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mercredi, 09 décembre 2020

Le pan-turquisme et son impact en géopolitique

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Le pan-turquisme et son impact en géopolitique

Dimitrios Aristopoulos

Du 27 septembre au 10 novembre, une guerre entre l'Azerbaïdjan et les troupes arméniennes sur le territoire du Haut-Karabakh (Artsakh) a retenu l'attention de toute la communauté internationale. Nous avons non seulement été témoins du grand soutien de la Turquie et du président Recep Tayyip Erdogan au président azerbaïdjanais Ilham Aliyev pour l'effort de guerre, mais en même temps, d'autres membres du Conseil turc, composé du Kazakhstan, du Kirghizstan et de l'Ouzbékistan, ainsi que de la Hongrie en tant qu'État observateur, ont déclaré leur soutien à la cause azerbaïdjanaise. Il s'agit là de manifestations évidentes de l'idéologie panturque qui est fortement répandue dans ces pays.

Qu'est-ce que le panturquisme ?

Le panturquisme est une idéologie nationaliste, née au XIXe siècle, notamment chez les peuples turcophones vivant en Russie tsariste dans les années 1880, et qui s'est ensuite développée en Asie mineure. Sans jamais s’être établie comme l'idéologie officielle de l'État turc, elle a toujours été soutenue par les dirigeants d’Ankara, qu'ils l'aient admise ou non.

La base de l'idéologie panturque est l'émancipation des peuples turcophones, visant ensuite à leur union. Les peuples turcophones sont ceux que l'on trouve en Crimée, en Azerbaïdjan, dans le Caucase, au Turkménistan, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizstan, en Sibérie, en Afghanistan, en Iran, en Irak, en Syrie, en Bulgarie, en Yougoslavie, en Thrace occidentale, à Chypre et ailleurs avec, chapeautant le tout, la "Mère Turquie" pour créer un grand État turc de plus de 100 millions d'habitants.

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Les slogans utilisés par les panturcs sont les suivants:

- "Là où il y a des Turcs, il y a une Turquie".

- "Le monde des Turcs est un tout".

- "Tous les Turcs sont une seule armée."

- "Le panturquisme en tant qu'idéal est une nourriture morale pour la nation."

- "Chypre est aussi turque que l'Asie Mineure et la Thrace occidentale."

Quelle est la différence entre les idéologies néo-ottomane et panturque ?

L'ottomanisme est en fait plus un mouvement politique ethno-religieux qu'un mouvement ethno-racial. Les ottomanistes déclarent leur foi en la sainteté et la pérennité de l'Empire ottoman et de son sultan, en cherchant l'idée d'un "empire" pour remplacer le nationalisme et l'ordre politique des États-nations dans lesquels ils vivent. Bien qu'ils reconnaissent l'existence de différentes ethnies parmi eux, ils pensent que les différences culturelles et locales doivent être laissées de côté lorsqu'il s'agit d'une unification politique religieuse.

En revanche, le panturquisme ne se concentre pas tant sur la religion que sur la tradition ethnique des peuples et des nations. Il cherche à s’unifier, politiquement et culturellement, sous un "grand" État-nation turc, car ils partagent une tradition turque commune. Le panturquisme s'associe généralement aux pays qui ont un "héritage culturel turc" et une langue turque comme idiome officiel. Les pays/régions qui peuvent être inclus dans cette liste sont la Crimée, l'Azerbaïdjan, le Caucase, le Turkestan, le Kazakhstan, le Xinjiang en Chine occidentale, le Kirghizstan, le Tatarstan, la Sibérie, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Bulgarie, Chypre et des régions de la Grèce du Nord et des îles orientales de l’archipel hellénique.

Comment l'idéologie panturque s'applique-t-elle dans notre géopolitique actuelle ?

