Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 25 avril 2017

Elections présidentielles françaises : un échec collectif

Lelection-presidentielle-francaise-23-avril-7-2017_0_729_492.jpg

Elections présidentielles françaises: un échec collectif

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

A l’issue d’une campagne pénible, polluée par les interventions de la justice, où onze candidats, dont quatre étaient réduits au simple témoignage, se sont affrontés, le premier tour a abouti au duel Macron / Le Pen, celui-là même que tous les sondages indiquaient depuis plusieurs semaines, mais l’ordre prévu a été inversé. Aucun candidat, même les deux finalistes, ne peut s’estimer être sorti vraiment vainqueur de cette confrontation.

Avec 24,01% des voix, Emmanuel Macron est sorti finalement en tête, en ayant bénéficié d’un report de voix favorable à la fois de la droite du PS, du centre et de la gauche de LR, mais aussi d’un soutien médiatique sans faille et de l’action des réseaux Hollande. Candidat créé artificiellement par le système politico-médiatique, sans assise populaire, n’ayant jamais été candidat à la moindre élection même locale, représentant par excellence de la bobocratie, il a su donner l’illusion d’être un homme neuf, libre de tout appareil politicien comme des fameuses « Primaires » qui ne survivront sans doute pas à 2017. En réalité, il a été soutenu par les plus démonétisés et « has been » de la classe politique française, de Robert Hue à Alain Madelin, et par tous les « philosophes » du conformisme le plus béat.

Avec 21,3% des voix, Marine Le Pen réussit à accéder pour la première fois au second tour d’une élection présidentielle. Sa présence était prévue par tous les instituts de sondage depuis plus d’un an, mais en tête et plus près des 27% que des 20%. Or elle a bien failli être éliminée, François Fillon obtenant 20,01% des voix et Jean-Luc Mélenchon 19,58%. Les sondages montraient en effet cette dernière semaine un tassement des intentions de vote en faveur de Marine Le Pen. Les raisons de cette contre-performance sont multiples.

Elle a été concurrencée sur le terrain du vote protestataire par Jean-Luc Mélenchon, sur le terrain de l’Europe, où Nicolas Dupont Aignan a proposé un souverainisme modéré, renonçant à tout départ de l’UE ou de tout abandon de l’euro, et enfin sur le terrain des valeurs conservatrices par François Fillon. Ce dernier a repris à droite ce qu’il a perdu au centre, mais de manière insuffisante. Son pari insensé, alors que l’affaire « Pénélope » l’avait plombé, a bien failli réussir. Il était néanmoins difficile de penser qu’il pourrait vaincre Macron. Certains ont ainsi proposé un vote stratégique, en cherchant à opposer Marine Le Pen et Fillon au second tour, garantissant ainsi l’élimination de la gauche et du candidat médiatique Macron.

D’autres raisons ont pu amener à décourager certains électeurs en sachant que 80% de ceux-ci ont voté Marine Le Pen pour signifier leur opposition à l’immigration sous-entendue extra-européenne. Les prises de position en faveur d’une coopération avec l’Afrique, les aides annoncées aux DOM-TOM, message qui a été fort bien entendu par les domiens par ailleurs, sa modération sur l’islam, devenu compatible avec la république selon elle, auront déstabilisé certains électeurs. Elle aura aussi subi les effets pervers de la dédiabolisation, faisant apparaître Jean-Luc Mélenchon comme davantage contestataire du système en place qu’elle-même. Ses positions sur l’Union Européenne et l’euro ont maintenu entre elle et l’électorat de droite un cordon sanitaire naturel.

La surprise est venue du vote des DOM en sa faveur. 23,5% à la Réunion, 27,3% à Mayotte (île à 99% bantoue et musulmane), 32,5% en Polynésie Française ou encore plus de 25% en Guyane. Une façon de marquer leur sentiment d’appartenance à la France ? Ou bien plutôt la marque des « vertus » de la démagogie socialisante sauce mariniste dans ces territoires ? A Paris, elle ne fait que 5% des voix, score lamentable, pour 12,6% en moyenne en Ile de France. L’ouest reste rétif (15,3% en Bretagne seulement), l’Est, le Nord et le sud-est sont forts. La Corse voit le FN atteindre presque 28% des voix, les nationalistes n’hésitant pas à la soutenir au niveau national alors qu’ils la rejettent au niveau régional.

Fillon échoue de peu, n’ayant néanmoins jamais réussi à remonter la pente. Mélenchon absorbe la gauche du PS sur une ligne plébéienne où il incarne un côté robespierrien, évoquant sa « patrie bien aimée » dans un étrange discours de défaite.

Avec 6,36% des voix, le candidat du Parti Socialiste, Benoît Hamon, prend une correction dans les urnes. Pris en tenailles entre un Mélenchon qui pouvait espérer le second tour et un Macron rejoint par plusieurs ténors du PS, il était contraint à faire de la figuration. Le score du PS laisse augurer d'une future extinction.

Nicolas Dupont-Aignan, avec 4,7% des voix, échoue de peu à voir sa campagne remboursée. Cette perte financière va certainement limiter ses ambitions qu’il annonçait immenses au moment des résultats. Il n’a pas apporté de soutien à Marine Le Pen dimanche soir. Il est douteux qu’il le fasse car cela signifierait un ralliement implicite, dans un contexte où la dédiabolisation du FN a échoué, même si l’anti-fascisme de bazar semble adouci par rapport à 2002, car aucun dirigeant politique, aucune personnalité, n’a annoncé son soutien à la candidate du FN.

Le sympathique quoique peu audible Lassalle sort premier des petits candidats avec 1.2% des voix. Les gauchistes Poutou (1,09%) et Arthaud (0,64%) montrent la réalité électorale de leur activisme de rue, à savoir qu’ils ne représentent personne. Avec 0,92% des voix, Asselineau réalise une performance pour quelqu’un de parfaitement inconnu du plus grand nombre en dehors des réseaux sociaux, même si son score reste très modeste. L’européiste identitaire que je suis ne va pas pleurer sur son sort.  Cheminade, n’ayant obtenu que 0,18% des voix seulement, la colonisation de Mars prend du plomb dans l’aile.

Au second tour, Marine Le Pen peut espérer un report favorable des électeurs de Dupont-Aignan, d'au moins la moitié des électeurs de François Fillon du premier tour, d'une petite part de mélenchonistes. Elle devrait pouvoir dans un contexte gauche/droite réunir 40% des voix, si comme tout le laisse penser, beaucoup de gens de gauche répugnent à voter pour Macron et restent chez eux. Ses chances réelles de victoire sont néanmoins très faibles.

Enfin un troisième tour, avec les élections législatives, peut laisser espérer à la droite classique de prendre sa revanche. Il est douteux que le mouvement "En marche", très composite et sans colonne vertébrale, puisse réunir autour de lui une majorité, à moins d'une "grande coalition" très hypothétique au centre.

Thomas Ferrier (Le Parti des Européens)

vendredi, 21 avril 2017

Les non-conformistes des années 30, précurseurs ou prophètes de malheur?

NCA20.jpg

Les non-conformistes des années 30, précurseurs ou prophètes de malheur?

Les non-conformistes des années 30, comme les a appelés Jean-Louis Loubet del Bayle, ont écrit une page trop vite enterrée de l’histoire des idées politiques françaises. Emmanuel Mounier, Robert Aron et Thierry Maulnier, pour ne citer qu’eux, ont pourtant été les tenants talentueux d’une réaction salutaire, bien que finalement défaite, au triomphe des idées modernes en leur temps. 

Les non-conformistes comptent parmi les oubliés de l’histoire des idées contemporaines. Pourtant, derrière cette appellation mystérieuse, se cache une génération d’auteurs virulents et ambitieux qui, faisant sien l’héritage de la pensée anti-moderne, lui aura permis de passer le cap du XXe siècle. Bien que très active, cette relève intellectuelle sera cependant restée confidentielle, signant l’échec d’un combat intellectuel déterminant.  Ce qu’Olivier Dard a appelé le « rendez-vous manqué des relèves des années 30 » est cependant, sinon le point de départ, le moment de la cristallisation d’un clivage qui perdure. Faute d’avoir percé en son temps, la génération des non-conformistes a de quoi inspirer les relèves actuelles. 

Les non-conformistes, d’inspirations diverses, parfois rivaux, avaient en commun leur opposition au matérialisme galopant sous les bannières libérale et marxiste. Contre le matérialisme historique ou le libéralisme bourgeois, c’est avant tout le complexe d’une génération vexée de n’avoir pas encore pu décider des grandes orientations du monde à venir qui s’exprime dans les colonnes des revues Esprit, l’Ordre nouveau, ou celles de la Jeune droite — refuge de plusieurs dissidents de l’Action française.

années 30,non conformistes des années 30,france,histoire,politique,révolution conservatrice,théorie politique,politologie,sciences politiques,philosophie politique


Vingtenaires et trentenaires projetés dans un monde fatigué, vieilli, ils perçoivent comme nombre de leurs contemporains (René Guénon par exemple, qui publie La crise du monde moderne en 1927) les signes de la dégénérescence avancée de l’Occident d’alors. Enfants du XXe siècle, ils voient dans la crise de civilisation d’un monde qui peine à sortir du XIXe le règne du « désordre établi », dont le symptôme premier est le mépris du  spirituel au profit du tangible, de l’utilitaire. Un désordre qui s’installe lorsque les remparts traditionnels aux manifestations intempestives de l’air du temps, Église catholique en tête, se mettent à le suivre. Désordre définitivement acquis lorsque l’ennemi, la société contaminée par l’esprit bourgeois, se drape de religion et parodie la spiritualité : provocation ultime, subversion intolérable pour ceux qui ont fait de Léon Bloy et de Georges Bernanos des maîtres.


Et c’est une véritable agitation intellectuelle qu’a provoqué cette génération ambitieuse, dans de nombreuses publications périodiques, avec une prédilection évidente pour le genre du manifeste. À droite, Jean de Fabrègues et Thierry Maulnier se font remarquer, après avoir fait la preuve de leurs qualités d’intellectuels dans un registre plus méditatif, par leurs vitupérations et des titres violents aux accents insurrectionnels, dirigés contre le capitalisme et la démocratie des bourgeois. À ce titre, leurs positions rejoignent, à la fin des années 1930, celles des groupes dits d’extrême-droite, sans pour autant souscrire à la dimension raciale de leurs doctrines.

Les plus inclassables des non-conformistes, sous la bannière de l’Ordre nouveau, préfigurent quant à eux à bien des égards les tendances décroissantes, anti-productivistes et écologiques actuelles. Daniel-Rops, Robert Aron ou Arnaud Dandieu comptent parmi les doctrinaires de ce mouvement aux aspirations très concrètes. Ils iront jusqu’à créer de nombreuses cellules de travail spécialisées — du juridique au médical — ayant vocation à souffler l’esprit nouveau de leur génération dans ces domaines, avec un succès tout relatif néanmoins.

Enfin, plus sage — même si quelques-un de ses sympathisants, devenus militants et réunis au sein du groupe Troisième Force, font occasionnellement le coup de poing — et plus volontiers classée à gauche, la revue Esprit formalise la doctrine personnaliste. Doctrine humaniste fondée sur « la primauté des valeurs spirituelles », opposée à l’individualisme moderne. C’est principalement l’œuvre d’Emmanuel Mounier, dont la pensée rayonne alors largement chez tous les non-conformistes.

Le cri d’une génération

Radicale dans son opposition à l’air pollué du temps, cette génération a  considéré qu’elle n’avait d’autre choix que l’affrontement. Le non-conformisme s’est défini en réaction à la convergence manifeste de toutes les forces vers le désordre. Pire que les créations de la modernité, c’est la capacité de cette dernière à subvertir les institutions, les âmes et les traditions qui préoccupe cette génération. C’est ainsi qu’Emmanuel Mounier a emporté l’adhésion des nombreux chrétiens parmi les non-conformistes en affirmant : « Voici l’homme qui est né avec l’âge du confort. Qu’il soit apparu dans l’histoire avec un pareil contre-sens de l’homme, qu’il envahisse le monde chrétien, nous aurions déjà à nous en affliger. Qu’il soit en train de faire sauter le monde, nous crions gare et passons à la défensive. Qu’il fasse passer ses valeurs pour des valeurs chrétiennes, cette fois, il peut nous « avoir » partout ailleurs, il ne nous empêchera pas de témoigner contre son hypocrisie. »

Société aux allures résolument contemporaines que cette société libérale embourgeoisée qui ne connaît plus aucun sanctuaire, qui réduit la personne à l’individu, et mène inlassablement l’assaut contre l’esprit. Dans une ambiance de fin de règne, société allègrement euthanasiée par les castes obsolètes des milieux politiques, intellectuels et, aujourd’hui comme hier, ecclésiales. Désordre total marquant une crise totale, dont la donnée économique est la nouveauté fondamentale. « Croyant gagner sa vie, l’homme a perdu la part éternelle de lui-même », lit-on dans le manifeste de la revue Réaction à laquelle collabore Jean de Fabrègues.

Certes, les non-conformistes, dans leur diversité, se sont voulus révolutionnaires. Mais révolutionnaires dans l’esprit, avant tout, dans le cœur. L’action, entendue comme le coup de force et de poing — qui ne s’imposait sans doute pas comme une nécessité absolue dans le contexte de la France des années 1930 — était suspecte aux yeux de beaucoup d’entre eux. Ils se sont majoritairement attachés à rester intellectuels comme pour rester purs, et parler à l’âme sans jamais trop flatter les bas instincts de l’homme en masse, de la foule émue et manipulée. Dans un article définissant les « positions d’attaque pour l’Ordre nouveau », Arnaud Dandieu, Daniel-Rops et Robet Aron (pour ne citer qu’eux), avouent que : « Le groupe de l’Ordre nouveau n’a pas fait jusqu’ici beaucoup de bruit sur les places. C’est que nous sommes et voulons être avant tout des doctrinaires. »

Ils se sont arrangé avec l’idée même de révolution pour se faire les promoteurs d’une « révolution constructive », qui témoigne en réalité d’une attitude proprement conservatrice. C’était considérer que le désordre ambiant était déjà en soi une subversion, une destruction, en somme une ruine contre laquelle il n’y avait plus lieu de s’acharner. Il fallait retrouver l’ordre éternel, dicté par la nature humaine, au milieu de ces ruines, là était la révolution constructive.

L’échec d’une métapolitique ?

Le parallèle avec les révolutionnaires conservateurs allemands s’impose intuitivement. Mais là où les non-conformistes ont adopté une attitude conservatrice à des fins révolutionnaires, les Allemands ont été révolutionnaires en acte — dans un contexte qui l’imposait sans doute — à des fins conservatrices. La Révolution conservatrice est née d’une crise vécue, là où le non-conformisme a réagi à une crise perçue, mais nettement moins urgente, pressante et tangible. Il est certain que l’agitation, la crise profonde de l’Allemagne au lendemain du premier conflit mondial, a permis aux instincts révolutionnaires conservateurs de gagner du terrain, tandis que le non-conformisme, rechignant à se traduire en actes et demeurant somme toute fort confidentiel, n’a guère percé. D’autant moins qu’il s’est largement tenu à distance des différentes ligues et autres groupements, ce qui témoigne une fois de plus d’un non-conformisme sans concession. Mais c’était sans doute une erreur de diagnostic — un excès de naïveté ou un refus de pousser la dialectique jusqu’au bout — que de supposer que le désordre n’était pas lui-même une construction solide qu’il convenait d’abord d’anéantir, pour ensuite rebâtir. Opposer une aspiration à « l’ordre » au désordre établi revenait à ne pas admettre que le désordre n’est pas un chaos sans cause profonde, un ordre en lui-même, voulu et entretenu par une génération devenue obsolète aux yeux de cette jeunesse.

THM848628.jpgLa tentative échouée de ré-instaurer un ordre sain et véritable n’est sans doute pas pour autant le fait de la méthode choisie par les non-conformistes. C’est bien plutôt la vérification de ce que ce sont les révolutions qui font les véritables révolutionnaires, et non pas les prétendus révolutionnaires qui font les révolutions. Pour autant on peut regretter que la force, la cohérence et le talent de cette génération n’aient pas eu davantage de portée, et qu’elle n’ait pas perduré en tant que telle. Toutes ses tendances ont été éclatées par l’histoire, et respectivement digérées, si ce n’est détournées, par d’autres formations politiques et intellectuelles d’envergure. Mais le regard acéré de cette génération sur un monde agonisant, tout comme le patronage de ses pères spirituels et son attitude circonspecte, survivent. Les non-conformistes des années 1930 auront au moins créé, ou du moins renouvelé, une tradition d’intellectuels dés-engagés, impatients et irrécupérables.

L’histoire retient le trio collaborationniste de Rebatet, Drieu La Rochelle et  Brasillach, mais ce ne sont certainement pas les chantres du fascisme ou du national-socialisme qui ont eu l’influence la plus importante sur la suite de l’histoire des idées. Les non-conformistes des années 1930 ont longtemps pu apparaître comme des prophètes de malheur, ils doivent sans doute être désormais regardés comme les précurseurs des tendances actuelles.

jeudi, 20 avril 2017

Euro : révolver sur la tempe de Marine Le Pen

frexit-1.jpg

Euro : révolver sur la tempe de Marine Le Pen

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com 

Et c’est elle qui a armé le barillet : son projet de sortie de l’euro,    risque de lui interdire une victoire possible au second tour, en détournant une partie déterminante de son électorat potentiel. Pourtant, déjouant les pronostics, après le lamentable épisode Fillon, qui aurait pu fissurer le ”plafond de verre” empêchant Marine Le Pen de l’emporter au second tour, une promesse de victoire n’était pas impossible. Mais voilà… la gaffe de la sortie de l’euro fait peur.

Le fragile atout de Marine : TSM, ” tout sauf Macron ! ”

Face à Fillon au second tour, Marine Le Pen perd. Contrairement à la propagande des médias (pro–Macron à 80%), opposée à Macron, elle peut vaincre. Car en cas de duel au second tour Fillon – MLP, cette dernière serait éliminée à coup sûr, tous les électeurs de Macron et des autres candidats de gauche se reportant sur Fillon, selon la discipline du ”front républicain”. En revanche, un second tour Macron–MLP pourrait voir Marine Le Pen l’emporter : parce qu’une partie de l’électorat Fillon  ne voterait pas Macron, l’héritier de Hollande, mais MLP, par hostilité à cet intrigant, perçu comme un imposteur. Défenseur d’idées laxistes pro–immigration, cosmopolites et francophobes snobs, partisan de la ”discrimination positive”, euphémisme pour racisme institutionnel anti–Français de souche, accusant son propre pays de ”crimes contre l’humanité”, silencieux sur le génocide des chrétiens d’Orient, affirmant l’inexistence d’une ”culture française”, le candidat Macron peut ne pas bénéficier d’un report de voix de la droite filloniste face à MLP. Donc, contrairement aux sondages peu crédibles, Marine Le Pen, récoltant une partie de l’électorat Fillon (”tout sauf Macron !”) pourrait  faire un score légèrement supérieur au faux nez de Hollande et …être élue à l’Élysée.

À ce propos, on notera qu’au cours de ses meetings, Fillon fait très aisément siffler Macron mais échoue lamentablement à faire siffler Marine Le Pen. 

Mais cette chance historique de la présidente du FN d’accéder à l’Élysée est plombée par son programme fébrile de sortie de l’euro, qui s’ajoute à son projet économique ultra–conservateur de gauche, dans le prolongement de la léthargie socialo–étatiste des Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, voire flirtant avec les momies marxistes Mélenchon et Hamon. Son électorat ne comprend pas : la sortie de l’euro n’est vraiment pas pour lui la priorité…    

Mais avant de critiquer Marine Le Pen, critiquons l’euro

L’euro était une fausse bonne idée. Associer dans une monnaie commune des économies très divergentes, n’était pas une décision économique rationnelle, mais purement politique. L’euro est un projet allemand de domination économique cynique. La France (le naïf Giscard) a suivi le projet par romantisme européiste. L’euro n’était – et n’est toujours– ni plus ni moins que le mark, camouflé sous un faux nez. D’ailleurs, la parité a été fixée à l’époque à 1€ = 2 DM et le siège de la BCE qui gère l’euro est à Francfort. Quelle coïncidence… 

Un des effets pervers de l’euro a été qu’il a permis de faire baisser les taux d’intérêts des emprunts internationaux – grâce à la politique de la BCE de Francfort–  et donc d’encourager à s’endetter de manière irresponsable, notamment les États français et grec, les plus pusillanimes et gauchisés d’Europe. Il ne fallait pas créer l’euro, mais, c’est trop tard : il serait dévastateur de sortir brutalement de cette énorme machine, de ce monstre monétaire. On doit malheureusement faire avec. Et le réformer progressivement. Modifier l’euro de l’intérieur (comme l’UE) serait plus pertinent que revenir à un ”nouveau franc” folklorique : ce remède enfantin serait pire que le mal. 

MLP a parfaitement raison de critiquer la catastrophique Europe de Bruxelles. Elle pose de bonnes questions, mais apporte de mauvaises réponses. Son projet mal ficelé de sortie  inquiète son électorat ; ce qui risque de lui retirer quelques points  fatidiques qui lui permettraient de franchir la barre des 50% au second tour. N’oublions pas que, selon les sondages – qui ne se trompent que de quelques  points dans le pire des cas – 72% des Français ne veulent surtout pas sortir de l’euro. Le pari de Marine Le Pen de renverser cette tendance lourde est impossible à gagner.  

Très graves inconvénients d’une sortie de l’euro

La sortie de la France de l’euro, même négociée –forcément mal–, serait très aventureuse. Elle provoquerait tout d’abord dans les six mois une dévaluation d’au moins 25% du ”nouveau franc”. Tous les détenteurs d’avoirs, particuliers ou entreprises modestes, perdraient une grande partie de leur épargne ou capital. 

D’autre part, cette dévalorisation du ”nouveau franc” générerait une puissante inflation par la hausse de prix des produits importés et même des produits fabriqués en France puisque ces derniers incorporent de nombreux composants importés. D’où une baisse du pouvoir d’achat. La fuite des capitaux, des cerveaux et des compétences s’accroîtrait. Le contrôle des changes serait rétabli. Les détenteurs d’assurance–vie subiraient une limitation de retirer leur épargne, ajoutée à sa dévalorisation fiduciaire.  

« Un projet de sortie de l’euro indissociable d’un défaut sur la dette française […] implique une explosion du chômage et de l’inflation ainsi qu’une chute d’au moins 20 % du pouvoir d’achat des Français », affirme Nicolas Baverez (Le Figaro, 17/ 04/ 2017). Certes, à son habitude, ce catastrophiste patenté exagère peut-être, mais les conseillers économiques du Front national sont–ils vraiment compétents ? 

Quitter l’euro et le remplacer par ”un nouveau franc”, préviennent les deux agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s – qu’on peut ne pas aimer mais dont les prévisions ont très rarement été mises en défaut – reviendrait à mettre la France en cessation de paiement à l’image de la Grèce ou jadis de l’Argentine. Cela impliquerait non seulement de ne plus pouvoir rembourser les intérêts de la dette, mais ne plus pouvoir emprunter. Donc être obligé de cesser de payer à 100% les 6 millions de fonctionnaires et agents publics et autres millions de retraités de ce secteur. Sans parler de la Sécu, endettée jusqu’au cou, qui cesserait de fonctionner, faute de liquidités.

Le pays pourrait être acculé à la faillite. En effet, c’est tout bête : si vous ne pouvez plus rembourser vos créanciers, vous ne pouvez plus continuer à leur emprunter. Et aucun État ne peut forcer les ”marchés”  à lui prêter !  

En cas de sortie effective de l’euro et de son remplacement par une ”nouveau franc”, les premières victimes seraient – non pas les très riches ou les multinationales  – mais les classes moyennes modestes et les petites entreprises, qui verraient s’effondrer la valeur de leurs avoirs, transcrits dans une monnaie dévalorisée. 

Le sophisme de retrouver la ”souveraineté monétaire”

Les arguments en faveur du retour au franc s’appuient sur les exemples du franc suisse, de la couronne suédoise ou de la livre sterling, monnaies de pays prospères qui n’ont jamais adopté l’euro ni inconsidérément changé de monnaie ! Le problème, c’est la mutation monétaire de l’euro, grande monnaie (mal) mutualisée, vers une nouvelle monnaie ressuscitée – le franc – qui ne bénéficierait plus d’aucune confiance ou crédibilité internationales. La réincarnation d’un ectoplasme.    

La candidate MLP, en rétablissant le franc, argumente qu’elle rendra à la France sa « souveraineté monétaire ». Rien de moins sûr avec les étranglements que provoquerait le retour au franc, notamment la mise sous tutelle du pays par le FMI et les autres créanciers, du fait d’une explosion de la dette (dévalorisation du franc et majoration des taux d’intérêt) et de l’impossibilité de la rembourser en euros, la monnaie où elle a été libellée.

Un retour forcé au franc, qui deviendrait une monnaie de singe, aurait exactement l’effet inverse : l’esclavage monétaire. Et l’humiliation de mendier des crédits à la BCE.  La raison (principe de réalité) est que la France est endettée jusqu’au cou auprès des créanciers étrangers  – et non pas nationaux comme le Japon, la Chine et les USA– et qu’un retour au franc signifierait une mise sous tutelle internationale, de notre pays  à l’économie objectivement socialiste.

frexit-2.jpg

Brexit et Frexit : rien à voir

Marine Le Pen a beau expliquer quelle serait ”sage”, qu’elle négocierait avec Bruxelles, l’Allemagne et nos autres partenaires une sortie en douceur de la France de l’euro et une sorte de ”Frexit”, bien peu croient à ce scénario Blanche–Neige. Elle fustige les mauvais prophètes qui prédisaient une catastrophe en cas de vote pour le Brexit. Elle compare un Brexit qui, pour l’instant, ne se passe pas trop mal à un Frexit (France exit, sortie de la France de l’UE). Mais ça n’a rien à voir ! Comparaison n’est pas raison. La Grande Bretagne n’a jamais été réellement membre de l’UE. Elle ne participe ni à l’euro, ni à Schengen et bénéficie d’un régime financier dérogatoire depuis Mme Thatcher.     

Si Marine Le Pen est élue, elle a peu de chance de parvenir à un abandon de l’euro par la France. (D’autant qu’elle risque de ne pas avoir de majorité parlementaire ni de majorité populaire en cas de référendum sur la sortie de l’euro) et de l’UE). Mais  cette éventualité peut créer un vent de panique sur les marchés, provoquant une fuite des capitaux et un recul des investissements en France, causes supplémentaires de destructions d’emplois.

