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mercredi, 16 décembre 2015

Général Antoine Martinez: La Turquie a moins que jamais sa place en Europe

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La Turquie a moins que jamais sa place en Europe

par le Général Antoine Martinez
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Nous republions ici un article du Général Antoine Martinez, présenté avec commentaires sur le site Polemia: http://www.polemia.com
 
Chronique d'un désastre annoncé

Général (2s) Antoine Martinez, chroniqueur, essayiste.

Le 29 novembre dernier, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Ahmet Davutoglu, premier ministre turc, se sont mutuellement félicités après l'annonce d'un accord turco-européen qui prévoit que la Turquie s'engage à contenir le flot de réfugiés en échange de contreparties politiques et financières, à savoir la relance des négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE) et une enveloppe de 3 Mds €.

Cet accord constitue non seulement un véritable marché de dupes accepté en position d'extrême faiblesse, sous la pression du flux massif et incontrôlé de migrants depuis plusieurs mois mais également engagé de façon totalement insensée par des responsables politiques de l'Union européenne – technocrates non élus – qui n'ont jamais reçu mandat des peuples membres de cette Union pour y faire entrer un pays non européen et de surcroît musulman. Il s'agit là d'une décision irresponsable car ne correspondant pas au projet initial de l'Union européenne et contraire à ses intérêts et à ceux de ses peuples. Elle accorde, en outre, des milliards d'euros dont personne ne contrôlera l'usage ainsi que la suppression des visas pour près de 80 millions de citoyens turcs. Elle conforte aujourd'hui la position de force acquise par la Turquie qui joue un rôle plus que trouble et qui exerce un chantage inacceptable parce que l'UE a été et est incapable de protéger ses frontières extérieures.

De plus, le silence complice de nos gouvernants est assourdissant et inquiétant car cet accord est inconséquent et suicidaire pour l'Europe qui s'achemine vers un désastre annoncé pour la simple raison que la Turquie ne peut être ni un membre de l'Union européenne, ni un partenaire dans la crise actuelle des migrants, ni un allié dans la lutte contre l'État islamique.

En premier lieu, la Turquie ne doit pas être admise au sein de l'UE, même si sa candidature a pu être acceptée de façon irresponsable lors du Conseil européen d'Helsinki, le 11 décembre 1999, et des négociations engagées depuis. Il s'agit d'une question de bon sens qui en fait une question de principe. En effet, la première des conditions à remplir pour un pays candidat est d'être un pays européen. Or, géographiquement la Turquie s'étend sur ce que, depuis l'Antiquité, les géographes ont dénommé «Asie Mineure». Nul ne peut le contester. Le nier c'est refuser d'accepter la réalité et s'exposer à des erreurs de jugement qui peuvent conduire à des fautes politiques dont les conséquences ne sont pas mesurables immédiatement.

La géographie disqualifie donc la Turquie comme futur membre de l'UE qui aurait, de fait, une frontière commune avec la Syrie, l'Irak, l'Iran. C'est simplement insensé. Elle discrédite également ceux qui ont accepté sa candidature et qui continuent de la soutenir. Par ailleurs, sur le plan historique, les relations entre l'Europe et la Turquie au fil des siècles ont été plus que complexes et difficiles. La bataille de Lépante (1571), le siège de Vienne (1683), le refoulement des Turcs des Balkans aux XVIIIe et XIXe siècles sont bien la marque d'un antagonisme profond dans la relation Europe-Turquie. Cet antagonisme a d'ailleurs posé depuis longtemps à l'Europe la question de son identité et a été un élément important dans l'émergence d'une conscience européenne. Il ne faut pas oublier que la conquête ottomane a causé, notamment chez les populations chrétiennes des Balkans, un traumatisme dont les conséquences ne sont toujours pas surmontées aujourd'hui.

Enfin, culturellement la Turquie appartient à une civilisation différente par ses valeurs de celle de l'Europe chrétienne issue de l'Antiquité gréco-romaine, de l'humanisme de la Renaissance, des idées des Lumières et de la Révolution française de 1789. Là aussi la géographie y a laissé son empreinte car tout sépare un espace, européen, façonné par l'héritage judéo-chrétien qui a su dissocier le spirituel du temporel d'un autre espace, moyen-oriental, modelé par l'Islam.

**           **

Il faut donc accepter l'évidence: ni géographiquement, ni historiquement, ni culturellement la Turquie n'est un pays européen. C'est un fait intangible, incontournable qui s'impose à tous et nos gouvernants seraient bien inspirés – par simple bon sens – de l'admettre et de le dire. Ce serait faire preuve de sagesse politique et, s'ils en sont incapables, qu'ils demandent son avis au peuple directement concerné car il s'agit de son avenir et de celui de l'Europe. Que les peuples européens soient consultés.

turquie-europe-troie-277x300.jpgEnsuite, dans la crise actuelle des flux migratoires massifs qui sévit depuis plus d'un an et qui submerge l'Europe après avoir provoqué l'éclatement de Schengen et mis en évidence l'incompétence et la passivité criminelles des dirigeants de l'Union européenne, la Turquie ne peut pas être considérée comme un partenaire pour résoudre un problème majeur qui résulte précisément d'une action délibérée et mûrement réfléchie de sa part.

Il faut bien comprendre que la Turquie – pays ami et allié militaire au sein de l'OTAN, pays laïc depuis près d'un siècle par la volonté d'un homme, Atatürk, visionnaire imprégné des principes de 1789, nourri par les auteurs des Lumières et par Napoléon, qui imposa par la force  «l'européanisation» de son pays – n'a plus rien de commun avec celle de M. Erdogan et des islamistes au pouvoir aujourd'hui. En effet, deux phrases prononcées par ces deux dirigeants turcs pourraient résumer leur philosophie et leur action à l'opposé l'une de l'autre :

– «Les peuples non civilisés sont condamnés à rester dans la dépendance de ceux qui le sont. Et la civilisation, c'est l'Occident, le Monde moderne dont la Turquie doit faire partie si elle veut survivre. La nation est décidée à adopter exactement et complètement, dans le fond et dans la forme, le mode de vie et les moyens que la civilisation contemporaine offre à toutes les nations. » C'est ce que s'est attaché à réaliser Atatürk et qui s'est perpétué jusqu'au début des années 2000.

Mais cette longue période pourrait ne représenter qu'une parenthèse de l'histoire de ce pays et n'être plus désormais qu'un souvenir en raison de la réislamisation de la société engagée par M. Erdogan qui rêve du retour de la puissance ottomane rétablissant le califat :

– «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les mosquées nos casernes.» C'est ainsi que dès le début des révolutions survenues dans le monde arabo-musulman avec le «printemps arabe» la Turquie, ainsi que l'Arabie saoudite et le Qatar ont soutenu activement les djihadistes notamment d'Al-Nosra, Ahrar-al-Sham, Ghouraba-al-Sham et Fatah-al-Islam avec pour objectif le renversement du régime laïc du président Bachar el Assad contribuant, de ce fait, au développement de la guerre civile sur le territoire de la Syrie.

La Turquie est donc responsable, pour partie, comme tous ceux qui soutiennent les djihadistes, des 250 000 morts attribués au seul président syrien ainsi que de l'exode du peuple syrien vers le Liban, la Jordanie et la Turquie, et, depuis plusieurs mois, vers l'Europe. On peut même affirmer que l'invasion migratoire que subit l'Europe depuis plusieurs mois a été non seulement favorisée mais programmée par la Turquie avec deux autres partenaires, la Libye et l'État islamique. La Turquie avait en effet des comptes à régler avec l'UE qui avait bloqué, depuis deux ans, les négociations de sa candidature. Cette punition imposée à l'Europe, qui s'est elle-même affaiblie et privée de toute défense, constitue une attaque sans précédent des nations européennes, visant la déstructuration en profondeur de nos sociétés et de leurs valeurs avec une arme redoutable, la démographie.

La Turquie, qui considère être en position de force aujourd'hui, ne contiendra donc pas le flot des migrants qui sera bientôt complété par celui des citoyens turcs, dès la suppression prochaine des visas obtenue dans l'accord UE/Turquie. Elle accentuera son avantage dans l'optique de son projet de rétablissement de la puissance ottomane, voire de reconquête avec une arme capable de transformer à terme les sociétés : la démographie.

Enfin, la Turquie n'est pas un allié dans la lutte contre l'État islamique. En effet, deuxième armée de l'OTAN, vassale des États-Unis, la Turquie est engagée, avec d'autres, depuis l'émergence du «printemps arabe» , dans un combat visant à faire tomber le régime syrien de Bachar-el Assad, régime laïc ce qui est insupportable pour des musulmans, notamment d'obédience sunnite. Alors, les dirigeants turcs participent non seulement indirectement mais directement au soutien des différentes factions islamistes et djihadistes et de l'État islamique. La situation géographique de la Turquie en a fait un passage géostratégique exploité par ses dirigeants pour le transfert des djihadistes venus des pays d'Europe et d'Asie. Par ailleurs, des livraisons et des ventes d'armes ont lieu ainsi que des soins sanitaires prodigués aux djihadistes blessés dans des hôpitaux en échange de pétrole. D'ailleurs, des journalistes turcs d'opposition ont été récemment inculpés pour avoir dévoilé et publié des articles sur ces livraisons d'armes par les services secrets turcs. En outre, des membres des forces spéciales turques sont engagés dans la partie nord de la Syrie en soutien de factions djihadistes turkmènes. La Turquie fait croire qu'elle participe à la lutte contre l'État islamique alors que dans cette guerre ses seuls objectifs sont le renversement du régime syrien actuel et l'affaiblissement, voire la neutralisation des milices kurdes qui se battent contre les djihadistes et qui sont considérées comme un danger sur le plan politique pour l'État turc.

Mais d'autres développements récents de cette guerre confirment bien que la Turquie n'est certainement pas un allié dans la lutte contre l'État islamique. En effet, elle s'est opposée à la Russie dès l'engagement direct de cette dernière en Syrie contre l'État islamique. Cet engagement russe a provoqué des changements notables sur le terrain en desserrant notamment l'étau qui s'exerçait sur les troupes du régime syrien. Il faut également mentionner qu'au cours d'une des missions exécutées par l'aviation russe, dans le nord-ouest de la Syrie, contre des milices turkmènes, une dizaine de membres des forces spéciales turques engagées aux côtés des djihadistes ont été tués. Et c'est ce qui a conduit à l'incident au cours duquel un chasseur-bombardier russe a été abattu par l'aviation turque. Contrairement aux allégations turques, l'avion russe évoluait dans l'espace aérien syrien, à proximité de la frontière turque et ce sont deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien. Il s'agit, en fait, d'une mesure de représailles décidée après la perte des membres des forces spéciales turques.

Comble d'hypocrisie et de cynisme, certaines sources de renseignement confirment que le Pentagone avait été tenu informé de cette opération programmée et que Ankara a consulté Washington avant d'abattre l'avion russe. Doit-on en conclure que les États-Unis ne souhaitent pas la mise sur pied d'une coalition unique avec une Russie trop déterminée aux avant-postes dans la lutte contre l'État islamique ? Cela ne mettrait-il pas en évidence l'emploi ambigu de l'OTAN au seul service des intérêts géopolitiques et géostratégiques des États-Unis hostiles au retour de la Russie sur la scène internationale... ?

Général (2s) Antoine Martinez
7/12/2015

mardi, 15 décembre 2015

Régionales 2015: Défaite des Républicains, échec du Front National

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Régionales 2015: Défaite des Républicains, échec du Front National

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Ce dimanche, je suis donc allé faire mon devoir citoyen. L’affiche du candidat de droite était à moitié déchirée, la tête du candidat du Front National recouverte de peinture noire et celle du candidat socialiste, qui s’est maintenu contre l’avis de l’appareil PS, affublée d’une moustache hitlérienne et du mot « collabo ». C’est dire si l’hystérie « antifasciste » qui a occupé tout l’appareil politico-médiatique depuis une semaine est forte. Cette manipulation collective téléguidée depuis Solférino fait insulte à notre démocratie.

Au final, elle a été payante. Le Front National échoue à s’emparer d’une seule région et en pourcentage, même s’il progresse en nombre de voix, il ne progresse guère, même en duel. Marine Le Pen est battue dans un rapport 42/58 par Xavier Bertrand (LR) tout comme Marion Maréchal Le Pen (44/56 face à Christian Estrosi). Et même en triangulaire, Florian Philippot échoue face à la droite (47/36 en faveur de Philippe Richert). Enfin, en Languedoc-Roussillon-Midi, Louis Aliot n’obtient que 34% des voix environ, la droite ayant même renforcé sa troisième place (21.5% environ contre 18% au premier tour). Aucun vote utile en sa faveur n’a finalement eu lieu.

La droite est également punie pour avoir joué la stratégie du PS. Si elle gagne bien les trois régions au détriment du FN grâce au désistement du PS, ce qui en fait aussi son otage, elle en aurait laissé filer au moins deux autres. Le PS aurait ainsi gagné cinq régions, alors que les sondages à l’origine ne lui en promettaient que trois, et ce grâce au maintien d’un FN fort, notamment dans le Centre et en Franche-Comté/Bourgogne. Toutefois, les résultats à cette heure sont encore très serrés. La Normandie serait finalement gagnée par la droite par une avance de seulement 0.3% des voix (Hervé Morin).

Les Franciliens auront en revanche su se préserver d’un retour du PS, Valérie Pécresse ayant de justesse (44 contre 42%) battu Claude Bartolone, dont les propos europhobes (« anti-blancs ») ont été ainsi sanctionnés. En effet, le candidat FN perd quatre points (de 18.2 à 14.2%) en faveur de la droite. Le vote utile n’a visiblement fonctionné qu’en Ile de France.

La droite « la plus bête du monde » en la personne de Nathalie Koscziusko-Morizet a même réussi à considérer les résultats de ce soir comme une « grande victoire » alors que c’est une défaite puisque la gauche s’en sort finalement très bien, alors que son bilan gouvernemental est catastrophique et que tous les signaux sont au rouge. Quant aux malheureuses victimes des crimes islamistes, elles sont oubliées. Aucune leçon n’aura été apprise et la sanction du premier tour aura été vite oubliée.

Au final, le Front National, même s’il augmente nettement le nombre de ses voix et surtout le nombre de ses conseillers régionaux, a échoué. La progression de la participation a globalement joué contre lui. Cette mobilisation plus ou moins artificielle au nom d’une « république » fantasmée et gravement dénaturée lui aura été fatale. Même si Marine Le Pen a réussi à relever le niveau du plafond de verre de plus de dix points, sa dédiabolisation a montré ses limites. Elle porte malgré elle une tunique de Nessus dont elle est incapable de se débarrasser malgré les nombreuses concessions de forme mais aussi de fond qu’elle a acceptées. Cela donne en partie raison à son père, même si les provocations rhétoriques ne sauraient constituer une alternative crédible non plus.

elections-regionales-france2015-3ec91ce55a1bd3e76e6b091e38e111b4600b35e8-506x660.jpgOn voit mal comment, alors que son parti est incapable de gagner un second tour dans deux des régions qui lui sont le plus favorables, elle serait capable de gagner les présidentielles en 2017, même en ayant 30% des voix au premier tour. La leçon est donc amère, même si officiellement les dirigeants du parti estiment que ces résultats sont une victoire. Le fait de n’avoir emporté aucune région pose question quant à la définition qu’ils donnent du mot « victoire ». En politique, les symboles comptent davantage que des données statistiques. C’est l’échec d’une stratégie (le « tout national ») et d’une ligne (la dénonciation de l’UMPS). Marion Maréchal-Le Pen réussit toutefois mieux que sa tante (45% chez elle contre 42% chez la seconde).

Plusieurs leçons à son sujet peuvent être tirées :

-    d’abord que la diabolisation médiatique de ce parti, malgré ses nouvelles personnalités et son nouveau discours, est encore efficace. Son programme anxiogène en matière économique et inutilement europhobe n’a certes pas contribué à améliorer son image.

-    ensuite que le cadre national est verrouillé et qu’il est absurde de s’entêter à ne voir de salut politique que dans ce seul cadre. Le cadre européen serait davantage prometteur pour un mouvement adoptant alors une ligne plus identitaire et « remigrationniste », puisque c’est ainsi qu’il est de toute façon perçu par ses électeurs naturels, malgré ses dénégations et ses appels inaudibles à bénéficier aussi du soutien électoral de « banlieues patriotes » composées de « compatriotes musulmans ».

-    enfin qu’il n’y a pas et il n’y aura pas de solution nationale et que 2017 n’est pas un véritable enjeu électoral. La solution ne peut être qu’européenne. Le problème est que pour le moment, en l’absence d’un parti identitaire européen, renforcé et médiatisé, il n’y a simplement aucune solution sur le terrain. Mais au moins l’espoir de l’émergence d’un tel parti et de son succès éventuel existe-t-il encore.

Dans une France où la droite au sens large est très majoritaire, la gauche continue de dominer électoralement et fait mieux que de limiter la casse. Ces élections régionales ont par ailleurs montré que dans le cadre actuel, et malgré des évènements dramatiques, le système se défend bien. Au prix des règles élémentaires de la démocratie. Que le FN après tout ait été à la tête de plusieurs régions, par la volonté des électeurs, où il aurait pu montrer sa compétence ou son incompétence, n’était pas scandaleux. Et le fait que les listes du PS aient eu le droit de se retirer, ce qui est contraire aux principes mêmes de ces élections régionales, est proprement scandaleux. Nous noterons que le candidat du PS dans l’Est, Jean-Pierre Masseret, a eu raison de se maintenir contre la décision de Cambadélis (PS) puisque la région n’a pas été gagnée par le FN et que la gauche y sera donc représentée, ce qui ne sera le cas ni dans le Nord, ni en Provence.

Thomas Ferrier (PSUNE/LBTF)

Addendum: Les nationalistes corses (menés par Gilles Simeoni), clairement identitaires dans l'âme, remportent le second tour avec 35.4% des voix contre 28.5% pour le PS, 27.1% pour la droite et 9.1% pour le FN. Néanmoins ils ne disposeront que de 24 sièges et devront donc trouver des alliés.

Changer radicalement de politique? Oui mais comment?

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Changer radicalement de politique? Oui mais comment?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce soir au 2e tour des élections régionales, les discours de tous les dirigeants politiques proclament à l'envie que le gouvernement comme leurs propres formations doivent se donner des objectifs marquant un changement radical. Mais aucun d'entre eux ne précise en quoi devrait consister ce changement. Ils ont pourtant eu au moins une semaine pour préparer des propositions de fond.
 
Puisqu'aucun d'eux ne l'a fait, et que François Hollande on peut le craindre ne le fera pas davantage, que l'on nous permette de reprendre les propositions que nous avons plusieurs fois formulées sur ce site. Celles-ci  recueillent un accord presque unanime de notre comité de rédaction comme des lecteurs qui nous font part de leur opinion.

Les priorités devraient être les suivantes, par ordre d'importance:

1. Emploi et développement

- Consacrer dans les prochaines années au moins 100 milliards d'investissement par an dans les technologies et industries du futur. Cela résoudra ce faisant très largement les problèmes d'emploi.

- Pour financer ces investissements, obtenir de la Banque centrale européenne qu'elle dégage au profit de la France les euros nécessaires. Rien ne l'empêchera d'ailleurs d'en faire autant pour d'autres Etats. L'euro ne s'en porterait pas plus mal. Cela ne pourrait en aucun cas générer un cycle inflationniste, mais au contraire un cercle vertueux investissement- retombées productives.

- Si l'Union européenne s'y refuse, décider que la France le fera seule, en s'affranchissant autant que de besoin des règles de l'union monétaire et de l'Union européenne. Elle mettra en oeuvre, comme elle l'a fait pour le Pacte dit de Sécurité un nouveau Pacte dit de Développement Productif.

2. Sécurité

- Refuser toute augmentation des migrations venant des pays du Proche et Moyen Orient, au delà d'un contingent maximum assimilable ne dépassant pas quelques milliers d'individus par an.

- Continuer à renforcer les moyens de l'armée, de la police et de la justice, renforcement aujourd'hui à peine esquissé.

3. Politique internationale

- Se rapprocher immédiatement de la Russie et en deuxième lieu de la Chine, représentants du Brics, pour convenir de politiques conjointes de développement industriel et de recherche scientifique (une partie des 100 milliards visés ci-dessus pouvant leur être affectée). Parallèlement des politiques de défense coordonnées devraient être mises en place, dans les domaines où ces pays, comme la France, sont également menacés.

- Ne plus tenir compte ce faisant des menaces, chantages et campagnes d'intimidation en vue de provoquer un changement de régime que les Etats-Unis réservent à tout pays souhaitant s'affranchir un tant soit peu de leur domination.

***


Inutile d'en dire plus dans cet article, sauf à souligner que, selon nous, de tels changements de politique répondraient certainement aux attentes de la plupart des électeurs, y compris de ceux du Front National (qui représentent ne l'oublions pas ce soir près de 40% de l'électorat). Ils devraient aussi mobiliser les abstentionnistes. Manifestement ceux-ci ne trouveront pas dans la quasi-reconduction des politiques actuelles des raisons pour aller voter lors des prochaines élections nationales et présidentielle.

 

lundi, 14 décembre 2015

Toenadering Putin tot Israël; Turkije vormt anti-Russisch blok met Oekraïne

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Toenadering Putin tot Israël; Turkije vormt anti-Russisch blok met Oekraïne
 
Ex: http://xandernieuws.punt.nl

Putin: ‘Alles wat onze troepen in Syrië bedreigt zal onmiddellijk worden vernietigd’ 

Turks-Oekraïens blok tegen Rusland 

Tijdens een toespraak roemde de Russische president Vladimir Putin de samenwerking van zijn luchtmacht met de Israëlische (1). Internationale analisten stellen dat Putin Israël nooit kwaad zal doen vanwege de ruim 1 miljoen Russisch sprekende inwoners van de Joodse staat. In Israël steken velen hun bewondering voor Putin niet onder stoelen of banken, vooral omdat hij –in tegenstelling tot hun eigen premier Netanyahu- vastbesloten tegen Turkije durft op te treden. Tegelijkertijd gaan de potentiële toekomstige EU-lidstaten Turkije en Oekraïne militair samenwerken om een vuist tegen Rusland te kunnen maken. De NAVO zal deze ontwikkeling met instemming begroeten, overduidelijk niet beseffende dat Putin het meende toen hij zei dat ‘als oorlog onvermijdelijk is, ik geleerd heb dat je dan als eerste moet toeslaan.’

Sinds eind jaren ’90 emigreerden ruim een miljoen Russen naar Israël, wat van grote invloed op de Joodse staat is geweest. Veel Russische politicologen vragen zich zelfs hardop af of het feit dat 18% van de Israëlische bevolking inmiddels Russisch spreekt betekent dat het land nu ‘feitelijk een deel van Rusland is geworden’. Ook als deze vraag niet met ‘ja’ kan worden beantwoord, dan nog is Israël een proces van ‘Russificatie’ ondergaan, ongeveer zoals Europa door miljoenen moslims wordt geïslamiseerd.

‘Putin zal Israël nooit kwaad doen vanwege 1 miljoen Russen’

Op veel sociale media en populaire blogs werd dan ook met grote instemming gereageerd op de harde reactie van Putin op het neerschieten van een van zijn bommenwerpers boven Syrië door Turkse F-16’s. Ondanks het feit dat de Russen in Syrië ook Iran en Hezbollah –verklaarde vijanden van Israël- steunt in hun strijd tegen de moslimrebellen die Assad willen afzetten, zijn ook analisten de mening toegedaan dat Putin zelf nooit ruim 1 miljoen Russisch sprekenden leden van ‘zijn volk’ in Israël zal bedreigen, mede omdat die een belangrijke rol in de Israëlische politiek zijn gaan spelen.

Goed voorbeeld is Avigdor Lieberman, voormalig minister van Buitenlandse Zaken en leider van de Russisch-Israëlische partij Yisrael Beytenu. Lieberman staat bekend vanwege zijn vriendschap met Putin, en verklaarde laatst dat de crisis tussen Turkije en Rusland niet moet worden gebruikt om de slechte verhouding met Erdogan te verbeteren, zoals sommige politieke partijen voorstelden. ‘Dat is een dom idee, want het is nog steeds hetzelfde Turkije.’ (2)

Militaire samenwerking Turkije - Oekraïne

Datzelfde Turkije gaat militair samenwerken met het illegale anti-Russische regime van Oekraïne, dat na een door het Westen veroorzaakte staatsgreep aan de macht kwam. De Turkse wapenfabrikant ASELSAN gaat in samenwerking met het staatsbedrijf Ukroboronprom Oekraïense tanks moderniseren. De afspraken tussen beide landen komen kort nadat Moskou na het neerschieten van de Su-24 door Turkije alle militaire samenwerking met Ankara opzegde. (3)

Erdogan zoekt al sinds het begin van de burgeroorlog in Oekraïne toenadering tot Kiev, omdat er op de Krim, dat zich na een referendum bij Rusland aansloot, een grote groep etnische Turken, de zogenaamde ‘Krim-Tartaren’, woont. De Russen vochten in het verleden tal van oorlogen uit met het toenmalige Turks-Ottomaanse Rijk, dat Erdogan met behulp van de NAVO en de EU uit alle macht probeert te herstellen.

Putin: Alle bedreigingen worden vernietigd

In een TV-toespraak zei Putin gisteren dat hij ‘extreem harde actie’ heeft bevolen ‘tegen iedere bedreiging van onze troepen in Syrië. Zulke doelen moeten onmiddellijk worden vernietigd.’ Dit was overduidelijk gericht aan het adres van NAVO-lid Turkije. Tegelijkertijd onthulde de Russische president dat hij met zijn Amerikaanse collega Obama is overeengekomen samen het Free Syrian Army te ondersteunen. Daarmee zou een oplossing voor het Syrische conflict mogelijk dichterbij zijn gekomen. (4)

Onafhankelijkheidsoorlog gewonnen met Russische wapens

De toenadering tussen Rusland en Israël hoeft niet als een volslagen verrassing te komen als naar de geschiedenis wordt gekeken. De pas geboren Joodse staat had de onafhankelijkheidsoorlog tegen de Arabieren in 1948-1949 vermoedelijk nooit kunnen winnen als Sovjetleider Joseph Stalin de Joden geen wapens had gegeven om tegen het door Britse (!) generaals aangevoerde Arabische invasieleger te kunnen vechten.

Stalin stond weliswaar bekend als een felle antisemiet, maar besloot toch om Israël te steunen, vermoedelijk omdat hij hoopte de Joodse staat tot Russische vazalstaat tegen het Britse Rijk te maken, dat toen nog over grote delen van het Midden Oosten heerste. Na het verdwijnen van Stalin koos de Sovjet Unie tientallen jaren lang juist partij voor Israëls Arabische vijanden –zo werd PLO-terrorist Yasser Arafat door de KGB getraind-, maar na de val van het communistische imperium begon een periode van hernieuwde toenadering, die versnelde nadat Israël ruim een miljoen Russen tot het land toeliet. (5)

Gog = Turkse leider, geen Russische

Westerse Bijbel- en profetie uitleggers, die altijd beweerd hebben dat Rusland de grote vijand ‘Gog uit Magog’ is die in de eindtijd Israël zal binnenvallen, zouden nu toch eindelijk eens onder ogen moeten durven zien dat hun theorieën misschien wel helemaal verkeerd zijn. Sowieso hebben zij altijd de historische feiten tegen zich gehad, omdat ‘Gog’ in Ezechiël 38 tevens de prins van ‘Meschech en Tubal’ wordt genoemd. En die plaatsen lagen in het huidige Turkije, niet in Rusland.

Het foutieve ‘Gog = Rusland’ scenario is onder andere gebaseerd op de tekst waarin staat dat deze –ook wel ‘antichrist’ genoemde- leider uit het ‘verre noorden’ komt. Bekende uitleggers beweerden altijd dat er maar één grote macht in het ‘verre’ of ‘uiterste’ noorden ligt: Rusland. Deze theorie heeft nog een paar andere grote gaten:

* Deze ‘experts’ trekken op een platte wereldkaart een rechte lijn naar het noorden, en komen dan in Moskou uit. Echter, de wereld is rond. Op een ronde bol gaat een rechte lijn naar het noorden vanuit Jeruzalem niet door Rusland, maar dwars door... Ankara, de hoofdstad van Turkije (en overigens ook door Oekraïne):

 

* ‘Gog’ komt volgens de Bijbel plotseling aan zijn eind als hij met zijn legermacht Israël is binnengevallen. Kort hiervoor wordt hij opgeschrikt door ‘geruchten uit het noorden’ (en oosten). Hoe kan Gog Rusland zijn, als er noordelijk van Rusland enkel nog de noordpool is te vinden? Als Gog inderdaad Turkije is, dan wordt het gezien de toenemende spanningen tussen beide landen alleen maar logischer dat juist de Russen de oorzaak zijn van de ‘geruchten uit het noorden’. Bovendien staat er ook uit ‘het oosten’, wat heel goed kan duiden op China.

Westen aan de verkeerde kant, namelijk van de islam?

* In dit scenario staat het Westen als het niet oppast aan de verkeerde kant – en ook daar zijn alle tekenen van aanwezig. Turkije is NAVO-lid, en de gevestigde orde in de EU en VS hebben overduidelijk de Soennitische islam tot partner gekozen.

Dit uit zich niet alleen in het bondgenootschap met Saudi Arabië en de Arabische Golfstaten en het steunen van islamitische terreurgroepen (eerst in Libië, daarna in Syrië, maar ook de Moslim Broederschap in Egypte, en bovendien is bewezen dat ISIS een creatie is van de CIA, de Turken en de Saudi’s), maar ook door het islamiseren van Europa door het binnenhalen van miljoenen moslim migranten. Daarnaast stelt met name de EU zich onder de snel groeiende invloed van al die moslims steeds vijandiger tegen Israël op.

Xander

(1) DEBKA
(2) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(3) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(4) DEBKA
(5) Ynet News

Eschatology of the Russian-Turkish conflict

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Eschatology of the Russian-Turkish conflict

Netwars
Ex: http://www.katehon.com

Orthodox solidarity

On November 26th, 2015 in the center of Athens, protestors burned the US and Turkish flags at a pro-Russian rally. A similar rally was held in Bulgaria. Both countries are Turkey’s neighbors and historical adversaries, and are populated mostly by Russia’s coreligionists.

