Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 21 mai 2014

Accélération. Une critique sociale du temps

Accélération. Une critique sociale du temps
 
Recension d'un livre de Hartmut ROSA, Ed. La découverte

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

 

acc9782707154828.jpgUn livre de plus consacré au temps. Au cours des décennies écoulées on n’a jamais autant écrit sur la condition humaine en relation avec le temps. Beaucoup de sociologues prennent au sérieux la temporalité pour essayer de prouver qu’ils pensent. Il ne faut pas les confondre avec des philosophes puissants comme Dilthey, Ortega et Heidegger, dont les œuvres sont centrées sur cela.
 
Des variations sur un thème superficiel

Les sciences sociales ont accumulé des variations plus ou moins intéressantes sur le thème du temps. Chaque discipline intellectuelle y va de sa propre exploration. Par exemple, l’analyse des effets de génération a révolutionné l’économie, du moins chez les penseurs d’envergure, à travers les problèmes de retraite (enchaînement de générations) et de démographie au sens large.

Le thème de la jeunesse et de la vieillesse n’apparaît malheureusement pas dans l’ouvrage de H.Rosa. Pourtant, la perception subjective du temps est fondamentalement liée à ces deux dimensions. La jeunesse draine des quantités de superstitions, d’idées rabâchées par de mauvais maîtres, des suggestions et des illusions qu’elle interpose entre elle et la vie. Il se peut que le thème de l’accélération sociale enchante quelques représentants de ce groupe puisque le sentiment d’insatisfaction dont Rosa fait grand cas - par exemple page 158 - caractérise souvent cette phase de la vie. L’espace et le temps enivrent la jeunesse…
 
Les modèles de temps auxquels le livre se réfère (p.170) laisseraient apparaître un décalage important entre ce que les acteurs aiment faire chaque jour et ce qu’ils font en réalité. Mais n’est-ce pas normal dans le groupe des jeunes ? Il leur manque la faculté de comprendre les expériences par lesquelles ils passent. Les Anciens à l’inverse transforment leurs aventures en nourriture, en entendement. Il faut vraiment sortir des schémas simplistes accumulés par les enquêtes sociologiques et se concentrer sur l’essentiel, la base philosophique de l’expérience temporelle.
 
Parmi les idées que l’auteur dévide au long des 13 chapitres, il est affirmé que « la philosophie serait trop lente pour la société de la modernité avancée » (p.192). Or, la philosophie affirme que des « choses » surviennent, que nous sommes affectés par des phénomènes, et que cela reste en nous pour constituer peu à peu le contenu d’une vie, sa substance. Le temps, quel qu’il soit, nous réalise, nous conditionne, nous ouvre des portes et en ferme d’autres. La philosophie rappelle que la vie humaine sera toujours séquentielle, imparfaite et précaire. A chaque instant celle-ci est instable. La mémoire du passé retient quelques aspects appauvris, peints de couleur pale; l’anticipation du futur imagine une vie vague et incertaine. On bâtit la-dessus.

Chaque instant a une durée, puisqu’il est un entourage temporaire. Toute action humaine est entreprise pour une raison et dans un but, ce qui signifie que dans chaque action est concentré du passé et du futur. La présence d’une motivation et d’une finalité introduit la durée dans chaque instant de notre vie, qui est une suite de moments ; et la vie sera toujours trop courte compte tenu de tout ce qu’il convient d’apprendre et de produire pour réaliser un projet. L’accélération, obsession de l’auteur n’est qu'un détail au sein de cette perspective.

La décontextualisation 

L’accélération serait fondamentale en ce qu’elle rend impossible de traduire un temps vécu en expérience. L’auteur semble ne pas comprendre ce que signifie vivre une vie limitée. Le temps des hommes n’est pas une quantité. Pour nous, c’est toujours ou trop de temps ou pas assez, compte tenu des projets que l’on voudrait mener à bien. A chaque moment, l’être humain se donne des projets qui pointent dans diverses directions temporelles, à court terme, à moyen terme ou long terme. Seul un de ces vecteurs, le rythme de l’histoire de l’époque, participe au conditionnement de la réalité effective du temps humain. Ce n’est pas suffisant pour mettre l’accélération au centre de tout. 

Y-a-t-il un  intérêt à se demander combien dure un moment. Cette unité n’est pas chronologique et ne peut vraiment pas s’accélérer. De moments en moments, notre vie s’articule dans une trajectoire, laquelle est mélangée à d’autres structures empiriques, la nuit et le jour, la lumière et les ténèbres, la veille et le sommeil, et jusqu’au rythme cardiaque qui peut lui s’accélérer dans des moments précis. Entre les structures qui ne dépendent pas de nous, et celles qui proviennent de nos projets, jaillit la manière subjective de percevoir le temps : attente, désespoir, espérance, etc. Les exercices spirituels apprennent justement à ignorer le temps, à ne pas craindre ses implications, à concevoir la vie sous le signe du hasard. Une grande partie du monde asiatique continue ces pratiques. On ne peut prendre au sérieux les généralisations hâtives d’une sociologie besogneuse. 

Le temps, Dieu et la contingence

L’auteur prétend que le temps apparaît a la place de Dieu pour maîtriser la contingence. Un peu court à notre avis. L’allongement du temps que chacun peut espérer dédier à des projets a plus que doublé depuis le XVIIIème siècle, ce qui signifie une accumulation d’expériences plus importante. Donc, la distinction philosophique pertinente est entre le temps qui passe et l’âge que l’on a. Car selon l’âge, les directions temporelles des projets changent. Pour un adulte, certains projets ne peuvent plus se réaliser, d’autres au contraire deviennent possibles. La contingence est en fait incluse dans l’âge. Les plus vieux par exemple savent qu’il n’y a plus d’étape suivante. Ils doivent donc durer dans la même phase. Comment mettre en doute que certains anciens sont heureux puisque cet état de vieillesse est définitif ? La peur de passer à côté de quelque chose n’a aucun sens, ni la relation entre vitesse et bonheur, interprétation primitive du mouvement futuriste. 

Le temps est une occasion d’inventer des circonstances, de faire avec ce que l’on a. Comme l’homme est fondamentalement imparfait, à la différence des dieux, il se construit à travers le temps, notion qui mérite de meilleures réflexions.

Accélération. Une critique sociale du temps, Hartmut ROSA, ED. La découverte/poche, 2013, 486p., 14€.

samedi, 17 mai 2014

Diaboliser et être diabolisé, le cercle de la haine

pat969572-1147074.jpg

Front national: diaboliser et être diabolisé, le cercle de la haine

Ex: http://huffingtonpost.fr

Pierre-André Taguieff est l'auteur du livre Du diable en politique. Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire, Paris, qui parait le 15 mai chez CNRS Éditions.

Voici plusieurs extraits en exclusivité pour le Huffington Post.

On peut définir la diabolisation comme un acte de discours à visée polémique consistant à transformer en diable, ou en représentant du Mal, un adversaire, individuel ou collectif, traité en ennemi absolu. Elle représente une forme de catégorisation négative d'un individu ou d'un groupe humain, dans le cadre d'un conflit ou d'un affrontement. Elle implique une déshumanisation de l'autre, qui fait l'objet d'une réduction (à une figure non humaine) et d'une reconstruction, faisant surgir une altérité intrinsèquement négative et chimérique. Les propagandes politiques y recourent, comme les propagandes de guerre. Il s'agit à la fois de faire peur et de faire haïr, pour faire agir dans un certain sens. La diabolisation constitue donc une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un opposant, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont par là même transformés en ennemis, et en ennemis redoutables.

Diaboliser, c'est dénoncer et condamner un individu ou un groupe assimilé à une incarnation du Mal. Et, partant, créer un ennemi absolu, absolument redoutable et haïssable, contre lequel tout est permis. Celui qui diabolise l'autre (l'opposant ou le différent) se classe par là même dans la catégorie des représentants du Bien, voire des combattants du Bien. (...)

La diabolisation de l'ennemi est une opération qui fait partie de la logique du nationalisme, dont la stratégie est d'abord défensive. Les nationalistes désignent leurs ennemis, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour. Ils sont accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre. D'où le cercle vicieux de la diabolisation, vouée au mauvais infini de la rivalité mimétique : la diabolisation appelle la diabolisation. Diaboliser l'autre, c'est inciter l'autre à nous diaboliser en retour. Il en va de la diabolisation comme de la haine ou de l'intolérance, créatrices de cercles vicieux. « L'intolérance provoque l'intolérance », notait Anatole Leroy-Beaulieu à l'époque de l'affaire Dreyfus (...)

Lorsqu'on aborde le cas du Front national, on rencontre une interaction polémique complexe entre diabolisateurs et diabolisés. Car les leaders du FN, à commencer par Jean-Marie Le Pen, n'ont cessé de diaboliser leurs adversaires et leurs rivaux, sans compter les renégats de leur mouvement. Ils diabolisent aussi les causes supposées des malheurs ou du déclin de la France. Comme le rappelle Pascal Perrineau (La France au Front, Paris, Fayard, 2014), « le Front national excelle plus que toute autre force politique à stigmatiser des "diables" et des ennemis à livrer à la vindicte populaire : les multinationales, l'Europe, la mondialisation, le "libre-échangisme", l'"euromondialisme", l'islamisme, les communautarismes, l'"UMPS", mais aussi la "Caste", les élites, les eurocrates, l'"hyperclasse", les califats, l'"Établissement", les immigrés, les technocrates... » En outre, c'est par la diabolisation de son président que le FN est sorti de la marginalité. Le diabolisateur Le Pen semble avoir joué la carte de sa propre diabolisation par ses adversaires politiques. On se souvient des provocations verbales de Jean-Marie Le Pen, amateur de jeux de mots douteux (« Durafour crématoire ») et de formules minimisant ou mettant en doute le génocide nazi des Juifs d'Europe (l'affaire dite du « point de détail »). L'auto-diabolisation volontaire par la provocation systématique aurait ainsi représenté un outil tactique pour percer le mur du silence ou de l'indifférence, l'un des stratagèmes utilisés par un Le Pen en quête de visibilité médiatique. La diabolisation provoquée peut donc faire l'objet d'un choix stratégique. Prendre la posture du diabolisé et la mettre en scène, c'est se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un « résistant ». Bref, le fait d'être traité comme une figure du diable devient une preuve qu'on est le contraire du diable. La diabolisation se retourne en mode de transfiguration. La mauvaise réputation s'avère bonne pour la réputation, et se traduit par l'acquisition d'un prestige, donc d'un capital d'autorité charismatique. Ami de Jean-Marie Le Pen, Dieudonné a reconnu lui-même, dans une interview accordée à Alger, en février 2005, au journaliste Hakim Kateb, que la diabolisation médiatique pouvait avoir, dans le cas de Le Pen comme dans le sien, des effets de séduction, et constituer un puissant outil de popularité : « Les gens en France votent de plus en plus pour Le Pen. Cet ancien d'Algérie était présent au second tour. Ça prouve bien que les gens n'écoutent plus les médias. Et plus ils cassent Le Pen, plus les gens votent pour lui. Plus on me casse moi, plus on vient me voir. Ils sont en train de perdre leur pouvoir, les sionistes. Tant mieux. »

La diabolisation de Le Pen, commencée en 1983-1984, a eu pour effet pervers d'accélérer puis de renforcer la promotion médiatique du leader national-populiste. Autrement dit, Le Pen doit principalement sa notoriété médiatique aux attaques diabolisantes dont il a fait l'objet. C'est pourquoi, si l'on considère les stratèges du FN comme des acteurs rationnels et passablement cyniques, l'on peut se demander si leur volonté déclarée de « dédiaboliser » leur parti n'est pas empreinte de mauvaise foi. Elle ne serait dans ce cas qu'une tactique permettant de diaboliser en retour les diabolisateurs antilepénistes. (...)

La diabolisation, dans la concurrence politique, peut donc être un atout : la figure d'un personnage diabolisé attire, séduit, voire fascine. La diabolisation est un ingrédient de toute figure charismatique. Il en va de même pour un parti : la diabolisation constitue un puissant facteur de son attractivité. Le simple fait d'être perçu comme n'étant pas un parti comme les autres lui confère de la séduction. L'écart par rapport à la norme, serait-ce un écart perçu négativement, suffit à provoquer une attirance. Avec cependant un prix à payer : la relative mais permanente marginalisation du diabolisé, serait-il devenu une figure populaire. C'est le cas, jusqu'à nouvel ordre, du FN. On ne séduit pas sans prendre le risque de provoquer des rejets et de multiplier ses ennemis. Il se trouve par ailleurs qu'on ne peut se « dédiaboliser » soi-même, par une décision prenant l'allure d'un projet à réaliser. Dans ce qui a été diabolisé, il reste toujours une diabolisation résiduelle. Le « pli » persiste. Mais cette « dédiabolisation » incomplète du FN présente l'avantage de lui conserver sa saillance : l'acquisition d'une totale respectabilité le banaliserait. Totalement « dédiabolisé », le FN perdrait une grande partie de son attractivité. Il lui faut trouver un équilibre pour persister dans l'existence politique : ni trop, ni trop peu, que ce soit dans la diabolisation ou dans la « dédiabolisation ». Tel est le paradoxe dont l'existence du FN est l'illustration. (...)

Étudier la diabolisation, c'est, pour l'essentiel, chercher à déterminer « le mécanisme psycho-social par lequel une communauté devient objet de haine » (Raymond Aron). (...) Diaboliser, c'est inciter à la haine en transformant un individu ou un groupe en ennemi du genre humain. Dans un article paru en 1955, Aron notait : « Le phénomène décisif ce sont les haines abstraites, les haines de quelque chose que l'on ne connaît pas et sur quoi on projette toutes les réserves de haine que les hommes semblent porter au fond d'eux-mêmes. » La haine elle-même, aussi abstraite soit-elle, est empreinte de sacré, comme si elle était contaminée par la sacralité de la Cause et du combat mené. Avec les mobilisations inspirées par la doctrine de la guerre sacrée, qui permet de transformer toute lutte en croisade, c'est le plus précieux des héritages culturels et politiques de l'Europe qui est jeté aux poubelles de l'Histoire : la séparation des sphères (sécularisation ou laïcité), le pluralisme et la tolérance, le respect de l'adversaire, le sens du débat, le désir de trouver un accord avec l'adversaire, la recherche du compromis. Voilà qui exalte moins les exaltés que l'esprit manichéen, l'engagement total dans un combat sacré et le désir d'anéantir l'ennemi absolu.

La vision extrémiste du monde consiste à voir des ennemis partout, qu'ils soient ceux d'en haut (les « puissants »), ceux d'à côté (les concurrents dangereux) ou ceux d'en face (les « envahisseurs »). Ces figures de l'ennemi absolu ont un premier caractère commun : leur capacité de se dissimuler, de porter des « masques ». Elles représentent des forces et des puissances cachées, souterraines, occultes. Leur deuxième trait commun est qu'elles sont censées conspirer contre les peuples ou le genre humain. C'est pourquoi l'extrémisme politique est inséparable d'une perception conspirationniste de la marche de l'Histoire, machine à fabriquer des ennemis absolus, qu'il s'agit d'abord identifier, en leur arrachant leurs « masques », ennemis qu'il faut ensuite éliminer et non pas simplement vaincre, et encore moins convaincre. Défini dans le langage symbolique des adeptes du combat sacré, l'objectif final est de « nettoyer » ou de « purifier » la terre des créatures « nuisibles » qui la « souillent ».

On peut caractériser cette configuration idéologique comme impolitique, dans la mesure où elle récuse par principe toute recherche du compromis, rendant ainsi impossible la transformation des adversaires en interlocuteurs respectables, qui, dans une société libre, ouvre la voie à la paix civile. L'intransigeance et le fanatisme transforment les antagonismes en guerres d'extermination. Entre adversaires, la discussion loyale, la volonté de se mettre d'accord au moins sur les raisons du désaccord et la recherche du compromis constituent le seul fondement de la paix dans la nation comme de la paix entre les nations. Un conflit, quand aucun compromis n'est possible, prend nécessairement la figure d'une guerre sans fin. Refuser en principe le compromis, c'est refuser la paix, s'il est vrai, comme l'a établi Julien Freund, que « la paix est inévitablement un compromis ou elle n'est rien, sinon une utopie et une chimère ». La paix, comme la guerre, étant « une affaire politique », précise Freund, « on ne peut l'établir autrement que par les moyens de la politique ». Et le respect de ce principe vaut pour prévenir les guerres civiles, qu'elles soient « chaudes », « froides » ou verbales.

La politique ne se confond pas avec la morale, mais leurs valeurs et leurs normes respectives interfèrent entre elles. On peut modéliser leurs relations par une intersection entre deux cercles ou deux sphères, comme le propose Paul Ricœur. L'écart entre morale et politique ne saurait être effacé, en ce que, comme le note Ricœur, « la morale de conviction et la morale de responsabilité ne peuvent entièrement fusionner». La tâche qu'on peut se donner est de tout faire pour que ces interférences prennent l'allure d'un cercle vertueux. Si la vraie morale se moque de la morale, et, a fortiori, du moralisme, l'un des premiers principes de la (vraie) morale pourrait se formuler comme suit : « Ne retrancher personne de l'humanité. » Nul homme ne devrait pouvoir être dit « de trop » parce ce qu'il serait l'incarnation d'une figure satanique ou d'une « sous-humanité ». Ce serait congédier enfin la diabolisation comme mode d'exclusion de certaines catégories d'humains et comme méthode de non résolution des problèmes de société.

2014-05-07-livretaguieff.jpg

vendredi, 16 mai 2014

R. Steuckers: révolution conservatrice

robert steuckers,radio courtoisie,révolution conservatrice,livre,nouvelle droite,synergies européennes,allemagne,histoire

Pour écouter:

http://fortune.fdesouche.com/338897-robert-steuckers-la-revolution-conservatrice-allemande-1918-1923#more-338897

 

mardi, 13 mai 2014

La transition énergétique avec Philippe Murer

La transition énergétique avec Philippe Murer - Le chemin de l’avenir

La transition énergétique avec Philippe Murer

Le chemin de l’avenir


Pierre Le Vigan
Ex: http://metamag.fr

Si la transition énergétique est au cœur du discours des « écolos », ce n’est pas la préoccupation première des Français. Il est pourtant certain que le problème se pose. Le pétrole devient de plus en plus rare et donc cher. C’est le fameux Peak Oil : le pétrole n’existe pas en quantité infinie, et, à partir d’un moment, maintenant ou au plus tard dans quelques années, il devient de plus en plus cher à extraire et sera de toute façon rationné. C’est le point de retournement à partir du moment où la moitié du pétrole mondial a été extrait. Déjà, le prix du baril de pétrole a été multiplié par 7 entre 2001 et 2013, et la tendance n’a aucune raison de s’inverser durablement. Cela pèse sur la balance extérieure de la France : tous les ans, nous importons quelque 70 milliards d’euros d’énergie fossile. En second lieu, la consommation d’énergie non renouvelable augmente le CO2 et, quelles que soient les controverses sur le réchauffement climatique, augmente la part anthropique de celui-ci. Enfin, la transition énergétique peut être un gisement d’emplois.

