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lundi, 03 décembre 2018

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (3 décembre 2018)

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Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (3 décembre 2018)

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

L’émission Répliques d’Alain Finkielkraut recevait le 24 novembre le philosophe et mathématicien François-Xavier Bellamy et Sylvain Tesson grand voyageur. Le thème de la discussion était : demeurer ou partir; quelle vision du monde à l’ère du mouvement perpétuel ? « Demeure », titre du dernier livre de Bellamy, n’est pas synonyme de passivité ou d’immobilité explique-t-il, et la politique consiste moins à transformer qu’à sauver dans ce monde ce qui mérite d'en être transmis tandis que Tesson reprenant Novalis et Nietzsche décrète que marcher c’est s’ouvrir à la pensée et à la poésie. Un échange sur les cimes :

 
Sur le site de l’Institut Illiade une bonne note de lecture à propos du livre de Rémi Soulié Racination paru aux éditions Pierre Guillaume de Roux. Dans cet ouvrage à la langue limpide nous cheminons en compagnie d’Heidegger, Hôlderlin, Barrès, Boutang et Novalis à l’écoute de la terre et des morts. Une ode à l’enracinement et au génie des lieux :
 
 
Le philosophe André Perrin qui avait publié des réflexions acérées et aux antipodes du politiquement correct dans Chroniques de la vie intellectuelle en France revient ici sur les confusions de Guillaume Erner (de France-culture) dont on ne sait si elles sont inspirées par la malveillance ou l’ignorance à propos de l’antisémitisme contemporain et de ses auteurs :
 
 
Jean-Marc_Jancovici_(cropped).jpegPour Jean-Marc Jancovici nous sommes la seule espèce à utiliser des ressources énergétiques extra-corporelles depuis l’invention du feu il y a 500000 ans. Partant du principe qu’il n’y a pas de vrai débat en France (comme ailleurs) sur les véritables enjeux de la  « transition énergétique » ( qui se résument pour l’essentiel à une devise de shadok : « quand on ne sait pas où l’on va, l’essentiel est d’y aller le plus vite possible » ), il s’efforce a contrario d’apporter ici d’authentiques arguments scientifiques à cette mutation considérable qui doit nous faire abandonner les sources d’énergie carbonée ou bien de périr à brève échéance. Cette conférence, condensé d’intelligence, au surplus très pédagogique, a été tenue à la fin de l’année dernière à la cité des sciences et de l’industrie:
 
 
Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet débattent de l’hypothèse collapsologique. La décroissance, voulue ou non, est de toute évidence notre destin avec toutes les conséquences qu’elle implique, ici survolées à haute altitude. Comme le dit Yves Cochet, les seules solutions proposées pour l’heure par toutes les forces politiques sont : plus de croissance, plus de technologie, plus de marchés. Cette pure folie annonce une transition désastreuse,  à moins qu’elle ne soit prise en main par un pouvoir autoritaire pilotant une décroissance ordonnée comme le suggère Jancovici : 
 
 
Dans une tribune parue le 26 novembre dans Sud Ouest Matthieu Auzanneau et Jean-Marc Jancovici partent du principe que la sédition des gilets jaunes doit agir comme lancement d’alerte et proposent les mesures qu’imposeraient une véritable politique de transition énergétique. Aujourd’hui les gilets jaunes considèrent à raison que les taxes sur le carburant sont destinées à leur faire les poches puisque elles doivent rapporter l’an prochain 37 milliards d’euros contre 33 cette année et que sur ce total moins de 2 milliards d’euros seront consacrés à encourager la baisse de la consommation d’énergie. Ils rappellent que le financement très élevé des éoliennes et des panneaux photovoltaïques n’aide en rien à sortir des sources d’énergie fossile. Démonstration limpide et imparable :
 
 
Jobs-a-la-con_9498.jpgSur le livre consacré aux Bullshit Jobs (« jobs à la con ») de l’anthropologue David Graeber, Michel Drac livre une excellente analyse. Les bullshit jobs sont des emplois rémunérés totalement inutiles ou même néfastes dont le salarié lui-même ne parvient pas à justifier l’existence. Les exemples donnés atteignent des sommets d’absurdité et de grotesque. D’où la question : se pourrait-il que dans la fonction publique comme dans l’entreprise une grande partie des occupations rémunérées ne soient qu’un vaste théâtre d’ombres ? Drac donne les raisons pour lesquelles des travails qui ne servent rigoureusement à rien peuvent perdurer dans nos sociétés. Ces pseudo « métiers » représenteraient au bas mot 30% des emplois d’une société en quête, parait-il, de performance. Notre système socio-économique cautionne un immense gaspillage lié à notre conception du travail et génère beaucoup de souffrance et d'humiliation. 
Une ingénierie libérale propre à l’ère du techno-capitalisme, mise en place « parce que c’est notre projet… » :
 
 
Lors de son émission Répliques sur France-culture du 17 novembre Alain Finkielkraut recevait Paul Thibaud ancien directeur de la revue Esprit et Éric Zemmour pour débattre encore une fois de Pétain, de Gaulle et la France. 
À force de se prêter au jeu malsain des médias toujours à la recherche du bon client faisant le scoop et le buzz, Zemmour n’aurait-il pas tendance à ternir la richesse de son dernier ouvrage et des leçons qu’il contient ? :
 
 
discoursintimidant.jpgLaurent Fidès, ancien élève de l’École normale supérieure, a publié aux éditions du Toucan Face au discours intimidant; Essai sur le formatage des esprit à l’ère du mondialisme. Dans cette chronique il s’attaque aux nombreux mythes de l’idéologie progressiste et démonte les ressorts de la  domination culturelle « multiculturaliste, échangiste, déconstructiviste qui nous promet un monde sans frontière, sans différences, atomisé, peuple d’entités négociables et remplaçables ». Il constate par ailleurs qu’à la télévision on ne voit jamais ni Georges Feltin-Tracol ni Thomas Ferrier ni Olivier Rey ni Hervé Juvin… qui pourraient porter la contradiction à ces pensées obligatoires. Il s’en étonne, d’autant dit-il que le vent semble devoir tourner après des décennies de tyrannie idéologique :
 
 
Paul-François Paoli auteur de L’imposture du vivre-ensemble et tout récemment des Confessions d’un enfant du demi-siècle est interrogé par Tv-Libertés sur ce dernier ouvrage. Ancien gauchiste ayant traversé le chaos de toutes les modes intellectuelles des décennies passées, il se définit aujourd’hui comme un conservateur conséquent. Il pointe du doigt le rôle néfaste de certains intellectuels au premier desquels Jean-Paul Sartre « le plus démodé, le plus idéologue et le plus indigent ». Faisant état de l’écroulement de tous les « grands récits » il constate que le libéralisme n’a pu s'introduire en France que par le biais culturel de l’anthropologie libéral-libertaire. Il salue Houllebecq, Onfray (« phénomène gaulois ») et Alain de Benoist dont la revue Éléments serait selon ses dires la meilleure revue intellectuelle de notre temps :
 
 
Jean-Paul Brighelli possède un talent certain : celui de nous faire sourire des choses les plus graves. Ici il traite avec humour de la réception du dernier livre de Laurent Obertone, La France interdite par la presse de grand chemin qui use et abuse de clichés sociologiques pour opposer un déni officiel à tout ce que disent les vrais chiffres puisés dans l’appareil statistique gouvernemental :
 
 
mh_portrait.jpgContrairement à ce qu’enseigne trop souvent l’histoire officielle des États d’Afrique du Nord la conquête du Maghreb par les Arabes ne fut pas une promenade de santé. Elle se heurta à une vive résistance berbère (le peuple autochtone) et si l’islamisation fut rapide, l’arabisation se confronta à des échecs qui perdurent encore de nos jours. Sur ce sujet  Mouna Hachim, historienne, répond aux question de France-culture :
 


L’OJIM interroge Slobodan Despot à l’occasion du troisième anniversaire du lancement de L’Antipress devenu, entre-temps, Le Drone. Son objectif : « À la platitude, à l’absence de perspectives historique, culturelle, humaine de l’information de masse, opposer une chronique distanciée et libre - de cette liberté de pensée que donne la culture - de notre temps de trouble. » Pour la somme de 50 euros on peut souscrire un abonnement annuel. Pour ce faire s’adresse à < antipress.net > :
 
 
Excellente tribune de François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments, sur les gilets jaunes, nouveaux ploucs émissaires, dans Le Figaro :
 
 
Lettre de Jean-Claude Michéa au site des « amis de Bartleby » (site gascon décroissant) sur les gilets jaunes. Il en souligne l’inventivité populaire qu’il annonçait dans Les Mystères de la gauche et qui situe le mouvement à l’exact opposé de  Nuit Debout qui jouissait par ailleurs de la sympathie active des médias de propagande. Pour ce qui concerne les gilets jaunes il ajoute : « Ici, au contraire ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy - d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot) qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite… » Pour eux il n’a jamais été question ni de plan Marshall ni de plan banlieues  :
 
 
JSM-portrait.jpgDans une chronique de Figaro-vox  Jérôme Sainte Marie voit dans les « gilets jaunes » la convergence d’électorats populaires jusqu’ici opposés. Une jacquerie antifiscale qui unit des personnes aux origines variées mais de semblable statut économique, des travailleurs de la France périphérique ce qui explique que la France des métropoles en soit absente. Ce mouvement réalise d’une certaine manière une alliance « populiste » à l’italienne.  
Mais bien qu’il soit profondément politique le mouvement se veut non partisan, c’est là que réside sa principale faiblesse face au « bloc élitaire » outre le fait qu’il n’a aucune structure et aucune direction. Il n’empêche, Castaner veut voir en lui une fronde comparable à celle du 6 février 1934, tandis que son collègue Darmanin, épris de boisson à 100 euros la bouteille, parle de « peste brune ». L’emphase touche ici à la caricature. Si le ridicule tuait encore, ces deux là seraient en état de putréfaction avancée. Ce 27 novembre c’est Benjamin Griveaux qui ajoute sa pierre au bêtisier gouvernemental en déclarant sur France-info : « Quand des gens défilent sur les Champs en disant on est chez nous, ceux-là font partie de l’ultradroite ». On pourrait  répliquer à cet « any where » que quand un Français dit qu’il est chez lui à Paris il n’a pas tort. Et si ce n’est pas « chez lui », c’est chez qui ?  :
 
 
Gilets jaunes. Selon Jacques Sapir « nous sommes peut-être à la veille de quelque chose de bien plus important qu’une simple protestation contre les taxes ».
 
 
Par Michel Onfray, « Le message clair des gilets jaunes à BHL ». Dans le style limpide qui est sa marque de fabrique, le philosophe pamphlétaire cloue au pilori de ses contradictions successives l’intellectuel de plateau télévisé et affirme son soutien aux gilets jaunes (première occurence) et il parfait son analyse dans une deuxième occurence, vidéo celle là, où il montre que les médias, afin de discréditer les gilets jaunes, reprennent les éléments de langage complaisamment soufflés par le pouvoir pour énoncer de simples fariboles. Démonstration mordante :
 
 
 
CHhar.jpgEntretien d’Édouard Chanot avec Christian Harbulot, directeur de l’École de Guerre Économique  sur le pillage technologique de la France par les États Unis. Est mise en cause l’absence d’anticipation stratégique du coté français. 
Selon lui une politique d’indépendance et de puissance passe par une véritable rupture stratégique pour se ré-approprier notre destinée :
 
 
Dans le cadre de son émission Passé-Présent (sur Tv-Libertés) Philippe Conrad interroge Jean-Yves Le Gallou sur son livre manifeste Européen d’abord : Essai sur la préférence de civilisation (à partir de la trentième minute) :
 
 
Camille Galic tresse des lauriers au livre de Jean-Yves Le Gallou Européen d’abord (édition Via Romana) et ils sont largement mérités. Ouvrage vivifiant et mobilisateur, il se présente comme un manuel pour Européen désireux de survivre à la débâcle présente, un vade mecum pour se conduire en temps de détresse. D’ailleurs le livre ne se termine-t-il pas par une apostrophe pleine de la conviction qui anime son auteur : « le soleil reviendra »  : 
 
 
Nonobstant la cuistrerie dont font preuve certaines phrases de l’auteur (par exemple : « …venant fouetter la lourde atmosphère encharognée du cloaque putride de l’hygiénisme néopuritain qui nous sert… » qui gagnerait à plus de légèreté), le texte d’Aristide Leucate constitue une bonne synthèse de la pensée de Pier Paolo Pasolini concernant l’antifascisme de son époque et de toujours :
 
 
Dans le cadre de Géopragma, pôle français de géopolitique réaliste, Caroline Galactéros livre nombre d’éléments sur le dépeçage du journaliste saoudien Jamal Khasshoggi, un informateur de haut rang mêlé à de nombreuses affaires proche-orientales dans lesquelles trempent nombre de « services ». Nous sommes bien loin des afféteries pleurnichardes des médias français :
 
 
Conférence donnée par Wiktor Stoczkowski de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHSSS) sur le thème « L’antiracisme doit-il craindre la notion de race ? » Selon lui l’antiracisme construit depuis la seconde guerre mondiale sur un rejet « scientifique » de la diversité humaine est invalidé depuis une vingtaine d’années par les découvertes de la génomique qui réhabilitent le pluralisme racial de l’humanité. En bref, il n’est plus possible de superposer l’ordre des valeurs et l’ordre des faits et de faire cautionner un antiracisme non ratifié par la réalité par les sciences biologiques. Excellente analyse :
 
 
« Le monde d’en haut prétendument ouvert n’a jamais été plus refermé sur lui-même qu’aujourd’hui… Il est devenu prétentieux et arrogant ». Ainsi s’exprime Emmanuel Todd dans un entretien avec Thikerview. Pour lui si les élites pourrissent sur place, le petit peuple ne vaut guère mieux. Il s’inscrit ainsi en réalité contre une des thèses de Jean-Claude Michéa. Il exprime également sa conviction qu’avec Macron, la société va encaisser une baisse massive de son niveau de vie. Il critique également les médias tous alignés sur la représentation complètement faussée des élites. Pour lui ils sont les principaux producteurs de fake news.Todd rend compte aussi de sa russophilie et en explique la teneur par le niveau très supérieur des élites russes animées par une conscience historique qui fait défaut à l’oligarchie occidentale  : 
 
https://www.youtube.com/watch?time_continue=3172&v=6a...
 
Lecture de Rise and kill first de Ronen Bergman. Vidéo de 2h22 sur une histoire très informée du renseignement israélien par un journaliste éminent, lui-même israélien.
Michel Drac en tire de nombreuses leçons sur la mentalité juive et sur la force de son identité, fondatrice de l’efficacité de ses « services ». Remarquable synthèse :
 
 
Michel Pastoureau dans l’émission de Rt France de Frédéric Taddeï pour la sortie de son ouvrage Le loup : une histoire culturelle qui examine la représentation du loup dans l’imaginaire européen. Il revient incidemment sur les trois couleur de la symbolique indo-européenne : le noir, le rouge et le blanc :
 
 

lundi, 26 novembre 2018

Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

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Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré aux manifestations des "Gilets jaunes" du 24 novembre. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

La bataille de la dignité

La journée du 24 novembre, acte II de l’histoire des gilets jaunes, a été largement polluée par l’effet de loupe sur les violences (d’une gravité tout à fait relatives, que l’on parle dégâts ou nombre d’interpellations) sur les Champs-Elysées. Casseurs d’ultra-droite dans la journée, d’extrême-gauche le soir ? C’est possible, encore que le fait d’avoir laissé la situation pourrir dès 10 H du matin avec toutes sortes d’accès non filtrés aux Champs, avec du mobilier urbain disponible, ait pu donner des tentations à quelques uns. Et de belles images pour les télés du monde entier.

La théorie de Castaner - complot, radicalisation, ultra-droite séditieuse, factieuse, rappelant le 6 février 34, s’en prenant aux institutions, commanditée par Marine le Pen, peut-être aidée de Jean-Luc Mélenchon, ajoutent quelques seconds couteaux - est pour le moins réductrice. Et ressemble furieusement à une stratégie du leurre. Elle pourrait d’ailleurs tourner à la prophétie auto-réalisatrice : à criminaliser moralement le gilets jaunes, et à jouer l’affrontement des réformateurs avec les forces obscures, on finit par donner des tentations électorales à des gens apolitiques qui se diront que stigmatisés pour stigmatisés.... C’est si bon quand c’est un péché. Et il est bien connu que le choix de notre ennemi révèle quelle est notre propre question.

Mais la question n’est pas là. Le gouvernement et une bonne partie des commentateurs se plaignent du caractère horizontal, déstructuré, presque liquide du mouvement : comment négocier avec des gens qui n’ont pas de chefs, pas de revendications précises et qui prétendent s’auto-représenter ? Quelle confusion !

Il nous semble au contraire que la parole des manifestants, dès qu’on leur passe un micro, soit d’une clarté remarquable.

- Nous sommes le peuple, disent-ils. Il y a un sentiment de légitimité de gens qui expérimentent souvent pour la première fois l’expression directe dans la rue et qui, notamment, ne comprennent pas qu’on leur dise où ils ont le droit ou pas de manifester.

- Nous sommes la classe moyenne qui n’en peut plus, les perdants, les déplorables, les culturellement dévalorisés, nous sommes exactement tels que nous décrivent des Guilluy, des Michéa, des Piketty, des gens que nous n’avons pas forcément lus, mais dont les élites auraient du écouter les avertissements. Nous voulons que vous réalisiez notre sentiment de chute et d’angoisse.

- Nous voulons de la considération: être reçus, avoir des réponses, ne pas être traités par le mépris. Notez avec quelle fréquence revient ce mot de « mépris ». A cet égard, le tweet de Macron : «  Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République », mélange d’emphase et de cours de morale aux vilains gamins habillés en jaune est un chef d’œuvre d’incompréhension de ce que ressentent les gens. Quand ils disent rendre l’argent (notamment celui de l’ISF), les manifestants ajoutent souvent aussi qu’ils veulent qu’on leur rende leur honneur de travailleurs. Soit dit en passant, il circule en ce moment des vidéos anonymes de policiers et gendarmes qui disent leur honte d’être obligés de taper sur le peuple. Cela ressemble à un gros signal faible.

- Cessez d’évacuer la question sociale d’égalité au profit des promesses d’efficacité économique et de modernité sociétale. C’est bête mais nous pensons fins de mois, riches et pauvres et moyens de vivre demain. C’est bête, mais les conditions matérielles de vie restent le premier facteur de mobilisation. Vous l’aviez oublié là-haut ?

Colère (le sentiment), plus auto-organisation (les médiations), plus refus des représentations dominantes (allant jusqu’à l’agressivité contre les médias « complices »), inquiétudes sur le contrat social (consentement à l’impôt remis en cause) et même une certaine fraternité qui naît. Depuis quand n’avions nous pas vu une pareille conjonction ?

Et, puisque nous avons cité Guilluy, dont les analyses trouvent ici une incroyable illustration, nous ne résistons pas à une tentation sur ce qu’il appelle le soft-power de la France périphérique.

L’expression soft-power n’est pas la plus parlante pour désigner une capacité de résistance et de refus de la culpabilisation, et nous aurions, pour notre part, plutôt parlé de résistance idéologique et culturelle. Mais Guilluy a raison quand il décrit « cette autonomie contrainte d’un monde d’en bas désormais hermétique aux discours et injonctions d’en haut permet aux classes populaires de réaffirmer ce qu’elles sont collectivement. Contre toute attente, elles exercent aujourd'hui un soft-power invisible qui contribue à l’effondrement de l’hégémonie culturelle des classes dominantes et supérieures »
Or, pour suivre cette hypothèse, ceux d’en bas, semblent, en effet de plus en plus imperméables au discours venu d’en haut. Qu’il s’agisse du discours « de vérité » (vous n’allez pas croire ces fake news, si on regarde bien les chiffres, on voit au contraire que tout va de mieux en mieux. Ou du discours de la peur morale (attention au fascisme, pensez à la planète, ne soyez pas factieux.

Résister à l’impératif hégémonique, c’est une chose. Énoncer des objectifs politiques, c’est mieux.
 
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 25 novembre 2018)

samedi, 24 novembre 2018

Un tournant dans la politique étrangère allemande

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Un tournant dans la politique étrangère allemande

par Irnerio Seminatore

L'alliance pour le multilatéralisme et l'autonomie stratégique de l'Europe dans la redéfinition des relations euro-atlantiques.

La nouvelle responsabilité franco-allemande face à une géopolitique planétaire.

Heiko Maas et l'UE, "pilier de l'ordre international".

La tribune du quotidien allemand Handelsblaat du 22 août, portant la signature du Ministre des Affaires Étrangères Heiko Maas a marqué un tournant historique dans la diplomatie de la République Fédérale Allemande depuis sa constitution en 1949.

Heiko Maas a plaidé pour une révision de la politique étrangère de son pays et pour une "autonomie stratégique" de l'Europe, en faisant de l'Union Européenne "un pilier de l'ordre international".

Cette convergence, de l'Allemagne et de l'Union Européenne, permettra-t-elles d'instaurer "un partenariat équilibré" avec les États-Unis d'Amérique?

Pour l'heure c'est un tournant marquant de la diplomatie du Mittelage.

Après avoir surmonté les "limites de la politique rhénane"de H.Khol et de  la "voie allemande" de Schröder, la politique étrangère allemande a-t-elle tourné le dos à la "puissance discrète" de A.Merkel, en réagissant aux provocations  souverainistes de D.Trump et à la fragmentation décisionnelle de l'U.E, face aux nouveaux défis de l'ordre mondial?

Suffira-t-il à l'Allemagne et, avec elle, à l'Europe, de remplacer le concept global d'hégémonie par l'idéologie juridique du multilatéralisme et de la sécurité collective aux promesses aléatoires, en oubliant la décomposition géopolitique de la suprématie américaine, qui a pris la forme, sous Obama, d'une série de "deals régionaux" conçus pour la pérenniser?

La  déclaration de Heiko Maas, évoquant sa prise de distance avec les États-Unis évoque implicitement trois moments significatifs de l'histoire allemande et souligne ainsi la lente maturation de sa politique étrangère depuis la fin de la bipolarité:

- le "Rapport K.Lamers-W.Schauble" de 1994 sur les nouvelles responsabilités de l'Allemagne, suite à la réunification du 3 octobre 1990 et à la lecture d'une Europe reconfigurée, à partir des "intérêts nationaux allemands", jusqu'ici tabou.

- la déclaration informelle de M.me Merkel à Munich, en mai 2017, sur l'émancipation de l'Europe vis à vis des États-Unis et sur l'impératif des européens "de prendre en main leur destin". Ajoutons, dans le même sens, la déclaration du Président de la République française à l’Élysée du 27 août 2018, à l'occasion de la réunion annuelle des Ambassadeurs de France, sur "l'indispensable"autonomie stratégique de l'Europe" et sur une redéfinition générale de la politique extérieure et de défense de l'Europe".

- le Sommet de l'Otan des 12 et 13 juillet 2018 à Bruxelles, sur le partage du fardeau de la défense euro-atlantique et sur la menace du retrait des États-Unis de l'Alliance. La remise en cause de celle-ci s'est exprimée sous la forme du "veto", adressé par Trump à la Chancelière A.Merkel, à propos de la réalisation du " Nord Stream 2" et d'une politique énergétique moins dépendante de la Russie.

Quant au chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, dans son interview du 22 août au journal "Handelsblaat" redessine les contours d'une "nouvelle stratégie américaine" vis à vis de l'Allemagne et définit  les bases "d'un renouveau de la collaboration" avec l'allié transatlantique, en partenariat avec les autres pays européens.

Ce renouveau aurait pour fondement "le multilatéralisme", déjà rejeté  antérieurement par D.Trump, qui lui préfère le souverainisme et s’appuierait sur deux piliers:

- un "partenariat équilibré" entre les USA et l'UE

- une alliance avec tous les pays attachés au droit, aux règles contraignantes et à une concurrence loyale, au delà de l'U.E et sur la scène internationale. La carence de cette alliance est de ne pas tenir compte ni des rapports des forces, ni de l'esprit de système, autrement dit, des regroupements multipolaires du monde. Elle apparaît, de ce fait, en décalage avec les référents permanents de la politique globale et en syntonie avec les positions d'une négociation permanente et toujours précaire de l'ordre mondial.

Le changement de cap de la politique américaine vis à vis de l'U.E.- confirme le ministre allemand - a commencé  bien avant l'élection de Trump - et devrait survivre à sa présidence".

En effet, constate-t-il, " l'Atlantique est devenu politiquement plus large" de ce qu'il n'était à l'époque de la bipolarité, car la profondeur stratégique de l'Eurasie replace la menace et les dangers vers l'Asie-Pacifique.

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Les implications de la notion "d'autonomie stratégique "européenne

Les implications de ce tournant, qui sont imposées aux européens, comportent un double volet, interne et extérieur:

-à l'extérieur,

-induisant une reconsidération des relations de l'U.E.avec la Russie dans le cadre d'une architecture régionale de sécurité

-faisant de l'Europe "une puissance d'équilibre" entre Washington et Moscou. Ce positionnement inverserait la logique du "triangle stratégique" Washington- Moscou-Bruxelles, par l'adoption des recommandations de Kissinger des années 1970, selon lesquelles l'Europe doit être toujours plus proche de Washington ou de Moscou,que l'Amérique de la Russie ou Moscou de Washington.

à l'intérieur,

-poussant à une révision des fondements de toute construction politique, concernant la légitimité et la souveraineté, bref les conceptions de la démocratie, du pluralisme  et des autres formes de gouvernement.

- faisant évoluer les relations entre institutions européennes  et États-membres vers un modèle politique, organisé sur la base d'une hiérarchie contraignante , sans  avoir résolu les deux aspects majeurs de l'histoire européenne, ceux  de unité politique et du leadership.

Ainsi l'ensemble des défis posés par la notion "d'autonomie stratégique" situe cette perspective dans le long-terme, dont le calendrier échappe à toute maîtrise raisonnable et condamne cette idée à une rhétorique ordinaire.

Macron/Merkel, l'"armée européenne" et la nouvelle responsabilité franco-allemande

Or l'imprégnation de cette notion est revenue à la surface le 6 novembre dernier, à l'avant-veille des commémorations du centenaire de la "Grande Guerre 14-18",
dans l’exhortation aux européens du Président Macron, de créer une "armée européenne", pour protéger l'Europe des visées russes, américaines et chinoises.

Cette expression, reformulée en terme de "défense européenne", a été reprise par Macron dans l'enceinte du Bundestag allemand, le dimanche 11 novembre, lors des cérémonies du Volkstrauertag, consacrées aux victimes de guerre, dans le but "de ne pas laisser glisser le monde vers le chaos" et de "construire les outils de souveraineté", afin que l'Europe ne soit pas "effacer du jeu" par les grandes puissances.

"Nous devons élaborer une vision, nous permettant d'arriver un jour à une véritable armée européenne", a repris Angela Merkel à Strasbourg, devant le Parlement Européen le mardi 13, mais"pas une armée contre l'Otan", situant sa constitution dans un avenir lointain; le temps de corriger le strabisme divergent entre la France et l'Allemage. la première fixant ses priorités au Sud, la deuxième à l'Est.

Il a été observé (J.H.Soutou) que trois conditions doivent être remplies, pour répondre à ce défi:

- l'existence d'une culture stratégique commune et, de ce fait, d'une lecture partagée du système international et de ses menaces
- des moyens de défense adéquats, inclusifs d’États-majors doués de capacités de commandement opérationnels, en complément de l'Otan
- d'un budget européen, dont on ignore l'ordre de grandeur.


Les européens confrontés à l'hostilité de l'administration américaine.


Devenir un pilier de l'ordre international et instaurer une fonction de puissance d'équilibre entre Washington et Moscou, d'après le ministre allemand des affaires étrangères, sont-ils des objectifs compatibles avec l'exercice d'un "vrai dialogue de sécurité avec la Russie", prôné par les vœux du Président Macron?

En effet, dans le contexte de la nouvelle donne de sécurité transatlantique, l'autonomie stratégique de l'Europe pour se protéger des États-Unis, pouvait-elle échapper à la réaction de Trump, la jugeant "très insultante" pour le pays qui a volé au secours de la France par deux fois au cours du XXème siècle?

Le nouvel état d'insécurité du monde laisse les européens divisés et tétanisés, car le système immunitaire sur lequel a été bâtie la suprématie allemande,est aujourd'hui anéanti.
Le stress de l'urgence efface, en République Fédérale, le tabou du leadership et la faiblesse de l'économie ne compense pas, en France, l'hardiesse rhétorique des propos de Macron.

