunt Bauman. Voilà pourquoi « il faut constater que l’État moderne n’est pas en déclin mais beaucoup plus en recomposition (p. 46) ». La structure stato-nationale – ou manifestation moderne de l’État – a toutefois bien été contestée depuis une centaine d’années.
Plutôt que reprendre l’expression de l’historien Ernst Nolte sur une nouvelle « Guerre de Trente Ans », Bernard Wicht préfère qualifier le « siècle de 1914 » de « Longue Guerre (p. 29) » (1914 -1991) aux effets dévastateurs pour les peuples européens. Verdun, Auschwitz, Hiroshima et le Goulag ont disqualifié l’État en tant que vecteur de puissance, détruit la psyché des sociétés européennes, remis en cause le sentiment national de leurs populations et banni tout quelconque idéal viril incarné par le triptyque « force, honneur, courage » (p. 30). Le diagnostic est accablant. Pis, l’après-Seconde Guerre mondiale a inauguré une soi-disant « Communauté internationale », censée empêcher toute nouvelle guerre, entériné l’intervention armée contre n’importe quel « État voyou », fondé une justice planétaire et conçu un droit d’ingérence, cette « méthode de prédation visant notamment à criminaliser l’ordre juridique d’un État ou son gouvernement, à instrumenter ses dissensions internes pour en prendre le contrôle et le dépecer (les Révolutions oranges en Europe orientale en sont une des illustrations) (p. 38) ». Son objectif est simple : « En tant qu’autorité supra-étatique, la communauté internationale va développer une nouvelle forme de légitimité (droits de l’homme, protection des minorités, multiculturalisme, démocratie par le marché) remettant en cause les anciennes légitimités nationales fondées, entre autres, sur l’intangibilité des frontières et l’intégrité du territoire et de la souveraineté nationale. Cette évolution va contribuer à l’affaiblissement de la souveraineté étatique et, paradoxalement, faciliter le développement de toutes les formes de conflits de basse intensité à l’intérieur des États (guérillas séparatistes, révoltes, insurrections, émeutes révolutionnaires) (pp. 38 – 39). » La constitution d’un mondialisme moral et juridique d’essence occidentale fut longtemps freinée par la Guerre froide et l’antagonisme Est – Ouest. Dans un essai destiné à faire date, La grande séparation, Hervé Juvin constate cette inquiétante évolution (involution ?). « L’État n’émane plus du corps national, il procède de l’ordre international et du système de l’argent (1). »
Privatisation des conflits
La fin du duopole soviético-étatsunien n’a pas rendu le monde plus sûr. Elle a au contraire favorisé l’éclatement de certaines entités stato-nationales assez artificielles (U.R.S.S., Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Soudan…) et l’amoindrissement même de la fonction étatique. Alors que « l’Europe se tiers-mondise, l’État s’y affaiblit de manière dramatique : elle entre dans ce que Braudel appelle “ la zone des désordres prolongés ” (p. 42) ». Le maintien d’une armée aux effectifs imposants devient caduc tandis que la guérilla qui « d’un simple mode de combat en marge des grandes opérations militaires, […] se transforme en une véritable doctrine de libération politique. Le paradigme bouge en profondeur : le centre de gravité des conflits passe du militaire au civil. Il ne s’agit plus d’anéantir l’armée adverse mais de perdre le contrôle de la population par n’importe quel moyen (pp. 22 – 23) ». N’oublions pas que les guerres africaines des années 1990 – 2000 virent l’apparition d’« une alternative non bureaucratique à l’État-nation (p. 23) » que l’auteur définit comme des « complexes politiques émergents (p. 23) ». Le chef de bande dispose d’une clientèle armée, se lie au crime organisé et à l’économie grise, voire noire, et peut acquérir une dimension transnationale s’il bénéficie du soutien financier, internautique et moral, de la diaspora. Dans des régions où l’État se révèle incapable de garantir l’ordre public, ce maintien est de facto dévolu aux S.M.P., guérillas et autres mafias qui « protègent » les populations civiles en les rançonnant. Dorénavant, la guerre n’est plus un acte politique, mais une manœuvre économique liée au marché privé de la défense. Cet indice révèle la « désétatisation » de la violence réputée légitime. « Aujourd’hui […] on peut se demander si on n’assiste pas à un processus similaire, en sens inverse cependant : des organisations sans territoire, mais dotées d’une réelle puissance financière et militaire, ne sont-elles pas en train de supplanter l’État-nation ou, tout au moins, de le concurrencer de manière décisive ? (p. 9). » Partie d’Afrique, cette tendance s’étend au monde occidental, en particulier au Vieux Continent avec ses zones périphériques de non-droit. « Des banlieues des métropoles occidentales aux montagnes d’Afghanistan, les différentes formes de groupes armés défient les forces régulières et les tiennent en échec (p. 34). »
