Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 19 septembre 2014

D'Annunzio ou le roman de la Belle Epoque

" Considéré comme le plus grand écrivain italien de son époque, Gabriele d’Annunzio (1863-1938) est l’une des figures centrales de la Belle Époque, de la Grande Guerre 1914-1918 et des Années Folles. Enfant surdoué, poète sublime, romancier mondialement reconnu, auteur d’œuvres de théâtre jouées par les plus grands, il multiplie les aventures amoureuses avec les plus belles femmes de son époque, duchesses et comtesses, artistes et comédiennes, fréquente les personnalités les plus illustres de son époque, comme Edmond Rostand, Marcel Proust, Maurice Barrès, Anna de Noailles, André Gide, Anatole France, Pierre Loti, Robert de Montesquiou, Marie de Régnier, Romaine Brooks, Jean Cocteau, Ida Rubinstein, Claude Debussy. Il mène la vie la plus mondaine qui soit, allant de réceptions en spectacles, mais peut également s’isoler dans la recherche d’une authentique quête mystique. Ami des humbles et des pauvres, il rencontre des personnages pittoresques comme une célèbre guérisseuse en Gironde, ou l’un des derniers bergers échassiers des Landes. D’Annunzio joue un rôle déterminant dans l’entrée en guerre de l’Italie en 1915, aux côtés des Alliés. Aviateur, marin et fantassin, il se couvre de gloire sur le front austro-italien, lors d’exploits militaires retentissants. A Fiume, il rédige une constitution révolutionnaire, refuse de rejoindre le fascisme de Mussolini, prend sa retraite au bord du lac de Garde. Il fait tout son possible pour empêcher une alliance italo-allemande contre la France et va même le payer de sa vie en 1938. "

mercredi, 17 septembre 2014

Tour d'Europe: le livre va sortir!

 tour-d-europe-de-fanny-et.jpgNotre livre va enfin sortir !

par Fanny et Mathilde ( http://tourdeurope.over-blog.com ).

Chers amis, chers inconnus qui ont suivi notre aventure, chers internautes qui découvrent notre blog au hasard de la Toile,

Le 21 septembre 2009, nous partions pour un tour d'Europe à pied sur les traces des légendes européennes. Nous nous étions promis d'écrire le récit de nos aventures. 

Après plusieurs essais infructueux avec des éditeurs et de longs mois de flottement, nous avons décidé de tenir notre promesse !
Le récit de notre aventure, uniquement numérique pour l'instant, sera disponible ce dimanche 21 septembre 2014 sur ce blog.

Veuillez par avance excuser les éventuelles fautes de syntaxe ou d'orthographe, nous n'avons pas bénéficié de relecture professionnelle. Mais malgré ces maladresses, nous espérons qu'en lisant les paragraphes alternés de l'une et de l'autre, vous sentirez la bonne odeur du feu de bois, les crampes après une longue journée de marche, la joie d'un bon repas avec des hôtes inattendus. 

Cinq années exactement après notre départ, nous vous souhaitons une bonne lecture et nous vous donnons un dernier conseil ; qu'aujourd'hui encore, nous ne regrettons pas d'avoir suivi : surtout, n'hésitez pas, lancez vous à l'aventure ! 

 

Partagez l'information et rendez-vous nombreux sur ce blog dimanche pour vous procurer notre livre (3.99€) 

 

Fanny et Mathilde

Les migrations expliquées aux nuls...

index.jpg

Les migrations expliquées aux nuls...

Il y avait du travail,

Gourévitch l'a réalisé!

Est-il possible de confier la rédaction d'un ouvrage de vulgarisation sur l'immigration à un auteur souvent cité par l'extrême droite ? Les Editions First s'y risquent avec Les Migrations pour les nuls de Jean-Paul Gourévitch, en librairie ce jeudi 11 septembre et déjà contesté par des spécialistes. Ce docteur en sciences de la communication, auteur prolixe de livres sur l'Afrique ou pour enfants, est connu pour ses travaux sur les coûts de l'immigration qui lui ont valu d'être cité à plusieurs reprises par la Droite nationale et identitaire. Loin des ragots bobos des astiqueurs de niaiseries progressistes. A lire d’urgence.

 

Les migrations pour les nuls, par Jean-Paiul Gourevitch, First éd., 454 p., 23 €

00:05 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-paul gourévitch, migrations, livre, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 16 septembre 2014

Jacques Vergès: l'ultime plaidoyer

" Durant les semaines ayant précédé sa mort en août 2013, Jacques Vergès, au travers de longs entretiens avec François Dessy, revient sur son parcours d’homme et d’avocat, ses combats, ses échecs, ses certitudes et ses doutes. Résistant, anticolonialiste et avocat entre autres de Klaus Barbie et de Carlos, considéré comme l’un des avocats les plus brillants de sa génération, homme au parcours hors du commun entrecoupé par une disparition restée mystérieuse entre 1970 et 1978 et sur laquelle il a toujours refusé de s’expliquer…, Jacques Vergès a pris part aux débats et aux combats qui ont marqué la société ces soixante dernières années. Ce livre nous invite à les (re)découvrir, ainsi qu’à réfléchir sur les limites d’un métier où l’on défend parfois « l’indéfendable ». "

00:05 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, france, jacques vergès | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 11 septembre 2014

Laurent Ozon: "France, les années décisives"

 
 
Laurent Ozon: "France, les années décisives"
 
Bonjour,
 
J'ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon livre "France, les années décisives" le 21/09 à l'occasion du Rassemblement pour un Mouvement de Remigration à Paris.
 
 
Je vous en adresse le sommaire pour information et espère bénéficier de votre appui dans les combats que nous engageons.
 
Salutations amicales,
 
Laurent Ozon

Mail : laurent.ozon@me.com
Skype : ozonlaurent
 
 
image.pngimage.pngimage.pngimage.png
image.png

Rußlands Krieg und Frankreichs Beitrag

Rußlands Krieg und Frankreichs Beitrag

von Benjamin Jahn Zschocke

Ex: http://www.blauenarzisse.de

McMeekin.jpgExakt ein Jahr nach Christopher Clarks Veröffentlichung der „Schlafwandler“ in Deutschland fragt Benjamin Jahn Zschocke nach dem aktuellen Stand der wissenschaftlichen Diskussion zum Ersten Weltkrieg.

Die Schlafwandler sind zu einem Phänomen geworden, das es in der deutschen Nachkriegsgeschichte noch nicht gegeben hat: Obwohl noch heute an deutschen Gymnasien und Universitäten von der alleinigen Kriegsschuld des deutschen Kaiserreiches, ja des Kaisers selbst, die Rede ist, man also zweifelsfrei von einer Art religiösem Dogma sprechen kann, spricht die ganz Deutschland von Clarks Buch. Dessen Grundthese – nicht Deutschland allein trug die Verantwortung für den Ausbruch des Krieges, sondern alle europäischen Großmächte – ist mittlerweile trotz mancher Widerstände selbst durch das Feuilleton gerauscht.

Doch hier beginnt das Problem: Wirklich jeder spricht über die Schlafwandler, wirklich jeder hat eine Meinung dazu, wirklich alles ballt sich zu diesem Werk hin. Wirkte Clarks Buch vor einem Jahr als Brechstange, um das Thema selbst im ARD zu diskutieren, hat es sich heute im Mainstream festgesetzt. Und dort liegt es massig im Weg. Es blockiert die Diskussion, ähnlich wie andere Superwerke, sagen wir von Sarrazin, weil die Vielschichtigkeit einer ganzen Diskussion auf ein Buch projiziert wird.kriegsschuldII

McMeekin sieht Rußland in der Hauptverantwortung

Die anderen, teilweise weiter gehenden Beiträge namhafter Geschichtswissenschaftler bleiben im Schatten des Monolithen Clark auf der Strecke. Beispielsweise die 2014 auf deutsch erschienen Bücher von Sean McMeekin. Während Juli 1914. Der Countdown in den Krieg erst letztes Jahr auf englisch erstveröffentlicht wurde, ist Rußlands Weg in den Krieg. Der Erste Weltkrieg – Ursprung der Jahrhundertkatastrophe bereits drei Jahre alt, erschien in Deutschland jedoch nach Juli 1914. Dieses schlägt in eine sehr ähnliche Kerbe wie Clarks Grundlagenwerk, setzt jedoch erst nach dem Attentat von Sarajevo ein.

Auch McMeekin illustriert die Julikrise auf dem europäischen Tableau. Auch für ihn kann es ein Zurück zur nationalen Betrachtungsweise eines Fritz Fischers nicht geben, weswegen dieser von ihm fortwährend scharf kritisiert wird. Anders als Clark – und das macht Juli 1914 aus – wagt McMeekin eine Wertung. Von Schuld ist bei ihm keine Rede, da ein solider Historiker keine moralischen Kategorien bedient. Er setzt folglich die Verantwortung der fünf beteiligen Großmächte ins Verhältnis und kommt zu dem Schluß, daß die Hauptverantwortung für den Ausbruch des Krieges bei Rußland und Frankreich lag.

Vor dem Hintergrund dieser Feststellung ist es auch zweckmäßig, Rußlands Weg in den Krieg als zweites zu lesen. Darin vertieft McMeekin seine These und verweist darauf, daß das heutige Bild des Ersten Weltkrieges hauptsächlich vom Krieg im Westen bestimmt sei. Dieses „selektive historische Gedächtnis“ hat die letzten hundert Jahre Geschichtsschreibung dominiert.

Seit dem Ende des 19. Jahrhunderts bestand Rußlands geopolitisches Hauptziel laut McMeekins Forschungen in der Eroberung der Konkursmasse des untergehenden Osmanischen Reiches. Besondere Bedeutung kam dabei der Herrschaft über Konstantinopel und die Meerengen zum Schwarzen Meer zu, da diese für Rußlands verletzbaren Süden von entscheidender strategischer Bedeutung waren. Das Motiv der Eroberung Konstantinopels und der Meerengen wurde zum außenpolitischen Mantra der Russen, McMeekin spricht in Bezug auf Rußlands Ziele von „kreuzzugartigem Imperialismus“.

Der russische Außenminister Sergei Dmitrijewitsch Sasonow (18601927) verstand es, alle für sein Land günstigen Gelegenheiten, die meist in außen– oder innenpolitischen Krisen russischer Nachbarländer bestanden , wie beispielsweise dem eng mit Deutschland verbündeten Osmanischen Reich, geschickt zu nutzen und ein Kriegsszenario zur Umsetzung beider Ziele einzufädeln. Besonders interessant ist der vom 20. bis 23. Juli 1914 in St. Petersburg abgehaltene Gipfel, „auf dem der französische Präsident, der Zar, der russische Außenminister und der französische Premierminister zusammentrafen“. Kein einziges Dokument ist bis heute zu diesem Treffen auffindbar gewesen. Fakt ist aber: einen Tag später – und damit eine Woche vor Deutschland – begann die streng geheime Mobilmachung der russischen Armee.

Mit Blick auf Deutschland kommt McMeekin zu dem Schluß: „Mit Russlands Frühstart, dem bedingungslosen Mitziehen der Franzosen und dem blinden Nachfolgen der Briten gab es keinen Grund mehr für die Deutschen, noch länger zu warten“. Für ihn ist klar: Rußland wollte den Krieg, suchte Gründe, fand diese, mobilisierte und riskierte damit den Krieg.

  • Sean McMeekin: Juli 1914. Der Countdown in den Krieg. 560 Seiten, Europa Verlag 2014. 29,99 Euro.
  • Sean McMeekin: Rußlands Weg in den Krieg. Der Erste Weltkrieg – Ursprung der Jahrhundertkatastrophe. 448 Seiten, Europa Verlag 2014. 29,99 Euro.

Versailler Schicksalsdokument besiegelt den Untergang des alten Europa

kriegsschuldIIIIn seinem Buch Der Anfang vom Ende des alten Europa. Die alliierte Verweigerung von Friedensgesprächen 19141919 lenkt der altgediente Historiker Hans Fenske den Blick auf den anderen großen Kriegstreiber: Frankreich. Dieses hatte 1870 dem Deutschen Reich den Krieg erklärt und infolge dessen ein Jahr später Elsaß-​Lothringen verloren. Seither trug es sich mit Revanchegedanken. Fenske hält fest: „Das ‚Hauptziel Frankreichs‘ war, wie der französische Außenminister Delcassé bereits Mitte Oktober 1914 in Bordeaux … dem russischen Botschafter Iswolski gesagt hatte, ‚die Vernichtung des Deutschen Reiches und die möglichste Schwächung der militärischen und politischen Macht Preußens‘. Man wollte das Werk Bismarcks zerschlagen, Preußen amputieren und die föderalistischen Kräfte in Deutschland so stärken, dass faktisch der Deutsche Bund wiederhergestellt wurde.“

Dieses Motiv zieht sich wie ein roter Faden durch die Jahre 1914 bis 1919. Schon nach den verlustreichen Schlachten im ersten Kriegsjahr suchte das Deutsche Reich immer wieder den Ausgleich mit Frankreich, bot Gespräche an, die jedoch strikt abgelehnt wurden. Nachdem Ende 1914 klargeworden war, daß dieser Krieg nicht mit ein paar starken Offensiven zu gewinnen war, ging es um alles oder nichts. Propaganda kam auf, der Krieg wurde moralisch: Der Feind Deutschland sollte nicht geschlagen, sondern vernichtet werden, weswegen alle bis 1918 erfolgten Verständigungsversuche Deutschlands barsch zurückgewiesen wurden, um 1919 in Versailles den ganz großen Knüppel rauszuholen.

Hans Fenske beschreibt prägnant und präzise, wie die deutsche Delegation um den Außenminister Graf Brockdorff-​Rantzau in Versailles gedemütigt wurde. Die Grundlagen des Völker– und Kriegsrechtes wurden damals vor allem von Frankreich vom Tisch gewischt: Deutschland mußte alles schlucken, was es vorgesetzt bekam und wurde mit der Drohung von Waffengewalt zur Unterzeichnung gezwungen.

Auf die Folgen dieses „Vertragsschlusses“ geht Hans-​Christof Kraus sehr anschaulich und lesenswert ein in seinem Buch Versailles und die Folgen. Außenpolitik zwischen Revisionismus und Verständigung 19191933. Ohne Umschweife leitet er Frankreichs Beweggründe für seine extrem harte Haltung gegen Deutschland her: Deutschland sollte mit dem Kriegsschuldparagraphen alle Last auf seine Schultern laden und damit Frankreichs enorme finanzielle Schieflage ausgleichen. Zudem sollte Frankreichs Sicherheitsbedürfnis durch ein erhofftes Zerfallen des Deutschen Reiches Genüge getan werden.kriegsschuldIV

Die von Graf Brockdorff-​Rantzau (dessen Dokumente und Gedanken um Versailles von 1925 ebenfalls sehr empfehlenswert sind) in Versailles eingeforderte neutrale Untersuchungskommission zur Verantwortlichkeit der Beteiligten am Kriegsausbruch, wurde vom französischen Staatspräsidenten Poincaré, der die „Verhandlungen“ in Versailles leitete, selbstherrlich abgeblockt: Die Schuld sei ein für alle Mal erwiesen, es bedürfe dazu keiner Diskussionen.

Bis ans Ende der Weimarer Republik begleitet Kraus den Leser und legt Frankreichs unglaublich harte Haltung gegen Deutschland dar. Seine These lautet: Der harten Haltung Frankreichs entsprang ein untragbarer Machtfrieden (und eben keinem Rechtsfrieden) gegen Deutschland, welcher dazu führte, daß die Weimarer Republik von Anfang an krankte und schwächelte und letztlich weder innen– noch außenpolitisch lebensfähig war.

  • Hans Fenske: Der Anfang vom Ende des alten Europa. Die alliierte Verweigerung von Friedensgesprächen 19141919. 144 Seiten, Olzog Verlag 2013. 19,90 Euro.
  • Hans-​Christof Kraus: Versailles und die Folgen. Außenpolitik zwischen Revisionismus und Verständigung 19191933. 200 Seiten, be.bra Verlag 2013. 19,90 Euro.

Das Manifest zur Kriegsschuldfrage

kriegsschuldVDen zweifelsfrei pointiertesten und aufsehenerregendsten Beitrag liefert Phillippe Simonnot in seinem knackigen Essay „Die Schuld lag nicht bei Deutschland.“ Anmerkungen zur Verantwortung für den Ersten Weltkrieg. Clarks etwas schwammiger These, nach der alle europäischen Großmächte für den Ausbruch des Krieges verantwortlich waren, schließt er sich nicht an, sondern nimmt McMeekins Schlußfolgerungen auf, um diese auf den Punkt zu bringen: Er habe „ausdrücklich den Titel ‚Die Schuld lag nicht bei Deutschland‘ gewählt“. Hätte er nur ausgeführt, „dass Deutschland nicht die Alleinschuld am Ersten Weltkrieg trug, wäre dies gleichbedeutend mit einer kollektiven Verantwortungszuweisung gewesen. So wäre schließlich niemand verantwortlich gewesen und mit einer solchen Argumentation bringt man die Reflexion nicht voran.“

Mit Blick auf die von Fenske und Kraus ausgeführten Motive für Frankreichs harte Haltung seit 1914 schreibt Simonnot: „Der moralische Mythos der Schuld Deutschlands hatte keine andere Funktion, als die Reparationen zu rechtfertigen. Dies sollte man nie vergessen. Die Geschichte – man weiß dies nur zu gut – wird von den Siegern geschrieben. Aber in diesem Fall ist ihre Verfälschung zu einem Meisterwerk geraten. Dieser Mythos hatte auch zum Ziel, die wahren Verantwortlichen beim Auslösen der Katastrophe zu verheimlichen. Er ergänzte die zerstörerische Arbeit beim Umgang mit Archiven und die systematische Desinformation, die durch einige französische Politiker und Führer geleistet wurde, an erster Stelle durch Poincaré.“

00:05 Publié dans Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, livre, première guerre mondiale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 10 septembre 2014

Georges Feltin-Tracol: "En liberté surveillée"

GFT Lib surv.jpg

Ce mercredi soir, à 20 h, sur Radio Courtoisie, Georges Feltin-Tracol présente son nouveau livre En liberté surveillée

Plus d'informations cliquez là

Bulletin de commande cliquez ici

dimanche, 07 septembre 2014

Anselm Grün, retrouver le goût de la vie

Anselm Grün, retrouver le goût de la vie

Face à la fatigue

Pierre Le Vigan*
Ex: http://metamag.fr

A Guillaume de Tanoüarn.

anselm-gruen-3.jpgLa fatigue a toujours été bien autre chose qu’une simple question physique, psychique ou médicale. Les Pères de l’Eglise lui ont toujours donné une place importante. Ils lui ont toujours donné une positivité. Il y a une bonne fatigue, qui est aussi une grande fatigue, et qui donne une plus grande perception des choses, une plus grande réceptivité. Erhart Kastner note qu’on « ne s’ouvre alors qu’au minimum de choses. Mais ce minimum est si royal, si splendide  qu’on ne vit véritablement qu’en ces moments d’intense réceptivité.» (La Simandre du Mont Athos, 1956). Il y a donc un bon usage de la fatigue, un usage comme abandon à l’essentiel (Dieu pour les croyants). C’est une fatigue dont on tire du bien.
 