Sortie de l’euro : préoccupation marginale dans l’électorat FN

Alors que Marine Le Pen et le Front national avaient un boulevard devant eux en se présentant comme le seul espoir crédible face à l’invasion migratoire incontrôlée, à l’islamisation massive, à la destruction de l’identité nationale, à l’explosion de la criminalité et de l’insécurité, à l’effondrement de l’école publique, à la marginalisation de la ”France périphérique”, voilà qu’ils se focalisent sur des sujets mal travaillés comme la sortie de l’euro. Ces positions inquiètent les classes populaires, qui craignent un aventurisme d’amateurs et redoutent que le FN, dans son obsession anti–euro, ait oublié leurs préoccupations centrales.  

Une majorité de Français, y compris parmi les nostalgiques du franc et de la souveraineté monétaire française, redoute une sortie de la France de l’euro, par réalisme. Et surtout pour leurs propres économies ! L’assurance–vie est plus importante que l’idéologie…

Le vote FN est motivé par l’immigration, pas par l’euro !  

La motivation du vote FN chez les classes populaires, mais pas seulement, est d’abord la révolte silencieuse contre l’immigration invasive et l’islamisation avec ses conséquences innombrables qui pourrissent la vie de millions de nos concitoyens modestes. La sortie de l’euro avancée comme priorité par MLP leur apparaît donc comme un projet très secondaire, voire utopique et dangereux pour leurs modestes économies. Ce n’est pas qu’ils soient attachés à l’euro ou à l’UE actuelle, très loin s’en faut, mais ils pensent que l’acharnement de MLP contre l’euro et l’UE est une obsession qui ne correspond pas à leurs  préoccupations centrales. Elle risque donc de perdre des milliers (euphémisme) de voix qui lui était acquises. 

Surtout avec ce scénario de référendum : une telle consultation sur la sortie de l’euro et de l’UE, proposée par MLP de manière inconséquente, serait suicidaire pour elle si elle était élue présidente  de la République. Car un ”non” serait probable et la carboniserait, la forçant à démissionner, avec un bonnet d’âne sur la tête et la mort du Front national.  

La confusion des priorités dessert gravement le FN

Les classes populaires françaises se méfient des mesures ”sociales” collectivistes et utopiques qui abondent dans le programme du FN ; elles exigent d’abord, parce qu’elles sont en première ligne, une protection contre l’immigration invasive, l’insécurité endémique qu’elle provoque et les transferts financiers à leur détriment et au bénéfice des aliens.

Marine Le Pen fait de la sortie de l’euro ce qu’elle croit être un  point fort alors que c’est un point faible. Elle s’est enferrée dans un scénario ingérable de référendum et de démission de sa part si elle le perd, ce qui est l’hypothèse la plus probable. Personne n’y comprend plus rien.  

Plutôt que la sortie de l’euro, il fallait un plan astucieux, ”gaullien”, de désobéissance aux institutions de l’UE (Commission, Cour de Justice, Conseil, etc.) selon le principe machiavélien du fait accompli. Mais surtout pas un chantage enfantin qui, finalement, rassure ses ennemis.     

Dans l’urgence, il faut que Marine Le Pen amende son discours sur la sortie de l’euro (pas sur sa critique de l’UE, bien au contraire) en rassurant une partie indispensable de ses électeurs. Elle devrait aussi abandonner cette psychorigidité perdante qu’elle a exprimée dans une interview au Figaro  du 18 avril : la rédaction lui demande si elle ”partirait” (démissionnerait de sa présidence) en cas d’échec de son référendum sur la sortie de l’UE et de l’euro. Elle répond de manière affligeante : « je ne considère pas la politique comme du rodéo, où il faut à tout pris rester sur son cheval ».

Ce qui signifie : je me laisserai tomber de mon cheval si je suis désarçonnée, je démissionnerai sans me battre si je perds mon référendum. Tout ou rien. Ce n’est pas très enthousiasmant. Je voterai tout de même pour elle, mais sans illusions.   

mercredi, 19 avril 2017

Les nouveaux néocons: une imposture française?

néoconsFR.jpeg

Les nouveaux néocons: une imposture française?

 
Ex: http://zejournal.mobi 

On croyait les pompiers pyromanes de Saint-Germain-des-Prés carbonisés par la funeste aventure de leurs mentors américains en Afghanistan et en Irak. Après avoir tenté de propager «leur révolution droit-de-l’hommiste» en Géorgie et en Ukraine et allumé la mèche de l’incendie libyen, les voici de retour. Tous aux abris !

1- La firme BHL et ses grenouillages médiatiques : revue de détails

Après avoir cumulé tant de fiascos, la sagesse aurait voulu qu’ils affichent un profil bas. Chassés piteusement de la porte de l’Histoire, ils reviennent par la fenêtre, en route pour de nouvelles aventures interventionnistes, armés de leurs réseaux au sein de l’establishment parisien.

SOS Racisme, Licra, Urgence Darfour, Urgence Syrie… autant d’acronymes racoleurs pour mieux endormir les masses à coup d’indignations sélectives et sur commande. «Ils», ce sont les néoconservateurs français. Des agents d’influence, directeurs de conscience, intellectuels médiatiques qui picorent dans la main de l’inoxydable milliardaire en francs Bernard-Henri Lévy, dit BHL.

Nombreux ont été les lanceurs d’alerte à démasquer l’imposture de ces faux humanistes, vrais va-t-en-guerre autoproclamés héritiers d’André Malraux ou de Raymond Aron. On ne compte plus les documentaires et ouvrages dévoilant leur discours charriant le vrai, le vraisemblable et le faux. Ils jouissent d’un accès libre dans les médias parisiens amis et partenaires (Le Point, L’Obs, L’Express, Le Monde, Le JDD, Libération, Arte…). Ce qui ne les empêche pas de disposer de leurs propres relais, comme feu la revue Le Meilleur des mondes et son avatar, La Règle du jeu.

Autant de cénacles néoconservateurs bien-pensants dans lesquels les émules de BHL et de Wolfowitz donnent le ton, dessinent les contours et les limites du Bien et du Mal, n’hésitent pas à jeter l’anathème sur le premier «théoricien du complot» venu. Des professionnels du verbe et de la persuasion devant les caméras qui pianotent allègrement leur rengaine sur les maux de l’humanité.

2- Un grand détournement, des anciens soixante huitards maoistes, trotskistes

Anciens soixante-huitards maoïstes, trotskistes, convertis à la fin de la décennie 1960 à la mondialisation heureuse chère à Alain Minc, ces droits-de-l’hommistes, thuriféraires du droit d’Israël à coloniser et réprimer impunément ses indigènes palestiniens, ont compris depuis belle lurette que l’obsessionnel combat contre les fachos et les antisémites de tous bords ne fait plus recette. Aussi assiste-t-on depuis les années 1980 à un habile enfumage, sorte de décloisonnement communautaire en trompe-l’œil destinée à élargir les thèmes et les terrains d’actions. Dans cette galaxie d’ONG (SOS Racisme, Collectif Urgence Darfour, Urgence Syrie, etc.), le procédé est simple :

occuper simultanément et autant que possible le terrain de diverses causes (combat contre la négation des génocides arménien et rwandais, défense des Roms, etc.), coopter des militants extérieurs à leur réseau en échange d’une éphémère visibilité.

3- Benjamin Abtan, L’Egam, un SOS Racisme bis pour l’UE

La scène se passe le 21 septembre 2016 dans le grand amphi Émile-Boutmy de Sciences Po Paris, le même où des années durant l’honorable Dominique Strauss-Kahn dispensait son cours aussi magistral que soporifique.

À la tribune, des représentants des associations estudiantines de Sciences Po, Jeunes Écolo, Jeunes Socialistes, Unef, Uni, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, bref le gratin du bobo parisien «progressiste» dans une représentation frisant la caricature. L’ONG European Grassroots Antiracist Movement, ou Egam, chapeaute l’événement. Quoi de plus normal, quand on va à la pêche aux subventions, que de se présenter comme «le» mouvement antiraciste européen par excellence auprès des fonctionnaires de Bruxelles….

EGAM-940x310.jpg

Pour cette conférence sur la Turquie, Benjamin Abtan, maître de cérémonie, et ses amis ont réuni un casting de choix. Le très atlantiste Bernard Kouchner y cohabite avec des responsables politiques et militants associatifs kurdes de Turquie, mais aussi des militants de la société civile (Arméniens, Kurdes gauchisants…) d’Istanbul, des représentants de la communauté arménienne de France, invités à témoigner chacun à tour de rôle sur la scène. Tous dénoncent la violente répression en cours en Turquie et la situation déplorable des minorités. Pas de débat, peu de questions, mais une rivalité dans l’art oratoire de la dénonciation. La mine grave, Benjamin Abtan semble bien rodé à l’exercice.

La lecture de sa fiche sur le site de La Règle du jeu et du réseau Linkedin nous apprend qu’après avoir été élu à la tête de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) de 2005 à 2007 et un court passage dans le conseil en affaires, cet ancien cadre de l’ONG SOS Racisme, proche de Dominique Sopo, a été conseiller des droits de l’homme de Bernard Kouchner lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères.

Nulle mention, par contre, de son passage dans le cabinet de l’ex-garde des Sceaux Christine Taubira. Si ce n’est qu’il est coauteur, en 2007, d’un ouvrage sur le génocide tutsi (Rwanda. Pour un dialogue des mémoires(1)) et s’affiche en défenseur engagé des droits de l’homme, pourfendeur de tous les négationnismes.

Outre l’Egam, qu’il dirige depuis sa création en 2010, Benjamin Abtan a habilement fondé dans la foulée du décès d’Elie Wiesel le «réseau Elie Wiesel», qui se présente comme le «réseau européen de parlementaires pour la prévention des génocides des crimes de masse et contre le négationnisme». À la tête de cet organisme droit de l’homiste, il s’engage, notamment, dans «la défense des Roms, ou encore pour la reconnaissance du génocide arménien»(2). Encore une astuce que d’emprunter le nom de ce rescapé des camps de la mort, hâtivement qualifié de «conscience du xxe siècle», oubliant par là qu’il était également un actif soutien des colons israéliens extrémistes au soir de sa vie.

4- Les «commémorations tours»

Au milieu des années 2000, l’UEJF et SOS Racisme ont initié une nouvelle formule : les «commémorations tours». Le Rwanda d’abord, la Turquie ensuite. Le message est simple et efficace : «pour la solidarité des naufragés contre la concurrence des mémoires», ce nouveau visage du racisme et de l’antisémitisme, comme le martèlent à l’envi Abtan et ses petits camarades de SOS Racisme.

À peine créée, l’Egam a fait du voyage à Istanbul le 24 avril, date de commémoration du génocide des Arméniens de 1915, une sorte de rituel. Sont du voyage des délégations mixtes comprenant des membres de l’Egam et des associations arméniennes de France cooptées (Collectif Van, UGAB).

Si d’aucuns saluent leur courage d’aller crier le mot «génocide» dans la gueule du loup, d’autres s’irritent du militantisme lucratif de ce réseau en apparence trans européen.

C’est notamment le cas d’Araz K., journaliste arménien de Turquie, pour qui les gesticulations d’Abtan dans les rues d’Istanbul ne se font que face à une caméra. «Benjamin fait des pieds et des mains pour pouvoir être le plus proche des caméras. Chaque 24 avril il répète la même scène ; le reste de l’année, on n’entend généralement pas parler de lui», tance-t-il. Il faut bien avoir de quoi justifier les demandes de subventions !

Fin 2014, l’Egam serait parvenue à décrocher une enveloppe du Conseil régional d’Île-de-France de 60.000 euros sur un budget de 121.000 euros, dont 28.000 euros en frais de personnel et 8.400 euros en frais de gestion rien que pour le déplacement d’une délégation à Istanbul pour le centenaire du génocide des Arméniens (3). Juste avant que le Conseil régional passe à droite, en octobre 2015, ils ont attribué à l’Egam 30 000 euros pour le 101e anniversaire du génocide arménien (4). Militant à temps plein, Benjamin Abtan semble être aussi passé dans l’art de maquiller son salaire aux frais des contribuables.

5- Bernard Schalscha et sa microscopique structure «Association France-Syrie Démocratie»

Dans sa stratégie de captation de ressources (matérielles et symboliques), le patron de l’Egam peut compter aussi sur la synergie mise en place avec des structures amies issues de la même mouvance :

SOS Racisme, Licra, Femen, Ni putes ni soumises, UEFJ, Confédération étudiante, Collectif Urgence Darfour…une structure millefeuilles sur laquelle viennent se greffer d’autres organisations chaque fois qu’on a besoin de leur caution symbolique.

Collectif Urgence Darfour, Ibuka, Collectif Van font partie d’un même réseau, et c’est souvent les mêmes personnes qui animent les dynamiques communes. Parmi elles, citons Bernard Schalscha, secrétaire général de l’association France Syrie démocratie (5), structure confidentielle créée de toutes pièces sur le modèle de Collectif Urgence Darfour et membre du comité de rédaction de La Règle du jeu, où il s’exprime notamment sur les questions liées aux droits de l’homme.

Soixante-huitard, «laïcard», obsédé par l’islamisme, son allure faussement négligée contraste avec les chemises impeccablement repassées de son mentor millionnaire. Toujours est-il que cet homme qui parle à l’oreille de BHL parraine le conseil des ex-musulmans, ce groupe d’«athées» fondé en 2013 (6) par le transfuge palestinien Waleed al-Husseini, auteur d’un pamphlet contre l’Autorité palestinienne (7). Du pain béni pour les militants islamophobes de tout poil, à commencer par la sulfureuse Caroline Fourest…(8).

Quand Schalscha est quelque part, son ami de toujours Jacky Mamou n’est jamais bien loin. Cet ancien trotskiste soixante-huitard French doctor en son temps, président de Médecins du Monde de 1996 à 2000, actuellement à la tête du Collectif Urgence Darfour, a le pedigree du parfait néoconservateur assumé, notamment de par sa proximité avec le Cercle de l’Oratoire (9).

Créé au lendemain des attaques du 11 septembre 2011, ce cercle néoconservateur informel d’amis se réunissant pour échanger leurs opinions sur les sujets d’actualité rassemble une palette d’écrivains chercheurs et journalistes atlantistes sous la houlette de l’ancien trotskiste et journaliste franco-israélien Michel Taubmann.

Citons, parmi ses membres, Bernard Kouchner, André Glucksmann (mort en novembre 2015) et son essayiste de fils Raphaël, le philosophe Pascal Bruckner, le consultant et ex-porte-parole de la milice des Forces libanaises en France Antoine Basbous, le géopoliticien Frédéric Encel, le chercheur Bruno Tertrais, le journaliste Philippe Val, ainsi que Mohammed Abdi, ex-secrétaire général de l’association Ni putes ni soumises…

Sans doute Schalscha croit-il en ce que lui et ses amis réalisent au nom d’une certaine conception de la liberté et du respect de la dignité humaine. Aussi, il n’a pas hésité à embrasser l’ardeur des associations engagées dans la promotion du régime de l’ancien président géorgien au milieu des années 2000, comme il l’a fait pour la Syrie(10).

6- Raphael Glucksman et le commerce lucratif en Géorgie et en Ukraine…

Entre les «révolutionnaires» de Tbilissi et ceux de Saint-Germain-des-Prés, la lune de miel a duré tant que le fantasque Mikhaïl Saakachvili, enfant chéri de Washington, était au pouvoir. Depuis, le héros de la révolution des roses de 2003 a échangé sa nationalité géorgienne contre un plat de lentilles américano-ukrainien.

démocratie-déstabilisée.jpg

Déjà en mars 2010, SOS Racisme, dont le responsable de l’international à l’époque n’était autre que Benjamin Abtan, œuvrait en France pour promouvoir la Géorgie alors qu’au même moment Tbilissi menait une politique de discrimination contre les minorités nationales et religieuses du pays, notamment une violente répression policière contre les Arméniens de la région de Samskhe-Djavakhetie.

En dépit des rapports accablants de l’Onu, du Conseil de l’Europe et d’ONG antiracistes de France, rien n’a été fait pour dénoncer ces violences. Bien au contraire! À croire que leurs fréquents déplacements à Tbilissi sur les pas de leur gourou BHL, parti la fleur aux dents sur-le-champ de bataille, n’avaient qu’une finalité :
prendre position contre Moscou, intervenir en faveur des réfugiés de la guerre russo-géorgienne de 2008, et, dans une moindre mesure, cimenter l’alliance entre la Géorgie et Israël.
Dans son communiqué daté du 8 mars 2008, SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France annonçaient hardiment la tenue d’un «concert de solidarité avec les réfugiés et pour eux un plus grand camp de réfugiés situé à la lisière de la ligne de démarcation d’Abkhazie(11).

À quelques centaines de mètres du FSB et des soldats russes, nous chanterons pour la liberté des réfugiés, avec notamment Youssou N’Dour, MC Solaar, Jane Birkin». Le grand soir des Bobos assoiffés de justice et de liberté…

Derrière cette «solidarité des ébranlés» se cache un juteux contrat liant l’administration Saakachvili à un proche de la bande de Raphaël Glucksmann (12). Ce dernier est du reste peint dans la Règle du jeu par le journaliste Laurent David Samama, soldat de la garde prétorienne de BHL, comme un parfait progressiste antiréac «citoyen du monde, fervent défenseur de l’idée cosmopolite, supranationale et européenne (13)». En cela, Raphaël Glucksmann est le digne fils de son ex-maoïste de père reconverti au néoconservatisme jusqu’à son dernier souffle.

Marié à l’époque à une Géorgienne (14), le jeune et brillant révolutionnaire en herbe conseillait «son ami» le président géorgien, qui avait confié la promotion de son pays à son agence Noé Com, animée par trois jeunes Français qu’on retrouve dans l’entourage de SOS Racisme et de Benjamin Abtan. Aujourd’hui le manège se répète en Ukraine, où BHL et son fidèle Abtan se rendent régulièrement depuis les premières étincelles de l’Euro Maïdan (15) pour soutenir le pouvoir atlantiste en place.

Non sans talent ni force de persuasion (parfois de coercition), les nouveaux néocons occupent le terrain en tissant des relations suivies avec des militants de tous bords dont ils ignoraient à peu près tout du combat. Jusqu’à preuve du contraire, leur opération de com fait recette.

Si leurs «amis indigènes» arméniens, kurdes, roms, tutsis prêtent volontiers leurs noms et leurs contributions symboliques à l’entreprise droit-de-l’hommiste (signature de pétitions, participation à des colloques et conférences, rédaction d’articles dans la Règle du Jeu etc.). S’ils ne sont toujours pas invités à goûter au gâteau, ils se consolent à la lecture d’une tribune dans la presse parisienne.

En témoigne celle coécrite par les copains de SOS Racisme et de l’Egam, dénonçant la lâcheté de Paris qui persiste à minimiser son rôle trouble au cours du génocide de 1994(16). Il y a de quoi! Surtout quand on apprend qu’excédé par leurs mimodrames, le Quai d’Orsay a fini par supprimer sa subvention annuelle à l’Egam. Heureusement qu’il existe encore des amis sincères, comme Harlem Désir à la tête du ministère des Affaires européennes, pour actionner en continu la pompe à financement…

Notes:

1- Coédité par l’UEJF et Albin Michel, cet ouvrage collectif réunit les contributions d’une palette de «néocons» historiques et cooptés autour de Benjamin Abtan : Souâd Belhaddad (caution arabe du projet), Judith Cohen Solal, Frédéric Encel, David Hazan, Richard Prasquier, Patrick de Saint-Exupéry, Dominique Sopo, Christiane Taubira, David Bénazéraf, Arthur Dreyfuss, Jonathan Hayoun et Serge Kamuhinda avec en prime une préface de Bernard Kouchner

(http://www.crif.org/fr/alireavoiraecouter/Rwanda-Pour-un-dialogue-des-memoires-(*)8971)

2- http://laregledujeu.org/contributeur/benjamin-abtan/ 

3- https://www.iledefrance.fr/sites/default/files/mariane/RA... et https://www.iledefrance.fr/sites/default/files/programme_... 

4- http://mariane.iledefrance.fr/cindocwebjsp/temporaryfiles...

5- http://francesyriedemocratie.blogspot.fr/

6- http://www.laicite-republique.org/des-athees-lancent-un-c...

7- Waleed al-Husseini, Blasphémateurs! Les Prisons d’Allah, Grasset, 2015.

8- https://crissementathee.wordpress.com/2015/06/09/le-blasp...

9- Proche du Project for a New American Century (Pnac), le think tank néoconservateur dont étaient issus les principaux membres de l’administration Bush.

10- Son but est de défendre la politique américaine auprès de l’opinion publique, le plus grand danger selon eux étant l’islamisme qu’ils qualifient d’«islamo-fascisme» ou de «fascisme vert», mais fermant les yeux sur les dérives liberticides pratiquées par les États-Unis de l’époque Bush.

11- https://fr.sputniknews.com/international/2015103110192161...

12- http://uejf.org/blog/2010/05/conference-de-presse-de-luej...

13- http://www.ojim.fr/portraits/raphael-glucksmann

14- http://laregledujeu.org/2015/06/02/22258/raphael-glucksma... Il est l’époux d’Eka Zgouladze, vice-ministre de l’Intérieur puis ministre de l’Intérieur en Géorgie sous la présidence de Mikhaïl Saakachvili. Après avoir reçu la nationalité ukrainienne en décembre 2014, elle est nommée quelques jours plus tard vice-ministre de l’Intérieur de l’Ukraine dans le second gouvernement Iatsenouk

15- ( http://www.marianne.net/Georgie-la-french-connection_a223... ) Toujours est-il qu’en 2016, la presse faisait état de la relation de Raphaël Gluksmann avec la journaliste Léa Salamé.

16- http://www.huffingtonpost.fr/benjamin-abtan/adhesion-popu...

17- http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/05/rwanda-i...

18- http://www.madaniya.info/2015/04/25/hommage-aux-victimes-... 


- Source : Madaniya

vendredi, 31 mars 2017

The Important Works Of French Author Michel Houellebecq

michel-houellebecqkkkkkkkkk.jpg

The Important Works Of French Author Michel Houellebecq

Ex: http://www.returnofkings.com

Even when he sometimes touches upon subjects that are even “controversial” (i.e. do not conform to general ideas) for people within the manosphere, he often makes good points and either creates laughter or encourages reflection. While his novels mainly take place in France, many of the discourses can be contextualized so that an American can draw the same conclusions with regard to his native country.

In this article I will describe and explain some of the core ideas that Houellebecq has written about in Whatever, The Elementary Particles (2000), Platform (2002), The Possibility of an Island (2005), The Map and the Territory (2012), and Submission (2015). I have also read some of his material in French, such as Lanzarote (2000), but focus solely on the English translations of the novels. Secondarily I will also make value judgments about the overall quality of each novel.

MH-Plateforme.jpgThe sexual marketplace

As ROK writer Troy Francis emphasizes in his terrific article, Houellebecq was one of the first thinkers to analyze the sexual marketplace. This angle was mainly used in Whatever, in which the unnamed protagonist and his ugly virgin co-worker Raphael face the reality of contemporary Western social-liberal culture.

The semi-depressed and cynical protagonist has had sex, although it was about two years ago since the last time, and is thus not a total lost case, but prefers to jerk off rather than to compete for the meat while in a nightclub. His friend, on the other hand, is simply too ugly to bang and even considers to kill a more sexually successful black guy in resentment. It is misanthropic and not very uplifting, although the reality for some people.

“Economic liberalism is an extension of the domain of the struggle, its extension to all ages and all classes of society. Sexual liberalism is likewise an extension of the domain of the struggle, its extension to all ages and all classes of society.”

Whatever is not as well-written and multi-faceted as Houellebecq’s later works, but quite entertaining and makes good points about for instance the significance of material wealth vis-a-vis emotional well-being.

Cloning and aging

The Elementary Particles and The Possibility of an Island focus on futuristic scenarios, cloning in particular. But whereas the former only has genetic programming as a frame, the plot in The Possibility of an Island alternately is about Daniel and his two clones, living as hermits in post-apocalyptic environments.

The real Daniel is an aging yet still successful comedian who manages to bang young hotties up to a point where even he becomes too old for his girlfriend. His hedonistic lifestyle can be looked upon as empty, but at least he is not miserable until he gets cuckolded. It is quite depressing to read about this process but also very realistic.

The controversy, especially spelled out at the end of The Elementary Particles, is that Houellebecq suggests that a world without men would be better and safer. I would leave it up to the readers to reflect on that.

Apart from this dimension, though, it is brimming with real-talk and sharp observations:

“The terrible predicament of a beautiful girl is that only an experienced womanizer, someone cynical and without scruple, feels up to the challenge. More often than not, she will lose her virginity to some filthy lowlife in what proves to be the first step in an irrevocable decline.”

Overall The Elementary Particles is better and perhaps his strongest novel up to this date. It features all of the main strengths of Houllebecq’s particular writing formula, such as dark humour, sharp political and philosophical commentary, social analysis and human relationships (both regarding love and lust).

Sex tourism and hedonism

In Platform, Houellebecq deals with hedonism in parallel with sex tourism in more depth. The protagonist is a 40-year old sex tourist, who, together with his much younger and hotter French girlfriend Valérie, starts to reflect upon the ideal modern world: a place in which less prosperous people, not only Thai (although a large share of the plot occurs in Thailand), can serve the needs of the global middle and upper classes. Only aggressive traditional religions/ideologies like Islam can stand in its way.

About 17 years later we know that this type of world has not been realized, although in part it is still the case that men go to places like Pattaya to have sex with prostitutes. In fact, Matrix-like phenomena such as virtual reality and human-like sex dolls and robots appear to be where things are heading.

Platform is still an entertaining and engaging novel. Some of the characters, Robert in particular, remind one about ROK contributors and commentators.

MH-Map2.jpgIslamization and traditional resurgence

The conservative and traditional angle can fragmentarily be found within Houellebecq’s earliest works, but in The Map and the Territory one finds a more distinctive penchant for pre-modern ideas such as Ferdinand Tönnies’ Gemeinschaft (community preferred over society). For French people, a quiet life on the countryside might be preferable to the urban landscape.

There is also a connection between this and his succeeding book Submission, since the French traditionalist philosopher René Guénon is briefly mentioned in The Map and the Territory. In Submission his writings play a more explicit role in the realm of ideas.