Le regard est-il pessimiste en ce qui concerne les réserves naturelles ? Le gaz de schiste n’est-il pas la solution ? Outre le danger de son extraction, et le coût élevé des méthodes les moins intrusives – et qui le restent – les réserves mondiales en pétrole de schiste sont estimées à 4 ans de consommation. Elles ne sont donc pas le moins du monde une relève durable. 

Revenons au réchauffement climatique. Si la part des facteurs naturel et anthropique fait l’objet de controverses scientifiques, il n’est pas niable qu’il y a une part anthropique. Elle amène des phénomènes comme l’acidité croissante des océans et une diminution de la biodiversité. Il y a aussi le risque d’effet « boule de neige » dans le cas de dégagement de méthane dans les régions jusqu’ici gelées (arctique). 

Il faut donc aller vers la transition énergétique, donc vers les énergies renouvelables combinées aux économies d’énergie. Pour le secteur résidentiel et l’industrie, cela se présente moins difficilement que pour le transport et l’automobile. Néanmoins, les voitures à pile à hydrogène seront bientôt  au point. Sans parler des voitures électriques mais aussi des voitures à eau ou à air comprimé, qui gênent tant les industriels adossés à de vieux schémas et à des chaines de profits fondées sur les voitures à pétrole.
 
Ce qui est sûr, c’est que les progrès techniques ne pourront pas suppléer à un nouveau mode de consommation : plus sobre, plus collectif dans les transports. Un grand virage est nécessaire. Quel est le coût réel du nucléaire ? Comment aller très concrètement et pas à pas vers les énergies renouvelables ? Comment produire, comment stocker les énergies renouvelables ? Jusqu’où pourrait-on  mener à bien un programme en ce domaine ?  Comment pourrait-on le financer ? Il manquait pour cela une étude solide. Un économiste l’a fait. Rigoureusement et sans omettre aucun aspect. Il est déjà connu pour ses analyses de la crise financière et ses textes sur le site du « forum démocratique » et de l’ « association pour un débat sur le libre-échange ». Depuis des années, il plaide pour un protectionnisme raisonné et raisonnable. Lisez-le. Sa clarté est étonnante, sa démonstration impeccable. Oui, c’est possible. Oui, la transition énergétique vers les énergies renouvelables est possible. C’est au politique de décider. Et aux citoyens de pousser à la roue.

Philippe Murer, La transition énergétique. Une énergie moins chère, un million d’emplois créés. Mille et une nuits, 214 pages, 5 €

dimanche, 11 mai 2014

Les cabotins aux affaires?

Les cabotins aux affaires?
 
La chute de l’emploi continue….

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

Les populations s’enfoncent dans le marécage que devient l’Europe. Le phénomène de la chute, de la mort lente, se déroule sous nos yeux. Nous vivons un meurtre économique de masse pendant que les poseurs et autres grimaciers veulent nous vendre aux multinationales américaines, peut-être fascinés par le fait qu’un jeune américain qui a fait au moins deux ans d’études supérieures va changer d’emploi en moyenne onze fois dans sa vie. Il semble que les dirigeants ramollisent leur caractère. Les élites politiques, sélectionnées par le monde des affaires, ont une mentalité de boutiquier: ils sont trop simples pour se préoccuper du peuple, et d’esprit trop lent pour s’intéresser à ce qui se passe ailleurs que dans leur ferme orwellienne. Pourtant, la politique de l’emploi pourrait être autre chose qu’une farce jouée par des cabotins. 

Une Europe cancanière


Depuis 1997, on a beaucoup parlé de la politique de l’emploi en Europe, les petits bourgeois de la Commission fumant de slogans nouveaux et s’exaltant à propos de l’économie du savoir. Pendant que ces crânes solennels mais creux rédigeaient des rapports, la population s’enfonçait dans la pauvreté. Toutes les industries ont chuté et les syndicats ne font plus rien pour les aider à se maintenir. Le racket fiscal tombe sur les seules entreprises restantes et gérées par des européens de l’ancien temps, car aucune diaspora venue du vaste monde ne paye d’impôts ; les petits fonctionnaires pratiquent l’art du faux, n’ayant plus le courage ni souvent la volonté de traiter ces fraudeurs comme ils le méritent.


On veut bien admettre que les transformations technologiques aient des effets sur l’emploi, surtout lorsque l’obsession de réduire le nombre de personnes pour augmenter la productivité se généralise. Pourtant le progrès technique est en marche depuis le milieu du XVIIIème siècle et s’est généralisé à la plupart des communautés organisées dans le monde sans pour autant que toutes les zones s’écroulent. On suggère que l’obsession de la flexibilité, pour chaque travailleur sauf pour le personnel politique, change les structures de l’emploi et déplace les employés comme des marchandises. 

Des principes qui devraient guider l’action


Les innovations que les observateurs ont remarqué depuis au moins un quart de siècle tournent autour de trois considérations :


• L’incertitude est pire que tout pour une organisation complexe, qui a atteint une certaine ampleur. Beaucoup d’acteurs ont un rôle à jouer en tant que clefs de voûte de l’ensemble et cela leur est impossible lorsque l’incertitude devient permanente. Il convient donc d’organiser des séquences “sûres” d’emploi et de mobilité. La sécurité se manifeste par le maintien de l’emploi (pas nécessairement le même) ou par un environnement prévisible en terme de revenu et d’alternatives.
• Il faut promouvoir des hommes de qualité qui voudront œuvrer pour le bien des populations. Il convient donc de donner une place plus importante aux secteurs tournés vers les activités sociales utiles, ce qui crée en même temps des emplois “soutenables”.
• La nécessaire articulation entre la sécurité et la flexibilité. On affirme que cette articulation reste aujourd’hui l’idéal des hommes d’honneur car elle se préoccupe simultanément de la protection sociale des employés, d’un droit du travail équitable, d’une politique active de la part des Autorités. A travers l’Europe, nombreux sont les économistes ayant souligné les possibilités de diverses innovations, à condition que la politique parlante et gesticulante ne les laisse pas mourir. 


Quelques innovations à approfondir 


Trois pays du Nord de l’Europe et deux du Sud ont retenu l’attention des économistes. En Hollande, le partage des tâches a toujours été privilégié : entre hommes et femmes, entre employés à plein temps et à temps partiel. En Finlande, les personnes de plus de 45 ans ont été incitées à rester actives et le moment de la retraite dépend d’un choix personnel. Au Danemark, chaque employé en arrêt de travail, pour quelque raison que ce soit, laisse le temps disponible à un travailleur sans emploi. En Italie, l’innovation a consisté à fonder des bourses du temps. Les individus disposent d’un compte-temps où ils peuvent accumuler ou utiliser des heures, dans le cadre d’une organisation collective du temps de la vie urbaine. Les horaires de fonctionnement des services publics, des entreprises privées, les spécificités des familles ont été mises en synergie dans certaines villes. Enfin, n’oublions pas les possibilités des coopératives dont le pays basque a donné d’excellents exemples. Les coopératives offrent l’opportunité de rassembler professionnels et bénévoles, subventions publiques et contributions privées, afin de satisfaire des besoins solvables ou non. Toute cette ferblanterie sociale ne vaut rien et s’écroule sous le poids de sa propre médiocrité. Aucune élite n’est sélectionnée pour mettre en place, durablement, avec fermeté, les conditions dans lesquelles chacun pourrait mener une vie décente. Le monde de la finance choisit des collaborateurs sans talent, sans esprit, sans rien, hormis l’obscurantisme. Le désert nous rattrape.


Deux ouvrages restent des références :Bernard Gazier : Vers un nouveau modèle social, Flammarion, Champs, 2005.Peter Auer-Bernard Gazier : L’introuvable sécurité de l’emploi, Flammarion, 2006.

00:05 Publié dans Livre, Livre, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 10 mai 2014

L’effondrement des sociétés complexes

L’effondrement des sociétés complexes de Joseph A. TAINTER
 
Sommes-nous en décadence?

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
 
Tainter,0.jpgDe même que la notion de progrès, celle d’effondrement ou de décadence suppose un jugement porté à partir d’une interprétation. Le choix des éléments importants de l’interprétation suppose à son tour une certaine conception de l’histoire ou de la société. Il est banal de remarquer que le vécu des peuples, comme de tout ce qui existe, connaît des modifications dont certaines se révèlent des dégradations si on les compare à un Etat antérieur qui sert de référence. Le livre de Tainter, qui vient d’être traduit en français alors qu’il a été publié en 1988 présente un intérêt à travers le rôle qu’il fait jouer au concept de rendement décroissant.
 
Quels phénomènes couvre l’effondrement ? 

collapse.jpgSelon les époques, c’est-à-dire le contexte historique singulier, l’effondrement couvre trois types de phénomènes: La disparition totale d’une civilisation et de la population qui la portait ; la chute d’une civilisation qui transmet une partie de son héritage à d’autres ; la transformation interne d’une civilisation qui abandonne certains de ses traits. 

Les symptômes d’un effondrement se rencontrent : dans la démographie, avec un changement de population lié à des migrations massives ; dans la culture, avec le mépris de l’expérience et la confusion des valeurs ; dans l’éthique, notamment la corruption ; dans les facteurs político-économiques tels le parasitisme et la baisse de productivité. Ces derniers facteurs reçoivent une attention spéciale dans ce livre sur l’effondrement des sociétés complexes.

La grille de lecture insiste sur le fait que les sociétés complexes voient leurs coûts de fonctionnement croître inéluctablement. Fasse à des problèmes nouveaux, les élites engagent des dépenses dont les avantages sont soumis à la loi des rendements décroissants. Ce processus transforme la complexité sociale, la rendant de moins en moins séduisante. Il vient un moment où des parties d’une société perçoivent un avantage croissant à une politique de séparation ou de désintégration de l’ensemble. Divers segments de la population accroissent leur résistance active ou passive, ou tentent ouvertement de faire sécession. Ainsi survient l’effondrement.
 
Sommes-nous en décadence ?

 
 
Le professeur Tainer se pose la question, tout comme Julien Freund le fit dans son ouvrage remarquable sur le même sujet ( La décadence. Sirey, 1984 ). Il est évident que les astiqueurs de niaiseries progressistes sont les premières causes de la décadence, en essayant de faire croire qu’il pourrait exister des solutions définitives aux problèmes de la vie en société dans un laps de temps accessible.

Les maniaques de l’organisation, les fanatiques du pouvoir laissé aux responsables de la finance et aux congrégations transnationales débouchent sur l’esclavage ou, au minimum, sur la servitude compte tenu de la relation maître / esclave contenue dans le domaine de l’économie. Les benêts du progrès dévient l’esprit vers des utopies, des manières très floues de penser le futur, car ce qui les intéresse n’est pas le futur mais le pouvoir présent. La manie du progrès dénigre l’expérience humaine en faveur de fantasmes, de chimères chaotiques présentées comme possibles parce qu’elles sont sentimentalement généreuses. Les financiers proposent toujours une société toute neuve, très belle si on la compare aux sociétés historiques toujours qualifiées de déficientes. Ils accélèrent donc le déclin. A prétendre sauver la société de la décadence grâce aux utopies merveilleuses qu’ils décrivent, les dévots du progrès précipitent la société dans le chaos.
 
Un test simple qui prouve la chute se trouve dans la relation hiérarchique. Se laisser imposer la loi des autres est le critère objectif de la décadence. C’est évidemment le cas de l’Europe qui attend ses nouvelles lois des trusts économiques qui l’achètent dans le cadre du diktat transatlantique. Les difficultés qui ont commencé en 2007 s’analysent mieux si on relie la complexité des structures mondialistes avec leur manque de rendement. Toutes les organisations  économiques, et Bruxelles en fait partie, ne peuvent plus satisfaire les populations. Elles ne servent qu’une bureaucratie fort médiocre, et remplissent de joie la supra classe financière.
 
Vers une lente déliquescence ?

Le livre de Tainer n’atteint jamais la profondeur analytique à laquelle parvient Julien Freund. On voit clairement que de nombreuses références sont empruntées à des études de seconde main, alors que Freund a médité la plupart des œuvres dont il parle. On citera par exemple Spengler et Toynbee.

Tainer ne comprend pas l’intérêt analytique de la distinction proposée par Toynbee, entre les prolétariats interne et externe. Pourtant, le prolétariat externe est celui qui écrira la suite de l’histoire. Chacun voit bien comment le monde de la finance a introduit en Europe un prolétaria externe et le manipule contre les autochtones, qui sont déjà victimes de la chute brutale de leurs conditions de vie ainsi que privés de leurs libertés. Freund insiste sur le point fondamental des libertés qui, en période de décadence, sont supprimées au profit d’une oligarchie financière et du prolétariat externe.

L’analyse de Tainer aide simplement à comprendre que l’effondrement peut aussi être une chance et un choix rationnel de nombreux acteurs. Les structures mondialistes coûtent tellement chères et sont si peu utiles aux populations autochtones que si elles s’effondraient il serait possible de se réorganiser de meilleure manière. Evidemment « L’effondrement n’est possible que là où n’existe aucun concurrent assez fort pour remplir le vide politique de la désintégration. Dans ce cas, la faiblesse politique et militaire conduira à une lente désintégration et/ou à un changement de régime. »

Un commentaire du site “Le Contrarien matin” tire la leçon de ces analyses pour l’Europe. “Avec l’accord transatlantique, nous serons absorbés par un voisin plus grand. Avec l’Europe, une puissance dominante que nous finançons tente de fournir un soutien économique. Au final, c’est bien la population qui paiera tous les coûts nécessaires à la poursuite de cette folle complexité. La description réalisée par le professeur Tainter est particulièrement juste sur ce sujet précis”.

L’effondrement des sociétés complexes, Joseph A. Tainter, Ed.Le retour aux sources, 2013, 300p, 26€.

Zivilreligion und Protestantismus

Zivilreligion und Protestantismus

von Moritz Scholtysik

Ex: http://www.blauenarzisse.de

 

Luthimg3d.php.jpegDer evangelische Theologe Karl Richard Ziegert untersucht und kritisiert ausführlich die Rolle der Evangelischen Kirche in Deutschland bei der Entstehung der bundesdeutschen Zivilreligion.

 

Der bundesdeutsche Umgang mit der eigenen Geschichte, die Ursprünge der Bundesrepublik selbst sowie die ihr vorangegangenen dunklen zwölf Jahre sind auf eine besondere Weise religiös aufgeladen. Dieser Umstand ist kein Zufall, sondern das Ergebnis gezielter Aktionen vor allem der Evangelischen Kirche Deutschland (EKD), die sich damit sehr früh als eine der obersten politisch-​gesellschaftlichen Hüterinnen des sogenannten Schuldkultes etablierte.

Dies versucht der promovierte evangelische Theologe Karl Richard Ziegert in einem wahrlich ausführlichen Werk zu zeigen und weiß Erhellendes zu berichten, sowohl über die deutsche Vergangenheitsbewältigung als auch über die Entwicklung des deutschen Protestantismus seit dem späten 19. Jahrhundert, im Hinblick auf sein Verhältnis zum Staat.

Die „Stuttgarter Schulderklärung“: Geburtsstunde der Zivilreligion

Im ersten Abschnitt des Buches klärt Ziegert den Leser „über die heiligen Dinge der Bundesrepublik“ auf und erläutert Begriff und Struktur der Zivilreligion. Unter dem Eindruck von Niederlage und Besetzung sowie der alliierten Umerziehung bildete sich in Deutschland eine Öffentlichkeit heraus, die es bis heute als ihre moralische Pflicht ansieht, sich selbst und somit die eigene Identität, Geschichte und Kultur an den Altären der Zivilreligion zu opfern. Die Essenz dieser Zivilreligion ist die vermeintliche Kollektivschuld, die das deutsche Volk in den Jahren 1933 bis 1945 auf sich geladen haben soll.

Besonders wichtig ist jenes Kapitel, in dem der Autor detailliert das Zustandekommen der Stuttgarter Schulderklärung der EKD vom 18. Oktober 1945 nachzeichnet. Diese sehr spannenden Ausführungen zeigen, wie der einflussreiche protestantische Theologe Karl Barth und seine Mitstreiter unter massivem Einfluss amerikanischer und britischer Geheimdienste geschickt den innerkirchlichen Widerstand gegen eine solche Unterwerfung ausspielten und sich schließlich offiziell zur allgemeinen Schuld der Deutschen und des deutschen Protestantismus bekannten. Diese Erklärung der EKD ermöglichte laut Ziegert erst die Etablierung der Zivilreligion und des Schuldkultes.

Die politische Funktionalisierung des Religiösen

Da die deutsche Kollektivschuld nicht auf Tatsachen beruht, konnte sie Deutschland nicht einfach angehängt werden, sondern benötigte Verfechter aus den eigenen Reihen, so Ziegert. Diese fand man in den protestantischen Theologen um Karl Barth, die spätestens ab 1919 eine starke Verschränkung von Politik und Religion propagierten. Dem Dritten Reich standen sie nicht derart ablehnend gegenüber, wie sie es nach der deutschen Kapitulation 1945 behaupteten.

In den darauffolgenden Abschnitten zeigt Ziegert, wie sich die bundesdeutsche Zivilreligion im Laufe der Jahrzehnte festigte und in der politischen Kultur weiterhin gegenwärtig ist. Daran ist auch die EKD durch die politische Funktionalisierung des Religiösen maßgeblich beteiligt.

Mangelnde Trennschärfe

Ziegerts Arbeit ist sehr genau, doch ist seine Definition des Begriffes „Zivilreligion“ insofern mangelhaft, als dass er diesen nicht klar gegenüber der Politischen Theologie abgrenzt. Trotz massiver Unterschiede verschwimmen bei dem evangelischen Theologen die Bedeutungen. Beispielsweise liefert er Zitate von Wilhelm Stapel oder Franz von Papen, die sich für einen christlichen Staat aussprechen und ordnet diese in eine kontinuierliche Entwicklung in Deutschland ein, an deren Ende eben die heutige Zivilreligion steht.

Dabei ist das Hauptmerkmal der bundesdeutschen Zivilreligion die Sakralisierung des Politischen, also Profanen. Damit schafft sich unsere postchristliche Gesellschaft nicht nur eine Ersatzreligion, sondern legitimiert zudem die politischen Institutionen der BRD, beispielsweise das Grundgesetz, auf religiöse Weise. Dies steht im Gegensatz zu einer politischen Ordnung, die ihre Institutionen im Einklang mit einer religiösen beziehungsweise kirchlichen Lehre bildet, wie zum Beispiel dem Heiligen Römischen Reich Deutscher Nation.

Verhältnis von Kirche und Staat

Karl Richard Ziegert nimmt bei seiner Untersuchung eine lutherische Position ein, die in einem Zitat Martin Luthers deutlich wird, welches dem Buch vorangestellt ist. Demnach sei es hinreichend, wenn eine Regierung von der Vernunft geleitet würde. Es bestehe keine Notwendigkeit einer christlichen Überzeugung. Zu dieser Ansicht kommt hinzu, dass Ziegert eine eindeutige Trennung der Sphären von Politik und Religion befürwortet.

Im Hintergrund zur eigentlichen Thematik des Buches stellt sich somit auch die altbekannte Frage nach dem Verhältnis von Staat und Kirche beziehungsweise Politik und Religion. Trotz der Ferne moderner Gesellschaften zu institutionalisierten Religionen (nicht Zivil– oder Ersatzreligionen), ist diese Frage dennoch grundsätzlich und birgt zumindest für heutige Konservative die Möglichkeit zur fruchtbaren Debatte.

Neue Blickwinkel und Erkenntnisse

Zivilreligion. Der protestantische Verrat an Luther bietet einen profunden Beitrag zum Thema Vergangenheitsbewältigung sowie einen detailreichen Überblick über interne kirchenpolitische Debatten des deutschen Protestantismus seit Ende des 19. Jahrhunderts. Der Zusammenhang beider Punkte dürfte den meisten Lesern weitestgehend neu sein, somit ist Ziegerts Abhandlung für das Verständnis der jüngeren deutschen Geschichte sehr wertvoll.

Das Gesamtbild wird allerdings getrübt, da die Grenzen des Begriffes der Zivilreligion verschwimmen und der Autor diesbezüglich undifferenziert vorgeht. Nichtsdestotrotz weckt diese Thematik Interesse und den Wunsch, sich damit weiter zu befassen.

Karl Richard Ziegert: Zivilreligion. Der protestantische Verrat an Luther. Wie sie in Deutschland entstanden ist und wie sie herrscht. 480 Seiten, Olzog Verlag 2013. 48,00 Euro.

jeudi, 08 mai 2014

L'effacement du politique...

L'effacement du politique...

Pierre Le Vigan vient de publier aux éditions de La Barque d'or L'effacement du politique - La philosophie politique et la genèse de l'impuissance de l'Europe. Collaborateur des revues Eléments, Krisis et Le Spectacle du monde, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009) La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012) et Chronique des temps modernes (La Barque d'Or, 2014).

Le livre peut être commandé à l'adresse suivante, pour la somme de 19 euros, port compris :

Editions La Barque d'Or

12 rue Léon Blum

94600 Choisy le Roi

 

Effacement du politique.jpg

" « Le politique est une instance, il lui faut une substance.»

« Dans l'Europe actuelle, l'unique a été privilégié sur le commun (ainsi pour la monnaie). Pire, l'unique a tué le commun.»

«Faut-il choisir le retour à nos vieilles nations contre l'Europe ? Cela ne parait pas durablement possible. Qui peut penser que nos nations soient à l'échelle des grands empires du monde : USA, Chine, Inde, Brésil... ? Faut-il alors construire une nation européenne, l'équivalent de nos vielles nations mais à l'échelle de l'Europe ? Interrogeons-nous. Si le volontarisme est nécessaire, est-il toujours suffisant ? Peut-on en quelques décennies refaire le processus de construction des nations qui s'est étalé sur plusieurs siècles ? Il faut sans doute faire une Europe politique mais pas comme une «supernation». Comme autre chose. Et c'est là qu'il faut certainement recourir à l'idée d'Empire. La repenser comme notre nouvelle chose commune. Faire revivre une idée à la fois très ancienne et très neuve ? » "

mercredi, 07 mai 2014

Un monde de moins en moins sédentaire

La revanche des nomades
 
Un monde de moins en moins sédentaire

Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr
 
orsenna.pngLors d’une conférence de présentation de son dernier livre Mali ô Mali, l’académicien Eric Orsenna a développé l’une de ses réflexions sur l’évolution des sociétés. Elle mérite d’être reprise et méditée.

L’histoire du monde a été une histoire de migration avec une suprématie des nomades. L’apogée de l’impérialisme nomade terrorisant le monde agricole et urbain est sans doute à fixer lors des conquêtes mongoles pendant et après Gengis khan. La fortification et l’artillerie ont marqué le début du reflux des nomades. Le nomade a été marginalisé et parfois sédentarisé de force comme les indiens de l’Amérique du nord. Les peuples du désert que sont les Bédouins et les Touaregs ou ceux des steppes d'Asie centrale pratiquent encore ce mode de vie. Néanmoins, les États que ces nomades traversent tentent le plus souvent de les sédentariser.

Le nomadisme résiduel est une survivance du passé

L'humanité a vécu à l'état nomade durant tout le Paléolithique, avec l'Australopithèque, Homo habilis, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neandertalensis et, vers la fin du Paléolithique, avec Homo sapiens. Il y a ensuite l'époque mésolithique durant laquelle elle est devenue peu à peu semi-nomade pour commencer à se sédentariser durant le Néolithique.
Le nomadisme est souvent associé à une organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues appellent « une société segmentaire » c'est-à-dire une société structurée en lignages, clans, tribus et éventuellement confédérations tribales : de nos jours, seul ce type de sociétés pratique une économie nomade ou semi-nomade.

9782234063365FS.gifOr le nomadisme est de retour. C’est incontestable. Orsenna a raison et voit juste sur ce point. Le terrorisme islamiste est nomade et s’empare de territoires vastes où ses combattants font du nomadisme. La piraterie, nomadisme des mers est  également revenue. Les entreprises qui délocalisent sont nomades, la finance internationale est nomade et surtout le monde de l'internet est par définition un monde nomade. La civilisation sédentaire, quant à elle, doute de ses valeurs.

Le nomadisme islamiste est une résurgence du passé avec une forte identité religieuse, il s’oppose presque à l’autre nomadisme celui, sans racines historiques, de la technologie. Nomadisme du passé que l’on veut rétablir contre modernité coupé justement du passé.

On peut donc aller au-delà de la réflexion d’Orsenna et  considérer que le grand affrontement de demain sera entre un nomadisme du désert, un nomadisme archaïque et un nomadisme moderniste de la toile, de la finance et de la technologie. Quand le passé réinvente le futur, l’avenir peut vite se trouver dépassé.

Mali, ô Mali, d'Erik Orsenna, Editions Stock, 416 pages, 21.50€.

mardi, 06 mai 2014

Olivier DARD présente son "Maurras"

Paris, vendredi 16 mai 2014

Olivier DARD présente son "Maurras" au Cercle de Flore

 
Vendredi 16 mai, le Cercle de Flore recevra Olivier Dard, historien, professeur à l’université de Metz, directeur de plusieurs colloques consacrés à l’Action française, qui viendra présenter son ouvrage consacré à Charles Maurras
 
À 19 heures dans les bureaux de l’Action française,
10 rue Croix-des-Petits-Champs, Paris 1er (métro Palais-Royal).
Participation : 3 euros  ; entrée libre pour les adhérents du CRAF.
(Armand Colin, 352 p., 25 euros)

lundi, 05 mai 2014

Pierre Gripari, un Martien si fraternel

Pierre.Gripari2.jpg

Pierre Gripari, un Martien si fraternel

(1)
Ex: http://www.lespectacledumonde.fr
Il y a exactement vingt ans, Pierre Gripari nous quittait. Les plus anciens lecteurs du Spectacle du Monde se souviennent certainement des portraits d’écrivains qu’il y donnait. Jean Dutourd a dit de lui qu’il fut, avec Alexandre Vialatte – autre collaborateur de haut vol de notre revue –, le grand méconnu des lettres françaises. Il est temps de le (re)découvrir.

Les gens ne veulent pas le croire, mais les Martiens existent, un homme les a rencontrés : l’écrivain Pierre Gripari. On raconte même qu’il en était peut-être un, lui l’auteur d’une mémorable trilogie martienne (Moi, Mitounet-Joli, 1982 ; le Septième Lot, 1986 ; et les Derniers Jours de l’Eternel, 1990). Tous ceux qui l’ont côtoyé vous le diront : Gripari ne vivait pas vraiment sur Terre, il y campait seulement, créature en transit, emprisonné dans le corps d’un auteur français, né, selon l’état civil, à Paris, le 7 janvier 1925, et mort – enlevé plutôt – dans cette même ville, le 23 décembre 1990, il y a tout juste vingt ans. Sur les registres, était inscrit qu’il avait pour mère et père « une sorcière viking » et « un magicien grec », mais en réalité, c’était un orphelin des étoiles qui a fait une longue escale sur notre planète.

Peut-être y a-t-il eu un malencontreux accident à sa naissance, un peu comme dans La vie est un long fleuve tranquille. On aurait alors interverti les bébés. Gripari se serait ainsi retrouvé avec des parents terrestres, lui l’extraterrestre. Disant cela, on ne brode pas sur un thème cher à l’auteur des Rêveries d’un Martien en exil (1976). Non, la révocation du monde est le préalable à l’œuvre griparienne. Elle est née d’un coup d’Etat : il n’y a rien, pas d’origine divine, ni d’ascendance humaine. 

De là vient que les héros de Gripari sont des enfants, des fées, des lutins, des animaux, des centaures et des surhommes. Telle était sa vraie famille. Son oeuvre est traversée par une volonté d’exhominisation. Les personnages aux noms et prénoms si cocasses qui la jalonnent le prouvent abondamment : dans la Vie, la Mort et la Résurrection de Socrate-Marie Gripotard (1968), le héros éponyme est un mutant nietzschéen ; Charles Creux, dans Frère Gaucher ou le Voyage en Chine (1975), un fantôme ; Roman Branchu, dans les Vies parallèles de Roman Branchu (1978), une probabilité déroutante dans un univers de possibles. 

Tout apparente Gripari aux créatures mythologiques dont il peuplait son univers, tour à tour cyclope, mère-grand, Petit Poucet, Chat botté, Merlin l’enchanteur. Un homme à la croisée des mondes, vivant dans plusieurs dimensions, chacune d’entre elles communiquant avec les autres. C’est cela le fantastique : la pluralité des mondes, l’aptitude à glisser d’un univers à l’autre, du réel à l’imaginaire, du mythique au fantastique, du trivial au poétique.

Gripari commençait sa phrase sur Terre et la finissait sur Mars. Ou plutôt l’inverse, tant il a su renverser la perspective habituelle de la science-fiction, un peu à la manière de Montesquieu dans les Lettres persanes : ce ne sont plus des hommes qui partent à la découverte des extraterrestres, mais des Martiens qui viennent explorer cette espèce étrange – l’homme.

pg27745.gifDans l’excellent petit ouvrage qu’ils viennent de lui consacrer, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa disparition, Anne Martin-Conrad et Jacques Marlaud nous rappellent quel homme étrange il fut, lui qui mena une vie ascétique de vieux garçon dans de modestes meublés sans confort, moitié Diogène des temps modernes vivant dans un tonneau sommairement aménagé, moitié franciscain parlant d’égal à égal à frère Martien et soeur Sorcière. C’est là qu’il vivait, dans un dénuement heureux, avec une table en Formica, pour prendre de frugaux repas, écrire et rêver, habillé comme un chiffonnier d’Emmaüs de chandails mités et de chemises qui sortaient du pantalon, toujours en espadrilles, été comme hiver, comme échappé d’un film de Jacques Tati, animal pataud habité par la grâce des poètes, dont le sourire désarmait les douaniers et les enfants.

Il était volontiers scabreux, souvent saugrenu, toujours lunaire, pareil, finalement, à son Pierrot la Lune (1963), titre de son premier livre, sa seule autobiographie. Il tutoyait tout le monde, à commencer par son lecteur, qu’il installait d’emblée dans une relation de fraternelle complicité. La voie haut perchée, faite pour réciter des fables d’Esope ou contrefaire des bruits d’animaux, il n’avait pas son pareil pour lire des textes, coassant, barrissant, mugissant, autant qu’il parlait. Ensuite, il partait d’un rire « hénaurme ». Ce n’était pas un rire, mais l’expectoration d’un ogre jovial. Tout était inattendu chez lui, comme en physique aléatoire. On ne savait jamais quelle direction allait emprunter sa conversation, ni quels contours dessineraient ses récits. Il était unique – on l’est tous, mais lui l’était superlativement. C’était un ovni qui professait des idées hétérodoxes dans tous les domaines, se définissant de préférence comme un homosexuel athée, misogyne et fasciste. Ce n’était pas une carte de visite qu’il vous jetait à la face, mais un casier judiciaire. Il était tout cela, certes, mais d’une façon si inhabituelle, si peu convenue, si peu bornée, qu’il intriguait et subjuguait jusqu’aux hétérosexuels les plus intransigeants et aux chrétiens les plus fervents.

Gripari a payé un lourd tribut à son inimitable liberté de ton. Quoiqu’il ait laissé derrière lui quelques-uns des livres les plus originaux de notre temps, la plupart de ses ouvrages sont confinés aux rayons pour enfants. L’oeuvre pour adultes, qui réunit pourtant des romans bizarres, des fantaisies géniales, des contes loufoques ou profonds, des dialogues hilarants, des pièces de théâtre ambitieuses ou légères – son premier succès a d’ailleurs été sur les planches, le Lieutenant Tenant (1962), qui lui vaudra l’amitié de Michel Déon –, des poèmes facétieux et drolatiques, cette oeuvre pléthorique reste dans l’ombre des Contes de la rue Broca (1967), adaptés à la télévision, et des Contes de la Folie- Méricourt (1983).

A l’heure où l’oeuvre de Sade a quitté l’enfer des bibliothèques, celle de Gripari est ainsi venue l’y remplacer. On la tient soigneusement à l’écart, trop dérangeante, comme sa Patrouille du conte (1982), parabole étourdissante et prémonitoire du politically correct à la française : une patrouille d’enfants reçoit pour mission d’aller faire la police dans le royaume si peu démocratique du conte ; sa feuille de route : l’épurer de tous ses reliquats féodaux et monarchiques. L’affaire tourne mal, comme on s’en doute.

Gripari racontait des histoires dont il était sûr « qu’elles ne sont jamais arrivées, qu’elles n’arriveront jamais », vivant de plain-pied dans le merveilleux, sans jamais tenir compte de l’absurde convention qui veut qu’il n’y ait qu’un niveau de réalité. Dès lors, tout devenait possible, la Terre pouvait être plate et l’Amérique ne pas exister, comme dans l’Incroyable Equipée de Phosphore Noloc (1964).

Ses romans sont des bric-à-brac enchantés, des bibliothèques remplies de vieux grimoires qui s’animent comme dans des histoires de revenants. Il y avait en lui quelque chose de jungien en cela qu’il considérait le matériau des contes et des mythes comme des invariants inscrits depuis toujours dans l’inconscient collectif de l’humanité. A charge pour nous de les revisiter. Ce qu’il fit. Mythologie grecque, cycle arthurien, sagas scandinaves, romantiques allemands (Hoffmann en tête), tout y passa.

On trouvait de tout dans sa boîte à malices d’écrivain. Il lisait dans le texte quantité de littératures étrangères. Cette curiosité le conduisit à écrire du théâtre selon les règles du Nô japonais, des poèmes érotiques, des romans par lettres, des fabliaux médiévaux, des chansons de geste. Mais la forme qu’il chérissait le plus, c’est le conte ; un genre qui remonte à la plus Haute Antiquité et à la plus lointaine enfance, à la fois sans âge et éternellement jeune. Ainsi de l’auteur de l’Arrière-Monde et autres diableries (1972) et des Contes cuistres (1987), grand prix de la nouvelle de l’Académie française. On ne le dira jamais assez, Gripari a été pour le XXe siècle ce que furent Charles Perrault pour le XVIIe siècle et les frères Grimm pour le XIXe siècle : le conteur, le diseur, le fabuliste de notre temps, celui qui donne à l’homme son indispensable nourriture onirique, l’architecte de nos songes.

C’était un décathlonien de la littérature, un auteur complet qui exerçait son art en généraliste, s’essayant à tous les genres littéraires, qu’il respectait scrupuleusement. Sur la forme. Pas sur le fond. C’est le fond qui est original chez lui. Sa langue procédait plus de la tradition orale que des écritures sophistiquées, privilégiant le rythme à la mélodie et l’expression dramatique aux effets de style. Grec d’origine, mais non byzantin. Si d’ailleurs il restait méditerranéen par la forme – claire et précise –, par le fond, il était celte, germanique, septentrional.

De toute sa tribu de personnages, un être, entre tous, se détache : Dieu. C’était pour lui le personnage de fiction par excellence, il le mettait en scène inlassablement. Yahvé, Zeus, Osiris, Baal, Allah, toujours le même, toujours recommencé, avec ou sans barbe, cruel ou facétieux. On pourrait presque dire de son œuvre qu’elle est une exégèse sauvage et romancée de la Bible, qu’il a lue et relue avec une sorte de virginité critique, même si sa lecture n’est pas sans rappeler celle de Marcion, l’un des premiers hérésiarques du christianisme.

Dans son esprit, la création du monde s’apparentait à un faux départ. Au commencement, il y eut un raté céleste, un couac divin, un accident originel, qu’il s’agisse de la Genèse, du big bang ou de la naissance de l’auteur. Quelque chose a cloché. Dieu créa le monde et il vit que cela n’était pas bon. Il faut tout reprendre à zéro, depuis le début. C’est là qu’intervient Gripari, démiurge bricoleur muni de sa baguette magique, comme dans Diable, Dieu et autres contes de menterie (1965).

Avec cela, joyeusement pessimiste. Si la vérité, c’est le vide absolu – et elle n’était rien d’autre pour lui –, il faut de toute urgence remplir ce vide, faute de quoi il nous absorbera, pareil à un trou noir. D’où sa fantaisie potache, ses contrepèteries incessantes, son « oui » nietzschéen au vide autant qu’à la vie. Quoique placidement désespérée, sa philosophie était amicale, allant chercher la sagesse là où elle s’est exprimée avec le plus de vigueur et de sérénité, chez Lucrèce, Maître Eckhart, Marc Aurèle, Epicure et quelques autres. Il a rassemblé leurs dits et paroles dans une anthologie, l’Evangile du rien (1980), qui dessine en creux le visage du récipiendaire, un peu comme dans Frère Gaucher, roman épistolaire où le personnage principal se dégage à partir des lettres qu’il reçoit.

Nul doute que le monde était pour lui froid, hostile, inhospitalier. Mais la littérature est là, qui le réchauffe. De tous les écrivains qu’il lisait et relisait jusqu’à plus soif, avec l’entrain d’un enfant que rien ne peut épuiser, c’était vers Dickens, l’écrivain chaleureux de l’enfance malheureuse, qu’il se tournait le plus souvent. Le vent mauvais, la pluie glacée, l’hiver de la vie s’arrêtent au seuil des livres de Dickens. On pourrait en dire autant de ceux de Gripari.

Gripari est entré en littérature comme on entre en religion. Le grand éditeur de sa vie, Vladimir Dimitrijevic, directeur de l’Age d’Homme, disait que « la littérature a été sa véritable patrie ». Il avait une confiance absolue en elle. « J’écris, confiait-il, pour être aimé longtemps après ma mort, comme j’ai aimé Dickens. J’écris pour faire du bien, comme Jack London m’a fait du bien, à quelques individus que je ne connaîtrai jamais, dont les pensées ne seront pas les miennes, qui vivront dans un monde que je ne puis concevoir. » Lui qui n’est plus, le voilà maintenant pareil à Dickens et Jack London, grand frère qui nous a précédés dans la grande aventure de la vie et se tient, tout sourires, au carrefour des existences, prêt à faire un bout de chemin avec chacun d’entre nous.

A lire Gripari, d’Anne Martin-Conrad et Jacques Marlaud, éditions Pardès, collection « Qui suis-je ? » (2010), 128 pages, 12 €.

lundi, 28 avril 2014

Deutschland von Sinnen: Das Bellen der getroffenen Hunde

akif.jpg

Deutschland von Sinnen: Das Bellen der getroffenen Hunde

Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de

Wenn die Rezensionsschlacht um Deutschland von Sinnen [2] so weitergeht, wird Akif Pirinçcis Gegnern bald kein Pulver mehr übrigbleiben. Den unvermeidlichen Godwin-Joker [3] konnten wir dank Ijoma Mangold schon letzte Woche abhaken. Gegen die geifertriefende tour de force, die nun derTagesspiegel [4] abgeliefert hat, wirkt Mangolds Offensive allerdings geradezu nüchtern-sachlich. Immerhin werden darin mit enzyklopädischer Vollständigkeit alle Knöpfchen durchdekliniert, die bisher noch gefehlt haben.

Am Ende der Besprechung von Christian Schröder und Caroline Fetscher wird ein eben erschienener Schmöker mit dem Titel„Sprache – Macht – Rassismus“ empfohlen, der zur Beruhigung aller Verunsicherten „eine ausführliche Analyse des Sprachgebrauchs von Akif Pirincci“ enthalten soll.

Wie in seinem aktuellen Buch berief sich der Autor darauf, dass „die Wahrheit“ über diese aufziehende Gefahr von den Medien absichtlich verschwiegen werde. Die sprachliche Analyse führt den manipulativen und ideologischen Duktus von Pirincci klar vor Augen. 

Die Autoren werden schon wissen, warum sie „Wahrheit“ in Anführungsstriche setzen. Zum einen scheint sie letztere ja nicht besonders zu interessieren; wer glaubt, auf der richtigsten aller Seiten zu stehen, muß keine Argumente bringen. Wie in Mangolds Rezension findet sich an keinem einzigen Punkt auch nur der Ansatz eines Versuches, Pirinçci sachlich zu widerlegen.

Zum anderen gehören sie augenscheinlich zu dem unter Linken weitverbreiteten Typus, der die Rede des Gegners schon dann für inhaltlich erledigt hält, wenn er sie rein „sprachlich“ dekonstruiert, was sich meistens darin erschöpft, alle Formulierungen und Gedanken, die einem nicht passen, in Anführungsstriche zu setzen oder suggestiv zu glossieren. Man spielt also „Ich sehe etwas, was du nicht siehst“, wobei die Linke heute in der Regel die Rolle der drei Tempelaffen einnimmt.

Freilich, alles hängt davon ab, was man sehen kann und will und was nicht. Machen wir die Stichprobe. Der Tagesspiegel zitiert:

„Künstler, Denker, Visionäre“ vermisst Akif Pirinçci. Statt ihrer muss der 54-jährige Deutschtürke eine Republik des „Raubtiersozialismus“ ertragen, in der er seine Steuern zahlt, um eine „verschwulte“ Polizei zu unterhalten, in der es von lotterhaften „Patchworkfamilien und Singlebörsen“ wimmelt, wo sich alle Welt „mit dem Abseitigen des Sexus“ beschäftigt, dessen „vielfältige Deformationen“ preist. Derart häufen sich die Zumutungen, dass der „Adoptivsohn“ seiner „liebsten Mutter, Deutschland“ zürnend und krakeelend in deren düstere Zukunft blickt.

Und hier noch ein paar Splitter von anderen Autoren [5] des Manuskriptum-Verlages [6]:

„Der Wohlfahrtsstaat hat uns in die Zange genommen.“ „Feminismus ist eine tropfende Hassreligion, ein totalitärer Umbau der Normalität.“ Die „auszehrende Monotonie des westlichen Diskurses“ führt zu einem „Dasein ohne Herkunft, Heimat, Nachkommenschaft und Transzendenz“.

Alles absolut richtig, daher: Zustimmung. Ich kann ehrlich gesagt, keinen Menschen mehr ernstnehmen, der das nicht so sieht.

Weiter:

Die Kernthese des Textes (…) lautet: In Deutschland dominieren suspekte Adepten der political correctness die Medien und das „kulturelle Leben“.

Auch das ist so offensichtlich richtig, daß, wer hier nicht zustimmt, entweder völlig naiv oder eben ein Förderer und Nutznießer besagter Zustände sein muß. Da hilft nur noch manisches Abwehr- und Verleugnungsgebell, und die Autoren bellen in der Tat, bis sie heiser sind.

Führen wir uns durch eine „sprachliche Analyse“ ihren „manipulativen und ideologischen Duktus klar vor Augen“. Es ist jedesmal dasselbe Gemisch, das hier Anwendung findet.

Punkt 1: man beginne mit einer faustdick demagogischen Verzerrung:

Akif Pirinçci wütet in seinem Buch „Deutschland von Sinnen“ gegen Frauen, Schwule und Zuwanderer.

Wer das Buch (oder auch nur seinen Titel) kennt, weiß, daß Pirinçci vielmehr gegen den Kult um „Frauen, Schwule und Zuwanderer“ vom Leder zieht, also gegen eine spezifische politische Agenda, deren Betreiber sich hinter der Lüge verstecken: „Wir sind die Frauen, die Schwulen, die Zuwanderer!“ Und diese werden dann, auf Schlagworte reduziert, auf die Schilde geheftet, um sich einerseits unangreifbar zu machen, und um andererseits zur moralischen Erpressung überzugehen: „Wer gegen uns und unsere Politik und unsere Lügen ist, ist gegen die Frauen, die Schwulen, die Zuwanderer!“ Da nützt es auch nichts, wenn ihre Kritiker mitunter selbst Frauen, Schwule oder Zuwanderer sind.

dvs_pirincci-620x330.jpg

Punkt 2: ein Muß sind möglichst diffuse und vage Anspielungen über angebliche „Demokratiefeindlichkeit“ der inkriminierten Autoren oder Texte, völlig egal, ob diese Behauptung belegbar ist, oder nicht. Dahinter steckt eine weitere Lüge: „Wir sind die Demokraten, wir haben die Demokratie gepachtet, wer gegen uns ist, ist ein Demokratiefeind!“ In diesem speziellen Fall müssen sich die Tagesspiegel-Schreiberlinge um zwei bis drei Ecken herumwinden, um auch das noch raunend unterzubringen:

Erschienen ist das Pamphlet in einem Verlag, der Demokratiegegner und Sozialstaatshasser vereint.… Der Übergang vom Kulturpessimismus, dem viele Autoren der Manuscriptum-Verlagsgruppe anhängen, zur schneidigen Demokratieverachtung der Neuen Rechten ist fließend.

Punkt 3: der Kritiker der „political correctness“ hat niemals gute und objektive Gründe, warum er die Dinge sieht, wie er sie sieht, sondern immer nur niedere Beweggründe, die sich allein subjektiven Ursachen wie seiner psychischen Verfassung und seinem miesen Charakter verdanken. Zum Beispiel ist alles, was er schreibt, von schrecklich häßlichem Haß motiviert, und seine Kritik darf man auch nie „Kritik“ nennen, sondern nur als Haß bezeichnen:

Akif Pirinçcis Hass-Buch „Deutschland von Sinnen“… Verlag, der Sozialstaatshasser vereint. …

„Haß“ ist der Welt der Linken bekanntlich gänzlich fremd, weil dort eine haßfreie Zone herrscht, alle nur die besten und humansten Absichten haben und sich ständig an den Händen halten und ganz fest an „Liebe und Solidarität [7]“ und dergleichen glauben. Wenn ein Linker in Rage gerät, ist er allemal ein bißchen zornig, und dann immer nur deswegen, weil er sich über eine Ungerechtigkeit oder Lieblosigkeit oder Diskriminierung aufregt.

 

Punkt 4: „Haß“ allein genügt aber nicht, sondern der kritisierte Text muß auch lächerlich, läppisch, unfreiwillig komisch sein:

Die Kernthese des Textes, der sich streckenweise wie eine „Titanic“-Satire auf neokonservative Positionen liest, lautet…

Punkt 5: Und dabei vollkommen wirr und kreischüberkandidelt:

Pirinçci schildert diese Clique in einem schillernden Cocktail aus schrillen Ressentiments,

Punkt 6: Trotzdem wohlkalkuliert dem billigstmöglichen, populistischen Gusto angepaßt:

…er mixt ein Gebräu, das Abertausende gerne zu sich nehmen…

Denn war auf die Sarrazinaden noch der Puderzucker bürgerlicher Konvention gestreut, bietet Pirinçci rohes Fastfood für die Massen…

Punkt 7: man darf die Wirrnis des Pirinçci jedoch nicht allzu sehr verharmlosen, denn es handelt sich hier außerdem um einen hochgefährlichen, klinisch Geisteskranken, „brutal“ und „sentimental“ zugleich, der sich von „Feinden“ umzingelt fühlt, ganz so, wie wir gelernt haben, uns das Klischeebild vom Nazi-Verbrecher vorzustellen:

Im brutalisierten Furor gegen Deutschlands inneren Feinde wie in der sentimentalen Idealisierung von Deutschland als guter Mutter offenbart sich ein System psychischer Abspaltungen. Darin gleichen Pirinçcis imaginäre Gegner eher Karikaturen, Comic-Charakteren, als lebendigen Menschen, von denen er kaum einen Begriff zu haben scheint.

Daß sie letztere Manier selber ganz vortrefflich beherrschen, stellen die Autoren nur ein paar Zeilen weiter unter Beweis:  sie behaupten etwa pauschal, daß es sich bei den Pirinçci-Lesern „offenbar“ um einen Haufen unterkomplexer, emotional verkrüppelter, pathologischer, ressentimentgetränkter Modernitätsverlierer handeln müsse, um überforderte Schwächlinge, die nur auf ein Stichwort lauern, um endlich die blutgeile, mörderische Urmenschensau vom Zaum zu lassen:

Offenbar sind tatsächlich beachtliche Anteile der Bevölkerung Deutschlands von Sinnen, diejenigen, die emotional mit dem pathologischen Wirrwarr dieser Publikation korrespondieren. Ob sie es aus Überforderung tun, um der Reizdichte und Komplexität der modernen, medialen Gesellschaft zu entkommen – als Symptomträger geben die Rezipienten Aufschluss über die epidemische Verbreitung von Ressentiments sowie das offenbar nur mit Mühen gebändigte Bedürfnis, ihnen enthemmt freien Lauf zu lassen.

Das ist klassische linke Bigotterie: die stupende Fähigkeit, in ein- und demselben Absatz genau das zu leisten, was man dem Gegner eben noch vorgeworfen hat, und dabei so selbstgerecht verbohrt zu sein, es nicht einmal zu merken. Inwiefern das mit einem „System psychischer Abspaltungen“ zu tun hat, die dann die Basis für Fremdprojektionen dieser Art bildet, oder ob es sich hier bloß um Knarzdummheit oder ungehemmte Demagogie handelt, sei dahingestellt.

Was die Neigung zu letzterer betrifft, so geben sich die Autoren nicht einmal ansatzweise Mühe, sie zu bändigen, sondern lassen mit Vollgas alle Zügel schießen. Da erscheint Pirinçci als der unmenschlichste, gewissenloseste Unmensch überhaupt, mit einem ultimativen ethischen Defekt, also böse:

Daher fehlt hier dann auch der politische Begriff von einer Gesellschaft, die ethische Vorstellung von Menschlichkeit überhaupt.

Und daraus kann nur was folgen? Punkt 8: Weil Hitler und „Mein Kampf“ per Mangold schon verschossen sind, wird das nächstschwerste Geschütz ausgepackt, die Dicke Breivik-Berta:

Gemeinsamer Nenner der an Anders Breiviks „Manifest“ zum Massaker erinnernden Tirade ist „schlussendlich ein vor allem von den Grünen im Laufe von dreißig Jahren installiertes Gutmenschentum, dessen Fundament aus nichts als Lügen besteht.“-… Anders als Breivik, der das Ausagieren von Ressentiment, Hass und Paranoia mörderisch zelebrierte, belässt es dieser Tobende offenbar beim Wort; man muss hoffen, dass auch seine Rezipienten so viel Zurückhaltung aufbringen.

„Offenbar“, nur vermutlich also, ist Pirinçci gerade eben noch kein Massenmörder; und  man „muß“ (!) hoffen, daß seine Leser ebenfalls keine werden, und wenn, dann wäre er schuld. (Geht es, nebenbei gesagt, eigentlich noch niederträchtiger und hinterhältiger?)

Punkt 9: weil „Frauen“ im Schema des Kultes die „Guten“ sind, müssen die Autoren natürlich auf folgenden Umstand hinweisen:

Die zwei Dutzend Autoren der zum Manuscriptum-Verlag gehörenden Edition sind ausschließlich Männer –

Ausschließlich Männer! Und keine per Quote gestreuten „guten“, also weiblichen Menschen unter ihnen, nein, Männer unter sich! Was da wieder ausgebrütet wird! Daraus kann ja nur Übles erwachsen!

Um daraus aber einen richtigen Seitenhieb zu machen, muß eine weitere bewährte Platte aufgelegt werden. Um die besagten Kerle so richtig an den Eiern ihrer Mannesehre zu erwischen, werden sie als

ältere, verbittert bis weinerlich wirkende Männer,

bezeichnet. Das hat nun aber gesessen! Shame & Blame vom feinsten! Wir wissen doch alle, na klar: diejenigen, die mit den Folgen gewisser linker Politik nicht einverstanden sind, und es wagen, das Maul dagegen aufzumachen, sind allesamt Jammerlappen, Schwächlinge, Griesgräme, Loser, uncool, unmännlich und pensionsreif. Hört endlich auf zu heulen, ihr Mädchen! Indianer kennen Schmerz! Seid starke, richtige Männer und bekennt euch zur welterlösenden Mission des Feminismus! Und jetzt alle die Zähne zusammenbeißen und „schwul ist cool“skandieren!

deren Wut sich gegen die immergleichen Gegner wendet: die Emanzipation der Frauen, die Moderne, den Westen.

Ob der Hinweis auf die „immergleichen“ Gegner kritisch-abwertend gemeint ist? Das ist natürlich aus linkem Munde eine äußerst erheiternde Aussage. Beginnen wir gar nicht erst davon zu sprechen, warum „die“ Emanzipation „der“ Frauen, warum „die“ Moderne und „der“ Westen ein einheitlicher, makelloser, jeder Kritik enthobener Block des Immer-Guten, Immer-Gerechtfertigten sein sollen, und ihre „Gegner“ immer schlecht und widerlegt und unethisch. Das alles müssen wir doch Menschen, die mit der „Komplexität der modernen, medialen Gesellschaft“ so glänzend fertigwerden, daß sie es bei jeder Gelegenheit betonen müssen, nicht erzählen, oder?

Setzen wir hier einen Schlußpunkt. Unter all dem Gedöns haben die Autoren kein einziges inhaltliches Argument gegen Pirinçci (oder irgendeinen Autoren seiner Stoßrichtung) aufzuweisen. Die gute Sache allein entscheidet. Auf der einen Seite stehen gemäß ihrem Schlachtgemälde die potenziellen Verbrecher, die finsteren Ideologen, die Unterkomplexen, die Überforderten, die Bösen, die Unmenschlichen, die Uncoolen, die Alternden, die Schwächlinge, die alten Herren, die Frauenunterdrücker, die Jammersäcke, die Ungebildeten, die „Hasser“, die mühsam gebändigten Pogromgeilen und Massenmörder so weiter.

Und auf der anderen, auf ihrer Seite, steht selbstherrlich leuchtend das genaue Gegenteil: die Guten, die „Komplexen“, die „Differenzierten“, die Reflektierten, die Coolen, die Menschlichen, die Aufgeklärten, die Angst- und Haßbefreiten, die Souveränen, die Liebenden, die Solidarischen, die Modernen, die Rächer der Enterbten und so weiter, sich selbst schmeichelnde Selbstbilder, die schon längst zu Dauermasken erstarrt sind, aber durch keine inhaltliche Substanz mehr gedeckt werden.

Es ist nun genau diese überhebliche, zunehmend von der Wirklichkeit abgekoppelte Pose, die solchen Zorn und Haß bei all jenen erregt, die ihre Lügen und Anmaßungen nicht mehr hören können, und die unter den Folgen der von ihnen getragenen und mitverursachten Politik zu leiden haben.

Die Folgen ihrer Politik und Meinungsmache (zu denen inzwischen immerhin eine wachsende Zahl von Todesopfern gehört) [8] winken sie, sofern sie sie überhaupt zur Kenntnis nehmen, arrogant als Kollateralschäden ab, und unterstellen denjenigen, die sie zur Sprache bringen, niedrigste Absichten, beschimpfen sie, verletzen sie in ihrer Ehre, sprechen ihnen die Menschlichkeit und damit das Menschsein ab, erklären sie zu Feinden, nennen sie minderwertig und verhöhnen sie, schlechte Verlierer des großen Spiels zu sein, als dessen strahlende, selbstzufriedene, schlaue, dauergerechtfertigte, prahlende Sieger sie sich inszenieren.

„Sowas kommt von sowas“, lautet ein alter linker Slogan, und das Pirinçci-Buch ist nicht von heute auf morgen vom Himmel gefallen, sondern auch eine Frucht ihres eigenen Verhaltens. Da stehen sie nun und blinzeln wie blöd in die Sonne, und fragen sich, wieso gerade sie, die großen ewigen Unschuldslämmer und menschlichen Menschen plötzlich, aus heiterem Himmel, so wüst von diesem Türken beschimpft werden, der doch eigentlich auf ihrer Seite stehen müßte.

Nun fahren sie also reflexartig ihre üblichen Abwehrkanonen aus der rhetorischen Ramschkiste auf, und probieren eine Pistole nach der anderen aus (Textgenerator [9] gefällig?), inklusive Erpressungen, Verleumdungen, Unterstellungen, Anschwärzungen. Er sagt, wir seien geisteskrank? Das muß selber ein Geisteskranker sein! Er sagt, wir seien verantwortlich für schlechte, böse Dinge und Fehlentwicklungen? Das muß ein böser Mensch sein! Ein Psychopath! Ein Hitler! Ein sexuell Frustrierter! Ein Geschäftemacher! Ein Provokateur! Ein Fall für den Soziologen! Ein Fall für den Psychiater!

Überall suchen sie nach Erklärungen und Ursachen, nur nicht in der Wirklichkeit, nur nicht in sich selbst, niemals in sich selbst. Schon allein deswegen haben sie einen, zwei, drei, tausend Pirinçcis verdient, und kein Tonfall ist inzwischen zu scharf für sie.

URL to article: http://www.sezession.de/44690/deutschland-von-sinnen-das-bellen-der-getroffenen-hunde.ht

Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/44690/deutschland-von-sinnen-das-bellen-der-getroffenen-hunde.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/44228/deutschland-von-sinnen-wie-akif-pirincci-zum-frauengeschichtsschreiber-wurde.html/pirincci

[2] Deutschland von Sinnen: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/1480/deutschland-von-sinnen

[3] Godwin-Joker: http://www.sezession.de/44403/akif-pirincci-vs-ijoma-mangold-goldener-godwin-der-woche.html

[4] Tagesspiegel: http://www.tagesspiegel.de/kultur/akif-pirinccis-hass-buch-deutschland-von-sinnen-der-poebler-und-die-neue-rechte/9744444.html

[5] anderen Autoren: http://www.manuscriptum.de/edition-sonderwege/buecher/neuerscheinungen/titel/frank-boeckelmann-jargon-der-weltoffenheit/

[6] Manuskriptum-Verlages: http://www.manuscriptum.de/

[7] ständig an den Händen halten und ganz fest an „Liebe und Solidarität: http://weckerswelt.blog.de/2014/04/03/liebe-freundinnen-freunde-18143056/

[8] (zu denen inzwischen immerhin eine wachsende Zahl von Todesopfern gehört): http://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/antaios-thema/1127/deutsche-opfer-fremde-taeter.-auslaendergewalt-in-deutschland?c=13

[9] Textgenerator: http://www.taz.de/!136534/

[10] : http://de.wikipedia.org/wiki/Cultural_Marxism_(Schlagwort)

[11] : https://www.youtube.com/watch?v=PN2EoAZH1qQ

[12] : http://www.spiegel.de/panorama/justiz/a-964149.html

[13] : http://www.zeit.de/kultur/literatur/2014-04/debatte-intellektuelle-rechte-in-deutschland/seite-2

[14] : http://www.zeit.de/kultur/literatur/2014-04/debatte-intellektuelle-rechte-in-deutschland

vendredi, 25 avril 2014

David Engels: "Le déclin"

David Engels, Le déclin,

Interview avec Patrick Péhèle,

Radio Courtoisie

00:05 Publié dans Entretiens, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : davi engels, livre, décadence, déclin, radio courtoisie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 22 avril 2014

Nietzsche, ou la sagesse dionysiaque

Nietzsche, ou la sagesse dionysiaque

Un ouvrage de Rémi Soulié

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Cliquez pour acheter

Nietzsche, ou la sagesse dionysiaque ? Un titre aussi étrange que provocateur donné à son dernier essai, par Rémi Soulié, critique littéraire au Figaro Magazine et contributeur aussi brillant que rarissime sur Boulevard Voltaire. À l’instar de Dionysos, ce dieu incontrôlable dont les Romains durent contenir les excès ravageurs du culte public qui lui était jadis voué, cet ouvrage ne se laisse guère apprivoiser par une lecture furtive et dilettante. Les premières lignes offrent une clef de compréhension qui rassure le lecteur : « L’amour de la sagesse défini comme un exercice vital de la volonté. »

Pour qui connaît la philosophie « à coups de marteau » de l’auteur d’Ecce Homo, celle-ci n’est guère caractérisée par la juste mesure aristotélicienne qui sied à la sagesse. Il faut pourtant plonger au cœur de son évocation du sublime Zarathoustra pour s’apercevoir que gît bien une sagesse au « grand midi » : « La volonté de puissance, énergie chaotique, tend à son propre accroissement. […] Il appartient au surhomme, manifestation ultime des forces actives, de la reconnaître et de la vouloir dans son caractère affirmatif, en symbiose avec le tout de l’univers, de manière qu’il puisse transmuter les valeurs jusqu’à l’acquiescement renouvelé et sans reste à la vie. » Il poursuit : « Acte paroxystique d’un tel vouloir : l’approbation du temps avec lequel le surhomme a signé la paix, se délivrant ainsi de tout esprit de vengeance à son égard. En dernière analyse, l’unique ressentiment des hommes contre le temps et son “il était” disparaît par l’approbation active de chaque ins-temps passé, présent et à venir dans la plénitude de sa répétition infinie (il reviendra). »

Ce diable d’homme, dont on ne sait si c’est l’auteur ou Nietzsche lui-même dont il semble avoir adopté la broussailleuse moustache et la ténébreuse posture, nous coupe le souffle ! Extatique mais point ataraxique. Assurément, cette prescription éthique est puissamment politique en ce qu’elle est irréductiblement discriminante (pour ne pas dire discriminatoire). À la question proprement nietzschéenne de savoir si l’on est prêt à revivre sa vie strictement à l’identique, « chaque douleur et chaque joie, chaque pensée et chaque soupir, tut l’infiniment grand et l’infiniment petit de la vie, […] tout cela dans la même suite et le même ordre », Soulié lâche, détaché, en anarque jungérien : « Qui répond positivement à la question posée peut faire l’objet d’un “élevage” et accéder à l’éducation dionysiaque, éminemment sélective : l’aristocratie et dangereuse sagesse que prône Nietzsche ne s’adresse qu’au petit nombre capable de s’élever au-dessus de lui-même ; la seule édification digne de ce nom passe par la culture – au marteau, s’il le faut – des pulsions affirmatives. »

Soulié nous invite dans son Sud natal pour y trouver, à la manière des troubadours d’antan qui ne cherchaient pas mais trouvaient (« trobar »), « lo gai saber », le gai savoir, soit « la diététique du sage dionysiaque, toujours idiosyncrasique, fondée sur l’accord musical avec le monde ». L’auteur tente, in fine, une réconciliation métaphysique du « Crucifié » avec l’Antéchrist. Las. Elle est balayée par Dionysos, imprévisible danseur « sur les pieds du hasard », qui répugne à ce saut dans la foi. Dans ce qui n’existe pas. On s’interroge. Dieu ou Dionysos ?

00:05 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche, philosophie, livre, rémy soulié, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 19 avril 2014

Les Cahiers du Cercle Proudhon

Pierre De Brague est l’auteur du mémoire en préface des Cahiers du Cercle Proudhon : “Le Cercle Proudhon ou l’existence d’une révolution conservatrice française”.
De 1911 à 1914, s’est tenu en France une des expériences politiques les plus intéressantes de l’Histoire des idées.
Cénacle de réflexion se revendiquant de la figure tutélaire de Pierre-Joseph Proudhon, principalement réuni autour d’Édouard Berth et de Georges Valois, respectivement sous l’égide de Georges Sorel et de Charles Maurras, le Cercle Proudhon se veut une union sacrée envers les institutions démocratiques, honnies en tant que bourgeoises, libérales, républicaines, parlementaristes et ploutocrates.
Combat de patriotes français issus de deux traditions antidémocratiques, de droite et de gauche, le Cercle Proudhon tente de concilier royalisme et syndicalisme révolutionnaire, Tradition et Révolution, nation et lutte des classes, dans un même attachement aux valeurs et aux vertus du travail, de la production, de la culture classique, de la virilité et de l’héroïsme.
Révolutionnaire contre les socialistes réformistes, et Contre-révolutionnaire vis-à-vis des modernistes républicains, le Cercle Proudhon se posait, comme en témoignent ses publications sous forme de Cahiers, en véritable alternative au libéralisme marchand, à l’exploitation du peuple et à la destruction de la nation.
Peu diffusé, en proie à ses contradictions, et détruit par l’éclatement de la Grande Guerre, la tentative du Cercle Proudhon est souvent occultée par l’histoire officielle ou présentée comme une expérimentation « préfasciste »…
L’étude de ses écrits et de ses composants nous pousse plutôt à tirer les espoirs et les limites d’une pareille expérience et d’envisager les idées et les actes de cette « révolution conservatrice française » comme un modèle et un honneur pour tous ceux qui se veulent conséquents sur le champ politique.

jeudi, 17 avril 2014

La Révolution conservatrice allemande...

La Révolution conservatrice allemande...

Les éditions du Lore ont publié début avril un recueil de Robert Steuckers intitulé La Révolution conservatrice allemande - Biographie de ses principaux acteurs et textes choisis. Figure de ce qu'il est convenu d'appeler la Nouvelle Droite, Robert Steuckers a, à côté de ses activités de traducteur, animé plusieurs revues de qualité comme Orientations et Vouloir , et est un de ceux qui, avec Louis Dupeux, Giorgio Locchi, Thierry Mudry et Edouard Rix, a le plus contribué à faire connaître dans l'aire francophone cette galaxie d'auteurs, de groupes et de revues, actifs dans l'Allemagne de Weimar, qu'Armin Mohler a englobé sous l'appellation de Révolution conservatrice. Un ouvrage indispensable, et depuis longtemps attendu ! ...

L'ouvrage est disponible sur le site des éditions du Lore : Editions du Lore

 

la-revolution-conservatrice-allemande-biographies-de-ses-principaux-acteurs-et-textes-choisis.jpg

" Si la vulgate considère la Révolution conservatrice allemande comme un « laboratoire d’idées », il n’en demeure pas moins que cette dernière représente une extraordinaire aventure métapolitique qui inspire encore beaucoup d’idéologues, de philosophes et d’artistes aujourd’hui à travers le monde.

L’une de ses grandes figures, Arthur Moeller van den Bruck, proposa en son temps de penser un système politique qui succéderait au IIe Reich bismarko-wilhelminien au-delà des clivages gauche/droite, où les oppositions entre socialisme et nationalisme seraient sublimées en une synthèse nouvelle.

Dans ce recueil de grande densité, Robert Steuckers (ex-G.RE.C.E, Vouloir, Synergies Européennes) a regroupé la majorité de ses textes sur le sujet. Le lecteur y découvrira notamment les conférences pointues données par l’auteur entre 1994 et 2013 ainsi que diverses notices biographiques d’acteurs, illustres et moins connus, de la Révolution conservatrice allemande. "

 

Chroniques des Temps postmodernes...

Chroniques des Temps postmodernes...

Les éditions Avatar viennent de publier Chroniques des Temps postmodernes, un recueil de textes et d'entretiens de Tomislav Sunic. Intellectuel croate, ancien professeur de sciences politiques au Juniata college de Pennsylvannie et ancien diplomate, déjà auteur de nombreux ouvrages en langue anglaise et en langue croate, Tomislav Sunic a publié deux essais en France, Homo americanus (Akribéia, 2010) et La Croatie: un pays par défaut ? (Avatar Editions, 2010).

 

Chroniques des Temps postmodernes.jpg

" Authentique dissident dans un XXIème siècle lourd de menaces multiples et protéiformes, Tomislav Sunic, auteur de plusieurs ouvrages dont deux publiés en français (La Croatie: un pays par défaut ? Avatar Editions, 2010; Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne, Akribeia, 2010), déploie sa plume acérée dans ce recueil d’études et d’entretiens, pour établir une description clinique et lucide des temps de déraison et des années décisives qui constituent notre présent.

A l’aune des funestes figures engendrées par les systèmes idéologiques du siècle des grandes conflagrations (homo sovieticus et sa déclinaison balkanique, homo americanus), appréhendées dans un subtil jeu de miroirs, l’essayiste et conférencier américano-croate, nourri des travaux des “nouvelles droites” européennes, des penseurs transversaux et des meilleurs auteurs euro-américains, n’hésite pas à aborder avec courage et sérénité quelques-unes des problématiques essentielles, érigées en tabous de ces temps post-démocratiques d’unidimensionnalité néo-totalitaire, en posant les bonnes questions, avant de proposer de stimulantes pistes de réflexion et d’action. "

 

vendredi, 11 avril 2014

Jacqueline de Romilly: La grandeur de l'homme au siècle de Périclès

jacqueline-de-romilly-en-2003-10369195qchdf_1713.jpg

Jacqueline de Romilly, La grandeur de l'homme au siècle de Périclès, Editions de Fallois, 2010.

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Helléniste française de renom international, membre de l’Académie Française, Jacqueline de Romilly est décédée en 2010. Quelques mois avant sa mort, elle écrivit (ou plutôt dicta) cet essai qui répondait à son triste constat quant à la réalité de notre époque : le niveau culturel baisse inexorablement et les textes antiques ne sont plus lus. Or, pour l’auteure, il est impératif de se ressourcer auprès de ces grands textes afin d’y trouver les réponses sur nous-mêmes et de préparer notre futur car « nous vivons une époque d’inquiétude, de tourments, de crise économique, et –par suite- de crise morale ». Cette louable préoccupation, qu’on retrouvait également chez Dominique Venner, explique pourquoi je me suis intéressé à cet ouvrage dont je vais tenter d’extraire plus bas les aspects qui m’ont le plus marqué.

1. Que signifie, pour les auteurs grecs de l’époque de Périclès (Vème siècle avant JC), cette idée, exprimée pour la première fois sans doute, de grandeur de l’homme ? 

romilly.jpgJacqueline de Romilly se base ici sur Sophocle et surtout Thucydide où elle décèle les éléments d’une sagesse politique tendant à des vérités valables pour le présent mais aussi l’avenir.

La grandeur de l’homme s’entend comme l’agrégat de plusieurs éléments: en plus de l’intelligence et de l’ingéniosité propres aux hellènes, c’est ce sentiment que la nature humaine dans ce qu’elle a de plus « humain » (égoïsme, paresse, passions –au mauvais sens du terme- diverses) se doit d’être dominée. « La grandeur de l’homme, nous dit effectivement J. de Romilly, c’est de s’élever contre sa nature ».

Dans sa Guerre du Péloponnèse, Thucydide faisait justement remarquer que nombre des acteurs politiques de l’époque étaient souvent mus par de bas mais très humains motifs personnels au lieu de rechercher avant tout le bien commun. Il soulignait par ailleurs que Périclès, à la différence de ceux-là, était honnête et incorruptible. Il disait la vérité au peuple et cherchait à le guider pour le bien de la cité. Voilà ce qu’est un dirigeant valable : un homme rempli de qualités morales qui fera rejaillir celles-ci chez le peuple qui a besoin de tels meneurs. Seul, le peuple ne peut en effet ni dominer sa nature ni tendre vers le supérieur car il lui manque des responsables exemplaires, disposant de hautes vertus, et donc, capables de le conduire vers davantage de grandeur. En effet, le peuple est trop marqué par sa nature profonde, sa légèreté et son manque de réflexion (il est ainsi capable de s’enthousiasmer facilement pour le premier démagogue venu), pour évoluer sans guides. Toute réussite politique est donc le fruit de la recherche du bien commun couplé à une morale forte. Elle implique la rencontre d’esprits éclairés et d’une base réceptive.

D’ailleurs, les points principaux de l’idéal politique de Périclès se retrouvent chez Thucydide (dans son oraison funèbre des morts, Livre II) : le respect des gens et de la loi, l’absence de trop de coercition, la participation à la vie publique (tout en ayant une vie privée), la célébration des fêtes, le respect des morts et de leur gloire passée, le courage et le dévouement à la cité. Cet ensemble de rites et de vertus cimentent la communauté dans la recherche du bien pour le plus grand nombre. Les citoyens sont donc fiers, responsables et peuvent mener un mode de vie éclairé par la liberté, ce qui les mène sur les chemins de la grandeur.

On pourrait par ailleurs ajouter à ce tableau idéal les idées que l’auteure n’évoque que trop rapidement : la morale qui perle à cette époque à propos de la solidarité, de l’indulgence et du pardon ou encore ce qu’on retrouve dans Socrate et Platon qui, d’un point de vue religieux, placent le but de l’homme dans son « assimilation à Dieu »…

2. En quoi la figure du héros tragique nous aide à mieux cerner ce qu’est la grandeur de l’homme ?

Se basant également sur les tragédies de la même époque se rapportant aux héros grecs, la grande helléniste nous montre un autre aspect de cette grandeur de l’homme à travers l’étude de leur sort.  Dans les tragédies d’Eschyle ou d’Euripide, les héros et leurs proches sont tous frappés de désastres et souffrent allégrement. Bien sûr, des personnages aussi différents qu’Œdipe ou Médée sont très souvent emportés par leurs passions, la première tue ses enfants pour se venger de Jason et le second (chez Euripide) tue toute sa famille. Pourtant, et ce point est fondamental, ils ne sont que des victimes de la volonté divine. Les dieux, par châtiment ou hostilité, inspirent démesure, folie ou actes insensés aux hommes et aux héros qui subissent cet « égarement » qu’ils craignent au plus haut point tant il est une menace pour leur dignité et leur grandeur. C’est un fait, l’homme (ou le héros qui est une sorte de demi-dieu) est fragile, voire minuscule face aux dieux.

Pourtant, même abattu ou humilié, le héros ne perd pas de sa grandeur. Le malheur le rend encore plus grand à nos yeux car il n’est pas synonyme d’abandon. Il prouve que le héros de la tragédie est prêt à tout pour atteindre son but : il accepte les épreuves et le sacrifice ultime : la mort.

Le spectacle répété des tragédies amenait ainsi le public à accéder à un monde de grandeur où se déroulait ce que Jacqueline de Romilly appelle « la contagion des héroïsmes ». La grandeur des héros pénétrait les habitudes de pensée des Grecs et influait sur leurs esprits et leurs idéaux. Savoir se sacrifier alors qu’on sait n’être que fragilité face aux dieux magnifie d’autant plus, chez l’homme, sa grandeur. D’ailleurs, l’exemple d’Ulysse qui fait face au courroux de Poséidon et à mille autres dangers le montre bien.

Les grecs n’étaient pas des optimistes béats et avaient bien conscience que l’homme mène une vie difficile où les épreuves et les pièges sont légions, avant tout à cause de sa fragilité et de sa nature intrinsèque. Pourtant, ils avaient fait le choix de dominer cela et de se vouer à un idéal supérieur, durable et beau, atteignable seulement par un travail constant sur soi impliquant efforts et triomphe de la volonté. Ils nous montraient un chemin, un élan intérieur, que nous devrions chacun essayer de suivre avec ardeur car tendre vers cette grandeur est un désir que nous nous devons de poursuivre en tant qu’Européens conscients de notre héritage et désireux de construire notre avenir. Car notre premier travail, il est à faire sur nous-mêmes. Et nous sommes notre premier ennemi.

Rüdiger

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

mercredi, 02 avril 2014

Heidegger’s Black Notebooks

Heidegger’s Black Notebooks:
The Diaries of a Dissident National Socialist

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com

In December of 2013, the German and French press began reporting that Martin Heidegger’s so-called Black Notebooks (Schwartze Hefte), forthcoming as volumes 94 to 96 of his Gesamtausgabe (Complete Edition), contain passages that constitute an anti-Semitic “smoking gun” (or maybe just a smoking chimney [2]).