Peter Handke parle à ce sujet d’une « fatigue au regard clair ». Elle fait voir l’essentiel. C’est une fatigue qui unifie, qui rassemble, et montre à chacun de nous ce qui compte vraiment. Byung-chul Han, philosophe coréen d’expression allemande, professeur à l’Université de Karlsruhe, oppose, dans La société de la fatigue (Circé, 2014), la mauvaise fatigue contemporaine, due au culte de la performance et à la dispersion, à la bonne fatigue, celle qui recentre et unifie le cœur et l’âme.  C’est elle qui nous rapproche de la contemplation. Elle nous amène à « respirer dans la lumière de la fatigue », comme écrit encore Peter Handke (Essai sur la fatigue, Gallimard, 1991). Le pape saint Grégoire le Grand, relatant la vie de  saint Benoit de Nursie, fait état d’un sentiment analogue. Cette contemplation est ce que la philosophie grecque appelle « loisir ». Elle permet, dit Héraclite, « une écoute de l’essence des choses ». Josef Pieper expliquait que, en ce sens, la base de toute culture est le loisir (Le loisir, fondement de la culture, Genève Ad Solem, 2007).
 
Il y a donc la possibilité de l’exercice d’une bonne fatigue, qui n’est pas abandon à la paresse, mais un « laisser advenir » à la lucidité. Cette bonne fatigue n’est pourtant pas simple d’accès. Saint Antoine (Antoine le Grand ou Antoine d’Egypte), le fondateur de l’érémitisme, fait état du danger de l’acédie (acédia). C’est l’incapacité à être présent dans l’instant, à se concentrer. C’est le taedium vitae. C’est l’horror loci (Jean Cassien). C’est une oisiveté (otiositas), qui n’est pas le loisir, mais bien plutôt l’incapacité au loisir. C’est une paresse subie, c’est un affaissement de l’énergie. Heidegger évoque à son sujet une « instabilité et une « dispersion ».
 
L’acédie est tout le contraire de « la fatigue au regard clair » qu’évoque Peter Handke dans ses écrits cités plus haut. L’acédie est un grand danger. Quand l’acédie menace, Evagre le Pontique, l’un des Pères du désert, propose « la lecture, la veille et la prière ». (Traité pratique ou le Moine, Abbaye de Bellefontaine, 1996). Il nous appelle à regarder cette fatigue « acédieuse » (ou acédique) pour ce qu’elle est : une mauvaise fatigue, plus encore, une lassitude intérieure, un mal insidieux qui nous ronge, mais qui, justement, nous indique qu’il faut rechercher la « bonne fatigue », non celle de l’excès, celle de l’exténuation, mais celle du travail serein, solide, durable, constant, mesuré conformément à notre rythme intérieur, la fatigue de l’homme présent à soi après de justes et bons efforts. 
  
Mesurons encore les choses en nous attardant sur le sens de deux mots grecs. Lype/lipein renvoie à une fatigue-abandon, à une fatigue/lâcheté. Par contre, penthos/penthein, c’est le deuil, c’est « après la tristesse », c’est après l’acédie. Là encore, on voit le mouvement de reprise de soi, lucide, sereine, confiante, au-delà de toute désespérance, mais aussi de toute illusion euphorique, qui peut être le remède à l’acédie. C’est le ressaisissement de l’homme.

Les Romains parlaient d’otium, temps libre, temps du retour sur soi, temps d’une retraite active, temps d’une prise de distance, non pas temps de l’inactivité, mais temps d’une autre activité. Les Grecs parlaient de scholè (l’école). C’est la même chose, c’est le temps des études et de la philosophie (la theoria), c’est le temps des activités nobles, par opposition aux activités purement utilitaires (le non-loisir, le neg-otium disaient les Romains). Pour éviter l’acédie, il faut se tourner vers cela : l’otium/la scholè. L’étude de soi, des autres, du monde, de la lumière qui nous baigne, et que d’aucuns appellent Dieu, et qui est à coup sûr lumière divine.
 
On a ainsi, d’un côté une fatigue séparatrice, une fatigue/paresse, une acédie, et de l’autre côté une fatigue réparatrice, unificatrice, joyeuse, celle qu’Evagre le Pontique invite à « regarder dans les yeux », car elle est le visage de notre vérité, de notre faiblesse, de notre faillibilité, mais aussi de notre énergie de reprise de soi, non pas seulement pour soi, mais pour le monde, car nous sommes les débiteurs du monde. Les deux fatigues s’opposent. L’une est du côté de la perte d’énergie et de la perte du goût de vivre, l’autre nous ramène à la joie, et à la force de vivre. 
 
Anselm Grün, Retrouver le goût de la vie, Albin Michel, 2014, 170 pages, 13 €.
 

anselm_grun_sn635.jpg


*Pierre Le Vigan est écrivain. Il est notamment édité par La barque d'or

00:05 Publié dans Ecologie, Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, livre, écologie, anselm grün | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 06 septembre 2014

Jean Gorren: un marxiste à redécouvrir

Jean Gorren - Un marxiste à redécouvrir

Jean Gorren: un marxiste à redécouvrir

par Pierre Le Vigan
Ex: http://metamag.fr

Jean Gorren, mathématicien belge, fut aussi un analyste de la pensée de Marx, des années 1930 aux années 1950. On lui doit un Précis de sociologie et un texte intitulé Sociologie et socialisme. Ces deux textes sont de taille à peu près égale. Le premier texte est un cours à l’université ouvrière de Bruxelles. La méthode pas à pas de Gorren est particulièrement didactique. Gorren reprend les fondamentaux de l’analyse marxiste : la distinction forces productives/rapports sociaux de production, mais développe l’étude des superstructures idéologiques, complexes dans la mesure même où les rapports sociaux sont complexes.
 
Jean Gorren reprend l’analyse de Paul Lafargue sur le protestantisme comme « expression religieuse du mode de production capitaliste » dans son Histoire de la propriété. La thèse mériterait un inventaire critique. On s’arrêtera particulièrement sur un autre aspect des thèses de Jean Gorren. Celui-ci explique, à la suite d’Engels dans L’Anti-Dühring  (dans un passage repris dans Socialisme utopique et socialisme scientifique) que le dernier stade (à son époque) du capitalisme est le capitalisme étatique, c’est-à-dire la propriété d’Etat des moyens de production. ( En ce sens, l’Union soviétique n’était-elle pas une forme suprême de capitalisme ? ). En fait, Jean Gorren parle de « collectivisme étatique » à propos de la Russie soviétique, et non de capitalisme étatique.  Pourquoi cette timidité dans la critique de l’URSS du point de vue même de l’émancipation du travail ? 

Reste que Gorren a été un bon diffuseur des thèses les plus justes de Marx. L’analyse historique de l’accumulation capitaliste à ses origines, qui emprunte à Werner Sombart, à Ludwig Gumplowicz et à nouveau à Paul Lafargue, rappelle que le capital ne créé pas de valeur mais « rapporte » de l’argent. Jean Gorren remarque: « La force de travail étant la cause initiale et permanente [de la conscience collective des classes laborieuses] il y a, à toute époque, une éthique du travail en conflit avec l’idéologie dominante. Et c’est cela qui fait l’humanité. »

Jean Gorren, Précis de sociologie marxiste, éditions tribord, 176 pages, 7,50 €. Editions tribord, 4 place des archers 7000 Mons Belgique.
 

Quand les espions américains s’invitent chez vous

Quand les espions américains s’invitent chez vous

Les révélations d'Edward Snowden par Sébastien Desreux

Alain-Christian Drouhin 
Ex: http://metamag.fr 

bigmo9782351413043.jpgL’ensemble des simples individus de notre planète sont concernés, vous et moi, « Mr tout le monde ». Votre portable, vos courriels, vos pérégrinations sur internet, l’utilisation de vos cartes de crédit, le passage de votre voiture devant une caméra de surveillance……..tout cela est systématiquement compilé et stocké « pour toujours ».

C’est ce que révèle un excellent petit ouvrage intitulé « Big Mother …veille sur vous, vous surveille » écrit par un Docteur en Informatique ,Sébastien Desreux. Cet ouvrage fait le point sur les révélations d’Edward Snowden et de diverses autres sources. Pourquoi Mother plutôt que Brother à la Orwell ? Parce que pour l’auteur, cet espionnage ne serait que préventif et non totalitaire. Pourtant, à le lire, non seulement cette Mother semble pour le moins abusive, apôtre d’un totalitarisme de moins en moins soft, mais l’on est effrayée à l’idée que cette Mother ne se transforme en harpie. Voir par exemple le sabotage à distance, par un virus, des centrifugeuses d’une centrale nucléaire iranienne.

Tout commence en juin 2008, lors d’une visite d’une base de renseignement américano-britannique à Menwith Hill, le directeur de la NSA, le général Keith-Alexander demanda « pourquoi ne pourrions-nous pas collecter tous les « signaux » (ndlr « communications ») tout le temps ? » Selon Ira Hunt, directeur technique de la CIA « Il est presque à notre portée de faire des calculs sur toute l’information générée par les êtres humains ».
  
Cette ambition « disproportionnée » a bien été mise en œuvre. Un tribunal secret (Fisa Court) adresse près de deux cents injonctions par an à des entreprises de communiquer toutes les données récoltées, à la NSA. D’ores et déjà les géants de l’internet tels que « Microsoft, Yahoo, Google, Facebook, PalTalk (populaire en Afrique du Nord), AOL, Skype, Youtube, Apple » transmettent toutes vos données à la NSA. De même, Visa et Mastercard collaborent avec la NSA. Inutile de dire l’enthousiasme de la NSA pour les objets connectés qui sont autant de nouveaux espions.

Par ailleurs plus de 250 entreprises de la Silicon Valley collaborent sur le plan technologique avec la NSA. Celle-ci dispose d’énormes data center (dont l’un est construit avec la participation des firmes IBM ou Amazon). Bien entendu la NSA espionne à 100% l’ensemble des câbles sous-marins qui aboutissent à son territoire ou sur celui de la Grande-Bretagne (99% du trafic téléphonique ou de celui d’internet transitent par les câbles).

BIG MOTHER, éditions H§K par Sébastien Desreux, 7,95€ , 125 pages

vendredi, 29 août 2014

TINTÍN-HERGÉ: UNA VIDA DEL SIGLO XX

TINTÍN-HERGÉ: UNA VIDA DEL SIGLO XX – Fernando Castillo

Ex: http://www.hislibris.com

«¡Por los bigotes de Plekszy-Gladz!»

Tintin-Herge-Fernadno-Castillo-biography.jpgInevitablemente una reseña como esta tiene un componente personal evidente. Como muchos tintinófilos (sin necesidad de caer en una cierta tintinolatría), me acerqué a los cómics de Hergé (Georges Remi, 1907-1983) en mi más tierna infancia. Lo curioso es que a día de hoy no poseo ni siquiera un ejemplar de los 23 álbumes publicados sobre las aventuras de Tintín (y eso si no contamos el 24º, Tintín y el Arte-Alfa, incompleto): siempre los he leído de prestado o in situ en bibliotecas de barrio o en librerías. No me preguntéis por qué nunca he tenido tal tentación (por eso no me acabo de considerar un tintinólatra); lo cierto es que nunca tuve la necesidad y si acaso he releído los diversos álbumes, sin orden ni concierto, ha sido, lo dicho, en bibliotecas o librerías.

No guardo un recuerdo especial de cuando fue la primera vez que un cómic de Tintín cayó en mis manos: debía de tener diez u once años, posiblemente fuera en la biblioteca del centro cívico de La Sedeta, un centro de enseñanza de la parte baja del barrio de Gràcia barcelonés, adonde acudía con algunos compañeros de clase al salir del colegio para echar unas canastas, chutar un balón de fútbol o, después, hacer los deberes de cada día. Siempre me sobraba un rato para leer cómics como los de Tintín, Astérix o el mítico Cavall Fort (los lectores catalanes de esta reseña que sean más o menos de mi edad recordarán este tebeo). Tintín siempre caía en uno de esos ratos; las relecturas fueron constantes, hasta el punto de que sus diálogos, en catalán (nunca me he acostumbrado a leer a Tintín en otra lengua que no fuera ésta), con los exabruptos del capitán Haddock, forman parte de mis recuerdos infantiles y juveniles.

Y no sólo los más que variopintos insultos y reniegos del capitán Archibald Haddock de la marina mercante, los comentarios más o menos simpáticos de Milú (que siempre me parecieron algo cargantes, aunque necesarios para comprender la peculiar relación con su amo) o las interjecciones de un joven Tintín (cómo olvidar su característico vatua l’olla! de las traducciones catalanas); también las andanzas de un reportero belga por todo el planeta, el evidente trasfondo histórico de las aventuras del personaje y, cómo no, personajes secundarios como los inefables Dupond y Dupont (Hernández y Fernández en la traducción castellana), el despistado profesor Tornasol, el insufrible Serafín Latón (Serafí Llantió para los lectores catalanes), el general Alcázar, el mayordomo Néstor o la peculiar Bianca Castafiore, el Ruiseñor de Milán (y su eterna interpretación del «Aria de las Joyas» del Fausto de Charles Gounod, «¡Ah, me río de verme tan bella en el cristal!»). Y sin olvidar a villanos y malvados como Rastapopoulos, Allan Thompson, el doctor Müller o el coronel Spönz. Y países imaginarios como Syldavia (que depende de la época en que se escribieron los álbumes era una tradicional Bélgica o una mitificada Austria) y Borduria (por las mismas razones, o bien la Alemania nazi o la Rusia soviética). Porque todo ello forma parte de un universo, el tintinesco, creado por Hergé y cuya primera presentación en sociedad, Tintín en el país de los Soviets fue en 1929. Hasta 1976 y Tintín y los ‘Pícaros’, Hergé publicó periódicamente los 23 volúmenes por todos conocidos, primero en Le Petit Vingtième, el suplemento infantil del diario católico belga Le Vingtième Siècle, luego en el rotativo Le Soir (durante los años de la Segunda Guerra Mundial) y, ya desde los años cincuenta, en los Estudios Hergé (publicados por Casterman, Editorial Juventud para las ediciones castellana y catalana).

En esta evolución cronológica, Hergé fue ganando autonomía e independencia, y de todo ello se refleja la propia evolución de Tintín y los diversos personajes: de un Tintín con rasgos y actitudes demasiado juveniles por no decir infantiles (y no sólo en el físico, sino también en la actitud moral e ideológica), que denota un anticomunismo de raíz católica y un colonialismo a la europea, pasamos ya en la década de los años treinta al Tintín que se enfrenta al autoritarismo de tono fascista de países como Borduria (id est, la Alemania nazi) y al Tintín de los años cuarenta de la Bélgica ocupada que trata de no meterse en política; y al Tintín de los años cincuenta y sesenta, el más maduro, el que ya no es periodista activo pero que tiene como telón de fondo la Guerra Fría, los antecedentes de la carrera espacial (pisando la luna quince años antes que Armstrong y con un detallismo técnico que sorprende por su casi perfección), las aventuras con ovnis y el retorno a la América de guerrilleros como el general Alcázar. No en balde la evolución de Tintín y de su universo es también la del propio Hergé, que poco a poco se fue liberando del proteccionismo del abate Wallez (que no habría que considerar un fascista sin más, como se lee por ahí, sino un conservador católico bastante radical), director de Le Vingtième Siècle. La relación de amistad de Hergé con el líder fascista belga Léon Degrelle le puso en la picota tras la guerra, así como su relativo colaboracionismo con las autoridades alemanas que ocuparon Bélgica entre 1940 y 1944. En cierto modo Hergé tuvo que pasar por un proceso de «desfastización» por el modo en que sus cómics expresaron con tibieza las relaciones con un país colaborador como Alemania, aunque lo cierto es que Hergé no se destacó realmente en mostrar un apego con la Alemania nazi. Creciendo ideológicamente, dentro de un cierto y sempiterno conservadurismo, Hergé (y Tintín) pasaron a mostrarse como adalides de una cierta manera de ver el mundo, siempre opuesto a las tiranías totalitarias o a democracias capitalistas exacerbadas como los Estados Unidos, siendo Bélgica (o Syldavia en la etapa central de la obra tintinesca) el escenario de una cierta neutralidad, o quizá un cierto distanciamiento respecto la política de bloques. Así, en el díptico sobre el viaje lunar –Objetivo: la Luna y Aterrizaje en la Luna, 1953-1954– y, especialmente, en El asunto Tornasol (1956), Hergé se distancia incluso de su propio país imaginario, Syldavia, que puede ser asimilado a unos Estados Unidos que nunca le gustaron, enfrentados a Borduria/la URSS ya sea por la carrera espacial o por la creación de armas de destrucción masiva (léase la bomba atómica). Los años sesenta nos presentan a un Hergé (y un Tintín) que se alejan de la política internacional, que se relajan incluso en la imitación de una opereta (Las joyas de la Castafiore), para regresar ya en los años finales de la década a la aventura con toques paranormales (Vuelo 714 a Sídney) o a la guerrilla latinoamericana (Tintín y los ‘Pícaros’) a mediados de los años setenta, momento en el que Tintín se ha despedido de nosotros, sin anunciarlo, por no hablar de un Hergé que trabajará en los primeros años ochenta en un álbum (Tintín y el Arte-Alfa) que no llegará a ver publicado.

De todo ello, y ya es hora de comentarlo, trata Tintín-Hergé: una vida del siglo XX (Fórcola) de Fernando Castillo, libro recién publicado y que supone una reedición, aumentada y mejorada, de una obra anterior, El siglo de Tintín (Páginas de Espuma, 2004). Todo lo anteriormente escrito no deja de ser un resumen personal de este libro, una auténtica joya para tintinófilos y tintinólatras de todo pelaje. Pues no sólo seguimos la historia de la creación de un personaje (y la biografía de su creador), sino que, como el subtítulo del libro reza, también estamos ante un viaje al siglo XX, entre 1929 y 1976 para ser exactos, en el que Tintín (y Hergé) son el doble eje sobre el que gira un universo de un cómic y de la época en el que fue escrito. Castillo, gran conocedor del personaje, ajeno a polémicas y endiabladamente ameno en su manera de contarnos una particular historia del (medio) siglo XX, nos cuenta los pormenores de cada álbum, la aparición de los diversos personajes y el cariz ideológico que subyace en cada volumen, que, como ya hemos comentado, es muy dependiente de los años en que fue escrito. Y todo ello provocando la sonrisa cómplice de todo tintinófilo (y tintinólatra) que se precie. Incluso planteándose qué habría sido de Tintín en la actualidad:

«Tras haber desaparecido Tintín en los últimos años de la década de los setenta, y muerto Hergé a principios de los ochenta, a las puertas de producirse una serie de acontecimientos que van a determinar el final de una época, ¿cómo no vamos a imaginar qué hubiese dicho y hecho el periodista al respecto en los últimos años? ¿Qué hubiera pensado del fin de la Unión Soviética y del comunismo o de la nueva crisis de los Balcanes? ¿Cómo hubiera reaccionado ante los ordenadores e Internet? ¿Qué escenarios habría recorrido ahora que la sociedad global ha acabado con todo exotismo? ¿Cómo hubiera contemplado el terrorismo generalizado que azota a las sociedades actuales o el fundamentalismo islámico? ¿Qué diría de la emigración y del narcotráfico? ¿Habríamos podido ver alguna aventura del periodista en alguno de los escenarios que han caracterizado a los años posteriores a su desaparición? ¿Qué nuevas poéticas habrían surgido?» (p. 299)

Nosotros también nos lo preguntamos. Y probablemente habríamos concluido con la frase que el propio Hergé le dedicó a su personaje en una carta radiada en junio de 1964: «¡Salud, muchacho! Yo diría aún más: ¡Salud!».

samedi, 23 août 2014

Neues aus dem Uwe Berg Verlag

Neues aus dem Uwe Berg Verlag: Rote und Blaue Reihe erweitert

Benedikt Kaiser

Ex: http://www.sezession.de

[1]Die „Quellentexte der Konservativen Revolution [2]“ sind eine bewährte Institution des Uwe Berg Verlages. Sie umfaßte bisher 13 Bände der „Roten Reihe“ (Nationalrevolutionäre), vier der „Schwarzen Reihe“ (Jungkonservative), sieben der „Blauen Reihe“ (Völkische) sowie einen Band der „Grünen Reihe“ (Landvolk). Für die fünfte KR-Gruppe nach der Einteilung Armin Mohlers, die Bündischen, gibt es mangels theoretischer Grundlagenwerke derzeit keine Reihe. Nun wurden die rote und die blaue Staffel um je ein weiteres Werk erweitert.