The recent events in the Middle East increased anti-Turkish sentiments among Christian Orthodox peoples within post-Byzantine space: Greeks, Serbs, Bulgarians and Romanians. The increasing tensions led many people in the region and in other Christian Orthodox countries, including Russia, to refer to the prophecies of Orthodox Saints about war between Russia and Turkey.

Orthodox prophesies

Elder Paisius of Mt. Athos and many other Orthodox saints, including Saint Cosmas of Aetolia, have prophesied that modern Istanbul will once again become Orthodox, and most probably within our lifetime. According to the prophecy, Turkey will lead a war against Russia, and will be defeated and dismembered.

According to Saint Paisius, in the war between Russia and Turkey, the Turks will at first believe they are winning, but this will lead to their destruction. The Russians, eventually, will win and take over Constantinople. After that, it will be given to Greece.

The saints predict that a third of the Turks will go back to where they came from, the depths of Turkey. Another third will be saved because they will become Christians, and the other third will be killed in this war.

The most important prophesy that is believed, which can most clearly be justified right now, is that Turkey will be dissected into three or four parts, and one of the parts will belong to an independent Kurdistan.

The position of Radical Islamists

From the point of view of Sunni-radicals, the recent events will be followed by the Great War, where Russia will fight against Muslims as the force of Dajal (the Antichrist).

They support Turkish Islamic President Erdogan in his possible fight against Russia. They strongly oppose Iran, and perceive Shia-Muslims as heretics. So the Russian-Shia alliance is perceived by them as an Apocalyptic threat.

The view of Continental Islam

The prominent contemporary Islamic scholar Sheikh Imran Hosein rejects this opinion, and urges Muslims to return Constantinople to the Orthodox Christians. He says it will come back after the Great War, where the forces of true Islam will fight alongside Orthodox Christians against Turkey. That prediction is based on the next arguments:
· From his point of view, Russia is Rūm of the Qur’an, mentioned in Surat ar-Rum, and that it will be the ally of true believing Muslims against the Dajjal (Antihrist). In his interpretation Rum (derived from Rome) is the Third Rome, Russia and Christian Orthodox civilization that succeed Byzantium, the Second Rome, and not the Occident.
· The Ottoman Empire and Turkey always was an instrument of Dajjal and the Judeo-Christian or Atheist West, in the fight against authentic Islam and Orthodoxy. The conquest of Constantinople according to the Prophet Muhammad would occur at the end times.
· Therefore the 1453 conquest of Constantinople by Sultan Muhammad Fatih had nothing to do with the prophecy.
· Wahhabi petro-states of the Persian Gulf as well as pseudo-Islamic extremists are heretics of the Muslim world and were created with the help of the Atlanticist powers. And as heretics they will fight on the side of Dajjal in the coming war.

According to Imran Hosein, a giant army of Islamic non-fundamentalist states (Iran, Egypt, Syria) will attack and defeat Turkey. It will be the Malhama (great war) prophesied by the Prophet Muhammad, that will lead to the conquest of Constantinople. After the victory of true Muslims, the city will be returned to Orthodox Christians. After that, both armies will fight against the Dajjal who will be backed by the modern Occident and Israel in the land of Syria.

The view of American Dispensationalists

American radical Protestants have always perceived Russia as an Apocalyptic threat. This view is based on their interpretation of Ezekiel 38 – 39. This group is very strong in the US and in the American elite. They believe that Russia is the Biblical Magog and that together with Persia (Iran), Israel will be attacked and invaded, the latter of which will be backed by American Protestants.

The strengthening Russian presence in the Middle East is considered by them as an imminent threat, and in any potential war they believe that Russia is Satan’s force.

Strange Alliances

It is strange, but the fact that despite the religious differences in beliefs of American Protestant pro-Israel fundamentalists and Sunni-radicals, their views regarding Russia are very close. Both think and act as though Russia and Iran are their eschatological enemy. Both believe that they will fight in an Armageddon battle against Russia. This issue reveals the Atlanticist nature of modern Sunni radicalism. Driven by these views, Islamists always will be a tool in the hands of Atlanticists.

On the other side are the forces of traditionalist Islam, that is more pro-Russian than pro-Western. Its geopolitical eschatology almost coincides with the Christian Orthodox one. This creates space for the forging of another alliance, an alliance of the Orthodox World and Traditional Islam.

Christophe Guilluy: «Le FN est le baromètre de l’inaction des partis au pouvoir»

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Christophe Guilluy: «Le FN est le baromètre de l’inaction des partis au pouvoir»

Ex: http://www.polemia.com

Entretien réalisé par le Figaro avec Christophe Guilluy dans l’édition du 9 décembre 2015 et présenté par Michel Leblay pour Polémia.

Christophe Guilluy, consultant auprès de collectivités locales et d’organismes publics, se présente comme « géographe »

♦ Christophe Guilluy, dont les travaux sont connus sur la sociologie du vote en faveur du Front national, analyse les différentes fractures qui expliquent ce vote. Outre celle qui sépare les métropoles de ce qu’il appelle la France périphérique, il y a la fracture culturelle liée à l’immigration qui l’emporte sur la fracture sociale mais il y a aussi, point très important, la fracture entre les générations. Les jeunes votent très majoritairement pour les listes de droite et du FN. Enfin, dernier élément et non des moindres, au sein des jeunes générations, il remarque la fracture identitaire, en cours, entre la jeunesse issue de l’immigration (avec un vote spécifique qui apparaît : Union des démocrates musulmans) et cette jeunesse habitant « les territoires ruraux et périurbains ».

guilluyFractures-francaises_4753.jpegLe vote pour le Front national se révèle une expression identitaire qui prévaut sur la question sociale, laquelle néanmoins s’y ajoute. Cette expression est plus forte parmi la jeunesse que chez les plus anciens. Enfin, elle se heurte à celle de jeunes issus de l’immigration, qui opposent leur propre culture musulmane à celle du pays d’accueil.

La France est confrontée à deux défis majeurs : sa situation économique et l’immigration.

La situation économique résulte de la rupture du modèle de croissance de l’après-guerre intervenue au milieu des années soixante-dix. Elle est à l’origine d’un chômage de masse. Dans un entretien télévisé du 20 janvier 1967, Georges Pompidou déclarait : « Nous devons considérer l’emploi comme un problème permanent ; en permanence en France il y aura un problème de l’emploi ; en permanence on devra veiller à ce que l’emploi soit assuré aux Français. Si un jour on atteint les 500.000 chômeurs, ce sera la révolution. »

Le chiffre de 500.000 chômeurs a été multiplié, statistiquement par sept, certainement plus dans la réalité. Pour autant, il n’y a pas eu de révolution ; seulement, depuis 1981, une alternance politique entre les partis traditionnels, aux élections générales. Le basculement politique, avec la montée du Front national, est venu de l’immigration et de ses conséquences ; en témoigne, notamment, le sondage d’Opinion Way publié le 7 décembre dernier au lendemain des élections régionales.

Parmi les motivations de leur vote, les électeurs du FN se prononcent à 74% pour la sécurité et à 76% pour l’immigration. L’idéologie marxiste réduisant l’histoire à la lutte des classes est bien morte.


L’entretien

LE FIGARO – Quelle est votre lecture du scrutin ?

Christophe GUILLUY – D’élection en élection, on s’aperçoit que la France périphérique (celle des petites villes, des villes moyennes et des zones rurales) est un phénomène réel, qui se cristallise. Cette grille de lecture sociale et spatiale explique la recomposition politique à laquelle on assiste depuis deux décennies. La carte politique traditionnelle s’efface au profit d’une dichotomie entre la France périphérique où vit 60% de la population et la France des métropoles, qui se renforce dans toutes les régions, y compris celles où le FN a fait un score plus faible – par exemple, en Bretagne, où le parti de Marine Le Pen a fait 18% : un score modeste par rapport à la moyenne nationale, mais très important pour le FN dans cette région.

guilluyLivre.jpgExiste-t-il désormais deux France ?

La dynamique provient des zones rurales, des petites villes et des agglomérations de taille moyenne, où se concentre la grande majorité des classes populaires et situées à l’écart des métropoles mondialisées. Le FN, à lui seul, capte près des trois quarts des votes des classes populaires. Il est logiquement surreprésenté sur ces territoires. Les logiques économiques accentuent cette rupture entre ces deux France puisque désormais l’essentiel des créations d’emploi se concentrent dans les grandes villes, et qu’au contraire l’emploi se désertifie dans la France périphérique. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire, les catégories populaires ne vivent pas là où se crée l’emploi. Cette situation se renforce au rythme de l’évolution du prix du foncier, ce qui contribue à ce que les grandes métropoles, et les gagnants de la mondialisation, s’enferment, telles des citadelles médiévales, derrière le mur invisible de l’argent.

Peut-on parler d’une fracture générationnelle?

56% des moins de 35 ans ont voté pour les listes de droite ou du FN. Chez les 18-24 ans, la droite et le FN atteignent même 61% des suffrages ! En fait, nous le disions avec le sociologue Serge Guérin depuis des années : le vieillissement de la population est le rempart au vote « populiste ». Un sondage Ipsos réalisé après les attentats montre que les plus de 60 ans sont deux fois moins tentés par le vote FN en raison des attentats que les plus jeunes : 5,7% contre 10,6% chez les 35-59 ans. Une partie d’entre eux sont effrayés par les propositions économiques du FN, notamment la sortie de l’euro. Il y a une vraie cohérence de classe dans le vote de la jeunesse. Les jeunes de la France périphérique touchés par le chômage, la précarité et la fin de l’ascension sociale ne votent pas comme les jeunes de la bourgeoisie urbaine mondialisée. Cependant, il existe deux jeunesses populaires : celle des banlieues et celle des territoires ruraux et périurbains. La réislamisation de la jeunesse de banlieue est parallèle au réveil identitaire des jeunes de milieux populaires de la France périphérique. Le vecteur n’est pas la religion mais le vote FN, car cette France est largement déchristianisée.

C’est le fameux clivage culturel…

Les classes populaires se déplacent d’abord pour protester contre l’immigration. Si leur premier ressort était la question sociale, ils voteraient pour le Front de gauche. Les catégories modestes s’inquiètent de la montée du chômage et de la dégradation du modèle social, mais également de l’insécurité culturelle, conséquence d’une instabilité démographique liée à l’intensification des flux migratoires. Nous assistons en fait au retour du conflit social et du conflit culturel. Le rêve de la mondialisation heureuse et d’un « peuple Benetton » a échoué ; cet échec est en train de revenir à la face des partis traditionnels avec une force sans précédent. Des attentats au vote FN, c’est la fin du rêve d’une société mondialisée et apaisée.

Croyez-vous à « un réveil citoyen » ?

Le fameux « réveil citoyen des abstentionnistes » qui iraient à mains nues faire barrage au FN fait partie de la pensée magique des partis de gouvernement et plus généralement des classes dominantes. La réalité, c’est que le profil sociologique de l’abstentionniste est le même que celui de l’électeur du FN. Le gros bataillon des votants de LR (retraités et bourgeoisie traditionnelle) ou du PS (fonctionnaires et bourgeois urbains) sont des couches qui ont toujours voté. S’il y a une réserve de voix chez les abstentionnistes, elle se trouve du côté du FN.

Le FN est un baromètre qui mesure l’inaction des partis au pouvoir. Il est la conséquence de l’amplification de la fracture sociale, spatiale et identitaire. En estimant que le vote FN est impulsif, l’expression d’une colère irréfléchie, on dénie aux classes populaires le droit de faire leur propre diagnostic. En faisant intervenir Pierre Gattaz, Laurence Parisot, BHL ou Dany Boon pour dire que le FN n’est pas républicain, économiquement nul ou crypto-fasciste, on fait progresser une défiance qui s’étend aussi aux médias et aux élites.

Va-t-on vers une recomposition politique ?

Le vote FN devrait continuer à progresser. A terme, cela provoquera soit l’implosion des partis traditionnels, soit leur recomposition interne. Sur le terrain, on observe que les élus locaux sont conscients des réalités ; ils ne sont pas déconnectés des problèmes des gens comme peuvent l’être les caciques des partis. Pourquoi, dès lors, les habitants n’ont-ils pas voté pour eux ces dernières élections ? Parce qu’ils ont compris que ces élus n’avaient aucun pouvoir au sein de leur propre parti et que les décisions étaient prises par les ténors qui sont élus dans les grandes métropoles. S’ils ne veulent pas être balayés par le FN, les élus de la France périphérique devront porter le fer à l’intérieur de leur appareil et faire naître des consensus au-delà des frontières partisanes… Si le PS et les Républicains assument leur statut de partis des grandes métropoles, il y a des places pour d’autres partis à côté du FN pour représenter la France périphérique. La consolidation d’un parti musulman en banlieue n’est pas à exclure non plus. On note que l’Union des démocrates musulmans français a réalisé une percée dans certaines villes de Seine-Saint-Denis ou des Yvelines.

Christophe Guilluy
Propos recueillis par Alexandre Devecchio et Eléonore de Vulpillières

9/12/2015

Source : Figarovox/Grand entretien,

Correspondance Polémia – 11/12/2015

Image : Christophe Guilluy, Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

samedi, 12 décembre 2015

Les absentionnistes, second parti de France

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Les absentionnistes, second parti de France

Une victoire de l'anti-système

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
Avant le premier tour des régionales, Manuel Valls avait insisté pour que les Français se rendent massivement aux urnes afin de manifester leur attachement à la démocratie, aux valeurs républicaines et leur volonté de combattre le terrorisme et la barbarie. Or, outre la victoire au premier tout du Front National que l'on a commenté ici, force est de constater qu'il y eut une autre « victoire », un autre parti gagnant le soir du 6 décembre et ce fut le parti de l'abstention.

Plus de la moitié des inscrits (50,09 % très exactement) ont boudé le chemin de l’isoloir. Ils ont pratiqué l’urne buissonnière. On l'a peu commenté cette semaine mais un Français sur deux inscrit sur les listes électorales, en âge de voter et jouissant de ses droits civiques ne s'est pas déplacé pour voter dimanche dernier alors que la France vient de vivre des événements terribles et que selon les propos même du chef d'Etat nous sommes en « état de guerre ».
 
Les abstentionnistes forment plus que jamais une « force » politique et constituent ce que nous appelons ici le second parti de France. Ils représentent à eux-seuls plus de 22 millions de Français. Il faut ajouter à ce chiffre de l’abstention celui des bulletins blancs et nuls qui ont été particulièrement nombreux cette fois-ci : près d’un million, soit 4 % des votants et 2 % des inscrits. C’est dire le degré d’insatisfaction et de mécontentement d’une grande partie du peuple français. C'est souligner le degré de contestation latente qui agite le pays.
 
Aux abstentionnistes, il faudrait aussi ajouter que parmi les électeurs qui ont voté pour les listes en présence (car les bulletins blancs ne sont toujours pas considérés comme des suffrages exprimés), un tiers d’entre eux ont choisi des mouvements considérés comme non gouvernementaux et qui en tout cas n’ont jamais exercé de responsabilités au niveau national. C’est bien sûr le cas de Lutte ouvrière qui réunit 1,5 % des voix mais c’est surtout le cas des mouvements situés, officiellement au moins, à droite des Républicains. Nous pensons à Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan qui obtient un assez bon résultat (près de 4 %) relativement uniforme sur tout le territoire national, même si c’est logiquement son chef de file qui réalise le meilleur score en Ile-de-France (6,57 %). Sa défense des automobilistes, son combat contre les radars automatiques lui ont manifestement permis d’obtenir un matelas de voix non négligeable. Dupont-Aignan a refusé toute fusion de ses listes et n’a pas donné de consignes de vote pour le second tour. Il ne roule que pour lui. De même, bien que plus modestes, les résultats de l’Union populaire républicaine (UPR) de  François Asselineau, qui avait présenté partout des listes en métropole, Corse exceptée, ne sont pas non plus ridicules. Son combat sans concession contre l’Union européenne et pour la souveraineté de la France lui a permis d’engranger près de 1 % des voix.  Il faut donc compter toutes ses voix et les additionner à celles du Front National pour obtenir une victoire éclatante ce 6 décembre de l'antisystème.

A l'heure qu'il est, personne ne peut pronostiquer le résultat de dimanche soir tant la charge contre le FN est disproportionnée.  Ce qui est certain, c'est qu'elle ne conforte pas le système en place. Elle l'enterre. Beaucoup comprennent qu'il faut prévenir la catastrophe dans laquelle se dirige le pays en procédant à un changement radical de la politique conduite. Or, si cela ne passe pas par une alternance démocratique ou si les résultats de l'expression démocratique populaire sont refusés, niés, comment s'exprimera alors ou faire exprimer cette révolte radicale contre le système ? Forcément par la rébellion populaire, la dissidence ou en tout cas une désobéissance civile qui gangrènera le système de l'intérieur au point de pas en permettre la survie. Peut-être croyons-nous plus à cette ultime solution, en fait à une sorte d'implosion du régime de l'UMPS de l'intérieur parce qu'une telle implosion se greffe actuellement aussi sur une crise générationnelle.
 
Cartogramme_abstention_régionales_2015_tour_1_par_canton.pngDimanche dernier, la classe politique française a pris l'une des plus grandes claques de son histoire. Il n'y a plus d'autre opposition politique que celle du Front National mais demeure donc aussi ce second parti de France, le parti de l'abstention. Le réveil des Français est tardif mais il est aussi puissamment révélateur des mensonges par omission dont les opinions ont été abreuvées ces vingt dernières années. Mensonges et escamotages qui en disent long sur la duplicité de la dualité droite/gauche. Cette dualité vient de voler en éclats. Elle ne trompera son monde.
 
Certes, si dimanche le Front national n’emporte aucune région, la machine UMPS aura bien fonctionné mais ce sera aussi la preuve que la démocratie est un leurre. Le système électoral fonctionne, non pour représenter les aspirations des électeurs mais pour confisquer la parole, par tous les moyens au profit de la secte au pouvoir. Le régime républicain, nous devrions le savoir depuis Maurras, n’est pas une démocratie. C’est une oligarchie. Les élections ont été pensées et organisées pour ça (ce n’est pas pour rien qu’il y a deux tours et qu'il y eut cette année un nouveau charcutage de la carte électorale par les nouvelles régions).
 
In fine, l’abstention dimanche n'a pas progressé mais elle reste constante. A elle seule, elle reflète le malaise social et compte dans ses rangs tous ceux et toutes celles qui désormais sont conscients que dans un pays où « l’explosion civile » éclatera quoi qu’il advienne, le changement ne viendra pas des urnes, surtout pas après 70 ans de mensonges et d’impostures. Il faut donc compter en une rupture plus radicale pour espérer prendre le pouvoir ! 

Le jeu dangereux d’Erdogan

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Le jeu dangereux d’Erdogan

Le leader turc joue de la faiblesse de ses “alliés” européens pour imposer ses vues, contraires à nos intérêts

par Pascal Lorot

Ex: http://www.lenouveleconomiste.fr

La Turquie est-elle encore notre alliée ? C’est là une question qui interpelle aujourd’hui nombre de chancelleries. Depuis l’arrivée au pouvoir des islamo-conservateurs de l’AKP (Parti de la justice et du développement) et de son chef incontesté Recep Erdogan, la Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existant jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident.

En 2009, la Turquie va tout d’abord casser le partenariat stratégique prévalant avec Israël. Avant, au moment des révolutions arabes de 2011, de jouer la carte des Frères musulmans et des insurgés qui veulent, au nom de l’islam et de la “démocratie” (on voit ce qu’elle a donné…), renverser les dirigeants de la région. C’est la rupture avec l’Égypte de Moubarak et le soutien aux Frères avant, une fois ces derniers renversés, de s’orienter vers une posture semi-conflictuelle avec la nouvelle Égypte.

Le cas de la Syrie est encore plus flagrant. Allié de longue date de Bachar el-Assad, Erdogan va en faire son pire ennemi lorsque le maître de Damas décide de ne pas suivre ses “conseils”, et ne vise plus qu’un objectif : sa chute, quel qu’en soit le prix. Ce dernier s’appelle Daech, le pire adversaire de l’Occident, avec lequel il pactise. Dans sa conquête du pouvoir, l’État islamique peut ainsi s’appuyer sur l’“allié” turc : les djihadistes transitent par la Turquie, s’y reposent avant de repartir au combat, s’y font soigner ou s’y instruisent. À cette aune, les attaques ouvertes de Moscou quant à la complicité d’Ankara dans les trafics pétroliers de Daech ne sont qu’un élément à charge de plus. Et le fait que ces éléments soient mis sur la table par la Russie n’enlève rien à ce qui est perçu par nombre d’experts occidentaux comme une quasi-certitude.

“La Turquie a fait le pari de réinvestir l’ancien espace ottoman et d’émerger comme une pièce centrale sur l’échiquier régional. Sauf qu’en voulant devenir un acteur majeur du Proche et du Moyen-Orient, Ankara s’est peu à peu affranchie des liens de solidarité existants jusque-là avec l’Europe et, plus généralement, l’Occident”

À l’inverse, lorsque les Kurdes libres de Kobané subissent les assauts de Daech, la Turquie les laisse se faire massacrer à quelques mètres de sa frontière. Lorsque Yazidis et autres minorités ethno-religieuses se font elles aussi massacrer, point de réaction non plus.

L’arme du contrôle des migrants

Enfin, lorsque le président Hollande s’engage pour la mise sur pied d’une vaste coalition visant à défaire une fois pour toutes Daech, la Turquie ne trouve rien de mieux que d’abattre un Sukoï 24 russe, qui ne menaçait en rien la Turquie quand bien même il survolait la frontière syro-turque. Avec pour résultat d’enterrer les espoirs de la diplomatie française de rassembler tous les acteurs sous la même bannière. Il est vrai qu’Erdogan, tout à son obsession anti-Kurde, préfère sans doute le statu quo à une éviction réelle de Daech qui conforterait Bachar el-Assad en Syrie, mais aussi nos alliés kurdes.

Que dire enfin de la passivité de Recep Erdogan face à la vague des migrants qui déferlent sur l’Europe ? Dans un État où la police et l’armée occupent une place centrale dans la hiérarchie du pouvoir, il est clair qu’Ankara était en mesure de sécuriser ses côtes et d’empêcher l’exode de centaines de milliers de vrais et faux réfugiés. Le président turc a pourtant laissé faire, car il a bien compris le profit politique qu’il pouvait en tirer face à une Europe faible et fragile. Le résultat du chantage réussi de la Turquie est là : contre l’engagement de “fixer” les réfugiés (ceux qui ne sont pas déjà en Europe), il reçoit des Européens un chèque de 3 milliards d’euros, la réouverture des négociations en vue de l’adhésion future à l’Union européenne et la liberté pour près de 80 millions de Turcs de pouvoir circuler sans visa, en Europe, à compter d’octobre 2016.

Recep Erdogan est un vrai leader et un homme de conviction, qui sait jouer de la faiblesse et des contradictions de ses “alliés” européens et n’hésite pas à hausser le ton et à menacer. Sauf que ses postures et engagements dans cet Orient compliqué vont à l’encontre de la plupart de nos intérêts stratégiques. Tout le monde en a conscience. Qui osera le dire à voix haute ?

Publié le

vendredi, 11 décembre 2015

Einbindung der Türkei ein historischer Fehler

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Einbindung der Türkei ein historischer Fehler

von Robin Classen
Ex: http://www.blauenarzisse.de

Seit Jahren ist es ein fester Bestandteil der US-​Strategie für Europa und den Nahen Osten, die Türkei in die westliche Geopolitik mehr einzubinden.

Die Türkei wurde bereits von den Amerikanern in die NATO geholt und sie soll auch Mitglied der Europäischen Union werden. Welche gesellschaftspolitischen Auswirkungen das auf die europäischen Nationen haben könnte, ist den geographisch durch einen Ozean getrennten und weit entfernten Amerikanern hierbei egal.

Die EU hadert seit langem mit einem Beitritt der Türkei

Die europäischen Länder versuchten sich derweil an einem Drahtseilakt: Während Großbritannien und auch Frankreich immer wieder Offenheit für einen Beitritt signalisierten, wehrten sich vor allem osteuropäische und südosteuropäische Länder gegen einen Beitritt des Nachfolgestaates des Osmanen-​Reiches. Insbesondere Griechenland, das nicht nur wegen strittiger Territorialangelegenheiten in Hinblick auf einzelne Mittelmeerinseln mit den Türken im Dauerclinch liegt, sondern welches insbesondere die türkische Perspektive im Zypern-​Streit nicht akzeptieren kann, blockierte und bremste bisher. Auch in Osteuropa kommt die Aufnahme eines islamischen Landes in die NATO bisweilen nicht gut an.

1989 lehnte die EG eine Einigung für eine Mitgliedschaft der Türkei noch ab – kein Wunder, liegen doch mehr als neunzig Prozent des Staatsgebietes nicht einmal auf europäischem Boden. 1997 hob die EU diese Entscheidung auf und beschloss schließlich 1999, der Türkei den Beitrittskandidatenstatus zu gewähren. Nach langwierigem Geplänkel – vornehmlich über die Menschenrechtslage – wurde am Tag der Deutschen Einheit 2005 schließlich der verhängnisvolle Entschluss gefasst, ein Beitrittsverfahren zu eröffnen.

Seitdem geschah wenig: Nur das Verhandlungskapitel „Wissenschaft und Forschung“ konnte 2006 abschlossen werden. Danach wurde weder ein weiteres Kapitel abgeschlossen, noch ein neues eröffnet. In den letzten zwei bis drei Jahren drohte ein kompletter Stopp der Verhandlungen, da die Türkei immer stärker in inneren Konflikten versank, die die Erdogan-​Regierung vornehmlich mit Gewalt löste.

Die naive Merkel-​Politik macht einen EU-​Beitritt plötzlich wahrscheinlich

IS_Nato.jpgIn Deutschland und Österreich sind unter der Hand wohl auch den etablierten Politikern die erheblichen Probleme mit zugewanderten Türken und vor allem die Einstellung der einheimischen Bevölkerung zu einem EU-​Beitritt bekannt, weswegen (pseudo-)konservative Parteien wie die CDU seit Jahren Wert auf eine „privilegierte Partnerschaft“ legen, eine Vollmitgliedschaft mit samtweichen Tönen jedoch ablehnen.

Doch nun – ausgerechnet in einer Zeit, in der in nur einem Jahr eine Million Moslems alleine in Deutschland als Asylbewerber angekommen sind – stehen die Chancen plötzlich gut wie nie dafür, dass die Türkei es doch noch bis 2020 oder 2025 in die EU schaffen könnte. Grund ist eine fatale Fehleinschätzung der europäischen Politik und insbesondere der deutschen Unionsparteien. Dort hat sich nämlich die Ansicht verfestigt, aus Unwillen die deutsche Grenzen zu sichern, einfach den Türken Honig um den Mund zu schmieren, um sie dazu zu bewegen, einfach an ihren Grenzen die Asylbewerber abzufangen.

Die Asylbewerber in der Türkei unterzubringen, dass entspräche ohnehin dem deutschen und internationalen Asylrecht, da nahezu alle Asylbewerber, die die Balkan-​Route nutzen, das sichere, befriedete Land durchqueren müssen. Dass CDU-​Politiker aber behaupten, man könne 6.000 Kilometer Grenze nicht sichern, weswegen man auf die Türkei setzen müsse, ist ein Offenbarungseid. Mit den Wassergrenzen verfügt die Türkei schließlich über rund 10.000 Grenzkilometer und damit über deutlich mehr als Deutschland, was sich zudem die Sicherung der EU-​Außengrenze mit seinen Partnern teilen würde!

Die Türkei will Europa islamisieren

Noch viel entscheidender: Die re-​islamisierte Türkei Erdogans denkt gar nicht daran, die Flüchtlingskrise als ein Problem für Europa wahrzunehmen. Im Gegenteil forderten die Türken vor wenigen Wochen noch, Europa müsse viel mehr Asylbewerber aufnehmen. Dahinter steckt eine imperiale Strategie des sich als neo-​osmanischen Herrscher mit Imam-​Attitüde verstehenden Präsidenten Erdogan. Seine Regierung agiert bereits seit Jahren besonders aktiv in Bosnien und Albanien und versucht, eine islamische Achse im Herzen Europas zu schmieden.

Dabei spielen insbesondere die ihm treu ergebenen Türken in Deutschland eine wesentliche Rolle, denen er so gern Besuche in großen deutschen Fußballstadien abstattet. Ein EU-​Beitritt der Türken würde mithin ein trojanisches Pferd der Islamisierung in die europäischen Institutionen tragen und die Macht der Türkei als Regionalmacht massiv ausbauen. Bedenkt man, dass die derzeitige Bevölkerungszahl von 76 Millionen Türken bis 2050 auf 94 Millionen ansteigen soll, kann man sich außerdem denken, welche demographischen Folgen die Niederlassungsfreiheit für Europa und vor allem Deutschland wohl hätte. Die hohen Asylbewerberzahlen durch eine Ausweitung der Niederlassungsfreiheit auf die Türkei bekämpfen zu wollen, ist mithin eine Milchmädchenrechnung.

Zwischen Bekämpfung und Unterstützung des IS

Auch die Bekämpfung des Islamischen Staates (IS), bei der die Türkei angeblich mitwirken soll, ist ein heikles Thema. Kurdische Gruppen im Grenzgebiet berichten immer wieder von einer offenkundigen Zusammenarbeit zwischen türkischen Grenzsoldaten und IS-​Terroristen. Russland verbreitete jüngst die Behauptung, dass Schmuggel und Öl-​Verkauf aus IS-​Beständen nicht nur auf dem florierenden Schwarzmarkt an der türkisch-​syrischen Grenze von türkischen Sicherheitsbehörden in keiner Weise bekämpft werden, sondern dass die türkische Regierung selbst in diese Geschäfte verwickelt sei. Im Übrigen fordert die Erdogan-​Regierung wesentlich energischer den Sturz des verhassten Assad als ein Ende des IS-​Terrors. Die Entstehung eines geopolitischen Machtfaktors Türkei in der Brückenregion zwischen Westen und Nahem Osten mag im kurzfristigen Interesse der USA liegen, im Interesse Europas und Deutschlands ist sie jedoch mit Sicherheit nicht.

Militant Islamists, Organized Crime and the Balkan Diaspora in Europe

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Militant Islamists, Organized Crime and the Balkan Diaspora in Europe

Terrorism Monitor Volume: 13 Issue: 23

By: Ebi Spahiu

The Jamestown Foundation & http://moderntokyotimes.com

In light of terrorist attacks in Paris on November 13, countries across Europe have visibly increased security measures and are on the alert for more attacks. Countries in the Western Balkans have similarly boosted security after state agencies received alerts from international partners and from their own intelligence organizations on potential Paris-style attacks in cities of the region (Ora News, November 18). Since the emergence of the Islamic State and continuous reports of Balkan foreign fighters who have joined the organization in Syria and Iraq in recent years, local security analysts and think tanks have attempted to provide profile local fighters who have joined this jihadist organization. They have largely concluded that a majority have criminal backgrounds and come from impoverished areas, but were then mobilized and inspired by individual radical imams, who serve as key links between volunteers and jihadist groups abroad. [1] So far, however, there has been relatively little focus on the alleged role that organized crime groups from the region have played in aiding militant cells in Western Europe, or the involvement of the Balkan diaspora in providing an arms for terrorist groups in the West.

A recent study released by the Flemish Peace Institute, based in Brussels, concluded that the majority of firearms used for violent attacks, including the Paris shootings, make their way to Europe via the Western Balkans from groups that capitalize on existing routes originating in or transiting the region utilized for drug trafficking and other illegal activities. “Police have noticed an increase of Kalashnikov-type of assault weapons in recent years and official records show that the majority of these weapons come from the Balkans,” said Nils Duquet, co-author of the study, in an interview with Top Channel News in Tirana (Top Channel, November 21).

Organized Criminal groups, Terrorism and the Balkan Diaspora

Since the dissolution of the former Yugoslavia and the collapse of the Communist regime in Albania in the 1990s, weak rule of law and corruption have strengthened smuggling networks in the region, many of which are often closely linked to public officials. Such weak state structures to combat organized crime and high levels of corruption have enabled several nexus groups to emerge and dominate drug trafficking and arms trade in European markets, but also establish significant relationships with terrorist organizations, as they have done in the past with the Kurdish PKK or al-Qaeda. [2] The most notable case is the rise of the Albanian mafia and the nexus with the Kosovo Liberation Army in the late 1990s, which expanded out of Albania’s economic downfall following the collapse of “pyramid” investment schemes in 1997. Violent rebellions led to the ransacking of hundreds of military and police storage facilities across the country (Bota Sot, October 25). Over 100,000 weapons are believed to have been stolen over the course of a few months during this period—the majority of which are still used in conflicts or recycled in European markets. Some are also now believed to end up on the hands of terrorist organizations, including sleeper cells based in Western countries, with Belgium providing the largest black market (Financial Times, November 19). Furthermore, regional networks created over the years out of these criminal and political nexuses, including those tri-border areas between Albania, Kosovo and Macedonia, are also believed to be “directly tied to operational developments of militant Islamist cells in the UK,” often due to their dominance of smuggling heroin and other types of drug and human trafficking. [3] According to several accounts, heroin from the Balkans accounts for over $20 billion annually, which also largely finances groups like Hezbollah and al-Qaeda (The New York Times, April 28, 2014).

In this context, it is no surprise that militant Islamist groups, including the Islamic State, seek to exploit homegrown cells established in the Western Balkans, but also diaspora-based communities and the trafficking networks elsewhere in Europe. According to an EU-led study, looking at the ties between organized criminal groups and terrorism in Western Europe, in addition to geographical components that link terrorism to Balkan organized crime, there is also a notable increase of Balkan second and third generation diaspora becoming more involved with radical Islamist communities based in the West. This has been particularly concerning for the Balkan diaspora in Austria, Switzerland, Italy and the UK, which have seen a number of youth, mainly nationals of Albania, Kosovo and Montenegro, among others in the Balkan, join the Islamic State in Syria and Iraq. In Switzerland, for instance, a sizable percentage of foreign fighters are of Balkan origin, particularly from Kosovo, whose migrant population makes up a large portion of Muslims in the country (CTC Sentinel, July 30, 2014). Although, according to experts, many of the ethnic Albanian Muslim communities in Europe, including those in Switzerland, have access to independent funding for their religious needs, they are not immune to the influence of well-funded Wahhabist and Salafist foundations and mosques representing more radical religious views. “Many religious communities fight over the leadership that is going to represent Muslims, making Albanians practitioners susceptible to be usurped by suspicious finances and attracted to radical ideologies,” claims a Tirana-based security official interviewed by this author who wishes to remain anonymous. [4]

The Balkans as a Transit Route for Terrorists

A number of police counter-terrorism operations have exposed these connections, which are now becoming increasingly visible to security agencies across Europe. In July 2014, Italian police, in collaboration with the Albanian authorities, carried a large operation against a group of Islamic State supporters who had recruited and aided several foreign fighters to cross over to Turkey, to join the Islamic State in Syria (Shqiptarja [Tirana], July 1). Among those arrested, the majority were Albanian and Italian nationals who had allegedly assisted the travels of foreign fighters, including that of Maria Gulia Sergio, an Italian convert, and her Albanian husband, Aldo Kobuzi. Investigations have since revealed that these individuals traveled to Syria on September 2014, by seeking help from Kobuzi’s remaining relatives in Albania, who were also followers of Salafist ideologies (Balkan Insight, March 2015). Similar stories are becoming noticeable as local and international media discover transit routes of foreign fighters linked to the Islamic State. This is particularly underlined in light of the flow of refugees crossing the region on their journey to Western Europe and the potential for individuals linked to extremist organizations to enter Europe through this route. Such fears have been heightened by allegations of some of the Paris attackers entered Europe through the Balkans, posing as a Syrian refugee (RT, November 15).

Conclusion

Since the Paris attacks, regional security services have stepped up security to prevent any possible attacks by local Islamic State supporters. For instance, Albania, a NATO member, has deployed over 1,500 armed security forces to ensure safety in public spaces and adopted a new national strategy against terrorism (Ora News, November 18). [5] In the wake of the Paris events, Albania’s security level has also been increased to “red,” following several alerts from state agencies and a note from the U.S. Embassy in Tirana that credible intelligence suggested that the capital city is among the Islamic State’s targets (Lapsi, November 20). Serbia’s security forces are similarly “showing off” their regional military might in the face of potential terrorist threats and deadly attacks (Balkan Insight, November 20). These examples show how regional governments are demonstrating their commitment to prevent attacks and building further cooperation between agencies.

However, arrests and increased military capacity do not address the real concerns that have enabled violent extremism and religious radicalism to develop in the Balkans in the first place. These problems include corrupt officials who are involved in organized crime and the drugs trade (Exit, November 13; Balkan Insight, November 10). An additional problem is that moderate Islamic religious authorities that have been ousted by more radical preachers in recent years, leaving Islamic State supporters in the Balkan region, particularly those in Albania and Kosovo, with an open field (Balkan Insight, November 14). There are already indications that this toxic environment is starting to produce attackers; Bosnia-Herzegovina experienced its first violent assault by an alleged Islamist lone wolf, who killed two soldiers and wounded several others in a shooting in the suburbs of Sarajevo on November 18 (Balkan Insight, November 18). Despite the region’s governments’ efforts, however, it is becoming more clear that authorities are also aware of their own relatively limited capacities to carry investigations that involve acts of terrorism, and that the region’s security continues to rely heavily on international intelligence. As threats levels remain high in the midst of the Islamic State’s strong support-base in the Balkans, very few believe that the region’s political elite has the will to confront violent extremism and organized crime. [6]

Ebi Spahiu is a researcher on Central Asian and Western Balkan Affairs, focusing on gender and religious extremism.

Notes

  1. “Report inquiring into the causes and consequences of Kosovo citizens’ involvement as foreign fighters in Syria and Iraq, Kosovo Center for Security Studies,” April 2015, http://www.qkss.org/repository/docs/Report_inquiring_into....
  2. “Europe’s Crime-Terror Nexus: Links Between Terrorist and Organized Crimes Groups in the European Union,” http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/20....
  3. Ibid, pg. 19.
  4. Interview with Tirana-based security official who wishes to remain anonymous due to security concerns, November 19, 2015.
  5. National strategy in combating violent extremism, www.qbz.gov.al/botime/fletore_zyrtare/2015/PDF-2015/203-2....
  6. Adriatic Institute, February 2014, https://www.youtube.com/watch?v=QV4zZ2MAv9Q.

Files:

TerrorismMonitorVol13Issue23_01.pdf

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Photo: This man was recently detained during a raid against alleged Islamic State supporters in Albania (Source: Shqiptarja)

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mercredi, 09 décembre 2015

Journal de guerre: brutale dégradation géopolitique

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Journal de guerre: brutale dégradation géopolitique

Publié par: http://www.leblancetlenoir.com

La petite planète Terre vient d’enregistrer une brutale dégradation géopolitique qui ne manque pas d’inquiéter sur la suite des événements. Les astrologues diraient volontiers qu’une mauvaise conjonction astrale donne à l’actualité une apparence et une atmosphère très négatives. Jusqu’où ira cette dangereuse pente glissante?

Poutine arme l’Iran contre la Turquie

Lors de son discours sur l’état de la fédération, Poutine a tenu des propos extrêmement menaçant vis-à-vis de la Turquie, qui démentent la perception angélique dominante en France sur la situation. Poutine a répété son accusation sur l’enrichissement personnel dont les dirigeants turcs profiteraient en vendant le pétrole de Daesh. A propos de la destruction d’un Sukhoï 24 par la chasse turque il y a une dizaine de jours, Poutine a en outre déclaré:

Seul Allah sait pourquoi ils ont fait ça. (…) Probablement Allah a-t-il décidé de punir la clique au pouvoir en Turquie en la privant de son bon sens et de sa raison. (…) Si certains imaginent que l’on peut commettre des crimes de guerre, tuer notre peuple et partir quitte, en subissant seulement un blocus sur les importations de tomates, ou quelques restrictions sur des projets de construction ou d’autres industries, ils vont être déçus. (…)

Du coup, la Russie a décidé d’équiper l’Iran de son système S-300 de lutte anti-missiles, une protection qui annihile les effets d’une menace nucléaire venant… de Turquie ou d’Israël. C’est évidemment une décision qui déstabilise le précaire équilibre au Moyen-Orient, et qui pourrait précipiter Israël dans une coalition avec la Turquie contre la Russie.

Les Turcs ne s’y sont pas trompés. Ils se sont empressés de présenter leurs condoléances aux familles après la mort des pilotes qu’ils ont abattus.

Déni de l’Allemagne sur la stratégie saoudienne

Le gouvernement allemand a officiellement désavoué une note confidentielle des services secrets (envoyée à quelques journalistes) mettant en garde contre la politique étrangère du roi d’Arabie Saoudite. La note, d’une page et demie, affirme que le roi Salman cherche à se construire une réputation de leader du monde arabe par une politique d’intervention militaire contre l’Iran, qui est porteuse de forts risques de conflits.

Le gouvernement Merkel a affirmé publiquement que cette note était un tissu de fadaises et que le régime saoudien était exemplaire.

Même en Allemagne, le déni devient une religion d’Etat quand l’odeur sulfureuse de l’argent du Golfe embaume les allées du pouvoir!

Le dangereux krach financier en Europe

A l’issue des décisions de politique monétaire communiquées hier par Mario Draghi, les marchés européens se sont effondrés. Le CAC 40 a gentiment perdu 3,5% en une journée, ce qui s’appelle couramment un krach boursier. Pourtant, Draghi a renforcé l’intervention de la BCE sur les marchés pour relancer l’inflation. Mais les annonces ont déçu: les marchés voulaient une augmentation des volumes d’intervention sur les marchés, et ils ne l’ont pas obtenue.

On voit bien le terrible chantage financier auquel la BCE est soumise aujourd’hui: soit elle accélère la perfusion financière en faveur des banques, soit les investisseurs votent avec leurs pieds en retirant leurs avoirs.

Fracture entre l’Europe et les Etats-Unis

L’effondrement des marchés s’explique aussi par l’annonce de Janet Yellen, présidente de la FED, d’un prochain relèvement des taux.

« Janet Yellen a expliqué que plus les taux tarderont à remonter, plus les effets risquent d’être brutaux. Cela laisse donc peu de doutes sur ses intentions à court terme ».

Au moment où l’Europe maintient sa politique d’assouplissement quantitatif, les Etats-Unis annoncent donc interrompre la leur à partir de décembre. En apparence, cette décision technique paraît anodine au tout venant. Elle est pourtant stratégiquement très gênante. L’Europe ne rémunère plus les liquidités. Celles-ci vont quitter le marché européen dès que les Etats-Unis retrouveront des taux positifs.

Financièrement, les Etats-Unis vont donc étrangler l’Europe. Les conséquences de cette décision sont encore difficiles à calculer, mais le premier krach subi hier en dit long sur les risques à venir. L’une des conséquences directes de cet effet de ciseau entre les taux européens et les taux américains sera douloureux pour les finances publiques: les taux d’emprunt souverains devraient monter en flèche pour suivre la concurrence américaine.

Dans les six mois, les doutes sur la solvabilité de la France devraient agiter fortement les marchés… Et Dieu seul sait ce qui en sortira.

L’implosion de l’Union se poursuit

Parallèlement, l’Union Européenne poursuit sa discrète descente aux enfers. Les Danois ont majoritairement voté « non » à un renforcement de l’Europe judiciaire. Dans ces conditions, on voit mal comment le processus de Schengen pourrait durer. D’ailleurs, chaque pays n’en fait qu’à sa tête. Les Belges renvoient les migrants en Hongrie à tour de bras. Les Slovaques introduisent un recours en justice contre les quotas de migrants. Les élections de dimanche en France devraient donner lieu à une percée spectaculaire du Front National, qui demande la fin de l’Union.

Toutes ces nouvelles extrêmement positives laissent planer une inquiétude sur les impasses politiques multiples auxquelles l’Europe se heurte aujourd’hui. On voit mal quelle peut en être l’issue pacifique.

http://www.eric-verhaeghe.fr/journal-de-guerre-brutale-de...

Nobelprijs Angus Deaton: Teveel migranten destabiliseren Europa

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Winnaar Nobelprijs Economie 2015 Angus Deaton:
Teveel migranten destabiliseren Europa
Ontwikkelingshulp werkt averechts

Zware kritiek op de VS: Rijken worden steeds rijker, armer steeds armer

Duitse opleidingseconoom bevestigt dat ‘2/3 migranten amper kan lezen of schrijven

Harde cijfers: 70% niet in staat om lagere school niveau te halen’


Europa dreigt te destabiliseren omdat er teveel migranten, waarvan 70% analfabeet is en zal blijven, worden opgenomen.

De 69 jaar oude Princeton professor Angus Deaton (inzet), expert in armoede- en ontwikkelingsonderzoek, neemt aanstaande donderdag de Nobelprijs voor de Economie in ontvangst. Nog voor hij dit doet uit het forse kritiek op de VS, op het onbeperkte migrantenbeleid van Europa, en op de tientallen jaren lang verstrekte ontwikkelingshulp aan Afrika, die volgens hem juist averechts heeft gewerkt. Daarnaast stelt de Duitse opleidingseconoom Ludger Wöβman dat uit de ervaringen is gebleken dat 70% van de migranten niet eens in staat is om het niveau van de lagere school te halen, en dus permanent van een uitkering zal moeten leven.

Deaton prees de bereidheid van EU-landen om grote aantallen ‘vluchtelingen’ te willen opnemen, maar waarschuwde tegelijkertijd dat ‘Duitsland bijna aan zijn taks zit. Er wordt teveel van het land gevraagd. Teveel immigranten zullen Europa destabiliseren, dat is duidelijk.’

Hij bekritiseerde een groot aantal Amerikaanse staten en politici die weigeren ook maar één Syriër op te nemen. ‘Ik vind de houding van veel Amerikaanse politici, die de bevolking tegen Syrische vluchtelingen ophitsen en weigeren hen op te nemen, schandelijk.’

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Zowel Democraten als Republikeinen voeren verkeerd beleid

Sowieso uitte hij forse kritiek op de VS. ‘Terwijl het land gezamenlijk rijker wordt, gaat het de middenklasse niet beter dan de generatie van hun ouders. Met de armen gaat het zelfs nog slechter.’

Zowel de Democraten als de Republikeinen voeren in dit opzicht een verkeerd beleid. ‘Links wil de ongelijkheid compleet afschaffen, wat natuurlijk waanzin is. Rechts beweert daarentegen dat ongelijkheid geen probleem is, wat net zo stompzinnig is.’

De Democraten moeten in zijn ogen begrijpen dat ongelijkheid nodig is om de prikkeling om hard te werken in stand te houden. De Republikeinen moeten begrijpen dat men de armen niet simpelweg mag laten wegteren. Obama kan in zijn ogen weinig uitrichten, want ‘zolang er geen politieke en maatschappelijke consensus is om de kloof tussen arm en rijk te sluiten, zal er niets veranderen in Amerika.’

Westerse ontwikkelingshulp werkt averechts

Een tweede thema waar hij zware kritiek op uit is de Westerse ontwikkelingshulp. ‘Het is mijn overtuiging dat de Westerse geldtransfers de situatie in regio’s zoals Afrika de afgelopen decennia hebben verslechterd, niet verbeterd.’ Dankzij deze ‘gulle giften’ konden corrupte, slechte regeringen in het zadel blijven zitten en de status quo handhaven. Bovendien verdween bij deze volken iedere prikkel om met eigen kracht hun landen op te bouwen en democratische structuren op poten te zetten.

Volgens Deaton zijn AIDS-hulp en vaccinatieprogramma’s de enige positieve uitzonderingen geweest. Daardoor zouden miljoenen mensenlevens zijn gered. Op de lange termijn kan de armoede in deze landen echter alleen worden opgelost als de handelsbarrières worden afgebouwd.

2/3 migranten kan amper lezen of schrijven

De Duitse opleidingseconoom Ludger Wöβman bevestigt wat critici al heel lang roepen, namelijk dat 2/3 van de migranten amper kan lezen of schrijven en dus zeer langdurig of permanent aangewezen zal zijn op uitkeringen. De Duitse minister voor Wetenschap en Cultuur, Johanna Wanka, erkende weliswaar dat een goede opleiding de sleutel is tot geslaagde integratie, ‘maar bij veel vluchtelingen is geen toereikend opleidingsniveau voorhanden om daar verder op te bouwen.’

Zo slaagt maar liefst 65% van de scholieren in Syrië er niet eens in om basis technieken zoals lezen, schrijven en ‘de eenvoudigste rekensommen’ onder de knie te krijgen. ‘Dat betekent dat deze scholieren, zelfs al zouden ze Duits leren spreken, amper onderwijs kunnen volgen.’ En dan steekt Syrië onderwijskundig nog gunstig af bij de meeste van zijn islamitische buurlanden.

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Harde cijfers: 70% niet eens tot lagere school in staat

De minister zei dat het een voordeel is dat heel veel migranten nog jonge mannen zijn, maar Wöβman bestrijdt dat. ‘Twee derde geldt volgens de internationale opleidingsstandaard als analfabeet.’ Die kunnen zelfs niet in de meest eenvoudige bedrijven aan het werk worden gezet. ‘Dat zijn harde cijfers. We moeten realistisch zijn, en ons erop instellen dat de meerderheid van deze jonge vluchtelingen geen 3 jarige opleiding zal kunnen voltooien.’

De statistieken van de afgelopen 2 jaar geven hem gelijk: 70% van de migranten uit Syrië, Afghanistan en Irak heeft inmiddels de basisopleiding (lager school) alweer moeten afbreken, omdat zelfs dat niveau voor hen onhaalbaar is. De enige optie is om te proberen deze mensen beperkt praktisch werk, zoals in de bouw of de zorg, te geven. Alleen de allerkleinsten kunnen, indien ze meteen naar school worden gestuurd, een betere toekomst opbouwen.

‘Maar het idee dat volwassen vluchtelingen hier het gebrek aan vakmensen zullen oplossen, is niet realistisch. Wat ons de afgelopen jaren wèl geholpen heeft is de immigratie van goed opgeleide mensen uit andere Europese landen.’ (2)

Xander

(1) Focus
(2) Zeit

mardi, 08 décembre 2015

En sortant du dollar, la Russie franchit une autre étape majeure

En sortant du dollar, la Russie franchit une autre étape majeure

par F. William Engdahl
Ex: http://resistanceauthentique.wordpress.com
 

dollarpoutine645740.jpgDepuis quelques temps, la Chine et la Fédération de Russie ont compris comme d’autres nations que le rôle de principale monnaie de réserve mondiale du dollar est leur talon d’Achille économique. Tant que Washington et Wall Street contrôleront le dollar, et aussi longtemps que la majeure partie du commerce mondial sera réglée en dollars, les banques centrales comme celles de Russie et de Chine seront obligées de stocker des dollars sous la forme de dette « sûre » du Trésor US. En effet, cette réserve de devises protège les économies de la sorte de guerre des devises qu’a connue la Russie à la fin de 2014. À l’époque, Wall Street et le bien nommé Bureau de Renseignement sur la Finance et le Terrorisme du Trésor US, se sont délestés de leurs roubles lors d’un accord US-saoudien visant à faire s’effondrer les prix mondiaux du pétrole. Désormais, Russie et Chine se dirigent sans bruit vers la porte de sortie du dollar.

Le budget de l’État russe dépend fortement du bénéfice en dollars de l’exportation d’hydrocarbures. Paradoxalement, à cause du rôle du dollar, obligées d’acheter de la dette de son Trésor, les banques centrales de Chine, Russie, Brésil, et d’autres pays diamétralement opposés à la politique étrangère US, financent de facto les guerres que Washington mène contre eux.

Cette situation change silencieusement. En 2014, la Russie et la Chine ont signé deux énormes contrats de 30 ans sur le gaz russe pour la Chine. Ces contrats précisaient que l’échange se ferait en yuans et roubles russes, pas en dollars. C’était le début du processus de dé-dollarisation qui est en train de s’accélérer aujourd’hui.

Yuan dans les réserves russes

Le 27 novembre, la Banque centrale de Russie a annoncé pour la première fois avoir intégré le yuan chinois dans ses réserves officielles. Au 31 décembre 2014, les réserves officielles de la Banque centrale de Russie se composaient de 44% de dollars et de 42% d’euros avec un peu plus de 9% de livre sterling. La décision d’inclure le yuan dans les réserves officielles russes, développera son usage au détriment du dollar sur les marchés financiers russes.

Même si elle n’est pas encore totalement convertible en d’autres devises, le négoce de la monnaie yuan a démarré à la Bourse de Moscou en 2010. Depuis lors, le volume d’échanges yuan/rouble s’est énormément développé. En août 2015, les cambistes et les compagnies russes ont acheté pour le nombre record de 18 milliards de yuans, soit environ 3 milliards de dollars, une hausse de 400% par rapport à l’année précédente.

Le rouble d’or arrive

Mais les démarches russes et chinoises pour remplacer le dollar en tant que monnaie intermédiaire dans leur commerce commun, un commerce dont le volume s’est accru considérablement depuis les sanctions des USA et de l’UE en mars 2014, n’en reste pas là.

Pour la première fois depuis août 1971, moment où Washington a unilatéralement déchiré le Traité de Bretton Woods, l’or est sur le point de faire un retour spectaculaire sur la scène monétaire mondiale. À cette époque, conseillé par le délégué personnel de David Rockefeller au Trésor, Paul Volcker, Niixon a annoncé que Washington refuse d’honorer l’obligation de son accord de rachat des dollars détenus à l’étranger contre de l’or de la Banque centrale US.

Des rumeurs persistantes racontent depuis cette époque que les chambres fortes de Fort Knox sont en réalité vides de tout or, un fait qui, s’il était avéré, signifierait que le dollar est cuit en tant que monnaie de réserve.

Washington s’en tient inflexiblement à son histoire, sa Réserve fédérale couverait une réserve de 8133 tonnes d’or. Si c’était vrai, ça dépasserait de loin le deuxième, l’Allemagne, dont les avoirs d’or officiels sont enregistrés par le FMI à 3381 tonnes.

Un bizarre événement apparu en 2014, a nourri des doutes quant aux statistiques officielles sur l’or US. En 2012, le gouvernement allemand a demandé à la Réserve fédérale de renvoyer à la Bundesbank l’or gardé pour elle par la Fed. Choquant le monde, sous le prétexte fallacieux que la Réserve fédérale « n’avait pas la possibilité de différencier les lingots d’or allemands de l’or US … », la Fed a refusé de rendre l’or à l’Allemagne. Peut-être devons-nous croire que les vérificateurs des comptes de la Réserve d’or fédérale US ont été foutus à la porte avec les compressions budgétaires ?

En 2013, dans le scandale qui a suivi, les USA ont rapatrié cinq misérables tonnes de l’or allemand à Francfort, et ont fait savoir qu’il leur faudrait jusqu’à 2020 pour compléter le rapatriement des 300 tonnes demandées. La méfiance envers la banque centrale US grandissant, d’autres banques centrales européennes ont commencé à réclamer leur or à la Fed.

Dans cette dynamique, la banque centrale russe a considérablement agrandi ses réserves d’or officielles ces dernières années. Depuis, la cadence de la poussée d’hostilité de Washington s’est beaucoup accélérée. Depuis janvier 2013, la réserve d’or officielle de Russie a pris 129%, passant à 1352 tonnes le 30 septembre 2015. En 2000, au terme des dix années de pillage de la Fédération de Russie parrainé par les USA dans les sombres années Eltsine de la décennie 1990, la Russie avait 343 tonnes d’or dans ses réserves.

Les chambres fortes de la Banque centrale de Russie qui en 1991, au moment de la chute de l’Union Soviétique, contenaient officiellement quelque 2000 tonnes d’or, avaient été dévalisées au cours du mandat controversé du directeur de la Gosbank, Viktor Gerachtchenko, qui devant la Douma, s’est dit alarmé de ne pouvoir rendre compte du lieu précis où se trouvait l’or russe.

L’époque est certes différente aujourd’hui. En matière de tonnage annuel d’or extrait des mines, la Russie a de loin détrôné l’Afrique du Sud de la troisième place de plus grand pays producteur d’or du monde. La Chine est devenue le numéro un.

Les médias occidentaux ont fait grand cas du fait que depuis les sanctions financières manigancées par les USA, les réserves en dollars de la banque centrale russe ont nettement fondu. Ce qu’ils ne signalent pas, c’est que dans le même temps, la banque centrale de Russie a acheté de l’or, beaucoup d’or. Récemment, sous les sanctions, parallèlement à la chute de 50% du prix en dollars des hydrocarbures, les réserves totales en dollars de la Russie ont baissé de quelque 140 milliards de dollars par rapport à 2014, mais d’après ce qui est constaté, les avoirs d’or ont grossi depuis lors de 30%. La Russie stocke à présent autant d’onces d’or que de fonds négociés en bourse. Selonseekingalpha.com, rien qu’en juin, elle s’est renchérie de l’équivalent de 12% de la production mondiale annuelle d’or.

Le gouvernement russe a adopté la proposition très raisonnable de Sergueï Glaziev, économiste russe et conseiller de Poutine, à savoir que la Banque centrale de Russie achète chaque once d’or extraite des mines russes à un prix attrayant garanti en rouble, afin de gonfler les avoirs d’or de l’État. Cela évitera même à la Banque centrale de devoir acheter de l’or sur les marchés internationaux avec des dollars.

Puissance hégémonique en banqueroute

Au terme des années 1980, voyant aux USA la grave crise bancaire associée à leur déclin évident dans le rôle d’après-guerre de premier pays industriel du monde, au moment où les multinationales US s’externalisaient vers des pays à bas salaires, comme le Mexique et plus tard la Chine, les Européens ont commencé à envisager une nouvelle monnaie pour remplacer le dollar-réserve, et la création des États-Unis d’Europe afin de rivaliser avec l’hégémonie US. La réaction européenne consista à pondre le traité de Maastricht au moment de la réunification de l’Allemagne, au début des années 1990. Il en a résulté la Banque centrale européenne et plus tard l’euro, un édifice terriblement bancal du toit aux fondations. En 1992, grâce aux milliards du fond spéculatif new-yorkais de George Soros, un pari suspect contre la Banque d’Angleterre et la parité de la livre réussit à écarter le Royaume-Uni et la City de Londres de l’alternative au dollar envisagée par l’UE. Pour certains de ces mêmes fonds spéculatifs, en 2010, il y avait de quoi s’enrichir facilement à déchirer l’euro à l’endroit des coutures, en s’en prenant à son talon d’Achille, la Grèce, suivie par le Portugal, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne. Depuis lors, l’UE, qui est aussi liée à Washington par l’intermédiaire des chaînes de l’OTAN, n’a guère présenté de menace pour l’hégémonie US.

Or, de plus en plus depuis 2010, tandis que Washington tentait d’imposer la domination totale du Pentagone sur le monde à l’aide des soi-disant printemps arabes truqués, visant à changer les régimes de la Tunisie à l’Égypte, en passant par la Libye et à présent de Syrie, avec de maigres résultats, la Chine et la Russie ont été poussées toutes deux dans les bras l’une de l’autre. Une alternative au dollar russo-chinoise, sous la forme d’un rouble et d’un yuan adossés tous deux à l’or, pourrait déclencher la sortie précipitée du dollar, et avec elle, une grave perte de la capacité des USA à dévoyer le rôle de réserve du dollar pour financer leurs guerres avec l’argent des autres peuples. Privilège colossal par rapport à l’état de guerre de l’hégémonie perdue des USA, cela pourrait juste donner de l’engouement envers un monde en paix.

  1. William Engdahl est consultant en risques stratégiques et conférencier. Titulaire d’un diplôme en politique de l’université de Princeton, il est auteur de best-sellers sur le pétrole et la géopolitique, en exclusivité pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

NEO, F. William Engdahl

Original : journal-neo.org/2015/12/05/russias-dollar-exit-takes-majo...
Traduction Petrus Lombard

source

Hervé Juvin : Les Etats-Unis nous imposent des règles qu'ils ne respectent pas!

Hervé Juvin : Les Etats-Unis nous imposent des règles qu'ils ne respectent pas!

8,9 milliards de dollars, c’est le montant de l’amende arbitrairement exigée à la banque française BNP par les Etats-Unis… et des exemples de ce genre, il y en a pléthore. Hervé Juvin est essayiste et économiste, il revient avec nous sur la colonisation du droit américain dans les affaires internationales…

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lundi, 07 décembre 2015

Albania, uno scenario di primo piano nel jihadismo dei Balcani

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Albania, uno scenario di primo piano nel jihadismo dei Balcani

Giovanni Giacalone

Ex: http://www.ispionline.it

L'Albania sta assumendo un ruolo centrale riguardo alla radicalizzazione islamica nei Balcani. Lo conferma l'arresto, a Tirana, di due reclutatori dell'ISIS che, tra l'altro, avevano stretti legami con l'Italia. Una questione importante è legata al contesto delle moschee radicali albanesi, potenzialmente veri e propri centri di reclutamento di individui in situazioni socio-economiche precarie, a cui l'ISIS sembra offrire "nuove opportunità". Per questo motivo, e perché si contano già più di 140 jihadisti albanesi in Siria, l'Albania risulta un paese a rischio: da monitorare con attenzione.

L’Albania è recentemente diventata un panorama di primo piano per quanto riguarda la radicalizzazione islamista nei Balcani, con reti di propaganda e reclutamento attive sul territorio e con una stima di 140-160 jihadisti partiti per la Siria con l’obiettivo di unirsi a Isis e a gruppi qaedisti.  Risultano numerose le moschee fuori controllo, terreno potenzialmente fertile per la propaganda jihadista ed emergono inoltre interessanti i legami con l’Italia.

La rete di Genci Balla e Bujar Hysa e i legami con Almir Daci

Il principale network albanese di reclutamento era guidato da Genci Balla e Bujar Hysa, due imam attualmente in carcere a Tirana e sotto processo con l’accusa di propaganda e reclutamento. I predicatori erano stati arrestati nel marzo 2014 assieme ad altri sette individui: Gert Pashja (il punto di riferimento in Turchia che coordinava i viaggi dall’Albania alla Siria), Fadil Muslimani, Orion Reci, Edmond Balla, Astrit Tola, Zeqir Imeri e Verdi Morava.  Imeri e Hysa sono inoltre stati accusati di detenzione e fabbricazione di armi (Art. 278/2 Cod Penale albanese).1

Due degli arrestati avevano legami, diretti o indiretti, anche con l’Italia; Verdi Morava aveva infatti risieduto per diversi anni in Italia, dove aveva conseguito una laurea in ingegneria meccanica ed era inoltre titolare di una società di trasporti a Bologna.

Grande-albanie.pngBujar Hysa aveva invece svolto un ruolo chiave nel reclutamento di Aldo Kobuzi e di Maria Giulia Sergio. A inizio gennaio 2014 veniva intercettata una telefonata tra Hysa e il cognato di Aldo, Mariglen Dervishllari, il quale avvertiva l’imam: “Ti sto mandando mio fratello; gli ho dato il tuo numero di cellulare”.  Senza il supporto della rete di Balla e Hysa sarebbe stato impossibile per i due volontari jihadisti organizzare  e finanziarsi il viaggio in Siria.

Anche Dervishllari e sua moglie, Serjola Kobuzi, pare siano giunti in Siria grazie al supporto della medesima rete di reclutamento. E’ tra l’altro di due giorni fa la conferma della morte di Mariglen Dervishllari, avvenuta in territorio siriano e in circostanze ancora da chiarire.

Un altro personaggio che merita attenzione è Almir Daci, ex imam della moschea di Leshnica, nella zona di Pogradec, anch’egli legato alla rete di Balla e Hysa. Daci è apparso con il nome  “Abu Bilqis Al-Albani” nel noto video sui Balcani rilasciato dall’Isis a giugno 2015 e dal titolo “Honor is Jihad”. Daci non era soltanto in contatto con Dervishllari ma è anche ritenuto responsabile del reclutamento di Ervis Alinji e Denis Hamzaj, due ragazzi albanesi presumibilmente morti in Siria. Secondo fonti di Tirana, Hamzaj si sarebbe laureato in un’università italiana prima di rientrare in Albania e scomparire.2

Le moschee radicali

La Comunità Islamica Albanese (KMSH) ha recentemente chiesto l’aiuto delle Istituzioni per controllare le moschee radicali.  Secondo alcune stime sarebbero ben 89 le moschee a rischio e fuori della giurisdizione della KMSH, molte delle quali in zone ritenute a rischio, come la periferia di Tirana, Kavaja, Cerrik, Librazhd e Pogradec. Nei mesi scorsi sono poi stati segnalati diversi nuovi cantieri destinati alla costruzione di moschee e i cui finanziamenti risultano al momento poco chiari.3,4,5

In settimana presso la moschea Mezezit di Tirana, dove predicava Bujar Hysa, è stato nominato un imam ufficiale legato alla Comunità Islamica Albanese; potrebbe essere il primo passo verso una serie di misure che prevedono un allargamento del controllo sulle moschee da parte dell’Islam ufficialmente riconosciuto.

Albania come “trampolino di lancio” per i jihadisti

I reclutatori dell’Isis trovano terreno fertile in Albania,  focalizzandosi in molti casi su individui in precarie condizioni sociali, culturali ed economiche; è a questo punto che entra in gioco il meccanismo di reclutamento individuato dall’analista russo Alexei Grishin, fondato su approcci individuali al reclutamento, a seconda dell’età, del sesso, della condizione socio-psicologica del “candidato”. Un vero e proprio processo di “screening” col quale si individuano i “punti sensibili” sui quali far leva: risentimento nei confronti del contesto sociale, disagio economico, problematiche psicologiche di rilievo, esigenze personali. Non a caso l’Isis promette un’identità, uno stipendio, il matrimonio, illude i potenziali reclutati di ricoprire un ruolo di tutto rilievo nella costruzione di un’entità statale secondo dei dettami religiosi totalmente decontestualizzati e manipolati.

Al momento le stime ufficiali parlano di circa 140 jihadisti albanesi attivatisi in Siria: una trentina sarebbero rientrati in patria, una decina sarebbero morti. I nuclei familiari di albanesi trasferitisi nello “Stato Islamico” sarebbero  intorno ai 18 e 17 gli orfani.6

Conclusione

L’Albania sta progressivamente assumendo un ruolo di primo piano nel panorama jihadista balcanico, sia come sede di radicalizzazione e reclutamento e sia come luogo di partenza per la Siria. Uno scenario che non è certo da meno rispetto a quello bosniaco, con una storia di radicalizzazione un po’ più datata. L’incremento del radicalismo nel Pase delle Aquile rischia di avere conseguenze, dirette e indirette, anche sull’Italia, vista la vicinanza geografica e gli intensi rapporti tra le due aree; un contesto dunque da monitorare attentamente.

Giovanni Giacalone,  ISPI Associate Research Fellow

1.http://www.pp.gov.al/web/Prosecution_Office_sent_to_trial...

2.http://www.itstime.it/w/il-video-di-is-sui-balcani-a-mess...

3.http://www.lapsi.al/lajme/2015/11/26/raporti-sekret-89-xh...

4.http://www.balkaninsight.com/en/article/albania-muslims-c...

5.http://shqiptarja.com/home/1/gurra-xhamia-e-unaz-s-s--re-...

6.http://www.lapsi.al/lajme/2015/11/26/ekskluzive-17-f%C3%A...

Documento: 

commentarygiacalone1.12.2015.pdf

Les sept péchés capitaux de la diplomatie française

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Les sept péchés capitaux de la diplomatie française

Auteur : Guillaume Berlat pour Proche&Moyen-Orient (Suisse)
Ex: http://zejournal.mobi

« La fin des illusions est une illusion. Mais on peut toujours améliorer ses illusions ». Au moment où le président de la République, François Hollande procède à un aggiornamento de sa politique étrangère sur le dossier syrien (Cf. son discours du 16 novembre 2015 devant le Congrès réuni à Versailles), il est utile de s’interroger sur les raisons de cette (r)évolution. Les signes avant-coureurs de l’impasse dans laquelle se fourvoyait la France étaient pourtant perceptibles, depuis au moins deux à trois ans, pour celui qui acceptait de regarder la réalité en face. De façon schématique, et si l’on s’en tient aux leçons de l’expérience, la diplomatie française conduite par Laurent Fabius sous l’autorité de François Hollande a péché au moins à sept titres.

PREMIER PÉCHÉ : L’AVEUGLEMENT (« Errare humanum est. Perseverare diabolicum »)

A maints égards, le dossier syrien constitue un cas d’école de l’aveuglement sur une grave crise diplomatique de nos élites formés dans les meilleures écoles de la République (ENA, Normale Sup, HEC, X…), celles qui peuplent le tiers des cabinets ministériels. Deux exemples concrets illustrent cet aveuglement. D’une part, comment peut-on soutenir contre toute évidence avec une constance qui mérite louange le « ni Daech, ni Bachar » ? La sécurité de la France passe par le choix entre deux moindres maux. Les attentats du 13 novembre 2015 en fournissent la preuve éclatante. D’autre part, « cessons enfin de prétendre qu’il y a une opposition modérée en Syrie. Il y avait bien une opposition civile en 2011, mais elle a quitté le pays. Les Américains ont aussi tenté d’aider à la constitution d’un camp modéré, sans y parvenir. Mais tout cela est illusoire ». Ceci relève de la méthode Coué.

DEUXIÈME PÉCHÉ : L’HYPERCOMMUNICATION (« La parole est d’argent, le silence est d’or »)

Nous sommes entrés dans l’univers de la com’passion. Les décideurs parlent trop : le président de la République, le premier ministre, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius qui communique tous azimuts. Ses ambassadeurs sont contraints de se plier à toutes les exigences de son nouveau graal, la diplomatie numérique. A tel point que l’on se demande si la communication ne tient pas lieu de diplomatie avec les errements que l’on sait. A tel point que l’on se demande si la communication n’est pas inspirée par l’immédiateté politicienne plutôt que par le souci de solutions durables. A tel point que l’on se demande si la politique de communication omniprésente ne remplace pas la réflexion stratégique de long terme indispensable à la cohérence de toute action. « La communication tue la communication » (Philippe Labro).

TROISIÈME PÉCHÉ : L’EXCLUSION (« Exclure, c’est radicaliser », Bertrand Badie)

Alors que « le propre de la diplomatie est de chercher à réduire ce qui sépare et, essentiellement, les conflits ainsi que leur cortège de drames » (Bertrand Badie), Laurent Fabius n’a de cesse de se situer dans une démarche d’antidiplomatie visant à sanctionner, à exclure des acteurs incontournables du drame syrien que sont l’Iran et la Russie. Tout ceci nous conduit dans une impasse diplomatique. Au lieu d’être acteur des évolutions dans la région, nous sommes cantonnés au rôle peu enviable de spectateur impuissant. Au lieu de peser sur le cours des négociations, nous les subissons en feignant de les organiser. Faute d’en finir avec son angélisme rafraichissant, Laurent Fabius, notre ministre des Affaires étrangères deviendra vite étranger à toutes les affaires du monde. Il restera dans l’Histoire comme l’inventeur d’une nouvelle branche de la diplomatie : la patadiplomatie.

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QUATRIÈME PÉCHÉ : L’IMPRÉVISION (« Gouverner, c’est prévoir »)

Crée en 1974 par Michel Jobert, le centre d’analyse et de prévision (CAP) a pour mission de fournir au ministre des Affaires étrangères des études indépendantes accompagnées d’options pour l’avenir. Bernard Kouchner le transforme en direction de la prospective (DP) alors que Laurent Fabius la fait évoluer en centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS). Au lieu de fournir une pensée iconoclaste au ministre, à fronts renversés de la pensée orthodoxe des services, le CAPS va au-devant de ce qu’il pense pour le conforter dans ses idées. Ses travaux frappent par leur manque de clairvoyance (« vue exacte, claire et lucide des choses ») qui débouche sur un défaut de préscience (« faculté ou action de prévoir des évènements à venir »). Il suffit de prendre connaissance de la dernière livraison des Carnets du CAPS intitulée : « Question (s) d’Orient (s) ».

CINQUIÈME PÉCHÉ : LA SOUS-INFORMATION (« Bien informés, les hommes sont des citoyens ; mal informés, ils deviennent des sujets », Alfred Sauvy)

L’information est la fonction principale dévolue aux diplomates. Ce rôle est d’autant plus important dans les périodes de crise comme celle prévalant en Syrie. Or, que décide Alain Juppé en mars 2012 ? De fermer l’ambassade de France à Damas, privant notre pays d’un canal d’information et de discussion irremplaçable avec le régime de Bachar Al-Assad, si critiquable soit-il ! Cette décision n’est pas remise en cause par son successeur qui en rajoute. Laurent Fabius ordonne aux services de renseignement français de cesser toute forme de relations avec leurs homologues syriens. Quand on sait le poids de la communauté du renseignement dans les pays autoritaires, on imagine le résultat. Or, les Allemands conservent ce canal ouvert en dépit des vicissitudes de la diplomatie. La France est ainsi contrainte d’agir en aveugle.

SIXIÈME PÉCHÉ : LE MORALISME (« Il faut que cesse enfin la double morale des diplomates », Bismarck)

Dès sa prise de fonctions, Laurent Fabius fait de la diplomatie économique sa priorité, situation économique de la France oblige. Il est vrai qu’il attache, du moins en paroles moins dans les actes, une égale importance à la diplomatie des droits de l’homme, rappelant à qui veut l’entendre que la France est la patrie des droits de l’Homme. Or, où situe-t-il le curseur entre ces deux impératifs contradictoires ? La réponse n’est pas évidente à deviner tant notre condamnation des violations des droits de l’homme est à géométrie variable. Il n’est qu’à voir notre exigence avec les uns (Russie) et notre mansuétude avec les autres (Arabie Saoudite) sans parler de nos grands discours sur la démocratie et les élections que nous tenons uniquement quand les résultats nous conviennent.  Tout ceci est une aimable plaisanterie d’une rare hypocrisie !

LE SEPTIÈME PÉCHÉ : L’EXCÉS DE ZÈLE (« Pas de zèle », Talleyrand)

Talleyrand avait coutume d’inciter ses services à la prudence qu’il résumait pas la formule « pas de zèle ». Il rejoignait ainsi le bon sens populaire qui incite à ne pas confondre vitesse et précipitation. François Mitterrand disait qu’il fallait donner du temps au temps. Les armes du diplomate sont la pensée, la raison, la mesure et la retenue. La diplomatie ne se résume pas à une posture. Au fil des années, la politique étrangère de la France au Proche et au Moyen-Orient est devenue incompréhensible et la diplomatie, qui en est la traduction quotidienne, est devenue brouillonne et inaudible. Or, si Laurent Fabius excelle dans le commentaire à chaud de l’actualité, il pèche par son déficit de réflexion de long terme sur des problématiques globales « Et si on revenait aux vraies causes pour trouver les vrais remèdes ? » (Bertrand Badie). Là est la question fondamentale !

L’ÉTRANGE DÉFAITE

A toute chose malheur est bon. Les attentats du 13 novembre 2015 contraignent le président de la République à ajuster sa politique étrangère, le ministre des Affaires étrangères sa diplomatie. Si le Quai d’Orsay se livrait à un exercice d’introspection sur sa politique en Syrie depuis le début des « révolutions arabes » – ce que dans le langage militaire on qualifie de retex pour retour d’expérience -, il mettrait en évidence les causes de l’aveuglement de la Maison des bords de Seine. La crise syrienne devrait être enseignée dans les écoles diplomatiques comme l’exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire. A la manière d’un Marc Bloch se penchant à chaud sur les causes de l’effondrement de 1940, il y aurait largement matière à disserter sur la genèse de l’étrange défaite.

Guillaume Berlat

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Jean-François Bayart: «La France est droguée à l'argent des pétromonarchies»

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Jean-François Bayart: «La France est droguée à l'argent des pétromonarchies»

Ex: http://www.letemps.ch

Pour le professeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, la France a fait preuve d’aveuglement en concluant des accords de défense avec les pays du Golfe

Les attentats de Paris ont braqué les projecteurs sur les liens qu’entretient la diplomatie française avec l’Arabie saoudite, épicentre de l’idéologie salafiste. Professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève (IHEID), Jean-François Bayart s’est notamment intéressé aux conditions qui ont amené la France à se rapprocher des monarchies pétrolières du Golfe et, au-delà, des régimes arabes sunnites.

Le Temps: L’Arabie saoudite, le meilleur ennemi de la France?

Jean-François Bayart: C’est en tout cas le résultat d’une alliance avec les pétromonarchies dont nous recevons aujourd’hui l’effet de boomerang. A partir des années 1970 ont été signés toute une série d’accords de défense entre la France et les Emirats arabes unis, puis le Qatar et dans une moindre mesure le Koweït, auxquels s’ajoute en outre un partenariat très développé avec l’Arabie saoudite de même qu’avec le Pakistan. Le propos des Français était avant tout commercial. Nous sommes alors dans le contexte des chocs pétroliers et d’un grave déficit de la balance commerciale de la France. Le premier objectif concernait ce que l’on appelle «les grands marchés», dont l’exportation française est très tributaire, à l’inverse par exemple de l’Allemagne dont les exportations reposent davantage sur un tissu de petites et moyennes entreprises beaucoup plus dense et performant.

Dans ces accords de défense, certaines clauses secrètes et différées dans le temps. Ces clauses étaient «très engageantes» comme on dit dans le vocabulaire militaire français, c’est-à-dire qu’elles impliquent l’automaticité. Très concrètement, si demain il y a un conflit entre l’Iran et le Qatar, ces accords de défense stipulent l’intervention militaire automatique de la France.

Les Français en sont-ils conscients?

Ces accords, signés par le gouvernement, ont reçu une approbation parlementaire, mais en l’absence de tout débat public. La France à cette époque s’est un peu droguée aux «grands marchés». Mais c’était une drogue douce, progressive, qui n’a déployé ses effets dramatiques que vingt ou trente ans plus tard. Ce sont par exemple ces installations militaires, que Nicolas Sarkozy inaugure en grande pompe aux Emirats arabes unis ou au Qatar, mais en se gardant bien de faire référence à la chronologie. Or il s’agit bien du résultat d’une politique bipartisane qui s’est nouée dans les années 1970. Par la suite, Sarkozy a joué la surenchère, en faisant du Qatar notre principal partenaire dans le Golfe, avec de toute évidence l’existence de contreparties, sur lesquelles nous n’avons pas d’information.

Le vrai problème c’est que la France a progressivement confondu ses intérêts avec ceux des pays du Golfe, Irak compris. En 1979, lorsque arrive la révolution iranienne, la France voit la région à travers les yeux du camp sunnite. Et lorsque l’Irak de Saddam Hussein, derrière lequel sont alignées les pétromonarchies, lancera une guerre d’agression contre l’Iran, Paris le soutiendra ainsi très activement. Aujourd’hui encore, nous payons le prix de cette aliénation de l’Iran.

hollande-arabie-saoudite-iran.jpgEt l’expansion de l’idéologie salafiste?

Idéologiquement et politiquement, nous n’avons pas vu que nos alliés du Golfe, et le Pakistan, contribuaient à diffuser, à l’échelle régionale, voire mondiale, une forme d’islam qui était loin d’être sympathique pour nos intérêts. Cet effet a été particulièrement désastreux en Afrique de l’Ouest parce que les années 1980 et 1990 sont des années d’ajustement structurel où nous-mêmes, comme bailleurs de fonds, nous détruisons systématiquement les capacités de l’Etat séculariste hérité de l’indépendance. Nous détruisons l’hôpital public, l’éducation publique, et nous affaiblissons les capacités administratives de ces Etats. Or, la nature ayant horreur du vide, le manque a été comblé par les organisations islamiques financées par l’Arabie saoudite et les pétromonarchies. On a parlé à tort d’une «réislamisation» de ces sociétés. En vérité, ces sociétés n’ont jamais cessé d’être musulmanes. Mais dans un contexte de paupérisation qu’accéléraient les programmes d’ajustement structurel ces sociétés ont cessé d’être séculières, avec la destruction de l’Etat sécularisé. La propagation d’un islam salafiste, qui n’est pas forcément djihadiste, c’est le fruit direct de notre politique.

Et aujourd’hui?

Nous continuons d’être drogués, nous ne sommes pas du tout sur la voie du sevrage. La seule inflexion de François Hollande, c’est qu’il a pris ses distances vis-à-vis du Qatar pour se jeter dans les bras de l’Arabie saoudite. Mais, concrètement, le président socialiste réitère cette politique pour les mêmes raisons mercantiles que dans les années 1970. C’est ainsi qu’il demande à l’Arabie saoudite de financer le réarmement de l’armée libanaise, si possible avec des armes françaises, ou que, par Egypte interposée, cette même Arabie saoudite nous signe un chèque pour les frégates Mistral en nous sortant ainsi du mauvais pas où nous avait mis Sarkozy avec la Russie.

Or ces régimes sur lesquels compte la France sont complètement opaques, et ils ne se contrôlent pas eux-mêmes. L’Etat saoudien lui-même, où ce qui en tient lieu, est incapable de vérifier ce que font les princes saoudiens en matière de financement, par exemple. Dans la région, ce n’est pas le seul Etat qui laisse une grande place à la famille, à être lignager. Mais ici, ce serait plutôt une famille sans Etat. En Arabie saoudite, il n’y a que le lignage et les mercenaires.

Jean-François Bayart et la chaire Yves Oltramare organisent un colloque sur l'effondrement des empires d'Europe centrale et orientale et ses conséquences pour les Etats de la région. Lundi 7 et mardi 8 décembre, Maison de la Paix.

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Große Zahlen am unteren Rand der Gesellschaft, ein wachsendes kulturfremdes Proletariat

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Große Zahlen am unteren Rand der Gesellschaft, ein wachsendes kulturfremdes Proletariat

Thilo Sarrazin

Ex: http://www.achgut.com

Monatelang strömten täglich 8.000 bis 10.000 Flüchtlinge und illegale Einwanderer über deutsche Grenzen. Bis Mitte November wurden 1 Million Asylbewerber registriert. Das zuständige Bundesamt hat aber in diesem Jahr bis Oktober wegen Überlastung nur 330.000 Erstanträge angenommen und von diesen lediglich 200.000 Anträge beschieden, davon 60 Prozent negativ. Der Bearbeitungsstau ist also ungeheuer. Von den Abgelehnten dürfen die meisten trotzdem bleiben, denn die Zahl der Abschiebungen ist minimal und beläuft sich in diesem Jahr nur auf ca. 15.000.

Rechtzeitig zum ersten Advent gab es nun gute Nachrichten: Mazedonien lässt nur noch Syrer, Iraker und Afghanen durch, die Zahl der täglichen Neuankünfte sank auf knapp 2.000. Die Hoffnung auf eine Weihnachtsruhe beim Migrantenstrom breitet sich aus. Immer routinierter werden die Verfahren zur Registrierung und regionalen Verteilung der Asylbewerber. Die Hersteller von Behelfsunterkünften erfahren einen Boom. In Berlin wird sogar das alte Tempelhofer Flugfeld für die Aufstellung solcher Unterkünfte zur Verfügung gestellt. Nein, unbehauste und frierende Asylbewerber wird es zu Weihnachten 2015 in Deutschland nicht geben. Das immerhin hat die deutsche Verwaltung geschafft.

Aber wir wissen weiterhin nicht genau, wer da gekommen ist - außer, dass die meisten junge Männer sind, viele keinen Ausweis haben, nur wenige Englisch können oder eine in Deutschland brauchbare berufliche Bildung haben. Nach neuen Umfragen halten die Unternehmen die Neuankömmlinge nur als Hilfsarbeiter für einsatzfähig, 60 Prozent erklären aber, dass sie keine Hilfsarbeiter brauchen.

Weiterhin will niemand von Obergrenzen für Asylbewerber sprechen. Das Wort Kontingent wird jetzt immerhin schon mal in den Mund genommen.

Wie ein Mantra trägt die Bundesregierung die Forderung nach einer “europäischen Lösung” vor sich her. Aber spätestens seit den Terroranschlägen in Paris ist die Aussicht auf einen europäischen Verteilungsmodus in ganz nebelhafte Ferne gerückt. Frankreich hat seine Grenzen auf unabsehbare Zeit für weitere Einwanderung geschlossen. In Italien oder Griechenland möchte sowieso kein Asylbewerber bleiben. Schweden hat erklärt, die Grenze der Belastungsfähigkeit erreicht zu haben, Osteuropa scheidet gänzlich aus, so bleiben Österreich und Deutschland.

Angela Merkel sagte im Bundestag, eine “solidarische Verteilung von Flüchtlingen” auf die Mitgliedstaaten der EU sei nicht “irgendeine Petitesse, sondern berührt die Frage, ob der Schengenraum auf Dauer aufrechterhalten werden kann”. Die große Türöffnerin und Hüterin der Willkommenskultur beginnt öffentlich erkennbar damit, an einer Hintertür zu zimmern, durch die sie das Gefängnis ihrer Festlegungen nach Bedarf verlassen kann. Eine “Drohung” sei das natürlich nicht, nur eine “Sorge”. Ihre Aussage, dass Mauern und Zäune keine Lösung seien, wiederholte sie nicht.

Niemand weiß, wie es weiter gehen soll:

- In der großen Koalition gelingt es offenbar nicht, schärfere Regeln zum Familiennachzug durchzusetzen. Wenn eine Million Asylbewerber bleiben dürfen, werden daraus schon auf diesem Wege - durch Kettenwanderung und natürliche Fruchtbarkeit - in einigen Jahren fünf Millionen werden. Kommen im nächsten Jahr 500.000, so werden daraus irgendwann 2,5 Millionen etc. So entstehen im Nu sehr große Zahlen am unteren Rand der Gesellschaft, ein wachsendes kulturfremdes Proletariat.

- Wohin das führen kann, sieht man an den französischen Banlieues. Dort wächst eine Fremdheit heran, die sich in Feindseligkeit gegen die aufnehmende Gesellschaft wendet. Es ist die gegenwärtige Lebenslüge Frankreichs und ganz Europas, dass der Terrorismus allein ein Produkt des IS sei. Er ist auch ein perverser Lebensausdruck der gescheiterten muslimischen Jugend in Europa.

- Immerhin nimmt so die Einsicht zu, dass aus gläubigen Muslimen nicht automatisch säkulare Europäer werden, sondern dass der Zusammenprall der Kulturen mit noch größerer Wahrscheinlichkeit in wachsenden Fundamentalismus führt. Der Parteivorsitzende der Grünen, Chem Özdemir, wies in diesen Tagen mit bemerkenswerter Offenheit darauf hin, dass die europäischen Muslime aus dem Zugriff der fundamentalistischen Strömungen in ihren Heimatländern gelöst werden müssen. Aber auch er weiß offenbar keinen Rat, wie das geschehen soll. In einer freien Gesellschaft dürfen auch Salafisten für ihren Glauben werben, und man wird auch nicht verbieten können, dass die Türkei Imame in Deutschland bezahlt und Saudi-Arabien Moschee-Gemeinden in Deutschland finanziell unterstützt.

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Schengen wird nicht mit einem Knall zerplatzen, es wird eine stillen Tod auf Raten sterben. Das hat bereits begonnen: 

- Die Hoffnung, man könne sich auf einen Verteilungsmodus für Asylbewerber einigen, hat sich als Illusion erwiesen.

- Ebenso die Erwartung, die Griechen oder Italiener könnten die Außengrenzen Europas wirksam schützen oder würden dies auch nur wollen.

- In den nächsten Wochen wird die Hoffnung sterben, man könne die Türkei zum Wächter der europäischen Grenzen machen.

Was tun, wenn im Frühling 2016 die Migrantenströme wieder zunehmen:

- Wird man dann einen Zaun an der deutschen Grenze zu Österreich gebaut haben? Wohl kaum.

- Wird man die Bundeswehr zum Schutz der Grenze einsetzen? Vielleicht.

- Wird man zulassen, dass militärische Gewalt gegen Grenzverletzer eingesetzt wird? Sehr unwahrscheinlich.

Es ist schon ein bisschen pervers: Die Bundeswehr soll im vom Bürgerkrieg zerrissenen Mali auf “Friedensmission” gehen, sie soll Aufklärungsflüge in Syrien fliegen, sie bildet kurdische Kämpfer im Irak aus. Nur die Grenzen des eigenen Landes verteidigen, das soll sie offenbar nicht.

Dafür - und nur dafür - wurde sie aber einst geschaffen.

Zuerst erschienen in der Zürcher Weltwoche

dimanche, 06 décembre 2015

En dynamitant le gazoduc South Stream, l'Union Européenne fait encore davantage pivoter la Russie et la Turquie vers l'Eurasie

L’Union européenne aurait donc infligé une défaite à Poutine en le forçant à abandonner le projet de gazoduc South Stream. C’est du moins ce qu’entonnent les médias institutionnels occidentaux. Quelle absurdité ! La réalité sur le terrain va dans un tout autre sens

En abandonnant le gazoduc South Stream au profit d’un Turk Stream, la toute dernière manœuvre spectaculaire dans la saga du Pipelinistan [1] ne manquera pas de causer une énorme onde de choc géopolitique dans toute l’Eurasie, et ce, pour un bon moment. C’est le nouveau grand jeu eurasiatique à son meilleur.

Résumons. Il y a quelques années, la Russie a conçu deux projets de gazoduc : le Nord Stream (aujourd’hui pleinement opérationnel) et le South Stream (toujours à l’état de projet), afin de contourner l’Ukraine, qui est peu fiable comme pays de transit. Voilà maintenant que la Russie propose un nouvel accord avantageux avec la Turquie, qui lui permet d’ignorer la position de la Commission européenne, qui n’est pas constructive (dixit Poutine).