Elle modifie en profondeur la stratégie jusque-là enseignée. « Avec l’impossibilité croissante de la guerre entre États, la guerre elle-même s’est transformée, laissant la place à ce qu’on appelle souvent le “ conflit de basse intensité ” (de l’émeute à la guérilla, au terrorisme et au nettoyage ethnique). Désormais par conséquent, l’ennemi extérieur commun ciment de l’unité nationale est remplacé par un “ ennemi intérieur ”, légitimant le redéploiement de la coercition (terroristes, mafias, bandes et gangs) : d’où l’expression utilisée par certains de nord-irlandisation de l’État moderne, c’est-à-dire la généralisation des lois d’exception, de la surveillance électronique et de la présence militaro-policière (p. 49). » Il est inévitable que, la fin des hostilités inter-étatiques dévaluant le rôle du conscrit et relançant celui du mercenaire, « la citoyenneté s’affaiblit, de même que la souveraineté populaire qui n’est plus considérée comme le socle de la légitimité étatique (p. 48) ». Bref, « le citoyen […] s’en retrouve réduit à sa simple fonction de contribuable (p. 64) ». Sa « démilitarisation » confirme la privatisation de l’épée et du bouclier et la dénationalisation des forces militaires. « L’armée est en charge de la sécurité de la nation, qui signifie à la fois défense de sa souveraineté et protection de son identité. […] mais que défendre, s’il est impossible de s’identifier ? (2). »
Pour l’auteur, la citoyenneté se trouve « liée à la res publica, c’est-à-dire la participation effective à la gestion des affaires communes (p. 63) ». Sa minimisation augmente la distance toujours plus grande des gouvernants vis-à-vis de leurs gouvernés. « Si le citoyen paie toujours ses impôts, l’élite politique au pouvoir censée le représenter a d’ores et déjà quitté le cadre national pour rejoindre l’espace global de l’hyper-classe mondiale (p. 63) » et ignore volontiers les préoccupations des citoyens dorénavant quiritaires. Soucieuse de préserver ses intérêts et son influence, l’oligarchie globalitaire d’essence ploutocratique et d’appui médiatique met en place sous couvert de « lutte contre le terrorisme et l’extrémisme » un dispositif policier totalitaire qui accélère la fin de la démocratie et « la dynamique de fusion des États/fission des sociétés (p. 41) ». Bernard Wicht et Hervé Juvin se rejoignent, surtout quand le second affirme que « l’État se séparer de la nation et ne connaît plus les peuples, il devient le colon de la ferme mondialisée (3) ». Hervé Juvin confirme aussi les analyses de Bernard Wicht à propos du rôle délétère du multiculturalisme. « La société multiculturelle appelle les forces armées à ouvrir le front intérieur, et les subordonne à un ordre supranational qui les convertit en mercenaires, qui ne se battent plus au nom d’un peuple, d’une nation, mais de contrats à respecter ou d’intérêts à défendre ! (4). »
En guerre contre la « société décente »
Cette prévenance sécuritaire de la part des nantis transcontinentaux engendre une effervescence polémogène marquée par des formes d’organisation militaire irrégulière désormais mises en concurrence avec les armées nationales « classiques ». En outre, la révolution numérique facilite ce totalitarisme 2.0, bouleverse la répartition géographique des richesses produites et perturbe le cadre stato-national. Ce dernier assiste, impuissant, à une dislocation par le bas du corps social-politique. En distinguant soigneusement le chaos du désordre, Bernard Wicht estime que « dans les sociétés actuelles, on peut […] dégager la chaîne causale suivante : complexité = fragilité; fragilité = instabilité; instabilité = imprévisibilité (p. 65) ». Cet éclatement risque de déboucher en Europe sur un désordre généralisé qui inciterait peut-être à retrouver l’essence de la citoyenneté, c’est-à-dire avoir des droits politiques et en corollaire le devoir de mourir pour sa patrie.
