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mercredi, 07 mai 2014

Un monde de moins en moins sédentaire

La revanche des nomades
 
Un monde de moins en moins sédentaire

Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr
 
orsenna.pngLors d’une conférence de présentation de son dernier livre Mali ô Mali, l’académicien Eric Orsenna a développé l’une de ses réflexions sur l’évolution des sociétés. Elle mérite d’être reprise et méditée.

L’histoire du monde a été une histoire de migration avec une suprématie des nomades. L’apogée de l’impérialisme nomade terrorisant le monde agricole et urbain est sans doute à fixer lors des conquêtes mongoles pendant et après Gengis khan. La fortification et l’artillerie ont marqué le début du reflux des nomades. Le nomade a été marginalisé et parfois sédentarisé de force comme les indiens de l’Amérique du nord. Les peuples du désert que sont les Bédouins et les Touaregs ou ceux des steppes d'Asie centrale pratiquent encore ce mode de vie. Néanmoins, les États que ces nomades traversent tentent le plus souvent de les sédentariser.

Le nomadisme résiduel est une survivance du passé

L'humanité a vécu à l'état nomade durant tout le Paléolithique, avec l'Australopithèque, Homo habilis, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neandertalensis et, vers la fin du Paléolithique, avec Homo sapiens. Il y a ensuite l'époque mésolithique durant laquelle elle est devenue peu à peu semi-nomade pour commencer à se sédentariser durant le Néolithique.
Le nomadisme est souvent associé à une organisation sociale de type tribal ou à ce que les anthropologues appellent « une société segmentaire » c'est-à-dire une société structurée en lignages, clans, tribus et éventuellement confédérations tribales : de nos jours, seul ce type de sociétés pratique une économie nomade ou semi-nomade.

9782234063365FS.gifOr le nomadisme est de retour. C’est incontestable. Orsenna a raison et voit juste sur ce point. Le terrorisme islamiste est nomade et s’empare de territoires vastes où ses combattants font du nomadisme. La piraterie, nomadisme des mers est  également revenue. Les entreprises qui délocalisent sont nomades, la finance internationale est nomade et surtout le monde de l'internet est par définition un monde nomade. La civilisation sédentaire, quant à elle, doute de ses valeurs.

Le nomadisme islamiste est une résurgence du passé avec une forte identité religieuse, il s’oppose presque à l’autre nomadisme celui, sans racines historiques, de la technologie. Nomadisme du passé que l’on veut rétablir contre modernité coupé justement du passé.

On peut donc aller au-delà de la réflexion d’Orsenna et  considérer que le grand affrontement de demain sera entre un nomadisme du désert, un nomadisme archaïque et un nomadisme moderniste de la toile, de la finance et de la technologie. Quand le passé réinvente le futur, l’avenir peut vite se trouver dépassé.

Mali, ô Mali, d'Erik Orsenna, Editions Stock, 416 pages, 21.50€.

mardi, 06 mai 2014

Olivier DARD présente son "Maurras"

Paris, vendredi 16 mai 2014

Olivier DARD présente son "Maurras" au Cercle de Flore

 
Vendredi 16 mai, le Cercle de Flore recevra Olivier Dard, historien, professeur à l’université de Metz, directeur de plusieurs colloques consacrés à l’Action française, qui viendra présenter son ouvrage consacré à Charles Maurras
 
À 19 heures dans les bureaux de l’Action française,
10 rue Croix-des-Petits-Champs, Paris 1er (métro Palais-Royal).
Participation : 3 euros  ; entrée libre pour les adhérents du CRAF.
(Armand Colin, 352 p., 25 euros)

lundi, 05 mai 2014

Pierre Gripari, un Martien si fraternel

Pierre.Gripari2.jpg

Pierre Gripari, un Martien si fraternel

(1)
Ex: http://www.lespectacledumonde.fr
Il y a exactement vingt ans, Pierre Gripari nous quittait. Les plus anciens lecteurs du Spectacle du Monde se souviennent certainement des portraits d’écrivains qu’il y donnait. Jean Dutourd a dit de lui qu’il fut, avec Alexandre Vialatte – autre collaborateur de haut vol de notre revue –, le grand méconnu des lettres françaises. Il est temps de le (re)découvrir.

Les gens ne veulent pas le croire, mais les Martiens existent, un homme les a rencontrés : l’écrivain Pierre Gripari. On raconte même qu’il en était peut-être un, lui l’auteur d’une mémorable trilogie martienne (Moi, Mitounet-Joli, 1982 ; le Septième Lot, 1986 ; et les Derniers Jours de l’Eternel, 1990). Tous ceux qui l’ont côtoyé vous le diront : Gripari ne vivait pas vraiment sur Terre, il y campait seulement, créature en transit, emprisonné dans le corps d’un auteur français, né, selon l’état civil, à Paris, le 7 janvier 1925, et mort – enlevé plutôt – dans cette même ville, le 23 décembre 1990, il y a tout juste vingt ans. Sur les registres, était inscrit qu’il avait pour mère et père « une sorcière viking » et « un magicien grec », mais en réalité, c’était un orphelin des étoiles qui a fait une longue escale sur notre planète.

Peut-être y a-t-il eu un malencontreux accident à sa naissance, un peu comme dans La vie est un long fleuve tranquille. On aurait alors interverti les bébés. Gripari se serait ainsi retrouvé avec des parents terrestres, lui l’extraterrestre. Disant cela, on ne brode pas sur un thème cher à l’auteur des Rêveries d’un Martien en exil (1976). Non, la révocation du monde est le préalable à l’œuvre griparienne. Elle est née d’un coup d’Etat : il n’y a rien, pas d’origine divine, ni d’ascendance humaine. 

De là vient que les héros de Gripari sont des enfants, des fées, des lutins, des animaux, des centaures et des surhommes. Telle était sa vraie famille. Son oeuvre est traversée par une volonté d’exhominisation. Les personnages aux noms et prénoms si cocasses qui la jalonnent le prouvent abondamment : dans la Vie, la Mort et la Résurrection de Socrate-Marie Gripotard (1968), le héros éponyme est un mutant nietzschéen ; Charles Creux, dans Frère Gaucher ou le Voyage en Chine (1975), un fantôme ; Roman Branchu, dans les Vies parallèles de Roman Branchu (1978), une probabilité déroutante dans un univers de possibles. 

Tout apparente Gripari aux créatures mythologiques dont il peuplait son univers, tour à tour cyclope, mère-grand, Petit Poucet, Chat botté, Merlin l’enchanteur. Un homme à la croisée des mondes, vivant dans plusieurs dimensions, chacune d’entre elles communiquant avec les autres. C’est cela le fantastique : la pluralité des mondes, l’aptitude à glisser d’un univers à l’autre, du réel à l’imaginaire, du mythique au fantastique, du trivial au poétique.

Gripari commençait sa phrase sur Terre et la finissait sur Mars. Ou plutôt l’inverse, tant il a su renverser la perspective habituelle de la science-fiction, un peu à la manière de Montesquieu dans les Lettres persanes : ce ne sont plus des hommes qui partent à la découverte des extraterrestres, mais des Martiens qui viennent explorer cette espèce étrange – l’homme.

pg27745.gifDans l’excellent petit ouvrage qu’ils viennent de lui consacrer, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa disparition, Anne Martin-Conrad et Jacques Marlaud nous rappellent quel homme étrange il fut, lui qui mena une vie ascétique de vieux garçon dans de modestes meublés sans confort, moitié Diogène des temps modernes vivant dans un tonneau sommairement aménagé, moitié franciscain parlant d’égal à égal à frère Martien et soeur Sorcière. C’est là qu’il vivait, dans un dénuement heureux, avec une table en Formica, pour prendre de frugaux repas, écrire et rêver, habillé comme un chiffonnier d’Emmaüs de chandails mités et de chemises qui sortaient du pantalon, toujours en espadrilles, été comme hiver, comme échappé d’un film de Jacques Tati, animal pataud habité par la grâce des poètes, dont le sourire désarmait les douaniers et les enfants.

Il était volontiers scabreux, souvent saugrenu, toujours lunaire, pareil, finalement, à son Pierrot la Lune (1963), titre de son premier livre, sa seule autobiographie. Il tutoyait tout le monde, à commencer par son lecteur, qu’il installait d’emblée dans une relation de fraternelle complicité. La voie haut perchée, faite pour réciter des fables d’Esope ou contrefaire des bruits d’animaux, il n’avait pas son pareil pour lire des textes, coassant, barrissant, mugissant, autant qu’il parlait. Ensuite, il partait d’un rire « hénaurme ». Ce n’était pas un rire, mais l’expectoration d’un ogre jovial. Tout était inattendu chez lui, comme en physique aléatoire. On ne savait jamais quelle direction allait emprunter sa conversation, ni quels contours dessineraient ses récits. Il était unique – on l’est tous, mais lui l’était superlativement. C’était un ovni qui professait des idées hétérodoxes dans tous les domaines, se définissant de préférence comme un homosexuel athée, misogyne et fasciste. Ce n’était pas une carte de visite qu’il vous jetait à la face, mais un casier judiciaire. Il était tout cela, certes, mais d’une façon si inhabituelle, si peu convenue, si peu bornée, qu’il intriguait et subjuguait jusqu’aux hétérosexuels les plus intransigeants et aux chrétiens les plus fervents.

Gripari a payé un lourd tribut à son inimitable liberté de ton. Quoiqu’il ait laissé derrière lui quelques-uns des livres les plus originaux de notre temps, la plupart de ses ouvrages sont confinés aux rayons pour enfants. L’oeuvre pour adultes, qui réunit pourtant des romans bizarres, des fantaisies géniales, des contes loufoques ou profonds, des dialogues hilarants, des pièces de théâtre ambitieuses ou légères – son premier succès a d’ailleurs été sur les planches, le Lieutenant Tenant (1962), qui lui vaudra l’amitié de Michel Déon –, des poèmes facétieux et drolatiques, cette oeuvre pléthorique reste dans l’ombre des Contes de la rue Broca (1967), adaptés à la télévision, et des Contes de la Folie- Méricourt (1983).

A l’heure où l’oeuvre de Sade a quitté l’enfer des bibliothèques, celle de Gripari est ainsi venue l’y remplacer. On la tient soigneusement à l’écart, trop dérangeante, comme sa Patrouille du conte (1982), parabole étourdissante et prémonitoire du politically correct à la française : une patrouille d’enfants reçoit pour mission d’aller faire la police dans le royaume si peu démocratique du conte ; sa feuille de route : l’épurer de tous ses reliquats féodaux et monarchiques. L’affaire tourne mal, comme on s’en doute.

Gripari racontait des histoires dont il était sûr « qu’elles ne sont jamais arrivées, qu’elles n’arriveront jamais », vivant de plain-pied dans le merveilleux, sans jamais tenir compte de l’absurde convention qui veut qu’il n’y ait qu’un niveau de réalité. Dès lors, tout devenait possible, la Terre pouvait être plate et l’Amérique ne pas exister, comme dans l’Incroyable Equipée de Phosphore Noloc (1964).

Ses romans sont des bric-à-brac enchantés, des bibliothèques remplies de vieux grimoires qui s’animent comme dans des histoires de revenants. Il y avait en lui quelque chose de jungien en cela qu’il considérait le matériau des contes et des mythes comme des invariants inscrits depuis toujours dans l’inconscient collectif de l’humanité. A charge pour nous de les revisiter. Ce qu’il fit. Mythologie grecque, cycle arthurien, sagas scandinaves, romantiques allemands (Hoffmann en tête), tout y passa.

On trouvait de tout dans sa boîte à malices d’écrivain. Il lisait dans le texte quantité de littératures étrangères. Cette curiosité le conduisit à écrire du théâtre selon les règles du Nô japonais, des poèmes érotiques, des romans par lettres, des fabliaux médiévaux, des chansons de geste. Mais la forme qu’il chérissait le plus, c’est le conte ; un genre qui remonte à la plus Haute Antiquité et à la plus lointaine enfance, à la fois sans âge et éternellement jeune. Ainsi de l’auteur de l’Arrière-Monde et autres diableries (1972) et des Contes cuistres (1987), grand prix de la nouvelle de l’Académie française. On ne le dira jamais assez, Gripari a été pour le XXe siècle ce que furent Charles Perrault pour le XVIIe siècle et les frères Grimm pour le XIXe siècle : le conteur, le diseur, le fabuliste de notre temps, celui qui donne à l’homme son indispensable nourriture onirique, l’architecte de nos songes.

C’était un décathlonien de la littérature, un auteur complet qui exerçait son art en généraliste, s’essayant à tous les genres littéraires, qu’il respectait scrupuleusement. Sur la forme. Pas sur le fond. C’est le fond qui est original chez lui. Sa langue procédait plus de la tradition orale que des écritures sophistiquées, privilégiant le rythme à la mélodie et l’expression dramatique aux effets de style. Grec d’origine, mais non byzantin. Si d’ailleurs il restait méditerranéen par la forme – claire et précise –, par le fond, il était celte, germanique, septentrional.

De toute sa tribu de personnages, un être, entre tous, se détache : Dieu. C’était pour lui le personnage de fiction par excellence, il le mettait en scène inlassablement. Yahvé, Zeus, Osiris, Baal, Allah, toujours le même, toujours recommencé, avec ou sans barbe, cruel ou facétieux. On pourrait presque dire de son œuvre qu’elle est une exégèse sauvage et romancée de la Bible, qu’il a lue et relue avec une sorte de virginité critique, même si sa lecture n’est pas sans rappeler celle de Marcion, l’un des premiers hérésiarques du christianisme.

Dans son esprit, la création du monde s’apparentait à un faux départ. Au commencement, il y eut un raté céleste, un couac divin, un accident originel, qu’il s’agisse de la Genèse, du big bang ou de la naissance de l’auteur. Quelque chose a cloché. Dieu créa le monde et il vit que cela n’était pas bon. Il faut tout reprendre à zéro, depuis le début. C’est là qu’intervient Gripari, démiurge bricoleur muni de sa baguette magique, comme dans Diable, Dieu et autres contes de menterie (1965).

Avec cela, joyeusement pessimiste. Si la vérité, c’est le vide absolu – et elle n’était rien d’autre pour lui –, il faut de toute urgence remplir ce vide, faute de quoi il nous absorbera, pareil à un trou noir. D’où sa fantaisie potache, ses contrepèteries incessantes, son « oui » nietzschéen au vide autant qu’à la vie. Quoique placidement désespérée, sa philosophie était amicale, allant chercher la sagesse là où elle s’est exprimée avec le plus de vigueur et de sérénité, chez Lucrèce, Maître Eckhart, Marc Aurèle, Epicure et quelques autres. Il a rassemblé leurs dits et paroles dans une anthologie, l’Evangile du rien (1980), qui dessine en creux le visage du récipiendaire, un peu comme dans Frère Gaucher, roman épistolaire où le personnage principal se dégage à partir des lettres qu’il reçoit.

Nul doute que le monde était pour lui froid, hostile, inhospitalier. Mais la littérature est là, qui le réchauffe. De tous les écrivains qu’il lisait et relisait jusqu’à plus soif, avec l’entrain d’un enfant que rien ne peut épuiser, c’était vers Dickens, l’écrivain chaleureux de l’enfance malheureuse, qu’il se tournait le plus souvent. Le vent mauvais, la pluie glacée, l’hiver de la vie s’arrêtent au seuil des livres de Dickens. On pourrait en dire autant de ceux de Gripari.

Gripari est entré en littérature comme on entre en religion. Le grand éditeur de sa vie, Vladimir Dimitrijevic, directeur de l’Age d’Homme, disait que « la littérature a été sa véritable patrie ». Il avait une confiance absolue en elle. « J’écris, confiait-il, pour être aimé longtemps après ma mort, comme j’ai aimé Dickens. J’écris pour faire du bien, comme Jack London m’a fait du bien, à quelques individus que je ne connaîtrai jamais, dont les pensées ne seront pas les miennes, qui vivront dans un monde que je ne puis concevoir. » Lui qui n’est plus, le voilà maintenant pareil à Dickens et Jack London, grand frère qui nous a précédés dans la grande aventure de la vie et se tient, tout sourires, au carrefour des existences, prêt à faire un bout de chemin avec chacun d’entre nous.

A lire Gripari, d’Anne Martin-Conrad et Jacques Marlaud, éditions Pardès, collection « Qui suis-je ? » (2010), 128 pages, 12 €.

lundi, 28 avril 2014

Deutschland von Sinnen: Das Bellen der getroffenen Hunde

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Deutschland von Sinnen: Das Bellen der getroffenen Hunde

Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de

Wenn die Rezensionsschlacht um Deutschland von Sinnen [2] so weitergeht, wird Akif Pirinçcis Gegnern bald kein Pulver mehr übrigbleiben. Den unvermeidlichen Godwin-Joker [3] konnten wir dank Ijoma Mangold schon letzte Woche abhaken. Gegen die geifertriefende tour de force, die nun derTagesspiegel [4] abgeliefert hat, wirkt Mangolds Offensive allerdings geradezu nüchtern-sachlich. Immerhin werden darin mit enzyklopädischer Vollständigkeit alle Knöpfchen durchdekliniert, die bisher noch gefehlt haben.

Am Ende der Besprechung von Christian Schröder und Caroline Fetscher wird ein eben erschienener Schmöker mit dem Titel„Sprache – Macht – Rassismus“ empfohlen, der zur Beruhigung aller Verunsicherten „eine ausführliche Analyse des Sprachgebrauchs von Akif Pirincci“ enthalten soll.

Wie in seinem aktuellen Buch berief sich der Autor darauf, dass „die Wahrheit“ über diese aufziehende Gefahr von den Medien absichtlich verschwiegen werde. Die sprachliche Analyse führt den manipulativen und ideologischen Duktus von Pirincci klar vor Augen. 

Die Autoren werden schon wissen, warum sie „Wahrheit“ in Anführungsstriche setzen. Zum einen scheint sie letztere ja nicht besonders zu interessieren; wer glaubt, auf der richtigsten aller Seiten zu stehen, muß keine Argumente bringen. Wie in Mangolds Rezension findet sich an keinem einzigen Punkt auch nur der Ansatz eines Versuches, Pirinçci sachlich zu widerlegen.

Zum anderen gehören sie augenscheinlich zu dem unter Linken weitverbreiteten Typus, der die Rede des Gegners schon dann für inhaltlich erledigt hält, wenn er sie rein „sprachlich“ dekonstruiert, was sich meistens darin erschöpft, alle Formulierungen und Gedanken, die einem nicht passen, in Anführungsstriche zu setzen oder suggestiv zu glossieren. Man spielt also „Ich sehe etwas, was du nicht siehst“, wobei die Linke heute in der Regel die Rolle der drei Tempelaffen einnimmt.

Freilich, alles hängt davon ab, was man sehen kann und will und was nicht. Machen wir die Stichprobe. Der Tagesspiegel zitiert:

„Künstler, Denker, Visionäre“ vermisst Akif Pirinçci. Statt ihrer muss der 54-jährige Deutschtürke eine Republik des „Raubtiersozialismus“ ertragen, in der er seine Steuern zahlt, um eine „verschwulte“ Polizei zu unterhalten, in der es von lotterhaften „Patchworkfamilien und Singlebörsen“ wimmelt, wo sich alle Welt „mit dem Abseitigen des Sexus“ beschäftigt, dessen „vielfältige Deformationen“ preist. Derart häufen sich die Zumutungen, dass der „Adoptivsohn“ seiner „liebsten Mutter, Deutschland“ zürnend und krakeelend in deren düstere Zukunft blickt.

Und hier noch ein paar Splitter von anderen Autoren [5] des Manuskriptum-Verlages [6]:

„Der Wohlfahrtsstaat hat uns in die Zange genommen.“ „Feminismus ist eine tropfende Hassreligion, ein totalitärer Umbau der Normalität.“ Die „auszehrende Monotonie des westlichen Diskurses“ führt zu einem „Dasein ohne Herkunft, Heimat, Nachkommenschaft und Transzendenz“.

Alles absolut richtig, daher: Zustimmung. Ich kann ehrlich gesagt, keinen Menschen mehr ernstnehmen, der das nicht so sieht.

Weiter:

Die Kernthese des Textes (…) lautet: In Deutschland dominieren suspekte Adepten der political correctness die Medien und das „kulturelle Leben“.

Auch das ist so offensichtlich richtig, daß, wer hier nicht zustimmt, entweder völlig naiv oder eben ein Förderer und Nutznießer besagter Zustände sein muß. Da hilft nur noch manisches Abwehr- und Verleugnungsgebell, und die Autoren bellen in der Tat, bis sie heiser sind.

Führen wir uns durch eine „sprachliche Analyse“ ihren „manipulativen und ideologischen Duktus klar vor Augen“. Es ist jedesmal dasselbe Gemisch, das hier Anwendung findet.

Punkt 1: man beginne mit einer faustdick demagogischen Verzerrung:

Akif Pirinçci wütet in seinem Buch „Deutschland von Sinnen“ gegen Frauen, Schwule und Zuwanderer.

Wer das Buch (oder auch nur seinen Titel) kennt, weiß, daß Pirinçci vielmehr gegen den Kult um „Frauen, Schwule und Zuwanderer“ vom Leder zieht, also gegen eine spezifische politische Agenda, deren Betreiber sich hinter der Lüge verstecken: „Wir sind die Frauen, die Schwulen, die Zuwanderer!“ Und diese werden dann, auf Schlagworte reduziert, auf die Schilde geheftet, um sich einerseits unangreifbar zu machen, und um andererseits zur moralischen Erpressung überzugehen: „Wer gegen uns und unsere Politik und unsere Lügen ist, ist gegen die Frauen, die Schwulen, die Zuwanderer!“ Da nützt es auch nichts, wenn ihre Kritiker mitunter selbst Frauen, Schwule oder Zuwanderer sind.

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Punkt 2: ein Muß sind möglichst diffuse und vage Anspielungen über angebliche „Demokratiefeindlichkeit“ der inkriminierten Autoren oder Texte, völlig egal, ob diese Behauptung belegbar ist, oder nicht. Dahinter steckt eine weitere Lüge: „Wir sind die Demokraten, wir haben die Demokratie gepachtet, wer gegen uns ist, ist ein Demokratiefeind!“ In diesem speziellen Fall müssen sich die Tagesspiegel-Schreiberlinge um zwei bis drei Ecken herumwinden, um auch das noch raunend unterzubringen:

Erschienen ist das Pamphlet in einem Verlag, der Demokratiegegner und Sozialstaatshasser vereint.… Der Übergang vom Kulturpessimismus, dem viele Autoren der Manuscriptum-Verlagsgruppe anhängen, zur schneidigen Demokratieverachtung der Neuen Rechten ist fließend.

Punkt 3: der Kritiker der „political correctness“ hat niemals gute und objektive Gründe, warum er die Dinge sieht, wie er sie sieht, sondern immer nur niedere Beweggründe, die sich allein subjektiven Ursachen wie seiner psychischen Verfassung und seinem miesen Charakter verdanken. Zum Beispiel ist alles, was er schreibt, von schrecklich häßlichem Haß motiviert, und seine Kritik darf man auch nie „Kritik“ nennen, sondern nur als Haß bezeichnen:

Akif Pirinçcis Hass-Buch „Deutschland von Sinnen“… Verlag, der Sozialstaatshasser vereint. …

„Haß“ ist der Welt der Linken bekanntlich gänzlich fremd, weil dort eine haßfreie Zone herrscht, alle nur die besten und humansten Absichten haben und sich ständig an den Händen halten und ganz fest an „Liebe und Solidarität [7]“ und dergleichen glauben. Wenn ein Linker in Rage gerät, ist er allemal ein bißchen zornig, und dann immer nur deswegen, weil er sich über eine Ungerechtigkeit oder Lieblosigkeit oder Diskriminierung aufregt.