On Monday, March 3, I received the first volume of the Black Notebooks, more than 500 pages written from 1931 to 1938. The second and third volumes, which have just been released and are in transit, contain writings from 1939 to ’40 and 1940 to ’41. All told, the three volumes contain more than 1,200 pages of Heidegger’s most private philosophical musings, the seeds of many of his contemporary and later lectures and writings.

It turns out that the passages in which Heidegger discusses Jews are found in the second and third volumes of the Black Notebooks (as well as in volume 97 of the Gesamtausgabe). Professor Peter Trawny, the editor of the Black Notebooks, has also written a small volume, Heidegger und der Mythos der jüdischen Weltverschwörung (Heidegger and the Myth of the Jewish World Conspiracy), which is due out this spring and which quotes and discusses the passages on Jews from volumes 95 to 97.

I will read and review these books in good time, but based on the quotes leaked so far, I predict that these passages will do little harm to Heidegger’s philosophical reputation.

Heidegger is still the most influential philosopher of the 20th century, despite the fact that it has long been known that he joined the National Socialist German Workers Party in 1933 and remained a member until 1945. It has, moreover, long been known that Heidegger spoke against the “Jewification of German intellectual life” (Verjudung des deutschen Geisteslebens). But, we are told, Heidegger was only a “spiritual” or “cultural” anti-Semite rather than a racial one. Beyond that, Heidegger opposed displays of vulgar and petty anti-Semitism while he was Rector of the University of Freiburg. It is also cited in Heidegger’s defense that he cheated on his German wife with Hannah Arendt, who was Jewish, and with Elisabeth Blochmann, who was half-Jewish.

Undatierte Aufnahme des deutschen Philosophen Martin Heidegger (1889-1976).

In sum, his defenders argue that Heidegger may have been a National Socialist, but he was never a particularly orthodox one, because the National Socialist ideology did not cohere with Heidegger’s own philosophy. And it is Heidegger’s philosophy that is of permanent importance, not his temporary dalliance with National Socialism.

Now, however, based on leaked lines from the Black Notebooks (that maybe amount to 1 or 2 pages out of 1,200), Heidegger’s detractors are claiming that this proves that anti-Semitism was not just a matter of “private insights” but that it is “tied to his philosophy [3],” indeed it is at the “core [4]” of Heidegger’s thought, that Heidegger’s Nazi problem is “deeper” and “bigger” than had been thought, that this constitutes a “debacle [5]” for contemporary Continental philosophy, and that from now on, it will be “hard to defend [5]” Heidegger.

Of course we need to take this all with a grain of salt, since the sources of these comments are (1) Heidegger’s publishers, who, I believe, are cynically using this controversy — abetted by Heidegger’s gleeful detractors — to create advance publicity and sell books — and with great success, since before they were even released, the Black Notebooks were philosophical bestsellers on Amazon.de; (2) Heidegger’s editor Peter Trawny, who has a book of his own to sell; and (3) journalists who love controversies.

I predict that after Heidegger’s actual remarks and Trawny’s commentary are finally released, and hundreds of thousands of Euros have changed hands, and thousands of readers have weighed the evidence: (1) we will have learned some new details about Heidegger and the Jews but nothing that will alter the existing picture, (2) both Heidegger’s defenders and detractors will be confirmed in their existing opinions, and (3) and some observers of the intellectual hysteria and thuggery surrounding even a whisper of anti-Semitism might conclude that Jewish power and freedom of thought are incompatible. That conclusion certainly began dawning on me as I read my way through the last controversy about Heidegger and National Socialism, which was launched in 1987 by Victor Farias’ Heidegger y el Nazismo.

For what it’s worth, I think it is a mistake to frame the Heidegger-National Socialism question as a matter of whether National Socialism was “inside” or “outside” Heidegger’s philosophy. It is clear that Heidegger thought that National Socialism was “outside” his philosophy — or any philosophy, for that matter, i.e., that it was a movement containing many conflicting and confused intellectual strands.

The real issue is whether Heidegger thought that his philosophy could transform National Socialism into an intellectually coherent, philosophically grounded movement, a movement that understood its “inner truth and greatness” (as he put it in 1935), namely the confrontation of historical man with global technological civilization.

And the answer to this question is clearly: yes. Heidegger thought that his philosophy could provide the foundations for a kind of National Socialism — which is, by the way, one of the reasons for his enduring influence on the New Right.

Now it appears that Heidegger also turned his attention to the Jewish question. Again, it is a mistake to read too much into a few leaked lines, but we are told, for instance, that Heidegger speaks of Jews as “rootless” and “calculating,” which for Heidegger are general traits of modernity. But it is not yet clear whether Heidegger regarded Jews as the subjects or the objects of modernity, or both.

Heidegger apparently regarded Jews as hypocritical insofar as they live according to the principle of race (Rasseprinzip) but attack Germans for seeking to do the same. Heidegger also reportedly notes that Jews foment wars to advance their interests but are loath to shed their own blood.

Such remarks instantaneously transform modern liberal journalists into elderly Victorian spinsters, clutching invisible cameo brooches at their throats as their cheeks blanch (the original meaning of “appalled”) and all ratiocination is paralyzed by the vapors. But a quick comparison of Jewish political preferences [6] in the United States and Israel proves the hypocrisy charge, and a cursory knowledge of Jewish lobbying for the US to attack Iraq, Iran, and Syria [7] proves the warmongering charge. Nothing, apparently, has changed.

In the initial reception of the Black Notebooks — as with everything else in European and American life — the tiny Jewish tail is wagging the dog. But when scholars turn their attention from a few sentences about Jews to the 1,200+ pages of other material in the Black Notebooks, the contrived controversy about anti-Semitism will be quickly forgotten. For, judging from the first volume, there are materials here of far greater importance.

For instance, in volume one, the second notebook (entitled Überlegungen und Winke [Reflections and Hints] III) begins in the fall of 1932 and runs through the spring of 1934, i.e., the entire period of Heidegger’s most intense political involvement with National Socialism and his Rectorship at the University of Freiburg. It is, in truth, the diary of a dissident National Socialist.

The opening words express high hopes: “A glorious awakening popular will stands in a great world darkness” (p. 109). Heidegger outlines plans for reforming the university system. But he had far greater ambitions than that, namely, to put National Socialism upon firm philosophical foundations, namely, his own philosophical foundations: ”The metaphysics of Dasein must according to its innermost structure deepen and broaden into a metapolitics ‘of’ the historical people” (p. 124).

Heidegger records his frustrations with”vulgar National Socialism” (p. 142) — a mass movement based in biological racism. He analyzes such basic concepts as the “people” (Volk), “socialism,” “wholeness” (Ganzheit), and the masses. He remarks that “National Socialism is a barbaric principle” (p. 194) and that “National Socialism in its present form is scarcely a ‘Worldview,’ and if it persists in its present ‘form’ can never become one” (p. 196).

Heidegger also records his frustration with the Rectorship, which eventually led to his resignation. On April 28, 1934, the day after his resignation was accepted, he writes “The end of the Rectorate . . . Long live mediocrity and clamor [Lärm]!” (p. 162). The final page is a confession of despair: “‘The Self-Assertion of the German University’ [the title of Heidegger's Rectoral Address] or — the small intermezzo in a great error” (p. 198). He foresees the complete absorption of the university by technical-instrumental modernity — and, by implication, the absorption of National Socialism itself, betraying its potential to offer a real alternative.

Scholars will be discussing these and other issues raised by the Black Notebooks long after the Lärm about anti-Semitism has died away.

Judging from the first volume, the Black Notebooks are where Heidegger initially drafted many of the ideas that characterize his later thinking. And, as with his lecture courses, they are expressed with great clarity and directness, poles apart from the contrived obscurity of many of the works he published in his lifetime, as well as posthumous works like Contributions to Philosophy, all of which read, as Flannery O’Connor put it, “like some evil incantation in gibberish” (“Good Country People”).

Heidegger stipulated that the Black Notebooks and related texts be published only at the end of this Complete Edition. I think he was saving the best for last.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/heideggers-black-notebooks/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/Heiddeger.jpg

[2] smoking chimney: http://www.fpp.co.uk/Auschwitz/docs/fake/SWCsmokeFake.html

[3] tied to his philosophy: http://chronicle.com/article/Release-of-Heidegger-s/144897/

[4] core: http://www.theguardian.com/books/2014/mar/13/martin-heidegger-black-notebooks-reveal-nazi-ideology-antisemitism

[5] debacle: http://www.zeit.de/2014/01/heidegger-antisemitismus-nachlass-schwarze-hefte

[6] Jewish political preferences: http://www.theoccidentalobserver.net/category/jewish-attitudes-in-israel-versus-the-diaspora/

[7] Jewish lobbying for the US to attack Iraq, Iran, and Syria: http://www.informationclearinghouse.info/article1438.htm

mercredi, 26 mars 2014

Adinolfi à Genève

Gabriele Adinolfi, 14 mars 2014, Genève, cercle Proudhon

00:05 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, genève, suisse, gabriele adinolfi, livre, subversion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 21 mars 2014

Les Mémoires interrompus de Jean-Claude Valla

Les Mémoires interrompus de Jean-Claude Valla

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Jean-Claude_Valla.tiff.pngDécédé le 25 février 2010 à l’âge de 65 ans, Jean-Claude Valla est une figure qui compte dans ce que la médiasphère a improprement appelé la « Nouvelle Droite » puisqu’il en fut l’un des co-fondateurs. Les éditions Alexipharmaque viennent d’éditer ses Souvenirs qui sont des Mémoires inachevés. Rédigé entre les années 1990 et le début de la décennie 2000, cet ouvrage intitulé Engagements pour la civilisation européenne retrace une partie de sa vie.

 

Né en 1944 à Marcigny dans le Sud de la Saône-et-Loire, le jeune Valla est très tôt happé par deux passions qui le tiendront jusqu’à la fin : la politique et la Bourgogne. Lycéen à Roanne, sous-préfecture et deuxième ville de la Loire, il fonde un fantomatique Comité des lycéens roannais pour l’Algérie française au lendemain de la semaine des barricades d’Alger en janvier 1960. Il s’affilie très jeune au mouvement poujadiste et rejoint sa branche juvénile, l’Union de défense de la jeunesse française dont il devient le responsable départemental car unique militant…

 

Il tempère son militantisme poujadiste par une adhésion quasi-charnelle à sa petite patrie qu’est la Bourgogne. Déjà épris d’histoire, Jean-Claude Valla aime sa terre natale. De son enfance passée à Marcigny, il a « conservé un attachement profond à la Bourgogne (p. 19) », particulièrement « la Bourgogne mythique des Nibelungen ou la Bourgogne héroïque du Téméraire (p. 21) ». Ce régionalisme original se concrétise en hiver 1972 par la sortie d’un périodique, Grande Bourgogne, qu’il co-anime avec Pierre Vial. Mais, faute d’audience et de succès, ce numéro n’a pas de suite.

 

Un profil populiste, régionaliste

et nationaliste révolutionnaire précoce

 

Le régionalisme de Valla peut se définir comme culturel et nullement folklorique (au sens désobligeant du terme). Son intérêt pour la politique l’incline aussi vers le nationalisme étatique, rénové et révolutionnaire. Élève dans une classe préparatoire à Lyon afin d’intégrer la « Grande Muette », il rêve en ce temps « d’une armée de type nassérien, capable de prendre le pouvoir lorsque les intérêts du peuple étaient en jeu et d’être le fer de lancer de la nation (p. 43) ». À la même époque, il rencontre un mouvement qui porte une vision nationaliste ardente et actualisée : la F.E.N. (Fédération des étudiants nationalistes) dont les motivations l’attirent, lui qui a « du nationalisme une conception plus dynamique, plus révolutionnaire, et surtout plus ouverte à l’Europe (p. 34).

 

Privilégiant l’activisme aux amphithéâtres universitaires, Jean-Claude Valla devient rapidement une personnalité connue des quelques militants lyonnais de la F.E.N. ainsi que des policiers qui l’arrêtent souvent pour le placer en garde à vue. Le livre contient des anecdotes savoureuses qui rappellent l’abjection permanente de la police du Régime. Remarqué par les instances dirigeantes, il monte à Paris à l’automne 1965, s’occupe de la logistique de la revue Europe Action et devient le factotum de Fabrice Laroche alias Alain de Benoist : « Je lui servais, par exemple, de coursier pour aller chez les éditeurs chercher ses livres en service de presse (p. 70). »

 

Militant dans la capitale des Gaules, Jean-Claude Valla a auparavant animé divers bulletins universitaires spécialisés dont Les Sept Couleurs conçu pour les étudiants en lettres. Sous le pseudonyme de Jacques Devidal, il publie en janvier 1965 un retentissant « Nous, les nationalistes de gauche » qui, malgré une évocation de José Antonio Primo de Riviera, indispose les éternels droitards compassés. Il y estime avec raison que « le nationalisme devait définitivement tourner le dos à la droite conservatrice (p. 49) ». Dans le même temps, ce « nationalisme » soucieux de justice sociale acquiert une autre dimension, au-delà de la simple nation politico-historique : « Nous étions européens, parce que nous étions conscients de la communauté de destin des peuples du Vieux Continent (p. 78). » Déjà s’élaborait instinctivement en lui la riche thématique des trois patries régionale, nationale et continentale complémentaires. Il n’est dès lors guère surprenant qu’il se réfère souvent à quelques figures « solidaristes » ou nationales-syndicalistes comme José Antonio, le Flamand Joris van Severen, les Allemands Ernst von Salomon et Ernst Jünger.

 

Toutefois, au moment où il entame cette rédaction, il revient un peu sur son engagement régional et européen. Il considère ainsi « que l’État-nation est une réalité encore bien vivante. Il m’arrive encore de le regretter, mais c’est ainsi. Des siècles d’histoire ont forgé cette entité. […] certes, après avoir subi pendant deux siècles la dictature des principes abstraits de la Révolution, il n’est pas mauvais que les Français redécouvrent leurs racines régionales et, au-delà de ces racines, prennent conscience de l’héritage culturel qu’ils ont en commun avec les autres Européens. Mais aujourd’hui, c’est notre survie collective qui est menacée, que ce soit par l’immigration, la construction de l’Europe de Maastricht ou l’impérialisme culturel américain. Nous avons un devoir de résistance et ce n’est pas le moment de détruire les dernières digues qui nous restent, aussi vermoulues soient-elles (p. 81) ». Est-ce si certain à l’heure de la post-modernité bouillonnante ?

 

Ces souvenirs incomplets rapportent aussi en trois chapitres la fondation et le développement du G.R.E.C.E. : Valla en fut le premier secrétaire général, le premier titulaire au « Secrétariat Études et Recherches », le premier rédacteur en chef de la revue Éléments et le principal responsable des Éditions Copernic. Sur la chronologie de la création de cette « société d’influence (p. 115) », il réfute le témoignage d’autres cofondateurs tels Maurice Rollet, Chancelier du G.R.E.C.E. Dans sa contribution au Mai 68 de la Nouvelle Droite, Maurice Rollet mentionne une réunion préparatoire en janvier 1968 autour de douze participants dont Valla. Or ce dernier faisait son service militaire en Allemagne à Villingen et était ce jour-là en pleines manœuvres hivernales dans la Forêt Noire. Qui se trompe ? Le témoignage d’autres participants serait éclairant…

 

Dégagé des obligations militaires, Jean-Claude Valla commence une carrière de journaliste pour plusieurs titres dont Valeurs actuelles où officie un ancien dirigeant de la F.E.N., François d’Orcival, devenu atlantiste et méfiant envers ses anciens camarades et dont le parcours professionnel le conduira bien plus tard à l’Institut. Il passe ensuite reporteur à Détective dont il garde un souvenir formateur. « Rien de tel que le fait divers pour former un journaliste, lui apprendre à se débrouiller, à découvrir la vie dans ce qu’elle peut avoir de sordide, à faire preuve de persuasion pour que celui qu’il doit interroger consente à lui ouvrir sa porte (p. 102). »

 

Au contact hebdomadaire de la vieille droite décatie

 

Il relate en outre le lancement du Figaro Magazine et des hostilités inattendues. On apprend que « les rapport entre Le Figaro Magazine et sa maison-mère n’étaient pas bons. […] les deux rédactions […] vivaient retranchées de part et d’autre de la rue du Mail (p. 165) ».

 

Jean-Claude Valla assure la liaison entre les deux titres et va chaque semaine dans le bureau de Max Clos, le directeur du quotidien, afin d’éviter les doublons. Mais, aigri, l’équipe du Figaro reprend les mêmes sujets avec son point de vue ringard au point que Valla est bientôt contraint de leur remettre de faux sommaires… Le succès du Figaro Magazine attise donc la rancœur d’une vieille garde qui « n’en tirait que jalousie et tremblait devant les censeurs de la presse de gauche (p. 166) ». Trente ans plus tard, hormis Thierry Maulnier naguère et aujourd’hui Éric Zemmour, ce journal est toujours le porte-parole d’un Hexagone imbécile, bourgeois, atlantiste et libéral-conservateur ! Quant à Max Clos, ce collectionneur des batailles perdues, il s’est réincarné en Yvan Rioufol dont le bloc-notes du vendredi exprime parfaitement les idées creuses de cette droite stérile dont le sarközysme est la dernière manifestation en date. Valla n’est pas dupe sur le lectorat du Figaro Magazine. « Cette France profonde était probablement trop frileuse pour prendre le risque d’un véritable affrontement. Aujourd’hui encore, elle prête une vieille complaisante aux marchands de sable du R.P.R. et de l’U.D.F. Cocue, mais toujours contente (p. 30). » Les récentes et gigantesques manifestations contre le mariage inverti et la politique gendériste de rejet des valeurs familiales confirment ce jugement sévère. Un certain dimanche 2013, les manifestants auraient pu occuper la « plus belle avenue du monde » et marcher sur l’Élysée, Flamby finissant alors comme un simple Ben Ali… Par couardise et légalisme naïf, ils ont rejeté cette possibilité dangereuse pour se donner à une U.M.P. encore plus nocive que son frère jumeau, le P.S. À ce public-là de Hexagons (Hexacons ?) catho bien élevés, on se doit de préférer un autre public, plus hardi, plus organisé, plus violent.

 

Malgré quelques critiques, il faut aussi regretter que Jean-Claude Valla ne fasse pas le bilan complet de l’entreprise métapolitique à laquelle il a étroitement participée. Il évoque en trois pages le cas du Club de l’Horloge qui, au départ, « ne s’adressait théoriquement qu’à de hauts fonctionnaires ou à des étudiants qui se destinaient à l’École nationale d’administration (E.N.A.) (p. 129) ». S’il revient sur les causes de la séparation entre ce club de pensée, créé par deux grécistes, Yvan Blot et Jean-Yves Le Gallou, et le G.R.E.C.E., Valla ne s’y attarde guère, peut-être parce que les deux stratégies employées (la métapolitique dans la sphère culturelle par l’entrisme dans le journalisme ou la parapolitique dans la sphère politicienne par l’entrisme dans des partis politiques) ont largement échoué. On peut même craindre que le « gramscisme technologique » suive un destin identique. Internet est un outil susceptible de favoriser un pseudo-activisme du clavier qui est une nouvelle forme de passivité militante. Les nouvelles techniques d’information et de communication ne remplacent pas le militantisme de rue.