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Mais comment l'Europe peut-elle bâtir son unité, si la compétition pour le primat fertilise les esprits et la Pologne, porteuse de nouvelles perspectives stratégiques, se propose comme l'allié le plus sûr des États-Unis et si elle fédère autour d'elle des projets et des pays (l'initiative des trois mers,Baltique, Adriatique et Mer Noire), en matière d'énergie et de conceptions politiques et culturelles, qui allègent la dépendance de l'Europe vis à vis de Moscou et accroissent l’indépendance politique de la Pologne vis à vis de l'U.E?

Comment par ailleurs le divorce de la Grande Bretagne de l'Union Européenne et son choix, inacceptable pour les brexiters durs, entre la vassalisation à l'Union et le chaos d'une reddition sans conditions, pourrait -il ne pas se répercuter à l’intérieur du continent, plongeant l'Europe dans la solitude et dans la division?


La rétrospective historique et ses enseignements

Déjà le choix entre l'Europe européenne et l'Europe atlantique s'était posé dans les années cinquante/soixante, associé aux deux conceptions de la construction européenne, l'Europe des Patries et l'Europe intégrationniste, la première indépendante mais alliée des États-Unis, la deuxième tributaire d'une allégeance, qui mettra sa sécurité, au travers de l'Otan, dans les mains tutélaires du "Grand Frère" anglo-saxon et cherchera sa lumière dans les yeux de son maître.


Ce même dilemme se propose aujourd'hui, dans un système international devenu multipolaire, où la priorité n'est plus la révision de Yalta et de ses sphères d'influences et, par conséquent, des périls d'une confrontation permanente et générale, imputable à la "question allemande",mais  d'entrer pleinement dans une géopolitique planétaire, où le monde sera post-américain et post-occidental et imposera à l'Europe, sur tous les échiquiers, une montée en puissance d'autres acteurs et une diversification des fonctions d'influence, de dissuasion et de contrainte.

Dans ce nouvel environnement stratégique, l'accroissement des inconnues et des incertitudes, est signalé par la dégradation de la confiance des européens vis à vis de la nouvelle administration américaine et par le déploiement aux marges orientales du continent du projet russe d'ouverture eurasienne, ressenti comme une menace géopolitique.
 
C'était dès lors inévitable, qu'un rééquilibrage de l'axe euro-atlantique s'impose et que l'idée d'une armée européenne, à dominante franco-allemande, soit sortie de l'amnésie et proposée aux opinions et aux gouvernants, si l'Europe ne veut être effacée par les rivalités des grandes puissances.

On rajoutera à ces observations la fin du processus d'unification fonctionnelle de l'UE ( ordo-libéral ou bismarcko-keynésien), et l'urgence, pour l'Europe, de se positionner vis à vis de la Chine montante et d'autres grands pays asiatiques (Iran, Inde,Pakistan, Japon ), par le retour sur la scène mondiale des unités politiques rodées par l'expérience séculaire de la diplomatie et de l'histoire, les Nations.
 
Ça sera désormais par les alliances et par la coopération organisée entre les États européens, que seront abordées  les relations de sécurité et d'équilibre du système pluripolaire, en bannissant les prétentions universalistes de l'Occident et en embrassant en commun, comme "une vérité transcendante", les besoins mystiques et immanents de la foi.

Dans ce cadre, la pérennité des nations, qui vivent dans le temps, prévaudra sur la précarité des régimes et des formules de gouvernement, qui sont les produits de rapports aléatoires dans la vie turbulente des peuples et des conjonctures civilisationnelles.

Par ailleurs l'extension planétaire des "sociétés civiles" et la compétition entre "système de valeurs", supportant la compétition stratégique entre les États, englués dans le brouillard d'une guerre globale contre le terrorisme islamiste et dans  le maelström d'une immigration invasive et conquérante, imposeront  au monde une  configuration éthico-politique aux pôles raciaux et religieux multiples et, de ce fait, à une démultiplication des menaces, démographiques et culturelles.

C'est dans ce contexte, assombri et déstructuré par le rejet de la démocratie et de la "raison", que l'idée émancipatrice d'une volonté armée tire sa justification et sa légitimité, celles d'une nécessité défensive et existentielle, dictée par le "Struggle for Life" et éclairé par la foudre tardive d'une prise de conscience humiliante sur la solitude géopolitique et stratégique de l'Europe, que seul un rappel du réalisme politique, de l’égoïsme des intérêts et de la logique de la force peuvent soustraire au glissement désespéré et irrésistible vers la pente de la guerre, du déclin et de la mort.

Bruxelles, le 21 novembre 2018

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TERRE & PEUPLE Magazine n°77

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie

TERRE & PEUPLE Magazine n°77

Le numéro 77 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le thème ‘Identité et communautarisme’.  Dans son éditorial, sous le titre ‘Les incendiaires’, Pierre Vial dénonce le mépris abyssal que manifeste Macron et ses suiveurs pour les ‘gens d’en bas’, éveillant chez ceux-ci un ressentiment qui va croissant.  Ces incendiaires sont déjantés de la réalité, quand ils ne sont pas des pyromanes cyniques, transportés par la perspective de voir flamber notre monde qu’ils haïssent, au point de s’en promettre la joie dans des morceaux de rap, dont les racailles qui empoisonnent les cités ne perdent pas une syllabe.  Cultureux et bourgeois sont assis béatement sur un tonneau de poudre.

Pierre Vial dégage le modèle identitaire des Juifs, depuis les déplacements des Hébreux (Habiru en ougaritique, Apiru en égyptien) sur le pourtour du Croissant fertile, aux environs de -1500 AC.  Selon les traditions bibliques, il y a eu, à l’origine, quatre groupes qui se rattachent aux patriarches Abraham (dans la montagne de Juda) et Isaac (dans le Négeb), Jacob (en Haute Mésopotamie) et Israël (dans la montagne d’Ephraïm).  La figure de Jacob a été identifiée à celle d’Israël suite à l’alliance des Benê-Israël avec les Benê-Jacob.  Abraham a émigré jusqu’en Canaan depuis Ur, cité de Mésopotamie détruite par l’invasion élamite en -1960 AC.  La Genèse (17, 1, 10) révèle l’alliance consentie par l’Eternel, lequel confère aux migrants, qui ne l’occupaient qu’en tant qu’étrangers, la possession perpétuelle du pays, soit la (per)mission de génocide, contre le signe de l’alliance (la circoncision). La Bible relate l’opération par le détail.  La coutume sémitique réservait au chef la part royale du butin.  Dans la guerre sainte, la part de Dieu doit être sacrifiée. 

Pénétrant en Canaan, Josué voua à l’anathème tout ce qui s’y trouvait, « aussi bien la femme que l’homme, le vieux que le jeune, le taureau, le mouton, l’âne, les passant tous au fil de l’épée. » (Livre de Josué 6, 21), intransigeance que Yahvé attend du peuple avec lequel il a passé une alliance exclusive.  Pour amalgamer une population faite de clans d’origines diverses, il fallait l’élection divine et l’Alliance.  Les douze fils de Jacob sont la souche des douze tribus, qui se répartissent ensuite en deux royaumes, celui d’Israël et celui de Judée.  Le groupe des Hébreux Benêt-Joseph/Benêt-Israël s’était employé temporairement, sous le règne du pharaon Ramsès II (-1270 à -1250-), à des travaux de construction dans l’est du delta du Nil. Sous la conduite de Moïse (un Hébreux pénétré de culture égyptienne qui parvint à leur faire accepter la prééminence de la divinité unique YHWH, dont on ne devait en aucun cas fabriquer de représentation imagée), ils quittèrent l’Egypte et attendirent quarante ans dans le désert dans la perspective de conquérir un pays d’abondance.  Ils étaient unis dans leur commune obéissance au Décalogue, la loi du dieu unique. 

astarte-Sources_-http_www.teenwitch.com_divine_phoenicia_pi.jpgCe sentiment de commune appartenance a franchi des millénaires.  A la fin de la période dite des Juges, chefs de tribu qui résistent à la menace d’envahisseurs et autres Philistins et à la tentation de revenir au culte de Baal, Samuel, le dernier des Juges, institue le premier fédérateur, le roi Saül, dont le gendre, David, installe un état solidement centralisé. Le fils de David, Salomon (-973 à-933), marque avec l’édification du Temple l’apogée du Royaume d’Israël, qu’il répartit en douze districts.  Nœud de communication commercial central, le pays fait jonction entre l’Egypte et Babylone et entre la Méditerranée et l’Inde.  Mais l’édification de sanctuaires dédiés à des dieux étrangers, dont Astarté, va susciter la révolte de Jéroboam lequel, avec l’appui du Pharaon, provoque la scission entre les royaumes de Juda et d’Israël.  Celui-ci est le théâtre des affrontements entre les défenseurs de la tradition (les prophètes) et les partisans du polythéisme, appuyés par des princesses étrangères, dont Jézabel (qui sera assassinée).  Car les prophètes préconisent, pour se libérer du polythéisme, le hérem ou sacrifice sanglant, ce que pratiqua avec zèle le roi Jéhu et sa dynastie (-872 à -744) sur les partisans de Baal.  Au contraire, le petit royaume de Juda était, à l’exception de la reine Athalie (-842), resté fidèle à la tradition monothéiste.  En dépit de l’alliance de Juda avec l’Egypte, Nabuchodonosor envahit le pays et déporta le roi, les nobles et les meilleurs artisans à Babylone, où il les autorisa à vivre en communauté avec leur prophète Ezechiel. 

En -586, Jérusalem est détruite, mais la victoire de Cyrus, roi des Perses, sur les Babyloniens est une libération.  Le temple est reconstruit, mais les Juifs revenus au pays s’unissent par mariages mixtes aux païens implantés entre-temps et le culte de Baal reprend.  Les Juifs de Babylone réagissent et envoient un réformateur, Ezra.  Celui-ci annule les mariages mixtes et, avec l’appui du gouverneur perse de Judée, instaure au Temple la pratique de la lecture publique de la Bible.  Celle-ci, n’étant plus réservée à l’élite religieuse, devient la constitution vivante de l’Etat, assurant l’unité du peuple, tant en Palestine que dans la Diaspora.  Celle-ci ne s’étend pas qu’à l’empire perse et à l’Egypte, mais bientôt à l’empire d’Alexandre.  Libéral et tolérant, celui-ci accorde même l’autonomie à la Judée et reconnaît les mêmes droits aux Juifs qu’aux colons grecs.  Quand ses généraux se partageront son empire, Ptolémée Ier Sôter s’emparera de Jérusalem et sa dynastie, les Lagides (qui déportera nombre de Judéens et de Samaritains) restera au pouvoir jusqu’en -200 et pénétrera la contrée d’hellénisme polythéiste.  A Jérusalem, toutefois, le Grand-Prêtre n’en continuait pas moins d’incarner la tradition juive et, à Alexandrie, la fameuse bibliothèque est même dotée par Ptolémée II de la célèbre traduction de la Bible des Septante.  Toutefois, lorsque les Séleucides s’emparent de Jérusalem, les juifs se rallient à eux et en seront récompensés.  Mais, lorsque Seleucus IV envoie son ministre Héliodore confisquer le trésor du Temple, le grand-prêtre Onias Ier s’entend avec le ministre pour faire assassiner le roi. 

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A travers l’ensemble de la Diaspora méditerranéenne, nord-africaine et proche-orientale, les communautés juives ont appliqué ce modèle de comportement, avec l’efficacité qu’on sait.  Mais avec des constances variables : le grand-prêtre Onias III est supplanté par son frère Jason, qui se lance dans l’hellénisation, rebaptisant Jérusalem en Antioche, pour honorer le roi Antiochus IV.  Une révolte des traditionnalistes est matée, les livres de la Loi sont brûlés et le temple est dédié à Zeus. Nombre de notables, marqués depuis leur jeunesse par l’hellénisation, s’y plient, d’autres feignent ou se cachent pour pratiquer la tradition, d’autres plongent dans la révolte et la clandestinité, tel le prêtre Mattathias qui, après avoir égorgé un Juif qui s’apprêtait à sacrifier aux dieux païens, massacra l’envoyé du roi.  Rassemblant six mille Hassidim (fidèles), il les fit renverser les idoles, brûler des villages et circoncire de force les hommes.  C’est la révolte des Maccabée, menée à la mort de Mattathias par son fils Judas, qui chercha l’appui des Romains, à qui il affirma que les Juifs ne revendiquaient que de vivre selon leur Loi.  Réoccupant Jérusalem le 14 décembre -164 (Hanukâh), il purifia et fortifia le Temple.  Dans un but d’apaisement, le nouveau roi séleucide Antiochus V reconnut le droit des Juifs à vivre selon leur loi propre, mais l’esprit de révolte n’était pas mort pour autant. 

Comme Judas Maccabée soutient leur arrogance, le nouveau roi séleucide Démétrius Ier envoie son général Nicanor, avec une armée.  Par miracle, Judas la défait et tue Nicanor (le ‘Jour de Nicanor’ se célèbre encore aujourd’hui), mais il est écrasé peu après et tué lui-même.  Ses frères lui succèdent, Jonatan d’abord et ensuite Simon, et enfin Jean Hyrcan, qui règnera trente ans comme grand-prêtre et ethnarque.  Il obtiendra du roi Antiochus VII, contre un tribut et le démantèlement des murailles de Jérusalem, le respect de la pratique de la religion juive.  Le parti des Pharisiens (scribes attachés à la tradition religieuse, qui avaient soutenu Jonatan et Simon), s’étant opposé à Jean Hyrcan, celui-ci réprima durement leur révolte et se rallia au parti des Sadducéens (prêtres, aristocrates et possédants, parmi lesquels un groupe d’esséniens puritains).  Les héritiers de Hyrcan vont alterner les révoltes et les répressions féroces, jusqu’à ce que la femme du roi-grand-prêtre Alexandre Jannée, Alexandra (-76 à -67) joue la carte de l’apaisement avec les pharisiens, qu’elle fait entrer au Conseil des Anciens. 

héroderoi.jpgA sa mort, les Romains vont jouer la rivalité entre ses fils et c’est la fin du Royaume Hasmonéen, dont la politique de judaïsation forcée n'a pas pu gommer les différences : les villes de la côte étant plus hellénistes que juives.  Les pharisiens étaient influents dans les campagnes et les Sadducéens puissants à Jérusalem, les Esséniens se murant dans leur isolement.  Mais avec un attachement, partagé par tous, pour une littérature hébraïque florissante.  Les révoltes et les répressions se succèdent avec les assassinats et les massacres.  La Judée est rattachée au monde romain par Pompée.  Membre de la maison du grand-prêtre Hyrcan II, Hérode est un habile manœuvrier qui parvient à se faire apprécier à Rome par les détenteurs successifs du pouvoir, Antoine puis Octave.  Il en obtient d’être installé roi de Judée.  Il s’empare de Jérusalem grâce aux légions romaines et règne sans scrupule par l’assassinat, y compris des siens. 

Bâtisseur, il construit un théâtre et un amphithéâtre, édifices païens qui suscitent la colère des Juifs pieux.  Pour les amadouer, il reconstruit le Temple.  Il obtient de l’empereur Auguste des droits et privilèges pour tous les Juifs de la Diaspora, notamment de pratiquer leur Loi et d’envoyer des offrandes au Temple.  Son règne dure trente ans.  A sa mort, le royaume est divisé en trois tétrarchies.  Mais, dès l’an 6, l’administration en est confiée à un procurateur romain, lequel veillera à conserver les institutions juives : le Sanhédrin continue de légiférer et de juger les Juifs, à l’exception de ceux qui sont citoyens romains.  L’époque n’en est pas moins à la sédition.  Divers groupements d’activistes provoquent l’agitation, dont les Zélotes, partisans de la lutte armée, les Baptistes, dont Jean qui sera exécuté en tant qu’agitateur, et les Nazôréens, disciples de Jésus de Nazareth, soupçonné de complot et crucifié.  Comme l’empereur Caligula, revendiquant sa propre divinité, voulait placer sa statue dans le temple de Jérusalem, les révoltes et émeutes se succèdent et les Sicaires, Zélotes qui exécutaient au poignard (sica) les juifs collaborateurs, invitent à la révolution et au pillage. 

Le procurateur Florus s’étant emparé du trésor du Temple, révoltes et représailles débouchent sur une vraie guerre et les Sicaires parviennent à s’emparer de la forteresse de Massada.  La destruction d’une légion, tombée dans une embuscade, débouche sur une guerre de libération nationale.  Néron confie trois légions à Vespasien, général aguerri.  Les Zélotes prennent le contrôle de Jérusalem et massacrent les notables et les familles sacerdotales.  Vespasien, désigné comme empereur par les légions, charge son fils Titus de nettoyer les bastions de résistance.  Celui-ci s’empare du temple qu’il livre au feu le 6 août 70.  Massada ne fut emportée qu’en avril 73.  Il n’y eut pas de survivant : les derniers se suicidèrent plutôt que de tomber aux mains des Romains.  Certains soldats de Tsahal prêtent le serment « Massada ne tombera pas une seconde fois ».  Le ‘complexe de Massada’ serait la représentation paranoïaque d’un Israël isolé dans un monde qui cherche sa perte.  La destruction du second Temple marque la fin de l’Etat hébreu.  Le peuple juif doit alors trouver de nouvelles formules de survie.

Alain Cagnat dissèque le communautarisme musulman.  En dépit de ses valeurs universelles, la République est impuissante à assimiler l’islam colonisateur : ce n’est pas une surprise.  Il n’est pas trop tard, mais il faudrait d’abord identifier les agresseurs et leurs complices.  Leur nombre, qu’il est interdit de compter, doit se situer vers les dix millions, soit 15% de la population de la France.  A la différence des autres religions, l’islam est ‘incréé’, dicté directement par Allah (même s’il a été ‘transcrit’ au fil des siècles par des dizaines de rédacteurs).  Et ce n’est pas une religion de l’individu, mais une religion-Etat : « Rien n’est à César, tout est à Allah ! »  Enfin, l’islam postule son hégémonie planétaire, alors qu’il s’oppose frontalement aux valeurs de notre civilisation : intolérance, négation du libre-arbitre, infériorité des non-musulmans, mépris de la femme, violence. Toutefois, la conquête de l’Europe se réalisera probablement sans violence, par le ventre des musulmanes et par la lâcheté ou le calcul électoral de nos élus.  Les démocraties libérales sont désarmées par les droits de l’Homme, le respect des minorités et la criminalisation de l’islamophobie.  Les mosquées, le halal, le voile sont des armes plus mortelles que les poignards de quelques fous d’Allah.  Le nombre de mosquées, qui était moins de 100 en 1970, était passé à 1.036 en 2000, 2.449 en 2012 et 6.556 en 2018. 

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Or les mosquées (‘Nos casernes,’ dit Erdogan) sont les citadelles du Dar el-Arb, le territoire de la guerre.  Elles sont financées aujourd’hui par l’Arabie ou le Qatar.  Pour décrocher les autorisations de laïcards bouffeurs de curés, on bloque les rues avec les prières du vendredi.  Le port du voile, intégral ou non, sert de provocation, à l’école, dans les services publics, dans la rue, contre les pouvoirs publics qu’on taxe d’islamophobie et qu’on fait condamner par les instances européennes et onusiennes.  Réconfortant : la République laïque résiste aux pressions pour le voile, à l’exception des universités.  Et à l’exception des cités, où niqab et jilbab paradent impunément.  Au contraire du burkini, qui est interdit dans les piscines, mais qui règne sur les plages sous la protection de grands frères dissuasifs.  Le communautarisme musulman se montre volontiers agressif, notamment dans les hôpitaux, quand il réclame ou refuse des soins en fonction du sexe du personnel soignant, dans les piscines et sur les plages, quand il réclame des horaires ou des zones exclusifs, lors du ramadan, quand il revendique toutes sortes d’accommodements.  La nourriture halal est un levier de l’affirmation identitaire islamique et le mouvement halal, issu de la révolution iranienne, converge avec les intérêts des requins de l’industrie alimentaire et de la grande distribution, qui ont contaminé les secteurs cosmétiques et pharmaceutiques. 

Des grandes marques, telles Carrefour Halal, Wassina Casino, Isla Mondial, Medina Halal, Reghalal, témoignent de la complicité entre les manipulations fondamentalistes et capitalistes apatrides.  L’os pourrait se trouver dans l’horreur de l’abattage rituel (tant casher qu’halal) et dans l’étiquetage Halal, qui risque d’écarter certains clients et de tarir une source importante de revenus (15 cent au kilo sur pied, soit 100€ en moyenne par bête).  Sans compter les problèmes d’hygiène et de santé publics.  Une tentative de normalisation avec les mosquées détentrices du monopole et le Conseil français du culte musulman a échoué. Pour l’Aïd el-Kébir, l’Etat tolère même des ‘abattoirs temporaires’.  La ‘Finance islamique’, dont la pionnière en France est Noor Assur, propose des produits ‘islamiquement propres’ et notamment une assurance Vie ‘charia compatible’, qui ne place ses réserves dans aucune société liée à l’alcool, les armements ou la drogue. 

Le Crédit Agricole a créé une filiale spécialisée qui s’appuie sur les conseils de trois éminentes sommités en matière d’interprétation de la charia (laquelle est le ‘chemin pour respecter la loi d’Allah’.  Tombée en désuétude dans l’Empire ottoman et sous la colonisation, elle a été ranimée vers 1930 par les Frères Musulmans en Egypte et par les Saoudiens. Mise sous l’éteignoir avec Nasser, elle a été réhabilitée par Khomeiny.  Elle s’étend au monde sunnite avec le GIA algérien et les talibans afghans et ensuite les printemps arabes. 

Le Royaume-Uni tolère depuis 1982 les tribunaux islamiques, qui sont agréés comme tribunaux arbitraux depuis 1996.  On ne parle pas des châtiments corporels, puisqu’ils n’existent pas !  Les complicités sont nombreuses de naïfs, de taupes, de collabos qui veulent croire que l’islam est soluble dans la République, qu’il n’est pas violent, que les chrétiens ont été violents eux aussi.  Mais les islamo-gauchistes ne sont pas naïfs.  Les trotskistes (une grande proportion du personnel politique français est passée par le moule), humiliés par l’effondrement du marxisme, veulent voir dans les musulmans une armée de substitution.  Troisième catégorie de collabos, les humanitaristes, dégoulinants de bons sentiments, financent et organisent au détriment de la nôtre un monstrueux exode de cultures étrangères.  Ce sont probablement nos pires ennemis, subventionnés par des fondations américaines, notamment l’Open Society Justice Initiative du milliardaire israélo-américain George Soros.

Jean-Patrick Arteault s’attache à dégager l’avenir de l’identité et du communautarisme albo-européen, dans un monde où la plupart des nations européennes ne survivent plus que par la vitesse acquise.  Il subsiste des bribes d’Européens qui méritent une seconde chance.  Dans le cas de la France, il remarque qu’elle n’est française que depuis l’édit de François Ier qui, en 1539, impose le français comme langue administrative. Lequel lors de la Révolution française, n’est parlé que dans 15 départements sur 83, lorsque l’abbé Grégoire déclare la guerre aux ‘patois’ régionaux.  Inconscients de leur identité et des valeurs que celle-ci comporte, les Français se trouvent alors en situation de faiblesse face à des idéologues résolus à les reformater, dans une vision holiste au principe de l’individualisme, au moment où les inventions vont bouleverser les modes de vie et remplacer une oligarchie nobiliaire par une oligarchie financière et industrielle qui croit dans la ‘main invisible du marché’. 

Ce sont toutefois des hommes concrets, en ‘bandes organisées’, qui ont mis en place les structures dont ils ont été et sont les principaux profiteurs.  Les peuples racinés n’ont pas subi qu’un transfert de pouvoir, mais une refonte de leur être.  La diversité des pratiques ne posait pas de problèmes à l’ancienne oligarchie.  La nouvelle veut au contraire les unifier.  En 1870, la moitié de la population ne comprenait toujours pas le français.  C’est la IIIe République qui a créé la nation citoyenne.  En 1914, les nouvelles générations étaient enfin formatées.  Elles avaient eu le temps d’oublier les mœurs des anciennes, mais pas encore de s’enraciner dans les nouvelles.  Aujourd’hui, c’est la faillite identitaire : les Français de souche ne croient plus ni à la France d’avant ni à la nation citoyenne. 

Les trois facteurs, ethnique, politico-idéologique et techno-économique, qui avaient fait sa puissance causent à présent son déclin. Le facteur ethnique : le contrat s’est fondé sur une homogénéité raciale, mais idéologiquement l’individualisme et l’égalitarisme des Lumières persuadaient que, le modèle français étant universel, on peut transformer un Africain « en catholique et français ».  Il en va autrement de l’immigration allochtone des années 1970-2010.   Le facteur politico-idéologique : les peuples racinés de France ont échangé leur identité contre la participation à un corps mystique prestigieux, ce qui justifiait le sacrifice de leur sang et de leur argent.  La République est victorieuse en 1918, mais elle est fragilisée et une fraction de la classe populaire déserte la nation citoyenne pour l’internationalisme soviétique.  Le rêve va se fracasser en 1940 et, malgré Pétain et De Gaulle, ne s’en remettra pas. 

L’après Seconde Guerre est un calvaire de déclassement, avec la décolonisation et la soumission à l’atlantisme et avec une américanisation en profondeur.  Le facteur techno-économique : la nation citoyenne a mobilisé pour le compte du capitalisme une armée du travail, au sein de laquelle le socialisme a heureusement organisé une solidarité, tolérée par crainte du contre-modèle communiste.  Par la suite, la révolution dans les technologies du transport et de la communication produira un marché mondial de la main-d’œuvre et l’informatique et la robotique dévaloriseront le travail non-qualifié et même qualifié.  Alors que les sujets ordinaires se révèlent ‘de trop’, l’oligarchie, pour presser les salaires à la baisse, ouvre les vannes d’une immigration de masse. 

La gauche y trouve un électorat de substitution.  L’esprit de Mai 68 fait obstacle à l’adaptation au système scolaire et au travail des jeunes immigrés, lesquels souvent ne veulent pas s’adapter.  La protection sociale et médicale, qui justifie l’obéissance, régresse au moment où l’Etat s’est laissé par le moyen de la dette prendre en otage par les institutions financières.  Dans le même temps où la racio-pudibonderie épure la Constitution du mot race, elle réclame des « manifestations racisé-e-s en non-mixité», réunions de Noirs interdites aux Blancs, sur l’avenir desquels on doit s’interroger.  Comme sur ce qui, pour nous, fait un Blanc.  Son origine génétique est une condition nécessaire, mais non suffisante : comme pour un ordinateur, elle est le matériel qui permet la vie, mais il faut encore le système d’exploitation (la vision du monde qui donne sens et perspective à la vie) et les logiciels (éléments de culture, qui permettent l’action).  Il existe deux visions du monde, radicalement opposée : les visions universalistes (une vérité universelle régit l’ensemble du réel particulier) et les visions enracinées (on n’atteint l’universel qu’à travers l’exploration du particulier, qui vaut par lui-même). 

A la différence des universalistes, les visions enracinées ne peuvent être implantées en dehors de leur sphère d’origine.  Les visions universalistes sont en conflit avec toutes, car la vérité est unique !  Parler d’une supériorité culturelle des Blancs n’a aucun sens.  Pour évaluer le monde Blanc, l’auteur a choisi un étalon fondé sur des critères de fidélité historique et culturelle, nommé albo-européen non-seulement par référence à sa terre originelle, mais à ses valeurs qu’on qualifie d’indo-européennes à la suite des linguistes.  Etre albo-européen, c’est donc avoir une conscience empathique de ses racines culturelles d’avant la christianisation. 

Cela ne concerne qu’une minorité dans le monde blanc occidentalisé.  Certains sont ‘gentils conscients’ de leur responsabilité génétique à l’endroit de la noblesse héroïque de leur généalogie (gentils par référence à des traditions non-chrétiennes et non-juives).  Cette minorité-là est infime : l’auteur cite l’action remarquable des identitaires de Defend Europe, qui a éveillé la sympathie des ‘braves gens’, mais pas leur engagement.  Comptant en France 45 millions d’autochtones, il évalue à partir de l’appareil du FN à 25.000 les aptes à se mobiliser pour les enjeux vitaux de leur pays. 