 

Punkt 4: „Haß“ allein genügt aber nicht, sondern der kritisierte Text muß auch lächerlich, läppisch, unfreiwillig komisch sein:

Die Kernthese des Textes, der sich streckenweise wie eine „Titanic“-Satire auf neokonservative Positionen liest, lautet…

Punkt 5: Und dabei vollkommen wirr und kreischüberkandidelt:

Pirinçci schildert diese Clique in einem schillernden Cocktail aus schrillen Ressentiments,

Punkt 6: Trotzdem wohlkalkuliert dem billigstmöglichen, populistischen Gusto angepaßt:

…er mixt ein Gebräu, das Abertausende gerne zu sich nehmen…

Denn war auf die Sarrazinaden noch der Puderzucker bürgerlicher Konvention gestreut, bietet Pirinçci rohes Fastfood für die Massen…

Punkt 7: man darf die Wirrnis des Pirinçci jedoch nicht allzu sehr verharmlosen, denn es handelt sich hier außerdem um einen hochgefährlichen, klinisch Geisteskranken, „brutal“ und „sentimental“ zugleich, der sich von „Feinden“ umzingelt fühlt, ganz so, wie wir gelernt haben, uns das Klischeebild vom Nazi-Verbrecher vorzustellen:

Im brutalisierten Furor gegen Deutschlands inneren Feinde wie in der sentimentalen Idealisierung von Deutschland als guter Mutter offenbart sich ein System psychischer Abspaltungen. Darin gleichen Pirinçcis imaginäre Gegner eher Karikaturen, Comic-Charakteren, als lebendigen Menschen, von denen er kaum einen Begriff zu haben scheint.

Daß sie letztere Manier selber ganz vortrefflich beherrschen, stellen die Autoren nur ein paar Zeilen weiter unter Beweis:  sie behaupten etwa pauschal, daß es sich bei den Pirinçci-Lesern „offenbar“ um einen Haufen unterkomplexer, emotional verkrüppelter, pathologischer, ressentimentgetränkter Modernitätsverlierer handeln müsse, um überforderte Schwächlinge, die nur auf ein Stichwort lauern, um endlich die blutgeile, mörderische Urmenschensau vom Zaum zu lassen:

Offenbar sind tatsächlich beachtliche Anteile der Bevölkerung Deutschlands von Sinnen, diejenigen, die emotional mit dem pathologischen Wirrwarr dieser Publikation korrespondieren. Ob sie es aus Überforderung tun, um der Reizdichte und Komplexität der modernen, medialen Gesellschaft zu entkommen – als Symptomträger geben die Rezipienten Aufschluss über die epidemische Verbreitung von Ressentiments sowie das offenbar nur mit Mühen gebändigte Bedürfnis, ihnen enthemmt freien Lauf zu lassen.

Das ist klassische linke Bigotterie: die stupende Fähigkeit, in ein- und demselben Absatz genau das zu leisten, was man dem Gegner eben noch vorgeworfen hat, und dabei so selbstgerecht verbohrt zu sein, es nicht einmal zu merken. Inwiefern das mit einem „System psychischer Abspaltungen“ zu tun hat, die dann die Basis für Fremdprojektionen dieser Art bildet, oder ob es sich hier bloß um Knarzdummheit oder ungehemmte Demagogie handelt, sei dahingestellt.

Was die Neigung zu letzterer betrifft, so geben sich die Autoren nicht einmal ansatzweise Mühe, sie zu bändigen, sondern lassen mit Vollgas alle Zügel schießen. Da erscheint Pirinçci als der unmenschlichste, gewissenloseste Unmensch überhaupt, mit einem ultimativen ethischen Defekt, also böse:

Daher fehlt hier dann auch der politische Begriff von einer Gesellschaft, die ethische Vorstellung von Menschlichkeit überhaupt.

Und daraus kann nur was folgen? Punkt 8: Weil Hitler und „Mein Kampf“ per Mangold schon verschossen sind, wird das nächstschwerste Geschütz ausgepackt, die Dicke Breivik-Berta:

Gemeinsamer Nenner der an Anders Breiviks „Manifest“ zum Massaker erinnernden Tirade ist „schlussendlich ein vor allem von den Grünen im Laufe von dreißig Jahren installiertes Gutmenschentum, dessen Fundament aus nichts als Lügen besteht.“-… Anders als Breivik, der das Ausagieren von Ressentiment, Hass und Paranoia mörderisch zelebrierte, belässt es dieser Tobende offenbar beim Wort; man muss hoffen, dass auch seine Rezipienten so viel Zurückhaltung aufbringen.

„Offenbar“, nur vermutlich also, ist Pirinçci gerade eben noch kein Massenmörder; und  man „muß“ (!) hoffen, daß seine Leser ebenfalls keine werden, und wenn, dann wäre er schuld. (Geht es, nebenbei gesagt, eigentlich noch niederträchtiger und hinterhältiger?)

Punkt 9: weil „Frauen“ im Schema des Kultes die „Guten“ sind, müssen die Autoren natürlich auf folgenden Umstand hinweisen:

Die zwei Dutzend Autoren der zum Manuscriptum-Verlag gehörenden Edition sind ausschließlich Männer –

Ausschließlich Männer! Und keine per Quote gestreuten „guten“, also weiblichen Menschen unter ihnen, nein, Männer unter sich! Was da wieder ausgebrütet wird! Daraus kann ja nur Übles erwachsen!

Um daraus aber einen richtigen Seitenhieb zu machen, muß eine weitere bewährte Platte aufgelegt werden. Um die besagten Kerle so richtig an den Eiern ihrer Mannesehre zu erwischen, werden sie als

ältere, verbittert bis weinerlich wirkende Männer,

bezeichnet. Das hat nun aber gesessen! Shame & Blame vom feinsten! Wir wissen doch alle, na klar: diejenigen, die mit den Folgen gewisser linker Politik nicht einverstanden sind, und es wagen, das Maul dagegen aufzumachen, sind allesamt Jammerlappen, Schwächlinge, Griesgräme, Loser, uncool, unmännlich und pensionsreif. Hört endlich auf zu heulen, ihr Mädchen! Indianer kennen Schmerz! Seid starke, richtige Männer und bekennt euch zur welterlösenden Mission des Feminismus! Und jetzt alle die Zähne zusammenbeißen und „schwul ist cool“skandieren!

deren Wut sich gegen die immergleichen Gegner wendet: die Emanzipation der Frauen, die Moderne, den Westen.

Ob der Hinweis auf die „immergleichen“ Gegner kritisch-abwertend gemeint ist? Das ist natürlich aus linkem Munde eine äußerst erheiternde Aussage. Beginnen wir gar nicht erst davon zu sprechen, warum „die“ Emanzipation „der“ Frauen, warum „die“ Moderne und „der“ Westen ein einheitlicher, makelloser, jeder Kritik enthobener Block des Immer-Guten, Immer-Gerechtfertigten sein sollen, und ihre „Gegner“ immer schlecht und widerlegt und unethisch. Das alles müssen wir doch Menschen, die mit der „Komplexität der modernen, medialen Gesellschaft“ so glänzend fertigwerden, daß sie es bei jeder Gelegenheit betonen müssen, nicht erzählen, oder?

Setzen wir hier einen Schlußpunkt. Unter all dem Gedöns haben die Autoren kein einziges inhaltliches Argument gegen Pirinçci (oder irgendeinen Autoren seiner Stoßrichtung) aufzuweisen. Die gute Sache allein entscheidet. Auf der einen Seite stehen gemäß ihrem Schlachtgemälde die potenziellen Verbrecher, die finsteren Ideologen, die Unterkomplexen, die Überforderten, die Bösen, die Unmenschlichen, die Uncoolen, die Alternden, die Schwächlinge, die alten Herren, die Frauenunterdrücker, die Jammersäcke, die Ungebildeten, die „Hasser“, die mühsam gebändigten Pogromgeilen und Massenmörder so weiter.

Und auf der anderen, auf ihrer Seite, steht selbstherrlich leuchtend das genaue Gegenteil: die Guten, die „Komplexen“, die „Differenzierten“, die Reflektierten, die Coolen, die Menschlichen, die Aufgeklärten, die Angst- und Haßbefreiten, die Souveränen, die Liebenden, die Solidarischen, die Modernen, die Rächer der Enterbten und so weiter, sich selbst schmeichelnde Selbstbilder, die schon längst zu Dauermasken erstarrt sind, aber durch keine inhaltliche Substanz mehr gedeckt werden.

Es ist nun genau diese überhebliche, zunehmend von der Wirklichkeit abgekoppelte Pose, die solchen Zorn und Haß bei all jenen erregt, die ihre Lügen und Anmaßungen nicht mehr hören können, und die unter den Folgen der von ihnen getragenen und mitverursachten Politik zu leiden haben.

Die Folgen ihrer Politik und Meinungsmache (zu denen inzwischen immerhin eine wachsende Zahl von Todesopfern gehört) [8] winken sie, sofern sie sie überhaupt zur Kenntnis nehmen, arrogant als Kollateralschäden ab, und unterstellen denjenigen, die sie zur Sprache bringen, niedrigste Absichten, beschimpfen sie, verletzen sie in ihrer Ehre, sprechen ihnen die Menschlichkeit und damit das Menschsein ab, erklären sie zu Feinden, nennen sie minderwertig und verhöhnen sie, schlechte Verlierer des großen Spiels zu sein, als dessen strahlende, selbstzufriedene, schlaue, dauergerechtfertigte, prahlende Sieger sie sich inszenieren.

„Sowas kommt von sowas“, lautet ein alter linker Slogan, und das Pirinçci-Buch ist nicht von heute auf morgen vom Himmel gefallen, sondern auch eine Frucht ihres eigenen Verhaltens. Da stehen sie nun und blinzeln wie blöd in die Sonne, und fragen sich, wieso gerade sie, die großen ewigen Unschuldslämmer und menschlichen Menschen plötzlich, aus heiterem Himmel, so wüst von diesem Türken beschimpft werden, der doch eigentlich auf ihrer Seite stehen müßte.

Nun fahren sie also reflexartig ihre üblichen Abwehrkanonen aus der rhetorischen Ramschkiste auf, und probieren eine Pistole nach der anderen aus (Textgenerator [9] gefällig?), inklusive Erpressungen, Verleumdungen, Unterstellungen, Anschwärzungen. Er sagt, wir seien geisteskrank? Das muß selber ein Geisteskranker sein! Er sagt, wir seien verantwortlich für schlechte, böse Dinge und Fehlentwicklungen? Das muß ein böser Mensch sein! Ein Psychopath! Ein Hitler! Ein sexuell Frustrierter! Ein Geschäftemacher! Ein Provokateur! Ein Fall für den Soziologen! Ein Fall für den Psychiater!

Überall suchen sie nach Erklärungen und Ursachen, nur nicht in der Wirklichkeit, nur nicht in sich selbst, niemals in sich selbst. Schon allein deswegen haben sie einen, zwei, drei, tausend Pirinçcis verdient, und kein Tonfall ist inzwischen zu scharf für sie.

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Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

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URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/44228/deutschland-von-sinnen-wie-akif-pirincci-zum-frauengeschichtsschreiber-wurde.html/pirincci

[2] Deutschland von Sinnen: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/1480/deutschland-von-sinnen

[3] Godwin-Joker: http://www.sezession.de/44403/akif-pirincci-vs-ijoma-mangold-goldener-godwin-der-woche.html

[4] Tagesspiegel: http://www.tagesspiegel.de/kultur/akif-pirinccis-hass-buch-deutschland-von-sinnen-der-poebler-und-die-neue-rechte/9744444.html

[5] anderen Autoren: http://www.manuscriptum.de/edition-sonderwege/buecher/neuerscheinungen/titel/frank-boeckelmann-jargon-der-weltoffenheit/

[6] Manuskriptum-Verlages: http://www.manuscriptum.de/

[7] ständig an den Händen halten und ganz fest an „Liebe und Solidarität: http://weckerswelt.blog.de/2014/04/03/liebe-freundinnen-freunde-18143056/

[8] (zu denen inzwischen immerhin eine wachsende Zahl von Todesopfern gehört): http://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/antaios-thema/1127/deutsche-opfer-fremde-taeter.-auslaendergewalt-in-deutschland?c=13

[9] Textgenerator: http://www.taz.de/!136534/

[10] : http://de.wikipedia.org/wiki/Cultural_Marxism_(Schlagwort)

[11] : https://www.youtube.com/watch?v=PN2EoAZH1qQ

[12] : http://www.spiegel.de/panorama/justiz/a-964149.html

[13] : http://www.zeit.de/kultur/literatur/2014-04/debatte-intellektuelle-rechte-in-deutschland/seite-2

[14] : http://www.zeit.de/kultur/literatur/2014-04/debatte-intellektuelle-rechte-in-deutschland

vendredi, 25 avril 2014

David Engels: "Le déclin"

David Engels, Le déclin,

Interview avec Patrick Péhèle,

Radio Courtoisie

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mardi, 22 avril 2014

Nietzsche, ou la sagesse dionysiaque

Nietzsche, ou la sagesse dionysiaque

Un ouvrage de Rémi Soulié

Ex: http://www.bvoltaire.fr

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Nietzsche, ou la sagesse dionysiaque ? Un titre aussi étrange que provocateur donné à son dernier essai, par Rémi Soulié, critique littéraire au Figaro Magazine et contributeur aussi brillant que rarissime sur Boulevard Voltaire. À l’instar de Dionysos, ce dieu incontrôlable dont les Romains durent contenir les excès ravageurs du culte public qui lui était jadis voué, cet ouvrage ne se laisse guère apprivoiser par une lecture furtive et dilettante. Les premières lignes offrent une clef de compréhension qui rassure le lecteur : « L’amour de la sagesse défini comme un exercice vital de la volonté. »

Pour qui connaît la philosophie « à coups de marteau » de l’auteur d’Ecce Homo, celle-ci n’est guère caractérisée par la juste mesure aristotélicienne qui sied à la sagesse. Il faut pourtant plonger au cœur de son évocation du sublime Zarathoustra pour s’apercevoir que gît bien une sagesse au « grand midi » : « La volonté de puissance, énergie chaotique, tend à son propre accroissement. […] Il appartient au surhomme, manifestation ultime des forces actives, de la reconnaître et de la vouloir dans son caractère affirmatif, en symbiose avec le tout de l’univers, de manière qu’il puisse transmuter les valeurs jusqu’à l’acquiescement renouvelé et sans reste à la vie. » Il poursuit : « Acte paroxystique d’un tel vouloir : l’approbation du temps avec lequel le surhomme a signé la paix, se délivrant ainsi de tout esprit de vengeance à son égard. En dernière analyse, l’unique ressentiment des hommes contre le temps et son “il était” disparaît par l’approbation active de chaque ins-temps passé, présent et à venir dans la plénitude de sa répétition infinie (il reviendra). »

Ce diable d’homme, dont on ne sait si c’est l’auteur ou Nietzsche lui-même dont il semble avoir adopté la broussailleuse moustache et la ténébreuse posture, nous coupe le souffle ! Extatique mais point ataraxique. Assurément, cette prescription éthique est puissamment politique en ce qu’elle est irréductiblement discriminante (pour ne pas dire discriminatoire). À la question proprement nietzschéenne de savoir si l’on est prêt à revivre sa vie strictement à l’identique, « chaque douleur et chaque joie, chaque pensée et chaque soupir, tut l’infiniment grand et l’infiniment petit de la vie, […] tout cela dans la même suite et le même ordre », Soulié lâche, détaché, en anarque jungérien : « Qui répond positivement à la question posée peut faire l’objet d’un “élevage” et accéder à l’éducation dionysiaque, éminemment sélective : l’aristocratie et dangereuse sagesse que prône Nietzsche ne s’adresse qu’au petit nombre capable de s’élever au-dessus de lui-même ; la seule édification digne de ce nom passe par la culture – au marteau, s’il le faut – des pulsions affirmatives. »

Soulié nous invite dans son Sud natal pour y trouver, à la manière des troubadours d’antan qui ne cherchaient pas mais trouvaient (« trobar »), « lo gai saber », le gai savoir, soit « la diététique du sage dionysiaque, toujours idiosyncrasique, fondée sur l’accord musical avec le monde ». L’auteur tente, in fine, une réconciliation métaphysique du « Crucifié » avec l’Antéchrist. Las. Elle est balayée par Dionysos, imprévisible danseur « sur les pieds du hasard », qui répugne à ce saut dans la foi. Dans ce qui n’existe pas. On s’interroge. Dieu ou Dionysos ?

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samedi, 19 avril 2014

Les Cahiers du Cercle Proudhon

Pierre De Brague est l’auteur du mémoire en préface des Cahiers du Cercle Proudhon : “Le Cercle Proudhon ou l’existence d’une révolution conservatrice française”.
De 1911 à 1914, s’est tenu en France une des expériences politiques les plus intéressantes de l’Histoire des idées.
Cénacle de réflexion se revendiquant de la figure tutélaire de Pierre-Joseph Proudhon, principalement réuni autour d’Édouard Berth et de Georges Valois, respectivement sous l’égide de Georges Sorel et de Charles Maurras, le Cercle Proudhon se veut une union sacrée envers les institutions démocratiques, honnies en tant que bourgeoises, libérales, républicaines, parlementaristes et ploutocrates.
Combat de patriotes français issus de deux traditions antidémocratiques, de droite et de gauche, le Cercle Proudhon tente de concilier royalisme et syndicalisme révolutionnaire, Tradition et Révolution, nation et lutte des classes, dans un même attachement aux valeurs et aux vertus du travail, de la production, de la culture classique, de la virilité et de l’héroïsme.
Révolutionnaire contre les socialistes réformistes, et Contre-révolutionnaire vis-à-vis des modernistes républicains, le Cercle Proudhon se posait, comme en témoignent ses publications sous forme de Cahiers, en véritable alternative au libéralisme marchand, à l’exploitation du peuple et à la destruction de la nation.
Peu diffusé, en proie à ses contradictions, et détruit par l’éclatement de la Grande Guerre, la tentative du Cercle Proudhon est souvent occultée par l’histoire officielle ou présentée comme une expérimentation « préfasciste »…
L’étude de ses écrits et de ses composants nous pousse plutôt à tirer les espoirs et les limites d’une pareille expérience et d’envisager les idées et les actes de cette « révolution conservatrice française » comme un modèle et un honneur pour tous ceux qui se veulent conséquents sur le champ politique.

jeudi, 17 avril 2014

La Révolution conservatrice allemande...

La Révolution conservatrice allemande...

Les éditions du Lore ont publié début avril un recueil de Robert Steuckers intitulé La Révolution conservatrice allemande - Biographie de ses principaux acteurs et textes choisis. Figure de ce qu'il est convenu d'appeler la Nouvelle Droite, Robert Steuckers a, à côté de ses activités de traducteur, animé plusieurs revues de qualité comme Orientations et Vouloir , et est un de ceux qui, avec Louis Dupeux, Giorgio Locchi, Thierry Mudry et Edouard Rix, a le plus contribué à faire connaître dans l'aire francophone cette galaxie d'auteurs, de groupes et de revues, actifs dans l'Allemagne de Weimar, qu'Armin Mohler a englobé sous l'appellation de Révolution conservatrice. Un ouvrage indispensable, et depuis longtemps attendu ! ...

L'ouvrage est disponible sur le site des éditions du Lore : Editions du Lore

 

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" Si la vulgate considère la Révolution conservatrice allemande comme un « laboratoire d’idées », il n’en demeure pas moins que cette dernière représente une extraordinaire aventure métapolitique qui inspire encore beaucoup d’idéologues, de philosophes et d’artistes aujourd’hui à travers le monde.

L’une de ses grandes figures, Arthur Moeller van den Bruck, proposa en son temps de penser un système politique qui succéderait au IIe Reich bismarko-wilhelminien au-delà des clivages gauche/droite, où les oppositions entre socialisme et nationalisme seraient sublimées en une synthèse nouvelle.

Dans ce recueil de grande densité, Robert Steuckers (ex-G.RE.C.E, Vouloir, Synergies Européennes) a regroupé la majorité de ses textes sur le sujet. Le lecteur y découvrira notamment les conférences pointues données par l’auteur entre 1994 et 2013 ainsi que diverses notices biographiques d’acteurs, illustres et moins connus, de la Révolution conservatrice allemande. "

 

Chroniques des Temps postmodernes...

Chroniques des Temps postmodernes...

Les éditions Avatar viennent de publier Chroniques des Temps postmodernes, un recueil de textes et d'entretiens de Tomislav Sunic. Intellectuel croate, ancien professeur de sciences politiques au Juniata college de Pennsylvannie et ancien diplomate, déjà auteur de nombreux ouvrages en langue anglaise et en langue croate, Tomislav Sunic a publié deux essais en France, Homo americanus (Akribéia, 2010) et La Croatie: un pays par défaut ? (Avatar Editions, 2010).

 

Chroniques des Temps postmodernes.jpg

" Authentique dissident dans un XXIème siècle lourd de menaces multiples et protéiformes, Tomislav Sunic, auteur de plusieurs ouvrages dont deux publiés en français (La Croatie: un pays par défaut ? Avatar Editions, 2010; Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne, Akribeia, 2010), déploie sa plume acérée dans ce recueil d’études et d’entretiens, pour établir une description clinique et lucide des temps de déraison et des années décisives qui constituent notre présent.

A l’aune des funestes figures engendrées par les systèmes idéologiques du siècle des grandes conflagrations (homo sovieticus et sa déclinaison balkanique, homo americanus), appréhendées dans un subtil jeu de miroirs, l’essayiste et conférencier américano-croate, nourri des travaux des “nouvelles droites” européennes, des penseurs transversaux et des meilleurs auteurs euro-américains, n’hésite pas à aborder avec courage et sérénité quelques-unes des problématiques essentielles, érigées en tabous de ces temps post-démocratiques d’unidimensionnalité néo-totalitaire, en posant les bonnes questions, avant de proposer de stimulantes pistes de réflexion et d’action. "

 

vendredi, 11 avril 2014

Jacqueline de Romilly: La grandeur de l'homme au siècle de Périclès

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Jacqueline de Romilly, La grandeur de l'homme au siècle de Périclès, Editions de Fallois, 2010.

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Helléniste française de renom international, membre de l’Académie Française, Jacqueline de Romilly est décédée en 2010. Quelques mois avant sa mort, elle écrivit (ou plutôt dicta) cet essai qui répondait à son triste constat quant à la réalité de notre époque : le niveau culturel baisse inexorablement et les textes antiques ne sont plus lus. Or, pour l’auteure, il est impératif de se ressourcer auprès de ces grands textes afin d’y trouver les réponses sur nous-mêmes et de préparer notre futur car « nous vivons une époque d’inquiétude, de tourments, de crise économique, et –par suite- de crise morale ». Cette louable préoccupation, qu’on retrouvait également chez Dominique Venner, explique pourquoi je me suis intéressé à cet ouvrage dont je vais tenter d’extraire plus bas les aspects qui m’ont le plus marqué.