24187_0.jpgBei den Nationalrevolutionären liegen als 14. Band die Erinnerungen der Sturmkompagnie [3] vor. Manfred von Killinger, der als Marine-Offizier nach dem Ersten Weltkrieg zur „Brigade Erhardt [4]“ fand und hernach bei der klandestinen „Organisation Consul“ wirkte, widmete diese Schrift in den 1920er Jahren dem Korvetten-Kapitän Hermann Ehrhardt. Die gefürchtete Sturmkompagnie war so etwas wie der harte Kern der Brigade, die bei den Kämpfen in Oberschlesien ebenso wirkte wie als Ordnungsmacht in Berlin.

Im Mai 1920 aufgelöst, gingen die Kämpfer Ehrhardts unterschiedlichste Wege; die meisten von ihnen beteiligten sich an den politischen Kämpfen der Weimarer Republik [5]. Später wurde Killinger beispielsweise Diplomat im „Dritten Reich“, während sich sein Ehrhardt-Weggefährte  Hartmut Plaas [6] dem Widerstand gegen Hitler anschloß und in einem KZ erschossen wurde. In den Erinnerungen der Sturmkompagnie findet sich nun nicht nur ein kurzweiliges Vorwort von Killingers, sondern auch die vollständige Liste der Kämpfer der Sturmkompagnie. Auch hier wird deutlich, weshalb Karlheinz Weißmann die Quellentextreihe als „unverzichtbares Hilfsmittel zum Studium der Konservativen Revolution [7]“ bezeichnete. Einigen der aufgeführten Namen wird man zudem an anderer Stelle deutscher Geschichte wieder begegnen.

110821_0.jpgDie „Blaue Reihe“ bekommt derweil Zuwachs durch ein Werk (Jakob) Wilhelm Hauers. Hauer, der in den frühen 20er Jahren des vergangenen Jahrhunderts die Anthroposophie und damit die Grundlagen der heutigen Waldorfpädagogik einer scharfen Kritik unterzog [8], versuchte in der 1934 erschienenen Abhandlung Deutsche Gottschau. Grundzüge eines Deutschen Glaubens [9] einen genuin „deutschen“ Religionszugang für seine „Deutsche Glaubensbewegung“ zu finden.

Das philosophische Buch zeigt einen von zahlreichen (der mitunter entgegengesetzten) gescheiterten Versuchen der NS-Zeit, ein „arteigenes“ Religionskonstrukt gegen das gewachsene Christentum im Allgemeinen und gegen den römischen Katholizismus im Besonderen in Stellung zu bringen. Aufgrund der Gelehrtheit des Tübinger Ordinarius für Religionswissenschaften und Indologie ist die Deutsche Gottschau zumindest wohl der interessanteste Ansatz des heterogenen Milieus der völkischen „Deutschgläubigen“ gewesen und steht den Lesern nach 80 Jahren erstmals wieder zur Verfügung.


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/45892/neues-aus-dem-uwe-berg-verlag-rote-und-blaue-reihe-erweitert.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/wp-content/uploads/2014/07/manfred_von_killinger_Sturmkompagnie.jpg

[2] Quellentexte der Konservativen Revolution: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/quellentexte-zur-kr/

[3] Erinnerungen der Sturmkompagnie: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/quellentexte-zur-kr/nationalrevolutionaere/2756/erinnerungen-der-sturmkompagnie?c=31

[4] Brigade Erhardt: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/quellentexte-zur-kr/nationalrevolutionaere/1282/mit-ehrhardt-durch-deutschland

[5] Kämpfen der Weimarer Republik: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/quellentexte-zur-kr/nationalrevolutionaere/1283/die-politischen-kampfbuende-deutschlands?c=32

[6] Hartmut Plaas: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/quellentexte-zur-kr/nationalrevolutionaere/1284/wir-klagen-an?c=32

[7] unverzichtbares Hilfsmittel zum Studium der Konservativen Revolution: http://www.sezession.de/35212/unverzichtbares-zur-kr-die-schriftenreihe-des-uwe-berg-verlages.html

[8] einer scharfen Kritik unterzog: http://www.regin-verlag.de/shop/product_info.php?info=p2_J.+W.+Hauer%3A+Werden+und+Wesen+der+Anthroposophie.html

[9] Deutsche Gottschau. Grundzüge eines Deutschen Glaubens: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/quellentexte-zur-kr/voelkische/2757/deutsche-gottschau.-grundzuege-eines-deutschen-glaubens?c=49

vendredi, 22 août 2014

Peter Sloterdijk: Die schrecklichen Kinder der Neuzeit

sloterdijk.jpg

Peter Sloterdijk: Die schrecklichen Kinder der Neuzeit – eine Rezension

Götz Kubitschek [1]

Ex: http://www.sezession.de

(Rezension aus Sezession 61 / August 2014)

Vorbemerkung: Ich las Sloterdijks Buch in Abschnitten unter dem Druck, ein ertragreiches Buch auf einer knappen Seite darzustellen. Nun lese ich noch einmal und in die Verästelungen hinein. Außerdem stelle ich allen Lesern folgende Aufgabe: Bis Ende August sind unter redaktion(at) sezession.de Rezensionen dieses Buchs einzureichen, die beiden besten werden hier veröffentlicht (wenn gewünscht auch unter Pseudonym) und honoriert, jede weitere gelungene wird mit einem der neuen Antaios-Notizbücher [2] bedacht. Ich halte Sloterdijks Buch für sehr wichtig. Nun meine Rezension:

DiSchrecklichenKinderderNeuzeit.jpgDie Neuzeit ist jene Epoche, die auf das vermeintlich dunkle Mittelalter folgte. Sie dauert als »Moderne« an, und ihr Kennzeichen ist die Emanzipation des einzelnen hin zu dem, was zu einem Allerweltswort verkommen ist: hin zum Individualismus, dessen vornehmliches Tun die Infragestellung von Schicksal, Bindung, Erbe und vorgegebener Hierarchie, kurz von jeglicher Form ererbter und vorgesetzter Fremdbestimmung ist.

Der Kulturphilosoph Peter Sloterdijk stellt dieser großen Loslösung von zweifellos welterschütternder Bedeutung in seinem neuen Buch (Die schrecklichen Kinder der Neuzeithier bestellen [3]) eine teure Rechnung aus: kein Fortschritt ohne Abbruch, keine Selbstermächtigung ohne Einmündung in einen Brei aus letzten Menschen. Diese Generaltendenz ist banal für jeden, der das Jahr 1789 nicht als den Beginn von allem, sondern als das Ende von etwas wertet. Banal ist auch, auf eine grundsätzliche Stärke des vorliegenden Buches hinzuweisen: Sloterdijk ist einer jener seltenen Philosophen, die zu erzählen wissen, und sein Schwung, seine atemberaubende Belesenheit, sein enzyklopädisches Gedächtnis oder jedenfalls seine perfekte Exzerpt-Kartei machen die Lektüre seiner Bücher fruchtbar. Systematisch sind sie nicht unbedingt, manchmal sogar heillos assoziativ in ihrem Versuch, Phänomene und Begebenheiten aneinanderzuknüpfen, und dies hat Sloterdijk unter seinen Fachkollegen unter anderem den Ruf eingebracht, kein Philosoph, sondern ein philosophischer Bestsellerautor zu sein.

Jedoch rührt von der Fähigkeit zur Quer-Schneise Sloterdijks Mut, mit dem er typisch konservative oder sogar reaktionäre Denkmuster aufgreift: Irgendwie verzeiht ihm die Zunft derlei, es ist, als ob er auf seinen Erntefahrten zuviel auf einmal einbrächte, ein bißchen unsortiert, aber manisch kräftig. Besonders augenscheinlich wird dieser Mut im vierten von sechs Großkapiteln: Es ist elegant mit »Leçons d’histoire« überschrieben und interpretiert »Sieben Episoden aus der Geschichte der Drift ins Bodenlose.« Sloterdijk schildert Szenen und destilliert aus ihnen das, was seine Theorie der neuzeitlichen Selbstüberhebung stützt.

Die Lektüre ist ein Gang durch sieben Kammern einer sich steigernden Rücksichtslosigkeit im Wortsinne: einer brachialen Abnabelung von allem Überkommenen, dem die Konstrukteure eines »Neuen Menschen« jede Legitimität abzusprechen bereit sind – mit der Konsequenz rücksichtsloser Experimente am lebenden Objekt Mensch. Paris 1793, Paris 1804, Zürich 1916, Jekaterinburg 1918, Moskau 1938, Posen 1943 und Bretton Woods 1944: Man ahnt die Struktur hinter diesem Gewebe, die immer hybridere Ablösung vom Halt einer Erdung, zuletzt (Bretton Woods) die von den Wirtschaftsprinzipien des Alten Europas. Jeden Linken und Liberalen muß die Reihung empören, jeden Rechten bestätigen. Ja, wir profitieren davon!

Wer im vorliegenden Buch Sloterdijks Urteil über den in der Breite eines Konsum-Schwemmfächers angekommenen Massenmenschen liest, darf das ohne weiteres als klassisch konservative Kulturkritik bezeichnen. Die Beschreibung der Stufen hin zum »letzten Menschen« unserer Tage beispielsweise ist bereits als bloße Beschreibung wertend genug. Eine der Wegmarken ist auch für Sloterdijk die Formulierung der Menschenrechte (»zeitgemäß, unumgänglich, hochherzig und uneinlösbar«), in denen »von Abstammung kein Wort mehr« fällt. Diese grundsätzliche Loslösung von allem Erbe habe sich in Amerika geradezu in ein Credo hinein gesteigert: Jede Art Bindung an eine Vergangenheit werde aufgebrochen, Gegenwart oder gar Vergangenheit im Vergleich zur Zukunft abgewertet. Sloterdijk macht das an Erwägungen Thomas Jeffersons fest, der von 1801 bis 1809 Präsident der USA war, und springt dann zurück nach Europa, um in Max Stirners Der Einzige und sein Eigentum [4] jenes Denken zu benennen, das bereits 1845 den äußersten Rand der Bindungslosigkeit markierte: Das »Ich« werde unanklagbar, werde zum »Selbstbesitz«, sei niemandem mehr etwas schuldig und könne Ansprüche jeder Art formulieren.

Was Stirner noch nicht wissen konnte, weiß Sloterdijk: Erst in den letzten fünf Jahrzehnten ist es der Masse unserer Hemisphäre ermöglicht worden, das theoretisch längst bestellte Feld praktisch zu erobern und eine Anspruchshaltung einzunehmen, die keinen Aufschub mehr hinzunehmen bereit ist und das dringende Bedürfnis hat, niemandem mehr zu Dank verpflichtet zu sein: »Zu realen und pragmatisch Letzten werden Individuen in der Konsum- und Erwerbsgesellschaft von dem Augenblick an, in welchem sie in die Daseinsweise von herkunftsschwachen und nachkommenslosen Selbstverzehrern einwilligen.«

Hierarchielos, breitflächig, ein »Konformismus des Anders-Seins«: Sloterdijks Ausblick ist mit »Im Delta« überschrieben, dort sieht er uns – irgendwie geronnen (dies erinnert nicht ohne Grund an die kristallisierte Gesellschaft, die Gehlen mit nüchternem Grauen beschrieb). Die beiden Wege, die er andeutet, sind jämmerlich: »Wille zur mittelfristigen Fortsetzung« dieses Endzustands lautet der eine, »feuerwerkartiger Endverbrauch im Hier und Jetzt« der andere. Daß unbesehen davon das Projekt einer Rettung der wenigen gewagt werden könnte, vermag er nicht zu formulieren.

(Peter Sloterdijk: Die schrecklichen Kinder der Neuzeit, Berlin: Suhrkamp 2014. 489 S., 26.95 € – hier bestellen [3].)

Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/46001/peter-sloterdijk-die-schrecklichen-kinder-der-neuzeit-eine-rezension.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/wp-content/uploads/2014/08/petersloterdijk_kinderderneuzeit_720x600.jpg

[2] Antaios-Notizbücher: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/2930/notizbuecher-viererpaket.-juenger-benn-montag-scholl

[3] hier bestellen: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/2477/die-schrecklichen-kinder-der-neuzeit

[4] Max Stirners Der Einzige und sein Eigentum: http://antaios.de/detail/index/sArticle/3100

[5] : http://bereitschaftsfront.blogspot.com/2014/08/die-vier-haltungen-im-falschen.html

[6] : http://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/peter-sloterdijks-neues-buch-die-schrecklichen-kinder-der-neuzeit-a-974984.html

[7] : https://www.youtube.com/watch?v=b23LYHxt1J8

[8] : http://www.literaturkritik.de/public/mails/rezbriefe.php?rid=19612#2834

[9] : http://www.lsr-projekt.de/juenger.html

[10] : http://gutenberg.spiegel.de/buch/4220/2

00:05 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, philosophie, allemagne, peter sloterdijk | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 21 août 2014

El nuevo imperio ruso. Historia y Civilización

Novedad editorial:

“El nuevo imperio ruso. Historia y Civilización”,

de Sergio Fernández Riquelme. 

Entrevista

 
fernandez-riquelme-sergio-el-nuevo-imperio-ruso.jpgUn ensayo imprescindible que aproxima al público hispanohablante a la realidad histórica y actual de Rusia

Redacción Raigambre – Siempre atentos a las novedades bibliográficas que merecen nuestra reseña, estamos de enhorabuena por el nuevo libro que ha visto la estampa: “El nuevo imperio ruso. Historia y Civilización”, cuyo autor es Sergio Fernández Riquelme.

Sergio Fernández Riquelme es Doctor en Historia y Política Social de la Universidad de Murcia, donde ejerce la docencia como profesor de Historia, Investigación y Política Social en el Departamento de Sociología y Política Social, siendo en la actualidad Vicedecano de la Facultad de Trabajo Social de la Universidad de Murcia. Es también Director del Instituto de Política Social, miembro del ESPANET (Red de Análisis de Política Social Europeo) y también de varias asociaciones españolas como es la REPS (Red Española de Política Social). En su polifacética actividad científica Sergio Fernández Riquelme dirige a su vez LA RAZON HISTORICA (2007) y DOCUMENTOS DE POLÍTICA SOCIAL (2013), además de estar al frente de otras muchas iniciativas culturales y mediáticas que lidera con una sorprendente capacidad.

“El nuevo imperio ruso. Historia y Civilización” ha visto la luz en su primera edición recientemente, formando parte de la Colección La Razón Histórica. Cuadernos de Pensamiento e Historia: es el tercer número de estos cuadernos que prometen formar una colección de ensayos de imprescindible consulta para comprender las diversas problemáticas del mundo contemporáneo, así como los fenómenos emergentes como es el caso de Rusia. El libro ha sido prologado por Manuel Fernández Espinosa, uno de los fundadores del Movimiento Raigambre y asiduo de nuestro blog. El prólogo, bajo el título “De Moscovia las murallas. Meditación española acerca de Rusia”, ofrece un escueto recorrido por la visión que de Rusia se ha tenido en España a lo largo de los siglos XVI, XVII y XVIII, estableciendo paralelismos culturales e ideológicos entre Rusia y España que confluyen en su compartida oposición a la modernidad.

“El nuevo imperio ruso. Historia y Civilización” de Sergio Fernández Riquelme constituye un ensayo que aproxima la compleja realidad actual rusa, después de hacer un profundo repaso de la historia de Rusia que ofrece las claves para interpretar el presente y el futuro que se está configurando en la Rusia de Vladimir Putin, quintaesenciando del modo más didáctico una prolija literatura difícilmente accesible al lector medio: familiarizado con el pensamiento, la literatura y la religiosidad rusas el autor de este ensayo ha manejado una vasta bibliografía en varios idiomas que domina con señorío; pero los recursos bibliográficos que ha empleado Sergio Fernández Riquelme para su meritoria investigación politológica no sólo se nutren de libros que se añejan en las bibliotecas, sino de un grande y variado aparato de noticias actuales que nos ponen en contacto directo con las problemáticas que llegan a occidente tergiversadas y adulteradas por los grupos mediáticos interesados en manipular la información, ofreciendo de Rusia una imagen falsa: este libro es un efectivo antídoto contra la desinformación. Estamos a la espera de publicar en RAIGAMBRE una entrevista que recientemente nos ha concedido el autor de esta obra.

Es un libro que por muchos conceptos merece adquirirse para disponer de una percepción más atinada de la compleja realidad -histórica y actual- de una de las naciones que por su extensión, por las potencialidades ínsitas en su territorio y por el mismo espíritu del pueblo que la habita se alza cada vez con más rotundidad, una nación que goza de una salud moral y política capaz de haber corregido el rumbo que le estaba marcando aquella nefasta Perestroika de Gorbachov (el mismo que desmontó la URSS para terminar anunciando pizzas por televisión): aquella “transición” errada duró poco y el tambaleo de la borrachera (democrática “a la occidental”) que encaminaba a Rusia por la cuesta abajo de su decadencia y final extinción han tenido una rectificación en la gran política que pone en práctica uno de los estadistas más talentosos del siglo XXI: Vladimir Putin.

Fuente: Raigambre

Entrevista al doctor Sergio Fernández Riquelme, ensayista

Entrevistamos a Sergio Fernández Riquelme, historiador, doctor y profesor de Política Social en la Universidad de Murcia, además de impulsor de varias iniciativas que están granjeando una cada vez mayor atención en el páramo intelectual español: LA RAZÓN HISTÓRICA, el INSTITUTO DE POLÍTICA SOCIAL, EL CONTEMPORÁNEO, la REVISTA DOCUMENTOS DE POLÍTICA SOCIAL… etcétera. Recientemente ha salido a la luz su flamante ensayo “El nuevo imperio ruso: Historia y Civilización” que es una muestra de su infatigable quehacer intelectual a favor de un discurso al margen del pensamiento único que impera en una sociedad delicuescente, desprovista de referencias y sumida en una monótona salmodia de lugares comunes. “El nuevo imperio ruso: Historia y Civilización”, prologado por Manuel Fernández Espinosa, es un ensayo que aporta las claves interpretativas para comprender la Rusia emergente de nuestros días.

Raigambre – Para todo el que no le conozca ¿quién es y en qué trabaja Sergio Fernández?

Sergio Fernández Riquelme – Historiador de vocación y de formación; esa sería la primera rúbrica. Doctor y profesor de Política social en la Universidad de Murcia como profesión (y director del IPS. Instituto de Política social); esa sería la segunda. Rúbricas bajo las que buscó, no sé si con éxito pero sí con honestidad, conocer el pasado (experiencias), comprender el presente (posibilidades) y atisbar el futuro (expectativas) de las ideas que hacen de nuestra sociedad de una manera y no de otra.

R. - Además de su labor profesional, Sergio Fernández lleva una larga trayectoria implicado en medios digitales (La Razón Histórica, El Contemporáneo digital, IPS…) háblenos un poco de ellos. ¿Qué es y cuando nace la Razón Histórica?

S.F.R. – En 2007 lanzamos la idea de la Revista como una pequeña plataforma académica para difundir en la red nuestro trabajo historiográfico, entre la Tradición hispana y la Modernidad contemporánea, ante las dificultades que los medios “oficiales” ponían para el mismo, y abriendo las puertas a investigadores jóvenes y alternativos que también tenían vedado el acceso a los mismos. Pero ante el notable éxito que adquirió (tanto en lectores, más de 150.000 actualmente, como de autores, con cerca de 160), nuestra pequeña empresa se ha convertido, Dios mediante, en una de las principales revistas de Historia y pensamiento del panorama hispanoamericano, presente en los principales bases de datos (como Latindex) como en los Índices de Impacto (Google Scholar Metrics).