Le panturquisme a toujours été la base idéologique du fonctionnement politique de la Turquie. Il a été le fondement idéologique sur lequel l'idéologie politique kémaliste s'est appuyée pour construire une grande Turquie. L’éradication de l'hellénisme en Asie Mineure en 1922, le génocide arménien de 1915-18 ainsi que celui des Assyriens, la persécution des Grecs de Constantinople en 1955, l'invasion de Chypre en 1974 ont tous été des effets de la doctrine panturque et de la politique expansionniste de la Turquie.

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Dans le monde multipolaire actuel, où l'Occident a perdu ses valeurs et où l'Orient revendique son rôle historique conquérant, les acteurs traditionnellement importants sur l'échiquier international doivent faire face à leurs propres problèmes internes. Dans ce contexte, Erdogan place la dynamique du nationalisme panturquiste afin de créer une grande alliance des groupes ethniques turcs. Et le conflit actuel dans le Caucase, à un moment où aucune grande puissance n'est du côté des Azéris, est une autre occasion d’asseoir sa présence dans la région. L'intervention de la Turquie en Libye, ainsi qu'en Syrie et ses revendications sur les zones économiques de la Grèce et de Chypre en Méditerranée orientale, fait également partie de l'agenda politique panturc, bien que ce soit l'ottomanisme qui soit utilisé comme arme idéologique dans ces cas.

Exemples de politiques panturques dans la Turquie moderne

Bien que la Turquie, sous le règne d'Erdogan, ait théoriquement abandonné la rhétorique panturque au profit du néo-ottomanisme, dans la pratique, c'est toujours l'idéologie panturque qui détermine la géopolitique turque. De son soutien aux Frères musulmans et de son invasion du nord de la Syrie à son implication dans la guerre civile libyenne, en passant par les menaces de lâcher à nouveau l’immigration illégale sur sol de la Grèce et de l'Europe, et la guerre en Artsakh (Nagorno Karabakh), combinée à la persécution des Kurdes, ne sont rien d'autre que des éléments à l’ordre du jour dans la doctrine panturque et qui affectent la politique expansionniste de la Turquie. Lors de l'anniversaire de la mort de Kemal Ataturk, le 10 novembre 2016, Erdogan a ouvertement déclaré que "la Turquie est plus grande que la Turquie", tout en parlant de sa doctrine sur les "frontières de son cœur", déclarant en même temps que "nous ne pouvons pas être emprisonnés dans 780 000 km². Nos frères qui vivent dans les régions de Mossoul, Kirkuk, Humus, Skopje, sont peut-être au-delà des frontières naturelles de la Turquie, mais ils seront toujours présents en nos cœurs. Le plan visant à soutenir les Azéris dans la guerre de l'Artsakh n'était pas spontané, mais une partie de la doctrine de l'ancien ministre des affaires étrangères, devenu le rival politique d'Erdogan, Ahmet Davutoglu. Celui-ci avait publié en 2001 un livre intitulé Strategic Depth ; Turkey's International Position. Dans ce livre, Davutoglu déclarait : "À moins que l'Azerbaïdjan n'acquière une position régionale stable et forte dans le Caucase et l'Albanie dans les Balkans, il ne sera pas possible pour la Turquie d'accroître son poids dans l'une ou l'autre région ni de développer des politiques à l'égard de l'Adriatique et de la mer Caspienne, qui sont dans son voisinage immédiat et dans sa sphère d'influence.

Article original de Dimitrios Aristopoulos:

https://www.geopolitica.ru/en/article/pan-turkism-and-its...

lundi, 23 novembre 2020

Le RCEP s’arrime aux Nouvelles routes de la soie

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Le RCEP s’arrime aux Nouvelles routes de la soie

par Pepe Escobar
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Ho Chi Minh, dans sa demeure éternelle, le savoure avec un sourire divin aux lèvres. Le Vietnam a été l’hôte – virtuel – de la signature par les dix nations de l’ASEAN, plus la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, du Partenariat économique régional global, ou RCEP [Regional Comprehensive Economic Partnership dans son acronyme anglais, NdT], au dernier jour du 37e sommet de l’ASEAN.