Overall, though, the Islamization of France, is the core idea that Submission hinges upon. It is full of interesting observations:

Hidden all day in impenetrable black burkas, rich Saudi women transformed themselves by night into birds of paradise with their corsets, their see-through bras, their G-strings with multicolored lace and rhinestones. They were exactly the opposite of Western women, who spent their days dressed up and looking sexy to maintain their social status, then collapsed in exhaustion once they got home, abandoning all hope of seduction in favor of clothes that were loose and shapeless.

Style-wise The Map and the Territory might be Houellebecq’s strongest novel, which granted him the Goncourt prize, but idea-wise Submission is more worthwhile.

In summary

Even if many of these ideas have been covered by ROK over the years, and sometimes in more depth, Houellebecq is a great novelist and his books are worth reading only for the sake of pleasure (or for the sake of ideas). It can also be a way to red pill blue pill readers since he, despite the controversy that his books has led to, is a well regarded and award winning author. Strongly recommended.

Read More: Why Michel Houellebecq’s “Submission” Is The Most Important Novel Of 2015

Why Michel Houellebecq’s “Submission” Is The Most Important Novel Of 2015

In the horrific aftermath of the recent atrocities at the offices of Charlie Hebdo, the news –unbeknown to all but the magazine’s sixty-thousand subscribers – that Michel Houellebecq was on the cover of the current issue quickly spread around the world.

To those who have followed Houellebecq’s writing career (he is France’s foremost contemporary novelist by some distance) this was hardly a surprise. After all, Houellebecq is a man who once described Islam as “the stupidest religion” in an interview and was sued by a civil rights group for hate speech (he won on grounds of freedom of speech) and whose book Platform contains the following lines:

Every time I heard that a Palestinian terrorist, or a Palestinian child or a pregnant Palestinian woman, had been gunned down in the Gaza Strip, I felt a quiver of enthusiasm at the thought of one less Muslim.

Nevertheless, there was perhaps some slight surprise that the old provocateur had done it again. Now aged 56, Houellebecq had finally seemed to mellow with his last book The Map and the Territory, which won the Prix Goncourt in 2010, France’s top literary award. Houellebecq, it seemed, had at last been admitted into the fold of respectability.

But then given that his new novel Soumission (Submission in English) imagines a France in the near future led by a Muslim president and subject to Sharia Law, such surprise was misplaced.

Houellebecq and Charlie Hebdo

There was some speculation at the time that the Houellebecq cover had proved an irritant sufficient to motivate the Paris killings. Of course, this proved to be unfounded – after all, the Kouachi brothers had planned their attack for some time, and wouldn’t have known the subject matter of upcoming issues.

Although publication of the book in France wasn’t cancelled, as some thought it might be, nevertheless Houellebecq cancelled all promotion for it and went underground. His friend Bernard Maris, economist and Charlie Hebdo contributor, had been among those killed. When he resurfaced some days later, shaken, his first words were “Je Suis Charlie.”

MH-island.jpgReading Houellebecq’s past comments and hearing Submission’s synopsis it would be forgivable to assume that he is a rabid Islamophobe whose thinking lacks all subtlety—an ignorant rabble-rouser. But nothing could be further from the truth.  Here’s Adam Gopnik of the New Yorker in a recent article on his work:

The other striking thing about Houellebecq is how literary he is—the first hundred or so pages of “Submission” depend on a complicated analysis of the work of the nineteenth-century writer J. K. Huysmans, best known as a novelist of Decadence and the Church, and for his influence on other French writers. This is, at least, an inadvertent compliment to the continued literary culture of France: no American satiric novelist, not Tom Wolfe or Christopher Buckley, could hope to hold a mass audience with hundreds of pages on the follies typically encountered in the university study of Hart Crane, or on how best to conceptualize his relationship with Wallace Stevens.

In fact, Houellebecq is a literary artist of the highest order – he is a satirist in the grand tradition of Orwell and Huxley, taking current social trends and extrapolating them, then looking with horror at what we have become, and what we could become in the near future.

Sexual Marketplace

Heartiste recently tweeted that while Houellebecq is currently having his historical “moment,” what he should really be remembered for is his analysis of the sexual marketplace. This is from his first novel “Whatever”:

It’s a fact, I mused to myself, that in societies like ours sex truly represents a second system of differentiation, completely independent of money; and as a system of differentiation it functions just as mercilessly. The effects of these two systems are, furthermore, strictly equivalent. Just like unrestrained economic liberalism, and for similar reasons, sexual liberalism produces phenomena of absolute pauperization. Some men make love every day; others five or six times in their life, or never. Some make love with dozens of women, others with none. It’s what’s known as ” the law of the market”. In an economic system where unfair dismissal is prohibited, every person more or less manages to find their place. In a sexual system where adultery is prohibited, every person more or less manages to find their bed mate. In a totally liberal economic system certain people accumulate considerable fortunes; others stagnate in unemployment and misery. In a totally liberal sexual system certain people have a varied and exciting erotic life; others are reduced to masturbation and solitude…………

Love as a kind of innocence and as a capacity for illusion, as an aptitude for epitomizing the whole of the other sex in a single loved being rarely resists a year of sexual immorality, and never two. In reality the successive sexual experiences accumulated during adolescence undermine and rapidly destroy all possibility of projection of an emotional and romantic sort; progressively, and in fact extremely quickly, one becomes as capable of love as an old slag.

Houellebecq, who began his creative life as a poet, is behind the humour a deeply sad writer whose work accurately pinpoints the deep inadequacies in contemporary society. He also neatly skewers the concerns of the manosphere in elegant but devastating aphorisms such as the following, from The Possibility of an Island:

Show men endless images of beautiful models and actresses and singers, show them endless images of beautiful, slim, women engaging in sex with enthusiasm, tell them that a world of uncommitted and marriageless sex is the norm — then, for reasons they don’t understand, slam the door in their face.This is not a prescription for long term stability.

Houellebecq looking well, yesterday.

The charge laid against Submission is of course that it is Islamophobic. But is it? An English translation won’t be available until late summer, but early indications suggest that it is not. Gopnik again:

The spectre of an Islamic re-reconquest is therefore mixed with admiration for its discipline and purpose. The Muslim warriors are taken to be antimaterialists inspired by an austere ideal—the very idea of submission to authority that we have lost. In the back-and-forth of fantasies of conquest and submission between panicked Catholics and renascent Muslims, Islam plays an ambiguous role, as both the feared besieger and the admirable Other.

The novel, set in 2022, concerns a middle-aged protagonist called Francois, an academic who is obsessed equally with the work of J.K. Huysmans and sex with young co-eds. When a deal between the left and a popular Muslim party is brokered to prevent the far right from coming to power, the coalition wins the election.

They agree that the socialists will look after finance and foreign affairs, while the Muslims will handle education and social issue. This leads quickly to the introduction of Sharia Law: women are required to wear modest clothes in public, schools are segregated by gender, with girls taught cooking and trained to be wives and mothers, very limited opportunities for higher education. Regular prayer and study of the Koran are also implemented. Polygamy becomes the norm. Left with little choice by the new state, Francois converts to Islam.

MH-Submission (1).jpgIslamophobic

Where many were expecting an excoriating, dystopian account of life under the harsh new regime, it would appear that in fact society stabilizes and things get better in France. With feminism reigned in, traditional values re-established and polygamy encouraged, Francois, it would appear, rather enjoys the new state of affairs.

Far from being Islamophobic, the implication of the novel seems to be that debased western society with its deeply-flawed sexual marketplace would actually be improved by aspects of the faith’s prescripts. It is clear from an interview that Houellebecq recently gave to the Paris Review that his attitudes to Islam have shifted in recent times:

The Koran turns out to be much better than I thought, now that I’ve reread it—or rather, read it. The most obvious conclusion is that the jihadists are bad Muslims. Obviously, as with all religious texts, there is room for interpretation, but an honest reading will conclude that a holy war of aggression is not generally sanctioned, prayer alone is valid. So you might say I’ve changed my opinion. That’s why I don’t feel that I’m writing out of fear [of assimilation into Islam]. I feel, rather, that we can make arrangements. The feminists will not be able to, if we’re being completely honest. But I and lots of other people will.

But this is not a book that will please everyone:

We haven’t spoken much about women. Once again you will attract criticism on that front.

Certainly a feminist is not likely to love this book. But I can’t do anything about that.

The English edition is slated for release in September — without a doubt it will be the most significant fiction release of 2015, both for its commentary on Islam and feminism. I for one can’t wait.

To find out how to operate efficiently in the sexual marketplace and meet beautiful women click here

jeudi, 30 mars 2017

Pierre-Guillaume de Roux: «Il y a chez mon père une volonté de briser les idoles»

PGdR-1.jpg

Pierre-Guillaume de Roux: «Il y a chez mon père une volonté de briser les idoles»

 
Ex: https://philitt.fr 
 

Pierre-Guillaume de Roux a dirigé de nombreuses maisons d’édition (éditions de la Table Ronde, éditions du Rocher) avant de créer la sienne en 2010, qui porte son nom. Il est le fils de l’écrivain et éditeur Dominique de Roux, fondateur des Cahiers de l’Herne et défenseur d’une conception de la littérature en voie de disparition.

PHILITT : Pouvez-vous nous parler de la fondation des éditions et des Cahiers de L’Herne?

Pierre-Guillaume de Roux : Les Cahiers de L’Herne ont été créés en 1961, avec un premier cahier René Guy Cadou. Mais l’histoire commence en 1956 avec une revue un peu potache tirée à 300 exemplaires qui s’appellait L’Herne, dans laquelle mon père et ses amis vont publier leurs premiers textes. Cette période va réunir autour de lui des gens aussi différents que Jean Ricardou, qui passera ensuite à Tel Quel, Jean Thibaudeau, Georges Londeix et quelques autres. C’est la première cellule.

L’Herne représente pour mon père une forme de littérature comparée : on coupe une tête, elle repousse toujours. À Lerne de la mythologie, il a ajouté sa lettre fétiche, le H, qu’on retrouve dans les Dossiers H ou dans la revue Exil(H). Cette lettre va l’accompagner toute sa vie. Cette première période va se terminer en 1958. Il va y avoir un moment de rupture, de réflexion. Entre 1958 et 1960 va mûrir l’idée de cahiers livrés deux fois par an dans le but de réévaluer la littérature, c’est-à-dire de changer la bibliothèque. Les surréalistes l’avaient fait quelques décennies plus tôt.

dominiquederoux1.jpgCadou était un coup d’essai, un pur fruit du hasard. C’est grâce au peintre Jean Jégoudez qu’on a pu accéder à des archives et constituer ce premier cahier. Cadou est un poète marginal qu’on ne lit pas à Paris : c’est l’une des raisons pour lesquelles mon père s’y est intéressé. Mais c’est Bernanos qui donnera le coup d’envoi effectif aux Cahiers. Mon père avait une forte passion pour Bernanos. Il l’avait découvert adolescent. Et par ma mère, nous avons des liens forts avec Bernanos car mon arrière-grand-père, Robert Vallery-Radot, qui fut l’un de ses intimes, est à l’origine de la publication de Sous le soleil de Satan chez Plon. Le livre lui est d’ailleurs dédié. C’est ainsi que mon père aura accès aux archives de l’écrivain et se liera d’amitié avec l’un de ses fils : Michel Bernanos. Ce cahier, plus volumineux que le précédent, constitue un titre emblématique de ce que va devenir L’Herne.

Ce qui impose L’Herne, ce sont les deux cahiers Céline en 1963 et 1965 — et, entre les deux, un cahier Borgès. Il y avait une volonté de casser les formes et une façon très neuve d’aborder un auteur : par le biais de l’œuvre et celui de sa vie. Une volonté non hagiographique. Il ne faut pas aborder l’auteur avec frilosité mais de manière transversale, éclatée et sans hésiter à être critique. L’Herne aujourd’hui a été rattrapée par l’académisme. L’Herne n’a plus rien à voir avec la conception qu’en avait mon père. La maison d’édition a été depuis longtemps trahie à tous les niveaux. On y débusque trop souvent de gros pavés qui ressemblent à d’insipides et assommantes thèses universitaires lancées à la poursuite de gloires établies.

PHILITT : Quelle était la conception de la littérature de Dominique de Roux ? Voulait-il réhabiliter les auteurs dits « maudits » ?

Pierre-Guillaume de Roux : Il suffit de voir les auteurs qui surgissent dans les années 60. Céline est encore un proscrit qu’on lit sous le manteau. Il n’est pas encore le classique qu’il est devenu aujourd’hui. Parler de Céline est plus que suspect. Ce qui explique que mon père sera traité de fasciste dès qu’il lancera des publications à propos de l’écrivain. C’est la preuve qu’il avait raison : qu’il y avait un vrai travail à accomplir autour de Céline pour lui donner une place à part entière dans la littérature. C’est de la même manière qu’il va s’intéresser à Pound. Pound, un des plus grands poètes du XXe siècle. Il a totalement révolutionné la poésie américaine mais, pour des raisons politiques, il est complètement marginalisé. Mon père va procéder à la réévaluation de son œuvre et à sa complète réhabilitation. Pound est avant tout un très grand écrivain qu’il faut reconnaître comme tel. Tous ces auteurs sont tenus dans une forme d’illégitimité politique mais pas seulement. Pour Gombrowicz c’est différent : c’est l’exil, c’est une œuvre difficile que l’on a pas su acclimater en France. Il va tout faire pour qu’elle le soit.

Il y a chez mon père une volonté de briser les idoles, de rompre avec une forme d’académisme qui était très prégnante dans cette France des années 60. D’où son intérêt pour Céline, pour Pound, pour Wyndham Lewis qui sont tous des révolutionnaires, en tout cas de prodigieux rénovateurs des formes existantes.

PHILITT : Quelle relation entretenait-il avec les Hussards ?

Pierre-Guillaume de Roux : C’est compliqué. Dans un livre que j’ai publié il y a deux ans avec Philippe Barthelet, Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l’esprit hussard, il y a un extrait du journal de mon père de l’année 1962 où il se montre très critique à leur égard. Il est injuste, n’oublions pas l’âge qu’il a à ce moment-là (26 ans).  Il rencontre néanmoins Nimier à propos du Cahier Céline. Malheureusement, la relation n’a pu s’épanouir avec Nimier puisqu’il est mort trop tôt. Pourtant, je pense qu’ils avaient beaucoup de choses en commun : ce goût impeccable en littérature, cette manière de reconnaître immédiatement un véritable écrivain, cette curiosité d’esprit panoramique, ce goût pour la littérature comparée…

PHILITT : Dominique de Roux dénonçait le conformisme et le règne de l’argent. Était-il animé par une esthétique antimoderne ?

Pierre-Guillaume de Roux : À cet égard, je pense que oui. N’oubliez pas que mon père est nourri de Léon Bloy et de sa critique de l’usure. Mais aussi de Pound qui s’est penché sur toutes ces questions économiques. C’est à la fois quelqu’un qui a su sentir la modernité littéraire – d’où son adoration pour Burroughs, Ginsberg, Kerouac – et qui a une approche antimoderne vis-à-vis de la société. Il était aussi lecteur de Péguy. Le Cahier dirigé par Jean Bastaire a beaucoup compté pour mon père.

dominique-de-RouxSavimbi-2.jpg

Dominique de Roux et le chef de guérilla angolaise Jonas Savimbi

PHILITT : Quelles sont les rencontres qui l’ont le plus marqué ?

Pierre-Guillaume de Roux : Pound, Gombrowicz, Abellio, Pierre Jean Jouve font partie des rencontres les plus importantes de sa vie. Avec Abellio, il y a eu une amitié très forte. Abellio m’a écrit un jour que mon père était son meilleur ami. Ils se rencontrent en 1962 et ils vont se voir jusqu’à la mort de mon père en 1977 sans discontinuité. Il lui a évidemment consacré un Cahier de L’Herne.

PHILITT : Pound et Borgés, ce sont plutôt des rencontres…

Pierre-Guillaume de Roux : Oui, Pound est déjà un homme très âgé mais il va quand même beaucoup le voir. Entre 1962 et sa mort, il le voit très régulièrement. La rencontre avec Gombrowicz se fait entre 1967 et 1969 et pendant cette courte période ils se voient très souvent. Mon père passe son temps à Vence où vit aussi le grand traducteur Maurice-Edgar Coindreau qu’il fréquente beaucoup à cette époque. Je détiens d’ailleurs leur superbe correspondance.

PHILITT : Il n’a jamais rencontré Céline ?

Pierre-Guillaume de Roux : Ils n’ont fait que se croiser. Au moment où mon père initie les Cahiers Céline en 1960, tout va très vite et Céline meurt en juillet 1961. Il n’a pas eu le temps de le rencontrer.

PHILITT : Quelle est sa relation avec Jean-Edern Hallier ?

Pierre-Guillaume de Roux : Très compliquée. Ils ont été très amis. Ils se sont beaucoup vus au début des années 1960. C’est une relation passionnelle avec beaucoup de brouilles plus ou moins longues jusqu’à une rupture décisive après mai 68. Jean-Edern le traîne dans la boue, le calomnie, en fait un agent de la CIA. On retrouve là toutes les affabulations habituelles de Jean-Edern qui était tout sauf un être fiable, tout sauf un ami fidèle. C’est un personnage qui ne pensait qu’à lui, une espèce d’ogre qui voulait tout ramener à sa personne. Rien ne pouvait être durable avec un être comme ça.

HernePound.jpgPHILITT : Pouvez-nous parler de ses engagements politiques, de son rôle lors de la révolution des Œillets au Portugal et de son soutien à Jonas Savimbi en Angola ? La philosophie de Dominique de Roux était-elle une philosophie de l’action ? Peut-on le rapprocher des écrivains aventuriers que furent Conrad ou Rimbaud ?

Pierre-Guillaume de Roux : Pour ce qui est de son engagement au Portugal, il se fait un peu par le fruit du hasard, sous le coup d’une double rupture dans sa vie. Il y a d’abord son éviction des Presses de la Cité. Il dirigeait avec Christian Bourgois la maison d’édition éponyme ainsi que la collection de poche 10/18. En 1972, mon père publie Immédiatement, un livre qui tient à la fois du recueil d’aphorismes et du journal. L’ouvrage provoque un énorme scandale puisque Barthes, Pompidou et Genevoix sont mis en cause. La page 186-187 du livre est censurée. On voit débarquer en librairie des représentants du groupe des Presses de la Cité pour couper la page en question. Mon père a perdu du jour au lendemain toutes ses fonctions éditoriales. Un an et demi plus tard, il est dépossédé de sa propre maison d’édition à la suite de basses manœuvres d’actionnaires qui le trahissent. C’est un moment très difficile dans sa vie. Il se trouve qu’il connaît bien Pierre-André Boutang – grand homme de télévision, fils du philosophe Pierre Boutang – et le producteur et journaliste Jean-François Chauvel qui anime Magazine 52, une émission pour la troisième chaîne. Fort de ces appuis, il part tourner un reportage au Portugal. Il se passe alors quelque chose.

Cette découverte du Portugal est un coup de foudre. Il est ensuite amené à poursuivre son travail de journaliste en se rendant dans l’empire colonial portugais (Mozambique, Guinée, Angola). Il va y rencontrer les principaux protagonistes de ce qui va devenir bientôt la révolution des Œillets avec des figures comme le général Spinola ou Othello de Carvalho. Lors de ses voyages, il entend parler de Jonas Savimbi. Il est très intrigué par cet homme. Il atterrit à Luanda et n’a de cesse de vouloir le rencontrer. Cela finit par se faire. Se noue ensuite une amitié qui va décider d’un engagement capital, puisqu’il sera jusqu’à sa mort le proche conseiller de Savimbi et aussi, en quelque sorte, son ambassadeur. Savimbi me dira plus tard que grâce à ces informations très sûres et à ses nombreux appuis, mon père a littéralement sauvé son mouvement l’Unita au moins sur le plan politique quand a éclaté la révolution du 25 avril 1974 à Lisbonne. Mon père consacre la plus grande partie de son temps à ses nouvelles fonctions. Elles le dévorent. N’oubliez pas que nous sommes en pleine Guerre Froide. L’Union Soviétique est extrêmement puissante et l’Afrique est un enjeu important, l’Angola tout particulièrement. Les enjeux géopolitiques sont considérables. Mon père est un anticommuniste de toujours et il y a pour lui un combat essentiel à mener. Cela va nourrir sa vie d’écrivain, son œuvre. Son roman Le Cinquième empire est là pour en témoigner. Il avait une trilogie africaine en tête. Concernant son côté aventurier, je rappelle qu’il était fasciné par Malraux même s’il pouvait se montrer également très critique à son égard. Il rêvait de le faire venir à Lisbonne pour en faire le « Borodine de la révolution portugaise ». Il a été le voir plusieurs fois à Verrières. Il dresse un beau portrait de lui dans son ouvrage posthume Le Livre nègre. L’engagement littéraire de Malraux est quelque chose qui l’a profondément marqué.

heideggercahierdelherne.jpgPHILITT : Vous éditez vous aussi des écrivains controversés (Richard Millet, Alain de Benoist…). Quel regard jetez-vous sur le milieu de l’édition d’aujourd’hui ? Êtes-vous plus ou moins sévère que ne l’était votre père vis-à-vis des éditeurs de son temps ?

Pierre-Guillaume de Roux : Pas moins. Si j’ai décidé d’ouvrir cette maison d’édition, c’est parce que je pense que pour faire des choix significatifs, il faut être complètement indépendant. Un certain travail n’est plus envisageable dans les grandes maisons où règne un conformisme qui déteint sur tout. En faisant peser sur nous comme une chape de plomb idéologique. Cependant, nous sommes parvenus à un tournant… Il se passe quelque chose. Ceux qui détiennent le pouvoir médiatique – pour aller vite la gauche idéologique – sentent qu’ils sont en train de le perdre. Ils s’accrochent à la rampe de manière d’autant plus agressive. C’est un virage extrêmement délicat et dangereux à négocier. L’édition aujourd’hui se caractérise par une forme de conformisme où, au fond, tout le monde pense la même chose, tout le monde publie la même chose. Il y a bien sûr quelques exceptions : L’Âge d’homme, Le Bruit du temps par exemple font un travail formidable. Tout se joue dans les petites maisons parfaitement indépendantes. Ailleurs, il y a une absence de risque qui me frappe. L’argent a déteint sur tout, on est dans une approche purement quantitative. On parle de tirage, de best-seller mais plus de texte. C’est tout de même un paradoxe quand on fait ce métier. Le cœur du métier d’éditeur consiste à aller à la découverte et à imposer de nouveaux auteurs avec une exigence qu’il faut maintenir à tout prix.

PHILITT : Pensez-vous que Houellebecq fasse exception ?

Pierre-Guillaume de Roux : Oui, Je pense que c’est un écrivain important. Je l’avais repéré à la sortie de L’Extension du domaine de la lutte. J’avais été frappé par ce ton neuf. On le tolère parce qu’il est devenu un best-seller international et qu’il rapporte beaucoup d’argent. Ce qui n’est pas le cas de Richard Millet. S’il avait été un best-seller, on ne l’aurait certainement pas ostracisé comme on l’a fait honteusement.

PHILITT : La prestigieuse maison d’édition Gallimard a manqué les deux grands écrivains français du XXe siècle (Proust et Céline). Qu’est-ce que cela nous dit du milieu de l’édition?

Pierre-Guillaume de Roux : Gallimard est, comme le dit Philippe Sollers, le laboratoire central. Quand on voit ce que cette maison a publié en cent ans, il y a de quoi être admiratif. Il y a eu en effet le raté de Proust mais ils se sont rattrapés d’une certaine manière. Gide a raté Proust mais Jacques Rivière et Gaston Gallimard finissent par le récupérer. Pour Céline, c’est un peu le même topo. Mais à côté de ça… que de sommets ! Gide, Claudel, Malraux… Gaston Gallimard a été un éditeur prodigieux parce qu’il a su s’entourer, parce qu’il avait une curiosité extraordinaire et parce qu’il a su aussi être un chef d’entreprise. Il a toujours joué de cet équilibre entre les écrivains dont il savait qu’ils n’allaient pas rencontrer un grand succès mais qu’il soutenait à tout prix et des livres plus faciles. Ce que je regrette aujourd’hui, c’est que cette pratique ait quasiment disparu. On se fout de l’écrivain, on ne pense qu’à la rentabilité. On finit par promouvoir des auteurs qui n’ont pas grand intérêt. Et contrairement à ce que disent les pessimistes, il y a de grands écrivains en France. Mais encore faut-il les lire et les reconnaître. Et la critique littéraire ne joue plus son rôle. Les journaux font de moins en moins de place aux suppléments littéraires. Tout ce qui relève véritablement de la littérature est nié.

Crédit photo : www.lerideau.fr

lundi, 27 mars 2017

Les plus belles miettes de la revue de presse de Pierre Bérard

petit-journal-journaux-lecteur-3-thumb.jpg

Les plus belles miettes de la revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Au sommaire :

DÉBAT ENTRE LES CINQ PRINCIPAUX CANDIDATS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

Bilan du débat entre les cinq principaux candidats. Machine à lancer des promesse mirobolantes et coûteuse pour Hamon (demain on rase gratis) largement distancé de  ce point de vue par Mélenchon qui se révèle, sans surprise, le meilleur tribun. Macron incarne excellemment le zeitgeist post-politique de l’époque; seigneur de l’empire du vide,  le néant en marche n’a pas crevé l’écran où il apparaissait pour la première fois en débat. Alors qu’il était le plus attendu des candidats, il n’est pas parvenu à dégager une  « vision » d’avenir de sa possible présidence. Provoquant l’éclat de rire de Marine Le Pen, Il n’a pas hésité à répéter le « fake new » selon lequel le nombre d’immigrés n’avait  pas augmenté depuis les années trente, la même ritournelle que les médias nous servent avec leur psittacisme habituel. Il a également assuré sans pouffer de rire qu’il savait ce qu’était les fins de mois difficiles. Macron, pauvre comme Crésus, les neuf millions de démunis apprécieront… L’état de grâce qu’il connaissait jusqu’alors risque d’en pâtir.  Les autres étaient dans leur registre habituel. À ce propos le check up de Laurent Cantamessi.
 
 
L’un des meilleurs debriefing du débat du 19 mars, on le trouve sur TV-Libertés. Bref et précis. Il en ressort que Macron, pour autant qu’on puisse en cerner les idées, correspond à la parfaite définition du ludion selon le dictionnaire, un objet creux rempli d’air soumis par des pressions successives à un incessant mouvement d’aller et retour. Ondoyant, fluctuant et sans doute versatile, il se dérobe sans cesse sans qu’on puisse l’attraper, comme un savon précipité au fond de la baignoire. Mais le bébé cadum du paysage audiovisuel français continuera d’être, n’en doutons pas, le chouchou de la médiasphère.
 