1. Que signifie, pour les auteurs grecs de l’époque de Périclès (Vème siècle avant JC), cette idée, exprimée pour la première fois sans doute, de grandeur de l’homme ? 

romilly.jpgJacqueline de Romilly se base ici sur Sophocle et surtout Thucydide où elle décèle les éléments d’une sagesse politique tendant à des vérités valables pour le présent mais aussi l’avenir.

La grandeur de l’homme s’entend comme l’agrégat de plusieurs éléments: en plus de l’intelligence et de l’ingéniosité propres aux hellènes, c’est ce sentiment que la nature humaine dans ce qu’elle a de plus « humain » (égoïsme, paresse, passions –au mauvais sens du terme- diverses) se doit d’être dominée. « La grandeur de l’homme, nous dit effectivement J. de Romilly, c’est de s’élever contre sa nature ».

Dans sa Guerre du Péloponnèse, Thucydide faisait justement remarquer que nombre des acteurs politiques de l’époque étaient souvent mus par de bas mais très humains motifs personnels au lieu de rechercher avant tout le bien commun. Il soulignait par ailleurs que Périclès, à la différence de ceux-là, était honnête et incorruptible. Il disait la vérité au peuple et cherchait à le guider pour le bien de la cité. Voilà ce qu’est un dirigeant valable : un homme rempli de qualités morales qui fera rejaillir celles-ci chez le peuple qui a besoin de tels meneurs. Seul, le peuple ne peut en effet ni dominer sa nature ni tendre vers le supérieur car il lui manque des responsables exemplaires, disposant de hautes vertus, et donc, capables de le conduire vers davantage de grandeur. En effet, le peuple est trop marqué par sa nature profonde, sa légèreté et son manque de réflexion (il est ainsi capable de s’enthousiasmer facilement pour le premier démagogue venu), pour évoluer sans guides. Toute réussite politique est donc le fruit de la recherche du bien commun couplé à une morale forte. Elle implique la rencontre d’esprits éclairés et d’une base réceptive.

D’ailleurs, les points principaux de l’idéal politique de Périclès se retrouvent chez Thucydide (dans son oraison funèbre des morts, Livre II) : le respect des gens et de la loi, l’absence de trop de coercition, la participation à la vie publique (tout en ayant une vie privée), la célébration des fêtes, le respect des morts et de leur gloire passée, le courage et le dévouement à la cité. Cet ensemble de rites et de vertus cimentent la communauté dans la recherche du bien pour le plus grand nombre. Les citoyens sont donc fiers, responsables et peuvent mener un mode de vie éclairé par la liberté, ce qui les mène sur les chemins de la grandeur.

On pourrait par ailleurs ajouter à ce tableau idéal les idées que l’auteure n’évoque que trop rapidement : la morale qui perle à cette époque à propos de la solidarité, de l’indulgence et du pardon ou encore ce qu’on retrouve dans Socrate et Platon qui, d’un point de vue religieux, placent le but de l’homme dans son « assimilation à Dieu »…

2. En quoi la figure du héros tragique nous aide à mieux cerner ce qu’est la grandeur de l’homme ?

Se basant également sur les tragédies de la même époque se rapportant aux héros grecs, la grande helléniste nous montre un autre aspect de cette grandeur de l’homme à travers l’étude de leur sort.  Dans les tragédies d’Eschyle ou d’Euripide, les héros et leurs proches sont tous frappés de désastres et souffrent allégrement. Bien sûr, des personnages aussi différents qu’Œdipe ou Médée sont très souvent emportés par leurs passions, la première tue ses enfants pour se venger de Jason et le second (chez Euripide) tue toute sa famille. Pourtant, et ce point est fondamental, ils ne sont que des victimes de la volonté divine. Les dieux, par châtiment ou hostilité, inspirent démesure, folie ou actes insensés aux hommes et aux héros qui subissent cet « égarement » qu’ils craignent au plus haut point tant il est une menace pour leur dignité et leur grandeur. C’est un fait, l’homme (ou le héros qui est une sorte de demi-dieu) est fragile, voire minuscule face aux dieux.

Pourtant, même abattu ou humilié, le héros ne perd pas de sa grandeur. Le malheur le rend encore plus grand à nos yeux car il n’est pas synonyme d’abandon. Il prouve que le héros de la tragédie est prêt à tout pour atteindre son but : il accepte les épreuves et le sacrifice ultime : la mort.

Le spectacle répété des tragédies amenait ainsi le public à accéder à un monde de grandeur où se déroulait ce que Jacqueline de Romilly appelle « la contagion des héroïsmes ». La grandeur des héros pénétrait les habitudes de pensée des Grecs et influait sur leurs esprits et leurs idéaux. Savoir se sacrifier alors qu’on sait n’être que fragilité face aux dieux magnifie d’autant plus, chez l’homme, sa grandeur. D’ailleurs, l’exemple d’Ulysse qui fait face au courroux de Poséidon et à mille autres dangers le montre bien.

Les grecs n’étaient pas des optimistes béats et avaient bien conscience que l’homme mène une vie difficile où les épreuves et les pièges sont légions, avant tout à cause de sa fragilité et de sa nature intrinsèque. Pourtant, ils avaient fait le choix de dominer cela et de se vouer à un idéal supérieur, durable et beau, atteignable seulement par un travail constant sur soi impliquant efforts et triomphe de la volonté. Ils nous montraient un chemin, un élan intérieur, que nous devrions chacun essayer de suivre avec ardeur car tendre vers cette grandeur est un désir que nous nous devons de poursuivre en tant qu’Européens conscients de notre héritage et désireux de construire notre avenir. Car notre premier travail, il est à faire sur nous-mêmes. Et nous sommes notre premier ennemi.

Rüdiger

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

mercredi, 02 avril 2014

Heidegger’s Black Notebooks

Heidegger’s Black Notebooks:
The Diaries of a Dissident National Socialist

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com

In December of 2013, the German and French press began reporting that Martin Heidegger’s so-called Black Notebooks (Schwartze Hefte), forthcoming as volumes 94 to 96 of his Gesamtausgabe (Complete Edition), contain passages that constitute an anti-Semitic “smoking gun” (or maybe just a smoking chimney [2]).

On Monday, March 3, I received the first volume of the Black Notebooks, more than 500 pages written from 1931 to 1938. The second and third volumes, which have just been released and are in transit, contain writings from 1939 to ’40 and 1940 to ’41. All told, the three volumes contain more than 1,200 pages of Heidegger’s most private philosophical musings, the seeds of many of his contemporary and later lectures and writings.

It turns out that the passages in which Heidegger discusses Jews are found in the second and third volumes of the Black Notebooks (as well as in volume 97 of the Gesamtausgabe). Professor Peter Trawny, the editor of the Black Notebooks, has also written a small volume, Heidegger und der Mythos der jüdischen Weltverschwörung (Heidegger and the Myth of the Jewish World Conspiracy), which is due out this spring and which quotes and discusses the passages on Jews from volumes 95 to 97.

I will read and review these books in good time, but based on the quotes leaked so far, I predict that these passages will do little harm to Heidegger’s philosophical reputation.

Heidegger is still the most influential philosopher of the 20th century, despite the fact that it has long been known that he joined the National Socialist German Workers Party in 1933 and remained a member until 1945. It has, moreover, long been known that Heidegger spoke against the “Jewification of German intellectual life” (Verjudung des deutschen Geisteslebens). But, we are told, Heidegger was only a “spiritual” or “cultural” anti-Semite rather than a racial one. Beyond that, Heidegger opposed displays of vulgar and petty anti-Semitism while he was Rector of the University of Freiburg. It is also cited in Heidegger’s defense that he cheated on his German wife with Hannah Arendt, who was Jewish, and with Elisabeth Blochmann, who was half-Jewish.

Undatierte Aufnahme des deutschen Philosophen Martin Heidegger (1889-1976).

In sum, his defenders argue that Heidegger may have been a National Socialist, but he was never a particularly orthodox one, because the National Socialist ideology did not cohere with Heidegger’s own philosophy. And it is Heidegger’s philosophy that is of permanent importance, not his temporary dalliance with National Socialism.

Now, however, based on leaked lines from the Black Notebooks (that maybe amount to 1 or 2 pages out of 1,200), Heidegger’s detractors are claiming that this proves that anti-Semitism was not just a matter of “private insights” but that it is “tied to his philosophy [3],” indeed it is at the “core [4]” of Heidegger’s thought, that Heidegger’s Nazi problem is “deeper” and “bigger” than had been thought, that this constitutes a “debacle [5]” for contemporary Continental philosophy, and that from now on, it will be “hard to defend [5]” Heidegger.

Of course we need to take this all with a grain of salt, since the sources of these comments are (1) Heidegger’s publishers, who, I believe, are cynically using this controversy — abetted by Heidegger’s gleeful detractors — to create advance publicity and sell books — and with great success, since before they were even released, the Black Notebooks were philosophical bestsellers on Amazon.de; (2) Heidegger’s editor Peter Trawny, who has a book of his own to sell; and (3) journalists who love controversies.

I predict that after Heidegger’s actual remarks and Trawny’s commentary are finally released, and hundreds of thousands of Euros have changed hands, and thousands of readers have weighed the evidence: (1) we will have learned some new details about Heidegger and the Jews but nothing that will alter the existing picture, (2) both Heidegger’s defenders and detractors will be confirmed in their existing opinions, and (3) and some observers of the intellectual hysteria and thuggery surrounding even a whisper of anti-Semitism might conclude that Jewish power and freedom of thought are incompatible. That conclusion certainly began dawning on me as I read my way through the last controversy about Heidegger and National Socialism, which was launched in 1987 by Victor Farias’ Heidegger y el Nazismo.

For what it’s worth, I think it is a mistake to frame the Heidegger-National Socialism question as a matter of whether National Socialism was “inside” or “outside” Heidegger’s philosophy. It is clear that Heidegger thought that National Socialism was “outside” his philosophy — or any philosophy, for that matter, i.e., that it was a movement containing many conflicting and confused intellectual strands.

The real issue is whether Heidegger thought that his philosophy could transform National Socialism into an intellectually coherent, philosophically grounded movement, a movement that understood its “inner truth and greatness” (as he put it in 1935), namely the confrontation of historical man with global technological civilization.

And the answer to this question is clearly: yes. Heidegger thought that his philosophy could provide the foundations for a kind of National Socialism — which is, by the way, one of the reasons for his enduring influence on the New Right.

Now it appears that Heidegger also turned his attention to the Jewish question. Again, it is a mistake to read too much into a few leaked lines, but we are told, for instance, that Heidegger speaks of Jews as “rootless” and “calculating,” which for Heidegger are general traits of modernity. But it is not yet clear whether Heidegger regarded Jews as the subjects or the objects of modernity, or both.

Heidegger apparently regarded Jews as hypocritical insofar as they live according to the principle of race (Rasseprinzip) but attack Germans for seeking to do the same. Heidegger also reportedly notes that Jews foment wars to advance their interests but are loath to shed their own blood.

Such remarks instantaneously transform modern liberal journalists into elderly Victorian spinsters, clutching invisible cameo brooches at their throats as their cheeks blanch (the original meaning of “appalled”) and all ratiocination is paralyzed by the vapors. But a quick comparison of Jewish political preferences [6] in the United States and Israel proves the hypocrisy charge, and a cursory knowledge of Jewish lobbying for the US to attack Iraq, Iran, and Syria [7] proves the warmongering charge. Nothing, apparently, has changed.

In the initial reception of the Black Notebooks — as with everything else in European and American life — the tiny Jewish tail is wagging the dog. But when scholars turn their attention from a few sentences about Jews to the 1,200+ pages of other material in the Black Notebooks, the contrived controversy about anti-Semitism will be quickly forgotten. For, judging from the first volume, there are materials here of far greater importance.

For instance, in volume one, the second notebook (entitled Überlegungen und Winke [Reflections and Hints] III) begins in the fall of 1932 and runs through the spring of 1934, i.e., the entire period of Heidegger’s most intense political involvement with National Socialism and his Rectorship at the University of Freiburg. It is, in truth, the diary of a dissident National Socialist.

The opening words express high hopes: “A glorious awakening popular will stands in a great world darkness” (p. 109). Heidegger outlines plans for reforming the university system. But he had far greater ambitions than that, namely, to put National Socialism upon firm philosophical foundations, namely, his own philosophical foundations: ”The metaphysics of Dasein must according to its innermost structure deepen and broaden into a metapolitics ‘of’ the historical people” (p. 124).

Heidegger records his frustrations with”vulgar National Socialism” (p. 142) — a mass movement based in biological racism. He analyzes such basic concepts as the “people” (Volk), “socialism,” “wholeness” (Ganzheit), and the masses. He remarks that “National Socialism is a barbaric principle” (p. 194) and that “National Socialism in its present form is scarcely a ‘Worldview,’ and if it persists in its present ‘form’ can never become one” (p. 196).

Heidegger also records his frustration with the Rectorship, which eventually led to his resignation. On April 28, 1934, the day after his resignation was accepted, he writes “The end of the Rectorate . . . Long live mediocrity and clamor [Lärm]!” (p. 162). The final page is a confession of despair: “‘The Self-Assertion of the German University’ [the title of Heidegger's Rectoral Address] or — the small intermezzo in a great error” (p. 198). He foresees the complete absorption of the university by technical-instrumental modernity — and, by implication, the absorption of National Socialism itself, betraying its potential to offer a real alternative.

Scholars will be discussing these and other issues raised by the Black Notebooks long after the Lärm about anti-Semitism has died away.

Judging from the first volume, the Black Notebooks are where Heidegger initially drafted many of the ideas that characterize his later thinking. And, as with his lecture courses, they are expressed with great clarity and directness, poles apart from the contrived obscurity of many of the works he published in his lifetime, as well as posthumous works like Contributions to Philosophy, all of which read, as Flannery O’Connor put it, “like some evil incantation in gibberish” (“Good Country People”).

Heidegger stipulated that the Black Notebooks and related texts be published only at the end of this Complete Edition. I think he was saving the best for last.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/heideggers-black-notebooks/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/Heiddeger.jpg

[2] smoking chimney: http://www.fpp.co.uk/Auschwitz/docs/fake/SWCsmokeFake.html

[3] tied to his philosophy: http://chronicle.com/article/Release-of-Heidegger-s/144897/

[4] core: http://www.theguardian.com/books/2014/mar/13/martin-heidegger-black-notebooks-reveal-nazi-ideology-antisemitism

[5] debacle: http://www.zeit.de/2014/01/heidegger-antisemitismus-nachlass-schwarze-hefte

[6] Jewish political preferences: http://www.theoccidentalobserver.net/category/jewish-attitudes-in-israel-versus-the-diaspora/

[7] Jewish lobbying for the US to attack Iraq, Iran, and Syria: http://www.informationclearinghouse.info/article1438.htm

mercredi, 26 mars 2014

Adinolfi à Genève

Gabriele Adinolfi, 14 mars 2014, Genève, cercle Proudhon

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vendredi, 21 mars 2014

Les Mémoires interrompus de Jean-Claude Valla

Les Mémoires interrompus de Jean-Claude Valla

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Jean-Claude_Valla.tiff.pngDécédé le 25 février 2010 à l’âge de 65 ans, Jean-Claude Valla est une figure qui compte dans ce que la médiasphère a improprement appelé la « Nouvelle Droite » puisqu’il en fut l’un des co-fondateurs. Les éditions Alexipharmaque viennent d’éditer ses Souvenirs qui sont des Mémoires inachevés. Rédigé entre les années 1990 et le début de la décennie 2000, cet ouvrage intitulé Engagements pour la civilisation européenne retrace une partie de sa vie.

 

Né en 1944 à Marcigny dans le Sud de la Saône-et-Loire, le jeune Valla est très tôt happé par deux passions qui le tiendront jusqu’à la fin : la politique et la Bourgogne. Lycéen à Roanne, sous-préfecture et deuxième ville de la Loire, il fonde un fantomatique Comité des lycéens roannais pour l’Algérie française au lendemain de la semaine des barricades d’Alger en janvier 1960. Il s’affilie très jeune au mouvement poujadiste et rejoint sa branche juvénile, l’Union de défense de la jeunesse française dont il devient le responsable départemental car unique militant…

 

Il tempère son militantisme poujadiste par une adhésion quasi-charnelle à sa petite patrie qu’est la Bourgogne. Déjà épris d’histoire, Jean-Claude Valla aime sa terre natale. De son enfance passée à Marcigny, il a « conservé un attachement profond à la Bourgogne (p. 19) », particulièrement « la Bourgogne mythique des Nibelungen ou la Bourgogne héroïque du Téméraire (p. 21) ». Ce régionalisme original se concrétise en hiver 1972 par la sortie d’un périodique, Grande Bourgogne, qu’il co-anime avec Pierre Vial. Mais, faute d’audience et de succès, ce numéro n’a pas de suite.

 

Un profil populiste, régionaliste

et nationaliste révolutionnaire précoce

 

Le régionalisme de Valla peut se définir comme culturel et nullement folklorique (au sens désobligeant du terme). Son intérêt pour la politique l’incline aussi vers le nationalisme étatique, rénové et révolutionnaire. Élève dans une classe préparatoire à Lyon afin d’intégrer la « Grande Muette », il rêve en ce temps « d’une armée de type nassérien, capable de prendre le pouvoir lorsque les intérêts du peuple étaient en jeu et d’être le fer de lancer de la nation (p. 43) ». À la même époque, il rencontre un mouvement qui porte une vision nationaliste ardente et actualisée : la F.E.N. (Fédération des étudiants nationalistes) dont les motivations l’attirent, lui qui a « du nationalisme une conception plus dynamique, plus révolutionnaire, et surtout plus ouverte à l’Europe (p. 34).

 

Privilégiant l’activisme aux amphithéâtres universitaires, Jean-Claude Valla devient rapidement une personnalité connue des quelques militants lyonnais de la F.E.N. ainsi que des policiers qui l’arrêtent souvent pour le placer en garde à vue. Le livre contient des anecdotes savoureuses qui rappellent l’abjection permanente de la police du Régime. Remarqué par les instances dirigeantes, il monte à Paris à l’automne 1965, s’occupe de la logistique de la revue Europe Action et devient le factotum de Fabrice Laroche alias Alain de Benoist : « Je lui servais, par exemple, de coursier pour aller chez les éditeurs chercher ses livres en service de presse (p. 70). »

 

Militant dans la capitale des Gaules, Jean-Claude Valla a auparavant animé divers bulletins universitaires spécialisés dont Les Sept Couleurs conçu pour les étudiants en lettres. Sous le pseudonyme de Jacques Devidal, il publie en janvier 1965 un retentissant « Nous, les nationalistes de gauche » qui, malgré une évocation de José Antonio Primo de Riviera, indispose les éternels droitards compassés. Il y estime avec raison que « le nationalisme devait définitivement tourner le dos à la droite conservatrice (p. 49) ». Dans le même temps, ce « nationalisme » soucieux de justice sociale acquiert une autre dimension, au-delà de la simple nation politico-historique : « Nous étions européens, parce que nous étions conscients de la communauté de destin des peuples du Vieux Continent (p. 78). » Déjà s’élaborait instinctivement en lui la riche thématique des trois patries régionale, nationale et continentale complémentaires. Il n’est dès lors guère surprenant qu’il se réfère souvent à quelques figures « solidaristes » ou nationales-syndicalistes comme José Antonio, le Flamand Joris van Severen, les Allemands Ernst von Salomon et Ernst Jünger.

 

Toutefois, au moment où il entame cette rédaction, il revient un peu sur son engagement régional et européen. Il considère ainsi « que l’État-nation est une réalité encore bien vivante. Il m’arrive encore de le regretter, mais c’est ainsi. Des siècles d’histoire ont forgé cette entité. […] certes, après avoir subi pendant deux siècles la dictature des principes abstraits de la Révolution, il n’est pas mauvais que les Français redécouvrent leurs racines régionales et, au-delà de ces racines, prennent conscience de l’héritage culturel qu’ils ont en commun avec les autres Européens. Mais aujourd’hui, c’est notre survie collective qui est menacée, que ce soit par l’immigration, la construction de l’Europe de Maastricht ou l’impérialisme culturel américain. Nous avons un devoir de résistance et ce n’est pas le moment de détruire les dernières digues qui nous restent, aussi vermoulues soient-elles (p. 81) ». Est-ce si certain à l’heure de la post-modernité bouillonnante ?

 

Ces souvenirs incomplets rapportent aussi en trois chapitres la fondation et le développement du G.R.E.C.E. : Valla en fut le premier secrétaire général, le premier titulaire au « Secrétariat Études et Recherches », le premier rédacteur en chef de la revue Éléments et le principal responsable des Éditions Copernic. Sur la chronologie de la création de cette « société d’influence (p. 115) », il réfute le témoignage d’autres cofondateurs tels Maurice Rollet, Chancelier du G.R.E.C.E. Dans sa contribution au Mai 68 de la Nouvelle Droite, Maurice Rollet mentionne une réunion préparatoire en janvier 1968 autour de douze participants dont Valla. Or ce dernier faisait son service militaire en Allemagne à Villingen et était ce jour-là en pleines manœuvres hivernales dans la Forêt Noire. Qui se trompe ? Le témoignage d’autres participants serait éclairant…

 

Dégagé des obligations militaires, Jean-Claude Valla commence une carrière de journaliste pour plusieurs titres dont Valeurs actuelles où officie un ancien dirigeant de la F.E.N., François d’Orcival, devenu atlantiste et méfiant envers ses anciens camarades et dont le parcours professionnel le conduira bien plus tard à l’Institut. Il passe ensuite reporteur à Détective dont il garde un souvenir formateur. « Rien de tel que le fait divers pour former un journaliste, lui apprendre à se débrouiller, à découvrir la vie dans ce qu’elle peut avoir de sordide, à faire preuve de persuasion pour que celui qu’il doit interroger consente à lui ouvrir sa porte (p. 102). »

 

Au contact hebdomadaire de la vieille droite décatie

 

Il relate en outre le lancement du Figaro Magazine et des hostilités inattendues. On apprend que « les rapport entre Le Figaro Magazine et sa maison-mère n’étaient pas bons. […] les deux rédactions […] vivaient retranchées de part et d’autre de la rue du Mail (p. 165) ».

 

Jean-Claude Valla assure la liaison entre les deux titres et va chaque semaine dans le bureau de Max Clos, le directeur du quotidien, afin d’éviter les doublons. Mais, aigri, l’équipe du Figaro reprend les mêmes sujets avec son point de vue ringard au point que Valla est bientôt contraint de leur remettre de faux sommaires… Le succès du Figaro Magazine attise donc la rancœur d’une vieille garde qui « n’en tirait que jalousie et tremblait devant les censeurs de la presse de gauche (p. 166) ». Trente ans plus tard, hormis Thierry Maulnier naguère et aujourd’hui Éric Zemmour, ce journal est toujours le porte-parole d’un Hexagone imbécile, bourgeois, atlantiste et libéral-conservateur ! Quant à Max Clos, ce collectionneur des batailles perdues, il s’est réincarné en Yvan Rioufol dont le bloc-notes du vendredi exprime parfaitement les idées creuses de cette droite stérile dont le sarközysme est la dernière manifestation en date. Valla n’est pas dupe sur le lectorat du Figaro Magazine. « Cette France profonde était probablement trop frileuse pour prendre le risque d’un véritable affrontement. Aujourd’hui encore, elle prête une vieille complaisante aux marchands de sable du R.P.R. et de l’U.D.F. Cocue, mais toujours contente (p. 30). » Les récentes et gigantesques manifestations contre le mariage inverti et la politique gendériste de rejet des valeurs familiales confirment ce jugement sévère. Un certain dimanche 2013, les manifestants auraient pu occuper la « plus belle avenue du monde » et marcher sur l’Élysée, Flamby finissant alors comme un simple Ben Ali… Par couardise et légalisme naïf, ils ont rejeté cette possibilité dangereuse pour se donner à une U.M.P. encore plus nocive que son frère jumeau, le P.S. À ce public-là de Hexagons (Hexacons ?) catho bien élevés, on se doit de préférer un autre public, plus hardi, plus organisé, plus violent.