On peut leur ajouter les ‘braves gens’, qui votent populiste.  Le reste, 24 millions d’indigènes, qui est hostile à toute vision autochtone, est formé de la masse des suiveurs, benêts, autruches et conformistes, encadrée par les escadrons des renégats, au nombre desquels on peut distinguer les vrais croyants sectaires, les ambitieux et les Grands Serviteurs, officiers généraux de l’oligarchie, dont on ne peut exclure qu’ils croient à l’idéologie qu’ils servent, ni qu’ils rêvent d’être cooptés parmi les maîtres.

Robert Dragan suggère d’être identitaire efficacement.  Du moyen-âge à la Révolution française, l’histoire a pour moteur les ambitions des princes, structurées par l’Eglise, en particulier lorsque celle-ci fait l’objet d’une menace, qu’elle soit alors interne (hérésie, schisme, réforme) ou externe (islam).  En 1789, le renversement politique coïncide avec une révolution démographique, industrielle et coloniale.  Autant la superbe des princes était ostentatoire, autant sont discrètes les forces nouvelles, au sein desquelles se cooptent les nouveaux vassaux, banquiers et sociétés secrètes, lesquels ne s’exposent jamais physiquement.  Les réactions des contre-révolutionnaires, pour rétablir l’ordre ancien sans tenir compte des changements, étaient vouées à l’échec.  Le mérite de Maurras est alors de proposer un modèle alternatif, synthèse du national et du social, qui continue de prospérer aujourd’hui, à l’état de projet, du Venezuela à la Chine populaire et d’Egalité & Réconciliation à l’OEuvre française. 

maurrasNBTP.jpgL’inconvénient de ces socialismes est précisément d’être nationaux et dès lors moins aptes aux alliances que les démocraties populaires, à commandement unique et qui pensent globalité et non pas préférences.  La défense de leurs valeurs ethniques et culturelles place les identitaires dans la situation de réactionnaires, face à des adversaires qui ont déjà transformé la France.  Autre vache sacrée de la réaction, les racines chrétiennes, que les identitaires français voient catholiques, en opposition au protestantisme et à l’orthodoxie, soit aux deux tiers des Européens blancs !  En oubliant l’héritage païen multimillénaire, qui s’accommode de l’agnosticisme des masses albo-européennes, de leur curiosité scientifique, de leur goût de la nature et de leur amour du vrai.  On doit en conclure que l’avenir de la révolution appartient aux racialistes païens plutôt qu’aux nationaux catholiques. 

Pour ce qui est de la méthode à suivre, on peut envisager de renverser l’opinion, comme l’ont tenté les Royalistes sous la Ière République, comme si cela avait été le peuple de France qui avait ‘fait’ la Révolution, alors que c’est Paris et les sociétés de pensée.  Les identitaires nourrissent l’illusion que le peuple va changer d’avis et renverser la vapeur.  Ils veulent croire par ailleurs dans les élites militaires, qui feraient de bons chefs politiques.  En réalité, le mythe du chef guerrier est incapacitant et on le constate dans l’histoire récente du mouvement identitaire.  La foule des militants suivistes va où brille la lumière.  Ce qui fait défaut, c’est une contre-société, gardienne d’un projet.  Faut-il la créer au sein du peuple ou se replier parmi les nôtres ?  Conservatrice des mœurs, elle a valeur de modèle. 

Le système échoue à reformater l’esprit d’enfants qui ont été bien éduqués.  La contre-société génère l’optimisme (voir Jean Mabire : « Je ne sais pas si nous allons changer le monde, mais le monde, au moins, ne nous changera pas. »).  L’Empire existe déjà dans l’esprit de communautés dispersées d’Albo-Européens.  Chaque acquis de l’une d’elle est un pas vers la réalisation de notre idéal.  Notre contre-société n’a pas besoin d’exercer de violence et doit prendre modèle des communautés chinoises, qui sont pacifiques.  Si la violence vient à s’imposer, les activistes y trouveront une base de repli, sur le modèle des Sinn-feiners irlandais.  La contre-société règle sa guidance par une assemblée de sages.  Racialiste, socialiste et païenne, elle intègre mieux qu’une organisation politique les différences sociales.

geoSC.jpgJean-Patrick Arteault réalise l’exploit de condenser sur trois pages de la revue sa recension de l’ouvrage, déjà particulièrement dense, de Michel Geoffroy ‘La super-classe mondiale contre les peuples’. Tenter de résumer encore la teneur de l’article serait vanité.  Notons quand même que la super-classe est présentée ici comme quatre cercles concentriques, au centre desquels il y a le cercle des grands requins blancs et à l’extérieur le cercle du pouvoir dur des élites publiques, politiques et administratives, entourant le cercle du pouvoir doux des ONG, think-tanks et autres instruments de l’ingénierie sociale qu’entoure enfin le cercle de l’état-major des officiers supérieurs.  La deuxième partie du livre est consacrée à l’échec prévisible de l’oligarchie mondialiste occidentale.  Jean-Patrick Arteault, qui la juge beaucoup trop optimiste, reconnaît néanmoins que l’arme migratoire pourrait avoir pour effet la révolte des autochtones ou un chaos non maîtrisé et surtout que de nouvelles oligarchies émergentes en Chine, en Russie, en Inde, pourraient contester l’hégémonie occidentale.   

 

vendredi, 23 novembre 2018

Quand le « Menhir » se souvient

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Quand le « Menhir » se souvient

par Georges FELTIN-TRACOL

Avec Fils de la nation, Jean-Marie Le Pen publie après bien des années d’hésitation et d’attente le premier tome de ses Mémoires. Ils concernent la première partie de sa vie, de sa naissance à La Trinité-sur-Mer en juin 1928, jusqu’au début des années 1970 à son accession à la présidence du Front National. Il raconte avec une belle truculence son enfance, son adolescence meurtrie par la disparition subite de son père en mer en 1942, touché par une mine, une scolarité agitée, et des années étudiantes dans la capitale au cours desquelles les Parisiennes se montraient sensibles à la prestance physique du président de la Corpo de Droit.

Jean-Marie Le Pen relate bien sûr son engagement chez les légionnaires parachutistes en Indochine, à Suez et en Algérie. Il en profite pour rétablir quelques vérités aujourd’hui bien étouffées par les cabots universitaires. D’une manière plus intime, et après avoir dépeint un monde qui n’existe plus, celui de sa Bretagne natale, il insiste sur sa passion de la mer. Fils et petit-fils de marin pêcheur, il navigue tôt et juge le métier de marin plus éprouvant que celui de mineur… Ami d’Éric Tabarly, il accepte un jour de prendre à son bord un jeune garçon qui deviendra un grand navigateur amnésique de cette période jugée sulfureuse pour ses intérêts, l’« Amiral » Olivier de Kersauson.

Une révolte d’avant-garde

L’homme des vagues et des embruns garde en lui une forte dimension tellurique. « Par ma mère, je tiens aussi à la terre. Les fenêtres de notre maison de La Trinité donnaient sur le jardin abrité du vent de mer. Mon père y planta le jour de ma naissance un platane sycomore, mon jumeau, dont je ne peux plus faire le tour avec mes bras quand je l’enlace, lors de mes trop rares visites. Les arbres et les pierres me parlent autant que les vagues (pp. 354 – 355). » Il y a du paganisme dans son catholicisme traditionnel. Loin de le rebuter, cette coexistence l’élève. « C’est peut-être pour cela que j’aime tant la Grèce, cet autre pays, avec le Morbihan, où la terre et la mer n’en finissent pas de se mêler. J’ai toujours été philhellène (p. 355). » C’est en 1950 qu’il découvre la patrie d’Homère et d’Aristote. Il comprend tous les bienfaits de la culture classique enseignée par les Jésuites et l’école laïque quand celle-ci inculquait aux garnements de solides connaissances. Il perçoit qu’« il y a quelque chose dans les sanctuaires de la Grèce antique qui rend sensible le sacré (p. 357) ». Cette sensibilité l’amène à reproduire le geste des antiques Hellènes sur le site d’Olympie. « Je me déshabillai et me mis dans la position du départ, comme les athlètes deux mille ans plus tôt, nu comme il convenait (p. 356). » Plus tard, au Parthénon encore épargné du fléau touristique, il renouvelle l’action d’Olympie ! « J’étais seul, encore une fois, et encore une fois je me mis nu. Puis je picorai mes olives et me repus de ma pastèque dont je jetai le vert sous un arbuste (p. 358). »

Cette inclination vers le sacré élémentaire prédisposait très certainement Jean-Marie Le Pen à considérer autrement l’écologie. « J’ai lu en leur temps le docteur Carrel et le docteur Carton, qui furent plus que des précurseurs de l’écologie quand les progressistes, modérés ou de gauche, ne rêvaient encore que béton et bakélite : cela m’aide à ne pas perdre de vue que la récupération de l’écologie par l’extrême gauche est une imposture (p. 366). » Plus jeune député de France en 1956 grâce à la vague poujadiste, il insiste volontiers sur l’aspect pionnier du « mouvement Poujade, que l’on présente comme un combat d’arrière-garde de ploucs ringards, de beaufs menés par quelques fascistes, était en fait très en avance. D’une part, c’est l’agriculture industrielle et la grande distribution qui sont aujourd’hui obsolètes, alors que le bio, le raisonné, le commerce de proximité, les circuits courts ont montré leur intérêt : le coût social de prétendus progrès des années cinquante et soixante n’a pas fini d’être calculé. D’autre part, le fiscalisme, dont je n’ai cessé en soixante ans de carrière politique de dénoncer les méfaits, est non seulement un étrangloir économique, mais la matrice de l’État policier. L’habitude de surveillance, les instruments statistiques qu’il crée, ont été mis à profit par le totalitarisme informatisé qui s’installe. La réaction du peuple était juste, et Poujade l’a exprimée avec talent (p. 211) ». Cet éloge rejoint l’admiration de la rédaction de la revue anarcho-royaliste Le Lys Noir, il y a quelques années. Avant la mode des bio-carburants (qui engendre d’autres problèmes agricoles), Pierre Poujade eut l’anticipation de fonder en 1979 une Association nationale pour l’utilisation des ressources énergétiques françaises (ANUREF), puis dès l’année suivante un syndicat de producteurs de topinambours de l’Aveyron. Il réclama en vain le recours à un carburant national « essence – alcool ».

Il regrette néanmoins l’impasse dans laquelle se fourvoya le papetier de Saint-Céré dans le Lot. « La révolution sociale et mentale que les technocrates menaient par l’impôt devait engendrer, en matière de commerce, les géants de la grande distribution. Pierre Poujade se révolta contre l’État qui spoliait les petits au profit des gens. […] C’était, soixante ans avant Trump, l’espoir d’une contre-révolution nationale et populaire contre la trahison des élites (p. 211). » Jean-Marie Le Pen trouve que Poujade ne comprit pas l’enjeu civilisationnel. « Un grand ministère du commerce et de l’artisanat l’aurait comblé. Pour vouloir le pouvoir, il faut plus d’appétit qu’il n’en avait (p. 218). » Toutefois, « Poujade fut quand même grand, il fut un précurseur. Il a donné un moment un véritable espoir au peuple. Ce fut un libérateur à moitié (p. 221) ».

On y lit au fil des pages les talents culinaires de Roger Holeindre et d’autres portraits parfois incisifs. François « Brigneau, mon ami, mon presque frère, qui fut souvent aussi mon ennemi. Tout nous rapprochait dans la vie, beaucoup, en politique, nous séparait (pp. 361 – 362) ». Son avis sur Charles de Gaulle correspond globalement à l’interprétation de Dominique Venner dans La Grandeur et leNéant. Pressenti un temps à la présidence du futur FN par les membres d’Ordre Nouveau, ce qu’il refusa tout net, Venner n’est cité qu’une seule fois, en page 349, et n’est même pas répertorié en index ! Rencontré en ces temps estudiantins, Jean Mabire est oublié… Impossible de parler de toutes les amitiés de jeunesse.

Des portraits féroces

Le président d’honneur du Front National se montre plus féroce encore envers d’autres contemporains. « Garçon à la parole déjà fuligineuse (p. 159) », Michel Rocard y est qualifié de « diffamateur de bonne foi (p. 256) » quand il hurlait à la « torture » en Algérie. Avec Jean-Louis Tixier-Vignancour, le candidat de l’Opposition nationale à la présidentielle de 1965, Jean-Marie Le Pen confirme ce qu’il avait déjà exprimé précédemment. « La candidature Tixier restera le plus grand regret de ma vie politique (p. 347). » Pourtant, « j’avais été frappé par ses plaidoiries, sa faculté de synthèse. […] L’homme n’était pas […] une personnalité sans ombres et il ne fut pas simple de l’intégrer au projet. Son image était épouvantable, y compris dans le milieu de la droite nationale. Il avait une réputation de picole, justifiée, et de collabo, injuste. C’était un sauteur aussi (p. 341) ». Pour preuve, cette savoureuse anecdote : le célèbre avocat « avait un faible pour les demoiselles très fardées et très vulgaires, au point que je dus un jour supprimer d’une liste d’invités trois putes. Son épouse protesta, vous avez écarté trois amies de mon mari, oui Madame, ce sont de drôles d’amies(p. 345) ».

71ORrZiQexL.jpgAvec le recul, malgré sa jeunesse, le Président Le Pen pense qu’il aurait dû se présenter contre le Général De Gaulle. En dépit d’une défaite certaine face au président sortant, « nous aurions eu les cent mille militants. Gagné des années. Changé Mai 68. Réussi l’union des patriotes qui a toujours été mon objectif. Lancé quinze ans plus tôt, et dans une société beaucoup plus saine, l’aventure qui a produit le Front National (p. 347) ». Par conséquent, au moment des événements, « s’il y avait eu un vrai parti de droite avec une organisation militante en ordre de bataille, la face du monde, ou au moins de la France, aurait pu s’en trouver changée (p. 347) ». Prenant parfois des accents dignes d’Ivan Illich d’Une société sans école en des termes bien plus durs, il dénonce « ce rêve fou d’hégémonie scolaire [qui] est le fruit paradoxal de la “ révolution ” de Mai 68, qui vouait la fonction enseignante au nettoyage des WC. La Salope n’est pas crevée, tel un moloch femelle qui se renforce des armes tournées contre elle. L’Alma Mater affermit la Dictature des pions (p. 379) ». Cette scolarisation programmée de l’ensemble du corps social constitue une retombée inattendue du résistancialisme dont « le pire legs […] fut […] l’inversion des valeurs morales (p. 132) ». Il ne faut donc pas s’étonner que « le résistancialisme […] a perpétué la guerre civile pour pérenniser ses prébendes et son pouvoir. Et qui le perpétue toujours (p. 131) ». L’auteur sait de quoi il parle puisqu’il en a été la cible principale quarante ans durant d’une rare diabolisation avec plusieursprocès intentés à la suite d’infâmes lois liberticides.

Jean-Marie Le Pen dénonce avec force l’Épuration. Il aurait plutôt aimé que les Français se retrouvassent unis autour de la patrie restaurée et de ses martyrs. Ce ne fut pas le cas, par le jeu personnel de l’homme du 18 juin et des manigances communistes. Il n’oublie pas que Maurice Thorez déserta et se réfugia à Moscou, que le PCF démarcha les autorités d’occupation allemande afin de refaire paraître L’Humanité au nom de l’amitié germano-soviétique et que le « Parti » n’a jamais eu75 000 fusillés, mais seulement des centaines de terroristes.

L’Épuration et ses conséquences

Ainsi écorne-t-il le tristement célèbre groupe Manouchian dont l’« Affiche rouge » est enseignée dans les écoles, collèges et lycées de l’Hexagone à des gamins qui n’entendront jamais parler du capitaine de corvette Henri Honoré d’Estienne d’Orves dont la mémoire est insultée par des cloportes sociétalistes. « Sous le nom de résistance, des étrangers vont faire la guerre en France à d’autres étrangers, pour le compte d’un gouvernement étranger, en y impliquant malheureusement le peuple français comme masse de manœuvre d’une stratégie révolutionnaire et comme victime de celle-ci (p. 126). » Profondément légaliste, Jean-Marie Le Pen a toujours désapprouvé les actions violentes illégales et le terrorisme. Le « résistant » « est la perversion morale qui érige en modèle la confusion du militaire et du civil, utilisée à des fins politiques (p. 135) ». A-t-il au moins lu Théorie du partisande Carl Schmitt ?

Cette réticence se comprend parce qu’il considère que « la phraséologie de la décolonisation doit tout au résistancialisme. Celle du terrorisme aussi (p. 133) ». Pendant la Guerre d’Algérie, le FLN n’imita-t-il pas la France libre en créant un GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) qui singeait le GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) de 1944 – 1946 ? « Le résistancialisme a bravé l’obéissance et justifié toutes les rébellions, politiques ou morales. Il devait servir de modèle quelques années plus tard aux mouvements qui allaient se lever contre l’autorité de la France. Il exaltait l’attentat individuel, le meurtre “ patriotique ”, le sabotage : on allait s’en souvenir (p. 133). » Ce n’est pas un hasard si le préfet de police de Paris en mai 1968, Maurice Grimaud, provenait de la « Résistance ». Il ordonna par conséquent aux forces de l’ordre une incroyable modération envers les émeutiers gauchistes pour le malheur de la société française.

Il en résulte désormais que « le monde ancien, l’homme ancien, ont été dissous, et se dessinent maintenant l’homme nouveau et ses valeurs nouvelles. Aux héros et aux saints qu’on nous montrait en exemple a succédé l’écocitoyen LGBT friendly et phobophobe, ouvert au vivre ensemble, au culte de la terre mère, qui ne fume pas, accueille le migrant et se prépare à rouler en voiture autonome (p. 380) ». La formule est belle et cinglante. Rectifions-là cependant. La voiture autonome peut aider à sortir de l’emprise des énergies fossiles même si elle implique du fait des terres rares d’autres dépendances stratégiques. Pris dans un sens à la fois écologique et païen, le culte de la terre mère peut, à l’instar des mouvements sociaux-populistes dans les Andes, fort bien susciter l’inévitable re-indigénisation des Albo-Européens. Quant à ne pas fumer, l’auteur aurait pu être plus précis. L’éco-citoyen déteste la cigarette, mais ne rechigne pas à fumer des pétards ! Acte hautement anti-moderne (le tabac vient d’Amérique), ne pas fumer permet en outre de ne pas financer l’État hexagonal ethnocidaire et les firmes multinationales prédatrices. Quant à la phobophobie citoyenneépidermique, elle demeure hémiplégique. Certaines phobies restent plus qu’encouragées par les médiats : la serbophobie dans les années 1990, la corsophobie récurrente, l’omniprésente russophobie et l’incontournable fachophobie. Le phobophobe carabiné a lui-même des propres phobies dont il ne doute pas la portée totalitaire.

Européen convaincu !

Fils de la nation revient enfin sur son hostilité supposée à l’égard de l’Europe. En janvier 1953, avec d’autres jeunes compatriotes, Jean-Marie Le Pen va aux Pays-Bas aider les populations néerlandaises touchées par des inondations catastrophiques. « Je garde quelque fierté de cette équipée hollandaise. Et une conviction européenne forte. Député, quatre ans plus tard, je voterai contre le traité de Rome, dont je perçois tout de suite l’esprit supranationaliste et les pièges qu’il réserve malgré ses avantages immédiats. Cela fera de moi un adversaire résolu de l’usine à gaz bruxelloise et de la révolution mondialiste par le libre-échange, non un ennemi de l’Europe. Surtout pas un ennemi de l’Europe. Je suis Français, patriote, solidement enraciné dans ma petite patrie la Bretagne, mais je me sens aujourd’hui comme en 1953, profondément européen, solidaire des peuples européens devant la submersion migratoire comme je l’étais alors devant la submersion marine (pp. 165 – 166). » Lors de ses dernières campagnes présidentielles, il revendiquera l’« Europe boréale » et soutiendra à une alliance salutaire entre les nations blanches d’Amérique du Nord, d’Europe et de Russie tout en gardant sa fidélité pour ses patries charnelle et politico-historique. Jean-Marie Le Pen s’inscrit lui aussi dans les « trois patries » subsidiaires de l’homme boréen !

Surnommé le « Menhir » du fait de ses origines bretonnes proches de Carnac, Jean-Marie Le Pen apporte un témoignage remarquable. Ce livre connaît un franc succès auprès des milliers de Français (hélas bien trop peu nombreux !) qui ont au moins une fois voté pour lui. Il souligne que « le mépris du peuple est une constante de la gauche (p. 217) ». Il reviendra certainement sur ce mépris dans un second tome intitulé Tribun du peuple. On a dès à présent hâte de découvrir le « phénomène Le Pen » par lui-même.

Georges Feltin-Tracol

• Jean-Marie Le Pen, Mémoires. Fils de la nation, Éditions Muller, 2018, 446 p., 22,90 €.

lundi, 12 novembre 2018

L’extrême gauche du capital

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L’extrême gauche du capital

A propos du gauchisme d'hier et du gauchisme d'aujourd'hui

Par Denis Collin

Ex: https://la-sociale.viabloga.com


 
Comme tout le monde, j’emploie souvent le terme « gauchiste » pour caractériser des courants très variés, aussi bien des courants politiques structurés comme le NPA que des courants plus informels, des black blocks » aux diverses variétés du « gauchisme sociétal ». Mais l’usage de ce terme est le plus souvent inadéquat et finalement obscurcit la compréhension des phénomènes politiques.

Historiquement, le gauchisme est défini comme tel par Lénine, dans un livre fameux, Le gauchisme maladie infantile du communisme. Les courants gauchistes brocardés par Lénine, avaient cependant peu de choses à voir avec ce que l’on désigne aujourd’hui par cette étiquette. Le gauchisme classique se situait à « l’extrême-gauche » du mouvement communiste. Comme les bolchéviks, il voulait le renversement du mode de production capitaliste et l’établissement du pouvoir de la classe ouvrière à travers les conseils ouvriers. Mais à la différence des léninistes, les gauchistes refusaient tout ce qu’ils considéraient comme de compromis avec l’ordre capitaliste. Ainsi ils s’opposaient à la participation aux élections des parlements bourgeois tout autant qu’au travail militant à l’intérieur des syndicats réformistes. Il faudrait faire une typologie des différents courants gauchistes : ainsi les « conseillistes » comme Pannekoek ou les spartakistes étaient-ils éloignés des disciples d’Amedeo Bordiga, mais tous se voulaient des marxistes purs et durs, des défenseurs d’un communisme fondé sur la lutte des classes, des militants intransigeants du prolétariat. Le gauchisme soixante-huitard et post-soixante-huitard n’a presque rien en commun avec ces courants. On les appelle « gauchistes » parce que c’est le qualificatif que leur a attribué Georges Marchais et avec lui le parti communiste. Certes, dans l’ensemble de ces courants qui se sont manifestés bruyamment en mai 1968 et dans les années qui suivent, il y avait de « vrais » gauchistes à l’ancienne. Mais ceux qui ont dominé la scène de la société du spectacle n’étaient plus l’extrême gauche du mouvement communiste, mais l’extrême gauche du capital. Mes amis « lambertistes » les appelaient « gauchistes décomposés » pour les distinguer du gauchisme honorable des années 1920. Ce nouveau gauchisme est celui qui se manifeste d’abord par un changement de terrain de la lutte. Les ouvriers étant considérés comme des réformistes incurables, on va leur trouver un substitut dans les « nouvelles avant-gardes larges à caractère de masse » qui sont constituées par la « petite-bourgeoisie radicalisée » issue des couches intellectuelles. Au sein des organisations d’ascendance marxiste, c’est Daniel Bensaïd, alias Ségur, membre du « bureau politique » de la Ligue Communiste qui sera le grand théoricien de ce changement de « sujet révolutionnaire » (il y a sur cette question un « bulletin intérieur », n°30, fameux dans l’histoire de la LC devenue LCR avant de se dissoudre dans le NPA).

De ces changements, toutes les conséquences seront tirées progressivement, au fur et à mesure que se déferont les derniers espoirs révolutionnaires. À la place de la lutte du travail contre le capital, on va mettre la lutte contre la domination patriarcale sous toutes ses formes, le patriarcat étant répandu dans toutes les classes sociales, on pourra construire des rassemblements interclassistes regroupant les fils à papa opprimés par leur riche père et les intellectuels « radicalisés ». Plutôt que de lutter contre un fascisme (au demeurant inexistant sauf sous des formes résiduelles), on va déclarer la langue fasciste, la vérité tyrannique et le post-modernisme va pouvoir déployer ses mille et une volutes enivrantes qui vont empester progressivement la vie universitaire. En tombant sur les écrits des années 70 de MM. Foucault ou Barthes, on se demande comment de telles sornettes ont pu être lues et écoutées dans l’enceinte prestigieuse du collège de France.

La lutte pour l’instruction pour tous étant déclarée « bourgeoise », nos nouveaux gauchistes vont apporter un concours remarqué à la destruction de l’école. Ainsi Alain Geismar, secrétaire général du SNESup en 1968, passa-t-il à « Gauche prolétarienne » qui s’adressait aux lycéens en ces termes : « ne dis plus ‘Bonjour Monsieur le professeur’, dis ‘Crève salope’ ». Il devait sans doute gagner là les titres qui en feront un conseiller très écouté d’un des pires des ministres de l’éducation nationale, le sinistre Claude Allègre. Le féminisme 2.0 des Caroline De Haas et tutti quanti, l’antiracisme raciste de Rhokaya Diallo et des « indigènes de la République », toute cette gadoue dans laquelle se roulent des petits-bourgeois en goguettes est l’héritière directe du « gauchisme décomposé » post-soixante-huitard.

Pourquoi cela a-t-il marché ? Parce que le capital non seulement s’accommode des rebelles aristocratiques mais encore les recherche, les développe et les subventionne. Car le capital est tout sauf un défenseur de la famille et de la tradition. Ceux qui ont pris la peine de lire le Manifeste du Parti de Communiste de et Engels (1848) le savent car c’est écrit en toutes lettres. Mais nos gauchistes de l’extrême gauche du capital méprisent , le combattent ou le travestissent quand ils font mine de s’en réclamer. Abattre toutes les limites morales et matérielles qui s’opposent au développement sans fin de l’accumulation, tel est l’objectif central de la politique du capital qui a trouvé un précieux concours dans le nouveau « gauchisme sociétal ». La substitution de droits individuels, plus délirants les uns que les autres aux droits collectifs imposés par la lutte des classes, quoi de mieux pour procurer au capital des soupirs de jouissance. Que François Ewald, maoïste et disciple de Foucault devienne conseiller du MEDEF et développe une « pensée du risque », c’est assez naturel.

Ces quelques remarques pourraient être développées et solidement étayées. Mais il s’en déduit immédiatement une conséquence : il est impossible de reconstruire un mouvement sérieux d’émancipation sociale, collective, de mise en cause du capital sans une rupture radicale avec toutes les formes de ce nouveau gauchisme du capital qu’on ne peut même plus qualifier de « gauchisme décomposé ». Toute concession aux sornettes LGBTQOO+, au féminisme absurdissime, à l’antifascisme d’opérette et à l’antiracisme raciste est une aide indirecte au lepénisme. Ceux qui se veulent les représentants du peuple et des travailleurs et ne comprennent pas cela vont droit dans le mur et y précipitent ceux qui les suivent.

Denis COLLIN – 5 novembre 2018
 

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samedi, 10 novembre 2018

Quel avenir pour le militantisme blanc?

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Quel avenir pour le militantisme blanc?

par Thierry DUROLLE

Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2018, le local du Bastion social clermontois fut à nouveau la cible des nervis du Système. Les militants antifascistes de la CARA (Cellule antifasciste révolutionnaire d’Auvergne) ont vandalisé une seconde fois l’Oppidum, ce local qui secoue malgré lui la vie de la cité arverne, suivi d’une tentative d’incendie dans la nuit du 3 au 4 octobre.

Une grande campagne fut menée contre l’arrivée des militants en juillet dernier avec l’appui d’Olivier Bianchi, le ventripotent maire de Clermont-Ferrand, qui a visiblement pardonné le casse de sa voiture par les militants de la CARA. Le torchon local, La Montagne, a fait ses choux gras de toutes ses histoires en relatant le moindre fait divers en rapport, de près ou de loin, au Bastion social.