 Une récapitulation s’impose pour comprendre le jeu en cours. Il y a cinq ans, j’ai suivi de très près l’opéra absolu [2] du Pipelinistan qu’était la guerre des gazoducs rivaux South Stream et Nabucco. Nabucco avait fini par être écarté. Le South Stream pourrait éventuellement ressusciter, mais seulement si la Commission européenne retrouve ses sens (ne parions pas là-dessus)

S’étendant sur 3 600 kilomètres, le South Stream devait être en place en 2016. Ses embranchements devaient atteindre l’Autriche, les Balkans et l’Italie. Gazprom en possède 50 % des parts, l’italienne ENI 20 %, la française EDF 15 % et l’allemande Wintershall, une filiale de BASF, 15 %. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces grandes sociétés énergétiques européennes ne sont pas particulièrement enchantées. Pendant des mois, Gazprom et la Commission européenne tergiversaient à propos d’une solution. Sans surprise, Bruxelles a fini par succomber à sa propre médiocrité ainsi qu’aux pressions continuelles des USA par rapport à la Bulgarie, son maillon faible.

La Russie va toujours construire un gazoduc sous la mer Noire, sauf qu’il sera redirigé vers la Turquie et livrera la même quantité de gaz que celle prévue dans le projet South Stream (un point crucial). La Russie va aussi construire un nouveau terminal pour le gaz naturel liquéfié (GNL) en Méditerranée. Gazprom n’a donc pas dépensé cinq milliards de dollars (financement, coûts d’ingénierie) en vain. La réorientation s’avère un choix judicieux du point de vue économique. La Turquie est le deuxième client en importance de Gazprom après l’Allemagne. Son marché est plus important que ceux de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’Autriche réunis.

La Russie propose aussi un réseau unique de transport gazier capable de livrer du gaz naturel de partout en Russie à n’importe quel terminal à ses frontières.

Finalement, comme si elle en avait besoin, la Russie obtient une autre preuve éclatante que le véritable marché à forte croissance de l’avenir, c’est en Asie qu’il se trouve, plus particulièrement en Chine, et non pas dans une Union européenne timorée, stagnante, dévastée par l’austérité et paralysée politiquement. Le partenariat stratégique russo-chinois en constante évolution sous-entend que la Russie est complémentaire à la Chine, en excellant dans les projets d’infrastructure majeurs comme la construction de barrages et l’installation de pipelines. Nous assistons ici à des relations d’affaires trans-eurasiatiques ayant une grande portée géopolitique et non pas à l’adoption de politiques teintées d’idéologie.

http://tlaxcala-int.org/upload/gal_9597.jpg

Alexandr Zudin

 Une défaite russe ? Vraiment ?

La Turquie aussi en sort gagnante. Car outre l’accord avec Gazprom, Moscou va mettre sur pied rien de moins que l’ensemble de l’industrie nucléaire de la Turquie, sans oublier l’augmentation des échanges liés au pouvoir de convaincre (plus de commerce et de tourisme). Mais avant tout, la Turquie se rapproche encore plus d’être acceptée comme membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Moscou milite activement en ce sens. La Turquie accéderait ainsi à une position privilégiée comme plaque tournante à la fois de la ceinture économique eurasiatique et, évidemment, de la ou des nouvelles routes de la soie chinoises. L’Union européenne bloque l’entrée de la Turquie ? La Turquie se tourne vers l’Est. Un exemple éloquent d’intégration eurasiatique.

Washington fait tout en son pouvoir pour créer un nouveau mur de Berlin s’étendant des pays baltes à la mer Noire, afin de mieux isoler la Russie. Pourtant, l’équipe chargée de ne pas faire de conneries à Washington n’a jamais vu venir le dernier coup que le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine leur réservait, à partir de la mer Noire en plus.

Depuis des années, Asia Times Online rapporte que l’impératif stratégique clé de la Turquie est de se positionner comme un carrefour énergétique indispensable de l’Orient à l’Occident, d’où transitera aussi bien le pétrole irakien que le gaz naturel de la mer Caspienne. Du pétrole de l’Azerbaïdjan transite déjà par la Turquie via l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) mis de l’avant par Bill Clinton et Zbig Brzezinski. La Turquie deviendrait aussi le carrefour du gazoduc transcaspien, si jamais il se concrétisait (rien n’est moins sûr), pour acheminer le gaz naturel du Turkménistan à l’Azerbaïdjan, puis à la Turquie jusqu’à sa destination finale en Europe.

Ce qu’a accompli le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine en un seul coup, c’est de faire en sorte que les sanctions stupides imposées par l’Union européenne se tournent de nouveau contre elle. L’économie allemande souffre déjà beaucoup des pertes commerciales avec la Russie.

La brillante stratégie de la Commission européenne gravite autour de ce qu’on appelle le troisième paquet énergie, qui oblige les gazoducs et leur contenu d’appartenir à des sociétés distinctes. La cible a toujours été Gazprom, qui possède des gazoducs dans de nombreux pays en Europe centrale et de l’Est. Puis la cible dans la cible a toujours été le gazoduc South Stream.

Il appartient maintenant à la Bulgarie et à la Hongrie qui, soit dit en passant, se sont toujours opposées à la stratégie de la Commission européenne, d’expliquer le fiasco à leurs populations et de maintenir la pression sur Bruxelles. Après tout, ces pays vont perdre une fortune, sans parler du gaz qu’ils n’obtiendront pas avec la mise au rancart du South Stream.

Voici ce qu’il faut retenir :

  • la Russie vend encore plus de gaz… à la Turquie ;
  • la Turquie obtient le gaz dont elle a grandement besoin à un prix d’ami ;
  • les membres de l’Union européenne, sous la pression de l’Empire du Chaos, en sont réduits à courir encore et encore comme des poules sans tête dans les sombres couloirs de Bruxelles, en se demandant qui les a décapités.

Pendant que les atlantistes reviennent à leur mode par défaut et concoctent encore d’autres sanctions, la Russie continue à acheter de plus en plus d’or.

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La relation Turquie-Russie, vue par le dessinateur libanais Hassan Bleibel : désaccord sur la Syrie, la Crimée et Chypre, accord sur le gaz et le pétrole

 Méfiez-vous des lances néoconservatrices

Le jeu n’est pas terminé, loin de là. Dans un proche avenir, bien des variables vont se croiser.

Ankara pourrait changer son jeu, mais c’est loin d’être assuré. Le président Erdogan, le sultan de Constantinople, voit sûrement dans le calife Ibrahim de l’EIIS/EIIL/Da’ech un rival voulant lui ravir sa superbe. Le sultan pourrait ainsi caresser l’idée d’atténuer ses rêves néo-ottomans et revenir à sa doctrine de politique étrangère précédente, soit zéro problème avec nos voisins.

Pas si vite ! Jusqu’ici, Erdogan était engagé dans le même jeu que la maison des Saoud et la maison des Thani, c’est-à-dire se débarrasser d’Assad pour assurer la mise en place d’un oléoduc partant de l’Arabie saoudite et d’un gazoduc partant du gisement gazier géant South Pars/North Dome au Qatar. Ce gazoduc liant le Qatar, l’Irak, la Syrie et la Turquie entre en concurrence avec le gazoduc Iran-Irak-Syrie déjà proposé, dont les coûts s’élèvent à 10 milliards de dollars. Le client final, c’est bien sûr l’Union européenne, qui cherche désespérément à échapper à l’offensive de Gazprom.

Qu’arrivera-t-il maintenant ? Erdogan va-t-il mettre fin à son obsession qu’Assad doit partir ? Il est trop tôt pour le dire. Le ministère des Affaires étrangères turc est en effervescence. Washington et Ankara sont sur le point de s’entendre à propos d’une zone d’exclusion aérienne le long de la frontière turco-syrienne même si, plus tôt cette semaine, la Maison-Blanche a insisté pour dire que l’idée avait été rejetée.

La maison des Saoud a l’air d’un chameau dans l’Arctique. Son jeu meurtrier en Syrie s’est toujours résumé à un changement de régime pour permettre la construction éventuelle d’un oléoduc de la Syrie à la Turquie parrainé par les Saoudiens. Voilà maintenant que les Saoudiens constatent que la Russie est sur le point de répondre à tous les besoins énergétiques de la Turquie, en occupant toujours une position privilégiée pour vendre encore plus de gaz à l’Union européenne dans un proche avenir. Qui plus est, Assad doit partir ne part pas.

Pour leur part, les néoconservateurs aux USA affûtent leurs pointes de lance empoisonnées avec enthousiasme. Dès le début de 2015, une loi sur une Ukraine libre pourrait être déposée à la Chambre des représentants. L’Ukraine y sera décrite comme un important allié des USA non membre de l’Otan, ce qui se traduira, en pratique, par une annexion virtuelle à l’Otan. Il faudra ensuite s’attendre à encore plus de provocation néoconservatrice turbopropulsée contre la Russie.

Un scénario possible serait qu’un vassal et chiot comme la Roumanie ou la Bulgarie, sous la pression de Washington, décide d’accorder aux navires de l’Otan le plein accès à la mer Noire. De toute façon, qui se soucierait qu’une telle décision violerait les accords existants au sujet de la mer Noire touchant à la fois la Russie et la Turquie ?

Entre aussi en compte un connu inconnu rumsfeldien dangereux, à savoir comment les pays fragiles des Balkans vont réagir à l’éventualité d’être subordonnés aux caprices d’Ankara. Bruxelles aura beau maintenir la Grèce, la Bulgarie et la Serbie dans une camisole de force, il n’en demeure pas moins que sur le plan énergétique, ces pays vont commencer à dépendre de la bonne volonté de la Turquie.

Pour le moment, contentons-nous de mesurer la magnitude de l’onde de choc géopolitique causée par le dernier coup du maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine. Préparez-vous aussi en vue du prochain épisode du pivot vers l’Eurasie amorcé par la Russie. Poutine se rend à Delhi la semaine prochaine. Attendez-vous à une autre bombe géopolitique.

Notes

[1] Guerre liquide : Bienvenue au Pipelineistan, Mondialisation.ca, 03-04-2009

[2] Tomgram : Pepe Escobar, Pipelineistan’s Ultimate Opera, TomDispatch.com, 01-10-2009

Pepe Escobar Пепе Эскобар

Original: Russia and Turkey pivot across Eurasia

Traduit par Daniel

Traductions disponibles : Italiano  Português 

Source: Tlaxcala, le 5 décembre 2014

US Lawmaker Sees "Ample Evidence Of Turkey's Complicity In ISIS's Murderous Rampage"

By

Zero Hedge

At this point, it’s abundantly clear that the US is on the wrong side in the Mid-East.

Washington has always resorted to covert operations and support for unsavory characters on the way to bringing about regime change in countries whose governments aren’t deemed conducive to American interests. That’s nothing new.

Usually, however, there’s at least a semi-plausible argument to be made for why Washington feels the need to support one side over the other.

In Syria, there’s no such argument.

hamireee.jpgThe idea that the Russians and Iranians represent a bigger to the world than ISIS doesn’t even make sense to the most clueless members of the American electorate and indeed, the very idea Putin that is more dangerous than Baghdadi isn’t consistent with Washington’s contention that Islamic State represents the greatest threat to mankind since the Reich. Furthermore, more and more Westerners are starting to understand that the Saudis and their brand of puritanical Islam are really no different from ISIS – the only real distinction between the two is in how many barrels of oil they pump each day. The implication of that rather sobering assessment is that perhaps Washington should be supporting Tehran rather than Riyadh when it comes to picking a Mid-East power broker ally.

And then there’s Turkey, where NATO stood aside and watched as Erdogan started a civil war in order to nullify a democratic election outcome. Now, he’s shooting down Russian planes and trafficking ISIS crude.

In short: this makes absolutely no sense. The US should be aligned with Russia and Iran in Syria, not with Turkey, not with Saudi Arabia, not with Qatar (all of whom fund Sunni extremism) and most certainly not with the FSA, al-Nusra, and/or ISIS.

Well, thankfully, US lawmakers are beginning to wake up to what’s going on as evidenced by Hawaii congresswoman Tulsi Gabbard’s campaign to stop what she calls the “illegal war” against Assad. In the latest example of lawmaker revolt against Washington’s Syria strategy, Rep. Dana Rohrabacher, chairman of the House Foreign Affairs Subcommittee on Europe, Eurasia, and Emerging Threats recently issued a statement on everything the US is doing wrong. It’s presented below without further comment.

*  *  *

Via Rep. Dana Rohrabacher’s Facebook page

Rohrabacher Statement on Turkey’s Clash with Russia

WASHINGTON – Rep. Dana Rohrabacher, chairman of the House Foreign Affairs Subcommittee on Europe, Eurasia, and Emerging Threats, on Saturday issued the following statement concerning Turkey’s shooting down of a Russian jet fighter on the Turkey-Syria border:

It is imperative that American decision-makers admit to themselves and begin basing their decisions on the hard fact that Islamic terrorism poses the primary threat to our safety and the peace of the world.

Our president seems incapable of uttering the phrase Islamic terrorism, much less of overseeing a policy that will defeat this evil. His incoherence is ever more evident as events in Syria unfold.

Not radical Islam, but the Russians have been portrayed to us as the villains in this chapter of history. Yet our government demonstrates a lack of will, incompetence, or both, in confronting the most monstrous of the radical Islamic marauders now spilling vast quantities of innocent blood in the Middle East — as well as in Africa and France.

When Russia courageously stepped into the breach we should have been applauding its willingness to confront ISIS. Instead, we continue to denigrate Russians as if they were still the Soviet Union and Putin, not Islamic terrorists, our most vicious enemy.

So now we see the travesty of a harsh condemnation of the Russians for introducing air strikes against terrorists who will murder Americans if they get the chance.

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Yes, Russia does this to protect Syria’s authoritarian Assad regime, which has close ties to Moscow. So what?

Assad, like Iraq’s Saddam Hussein, is no threat to the United States or the Western world. If Assad is forced out of power he will eventually be replaced by an Islamic terrorist committed to raining down mayhem on Western countries.

Today we witness the spectacle of American decision- makers, in and out of the Obama administration, joining forces with a Turkish regime that grows more supportive of the radical Islamist movement. There is ample evidence of President Erdogan’s complicity in ISIS’s murderous rampage through Syria and Iraq.

Yet, we hold our public rebukes for the Russians, who are battling those terrorists. A Russian plane on an anti-terrorist mission did violate Turkish airspace, just as Turkish planes have strayed into Greek airspace hundreds of times over the last year. This overflight was no threat to Turkey. Still, it was shot down, as was a Russian helicopter on the way to rescue the downed Russian pilot.

Why do Americans feel compelled to kick Russia in the teeth? Russia’s military is attacking an enemy that would do us harm. Why ignore the hostile pro-terrorist maneuvering of Turkish strongman Erdogan?

President Obama is wrong. American politicians who try to sound tough at Russia’s expense in this case are not watching out for the long-term interests of the United States by undermining those fighting our primary enemy, Islamic terrorists.

Russia should be applauded. Instead, it is being castigated for doing what our government is unwilling to do to confront the terrorist offensive now butchering innocent human beings from Africa, to the Middle East, to the streets of Paris.

If being in NATO means protecting Erdogan in this situation, either he shouldn’t be in NATO or we shouldn’t.

Reprinted with permission from Zero Hedge.

samedi, 05 décembre 2015

Islam and the Clash of Generations

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Islam and the Clash of Generations

In France, the banners and causes change, but the attraction to revolutionary violence always remains.

For many politicians and pundits in France and the United States, last month’s terrorist attacks in Paris marked the latest spasm in the burgeoning “clash of civilizations” between West and East, reason and religion, secularism and Islamism. This particular worldview often spans political differences: While Republican Sen. Marco Rubio declares there to be “no middle ground” in this “clash of civilizations,” the Socialist Prime Minister of France, Manuel Valls, warns against “la guerre des civilisations.”

Of course, other political and public figures have dismissed—and rightly so—this description as a caricature of the deep sources of recent events. To portray the attacks as what happens when religious and ideological worlds collide ignores, among other things, the depth and diversity of Islam. But the shockwaves rippling across France are nevertheless the work of a different sort of clash, one that might elicit raised eyebrows rather than nodding heads.

Rather than a conflict between civilizations, France confronts one between generations. It is one that, admittedly, is more prosaic, even humdrum than one of entire civilizations barreling into one another. But for that very reason it needs to be taken seriously, for it speaks to the stubborn character of the problem.

Olivier Roy, the noted French scholar of Islam, recently suggested that the hundreds of French youths who have joined the Islamic State are not at all religious zealots. Instead, they are little more than opportunists who are intent on slaking their thirst for violence. Tellingly, not only have French-born offspring of North African immigrants to France proved vulnerable to the siren call of revolutionary violence and brutality. So, too, has a small but significant number of so-called français des souches: French youths of neither North African nor Muslim background who find a grim and appalling form of self-expression in the black uniforms and blacker brutality of the Islamic State.

Twenty years ago, such youths rallied to radical Islamic movements in Chechnya and Bosnia, or joined the Groupe Islamique Armée in Algeria or the various al-Qaeda affiliates. Today, they are flocking to the Islamic State, as ignorant of Islamic theology as they are indifferent to the different historical and social traits that have defined these various radical movements. In effect, what we are witnessing is not the radicalization of Islam, but the Islamicization of radicalness.

Roy’s analysis is sharp, but it is also narrow. It ignores a critical historical dimension to this phenomenon, one that is particular, if not unique to France. This is not the first time the country finds that a small, but determined percentage of its youth has been captured by the glorification of violence, the polarization of the world between “them” and “us,” and a fascination with death. Long before the youthful rapture of radical action found expression in militant Islamism, it inhabited other forms of political and ideological extremism in France. So much so as to suggest a singular continuity between the murderous youths who now identify with the IS and the grim history of France’s extreme rightwing movements.

The university students who, in interwar France, joined the extreme rightwing Action Française carried canes, not Kalishnikovs. But these young men, who called themselves the camelots du roi, used the canes not to walk, but to maim their political opponents. Like their analogues with the Islamic State, the camelots were rebelling, in principle, against the perceived decadence and decay of liberal and secular society (symbolized then as now by Jews). In reality, though, they were even more enamored of street brawls and bashing of heads—the embodiment, they believed, of an élan vital unknown to their bourgeois parents. For more than a decade, their presence lent a deliberate element of terror to the boulevards and streets of Paris.

One generation later, during World War II and the German occupation of France, a swathe of French youth betrayed the same fascination with violence. When the Vichy regime created la milice, a paramilitary militia whose purpose was to hunt down resistance fighters and Jews, as well as terrorize the French civilian population, thousands of young men joined its ranks. (According to the historian Robert Paxton, the milice numbered upwards of 45,000—a number that dwarfs French recruits to IS.) A number of factors drove recruitment, including the hope for steady employment and the means to avoid being sent to work in German factories. But there was also, for many, the sheer desire to break violently with their backgrounds and reinvent themselves through violent action.

The most celebrated, and controversial, case for this type of recruit in Louis Malle’s film “Lacombe, Lucien.” Written by the Nobel Prize laureate Patrick Modiano, the film portrays a young provincial man who is equally indifferent to all of the era’s “isms”. Motivated solely by the desire for action, by being part of a cause, Lacombe first tries to join the Resistance; turned down, he then turns to the milice. In the end, any cause would do for a young man, including a violently anti-Semitic one. It hardly matters that Lacombe does not, at first, even recognize the word “Jew.”

This same desire for action, for breaking with one’s past, galvanized a number of young Frenchmen who joined the Charlemagne Division, which was sent to the Eastern Front to fight the Russians. Not all of the 14,000 who enlisted were animated by anti-communism. Instead, as one member, Christian de la Mazière, recalls in the documentary “The Sorrow and the Pity,” there were those driven by sheer excitement. Like the French-born terrorists packing their bags for Iraq and Syria, French youths like de la Mazière had to go abroad to find adventure. While it was the frozen earth of Russia instead of the desert expanses of Iraq, it meant a welcome rupture with their backgrounds, with a France that either ignored or bored them.

There are, obviously, important differences—cultural and sociological—that distinguish these earlier generations of rightwing radicals from the French-born terrorists of IS. But they all share the taste for extremism—a commonality that means France cannot resolve its predicament uniquely by taking the war to the Islamic State. Sooner or later, IS will inevitably stagger into irrelevance. Once it does, though, there will remain the question of whether a small, but potentially deadly percentage of youths can ever be integrated into French society or brought into the fold of a moderate and republican form of Islam. The history of modern France suggests that, while the banners and causes change, the attraction for revolutionary violence will always remain.

Robert Zaretsky is Professor of French History in the Honors College of the University of Houston and author of Boswell’s Enlightenment.

La coalition impossible

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La coalition impossible

Ou comment la destruction du SU-24 russe fait tomber le masque de l’OTAN…
 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch

C’est l’incident aérien le plus grave jamais survenu entre un membre de l’OTAN et la Russie depuis 1950. Mardi 24 novembre, un Soukhoï 24 (SU-24) de l’armée de l’air russe a été abattu par deux F-16 turcs  dans la région du Hatay, au nord-ouest de la Syrie. Selon les informations de prochetmoyen-orient.ch, fondées sur plusieurs sources militaires russes et celles de deux services européens de renseignement, l’avion russe évoluait dans l’espace aérien syrien, à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque et ce sont bien les deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien en suivant une « procédure d’interception directe », lancée contre l’appareil russe.

Cette opération aurait été directement initiée et gérée par l’état-major central des forces armées turques basé dans la banlieue d’Ankara. Elle aurait été programmée au lendemain des frappes effectuées quelques jours auparavant par Moscou contre des camps de jihadistes turkmènes, dans le nord-ouest de la Syrie. Et cette mission de représailles était d’autant plus importante pour le commandement d’Ankara,  qu’une dizaine de membres des forces spéciales turques, engagées aux côtés des jihadistes sur territoire syrien, font partie des victimes des raids de la chasse russe.

Plusieurs informations supplémentaires  renforcent cette lecture d’une opération programmée dont le Pentagone était parfaitement tenu informé, presque heure par heure… Selon les sources de prochetmoyen-orient.ch, 27 chars déployés dans des provinces occidentales de la Turquie avaient été acheminés sur des plateformes ferroviaires à Gaziantep, dans le sud du pays, d'où ils avaient gagné la frontière syrienne sous escorte de la police et de la gendarmerie. Dans ce contexte, l’état-major turc menait l’une des manœuvres inter-armées les plus importantes des dix dernières années le long de sa frontière syrienne. Selon un communiqué de l'état-major général, cette opération a réuni 18 chasseurs F-16. Enfin, nos sources confirment qu’Ankara a bien consulté Washington avant d’abattre le SU-24 !


Sans surprise, le président Barack Obama a aussitôt exprimé son soutien à la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, en avançant son « droit à défendre l’intégrité de son territoire national », juste avant Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, qui a affirmé sans ciller que l’avion russe avait bel et bien violé l’espace aérien turc ! Plus discrète mais sans ambiguïté, Angela Merkel y allait elle-aussi de son soutien obligé à Ankara.  En effet, il s’agit de ne pas indisposer Recep Erdogan qui continue d’exercer son chantage aux migrants sur une Union européenne (UE) tétanisée qui s’apprête à lui verser trois milliards d’euros. Ce pauvre Jean-Claude Junker, qui préside la Commission comme un club de foot de deuxième division, n’a pas compris que ce « loyer » n’était que la caution d’un bail très éphémère. Erdogan fera boire à l’UE le calice jusqu’à la lie en exfiltrant, au coup par coup et selon son agenda et ses impératifs, les réfugiés des guerres proches et moyen-orientales qui campent à ses frontières.

Ce chantage aux migrants n’est qu’une carte supplémentaire dans le jeu d’Erdogan qui prétend poursuivre ses procédures d’adhésion à l’UE au moment même où il bombarde prioritairement des combattants kurdes pourtant engagés au sol et en première ligne contre les terroristes de Dae’ch  et alors qu’il  accentue sa dérive fascisante en menaçant toujours plus les libertés civiles et politiques. Ce n’est pas la question du jour, pourrait-on dire, mais elle constitue un handicap originel, sinon original : comment l’UE peut-elle sérieusement continuer à envisager l’adhésion d’un pays qui occupe l’un de ses Etats membres depuis 1974 ? Comment s’accorder sur des « valeurs européennes communes », alors qu’Ankara n’a toujours pas reconnu le génocide arménien ? Etc..

Ces détails de l’histoire n’encombraient certainement pas les consciences de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, estimant - à l’unisson en leur temps - que pour tuer l’Europe politique, il fallait l’élargir à l’infini pour la transformer en un grand marché, une espèce de grande Suisse néolibérale en y intégrant prioritairement les anciens membres du Pacte de Varsovie et la Turquie, porte-avions de l’OTAN, veillant à l’articulation stratégique de l’Europe et de l’Asie. Nous y sommes : Thatcher et Bush ont gagné ! Leurs héritiers - Bush/Obama, Blair/Cameron, Sarkozy/Hollande - suivent la même ligne et en rajoutent. Détruisant tout ce qui subsistait de l’héritage gaullien, Paris a rejoint le commandement intégré de l’OTAN. L’UE se charge désormais d’interdire les fromages à pâte molle pendant que l’Alliance Atlantique s’occupe des choses sérieuses… Et c’est principalement cette évidence géostratégique, sur la table et aux yeux de tous, qui empêche la formation d’une seule et unique coalition contre Dae’ch et le terrorisme salafo-jihadiste.

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Dans les limites de cette imparable équation et après le crash de l’avion russe dans le Sinaï, les attentats de Beyrouth, Bagdad, Paris et Tunis, il était  sans doute pertinent de rencontrer personnellement cinq chefs d’Etat ou de gouvernement , dont trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais le bilan de ce marathon diplomatique est plutôt maigre, estime un diplomate français qui a suivi la tournée de très près : « toujours plus démocratiques que Sa majesté, nos ‘amis’ britanniques ont promis d’ « intervenir » à nos côtés après un débat aux Communes ; les Allemands ont promis quelques boîtes de choucroute aux coopérants militaires présents en Irak ; le Pentagone nous transmettra du renseignement transgénique tandis que les Chinois relisent Confucius… Restait Vladimir Poutine, qui avait proposé exactement ce que souhaite aujourd’hui François Hollande, fin septembre à la tribune de l’Assemblée de l’ONU… avant de se faire éconduire poliment - à cause de l’Ukraine notamment. Il a eu la délicatesse de ne pas revenir sur le fiasco des porte-hélicoptères Mistral… »  

Mais là, c’est François Hollande qui est gêné aux entournures. « Notre travailleur de la mer reste accroché au bigorneau du « ni-ni » (ni Dae’ch-ni Bachar), sans repérer la pieuvre et ses multiples tentacules qui menacent la profondeur des ondes planétaires », poursuit notre diplomate qui conclut : « mais surtout, comme membre à part entière d’une OTAN dont la France vient de réintégrer le Commandement intégré, le président de la République peut difficilement faire cavalier seul avec le camarade Poutine ! Sur ce plan, Barack Obama reste le patron incontesté et donne le « la ». Ce que nos lumières du Quai d’Orsay ont le plus grand mal à comprendre : c’est précisément que le président américain ne mène pas sa ‘guerre contre la terreur’ avec le même logiciel que celui de Laurent Fabius ». Et François Hollande ne peut plus, désormais parler de « coalition » avec Moscou mais doit s’en tenir à une simple « coordination »concernant  les frappes !

Un téléphone rouge relie déjà les états-majors américain, russe et syrien afin d’éviter que tous leurs avions n’entrent en collision ou ne se tirent dessus. Ankara n’a pas décroché le même combiné… Cet oubli n’est pas un dysfonctionnement et correspond au contraire à une implacable logique. Au début de son deuxième mandat, Barack Obama avait clairement dit que les intérêts des Etats-Unis à l’horizon 2040 se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale, reprenant mot pour mot la définition des priorités « eurasiatiques » du Polonais Zbigniew Brzezinski. Toujours très influent parmi les stratèges démocrates, cet ancien conseiller à la Sécurité de Jimmy Carter estime depuis la fin de la Guerre froide que les Etats-Unis doivent décentrer leurs engagements moyen-orientaux pour les redéployer en Asie afin de contenir la Chine et de prévenir le retour stratégique de la Russie, d’où une nécessaire normalisation avec l’Iran notamment.

Ainsi le Pentagone gère les crises irako-syriennes, israélo-palestiniennes et pakistano-afghanes en fonction de celle de l’Ukraine, de celles d’Europe centrale, régulièrement attisées par la Pologne et la Lituanie, ainsi que des nouveaux foyers de confrontation, dont le Grand nord arctique[1] où un partage des richesses naturelles et des positions stratégiques s’annonce des plus problématiques… Dans la plupart de ces déchirures de la mondialisation contemporaine, l’UE fait fonction de cheval de Troie de l’OTAN qui avance masqué, son programme de bouclier anti-missiles sous le bras. Cette nouvelle arme a deux fonctions essentielles : achever le démantèlement des industries européennes de défense dont celle de la France éternelle et essouffler celles de la Russie et de la Chine comme le fît, en son temps, le programme reaganien de « guerre des étoiles ».

Par conséquent, il était organiquement impossible que Barack Obama accepte la proposition de Vladimir Poutine d’une coalition unique anti-Dae’ch, comme il est inconcevable de voir François Hollande pactiser, plus que de raison, avec le président russe. C’est d’une aveuglante évidence : la Guerre froide se poursuit tranquillement par d’autres moyens… depuis le démantèlement du Pacte de Varsovie et les consolidations successives d’une OTAN dont la principale mission demeure la reproduction de l’hégémonie stratégique, économique, politique, sinon culturelle de Washington et de ses supplétifs.

A cet égard, le lancement à grand tam-tam de la série policière Occupied constitue l’un des derniers symptômes du déferlement de la propagande néoconservatrice qui submerge nos médias depuis plusieurs années. Publicité : « Qu'aurions-nous fait pendant l'Occupation ? Aurions-nous eu le courage de résister à l'envahisseur ou la lâcheté de continuer à vivre presque comme avant ? Telle est l'obsédante question soulevée par la série Occupied, diffusée à partir de ce jeudi soir sur Arte à 20 h 55. À l'origine de ce thriller politique au budget de 11 millions d'euros, l'écrivain norvégien Jo Nesbo, qui a imaginé l'invasion de la Norvège par la Russie ». Sans commentaire !

La question demeure depuis la chute du Mur de Berlin : pourquoi ne pas avoir démantelé l’OTAN, comme on l’a fait avec le Pacte de Varsovie pour initier un nouveau système de sécurité collective englobant l’ensemble de l’Europe continentale de l’Atlantique à l’Oural ? Inconcevable pour Washington où la grande majorité des policy makers se considéraient comme seuls vainqueurs de la Guerre froide, sûrs de leur droit historique à engranger sans partage les dividendes de la nouvelle donne. Et comme toujours, le Pentagone et Hollywood devaient justifier, habiller et moraliser les profits de leur infaillible messianisme : l’OTAN partout, c’est pour le bien de l’humanité tout entière…

Le 27 mai 1997, Javier Solana - à l’époque patron de l’OTAN - et Boris Eltsine (à jeun), signaient à Paris un « Acte-fondateur OTAN-Russie ». Sans cynisme, Washington saluait un « partenariat naturel ». Ses propagandistes communiquaient : « l'Acte fondateur OTAN-Russie instaure solidement la base d'un partenariat de sécurité permanent entre les deux parties, balayant l'idée qu'elles devaient être ennemies à tout jamais. La signature de l'Acte ne signifie pas que les différences d'orientation ou de vues s'évanouiront du jour au lendemain. Mais elles pourront s'estomper, au fil du temps, à travers un processus de larges consultations régulières sur des questions politiques et de sécurité au sein du nouveau Conseil conjoint permanent. La tâche principale consistera à passer du papier à la réalité en exploitant pleinement les nouvelles occasions ». On connaît trop la suite…

Trois ans auparavant, la Russie avait rejoint le « Partenariat pour la paix », la Russie et l’OTAN signant plusieurs accords importants de coopération. Ces derniers portaient notamment sur la lutte contre le terrorisme, la coopération militaire (notamment le transport par la Russie de fret non militaire de la FIAS en Afghanistan), la lutte contre le narcotrafic, la coopération industrielle et la non-prolifération nucléaire. Puis fut inventé le Conseil OTAN-Russie (COR), une instance de consultation, de coopération, de décision et d'actions conjointes dans le cadre duquel les différents États membres de l'OTAN et la Russie devaient travailler ensemble en tant que partenaires égaux sur toute une gamme de questions de sécurité d'intérêt commun.

Le COR était officiellement créé le 28 mai 2002, date à laquelle le président russe Vladimir Poutine et les membres de l'OTAN signaient sur la base militaire italienne de Patricia di Mare la déclaration de Rome. Le 1er avril 2014, en réponse au rattachement de la Crimée à la Russie, intervenant après la destitution du gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovytch et le coup de force portant au pouvoir à Kiev un gouvernement pro-occidental, l'OTAN décidait unilatéralement de mettre un terme à la coopération avec la Russie, suspendant de fait le conseil OTAN-Russie.

Depuis, nous ne sommes pas sortis de cette domination géostratégique de l’OTAN qui continue à supplanter notre souveraineté nationale et celle de nos partenaires au profit des priorités et des intérêts de Washington. Le mot de la fin provisoire revient à un « économiste atterré » qui nous dit : « nous n’arrivons pas à réguler une mondialisation devenue folle - ‘guerre de tous contre tous’ - qui nous fait régresser à de vieilles logiques westphaliennes où les Etats classiques sont confrontés en permanence à des homologues ‘ Etats faillis’, de plus en plus nombreux, au sein desquels règnent les seigneurs de la guerre, les mafias et les grandes sociétés transnationales majoritairement anglo-saxonnes ».  

Richard Labévière, 1 er décembre 2014 

[1]              François Thual et Richard Labévière : La bataille du Grand nord a commencé… Editions Perrin, 2008.

jeudi, 03 décembre 2015

Zbig, il se fait tard...

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Zbig, il se fait tard...

Ex: http://www.dedefensa.org

L’habitude a été, ces dernières années, de consulter quelques anciens hauts conseillers de sécurité nationale US de l’ère d’avant 9/11 et même d’avant la fin de la Guerre froide, pour y trouver chez eux quelque sagesse. Leurs conduites lorsqu’ils étaient “aux affaires” fut loin d’être irréprochable, mais semble, par rapport au standard actuel, un panthéon de sagesse. Ainsi “les vieilles canailles” apparurent souvent comme des “vieux sages”. Les “vieilles canailles” principales sont Henry Kissinger et Zbigniew (Zbig) Brzezinski ; ces deux dernières années, Kissinger s’est tenu un peu effacé tandis que Brzezinski s’est très largement mis en avant.

Avec l’Ukraine, Brzezinski s’est déchaîné, retrouvant son tempérament polonais bien loin du “vieux sage”. La Russie est (re)devenue l’ennemi n°1 et les conseils de Brzezinski poussaient largement dans le sens de l’affrontement entre les USA et la Russie, dans tous les cas jugeant irrémédiable le fossé entre les deux puissances et assurées les intentions expansionnistes de la Russie. Pour ce qui concerne l’intervention russe en Syrie, Brzezinski a d’abord recommandé aux USA de “résister” à la pénétration russe, si besoin en allant jusqu’à l’affrontement.

... Brusquement, tout change. Brzezinski irait jusqu’à dire que la destruction du Su-24 a remis toutes les choses en place, que Russie et USA sont sur le point de s’entendre et que “leurs intérêts sont plus proches que jamais”, que la Russie a avalé la couleuvre (la destruction du Su-24) sans réagir et qu’elle agit (en Syrie) “d’une façon plus modérée”, que la Turquie reste ferme. Toutes ces affirmations sont quotidiennement démenties par les évènements, autant opérationnels qu'avec les déclarations diverses des uns et des autres.

Brzezinski se fait-il vieux ? Ce n’est pas une hypothèse ni une question mais l’inéluctable marche du temps. Pourtant, rien ne montre chez lui une quelconque sénilité intellectuelle. L’âge intervient peut-être dans la principale explication que nous proposerions : la confusion d’un esprit dont la psychologie a fini par être grandement affaiblie par l’atmosphère délétère avec le maximalisme et le déterminisme-narrativiste de Washington , qui pense donc en fonction des influences de la “bulle” washingtonienne plus que des évènements. Dans ce cas, justement, Brzezinski tente de montrer qu’il n’en est pas le jouet. Sa position exposée ici dans une interview à Politico.com, contraire à l’analyse évidente de la politique comme de ses propres positions d’il y a un mois (alors que son analyse actuelle aurait pu se justifier il y a un mois !), représente une tentative stérile politiquement de sembler retrouver un peu de sa “sagesse” avec une posture du pseudo-réaliste recommandant une politique d’entente redonnant aux USA un statut de puissance qu’ils n’ont plus. (La seule information que nous apporte Brzezinski est, a contrario et contre son gré, que les USA sont vraiment très affaiblis.) L’interview est résumée en français dans un texte de Sputnik-français, le 30 novembre.

« Les intérêts russes et américains sont aujourd'hui proches comme jamais, estime l'ex-conseiller du président américain sur la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski. Il suffit de donner la préférence à une politique plus modérée en Syrie, et les deux pays pourront non seulement régler la crise syrienne, mais également atteindre une paix stable dans leurs propres relations. Aucun d'entre eux, d'ailleurs, n'est intéressé à la confrontation, d'après M. Brzezinski cité par le journal Politico. Un mois auparavant, ce faucon de l'époque de la guerre froide appelait la Maison Blanche à faire preuve d'un “courage stratégique” face à la Russie, dont l'opération militaire en Syrie aide Bachar el-Assad à rester au pouvoir, ce qui nuit aux intérêts américains dans la région. Depuis que la Russie s'est mise à agir “d'une façon plus modérée”, il considère l'avenir des relations entre les deux pays avec bien plus d'optimisme.

» Les tensions entre la Russie et l'Occident “sont sérieuses, mais pas fatales”, estime M. Brzezinski. Et si le bon sens l'emporte, elles pourraient même s'avérer bienfaisantes, vue que les deux parties seraient obligées de négocier pour régler la crise syrienne et éviter des “conséquences encore plus destructives”. Selon lui, on est en droit d'espérer que le bon sens prévaudra. Le politologue constate que l'Occident a fait preuve de calme dans sa réaction à l'incident impliquant un bombardier russe Su-24 abattu par les forces aériennes turques. Pour leur part, les Russes, après avoir pris une grande respiration, ont fini par reconnaître que l'escalade ne servait à rien. Et la Turquie, qui se montre ferme et intransigeante, ne souhaite pas non plus que la crise s'aggrave, conclut Zbigniew Brzezinski. »

 

Sarrazin und der Glaube an den Staat

Sarrazin und der Glaube an den Staat

von Felix Menzel

Ex: http://www.blauenarzisse.de

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Am Montagabend sprachen Thilo Sarrazin und der Politikprofessor Werner Patzelt in Dresden vor 500 begeisterten Zuhörern. Es ging um die Krise des Staates.

Es war schon immer ein Erlebnis, wenn Thilo Sarrazin in Dresden referierte. Zu seiner Buchvorstellung zu Deutschland schafft sich ab kamen 2.500 Bürger. Dem ehemaligen Vorstandsmitglied der Bundesbank gelang es schon damals, die Menschen mit seinen Hochrechnungen zum demographischen Niedergang der Deutschen aufzurütteln. Nun dürfte es aufgrund des Asyl-​Ansturms auf Europa noch schlimmer kommen, als von ihm vor fünf Jahren prognostiziert.

Handelt Merkel bewußt gegen die Interessen der Deutschen?

Man merkt Sarrazin nun eine gewisse Fassungslosigkeit über die Politik der Bundeskanzlerin Angela Merkel an. Er betont, daß er „keine Logik“ im Handeln der Kanzlerin erkennen könne. Verwaltungstechnisch schaffe es Deutschland, mehrere Millionen Asylbewerber zu registrieren, ihnen ein Dach über dem Kopf zu organisieren und sie zu ernähren. Aber wo ist das Ziel eines solch unsinnigen Kraftaktes, fragt sich Sarrazin genauso wie sicherlich fast alle der anwesenden Zuhörer. Folgerichtig stellt er dem Publikum die Frage: „Weiß Merkel es nicht besser oder handelt sie bewußt gegen die Interessen der Deutschen?“ Das ist es, was die Dresdner Bürger bewegt. Sowohl Sarrazin als auch Patzelt erhalten an diesem Abend reichlich Beifall, der wohl die Erleichterung der Zuhörer zum Ausdruck bringen soll, daß es wenigstens noch einige wenige kluge Beobachter des politischen Geschehens gibt, die den Durchblick haben und den Mut zum freien Sprechen aufbringen.

Das offizielle Thema dieser Diskussionsveranstaltung lautete „Meinungsfreiheit“. Sarrazin sprach jedoch hauptsächlich über die Asylkrise. Patzelt dagegen hielt einen äußerst wortgewandten Vortrag über die „Politische Korrektheit“. Seiner Meinung nach ist es richtig, auf korrektes Auftreten und Reden zu achten. Dies sei eine zivilisatorische Errungenschaft und diene gerade dem Erhalt von Kultur und Demokratie. In der Bundesrepublik Deutschland hätten wir allerdings einen Punkt erreicht, an dem die „Haltung der Kritik nicht mehr möglich“ sei, weil der richtige Grundansatz der Politischen Korrektheit nicht redlich gemeint sei, sondern taktisch mißbraucht werde.

Sittenlosigkeit oder Tyrannei?

Zunächst gehe es den Gutmenschen darum, politisch Andersdenkenden die Begriffe wegzunehmen. Schon das Beschreiben von Problemen werde so unmöglich. Die Ausgrenzung hat damit jedoch erst begonnen. Patzelt erklärte Stufe für Stufe, wie die Meinungsfreiheit eingeschränkt werde. Es sei inzwischen so weit gekommen, daß die „Korrekten“ den normalen Bürgern die Fragen schon weggenommen hätten. Beim Thema „Einwanderung“ sei dies besonders auffällig. Und wenn dann doch aufgrund massiver Probleme in der Wirklichkeit nicht länger um den heißen Brei herumgeredet werden könne, würden die Einwände und Ängste mit einer arroganten, angeblichen Sachkompetenz wegerklärt. In solchen Fällen werden dann also (pseudo-)wissenschaftliche Studien angeführt, die belegen sollen, daß Zuwanderung enorme ökonomische Gewinne für die Volkswirtschaft bringe oder Ausländer ja gar nicht krimineller als Deutsche seien, obwohl ein Blick in die Polizeiliche Kriminalstatistik genügt, um das Gegenteil zu beweisen.

Der nächste Schritt zur Verhinderung von Kritik sei es dann, den Gegnern Etiketten anzuheften und ihnen damit schwere Glaubwürdigkeitsverluste zu bescheren. „Rechtspopulist“ und „Rassist“ seien derzeit besonders beliebt zur Markierung der „Bösen“, mit denen niemand sprechen dürfe. Die finale Stufe sei es schließlich, wenn von einem „Extremismus der Mitte“ gefaselt werde. Für diese Strategie der Ausgrenzung Beispiele zu finden, gelang Patzelt mühelos, sprachen doch sogar die ranghöchsten Vertreter der Bundesrepublik von einem „Helldeutschland“, das gegen ein „Dunkeldeutschland“ zu verteidigen sei. Dem Dresdner Politikprofessor ist das Thema der Meinungsfreiheit und Politischen Korrektheit so wichtig, weil es hier um die Frage gehe, ob wir „Sittenlosigkeit oder Tyrannei“ zulassen. Beides sei strikt abzulehnen.

Sarrazin: „Ich habe an den Staat geglaubt.“

Obwohl an diesem Abend aufgrund der Länge der Vorträge nur wenig Zeit zur gemeinsamen Diskussion blieb, war diese dennoch äußerst aufschlußreich, da sich Sarrazin und Patzelt nun endlich zur Frage der deutschen Rechtsbrüche durch die Bundesregierung äußerten. Sarrazin hatte hier seinen stärksten Moment, als er beschrieb, wie er früher immer an den Staat glaubte und nun erleben müsse, wie das Recht inzwischen ähnlich „wie in absoluten Monarchien und Diktaturen“ genutzt werde. Merkel und ihre Regierung hätten die „freie Interpretation des Staatsrechts“ auf die Spitze getrieben.

Patzelt stimmte zu: Das Recht könne entweder als „Schranke“ fungieren oder eben als „Taxi“, wenn es nur noch darum gehe, mit ihm an ein bestimmtes Ziel zu kommen. Dann hätten wir es jedoch mit „Willkür oder Ignorieren“ zu tun. Es sei beunruhigend, wie die Staatsführung ständig in den Notmodus umschalte und meine, in ihm Alleingänge begehen zu können, die sowohl der Demokratie als auch der Gewaltenteilung widersprechen. Der Staat sei so in eine Vertrauenskrise geschlittert, die durch die überzogene Politische Korrektheit noch weiter verschärft werde. Denn, so betonte Patzelt: „Wenn der Streit blockiert oder vergiftet wird, ist der Demokratie das Lebenselexier entzogen.“

Bereits unsere Kinder könnten in die Minderheit geraten

Wohin das führt, kann niemand mit Sicherheit sagen, aber einige Prognosen von Sarrazin und Patzelt hören sich sehr plausibel an: In seiner typisch technokratischen Herangehensweise erklärte Sarrazin noch einmal, daß sich die Sozialleistungen für Einheimische verschlechtern müssen, wenn der Staat dermaßen viel Geld für Asyl-​Zuwanderung und Versuche der Integration ausgebe. Viel dramatischer sei jedoch, wie schnell die Mehrheitsverhältnisse kippen könnten. Während er in Deutschland schafft sich ab noch annahm, dies könne frühestens Ende des 21. Jahrhunderts geschehen, haben die Ereignisse dieses Jahres und das, was in den nächsten noch droht, zu einer rapiden Beschleunigung des Bevölkerungsaustauschs geführt. Im Klartext heißt dies also, daß bereits unsere Kinder in die Minderheit geraten werden, wenn sich nicht schnell etwas ändert.

Patzelt ergänzte, Solidarität setze eine Unterscheidung zwischen einem „Wir“ und den „Anderen“ voraus. Dies ergebe sich aus den grundlegenden Erkenntnissen der Soziobiologie. Die Anderen müßten dabei keine Feinde sein, aber sie sind eben nicht „wir“. Wer diese Grenze aufhebe, zerstöre nun jede Solidarität. Aus dem Publikum kam die Frage, ob dies nicht langfristig zum „Bürgerkrieg“ führen könne. Sarrazin antwortete, noch sei es zu früh, darüber zu spekulieren, aber ausschließen könne er ein solches Szenario nicht.

Dieser Beitrag erschien auch auf Ein​wan​derungskri​tik​.de!

mercredi, 02 décembre 2015

Merry Hermanus: Critique du PS bruxellois

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Lettre ouverte au Président du PS et aux Membres de la Fédération Bruxelloise

« Le courage de changer ce qu’il est possible de changer, la force de supporter ce qu’il est impossible de changer et surtout l’intelligence pour discerner l’un  de l’autre. »
Saint François d’Assise.

Je t’écris cette lettre, tu la liras peut-être si tu en as le temps.
Mince alors ! En traçant ces lignes, je me rends compte que je commence mon courrier comme débute la chanson « le déserteur » de Boris Vian.  Pourtant, crois-moi, je n’ai nullement envie de déserter notre vieille maison commune le PS, même si aujourd’hui elle m’apparaît ressembler au  «  grand corps à la renverse » dont parlait Sartre.  Mais Sartre s’étant trompé sur tout, l’espoir nous est donc permis…ouf !  J’ai d’autant moins envie de fuir notre Parti que je t’adresse une série de propositions qui, je pense, pourraient peut-être nous permettre de retrouver nos racines.

Permets-moi d’insister, ce qui va suivre ne concerne que le PS bruxellois, je ne connais pas assez la situation en Wallonie pour me prononcer à son sujet.  Je ne peux cependant m’empêcher d’évoquer la situation de la social-démocratie en Europe, car selon une formule classique en politique belge « tout est dans tout et inversement. »

Cher Elio, le dossier publié récemment par « le Vif » provoque de nombreuses interrogations, des doutes, des remous, décille les yeux.  Pourtant, il ne fait que la synthèse de ce que j’observe depuis longtemps.  Nombreux sont ceux que je rencontre qui estiment que l’article,  pourtant déjà très interpellant, est bien en dessous de la réalité.  Tous me disent leur malaise devant l’évolution de la fédération à la fois quant au mode de fonctionnement interne, plus particulièrement, quant à son évolution idéologique au niveau de la défense des valeurs constituant la colonne vertébrale du Parti et, de façon symptomatique la laïcité.

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Merry Hermanus

CE QUE L’ON N’A PAS VOULU VOIR !

Démographie et  Géographie sont des éléments évidents, déterminants, simples à observer, s’imposant de facto à tout décideur politique ou économique, pourtant nombreux sont ceux à Bruxelles qui ne prennent conscience « des terrifiants pépins de la réalité » qu’avec un étonnant retard.  Pourtant, si une chose est bien faite en région bruxelloise, ce sont les statistiques.  Certains, depuis longtemps croisent les données fournies par Actiris, la région, le ministère de l’intérieur, la Santé etc.  Ce qui se produit depuis dix ans à Bruxelles est une véritable explosion démographique, laquelle se poursuit encore aujourd’hui.  Les conséquences sont multiples, souvent catastrophiques vu l’absence de perspectives et de prévisions.  Or, beaucoup de ces désagréments étaient évitables.  Mais force est de constater que malgré notre présence quasi permanente à la tête de la région depuis 1988, rien n’a été entrepris, rien n’a été anticipé !  Il est inutile d’accabler les individus mais il faut rappeler que Picqué, disposant d’un charisme exceptionnel et d’une présence au pouvoir d’une durée tout aussi exceptionnelle, n’a rigoureusement rien fait, se contentant de commander une multitude de plans aussi divers que variés…et coûteux !  Rudi ss, en six mois de présence, malgré un environnement insidieusement hostile à la tête de l’exécutif, sans tambours ni trompettes a été plus efficace que Picqué en vingt ans.

POURQUOI CETTE NON GESTION ?

Indépendamment de facteurs personnels liés à la personne du ou des ministres présidents qui se sont succédé, se contentant de durer plutôt que de gouverner et prévoir, la vraie question est de savoir si la région de Bruxelles est institutionnellement gouvernable.

L’invraisemblable usine à gaz mise au point par Dehaene et Moureaux ne pouvait fonctionner que sur base d’une loyauté régionale réciproque entre Néerlandophones et Francophones.  Or, les ministres flamands ont dès le début été très clairs, leur loyauté était d’abord et avant tout flamande.  Certains de ces ministres ont été d’une particulière franchise en ce domaine, franchise assez rare en politique pour être soulignée.  A de très nombreuses reprises, Brigitte Grouwels, ministre CVP a lourdement insisté pour souligner son lien indéfectible à la Flandre et le fait que Bruxelles n’avait qu’à se soumettre !  Que dire alors de son attitude en conseil des ministres.  D’autres, plus hypocrites, ont eu la même attitude.  Comment dans ces conditions tenter la moindre gouvernance avec un exécutif composé de huit ministres, dont trois Néerlandophones dont chacun peut bloquer en totalité le fonctionnement d’une  tuyauterie crachoteuse. Le gouvernement est donc constamment coincé entre des exigences ou des blocages flamands et les élucubrations stupides de l’un ou l’autre ministre comme Smet n’hésitant pas à forcer la décision pour obtenir l’érection d’une piscine sur le canal, mobilisant ainsi vingt-cinq millions d’euros ! On y échappera de justesse.  Une analyse fine des ordres du jour du gouvernement suffirait à démontrer la triste vacuité de son fonctionnement.

A cela s’ajoutent les aléas du mille-feuilles institutionnel bruxellois.  La région compte un peu plus d’un million cent cinquante mille habitants, elle se découpe en dix-neuf communes, dix-neuf CPAS, plusieurs dizaines de sociétés de logement sociaux, un parlement de quatre-vingt-neuf députés ( sur l’élection desquels je reviendrai ) une VGC, une COCOM, une COCOF, une multitude d’O.I.P économiques ou sociaux… et j’en oublie.  La région pourrait gagner pas mal d’argent en faisant breveter son puzzle institutionnel, en le commercialisant comme ce fut le cas du Monopoly en 1930 ; certain qu’il y aurait là une niche à exploiter !  Tout observateur objectif ne peut que conclure que l’usine à gaz est bonne pour la casse, plus rien ne fonctionne correctement, tout le monde le sait, tout le monde le constate…mais nombreux sont ceux qui en vivent.  L’exemple du cadre linguistique de la région est emblématique, cassé pas moins de trois fois en suivant par le Conseil d’Etat, il fut chaque fois représenté quasi tel quel par le gouvernement bruxellois dans la mesure où les Flamands exigent une part de 29,77% des emplois alors que cela ne correspondait nullement aux comptages des dossiers effectués en vertu de la loi !  Comment dans ces conditions exiger le dynamisme de la fonction publique régionale.  Mais voilà, la petite classe politique bruxelloise vit… et fort bien, de ce fouillis d’institutions disparates mais  juteuses.  Comment demander à cette foule d’élus de toutes sortes, communaux, sociaux, régionaux, mandataires de généreux OIP de se faire hara-kiri ?  Impensable !  Mais en attendant…

LA PAUPÉRISATION.

Il y a un étonnant parallèle à faire entre le bourgeonnement, l’incroyable foisonnement institutionnel de Bruxelles et l’évolution des revenus dans la région.  Les courbes sont parfaitement inverses, plus les institutions régionales se multiplient, se diversifient, plus la courbe des revenus des habitants de la région s’effondre !  La part bruxelloise dans le PIB national s’est effondrée.  L’analyse des statistiques, quel que soit le domaine, démontre une paupérisation qui se lit à l’œil nu dans les différents quartiers de la région.  Les Bruxellois sont de plus en plus pauvres, les problèmes sociaux s’accumulent, s’aggravant année après année, se multipliant sans cesse.  Depuis la fin des années septante, la classe moyenne payant l’impôt a voté avec ses pieds, quittant la région.  Elle a été remplacée par une population d’infra-salariés, d’assistés sociaux à l’avenir professionnel de plus en plus problématique.  On objecte toujours à cela le taux de création d’emploi, le plus élevé du pays… ce qui est exact.  Mais les Bruxellois n’en bénéficient pas !  Il y a près de sept cent cinquante mille emplois à Bruxelles, plus de deux cent mille sont occupés par des Flamands et plus de cent cinquante mille par des Wallons.  Ces navetteurs génèrent des coûts considérables pour la région… mais payent leurs impôts dans la commune de leur domicile.  Si on recourt à une analyse plus fine, il apparaît que les cadres supérieurs sont majoritairement des navetteurs.  Pour nettoyer les bureaux, il reste des Bruxellois !

Les derniers chiffres du baromètre social bruxellois synthétisent parfaitement ces questions.  On y découvre que près d’un tiers des Bruxellois vit sous le seuil de  pauvreté, soit avec moins de 1085 euros par mois.  La moyenne belge se situe entre 14 et 16 %.  Donc à Bruxelles, c’est près de trois fois plus de gens qui se trouvent sous ce seuil fatidique. Or, ces statistiques prennent en compte : les revenus, le travail, l’instruction, la santé, le logement et la participation sociale.  Si le PIB à Bruxelles est de 61.899 euros pour 26.183 en Wallonie et 35.922 en Flandre, ce n’est que parce que 50 % de emplois sont occupés par des navetteurs.  Enfin, et cela n’étonnera personne, 23,50 % des Bruxellois perçoivent une allocation ou un revenu de remplacement ; ce chiffre est en progression de 1,6 % par rapport à 2013.  Le pire est que cette chute vertigineuse des revenus bruxellois se poursuit sans discontinuer depuis les années septante.  Jamais on n’a pu observer le moindre redressement.  Une véritable descente aux enfers…Mais qui n’émeut personne.  Les exécutifs se succèdent, les ministres se suivent tout sourire, les programmes électoraux s’effeuillent, les promesses se multiplient… s’envolent… mais la seule courbe de croissance est celle de la misère !  Une question doit se poser, cette région telle qu’elle est institutionnellement constituée est-elle gouvernable ?  Est-elle viable ?  La réponse, évidente pour tous, est clairement non !

Cette situation n’a pas seulement un impact social, elle y a aussi d’importantes conséquences urbanistiques.  La région est structurée, façonnée, dessinée, et cela se comprend, pour faire face à cette arrivée journalière de ce flot de Flamands et de Wallons ; charge considérable pour Bruxelles, sans commune mesure avec les contreparties chichement concédées à la région par le fédéral qui plus est, les oriente souvent sans tenir compte des intérêts bruxellois. Il n’est pas rare que des mandataires bruxellois s’entendent dire par des auteurs de projet désignés souverainement par le pouvoir fédéral : « il faut que vous bruxellois commenciez à vous adapter ! »  Ah ! bon s’adapter mais à quoi !  Oserai-je le penser…à une administration d’occupation !

Posons-nous la question de savoir pourquoi il n’y a pas à Bruxelles de péage comme à Londres ou à Stockholm ?  Ce sont de splendides réussites.  La région de Bruxelles est le cas typique  où cela devrait être appliqué !  Eh bien non !  Cela déplaît.  Pardi, on l’aurait juré.  Ni les Flamands, ni les Wallons n’en veulent !

Comment ne pas évoquer certains aménagements aberrants.  Mais dans la mesure où le pouvoir à Bruxelles est parcellisé, il n’y a pas de dialogue, le rapport de force étant toujours défavorable aux bruxellois.

Quand la ville de Bruxelles décide de faire un piétonnier, l’impact sur toute la région est évident… mais dans les autres communes pourtant largement influencées par cette décision, on fait autre chose, on regarde ailleurs ! Le bourgmestre de Bruxelles n’a pas de véritables interlocuteurs.

Les chiffres du chômage, même flattés, ne laissent aucun doute, non seulement sur la paupérisation mais, et c’est beaucoup plus grave, sur sa perpétuation, sa constante augmentation.  Le taux de chômage est le plus élevé à Bruxelles, pour ce qui concerne le chômage des jeunes il atteint l’effroyable record de 30 %, 40 s’il faut croire les chiffres du VOKA.  Ne soyons pas dupes, les baisses dont il est question récemment sont le fruit des dernière mesures gouvernementales, sur lesquelles je n’ai pas le cœur de m’appesantir… il «  saignerait ! »  Je n’évoque pas le chômage des femmes dans ces mêmes quartiers, il dépasse les 45 %.

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On le sait, en démocratie il y a deux légitimités.  D’abord celle des urnes, le suffrage universel.  A Bruxelles, ces principes fondamentaux sont clairement violés, le nombre de voix pour élire un Néerlandophone est nettement inférieur à celui nécessaire pour élire un Francophone. Résultat, parmi les élus flamands certains le sont avec quelques centaines, voire quelques dizaines  de voix… et deviennent ministres alors qu’ils ne sont les élus que d’un nombre infime d’électeurs de la région.  Peut-on encore parler de légitimité ?  Les élus flamands au parlement bruxellois ont moins de légitimité démocratique que le gagnant d’un concours de la télé-réalité.  Mais il est un autre critère de légitimité, celui-ci beaucoup plus subtil, c’est celui de la réussite dans l’action.  Or, on l’a vu, la région est sinistrée au plan social, la courbe est descendante depuis les années septante, le tissus urbain se dégrade sans discontinuer, la mobilité est chaotique, l’engorgement est généralisé et fait rire l’Europe, la paupérisation galopante, l’enseignement sinistré, l’insécurité croissante etc.  De cette légitimité là aucun politique bruxellois ayant siégé dans l’exécutif ne peut se prévaloir.  Peut-on en vouloir aux citoyens qui se désintéressent, se détournent de la vie politique, rejoignent la horde grandissante clamant le « tous pourris, tous incapables. »
Ne serait-ce l’étonnante médiocrité parfois jusqu’au pathologique des rares représentants de l’extrême droite, le triomphe serait lui assuré.  Un journaliste de « Libération » a, il y a quelques temps osé faire publiquement ces constatations … quels cris, quel scandale… c’était pourtant la triste vérité.

Bien sûr on dessine sur le sol des voiries, des pistes cyclables, les communes élaborent des plans de circulation aberrants, les bobos seront comblés, il y a les stupides journées sans voiture.  L’idéal de certains n’est-il pas de faire de Bruxelles une réserve d’indiens, d’indiens pauvres, assistés socialement, ficelés électoralement, habillés de lin écru, mangeant des légumes bio, déféquant dans des toilettes sèches, se déplaçant à vélo, n’utilisant pas de GSM, végétaliens et surtout ne se reproduisant pas… on viendra les voir en car comme les Flamands le font déjà qui visitent avec un guide, prudence quand même, le quartier maritime de Molenbeek ou Matonge !  « Pensez donc, beste vrienden, à une heure de Gand, à quarante-cinq minutes d’Anvers, l’exotisme, le pittoresque chaleureux, bruyant de l’Afrique à Matonge ; le frisson de l’inquiétante Casbah à Molenbeek, l’étrangeté des femmes voilées, les hommes barbus en djellaba…comme là-bas dis…, tout un monde. N’oubliez pas de bien vous laver les mains en rentrant à Gand ou à Anvers…dans ces coins de Bruxelles, on ne sait pas ce qu’on peut y rencontrer ! Ebola, malaria, maladies tropicales, djihadistes »   Ah ! Un détail, oh ! une toute petite chose,  ils vivront de quoi ces « indiens » Bruxellois… oui au fait, de quoi vivront-ils ?  A moins que les visiteurs les plus audacieux ne leur lancent , « à ces sujets de zoo humain, » quelques trognons de maïs…quelques chèques repas…les voir manger pourrait être drôle non !

ET LE PS !

Le malaise est perceptible partout.  D’abord il y a le doute,  peut-être le mensonge lourd, irrémissible ; chacun sait que le leadership est assumé par quelqu’un qu’on accuse, à tort ou à raison, de ne pas réellement habiter à Bruxelles, qui donc ne respecterait pas un aspect essentiel de la vie politique, à savoir, subir ce que vivent ceux qu’on est sensé représenter, défendre.  Ce doute a déjà été lourd de conséquence, il le sera encore demain !  La relation avec le citoyen en est dès l’abord viciée.  Il s’agit là d’une faute impardonnable, inconcevable.  Elle n’est possible que parce que les militants, force d’impulsion, de proposition mais aussi de contrôle, n’existent plus.

Pendant des décennies, les listes électorales étaient établies sur base de pools.  C’était connu de tous, les tricheries ne manquaient pas, les uns bourraient les urnes, les autres modifiaient les scores.  Néanmoins, les formes étaient respectées, la démocratie restait un objectif…parfois lointain, j’en conviens !  On ne pouvait pas tout se permettre !  Ensuite vinrent les comités des sages puis s’abattit l’obscurité totale, le rideau de plomb ; une étonnante alchimie préside maintenant à l’élaboration des listes d’élus ; il n’est plus question de comité des sages mais d’un comité secret, c’est là qu’on agite le shaker d’où sortira le breuvage qui sera servi aux électeurs.  Les résultats sont connus d’avance, la bouillabaisse comprenant une dose massive de Belges issus de l’immigration, logique vu la démographie de la population et de filles ou de fils de…ainsi naît sur les navrants décombres d’une idéologie une nouvelle aristocratie, dont les fiefs sont constitués d’une masse d’électeurs d’origine étrangère, un cheptel sur lequel on règne sans vergogne. Moderne féodalité… totale rupture avec une idéologie à l’allure d’astre mort !  La presse avait relevé lors des dernières élections cette présence massive des fils et filles de, mais les journalistes ne les avaient pas tous repérés, certains liens de parenté étant plus discrets ou mieux dissimulés, dans certains cas le nom de la mère était connu mais pas celui du père, de plus il fallait en outre tenir compte des compagnons, compagnes, nièces ou neveux.  Qui osera encore dire qu’à Bruxelles le PS n’aime pas la famille, étonnant que la présidente fédérale n’ait pas été invitée au dernier synode de Rome consacré à l’avenir des familles, cette parole experte a manqué !  Il faut être de bon compte, les dynasties politiques ont toujours existé, y compris au PS, il suffit d’établir les liens entre les familles Spaak et Janson.  C’est par son caractère massif que le phénomène à Bruxelles est devenu remarquable et grignote le fonctionnement à long terme du parti qui, de fait, devient ce que l’on connaît bien en Afrique, une addition de clans.  Amusante, révélatrice d’ailleurs cette importation des mœurs politiques subsahariennes.  Les conséquences sont multiples, à commencer par le fait que des candidats potentiels de grande qualité, n’étant ni d’origine maghrébine, n’ayant aucun lien de parenté avec l’un ou l’autre des leaders de la fédération, estiment qu’ils n’ont pas la moindre chance d’être à une place où ils auraient une petite chance d’être élus !  Ceux-là partent, disparaissent ; ils planquent comme hauts fonctionnaires mais ils manquent cruellement à notre action politique.  Anne Sylvie Mouzon, excellente parlementaire avait l’habitude de dire que sur l’ensemble du groupe socialiste seuls quatre ou cinq individualités étaient actives !  Les autres, bof…

J’évoquais une nouvelle aristocratie, en ce sens l’interview de Catherine Moureaux dans « Le vif » est emblématique tant ses réponses sont d’une stupéfiante naïveté, à les lire on éprouve un sentiment de compassion pour cette jeune femme s’exprimant avec tous les tics de langage communs à la haute bourgeoisie, nimbée de l’autorité naturelle de ceux qui parlent sans jamais être contredits, nés pour être obéis, nés pour gouverner le destin de la plèbe.  Pour tenter d’exister politiquement, elle feint dans l’article de croire que les cinq mille et quelques voix obtenues lors des dernières élections, l’ont été grâce à son seul mérite…la pauvre, le réveil pourrait être dur ! Très dur !  Quinze jours plus tard, « Le Vif » nous apprend que le fils Uyttendael « prend le bus », il y côtoie le peuple…de l’héroïsme quoi !  Est-ce vraiment là « la gôche ! »  A lire ces interviews une profonde tristesse m’envahit tant ces deux jeunes gens m’apparaissent déjà oublieux du bonheur d’être eux-mêmes.

Autre conséquence, le nombre d’affiliés a fondu comme neige au soleil.  Les chiffres sont secrets…un comble dans un parti de gauche, certains permanents retraités parlent et évoquent les vingt-cinq mille  membres de 1974 et le fait qu’ils seraient moins de trois mille cinq-cents en 2015.  Les militants ont disparu, évaporés.  Il faut dire que le fonctionnement de la fédération fut des plus curieux pendant plus d’une décennie alors que partout l’élection du président fédéral se faisait au suffrage universel, seul à Bruxelles il était élu par le congrès où deux sections sur dix-sept, Anderlecht et Molenbeek, faisaient à elles seules la majorité…dès lors tout était simple, il suffisait de « ménager et… nourrir » Picqué et l’ordre, comme à Varsovie en 1830, pouvaient régner.

Le départ des militants a conduit un grand changement dans les campagnes électorales, plus rien ne fonctionne sur base du bénévolat, tout se paye, tout se rémunère, les collages, les distributions toutes boîtes.  Ce n’est pas anecdotique mais lourdement symbolique.  Logique aussi dans de telles conditions que la rupture soit consommée entre les organisations de l’action commune, plus besoin de syndicat, de mutuelle, d’organisation de jeunesse…tout le monde suit seul son chemin !

STRATÉGIES DYNASTIQUES ET COMMUNAUTARISME, LES DEUX MAMELLES DU PS BRUXELLOIS.

Les militants se sont évanouis mais il reste l’essentiel… des électeurs.  J’y reviendrai. Au niveau du parti la structure est donc devenue la suivante :  une bonne base électorale, des élus majoritairement issus de l’immigration, sans oublier la crème, cerise sur le gâteau, une dose de plus en plus importante de fils, filles, compagnons, compagnes, nièces ou neveux de…  La classe intermédiaire des militants a disparu, elle s’est volatilisée, donc plus de contrôle, plus de contestation, plus de compte à rendre.  Les congrès ne sont qu’une chambre d’enregistrement, garnie de nombreux membres de cabinet à qui le choix n’est pas donné, ils ont l’ordre d’être présents !  Pas de discussion, doigt sur la couture du pantalon, sinon…  Qui pourrait au PS bruxellois impulser une autre politique, remettre en cause les décisions, où est l’opposition ; sans opposition pas de démocratie !  La preuve est faite.PS-Herm4.jpg

Je note d’ailleurs que les instituts de sondages se trompent la plupart du temps en ce qui concerne le PS bruxellois car ils évaluent avec difficulté le poids de l’électorat issu de l’immigration, ils ne le connaissent que très mal, n’ont aucune idée des liens sociologiques, de la fidélité de la masse de nos électeurs d’origine étrangère, d’où une sous-évaluation systématique de nos résultats.  Si un jour cet électorat devait disparaître ou s’étioler, nul doute que le PS se trouverait réduit à des chiffres très semblables à ceux du CDH.  D’où le malaise en matière de laïcité, l’abdication quant à certaines attitudes, ce contact nauséabond avec les mosquées, la veule soumission quant aux exigences visant les femmes, les horaires des piscines, la nourriture etc.  Mais attention, le vote socialiste n’implique pas de la part de cet électorat communautaire une adhésion ou même la simple connaissance de nos valeurs ! On a raté la transmission… tragique dans une famille.  Avec stupeur, les derniers militants ont constaté qu’au PS bruxellois tout en matière de laïcité est négociable.  J’y reviendrai !

Il n’y a donc plus de classe intermédiaire entre l’électorat et les élus ; les forces vives du parti, ses militants, ont disparu, reste une caste d’élus, rejetons dynastiques et la masse de ceux qu’un chercheur de la KUL d’origine maghrébine appelait récemment dans « Le Soir » « le bétail à voix, » qu’il estimait sous-représenté… j’ose supposer que ce chercheur flamand ne songeait pas à Bruxelles !  La disparition des militants conduit à d’étonnantes surprises.  Ainsi voit-on surgir sur les listes électorales de parfaits inconnus, quasi absents de leur section locale, à peine affiliés, et encore pas toujours, (on se rappellera du fasciste turc sur une liste communale du PS, ce cas n’était ni accidentel ni unique ) totalement absents de la vie politique locale, n’ayant aucune présence sur le terrain, mais qui réussissent des scores de rêve et parfois sont élus dépassant une bonne partie des autres candidats sur la liste.  Il suffit pour s’en convaincre de reprendre les listes fédérales ou régionales du PS à Bruxelles, de regarder les scores et de mettre ceux-ci en rapport avec le militantisme dans les sections. Victor Hugo disait : « il y a du champignon dans l’homme politique, il pousse en une nuit. »  Cela n’a jamais été plus vrai qu’à Bruxelles. Dans de nombreux cas, personne au sein de la section locale ne connaît ce recordman ou cette recordwoman.  La raison du succès est simple, ce candidat ou cette candidate a appuyé sur un bouton, un seul… le bouton miracle, le bouton communautaire.  Pas besoin de faire beaucoup d’efforts, il suffit à l’électeur de déchiffrer le patronyme, imparable boussole électorale bruxelloise.  Dans de telles conditions doit-on encore défendre la laïcité ? Peut-on encore imaginer résister aux exigences religieuses d’un autre âge ?

L’essentiel aujourd’hui au PS, ce sont les liens de parenté et les circuits communautaires, le militantisme n’a plus sa place… quant à la réflexion, les idées !   Il n’y a plus que très peu de rapport entre les campagnes électorales faites par les candidats et les valeurs fondatrices du PS. Le tramway, ligne directe vers le mandat implique une filiation dynastique ou un lien communautaire, sans cela pas de mandat, c’est le cul-de-sac.  Les « tuyaux » d’accès au pouvoir ont changé…et comment !  A Bruxelles, les campagnes ne sont plus que communautaires, le programme ne compte que pour la presse et les adversaires, un nombre considérable de candidats s’en fichent complètement.  Alors que pendant des années tu as insisté pour que nous évitions le communautarisme, aujourd’hui, c’est la dominante principale.  Les tracts en arabe, en turc en albanais sont légions, plus personne ne s’en offusque à la fédération bruxelloise.  Les temps ont changé, les militants se sont évanouis, nos valeurs sont chaque jour écornées.  L’un des élus phare de l’une des importantes communautés de la région, occupant des responsabilités politiques majeures, n’hésite plus à dire « toutes les campagnes doivent être communautaires, Laanan et Madrane n’ont rien compris s’ils ne le font pas. »  Au-delà de la question fondamentale de la transmission et de l’adhésion à nos valeurs, se pose indéniablement la question de la sauvegarde des principes de laïcité pour lesquelles nos prédécesseurs ont lutté pendant tant d’années contre l’hégémonie religieuse.  Qu’on n’oublie pas qu’il nous a fallu des dizaines et des dizaines d’années d’âpres combats pour laïciser notre vie publique, échapper à l’oppression cléricale.

Comment dès lors concevoir que dans certaines écoles de la région la totalité de la viande servie soit hallal, le fournisseur répondant lors de l’appel d’offre : «  ainsi il n’y a plus de problème ! »

Comment accepter que certaines piscines communales se soient soumises ( le plus souvent hypocritement ) à l’établissement d’horaires séparés par sexe !

Comment expliquer que la région de Bruxelles soit la seule qui n’ait pas osé bannir l’abattage rituel et laisse se poursuivre ces monstruosités.

Comment admettre que dans une grande commune de la région, l’ouvrier communal qui sert les repas scolaires à chaque cuillerée servie, fasse suivre celle-ci de la formule en arabe : amdulila ( grâce à Dieu ) !

PS-Herm5.pngComment accepter que dans nombres d’établissements scolaires il ne soit plus possible d’enseigner les principes du darwinisme, ni bien sûr d’évoquer le génocide des Juifs ! Les directions ne peuvent réagir, le pouvoir organisateur voulant surtout éviter les remous !

Il y a quinze ans, un enseignant de l’athénée royal de Laeken donnant une interview dans le « Vlan » avait évoqué son incapacité d’enseigner les notions du darwinisme à ses élèves.  Cet article fit beaucoup de bruit, cet enseignant fut traité de raciste quasi de nazi. Or, il disait vrai, de nos jours ce genre d’incidents est courant. Mais l’omerta règne, il y a des choses dont on ne peut pas parler.  Je n’évoque pas ici les étranges réactions de certains professeurs musulmans lors des assassinats de Paris au début de cette année, ni le fait que le cours de religion se dispense systématiquement en arabe alors qu’il devrait l’être en français !  Ni le fait que certaines enseignantes de la religion islamique refusent de serrer la main de leurs collègues masculins rappelant que selon elles, la main recèle cinq zones érogènes !

Comment ainsi accepter sans  réagir l’irruption du moyen-âge dans notre sphère publique !   A Bruxelles, c’est tous les jours, non pas retour vers le futur, mais retour vers le passé et quel passé !  On a l’impression d’entrer dans l’avenir à reculons.

Comment admettre que les élèves musulmans manquent systématiquement les derniers cours de l’année scolaire si les parents ont décidé de partir en vacances, je n’évoque même pas les jours de fêtes religieuses où dans certaines communes les classes sont vides, le cours étant ajourné d’autorité !  Sans réaction des autorités, bien au contraire des consignes sont données aux enseignants de ne pas donner cours, « d’occuper » les trois ou quatre présents.

Pourquoi camoufle-t-on les incidents qui émaillent les récréations au cours desquelles des gosses sont pris à partie lorsqu’ils mangent du jambon ou ne font pas le jeûne du Ramadan !

On pourrait poursuivre cette liste indéfiniment.  Le relativisme culturel, lourdement prôné, accepte aujourd’hui le voile, demain il fera accepter l’excision au nom de la même effarante régression à la fois lâche et ignoble unissant la haine des valeurs issues de 1789 et un sordide cynisme de boutiquier électoral. On le voit, c’est dans le silence, à l’abri d’un discours intimidant que l’on serre le garrot qui cran après cran étrangle la laïcité, installe concession après concession, petits aménagements après petits aménagements, petites lâchetés après petites lâchetés… à haut rendement électoral,  une société où le fait religieux envahit, pollue, domine à nouveau le domaine public.

COMMENT RÉAGIT LE PS BRUXELLOIS.

Aujourd’hui, il est évident qu’il est prisonnier de son électorat dont les gros bataillons, qui osera le nier,  sont issus de l’immigration.  Tout ne fut pas négatif dans cette évolution. Il est remarquable que le PS ait su tisser des liens de confiance avec ces communautés alors que d’autres formations politiques, qui s’en mordent aujourd’hui les doigts, les méprisaient ouvertement.

Impossible dans ce contexte de ne pas évoquer Moureaux et les vingt ans pendant lesquels il a dirigé Molenbeek qu’il a transformé en laboratoire de la porosité du retour du religieux dans notre région.  Ses réactions et son évolution sont emblématiques de l’évolution, de l’attitude du PS dont il fut pendant la même période le président fédéral.

Débarquant à Molenbeek en 1982, il mène la campagne communale sur le thème du « stop à l’immigration. »  De nombreux tracts ont été conservés, étonnantes et encombrantes archives.   Il débat à la même époque sur La RTBF matinale, il y est opposé à Albert Faust, secrétaire général du SETCA de Bruxelles Halle Vilvorde et s’oppose obstinément au vote des étrangers aux élections communales alors qu’Albert Faust lutte avec la FGTB pour l’obtenir.  La RTBF dispose toujours de la cassette, on peut la réécouter… un régal d’anachronisme, une grande leçon sur l’adaptabilité du monde politique aux dures réalités électorales.  En 1986, écrivant dans un journal communal consacré à l’enseignement, il évoque la nécessaire assimilation des citoyens d’origines étrangères.  Au cours de la même période, il évoque plusieurs fois ses regrets que l’on ait reconnu l’Islam en qualité de religion subsidiée.  De nos jours, même le terme « intégration » est devenu un gros mot !  Quelle adaptation ! Certains ne le prononcent que la bouche en cul de poule, se tordant les lèvres ayant hâte de se les désinfecter. N’est-on pas étonné de la timidité avec laquelle le gouvernement bruxellois envisage le parcours d’intégration qui devrait être mis en place.  On l’évoque en catimini, entre deux portes, avec la prudence que l’on met à manipuler de la dynamite.  Il ne s’agit pas ici de fustiger Moureaux, sans doute a-t-il plus d’excuses que beaucoup d’autres, n’ayant jamais eu, de par son milieu, aucune connaissance des milieux les moins favorisés.  On le sait le marxisme lui fut injecté par voie ancillaire !  Pour la première fois de son existence grâce aux émigrés, il découvrait extatique, enfin comblé, à Molenbeek, ceux qu’ils ne connaissaient qu’au travers de ses lectures.  Il allait enfin se sentir utile et renouer avec la grande tradition des ouvroirs des dames patronnesses… aider ses pauvres.  Rendons lui cette justice, il a considérablement rénové sa commune, lourdement investi dans l’urbanisme mais il n’a pas investi dans les cerveaux !  On va le voir, c’est le sien qui s’est adapté, modelé… soumis.  Il s’est appuyé sur les mosquées pour que celles-ci encadrent les jeunes, qu’il n’y ait surtout plus d’émeutes… pas de problème, les grands frères seront généreusement subsidiés… sans le moindre contrôle sur le terrain.  Moureaux pensait du haut de ses origines sociales, de sa prestigieuse fonction académique, de ses multiples charges ministérielles et politiques que les mosquées seraient de fidèles courroies de transmission de sa volonté. Et…patatras, c’est lui qui a été roulé dans la farine par les barbus. Il ne s’est pas rendu compte, prisonnier de son orgueil de classe qu’il devenait « l’idiot utile » des forces les plus obscurantistes, moyenâgeuses, de sa commune.  C’est lui, le professeur émérite de critique historique qui, au fil des ans, est devenu l’inattendu relai des revendications les plus obscurantistes.  Le harki c’était lui, amusant non ! La politique qu’il a mise en œuvre est étonnante par son classicisme.  Ce fut celle du colonialisme qui s’est appuyée sur les chefs coutumiers pour que les indigènes ne s’agitent pas.  C’est une politique strictement maurassienne dans laquelle la religion est avant tout un encadrement social.  Pour tout dire, c’est une politique conservatrice au sens strict du terme, curieuses pratique pour ce marxiste auto proclamé !  En définitive son marxisme mal assimilé n’est-il pas pour paraphraser Jean Cau que «  le gant retourné du christianisme ? »  Ce n’est qu’au fil du temps et du remplacement de la population belge de souche de sa commune par des émigrés qu’il comprit le rôle électoral que cette population allait jouer à Bruxelles.  Il faut lui rendre cette justice d’autant plus qu’il poussera jusqu’au bout le don de sa personne, allant même jusqu’au sacrifice suprême, moderne Abraham, puisque maintenant il « immole » sa fille Catherine, il la livre, innocente enfant, à ce peuple émigré, pauvre, fragilisé, mais exigeant un total don de soi, en ce compris le rejet des valeurs de la laïcité.

Ainsi la fédération s’est de plus en plus appuyée sur les mosquées et donc forcément sur les milieux musulmans les plus rétrogrades.  Cela explique la disparition d’un certain nombre d’élues féminines d’origine maghrébine, ces femmes les premières élues de ce milieu, étaient toutes des femmes libérées des contraintes religieuses, ayant un langage direct, ferme à l’égard du poids du religieux.  Aujourd’hui, elles sont remplacées par des élues beaucoup plus « lisses, soumises »  On sait qu’elles ne causeront aucun problème avec leur communauté ou avec ceux qui s’y arrogent le rôle de représentant desdites communautés.  La seule qui ait résisté c’est Fadila Laanan, précisément parce qu’elle était soutenue à un autre niveau du parti.  Moureaux n’écrivait-il pas à son sujet « cette personne n’a pas été désignée en qualité de ministre par la fédération. »  Quelle est aujourd’hui sa relation avec la nouvelle direction fédérale… On le sait les sourires cachent les poignards !  Quel tort a Fadila ?  Simple, elle est issue de l’immigration, c’est une femme libre, éduquée, fière de sa culture, fière de ses origines, non liée aux groupes religieux et elle défend la laïcité, et, suprême audace s’en réclame… elle fait une place aux femmes là où depuis des décennies les extrémistes islamistes les empêchaient de travailler ! Elle ne plaît pas aux barbus… ça c’est certain !

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L’ENSEIGNEMENT.

S’il est un domaine vital pour l’avenir d’une société, c’est bien l’enseignement.  Or, à quoi a-t-on assisté à Bruxelles ?  Ni plus ni moins à un effondrement total du niveau des écoles de l’enseignement public, il n’aura fallu qu’à peine deux décennies.  L’enfer étant pavé des meilleures intentions, les pouvoirs organisateurs ont dans la plupart des cas voulu forcer la mixité.  C’était nécessaire et utile.  Mais cela se fit sans le moindre discernement, la moindre analyse de fond, le moindre suivi.  Il était absolument nécessaire d’établir une vraie mixité, de lutter contre les discriminations, le racisme, qu’il ne s’agit pas ici de nier. Notre enseignement fut victime d’un égalitarisme forcé alors qu’il aurait été nécessaire de lire Aristote lorsqu’il soulignait « que la véritable justice est de traiter inégalement les choses inégales. »  N’est-il pas démontré par l’histoire que forcer l’égalitarisme conduit toujours au drame !  Le résultat est que dans différentes communes, les classes sont composées pour 80 ou 90 pourcents d’enfants issus de l’immigration. Ceux-ci ne parlent pas français au sein du foyer familial, ils ne regardent que la TV dans leur langue maternelle. Peut-on le leur reprocher ?  Significatives les réponses données par les enfants lorsqu’on les questionne sur leur nationalité, les neuf dixième répondent qu’ils sont Turcs, Albanais, Marocains, Algériens, seule une infime minorité répond qu’ils sont Belges alors même que la majorité l’est ! Imagine-t-on un seul instant les difficultés qu’affrontent au jour le jour les enseignants, leur découragement, leur révolte face à un pouvoir organisateur n’ayant tenu aucun compte des affres quotidiennes de la réalité.  Or, qui sont les premières victimes de cette situation ? Ce sont bien sûr les enfants issus de l’immigration.  Leur progression scolaire ne peut qu’être lente, les chances d’avenir réduites.  Les brillantes réussites d’enfants d’émigrés ayant accompli leur scolarité il y a quinze ou vingt ans deviendront des exceptions car le malheur veut que leurs enfants se retrouveront dans des classes vouées à un grand retard du fait de la ghettoïsation des écoles. Réussir des études, accéder à un emploi de qualité est beaucoup plus difficile aujourd’hui qu’hier.  Les statistiques publiées par « Le Soir » le démontrent sans contestation possible.  Cela aussi, il est interdit de le dire, interdit même de le constater.  Si par malheur vous le faites soit on vous traite de menteur soit vous êtes voués à l’enfer de la faschosphère !

Je le répète, j’insiste les premières victimes de cette situation, ce sont précisément les enfants d’émigrés, même ceux de la deuxième ou troisième génération, leur capacité d’intégration, de réussite sont largement diminuées.  Est-il nécessaire d’ajouter que les émigrés et leurs enfants n’ont aucune responsabilité dans cette horrible situation, quoi de plus normal pour quelqu’un qui débarque en terre étrangère que de tenter de s’insérer dans un environnement où il retrouve ses semblables.  Il est d’ailleurs démontré que les émigrés ou Belges issus de l’émigration s’ils « réussissent » professionnellement quittent au plus vite certains quartiers ou font des mains et des pieds pour éviter que leurs enfants fréquentent certaines écoles.  Comment dès lors s’étonner des trente pourcents « officiels » du chômage des jeunes âgés de dix-huit à vingt-cinq ans.  Au mois de mai, un nombre important de mamans maghrébines de Montpellier ont manifesté pour que les établissements scolaires de leur quartier retrouvent une vraie mixité, à savoir que reviennent dans les écoles de la municipalité quelques enfants Français de souche !!!  Curieux qu’on en ait si peu parlé à Bruxelles.  Très récemment Picqué s’exprimant à la section d’Anderlecht n’hésitait pas à souligner, avec le cynisme distancié le caractérisant qui est à la fois sa marque de fabrique et lui tient lieu de colonne vertébrale idéologique, que ses enfants fréquentaient l’enseignement catholique.  Il est vrai que Picqué n’a jamais été socialiste, il a appris à LE parler, voilà tout !  Certains des présents se rappelaient le reportage de RTL où l’on pouvait voir son épouse dormir sur le trottoir du collège Saint Michel pour avoir le privilège d’y inscrire ses fils !  Comment mieux reconnaître que l’enseignement à Bruxelles est l’un de ces immenses territoires perdus de la laïcité, perdus pour la gauche !  Où est l’époque où, pour se présenter sur une liste électorale socialiste, il fallait que ses enfants fréquentent l’enseignement officiel !  Il faut oser dire que dans certaines écoles on forme… de futurs chômeurs ; les bonnes paroles, les discours lénifiants du politiquement correct n’y changeront rien.  Seule une politique volontariste, immédiate, brutale, visant à largement revaloriser le statut des enseignants et à imposer, oui à imposer, une vraie mixité serait de nature à rencontrer les besoins d’avenir de notre région ; sans oser évoquer le bonheur des enfants qui sont confiés aux établissements publics de notre région.  Les premiers bénéficiaires d’une telle réforme seraient les enfants d’émigrés.   Pour les plus fortunés, pas de problème, ils iront dans « les zones protégées » de certains établissements catholiques… ils feront comme Picqué !

S’INTÉGRER MAIS À QUOI ?

PS-H9.jpgJ’avais été impressionné, il y a bien des années d’entendre un Commissaire européen me dire que si l’Union européenne avait pu s’étendre à Bruxelles, c’était dû au fait que la Belgique n’était pas une nation, que Bruxelles n’avait pas d’identité nationale, d’où l’étonnante permissivité à l’égard de la tentaculaire administration européenne.  Une telle porosité n’eût été possible dans un pays sourcilleux en matière de souveraineté.  Ce Commissaire ignorait sans doute que Bruxelles continue à assumer le rôle qui fut le sien dans l’histoire depuis la période bourguignonne, à savoir être un centre administratif, fonction intimement liée, sinon imposée par sa situation géographique.  Il en sera de même sous l’occupation espagnole, autrichienne et française.  Il n’est pas inutile de rappeler que sous l’occupation allemande de 1940 à 1944, Bruxelles était le centre des forces d’occupation pour la Belgique et le Nord de la France. Toujours ce même rôle de centre administratif, toujours pas d’attache nationale propre.  « La Nation belge » fut le titre d’un journal bruxellois au XIXème siècle, ce ne fut jamais une réalité politique même si on a essayé de le faire croire ; s’il n’y a jamais eu de nation belge, il y eut encore moins d’identité bruxelloise.  N’en déplaise à certains chantres du  tout nouveau DEFI, il n’y a jamais eu de spécificité bruxelloise. 

Historiquement, c’est sans contestation possible une ville dont la population est flamande, mais l’élite du centre administratif parlait une autre langue, Français, Espagnol, Allemand. Je ne reprendrai pas ici les propos, souvent injustes et odieux de Baudelaire sur les Belges et en particulier les Bruxellois mais il faut reconnaître que cette région fut toujours un étonnant magma réunissant des élites « d’occupation » inévitablement accompagnées de fidèles « collaborateurs » et une population parlant un sabir à base essentiellement flamande.  Il ne fait aucun doute qu’avec l’installation massive des administrations de l’UE, et de tant d’autres organisations multilatérales, Bruxelles soumise au déterminisme de sa géographie, poursuit son rôle de centre administratif.  Or, un émigré, ou un enfant d’émigré, débarque avec sa culture, sa langue, sa religion, ses habitudes alimentaires.  Ce sont des éléments structurants dont souvent il est à juste titre fier, qu’il ne veut pas larguer comme on se sépare d’un vieux vêtement ! C’est parfaitement légitime.  Dans les années cinquante, un boxeur français d’origine tunisienne Halimi, poids coq, avait gagné un combat contre un pugiliste anglais.  Porté en triomphe par ses soigneurs, il répondait au micro que lui tendait Loïc Van Le : « j’ai vengé Jeanne d’Arc. »  Voilà donc une intégration réussie, ce boxeur, avait noué ses racines à celles de la France, à son histoire, il la faisait sienne. 

Peut-il en être de même à Bruxelles ?  Impensable !  Il n’y a ni « récit, ni roman national », il n’y a pas de racines historiques glorifiées, fondatrices.  Quel jeune Bruxellois connaît le combat du municipaliste T’Serclaes.  Les Comtes d’Egmont et Horne n’étaient pas Bruxellois, de plus ils appartenaient d’abord et avant tout à « l’internationale » de la noblesse.   Il ne faut pas compter sur les cours d’histoire dispensés au niveau scolaire pour y suppléer, ceux-ci faisant fi des liens chronologiques, entendent faire connaître l’histoire par thèmes ; puzzle effrayant dont les élèves ne retiennent que des bribes sans continuité ; ce costume d’Arlequin décousu, impossible pour les malheureux étudiants de le recoudre, ajoutez  une pédagogie générale de plus en plus obscure, caramélique… Croire après cela qu’on va leur enseigner l’histoire de ce pays, de cette région n’est qu’une sinistre plaisanterie !  Ce n’est pas le spectacle de la plantation du Meyboom ou le défilé de l’Ommegang qui me feront changer d’avis.  A quelles nouvelles racines l’immigré peut-il nouer les siennes ? De fait à Bruxelles, elles sont inexistantes. Sur quel nœud de l’histoire la greffe peut-elle prendre ?  L’effondrement de la qualité de notre enseignement, l’absence de cohésion nationale ou même régionale, l’absence de conscience identitaire ne pouvaient que renforcer le communautarisme, l’accentuer, l’enkyster.  Car, ne nous y trompons pas, l’émigré, lui nous vient avec son identité nationale forte, avec sa religion qu’il ne sépare pas de la vie publique ; sa culture comprend indissolublement liées l’identité nationale et l’identité religieuse ; au Maroc, le chef de l’Etat n’est-il pas aussi le commandeur des croyants !  Et l’on aurait voulu que par un coup de baguette magique cet étranger fasse sienne les mœurs politiques, les us et coutumes, les civilités qu’il a fallu des siècles pour bâtir ! Il serait grotesque de lui parler d’identité bruxelloise. Impossible de lui demander de s’intégrer au vide !  Que reste-t-il alors ?  Une seule chose mais essentielle : des valeurs !  

PS-H7.jpgSans être une nation, sans être un état, sans identité régionale, il n’est pas exagéré de dire que ce qui structure les Bruxellois, ce sont des valeurs ; du point de vue schématique, celles-ci se réfèrent au socle des droits de l’homme et du citoyen, ce legs inestimable, admirable de la révolution française. Ces valeurs, ce sont les éléments que l’on a en commun, ce sont les liens qui unissent les Bruxellois, les fondements permettant de gérer le présent, de préparer l’avenir tout en sachant ce qu’il a fallu de luttes pour qu’elles voient le jour et surtout combien elles sont fragiles.  Ces valeurs sont constitutives du contrat qui lie le citoyen à la puissance publique, qu’elle soit régionale ou fédérale, c’est le respect de la Justice, des institutions, le respect de la loi, en un mot, de tout ce qui fait le vivre ensemble.   Or précisément, on constate depuis une quinzaine d’année le recul d’éléments essentiels de ces valeurs.  « De petits aménagements » en « petites concessions » les frontières de la laïcité deviennent floues ; ce qui était parfaitement clair il y a quinze ans devient sujet à discussions. Des valeurs, comme l’égalité homme-femme qui nous semblaient acquises pour l’éternité, vacillent, sont discutées.  Attention, si vous vous montrez rigide, implacable dans la défense de ces valeurs, vous serez traité de laïcard, un terme utilisé par le président fédéral bruxellois lui-même pour fustiger ceux qui mettaient en cause le voile, les horaires de piscine séparés ou l’invasion du halal.  Intéressant de savoir que ce terme a été inventé par l’extrême droite française entre les deux guerres pour attaquer la gauche du front populaire.  Se faire traiter de laïcard est un moindre mal car on bascule vite sur des éléments de langages plus brutaux comme fascistes, racistes etc.  Mise en œuvre de la vieille technique stalinienne qui veut que si « tu n’es pas à 100% d’accord avec moi, tu es à 100% contre moi. »  Venant de marxistes en peau de lapin… c’est du plus haut comique.  Curieux zigzag de l’histoire !  

En 2004, lors de l’élaboration du programme électoral de la fédération tous les amendements visant à mettre en évidence l’égalité homme-femme ont été repoussées violemment par le président fédéral lui-même.  Fulminant, éructant, hurlant, on ne pouvait pas en parler : « cela risquait de heurter la population la plus fragilisée de Bruxelles ! »  Ah ! Bon… donc un élément aussi fondamental que l’égalité absolue homme-femme devait être tu !  Pour des raisons électorales… Voilà, le piège se refermait, nous socialistes devenions prisonniers de notre électorat précisément parce que nous n’avions pas été capables de transmettre nos valeurs.  Nous cessions d’être une force de propositions, de progrès, nous nous soumettions à la sensibilité d’un électorat qui aurait dû épouser la nôtre, pour parler clair qui aurait dû accepter nos valeurs… et les défendre.  Parce que dans la structure du parti, on avait accepté qu’il n’y ait plus de militants, que l’électorat suffisait pour autant que soient élus ceux choisis par les « Dieux, » en un mot que les plans de carrière de certains soient assurés, on baissait pavillon sur ce qui faisait notre âme ! Notre slogan occulte devenait : « des valeurs non !  des électeurs oui ! ». D’aucuns rétorquent que cette thèse est fausse, nos valeurs seraient largement partagées par nos électeurs car les élus d’origine étrangère ont toujours, sans la moindre difficulté voté les textes portant sur des avancées en matière d’éthique telle l’euthanasie. Parfaitement exact. Mais raisonnement simpliste, qui se refuse, comme souvent à gauche,  à voir la réalité.  Sur ce genre de questions les élus d’origine maghrébine ou turque s’en fichent totalement,  cela ne les concerne pas ; sur ces questions essentielles, ils vivent dans leur culture, ils respectent leurs valeurs et n’adhèrent aucunement aux nôtres, tout simplement cela ne les concerne pas !  C’est bon pour l’autre monde, celui où l’on tente de perpétuer ce que furent les valeurs humanistes de progrès.   Peut-on leur en faire grief ?  Certes non, c’est nous, en particulier le puissant PS qui avons été incapables de transmettre les nôtres, le PS s’est « soumis », ou s’est cru habile et… on c’est dépouillé de ce qui faisait notre essence.  Peut-être aurait-il fallu se souvenir que la ruse ultime du diable est de faire croire qu’il n’existe pas !  Pensant tirer profit d’un corps électoral qu’on pensait fruste, naïf, innocent, on lui concède nos valeurs…cela relève de la comédie de boulevard et non de la politique.  Dans les journaux de la fin du XIXème siècle, il y avait un jeu dénommé « Chercher le Kroumir », les Kroumirs étant une tribu tunisienne accusée par les Français de faire des incursions en Algérie, prétexte colonial typique pour imposer un protectorat sur ce pays. Dans un dessin de paysage, on devait deviner la silhouette dissimulée du « méchant » Kroumir. Je pense qu’on devrait relancer ce jeu à Bruxelles dont le thème serait « chercher le cocu » le pauvre cornard étant celui qui soutient un parti socialiste qui a jeté par-dessus bord son histoire, ses valeurs et tout le reste !  Voilà ce que ressentent aujourd’hui de nombreux affiliés de longue date du PS.  Pour ceux-là le vote socialiste sera difficile, comme les sondages les uns après les autres le démontrent, le transfert se fait vers le PTB…et le DEFI.

Je fus  stupéfait de lire au tout début de l’année dans « Libération » que Houellebecq répondant à une interview, précisait qu’il avait eu l’idée de son dernier livre « Soumission » on en connaît le thème, c’est l’élection en qualité de président de la république française d’un musulman modéré, en se baladant dans les rues de Bruxelles.  Amusant aussi d’entendre Amin Maalouf le talentueux écrivant libanais raconter sur France Inter qu’il y avait beaucoup moins d’intégristes au Maroc qu’au sein de l’immigration européenne ; ainsi il évoquait que, se trouvant sur une plage du Maghreb, il y observait une famille de musulmans de stricte obédience, femmes entièrement voilées sur la plage, se rapprochant il constata que c’était des Belges… cela le faisait beaucoup rire.

Il est de bon ton dans les instances dirigeantes du PS bruxellois d’estimer que toutes les cultures se valent, que ce serait faire preuve de racisme que de réagir à certaines pratiques.  Ainsi la présidente fédérale monte-t-elle tout de suite aux barricades criant haut et fort qu’elle n’a jamais condamné les pratiques barbares liées à la nourriture Halal, la presse ayant osé émettre quelques doutes.  Elle est nettement moins réactive quand un élu refuse de reconnaître le génocide arménien, à peine audible, d’une voix fluette, entre deux portes, pour une fois le sourire tarifé en berne, elle précise que l’intéressé devra se présenter devant une commission. Elio, tu sais mieux que moi la façon dont tu as dû t’investir dans cette crise symptomatique.  Elle ne fut dénouée que grâce à toi, beaucoup le savent.  Un élu de Molenbeek traite un journaliste « d’ordure sioniste » ou ce même élu affirme qu’il se sent proche du Hamas (organisation classée dans la liste des groupes terroristes par l’ONU ), elle déclare dans le même souffle à la télévision que cet élu est «  un homme bien ! »  Il est vrai qu’à Molenbeek des consignes verbales étaient données aux policiers non musulmans de ne pas manger devant leurs collègues appartenant à ce culte pendant le ramadan afin d’éviter tout incident.  Je ne doute pas que ce soit aussi le cas ailleurs mais peut-être y est-on encore plus discret ?  On pourrait multiplier à l’infini les exemples de recul portant sur des valeurs qui furent toujours les nôtres et pour lesquelles, je le répète nos prédécesseurs se sont battus pendant des dizaines et des dizaines d’années.

DEMAIN LES VALEURS DE LA GAUCHE.

Cela fait déjà pas mal de temps que l’encéphalogramme de la gauche et de la social-démocratie est plat.  Le vide idéologique est abyssal. Tout souffle a disparu.  Il règne dans le mouvement socialiste comme une odeur de décomposition, fût-elle institutionnelle, elle agresse nos narines.  Mais a-t-on encore besoin d’idéologie ?  Pathétique de constater que Moureaux n’hésite pas à se raccrocher au philosophe français Badiou, dernier maoïste n’hésitant pas à envisager un monde sans démocratie !  Cela en dit long sur une certaine dérive idéologique ou le rouge se mâtine de brun ! Pourtant Badiou n’est pas barbu !

Peut-être un jour, si l’ex-bourgmestre de Molenbeek n’a plus d’espoir dynastique, criera-t-il lui aussi avec Aragon « feu sur les ours savants de la social-démocratie. »  Tout est possible avec les vieilles gloires sorties des rails.  Je ne sais s’il faut pleurer ou rire.  L’éclatement de la gauche, son évaporation dans l’Europe pose un problème général, une dimension nouvelle, car cette gauche, si malmenée, reste malgré tous ses défauts, le seul, l’ultime rempart contre le capitalisme fou, contre la financiarisation de la société, contre l’asservissement total des peuples au culte de Mammon.

J’en reviens à Bruxelles, au pitoyable PS Bruxellois.  Faut-il croire qu’il est devenu cette chose boiteuse, sans lyrisme, sans espoir, mélange de bureaucratie, de sordide népotisme, de clientélisme, de médiocrités arrivées ?  Non, je ne peux le croire.  Pourtant, je renifle sous les flonflons des rhétoriques de circonstances comme une odeur de cadavre, de fin d’un système, fragrances des lâches abandons… Quelque chose disparaît sous nos yeux !  Il est vrai que le PS ne fait plus rêver, tu te rappelles Elio de ce slogan : « changer la vie ! »  Bon sang, que c’est loin.  Mais le pire serait la trahison de nos valeurs, l’abandon progressif, hypocrite de ce qui fût notre apport essentiel à notre culture, à notre mode de vie.  Je ne vois que des avantages à la présence dans notre région de cultures multiples, c’est une richesse indéniable mais je ne vois que des dangers si l’une de ces cultures veut imposer ses normes, revenir sur nos acquis sociétaux ou politiques, imposer ses normes alimentaires, revenir sur l’absolue égalité homme-femme, revenir sur l’impact du religieux dans la sphère politique etc.  En d’autres termes, pourquoi pas le remplacement d’une part de notre population ! Substitution de nos droits, de nos valeurs non ! jamais !  A Bruxelles, c’est ce qui est en train de se jouer.  C’est cela l’enjeu essentiel.

Allons nous abdiquer ou allons-nous être capables de nous libérer du poids d’un électorat qui n’a pas (encore) assimilé nos valeurs et qui ne comprend pas que certaines des siennes sont incompatibles avec ce qui fait notre civilisation ?

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Y A-T-IL UN AVENIR ?

Il ne fait pas de doute qu’au niveau institutionnel la région telle qu’elle est limitée n’a aucun avenir. Elle ne deviendra jamais un Singapour européen, elle est vouée à la paupérisation et à la ghettoïsation.  Tous le savent, tous l’admettent…en privé, y compris celui qui fut si longtemps ministre président et qui n’a jamais caché lors de contacts personnels qu’il ne croyait nullement dans la pérennité de cet espace étriqué, pauvre.  Notre sort sera scellé ailleurs lors du grand pow wow politique exigé par nos voisins du Nord !
Personne d’ailleurs ne demandera l’avis de la population.

Pourtant, ils existent les habitants de notre région.  Pour les évoquer, il me paraît essentiel de d’abord rendre hommage aux émigrés.  Ceux qui les vouent aux gémonies feraient bien de se demander ce que serait leur attitude dans un pays étranger dont ils savent qu’ils n’y sont pas les bienvenus, dont ils ne connaissent pas la langue, dont les mœurs administratifs sont aux antipodes de ce qu’ils ont connu, dont l’accès à l’emploi est complexe et de plus en plus aléatoire.  Et malgré tous ces obstacles, malgré les discriminations, le racisme, certaines réussites sont splendides, exemplaires.  Réussites qui ne sont pas suffisamment mises en évidence.  Quand Lévi-Strauss évoque l’universalité des hommes et leurs différences, c’est d’abord l’universalité qui m’importe !  C’est cela qu’il faut avoir à l’esprit quand on évoque la problématique liée aux émigrés ou leurs descendants.

Cependant, s’il m’apparaît qu’affirmer que globalement l’intégration est un échec est totalement faux, il n’en est pas moins vrai que celle-ci sera plus difficile que précédemment.  L’effondrement de la qualité de l’enseignement, les classes ghetthoïsées ne favorisent plus ces succès.  On assiste à un nivellement par le bas tout à fait évident dans certaines communes, ou dans certains quartiers ; la lutte pour intégrer des écoles qualifiées de meilleures le démontre de façon claire.

Que reste-t-il donc à ce peuple d’émigrés ?  que reste-t-il à cette masse de jeunes sous qualifiés n’ayant que peu de chance d’intégrer le monde du travail ?  Ils sont Belges et subissent la violence des discriminations à l’emploi, au faciès, le racisme ordinaire, encore accru par la crainte justifiée du terrorisme ; au Maroc, en Algérie ou ailleurs ils ne sont plus acceptés comme des autochtones !  Ils sont donc dépourvus d’identité dans une région qui n’en a pas… il leur reste donc pour seul élément structurant la religion, celle-ci n’est pas seulement un rapport à la transcendance mais aussi un cadre global de vie d’une des grandes civilisations mondiales.  Comment s’étonner des dérives que l’on observe aujourd’hui, impensables il y a encore une quinzaine d’années.  La gauche a cru que le fait religieux, sa coloration du politique, appartenait définitivement au passé.  L’époque où le curé en chaire les jours d’élections expliquait à ses ouailles comment et pour qui voter appartenait au folklore électoral.  Tout le monde sait à Bruxelles que les imams eux perpétuent cette sainte tradition.  Pire, ce sont des élus PS qui supplient ou flattent les responsables des mosquées pour obtenir les mots d’ordre que nous avons reprochés aux curés pendant plus d’un siècle !

Le monde des émigrés et les Belges musulmans nous démontrent qu’ignorer, comme la gauche a tenté de le faire, le facteur religieux fut une lourde faute…
le retour vers le passé nous saute à la gorge… avec notre complicité électoralement intéressée.

Tous les démographes le prévoient, Bruxelles sera majoritairement musulmane d’ici une quinzaine d’année.  Les facteurs géographiques, la contention insensée de Bruxelles dans des limites économiques et sociales invivables, la démographie dans la population immigrée,  imposeraient des décisions majeures, rapides.  Je n’ai aucun doute que le gouvernement régional sera incapable de les prendre !  D’ailleurs, la question se pose de savoir si dans le contexte institutionnel actuel, il y a encore quelque chose à espérer.  Une autre politique est-elle possible ?  Plus modestement, une politique est-elle possible ?  Ou bien faut-il se contenter de poursuivre la politique brillamment menée par Picqué, la morbide politique du chien crevé au fil de l’eau.  Dans ce cas, toutes choses restantes égales l’avenir du PS bruxellois sera assuré par le « couple » Catherine Moureaux et Uyttendael, ils régneront sur un magma d’électeurs d’origine étrangère, dirigeront la fédération avec pour slogan le Bisounours du Vivre Ensemble et inviteront les derniers affiliés à venir se ressourcer dans un salon de dégustation halal- bio, nirvana absolu du politiquement correct !  Quand aux valeurs du PS !  Quelles Valeurs ?  Qui parle encore de valeurs ?  Elles ont été remplacées comme notre électorat.

Les conséquences étaient prévisibles.  Il y a une vingtaine d’années, une institution bruxelloise lors d’une inauguration avait prévu des distributions de crème glacée gratuite pour les enfants du quartier.  L’assaut fut vite incontrôlable. Certains policiers voulaient chasser les enfants, ceux-ci se mirent à hurler « vive Bajrami, il va venir nous aider, c’est notre héros ! »  Bajrami était un gangster célèbre à l’époque.  Aujourd’hui, seuls quelques ilotes osent nier que Bin Laden est considéré comme un héros dans une certaine fraction de notre population.  Est-il nécessaire de rappeler les connexions à Molenbeek de l’assassin du musée juif.  N’est-ce pas à Molenbeek que le terroriste du Thalys aurait obtenu ses armes ?  Les contacts entre les terroristes et cette commune sont aujourd’hui une évidence mondiale.  Mohammed Mehra, après avoir tué trois militaires français, assassina des enfants Juifs parce que Juifs ; il était né en France, avait suivi les cours d’une école publique pendant plus de dix ans.  Les terroristes de Londres, étaient anglais, nés et scolarisés en Angleterre.  Une accumulation de tels faits mériterait la plus grande attention.  Pour ne pas évoquer l’antisémitisme d’importation répandu dans toute la population d’origine émigrée qui s’apprend avec le naturel de la langue maternelle avec j’ose l’écrire pour certains un silence complice, une compréhension ignoble car s’il y avait à Bruxelles quatre cent mille Juifs et vingt-cinq mille Maghrébins, ceux-là qui se taisent et acceptent, les mêmes, se transformeraient en thuriféraires de l’Etat d’Israël jusque dans ses pires actes.  Je conserve la photo d’un élu socialiste Flamand qui, participant à une manifestation à Anvers, hurlait, éructant, le visage tordu de haine, les lèvres ourlées de bave blanche « les Juifs dans le gaz ! »  Cet élu assume aujourd’hui au  nom de son parti d’importantes responsabilités au parlement régional… sans conteste une intégration réussie !  Un partage de nos valeurs !  Ah ! mais attention, nos valeurs ont peut-être changé ?  L’antisémitisme en fait-elle partie ?  Personne n’ayant cru bon de nous en avertir.

La gauche refuse de voir le réel, c’est une constante, s’il ne cadre pas avec ses fantasmes, prisonnière d’un humanisme généreux mais impuissant, isolant le réel de l’imaginaire, elle croit éviter les drames en ignorant les faits… l’insécurité n’existait pas, seuls les petits vieux éprouvaient un sentiment d’insécurité…tout autre chose n’est-ce pas ?  En ignorant les faits, elle sera considérée comme complice des faillites de l’autorité publique.  On le lui reprochera avec raison pendant longtemps.

En terme de respect de nos valeurs, de défense de la laïcité, à Bruxelles c’est Munich tous les jours !

Ceux qui aujourd’hui gouvernent la fédération auraient avantage à visionner un vidéo d’un congrès du parti Baas au Caire au début des années soixante.  On y voit Nasser raconter qu’il a rencontré un Imam, celui-ci lui avait demandé que les femmes se voilent, Nasser, rigolant, lui avait répondu, qu’il n’avait que se voiler lui-même, toute la salle explosait de rire en applaudissant.  A la même époque, sur les plages d’Egypte, on pouvait voir des femmes en bikini !  Quel recul !  Nasser était-il un « bon » musulman ?  Combien de jeunes filles ou de femmes traversant certains quartiers se font elles insultées car elles n’arborent pas les vêtements qui agréent certains musulmans ?  Un film en a fait la terrible démonstration, ce qui n’a pas empêché les bonnes âmes du politiquement correct de nier ces faits pourtant vérifiables chaque jour dans notre ville.

EXISTE-T-IL DES SOLUTIONS ?

J’ose à peine esquisser quelques pistes, conscient que les gardiens du temple, chiens de garde de la ligne du parti, ou ce qu’ils qualifient de tel,  hurleront… mais bon, pourquoi te cacher que je m’en fiche royalement.

Au plan de la technique électorale, si on veut un équilibre entre les diverses composantes de la population bruxelloise, il est indispensable de limiter les votes de préférence à 3.  Simple à réaliser… seulement un peu de courage !

Au plan des valeurs, pourquoi ne pas imaginer une charte que signerait chaque candidat s’engageant à respecter les valeurs essentielles des Droits de l’Homme et du Citoyen, en particulier l’égalité absolue homme-femme.  Est-ce si compliqué ?

Au plan de la fédération bruxelloise, une charte devrait également être signée par les adhérents reprenant l’ensemble des valeurs sur lesquelles le PS a été fondé.

Au plan de l’enseignement, dans la lutte contre les ghettos scolaires, il est nécessaire de faire sauter les critères géographiques et mettre en place les mécanismes d’une vraie mixité dans toutes les écoles libres et publiques.

Au plan de l’apprentissage des éléments essentiels de notre culture et du respect de la culture des émigrés, organiser des cours relatifs à la culture des enfants émigrés, mettre en place des cours sur l’histoire des religions, sur ce qu’est la laïcité, des cours de citoyenneté qui ne se contenteront pas d’apprendre aux enfants le fonctionnement des feux de circulation ou la propreté bucco-dentaire. Des cours de citoyenneté et de langues devraient être organisés à l’intention des parents.

Au plan des repas scolaires, il n’y a aucune justification à fournir des repas conformes aux prescrits religieux, par contre les enfants doivent avoir le choix de menu de substitution ( végétariens ) ou autres.

Au plan des cours de natation et de gymnastique (niveau du primaire), ceux-ci doivent rester mixtes.

Au plan du logement, mettre fin aux règles absurdes qui conduisent aux ghettos, là aussi doit être imposée une mixité ethnique, sociale et économique

Au plan de l’octroi de la nationalité, celle-ci devrait s’accompagner d’une véritable adhésion à nos valeurs essentielles, sous forme d’un engagement formel et motivé.  Il doit en aller de même pour l’octroi du statut de réfugié.  Pourquoi ne pas oser une large réflexion sur les effets et conséquences de la double nationalité !  Symptomatique d’entendre récemment un député bruxellois d’origine maghrébine se plaindre des effets de la double nationalité qui d’après lui faisait de ceux qui en bénéficiaient des citoyens de « seconde zone. »  Ben voyons !  De quoi s’agissait-il ?  Un Belgo-Marocain ayant été arrêté au Maroc, ce député et quelques autres exigeaient que la Belgique en tant qu’Etat fasse pression pour le tirer de ce mauvais pas.  Le gouvernement répondit que l’intéressé étant Marocain, il lui était impossible de réagir.  C’est ce refus d’intervenir qui faisait dire à ce député que les bénéficiaires de la double nationalité étaient des citoyens de « seconde catégorie » !  Curieuse réaction en miroir ! Cela implique qu’on soit Belge quand cela présente un intérêt quelconque et qu’on est Marocain à d’autres moments.  On ne pouvait mieux démontrer les ambiguïtés de la double nationalité.  Attention,  attention vade retro Satanas,  mettre en évidence de  tels raisonnements vous classe immédiatement dans le camp des pires racistes.

AVENIR ET PROGRÈS, RACINES DE NOS VALEURS.

J’ai déjà évoqué le trouble profond de la social-démocratie dans le monde, les élections qui se succèdent confirment l’effroyable ressac de notre représentation, quasi disparition du Pasok en Grèce, Hongrie, effondrement et division en Grande-Bretagne, phénomène identique en Pologne… dans l’attente de l’inévitable drame qui se profile en France.  Lisant l’historienne française Mona Ozouf, je suis impressionné quand elle constate que si la gauche recule partout c’est notamment parce qu’elle a abandonné deux de ses piliers essentiels, les concepts d’avenir et de progrès.  Ces notions sont les socles ontologiques sur lesquels se sont construits les idéaux socialistes.  Il est donc permis à Régis Debray, tout en se revendiquant de  gauche, d’écrire que pour la première fois, il n’y a plus d’après ni au ciel ni sur la terre.  Incroyablement actuelle la définition du progrès par Michelet « Le progrès n’est pas du tout une ligne droite et suivie, c’est une ligne en spirale qui a des courbes, des retours énormes sur elle-même, des interruptions si fortes qu’il ne recommence qu’avec peine et lentement. »  On croirait qu’il parle de ce que l’on connaît en ce moment ! Aujourd’hui, les annonceurs de catastrophes tiennent le haut du pavé, dominent l’aire médiatique, c’est clairement la profession qui fait florès.  Nous sommes dominés par une eschatologie mortifère.  C’est d’ailleurs philosophiquement passionnant car l’espérance en terme chrétien est donc remplacé par l’annonce d’un  enfer climatique dont nous serions responsables.  Le messianisme marxiste faisant croire aux lendemains qui chantent est battu sur toute la ligne. Après avoir espéré dans l’avenir… c’est l’enfer qu’on nous décrit. Pour le Progrès, c’est pareil, alors qu’il a servi de main courante à toute la philosophie socialiste, le voici avalé, englouti dans un pessimisme général, une méfiance à l’égard de la science.  Qu’il suffise de songer aux efforts qu’il faut déployer pour soutenir les campagnes de vaccination.

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A ce triste panorama s’ajoute la disparition du croquemitaine communiste, lui aussi a sombré étouffé par sa bureaucratie, sa médiocrité et ses mensonges.  Or, les Etats communistes étaient essentiels à la social-démocratie, avec leur disparition, le « bâton derrière la porte » a été brisé.  Le communisme ne fait plus peur, que dire alors de son avatar socialiste.  Il n’est plus possible de soutenir qu’il faut nous céder « un peu » car si ce n’est pas nous… « ce seront les communistes ! »   La chute d’une autre « Goldman Sachs » effraye beaucoup plus !  Ce changement de perspective a tout bouleversé, ce n’était pas la fin de l’histoire comme voulait le faire croire Fukuyama, c’était le début d’une autre histoire mais nous socialistes n’avons rien vu, nous contentant de porter les oripeaux d’un monde disparu.  Dans cette histoire là, d’aucuns voudraient que nous n’ayons plus notre place.  Nous croyions entrer dans l’Union européenne et nous devenions des personnages d’un sinistre « Socialist park ! »

On pourrait croire que ces dernières considérations m’éloignent de la problématique bruxelloise, il n’en est rien !  Car, s’il se joue sur les grandes scènes de l’histoire l’acte tant redouté d’un énorme basculement dans les gouffres de la droite, à Bruxelles, minuscule laboratoire de l’affaissement de nos valeurs, se déroule un vaudeville mal ficelé où le PS bruxellois n’est plus que la caricature de ce qu’il fût.  Impossible d’éviter à Bruxelles que le comique supplante le tragique !  L’esprit dynastique, clanique et communautaire ayant pris la place des principes qui nous ont construits, ce n’est pas « Mr. Smith va au Sénat » mais la fille de la famille Beulemans devient députée régionale, normal, son papa était ministre. Seule question, celle-là toute personnelle, étant de savoir si cela vaut encore la peine de s’indigner, de contester, de se battre.  Faut-il pour se justifier citer Hugo, tiens un type qui croyait dur comme fer dans l’avenir et le progrès, « ceux qui vivent sont ceux qui luttent. »  Le grenier de ma mémoire est trop encombré des glorieux souvenirs des combats de la gauche pour que soit jugulé mon inépuisable réservoir de ressentiments.  Je ne veux pas être l’un de ces nombreux déçus qui pourraient chanter « j’avais rêvé un autre rêve. »   La gauche ne fait plus rêver… tu le sais Elio quand on ne rêve plus… On meurt !

Non ! Notre devoir est de surmonter les renonciations du désenchantement mortel, d’être capables de construire un autre rêve inscrivant les hommes dans un monde plus juste, plus humain dont les valeurs de la gauche resteront le socle !   La gauche, je n’ose pas parler de la gauche bruxelloise, ferait bien de méditer ce qu’écrit le philosophe Michael Foessel quand il suggère que « le fait de ne pas être réconcilié avec son passé constitue peut-être le seul moyen d’avoir un avenir. »

Voilà, Cher Elio, Ite Missa est !  Impossible que tu lises un jour cette pauvre lettre, trop longue, beaucoup trop longue, maladroite, sur les pitoyables successions dynastiques et communautaires à Bruxelles,  finalement dérisoires ; tu règleras les comptes lors de la prochaine négociation communautaire et basta !  Roulez jeunesse…

Mais que m’arrive-t-il ?  Ecrivant ces dernières lignes la tête me tourne tant l’oxygène que je respire maintenant est vif, la grille de lecture imposée aux socialistes bruxellois s’est brisée, les miasmes méphitiques de la pensée unique évaporés, disparus, je vais pouvoir être moi-même. Personne ne me dictera plus ce que je dois dire ou penser !  Soulagé… un mot s’inscrit sur mes lèvres, précieux, irremplaçable, essentiel, vital… LIBRE… enfin !

Hermanus Auguste Merry,
Bruxelles, le 9 Novembre 2015

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