 

Malgré quelques critiques, il faut aussi regretter que Jean-Claude Valla ne fasse pas le bilan complet de l’entreprise métapolitique à laquelle il a étroitement participée. Il évoque en trois pages le cas du Club de l’Horloge qui, au départ, « ne s’adressait théoriquement qu’à de hauts fonctionnaires ou à des étudiants qui se destinaient à l’École nationale d’administration (E.N.A.) (p. 129) ». S’il revient sur les causes de la séparation entre ce club de pensée, créé par deux grécistes, Yvan Blot et Jean-Yves Le Gallou, et le G.R.E.C.E., Valla ne s’y attarde guère, peut-être parce que les deux stratégies employées (la métapolitique dans la sphère culturelle par l’entrisme dans le journalisme ou la parapolitique dans la sphère politicienne par l’entrisme dans des partis politiques) ont largement échoué. On peut même craindre que le « gramscisme technologique » suive un destin identique. Internet est un outil susceptible de favoriser un pseudo-activisme du clavier qui est une nouvelle forme de passivité militante. Les nouvelles techniques d’information et de communication ne remplacent pas le militantisme de rue.

 

Outre une différence d’ordre sociologique (le G.R.E.C.E. s’adresse à des journalistes, des enseignants et des étudiants tandis que le Club de l’Horloge cherche surtout de futurs hauts fonctionnaires), d’autres divergences majeures ont fait bifurquer sur des voies distinctes deux structures à l’origine proches :

 

— une divergence idéologique à propos du libéralisme, combattu par les grécistes et adapté dans un discours conservateur et national par les « horlogers »;

 

— une divergence géopolitique : le Club de l’Horloge soutient assez vite l’Occident et son fer de lance, les États-Unis d’Amérique, tandis que le G.R.E.C.E. prend dès le début de la décennie 1980 des positions neutralistes, tiers-mondistes et tiercéristes;

 

— une divergence politique avec le soutien gréciste à l’Europe impériale alors que les membres les moins anti-européens du Club de l’Horloge défendent au mieux une coopération intergouvernementale assez lâche;

 

— une divergence religieuse qui, avec la question du libéralisme, demeure un point déterminant d’achoppement. Alors que le G.R.E.C.E. n’a jamais caché son paganisme, le Club de l’Horloge défend pour le moins un christianisme catholique d’ailleurs bien affadi par l’Église conciliaire.

 

Par ailleurs, cet ouvrage comporte, hélas !, quelques règlements de compte propres au genre. Ainsi Roland Gaucher est-il qualifié de « roi de l’approximation (p. 70) ». Jean-Claude Valla se soucie de la souplesse intellectuelle d’Yvan Blot dont l’« évolution […] pouvait paraître plus inquiétante (p. 131) ». Finalement, il se « félicite aujourd’hui que son ralliement au Front national lui ait permis de retrouver sa liberté intellectuelle et de renouer sans honte avec ses vieux amis (p. 132) ». C’était bien sûr avant 1998…

 

Saluant au passage la personnalité bien oubliée de Louis Rougier, Jean-Claude Valla se montre en revanche fort critique envers Guillaume Faye. On est surpris qu’il regrette que « le G.R.E.C.E. soit devenu après mon départ, et en grande partie sous l’influence de Guillaume Faye, beaucoup plus monolithique et trop souvent prisonnier de la langue de bois (p. 126) ». Jugement abrupt et maladroit quand on consulte l’ensemble des travaux produits entre 1979 et 1986. On aurait plutôt apprécié lire une explication pertinente sur cette tentative avortée d’union (en fait absurde, voire insensée) entre des modérés libéraux et des révolutionnaires de droite dans le cadre de l’Alternative pour la France, cette entente illusoire du feu et de l’eau.

 

Du journaliste d’influence à l’historien de combat

 

Les souvenirs de Jean-Claude Valla s’arrêtent à son éviction du Figaro Magazine. Il tente ensuite l’aventure de Magazine Hebdo, vaincue par la complicité tacite de la gauche morale subventionnée et la pitoyable droite affairiste. Il en restera un bulletin confidentiel d’informations politiques, La Lettre de Magazine Hebdo. Au milieu des années 1980, Jean-Claude Valla va ensuite reprendre le titre d’une revue d’Emmanuel Berl de l’Entre-Deux-Guerres, Marianne (sans rapport avec le magazine éponyme fondé par de pseudo-rebelles…). Ce Marianne-là ne trouvera pas non plus son lectorat.

 

Valla rejoint un temps la rédaction de Minute. Puis, à partir du n° 29 de mai 1990, il entre au Choc du Mois, d’abord comme éditorialiste, puis comme chroniqueur impertinent dans la rubrique du « Carnet de voyage en Absurdie ». Il quitte Le Choc du Mois à son n° 60 de janvier 1993,pour prendre la direction de Minute. Certes, « Jacques Devidal » intervient encore dans le n° 65 de juin 1993 du Choc.

 

L’actualité va bientôt l’inciter à abandonner son habit de journaliste pour revêtir celui de l’historien rebelle. La scandaleuse affaire Touvier le révulse : il n’hésite pas à s’investir en faveur de l’ancien milicien et en tire en 1996 une contre-enquête remarquable. Auteur d’une biographie sur Doriot chez Pardès, il lance des Cahiers libres d’histoire qui examinent régulièrement un pan méconnu de la Seconde Guerre mondiale. En outre, à une époque où la liberté d’expression historique n’était pas encore pénalisée par des lois liberticides, il ne cachait pas son révisionnisme.

 

Véritable « contre-historien » qui va à l’encontre des vérités officielles judiciairement établies, il écrit dans deux publications successives d’un vieux compagnon de route, Dominique Venner : Enquête sur l’histoire, puis La Nouvelle Revue d’Histoire. Hors de tout cursus universitaire et académique – le jeune Valla n’a jamais passé le moindre examen -, il devient sur le tard un historien percutant, à mille lieux des dociles caniches de l’Alma mater.

 

Cet ouvrage posthume éclaire une partie de l’existence de la fameuse « Nouvelle Droite » mais son histoire intellectuelle reste toujours à faire.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Jean-Claude Valla, Engagements pour la civilisation européenne. Souvenirs, préface de Michel Marmin, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », 2013, 191 p., 19 €. (B.P. 60 359, 64 141 Billère C.E.D.E.X.).

 


 

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jeudi, 20 mars 2014

Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

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Hongbing Song pense que la Chine devrait pousser l’intégration de la monnaie à travers l’Asie, prenant exemple sur l’Allemagne, qui a abandonné le deutsche Mark, mais a pris le contrôle de l’Europe et de l’euro. Bien que n’étant pas reconnue comme une source universitaire, la série La guerre des monnaies de Hongbing Song est très populaire parmi les lecteurs. Song se considère comme un « spécialiste de la finance internationale  », qui envisage l’économie en termes de « guerres ». Il croit que l’économie n’est qu’une pièce du jeu politique plutôt qu’une théorie ou une science.

 

 

Il explique son impopularité parmi les économistes du courant dominant en disant qu’il est compréhensible que « les économistes rejettent un nouveau système qui remet en question leur système de connaissances monopolistique ».

Dans ses livres, Song tente d’expliquer l’histoire et le développement du monde à travers la perspective des monnaies et de la finance. Il pense que « bien que l’histoire ne se répète tout simplement pas, l’humanité reflétée dans des périodes différentes est étonnamment semblable. » Song espère trouver une solution pour le développement du monde.

Lors de son entretien, Song mentionne que dans le passé, les Chinois ne se sont pas préoccupés des devises. L’argent, le commerce et les relations financières et commerciales ont été négligés pendant des milliers d’années en Chine.

The Economic observer  : Que-ce qui vous a poussé à écrire la série La Guerre des monnaies?

hong.jpgHongbing Song : J’habite aux États-Unis depuis 14 ans et j’ai passé plus de 20 ans en Chine. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale comme les États-Unis, elle doit se concentrer sur plus de choses que sa simple puissance militaire. La principale concurrence entre les deux pays sera l’économie et les finances, plutôt que l’armée traditionnelle ou la guerre. Plus j’y réfléchissais, plus je réalisais que la puissance financière des États-Unis a été sous-estimée par la plupart des gens.

Tous mes livres tentent d’expliquer l’histoire et le développement du monde dans la perspective de la monnaie et de la finance. Les chinois ne sont pas très préoccupés par l’argent, et nous avons négligé l’argent, les échanges et l’influence de la finance sur le commerce pendant des milliers d’années.

Voulez-vous dire que nous n’avons pas conscience de l’importance de l’argent ?

Depuis les années 1940, il y a eu quelques occasions pour les Chinois d’acquérir de l’expérience dans la finance. En tant que puissance économique montante, la Chine pourrait subir des pertes dans la concurrence internationale, si nous ne possédons pas de solides connaissances sur la finance. C’est pourquoi j’ai combiné les deux notions de « monnaie » et « guerre ». Lorsque j’ai d’abord proposé ce concept, les gens étaient confus et ont demandé : « Comment une guerre pourrait éclater entre les monnaies ? » Cependant, lorsque les gens sont devenus plus conscients de l’environnement économique du monde, ils ont commencé à en accepter la possibilité.

Il n’y a pas de recherche systématique sur la concurrence des monnaies et de l’argent en Chine. Seuls les théories monétaires ou l’économie sont étudiées. La Chine a négligé l’importance de la finance comme un outil, une mesure et une arme, qui pourrait être vital pour son développement, son économie et sa sécurité nationale à l’avenir. Par conséquent, mon point central dans les quatre livres est en fait l’influence que l’argent a sur le sort d’un pays et du monde.

Qu’avez-vous trouvé ?

Basé sur un récent sondage que j’ai effectué à l’université ETH de Zurich, nous avons analysé la structure des capitaux propres de 37 millions d’entreprises transnationales et constaté que 147 des plus grands instituts financiers exercent un contrôle sur ces 37 millions d’entreprises. En outre, il y a 20 ou 30 grands groupes de sociétés de portefeuilles derrière ces 147 institutions. Cela montre comment les sociétés de portefeuilles financières minoritaires au sommet de la pyramide contrôlent effectivement la plupart des groupes transnationaux de matériaux de base et de d’énergie.

L’enquête a démontré mon hypothèse dans La guerre des monnaies 2. Il y avait 60 familles qui contrôlaient plus de 60 % des industries aux États-Unis, en dépit de leur récente disparition du classement des plus grandes fortunes du monde depuis 1940. Pourquoi ont-elles disparu, vous demandez-vous ? Est-ce à cause de la guerre ? Cependant, gardez à l’esprit qu’il n’y a pas eu depuis de guerre sur le sol américain. J’ai le sentiment qu’à cette époque, les grandes et indispensables entreprises dans le monde étaient encore contrôlées par une minorité de familles. Les grandes banques et les entreprises sont en fait très centralisées. Beaucoup de grandes familles financières ont mis en place des fonds et fait don de leurs fortunes, surtout après 1930. Ce qu’ils veulent, c’est le contrôle plutôt que la propriété. Bien qu’il y ait peut-être des philanthropes, la pratique courante de mise en place des fondations de charité ne me semble pas logique.

Le monde est vraiment en désordre maintenant. Votre quatrième livre est « La période des États en guerre ». Qui selon vous en sortira « gagnant » ?

D’après la situation actuelle, les États-Unis et l’Europe sont les régions qui sont les plus susceptibles de réussir. En comparaison, la Chine n’est pas encore au même niveau. La compétition pour le leadership de l’économie mondiale se fait donc principalement entre les États-Unis et l’Europe. Bien que la Chine soit également prête, le pays n’est pas encore aussi compétent.

Votre réponse est très différente des autres. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Pour moi, la Chine est encore très fragile, non seulement au sens économique, mais en général aussi. L’énorme édifice économique que nous avons construit a une base très fragile. Comment pouvons-nous prétendre être une puissance mondiale si l’énergie et les matériaux ne sont pas suffisants au niveau national et que le commerce dépend principalement du ​marché étranger. Pour une véritable montée en puissance, son économie doit être beaucoup plus grande que sa dépendance aux marchés étrangers, comme l’expansion de l’Amérique l’a démontré. Avant son entrée dans la Seconde Guerre mondiale dans les années 1930, seulement 2 % à 3 % de sa croissance économique était attribuée aux marchés étrangers. En d’autres termes, les États-Unis n’avaient pas besoin d’un marché extérieur, et au contraire, les marchés étrangers avaient besoin des États-Unis. Même aujourd’hui, alors que cet État est devenu un immense empire dans le monde, son commerce extérieur ne représente que 8 % de son PIB, alors que le chiffre pour la Chine est de 30 %. Ce n’est que lorsque le pays n’est pas dépendant des autres qu’il peut mener sa propre voie.

Dans votre ère d’États supposés en guerre, est-ce que la Chine a un rôle décisif ?

Je ne suis pas pessimiste à ce sujet. L’idée de base est qu’un grand marché intérieur est la base pour l’ascension d’un pays. Certains ont mentionné l’internationalisation du yuan, mais il est évident que le yuan ne peut pas devenir la monnaie de réserve du monde si le marché intérieur de la Chine n’est pas le plus important du monde. L’économie chinoise est dépendante des exportations, ce qui signifie que la monnaie va refluer lorsque les marchandises seront exportées. Le Japon et l’Allemagne ont tous deux essayé l’internationalisation du mark et du yen. Toutefois, leur part dans la monnaie internationale n’a jamais dépassé 7 %, aussi à cause de leurs économies orientées vers l’exportation.

Cela pourrait servir de leçon à la Chine. Un tiers du PIB de la Chine vient de son marché intérieur, qui représente seulement un neuvième de la taille du marché américain. Le meilleur résultat pour les pays tournés vers l’exportation ne peut pas être mieux que ce qui était le cas pour le deutsche Mark ou le yen.

Quel est l’objectif stratégique de promotion de l’internationalisation du yuan ? À mon avis, la réponse est de remplacer le dollar. Cependant, est-il possible de garantir un encadrement efficace de la négociation des yuans à l’étranger maintenant ? Plus les yuans s’écoulent à l’étranger, plus cela sera dangereux. Il en va de même pour l’évaluation du yuan. Si l’administration d’État du marché des changes et de la Banque populaire de Chine met en place le taux de change à 6,36, alors que l’accord est de 5 à New York, quelle norme le marché va-t-il suivre ? Comme il y a beaucoup de dérivés financiers à l’étranger, le nombre d’accords là-bas peut dépasser celui de Pékin. Dans ce cas, la Chine pourrait perdre le droit d’établissement des prix.

C’est précisément pourquoi je regarde vers le passé. En regardant en arrière, nous pouvons observer comment la livre et le dollar ont augmenté. Lorsque l’on compare le marché intérieur des États-Unis et de la Grande-Bretagne à celui de la Chine, il est impossible de prétendre que le yuan pourrait remplacer le dollar américain d’ici les 30 prochaines années. Il serait préférable de promouvoir une monnaie asiatique et bénéficier de l’internationalisation indirecte des yuans. Cependant, il y a aussi des problèmes, tels que la façon dont l’Asie devrait être intégrée.

Voulez-vous dire la liaison de toute l’Asie ?

Oui. En fait, les Chinois pensent rarement à la raison pour laquelle l’économie asiatique est toujours distraite et contenue par les États-Unis et l’Europe alors que leur économie totale est déjà l’égal des deux puissances. Ils considèrent aussi rarement pourquoi tous les pays asiatiques se tournent vers les États-Unis à la place d’autres pays asiatiques en cas de problème. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale, il est essentiel que celle-ci s’intègre à d’autres pays d’Asie.

L’intégration de l’Asie n’est elle pas difficile pour des raisons géographiques, historiques et de relations politiques ?

La racine des problèmes des pays asiatiques ne sont pas les malentendus et les obstacles historiques. Par rapport à ces problèmes secondaires, le principal facteur est externe – le fait que les États-Unis ne veulent pas que l’Asie s’unisse. Il n’y a pas eu autant de guerres en Asie, qu’il y en a eu en Europe, pourtant les pays sont encore très aliénés. Si l’Asie est intégrée en tant que communauté d’intérêt, les États-Unis n’auront aucune chance de rester une superpuissance.

C’est pourquoi j’ai décrit la réconciliation de l’Allemagne et de la France dans le livre. L’Allemagne et la France ont été réunies par la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Les deux pays étaient en guerre, lorsque la France a pris les régions de la Ruhr et de la Sarre après la Seconde Guerre mondiale et l’Allemagne a trouvé que leur développement était limité par la France après la guerre. La guerre potentielle dans les années 1950 entre les deux pays a été plus tard éliminée par l’articulation de leurs industries sidérurgiques. L’union est supra-souveraine et ouverte, appelant aussi d’autres pays à s’y joindre. C’est l’origine de la Communauté européenne et de l’Union européenne. Si les pays asiatiques ont des conflits sur la mer à l’est et au sud, pourquoi ne pas prendre l’exemple et intégrer les sources de pétrole là-bas avec une Union supra-souveraine, qui peut lier ensemble les intérêts de la Chine, du Japon et la Corée. D’ici là, aucun de ces pays ne commenceraient une guerre et un nouveau marché asiatique uni sera également créé. Quand une monnaie asiatique pourra enfin être promue, l’influence des États-Unis et de l’Europe sur la région diminuera.

Votre réflexion est typiquement américaine. Accepteriez-vous que les Chinois ne pensent pas normalement de la même manière ?

Oui. Après avoir vécu aux États-Unis, j’ai constaté que la pensée américaine et britannique est la clé de leur succès dans la conduite du monde, car elle se concentre sur l’intérêt national rationnel. Plutôt que de se concentrer sur le « visage » du pays, ils poursuivent les entreprises les plus rationnelles et les plus utiles. Le nationalisme en Chine est trop irrationnel. Ça ne fait pas de différence si nous nous plaignons des autres tout le temps. Cependant, si nous coopérons avec le Japon et unissons les pays asiatiques pour faire une organisation d’intérêt mutuel, la Chine en bénéficiera le plus. Comme dit le proverbe, même les mendiants doivent surveiller leur dos quand ils battent les chiens, comment la Chine pourrait s’opposer à l’Europe et aux États-Unis sans le secours de l’Asie ? La Chine devrait rivaliser avec l’Europe et les États-Unis pour le rôle de premier plan dans le monde. La « diplomatie de grande puissance » que nous avons trop soulignée dans le passé devrait être remplacée par une « diplomatie de voisin ». Même si nous pouvions maintenir une bonne relation avec l’Europe et les États-Unis, comment pouvons-nous attendre d’eux de nous aider sincèrement quand tout le monde est en concurrence avec l’autre pour être le leader du monde ? C’est comme essayer de trouver un poisson dans un arbre. Nous devrions nous tourner vers nos voisins asiatiques pour de l’aide en changeant notre mentalité au sujet de comment devenir le chef de file mondial.

Je ne veux pas dire que nous devrions vivre dans l’histoire, mais je veux montrer que nous ne devrions pas répéter l’histoire non plus – nous ne devons pas être divisés et gouvernés par des puissances étrangères. La Chine devrait intégrer les puissances asiatiques dans un marché commun ainsi qu’une monnaie commune. L’Allemagne a renoncé à son marché intérieur et son deutsche Mark, mais a gagné l’ensemble du marché ainsi que le contrôle de l’Union européenne. Il s’agit de la relation dialectique du « donner » et « gagner ». Comment pouvons-nous obtenir quelque chose sans donner ?

Traduction E&R
Source : The Economic Observer

vendredi, 14 mars 2014

Sobre “La insubordinación fundante".

Prologo de Helio Jaguaribe al libro “La insubordinación fundante. Breve historia de la construcción del poder de las naciones” escrito por Marcelo Gullo* y publicado en Buenos Aires por la Editorial Biblos en octubre del 2008.

marcelo-gullo.jpgCon “Insubordinación fundante”, Marcelo Gullo alcanza plena y brillante realización de su propósito de estudiar, histórica y analíticamente, desde la periferia, las relaciones internacionales. El concepto de periferia, para Gullo, adquiere un doble significado: se trata, por un lado, de una perspectiva y, por otro, de un contenido.

Como perspectiva, corresponde a la mirada del mundo por parte de un intelectual sudamericano, desde el Mercosur y, más restrictivamente, desde el ámbito argentino-brasileño.

Como contenido, corresponde al análisis de cómo, países periféricos en general y, más específicamente, Estados Unidos, Alemania, Japón y China –citados por el orden cronológico de sus respectivas revoluciones nacionales – lograron salir de su condición periférica y se convirtieron en países efectivamente autónomos, en importantes interlocutores internacionales independientes. Este excelente libro conduce, en su conclusión, a una relevante discusión de la situación de Sudamérica y de cómo la región podrá, a su vez, superar su condición periférica y convertirse también –como lo hicieron los mencionados países – en un importante interlocutor internacional independiente.

Creo que habría que destacar en este magnifico estudio tres aspectos principales: 1) su relevante sistema de categorías analíticas; 2) su amplia información histórica, y 3) su tesis central de que todos los procesos emancipatorios exitosos resultaron de una conveniente conjugación de una actitud de insubordinación ideológica para con el pensamiento dominante y de un eficaz impulso estatal.

De manera general, Gullo se sitúa en el ámbito de la escuela realista de Hans Morgenthau y Raymond Aron. Son las condiciones reales de poder las que determinan el poder de los Estados, incluidas en esas condiciones la cultura de una sociedad y su psicología colectiva. Así contempladas las relaciones internacionales se observa, desde la antigüedad oriental a nuestros días, el hecho de que se caracterizan por ser relaciones de subordinación en las que se diferencian pueblos y Estados subordinantes y otros subordinados. Este hecho lleva a la formación, en cada ecúmene y en cada período histórico, de un sistema centro-periferia, marcado por una fuerte asimetría, en la que provienen del centro las directrices regulatorias de las relaciones internacionales y hacia el centro se encaminan los beneficios, mientras la periferia es proveedora de servicios y bienes de menor valor, y queda, de este modo, sometida a las normas regulatorias del centro.

Las características que determinan el poder de los Estados y las relaciones centro-periferia cambian históricamente, adquiriendo una notable diferenciación a partir de la Revolución Industrial. Por mencionar sólo un ejemplo –el del mundo occidental de la Edad Moderna– puede observarse que la hegemonía española de los siglos XVI a XVII, seguida por la francesa, hasta mediados del XVIII, se fundaban, económicamente, en un mercantilismo con base agrícola y, militarmente, en la capacidad de sostener importantes fuerzas permanentes.

A partir de la Revolución Industrial se produce un profundo cambio en los factores de poder y, Gran Bretaña, como única nación industrial durante un largo período, pasó a detentar una incontrastable hegemonía. Algo similar sucederá, ya en el siglo XX, con Estados Unidos.

En ese marco histórico, el estudio de Gullo muestra cómo, para comprender los procesos en curso, es necesario emplear un apropiado sistema de categorías. Entre esas categorías sobresalen las de “umbral de poder”, que determina el nivel mínimo de poder necesario para participar del centro; la de “estructura hegemónica”, la de “subordinación ideológica” y la de “insubordinación fundante”.

Una de las más significativas observaciones de este libro se refiere al hecho de que, a partir de su industrialización, Gran Bretaña pasó a actuar con deliberada duplicidad. Una cosa era lo que efectivamente hacía para industrializarse y progresar industrialmente y otra lo que ideológicamente propagaba, con Adam Smith y otros voceros. Algo similar a aquello que, actualmente, hace Estados Unidos.

Insubordinacion-y-desarrollo-de-Marcelo-Gullo.jpgLa industrialización británica, incipiente desde el renacimiento isabelino y fuertemente desarrollada desde fines del siglo XVIII con la Revolución Industrial, tuvo, como condición fundamental, el estricto proteccionismo del mercado doméstico y el conveniente auxilio del Estado al proceso de industrialización. Obteniendo para sí buenos resultados de esa política, Gran Bretaña se esmerará en sostener, para los otros, los principios del libre cambio y de la libre actuación del mercado y condenará, como contraproducente, cualquier intervención del Estado. Imprimiendo a esa ideología de preservación de su hegemonía las apariencias de un principio científico universal de economía, logró con éxito persuadir de su procedencia, por un largo tiempo (de hecho, pero teniendo como centro Estados Unidos, hasta nuestros días), a los demás pueblos que, así, se constituyeron, pasivamente, en mercado para los productos industriales británicos y después para los norteamericanos, y permanecieron como simples productores de materias primas.

En ese contexto, Gullo presenta otra de sus más relevantes contribuciones: sus teorías de la “insubordinación fundante” y del “impulso estatal”. A tal efecto analiza los exitosos procesos de industrialización logrados en el curso de la historia por países como Estados Unidos, Alemania, Japón y China. Muestra que la superación de la condición periférica dependió, en todos los casos, de una vigorosa contestación al dominante pensamiento librecambista, identificándolo como ideología de dominación y, mediante una “insubordinación ideológica”, logró promover, con impulso del Estado y con la adopción de un satisfactorio proteccionismo del mercado doméstico una deliberada política de industrialización.

Así lo hizo Estados Unidos con la tarifa Hamilton de 1789, a la que seguirán nuevas y más fuertes restricciones tarifarias, como, por mencionar alguna de la más notorias, la tarifa Mackinley de 1890. Así también se condujo la Alemania de Freidrich List, empezando con el Zollverein de 1844. Japón, más tardíamente, seguirá el mismo ejemplo, con la Revolución Meiji de 1868. China, finalmente, empezará a hacerlo con Mao Zedong, aunque su política sufra negativas perturbaciones ideológicas con el “Gran Salto Adelante” (1958-1960) y después con la “Revolución Cultural” de 1966 hasta, prácticamente, la muerte de Mao en 1976. Le tocó, así, a ese extraordinario estadista, Deng Xiaoping, adoptar racionalmente en su período de gobierno (1978-1988) el principio del impulso estatal, combinándolo con una política de libertad de mercado “selectiva” bajo la orientación del Estado. Gracias a ello China mantiene, desde entonces e interrumpidamente, tasas anuales de crecimiento económico del orden de 10 por ciento, y alcanza ya a convertirse en la tercera economía del mundo.

Este espléndido estudio de Gullo culmina con reflexiones extremamente pertinentes acerca de las posibilidades que tiene América del Sur de realizar esa “insubordinación fundante” y, con el apoyo del Estado, salir de su condición periférica para convertirse de ese modo en un importante interlocutor internacional independiente.

Considero este libro de Marcelo Gullo, de lectura indispensable para todos los sudamericanos, comenzando por sus líderes políticos.

 *Marcelo Gullo ( marcelogullo2003@yahoo.com.ar), nació en la ciudad de Rosario, Argentina, en 1963. Es Doctor en Ciencia Política por la Universidad del Salvador. Licenciado en Ciencia Política por la Universidad Nacional de Rosario, Graduado en Estudios Internacionales por la Escuela Diplomática de Madrid y obtuvo el Diploma de Estudios Superiores (Maestría) en Relaciones Internacionales, especialización en Historia y Política Internacional, por el Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales, de Ginebra. Ha publicado numerosos artículos y libros entre ellos “Argentina Brasil: La gran oportunidad” (Buenos Aires, Ed. Biblos, 2005). Analista Principal de Política Internacional en Radio del Plata FM Rosario. Actualmente es profesor de la Universidad de Lanús, Buenos Aires, Argentina.

Ver también: Venezuela pone en marcha la teoría de la insubordinación fundante. Entrevista con su autor, el profesor argentino Marcelo Gullo.

mercredi, 12 mars 2014

Wenn nur noch die Gesinnung zählt

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Wenn nur noch die Gesinnung zählt

Sarrazin veröffentlichte dieser Tage sein neues Buch über »Tugendterror«, dem er gleich zum Opfer fiel

Ex: http://www.preussische-allgemeine.de

Mit „Deutschland schafft sich ab“ und „Europa braucht den Euro nicht“ lieferte der ehemalige Berliner Finanzsenator und Ex-Bundesbanker zwar zwei Bestseller, wurde aber auch zur Hassfigur der Mächtigen. In der PAZ steht er Rede und Antwort, wie er die Debatten um seine Bücher bewertet und was ihn nachdenklich stimmt. Die Fragen stellte Rebecca Bellano.

PAZ: Noch bevor Ihr neues Buch „Der neue Tugendterror. Über die Grenzen der Meinungsfreiheit in Deutschland“ (siehe Seite 22) herausgekommen ist, maßen sich Journalisten an, es zu verreißen. „Die Schublade des gefährlichen Schwachsinns“ titelte beispielsweise der „Tagesspiegel“ auf seiner Internetseite, wo der Autor am Ende betont, er wolle ihr Buch gar nicht lesen. Wie gehen Sie als Autor mit dieser Haltung und den massiven Anfeindungen um?

Thilo Sarrazin: Kritische Vorab-Rezensionen von Autoren, die sich dazu bekennen, das Buch gar nicht gelesen zu haben, sind erheiternd und bezeichnend zugleich: Erheiternd, weil der Rezensent sich damit lächerlich macht. Bezeichnend, weil er damit die Medienkritik bestätigt, die ich in meinem Buch übe. Ein prinzipienstarker Gesinnungsjournalismus scheut offenbar kein Mittel, um Fragestellungen und Perspektiven, die er bekämpft, zu diskreditieren und lächerlich zu machen.

PAZ: Im Grunde greifen Sie in Ihrer neuesten Veröffentlichung alle Aussagen, für die Sie kritisiert wurden, erneut auf und konfrontieren Ihre Gegner mit Zahlen und Studien. Welches Thema ist Ihnen hiervon besonders wichtig, sprich bei welchem wollen Sie am meisten die Masse überzeugen?

Sarrazin: In meinem neuen Buch drehe ich den Spieß um und stelle mich in die Schuhe meiner Gegner: Ich formuliere 14 Axiome des in den Medien grassierenden Tugendwahns, die sich allesamt um die Ideologie der Gleichheit drehen. Jedes dieser Axiome formuliere ich zunächst aus einer Pro-Position in aller Konsequenz. Diese Konsequenz entlarvt ihre Hohlheit in schlagender Weise.  Dem stelle ich dann die differenzierte Wirklichkeit gegenüber, und so tauchen ganz zwanglos  auch Thesen und Analysen aus den beiden vorangegangen Büchern wieder auf, aber es geht darüber hinaus. In der ideologischen Weltsicht, die ich kritisiere, hängt alles mit allem zusammen. Das war für mich besonders erhellend.

PAZ: Sie schreiben, dass das Scheitern von Gesellschaften aufgrund ihrer inneren Beschränktheit historisch gesehen eher die Regel als die Ausnahme sei. Wo­ran sehen Sie Deutschland schwerpunktmäßig scheitern?

Sarrazin: Wir wissen ja alle, dass wir sterben werden, aber nicht wann, wie und weshalb. Dieses Unwissen ist auch eine Gnade. Das gleiche gilt für Staaten, Nationen und Gesellschaften. Sie sind immer endlich und werden irgendwann untergehen. Dann wird Neues kommen, das Ende der Menschheit ist noch fern. Analysiert man solche Untergänge, so sind es selten allein militärische Gründe, sondern eben jene inneren Beschränktheiten, die eine angemessene Reaktion auf die Herausforderungen von Gegenwart und Zukunft verhindern. In „Deutschland schafft sich ab“ zeige ich für unser Land, wie es enden könnte. Ich vermeide aber sorgfältig jede Prognose. Das ist ein bisschen wie in der Medizin: Starke Raucher gefährden ihre Gesundheit extrem. Trotzdem sollte man mit der Prognose von Lungenkrebs vorsichtig sein. Helmut Schmidt zum Beispiel, dem ich noch ein langes Leben wünsche, wird voraussichtlich nicht an den Folgen seines Zigarettenkonsums sterben.

PAZ: Sie bezeichnen die Medien als Verwalter einer Pseudorealität. Wie genau ist das zu verstehen?

Sarrazin: Ich kritisiere einen vorherrschenden Trend, nicht „die“ Medien generell. Wo Ideologie und Wunschdenken herrschen, verkleben offenbar die Hirnwindungen des gesunden Menschenverstandes, und heraus kommt ein Zerrbild der Wirklichkeit. Wussten Sie, dass nach der Armutsdefinition der OECD der Anteil der Armen in Italien höher ist als in Rumänien und in Deutschland höher als in Tschechien? Das ergibt sich aus dem Konzept der relativen Armut, einem Kind der Gleichheitsideologie, und sämtliche Armutsberichte in den deutschen Medien bauen auf dieses Konzept auf. Dabei geht unter, dass ein deutscher „Armer“ im weltweiten Maßstab tatsächlich ein Reicher ist.

PAZ: Wie erklären Sie sich den Umstand, dass Sie einen Bestseller nach dem anderen schreiben, gleichzeitig aber keine Veränderung in der öffentlichen Meinung, aber auch im Wahlverhalten der Bürger (siehe letzte Bundestagswahl) bewirken?

Sarrazin: Ob mein neues Buch ein Bestseller wird, weiß ich noch nicht. Aber die Hoffnung wäre anmaßend, und sie würde mich auch krank machen, dass man mit einem Buch quasi in das Rad der Weltgeschichte greifen könne. „Das Kapital“ von Karl Marx mag die Welt verändert haben, aber sicherlich nicht zum Guten. Der Einfluss eines Buches auf die öffentliche Meinung ist quasi wie ein Stein, den man ins Wasser eines Sees wirft. Viel ist erreicht, wenn man für einige Sekunden sehen kann, wie sich die dadurch gezogenen Kreise weiter ziehen und schließlich mit den übrigen Wellen vermischen. Über Kausalitäten in der Wirklichkeit kann man endlos spekulieren. Manchmal kann ja ein Buch auch wie ein Flügelschlag eines Kolibris im Amazonasbecken sein, der am Ende viele Tausend Kilometer weiter einen Orkan auslöst.

PAZ: Wie bewerten Sie die öffentlichen Reaktionen auf die Volksabstimmung zur Zuwanderung in der Schweiz?

Sarrazin: Deutsche Medien behämen und beleidigen die Mehrheit des Schweizer Volkes, weil es sich den höheren Einsichten der fremden Kommentarschreiber verschloss und deutlich machte, dass es selbst darüber entscheiden will, wer auf Schweizer Boden leben darf. Jetzt wissen alle genau, dass man die Mitwirkung der Völker unbedingt vermeiden muss, wenn man die europäische Integration weiter vorantreiben will. Bertolt Brecht sagte nach dem Volksaufstand am 17. Juni 1953: „Das Volk hat das Vertrauen der Regierung verscherzt. Wäre es da nicht einfacher, die Regierung löste das Volk auf und wählte ein anderes?“ Es ist doch schön, wie ein großer Dichter die Dinge auf den Punkt bringen kann.

mardi, 11 mars 2014

Le festin des loups

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Le festin des loups

 

par Marc Laudelout

Les forces de l’Axe ont perdu la bataille mais les personnalités qui l’illustrèrent la gagnent en librairie. Les biographies de Goering, Himmler et Goebbels « cartonnent » et les ouvrages sur la Collaboration s’arrachent. Dans son dernier livre, David Alliot esquisse le portrait de quelques-unes de ces figures. Hormis quelques détails, ceux qui connaissent cette période n’y apprendront strictement rien, mais il est vrai qu’il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation. « Collabos, profiteurs et opportunistes sous l’Occupation », tel est le sous-titre du livre. On imagine ce qu’en aurait pensé un Lucien Combelle ou un Henri Poulain, amis de Céline que j’ai un peu connus. Si la Collaboration compta dans ses rangs des êtres sans scrupules et sans idéal, il y eut aussi des écrivains, des journalistes et des militants qui crurent de bonne foi à la justesse de leur combat. Après avoir lu cet ouvrage, la jeune génération risque de mettre tout ce monde dans un même sac guère ragoûtant. Sur cette période, on peut préférer relire Henri Amouroux qui, sans être historien de formation, nous a laissé un travail d’une rare équité.

 

On ne s’étonnera pas que, sous la plume de David Alliot, Céline constitue le fil rouge du livre. Il est naturellement présent dans les chapitres sur Olier Mordrel, Hermann Bickler et George Montandon qu’il fréquenta. Lui-même occupe un chapitre intitulé « D’un château l’hôte » (!). Alliot y retrace son parcours du 17 juin 1944, date de sa fuite, à sa mort, avec quelques retours en arrière pour expliquer les raisons de son antisémitisme. Occasion de citer, avec l’autorisation de l’ayant droit, quelques extraits de Bagatelles. Dont cette cruelle et drolatique métaphore sur la noblesse française qui  « a sucé plus de  foutre juif  qu’il n’en faut  pour noyer la plaine d’Azincourt ».  Découvreur de pépites, David a même déniché le témoignage inédit d’un haut fonctionnaire de Vichy qui côtoya Céline à Sigmaringen.

Naïade au maillot et déhanchement provocants, Maud Sacquard (alors future baronne de Belleroche) est, comme on sait, passée à la postérité littéraire grâce à un passage fameux de Nord. L’auteur a recueilli les propos de l’intéressée : « Céline m’aimait beaucoup, mais là, il exagère un peu. C’était l’été, il faisait beau. Je prenais soin de mon corps, et comme j’ai toujours aimé nager… Mais de là à exciter les hommes... ». À propos du couple Sartre-Beauvoir, l’auteur synthétise ce que Gilbert Joseph nous a révélé de leur attitude sous l’Occupation, et rappelle opportunément un incident qui eut lieu en février 2011 lors du colloque sur Céline organisé à Beaubourg (j’y étais) : « Une petite universitaire de province provoqua l’hilarité du public en affirmant avec un aplomb stupéfiant que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avaient résisté pendant la Seconde Guerre mondiale. La sérénité ne revient dans la salle qu’après un péremptoire « Taisez-vous ! » lancé par l’intéressée. » Dans sa conclusion, David Alliot pose curieusement la question : « Fallait-il fusiller Robert Brasillach? ».

 

L’ancien avocat général Philippe Bilger a donné la réponse : « On peut tourner le problème dans tous les sens, accabler Brasillach autant qu’on le veut, avoir la nausée à la lecture de ses articles, le prendre pour un écrivain surestimé et un journaliste haineux, rien, jamais, ne parviendra à justifier cette froide résolution mise en œuvre par une cour d’exception et validée par un général de faire disparaître un esprit, une âme, une vie de la surface de la France ¹. »

 

Marc LAUDELOUT

  

David ALLIOT, Le Festin des loups, Librairie Vuibert, 2014, 280 p. (19,90 €).

 

Note:

 

1. Philippe Bilger, 20 minutes pour la mort. Robert Brasillach : le procès expédié, Éd. du Rocher, 2011.

lundi, 10 mars 2014

Eric Dardel et L’homme et la terre, 1952

Eric Dardel et L’homme et la terre, 1952

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

 

lhommeetlaterre.jpgAttention, géographe non conforme.

 

Eric Dardel peut être présenté comme un mal aimé pour son temps, ou devrions-nous plutôt dire "un ignoré". Né en 1899, mort en 1967, Eric Dardel fut un professeur d'histoire géographie qui appréciait la philosophie, mais fut également un homme de foi, vivant "authentiquement" son protestantisme. C'est donc tout naturellement qu'il édifia un ouvrage géographique imprégné de philosophie et d'humanité.

 

Paru et aussitôt oublié en 1952, L'homme et la terre présente « des courants de pensée novateurs de la géographie contemporaine, celui de la phénoménologie, des perceptions et des représentations par les hommes de leur environnement terrestre » (7ème de couverture).4

 

Pourquoi cet auteur fut-il oublié et en quoi est-il au final une des clefs de voute de la pensée géographique actuelle ?


La question peut se poser, compte tenu du fond et de la forme de ce livre.

 

I-      Un ouvrage de géographie ou de philosophie ?

 

A vrai dire, pour y répondre, il faut admettre le fait qu'Eric Dardel se place, dans ce livre, autant en géographe qu'en philosophe et en expérimentateur d'existence.

 

A ce sujet, on pourra noter que la géographie n'est absolument pas incompatible avec la philosophie.

 

Kant en fut la preuve vivante puisqu’avant d’être le philosophe réputé que l’on connaît et que l’on étudie encore beaucoup aujourd’hui, il fut professeur de géographie physique (Physische Geographie, 1802, – condensé des 49 cycles de cours à la géographie physique qu’il a a donné entre 1756 et 1796).

 

Par ailleurs, faut-il rappeler toutes les réflexions philosophiques qu’entoure la question de l’espace, notamment à travers les travaux de Leibniz pour qui « l’espace est quelque chose d’uniforme absolument ; et sans les choses y placées, un point de l’espace ne diffère absolument en rien d’un autre point de l’espace »[1] (pour résumer : l’espace est un tout immuable qui existe indépendamment des choses et des hommes (et de leur point de vue)) et de Kant pour qui « l’espace n’est rien autre chose que la forme de tous les phénomènes des sens extérieurs, c’est-à-dire la condition subjective de la sensibilité sous laquelle seule nous est possible une intuition extérieure […] Nous ne pouvons donc parler de l’espace, de l’être étendu, etc., qu’au point de vue de l’homme »[2] (pour résumer : l’espace est construit subjectivement par l’homme, il est à travers le point de vue de l’homme).


Dardel a un parcours philosophique fidèle aux grandes évolutions philosophiques de son temps. Il est à ce point héritier de Kant, et très proche de la pensée existentialiste et phénoménologique d’Heidegger surtout et de Merleau-Ponty.

 

Les questions entre autre posées par ces philosophes sont les suivantes : comment se place l'homme dans l'inventaire fait de toutes les choses du monde ? Comment est-on soi-même ?


En phénoménologie, l'homme n'est pas un spectateur extérieur du monde. L'homme est dedans, et ce dès qu'il le perçoit – la perception entrainant alors tout le registre de la sensibilité (que l'on retrouve beaucoup dans le style employé par Dardel dans son ouvrage).

 

Eric Dardel, suivant ces préceptes, semble l’un des premiers à voir ce que la géographie peut tirer de la phénoménologie et de l’existentialisme, à entrevoir le lien qui noue toute personne avec son environnement, sur les relations existentielles que nouent l'homme et la terre.


Cette approche permet à Dardel d’apporter une vision totalement novatrice, mais ignorée à l’époque, sur la géographie.

 

La structure même de son livre permet d’entrevoir les grandes lignes de son approche, à savoir d'abord les différents types d'espace, puis le fait que la géographie n'est pas la nature, mais la relation entre l'homme et la nature, ce qui entraine une relation à la fois théorique, pratique et affective (du terrestre dans l'humain, et non de l'humain au terrestre). C’est cette seconde partie qui est réellement le cœur de cette nouvelle approche géographique.

 

Avec ce livre, Eric Dardel a posé les bases de la géographie des perceptions. Il se place comme le porte flambeau de la "géographie de plein vent", expression inventée par Lucien Febvre et qui s'oppose à la "géographie de cabinet", celle qui se fait dans les bureaux grâce à des statistiques, des comptes rendus de voyage, des cartes, etc.

 

Cette géographie peut être aussi assimilée aux cours en plein air, la "géographie de terrain", du spécialiste de la géographie régionale André Cholley (1886-1968).

 

 En outre, pour reprendre un passage très percutant du géographe Claude Raffestin – auteur d’une étude toute en finesse de Dardel, de son œuvre et aussi et surtout du Pourquoi n’avons-nous pas lu Eric Dardel ?[3], – on peut dire que Dardel fut un véritable avant-gardiste victime de sa clairvoyance :

 « Le drame de Dardel est d'avoir été en avance d'un paradigme sur ses contemporains. Formé au paradigme du «voir», il a écrit au moment où triomphait celui de l'« organiser» alors qu'il postulait celui de l'« exister ». Dardel n'assure aucune transition, il n'est pas à une charnière, il anticipe... et il est seul ou presque. Il est même d'autant plus seul que ses références géographiques le desservent en partie auprès des jeunes géographes et que paradoxalement celles de nature historique, philosophique et littéraire appartiennent dans les années cinquante à un courant qui s'estompe... mais qui réapparaîtra un quart de siècle plus tard, juste hier et aujourd'hui. »[4]

 II-   Quelle géographie ressort de l’œuvre de Dardel ?

 Et bien ce n’est pas à proprement parlé une géographie, mais des géographies.

Ce qui importe le plus à Dardel, c’est « de suivre l’éveil d’une conscience géographique, à travers les différents éclairages sous lesquels est apparue à l’homme le visage de la Terre. Il s’agit donc moins de périodes chronologiques que d’attitudes durables de l’esprit humain vis-à-vis de la réalité environnante et quotidienne, en corrélation avec les formes dominantes de la sensibilité, de la pensée et de la croyance d’une époque ou d’une civilisation. Ces « géographies » se rattachent chaque fois à une certaine conception  globale du monde, à une inquiétude centrale, à une lutte effective avec le « fond obscur » de la nature environnante. »[5]

 Au fond donc, ce qui anime le projet de Dardel, c’est de montrer les relations multiples et complexes, mais hautement colorées, qui existent entre des peuples, des hommes, ou une personne, avec son environnement. Et cette relation est de l’ordre de l’affectif.

Ainsi, lorsqu’il parle de « géographie mythique », il évoque une « relation existentielle [qui] commande quantité de rites et d’attitudes mentales. »[6]

dardel1.jpgPour cette géographie mythique, il emprunte beaucoup à Mircéa Eliade et notamment son ouvrage Traité d’histoire des religions. Concrètement, donc, la terre, la mer, l’air, le feu, pour reprendre des thèmes chers à Gaston Bachelard, sont au cœur du processus d’échange et de coexistence entre la terre en sens large et les hommes. D’ailleurs notons que les « hommes » pris en exemple sont souvent des peuplades aux rapports très privilégiés avec leur environnement, qui est souvent peu maniable (nordicité, aridité, forêt sempervirente).

 « Puisque la Terre est la mère de tout ce qui vit, de de tout ce qui est, un lien de parenté unit l’homme à tout ce qui l’entoure, aux arbres, aux animaux, aux pierres même. La montagne, la vallée, la forêt, ne sont pas simplement un cadre, un « extérieur », même familier. Elles sont l’homme lui-même. C’est là qu’il se réalise et qu’il se connaît.[7] »

 Le mythe joue un rôle primordial dans l’élaboration d’un dialogue entre cette nature, cet environnement, et les hommes. Ces mythes permettent d’ailleurs de faire le lien entre une Terre « berceau » ou « origine », et une Terre qui est présence actuelle.