Avant ce nouveau saccage, des militants furent mis en cause dans une rixe suite à une énième provocation. Ces derniers, au nombre de trois, ont été mis en prison en préventive suite à un séjour en Alsace pour deux d’entre-eux. Le troisième qui, d’après nos informations, n’a pas porté de coups fut lui aussi embastillé. Soulignons pour une fois l’efficacité, dans un effort commun, de la police et de la justice française… Des peines de sursis et de prison ferme ont été prononcées à l’encontre des deux militants et du troisième comparse. Finalement, la section clermontoise du Bastion s’est dissoute le 16 octobre dernier.

À l’instar de l’« affaire Méric », la réaction du Système est sans aucune pitié envers ses ennemis. Les militants du Bastion social le savaient. Quoiqu’il en soit, nous nous devons de saluer une initiative courageuse qui, comme a pu faire le MAS, a pour but d’agir dans le réel et pour le pays réel. Cela est aussi le cas pour les actions de la Dissidence Française et de Génération Identitaire.

L’encrage du Bastion social et des mouvements militants en général se situe en ville, grande ou moyenne. Points névralgiques de la société liquide actuelle, ces endroits sont devenus des tumeurs cancéreuses. Il fut un temps où les villes drainaient les campagnes de leurs habitants pour les transformer en ouvriers. Maintenant les villes regroupent d’un côté les adhérents à la mondialisation, les bobos, les hipsters, les cadres dynamiques et l’homo festivus en général; de l’autre, elles concentrent les travailleurs précaires, les chômeurs, les SDF, les clandestins et les pauvres de toutes sortes. Elles offrent sur un plateau d’argent le fameux « jouir sans entraves » de mai 68 aux moutons producteurs-consommateurs. Ces Megalopolis peuvent se résumer de nos jours au triptyque UberTinderBurger.

Lorsque nous observons les photographies postées par des militants de droite radicale, nous constatons que ceux-ci sont de parfaits urbains. Sauf exception, ils n’ont rien à envier à leurs congénères hipsters. Le portrait type du jeune militant est celui d’un Homo festivus dans l’âme, consommateur de vêtements de marque aux prix exorbitants, parfois aussi de junkfood, et surtout d’alcool – quand ce n’est pas tout simplement de la drogue. L’alcoolisation des masses est un fléau, particulièrement dans notre mouvance. Promouvoir un mode de vie sain dans un monde en déréliction totale, voilà un projet subversif et révolutionnaire : boire modérément (et de l’alcool de qualité, pas de la bière pour lycéens) ou pas du tout, manger bio et de façon équilibrée, avoir une ou plusieurs activités physiques, arrêter la cigarette, etc., nous semblent être le b.a – ba. Face aux laxistes soyons ortho-rexistes !

Se croyant révolutionnaire, le militant de la droite radicale fait figure d’adolescent bourgeois face à certains militants d’extrême gauche réellement révolutionnaires dans l’âme et en actes. Il est temps pour les militants soucieux de préserver le meilleur des Albo-Européens de déserter les villes et d’adopter un mode de vie différent.

Il fut un temps où l’idée de « retour à la terre » était en vogue. Le terrain fut déblayé par les contestataires de 68 partis s’installer dans le Larzac, en Lozère ou en Ardèche. Ces expériences furent pour la plupart des échecs puisque beaucoup de ces bourgeois étaient en réalité des incapables. Pourtant ces expériences inspirèrent de futures générations de gauchistes qui se débrouillèrent par la suite mieux que leurs aînés.

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Notre idée du « retour à la terre » s’inspire plutôt du courant Völkisch et de son Heimatschutz, de certains mouvements de jeunesse allemands comme le Bünd des Artamanen, de l’idéologie Blut und Boden du Reichsbauernführer Walther Darré. N’oublions pas notre beau pays avec ses écrivains enracinés : Mistral, Giono, Vincenot et aussi Henri Pourrat. Ce dernier magnifia la paysannerie de son terroir du Livradois-Forez dans des ouvrages comme L’Homme à la bêche ou Le paysan français. Robert Dun demeure une source d’inspiration de premier plan du fait de son écologisme, de son racialisme et de son paganisme dionysiaque. Enfin, sur un plan plus politique, remémorons-nous le discours de Barrès sur la terre et les morts ou encore le mouvement paysan des « Chemises vertes » d’Henry Dorgères. Voilà des sources d’inspiration pour un « retour à la terre » bien de chez nous. Mais est-ce suffisant ?

En fait, le concept de « retour à la terre » ne nous convient guère. Nous lui préférons celui d’enracinement ou plutôt de ré-enracinement. Les campagnes françaises se désertifient. Lorsque le géographe Christophe Guilluy évoque une France périphérique, il n’exagère pas. Alors, plutôt que de remplir nos terroirs par des clandestins, pourquoi ne pas les remplir avec d’affreux « suprémacistes blancs » ? Contrairement à ce que pense Arthur Kemp, pas besoin de partir en Russie pour bâtir un foyer blanc ! À ce titre, un exode des Français albo-européens à l’Est engendrerait inévitablement, sur les futures générations, un métissage avec les peuples autochtones. Métissage biologique et culturel : devons-nous rappeler que les colons européens irlandais ou allemands partis en Amérique ne sont plus des Européens d’esprit ?Abandonner la terre de nos pères pour une terre « étrangère » représenterait une terrible défaite et ne doit être envisager uniquement comme ultime recours.

Néanmoins, tout le monde n’est pas apte à aller au bout d’une telle démarche, surtout si elle s’accompagne d’un changement de mode de vie radical. Mais, à l’évidence, nos paroles doivent être authentifiées par des actes comme le rappelait Dominique Venner. Notre ennemi est le Système ? Alors nous devons nous glisser dans ses fissures pour retrouver des espaces de liberté.

Nous avons conscience du parti pris de nos propositions. Cet voie ne plaira pas à tout le monde. Beaucoup préféreront « militer » au chaud au bistrot. Pour les véritables révolutionnaires, le combat continue mais loin des villes. Ce qui fut autrefois symbole de Haute-Culture a été retourné pour devenir un agent dissolvant des peuples blancs. Pour autant, ne nous méprenons pas sur l’état de la ruralité : elle est bien mal en point. Il ne faut pas l’idéaliser mais envisager sa potentialité dans le combat qui est le nôtre. Un chef français prononça un jour ces mots. « La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c’est une portion de France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c’est une portion de France qui renaît. »

Oui, la terre ne ment pas… pour autant qu’on la traite avec respect ! Cette glèbe nourrie du sang de nos ancêtres doit être réinvestie sérieusement par la Droite radicale. Le ré-enracinement des hommes différenciés de notre camp relève de l’obligation.

Thierry Durolle

mercredi, 07 novembre 2018

Quand Macron veut manipuler une histoire qu’il ne connaît pas

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Quand Macron veut manipuler une histoire qu’il ne connaît pas

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Macron, dans le journal Ouest-France, a indiqué que la période actuelle ressemblerait aux années trente (1). Comparaison n’est pas raison, on le sait. Et l’on voit bien ce qui boite dans cette comparaison, par ailleurs.

La période actuelle ne vient pas après une guerre terrible, celle de 1914-1918, qui fit des millions de morts, et qui — de plus — fit entrer la violence de masse dans les sociétés européennes. Cette guerre, et surtout les traités qui suivirent, avaient laissé de profondes rancœurs dans de nombreux pays. L'impact de cette guerre est capital pour comprendre la montée de mouvements qui n'étaient pas seulement nationalistes (et ce qualificatif ne même convient pas pour définir le nazisme allemand (2)) mais qui portaient en eux des méthodes (groupes de combat, organisation centralisée des diverses classes d'âge) et une idéologie nouvelle.

Car, que ce soit le fascisme italien ou le nazisme allemand (et l'on peut étendre cela au communisme soviétique) avaient pour objectif de créer un « homme nouveau ». A cela, le nazisme ajoute un racisme et un antisémitisme obsessionnel qui imprègne toutes ses actions (3). Rien de tel dans les mouvements actuels que l'on appelle, à tort ou à raison, « populistes » et que l'on qualifie, sans beaucoup d'analyse ou de preuves, de nationalistes. La méthode est claire. Se servir d'un passé terrible pour discréditer des adversaires politiques. Alors, Macron est-il coupable d'une manipulation de l'histoire?

Le rôle de la crise économique

La crise de 1929, cependant, a aussi joué un rôle évident, et ce même si le fascisme italien était déjà installé, dans l'arrivée au pouvoir du nazisme en Allemagne. Alors, le Président français a-t-il raison d'agiter le spectre des « années trente » car il est vrai que nous vivons après une crise importante? Mais, ce spectre, ne l'agite-t-il pas pour justifier des politiques désastreuses?

Car les années trente ne sont pas seulement celles de la montée des mouvements totalitaires. Ce qui est aussi vrai est que la période des années 1930 a joué un rôle décisif dans la maturation des réflexions sur ce que devait être un système international monétaire et commercial. On doit se souvenir que les leçons que Keynes avait tirées des années 1930 allaient dans trois directions (4).

Keynes avait déduit à juste titre des processus du début des années 1930 l'importance capitale de l'alimentation en liquidité du système international. Ceci l'avait renforcé dans son opposition à toute forme d'étalon-or. De fait, aujourd'hui, c'est bien l'Euro qui joue le rôle de l'étalon-or d'antan, en empêchant les pays de réajuster leurs monnaies, et en les obligeant à des politiques meurtrières d'austérité, comme celles, à l'époque, de Brüning en Allemagne (la cause véritable de l'arrivée au pouvoir d'Hitler), de Ramsay MacDonald en Grande-Bretagne, de Pierre Laval en France. S'il y a un parallèle à établir, il est là, dans cette austérité stupide et meurtrière.

De nombreux pays remettent en cause le multilatéralisme et le libre-échange aujourd'hui. Mais il faut comprendre comment Keynes fut conduit à adopter le principe du protectionnisme, lui l'ancien apôtre du libre-échange. Une leçon clairement tirée par Keynes était que le libre-échange avait épuisé son contenu positif au XXe siècle (5). Pour Keynes le protectionnisme permet aussi de rendre impossible des pratiques de concurrence ou de dumping fiscal entre pays voisins.

La troisième direction est que si une coordination entre États est nécessaire, celle-ci ne doit pas empêcher de mener des politiques nationales qui sont les seules légitimes. La question du lien entre responsabilité politique et légitimité est d'ailleurs au cœur de sa conversion au protectionnisme au début des années 1930 (6). Toute architecture de coordination doit donc préserver cette liberté d'action ou être condamné à l'échec. De ce point de vue, le contrôle des changes joue un rôle clé dans les dispositifs imaginés par Keynes.

Ce que l'on devrait tirer d'une comparaison avec les années trente

Si l'on peut établir un parallèle entre la situation actuelle et celle des années trente, c'est bien dans les conséquences désastreuses des politiques économiques qui furent menées dans cette période. Le retour vers le protectionnisme, comme avec entre autres la politique de Donald Trump, et les mesures de réglementation des capitaux, retour dénoncé dans les milieux néo-libéraux (qu'ils soient « sociaux » ou non) comme le début d'un processus devant nous conduire à la guerre, comme dans les années trente, fut au contraire le début des mesures qui permirent de faire face à la crise.
On affirme souvent que les mesures de sauvegarde monétaires et commerciales prises après la crise de 1929 auraient contribué à l'aggraver, provoquant un effondrement du commerce international (7). Mais cet effondrement a des causes différentes. Une étude du NBER montre que les droits de douane (le protectionnisme) n'a eu pratiquement aucun rôle dans l'effondrement du commerce international. Les deux facteurs déterminants furent l'accroissement des coûts de transport et le manque de liquidité (8). La hausse des coûts de transport est aussi signalée dans une autre étude comme la responsable de la contraction des flux du commerce international (9). De plus, l'essentiel de la contraction du commerce se joue entre janvier 1930 et juillet 1932, soit avant la mise en place des mesures protectionnistes dans certains pays. Un événement postérieur à un autre ne saurait en être la cause…

La pratique des dévaluations est, quant à elle, une réponse à la pénurie de liquidités internationales qui s'était manifestée en 1930. Celle-ci oblige de nombreux pays, confrontés à des sorties brutales de devises et d'or induites par la crise des banques américaines et au rapatriement des capitaux qui s'en suit, à tenter de dégager un solde commercial excédentaire à tout prix afin de dégager de cette manière les liquidités nécessaires. Et là, la responsabilité de l'étalon-or est évidente.

Macron prend donc des libertés importantes avec l'histoire. Il veut la manipuler à des fins politiciennes évidentes: éviter une déroute aux prochaines élections européennes. Pourtant, il y aurait eu des choses à tirer de cette comparaison entre la situation actuelle et les années trente. Mais, pour cela, Emmanuel Macron aurait dû sortir de son idéologie européiste, ce dont il est manifestement incapable.
 
Notes:

(1) https://www.ouest-france.fr/politique/emmanuel-macron/inf...

(2) W. Sheridan Allen, "The Collapse of Nationalism in Nazi Germany", in J. Breuilly (ed), The State of Germany, Londres, 1992.

(3) M. Burleigh et W. Wippermann, "The Racial State — Germany 1933-1945", Cambridge University Press, 1991.

(4) J.M. Keynes, "Proposals for an International Currency Union — Second draft, November 18, 1941" in D. Moggridge (ed.), Collected Writings of John Maynard Keynes, volume XXV, Londres, Mac Millan, 1980, pp.42-66. La première version de ce texte date d'octobre 1941. Il semble que Keynes se soit mis au travail sur ce projet lors de son retour de son voyage aux Etats-Unis en mai 1941.

(5) J.M. Keynes, « National Self-Sufficiency », Yale Review, 1933.

(6) J. Sapir, « Retour vers le futur: le protectionnisme est-il notre avenir? » in L'Economie Politique, n°31, 3ème Trimestre 2006.

(7) C'est la thèse de C.P. Kindleberger, « Commercial Policiy Between the Wars » in P. Mathias et S. Pollard (edits). The Cambridge Economic History of Europe, vol. 8, Cambridge University Press, Cambridge, 1989 ainsi que de H. James, The End of Globalization: Lessons from the Great Depression, Harvard University Press, Cambridge, Mass, 2001.

(8) A. Estevadeordal, B. Frants et A.M. Taylor, « The Rise and Fall of World Trade, 1870-1939 », NBER Working Papers Series, National Bureau of Economic Research, Working Paper 9318, Cambridge, Mass., novembre 2002.

(9) R. Findlay et K.H. O'Rourke, « Commodity Market Integration: 1500-2000 » in M. D. Bordo, A.M. Taylor et J.G. Williamson, (edits), Globalization in Historical Perspective, University of Chicago Press, Chicago, Mich., 2003.
 

mardi, 06 novembre 2018

Pourquoi la France achète-t-elle de la dette américaine ?

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Pourquoi la France achète-t-elle de la dette américaine ?

par Leslie Varenne, Général Dominique Delawarde & Jean-Luc Baslé

Ex: http://www.zejournal.mobi

Alors que de nombreux analystes financiers alertent sur une probable crise financière en provenance des Etats-Unis, à l’horizon 2020, qui serait plus catastrophique encore que celle de 2008 (voire la note de Jean-Luc Baslé) ; alors que dans la perspective d’un krach obligataire nombre de pays se délestent de leurs bons du Trésor US, la France a acheté, entre avril 2017 et août 2018, plus de 51 milliards de dollars de dettes américaines…

Depuis janvier 2018, la dette publique US augmente à un rythme exponentiel de 3 milliards par jour et se situe aujourd’hui à 21 700 milliards de dollars. A la fin de l’année, les Etats-Unis devraient atteindre les 22 000 milliards soit une dette souveraine de 107 à 108% du PIB. C’est la raison pour laquelle de nombreux économistes tirent la sonnette d’alarme (1). Contre vents et marées, les agences de notation américaines (Fitch, et Moody’s) maintiennent la meilleure note, AAA, aux bons du Trésor américain, à l’exception de S&P qui l’a abaissé à AA+ en août 2011. L’agence de notation financière chinoise, DAGONG, ne les suit pas et en janvier 2018, elle a attribué un BBB+, avec perspectives négatives, à la dette souveraine US, ce qui la situe désormais juste un cran au-dessus des emprunts considérés comme spéculatifs. Pour justifier ce recul, DAGONG met en avant le risque croissant d’insolvabilité et les faiblesses du mode de développement économique des Etats-Unis fondés sur la dette (2). Elle met également en garde les investisseurs et les Etats qui pourraient être tentés par l’achat de cette dette susceptible de se transformer, à court ou moyen terme, en obligations à haut risque.

Il ne serait pas incongru de penser que l’agence chinoise n’est pas plus objective que ses consœurs occidentales. Il ne serait pas non plus stupide d’imaginer que la Russie ne s’est pas délestée de presque toutes ses obligations US soit 91 milliards de dollars, il ne lui en reste plus que 14, seulement par prudence et bonne gestion de père de famille. Cependant, le fait que d’autres pays, dont certains sont des alliés fidèles des Etats-Unis, agissent de la même manière leur donne raison. En effet, entre août 2017 et août 2018, le Japon a réduit son exposition de 73 milliards de dollars ; la Turquie de plus de 40, la Chine de 36.5, Taïwan de 17 et la Hollande de 10 milliards de dollars. Depuis janvier 2018, la Suisse s’est allégée de 21 milliards de dollars, depuis mars l’Allemagne et l’Inde se sont délestées respectivement de 13 et de 17 milliards de dollars (3). Même les Îles Caïmans, paradis fiscal réputé qui gèrent les fortunes de gens très informés se sont désengagés de 45 milliards de dollars sur une seule année…. C’est donc une lame de fond qui correspond à des inquiétudes légitimes.

Le village gaulois

Il reste néanmoins quelques récalcitrants : le Brésil de Michel Temer, le Royaume-Uni, l’Arabie Saoudite et la France. En avril 2017, deux mois avant l’arrivée au pouvoir du président actuel, la France détenait 66,9 milliards de dollars d’obligations souveraines US. Aujourd’hui, le département du Trésor américain indique que la France en détient 118,4 milliards de dollars, soit une augmentation de 51,5 milliards en un peu plus d’un an (+ 77%)(4). Mieux, depuis mars 2018, l’exposition de Paris à la dette américaine est passée de 80 milliards de dollars à 118 milliards de dollars soit une hausse de 47,5 % en 6 mois, elle fait plus que tous les autres récalcitrants (5).

Pure amitié atlantiste ?

Cette évolution, pour le moins étrange interpelle : pourquoi la France dont la dette a déjà dépassé les 100% du PIB s’encombre-t-elle de toujours plus d’actifs à risque ? Autre question légitime : quelles sont les contreparties ? Il semble que cela soit totalement désintéressé…

Sur le plan de la politique étrangère, Washington continue de dire non aux incessantes demandes de Paris de placer le G5 Sahel sous le chapitre 7 des Nations Unies, ce qui permettrait aux militaires français de sortir du bourbier sahélien et d’économiser un milliard d’euros par an (6).

Le Président américain a « confié » le dossier libyen au président italien au grand dam d’Emmanuel Macron (7).

Et si la diplomatie française a enfin pu opérer un timide retour au Moyen-Orient, ce n’est pas grâce à son allié américain mais à la Russie qui a invité le président français au dernier sommet d’Istanbul (8).

Sur le plan économique, les sanctions américaines contre l’Iran ont durement pénalisé les entreprises françaises comme Total, Peugeot etc. Par ailleurs, les menaces de l’extraterritorialité du droit américain, pèsent toujours sur les sociétés hexagonales. Après Alstom, la justice américaine pourrait infliger des amendes à plusieurs d’entre-elles, dont une peine record à Areva, 24 milliards de dollars.

Opacité

Sauf s’il s’agit d’obscures raisons qui échappent aux auteurs de ces lignes, rien ne justifie donc un tel niveau d’exposition à la dette souveraine US. Rien ne justifie non plus, le silence des médias et des parlementaires. Le gouvernement qui s’évertue à vanter les nécessités de l’austérité aura des difficultés à expliquer aux Français qui grondent, ces placements de bien piètres épargnants. 51,5 milliards de dollars c’est une somme et à n’en pas douter, chaque citoyen aura, bien sûr, son idée sur les raisons qui ont poussé leurs dirigeants à exposer l’épargne des Français à la dette US et sur une meilleure affectation de l’argent public.

Un des auteurs, Jean-Luc Baslé, est ancien directeur de Citigroup New-York

Notes:

(1) https://www.businessbourse.com/2018/07/16/lamerique-se-dirige-droit-vers-la-plus-grande-crise-dendettement-de-lhistoire/
(2) http://en.dagongcredit.com/index.php?m=content&c=inde...
(3) http://ticdata.treasury.gov/Publish/mfh.txt
(4) Le Brésil a acheté 44.2 milliards de dollars d’obligations US, le Royaume-Uni 47.6, l’Arabie Saoudite 37.5, la Belgique fait aussi partie des récalcitrants, mais Bruxelles, qui héberge l'Union européenne à un statut à part,  elle a néanmoins racheté pour  58.3 milliards de dollars. 
(5) http://ticdata.treasury.gov/Publish/mfh.txt
(6) https://www.iveris.eu/list/notes_danalyse/371-le_sahel_estil_une_zone_de_nondroit__
(7) https://www.iveris.eu/list/entretiens/362-la_libye_victime_des_ingerences_exterieures_
(
8) http://www.lefigaro.fr/international/2018/10/27/01003-201...


- Source : Iveris

Les soubresauts d’un cadavre

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Les soubresauts d’un cadavre

par Georges FELTIN-TRACOL

Il faut parfois s’attarder sur des événements bousculant l’infiniment petit, à savoir les récents soubresauts du Parti communiste français. Plus grande formation groupusculaire française, le PCF est aujourd’hui très loin du 1er tour de la présidentielle de 1969 où son candidat, Jacques Duclos, avait atteint 21,3 % des suffrages. Aux législatives de 2017, les candidats de la place du Colonel-Fabien n’ont rassemblé que 2,72 % des voix. Ce résultat dérisoire ne les a pas empêchés d’obtenir dix sièges et de former avec six députés d’Outre-mer le groupe Gauche démocrate et républicaine. Aussi présent au Palais du Luxembourg avec douze sénateurs, le PCF dirige encore un département (le Val-de-Marne), dispose d’une trentaine de conseillers régionaux et administre quelques communes, les plus mal gérées de l’Hexagone et les plus touchées par le communautarisme allogène rampant.

Les 6 et 7 octobre derniers, les adhérents communistes devaient choisir entre quatre propositions de base commune à débattre par leur conseil national (au PS, on aurait parlé de « motions »). 30 172 militants y ont participé. Le résultat final révèle un véritable tremblement de terre ! Pour la première fois, le texte de la direction et du secrétaire national, le sénateur de Paris Pierre Laurent, intitulé « Le communisme est la question du XXIe siècle », se retrouve en minorité. Certes, avec 11 461 voix (37,99 %), il arrive en tête dans 49 fédérations et remporte la majorité absolue dans 29 autres dont les Bouches-du-Rhône et la Seine – Saint-Denis. Il est cependant dépassé par la proposition présentée par André Chassaigne, le truculent député du Puy-de-Dôme de la circonscription d’Ambert – Thiers, et de son collègue nordiste, Fabien Roussel. « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » recueille 12 719 voix (soit 42,15 %), arrive en tête dans 40 fédérations et obtient la majorité absolue dans 24 fédérations, en particulier le Nord, le Pas-de-Calais et le Val-de-Marne. Catalogué « orthodoxe », le duo Chassaigne – Roussel dénonce les atermoiements de Pierre Laurent, rêve d’un PCF plus revendicatif et soutient une ligne d’indépendance par rapport à l’hégémonisme croissant de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Les mélenchonistes du PCF connaissent pour leur part une cuisante défaite. Déjà, en 2016, seuls 53,6 % des militants communistes avaient approuvé le soutien officiel à l’ancien sénateur trotsko-mitterrandien de l’Essonne pour la présidentielle. « Se réinventer ou disparaître ! Pour un printemps du communisme » ne récolte que 11,55 % et 3 607 suffrages, c’est-à-dire 3 300 voix de moins que deux ans auparavant. Ce désaveu cinglant traduit l’immense méfiance des derniers communistes à l’égard des « Insoumis ». Dès à présent, Ian Brossat, l’adjoint de l’exquise mairesse de Paris, doit conduire une liste concurrente aux européennes de mai 2019.

Quant à l’éternel opposant Emmanuel Dang Tran qui défend des positions strictement ouvriéristes orthodoxes, sa contribution, « PCF : reconstruire le parti de classe, priorité au rassemblement dans les luttes », ne récolte que 2 385 suffrages (7,90 %). Ce chef de file de la faction « Vive le PCF ! » refuse toute négociation avec les mélenchonistes, l’extrême gauche trotskyste, le PS et la gauche modérée. Ce néo-bolchevik appelle au contraire au retour décomplexé de la tactique du Parti dans les années 1920 appelée « classe contre classe ».

Les cabines téléphoniques ont été supprimées. C’est bien dommage, car on aurait pu mieux observer les jeux d’appareil, les trahisons internes ainsi que les rivalités personnelles exacerbées de ce microcosme tant la crise devient profonde au PCF. Ne vaudrait-il pas mieux l’euthanasier ?

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 96, diffusée sur Radio Libertés, le 26 octobre 2018.

samedi, 27 octobre 2018

Triomphe de la révolution mondiale libérale-libertaire

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Triomphe de la révolution mondiale libérale-libertaire

Conférence de Jean-Michel Vernochet à Aix-les-Bains

L’association L’Entraide savoyarde recevra Jean-Michel Vernochet le samedi 17 novembre 2018 à 15h à Aix-les-Bains pour une conférence de présentation de son ouvrage En l’an 68.

Entrée : 5 euros

Réservations et renseignements : conferences73@gmail.com

La bande-annonce de l’événement :

dimanche, 21 octobre 2018

Joséphin Péladan & the Occult War Against Liberal Decadence

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Joséphin Péladan & the Occult War Against Liberal Decadence

France gave the world the French Revolution in 1789. It was an epochal event, albeit a symptom of a line of cultural decadence that gave birth to both liberalism and Communism, and which remains a pall over the entire West and wherever the West reaches. It is ironic that those who were condemned as “collaborators” in France during and after the Second World War were for years prior to the war the most vociferous in their lamentations regarding the decadence of the French Republic. None lamented more the rapidity with which France had fallen to the Germans; it was regarded as a national dishonor and the result of France’s moral, spiritual, and cultural rot.

Among those who had brought ruin to France, Freemasonry had a prominent role.[1] [2] Rationalism, secularism, scientism, and materialism were used as methods of subversion by occult forces in a struggle between Counter-Tradition and the few remaining vestiges of the Traditional.[2] [3]

In France during the decades leading up to another epochal catastrophe, the First World War, this occult war between Tradition and Counter-Tradition intensified. Since Counter-Tradition makes use of Counterfeit-Tradition, it is often difficult to discern what role sundry secret societies and individuals play in this conflict. For example, what side is Nicholas Roerich on, and what side the apparently “sinister” Aleister Crowley?[3] [4] The answer is not as obvious as one might suppose. At the time, there was an occult revival; a product of a civilization in crisis, and the existential angst of those who could not endure the tedium of scientism, secularism, rationalism, and atheism, which since the time of the French Revolution had been heralded as new religions. In the liberal ideal of the “happiness of the greatest number,” few are happy with the tedium of equality and democracy. While in Britain, William Butler Yeats, Crowley, and sundry other eccentric and intellectual figures were responding to the age of Darwin, industrialism, and science through the Hermetic Order of the Golden Dawn, a remarkable individual emerged from the occult revival in France: Joséphin Péladan.

Josephin_Peladan_2.jpgPéladan was the head of the Ordre Kabbalistique Rose-Croix (Kabbalistic Order of the Rosicrucian), succeeding his brother Adrien. While the original Rosicrucians, who had appeared mysteriously in Europe during the early seventeenth century and issued anonymous manifestos, seem to have been among the precursors of the Masonry and Illuminism that fermented the French Revolution against the Church and the Monarch, Péladan, on the contrary, was a Catholic traditionalist who repudiated the ideals of the French Revolution and the “Liberty, Equality, Fraternity” of the Grand Orient of Masonry, stating in 1883, “I believe in the Ideal, Tradition and Hierarchy.”[4] [5]

Interestingly, when a schism occurred within the Order, one of the reasons was that among what was regarded as Péladan’s eccentric behavior was his having issued a public condemnation against a female member of the Rothschild banking dynasty. Among the leaders of the schism were the morphine-addicted Marquis Stanislas de Guaita, an individual who was to display decidedly Satanic convictions,[5] [6] and the conspiratorial figure Papus, who brought Martinist Freemasonry to Russia with decidedly subversive results, culminating in Bolshevism. Under their control, the Ordre Kabbalistique worked the degrees of this Martinist Masonry, which had a linage reaching back to the infamous Illuminati via the Kabbalist, Martinez de Pasqually.