 

Outre une différence d’ordre sociologique (le G.R.E.C.E. s’adresse à des journalistes, des enseignants et des étudiants tandis que le Club de l’Horloge cherche surtout de futurs hauts fonctionnaires), d’autres divergences majeures ont fait bifurquer sur des voies distinctes deux structures à l’origine proches :

 

— une divergence idéologique à propos du libéralisme, combattu par les grécistes et adapté dans un discours conservateur et national par les « horlogers »;

 

— une divergence géopolitique : le Club de l’Horloge soutient assez vite l’Occident et son fer de lance, les États-Unis d’Amérique, tandis que le G.R.E.C.E. prend dès le début de la décennie 1980 des positions neutralistes, tiers-mondistes et tiercéristes;

 

— une divergence politique avec le soutien gréciste à l’Europe impériale alors que les membres les moins anti-européens du Club de l’Horloge défendent au mieux une coopération intergouvernementale assez lâche;

 

— une divergence religieuse qui, avec la question du libéralisme, demeure un point déterminant d’achoppement. Alors que le G.R.E.C.E. n’a jamais caché son paganisme, le Club de l’Horloge défend pour le moins un christianisme catholique d’ailleurs bien affadi par l’Église conciliaire.

 

Par ailleurs, cet ouvrage comporte, hélas !, quelques règlements de compte propres au genre. Ainsi Roland Gaucher est-il qualifié de « roi de l’approximation (p. 70) ». Jean-Claude Valla se soucie de la souplesse intellectuelle d’Yvan Blot dont l’« évolution […] pouvait paraître plus inquiétante (p. 131) ». Finalement, il se « félicite aujourd’hui que son ralliement au Front national lui ait permis de retrouver sa liberté intellectuelle et de renouer sans honte avec ses vieux amis (p. 132) ». C’était bien sûr avant 1998…

 

Saluant au passage la personnalité bien oubliée de Louis Rougier, Jean-Claude Valla se montre en revanche fort critique envers Guillaume Faye. On est surpris qu’il regrette que « le G.R.E.C.E. soit devenu après mon départ, et en grande partie sous l’influence de Guillaume Faye, beaucoup plus monolithique et trop souvent prisonnier de la langue de bois (p. 126) ». Jugement abrupt et maladroit quand on consulte l’ensemble des travaux produits entre 1979 et 1986. On aurait plutôt apprécié lire une explication pertinente sur cette tentative avortée d’union (en fait absurde, voire insensée) entre des modérés libéraux et des révolutionnaires de droite dans le cadre de l’Alternative pour la France, cette entente illusoire du feu et de l’eau.

 

Du journaliste d’influence à l’historien de combat

 

Les souvenirs de Jean-Claude Valla s’arrêtent à son éviction du Figaro Magazine. Il tente ensuite l’aventure de Magazine Hebdo, vaincue par la complicité tacite de la gauche morale subventionnée et la pitoyable droite affairiste. Il en restera un bulletin confidentiel d’informations politiques, La Lettre de Magazine Hebdo. Au milieu des années 1980, Jean-Claude Valla va ensuite reprendre le titre d’une revue d’Emmanuel Berl de l’Entre-Deux-Guerres, Marianne (sans rapport avec le magazine éponyme fondé par de pseudo-rebelles…). Ce Marianne-là ne trouvera pas non plus son lectorat.

 

Valla rejoint un temps la rédaction de Minute. Puis, à partir du n° 29 de mai 1990, il entre au Choc du Mois, d’abord comme éditorialiste, puis comme chroniqueur impertinent dans la rubrique du « Carnet de voyage en Absurdie ». Il quitte Le Choc du Mois à son n° 60 de janvier 1993,pour prendre la direction de Minute. Certes, « Jacques Devidal » intervient encore dans le n° 65 de juin 1993 du Choc.

 

L’actualité va bientôt l’inciter à abandonner son habit de journaliste pour revêtir celui de l’historien rebelle. La scandaleuse affaire Touvier le révulse : il n’hésite pas à s’investir en faveur de l’ancien milicien et en tire en 1996 une contre-enquête remarquable. Auteur d’une biographie sur Doriot chez Pardès, il lance des Cahiers libres d’histoire qui examinent régulièrement un pan méconnu de la Seconde Guerre mondiale. En outre, à une époque où la liberté d’expression historique n’était pas encore pénalisée par des lois liberticides, il ne cachait pas son révisionnisme.

 

Véritable « contre-historien » qui va à l’encontre des vérités officielles judiciairement établies, il écrit dans deux publications successives d’un vieux compagnon de route, Dominique Venner : Enquête sur l’histoire, puis La Nouvelle Revue d’Histoire. Hors de tout cursus universitaire et académique – le jeune Valla n’a jamais passé le moindre examen -, il devient sur le tard un historien percutant, à mille lieux des dociles caniches de l’Alma mater.

 

Cet ouvrage posthume éclaire une partie de l’existence de la fameuse « Nouvelle Droite » mais son histoire intellectuelle reste toujours à faire.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Jean-Claude Valla, Engagements pour la civilisation européenne. Souvenirs, préface de Michel Marmin, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », 2013, 191 p., 19 €. (B.P. 60 359, 64 141 Billère C.E.D.E.X.).

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=3695

 

jeudi, 20 mars 2014

Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

Ex: http://www.scriptoblog.com

Hongbing Song pense que la Chine devrait pousser l’intégration de la monnaie à travers l’Asie, prenant exemple sur l’Allemagne, qui a abandonné le deutsche Mark, mais a pris le contrôle de l’Europe et de l’euro. Bien que n’étant pas reconnue comme une source universitaire, la série La guerre des monnaies de Hongbing Song est très populaire parmi les lecteurs. Song se considère comme un « spécialiste de la finance internationale  », qui envisage l’économie en termes de « guerres ». Il croit que l’économie n’est qu’une pièce du jeu politique plutôt qu’une théorie ou une science.

 

 

Il explique son impopularité parmi les économistes du courant dominant en disant qu’il est compréhensible que « les économistes rejettent un nouveau système qui remet en question leur système de connaissances monopolistique ».

Dans ses livres, Song tente d’expliquer l’histoire et le développement du monde à travers la perspective des monnaies et de la finance. Il pense que « bien que l’histoire ne se répète tout simplement pas, l’humanité reflétée dans des périodes différentes est étonnamment semblable. » Song espère trouver une solution pour le développement du monde.

Lors de son entretien, Song mentionne que dans le passé, les Chinois ne se sont pas préoccupés des devises. L’argent, le commerce et les relations financières et commerciales ont été négligés pendant des milliers d’années en Chine.

The Economic observer  : Que-ce qui vous a poussé à écrire la série La Guerre des monnaies?

hong.jpgHongbing Song : J’habite aux États-Unis depuis 14 ans et j’ai passé plus de 20 ans en Chine. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale comme les États-Unis, elle doit se concentrer sur plus de choses que sa simple puissance militaire. La principale concurrence entre les deux pays sera l’économie et les finances, plutôt que l’armée traditionnelle ou la guerre. Plus j’y réfléchissais, plus je réalisais que la puissance financière des États-Unis a été sous-estimée par la plupart des gens.

Tous mes livres tentent d’expliquer l’histoire et le développement du monde dans la perspective de la monnaie et de la finance. Les chinois ne sont pas très préoccupés par l’argent, et nous avons négligé l’argent, les échanges et l’influence de la finance sur le commerce pendant des milliers d’années.

Voulez-vous dire que nous n’avons pas conscience de l’importance de l’argent ?

Depuis les années 1940, il y a eu quelques occasions pour les Chinois d’acquérir de l’expérience dans la finance. En tant que puissance économique montante, la Chine pourrait subir des pertes dans la concurrence internationale, si nous ne possédons pas de solides connaissances sur la finance. C’est pourquoi j’ai combiné les deux notions de « monnaie » et « guerre ». Lorsque j’ai d’abord proposé ce concept, les gens étaient confus et ont demandé : « Comment une guerre pourrait éclater entre les monnaies ? » Cependant, lorsque les gens sont devenus plus conscients de l’environnement économique du monde, ils ont commencé à en accepter la possibilité.

Il n’y a pas de recherche systématique sur la concurrence des monnaies et de l’argent en Chine. Seuls les théories monétaires ou l’économie sont étudiées. La Chine a négligé l’importance de la finance comme un outil, une mesure et une arme, qui pourrait être vital pour son développement, son économie et sa sécurité nationale à l’avenir. Par conséquent, mon point central dans les quatre livres est en fait l’influence que l’argent a sur le sort d’un pays et du monde.

Qu’avez-vous trouvé ?

Basé sur un récent sondage que j’ai effectué à l’université ETH de Zurich, nous avons analysé la structure des capitaux propres de 37 millions d’entreprises transnationales et constaté que 147 des plus grands instituts financiers exercent un contrôle sur ces 37 millions d’entreprises. En outre, il y a 20 ou 30 grands groupes de sociétés de portefeuilles derrière ces 147 institutions. Cela montre comment les sociétés de portefeuilles financières minoritaires au sommet de la pyramide contrôlent effectivement la plupart des groupes transnationaux de matériaux de base et de d’énergie.

L’enquête a démontré mon hypothèse dans La guerre des monnaies 2. Il y avait 60 familles qui contrôlaient plus de 60 % des industries aux États-Unis, en dépit de leur récente disparition du classement des plus grandes fortunes du monde depuis 1940. Pourquoi ont-elles disparu, vous demandez-vous ? Est-ce à cause de la guerre ? Cependant, gardez à l’esprit qu’il n’y a pas eu depuis de guerre sur le sol américain. J’ai le sentiment qu’à cette époque, les grandes et indispensables entreprises dans le monde étaient encore contrôlées par une minorité de familles. Les grandes banques et les entreprises sont en fait très centralisées. Beaucoup de grandes familles financières ont mis en place des fonds et fait don de leurs fortunes, surtout après 1930. Ce qu’ils veulent, c’est le contrôle plutôt que la propriété. Bien qu’il y ait peut-être des philanthropes, la pratique courante de mise en place des fondations de charité ne me semble pas logique.

Le monde est vraiment en désordre maintenant. Votre quatrième livre est « La période des États en guerre ». Qui selon vous en sortira « gagnant » ?

D’après la situation actuelle, les États-Unis et l’Europe sont les régions qui sont les plus susceptibles de réussir. En comparaison, la Chine n’est pas encore au même niveau. La compétition pour le leadership de l’économie mondiale se fait donc principalement entre les États-Unis et l’Europe. Bien que la Chine soit également prête, le pays n’est pas encore aussi compétent.

Votre réponse est très différente des autres. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Pour moi, la Chine est encore très fragile, non seulement au sens économique, mais en général aussi. L’énorme édifice économique que nous avons construit a une base très fragile. Comment pouvons-nous prétendre être une puissance mondiale si l’énergie et les matériaux ne sont pas suffisants au niveau national et que le commerce dépend principalement du ​marché étranger. Pour une véritable montée en puissance, son économie doit être beaucoup plus grande que sa dépendance aux marchés étrangers, comme l’expansion de l’Amérique l’a démontré. Avant son entrée dans la Seconde Guerre mondiale dans les années 1930, seulement 2 % à 3 % de sa croissance économique était attribuée aux marchés étrangers. En d’autres termes, les États-Unis n’avaient pas besoin d’un marché extérieur, et au contraire, les marchés étrangers avaient besoin des États-Unis. Même aujourd’hui, alors que cet État est devenu un immense empire dans le monde, son commerce extérieur ne représente que 8 % de son PIB, alors que le chiffre pour la Chine est de 30 %. Ce n’est que lorsque le pays n’est pas dépendant des autres qu’il peut mener sa propre voie.

Dans votre ère d’États supposés en guerre, est-ce que la Chine a un rôle décisif ?

Je ne suis pas pessimiste à ce sujet. L’idée de base est qu’un grand marché intérieur est la base pour l’ascension d’un pays. Certains ont mentionné l’internationalisation du yuan, mais il est évident que le yuan ne peut pas devenir la monnaie de réserve du monde si le marché intérieur de la Chine n’est pas le plus important du monde. L’économie chinoise est dépendante des exportations, ce qui signifie que la monnaie va refluer lorsque les marchandises seront exportées. Le Japon et l’Allemagne ont tous deux essayé l’internationalisation du mark et du yen. Toutefois, leur part dans la monnaie internationale n’a jamais dépassé 7 %, aussi à cause de leurs économies orientées vers l’exportation.

Cela pourrait servir de leçon à la Chine. Un tiers du PIB de la Chine vient de son marché intérieur, qui représente seulement un neuvième de la taille du marché américain. Le meilleur résultat pour les pays tournés vers l’exportation ne peut pas être mieux que ce qui était le cas pour le deutsche Mark ou le yen.

Quel est l’objectif stratégique de promotion de l’internationalisation du yuan ? À mon avis, la réponse est de remplacer le dollar. Cependant, est-il possible de garantir un encadrement efficace de la négociation des yuans à l’étranger maintenant ? Plus les yuans s’écoulent à l’étranger, plus cela sera dangereux. Il en va de même pour l’évaluation du yuan. Si l’administration d’État du marché des changes et de la Banque populaire de Chine met en place le taux de change à 6,36, alors que l’accord est de 5 à New York, quelle norme le marché va-t-il suivre ? Comme il y a beaucoup de dérivés financiers à l’étranger, le nombre d’accords là-bas peut dépasser celui de Pékin. Dans ce cas, la Chine pourrait perdre le droit d’établissement des prix.

C’est précisément pourquoi je regarde vers le passé. En regardant en arrière, nous pouvons observer comment la livre et le dollar ont augmenté. Lorsque l’on compare le marché intérieur des États-Unis et de la Grande-Bretagne à celui de la Chine, il est impossible de prétendre que le yuan pourrait remplacer le dollar américain d’ici les 30 prochaines années. Il serait préférable de promouvoir une monnaie asiatique et bénéficier de l’internationalisation indirecte des yuans. Cependant, il y a aussi des problèmes, tels que la façon dont l’Asie devrait être intégrée.

Voulez-vous dire la liaison de toute l’Asie ?

Oui. En fait, les Chinois pensent rarement à la raison pour laquelle l’économie asiatique est toujours distraite et contenue par les États-Unis et l’Europe alors que leur économie totale est déjà l’égal des deux puissances. Ils considèrent aussi rarement pourquoi tous les pays asiatiques se tournent vers les États-Unis à la place d’autres pays asiatiques en cas de problème. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale, il est essentiel que celle-ci s’intègre à d’autres pays d’Asie.

L’intégration de l’Asie n’est elle pas difficile pour des raisons géographiques, historiques et de relations politiques ?

La racine des problèmes des pays asiatiques ne sont pas les malentendus et les obstacles historiques. Par rapport à ces problèmes secondaires, le principal facteur est externe – le fait que les États-Unis ne veulent pas que l’Asie s’unisse. Il n’y a pas eu autant de guerres en Asie, qu’il y en a eu en Europe, pourtant les pays sont encore très aliénés. Si l’Asie est intégrée en tant que communauté d’intérêt, les États-Unis n’auront aucune chance de rester une superpuissance.

C’est pourquoi j’ai décrit la réconciliation de l’Allemagne et de la France dans le livre. L’Allemagne et la France ont été réunies par la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Les deux pays étaient en guerre, lorsque la France a pris les régions de la Ruhr et de la Sarre après la Seconde Guerre mondiale et l’Allemagne a trouvé que leur développement était limité par la France après la guerre. La guerre potentielle dans les années 1950 entre les deux pays a été plus tard éliminée par l’articulation de leurs industries sidérurgiques. L’union est supra-souveraine et ouverte, appelant aussi d’autres pays à s’y joindre. C’est l’origine de la Communauté européenne et de l’Union européenne. Si les pays asiatiques ont des conflits sur la mer à l’est et au sud, pourquoi ne pas prendre l’exemple et intégrer les sources de pétrole là-bas avec une Union supra-souveraine, qui peut lier ensemble les intérêts de la Chine, du Japon et la Corée. D’ici là, aucun de ces pays ne commenceraient une guerre et un nouveau marché asiatique uni sera également créé. Quand une monnaie asiatique pourra enfin être promue, l’influence des États-Unis et de l’Europe sur la région diminuera.

Votre réflexion est typiquement américaine. Accepteriez-vous que les Chinois ne pensent pas normalement de la même manière ?

Oui. Après avoir vécu aux États-Unis, j’ai constaté que la pensée américaine et britannique est la clé de leur succès dans la conduite du monde, car elle se concentre sur l’intérêt national rationnel. Plutôt que de se concentrer sur le « visage » du pays, ils poursuivent les entreprises les plus rationnelles et les plus utiles. Le nationalisme en Chine est trop irrationnel. Ça ne fait pas de différence si nous nous plaignons des autres tout le temps. Cependant, si nous coopérons avec le Japon et unissons les pays asiatiques pour faire une organisation d’intérêt mutuel, la Chine en bénéficiera le plus. Comme dit le proverbe, même les mendiants doivent surveiller leur dos quand ils battent les chiens, comment la Chine pourrait s’opposer à l’Europe et aux États-Unis sans le secours de l’Asie ? La Chine devrait rivaliser avec l’Europe et les États-Unis pour le rôle de premier plan dans le monde. La « diplomatie de grande puissance » que nous avons trop soulignée dans le passé devrait être remplacée par une « diplomatie de voisin ». Même si nous pouvions maintenir une bonne relation avec l’Europe et les États-Unis, comment pouvons-nous attendre d’eux de nous aider sincèrement quand tout le monde est en concurrence avec l’autre pour être le leader du monde ? C’est comme essayer de trouver un poisson dans un arbre. Nous devrions nous tourner vers nos voisins asiatiques pour de l’aide en changeant notre mentalité au sujet de comment devenir le chef de file mondial.

Je ne veux pas dire que nous devrions vivre dans l’histoire, mais je veux montrer que nous ne devrions pas répéter l’histoire non plus – nous ne devons pas être divisés et gouvernés par des puissances étrangères. La Chine devrait intégrer les puissances asiatiques dans un marché commun ainsi qu’une monnaie commune. L’Allemagne a renoncé à son marché intérieur et son deutsche Mark, mais a gagné l’ensemble du marché ainsi que le contrôle de l’Union européenne. Il s’agit de la relation dialectique du « donner » et « gagner ». Comment pouvons-nous obtenir quelque chose sans donner ?

Traduction E&R
Source : The Economic Observer

vendredi, 14 mars 2014

Sobre “La insubordinación fundante".

Prologo de Helio Jaguaribe al libro “La insubordinación fundante. Breve historia de la construcción del poder de las naciones” escrito por Marcelo Gullo* y publicado en Buenos Aires por la Editorial Biblos en octubre del 2008.

marcelo-gullo.jpgCon “Insubordinación fundante”, Marcelo Gullo alcanza plena y brillante realización de su propósito de estudiar, histórica y analíticamente, desde la periferia, las relaciones internacionales. El concepto de periferia, para Gullo, adquiere un doble significado: se trata, por un lado, de una perspectiva y, por otro, de un contenido.