 
Pour Raoul Fougax qui signe sur Metamag son bilan du débat, ce fut d’abord un round d’observation qui a permis à chacun de marquer son territoire sans mordre la poussière. 
Selon lui Mélenchon fut sans conteste le meilleur, ce qui constitue pour Hamon, le terne apparatchik, une mauvaise nouvelle. Macron possède un art consommé de ne rien dire en parlant beaucoup. Il demeure « le joker mondialiste et médiatique choisi contre Marine le Pen… qui, elle, n’est pas parvenue à élargir son électorat ».
 
 

macronvalls.jpg

ZOOM SUR LE CANDIDAT MACRON 
 
• Tous les médias nous cachent délibérément les turpitudes du candidat Macron. TV Libertés, la chaîne TV dissidente, nous réinforme. Émission présentée par Élise Blaise.
 
 
Quand la folie Macron s’empare du « cercle de la raison ». Vincent Trémolet de Villers s’étonne, dans une décoiffante tribune du Figaro, que ceux qui ne juraient jadis que pour la litanie des chiffres, les experts et leur courbe, les techniciens et leur calcul, les spécialistes et leur démonstration puissent s’abandonner aux délires irrationnels du freluquet d’En marche. Faire « marcher » dans la langue vernaculaire se dit aussi de ceux que l’on veut berner…
 
 
Tribune de Paul-François Paoli dans Le Figaro. L’auteur de « Quand la gauche agonise » (Éditions du Rocher, 2016) souligne la contradiction d’un homme qui se dit admirateur de l’historien républicain Ernest Lavisse qui défendait tout à la fois le roman national, dont il fut « l’instituteur », et la mission civilisatrice de la France des droits de l’homme dans ses colonies et qui déclare à Alger tel un Janus contemporain que la colonisation fut un crime contre l’humanité. Le sophiste Macron, symptôme de la névrose de l’universalisme française ?
 
 
Complicité entre « Young Leader ». Emmanuel Macron est-il le candidat de l’atlantisme pur sucre ? Réponse sur le site des Identitaires, Novopress.
 
 
Richard Millet sur son site écrabouille le candidat Emmanuel Macron dont il blâme la servilité idéologique à la repentance, particulièrement éclatante dans ses deux récentes prises de position sur l’absence de culture française et sur le colonialisme assimilé en bloc à un crime contre l’humanité. Position qui lui a valu un satisfecit d’Al-Quaïda dans la péninsule arabique.
 
 
Selon Jean-Paul Brighelli le programme scolaire de Macron est fait pour les gobe-mouches.  
 
 
• L’avocat Régis de Castelnau fait feu contre Macron en relevant les très nombreuses irrégularités qui environnent sa campagne, la propagande éhontée à laquelle se livrent les médias subventionnés, les diverses interventions de l’État et le caractère plus que trouble de son financement. Sa conclusion est limpide : « Emmanuel Macron est donc la solution pour cette partie du Capital, celui de l’oligarchie néolibérale mondialisée qui a fait sécession et qui emmène avec elle celles des couches moyennes qui en profitent… La mondialisation néolibérale est incompatible avec la démocratie. Les gens qui la conduisent le savent bien qui rêvent de démocratie sans démos. Macron est leur agent ». 
 
 
Parus sur le blog de Jean-Paul Brighelli les échanges qu’il a eu avec Malika Sorel-Sutter font le point sur les récentes déclarations du candidat Macron et décèle chez ce présidentiable la parfaite copie conforme du libéral-libertaire, un produit de synthèse entre « Terra Nova » et « L’Institut Montaigne ».
 
 
La caricature d’Emmanuel Macron diffusée sur le compte Twitter des Républicains le vendredi 10 mars a suscité une effervescence démesurée sur les réseaux sociaux et  dans les médias. Tous s'enflamment et accusent le visuel de faire référence aux pires clichés antisémites des nauséeuses années trente. Si il y a motif à être surpris par cette histoire rocambolesque et l’hystérie qu’elle soulève ce n’est pas par le croquis d’une banalité extrême. On pourrait en effet s’étonner que Les Républicains qui ne passent pas pour des ennemis acharnés de la ploutocratie financière aient pu figurer l’ex-banquier Macron selon les stéréotypes classiques du possédant affameur du peuple avec son haut-de-forme, son costume élégant (offert par Bourgi ?) et tranchant avec une faucille maculée de sang un imposant cigare. Comme le remarque Emmanuel Debono dans Le Monde cette imagerie est internationale et dénuée de connotation judéophobe. Elle fut surtout utilisée, et abondamment, par la gauche et les communistes dans leur propagande contre « le grand capital ». La reprise de ce lieu commun par Les Républicains n’avait donc rien à voir avec les arrière-pensées antisémites que certains se plaisaient à y voir, et le visage figuré de Macron ne ressemblait d’aucune façon à l’iconographie en vogue dans les milieux anti-juifs des années trente. Mais puisque on est sensés revivre dans l’atmosphère méphitique de ces années là il fallait bien que la caricature y soit rapportée contre toute évidence. La disposition des médaillons représentant les différents ralliés au fringuant hologramme de Hollande dans laquelle certains ont voulu percevoir une réminiscence de la fameuse toile d’araignée d’un complot enserrant le monde n’avait pour but que de figurer l’éclectisme des has-been rejoignant le panache du candidat (d'Alain Madelin l’ancien Occidental, à Robert Hue fossoyeur du Parti communiste français, et aux dernières nouvelles, jusqu’au crétin des Pyrénées, le traîne-misère Douste-Blazy, c’est dire l’escroquerie !). 
Difficile donc de faire passer ce croquis badin comme relevant des codes de l'obsession antisémite. Pourtant rien n’y a fait : après que le dessin ait été prestement évacué à la première alerte, le courageux Fillon demandait des sanctions contre son auteur.
 
 
Et
 
 
DIVERS
 
L’économiste-philosophe Frédéric Lordon invité de France culture le vendredi 24 mars parle de la souveraineté qui pour lui « s’assimile en totalité au concept de démocratie ». Héros de Nuits debout, il poursuit une réflexion intéressante sur la sortie de l’UE par le bord « droit » (Brexit, Marine le Pen) ou le bord « gauche » qu’il approuve mais dont il éprouve beaucoup de mal à donner un exemple concret.
 
 
Pour Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique et membre du Comité Orwell le cycle néolibéral commencé le 15 août 1971 avec la fin du système de Bretton Woods touche à sa fin. Brexit et Trump sont les prodromes de ce changement de cap qui nous introduit dans une phase de démondialisation, de retérittorialisation et de réhabilitation des frontières. Sa conclusion géopolitique est édifiante : « Soit l’Allemagne joue le jeu de l’Europe européenne, pour reprendre une expression gaullienne, et normalise à cette fin sa relation avec Moscou. Soit elle demeure atlantiste et refuse d’envisager la dimension stratégique de son rapport au monde. Elle restera alors un pays exclusivement mercantiliste… Mais il n’est pas certain que le construction européenne puisse survivre longtemps à la seconde option ».
 
L’Observatoire des Journalistes et de l’Information Médiatique (OJIM) poursuit son indispensable travail de critique des médias de grand chemin. Cette fois il traite  de la mainmise des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) les quatre multinationales américaines, sur notre vie quotidienne. En contrôlant l’information numérique elles contrôlent de fait le formatage des citoyens. 
 
 
Face aux déclarations contradictoires de Donald Trump concernant l’OTAN et la Russie, Jean-Paul Basquiast propose de remplacer l’alliance atlantique par un nouvel organisme de sécurité collective s’étendant de Vancouver à Vladivostok.
 
 
Dans un récent numéro de Marianne, Jean-François Kahn moque la russophobie rabique des médias du « système » qui ont trouvé l’ouvre-boîte universel pour expliquer leurs nombreuses déconvenues face au monde tel qu’il va : « c’est la faute à Poutine ». Tout cela n’est pas sans évoquer la célèbre phrase de Guy Debord extraite de ses commentaires sur la société du spectacle : « cette démocratie si parfaite qu’elle veut en effet être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats ». 
 
 
• Excellente analyse de l’ouvrage de François Bousquet « La droite buissonnière » (Éditions du Rocher, 2017) par Nicolas Faure sur le site de la Fondation Polémia.
 
 
• Rendre le pouvoir au peuple suivant le voeu du fondateur de la cinquième République, tel est l'objectif de Jean-Yves Le Gallou selon lequel ce pouvoir est accaparé par des juges dépourvus de légitimité démocratique. Il faudrait en revenir à une stricte séparation des pouvoirs, condition sine qua non d’un bon équilibre suivant Montesquieu. Ce qui bien entendu n’est plus de règle aujourd’hui, puisque les juges interprètent les lois qui nous gouvernent selon des principes tellement généraux qu’ils peuvent donner cours aux gloses les plus contradictoires. Bonne intervention sur le zoom de TV-libertés assortie d’une déambulation instructive dans le Paris des véritables centres de décision : le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, le Tribunal administratif, la Cour de cassation, le Tribunal de Paris où siège la XVII chambre liberticide et pour finir la Cour européenne des droits de l’homme qui siège à Strasbourg.
 

maffesoli-michel-sorbonne-sarkologies-307350-jpg_189882.JPG

Pour Michel Maffesoli l’écologie reste dans la droite ligne du productivisme, c’est pourquoi il propose de lui substituer ce qu’il appelle l’écosophie, néologisme par lequel il entend non plus un traitement de notre rapport à la nature mais une discipline considérant que l’espèce humaine fait partie de la nature, n’en est séparée d’aucune façon. 
Il y a une « nature des choses » et la prétention de la changer n’a conduit qu’à la dévastation du monde naturel et social. Reprenant la distinction faite par la philosophie allemande entre la culture c’est à dire l’instituant et la civilisation, c’est à dire l’institué, sa démarche s’inscrit dans une perspective résolument « révolutionnaire conservatrice ».
 
 
Ingrid Riocreux affichant en épigraphe de son blog « Décryptons les décrypteurs ! » démonte le reportage de C8 sur le Front National niçois en en dévoilant les trucages et les combines. À dire vrai le procédé de l’infiltration qui caractérise ce type de « révélation » qui ne révèle rien et qui n'est employé qu'à l’encontre de ceux que les médias aiment tant haïr nous en apprend beaucoup plus sur les procédés d’une presse subventionnée que sur les cibles qu’elle vise avec une constance et une obstination jamais démentie et dont chacun a pu mesurer depuis des dizaines d’années la remarquable efficacité.
On lira, pour parfaire cet article, le remarquable entretien de décodage des médias qu’elle livre dans la dernière livraison d’Éléments.                  . 
 
 
La dernière édition d’I-Média présentée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp étudie le festival de novlangue fait de litotes utiles pour euphémiser le terrorisme islamique. Elle rappelle opportunément le discours prophétique d’Enoch Powell qui vit sa carrière brisée car il appelait les britanniques au sursaut face à l’immigration. Le Zapping nous signale que le présentateur du journal de TF1 se fait taper sur les doigts par le CSA pour avoir proféré une vérité dérangeante et nous montre un Pascal Bruckner soucieux avant tout de faire battre Marine Le Pen… Une séquence sur les diverses performances des débatteurs lors de l’émission opposant les cinq principaux candidats aux présidentielles publiées dans la presse qui sacre « une large victoire de Macron » confirme ce que nous savions : les médias de l’oligarchie votent et poussent à voter pour le godelureau. Enfin l’émission se termine avec un gros plan sur « La semaine de la presse à l’école » sensée forger l’esprit critique des élèves mais qui se révèle une véritable séance d’endoctrinement, assimilant la critique des médias au « complotisme »…
 
 
La coalition anti État Islamique se devait d’épargner autant que faire ce peut les civils dans son siège de Mossoul, à la grande différence des « barbares russes et pro-assad »qui à Alep n’avaient pas hésité à recourir à des moyens de terreur face à des populations désarmés. On voit par cet article du Monde qu’il n’en est rien. Les guerres ne sont jamais propres, et qui plus est les guerres modernes. Cette information que Le Monde traite avec une pudeur de vierge, ne serait-ce que par le titre de l’article qui parle « d’effondrement » au lieu de rapporter la vérité crue qui est celle d’un « bombardement » en dit long sur l’alignement des médias sur le suzerain américain. Qu’aurait-on lu si il s’était agi d’une action russe au Proche-Orient ?
 
 
Michel Onfray prend position pour un régionalisme anti-jacobin inspiré des Girondins et de Proudhon, seule façon selon lui de renouer avec un idéal communautaire. Son livre « Décoloniser les provinces. Contribution aux présidentielles » Éditions de L’Observatoire, vient de paraitre.
 

mercredi, 22 mars 2017

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Presse-professionnelle-que.jpg

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Au sommaire :

L’émission de Méridien Zéro du 10 mars était consacrée au dernier numéro de Nouvelle École portant sur Charles Maurras, «  instituteur » du nationalisme-royaliste qui  exerça pendant un demi-siècle un magistère intellectuel de premier plan. Deux des contributeurs de la revue, Rémi Soulié et Olivier François, et les animateurs habituels de  la radio s’efforcent d’approfondir de façon passionnante certains des aspects de l’homme et de l’oeuvre, sans en taire les limites et les impasses.
 
 
• Vincent Coussedière s’érige en faux contre le sentiment commun d’une vague « populiste » irrésistible. Et pour cause; celui qui parle du « retour du peuple » n’identifie pas ce retour aux partis dits populistes car le peuple n’est pas un parti. Le populisme du peuple doit, selon lui, s’interpréter comme la pression exercée par les peuples voulant conserver leur existence substantielle contre les système partisans qui se montrent non seulement incapables de les protéger mais qui entendent les liquider. Ainsi, si la décomposition des systèmes politiques est généralisée, leur recomposition « populiste » fantasmée par de nombreux commentateurs n’est pas encore à l’ordre du jour comme vient de le montrer le relatif échec de Geert Wilders aux Pays-Bas. Vincent Coussedière vient de publier « Fin de partie. Requiem pour l’élection présidentielle » chez Pierre-Guillaume de Roux.
 
 
Courte chronique de Yannick Jaffré au sujet de l’ouvrage de Michel Onfray « Décadence » sur les ondes de Radio Libertés. 
 
  
Excellent commentaire de Michel Drac à propos des « Écrits corsaires » de Pier Paolo Pasolini, un livre des années 70 où le cinéaste tenait sur l’évolution de nos sociétés vers  un hédonisme de masse un discours d’avant garde. Saisissant parfaitement l’esprit de cette époque, Pasolini y voyait, à l’encontre des débris de l’antifascisme archaïque, l’imposition du nouvel ordre bourgeois de la marchandise.
 
 

aides-a-la-presse-compte-rendu.png

De Michel Drac on peut également consulter le compte-rendu du livre de John Rushton « Race, Evolution and Behavior. A Life History Perspective» (première référence). Également sa chronique de l’ouvrage de Stratediplo intitulé « La huitième plaie » qui traite de l'invasion que subit notre continent et qui selon lui résulte d’un plan globalement concerté par les oligarchies auxquelles nous avons délégué notre souveraineté (deuxième référence).
 
 
 
Quand Daoud Boughezala (rédacteur en chef de « Causeur ») dénonce le racisme subliminal de Laura Slimani. Non, contrairement aux apparences elle n’est pas membre du Parti des Indigènes de la République, mais « porte-parole égalité femmes-hommes » de la campagne de Benoît Hamon et accessoirement présidente des Jeunes socialistes européens.
 
 
Dans un entretien avec Causeur l’économiste, Jean-Luc Gréau affirme que si notre pays crée bien des emplois (187000 en 2016), ce ne sont que des emplois à faible productivité, tandis que les emplois à forte productivité continuent de quitter le sol national, ce qui explique le faible taux de croissance. Conclusion : l’économie française se tiers-mondise toujours plus.
 
 
Pour le Commissaire européen Dimitris Avramopoulos, l’heure est grave car les « valeurs » de l’Europe sont en jeu. « Allons-nous nous laisser submerger par la montée du populisme, du nationalisme et de la xénophobie ? » s’interroge-t-il, anxieux, dans un entretien à La Tribune de Genève. Ce qui ne l’empêche nullement de souffler sur les braises en décrétant que « Les Vingt-Sept auront besoin à l’avenir de 6 millions d’immigrés », et de décider ex abrupto « d’ouvrir des bureaux dans tous les pays de la rive sud de la Méditerranée et en Afrique de l’Ouest » car c’est le meilleur moyen de lutter contre les passeurs ». Les attentats islamistes ? Aucun problème puisqu’ils  « ont été commis par des citoyens européens » (ce qui est vrai sur le papier). Bref, nulle précision sur les « valeurs » de l’Europe ni sur ce qu’il faut entendre par le concept « citoyen européen ». 
 
 
Selon Joachim Véliocas de l’Observatoire de l’islamisation, le candidat Emmanuel Macron, l’un des porte-paroles préférés de l’oligarchie qui se présente néanmoins comme« antisystème, brisant les routines de la classe politique française » , affiche sans complexe un domaine où surtout rien de doit changer en France. C’est la politique d’immigration.  Si d’aventure il se trouvait élu en mai prochain non seulement il compte ouvrir grand la vanne des frontières pour les « migrants » mais il renforcerait l’exercice de la discrimination positive (déclaration du 8 mars) c’est à dire celle des passe-droits accordés aux membres de certaines catégories de la population afin de leur permettre d’échapper aux critères du droit commun de la République. Comme le dit Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit constitutionnel, « L’adjectif positif est destiné à gommer le caractère négatif de la différenciation puisque toute discrimination est en l’espèce évidemment positive pour son bénéficiaire mais négative pour celui qu’elle exclut. Une discrimination en faveur des femmes ou des Noirs se fait au détriment des hommes ou des Blancs. Et dès lors que l’on prétend ériger la lutte contre toutes les discriminations en politique publique, il est incohérent de prétendre parallèlement les encourager en faveur de certaines catégories et donc au dépens des autres » (Le Figaro du 16 mars).
 
 
Si l’on en croit Arnaud Lachaize (pseudonyme d’un haut fonctionnaire soumis au droit de réserve) Emmanuel Macron qui était reçu le jeudi 16 mars par la chancelière Angela Merkel développe comme elle un programme assumé d’ouverture des frontières. En janvier lors d’une précédente visite il avait loué la généreuse politique d’accueil inconditionnel de la dirigeante allemande qui avait ouvert son territoire à plus d’un million de « migrants » parmi lesquels des terroristes et des criminels et reprochait à une Europe frileuse de n’avoir pas « réagi comme elle aurait dû à ce moment là ». Très bonne mise au point face à l’angélisme de certaines élites. On regrettera seulement une incise inutile sur la soi-disante « xénophobie » qui aurait cours en France.
 
 
Dans l’émission d’Olivier de Lagarde « Moi président » sur France Info du 16 mars Malika Sorel-Sutter présentait son projet d’abolition de l’ensemble des lois mémorielles qui censurent abusivement la liberté d’expression et encouragent, selon elle, le communautarisme victimaire. Une intervention courageuse dont il n’est pas certain que le candidat Fillion la reprenne à son compte. Malika Sorel figurait cependant à ses cotés lors de la manifestation du Trocadéro…
 
 
Le débat « intellectuel » dans l’espace médiatique destiné au grand public ne doit pas être confondu avec le débat intellectuel tel qu’il se déroule dans les laboratoire ou au sein du milieu feutré du CNRS. Le premier souffre en termes pascalien de la confusion des ordres avec l’intrusion abusive du moralisme (aussi bien celui des intentions que  celui des conséquences) et des arrières pensées politiques. Ainsi substitue-t-on les critères du bien et du mal là où ne devraient s’imposer dans la délibération, que la question du vrai et du faux. Ainsi s’est imposée dans le débat médiatique la sentence que même vraie une proposition doit être tue au regard des conséquences qu’elle pourrait avoir ou parce que elle ferait le jeu de x ou y. André Perrin, auteur du livre « Scènes de la vie intellectuelle en France. L’intimidation contre le débat » (préface de Jean-Claude Michéa, paru en 2016 aux Éditions de l’Artilleur) déroule ainsi son raisonnement convainquant au cours d'une émission Répliques d’Alain Finkielkraut. Un Finkielkraut qui s’abandonne lui même à une facile confusion des ordres dès que pointe le soupçon terrifiant de « révisionnisme ». 
 
 
L’émission de Radio communauté juive animée par Elisabeth Lévy et Alain Finkielkraut  du 12 mars prend acte tout d’abord de la relaxation de Georges Bensoussan à la suite du procès qui lui avait été infligé par des associations islamistes et la Licra qui voudrait faire passer toute critique argumentée de l’islam pour une apologie du racisme puis commentent les graves « incidents » intervenus au lycée Suger en Seine Saint-Denis. Finkielkraut s’insurgeant contre ceux qui lorsqu’on ose avancer que le déclin s’empare de tout ou partie de l’activité sociale se récrient tout de go avec cette apostrophe sublime empruntée à la doxa : « Vous n’allez pas prétendre que c’était mieux avant ». Pourtant, dit-il, ce qui s’est passé les 6 et 7 mars aux abords de ce lycée de Saint-Denis n’a pas d’antécédent dans l’école républicaine. La bataille rangée contre les forces de l’ordre laisse de marbre les nouveaux Pangloss qui prennent prétexte des inégalités dont souffrent les banlieues pour tout pardonner aux fauteurs de trouble au nom de l’antiracisme. Protégée par l’alibi sociologique la violence des encapuchonnés du lycée Suger est expliquée par la violence sociale qui se déverse sur eux, ils cessent du même coup d’être fautifs et les victimes se retrouvent métamorphosées en coupables. Il est vrai que Geoffroy de Lagasnerie, le sociologue pour lequel le syntagme « intellectuel de droite » relève de l'oxymore affirme « qu’excuser est un beau programme pour la gauche ». Ainsi, comme on le voit, l’antiracisme fou n’a pas fini de faire des ravages.  
 

revue-presse-turbine.jpg

Bonne intervention d'Éric Zemmour sur la crise agricole. Si à l’occasion du salon de l’agriculture chaque candidat y est allé de sa visite mimant ainsi Jacques Chirac, c’est aussi au temps de Chirac que les paysans sont devenus des « agriculteurs » et se simple mot a tout changé. On se moquait désormais de la qualité des produits, de la pollution, des dettes et des saisons. C’était le Pérou et il avait pour capitale Bruxelles et sa politique agricole commune. Mais, selon lui la PAC n’existe plus et se sont les technocrates bruxellois eux-mêmes qui ont cassé leur jouet en jetant les agriculteurs dans la fournaise du marché mondial où la plupart périssent quand ils ne sont pas mis dans la main des grandes surfaces et des banques. Elle produit toujours plus et toujours plus mauvais, elle ruine les sols et les estomacs. De là le choix qui en découle pour le monde de la terre : jouer le jeu de la « ferme des 1000 vaches » ou celui de l’agriculture biologique et des circuits courts.
 
 
Raisonnement semblable à celui de Zemmour chez Périco Légasse.
 
 
Eugènie Bastié présente « Les derniers gaulois », le beau documentaire de Patrick Buisson consacré à l’ethnocide des paysans qui a vu disparaitre en deux générations un monde séculaire et presque immobile.
 
 
Eugénie Bastié nous introduit au livre « Aux origines de la décroissance. Cinquante penseurs », ( L’Échappée-Le Pas de côté-Ecosociété) recueil de portraits des précurseurs de cette école qui a tracé son sillon du XIX au XX siècle. Contre l’hubris de la civilisation industrielle qui ne connait plus de limites elle nous rappelle avec Jacques Ellul que « S’intéresser à la protection de l’environnement et à l’écologie sans mettre en question le progrès technique, c’est engager une opération non seulement inutile, mais fondamentalement nocive ».
 
 
Dans le denier numéro de « Perspectives Libres » dirigée par Pierre-Yves Rougeyron, (numéro 19 consacré à « De Gaulle au XXI siècle »), trois articles de Pierre Le Vigan ont retenu notre attention. Il s’agit de « L’implosion du politique. Du constat de l’impuissance de nos élites à la possible relève populaire du politique », de « La culture post-moderne, une imposture. Hédonisme, technophilie et marchandisation », et « Comment et pourquoi l’école a cessé d’être l’école ».
 
 
Dans un entretien avec le site de réflexion « Le comptoir », Frédéric Pichon, historien et géopolitologue auteur de « Syrie: Pourquoi l’Occident s’est trompé » et tout récemment de « Syrie, une guerre pour rien » (Édition du Cerf) reprend les propos de Dominique de Villepin sur le déploiement en France d’une sorte de « virus néoconservateur » et reconnait que notre pays est incapable d’agir sans demander l’autorisation de Washington. Il note également l’influence des lobbies anti-iraniens au quai d’Orsay et fustige l’action des ONG dans cette partie du monde qui a fait libérer de nombreux islamistes des geôles dans lesquelles ils pourrissaient aggravant ainsi le malheur des populations locales; « le messianisme occidental faisant la courte échelle aux fondamentalistes… ». Un démêlement des intrigues de ce Proche-Orient compliqué, savant et très bien informé qui met en valeur la réaction « clausewitzienne » russe privilégiant le rapport de force militaire et qui a fait d’elle l’acteur majeur de la recomposition de la région.  
 
 
S’exprimant sur notre politique en Syrie, Frédéric Pichon déclare « nommer l’ennemi c’est précisément définir ce qui nous distingue, ce qui nous discrimine, c’est tracer une frontière, une limite même normative, c’est affirmer contre, toutes choses auxquelles la culture contemporaine a décider de renoncer… » Selon lui, nos politiques se sont lourdement trompés en Syrie.
 

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Presse-professionnelle-que.jpg

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Au sommaire :

L’émission de Méridien Zéro du 10 mars était consacrée au dernier numéro de Nouvelle École portant sur Charles Maurras, «  instituteur » du nationalisme-royaliste qui  exerça pendant un demi-siècle un magistère intellectuel de premier plan. Deux des contributeurs de la revue, Rémi Soulié et Olivier François, et les animateurs habituels de  la radio s’efforcent d’approfondir de façon passionnante certains des aspects de l’homme et de l’oeuvre, sans en taire les limites et les impasses.
 
 
• Vincent Coussedière s’érige en faux contre le sentiment commun d’une vague « populiste » irrésistible. Et pour cause; celui qui parle du « retour du peuple » n’identifie pas ce retour aux partis dits populistes car le peuple n’est pas un parti. Le populisme du peuple doit, selon lui, s’interpréter comme la pression exercée par les peuples voulant conserver leur existence substantielle contre les système partisans qui se montrent non seulement incapables de les protéger mais qui entendent les liquider. Ainsi, si la décomposition des systèmes politiques est généralisée, leur recomposition « populiste » fantasmée par de nombreux commentateurs n’est pas encore à l’ordre du jour comme vient de le montrer le relatif échec de Geert Wilders aux Pays-Bas. Vincent Coussedière vient de publier « Fin de partie. Requiem pour l’élection présidentielle » chez Pierre-Guillaume de Roux.
 