L’obsolescence du citoyen-soldat ne témoigne cependant pas de la fin de l’État. « Il faut considérer l’État avant tout comme une machine de guerre; c’est sa raison d’être fondamentale (p. 25). » En examinateur lucide, Hervé Juvin pense que « la dernière technique de l’individu, la plus achevée aussi, le dernier dispositif à faire de l’un à partir du divers et du même à partir des autres ne s’est nulle part plus affirmée qu’en Europe; c’est l’État du socialisme antinational, c’est-à-dire l’État de la société des individus. L’État est la garant des droits illimités des individus, et d’abord contre la nation (5) ». Or, par puritanisme pacifiste convenu, le terme de « guerre » s’éclipse du vocabulaire au profit de celui de « sécurité ». Il n’en demeure pas moins vrai que son effacement favorise le surgissement post-moderne de « trois archétypes militaro-guerriers […] : le terroriste et ses adversaires désignés, le combattant des forces spéciales et le contractor – le premier en tant que nouveau guerrier souverain du monde globalisé, le deuxième comme prétorien du nouveau pouvoir impérial, le troisième comme l’entrepreneur militaire issu du marché global (pp. 60 – 61) ». Bernard Wicht y ajoute le partisan « qui se bat pour une cause que l’État n’est plus en mesure de lui donner (p. 61) », l’ancien des forces spéciales, le « soldat (homme de main du crime organisé) (p. 61) » et, pas encore décantée, une « nébuleuse citoyenne » pour qui l’auteur porte de grands espoirs. Terroristes, combattants des forces spéciales et contractors travaillent peu ou prou pour les mêmes patrons de l’oligarchie. Leur existence justifie les mesures d’exception permanentes (U.S. Patriot Act, lois sécuritaires français, etc.) qui transforment les sociétés développées en sociétés panoptiques de surveillance totale. L’auteur souligne que « c’est la fonction coercitive de l’État qui se réoriente : le passage d’un État militaro-territorial tourné vers la guerre externe à un État pénal-carcéral accentuant son rôle répressif à l’intérieur (p. 46) ». Désormais, « l’État postmoderne [est devenu] cet espace post-étatique livré à la foule et aux réseaux de tous ordres sous la surveillance de milliers de caméras (p. 88) ». Loin d’aller vers une « paix perpétuelle » planétaire, on s’achemine vers de nouvelles guerres infra-étatiques. « Le court XXe siècle [ouvre] la transition vers l’âge global compris comme un nouveau Moyen Âge en raison de sa multipolarité, du retour de l’empire et de la pluralité des allégeances caractérisant dorénavant les groupes humains (p. 32). »
La réflexion de Bernard Wicht s’inscrit dans ce contexte « sécuritariste » et intègre les apports de la Toile numérique, fondateurs d’une pensée réticulaire. « C’est en fonction de ce nouveau paradigme qu’il faut penser les espaces d’autonomie et les autres formes d’organisation correspondantes (Web 2.0 = gouvernement 2.0, citoyenneté 2.0, armée 2.0) (p. 54). » Il espère ainsi dans « la rencontre entre la liberté et une structure appropriée autorisant la prise de décision collective et autonome (p. 35) ».
Comment refonder la politique à l’heure de l’« Âge global » ? À partir du citoyen-soldat, clame Bernard Wicht, « à la fois pilier institutionnel et système d’arme (p. 69) », car « une armée peut se reconstituer la cité (p. 71) ». Il faut survivre aux désordres et de « chevaucher le tigre » – il tient à citer Julius Evola (6) -, quitte à se référer au culte antique de Mithra quand un jeune homme se devait de dompter et de vaincre un taureau furieux. « Chevaucher le tigre » signifie « être capable de traverser une période de trouble et d’anarchie dans laquelle les éléments échappent à tout contrôle (le galop furieux du taureau), d’encaisser et de durer plus longtemps (jusqu’à l’épuisement du taureau), pour renaître ensuite et reprendre l’initiative (tuer le taureau) (p. 73) ».