R. - ¿Y El Contemporáneo?

S.F.R. – El contemporáneo es, quizás, una de las “voces que claman en el desierto” español, social y moralmente. Ante un mundo globalizado en permanente cambio, y un Occidente cada vez más individualista y materialista, lanzamos este pequeño diario en 2013, en el seno del IPS, como apuesta informativa e intelectual diferente en defensa de una sociedad profundamente crítica y moralmente rearmada, alternativa muy modesta a los grandes, y similares, portales informativos.

Una publicación siempre independiente que pretende analizar la realidad nacional e internacional desde la “información”, con secciones sobre Sociedad, Política, Economía, Educación y Civilización; y desde la “opinión”, con una sección específica de opinión (con las firmas de José María Arenzana, Gabriel Bernárdez, Blas Piñar Pinedo, Manuel Fernández Espinosa, David Guerrero, Ovidio Gómez López, Luis Gómez, Joaquín Arnau Revuelta, Antonio Moreno Ruíz, Antuin Riquelme, Esteban de Castilla, J. Raúl Marcos, Guillermo Rocafort, Juan Oliver, David Ortega Mena, Fernando José Vaquero Oroquieta).

Además, y de una perspectiva original, cuenta con dos secciones gráficas de especial relevancia: “El siglo futuro”, bitácora de reflexión a través de imágenes comentadas de relevancia en la actualidad, y “Muy gráfico”, sección de viñetas entre el humor y la crítica con autores como Antuin o Anfer. Asimismo presenta varias columnas de opinión como A FUCIA (“En confianza”) a cargo de Manuel Fernández Espinosa, SENCILLO Y DIRECTO de David Guerrero, EL CRISMÓN MOZÁRABE de Antonio Moreno Ruiz, o DE PE A PA de Luis Gómez.

R. – Usted está muy interesado en la Política Social. ¿Qué es el Instituto de Política Social?

S.F.R. – Es un Centro de estudios sin ánimo de lucro que nació para defender intelectual y difundir académicamente los valores sociales básicos, naturales, que permiten una comunidad moralmente adecuada y, por ello, una Política social capaz de alcanzar, en las grandes ideas y las pequeñas obras, un desarrollo verdaderamente humano y humanizador. Para ello genera diferentes iniciativas para hacer cumplir sus tres grandes fines: 1) Justicia social (lucha contra la pobreza y por la vida, 2) Bienestar social (Economía social y desarrollo humano), y 3) Orden social (Comunidad y Familia). Y entre dichas iniciativas se encuentran la citada Revista La Razón histórica, la Revista Documentos de Política social, la Revista Opinión social, el señalado Diario El Contemporáneo, y el Premio científico IPS (que reconoce anualmente la excelencia de autores e instituciones en la promoción de la Política social).

R. - Ahora sí, como diría Francisco Umbral, hablemos de su libro. ¿Por qué ese título?

S.F.R. – Porque es una realidad histórica desconocida, cuando no manipulada, en los medios y tribunas españolas y occidentales (y que de manera brillante demuestra en España Manuel Fernández Espinosa, prologuista del libro). En un mundo que parece cada día más multipolar, con una creciente decadencia de la otrora potencia dominante norteamericana, Rusia quiere su espacio, su lugar. Así está construyendo, no sin limitaciones, una nueva idea imperial de pretensiones euroasiáticas que haga recobrar a su nación el orgullo de ser diferente, poderosa e influyente. Y lo hace buscando recuperar su identidad milenaria, acorde con su Historia, su extensión territorial y sus recursos económicos: recuperando su tradicional espacio de influencia (de ahí la Unión económica euroasiática con Bielorrusia, Kazajistán, Armenia y Kirguizistán), mirando a ese continente asiático protagonista del siglo XXI (China, India), combinando la modernización de sus estructuras militares y económicas con la defensa de los valores conservadores cristianos. Y un proyecto que parece no atisbar un Occidente aún preso del colonialismo cultural useño y de sus prejuicios ideológicos sobre el Oriente.

R. - La actual coyuntura (Rusia, más Crimea, más UE y EE.UU) ¿ha tenido que ver algo en la decisión de escribir un libro sobre Rusia?.

S.F.R. – Era una idea que rondaba en mi cabeza y centraba mi interés desde hacía años: conocer y comprender el proceso histórico que estaba generando una nueva idea imperial en Rusia. Al principio era una idea siquiera erudita, pero los últimos acontecimientos han demostrado la proyección actual de la misma, tanto por su fuerte presencia en las primeras planas de los periódicos, como en las consecuencias políticas, económicas e ideológicas que conlleva y que sacuden a la Unión europea de la que formamos parte. Ello explica y justifica, a mi juicio, la necesidad de la publicación del libro, buscando una síntesis clara y concisa de este proceso a la luz de los hechos pasados (la experiencia de la vieja Rusia imperial), de un presente traumático (de la caída de la URSS a la transición hacia una supuesta democracia liberal occidentalizada) y de ese futuro aun incierto de expansión de la nueva Rusia encabezada por Vladimir Putin.

R. - Para mucha gente, el nombre de Rusia les sigue evocando lo que antaño era la Unión de Repúblicas Socialistas Soviéticas. ¿Qué queda en la actualidad de todo aquello y qué es lo que hay a día de hoy en Rusia?

S.F.R. – De la URSS queda, como se demuestra en buena parte de Ucrania o Moldavia, la nostalgia no hacía la ideología colectivista y atea derrumbada finalmente en el siglo XX, sino de la unidad entre pueblos eslavos, del orgullo de un proyecto común, de ser alternativa a Occidente, de defender principios de autoridad política y tradición moral. Y el símbolo de esta unidad aparece en la pequeña cinta de San Jorge que llevan todos los partidarios de la vuelta a la unidad eslava encabezada por Rusia.

R. - Hemos hablado de Ucrania y de Crimea, ¿Cree que se trata de algo serio en el panorama político internacional, o es más un nuevo reparto geográfico, en el que Rusia se quedará con Crimea y su salida al mar negro, y EEUU y la UE con la adhesión del resto de Ucrania?

S.F.R. – Ambas cosas. Por un lado, y a nivel geopolítico, se demuestra como reacción del mundo ruso, como de otras naciones (China, el mundo árabe, Europa del este, África), contra los últimos coletazos del imperialismo americano y sus discípulos europeos (o asiáticos) que quedó en evidencia tras su fracaso en Siria. Y por otro, a nivel geográfico, representa el choque entre el expansionismo de la UE (en busca del control de nuevos mercados) y los intereses de Rusia en su tradicional espacio de intervención (en busca de ampliar su frontera respecto a Occidente).

R. - ¿Dónde se puede adquirir el libro?

S.F.R. – Se puede adquirir en la página web de Cromática.

R.- Y ya para despedirnos, ¿en qué proyecto futuro está inmerso ahora Sergio Fernández?

S.F.R. – El próximo proyecto será un libro colectivo en la Colección La Razón histórica, con autores de primer nivel ajenos al pensamiento dominante, y dominado, sobre las ideas clave que pueden marcar la “regeneración” política, social y moral de la Nación española en un tiempo de crisis que parece no acabar.

Fuente: Raigambre

jeudi, 14 août 2014

Karl Haushofer und Japan

 

KarlHaushofer.jpg

Spang, Christian W.
Karl Haushofer und Japan
Die Rezeption seiner geopolitischen Theorien in der deutschen und japanischen Politik

2013 · ISBN 978-3-86205-040-6 · 1008 Seiten, geb. · EUR 105,
Monographien, herausgegeben vom Deutschen Institut für Japanstudien
(Bd. 52)


INHALT

A Einleitung (S. 10)
I. Vorwort (S. 10)
II. Forschungsstand (S. 24)
III. Quellenlage und Fragestellung (S. 64)

B Biographische Grundlagen (S. 78)
I. Bayerischer Militärbeobachter 1909/10: Der Japanaufenthalt als Lebenswende (S. 78)
II. Die zweite Karriere: Vom Generalmajor zum Geopolitiker und Japanexperten (S. 146)

C Geopolitik und außenpolitische Theorie (S. 208)
I. Die Entwicklung der deutschen Geopolitik bis 1945: Von der Politischen Geographie zum Propagandawerkzeug? (S. 208)
II. Haushofers Kontinentalblockthese als Basis für deutsche Weltmachtphantasien (S. 285)

D Haushofer als Vermittler zwischen Deutschland und Japan (S. 364)
I. Von der Idee zur Praxis: Haushofer als Brückenbauer in Deutschland (S. 364)
II. Der deutsche Einfluß auf die Entstehung der Geopolitik in Japan (S. 480)

E Der Einfluß der Geopolitik auf Theorie und Praxis der japanischen Expansion (S. 547)
I. Die Tokyo-Schule und die Ideologie der „Großostasiatischen Wohlstandssphäre" (S. 547)
II. Die Kyoto-Schule und die japanische Armee (S. 656)

F Resümee und Ausblick (S. 712)

Hinweise (S. 735)
Abkürzungsverzeichnis und Glossar (S. 738)
Quellen- und Literaturverzeichnis (S. 747)
Anhänge (S. 938)
Personenindex (S. 991)

140.jpg„Mit diesem imposanten Werk liegt eine überzeugende Neuinterpretation des Wirkens von Karl Haushofer vor: Der globale Ansatz seiner Theorien wird durch die Fokussierung auf Japan und die dortige Rezeption von Haushofers Gedankenwelt erstmals deutlich herausgearbeitet. Haushofer wird überzeugend als theoretischer Wegbereiter nationalsozialistischer Eurasienpolitik beschrieben, der das Drehbuch zum ‚Dreimächtepakt’ verfasste, und mit seinen Werken in Japan sogar auf die Kriegsplanung einwirkte. Das ausgebreitete Detailwissen ist beeindruckend, die Interpretation neu und auch die sprachliche Umsetzung geglückt.“
Bernd Martin (Historiker, Freiburg) im Januar 2013

„Besonders beachtenswert ist, mit welchem Einfühlungsvermögen und welcher Kenntnis der Autor, ein Neuzeithistoriker, auch die geographische Fachliteratur berücksichtigt und in den Forschungskontext einordnet. Damit handelt es sich um eine fachliche Grenzen überschreitende, fundierte sowie äußerst anregende und anspruchsvolle Arbeit.“
Jörg Stadelbauer (Geograph, Freiburg – Yangon/Myanmar) im Februar 2013

„Auf Grund der vorliegenden Darstellung ist die raumpolitische Beeinflussung der NSDAP durch Karl Haushofer nicht mehr zu bestreiten. Im Unterschied zur nationalsozialistischen Ideologie ist für Haushofer der Raum allerdings keine rassisch bestimmte Größe. Vor uns liegt eine Biographie, wie sie umfänglicher und einfühlsamer bezüglich des ‚Titelhelden’ inmitten zweier Gesellschaften wohl kaum verfasst werden kann. Der Autor weist Karl Haushofer den ihm zustehenden Platz in der modernen Geistesgeschichte Deutschlands und Japans zu.“
Hans-Erich Volkmann (Militärhistoriker, Leiter der Forschungsabteilung des MGFA Potsdam, 1994 –2003) im Februar 2013


Christian W. Spang, Associate Professor an der Daitō Bunka Universität in Tokyo. Forschungsschwerpunkt: Deutsch-japanische Beziehungen. Weitere Publikationen: C.W. Spang, R.-H. Wippich (Hrsg.), Japanese-German Relations 1895-1945, London, 2006. 2014 wird eine von ihm maßgeblich mitverfasste Geschichte der Deutschen Gesellschaft für Natur- und Völkerkunde Ostasiens (OAG) bei Iudicium erscheinen.

Dr. Christian W. Spang on German-Japanese Relations and on Karl Haushofer

Dr. Christian W. Spang on German-Japanese Relations and on Karl Haushofer

Who is Dr. Christian W. Spang ?

 
 
 
194
This paper deals with Karl Haushofer's geopolitical ideas and the influence these concepts had on the development of Japanese geopolitics in the 1930s.
384
 
One of my earliest papers on Haushofer, based on a conference paper, delivered in Trier 1999. The article deals with Haushofer's influence in Germany. In some parts outdated.
34
My earliest paper on Haushofer. The rather long article deals with Haushofer's influence in Germany and in Japan. In some parts outdated.
68
 
This Japanese paper is a translation of an earlier German article titled “Karl Haushofer und die Geopolitik in Japan. Zur Bedeutung Haushofers innerhalb der deutsch-japanischen Beziehungen nach dem Ersten Weltkrieg”, published in: Irene... more
This Japanese paper is a translation of an earlier German article titled “Karl Haushofer und die Geopolitik in Japan. Zur Bedeutung Haushofers innerhalb der deutsch-japanischen Beziehungen nach dem Ersten Weltkrieg”, published in: Irene Diekmann et al. (eds.), Geopolitik. Grenzgänge im Zeitgeist, Vol. 2, Potsdam: Verlag für Berlin-Brandenburg, 2000, pp. 591-629.
54
 

jeudi, 07 août 2014

R.S.: Entretien sur la "révolution conervatrice"

 

aigle-national-bolchevique3.jpg

Robert Steuckers:

Entretien sur la "révolution conservatrice"

 

Propos recueillis par Monika Berchvok

 

Que recouvre le terme de "révolution conservatrice"? Quelles sont les origines de cette école de pensée?

 

Ce terme, à mon sens, revêt une triple signification: il inclut 1) les prolégomènes de cette pensée organique et vitaliste qui se déploient dans une Allemagne et une Europe en pleine ascension, entre 1870-1880 et 1914; 2) elle est aussi une réaction, diverse en ses expressions, de l'Allemagne et de l'Europe après l'effondrement moral et physique dû à la première guerre mondiale; tout en étant un vœu de revenir à une excellence culturelle, partagée mais perdue; 3) elle est la résultante de la nietzschéanisation esthétique de la culture européenne, repérable dans tous les pays de notre sous-continent. Les origines de ce phénomène, divers et prolixe, se repèrent certes dans cette culture partagée, empreinte de nietzchéisme, mais elle a aussi des origines plus anciennes: les "autres lumières", celles qui dérivent de Herder et non pas d'un Aufklärung figé, rationaliste, qui donnera les idées de 1789 et les principes rigides de gouvernement à la jacobine; du romantisme, de la contre-révolution, de l'anti-modernité et de l'anti-bourgeoisisme français repérable dans la sociologie de Bonald ou dans les œuvres poétiques et littéraires de Baudelaire et de Balzac.

 

niet.jpgQuels furent les courants idéologiques qui l'ont traversée?

 

Le 20ème siècle a été idéologique et notre après-guerre, depuis 1945, est marqué par les polarisations idéologiques de la Guerre Froide où l'on s'affirmait de "gauche" (communiste ou socialiste), libéral ou démocrate-chrétien. Ces distinctions ne sont pas vraiment de mise quand on observe les prolégomènes de la révolution conservatrice et ses expressions résolument anti-bourgeoises après 1918. Le socialisme d'avant 1914, dans l'espace intellectuel germanophone, est plus proche de ce nous pourrions définir comme "conservateur/révolutionnaire" que de la gauche actuelle: en effet, il est marqué par Schopenhauer et par Nietzsche plutôt que par Marx et par Engels. La rigidification idéologique des gauches est un phénomène qui date seulement des quelques petites années qui ont précédé la Grande Guerre. Après 1918, même la droite des diplomates, des entrepreneurs et des aristocrates admet un communisme pourvu qu'il soit national et permette une alliance tactique avec la nouvelle URSS, afin d'échapper au blocus que les alliés occidentaux imposent à l'Allemagne vaincue. Selon la définition de Destutt de Tracy, début du 19ème siècle, sous Napoléon, une idéologie est toujours une "construction" mentale, une "fabrication" (Joseph de Maistre) et non pas une expression de la vie,  qui, en tant que telle, échappe à toute définition figée puisqu'elle se modifie en permanence en tant qu'organisme vivant. Armin Mohler, qui a forgé le terme de "révolution conservatrice" tel qu'il nous interpelle aujourd'hui, distingue six courants idéologiques. C'est évidemment une classification universitaire. Il le savait. D'autant plus que dans la définition d'une "bonne politique" au sens de la révolution conservatrice, des hommes de gauche de la première décennie du 20ème siècle, comme le social-démocrate belgo-allemand Roberto Michels, vont critiquer le fonctionnement des démocraties partitocratiques en démontrant qu'elles se figent, se "bonzifient" et s'oligarchisent en perdant leur tonus nietzschéen, populaire et vital. Les déçus socialistes face à la dé-nietzschéanisation de la sociale démocratie allemande se retrouveront dans le camp fasciste en Italie (avec Michels) ou parmi les critiques "révolutionnaires/conservateurs" du fonctionnement partitocratique du système républicain de Weimar. Niekisch, lui, venait du communisme qui, comme Michels mais sous d'autres formes, refusait les "accommodements" des sociaux-démocrates. D'autres, comme les frères Jünger, seront totalement apolitiques ou viendront des ligues de la jeunesse contestatrices mais patriotes: ils refuseront toutefois, après 1918, un "système" dominé par des instances où, justement, l'oligarchisation et la bonzification, dénoncées par Michels, transformaient la société allemande (comme ailleurs en Europe) en un magma dominé par un éventail réduit, inamovible, de ritournelles idéologiques et partisanes, incapables d'apporter du neuf ou de résoudre les problèmes véritablement politiques de toute politie. Rien n'a changé, le festivisme des gay prides servant dorénavant d'addenda écoeurants à un fatras sans âme ni force.

 

La figure fascinante de Moeller van den Bruck incarne l'excellence de la "révolution conservatrice". Pouvez-vous revenir sur son parcours?

 

L'itinéraire d'Arthur Moeller van den Bruck est effectivement fascinant: il résume toutes les interrogations de la Belle Epoque, apogée de la culture européenne avant la catastrophe de 1914. A vingt ans, en 1896, il débarque à Berlin avec sa jeune épouse, Hedda Maase. Il fréquentera les clubs littéraires les plus en vue et, modeste, il amorcera, avec Hedda, une carrière de traducteur d'œuvres littéraires et poétiques essentielles. Berlin sera sa période française et anglaise: il traduira notamment Baudelaire, avec son esthétisme anti-bourgeois, Barbey d'Aurevilly, avec sa fougue catholique et Edgar Allan Poe, que Baudelaire avait déjà traduit en français. En 1902, il débarque à Paris où il rencontre sa deuxième épouse, Lucie Kaerrick, une Germano-Balte, sujette du Tsar Nicolas II. Avec elle, il deviendra l'insigne traducteur de Dostoïevski, dont les éditions en langue allemande se succéderont jusque dans les années 60. A Berlin, il était un dandy apolitique, à Paris sa conscience politique s'éveille, non seulement grâce à l'hyperpolitisation des Français, qui ne rêvent que de revanche, mais aussi et surtout grâce à la fréquentation de Dmitri Merejkovski, écrivain russe en rébellion contre les figements de l'Empire tsariste et de l'orthodoxie du Saint-Synode, parce que ces forces, qui structurent alors la Russie, étouffent les élans religieux et mystiques. L'orthodoxie figée est aussi un avatar de l'occidentalisation de la Russie depuis Pierre le Grand: Merejkovski est donc hostile à Nicolas II non pas au nom d'une option révolutionnaire libérale, hégélienne ou marxiste mais, bien au contraire, au nom d'un radicalisme hyperconservateur. Merejkovski attend le "Troisième Testament" de l'eschatologie chrétienne, notamment celle réactivée par Joachim de Flore dans l'Italie médiévale. La notion de "Troisième Reich" chez Moeller est donc une actualisation de la vision de Joachim de Flore qui prophétisait l'avènement, après les règnes du Père et du Fils, de celui du Saint-Esprit. Merejkovski annonce aussi, pendant son exil parisien, l'avènement de Cham, incarnation de l'homonculus dégénéré par la rationalité libérale que Dostoïevski déjà avait décrit dans son œuvre. Plus tard, la révolution de la lie de la population fera monter au pouvoir le "peuple-bête" : Merejkovski, on l’aura compris, sera hostile à la révolution bolchevique dès la première heure.