 
Courte chronique de Yannick Jaffré au sujet de l’ouvrage de Michel Onfray « Décadence » sur les ondes de Radio Libertés. 
 
  
Excellent commentaire de Michel Drac à propos des « Écrits corsaires » de Pier Paolo Pasolini, un livre des années 70 où le cinéaste tenait sur l’évolution de nos sociétés vers  un hédonisme de masse un discours d’avant garde. Saisissant parfaitement l’esprit de cette époque, Pasolini y voyait, à l’encontre des débris de l’antifascisme archaïque, l’imposition du nouvel ordre bourgeois de la marchandise.
 
 

aides-a-la-presse-compte-rendu.png

De Michel Drac on peut également consulter le compte-rendu du livre de John Rushton « Race, Evolution and Behavior. A Life History Perspective» (première référence). Également sa chronique de l’ouvrage de Stratediplo intitulé « La huitième plaie » qui traite de l'invasion que subit notre continent et qui selon lui résulte d’un plan globalement concerté par les oligarchies auxquelles nous avons délégué notre souveraineté (deuxième référence).
 
 
 
Quand Daoud Boughezala (rédacteur en chef de « Causeur ») dénonce le racisme subliminal de Laura Slimani. Non, contrairement aux apparences elle n’est pas membre du Parti des Indigènes de la République, mais « porte-parole égalité femmes-hommes » de la campagne de Benoît Hamon et accessoirement présidente des Jeunes socialistes européens.
 
 
Dans un entretien avec Causeur l’économiste, Jean-Luc Gréau affirme que si notre pays crée bien des emplois (187000 en 2016), ce ne sont que des emplois à faible productivité, tandis que les emplois à forte productivité continuent de quitter le sol national, ce qui explique le faible taux de croissance. Conclusion : l’économie française se tiers-mondise toujours plus.
 
 
Pour le Commissaire européen Dimitris Avramopoulos, l’heure est grave car les « valeurs » de l’Europe sont en jeu. « Allons-nous nous laisser submerger par la montée du populisme, du nationalisme et de la xénophobie ? » s’interroge-t-il, anxieux, dans un entretien à La Tribune de Genève. Ce qui ne l’empêche nullement de souffler sur les braises en décrétant que « Les Vingt-Sept auront besoin à l’avenir de 6 millions d’immigrés », et de décider ex abrupto « d’ouvrir des bureaux dans tous les pays de la rive sud de la Méditerranée et en Afrique de l’Ouest » car c’est le meilleur moyen de lutter contre les passeurs ». Les attentats islamistes ? Aucun problème puisqu’ils  « ont été commis par des citoyens européens » (ce qui est vrai sur le papier). Bref, nulle précision sur les « valeurs » de l’Europe ni sur ce qu’il faut entendre par le concept « citoyen européen ». 
 
 
Selon Joachim Véliocas de l’Observatoire de l’islamisation, le candidat Emmanuel Macron, l’un des porte-paroles préférés de l’oligarchie qui se présente néanmoins comme« antisystème, brisant les routines de la classe politique française » , affiche sans complexe un domaine où surtout rien de doit changer en France. C’est la politique d’immigration.  Si d’aventure il se trouvait élu en mai prochain non seulement il compte ouvrir grand la vanne des frontières pour les « migrants » mais il renforcerait l’exercice de la discrimination positive (déclaration du 8 mars) c’est à dire celle des passe-droits accordés aux membres de certaines catégories de la population afin de leur permettre d’échapper aux critères du droit commun de la République. Comme le dit Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit constitutionnel, « L’adjectif positif est destiné à gommer le caractère négatif de la différenciation puisque toute discrimination est en l’espèce évidemment positive pour son bénéficiaire mais négative pour celui qu’elle exclut. Une discrimination en faveur des femmes ou des Noirs se fait au détriment des hommes ou des Blancs. Et dès lors que l’on prétend ériger la lutte contre toutes les discriminations en politique publique, il est incohérent de prétendre parallèlement les encourager en faveur de certaines catégories et donc au dépens des autres » (Le Figaro du 16 mars).
 
 
Si l’on en croit Arnaud Lachaize (pseudonyme d’un haut fonctionnaire soumis au droit de réserve) Emmanuel Macron qui était reçu le jeudi 16 mars par la chancelière Angela Merkel développe comme elle un programme assumé d’ouverture des frontières. En janvier lors d’une précédente visite il avait loué la généreuse politique d’accueil inconditionnel de la dirigeante allemande qui avait ouvert son territoire à plus d’un million de « migrants » parmi lesquels des terroristes et des criminels et reprochait à une Europe frileuse de n’avoir pas « réagi comme elle aurait dû à ce moment là ». Très bonne mise au point face à l’angélisme de certaines élites. On regrettera seulement une incise inutile sur la soi-disante « xénophobie » qui aurait cours en France.
 
 
Dans l’émission d’Olivier de Lagarde « Moi président » sur France Info du 16 mars Malika Sorel-Sutter présentait son projet d’abolition de l’ensemble des lois mémorielles qui censurent abusivement la liberté d’expression et encouragent, selon elle, le communautarisme victimaire. Une intervention courageuse dont il n’est pas certain que le candidat Fillion la reprenne à son compte. Malika Sorel figurait cependant à ses cotés lors de la manifestation du Trocadéro…
 
 
Le débat « intellectuel » dans l’espace médiatique destiné au grand public ne doit pas être confondu avec le débat intellectuel tel qu’il se déroule dans les laboratoire ou au sein du milieu feutré du CNRS. Le premier souffre en termes pascalien de la confusion des ordres avec l’intrusion abusive du moralisme (aussi bien celui des intentions que  celui des conséquences) et des arrières pensées politiques. Ainsi substitue-t-on les critères du bien et du mal là où ne devraient s’imposer dans la délibération, que la question du vrai et du faux. Ainsi s’est imposée dans le débat médiatique la sentence que même vraie une proposition doit être tue au regard des conséquences qu’elle pourrait avoir ou parce que elle ferait le jeu de x ou y. André Perrin, auteur du livre « Scènes de la vie intellectuelle en France. L’intimidation contre le débat » (préface de Jean-Claude Michéa, paru en 2016 aux Éditions de l’Artilleur) déroule ainsi son raisonnement convainquant au cours d'une émission Répliques d’Alain Finkielkraut. Un Finkielkraut qui s’abandonne lui même à une facile confusion des ordres dès que pointe le soupçon terrifiant de « révisionnisme ». 
 
 
L’émission de Radio communauté juive animée par Elisabeth Lévy et Alain Finkielkraut  du 12 mars prend acte tout d’abord de la relaxation de Georges Bensoussan à la suite du procès qui lui avait été infligé par des associations islamistes et la Licra qui voudrait faire passer toute critique argumentée de l’islam pour une apologie du racisme puis commentent les graves « incidents » intervenus au lycée Suger en Seine Saint-Denis. Finkielkraut s’insurgeant contre ceux qui lorsqu’on ose avancer que le déclin s’empare de tout ou partie de l’activité sociale se récrient tout de go avec cette apostrophe sublime empruntée à la doxa : « Vous n’allez pas prétendre que c’était mieux avant ». Pourtant, dit-il, ce qui s’est passé les 6 et 7 mars aux abords de ce lycée de Saint-Denis n’a pas d’antécédent dans l’école républicaine. La bataille rangée contre les forces de l’ordre laisse de marbre les nouveaux Pangloss qui prennent prétexte des inégalités dont souffrent les banlieues pour tout pardonner aux fauteurs de trouble au nom de l’antiracisme. Protégée par l’alibi sociologique la violence des encapuchonnés du lycée Suger est expliquée par la violence sociale qui se déverse sur eux, ils cessent du même coup d’être fautifs et les victimes se retrouvent métamorphosées en coupables. Il est vrai que Geoffroy de Lagasnerie, le sociologue pour lequel le syntagme « intellectuel de droite » relève de l'oxymore affirme « qu’excuser est un beau programme pour la gauche ». Ainsi, comme on le voit, l’antiracisme fou n’a pas fini de faire des ravages.  
 

revue-presse-turbine.jpg

Bonne intervention d'Éric Zemmour sur la crise agricole. Si à l’occasion du salon de l’agriculture chaque candidat y est allé de sa visite mimant ainsi Jacques Chirac, c’est aussi au temps de Chirac que les paysans sont devenus des « agriculteurs » et se simple mot a tout changé. On se moquait désormais de la qualité des produits, de la pollution, des dettes et des saisons. C’était le Pérou et il avait pour capitale Bruxelles et sa politique agricole commune. Mais, selon lui la PAC n’existe plus et se sont les technocrates bruxellois eux-mêmes qui ont cassé leur jouet en jetant les agriculteurs dans la fournaise du marché mondial où la plupart périssent quand ils ne sont pas mis dans la main des grandes surfaces et des banques. Elle produit toujours plus et toujours plus mauvais, elle ruine les sols et les estomacs. De là le choix qui en découle pour le monde de la terre : jouer le jeu de la « ferme des 1000 vaches » ou celui de l’agriculture biologique et des circuits courts.
 
 
Raisonnement semblable à celui de Zemmour chez Périco Légasse.
 
 
Eugènie Bastié présente « Les derniers gaulois », le beau documentaire de Patrick Buisson consacré à l’ethnocide des paysans qui a vu disparaitre en deux générations un monde séculaire et presque immobile.
 
 
Eugénie Bastié nous introduit au livre « Aux origines de la décroissance. Cinquante penseurs », ( L’Échappée-Le Pas de côté-Ecosociété) recueil de portraits des précurseurs de cette école qui a tracé son sillon du XIX au XX siècle. Contre l’hubris de la civilisation industrielle qui ne connait plus de limites elle nous rappelle avec Jacques Ellul que « S’intéresser à la protection de l’environnement et à l’écologie sans mettre en question le progrès technique, c’est engager une opération non seulement inutile, mais fondamentalement nocive ».
 
 
Dans le denier numéro de « Perspectives Libres » dirigée par Pierre-Yves Rougeyron, (numéro 19 consacré à « De Gaulle au XXI siècle »), trois articles de Pierre Le Vigan ont retenu notre attention. Il s’agit de « L’implosion du politique. Du constat de l’impuissance de nos élites à la possible relève populaire du politique », de « La culture post-moderne, une imposture. Hédonisme, technophilie et marchandisation », et « Comment et pourquoi l’école a cessé d’être l’école ».
 
 
Dans un entretien avec le site de réflexion « Le comptoir », Frédéric Pichon, historien et géopolitologue auteur de « Syrie: Pourquoi l’Occident s’est trompé » et tout récemment de « Syrie, une guerre pour rien » (Édition du Cerf) reprend les propos de Dominique de Villepin sur le déploiement en France d’une sorte de « virus néoconservateur » et reconnait que notre pays est incapable d’agir sans demander l’autorisation de Washington. Il note également l’influence des lobbies anti-iraniens au quai d’Orsay et fustige l’action des ONG dans cette partie du monde qui a fait libérer de nombreux islamistes des geôles dans lesquelles ils pourrissaient aggravant ainsi le malheur des populations locales; « le messianisme occidental faisant la courte échelle aux fondamentalistes… ». Un démêlement des intrigues de ce Proche-Orient compliqué, savant et très bien informé qui met en valeur la réaction « clausewitzienne » russe privilégiant le rapport de force militaire et qui a fait d’elle l’acteur majeur de la recomposition de la région.  
 
 
S’exprimant sur notre politique en Syrie, Frédéric Pichon déclare « nommer l’ennemi c’est précisément définir ce qui nous distingue, ce qui nous discrimine, c’est tracer une frontière, une limite même normative, c’est affirmer contre, toutes choses auxquelles la culture contemporaine a décider de renoncer… » Selon lui, nos politiques se sont lourdement trompés en Syrie.
 

vendredi, 17 mars 2017

École: quand la « bienveillance » devient complaisance

ecoliers_large.jpg

École: quand la « bienveillance » devient complaisance

Par Antoine Desjardins

Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/ENTRETIEN- La notion de bienveillance inspirée de la pédagogie Freinet a fait dans les dernières années une entrée en force à l'école. Pour Antoine Desjardins, la « bienveillance » permet surtout de tromper les parents des milieux modestes sur le niveau réel de leurs enfants.


Antoine Desjardins est professeur de Lettres, coauteur du livre Sauver les lettres: des professeurs accusent (éd. Textuel). Membre du Comité Orwell, présidé par Natacha Polony, il est aussi Président d'honneur et cofondateur du collectif Condorcet, milite pour l'abrogation de la réforme du collège et soutient l'appel pour le rétablissement des horaires de français.


FIGAROVOX.- Que pensez-vous de cette bienveillance qui serait désormais le moyen de lutter contre tous les problèmes de l'école? Il paraît même que l'E.N organise des journées de formation sur ce thème pour les enseignants...

Antoine DESJARDINS.-La bienveillance est un mot magnifique. C'est une qualité primordiale chez un enseignant. La plupart s'efforcent d'être bienveillants et ce serait un procès injuste que de les accuser d'ignorer la bienveillance.

Mais au fil du temps cette «bienveillance» s'est dévoyée... Quand on utilise ce mot désormais on parle de tout autre chose. Je n'irais pas jusqu'à traduire par «laxisme» ou «complaisance», mais on n'en est pas loin.

Faire preuve de beaucoup de psychologie, aider tous les élèves, encourager chacun selon sa mesure, féliciter même les efforts minimes, ne jamais stigmatiser ou étiqueter les élèves, la plupart des enseignants le font depuis longtemps... Lutter contre le mal-être de certains est aussi une priorité. Il faut que l'école soit un lieu où l'on vient apprendre dans le plaisir, sans angoisse ni appréhension. Un lieu serein où l'on sait que l'on sera encouragé et valorisé dès lors qu'on fournit un effort même minime. Où personne ne sera mis à l'écart. Tout le monde devrait être d'accord avec cela. Le sympathique Daniel Pennac qui encourage pour qu'on aille dans ce sens dans un récent entretien du Monde, a raison, sauf que l'on ne parle plus de la même bienveillance et que nous ne sommes plus dans les années soixante...

On parle vraiment d'autre chose... On devrait parler de trafic d'indulgence, qu'il s'agisse des notes (qu'on veut d'ailleurs à terme supprimer) ou des «compétences» qu'on va valider à la louche pour ne pas faire de peine à personne: la bienveillance qui est désormais prônée permet surtout de tromper les parents des milieux modestes sur le niveau réel de leurs enfants.

Mais l'école n'alerte t-elle pas les parents quand l'élève connaît des difficultés spécifiques? On nous parle de suivi individualisé. En arrive-t-on à être bienveillant avec les parents en taisant ou en minimisant les problèmes?

Au lieu de donner l'alerte à temps, de prévenir qu'il y a des carences dans tel ou tel domaine, on endort tout le monde, le plus longtemps possible.

Une voisine, femme de ménage, dont la fille a été «très brillante» (selon les mots mêmes utilisés par certains instituteurs, me dit-elle), s'avère en réalité ne pas savoir quasiment lire en sixième.

Cette dame a eu le tort de faire confiance à l'institution scolaire qui désormais roule les parents dans la farine.

On ne peut en aucun cas dire d'une élève qui arrive en sixième en ne sachant pas lire qu'elle est brillante, sans émettre la moindre réserve: ce faisant on berne les parents qui, s'entendant dire cela et seulement cela, pense que leur fille est sur de bons rails, ce qui n'est pas du tout le cas.

Cette même jeune fille qui ne sait pas lire (et encore moins écrire, on s'en doute) présente de graves lacunes également en mathématiques. Mais là encore, «l'oral était brillant» paraît-il! L'oral en mathématiques! Inutile de dire que les parents qui n'examinaient rien de près, n'en ayant pas les moyens culturels (la mère est d'origine péruvienne et le père tchèque) tombent de très très haut.

J'observe que dans le même temps des collègues dont les enfants sont à l'école ont, eux, les moyens de s'interroger et de questionner, voire de soupçonner, cette «bienveillance» qui est devenue au fil du temps une duperie organisée. Telle collègue (de mathématiques) me dit que sa fille en CM1 a une très bonne moyenne en orthographe, alors qu'elle s'étonne, elle, d'un niveau qu'elle juge plutôt catastrophique. Elle était ravie que sa fille ait de bonnes notes, au début, mais s'interroge de plus en plus, passés les premiers temps d'euphorie. Elle a constaté que les textes des dictées, fort courtes, étaient donnés à l'avance! Elle a pu prendre conscience à temps, sans rien dire à la maîtresse, que sa fille était en réalité très faible et elle s'emploie à lui faire faire de nombreuses vraies dictées le plus souvent possible. Sa fille s'en sortira...

Mais la bienveillance, c'est aussi un climat de bien-être, une attention aux différences, une écoute des difficultés et parfois des problèmes personnels? L'école d'autrefois n'avait-elle pas tendance à oublier cette dimension?

Je suis d'accord. Mais voilà longtemps que l'école a pris en compte cette dimension indispensable. Les enseignants agressifs, cassants, méprisants cela a pu exister mais aujourd'hui ils n'ont plus leur place dans l'institution. La psychopédagogie a depuis des décennies fait son œuvre. Dolto, par exemple a été lue et approuvée en général.

Mais à la vérité on parle ici d'autre chose...

La plupart des parents sont totalement leurrés par une «bienveillance» qui s'exprime à présent le plus souvent par des notes (ou des compétences validées) qui ne reflètent en rien le niveau réel et des appréciations souvent très louangeuses («brillant», «vif», «oral excellent», «talent») qui procurent aux parents beaucoup de satisfaction et une ivresse passagère qui leur fait perdre tout esprit critique et toute objectivité. L'institution flatte bassement leur progéniture le plus longtemps possible pour avoir la paix et anesthésier le parent-consommateur qui croit pouvoir dormir sur ses deux oreilles.

Dans le temps même qu'on explique aux parents que leurs enfants sont pris en charge individuellement et qu'ils n'ont plus à se soucier de rien, dans le temps qu'une évaluation parcellisée et pseudo-scientifique (les fameuses «compétences» auxquelles les parents ne comprennent rien) donne à croire que la moindre défaillance va être détectée et faire l'objet d'une «remédiation ciblée» (alors que le nombre d'élève par classe ne cesse d'augmenter et que les horaires dévolus aux fondamentaux baissent) dans ce même temps, les élèves sont en réalité abandonnés à leurs lacunes et livrés à eux mêmes, comme ils ne l'ont jamais été (l'élève construit lui-même son propre savoir pour certains théoriciens fumeux...)

Baudrillard à propos de la séduction disait: «séduire c'est mourir comme *réalité* et se produire comme *leurre*.» L'école est désormais enjointe, à tous les niveaux, de séduire les parents, comme pourrait le faire, notamment, une entreprise qui voudrait aguicher ses clients. Elle se repose sur une communication de type publicitaire et commercial qui n'a cure de la vérité ou si peu. Non seulement on utilise les moyens de la publicité en un lieu où elle ne devrait pas exister, mais cette publicité est mensongère. C'est d'ailleurs pour cela que le contrat de confiance qui liait jadis les parents et l'école publique est en train de se rompre.

Je dis et je constate de plus en plus que les parents sont bernés parfois bien entendu, très au delà des années d'école. Le collège s'y est mis depuis longtemps. Le professeur devrait pourtant lancer l'alerte auprès des parents au bon moment pour qu'ils puissent prendre la mesure des problèmes et parfois y remédier avec le seul moyen qui leur reste hélas parfois: les cours privés.

Mais de plus en plus cette alerte est retardée par l'institution qui se complaît dans le mensonge ou l'euphémisme. La cour des Comptes le constate elle même: la loi du 23 avril 2005 a consacré l'objectif, réaffirmé par celle du 8 juillet 2013, de conduire 100 % des élèves d'une classe d'âge au niveau du socle commun de compétences et de connaissances à l'issue de la scolarité obligatoire. Or les résultats obtenus par la France lors de la dernière enquête Pisa, ainsi que la proportion élevée de jeunes sortis sans diplôme de notre système éducatif, témoignent de l'incapacité du système éducatif actuel à atteindre les objectifs qui lui ont été fixés.

Les nouveaux dispositifs d'évaluations, les fameuses «compétences» compliquent prodigieusement la tâche de l'enseignant, ne servent en rien l'élève ni les parents, ne permettent nullement de lutter contre l'illettrisme et l'innumérisme. Pas plus d'ailleurs que le tout numérique, qui ne pourra que faire les choux gras de Microsoft ou d'autres. En fait, ces nouveautés indigestes qui se donnent les gants de «l ‘évaluation scientifique» permettent de noyer le poisson et d'opacifier le système. Les parents veulent des outils simples et lisibles et ils veulent surtout qu'on leur dise la vérité. Le nouveau LSU par exemple (Livret scolaire unique) est une usine à gaz «numérique» pour faire accroire, en cochant des cases, que l'école remplit bien sa mission. Il s'agit avant tout d'une mise au pas de la liberté pédagogique de l'enseignant.

Hormis ces gadgets superflus, ces thermomètres évaluatifs falsifiés, les parents voudraient surtout qu'on fasse étudier sérieusement les mathématiques et le français au lieu de faire des éoliennes en carton...

En tout cas, il faudrait au moins qu'on laisse la possibilité aux parents de remédier au bon moment, par leurs propres moyens (!) aux insuffisances manifestes: l'école ne sait même plus faire un travail de diagnostic juste et fiable. Il s'agit seulement de ne jamais inquiéter: c'est cela la «bienveillance». On ne rend pas du tout services à nos élèves en agissant ainsi!

Voici un dialogue drolatique lu sur un réseau social qui pourrait, sans aucune caricature, résumer la situation: on y entend la logique pédagogiste bienveillante à l'œuvre:

Ils sont mauvais a l‘écrit? Pédagogiste bienveillant: «Faites davantage d'oral.»

Ils ont des mauvaises notes?: «Supprimez les notes.»

Ils ont du mal a travailler seuls?: «Faites les travailler en groupes.»

Ils font des fautes?: «La faute n'est pas si importante si le message passe.»

Ils ont écrit «il prena» au lieu de «il prit»?: «Ils ont eu la «sensation» du passé simple, c'est déjà bien.»

Ils n'écoutent pas un cours magistral?: «Ne faites pas de cours magistral.»

lls ne travaillent que si c'est ludique?: «Faites du ludique.»

Ils ont du mal avec l'abstrait?: «Faites du concret.»

Ils ne comprennent pas la consigne?: «Simplifiez la consigne.»

Ils ne font pas leurs devoirs chez eux?: «Faites-leur faire en classe.»

Ils sont déconcentrés au bout de quelques minutes?: «Changez d'activité au bout de quelques minutes.»

lls n'aiment pas lire?: «Travaillez sur des documents iconographiques et des vidéos.»

Ils mémorisent mal? Ils ont peu de connaissances?: «Ils peuvent tout trouver dans Google et Wikipédia.»

Bref: ils ont un problème? Au lieu de leur apprendre à affronter le problème, apprenez-leur sans cesse à FUIR le problème.

Ainsi va la logique pédagogiste «bienveillante.»

Je pense, à mots pesés, qu'il y a là un scandale dont les enfants d'origine modeste, comme d'habitude, feront et font déjà les frais.


ANNONCE

TROISIEME TABLE RONDE DU COLLECTIF CONDORCET

25 Mars 2017

9H30-18H

La France Insoumise, le Parti Socialiste, en Marche!, Les Républicains, Debout la France et le Mouvement Républicain et Citoyen ont d'ores et déjà répondu favorablement à notre invitation pour notre troisième table ronde le samedi 25 mars à L'École Normale Supérieure.

Le Collectif Condorcet invite les représentants de ces partis politiques à répondre à la question: «Quel projet pour l'Ecole de la République?»

Cette 3° Table Ronde aura lieu dans la salle Jaurès de l'Ecole Normale Supérieure, au 29 rue d'Ulm, 75005 PARIS.

Seront représentés:

— La France Insoumise (Paul Vannier, professeur d'hsitoire-géographie, secrétaire national à l'Education)

—Debout la France ( Eric Anceau, responsable du programme présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan et délégué national de DLF à la Cohésion nationale et à l'Ecole de République)

— Le MRC ( Fatiha Boudjahlat, professeur, secrétaire nationale à l'Education)

— Les Républicains (Annie Genevard, Commission des Affaires culturelles et de l'Education, députée du Doubs, maire de Morteau , secrétaire générale adjointe LR et déléguée générale à l'éducation)

—le Parti Socialiste (Charlotte Brun, adjointe au maire de Lille, en charge de l'éducation pour #Hamon2017)

—En Marche! (Christophe Brunelle, professeur d'anglais, QG d'En Marche!)

Inscription recommandée par mail: collectif.condorcet@gmail.com

Sur Condorcet:

Rythmes scolaires à l'école, réforme Belkhacem du collège, réforme Chatel du lycée. Tout est à revoir et refaire. Il faut réinstituer l'école républicaine et retrouver les idéaux fondateurs d'un Condorcet. Il faut faire le pari de l'égalité, de la haute-culture, de la transmission. Il faut faire cesser la malbouffe scolaire et se donner les moyens de la qualité. L'enjeu est de civilisation. L'école de l'«employabilité» ne passera pas par le collectif Condorcet.

jeudi, 16 mars 2017

Drieu la Rochelle: suicidé de la société?

direubureuea6f712928ff00.jpg

Drieu la Rochelle: suicidé de la société?

 

Zone Critique se propose de revenir sur les écrivains oubliés, déclassés et maudits du Panthéon littéraire français afin de mieux cerner les enjeux de leurs postérités. Pierre Drieu la Rochelle semble être la figure idéale pour inaugurer le bal de notre nouvelle série. Ainsi, nous vous posons la question : “Peut-on encore lire Drieu la Rochelle ?” Dandy en 1920, fasciste en 1940, suicidé en 1945, que faire du cas Drieu la Rochelle ? Par delà le bien et le mal, l’écrivain collaborationniste et son œuvre peuvent-ils résister à nos idées reçus ?