Recours au peuple en arme
La résistance s’impose contre l’État aux mains de la coterie oligarchique. Ce combat présente un enjeu vital, car il en va de la liberté des hommes responsables. Bernard Wicht remarque à ce sujet que « depuis la fin de la guerre froide, le mot liberté a subitement disparu du discours politique au profit du vocable sécurité (p. 85) ». « Le glissement de paradigme – de la liberté à la sécurité – est passé relativement inaperçu, pourtant son impact est immense pour la conception de la citoyenneté : dès lors que l’État n’est plus le garant des libertés de chacun mais (au contraire) de la sécurité de tous, le citoyen en armes n’est plus considéré comme une protection contre la tyrannie mais comme un criminel en puissance, comme une menace potentielle, comme un “ sauvage ” qui risquerait de retrouver à l’état de nature (p. 86) », ce qui signifie que « nous aurions donc quitté un âge de liberté pour entrer dans une ère sécuritaire (p. 85) ». Or « la philosophie occidentale semble contenir toute une culture de la légitime défense formant le socle des libertés politiques (p. 88) ». Mieux, dans la Grèce antique, « c’est […] un principe institutionnel qui veut que les armes appartiennent à ceux qui détiennent le pouvoir – les citoyens (p. 77) ». En cas d’effondrement durable des sociétés compliquées, « il n’est pas étonnant par conséquent que l’armée apparaisse comme une cité de substitution pouvant remplacer ou, le cas échéant, pallier la vacance de la cité proprement dite (p. 78) ». En effet, en citoyen suisse responsable attaché à l’armée de milice et au port d’arme légalisé (la Suisse occupe le troisième rang mondial derrière les États-Unis et le Yémen avec quarante-six armes à feu pour cent habitants), « l’élément déterminant de ce processus de restauration de la cité est la discipline et l’esprit de corps qui donnent à l’armée sa cohésion, qui fait d’elle une fraternité d’hommes en armes. Ainsi réglée, l’armée peut occuper la fonction de colonne vertébrale et devenir le principe réorganisateur d’un système politique ayant perdu sa cohérence. Discipline et esprit de corps permettent en effet l’exercice d’un mode de vie réglé où le désordre n’a pas sa place. C’est l’illustration concrète de la dimension politique et du rôle structurant du compagnonnage et de la fidélité personnelle (p. 79) ». Il suit la démarche de Machiavel qui fait de la milice de citoyens le facteur restaurateur du civisme à la condition d’y inclure des paysans libres et armés (7). Prenons garde cependant à ne pas verser dans un idéalisme quelque inadéquat. Éric Werner estime qu’« on assimile volontiers le système suisse de milice au “ peuple en arme (8) », ce qui n’est plus le cas du fait d’une puissante démobilisation spirituelle et d’un alignement éloquent des forces helvétiques sur les normes de l’O.T.A.N. Si le citoyen suisse montre son attachement à l’armée de milice, c’est parce que ce système « offre à n’importe quel citoyen qui le souhaite, homme ou femme, de s’initier à l’utilisation d’une arme, et même, aujourd’hui encore, d’en détenir une à domicile. C’est un avantage non négligeable, surtout à notre époque. Mais cela n’a plus rien à voir avec le “ peuple en armes ” (9) ».
Ce réveil civique armé peut néanmoins arriver sous la forme – novatrice – de mouvements militarisés (ou paramilitaires) plus ou moins informels. « De nos jours, le capital guerrier se situe de plus en plus au sein des groupes armés. Ceux-ci sont devenus les nouvelles machines de guerre capables de combiner efficacement capital et contrainte et, donc, de concurrencer, voire de remplacer l’État moderne dans cette fonction. Pour reprendre une métaphore cinématographique, les groupes armés sont les Fight Club de notre époque – des sociétés d’hommes, des fraternités de guerriers (pp. 119 – 120). » Bernard Wicht envisage clairement l’imminence d’un nouveau Moyen Âge, reformulateur radical des règles stratégiques et d’un nouvel « art de la guerre » qui ne serait plus celui des conflits classiques, inter-étatiques, mais qui correspondrait plutôt à une « guerre civile moléculaire » suivant l’expression du philosophe allemand Hans Magnus Enzensberger. Les nouvelles conditions d’existence feront que dans cette ère néo-médiévale globalisée, « ceux qui survivent ne sont pas les plus forts, mais ceux qui s’adaptent (p. 105) ».
Les premières moutures de ces groupes armés existent dès à présent dans le monde. Dans les années 1990, le Mexique connut les zapatistes altermondialistes du sous-commandant Marcos au Chiapas. Aujourd’hui, ce pays est ravagé par une quasi-guerre civile du fait des affrontements entre bandes de narco-trafiquants et les forces fédérales. Dans des régions reculées, ce sont des groupes d’autodéfense villageoise qui « pratiquent […] la culture du secret (p. 94) ». La journaliste Emmanuelle Steels évoque « la prolifération des groupes d’autodéfense qui assurent, dans plusieurs régions, une mission sécuritaire à laquelle les autorités semblent avoir renoncé. Durant les dix premiers mois de la présidence d’Enrique Peña Nieto, la formation de ces milices civiles s’est étendue à dix des trente États mexicains (10) ». Le président de la Commission nationale des droits de l’homme, Raúl Plascencia justifie leur présence parce que « l’abandon de l’État oblige les citoyens à se protéger et à lutter contre une criminalité qui est parfois encouragée par les autorités (11) ». Ce qui se déroule au Mexique donne un avant-goût de ce que subira l’Europe dans les prochaines années… L’autodéfense populaire n’est pas propre au peuple mexicain. Jadis « Suisse du Proche-Orient », le Liban, victime de violentes tensions inter-communautaires, sécréta les Kataeb phalangistes chrétiens, puis le Hezbollah chiite pro-iranien. En période exceptionnelle, « les organisations naissent et se développent en réponse à la défaillance de l’État et à l’incapacité de celui-ci de garantir la sécurité des populations (p. 126) ».