 

2252392855.jpgAprès quatre années passées à Paris, Moeller fait le voyage en Italie où il est fasciné par l'esthétique de la Ravenne byzantine du roi ostrogoth Théodoric, qu'il met en parallèle avec les créations des architectes allemands du "Deutscher Werkbund". Sa conscience politique allemande s'éveille progressivement quand éclate la première guerre mondiale, où il servira, vu sa santé fragile, dans les officines berlinoises chargées de contrer la propagande des alliés surtout en Flandre, aux Pays-Bas, en Scandinavie, en Suisse et dans les Pays Baltes. Contre les 14 points du Président américain Wilson, Moeller et ses co-équipiers des officines de contre-propagande élaborent une charte du "droit des peuples jeunes". La pensée de Moeller est dès lors marquée par cette volonté de rejuvénilisation permanente des discours et pratiques politiques, exactement comme Merejkovski voulait un rajeunissement de la mystique russe, comme la bohème berlinoise et munichoise ­ ­-que Moeller avait fréquentée entre 1896 et 1902-  voulait une dynamisation continue de l'Allemagne wilhelminienne. Pour Merejkovski comme pour Moeller, l'Europe germanique et la Russie couraient toutes deux le risque d'un figement définitif sous l'emprise d'une pensée occidentale faite de rationalismes étriqués et de ritournelles sans substances, pareilles à celles qu'ânonne Settembrini, personnage de la Montagne magique de Thomas Mann. Le danger est permanent, comme nous le voyons encore de nos jours: le "jeune-conservatisme" doit dès lors être un militantisme permanent, visant à dissoudre les figements dans la sphère politique, artistique et littéraire.

 

Après 1918, Moeller s'active dans les clubs qui préparent un réarmement moral de l'Allemagne vaincue, dans une perspective très "juvénilisante", à défaut d'être révolutionnaire au sens marxiste du terme. L'Allemagne vit alors une période de crise sans précédent: défaite, effervescence révolutionnaire, république des conseils à Munich, inflation galopante, occupation française de la Ruhr, etc. Cet effondrement général laissait augurer une révolution extrême, capable de balayer toutes les structures vermoulues du passé, héritées du wilhelminisme, et toutes les institutions libérales de la République de Weimar. Pour Moeller, la disparition de ces scories hétéroclites et sans substance permettrait l'avènement du Règne du Saint-Esprit selon l'eschatologie de Joachim de Flore, règne qui serait marqué par l'effervescence, cette fois permanente, des fleurons culturels de la Belle Epoque et de certaines de ses avant-gardes. Quand la situation s'apaise, dès que le Traité de Locarno entre en phase de négociation au printemps 1925, Moeller est déçu, tout comme les frères Jünger, car un retour à la normalité perpétuera l'emprise des scories malfaisantes sur l'Allemagne et le Règne de l'Esprit saint sera remis aux calendes grecques. Moeller se suicide. Ernst Jünger opte pour un retrait hors des grouillements nauséeux de la politique.

 

Moeller van den Bruck connait une véritable renaissance en Allemagne depuis quatre ou cinq ans. Plusieurs thèses de doctorat lui ont été consacrées, alors que seules celles, excellentes, de H. J. Schwierskott (1962) et de Denis Goeldel (1984; en français) existaient jusqu'ici: aujourd'hui, nous avons les études fouillées d'André Schlüter (2010) et de Volker Weiss (2012). Le dossier Moeller n'est pas clos. Effectivement, l'avènement du Règne de l'Esprit Saint a été simplement postposé…

 

Personnalité marquante, Ernst Niekisch représente à lui seul l'originalité du courant national-bolchevique. Comment percevez-vous son rôle central et atypique dans cette époque?

 

Niekisch vient du camp marxiste mais cette personnalité attachante, cet instituteur, ne représente pas seul l'option dite "nationale-bolchevique". Il a fait partie du premier gouvernement des conseils de la république bavaroise, avant que celle-ci ne soit balayée par les Corps Francs de von Epp, chers à Dominique Venner. L'échec des Conseils bavarois va l'amener, comme d'autres, à rechercher une synthèse entre nationalisme et communisme qui puisera à des sources diverses: démocratie germanique archétypale (dont l'idée sort tout droit du texte intitulé Germania de Tacite), qui peut se marier aisément avec l'idée des Conseils chère au socialiste anarchisant Landauer (tombé face aux soldats de von Epp), alliance germano-russe contre Napoléon à partir de 1813, fusion des idéaux paysans et ouvriers des socialismes et communismes allemands et russes, hostilité à l'Occident (surtout catholique et français) et au capitalisme anglo-saxon, alliance avec des peuples d'Eurasie en rébellion contre l'Ouest (Inde, Chine, monde arabe, etc.). Le rôle de Niekisch a surtout été celui d'un éditeur de revues nationales-révolutionnaires, où se sont exprimés les frères Jünger, amorçant de la sorte leur carrière littéraire. Hostile à Hitler, en qui il percevait un "catholique bavarois" allié au fascisme italien, Niekisch sera poursuivi et persécuté après 1933 et, finalement, embastillé en 1937. Cet emprisonnement lui permettra d'écrire, à mon sens, le meilleur de ses livres, Das Reich der niederen Dämonen, où l'on peut lire des dialogues entre prisonniers, des marxistes mais aussi des conservateurs "austro-fascistes", véritables témoignages des marges non-conformistes des années 20 et 30, celles qui ont été vaincues par l'histoire mais qui demeurent, néanmoins, substantielles et intéressantes.

 

9782841004348.jpgErnst Jünger et Ernst von Salomon furent associés à la "révolution conservatrice". Quelle importance ont ces écrivains proches des nationalistes révolutionnaires pour cette génération d'activistes.

 

Jünger et Salomon sont des nationalistes révolutionnaires ou, du moins, des nationalistes "soldatiques". Cette définition leur vient de leurs écrits entre 1918 et 1928 où effectivement ils ont plaidé pour un bouleversement radical de la société, qui aurait dû être apporté par des phalanges impavides d'anciens soldats altiers de la première guerre mondiale. Le coup de force brutal, perpétré par des "cerveaux hardis" (Salomon), est la seule hygiène politique à leurs yeux, la seule façon de faire de la politique proprement. Mais, comme je viens de le dire, les Traités de Locarno (1925) et de Berlin (1926) mettent un terme au chaos en Allemagne et apaisent la situation instable de l'Europe post bellum. Jünger se retire progressivement de la politique et amorce la longue suite de ses voyages à travers le monde, à la recherche d'espaces et de sociétés intacts dans un monde de plus en plus soumis à l'accélération (Beschleunigung), à la connexion et à l'éradication. Jünger devient ainsi, pourrait-on dire, un "homme-yeux" (ein Augenmensch) qui repère partout les traces d'excellence naturelle qui subissent toutefois l'inéluctable érosion engendrée par la modernité. Le repérage, auquel il s'est livré jusqu'à son dernier souffle à la veille de ses 103 ans, est une attitude conservatrice et traditionnelle mais qui, simultanément, nie ce qui est établi car tout système établi ronge les racines anthropologiques, biologiques et ontologiques des hommes, des êtres vivants et des choses. A l'Est comme à l'Ouest au temps de la Guerre Froide, pensées et idéologies hégémoniques participaient, et participent toujours sous des oripeaux autres, à cet arasement planétaire. Comme pour Moeller, les livres sur les frères Jünger, sur les fondements de leur pensée, se succèdent à un rythme effréné en Allemagne aujourd'hui, démontrant, notamment, qu'ils ont été des précurseurs de la décélération (Entschleunigung) nécessaire de nos rythmes de vie. Une pensée qui, sous tous ses aspects, n'a pas pris une ride. 

 

La renaissance de la jeunesse allemande est un phénomène important de l'époque de la "révolution conservatrice". Pouvez-vous revenir sur la spécificité des Wandervögel et des ligues de jeunesse?

 

tusk.gifL'année 1896 est cruciale: Moeller arrive à Berlin et amorce sa quête dans la bohème littéraire de la capitale prussienne; Karl Fischer fonde le mouvement des lycéens randonneurs, le Wandervogel, qui cherche à arracher la jeunesse aux affres d'une urbanisation effrénée; Eugen Diederichs fonde à Iéna sa maison d'édition qui véhiculera les thèmes d'un socialisme organique et enraciné, d'une religion chrétienne adaptée aux terroirs germaniques, d'une esthétique proche des pré-raphaëlites anglais et de l'art nouveau (Jugendstil), etc. Tous cherchent à asseoir une société alternative basée sur des idéaux organiques et vivants plutôt que mécaniques et figés. Après le départ de Fischer pour les armées dans la garnison allemande de Tsing-Tao en Chine, le mouvement se structure, passe de la joyeuse anarchie contestatrice à un anti-conformisme intellectuellement bien charpenté, qui jettera les bases d'une pensée écologique profonde (avec le philosophe Ludwig Klages), d'une pédagogie avant-gardiste dans le sillage de la tradition lancée, fin du 18ème, par le Suisse Pestalozzi. Laminé par la première guerre mondiale, le mouvement de jeunesse renaît vite de ses cendres tout en se politisant davantage sous le signe du nationalisme révolutionnaire qui l'opposera, à partir de 1933, à la NSDAP qui cherchait à contrôler à son profit exclusif l'ensemble des ligues. Les mouvements des Nerother et du "dj.1.11" de Tusk (alias Eberhard Koebel) sont de loin les plus originaux, ceux qui auront organisé les raids les plus exotiques et les plus audacieux (Andes, Nouvelle-Zemble, Laponie, etc.).

 

Courant aux racines anciennes, le filon "folciste" (= völkisch) est une nébuleuse de groupes et d'organisations aux frontières de la religion, de l'ésotérisme et du politique. Comment expliquer la vivacité de cette conception du monde?

 

Il a cependant été peu cartographié, même en Allemagne, a fortiori dans l'espace linguistique francophone. Il faudra s'atteler à une telle cartographie car effectivement les manifestations de ce filon sont multiples, partant parfois de la pure bouffonnerie passéiste. Disons, pour faire simple, que ce courant vise à faire du peuple rural allemand le modèle d'une anthropologie politique, comme les Germains de Tacite et des renaissancistes italiens ou comme le moujik des slavophiles. Il peut être approfondissement de l'identité allemande ou repli sur soi, à la façon des Mennonites protestants. Hitler s'en moquait dans Mein Kampf, brocardait les manies d'Himmler qui, parmi les dignitaires du futur "Troisième Reich", était le plus sensible à ce filon. Aujourd'hui les nouveaux "jeunes conservateurs" allemands s'en moquent au nom d'idéaux étatistes ou schmittiens. Disons que le filon survit officiellement dans toute l'Europe avec l'engouement, fort intéressant au demeurant, pour les archéosites consacrés aux périodes pré-romaines, celtiques ou proto-historiques. C'était là des projets des pré-folcistes d'avant 1914, de Himmler et des archéologues SS et… sont aujourd'hui des projets proposés par les syndicats d'initiative!

 

L'émergence du national-socialisme sera un bouleversement sans précédent pour l'Allemagne. Quels furent les rapports de la révolution conservatrice avec ce phénomène sans précédent?

 

Il n'y a pas de rapport direct: la révolution conservatrice étant une nébuleuse de penseurs peu politisés, au sens où peu d’entre eux étaient encartés dans un parti. Généralement, les pères fondateurs ou les personnalités marquantes, mises en exergue par Mohler, dans sa thèse de doctorat sur la révolution conservatrice, n'adhèreront pas à la NSDAP (contrairement à Heidegger), sauf de très rares exceptions. Les gros bataillons de transfuges viennent plutôt des autres partis, surtout des sociaux-démocrates et, dans une moindre mesure, des démocrates-chrétiens du Zentrum. L'acceptation de la forme-parti, expression de l'ère des masses, est à mon sens déterminante pour une adhésion à la NSDAP, dès que celle-ci monte ou prend le pouvoir. Un Ernst Jünger, qui abominait la forme-parti, n'adhère pas, fidèle à son principe de jeunesse: les coups de force sont plus propres, comme ceux que préparait le Capitaine Ehrhardt, à qui il demeurera fidèle quand celui-ci sera poursuivi par la Gestapo dans les années 30. De même, le traditionaliste Edgar Julius Jung, hostile aux partis de la République de Weimar, demeure hostile à la NSDAP, alors qu'il a mené des actions musclées en 1923 contre les séparatistes rhénans quand les Français cherchaient à détacher les provinces occidentales du Reich. Seuls certains (mais pas tous!) théoriciens, économistes et sociologues du "Tat-Kreis", aux vues plus pragmatiques, passeront cum grano salis au service du nouvel Etat.

 

konservative.jpgLa "nouvelle droite" européenne, dans sa diversité, est-elle l'incarnation de la postérité de la révolution conservatrice?

 

Il faut éviter les anachronismes. Nous vivons depuis les années 50 dans un monde fondamentalement différent de celui que nous avions entre 1880 et 1945. Armin Mohler exhume, début des années 50, les idées oubliées de la "révolution conservatrice" lato sensu, dans une Allemagne fédérale mutilée qui raisonne en termes de technocratie, seule idéologie pragmatique apte à assurer la marche en avant vers le "miracle économique". Il effectue ce travail d'encyclopédiste avec l'accord d'Ernst Jünger. Mais Mohler veut réactiver les idéaux nationaux-révolutionnaires du Jünger des années 20 en les maquillant en surface. Cette volonté provoque une rupture (provisoire) entre les deux hommes. En France, Giorgio Locchi, qui connaît Mohler, suggère à la rédaction de Nouvelle école un résumé succinct et pertinent de la fameuse thèse sur la révolution conservatrice. Il paraîtra dans le n°23 de la revue. En Italie, avant son décès prématuré en 1973, Adriano Romualdi initie le public de la droite radicale italienne aux thèmes majeurs de la révolution conservatrice allemande, lesquels, de toutes les façons, sont déjà traités abondamment par les universitaires de la péninsule. Alain de Benoist publie un résumé du livre de Schwierskott (cf. supra) dans le n°34 de Nouvelle école, grâce aux talents de traducteur d'un embastillé de la République. Nouvelle école publiera ensuite deux numéros, sur Jünger et sur Spengler, sans qu'on ne puisse parler d'un travail systématique d'exploration, les collaborateurs germanophones de la revue étant très rares ou rapidement évincés, comme Locchi ou moi-même. Les éditions Pardès lanceront une collection d'ouvrages, malheureusement peu vendus, qui ont failli faire crouler la maison, car aucun travail systématique fait de monographies ou d'essais didactiques n'a préparé le lecteur français, et surtout le militant politique, à bien réceptionner ces thématiques d'un âge héroïque européen, hélas bien révolu. Les thèmes de la révolution conservatrice allemande, en France comme en Italie ou en Espagne, sont surtout approfondis par des universitaires non marqués politiquement ou métapolitiquement, comme Julien Hervier, Gilbert Merlio, etc.

 

(fait à Forest-Flotzenberg, juillet 2014).   

 

 

Cet entretien a été accordé à Monika Berchvok (Rivarol) suite à la parution de l'ouvrage

 

"La Révolution conservatrice allemande - Biographie de ses principaux acteurs et textes choisis"

 

(éditions du Lore).

 

L'ouvrage est disponible sur le site des éditions du Lore : Editions du Lore

 

* * *

 

revolutionconservatriceallems.jpg

 

Table des matières

 


Les leçons de la « Révolution Conservatrice »

 


La « Révolution Conservatrice » en Allemagne (1918-1932)

 


Le mouvement métapolitique d’Engelbert Pernerstorfer à Vienne
à la fin du XIXe siècle, précurseur de la « Révolution Conservatrice »

 


Munich ou Athènes-sur-l’Isar : ville de culture et matrice
d’idées conservatrices-révolutionnaires

 


Les thèmes de la géopolitique et de l’espace russe
dans la vie culturelle berlinoise de 1918 à 1945
Karl Haushofer, Oskar von Niedermayer & Otto Hoetzsch

 


L’impact de Nietzsche dans les milieux politiques de gauche et de droite

 


Les matrices préhistoriques des civilisations antiques
dans l’oeuvre posthume de Spengler :Atlantis, Kasch et Turan

 


Révolution Conservatrice, forme catholique et « ordo æternus » romain

 


Rudolf Pannwitz : « mort de la terre », imperium Europæum
et conservation créatrice

 


Sur l’entourage et l’impact d’Arthur Moeller van den Bruck

 


Le visionnaire Alfred Schuler (1865-1923),
inspirateur du Cercle de Stefan George

 


Décision et destin soldatique durant la Première Guerre mondiale :
le cas Schauwecker

 


Annulation magique de la crise et « méthode physiognomique »
chez Ernst Jünger

 


Eugen Diederichs et le Cercle « Sera »

 


Boehm, Max Hildebert 1891-1968

 


Introduction à l’oeuvre de Ludwig Ferdinand Clauss (1892-1974)

 


Jakob Wilhelm Hauer (1881-1962) :
le philosophe de la rénovation religieuse

 


Edgar Julius Jung (1894-1934)

 


Friedrich-Georg Jünger (1898-1977)

 


Erwin Guido Kolbenheyer (1878-1962)

 


Alfred Schuler (1865-1923)

 


Christoph Steding (1903-1938)

 


Herman Wirth (1885-1981)

 

 

lundi, 28 juillet 2014

DE PIE SOBRE LAS RUINAS

DE PIE SOBRE LAS RUINAS

de Juan Pablo Vítali

 

De Pie Sobre las Ruinas
 

POR
 
JUAN PABLO VÍTALI
 
 
Diseño: Fernando Lutz
Maquetación y correciones: Manuel Q.
Colección: Minnesänger
Papel blanco 90gr.
Páginas: 152
Tamaño: 21 x 15 cm
Edición en rústica (cosido) con solapas de 8 cm
P.V.P.: 15 €
(Gastos de envío no incluidos)
 
ISBN: 978-84-940846-8-3 
 
 
Sabadell-CAM:
 
0081 3176 22 0006048819
 
 
 
 “Los poetas no están para interpretar poderes circunstanciales ni superficiales ideologías. Ellos expresan lo sagrado de los mundos auténticos e irrumpen como un rayo para alumbrar fugazmente la edad oscura. El poeta no es un dios, pero suele hablar por los dioses…..”
 
“El hombre moderno se ha colocado a sí mismo fuera de toda comprensión poética. Esa es acaso, la mejor definición de la edad oscura...”
 
“Lo poético no reside en el verso ni en la rima, sino en la tensión espiritual y épica del texto, en la sucesión simbólica que crece y se eleva hacia el objetivo, como la flecha de un arquero zen...”
 
“Los símbolos poéticos convocan a la percepción del hombre lo que está más allá de la percepción material. La poesía es la voluntad de plasmar un lenguaje simbólico no como la excepción, sino como la regla de un Orden Nuevo…..”
 
“La poesía es un mundo de dioses, que tiene por naturaleza la eternidad de los ciclos, el eterno retorno. Poeta y guerrero abren ciertas puertas a riesgo de sus vidas, para que otros pasen por ellas hacia la eternidad. Tal es su trágico destino…...”
 
