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mercredi, 06 novembre 2019

Multipolarité et société ouverte

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Forum de Chisinau III:

Multipolarité et société ouverte

Ex: https://www.geopolitica.ru

Multipolarité et société ouverte : le réalisme géopolitique contre l’utopie cosmopolitique. Pluriversum vs universum.

« Que l’on imagine, dans l’avenir, un État universel englobant l’humanité entière. En théorie, il n’y aurait plus d’armée, mais seulement une police. Si une province ou un parti prenait les armes, l’État unique et planétaire les déclarerait rebelles et les traiterait comme tels. Mais cette guerre civile, épisode de la politique intérieure, paraîtrait rétrospectivement le retour à la politique étrangère au cas où la victoire des rebelles entraînerait la désagrégation de l’État universel. »

Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, 1962

« Le monde n’est pas une unité politique, il est un pluriversum politique »

Carl Schmitt, La notion du politique

Le messianisme post-politique de la société ouverte et la guerre civile mondiale

George Soros et les globalistes désignent leur projet politique par les termes de « société ouverte ». Pour eux, cette société ouverte constitue bien plus qu’un idéal politique. Il s’agit en fait d’une révolution anthropologique totale qui vise à transformer l’humanité dans son ensemble et à abolir les États-nations historiques qui forment encore le cadre normatif des relations internationales. Pour rejoindre cet objectif, les globalistes usent d’une forme d’ingénierie sociale qui agit sur les sociétés humaines de manière progressive mais continue. Cette méthodologie – qui vise à une transformation furtive et ininterrompue de la société à l’insu des citoyens – a été théorisée en son temps par les pères fondateurs de la cybernétique et du marxisme culturel. Elle est aujourd’hui employée par les réseaux Soros avec une efficacité inédite dans l’histoire contemporaine. Il s’agit d’une conception supra-politique ou métapolitique qui vise à dissoudre progressivement le politique et les prérogatives des Etats-nations au sein d’un « super-Etat » mondial qui viendrait encadrer et piloter la vie de l’humanité toute entière. Une humanité conçue dès lors comme un seul œkoumène planétaire unifié et intégré.

Cette notion de « société ouverte » constitue l’aboutissement radical du processus historique de sécularisation entamé en Occident depuis la Renaissance. Un processus qui a vu se succéder différentes phases : Réforme, Lumières, Saint-simonisme, socialisme utopique, marxisme théorique, communisme des origines et bolchévisme (qui muteront en Stalinisme puis en « Soviétisme ») ; marxisme culturel et freudo-marxisme universitaire après 1945 et enfin libéralisme-libertaire après mai 68. Chaque vague de ce mouvement de sécularisation étant plus radical et plus profond que le précédent. La société ouverte comme projet métapolitique synthétise toutes les phases précédentes de ce processus de sécularisation. Elle opère aussi la jonction entre le freudo-marxisme anti-stalinien et la critique libérale des autoritarismes et de l’historicisme effectuée en son temps par Karl Popper. Aux « historicismes » platonicien, hégélien, marxiste ou fasciste, la société ouverte substitue l’impératif catégorique et téléologique de la convergence de toutes les sociétés humaines vers un « démos » planétaire unique. A une conception géo-politique et historique d’un homme différencié, elle substitue la conception universaliste et cosmopolitique d’une humanité unique et sans-frontières. Le rejet de l’historicisme propre à cette notion de société ouverte développée par Popper et radicalisé par Soros aboutit paradoxalement à un « historicisme de la fin de l’Histoire ». Une fin de l’histoire qui verrait toutes les narrations humaines converger et fusionner dans une unité mondiale du genre humain enfin réalisée. Ici pas de dialectique entre l’Un et le particulier mais bien la fusion et confusion des particularismes dans une unité ubique et planétaire.

Cette notion de Société ouverte recouvre très exactement cet universum qu’évoquait Carl Schmitt dans La notion de politique ; un universum qui en se prétendant universel tend à nier l’existence même du politique qui est par nature « pluriversel ». La société ouverte en tant qu’idéal d’une fin des altérités nationales en vue d’une paix mondiale définitive et utopique (au sens propre) constitue une négation de l’essence du politique selon la définition qu’en donne Carl Schmitt et l’ensemble des penseurs conservateurs. La société ouverte est en fait une cosmopolitique qui a comme horizon d’attente la fin de la géopolitique et la fin du politique.

D’où son recours à l’ingénierie sociale et à la cybernétique afin de contrôler par des moyens post-politiques les masses humaines dénationalisées qu’elle entend gérer. Mais, à mesure que la société ouverte dissout l’ordre normal des relations internationales en le parasitant de l’intérieur via les instances supra-étatiques et transnationales, s’installe alors une forme de guerre civile universelle dont les flammes ne cessent d’éclairer l’actualité. En témoignent les conflits contemporains qui sont de moins en moins des guerres inter-étatiques déclarées mais des conflits asymétriques et hybrides où s’affrontent les « partisans » et les pirates d’une société liquide universelle au sein de théâtres des opérations toujours plus flous, brutaux et non conventionnels. Dans l’esprit mondialiste, ces guerres sont les prolégomènes et le processus nécessaires vers une fin prochaine des antagonismes internationaux

A mesure que progresse le cosmopolitisme et son millénarisme anti-étatique, progresse de concert la guerre civile mondiale. Pour freiner cette tendance inéluctable et de manière similaire au communisme des origines, l’idéal d’une fin de l’Etat et d’une parousie post-politique aboutira de fait au retour d’un arbitraire plus violent que ce qu’aucun Etat n’aura jamais infligé à ses citoyens dans l’Histoire. Si les Etats-nations sont défaits, émergera alors un Léviathan mondial d’une brutalité inédite et sans frein. C’est à un avatar de ce Léviathan libéral que se sont heurtés les gilets jaunes en France cette année. Le Léviathan libéral protège les migrants dont il a besoin comme esclaves et pour dissoudre les nations mais il crève les yeux des français opposés aux conséquences du mondialisme. Le Léviathan macro-merkelien a besoin de plus de migrants pour empêcher les révoltes populaires et pour en faire ses auxiliaires de police contre les patriotes français. Demain, face au risque d’une contagion internationale d’un retour du nationalisme, c’est l’ensemble de l’Occident libéral qui peut se transformer en Léviathan et principalement l’Union-Européenne qui n’acceptera jamais de modifier sa forme fédérale jacobine-globaliste en une confédération d’États-nations souverains mais coopérants. L’essence du mondialisme c’est le populicide, quelle qu’en soit sa forme : sanglante sous le jacobinisme ou le bolchévisme, souriante sous sa forme actuelle. La société ouverte c’est le populicide avec le sourire. Mais un sourire qui va devenir toujours plus nerveux et contracté, à l’image de la face d’Emmanuel Macron face aux gilets jaunes.

La société ouverte et les fractures géopolitiques contemporaines 

Face à ce projet globalitaire d’une société ouverte transnationale, on observe une lutte toujours plus affirmée au sein du monde occidental entre globalistes sorosiens (type Merkel-Macron et autre Trudeau) et une tendance que je qualifierais de néo-occidentaliste (type Trump-Orban-Salvini). Cette ligne de fracture entre globalistes et néo-occidentalistes traverse tout l’Occident et s’avère déterminante quant à l’avenir du système des relations internationales. Irons-nous vers plus d’intégration globaliste ou bien l’anglosphère et ses alliés vont-ils faire bloc pour contrer une alliance stratégique eurasiatique et l’émergence d’un monde post-occidental ?

Pour avoir les mains libres dans la guerre géo-économique qui se joue entre l’empire américain et ses rivaux stratégiques eurasiatiques, il devient urgent pour les néo-occidentalistes de contenir l’influence interne à l’Occident que possèdent les réseaux Soros et à la limite de les laisser agir à l’étranger. C’est-à-dire là où ils peuvent être utiles pour aller chatouiller les géants terrestres que sont la Chine et la Russie sur leurs marches. Comme à Hong-Kong, en Ukraine, en Géorgie, en Arménie et partout ailleurs sur ces verrous-pivots du « Rimland » qui ceinturent l’« Heartland » eurasiatique. Les néo-occidentalistes (qui ne sont pas exactement les néo-conservateurs de l’époque de Bush) convergent parfois avec les sionistes de droite afin de contrer les liens qu’entretiennent les réseaux Soros et la gauche israélienne type Ehud Barak mais ils peuvent aussi diverger comme l’illustre l’éviction plus récente d’un John Bolton. A ces hauteurs du pouvoir politique occidental le vent souffle très fort et change très vite de direction …

L’affaire Epstein fût un bon indicateur de cette friction entre une gauche « sorosienne » globaliste et une droite néo-occidentaliste philo-sioniste. Dès 2015, Trump avait ainsi attaqué Bill Clinton sur sa fréquentation assidue de Jeffrey Epstein et de ses « prestations ». Dès qu’Epstein fût suspecté de détournements de mineures, Donald Trump se rapprocha ainsi de Bradley Edwards, l’avocat des jeunes victimes. Bradley Edwards affirma même que Trump fût le seul « people » à avoir agi de la sorte et que sa collaboration lui fût précieuse.

On connait par ailleurs la proximité d’Epstein avec Ehud Barak, proximité qui a été révélé par les photos du Daily Mail où l’on peut voir Ehud Barak « entrant dans la résidence de Jeffrey Epstein à New York en 2016, le visage partiellement caché, et d’autres de jeunes femmes pénétrant le même jour dans la résidence. » Ehud Barak qui annonçait fin juin 2019 « la fin de l’ère Netanyahu », se retrouvait ainsi propulsé comme amateur de filles mineures en pleine une du Daily Mail, le deuxième quotidien britannique en nombre de ventes. Ceci en pleine période de tensions sur le Brexit. Brexit soutenu par l’administration Trump contre les euro-globalistes sorosiens. Ehud Barak est par ailleurs régulièrement accusé par la droite israélienne d’être soutenu par Soros et ses relais israéliens. Netanyahu fût ainsi le premier ravi des révélations sordides sur Ehud Barak. Révélations qui survinrent peu avant les récentes élections législatives israéliennes et qui s’annonçaient difficiles pour le Likoud.

On voit ici un axe Trump-Netanyahu se confronter à une gauche internationale Clinton-Epstein-Barak-Soros. Et ça n’est que le point le plus saillant de cette confrontation, car sur les questions de société les plus clivantes comme l’avortement, le communautarisme LGBT ou l’identité nationale, ces deux orientations du monde occidental se font face et divergent régulièrement.

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A la fin de mon étude sur les réseaux Soros je parlais d’une « unité et scission au sein du judaïsme politique », cette ligne de tension n’a fait que s’accroitre depuis. Le très influent néo-conservateur Daniel Pipes va jusqu’à parler d’une « opposition frontale entre l’Etat d’Israël et l’establishment juif européen ». Daniel Pipes accuse ainsi la gauche juive de la diaspora de refuser l’alliance que devraient faire les juifs avec les conservateurs et les populistes occidentaux ; alliance qui permettrait de contrer les ennemis d’Israël et de l’Occident que sont la gauche et l’Islam. C’est la ligne de dénonciation de l’« Islamo-gauchisme » que suivent en France les Golnadel, Elizabeth Levy, Ivan Rioufol, Eric Zemmour etc ou des médias comme la revue l’Incorrect. C’est une stratégie qui vise à pousser les nations européennes vers une alliance judéo-occidentale américano-centrée face au cosmopolitisme sorosien. C’est une tendance géopolitique qui a toujours existé aux Etats-Unis où dès les années cinquante, Robert Strausz-Hupé (d’ascendance juive et huguenote) créait l’Institut de recherche en politique étrangère (Foreign Policy Reseach Institute – FPRI), un influent centre de formation géopolitique qui visait à réarmer conceptuellement l’Amérique dans le contexte de la guerre froide.

fr-strausz-hupe-150-791e5.jpgRobert Strausz fût en quelque sorte le père du néo-conservatisme, il théorisait l’idée d’une Europe décadente qui devait être sauvée des griffes de l’Asie russe, chinoise et arabe. Pour ce faire, l’Europe devait être gérée comme une province d’un empire américain comparable au rôle que tenait l’Empire romain pour les cités grecques face à l’empire perse asiatique. Il théorisait aussi l’idée d’un empire universel américain, éclaireur armé de la démocratie mondiale. Une idée qui sera reprise par les néo-conservateurs du Project for the New American Century (Projet pour le Nouveau Siècle Américain, PNAC) à la fin des années 1990.

Les néo-occidentalistes comme Trump (ou son ancien conseiller Bannon) sont plus réalistes, moins idéalistes et donc moins interventionnistes que les néo-conservateurs. L’idée d’un empire américain universel les intéresse moins que d’empêcher l’éclatement des Etats-Unis sous le poids de leurs contradictions internes tout en maintenant une influence américaine assez forte pour contrer la montée de la Chine afin de rester en tête du système des relations internationales au XXI ème siècle.

Mais Trump ne tient pas l’ensemble de la structure du pouvoir américain, aussi les tendances globalistes ou sionistes durs (qui se confrontent entre elles) poussent les Etats-Unis vers leurs agendas respectifs et empêchent Trump de réaliser pleinement ses promesses électorales d’un retour à un isolationnisme modéré.

Comme on le voit, le système géopolitique international est partagé entre différentes tendances lourdes qui cherchent chacune à imposer leurs orientations géopolitiques, idéologiques et sociales.

On pourrait décliner ces tendances ainsi :

1/ Un pan-conservatisme néo-occidentaliste promu par l’administration Trump et ses alliés en Europe, en Grande-Bretagne et par la droite israélienne. Ce pan-conservatisme veut ménager la Russie face à la Chine mais empêcher une convergence stratégique UE / Russie. C’est d’une certaine manière la pensée de Samuel Huntington qui est ici réactualisée. Des commentateurs superficiels ont ainsi beaucoup ri de l’intention de Trump de racheter le territoire du Groenland mais en plus d’être une tête de pont stratégique sur l’Océan Arctique face à la Russie et l’Eurasie, il faut se souvenir que la carte du monde que proposait Samuel P. Huntington dans son livre « Le Choc des civilisations » incluait précisément le Groenland et les pays scandinaves comme faisant partie de la civilisation chrétienne occidentale dans son classement des civilisations mondiales. Ce Pan-conservatisme qui marquait de plus en plus de points sur l’échiquier occidental a reçu plusieurs coups d’arrêts récents depuis les dernières élections européennes avec le scandale Strache en Autriche, la fin de la coalition Lega / M5S en Italie ou encore le blocage du Brexit en Grande-Bretagne. Ce qui démontre la puissance toujours intacte de l’européisme sorosien.

2/ Un européisme globaliste « sorosien » pur jus, dont le centre de gravité politique est actuellement incarné par le couple Macron-Merkel. D’où le traité d’Aix-la-Chapelle (traité sur la coopération et l’intégration franco-allemandes) signé par Macron et Merkel cette année. Ce traité vise à accélérer la constitution d’un pôle continental globaliste intégré et d’un plan B pour l’UE face aux risques d’émiettement ou même un simple changement d’orientation de l’UE que peut favoriser la montée des souverainismes en Europe. Une montée pour l’instant freinée par les manœuvres politiciennes en Italie, Grande-Bretagne et Autriche.

3/ Une intégration géo-économique eurasiatique dont le moteur principal est la Chine et sa volonté de réaliser le projet grand-continental des « nouvelles routes de la soie ». Rappelons que le projet des nouvelles routes de la soie appelé officiellement « One Belt, One Road » (OBOR) a pour ambition de s’étendre du Pacifique jusqu’à la mer Baltique et qu’il vise en plus de la Chine, « 64 pays asiatiques, moyen-orientaux, africains et d’Europe centrale et orientale ». Avec un budget de 800 à 1 000 milliards de dollars (cinq à six fois le budget du plan Marshall), ce projet pourrait permettre à la Chine de réaliser ce qui constitue la grande crainte des géopoliticiens anglo-saxons depuis toujours : l’intégration économique du continent eurasiatique dans son ensemble à l’horizon 2049, date anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine. Une intégration économique qui déplacerait le centre des affaires mondiales de l’Occident vers l’Eurasie mais une Eurasie pilotée par la Chine et non pas par l’Europe et la Russie.

Pour une quatrième orientation géostratégique européenne

Il faut être réaliste, dans chacune des trois options que je viens d’énoncer, ceux que j’appelle les peuples « natifs-européens » ont plus un destin d’objets que de sujets politiques. La situation actuelle est très périlleuse pour nos peuples sur tous les plans : démographique, économique, sécuritaire, culturel, civilisationnel, religieux etc.

Sur le plan des valeurs et d’une certaine volonté de freiner la culture de mort mondialiste, le pan-conservatisme et ses alliés souverainistes apparaissent comme la meilleure de ces trois orientations mais au niveau de la politique étrangère, avec le parasitage permanent du sionisme religieux dur, cette orientation s’avère problématique pour nos intérêts géostratégiques au Moyen-Orient et en Eurasie.

Quant à l’Européisme des Macron, Attali, Soros, Merkel, il ne vise pas à la constitution d’une confédération des États-nations européens dans le but d’accéder à un niveau de puissance géopolitique supérieure mais bien à la création d’un espace politique et d’un « démos » pan-européens qui remplaceraient à terme les nations historiques européennes dans le cadre d’une gouvernance globale. Ce prétendu souverainisme européen bute sur une aporie : comment concilier un quelconque souverainisme continental avec l’impératif catégorique kantien d’une Europe région-monde d’une gouvernance mondiale intégrée ? Cet européisme est avant tout un cosmopolitisme maquillé par des promesses de souveraineté européenne qui ne se réalisent jamais.

Pire, cet euro-globalisme qui se veut universel ne l’est pas pour les puissances extérieures à l’Occident. Puissances qui sont en droit de refuser l’impératif catégorique sorosien d’une gouvernance mondiale et de le considérer comme un nouvel avatar du colonialisme occidental. Surtout, cet euro-globalisme désarme l’Europe dans la course normale des affaires du monde pour la préservation, le maintien voire l’extension de nos intérêts dans la lutte permanente qui opposent les puissances géopolitiques entre elles. Cet euro-globalisme n’est pas universel et ne constitue qu’une orientation géostratégique parmi d’autres mais une orientation qui pourrait s’avérer à terme fatal pour l’Europe dans son ensemble.

En tant que Français et qu’Européens, la vision, la boussole géopolitique qui devrait actuellement continuer de nous guider me semble être cette idée toujours neuve et actualisable d’un axe Paris-Berlin-Moscou (ou Moscou-Berlin-Paris) et d’une entente stratégique continentale entre souverainistes non-alignés. C’est la seule option géopolitique et civilisationnelle capable de faire pièce en premier lieu à l’euro-globalisme et à l’Union-Européenne mortifère des Soros/Macron/Merkel mais aussi de contenir l’anglosphère néo-occidentaliste et la montée de la Chine. Entre la bête de la mer et la bête de la terre, entre Léviathan et Béhémoth, ce serait bien de ne pas avoir à choisir notre prochain maître …

Seule une volonté de puissance et de coopération euro-russe (eurussienne) pourrait empêcher soit notre servitude prochaine, soit la diffusion universelle de la guerre civile mondiale. Seule une volonté de puissance et de coopération euro-russe pourrait empêcher l’écartèlement des peuples romano-germaniques et touraniens dans la guerre géo-économique mondiale entre néo-occidentalisme, néo-asiatisme et globalisme post-national. Sur cette voie, la Moldavie constitue une clef de voute de cette architecture géopolitique ambitieuse mais vitale pour l’avenir de nos peuples et de notre descendance.

Source - FLUX

lundi, 30 septembre 2019

Beyond multipolarity. This world is doomed; are we prepared for The Day After?

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Au-delà de la multipolarité. Ce monde est voué à l’échec ; sommes-nous prêts pour Le Jour d’Après?

Chisinau Forum III: Paul Ghițiu, écrivain, journaliste, cinéaste, politicien, Roumanie

Au-delà de la multipolarité. Ce monde est voué à l’échec ; sommes-nous prêts pour Le Jour d’Après?

Je commencerai par vous demander de vous souvenir de deux épisodes bibliques. La première est la Tentation d’Adam et Ève dans le Jardin du Paradis. La seconde, l’expulsion des marchands du Temple.

Dans le merveilleux livre de Michael Ende „The Never Ending Story”, la Terre Fantastique est sous la menace du RIEN. C’est notre propre histoire et celle de notre monde.

La multipolarité est-elle réelle ?

Nous sommes réunis ici pour parler de multipolarité. La plupart d’entre nous, peut-être même tous, appuyons cette perspective et en sommes même ravis. Est-ce une bonne chose ? C’est bien ce que vous croyez. Enfin, l’Empire américain est défié et en voie de décadence. Mais la multipolarité est-elle réelle ? Nous n’avons pas de réponse claire à cette question. Personnellement, puisque la multipolarité a été annoncée par Macron, qui a pointé du doigt les États-Unis, c’est-à-dire l’Empire américain, comme étant coupable de la décomposition de l’Occident, je ne crois pas que cela le soit. Plutôt une étape de leur plan, ou une évolution moins favorable, mais prise en compte. (Ne me dites pas que Rothschild lui a donné des millions pour quelques jours de travail dans sa banque et l’a laissé être un libre-penseur.)

La déclaration de Macron n’est pas un aveu, c’est de l’espièglerie : OK les gars, vous avez gagné, on se rend bla-bla-bla-bla ! Pour endormir notre conscience, pour nous faire croire qu’ils se rendent.

Ensuite, il y a Trump, ou plutôt les forces derrière lui, une partie de cette mafia mondialiste qui sont des personnages actifs dans cet épisode de changement du monde. Et, enfin, et c’est le plus important, n’oubliez pas que le centre qui gouverne le monde est plus actif et plus puissant que jamais : L’ONU avec tous ses organes et institutions et organisations (FMI, BM, OMS, HWO, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, connu à l’origine sous le nom de Fonds international d’urgence des Nations Unies pour l’enfance, OMC et ainsi de suite) promeut et impose les politiques les plus néfastes de notre temps : domination du capital, paupérisation des pauvres et enrichissement des riches, migrations, vaccination, lgbtisation, programme de genre et bien d’autres.

J’ai l’impression qu’une fois de plus, ils essaient de jouer contre nous. A partir de cette scène paradisiaque, et plus discernable pour notre civilisation, depuis la Révolution française. Tout le temps, ils préparaient des mouvements à l’avance, de faux drapeaux, des impasses, des fausses directions et tout le temps que nous devions réagir. Et, en regardant autour de nous, nous pouvons dire que, jusqu’à présent, ils ont presque entièrement réussi. Ils ne l’ont jamais manqué. Est-ce qu’ils vont le rater maintenant ?

Nous aurons un monde multipolaire. Ces nouveaux poles fonctionneront-ils différemment ? Ces poles rejetent-ils les fondements économiques oppressifs de nos sociétés et vivent-ils pour une nouvelle vision ? L’argent demain sera-t-il moins important que les âmes ? Que l’amitié, que le respect, que l’amour ?

Je ne pense pas, et je vais vous expliquer pourquoi. Mais, bien sûr, qu’elle soit authentique ou non, nous la soutenons tant qu’elle signifie la décadence de l’Empire.

Un monde non humain. L’Empire de la capitale.

Reliez la „tentation du Paradis” avec le rejet de Dieu de nos jours, puisque nous nous sommes déclarés dieux. Relier „l’expulsion des marchands” de la synagogue avec ceux qui sont maintenant au pouvoir dans notre monde. Les marchands. Qu’ont-ils fait ? Ils nous ont offert le fruit du libéralisme, la partie supérieure, la partie apparemment décente et bénéfique de l’idéologie du capital. Et on l’a mordu profondément.

Nous ne vivons plus dans un monde humain. Jusqu’à récemment, les étiquettes des sociétés et des états humains étaient liées à quelque chose d’humain : activité, outils, relations, hiérarchie ou statut social, etc.

Nous vivions à l’âge de pierre, à l’âge de bronze, à l’âge du fer, à l’esclavage, au féodalisme, à l’état d’esclave, à la monarchie, à la royauté, à la république, à la démocratie, à l’aristocratie (une des trois formes étatiques des Aristoteles). Mais le monde dans lequel nous vivons est capitaliste (ou socialiste ou communiste, les niveaux inférieurs de la pile idéologique du capital). Aujourd’hui, nous sommes des libéraux, des socialistes, des communistes – toutes des identités idéologiques, toutes issues de la même source : le capitalisme émergent des âges humaniste et illuministe, à la recherche d’un moyen d’attraper le pouvoir mondial : à savoir, se légitimer comme la nouvelle religion du monde.

Aujourd’hui, l’argent est le principal déterminant de la „vérité”. „La vérité” est ce que dit l’argent, et l’argent a le pouvoir d’imposer la „vérité”. La vraie vérité, telle que j’essaie de la dire, n’est pas la bienvenue aujourd’hui par n’importe quel gouvernement ou intérêt dirigeant dans le monde occidental ou dans ces pays qui ont été corrompus par le monde occidental. En effet, l’ennemi de la vérité aujourd’hui n’est plus à Moscou ni en Chine. L’ennemi est à Washington, New York et Hollywood, à CNN, MSNBC, NPR, New York Times, Washington Post, et dans les universités et les scientifiques qui mentent pour de l’argent, et dans les super riches qui contrôlent ces entités, y compris le Congrès, le pouvoir exécutif, le Bureau ovale et le pouvoir judiciaire. (Paul Craig Roberts : La vérité est une espèce en voie de disparition)

Un monde en métastase

La mafia financière mondialiste ne disparaît pas si un monde multipolaire émerge. Ils continueront d’être ici : sous la serviette de table, sous l’oreiller, dans nos maisons et nos voitures, dans tous nos appareils, qui „remplissent le vide de notre vie” ; sous la nouvelle fondation culturelle ; partout dans le système éducatif ; sous les réseaux sociaux ; sous 99% de notre existence quotidienne. Avec d’énormes sommes d’argent, avec une grande partie de la Terre en leur propriété, avec des centaines de millions de sujets dans leurs sociétés transnationales et nationales, les réseaux structurels de l’Etat, la société civile, les médias, etc.

Nous vivons dans un monde qui c’est presque complètement rendu à l’argent. Et l’argent n’a pas d’autre „religion”, pas d’autre règle de base que leur multiplication. Ils n’ont pas de sentiments (la haine vient de leur maître), pas de douleurs, ils ne peuvent ni pleurer, ni rire, ni rêver. Ils ont toujours faim. Ce sont des tueurs de sang froid. Et ils sont profondément despotiques à 100 %. Pas de sympathie, pas de chimie, pas de pitié, pas de bonne volonté. Rien que plus d’argent, plus de vide, plus de RIEN. C’est pourquoi toutes les autres valeurs, tous les autres principes qui leur sont opposés doivent être pervertis, annihilés sans pitié. A propos de tout cela, nous ne pouvons pas nous faire d’illusions ; tout est clair comme de l’eau de roche.

Nous avons a affaire, notre monde a affaire au cancer ; une tumeur énorme qui n’est pas si facile à détecter puisqu’elle se cache derrière des institutions et des organismes nationaux et internationaux. Mais le vrai problème mortel, c’est qu’il a infecté toutes les cellules du corps humain, des sociétés humaines ; les cellules cancéreuses sont partout et dans presque toutes les cellules, apparemment,  sains le virus est présent en latence. Nous parlons à leur façon, nous pensons à leur façon, nous mangeons, nous dormons, nous aimons / détestons, nous perdons notre temps à leur façon. Nous sommes des clones de l’esclave parfait qu’ils ont développé dans leurs laboratoires sociaux. Donc, si nous voulons avoir un monde meilleur, nous devons rejeter tout ce qui leur appartient.

Ces personnes, ces serveurs du Mal ne s’arrêteront pas ; l’algorithme implanté en eux les pousse continuellement sur le chemin de l’esclavage humain, de la démolition de la création de Dieu. Ils sont ajustés pour aller jusqu’au bout : la destruction de la planète entière. Et je pense qu’il y aura bientôt la destruction, la douleur, la mort. Si jamais quelque chose réussit à s’opposer à eux au point de contrer et de vaincre leurs projets, ils sont prêts à tout faire sauter. Trois sont la raison pour laquelle ils ne le feront pas : D’abord, la volonte du Dieu. Deuxièmement, parce que jusqu’à présent, il n’y avait pas une telle force qui s’opposait à eux. Troisièmement, pervertir les gens avant de les tuer est une victoire plus douce pour le Diable que de les tuer directement. Une longue agonie d’un rituel tentant avant la mort.

Nous sommes confrontés à trois alternatives principales :

  1. La multipolarité est fausse. Ils réussissent à asservir le monde entier, mais pas tous les gens et pas pour toujours (volonté de Dieu). Plus tard, ils commencent à se battre les uns contre les autres jusqu’à une grande destruction du monde.
  2. La multipolarité est authentique, opposée non seulement au faux Empire américain, mais aussi au véritable Empire du Capital, principalement à son noyau anglo-zioniste. Les impériaux vont déclencher la guerre, une grande partie du monde est détruite. (C’est le véritable but des bases de missiles autour de la Russie et de la Chine.)
  3. La multipolarité est en fait authentique, mais les sociétés et les États compris dans les nouvelles politiques sont infectéset les générations suivantes s’agenouilleront devant le même maître ténébreux.

La seule solution : revenir à la VÉRITÉ

Dans l’une ou l’autre de ces variantes, l’avenir n’est pas du tout serein. Par contre, il fait assez sombre.

Amis ? De l’aide ? Malheureusement, puisqu’elle renforce en nous la croyance que nous sommes des dieux, la technologie n’est pas vraiment notre amie. Ni la démographie (taux de natalité), ni la répartition de la population entre villes et villages. Il en va de même pour la culture, l’éducation, les structures étatiques.

Le rythme de la transformation du monde ne cesse de s’accélérer. Nous parlons d’un monde multipolaire qui émerge, mais demain matin, il est déjà parti. La multipolarité ne sera que quelque chose que nous avons laissé derrière nous et nous devons déjà penser à l’avenir, essayer, pour une fois dans notre histoire, de penser plus loin qu’eux. Quelle est la formule suivante ? Que devons-nous faire pour les surmonter?

La solution radicale et unique est d’abandonner tout ce qui nous lie à ce faux monde : concepts, idéologie, dogmes, mots, références, habitudes, objets. Nous devrions abandonner tout ce que nous critiquons à l’égard de nos ennemis : les traits extérieurs, mais surtout les traits intérieurs.