Quelque peu provocateur, Bernard Wicht parle alors de « Swissbollah », « contraction de Swiss – et de Hezbollah en référence respectivement, à l’élan communal insufflé à l’Europe par les Confédérés au XVe siècle et aux succès remportés de nos jours par ce groupe armé (le parti de Dieu, la milice chiite du Liban Sud) (p. 122) ». Le Hezbollah ou les forces d’autodéfense villageoises au Mexique n’en sont pas les seuls exemples. Pour contrer l’augmentation exponentielle de la délinquance dans les zones rurales de l’Hexagone (vol d’essence du tracteur, du matériel agricole, des récoltes…), gendarmes et syndicats d’agriculteurs « entendent développer des communautés “ d’exploitants vigilants ” [… et] prônent la mise en place de “ communautés d’alerte ” qui seraient informées par S.M.S. ou par Internet lors d’une attaque ou de l’apparition d’une bande dans une région (12) ». L’économiste Nicolas Baverez observe pour sa part avec une inquiétude non dissimulée que l’insécurité « conduit les citoyens à s’organiser en milices ou en forces d’autodéfense pour répondre à la disparition de l’ordre public. Il n’y a plus de liberté où la sûreté des personnes et des biens n’est plus assurée. Ceci est tout particulièrement vrai dans les zones qui jouxtent les ghettos urbains et dans les zones rurales que le retrait et la démobilisation de forces de gendarmerie ont transformées en vide de sécurité (13) ». Ces diverses initiatives démontrent que « le salut vient des marges… (p. 112) », ce qui signifie un recours inévitable aux communautés locales.
L’équilibre civique de la terreur
Fort de ce constat, l’auteur considère que le « Swissbollah symbolise le mariage de la liberté et de l’autonomie (des Confédérés) avec les nouvelles formes d’organisation militaire et, par là, une voie possible de restauration de la cité et de l’action stratégique (p. 122) ». La révolution mentale est gigantesque puisque « la substance remplace l’instance (p. 106) ». Très clairement, « les organisations apparaissent donc comme des unités hybrides (à la fois politiques, militaires et entrepreneuriales), autonomes, articulées autour d’une culture (références, valeurs, comportements) et d’une organisation (objectifs communs) (pp. 129 – 130) ». Ainsi l’équilibre de la terreur, naguère intercontinental, est-il devenu infra-étatique… Ce qui redonne « à la légitime défense, sa signification première, c’est-à-dire le droit fondamental de l’individu de garantir sa vie, ses biens et sa propriété en cas de défaillance de l’État (p. 132) ». Mieux encore, « tant dans la perspective du nouveau Moyen Âge, de l’ère numérique que de celle du Moment machiavélien, il apparaît non seulement nécessaire (autonomie, redondance), mais également légitime (libération civique) de prévoir des S.M.P. à “ petit budget ” au service des citoyens (p. 144) ». Cela suppose la redécouverte de la notion fondamentale de la solidarité communautaire d’autant que « le citoyen-soldat 2.0 doit pouvoir travailler dans la marge d’erreur du système. Il doit être en mesure d’agir de manière autonome et en suppléance de l’État (p. 140) ». Le temps de l’État-nation omnipotent s’avère révolu.
Bernard Wicht conçoit un nouveau paradigme philosophico-stratégique pour lequel, citant Jacques Derrida, « l’avenir de la démocratie [… est] celui d’une société secrète (p. 89) ». Il importe de comprendre cette réflexion d’une manière subversive et anti-moderne. « Lorsque le philosophe voit dans la démocratie une sorte de conjuration (au sens étymologique), il se rattache en quelque sorte au schéma des contre-sociétés tel que par exemple le mouvement communal du Moyen Âge, c’est-à-dire des groupes d’individus qui, en raison de leurs intérêts communs, décident de s’associer pour gérer leurs propres affaires et faire valoir leur point de vue vis-à-vis du cadre hiérarchique de l’époque (le féodalisme) (p. 89). » Et l’auteur se réfère volontiers à Platon et à Machiavel. On a vu que le second a profondément stimulé sa démarche intellectuelle. Quant au premier, il en retient une approche exprimée dans La République, à savoir « la cohésion supérieure d’un groupe – les Gardiens – pour rétablir la stabilité de la cité (p. 75) ». Bernard Wicht souligne que « la réflexion platonicienne se place après la chute, après l’effondrement (p. 76) »; il s’en explique. « Les Gardiens se voient confier non pas la tâche de dominer, mais bien celle d’ordonnancer la République, de lui redonner son principe d’organisation. […] Les Gardiens représentent un véritable noyau dur autour duquel viennent s’arrimer les autres composantes du corps social et dont ils assurent la stabilité (p. 80). » Or, au XXe siècle, ces « Gardiens » prirent la forme du parti unique totalitaire qui n’a pas convenu aux virtualités propres des sociétés modernes. Le système monopartiste a échoué. Mais le pluralisme libéral moderne ne convient pas non plus à la volonté de survivre aux événements en cas de faillite civilisationnelle. Puisque Bernard Wicht a lu des ouvrages de Julius Evola, on peut penser que la version post-moderne et/ou néo-médiévale des Gardiens platoniciens serait l’équivalent de l’Ordre de la Couronne de Fer et de l’Ordenstaat (ou État monastique) chère au modèle politique prussien.