« La Terre se manifeste comme actualisation sans cesse renouvelée en vertu de la fonction éternisante du mythe.[8] »

Il n’y a donc pas de rupture, pas de discontinuité entre le mythe et le discours, entre le religieux et la logique (Raffestin, page 476), mais bien une « totalité ». Dardel parle du mythe comme d’un absolu, absout du temps comme date et moment[9].

 III-             Quel usage faire de ces propos avec la géographie ? Que peut en retenir la géographie ?

 L’aspect novateur des idées développées par Dardel est de mettre en avant la tension qui existe entre le vécu et le connu. Il amène dans la géographie l’importance, non pas du décryptage de la Terre, mais du décryptage des relations mutuelles entre la Terre et les hommes.

Dardel oscille donc « entre géographie de plein vent et géographie scientifique ». Ici, la géographie de plein vent serait cette perception de la Terre et ses relations avec et en l’homme. La géographie scientifique serait surtout fondée sur une méthodologie et une problématique.

On le sait bien aujourd’hui que la géographie est le fruit des évolutions épistémologiques de ce dernier gros siècle et demi (depuis le milieu du XIXe siècle).

Dardel, qui fut redécouvert dans les années 70-80 par les géographes sensibilisés par les nouvelles thèses philosophiques, sociologiques et anthropologiques (pensons à Levi-Strauss et le structuralisme, Morin et l’approche systémique, Foucault et Derrida et le déconstructionnisme), a apporté le subjectivisme dans l’approche géographique. Cette dernière n’en était pas totalement à son premier coup d’essai puisque le géographe Armand Frémont avait déjà initié la géographie à l’« espace vécu » (La région, espace vécu, 1976). Mais, Dardel reste clairement en avance de 25 ans, soit une génération.

Cette subjectivité permet à la géographie d’aborder aujourd’hui les questions de l’exister dans un espace donné, d’habiter un territoire, et de saisir les liens et les relations multiples qui existent entre les acteurs ou actants, et ces espaces donnés (et cela à toutes les échelles d’analyse).

 Enfin, il faut reconnaître à Dardel une plume qui se fait rare dans le monde de la géographie, et même de façon générale dans le monde scientifique. A croire que la rigueur scientifique ne peut s’exprimer que par une austérité du style.

 En somme donc, le plaisir de lire Dardel va de pair avec la richesse conceptuelle qu’il ressort de son livre.

A lire.

Aristide pour le Cercle Non Conforme

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

Notes et ouvrages:

[1] G. W. LEIBNIZ, Troisième écrit, ou Réponse ou seconde réplique de M. Clarke, in Œuvres, Paris, Ed. Aubier-Montaigne, 1972, p. 416.

[2] E. KANT, Critique de la raison pure, Paris, Ed. PUF, 1944, pp. 58-59.

[3] RAFFESTIN Claude, « Pourquoi n’avons-nous pas lu Eric Dardel ? », Cahiers de géographie du Québec, 1987, vol. 31, n° 84, pp. 471-481. Disponible sur http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4356 .

[4] Ibid, page 473.

[5] L’homme et la terre, page 63.

[6] Ibid, page 65.

[7] Ibid, page 66.

[8] Ibid, page 69.

[9] Ibid, page 69.

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mardi, 04 mars 2014

Rolinat: "la faillite de Mandela" à Lille

Samedi 15 mars,

Jean-Claude Rolinat

présentera son livre

"La faillite de Mandela"

à Lille:

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mercredi, 26 février 2014

Frank Böckelmann: Jargon der Weltoffenheit

Frank Böckelmann: Jargon der Weltoffenheit

Was sind unsere Werte noch wert?

Ellen Kositza

Ex: http://www.sezession.de

bockphoto.jpg [1]Rezension aus Sezession 58 / Februar 2014

Selbst jemand, der die in Spanien erschienene Festschrift zu des Großdenkers und Carl-Schmitt-Exegeten Günter Maschke 65. Geburtstag gründlich las, könnte einen der Aufsätze aus deutscher Feder darin übersehen haben. Ein Glücksfall, daß der Essay des einst »revolutionären Linken« Frank Böckelmann fünf Jahre später, versehen mit zwei aktuellen Kapiteln, nun eine eigene Auflage erfahren hat.

Falls es etwas zu bemängeln gäbe an Böckelmanns luzider Analyse, dann wäre es der Untertitel. »Was sind unsere Werte noch wert?« Das suggeriert nämlich einen gestrigen, rechte-Flanke-der-CDU-affinen Klageton, der nicht im mindesten passen mag auf dieses illusionslos ernüchternde, weltkluge Büchlein, das man nachgerade zur Pflichtlektüre erklären möchte.

Wenn man nun (durchaus wahrheitsgemäß) schriebe, Böckelmann – der selbst Frontmann der Subversiven Aktion um Dieter Kunzelmann, Bernd Rabehl und Rudi Dutschke war – setze sich damit auseinander, daß die Achtundsechziger (als strikte Individualisten) nie genuin Linke waren; daß der Habitus und Jargon der Studentenrevolte bereits in den frühen Fünfzigern seinen Ursprung gehabt habe und kraft seiner »unwiderstehlichen Ideen« bis heute fortwirke; daß es zudem einige stillschweigende Einverständnisse zwischen Linken und Rechten gebe – nämlich den Glauben an die moralische Entscheidung des Einzelnen und die Kraft politischer Aufklärung: man ginge an der superben Qualität dieser Essays vorbei.

Böckelmann ist ein gedankenstarker, wortgewaltiger Originärdenker, ein Empiriker, der seine Befunde als funkelnde Merksätze zu bündeln versteht. Dieses Bändchen formuliert in nuce Böckelmanns großes Werk Die Welt als Ort (2007). Empfand man jenes Buch bereits als Verdichtung dessen, was ist, so finden sich die skeptischen, auch scharfen, nie aber in einen Polterton fallenden Einlassungen des Autors zur »Entgrenzungsproblematik« hier abermals komprimiert. Man kann dies in Kürze nur in Beispielen verdeutlichen: Böckelmann sieht ein »Emanzipationsprotokoll« walten und gebieten, das »Selbstbestimmung«, »Vielfalt« und »Gleichberechtigung« zu Universalmaximen aufsteigen ließ.

Der ortlose Slogan von der »Weltoffenheit« tut ein Übriges: Die Anderen (etwa im arabischen Frühling, in Indien), »interessieren uns nicht als Andere, sondern als mögliche Ähnliche, die dem Dickicht unverhandelbarer Werte (Ehrwürdigkeit, Respekt gegenüber den Ahnen, Schicklichkeit, Gefolgschaftstreue) entlaufen, um auf den Straßen und auf Facebook unsere Parolen zu rufen«.

Das ursprünglich Linke als Kampfansage werde längst »als gefälliges, humanitäres Gütesiegel« verramscht: »Wer sich als ›links‹ tauft, kündigt an, noch hartnäckiger fordern zu wollen, was alle anderen ebenfalls fordern.« Böckelmann konstatiert eine weltgeschichtlich einzigartige gefühlte Ungezwungenheit, jedoch: »Beim Horchen auf den Ton des Tages geht es zu wie bei Hofe.« Wer wagt es schon, sich außerhalb der Diskursgebote namens »Selbstbestimmtheit«, »Vielfalt«, »Toleranz« und »Emanzipation« zu stellen? Jene Leitideen mit ihrer »entwaffnenden Wucht« hätten zwar eine lange europäische Tradtion, neu sei ihre Potenz, Gehalte zu erübrigen.

Die Richtungsangabe rechts hingegen werde aus diesen Gründen nicht vereinnahmt, sondern denunziert. Deshalb ginge der fehl, der den »kulturellen Vakuumpumpe« mit  mit einem gegenläufigen, also rechten Aktivismus abhelfen wolle. »Ihm wäre zu raten, zunächst den konservativen Grundsatz ›Erkenne die Lage‹« zu beherzigen und sich gegenüber einem Größeren, unserem epochalen Geschick, in Geduld zu üben. Erst eine Erschütterung der Lebensgrundlagen, gefolgt von einem »großen Enthusiasmus« (Carl Schmitt), würde die »Masse der Verstreuten zu ihrem gemeinsamen Ort und in ihre Geschichte zurückrufen«. Außerordentlich auch Böckelmanns Passagen zum Feminismus.

Anhand dieser Ideologie werde der Kompetenzgewinn der Medien deutlich, eigenmächtig per Kontrastierung eines vorgeblichen »Vorher« und eines »Nachher« das »Geschehen mit der Berichterstattung gleichzusetzen. Daß die sexuelle Liberalisierung eine ›wirkliche Revolution‹ war, ist ein Dekret der Medien, dem zu widersprechen Unverständnis auslöst. So ist es gesendet und geschrieben worden, und die Frauen haben ihre Wahrnehmung daran abzugleichen. Vorher war ›verdüstertes Geschlechtsleben‹, nachher war die Freiheit. Basta«. Die neue »starke Frau« ist das Weib mit Marktwert, das sein »Handeln strikt nach den Regeln des Wettbewerbs um Gage und Beachtung« ausrichtet.

Der Stoff für die Einübung des »therapierten Menschenverstandes« ist unermeßlich. Schade nur, daß wirklich originelle Denker wie Böckelmann rar sind.

Frank Böckelmann: Jargon der Weltoffenheit. Was sind unsere Werte noch wert? [2] Waltrop und Leipzig: Manuscriptum (= Edition Sonderwege) 2013. 131 S., 9.80 €

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lundi, 17 février 2014

Entretien avec Jared Diamond : Trois leçons de Papouasie

Entretien avec Jared Diamond: Trois leçons de Papouasie

jared-diamond.jpgJared Diamond, biologiste et géographe à l’université de Californie, c’est d’abord l’auteur de deux gros livres, aussi encensés que critiqués. De l’inégalité parmi les sociétés, traduit en 2000 (Gallimard), prétendait tout simplement expliquer le pourquoi de la success story eurasienne. En d’autres mots, il décrivait comment ce continent européen et asiatique, favorisé par son climat et les nombreuses espèces domesticables qu’il abritait, avait au cours de l’histoire longue pris de l’avance sur les autres, et opéré une sortie considérable hors de son aire natale. Les armes, les métaux, mais par-dessus tout les épidémies, apportées par les Occidentaux, avaient assuré le succès de cette expansion mondiale.

Effondrement, traduit en 2006 (Gallimard), c’était le contraire : on y apprenait comment les Mayas, les habitants de l’île de Pâques, les Indiens pueblos du Nouveau-Mexique, les Vikings du Groenland, avaient méthodiquement scié la branche de leur propre civilisation en faisant de mauvais choix agricoles, alimentaires ou autres. C’était l’histoire d’autant d’échecs, contenant en germe la menace d’une plus grande catastrophe, mondiale et encore à venir, liée à l’indécrottable propension de l’espèce humaine à détruire son environnement.

jared.jpgLe public a largement plébiscité ces deux ouvrages, comme en témoigne le grand nombre de langues dans lesquelles ils ont été rapidement traduits.

Les spécialistes n’ont pas toujours aimé l’assurance avec laquelle J. Diamond développe ses thèses, voire ont trouvé qu’elles étaient porteuses d’un message justifiant la colonisation européenne du monde : aux autres revenait la responsabilité de leurs échecs, à nous, le succès historique et la prise de conscience de la réalité des risques à venir. Effondrement, en particulier, eut à essuyer les critiques acerbes d’historiens et d’archéologues de l’île de Pâques. D’après eux, en reprenant la thèse de la déforestation volontaire de l’île par ses habitants autochtones, J. Diamond ne faisait que répandre une vulgate insultante pour les Pascuans, qui, selon eux, avaient surtout été victimes d’épidémies et d’une déportation massive vers le Pérou dans les années 1860. Depuis, la discussion reste ouverte, chacun des cas invoqués par J. Diamond ayant ses spécialistes attitrés : tel est le risque auquel s’exposent ceux qui aiment jouer dans la cour du voisin, un goût que, de toute évidence, J. Diamond possède au plus haut point.

Revoyons son parcours : docteur en physiologie en 1961, il est professeur de ladite matière dès 1966, mais s’intéresse surtout à l’avifaune de la Nouvelle-Guinée, sur laquelle il publie des articles et un livre. À la fin des années 1980, il s’intéresse à l’évolution humaine dans ses rapports avec l’environnement : ce sera pour lui l’occasion de publier un premier gros livre, Le Troisième Chimpanzé (1992), et de se transformer en professeur de géographie, poste qu’il occupe encore actuellement. Ses principaux ouvrages viendront un peu plus tard, mais dans l’intervalle, il travaille sur un thème qui passionne les évolutionnistes, la sélection sexuelle. Cela donne un autre petit livre (Pourquoi l’amour est un plaisir, 1997).

On le voit, les intérêts de J. Diamond sont multiples et changeants, quoique, en réalité, toujours guidés par la même curiosité pour les causes profondes et invisibles, biologiques et physiques, qui font le succès ou le déclin d’une espèce, d’une société ou d’une civilisation. Rassembler des exemples, les comparer, induire une cause probable : telle est la méthode un peu aventureuse qu’en toutes matières, J. Diamond applique, jusqu’à ce nouvel ouvrage, aussitôt traduit. Son titre énigmatique, Le Monde jusqu’à hier, son sous-titre on ne peut plus clair, « Ce que nous apprennent les sociétés traditionnelles », se complètent et déjà suffisent à faire comprendre que J. Diamond, une fois de plus, enfile un autre costume : peu d’évolution, peu de biologie, mais beaucoup d’observation humaine dans ce livre, où l’auteur, plus voyageur qu’anthropologue, compare les mérites respectifs de deux façons d’habiter le monde : l’une moderne, l’autre traditionnelle.

Le Monde jusqu’à hier commence par un souvenir : le spectacle offert par le hall de l’aéroport de Port Moresby, capitale de la Nouvelle-Guinée, il y a quelques années. Qu’y avait-il de si intéressant dans cette scène ?

L’évidence d’une transformation rapide. C’était en 2006, il y avait des écrans sur tous les bureaux, des hôtesses en uniforme et rien ne distinguait cet aéroport d’un autre dans le monde. Lors de mon premier voyage, en 1964, la Nouvelle-Guinée était encore sous mandat australien, le terminal était un hangar en bois, et à Port Moresby, capitale du pays, il n’y avait qu’un seul feu rouge, à l’intersection des deux rues principales et une inscription en pidgin qui contenait un avertissement. C’est ce contraste qui m’a frappé et dont j’ai voulu rendre compte : tant de changements en si peu de temps, c’est sans doute unique dans l’histoire. Ça a été le déclencheur de ce livre.

Pourquoi êtes-vous allé en Nouvelle-Guinée 
si souvent ?

Au début, par pur goût de l’aventure. J’avais un camarade d’études qui, comme moi, rêvait de connaître les tropiques, et nous étions tous deux amateurs d’oiseaux. Alors, après mon diplôme de physiologie, nous avons arrangé un voyage au Pérou, où nous avons fait de l’alpinisme, puis en Amazonie, et là nous n’avions rien d’autre à faire que de nous promener et d’observer la nature. Nous avons publié deux articles sur les oiseaux, et nous nous sommes demandé quel était l’endroit le plus sauvage du monde : c’était la Nouvelle-Guinée. Nous avons monté une expédition ornithologique, nous y sommes allés, et j’ai adoré ce pays. Depuis, j’y suis retourné chaque fois que possible pour y observer les oiseaux, mais aussi tout le reste, parce que c’est un pays fascinant et qu’une fois que vous y êtes allé, vous trouvez le reste du monde très ennuyeux. Et puis les gens de Nouvelle-Guinée, c’était l’humanité en direct : pas de téléphone, pas de fax. Si vous aviez quelque chose à dire, il fallait le dire en face…

Dans vos précédents livres, il y avait chaque fois une grande question sur les sociétés humaines : pourquoi elles réussissent, pourquoi elles déclinent, de quoi elles dépendent. Ce n’est plus le cas dans celui-ci ?

En fait, j’avais surtout envie de raconter mes voyages, mais mon éditeur m’a mis en garde. Il m’a dit : « Jared, les gens attendent de toi quelque chose de plus ambitieux, de plus universel ». Alors le livre a évolué vers une comparaison des sociétés modernes et des sociétés traditionnelles, avec l’aide d’une quarantaine d’exemples pris dans le monde entier et de références à de grands auteurs de la littérature ethnographique. Les questions de départ sont celles que je me suis posées en Nouvelle-Guinée, mais les réponses sont données de manière plus générale. Cela dit, c’est quand même le plus personnel des récits que j’ai donné de mes expériences, et aussi celui où je me risque le plus à faire des recommandations.

Cette réflexion vous mène à opposer certains traits fondamentaux des sociétés modernes, développées, industrielles à ceux des sociétés traditionnelles. Mais de quelles sociétés s’agit-il ?

Dans le prologue, j’explique qu’il s’agit de sociétés transitionnelles plutôt que traditionnelles, qui peuvent être subordonnées d’assez loin à un État, mais qui conservent encore beaucoup de pratiques du temps de leur autonomie : la façon d’élever les enfants, de traiter les anciens, d’entrer en relation avec autrui. Donc, les villages de Papouasie ou d’Amazonie ne sont pas des images exactes de ce qui a existé dans le passé, mais elles restent suffisamment différentes du mode de vie moderne pour avoir quelque chose à nous apprendre.

Quelle serait la première leçon ?

Je dirai le rapport aux inconnus, aux étrangers. Dans les sociétés traditionnelles, quelle que soit la perméabilité des groupes, vous devez toujours obtenir la permission des gens pour traverser leur territoire. Les gens ne voyagent pas très loin et non sans raison. Même s’ils se marient en dehors de leur village, ils ne passent pas certaines limites dans lesquelles tout le monde sait qui est qui. Ils ne fréquentent pratiquement pas d’inconnus, ou bien, si cela arrive, c’est toujours risqué. Si des étrangers arrivent chez vous, c’est rarement avec de bonnes intentions, et on s’en méfie beaucoup.

Dans le mode de vie moderne, dans les villes, nous croisons des tas d’inconnus chaque jour et parlons à des gens que nous ne connaissions pas cinq minutes avant. C’est tout à fait courant, et normalement sans danger particulier. Les inconnus ne sont pas considérés a priori comme menaçants, mais éventuellement comme des occasions de faire connaissance. Ça fait une certaine différence.

L’homme moderne voyage par goût et trouve normal de se retrouver à des milliers de kilomètres de chez lui. À 12 ans, j’avais déjà été dans différentes régions de États-Unis et du Canada, en France, dans les îles britanniques, en Suède et en Suisse. Mes propres enfants, au même âge, avaient voyagé en Afrique, en Australie et en Europe… Dans les sociétés traditionnelles, il était rare que les gens sortent d’un périmètre très restreint.

Quelle autre différence avez-vous remarquée 
et soulignée ?

Il y en a une grande dans tout ce qui touche au traitement des conflits et l’administration de la justice. Dans les sociétés étatiques, il y a un monopole de la force. Si vous provoquez un accident par imprudence, l’État vous poursuivra pour avoir enfreint la loi. Son but est de punir pour dissuader. Par ailleurs, il ne s’occupe pas forcément de réparer les torts qui ont pu être commis contre des victimes et leurs proches.

Dans les sociétés sans pouvoir central, cela se passe d’une autre manière. Les différents et les agressions interviennent entre gens qui se connaissent. L’important n’est donc pas tant de faire respecter des lois que de s’assurer que les gens pourront continuer de cohabiter. On se soucie donc de réconciliation, d’apaisement, et pas particulièrement d’être juste. Ou bien, c’est la vengeance qui l’emporte, et dans ce cas rien n’est résolu.

Aux États-Unis ou en France, en cas de divorce ou de dispute familiale autour d’un héritage, la justice intervient pour dire ce qui est légal de faire : elle ne s’occupe pas de savoir si sa décision permettra aux gens de se réconcilier un jour. Ce n’est pas son problème. De manière courante, le système judiciaire moderne contribue à entretenir l’hostilité des gens qui s’adresse à lui. Le mouvement en faveur d’une justice restaurative, très actif au Canada, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, illustre un aspect de ce que nous pourrions apprendre des sociétés traditionnelles. Ce sont des choses que nous pouvons réaliser individuellement, mais qui mériteraient aussi que l’État s’y intéresse. Ça ne remplace pas la justice pénale, mais ça peut intervenir après, comme une aide à la réconciliation et à la réinsertion des gens.

Ces sociétés ne pratiquaient-elles pas, à l’adolescence, des rites d’initiation très humiliants, parfois même très cruels ?

Cela montre seulement que nous n’avons pas à imiter ni admirer tout ce qu’ils font. Certaines choses sont incompatibles avec notre conception du bien et du mal. D’autres choses sont très bonnes, comme le fait d’allaiter les bébés au sein, ou de les porter avec soi, contre son corps. Ce n’est pas toujours très compatible avec les activités professionnelles modernes, mais c’est bon pour les enfants. D’ailleurs, je ne suis pas un utopiste qui dirait que tout ce que l’on observe dans les sociétés traditionnelles est meilleur que ce que nous faisons. Loin de là : il y a des aspects insupportables, dans les mœurs des Papous, comme de liquider les enfants malingres à la naissance, les vieillards impotents, ou encore pour les femmes, de suivre leur mari dans la mort.

Il y a un aspect de la prudence des Papous qui vous a beaucoup plu. Pouvez-vous nous donner une petite leçon de « paranoïa constructive » ?

Ma femme est psychologue clinicienne, et je sais que ce qu’elle appelle « paranoïa » est une véritable maladie mentale. Le terme est assez péjoratif, mais moi je l’emploie dans un autre sens. Un jour que j’installais un campement en Nouvelle-Guinée, je montai la tente sous un arbre qui avait l’air d’être mort. Les Papous qui m’accompagnaient ont refusé tout net de dormir là : ils ont dit que l’arbre pouvait tomber dans la nuit et les écraser. J’avais beau leur expliquer que cet arbre en avait pour des années avant de tomber, ils ont tenu bon. Alors j’ai commencé à réfléchir que, chaque nuit, on entendait des arbres tomber dans la jungle. Même s’il n’y avait probablement pas plus d’une chance sur mille de se trouver en dessous, si je dormais dehors pendant trois ans, le risque était réel.

J’ai été influencé par ce point de vue et l’ai nommé « paranoïa constructive ». Cela correspond à une différence culturelle, liée au mode de vie beaucoup plus incertain de ces gens : pour eux, une chute, une fracture, une blessure peuvent être fatales, car ils n’ont ni médecins ni hôpitaux à portée de main. Ils sont donc beaucoup plus réfléchis que nous le sommes avant d’agir, car ils subissent les conséquences de leurs imprudences. Nous, modernes, n’évaluons pas correctement les risques que nous prenons. Si l’on demande à un Nord-Américain de définir les dangers qu’il pense les plus graves, il parlera de terrorisme, d’accident d’avion, de typhon, de tremblement de terre… Mais l’un des accidents les plus fréquents, c’est de glisser dans sa salle de bain et de se briser un membre, voire le crâne. Les Papous m’ont appris à voir cela. Ils prennent des risques calculés, et seulement lorsque c’est indispensable. Ils font des choses très dangereuses, telles que chasser la nuit ou pêcher dans des rivières infestées de crocodiles, mais ça leur est indispensable et ils font tout pour minimiser les risques.

Êtes-vous inquiet de la manière dont ces sociétés autochtones se transforment sous l’effet de la modernité ?