Le RCEP, qui a été initié il y a huit ans, rassemble 30 % de l’économie mondiale et 2,2 milliards de personnes. C’est le premier signe prometteur de ces enragées années 2020, qui ont commencé avec l’assassinat du général Soleimani, suivi d’une pandémie mondiale et maintenant de douteuses exhortations à une Grande Réinitialisation [Great Reset, NdT].
 
Le RCEP intronise l’Asie Orientale comme centre incontesté de la géoéconomie. En réalité, le siècle asiatique est déjà en train de prendre forme depuis les années 1990. Parmi d’autres asiatiques ou expatriés occidentaux qui l’ont identifié, j’ai publié en 1997 mon livre intitulé « Le 21ème siècle : Le siècle asiatique » (extraits ici.)

Le RCEP pourrait forcer l’Occident à réfléchir un peu, et comprendre que la principale histoire ici n’est pas que le RCEP « exclut les États-Unis » ou qu’il est « conçu par la Chine ». Le RCEP est un accord à l’échelle de l’Asie orientale, lancé par des Asiatiques, et débattu entre égaux depuis 2012, y compris le Japon, qui à toutes fins utiles se positionne comme faisant partie du monde global industrialisé. C’est le tout premier accord commercial qui unit les puissances asiatiques que sont la Chine, le Japon et la Corée du Sud.

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Il est désormais clair, au moins pour de vastes régions de l’Asie de l’Est, que les 20 chapitres du RCEP réduiront les tarifs douaniers dans tous les domaines, simplifieront les dédouanements, avec l’ouverture totale d’au moins 65 % des secteurs de services et l’augmentation des limites de participation étrangère, consolideront les chaînes d’approvisionnement en privilégiant des règles d’origine communes et codifieront les nouvelles réglementations sur le commerce électronique.

En ce qui concerne les points essentiels, les entreprises feront des économies et pourront exporter n’importe où dans le spectre des 15 pays sans avoir à se préoccuper des exigences spécifiques et distinctes de chaque pays. Voilà ce qu’est un marché intégré. 

Quand le RCEP s’arrime aux Nouvelle routes de la soie

Le même disque rayé sera diffusé sans interruption sur la manière dont le RCEP facilite les « ambitions géopolitiques » de la Chine. Ce n’est pas la question. La question est que le RCEP a évolué comme le compagnon naturel du rôle de la Chine devenant le principal partenaire commercial de pratiquement tous les acteurs de l’Asie de l’Est.

Ce qui nous amène à l’angle géopolitique et géoéconomique clé : Le RCEP est le compagnon naturel de l’Initiative des Nouvelles routes de la soie (NRS), qui, en tant que stratégie commerciale et de développement durable, ne s’étend pas seulement à l’Asie de l’Est, mais s’étend aussi plus profondément vers l’Asie centrale et occidentale.

L’analyse du Global Times est correcte : l’Occident n’a pas cessé de déformer l’objectif des NRS, sans reconnaître que « l’initiative qu’il calomnie est en fait très populaire dans la grande majorité des pays situés le long de la route des NRS ».
Le RCEP va recentrer ces NRS – dont la phase de « mise en œuvre », selon le calendrier officiel, ne commence qu’en 2021. Les financements à faible coût et les prêts spéciaux en devises offerts par la Banque chinoise de développement deviendront beaucoup plus sélectifs.
 
L’accent sera mis sur le côté santé des NRS, en particulier en Asie du Sud-Est. Les projets stratégiques seront la priorité : ils s’articulent autour du développement d’un réseau de corridors économiques, de zones logistiques, de centres financiers, de réseaux 5G, de ports maritimes clés et, surtout à court et moyen terme, de hautes technologies liées à la santé publique.

Les discussions qui ont abouti au projet final du RCEP se sont concentrées sur un mécanisme d’intégration qui peut facilement contourner l’OMC au cas où Washington persisterait à la saboter, comme ce fut le cas pendant l’administration Trump.