At the time of the schism, Péladan and de Guaita had been involved in “magical warfare” against another sinister character, the apostate priest, the Abbé Boullan, who was the head of a depraved Satanic cult (this description is without sensationalism). However, de Guaita was himself interested in the Left-Hand Path magic of Boullan.

Leaving the Ordre Kabbalistique, Péladan founded the Ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal (Order of the Temple and the Graal and of the Catholic Order of the Rose-Croix), the title explicitly explaining the character of this Order.

On March 24, 1893, the Supreme Council of the Ordre Kabbalistique issued a public statement signed by Stanislas de Guaita and Papus, condemning Péladan as a “usurper, schismatic, and apostate,” and denouncing his Ordre de la Rose-Croix catholique. The battle lines between Tradition and Counter-Tradition had been drawn publicly.

Péladan saw the purpose of his Rosicrucian Order as being to encourage the resurgence of the arts that were in decay. A novelist himself, he was a central figure in the Symbolist art movement, and many artists, musicians, and poets of note were initiated into his Order. Péladan considered the artist to be the embodiment of king, priest, and magus; the nexus with the divine. He explained:

Art is man’s effort to realize the Ideal, to form and represent the supreme idea, the Idea par excellence, the abstract idea, and great artists are religious, because to materialize the idea of God, the idea of an angel, the idea of the Virgin Mother, requires an incomparable psychic effort and procedure. Making the invisible visible: that is the true purpose of art and its only reason for existence.[6] [7]

Péladan saw art as the religion that persists above all atheistic efforts to repress the spirit. He called for spiritual battle against the profane:

Artist, you are a priest: Art is the great mystery and, if your effort results in a masterpiece, a ray of divinity will descend as on an altar. Artist, you are a king: Art is the true empire, if your hand draws a perfect line, the cherubim themselves will descend to revel in their reflection . . . They may one day close the Church, but [what about] the Museum? If Notre-Dame is profaned, the Louvre will officiate . . . Humanity, oh citizens, will always go to mass, when the priest will be Bach, Beethoven, Palestrina: one cannot make the sublime organ into an atheist! Brothers in all the arts, I am sounding a battle cry: let us form a holy militia for the salvation of idealism . . . we will build the Temple of Beauty . . . for the artist is a priest, a king, a mage, for art is a mystery, the only true empire, the great miracle.[7] [8]

JosPel.jpgThe Salon de la Rose et Croix was established in 1892 to exhibit Symbolist art to the public. Art was magic, not rituals and incantations. It was intended as the harbinger of a spiritual revolution that would overthrow the materialistic and the decadent, and as the antithesis to the art of the other salons. The first exhibition drew fifty thousand visitors. Clearly, the French yearned for something transcending the crassness of Grand Orient liberalism and secularism, which had rotted France for a century; the “disenchantment of the world,” as he called it. Richard Wagner’s music had a special place, Péladan regarding Wagner as “a therapeutic detoxifier of France’s materialism.” Erik Satie was the Order’s official composer, and Debussy was a close colleague. Péladan defined what was required in his appeal for exhibitors: “The order favors the Catholic Ideal and mysticism. After that, Legends, Myths, Allegory, Dreams, the paraphrasing of great poets, and finally, all lyricism.”

Péladan’s fight for the recovery of Tradition from the corruption of those Black Adepts (to use Crowley’s term) who had engineered the French Revolution – which in a proto-Bolshevik reign of terror destroyed churches, killed priests, and performed a virtual Black Mass on the altar of Notre Dame – was echoed by another famous French occultist, Éliphas Levi, also a Catholic and who was perhaps an initiate into the Rose Cross’ eighteenth degree,[8] [9] where one at last learns the true subversive character of Masonry:

Masonry has not merely been profaned but has served as the veil and pretext of anarchic conspiracies . . . The anarchists have resumed the rule, square and mallet, writing upon them the words Liberty, Equality, Fraternity – Liberty, that is to say, for all the lusts, Equality in degradation and Fraternity in the work of destruction. Such are the men whom the Church has condemned justly and will condemn forever.[9] [10]

August Strindberg, the Swedish novelist, playwright, poet, and painter who turned to the occult during an existential crisis, later returned to Catholicism as a Traditional anchor in a decaying world. Upon visiting Paris, he also noted the decadence there in an autobiographical account in which he indicated his intention of returning to the Church. On reading Péladan, he remarked:

On May 1st I read for the first time in my life Sar Péladan’s Comment on devient un Mage.

Sar Péladan, hitherto unknown to me, overcomes me like a storm, a revelation of the higher man, Nietzsche’s Superman, and with him Catholicism makes its solemn and victorious entry into my life.

Has “He who should come” come already in the person of Sar Péladan? The Poet-Thinker-Prophet – is it he, or do we wait for another?[10] [11]

Péladan’s salon exhibitions were an enormous success. However, by the sixth and final exhibition in 1896, he had become worn out with the very public so-called “War of the Two Roses” between his “Catholic Rose-Cross,” as he called it,[11] [12] and the Martinist-Masonry of the Ordre Kabbalistique. For someone such as Péladan, such psychic conflicts, whatever we may think of their mundane reality, and likely augmented by Papus’ Masonic friends and Rothschild influences in the press, would have taken a heavy toll.

Notes

[1] [13] K. R. Bolton, The Occult and Subversive Movements (London: Black House Press, 2017), pp. 175-189.

[2] [14] Ibid., pp. 9-13.

[3] [15] Ibid., p. 12.

[4] [16] Joséphin Péladan, “L’esthetique au salon de 1883,” L’Artiste, Vol. 1, May 1883, cited in Richard Cavendish (ed.), Encyclopaedia of the Unexplained (New York: Arkana, 1974), p. 216.

[5] [17] Ibid., p. 217.

[6] [18] Péladan, “L’esthetique au salon de 1883.”

[7] [19] Péladan, Catalogue du Salon de la Rose + Croix (Paris: Galerie Durand-Ruel, 1892), pp. 7-11, cited by Sasha Chaitow, “Making the Invisible Visible: Péladan’s Vision of Ensouled Art [20],” August 6, 2015.

[8] [21] This is indicated in a footnote to his History of Magic, where Levi states, “Having attained by our efforts to a grade of knowledge which imposes silence, we regard ourselves as pledged by our convictions even more than by an oath. . . . and we shall in no wise fail to deserve the princely crown of the Rosy Cross . . .” (London: Rider, 1982, p. 286).

[9] [22] Ibid., p. 310.

[10] [23] August Strindberg, The Inferno (New York: Knickerbocker Press, 1913), concluding passages.

[11] [24] Péladan, letter to Papus, February 17, 1891 in L’Initiation (May 8, 1891).

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[20] Making the Invisible Visible: Péladan’s Vision of Ensouled Art: http://www.projectawe.org/blog/2015/8/4/making-the-invisible-visible-pladans-vision-of-ensouled-art

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vendredi, 19 octobre 2018

Le programme Young Leaders, agent de l’influence américaine dans les médias français

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Le programme Young Leaders, agent de l’influence américaine dans les médias français

Ex: http://www.zejournal.mobi

CE PROGRAMME, YOUNG LEADERS (JEUNES LEADERS) DÉRIVE D’UN ACCORD ENTRE GERALD FORD PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS ET LE PRÉSIDENT FRANÇAIS GISCARD D’ESTAING EN 1976, ÉTABLISSANT UNE FONDATION DÉDIÉE À L’AMITIÉ ENTRE LES DEUX PAYS, AVEC UN SIÈGE À PARIS ET UN SIÈGE À NEW-YORK. LA FONDATION A PERMIS L’ÉMERGENCE DU PROGRAMME JEUNES LEADERS À PARTIR DE 1981.

400 YOUNG LEADERS FORMÉS

Depuis cette date plus de 400 Jeunes leaders ont été  formés, dont la moitié de français. Le verbatim du programme : « Chaque année (avec parfois des années blanches 85/88, 90/93, 97, le programme est ensuite continu depuis 1998, soit 29 promotions au total) vingt français et américains, âgés de 30 à 40 ans appelés à jouer un rôle important dans les relations entre les deux pays sont sélectionnés par un jury en France et aux États-Unis. Les candidats retenus participent à deux séminaires de cinq jours, chacun sur deux années consécutives, alternativement en France et en Amérique, afin d’échanger sur des sujets d’intérêts communs aux deux pays et tisser des liens d’amitié durable ». Parmi les sponsors on trouve les groupes américains Boston Consulting et Egon Zehnder. Chacun comprendra comment cette « formation » peut devenir un moyen incomparable d’influence pour l’Amérique. Nous ne détaillerons que les Young Leaders  agissant dans les médias français sans nous intéresser aux politiques et dirigeants économiques (nombreux) passés par le programme depuis 1981. Nous mettons entre parenthèses (1981) l’année de promotion.

LA TÉLÉVISION ET LES YOUNG LEADERS

Quelques jeunes leaders ont eu une jolie carrière à la télévision : Jérôme Clément (1982), fondateur d’Arte puis de la Cinq, également longtemps président du CNC (Centre national du cinéma). Bernard Faivre d’Arcier (1983) a présidé plus de dix ans le festival d’Avignon et aussi La Sept, branche française d’Arte. Emmanuel Chain (2000) a animé plus de quinze ans l’émission à succès Capital sur M6 puis est devenu producteur de télévision. Plus jeune, Estelle Youssoufa (2011) est journaliste à France2/TV5Monde. D’autres plus multi-cartes se retrouvent aussi dans les radios ou la presse écrite (voir infra)

LA RADIO ET LES YOUNG LEADERS

Le service public est très bien servi en Jeunes leaders. David Kessler (1999) a été comme Jérôme Clément (1982) directeur du CNC mais aussi du CSA, directeur de France Culture et directeur général chargé des programmes de Radio France. Bernard Guetta (1981) a animé plus de 25 ans une émission de géopolitique à France Inter. Jean-Noël Jeanneney (1983) a été PDG de Radio France et de Radio France International, il anime depuis 20 ans une émission à caractère historique Concordance des temps sur France Inter (il a été également président de la chaîne de télévision thématique Histoire). Catherine Sueur (2007) après un passage au Mondea été directrice déléguée de Radio France.

Mais le secteur privé, s’il est moins bien loti, n’est pas oublié. Nicolas Escoulan (2014) est passé de Canal+ à Europe1 où il est directeur de la rédaction. Son camarade de la promotion d’avant Jérôme Chapuis (2013) est responsable du service politique de la radio concurrente RTL.

LA GALAXIE LE MONDE/L’OBS

Ce n’est plus une galaxie c’est une véritable constellation de Jeunes leaders. Sur les 19 promotions, 13 comportent au moins un membre de ces rédactions.Thierry Pfister (1981, première promotion) a œuvré dans les deux rédactions (plus de nombreuses en province). Jean-Claude Guillebaud (1982) a écrit aussi pour les deux journaux. Jean-Marie Colombani (1983) a été directeur du Monde pendant treize ans. Denis Olivennes (1996) a été directeur de la rédaction du Nouvel Obs (et aussi à Canal+, Europe1 et Lagardère active). Dominique Nora (1995) est responsable de la rédaction de L’Obs. Elle avait succédé à Mathieu Croissandeau (2002) qui a collaboré aussi à Arte. A tous seigneurs tous honneurs Matthieu Pigasse (2005) et Louis Dreyfus (2005) ont dû être de très bons élèves du programme. Le premier est co-propriétaire du groupe Le Monde (et actionnaire à titre personnel des Inrocks et de radios), le second préside le directoire du groupe depuis 2010. Nabil Wakim (2012) au Monde a été créateur des Décodeurs, chef du service politique, rédacteur en chef et responsable de l’innovation. Plus récemment Élise Vincent (2015) y est responsable du service Justice. Sylvie Kaufmann (1998) est directrice éditoriale au même quotidien du soir. Pascal Riché (1999), ancien de Libération, fondateur de Rue89 est directeur adjoint de L’Obs. Erik Izraelewicz (1994) après être passé par Les Échos et La Tribune a été directeur des rédactions du Monde de 2011 à sa mort en 2012.

LES AUTRES QUOTIDIENS ET LES JEUNES LEADERS

Laurent Joffrin (1994) aurait pu figurer dans la rubrique Le Monde/L'Obs étant passé dans un tournis incessant de L’Obs à Libération et retour. Il est directeur de la rédaction du quotidien de Patrick Drahi depuis 2014 et participe à de nombreux autres médias (France Inter, France Info, France5 etc). Laurance N’kaoua (2003) officie au quotidien économique Les Échos, tout comme David Barroux (2011). Dans un registre différent François Dufour (2005) est spécialiste de l’information des jeunes à Mon Quotidien, sa création.

LES MAGAZINES

Yves de Kerdrel (2005) a été longtemps directeur de Valeurs Actuelles tout en collaborant au Figaro. Christine Ockrent (1983) surnommée la reine Christine aurait pu être classée dans la rubrique télévision (NBC, CBS, Antenne2,TF1, France3, TV5, France 24, BFM) ou radio (Europe1, RTL,RFI, France Inter). Elle a été directrice de la rédaction de L’Express de 1994 à 1996. Guy Sorman (1982) a lui aussi été à L’Express, Le Figaro Magazine et est intervenu auprès de nombreux autres hebdomadaires ou quotidiens. Philippe Le Corre (2004) intervient dans de nombreux médias et au Point. Il est difficile de classer Philippe Manière (1995) qui a été un peu partout, Le Point, L’Expansion, Europe1, Institut Montaigne, Le Nouvel Economiste, Les Echos. Le plus jeune Gaspard Koenig (2017) collabore aux Échos et au Point.

AUTRES JEUNES LEADERS DU PROGRAMME

Michel Combes (1994) a longtemps dirigé Altice, la holding Europe du groupe multi-médias de Patrick Drahi. Béatrice de Clermont Tonnerre (2011) a travaillé chez Google et à Lagardère Active où elle aurait pu croiser la plus jeune Claire Le Ost (2016). Eric Fassin (1994) sans être journaliste intervient régulièrement dans les médias en particulier sur les questions touchant le genre et la défense des migrants. Sophie de Closets (2017), toute récente Jeune leader, préside les éditions Fayard depuis 2014. Stéphane Fouks (2001) par sa position chez EuroRSCG a conseillé et conseille de nombreux médias et patrons de rédaction. Pour la curiosité Julien Vaïsse (2007) n’est pas une personnalité médiatique mais le directeur du CAPS le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du Ministère des Affaires Etrangères. Une nomination curieuse pour une personnalité qui semble liée d’aussi près à un Etat étranger.

COUSINAGE ATLANTISTE ET PLUS SI AFFINITÉS

Une participation au programme n’indique pas nécessairement un alignement complet sur les thèses américaines (Arnaud Montebourg et Dupont-Aignan sont d’anciens Jeunes leaders) mais marque, pour la très grande majorité des lauréats, une inclination atlantiste et une très grande proximité culturelle/économique (et plus si affinités) avec le grand frère américain. En-dehors des médias il est surprenant de constater que notre président actuel comme le précédent ont été Young Leaders, mais aussi de nombreux militaires français de haut rang. Imaginons un instant que les russes aient entrepris le quart de la moitié de ce programme, le tollé serait immédiat et surpuissant. Ce programme qui n’a rien de secret n’est jamais évoqué par les médias dominants. Et pour cause les Young Leaders y pullulent, la solidarité par le silence en quelque sorte. Ils ont retenu la leçon du Maître, Speech is silver, silence is golden (La parole est d’argent mais le silence est d’or).

samedi, 13 octobre 2018

En souvenir d’Yvan Blot

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En souvenir d’Yvan Blot

Par Robert Steuckers

C’est dans un article signé Michel Norey, dans le tout premier numéro de la revue Nouvelle école, que j’ai eu entre les mains, le n°19 (1972), que j’ai abordé les écrits d’Yvan Blot. Cet article traitait de l’histoire des sciences économiques et montrait que les doctrines au pouvoir en Europe, en ce temps de guerre froide, n’étaient pas les seules possibles. Des hétérodoxies économiques, aux possibles féconds, attendaient de se déployer, du moins si des volontés politiques alternatives se manifestaient et forçaient le destin. De cet article, long et fouillé, j’ai toujours retenu trois leçons, et, aujourd’hui, trois jours après le décès d’Yvan Blot, je relis avec émotion les phrases que j’ai soulignées jadis pour les imprégner dans ma mémoire. Elles me rappellent les sources premières de mon regard alternatif sur les questions économiques : 1) « Norey » rendait hommage à Keynes mais formulait quelques critiques, d’où je n’ai jamais rejeté entièrement Keynes à l’ère fatidique où les médias nous poussaient à le rejeter en bloc et avec hystérie à l’instar de Madame Thatcher ; 2) « Norey » soulignait l’importance de l’innovation chez Schumpeter, seule force qui justifiait partiellement le capitalisme car tout capitalisme non innovateur est par définition parasitaire ; 3) « Norey » infléchissait nos réflexions vers l’idée d’indépendance nationale ou continentale, présente chez un penseur, aujourd’hui trop oublié, François Perroux, analyste des structures économiques et de leur histoire, interdisant, par cette méthode même, d’appliquer des doctrines qui se veulent « universelles ».

Plus tard, le livre intitulé Les racines de la liberté a retenu toute l’attention de notre groupe, surtout parce qu’il évoquait les sources islandaises, scandinaves et helvétiques de toute véritable démocratie, permettant ainsi d’argumenter solidement dans le débat sur le fédéralisme ou le confédéralisme en Belgique, qui faisait rage à l’époque où l’on s’apprêtait à modifier la constitution dans un sens fédéral.  Yvan Blot, sur base de cette histoire et de cette anthropologie de la démocratie en Europe, surtout en Europe du Nord et du Centre, est devenu un brillant avocat de la « démocratie directe », antidote nécessaire à toutes les dérives partitocratiques.

yb-polviv.jpgNotre groupe bruxellois a bien entendu suivi les travaux du Club de l’Horloge, structure métapolitique visant à régénérer les débats politiques en France, sans pour autant oublier les modèles extra-hexagonaux capables de modifier la donne dans une cinquième République, dont la constitution demeurait jacobine mais où son fondateur avait évoqué, avant son retrait et son trépas, la possibilité de créer un Sénat des Régions et des Professions, pour empêcher les partis de phagocyter les saines énergies nationales.

Dans les années 90, mon vieil et cher ami Jean Eugène van der Taelen (1917-1996) entend faire feu de tout bois pour provoquer à terme un rejet de la sordide partitocratie belge, dont le dévoiement s’accentuait au fil des ans. Jean van der Taelen avait théorisé l’idée d’une DDD (= « Démocratie Directe Décisionnaire ») dont il avait espéré faire la doctrine d’un parti anti-fiscaliste des petits indépendants, l’UDRT (« Union Démocratique pour le Respect du Travail »), dirigé par Robert Hendrick, Pascal de Roubaix et Jean-Pierre de Clippele. Comme la plupart de ces partis, aux intentions éminemment sympathiques, l’UDRT capotera assez vite après ses premiers succès électoraux. Jean-Pierre de Clippele passera au parti libéral, dont il sera Sénateur, tout en créant une « Ligue des Contribuables », dont la cheville ouvrière n’était autre que Jean E. van der Taelen. C’est dans ce cadre que Jean van der Taelen finira par découvrir Yvan Blot car il était un fervent lecteur des travaux du Club de l’Horloge. Le courant entre ces deux hommes, pourtant bien différents et issus de contextes politiques très hétérogènes, est passé très vite : ils sont devenus d’excellents amis, qui se voyaient souvent, d’autant plus qu’à l’époque, Yvan Blot exerçait son mandat de député européen et séjournait souvent à Bruxelles, à l’Hôtel Métropole.

Jean van der Taelen décide alors de créer un pendant belge du Club de l’Horloge qu’il baptise « Club du Beffroi », les beffrois étant les symboles des libertés communales et populaires depuis l’âge d’or de notre moyen-âge. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de rencontrer souvent Yvan Blot, de deviser longuement avec lui, notamment en dégustant du caviar et du saumon  arrosé l’aquavit à la terrasse du Métropole et d’accompagner parfois Yvan Blot sur le chemin du retour à Paris, quand le voyage ferroviaire durait encore trois bonnes heures. Il me fit ainsi part de sa passion pour la flûte traversière, un instrument qui l’accompagnait, précieusement rangé dans sa petite mallette de cuir.

Le « Club du Beffroi » n’eut pas le succès escompté car la maladie rongeait déjà lentement Jean van der Taelen. Il faut ajouter aussi, ici, qu’Yvan Blot avait sorti un ouvrage très original en 1992, Baroque et politique, dont le cœur évoquait une civilisation baroque battue en brèche par le rationalisme violent de la révolution et du jacobinisme. Pour Blot, cette civilisation baroque est celle des « harmonies spontanées », leçon que j’ai retenue dans un coin sombre de ma cervelle car je compte travailler sur le 17ème siècle espagnol en nos régions, où la culture était à l’enseigne du baroque et du picaresque. Dans l’une de nos conversations, Blot, qui savait toujours faire la part des choses et ne tranchait jamais de manière impavide et sotte, avait retenu de Hayek, non pas les terribles simplifications qu’en avait déduites Margaret Thatcher, mais l’idée de « catalaxie », qui est bien plus subtile que le slogan du « laisser faire, laisser passer » des libéraux. La « catalaxie » hayekienne était pour lui un avatar, peut-être trop intellectualisé, des « harmonies spontanées » des penseurs baroques des 17ème et 18ème siècles. Enfin, autre grand mérite de Blot : avoir convaincu les Presses Universitaires de France de traduire et de publier quelques travaux de l’anthropologue allemand Arnold Gehlen, toujours inconnu en dehors de l’espace linguistique germanique. Blot a fait là haute œuvre utile pour l’histoire de la pensée.

Fin 1995, la santé de Jean van der Taelen périclite de manière alarmante : il est terriblement amaigri, il doit subir des transfusions sanguines toutes les semaines et ne se fait plus d’illusions : à un ami, à qui il a rendu visite pour les fêtes de fin d’année, il déclare, « Mon cher Jean (c’était un autre Jean ), nous ne nous reverrons plus qu’au Ciel ! ». Début janvier 1996, Jean van der Taelen meurt et c’est avec Yvan Blot que j’assiste à ses funérailles à la Chapelle de l’Abbaye de la Cambre, face à un énorme vitrail moderne mais figuratif, représentant la Sainte-Trinité.  

YB-athena.jpgParmi les manifestations ou happenings politiques où je me suis retrouvé aux côtés de Blot, il y eut, juste après les obsèques de Jean van der Taelen, un meeting organisé à Drogenbos par Marguerite Bastien, ancienne juge au Tribunal du Travail de Bruxelles, qui s’était jetée dans la politique (contestatrice du système en place), tant elle était dégoûtée par la déliquescence son ministère, alors que ses racines politiques initiales se situaient dans une extrême-gauche que l’on qualifierait aujourd’hui de festiviste ou de sociétale.  Yvan Blot a pris la parole dans cette auberge de Drogenbos, défendant les racines grecques de la civilisation européenne, amorce première de son tropisme grec des deux premières décennies du 21ème siècle. Le Comte Jean de Marcken de Merken, qui assistait à la conférence, à la même table que moi, lui, disait préférer les racines romaines. Il y eut ensuite, un mois plus tard, une conférence de presse, toujours cornaquée par Marguerite Bastien, où toute la clique des journalistes « chiens de garde du système » (le mot est de Serge Halimi) était présente, prête à nous bouffer tout cru. A la tribune, j’étais à l’extrémité gauche, avec le Baron François van Caloen (un ancien du Bataillon de Corée) et Blot à l’extrémité droite (avec Marguerite Bastien). Nous étions les premiers visés : un journaliste de la RTBF, au patronyme ibérique, me déclare tout de go qu’il sera  « très méchant ». Il annonce l’hallali. En face de moi, le journaliste néerlandais Rinke van den Brink qui avait publié un vaste ouvrage sur les « droites extrêmes » deux ans plus tôt, un ouvrage tout à fait courtois et parfaitement documenté dont la traduction française portait un titre très différent de l’original : L’Internationale de la haine. C’est en partie grâce à cet ouvrage que j’avais pu, en 1994, confectionné sous la houlette de Roland Gaucher un numéro entier du Crapouillot, titré « Les nouveaux nationalistes ».  Face à Blot, l’inénarrable, l’omniprésent, l’ubiquitaire, l’incontournable Manuel Abramowicz. Rinke van den Brink, incité par le journaliste d’origine espagnole, ouvre le feu en ma direction : comme j’avais lu très attentivement son livre, je lui ai rétorqué qu’il avait dit exactement la même chose que les paroles, textes ou attitudes qu’il me reprochait incongrûment parce que je n’avais nullement l’intention de faire de la politique : j’étais là parce que Blot y était et parce que j’estimais que je devais rendre hommage à la touchante fidélité qu’il avait montré à l’égard de Jean van der Taelen, en assistant à la messe de son enterrement. Le pétard de van den Brink était mouillé, il n’a pas explosé. L’Ibère, par voie de conséquence, n’a pas pu être « très méchant » : frustration. Pauvre garçon. Il range sa caméra. Abramowicz ouvre alors le feu contre Blot en posant la question suivante : « Quelles ont été vos sources d’inspiration en rédigeant les statuts du FN ? ». Blot a eu beau jeu de répondre : « J’ai tout simplement repris ceux du RPR (de Chirac) ». Deuxième pétard mouillé lancé par ceux que nous nommions « la bande à Bouboule ». Mais, malgré cela, une nouvelle question bafouillée et incohérente de l’incontournable Manu la Gaffe : « Monsieur Blot, pourquoi rédigez-vous des statuts démocratiques alors que vous êtes contre la partiCRASSIE ? ». Blot était un peu tarabusté par la nature imbécile de la question. Le pauvre Manu n’y pouvait rien : on ne lui a jamais appris la rhétorique car le brave garçon est assistant social. Je saisis la parole et pose à mon tour une question au grand bachi-bouzouk de notre carnaval « antifasciste » bruxellois : « Pourquoi, Monsieur Abramowicz, utilisez-vous un vocabulaire d’extrême-droite ? En sciences politiques, on dit ‘partitoratie’ et non ‘particrassie’ comme dans les pamphlets de l’idéologie que vous prétendez combattre. Mimétisme ? ». Silence ennuyé de tous, à commencer par le brave van den Brink. Le débat fut clos. Ils quittèrent tous la salle, avec de longues tronches dépitées.

YB-RussiePoutine.jpgOn le voit : il y avait moyen de bien s’amuser dans les années 1990 à Bruxelles, aux dépens des plus sots et des plus caricaturaux de nos ennemis. Plus tard, j’ai suivi, de trop loin malheureusement, l’infléchissement hellénique de la pensée d’Yvan Blot, avec la création de son « Institut néosocratique », où il a eu l’intelligence politique et métapolitique de nous exhorter à relire attentivement Aristote, à renouer avec son réalisme politique, à nous replonger dans L’Ethique de Nicomaque, voire à réhabiliter la figure du Spoudaios, chef charismatique faisant l’équilibre entre la raison, le bon sens et l’éthique de la responsabilité. Personnellement, je pense retrouver le Spoudaios dans la figure du Caïd de la Citadelle de Saint-Exupéry. Mais le Spoudaios, pour Blot, n’allait être rien moins que le Président russe, Vladimir Poutine.

Au bout de la trajectoire intellectuelle et métapolitique de Blot, sans plus jamais nous être rencontrés, hélas, le nombre des accords entre nous a été véritablement maximisé. Au tropisme hellénique et aristotélicien s’est ajouté un tropisme russe, illibéral, qui ne pouvait que rencontrer ma pleine approbation. Yvan Blot participait aux initiatives de Iure Rosca en Moldavie, lequel venait, juste avant la mort trop prématurée de notre maître baroque et aristotélicien, de faire traduire deux de ses ouvrages (cf. l’hommage que lui rend Iure Rosca sur http://euro-synergies.hautetfort.com ).

Pour toutes ces impulsions, pour toutes ces convergences, pour tous ces souvenirs, merci, Yvan Blot.

Robert Steuckers.