 
Juan Pablo Vítali

samedi, 26 juillet 2014

Teoría del Mundo Cúbico

Teoría del Mundo Cúbico  

20140526205254-portadamundocubico.jpg

Diálogo sobre la Teoría del Mundo Cúbico.- EMInves ha publicado una recopilación de artículos, corregidos y aumentados, acompañados de una conclusión, titulada Teoría del Mundo Cúbico. El libro ha aparecido precisamente la misma semana en la que menos de la mitad del electorado acudía a las urnas para elegir sus representantes en Europa y quizás sea este hecho por el que convenga empezar el diálogo con su autor, Ernesto Milá:

– Nuestro pueblo no parece ha estado muy interesado por las elecciones europeas… ¿Cómo sitúan en su libro a la Unión Europea?

– Es simple: la UE podía haberlo sido todo y, sin embargo, ha optado por no ser nada. La UE podía haberse constituido como una de las “patas” de un mundo multipolar, una de las zonas con mejor nivel de vida y bienestar de las poblaciones. Y, sin embargo, ha preferido ser una pieza más de un mundo globalizado y, como tal, una víctima más de esa odiosa concepción económico–política que aspira a homogeneizar el mundo en función de los intereses de la economía financiera y especulativa.

– Así pues, no hay futuro para Europa dentro de la globalización…

– Exacto, desde hace 25 años, Europa viene siendo víctima de un doble fenómeno: de un lado la deslocalización industrial en virtud de la cual, las plantas productoras de manufacturas tienden a abandonar territorio europeo y a trasladarse a zonas del planeta con menos coberturas sociales y, especialmente, salarios más bajos; de otro lado, la inmigración masiva traslada masas ingentes del “tercer mundo” hacia Europa con la finalidad de aumentar la fuerza de trabajo a disposición, logrando así tirar a la baja de los salarios. Ambos procesos –deslocalización industrial e inmigración masiva– tienden a rentabilizar el rendimiento del capital: se produce más barato fuera de Europa y lo que no hay más remedio que se fabrique en Europa, cuesta menos gracias a la inmigración masiva. Eufemísticamente, a este proceso, se le llama “ganar competitividad” y registra en su nómina a una ínfima minoría de beneficiarios y a una gran masa de damnificados. Por eso es rechazable.

– Hablando de “modelos”, en la introducción dices que tu Teoría del Mundo Cúbico es un modelo de interpretación de la modernidad, ¿puedes ampliarnos esta idea?

– Lo esencial de toda teoría política es interpretar el mundo en función de un esquema propio que ayude a explicar la génesis de la coyuntura histórica que se vive y cuál será su evolución futura. Esto es hasta tal punto necesario que, sin esto, puede decirse que ninguna doctrina política, ninguna concepción del mundo, logrará definir los mecanismos estratégicos para modificar aquellos aspectos de la realidad que le resulten rechazables o discordantes. Para que un modelo de interpretación de la realidad sea eficiente, es preciso que integre los aspectos esenciales del fenómeno que analiza. Los modelos geométricos son particularmente interesantes por lo que tienen de “visual”. De entre ellos, el cubo es, sin duda, el que mejor se adapta a la globalización y, por tanto, es el que hemos utilizado para nuestro análisis.

– Así pues, si no se comprende bien lo que es la globalización, ¿más vale no intentar aventuras políticas?

– Exactamente. Cuando emprendes un viaje, una aventura, debes llevar contigo un mapa. El mapa es, en definitiva, el modelo de interpretación que te llevará del lugar en el que te encuentras a aquel otro al que quieres llegar. Nadie sensato se atrevería a iniciar un viaje sin disponer de un plano susceptible de indicarle en cada momento dónde se encuentra y si va por la buena o por la mala dirección. Hoy, el factor dominante de nuestra época es el mundialismo y la globalización; el primero sería de naturaleza ideológica y en el segundo destaca su vertiente económica, especialmente. ¿Qué podríamos proponer a la sociedad si ignorásemos lo que es la globalización? Incluso Cristóbal Colón tenía una idea clara de a dónde quería ir; para él, su modelo de interpretación era la esfera; sabía pues que si partía de una orilla del mar, necesariamente, en algún lugar, llegaría a otra orilla. Desconocer lo que es la globalización y sus procesos supone no asentar la acción política sobre bases falsas y, por supuesto, una imposibilidad para elegir una estrategia de rectificación.

– ¿Qué pretendes transmitir a través de estas páginas?

– En primer lugar la sensación de que la globalización es el factor esencial de nuestro tiempo. Luego, negar cualquier virtud al sistema mundial globalizado, acaso, el peor de todos los sistemas posibles y, desde luego, la última consecuencia del capitalismo que inició su ascenso en Europa a partir del siglo XVII. Tras el capitalismo industrial, tras el capitalismo multinacional, no podía existir una fase posterior que no fuera especulativa y financiera a escala planetaria. Cuando George Soros o cualquier otro de los “señores del dinero” vierten alabanzas sobre la globalización, lo hacen porque forman parte de una ínfima minoría de beneficiarios que precisan de un solo mercado mundial para enriquecerse segundo a segundo, al margen de que la inmensa mayoría del planeta, también segundo a segundo, se vaya empobreciendo simétricamente. En la globalización hay “beneficiarios” y “damnificados”, sus intereses con incompatibles. Finalmente, quería llamar la atención sobre la rapidez de los procesos históricos que han ocurrido desde la Caída del Muro de Berlín. Lejos de haber llegado el tiempo el “fin de la historia”, lo que nos encontramos es con una “aceleración de la historia” en la que e están quemando etapas a velocidad de vértigo. La globalización que emerge a partir de 1989, en apenas un cuarto de siglo, ha entrado en crisis. En 2007, la crisis de las suprime inauguró la serie de crisis en cadena que recorren el planeta desde entonces, crisis inmobiliarias, crisis financieras, crisis bancarias, crisis de deuda, crisis de paro, etc, etc. En cada una de estas crisis, da la sensación de que el sistema mundial se va resquebrajando, pero que se niega a rectificar las posiciones extremas hacia las que camina cada vez de manera más vertiginosa. Con apenas 25 años, la globalización está hoy en crisis permanente. Así pues, lo que pretendo transmitir es por qué no hay salida dentro de la globalización.

– ¿Y por qué no hay salida…?

– La explicación se encuentra precisamente en el modelo interpretativo que propongo: está formado por un cubo de seis caras, opuestas dos a dos; así por ejemplo, tenemos a los beneficiarios de la globalización en la cara superior y a los damnificados por la globalización en la cara inferior; a los actores geopolíticos tradicionales a un lado y a los actores geopolíticos emergentes de otro; al progreso científico que encuentra su oposición en la neodelincuencia que ha aparecido por todas partes. Así pues tenemos un cubo con seis caras, doce aristas en las que confluyen caras contiguas y ocho vértices a donde van a parar tres caras en cada uno. Así pues, del análisis de cada una de estas caras y de sus contradicciones entre sí, de las aristas, que nos indicarán las posibilidades de convivencia o repulsión entre aspectos contiguos y de los vértices que nos dirá si allí se generan fuerzas de atracción o repulsión que mantengan la cohesión del conjunto o tiendan a disgregarlo respectivamente, aparece como conclusión el que las fuerzas centrípetas que indican posibilidades de estallido de la globalización se manifiestan en todos los vértices del cubo, así como las fricciones en las aristas, y hacen, teóricamente imposible, el que pueda sobrevivir durante mucho tiempo la actual estructura del poder mundial globalizado.

– ¿Quiénes son los “amos del mundo”? ¿Los “señores del dinero”…?

– En primer lugar es preciso desembarazarse de teorías conspiranoicas. Si el mundo estuviera dirigido por una “logia secreta” o por unos “sabios de Sión”, al menos sabríamos hacia donde nos pretenden llevar y existiría una “inteligencia secreta”, un “plan preestablecido”. Lo más terrible es que ni siquiera existe eso. El capitalismo financiero y especulador ha dado vida a un sistema que ya es controlado por ninguna persona, ni por ningún colectivo, ni institución. Simplemente, la evolución del capitalismo en su actual fase de desarrollo está completamente fuera de control de cualquier inteligencia humana. De ahí que en nuestro modelo interpretativo, la cara superior del cubo –la que representa a los beneficiarios de la globalización– no sea plana sino que tenga la forma de un tronco de pirámide. En el nivel superior de esta estructura piramidal truncada se encuentran las grandes acumulaciones de capital, lo que solemos llamar “los señores del dinero”… pero no constituyen ni un “sanedrín secreto”, ni siquiera pueden orientar completamente los procesos de la economía mundial. Simplemente, insisto, la economía se ha convertido en un caballo desbocado, que escapa a cualquier control…

– Entonces… ¿quién dirige el mundo?

– … efectivamente, esta es la pregunta que faltaba. En mi modelo, esta pirámide truncada, está coronada por una pieza homogénea que está por encima de todo el conjunto. En los obeliscos antiguos esta pieza era dorada o, simplemente, hecha de oro, y se conocía como “pyramidion”. En la globalización ese “pyramidion” son los valores de los que se nutre el neocapitalismo: afán de lucro, búsqueda insensata del mayor beneficio especulativo, etc, en total veinte principios doctrinales que enuncio en el último capítulo de la obra y que constituyen lo que podemos considerar como “la religión de los señores del dinero”. Esos “principios” son los que verdaderamente “dirigen la globalización”. Los “señores del dinero” no son más que sus “fieles devotos”, pero no tienen ningún control sobre los dogmas de su religión.

¿Hay alternativa a la globalización?

– Sí, claro, ante: la llamada “economía de los grandes espacios”. Reconocer que el mundo es demasiado diverso y que un sistema mundial globalizado es completamente imposible. Reconocer que solamente espacios económicos más o menos homogéneos, con similares PIB, con similar cultura, sin abismos ni brechas antropológicas, pueden constituir “unidades económicas” y que, cada uno de estos espacios, debe estar protegido ante otros en donde existan condiciones diferentes de producción, por barreras arancelarias. Y, por supuesto, que el capital financiero debe estar en primer lugar ligado a una nación y en segundo lugar tributar como actividad parasitaria y no productiva. La migración constante del capital financiero en busca siempre de mayores beneficios es lo que genera, a causa de su movilidad, inestabilidad internacional. Hace falta poner barreras para sus migraciones y disminuir su impacto, no sólo en la economía mundial, sino también en la economía de las naciones. Los Estados deben desincentivar las migraciones del capital especulativo y favorecer la inversión productiva, industrial y científica.

¿Es posible vencer a la globalización?

–  La globalización tiene dos grandes enemigos: en primer lugar, los Estados–Nación que disponen todavía de un arsenal legislativo, institucional y orgánico para defender la independencia y la soberanía nacionales de cualquier asalto, incluido el de los poderes económicos oligárquicos y apátridas; se entiende, que una de las consignas sagradas del neoliberalismo sea “más mercado, menos Estado”, que garantiza que los intereses económicos de los propietarios del capital se impongan con facilidad sobre los derechos de las poblaciones que deberían estar defendidos y protegidos por el Estado, en tanto que encarnación jurídica de la sociedad. El otro, gran enemigo de la globalización es cualquier sistema de “identidades” que desdicen el universalismo que se propone desde los laboratorios ideológicos de la globalización (la UNESCO, ante todo) y son antagónicos con los procesos de homogeneización cultural y antropológica que acompañan a la globalización económica. Así pues está claro: para vencer a la globalización es preciso reivindicar la dignidad superior del Estado (y para ello hace falta crear una nueva clase política digna de gestionarlo) e incluso recuperar la idea de Estado como expresión jurídica de la sociedad, es decir, de todos (con todo lo que ello implica) y, por otra parte, es preciso reafirmar las identidades nacionales, étnicas, regionales. Allí donde haya Estado e Identidad, allí no hay lugar para la globalización.

Datos técnicos:

Tamaño: 15 x 23 cm

Páginas: 258

Pvp: 20,00 euros

Abundante ilustrado con gráficos

pedidos: eminves@gmail.com

jeudi, 24 juillet 2014

F. Duprat et le nationalisme révolutionnaire

jeudi, 17 juillet 2014

« L'EFFACEMENT DU POLITIQUE » DE PIERRE LE VIGAN

«L'EFFACEMENT DU POLITIQUE» DE PIERRE LE VIGAN

Un livre indispensable de réflexion pour l'été

Michel Lhomme 
Ex: http://metamag.fr 

L’Union européenne traverse une crise grave. Le nier et poursuivre une politique de fuite en avant vers l'Est ou le Sud - « plus d’Europe ! » – ne fait qu'accentuer davantage le rejet de l’Europe mais il y a  pire : la dépolitisation de l'homme européen.

L'Union européenne s’est bâtie contre les Etats. Elle se veut l'amorce de l'Etat universel rêvé par Kant, la concrétisation du cosmopolitisme politique. Nous le rêvions humain et démocratique, il se révèle technocratique et totalitaire. L’attitude du Parlement européen est typique à cet égard. Une étude de la Diète fédérale allemande a établi récemment que 85 % de nos lois et règlements proviennent désormais de Bruxelles, ce qui vide de sens le principe même de subsidiarité et les délibérations de nos Parlements nationaux. Le mode d'être de la politique est la gouvernance à savoir la gestion des « affaires courantes », l'absence de toute autorité. 

 
C'est ce que Pierre Le Vigan appelle « l'effacement du politique », la dépolitisation du monde. Elle est le règne du droit, la dictature du droit, la république des juges au cœur du grand marché. « Toute société a un  droit oral ou écrit », nous rappelle Le Vigan mais « notre société se veut régie par le droit » (p.126). Ce n'est effectivement pas la même chose. Il faut dix ans pour rédiger un règlement ou une directive européenne, dix ans pour la modifier.
 
La directive, résultat de la réflexion des experts vaut alors force de loi. Le peuple, même par ses représentants, n'est jamais consulté. On comprend, par l'analyse, que Pierre Le Vigan brosse du néo-constitutionnalisme contemporain ce sentiment que nous avons de ne plus pouvoir rien faire au quotidien. Ce sentiment d'absence de liberté n'est pas indépendant du processus de marchandisation extrême qui est à l'œuvre. Il en est au contraire sa logique même. On ne nous prive pas de notre liberté individuelle mais de toute liberté collective. Le pouvoir judiciaire est ainsi la nouvelle religion du temps ( p.136 ), les directives et les décrets arbitraires, le mode quotidien de gouvernement. Cela illustre le passage de la démocratie représentative à la démocratie procédurale, analysée aussi par les argentins Alberto Buela et Luis Maria Bandieri. Le droit est vidé, marchandisé, privatisé. Pierre Le Vigan fait la généalogie de ce processus, de Machiavel et Hobbes à Habermas,  et c’est le grand apport de ce livre que de mettre à jour les racines profondes de la dépolitisation de l’Europe.

Chez les économistes, on avancera que la zone euro est en crise, que la monnaie unique est inadaptée à des économies divergentes. On ne fait pas vivre en effet dans la même zone monétaire un marchand de machines-outils ou de voitures de luxe, l’Allemagne, et un marchand d’olives ou un armateur sans pavillon national, la Grèce, sauf à instituer une union de transfert des riches vers les pauvres. Mais Pierre Le Vigan va plus loin et rappelle l'essentiel, l'erreur européenne :  vouloir construire une unité politique par l'économique.

On sait que Jacques Delors ne lira pas Pierre Le Vigan. C'est un hommage. Delors a raillé plusieurs fois le concept, selon lui « bien français », de l' «  Europe puissance ». A deux reprises en Commission des Affaires Etrangères et en Commission des Affaires Européennes, il a martelé l’utopie de l’Europe puissance, ajoutant qu’il n’y aurait jamais de politique étrangère commune. Pourtant, l’Union européenne a été pensée comme un bloc et construite comme tel dans les années 1950/60 pour faire pièce à la Guerre Froide et aux deux blocs, les Etats-Unis et l’U.R.S.S. S'il est illusoire de croire qu’une organisation de vingt-huit, bientôt trente Etats-nations, puisse constituer une force homogène, l'Europe n'existera pas non plus comme un agrégat de nations ou un galimatias d'Etats. De plus, il n'y a pas accord sur l'Europe culturelle ( malgré l'Homère de Dominique Venner ), sur l'Europe religieuse ( malgré la chrétienté de François ), sur l'Europe linguistique ( malgré le mythe indo-européen de Nouvelle Ecole ), sur l'Europe ethnique ( malgré l'homme blanc de Terre et Peuple ). Alors n'y aurait-il pas ou plus de substance européenne ? Mais alors quelle Europe  ? Pierre Le Vigan en appellerait-il à un nouveau monde politique : l’ère des puissances relatives ? 

La mondialisation des échanges dépasse le cadre des organisations régionales et singulièrement celui de l’Union européenne en pleine récession. En matière de politique étrangère, notre destin ne se joue plus sur la Vistule et l’Oder-Neisse, mais en Méditerranée, en Afrique, dans les pays du Levant, en Chine et dans tout le Pacifique. Mais peut-on encore parler d'une hyperpuissance capable d’imposer unilatéralement ses choix au monde ? Les Etats-Unis commencent de plus en plus à coaliser désormais les autres contre lui. A chaque tentative hégémonique correspond une nouvelle coalition qui se constitue et se défait : l’Irak, la Syrie, la Libye, le réchauffement climatique  (Paris sera le siège, au mois de décembre, de la conférence sur le climat ). L’ancien Secrétaire à la Défense américaine, Donald Rumsfeld utilisait une formule juste: selon lui, aujourd'hui, « c’est la mission qui commande la coalition ». Alors, de quelle Europe avons-nous besoin ? De quelle mission ? Il faut poser la question. D'une Europe populaire ? D'une Europe de la puissance ? D'une Europe politique mais de quelle politique, pour quelle politique ? 

Le bon sens cartésien nous guide : l’Union européenne s’est élargie, elle doit s’amaigrir. 80 % des compétences doivent redescendre au niveau des Etats. Il faut réconcilier la souveraineté nationale et la coopération européenne. Si les formes cité, nation, empire sont obsolètes, si l'Etat de  droit se trouve dissous dans le droit et le tout juridique, l'état universel n'en est pas moins impossible parce qu'il contredit la nature politique de l'homme, empêche la dialectique de la reconnaissance et donc la réalisation de l'Histoire. Mais quelle unité politique défendre alors à l'échelon européen ? De fait, la Cour fédérale allemande a fermement rappelé en juin 2010 qu’il n’y avait pas de peuple européen, mais des peuples allemand, français, italien, etc. Et qu’en tout état de cause, pour l’Allemagne, le dernier mot appartenait à la seule Diète fédérale ! Le meilleur moyen, dès lors, est de constituer un Parlement européen à partir des Parlements nationaux – des Commissions aux Affaires européennes – qui siégerait ponctuellement dans une Union européenne fortement recentrée ou d'accepter la suzeraineté de la puissance allemande en Europe (ce qui ne se peut).

Ces mois prochains, la question de l’Union européenne se reposera par l'attitude du Royaume Uni, l'indépendance possible de l'Ecosse, un référendum britannique à venir. La Grande-Bretagne devrait sortir de l'Union européenne mettant alors l'Union Européenne au bord d'une implosion à la soviétique. Depuis des décennies, de Rome à Lisbonne, la petite Europe des Traités a vécu dans la contradiction entre une idéologie fédéraliste sous-jacente et la pratique intergouvernementale. Elle a tenté d'ignorer la confusion antidémocratique de ses institutions par la « gouvernance » oligarchique et un surcroît d’ultralibéralisme. L'Union européenne a nié radicalement la souveraineté populaire. S'agit-il donc de retrouver le nationalisme, l'identité collective de base, le citoyen européen ?
 