Como perspectiva, corresponde a la mirada del mundo por parte de un intelectual sudamericano, desde el Mercosur y, más restrictivamente, desde el ámbito argentino-brasileño.

Como contenido, corresponde al análisis de cómo, países periféricos en general y, más específicamente, Estados Unidos, Alemania, Japón y China –citados por el orden cronológico de sus respectivas revoluciones nacionales – lograron salir de su condición periférica y se convirtieron en países efectivamente autónomos, en importantes interlocutores internacionales independientes. Este excelente libro conduce, en su conclusión, a una relevante discusión de la situación de Sudamérica y de cómo la región podrá, a su vez, superar su condición periférica y convertirse también –como lo hicieron los mencionados países – en un importante interlocutor internacional independiente.

Creo que habría que destacar en este magnifico estudio tres aspectos principales: 1) su relevante sistema de categorías analíticas; 2) su amplia información histórica, y 3) su tesis central de que todos los procesos emancipatorios exitosos resultaron de una conveniente conjugación de una actitud de insubordinación ideológica para con el pensamiento dominante y de un eficaz impulso estatal.

De manera general, Gullo se sitúa en el ámbito de la escuela realista de Hans Morgenthau y Raymond Aron. Son las condiciones reales de poder las que determinan el poder de los Estados, incluidas en esas condiciones la cultura de una sociedad y su psicología colectiva. Así contempladas las relaciones internacionales se observa, desde la antigüedad oriental a nuestros días, el hecho de que se caracterizan por ser relaciones de subordinación en las que se diferencian pueblos y Estados subordinantes y otros subordinados. Este hecho lleva a la formación, en cada ecúmene y en cada período histórico, de un sistema centro-periferia, marcado por una fuerte asimetría, en la que provienen del centro las directrices regulatorias de las relaciones internacionales y hacia el centro se encaminan los beneficios, mientras la periferia es proveedora de servicios y bienes de menor valor, y queda, de este modo, sometida a las normas regulatorias del centro.

Las características que determinan el poder de los Estados y las relaciones centro-periferia cambian históricamente, adquiriendo una notable diferenciación a partir de la Revolución Industrial. Por mencionar sólo un ejemplo –el del mundo occidental de la Edad Moderna– puede observarse que la hegemonía española de los siglos XVI a XVII, seguida por la francesa, hasta mediados del XVIII, se fundaban, económicamente, en un mercantilismo con base agrícola y, militarmente, en la capacidad de sostener importantes fuerzas permanentes.

A partir de la Revolución Industrial se produce un profundo cambio en los factores de poder y, Gran Bretaña, como única nación industrial durante un largo período, pasó a detentar una incontrastable hegemonía. Algo similar sucederá, ya en el siglo XX, con Estados Unidos.

En ese marco histórico, el estudio de Gullo muestra cómo, para comprender los procesos en curso, es necesario emplear un apropiado sistema de categorías. Entre esas categorías sobresalen las de “umbral de poder”, que determina el nivel mínimo de poder necesario para participar del centro; la de “estructura hegemónica”, la de “subordinación ideológica” y la de “insubordinación fundante”.

Una de las más significativas observaciones de este libro se refiere al hecho de que, a partir de su industrialización, Gran Bretaña pasó a actuar con deliberada duplicidad. Una cosa era lo que efectivamente hacía para industrializarse y progresar industrialmente y otra lo que ideológicamente propagaba, con Adam Smith y otros voceros. Algo similar a aquello que, actualmente, hace Estados Unidos.

Insubordinacion-y-desarrollo-de-Marcelo-Gullo.jpgLa industrialización británica, incipiente desde el renacimiento isabelino y fuertemente desarrollada desde fines del siglo XVIII con la Revolución Industrial, tuvo, como condición fundamental, el estricto proteccionismo del mercado doméstico y el conveniente auxilio del Estado al proceso de industrialización. Obteniendo para sí buenos resultados de esa política, Gran Bretaña se esmerará en sostener, para los otros, los principios del libre cambio y de la libre actuación del mercado y condenará, como contraproducente, cualquier intervención del Estado. Imprimiendo a esa ideología de preservación de su hegemonía las apariencias de un principio científico universal de economía, logró con éxito persuadir de su procedencia, por un largo tiempo (de hecho, pero teniendo como centro Estados Unidos, hasta nuestros días), a los demás pueblos que, así, se constituyeron, pasivamente, en mercado para los productos industriales británicos y después para los norteamericanos, y permanecieron como simples productores de materias primas.

En ese contexto, Gullo presenta otra de sus más relevantes contribuciones: sus teorías de la “insubordinación fundante” y del “impulso estatal”. A tal efecto analiza los exitosos procesos de industrialización logrados en el curso de la historia por países como Estados Unidos, Alemania, Japón y China. Muestra que la superación de la condición periférica dependió, en todos los casos, de una vigorosa contestación al dominante pensamiento librecambista, identificándolo como ideología de dominación y, mediante una “insubordinación ideológica”, logró promover, con impulso del Estado y con la adopción de un satisfactorio proteccionismo del mercado doméstico una deliberada política de industrialización.

Así lo hizo Estados Unidos con la tarifa Hamilton de 1789, a la que seguirán nuevas y más fuertes restricciones tarifarias, como, por mencionar alguna de la más notorias, la tarifa Mackinley de 1890. Así también se condujo la Alemania de Freidrich List, empezando con el Zollverein de 1844. Japón, más tardíamente, seguirá el mismo ejemplo, con la Revolución Meiji de 1868. China, finalmente, empezará a hacerlo con Mao Zedong, aunque su política sufra negativas perturbaciones ideológicas con el “Gran Salto Adelante” (1958-1960) y después con la “Revolución Cultural” de 1966 hasta, prácticamente, la muerte de Mao en 1976. Le tocó, así, a ese extraordinario estadista, Deng Xiaoping, adoptar racionalmente en su período de gobierno (1978-1988) el principio del impulso estatal, combinándolo con una política de libertad de mercado “selectiva” bajo la orientación del Estado. Gracias a ello China mantiene, desde entonces e interrumpidamente, tasas anuales de crecimiento económico del orden de 10 por ciento, y alcanza ya a convertirse en la tercera economía del mundo.

Este espléndido estudio de Gullo culmina con reflexiones extremamente pertinentes acerca de las posibilidades que tiene América del Sur de realizar esa “insubordinación fundante” y, con el apoyo del Estado, salir de su condición periférica para convertirse de ese modo en un importante interlocutor internacional independiente.

Considero este libro de Marcelo Gullo, de lectura indispensable para todos los sudamericanos, comenzando por sus líderes políticos.

 *Marcelo Gullo ( marcelogullo2003@yahoo.com.ar), nació en la ciudad de Rosario, Argentina, en 1963. Es Doctor en Ciencia Política por la Universidad del Salvador. Licenciado en Ciencia Política por la Universidad Nacional de Rosario, Graduado en Estudios Internacionales por la Escuela Diplomática de Madrid y obtuvo el Diploma de Estudios Superiores (Maestría) en Relaciones Internacionales, especialización en Historia y Política Internacional, por el Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales, de Ginebra. Ha publicado numerosos artículos y libros entre ellos “Argentina Brasil: La gran oportunidad” (Buenos Aires, Ed. Biblos, 2005). Analista Principal de Política Internacional en Radio del Plata FM Rosario. Actualmente es profesor de la Universidad de Lanús, Buenos Aires, Argentina.

Ver también: Venezuela pone en marcha la teoría de la insubordinación fundante. Entrevista con su autor, el profesor argentino Marcelo Gullo.

mercredi, 12 mars 2014

Wenn nur noch die Gesinnung zählt

Thilo-Sarrazin.jpg

Wenn nur noch die Gesinnung zählt

Sarrazin veröffentlichte dieser Tage sein neues Buch über »Tugendterror«, dem er gleich zum Opfer fiel

Ex: http://www.preussische-allgemeine.de

Mit „Deutschland schafft sich ab“ und „Europa braucht den Euro nicht“ lieferte der ehemalige Berliner Finanzsenator und Ex-Bundesbanker zwar zwei Bestseller, wurde aber auch zur Hassfigur der Mächtigen. In der PAZ steht er Rede und Antwort, wie er die Debatten um seine Bücher bewertet und was ihn nachdenklich stimmt. Die Fragen stellte Rebecca Bellano.

PAZ: Noch bevor Ihr neues Buch „Der neue Tugendterror. Über die Grenzen der Meinungsfreiheit in Deutschland“ (siehe Seite 22) herausgekommen ist, maßen sich Journalisten an, es zu verreißen. „Die Schublade des gefährlichen Schwachsinns“ titelte beispielsweise der „Tagesspiegel“ auf seiner Internetseite, wo der Autor am Ende betont, er wolle ihr Buch gar nicht lesen. Wie gehen Sie als Autor mit dieser Haltung und den massiven Anfeindungen um?

Thilo Sarrazin: Kritische Vorab-Rezensionen von Autoren, die sich dazu bekennen, das Buch gar nicht gelesen zu haben, sind erheiternd und bezeichnend zugleich: Erheiternd, weil der Rezensent sich damit lächerlich macht. Bezeichnend, weil er damit die Medienkritik bestätigt, die ich in meinem Buch übe. Ein prinzipienstarker Gesinnungsjournalismus scheut offenbar kein Mittel, um Fragestellungen und Perspektiven, die er bekämpft, zu diskreditieren und lächerlich zu machen.

PAZ: Im Grunde greifen Sie in Ihrer neuesten Veröffentlichung alle Aussagen, für die Sie kritisiert wurden, erneut auf und konfrontieren Ihre Gegner mit Zahlen und Studien. Welches Thema ist Ihnen hiervon besonders wichtig, sprich bei welchem wollen Sie am meisten die Masse überzeugen?

Sarrazin: In meinem neuen Buch drehe ich den Spieß um und stelle mich in die Schuhe meiner Gegner: Ich formuliere 14 Axiome des in den Medien grassierenden Tugendwahns, die sich allesamt um die Ideologie der Gleichheit drehen. Jedes dieser Axiome formuliere ich zunächst aus einer Pro-Position in aller Konsequenz. Diese Konsequenz entlarvt ihre Hohlheit in schlagender Weise.  Dem stelle ich dann die differenzierte Wirklichkeit gegenüber, und so tauchen ganz zwanglos  auch Thesen und Analysen aus den beiden vorangegangen Büchern wieder auf, aber es geht darüber hinaus. In der ideologischen Weltsicht, die ich kritisiere, hängt alles mit allem zusammen. Das war für mich besonders erhellend.

PAZ: Sie schreiben, dass das Scheitern von Gesellschaften aufgrund ihrer inneren Beschränktheit historisch gesehen eher die Regel als die Ausnahme sei. Wo­ran sehen Sie Deutschland schwerpunktmäßig scheitern?

Sarrazin: Wir wissen ja alle, dass wir sterben werden, aber nicht wann, wie und weshalb. Dieses Unwissen ist auch eine Gnade. Das gleiche gilt für Staaten, Nationen und Gesellschaften. Sie sind immer endlich und werden irgendwann untergehen. Dann wird Neues kommen, das Ende der Menschheit ist noch fern. Analysiert man solche Untergänge, so sind es selten allein militärische Gründe, sondern eben jene inneren Beschränktheiten, die eine angemessene Reaktion auf die Herausforderungen von Gegenwart und Zukunft verhindern. In „Deutschland schafft sich ab“ zeige ich für unser Land, wie es enden könnte. Ich vermeide aber sorgfältig jede Prognose. Das ist ein bisschen wie in der Medizin: Starke Raucher gefährden ihre Gesundheit extrem. Trotzdem sollte man mit der Prognose von Lungenkrebs vorsichtig sein. Helmut Schmidt zum Beispiel, dem ich noch ein langes Leben wünsche, wird voraussichtlich nicht an den Folgen seines Zigarettenkonsums sterben.

PAZ: Sie bezeichnen die Medien als Verwalter einer Pseudorealität. Wie genau ist das zu verstehen?

Sarrazin: Ich kritisiere einen vorherrschenden Trend, nicht „die“ Medien generell. Wo Ideologie und Wunschdenken herrschen, verkleben offenbar die Hirnwindungen des gesunden Menschenverstandes, und heraus kommt ein Zerrbild der Wirklichkeit. Wussten Sie, dass nach der Armutsdefinition der OECD der Anteil der Armen in Italien höher ist als in Rumänien und in Deutschland höher als in Tschechien? Das ergibt sich aus dem Konzept der relativen Armut, einem Kind der Gleichheitsideologie, und sämtliche Armutsberichte in den deutschen Medien bauen auf dieses Konzept auf. Dabei geht unter, dass ein deutscher „Armer“ im weltweiten Maßstab tatsächlich ein Reicher ist.

PAZ: Wie erklären Sie sich den Umstand, dass Sie einen Bestseller nach dem anderen schreiben, gleichzeitig aber keine Veränderung in der öffentlichen Meinung, aber auch im Wahlverhalten der Bürger (siehe letzte Bundestagswahl) bewirken?

Sarrazin: Ob mein neues Buch ein Bestseller wird, weiß ich noch nicht. Aber die Hoffnung wäre anmaßend, und sie würde mich auch krank machen, dass man mit einem Buch quasi in das Rad der Weltgeschichte greifen könne. „Das Kapital“ von Karl Marx mag die Welt verändert haben, aber sicherlich nicht zum Guten. Der Einfluss eines Buches auf die öffentliche Meinung ist quasi wie ein Stein, den man ins Wasser eines Sees wirft. Viel ist erreicht, wenn man für einige Sekunden sehen kann, wie sich die dadurch gezogenen Kreise weiter ziehen und schließlich mit den übrigen Wellen vermischen. Über Kausalitäten in der Wirklichkeit kann man endlos spekulieren. Manchmal kann ja ein Buch auch wie ein Flügelschlag eines Kolibris im Amazonasbecken sein, der am Ende viele Tausend Kilometer weiter einen Orkan auslöst.

PAZ: Wie bewerten Sie die öffentlichen Reaktionen auf die Volksabstimmung zur Zuwanderung in der Schweiz?

Sarrazin: Deutsche Medien behämen und beleidigen die Mehrheit des Schweizer Volkes, weil es sich den höheren Einsichten der fremden Kommentarschreiber verschloss und deutlich machte, dass es selbst darüber entscheiden will, wer auf Schweizer Boden leben darf. Jetzt wissen alle genau, dass man die Mitwirkung der Völker unbedingt vermeiden muss, wenn man die europäische Integration weiter vorantreiben will. Bertolt Brecht sagte nach dem Volksaufstand am 17. Juni 1953: „Das Volk hat das Vertrauen der Regierung verscherzt. Wäre es da nicht einfacher, die Regierung löste das Volk auf und wählte ein anderes?“ Es ist doch schön, wie ein großer Dichter die Dinge auf den Punkt bringen kann.

mardi, 11 mars 2014

Le festin des loups

festin.jpg

Le festin des loups

 

par Marc Laudelout

Les forces de l’Axe ont perdu la bataille mais les personnalités qui l’illustrèrent la gagnent en librairie. Les biographies de Goering, Himmler et Goebbels « cartonnent » et les ouvrages sur la Collaboration s’arrachent. Dans son dernier livre, David Alliot esquisse le portrait de quelques-unes de ces figures. Hormis quelques détails, ceux qui connaissent cette période n’y apprendront strictement rien, mais il est vrai qu’il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation. « Collabos, profiteurs et opportunistes sous l’Occupation », tel est le sous-titre du livre. On imagine ce qu’en aurait pensé un Lucien Combelle ou un Henri Poulain, amis de Céline que j’ai un peu connus. Si la Collaboration compta dans ses rangs des êtres sans scrupules et sans idéal, il y eut aussi des écrivains, des journalistes et des militants qui crurent de bonne foi à la justesse de leur combat. Après avoir lu cet ouvrage, la jeune génération risque de mettre tout ce monde dans un même sac guère ragoûtant. Sur cette période, on peut préférer relire Henri Amouroux qui, sans être historien de formation, nous a laissé un travail d’une rare équité.

 

On ne s’étonnera pas que, sous la plume de David Alliot, Céline constitue le fil rouge du livre. Il est naturellement présent dans les chapitres sur Olier Mordrel, Hermann Bickler et George Montandon qu’il fréquenta. Lui-même occupe un chapitre intitulé « D’un château l’hôte » (!). Alliot y retrace son parcours du 17 juin 1944, date de sa fuite, à sa mort, avec quelques retours en arrière pour expliquer les raisons de son antisémitisme. Occasion de citer, avec l’autorisation de l’ayant droit, quelques extraits de Bagatelles. Dont cette cruelle et drolatique métaphore sur la noblesse française qui  « a sucé plus de  foutre juif  qu’il n’en faut  pour noyer la plaine d’Azincourt ».  Découvreur de pépites, David a même déniché le témoignage inédit d’un haut fonctionnaire de Vichy qui côtoya Céline à Sigmaringen.

Naïade au maillot et déhanchement provocants, Maud Sacquard (alors future baronne de Belleroche) est, comme on sait, passée à la postérité littéraire grâce à un passage fameux de Nord. L’auteur a recueilli les propos de l’intéressée : « Céline m’aimait beaucoup, mais là, il exagère un peu. C’était l’été, il faisait beau. Je prenais soin de mon corps, et comme j’ai toujours aimé nager… Mais de là à exciter les hommes... ». À propos du couple Sartre-Beauvoir, l’auteur synthétise ce que Gilbert Joseph nous a révélé de leur attitude sous l’Occupation, et rappelle opportunément un incident qui eut lieu en février 2011 lors du colloque sur Céline organisé à Beaubourg (j’y étais) : « Une petite universitaire de province provoqua l’hilarité du public en affirmant avec un aplomb stupéfiant que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avaient résisté pendant la Seconde Guerre mondiale. La sérénité ne revient dans la salle qu’après un péremptoire « Taisez-vous ! » lancé par l’intéressée. » Dans sa conclusion, David Alliot pose curieusement la question : « Fallait-il fusiller Robert Brasillach? ».

 

L’ancien avocat général Philippe Bilger a donné la réponse : « On peut tourner le problème dans tous les sens, accabler Brasillach autant qu’on le veut, avoir la nausée à la lecture de ses articles, le prendre pour un écrivain surestimé et un journaliste haineux, rien, jamais, ne parviendra à justifier cette froide résolution mise en œuvre par une cour d’exception et validée par un général de faire disparaître un esprit, une âme, une vie de la surface de la France ¹. »

 

Marc LAUDELOUT

  

David ALLIOT, Le Festin des loups, Librairie Vuibert, 2014, 280 p. (19,90 €).

 

Note:

 

1. Philippe Bilger, 20 minutes pour la mort. Robert Brasillach : le procès expédié, Éd. du Rocher, 2011.