L’étape suivante pourrait être la constitution d’un bloc économique encore plus fort que l’UE – une possibilité qui n’est pas farfelue lorsque la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les dix pays de l’ASEAN travaillent ensemble. Sur le plan géopolitique, la principale motivation, au-delà d’une série de compromis financiers impératifs, serait de consolider quelque chose comme « Faites des affaires, pas la guerre ».

Le RCEP marque l’échec irrémédiable du TPP de l’ère Obama, qui était le « bras commercial de l’OTAN » dans son « pivot vers l’Asie » imaginé au Département d’État. Trump a explosé le TPP en 2017. Le TPP n’était pas un « contrepoids » à la primauté commerciale de la Chine en Asie : il s’agissait surtout d’une liberté totale pour les 600 sociétés multinationales qui étaient impliquées dans le projet. Le Japon et la Malaisie, en particulier, l’avaient remarqué dès le début.

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Le RCEP marque aussi inévitablement l’échec irrémédiable du sophisme du découplage, ainsi que toutes les tentatives de creuser un fossé entre la Chine et ses partenaires commerciaux d’Asie de l’Est. Tous ces acteurs asiatiques vont désormais privilégier le commerce entre eux. Le commerce avec les nations non asiatiques sera envisagé après coup. Et chaque économie de l’ASEAN accordera une priorité absolue à la Chine.

Les multinationales américaines ne seront pas pour autant isolées, puisqu’elles pourront profiter du RCEP via leurs filiales au sein des 15 nations membres. 

Qu’en est-il de la Grande Eurasie ?

Et puis il y a le proverbial gâchis indien. Le message officiel de New Delhi est que le RCEP « affecterait les moyens de subsistance » des Indiens vulnérables. C’est la phrase code pour désigner une invasion supplémentaire de produits chinois bon marché et efficaces.

L’Inde a participé aux négociations du RCEP dès le début. Son retrait – avec la condition que « nous pouvons y adhérer plus tard » – est une fois de plus un cas spectaculaire de se tirer une balle dans le pied. Le fait est que les fanatiques Hindutvas qui sont derrière le « modiisme » ont parié sur le mauvais cheval : le partenariat Quad et la stratégie indo-pacifique encouragés par les États-Unis, qui s’expriment sous la forme d’un endiguement de la Chine et empêchent ainsi le resserrement des liens commerciaux.

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Aucun « Made in India » ne compensera la bévue, géoéconomique et diplomatique, qui implique de manière cruciale que l’Inde se distancie de l’ASEAN. Le RCEP consolide la Chine, et non l’Inde, en tant que moteur incontesté de la croissance de l’Asie de l’Est dans le cadre du repositionnement des chaînes d’approvisionnement post-Covid.

Une suite géoéconomique très intéressante est ce que fera la Russie. Pour l’instant, la priorité de Moscou implique une lutte de Sisyphe : gérer les relations turbulentes avec l’Allemagne, le plus grand partenaire d’importation de la Russie.
Puis il y a aussi le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine – qui devrait être renforcé sur le plan économique. Le concept russe de Grande Eurasie implique une implication plus profonde à l’Est et à l’Ouest, y compris l’expansion de l’Union économique eurasienne (EAEU), qui, par exemple, a conclu des accords de libre-échange avec des nations de l’ASEAN comme le Vietnam.

L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) n’est pas un mécanisme géoéconomique. Mais il est intriguant de voir ce que le président Xi Jinping a déclaré lors de son discours d’ouverture au Conseil des chefs d’État de l’OCS la semaine dernière.

C’est la citation clé de Xi : « Nous devons soutenir fermement les pays concernés pour faire avancer sans heurts les grands programmes politiques intérieurs conformément au droit ; maintenir la sécurité politique et la stabilité sociale, et nous opposer résolument aux forces extérieures qui s’immiscent dans les affaires intérieures des États membres sous quelque prétexte que ce soit. »

Cela n’a apparemment rien à voir avec le RCEP. Mais il y a de nombreuses intersections. Aucune interférence de « forces extérieures ». Pékin prenant en considération les besoins des membres de l’OCS en matière de vaccins Covid-19 – et cela pourrait être étendu au RCEP. L’OCS – ainsi que le RCEP – étant la plate-forme multilatérale permettant aux États membres de régler leurs différends par la médiation.

Tout ce qui précède met en évidence l’intersectorialité de l’IRB, de l’UEE, de l’OCS, du RCEP, des BRICS+ et de l’AIIB, qui se traduit par une intégration plus étroite de l’Asie – et de l’Eurasie – sur le plan géoéconomique et géopolitique. Pendant que les chiens de la dystopie aboient, la caravane asiatique – et eurasienne – continue d’avancer.

Pepe Escobar

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

vendredi, 20 novembre 2020

De l’Occident vers l’Orient, « le centre géoéconomique de la planète se déplace »

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De l’Occident vers l’Orient, « le centre géoéconomique de la planète se déplace »

 
Un an après le premier cas recensé de coronavirus, la pandémie a tué plus d’1,3 million de personnes. Un imprévu de l'histoire qui a provisoirement interrompu la mondialisation et masqué une tendance géopolitique cruciale. En effet, seule la Chine atteindra en 2020 une croissance positive parmi les pays du G20. Pékin qui est devenue une puissance de premier plan, est désormais capable de rivaliser avec les Etats-Unis. La Chine est-elle alors la grande gagnante de l’année? Sputnik a interrogé Thomas Flichy de la Neuville, géopoliticien et auteur du livre «2020, une année géopolitique au prisme de l’histoire» aux Editions Bios.
 
 
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vendredi, 06 novembre 2020

Le rapprochement sino-iranien: nouveau champ d’action de la guerre économique

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Le rapprochement sino-iranien: nouveau champ d’action de la guerre économique

par Nathan Crouzevialle

Ex: https://infoguerre.fr

Mai 2018, Donald Trump décide de se retirer unilatéralement des accords sur le nucléaire iranien, imposant par la suite de nouvelles sanctions contre l’Etat perse, et cela malgré l’opposition des Etats européens. Forte de cette stratégie, c’est la Chine qui apparaît ici comme axe de repli pour la République Islamique.

Conséquence des relations irano-américaines, la République islamique se tourne vers la Chine

L’Empire du milieu n’a pas attendu plus tard que cet été pour montrer sa volonté de signer un accord historique[i] « Lion-Dragon » prévoyant des investissements de 400 milliards de dollars sur 25 ans. 280 milliards de dollars d’investissement destinés aux industries pétrolières et gazières et 120 milliards pour les transports et la technologie sont les termes de l’accord, contre quoi l’Iran s’engage à vendre à l’état chinois des barils de pétrole à bas prix.

C’est donc l’Iran qui apparaît comme nouveau terrain d’affrontement, où deux camps s’opposent. D’un côté, un bloc composé des Etats-Unis en figure de proue accompagnés par des pays européens que sont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. De l’autre côté, l’Iran, la République Populaire de Chine et dans une certaine mesure la Russie. Si cette division bipartite peut sembler quelque peu simpliste, il n’en reste que chacun des acteurs placent ses pions enfin d’empêcher une avancée adverse.

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Victime de l’extraterritorialité du droit américain, le pays est victime d’un manque crucial de capitaux étrangers, pourtant indispensables à son développement. Et alors que le taux d’inflation et de chômage ont atteint des niveaux records en Iran, c’est sur fond d’ennemi commun que naît une union bilatérale[ii] au goût d’ambition mondiale pour le parti communiste chinois et régionale pour la république Islamique. C’est sur une région historiquement « maîtrisée » par les Etats-Unis que la Chine démontre sa capacité à défier l’état américain.