Pour Pierre Le Vigan, non, il s'agit de penser une refondation européenne mais sans nationalisme. Mais alors, de quel modèle politique peut éclore la refondation européenne ? De l'idée de confédération, la forme d’une confédération des Etats européens pouvant inclure la Fédération de Russie et la Turquie pour la simple raison que ces deux Etats participent et ont toujours participé à l’équilibre européen. Mais, il s'agit de confédérer par en bas (la généralisation de la démocratie participative au niveau local) et par en-haut, en posant les conditions de la coopération diplomatique des différentes nations européennes. Il est donc bien question de retrouver en interne le vieux principe fédératif (Proudhon ?), le solidarisme (Léon Bourgeois), l'associationnisme (Louis Blanc ?) et en externe, la coopération et le consensus diplomatique sans l’uniformité.
 
Tout reposerait donc sur un principe de subsidiarité bien compris. Comme le souligne à la fin de son ouvrage au style clair, concis et largement référencé, c’est vers l'idée d'Empire, de « confédération des peuples d’Europe » que s'oriente Pierre Le Vigan. Dans la conclusion d'un commentaire judicieux, Bruno Guillard pose les bonnes questions : fédération, empire, confédération, état fédéral ou alliance inter étatique ?... C'est effectivement tout un programme et nous attendons avec impatience l'analyse plus poussée des formes politiques impériales qui éclairerait sa proposition. Pourquoi ? Parce que Pierre Le Vigan est un autodidacte (« personne ne me fascine davantage que les autodidactes » dit Jacques Attali !) de la philosophie et que c'est, comme pour les artistes ou les écrivains, chez eux, qu'on retrouve le plus la créativité des concepts, chère à Deleuze.

On comprend en tout cas entre les lignes pourquoi, par exemple, il n'y aura pas de dissolution en France. C'est que la classe dirigeante française et l'équipe Valls sont les grands prêtres du « nouvel ordre mondial », spécifiquement désignés pour mener au nom de la Liberté, la révolution du Droit destinée à transformer les communautés nationales en un magma humain, une poussière d’hommes dépolitisées dont la seule issue ontologique sera l'immanence, le carpe diem, l'immédiateté épicurienne ou le réalisme-sceptique à la Clément Rosset. À ce titre, les corps désertés du bien commun et de la politique seront voués à n’être plus que des hommes banaux, normaux comme l'aime à le dire si bien François Hollande c'est-à-dire des non-citoyens. Las, ce beau programme qui a en fait énormément progressé depuis deux ans transformera les cours d'Education civique en « moraline », l'autorité en totalitarisme de l'édredon. Sans nuances, le modèle européen entraîne le chaos civil sous le « talon de fer » de Big Brother. Cette déconstruction et remodelage juridique est sans doute l’aspect le plus inquiétant de la grande transformation en cours. Celle pour laquelle nos dirigeants sont mandatés en tant qu’exécutants de missions géographiques sectorielles, État par État. Leur tâche essentielle, celle à laquelle ils ne peuvent ni ne doivent renoncer, vise la fusion en un même espace tricontinental du libre-échange généralisé et de la marchandisation de tous les aspects de la vie. C'est cette mission qui cet été et est en train de se mettre en place dans l'opacité la plus absolue et l'absence de toute contestation à travers le méga traité transatlantique en cours de négociation. 

Rappelons que pour le « Pacte commercial transatlantique » applicable entre l’Union Européenne et les deux Amériques (un traité similaire relie déjà le Canada et les Etats-Unis), le gouvernement de Valls a accepté de signer une clause de secret relative au contenu des négociations, lesquelles se déroulent au niveau de la Commission européenne à l’exclusion des membres du Parlement européen. Ainsi, le gouvernement ira jusqu'au bout de ses réformes en entretenant à sa guise le brouillard démocratique par de fausses concertations parce que sa mission est justement  de dépolitiser la France, d'effacer le politique chez des citoyens à la réputation tellement récalcitrante qu'on rêve outre-Atlantique d'en changer la nature et, à Paris de les remplacer. Nonobstant, ils semblent oublier une réalité essentielle : l'« esprit français » déteint aussi chez ses « invités » fussent-ils sans papiers !

Pierre Le Vigan, L’Effacement du politique / La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, préface d’Eric Maulin, éditions La Barque d’Or, 15 € (+ 4 € de frais de port), 164 pages, labarquedor@hotmail.fr

Du même auteur:
Inventaire de la modernité avant liquidation, Avatar éditions 2007.
Le front du cachalot. Carnets de fureur et de jubilation, Dualpha 2009.
La tyrannie de la transparence. Carnets II, L’Aencre 2011.
Le malaise est dans l’homme. Psychopathologie et souffrances psychiques de l’homme moderne, Avatar éditions 2011.
La banlieue contre la ville. Comment la banlieue dévore la ville, La Barque d’Or, 2011.
Ecrire contre la modernité, précédé d’Une étude sur la philosophie des Lumières, La Barque d’Or, 2012.. 

mercredi, 16 juillet 2014

Raymond De Becker, intellectuel réprouvé

 

574097_Cover.jpg

Raymond De Becker, intellectuel réprouvé

par Marc Laudelout

Becker_jpg.jpgAlors que Raymond De Becker (1912-1969) vivait misérablement à Paris après la guerre, on l’aurait bien étonné si on lui avait dit qu’il ferait l’objet d’un colloque universitaire dans son pays, une quarantaine d’années après sa mort. Ce sont les actes de ce colloque qui sont édités aujourd’hui. Qui était Raymond De Becker et quel lien (indirect) avec Céline ? Ce journaliste belge, auteur du mémoriel Livre des Vivants et des Morts (1942), dirigea le quotidien Le Soir durant l’Occupation. Raison pour laquelle il fut lourdement condamné à la Libération. En mars 1941, il participa, aux côtés d’Édouard Didier, à la fondation des Éditions de la Toison d’Or derrière lesquelles se trouvait le groupe de presse allemand Mundus qui dépendait du Ministère des Affaires Étrangères allemand. Entre 41 et 44, la Toison d’Or publiaune centaine de titres dont une majorité d’ouvrages de fiction. Les essais historiques et politiques étaient sélectionnés par De Becker, les œuvres de fiction par Édouard et Lucienne Didier. En mai 1944, cette maison d’édition publia, en accord avec Robert Denoël, Guignol’s band, avec cette bande, fort recherchée par les collectionneurs : « Une révolution littéraire » (voir ci-contre). Dans les années 80, un célinien a dépouillé l’intégralité de la presse francophone belge des années d’occupation ¹. Dont le quotidien Le Soir  que De Becker dirigea jusqu’en septembre 1943. Le 29 octobre 1940, Le Soir publie en première page une lettre ouverte, « Céline, vous aviez raison », rédigée par Edmond Nasy, jeune journaliste rexiste bientôt en rupture de ban avec le chef du mouvement. C’est également dans Le Soir que Louis Carette, futur Félicien Marceau de l’Académie française, publia plusieurs chroniques littéraires. Ainsi, le 22 avril 1941, il met en parallèle le succès de Céline avec le rejet de la littérature de type symboliste. Curieusement la sortie des Beaux draps ne donna lieu à aucun compte rendu. Trois ans plus tard, Guignol’s band n’est pas davantage commenté. Pire : en juillet 1944, le journaliste Paul Modave dénonce l’aspect « décadent » de l’œuvre célinienne. À cette période, Raymond De Becker a rompu depuis un an avec la Collaboration, justifiant sa décision par l’incertitude manifestée par Degrelle de s’attacher à défendre une structure étatique belge. Mais De Becker ne fut pas que l’un des chefs de file de la collaboration intellectuelle durant la seconde Occupation allemande en Belgique. C’est tout son itinéraire qui est retracé, en plusieurs contributions distinctes, dans ce passionnant volume : d’abord sa jeunesse catholique (qui le fit côtoyer Henry Bauchau et Hergé) ; puis sa période activiste où il milite pour un régime autoritaire, corporatiste et régionaliste de type médiéval, suivie de son engagement neutraliste, puis collaborationniste ;  son séjour helvétique après sa détention et la découverte de la psychanalyse jungienne ; enfin sa participation à la maison d’édition Planète et sa revue éponyme fondées par Louis Pauwels. Recueil foisonnant qui constitue, comme l’écrivent justement les préfaciers, « une utile porte d’entrée pour aborder des thèmes aussi variés que le corporatisme, le non conformisme, l’européisme, la collaboration, l’épuration, la psychanalyse ou l’ésotérisme. »

 Marc LAUDELOUT

 

Olivier DARD, Étienne DESCHAMPS et Geneviève DUCHENNE (dir.), Raymond De Becker (1912-1969). Itinéraire et facettes d’un intellectuel réprouvé, P.I.E. Peter Lang, coll. « Documents pour l’histoire des francophonies », n° 32, 2013, 409 p. (50,30 €).

Note:

1. Marc Laudelout, « Céline dans la presse belge de l’Occupation (1940-1944) »,  Tout Céline, 5 , À la Sirène[Liège], 1990, pp. 137-149.

dimanche, 13 juillet 2014

Entretien avec Piero San Giorgio

 

piero-san-giorgio.jpg

Entretien avec Piero San Giorgio

Ex: http://zentropaville.tumblr.com

Piero San Giorgio est, depuis vingt ans, responsable des marchés émergents d’Europe de l’Est, du Moyen Orient et d’Afrique dans l’industrie high-tech. Depuis 2005, il se prépare à l’effondrement de l’économie et étudie les moyens d’y survivre.

Le thème de votre dernier livre peut surprendre. Dans « Femmes au bord de la crise » vous évoquez des figures féminines très fortes dans un monde au bord de l’effondrement. Comment êtes vous venu à écrire ce livre ?

Lorsque l’on parle de crises – personnelles ou de grande envergure – on a trop souvent l’image du héros hollywoodien, déterminé et invincible, qui mène la charge. Or les statistiques montrent que dans la plupart des crises, et ce malgré un siècle de féminisme tendant vers l’égalité homme-femme, ce sont les femmes qui sont en première ligne et qui souffrent le plus : précarité dans le travail, difficultés financières avec enfants à charge, violences, prédation sexuelle… Dans le monde moderne, les femmes ont, selon moi, beaucoup plus exposées aux risques et ont plus à perdre qu’avant.

Il y a trois raisons qui m’ont poussé à écrire ce livre. Tout d’abord, le fait que parmi les lecteurs de mes deux précédents livres “Survivre à l’effondrement économique” et “Rues Barbares – survivre en ville”, il n’y avait que 15 à 20 pour cent de femmes. Ensuite, en lisant l’édifiant essai de Laurent Obertone “France Orange Mécanique”, j’ai pris conscience de la réalité (j’ai revérifié toutes les statistiques choquantes cités dans cet ouvrage, et elles sont bien exactes) de la violence faite aux femmes aujourd’hui en France, en Europe et partout ailleurs. J’ai été bouleversé par certains des récits et je me suis dit que je ne pouvais pas rester inactif et donc essayer à contribuer à la prise de conscience et à la recherche de solutions spécifiquement pour les femmes.

Enfin, beaucoup de mes lecteurs m’écrivent pour me dire qu’ils travaillent à la mise en place d’une stratégie d’autonomie, de recherche de liberté et de sécurité, par la mise en place de Bases Autonomes Durables, mais qu’ils ont de la difficulté à expliquer leur démarche auprès de leurs épouses ou compagnes. Un nouveau livre était nécessaire pour qu’ils puissent le leur offrir, le leur faire lire… Du moins c’est ce que j’ai essayé de faire dans la première partie de “Femmes au bord de la crise”, que j’ai complété dans la deuxième partie par des interviews d’une vingtaine de femmes de toutes extractions sociales qui, seules ou en famille, se préparent et qui partagent leurs expériences, leur démarche et leur vécu au quotidien. Ces femmes sont formidables!

Quelle est votre définition de la féminité ?

A priori, c’est un mystère absolu ! Il faudrait que vous posiez la question a Conchita Saucisse ! Toutefois, c’est comme beaucoup de choses que l’on ne peut définir avec exactitude pourtant, lorsqu’on y est confronté, on reconnait la féminité instantanément ! Pour ne pas tourner autour du pot, pour moi, la féminité c’est à la fois le charme, la douceur, la séduction, la grâce, l’élégance naturelle, la maternité, l’érotisme… coexistant dans la même personne : un vrai mystère !

Paradoxalement, le caractère féminin n’est-il pas le mieux adapté à la survie ?

Anthropologiquement oui. Tant dans les peuples pré-littéraires, dans les récits de la Torah (Deutéronome) que chez les chimpanzés, lorsqu’une tribu ou un peuple avait conquis le territoire d’un autre, après avoir exterminé tous les mâles, y compris les vieillards et les enfants, les femme les plus belles et les plus fertiles sont absorbées par la tribu victorieuse. Dans ce sens, la femme a plus de chances de survivre et de continuer à transmettre son patrimoine génétique, à défaut du culturel. Aujourd’hui encore et malgré un siècle de féminisme, beaucoup de femmes ont comme stratégie de rencontrer l’homme le plus riche ou le plus puissant possible. Ce n’est pas une stratégie idiote, lorsque l’on voit le nombre de jolies femmes qui gravitent autour des hommes de pouvoir ou d’argent, et malgré leur physique ingrat, voire parfois objectivement repoussant (je pense a quelques hommes politiques ou autres capitaines d’industrie là). Toutefois, cette stratégie à deux points faibles : le premier est qu’il y aura toujours une femme plus belle, plus jeune surtout, ou plus intrigante pour venir la remplacer, notamment dans un monde où, grâce au féminisme entre autres, l’homme n’a plus d’obligation morale ni de pression sociale pour ne pas simplement jeter une femme pour une autre, si bien sûr, il en a les moyens matériels. Ainsi, la précarité des femmes s’en retrouve accrue. Et on ne parle même pas des cas où ces femmes feraient une erreur de jugement dans la puissance ou la fortune de leur cible ! Le deuxième point faible de cette stratégie est qu’en choisissant un tel homme, elles se mettent en position, si je puis dire, de dépendance.

Je crois profondément que les hommes et les femmes sont les deux parts complémentaires et indispensables à l’“unité de production”, vous me permettrez d’utiliser ce terme marxisant, qu’est la famille. Unité de production d’enfants, mais aussi de joies et de bonheurs simples. Or, dans mes livres, je parle d’acquérir de l’indépendance, de l’autonomie et de la liberté. Quoi de mieux que de travailler à cet idéal en famille?

Des Antigones aux Caryatides, de nombreuses jeunes femmes s’engagent dans l’action militante nationaliste/identitaire. Que pensez-vous de ce phénomène ?

Ah, je ne connais pas les Caryatides, enfin à part celles sur l’Erechthéion. Mais je vois très bien qui sont les Antigones, et je trouve leurs actions et positions politiques admirables et, surtout, très intelligentes. C’est un phénomène qui mérite de s’accentuer car sans elles, sans les femmes, nous autres hommes avons l’impression de combattre seuls. Bien souvent, après un combat politique ou simplement d’opinion, nous rentrons dans nos foyers vers nos femmes, nos mères, nos filles qui ne comprennent pas toujours, voire parfois réprouvent ce que nous faisons, à cause de la pression du politiquement correct notamment. Il est donc bienvenu de voir s’accroître des femmes qui combattent aussi, côte à côte des hommes, pour un combat qui, il me semble, mérite d’être mené – même s’il semble impossible à remporte, tant la tâche est immense et tant les probabilités de perdre sont grandes. Enfin, et c’est très important, ces mouvements me semblent agir avec féminité, grâce, politesse, intelligence… on est loin de la vulgarité crasse et gueulante des “femen” et autres groupes de grognasses immondes, financés par la banque !

Dans une optique de survie, la famille semble être pour vous la plus sûre des bases?

La famille est la cellule du corps social depuis que l’homme existe. Et bien qu’il y ait eu au cours de l’histoire et des géographies des rares et légères variantes, la famille humaine est tout d’abord l’union d’un homme et une femme avec pour objectif de perpétuer leur gênes et leur culture par l’intermédiaire de leurs enfants, qu’il faudra protéger, éduquer et rendre capables d’intégrer le corps social, que celui-ci soit le clan, la tribu ou la Nation, en tant qu’adultes autonomes et responsables, c’est à dire des citoyens. Au delà de la notion de survie stricto-senso, c’est donc la famille, et non l’Etat, qui a la responsabilité ( parce qu’elle fait l’essentiel du travail, bien qu’on puisse mutualiser un certain nombre de tâches au sein de la famille élargie ou d’une groupe de familles) de mener à bien cette “éducation” du petit d’homme pour le transformer en adulte “moral” et coresponsable de la “cité”. Pour cela, bien évidemment, il faut travailler sur l’autonomie, sur la capacité de production, sur les connaissances et compétences à acquérir, sur les valeurs communes garantes d’une identité forte et clairement identifiable, sur la capacité de se défendre contre la prédation et la violence – seul s’il le faut, mais préférablement en groupe. Sans la famille, il me semble bien impossible de faire tout cela. L’alternative, c’est à dire ce que nous vivons aujourd’hui, où nous sommes tous encouragés à l’individualisme et où toutes les tâches sont déléguées à l’Etat. Notre modèle sociétal à rempli la Cité – ou ce qu’il en reste – d’abrutis narcissiques, inaptes à travailler a quoi que ce soit d’utile, et incapables à ne serait-ce que comprendre où se trouve leur vrai intérêt. Cette population tombera de haut et souffrira terriblement lors des crises à venir. Préparons nous!

Transhumanisme, théorie du Genre: que vous inspire ces délires scientifiques? Pensez-vous qu’ils peuvent nous conduire à une catastrophe?

Paradoxalement, car amateur de science-fiction, je pense que non. Ces apprentis sorciers délirent complètement sur la capacité de changer l’homme par la technologie ou par de la doctrine, plus proche de la croyance religieuse que de la science. Autant le socialisme sous sa forme Nazie ou Communiste a pu causer des centaines de millions de morts car les Etats étaient puissants dans le réel, et qu’ils voulaient façonner l’”homme nouveau” à coups de baïonnette, de famines ou de camps de rééducation, autant ces sorciers modernes le font avec quoi? La gay-pride? Des manuels scolaires que les élèves, de plus en plus analphabètes, ne sauront de toute façon plus lire? Avec un Etat qui n’aura bientôt plus d’argent pour acheter les matraques des CRS? Et ces “théories”, ces croyances, sont tellement éloignées de la nature humaine profonde, de notre anthropologie de base que personne dans le monde réel ne les suivra. Vous imaginez la classe de banlieue française typique avec 70% de gamins d’origine sub-saharienne ou Nord-africaine à qui l’on dit qu’ils peuvent choisir d’être soit homme, soit femme? Le lendemain, le prof, il se fait lapider sa race par leur famille et leurs grands frères, wa Allah al Adhim! Si cela conduira à une catastrophe, ce sera pour ces grands prêtres du progrès qui ne comprendront pas pourquoi la populace va venir sous leurs balcons et les pendre aux réverbères des beaux quartiers de Paris. Personnellement, et bien que je comprenne les combats tels que ceux de la “Manif pour Tous” – et qui sont utiles pour le symbole, le panache, je pense que c’est trop tard, l’effondrement sociétal et économique sera sur nous avant que leurs vaines tentatives de reprogrammer nos enfants n’aboutissent. Mais je peux me tromper, bien sûr, donc restons vigilants.

Votre premier livre, « Survivre à l’effondrement » est paru en 2011 aux éditions Le Retour aux Sources. Comment jugez vous l’évolution de la « mouvance survivaliste » en France?