‘’On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments.’’ André Gide

 

Depuis plusieurs années maintenant la presse s’emballe, les débats s’enflamment : faut-il laisser Robert Laffont rééditer Les Décombres de Lucien Rebatet ? La République doit-elle commémorer Céline ? Gallimard peut-il publier la Correspondance Morand /Chardonne ? Très récemment encore, une agitation toute superficielle, une écume journalistique faite à la fois de jugements tonitruants, de considérations philosophiques fragiles et de bons sentiments, nous a mis en garde contre Heidegger suite à la publication de ses Cahiers noirs. Drieu la Rochelle fait parti de ces maudits de la littérature, de ces exclus de la culture légitime. Ainsi, aujourd’hui, le milieu littéraire retient essentiellement de Drieu son engagement fasciste, son amitié pour Otto Abetz, les écrits antisémites de son Journal intime et sa collaboration avec le IIIème Reich durant l’Occupation de Paris. Et pourtant l’œuvre littéraire de Drieu la Rochelle témoigne bien plus d’une crise des valeurs, d’un doute perpétuel et généralisé que d’un engagement profond et simplificateur. Drieu a été fasciste, il serait indécent de le nier cependant il fut écrivain et bien d’autres choses encore…

Drieu a été fasciste, il serait indécent de le nier cependant il fut écrivain et bien d’autres choses encore…

Une esthétique de l’errance

Pierre Drieu la Rochelle est né en 1893 d’une famille bourgeoise conservatrice originaire de Normandie et a grandi à Paris dans l’ambiance délétère d’une famille qui se déchire, entre une mère dévouée et amoureuse et un père joueur, dépensier et infidèle. Élève brillant, déjà passionné par le dandysme de Barrès et l’égotisme stendhalien, il entame des études de Sciences Politiques rue Saint-Guillaume mais rate le diplôme de fin d’études. Mobilisé dès 1914, à 21 ans, il part au combat sur le front belge, emportant dans son paquetage Ainsi parlait Zarathoustra. Blessé trois fois durant le conflit, il revient de la guerre marqué par cette expérience et par sa lecture de Nietzsche. Il côtoie alors le Paris des Années folles, se rallie au groupe Dada, puis se rapproche des surréalistes dans les années 20, se lie d’amitié avec Aragon et Malraux. Noctambule, Drieu passe ses nuits à boire, à refaire le monde et à danser dans le petit milieu parisien des avant-gardes intellectuelles et artistiques. Il est déjà à l’époque attiré par des théoriciens de l’Action Française, comme Charles Maurras, figure intellectuelle majeure de l’entre-deux-guerres et oscille dans ses engagements et ses prises de positions politiques. Après ses recueils poétiques (Interrogation, Fond de Cantine) parus aux lendemains de la guerre, Drieu est remarqué en 1922 par son essai politique Mesure de la France, œuvre faisant le bilan du pays après la Grande Guerre et proposant une ligne politique républicaine, démocrate et de droite modérée, se voulant au-dessus des partis traditionnels. Il est à l’époque philosémite, occidentaliste, antimilitariste et anticlérical et participe à de nombreuses réunions d’artistes antifascistes. Il publie quatre ans plus tard son premier roman, L’homme couvert de femmes, à forte teinte autobiographique. A une vie de poète et de cabarets avec les surréalistes succède alors, avec l’accès à la notoriété, un quotidien de grand mondain. Invité aux dîners de la NRF, multipliant les conquêtes féminines, marié deux fois (dont une à l‘héritière juive Colette Jéramec), divorcé à deux reprises, amant de la femme de Louis Renault (fondateur emblématique de l’industrie automobile française), proche du gratin littéraire et de Jean Paulhan, Drieu participe à de multiples initiatives journalistiques, éditoriales et politiques. C’est à cette période qu’il écrit l’un de ses romans les plus célèbres le Feu Follet suivi de son recueil de nouvelles La Comédie de Charleroi.

Un homme hanté par le mal du siècle

PDLR-A30-46212267.jpgTout change pour Drieu à partir de l’attaque du Parlement par les ligues d’extrême droite du 6 février 1934. Dans les semaines qui suivent l’événement, Drieu part avec son ami Bertrand de Jouvenel en Allemagne où il rencontre Otto Abetz, futur ambassadeur du IIIème Reich à Paris pendant l’Occupation, qui lui propose de réaliser une série de conférence dans le pays. La succession d’affaires de corruption touchant la IIIème République et les premières expériences fascistes à l’étranger encouragent Drieu à croire à une régénérescence de la France par le fascisme afin d’empêcher le pays de sombrer dans une décadence orchestrée par les Francs-Maçons, la démocratie parlementaire, les gauchistes et les juifs qui l’obsèdent. La même année Drieu écrit un nouvel essai politique, Socialisme-Fascisme, dans lequel il déploie sa nouvelle idéologie. Deux ans plus tard il adhère au PPF de Jacques Doriot, premier parti français ouvertement fasciste, et devient éditorialiste dans l’organe de propagande du mouvement : l’Émancipation Nationale. C’est lors de ces années de changements radicaux qu’il écrit son plus grand roman à forte teneur autobiographique : Gilles.

Pendant l’occupation Drieu remplace Jean Paulhan à la tête de la NRF suite à une demande de l’occupant pour qui la Revue littéraire et les éditions Gallimard laissent trop de place aux juifs et aux communistes. Alors même que Drieu revendique à cette époque son appartenance au national socialisme, qu’il rédige des articles pour le quotidien collaborationniste de Brasillach et Rebatet ‘’Je suis Partout’’ et qu’il écrit dans son journal intime des pages d’un antisémitisme délirant, il fait libérer de nombreux écrivains prisonniers, comme Sartre, des camps de travail et aide Jean Paulhan à fuir la Gestapo.

Dès 1942, Drieu se désintéresse de la politique, ses œuvres et son journal ne font plus écho à un quelconque antisémitisme, l’écrivain, déçu du fascisme, se tourne vers l’histoire des religions et des spiritualités orientales. A la libération, contrairement à Céline, il refuse l’exil organisé à Sigmaringen ainsi que la proposition d’aide de Malraux pour le cacher. Il tente de se suicider à deux reprises sans succès et finit par se donner la mort le 15 mars 1945 par overdose médicamenteuse. Drieu est enterré dans le vieux cimetière de Neuilly-sur-Seine.

Une écriture de la nonchalance

‘’Saurai-je un jour raconter autre chose que ma propre histoire ?’’ écrit Drieu en exergue de son roman autobiographique État Civil en 1921.

Drieu la Rochelle n’est pas un grand écrivain, c’est un auteur de talent mais sans génie

L’auteur n’y arrivera jamais. Drieu la Rochelle n’est pas un grand écrivain, c’est un auteur de talent mais sans génie. Témoin lucide du malaise moral de sa génération, dernier dandy, Drieu est Gilles, il est l’Homme couvert de Femmes, il est Alain dans le Feu Follet et le jeune narrateur de la Comédie de Charleroi. Drieu est un écrivain que l’on côtoie comme un intime tant ses obsessions, ses ratages le suivent d’œuvre en œuvre. Il est tour à tour superbe de morgue et de mépris, puis ridicule ou pitoyable et on le suit, hagards, de roman en roman, pour retrouver, au fond des phrases, toujours les mêmes névroses incurables : le fascisme, la sexualité, l’amitié, l’engagement, facettes différentes d’une même pulsion de mort et d’absolu. ‘’L’échec de Drieu, après tout, est celui de la sincérité ‘’ écrivait à son sujet Gaëtan Picon. C’est cette sincérité même, alliée au talent de peindre l’époque qui fait de lui, dans certains de ses textes, un rival de Flaubert ou de Dostoïevski. Le lecteur confronté à son œuvre devient vite complice d’une écriture de la nonchalance, d’un désespoir tendre, d’un cynisme léger mais aussi d’une violence de l’auteur sur lui-même, sorte de tension comme pour sortir de soi, qui fait du corpus romanesque rochelien un ensemble de textes indivisibles et touchants. 

Un fantôme à fantasmes

Ceux qui apprécient à leur juste valeur la violence pamphlétaire, l’écriture au couteau, la vindicte polémique d’un Nietzsche, d’un Bernanos ou d’un Léon Bloy se doivent de lire Gilles, roman à charge contre l’époque, vaste fresque de l’entre-deux-guerres dans laquelle le lecteur abasourdi assiste aux scandales politiques de la IIIème République et où toute la verve satirique de Drieu se déploie avec force et assurance. Récit secret, dans sa mise en scène frontale de la conscience qui décide de sa propre fin, dans le rendu par la phrase de la lucidité absolue de l’homme résolu au suicide, est une lecture bouleversante. Les romans du couple sont également présents chez Drieu, écrivain perpétuellement hanté par son rapport de dépendance et de rejet paradoxal des femmes ; Une femme à sa fenêtre ou Beloukia constituent à cet égard de belles réussites. Quant aux autres, ceux qui préfèrent le petit roman psychologique français, la tendresse triste, le touillage attentif des profondeurs individuelles, Le Feu follet ainsi que les Mémoires de Dirk Raspe (dernier roman et puissant portrait de Van Gogh) sont fait pour eux.

Enfin, pour les plus passionnés : La panoplie littéraire de Bernard Frank constitue un des plus beaux hommages jamais rendu à l’auteur du Feu follet, le chapitre consacré à Drieu dans le Panorama de la Nouvelle Littérature Française de Gaëtan Picon est un texte bref mais remarquablement pertinent, enfin l’ouvrage de Jacques Lecarme, Le bal des Maudits est  l’un des textes critiques les plus abordables et les plus agréables sur l’œuvre et la pensée de Drieu .

Récit secret, ou la lucidité absolue de l’homme résolu au suicide

Alors, peut-on encore lire Drieu la Rochelle ?

Oui ! Il faut même lire Drieu la Rochelle !

Il faut lire Drieu la Rochelle parce qu’il est un mythe tragique de la littérature, un fantôme support à fantasmes au même titre qu’Arthur Rimbaud, que Nietzsche, ou que Roger Nimier.

Il faut lire Drieu la Rochelle parce que dans la satire féroce comme dans le constat amer, ses œuvres possèdent une tonalité qui leur est propre et parce que les stylistes se font rares.

Enfin, il faut lire Drieu la Rochelle car personne ne vous demandera de le faire et qu’on ne peut rester indifférent face aux œuvres d’un bon auteur désespéré et sincère, aussi fasciste soit- il.

« Que le public se souvienne qu’un grand écrivain sert sa patrie par son œuvre, plus et bien plus que par l’action à laquelle il peut se mêler. » Henry de Montherlant.

Pierre Chardot

Une possession diabolique du corps national

sat.jpeg

Une possession diabolique du corps national

par Antonin Campana 

Ex: http://www.autochtonisme.com 

La République devait se servir de la France et des Français pour réaliser son universalité. Elle a donc pris « possession » de la France. Le mot « possession » doit être pris ici dans un sens théologique : il s’agit d’une possession diabolique, au sens où une entité prend le contrôle d’un corps, lui imprime sa marque, lui impose sa volonté et lui fait perdre jusqu’à la conscience de sa propre identité. Seule l’idée de « possession » peut en effet expliquer qu’un pays se caractérise à travers des symboles, des couleurs, des moments et des mots qui ne sont pas les siens mais ceux du régime politique qui s’est emparé de lui par la violence.

En fait, la stratégie républicaine de prise de possession du corps national a reposé essentiellement sur un processus pernicieux d’identification de la République à la France et de la France à la République.

Pourquoi, l’identification de la République à la France était-elle si importante pour les républicains ? Pour au moins deux raisons :

  • D’une part, il fallait rendre la République intouchable, il fallait la sanctuariser. Les élections de 1871 avaient envoyé deux tiers de monarchistes à l’Assemblée. Aux élections législatives d’octobre 1877, le camp républicain avait fait seulement 60% des voix alors que la situation lui était très favorable. Même si depuis 1884 il était interdit de remettre en cause la forme républicaine de gouvernement, le régime en place restait précaire comme allait le démontrer l’affaire Dreyfus. Seule une assimilation totale de la République à la France pouvait rendre la République indéboulonnable : toute atteinte à la République et à ses symboles (le drapeau tricolore par exemple) serait dès lors vécue par les Français comme une atteinte intolérable à la France et au peuple français.

  • D’autre part, parce qu’il s’agissait d’utiliser le sentiment patriotique des Français.Il fallait canaliser cette énergie nationale pour la mettre, au nom de la France et de la Patrie, au service du projet républicain. C’est cette identification qui explique les efforts et les sacrifices consentis par les Français à la demande du régime en place.

L’identification de la République à la France relève donc d’une « nécessité républicaine», d’une volonté consciente, d’une stratégique datée, qui a abouti dans les années 1880-1890. En voici les grandes étapes :

- 1792 : la République s’affirme « française » (déclaration du 25 septembre 1792)

- 1848 : le drapeau tricolore associé à la République devient définitivement le drapeau «Français » (décret du 05 mars 1848)

- 1877 : Marianne, emblème de la République, figure désormais la France.

- 1879 : l’hymne des armées de la République (la Marseillaise) devient « chant national français » (séance de l’Assemblée du 14 février 1879)

- 1880 : la devise républicaine (liberté, égalité, fraternité), affichée sur tous les édifices publics, devient la devise de la France (14 juillet 1880)

- 1880 : le 14 juillet républicain est adopté comme jour de fête « nationale »

- 1895 : les conquêtes de la République en Afrique de l’ouest (au profit des affairistes républicains) sont dites « françaises » (L’Afrique-Occidentale « française »)

- 1910 : les conquêtes de la République en Afrique centrale (au profit des affairistes républicains) sont dites « françaises » (L’Afrique-Equatoriale « française »).

- 1914 : « Armée française » et « Armée de la République », d’usage courant, sont interchangeables

- Etc.

Parvenir à faire croire à toute une population que le régime politique en place depuis peu se confond avec une nation séculaire, au point même que le nom du régime en question soit quasiment synonyme de celui de cette Nation (la République / la France), révèle un machiavélisme sans précédent. Dès lors, toute critique ou remise en cause de la République, de ses symboles, de ses principes, de sa devise, sera automatiquement perçu comme une remise en cause de la France.

567_001.jpg

Mais l’utilisation et la manipulation des symboles n’auraient pas été suffisantes sans le contrôle des esprits par l’Enseignement obligatoire. Seule l’Ecole républicaine pouvait assurer le conditionnement définitif des nouvelles générations :

« Quand toute la jeunesse française aura grandi sous cette triple étoile[l’obligation, la gratuité et la laïcité de l’Ecole républicaine], la République n’aura plus rien à redouter » écrira Ferdinand Buisson.

Ferry1869.JPGL’Ecole dite « républicaine » ou « de la République » est conçue comme une «maison d’éducation » organisée «d’après l’idéal entrevu par la Révolution Française » (Ferry). Son objectif assigné sera de « changer d’ici à quelques générations les habitudes et les idées des populations », de « former et reformer » pour « préparer à notre pays une génération de bon citoyens ». (Ferry, Lettre aux Instituteurs, 1883). Cette mission, on le sait, sera remplie par les « hussards noirs de la République » qui apprendront à des générations d’enfants que la République est la France, voire la quintessence de la France, et que la contester revient à renier sa patrie.

Cette altération des réalités systématisera l’idéologie de la Revanche pour mieux s’imposer. Un décret scélérat du 06 juillet 1882 va incorporer les enfants des écoles dans des «bataillons scolaires» militairement organisés et armés (parfois de vrais fusils). Au nom de la Revanche, les enfants enrégimentés vont ainsi participer aux grandes messes républicaines du 14 juillet, honorer le drapeau républicain, chanter la Marseillaise… et s’exercer au tir, en attendant la Marne et Verdun. C’est à travers la République et ses symboles que les jeunes endoctrinés doivent montrer leur attachement à la France. Nul besoin de préciser que cet apprentissage pavlovien se poursuivra durant le Service militaire obligatoire.

En résumé, à partir des années 1880, la République a entrepris avec patience et méthode un long travail de conditionnement des esprits. Il fallait que ceux-ci, débarrassés de la réflexion, associent de manière automatique la République à la France et la France à la République. La manipulation des symboles, la réécriture de l’histoire, les célébrations « nationales », le revanchisme, l’endoctrinement scolaire, le Service militaire, bientôt la guerre… ont été les principaux vecteurs d’un conditionnement qui associe une somme extraordinaire de violences.

Nous pouvons considérer qu’en 1918 le processus d’identification est arrivé à son terme. Les anciennes générations ont disparu et les nouvelles ont été formées par l’Ecole républicaine. Pour tous les Français désormais, l’Armée est à la fois « française » et « républicaine », ainsi que l’Ecole, la Justice, la Police, l’Assemblée, les institutions… Pour longtemps, la République est « française » et n’aura plus rien à redouter de la France : Ferry et Buisson ne s’étaient donc pas trompés, mais à quel prix !

Antonin Campana

mardi, 14 mars 2017

Qui commande en France: Paris ou Ankara?

Francois-Hollande-and-Recep-Tayyip-Erdogan.jpg

Qui commande en France: Paris ou Ankara?

Communique de presse de Jacques Myard

Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

12 mars 2017

Le 9 mars dernier je marquais mon étonnement dans un communiqué reproduit ce dessous, du silence des Etats européens qui restaient sans voix alors que le sieur Erdogan traitait l’Allemagne de Nazie, certaines communes allemandes ayant interdit des réunions politiques présidées par des ministres turcs.

L’affaire se reproduit quelques jours plus tard cette fois-ci avec les Pays-bas qui refuse d’accueillir le ministre turc des affaires étrangères, ce qui suscite les mêmes accusations de nazisme de Recep Erdogan.

Mais l’affaire ne s’arrête pas à cette nouvelle salve d’insultes parfaitement inadmissibles et scandaleuses, les Français apprennent avec stupéfaction que le-dit ministre turc refusé d’accès aux Pays-Bas s’est posé à Metz où il a tenu sa réunion : incroyable mais vrai !

Paris en autorisant cette réunion commet une triple faute :

1) Le gouvernement foule au pied la plus élémentaire solidarité à l’égard de l’un de nos alliés et partenaires européens alors même que le tandem Hollande-Cazeneuve nous rabâche leur sempiternel pathos pro-européen : belle hypocrisie !

2) La réunion politique turque est une violation directe de la souveraineté de la France en ce qu’elle est un acte d’une puissance publique étrangère effectué sur le territoire national. Si le droit international public autorise des étrangers à voter pour des élections nationales la France encadre ce droit rigoureusement afin d’éviter les dérives politiques et débordements: en réponse à ma question écrite que je lui ai posée, le ministre de l’intérieur m’indique au JORF le 7 Octobre 2014 notamment:

« Tout État étranger qui souhaite organiser en France une élection nationale se voit rappeler de façon systématique l’interdiction : d’afficher en dehors des locaux diplomatiques et consulaires ; de réunion dans des lieux publics ouverts ; de distribution de tracts, profession de foi… »

La réponse souligne aussi l’exigence de réciprocité… À ce titre on peut se montrer un peu curieux….

Dans ces conditions la liberté d’expression évoquée par le secrétaire général de la Préfecture, sans doute sur ordre, est un argument hors de propos car ce qui est en jeux c’est le respect de notre souveraineté qui doit conduire un Etat étranger à la retenue !

3) Mais le gouvernement en s’écartant des principes réaffirmés en 2014 et en lâchant la bride à un homme qui n’en restera pas là – ce dernier a parfaitement compris la lâcheté d’un gouvernement à bout de course – a commis une faute diplomatique qu’il sera très difficile de corriger sauf au prix d’une crise majeure .

La diplomatie demande du courage et surtout de la lucidité !

Le 9 mars 2017

La Turquie n’est plus la Sublime Porte ! 

Les péripéties de notre élection présidentielle nous font parfois oublier les enjeux réels du monde dont les conséquences peuvent être beaucoup plus dramatiques sur notre destin que nos querelles internes.

La radicalisation islamique de la Turquie est, à l’évidence, une tendance structurelle, de fond, qui est en passe d’éradiquer toutes les forces laïques.

Plus graves encore sont les prétentions arrogantes du régime de diffuser sa propagande en Europe auprès de ses expatriés en violation de la souveraineté des États où ils se trouvent.

En application de la souveraineté de chaque État, le droit international public interdit à un Etat étranger de conduire des actions politiques auprès de ses nationaux expatriés.

Erdogan viole ce principe et, en accusant l’Allemagne de nazisme, il insulte notre voisin alors que des communes décident de refuser que des Ministres turcs viennent faire campagne pour la gloire du régime turc.

 Il n’est pas admissible qu’il n’y ait eu aucune protestation des États européens au motif qu’il ne faut pas « froisser » Ankara en raison de son rôle dans la question des migrants.

C’est là une lâcheté sans pareille, que nous allons payer cher, car Erdogan a bien l’intention de pousser son avantage et d’utiliser les diasporas turques à des fins politiques pour peser sur les choix des Européens dans tous les domaines, internes et externes.

Il sera alors trop tard, mais nous aurons été prévenus !

Site de Jacques Myard : www.jacques-myard.org

Jacques Myard, Député-Maire de Maisons-Laffitte, Président du Cercle Nation et République, Membre de la commission des affaires étrangères et européenne.

Jacques Myard, Député-Maire de Maisons-Laffitte, Président du Cercle Nation et République, Membre de la commission des affaires étrangères et européenne.

Vous avez aimé cet article ?

EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Cet article Qui commande en France Paris ou Ankara ? est apparu en premier sur Eurolibertés.

vendredi, 10 mars 2017

Quelques bribes tirées de la revue de presse de Pierre Bérard

Menzel_Zeitungsleser.jpg

Quelques bribes tirées de la revue de presse de Pierre Bérard

Au sommaire :

Dans son émission Répliques du 04/03/2017 Alain Finkielkraut donnait la parole à Dorian Astor et Céline Dent sur le thème « Comment peut-on être nietzschéen ? » 
 
 
Mis en cause par la vertueuse coalition des juges et des journalistes François Fillon doit faire face à une vive déstabilisation de sa campagne. Répondant à Natacha Polony, Alain Finkielkraut constate que Fillon ne fait que recevoir la monnaie de sa pièce mais que de ce fait les affaires communes (le commun) ne sont nullement abordées dans cette période pourtant propice à l’échange d’arguments contradictoires. Bref, magistrats et pouvoir médiatique confisquent le débat politique renforçant ainsi la dépolitisation du pays. 
La morale privée prend la place de la morale politique. Conclusion de cet excellent entretien : « L’essentiel, contrairement à ce que nous martèle la vulgate économiste commune au marxisme et et au libéralisme, ce n’est pas l’économie mais la situation de la France, le risque de partition du pays et la violence qui s’installe ».
 
 
Contre l’égoïsme national qui risque de mener l’Europe à sa perte Gérard Dussouy partant du fait que la mondialisation est un fait acquis propose aux « Vrais Européens » de s’unir en une unité continentale suffisamment puissante pour conserver ses identités et jouer son rôle dans la reconfiguration du monde telle qu’elle est en train de se jouer.
 
 

OZsdefault (1).jpg

Le pessimisme actif de Laurent Ozon concernant la généralisation des Organismes Génétiquement Modifiés et la privatisation du vivant qu’elle implique est contrebalancée par une conclusion qui pourra paraitre surprenante au regard de ceux qui se disent « humanistes » et qui nous gouvernent présentement : « Jamais dans l’histoire, une technologie n’a disparu de la surface de la terre sans avoir été dépassée en puissance ou en efficacité ou sans l’élimination de ses utilisateurs ».
 
 
La démocratie présupposant la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs et la protection des élus par des immunités parlementaires Jean-Yves Le Gallou avance avec raison que ces trois conditions ne sont plus remplies dans la France d’aujourd’hui. 
 
 
On pourrait user de cette phrase d’un député frondeur du PS : « Le bilan politique de Hollande est une catastrophe, il nous laisse un champ de ruines »( Le Monde 06/03 ) et l’étendre à l’ensemble de la droite gouvernementale tant « l’obstination » ( le mot prononcé le même jour est d’Alain Juppé ) semble mortifère pour celle-ci qui se trouve acculée dans l’impasse. De ce réjouissant spectacle de déliquescence d’une caste politique faillie, Laurent Cantamessi tire une chronique amusante dont il ressort qu’en cas de duel final entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron c’est bien la mise au rancart du vieux clivage horizontal droite-gauche qui serait confirmée au profit d’une polarisation inédite opposant la France d’en bas à la France d’en haut.
 
 
La « rééducation » des Allemands de l’ouest considérés comme une population déviante par des psychiatres américains avant et après 1945. Une guerre culturelle qui s’ignore pour 
nombre de ses protagonistes. Il s’agissait d’aboutir à une société mondiale des égaux comme la projetaient Margareth Mead et ses amis. Cette entreprise de remodelage et de mise au pas semble avoir fonctionné au delà de toute espérance. En ajoutant à cette longue et Intéressante émission de la chaîne Arte les travaux de Lucien Cerise concernant l’ingénierie sociale contemporaine on aura une vue complète des possibilités de manipulation qu’offrent les science sociales.
 
 
Un article de la Fondation Polémia illustre à merveille le thème précédent en enregistrant le décès possible de l’Allemagne emportée par une épidémie de peste blanche et le tarissement démographique qui s’ensuit. Payerait-elle là sa « rééducation » au prix fort ? On se le demande tant les Allemands ahuris semblent consentir à leur propre disparition.
 
 
Toujours dans le même ordre d’idées on pourra constater les ravages saisissants du lavage de cerveau dans l’école qui est sensée former les « élites » françaises (Sciences-Po) avec cette malheureuse élève qui nous présente le parfait clone d’un hybride zombie-perroquet occidentiste.
 
 
L’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne organise des stages de formation à fort contenu intellectuel. Ici, la troisième partie du mémoire de fin de cycle que nous propose Valoë Frimas portant sur « La réécriture des mythes européens dans le Seigneur des Anneaux » (Tolkien). Rappelons que L’Institut Iliade organise par ailleurs son colloque annuel le samedi 18 mars à la Maison de la chimie sur le thème : « Européens : transmettre ou disparaître ».
 
 
Dans le libre Journal de l’identité du 03-03-2017, Grégoire Gambier présentait L’Institut Iliade et son prochain colloque du 18 mars (première référence). Jean-Yves Le Gallou quant à lui explique les motivations profondes qui ont présidé à l’organisation de ce colloque (deuxième référence).
 
 
10 ans après sa mort, Jean Baudrillard incite toujours penser. Article fort honnête provenant, pour une fois, du quotidien Le Monde.
 

lundi, 06 mars 2017

Petits morceaux choisis de la revue de presse de Pierre Bérard (mars 2017)

ZLM-8888.jpg

Petits morceaux choisis de la revue de presse de Pierre Bérard

Au sommaire :

Le dimanche 26 février Alain Finkielkraut analyse l’affaire Mehdi Meklat et la complaisance du milieu journalistique (qui ne veut pas voir ce qu’il voit)  vis à vis de ce jeune homme de banlieue dont le double éventé twittait avec rage des propos machos, racistes et homophobes que les formatés du Monde et de Libé n’auraient pas manqué de dénoncer si leur auteur n’ avait été qu’un misérable souchien. Mais voilà: il était devenu le chouchou des média et l’étendard flamboyant d’une duplicité qui ne veut plus « mettre la plume dans la plaie » selon le mot d’Albert Londres. Décidément, à l’ère du soupçon universel certains s’en sortent immaculés.
 
 
Jean-Yves Le Gallou avec son compère Hervé Grandchamp présentent un nouveau numéro de leur émission hebdomadaire « I-Média ». Gaillardement menée, elle offre notamment un tour complet de l’affaire Mehdi Meklat.
 
 
Le « comité Orwell » publie un entretien avec Jean-Claude Michéa où le philosophe répond aux questions d’Alexandre Devecchio. Il répond sur ses rapports avec l’oeuvre de George Orwell.
 
 

Iurie Rosca(1).jpg

• Iurie Rosca, journaliste et ancien vice-premier ministre de Moldavie, livre dans cet entretien fort intéressant son bilan des 25 dernières années du régime libéral de son pays. 25 années durant lesquelles les moldaves, enthousiastes au début, ont perdu toutes leurs illusions sur un système qui les a appauvri et qui n’a su remplir aucune de ses promesses. Comme Soljénitsyne il affirme que le communisme et le capitalisme représentent deux visions mortifières du monde et met en cause, outre la société de marché, les oligarchies financières tant européennes qu’américaines associées aux industries de manipulation émanant du « philanthrope » George Soros. À l’encontre du paradigme libéral il plaide pour un retour du politique axé sur les valeurs conservatrices et la souverainetés identitaires en Europe. Enfin, il cite comme référence Alexandre Douguine et Alain de Benoist qui seront les invités d’un grand colloque à Chinisau en mai prochain.
 
 
Pareil à Shelob ? Pour en savoir plus sur ce bienfaiteur de l’humanité qu’est George Soros, voici un article découpé en deux volets de Giampaolo Rossi pour le quotidien Il Giornale. Pour notre part nous attendons avec impatience que la lumière d’Earendil se déverse enfin sur ce marionnétiste  ploutocrate.
 
 
La suite renvoie au site Dreuz-info qui interprète les différentes initiatives de Soros comme relevant de « la gauche ». Nous ne faisons pas, pour notre part, la même exégèse du matériel collationné, qui de toute évidence indique une volonté de semer ce chaos providentiel nécessaire aux yeux de certains intérêts néo-libéraux qui adoptent aussi bien la défroque de gauche que le déguisement de droite pour parvenir à leurs fins.
 
  

chmca.jpg

• « L’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne » publie sur « La Morsure des dieux » de Cheyenne-Marie Carron une excellente critique de l’abbé Guillaume de Tanouärn.
 
 
Breizh-info a interrogé Cheyenne-Marie Carron sur la signification de son film. Elle déclare dans cet entretien : « Cette réconciliation entre Païens et Chrétiens semble en troubler plus d’un… pour moi, la mémoire spirituelle des peuples Européens se joue là… ».
 
 
Bras de fer entre la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) partisane, au nom de la compétitivité, d’une agriculture industrielle et les associations environnementales. Enjeu : la carte des cours d’eau de France dont le puissant syndicat (et la plupart des chambres d’agriculture qu’il contrôle) entend « déclasser » le plus grand nombre possible de ruisseaux afin de permettre aux agro-industriels de polluer des zones jusque là indemnes car protégés par l’interdiction des épandages de pesticides et de travaux sur leurs abords. Ainsi suffit-il de reclasser ce qui était naguère défini comme un cours d’eau en fossé, ravine ou thalweg et le tour est joué. Périrons-nous au nom de la sainte croissance ?
 
 
L’avocat Régis de Castenau, défenseur des libertés publiques, qui n’est pas le moins du monde « lepeniste » donne ici raison à Marine Le Pen de se soustraire aux procédures auxquelles le pouvoir entend la soumettre (et que s’empressent de talonner les apparatchiks des médias) et il explique pourquoi. De même démontre-t-il que les fonctionnaires qui se sentiraient visés par son discours de Nantes auraient tout à fait tort puisque celle-ci ne pointait que les ordres manifestement illégaux qu’ils pourraient être amenés à suivre à l’instigation d’un pouvoir aux abois. Exposé limpide.
 
 
Affirmant qu’un homme politique doit être jugé sur sa capacité à résoudre les maux dont souffre notre pays plutôt que sur son intégrité morale Bruno Mégret regrette que l’exigence de transparence des leaders en fasse des captifs des médias et de la justice. Le politique conclue-t-il n’est pas de l’ordre de la morale. Juste réflexion qui n’est pas sans évoquer Julien Freund.
 
 
La Révolution Conservatrice vue par Georges Feltin Tracol, un doctorant en histoire qui travaille sur la réception de la RC en France présenté sous le nom de Thierry et Monsieur K. Émission très intéressante, illustrée du beau chant de lansquenets « Landsknecht Sang » . La critique amicale d’Éléments suspecté de trouble voisinage avec le mensuel Causeur est superfétatoire dans ce registre. Production d’Orage d’acier.
 
 

JYC.jpg

Le site « Fragments sur le temps présent » fait paraitre la version complète d’un article de Jean-Yves Camus paru originellement dans le quotidien suisse « Le Temps » : « La révolution conservatrice inclut tout et son contraire ». Quelques réflexions élémentaires portant sur les mauvais usages de ce syntagme.
 
 
Jacques Sapir, Élisabeth Lévy (directrice de « Causeur »), et Olivier Berruyer (animateur du site « Les crises ») s’en prennent au Décodex du Monde qui s’est arrogé un droit de police sur les opinions exprimées sur le net en triant le bon grain de l’ivraie. Les bons journalistes « objectifs » et la tribu de méchants idéologues. La presse mainstream qui a de moins en moins de lecteurs stigmatise les sites alternatifs qui en rassemblent toujours plus. Ce faisant elle agit comme une nouvelle gendarmerie sacrée qui met à l’index les convictions qui lui déplaisent. Mais qui évaluera les évaluateurs subventionnés, ces éternels donneurs de leçons ? On trouvera par ailleurs sur le site « Les crises » nombre de critiques bien informés sur le candidat Emmanuel Macron qui n’ont pas, elles, la prétention à une pure objectivité que l’on ne trouve nulle part.
 
 
Dans le meilleur des mondes Jean-Michel Aphatie est un prince qui peut se permettre de révéler publiquement le fond de son discours subliminal. On s’aperçoit alors qu’il est très performatif et fâcheusement orienté. Décryptage d’Ingrid Riocreux.
 
 
Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste était samedi dernier l’invité de Laurent Ruquier dans son émission « On est pas couché ». Il y fut une victime toute désignée d’un P.A.F. bobocratique, sûr de lui et dominateur. Un traitement que ne risque pas d’endurer Charles Robin, ex camarade de lutte de Poutou que sa critique du libéralisme comme « fait social total » a éloigné des fallacieux ennemis du capitalisme comme le montre son « Itinéraire d’un gauchiste repenti » (Krisis).
 
 
Sur le dernier livre de Vincent Coussedière « Fin de partie, requiem pour l’élection présidentielle » (parution le 2 mars) une très brève critique sur boulevard Voltaire.
 
 
Nous évoquions dans notre dernière revue de presse la dévitalisation des centres villes dans la France périphérique qu’un ensemble de cartes publié par France culture rend parfaitement clair et contribue à en désigner les causes.
 

lundi, 27 février 2017

Banlieues: stop au faux discours victimaire

Les banlieues s’embrasent : vite, donnons-leur raison ! Ce ne sera pas la première fois que le discours officiel, avalisé par un Etat à la main tremblante, se tiendra à cette capitulation. Tout est idéologiquement en place pour faire peser sur la France, ex-puissance coloniale, la responsabilité des guérillas urbaines à venir. En fait, cela fait longtemps que la police nationale est vue, dans les cités musulmanes en ébullition, comme une force d’occupation étrangère qu’il convient de chasser. Certes, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a condamné ce lundi "toutes les violences" et a promis d’être "intraitable avec tous les casseurs". Mais parallèlement, les mouvements antiracistes ont été reçus par le premier ministre, Bernard Cazeneuve. Il avait qualifié de "sauvageons", en octobre 2016, ceux qui avaient tenté de brûler vifs quatre policiers dans leurs deux voitures à Viry-Châtillon. Benoît Hamon, candidat du PS pour la présidentielle, dit de Marine Le Pen, ce matin, qu’elle "jette de l’huile sur le feu" après les violents incidents, samedi à Bobigny (Seine-Saint-Denis), en marge d’une manifestation de soutien à Théo. Le jeune homme, noir, a été blessé le 2 février par des policiers accusés par un juge d’instruction de l’avoir violé à l’aide d’une matraque ; une version contestée par l’enquête de la police des polices (IGPN), qui parle d’accident. Après Bobigny, d’autres cités de la région parisienne se sont enflammées ce week-end. Afin d’éviter la généralisation de ces intifadas, il faut s’attendre à voir le gouvernement multiplier les compromissions avec une contre-société qui se construit depuis trente ans dans la détestation de la France et de tout ce qui la représente.

Si la France est coupable, c’est d’avoir laissé ses dirigeants multiplier ces bombes sociétales depuis des décennies. L’aveuglement porté, par la droite et la gauche, à une immigration de peuplement perméable à la quérulence islamiste est à l’origine des rejets qui s’expriment contre la démocratie ouverte et ses valeurs. Les près de 100 milliards d’euros déversés depuis 1977 sur les banlieues (la "politique de la ville") pour acheter la paix sociale n’ont évidemment pas suffit à faire naître un vivre ensemble qui est de plus en plus refusé. S’il y a un racisme dans les cités, il n’est pas porté, sauf exceptions, par les forces de l’ordre laissées seules face à une population extra-européenne qui vit majoritairement dans l’entre-soi. Les policiers sont devenus des cibles permanentes. En revanche, il existe un racisme anti-Juif qui est toléré par les bons apôtres. Cette haine se manifeste également contre l’Occidental, le Chrétien, le Blanc. "Les collabos de journalistes blancs" ont été pris à partie, samedi à Bobigny, par des émeutiers dont certains criaient "Allahou akbar !". La tentation va être grande, chez les propagandistes, de faire à nouveau passer ces "jeunes" pour des victimes d’une République qui discrimine et qui maltraite. Mais l’explication est devenue beaucoup trop courte. Il y a, derrière ces émeutes, un désir d’humilier la nation française et de la soumettre à d’autres règles. "Stop à la guerre !", a lancé Théo de son lit d’hôpital. C'est très exactement ce que ne veulent pas entendre ceux qui aiment voir la France à genoux.

dimanche, 26 février 2017

Faisons le vrai bilan de la colonisation

couverture.jpg

Faisons le vrai bilan de la colonisation

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Le débat sur la colonisation française en Algérie a été relancée par Emmanuel Macron qui s’est laissé aller à dire qu’elle était un « crime contre l’humanité », suscitant un tollé logique en France en retour. Nombreux ont souligné l’ineptie de cette accusation contre son propre pays par un candidat aux élections présidentielles en visite en Algérie. La preuve même que la colonisation n’est pas terminée, c’est est allé à Alger dans le cadre de sa campagne pour récupérer le vote des binationaux franco-algériens. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, les accords d’Evian, validés en 1962 par le peuple français, n’ont pas réglé la question. Par le biais de l’immigration en provenance des anciennes colonies, elle est revenue sous une autre forme.

La droite et l’extrême-droite ont réagi en évoquant « l’œuvre civilisatrice de la France en Algérie », au lieu de faire le vrai bilan de la colonisation, qui ne justifie ni opprobre ni apologie. Car la France, comme les autres nations colonisatrices d’Europe, a commis une grave faute, une erreur majeure qu’elle a payée cher financièrement à l’époque, et qu’elle paie aujourd’hui aussi.

L’ouvrage de Daniel Lefeuvre (« Pour en finir avec la repentance coloniale ») a été en ce sens salutaire mais n’a pas été compris comme il aurait dû l’être. Bernard Lugan également a fait le bilan financier de la colonisation. On se rend compte ainsi des sommes pharamineuses que la France a dû payer pour construire routes, écoles et hôpitaux en Algérie. Le bilan financier de la colonisation est très déficitaire, ce qui signifie que non seulement la France ne s’est pas enrichie en colonisant l’Afrique, mais qu’elle y a perdu, qu’elle s’est même attachée un boulet économique aux pieds, freinant sa propre croissance économique. Les sommes gaspillées en pure perte au profit de l’illusion coloniale auraient pu et dû être utilisées pour renforcer l’armée et pour améliorer les conditions de vie des Français.

La colonisation fut donc du point de vue de l’intérêt des Français une folie. Elle a créé les conditions favorables à l’immigration post-coloniale comme nous la connaissons aujourd’hui, en créant des ponts entre les deux rives de la Méditerranée, et en perturbant gravement le système démographique de ces pays. En faisant artificiellement baisser drastiquement le taux de mortalité des populations colonisées, alors que l’évolution des mentalités est longue, le taux de natalité continuant d’être très élevé, le colonisateur a créé une dynamique démographique anormale, un désordre qui explique pourquoi, notamment en Afrique subsaharienne, la croissance démographique explose littéralement. Et bien sûr cette explosion démographique a un impact migratoire sur l’Europe.

AFFICHE_2.jpgAlors que la France n’a pas hésité à faire venir des travailleurs nord-africains sur son territoire depuis 1946, et continue de les laisser venir, elle a abandonné les colons français à un sort détestable, qui les a amenés dans des conditions extrêmement douloureuses à regagner la métropole après 1962. Un échange de population aurait au moins été logique mais il n’a pas eu lieu, et si De Gaulle a eu raison de vouloir « lourder » le boulet colonial, il a eu le tort de ne pas rompre radicalement avec les anciennes colonies. Car il fallait une séparation totale, qui n’a pas eu lieu, parce que les gouvernements ont remplacé le colonialisme classique par un néo-colonialisme qu’on appelle Françafrique (ou Commonwealth chez les Britanniques) et par l’immigration, réintroduisant ainsi la « question coloniale » au cœur même de l’ancienne métropole.

Ne pas comprendre qu’il y a un lien entre la colonisation, une décolonisation non aboutie et l’immigration, est une erreur majeure d’analyse et de compréhension. Au contraire, le bilan de la colonisation doit nous amener à condamner l’expérience du point de vue de nos intérêts, au lieu de prétendre avoir fait œuvre utile, et avoir ainsi donné des armes qu’on retourne désormais contre nous. Le cynisme aurait été plus excusable que l’humanitarisme derrière lequel on s’est caché. Il n’y a jamais eu de « fardeau de l’homme blanc » autre qu’imaginaire, aucun « devoir » au sens de Jules Ferry. C’est le Parti Radical qui est le seul responsable, au nom d’une conception universaliste du monde, paravent d’une logique purement affairiste, de la colonisation, donc la « gauche » de l’époque. Les droites n’ont pas à l’assumer ni à en faire l’éloge.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard - février 2017

beee593fa3171497863.jpg

Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard - février 2017

Au sommaire :

Le texte de Julien Freund « La Thalassopolitique » publié en 1985 par les Éditions du labyrinthe comme postface au « Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale » de son ami Carl Schmitt, ressort sous forme d’article.
 
 
• Un film de Patrick Buisson glorifie le monde ancien de la France paysanne, celle des derniers Gaulois (extraits).
 
 
Le site Metamag publie un court article sur Maslenitsa, la fête russe d’origine païenne qui ponctue le retour du printemps.
 
 
Bérénice Levet répond à Emmanuel Macron, candidat du postnational et de la vie liquide, qui nie l’existence d’une culture et d'un art français.
 
 
• Pour Mathieu Bock-Côté Macron c’est la globalisation heureuse et le gauchisme culturel.
 
 
Boris Le Lay : Macron, les oligarchies financières contre les peuples (vidéo).
 
 
Éric Zemmour dans une récente chronique qualifie Macron de fils adultérin de Madelin et de Cohn-Bendit (vidéo).
 
 
Le livre de Xavier Eman « Une fin du monde sans importance » paru aux Éditions Krisis fait l’objet d’une belle recension sur le blog du Cercle Non Conforme.
 
 
La matinale de radio-libertés du 21 février est animée par Xavier Eman. Celui-ci propose en fin d’émission des modalités d’action « communautaires » à la dissidence.
 
 
À propos des médias russes présentés unilatéralement à l’Ouest comme de dangereux agents d’influence du Kremlin susceptibles de bouleverser les résultats de l’élection présidentielle française, François-Bernard Huyghe décrypte les rouages de la diplomatie d’influence à commencer par celle de Washington autrement plus préoccupante.
 
 

Ingrid-Riocreux-3.jpg

Entretien avec Ingrid Riocreux paru le 20 février dans Le BSC News Magazine à propos de son livre « La langue des médias. Destruction du langage et fabrication du consentement » paru aux Éditions du Toucan.
 
 
Le brillantissime Charles Robin est l’invité de Bistro Libertés pour son livre «  Itinéraire d’un gauchistes repenti » paru aux éditions Krisis. Malheureusement les débats se noient dans des bavardages inconsistants, aussi sera-t-il plus sage de ne regarder que les vingts premières minutes de la vidéo, celles où l’hôte donne libre cours
à sa compréhension du présent.
 
 
Christopher Gérard a surtout apprécié dans « La Morsure des Dieux », dernier film de Cheyenne-Marie Carron, le portrait d’une paysannerie
acculée au désespoir.
 
 
Anne_Fremaux.pngLa philosophe Anne Frémaux (photo) pose de bonnes questions dans un article publié par le Journal du Mauss. S’interrogeant d’un point de vue de gauche sur les bons usages de l’utopie dans l’anthropocène elle conclue à la nécessité de la décroissance sans s’apercevoir, semble-t-il, que sa démarche ne doit rien à la gauche qui tout au long de son histoire a compris son progressisme comme le déploiement sans fin de l’arraisonnement de la terre et de l’accumulation du capital.
 
 
En France les villes moyennes désertées. En cause le développement exponentiel de leur périphérie. Entretien avec Olivier Razemon auteur du livre « Comment La France a tué ses villes ».
 
 
La revue québécoise Le Harfang a publié un entretien avec Lucien Cerise consacré à l’ingénierie sociale dont il décortique les usages et les finalités.
 
 
Michel Onfray se rapproche de plus en plus des positions de la nouvelle droite canal historique, comme le montrent ses interventions au cours d’une émission avec Zemmour et Naulleau. Vidéo (les 52 premières minutes).
(*note humoristique: ne risque-t-il pas de prendre la place du gourou de cette nouvelle droite canal historique? Une réunion secrète de la Commanderie ne s'impose-t-elle pas? Pour lui jouer un tour de cochon...).
 

jeudi, 16 février 2017

Le manifeste censuré de Camus

albert-camusgggg.jpg

Un manifeste inédit d’Albert Camus sur la liberté de la presse

Le manifeste censuré de Camus

Ex: http://www.zejournal.mobi 

En 1939, peu après le déclenchement de la guerre, et alors que la presse est déjà souvent censurée, l’écrivain veut publier dans le journal qu’il dirige à Alger un texte vibrant qui invite les journalistes à rester libres. Ce texte fut interdit de publication. Il est inédit. Et il reste très actuel:

« Il est difficile aujourd’hui d’évoquer la liberté de la presse sans être taxé d’extravagance, accusé d’être Mata-Hari, de se voir convaincre d’être le neveu de Staline.

Pourtant cette liberté parmi d’autres n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre.

Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu’elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd’hui à la liberté de pensée, nous avons d’ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu’il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain – le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l’époque – , par exemple. Le fait qu’à cet égard un journal dépend de l’humeur ou de la compétence d’un homme démontre mieux qu’autre chose le degré d’inconscience où nous sommes parvenus.

Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.

Camus-a-Alger026.jpg

Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.

En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.

Nous en venons ainsi à l’ironie. On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merleou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l’on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants.

Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.

Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.

Oui, c’est souvent à son corps défendant qu’un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s’expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.

Albert Camus

Cet article devait paraître le 25 novembre 1939 dans  » Le Soir républicain « , un quotidien limité à une feuille recto verso que Camus codirige à Alger. L’écrivain y définit ”les quatre commandements du journaliste libre » : lucidité, refus, ironie et obstination. Notre collaboratrice Macha Séry a retrouvé ce texte aux Archives nationales d’outre-mer, à Aix-en-Provence (Lire son texte plus haut). Camus dénonce ici la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939. Son manifeste va plus loin. Il est une réflexion sur le journalisme en temps de guerre. Et, plus largement, sur le choix de chacun, plus que celui de la collectivité, de se construire en homme libre.

mardi, 07 février 2017

Yannick Jaffré : "Les élites françaises baignent dans l'atlantisme !"

jaffre.jpg

Yannick Jaffré : "Les élites françaises baignent dans l'atlantisme !"

Yannick Jaffré est professeur de philosophie. Il a dirigé le Collectif Racine pour la sauvegarde des savoirs et des humanités. Il a rédigé un ouvrage intitulé "Vladimir Bonaparte Poutine", une contribution pointue au dialogue franco-russe en construisant une analogie à trois termes entre l’épopée du Consulat bonapartiste, la Russie de Vladimir Poutine et la France contemporaine.

Dans un livre atypique, mêlant élément de philosophie, politique et thèse universitaire, Yannick Jaffré fait le description d'un Poutine, qui comme Bonaparte, est une forte personnalité d'autorité, un républicain fort qui solde les révolutions ou des effondrements politiques.

Passionné de politique internationale mais aussi spécialités des questions touchant à l'enseignement, Yannick Jaffré dirige un blog : "sévèrement français" destiné à ne pas opposer souveraineté et identité !



► Retrouvez l'actualité de la WebTV sur notre site : http://www.tvlibertes.com/
► Suivez-nous sur Facebook : https://www.facebook.com/tvlibertes
► Suivez ce lien pour nous suivre sur Twitter : https://twitter.com/tvlofficiel

► Retrouvez l'actualité de la WebTV sur notre site : http://www.tvlibertes.com/
► Suivez-nous sur Facebook : https://www.facebook.com/tvlibertes
► Suivez ce lien pour nous suivre sur Twitter : https://twitter.com/tvlofficiel
► Faîtes un don pour soutenir le travail de TV Libertés : http://www.tvlibertes.com/don/
► Vous pouvez également faire un don directement via Facebook :
https://www.facebook.com/tvlibertes/a...

Yannick-Jaffré-Vladimir-Bonaparte-Poutine.png

dimanche, 05 février 2017

MICHEL HOUELLEBECQ CONTRE LES MÉDIAS DOMINANTS FRANÇAIS

Michel-Houellebecq_1943.jpeg

MICHEL HOUELLEBECQ CONTRE LES MÉDIAS DOMINANTS FRANÇAIS

Ex: http://www.ojim.fr 

AU TOUT DÉBUT DE L’ANNÉE, L’ÉCRIVAIN FRANÇAIS DONNAIT UNE CONFÉRENCE EN ARGENTINE DONT LA CAPTATION EST AUJOURD’HUI DISPONIBLE SUR LE COMPTE YOUTUBE DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ARGENTIN, SUR LE THÈME DES INTELLECTUELS FRANÇAIS.

Abordant d’emblée la question de leur déclin telle que formulée dans la presse anglo-saxonne, et citant un article emblématique du Guardian sur la supposée « dérive » des intellectuels français, Michel Houellebecq a montré rapidement que ceux-ci étaient essentiellement accusés d’avoir déserté la gauche depuis une vingtaine d’années, gauche dont le monopole en partie indu mais à peu près exhaustif s’était affirmé après la seconde guerre mondiale.

À travers un panorama rapide et brillant de la vie intellectuelle française du dernier demi-siècle, Houellebecq explique comment la perte de pouvoir du Parti Communiste a entraîné peu à peu une révolte des élites contre le peuple, en France, l’apparition du mot « populisme » comme la multiplication de l’adjectif « nauséabond » revenant à reprocher en fait au peuple, et beaucoup plus littéralement qu’on le prétend, de « sentir mauvais ». « Tout ça pour vous situer qu’entre la population et les élites en France, le mot « incompréhension » est à mon avis beaucoup trop faible. Ce à quoi on a affaire, c’est tout simplement à de la haine. », a résumé l’écrivain avant d’enchaîner, au sujet des médias français, des déclarations fracassantes.

CHASSE AUX SORCIÈRES

« La violence du débat public, en France, enfin de qu’on appelle le « débat public » mais qui est tout simplement une chasse aux sorcières, n’a cessé d’augmenter, et le niveau des insultes n’a cessé d’augmenter. », a remarqué Michel Houellebecq avant de rappeler qu’un cap avait été franchi avec la mort, en juin dernier, de l’écrivain Maurice Dantec. En effet, la presse française n’aurait alors même plus eu le souci du respect des morts. Imaginant que sa propre mort déchainerait encore davantage les médias, Houellebecq a dit ne pas désespérer d’assister cela dit à la faillite de plusieurs titres. « Ce sera très difficile, regrette-t-il, parce qu’en France, les journaux sont financièrement soutenus par l’État. Au passage, ça me paraît l’une des dépenses publiques les plus injustifiées et scandaleuses dans ce pays. (…) Tous les médias de gauche, c’est-à-dire presque tous les médias français, sont dans une situation difficile faute de lecteurs. » Le règne de François Hollande aura inauguré un degré supplémentaire dans la tension et la censure, assure-t-il ensuite, Alain Finkielkraut et Michel Onfray se voyant traités « d’abjects » après qu’ils eurent rejoint le camp de la population et abandonné celui des élites. Un autre événement est selon lui très significatif : « Il y a deux ans, il s’est passé une chose très surprenante : plusieurs personnalités de gauche de premier plan : un ministre et le président de l’Assemblée Nationale (…) ont déclaré que les idées défendues par Éric Zemmour étaient inacceptables et qu’il devrait être privé de toute tribune publique pour les exprimer. Déjà, c’était surprenant comme déclaration. Mais le plus stupéfiant, c’est que les médias, pourtant des médias privés, ont obéi au pouvoir. I-Télé, la chaîne où il tenait son émission, a bien renvoyé Éric Zemmour. »

COMMISSAIRES POLITIQUES

Houellebecq est enfin revenu sur le fameux libelle du commissaire politique Daniel Lindenberg, Le Rappel à l’ordre, qui lança, en 2002, l’affaire des « Nouveaux réactionnaires ». Remarquant que tous les intellectuels et écrivains alors attaqués avaient des visions du monde parfois très divergentes, il rappela aussi que tous s’étaient sentis honorés d’être ainsi intégré au même groupe, Alain Finkielraut allant jusqu’à parler de « dream team ». Que ces intellectuels français entreprirent alors un mouvement salutaire de libération de la pensée, contre la dictature médiatique de la gauche et du politiquement correct, voici qui témoigne justement de la vitalité des intellectuels français, explique alors Houellebecq, tout en concluant son intervention par un très émouvant hommage à ses confrères disparus : Philippe Muray et Maurice Dantec. Que cette lutte contre la propagande et l’intolérance médiatiques françaises, à laquelle se vouent notamment des sites comme l’OJIM, se voit menée de front, et avec courage et intelligence par l’écrivain français vivant le plus connu au monde, ne peut que nous encourager à approfondir nos analyses et à les accentuer.

samedi, 04 février 2017

François Bousquet : Tout ce que Patrick Buisson n'avait pas encore dit

patrick_buissonaaaaa.jpg

François Bousquet : Tout ce que Patrick Buisson n'avait pas encore dit

François Bousquet est journaliste et écrivain. Il vient de publier un ouvrage qui fait déjà du bruit :”La droite Buissonière”. La démarche de l’auteur consiste à dépasser la caricature d’un Patrick Buisson, pygmalion ou gourou, affublé des habits de la réaction, sorte d’Edmond Dantes des droites qui viendrait venger les bannis de 1789, 1945 et 1962.

Dans un style alerte et brillant, François Bousquet décrit un homme authentiquement intelligent, porteur d’une vision du monde, qui a libéré la droite classique des interdits qu’elle avait intériorisés. L’auteur décrit les grandes dates qui ont marqué la jeunesse et la vie d’adulte de Buisson : l’Algérie, Minute, Sarkozy, la droite hors les murs. Il fait revivre avec talent les événements des 50 dernières années et démontre que le véritable combat du président de la chaîne Histoire, un combat mais aussi sa hantise, c’est la dislocation de la nation. Et pour exorciser cette crainte, il faut refaire France ! François Bousquet mène tambour battant l’histoire d’un homme qui a ses zones d’ombres, un homme clivant, forcément clivant, qui a changé le visage de la droite.

► Retrouvez l'actualité de la WebTV sur notre site : http://www.tvlibertes.com/
► Suivez-nous sur Facebook : https://www.facebook.com/tvlibertes
► Suivez ce lien pour nous suivre sur Twitter : https://twitter.com/tvlofficiel
► Faîtes un don pour soutenir le travail de TV Libertés : http://www.tvlibertes.com/don/
► Vous pouvez également faire un don directement via Facebook :
https://www.facebook.com/tvlibertes/a...

lundi, 23 janvier 2017

Les mythes souverainistes en France [2017]

Front-contre-Front-le-noeud-gordien-des-souverainistes_visuel.jpg

Les mythes souverainistes en France [2017]

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Précisons en premier lieu que les principaux responsables du succès du souverainisme et surtout du populisme en Europe sont à la fois les chefs d’état et de gouvernement, à l’exception de certains de ceux composant le groupe de Visegrad dont Viktor Orban, et les dirigeants officiels de l’actuelle Union Européenne, à l’instar de Juncker et de Schulz, choisis par consensus par les 28 gouvernements pour incarner l’organisation, choisis généralement parce qu’ils ne leur feront aucune ombre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à la commission de Bruxelles. Prétendre que les commissaires européens décideraient de notre avenir, alors qu’ils ne sont que des « missi dominici », ou même qu’ils seraient à la tête d’une Europe fédérale, alors qu’ils sont nommés par les Etats, serait mentir. Mais leur médiocrité, qui cache leur impuissance, insupporte à juste titre les Européens.

Brexit-2ffff.jpg

Le brexit, une non solution.

Le référendum organisé par David Cameron sur le brexit, pari insensé pour rassurer son aile droite, logique absurde puisqu’il prônait le non à la question qu’il proposait, a abouti à la décision d’une majorité de Britanniques de quitter l’Union Européenne. Il est étonnant de voir les dirigeants de l’Union Européenne, qui avaient pourtant contraint les Irlandais à voter à nouveau après leur premier refus du traité de Lisbonne, accepter sans discuter ce résultat. Alors même qu’au Royaume-Uni certaines voix s’élèvent pour exiger un nouveau vote, aucun responsable de l’UE n’a fait de même.

Or le brexit est le résultat d’une conjonction de mensonges et d’opportunisme. Même si les anti-brexit ont menti en annonçant un véritable chaos si le oui au brexit l’emportait, ce qui n’est manifestement pas le cas, mais il est vrai que le brexit réel n’aura pas lieu avant plusieurs années, les promoteurs du brexit ont également menti, et l’ont même reconnu, à l’instar de Nigel Farage qui désormais a des ambitions américaines. Boris Johnson, qu’on découvre désormais en promoteur zélé d’une régularisation massive des immigrés clandestins, n’a défendu le brexit que pour s’opposer à Cameron. Son ralliement opportuniste aura sans doute été décisif quant au résultat final.

Les pro-brexit ont surtout exploité à fond le refus de l’immigration des Britanniques, mais là encore en cachant la vérité. Ils ont oublié de dire que le Royaume-Uni n’était pas dans Schengen, ne faisait pas partie non plus de la zone euro, et que si l’immigration européenne notamment polonaise existe, elle n’est en rien un problème, à la différence de l’immigration post-coloniale, notamment musulmane, que les Britanniques ne doivent qu’à leur seul gouvernement « souverain ». En permanence, Farage et les autres ont entretenu l’ambiguïté entre immigration européenne et immigration non-européenne. En réalité, la seconde que les Britanniques refusent va continuer avec Theresa May alors que la première risque bien de se tarir. Au final, le brexit aggravera les flux migratoires issus du Commonwealth.

Quant à Theresa May, dont Marine Le Pen a fait récemment encore l’éloge, elle était connue pour des déclarations ambiguës sur la sharia qui serait selon elle compatible avec le droit britannique, et avait annoncé être opposée au brexit. Devenue premier ministre, elle est désormais en faveur d’un brexit dur (hard brexit). Ce retournement de veste montre le peu de sincérité dont elle témoigne.

Le Royaume-Uni quittera peut-être l’Union Européenne mais aucun de ses problèmes n’en sera résolu, bien au contraire. Son alignement sur les USA sera complet. Au nom d’une souveraineté fantasmée et d’une indépendance factice, le Royaume-Uni restera le 51ème état américain et la « substitution de peuplement » contre laquelle les Britanniques ont voté continuera.

Marine Le Pen présidente en 2017.

Incontestablement le Front National a progressé depuis l’arrivée à la direction du FN de Marine Le Pen. Il est passé en quelques années de 15 à 25% des voix. Le plafond de verre a donc été relevé de dix points, mais on est très loin du compte pour espérer gagner une élection présidentielle. La stratégie de dédiabolisation a globalement échoué puisque le FN reste infréquentable aux yeux d’une majorité de Français. Les dernières élections régionales, qui auraient dû logiquement amener le FN à diriger au moins deux régions, ont fini par un fiasco, même dans le Nord et en Provence.

Marine Le Pen sera sans doute, sauf surprise, au second tour des présidentielles, malgré une campagne maladroite, répétant les mêmes erreurs que son père en 2007 en pire. Mais elle n’a aucune chance au second tour de gagner, contre tous les candidats importants, sans doute même contre Mélenchon, qui saurait alors rappeler qu’il avait été sénateur socialiste.

Et quand bien même par je ne sais quel miracle elle gagnerait, elle serait incapable d’avoir une majorité parlementaire à l’assemblée, ce qui serait aussi d’ailleurs un problème pour Macron. Ses candidats ne sont pas implantés, sauf exceptions, et son entêtement à respecter la parité l’amène à proposer des candidates féminines inexpérimentées. Elle a perdu beaucoup de militants suite aux épurations successives et à la main mise politique de l’appareil par Florian Philippot et ses partisans souverainistes et donc anti-identitaires.

Si elle était élue présidente, ce qui est hautement invraisemblable, et sans majorité à l’assemblée, elle serait donc contrainte à la démission ou à servir de potiche pendant cinq ans. Quant à son chantage consistant à exiger que l’Union Européenne « rende sa liberté à la France » sous peine d’un référendum sur le « frexit » qui en cas de victoire reviendrait au même, là encore il faudrait une majorité. En effet, le président ne peut convoquer de référendum qu’à l’issue d’une proposition du premier ministre. Si celui-ci n’est pas de sa couleur politique, et il ne le serait pas, alors elle ne pourrait même pas le proposer.

En clair, 2017 démontrera sans doute une progression du Front National, et un second tour moins déshonorant que celui de son père en 2002, mais ne sera pas l’année de sa victoire. Elle ne sera pas élue. Et l’élection de Trump, qui était candidat quand même du parti républicain, ou la victoire du brexit, annoncé gagnant des semaines avant le vote, sont sans rapport avec l’élection présidentielle française. Après tout, même Norbert Hofer (FPÖ) en Autriche n’a pas été élu. Or le programme anti-européen de Marine Le Pen est anxiogène pour beaucoup d’électeurs. Le vote FN reste fondamentalement protestataire, et si la protestation est très élevée, c’est parce que la situation de notre pays est très grave.

De l’article 50 du traité de Lisbonne.

C’est le point phare du candidat François Asselineau (UPR). Il accuse Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan de proposer une autre Europe, alors que lui ne veut d’aucune Europe. Pour lui, la France doit invoquer l’article 50 du traité de Lisbonne pour quitter l’Union Européenne. Il lui faudrait déjà obtenir les 500 parrainages de maires, alors que le système a été renforcé. En effet, c’est le maire qui désormais envoie son dossier de parrainage directement au conseil constitutionnel, de manière publique, et non l’élu qui apporte ces 500 signatures. Cela change tout. Les candidats « baroques » n’ont donc aucune chance d’être réellement présents au premier tour. Asselineau lui-même est absent de tous les sondages. Ses chances d’être candidat sont très faibles, ses chances d’être élus sont nulles.

Quant à l’article 50 lui-même, il démontre que l’Union Européenne n’est pas une structure politique digne de ce nom, et encore moins un Etat. L’existence de cet article est d’ailleurs étonnante. Il n’y a pas d’article dans la constitution française qui autoriserait la Bretagne ou la Corse à devenir indépendantes. Mais on peut quitter l’Union Européenne. Difficile alors de la qualifier de totalitaire.

Autres mythes contradictoires.

Enfin, l’Union Européenne est qualifiée et par les mêmes aussi bien de nouvelle URSS, accusation surprenante venant de ceux qui par ailleurs la dénoncent comme ultra-libérale, en sachant que les communistes sont d’ailleurs plutôt hostiles à l’UE, que de IVème Reich, l’Union Européenne étant alors qualifiée de raciste par ceux-là même qui lui reprochent son laxisme migratoire.

Quant à l’euro, les souverainistes exigent de lui ce qu’ils n’exigent d’aucune autre monnaie. Ils veulent qu’il corresponde à une mythique « zone monétaire optimale » comme si le dollar ou le rouble, sans parler du yuan, disposaient eux aussi d’une telle zone, et comme si l’ancien franc en disposait aussi. Que par souverainisme ils soient opposés par principe à l’idée de monnaie européenne, on peut le concevoir. Mais alors pourquoi user d’arguments pseudo-économiques ? Il suffit de dire qu’ils veulent une monnaie nationale, car à chaque nation sa monnaie.

En réalité, c’est parce qu’ils doutent que le peuple les suive qu’ils se sentent obligés d’en rajouter. Ils sentent bien que leur souverainisme intégral, s’il était assumé comme tel, les marginaliserait. Marine Le Pen affirme que sa position est majoritaire en Europe. Je ne le crois pas. La preuve en est que Norbert Hofer en Autriche avait dû abandonner tout discours anti-€ et anti-UE. L’europhobie est marginale. L’euroscepticisme en revanche, qui exprime la déception légitime de nombreux Européens quant à l’actuelle construction européenne, est bien réel. Seule une réorientation radicale de l’Union Européenne, assumant alors une logique identitaire, pourrait convaincre les eurosceptiques de croire à nouveau en l’idée européenne.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

vendredi, 20 janvier 2017

Drieu, petit cousin de Werther

 
par Dominique Borde
 
Ex: http://www.oragesdacier.info
 
     « Il n’y a pas d’arts sans société et sans assez vaste société », écrivait Drieu La Rochelle dans « le Français d’Europe ». Dire que cette petite phrase lapidaire résume les ambiguïtés de l’écrivain pris dans le mouvement de son temps serait hâtif. Mais elle image assez nettement l’une des dualités qui habitèrent Drieu pendant toute sa vie.
 
     Ecrivain, penseur politique ou dandy ? Chercher à définir Drieu à travers son œuvre, riche et éparse, n’est déjà pas si aisé, mais essayer de le saisir et de le retenir dans son action politique découragerait plus d’un dogmatique. C’est que Drieu fut toute sa vie une pensée pure perdue parmi son siècle. Un regard lucide sur le monde et l’humanité qui l’entourait mais aussi un acteur aveuglé des mouvements de son époque dont il ne se privait pourtant pas de dénoncer les erreurs et d’annoncer les espérances.
 
 pdlr70298457-fr.jpg    Ce vieux jeune homme au physique fragile et nonchalant, à l’allure d’éternel adolescent, long et mince, impose déjà une séduction qui échappe à tous les âges. Il a le front haut et bosselé des intellectuels où des cheveux rares forment comme une couronne ou un halo tandis que ses yeux clairs tour à tour moqueurs ou perdus semblent regarder au-delà de ce qu’on leur montre. L’homme est élégant sans recherche, à l’aise sans forfanterie, aristocrate sans avoir les titres. C’est un hobereau des lettres descendu de sa tour d’ivoire pour regarder le monde de plus près. Engagé très jeune dans la guerre de 1914, il a trouvé dans les combats un terrain exceptionnel à ce dépassement du moi qui l’obsédera toute sa vie : « Tout d’un coup je me connaissais, je connaissais ma vie. C’était donc moi, ce fort, ce libre, ce héros » écrit-il dans « La comédie de Charleroi ». Etre un héros, voilà ce qui manquera à Drieu revenu à la vie civile. Les femmes occuperont l’intellectuel en recherche de sensations fortes qui passera des unes aux autres, avec vertige ; mais l’homme d’action restera les mains vides.
 
La tentation du néant
 
     Heureusement, une grande idée va se faire jour : l’Europe que Drieu prend à bras le corps. Ce visionnaire y voit l’unique solution pour enrayer l’hégémonie des peuples. L’idéaliste y décèle le remède aux déchirements qu’il a connus. Mais cette vision globale ne l’empêche pas de ressentir et de traduire les malaises intimes. A la suite du suicide de son Jacques Rigaut, il écrit comme dans un souffle « Le feu follet » (sa première œuvre à avoir été portée à l’écran par Louis Malle en 1964). Ce roman d’un suicide ressemble autant à l’écrivain qu’à son modèle. L’homme en quête d’action – l’homme à cheval – y nie l’essence même de celle-ci et sa lucidité débouche sur le néant. Une tentation qui le fascine qui l’effraie. Il lui faut tuer la mort par l’action et s’engager. Le Congrès de Nuremberg fournit au penseur la réponse du concret qui le rassure. Drieu se donne au fascisme comme seule force de progrès puis confirme son engagement en s’inscrivant au PPF de Doriot. Plus tard, il en démissionnera puis y reviendra, toujours acteur d’un dernier combat. Son retour avec Doriot en 1942 il l’explique sans détour à Pierre Andreu : « Alors qu’il y a tant de gens qui me haïssent, j’ai voulu leur donner une raison bien claire de me haïr et de me tuer ». Sans plus y croire il ira au bout de son choix alors que son regard se dirige vers Moscou et un totalitarisme que cet impénitent croit plus parfait. Mais il est trop tard, l’intellectuel doit payer pour le politique. Drieu choisit de s’en aller sans se livrer à ses ennemis. Mort par trop forte dose de véronal et de gaz ou par excès d’idéalisme ?

     Il est très symbolique que l’œuvre de Drieu soit restée sur un roman inachevé (« Mémoire de Dirk Raspe ») et tout aussi révélateur que son action politique soit demeurée à l’état de projet avorté.
 
Mal à l’aise dans le siècle, trop à l’étroit dans les règles littéraires, Drieu, prophète de l’impossible et poète des profondeurs, est le contraire d’un carriériste ou d’un militant. Comme l’a noté Pol Vandromme : « Il s’est appliqué à être Fabrice, c’était un petit cousin de Werther ».
 
     Drieu s’est inventé un champ de bataille pour y livrer sa propre guerre. Vaincu par le doute, il a péri des certitudes du monde. Mais cet homme de l’échec a laissé des traces profondes, car ce sont ses hésitations et son malaise qui nous remuent encore. Aujourd’hui, on se replonge dans « Gilles », « Rêveuse bourgeoisie », « Une femme à sa fenêtre » ou « Feu follet » pour y retrouver une empreinte de l’écrivain en oubliant les errances du politique. Le temps a effacé ce dernier pour ne révéler qu’un homme en quête de lui-même et des autres.
 
     Sa grande victoire est d’être entré dans l’éternité par la porte du doute.
 
Dominique Borde 

jeudi, 19 janvier 2017

Les Visages pâles, roman de cire et de types

sbc-port.jpg

Les Visages pâles, roman de cire et de types

Après Enjoy en 2012, Nous sommes jeunes et fiers en 2014, Solange Bied-Charreton a fait paraître en 2016, toujours chez Stock, Les Visages pâles. Dans ce troisième roman, l’auteur conserve sa volonté de dépeindre la société avec un regard attentionné, rappelant ainsi le dessein qu’avait Balzac dans La Comédie humaine, d’écrire « l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs ». Zone Critique revient pour vous sur le troisième livre de cette jeune romancière.

sbc-vp.jpegDans Les Visages pâles, il s’agit de mœurs précis, ceux de la famille Estienne implantée à Paris, composée de Jean-Michel et Chantal, divorcés, ainsi que de leurs enfants, Hortense, Alexandre et Lucile, ayant chacun son propre mode de vie, son travail et son appartement. Il s’agit en fait d’une famille sans toit, où chaque membre est exilé de la nation primaire désormais vide et abandonnée. Dès le début du roman est présentée une scansion fondamentale entre la ville, lieu d’un « exil permanent » et la Banèra, espace des liens originels et maison du père de Jean-Michel, Raoul. La mort de ce dernier déclenche une lutte pour la conservation du « bastion à défendre ». La famille, dont les valeurs sont en perdition, étouffées sous le poids d’une vie moderne, est représentée par deux entités : Jean-Michel voulant vendre la maison pour faire table rase d’un passé inutile, et la loi Taubira en faveur du mariage homosexuel. Le roman suit donc chacun de ces modes de vie selon une tension entre deux valeurs : l’intimité et la communauté, l’individu et la famille, l’enjeu étant de comprendre comment le personnage se dégage du déterminisme qui lui est assigné pour mieux le transgresser, le modifier, lui donner une renaissance, c’est-à-dire pour mettre au monde une histoire.

Le scepticisme, vide fictionnel

Solange Bied-Charreton présente l’histoire commune d’une bourgeoisie anti-mariage homosexuel, qui cultive la religion du confort et de l’utilité et qui, s’inquiétant pour l’avenir de ses valeurs, opte davantage en faveur de la suspension de jugement que de l’héroïsme.

L’histoire d’un roman trouve son épaisseur dans ses personnages et leur psychologie. Une psychologie stéréotypée produit une histoire banale. Au contraire, une psychologie dense et subtile donne une histoire singulière, aussi commune soit-elle. Solange Bied-Charreton présente une histoire commune, celle d’une bourgeoisie de 2013, anti-mariage homosexuel, prônant l’importance du travail, de la famille et de l’argent, cultivant la religion du confort et de l’utilité et qui, s’inquiétant pour l’avenir de ses valeurs, opte davantage en faveur de la suspension de jugement que de l’héroïsme. Hortense, par exemple, « femme d’ordre [qui] ne laissait jamais aucune place au hasard», n’est occupée qu’à éviter toute interférence possible avec sa carrière trop précieuse ; Hubert, son mari et père de ses deux enfants, affirme que « la suspension de jugement […] est notre bien le plus précieux » ; Chantal, à l’idée de se faire entendre dans la rue, est rongée par le « scepticisme » et Jean-Michel, lui, « vieux soixante-huitard de merde », a déjà réussi, il a déjà vécu dans un « monde libre » et prépare sa retraite loin de racines trop encombrantes. Seuls deux personnages pourraient être porteurs d’histoire et de fiction : Alexandre et Lucile, tous deux se distinguant par le rapport, en eux, de l’intimité et de la communauté, c’est-à-dire de l’intérieur et de l’extérieur.

Lucile, ou la possibilité d’une histoire

En effet, Alexandre, « plus lucide, mais plus incontrôlable, croyait à la violence » comme unique moyen de défendre la famille et plus généralement les valeurs qui sont au fondement d’une France puissante. Il serait alors possible de l’imaginer futur terroriste, transgressant les valeurs qu’il soutient au nom de leur conservation, si seulement il n’était pas trop éduqué. Pour Alexandre, qui « avait été pensé », la communauté se positionne à la source de l’intimité, si bien qu’elle prend le rôle d’une substance divine à la fois cause et effet de l’individu : si sa lucidité l’encourage à croire en la violence, le jeune homme n’en est pas moins un bourgeois, pour qui l’engagement ne va pas plus loin que « sous un porche rue Monsieur-le-Prince, pour finalement échouer dans un bar à sangria à l’ambiance amicale et aux prix imbattables, et qui autorisait ses clients à fumer malgré la législation en vigueur ». En somme et malgré tout, pour Alexandre, digne héritier de la famille Estienne, « une importance toute particulière était accordée au confort ».

Ni déchirure ni humour chez Alexandre, aussi sérieux que l’auteur qui le met en page. Ceci n’est pas un personnage mais une trajectoire sociale.

Un personnage est avant tout construit par la rencontre, en lui, de l’intérieur et de l’extérieur, si bien qu’il ne peut devenir ce qu’il est qu’en étant « déporté au-delà des frontières du monde connu ». Si cela est le cas des romans de Balzac, où Lucien Chardon par exemple, quitte sa ville natale pour Paris où l’attendent ses « destinées », ça ne l’est pas d’Alexandre qui défend son confort domestique au nom d’une idéologie de trottoir, déterminée par un traumatisme lié à l’enfance. Il pourrait donc être rapproché de Frédéric dans L’Éducation sentimentale ou de Lucien dans L’Enfance d’un chef, si seulement il ne lui manquait pas la verticalité de l’ironie, la nuance de la mauvaise foi ou la sensualité d’un style : ni déchirure ni humour chez Alexandre, aussi sérieux que l’auteur qui le met en page. Ceci n’est pas un personnage mais une trajectoire sociale.

Lucile, au contraire, dont « la personne était en désordre, sa cohérence tenait du hasard », est amenée à rompre avec le reflet de l’extérieur dans l’intérieur grâce à sa rencontre avec Charles Valérien, jeune homme rentier, nihiliste fragile et désabusé qui, sans famille ni origine, jouit d’une souffrance toute particulière : la liberté. Lucile est finalement le seul personnage du roman qui ne vit ni dans le passé ni dans l’avenir mais dans un présent absolu et charnel, un maintenant infini appelé à grossir jusqu’à mettre au monde une histoire. Avortée malheureusement. La rupture de Lucile et de Charles est consommée, et Lucile, désespérée quant à la possibilité de l’Amour, retrouve « l’indifférence généralisée » comme refuge à une douleur trop réaliste ; elle retrouve l’espace familial en somme, qui, ne pouvant préserver son homogénéité sans une forte dose de scepticisme, se doit de douter de tout, de la politique et de l’amour, de sacrifier l’intimité au nom d’une communauté pâle, et surtout de s’en tenir au doute. Avec Hortense et Alexandre, Lucile enferme sa jeunesse dans les méandres de la Banèra pour mieux fermer les yeux devant un monde « morne et démesuré ». « Morne et démesuré », deux mots qui pourraient proposer un résumé de ce qu’est la modernité s’ils ne leur manquaient pas deux lettres, le « i » et le « t », pivots d’une absence qui rend boiteux le roman : celle de l’intimité.

solange-bied-charreton-1_5708467.jpg

Sociologie du pessimisme

Roman de l’enfermement et de l’incarcération de l’individuel par la communauté, Les Visages pâles présente des personnages qui n’abritent aucune déchirure, aucune complexité intérieure, aucune suggestion à la possibilité d’un devenir fictionnel, aucune vie en somme.

Effectivement, Solange Bied-Charreton met sur papier des entités sociales qui préexistent au roman et pour qui chaque nouvelle page n’est pas une nouveauté qui s’agrège soudainement à un ensemble en construction, mais bien plutôt la confirmation de stéréotypes que tout le monde connaît. Son roman pourrait passer pour pessimiste ou cynique, si seulement il ne réutilisait pas la vision que chacun se fait de ces deux modes de pensée : Charles Valérien fait presque rire, Alexandre n’est même pas ridicule, Hortense finit logiquement par coucher avec son patron et Lucile se confond avec cette fille ratée parce que sensible, que chacun imagine. Alors que le premier disparaît du roman sans manière, les autres personnages se retrouvent pour recomposer ce qu’ils croient être une famille, à la manière d’automates qui cultivent un « mode de vie », mais non pas une « vie ». Ici est présente la contradiction dans le discours de l’auteur, qui, voulant porter un regard attentionné sur ces individus, ne trouve pas d’autre moyen que de les peindre, non pas tels qu’ils sont, mais tels qu’ils sont conçus par l’opinion commune : si lisant le roman, le lecteur y retrouve les préjugés dont il essaye de se débarrasser, ne serait-il pas davantage bénéfique pour lui de le refermer et d’aller marcher dans les rues ?

Roman de l’enfermement et de l’incarcération de l’individuel par la communauté, Les Visages pâles présente des personnages construits par une histoire sociale et qui, lorsqu’ils s’en émancipent, n’abritent aucune déchirure, signe de l’intimité, aucune complexité intérieure, aucun espace cryptique dissimulé derrière les apparences, aucune suggestion à la possibilité d’un devenir fictionnel, aucune vie en somme : ils sont morts-nés et nous regardons leur trajectoire comme nous lisons un livre de sociologie. On n’y croit pas.

Lucas Dusserre