« L’État teutonique est, à maint égard, unique en son genre. Contrairement aux autres, qui résultent de l’existence préalable d’une nation, cet État est créé, sur une sorte de tabula rasa, par le seul effet d’une volonté. Son peuple, il le compose lui-même : de Baltes, de Slaves, surtout d’Allemands venus de toutes les régions de l’Empire et dont la prépondérance germanise l’ensemble. Cet État ne suit pas son peuple, il le précède; il n’en résulte pas, il l’engendre. C’est pourquoi Hegel reconnaîtra plus tard dans l’État prussien l’État pur, l’État en soi. Outre son peuple, il invente entièrement sa constitution et son administration; celles-ci ne dépendent pas des hasards d’une longue histoire, mais d’une volonté rationnelle s’exerçant librement. Elles se fondent sur la vaste expérience des chevaliers de l’Ordre, qui, ayant connu les royaumes de Terre sainte, les principautés italiennes, la République de Venise, les divers États d’Europe, où ils possèdent de nombreux biens, ont pu mûrir leur réflexion sur l’économie idéale d’un État. L’organisation de leur État est la première organisation étatique rationnelle de l’Europe moderne; l’ordre qu’ils y font régner, générateur de paix et fondement de leur richesse, est absolu. Établi par la guerre sur un pays pauvre, donc dur aux hommes, il impose des mœurs sévères. Dans son essence enfin, le pouvoir en Prusse se distingue de ceux qui règnent sur le reste de l’Europe. Organisation à la fois militaire et religieuse, l’Ordre Teutonique ignore toute distinction entre pouvoir politique, pouvoir militaire et pouvoir religieux. Chef de la politique de son État, le grand maître est aussi celui de son armée et de son église (14). » Le fait teutonique, à moins que ce soit l’idée même d’Ordre hautement fertile, est peut-être une solution possible dans les prochaines décennies. On comprend mieux pourquoi Bernard Wicht écrit qu’« il y a fort à parier que les Templiers soient de retour (p. 32) ».
Stratégies pour un nouvel Âge médiéval
À la fois spirituel, mystique et politique, un tel « Ordre des Gardiens » garantirait sa protection bienveillante aux communautés locales qui lui feraient allégeance, car, dans le même temps qu’il esquisse la vision d’un Ordre souverain, Bernard Wicht entend valoriser l’autonomie qui « implique, autant que faire se peut, de ne pas dépendre de facteurs que nous ne contrôlons pas ou, autrement dit, de conserver l’emprise sur son environnement immédiat (p. 90) », cette autonomie étant bien sûr plus collective, voire communautaire, qu’individualisée. Après l’évocation de la situation mexicaine, il se réfère aux Acadiens qui contrent la domination marchande anglaise au XIXe siècle en développant une logique socio-économique de solidarité mutuelle. « Le mouvement coopératif va jouer pour les Acadiens le rôle d’un véritable projet de société […] à la fois fédérateur et identitaire (p. 93). » Cependant, les Acadiens ne disposèrent pas du monopole de la violence légitime. Or « capacité économique + système d’arme = liberté d’action (p. 96) ». Force est de constater que cette liberté d’action est souvent bridée dans les États occidentaux obsédés par un tout-sécuritaire affolant. Si, « aux États-Unis, le premier devoir d’un citoyen est de défendre sa propriété, sa famille et les siens contre toute attaque; et la détention d’armes est la condition nécessaire de l’exercice de ce devoir. Un citoyen américain n’existe que s’il est armé – s’il peut participer à la défense de sa liberté. […] En France […] le devoir de l’État est d’interdire aux citoyens de se défendre; la première consigne donnée aux forces de l’ordre, lors de toute émeute comme celles qui régulièrement enflamment les banlieues, n’est-elle pas de réprimer toute constitution de milice d’autodéfense ? Et les plus lourdes peines attendent, non pas les valeurs, mais ceux qui aurait tenté de protéger leurs biens ou leurs personnes ! (15) ».