Le succès de ce livre m’a surpris! Nous en sommes à près de 40’000 exemplaires vendus, la version en anglais marche bien et celle en italien sort en septembre. Je vois souvent des lecteurs et des lectrices se passer le livre, l’annoter, le surligner… parfois certains en achètent par commandes de dix ou de vingt pour l’offrir a tous leurs amis… et tout cela sans aucun relai des grands médias, sans la télévision, sans aucune revue littéraire. Preuve qu’un autre monde, que d’autres réseaux se créent, alors que l’ancien se meurt…

Je crois que ce livre a dépassé la mouvance “survivaliste”, pour peu qu’il y en ait une, pour toucher un public bien plus large, constitué de jeunes et de moins jeunes, de couples, de familles, de retraités… qui, simplement, on pris le contenu de ce livre comme point de départ d’un travail, d’une quête, vers plus d’autonomie. Et ça donne des résultats! L’autonomie permet de consommer moins et mieux (eau et nourriture locale, meilleure consommation ou production énergétique), d’apprendre et acquérir de nouvelles compétences utiles, d’accroitre sa capacité à se défendre, et surtout à tisser un lien social plus réel et plus fort entre les membres d’une même famille, d’un quartier, d’un hameau, entre amis… finalement un peu comme dans les témoignages des femmes dans mon dernier livre. Au bout du chemin vers l’autonomie, se trouve la liberté réelle.                

Vous préfacez « Too much magic : L’Amérique désenchantée » de J.H Kunstler. Ce livre est une critique féroce de la société US. Croyez-vous à son effondrement à court terme?

Ce livre est exceptionnel et c’est un grand honneur pour moi que de l’avoir préfacé. Encore Inconnu en France, Kunstler est pourtant l’un des auteurs majeurs aux USA aujourd’hui. Non seulement il écrit de manière superbe, mais sa critique de la société Etat-Unienne est mordante, drôle, documentée, factuelle et… désespérée. Pour lui, les USA se meurent. Ils meurent de leurs infrastructures délabrées, de leur classe politique corrompue, de leur population vivant dans une orgie de consommation futile et incapable de voir la réalité de la crise économique et énergétique à laquelle ils font déjà face. Les USA sont dans une fuite en avant dans le techno-narcissime (oh, qu’il est beau mon iphone 12S!), dans des aventures guerrières hasardeuses et coûteuses (Afghanistan, Irak, Syrie, Ukraine…), et le dans une gouffre d’endettement invraisemblable. L’Empire est nu. L’Empire va mourir. Et Kunstler décortique avec minutie et humour les raisons et les résultants de cette mort. Et ca va faire mal. Si vous voulez comprendre les USA d’aujourd’hui et donc où va le monde, il faut lire ce livre!

Que pensez-vous du phénomène des « milices » américaines et du courant libertarien?

Les Etats-Unis se sont fondés sur l’esprit pionner et sur l’idée de liberté subconstantielle à celui-ci. Ce pionnier devaient pouvoir défendre leur terre par eux mêmes, et se sont constitués en milices. Pendant longtemps, l’armée américaine n’existait pas. Il n’y avait que des milices incorporées selon les besoins dans la Garde Nationale. Et cet esprit de liberté-armée se retrouve dans mon pays, la Suisse, où le citoyen-soldat est le garant de la liberté et du bien commun, il est même le vrai contrepouvoir au gouvernement et aux partis politiques. Le renouveau de l’esprit de milice aux Etats-Unis est bien réel et se fonde dans le désir d’un nombre croissant d’américains – civils et soldats – de retrouver les sources de leur nation dans leur textes fondateurs, et non dans un gouvernement de plus en plus centralisateur et à tendance totalitaire. Ces citoyens pensent que par le fait d’être armés ils peuvent être le seul frein à la machine d’Etat qui s’est emballée sous l’effet corrupteur de l’establishment, que le président Eisenhower déjà, appelait “complexe militaro-industriel”, auquel il faudrait ajouter “bancaire”.

Le courant Libertarien est proche de ces idées et prône une état redimensionné aux tâches que lui confère la Constitution et non à un Léviathan bureaucratique. Pour les adeptes de cette philosophie politique, l’accent doit être mis sur les libertés individuelles que sont la liberté d’entreprendre, de vivre affranchi du contrôle et de la surveillance de l’état, voire à ne pas avoir à payer d’impôts ni de subventionner une sécurité sociale qu’ils considèrent comme inefficace et contre-productive. Mais il faut dire que c’est un mouvement très disparate et on y trouve des conservateurs, des religieux, des anarchistes de droite, des antisystème… leur “leader” historique, qui est un homme très respectable à mon avis, est Ron Paul qui lutte depuis des décennies contre la corruption rampante de Washington et contre les aventures militaires de son pays.

Bien que ces courants me soient sympathiques, je crains là aussi qu’il ne soit trop tard pour les USA : leur infrastructure est trop vétuste, leur population bigarrée est trop individualiste, leur chaînes d’approvisionnement en énergie, en nourriture et en équipements vitaux (médicaments, pièces de rechange, etc.) est trop fragile, leur économie trop endettée et incapable de créer de la croissance réelle. Ils sont finis. Et ces mouvements ne pourront, a mon avis, au mieux que créer des bases, des réseaux pour reconstruire sur les décombres. Ce serait déjà pas mal.

Crise économique, révoltes sociales, tensions ethniques, engrenages militaires à l’Est; croyez-vous que l’Europe va basculer dans un chaos majeur?

Vous oubliez dans votre liste nos classes dirigeantes corrompues et des peuples amorphes et apathiques! Oui, malheureusement, je crois que l’Europe – Suisse comprise – mais particulièrement les pays de l’Union Européenne, France et Royaume Uni en tête, vont basculer dans un chaos majeur. Quels en seront les déclencheurs? Ils peuvent être nombreux et s’amplifier les uns les autres : crise énergétique, dette irremboursable, effondrement de l’économie, tensions sociales, conflits ethnico-religieux, expéditions militaires hasardeuses… L’avion à tous ses moteurs en feu et le pilote est un sociopathe !. J’espère me tromper, mais je vois que ce que j’avais vu dès 2005 et mis par écrit en 2011 dans “Survivre à l’effondrement économique” arrive. Et de plus en plus vite. Je ne suis pas le seul à le voir, bien sûr, d’autres le voient aussi de Alain de Benoist à Guillaume Faye à Serge Latouche et bien d’autres encore! La question demeure : que pouvons nous faire? En politique? Collectivement? Identitairement? En tant que familles? En tant qu’individus – hommes ou femmes? Les réponses à ces questions ne s’excluent pas nécessairement, mais elles nécessitent de l’action. Or le temps est plus que jamais venu d’agir, de travailler dur pour acquérir nos moyens d’autonomie, d’autodéfense, de liberté réelle, je dirai même de reconquête ou, à défaut, de sécession – sans doute mentale pour commencer… et, dans toutes ces démarches, j’espère voir nos femmes être non seulement à nos côtés, mais à l’avant garde.

Propos recueillis par Monika Berchvok pour Rivarol

Piero San Giorgio, Femmes au bord de la crise, 242 pages, 16 euros.

James Howard Kunstler, Too much magic - L’Amérique désenchantée, 372 pages, 21 euros.

Livres disponible sur http://www.leretourauxsources.com

La revue Rébellion consacre un important dossier dans son numéro 61 à la question de l’engagement féminin dans les mouvements militants radicaux. Il faut reconnaître que le sujet n’avait jamais vraiment évoquer jusque là, surtout par des militantes de notre famille de pensée.

Une enquête de terrain mener par Alaïs Vidal donne l’opinion de plusieurs femmes engagés dans l’activisme patriotique. « Si nous voulons avoir notre place dans ces milieux exclusivement masculins, déclare Louise, il faut savoir à certains moments taper du poing, sortir de notre « carcan de douceur et de grâce ». La solution ? C’est Iseult , une des animatrices du groupes de jeunes filles militantes les Antigones, qui l’avance : « Être une fille ce n’est pas une faiblesse mais une force. Prenez votre place sur la dentelle du rempart ». Le numéro 61 de la revue Rébellion est disponible contre 5 euros ( frais de port compris) à l’adresse suivante : RSE BP 62124 – 31020 Toulouse cedex 02.

00:05 Publié dans Actualité, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piero san giorgio, entretien, féminité, crise, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 12 juillet 2014

La fin de la mondialisation et le retour des identités...

juvin_separation.jpg

La fin de la mondialisation et le retour des identités...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Hervé Juvin, cueilli sur le site du Figaro et consacré à son dernier essai intitulé La Grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Un ouvrage que nous ne pouvons que recommander à ceux qui ne l'ont pas encore lu !...

La fin de la mondialisation et le retour des identités

Figarovox: Votre livre s'intitule La grande séparation. Qu'est-ce que cette grande séparation? De quoi nous séparons nous?

Hervé Juvin : La condition politique repose sur la séparation des groupes humains qui assure leur diversité. Jusqu'ici cette séparation entre les hommes provenait de la langue, des mœurs, des lois et des cultures, et se traduisait par le phénomène universel de la frontière: on traçait des séparations matérielles entre «nous» et les «autres». Il s'agissait d'une séparation géographique, matérielle, et horizontale. La Nation était la traduction politique de cette séparation. Depuis une trentaine d'années, on assiste à un phénomène nouveau, une forme de transgression qui se traduit par le «tout est possible» ou «le monde est à nous». Tout cela est en train de faire naitre une nouvelle séparation qui bouleverse radicalement tout ce qui faisait le vivre-ensemble et le faire société. Ce que j'appelle «grande séparation», c'est cet espoir un peu fou, très largement dominant aux Etats-Unis, notamment à travers le transhumanisme, de s'affranchir totalement de la condition humaine. L'ultra-libéralisme, l'hypertrophie du capitalisme financier, le retour du scientisme sont l'une des faces d'un visage dont le transhumanisme, la transexualité, le transfrontiérisme sont l'autre face. Il faut en finir avec toutes les limites, toutes les déterminations de la nature. Ainsi Google a pour objectif affiché de lutter contre la mort à travers sa filiale Calico. L'idéologie transgenre veut que chaque homme et chaque femme puisse choisir leur sexe. Des entreprises très «humanistes» comme Goldman Sachs remboursent les opérations de changement de sexe de leurs employés!

Cette idéologie des «trans» vise à construire un homme hors-sol, délié de toute origine, et déterminé uniquement par sa propre volonté. C'est le retour du mythe de l'homme nouveau appuyé sur un délire scientiste qui voudrait que chacun soit à lui-même son petit Dieu autocréateur, pur produit de son désir, de ses intérêts ou de sa volonté propre. C'est cela, la grande séparation: la fabrique d'un homme sans origines, sans liens et sans foi, mais qui a chaque instant se choisit lui-même et choisit qui il est.

«Plus rien ne nous est étranger», tel est le résultat de la mondialisation. Pourtant à mesure que l'on cherche à détruire le même, l'autre revient toujours plus fort. L'uniformisation a pour conséquence un retour des particularismes. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

On peut considérer qu'à bien des égards la mondialisation est achevée. J'ai la chance de voyager beaucoup dans le monde: il n'y a plus de jungles, de mangroves, de déserts, aussi perdus soient-ils où vous n'avez pas des gens qui sortent un téléphone portable de leur poche. La mondialisation des outils techniques - pour la plupart conçus en Occident- est à peu près aboutie. Le phénomène auquel on ne s'attendait pas, ce que j'appelle dans mon livre «l'aventure inattendue», c'est que l'uniformisation du monde est en train de réveiller les différences. L'exemple le plus frappant est celui de l'islam radical. Malraux parlait de «l'invincible sommeil de l'islam»: il y a trente ou quarante ans, l'islam était quelque chose d'endormi, d'immobile et d'assez pacifique. On peut dire ce qu'on veut sur les dérives extrémistes de l'islam, mais une chose est sûre: le retour (et dans certains cas l'invention) d'un fondamentalisme musulman (pratiques, cultes et doctrines rigoureux et agressifs) est généralement le produit direct d'une confrontation avec la modernité occidentale. Ceux qui vont combattre le djihad, en Syrie ou ailleurs, ceux qui ont commis des attentats en Occident, notamment le 11 septembre n'étaient pas des pauvres sans boulot ni éducation, mais des ingénieurs, des gens diplômés, parfaitement intégrés à la civilisation moderne. Il est intéressant de voir qu'une partie des mouvements fondamentalistes en Afrique - je pense notamment à Boko Haram- sont directement l'effet de l'agression de sociétés traditionnelles par les évangélistes et les missionnaires financés souvent par les fondations américaines. La mondialisation, dans laquelle on a voulu voir une homogénéisation du monde est en train de déboucher sur son contraire: le retour des particularismes identitaires, des singularités, et plus généralement un retour du «nous».

L'illusion du multiculturalisme du «village monde» a-t-elle vécu?

Depuis 40 ans on avait assisté à la proclamation de l'individu absolu, sans aucune appartenance, seul face au monde. On a aujourd'hui un retour de bâton de la réalité: on ne vit pas riche et seul dans un océan de ruines, on ne vit bien que quand on sent qu'on appartient à un ensemble, à un groupe, quand on est dans le faire-société avec d'autres, et c'est probablement ce que cette phase très déroutante de la mondialisation est en train de nous révéler.

Est-ce à dire que chacun va retourner chez soi et se confiner dans le séparatisme ethnique?

Quelle forme la séparation politique va-t-elle prendre en réaction à cette grande séparation? Difficile de le dire. Mais ce qu'il est important de comprendre c'est qu'on ne peut dire «nous» que lorsqu'on a déterminé qui sont les «autres». Il y a quelque chose de profondément mensonger et dangereux dans la grande séparation qui fait de tous les hommes sont les mêmes - les hommes réduits à l'idiot utile des économistes! Si tous les hommes sont les mêmes, je suis absolument isolé, seul et incapable de dire «nous». Dans la plupart des pays occidentaux, on assiste à cet isolement croissant des individus, qui n'ont plus de repères, plus de structures, plus de capacité à dire «nous». Pour dire «nous», il faut qu'il existe des «autres» qui ne sont pas appelés à devenir les mêmes. Nos amis américains disent volontiers: tout homme ou femme sur cette terre n'aspire qu'à une chose: devenir un américain comme les autres. C'est la négation absolue de l'altérité. C'est aussi l'inverse du respect pour l'Autre, celui qui ne sera jamais le même, celui qui à ce titre m'aide à sentir mon identité. La paix dans le monde repose sur l'idée inverse: indépendance et différence. j'ai trop longtemps vécu et travaillé à Madagascar, eu des amis marocains, fréquenté l'Inde, je respecte trop les Malgaches, les Marocains, les Indiens, pour vouloir qu'ils deviennent des Français comme les autres. Ils ont leurs identités, leurs coutumes religieuses, leurs mœurs, qui sont éminemment respectables: au nom de quoi puis-je dire que je suis supérieur à eux? Quel droit m'autorise à dire que l'avenir d'un malgache, d'un marocain ou d'un hindou est de devenir un Français comme moi?

C'est quelque part le crime de l'universel: de penser que ce qui est bon pour moi est bon pour le reste de l'humanité.

Oui, mais nier l'universel, n'est-ce pas nier le propre de la culture européenne?

C'est le grand débat des Lumières et de la prétention au règne universel de la raison. L'idée que nous, Occidentaux, Européens, Français, Américains, aurions mis en place depuis les Lumières un modèle idéal de vie pour l'humanité, entre la croissance économique et la révolution industrielle, la démocratie et les droits de l'homme. Je ne le crois absolument pas. Je crois que d'autres sociétés qui vivent avec d'autres lois, d'autres mœurs, selon d'autres règles, ont su offrir les conditions du bonheur à leurs habitants. Je ne souscris pas à l'idée selon laquelle notre régime politique, notre musique, notre art, notre culture seraient le point d'aboutissement de l'humanité vers lequel tous les autres peuples devraient converger. Il y a une voie chinoise, une voie hindoue, des voies africaines, qui feront des sociétés équilibrées et heureuses, sûres de leurs identités, différentes de la voie américaine ou de la voie européenne.

Toutes les civilisations se valent, alors? Il n'y a pas de valeurs transcendantes, pas de droits de l'homme, pas d'universel… L'excision et le mariage forcée des petites filles est de même valeur que la quasi égalité hommes-femmes en Occident?

On a le droit de défendre un système de valeurs qu'on croit universel. Vous n'allez pas me faire dire que je suis pour la lapidation! Personne évidement ne peut souhaiter être mis en détention sans jugements, être torturé, etc… Mais on ne peut pas ne pas constater les désastres que produit l'imposition par le haut du modèle occidental dans les sociétés traditionnelles. L'universalisme européen et américain n'a abouti qu'à des champs de ruines: en Afrique, en Afghanistan, en Irak, en Libye… Et la folle course en avant du développement menace la survie de l'humanité ; au nom de quoi arracher ces millions d'hommes qui vivaient hors de l'économie du capitalisme, de l'accumulation, dans un équilibre avec la nature, pour les précipiter dans un système qui détruit les biens vitaux et les services gratuits de la nature?

Les motifs humanitaires masquent souvent des ingérences guerrières. Le «droit au développement» masque l'agression impitoyable de l'obligation de se développer, qui a fait des ravages en Asie et en Afrique. Les limites à l'universel ne sont pas seulement morales, mais physiques. La pénétration sans limites d'internet répand dans des populations entières des rêves qu'elles n'auront aucun moyen de satisfaire, à moins de faire exploser la planète. Il est impossible que 9 milliards d'humains vivent comme un Américain moyen. Ne pas se rendre compte de cela, c'est créer les conditions d'une humanité frustrée. Non seulement cet universalisme sème les graines du malheur, mais il est contre-productif: plus il essaie de s'imposer, plus il réveille des particularismes de plus en plus agressifs.

C'est là un point essentiel en géopolitique aujourd'hui: l'agression des modèles universels réveille les logiques de la différence politique. Je cite dans mon livre celui que je considère comme le plus grand ethnologue du XXème siècle Elwin Verrier, pasteur britannique marié avec une fille de la tribu des Muria: au bout de quarante ans passés à côtoyer les tribus indiennes, il a abouti à la conclusion suivante: laissons les vivre comme ils sont, hors du développement économique. Mêlons-nous de ce qui nous regarde: sagesse qui nous éviterait bien des bêtises!

Hervé Juvin (Figarovox, 4 juillet 2014)

jeudi, 26 juin 2014

L'aveuglement féministe

"Pourfendre la vulgate féministe, c’est, pour l’auteur, noter un premier fait paradoxal : les féministes soutiennent que, dans notre société, le pouvoir est aux mains des hommes, mais c’est pourtant dans tous les lieux de pouvoir, et d’abord dans les média, qu’on ne cesse de célébrer la « libération » des femmes, et d’applaudir à leurs combats futurs. A-t-on jamais vu le maître exhorter ses esclaves à  se révolter contre lui ! Toute femme devrait donc s’interroger : si l’on me caresse dans le sens du poil avec autant d’insistance depuis si longtemps, ne devrais-je pas me méfier ?

Sans préjugés et sans passion, tout en désacralisant quelques idoles, l’auteur montre que le féminisme, loin d’énoncer la vérité sur la condition des femmes, fait preuve en réalité d’un aveuglement à manifestations multiples. Mêlant argumentation précise et ironie acerbe, il analyse ces effets : méconnaissance de la différence des sexes, interprétation imaginaire de l’histoire, image caricaturale du passé, injustice scandaleuse envers les hommes, illusion sur le sens de sa propre action.

À ses yeux, le féminisme pourrait bien constituer une mystification ayant conduit les femmes dans l’impasse. Il est fort possible qu’un jour elles se montrent beaucoup moins convaincues des progrès dont leur condition est censée avoir bénéficié depuis l’essor du mouvement féministe."

00:05 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, féminisme, sociologie, moeurs contemporaines | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook