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dimanche, 27 janvier 2019

L’essai prémonitoire sur les « Gilets jaunes »

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L’essai prémonitoire sur les « Gilets jaunes »

par Georges FELTIN-TRACOL

Certains livres anticipent l’actualité dès leur parution. Publié en septembre 2018, le nouvel essai du géographe Christophe Guilluy a pris une résonance particulière avec l’action politico-sociale inédite des « Gilets jaunes ». Son titre en anglais se rapporte aux propos tenus dans le magazine Woman’s Own du 31 octobre 1987 par le Premier ministre britannique, la détestable conservatrice-libérale atlantiste et cosmopolite Margaret Thatcher pour qui « la société, ça n’existe pas ». S’ils ont été surpris par une forte et soudaine mobilisation facilitée par un usage accru des réseaux sociaux, les lecteurs attentifs de ses précédents ouvrages (1) savaient que les « populations périphériques » de la « tierce France », délaissée des aires métropolitaines mondialisées et des banlieues de l’immigration elles aussi globalisées, allaient tôt ou tard dénoncer cet abandon programmé, un ethnocide doux. Sans généraliser, on ne peut que relever le caractère européen et fortement féminin des classes moyennes inférieures et intermédiaires occupent les ronds-points, filtrent la circulation et rendent gratuit le péage d’autoroute.

Christophe Guilluy a ainsi le privilège rare de voir ses analyses souvent contestées par le microcosme universitaire hors sol et rance confirmées par la crise des « Gilets jaunes » (2). Il remarque que « pour la première fois dans l’histoire économique occidentale, les catégories modestes ne vivent plus là où se créent l’emploi et la richesse et, surtout, ne pourront plus y vivre. […] Désormais, les milieux modestes résideront majoritairement toujours plus à l’écart de métropoles qui, inversement, attireront toujours plus les nouvelles classes supérieures (pp. 28 – 29) ».

Terminée la démocratie !

La juste colère des « Gilets jaunes » n’est que la réplique hexagonale d’un mécontentement plus large déjà exprimé en Grande-Bretagne par le Brexit, aux États-Unis par l’élection surprise de Donald Trump, en Italie par l’arrivée d’un triumvirat gouvernemental « Jaune – Vert », en Allemagne par l’ascension rapide de l’AfD et même en Espagne par l’irruption dans le jeu politique de nouvelles forces politiques, Podemos, Ciudadanos et maintenant Vox. Tous ces bouleversements qui n’en sont qu’à leurs débuts annoncent « l’émergence de nouveaux continents, des continents populaires et périphériques, ceux de l’ancienne classe moyenne occidentale (p. 34) ». Cet avis perturbe les tenants d’un âge obsolète qui assiste à la « disparition progressive de la classe moyenne occidentale et des vieux partis de gauche et de droite qui la représentaient (p. 42) ».

Or cette réalité à la fois politique, sociologique et territoriale n’est toujours pas acceptée par les laquais de l’« hyper-élite (p. 40) ». Ils persévèrent à déverser via des médiats serviles une « pensée positive (p. 37) » experte, bureaucratique et indigeste. Ce mode de réflexion superficielle profite largement de « l’infantilisation des sociétés occidentales désormais incapables d’assumer et même de penser les nouvelles conflictualités sociales et culturelles (pp. 36 – 37) ». Plutôt de sensibilité républicaine à la Jean-Pierre Chevènement, Christophe Guilluy rejoint ici les derniers ouvrages de la philosophe belge Chantal Mouffe (3). Il va même plus loin qu’elle en voyant dans « le multiculturalisme […] une idéologie faible qui divise et fragilise (p. 91) ». L’échec multiculturel profite aux communautarismes que l’auteur condamne aussi. Dans une veine très IIIe République, il ne comprend pas que tous les communautarismes ne se valent pas. Christophe Guilluy reste un indécrottable nostalgique de l’assimilation. Légitime, le communautarisme albo-européen s’impose dorénavant comme une nécessité impérative. Les communautarismes musulman et/ou africain représentent pour leur part des vecteurs indispensables pour l’inévitable réémigration de leurs membres vers la terre de leurs ancêtres.

nosocietyCG.jpgIl montre toute sa sévérité envers « l’expertise d’un monde médiatico-universitaire (le plus souvent) issu du monde d’en haut et (toujours) porté par un profond mépris de classe (p. 149) ». Il critique volontiers un « antifascisme d’opérette [qui] ne suffit plus au monde d’en haut pour imposer ses représentations dans l’opinion (p. 114) ». Il se moque aussi de la doxa dominante qui met en exergue « l’existence de quartiers pauvres ou de ghettos à l’intérieur des métropoles et la crise de quelques grandes villes pour minimiser la dynamique globale d’embourgeoisement et de citadellisation des métropoles (p. 115) ». Il s’agit pour les médiats institutionnels de valoriser à la fois la « France d’en-haut » et la « France des “ zones populaires sensibles ” » dans un antagonisme factice qui présente le double avantage d’écarter des schémas de représentation convenue la « France périphérique » largement majoritaire et de polariser autour de quelques oppositions binaires formatées une population sciemment mise à cran : modèle occidental – cosmopolite de consommation de masse à crédit contre « péril » islamiste aujourd’hui, menace chinoise (ou russe ou bordure) demain.

Mondialisme régionalisé

La « citadellisation des métropoles » se manifeste de surcroît par le regain indépendantiste de certaines régions – patries charnelles d’Europe. Défenseur de l’État-nation, il perçoit les indépendantismes régionaux sous un angle original. « Plus qu’un renouveau du nationalisme, c’est d’abord la sécession des bourgeoisies qui porte en germe la balkanisation des pays développés (p. 132). » Ce phénomène ne se limite pas à la Flandre, à l’Écosse ou à la Catalogne. Les grandes métropoles telles Paris et Londres rêvent de s’émanciper de la tutelle étatique centrale. « La nouvelle bourgeoisie proposera demain la création de cités-États au nom du Bien et de l’ouverture, ce qui lui permettra de s’éloigner définitivement de la plèbe (p. 132). » Anne Hidalgo et Sadiq Khan oublient que toute cité-État n’est viable qu’à la condition de disposer d’un arrière-pays utile, sinon leur indépendance se révélera fictive…

Christophe Guilluy a bien cerné ce nouveau « nationalisme » propagé par certains régionalismes nantis et encouragé par le mondialisme. Ce néo-nationalisme ouvert, inclusif et progressiste provient de « l’alliage idéologique du libéralisme économique et du libéralisme sociétal. […] Les classes dominantes utilisent ici un sentiment nationaliste réel pour imposer un modèle néolibéral qui in fine desservira les classes populaires en Espagne mais aussi en Catalogne (p. 134) ». L’auteur oublie cependant que cette combinaison délétère n’accompagne pas que les aspirations stato-régionales; il infecte aussi bien la structure européenne que l’État-nation lui-même. Ce dernier agit de plus en plus en auxiliaire zélé et impitoyable du désordre ultra-libéral mondial. Loin d’exaucer les vœux pieux des libertariens et des autres néo-libéraux, l’État se désengage du jeu économique et social au profit du marché omnipotent pour mieux envahir le domaine privé, la vie intime, voire de la sexualité (pénalisation des clients de prostituées) de ses administrés. L’intrusion incessante dans la vie des familles (interdiction de la fessée aux enfants), des couples (pénalisation du soi-disant « viol conjugal ») et des particuliers (surveillance de leurs comptes en banque au nom de la lutte anti-terroriste) démontre que la structure étatique redéfinit ses missions et ses priorités. La crise des « Gilets jaunes » lui a montré de réelles faiblesses qu’il va combler au plus tôt. Fort de cette expérience inédite et de la résolution (provisoire ?) de la crise, il empêchera la prochaine fois toute nouvelle contestation en frappant bien plus en amont : blocage des comptes Facebook, limitation du droit de manifester au nom de la sécurité, arrestations préventives… Ces mesures répressives n’affecteront que les conséquences, nullement les causes.

Le renforcement sécuritaire des États occidentaux à l’essor foudroyant d’une « société relative (p. 160) ». L’éclatement de la société est maintenant pris en compte par « la classe politique [qui] ne s’adresse plus à un tout mais à des parts de marché (p. 160) », d’où le développement exponentiel des exigences minoritaires ethno-raciales, sexuelles, religieuses, et bientôt alimentaires (vegans, coprophilie, anthropophagie…), souvent acceptées par des gouvernements minables d’intérêts immédiats. En revanche, quand la majorité sociologique revendique plus de justice sociale et fiscale, elle n’a pour réponse que la répression policière, le dénigrement médiatique et le harcèlement judiciaire. Christophe Guilluy prévient que cette société relative vire en une « société paranoïaque (p. 168) » dans laquelle « arme de représentation et de revendication des minorités, la victimisation est en train de devenir la norme de sociétés relatives, y compris de la population majoritaire et blanche (pp. 169 – 170) ».

Demain tous sous surveillance ?

L’auteur s’aveugle toutefois sur cette mue liberticide. « Sauf à militariser la coercition, écrit-il optimiste, la classe politique ne pourra pas compter longtemps sur le monde médiatique ou académique pour canaliser le monde d’en bas (p. 172). » Cette coercition existe déjà de façon implicite; elle rend chaque jour plus tangible la « société sous surveillance globale » (4). Celle-ci s’épanouit en pleine jacquerie post-moderne jaune. Christophe Guilluy appréhende par ailleurs la principale motivation sous-jacente de la colère des « Gilets jaunes », à savoir « la combinaison d’une double insécurité : sociale (liée aux effets du modèle économique) et culturelles (liée à l’émergence de la société multiculturelle) (p. 26) ». Il en déduit une grille d’interprétation pertinente :

– la droite bourgeoise conservatrice qui vote François Fillon, et les indépendantistes catalans, flamands, basques, écossais subissent pour des raisons différents la seule insécurité culturelle;

– les électeurs de La France insoumise pâtissent de l’insécurité sociale, mais se félicitent pour la plus grande majorité de l’accueil continu des migrants,

– les fans d’Emmanuel Macron ignorent ces deux insécurités et préfèrent se complaire dans une « France d’après » selon le slogan grotesque du temps du calamiteux Sarközy,

– seuls les électeurs de Marie Le Pen, voire de Nicolas Dupont-Aignan (et pour des raisons là aussi très différentes, des nationalistes corses), cumulent les deux insécurités, ce qui en font des porteurs de revendications potentiellement explosives.

Cette dernière catégorie ne peut former à lui tout seul un nouveau « bloc hégémonique ». « Pas de mouvement de masse, pas de révolution sans alliance de classe (p. 165). » La petite bourgeoisie provinciale (et francilienne) n’a pas rallié le « peuple périphérique » et reste sur une réserve naturelle. Dans l’ensemble, hormis bien sûr de notables exceptions, ceux qui défilaient avec La Manif pour Tous n’ont pas de gilet jaune. Et ceux qui portent des gilets jaunes ne participaient pas à la contestation contre la loi Taubira. Seuls quelques « Gilets jaunes » bretons avaient eu quelques années auparavant un bonnet rouge sur la tête…

Bref, la révolution n’est pas pour ce soir, ni pour demain matin, surtout quand elle est par avance préemptée par Emmanuel Macron et ses clones politiques luxembourgeois et canadien. Dès 1974, le philosophe catholique belge Marcel De Corte s’inquiétait de l’avènement d’une dissociété (5). Avec No Society, Christophe Guilluy confirme que la « dissociété », cette termitière humaine, est bien là !

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Parmi les plus récents, mentionnons Fractures françaises, François Bourin, 2010; La France périphérique, Flammarion, 2015; Le Crépuscule de la France d’en haut, Flammarion, 2016.

2 : En parallèle aux travaux socio-géographiques de Christophes Guilluy, des journalistes sont partis à la découverte de cette « France périphérique ». Signalons Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, Éditions de l’Olivier, 2010; Aymeric Patricot, Les Petits Blancs. Un voyage dans la France d’en bas, Éditions Plein jour, 2013; Gérald Andrieu, Le peuple de la frontière. 2 000 km de marche à la rencontre des Français qui n’attendaient pas Macron, Éditions du Cerf, 2017; Anne Nivat, Dans quelle France on vit, Fayard, 2017.

3 : cf. Chantal Mouffe, L’illusion du consensus, Albin Michel, 2016; idem, Pour un populisme de gauche, Albin Michel, 2018. Voir aussi Chantal Mouffe et Íñigo Errejón, Construire un peuple. Pour une radicalisation de la démocratie, préface de Gaël Brustier, Éditions du Cerf, 2017.

4 : cf. Georges Feltin-Tracol, En liberté surveillée. Réquisitoire contre un système liberticide, Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, 2014.

5 : Marcel De Corte, De la dissociété, Éditions Remi Perrin, 2002.

• Christophe Guilluy, No Society. La fin de la classe moyenne occidentale, Flammarion, 2018, 242 p., 18 €.

Cioran: The Postwar European Nihilism

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Cioran: The Postwar European Nihilism
 
 
Ex: http://www.unz.com

Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né (Paris: Gallimard, 1973).

inconvénient.jpgGrowing up in France, I was never attracted to Emil Cioran’s nihilist and pessimistic aesthetic as a writer. Cioran was sometimes presented to us as unflinchingly realistic, as expressing something very deep and true, but too dark to be comfortable with. I recently had the opportunity to read his De l’inconvénient d’être né (On the Trouble with Being Born) and feel I can say something of the man.

The absolutely crucial fact, the elephant in the room, the silently screaming subtext concerning Cioran is that he had been in his youth a far-Right nationalist, penning positive appraisals of Adolf Hitler and a moving ode to the murdered Romanian mystic-fascist leader Cornelius Zelea Codreanu. Cioran had hoped for the “transfiguration” of Romania into a great nation through zeal and sacrifice. Instead, you got utter defeat and Stalinist tyranny and retardation. I’d be depressed too.

A perpetual question for me is: Why did such great intellectuals (we could add Louis-Ferdinand Céline, Ezra Pound, Knut Hamsun, Mircea Eliade . . .) support the “far-Right”? This is often not so clear because the historical record tends to be muddied both by apologetics (“he didn’t really support them”) and anathemas (“aha! You see! He’s a bad man!”). Like John Toland, I don’t want to condemn or praise, I just want to understand: Why did he believe in this? Was it:

  1. Fear of communism?
  2. Skepticism towards democracy and preference for a stable, spirited regime? (That argument was very popular among thinking men in the 1920s, even the notorious Count Coudenhove-Kalergi, spiritual godfather of the European Union, supported Italian Fascism on these grounds!)
  3. Racialism?
  4. Anti-Semitism?
  5. Opposition to decadence?
  6. The dangerous propensity of many intellectuals for ecstatic spasms and mystical revolutions?

In Cioran’s case, his Right-wing sentiment appears to have been motivated by 1), 2), 4) 5), and perhaps especially 6).

After the war, Cioran renounced his Right-wing past. This may have been motivated by understandable revulsion at the horrors of the Eastern Front and the concentration camps. In any event, this was certainly not a disinterested move. Mircea Eliade – a fellow supporter of Codreanu who later thrived as a historian of religions at the University of Chicago, infiltrating the academy with Traditionalists – wrote of Cioran in his diary on September 22, 1942: “He refuses to contribute anything to German newspapers, in order not to compromise himself in the eyes of his French friends. Cioran, like all the others, foresees the fall of Germany and the victory of Communism. This is enough to detach him from everything.”[1]

There had been a thriving far-Right French literary and intellectual scene, with writers who often had had both a fascist and pan-European sensibility. The Libération in 1944 put an end to that: Robert Brasillach was executed by the Gaullist government during the Épuration (Purge) despite the protestations of many fellow writers (including André Malraux and Albert Camus), Pierre Drieu La Rochelle committed suicide, and Lucien Rebatet was jailed for seven years and blacklisted.

larmessaints.jpgAs literally an apatride metic (he would lose his Romanian citizenship in 1946), Cioran, then, did not have much of a choice if he wished to exist a bit in postwar French intellectual life, which went from the fashionable Marxoid Jean-Paul Sartre on the left to the Jewish liberal-conservative Raymond Aron on the right. (I actually would speak highly of Aron’s work on modernity as measured, realistic, and empirical, quite refreshing as far as French writers go. Furthermore he was quite aware of Western decadence and made a convincing case for the culturally-homogeneous nation-state as “the political masterpiece.”) Although Cioran had written several bestsellers in his native Romania, he had to adapt to a French environment or face economic and literary oblivion. What’s an apology secured under coercion actually worth?

This is the context in which we must read De l’inconvénient d’être né. These are the obsessive grumblings of a depressed insomniac. (Cioran’s more general mood swings between lyrical ecstasy and doom-and-gloom suggest bipolar disorder.) His aphorisms often ring true, but equally tend to be hyperbolic or exaggerated, and are almost always negative, like a demotivational Nietzsche. In some respects preferable to Nietzsche, insofar as the great explosion the German hysteric foresaw is past us, and his brand of barbaric politics seems quite impossible in this century. Cioran, like Nietzsche and Spengler, knows that nihilism and decadence are the order of the day, but living in the postwar era, he can certainly no longer hope that “blond beasts” or “Caesarism” might still save us. Cioran in this sense is more relatable, he is talking about our world.

Cioran despairs at the inevitable mediocrity of human beings and the vain temporality of the human condition. (What’s the point of even a good feeling or event, if this event will, in a second, disappear and only exist in my memory, which will in turn disappear? This will no doubt have occurred to thoughtful, angsty teenagers.) Birth, embodiment, is the first tragedy – like the fall of man – from a perfect non-existence, with limitless potentiality, to a flawed and stunted being.

Jean-François Revel observes: “Imagine Pascal’s mood if he had learned that he had lost his bet, and you’ll have Cioran.”

A question: Was Cioran’s despair more motivated by being a Rightist spurned by destiny or by his own dark temperament? Would he have written such works in a triumphant Axis Europe?

Cioran is like a Buddha (the spiritual figure most often cited in De l’inconvénient) who stopped halfway, that is to say, at nihilism and despair. But Siddhartha Gautama went further, from the terrifying recognition of our impermanent and insubstantial experiential reality, to a new mental state, reconciled with this reality, to the path of sovereignty and freedom.

Had I been able to meet him, I’d have invited Cioran to my Zendō – where speaking, indeed all expression of human stupidity, is formally banned through the most truthful silence. And how good is truth for the soul!

The Way of Awakening is not found in books.

Actually, Cioran’s Buddhist connection should be dug into. The Zen monk Taisen Deshimaru was in Paris passing on the Dharma to Europe at exactly the same time, in the 1970s.

cimesdésespoir.gifMy initial response to De l’inconvénient was annoyance that it had been written (I can quite understand Alain Soral’s frustration with Cioran). The postwar Cioran can certainly seem like an umpteenth authorized manifestation of the ‘glamorously aesthetic’ French décadent intellectual, the misunderstood genius, the starving artist, who is just way ‘too deep’ for his own good or for you plebs to grasp.

I remember his 1941 On France, a perversely playful ode to decadent France (those three words together disgust me), as an ostensibly appalling little work. France does not need any more encouragement on the downward path.

Cioran certainly has a morbid fascination with spiritual rot.

The Germans of the nineteenth and early twentieth centuries were already quite right to want to preserve themselves from the contagion of French decadence (oh sure, there’s a straight line of Kultur from the “Indo-Germans” to Frederick the Great’s Prussia); right up to the May-June 1940 editions of Signal understatedly mocking the infertile French with photographs of fez- and turban-wearing Negro and Mohammedan POWs. (Apologies for not providing a direct link to the relevant Signal issues, apparently our historians have still not got around to digitizing this publication, peak circulation 2.5 million in 1943.)

Sorry, krauts, it came anyway through the North-American route!

De l’inconvénient initially reinforced my impression that the postwar Cioran was not worth reading. However, there are some hopeful diamonds in the despairing rough. Some of Cioran’s aphorisms are actually quite inspiring, such as the following: “Any overcoming of desire empowers us. We have all the more control over this world as we take our distance from it, when we do not commit to it. Renunciation confers limitless power” (p. 44). (And let us bear in mind again Eliade’s paraphrase above, that it was the prospect of German defeat and communist triumph which was “enough to detach him from everything.”)[2]

On one level, Cioran’s work is a legitimate expression of the depths of postwar despair. From the psychological point of view, man really was (and is still, despite a few flickers) sinking more and more into untruth, into materialism and consumerism and ‘choice,’ into a childish view of life, one not cognizant of our nature as mortal, social, and unequal beings. All the truths contained in our dying traditions, however imperfect the latter were, are forgotten.

Amidst the politically-harmless mass of depressing and demotivational thoughts, Cioran sneaks in some very true observations about decadence. This shows, as plainly as anything, that he remained a man of the Right in his heart.

I believe Cioran provides a key to understanding his nihilist work in this book, namely:

We get a grip on ourselves, and we commit all the more to being, by reacting against nay-saying, corrosive books [livres négateurs, dissolvants], against their noxious power. These are, in short, books that fortify, because they summon the energy which contradicts them. The more poison they contain, the greater their salutary effect, as long as we read them against the grain, as we should read any book, starting with the catechism. (p. 97)

Cioran is putting forth a challenge to be overcome: taste the depths of my despair, truly contemplate and acknowledge the futility of life . . . What is your answer?

Cioran’s books: contemplation of the void . . . a summoning.

I find Cioran both uncomfortable and stimulating, clamoring for more, eager to discover and accomplish more. Fecund stimulation is most important, whether in reading, work, or life. (For that reason I also recommend reading Ezra Pound’s non-fiction.)

Cioran’s nihilist and depressing aesthetic will not appeal to everyone or even to most. But if that’s how a man builds up his brand and sells his books, who am I to judge? Especially if you can sneak in some subversive truths. (In this respect, Cioran reminds me of Michel Houellebecq, one of the last manifestations of French culture. All this goes back to Socrates-as-satyr.)

Still, we observe that many men of the Right took a more straightforward route: Maurice Bardèche avenged his brother-in-law Brasillach’s execution by continuing to write in favor of fascism, Julius Evola always stood up for the Axis and for Tradition, Dominique Venner wrote as a historian, Europe’s living memory, and committed his own seppuku, as a sacrifice to the gods . . .

Each man fights in his own way. Again, who am I to judge?

Notes

[1] Mircea Eliade, The Portugal Journal (Albany, New York: State University of New York Press, 2010), 35.

[2] Note: detachment does not mean surrender. For those who do not understand, I recommend the Baghavad Gita, the Hagakure, D. T. Suzuki’s explication of “the Way of the Sword” in Zen and Japanese Culture, or indeed watching the countenance of the faces of men about to strike their opponent in Akira Kurosawa’s classic film Seven Samurai.

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vendredi, 25 janvier 2019

Le mouvement des Gilets jaunes comme conflit asymétrique

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Le mouvement des Gilets jaunes comme conflit asymétrique

par Michel Goya

Ex: https://lavoiedelepee.blogspot.com

Le mouvement des Gilets jaunes est une guérilla moderne, sous le seuil heureusement lointain de la guerre civile, mais guérilla quand même dans son sens premier de petite guerre. De la guerre, il en a le caractère politique et la volonté de faire plier une entité politique opposée : le président de la République, désormais en première ligne après avoir fait le vide entre le peuple et lui.

Techniquement, c’est une guérilla intelligente utilisant au mieux les capacités d’organisation, de mobilisation, mais aussi de résonance des technologies de l’information, des réseaux sociaux aux chaines d’infos. Certaines trouvailles tactiques sont remarquables, comme l’emploi du gilet jaune, une sorte de cape de visibilité pour ceux qui se sentaient dans l’ombre, le choix des rond-points comme points d’occupation, la combinaison de cette occupation et des « actes », comme au théâtre. D'autres initiatives, par les actes et la parole, sont également désastreuses (ou inadmissibles comme la dégradation de l'Arc de triomphe) mais construit par en bas avec de multiples initiatives, essais et erreurs, le mouvement a émergé comme système efficace de lutte. Tout cela n’est pas nouveau.

Les tentatives d’organisations de contestations sont en réalité fréquentes mais peu atteignent une masse critique. Pour atteindre un seuil de visibilité et de puissance (désormais presque des synonymes), il ne faut pas seulement de l’intelligence tactique. Il y a en France des professionnels de l’« agit-prop » qui s’« agitent » en vain depuis des années, car leur cause ne rencontre pas de masse. Pour réussir et susciter des centaines de milliers de volontaires de lutte, avec cela implique d’efforts, il faut toucher le cœur et l’esprit de millions de gens.

Pour toucher des millions de gens en ces temps de mondialisation, il faut évoquer sa face sombre : l’insécurité sous toutes ses formes. En ce sens, le mouvement des Gilets jaunes est aussi une guérilla moderne, car c’est une guérilla « en réaction ». Pour les thuriféraires de la mondialisation, la « grande ouverture » et la multiplication des flux en tous genres, financiers, matériels, informatifs, humains, devaient avoir pour effet d’apporter progressivement le meilleur à tous. Le monde devenait ainsi de plus en plus plat, selon l’expression de Friedman, c’est-à-dire de plus en plus lisse et uniforme, et même fixe (la fin de l’histoire) dans l’optimum des marchés en tous genres.

Ils n’avaient pas tort sur les bienfaits macroéconomiques de l’affaire puisque « globalement » jamais autant de monde n’est sorti de la pauvreté en aussi peu de temps. Ils avaient tort sur l’uniformisation. Au début du XIXe siècle, les costumes typiques des Alsaciennes et des Bretonnes étaient très proches. Puis, au fur et à mesure de la multiplication des échanges au sein de la France ouverte grâce au chemin de fer, aux technologies de l’information, et à la volonté de centralisation, les costumes ont divergé jusqu’à être très différents à la fin du siècle. L’ouverture a généré un sentiment d’insécurité et ce sentiment a poussé à une réaction identitaire. C’est un détail folklorique mais qui illustre combien les réactions, si elles n’ont pas été toujours violentes, ont été vives au cours de cette Première mondialisation, contestations sociales, crainte devant l’arrivée de nombreux étrangers (notamment les « dangereux » catholiques polonais et italiens) et même le long mouvement terroriste des anarchistes.

Lorsqu’il n’y a que le sentiment de subir advient rapidement celui de la colère. Lorsqu’on a le sentiment d’être piégé dans sa classe parce qu’une aristocratie bloque l’ascenseur social et squatte les hauts étages, lorsqu’on a le sentiment d’être coincé dans son travail parce qu’il est difficile d’en trouver un autre ou de monter en grade puisque les grades sont occupés par les machines pensantes, lorsqu’on a le sentiment de subir à plein la pression fiscale parce que justement on ne peut s’en échapper, lorsque ses revenus stagnent alors que l’on sait que la richesse globale augmente, lorsqu’on voit enfin ses façons de vivre ne plus forcément constituer la norme de ce que l’on accueille, cela finit par faire beaucoup.

Lorsque le beaucoup s’accumule et ne trouve pas d’exutoire, il devient forcément le trop. Il fut un temps en France où les poches de colère, pour reprendre l’expression d’Arjun Appadurai, trouvaient une écoute et une réponse dans certains partis politiques, à gauche notamment. Il fut un temps où des intellectuels se targuaient d’être l’avant-garde de la France d’en bas. Ils se plaisaient même à dire qu’ils en étaient, même si ce n’était pas le cas. Ce temps n’est plus depuis longtemps. Les partis de gauche ont été détruits par la mondialisation, par défaut de modèle alternatif efficace pour les uns, par séduction pour les autres. Quant aux intellectuels, ils ont rapidement abandonné le peuple (les beaufs) et l’universalisme après mai 1968 pour s’intéresser à des « communautés » ou « sections ». La démocratie ne fonctionne bien que si elle permet l’alternance de deux agrégats de valeurs également estimables mais plutôt opposés, comme la création destructrice et la protection, la liberté et l’égalité. Les effets négatifs de l’un finissent par être compensés par les effets positifs de l’autre selon un régime stable dans son instabilité et sa souplesse. Lorsque ne règne qu’un seul modèle, le système n’est stable que par sa rigidité et son destin est la cassure.

Comme dans le film Ridicule de Patrice Leconte, on reconnaît une aristocratie à l’âge des vanités (Chateaubriand) à son aveuglement ou au mieux pour certains à son inertie consciente. Tout ce qui a été dit plus haut n’est pas une nouveauté. Qui n’a pas entendu depuis des années que « ça allait péter » ? Qui a pu bien être surpris par le fait que le sentiment croissant d’injustice, de mépris et d’insécurité de toute une partie du peuple allait déboucher sur autre chose que le vote « hors système » ou l’abstention ? On savait aussi qu’il était possible de se mobiliser via les « nouvelles » technologies de l’information sans passer par les cadres partisans. Des tentatives de révolte horizontale, il y en a eu régulièrement dont certaines ont réussi à prendre forme, comme les émeutes de banlieue d’octobre-novembre 2005, quelques mois après un référendum sur la Constitution européenne dont le triomphe annoncé du oui avait été largement enrayé par une guérilla internautique. En octobre 2013, ce n’était pas les banlieues qui s’enflammaient mais les Bonnets rouges bretons.

Tout cela était bien connu, documenté, écrit. On disait que Christophe Guilluy avait été entendu par tous les candidats à la présidentielle, voire à plusieurs présidentielles successives, sans visiblement qu’il soit écouté. L’écouter supposait en effet des ruptures. Il fallait revenir à un peu plus de protection, la mission première de l’Etat, un peu plus de justice et à un peu moins de mépris. C’était impossible sans une « nuit du 4 août » et la fin des multiples privilèges réels ou fantasmés (mais comment savoir quand tout est caché) d’une élite, désormais largement endogamique, et apparemment seule à profiter des bienfaits de l’ouverture. Comme par ailleurs concevoir une colère ? Beaucoup de gens subissent la mondialisation à la française mais ils bénéficient aussi d’un magnifique système de redistribution. Pourquoi les gens se plaindraient-ils quand des centaines de millions d’autres rêveraient d’être à leur place. Oui mais voilà l’être humain ne se nourrit pas que d’allocations. Passé la satisfaction des besoins vitaux, il se nourrit de justice. Il est même possible que cela fasse partie des besoins vitaux. Frustration d’un côté, vieil aveuglement et nouvelles maladresses de l’autre, le choc était inévitable.

Comme toujours dans les conflits de ce type, beaucoup de choses se jouent au début lorsque les analyses et le choix qui sont faits rétrécissent très vite le champ des possibles. Le diagnostic qui est fait, par le pouvoir en particulier, est fondamental. Que celui-ci sous-estime le phénomène et la contestation aura le temps de s’incruster dans le paysage. Que la réponse soit inadéquate et l’adversaire s’en trouvera renforcé. C’est exactement ce qui est arrivé et c’est hélas très classique. Un diagnostic honnête impose toujours une remise en cause, exercice difficile mais pourtant moins douloureux que la gestion de la suite. La reconnaissance d’une confrontation politique suppose aussi la désignation de facto d’un interlocuteur, et donc de conférer à ceux à qui on s’oppose un statut d’égal. Cela va de soi lorsqu’on affronte un autre État, quoiqu’on ait souvent tendance à le dévaloriser (« État-voyou », « membre de l’axe du mal »), c’est très rare lorsqu’on affronte une autre organisation politique. On qualifiera plus volontiers le mouvement opposé de tout autre chose que politique. Il sera social ou sociétal au mieux, criminel au pire. Dans le premier cas, il suffit d’attendre que les manifestants arrêtent de faire des ronds pour rien, dans le second cela supposera une réponse policière qui exemptera de tout dialogue, négociation et surtout de remise en cause. Cette négation peut parfois fonctionner si le mouvement opposé n’a pas de masse de soutien, elle échoue dans les autres cas.

La réponse à un incendie doit être rapide et il ne pas faut lancer l’eau à côté. La première réponse aux Gilets jaunes a été lente, car centralisée, et ratée. Il ne s’agissait pas d’une révolte contre « une taxe qui allait sauver la planète » mais d’un mouvement politique. C’est dès le début qu’il fallait faire le discours qui n’est venu que le 10 décembre, presque un mois après le début des événements. Entre temps, la violence s’est installée, initiée par les profiteurs d’un côté, voleurs, casseurs, radicaux, parfois tout ensemble, mais aussi par les erreurs de la réponse policière, initialement hésitante au niveau opérationnel et parfois maladroite au niveau tactique. Dans le monde militaire, on parle depuis plus de vingt ans de « caporal stratégique », cette capacité pour un seul soldat de déclencher, généralement par une erreur, des effets considérables grâce notamment à l’amplification des médias. Il y de la même façon des « policiers stratégiques ». Quelques erreurs, minimes en nombre au regard du nombre total d’actions mais graves par leurs effets, vont contribuer à accroître la colère et la violence au lieu de la contrôler.

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À ce jour, avec 1700 blessés de part et d’autre, sans même parler des dix morts par accident, le mouvement des Gilets jaunes est sans doute le plus violent que la France ait connu depuis la fin de la guerre d’Algérie. Les effets politiques de la violence sont ambigus. Ils peuvent être utilisés pour discréditer les Gilets jaunes mais dans le même temps, outre que les torts sont devenus plus ou moins partagés en la matière, il est évident, hélas, que le pouvoir n’a cédé que sous cette pression.

La force du mouvement des Gilets jaunes a été sa structuration émergente et sa capacité à fédérer des sentiments de colère, sa faiblesse est d’être un mouvement en réaction. Il n’y a pas d’objectif positif, de projet de société seulement une « expression de besoins » parfois de fantasmes. La Révolution française avec ses pulsions parfois immenses de violence ou ses innombrables rumeurs stupides (les infox de l’époque), était encadrée et structurée par un corpus idéologique mouvant mais puissant. Chez les Gilets jaunes, il n’y pas de théorie, car il n’y a pas vraiment, pour l’instant, de théoriciens. Il n’y a pas de stratèges pour atteindre un « état final recherché » mais simplement des tacticiens. Or, un bon tacticien n’est pas forcément un grand stratège et encore moins un théoricien. Il peut même desservir complètement la cause lorsqu’il s’y essaye et c'est actuellement plutôt le cas.

Dans l’état actuel des choses, les réponses stratégiques (mesures sociales, Grand débat national) et tactiques (dispositifs de sécurité mieux adaptés) ont permis de regagner du terrain mais pas de gagner la guerre. D’un autre côté, les Gilets jaunes peuvent tenir les rond-points et multiplier les « actes » indéfiniment mais ils ne peuvent pas imposer leur volonté de cette façon purement défensive.

Le front devrait être désormais sur le champ des idées. Les Gilets jaunes ne pourront s’imposer autrement que comme nuisance que s’ils construisent une théorie. Négliger le Grand débat national au prétexte qu'il s'agirait d'un changement pour que rien ne change serait sans doute une erreur stratégique. Il faut l’investir bien sûr. Il faut infuser au moins l’idée de Français comme actionnaires des services publics, à qui on doit des dividendes (c’est déjà le cas), de la transparence sur les rémunérations et avantages de leurs employés (ce n’est pas absolument pas le cas, notamment les plus hauts fonctionnaires), des justificatifs de bonne gestion (la preuve que l’on traque vraiment les fraudeurs en tous genres par exemple et surtout le plus gros) et des services de base comme la sécurité et la justice. Beaucoup plus de transparence et de justice (sous toutes ses formes) ferait déjà beaucoup de bien à notre société, avant même d’aborder la reconquête des champs perdus de la République française.

Tout cela il faut l’incarner par une vraie structure politique. Soit les partis actuels se transforment pour revenir à une vraie alternative pour tous, gauche-droite pour simplifier, et non un immense marais cerné par à gauche et à droite par des mouvements qui accueillent désormais plus les divisionnistes que les défenseurs du peuple dans son ensemble. Soit ce mouvement devient à son tour  un parti. Dans tous les cas, ce sera difficile.

Le conflit ne fait que commencer. Une nouvelle phase, aux contours inconnues, débutera en mars.

jeudi, 24 janvier 2019

Violences policières: la revanche des faibles

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Violences policières: la revanche des faibles

Eric Werner

Ex: https://metainfos.fr

De plus en plus on se rend compte que les gouvernants européens ont tendance à traiter leurs propres populations comme autrefois les anciennes métropoles coloniales, à ce qui se dit aujourd’hui, traitaient les peuples colonisés. Ce retournement endocolonial vient de trouver son illustration dans les récents débordements policiers en France, qui ont surpris tout le monde par leur ampleur. Mais peut-être ne faut-il y voir qu’une élucubration complotiste.

On dit volontiers que l’État est le détenteur de la violence physique légitime. Mais on s’accorde en même temps à dire que lorsque l’État en vient à recourir à la violence, ce n’est jamais très bon signe : très bon signe pour lui. Car il montre ainsi qu’il n’arrive pas autrement à se faire obéir. En d’autres termes, qu’il est très faible.

Qui plus est, le recours à la violence contribue à l’affaiblir davantage encore. Hannah Arendt a écrit de très belles pages à ce sujet (1). Le recours à la violence est peut-être payant à court terme, mais si l’on prend en compte ses effets à moyen ou long terme, l’État a plutôt intérêt à s’en abstenir.

C’est à tout cela que l’on pense en voyant le déchaînement actuel de la violence policière en France. Il n’en est bien sûr que très peu question dans les chaînes d’information officielles. Pour s’en faire une idée un peu précise, il faut aller sur l’internet (2), et en particulier consulter certains sites spécialisés (ceux-là mêmes sur lesquels les chaînes en question ne cessent, en permanence, de déverser leur venin, au motif qu’ils diffuseraient de « fausses nouvelles » : belle actualisation, n’est-ce pas, de la parabole de la paille et de la poutre).

D’abord quelques chiffres. On apprend ainsi qu’entre le 17 novembre et le 6 janvier, près de 2000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre en France. Parmi elles, au moins 93 blessés graves. Certaines, 13 au total, ont été éborgnées, d’autres encore défigurées ou ont perdu un membre. Beaucoup de ces blessures sont dues à l’utilisation d’armes comme les lanceurs de balles de défense (LBD) : arme qui n’est utilisée par aucune autre police européenne.

Il semble également que des grenades offensives aient été utilisées pour l’occasion, alors même, on s’en souvient, que cette arme avait causé il y a cinq ans la mort d’un militant écologiste lors d’une manifestation à Sivens.

Toujours au cours de la même période, pas moins de 5339 personnes ont été placées en garde à vue, certaines, comme le montrent des vidéos, après avoir été plaquées au sol et menottées dans le dos. Plus de 400 l’avaient déjà été le 17 novembre, premier jour de mobilisation des gilets jaunes. Ces personnes étaient pour la plupart des manifestants pacifiques ou même de simples passants. Notons à ce propos que les forces de l’ordre recourent volontiers en France à la stratégie de l’encerclement, ce qui leur permet de maximiser le nombre des arrestations. En bon français, cela s’appelle une rafle.

On signale également le cas d’un gilet jaune arrêté chez lui en pleine nuit par des policiers du RAID, après que ces derniers eurent défoncé sa porte. Rappelons que le RAID est un service de police spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Jusqu’à preuve du contraire, les manifestations de gilets jaunes n’ont rien à voir avec le terrorisme.

Voilà donc ce qu’on apprend sur les sites susmentionnés. On comprend mieux à partir de là la hargne des chaînes officielles à leur endroit, en même temps que l’intention souvent prêtée aux dirigeants français actuels de les interdire purement et simplement, au risque de se voir accuser, à tort bien sûr, de vouloir instaurer en France un régime orwellien, avec contrôle total de l’information. Encore une élucubration complotiste.

La violence policière est en France une constante historique. On pense ici bien sûr à la Commune de 1871, et en remontant plus haut encore dans le temps aux journées de juin 1848. De la répression sanglante de juin 1848, un historien disait, il y a une vingtaine d’années, qu’elle avait « influé sur l’évolution de la société française jusque sous la Ve République, non pas en dépit mais à cause de son refoulement, qui a empêché qu’elle ait été repensée théoriquement » (3). On pourrait également évoquer dans ce contexte la période 40–45 (elle aussi refoulée), mais aussi les guerres coloniales du XXe siècle, guerres, selon certains auteurs, qui ont directement inspiré la doctrine française actuelle en matière de maintien de l’ordre (4). Les mêmes méthodes que celles autrefois utilisées contre les anciennes populations colonisées le seraient donc aujourd’hui contre les citoyens français eux-mêmes.

Ce qu’il y a de dangereux dans la situation présente, ce n’est pas seulement que beaucoup de choses, effectivement, dorment dans l’inconscient collectif : elles y dorment donc, et donc également sont prêtes, en toute occasion, à refaire surface.

Les LBD, ou le retour du refoulé

Parallèlement aussi, on pourrait évoquer certaines attitudes et comportements, attitudes et comportements qui ne sont pas sans lien avec le racisme social aisément repérable chez nombre de représentants de la classe possédante au XIXe siècle. Car, on le sait, la haine de classe fonctionne dans les deux sens. Les dérapages à répétition du président Macron dans ce domaine le montrent bien. On les interprète volontiers comme des provocations, mais peut-être faudrait-il y voir surtout des lapsus, lapsus lui échappant sans qu’il y fasse trop attention. En cela même, d’ailleurs, d’autant plus significatifs.

Ainsi, le 27 juin 2017, peu de temps donc après son intronisation, ne déclarait-il pas : « Une gare c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». C’est moins, il est vrai, ici la haine que le mépris qui est ici en cause. Ce représentant choisi de la suprasociété dit ici ouvertement ce qu’il pense de certains de ses concitoyens : ils ne sont rien. Or il n’est de loin pas seul à le penser. Voyez par exemple comment les médias mainstream, sous couvert de défense de la société ouverte et de lutte contre ses ennemis, se permettent de parler des partis dits « populistes » et de leurs électeurs. On ne peut même plus ici parler de partialité. Les insultes coulent à jets continus. Les « populistes » écoutent, la plupart encaissent, mais certains non : ils n’encaissent pas. Il ne faut pas s’étonner ensuite s’ils entrent en insurrection.

La IIe République française, responsable des massacres de l’été 48, était un régime faible, passablement brinquebalant même. Quatre ans plus tard il cédera la place au Second Empire. Ceci explique sans doute cela. En 1871, rebelote. La France venait de perdre une guerre, celle qu’elle avait elle-même déclenchée contre la Prusse. Le régime issu de cette défaite, une autre république, avait donc une revanche à prendre : revanche qu’elle prit sur sa propre population. Ce fut la « semaine sanglante » : 20 000 prisonniers passés par les armes. A défaut d’être capables de défendre le pays contre l’ennemi extérieur, les pouvoirs en place, en France, sont volontiers tentés de se refaire une santé aux dépens de l’ennemi intérieur : les gens qui ne sont « rien ». Chacun mesure aujourd’hui le zèle que met le président Macron à défendre les frontières de la France et son autonomie dans tous les domaines.

NOTES :

  1. Cf. en particulier les textes réunis sous le titre : Du mensonge à la violence, Calmann-Lévy, coll. Pocket, Paris 2012.
  2. Cf. l’entretien d’Aude Lancelin avec David Dufresne, Le Média, 7 janvier 2019.
  3. Dolf Œhler, Le spleen contre l’oubli. Juin 1848, Payot, 1996, p. 28.
  4. Cf. Mathieu Rigouste, La domination policière, une violence industrielle, La Fabrique, Paris 2016. En 1951 déjà, dans la première partie de The Origins of totalitarianism, Hannah Arendt avait relevé cet effet boomerang du colonialisme. Paul Virilio reprit plus tard cette thématique dans L’Insécurite du territoire (1993).
  5. Source : DRONE 054 (Antipresse 164) | 20.1.2019

Emmanuel Macron et la vente à l'étranger des actifs industriels français

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Emmanuel Macron et la vente à l'étranger des actifs industriels français

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un long article, que nous ne résumerons pas ici mais qu'il faut lire, le journal Le Monde rapporte le fait que le parquet de Paris a été saisi jeudi 17 janvier, au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, par le député (LR) d'Eure-et-Loir Olivier Marleix.

Olivier Marleix n'agit pas à la légère. Il est l'ancien président de la commission d'enquête parlementaire créée fin octobre 2017 sur « les décisions de l'Etat en matière de politique industrielle ». En bref,  Olivier Marleix, dans la seconde partie de cette lettre, émet l'hypothèse selon laquelle, dans le cadre de la vente de la branche énergie d'Alstom à GE, aurait existé un  « pacte de corruption » (c'est le terme qu'il emploie), au bénéfice du ministre de l'économie en poste lors de la signature finale du rachat, le 4 novembre 2014, c'est-à-dire Emmanuel Macron.

A nos yeux, ceci confirmerait l'hypothèse qu'avaient toujours émise les candidats malheureux à l'élection présidentielle, selon laquelle Emmanuel Macron avait bénéficié lors de sa campagne d'appuis financiers anonymes bien supérieurs à ceux autorisés par la législation.

Bien davantage et plus grave, ceci voudrait dire aussi qu'Emmanuel Macron n'avait pas hésité, dans l'affaire que nous avions ici jugée désastreuse, de la vente de la branche « énergie » d'Alstom à General Electric, à laisser faire cette opération. Manifestement, l'Etat aurait pu intervenir, compte tenu dans ses intérêts industriels dans la société, afin d'interdire au PDG d'Alstom et à son conseil d'administration une opération introduisant GE au cœur du complexe électro-nucléaire français, sans lequel la France ne pèserait guère dans les compétions internationales.

Comme le signale Le Monde, Alstom n'est pas la seule entreprise stratégique française à avoir été rachetée par un concurrent ou une puissance étrangère sous le ministère d'Emmanuel Macron. Entre son arrivée à Bercy le 26 août 2014 et sa démission le 30 août 2016 pour se consacrer à la campagne présidentielle, l'ancien associé-gérant de la banque Rothschild a également autorisé la cession de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent au finlandais Nokia, le parapétrolier Technip à l'américain FMC et l'aéroport de Toulouse-Blagnac à la Chine.

Aujourd'hui, en tant que président de la République, Emmanuel Macron se propose de favoriser la vente au profit du secteur privé, où les intérêts industriels américains pèsent d'un poids dominant, d'une série d'autres actifs industriels de l'Etat français. Ceci sous prétexte de diminuer l'endettement français. Quand la France aura par ces ventes perdu toute possibilité de jouer un quelconque rôle industriel au sein de l'Union Européenne et de la zone dollar, il ne faudra pas s'étonner de voir le déficit, non pas se résorber, mais s'étendre indéfiniment.

Que Le Monde, réputé non sans raisons proche de l'Elysée, donne aujourd'hui un tel poids à la démarche d'Olivier Marleix, montre la gravité des accusations portées par ce dernier à l'égard d'Emmanuel Macron

Source

Voir l' article du Monde Affaire Alstom-GE : la justice saisie par l'ancien président de la commission d'enquête parlementaire

mercredi, 23 janvier 2019

Le RIC. Il faudra bien y venir en France

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Le RIC. Il faudra bien y venir en France

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un excellent article de Wikipédia présente le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) parfois désigné du nom de Référendum d'Initiative Populaire (RIP) Nous y renvoyons le lecteur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_d%27in...

En France actuellement, comme le précise l'article de Wikipédia, les Gilets jaunes proposent que le RIC soit applicable à quatre types de procédures qui existent pour partie dans certains pays mais n'existent nulle part en totalité:

  • Le référendum législatif, qui consisterait à soumettre au peuple une proposition de loi dès lors que cette proposition serait du domaine de la loi. Les citoyens inscrits sur une liste électorale et demandant un tel référendum, se verraient donner satisfaction s'ils représentaient un certain pourcentage de cette liste, par exemple 10 à 25% des inscrits.

  • Le référendum abrogatif, qui consisterait en la possibilité pour la population d'abroger ou d'empêcher la mise en application d'une loi votée précédemment par le Parlement..

  • Le référendum révocatoire, qui consisterait à démettre un élu de son mandat, qu'il ait été élu au plan local ou au plan national.

  • Le référendum constitutionnel, qui consisterait à permettre au peuple de modifier la Constitution du pays.

On objecte que ceci introduirait dans le pays concerné une telle instabilité qu'aucun gouvernement ou qu'aucune politique suivie ne serait possible. Concernant la France, il en résulterait que celle-ci, affirme-t-on, devrait renoncer à participer aux dialogues ou aux affrontements entre grandes puissances.

Elargir la base démocratique des institutions et des politiques

Le sérieux et le sens de la responsabilité qui émanent de l'essentiel des revendications des Gilets Jaunes montrent que ceux-ci, de même que les électeurs qui s'en inspireraient, seraient très soucieux de maintenir la continuité de la Nation. Ils viseraient seulement à renforcer celle-ci en lui permettant d'être gouvernée autrement que, comme c'est le cas actuellement, par les quelques 5% de citoyens super-riches et super-puissants qui depuis des années se sont attribués du pouvoir. Ils demandent seulement à donner une base populaire plus large qu'actuellement aux politiques et aux décisions appliquées par le gouvernement ou les représentants élus, pourtant supposés parler au nom du peuple et de l'intérêt général.

Il s'ensuivrait que des objectifs présentés par la majorité actuelle comme irréalistes et dangereux pourraient être abordés. Ainsi en serait-il d'une plus grande égalité des revenus ou des profits, parfaitement réalisable en quelques années sans nécessiter une révolution sociale. Parallèlement, il n'y a aucune raison de penser que les politiques présentant un intérêts vital pour le pays puissent être remises en cause. Au contraire, elles bénéficieraient d'un meilleur soutien populaire. Il en serait ainsi d'une une forte augmentation des investissements productifs ou de la part donnée aux recherches scientifiques et techniques, quelles que soient les restrictions aux dépenses de consommation qui en découleraient.

Postuler a priori et sans les avoir essayés que des RIC mettraient la France en danger montre un grand mépris de la sagesse citoyenne, celle qui s'est notamment exprimée lors des manifestations des Gilets Jaunes. Il montre surtout que l'étroite oligarchie financière et intellectuelle qui gouverne la France n'a aucune intention de partager son pouvoir.

Il est certain que dans le Grand Débat proposé par Emmanuel Macron, le RIC sera proposé. Mais il sera également certain qu'il sera refusé, car n'entrant pas dans le cadre du Débat fixé par le même Macron au service de sa politique personnelle.

mardi, 22 janvier 2019

Sur le Traité franco-allemand dit d'Aix La Chapelle

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Sur le Traité franco-allemand dit d'Aix La Chapelle

Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Le 22 janvier 2019, Emmanuel Macron et Angela Merkel signeront un nouveau traité de coopération et d'intégration franco-allemand

Il est présenté officiellement comme devant renforcer les liens entre l'Allemagne et la France, notamment dans les domaines de la politique économique, de la politique étrangère et de sécurité, de l'éducation et de la culture, de la recherche et de la technologie, du climat et de l'environnement, ainsi qu'en matière de coopération entre les régions frontalières. Notons que peu de gens en France n'en ont entendu parler, car les négociations préalables se sont faites plus que discrètement. Pourquoi? 

Mais lorsque l'on connaît l'étroite dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des Etats-Unis, dans les domaines économiques, diplomatiques et militaires, ce traité risque d'être un nouveau pas vers la soumission de Paris non seulement à Berlin mais à Washington dans ces différents domaines. Emmanuel Macron ne peut pas l'ignorer. Il se révèle ainsi, ce dont certains doutaient encore, comme une sorte d'agent des Etats-Unis, non seulement en France mais dans toute l'Union européenne.

Ceci sera ainsi le cas dans les domaines diplomatique, militaire, scientifique, comme en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique. Dans tous ces domaines, la France a pris une avance certaine sur l'Allemagne. Elle dispose de laboratoires et d'expériences industrielles que l'Allemagne n'a pas, sans mentionner son industrie nucléaire. Ainsi l'Allemagne est le plus grand pollueur au sein de l'Europe avec ses centrales à charbon.

Les industries charbonnières et pétrolières américaines souhaitent que ceci continue, car elles en espèrent la poursuite de leurs contrats actuels. Si l'Allemagne refuse le nucléaire français, c'est moins pour ses prétendus dangers que pour la concurrence qu'elle ferait à ses importations de pétrole et gaz américains et russes. Par ailleurs, l'Allemagne dont la population d'origine diminue rapidement, sera très ouverte à l'immigration étrangère. Or nul n'ignore que les Etats-Unis encouragent discrètement celle-ci, notamment par le biais d'interventions de la CIA, comme susceptible de ruiner à terme des pays européens où ils voient des rivaux.

Ajoutons qu'une clause de traité devrait soulever le plus d'opposition, notamment dans les provinces et au niveau des collectivités régionales. Il s'agira de la mise en place dans les régions franco-allemandes frontalières, d'euro-districts qui risquent d'être sur le modèle des länders allemands. Ainsi, en ce qui concerne l'Alsace, beaucoup d'Alsaciens craignent à tort ou à raison qu'elle ne repasse au moins en partie sous la loi allemande et que la langue administrative n'en redevienne l'allemand. Là encore, il y aurait que demi-mal si l'Allemagne s'était donnée une autonomie suffisante par rapport aux Etats-Unis. Or ce n'est pas le cas. L'Allemagne, notamment au sein de l'Otan, se montre le meilleur élève des Etats-Unis pour en faciliter la pénétration militaire et économique en Europe, par exemple en ce qui concerne l'acquisition de matériels militaires tous fabriqués outre atlantique.

Ainsi actuellement la France espère voir l'Allemagne acquérir les Rafales nouvelle génération. Ce ne sera pas le cas car l'Amérique fera pression pour que l'Allemagne continue à s'équiper en avions de combat américains déjà obsolètes avant même d'avoir volé, tel que le JSF Joint Strike Fighter.

Voir Traité d'Aix La Chapelle

Voir à la date du 21/01
un article de Henti Vernet dans Le Parisien
http://www.leparisien.fr/politique/france-allemagne-ce-tr...

Christophe Guilluy et la fin des classes populaires autochtones

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Christophe Guilluy et la fin des classes populaires autochtones

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Le dernier livre de Christophe Guilluy, No society, La fin de la classe moyenne occidentale aux éditions Flammarion, est un livre fondamental qui propose un état des lieux décapant de notre société. Il est important de noter que ce livre a été écrit avant le début du mouvement des Gilets jaunes, mouvement qui valide en grande partie les analyses et observations de l’auteur. Cependant Christophe Guilluy pose aussi un certain nombre de questions importantes, qu’il n’approfondit pas et que nous pouvons peut-être éclairer de notre point de vue autochtoniste. Ainsi, il serait intéressant de savoir pourquoi la classe supérieure occidentale est la seule classe supérieure dans le monde à ostraciser son propre peuple. On aimerait aussi comprendre  pourquoi les « classes moyennes » occidentales sont constamment renvoyées par les classes supérieures aux « heures les plus sombres » de leur histoire.

La thèse centrale de Guilluy est le fruit d’une analyse sociologique rigoureuse, que nous résumons sommairement ici :

 Jusque dans les années 70-80, les classes moyennes occidentales incarnaient l’idéal de « l’European way of life » ou de l’American way of life ». Elles étaient respectées par les classes supérieures comme par les immigrés, immigrés qui aspiraient d’ailleurs à s’y intégrer. Les classes moyennes constituaient alors le « référent culturel » de la société. 

A partir des années 80, dans un mouvement qui va aller en s’amplifiant, les nouvelles classes supérieures occidentales vont faire « sécession ». Parallèlement à une désindustrialisation galopante des régions, elles vont se « citadelliser » dans les grandes métropoles où elles vont profiter d’une économie mondialisée. Précisons que la classe supérieure occidentale soutiendra massivement les délocalisations, la dérégulation bancaire, le « marché », l’abolition du contrôle du mouvement des capitaux, la financiarisation de l’économie, l’industrie de la dette…

Les « petits blancs » de la classe moyenne occidentale vont alors perdre leurs emplois et leur statut de référent culturel. Alors que les métropoles mondialisées créent de la richesse et concentrent l’essentiel des nouvelles activités, la France périphérique va s’appauvrir et être rejetée sur les marges économiques, sociales et culturelles du pays.   

A partir de là, nous allons assister à un double mouvement : d’une part les classes dominantes (bobos, journalistes, « experts » médiatisés, cadres, enseignants, publicitaires, dirigeants de startup, professions intellectuelles, responsables marketing, politiciens…), vont accentuer leur sécession en se regroupant dans des métropoles, d’autre part ces classes vont ouvertement ostraciser les classes moyennes en les dévalorisant. La sortie de François Hollande sur les « sans dents » ou d’Hillary Clinton sur les « déplorables » (ceux qui sont "racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. A vous de choisir" précise-t-elle), sorties qui rappellent d’ailleurs celles de Macron, Darmanin ou Castaner sur les Gilets jaunes (« peste brune », « racistes », « antisémites », « homophobes », « foules haineuses »…) manifestent toutes un insupportable mépris de classe. Ces propos participent d’une double posture : affirmer la supériorité morale de la classe supérieure et renvoyer l’ancienne classe moyenne aux « heures les plus sombres ».

La classe moyenne majoritaire qui portait les valeurs dominantes est donc reléguée tant socialement, économiquement que culturellement, aussi : « les catégories populaires autochtones deviennent celles à qui il ne faut pas ressembler » (Guilluy). Elles sont présentées par les médias, dit Guilluy, comme « une  sous-classe faible, raciste, aigrie et inculte ».  L’entreprise est d’une telle efficacité aujourd’hui que « toute expression populaire est immédiatement discréditée ». A cette classe qui s’interroge sur « l’Europe », la société mondialisée ou l’arrivée des migrants, les médias opposent le « manque d’éducation », le « repli identitaire » ou quelques souvenirs nauséeux… Guilluy :

« Parallèlement, cette relégation culturelle s’accompagne d’une entreprise d’instrumentalisation des minorités et de la question du racisme. Cette stratégie permet à la classe dominante d’accélérer le processus de marginalisation de l’ancienne classe moyenne occidentale (supposée blanche) en lui faisant porter tous les maux des sociétés occidentales. De l’esclavage à la colonisation en passant par l’Holocauste ou l’oppression des homosexuels, les classes populaires passent quotidiennement au tribunal de l’Histoire. Le piège est imparable. Il rejette la majorité des ces catégories dans les poubelles de l’Histoire en offrant une nouvelle virginité à la classe dominante. Dans ce partage de l’histoire occidentale, les classes populaires sont ainsi contraintes d’en porter la face noire, tandis que les classes dominantes pourront se présenter comme les héritières d’une histoire positive (des lumières à l’émancipation des minorités). Le « sanglot de l’homme blanc » place ainsi les classes dominantes supérieures dans une posture de supériorité morale en désignant les véritables coupables que sont les classes populaires ».

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Du haut de leur supériorité morale, les classes dominantes vont intensifier les flux migratoires à destination de la France périphérique tout en privilégiant, pour elles-mêmes, l’entre-soi et « l’évitement résidentiel ». Du fait de l’intensification des flux migratoires, les « petits blancs », racisés, délégitimés et méprisés, décrits comme appartenant à l’ancienne classe moyenne et politiquement marginalisés à travers le vote populiste, forment un groupe destiné à devenir minoritaire (même si pour Guilluy nous n’en sommes pas encore au Grand Remplacement). De tout cela il découle, selon Guilluy, que les classes dominantes occidentales se sont dressées contre leur peuple. Elles l’ont sacrifié sur l’autel de la mondialisation et l’ont fait sortir de l’Histoire. De leur côté, consciente de leur relégation, les classes populaires n’accordent plus aucune légitimité au monde d’en haut. La posture morale des tenants de la société ouverte et de la classe politico-médiatique (« l’antifascisme d’opérette ») a fait long feu et ne trompe plus personne.

Deux mondes hermétiques socialement et culturellement se font désormais face. D’une part, le monde d’en haut enfermé dans ses métropoles (de nouvelles cités-Etat cherchant à s’extraire du cadre national,  dit Guilluy), d’autre part  le monde d’en bas travaillé par le populisme (Trump, Brexit, Salvini, Le Pen…) et que l’Etat abandonne progressivement (réduction des services publics, démantèlement de la protection sociale, démantèlement de l’organisation territoriale, précarisation des emplois, transfert du patrimoine public à la sphère privée…). Selon Guilluy, « le destin des classes populaires n’entre pas dans le logiciel » des classes dominantes.

Christophe Guilluy ne place pas toutes les élites mondialisées de la planète sur le même plan : « Jamais des classes dominantes n’avaient développé un tel mépris de classe, une telle volonté de s’extraire de la société, écrit-il. Revendiquant des valeurs universelles, les classes dominantes occidentales n’ont en réalité cessé de se singulariser. Dans aucune autre partie du monde, on ne trouve des classes dominantes et supérieures qui aient sciemment sacrifié leur classe moyenne et in fine la société elle-même ». Guilluy précise que seule la classe dominante occidentale s’est dépouillée de son histoire, de sa culture et de son cadre national : «  Jamais une clase médiatique politique et universitaire n’a autant dénigré, ostracisé, insulté son propre peuple duquel elle se retrouve isolée. Isolée également du reste du monde qui ne supportent plus non plus ses leçons de morale » !

Décryptons maintenant sans faux-fuyants ce que nous dit Guilluy :

De qui parle Guilluy quand il parle des « classes moyennes » ? A l’évidence et globalement : de la population de souche européenne. Il le laisse entendre ici ou là quand il pointe le caractère méprisant de l’utilisation par les médias du qualificatif « petits blancs », quand il dit que ces classes sont « supposées blanches » ou qu’elles pourraient être astreintes au « sanglot de l’homme blanc ». Il le dit explicitement quand il désigne les « catégories populaires autochtones ».

De qui parle Guilly lorsqu’il parle des « classes dominantes » ? Ils parlent de gens qui sont sortis du cadre national. Il dit que ce sont des « gens de n’importe où » face à des peuples qui sont de « quelque part ». Il dit aussi que ces gens ont renié leur histoire, leur culture, leur nation et leur peuple. Autrement dit, ces gens sont des traîtres, mais aussi plus certainement, du point de vue de ces traîtres eux-mêmes, des étrangers et des nomades qui considèrent légitimement leur pays comme un hôtel (Attali : « Tout pays doit se penser comme un hôtel »).  

Pourquoi les classes dominantes occidentales sacrifient-elles leur peuple et sont-elles en cela différentes des classes dominantes du reste de la planète ? Parce que la classe dominante occidentale a pour la première fois pris le pouvoir en France en 1789 et qu’elle est partout en Occident le produit des idéaux républicains de la révolution française. Pour cette idéologie, les peuples n’existent pas : ce ne sont que des agrégats et des accumulations redistribuables d’individus sans distinction d’origine, de race ou de religion.

Pourquoi la classe dominante occidentale réduit-elle le peuple autochtone au « racisme, au sexisme, à l’homophobie, la xénophobie, l’islamophobie. A vous de choisir » ? C’est ce que nous avons nommé ailleurs l’antijaphétisme. L’antijaphétisme est un système d’avilissement du peuple autochtone (un système raciste il va sans dire). Ce système a deux utilités pour le Système : d’une part faire reposer sur un peuple bouc émissaire les échecs du Système, celui du vivre-tous-ensemble en l’occurrence (l’échec du vivre-tous-ensemble doit être mis au compte du racisme chronique, historique et quasi biologique des Autochtones), d’autre part dominer moralement le peuple autochtone, comme l’a bien vu Guilluy.   

CGlivre.jpgEn résumé, La classe dominante est étrangère au peuple autochtone et lui est ouvertement hostile. De plus, elle ne manque pas de maladroitement instrumentaliser les immigrés pour contrer le réveil autochtone (le « populisme ») et conserver ainsi sa domination culturelle et politique (Guilluy : « A ce titre, l’instrumentalisation de l’immigré et des pauvres par la classe dominante, le show- biz et une partie du monde intellectuel apparaît pour ce qu’il est : une mise en scène indécente… »). Ajoutons que l’Etat est un outil au service de la classe dominante et nous aurons un tableau qui correspond assez bien à ce que nous décrivons depuis quatre ans dans ce blog.

Christophe Guilluy analyse froidement une situation. Il n’y a plus de société car la rupture du lien entre la classe dominante (le monde d’en haut) et le les classes moyennes (le monde d’en bas) fait que ces classes ne font plus société (elles ont basculé dans « l’a-société »). Nous ajouterons une troisième classe, dont Guilluy parle très peu ici, mais dont l’importance va croissante : la classe allochtone des banlieues. Cette classe allochtone n’a aucun lien avec le peuple autochtone (nous voyons d’ailleurs que cette classe allochtone des banlieues est complètement indifférente au mouvement des Gilets jaunes. Les intérêts des Autochtones et des Allochtones ne se recoupent pas, voire pourraient diverger si la classe dominante était forcée de détourner sur la France périphérique une partie des aides d’Etat qu’elle déverse par clientélisme sur les banlieues). La classe allochtone n’a aucun lien non plus avec la classe dominante : elle se moque de sa posture morale (qui accable les seuls Autochtones), elle ne se mélange pas avec elle et, sous la menace (les « émeutes des banlieues), elle oblige la classe dominante à lui verser une partie du tribut prélevé sur la France autochtone (sous forme de route qui ne sont plus entretenues, d’hôpitaux qui sont fermés, de classes d’école surpeuplées…).

Pour bien comprendre la situation, il faut avoir en tête ces trois classes :

  • la classe dominante. Elle est l’héritière de la bourgeoisie qui fit la révolution « française ». Cette classe tient depuis deux siècles tous les leviers de pouvoir et constitue l’infrastructure de la République : les Présidents, les ministres, les préfets, les hauts fonctionnaires… sont tous issus de cette classe.
  • La classe allochtone. La présence de cette classe au milieu du peuple autochtone tient d’une part à la réalisation du principe d’universalité portée par la classe dominante, principe qui fonde le pacte républicain, tient d’autre part aux intérêts économiques de la classe dominante, tient enfin à la nécessité pour cette dernière d’interdire définitivement tout retour à une organisation identitaire de la société.  
  • La « classe moyenne ». C’est le peuple autochtone : celui qui subit les flux migratoires, celui aussi que la bourgeoisie des métropoles domine, exploite, détruit et avilit du haut de son mépris de classe et de sa supériorité morale.

Voilà le tableau. Il ne serait pas complet si nous n’ajoutions une légère touche. Effectivement, Guilluy a raison : ces trois « classes » ne se fréquentent pas, ne parlent pas le même langage, n’ont pas les mêmes aspirations, n’ont pas de liens, bref ne font plus société. Mais, en fait, c’est entre elles qu’elles ne font plus société ! Car si l’on zoome et que l’on observe la vie interne de la classe dominante, on verra (et Guilluy est le premier à le montrer) qu’il existe un entre-soi rigoureux et une unité sociale autour des mêmes aspirations culturelles et sociétales. Il existe un bien commun dans la classe dominante, et celle-ci le défend en détruisant la classe moyenne « raciste, sexiste, homophobe, etc.».

De la même manière, il existe un bien commun dans les sociétés allochtones et celles-ci le défendent grâce à des institutions (CRIF, CRAN, Mosquée…) et un entre-soi tout aussi rigoureux que celui de la classe dominante (Guilluy montre que chaque groupe tend à se rassembler pour être majoritaire sur un territoire).

Les choses sont différentes côté autochtone. Effectivement les Autochtones recherchent l’entre-soi comme tous les autres hommes. Cependant, ils doivent faire face à un Etat qui ne les craint pas, qui les méprise et a ouvertement entrepris de métisser leurs lieux de vie (la fameuse « mixité sociale » qui est en fait la mixité raciale). D’autre part, et contrairement aux deux autres classes, le peuple autochtone  n’est absolument pas organisé pour faire face à l’agression qu’il subit. Christophe Guilluy nous dit que la classe moyenne n’est plus dupe de la malfaisance de la classe politico-médiatique au pouvoir.  C’est vrai. Il n’empêche, et le mouvement des Gilets jaunes nous le confirme, que le peuple autochtone majoritaire se dresse en ordre dispersé face à une classe dominante hyper-minoritaire, mais qui dispose de tous les moyens de contrainte (CRS, police, Gendarmerie, Armée, désinformation médiatique, etc.). Sauf écroulement financier, économique, voire civilisationnel, dans les mois à venir, il est donc probable que la classe dominante se maintiendra encore au pouvoir de nombreuses années, suffisamment longtemps en tous cas pour que le peuple autochtone soit définitivement effacé.

La solution ? Il n’y en a qu’une et nous ne cessons de le répéter : prendre exemple sur les Autochtones mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, nous organiser comme eux, former comme eux une société parallèle structurée, revendiquer comme eux des droits collectifs croissants, jusqu’au droit des Autochtones européens de France à disposer d’eux-mêmes sur leurs terres ancestrales. La classe dominante ? Elle se soumettra ou disparaîtra. Les classes allochtones ? A terme, elles redeviendront autochtones… sur leurs terres ancestrales.

Antonin Campana

lundi, 21 janvier 2019

Extension des persécutions politiques

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Extension des persécutions politiques

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Dans la soirée du 2 janvier 2019, non loin de l’avenue des Champs-Élysées, la police arrête Éric Drouet et le place une nouvelle fois en garde à vue pour le motif fallacieux d’« organisation d’une manifestation sans déclaration préalable ». Relâché une vingtaine d’heures plus tard, l’infortuné citoyen en colère comparaîtra en février prochain devant le tribunal correctionnel. Une seconde convocation l’attendra en juin prochain pour la détention supposée d’un bâton (et pourquoi pas un coton-tige ?). Ce chauffeur routier de 33 ans, devenu l’une des figures des « Gilets jaunes », avait auparavant été entendu dans un commissariat pour un soi-disant délit de « provocation à la commission d’un crime ». Il avait envisagé de manifester devant l’Élysée et, le cas échéant, d’y entrer. De quoi de plus normal pour un bâtiment de la République ?

Dans la matinée du 8 novembre 2018, Julien Coupat était victime d’une interpellation préventive dans l’Est de Paris. Les policiers découvraient dans son véhicule un masque, un gilet jaune et des bombes… de peinture ! Après une longue garde à vue, l’une des victimes de la machination étatico-policière sarközyste de Tarnac ressortait libre avec un rappel à la loi dans la poche.

Julien Coupat et Éric Drouet sont des proies du Régime. Tout l’arsenal répressif voté sous le calamiteux Sarközy se déploie pour la circonstance. Le Régime se veut intraitable envers l’opposition populaire pendant qu’il laisse le désordre s’installer dans les banlieues de l’immigration. Il paraît évident qu’Emmanuel Macron ne se fera pas photographier en enlaçant dans une pause presque érotique Julien Coupat, Éric Drouet et Nicolas Dupont-Aignan ! Le 7 décembre dernier, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner porta plainte contre le député non-inscrit de l’Essonne et président de Debout la France. Suite aux nombreuses dégradations commises à l’Arc de Triomphe, le 1er décembre, Nicolas Dupont-Aignan désignait les « petits casseurs de Castaner », soit des agents provocateurs, pas forcément subordonnés à la place Beauvau, infiltrés parmi les manifestants. C’est donc en France qu’un ministre se permet de poursuivre un élu de l’opposition, ancien candidat à l’élection présidentielle, qui s’interroge à haute voix. Si cette ignominie avait été commise à Moscou ou à Budapest, les sempiternelles associations humanitaires auraient hurlé à l’attentat contre les droits de l’homme. Or, c’est un silence assourdissant !

Ces mêmes associations parasitaires grassement subventionnées par Soros et nos impôts se taisent aussi au sujet des incroyables accusations portées contre Benoît Quennedey. Ce haut-fonctionnaire bourguignon de 42 ans a été mis en examen après quatre jours de garde à vue pour « trahison par livraison d’informations à une puissance étrangère ». L’énarque, membre du Parti radical de gauche jusqu’en 2017, préside l’Association de l’amitié franco-coréenne et est l’auteur chez Delga qui publie les œuvres de Michel Clouscard, de La Corée du Nord, cette inconnue, puis, aux éditions Les Indes Savantes, L’Économie de la Corée du Nord en 2012. Naissance d’un nouveau dragon asiatique ? La DGSI s’attaque donc à un haut-fonctionnaire qui officie à la direction de l’architecture, du patrimoine et des jardins du Sénat. Benoît Quennedey a peut-être fourni à Pyongyang les plans ultra-secrets du Jardin du Luxembourg ou bien les dates confidentielles d’élagage des arbres…

Le 2 octobre 2018, une vaste opération soi-disant anti-terroriste frappait à Grande-Synthe le Centre Zahra, une association culturelle musulmane chiite. Deux semaines plus tard, le préfet du Nord fermait pour six mois ce lieu accusé de diffuser l’islam radical chiite à l’échelle européenne. Dans le même temps, les terroristes d’Al Qaïda et de Daech rentrent tranquillement en France ou quittent les prisons. Le Centre Zahra est une cible facile. Certains de ses animateurs dirigent le Parti anti-sioniste et ont soutenu en 2009 aux élections européennes en Île-de-France la liste de Dieudonné et d’Alain Soral, deux autres persécutés politiques.

Pendant que le Régime menace d’honnêtes gens, sa police avoue son impuissance face aux voyous du 9-3 et aux racailles du CAC 40. Au lieu de s’en prendre à de fantasmatiques agents à la solde de l’Iran, de la Corée du Nord ou de la Russie, le contre-espionnage devrait plutôt démanteler les puissants réseaux d’influence en France qui œuvrent pour les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Il devrait en particulier se pencher sur ces individus qui, à l’instar de cet élu des Français à l’étranger, servent d’abord les intérêts de la seule puissance nucléaire du Proche-Orient. Intérêts qui nuisent à l’avenir de la vraie France européenne.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 108, mise en ligne sur TV Libertés, le 14 janvier 2019.

samedi, 12 janvier 2019

Christophe Guilluy et le mystère bobo

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Christophe Guilluy et le mystère bobo

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

« Le grégarisme social est un des fondamentaux de la bourgeoisie. À cet égard, les bobos ne font pas exception. »

Les livres de Guilluy sont riches et instructifs, et plutôt que d’en faire une présentation globale, je traiterai une question essentielle – celle du bobo qui semble devenir une entité eschatologique dans le monde déclinant et menaçant –mais aussi délirant - où nous vivons. Bio, parfois homo, puéril, homogénéisé, aseptisé, unisexe (même avec des gosses), xénophile, francophobe, multiculturel, solidement abruti par ses médias subventionnés, avec son cadre de vie surprotégé et par le bonisme dont parlait le grand historien US Stanley Payne, le bobo est effrayant. Et il devient méchant, car il justifiera, après la guerre en Syrie et l’opération des migrants, toutes les brutalités d’un président honni pour préserver, sinon son cadre de vie, du moins son cadre mental qu’il nous a imposé depuis trente ans de réaction bourgeoise socialiste. Rien de neuf sur le fond : lisez Taine (le bourgeois est un être de formation récente…) et comprenez que le bobo est un jeune bourgeois moliéresque relooké. Soyons précis : le bobo n’est surtout pas bohême, il a été fabriqué par la société postindustrielle et par le surdéveloppement étatique, il est puritain, orwellien, aseptisé, il veut tout censurer. Sa festivité est d’appellation contrôlée, et il pratique le tri sélectif dans tout ce qu’il fait. Le bobo obéit, alors que le peuple réagit.

Mais essayons de ne pas trop polémiquer et d’étudier cette entité qui vote Macron et socialo, recueille le migrant (regardez l’article de Télérama qui est à mourir de rire) mais hait son prochain (voyez Cochet qui nous demande de disparaître pour laisser la place au migrant).

On va citer d’abord Thomas Frank, le très brillant essayiste américain, qui a écrit sur cette épineuse question : pourquoi les riches et les privilégiés sont de gauche (et pourquoi donc le populo allait devenir populiste). Dans une interview traduite il déclare :

« Ce que désire la classe des professionnels bien diplômés, c’est une méritocratie plus parfaite : un système où ceux qui ont du talent peuvent s’élever. Quand on est parvenus à la diversité et que les gens brillants de toutes races et de tous sexes ont été dûment qualifiés, cette espèce de libéral ne peut pas vraiment concevoir d’autres griefs contre le système. Les revendications des travailleurs ordinaires ne les touchent pas : les vigiles, les serveurs de fast-foods, les aides à domicile et les gardes d’enfant – dont la plupart sont des femmes et des personnes de couleur – qui n’ont pas de diplôme universitaire. »

Un autre américain, Stanley Payne, évoque le buenismo, inspirateur du citoyen anesthésié (je préfère aseptisé) des temps postmodernes :

« À présent, aucune nouvelle idéologie ne peut agir comme levier de la société. Au contraire, en Espagne, la "bonté" a été imposée, la chose politiquement correcte. Mais cette "bonté" ne cherche pas à provoquer de grandes révoltes, mais l’inverse. Le bien est contre les révoltes. Il prétend dominer la société, mais promouvoir le conformisme, pas les révoltes. »

cgfdh.jpgVenons-en à Guilluy. Dans son ouvrage sur la France périphérique, il écarte brillamment le mythe d’un accord entre bobos et musulmans (base électorale du PS) :

« Le gauchisme culturel de la gauche bobo se heurte en effet à l’attachement, d’ailleurs commun à l’ensemble des catégories populaires (d’origine française ou étrangère), des musulmans aux valeurs traditionnelles… Autrement dit, le projet sociétal de la gauche d’en haut s’oppose en tous points à celui de cet électorat de la gauche d’en bas. »

Comme savent tous ceux qui passent par Paris ou Lyon (ou ailleurs), les bobos ne se mélangent tant pas que ça. Guilluy :

« Les quartiers boboïsés des grandes métropoles fonctionnent eux aussi sur un fort capital d’autochtonie, presque communautaire. À l’heure où les classes populaires sont régulièrement sermonnées pour leur populisme, leur racisme, voire leur communautarisme, il apparaît que les couches supérieures (des riches aux bobos) pratiquent de plus en plus une forme de communautarisme qu’elles refusent aux plus modestes. »

Cela rappelle le fameux numéro de Patrick Timsit dans la Crise de Colline Serreau : ceux de Saint-Denis ont dû faire de la place. Ceux de Neuilly par contre…

Et Guilluy d’ironiser sur les limites de cette société ouverte :

« On peut toutefois remarquer que les tenants de la société ouverte ne sont pas insensibles à ce capital d’autochtonie. Les quartiers boboïsés des grandes métropoles fonctionnent eux aussi sur un fort capital d’autochtonie, presque communautaire. »

Tout cela sent hélas son Edouard Herriot : cœur à gauche et portefeuille à droite !

Le bobo n’est pas bohême, le bobo est d’abord un bourgeois un peu moins catho et réglo que les autres bourgeois (voyez mes textes sur Bloy et Bernanos) :

« Cette sociologie d’en haut permet d’ailleurs de réactiver un clivage droite-gauche à l’intérieur des grandes villes entre une bourgeoisie traditionnelle vieillissante et « boboland ». Un clivage relatif tant les points d’accord sont nombreux (à l’exception de la frange catholique de la bourgeoisie traditionnelle), ouverture au monde, sont ainsi partagés par l’essentiel de ces catégories supérieures. »

La France est sous le contrôle des deux groupes bourgeois :

« La France bourgeoise et urbaine, celle de l’Ouest parisien et celle des grandes métropoles régionales, était donc surreprésentée dans les manifestations parisiennes. En grossissant le trait, on peut dire que le débat sur le mariage homosexuel a opposé les deux bourgeoisies des métropoles : « bobos-sociétales » contre « traditionnelles et catholiques ».

Dans les Fractures, livre que j’ai trouvé encore plus instructif et incisif, Guilluy écrivait sur le goût bobo pour la promotion immobilière :

« Dans ces quartiers, les bobos sont en train de se constituer un patrimoine d'une très grande valeur en acquérant de grandes surfaces industrielles, artisanales ou en réunissant de petits appartements. Les services des impôts ont ainsi enregistré une explosion des ménages payant l'ISF3 dans tous les quartiers populaires des grandes villes et notamment à Paris. »

Puis la cerise sur le gâteau : le bobo adore la diversité car il adore exploiter à moindre prix.

« …en revanche, on ne souligne pas assez un autre aspect de cette nouvelle exploitation, qui permet d'offrir un train de vie « bourgeois » aux nouvelles couches supérieures sans en payer véritablement le prix. La nounou et la femme de ménage immigrées, et parfois sans papiers, ne ponctionnent que marginalement le budget des cadres. De la même manière, c'est bien grâce à l'exploitation en cuisine des immigrés que le bobo peut continuer à fréquenter assidûment les restaurants pour une note assez modique. »

Ami du restau bio et du four micro-ondes, attends encore, car Guilluy va te régler ton compte. 

Guilluy explique cet incomparable mépris du centre pour la France endormie des périphéries :

« Si la « boboïsation » de la sphère médiatique et culturelle est souvent critiquée, on souligne peu l'importance de la culture issue des quartiers populaires métropolitains sur une grande partie de la jeunesse. Les métropoles sont ainsi devenues des centres prescripteurs pour l'ensemble des territoires. Cette domination culturelle et politique des centres fait ressortir encore davantage l'invisibilité culturelle et politique des périphéries périurbaines et rurales. Cette France invisible concentre l'essentiel des couches populaires perdues de vue par la classe dirigeante et dont le poids démographique ne cesse de se renforcer. Car le nouveau monde, celui des métropoles inégalitaires, n'a pas encore fait disparaître l'essentiel d'une France populaire et égalitaire. »

Alain de Benoist avait écrit dans l’Idiot international, journal où j’officiais moi-même, un dense texte sur ce sujet qu’il concluait ainsi :

« On est loin alors, en effet, très loin des vieux clivages. Barrès et Jaurès réconciliés pour estoquer Bernard Tapis. Beau sujet d’allégorie pour un artiste de l’avenir. »

Guilluy va plus loin et remarque que le bobo aime bien se défausser de son racisme sur le petit peuple :

« L'acquisition d'un pavillon bas de gamme impliquerait même le « rejet de l'autre ». Bizarrement, ce déterminisme urbain, cet « effet pavillonnaire », resterait inopérant pour le bobo parisien acquéreur d'une maison individuelle dans le Lubéron… »

cgno.jpgLe coup du vivre ensemble ? Guilluy :

« Ce choix résidentiel, souvent imposé par des opportunités foncières, témoigne a priori d'une plus grande tolérance à la diversité sociale et culturelle. Les bobos portent ainsi très haut l'argumentaire du « vivre ensemble…Dans ces quartiers, ce discours vient opportunément masquer la violence sociale engendrée par l'appropriation d'un parc de logements et de quartiers hier populaires. Il permet par ailleurs d'occulter le rapport de classes, pourtant très marqué, entre les bobos et les couches populaires. »

C’est ce qu’il appelle le vivre ensemble séparé - manière américaine, brésilienne ou sud-africaine…

Car tout ce cirque intello a ses limites :

« Dans les quartiers du Nord et de l'Est parisien, ceux qui s'embourgeoisent le plus rapidement depuis les années 1990, il n'est pas rare de trouver des copropriétés privées occupées exclusivement par des bobos, « blancs », jouxtant des immeubles où demeure une majorité de ménages précarisés d'origine maghrébine et africaine. »

Guilluy ajoute :

« Vus d'avion, ces quartiers illustrent apparemment l'idéal de la ville mixte, leur diversité sociale et culturelle étant une réalité perceptible dans l'espace public. En plan rapproché, la ville « arc-en-ciel » laisse la place à un découpage du parc de logements qui nous ramène plus à l'Afrique du Sud au temps de l'apartheid. Une situation qui risque de perdurer du fait du renchérissement du foncier. »

Le fric décide de tout, mais on l’avait compris. Et de la même manière que les concierges votaient à droite et les digicodes socialiste, Guilluy écrit :

« Le grégarisme résidentiel des bobos, avec digicode et interphone, n'a en réalité pas grand-chose à envier en matière de délimitation d'une sphère privée au petit lotissement. »

Cet apartheid subtil et intelligent, pour reprendre les expressions d’un crétin, est habile :

« Comme pour le logement, le séparatisme scolaire revêt aussi une dimension ethnoculturelle. C'est d'ailleurs ce critère qui, pour le sociologue Georges Felouzis, est le plus déterminant dans le processus de ségrégation scolaire. Le chercheur souligne ainsi que les couches supérieures mettent en avant le niveau scolaire des élèves pour éviter un collège, mais qu'ils se déterminent en réalité sur l'origine des élèves et notamment la couleur de la peau. Les collèges où se concentrent des élèves maghrébins et subsahariens seront contournés en priorité. »

Les enfants bobos n’ont pas de souci à avoir (ils ruineront leurs parents ou se feront flinguer en Amérique  lors d’un campus-killing, mais c’est un autre problème) :

« Les enfants des bobos se retrouvent dans les meilleures classes, les enfants d'immigrés se concentrent dans les classes où l'échec scolaire est le plus important et où l'orientation en BEP sera la norme. Des logiques de séparations sociales et ethnoculturelles s'observent aussi à l'intérieur des mêmes classes. Si ces stratégies résidentielles et scolaires n'interdisent pas de réelles solidarités (soutien scolaire, défense des sans-papiers et de leurs enfants), il apparaît que le séparatisme discret des couches supérieures s'impose pourtant à l'ensemble des quartiers dits « mixtes ».

J’ajouterai juste une remarque. La classe bobo des cadres et des professions libérales, des pléthoriques fonctionnaires municipaux et des commissaires de la cybernétique, avec son arrogance, sa tartuferie, sa sous-culture, est insupportable. Et elle tient le coup parce que sa presse est subventionnée par le pouvoir et donc par nos impôts. Et si on arrêtait de banquer pour cette presse qui incarne une classe et une idéologie isolées, on mettrait fin à 90% de notre problème.

Sources

Christophe Guilluy – Fractures françaises ; la France périphérique (Champs)

Nicolas Bonnal – Le choc Macron (Dualpha)

vendredi, 11 janvier 2019

Le RIC, l’extrême-gauche et le peuple

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Le RIC, l’extrême-gauche et le peuple

par Christophe Hamelin

Ex: https://lesmoutonsenrages.fr 

Je tiens à faire un avant-propos à cet article dans la mesure où ce que je vais essayer d’expliquer ne va pas de soi. C’est pourquoi je demande, aux jeunes en particulier, de faire preuve de discernement en le lisant. La jeunesse déborde de générosité et est sensible aux oripeaux que développe la gauche. Je fais appel ici à la lucidité en demandant de remettre en cause les évidences d’un discours en apparence généreux par lequel il me semble que l’extrême-gauche dissimule en réalité intolérance et détestation du peuple. En ce sens, l’extrême-gauche est un rouage du fascisme ambiant. Telle est la démonstration que je vais tenter dans cet article. Enfin, je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas ici d’affirmer que la droite est meilleure que la gauche mais bien plutôt que les deux tendent vers le même point. Contrairement aux apparences…

Ce qu’il y a d’intéressant à notre époque, c’est que plus le capitalisme se contracte sous l’effet de ses contradictions, plus la situation devient radicale et plus les masques tombent. Ainsi le mouvement des Gilets Jaunes a-t-il révélé la haine du peuple qui régie la mentalité de plusieurs groupes sociaux. On pourrait citer des métiers comme les professeurs (il faudra quand même un jour s’intéresser sérieusement à ce que les professeurs ont dans la tête et questionner les motivations de cette « belle vocation »), grands absents du mouvement, mais aussi les gauchistes, eux aussi aux abonnés absents. Et c’est bien de ce dernier groupe dont il va ici être question.

Penchons-nous sur la littérature internet de groupuscules tels que Rebellyon, la Horde, la Rotative, Paris-Lutte.info, etc. Nous sommes-là dans la mouvance antifa, donc qui se veut « anti-fasciste ». Mais nous allons voir que, en matière de fascisme, rien n’est simple et qu’il ne suffit pas de proclamer être son contraire pour ne pas l’être… Huey Pierce Long, gouverneur autoritaire et corrompu de Louisiane avant-guerre, aurait déclaré : « Quand le fascisme arrivera aux États-Unis, on l’appellera antifascisme ! » (notez que la phrase n’est pas de cet escroc de Churchill). J’ai bien peur que les antifas soient la concrétisation de cette triste sentence. Ils se disent anti-capitalistes mais sont pour les migrations, pour la PMA et la GPA (voir ici par exemple)etcÀ quoi l’on peut répondre que soit ils n’ont pas compris que les migrations actuelles sont le résultat de la destruction de l’Afrique et du Proche-Orient par le capitalisme et que l’oligarchie les promeut parce qu’elles sont un moyen de destruction des identités au profit de la création d’une identité mondialisée de consommateur, soit ils l’ont compris et ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place1. Soit ils n’ont pas compris que la PMA et la GPA représentent la mise en place d’un marché mondialisé de la fabrication d’enfants par des multinationales, soit ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place. La liste de leurs prises de position qui font d’eux des fascistes est trop longue pour être ici égrainée. C’est pourquoi nous allons ici nous concentrer sur une seule d’entre elles : leur opposition au Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC) que l’on peut lire iciou encore là article repris  et  , etc.). Ces groupuscules qui volent l’appellation d’extrême-gauche au champ politique considèrent que le RIC est une porte de sortie pour le pouvoir bourgeois. « Le RIC est alors apparu, comme un moyen de s’épargner la révolution » écrivent-ilsIl y a, dans ce propos, une telle inculture de ce qu’est l’histoire que les bras m’en tombent. Mais qu’est-ce qu’une révolution pour eux ? Croient-ils qu’elle se décrète ? Ils n’ont tout simplement pas compris que le RIC est profondément révolutionnaire en lui-même. Pourquoi ? Parce qu’il représente une remise en cause de la représentation. Or la représentation politique est l’outil principal de la domination politique aujourd’hui. Il est d’ailleurs tout à fait frappant d’observer qu’un des articles les plus repris sur ces sites d’extrême-gauche méconnaît la différence entre le vote pour un représentant (caractéristique de l’oligarchie) et le vote pour une décision (caractéristique de la démocratie2) : « Le RIC, comme les élections de représentants, c’est avant tout un bulletin de vote dans une urne. C’est-à-dire l’abandon d’une puissance collective au profit d’une démarche individuelle» Justement non, c’est là que réside la différence : la souveraineté consiste dans la volonté générale, comme le disait Rousseau, et la volonté ne se représente point. Elle est ou elle n’est pas. La souveraineté est prise de décision et non abandon de ce pouvoir au profit de représentants. Les débats qui mènent à cette prise de décision sont la démocratie en exercice. En ce sens, le RIC doit être une tentative de formalisation de cette volonté générale. Je pèse mes mots : il faut vraiment ne rien avoir compris à ce qu’est la démocratie pour affirmer, comme le fait la Rotative, que le vote pour une décision équivaut au vote pour un représentant.

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Le RIC est le premier pas vers l’instauration d’une démocratie en France. Le peuple de France tente de prendre du pouvoir à l’oligarchie qui le domine outrageusement depuis l’instauration des dictatures bourgeoises en occident au XVIIIème siècle, ceci est une première pour le XXIème siècle ! Soyons clairs : le RIC est législatif, abrogatoire, constituant et révocatoire. Qui pense sérieusement qu’une telle mesure pourrait être entérinée par l’oligarchie fasciste qui règne actuellement en France ? C’est bien simple : jamais elle n’acceptera ce qui signerait la fin de son hégémonie. Bien sûr, pour que le RIC existe, il ne faut pas demander aux juristes bourgeois de le dessiner pour nous. Non, eux ça suffit aussi : ces incultes arrogants ont fait suffisamment de mal au peuple. Il faut que le peuple donne sa forme au RIC. Pour ça, il faut mettre en place un deuxième temps du mouvement Gilets Jaunes, c’est-à-dire installer partout des ateliers pour mutualiser les idées qui donneront naissance et légitimité au RIC, cela sans abandonner les manifestations. Car disons le franchement : si le mouvement a eu un tel impact, si le monde entier nous regarde aujourd’hui avec admiration3, c’est du fait de notre capacité à nous comporter comme un peuple face au pouvoir et à répondre de façon virile4 à sa violence5On voit ici le potentiel révolutionnaire !

CependantParis-Luttes.info écrit : « Pour autant, et en réalité nous le savons tous, rentrer chez nous avec le RIC, c’est retourner au chagrin, sans rien de plus dans le frigo ». Si on les écoute, cela signifie qu’il faut repartir avec des mots d’ordre de type syndical, ceux-là même qui ont si bien marché pour nous mener là où nous sommes aujourd’hui, au bord du gouffre… Avec des revendications de type syndical, on réclame des droits à nos maîtres. Par là, nous reconnaissons leur domination et ne nous attaquons pas aux racines du mal, aux causes qui font que la situation du peuple est intenable. Ce que ces militants de gauche doivent comprendre, c’est que si nous demandons du pain à l’oligarchie, nous n’aurons jamais que des miettes ; or, avec le RIC, ce que nous demandons, c’est la boulangerie6La position de ces pseudo-intello de gauche est absolument intenable : d’un côté, ils nous parlent sans cesse de révolution, mais quand le mouvement est là, ils s’en tiennent à des revendications de droits (tel est d’ailleurs le piège que le féminisme tend au peuple, piège que Hannah Arendt avait pourtant déjà décrit en son temps : quémander des droits est l’inverse de la démocratie). Nous n’avons plus envie de revendiquer des droits : nous voulons instaurer une démocratie – enfin – pour que cesse notre oppression.

Pour nous désespérer quant à l’avènement d’une telle démocratie, c’est-à-dire un régime dans lequel le peuple serait souverain, Paris-luttes.info donne l’exemple de pays comme la Grèce et l’Argentine où, comme en France, le résultat des référendums ont été annulés par la bourgeoisie. Mais il est fallacieux d’utiliser de telles comparaisons ! Dans ces pays, le RIC n’existe pas ! L’oligarchie dessine encore la vie institutionnelle de ces pays. Rien à voir avec ce que nous demandons. Le RIC étant révocatoire, les politiciens n’obéissent pas aux ordres du peuple ? Ils dégagent ! On est loin de « l’appel à la pitié » dont Paris-luttes.info affuble le RIC. Encore une fois, il faut vraiment ne rien avoir compris pour écrire une chose pareille !

Toujours dans la critique du RIC, on a aussi ce type d’arguments : « il faut aussi noter que les partis d’extrême-droite ont une forte tendance à utiliser les outils référendaires pour avancer un agenda politique raciste ». Bon alors il ne reste plus qu’à mettre l’extrême-gauche au pouvoir pour être sûr que seules les idées compatibles avec notre bonheur seront adoptées. Blague à part, on voit ici l’absence totale de confiance dans le peuple : comme l’extrême-gauche possède la vérité, il est normal qu’elle sache mieux que nous ce qui est bon pour nous. C’est déjà ce que disaient Karl Marx ou Pierre Bourdieu : le scandale des scandales pour la petite-bourgeoisie – et l’extrême-gauche est désormais un mouvement petit-bourgeois – est de ne pas être reconnue pour ce qu’elle s’imagine être, ne pas pouvoir concrétiser en terme de pouvoir, la domination éthique qu’elle fait peser sur les classes populaires. La petite-bourgeoisie gauchiste reste impuissante politiquement et n’est bonne qu’à râler parce que ses valeurs (qu’elle partage bien souvent avec la bourgeoisie fasciste à l’image de sa haine de l’identité ou encore son dégoût de la nature que, en accord avec les multinationales, elle veut modifier au nom, par exemple, d’un supposé droit à l’enfantetc.) ne sont pas reconnues par ce satané peuple quil faudra bien changer tôt ou tard en l’éduquant. La posture de l’extrême-gauche face au RIC est révélatrice de sa haine du peuple7.

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Des humains de qualité ne peuvent apparaître que dans un contexte où règne la confiance, où tout n’est pas formalisé, où l’on s’autorise à explorer. Faire confiance, c’est, par exemple, écouter l’autre sérieusement et avec bienveillance, pas comme un imbécile qu’on veut réformer. C’est dans la confiance que la beauté se révèle, pas dans la surveillance et le soupçon. Ceux qui prétendent sans cesse « qu’on n’y arrivera pas sans éduquer le peuple » se trompent complètement. On n’éduque pas un peuple, on le met en confiance en lui faisant confiance. À mort toutes les écoles et tous les éducateurs, vive la confiance et le partage, seul terreau de toutes les qualités humaines.

Bien sûr, avec le RIC, l’appareil médiatique actuel devra être démantelé : il n’est pas possible de mener un débat sérieux avec l’intervention de journalistes. Toute cette clique de fainéants aux ordres de l’oligarchie n’a d’autre fonction que de nous faire douter de nous, de nous rapetisser, de tirer tout débat vers le bas. Eux sont capables de tenir le RIC en échec, de le frelater et de faire en sorte que nous soyons déçus de nous-mêmes. C’est dans un tel contexte que les idées les plus nocives collectivement risquent de passer, du fait de ce complexe journalistique qui ne fait que jouer sur nos peurs. 

Il y a enfin le cas extrêmement grave d’Étienne Chouard, que la Rotative présente comme « Blogueur très apprécié de différentes tendances d’extrême-droite avec qui il partage régulièrement l’estrade. » Comme le RIC qu’il promeut d’ailleurs de toutes ses forces, Chouard est un révélateur. On se frotte les yeux quand on lit ce qui lui est reproché : avoir discuté sur Internet avec des gens d’extrême-droite, avoir osé dire qu’ils n’avaient pas tort sur tout. Voilà les réflexes idéologiques qui font office de réflexion à l’extrême-gauche : si on est pas d’accord avec toi et que quelqu’un te parle, il devient par là notre ennemi. Plus encore : comme vous êtes d’extrême-droite et que pour nous, l’extrême-droite c’est le fascisme, vous avez tort sur tout. Hitler a dit que l’Angleterre était une île ? Alors c’est faux, elle ne peut pas être une île ! Pourquoi ? Parce que Hitler est très très méchant ! Comme il est très très méchant et qu’on veut que tout le monde sache qu’on est contre lui, on contredit tout ce qu’il dit. Cela semble caricatural mais en observant précisément le contenu des critiques adressées à Chouard, on s’aperçoit qu’elles sont pourtant de ce tonneau.

Il y a chez les gauchistes aujourd’hui un fantasme de destruction de l’Autre, de ce qui est différent. Si on parle avec l’extrême-droite, c’est qu’on est d’accord avec elle, c’est qu’on est contaminé, c’est comme une maladie. Il est inadmissible qu’une sorte de police de la pensée naisse ainsi chez ceux qui prétendent être le parti de l’émancipation. Le refus du dialogue avec l’Autre, le fantasme de sa destruction me semble bien plus proche du fascisme que tout ce que je vois à l’extrême-droite. L’attitude qu’il faut avoir dans ces temps difficiles est au contraire une posture de dialogue avec tout le monde, dire nos peurs, écouter celles de l’Autre, essayer de les comprendre, c’est-à-dire considérer l’Autre comme aussi intelligent que soi et dialoguer pour fonder un monde commun comme dirait Arendt.

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Malheureusement, Chouard s’est excusé pour avoir dialogué avec l’extrême-droite. Il a reconnu que Soral, par exemple, avait eu des paroles inadmissibles. Ce qui est vrai mais ne veut pas dire qu’il ait tort tout le temps ! Et ça, ça n’est pas négociable quelque soit la violence de la police de la pensée gauchiste car c’est de la logique, et la logique n’a que faire de la police de la pensée, n’en déplaise à un Frédéric Lordon ou un François Ruffin8. Et voici donc ces quelques paroles échangées sur le net qui transforment Chouard en blogueur qui « partage régulièrement l’estrade » avec l’extrême-droite. Il n’y aura jamais de pardon mon pauvre Étienne, pas avec ces gens ; tu n’auras jamais de pardon pour une faute qui, de toute manière, n’existe que dans les esprits embrigadés de tes accusateurs. Du coup, on obtient le syllogisme suivant : Chouard = extrême-droite ; Chouard = RIC ; donc RIC = extrême-droite. Exemple tiré de La Horde : « C’est donc sans surprise qu’on voit ressurgir des personnalités comme Étienne Chouard, qui refuse de reconnaitre le danger que représente l’extrême droite parce que cela rentre en contradiction avec son projet de démocratie intégrale. De même, présenter le référendum d’initiative citoyenne (RIC) comme la solution miracle à tous les problèmes est en soi un problème. » CQFD. Au passage, j’aimerais bien que la Horde nous explique ce qu’est la « démocratie intégrale ». Elle s’opposerait, j’imagine, à une « démocratie partielle » ? De quoi s’agirait-il ?

En fait, ces individus endoctrinés veulent infiltrer le mouvement des Gilets Jaunes pour en exclure les franges du peuple qui ne leur conviennent pas et faire correspondre le mouvement à leurs obsessions. Ils veulent le rationaliser9. Ils n’ont aucune légitimité pour faire cela. Ce mouvement ne leur appartient pas : ils peuvent y venir mais pas y imposer leurs buts ou leur mono-obsession de l’extrême-droite. Plus encore, en empêchant le dialogue entre des strates du peuple que les stratégies de l’oligarchie sont parvenues à opposer, ils l’affaiblissent face à l’unité de la classe dominante et, par conséquent, sont des traîtres au peuple. Ils sont des mécanismes du maintien de l’ordre fasciste qui règne en occident. Ils ont beau s’appeler « antifa », ces petits-bourgeois sont les nouveaux fascistes : intolérants, persuadés de détenir la vérité, imperméables au doute. Ce n’est pas parce qu’ils se sont achetés des drapeaux rouges et noirs qu’ils sont à l’abri de l’accusation d’être des fascistes. Ils me rappellent ces paroles du chansonnier Pierre Selos dans sa chanson « Les cons sont là » :

« ceux qui n’ont pas compris l’histoire,

les fossoyeurs de la mémoire,

et qui refont tous les faux-pas :

les cons sont là. »

La question qui se pose alors me paraît être celle-ci : comment fait-on quand on est contre le progrès (défendu par la gauche) et contre l’autoritarisme et la hiérarchie (défendus par la droite) ? Il n’y a nulle part où aller sur l’échiquier politique. Hé bien tant mieux car heureusement, une alternative populaire vient de naître : le mouvement des Gilets Jaunes.

Christophe Hamelin

Notes:

Il est assez fascinant de constater leur entêtement à ne pas analyser les migrations modernes dans leur contexte capitaliste. Ainsi le site La Horde écrit-il : « De même, refuser de considérer comme un problème le nationalisme assumé des gilets jaunes à travers à la fois des symboles et une façon de se définir (« les Français ») est d’autant plus dangereux que, en particulier sur les réseaux sociaux, cette identité nationale est non seulement interclassiste, mais également construite contre un cosmopolitisme associé dans l’esprit des gens au capitalisme sans frontière. » L’incapacité, toute idéologique, de l’extrême-gauche à comprendre le phénomène profondément humain qu’est l’identité en fait un rouage de l’actuel ordre fasciste. Dans la mythologie totalitaire du progrès, les identités sont effacées. Mais au profit de quoi ? D’une identité politique ? Mais alors il s’agit d’un endoctrinement puisque la personnalité de l’individu est déterminée par des idées hétéronomes. Plus encore, dans l’ordre actuel, l’effacement des identités se produit au profit de la constitution d’une identité de consommateur mondialisé. Or cela est la marque du totalitarisme aujourd’hui. Un monde sans identité, d’individus déracinés, dans lequel il n’y a plus de résistances autonomes à l’ordre. Par conséquent, faire l’apologie des migrations revient à adouber l’ordre fasciste que cherche à instaurer l’oligarchie. Donc, les gauchistes sont des néo-fascistes. Cette inversion de termes (appeler « fascistes » les « antifa ») peut paraître choquante a priori mais mérite réflexion.

Je conseille aux gauchistes de se pencher sur Aristote, Les politiques, IV, 9, 1294b4.

Je ne lis malheureusement que l’anglais donc je ne peux pas dire pour les autres peuples mais allez voir sur les forums anglo-saxons, en particulier états-uniens : la teneur des propos sur le mouvement Gilets Jaunes change complètement du « french bashing » habituel. Ils sont estomaqués et nous admirent.

La virilité est bien sûr une caractéristique du genre masculin mais concerne les deux sexes.

5 Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

Helder Camara, évêque brésilien

Allégorie entendue par un pote sur un rond-point.

Par contre, je n’ai aucun doute sur le fait que les gauchistes sont incapables de comprendre un mot de ce que je raconte. En effet, ils se gargarisent de slogans pro-peuples style : « Les muscles de cette société, ce sont les millions de prolos. La seule force capable de s’opposer à celle du capital, la voici. » (Paris-luttes.info) mais sont incapables de voir que leur posture dit exactement l’inverse de ce type de propos standardisés.

Les récentes hésitations de Ruffin sur Chouard ne changent rien au fait qu’il s’est rendu coupable d’avoir participé à son lynchage.

C’est-à-dire qu’ils veulent le faire correspondre à une idée.

 

jeudi, 10 janvier 2019

L’incroyable faillite du maintien de l’ordre macronien…

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L’incroyable faillite du maintien de l’ordre macronien…

par Dominique G. Boullier

Professeur des universités en sociologie EPFL, Lausanne

Ex: https://lesmoutonsenrages.fr 

Divide et impera, ne va pas servir à grand chose, le peuple a compris qu’uni, il serait le plus fort. Une analyse sociologique de la situation depuis le début, qui éclaire sur la volonté de la macronie de diviser les gens pour tenter de garder le contrôle. 

Source: LE BLOG DE DOMINIQUE G. BOULLIER  via ArrêtsurInfo

L’incapacité à contrôler les actions violentes reste très étonnante compte tenu des effectifs mobilisés. On paye, sur le plan technique, un aveuglement par l’état d’urgence et, sur le plan politique, une approche méprisante de tout public qui manifeste. Sans réponse politique, l’apprentissage de l’émeute qui se produit actuellement peut conduire à un «mai rampant» de funeste mémoire en Italie.

Comment peut-on en arriver à un tel désordre après des années d’état d’urgence et une pratique constante de répression de toutes les manifestations, les plus diverses, alors même qu’on y met les moyens en effectifs ? La faillite touche tous les maillons : les capteurs (le renseignement), les articulations (les transmissions), la décision (le commandement et le politique), la mise en œuvre (le personnel sur place).

Après avoir travaillé pendant plusieurs années à observer in situ et à comprendre les méthodes de maintien de l’ordre jusqu’au début 2010, et avoir publié un livre sur le sujet (« Evénements et sécurité. Les professionnels des climats urbains », Presses des Mines, 2013, avec S. Chevrier et S. Juguet), je constate une évolution catastrophique des méthodes et des principes, tout en admettant les limites de mes informations actuelles, basées sur les médias, sur les récits et sur mes observations dans le secteur des Champs Elysées.

La perte de contact avec le pays réel, la faillite du renseignement

Le mouvement des gilets jaunes n’est pas structuré, il n’a pas de leader, de service d’ordre, il vient d’émerger, etc. Doit-on en conclure qu’on ne peut rien en connaitre ? Non, certainement pas, et le suivi des réseaux sociaux par les services de renseignement français s’est d’ailleurs déplacé depuis récemment sur les mouvements dits « extrémistes » puisque le terrorisme et la radicalisation islamique semblaient se mettre en veilleuse. On a donc des infos sur ce qui se dit, sur la conversation, sur sa tonalité (beaucoup d’agences font cela pour les marques), voire sur les comptes des personnes qui parlent, qui agissent pour la plupart sans masque. On peut donc savoir le degré d’énervement, les cibles potentielles, les déplacements prévus, tout au moins en partie. Evidemment, ça ne permet pas une analyse fine in situ, au moment des manifestations et sur les barrages, car dans ce cas, il faut du personnel, sur place, infiltré ou non, pour tenter de comprendre ce qui se passe et quels sont les leaders potentiels. Si cette infiltration archi connue de la part des RG à une époque ne se fait plus, serait-ce dû à la fusion des services qui a connu quelques ratés, c’est le moins qu’on puisse dire ? ou serait-ce parce qu’on ne comprend le renseignement direct que comme une arme de répression et non un outil de pilotage ? Car avec un mouvement aussi peu structuré, le travail de renseignement devrait paradoxalement servir à les aider à se structurer (et non à les casser ou à les embarquer indistinctement).

L’affrontement comme premier réflexe pour rendre impossible une vraie manifestation

Lorsque des manifestants sont arrivés sans consigne au bas des Champs Elysées lors de l’acte II, il était possible d’aller parlementer, de chercher des leaders, de les fabriquer même, de les encourager à faire un service d’ordre, si toutefois le maintien de l’ordre s’entend aussi comme protection du droit de manifester et des manifestants. Au lieu de cela, ils ont été bombardés de lacrymo immédiatement et sans distinction en absence de toute activité à risque, ce que tous les observateurs ont noté le premier samedi matin. Toutes ces personnes ont vécu un traumatisme qui s’est répercuté toute la journée et qui a détruit la confiance dans la police. Aucune discussion, aucun pilotage en commun de la manifestation n’étaient plus possibles. Mon hypothèse était qu’il fallait surtout faire peur, faire peur à de « pauvres gens » « désorganisés » qui seraient, de cette façon, rentrés chez eux à la première alerte. Et ainsi éviter de donner le spectacle d’une grande manifestation pacifique, nombreuse et réussie sur les Champs Elysées. La décision est, me semble-t-il, politique avant tout, une gestion de crise qui croit disqualifier une dynamique sociale en lui bloquant les accès et le droit de manifester.

Petit récit du 1er décembre : à la recherche de l’ombre jaune

Le comble, c’est que la même stratégie, même si appliquée de façon totalement différente, a été mise en œuvre le samedi suivant 1er décembre. La sanctuarisation des champs Elysées a abouti à empêcher un accès de masse, à grand renfort de filtrage établi sur un seul point d’entrée. J’ai pu constater que tout accès vers la partie Nord des Champs était impossible. Les groupes de gilets jaunes erraient à chercher une entrée et se retrouvaient soit repoussés vers la place de l’Etoile, soit occupaient certains carrefours, par exemple avenue de Friedland. Vraiment pas violents mais vexés d’être repoussés en marge une fois de plus alors que certains venaient de loin. Et sans qu’on sache bien d’où venait la décision, quelques-uns, peut-être plus radicaux mais pourtant pas du tout extérieurs, décidaient de créer un début de barricade et tout le monde les regardait voire même les aidait, face à une quinzaine de CRS, pas plus, auxquels se sont joints des membres de la BAC, revêtus pour certains de gilets jaunes et qui commençaient à canarder la barricade avec des lacrymo et se repliaient aussitôt. Mais rien de tout cela n’était construit ou pensé, ni d’un côté ni de l’autre d’ailleurs. A un moment, le feu a pris et la tension est montée, puisqu’un groupe a entrepris d’attaquer l’agence bancaire tout proche en y mettant le feu. Mais les CRS présents ne pouvaient strictement rien y faire, les gilets jaunes présents soutenaient plutôt, car après tout une agence bancaire semblait un objectif plus justifié qu’autre chose. Les pompiers sont arrivés, les gilets jaunes les ont laissé intervenir, car il y avait des risques pour le reste de l’immeuble. Des voitures électriques publiques avaient aussi été incendiées tout près un peu avant. Tout cela seulement au milieu de l’après-midi (16h30), bien avant l’intervention des commandos de casseurs dont on nous a parlés et qui ont occupé le terrain plus tard, à la nuit tombante. Des compagnies avec leurs camions sont arrivées sur toute la largeur de l’avenue de Friedland et ont fait fuir tout le monde qui s’est regroupé dans les rues adjacentes en errant pour trouver un but. C’est seulement plus tard, vers saint Augustin, qu’on a pu trouver un rassemblement significatif qui tenait la place, en effrayant d’ailleurs les chevaux de la police montée, dont on se demande ce qu’ils faisaient là dans un contexte aussi dangereux. Le cortège était beaucoup plus significatif avenue de l’Opéra et on peut dire que ce fut le seul moment où la foule a trouvé son compte, c’est-à-dire celui on l’on se compte, où l’on se regarde manifester et on se dit qu’on a réussi à faire masse.

Comment favoriser l’apprentissage des émeutiers

Que cherchaient les forces de l’ordre pendant tout ce temps ? Elles couraient à droite à gauche, intervenaient quand les risques d’incendie ou de pillage (qui n’interviennent vraiment que le soir, avec une autre population) devenaient trop importants mais tout l’environnement pouvait servir aux émeutiers improvisés, puisque les chantiers n’avaient pas été nettoyés de leur matériel et les voitures particulières étaient toujours en place…. et disponibles pour les incendies ! A aucun moment, si ce n’est pour certaines manœuvres place de l’Etoile, en début de soirée, ne furent organisées des opérations de conquête réelle et durable du terrain. Pour une bonne raison, c’est que les effectifs étaient insuffisants pour tenir ce terrain regagné, puisqu’une grande partie avait été consommée pour fermer les champs et pour faire en sorte que les lieux du pouvoir fussent protégés (Beauvau et l’Elysée). Le choix de protection des Champs pouvait se comprendre mais jamais cela ne s’est traduit par une stratégie de canalisation des manifestants pour leur proposer des débouchés. Résultat, leur état groupusculaire fut encore renforcé, ce qui constitua une aubaine de plus pour les groupes radicaux qui intervenaient au fur et à mesure de la journée.

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Or, il était certainement possible de laisser cette manifestation se dérouler sur les Champs, quitte à ce qu’elle montre sa puissance et fasse image spectaculaire (ce qui entraîne un prix politique certain) tout en étant largement sécurisée par les effectifs présents tout autour (à condition de laisser des portes de sortie comme toujours). Mais pour cela il eût fallu aider à sa structuration, de façon à la couper un peu plus des radicaux. Quel choix a été fait au contraire pour empêcher toute visibilité à cette manifestation ? Celui de laisser se propager le chaos comme on l’a vu, sans avoir les moyens de le résorber, si ce n’est par épuisement très tard dans la soirée. L’effet de jonction entre les radicaux et les gilets jaunes a été renforcé, l’expérience d’une forme de guérilla urbaine a été rendue facile et attractive pour des primo-manifestants, déjà très remontés, mais pas au point de passer à l’acte si on les avait encadrés. Mais n’oublions que cet apprentissage se fait aussi dans les régions. Là aussi, comme à Marseille, la réaction brutale des forces de l’ordre, incompréhensible et injuste, encourage la rage, la haine, orientée vers la police, ce qui politiquement ne donne rien mais du point de vue de l’énergie dégagée se propage très vite car le message est très simple. Préfecture brûlée ou péages détruits semblent désormais faire partie du prix à payer pour tous les manifestants et la condamnation des violences ne se traduit plus par une condamnation du mouvement, ce qui est un signe d’échec total d’emprise sur les esprits, qui redouble l’échec dans le contrôle des corps des manifestants.

Une coupure police/ peuple organisée politiquement

Depuis les capteurs jusqu’à la mise en œuvre, des maillons importants ont failli, comme par exemple, la coordination étroite avec la Mairie de Paris. La préfecture de Police a tout concentré alors qu’il eût fallu s’assurer de l’appui de toutes les parties prenantes. Mais le maillon le plus faible est à coup sûr celui de la décision, à la fois technique et politique. Les politiques ont renforcé encore le modèle sécuritaire sans se préoccuper de la liaison avec ce mouvement insaisissable. Or, des personnels de police dédiés (et des politiques) auraient pu aussi travailler à établir cette liaison non pas pour disqualifier le mouvement mais pour aider à le structurer. Paradoxalement, la meilleure chose qu’aurait pu faire le pouvoir pour sa propre survie aurait été d’aider à cette structuration, du point de vue politique comme du point de vue sécuritaire, car ce sont désormais les radicaux qui vont faire son éducation, sur la base d’une détestation radicale de la police.

Ces erreurs se sont déjà produites en banlieue, au point de créer zones de non-droit puisque la police ne peut plus y intervenir. Elles se sont produites aussi vis-à-vis de toutes les manifestations non encadrées officiellement par les partis ou les syndicats (manifs pour les migrants, pour la Palestine, pour les ZAD, etc.). Dans tous ces cas, la réaction policière a été disproportionnée, et cela dès le début de l’état d’urgence avec une manif climat Place de la République immédiatement gazée. Cette habitude de consommation élevée de lacrymo dans des contextes très pacifiques au seul motif que ces manifestations ne sont pas déclarées, crée en fait les conditions de préparation, d’entrainement même, d’éléments de plus en plus nombreux et de plus en plus radicaux qui ne reviendront plus dans le rang ou dans un processus de co-sécurisation des manifestations. Or, c’est la seule solution pour que le droit de manifester se traduise par la sécurité des manifestants eux-mêmes et du coup de tout l’environnement.

La coupure totale du gouvernement avec la population, sur le mode technocratique qui est le sien, semble se répéter du point de vue sécuritaire puisque rien n’est fait pour créer des liens, structurer les mouvements, tous immédiatement traités comme des ennemis de la république. Cette culture finit par s’étendre dans l’esprit des fonctionnaires de terrain eux-mêmes qui peuvent se sentir tout puissants et cela d’autant plus qu’ils sont en réalité impuissants à endiguer durablement ces mouvements politiquement motivés. Mais cette culture d’ennemis s’étend aussi chez les manifestants de toutes les causes, qui peuvent aisément adopter le discours anti-flic que certains développent.

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Le commando Macron face à la haine qu’il a engendrée

C’est là le grand danger. Car au bout du compte, tous ces manifestants, gilets jaunes aujourd’hui mais ZAD auparavant, ont des objectifs politiques, et n’obtiennent aucune réponse (sauf dans le cas de la ZAD, au forceps comme on le sait et avec des dérapages dans le maintien de l’ordre là aussi incroyables, visant à disqualifier et à humilier, pour être sûr qu’ils n’enregistrent pas une victoire). Or, ces sentiments d’amertume, puis de rage se transforment petit à petit en haine, ciblée clairement contre Macron lui-même (comme l’a relevé François Ruffin), avec une contagion même dans l’administration qui ne comprend ni l’arrogance ni la rigueur de ce mode de traitement non-politique des problèmes. Car on peut dire tout le mal que l’on veut du vieux monde politique, son obsession pour sa réélection et pour sa réputation était utile pour corriger le tir dès lors que le rapport de force politique était défavorable. Ce déni de politique déteint sur la politique sécuritaire qui ne sait plus créer de lien, ni de réseau, ni offrir d’alternative. C’est déjà la façon dont Valls a procédé avec une brutalité qui est encore renforcée par le modèle technocratique de gestion des confits du commando Macron (puisqu’ils admettent avoir pris le pouvoir en mode commando). Mais le commando risque de trouver à très court terme de vrais commandos en face de lui, dans la rue voire ailleurs, car leur haine pour l’instant désorganisée commence à se cristalliser grâce à l’apprentissage actuel à grande vitesse. Et la faillite du maintien de l’ordre face à des foules désorganisées ne pourra qu’être encore aggravée par les débuts de structuration violente qui pourrait en résulter.

Le spectre d’un mai rampant et de ses conséquences

Cette évolution sera présentée comme une radicalisation mais ce genre de grille d’analyse n’est d’aucune utilité pour comprendre cette diffusion d’une forme de « sécession institutionnelle » : aucun relais institutionnel ne peut plus avoir prise sur ces colères et les plus positifs du mouvement finissent par reconnaitre que seule la violence permet de capter l’attention du pouvoir. Cette situation n’est pas inédite, contrairement à ce qu’on dit. C’est celle du « mai rampant » italien en 68. Les partis institutionnels étaient aussi disqualifiés malgré la force du PCI à l’époque ou en tous cas ne savaient pas répondre à la crise profonde des couches ouvrières du Piémont ou de Lombardie en particulier. Contrairement à la France, aucune explosion violente ni de grève générale durable n’avaient permis de faire soupape, d’obliger le gouvernement à de grandes négociations. La frustration qui est en résulté s’est transformée progressivement en terreau idéal pour le terrorisme des Brigades Rouges en particulier (mais Lotta Continua y a aussi participé). Dix ans de troubles et de blocages politiques jusqu’à l’assassinat de Aldo Moro n’ont pas permis d’ailleurs de réinventer des projets politiques attractifs. La décomposition des partis institutionnels français et la difficulté des partis mouvements à encadrer des mouvements populaires ne peuvent que créer les conditions favorables à une telle dérive, alors qu’elle avait été évitée (de peu) en France après 68.  Sans doute que la demande de grève générale et le renfort du mouvement ouvrier organisé pourraient atténuer cet effet de dérive lente mais certaine de nombreux éléments des gilets jaunes.

Le libéralisme autoritaire ou l’isolement définitif d’une oligarchie

De ce point de vue, la remarque de E. Todd, sur France 2, sur l’attrait du coup d’Etat est très judicieuse et inquiétante. Car toutes ces logiques de révoltes dans un contexte de dépolitisation délibérée par les élites libérales sont privées de toute chance de se construire un avenir, puisque nous vivons dans le monde de TINA. On peut dès lors comprendre ce qui se met en place du point de vue sécuritaire comme une préparation des esprits à la mainmise totale d’une oligarchie, déjà réussie sur le plan économique, réussie aussi sur le plan institutionnel par le commando Macron, et complétée par l’Etat autoritaire que l’expérience sécuritaire actuelle, aussi désastreuse soit-elle, ou parce qu’elle est désastreuse, prépare. La composante sécuritaire du libéralisme extrême est déjà mise en place idéalement en Chine à partir d’un tout autre référentiel et ne cesse de faire des envieux, tous ceux qui veulent se débarrasser une fois pour toutes du politique, c’est-à-dire du débat,  et du débat contradictoire, ce contradictoire le droit permet dans nos démocraties et sur lequel elles reposent mais qui semble sans cesse réduit au profit du « solutionnisme technico-libéral » que représente si bien le slogan macronien de la start up nation.

Via ArrêtsurInfo

Voir aussi :

Méfiez-vous du peuple ! Vous l’avez mis dans la rue, mais vous aurez du mal à la faire rentrer

Todd: « Face aux Gilets jaunes, le gouvernement cherche le chaos pour provoquer une rupture »

lundi, 07 janvier 2019

Le soulèvement en France, l’anatomie du populisme et la remise en cause de la matrice

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Le soulèvement en France, l’anatomie du populisme et la remise en cause de la matrice

par Alexandre Douguine

 
Article original de Alexandre Douguine, publié le 27 novembre 2018 sur le site Fort Russ
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Les manifestations en France, symbolisées par des gilets jaunes, couvrent une part de plus en plus importante de la société. Les experts politiques ont déjà qualifié ce mouvement de « nouvelle révolution ». L’ampleur du mouvement des « gilets jaunes » est déjà si sérieux qu’il est absolument nécessaire d’analyser ce phénomène de manière détaillée.

Il s’agit d’une manifestation vivante du populisme européen moderne. Le sens du populisme en tant que phénomène issu de la structure politique des sociétés issues de la Grande Révolution française et basé sur la confrontation entre la droite et la gauche, est en train de changer radicalement.

Les mouvements populistes rejettent ce schéma politique classique gauche/droite et ne suivent aucune attitude idéologique stricte, ni de droite ni de gauche. C’est la force et le succès du populisme : il ne joue pas selon les règles préétablies. Néanmoins, le populisme a sa propre logique : malgré toute sa spontanéité, il est tout à fait possible de retracer une certaine logique et même les débuts d’une idéologie populiste qui prend forme sous nos yeux.

Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’élite politique dans son ensemble, sans faire de distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le « soulèvement de la périphérie de la société contre son centre ». Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch (1932-1994) a désigné la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne comme la « révolte des élites ».
Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la « révolte des masses », dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le logos européen.

Mais Christopher Lasch a noté une nouvelle tendance politique : ce sont les élites qui détruisent la culture et le logos européen aujourd’hui. Ces nouvelles élites occidentales, qui n’ont atteint le sommet du pouvoir que par leur ingéniosité et leur immense volonté de pouvoir, sont bien pires et plus destructives que les masses.
Une personne ordinaire maintient encore quelques traditions culturelles ; il est presque impossible de trouver un « prolétaire pur ». Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas de sens aristocratique, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la « nouvelle élite », des personnes appartenant non pas à des groupes périphériques, mais à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – et sont devenus dominants parmi eux. C’est cette populace perverse, selon Christopher Lasch, qui forme la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.
En conséquence, le populisme – y compris le populisme des gilets jaunes – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel le deux poids, deux mesures, les normes du politiquement correct, la démagogie libérale règnent.

Selon ces « nouvelles élites », le peuple et la société, dans leur état actuel, n’ont pas leur place dans ce monde. C’est pourquoi la représentante typique de la « nouvelle élite », Hillary Clinton, dégoûtée par le succès du populiste de droite Trump, a ouvertement insulté les Américains ordinaires – comme étant déplorables, ce qui veut dire « honteux ». Les « déplorables » ont choisi Trump – non pas parce qu’ils l’aimaient, mais pour répondre à la « sorcière mondialiste » Clinton.

Macron est un représentant du même type de « nouvelle élite ». Il est curieux qu’à la veille des élections, le journal français Libération ait publié le titre « Faites ce que vous voulez, mais votez Macron ». C’est une paraphrase évidente d’Aleister Crowley, qui s’est proclamé au XXe siècle comme l’Antichrist et la Bête 666 : « Fais ce que tu veux, c’est la seule Loi. » En d’autres termes, les foules obéissantes devaient voter pour Macron non pas pour des raisons rationnelles, non pas à cause de ses idées et de ses vertus, mais simplement parce que c’est la loi impérative de l’élite au pouvoir. Et le mépris des élites à l’égard des masses obéissantes et assassinées est si visible qu’elles ne se donnent même pas la peine de les séduire par des promesses qui ne seront pas tenues : « Votez pour Macron, car c’est un ordre et on n’en parle plus. » Votez et vous serez libres. Sinon, vous êtes déplorables. Et c’est tout.

En Italie, la moitié de la population a voté pour les populistes de droite de la Lega, et l’autre moitié pour les populistes de gauche 5 étoiles, et ensemble ces partis ont réussi à créer le premier gouvernement populiste de l’histoire européenne.

Et maintenant en France. Et bien qu’en France, il n’y ait pratiquement aucun contact politique entre le populisme de droite du Front national et le populisme de gauche de Mélenchon, mais il est aujourd’hui uni dans la révolte héroïque des gilets jaunes. Les gilets jaunes sont déplorables, aussi bien à droite qu’à gauche (mais pas dans la gauche libérale, ni la droite libérale). Les populistes de droite sont terrifiés par les nouvelles politiques insensées de l’élite concernant l’immigration et la destruction des vestiges de l’identité française. Les populistes de gauche sont outrés par les politiques économiques désastreuses des libéraux, qui ne défendent que les intérêts des grandes entreprises : Macron est un protégé des Rothschild et cela montre de quel côté il est…
Les gilets jaunes se rebellent contre Macron comme contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de la droite ou de la gauche classique. Macron est de gauche en faveur de la migration, de la protection des minorités, de la légalisation de la dégénérescence et du soi-disant « marxisme culturel », mais de droite (droite libérale) sur le plan économique, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. C’est un pur mondialiste, qui ne dédaigne pas une déclaration directe de son appartenance à la Franc-maçonnerie (son fameux signe de la main, représentant un triangle), même avec des slogans directs sataniques : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.
Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent être unis politiquement, l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, alors les gilets jaunes le feront à la place des dirigeants politiques qui cherchent à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de tout le système, contre la mondialisation, contre le totalitarisme libéral, contre « l’état actuel des choses ». Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot « peuple » (populus, le peuple) dans le concept de « populisme » doit être compris littéralement.

Ce ne sont pas des masses abstraites ou un prolétariat impersonnel – ce sont les derniers êtres vivants en date qui se sont soulevés contre la puissance mondiale de la progéniture mondialiste, les rebelles (comme le croit Lasch) de la culture et de la civilisation, mais aussi envers l’homme comme tel, les gens, Dieu.

Aujourd’hui, il n’y a plus de droite ni de gauche : seul, le peuple est contre l’élite. Les gilets jaunes créent une nouvelle histoire politique, une nouvelle idéologie. Macron n’est pas un nom personnel, c’est une étiquette de la Matrice. Pour atteindre la liberté, il a besoin d’être annihilé. Ainsi parlent les gilets jaunes, et ils disent la vérité …

Aleksandre Gelyevich Douguine est un philosophe, un analyste politique et un géostratège russe, et un auteur – plus connu internationalement pour son livre ‘The Fourth Political Theory’. Il entretient des liens étroits avec le Kremlin et l’armée russe, ayant été conseiller du président de la Douma d’État Gennadiy Seleznyov, et membre clé du parti au pouvoir, Russie unie Sergei Naryshkin. Il réside à Moscou, supervise le travail de Géopolitika et inspire le travail du mouvement eurasien.

Traduit du Russe (RT) par Geopolitika – édité par J. Flores for FRN.

Le Système et l’enjeu populiste

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Le Système et l’enjeu populiste

Ex: http://www.dedefensa.org

Le ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, doit effectuer un voyage en Pologne le 9 janvier, pour envisager une alliance avec le parti PiS au pouvoir, de tendance populiste et eurosceptique comme l’est Salvini. (Tout de même, le PiS est plus de type traditionnaliste-conservateur que de pur populisme, mais ils se retrouvent sur une ligne approchante.) Breitbart-UK donne des indications sur cette visite, et également sur les opérations de rassemblement populiste déjà réalisées par Salvini avant les européennes.

« Le ministre populiste italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, doit s'entretenir avec le chef du parti du droit et de la justice polonais, Jarosław Kaczynski... [...] Salvini et Kaczynski se rencontreront le 9 janvier à Varsovie pour discuter de la possibilité de l’alliance entre la Liga et le PiS en vue des élections au Parlement européen de mai, a rapporté la chaîne de télévision polonaise TVN24. La porte-parole de PiS, Beata Mazurek, a déclaré aux médias italiens : “Les sujets des discussions intéressent les deux parties, polonaises et italiennes.”

» Cette visite constitue la première visite officielle de Salvini en Pologne depuis son arrivée au pouvoir l'an dernier. Le vice-Premier ministre devrait également discuter de questions économiques pendant son séjour dans le pays.

» Au cours des derniers mois, M. Salvini a noué des liens avec plusieurs autres dirigeants conservateurs et populistes de premier plan en vue de constituer une grande alliance avant les élections au Parlement européen, notamment le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui a qualifié Salvini de “mon héros” et lui a promis de travailler avec lui. En octobre, Salvini a annoncé que la dirigeante populiste française Marine Le Pen rejoindrait également son alliance aux élections européennes, le couple annonçant la création d'un "front de la liberté" réunissant les autres partis pro-souverainetés opposés à la domination de l'UE. Salvini a également rencontré le dirigeant du Parti de la liberté autrichien, Heinz-Christian Strache, et aurait cherché à obtenir le soutien du leader des démocrates suédois, Jimmie Åkesson. »

Cette visite de Salvini en Pologne est très intéressante parce qu’il s’agit d’un éventuel partenaire puissant dans le rassemblement populiste que veut mettre en place Salvini, mais surtout d’un partenaire qui a des vues diamétralement opposées à celles de Salvini (et de la plupart des autres populistes) sur quelques points très importants de politique étrangère et de sécurité : les Polonais sont hyper-antirusses et hyper-atlantistes, fortement au contraire de Salvini.

La question qui se pose est de savoir si cette divergence très sérieuse et très exacerbée essentiellement de la part des Polonais sera écartée pour permettre l’alliance populiste. Selon la logique de l’essentiel et de l’accessoire, cela devrait être aisément surmontée parce que le caractère essentiel, significatif, fondamental qui est jeu ici est le populisme, tandis que les positions vis-à-vis de la Russie sont complètement, essentiellement du côté polonais, corrodées, toxiques, sinon complètement inverties par une passion déchaînée ; la position polonaise vis-à-vis de la Russie est injustifiée, déraisonnable, et fait le jeu du Système.

(Les rapports avec les USA constituent un aspect plus complexe, puisque les USA, aujourd’hui, suscitent effectivement une sujétion transatlantique des pays européens qui est difficilement acceptable surtout d’ailleurs par rapport aux ambitions du populisme ; mais les USA, c’est aussi un Trump et son trumpisme qui ont tendance à appuyer la poussée populiste et qui sont anti-UE. Ainsi Trump peut-il dire« Je me fiche de l’Europe » lorsqu’il parle des pouvoirs en place et des Européens-UE et -OTAN ; et il peut dire également, comme il l’a fait, « Je pourrais être la personne la plus populaire en Europe », si l’on considère sa position sur les questions du populisme.)

Il s’agit d’un test intéressant, qui donnera une bonne mesure de la puissance et de la diversité possible du mouvement populiste. C’est en effet la problématique qui est aujourd’hui développée, de la capacité et de la signification de la dynamique populiste si forte en Europe, considérée d’un point de vue transnational. 

Sur le site Spiked, Frank Furedi donne une analyse générale du mouvement populiste en Europe, estimant qu’il est arrivé à un degré de maturation où ce mouvement commence à distinguer les véritables enjeux de son propre développement. Il s’agit du remplacement, – une autre sorte de “Grand Remplacement”, – des traditionnelles questions socio-économiques par les questions désormais brûlantes de type sociétal-culturel dans le sens le plus large. Dans son article, Furedi estime que le courant populistes est arrivé à un point où il doit rechercher une expression politique opérationnelle efficace, – ce à quoi, nous semble-t-il, Salvini, qui a certainement la plus forte personnalité et un très fort soutien populaires, est en train de travailler :

« À moins que le populisme puisse développer une plus grande clarté politique et développer une vision inspirante de la citoyenneté démocratique, il aura du mal à progresser. Face au pouvoir considérable des institutions politiques et culturelles, il ne peut progresser que s'il développe une alternative cohérente aux valeurs de l'ordre dominant. Il y a beaucoup en jeu dans les années à venir. Nous avons besoin d’une version éclairée et démocratiquement informée de la politique populiste. »

Pour nous, il s’agit d’une évolution décisive de la question de ces “valeurs” qui dépendent des enjeux socio-économiques auxquels elles doivent donner après coup une dimension pseudo-morales qui fait le jeu des élitesSystème ; vers la question des “principes” qui doivent être dans le sens contraire les déterminants des questions sociétales-culturelles (identité, souveraineté, etc.) et présupposent une dimension structurante au-dessus de la morale déterminant le cadre de ces questions, selon un processus rejeté par les élitesSystème parce que hors de leur contrôle et de leur orientation idéologique. Les “valeurs” sont déduites des enjeux socio-économiques et dépendent donc de domaines maîtrisés par le Système ; les “principes” induisent à partir d'une logique hors-Système les enjeux sociétaux-culturels et échappent par conséquent à la maîtrise du Système.

L’irruption massive des enjeux sociétaux-culturels depuis trois à quatre décennies, avec une accélération pressante et très grande ces dernières années, s’est faite jusqu’ici sans se référer aux “principes” dont ils devraient dépendre. L’enjeu suprême est donc de réaliser effectivement cette connexion, ce qui devrait être le rôle d’une véritable “politique-populiste”. Les élitesSystème s’y opposent de toutes leurs forces en imposant une morale correspondantes à leurs propres privilèges socio-économiques. C’est à ce point que se noue l’affrontement. Les “principes” constituant des valeurs structurantes échappant au Système (hors-Système), doivent s’imposer naturellement dans l'affrontement comme antiSystème, par leur forme même, quel que soit leur contenu (mais ce contenu ne pouvant être que structurant).

C’est pour cette raison qu’à notre sens, toutes les poussées populistes, et notamment celle des GJ (Gilets-Jaunes) qui est nécessairement populiste, se définissent nécessairement en termes d’affrontement contre le Système puisque poussées par des principes structurants. Les GJ ont tant de mal à formuler leurs revendications parce que ces revendications mettant en cause le Système ne prennent corps qu’à partir d’une position permettant d'embrasser le Système dans sa globalité pour conclure à l'impossibilité absolue de sa réforme. De ce point de vue et selon les moyens disponibles et les arguments débattus, on en déduit que le mouvement des GJ, comme le populisme lui-même, ne peut être ni satisfait, ni apaisé, ni étouffé. Il s’agit d’une lutte à mort.

lundi, 31 décembre 2018

Peur des élites

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Peur des élites

par François Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr


Derrière toute force politique, il y a toujours une passion dominante. Dans le cas des Gilets jaunes, il s’agit du mépris (ou plutôt du sentiment d’être méprisés). D’où sa quête de reconnaissance (nous sommes le peuple) et sa méfiance envers l’autorité, surtout médiatique. Mais les élites ? La réponse semble de plus en plus évidente : la peur.

Après la promesse de la mondialisation heureuse, la fierté d’avoir éliminé le communisme, ou la confiance en la technologie libératrice, après le multiculturalisme, et, chez les Européens, après l’avènement d’une UE universaliste, protectrice, post-politique, pacifique… Ne reste plus que la peur, d’où l’impératif de repousser l’inacceptable (c’est-à-dire l’illibéral). Ou bien nous, les ouverts, les raisonnables, les véridiques ou bien le chaos populiste. Ce n’est plus le triomphalisme des années 90 (la soft-idéologie, ni celui plus tempéré des années 2000 (mondialisation heureuse après élimination du radicalisme)-. C’est la grande panique d’un système qui ne veut plus être jugé que sur dangers qu’il nous épargne. Le problème de la panique est qu’elle abrutit.

Des gens très brillants se mettent à penser en termes de causalité diabolique : tous les ennuis du monde viennent de la méchanceté de méchantes gens. Leur système mental semble incapable de concevoir que des attitudes politiques soient dictées par des intérêts nationaux (Russie) ou de classe (Gilets jaunes), ou que des gens ne partagent pas les valeurs occidentales libérales (il y en a pourtant des milliards à travers le monde). Confrontées à une monstrueuse panne de soft-power, les dirigeants, les membres de l’hyperclasse, les couches urbaines diplômées, les responsables du pouvoir symbolique, les experts, commentateurs et éditorialistes, bref tous les détenteurs du pouvoir économique, politique et culturel réduisent la question du conflit à celle de l’anomalie. Anomalie géopolitique : les puissances « révisionnistes » que sont la Russie et la Chine refusent de se soumettre à l’ordre international universel et exercent une influence suspecte. Anomalie électorale : votes Trump, Brexit, italien, brésilien, etc. Anomalie sociologique de cette France périphérique qui se révolte contre l’impôt et pour la démocratie directe. Anomalie intellectuelle : ces gens s’imaginent qu’il y a un complot des riches et des puissants.. Anomalie cognitive : nous sommes à l’ère de la post-vérité où, au lieu de se fier aux médias et aux sachants, toute une partie de la population se gave de fake news et de rumeurs. Anomalie psychologique : les masses semblent en proie à d’incompréhensibles contagions (peur de l’Autre, crispation identitaire). Anomalie éthique : le discours de haine et l’autoritarismes, inconnus des catégories supérieures, nous menace et nous renvoie aux heures sombres... Pensecomplexepadamalgam.

Bien entendu notre thèse n’est pas que Xi Jinping soit cool, Poutine libertaire ou qu’il n’y ait pas d’abrutis racistes et castagneurs parmi les populistes du monde entier. Notre thèse est que le discours qu’on aurait dit en d’autres temps dominant est dépolitisant : il réduit les conflits collectifs pour le pouvoir à des bizarreries individuelles ou à des conspirations de services et d’officines (tout en proclamant le ridicule du complotisme). Le registre des puissants est devenu celui de l’indignation. Leur analyse un réquisitoire. Leur solution : plus de contrôle et de rééducation.

Défendre son hégémonie en expliquant que ceux qui la menacent sont très méchants et très dangereux, c’est la meilleure façon de rappeler que c’est une hégémonie.

jeudi, 27 décembre 2018

Les Gilets Jaunes, une révolte de la dignité…

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Les Gilets Jaunes, une révolte de la dignité…

par Pierre LE VIGAN

Révolte de la dignité. C‘est le mot qui convient pour désigner les Gilets Jaunes. On parle de pouvoir d’achat. Le mot est faible et le mot est faux. Bien entendu, les Gilets Jaunes veulent vivre dignement de leur travail. Ils ne veulent pas être des assistés. Pour cela même, leur révolte est bien autre chose qu’une question de pouvoir d’achat. Leur revendication ? C’est de voir leur travail reconnu et estimé. C’est de pouvoir se déplacer sans quémander un bon d’essence à une administration.

Mais cette révolte de la dignité, c’est aussi un écœurement devant l’indignité de nos gouvernants. Car qu’est-ce que la macronie ? C’est d’abord, bien sûr, un regroupement autour de Macron. Mais ce dernier est un simple exécutant du capitalisme le plus financier. La macronie, c’est aussi et surtout une branche « de gauche », et une branche « de droite ». C’est une pince qui étrangle le peuple. La branche de droite est constituée d’un Juppé ou d’un Raffarin, et de l’habile Édouard Philippe, qui s’avère beaucoup plus solide que Macron (mais pas mieux orienté pour autant). N’ayant jamais été gaullistes, ces macroniens « de droite » se sont ralliés depuis bien longtemps à la mondialisation capitaliste et à l’interventionnisme occidental qui a déstabilisé l’Afrique et l’Orient et a permis d’accélérer l’immigration.

La branche « de gauche » de la macronie, ce sont en partie les réseaux de feu Richard Descoings, qui était à lui seul une préfiguration de la macronie. Leur credo est l’immigrationnisme alimentaire, consistant à capter des fonds publics au nom du social, la culture d’entreprise à l’américaine tendance Bill Gates, l’apologie de la « diversité » permettant la promotion éclair d’hommes de main, et la création d’une clientèle de bons-à-rien mais prêts-à-tout qui finissent par trouver leur utilité dans des opérations glauques dont un pouvoir discrédité a de plus en plus besoin (infiltrations, manipulations, diversions, opérations sous faux drapeaux, etc. C’est aussi vieux que l’Okhrana).

C’est le contraire de l’entrepreneuriat industriel et c’est une économie de prédation, parfaitement parasitaire que celle qui vit de la macronie et qui a voulu la macronie. Ainsi, la protestation du peuple des Gilets Jaunes vise-t-elle, très justement, voyous d’en haut, la fraction la plus putride, corrompue et corruptrice, du capitalisme financier, parasitaire et prédateur, et voyous d’en bas – du type de ceux que Macron approche de très près à Saint-Martin –, petits trafiquants qui pourront devenir grands et pourrissent la vie des honnêtes gens, y compris les dignes travailleurs immigrés (ceux que Macron ne rencontre jamais).

Les voyous d’en bas, c’est le Lumpenprolétariat que dénonçait Marx, « ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société » et dont il disait : « Il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction. »

C’est le mélange de casseurs de banlieue et de groupes, se disant « antifa » avec 75 ans de retard, qui cassent, volent, et font le jeu du pouvoir – ce pour quoi ils sont généralement protégés. Les voyous d’en haut, ce sont les hommes du Capital et leurs idéologues prônant toujours plus de « libération des énergies », c’est-à-dire de dérégulation, de déréglementation, de casse du Code du travail et des acquis sociaux.

Voyous d’en haut et voyous d’en bas sont ainsi les deux bornes témoins de l’horizon anthropologique de la macronie. Ce sont ceux-là qui soulèvent le cœur des Gilets Jaunes. Ils ont compris que le pouvoir se radicalise. La radicalisation qui vient, c’est celle, menaçante, cynique d’un pouvoir qui est celui de l’extrême-capitalisme, face à la poussée populaire imprévue, libre et venue du pays profond. La macronie ploutocratique devient plus que jamais un pouvoir de classe, celui des très riches, qui détruit les classes moyennes et appauvrit les classes populaires. C’est une guerre de classe qu’a engagée le pouvoir macronien. C’est pourquoi la révolte des Gilets Jaunes est sociale, ouvrière, populaire et patriotique. Le mouvement des Gilets Jaunes a amené Macron à se contredire. Il lui a imposé un recul symbolique déjà énorme. Or, tout recul de Macron est un recul du Capital. C’est ce que le Capital ne lui pardonnera d’ailleurs sans doute pas.

Pierre Le Vigan

• D’abord mis en ligne sur Eurolibertés, le 18 décembre 2018.

mardi, 18 décembre 2018

Sur Louis Pauwels

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Sur Louis Pauwels

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Né le 2 août 1920 à Paris et décédé un 28 janvier 1997 à Suresnes, Louis Pauwels fut sinon une personnalité paradoxale, pour le moins un personnage aux multiples facettes. Cet enfant de grand bourgeois flamand élevé par le second mari de sa mère, un ouvrier tailleur, Gustave Bouju, fut romancier, adaptateur de pièces et de romans pour la télévision, rédacteur en chef de Combat, puis d’Arts, et responsable de presse, créateur en 1977 du Figaro Magazine. C’était aussi un polémiste remarqué. Pensons à cet éditorial ravageur de décembre 1986 qui critiquait les manifestants contre le projet de loi d’Alain Devaquet sur la réforme de l’université. Il diagnostiquait que « c’est une jeunesse atteinte d’un SIDA mental. Elle a perdu ses immunités naturelles : tous les virus décomposants l’atteignent ». Bien vu ! Hélas, c’est tout l’Hexagone qui est maintenant frappé par cette horrible pandémie…

LPblumroch.jpgCertains de ses romans sont passés à la postérité. Une chanson de Serge Gainsbourg mentionne L’amour monstre. Louis Pauwels doit aussi sa renommée à deux essais coécrits avec Jacques Bergier, Le matin des magiciens (1960), et sa suite moins connue, L’homme éternel (1970). Le succès du Matin des magiciens lui permit de lancer, dès 1961, la revue Planète versée dans le réalisme fantastique (l’Atlantide, les extra-terrestres dans l’histoire, le Tibet mystérieux, les expériences parapsychologiques, etc.).

Longtemps anti-chrétien, Louis Pauwels retrouve la foi catholique à la suite d’un étrange accident au bord d’une piscine d’Acapulco au Mexique en 1982. Il se rallie alors au reaganisme, à la désastreuse politique de Margaret Thatcher, à l’Occident américanocentré et à la « révolution néo-libérale ». C’est son tournant libéral-conservateur ! Ainsi délaisse-t-il ses douze années précédentes de compagnonnage avec la « Nouvelle Droite » gréciste dans sa phase nominaliste, faustienne et scientiste. Il avait dédié sa pièce Président Faust (Albin Michel, 1974) à Alain de Benoist. Il gardera cependant la nostalgie des années 70 qu’il restitue dans son roman, Les Orphelins (Éditions de Fallois, 1994). Dans Les Dernières Chaînes (Éditions du Rocher, 1997), on retrouve de vieilles opinions défendues à ce moment-là. Il y constate que « l’uniformisation est le pendant de l’égalitarisme (p. 222) » et recritique implicitement le christianisme.

Dans son excellent Blumroch l’admirable ou le déjeuner du surhomme (Gallimard, coll. « Folio », 1976), il fait dire à Joseph Blumroch, l’étonnante hybridation entre Jacques Bergier et Alain de Benoist, être « pour une méritocratie. C’est le seul régime juste. Il n’existe nulle part (p. 33) ». Anticipant le transhumanisme, Blumroch attend avec une évidente impatience le Surhomme nietzschéen non sans avoir au préalable prévenu que « l’idée de surhomme que se font les sous-hommes est […] fasciste (p. 31) ». Déjà, dans sa Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l’être (Albin Michel, coll. « Lettre ouverte », 1971), Louis Pauwels avouait miser « sur des minorités d’hommes exceptionnels. Pas du tout sur des minorités d’hommes exceptionnellement colériques. […] Pour moi, les seules élites vraies et respectables sont celles qui trouvent leur justification et leur récompense dans le bonheur d’autrui, ici et maintenant (pp. 152 – 153) ».

droit-de-parler-chroniques.jpgCe zélateur anti-écologiste du progrès technicien s’intéressait à l’Europe. Dans son maître-livre, Le droit de parler (Albin Michel, 1981), le recueil de ses premières chroniques « révolutionnaires – conservatrices » du Figaro Magazine préfacé par Jean-Édern Hallier, il revient régulièrement sur l’avenir de notre continent. « Pour que l’Europe trouve son indépendance et assure sa sécurité, elle n’a pas d’autre voie que la volonté de puissance. Nous devons avoir le dessein de devenir l’une des grandes puissances mondiales, y compris dans le domaine militaire. Nous en avons les moyens. Nous avons le nombre. […] Nous avons à nous affirmer et à nous manifester comme union des nations du vieux monde central, communauté vivante de peuples historiques concrets, forgeant concrètement leur sécurité, conscients de leur originalité, soucieux de leur rayonnement (p. 219). »

Trois ans plus tôt, dans Comment devient-on ce que l’on est ? (Stock, coll. « Les grands auteurs »), il affirmait que « l’Europe a besoin de croire en elle-même. Elle a besoin de traditions ancestrales réanimées, de volonté de puissance et d’intelligence froide. Elle a besoin d’énergie, de richesse et de force (p. 195) ». Il avançait même que « la monarchie est une idée nouvelle en Europe. La nouveauté est de redécouvrir ce que nous sommes (idem) ». En 1979, au sein du collectif Maiastra, rédacteur de Renaissance de l’Occident ? (Plon), on pouvait lire que « la grande différence entre l’Europe et l’Occident, c’est que l’Europe demeure la source des valeurs et des facultés créatrices dont l’Occident ne porte que les applications. L’Europe détient les sources de la culture, là où les blocs qui sont nés et se sont détachés d’elle, ne possèdent que la civilisation née de cette culture (p. 312) ».

Dans son extraordinaire « Adresse aux Européens sans Europe » présent dans Le droit de parler, Louis Pauwels souligne que les racines des États européens « plongent dans un modèle culturel initial qui met la souveraineté dans le spirituel, l’esthétique et les vertus chevaleresques (pp. 166 – 167) » avant de conclure « Qui s’étonnerait, à y bien regarder, du peu de patriotisme de la jeunesse française ? Trop peu d’Europe éloigne de la patrie. Beaucoup d’Europe y ramène. Ils seront patriotes quand nous serons européens (p. 167) ». Trente-sept ans après, cette réflexion demeure toujours d’actualité !

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 21, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 6 novembre 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

samedi, 15 décembre 2018

Gilets jaunes. Retour en force du concept marxiste de lutte des classes

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Gilets jaunes. Retour en force du concept marxiste de lutte des classes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Les commentateurs proches du pouvoir qui cherchent à comprendre le mouvement des gilets jaunes évitent soigneusement d'y voir une forme de lutte des classes modernisée. Pour les marxistes la lutte des classes était la lutte entre un prolétariat dominé et des forces capitalistes dominantes.

L'histoire semble avoir montré que cette opposition se traduisait toujours par un échec des dominés. Comment effectivement combattre avec succès une classe dominante disposant de tous les pouvoirs, militaires, économiques, juridiques et médiatiques ?

Faut-il en déduire qu'il faille abandonner le concept de lutte des classes au profit de termes plus inoffensifs, tels que divergence d'intérêts ou négociations sociales difficiles. Ceci serait rassurant pour la classe dominante. Mais cela cacherait une réalité, le fait que la lutte des classes se poursuit aujourd'hui et même s'intensifie. La lutte des gilets jaune est ouvertement une lutte de classe.

D'un coté une classe de possédants ayant mis, comme cela avait toujours été le cas jusqu'à présent, les institutions républicaines à son service (suppression de l'ISF, abattements fiscaux, crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (ou CICE) visant à soutenir les entreprises françaises mais ne soutenant en fait que les profits non redistribués des entrepreneurs...

D'un autre côté une classe dominée (taxation des carburants alors qu'aucun moyen de substitution n'est proposé, augmentation du gaz, de l'électricité, baisse de l'aide personnalisée au logement (ou APL) , hausse de la Contribution Sociale Généralisée (ou CSG), désindexation des pensions de retraite, remise en cause des allocations chômage, ruine du code du travail et destruction des services publics, de l'hôpital, des chemins de fer, de la poste...

Les promesses exposées par Emmanuel Macron le 10 décembre visant à alléger certains de ces charges sont purement symboliques. La classe des dominés l'a compris ou ne tardera pas à le comprendre. Autrement dit on peut prévoir que la lutte des classes dominées s'exprimant aujourd'hui par les manifestations des gilets jaunes ne diminuera pas. Au contraire elle devrait s'intensifier, même si le mouvement paraît inorganisé et faire appel à des résistances paraissant parfois incompatibles.

Comme nous l'avons écrit  précédemment, la non-organisation est parfois être une force car elle peut faire émerger des formes d'opposition aujourd'hui inattendues, prenant le pouvoir au dépourvu. Ceux qui en 1789 avaient pris la Bastille avaient-ils visé explicitement à la chute de la royauté et à son remplacement par la Convention Nationale ? Certainement pas.

Bien évidemment aujourd'hui la lutte des classes manifestement engagée pourra aboutir à une nouvelle défaite de la classe dominée, se traduirsant par le mise en place d'une véritable dictature des dominants, ceci d'autant plus que les oligarchies financières françaises sont-elles mêmes dominées par une oligarchie financière internationale ayant commencé à percevoir le mouvement des gilets jaunes français comme une menace pouvant s'étendre à d'autres pays.

L'on verra ce qu'il en sera. Mais dans l'intervalle, il vaut mieux pour les dominés parler de lutte des classes plutôt que d'une forme sympathique de négociation sociale.

Note au 11/12 20 h. 

Nous recevons d'un des membres du comité de rédaction le courrier suivant. Malgré son intérêt nous préférons, comme nous le faisons d'habitude, ne pas nommer ici son auteur

Mon point de vue sur cet article diverge, sans en remettre vraiment en cause le fond, sur la forme d'action à avoir, et sur des termes et références historiques. 

Pour ma part, je laisserais volontiers de coté toute la terminologie du 19/20eme siècle et les fantômes, frustrations et douleurs qu'ils incarnent. 

gauche-droite: un concept totalement dépassé. Macron n'est ni de gauche ni de droite (je pense que je n'ai pas besoin d'expliquer). Les GJ
ne sont ni de gauche ni de droite, mais des gens plutôt apolitiques comme la plupart des Français désormais (j'entends par la qu'ils ne se sentent vraiment proches d'aucun des partis traditionnels), 

Ils retrouvent le sens d'une communauté et d'une solidarité qu'ils avait perdu depuis longtemps. Les partis et syndicats ont essayé de récupérer le mouvement, même le descendant des Bourbons, mais pour l'instant sans succès aucun.

lutte des classes: les classes ont été cassées par des années de neo-libéralisme, mais aussi par une évolution constante du niveau de vie et d'instruction. Les fractures que je vois aujourd'hui sont essentiellement entre les "diplômés du supérieur" et les non diplômés, et bien sûr entre les 1% profitant du système et le reste. Le mouvement GJ a pour effetselon moi, et dans un premier temps, de mettre en branle un processus de lutte (a mort?) entre les 1% des super-dominants et le reste, tout en mettant en sourdine la fracture diplômés/non diplômés. Si les 1% perdent, les autres fractures pourraient apparaître de nouveau, mais ce n'est pas certain. Un gros challenge pour les leaders qui peuvent émerger des GJ! 

En fait, la seule référence  historique qui me semble adaptée aux GJ serait le poujadisme. La référence est cependant peu utilisée, car les dérives raciste du mouvement la rendent dangereuse à utiliser dans le contexte actuel. Mais les bases du poujadisme sont les mêmes: refus de tuer les petits pour engraisser les gros.

Je suis pour un renouvellement complet du vocabulaire politique. Les squelettes fumants de Hitler, Staline, Pétain et autres ne nous apprennent plus rien. Les bases de raisonnement droite/gauche ou la lutte des classes non plus. Marx était un bon théoricien du travail, mais un piètre politique, qui était convaincu que le communisme allait se développer là où la classe ouvrière était la plus large et la plus exploitée - en Angleterre. Il faut partir sur de nouvelles bases, mais toute discussion est sans avenir tant que l'UE, l'Euro, l'OTAN, etc nous tiennent. Si l'un de nous remplaçait Macron demain, il ne pourrait rien faire de plus!

Note au 12/12. Attentat à Strasbourg

Bien évidemment le concept de lutte de classe ne doit pas signifier lutte armée. L'attentat qui vient de se produire à Strasbourg ne s'apparente en rien à la lutte des classes. L'enquête dira espérons-le ce qu'il en est. Mais il ressemble fort à un retour du djihadisme, qui craignait sans doute  de se faire oublier avec tout le bruit  autour des Gilets Jaunes. 

vendredi, 14 décembre 2018

Gilets jaunes + immigration : le régime est “game over“ !

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Gilets jaunes + immigration : le régime est “game over“ !

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com 

Pour comprendre la situation actuelle, il faut savoir que les enfants-rois ne supportent pas les frustrations et que Manu est représentatif d’une génération d’enfants-rois. Ajoutez à cela un quotient intellectuel qui lui a permis de ne jamais être en situation d’échec et vous comprendrez pourquoi le président se cache et tarde à s’adresser aux Français : Macron boude ! Les gens qu’il méprise lui ont donné une petite fessée, alors, peu habitué à ce qu’on résiste à ses caprices, l’enfant chéri croise les bras, tape du pied et boude. Ca lui passera.

Pour comprendre la psychologie du jeune Manu, il faut comprendre sa fermeture mentale. Manu est incapable d’accéder à ce qui n’est pas chiffres, calculs et courbes. Pour lui les taxes, les impôts et la quasi réduction en esclavage de la population sont justes et bonnes parce que rationnelles…. rationnelles selon les axiomes et les théorèmes que par imprégnation il tient pour vrais. Ces axiomes et théorèmes peuvent se résumer à la proposition suivante : la société idéale est une société ouverte aux marchandises, aux capitaux et aux hommes.

Manu est enfermé dans ce postulat. Or le mouvement des Gilets jaunes lui montre que ce postulat le mène à une impasse et que la société ouverte (l’open society à la Soros), dont il rêve est déjà « game over ». La raison de ce game over est très simple : c’est la France périphérique, déjà saignée par la mondialisation, qui supporte l’essentiel du coût de l’immigration. Cette France s’appauvrit pour que la société ouverte soit une réalité. Une grande partie des impôts et des taxes payés par cette France est engloutie dans les banlieues et ne lui profite pas, sous forme de services par exemple. On ferme les postes, les maternités ou les gares, on n’entretient plus les routes et les ponts pour injecter des sommes colossales dans une entreprise de vivre-tous-ensemble qui a déjà fait faillite. Donc Manu est coincé : s’il redonne à la France périphérique l’argent qui lui a été volé (en diminuant significativement impôts et taxes ou en améliorant significativement les services), alors les banlieues ne seront plus sous perfusion financière et, trop dépendantes de cette drogue, elles se révolteront ; mais s’il persévère dans la stratégie de spoliation de la France autochtone, alors c’est celle-ci qui tôt ou tard fera sécession. Game over dans tous les cas.

Voici rapidement, pour la réflexion des uns et des autres, quelques chiffres tirés du dernier ouvrage de Laurent Obertone ( La France interdite, La vérité sur l’immigration, Ring 2018). Tous ces chiffres sont « sourcés » (plus de 60 pages de références bibliographiques en fin d’ouvrage) :

  •  Coût de l’immigration clandestine : 4,6 milliards d’Euros par an ;
  • Coût de la politique d’asile (avant la crise des réfugiés !) : 2 milliards d’Euros par an
  • Coût des « étudiants » étrangers : 4 milliards d’euros par an
  • Coût de l’AME : 1 milliard d’Euros par an
  • Coût des « plans banlieue » : 80 milliards d’Euros par an
  • Coût de rénovation des Cités HLM : 5 milliards d’Euros par an
  • Coût des stages, contrats aidés, subventions aux associations : 3 milliards d’Euros par an
  • Coût de l’insécurité : 30 milliards d’Euros par an (234 milliards selon l’économiste Jacques Bichot)
  • Coût du terrorisme islamique : 22 milliards d’Euros par an, soit 1% du PIB selon l’économiste Charles Wyplosz.
  • Etc.

Les sommes en jeu sont énormes, sans même compter le coût du chômage des Allochtones, la scolarisation de leurs enfants ou les aides de toutes sortes qu’ils reçoivent (RSA, aide au logement, Allocations familiales, etc.).

Quelle solution ? Il n’y en a pas. Le régime-Système est arrivé au bout de ses contradictions. Le budget du pays n’est pas extensible et ira plutôt en diminuant. Il faut donc répartir les parts du gâteau. Si le régime diminue les sommes englouties par les banlieues pour les injecter dans la France périphérique, la paix sociale sera compromise, côté allochtone. Mais si le régime ne le fait pas, la paix sociale sera tout autant compromise… mais côté autochtone ! Ce que le régime-Système est en train de comprendre, c’est que l’exploitation économique des Autochtones en faveur des Allochtones, pour calmer la « sensibilité » de leurs quartiers, n’est plus possible. Cependant, il ne lui est pas possible non plus de ne pas acheter la paix sociale dans les banlieues. Le problème est insoluble.  Aux échecs, on dirait qu’Emmanuel Macron est mat.

Nous avons donc une situation politique avec trois acteurs majeurs : le régime, les Autochtones et les Allochtones. Jusqu’à présent les Autochtones se faisaient tranquillement exploiter au bénéfice des deux autres. L’entrée en jeu des Gilets jaunes est un électrochoc pour ce système d’exploitation. Celui-ci pensait durer éternellement, apparemment ce ne sera pas le cas. Du coup, le régime est pris en étau. Il va lui falloir arbitrer entre deux groupes distincts et opposés. Sous le poids d’intérêts économiques contradictoires, le vivre-tous-ensemble vient de révéler sa fracture profonde : c’est le grand enseignement des évènements récents.

Quelle que soit la tournure que prendront les choses dans les jours et les semaines qui viennent, l’existence d’un peuple autochtone devra être prise en compte par le régime. Le processus d’affirmation autochtone ne fait que commencer. Il va durer des semaines, des mois, sans doute des années. La guerre sociale autochtone sera parfois ouverte, parfois larvée. Il y aura des accalmies, des armistices peut-être, mais il n’y aura plus jamais la paix. Il faut donc se préparer à de fortes turbulences. Encore une fois, il revient aux Réfractaires d’organiser leur peuple et de le mettre en ordre de bataille. Les gens rentreront sans doute chez eux demain, la semaine prochaine ou dans un mois. Néanmoins, cette révolte a un sens historique : celui du grand retour de notre peuple. A nous d’en faire davantage qu’une révolte.

Antonin Campana

G. Feltin-Tracol/R. Steuckers: contre le monde moderne !

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jeudi, 13 décembre 2018

Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

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Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

Ex: http://www.dedefensa.org

On connaît le philosophe et homme d’influence Alexandre Douguine, qui défend en Russie la doctrine extrêmement russe de l’eurasisme (ou néo-eurasisme puisqu’un premier eurasisme fut développé dans les années 1920 par des exilés russes). Ses conceptions appréciées d’une façon générale s’appuient sur la Tradition et une sorte de nationalisme mystique ; bien entendu et évidemment, la critique libérale occidentale s’est trouvée mécaniquement conduite à le classer à l’extrême-droite selon les normes terroristes psychologiques et communicationnelles du bloc-BAO pour le faire entrer dans sa grille de “diabolisation” habituelle et rechercher sa destruction intellectuelle dans l’opprobre religieux de l’excommunication.

Sans nous attarder aux détails politiques, aux évolutions chronologiques, etc., qui effectivement réduisent le débat à des querelles stériles et effectivement se heurtent à cette dialectique-Système de la “diabolisation” enterrant justement tout débat selon l’argument religieux de l’anathème de l’excommunication, nous mettrions Douguine dans un courant nationaliste mystique russe de type métaphysique et métahistorique où figureraient aussi bien Dostoïevski que Soljenitsyne. D’une façon fondamentale et hors des scories de la “diabolisation” toujours elle, laquelle recherche à tout prix l’abaissement des jugements et de l’esprit par conséquent, ce courant sort de la seule sphère russe lorsqu’il développe ses perceptions métaphysiques et rejoint le grand courant de la Tradition évidemment antimoderniste où l’on trouve des penseurs tels que Guénon et Evola qui sont des références de Douguine.

A partir de cette présentation, on comprend que l’intérêt de ce texte de Douguine sur la révolte des Gilets-Jaunes (*), – texte venu de l’anglais de FortRuss.comà partir du russe sur RT, – tient d’abord en ce qu’il généralise et, en quelque sorte, “internationalise” selon la référence de la métahistoire la crise des Gilets-Jaunes en France. C’est à notre avis la voie impérative à suivre pour le jugement le plus fécond : bien loin de leurs revendications, faire sortir les Gilets-Jaunes du cadre français tout en conservant les composants français les plus hauts et les plus ouverts à une métahistoire générale, pour mieux rechercher et définir leur signification.

Travaillant comme on l’a décrit, on trouve l’évidence impérative d’un Douguine repoussant énergiquement et absolument la classification droite-gauche avec toutes ses besognes de “diabolisation” qui dépendent bien plus de la “com’” affectionnée par le Système que de la métaphysique, pour justement développer une appréciation métaphysique, ou plus précisément dans ce cas métahistorique selon notre référence méthodologique habituelle. Il en résulte que Douguine voit dans les Gilets-Jaunes un mouvement de révolte contre les élites, celles que nommons nous-mêmes élites-Système (ou “élitesSystème”, pour suivre notre habituelle méthodologie dialectique), qui n’ont évidemment pas de frontières, d’autant que l’une de leurs idées centrales en tant que globalistes forcenés et globalistes religieux-intégristes est la destruction des frontières comme de l’identité.

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La traduction politique rejoint alors, bien évidemment, le courant populiste que l’on voit partout se lever, sous des formes extrêmement différentes selon les nations, les régions et les conceptions, mais toutes ces formes se rejoignant et se transmutant en un courant homogène d’une vaste contre-attaque contre les élitesSystème unies au sein du courant globaliste (néolibéral, communautariste, “mélangistes”, etc., et “diabolisateur” bien entendu). Le caractère psychologique de cette réaction des Gilets-Jaunes est la rage et la colère contre l’arrogance et le nihilisme entropique, avec une indéniable couleur satanique, des élitesSystème.

Avec les Gilets-Jaunes, et particulièrement selon Douguine, il est évidemment question du “peuple” puisque l’attaque vise les élitesSystème dont la première démarche est le mépris et la haine du peuple qui rechigne à entrer dans le moule entropique de leur destruction. Pour autant, il est incontestable que la référence va aussi à une élite dissidente, dont Douguine lui-même fait partie et dont on trouve de nombreux représentants en France (là aussi hors des clivages droite-gauche et de leur désaccord dans la politique courante) ; qui se manifeste de plus en plus dans ce pays avec des gens aussi différents que Todd, Sapir, Finkielkraut, Zemmour, Michéa, Onfray, Gaucher, Guillluy, Houellebecq, de Benoist, etc.

L’intérêt des Gilets-Jaunes est effectivement de forcer à des grands reclassements hors des clivages favorisés par les élitesSystème pour développer leur dialectique déstructurante pour l’adversaire de la “diabolisation”, pour développer une critique antimoderne radicale. Il s’agit, à la fois opérationnellement mais aussi conceptuellement au plus niveau de la métahistoire, d’une critique antiSystème s’alimentant notamment, directement ou indirectement et pour une partie non négligeable, au courant de la Tradition primordiale débarrassée de ses clivages politiques bien entendu mais aussi de ses clivages par rapport à la question de la religion.

La menace suprême de l’entropie et de la destruction du monde que portent les élitesSystème par le biais de la globalisation doit conduire à écarter les querelles d’opinion, de chapelles, etc., pour en venir à l’essentiel. Les Gilets-Jaunes constituent à cet égard une formidable opportunité autant qu’une forte pression d’un type nouveau et c’est de ce point de vue que l’analyse de Douguine est d’une réelle utilité. Il est bon qu’elle vienne d’un non-Français, d’un nationaliste mystique russe qu’on croirait lié sinon fermé à son seul choix russiste (néo-eurasien), et qui au contraire apprécie le problème d’un point de vue transnational, unitaire, transcendant les frontières sans les abolir, transcendant les différences identitaires sans affaiblir en aucune façon les identités mais en les renforçant au contraire. Il y a une diversité très marquées mais qui se rejoint en un tronc commun face à la menace entropie/destruction du monde que développent les élitesSystème recherchant au contraire leur propre mélange niveleur et entropique puisqu’elles sont comptables de l’équation du Système surpuissance-autodestruction du Système.

(A cette occasion, il faut définir les élitesSystème comme ersatz d’élites, élites absolument inverties, car inversion plus encore que négation du concept d’élites, des “élites” absolument, totalement usurpatrices et inverties selon une démarche qui s’inspire de la manière satanique, jusqu’à faire croire à sa véritable existence sous la forme d’une influence entropique dévastatrice. Il faut aussi avancer l’hypothèse que la sociologie qu’en fait Douguine est soit contestable, soit incomplète, soit trop imprécise à notre sens ; à côté des nouveaux-super-riches, ou “super nouveaux-riches”, qui n’ont pas appris à être riches d’une manière responsable, toute l’infanterie des élitesSystème qui fait sa force de frappe est ainsi définie par Douguine : « ...personnes de types marginaux [qui] ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux [souvent sectaires] et sexuels – [qui] sont devenues dominants parmi eux. » Nous aurons une approche différentes : même s’il y a une telle diversité, c’est essentiellement la “fonction” qui caractérise cette “infanterie des élitesSystème”, essentiellement venue de la communication, que ce soit de l’entertainment, du show-biz, de la fausse-littérature, de l’art subventionné par le Corporate Power [A.C.], du clergé postmoderne, des ONG, etc. ; créatures particulièrement brillantes-blingbling, connues, pipoles clinquants, vedettes des talk-shows TV, élevées dans l’affectivisme tenant lieu d’intellectualisme, d’une culture subvertie et d’apparence, réduite aux acquêts postmodernes... Une très récente pétition pour que “les GJ se remettent au travail” comprend comme “personnalités” : Cyrile Hanouna, Stephane Berg, Thierry Lhermitte, BHL, – saltimbanques ou bouffons, ou les deux à la fois.)

dedefensa.org

Note

(*) Nous proposerions effectivement une “majusculation” générale en Gilets-Jaunes, pour marquer l’importance fondamentale de ce mouvement, et éventuellement utiliser l’acronyme “GJ” lorsque la rapidité d’un texte l’autorise, ou pour la facilité d’un titre. (D’ailleurs et “pour rendre à César” comme à notre habitude, nous noterons que certains lecteurs venus au Forum ont commencé à utiliser l’acronyme et nous ont inspirés à cet égard.)

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Douguine : insurrection en France

L’anatomie du populisme et le défi lancé aux élites

Les manifestations en France, symbolisées par des gilets jaunes, couvrent une partie de plus en plus importante de la société. Les experts politiques ont déjà qualifié ce mouvement de “nouvelle révolution”. L’ampleur du mouvement des gilets jaunes est d’ores et déjà telle qu’il est absolument nécessaire d’analyser ce phénomène de manière détaillée.

Nous avons affaire à une manifestation vivante du populisme européen moderne. La marque principale du populisme en tant que phénomène issu de la structure politique des sociétés formées à la suite de la Grande Révolution Française et basées sur l’antagonisme entre droite et gauche, est qu’il modifie radicalement cet antagonisme.

Les mouvements populistes rejettent ce schéma classique gauche / droite et ne suivent aucune attitude idéologique stricte, ni de droite ni de gauche . C’est la force et le succès du populisme: il ne joue pas selon les règles préétablies. Pour autant, le populisme a sa propre logique: malgré toute sa spontanéité, il est tout à fait possible de tracer une certaine logique et même les prémices d’une idéologie populiste qui se dessine sous nos yeux.

Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’ensemble de l’élite politique, sans distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le “soulèvement de la périphérie de la société contre son centre”. Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch(1932-1994) a qualifié la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne de “Révolte des élites”.

Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la “révolte des masses”, dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le Logos Européen. Mais Christopher Lasch a noté une nouvelle tendance politique : ce sont les élites qui détruisent la culture et le Logos Européen aujourd’hui. Ces nouvelles élites occidentales, qui n’ont atteint le sommet du pouvoir que par leur ressources et leur immense “volonté de puissance”, sont bien pires et plus destructrices que les masses.

Une personne ordinaire conserve encore certaines traditions culturelles; il est presque impossible de trouver un “prolétaire pur”. Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas d’aristocratisme, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de personnes de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – sont devenus dominants parmi eux. Selon Christopher Lasch, c’est cette cohue perverse qui constitue la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.

En conséquence, le populisme – y compris celui des “gilets jaunes” – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel règnent le double discours de convention, des normes du politiquement correct et de la démagogie libérale.

Selon ces “nouvelles élites”, le peuple et la société, dans leur état actuel, n’ont pas leur place dans ce monde. Par exemple,  cette représentante typique de la “nouvelle élite”, Hillary Clinton, furieuse du succès du populiste de droite Trump, a ouvertement insulté les Américains ordinaires – comme déplorables, ce qui veut dire “néfastes” et “inexistants”. Les “Déplorables” ont choisi Trump – non pas parce qu’ils l’aimaient, mais pour répondre à la “sorcière globaliste” Clinton.

Macron est un représentant du même type des “nouvelles élites”. Il est curieux qu’à la veille des élections, le journal français Libération ait publié le titre « Faites ce que vous voulez, mais votez Macron ». Cela est une paraphrase évidente d’Aleister Crowley, qui s’est proclamé au XXe siècle l’Antéchrist et la Bête 666: « Fais ce que tu voudras sera la totalité de la Loi ». En d’autres termes, les foules obéissantes devraient voter pour Macron non pas pour des raisons rationnelles, pas à cause de ses idées et de ses vertus, mais simplement parce qu’il s’agit de la loi impérative de l’élite dirigeante. Le mépris des élites pour les masses obéissantes et asservies est si affichée que ces élites ne se donnent même plus la peine de les séduire avec des promesses irréalisables : « Votez pour Macron, c’est la consigne et ce n’est pas discutable. » Votez et alors vous êtes libre. Sinon vous êtes déplorables… C’est tout.

En Italie, les deux principaux groupes de la population ont voté pour les populistes de droite de La Ligue et pour les populistes de gauche du Mouvement des 5 Etoiles. Ensemble ces partis ont réussi à créer le premier gouvernement populiste de l’histoire européenne. 

Et maintenant la France. Bien qu’en France, il n’existe pratiquement aucun contact politique entre le populisme de droite du Rassemblement National et le populisme de gauche de Mélenchon, aujourd’hui le populisme est réuni dans la révolte héroïque des “gilets jaunes”. Les gilets jaunes sont déplorables, à droite comme à gauche, au contraire de la droite libérale et de la gauche libérale qui sont admirables. Les populistes de droite sont terrifiés par la nouvelle politique insensée de l’élite en matière d’immigration et par la destruction des vestiges de l’identité française. Les populistes de gauche sont scandalisés par la politique économique désastreuse des libéraux, qui ne défendent que les intérêts des grandes entreprises. Macron est un protégé des Rothschild et cela montre de quel côté il est…

Les gilets jaunes se sont rebellés contre Macron et contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de droite ou de gauche classique. Macron est de gauche pour le soutien de la migration, la protection des minorités, la légalisation de la dégénérescence et le soi-disant “marxisme culturel”, mais il est de droite (droite libérale) en termes d’économie, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. Il est un pur globaliste, ne dédaignant pas une affirmation directe de son appartenance à la franc-maçonnerie (son fameux signe de la main représentant un triangle), même avec des slogans sataniques explicites : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.

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Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent pas être unis politiquement, étant l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, les gilets jaunes le feront à la place de ces dirigeants politiques cherchant à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de l’ensemble du système, contre le globalisme, contre le totalitarisme libéral, contre “l’état actuel des choses”. Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot “peuple” (populus, “le peuple”) doit être pris littéralement dans le concept de “populisme”.

Ce ne sont pas des masses abstraites ni un prolétariat impersonnel – ce sont les derniers peuples vivants qui se sont levés contre le pouvoir mondial de la progéniture globaliste, les rebelles de la culture et de la civilisation, comme le croit Laech, rebelles à propos de l’homme en tant que tel, des peuples. de Dieu. Aujourd’hui, il n’y a plus de droite ni de gauche : seul le peuple est contre l’élite. Les gilets jaunes créent une nouvelle histoire politique, une nouvelle idéologie. Le nom de Macron ne désigne pas une personne, c’est une étiquette de la matrice. Pour obtenir la liberté, il doit être annihilé. Ainsi les gilets jaunes se dressent-ils et disent-ils la vérité.

Alexandre Douguine

Pierre Chateau-Jobert: Krieger und Katechet

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Pierre Chateau-Jobert: Krieger und Katechet

Als rechts Verortete nehmen wir teil an vielfältigen Einbrüchen in die Theoriefelder der Linken. Die Theorieschwäche dieses Gegners äußert sich vornehmlich in abgestandener Phraseologie, die losgelöst von jedem „Sitz im Leben“ gedroschen wird. Reicht auch das nicht aus, den intellektuellen Bankrott zu kaschieren, geht man schnell zu einem Wild-um-sich-schlagen über, das als Ersatz für eine tragfähige Selbstvergewisserung herhalten muss.

Zu den Gebieten, auf denen die Linke sich noch im Hausrecht wähnt, da sie es vor allem in den 60er Jahren des 20. Jahrhunderts annektiert hatte, gehört der Guerillakrieg. Seit Mao und Che zu den Hausgöttern der radikalen Linken erhoben wurden, wird übersehen, dass es auch auf der rechten Seite Strategen des „kleinen Krieges“, mithin des Volkskrieges, gegeben hat. Diese weniger bekannten Figuren waren ebenso Volksbefreier, wie Ho, Mao oder Che zu sein vorgaben, nur ohne revolutionäres Schleppnetz und soziale Experimentierlust.

Zu nennen wären für die Nachkriegszeit Georgios Grivas und seine griechisch-zypriotische EOKA oder der rechte Zionist Menachem Begin und sein IRGUN ZWAI LEUMI. Dessen Erinnerungen unter dem Titel The Revolt gehörten lange zur klammheimlichen Pflichtlektüre angehender Untergrundkämpfer an den westlichen „Metropolenfronten“.

In dieser Reihe hätte auch ein bretonischer Haudegen seinen Platz, der die leidvolle Erfahrung seiner Generation wie seines Landes mit der gewaltsamen Dekolonisierung in einer Strategie der Gegenrevolution fruchtbar machen wollte. Oberst Pierre Chateau-Jobert (1912-2005) hatte aufgrund seiner militärischen Erfahrungen im Maquis (Selbstbezeichnung französischer, aber auch spanischer Partisanen) des Zweiten Weltkriegs sowie im terroristischen Abenteuer der OAS klare Vorstellungen davon, wie Guerilla von rechts auszusehen hätte und wie nicht. Er war kein bedingungsloser Parteigänger der Gewaltlosigkeit, aber ein strenger Lehrer präzise dosierter Gewaltanwendung als ultima ratio.

Er hatte sowohl von der Unbarmherzigkeit des Feindes gelernt als auch von der Stümperhaftigkeit der Kampfgefährten in der OAS. Beides verbannte er aus seiner Lehre vom modernen konterrevolutionären Volkskrieg. Das macht ihn für deutsche Leser zu einer originellen Mischung aus Carl von Clausewitz und Karl-Heinz Hoffmann. Es ist gewiss nicht ungefährlich, seine Gedanken heute wiederzugeben, gefährlicher jedoch wäre auf lange Sicht ihr vollständiges Ignorieren. Die Zeiten werden nicht friedlicher. Wer wird uns beistehen?

Der Augenzeuge

In einem Interview aus dem Jahr 1976 sagte Pierre Chateau-Jobert, dass er in der Realität des Krieges erfahren hatte, was die revolutionäre Maxime, dass der Zweck die Mittel heilige, konkret bedeute. Diese traumatische Erfahrung leitete ihn auf den Stationen seiner militärischen Laufbahn ebenso wie auf den verschlungenen Wegen des rechten Untergrundes im Frankreich der V. Republik. Es sind die Augen eines Berufsmilitärs, die ohne Scheuklappen die Voraussetzungen, Möglichkeiten und Grenzen bewaffneter Aktionen gegen die seinerzeit allgegenwärtig geglaubte kommunistische Gefahr betrachten. Leichtfertigkeit wie Defätismus sind ihm gleichermaßen zuwider.

Geboren wird Pierre Alexandre Joseph Chateau-Jobert 1912 in Morlaix, einer Kleinstadt in der Bretagne in eine konservativ-katholische Familie. Der Vater war im Ersten Weltkrieg gefallen. Die Mutter versucht, die Familie mit einem kleinen Buchladen über Wasser zu halten. Der Traum des Jungen ist es, der Marine beizutreten, doch gesundheitliche Probleme kommen dazwischen, so dass dieser Traum zerplatzt. 1934 tritt er stattdessen in das französische Heer ein. Er besucht die Artillerieschule und wird als sous-lieutenant(eine Art Fähnrich) 1940 bei einem deutschen Luftangriff schwer verwundet. Als er aus dem Koma erwacht, hat Frankreich kapituliert.

Pierre Chateau-Jobert will weiterkämpfen und gelangt zu de Gaulle nach London. Unter dem Decknamen „Conan“ kommt er nach diversen Einsätzen in Afrika (bei der Fremdenlegion) schließlich zu den Fallschirmjägern, genauer zur französischen Sektion des gerade im Aufbau befindlichen britischen SAS. Hier erlernt er erstmals die Grundlagen des verdeckten Kampfes. Er ist mittlerweile Hauptmann, als er im August 1944 über Frankreich mit dem Auftrag abspringt, zusammen mit dem örtlichen Maquis hinter den deutschen Linien für Verwirrung zu sorgen.

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Am Ende des Zweiten Weltkrieges ist er bereits Bataillonskommandeur und Dozent an der Schule für Fallschirmjäger, als der Krieg ihn wieder ruft. Freiwillig geht Chateau-Jobert nach Indochina und hat hier, wie viele seiner Offizierskameraden, ein Erweckungserlebnis, was das verstörend Neuartige des revolutionären Krieges betrifft. Frankreich zieht Lehren aus dem Debakel von Dien Bien Phu und gehört militärisch zu den Vorreitern der später sogenannten counterinsurgency, einer breit gefächerten Strategie der Aufstandsbekämpfung, welche die in Asien nachfolgenden US-GIs damals noch mit Geringschätzung zur Kenntnis nehmen.

Chateau-Jobert kehrt auf den Katheder zurück und kommt 1955 zum Generalstab nach Algerien. Noch als Mittvierziger springt er in der Suezkrise mit dem 2. Régiment de Parachutistes Coloniaux, zu dem auch ein junger Leutnant namens Jean de Brem gehört, welcher später das berühmte „Testament eines Europäers“ verfassen wird, über Port Said ab. Im Algerienkrieg kommt es für ihn wie für viele Offiziere, die auf der Grundlage ihres Eides und ihres (blinden) Vertrauens in den neuen Präsidenten Charles de Gaulle für ein französisches Algerien kämpfen zum Schwur.

Als er es wagt, während des Putsches 1961 seinen unmittelbaren militärischen Vorgesetzten für die Sache der putschenden Generäle von Algier zu gewinnen, wird er verhaftet. Oberst Pierre Chateau-Joberts Karriere in der französischen Armee ist damit beendet. Nach seiner Haftentlassung wartet er vergeblich auf eine Wiederverwendung. Die kommt von einer ganz anderen Seite, nämlich von der rechtsgerichteten Untergrundarmee OAS (Organisation de l’armée secrète), die mit Terror für die Belange der Algerienfranzosen streitet. Die Erfahrung mit dem Terrorismus und dem Agieren im Untergrund bildet die zweite wichtige Prägung im Leben des Soldaten Chateau-Jobert.

Von den Querelen innerhalb der OAS-Führung angewidert, von ihrer kriminellen Entartung abgestoßen (hier vergleichbar mit Dominique Venner), nutzt er die Zeit im Untergrund, um sich philosophisch, theologisch und politisch weiterzubilden. Er gerät dabei unter den Einfluss nationalkatholischer Kreise um den Publizisten Jean Ousset, einstiger Sekretär von Charles Maurras und Bekannter von Erzbischof Marcel Lefebvre. Frucht dieser Zusammenflüsse von Praxis und Theorie, gleichsam von Schwert und Buch, ist u.a. sein Kompendium La Confrontation Révolution/Contrerévolution, aus dem die folgenden Überlegungen stammen.

Der Exorzist  

Jeder Widerstand beginnt mit einer gesunden Doktrin. Sie liefert die unerlässliche Kampfmoral. Dies zu wiederholen, wird Chateau-Jobert nicht müde. Sie bildet gleichsam die Grundierung für alles, was folgt und ist gleichzeitig der Maßstab, an dem sich alle Aktionen zu messen haben. Widerstand ohne Doktrin entartet oder verliert nach den zu erwartenden Rückschlägen seinen Antrieb. Zu dieser Doktrin, die für den passionierten Antikommunisten Chateau-Jobert nur die christlich-abendländische sein kann, gehört die klare Identifizierung des Feindes.

Der Feind ist die Revolution und dies meint für den Autor nicht eine historisch bestimmte in einer geschichtlichen Abfolge von Revolutionen, sondern die Revolution als quasi metaphysische Größe. Die REVOLUTION, so der Oberst, sei die permanente Auflehnung gegen die gottgewollte Schöpfungsordnung. Sie allein gelte es in all ihren Verkleidungen und zeitgebundenen Erscheinungsformen aufzuspüren und zu bekämpfen. Sie ist das Prinzip des Bösen schlechthin, „une force du mal“.

Die philosophisch-theologischen Ausführungen des Autodidakten geraten im weiteren Verlauf dieses Kapitels unweigerlich in die Nähe der Mythomanie. Sein verbissener Kampf gegen diesen mehr imaginierten Feind ist von einer stark reaktionären Note durchtränkt. Die Revolution ist hier keine einzelne Doktrin, sondern die von Anbeginn der Welt subversiv wirkende Kraft des Widersachers. Chateau-Jobert verfolgt sie wie einen Top-Terroristen, analysiert sie und warnt vor ihren Schlichen. Revolution will nur ihre eigene Dauer und dazu ist ihr jedes Mittel recht. Alle Milieus stehen in der Gefahr kontaminiert zu werden, selbst die Kirche.

Die Passivität der Arglosen ist ihr ebenso Katalysator wie der hehre Idealismus der allzu Wohlgesinnten oder der Fanatismus der Überzeugungstäter. Chaos ist ihr Komposthaufen, auf dem sie gedeihen kann. Aber auch vermeintlich vernünftige Sachlichkeit kann sie voranbringen. Und so nimmt es nicht Wunder, dass Chateau-Jobert neben Marx und Mao auch de Gaulle und Roosevelt zu den „Revolutionären“ zählt.

Aus dem Gesagten ergibt sich für Chateau-Jobert die Notwendigkeit, den konterrevolutionären Widerstand metaphysisch zu verankern. Die christliche Lehre, ihre Zivilisationsform und nicht zuletzt die gottgewollte Schöpfungsordnung bilden nicht nur die Moral in diesem Kampf, sondern bestimmen auch die Mittel der Wahl. Sollte die Wahl auf die Gewalt fallen müssen, so wird sie nicht einfach von der Kette gelassen, sondern domestiziert angewandt. Nicht nur der Glaube verbietet das Gegenteil, sondern auch nüchterne strategische Überlegungen, wie noch zu zeigen sein wird.

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In der bedingungslosen Friedenssehnsucht willensschwacher Menschen kann der Soldat Chateau-Jobert nur den baldigen Sieg der Revolution ausmachen. Es geht weder ums „Gesundbeten“ noch um die Flucht in eine spirituelle Arche Noah, sobald sich der Kampf aufdrängt. Der Prediger Chateau-Jobert bleibt immer und zuvorderst Militär.

Der Kämpfer

Es muss sehr viel passieren, damit der Kampf eine bewaffnete Komponente erhält, auch dies wird vom Autor regelmäßig wiederholt. Denn eines will Chateau-Jobert um jeden Preis verhindern: Terrorismus. Niemandem, der sich dem konterrevolutionären Kampf anschließt, gesteht er das Recht zu, individuell und auf eigene Faust gewaltsam loszuschlagen. Ein solches Vorgehen zerstört mehr, als es einbringen würde und das innerhalb kürzester Zeit. Ein Neubeginn nach einer Gewaltorgie müsste buchstäblich bei null beginnen. Ebenso erteilt er Putschgelüsten eine Absage, da es hierfür besondere Bedingungen braucht, die sich nur äußerst selten einstellen. Ein Putsch ohne einen bereits verwurzelten gesellschaftlichen Rückhalt bleibt ein isoliertes Hasardeurstück.

Was Chateau-Jobert aus eigener Erfahrung vorschwebt, ist ein geschmeidiger Untergrund, der nichts mit dem klassischen Untergrund zu tun hat, der mit Decknamen und martialisch klingenden Geheimarmeen operiert. Aus seiner Aversion gegen gesonderte Namensgebungen bzw. „Taufen“ von Bewegungen wie Mitgliedern macht er keinen Hehl. Was keinen Namen hat, existiert offiziell nicht. Untergrund im Sinne Chateau-Joberts heißt nicht, dass Aktivisten von der Bildfläche verschwinden müssen, um fortan Unmengen an Energie für die Deckung von Operationen wie für die Eigensicherung aufzuwenden. Untergrund, wie er ihn versteht, ist viel eher das geschickte Einbetten von Aktivitäten in das natürliche Umfeld der Handelnden. Alles muss sich an diesem natürlichen Umfeld ausrichten, so dass Verdacht gar nicht erst aufkommt. „L’action est à mener par chacun dans son propre milieu“ („Jeder muss innerhalb seines Milieus die Aktion durchführen“).

Selbst wenn die Möglichkeit von Gewalt durchgespielt wird, dürfe dies nicht so aussehen, als beginne man mit den Vorbereitungen für einen Aufstand. Vor allem die Bewegungsfreiheit, einer der wichtigsten Freiheiten im verdeckten Kampf, darf nicht leichtfertig geopfert werden. Kontakte ergeben sich aus diesem normalen Umfeld quasi von allein und erregen keine erhöhte Aufmerksamkeit. Gleichwohl sind in der vormilitärischen Phase die Tugend größtmöglicher Verschwiegenheit und das Einüben von Disziplin ein Muss. Da Ermittler stets nach dem berühmten roten Faden suchen, der sie vom Rand in den Kern einer Gruppe führt, muss jedes Mitglied sich bewusst sein, selber solch ein roter Faden zu sein. Daher gilt: Fremde und Neugierige von außerhalb des natürlichen Beziehungsgeflechts sind auf Abstand zu halten, ohne dass gleich Geheimniskrämerei in der Luft liegt. Jeder und jede aus diesem natürlichen Netz ist aufgefordert, sich einzubringen und mit den möglichen Eskalationsstufen des Kampfes vertraut zu machen bzw. zu „akklimatisieren“.  

Aktive Geduld

Diese Phase erhält von Chateu-Jobert die treffende Bezeichnung „patience active“, die Phase der „aktiven Geduld“. Sie kann unter Umständen sehr lange dauern und ist als Grundierungsphase unverzichtbar. Die mühevolle „Kärrnerarbeit“ im natürlichen Hintergrund eines jeden ist die eigentlich wichtige Arbeit, sie darf nie unterschätzt werden.

Die heiße Phase der bewaffneten Eskalation wird niemals von den Konterrevolutionären selber ausgehen. Im Gegenteil: Sie drängt sich auf, vor allem dann, wenn letzte Hüllen fallen, wenn die Gewalt großflächig zur Herrschaft gelangt ist, immer mehr Opfer fordert, die bisherige Ordnung zum Einsturz gebracht hat und von einer revolutionär gesinnten Regierung gar selber angewandt wird. Der Konterrevolutionär nach dem Geschmack Chateau-Joberts wird diesem Kampf nicht ausweichen, wird ihn aber überlegt und weitsichtig führen. Ein Kämpfer in diesem Sinne muss immer auch zivile Kompetenzen haben (viele „Volksbefreier“ hatten sie nicht). Er muss bestrebt sein, die Unterstützung der Bevölkerung zu gewinnen und dauerhaft zu erhalten, was eine unabdingbare Voraussetzung für jeden Maquis darstellt.

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Diese Unterstützung hat er in der „Phase der aktiven Geduld“ gründlich vorbereitet und kann sich im Ernstfall auf sein lokales Umfeld verlassen. Eine Waffe werden auch dann nur wenige tragen bzw. einsetzen. Das Netz der résistants, d h. der zivilen Unterstützer, wird immer größer sein, als die Gruppe der eigentlichen combattants. Letztere tragen besondere Verantwortung als militärische Kombattanten. Ihre Auswahl unterliegt strengen Regeln, ihre Anzahl variiert von Region zu Region (im Mittel 30 auf 100 Quadratkilometer, verteilt in Gruppen von 3-6 Mann). Ihre taktische Ausrichtung ist klar offensiv, da ein Maquis nur dann angreift, wenn er auch siegen kann.

Er schlägt hart zu, zieht sich zurück und unterlässt dabei jede Art von Repressalien. In solcherart Krieg wird nicht überall gekämpft werden müssen und nicht überall mit gleicher Intensität. Idealerweise bringen die Mitglieder solcher Einheiten militärische Erfahrung mit und sind bereit, die Kampfhandlungen einzustellen und die Gruppe aufzulösen, wenn es gefordert wird. Gestaltet sich der Kampf als konventioneller Krieg, werden die Partisanen in reguläre Armeeeinheiten der konterrevolutionären Partei überführt. (Ähnlich de Gaulle, der bei der Libération keine Irregulären an seiner Seite duldete).

Die Frage nach einem zentralen Kommando bleibt jedoch offen. Chateau-Jobert widerstrebt es, seiner Losung getreu, Systematisierungen oder Organigramme aufzustellen und jedes Detail akribisch zu beleuchten. Vieles verbleibt in der Entscheidung vor Ort. Der Partisan ist eine lokale Erscheinung und findet seine Unterstellungen wie seine Handlungsmöglichkeiten innerhalb des zuvor beschriebenen natürlichen Umfelds, aus dem er hervorgeht. Bindende Richtschnur bleibt in jedem Fall die Doktrin, der jeder wahre Konterrevolutionär wie einem Oberbefehlshaber zu folgen hat.

Ausblick: der erste Schuss

Am sogenannten Fulda Gap, der geografischen Pfeilspitze des Warschauer Paktes in Osthessen, wartete man auf ihn während des gesamten Kalten Krieges vergebens, glücklicherweise. Der erste Schuss des Dritten Weltkrieges wäre dort gefallen, so waren sich US-Analysten sicher. Dementsprechend fielen die Vorbereitungen an diesem Sektor aus.

Zweimal krachten „erste Schüsse“ in der bosnischen Hauptstadt Sarajevo, einmal 1914 und ein weiteres Mal 1992, als ein bosnischer Gangster in eine serbische Hochzeitsgesellschaft feuerte. Konflikte von weitreichender Bedeutung folgten – in beiden Fällen. Der Erste Weltkrieg verheerte die überkommene europäische Staatenordnung. Der bosnische Bürgerkrieg trieb als Teil der jugoslawischen Erbfolgekriege Religionen, Volksgruppen und bis dato friedliche Nachbarn gegeneinander, ein Menetekel.  

Den erste Schuss in einem heute nur hinter vorgehaltener Hand gewisperten ethnischen Krieg in Europas Mitte kann man mit Bangen erwarten oder frohgemut verdrängen. Man mag dazu die Ausführungen eines Militärs wie Chateau-Jobert als verwegen belächeln, als nicht praktikabel abtun oder auch als Alarmismus und Kriegstreiberei resolut zurückweisen. Sicher sind sie verfrüht und an heutige Gegebenheiten anzupassen, insbesondere, was die technischen Möglichkeiten (Cyberwar, Drohnen etc.) angeht. Zudem würde sich die Frage aufdrängen, wo in Deutschland solche Szenarien überhaupt denkbar wären.

Gleichwohl täusche man sich nicht. Es reicht, sich auf der Grundlage beinahe alltäglicher Erfahrungswerte die aufkommenden Fragen überspitzter vorzulegen. Etwa so: Wann werden die neueingewanderten maghrebinischen Barbaresken des 21. Jahrhunderts mit groß angelegten Beutezügen durch unsere Ortschaften beginnen? Wann werden die nahöstlichen Clans in unseren Städten ihre Mitglieder zu kampfeslustigen Armeen mit politischer Zielsetzung organisieren? Wie verhalten sich dazu die Erdogan-Türken und ihr Kalif am Bosporus? Wie wird die unvermeidliche Antifa den sich zur Wehr Setzenden in den Rücken fallen? Und schließlich: Wer oder was wird von staatlicher Seite all dem entgegentreten?

Si vis pacem para bellum, lautet ein vielzitierter Grundsatz aus dem antiken Rom. Die duritia der alten Römer vertrug sich nicht mit Wehrlosigkeit, von der man zu Recht ahnte, dass sie nicht friedensfördernd war, wie manche Zeitgenossen heute allen Ernstes glauben machen wollen. Man lasse sich nicht täuschen und behalte eine Tagebucheintragung von Pierre Drieu la Rochelle unter dem 23. November 1939 im Hinterkopf: „personne ne semble sentir que plus les événements tardent, plus ils seront terribles“ („Niemand scheint zu ahnen, dass die Dinge umso schrecklicher werden, je länger sie auf sich warten lassen“). Wer als Staatsbürger übrigbleibt, wenn die Institutionen, die ihm bislang alles abnahmen, zusammengebrochen sind, der ist aufgefordert, auch den Konfliktfall nicht mehr zu delegieren.

Literatur:
Bardèche, Maurice: Der Weg nach vorn, Göttingen, 1951.

Begin, Menachem: The Revolt, New York, 1977.
Chateau-Jobert, Pierre: La Confrontation Révolution-Contrerévolution, Chiré-en-Montreuil, 2015.
Chateau-Jobert, Pierre: Doctrine d’action Contrerévolutionnaire , Chire-en-Montreuil, 1986.
Chateau-Jobert, Pierre: Manifeste politique et social, Chire-en-Montreuil, 1973.
Chateau-Jobert, Pierre: Feux et Lumière sur ma trace. Faits de guerre et de paix, Paris 1978.
Grivas-Dighenis, Giorgios: Partisanenkrieg heute. Lehren aus dem Freiheitskampf Zyperns, 1964.

Passend dazu auch: Der vertagte Bürgerkrieg (BN-Anstoß IX).

Céline et Gramsci face à la France à Macron

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Céline et Gramsci face à la France à Macron

par Nicolas Bonnal
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 
 
Les gilets jaunes calmés, Marrakech signé, Macron réélu ou sa successeuse déjà choisie par Attali-Rothschild-BHL, il faut faire le point. Relisons Karl Marx et son dix-huit Brumaire: 

« Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur. » 

On nous casse tout le temps les pieds avec le néo-libéralisme. En réalité ce sont les libertariens qui ont raison et on est plutôt victimes de l’ultra-socialisme et de l’ultra-parasitisme, en ces temps de fin médiocre, digne de la Rome de Juvénal. Nos dettes et nos prélèvements de 48% montrent que l’on est tout sauf libéraux. On est dans le sozial et le tartufe prolétaire qui gavait Céline, et dans rien d’autre. Sauf que certains, les Macron, les défiscalisés et les hauts fonctionnaires, en profitent mieux que d’autres. Mais ce n’est pas nouveau. 

Découvrez les œuvres d’Antonio Gramsci. Lui envoyait déjà promener les fadaises sur le libre capitalisme entrepreneur, et voici ce qu’il écrit en 1920 : 

« Le capitaine d’industrie est devenu chevalier d’industrie, il se niche dans les banques, dans les salons, dans les couloirs des ministères et des parlements, dans les bourses. Le propriétaire du capital est devenu une branche morte de la production. » 

Comme on était lucide, au PC, avant d’appeler à voter Rothschild. 

Gramsci voyait donc le problème de la désindustrialisation apparaître, le règne de la finance arriver avec les coups en bourse (remarquez, Sorel, déjà…). Un siècle plus tard, il n’y a plus d’usines en Amérique mais Wall Street n’a jamais été si élevé, avec un Dow Jones à 24.000 en attendant 30 ou 40. C’est pourtant simple à comprendre : on a siphonné via les taux abaissés la richesse américaine comme la richesse européenne, sauf peut-être l’allemande plus maligne et plus industrielle. A Londres et Bruxelles, la politique et la finance se disputent comme à New York le cadavre de l’industrie. Et on demande aux banques centrales de continuer de faire « bonne impression » pour continuer de soutenir les marchés. 

Gramsci vit comme Tocqueville l’intrusion de l’Etat produire une dégénérescence anthropologique (découvrez le libertarien allemand Hoppe qui parle lui de dé-civilisation). La part de prélèvement est passée de 8 à 20% en France entre 1914 et 1920. Aujourd’hui on est à 48. 

Louis-Ferdinand Céline aussi tout compris, et j’ai invité à redécouvrir ses pamphlets : 

« … un million de fonctionnaires avec les rejetons, les houris, les mendigots, les hommes de main, les derviches, leurs lèpres, leurs tranchomes, les marchands d'haschisch, tout le caravansérail grêlé des hordes asiatiques. » 

Antonio Gramsci, moins lyrique que Céline, mais tout aussi efficace : 

« L’Etat devient ainsi l’unique propriétaire de l’instrument de travail, il assume toutes les fonctions traditionnelles de l’entrepreneur, il devient la machine impersonnelle qui achète et distribue les matières premières, qui impose un plan de production, qui achète les produits et les distribue : l’Etat bourgeois, celui des bureaucrates incompétents et inamovibles ; l’Etat des politiciens, des aventuriers, des coquins. Conséquences : accroissement de la force armée policière, accroissement chaotique de la bureaucratie incompétente, tentative pour absorber tous les mécontents de la petite-bourgeoisie avide d’oisiveté, et création à cet effet d’organismes parasitaires à l’infini. » 


Gramsci raisonne comme les futurs libertariens qui en ont marre de cette pléthorique gent sécuritaire. 

Gramsci décrivait la dégénérescence dans ces lignes. Le nombre de fonctionnaires avait décuplé en France en un siècle (observation déjà faite par Marx dans son Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte) : 

« Le nombre des non-producteurs augmente de façon malsaine, dépasse toute limite tolérable pour le potentiel de l’appareil productif. On travaille et on ne produit pas, on travaille durement et la production ne cesse de décroître. C’est qu’il s’est formé un gouffre béant, un gosier immense qui engloutit et anéantit le travail, anéantit la productivité ». 
Les heures non payées du travail ouvrier ne servent plus à augmenter la richesse des capitalistes : elles servent à nourrir l’avidité de l’énorme multitude des agents, des fonctionnaires, des oisifs, elles servent à nourrir ceux qui travaillent directement pour cette foule de parasites inutiles. » 


La fonction publique pléthorique recommandée par les adeptes de la dette immonde est une foutaise petite-bourgeoise qui n’avait rien à voir avec le marxisme ou même la gauche traditionnelle. Gramsci encore : 

« Et personne n’est responsable, personne ne peut être frappé : toujours, partout, l’Etat bourgeois avec sa force armée, l’Etat bourgeois qui est devenu le gérant de l’instrument de travail qui se décompose, qui tombe en morceaux, qui est hypothéqué et sera vendu à l’encan sur le marché international des ferrailles dégradées et inutiles... » 

La société des Attali-Juppé-Macron n’est pas moderne du tout, comme le populisme façon Mélenchon-Le Pen, ou la manif’ qui permet au populo de se défouler avant de retourner au chenil. 

Sur les personnages humanitaires et les programmes interminables et délétères, Céline aussi nous avait prévenus en vain : 

« le monde est encore plein de martyrs qui crèvent du désir de nous libérer puis d’être titularisés par la même aubaine dans des fonctions pas fatigantes, d’un ministère ou d’un autre, avec une retraite. » 

Il ne s’agit pas d’insulter les Français, mais de comprendre le rôle eschatologique de l’Etat dans notre histoire. On y reviendra avec Bernanos. 

Sources 

Antonio Gramsci dans le texte, I, II - Classiques.uqac.ca 

Nicolas Bonnal – Louis-Ferdinand Céline, le pacifiste enragé (Kindle-Amazon) – Le coq hérétique, autopsie de l’exception françaises (Les Belles Lettres, 1997)

mercredi, 05 décembre 2018

Entretien avec Pierre Vial, président de Terre et Peuple

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Entretien avec Pierre Vial, président de Terre et Peuple

Propos recueillis pas Daniel Conversano,

novembre 2018

 
J'ai besoin de votre aide pour les frais de déplacements qui me rapprochent d'hommes comme Pierre Vial : https://fr.tipeee.com/vive-l-europe
 
La page facebook de Terre et Peuple est ici : https://www.facebook.com/terreetpeuple/
 
Et le twitter officiel : https://twitter.com/terreetpeuple
 
La vidéo mythique de Salvini au Luxembourg : https://www.youtube.com/watch?v=5AtI6...
 

Didier Carette : « Je ne rêve pas d'une culture pour tous, mais pour chacun »

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Didier Carette : « Je ne rêve pas d'une culture pour tous, mais pour chacun »

 
« Je n'ai jamais rêvé d'une culture pour tous, moi je rêve d'une culture pour chacun. »
 
Retrouvez l'intervention de Didier Carette, conseiller régional du Front National en Occitanie lors de l'Assemblée plénière des 20 et 21 décembre 2017.
 

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