Retrouver cette liberté d’action pratique suppose au préalable d’encourager la constitution de petites communautés locales, souvent agricoles ou agrariens aptes à utiliser des semences illégales, quitte à faire la nique aux firmes multinationales agro-alimentaires. Depuis quelques années, des militants identitaires restaurent de vieilles fermes abandonnées dans un espace rural profond isolé afin de préparer des zones d’autosuffisance à vocation survivaliste (16). Mais il demeure primordial d’investir aussi en milieu urbain. De futurs territoires autarciques doivent éclore en ville. Que des familles identitaires habitent la même rue, le même quartier afin que le jour venu ces habitats deviennent des zones libérées de la République hexagonale, soit des communautés reliées entre elles par Internet ou une sorte d’Intranet à l’échelle locale, régionale, nationale ou continentale (en attendant les pigeons voyageurs quand la Toile sera définitivement contrôlée par les sbires de l’hyper-classe). « Nous devons être capables de produire progressivement une contre-société, que j’appelle “ fractionnaire ” pour indiquer que c’est plus qu’une dissidence, quasiment une sécession a-territoriale. C’est la voie de l’avenir, celle qui rendra possible la construction d’un rapport de force (17). » De pareilles communautés existent déjà en Amérique du Nord avec les Amish, nonobstant leur technophobie et leur rejet respectable de la violence, ou en France avec les Frères darbystes de Plymouth présents de façon très discrète sur le plateau du Vivarais – Lignon entre Haute-Loire et Ardèche (18).
Les États occidentaux peuvent encore s’extraire du déclin s’ils s’appliquent un véritable volontarisme politique, s’opposent enfin au Nouvel Ordre mondialiste et redéfinissent la participation effective de leurs citoyens à l’effort permanent de défense. Bernard Wicht mentionne des théoriciens français de l’« armée du peuple » : Jean Jaurès, auteur de L’Armée nouvelle en 1910 ou le général Étienne de Vaincre la guerre (1984). Dès avril 1964, dans L’Esprit public, Jean Mabire anticipait une armée populaire du XXIe siècle. « À une armée de métier, hautement technique et rigoureusement intégrée, vouée par essence aux tâches de dissuasion et de rupture, s’ajouteraient des forces, d’active comme de réserve, spécialisées dans la guerre révolutionnaire : occupation de l’espace, protection ou ralliement des populations, défense en surface. Ces unités au rôle finalement aussi politique que militaire, seraient dans le droit fil de la vieille infanterie reine des batailles et maîtresse du terrain. […] Ces troupes bénéficieraient d’une grande puissance de feu et d’une mobilité extrême, notamment par la généralisation de l’héliportage qui demeure, avec la télévision, un des atouts essentiels de la conduite d’une guerre subversive. Cette infanterie d’un nouveau style serait recrutée par le service militaire, obligatoire et universel, de la jeunesse européenne. Un service actif extrêmement bref (six à neuf mois par exemple) serait précédé d’une préparation militaire sérieuse et suivi de périodes de réserves fréquentes d’une durée de deux à trois semaines. Le système actuellement en vigueur dans l’armée suisse mériterait d’être tout particulièrement étudié en ce domaine (19). » Sinon ce sera le temps du Rebelle, ce Partisan qui « sait pourquoi il se bat et connaît ses chances de succès (p. 109) ». Dans une perspective convergente quoique plus sociologique et donc moins politisée, le bouillonnement post-moderniste des nouvelles tribus fomente d’étonnantes agrégations communautaires novatrices dont certaines s’inscriront, une fois les confrontations remportées, dans le temps et l’espace.