Si nous ne cherchons qu’une nouvelle voie, une nouvelle solution pour un monde meilleur, sans d’abord nous changer nous-mêmes, nous continuerons à travailler leur volonté. La vraie et unique solution est l’ancienne solution qui consiste à nous changer, c’est-à-dire à réinitialiser notre intérieur, selon le modèle de Jésus-Christ, de revenir à ce genre de pensée, parler et agir. De retourner à la VÉRITÉ.

Source - FLUX

Beyond multipolarity. This world is doomed; are we prepared for The Day After?

Chisinau Forum III: Paul Ghițiu, writer, journalist, film maker, politician, Romania

I will start by asking you to remember two biblical episodes. The first is the Temptation of Adam and Eve in the Paradise Garden. The second, the expulsion of the merchants from the Temple.

In the wonderful book of Michael Ende „The Never Ending Story”, the Fantasy Land is under the threat of the NOTHINGNESS. That’s quite our own and our world story.

Is multipolarity genuine?

We gathered here to talk about multipolarity. Most of us, maybe all of us are supporting and even delighted with this perspective. Is it a good thing? It does certainly look like that. Finally, the American Empire is challenged and on the way of decay. But is multipolarity genuine? We have no clear answer to this. Personally, since multipolarity has been announced by Macron, who pointed to US, i.e., The American Empire as being guilty of West decay, I believe it’s not. Rather a step of their plan, or an evolution less favorable, but taken into account. (Don’t tell me that Rothschild gave him some millions for a few days of work within his bank and let him be a free-thinker.)

Macron statement is not an admission, is roguery: OK folks, you won, we surrender bla-bla-bla! To put to sleep our awareness, to make us believe that they are surrendering.

Then, there is Trump, or rather the forces behind him, a part of that globalist mafia who are active characters in this episode of changing the world. And, finally, but most important, don’t forget that the world governing center is more active and powerful than ever: UN with all its bodies and institutions and organizations (IMF, WB, HWO, United Nations Children’s Fund, originally known as the United Nations International Children’s Emergency Fund, WTO and so on and so on) promoting and imposing the most malign policies of our days: capital domination, impoverishment of the poor and enrichment of the rich, migration, vaccination, lgbtization and gender agenda and many others.

I have a feeling that one more time they try to play us. As from that Paradise scene, and more discernable for our civilization, since the French Revolution. All the time they prepared some movements in advance, false flags, dead ends, false directions and all the time we had to react. And, looking around us, we can say that until now they were almost completely successful. They never missed it. Will they miss it now?

We will have a multipolar world. Will these new poles work differently? Are these poles rejecting the economical oppressive foundation of our societies and lives for a new vision? Will money tomorrow be less important than souls? Than friendship, than respect, than love?

I don’t think so, and I will explain why. But, of course, genuine or not we are supporting it as long as it means the decay of the Empire.

A non-human world. The Empire of Capital

Relate „Paradise temptation” with nowadays rejecting of God since we declared ourselves gods. Relate „expulsion of merchants” from synagogue with who is now in power in our world. The merchants. What have they done? They offered us the fruit of liberalism, the upper part, the apparently decent and benefic part of the Capital Ideology. And we bit it deep.

We are not living in a human world anymore. Until recently, human societies and states labels were related to something human: activity, tools, relations, hierarchy or social status and so on.

We lived in the stone age, bronze age, iron age, slavery, feudalism; slave state, monarchy, royalty, republic, democracy, aristocracy (one of the three state forms of Aristoteles). But the world we are living in is Capitalist (or, Socialist, or Communist, the lower levels of the capital ideological stack). Today we are liberals, socialists, communists – all ideological identities, all coming from the same source: the emerging capitalism of humanist and illuminist ages, looking for a way to catch the global power: namely, to legitimize itself as the new religion of the world.

Today money is the main determinant of “truth.” “Truth” is what money says, and money has the power to enforce “truth.” Real truth, such as I attempt to tell, is not welcome today by any government or ruling interest anywhere in the Western World or in those countries that have been corrupted by the Western World. Indeed, the enemy of truth today is no longer in Moscow or China. The enemy is in Washington, New York, and Hollywood, in CNN, MSNBC, NPR, New York Times, Washington Post, and in the universities and scientists who lie for money, and in the super-rich who control these entities, including Congress, the Executive Branch, and Oval Office, and Judiciary. (Paul Craig Roberts:  Truth Is an Endangered Species)

A world in metastasis

The globalist financial-banking mafia doesn’t vanish if a multipolar world is emerging. They will continue to be here: under the table napkin, under our pillow, in our houses and cars, in all our devices, that „filled the void of our lives”; under the new cultural foundation; everywhere within the educational system; under the social networks; under 99 % of our daily existence. With huge amounts of money, with a large part of Earth în their property, with hundreds of millions of subjects in their transnational and national companies, state structural networks, the civil society, media and so on.

We are living in a world that near completely surrendered to money. And money has no other „religion”, no other ground rule than their multiplication. They have no feelings (hate is coming from their master), no pains, they can’t cry or laugh, or dream. They are always hungry. They are cold blood killers. And they are profoundly 100 % despotical. No sympathy, no chemistry, no mercy, no goodwill. Nothing than more money, more void, more NOTHINGNESS. That’s why any other values, any other principles opposed to them have to be perverted, annihilated without mercy. About all these we can’t have illusions; everything is crystal clear.

We are dealing, our world is dealing with cancer; a huge tumor which is not so easy to spot since it hides behind national and internaţional institutions and bodies. But the real deadly problem is that it infected every cell of mankind’s body, of the human societies; the cancerous cells are everywhere and in near all, apparently, sound cells the virus is present in latency. We are speaking their way, we are thinking their way, we are eating, sleeping, loving/hating, wasting our time their way. We are clones of the ever-perfect slave they developed in their social laboratories. So, if we want to have a better world, we have to reject everything that’s theirs.

These people, these servers of Evil will not stop; the algorithm implanted inside them pushes them continuously on the way of man enslavement, of God creation demolition. They are adjusted to go up to the complete end: the destruction of the whole planet. And, I think, there will be soon destruction, pain, death… If ever something will succeed to oppose them so hard as to counter and defeat their projects they are ready to blow up everything. Three are the reason they will not do it: First, God Will. Second, because up to now there was not such a force opposing them. Third, perverting people before killing them is a more sweet victory for the Devil, than killing them directly. A long agony of a tantalizing ritual before death.

We are facing three main alternatives:

  1. Multipolarity is fake. They succeed in enslaving the whole world buit not all the people and not forever (God Will). Later they start fighting with each other up to a large destruction of the world.
  2. Multipolarity is genuine, opposed not only to the fake American Empire but to the real Empire of Capital, mainly to the anglo-zionist core of it. The imperials will start the war, a large part of the world is destroyed. (That’s the true purpose of the missiles bases around Rusia and China.)
  3. Multipolarity is actually genuine, but societies and states comprised in the new pols are infected and the next generations will kneel before the same tenebrous master.

The only solution: returning to TRUTH

In any of the above variants, the future is not at all serene. Per contra, it looks quite dark.

Friends? Help? Unfortunately, since it enforces in us the belief that we are gods, technology is not really our friend. Neither demography (the birth rate), nor the population distribution between cities and villages. The same with culture, education, state structures.

The pace of world transformation is increasingly on and on. We are talking about a multipolar world that is emerging, but tomorrow morning it is already gone away. Multipolarity will be just something we left behind and we have to already think the future, to try, for once in our history, to think ahead of them. What is the next formula? What do we need to do to overcome?

The radical and only solution is to abandon everything that ties us to this fake world: concepts, ideology, dogmata, words, references, habits, objects. We should abandon everything we are criticizing at our enemies: outer features, but mainly inner ones.

If we are looking only for a new way, a new solution to change in better the world, without first changing ourselves, we will continue to work their will. The real and only solution is the old one of changing us, i.e. to reset our inner, according to the model of Jesus Christ, to that kind of thinking, speaking and acting. To go back to TRUTH.

Source - FLUX

10:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actaulité, politique internationale, multipolarité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 26 septembre 2019

CHISINAU FORUM III : Le système international actuel, du globalisme à la multipolarité

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CHISINAU  FORUM III

Le système international actuel, du globalisme à la multipolarité

par Irnerio Seminatore, président fondateur de l'Institut Européen des Relations Internationales

Table des matières:

  • Système et conjoncture;
  • Le système et ses niveaux de pouvoir;
  • Mouvements stratégiques et antinomies d'alliances en Eurasie;
  • Le système  multipolaire. "Un concert mondial des nations" ou une "gouvernance mondiale renforcée"?
  • De l'Europe à l'Eurasie. Un changement dans les paradigmes géopolitiques;
  • Le déclin d'Hégémon .Alternance hégémonique ou "révolution systémique";
  • A qui appartiendra le futur? L'espace planétaire, la démocratie et les Etats-Nations

Système et conjoncture

Le système international actuel, qui inclut le système interétatique, la société mondiale et la globalisation des économies, se caractérise par une triple dynamique, de fragmentation, de polarisation et de confrontation et cette dernière se traduit en une reconfiguration des alliances militaires, face aux risques de conflit entre la Chine, les États-Unis et la Russie, confrontés au piège de Thucydide ( G.Allison).

Ces risques appartiennent à l'ordre historique et instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et antagonisme. Il s'agit d' une politique qui a pour enjeu le contrôle de l'Eurasie et de l'espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland (2).

Les rivalités, qui sécouent aujourd'hui plusieurs régions du monde ont forcé l'Est et l'Ouest à reserrer leurs alliances militaires et à s'interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe , de stabilité stratégique et d' unité  de l'espace européen.

Cependant toute tentative de définir un ordre régional quelconque ne peut être conçue que dans la perspective d'un ordre global et dans la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire.

C'est par référence à la triangulation géopolitique et stratégique de la Russie, des États-Unis et de la Chine, et en subordre, de l'Europe, de l'inde et du Japon, que doit être comprise la liberté de manœuvre des puissances régionales au Moyen Orient ,au Golfe et en Iran et c'est là que se situe l'une des clés de la stratégie générale des grandes puissances.

Le système et ses niveaux de pouvoir

Du point de vue analytique, le système international superpose plusieurs niveaux de pouvoir :

− les pôles de puissances classiques , pluricentriques et virtuellement conflictuels( Amérique, Europe Russie, Chine, Inde..)

− un bipolarisme global dissimulé, fondé sur un condominium à caractère asymétrique (Etats-Unis et Chine)

− trois grandes zones d'influence, inspirées par trois aires de civilisation, constituées par l'Europe, les États-Unis et l'Empire du Milieu.

Dans ce contexte, la grande scène du monde abritera une multitude de stratégies, qui seront universelles pour les Nations-Unies, économiques pour les institutions de Bretton-Woods, sécuritaires et militaires par le système des alliances régionales (OTAN).

La singularité géopolitique des États-Unis, la grande île du monde, est qu'elle sera forcée  de se normaliser dans l'immense étendue de l'Eurasie, centre de gravité de l'Histoire.

L'Amérique deviendra-t-elle un pôle de puissance parmi d'autres, disputé, mais toujours dominant?

Mouvements stratégiques et antinomies d'alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l'acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires. Ce moment se présente comme une antinomie d' options entre les puissances  conservatrices (ou du « status quo ») et les puissances perturbatrices (révisionnistes ou insatisfaites). 
Se départagent ainsi aujourd'hui, les deux stratégies des acteurs majeurs de la scène mondiale, une stratégie défensive, de stabilisation et de vigilance active pour l'Ouest et une stratégie offensive, de subversion et de remise en cause de la hiérarchie de puissance , pour l'Est.

Ainsi, dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s'esquissent au niveau planétaire :

- l'alliance sino-russe, assurant l'autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (projet OBOR /One Belt, One Road/, avec la participation d'environ 70 pays)

- la stratégie du "containement" des puissances continentales par les puissances maritimes du "Rimland" (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc), comme ceinture péninsulaire extérieure à l'Eurasie

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et leurs buts stratégiques opposés.

En effet, le couple sino-russe est défini « concurrent stratégique », ou « concurrent systémique » (notamment par l'UE) et refuse de se soumettre à l'ordre international issu de la deuxième guerre mondiale et dessiné par les États-Unis

Le système multipolaire. Un " concert mondial des nations" ou une "gouvernance globale renforcée"?

La caractéristique fondamentale du système multipolaire n'est pas celle de s'asseoir sur une mondialisation, comme "gouvernance mondiale renforcée", complétant le système des Etats -Nations par des institutions mutilatérales  (ONU, FMI,G7, ou G20), dans le but de favoriser leur intégration dans un jeu coopératif mondial, mais d'identifier les intérêts essentiels des acteurs principaux, dont les objectifs sont virtuellement conflictuels.

Ainsi le but n'est pas de cerner des équilibres, fondés sur les concepts d'échanges et de coopération, mais de prévoir les ruptures stratégiques , sous la surface  de la stabilisation apparente.

De l'Europe à l'Eurasie. Un changement dans les paradigmes géopolitiques

Ainsi la  fin de la bi-polarité , avec l'effondrement de l’empire soviétique a engendré une source de tensions , entre les efforts centrifuges mis en œuvre par les États de proximité, « les « étrangers proches », visant à s'affranchir  du  centre impérial et la réaction contraire de Moscou, pour reprendre son autorité à la périphérie, par une série d'alliances enveloppantes. (OTSC, OCS )

La Russie et l’ensemble des nations d’Asie Centrale jusqu’aux pays du Golfe, du Moyen Orient et du Maghreb manquent de leaders ayant fait l’expérience de la démocratie et l’Union Européenne n’a pas conceptualisé une limite stratégique globale entre l’Atlantique et l’Asie Centrale, passant par la bordure de la Méditerranée et remontant le plateau turc et le Caucase, pour parvenir au pivôt des terres, le Heartland, dans un but d’influence et de maîtrise des tensions.

C’est l’Alliance Atlantique qui a vocation à opérer la soudure de l’intérêt géopolitique de l'Ouest, dans cette immense étendue entre l’Amérique et l’Europe.

Le « déclin d'Hégémon ». Alternance hégémonique ou "révolution systémique"?

La question qui émerge du débat sur le rôle des Etats- Unis, dans la cojoncture actuelle est de savoir si la « stabilité hégémonique » (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante dix ans par l'Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin d'Hégémon et de la civilisation occidentale , ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial.

L'interrogation qui s'accompagne de celle-ci est également centrale et peut être formulée ainsi : « Quelle forme prendra-t-elle cette transition ? »

La forme, déjà connue, d'une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXème siècle, ou la forme d'un changement d'ensemble de la civilisation, de l'idée de société et de la figure de l'homme, selon le modèle des « révolutions systémiques », de Stausz-Hupé, scandées par quatre grandes conjonctures révolutionnaires, embrassant l'univers des relations socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues.

Chacun de vous comprendra qu'il s 'agit là de notre propre question,celle de notre temps et de notre forum.

A qui appartiendra-t il le futur ? L'espace planétaire, la démocratie et les Etats-Nations

Dans le cadre d'un environnement interdépendant progresseront les nations qui ont été façonnées sous forme d'États-Nations et d'États-Civilisation. En effet ces nations disposent de configurations durables, car elles ont pu se prévaloir d'une base de stabilité politique, traditionnelle ou moderne, et d'une cohérence géographique et environnementale qui a permis leurs affirmations au cours de l'histoire et qui leurs permet aujourd'hui d' assurer leur survie.

Au plan philosophique et stratégique la nouvelle approche du processus historique sera systémique, pluraliste et complexe, antithétique de la méthode dialectique et universalisante de l'hégélianisme occidental.

Aujourd'hui les dessous de l'Histoire font apparaître les déceptions amères d'une crise de légitimité des démocraties, des conceptions de l'État de droit et des droits universels, coupables d'avoir dissocié l'intime relation entre l'universel et le particulier au profit de concepts et de visions du monde sans transcendence, ouvrant la voie à la révolte de la tradition et du passé, comme formes d'historicité authentiques.

L'élargissement du « modèle démocratique » apparaîtra ainsi, en son abstraction, comme l'expression d'une vision utopique de l'Histoire et se heurtera, à une interprétation messianique du monde historique.

Dans cette analogie, la tradition et les sociétés traditionnelles témoignent de l'expression d'autres formes d' « historicité », indifférentes à l'idée de rationalisme , de doute et de « démocratie », sauf pour les couches intellectuelles cosmopolites, libertaires et non organiques, exclues des offices publics.

L'interprétation de la démocratie comme « modèle » est également la négation de l'évolution des régimes politiques selon leur propre loi, ou selon leur propre individualité historique, qui est en Europe souverainiste ou stato-nationale.

Si le « modèle démocratique » devait prendre partout racine, cela correspondrait au triomphe de la « cité céleste» sur la « cité terrestre» de Saint Augustin, ce qui, dans les relations internationales, représenterait la victoire de l'angélisme sur les deux monstres bibliques du cahos primitif, Léviathan et Béhémoth, révoltés contre le créateur .

Bruxelles, le 11 septembre 2019

(1) Heartland , "le pivot géographique de l'histoire" , 1904 , Halford MacKinder
(2) Rimland , la bordure maritime de l'Eurasie , ou "inner crescent" , concept géostratégique de Nicholas Johan Spykman.

Texte conçu en vue de sa présentation au "IIIème Forum de Chisinau" des 20 et 21 Septembre 2019

 

mercredi, 25 septembre 2019

« Au-delà du moment unipolaire – Perspectives sur le monde multipolaire émergent »

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Forum de Chișinău III: Conférence internationale

« Au-delà du moment unipolaire – Perspectives sur le monde multipolaire émergent »

 

Iurie Roşca,
journaliste et directeur de l’Université Populaire

Discours introductif

Chers amis, mesdames et messieurs, bonjour à toutes et à tous, bienvenue à la troisième édition du Forum de Chișinău intitulé « Au-delà du moment unipolaire – Perspectives sur le monde multipolaire émergent ».

Permettez-moi de me présenter aux personnes de différents pays qui sont en train de regarder en direct notre événement. Je m’appelle Iurie Roşca, je suis un journaliste et un éditeur de Moldavie, ainsi que le directeur de l’Université Populaire qui organise cette rencontre. Je suis un ancien dissident anticommuniste et un actuellement un dissident antiglobaliste. J’aimerais commencer notre conférence internationale en disant que la principale caractéristique de mon pays, la Moldavie, est son identité religieuse, l’Orthodoxie. Plus de 90% de nos citoyens appartiennent à l’Église Orthodoxe. Sans notre foi nous n’existerions pas, nous ne serions qu’une foule d’anciens Homo Sovieticus ou de nouveaux Homo Americanus. C’est pourquoi j’aimerais vous demander la permission de débuter notre événement par la prière du « Notre Père » dans ma langue maternelle roumaine… Tatăl Nostru… Merci beaucoup.

Et maintenant laissez-moi dire juste quelques mots sur les origines de notre initiative qui s’appelle Forum de Chișinău. L’idée a été discutée en 2017 par un groupe d’amis de différents pays qui partagent les mêmes valeurs conservatrices, traditionnelles, anti-système et antiglobalistes. Le philosophe russe Alexandre Douguine, l’écrivain et journaliste français Constantin Parvulesco, le prêtre orthodoxe italien Nicola Madaro, moi-même et d’autres personnes ont décidé d’initier ce projet en tant que rencontre internationale régulière rassemblant des intellectuels qui s’opposent fortement à l’hégémonie américaine, ainsi que la suprématie occidentale, qui contestent l’agenda globaliste et qui défendent la préservation de la diversité culturelle, religieuse, ethnique et nationale, les valeurs spirituelles et morales ainsi qu’une autre société, véridiquement humaine, plus juste et plus équitable. Notre conviction est que cette sorte de coopération entre intellectuels de différents pays peut précisément aider les voix dissidentes à devenir plus fortes dans notre confrontation avec le discours dominant qui est formé par les élites globales contre les intérêts de nos nations.

Et maintenant, pourquoi avons-nous choisi Chișinău comme lieu de nos rencontres ? Parce qu’elle est située entre l’Est et l’Ouest, et parce que cette terre ne doit plus jamais être vue comme une ligne de division de notre continent, ni comme faisant partie des luttes géopolitiques entre grandes puissances internationales. Dans notre vision, après la fin du moment unipolaire de l’hégémonie américaine, la Moldavie en tant que partie de notre grande patrie, le continent eurasien, doit devenir une terre de coopération, de confluences, de complémentarité entre les différents peuples, cultures et traditions qui appartiennent, finalement, à la même civilisation continentale.

Le premier Forum de Chișinău s’est déroulé du 26 au 27 mai 2017 et a rassemblé des intellectuels de France, d’Italie, de Russie, Moldavie, Roumanie, Grèce, Serbie, Géorgie et Belgique. Parmi les orateurs principaux à ce moment-là il y avait le penseur russe Alexandre Douguine, l’économiste et écrivain français qui est aujourd’hui membre du Parlement européen – Hervé Juvin, le leader d’opinion géorgien Levan Vasadze, l’activiste civique belge Kris Roman, etc. Durant notre premier forum nous avons adopté un document qui définit notre profil conceptuel. Nous l’avons appelé le Manifeste de Chișinău : « La création de la Grande Europe. Une esquisse géopolitique d’un monde multipolaire » (https://flux.md/stiri/the-chisinau-manifesto-creating-the-greater-europe).

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Notre second événement international s’est déroulé du 15 au 16 décembre 2017. Le thème de la conférence était « Le capitalisme financier et ses alternatives au XXIème siècle. Contributions à la Quatrième Théorie Économique » (see full video: https://flux.md/stiri/video-international-conference-financial-capitalism-and-its-alternatives-for-the-21st-century-contributions-to-the-4th-economic-theory-chisinau-15-december). La seconde édition du Forum de Chișinău a rassemblé un nombre impressionnant d’intellectuels importants de plusieurs pays qui ont mis en avant leur vision au sujet du modèle dominant politique et économique actuel et formulé plusieurs concepts clés concernant des modèles alternatifs au paradigme prédominant cupide, injuste et pervers qui est impasé globalement par les entreprises multinationales.

Malheureusement l’année dernière nous avons perdu l’opportunité d’avoir un autre forum ici à Chișinău seulement à cause de moi. Je parle de ma persécution par nos autorités qui n’ont aucune sympathie pour mon activité et ont essayé de m’emprisonner pour sept ans. Pour être honnête, je suis en profond désaccord avec leurs intentions mais je n’ai aucune hésitation à continuer mon combat pour des valeurs qui sont plus importantes que ma liberté. Quoiqu’il en soit en 2018 notre équipe internationale a continué son activité en organisant des conférences publiques et des présentations de livres, en écrivant des articles et en faisant des vidéos pour nos réseaux de médias alternatifs.

Au cours de ces trois années passées notre équipe s’est agrandie et renforcée, d’autres dissidents célèbres de différents pays ont rejoint notre famille intellectuelle. Ainsi, au cours de cette période, nous sommes devenus plus visibles et influents au niveau international. Aujourd’hui nous sommes heureux d’annoncer la présence à notre événement international d’amis qui sont venus à Chișinău de plus d’une dizaine de pays.

Le premier jour du Forum de Chișinău se focalisera sur notre thème principale concernant la fin de l’hégémonie américaine et les perspectives du monde multipolaire naissant. Demain nous aurons deux discussions de groupe. Nous commencerons à 9h du matin avec le premier groupe, appelé « La Syrie en flammes », en discutant de l’agression occidentale contre ce pays qui a commencé il y a 8 ans et faisant partie d’une guerre militaire et non-militaire, médiatique et économique plus large contre l’ensemble du Moyen Orient (Afghanistan, Iraq, Libye, Yémen et Iran).

Notre seconde discussion de groupe, qui se déroulera demain, se focalisera sur notre activité éditoriale. Nous aurons le plaisir d’écouter les discours de plusieurs auteurs français célèbres qui sont maintenant parmi nous : Lucien Cerise, Youssef Hindi et Pierre-Antoine Plaquevent. Je parle d’auteurs dont les livres ont été traduits en roumain et publiés par l’Université Populaire au cours des deux dernières années. J’aimerais mentionner le fait que parmi les auteurs français publiés par nos soins il y a aussi Jean Parvulesco, Ivan Blot, Hervé Juvin, Jean-Michel Vernochet, Valérie Bugault et Jean Rémy.

Un historienne française que j’admire beaucoup et qui est aussi avec nous aujourd’hui est Marion Sigaut. Elle participera aussi demain à notre second groupe d’experts. Dailleurs, j’espère publier au moins un de ses livres dans un avenir proche.

Et maintenant laissez-moi vous présenter mes collègues qui seront les co-modérateurs de notre événement. Daria Dugina, de Russie, est une historienne de la philosophie. Paul Ghițiu, un écrivain, journaliste, réalisateur et homme politique roumain. Youssef Hindi est un historien français des religions et un analyste géopolitique. Et maintenant j’aimerais vous inviter à écouter les discours de nos amis.

Merci pour votre attention !

mercredi, 15 mai 2019

Un nouvel ordre multipolaire fondé sur la régulation

 

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Un nouvel ordre multipolaire fondé sur la régulation

Ligne Droite cliquez ici

& http://synthesenationale.hautetfort.com

Le concept de communauté internationale, qui revient de façon récurrente dans le discours des diplomates occidentaux, n’est qu’un artifice destiné à légitimer la politique étrangère des États-Unis. Or celle-ci, porteuse de l’idéologie mondialiste, est contraire aux intérêts de la France et de l’Europe. Aussi notre pays devrait-il, selon Ligne droite, contester l’organisation actuelle des relations internationales et nourrir la grande ambition d’œuvrer à l’avènement d’un « nouvel ordre multipolaire » ancré dans la réalité du monde d’aujourd’hui et axé sur la régulation des échanges.

La notion de communauté internationale, un instrument de l’imperium américain

La notion de « communauté internationale », qui reprend sous un angle un peu différent celui de nouvel ordre mondial très en vogue à la fin du XXe siècle, est en effet une formule des plus ambiguë. Ceux qui s’en réclament laissent entendre qu’ils parlent pour l’ensemble des nations du monde, alors qu’il ne s’agit le plus souvent que des États-Unis et de leurs « alliés ». Cette référence à la communauté internationale est dès lors quasi systématiquement utilisée pour des actions ou des prises de position qui servent les États-Unis et leur vue du monde.

Autant dire, dans ces conditions, que cette notion s’inscrit dans un cadre très politiquement correct. Elle repose sur l’idée que le modèle américain fondé sur le libéralisme et la démocratie va s’étendre au monde entier et s’appuie sur l’idéologie mondialiste qui conduit à supprimer les frontières, à réduire le pouvoir des États et à œuvrer à la globalisation de la planète. En effet, la communauté internationale en question ne se préoccupe pas des identités et considère avec méfiance les États qui y demeurent attachés comme la Russie et tous les pays de l’Est de l’Europe.

Une conception politiquement correcte inadaptée au monde multipolaire d’aujourd’hui

Ligne droite estime en conséquence que les notions de nouvel ordre mondial et de communauté internationale doivent être rejetées car elles véhiculent le mondialisme, le libre-échangisme intégral, l’immigrationnisme et l’atlantisme. À ce titre, elles vont à l’encontre de ce qui est souhaitable pour le France et l’Europe, aussi notre pays doit-il les contester tout en proposant une autre vision.

Cette démarche se révèle d’autant plus légitime que le concept de communauté internationale ne correspond en rien à la réalité du monde d’aujourd’hui. La planète est en effet loin de converger autour du pôle américain, lequel perd d’ailleurs de son influence. Notre époque apparaît au contraire marquée par l’émergence de nouvelles puissances qui structurent la scène mondiale selon un schéma multipolaire. Un schéma qui n’est pas compatible avec la notion de communauté internationale puisqu’aucun des nouveaux pôles émergents comme la Chine, l’Inde ou le monde musulman, pas plus d’ailleurs que la Russie, le Brésil ou l’Afrique, ne sont prêts à s’aligner sur les États-Unis.

Il faut lui substituer le concept de nouvel ordre multipolaire

Ligne droite considère donc que la France devrait se faire le champion d’une autre conception des relations internationales. Une conception qu’elle devrait populariser sous le nom de « nouvel ordre multipolaire » et qui devrait reposer sur deux grands principes : prendre en compte la réalité multipolaire du monde d’aujourd’hui et substituer à l’ultralibéralisme international le principe de la régulation générale de tous les échanges.

Le nouvel ordre multipolaire pour une régulation des échanges

Contrairement au nouvel ordre mondial qui organisait le laisser-faire laissez-passer général tant pour les biens et services que pour les mouvements migratoires, le nouvel ordre multipolaire proposé par la droite nouvelle devrait s’appuyer sur le principe simple selon lequel les échanges ne sont admis que s’ils sont bénéfiques pour les deux parties concernées et doivent donc être régulés en conséquence.

Dans ce cadre, l’organisation du commerce mondial devrait être entièrement revue et de nouvelles négociations devraient être ouvertes en son sein pour mettre en place des écluses douanières entre les grands ensembles économiquement homogènes.

De même, s’agissant de l’immigration, la maîtrise des flux devrait s’imposer comme la règle commune. Aucun mouvement migratoire ne pourrait être organisé sans l’accord des deux pays concernés. Quant aux déplacements clandestins, ils devraient être combattus par les pays d’émigration comme par ceux d’immigration et, dans la mesure où ils sont organisés par des filières mafieuses, traités comme tels par les services compétents.

Le nouvel ordre multipolaire pour la stabilité du monde

Par ailleurs, le nouvel ordre multipolaire devrait prendre en compte la réalité du monde et reconnaître son caractère multipolaire. Pourrait en effet être constitué un G9 d’un nouveau genre regroupant les principaux pôles de puissance: Chine, Japon, Inde, Brésil, États-Unis, Russie et Europe, auxquels devraient être adjoints deux autres États, l’un représentant le monde musulman et l’autre l’Afrique (au besoin selon une formule de tourniquet). Une telle instance même informelle qui représenterait avec neuf partenaires la presque totalité de la population mondiale pourrait être le lieu le plus pertinent où débattre des conflits et des problèmes du monde. Une configuration qui serait capable d’apporter une plus grande stabilité internationale, car fondée, non plus sur une puissance unique qui cherche à s’imposer, mais sur l’équilibre des principaux pôles de puissance de la planète.

Le nouvel ordre multipolaire, un projet susceptible de s’imposer

Pour mettre en œuvre un tel projet, très différent des pratiques actuelles, la droite nouvelle, une fois au pouvoir, devrait commencer par faire de la France le champion de cette idée, à charge pour elle de l’expliquer et d’en assurer la promotion. Si, ensuite, l’Europe confédérale, telle que préconisée par Ligne droite, reprenait ce projet à son compte, gageons que tout deviendrait alors possible. L’idée d’un nouvel ordre multipolaire pourrait en effet intéresser les BRICS. Le Brésil, la Russie, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud cherchent en effet à réduire l’influence des États-Unis dans le monde. Ils ne pourraient dès lors que soutenir un projet visant à institutionnaliser la réalité multipolaire qu’ils incarnent et, forte de ce soutien, l’Europe serait en mesure de faire prévaloir ce changement radical de l’organisation des relations internationales.

En tout état de cause, la France, dirigée par la droite nouvelle, aurait tout intérêt à porter l’idée d’une rénovation profonde des relations internationales. En dehors des bénéfices qu’elle et les autres pays européens pourraient en retirer si le projet se concrétisait, le seul fait de s’en faire l’artisan permettrait à la France de gagner en stature et d’offrir aux Français des perspectives ainsi qu’une ambition collective qui leur rendrait espoir et fierté.

samedi, 02 février 2019

Geopolítica, de la bipolaridad a la multilateralidad

Salvador González Briceño

Ex: http://www.elespiadigital.com 

La crisis de los poderes mundiales de la posguerra fría, como base de la geopolítica crítica: SGB

La geopolítica mutó, para bien, porque perdió su carácter imperialista cuando que se le terminó el piso de la bipolaridad en la posguerra fría. Como método para entender el mundo desde las potencias, la geopolítica se abrió paso proponiendo conocer de la importancia de la geografía, física y humana, de la política y los estados en las relaciones internacionales. Es decir, en las relaciones de poder.

La geopolítica surgió en 1900 cuando el primer pensador, Rudolf Kjellén, la propuso en su libro Introducción a la geografía sueca. Pronto sería puesta a prueba durante las guerras mundiales del siglo XX, cuando las potencias se dieron a la guerra. Vendrían otros estrategas, como Mackinder y Haushofer entre otros, a complementar lo que luego se conocería como la geopolítica tradicional o clásica.

Luego entonces, la geopolítica fue adoptada desde los centros de poder mundial, para atender sus necesidades como países involucrados en la confrontación violenta, poniendo a prueba sus armamentos, su potencial, su estatus con respecto a lo demás, en aras del dominio del resto del mundo.

La geopolítica la utilizaron tanto la Alemania nazi de Hitler, como la Bretaña imperial de Churchill, la Francia de De Gaulle, los Estados Unidos de Roosevelt o la URSS de Stalin, con sus maquinarias de guerra más feroces de su tiempo, además que aceleraron sus industrias militares o la industria en su rama militar.

En los tiempos de la guerra entre las potencias desarrolladas —I Guerra Mundial y II Guerra Mundial—, se daba el tránsito del capitalismo al imperialismo, con ansias expansionistas de reparto territorial en amplias zonas de control probable, tanto de países enteros como de recursos naturales.

Adoptada y probada, la geopolítica salió bien librada. Mostró su utilidad a las potencias: primero a los países del frente de guerra —en sus modalidades como geopolítica anglosajona, renana y nipona—, luego durante la llamada guerra fría al término de la IIGM con la rendición de Japón tras el lanzamiento de las bombas nucleares sobre Hiroshima y Nagasaki.

Luego vendría el derrumbe del Muro de Berlín y la caída de la URSS que significó la pérdida de rumbo del llamado “socialismo real”, que dio pie a la llamada posguerra fría. Aquello desde el punto de vista de las relaciones internacionales y los equilibrios que logró la bipolaridad.

Pero este esquema fue puesto en jaque frente a la aparente unipolaridad de Estados Unidos, toda vez que apareció como el vencedor universal. La vigencia de la geopolítica clásica comenzó a perder influencia y sentido, en tanto sus bases fueron removidas.

En lo que se dio el reacomodo de las propias potencias a nivel mundial bajo este nuevo paradigma, los geopolíticos tradicionales intentaron seguir con sus preceptos en tanto las mutaciones no terminaron de definirse.

Pero la influencia de la globalización con sus políticas neoliberales, terminó poniendo en duda su plena vigencia. Las relaciones internacionales cambiaron con el trastocamiento del orden anterior, y hacia fines del siglo XX con el cambio de procedimientos y las alteraciones que impactaron el orden internacional, como las afectaciones al Estado nacional y al derecho internacional.

Todo lo anterior derivó serias críticas para la geopolítica clásica. Los analistas cuestionaron el método de la geopolítica, y contribuyeron a crear un cambio de visión. De ahí, de los nuevos escenarios de la posguerra, surgió la geopolítica crítica.

Se trataba ya de la geopolítica como alternativa, en el contexto de un mundo que dejó de ser bipolar y se convertía a pasos agigantados al multipolar. Es decir, que ahora la geopolítica sirve también para colocar en el escaparate a los poderosos.

Sí, y para cuidarse de sus ambiciones, de sus intentos golpistas, de sus guerras híbridas, de sus estrategias futuristas de la moderna (que no posmodernidad o posmodernismo, cual postura ideológica para la perdición analítica, entre otras razones) ciberguerra, sus fake news, los golpes suaves, etcétera.

De ahí la necesaria visión multilateral y multidisciplinaria de la geopolítica crítica, como alternativa, ahora también para el resto del mundo. La geopolítica se volvió generalizada, para el estudio y puesta en práctica de políticas, por todos los países que no se quieran quedar atrás con respecto al resto.

Es por ello que los países, antes víctimas de la disputa entre potencias por sus riquezas naturales, hoy aprenden a cuidarse, a buscar alianzas estratégicas. Los países con recursos ahora saben —o por lo menos es su obligación y de alta prioridad saber—, que la geopolítica crítica es una alternativa que posee como característica principal cuidar de su potencial en general; por su ubicación geográfica y recursos, como sus mares, minería etcétera, en la vecindad con otros estados y para unas relaciones internacionales de equilibrio y respeto.

En otras palabras, desde la posguerra fría la geopolítica dejó de ser un instrumento solo al servicio de las grandes potencias, como los Estados Unidos, Gran Bretaña, la Unión Europea, incluso de Rusia, China o la India. Hoy es útil para todos, en su modalidad como geopolítica crítica. Sin perder las bases del pasado, pero con un nuevo enfoque.

Fue en los años 90 en donde las relaciones internacionales fueron trastocadas, a partir de ahí otros países se abrieron a la disputa por un rol distinto, ajeno al sometimiento de la posguerra y lejos del dominio tradicional de las potencias, imperiales y violentas. Puesto que la globalización jaqueó el poder mismo de los otrora países poderosos.

Por eso, hoy no se habla solo de países, aislados, como de grupos de países que operan para contrapeso de los países hegemónicos. Las confrontaciones pasaron de la bipolaridad —EU vs Rusia—, a los contrapesos de la multipolaridad, con países emergentes como China, India o Irán, Irak o Corea del Norte.

Por eso la importancia de la geopolítica como herramienta hoy. Porque el análisis del poder mundial pasa ahora por la multilateralidad. Les guste o no aquellos pensadores de países siempre ganadores en el pasado, acostumbrados atropellar al resto.

Claro que subsisten todos los peligros de las guerras, incluso nucleares porque nadie ha renunciado a ellas —todo lo contrario—, se crean amenazas incluso mediante las noticias falsas, de campañas propagandísticas contra gobiernos no afines acusados de “terroristas”.

Bienvenida la Geopolítica Crítica —autores en la “periferia” sobran; muy importantes, por cierto—, herramienta útil para todos. El reto está en colocarla a la altura del análisis, en países como Latinoamérica y México. Más acá, con EUA, generador de invasiones y guerras en el mundo, como vecino.

mardi, 13 novembre 2018

Les relations internationales dans un monde multipolaire

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Les relations internationales dans un monde multipolaire

par Hans Köchler*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Afin d’éviter tout malentendu, il est judicieux d’entreprendre d’abord une clarification concernant la formulation du sujet qui m’a été assigné «Les relations internationales dans un monde multipolaire». Pour le terme «international», c’est assez simple. Il faut cependant souligner spécifiquement ce qu’on entend par ce terme «interétatique», puisque qu’en allemand «nation» a encore une autre signification. Il s’agit donc des relations entre les Etats et implicitement, de celles entre les peuples et les individus. Cela n’entre pas en contradiction avec le fait que l’Etat obtienne sa légitimité du statut souverain du citoyen dans l’action commune.

«L’avantage décisif de la configuration multipolaire – plutôt complexe, il faut le reconnaître – est que chaque acteur, indépendamment de sa taille et de son pouvoir, a une marge de manœuvre – on pourrait aussi dire un espace de liberté – relativement plus grande que dans l’ancienne configuration unipolaire. Pour les Etats de moindre importance, un cadre multipolaire constitue clairement une meilleure garantie pour la sauvegarde de leur indépendance, qu’un système hégémonique ou aussi bipolaire.»

«Multipolaire» et «multilatéral»

Cependant, la notion de «multipolaire» nécessite d’être expliquée de manière plus précise. Il ne faut pas la confondre avec la notion de «multilatéral». Cette dernière se rapporte à la forme ou plutôt à la méthode de l’action en politique extérieure des Etats, alors qu’au contraire l’adjectif «multipolaire» met l’accent sur la configuration de pouvoir entre les Etats. Ce sont deux niveaux de compréhension totalement différents de l’application de cette notion. Les accords, par exemple, peuvent être soit bilatéraux, soit multilatéraux; ils ne peuvent cependant jamais être unilatéraux, puisque on ne peut conclure un accord avec soi-même. Les sanctions peuvent être unilatérales, si elles sont imposées par une seule partie, soit par un seul Etat, soit par un groupe ou une organisation d’Etats. Les sanctions ne deviennent des mesures de contrainte collectives, donc multilatérales, que si elles sont dispensées par le Conseil de sécurité des Nations Unies au nom de tous, donc au nom de la communauté des nations. On peut donc dire qu’un Etat agit dans un certain cas, de façon multilatérale, c’est-à-dire, qu’il prend des décisions en commun avec d’autres Etats, ou alors, dans un cas isolé ou de façon générale, il peut également agir de façon unilatérale.


Il en va tout autrement avec l’adjectif «multipolaire». A un moment donné, la configuration de pouvoir au niveau global ou régional peut être unipolaire, bipolaire ou multipolaire. Ici, il n’est pas question – tout autrement qu’avec «unilatéral», «bilatéral» ou «multilatéral» – du nombre des Etats trouvant un accord au sujet de mesures particulières, mais du nombre de pôles de pouvoir au niveau global. Juste un indice pour préciser cette différence: dans un ordre multipolaire, un Etat peut – s’il le souhaite – agir de manière unilatérale, s’il pense être assez puissant pour le faire. S’il n’y a qu’un seul centre de pouvoir, l’Etat dominant sera constamment tenté d’agir comme il le désire, sans rechercher l’entente avec les autres Etats, puisqu’il n’existe aucun contrepoids à son pouvoir. Dans une telle configuration, il peut cependant de son propre chef également agir de manière multilatérale, c’est-à-dire, accorder sa position avec d’autres Etats – s’il en ressent la magnanimité ou – selon le point de vue – suffisamment d’indulgence.

Trois questions déterminantes concernant le sujet

Après cette clarification, nous pouvons rentrer in medias res, dans le vif du sujet. Comme je vois la chose, il y a trois questions déterminantes concernant le sujet – comment avancer au niveau international dans un monde multipolaire:

  1. Quelle est la marge d’action des acteurs étatique dans une constellation multipolaire, induisant idéalement, mais non nécessairement, aussi un équilibre de pouvoir multipolaire?
  2. Quelle est la particularité des relations internationales, lorsqu’il y a plus de deux pôles de pouvoir, c’est-à-dire, quelle en est la différence d’avec une configuration unipolaire ou bipolaire?
  3. Quelles sont les perspectives d’avenir de l’action interétatique dans un contexte multipolaire – ou, très concrètement, hic et nunc: comment passer d’une configuration unipolaire à une configuration multipolaire?

Le monde est dans une phase transitoire

Je pense qu’il est clair pour nous tous que le monde se trouve actuellement dans une telle phase transitoire et que nous nous trouvons pour l’instant dans une sorte de mélange hybride. L’ordre mondial n’est plus exclusivement unipolaire, mais il n’est pas non plus entièrement multipolaire. Il est évident qu’une telle époque de bouleversements comprend pour tout le monde de l’instabilité et des risques. Il y a cependant encore une autre incertitude. Dans cette phase transitoire, il est tout à fait possible que se forme une nouvelle bipolarité – par exemple «Etats-Unis – Chine». Il n’est pas possible de donner une évaluation exacte du parallélogramme des forces globales en présence.

Rétrospective historique

Afin de comprendre correctement la situation actuelle et estimer d’une manière réaliste les chances et les perspectives de l’action étatique, il faut effectuer une brève rétrospective historique. Au cours des siècles depuis le début de l’organisation étatique, les relations internationales ont essentiellement été des démonstrations de force régies par la loi du plus fort. Il n’y avait à cela aucun cadre (légal) normatif. Pour décrire cette situation, il y a en allemand une expression adaptée: l’«anarchie de la souveraineté».


Dès le XVIIe siècle, et surtout depuis le Traité de Westphalie qui mit fin à la guerre de 30 Ans, on a essayé de formuler des règles du jeu pour les relations interétatiques – et cela dans une sorte de cadre multipolaire. Mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que sont apparus les prémisses d’une codification universelle des règles devant être suivies par les Etats, ou plus exactement des règles que les Etats se sont volontairement engagés à respecter. On pourrait citer en exemples la Sainte-Alliance qui fit suite aux guerres napoléoniennes ou – à la fin du XIXe siècle – l’unification par les Conventions de La Haye et enfin, au siècle dernier déjà, la mise en forme d’un statut pour l’organisation nommée Société des Nations, devenue – après une autre guerre mondiale – l’Organisation des Nations Unies. Mais on doit admettre qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucun système de règles pour la mise en application homogène et généralisée de normes internationales sur lesquelles on se soit mis d’accord. Finalement, tout au long des siècles, le progrès a seulement consisté à continuellement préciser et à codifier davantage ces règles et principes.

Potentiel de la Realpolitik et le cadre légal

Ainsi, en ce qui touche au positionnement de chaque Etat dans la communauté mondiale, les relations internationales sont définies, aussi au début de notre millénaire, par une sorte d’interaction entre deux facteurs: d’une part, le potentiel de la realpolitik et d’autre part, le cadre légal. On ne peut considérer aucun de ces aspects isolés l’un de l’autre.
Passons ensuite au potentiel de realpolitik: on entend par là la capacité d’un Etat à exprimer ses intérêts vitaux – soit, à l’américaine «the national interest». Ceux-ci sont déterminés d’une part par les paramètres économiques, militaires et technologiques, donc selon le potentiel de pouvoir effectif d’un Etat. Entretemps, il est devenu à la mode d’y adjoindre l’aspect de «soft power». D’autre part, il dépend aussi du savoir-faire tactique et diplomatique d’un Etat, de la manière dont il s’investit concrètement – avec le potentiel de pouvoir dont il dispose – dans les divers débats et de sa capacité à participer à l’articulation mutuelle des intérêts, ou à négocier ses intérêts avec les autres sur la base de la réciprocité. Cette habileté diplomatique – comme on peut l’observer dans les politiques d’alliance d’un Etat – fait essentiellement partie de la force de realpolitik et se joint donc au potentiel effectif du pouvoir. Le rôle joué par Talleyrand lors du Congrès de Vienne en est un exemple particulièrement frappant: il était le représentant de la France postnapoléonienne – le perdant de la guerre! – et malgré le potentiel de pouvoir radicalement réduit de son pays, il a été capable de jouer un rôle tout à fait décisif dans les pourparlers.

Des principes légalement codifiés plutôt que l’«anarchie des souverainetés»

Le deuxième facteur important, outre le potentiel de la realpolitik, est le cadre légal. A cet égard il y a une différence fondamentale avec l’époque pré-moderne de l’anarchie des souverainetés. Alors que les conflits d’intérêts précédents prenaient un tour essentiellement belliqueux, ils peuvent à présent être négociés selon des règles précises – depuis que les principes légaux sont codifiés dans des accords. La structure des normes interétatiques toujours plus complexe devrait offrir – tout au moins selon sa conception – de la sécurité à l’acteur étatique de deux façons: d’une part dans la vie réelle, on pourrait aussi dire, au sens physique – en tant que protection des attaques et interventions contre sa souveraineté. C’est, par exemple, l’importance des dispositions dans la Charte des Nations-Unies ou, auparavant, dans le Pacte Briand-Kellog. D’autre part, l’ensemble codifié des normes devrait offrir un genre de sécurité de planification – selon le principe de la bonne foi. Un Etat doit pouvoir être sûr que les autres Etats agissent également selon le système de règles sur lequel il y a eu accord préalable.

Le dilemme des Nations Unies

Ce deuxième facteur – le cadre légal – n’est toujours pas entièrement développé. Il reste abstrait, si l’on ne le considère pas en rapport avec le potentiel de la realpolitik. A quoi servent les plus belles règles – sur le papier –, si un Etat n’est pas en mesure d’exiger leur respect face à d’autres acteurs potentiellement plus forts. Voilà en quoi consiste exactement, depuis sa fondation, le dilemme de l’Organisation des Nations Unies en tant que garant du droit et de la paix au niveau mondial.

L’unipolarité rend le cadre légal presque totalement inefficace

Les deux facteurs – le potentiel de la realpolitik et le cadre légal – sont mis en œuvre différemment selon la structure du système international (unipolaire, bipolaire, multipolaire). Quand l’un des deux domine – dans une situation d’unipolarité – les facteurs que j’ai mentionnés dans le second point – le cadre légal – demeurent en grande partie sans effet. Dans une telle configuration, ce sont avant tout les petits et moyens Etats qui y perdent leur marge de manœuvre – ce que nous avons tous pu observer durant les dernières décennies – par exemple, dans l’ordre bipolaire de la guerre froide. Dans des conditions d’unipolarité, l’Hégémon s’en tiendra au cadre légal uniquement tant que celui-ci ne s’oppose pas à ses intérêts vitaux. Pour illustration, on pourrait renvoyer à la politique de Donald Trump. La résiliation unilatérale par les Etats-Unis du traité conclu avec l’Iran a démontré de façon drastique aux gens de bonne foi les conséquences d’une politique unilatérale. Lorsqu’un Etat se sent si puissant qu’il pense ne pas devoir prendre en considération les intérêts d’autrui, alors il est capable d’ignorer les engagements des résolutions obligatoires du Conseil de sécurité des Nations-Unies ou ceux conclus par un précédent gouvernement, dans le cas où le gouvernement en poste pense qu’une telle position correspond mieux à ses intérêts nationaux.


Dans une configuration unipolaire, ce ne sont, pour les membres de la communauté internationale, pas tant les normes formellement en vigueur qui comptent, mais leur positionnement en realpolitik: soit en tant que vassal de l’Hégémon – ce qui a été, par exemple, pendant longtemps le rôle de l’Allemagne à l’égard des Etats-Unis – ou dans une tentative de se regrouper avec d’autres Etats. Nous en trouvons un exemple pour ce cas, dans les formes transnationales de coopération, comme par exemple les BRICS ou les initiatives au niveau régional telle l’Organisation de coopération de Shanghai. Il s’agit là d’une coordination politique entre Etats sympathisants dans le but de résister à la pression de l’Hégémon.

Stratégie d’accès au pouvoir dans le domaine purement militaire

Parmi les options de la realpolitik, il y a aussi la possibilité que certains Etats poursuivent une stratégie d’accès au pouvoir dans le domaine purement militaire, notamment en recourant à des armes de destruction massive. Cela signifie, on a pu l’observer tout récemment avec l’exemple de la crise au sujet de la Corée du Nord. Concernant la problématique des armes nucléaires dans le contexte de la realpolitik, il existe également une intéressante – et sibylline – étude («Advisory Opinion») de la Cour de justice internationale qui a évoqué le tabou de la question de l’admissibilité des armes nucléaires dans sa réponse à la question qui lui avait été posée à ce sujet par l’Assemblée générale, à savoir si, dans un cas où il s’agit de la survie d’un Etat en tant que tel, la question de l’utilisation d’armes de destruction massive ne devait pas être considérée autrement que seulement sur un plan formel (uniquement aux termes de la loi).

Davantage de marge de manœuvre dans un ordre multipolaire

Les options – brièvement esquissées – d’action des Etats dans le contexte unipolaire contiennent déjà en elles-mêmes les prémisses de l’émergence d’un ordre multipolaire dans lequel plus de deux centres de pouvoir négocient les règles du jeu des relations internationales et articulent ensuite leurs intérêts dans le cadre de ces règles. Il est évident que dans un tel cadre l’acteur indépendant – en comparaison du scénario unipolaire – possède une marge de manœuvre clairement plus étendue. Il n’est plus alors livré, pour le meilleur et pour le pire, à la volonté d’un Hégémon, mais peut articuler ses intérêts en coopération avec d’autres acteurs, ce qui lui ouvre toujours plusieurs options. Il peut rejoindre un groupement régional ou en créer un autre, ou participer à un forum de coopération transnational. Mentionnons comme exemples, les BRICS ou le G20. Un Etat peut également se positionner en tant que médiateur neutre, comme le démontre manifestement la politique extérieure de la Suisse. Dans une constellation bipolaire, comme durant la guerre froide, cette politique peut cependant développer une plus importante efficacité. (Cela correspond aussi à l’expérience de la diplomatie autrichienne jusqu’à son entrée dans l’Union européenne.)

Aucune obligation à participer à un des centres du pouvoir

Dans cette comparaison des différents types d’ordre universel, il est important de souligner que la multipolarité ne veut pas dire que chaque Etat aurait l’obligation de se joindre à l’un des centres du pouvoir existant (et donc de se soumettre) – et que de cette façon, les petits Etats seraient pour ainsi dire marginalisés. La multipolarité signifie au contraire l’existence de plusieurs pôles de pouvoir pouvant se former autour d’Etats indépendants, mais aussi autour de groupements d’Etats ou d’organisations interétatiques ne s’étendant pas nécessairement au monde entier. Là aussi, il y a pour un Etat indépendant la possibilité fondamentale de s’abstenir ou de décider de façon autonome s’il nécessite une sécurité supplémentaire en intégrant une organisation existante ou non. Il y a donc une large marge d’appréciation et de manœuvre diplomatique. Les petits Etats ne sont donc pas contraints à se joindre à un groupe de pays.


L’avantage décisif de la configuration multipolaire – plutôt complexe, il faut le reconnaître – est que chaque acteur, indépendamment de sa taille et de son pouvoir, a une marge de manœuvre – on pourrait aussi dire un espace de liberté – relativement plus grande que dans l’ancienne configuration unipolaire. Pour les Etats de moindre importance, un cadre multipolaire constitue clairement une meilleure garantie pour la sauvegarde de leur indépendance, qu’un système hégémonique ou aussi bipolaire.


Même si dans une configuration à deux pôles de pouvoir des Etats neutres avec un bon savoir-faire diplomatique parviennent dans des cas isolés, à avoir un «poids» plus considérable que dans un contexte multipolaire, il y a, vu les conditions structurelles de cet équilibre de pouvoir, toujours un danger accru d’être aspiré dans la domination régionale d’un des deux pôles ou alors d’être repoussé dans l’«arrière-cour» d’une des superpuissances. Les risques sont donc plus élevés que de se placer dans le cadre d’une multitude d’Etats se trouvant en concurrence ou en coalition et s’inscrivant avec dynamisme dans le polygone des forces continuellement changeantes.

Ni Etat mondial, ni gouvernement mondial

Dans le monde multipolaire de l’avenir se dessinant d’ores et déjà, il y a l’opportunité pour chaque Etat d’affirmer sa souveraineté dans la coopération librement négociée sur la base de la réciprocité avec les autres pays. Malgré la grande fluctuation – il faut en convenir – de cette configuration, il s’agit probablement de la meilleure option que la formation d’un Etat mondial dont le quotidien politique – si j’ose ironiquement m’exprimer ainsi – serait structurellement absolument semblable aux conditions dans un ordre mondial unipolaire. L’Hégémon imposant sa volonté à tous les Etats, serait, au sein de la construction d’un Etat planétaire, remplacé purement et simplement par une sorte de gouvernement mondial qui absorberait la diversité des peuples et des cultures par son exercice de son pouvoir central. Il y a là une forte ressemblance structurelle avec l’unipolarité.


Pour terminer, permettez-moi mon ceterum censeo, en dernier ajout. L’ONU, l’Organisation des Nations-Unies fondée à la suite de la Seconde Guerre mondiale, ne pourra survivre en tant que projet mondial que si elle fait son deuil de l’idée d’un gouvernement mondial exercé par un Conseil de sécurité doté de plein-pouvoirs dictatoriaux et qu’elle réussit à se transformer en un cadre normatif et organisationnel pour un nouvel équilibre multipolaire des pouvoirs. La subordination persistante de la communauté mondiale à la volonté des cinq Etats les plus puissants de l’époque – c’était la multipolarité de 1945! – est, au sein du nouveau cadre se dessinant actuellement, un anachronisme dangereux pouvant finalement faire éclater tout le système.    •
(Traduction Horizons et débats)

 
Hans Köchler

Hans Köchler a été de 1990 à 2008 directeur de l’Institut de philosophie de l’Université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du Groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie inter­nationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler.
Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II.
Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation, au sein de diverses organisations internationales, à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public.
Hans Köchler a toujours pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale.
Le texte que nous reproduisons ici est la version autorisée d’un discours donné par M. Köchler lors du colloque de septembre «Mut zur Ethik», le 1er  septembre 2018 à Sirnach en Suisse.

jeudi, 22 février 2018

Multipolarity and polycentricity

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Leonid Savin:

Multipolarity and polycentricity

Ex: https://www.geopolitica.ru

The very term “multipolarity” is of American (Anglo-Saxon) origin, and in the third chapter we examined similar concepts that have been developed in other countries. As various scholars have indicated, varying interpretations of multipolarity have provoked certain conceptual dilemmas. For instance, a report on long-term global trends prepared by the Zurich Center for Security Studies in 2012 noted that:

The advantage of ‘multipolarity’ is that it accounts for the ongoing diffusion of power that extends beyond uni-, bi-, or- tripolarity. But the problem with the term is that it suggests a degree of autonomy and separateness of each ‘pole’ that fails to do justice to the interconnections and complexities of a globalised world. The term also conceals that rising powers are still willing to work within the Westernshaped world economic system, at least to some extent. This is why the current state of play may be better described as ‘polycentric’. Unlike ‘multipolarity’, the notion of ‘polycentricism’ says nothing about how the different centres of power relate to each other. Just as importantly, it does not elicit connotations with the famous but ill-fated multipolar system in Europe prior to 1914 that initially provided for regular great power consultation, but eventually ended in all-out war. The prospects for stable order and effective global governance are not good today. Yet, military confrontation between the great powers is not a likely scenario either, as the emerging polycentric system is tied together in ways that render a degree of international cooperation all but indispensable.

The Swiss scholars involved in this summation approached the issue from the standpoint of reviewing security issues in a globalized world and tried to find an adequate expression for contemporary trends. However, there also exist purely technical approaches and ideological theories which employ the term “polycentric”.

The concept of “polycentricity” had been used before to describe the functioning of complex economic subjects. Accordingly, if management theories are springboards for geopolitical practice, then this model’s basic elaborations already exist. In a literal sense, the term “polycentric” suggests some kind of spatial unit with several centers. However, the term does not specify what kind of centers are in question, hence the obvious need to review various concepts and starting points before discussing polycentrism.

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Four levels of this concept can be discussed in the context of political-administrative approaches. The analytical-descriptive level is needed for describing, measuring, and characterizing the current state of a spatial object by means of precisely determining how long a country or capital can be “polycentric.” Secondly, this concept can be understood in a normative sense which might help, for example, in reorganizing the spatial configuration of an object, i.e., either to promote/create polycentrism or support/utilize an existing polycentric structure. Thirdly, when it comes to spatial entities, it is necessary to specify their spatial scale, i.e., at the city level, city-region, mega-regional level, or even on the national or transnational levels. Upon closer examination, the concept of polycentrism concept thus challenges our understanding of centers in urban areas, since such can concern either their roles and functional ties (relations) or their concrete morphological forms (the structure of urban fabric). This differentiation between the functional and morphological understandings of polycentrism constitutes the fourth dimension.

In the contemporary situation which features the presence of city-states and megalopoli that can easily compete with some states in the classical understanding in the most varied criteria (number of residents and their ethnic identity, length of external borders, domestic GDP, taxes, industry, transport hubs, etc.), such an approach seems wholly appropriate for more articulated geopolitical analysis. Moreover, in the framework of federal models of state governance, polycentrism serves as a marker of complex relations between all administrative centers. Regional cooperation also fits into this model since it allows subjects to “escape” mandatory compliance with a single regulator, such as in the face of a political capital, and cooperate with other subjects (including foreign ones) within a certain space.

To some extent, the idea of polycentrism is reflected in offshore zones as well. While offshores can act as “black holes” for the economies of sovereign states, on the other hand, they  can also be free economic zones removing various trade barriers clearly within the framework of the operator’s economic sovereignty.

It should also be noted that the theory of polycentrism is also well known in the form of the ideological contribution of the Italian community Palmiro Togliatti as an understanding of the relative characteristics of the working conditions facing communist parties in different countries following the de-Stalinization process in the Soviet Union in 1956. What if one were to apply such an analysis to other parties and movements? For example, in comparing Eurosceptics in the EU and the conglomerate of movements in African and Asian countries associated with Islam? Another fruitful endeavor from this perspective could be evaluating illiberal democracies and populist regimes in various parties of the world as well as monarchical regimes, a great variety of which still exist ranging from the United Kingdom’s constitutional monarchy to the hereditary autocracy of Saudi Arabia which appeared relatively recently compared to other dynastic forms of rule. Let us also note that since Togliatti the term “polycentrism” has become popular in political science, urban planning, logistics, sociology, and as an expression for unity in diversity.

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In 1969, international relations and globalization expert Howard V. Perlmutter proposed the conceptual model of EPG, or Ethnocentrism-Polycentrism-Geocentrism, which he subsequently expanded with his colleague David A Heenan to include Regionalism. This model, famously known by the acronym EPRG, remains essential in international management and human resources. This theory posits that polycentrism, unlike ethnocentrism, regionalism, and geocentrism, is based on political orientation, albeit through the prism of controlling commodity-monetary flows, human resources, and labor. In this case, polycentrism can be defined as a host country’s orientation reflecting goals and objectives in relation to various management strategies and planning procedures in international operations. In this approach, polycentrism is in one way or another connected to issues of management and control.

However, insofar as forms of political control can differ, this inevitably leads to the understanding of a multiplicity of political systems and automatically rejects the monopoly of liberal parliamentarism imposed by the West as the only acceptable political system. Extending this approach, we can see that the notion of polycentrism, in addition to connoting management, is contiguous to theories of law, state governance, and administration. Canada for instance has included polycentricity in its administrative law and specifically refers to a “polycentric issue” as “one which involves a large number of interlocking and interacting interests and considerations.” For example, one of Canada’s official documents reads: “While judicial procedure is premised on a bipolar opposition of parties, interests, and factual discovery, some problems require the consideration of numerous interests simultaneously, and the promulgation of solutions which concurrently balance benefits and costs for many different parties.  Where an administrative structure more closely resembles this model, courts will exercise restraint.”

Polycentric law became world-famous thanks to Professor Tom Bell who, as a student at the University of Chicago’s law faculty, wrote a book entitled Polycentric Law in which he noted that other authors use phrases such as “de-monopolized law” to describe polycentric alternatives.

Bell outlined traditional customary law (also known as consolamentum law) before the establishment of states and in accordance with the works of Friedrich A. Hayek, Bruce L. Benson, and David D. Friedman. Bell mentioned the customary law of the Anglo-Saxons, ecclesiastical law, guild law, and trade law as examples of polycentric law. On this note, he suggests that customary and statutory law have co-existed throughout history, an example being Roman law being applied to Romans throughout the Roman Empire at the same time as indigenous peoples’ legal systems remained permitted for non-Romans.

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Polycentric theory has also attracted the interest of market researchers, especially public economists. Rather paradoxically, it is from none other than ideas of a polycentric market that a number of Western scholars came to the conclusion that “Polycentricity can be utilized as a conceptual framework for drawing inspiration not only from the market but also from democracy or any other complex system incorporating the simultaneous functioning of multiple centers of governance and decision making with different interests, perspectives, and values.” In our opinion, it is very important that namely these three categories - interests, perspectives, and values - were distinguished. “Interests” as a concept is related to the realist school and paradigm in international relations, while “perspectives” suggests some kind of teleology, i.e., a goal-setting actor, and “values” are associated with the core of strategic culture or what has commonly been called the “national idea,” “cultural-historical traditions”, or irrational motives in the collective behavior of a people. For a complex society inhabited by several ethnic groups and where citizens identify with several religious confessions, or where social class differences have been preserved (to some extent they continue to exist in all types of societies, including in both the US and North Korea, but are often portrayed as between professional specialization or peculiarities of local stratification), a polycentric system appears to be a natural necessity for genuinely democratic procedures. In this context, the ability of groups to resolve their own problems on the basis of options institutionally included in the mode of self-government is fundamental to the notion of polycentrism.

Only relatively recently has polycentrism come to be used as an anti-liberal or anti-capitalist platform. In 2006, following the summit of the World Social Forum in Caracas, Michael Blanding from The Nation illustrated a confrontation between “unicentrism” characterized by imperial, neo-liberal, and neo-conservative economic and political theories and institutions, and people searching for an alternative, or adherents of “polycentrism.” As a point of interest, the World Social Forum itself was held in a genuinely polycentric format as it was held not only in Venezuela, but in parallel also in Mali and Pakistan. Although the forum mainly involved left socialists, including a large Trotskyist lobby (which is characteristic of the anti-globalist movement as a whole), the overall critique of neoliberalism and transnational corporations voiced at the forum also relied on rhetoric on the rights of peoples, social responsibility, and the search for a political alternative. At the time, this was manifested in Latin America in the Bolivarian Revolution with its emphasis on indigenism, solidarity, and anti-Americanism.

It should be noted that Russia’s political establishment also not uncommonly uses the word “polycentricity” - sometimes as a synonym for multipolarity, but also as a special, more “peace-loving” trend in global politics insofar as “polarity presumes the confrontation of poles and their binary opposition.” Meanwhile, Russian scholars recognize that comparing the emerging polycentric world order to historical examples of polycentricity is difficult. Besides the aspect of deep interdependence, the polycentricity of the early 21st century possesses a number of different, important peculiarities. These differences include global asymmetry insofar as the US still boasts overwhelming superiority in a number of fields, and a multi-level character in which there exist: (1) a military-diplomatic dimension of global politics with the evolution of quickly developing giant states; (2) an economic dimension with the growing role of transnational actors; (3) global demographic shifts; (4) a specific space representing a domain of symbols, ideals, and cultural codes and their deconstructions; and (5) a geopolitical and geo-economic level.

Here it is necessary to note that the very term “polycentricity” in itself harbors some interesting connotations. Despite being translated to mean “many”, the first part (“poly-“) etymologically refers to both “pole” and “polis” (all three words are of Ancient Greek origin), and the second part presupposes the existence of centers in the context of international politics, i.e., states or a group of states which can influence the dynamic of international relations.

MH-Parm.jpgIn his Parmenides, Martin Heidegger contributed an interesting remark in regards to the Greek term “polis”, which once again confirms the importance and necessity of serious etymological analysis. By virtue of its profundity, we shall reproduce this quote in full:

Πόλις is the πόλоς, the pole, the place around which everything appearing to the Greeks as a being turns in a peculiar way. The pole is the place around which all beings turn and precisely in such a way that in the domain of this place beings show their turning and their conditions. The pole, as this place, lets beings appear in their Being and show the totality of their condition. The pole does not produce and does not create beings in their Being, but as pole it is the abode of the unconsciousness of beings as a whole. The πόλις is the essence of the place [Ort], or, as we say, it is the settlement (Ort-schaft) of the historical dwelling of Greek humanity. Because the πόλις lets the totality of beings come in this or that way into the unconcealedness of its condition, the πόλις is therefore essentially related to the Being of beings. Between πόλις and “Being” there is a primordial relation.

Heidegger thus concludes that “polis” is not a city, state, nor a combination of the two, but the place of the history of the Greeks, the focus of their essence, and that there is a direct link between πόλις and ἀλήθεια (this Greek word is usually translated into Russian as “truth”) Thus, in order to capture polycentricity, one needs to search for the foci and distribution areas of the essence of the numerous peoples of our planet. Here we can once again mention strategic cultures and their cores. 

Translated from Russian by Jafe Arnold.

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Multipolarity is the best future for Europe

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South America In The Emerging Multipolar World Order

Prisoners of Friedman and Brzezinski: Neoliberal America vs. Multipolarity

Shaping the Multipolar Future of World

Diriger dans l’ombre: comment l’unipolarité s’adapte à la multipolarité

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Diriger dans l’ombre: comment l’unipolarité s’adapte à la multipolarité

Auteur : Andrew Korybko

Ex: http://zejournal.mobi

Les États-Unis sont en train de construire un système mondial d’alliances bilatérales et multilatérales pour les aider à projeter plus efficacement leur pouvoir tout au long de ce XXIe siècle. Alors que le monde se dirige vers la multipolarité, les États-Unis sont prêts à exploiter cette tendance à leur avantage géopolitique.

Au lieu de « faire cavalier seul » comme Bush était enclin à le faire, les États-Unis trouvent maintenant des moyens d’amener les autres à faire leur sale boulot en convainquant leurs « partenaires » qu’ils ont un intérêt commun à le faire. Au cours de la guerre de Libye de 2011, la France et le Royaume-Uni ont pris l’initiative tandis que les États-Unis, comme il a été décrit, « dirigeait dans l’ombre ». Un éditorial du New York Times de l’époque définissait cela comme « une assistance militaire américaine discrète avec [les autres] sonnant du clairon ». Quatre ans plus tard, ce concept s’est développé à partir du tube à essai libyen et il est devenu mondial, les États-Unis mettant en place des systèmes d’alliance similaires dans le monde entier afin de projeter indirectement leur volonté de puissance dans des régions clés. Comme le dit le dicton cynique, « Pourquoi faire par vous-même ce que les autres peuvent faire pour vous ? ».

« Amis » à travers le monde

Jetons un coup d’œil aux partenaires américains « dirigés dans l’ombre » (DDO), en commençant par l’hémisphère occidental et en allant vers l’Est :

Amérique latine

Les États-Unis travaillent en étroite collaboration avec l’Alliance du Pacifique, un groupe de négociation économique néolibéral composé de proches alliés comme le Mexique, le Costa Rica, Panama, la Colombie, le Pérou et le Chili. Leur objectif commun est de contrer la vision économique de gauche émanant du Venezuela et de démanteler son réseau de résistance géopolitique au Nicaragua, à Cuba, en Équateur et en Bolivie. Le résultat final est de cerner et de contenir le Brésil au cas où il déciderait de contrer sérieusement l’influence des États-Unis.

Europe

L’Allemagne, moteur économique de l’UE, est le principal État DDO pour les affaires inter-européennes, mais les États-Unis ont également désigné des partenaires secondaires DDO pour trois régions stratégiques.

Les pays baltes : La Suède est tout sauf un membre officiel de l’OTAN mais elle est occupée à une militarisation croissante basée sur une menace sous-marine russe fantôme. Son objectif est d’amener formellement la Finlande, neutre, avec sa frontière longue et exposée avec la Russie, à provoquer une nouvelle crise dans les relations Est-Ouest.

Europe de l’Est : La Pologne a toujours nourri l’ambition de restaurer son ancien Commonwealth polono-lituanien sur la version moderne de la Biélorussie et de l’Ukraine, et elle s’est associée aux États-Unis pour déstabiliser l’Ukraine et fortifier les forces de Kiev afin d’étendre sa sphère d’influence convoitée.

Croisée des chemins entre les Balkans et le Moyen-Orient : La Turquie, membre de l’OTAN, était censée « tenir le fort » pour les États-Unis à ce moment géopolitique crucial, mais après que Washington eut commencé à utiliser l’outil du nationalisme kurde comme moyen de pression sur Ankara, la Turquie a rapidement redirigé une partie de sa loyauté vers le monde multipolaire.

Afrique

En général, la France est le bras armé des États-Unis pour le continent, vu qu’elle compte quelques milliers de soldats disséminés dans une douzaine de pays, mais comme en Europe, les États-Unis ont aussi quelques partenaires secondaires DDO en Afrique :

Afrique de l’Ouest/Afrique centrale : L’organisation d’intégration régionale de la CEDEAO a dernièrement déployé ses forces militaires au Mali (quelle que soit la durée de son déploiement), tandis que l’armée tchadienne au centre du continent a projeté son pouvoir là-bas, au Cameroun et en République centrafricaine. Bien que le Nigeria fasse partie de la CEDEAO, les États-Unis ne lui font pas confiance en tant que proxy unipolaire loyal et cherchent donc à renforcer les États qui l’entourent (en fermant les yeux sur Boko Haram) en tant qu’influence tampon.

Afrique de l’Est : L’Ouganda et le Rwanda avaient précédemment fait équipe sous la direction des États-Unis pour occuper la plus grande partie de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et piller les vastes ressources minérales du pays. Après avoir connu quelques turbulences au cours de la dernière décennie, l’Ouganda tient maintenant la barre et a suivi les « suggestions » américaines en envoyant ses troupes en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Somalie, tout en continuant à administrer une grande partie de la RDC.

Golfe Persique

L’Arabie saoudite est l’évident DDO désigné ici, et à travers le CCG, elle contrôle une moindre constellation de proxy qui ont tous été armés jusqu’aux dents par des expéditions d’armes américaines et occidentales dirigées contre l’Iran.

Asie du sud

Les États-Unis n’ont encore couronné officiellement aucun État en tant que partenaire DDO, mais si le récent voyage d’Obama en Inde s’avère être une indication, alors il a certainement jeté son dévolu sur l’Inde pour ce rôle important. La question est : l’Inde va-t-elle mordre l’appât et risquer la confrontation avec la Chine ? [Depuis 2015, cette idée s’est renforcée même si l’Inde continue de souffler le chaud et le froid, NdT].

Asie du sud-est

Les choses sont un peu plus délicates dans cette région, mais les États-Unis aimeraient que le Vietnam et les Philippines s’associent dans une alliance politico-militaire pour contrer les revendications de la Chine dans la mer de Chine méridionale. Le Vietnam, une puissance terrestre, servirait de complément aux Philippines, qui pourraient devenir un « porte-avions insubmersible ». Les États-Unis encouragent également une coopération indo-japonaise plus profonde dans cette région, en particulier sur le front naval, en tant que forme de confinement chinois. Plus au sud, l’économie énorme de l’Indonésie pourrait devenir un hybride sino-occidental, formant ainsi un rempart partiel contre une région entièrement influencée par la Chine. [La situation s’est ici renversée avec un président philippin atypique qui a plutôt fait pivoter son pays vers la Chine, NdT].

Asie de l’Est

Le Japon est la pierre angulaire de la stratégie des États-Unis en Asie de l’Est, mais il y a une tentative d’intégrer la Corée du Sud (traditionnellement pragmatique et économiquement proche de la Chine) dans un cadre de sécurité pro-américain plus large. La première étape a déjà été franchie, puisque les trois États partagent désormais des renseignements sur la Corée du Nord, créant ainsi des mécanismes stratégiques qui pourraient être rapidement redirigés vers la Chine dans le futur.

Tromperie par la diplomatie

Les États-Unis ont récemment tenté de « renverser » certains États multipolaires et de les inclure dans leur giron, leur offrant des accords et de la « diplomatie » pour leur faire baisser la garde (comme ce fut le cas pour la Libye avant la guerre de 2011). Les deux exemples actuels sont Cuba et l’Iran, le premier ayant dangereusement accepté la carotte alors que le second semble bien comprendre le bâton qui l’accompagne silencieusement. Les intentions des États-Unis dans ces manifestations «pacifiques » hautement médiatisées doivent être remises en question, car le rejet immédiat de l’offre de la Corée du Nord d’arrêter son programme nucléaire en échange de la cessation des exercices militaires conjoints américano-sud-coréens montre qu’il s’agit d’« accords » unilatéraux en faveur d’un seul camp. En définitive, si les États-Unis ne peuvent pas indirectement contrôler un État par le biais du DDO ou l’amener à réduire ses défenses stratégiques, la tromperie cède la place à la destruction, comme le savent malheureusement trop bien les habitants de Syrie et d’Ukraine orientale.

Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone

L'auteur, Andrew Korybko, est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie « Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime » (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

mercredi, 24 mai 2017

Shaping the Future: Moscow and Beijing’s Multipolar World Order

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Shaping the Future:

Moscow and Beijing’s Multipolar World Order

Ex: http://www.lewrockwell.com 

Once in a while, think tanks such as the Brookings Institute are able to deal with highly strategic and current issues. Often, the conferences held by such organizations are based on false pretences and copious banality, the sole intention being to undermine and downplay the efforts of strategic opponents of the US. Recently, the Brookings Institute’s International Strategy and Strategy Project held a lecture on May 9, 2017 where it invited Bobo Lo, an analyst at Lowy Institute for International Policy, to speak. The topic of the subject, extremely interesting to the author and mentioned in the past, is the strategic partnership between China and Russia.

The main assumption Bobo Lo starts with to define relations between Moscow and Beijing is that the two countries base their collaboration on convenience and a convergence of interests rather than on an alliance. He goes on to say that the major frictions in the relationship concern the fate that Putin and Xi hold for Europe, in particular for the European Union, in addition to differences of opinions surrounding the Chinese role in the Pacific. In the first case, Lo states that Russia wants to end the European project while China hopes for a strong and prosperous Europe. With regard to the situation in the Pacific, according to this report, Moscow wants a balance of power between powers without hegemonic domination being transferred from Washington to Beijing.

The only merit in Lo’s analysis is his identification of the United States as the major cause of the strategic proximity between Moscow and Beijing, certainly a hypothesis that is little questioned by US policy makers. Lo believes Washington’s obsession with China-Russia cooperation is counterproductive, though he also believes that the United States doesn’t actually possess capabilities to sabotage or delimit the many areas of cooperation between Beijing and Moscow.

What is missing in Lo’s analysis are two essential factors governing how Moscow and Beijing have structured their relationship. China and Russia have different tasks in ushering in their world order, namely, by preserving global stability through military and economic means. Their overall relationship of mutual cooperation goes beyond the region of Eurasia and focuses on the whole process of a sustainable globalization as well as on how to create an environment where everyone can prosper in a viable and sustainable way. Doing this entails a departure from the current belligerent and chaotic unipolar world order.

Moscow and Beijing: Security and Economy

Beijing has been the world’s economic engine for over two decades and shows no signs of slowing down, at least not too much. Moscow, contrary to western media propaganda, has returned to play a role not only on a regional scale but as a global power. Both of these paths of military and economic growth for China and Russia have set things on a collision course with the United States, the current global superpower that tends to dominate international relations with economic, political and military bullying thanks to a complicit media and corrupt politicians.

In the case of Beijing, the process of globalization has immensely enhanced the country, allowing the Asian giant to become the world’s factory, enabling Western countries to outsource to low-cost labor. In this process of economic growth, Beijing has over the years gone from being a simple paradise for low-cost outsourcing for private companies to being a global leader in investment and long-term projects. The dividends of years of wealth accumulation at the expense of Western nations has allowed Beijing to be more than just a strategic partner for other nations. China drives the process of globalization, as recently pointed out by Xi Jinping in Davos in a historic speech. China’s transition from a harmless partner of the West to regional power with enormous foreign economic investments place the country on a collision course with Washington. Inevitably, Beijing will become the Asian hegemon, something US policymakers have always guaranteed will not be tolerated.

The danger Washington sees is that of China emerging as a regional superpower that will call the shots in the Pacific, the most important region of the planet. The United States has many vested interests in the region and undeniably sees its future as the leader of the world order in jeopardy. Obama’s pivot to Asia was precisely for the purposes of containing China and limiting its economic power so as to attenuate Beijing’s ambitions.

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Unsurprisingly, Washington’s concerns with Moscow relate to its resurgence in military capabilities. Russia is able to oppose certain objectives of the United States (see Ukraine or Syria) by military means. The possibility of the Kremlin limiting American influence in Eastern Europe, the Middle East and Eurasia in general is cause for concern for American policy makers, who continue to fail to contain Russia and limit Moscow’s spheres of influence.

In this context, the strategic division of labor between Russia and China comes into play to ensure the stability of the Eurasian region as a whole; in Asia, in the Middle East and in Europe. To succeed in this task, Moscow has mainly assumed the military burden, shared with other friendly nations belonging to the affected areas. In the Middle East, for example, Tehran’s partnership with Moscow is viewed positively by Beijing, given its intention to stabilize the region and to eradicate the problem of terrorism, something about which nations like China and Russia are particularly concerned.

The influence of Islamist extremists in the Caucasian regions in Russia or in the autonomous region of Xinjiang in China are something that both Putin and Xi are aware can be exploited by opposing Western countries. In North Africa, Egypt has signed several contracts for the purchase of military vehicles from Moscow, as well as having bought the two Mistral ships from France, thereby relying on military supplies from Moscow. It is therefore not surprising that Moscow and Egypt cooperated with the situation in Libya and in North Africa in general.

In Southeast Asia, Moscow seeks to coordinate efforts to reach an agreement between Afghanistan, Pakistan and India. The entry into the Shanghai Cooperation Organization (SCO) of New Delhi and Islamabad (Tehran will be next), with the blessing of Beijing as the protagonist of the 2017 SCO meeting, is a keystone achievement and the right prism through which to observe the evolution of the region. Moscow is essentially acting as a mediator between the parties and is also able to engage with India in spite of the dominating presence of China. The ultimate goal of Moscow and Beijing is to eradicate the terrorist phenomenon in the Asian region with a view to what is happening in North Africa and the Middle East with Iran and Egypt.

Heading to a Multipolar World Order

The turning point in relations between Moscow and Beijing concerns the ability to engage third countries in military or economic ways, depending on these countries’ needs and objectives. Clearly in the military field it is Moscow that is leading, with arms sold to current and future partners and security cooperation (such as with ex-Soviet Central-Asian republics or in the Donbass) and targeted interventions if needed, as in Syria. Beijing, on the other hand, acts in a different way, focusing on the economic arena, in particular with the Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) at its center.

Initiatives such as the One Belt One Road (OBOR) and the Maritime Silk Road have the same strategic aim of the Russian military initiative, namely, ensuring the independence of the region from a geo-economic perspective, reaching win-win arrangements for all partners involved. Naturally, the win-win agreement does not mean that China wins and then wins again; rather, a series of bilateral concessions can come to satisfy all actors involved. An important example in this regard that explains the Sino-Russian partnership concerns the integration of the Eurasian Union with the Chinese Silk Road. The Russian concerns over the predominant status of the Chinese colossus in Central Asia have been assuaged by a number of solutions, such as the support of the OBOR infrastructure program to that of the Eurasian Union. Beijing is not interested in replacing Moscow’s leading role the post-Soviet nations in Central Asia but rather with providing significant energy and economic development to particularly underdeveloped nations that are in need of important economic investment, something only Beijing is able to guarantee.

The linking of the Eurasian Economic Union (EEU) with the One Belt One Road initiative guarantees Moscow a primary role in the transit of goods from east to west, thereby becoming the connecting point between China and Europe while expanding the role and function of the EEU. All participants in these initiatives have a unique opportunity to expand their economic condition through this whole range of connections. Beijing guarantees the money for troubled countries, and Moscow the security. The SCO will play a major role in reducing and preventing terrorist influence in the region, a prerequisite for the success of any projects. Also, the AIIB, and to some extent the BRICS Development Bank, will also have to step in and offer alternative economic guarantees to countries potentially involved in these projects, in order to free them from the existing international financial institutions.

One Belt One Road, and all the related projects, represent a unique occasion whereby all relevant players share common goals and benefits from such transformative geo-economic relationships. This security-economy relationship between Moscow and Beijing is  the heart of the evolution of the current world order, from the unipolar to the multipolar world. The US cannot oppose China on the economic front and Russia on the military front. It all comes down to how much China and Russia can continue to provide and guarantee economic and security umbrellas for the rest of the world.

mercredi, 17 mai 2017

Major Developments Strongly Suggest the End of Unipolar World Order

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Major Developments Strongly Suggest the End of Unipolar World Order

With Moon Jae-In’s victory in South Korea, the period of tension on the Korean Peninsula is likely to end. With the rise to power of the new president, South Korea can expect a sharp decline in hostilities with North Korea as well as a resumption of dialogue with China.

An expected and highly anticipated victory was confirmed in South Korea on May 9, with candidate Moon winning South Korea’s presidential race over his rivals Hong Joon-pyo (Liberty Korea Party) and Ahn Cheol-soo (People’s Party). After the resignation and arrest of former President Park Geun-hye over an immense corruption scandal, public opinion turned away from her party in favour of the main opposition representative, a center-left lawyer specializing in humanitarian issues.

Moon spent several years in the opposition party advocating for greater cooperation in the region and dialogue with Pyongyang as well as with Beijing, representing quite a contrast to Guen-Hye’s pro-Americanism. Along the lines of Duterte in the Philippines, Moon intends to resume dialogue with all partners in order not to limit his options in the international arena. Such an approach reflects the essence of the multipolar world order: cooperation and dialogue with all partners in order to achieve a win-win outcome.

Looking at the situation in the region, the victory of a politician who seems to have every intention of negotiating an agreement rather than supporting military escalation seems to provide for a hopeful future for China and her neighbors. The level of cooperation and trade between South Korea and China is fundamental to the economy of both countries, so a return to the negotiating table over the issues surrounding the deployment of THAAD are a hopeful sign that the business communities of China and South Korea value deeply.

Duterte Strategy

The United States is again faced with a Filipino-like scenario. Historically, South Korea and the Philippines have always been two fundamental US allies, more concerned with Washington’s interests than their own national political agendas. Over the last few decades, both countries have been governed by politicians careful not to upset the sensibilities of US policy makers. South Korea and the Philippines are at the heart of the political strategy Obama called the Asian Pivot, more explicitly, a policy aimed at containing China and its expansion as a regional hegemon in Asia.

Following the Trump administration’s focus and threats against North Korea in recent weeks, war has seemed more likely on the peninsula. But with Moon’s victory, it has probably been permanently excluded as a possibility. In several interviews weeks prior to the election, Moon stated that a war between the US and the North Korea would constitute an impossible burden for South Korea to sustain. Moon is very realistic about the conventional deterrence that North Korea possesses, maybe even more so than the nuclear development.

Even though Trump has said he is willing to meet with Kim Jong-un, most of his decisions seem to depend on the hawks surrounding him. Looking at the first hundred days of the Trump administration shows a remarkable departure from electoral promises, with the influence of generals he nominated, leading to various escalations in the hot regions of the world. Bottom line is, Trump’s intentions and words matter to a certain extent as US posture in the region seems to be guided by military generals and inner circle family members. Fortunately for the world, the tentative moves in Syria and Afghanistan have not amounted to much, such as with the bombing of the Shayrat airbase or the show in Afghanistan involving the MOAB.

THAAD to Divide

The deployment of the THAAD system continues as part of a belligerent attitude towards North Korea. The strong and firm rhetoric of Pyongyang is justified and not surprising given the context and the threats facing the country in wake of US provocations. The deployment of THAAD has had consequences, such as increasing tensions between South Korea and China. Moon’s victory goes contrary to the goal of the US policy-makers in Washington to isolate China. In this light, the hurried deployment of THAAD before the South Korean election obliged the probable winner, Moon, to be faced with an accomplished fact. This first step makes it clear what Washington’s attitude towards the new South Korean president will be.

The THAAD has also been deployed to antagonize the most frustrating point between Seoul and Beijing: North Korea. The measure was intentionally taken by Washington to pressure Seoul. THAAD has all the characteristics of a Trojan horse. Placed to reassure an ally (Seoul) against a fake-threat (Pyongyang), it becomes a weapon against China that puts in place a system, only a few hundred miles from its border, potentially able to affect China’s strategic nuclear forces. The US military accelerated the deployment of THAAD in the knowledge that this would immediately place the future president in a difficult situation, in that removing THAAD would not be easy in the face of huge American pressure. This may perhaps be Moon’s first challenge; to use the dismantling of THAAD as a means of exchange with Beijing to return to a normal relationship of co-operation. If Beijing wants to believe Moon’s goodwill in eliminating the THAAD system, it may begin to loosen some of the measures imposed on Seoul as retaliation for the deployment of the US system.

Multipolar world to the rescue

In this scenario, one must not make the mistake of believing that Moon’s victory means that a major US ally will cease its support for Washington. As always, in this era of transition from a unipolar to a multipolar world, the pressure that Washington will decide to apply to South Korea will affect the nature of the US-ROK alliance. The United States will have to abandon the warlike posture so dear to Mattis, McMaster and Admiral Harris (the commander of the US Pacific Fleet). In this Tillerson as a realist might be the right man at the right place to negotiate with Moon. Potentially it could be possible to solve the problem in whole by dealing with North Korea, although that seems unlikely given the pressures the deep state will put on the administration to continue using North Korea to create instability in the region.

This is why much of the region’s future will remain subordinated to potential negotiations between Beijing, Pyongyang and Seoul on the Korean peninsula, especially after Moon’s victory. If these three nations succeed in finding common ground on which to set upon a path of reconciliation, the region will benefit greatly. Of course, in this context, the one most likely to lose influence is the United States. If Washington wants to remain relevant, it should abandon the Chinese containment plan through the Korean peninsula by exploiting North Korean problems. If they instead decide to try to sabotage any peace agreement in the peninsula, this will only push Seoul and Pyongyang even closer together, to Beijing’s great pleasure.

Recent years have seen a mounting showdown between the old world order configuration based on chaos and destruction and led by Washington, and the new multipolar order that focuses on win-win opportunities, dialogue and sincere cooperation. If Washington decides not to accept the new rules of the game, where it can no longer dictate the law, it will end up producing more damage against itself than any foreign country could actually do, in actual fact accelerating the formation of the multipolar world and putting to bed the unipolar world order for good. 

lundi, 21 novembre 2016

Un nazionalismo internazionale per una geopolitica multipolare

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Un nazionalismo internazionale per una geopolitica multipolare

Di Camilla Scarpa
Ex: http://www.omniasuntcommunia.eu
 
Questo saggio mira ad analizzare gli elementi che favoriscono l’ascesa di una grande potenza e le relazioni di quest’ultima con i cambiamenti in atto sullo scacchiere internazionale, cambiamenti che assecondano il programma politico ed economico della potenza egemone per gli altri stati. D’altro canto, mira anche a comprendere se il gruppo di stati definiti BRICS, e soprattutto il Brasile, ha qualche chance di cambiare, seppur parzialmente, il nucleo dinamico del sistema politico e dell’economia, tenendo conto della crisi internazionale che ha colpito gli stati industrializzati. In conclusione, ammettendo l’esistenza di questa possibilità, il saggio mira a comprendere quali strumenti possano contribuire alla suddetta trasformazione sistemica, e a controbilanciare la tradizionale supremazia dell’emisfero settentrionale.

Introduzione: teoria e prassi della nuova geopolitica multipolare

Benché la concreta, razionale possibilità di un equilibrio geopolitico differente da quello unipolare (risultante dalla vittoria del blocco Occidentale su quello Orientale, o viceversa) e da quello bipolare (basato sull’equilibrio tra il blocco Orientale e quello Occidentale, che si è poi in qualche modo concretizzato nella fase della guerra fredda) sia stata già tratteggiata da Carl Schmitt ne “Il nuovo nomos della terra”1, e perfino accennata da Kant alla fine del ‘7002 in chiave cosmopolitica, solo negli ultimi anni, in seguito al crollo del muro di Berlino e alla fine della fase “bipolare”, assistiamo al germogliare, seppur spesso faticoso, di quelli che sono le prime, embrionali manifestazioni della geopolitica multipolare.

Una parentesi economica: il liberismo come motore di una nuova geopolitica

Significativamente, ma anche un po’ paradossalmente, uno dei fattori che ha incoraggiato e accelerato l’emersione di autonomi blocchi geopolitici è stato il liberismo economico di matrice occidentale e soprattutto nordamericana: infatti, dando per scontati quei blocchi la cui omogeneità storica, filosofica, culturale e politica è secolare se non millenaria, quali l’Europa, il Nord-America e il blocco sovietico, la cui omogeneità peraltro ha storie e vicissitudini diverse (l’omogeneità culturale americana, ad esempio, è “indotta”, e storicamente recente, quella europea è culturalmente antica ma politicamente sempre più fragile, quella sovietica è al tempo stesso storica e rafforzata dalla federazione politica che era l’URSS, poi soggetta a uno sbandamento momentaneo e ora in pieno “rinascimento”), i “nuovi blocchi” frequentemente coincidono con i cd. “paesi in via di sviluppo”, in crescita economica pressoché verticale: l’America centro-meridionale (riunita nel 2008 nell’UNASUR e, commercialmente, nel MERCOSUR), il blocco che gravita intorno all’India, il Giappone, quello africano (riunito nell’Unione Africana dal 2002, che tra l’altro si è espressa di recente in modo giustificatamente negativo rispetto ai sistemi di giustizia penale internazionale sostanzialmente filo-occidentali), e il polo cinese, se, come pare ragionevole, lo si considera autonomo rispetto alla Russia in seguito alle divergenze del periodo post-staliniano, e nonostante le fasi di normalizzazione degli anni ’80 e dei nostri giorni.

Schmitt e D’Ors: grandi spazi, geopolitica e geodieretica

I requisiti che Carl Schmitt individuava per i “grandi spazi indipendenti” erano – e tuttora sono, nell’esperienza pratica – la loro delimitazione razionale e la loro omogeneità interna.

L’aspetto del pensiero schmittiano incentrato sulla teoria dei “Grandi spazi” (peraltro considerata da alcuni alla base della teoria nazista del Lebensraum) sarà poi sviluppato, con una certa creatività e seppur con una fondamentale dicotomia interpretativa riguardante il ruolo da attribuire allo Stato, da uno dei suoi discepoli, Alvaro d’Ors, in un’opera significativamente intitolata “Diritto e senso comune”3. D’Ors ha addirittura coniato il termine “geodieretica” per indicare la semplice ripartizione della terra tra comunità, contrapposta alla geopolitica, che presuppone l’esistenza dell’istituzione-stato. Per D’Ors “la separazione di territori è alcunché di naturale, mentre non lo è il progetto di un ordine mondiale come se tutta la terra fosse un unico territorio sotto il dominio di un solo popolo. […] Questi “grandi spazi”, tra i quali può dividersi il mondo, sono determinati da ragioni geografiche e geopolitiche, e costituiscono raggruppamenti i quali non sono comunità propriamente dette né gruppi di natura societaria, in quanto non dipendono da una volontà contrattuale, ma da condizionamenti fattuali difficilmente eludibili.”.

I grandi spazi, secondo lo stesso autore, possono accordarsi per il mantenimento della pace, ma sono per loro natura avversari, perché hanno l’intrinseca tendenza ad espandersi, a danno gli uni degli altri. Al contrario, tra le comunità che compongono i larghi spazi sono possibili scambi di relazioni sociali.

Profili giuridici dei rapporti reciproci tra grandi spazi: l’annessione

Questa naturale tendenza ad espandersi, peraltro già propria dei tradizionali stati nazionali, ha come sua altrettanto naturale conseguenza l’annessione di territori appartenenti ad altri stati (nel passato e ancora oggi) e ad altri blocchi (nel futuro?).

L’annessione, nel diritto internazionale, è uno dei modi d’acquisto della sovranità territoriale, che peraltro risponde al principio di effettività “ex facto oritur jus”, quindi ribadisce la priorità cronologica e logica del fatto della conquista di un territorio e della conseguente espressione piena del potere di governo sul territorio conquistato rispetto alla sua disciplina giuridica, con buona pace dei giuristi che pensano di prescindere totalmente dalla dimensione fattuale politico-militare. Ne è un esempio paradigmatico il caso dell’Alsazia-Lorena, territorio storicamente conteso tra Germania e Francia che G. K. Chesterton4 erige ad esempio di una politica di indiscriminate annessioni che ha preso piede a cavallo tra ‘800 e ‘900, e che avrebbe dovuto essere repressa in modo esemplare, sì da costituire un monito per tutti gli attori internazionali.

Tale politica, propria non solo della Germania ma di tutte le grandi potenze, ispirate da un “nuovo” imperialismo non solo politico ma anche e soprattutto culturale, è tanto più perniciosa, secondo l’autore, quanto più cerca giustificazioni ex post per le sue conquiste, nel caso specifico attraverso la presenza di una nutrita – e opportunamente gonfiata e ingigantita – minoranza di tedescofoni sui territori in questione.

G. K. Chesterton e una nuova forma di imperialismo…

Poco importa che l’auspicio concreto di Chesterton, ossia la pronta restituzione dei territori alla Francia (pretesa con forza da Clemenceau) si sia poi realizzato, dal momento che le grandi potenze in questione non hanno affatto colto l’occasione per imparare la lezione, e un’altra questione di minoranze etnico-linguistiche, quella dei Sudeti, ha acceso la miccia della II guerra mondiale.

Questo imperialismo, che era un sintomo “nuovo” secondo Chesterton all’epoca della I guerra mondiale, per i contemporanei è assai “vecchio”, e non ha fatto che peggiorare nell’ultimo secolo, facendosi sempre più onnicomprensivo e totale.

L’obiettivo di questo mio intervento è, quindi, quello di segnalare alcuni spunti di riflessione alquanto moderni nell’opera di Chesterton, che precedono di quasi un secolo un certo approccio politico-ideologico neo-nazionalista che oggi pare rivoluzionario almeno quanto un secolo fa lo sembrava l’approccio internazionalistico, non fosse altro che perché è in controtendenza rispetto all’approccio degli ultimi decenni.

Il punto più significativo, a parer mio, è quello che riguarda l’imperialismo culturale e la differenza tra multipolarismo e globalizzazione. Chesterton, nel suo primo romanzo, “Il Napoleone di Notting Hill”5, fa dire al fiero ex primo ministro del Nicaragua, in esilio a Londra:

«E’ questo che denuncio del vostro cosmopolitismo. Quando dite di volere l’unione di tutti i popoli, in realtà volete che tutti i popoli si uniscano per apprendere ciò che il vostro popolo sa fare”. A questa sintesi perfetta del concetto di imperialismo culturale, l’inglese indottrinato, ma non privo di intelletto, Barker, risponde che l’Inghilterra si è disfatta delle superstizioni, e che “La superstizione della grande nazionalità è negativa, ma la superstizione della piccola nazionalità è peggiore. La superstizione di venerare il proprio paese è negativa, ma la superstizione di riverire il paese di qualcun altro è peggiore. […]

La superstizione della monarchia è negativa, ma la superstizione della democrazia è la peggiore di tutte.»6

riaffermando così la superiorità della propria nazione sulle altre. E un simile atteggiamento, che probabilmente si ispira agli avvenimenti della guerra anglo-boera, non può non ricordarci oggi la pretesa statunitense di “Esportare la libertà”, per usare una formula di Luciano Canfora, e le conseguenti, disastrose imprese in Medio-Oriente e in Somalia degli anni ’90 e 2000.

L’atteggiamento direttamente speculare a quello di Barker è però altrettanto condannabile: in “L’irritante internazionale” Chesterton condanna recisamente il “buonismo” sotteso a certe posizioni umanitaristiche pacifiste, che tendono a passare sotto silenzio “i peccati” tanto delle grandi potenze quanto di quelli che, di volta in volta, sono “gli stranieri”, piuttosto che ad essere trasparenti sugli errori di tutti gli stati. E anche questo tipo di posizioni, che paiono inneggiare al “mito del buon selvaggio”, non manca di corrispondenze nella politica contemporanea, soprattutto di sinistra, degli ultimi vent’anni.

La conclusione, solo apparentemente paradossale, è che sostanzialmente l’imperialismo culturale ha arrecato più danni del nazionalismo più ottuso alle relazioni internazionali pacifiche: lo straniero, nella nostra prospettiva distorta, ha diritto di escluderci dalla sua universalità, ma non ha diritto di includerci nelle sue generalizzazioni, non più di quanto abbia diritto di invaderci o di conquistarci, e anzi, la manifestazione del pensiero che si concretizza in un’invasione è, qui davvero paradossalmente, quella che trova più facilmente giustificazione, ideologica e politica, se non addirittura giuridica.

A una certa parte politica risulta infatti quasi più facile giustificare “lo zelota” (nel senso biblico ma anche in quello di Toynbee7), l’ultraortodosso di qualsiasi fede o partito, che muore per difendere il proprio ideale, piuttosto che “il fariseo” che media, giunge a un compromesso, apre la mente all’altro. La fazione opposta, al contrario, inneggia a colui che dimentica completamente le proprie radici, aderendo di volta in volta a quelle dell’altro senza spirito critico e discernimento.

… e la reazione al nuovo imperialismo: un nazionalismo internazionale

La prospettiva suggerita da Chesterton per superare questo impasse è quindi quella di un “nazionalismo internazionale”, piuttosto che quella di un internazionalismo nazionale fallito negli anni ’20 del ‘900 così com’è “neutralizzato” nella sostanza oggi, nonostante il proliferare delle ONG e delle teorie sul loro ruolo nella formazione di una presunta “società civile internazionale” di alcuni filosofi e giuristi (pur blasonati e per altri versi interessanti)8.

Fermo restando che una simile formula, prima di essere ratificata, va riempita di contenuti “costruttivi”, oltre che “distruttivi” – nel senso dialettico socratico dei termini, s’intende -, pare che questa prospettiva possa anticipare quella, contemporanea, condivisa da un vasto movimento d’opinione che va dalle opere recenti di Aleksandr Dugin a quelle di una certa “Nuova destra” francese quale quella di Alain de Benoist9, ma non dovrebbe esser poi troppo distante nemmeno da una certa scuola della sinistra (neo)gramsciana, com’è reinterpretata e divulgata in Italia da Diego Fusaro10.

Il nazionalismo internazionale e un suo corollario, la teoria delle piccole patrie

E anche quello che è uno dei fili rossi del “Napoleone” chestertoniano, nonché una sorta di corollario della suddetta riflessione critica sull’internazionalismo “coatto” (cioè su quella che oggi chiamiamo globalizzazione), merita qualche considerazione proprio in quanto costituisce, negli ultimi vent’anni, un argomento di studio politicamente trasversale: mi riferisco alla cosiddetta “teoria delle piccole patrie”, cara ad Hilaire Belloc, l’amico di Chesterton a cui, non a caso, è dedicato il “Napoleone”.

A questo filone – che talora sconfina nel localismo più particolaristico, malgrado o per volontà degli stessi autori – si rifanno infatti espressamente tanto autori di scuole neomarxiste (soprattutto quella barese), come Franco Cassano11 , quanto intellettuali a vario titolo di destra, quali Marcello Veneziani12 e Pietrangelo Buttafuoco13.

Questo sentimento, non dissimile da quello dell’Europa medievale e soprattutto dell’Italia comunale, si è rinfocolato dopo l’ondata di globalizzazione degli ultimi decenni, e trova un suo spazio anche nell’ordinamento giuridico: nel suo risvolto “unitario”, con il principio di sussidiarietà14, soprattutto verticale (codificato nella nostra Costituzione all’art. 118, oltre che nei trattati europei), e in quello “disgregante” con il rinnovarsi delle pretese secessionistiche, che vorrebbero spesso elevarsi a diritti, non solo in Italia ma anche all’estero (p.e. Catalogna, Scozia, Quebec…).

Non a caso, si noti, Gianfranco Miglio, nel lontano 1972 curava un’edizione delle “Categorie del politico” di Schmitt15, seppur giungendo a conclusioni diverse riguardo al destino dello Stato moderno: Miglio, infatti, riteneva che lo Stato nazionale tradizionalmente inteso fosse al capolinea, e con il crollo del muro di Berlino e la fine dello jus publicum europaeum si entrasse in una fase di transizione al termine della quale si sarebbero realizzati equilibri politici diversi, incentrati su forme diverse di comunità “neofederali”.

A prescindere dall’assetto finale delle comunità di Miglio, simile a quello medievale, e soprattutto a prescindere dalle interpretazioni e dalle derive banalizzanti che ne hanno dato alcune forze politiche, ciò che qui preme sottolineare è, ancora una volta, il nesso tra “l’infinitamente piccolo” (le piccole patrie), e “l’infinitamente grande” (il nazionalismo).

Conclusione: multipolarismo vs. globalizzazione, ritorno al futuro?

Il multipolarismo, comunque lo declinino i suoi fautori, in questo dovrebbe quindi differire dalla globalizzazione che lo ha preceduto: non pretendere che il singolo recida le sue radici per diventare immediatamente “cittadino del mondo”, ma piuttosto suggerire che lo sia solo mediatamente, attraverso la cittadinanza – o meglio, l’appartenenza – della sua nazione o del suo blocco, e la valorizzazione di tradizioni culturali anche regionali e locali.

In questo senso, e solo in questo senso, possono definirsi “conservatrici” o, più esattamente, “tradizionaliste”, le posizioni di autori come Dugin16; e non è un caso, nemmeno questa volta, che negli ultimi trent’anni sia ricomparsa qui e là, tanto come argomento di studi storici17 quanto come ideale politico di riferimento, la formula, solo apparentemente ossimorica e provocatoria, della “rivoluzione conservatrice”.

1 “Der neue Nomos der Erde”, è un (pas)saggio che si ritrova in “Staat, Grossraum, Nomos”, raccolta dei lavori di un cinquantennio di Carl Schmitt, Duncker & Humblot, Berlin, 1995.

2 In “Per la pace perpetua”, Feltrinelli, 2013 (prima ed. 1795).

3 Alvaro d’Ors, “Derecho y sentido comun”, Madrid, 2001.

4 “Germania e Alsazia-Lorena: come evitare l’annessione”, G. K. Chesterton, 1918, da “The North American Review”.

5 “Il Napoleone di Notting Hill”, G. K. Chesterton, 1904, ora pubblicato da Lindau.

6 Nell’Inghilterra quasi distopica del romanzo, infatti, il re è scelto a caso, perché un regime dispotico privo di illusioni “non è la degenerazione ma il compimento più perfetto della democrazia”.

7 Per Arnold J. Toynbee lo zelotismo (contrapposto all’erodianesimo) è l’atteggiamento di colui che, di fronte a un rapporto (culturale) sfavorevole, temendo di uscire sconfitto e umiliato da un tentativo di imitazione, rifluisce su una difesa arcaica e chiusa della propria identità.

8 Mi riferisco a Toni Negri e Michael Hardt, nel loro ormai celebre “Impero”, Rizzoli, 2002: le ONG avrebbero un ruolo nella formazione di un’universale comunità di tipo etico, che costituirebbe la base, il livello più basso della struttura imperiale teorizzata dagli autori.

9 cfr. ad esempio “Verso un nuovo Nomos della terra”, qui: http://www.centrostudilaruna.it/verso-unnuovo-nomos-della-terra.html

10 Diego Fusaro, “Antonio Gramsci”, Feltrinelli, 2015: (p. 126) “Il marxismo eterodosso di Gramsci valorizza, con lo stato, anche la dimensione nazionale. Come è stato suggerito, i Quaderni si reggono sull’idea che si debba partire dal nazionale per giungere al sovranazionale.

L’emancipazione universale del genere umano deve essere l’esito di un processo che trova nella realtà nazionale il proprio punto di avvio e che, da lì, gradualmente si espande fino a farsi cosmopolitico: “Lo sviluppo è verso l’internazionalismo, ma il punto di partenza è “nazionale”, ed è da questo punto di partenza che occorre prendere le mosse.” (Q. XIV, 68, 1729).

E, citando Gide: (p.127) “Si serve meglio l’interesse generale quanto più si è particolari: il modo per essere cosmopoliti, in concreto, consiste nel prendersi cura della massa nazionale-popolare di cui si è parte.”.

11 Franco Cassano, “Il pensiero meridiano”, Laterza, 2007: (p. VIII) “[…] Il sud non è un non-ancora, non esiste solo nella prospettiva di diventare altro, di fuggire inorridito da sé per imitare il nord venti o cent’anni dopo, e quindi probabilmente mai.”, e ancora: (p. 7) “Un pensiero del Sud […] significa non pensare più il sud o i sud come periferia sperduta e anonima dell’impero, luoghi dove ancora non è successo niente e dove si replica tardi e male ciò che celebra le sue prime altrove.”

12 Marcello Veneziani, “Sud”, Mondadori, 2007, che però, quasi facendo autocritica, chiosa: “Un conto è amare il genus loci, un conto è servire le pro loco, a costo della verità”.

13 Pietrangelo Buttafuoco affronta il tema con la consueta ironia in “Buttanissima Sicilia”, Bompiani, 2014, ma già lo adombrava nel romanzo “Le uova del drago”, Mondadori, 2005.

14 Il principio di sussidiarietà nasce nella dottrina sociale della Chiesa cattolica, anche se le sue radici possono risalire ad Althusius. La sua prima menzione viene segnalata nell’enciclica “Rerum novarum”, e poi il concetto trova consacrazione definitiva nella “Quadragesimo anno”, cfr. ex multis F. Pizzolato, “Sussidiarietà, autonomia, federalismo”, in “Come pensare il federalismo?”, Polimetrica, 2010, e F. Viola, “Luci ed ombre del principio di sussidiarietà”, il Mulino, 2009.

15 “Le categorie del politico: saggi di teoria politica”, a cura di G. Miglio e P. Schiera, il Mulino, 1972.

16 In “The fourth political theory”, Dugin opera un’analisi particolareggiata su ciò che è tradizionalismo e ciò che è conservatorismo.

17 De Benoist, ad esempio, scrisse su Moeller Van den Bruck.

mercredi, 24 février 2016

Monde multipolaire contre la guerre

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Monde multipolaire contre la guerre

Appel urgent en faveur d’une coalition multipolaire pour la paix

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

hd. L’appel suivant résulte de la coopération internationale d’un mouvement pour la paix venant de plusieurs pays européens et d’outre-mer. Ce texte – il existe en version courte et en version longue, reproduite ci-dessous, – a été traduit dans plusieurs langues européennes et extra-européennes et plus d’une centaine de personnalités et organisations du monde entier l’ont déjà signé. Sur le site Internet de cet appel (www.multipolare-welt-gegen-den-krieg.org) vous trouverez les noms des signataires, les diverses traductions et d’autres informations. Vous pouvez également y signer ce texte.

Notre monde se trouve à un tournant critique et dangereux. La politique destructrice d’interventions militaires unilatérales et de changements de régime illégaux pratiqués par les Etats-Unis et leurs alliés a conduit à la possibilité d’une confrontation militaire entre les grandes puissances mondiales et nucléaires pouvant déclencher une nouvelle guerre mondiale.


Ceci est un appel urgent adressé à toutes les nations, organisations et individus au monde, de se regrouper pour former une coalition mondiale cherchant à éviter une catastrophe en renforçant la coopération multipolaire, la diplomatie pacifique et le droit international, tout en rejetant catégoriquement l’interventionnisme et l’agression unilatérale.


Le monde en est arrivé là en raison de politiques étrangères menées sans vergogne, de violations flagrantes des droits de l’homme et de destruction délibérée de cultures entières. Depuis la fin de la guerre froide, la nouvelle politique agressive des Etats-Unis est ancrée dans un rapport du PNAC (Projet pour le nouveau siècle américain), publié en septembre 2000. Il est intitulé «Reconstruire les défenses de l’Amérique» et on y trouve le passage révélateur:


«…Si une paix américaine doit être maintenue et élargie, il faut qu’il y ait comme base solide une prééminence militaire incontestée des Etats-Unis….»


Sous le couvert des médias et avec des slogans tels «la guerre contre le terrorisme», «les armes de destruction massive» ou «l’humanisme», les Etats-Unis (avec ses alliés) exécutent ouvertement cette doctrine impérialiste à l’aide de l’expansion de l’OTAN, du déclanchement de multiples guerres pour le contrôle des ressources étrangères et la création de centaines de bases militaires outre-mer. Ils renversent des chefs d’Etat insoumis par des interventions militaires illégitimes ou des révolutions de couleur. Ils contaminent des régions entières avec de la munition cancérigène à l’uranium appauvri. Ils justifient l’utilisation de la torture, de la surveillance électronique, de drones tueurs, de la cyber-guerre et du recul des libertés civiles au sein du pays – alors que les donneurs d’alerte [«Whistleblower»] dénonçant ces crimes sont menacés et criminalisés.


On déclenche même une guerre économique à l’aide de sanctions et d’un capitalisme sauvage à l’aide d’accords commerciaux exigés par le Fonds monétaire international (FMI), secrètement négocié à l’instar du TTIP et par des manipulations financières contre des Etats hostiles, voire même contre ses propres alliés pour les forcer à se soumettre.

Ingérences dangereuses

Le monde est-il devenu plus sûr? Quels sont les résultats de ces actions unilatérales? Les promesses du renforcement de la démocratie, de la sécurité nationale et du bien-être économique suite aux interventions occidentales n’ont laissé qu’un héritage meurtrier d’Etats défaillants et des résultats désastreux.


En outre, cette politique unilatérale vise désormais la Russie et la Chine, ce qui expose l’humanité au risque d’une guerre thermonucléaire globale.


chica paloma.jpgEn Asie de l’Est, Washington voit l’émergence dynamique de la Chine comme une menace stratégique pour ses intérêts, et a répondu militairement par de l’agitation et en encerclant la Chine, tout en alimentant les conflits territoriaux avec ses voisins. Parallèlement, les Etats-Unis négocient en secret des accords de libre-échange néolibéraux, tel l’Accord de partenariat transpacifique (PTP), mis en œuvre pour limiter l’influence économique de la Chine, tout en permettant aux entreprises de continuer à exploiter les travailleurs, à négliger la protection de l’environnement et à rendre des nations entières impuissantes.


Pendant ce temps, les Etats-Unis et l’OTAN soutiennent un régime corrompu avec des liens nazis en Ukraine qu’ils ont mis au pouvoir par un coup d’Etat. La politique répressive de ce régime a déclenché une guerre civile qui a créé plus d’un million de réfugiés. Les habitants de la Crimée, opposés au coup d’Etat, ont décidé de rejoindre la Russie suite à un référendum. Bien que plus de 90% des électeurs aient voté en faveur de la réunification, les puissances et les médias occidentaux ont accusé la Russie d’ingérence, choisissant d’appliquer des sanctions économiques sévères et de stationner du personnel militaire et des armes de l’OTAN le long des frontières russes. L’Occident envisage même le redéploiement d’armes nucléaires «contre la menace russe». Cela rend-il le monde plus sûr?


En Syrie, une coalition constituée des Etats-Unis, des pays membres de l’OTAN et des Etats du Golfe persique mène parallèlement des campagnes illégales, d’une part en prétendant combattre le terrorisme et d’autre part en poussant à un changement de régime en Syrie, bien que ce président d’Etat ait été démocratiquement élu. Cependant, cette coalition dirigée par les Etats-Unis soutient des mercenaires extrémistes liés à al-Qaïda et Daesh en les surnommant «opposition modérée» pour faire tomber le gouvernement syrien. Elle condamne donc officiellement le terrorisme et s’engage à le combattre, mais en même temps elle continue à entrainer, financer, armer et soutenir ces groupes.


Le fait que la coalition dirigée par les Etats-Unis mène des opérations militaires spécifiques sans mandat de l’ONU et sans permission du gouvernement syrien sur territoire syrien est illégal et poursuit un tout autre objectif que les activités de la coalition entre la Syrie, la Russie et l’Iran, officiellement mandatée et soutenue par une grande majorité des Syriens craignant pour leur vie.


Au lieu de regrouper toutes les forces pour combattre le terrorisme, les pays occidentaux accélèrent la crise par une rhétorique belliqueuse, des provocations dangereuses et un mépris flagrant du droit international. Cela rend-il le monde plus sûr?

Les médias, un instrument de guerre

Le rôle des médias dans la promotion de ces guerres et de ces politiques destructrices est prépondérant. Indépendamment qu’on diabolise un chef d’Etat, une religion ou toute une nation, – les médias occidentaux renforcent les thèses et les slogans occidentaux pour alarmer le public et justifier les guerres au lieu de présenter les faits réels. On utilise des critiques politiquement motivées pour discréditer la Russie et la Syrie parce qu’elles luttent «véritablement» contre le terrorisme ou défendent légalement leurs frontières. Des accusations douteuses sont régulièrement avancées contre la Russie et son président, sans aucune preuve, et les médias occidentaux légitiment ces affirmations erronées – ce qui fausse encore davantage la réalité. Ainsi, la Russie est souvent considérée comme une menace tout aussi dangereuse qu’EI/Daesh!


N’oublions cependant pas qui a diabolisé Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi et qui est responsable du chaos qui prévaut actuellement en Afghanistan, en Irak, au Nigeria, en Libye, au Yémen, en Syrie et en Ukraine. Et qui continue à menacer d’autres pays – y compris la Russie, la Chine et l’Iran? Dans le contexte de l’augmentation des crises écologiques, de l’extrême pauvreté et des tensions sociales et religieuses croissantes, cette politique étrangère extrêmement dangereuse poursuivie par l’Occident et ses médias crée davantage de terroristes, de victimes, de réfugiés, de pauvreté et de déstabilisation – menant le monde toujours plus au bord du précipice.

Il y a une alternative

Le temps est venu pour contrer cette grave menace pour l’humanité. Il est nécessaire de restituer le respect des principes de la souveraineté, de l’autodétermination et du non interventionnisme – pour cela le respect du droit international est primordial. Bien que la plupart des populations respectent ces principes, la Russie et la Chine sont les grandes puissances mondiales qui soutiennent le concept de la multipolarité et agissent en tant que contrepoids global à l’hégémonie occidentale. Indépendamment d’éventuels problèmes de politique intérieure, leur approche coopérative est soutenue par la majorité des nations ainsi que par des alliances mondiales, telles que le Mouvement des pays non-alignés, le Groupe des 77, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les alliances latino-américaines (UNASUR, ALBA et CELAC ).


En outre, ces nations orientées vers la multipolarité fournissent des alternatives aux institutions contrôlées par l’Occident et à leurs pratiques néocoloniales. Leurs institutions multilatérales et leurs projets de développement, tels les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), et l’important «Projet eurasien de développement de la nouvelle Route de la soie» sont construits sur le fondement du non-interventionnisme et du respect mutuel. Au contraire des accords commerciaux occidentaux, la coopération bilatérale avec ces pays du monde multipolaire apporte des résultats gagnant-gagnant pour de nombreux pays industrialisés et en développement en Afrique, en Amérique latine, en Asie et en Europe. Tout compte fait, la majorité des nations du monde soutiennent une approche multipolaire pour les affaires mondiales, fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Voilà donc la raison pour laquelle l’Occident ne veut pas de ce projet: il est clairement une menace pour son hégémonie mondiale.


Par conséquent, tous ceux qui cherchent la paix – que ce soient des nations, des organisations, des mouvements ou des individus de tout le spectre politique, économique, social et culturel - doivent se rassembler et élever leur voix commune à l’appui de la multipolarité. Cette voix doit être plus forte que les distorsions des faits présentés dans les médias occidentaux. Il faut qu’elle soutienne les médias transmettant des informations véridiques, multipolaires et indépendantes.


Ces voix pourraient s’organiser par de grandes conférences en une coalition créant des initiatives, des positions politiques et finalement une plate-forme commune.


Cette coalition multipolaire doit se développer en une force pouvant amener l’Occident à abandonner ses politiques destructrices et apporter son soutien politique et économique à des pays désireux de poursuivre une politique équilibrée de coopération et de diplomatie. Même en tant qu’individus, nous pouvons exercer une certaine pression sur les autorités et les médias en modifiant nos habitudes d’électeur et de consommateur, en utilisant l’art, la musique, le cinéma ou la littérature pour soutenir les partisans de la multipolarité. L’appel à la solidarité ne suffit pas, il faut développer un mouvement de base capable de créer des changements positifs.

Une décision que nous devons tous prendre

Depuis l’Assemblée générale de l’ONU du 15 septembre 2015 et les événements qui ont suivi, deux formes distinctes de la diplomatie nous ont été clairement affichées. Elles offrent au monde deux choix: voulons-nous vivre dans un monde unipolaire où les guerres des puissances occidentales définissent le destin du monde, ou préférons-nous un monde multipolaire où les pays souverains collaborent dans un environnement pacifique, coopératif et respectueux? Il est clair que la majorité des populations du monde choisissent la seconde variante.


Pour cette raison, nous, la majorité des populations du monde, déclarons ensemble dans la solidarité et sur le fondement de la paix et de la diplomatie, ce qui suit:

  • Nous respectons la souveraineté de toutes les nations et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nous croyons que l’avenir de chaque pays doit être défini par leurs citoyens, indépendamment de toutes menaces et interférences de l’extérieur, et que tous les conflits multinationaux doivent être résolus à l’aide de processus politiques et de négociations diplomatiques.
  • Nous soutenons toutes les nations qui privilégient une approche coopérative et multilatérale pour traiter les affaires mondiales. La politique contre-productive et dangereuse des interventions militaires unilatérales représente une violation du droit international et doit être universellement condamnée.Nous soutenons les nations et les coalitions multinationales qui collaborent avec détermination pour en finir avec le terrorisme. Les nations qui participent directement ou indirectement à la formation, à l’armement, au financement et au soutien de groupes extrémistes liés à des terroristes, le font en violation du droit international et doivent être traduites en justice.
  • Nous saluons et soutenons explicitement tous les médias informant de manière équilibrée et juste sur les événements mondiaux. Nous condamnons fermement les médias diabolisant des dirigeants, des nations ou des religions entières et présentant sciemment des informations clairement erronées et des analyses partiales et biaisées des événements.
  • Nous nous engageons à soutenir ou à participer aux efforts non violents pour promouvoir la paix mondiale et la tolérance face à tous les peuples et toutes les croyances.

Réunissons-nous pour signer cet appel, pour diffuser largement cette déclaration et pour soutenir tous les efforts allant dans la même direction.

«NON à la guerre … OUI à un monde multipolaire!»

Source: www.multipolare-welt-gegen-krieg.org  (L’appel peut être signé sur ce site.)

(Traduction Horizons et débats)

jeudi, 31 décembre 2015

Lex Pluriversalis - foundation for next world order

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Lex Pluriversalis - foundation for next world order

 
Ex: http://www.katehon.com

Presently there is a situation when mutually exclusive phenomena, such as the erosion of statehood through the reduction or disappearance of sovereignty, and the attempt to develop new rules for international relations, impose one on the other. 
 
The paradox is that international law is based on the concept of sovereignty, and if someone tries to introduce new definitions or concepts, it simply means that the sovereignty of one or some actors dominates over the others. Therefore, this is what the United States is doing in trying to introduce the matrix of Anglo-Saxon law at the international level. However, all legal systems in the world, as well as the 'sense of justice', are rooted in national traditions, and they react differently to the existing reality. If Colin Gray said that the military strategy depends on the culture of the people, although it is not that obvious, in this case the situation is the same: religion, history, and philosophy of the people forms the 'sense of justice' that influences collective behavior, including those relating to the interaction with other peoples.
 
Now we have a situation where peoples' 'sense of justice' is different from the enforcement, in other words, the implementation of the legal regulations that often do not correspond to their material and spiritual needs. The European Union is a typical example.
 
Traditionally, Europe has Continental law, based largely in Roman legislation. Carl Schmitt and other classical theorists wrote numerous works on the subject. The second major legal system is Anglo-Saxon Common Law. This is not based in the right of principles, rather it is based in the right of precedent, and legal experts; which comes from England and then took root in the United States, and from there spread to the countries of the English-speaking world; now we have the attempt to make this become universal.
 
It is assumed that the roots of the differences between these systems are in a different understanding of justice and values. Although Max Weber noted the Protestant influence on modern capitalism (opposed to the Catholic tradition), there are more profound differences between the two legal systems.
 
Looking at the roots of differences will naturally raise the question about the influences of the traditions from other regions traditions such as Orthodox Christianity, Islam, Buddhism, Hinduism, polytheism, Taoism, African cults and pre-Columbian traditions of Latin America.
Islamic law is not connected only with notorious Sharia law and Madhhab, but also with local traditions that differ in the North Caucasus, North Africa, Indonesia and Iran.
 
However, even with the “emasculation” of religions of the modern era, we can find rudiments of Roman law that were broken under the influence of regional cultures and eras. While in the US you can constantly hear the appeal to God and Christianity, the moral and ethical complex in that country is significantly different from similar ones in Latin America that had the same rudiments of Roman law, but combined with the influence of Catholicism.
 
Now, the expansion of Common Law continues at the global level, so-called Common Space: the air, the sea, the space, the cyberspace.
It seems a little bit strange that the initiative to establish control over the spheres comes from a country that has not signed a number of important documents on sailing, on space (the US denied the initiative of Russia and other countries to ban the use of weapons in outer space), as well as on new artificial space, cyberspace.
 
On the other hand, we see an attempt to preserve sovereignty with compulsory control over the mentioned spaces, if they are under state jurisdiction.
 
However, these efforts, taking into account the influence of the globalization process, can be wasted or even destructive for the countries themselves.
 
The only way out of the situation is a civilizational approach, based on alliances of culturally close countries of a certain region. Such unions should be formed on the principle of voluntariness (Bona fides), and understanding the necessity of long-term cooperation.
 
The current economic and political partnerships are likely to be transformed due to the specifics of transitivity.
 
Famous scholar Roland Benedikter warns that a seven-dimensional global systemic shift is underway, which is related to the three epoch-making ends:
– New World Order (changes in the politics of the US unipolar hegemony creating multipolarity, backed by Russia, China, India and others actors);
– Neoliberalism (in the economy, which is characterized by the 2008 global financial crisis);
– Postmodernism (in culture).
The three ends are directly connected with 4) global Renaissance of Religion (which becomes politicized), 5) Technology and 6) Demography that is shown by the global migration flows.
 
As the result, we have a seventh point: changes in the order structure of the entire social system.
 
To make these changes with as few problems as possible, it is necessary to implement new approaches to international law, as soon as possible, to limit the spread of the Anglo-Saxon legal model which claims to be global and universal.
 
Proposed alternative must be on pluriversal basis that respect local traditions and may be implemented on the planetary level too.

mardi, 06 octobre 2015

Conférence d'Aymeric Chauprade à l'Université de Vladivostok

Conférence d'Aymeric Chauprade à l'Université de Vladivostok

Le nouveau monde multipolaire face au défi hégémonique américain

Conférence d'Aymeric Chauprade à l'Université de Vladivostok

Conférence d'Aymeric Chauprade à l'Université de Vladivostok

Le nouveau monde multipolaire face au défi hégémonique américain

samedi, 12 septembre 2015

Monde multipolaire: Chine, Russie, quelles stratégies?

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VERS UN MONDE MULTIPOLAIRE

« Chine-Russie : quelles stratégies ? »

Alexandre ORLOV*
Ex: http://metamag.fr
 
Parler de la Russie et de la Chine, c'est parler,  non seulement du présent, mais aussi de l'avenir , de l'ordre mondial de demain.

Nous comprenons tous que la portée des relations russo-chinoises dépasse largement le cadre bilatéral. Elles constituent un facteur puissant de formation d'un monde multipolaire.

Oui, notre monde est en passe de devenir multipolaire. C'est un processus objectif et irréversible. On peut toujours essayer de le ralentir, mais personne n'est désormais en mesure de l'arrêter.

De fait, dans l'ambition d'assurer leur hégémonie, de maintenir la domination unipolaire, les Etats-Unis suivent le cap de l'endiguement de nouveaux pôles d'influence – avant tout la Russie et la Chine.

A l'égard de la Russie, cette politique d'endiguement prend une forme ouvertement agressive. On inflige à mon pays des sanctions chaque fois nouvelles – et ce, sans plus aucun lien avec la situation en Ukraine. Des bases militaires américaines et de l’OTAN poussent sur ses frontières tels des champignons, on y construit le bouclier antimissile américain. On lui livre une guerre médiatique, psychologique et économique.

Pour la Chine, cette même politique d'endiguement revêt un caractère latent, voilé. C’était d'ailleurs pareil pour la Russie, jusqu'à ce que la crise en Ukraine ne fasse tomber les masques.

La tactique utilisée est pourtant la même. 

Pour justifier cette politique d'endiguement, on impose à l'opinion publique toutes sortes de mythes – sur la "menace" russe ou chinoise ou sur "l'antagonisme idéologique" entre l'est et l'ouest.

Mais en réalité, ni ces menaces imaginaires, ni l'antagonisme idéologique, propres à l'époque de la guerre froide, n'existent. Il n'y a que l'ambition américaine de domination universelle. De la géopolitique à l’état pur.

Il faut bien comprendre que, malgré toute la diversité des systèmes politiques ou des valeurs, la multipolarité moderne n'est pas de nature idéologique. Au contraire, elle résulte en grande mesure du fait que le modèle du développement capitaliste né en Europe Occidentale et aux Etats-Unis s'est enraciné dans d'autres régions du monde. Tout espoir de bloquer l'émergence d’un monde multipolaire est illusoire. Toute tentative d'empêcher ce processus porte un grave préjudice au système de  sécurité universelle et sape le développement économique global. 

On a beau s'y accrocher, le modèle unipolaire restera immanquablement dans le passé. Il ne correspond plus au monde moderne, qui est bien trop varié et bien trop complexe. Aucun pays, aucun groupe, aussi puissant soit-il, n'est capable aujourd'hui de résoudre les problèmes universels à lui-seul.

Les États-Unis ont échoué dans le rôle de leader universel 

Ils se sont comportés tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils ont piétiné le droit international – en Yougoslavie, en Irak, en Libye ou au Yémen. Ils ont poussé le Moyen Orient dans le bourbier du chaos et des guerres civiles, ils ont libéré de sa bouteille l’esprit de l’islamisme radical. Ils ont trahi la confiance de leurs alliés les plus proches, car eux-mêmes ne faisaient confiance à personne, les considérant comme des Etats satellites ou des vassaux, d’où l'espionnage et l'ingérence dans les affaires intérieures, y compris par l'application extraterritoriale des décisions de justice américaine.
 
Pour beaucoup d'Occidentaux l'émergence d'un nouveau monde multipolaire apparaît comme chaotique, mais c'est parce que les vielles méthodes unipolaires de prise de décisions et de règlement des conflits ne fonctionnent plus. Nos partenaires occidentaux n'ont toujours pas appris, ou ne veulent tous simplement pas apprendre à travailler d'une façon nouvelle – par le compromis. Ainsi ils associent la fin de l'ordre unipolaire à la fin de l'ordre tout court, à l'arrivée du chaos universel.
 
Je tiens à souligner que la Russie, aussi bien que la Chine, j'en suis certain, sont sincèrement intéressés à développer avec les Etats-Unis, qui étaient et restent une grande puissance mondiale, des relations étroites et mutuellement avantageuses. Pourtant, le vrai partenariat ne serait possible que lorsque Washington et les milieux atlantistes d'Europe abandonneront l'idée de leur exclusivité et leur droit à la domination globale.

Le monde multipolaire – c'est une lourde responsabilité
 
Il peut devenir un monde de confrontation de blocs, de lutte pour les sphères d'influence, d’hostilité. Mais il peut aussi bien être un monde de coopération et d’intégration. Telle est la philosophie des nouveaux formats universels initiés par la Russie et la Chine. Je parle des BRICS et de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). L'égalité des membres, la culture du compromis, toute décision comme dénominateur commun des intérêts nationaux de chacun, voici ce qui distingue ces forums du fonctionnement d'alliances économiques ou politico-militaires traditionnels avec leur subordination et leur discipline de bloc.

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Les états des BRICS ou de l'OCS se rassemblent non pas "contre" quelqu'un, mais pour un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui serait fondé sur le droit international et le rôle central de l'ONU. Nos pays mettent au centre de leurs préoccupations le principe de sécurité égale et indivisible à tous les niveaux – aussi bien global que régional. Cela signifie que la sécurité des uns ne doit pas être assurée en dépit de celle des autres. Cette vision du monde est aux antipodes de la mentalité des blocs propre à l'OTAN.

En juillet dernier la ville d’Oufa a accueilli les Sommets des BRICS et de l'OCS sous la présidence de la Fédération de Russie. Ces rencontres, qui ont réuni les représentants de plus d'une moitié de la population globale, n'ont pas seulement détrôné le mythe de "l'isolement de la Russie", n'ont pas seulement confirmé la similitude des approches des pays-membres aux grands problèmes politiques et économiques du monde. Elles ont avant tout démontré, une fois de plus, la viabilité du modèle de prise de décisions collectives qui, j'en suis fermement persuadé, sera la base du monde multipolaire.
 
Les relations russo-chinoises se présentent aujourd'hui comme "un partenariat tous azimuts et une coopération stratégique". C'est bien cette définition qui figure dans la déclaration commune des deux chefs d'états adoptée en mai 2014, lors de la visite du Président Poutine à Pékin.
Nous évitons sciemment le terme "allié" ou "alliance" car ils reflètent la logique des blocs, incluent l'idée d'identification "friend-or-foe" – ami/ennemi. Encore une fois: les relations Moscou-Pékin ne sont pas "contre" qui que ce soit. Car ni la Russie, ni la Chine (du moins, pour autant que je sache) ne revendiquent la domination globale. Notre coopération se développe sur une base pragmatique, tenant compte des intérêts des deux peuples et des réalités du monde multipolaire en gestation. 

Il faut reconnaître pourtant que les intérêts russes et chinois ne coïncident pas forcement. Nous pouvons avoir une vision différente sur certains problèmes internationaux. Il existe entre nous une concurrence rude en ce qui concerne les marchés régionaux. Les Chinois, il faut le reconnaître franchement, sont des partenaires difficiles et des négociateurs redoutables lorsqu'ils défendent leurs priorités. Mais les principes de base de nos relations – l'égalité et le respect de chacun, permettent toujours de trouver des solutions mutuellement acceptables. 
Entre la Russie et la Chine il n'y a pas, et j'espère qu'il n'y aura jamais, de lutte pour les sphères d'influences – comme celui que les Etats-Unis et l'Union Européenne nous ont imposé ces dernières années, notamment sous la forme du "Partenariat oriental".

C'est l'Union Européenne qui a placé l'Ukraine devant le choix – "être avec nous ou avec la Russie". Ce choix artificiel qui a fracturé le pays et l'a poussé dans une guerre civile qui dure toujours. Ni la Russie ni la Chine n'ont jamais imposé à leurs voisins ce choix – être "avec" ou "contre" nous.

Au contraire, en dépit de leur concurrence économique (qui est naturelle), nos deux pays voient le continent eurasien comme un espace de coopération prometteuse, capable d'assurer la synergie des ressources humaines et en matières premières, des potentiels économiques, industriels et scientifiques de différents pays.
 
L'Union économique eurasienne et l'initiative chinoise de la "Ceinture économique de la Route de la Soie" nous paraissent parfaitement complémentaires et ouvrent d'excellentes opportunités pour la Chine comme pour la Russie. En tant qu'espace économique commun, donc – sans frontières douanières, l'Union économique Eurasienne offre de façon objective le meilleur tracé possible pour cette nouvelle "Route de la soie".

La concurrence russo-chinoise pour les marchés de l'Asie Centrale ne change rien sur la donne principale: nos deux pays ont un intérêt commun – la prospérité de cette région. Le "Grand Jeu" pour l'Asie Centrale, que menaient au XIX-ème siècle la Russie et la Grande Bretagne, n'a pas sa place dans les relations entre Moscou et Pékin. Au contraire, nous cherchons à joindre nos efforts et nos capacités dans la réalisation de grands projets économiques et industriels, et aussi pour contrer la menace de l’islamisme radical qui vient du Sud. Autrement dit – plus nos pays-voisins seront (..) riches et stables, mieux ce sera pour la Russie et pour la Chine. 

En même temps, la Russie a des raisons de croire que l'idée de déstabiliser l'Asie Centrale selon le scénario moyen-oriental – c'est-à-dire sur le fond de discours sur les ''transformations démocratiques" et sous les drapeaux de l'islamisme radical, – peut être envisagée aux Etats-Unis comme une des "options" en vue d'affaiblir la Russie et la Chine, de créer sur leurs frontières des foyers permanents de tension, de semer la discorde entre eux. Nous devrons, ensemble, contrecarrer ces tentatives.

Aujourd'hui, l'économie russe traverse une période difficile, due à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales, et l'économie chinoise tourne elle-aussi au ralenti. Apparemment, la tâche de renforcer les liens commerciaux et d'investissements entre nos pays revêt dans ces conditions une importance particulière. 

La multipolarité possède des dimensions différentes – politique, économico- financière et culturelle.

La Russie et la Chine attachent une attention particulière à la réforme du système monétaire global. Il nous parait évident que le monopole du dollar constitue désormais une source de risques de plus en plus importants, qui sont de nature non seulement financière, mais aussi politique. L'affaire de "BNP-Paribas" – est un exemple par excellence de où peut mener un tel monopole, qui va de pair avec l'application extraterritoriale de la justice américaine. Cela vaut la peine de rappeler que la France avait proclamé la réforme du système monétaire global comme une des priorités de sa présidence au G-20 en 2011. Pourtant, rien n'a bougé depuis. 

Moscou et Pékin comptent élargir progressivement l'utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges commerciaux bilatérales ainsi que dans le commerce régional. A cet égard, les décisions des BRICS sur la création d'un pool de réserves monétaires propres et de la Nouvelle banque de développement, constituent un pas important vers une nouvelle architecture monétaire internationale. Il est important qu'une grande partie des projets de la Nouvelle banque de développement soit financée en monnaies nationales. La Russie a rejoins également La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank) créée sur l'initiative de la Chine.

Ces nouvelles institutions ne représentent pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais un complément nécessaire et attendu aux institutions de Bretton Woods, qui ne répondent plus aux besoins de l'économie mondiale. Nous estimons que le FMI et la BM ont besoin d'être réformés – ils ne doivent plus rester les outils politiques de Washington. 

Autre domaine prioritaire de coopération entre la Russie et la Chine qui contribue à un ordre mondial plus juste et plus sûr : les technologies informatiques. Les Etats-Unis abusent de leur monopole dans ce secteur, ce qui engendre des risques pour la sécurité et la souveraineté de nos pays. Ce n'est pas par hasard que la déclaration finale du sommet d’Oufa évoque la nécessité de créer un mécanisme de gestion d'Internet "basé sur un processus transparent, qui ne serait pas soumis à l'effet des décisions unilatérales".

D'une manière générale, les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie – sont un signal lancé à tous les pays, qui devraient réfléchir sur leur indépendance financière, technologique et informatique face aux Etats-Unis qui usent sans scrupules de leur supériorité pour exercer la pression politique et le chantage.

Ces derniers temps, on entend souvent que la Russie s'est détournée de l'Europe pour se tourner vers la Chine. C’est faux. La Russie ne se détourne de personne, encore moins de l'Europe. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, la Russie était, reste et restera une partie inaliénable et importante de la civilisation et de la culture européennes. On ne peut pas se détourner de soi-même. En même temps la Russie est une puissance Eurasienne. Il est donc logique et important qu'elle ait de bonnes relations avec ses voisins à l'Est comme à l'Ouest. Regardez nos armoiries – L'aigle bicéphale qui y est représenté regarde bien des deux cotés.
  
Il faut reconnaître pourtant que le grand potentiel de nos relations avec la Chine est longtemps resté inexploité. Quoique le besoin de se tourner vers l'Asie-Pacifique était évident bien avant la crise actuelle dans nos relations avec l'Occident, jusqu'à ces derniers temps une partie majeure de nos liens économiques, commerciales et en matière d'investissements était orientée vers l'Union Européenne. Apparemment, avions nous trop confiance en nos partenaires européens, et espérions naïvement avancer vers un espace économique et humain communs. Les sanctions se sont révélées être une douche froide, confirmant une fois de plus la vielle sagesse populaire – il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier.
 
La Russie a pris le cap de diversification de ses liens économiques, mais elle ne se détourne néanmoins pas de l'Union Européenne. Au contraire, c'est l'Europe, docile à une volonté étrangère, qui cherche en dépit de ses propres intérêts à se démarquer de la Russie. Ce qui pousse naturellement notre pays à chercher des partenaires et des débouchées dans d'autres régions du monde.

Ceux qui veulent "l'isolement" de la Russie paraissent avoir oublié que nous ne sommes plus au XIX-ème siècle, et que depuis longtemps, la "communauté mondiale" ne se limite plus à l'Europe et à l'Amérique du Nord. La nature a horreur du vide. D'autres pays, dont la Chine, n'attendaient que cela pour élargir leur présence sur le marché russe et prendre la place occupée jadis per nos partenaires occidentaux, au détriment de ces derniers.

En tout cas, la coopération avec la Chine ne contredit pas mais complète nos liens traditionnels avec l'Union Européenne. C'est un complément nécessaire, attendu, et riche en perspectives en matière d'échanges commerciaux et technologiques, d'investissement et de développement des territoires. 

La question de savoir si la Russie doit choisir dans ses relations l'axe européen ou asiatique est purement artificielle. La France – doit-elle choisir entre l'Espagne et l'Allemagne? Autre idée préconçue – se retournant vers la Chine, la Russie est condamnée au rôle auxiliaire de son fournisseur de matières premières. Jusque là nous avons vécu une expérience de rapprochement avec l'Union Européenne qui effectivement réduisait la Russie au rôle de fournisseur de l'Occident. Apparemment c'était la seule place qu'on nous réservait.
 
Certes, nous allons utiliser toutes les opportunités qu'offre le marché chinois pour le commerce de matières premières et d'hydrocarbures. Un accord a été signé sur la construction du gazoduc "la Force de la Sibérie" (ainsi est nommé le tracé oriental), et des négociations sont en cour pour le gazoduc "Altaï" (ainsi est nommé le tracé occidental). Il s'agit de dizaines de milliard de mètres cubes de gaz.

Ces projets d'envergures permettent à la Russie de diversifier les débouchées de ses hydrocarbures, ce qui n'est pas sans importance, surtout sur fond d'appels politisés à renoncer à notre gaz, qui résonnent de plus en plus fort en Union Européenne. En limitant la coopération énergétique avec notre pays, l'UE se tire une balle dans le pied et scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle réduit ainsi elle-même sa compétitivité. 

Néanmoins, – et c'est capital, – la coopération russo-chinoise ne se limite pas au commerce des matières premières. Elle s'étend aussi sur les secteurs et les industries de pointe. La Russie garde et renforce ses positions sur le marché chinois notamment en ce qui concerne la coopération militaire et le commerce d'armes modernes, mais aussi dans le secteur nucléaire, dans l'industrie aérienne (avions et hélicoptères), la pétrochimie, les transports… Autre volet important – la coopération spatiale. Ainsi, nous travaillons sur l'inter-connectivité de nos systèmes de navigation par satellite GLONASS et "Beidou".

Mais le principal – est que notre partenariat avec la Chine s'appuie sur le respect mutuel des intérêts de chacun, tandis que l'Union Européenne cherchait toujours à nous imposer des conditions unilatérales, en dépit des intérêts de la Russie mais "en application du règlement européen". La troisième directive énergétique en est un exemple par excellence. 
Notre colloque porte dans son nom la question "quelles stratégies?". Et bien, les stratégies, on pourrait en inventer de toutes sortes, mais le critère de leur efficacité restera toujours le même – le réalisme.

Certains préfèrent vivre dans un monde imaginaire – se croire exceptionnels; inventer des mythes sur les "menaces" russes et chinoises; alimenter en armes et en argent l'inexistante "opposition modérée" en Syrie; croire que des tribus moyenâgeuses peuvent en un jour se transformer en démocraties de type occidental; se persuader que les Criméens ont voté leur réunification avec la Russie sous la menace des armes… Mais le monde réel revient toujours et le dégrisement peut être amer. Le carrosse de Cendrillon se change en citrouille, les "opposants modérés" en djihadistes, les "démocrates ukrainiens" en nationalistes agressifs…

Sauf qu'en se battant contre des moulins à vent, on risque de laisser passer les vraies menaces. Je suis persuadé que la stratégie de la communauté internationale doit consister à se mobiliser pour résoudre les vrais problèmes et faire face aux réelles menaces, dont la plus dangereuse est aujourd'hui l'islamisme radical.

* Intervention d'Alexandre ORLOV, ambassadeur de la Fédération de Russie à Paris, lors du Colloque du 28 août 2015

 

dimanche, 01 février 2015

Polarización versus globalización

por Norberto Ceresole

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

En un mundo globalizado, naturalmente, tienden a desaparecer los polarizadores internacionales (centros con gran capacidad de acción económica y/o estratégico-militar) y, en especial, los polarizadores clásicos, que son los que operaron en los últimos tres siglos de historia occidental, antes de la irrupción masiva de las razas “coloniales”. La globalización es la hegemonía de un solo polarizador. Los actores principales de la globalización tienen como objetivo la maximilización de los beneficios y no la potenciación de su propio Estado, aunque se trate de los Estados Unidos. Como entidad política y geográfica, el antiguo país central puede entrar en declive por el mismo proceso mediante el cual sus principales empresas logran beneficios crecientes.

La naturaleza del sistema internacional actual tiende a definir, en la escala global, sólo dos “países“, con sus geografías y recursos desigualmente distribuidos: el país de los ricos o incluidos, y el país de los pobres o excluidos. Las instituciones estatales de los países excluidos, o “desgarrados“, como las fuerzas armadas, deben definir – en primer lugar ante sí mismas – qué “país” aspiran a defender. Queda fuera de toda discusión, dentro de este modelo de gobierno mundial, que todo intento de integrar “fronteras adentro” del Estado-nación, es una actitud penalizada por la lógica del modelo. Uno de los objetivos principales de los actores transnacionales es lograr la privatización y la liberalización de los servicios –en especial de los servicios financieros-, más la eliminación de los principios básicos de la defensa nacional, con el objeto de eliminar cualquier amenaza de planificación económica nacional y de desarrollo independiente.

Todas las instituciones integrativas dentro del Estado-nación deben ser destruidas, “desprotegidas” de los “favores” del Estado. Desaparece la “vieja” configuración “nacional” del Estado. Queda vigente una nueva configuración “estatal“, la mayoría de las veces fragmentada o desgarrada. Es por ello que no desaparecen todas las formas de proteccionismo. Los mecanismos de protección son rediseñados para aumentar el poder y la riqueza de las grandes corporaciones transnacionales (que no necesariamente son multinacionales: gran parte del “capitalismo nacional” hoy se ha trans-nacionalizado sin multi-nacionalizarse).

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La globalización como modelo de gobierno mundial es una estructura oligárquica que condena a la marginalidad al vasto “país” mundial de los excluidos, a los pobres y sin poder, dentro y fuera de los países centrales, dentro y fuera del espacio blanco-occidental. En el plano político interno opera dejando grandes vacíos en el ordenamiento democrático, de tal manera que la capacidad de decisión siga en manos de los que Adam Smith, en el siglo XVIII, llamó “los amos del universo“, quienes se manejan “con el vil principio: Todo para nosotros, nada para los demás“.

La organización oligárquica global succiona riquezas para el “país de los incluidos” que está desigualmente distribuido por toda la superficie del globo. Adam Smith acusaba a los fabricantes y comerciantes de su época de “infligir horribles infortunios y de perjudicar al pueblo de Inglaterra“. Hoy en día, el 40% del comercio exterior de los Estados Unidos se realiza entre compañías dirigidas en forma centralizada. Esas compañías pertenecen a los mismos grupos que controlan la producción y la inversión.

El efecto que provoca la acción de la oligarquía global sobre la totalidad del “país de los excluidos” es auténticamente devastador. El abismo que separa a las regiones ricas de las pobres se ha duplicado en las últimas dos décadas. La transferencia de recursos del “sur” al “norte” fue de 400.000 millones de dólares entre 1982 y 1990.

Fuente: Pueblo indómito

Extraído de: Tribulaciones Metapolíticas

mercredi, 10 décembre 2014

Eurasisme et multipolarité

Eurasisme et multipolarité - Entretien avec Alexandre Douguine

Ex: http://www.levraipost.fr

Dans son dernier discours aux représentants de la nation russe, Vladimir Poutine a rappelé que l’union économique eurasienne va être opérationnelle en janvier 2015. Il est intéressant de revenir ici sur les fondements théoriques et géopolitiques possibles de cette union continentale qui nous est (...)

Dans son dernier discours aux représentants de la nation russe, Vladimir Poutine a rappelé que l’union économique eurasienne va être opérationnelle en janvier 2015.

Il est intéressant de revenir ici sur les fondements théoriques et géopolitiques possibles de cette union continentale qui nous est présentée comme une alternative au monopole et à l’hégémonie occidentale. Qu’en est-il en réalité ? Quelle place pour les français et les européens dans une telle alliance ? La Russie peut-elle être la figure de proue d’un nouveau non-alignement civilisationnel face au nouvel ordre mondial ? Voire dans le nouvel ordre mondial ?

Même si la théorisation de l’Eurasisme ne se superpose pas exactement aux froids enjeux à l’œuvre derrière l’union eurasiatique, en tant que théoricien majeur de l’Eurasisme contemporain, Alexandre Douguine est un interlocuteur majeur sur les questions relatives à l’unité continentale et à la multipolarité.

Nous avions eu l’occasion de rencontrer le professeur Alexandre Douguine le lendemain de sa conférence à Paris de mai 2013.

Cet entretien a été réalisé il y a plus d’un an dans cette période un peu spéciale pour les patriotes français qui allait du départ de Dominique Venner à la dernière grande "manif pour tous" de 2013. Nous publions aujourd’hui hui cet entretien plus que jamais d’actualité.

Nos remerciements à qui a permis cette rencontre et la réalisation de cette vidéo.

Les Non-Alignés.

http://www.les-non-alignes.fr/

dimanche, 30 novembre 2014

Aymeric Chauprade lance l’Institut du Monde Multipolaire

Le géopoliticien Aymeric Chauprade lance l'Institut du Monde Multipolaire

Le géopoliticien Aymeric Chauprade lance l’Institut du Monde Multipolaire

29/11/2014 – PARIS (NOVOpress) 

Ex: http://fr.novopress.info

De retour de Moscou il a prononcé un discours à la Douma, le Parlement russe, sur le règlement de la situation ukrainienne, le géopoliticien Aymeric Chauprade, par ailleurs député européen depuis mai 2012 sous les couleurs du Front National, a annoncé jeudi 27 novembre la création d’un « Institut du Monde Multipolaire », think tank géopolitique lié au site www.realpolitik.tv, qu’il a créé il y a 4 ans et qui a fidélisé un vaste public.

Selon les termes de son communiqué, « l’Institut du Monde Multipolaire sera basé en France, auto-financé par ses membres et ne recevra aucun financement extérieur. Il fonctionnera à peu de frais dans le but de produire des contenus pouvant stimuler la pensée politique française. Des spécialistes des relations internationales venant d’horizons divers y développeront une analyse réaliste fondée sur la prise en compte des réalités identitaires, démographiques, civilisationnelles et géoéconomiques. L’IMM se concentrera sur l’analyse du nouveau monde multipolaire et en particulier sur la place de la civilisation européenne et de ses nations dans le nouvel environnement international. »

mercredi, 12 novembre 2014

Perú mueve ficha y se acerca a Rusia para construir una alianza estratégica

La asociación estratégica entre Rusia y Perú ha centrado el encuentro bilateral entre Vladímir Putin y Ollanta Humala. El presidente peruano ha llegado a Moscú en una visita histórica, la primera en 45 años de relaciones diplomáticas. Los mandatarios tienen previsto abordar también temas relativos a la cooperación económica, científica y militar.

La Embajada de Rusia en Lima subrayó el caracter histórico de la visita afirmando que es un paso importante para el posible establecimiento de una asociación estratégica bilateral. "Damos mucha importancia a esta visita. Vemos que la agenda bilateral se amplía cada año y hoy llegamos al momento en que pensamos en dar pasos hacia el establecimiento de una asociación estratégica entre Rusia y Perú", afirmó a Andina Vladímir Belinski, ministro-consejero y encargado de Negocios de Rusia en el Perú. 

Las relaciones comerciales entre ambos países se ha desarrollado activamente y presentan buenas perspectivas. El intercambio comercial entre Rusia y Perú ha aumentado 7 veces en los últimos 10 años, superando los 500 millones de dólares en 2013.

La mayor parte de las exportaciones rusas a Perú corresponden a petróleo crudo y derivados químicos, con más del 41% del total. Les siguen suministros de productos minerales como abonos, fertilizantes o pienso compuesto, con un 27%. Y un 21% de las exportaciones son maquinaria y vehículos, que abarcan aviones, helicópteros, y equipos de perforación.

En cuanto a las importaciones desde Perú, la gran parte, más del 85%, las ocupa el sector agrícola y alimentario (como frutas, café o productos de pescado). 

En opinión de la directora de la Asociación de Gremios Productores Agrarios (Agap), Ana María Deustua, cuyas palabras recoge la agencia de noticias Andina, en Rusia existe un enorme potencial por lo que Perú puede aumentar sus envíos nacionales, tanto de frutas como de hortalizas en los próximos años. 

"Los resultados van a ser positivos para los siguientes años. Los envíos se duplicarán si mantenemos la promoción y logramos hacer una buena distribución de la oferta. Se han hecho algunas aproximaciones y hemos comprobado que existe una demanda muy interesante; solo necesitamos desarrollar los vínculos en estos momentos de crecimiento y con productos de alto nivel", sostuvo María Deustua.

En esta mañana de viernes ya se ha celebrado la reunión entre Humala y el presidente de la Empresa Estatal de Transporte Ferroviario de Rusia, Vladímir Yakunin. La parte rusa expresó su interés por participar en el proyecto ferroviario que uniría Brasil y Perú, así como en proyectos para el Plan Ferroviario Nacional. 

Durante la visita del mandatario peruano a Rusia se firmarán varios convenios bilaterales de comercio, promoción turística, cooperación en medio ambiente y lucha contra las drogas. Además, tanto Rusia como Perú buscan reforzar su cooperación en la esfera técnico-militar.

Analista: Putin busca estabilidad multipolar ante la agonía de Occidente

El presidente ruso, Vladímir Putin, busca estabilidad y predictibilidad en su aspiración a un mundo multipolar y esto es la antítesis del liberalismo moderno occidental, opina el analista internacional Bryan MacDonald.

Refiriéndose al discurso del mandatario ruso en el Club de Debates Valdái, el periodista y escritor señala que el problema de Occidente es que no quiere aceptar que su tiempo "ya ha pasado y los fundamentos del orden mundial antiguo llevan años desmoronándose".

Citando las estadísticas del Fondo Monetario Internacional, hace 20 años seis de las mayores economías mundiales eran parte del bloque liderado por EE.UU. Ahora EE.UU. ya no puede considerarse la primera economía del planeta, ya que China lo supera en el PIB. La India, Rusia y Brasil también están entre las economías más fuertes.

MacDonald subrayó que Putin ve a su país como parte de una nueva alternativa internacional y se une a otras naciones del bloque BRICS para restringir la agresión estadounidense en donde sea posible. "Es un sendero hacia la estabilidad, según Putin", dijo el analista.

Los conservadores clásicos europeos, como el alemán Konrad Adenauer y el británico Harold MacMillan, se pondrían de acuerdo con Putin, pero los actuales líderes europeos y norteamericanos no lo entienden, siendo "emborrachados por su dominación del mundo de los últimos 20 años".

Ante la elevación de Rusia y otros países del BRICS será esencial cómo EE.UU. reaccionará a la nueva realidad.  "El juvenil discurso de Washington necesita un 'hombre malo'. En una década este ha sido Bin Laden, Saddam y ahora es el tiempo de la rusofobia", dijo. 

El analista concluye que si la élite estadounidense sigue comportándose así, la transición a un mundo multipolar no podrá ser pacífica.

dimanche, 30 mars 2014

West’s antiquated unipolar world collides with the East’s vision of a mulipolar future

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Tony Cartalucci

West’s antiquated unipolar world collides with the East’s vision of a mulipolar future

Ex: http://journal-neo.org

In Reuters’ 2007 article, “Putin says Russia threatened by ‘Unipolar World’,” Russian President Vladimir Putin stated: 

Some people are constantly insisting on the necessity to divide up our country and are trying to spread this theory.”

Reuters would also quote President Putin as saying: 

“There are those who would like to build a unipolar world, who would themselves like to rule all of humanity.” 

While Reuters then attempted to spin the comments as Russian paranoia, in the wake of recent events in Ukraine, the timelessness and accuracy of President Putin’s assessment years ago are apparent. 

 Setting the Board 

For years the West has been cultivating a proxy political machine inside of Ukraine for the purpose of peeling the nation away from its historical and socioeconomic ties to Russia. The deep relationship between Western corporate-financier interests on Wall Street and in London and the opposition in Ukraine are best summarized in PR Weeks “Analysis: PR gets trodden underfoot as sands shift in Ukraine.” In the article, the involvement of some of the most notorious corporate lobbying firms on Earth, including Bell Pottinger and the Podesta Group, are revealed to have been involved in Ukraine’s internal affairs since the so-called “Orange Revolution” in 2004 – a coup admittedly orchestrated by the West and in particular the US government

The article chronicles (and defends) the continuing, unabated meddling of the West up to and including the most recent turmoil consuming Ukraine.   

PR Week’s article revealed that heavily funded networks propping up the proxy regime in Kiev are sponsored by “individuals and private companies who support stronger EU-Ukraine relations.” It is these Western corporate-financier interests, not Ukrainian aspirations for “democracy” and “freedom,” that kicked off the “Euromaidan” mobs in the first place – and will be the driving force that misshapes and deforms the regions of western Ukraine now overrun by the West’s proxies. 

To the east in Ukraine, people are prominently pro-Russian, sharing closer cultural, linguistic, and socioeconomic ties to Russia as well as long historical parallels. They have welcomed moves by Russia to counter the coup in Kiev and protect eastern Ukraine from the corrosive influence that will grow as the West further entrenches itself.  

A democratic referendum held on the Crimea peninsula overwhelmingly chose independence from the fascist regime in Kiev, separating from the now dysfunctional and downward spiraling western region and beginning the process of formally joining the Russia Federation. This resulting lay of Ukraine will be a proving ground where in the West, Wall Street and London’s unipolar order, will face off against the East and Russia’s vision of a multipolar order. The predictable outcome of financial and social ruination in the West, versus a stable status quo in the East will vindicate the growing perceptions held regarding both. 

The Predictable Fate of Western Ukraine Already Unfolding 

With the vacant chair of deposed Ukrainian President Viktor Yanukovych still warm, the tentacles of Western corporate-financier interests have already wound themselves around Kiev and have begun to squeeze. 

Chevron, which had signed a multi-billion dollar deal with Ukraine in November, 2013, was operating in the west of Ukraine, and alongside other Western energy giants such as ExxonMobil and Shell. The deals were part of President Yanukovych’s apparent gravitation toward the West and impending integration with the EU which was then suddenly overturned in favor with re-cementing ties with Russia. Western oil giants clearly saw the benefit of backing a putsch that would leave the western half firmly in the orbit of the US, UK, and EU. They can not only continue their business on the western edge of Ukraine, but expand their interests unabated across the country now that a capitulating, puppet regime sits in Kiev.  

While Western big-oil plans to move in and siphon billions, the International Monetary Fund (IMF) is already planning deep cuts in social benefits as part of a staggering austerity regime to restructure financially the seized western region of Ukraine, and if possible, all of Ukraine proper.

RT reported in its article, “Pensions in Ukraine to be halved – sequestration draft,” that:

The self-proclaimed government in Kiev is reportedly planning to cut pensions by 50 percent as part of unprecedented austerity measures to save Ukraine from default. With an “empty treasury”, reduction of payments might take place in March. 

According to the draft document obtained by Kommersant-Ukraine, social payments will be the first to be reduced.

The proxy regime set up in Kiev has already indicated its eager acceptance to all IMF conditions. The fate of western Ukraine will be no different than other members of the European Union preyed upon by the corporate-financier interests that created the supranational consolidation in the first place. The reduction of a multipolar Europe into a unipolar, supranational consolidation which can be easily and collectively looted is a microcosm of what the West’s Fortune 500 plan as part of their global unipolar order.  

The natural resources, human capital, and geopolitical advantages found within the borders of Ukraine, will now become the natural resources, human capital, and geopolitical advantages of Chevron, BP, Monsanto, a myriad of defense contractors, telecom corporations, and other familiar brands seen marauding across the planet leaving in its wake destitution, socioeconomic disparity, and perpetual division they intentionally sow in order to protect their holdings from any form of unified or organized opposition.   

No matter how obvious the West’s game may be to some, had Ukraine fallen entirely under the control of Western interests, a multitude of excuses could and would have been peddled to explain the unraveling of Ukrainian society in terms that would exonerate the corporate-financier interests truly driving the crisis. But Ukraine has not entirely fallen to the West, and because of that, the planned decimation of western Ukraine, its economy, and its sovereignty will stand out in stark contrast to the eastern region that has remained beyond the West’s reach and within the orbit of Russia’s multipolar vision of the future.  

 The East’s Chance to Showcase a Multipolar Future

The West has made an entire industry out of “democracy promoting,” or in other words, the facade and insidious geopolitical mechanics behind it, it spreads its hegemony across the globe with. It has ingrained its superficial and ultimately disingenuous definitions of “elections,” “democracy,” and “freedom” into the minds of millions through political movements, mass media, and entertainment. However, this facade in recent years has suffered many setbacks as its opponents poke holes through it and reveals what lies beneath more clearly. 

What must be done next is the introduction of a new set of principles by which the global population can embrace – that of a multipolar world order where power is balanced, national sovereignty reigns, and international institutions mediate, not dictate, the interactions and conduct between nation-states. 

Unlike the West’s unipolar order which depends on the massive and perpetual manipulation of public perception to maintain itself, a multipolar world must be promoted through transparent, demonstrated examples. Russia’s evolving relationship with Ukraine, particularly in the midst of the recent turmoil in Kiev, will help demonstrate both the folly of dealing with the West and its global supranational consolidation and the benefits of maintaining traditional, sovereign bi-lateral relations with other states.

Already, Russia has exhibited crucial differences in its foreign policy – its stationing of troops in Ukraine already covered under long-standing treaties and their mission clearly provoked by documented extremists admitted even across the Western press as being armed and promoting universally unacceptable and dangerous ideologies rooted in racism, bigotry, and genocide. 

While the West eagerly traverses the globe thousands of miles from its borders, under patently false, fabricated pretenses (such as in Iraq) to execute military force against nations that posed it no conceivable threat and in hindsight its motives being clearly self-serving, Russia has waited perhaps too long to act directly along its own borders against clear and present dangers being fomented overtly by foreign interests openly seeking to encircle and overrun Russia itself

This difference in foreign policy and indeed in the vision the West and East hold for the future – one of unipolar global domination and the other of multipolar coexistence – will be tested in Ukraine in front of the world. While the West has little choice but to continue along its long-established trajectory toward confrontation and exploitation, Russia and its growing list of allies has an opportunity to offer an alternative, not only to solve its own problems along its border – but for other nations as well chaffing under the growing disparity created by the West’s antiquated paradigm.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazine New Eastern Outlook”

samedi, 12 octobre 2013

Multipolarism as an Open Project

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Multipolarism as an Open Project

 Professor of the Moscow State University, Doctor of political sciences, founder of the contemporary Russian school of Geopolitics, leader of the International Social Movement “Eurasian Movement”, Moscow, Russian Federation.

 

I. Multipolarism and “Land Power”

Geopolitics of the Land in the Global World

In the previous part we discussed the subject of globalism, globalization, and mondialism in a view considered to be generally accepted and “conventional”. Geopolitical analysis of the phenomenon of the subject of globalism, globalization, and mondialism has showed that in the modern globalism we only deal with one of the two geopolitical powers, namely, with a thalassocracy, a “Sea Power” that from now on claims for uniqueness, totality, and normativeness and strives to pretend to be the only possible civilization, sociological and geopolitical condition of the world.

Therewith, the philosophy of globalism is based upon the internal surety with universalism of exactly the Western-European value system thought to be the summary of all the diverse experience of the human cultures on all stages of their history.

And finally, in its roots, globalization has an active ideology (mondialism) and power structures that spread and bring this ideology into use. If taking into account that the latter are the most authoritative intellectual US centers (such as CFR and neoconservatives), structures of the US Supreme Military Command and their analysts (Owens, Sibrowsky, Barnett, Garstka), international oligarchs (such as George Soros), a number of international organizations (The Bilderberg Club, Trilateral Commission, etc.), and innumerous amount of analysts, politicians, journalists, scientists, economists, people of culture and art, and IT sector employees spread all over the world, we can understand the reason why this ideology seems to be something that goes without saying for us. That we sometimes take globalization as an “objective process” is the result of a huge manipulation with public opinion and the fruit of a total information war.

Therefore, the picture of global processes we described is an affirmation of the real state of affairs just in part. In such a description, there is a significant share of a normative and imperative volitional (ideological) wish that everything should be quite so, which means, it is based upon wrenches and, to some extent, striving to represent our wishful thinking as reality.

In this part, we will describe an absolutely different point of view on globalization and globalism that is impossible from inside the “Sea Power”, i.e. out of the environment of the nominal “Global World”. Such a view is not taken into account either in antiglobalism or in alterglobalism because it refuses from the most fundamental philosophical and ideological grounds of Eurocentrism.  Such a view rejects the faith in:

  •  universalism of the Western values, that Western societies, in their history, have passed the only possible way all the other countries are expected to pass;
  • progress as an indisputable forwardness of historical and social development;
  • that it is limitless technical, economical, and material development, which is the answer for the most vital needs of all humankind;
  • that people of all cultures, religions, civilizations, and ethnoses are principally the same as the people of the West and they are governed by the same anthropological motives;
  • absolute superiority of capitalism over other sociopolitical formations;
  • absence of any alternative for market economy;
  • that liberal democracy is the only acceptable form of political organization of the society;
  • individual freedom and individual identity as the superior value of human being;
  • liberalism as a historically inevitable, higher-priority, and optimal ideology.

In other words, we proceed to the position of the “Land Power” and consider the present moment of the world history from the point of view of Geopolitics-2, or the thalassocratic geopolitics as an episode of the “Great Continent War”, not as its conclusion.

Of course, it is difficult to refuse that the present moment of historical development demonstrates a number of unique features that, if desired, can be interpreted as the ultimate victory of the Sea over the Land, Carthage over Rome and Leviathan over Behemoth. Indeed, never in history the “Sea Power” was such a serious success and stretched might and influence of its paradigm in such a scale. Of course, Geopolitics-2 acknowledges this fact and the consequences included. But it clearly realizes that globalization can be also interpreted otherwise, namely, as a series of victories in combats and battles, not as the ultimate win in the war.

Here, a historical analogy suggests itself: when German troops were approaching to Moscow in 1941, one could think that everything was lost and the end of the USSR was foredoomed. The Nazi propaganda commented the course of the war quiet so: the “New Order” is created in the occupied territory, the authorities work, economical and political hierarchy is created, and the social life is organized. But the Soviet people kept on violently resisting – at all the fronts as well as in the rear of the enemy, while systematically moving to their goal and their victory.

Now, there is precisely this moment in the geopolitical stand of the Sea and the Land. Information policy inside the “Sea Power” is built so as no-one has any doubt that globalism is an accomplished fact and the global society has come about in its essential features, that all the obstacles from now on are of a technical character. But from certain conceptual, philosophical, sociological, and geopolitical positions, all of it can be challenged by suggesting an absolutely different vision of the situation. All the point is in interpretation. Historical facts make no sense without interpretation. Likewise in geopolitics: any state of affairs in the field of geopolitics only makes sense in one or another interpretation. Globalism is interpreted today almost exclusively in the Atlantist meaning and, thus, the “sea” sense is put into it. A view from the Land’s position doesn’t change the state of affairs but it does change its sense. And this, in many cases, is of fundamental importance.

Further, we will represent the view on globalization and globalism from the Land’s position – geopolitical, sociological, philosophical, and strategical.

Grounds for Existence of Geopolitics-2 in the Global World

How can we substantiate the very possibility of a view on globalization on the part of the Land, assuming that the structure of the global world, as we have shown, presupposes marginalization and fragmentation of the Land?

There are several grounds for this.

  1. The human spirit (conscience, will, faith) is always capable to formulate its attitude to any ambient phenomenon and even if this phenomenon is presented as invincible, integral, and “objective”, it is possible to take it in a different way – accept or reject, justify or condemn. This is the superior dignity of man and his difference from animal species. And if man rejects and condemns something, he has the right to build strategies to overcome it in any, most difficult and insuperable, situations and conditions. The advance of the global society can be accepted and approved but it can be rejected and condemned as well. In the former case, we float adrift the history, in the latter one – we seek a “fulcrum” to stop this process. History is made by people and the spirit plays the central part here. Hence, there is a theoretical possibility to create a theory radically opposite to the views that are built on the base of the “Sea Power” and accept basic paradigms of the Western view on the things, course of history, and logic of changing sociopolitical structures.
  2. The geopolitical method allows to identify globalization as a subjective process connected with a success of one of the two global powers. Be the Land ever so “marginal and fragmentized», it has serious historical grounds behind itself, traditions, experience, sociological and civilization background. The Land’s geopolitics is not built on a void place; this is a tradition that generalizes some fundamental historical, geographical, and strategical trends. Therefore, even on the theoretical level, estimation of globalization from the position of Geopolitics-2 is absolutely relevant. Just as well as there is the “subject” of globalization in its center (mondialism and its structures), the Land Power can and does have its own subjective embodiment. In spite of a huge scale and massive forms of the historical polemics of civilizations, we, first of all, deal with a stand of minds, ideas, concepts, theories, and only then – with that of material things, devices, technologies, finances, weapons, etc.
  3. The process of desovereignization of national states has not yet become nonreversible, and the elements of the Westphalian system are still being partly preserved. That means that a whole range of national states, by virtue of certain consideration, can still bank on realization of the land strategy, i.e. they can completely or partially reject globalization and the “Sea Power’s” paradigm. China is an example of it; it balances between globalization and its own land identity, strictly observing that the general balance is kept and that only what consolidates China as a sovereign geopolitical formation is borrowed from the global strategies. The same can be also said about the states the US have equaled to the “Axis of Evil” — Iran, Cuba, North Korea, Venezuela, Syria, etc. Of course, the threat of a direct intrusion of US troops hangs over these countries like the sword of Damocles (on the model of Iraq or Afghanistan), and they are continuously subject to more politic network attacks from inside. However, at the moment their sovereignty is preserved what makes them privileged areas for development of the Land Power. It is also possible to refer here a number of hesitant countries, such as India, Turkey and others, which, being significantly involved into the globalization orbit, preserve their original sociological features, getting out of accord with the official precepts of their governing regimes. Such situation is characteristic of many Asian. Latin-American and African societies. 
  4. And, finally, the most general. — The present state of Heartland. The world dominance, as we know, and thus, reality or evanescence of monopolar globalization depends on it. In 1980-90-s, Heartland fundamentally reduced its influence area. Two geopolitical belts – Eastern Europe (whose countries were within the “Socialist Block”, “Warsaw Pact», Comecon, etc.) and the Federative Republics of the USSR consistently withdrew from it. By the mid 1990-s, a bloody testing for a possibility of further breakdown of Russia into “national republics” had started in Chechnya. This fragmentation of Heartland, down to a mosaic of marionette dependent states in place of Russia, had to become the final accord of construction of the global world and the “end of history”, after which it would be much more difficult to speak about the Land and Geopolitics-2. Heartland is of central importance in the possibility of strategical consolidation of all Eurasia and, thus, the “Land Power”. If the processes that took place in Russia in 1990-s had moved in a groove and its disintegration kept on, it would be much more difficult to challenge globalization. But since late 1990-s — early 2000-s, a turning-point has taken place in Russia, disintegration was stopped; moreover, the federal authorities have restored control over the rebellious Chechnya. Then V. Putin implemented a legal reform of the Federation subjects (excision of the article about “sovereignty”, governors’ appointment, etc.) that has consolidated the power vertical all over Russia. The CCI integration processes have started gathering pace. In August 2008, in the course of the five-day conflict of Russia with Georgia, Russia took its direct control over territories beyond the borders of the Russian Federation (Southern Ossetia, Abkhazia), and acknowledged their independence, in spite of a huge support of Georgia on the part of the US and the NATO countries and pressure of the international public opinion. Generally, since early 2000-s Russia as Heartland has ceased the processes of its self-disintegration, has reinforced its energetics, has normalized the issues of energy supply abroad, has refused from the practice of unilateral reduction of armaments, having preserved its nuclear potential. Whereby, influence of the network of geopolitical agents of Atlantism and Mondialism on the political authority and strategical decision making has qualitatively diminished, consolidation of the sovereignty has been understood as the top-priority issue, and integration of Russia into a number of globalist structures menacing its independence has been ceased. In a word, Heartland keeps on remaining the foundation of Eurasia, its “Core” — weakened, suffered very serious losses, but still existing, independent, sovereign, and capable to pursue a policy, if not on a global scale, then on a regional one. In its history, Russia has several times fallen yet lower: the Domain Fragmentation on the turn of the 13th century, The Time of Troubles, and the events of 1917-1918 show us Heartland in a yet more deplorable and weakened condition. But every time, in some period, Russia revived and returned to the orbit of its geopolitical history again. The present state of Russia is difficult to recognize brilliant or even satisfactory from the geopolitical (Eurasian) point of view. Yet in general — Heartland does exist, it is relatively independent, and therefore, we have both a theoretical and practical base to consolidate and bring to life all the pre-conditions for development of a response to the phenomenon of monopolar globalization on the part of the Land.

Such an answer of the Land to the challenge of globalization (as a triumph of the “Sea Power”) is Multipolarism, as a theory, philosophy, strategy, policy, and practice.

Multipolarism as a Project of the World Order from the Land’s Position

Multipolarism represents a summary of Geopolitics-2 in actual conditions of the global process evolution. This is an extraordinarily capacious concept that demands a through consideration.

Multipolarism is a real antithesis for monopolarity in all its aspects: hard (imperialism, neocons, direct US domination), soft (multilateralism) and critical (alterglobalism, postmodernism, and neo-Marxism) ones.

The hard monopolarity version (radical American imperialism) is based upon the idea that the US represents the last citadel of the world order, prosperity, comfort, safety, and development surrounded by a chaos of underdeveloped societies. Multipolarism states the directly opposite: the US is a national state that exists among many others, its values are doubtful (or, at least, relative), its claims are disproportional, its appetites are excessive, methods of conducting its foreign policy are inacceptable, and its technological messianism is disastrous for the culture and ecology of the whole world.  In this regard, the multipolar project is a hard antithesis to the US as an instance that methodically builds a unipolar world, and it is aimed to strongly disallow, break up, and prevent this construction.

The soft monopolarity version does not only act on behalf of the US, but on behalf of “humanity”, exclusively understanding it as the West and the societies that agree with universalism of Western values. Soft monopolarity does not claim to press by force, but persuade, not to compel, but explain profits peoples and countries will obtain from entering into globalization. Here the pole is not a single national state (the US), but Western civilization as a whole, as a quintessence of all the humanity.

Such, as it is sometimes called, “multilateral” monopolarity (multilateralism, multilateralization) is rejected by Multipolarism that considers Western culture and Western values to represent merely one axiological composition among many others, one culture among different other cultures, and cultures and value systems based on some absolutely different principles to have the full right for existence. Consequently, the West in a whole and those sharing its values, have no grounds to insist on universalism of democracy, human rights, market, individualism, individual freedom, secularity, etc. and build a global society on the base of these guidelines.

Against alterglobalism and postmodern antiglobalism, Multipolarism advances a thesis that a capitalist phase of development and construction of worldwide global capitalism is not a necessary phase of society development, that it is despotism and an ambition to dictate different societies some kind of single history scenario. In the meantime, confusion of mankind into the single global proletariat is not a way to a better future, but an incidental and absolutely negative aspect of the global capitalism, which does not open any new prospects and only leads to degradation of cultures, societies, and traditions. If peoples do have a chance to organize effective resistance to the global capitalism, it is only where Socialist ideas are combined with elements of a traditional society (archaic, agricultural, ethnical, etc.), as it was in the history of the USSR, China, North Korea, Vietnam and takes place today in some Latin-American countries (e. g., in Bolivia, Venezuela, Cuba, etc.).

Further, Multipolarism is an absolutely different view on the space of land than bipolarity, a bipolar world.

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Multipolarism represents a normative and imperative view on the present situation in the world on the part of the Land and it qualitatively differs from the model predominated in the Yalta World in the period of the “Cold War”.

The Bipolar World was constructed under the ideological principle, where two ideologies – Capitalism and Socialism – acted as poles. Socialism as an ideology did not challenge universalism of the West-European culture and represented a sociocultural and political tradition that threw back to the European Enlightenment. In a certain sense, Capitalism and Socialism competed with each other as two versions of Enlightenment, two versions of progress, two versions of universalism, two versions of the West-European sociopolitical idea.

Socialism and Marxism entered into a resonance with certain parameters of the “Land Power”, and therefore they did not win where Marx had supposed, but where he excluded this possibility – in an agricultural country with the predominant way of life of a traditional society and imperial organization of the political field. Another case of an (independent) victory of Socialism – China – also represented an agricultural, traditional society.

Multipolarism does not oppose monopolarity from the position of a single ideology that could claim for the second pole, but it does from the position of many ideologies, a plenty of cultures, world-views and religions that (each for its own reasons) have nothing in common with the Western liberal capitalism.  In a situation, when the Sea has a unified ideological aspect (however, ever more going to the sphere of subauditions, not explicit declarations), and the Land itself doesn’t, representing itself as several different world-view and civilization ensembles, Multipolarism suggests creating a united front of the Land against the Sea.

Multipolarism is different from both the conservative project of conservation and reinforcement of national states. On the one hand, national states in both colonial and post-colonial period reflect the West-European understanding of a normative political organization (that ignores any religious, social, ethnical, and cultural features of specific societies) in their structures, i.e. the nations themselves are partially products of globalization. And on the other hand, it is only a minor part of the two hundred fifty-six countries officially itemized in the UN list today that are, if necessary, capable to defend their sovereignty by themselves, without entering into a block or alliance with other countries. It means that not each nominal sovereign state can be considered a pole, as the degree of strategical freedom of the vast majority of the countries acknowledged is negligible. Therefore, reinforcement of the Westphalian system that still mechanically exists today is not an issue of Multipolarism.

Being the opposition of monopolarity, Multipolarism does not call to either return to the bipolar world on the base of ideology or to fasten the order of national states, or to merely preserve the status quo. All these strategies will only play in hands of globalization and monopolarity centers, as they have a project, a plan, a goal, and a rational route of movement to future; and all the scenarios enumerated are at best an appeal to a delay of the globalization process, and at worst (restoration of bipolarity on the base of ideology) look like irresponsible fantasy and nostalgia.

Multipolarism is a vector of the Land’s geopolitics directed to the future. It is based upon a sociological paradigm whose consistency is historically proven in the past and which realistically takes into account the state of affairs existing in the modern world and basic trends and force lines of its probable transformations. But Multipolarism is constructed on this basis as a project, as a plan of the world order we yet only expect to create.

2 Multipolarism and its Theoretical Foundation

The absence of the Multipolarism Theory

In spite of the fact that the term “Multipolarism” is quite often used in political and international discussions recently, its meaning is rather diffuse and inconcrete. Different circles and separate analysts and politicians insert their own sense in it. Well-founded researches and solid scientific monographs devoted to Multipolarism can be counted on fingers[1]. Even serious articles on this topic are quite rare[2]. The reason for this is well understood: as the US and Western countries set the parameters of the normative political and ideological discourse in a global scale today, according to these rules, whatever you want can be discussed but the sharpest and most painful questions. Even those considering unipolarity to have been just a “moment[3]” in the 1990-s and a transfer to some new indefinite model to be taking place now are ready to discuss any versions but the “multipolar” one. Thus, for example, the modern head of CFR Richard Haass tells about “Non-Polarity” meaning such stage of globalization where necessity in presence of a rigid center falls off by itself[4]. Such wiles are explained by the fact that one of the aims of globalization is, as we have seen, marginalization of the “Land Power”. And as far as Multipolarism can only be a form of an active strategy of the “Land Power” in the new conditions, any reference to it is not welcome by the West that sets the trend in the structure of political analysis in the general global context. Still less one should expect that conventional ideologies of the West take up development of the Multipolarism Theory.

It would be logical to assume that the Multipolarism Theory will be developed in the countries that explicitly declare orientation upon a multipolar world as the general vector of their foreign policy. The number of such countries includes Russia, China, India, and some others. Besides, the address to Multipolarism can be encountered in texts and documents of some European political actors (e.g., former French minister of Foreign Affairs Hubert Vidrine[5]). But at the moment, we can as well hardly find something more than materials of several symposiums and conferences with rather vague phrases in this field. One has to state that the topic of Multipolarism is not properly conceptualized also in the countries that proclaim it as their strategical goal, not to mention the absence a distinct and integral theory of Multipolarism.

Nevertheless, on the base of the geopolitical method from the position of the “Land Power” and with due account for the analysis of a phenomenon called globalism, it is quite possible to formulate some absolute principles that must underlie the Multipolarism Theory when the matter comes to its more systemized and expanded development.

Multipolarism: Geopolitics and Meta-Ideology

Let’s blueprint some theoretical sources, on whose base a valuable theory of Multipolarism must be built.

It is only geopolitics that can be the base for this theory in the actual conditions. At the moment, no religious, economical, political, social, cultural or economical ideology is capable to pull together the critical mass of the countries and societies that refer to the “Land Power” in a single planetary front necessary to make a serious and effective antithesis to globalism and the unipolar world. This is the specificity of the historical moment (“The Unipolar Moment”[6]): the dominating ideology (the global liberalism/post-liberalism) has no symmetrical opposition on its own level. Hence, it is necessary to directly appeal to geopolitics by taking the principle of the Land, the Land Power, instead of the opposing ideology. It is only possible in the case if the sociological, philosophical, and civilization dimensions of geopolitics are realized to the full extent.

AD4pt-greece.jpgThe “Sea Power” will serve us as a proof for this statement. We have seen that the very matrix of this civilization does not only occur in the Modem Period, but also in thalassocratic empires of the Antiquity (e.g., in Carthage), in the ancient Athens or in the Republic of Venice. And within the Modern World itself atlantism and liberalism do not as well find complete predominance over the other trends at once. And nevertheless, we can trace the conceptual sequence through a series of social formations: the “Sea Power” (as a geopolitical category) moves through history taking various forms till it finds its most complete and absolute aspect in the global world where its internal precepts become predominant in a planetary scale. In other words, ideology of the modern mondialism is only a historical form of a more common geopolitical paradigm. But there is a direct relation between this (probably, most absolute) form and the geopolitical matrix.

There is no such direct symmetry in case of the “Land Power”. The Communism ideology just partly (heroism, collectivism, antiliberalism) resonated with geopolitical percepts of the “ground” society (and this just in the concrete form of the Eurasian USSR and, to a lesser degree, of China), as the other aspects of this ideology (progressism, technology, materialism) fitted badly in the axiological structure of the “Land Power”. And today, even in theory, Communism cannot perform the mobilizing ideological function it used to perform in the 20th century in a planetary scale. From the ideological point of view the Land is really split into fragments and, in the nearest future, we can hardly expect some new ideology capable to symmetrically withstand the liberal globalism to appear. But the very geopolitical principle of the Land does not lose anything in its paradigmatic structure. It is this principle that must be taken as a foundation for construction of the Multipolarism Theory. This theory must address directly to geopolitics, draw principles, ideas, methods and terms out of it. This will allow to otherwise take both the wide range of existing non-globalist and counter-globalist ideologies, religions, cultures, and social trends. It is absolutely unnecessary to shape them to transform into something unified and systematized. They can well remain local or regional but be integrated into a front of common stand against globalization and “Western Civilization’s” domination on the meta-ideological level, on the paradigmatic level of Geopolitics-2 and this moment – plurality of ideologies – is already laid in the very term “Multi-polarism” (not only within the strategical space, but also in the field of the ideological, cultural, religious, social, and economical one).

Multipolarism is nothing but extension of Geopolitics-2 (geopolitics of the Land) into a new environment characterized with the advance of globalism (as atlantism) on a qualitatively new level and in qualitatively new proportions. Multipolarism has no other sense.

Geopolitics of the Land and its general vectors projected upon the modern conditions are the axis of the Multipolarism Theory, on which all the other aspects of this theory are threaded. These aspects constitute philosophical, sociological, axiological, economical, and ethical parts of this theory. But all of them are anyway conjugated with the acknowledged – in an extendedly sociological way – structure of the “Land Power” and with the direct sense of the very concept of “Multipolarism” that refers us to the principles of plurality, diversity, non-universalism, and variety.

3 Multipolarism and Neo-Eurasianism

Neo-Eurasianism as Weltanschauung

Neo-Eurasianism is positioned nearest to the theory of Multipolarism. This concept roots in geopolitics and operates par excellence with the formula of “Russia-Eurasia” (as Heartland) but at the same time develops a wide range of ideological, philosophical, sociological and politological fields, instead of being only limited with geostrategy and application analysis.

What is in the term of “Neo-Eurasianism” can be illustrated with fragments of the Manifesto of the International “Eurasian Movement” “Eurasian Mission»[7]. Its authors point out five levels in Neo-Eurasianism allowing to interpret it in a different way depending on a concrete context.

The first level: Eurasianism is a Weltanschauung.

According to the authors of the Manifesto, the term “Eurasianism” “is applied to a certain Weltanschauung, a certain political philosophy that combines in itself tradition, modernity and even elements of postmodern in an original manner. The philosophy of Eurasianism proceeds from priority of values of the traditional society, acknowledges the imperative of technical and social modernization (but without breaking off cultural roots), and strives to adapt its ideal program to the situation of a post-industrial, information society called “postmodern”.

The formal opposition between tradition and modernity is removed in postmodern. However, postmodernism in the atlantist aspect levels them from the position of indifference and exhaustiveness of contents. The Eurasian postmodern, on the contrary, considers the possibility for an alliance of tradition with modernity to be a creative, optimistic energetic impulse that induces imagination and development.

In the Eurasianism philosophy, the realities superseded by the period of Enlightenment obtain a legitimate place – these are religion, ethnos, empire, cult, legend, etc. In the same time, a technological breakthrough, economical development, social fairness, labour liberation, etc. are taken from the Modern. The oppositions are overcome by merging into a single harmonious and original theory that arouses fresh ideas and new decisions for eternal problems of humankind. (…)

The philosophy of Eurasianism is an open philosophy, it is free from any forms of dogmatism. It can be appended by diversified areas – history, religion, sociological and ethnological discoveries, geopolitics, economics, regional geography, culturology, various types of strategical and politological researches, etc. Moreover, Eurasianism as a philosophy assumes an original development in each concrete cultural and linguistic context: Eurasianism of the Russians will inevitably differ from Eurasianism of the French or Germans, Eurasianism of the Turks from Eurasianism of the Iranians; Eurasianism of the Arabs from Eurasianism of the Chinese, etc. Whereby, the main force lines of this philosophy will, in a whole, be preserved unalterable.(…)

The following items can be called general reference points of the Eurasianism philosophy:

  • differentialism, pluralism of value systems against obligatory domination of a single ideology (in our case and first of all, of the American liberal democracy);
  • traditionalism against destruction of cultures, beliefs and rites of the traditional society;
  • a world-state, continent-state against both bourgeois national states and “the world government”;
  • rights of nations against omnipotence of “the Golden Billion” and neo-colonial hegemony of “the Rich North”;
  • an ethnos as a value and subject of history against depersonalization of nations and their alienation in artificial sociopolitical constructions;
  • social fairness and solidarity of labour people against exploitation, logic of coarse gain, and humiliation of man by man.»[8]

Neo-Eurasianism as a Planetary Trend

On the second level: Neo-Eurasianism is a planetary trend. The authors of the Manifesto explain:

«Eurasianism on the level of a planetary trend is a global, revolutionary, civilization concept that is, by gradually improving, addressed to become a new ideological platform of mutual understanding and cooperation for a vast conglomerate of different forces, states, nations, cultures, and confessions that refuse from the Atlantic globalization.

It is worth carefully reading the statements of the most diverse powers all over the world: politicians, philosophers, and intellectuals and we will make sure that Eurasianists constitute the vast majority. Mentality of many nations, societies, confession, and states is, though they may not suspect about it themselves, Eurasianist.

If thinking about this multitude of different cultures, religions, confessions, and countries discordant with “the end of history” we are imposed by atlantism, our courage will grow up and the seriousness of risks of realization of the American 21st century strategical security concept related with a unipolar world establishment will sharply increase.

Eurasianism is an aggregate of all natural and artificial, objective and subjective obstacles on the way of unipolar globalization, whereby it is elevated from a mere negation to a positive project, a creative alternative. While these obstacles exist discretely and chaotically, the globalists deal with them separately. But it is worth just integrating, pulling them together in a single, consistent Weltanschauung of a planetary character and the chances for victory of Eurasianism all over the world will be very serious.»[9]

Neo-Eurasianism as an Integration Project

On the next level, Neo-Eurasianism is treated as a project of strategical integration of the Eurasian Continent:

“The concept “the Old World” usually defining Europe can be considered much wider. This huge multicivilization space populated with nations, states, cultures, ethnoses and confessions connected between each other historically and spatially by the community of dialectical destiny. The Old World is a product of organic development of human history.

The Old World is usually set against the New World, i.e. the American continent that was discovered by the Europeans and has become a platform for construction of an artificial civilization where the European projects of the Modern, the period of Enlightenment have taken shape. (…)

In the 20th century Europe realized its original essence and had gradually been moving to integration of all the European states into a single Union capable to provide all this space with sovereignty, independence, security, and freedom.

Creation of the European Union was the greatest milestone in the mission of Europe’s return in history. This was the response of “the Old World” to the exorbitant demands of the “New” one. If considering the alliance between the US and Western Europe – with US domination – to be the Atlantist vector of European development, then the integration of European nations themselves with predomination of the continental countries (France-Germany) can be considered Eurasianism in relation to Europe.

It becomes especially illustrative, if taking into account the theories that Europe geopolitically stretches from the Atlantic to the Urals (Ch. de Gaulle) or to Vladivostok. In other words, the interminable spaces of Russia are also valuably included in the field of the Old World subject to integration.

(…) Eurasianism in this context can be defined as a project of strategical, geopolitical, economical integration of the North of the Eurasian Continent realized as the cradle of European history, matrix of nations and cultures closely interlaced between each other.

And since Russia itself (like, by the way, the ancestors of many Europeans as well) is related in a large measure with the Turkish, Mongolian world, with Caucasian nations, through Russia – and in a parallel way through Turkey – does the integrating Europe as the Old World already acquire the Eurasianism dimension to full extent; and in this case, not only in symbolic sense, but also in geographical one. Here Eurasianism can be synonimically identified with Continentalism.[10]»

These three most general definitions of Neo-Eurasianism demonstrate that here we deal with a preparatory basis for construction of the Multipolarism Theory. This is the ground view on the sharpest challenges of modernity and attempt to give an adjust response to them taking into account geopolitical, civilization, sociological, historical and philosophical regularities.


[1]  Murray D.,  Brown D. (eds.) Multipolarity in the 21st Century. A New World Order. Abingdon, UK: Routledge, 2010; Ambrosio Th. Challenging America global Preeminence: Russian Quest for Multipolarity. Chippenheim, Wiltshire: Anthony Rose, 2005; Peral L. (ed.) Global Security in a Multi-polar World. Chaillot

Paper. Paris: European Institute for Security Studies, 2009; Hiro D. After Empire: The Birth of a Multipolar World. Yale: Nation Books , 2009.

[2] Turner Susan. Russia, Chine and the Multipolar World Order: the danger in the undefined// Asian Perspective. 2009. Vol. 33, No. 1. C. 159-184; Higgott Richard Multi-Polarity and Trans-Atlantic Relations: Normative Aspirations and Practical Limits of EU Foreign Policy. – www.garnet-eu.org. 2010. [Electronic resource] URL: http://www.garnet-eu.org/fileadmin/documents/working_papers/7610.pdf (дата обращения 28.08.2010); Katz M. Primakov Redux. Putin’s Pursuit of «Multipolarism» in Asia//Demokratizatsya. 2006. vol.14 № 4. C.144-152.

[3] Krauthammer Ch. The Unipolar Moment// Foreign Affairs. 1990 / 1991 Winter. Vol. 70, No 1. С. 23-33.

[4] Haass R. The Age of Non-polarity: What will follow US Dominance?’//Foreign Affairs.2008. 87 (3). С. 44-56.

[5] Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères sur la reprise d’une dialogue approfondie entre la France et l’Hinde: les enjeux de la resistance a l’uniformisation culturelle et aux exces du monde unipolaire. New Delhi — 1 lesdiscours.vie-publique.fr. 7.02.2000.  [Electronic resource] URL: http://lesdiscours.vie-publique.fr/pdf/003000733.pdf

[6] Krauthammer Ch. The Unipolar Moment. Op.cit.

[7] Евразийская миссия. Манифест Международного «Евразийского Движения». М.: Международное Евразийское Движение, 2005.

[8] Ibid

[9] Ibid.

[10] Ibid.

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mercredi, 02 octobre 2013

Théoriser un monde multipolaire

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Théoriser un monde multipolaire

par Georges FELTIN-TRACOL

Le penseur néo-eurasiste russe Alexandre Douguine est maintenant bien connu des milieux français de la dissidence. À côté des travaux universitaires qui le prennent en étude, plusieurs de ses ouvrages ont été traduits. Il en reste cependant beaucoup d’autres, car c’est un auteur prolifique aux centres d’intérêt variés. Après avoir publié La quatrième théorie politique, une magistrale synthèse – dépassement des doctrines politiques de l’ère moderne, la maison d’édition nantaise Ars Magna sort Pour une théorie du monde multipolaire. Il est cohérent que le réactivateur de la voie eurasiste expose sa conception des relations internationales dans un essai à l’approche universitaire, le côté rébarbatif en moins.

 

Si « de plus en plus de travaux relatifs aux affaires étrangères, à la politique mondiale, à la géopolitique et aux relations internationales sont dédiés au thème de la multipolarité (p. 3) », Alexandre Douguine observe qu’« il n’existe toujours pas de théorie complète définissant le concept de monde multipolaire d’une point de vue purement scientifique (p. 3) ». Il s’attache dans ce nouvel ouvrage à combler cette lacune. Pour cela, il n’hésite pas à décrire d’une manière épistémologique les principaux courants théoriques contemporains des relations internationales (au sens très large). Relevons au passage que ce champ disciplinaire est quasiment en jachère en France. Hormis Raymond Aron, Dario Batistella et l’historien « grammairien des civilisations » Fernand Braudel, la bibliographie proposée par Alexandre Douguine ne mentionne presque aucun auteur français ! C’est une nette indication de l’état comateux dépassé d’une université hexagonale disqualifiée, déconsidérée et reléguée aux marges du savoir véritable.

 

Les courants théoriques des relations internationales

 

Alexandre Douguine examine donc avec soin les diverses « écoles » qui structurent cette discipline. Les premières sont les réalistes divisés en « classiques », « modernes » et « néo-réalistes ». Ils s’appuient sur l’État-nation et un ordre du monde de type westphalien en souvenir des traités européens qui arrêtèrent en 1648 la Guerre de Trente ans. Leurs principaux adversaires théoriques sont les libéraux avec des variantes selon les personnalités, l’époque et le lieu. Pour eux, l’État-nation est un cadre dépassé. Pis, « les néo-libéraux soulignent que dans le monde moderne, aux côtés des États, commencent également à avoir une grande importance, les O.N.G., les réseaux et les structures sociales (par exemple, le mouvement des droits civiques, Médecins sans frontières, les observateurs internationaux aux élections, Greenpeace, etc.) qui ont une influence croissante sur les processus de la politique étrangère des États (p. 35) ». Entre les libéraux et les écoles réalistes se trouve une école « intermédiaire » qui emprunte aux premiers et aux seconds : l’école anglaise des relations internationales.

 

Si les libéraux sont présents dans cette matière, il n’est pas étonnant d’y retrouver aussi des interprétations marxistes ou néo-marxistes qui font grand cas de la notion de « système-monde ». D’après elles, « la révolution prolétarienne mondiale est possible seulement après la victoire de la mondialisation, mais en aucun cas avant, c’est ce que croient les néo-marxistes modernes. Et pour insister sur ce point, ils préfèrent se faire appeler “ altermondialistes ”, c’est-à-dire “ mondialistes alternatifs ”. Ils agissent non pas tant contre la mondialisation, que contre l’élite bourgeoise du monde, et en revanche, l’internationalisation – mondialisation en tant que telle, et son corollaire inévitable, l’apparition d’un prolétariat mondial, est considéré par eux comme un processus positif (p. 44) ». Ajoutons qu’il exista dans les années 1970 en géographie hexagonale un courant marxiste ou « géographique radical » dont l’une des figures de proue n’était autre que le géopoliticien et fondateur de la revue Hérodote, Yves Lacoste.

 

Sont venues se joindre à ces quatre « chapelles » des tendances nouvelles appelées post-positivistes elles-mêmes fragmentées en diverses coteries antagonistes : l’école de la « théorie critique » dans les relations internationales, le post-modernisme, le constructivisme et le féminisme en constituent le versant radical tandis que son versant non radical se forme de la « sociologie historique » et du normativisme dans les relations internationales.

 

Une telle effervescence ne peut que favoriser d’intenses débats, mais Alexandre Douguine constate qu’aucune de ces « écoles » ne théorise vraiment la multipolarité, d’où son apport original. Soulignant la réflexion considérable du « réaliste institutionnaliste » Carl Schmitt dans ce domaine méconnu, il prélève dans chacune des tendances une ou plusieurs notions afin de concevoir une théorie scientifique du monde multipolaire qui se réfère aussi à la haute pensée de René Guénon. Cet essai met en pratique les principes exposés dans La quatrième théorie politique.

 

Les structurations variées du monde

 

Mais qu’est-ce que la multipolarité dans les relations internationales ? Avant de répondre à ce point fondamental, Alexandre Douguine évoque longuement les autres formes de polarité dans l’histoire du monde. Il y eut le système westphalien, le monde bipolaire du condominium étatsunio-soviétique entre 1945 et 1991, le monde unipolaire et le monde a-polaire. Toutes s’opposent au monde multipolaire.

 

« La multipolarité ne coïncide pas avec le modèle national d’organisation tel qu’il découle du système westphalien. […] Celui-ci reconnaît la souveraineté absolue de l’État-nation, sur lequel a été construit l’ensemble de la légalité juridique internationale (p. 6). » Alexandre Douguine précise même que « le monde multipolaire diffère du système westphalien classique par le fait qu’il ne reconnaît pas aux États-nations distincts, légalement et officiellement souverains, le statut de pôles à part entière. Dans un système multipolaire, le nombre de pôles constitués devrait être nettement inférieur à celui des États-nations actuellement reconnus (et a fortiori, si l’on retient dans la liste les entités étatiques non reconnues sur la scène internationale) (p. huit) ». Le monde unipolaire est « dirigé par les États-Unis et basé sur l’idéologie libérale, démocratique et capitaliste. [… Il répand dans le monde] son système socio-politique basé sur la démocratie, le marché et l’idéologie des droits de l’homme (p. 9) ». Or « en pratique, l’unipolarité doit composer avec le système westphalien, qui perdure symboliquement, ainsi qu’avec les vestiges du monde bipolaire, que la force de l’inertie perpétue. De jure, la souveraineté de tous les États-nations est encore reconnue, et le Conseil de sécurité des Nations unies reflète encore partiellement l’équilibre des pouvoirs correspondant aux réalités de la “ guerre froide ”. Ainsi, l’hégémonie états-unienne unipolaire existe de facto, alors que dans le même temps, un certain nombre d’institutions internationales expriment l’équilibre datant d’autres époques et cycles de l’histoire des relations internationales (pp. 12 – 13) ». L’affaiblissement international des États-Unis semble permettre l’émergence d’un monde a-polaire ou « non-polaire […] basé sur la coopération des pays démocratiques. Mais peu à peu le processus de formation devrait également inclure les acteurs non étatiques – O.N.G., mouvements sociaux, groupes de citoyens, communautés en réseau, etc. En pratique, la construction du monde non-polaire aurait pour principale conséquence la dispersion de la prise de décision d’une instance (aujourd’hui Washington) vers de nombreuses instances de niveau inférieur, jusque, à la limite basse, la tenue de référendums planétaires en ligne, sur les principaux événements et actions concernant toute l’humanité. L’économie remplacerait la politique et la libre concurrence sur le marché mondial balaierait toutes les barrières douanières nationales. La sécurité ne sera plus la préoccupation de l’État mais serait laissée aux soins des citoyens. Ce serait l’ère de la démocratie mondiale (p. 15) ». Il signale l’existence d’une variante particulièrement soutenue par les milieux démocrates outre-Atlantique, le multilatéralisme qui exclut volontiers les acteurs non-étatiques comme les mouvements sociaux, les réseaux ou les O.N.G. En fait, « le monde multipolaire ne s’accorde pas avec l’ordre mondial multilatéral, car il s’oppose à l’idée de l’universalisme des valeurs occidentales et ne reconnaît pas la légitimité du “ Nord riche ” à agir au nom de toute l’humanité, que ce soit individuellement ou collectivement. Il ne reconnaît pas non plus sa prétention à intervenir comme seul centre de prise de décision sur les questions les plus importantes de politique mondiale (p. 19) ».

 

L’a-polarité peut séduire des dirigeants occidentaux décérébrés, car « le monde non-polaire suggère que le modèle de melting pot états-unien devrait être étendu à l’ensemble du monde. Cela aurait pour conséquence d’effacer toutes les différences entre les peuples et les cultures. L’humanité atomisée et individualisée serait transformée en une “ société civile ” cosmopolite et sans frontières (p. 17) ». En outre, et c’est un élément déterminant, « le projet de monde non-polaire est soutenu par nombre de très puissants groupes politiques et financiers comme Rothschild, George Soros et leurs fondations (p. 16) ». Le monde multipolaire va résolument à l’encontre de ce mondialisme occidental et de tous les autres mondialismes possibles et imaginables.

 

L’alternative multipolaire

 

Favorable à des aires continentales autarciques (et décroissantes ?), Alexandre Douguine estime que « l’anticapitalisme et surtout l’anti-libéralisme doivent devenir les axes directeurs de développement de la théorie du monde multipolaire (p. 190) ». Il faut au préalable préparer les peuples à cette rupture radicale – tuer l’individu moderne en eux. Par ailleurs, « pour le développement du monde multipolaire, il est nécessaire d’initier une guerre frontale contre les médias mondialistes (p. 192) ». La description qu’il fait de l’emprise médiatique occidentale est d’une rare pertinence. Il importe qu’« en sortant de l’espace du capitalisme mondial libéral et après organisé les “ grands espaces ” en fonction des caractéristiques civilisationnelles (mais aussi sur des marchés intérieurs efficients), les civilisations futures seront en mesure de construire un modèle économique en conformité avec la culture et les traditions historiques (p. 191) ».

 

Qu’entend finalement Alexandre Douguine par « multipolarité » ? Primo, la multipolarité « procède d’un constat : l’inégalité fondamentale entre les États-nations dans le monde moderne, que chacun peut observer empiriquement. En outre, structurellement, cette inégalité est telle que les puissances de deuxième ou de troisième rang ne sont pas en mesure de défendre leur souveraineté face à un défi de la puissance hégémonique, quelle que soit l’alliance de circonstance que l’on envisage. Ce qui signifie que cette souveraineté est aujourd’hui une fiction juridique (pp. 8 – 9) ». Secundo, « l’approche la plus commune de la multipolarité sous-tend seulement l’affirmation que, dans le processus actuel de mondialisation, le centre incontesté, le noyau du monde moderne (les États-Unis, l’Europe et plus largement le monde occidental) est confronté à de nouveaux concurrents, certains pouvant être prospères voire émerger comme puissances régionales et blocs de pouvoir. On pourrait définir ces derniers comme des “ puissances de second rang ”. En comparant les potentiels respectifs des États-Unis et de l’Europe, d’une part, et ceux des nouvelles puissances montantes (la Chine, l’Inde, la Russie, l’Amérique latine, etc.), d’autre part, de plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus que la supériorité traditionnelle de l’Occident est toute relative, et qu’il y a lieu de s’interroger sur la logique des processus qui déterminent l’architecture globale des forces à l’échelle planétaire – politique, économie, énergie, démographie, culture, etc. (p. 5) ». Tertio, « la multipolarité […] implique l’existence de centres de prise de décision à un niveau relativement élevé (sans toutefois en arriver au cas extrême d’un centre unique, comme c’est aujourd’hui le cas dans les conditions du monde unipolaire). Le système multipolaire postule également la préservation et le renforcement des particularités culturelles de chaque civilisation, ces dernières ne devant pas se dissoudre dans une multiplicité cosmopolite unique (p. 17) ». On peut dès lors se demander si Alexandre Douguine puise chez Samuel Huntington et ses espaces de civilisation conflictuels. S’il critique la démarche de ce réaliste, chantre de la primauté occidentale et atlantiste, il salue en revanche l’« intuition de Huntington qui, en passant des États-nations aux civilisations, induit un changement qualitatif dans la définition de l’identité des acteurs du nouvel ordre mondial (p. 96) ».

 

Tout en soutenant dans une veine schmittienne « la pluralité du Prince (p. 168) », Alexandre Douguine affirme que « du point de vue de la théorie du monde multipolaire, il n’est pas très important de savoir si les civilisations comme acteurs et pôles du monde multipolaires, peuvent jouer un rôle de contrepoids ou non sur la voie de la mondialisation opérée sous l’égide de l’Occident. Les civilisations comme acteurs des relations internationales ne sauraient conduire à un retour à la pré-modernité, où figuraient les États traditionnels et des empires. Les civilisations en tant qu’acteurs des relations internationales sont un concept complètement nouveau, en quelque sorte une réalité postmoderne, destinée à remplacer l’ordre du monde fondé sur le système westphalien, dont le potentiel est épuisé. Ce modèle contribue à proposer une alternative postmoderne tant à l’empire unipolaire états-unien, qu’à la mondialisation non-polaire (p. 113) ». Il découle que « ni le pouvoir, ni l’économie, ni les ressources matérielles, ni la concurrence, ni la sécurité, ni les intérêts, ni le confort, ni la survie, ni l’orgueil, ni l’agression, ne peuvent constituer la motivation fondamentale de l’existence historique d’une civilisation dans un monde multipolaire, mais le dialogue spirituel, qui, partout et toujours, peut revêtir, selon les circonstances, un caractère positif et pacifique, ou bien agressif belliqueux (pp. 179 – 180) ». Ne décèle-t-on pas dans cette réflexion l’influence traditionaliste de René Guénon et de Frithjof Schuon ?

 

Surgit alors la lancinante problématique des frontières. Alexandre Douguine ne l’évacue pas de sa démonstration. Bien au contraire, il en profite pour développer un point de vue singulier : « Les frontières entre les civilisations devraient avoir un statut qualitativement différent que celles entre les États-nations. Aux frontières entre les civilisations, il peut exister des régions entières autonomes, uniques et distinctes, qui abritent des structures sociales et des ensembles culturels très spécifiques. Pour ces zones, il paraît nécessaire de développer des modèles juridiques particuliers qui prennent en compte les spécificités de ces civilisations, leurs chevauchements, leurs proportions relatives, ainsi que leur contenu qualitatif et le degré d’intensité de conscience de leur propre identité (p. 116) ». A-t-il pris connaissance des travaux théoriques de l’« austro-marxisme » sur les autonomies personnelle et communautaire au début du XXe siècle en Autriche-Hongrie ? La conception fermée, exclusive et étatique de la frontière est remplacée à cette échelle par une perception à la fois organique et antique, celle du Limes. On peut supposer dans ce cadre l’existence de territoires-gigognes ou d’une co-territorialité, voire à une symphonie des territoires.

 

Pour une théorie du monde multipolaire est un essai stimulant et érudit d’accès très facile qui invite à réfléchir autrement les relations internationales, hors du prisme déformant et simplificateur d’un Occident obèse et décati. Une belle alternative continentale à saluer !

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Alexandre Douguine, Pour une théorie du monde multipolaire, Ars Magna, 2013, 196 p., 20 € (Ars Magna Éditions, B.P. 60 426, 44004 Nantes C.E.D.E.X. 1).

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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jeudi, 19 septembre 2013

Siria y la consolidación de un “orden” multipolar en el siglo XXI

por Miguel Barrios

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

La crisis en Siria está demostrando de manera definitiva la consolidación de un “orden” multipolar integrado por Estados Continentales industriales-como lo había anticipado Juan Domingo Perón al plantear la fase del continentalismo hacia el universalismo y teorizado Alberto Methól Ferré, con su teoría de que solo los Estados continentales industriales pueden regular al sistema mundo-.

A pesar de un sin fin de teorías que no viene al caso analizar, también se comprueba día a día, que la geopolítica es el sustrato de las relaciones internacionales. Y en la crisis en Siria, la ubicación privilegiada de ésta, el objetivo del cerco a Irán, los recursos naturales, el gas y los gasoductos, son inseparables para entender la crisis y el comportamiento de los Estados Unidos. Y también la reacción de Rusia y China en el Consejo de Seguridad de las Naciones Unidas.

Algunas analistas vuelven a hablar de una nueva bipolaridad de EE.UU y Rusia y otros  de una era “apolar”, porque no hay actores nítidos,  es una exigencia para los latinoamericanos vislumbrar quienes son los actores del sistema mundo y cómo nos ubicamos.

Al abrirse el siglo XX, el geógrafo inglés Halford Mackinder señalaba,  en una conferencia del año 1904, que habíamos llegado al fin de un periodo de cuatro siglos al que llamaba “época colombina”, la era de formación unificada del sistema mundo iniciado por Castilla y Portugal, cuando impulsaron la navegación oceánica en el 1500 Desde el 900 es un sistema .Se trata de la segunda fase o periodo del sistema mundo.

En adelante hay definitivamente una sola historia, donde todo repercute en todo. Eso, es la originalidad que inaugura el siglo XX , que puede hablar así de guerras mundiales.

La era colombina era la de los grandes imperios marítimos coloniales dispersos en la ecumene, imperios de gran heterogeneidad en su constitución.

Pero el siglo XX cerraba el primer periodo del sistema mundo y con él, la era de los imperios marítimos coloniales que terminaron con la descolonización.

A la era final de los imperios coloniales se superponía la era de los Estados continentales industriales, segundo periodo del sistema mundo. Solo luego de la segunda guerra mundial se afirmó la bipolaridad dominante y determinante de EE.UU. y la URSS y muere la era talasocrática y sus potencias ahora en medianía.

Esta situación se complejiza con el surgimiento de innumerables Estados-nación que solo tenían de éstos el nombre, y peor aún, ya en la era de los Estados continentales industriales,  creándose una confusión teórica y práctica.

En nuestro tiempo y la crisis de Siria,  lo muestra elocuentemente, sin la idea de Estado-Nación nada se entiende. Pero con la sola idea de Estado-Nación tampoco nada se entiende. Una idea que sirve para todo corre el riesgo de terminar no sirviendo para nada, de ahí la necesidad de clarificar.

¿Qué rasgos principales tiene esta tercera fase? ¿Cuáles son sus características?

En resumen, si el segundo periodo del sistema mundo fue el surgimiento del Estado continental industrial y la lucha de los primeros EE.UU y la URSS, como última fase de la hegemonía de occidente, el tercer periodo, es el que se está consolidando en un “orden” multipolar de Estados Continentales industriales en distintos círculos culturales, de ahí la desoccidentalización de la política mundial.

Un Estado Continental industrial significa sumar en un poder soberano de dimensiones continentales la dimensión política, industrial, científico-tecnológica, militar y cultural. Los EE.UU, Rusia, China e India ya son Estados continentales industriales. La Unión Europea quedó en evidencia que no suma todo este poder, de ahí la división de posiciones entre Francia que acompaña a EE.UU. , el rechazo a la acción en Siria del Parlamento inglés y la actitud de rechazo de Alemania, son novedades originalísimas de la tercera fase del sistema mundo, y que surgen con claridad en Siria.

América Latina constituye una gran posibilidad histórica, porque el Mercosur, el Alba, la Unasur y la CELAC son anillos complementarios hacia un Estado Continental industrial, por ello, los bicentenarios son la hora de la Patria Grande de Manuel Ugarte.

La crisis en Siria demuestra con claridad absoluta que ya estamos en la tercera fase del sistema mundo.

Fuente: Dossier Geopolítico