À certains égards, oui. Dans les conditions d’autrefois, les gens mouraient majoritairement de maladies infectieuses et contagieuses, d’accidents ou de mort violente. Ce n’est plus le cas des habitants des pays développés qui sont protégés par la médecine et meurent de maladies métaboliques et dégénératives : cancers, affections cardiovasculaires, diabètes, etc. Lorsque des populations autrefois isolées ont accès aux soins et changent de mode de vie et d’alimentation, ils sont souvent touchés de plein fouet par ces affections auxquelles ils n’étaient pas exposés avant : en Polynésie et chez les Inuits, l’obésité fait des ravages, à cause du sel, du sucre et des matières grasses, auxquels ces gens n’étaient pas habitués. Un tiers des Papous qui vivent autour de Port Moresby sont diabétiques, et, à une autre échelle, Chinois et Indiens sont aussi en train de devenir diabétiques. En Europe, aux États-Unis, ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus de ces maladies métaboliques. Mais dans les pays émergents, ce sont les classes riches qui connaissent l’obésité et le diabète. C’est vraiment déplorable.

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Notes :

Jared Diamond, biologiste et géographe, est l’auteur de deux best-sellers au moins, De l’inégalité parmi les sociétés (1998) et Effondrement (2005). Il y examinait par le menu les raisons du succès ou de l’échec des civilisations du passé. Il s’est fait connaître comme lanceur d’alerte environnementale et promoteur d’une démarche expérimentale en histoire. Toutes choses fortement documentées et scientifiquement traitées. Mais c’est aussi un ornithologue voyageur, très amoureux de la Nouvelle-Guinée et de ceux qui l’habitent, encore à l’écart des manières modernes. Son dernier livre tient à la fois du récit, du plaidoyer pour les bons côtés de la vie des peuples autochtones et de la comparaison révélatrice de ce que la modernité a fait aux sociétés humaines.

SCIENCES HUMAINES

Futurismus des Augenblicks

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Futurismus des Augenblicks

von Felix Menzel

 

Es gibt Schriften, bei denen man nach dem Lesen das Gefühl hat: Jetzt ist alles gesagt! Paul Virilios Essaysammlung „Der Futurismus des Augenblicks“ zählt dazu.

Erschienen ist sie 2009 in Paris und 2010 dann auf Deutsch im Passagen Verlag. Sie enthält drei Essays, die inhaltlich nah beieinanderliegen: „Stop-​Eject“, „Die Ultrastadt“ und den titelgebenden Aufsatz „Futurismus des Augenblicks“.

Die Beschleunigung des Alltags endet in einer Katastrophe!

Der Franzose Virilio, Begründer der Dromologie, beschäftigt sich seit Jahrzehnten mit der Frage, welchen Einfluß unser Zeitgefühl und die Geschwindigkeit von Alltag und Ökonomie auf Politik und Kultur haben. In Der Futurismus des Augenblicks geht dies einher mit der Betrachtung der Probleme der totalitären Moderne.

Wer bisher dachte, für eine gute Gegenwartsanalyse reiche es aus, die totalitären Tendenzen der Europäischen Union zu benennen, über Überfremdung und Identitätsverlust zu schimpfen, das Web 2.0 zu erforschen und sich mit Ökologie zu beschäftigen, der wird von Virilio eines Besseren belehrt. Die aktuelle Lage ist viel, viel schlimmer. Virilio zeigt auf, warum und weshalb es nur noch abstruse Auswege aus der Misere gibt.

In „Stop-​Eject“ zeigt der Philosoph, wohin die „Migrationsoffensive des dritten Jahrtausends“ führen wird. Reichlich pessimistisch geht Virilio von einer Milliarde Umweltmigranten im Jahr 2050 aus, die dann infolge von Bauprojekten, der Ausbeutung der Natur, demographischen Veränderungen und des Klimawandels ihre Heimat verloren haben werden.

Ständig auf dem Sprung, nirgendwo zu Hause

Mit ihnen beginne eine „Ära des bewohnbaren Verkehrs“. Flüchtlingslager würden nicht die Elendsviertel von einst ersetzen, sondern direkt die Städte. Das, was Virilio prognostiziert, läßt sich vielleicht wie folgt verbildlichen: Wir alle leben in Zukunft in ständiger globaler Mobilität, können uns aber die derzeitigen Methoden der Fortbewegung (z.B. Auto) nicht mehr leisten, weil sie zu teuer geworden sind. Wir leben also ständig auf einer Art Bahnhof und versuchen uns in die übervollen Züge zu drängen. Diejenigen, die diesen Wettlauf um die Plätze im Zug verlieren, bilden das neue Proletariat. Sie gammeln auf den Bahnhöfen herum, die das Stadtzentrum verdrängt haben. Stets virtuell verbunden ist dieses Proletariat trotzdem mit der ganzen Welt, aber es bleibt doch verloren und ziellos.

Gruselig werde diese Ära des bewohnbaren Verkehrs durch die „Rückverfolgbarkeit jeder spezifischen Person“. In Zukunft seien wir „nicht nur ‚registriert‘, sondern auf Schritt und Tritt verfolgt, was die Kenntnis unseres Wohnortes vollkommen unnötig macht“, so Virilio. Um jedoch zu verhindern, daß dann alle Menschen der ärmsten Länder in die „Festung Europa“ und den (bisher noch) reichen Westen umsiedeln, führe kein Weg an einer abartigen Migrationskontrolle vorbei, wobei die Migrationsströme natürlich trotzdem aus den Fugen geraten. Virilio betont: „Der neuartige ‚Krieg gegen die Bürger‘ gibt sich nicht mehr mit Eisenbahnen und Bahnhöfen zur Selektion zufrieden, sondern fügt dem Ganzen jetzt Charterflüge hinzu, um eine massive Entvölkerung zu verhindern, die durch die sowohl ökonomischen als auch ökologischen Missetaten eines unerträglichen Fortschritts erst entstanden ist.“

Geozid folgt auf Genozid

Virilio entwickelt hier einen erschütternden Grundgedanken zur totalitären Moderne: Der Fortschrittsglaube sei nicht nur mitverantwortlich für die Genozide des 20. Jahrhunderts, sondern begünstige im 21. Jahrhundert einen „Geozid der Ortsdämmerung“, der in letzter Konsequenz nur dazu führen kann, daß bald ein neuer Planet bevölkert und ausgebeutet werden müsse.

Der zweite Essay „Die Ultrastadt“ beweist dann, daß Virilio diesen Gedanken tatsächlich ernst meint. Wenn die Menschheit den Weg des „widernatürlichen Fortschritts“, unendlichen Wachstums und der Entwurzelung in der jetzigen Geschwindigkeit weitergehe, stelle sich schon bald die Frage, wo wir eine „Super-​Erde“ finden, auf der wir dann einen „doppelt oder dreimal so großen ‚ökologischen Fußabdruck‘“ hinterlassen können.

Die Gedankenwelt von Virilio ist deshalb so mitreißend, weil er anhand von Alltagsbeobachtungen und auf den ersten Blick unwichtigen Entwicklungen wahnsinnig viele Aspekte und Themen zu vereinen weiß. Bleiben wir beim Bahnhof: Was bedeutet es eigentlich, wenn heute die Bahnhöfe zu Einkaufszentren mit Internetcafés, Hotels und allerlei Möglichkeiten zur Vergnügung ausgebaut werden? Virilio sagt: Dies ist ein erstes Anzeichen dafür, daß wir unsere Heimat, unseren festen Wohnsitz, unsere Städte, kurz: unsere Seßhaftigkeit, verlieren. Einher damit gehe der Verfall der Kultur, Nationen und des modernen Staatswesens, weil jeder Bürger irgendwo unterwegs (meistens in einem Transitbereich) ist und sein tägliches Handeln nur noch durch eine elektronische, globale Überwachung zu erfassen sei.

Die Emotionsgemeinschaft des „Gefällt mir“

Begrenzt werde diese scheinbar unbegrenzte Mobilität nur durch die Erschöpfung der finanziellen und natürlichen Ressourcen. Das heißt, wir befinden uns immer auf dem Sprung, können aber nicht ständig reisen und begnügen uns deshalb damit, zumindest virtuell bei allen großen Ereignissen des globalen Dorfs fernanwesend zu sein. Es bilde sich dabei eine „Emotionsgemeinschaft der Individuen als Nachfolgerin der Interessengemeinschaft sozialer Klassen“ heraus. Das Erleben weltweiter Ereignisse in Echtzeit und die Synchronisierung der Emotionen betrachtet Virilio jedoch keineswegs als einen Fortschritt. Vielmehr würde ein „Kommunismus der Affekte“ entstehen. Das tägliche Leben der heimatlosen Menschheit sei davon geprägt, daß sie in einer Art Wartesaal das Unerwartete herbeisehne.

In dem abschließenden Essay „Der Futurismus des Augenblicks“ ordnet Virilio schließlich diesen Verlust des Zeit– und Raumgefühls historisch ein. „Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft ziehen sich zum allgegenwärtigen Augenblick zusammen, so wie sich die Ausgedehnheit der Erde im Übermaß an Geschwindigkeit und ständiger Beschleunigung unserer Fortbewegung und Telekommunikation zusammenzieht“, schreibt der Dromologe. Virilio zieht eine Analogie zwischen der Eroberung von Lebensraum, propagiert unter anderem durch das Nazi-​Regime, und der Eroberung des virtuellen Raums als Ersatz für die Wirklichkeit.

Der Globalitarismus macht die Erde zu klein

Der „Globalitarismus“ konditioniere uns dabei auf das Vergessen alles Identitätsstiftenden. Geschichte spielt keine Rolle mehr. Zeitintervalle zur Reflexion bedeuten ökonomischen Verlust. Und Heimat steht der erzwungenen Mobilität entgegen. Mächtige Gegenkräfte zu dieser Entwicklung sieht Virilio nicht, weil sie einen entscheidenden Fehler begehen: „Seit der Planet Erde für den Fortschritt scheinbar zu klein, und offen gesagt auch zu heruntergekommen ist, hat man es überall dermaßen eilig, daß nicht nur keine Zeit mehr bleibt um Angst zu haben, sondern nicht einmal mehr Zukunft bleibt, um Pläne zu realisieren.“

Was also tun? Diese Frage ist größenwahnsinnig!

Paul Virilio: Der Futurismus des Augenblicks. Passagen Verlag 2010. 80 Seiten. 11 Euro.

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dimanche, 16 février 2014

Brussel, een artistiek Stromboli

Brussel, een artistiek Stromboli

Boekbespreking

Brussel staat vandaag centraal in veel politieke discussies, maar wat is er te vertellen over de geschiedenis van de stad? Eric Min schreef er een boek over, Frans Crols las het.

Frans Crols
 
Ex: http://www.doorbraak.be

Eeuw_Van_B.jpgEen tweede man die een pen kan voeren vertoont zich als Brusselkenner. Naast Geert van Istendael en zijn trefzekere en te prijzen 'Arm Brussel', van oude datum (1992) met heruitgaven, heeft Eric Min een ronduit fantastische biografie geschreven over Vlaanderens trots en schande. Eric Min en zijn fraaie, rijke zinnen ken ik sedert zijn waardevolle en vernieuwende levensverhaal over James Ensor. Men zou denken dat over die Oostendse schilder van bizarrerieën alles in veelvoud was herkauwd, niets bleek minder waar te zijn. Ensor was het eerste boek van Min, die ambtenaar is van de Vlaamse regering, en in zijn vrije tijd cultuurmedewerker van De Morgen. Wat Min leerde uit Ensor, een opdracht van uitgever Meulenhoff (nu Bezige Bij), is hoeveel braakgrond, hoeveel sluimerende bronnen en teksten er blijven voor het portretteren van kunstenaars, schrijvers, prominenten waarover men denkt alles geschreven te zijn. Fout. Soms zijn er honderden brieven nooit gelezen, bestudeerd of geannoteerd bij de familie, op zolderkamers, in archieven waar geen professor of assistent binnen wil. Dat is ook de ervaring die Min opdeed bij het schrijven van de biografie van Brussel.

Is de titel 'De eeuw van Brussel, 1850-1914' een loze reclamekreet om het boek interessanter te maken dan mag? Neen. De karakterisering is correct. In de tweede helft van de negentiende eeuw en de eerste jaren van de twintigste eeuw was Brussel een artistieke, politieke, economisch uiterst dynamische, baanbrekende wereldstad. Niet de slonzige zus naast opulent Parijs. Op een beperkte plek - het centrum van de stad rond de nog bestaande winkelgalerijen (toen een unicum in Europa) en de wijk rond de vijvers van Elsene - ageerden een beperkt aantal mensen, 250 in totaal. Die 250 waren advocaten, schilders, letterkundigen, galeriehouders, professoren, politici, ondernemers. Een humus van geld, goede smaak, loge-idealen, nieuwe politieke inzichten, salons, kunsthuizen en excentriekelingen als de progressieve Edmond Picard, die ook een notoire anti-semiet was, naast socialistisch senator. Zijn anti-joodse pamfletten werden in 1940 herdrukt door Rex.

Kunst is niet per definitie een progressieve bezigheid, maar meestel wel en in het Brusselse geval zeker. De wegen, de nachten, de vriendinnen, de mecenassen, de bewonderaars van de langdurige bewoners of passanten van Brussel als Charles Baudelaire, Victor Hugo, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Félicien Rops, Auguste Rodin, Victor Horta, Henry van de Velde, August Vermeylen kruisten mekaar aan de Zenne in een rondedans van kunstvertier, vooruitstrevende beeldenstorm, banketten, bordeelbezoek, artistieke doorbraken, politiek gekonkelfoes.

Brussel was een vrijstad in die jaren die de kunstzinnige internationale Franstalige beau monde aantrok en, zie hun brutale Brusselmemoires, afstootte. Uit een mengeling van gearriveerde artiesten met vernieuwers ontstond de Art Nouveau, de beeldhouwkunst van Rodin, de shockerende homopoëzie van Rimbaud, de productie van anarchistische pamfletten, met een Elysée Reclus, de gangmaker van het libertaire socialisme in Frankrijk die, eenmaal in de Belgische hoofdstad, als een van de weinige vooraanstaanden van dat bruisende Brussel opkwam voor het Nederlands. In die fascinerende ontbolsterende oude wereld duikt als een zelfdzame, naast Rik Wouters, Vlaamsgezinde op, August Vermeylen met het kunstentijdschrift Van Nu en Straks, en zijn bijdrage 'Vlaamsche en Europese Beweging' (1990).

Van Nu en Straks was antipaaps en anarchistisch en verfoeide het onderdanige katholicisme van het traditionele Vlaanderen. Vermeylen draaide 100 procent mee in 'de eeuw van Brussel' en was voorstander van links, emancipatie, vrijdenken, secularisering, het vrije huwelijk. Alhoewel hij braafjes en formeel in de echt trad met een poppetje uit de betere kringen die de vrijmetselaar zelfs tot aan het altaar sleurde.

Eric Min is een kosmopoliet met een progressieve ingesteldheid en deelt de klassieke afkeer van de linkse medemens voor wat Vlaams-nationaal is, nationalistisch, gebrand op volkse identiteit. Laat u daardoor niet afschrikken om zijn boek te lezen. De grootste Brusselvriend én de grootste Brusselvijand zullen smakelijke, erudiete uren doorbrengen bij de vele onbekende feiten en figuren en genieten van een taalzwier die van het bovenstebeste is.

Beoordeling : * * * *
Titel book : De eeuw van Brussel
Subtitel book : biografie van een wereldstad 1850-1914
Auteur : Eric Min
Uitgever : De Bezige Bij Antwerpen
Aantal pagina's : 418
Prijs : 34.99 €
ISBN nummer : 9789085423942
Uitgavejaar : 2013

mardi, 11 février 2014

Un atlas géopolitique du monde actuel

Un atlas géopolitique du monde actuel

par Georges FELTIN-TRACOL

Chauprade-2.jpgIl est toujours difficile de recenser un ouvrage qui l’a déjà été par nos soins. Aymeric Chauprade vient de publier la troisième édition, actualisée et augmentée, de sa Chronique du choc des civilisations. Intitulée « Civilisations en collisions » et mis en ligne sur le présent site le 9 octobre 2011, la précédente recension évoquait les qualités de cette deuxième édition qui valut l’éviction de son auteur de toutes les chaires universitaires à la suite d’une campagne de presse malveillante orchestrée par un de ces stipendiés par l’Oncle Sam.

 

 

Depuis 2011, l’ébranlement de la planète se poursuit avec de nouveaux conflits dont les fameuses révolutions arabes et le renversement de plusieurs régimes autoritaires laïques en Afrique du Nord, au Proche-Orient. Mais Aymeric Chauprade prend aussi en compte le déclin relatif des États-Unis d’Amérique, la montée en puissance de la Chine et la renaissance convalescente de la Russie. Il offre par conséquent au lecteur une vaste palette de textes et de cartes très éclairantes.

 

Le temps des civilisations

 

Favorable à une géopolitique culturelle (culturaliste ?), cet esprit aguerri aux sciences dures, les mathématiques en particulier, n’hésite pas à se référer à la longue durée chère à Fernand Braudel. Il replace dans un contexte politico-historique les heurts contemporains. Si l’ouvrage – le terme d’atlas serait plus approprié – s’ouvre sur un planisphère des civilisations, il ne faut pas se méprendre : Aymeric Chauprade n’est pas le disciple français de feu Samuel P. Huntington. Rappelons qu’en 1996, son premier essai portait sur L’Espace économique francophone. Pour une francophonie intégrale, vaine initiative de renouvellement des conceptions du gaulliste de la Francité, Philippe Rossillon. Il discerne ainsi quinze civilisations là où Huntington n’en distinguait que neuf !

 

« Le choc des civilisations, observe Aymeric Chauprade, traverse les siècles, et même, pour certaines civilisations, les millénaires; il s’apaise, qui reprend, et donne à l’histoire des chocs sourds et puissants, comme si des plaques tectoniques venaient à en découdre, causant d’immenses secousses dans l’humanité (p. 8). » Loin de se focaliser sur un seul antagonisme réducteur, il cherche plutôt à dresser un panorama précis de l’ensemble des territoires conflictuels tant aux confins qu’au cœur même des civilisations. Les dix chapitres géo-thématiques balaient dans le détail les cahots actuels.

 

Dégagé de tout subjectivisme, Aymeric Chauprade veut surtout montrer au lecteur la polymorphie des secousses civilisationnelles. Certes, il commence par évoquer l’affrontement islamo-occidental, mais il prend garde de ne pas sombrer dans un quelconque réductionnisme géopolitique ou de plaquer sur les événements ses propres représentations géopolitiques. Oui, l’islam concurrence le monde occidental. Mais, en dépit de l’exécution d’otages en Irak ou au Sahel, cette menace est maintenant moins terroriste – même si les risques persistent – que migratoire et démographique. La forte fécondité des immigrés d’Afrique subsaharienne prépare « une France dont la population serait majoritairement extra-européenne autour de 2040 (p. 58) ». Les bouleversements politiques sur les littoraux méridional et oriental de la Méditerranée font de cette aire géographique tricontinentale le point faible de l’Europe. Mais le péril mahométan se retrouve souvent instrumentaliser par les États-Unis d’Amérique notoirement anti-européens.

 

L’Europe doit lutter contre l’« Islamérique », cette alliance objective entre l’oligarchie étatsunienne, voire nord-américaine, et certaines tendances fanatiques de l’islam. Washington veut affaiblir l’Europe qui demeure la seule véritable rivale globale, d’où une longue et constante politique d’encerclement par des forces musulmanes hostiles soutenues en sous-main par l’hégémonie yankee. « Après l’Afghanistan (durant la guerre froide), puis les guerres de Bosnie, du Kosovo et d’Irak, après le soutien à l’A.K.P. en Turquie et aux Frères musulmans dans le monde arabe, l’Amérique offre en Libye un nouvel épisode de son alliance souterraine avec l’islam radical (p. 58). » Il s’agit par ailleurs d’entraver durablement la Russie qui retrouve son statut de grande puissance. Vladimir Poutine, l’homme le plus puissant du monde en 2013 selon le magazine Forbes, a compris que « l’énergie est le levier du redressement de la puissance russe (p. 101) ». Il faut par conséquent que Washington ou plus exactement l’« État profond » étatsunien – cette « structure de gouvernement à la fois invisible (par rapport à l’administration officielle) et continue (puisqu’elle survit aux changements de président), rassemblant des éléments et des moyens du Pentagone, de la C.I.A. et du F.B.I., des sociétés militaires privées et, plus globalement, du complexe militaro-financier (p. 13) » élimine dès le départ toute menace potentielle. La proximité et la connaissance, entre la haute-administration U.S. et les milieux financiers facilitent la privatisation de la guerre. Souvenons-nous que « la guerre d’Irak est directement à l’origine de l’exploitation capitalistique des S.M.P. Née d’un petit contrat de la C.I.A. de 5,4 millions de dollars en 2001, Blackwater (rebaptisée Xe en 2009) pèse, grâce à l’Afghanistan et l’Irak, 1,2 milliard de dollars. En 1995, Dyn-Corp ne pesait que 30 millions de dollars : c’est aujourd’hui la plus importante S.M.P. au monde, son chiffre d’affaires dépassant les 3 milliards de dollars (p. 25) ».

 

La pluralité de l’islam

 

Cependant, il ne faut pas considérer les islamistes comme de simples marionnettes aux mains des États-Unis. Les djihadistes savent nouer des alliances si l’exigent leurs intérêts. Et puis, l’islam est lui-même très varié, sinon l’Iran chiite, le Hezbollah libanais et leur allié baasiste syrien ne s’opposeraient pas avec un certain succès aux visées sunnites de l’Arabie Saoudite et du Qatar, appuyés par des puissances occidentales toujours aussi aveugles et bien corrompues par le pognon des hydrocarbures. Il traite aussi d’une donnée guère connue, à savoir « Les populations arabes de l’Amérique latine (p. 254) ». Issue de vagues d’immigration successives, cette population latino-américaine d’origine arabe « se situe dans la fourchette de 17 à 25 millions, ce qui représenterait 5 % de la population totale. […] Les Arabes d’Amérique, très majoritairement chrétiens, se sont fortement assimilés et ils se retrouvent même souvent dans les élites économiques, voire politiques, de leur accueil (p. 254) » comme le Mexicain Carlos Slim, le Chilien José Said ou l’Argentin Carlos Menem.

 

Si l’islam fait des convertis en Amérique latine, ce subcontinent, bastion du catholicisme romain, est surtout confronté « au défi des Églises pentecôtistes et évangéliques venues des États-Unis (p. 256) ». L’auteur mentionne les nombreuses méthodes de l’hégémonie yankee : l’action militaire, directe ou non, et/ou l’influence culturelle à travers les films, le non-art contemporain, les musiques dégénérées… Mais il attire aussi l’attention sur leur maîtrise élevée dans la dissimulation, la désinformation et l’intoxication. Tirant le bilan de l’invasion de l’Irak et l’avènement d’un gouvernement chiite proche de Téhéran, il prévient que « les Américains ont l’art de faire croire aux Européens qu’ils cumulent maladresses et erreurs (erreurs de la C.I.A., du Pentagone ou du département d’État), leur seul but étant en réalité de masquer ce que l’on appelle, dans le langage militaire français “ l’effet final recherché ” (p. 168) ».

 

Aymeric Chauprade examine avec soin tous les continents, hormis déplorons-le, l’Océanie dans laquelle est toujours présente au grand dam des Anglo-Saxons (Australie, Grande-Bretagne, États-Unis et Nouvelle-Zélande) la France, deuxième domaine océanique et maritime au monde et donc potentielle thalassocratie. À quand un Jeu de la France dans l’océan Pacifique, en partie traité par feu Hervé Coutau-Bégarie avec sa Géostratégie du Pacifique en 2001 ?

 

Vers l’ère des grands marchés intercontinentaux ?

 

La partie septentrionale de l’océan Pacifique aux portes de l’Extrême-Orient connaît un regain de tensions entre la Chine et le Japon. Y a-t-il un risque de guerre ouverte entre Pékin et Tokyo ? Sans répondre à cette difficile question qui nécessite des facultés de médium, Aymeric Chauprade relève que « les deux pays n’ont jamais été aussi interdépendants économiquement. La Chine est le premier partenaire commercial du Japon (elle représente plus de 20 % de son commerce) et le Japon est le premier fournisseur de la Chine (15 % des importations). Le Japon délocalise en Chine et, déjà, plus de 9 millions de Chinois travaillent pour le capital japonais. Cette intégration économique du Japon et de la Chine se fait de manière plus large dans le cadre du plus grand marché économique en formation dans le monde, le marché dit de l’A.S.E.A.N. + 3 (Chine, Japon, Inde), qui est devenu une réalité le 1er janvier 2010. Plus les années vont passer, plus la réalité économique du Japon va diverger de celle des États-Unis au profit de cette sphère de coprospérité asiatique (pp. 215 – 216) ». L’accélération des négociations entre Bruxelles et Washington pour constituer au plus tôt une grande zone de libre-échange transatlantique se comprend mieux quand on sait l’existence de ce  marché asiatique très étendu.

 

Cet atlas géopolitique est remarquable. Aymeric Chauprade met en perspective les problématiques géostratégiques avec leurs soubassements plus occultes. Pour preuve, depuis 2009, on a trouvé en Méditerranée orientale d’importantes bassins d’hydrocarbures dont la délimitation des zones d’exploitation en haute mer avive les querelles frontalières. La volonté des Occidentaux de contrôler ces ressources à peine découvertes explique leur ingérence en Syrie. Pis, l’atlas rapporte « en Grèce en 2012 et à Chypre en 2013 […] une tentative des milieux de la finance anglo-américaine (qui dominent le F.M.I. et l’Union européenne) de forcer les Grecs surendettés (pourtant assis sur des richesses considérables en hydrocarbures et en or) à céder les actifs qu’ils possèdent dans le secteur énergétique et les ports stratégiques (p. 107) ».

 

Avec un rare talent, Aymeric Chauprade ausculte les continents, explique les enjeux et identifie les manœuvres en coulisse, là où se joue vraiment à chaque instant le sort du monde.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations. Du 11 septembre 2001 à la guerre de Syrie, actualité, analyses géopolitiques et cartes pour comprendre le monde d’aujourd’hui, Chronique Éditions, (15 – 27, rue Moussorgski 75018 Paris), 2013, 272 p., 31 €.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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lundi, 10 février 2014

Greg Johnson’s New Right vs. Old Right

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Foreword to Greg Johnson’s New Right vs. Old Right

By Kevin MacDonald

Ex: http://www.counter-currents.com

Perhaps it’s best to start off with what New Right vs. Old Right [2]is not. Greg Johnson does not assail his readers with statistics to prove the Jewish role in the decline and impending fall of whites in America and elsewhere. He does not discuss the corruption of the media and the academic world and how they got that way. He does not discuss data on race differences in IQ and criminality to explain the behavior of non-white America. He doesn’t aim to refute the current mantra that race is nothing more than a social construct designed to provide white people with unearned privilege.

Those intellectual battles are over, and we have won, although the mainstream media and academic world continue to promulgate cultural Marxist blather as if it were a set of truths set in stone. The starting point for NRvOR is that the media, the academic world, and the political process are hopelessly corrupt. So where do we go from here?

Greg Johnson’s basic point is that we must work to create a metapolitics of explicit white identity—that is, a movement that will develop “the intellectual and cultural foundations for effective White Nationalist politics in North America, so that we can ultimately create a white homeland or homelands on this continent.”

Greg is one of the reasons why I think this is a feasible project. A very great reason for optimism is that there are so many intelligent, well-spoken people who “get it”—who understand that whites around the world are in decline and that there will be dire consequences if whites are unable to establish white homelands. People like Greg Johnson are part of a hugely important trend. I have recently met a great many young, intelligent, well-educated, and well-spoken people at conferences dedicated to activism on behalf of the interests of white America—the exact opposite of the image of uneducated, violent males sporting swastikas and missing a couple of teeth that has been so carefully crafted by our hostile elites.

Despite growing up with a constant barrage of multicultural, anti-white propaganda beginning in elementary school, these individuals understand that at this point America is an unfolding disaster as whites are increasingly displaced throughout the economic and political spectrum. They are acutely aware that whites are a minority of births in America and that whites will be a minority within their lifetimes—a minority with diminished prospects and increasingly victimized by the non-white majority, many of whom retain historical grudges against white America. It is very likely that the America of the future will be beset with chronic conflict among different racial/ethnic groups. The idea that America or the West can avoid such conflicts as their societies become ever more factionalized is magical and utopian.

The goal, therefore, is not, a “supremacism” that is in any way invidious. Rather, “the best way to ensure peace and good will among peoples and preserve human racial, cultural, and religious diversity is to give each distinct group a homeland where it can live and develop according to its own distinct nature and destiny.”

This is an attitude that seems to me to be pervasive in the white advocacy movement. It at once defuses a very effective bit of rhetoric of the Left—repeated with predictable regularity by organizations like the Southern Poverty Law Center. We are white advocates, people who, as Greg phrases it in several places following Michael Polignano, “take our own side” in issues of racial/ethnic conflict. And in taking our own side, we are doing exactly what racial/ethnic groups have done from time immemorial. No one accuses the Koreans of “Korean supremacism” for adopting policies aimed at retaining Korean demographic and cultural predominance. And imagine the horror by Western elites at a proposal to flood African countries with whites so that native Africans cease to be a political majority.

Make no mistake about it. The policies that are making whites minorities in lands they have dominated for hundreds or (in the case of Europe) thousands of years are not driven by utopian dreams of a raceless future, except among gullible, intimidated whites. The non-whites who are so enthusiastically embracing the decline of white political and cultural power are driven by hatred toward whites as a people and as a culture. This is a major theme of my writing on Jewish influence, and apparent as well in a host of non-white intellectuals and activists.

Greg Johnson received his Ph.D. in philosophy, and it shows. His forte is the well-developed argument presented in a lucid, easily understood style. There will be no complaints about this book being filled with turgid prose. And I can’t find any major disagreements.

I was particularly struck by several points. For example, unlike the European New Right, Greg is an advocate of white racial nationalism:

insofar as the breakdown of European national identities and the blending of European stocks in our North American context forces us (1) to give greater place to biological race and other deep roots of common European identity, and (2) to put greater emphasis on the Jewish question, given the role of American Jewry in promoting anti-white policies both in the United States and in white countries worldwide.

Right. As a biologist, there is always the tendency to see matters like race as a decontextualized matter. DNA, after all, is DNA. But American whites are indeed a very intermixed lot—a successful example of a European melting pot. In effect, we have created a new biological reality not present in any European country.

Nevertheless, we must remember that Europeans are in general closely related biologically, particularly in the north and east of Europe, as recent data continue to show. Indeed,

typical pairs of individuals drawn from across Europe have a good chance of sharing long stretches of [identical genes] by descent, even when they are separated by thousands of kilometers. We can furthermore conclude that pairs of individuals across Europe are reasonably likely to share common genetic ancestors within the last 1,000 years, and are certain to share many within the last 2,500 years.[1]

The white race is indeed a biological as well as a cultural reality. This biological reality forms a powerful basis for a scientifically based understanding of a commonality of interests wherever whites are living, whether in Europe or in the European diaspora.

And, yes, although the organized Jewish community has pursued the same set of policies favoring displacement-level immigration and multiculturalism throughout the West, Jewish influence varies in different Western societies. This brings up the need for developing a good model of cultural diffusion within the West. For example, academic culture is self-consciously international. If indeed the main impetus for the leftward shift is Jewish involvement in the Left beginning in the United States with the movements described in The Culture of Critique, it is not at all surprising that this culture spread to other areas with less Jewish influence given the pre-eminence of the U.S. in the post-World War II Western world. An aspiring academic in, say, Norway or Finland, who subscribes to a White Nationalist worldview would find himself ostracized from international academic societies, while countrymen who subscribed to the reigning cultural Marxism would find international recognition.

The same phenomenon occurs in the political realm, as, for example, when Austrian politician Jörg Haider joined a coalition government in 2000. This resulted in huge international pressure, with EU member states refusing to cooperate with the Austrian government and Israel withdrawing its ambassador. The assault on the Golden Dawn party in Greece is a more recent example. Any Western government that opposed continued immigration and multiculturalism would be subjected to similar pressures.

The culture of Western suicide exists throughout the white world, and dominating the most powerful country in the West goes a very long way to dominating the entire Western world, particularly given the fact that Jews often control media even in countries with very tiny Jewish populations, as with the Bonnier family in Norway and Sweden.

Greg does not shy away from discussing difficult issues having to do with National Socialism, supporting the ideal of an organic, hierarchical, meritocratic society dedicated to advancing the interests of whites and rejecting “party politics, totalitarianism, terrorism, imperialism, and genocide.

I agree entirely. It’s a very good strategy to confront such issues head-on rather than to leave them to be discussed solely by our enemies. It’s the same with the holocaust. The holocaust is simply not important for white advocacy, and whatever happened is not the responsibility of any living whites; it’s something that must be simply “stepped over,” to use Jonathan Bowden’s felicitous phrase. Even if the holocaust were proved to have never occurred to the satisfaction of one and all, there is more than enough resentment by Jews about their past in Europe and the United States to fuel the hostility toward the West that has been such a prominent feature of the organized Jewish community and so many influential Jewish individuals. The reality of Jews as a hostile elite aiming to displace white elites throughout the West would not change at all.

I should think that it would be uncontroversial that the white advocacy movement must be metapolitical, since there is a crying need to build up a self-confident, prideful culture than can eventually become mainstream. Greg’s argument that it is premature to pursue nationalist party politics—that at this point the money can be better used in education and organizing—will be more controversial. The question is whether these are really incompatible goals and, as Greg rightly notes, “We share the same broad aims, but we differ as to the best means of achieving them. We need to acknowledge these differences frankly, then divide our camp and pursue our common aims by the various paths that seem best to us.” Different ways should be attempted in the hope that eventually something will work. In the meantime, we must be as inclusive as possible.

In fact, nationalist parties have made substantial headway in Europe, and many observers are expecting a significant representation of nationalist parties to result from the 2014 European Parliament elections. With increasing success, the messages of these parties have inevitably become more widely known. Significantly, these parties have not developed with an explicitly pro-white or pro-ethnic nationalism agenda, but have rather attempted to stay under the radar of political correctness on race and on Jewish influence, basing themselves on an implicit ethnic nationalism that opposes immigration and multiculturalism for a whole host of reasons apart from the danger of ethnic swamping that is in fact lurking in the background. Not surprisingly, these messages are often most effective with the white working class, the group that has suffered the most from the immigration tsunami.

Indeed, I believe that model of change that I think most probable is that the revolution will begin in Europe with the success of one of these parties, particularly if it occurs in a pivotal country like France where there is a clear possibility that the Front National will obtain power, and in a context where other nationalist parties have substantial representation in other areas of Europe so that an effective countermovement of isolation and ostracism cannot develop. I think we are rapidly approaching such a situation now. Compared to America, Europe has the advantage of very ancient cultures and identities that are mortally endangered by this new dispensation. Once such a party gains power, then more explicit messages of ethnic and racial interests may become more acceptable, paving the way for more the dissemination of a theoretical framework based explicitly on ethnic interests.

I worry that in the absence of near-term political goals, a purely metapolitical movement is in danger of being a detached inward-looking, even self-serving elite. For one thing, the Left is completely in control of the academic scene and very actively— indeed passionately—polices any deviation from political correctness. This is quite unlike the situation in American universities where Franz Boas was able to control academic anthropology by the early 20th century, and several of the New York Intellectuals obtained positions at elite universities well before 1960. This is a very formidable barrier to the spread of an elite culture of white identity given the close relationship between universities and intellectual life in the West. There was no complaint from the academic world when the 1965 immigration law opened up immigration to the United States to all peoples of the world. Indeed, in several Western countries, Australia comes to mind, the movement to open up immigration to non-whites originated in the universities.

Even in America, with so many barriers against us, political action inside or outside the context of the electoral process could be a positive force for change. Americans need to see noisy, intelligent, attractive, committed white people marching in the street with signs opposed to immigration, multiculturalism, and the strident ethnic politics of other groups; there is a need for a steady drumbeat of political advertising where pro-white themes, whether explicitly white or not, are repeated over and over to the point that they become part of the furniture of life even if winning elections remains a distant goal.

Such movements may be particularly important for whites with less education who may be turned off by an elite culture of white identity. The white working class in fact has been the prime loser in the cultural changes promoted by our hostile elites. A great many of them are angry and, with less to lose than so many well-educated whites, they are an important natural constituency.

In any case, I wholeheartedly agree that we have to be open to a diversity of approaches.

Greg’s essay, “The Moral Factor,” raises the important issue of moral motivation which I think is an aspect of Western uniqueness. One does not see Chinese people agonizing over the fact that the Han Chinese greatly expanded their territory at the expense of other peoples. Nor does one see the Bantu peoples of Africa worrying about the ethics of displacing other African peoples as they spread far and wide from their homeland in Central Africa, including into South Africa where their treatment at the hands of white South Africans became Exhibit A for white evil during the apartheid era; nor do the Bantu-speaking peoples agonize about the widespread practice of slavery in Africa. Arabs do not apologize about their conquests in the name of Islam or their centuries-old role in slavery and the slave trade. As Greg notes, the Spaniards have apologized for the Reconquista that expelled the Muslims from Spain, but there are no apologies from the Muslims for the Conquista.

Whites are the only people to abolish slavery, and a great many of the activists and the fundamental popular sentiments so crucial in the ultimate victory over slavery were motivated by moral idealism, including especially empathy for slaves.[2] They did so despite very real costs to many individuals and to society as a whole, and all this occurred before the rise of the Jewish hostile elite. Indeed, this unique characteristic of whites is exploited by Jewish intellectuals for their own hateful ends. My basic theory is that this is a holdover of Northern European hunter-gatherer culture, where one’s status in a group is based on reputation for moral behavior (honesty, fair dealing) rather than on kinship relations—an aspect of Western individualism.

So I agree that “even if White Nationalism is politically meaningful, people will resist it if they think it is immoral. But they will move heaven and earth to establish white homelands if they think it is the right thing to do.” We must win the moral battle. The problem is that “our people overwhelmingly believe that our cause is unjust.” And yet, the moral argument for white survival is obvious and compelling. Fundamentally, our basic survival as a people and as a culture are threatened. As Greg notes, “the present system is not merely anti-white, it is genocidally anti-white.”

That’s enough for me to mark the present system as utterly depraved morally. It is profoundly immoral to inflict multiculturalism upon the white populations of the West, given that  ethnic conflict is absolutely predictable, based upon everything we know of the bloody history of ethnically divided societies. This is especially the case given that support for multiculturalism and support for their own demographic and political eclipse have never been majority views among whites. Whether in Australia or New Zealand, North America or Europe—in every case throughout the West, immigration and multi-culturalism have been projects of media, academic, and political elites. These changes have been top-down, not at all bottom-up.

We must pay more attention to the morality of infringing upon the legitimate rights and interests of the white majority. Everyone has rights and everyone has interests. The interests and rights of whites as a majority are no less morally legitimate than those of any other group. Whites must jettison the ideal of moral universalism and ask what is good for the future of whites.

On the basis of this collection of essays, Greg Johnson has a compelling vision of the impending disaster facing the people and culture of the West and what we can do about it right now. It is presented in a highly readable, well-argued manner that at once shows the power and confidence of the developing metapolitical culture of a Western renaissance. I wholeheartedly recommend it.

January 15, 2014

Note:

Greg Johnson’s New Right vs. Old Right is available for purchase here [2].

Notes

1. Ralph Peter and Graham Coop, “The Geography of Recent Genetic Ancestry across Europe,” PLOS Biology, vol. 11, no. 5 (May 7, 2013): e1001555. doi:10.1371/journal.pbio.100155

http://www.plosbiology.org/article/fetchObject.action?uri=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pbio.1001555&representation=PDF [3]

2. Kevin MacDonald, “Empathy and Moral Universalism as Components of White Pathology: The Movement to Abolish Slavery in England,” The Occidental Quarterly, vol. 13, no. 2 (Summer 2013), pp. 39–63.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[2] New Right vs. Old Right : https://secure.counter-currents.com/new-right-vs-old-right/

[3] http://www.plosbiology.org/article/fetchObject.action?uri=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pbio.1001555&representation=PDF: http://www.plosbiology.org/article/fetchObject.action?uri=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pbio.1001555&representation=PDF

 

New Right vs. Old Right

Greg Johnson
Foreword by Kevin MacDonald
San Francisco: Counter-Currents, 2013
248 pages

Kindle E-book: $5.99

Nook E-book: $5.99

Hardcover and paperback release date: February 21, 2014

hardcover: $35 

Quantity:  

Note: The first 100 hardcovers ordered through this site will be numbered, signed, and personalized by the author. Unless otherwise indicated, the books will be personalized to the name that appears on the purchaser’s mailing address.

paperback: $20 

Quantity:  

Dr. Greg Johnson draws upon the ideas of the European New Right to promote a new approach to White Nationalist politics in North America. New Right vs. Old Right collects 32 essays in which Dr. Johnson sets out his vision of White Nationalist “metapolitics” and distinguishes it from Fascism and National Socialism (the “Old Right”), as well as conservatism and classical liberalism (the “Phony Right”).

Dr. Johnson rejects the Old Right’s party politics, totalitarianism, imperialism, and genocide in favor of the metapolitical project of constructing a hegemonic White Nationalist consciousness within a pluralistic society. He argues that White Nationalists are too dependent on the model of hierarchical organizations and need also to work on creating resilient lateral networks. He offers New Rightist answers to a number of disputed questions within the White Nationalist community, including white culpability for our decline, Hitler and National Socialism, the Jewish question, the holocaust, the role of women, Christianity vs. paganism, and the relationships of populism, elitism, and democracy. He sets out some basic principles for creating a growing, resilient, networked movement. Finally, he criticizes distractions and dead-ends like “mainstreaming,” conservatism, “premature” populism, and political violence.

Engagingly written and constructively critical, Greg Johnson’s New Right vs. Old Right is an important contribution to the emerging North American New Right.

Praise for New Right vs. Old Right

“Greg Johnson’s basic point is that we must work to create a metapolitics of explicit white identity—that is, a movement that will develop ‘the intellectual and cultural foundations for effective White Nationalist politics in North America, so that we can ultimately create a white homeland or homelands on this continent.’ Greg is one of the reasons why I think this is a feasible project. . . . Greg received his Ph.D. in philosophy, and it shows. His forte is the well-developed argument presented in a lucid, easily understood style. Nobody can complain about this book being filled with turgid prose. And I can’t find any major disagreements.”

—Kevin MacDonald, from the Foreword

“In New Right vs. Old Right, Greg Johnson lays out his vision for a pro-white movement more focused on ideas, education, and communication than on politics or thuggery. True to this vision, his writing is extremely accessible. Throughout this collection, Johnson breaks down complex philosophical concepts and challenging ideas into tight, efficient sentences and effective explanations. Johnson doesn’t drone on trying to sound clever. Like an enthusiastic professor, he truly wants his readers to understand why he believes it is morally right for whites—and all peoples—to determine their own collective destinies.”

—Jack Donovan, author of The Way of Men

“Dr. Greg Johnson’s New Right vs. Old Right delineates the differences between two ‘Rights,’ without repudiating the common philosophical origins of both in opposing egalitarianism and other passé ideologies that continue to dominate much of the world. The primary value of this collection of essays, however, is that Dr. Johnson asks the perennial question, from our side: “what is truth?” In doing so he lays the foundations for a morality of the New Right. This book is therefore unique in the English-speaking Rightist milieu that was, for much of the post-1945 era, poorly served in comparison to its counterparts in Europe. As such, Dr. Johnson’s book will be of relevance to many beyond the North American New Right, of which he is a founding father.”

—Kerry Bolton, author of Artists of the Right

“Greg Johnson’s New Right vs. Old Right is an important compilation that describes the North American New Right and explains how ‘this thing of ours’ differs from both the Old Right and the European New Right.

“Old Right terms like ‘National Socialism’ and ‘fascism’ do not accurately describe what we believe. We reject the narrow nationalism of the Old Right in favor of pan-Europeanism, and we also reject the totalitarianism and apocalyptic visions of bloodshed and genocide that are associated, rightly or wrongly, with Old Right thought and that are promoted by modern-day Nazis.

“On the other hand, the North American New Right differs from our European New Right counterparts: we reject their emphasis on narrow nationalist particularisms, their Continental existentialism that eschews Anglo empiricism, their naïve knee-jerk anti-Americanism, and their weakness on biological race and ‘the JQ.’

“The North American New Right is a new movement, neither constrained by a reactionary idealization of the nationalist past, nor beholden to the intellectual errors of the today’s Old World nationalists.

“You may not agree with everything in this volume. But there is no rigid ‘party line.’ There’s much room for discussion, disagreement, and debate as we articulate our worldview. We are still feeling our way around in the dark that precedes the new dawn, attempting to find our way on the proper path.

“This work represents an important signpost along that path. So, agree or disagree, I am confident that the readers will find this volume useful and illuminating. I invite the reader to join us in our crusade to reshape the future.”

—Ted Sallis

CONTENTS

Foreword by Kevin MacDonald

1. Introduction

Politics and Metapolitics

2. New Right vs. Old Right
3. Hegemony
4. Metapolitics and Occult Warfare
5. Theory and Practice
6. Reflections on Carl Schmitt’s The Concept of the Political
7. The Relevance of Philosophy to Political Change
8. The Moral Factor
9. The Psychology of Conversion

Disputed Questions

10. Our Fault?
11. The Burden of Hitler
12. Dealing with the Holocaust
13. White Nationalism & Jewish Nationalism
14. The Christian Question in White Nationalism
15. Racial Civil Religion
16. That Old-Time Liberalism
17. The Woman Question in White Nationalism
18. Notes on Populism, Elitism, & Democracy
19. The Perils of Positive Thinking
20. The Politics of Resentment
21. “Worse is Better”

Building a Movement

22. Learning from the Left
23. Explicit White Nationalism
24. Secret Agents
25. The Psychology of Apostasy
26. First, Do No Harm

Distractions and Dead Ends

27. White Nationalists and the Political “Mainstream”
28. Why Conservatives STILL Can’t Win
29. Status Competition, Jews, and Racialist Mainstreaming
30. The Laugh Test
31. Premature Populism
32. On Violence

Index

About the Author

Greg Johnson, Ph.D., is the Editor-in-Chief of Counter-Currents Publishing Ltd. and its journal North American New Right. He is author of Confessions of a Reluctant Hater (San Francisco: Counter-Currents, 2010) and Trevor Lynch’s White Nationalist Guide to the Movies (San Francisco: Counter-Currents, 2012).