La défense doit toujours se territorialiser afin de réaliser des aires de liberté. Toutefois, « dans cette recherche des nouveaux espaces de liberté, il importe également de prendre en compte l’avènement de la société de l’information. Celle-ci vient apporter sa dimension à cette évaluation en favorisant les petites structures, les formes d’organisation plates et “ sans tête ” (p. 92) ». Bernard Wicht n’hésite pas à se référer à la T.A.Z. de l’anarchiste étatsunien Hakim Bey. La T.A.Z. présente le grand désavantage de se vouloir éphémère. D’ailleurs, les activistes alter-mondialistes et « T.A.Z.istes », conscients de la nécessité de marquer le territoire et d’enraciner leurs luttes dans un lieu précis, parlent d’ailleurs maintenant de Z.A.D. (zone à défendre). Si une Z.A.D. a tenté de s’opposer au projet dément de l’« O.L. Land », une calamiteuse construction d’un stade de foot dans la banlieue lyonnaise, une autre s’incruste près de Nantes à Notre-Dame-des-Landes où devrait s’élever un effroyable aéroport. Malheureusement, outre un antifascisme rabique et fantasmatique, les « Zadistes » sont surtout des défenseurs d’une « ZoFuC » (zone à fumer le cannabis). Militant écologiste courageux et limite anarcho-royaliste (il arbore un Sacré-Cœur du Christ-Roi vert), Éric Pétetin explique que dans cette Z.A.D. bretonne, « ça fume pas mal : 90 % des jeunes sont un peu accros au pétard, c’est net. Ça prend un peu trop de place. C’est vrai que c’est agréable de fumer dans la nature avec des copains, mais quand on passe les deux tiers de sa journée à faire ça, c’est un peu dommage. En ce sens, le cannabis est un peu anti-révolutionnaire (20) ». Cette Z.A.D. ressemble plus à un dépotoir à ciel ouvert avec son campement crasseux qu’à un village vivant de dissidents. À l’encontre de ces « enfants perdus de la modernité tardive », les résistants européens parient plutôt sur les B.A.D. (bases autonomes durables), seul action concrète propice à la reconstitution d’une légitimité nouvelle autour de l’équation suivante : « citoyen + T.A.Z. + Légitime défense = Swissbollah (p. 137) », car l’objectif final est « la restauration de la cité, c’est-à-dire non plus la défense de l’État en termes d’instance (souveraineté, frontières, territoire) mais de substance (population, civilisation, valeur) (p. 137) ».
Europe Mad Max demain ? Retour à la défense citoyenne expose les défis de l’inévitable remilitarisation des peuples européens. Cet ouvrage est un maître-livre qui bouscule les convenances habituelles du prêt-à-penser. Plus que jamais au XXIe siècle, la guerre, qu’elle soit mondiale ou métalocale, sera accoucheuse d’histoire et de politique.
Georges Feltin-Tracol
Notes
1 : Hervé Juvin, La grande séparation. Pour une écologie des civilisations, Gallimard, coll. « Le débat », 2013, p. 292.
2 : Idem, pp. 281 – 282.
3 : Id., p. 268.
4 : Id., p. 282.
5 : Id., p. 179.
6 : Julius Evola, « Chevaucher le tigre », Guy Trédaniel – Éditions de la Maisnie, Paris, 1982.
7 : Il n’est pas anodin de savoir que le premier ouvrage de Bernard Wicht portait sur L’idée de milice et le modèle suisse dans la pensée de Machiavel, L’Âge d’Homme, Lausanne – Paris, 1995.
8 : Éric Werner, « La face cachée du modèle suisse », dans Éléments, n° 149, octobre – décembre 2013, p. 40.
9 : Idem, p. 41.
10 : Emmanuelle Steels, « Mexique : les milices populaires, dernier rempart contre les cartels », Libération, 7 octobre 2013.
11 : Idem.
12 : Christophe Cornevin, Le Figaro, 16 octobre 2013.
13 : Nicolas Baverez, « La grande jacquerie », Le Figaro, 21 octobre 2013.
14 : Pierre Béhar, Du Ier au IVe Reich. Permanence d’une nation, renaissance d’un État, Éditions Desjonquères, coll. « Le bon sens », Paris, 1990, pp. 87 – 88. Lire aussi Sylvain Gougenheim, Les chevaliers Teutoniques, Tallandier, Paris, 2007.
15 : Hervé Juvin, op. cit., pp. 78 – 79.
16 : Cf. Piero San Giorgio, Survivre à l’effondrement économique. Manuel pratique, Le retour aux sources, Paris, 2011; Rues barbares : survivre en ville (co-écrit avec Vol West), Le retour aux sources, La Fenderie (Aube), 2012.
17 : Michel Drac, Entretiens avec des hommes remarquables, réalisés par Le Cercle Curiosa, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », Billère, 2012, p. 95.
18 : Les darbystes sont des protestants évangéliques apparus dans les années 1830, d’abord en Grande-Bretagne.
19 : Jean Mabire, « L’épée », dans La torche et le glaive. La politique, l’espérance et l’écrivain, Éditions Libres Opinions, Paris, 1994, pp. 208 – 209.
20 : dans Charlie Hebdo, 21 août 2013.
• Bernard Wicht, Europe Mad Max demain ? Retour à la défense citoyenne, Favre, Lausanne (Suisse), 2013, 148 p., 14 €.