 

 

Ivan Blot : 50 ans de combat intellectuel

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Ivan Blot : 50 ans de combat intellectuel

par Jean-Yves Le Gallou

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Ivan Blot est mort mercredi 10 octobre.

vendredi, 12 octobre 2018

Ivan Blot, une vie de combat pour la culture européenne

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Ivan Blot, une vie de combat pour la culture européenne

par Thierry Monvoisin
Ex: https://www.breizh-info.com 

« Les individualistes occidentaux ignorent le collectif et la notion de capital culturel ou social. Pour eux, l’individu né orphelin n’a pas d’enfants et reste célibataire ! Les notions de famille, de nation sont ignorées ! Les gouvernements individualistes sont donc indifférents à la disparition de leur peuple. Ils sont coupables de génocide par indifférence !  » écrivait Ivan Blot le 21 septembre dernier dans son ultime article sur le site Bd Voltaire.

51xh55igoxL._SX351_BO1,204,203,200_.jpgDu 13 juin au 12 juillet, sur le site Polémia, il avait analysé ainsi  les quatre causes du déclin occidental :  » nous avons traité de la cause finale (la vie spirituelle), de la cause formelle (le déclin politique), de la cause efficiente (le déclin culturel) et il reste à analyser la cause matérielle de la société, les bases que sont la famille et la propriété. »

Ces textes illustrent qu’avec Ivan Blot, décédé ce mercredi 10 octobre, disparaît une figure centrale d’une génération d’intellectuels, nés après la Seconde Guerre mondiale, qui ont consacré leur vie, dans un contexte hostile, à la défense et à l’illustration des peuples européens et de leur culture.

Son père Camille Blot, officier de marine, membre du réseau Combat pendant la dernière Guerre mondiale, lui avait probablement transmis l’amour de la patrie. Sa mère Adela Sophia Brys,  Polonaise, lui avait apporté une ouverture sur l’Europe centrale.
 

Ivan Blot est né en 1948. Après le lycée Henri IV,  il entre à l’Institut d’Études Politiques, puis à l’ENA dans la promotion François Rabelais. Il est également docteur ès sciences économiques.

C’est à Sciences Po. qu’Ivan Blot adhère au GRECE – Groupement de Recherche et d’Études pour la Civilisation Européenne – et y fonde le cercle Pareto. C’est la première étape de ce combat qu’il poursuivra toute sa vie. il anime également un groupe d’étude du GRECE  consacré entre autres à la « politique des revenus ». Il produira de nombreux travaux dans tout domaine. Il sera membre du comité de rédaction de la revue Nouvelle École, revue théorique de haut niveau fondé et dirigé par Alain de Benoist. 

Désirant traduire dans la vie politique les études conduites au GRECE, en juillet 1974, il quitte le GRECE et cofonde le Club de l’Horloge avec Jean-Yves Le Gallou. Il y défend la constitution d’une droite sans complexe, fière de l’histoire de France, anticommuniste et libérale en économie.

C’est dans cette logique que de 1978 à 1989 il participera activement à la rédaction programmatique du RPR. Il  deviendra directeur de cabinet d’Alain Devaquet, puis de Bernard Pons, secrétaire général successif du RPR, le parti gaulliste créé en 1976 par Jacques Chirac. En 1986, il sera élu député de Calais.

Il rejoindra le FN en 1989 après avoir constaté que le RPR abandonnait sa ligne idéologique, en particulier sur l’immigration.

1030376_f.jpgMais c’est essentiellement son travail intellectuel qui sera au cœur de sa vie. Il va mettre en valeur  les racines gréco-romaines et philosophiques dans, entre autres  ouvrages,L’Héritage d’Athéna ou Les Racines grecques de l’Occident,  La Politique selon Aristote : leçon du passé pour le présentLa Transmission de la culture grecque aux Romains, Notre héritage grec.

Il montrera comment la démocratie n’appartient plus au peuple et préconisera un système à la suisse dans La Démocratie confisquée, L’Oligarchie au pouvoir, La Démocratie directe : une chance pour  la France

Pour diffuser ses études, il créera et animera diverses structures dont  l’Institut néo-socratique (INSO), l’association Agir pour la démocratie directe (APD), qui prend la suite de l’Association pour le développement de la démocratie directe.

Enfin, il s’intéressera à la situation russe. Il sera coopté en 2014 au Club Valdaï. Il sera membre du conseil des experts du centre d’analyse international Rethinking Russia et du conseil d’administration de Dialogue franco-russe. Un de ses derniers livres traitera de la Russie de Poutine.

Par son travail intellectuel et son engagement, Ivan Blot a été un des principaux contributeurs du renouveau de la pensée philosophique et politique conservatrice nationale en France.

Thierry Monvoisin

PS : liste de ses principaux ouvrages :

  • les Racines de la liberté, Albin Michel, , 258 p. .
  • Dir., La Démocratie confisquée, Picollec  
  • Baroque et Politique, 1992, Éditions nationales.
  • L’Héritage d’Athéna ou Les Racines grecques de l’Occident, Ploufragan, 
  • La Politique selon Aristote : leçon du passé pour le présent, Melz-sur-Seine, Nation et Humanisme, , 130 p.
  • La Transmission de la culture grecque aux Romains, Melz-sur-Seine, Nation et Humanisme, , 58 p. 
  • Notre héritage grec, le Rocher,  
  • Mitterrand, Le Pen : le piège : histoire d’une rencontre secrète, Le Rocher, , 285 p. 
  • Herbert Spencer, un évolutionniste contre l’étatisme, les belles lettres, , 320 p. 
  • L’Oligarchie au pouvoir, Economica , 144 p. 
  • La Démocratie directe : une chance pour la France, Economica, , 224 p. 
  • Les Faux prophètes : Voltaire, Rousseau, Marx et Freud, 220 p. 
  • L’Europe colonisée, Apopsix, , 310 p.
  • Nous les descendants d’Athénat. 2, Apopsix, , 382 p. 
  • Nous les descendants d’Athénat. 1, Apopsix, , 380 p. 
  • L’Homme défiguré, Apopsix, , 380 p. 
  • (ru) прямая демократия [« La Démocratie directe »], Moscou, Kmbook,‎ , 304 p. .
  • La Russie de Poutine , Paris, Bernard Giovanangeli, , 204 p. 
  • (ru) россиа путина [« Vladimir Poutine »], Moscou, Kmbook, 2016, 240 p.
  •  Le Terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire : suivi d’Un entretien de Roger Marion sur l’action contre-terroriste en France, Kaysersberg, Apopsix, , 246 p. 
  • L’Homme héroïque : un idéal pour notre survie (préf. Antoine Martinez), Kaysersberg, Apopsix, 2016, 286 p.
  • Patriotisme et résistance, Paris, Bernard Giovanangeli, , 200 p.

mercredi, 10 octobre 2018

Yvan Blot nous a quittés !

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Yvan Blot nous a quittés !

Nous venons d'apprendre avec grande tristesse le décès, en ce jour, d'Yvan Blot, jadis fondateur du Club de l'Horloge et ami de feu Jean van der Taelen (1917-1996). Ses écrits et ses conférences nous manqueront cruellement, ainsi que son réalisme aristotélicien. 

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mardi, 02 octobre 2018

Réfugiés, terreur et libéralisme institutionnel : comment l’Occident se suicide

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Réfugiés, terreur et libéralisme institutionnel : comment l’Occident se suicide

par Christopher Pisarenko

Ex: https://versouvaton.blogspot.com

Article original de Christopher Pisarenko, publié le 3 octobre 2017 sur le site Katehon
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Certes, des murs avec des barbelés de fortune ont déjà été érigés sur tout le vieux continent, comme si les Européens ne se souvenaient pas de l’échec total d’une barrière particulière tristement célèbre qui s’est effondrée il y a 26 ans (pour le meilleur ou pour le pire). Bien sûr, la grande différence ici, c’est qu’à l’époque – même dans la frénésie qui s’est développée parmi la foule des Allemands qui ont fini par réduire le mur de Berlin en poussière – il y avait encore deux sociétés ordonnées d’Allemands qui vivaient de chaque côté du mur depuis des décennies.
 
Aujourd’hui, cependant, aucune société ordonnée de ce genre n’existe plus derrière les clôtures de barbelés qui ont vu le jour dans toute l’Europe. Il n’y a que du désespoir et de la haine aux yeux de ceux qui se trouvent dans les camps – le résultat direct d’innombrables années de chauvinisme occidental militairement imposé à l’étranger et de libéralisme institutionnel en Occident même. Certes, le chauvinisme et l’agressivité de l’Occident à l’étranger (c’est-à-dire dans les pays non occidentaux) sont eux-mêmes le résultat direct du libéralisme institutionnel interne qui existe dans toutes les nations occidentales. Ce libéralisme institutionnel est exceptionnaliste ou suprémaciste de par sa nature même – et donc, en ce sens, il ressemble beaucoup au racisme institutionnel occidental. Un autre bon descriptif pour un système aussi fanatique serait le « totalitarisme libéral ». Il faut donc comprendre que les conditions misérables dans lesquelles se trouvent les réfugiés, ainsi que l’énorme crise démographique qui touche les pays européens, en moyenne, sont toutes deux directement liées au chauvinisme libéral institutionnel.

Aujourd’hui, une situation se développe à l’échelle du continent où les camps de réfugiés, comme ce qu’on appelle la « jungle » à Calais [en France, NdT], s’étendent rapidement au-delà de leur pleine capacité, débordant sur les zones voisines peuplées par des indigènes européens craintifs. C’est la recette d’une catastrophe créée délibérément par les gouvernements occidentaux eux-mêmes. Pour aggraver le problème, il existe un nombre croissant de collectivités locales en Allemagne – comme celles de Hambourg, Nieheim et Olpe (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et Braunsbedra (Saxe-Anhalt) – qui ont confisqué les biens des particuliers et expulsé des personnes de leur foyer pour y loger des réfugiés supplémentaires. En conséquence de ces politiques insensées, il semble y avoir une augmentation soudaine du soutien populaire à un certain nombre de partis d’extrême droite et d’extrême gauche à travers l’Europe. Et c’est en effet un résultat logique.

Cependant, ce qui est manifestement absent de la rhétorique politique incessante entourant la crise des réfugiés, c’est la reconnaissance du fait que le libéralisme institutionnel est la cause profonde du problème. De plus, le libéralisme institutionnel (tant au niveau national, qu’international) est la raison fondamentale pour laquelle l’ensemble du monde occidental semble destiné à l’autodestruction dans un avenir proche. À l’exception des paléo-conservateurs comme Pat Buchanan (aux États-Unis) – qui ont longtemps prédit la « mort imminente de l’Occident » si les politiques actuelles ne sont pas radicalement modifiées – et bien sûr aussi des partisans de la troisième position marginalisée qui, comme Oswald Spengler (1880-1936), parlent encore de « Déclin de l’Occident », il n’y a pas de factions politiques en Occident attirant l’attention sur les politiques chauvines libérales institutionnelles qui ont déjà ruiné des nations comme l’Irak, la Libye et la Syrie, et qui continuent pourtant à détruire les nations occidentales de l’intérieur, socialement, culturellement et économiquement.

Même les groupes néonazis ou fascistes marginaux (eux-mêmes, ironiquement, le produit idéologique du nationalisme libéral du XIXe siècle) – même eux ne portent pas le blâme de sa source. Au lieu de cela, ils ne font que produire ou perroquetter la même vieille rhétorique haineuse contre l’Islam dans son ensemble, ou contre les étrangers dans leur ensemble, ou contre tel ou tel homme politique occidental. Bien sûr, ces derniers (les politiciens) ne sont que de simples marionnettes des grandes institutions libérales transnationales qui ont leur origine aux États-Unis et en Europe occidentale. Ces institutions libérales comprennent, entre autres, les consortiums (p. ex. le Groupe Bilderberg) ; les sociétés de médias (p. ex. Rupert Murdoch’s News Corp.) ; les think tanks (p. ex. Council on Foreign Relations) ; les ONGs (p. ex. George Soros’s Open Society Foundations) ; Wall Street et la Réserve fédérale ; la franc-maçonnerie mondiale ; les multinationales de services énergétiques et pétroliers (ExxonMobil et Halliburton) ; les industries de l’armement (Lockheed Martin, par exemple), etc., etc. Toutes ces institutions économiques, culturelles, sociales, politiques et militaro-industrielles travaillent en synergie au sein de la grande matrice libérale pour produire des résultats mutuellement bénéfiques pour elles-mêmes, c’est-à-dire les élites atlantiques libérales et leurs laquais politiques. Le groupe Bilderberg est peut-être l’exemple le plus grand et le plus puissant d’une super-élite libérale, qui réunit en son sein tous les types d’institutions les plus influents parmi ceux mentionnés ci-dessus, donnant ainsi les meilleurs résultats. Néanmoins, toutes ces institutions – et les élites libérales qui les dirigent – l’emportent complètement sur l’influence dont on pourrait penser qu’un politicien ou un groupe de politiciens occidentaux serait théoriquement susceptible d’avoir, sans parler du « pouvoir » que les réfugiés totalement opprimés auraient (une revendication typique chez les fascistes).

Ne vous y trompez donc pas, c’est le libéralisme – le libéralisme institutionnel – qui est en fin de compte à l’origine des nombreuses erreurs de politique intérieure et étrangère de l’Occident. De la promotion fanatique du multiculturalisme et des normes sociales « politiquement correctes » connexes à la destruction génocidaire de pays comme le Vietnam et l’Irak, en passant par les bombardements aveugles d’autres pays comme la Serbie, la Libye et (jusqu’à l’arrivée de la Russie) la Syrie du président Assad.

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À ceux qui insistent sur le fait que seuls les éléments néoconservateurs de l’élite du pouvoir occidental sont responsables de tels actes, vous avez tort. Les principaux manipulateurs derrière Lyndon Johnson (le ravageur du Vietnam) étaient-ils des néoconservateurs ? Les principaux responsables derrière Bill Clinton (le bourreau de la Serbie) étaient-ils des néoconservateurs ? Et même si une minorité considérable de néoconservateurs travaillent au sein de l’administration actuelle, la majorité des élites tirent-elles les ficelles « néoconservatrices » d’Obama ? Non. Les présidents américains susmentionnés ont tous mené des politiques intérieures et étrangères d’origine spécifiquement libérale – tout cela au nom de l’élite libérale « les pouvoirs derrière le trône ». Seule une partie de ces politiques coïncide avec le néoconservatisme tel qu’il est compris dans sa forme la plus pure à travers les œuvres, les discours et les carrières politiques de personnalités néoconservatrices comme Irving et William Kristol, Nathan Glazer, Norman et John Podhoretz, Charles Krauthammer, David Frum, Paul Wolfowitz. Richard Perle, etc. Essentiellement, les néoconservateurs sont conservateurs, libéraux sur les questions de société et d’économie, fortement pro-Israël et « faucons » quand il s’agit d’affaires militaires et géopolitiques.

Ainsi, pour être honnête, le néoconservatisme n’est qu’une secte ou un microcosme modérément bien défini dans l’ensemble du macrocosme du libéralisme (la première théorie politique). En d’autres termes, le néoconservatisme n’est qu’une souche du virus libéral qui s’adapte sans cesse – une souche qui s’est développée il y a longtemps à partir de la forme la plus libérale du marxisme de gauche (trotskiste), (la seconde théorie politique). Afin de survivre à la guerre froide au sein des nations capitalistes, le virus a commencé à se propager de plus en plus à droite sur l’échiquier politique. Pour l’instant, il suffit de dire que le libéralisme (pris dans son ensemble) est la plus grande maladie à laquelle il faut faire face – il doit être attaqué, repoussé et vaincu sur tous les fronts précisément parce que le libéralisme lui-même attaque sur tous les fronts (ethnique, culturel, politique, social, économique, etc) et par tous les moyens possibles. Lorsque le libéralisme sera finalement détruit, le néoconservatisme sera également anéanti, de même qu’une foule d’autres troubles d’origine libérale. Certes, le libéralisme est l’idéologie principale (ou stimulus radical) responsable de la propagation du terrorisme aux quatre coins du monde.

Et si nous voulons nous pencher sur le problème actuel du terrorisme, nous devons le faire de manière critique. En effet, nous devons traiter la grave maladie du terrorisme de la même manière qu’un médecin traiterait un patient gravement malade. Si nous faisons cela, nous devons alors reconnaître certains faits – en particulier à la suite de l’écrasement du vol Metrojet 9268 au-dessus du Sinaï et des récentes attaques à Beyrouth et à Paris. Plus précisément, nous devons reconnaître que le chaos actuel au Moyen-Orient et la montée de État islamique sont le résultat direct de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 et, plus récemment, du soutien français et anglo-américain apporté aux « rebelles modérés » en Syrie. Nous devons également reconnaître que l’attaque de l’OTAN contre la Libye en 2011 a fait de ce pays un véritable repaire des activités d’État islamique (ISIS).

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La France, en particulier, est en guerre contre la Syrie (c’est-à-dire le gouvernement Assad) depuis un certain temps. Rappelons qu’en plus de toutes les armes et fonds que le gouvernement français a fournis aux groupes terroristes devenus ISIS/ISIL (en violation flagrante du droit international), la France est aussi la seule nation occidentale à avoir cessé officiellement sa reconnaissance du gouvernement Assad – un gouvernement qui est justement le gouvernement légitime reconnu par l’ONU en Syrie. Le gouvernement français a choisi, pour des raisons de propagande, de reconnaître plutôt un conseil de l’opposition totalement absurde (sinon fictif). Ainsi, depuis quelques années, on a laissé se développer une situation où la République française, institutionnellement libérale, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour délégitimer Assad et, en même temps, aider à la création par les États-Unis de l’actuel « ennemi islamiste », un faux drapeau, qui s’est maintenant libéré sur le sol français. On pourrait donc dire que le gouvernement français, en tant qu’incarnation de la politique libérale occidentale, se tranche finalement lui-même la gorge – tout comme l’Occident au sens large fait de même.

Il convient également de souligner qu’au cours des deux derniers mois, la France a non seulement lutté contre le gouvernement légitime de la Syrie, mais qu’elle a été de facto en guerre avec la Fédération de Russie, qui (aux côtés de l’Iran, de l’Irak et du Hezbollah) a mené la véritable guerre contre le terrorisme jihadiste salafiste ou ce que l’on peut justement considérer comme le grand « Frankenstein » occidental, le symbole de la quintessence de la décadence occidentale. Ainsi, dans un sens, la France, dans son opposition à la Russie (du moins avant les attentats de Paris), est comparable à une patiente hospitalisée mourante qui se bat contre son médecin – un médecin qui a le remède à sa propre maladie auto-infligée. Il s’agit d’un remède qui ne tient pas compte de la dépendance persistante de la France à l’égard de l’Arabie saoudite et des pays du Golfe, qui échangent des armes contre du pétrole. Espérons que le lecteur comprendra déjà que lorsqu’il s’agit d’islamisme, de wahhabisme ou de jihadisme salafiste (quelle que soit l’interprétation extrémiste de l’islam sunnite), toutes les voies mènent au régime saoudien. En effet, les Saoudiens sont responsables à 100 % du financement des mosquées les plus radicales dans le monde.

Cela nous amène directement à un autre point : pour combattre et vaincre efficacement le terrorisme (tant au pays qu’à l’étranger), il est absolument nécessaire que les gouvernements occidentaux combattent et éradiquent d’abord leur propre libéralisme « national ». Par exemple, ceux qui ont commis les attentats du 13 novembre étaient eux-mêmes de Paris et de Bruxelles – ils ont eux-mêmes bénéficié de leurs propres sociétés libérales nationales. À peine symboles d’un islam respectable, ce sont plutôt des symboles (et symptômes) paradigmatiques de la grotesque civilisation postmoderne dans laquelle ils ont grandi. De même, les djihadistes étrangers (non occidentaux) ne doivent pas être considérés comme des représentants de l’islam dans le monde musulman, mais comme de simples symptômes de la politique étrangère occidentale – en fait, ils sont le prolongement de la politique étrangère occidentale.

La crise actuelle des réfugiés en Europe n’a fait qu’attiser les flammes du recrutement pour des activités terroristes dans le monde entier. Il n’est pas nécessaire d’être un « scientifique dans le domaine spatial » pour comprendre qu’il s’agit d’une crise auto-infligée créée par la bête occidentale libérale elle-même. C’est ainsi que les deux problèmes existentiels les plus urgents pour l’Europe ont convergé : le terrorisme et les migrations de masse. Bien sûr, la France, en particulier, reste une cible extrêmement vulnérable pour tout type de terrorisme futur qui pourrait potentiellement se camoufler dans les rangs des réfugiés. Il y a un certain nombre de raisons très évidentes à cela, parmi lesquelles la politique d’ouverture des frontières menée de longue date par la France, sa société fondamentalement ouverte et cosmopolite, et bien sûr le grand nombre de ses citoyens et résidents nés à l’étranger qui sont des adeptes du salafisme.

Sur ce dernier point, il faut savoir que le très respecté institut de sondage ICM a réalisé un sondage en 2014 qui a révélé que jusqu’à 15 % de la population française totale soutient ISIS, et que chez les 18-24 ans, ce chiffre atteint des pics d’environ 25 %. Dire que ces conclusions scientifiques et impartiales sont alarmantes est certainement un euphémisme. Mais ils sont tout à fait crédibles si l’on tient compte du fait que, sur le plan intérieur, les médias français ont constamment diabolisé Bachar al-Assad pendant des années. Dans le même temps, les médias français ont glorifié tous les opposants d’Assad, qu’il s’agisse des islamistes ou des soi-disant « modérés » (qui n’existent pas). Il est donc tout à fait compréhensible que tant de jeunes impressionnables soient attirés par le message des djihadistes radicaux. Par extension, il est aussi facile de comprendre pourquoi toute la classe politique française, à l’exception du Front national, s’accroche encore à la croyance irrationnelle que le principal ennemi de la politique française est la droite nationaliste.

En conclusion, les récents attentats de Paris et la crise des réfugiés qui se poursuit dans toute l’Europe ne sont rien d’autre que des retombées karmiques pour toutes les politiques étrangères et intérieures totalement libérales que les gouvernements français et d’autres pays occidentaux encouragent depuis des générations. Pour résoudre le problème des réfugiés, il faut mettre fin au terrorisme au pays et à l’étranger. Et mettre fin au terrorisme signifie que les Français et les Occidentaux doivent commencer immédiatement à réévaluer le libéralisme institutionnel qui domine leur vie et celle des autres dans le monde (d’où le mondialisme). En d’autres termes, ils doivent au moins commencer à étudier toutes les ramifications négatives du libéralisme institutionnel aux niveaux local, national et international.

La France et les autres pays occidentaux qui ont créé ISIS/ISIL et qui ont été responsables du déclenchement (puis de l’attisement) de la guerre civile en Syrie doivent alors avaler leur fierté mal placée et renverser complètement la vapeur – ils doivent faire un virage complet à 180 degrés moralement et politiquement, puis peut-être culturellement, socialement et économiquement aussi. Ils doivent soit soutenir la coalition internationale de la Russie contre le terrorisme, soit s’y joindre. Tout ce qui est en deçà de ce changement tant nécessaire dans la vision du monde que dans les politiques entraînera certainement la MORT irréversible de l’Occident dans un avenir pas trop lointain.

Mais l’Occident pourra-t-il avaler sa fierté narcissique ? Telle est la question.

lundi, 01 octobre 2018

Guerre civile et immigration

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Guerre civile et immigration

par André WAROCH

À l’issue des émeutes de 2005, qui firent quatre morts, plus de cinquante blessés parmi les forces de l’ordre, donnèrent lieu à près de trois mille interpellations, occasionnèrent la destruction de 9 000 voitures, et virent l’état d’urgence proclamé en France pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, Dominique Venner eut ces mots glaçants : « Nous vivons le début de quelque chose que nous ne connaissons pas, qui n’a pas de précédent sous cette forme. »

Mais les émeutes de 2005 ne sont elles-mêmes qu’une des étapes d’un processus enclenché dans les années 1970. Ces quarante dernières années sont, en effet, l’histoire d’une longue chute dans l’abîme. Le seul écrivain français à avoir tenté de raconter cette histoire sous une forme romancée fut Michel Houellebecq qui tenta ainsi de poser la question centrale, qui est, selon Philippe Muray, celle de la littérature, à savoir : que se passe-t-il ?

Ce qui se passe en France depuis ces quatre dernières décennies, ce qui se joue, est justement la question interdite par excellence. Un déluge de mensonges s’est abattu sur le pays et ses habitants, victimes de ce que Renaud Camus a appelé le « Grand Remplacement », et qu’Éric Zemmour et Valéry Giscard d’Estaing (pourtant lui-même responsable de la mise en place du regroupement familial en 1976) ont qualifié du terme plus prosaïque d’« invasion », terme d’ailleurs lui aussi assez mensonger, puisque renvoyant en premier lieu aux invasions germaniques ayant détruit l’Empire romain d’Occident, c’est-à-dire un événement opposant des soldats à d’autres soldats, l’installation massive des Wisigoths et autres Alamans en Gaule n’étant que la conséquence logique de leur victoire militaire.

Une occupation douce

Rien de tel dans le cas qui nous occupe. Les nouveaux Barbares ne sont venus ni avec des tanks, ni avec des lance-roquettes, ni même avec des fusils, mais dans le plus complet désordre, et les mains nues. Et il ne manque pas de voix médiatiques pour nous expliquer que tout cela « est inéluctable », « qu’on ne peut pas lutter » contre cet afflux de « réfugiés ». Il n’aura pourtant fallu qu’un peu plus d’un mois à la petite Hongrie de Viktor Orban, menacée par ce même afflux de « réfugiés », pour régler le problème, en installant tout simplement une barrière de barbelés tout le long de son flanc Sud. Dorénavant, ne pénètrent en Hongrie que ceux qui y ont été autorisés par un gouvernement national élu démocratiquement. Ce qui est apparemment le pire cauchemar pour les élites politico-médiatiques au pouvoir à l’Ouest.

L’installation des nouveaux Barbares est donc voulue, organisée et planifiée par le pouvoir lui-même, qui agit de ce fait sciemment, et ce depuis plusieurs décennies, contre la population autochtone. Pourtant, la guerre civile qu’on annonce à présent pour demain, et qu’on annonçait déjà hier pour maintenant, n’a toujours pas eu lieu. Cette guerre, qui devait opposer, soit l’État français à des forces islamo-africaines plus ou moins structurées, soit des autochtones constituées en milices à ces mêmes forces étrangères, est restée dans les cartons des intellectuels d’« extrême-droite » ou autres harangueurs « populistes ». Le problème qui se pose pour le premier cas, c’est qu’il impliquerait un système politico-médiatico-judiciaire poussé dans ses derniers retranchements, débordé par ceux dont il a voulu à toutes forces l’installation massive sur son territoire. En réalité, le Système n’est pas du tout débordé, et ne semble pas en passe de l’être dans un avenir proche, par une certaine racaille. Comme pour l’immigration, la situation est en fait sous contrôle, et tout ce qui se passe, se déroule parce que les dirigeants l’ont voulu ainsi. Le second cas, c’est-à-dire l’affrontement entre autochtones et populations immigrées, n’a pas eu lieu non plus. Il semble au contraire n’en avoir jamais été plus éloigné. Il n’y pour ainsi dire aucune réaction – à part la fuite – des Français face à ce phénomène gravissime qui les dépossède, peu à peu, de la terre qui était la leur depuis la plus haute Antiquité.

L’insurrection que le pouvoir redoute par-dessus tout n’est ni celle des enfants de l’immigration, agitation violente, désordonnée et bestiale, qu’ils pourraient en réalité mater très rapidement, par l’action de la police et de la justice (comme au Maghreb, par la bastonnade suivie de détentions de masse), ni celle des « identitaires » qui décideraient de prendre les armes contre les Noirs et les Arabes, mais celle qui pourrait advenir le jour où les autochtones européens dans leur ensemble prendront subitement conscience de la manipulation dont ils ont été les victimes.

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Ils comprendront ce jour-là que ce n’est pas par incompétence que les différents gouvernements agissent contre leurs intérêts, mais parce qu’ils servent d’autres intérêts. Car les exactions commises par les racailles allogènes (qui ne relèvent nullement de la « délinquance » mais du terrorisme, tel que défini par le Larousse : « Ensemble d’actes de violence commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système »), résultat de leur totale inaptitude au « vivre-ensemble » (expression qui désigne l’état qui pourrait être celui de la société française s’il n’y avait pas eu cette immigration qui transforme la France en un immense dépotoir où règne la loi de la jungle), leur violence, la haine qu’ils éprouvent et pratiquent à l’égard du peuple français, ont fait oublier à tout le monde que cette haine est d’abord celle qu’ont les auteurs de cette immigration à l’égard des indigènes d’Europe, qu’ils ont tout simplement livrés aux Barbares.

Nous vivons l’aboutissement logique de la sécession des élites décrite par Christopher Lasch, processus de séparation physique, culturel et anthropologique, qui aboutit, à la fin, à la liquidation physique des peuples occidentaux.

Les manigances de la Caste

La haine des élites françaises à l’égard de leur propre peuple est facilement démontrable : il suffit de constater quels immigrés sont le plus défendus par les médias, et lesquels ne récoltent que de l’indifférence. Chacun a pu entendre, par exemple, ces dernières années, qu’il n’y avait pas assez de Noirs et d’Arabes à la télévision (on confia le journal de TF1 à Harry Roselmack en 2006 pour cette raison, à la suite justement des émeutes de 2005, dont le caractère racial fut donc à cette occasion avoué et assumé par le Régime). J’en ai pour ma part vu un certain nombre. Je ne sais pas combien il en faudrait encore pour que nos petits maîtres soient satisfaits. Certes, ont-ils employé le terme plus hypocrite de « minorités », mais tout le monde comprend ce qu’ils veulent dire. En effet, même depuis cette campagne d’intimidation, je n’ai jamais vu un Asiatique présenter ou animer quoique ce soit : ni le journal de 20 h 00, ni celui de 13 h 00, ni celui de la Nuit, pas un talk-show ou un jeu. Même pas la météo ! Vous pouvez chercher. Allez-y, cherchez-bien. Il n’y en a pas un seul. Qui a protesté ? Et surtout, quel est le crime dont s’est rendue coupable la communauté asiatique pour ne pas avoir droit à la bruyante commisération de nos petits marquis ?

C’est très simple. Ses membres ne s’en prennent pas aux Français. Pas un viol, pas une agression, pas une voiture brûlée. Si problèmes il y a (escroquerie, travail au noir, trafic de contrefaçons), ils relèvent uniquement de la délinquance crapuleuse, c’est-à-dire froide, et lié à l’intérêt économique personnel, alors que les autres se rendent coupables d’innombrables crimes motivés uniquement par la haine. Ce sont donc les communautés les plus violentes, les plus asociales, les plus anti-françaises, les plus anti-blanches, qui sont le plus protégées et favorisés par la caste politico-médiatico-judiciaire.

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À l’heure où j’écris ces lignes, il y a quasiment un égorgement par jour en France, traduit systématiquement, en langage médiatique, par « poignardé à la gorge ». La raison de ce travestissement est très simple : il faut cacher le fait que ce type de meurtre, qui vise très majoritairement des Européens de souche, est exclusivement commis par des Arabo-musulmans. Il s’agit donc de crimes motivés par la haine raciale. Plus les crimes de haine à l’encontre des Français augmentent, plus les effectifs de police se réduisent, et plus le laxisme judiciaire devient la règle. Les courbes qui se croisent illustrent parfaitement cette fameuse phrase de Guillaume Faye : « Ce n’est pas un complot, c’est pire, c’est une logique. »

Ainsi, le racisme anti-blanc, ou racisme anti-français, devient l’idéologie officieuse, ou plutôt, officieusement officielle de la République française. Il faut dire aussi un mot du « féminisme », même si certains naïfs peuvent encore croire que c’est un autre sujet. Derrière ce terme, il n’y a plus, en réalité, qu’une accusation portée sur un individu bien particulier, soupçonné d’être un prédateur en puissance qu’il faudrait castrer au moins symboliquement : l’homme blanc occidental. Alors que celui-ci est censé être dorénavant doux comme l’agneau qui vient de naître, surveillé par les ligues de vertu, les « réfugiés du Sud », eux, ont tous les droits à l’égard des femmes, puisque les dénoncer reviendrait à être « raciste ».

Le rôle des féministes officiels et médiatiques n’est donc en aucun cas de promouvoir les intérêts de la femme, mais de désarmer l’homme blanc (y compris le policier, qui voit la moindre « bavure » impitoyablement sanctionnée) de détruire sa virilité, c’est-à-dire son potentiel de violence, y compris celle qu’il pourrait utiliser pour protéger sa femme des agissements des allogènes. Celle-ci devient donc la proie des harceleurs et autres violeurs surgis du Sud, sans plus personne pour la défendre. Le « féminisme » n’est qu’un des masques du Grand Remplacement.

La révolte gronde…

Toute révolution paraît improbable. La majorité des Français semblent résignés. Le pays s’enfonce toujours plus profond dans l’abîme, et rien ne semble pouvoir freiner cette descente aux enfers.

Installés aux portes de Paris par millions, et avec leurs familles, éduqués dans la haine du peuple qui les accueille, ces « Sudistes » ne doivent pas provoquer la guerre civile, mais, au contraire, l’empêcher. Empêcher que les Français du bas, maintenant exilés dans le péri-urbain et les périphéries, montent à l’assaut de ceux du haut, solidement barricadés dans leurs quartiers, protégés par un cordon de banlieues tiers-mondisées.

Si l’on s’en tient au paradigme démocratique franco-français (c’est-à-dire aux limites qu’ont définies pour nous nos élites), qui se résume à un peuple lobotomisé, à une caste dirigeante toute-puissante et à des minorités haineuses dont ils se servent, la situation est sans issue. On a voulu de toute force nous convaincre que l’avenir ne pouvait résider que dans la mondialisation, l’immigration, la libre-circulation sans limites des biens et des personnes, l’internationalisation définitive, et que nous n’étions que des résidus de l’histoire vaincue. L’histoire mondiale des dix dernières années nous enseigne pourtant tout le contraire. Aux États-Unis, en Russie, en Italie, en Europe centrale, existent maintenant des forces considérables, arrivées au pouvoir par la voie des urnes, déterminées à abattre cette idéologie et ceux qui la soutiennent.

La mondialisation, qui a vaincu et marginalisé les peuples européens sur leur propre sol, peut être demain l’instrument de leur victoire. L’inquiétude qui perce dans les cercles médiatico-politiques concernant la vague « populiste » à travers le Vieux Continent n’est pas qu’idéologique, elle commence à être aussi purement et simplement physique. La Russie nationaliste, en annexant la Crimée et en entretenant une rébellion séparatiste dans l’Est de l’Ukraine, s’est de nouveau avancée vers l’Ouest. Un jour peut-être, les responsables occidentaux de l’immigration passeront-ils devant un autre tribunal de Nuremberg.

André Waroch

lundi, 24 septembre 2018

Michel Jobert

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Michel Jobert

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Qui se souvient encore de Michel Jobert qui se présentait comme « un phénomène insolite dans la vie politique française » ? Né à Meknès au Maroc le 11 septembre 1921 et mort à Paris le 25 mai 2002, combattant dans l’Armée d’Afrique en 1944 – 1945, cet énarque de la promotion « Croix de Lorraine » 1947 – 1948 intègre la Cour des Comptes, puis participe à différents cabinets ministériels parmi lesquels ceux de Pierre Mendès France en 1954 et de Georges Pompidou de 1966 à 1968. Georges Pompidou le nomme ensuite Secrétaire général de la présidence de la République en 1969. En 1973, il devient ministre des Affaires étrangères. En une année, il réaffirme la politique d’indépendance de la France, conteste la double domination planétaire des États-Unis et de l’URSS, tient tête à Henry Kissinger, refuse que le lien transatlantique entérine la soumission des Européens aux volontés de Washington, soutient la cause palestinienne et encourage le dialogue euro-arabe.

Partisan de Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle anticipée de 1974, il entre aussitôt dans l’opposition à Valéry Giscard d’Estaing et fonde le Mouvement des Démocrates qu’il situe « ailleurs », au-delà de la gauche et de la droite. Ne pouvant pas réunir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle de 1981, il se rapproche de François Mitterrand qui le nomme ministre d’État, ministre du Commerce extérieur. Ne disposant d’un cabinet opérationnel que bien longtemps après son entrée en fonction, Michel Jobert tente alors une politique commerciale néo-colbertiste sabotée par les manœuvres de l’Élysée. Constatant finalement qu’« il occupait un poste mal défini, qui n’avait jamais répondu aux nécessités de l’heure », il démissionne en 1983 et poursuit un engagement politique fort loin des modes médiatiques. Ainsi n’hésite-t-il pas à condamner l’intervention occidentale au moment de la Deuxième Guerre du Golfe en 1990 – 1991.

jobertmémoire.jpgLors du référendum de Maastricht de 1992, il appelle à un « oui » critique au nom de l’intérêt de l’Europe, car Michel Jobert est très européen. « L’Europe, si elle nous tient à cœur, n’aura de visage, d’identité, que si elle est capable d’assurer elle-même sa sécurité, au lieu de faire semblant de ne pas voir que, au-dessus d’elle, le parapluie nucléaire américain est troué depuis des années et que les États-Unis se replient d’Europe, à l’évidence (dans L’aveuglement du monde occidental. Chroniques de politique internationale 1993 – 1996, Albin Michel, 1997, p. 334). » Parfois désabusé, il estime par exemple que « la fameuse trilogie – monnaie unique, politique étrangère commune, défense commune – est, malgré les étapes et les dates fixées dans l’accord de Maastricht, du domaine de l’imaginaire ou de l’approximation (op. cit., p. 25) ».

En 1984, il publie Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe avec le centre d’études du Mouvement des Démocrates (Ramsay). Il y avance déjà que « le paradoxe éclatant et pitoyable de l’Europe tient justement dans le contraste entre sa force économique et son inexistence politique. Toutes ces richesses et toutes ces capacités réunies ne sauraient garantir l’existence d’une communauté de destins, sans la détermination d’exister, réaffirmée jour après jour. En un mot, il ne saurait y avoir de Communauté européenne sans volonté de l’Europe (op. cit., p. 10) ».

Réaliste, Michel Jobert propose dans cet ouvrage une monnaie européenne de réserve autonome, une banque centrale européenne et une union monétaire. Il précise en outre « qu’il n’est pas de partisan sincère d’une Europe indépendante qui ne mette, comme condition indispensable à son existence, la réalisation prioritaire d’une politique de défense (op. cit., p. 148) ». Cela implique la formation au-dessus des États-membres d’une Confédération européenne avec un gouvernement désigné par le Conseil européen et qui s’occuperait d’environnement, de culture, de consommation, de famille, de monnaie et de défense. Cet exécutif confédéral serait contrôlé par un Sénat des États et responsable devant l’Assemblée des peuple d’Europe.

Michel Jobert le devinait. Tôt ou tard, « l’Europe entrera dans une zone grise, où il lui manquera l’essentiel : la volonté politique des États d’agir ensemble pour occuper une place sur un échiquier mondial en mutation (L’aveuglement…, op. cit., p. 45) ». Il savait fort bien que « la vocation de la France européenne n’est pas de s’aligner sur “ un consensus mou ” mais de faire fructifier le patrimoine commun des nations européennes, en valorisant d’abord le sien (op. cit., p. 243) ». Il était clair que pour Michel Jobert, « l’Europe sortira de la décadence ou du non-être si elle sait affirmer sa détermination, ses analyses et ses choix pour les imposer, à elle-même d’abord (Vive l’Europe…, p. 61) ».

Il annonçait enfin, visionnaire : « Mais comment ne pas sentir que dans l’Europe, alors que l’Italie, la Yougoslavie et l’Espagne hésitent devant leur destin, la France peut être une inspiratrice et un modèle ? Et qu’elle ne trouvera les recettes d’avenir que dans la participation de tous à cette recherche ? Oui, nous avons la liberté collective de définir et de bâtir notre vie. Les techniciens du pouvoir et leurs commissions n’y suffiront pas. La France est encore un pays colonial; elle a encore sa libération à faire (Mémoires d’avenir, Grasset, 1974, p. 16). » Michel Jobert savait que l’Europe ne sera indépendante qu’avec la fin de la présence délétère étatsunienne.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 19, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 11 septembre 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

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mardi, 18 septembre 2018

Une biographie de Bernanos

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Une biographie de Bernanos

par Georges FELTIN-TRACOL

Simone Weil, George Orwell et Georges Bernanos font partie des références incontournables d’une certaine droite réfractaire aux slogans libéraux et économicistes. Compatriote forézien originaire de l’industrieuse vallée de l’Ondaine aux portes du Velay, Thomas Renaud vient d’écrire une agréable biographie sur l’auteur de Monsieur Ouine dans la collection « Qui suis- je ? ». Depuis plusieurs années, les livres ne cessent de se multiplier sur le natif au 26, rue Joubert à Paris. Si l’ouvrage de Thomas Renaud ne vise pas à l’exhaustivité, il apporte un éclairage raisonné sur une grande figure spirituelle, littéraire et culturelle !

Contre l’hémiplégie politique

qui-suis-je-jean-bernanos-zkrmn4.jpgSoixante-dix ans après sa mort, Georges Bernanos fait toujours l’objet d’interprétations intéressées. Certaines se focalisent sur le romancier et ignorent l’essayiste et le polémiste. D’autres, au contraire, valorisent le pamphlétaire et écartent son œuvre romanesque. Thomas Renaud a le mérite de montrer que ces deux facettes forment un seul ensemble de manière irrécupérable. « Complexe et torturé, dans la mesure où il n’a jamais voulu faire taire les appels de son âme, Bernanos a porté avec lui les violents paradoxes de la nature humaine, sans que ne soient jamais trahies ses plus profondes convictions. Catholique, royaliste, anti-démocrate, anti-clérical et anti-moderne, ennemi des bourgeois et partisan des petits jusqu’à la mauvaise foi, il demeura tout cela à la fois, depuis son adolescence jusqu’à son dernier souffle. D’un côté, les “ droitards ” se fourvoient en dénonçant en lui un traître passé à gauche, de l’autre, certains néo-bernanosiens se trompent également en occultant l’admiratif disciple de Drumont, le militant de rue de l’Action française, le solide soldat des tranchées et le chrétien intégral (p. 114). »

C’est fort bien vu à un moment où certaines feuilles de choux mensuelles richement illustrées et intellectuellement vides – pensons à L’Imbécile – le revendiquent avec excès. Militant royaliste intégral, Bernanos a toujours eu la fibre sociale, d’où son engagement au Cercle Proudhon avant la Grande Guerre. Aujourd’hui – et sans faire parler les morts à la façon bolchevique -, le jeune Bernanos aurait probablement milité au Bastion social si injustement décrié par quelques petits bourges néo-conservateurs. Son œuvre se comprend à l’aune de sa détestation de l’injustice. C’est contre l’injustice grasse faite à la mémoire de l’auteur de La France juive qu’il rédige ce remarquable ouvrage, La Grande Peur des bien-pensants. C’est contre un monde tragique qu’il publie Sous le Soleil de Satan et Nouvelle histoire de Mouchette. C’est contre une répression qu’il estime inique de la part des nouveaux croisés de libération nationale qu’il s’indigne dans Les Grands Cimetières sous la lune. C’est contre une « étrange défaite » (Marc Bloch) en 1940 que depuis son exil brésilien, il se rallie à un général de brigade à titre temporaire qui sait s’exprimer à la radio, devenant ainsi le premier écrivain de la France libre. C’est contre une Technique devenue folle et meurtrière au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qu’il sort La France contre les robots. Qui aurait de nos jours l’audace de signer une France contre Facebook, Apple, Google et Amazon ?

Les colères d’un chrétien intégral

Au moment des Grands Cimetières sous la lune, des critiques ont cru que Georges Bernanos allait prendre la voie royale vers les notables et, pourquoi pas ?, l’Académie française. Ils se trompaient complètement. En effet, Georges Bernanos n’a jamais plongé dans l’eau tiède de la gloriole médiatique de son temps. Plus que Français du XXe siècle, Bernanos se sentait Chrétien surgi du « beau Moyen Âge », de ce siècle des cathédrales gothiques et du souverain sacré de Justice sous son chêne, Louis le Neuvième. Au soir de sa vie, il écrit Le Dialogue des carmélites au ton plus que contre-révolutionnaire, franchement réactionnaire et anti-révolutionnaire. Thomas Renaud rappelle que ce texte fut à maintes reprises adapté au théâtre, mais c’est en 1952, « la création de Tassencourt [qui] remporta les suffrages quasi unanimes de la critique (p. 109) ». Marcelle Tassencourt, l’épouse et l’égérie de Thierry Maulnier dont le cheminement intellectuel prit une direction assez parallèle à celui de Bernanos…

bernanos4.jpgDu fait des impératifs du volume, l’auteur s’intéresse à la vie de Georges Bernanos, quitte à reléguer au second plan sa vision politique. Elle demeure cependant bien présente pour expliquer les prises de position virulentes d’un fervent chrétien inquiet de l’avenir de la foi et des fidèles. Attention au contre-sens ! Bernanos se moque du sort des États modernes. Ce catholique a compris que la modernité est en perdition, elle est la perdition et correspond à la Chute de l’Homme adamique. D’où la démarche de son biographe. « Il nous semblait préférable de présenter aux lecteurs qui le connaissaient mal un Bernanos vivant, sans l’habituelle hémiplégie intellectuelle des lecteurs “ de droite ” et “ de gauche ”. Sébastien Lapaque a fait beaucoup pour rendre ce Bernanos “ en bloc ” que trop de critiques avaient divisé. Cette petite biographie doit ouvrir largement sur l’œuvre et permettre une belle amitié avec un auteur particulièrement attachant, qui n’a jamais souhaité jouer la comédie (1). »

Thomas Renaud insiste néanmoins sur la genèse méconnue de La Grande Peur des bien-pensants. « Le choix du titre sera l’occasion de combats homériques entre l’auteur et les lecteurs de la maison. “ Un témoin de la race ” ? Refusé. “ Au bord des prochains charniers ” ? Refusé. “ Démission de la France ” ? Encore refusé. Dans une dernière tentative, Bernanos propose “ La Grande Peur des bien-pensants ”. Il tient également à ce que le nom d’Édouard Drumont apparaisse en sous-titre. L’éditeur acquiesce à sa première demande et repousse la seconde (p. 65). » Quel vertige si l’un de ces premiers titres avait été adopté !

Résistance manquée à la Modernité

L’auteur aurait pu mieux confronter Georges Bernanos à Ernst Jünger qui, par bien des aspects, peut être vu comme le premier des bernanosiens, lui, le porteur de la décoration « Pour le Mérite » qui se convertit au catholicisme romain en espérant que l’Église catholique contiendrait le déploiement de la Modernité. Ne soyons toutefois pas sévère d’autant que cela pourrait servir de trame à un prochain essai… « Espérons, craint-il, ne pas avoir rejoint, par ces quelques pages, la cohorte des imbéciles (p. 113). » Qu’il soit rassuré ! Cette cohorte ne l’a pas rencontré.

« Au soir de sa vie, prévient encore Thomas Renaud, Bernanos affirmait ne plus écrire pour ses contemporains, mais pour leurs arrière-petits-fils (p. 9). » Voulait-il vraiment avoir des disciples ? « Son œuvre nous ferait volontiers répondre par la négative. Du moins si l’on entend par là qu’il souhaitait “ faire école ”, répond-il encore. L’échec supposé de l’école maurrassienne – solide école de pensée, mais finalement d’inaction – avait probablement défavorablement marqué l’ancien Camelot du roi. Cela n’a pas empêché l’écrivain d’avouer écrire pour les générations futures qui, elles, seraient à même de comprendre ses cris et répondre à ses appels (2). » L’auteur des Enfants humiliés ne savait pas que le monde archi-moderne bouleverserait jusqu’au tréfond de l’âme humaine, y compris au sein de sa propre famille. Il y a une quinzaine d’années, une université d’été du FNJ s’était placé sous son patronage. Largement versée dans le cosmopolitisme, l’anti-fascisme de pacotille et la « grillade » urbaine de voitures de police républicaine (vieux reliquat de l’anti-républicanisme de l’auguste aïeul ?), les héritiers de l’écrivain s’élevèrent contre cette « atteinte à sa mémoire ». Pour paraphraser Philippe de Villiers qui parlait de la descendance de Charles de Gaulle, « Georges Bernanos était un chêne, ses petits-enfants sont des glands ». Bernanos n’a pas empêché la reddition totale de la France.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Thomas Renaud, « Bernanos, ou l’homme face au salut » (entretien avec Anne Le Pape), dans Présent du 11 août 2018.

2 : Idem.

• Thomas Renaud, Georges Bernanos, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2018, 128 p., 12 €.

lundi, 10 septembre 2018

Quelles sont les maladies médiévales et exotiques qui font leur retour en France ?

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Quelles sont les maladies médiévales et exotiques qui font leur retour en France ?

Ex: https://www.maxisciences.com

Choléra, tuberculose, gale, rougeole… Des noms d’épidémies et de pathologies qu’on ne pensait lire que dans des romans médiévaux ou des livres d’histoire font leur triste réapparition dans les cabinets médicaux. Aucun continent ne semble épargné. Maxisciences fait le point.

En juin dernier, on annonçait plusieurs cas de polio  au Venezuela. Une pathologie pourtant éradiquée il y a 30 ans. Cet été, c’est la rougeole qui a fait un come-back fracassant avec une épidémie record en France et en Europe alors qu’il existe un vaccin efficace. On fait l’inventaire.  

Inquiétant Retour vers le Futur de maladies anciennes

-  La gale : même si le scarpote, l’acarien responsable de cette maladie qui démange, a toujours été présent dans l’environnement, on n’en avait pas entendu parler depuis longtemps. Pourtant depuis 2002 et d’après le Haut Conseil pour la Santé publique, une augmentation de 10% de cas de gale a été notée.

Sa transmission se déroule généralement dans les collectivités (écoles, maisons de retraite, établissements de santé…). Le diagnostic étant souvent long à établir _d’autant que la gale longtemps oubliée ne fait pas forcément partie des premières maladies auxquelles on pense _les mesures d’éviction tardent ainsi que le traitement de l’entourage et la désinfection du linge et des objets contaminés. Ces retards de réactions idoines qui expliquent cette propagation, comme le rappelle Sud Ouest

- Le scorbut. Même la maladie des marins a fait son retour cette année ! Alors qu’on pensait ce terme réservé aux histoires de corsaires du XVIIIe siècle, il faut désormais s’y faire : le scorbut est de retour.

Cette carence en vitamine C qui provoque des saignements des gencives, la décomposition des dents, une perte de cheveux et une fatigue intense est la triste conséquence d’une pauvreté qui s’accroit dans le monde occidental.

N’ayant pas les moyens de se nourrir correctement, les moins nantis se rabattent sur la malbouffe qui paraît rassasiante au départ mais qui est dénuée des nutriments essentiels au bon fonctionnement de l’organisme. 

- La rougeole. Rien que ces 9 premiers mois, cette infection virale a déjà touché 41.000 personnes (adultes et enfants) en Europe dont 2.741 en France. Des chiffres inquiétants d’autant plus que l’épidémie pourrait être contenue grâce à un vaccin efficace et très sûr.Regroupé sous l’acronyme vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole), il est d’ailleurs obligatoire en France depuis le 1er janvier 2018. Il nécessite l'injection de deux doses, la première à l'âge de 12 mois et la seconde entre 16 et 18 mois. Seulement voilà, toutes les personnes à risques ne se font pas vacciner ou ne font pas le rappel indispensable à son efficience. Face à cette épidémie record, l’OMS a lancé, la semaine dernière, une grande campagne de sensibilisation.  

- La tuberculose. Considérée comme la « maladie romantique du XIXème siècle » elle fait sa réapparition dans le monde et sur notre territoire, notamment à Mayotte, en Guyane et aussi en Ile-de-France. Selon l’OMS, cette pathologie infectieuse a devancé le SIDA parmi les maladies infectieuses les plus meurtrières et se classe désormais comme la9e cause de mortalitéde notre planète.  Il existe pourtant un vaccin et un traitement adaptés mais les populations les plus défavorisées et isolées n’y ont pas forcément accès.

- Le choléra : Une soixantaine de cas avérés et déjà 2 décès. L’Algérie est touchée par une épidémie de choléra dont le foyer serait une source d’eau naturelle contaminée, située à Hamr Al Ain, entre Alger et Tipaza. Le pays n’avait pas connu une telle épidémie, depuis 1986. Elle est malheureusement la manifestation sanitaire de la pauvreté des campagnes et de certains quartiers défavorisés de grandes villes.  

La crise est suffisamment grave pour que le ministère français des Affaires étrangères appelle ses ressortissants voyageant dans le pays à la prudence sur son site internet et rappelle des règles d’hygiène à respecter. Et d’après Le Parisien, la DGS (Direction générale de la Santé) a demandé aux compagnies aériennes effectuant des liaisons directes avec l’Algérie ainsi qu’aux aéroports concernés de procéder à une désinfection en cas de suspicion de la maladie.  

Au regard des causes de la recrudescence de ces maladies qu’on pensait d’un autre temps, ne devrait-on pas aussi parler d’une plus inquiétante pandémie mondiale, celle de la pauvreté ?

jeudi, 06 septembre 2018

France diplomatie-Macron AN II : Un fiasco diplomatique total

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France diplomatie-Macron AN II : Un fiasco diplomatique total

 
 
Auteur : René Naba
Ex: http://www.zejournal.mobi

« Il y a plusieurs sortes d’intelligences dont la bêtise n’est pas la moindre». 

Thomas Mann.

Le président Emmanuel Macron a inauguré le 27 Août à Paris la XXVIe conférence des Ambassadeurs de France, deuxième exercice du genre depuis son élection à la magistrature suprême, en 2017. Retour sur le fiasco diplomatique français à l’arrière plan des objectifs inavoués de la diplomatie française sous la mandature Macron.

Sauvé par le gong

Sauvé par le gong. Pour paradoxal que cela puisse paraître, Emmanuel Macron est redevable de sa nouvelle visibilité internationale à Vladimir Poutine, si pourtant vilipendé par la presse française, en ce que la lune de miel entre Jupiter de France et le gougnafier de l’immobilier américain a tourné en lune de fiel.

Diner privé à la résidence de George Washington, le père de la nation américaine, discours devant le Congrès, pichenette pelliculaire sur l’épaule du président français, accolades, embrassades, poilade et fortes empoignades… Tout un tralala et patati et patata. Et puis patatras.

Certes, Vladimir Poutine, ainsi que se gaussaient les éditocrates français, éprouvait un besoin pressant de sortir de son isolement et d’alléger la Russie des sanctions économiques qui la frappaient du fait de son annexion de la Crimée et de son soutien victorieux à la Syrie. En un parfait synchronisme, la caste intellectuelle française, symptomatiquement, donnait d’ailleurs de la voix pour freiner une orientation dictée impérativement par le principe de réalité et le désastre français en Syrie, en mettant en garde contre une « alliance qui serait contraire aux intérêts de la France».

Cf à ce propos la tribune co-signée par les pontifiants Nicolas Tenzer, Olivier Schmitt et Nicolas Hénin.

C’était sans compter sur le rebond du prix du pétrole (80 dollars le baril) qui a donné une bouffée d’oxygène au trésor russe. C’était sans compter aussi sur l’unilatéralisme forcené du plus xénophobe président de l’histoire américaine qui a eu raison de la belle complicité entre deux présidents si antinomiques.

La pêche aux voix, à six mois des élections américaines du mid term (mi mandat), cruciales pour le locataire de la Maison Blanche, a terrassé la belle amitié entre la grande démocratie américaine et la « Patrie de Lafayette». En état de lévitation, Emmanuel Macron s’est retrouvé subitement en suspension devant un vide abyssal avec pour unique perspective la risée universelle.

Tuile supplémentaire, l’euphorie du Mundial 2018 dont il espérait un rebond de popularité a tourné court, phagocytée par la ténébreuse « affaire Alexandre Benhalla », dont les basses oeuvres élyséennes ont révélé la face hideuse du macronisme.

Dans l’allégresse de son élection, le président français fraichement élu avait pourtant brocardé son hôte russe, en juin 2017, dans le majestueux site du Château de Versailles, ironisant sur le travail de propagande des médias russes. Le lancement de la version française de Russia Today avait d’ailleurs donné lieu à un concert d’indignation invraisemblable de la part d’une caste journalistique qui émarge peu ou prou sur des budgets du grand capital ou des budgets publics de l’audiovisuel français, dont la quasi totalité des grands vecteurs relève d’ailleurs du service public, comme en témoigne cette liste non exhaustive (France télévision, Radio France, France 24, RFI, RFO, TV5 CFI), alors que la presse écrite est sous contrôle des conglomérats du grand capital adossés aux marchés publics de l’état (le Monde du trio BNP (Berger, Niel Pigasse), le Figaro (Dassault, aviation), Libération-l’Express (Patrick Drahi, téléphonie mobile), le Point (François Pinault), Les Echos (Bernard Arnault), le Groupe Canal + (Vincent Bolloré, le prospecteur d’une Afrique qui n’est « pas encore entrée dans l’histoire », selon l’expression de l’hôte de son yacht, Nicolas Sarkozy).

Ci joint un échantillon de la prose développée lors du lancement de RT

Sauf que la diplomatie russe s’inscrit dans la durée et le long terme et que Vladimir Poutine a survécu à quatre présidents français (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron). De surcroît, le pardon des offenses est la marque des grands hommes.

Un an plus tard, dans un retournement de situation rare dans l’histoire, l’hôte russe brocardé a entrepris de renflouer le novice, dans un geste d’une élégance qui constitue la marque de l’assurance.

La scène, raffinement suprême, s’est déroulée devant le plan d’eau du non moins majestueux site du palais des Tsars à Saint Petersbourg, l’équivalent russe de Versailles.

Un repêchage juste au dessus de la ligne de flottaison. Car entre la Russie et la France, il existe une différence d’échelle. Celle qui distingue une puissance planétaire souveraine, d‘un sous traitant des États-Unis dans ses anciennes zones d’influence en Afrique et au Moyen Orient quand bien même il se situe au 2e rang mondial de par son domaine maritime de l’ordre de 10 millions de Km2. Suprême humiliation, le plus ancien allié des États-Unis se retrouve à la merci de ses sanctions économiques.

Dans l‘ordre symbolique, la différence d’échelle trouve d’ailleurs son illustration la plus concrète dans celle qui distingue un des grands diplomates de l’époque contemporaine, d’un bureaucrate poussif et sans relief… Entre l’impassible et inamovible russe Serguei Lavrov, en poste depuis 2004, et son homologue français Jean Yves Le Drian, y’a pas en effet photo. Deux des prédécesseurs du français, Alain Juppé et Laurent Fabius, projetés sur le tatami par le russe, peuvent en témoigner.

Sur ce lien, le traitement énergisant réservé par Sergeuï Lavrov à Alain Juppé et Laurent Fabius :

L’erreur d’Emmanuel Macron, voire son malheur, aura été son absence d’empathie cognitive pour la quasi totalité des protagonistes des conflits du Moyen orient et son étonnant alignement sur un atlantisme exacerbé, alors que ce pur produit de l’intelligentzia française aurait dû pourtant se livrer à cet exercice qui consiste à se mettre intellectuellement à la place de l’autre pour comprendre les enjeux. Cela lui aurait épargné les avanies, alors qu’il se savait héritier d’une décennie diplomatique calamiteuse, du fait d’une double mandature présidentielle chaotique du post gaulliste Nicolas Sarkozy et du socialo motoriste François Hollande.

Un Moyen Orient sous la coupe atomique d’Israël

Dans son discours prononcé mercredi 24 avril 2018 devant le Congrès américain, M. Emmanuel Macron se proposait d’aménager un Moyen orient placé sous la coupe atomique d’Israël. « L’Iran n’aura jamais d’arme nucléaire. Ni maintenant, ni dans cinq ans, ni dans dix ans », a déclaré le président français, s’engageant en outre à réduire la capacité balistique de la République islamique iranienne de même que son influence régionale au Yémen, en Irak et au Liban, sans accompagner cet engagement d’une mesure de réciprocité concernant le désarmement nucléaire d’Israël.

Dindon de la farce, Emmanuel Macron a dû donner un violent coup de barre à sa politique moins d’un mois après sa profession de foi pour éviter le ridicule, en ce que l’idylle Macron-Trump tant célébrée par la presse française a finalement débouché sur une fracture transatlantique sur fond d’une guerre commerciale potentielle des États-Unis contre l’Union Européenne du fait du retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien.

Pis, le sommet du G7, le 10 juin 2018, a viré lui aussi au fiasco avec un tweet rageur de Donald Trump qui a complètement torpillé l’accord final. Avec dédain, la Russie a d’ailleurs refusé de réintégrer le barnum occidental préférant se tenir à distance du capharnaüm, qui s’est déroulé en toile de fond du sommet tripartite de Shanghai (Chine, Russie, Iran). Anormalement négligé par la presse occidentale, ce sommet, tenu le même jour que le G7, a mis au point la stratégie de riposte de l’axe de la contestation à l’hégémonie atlantiste, par un soutien multiforme à l’Iran.

Au delà du psychodrame occidental, la posture diplomatique de Jupiter de France a ainsi révélé les objectifs inavoués de la diplomatie française sous sa mandature: Un Moyen orient dénucléarisé, à faible capacité balistique iranienne, placé sous la coupe atomique d’Israël. Un pays qui dispose pourtant d’un arsenal de près de deux cents ogives à charge nucléaire, soustrait à tout contrôle international. Mais ce fait là, le petit génie de la vie politique française feint de l’ignorer.

Le strabisme divergent d’Emmanuel Macron

La sécurisation d’Israël ne saurait se traduire par une soumission permanente à la terreur atomique israélienne de l‘Asie occidentale, zone intermédiaire entre l’OTAN (Atlantique Nord) et l’OTASE (Asie du Sud Est), deux pactes militaires de l’Occident qui enserrent la Zone. Ni sa sanctuarisation par une dépossession de la Palestine.

Atteint de strabisme divergent, ce président d’un pays qui a coprésidé au découpage du Moyen orient en application des accords Sykes Picot, a invité l’Iran à ne pas déployer une position hégémonique au Moyen Orient, sans mentionner là aussi, ni le rôle de l’Otan, ni celui des États-Unis, pas plus celui d’Israël, voire même de la France et du Royaume Uni, encore moins le terrorisme islamique d’inspiration wahhabite. Un rare cas de stratégie surréaliste.

La posture macronienne relève de l’outrecuidance d’un pays, pourtant un des grands pollueurs atomiques de la planète, équipementier du centre atomique de Dimona (Israël), de l’Afrique du sud du temps de l’Apartheid et de l’Iran impériale via le consortium Eurodif, par ailleurs co-belligérant d’Israël contre l’Egypte (Suez 1956), de l’Irak contre l’Iran (1979-1989) et des Etats Unis et du Royaume Uni contre la Syrie (2018).

Pour aller plus loin sur la coopération nucléaire franco israélienne, ce lien :

Sur le potentiel nucléaire israélien :

Et sur la politique arabe de la France, ce lien :

L’outrecuidance macronienne s’était déjà illustrée dans ses fausses prévisions présidentielles sur l’annonce de la fin de la guerre anti Daech en Syrie, prévue, selon lui, pour fin février 2018, et la reprise de contact avec le pouvoir syrien. Contredite dans les faits, cette prédiction surprenante a révélé rétrospectivement l’amateurisme de ce président inexpérimenté dans les affaires internationales.

Il en a été de même sur le plan européen où la formation en Italie d’un gouvernement populiste, comportant plusieurs ministres ouvertement eurosceptiques, est venu porter un coup d’arrêt aux ambitions européennes du lauréat du Prix Charlemagne 2018.

L’exigence française de désarmer les formations para militaires chiites, -le Hezbollah libanais et le Hached Al Chaabi irakien (la Mobilisation Populaire)-, mais non les Peshmergas kurdes d’Irak, de même que les manigances françaises visant à démembrer la Syrie via la création d’une entité autonome kurde dans le nord du pays, relèvent de ce même dessein.

Toutefois, la décision de 70 tribus arabes de la riche plaine centrale de la Syrie de déclarer une guerre de guérilla contre la présence des « envahisseurs américains, français et turcs », le 1er juin 2018, pourrait refroidir quelque peu les ardeurs belliqueuses d’Emmanuel Macron, faisant resurgir le cauchemar de Beyrouth, avec l’assassinat de l’ambassadeur de France Louis Delamare, et le double attentat contre l’ambassade de France dans la capitale libanaise et le PC du contingent français de la force multinationale occidentale, en 1983 et 1984.

Fsné.jpgUn Maître espion « représentant personnel du président Macron pour la Syrie »

Luxe de sophistication qui masque mal un rétropédalage discret, Emmanuel Macron a nommé le 27 juin François Sénémaud, ancien directeur du renseignement à la DGSE, « représentant personnel du président de la République pour la Syrie». Cette astuce diplomatique devrait permettre au président français de contourner l’épineux problème de l’ambassade française à Damas, fermée sur ordre d’Alain Juppé, en mars 2012 et de lui éviter de désavouer ainsi publiquement ses deux prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande

L’absence d’affectation territoriale du représentant français en Syrie pourrait constituer l’indice d’un timide dégagement de la France de l’opposition of shore syrienne pétromonarchique, en pleine débandade, en ce que « le représentant personnel du Président de la République pour la Syrie » pourrait l’habiliter à des contacts avec le pouvoir syrien en raison de son affectation fonctionnelle de sa mission « pour la Syrie».

Autrement dit, permettre au grand espion français de grappiller à Genève ou à Astana quelques miettes d’informations et oeuvrer ainsi en coulisses pour tenter une reprise progressive des relations diplomatiques entre les deux pays. Un exercice hautement aléatoire, tant la méfiance est grande du pouvoir syrien à l’égard de Paris.

Dans le même ordre d’idées, le double triomphe électoral des formations chiites, tant au Liban qu’en Irak, au printemps 2018, et le revers corrélatif de son protégé libanais Saad Hariri, ont retenti comme des camouflets majeurs de ce novice français et vraisemblablement douché ses ardeurs.

L’exigence du désarmement du Hezbollah libanais a coïncidé avec la décision du trésor américain de placer sur la « liste noire du terrorisme » Hassan Nasrallah et le conseil de gouvernance de sa formation en vue d’entraver la formation du nouveau gouvernement libanais post élections, à tout le moins de dissuader le rescapé Saad Hariri de toute coopération future avec la formation chiite, dont les états de service en Syrie ont largement contribué à renverser le cours de la guerre.

La liste a été établie le 16 mai 2018 au lendemain du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et du carnage israélien impuni de Gaza, en concertation avec les pétromonarchies suivantes : l’Arabie Saoudite, Bahreïn, Les Emirats Arabes Unis, Qatar et le Sultanat d’Oman. Des états satellites de l’Amérique, réputés pour leur grande probité politique et leur pacifisme déclaré.

Au delà des apparences, le ciblage de l’Iran et du Hezbollah libanais figuraient en filigrane dans le projet diplomatique d’Emmanuel Macron comme en témoigne la structure diplomatique mise en place à son accession au pouvoir.

Cf sur ce lien le dispositif diplomatique présidentiel

L’instrumentalisation de l’histoire de France au prétexte des turpitudes de la collaboration vichyste

Que de surcroît le terme « Palestine » ait été complètement gommé de son discours américain, alors qu’Israël se refuse à la constitution d’une commission d’enquête internationale sur le carnage qu’il a commis à Gaza depuis le 30 Mars 2018, soit au total 97 tués et près de quatre mille blessés, confirme son extrême mansuétude à l’égard de l’état hébreu, de même que pour le Royaume saoudien, ordonnateur d’un massacre à huis clos du peuple yéménite.

La France macronienne mettra toutefois un bémol à son tropisme israélien lors du nouveau carnage israélien, le 14 Mai 2018, reconnaissant le droit à la liberté d’expression des Palestiniens et à leurs manifestations pacifiques. Elle annulera dans la foulée le déplacement du premier ministre Edouard Phillipe en Israël pour le lancement des festivités France Israël organisées pour la célébration du 70me anniversaire de la création de l’Etat hébreu. Un bémol, un laps de temps, avant de recevoir à Paris le 5 juin le premier ministre israélien, moins d’un mois après le 2e carnage israélien contre Gaza.

En juin 2018, un an après son entrée en fonction, Emmanuel Macron a dû se résoudre à l’évidence et acter un double constat d’une grande amertume. Le jeune premier de la politique internationale ne disposait pas du moindre levier d’influence sur les fauves du calibre de Donald Trump (États-Unis) et Benyamin Netanyahu (Israël). Le retrait de Total et de Peugeot du grand marché iranien en a apporté une preuve éclatante, révélant au grand jour l’absence de moyens de riposte aux décisions des dirigeants de ces deux grands alliés de la France.

Pis, en recevant à trois reprises le premier ministre israélien en moins d’un an, notamment à l’occasion de la commémoration de la « Rafle du Vel d’Hiv », la déportation par la police française des juifs français sous le régime de Vichy (1940-1944), Emmanuel Macron « contribue à instrumentaliser l’Histoire de France », selon l’expression de l’historienne Suzanne Citron.

Sur ce lien, la tribune de Suzanne Citron

Manoeuvres conjointes navales franco israéliennes pour la première fois depuis 1963

En dépit des protestations de façade, la France, sous le mandat d’Emmanuel Macron, a repris ses manoeuvres conjointes avec la marine israélienne interrompue depuis 55 ans. Pour la première fois depuis 1963, deux bâtiments de la marine israélienne ont participé à des exercices communs au large de Toulon en compagnie de la marine française, en juin 2018. La corvette INS Eilat et le navire lance-missile INS Kidon ont participé avec la frégate La Fayette à un large éventail de scénarios. Des chasseurs volant à basse altitude ont simulé le lancement de missiles anti-navires. Les exercices comprenaient aussi des entraînements au tir d’artillerie. Selon le Colonel Ronen Hajaj, commandant le département de l’entraînement et de la doctrine, « La France voit en Israël un partenaire maritime fort dans la région». En 2016 et 2017, le nombre de navires de guerre français ayant fait escale à Haifa et le nombre d’escales de bâtiments américains.

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Le déploiement stratégique occidental face à l’Iran

Doux rêveur ou redoutable ignorant ? Quoiqu’il en soit, Emmanuel Macron à Washington a dilapidé son capital de crédit, signant l’arrêt de mort d’un ré-équilibrage de la diplomatie française par son alignement aux thèses les plus extrêmes du néo conservatisme israélo-américain.

Sa profession de foi tranche en effet avec les capacités stratégiques d’un pays généralement considéré à capacité limitée, malgré ses claironnades périodiques. Elle témoigne de surcroît d’une tragique méconnaissance des réalités stratégiques régionales, alors que face à l’Iran, le Golfe apparaît comme une gigantesque base flottante américaine.

La zone est, en effet, couverte d’un réseau de bases aéronavales anglo-saxonnes et françaises, le plus dense du monde, dont le déploiement pourrait à lui seul dissuader tout éventuel assaillant. Elle abrite à Doha (Qatar), le poste de commandement opérationnel du Cent Com (le commandement central américain) dont la compétence s’étend sur l’axe de crise de l’Islam qui va de l’Afghanistan au Maroc ; À Manama (Bahreïn), le quartier général d’ancrage de la Ve flotte américaine dont la zone opérationnelle couvre le Golfe arabo-persique et l’Océan indien.

S’y ajoutent, Djibouti, plateforme opérationnelle conjointe franco américaine dans la Corne de l’Afrique, la base relais de Diego Garcia (Océan indien), la base aérienne britannique de Massirah (Sultanat d’Oman) ainsi que depuis janvier 2008 la plate forme navale française à Abou Dhabi ; sans compter une vingtaine de bases américaines déployées dans le nord de la Syrie et de l’Irak, pour le faux prétexte de combattre les alliés objectifs des pays occidentaux, les groupements islamistes Daech et Al Qaida.

Enfin, dernier et non le moindre des éléments du dispositif, Israël, le partenaire stratégique des États-Unis dans la zone. En superposition à ce dispositif, des barrages électroniques ont été édifiés aux frontières de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis pour décourager toute invasion ou infiltration.

L’Iran, en contrepoint, est soumise à embargo depuis 38 ans, entourée par quatre puissances nucléaires (Russie, Inde, Pakistan, Israël) et a dû riposter à une guerre d’agression menée par l’irakien Saddam Hussein pour le compte des pétromonarchies pendant dix ans (1979-1989).

La préconisation d’un accord de substitution à un précédent accord international, négocié pendant douze ans par sept parties dont l’Iran, la Russie et la Chine et entériné par l’ONU ; que, de surcroît cette proposition ait été lancée en partenariat avec un président américain totalement affranchi du Droit international par sa reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël, relève de la désinvolture à tout le moins d’un amateurisme.

Ce faisant, Emmanuel Macron s’est hissé au rang de l’adversaire le plus farouche des aspirations du Monde arabe et musulman à la sécurisation de son espace national, à égalité avec Nicolas Sarkozy, Laurent Fabius et Manuel Valls, les petits télégraphistes des Israéliens dans les négociations sur le nucléaire iranien et sur la question palestinienne.

À égalité aussi avec son repoussoir, François Hollande, le ROMEO de la « chanson d’amour » en faveur d’Israël dans la cuisine de Benyamin Netanyahu, le premier ministre du gouvernement le plus xénophobe d’Israël.

La France au Yémen, un chacal

Le dos au mur, après la débandade de l’opposition off shore pétromonarchique syrienne et les avatars de Saad Hariri, son cheval de Troie libanais dans les projets de reconstruction de Syrie, la France a engagé ses forces spéciales auprès de ses alliés déconfis, –tant au nord de la Syrie auprès des Kurdes séparatistes, qu’au Nord du Yémen en soutien à Abou Dhabi pour la prise du port de Hodeida–, dans une tentative désespérée de demeurer dans le jeu de crainte d’une évacuation définitive de la scène régionale.

Au Yémen, la France a mis à la disposition de la coalition pétromonarchique une escadrille de 6 AirBus pour le ravitaillement en vol des chasseurs bombardiers de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, ainsi que 4 « Rafale » opérant depuis la base de Djibouti pour des vols de reconnaissance du théâtre des opérations et de repérage satellite.

Trois mois après le début du conflit, en mars 2015, un avion ravitailleur Airbus 330-200 MRTT a été livré à l’Arabie Saoudite, le dernier d’une flotte de six. En avril 2017, deux de ces avions étaient déployés au Yémen. Indispensables à la guerre en cours, ils ravitaillent en vol les F-15 saoudiens.

Des canons Caesar 155 mm de l’entreprise française Nexter, des hélicoptères de transport Cougar du groupe EADS et des drones de renseignement militaire SDTI de l’entreprise française SAGEM sont livrés à la coalition saoudienne; En 2016, la France a livré 276 blindés légers. Ce lot est composé de blindés légers Renault Sherpa light et Vab Mark 3 du groupe Renault Trucks Defense, originellement destinés au Liban.

Au delà de la fourniture du matériel militaire, la vocation naturelle de ce pays grand marchand d’armes, la France a assuré le blocus maritime du Yémen, prenant la relève des Saoudiens lors de la phase de révision des vedettes saoudiennes, en sus de la mise à disposition de la coalition d’un détachement des forces spéciales en vue d’épauler les envahisseurs du Golfe.

La chaine TV libanaise Al Mayadeen, constituée par des dissidents d’Al Jazeera, a comparé le comportement de la France à un « chacal se repaissant des miettes » du vautour américain. « Emmanuel Macron s’imagine être plus futé que les dirigeants britanniques en enrobant son intervention militaire au Yémen par des considérations humanitaires, justifiant la présence des militaires français aux côtés des assaillants des Emirats Arabes Unis par la nécessité de déminer le port de Hodeida », a ajouté le commentateur de la chaîne.

Le zèle de la France au Yémen vise à compenser sa défaite militaire en Syrie dans l’espoir de pouvoir conserver un strapontin diplomatique dans la renconfiguration géo stratégique qui s’opère au Proche orient

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Le syndrome de Suez

Près de dix ans d’interventionnisme débridé tous azimuth au Moyen orient, le syndrome de Suez hante à nouveau la France. L’agression tripartite menée par les deux puissances coloniales de l’époque, le Royaume Uni et la France, et leur créature Israël, en 1956, contre l’Egypte nassérienne avait entrainé une rupture de dix ans entre la France et le Monde arabe et un reflux considérable de l’influence française dans la zone, dont elle ne s’est jamais complétement remise.

Le nombre des locuteurs francophones au Liban, de l’ordre de 77 % dans la décennie 1950-1960, a ainsi chuté drastiquement au profit des locuteurs anglophones, s’inversant au profit de l’anglais (60 % pour l’anglais, 40 % pour le français).

Ce fiasco diplomatique tranche avec la prospérité boursière du grand patronat sur fond de fronde sociale avec son cortège de grèves de cheminots et du personnel d’Air France, des protestations des agriculteurs et des étudiants.

La France, en 2018, est devenue la championne du monde en matière de distribution de dividendes aux actionnaires, alors qu’elle était reléguée à la 7e position parmi les puissances économiques mondiales, supplantée désormais par l’Inde.

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Inde a dépassé, pour la première fois, celui de l’Hexagone, en 2017, reléguant la France au septième rang des économies mondiales, selon le site de la Banque mondiale. Le PIB de l’Inde en 2017, première année de la mandature Macron, a ainsi atteint 2 597 milliards de dollars contre 2 582 milliards pour la France. En contrechamps, selon un rapport de l’ONG Oxfam publié lundi 14 mai 2018 et intitulé « CAC 40 : des profits sans partage », les groupes du CAC 40 ont ainsi redistribué à leurs actionnaires les deux tiers de leurs bénéfices entre 2009 – année de la crise financière mondiale – et 2016, soit deux fois plus que dans les années 2000. Cela a conduit ces entreprises à ne laisser « que 27,3 % au réinvestissement et 5,3 % aux salariés », ajoute OXFAM qui dénonce des choix économiques qui nourrissent une « véritable spirale des inégalités».

Pour aller plus loin sur ce sujet :

Plus policé que le gaullo-atlantiste Nicolas Sarkozy, plus suave que le socialo atlantiste François Hollande, Emmanuel Macron n’en a pas moins conduit une diplomatie aussi désastreuse pour la France que ses prédécesseurs.

Que le disciple du philosophe Paul Ricoeur procède à un tel artifice aussi grossier tranche avec les qualités abusivement attribuées au plus jeune Président de la République française.

L’Occident ne dicte plus son agenda au Monde

L’ours russe est mal léché. Ce fait est connu et reconnu. Mais face au brachycéphale d’outre atlantique, il va falloir, Manu, réviser ses classiques car nul n’ignore depuis Jean de La Fontaine, même les cancres, que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » (le Corbeau et le Renard).

Autre classique à réviser : L’Europe ce n’est pas l’OTAN. Pas que l’OTAN. « L’Europe, c’est de l’Atlantique à l’Oural, car c’est l’Europe, toute l’Europe qui décidera du destin du Monde».

Tel est le mot d’ordre légué par le Grand Charles, « Libérateur de la France » au micron de France, dans un discours prémonitoire prononcé à Strasbourg en novembre 1959, dix huit ans avant la naissance de son lointain successeur.

L’horloge du monde n’est plus plantée, -du moins plus exclusivement plantée- à Washington, d’autres capitales du Monde disposent désormais de leur propre fuseau horaire. « L’Occident ne dicte plus son agenda au Monde », constatera, amer, dans un rare éclair de lucidité, François Hollande, avant de jeter l’éponge, vaincu par ses déboires de Syrie. Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, plus laconique, édictera que le Monde est passé à « la phase post occidentale».

Pour un pays qui traîne un lourd passif militaire: Quatre capitulations militaires en deux siècles (Waterloo 1915, Sedan 1880, Montoire 1940, Dien Bien Phu 1954), soit le double de l’Allemagne (pour les deux Guerres Mondiales du XX me siècle 1918, 1945), et zéro capitulation au Royaume Uni, -record absolu parmi les pays occidentaux-, il est à craindre, à n’y prendre garde, que ne surgisse une nouvelle « déposition d’un vaincu » d’« une étrange défaite». (Marc Bloch).

Pour aller plus loin sur le thème de la diplomatie française sous Emmanuel Macron


- Source : Madaniya (Liban)

mercredi, 18 juillet 2018

Démocrature: Nazi Concept Welcomed into French Language

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Démocrature:
Nazi Concept Welcomed into French Language

It’s that time of year. The French dictionaries Le Petit Larousse and Le Petit Robert (don’t ask me why they are called “petit,” they are huge) are adding various neologisms and foreign loanwords to our beloved langue de Céline.

My interest was particularly piqued by the following new entry: 

DÉMOCRATURE 

noun, feminine (from democracy and dictatorship).

1. A political regime which, while having certain attributes of democracy, such as party pluralism, is nonetheless run in an authoritarian or even dictatorial fashion. (One also says dictocratie.)

2. The shift from democracy to dictatorship by undermining the rule of law.

How interesting! The word clearly refers to the various elected “populist” regimes which have emerged in Hungary, Poland, and the United States, which for various reasons, do not live up to liberals’ ever-changing definition of “democracy” and “the rule of law,” according to their latest ideological fashions.

What Le Petit Larousse fail to mention, however, is that the word actually goes much farther back, at least as far back as the 1930s: indeed, various fascist movements and thinkers deemed the Western parliamentary democracies to be in fact démocratures, as actually being run not by the people, but by warmongering and corrupt liberal and oligarchic elites. Given the pervasiveness of antiwar sentiment, if the people ran America or France, as these republics boldly claimed, it seems quite unlikely that either country would have gone to war against Germany, effectively on the side of the Soviet Union.

The historian Mark Mazower writes on postwar German National Socialists:

[S]uch men regarded parliamentary democracy as a sham “democratatorship” [sic] (Demokratur), believed the multi-party system had to be abolished and wanted somehow to reunify the country with the assistance of like-minded fascists abroad.[1] [2]

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What, in fact, is a liberal democracy? You will never find agreement as the two terms are in hopeless contradiction with one another. One man’s legitimate, majoritarian expression of the popular will is another man’s demagogic tyranny of the majority. To one man, the executive’s, media’s, and judges’ ignoring of public opinion will be an example of far-sighted, responsible, and enlightened leadership, while appearing to another man to be an abhorrent betrayal of democracy by oligarchic elites.

Recall: two World Wars were fought by the Western powers, tearing Europe apart in murderous conflicts from which the continent has never recovered, in the name of preserving liberal democracy. The religion of democracy excommunicates from respectable humanity all governments which are not liberal democracies. And yet, the very definition of the term is quite unclear, shifting, and ambiguous according to liberal elites’ changing moods and interests. All this is quite problematic.

In fact, all human societies are authoritarian and (civil-)religious. All societies, and their media-political elites, shun, demonize, and destroy those considered to have wrong values, lest they infect the rest of society. All societies have punishable taboos. Purging a university professor or screenwriter for his fascist or racialist views is not less “authoritarian” than purging one for his communist views. Therefore the distinction drawn by liberals and the Left in general, made popular in the 1960s by the Frankfurt School and others, is quite spurious and hypocritical. All societies have Platonic Guardians, whether they own up their role, or not.

This was not so apparent in the postwar years however. For the Boomers, bless them, one could live in a society which was, in fact, carefully policed by the audiovisual and print media, but which could claim to be “open,” “tolerant,” “pluralist,” characterized by “freedom of thought,” etc., all the while never being allowed to give a fair hearing any taboo Right-wing idea. One could have the pleasure of both thinking oneself open-minded and have the benefits of actually being authoritarian.

With the rise of national-populism, which signifies, for the first time in decades, a certain loss of control of the political process by mainstream media elites, the mainstreamers are waking up to démocrature. More and more are openly questioning democracy and elections, as leading to “instability,” “populism,” and above all, “wrong values.” Careful now, you might become Right-wingers!

Notes

[1] [3]Mark Mazower, Hitler’s Empire: Nazi Rule in Occupied Europe (New York: Penguin, 2008).

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[2] [1]: #_ftn1

[3] [1]: #_ftnref1

vendredi, 13 juillet 2018

Mai 68: Débat entre Jean-Michel Vernochet et Robert Steuckers

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Mai 68: Débat entre Jean-Michel Vernochet et Robert Steuckers

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet n°14 – 11 juillet 2018

Émission diffusée en exclusivité sur ERFM le 11 juillet 2018.

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet est l’une des nombreuses émissions d’ERFM, la radio en ligne et en continu d’Égalité & Réconciliation.

À l’occasion du cinquantenaire de Mai 68, l’équipe d’E&R Nord-Pas-de-Calais a reçu Jean-Michel Vernochet et Robert Steuckers pour un enregistrement public de leur discussion/débat autour du sujet : « De quoi Mai 68 est-il le nom ? »

Écouter l’émission :

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