L’Iran : pièce de l’échiquier de la Belt and Road Initiative

Belt and Road Initiative ou les nouvelles routes de la soie en français, voilà ce qui dicte le jeu chinois. Matérialisation concrète d’une forme d‘impérialisme chinois, le pays ne cesse d’étendre son influence géopolitique via des infrastructures et des accords commerciaux ambitieux. L’Iran apparaît comme pierre angulaire du projet. Il est important de noter que l’Iran est le troisième exportateur de pétrole pour la Chine mais que c’est également plus de 60% du pétrole qui est à destination du marché asiatique qui transite par le détroit d’Ormuz. On comprend dès lors que la Chine n’a aucun intérêt à laisser se dépérir le pays bien au contraire.

Le développement promis des infrastructures de transport comme le port de Chahbahar – qui est exclu des sanctions américaines – ou celle d’un train qui reliera directement Urumqi dans le Xinjiang à Téhéran en passant par les quatre pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Turkménistan), fait de toute évidence sens pour l’Iran[iii]. Dans la même lignée, la Chine qui est désormais capable de produire des centrales nucléaires compte bien également équiper ce pays avec ces technologies.

De plus, cet accord permettrait un renforcement dur approchement militaire des deux Etats. En effet, pour la première fois en décembre 2019, la Chine, l’Iran et la Russie ont mené des manœuvres communes dans l’Océan Indien et le Golfe d’Oman afin « d’assurer la sécurité internationale du commerce » selon les communiqués officiels. En réalité derrière cette démonstration de force, la Chine veut être impliquée dans de nouvelles zones d’opérations pour assurer son influence pour assurer la bonne tenue de son modèle commercial[iv].

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La communication officielle ne doit pas masquer la réalité[v], il apparait évident que cette union de circonstances permet à la Chine de s’assurer une présence militaire dans des zones d’influence stratégiques primordiales, telles que le détroit de Malacca et le détroit d’Ormuz. La Chine est désormais très présente dans la zone de l’océan indien ou son influence se fait de plus en plus pesante pour les différents acteurs. L’empire milieu a notamment pour projet la construction d’une deuxième base militaire à côté du port pakistanais de Gwadar après celle construite à Djibouti. Cette présence militaire inédite renverse le prisme américain jusqu’à alors dominant dans la région et se place comme un acteur majeur dans la région. C’est sans oublier, que l’embargo de l’ONU sur la vente d’armes à l’Iran prendra fin le 18 octobre, et s’il n’a pas été reconduit le pays perse pourrait s’avérer être un nouveau marché de taille pour Pékin.

Les enjeux monétaires

La Chine installe en réalité un « pont » virtuel mettant hors-jeu les Etats-Unis, profitant de la politique agressive menée par le président américain à l’encontre de l’Etat iranien. Le pétrole exporté sera payé par des échanges de biens, de services et de technologies mais également via la nouvelle monnaie électronique chinoise « l’e-RMB ». Cette toute nouvelle monnaie numérique permet en réalité à l’Iran et à la Chine de contourner sans problème toute sanction imposée par les États-Unis – évitant toute liaison avec le cours du dollar également. De plus, elle permettra à Pékin de faire prévaloir une autre monnaie que le dollar devenant de la sorte une réelle alternative aux billets verts américains.

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Au terme de cette démonstration, Il apparaît que l’Iran se confirme comme un point stratégique majeur pour la Chine. Cela d’une part pour la sécurisation de ces sites maritimes et terrestres, mais également via une sécurisation énergétique indispensable pour l’Etat asiatique. Cette situation pourrait aboutir très probablement à une certaine dépendance économique pour l’Iran vis-à-vis de la Chine mais elle amène également une contradiction forte au sein de la république islamique. Cette dernière proclame vouloir exporter la révolution et protéger les musulmans dès lors il est intéressant de constater son silence sur le traitement réservé aux Ouïghours. Ce silence en dit long sur les besoins en financement de l’économie iranienne.

Il semblerait donc que le rapport de force sino-américain ait trouvé un nouveau terrain de jeu, l’Etat iranien pris entre les deux hégémons doit faire un choix cornélien. Cette grille de lecture sous le prisme de la guerre économique nous permet de mieux comprendre les enjeux derrière cet accord titanesque. La Chine comme à son habitude joue une partie de Go en plaçant ses pions dans la région pour encercler des zones d’influence. Sa relation avec l’Iran n’est pas sans arrière-pensée[vi]

Nathan Crouzevialle.

Notes

[i] https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-teheran-et-pekin-main-dans-la-main

[ii] https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2011-2-page-519.htm

[iii] https://lecridespeuples.fr/2020/07/16/les-sanctions-americaines-poussent-la-chine-et-liran-vers-un-partenariat-strategique/

[iv] https://www.revueconflits.com/iran-chine-russie-allies-de-circonstance-michel-nazet/

[v] https://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Thierry-Kellner-sur-les-relations-entre-la-Chine-et-l-Iran-les.html

[vi] https://www.youtube.com/watch?v=bo5dzWD1tpM&t=754s

mercredi, 04 novembre 2020

Jared Taylor on Japanese Cinema

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Counter-Currents Radio Podcast No. 297
Jared Taylor on Japanese Cinema

188 words / 1:33:48

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On this episode of Counter-Currents Radio, Greg Johnson is joined by Jared Taylor of American Renaissance for a discussion of Japanese culture and cinema, including Isao Takahata’s Grave of the Fireflies. Other topics include anime, current events, and your questions.

  • 00:00:00 Intro
  • 00:03:00 Why are Westerners interested in Japanese cinema?
  • 00:07:15 Jared’s favorite directors and films; Jared’s discussion of Harakiri
  • 00:25:30 Jared’s favorite anime
  • 00:33:30 Grave of the Fireflies
  • 00:42:30 Jared’s Schengen ban
  • 00:47:00 Sony endorsing BLM
  • 00:49:15 How to deal with “anti-racism training” at work
  • 00:52:00 Mixed Japanese-white couples
  • 00:57:00 Japanese rules against vulgarity in films
  • 01:00:30 Yukio Mishima
  • 01:08:30 The upcoming election
  • 01:29:00 Incentives for increasing birthrates

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lundi, 02 novembre 2020

Pourquoi les récits anti-russes et anti-chinois sont-ils tellement similaires?

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Pourquoi les récits anti-russes et anti-chinois sont-ils tellement similaires?

Par Moon of Alabama

Après plus de quatre ans de Russiagate, nous apprenons enfin (original payant) d’où proviennent les allégations du dossier Steele sur les relations néfastes entre Trump et la Russie :

Une enquête du Wall Street Journal fournit une réponse : Olga Galkina, 
responsable des relations publiques russe âgée de 40 ans, a transmis des
notes à un ami et ancien camarade de classe qui travaillait pour M. Steele.
Le journal s'est appuyé sur des entretiens, des dossiers des forces de l'ordre,
documents déclassifiés et identification de Mme Galkina par un ancien haut
responsable de la sécurité nationale américaine. En 2016, Mme Galkina travaillait à Chypre dans une filiale de XBT Holding SA,
une société de services Web surtout connue pour son unité d'hébergement
Internet Webzilla. XBT appartient à l'entrepreneur Internet russe Aleksej Gubarev. Cet été-là, elle a reçu une demande d'un employé de M. Steele pour l'aider à
déterrer des informations potentiellement compromettantes sur les liens du
candidat à la présidence de l'époque, Donald Trump, avec la Russie, selon
des personnes proches du dossier. Mme Galkina était amie avec l'employé,
Igor Danchenko, depuis leurs jours d'école à Perm, une ville de province
russe près des montagnes de l'Oural.

Mme Galkina venait souvent ivre au travail et a finalement été renvoyée par son entreprise. Elle s’est vengée en alléguant que l’entreprise et son propriétaire Gubarev étaient impliqués dans le piratage présumé du Comité national Démocrate. Un tas d’autres fausses allégations dans le dossier étaient également fondées sur les fantasmes de Mme Galkina.

Mark Ames @MarkAmesExiled - 18:39 UTC · 28 octobre 2020

Ainsi, le dossier Steele qui a lancé 4 ans d'hystérie au Russiagate parmi la classe 
dirigeante américaine a été concocté par deux alcooliques russes de Perm. Le terme
«Gogolesque» ne suffit pas à décrire la crédulité et la stupidité grotesques des
élites américaines.

Les contes du dossier étaient une véritable désinformation de la part de Russes, mais pas de la «désinformation russe» du type variante américaine de Novlangue.

Le FBI et d’autres personnes impliquées ont su très tôt que le dossier Steele était un tas de mensonges. Mais le sujet a été maintenue aux yeux du public par des fuites continues d’absurdités supplémentaires. Tout cela pour pousser Trump à prendre de plus en plus de mesures anti-russes, ce qu’il a fait avec une générosité sans précédent. Les accusations concernant une connexion Trump-Russie étaient le récit de la « mauvaise Russie » qui poussait et permettait à Trump de poursuivre la politique anti-russe de l’administration Obama / Biden.

Une série similaire de politiques, lors du «Pivot vers l’Asie» de l’administration Obama / Biden et tout au long des quatre années de Trump est la campagne anti-Chine.

Nous entendons maintenant beaucoup parler des accords de corruption de Hunter et Joe Biden avec des entités chinoises. Ces accusations viennent avec toujours plus de preuves et sont beaucoup plus plausibles que ne le prétend le stupide dossier Steele. Leur importance est à nouveau double. Elles seront utilisés pour faire pression sur le président potentiel Joe Biden pour qu’il agisse contre la Chine, mais elles seront principalement utilisés pour intensifier un discours public anti-Chine qui crée un soutien public pour de telles politiques.

Comme le souligne Caitlin Johnstone :

Je ne sais pas comment ni à quel niveau, mais nous sommes couillonnés. Un récit est 
agressivement enfoncé dans nos gorges sur la Chine exactement de la même manière
qu'il nous a été agressivement enfoncé dans la gorge il y a quatre ans ; deux nations
indociles que le gouvernement américain envisage depuis longtemps d'attaquer et de saper. Le Russiagate n'a jamais vraiment concerné Trump. Il n'a jamais non plus été question
de la réunion de son personnel de campagne avec les Russes, ni d'une vidéo pipi, ni
d'une enquête sur une quelconque forme de loyauté cachée envers le Kremlin. Russiagate
était un récit conduisant les États-Unis vers une nouvelle guerre froide avec la Russie,
la cible ultime étant son allié bien plus puissant, la Chine, et assurant que Trump
suive cet agenda. ... Si Biden arrive, nous pouvons nous attendre à la même chose : un président qui fait
monter la tension contre la Russie et la Chine tout en étant accusé par les partisans
de Trump d'être trop indulgents envers la Chine. Les deux partis politiques auront le
pied sur l'accélérateur pour entrer en collision avec une nation dotée de l’arme
nucléaire, sans que personne ne se trouve à proximité des freins.

Il est ainsi assuré que les attaques verbales contre la Chine, la recherche de nouveaux alliés anti-chinois comme l’Inde hindou-fasciste et la dangereuse militarisation de Taïwan se poursuivront sous une administration Biden.

Moon of Alabama

Note du Saker Francophone
En écho à cet article, on peut mettre quelques pincettes à l'article de hier sur Biden 
et le "dossier" autour de son fils et de la Chine même s'il a été poussé par Dmitry Orlov.
Il est probable que les faits soient véridiques mais il manque sans doute la vision
d'ensemble d'une relation américano-chinoise tissée depuis 30 ans.

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

vendredi, 30 octobre 2020

L’échec spectaculaire de la campagne anti chinoise occidentale

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L’échec spectaculaire de la campagne anti chinoise occidentale

Par Joseph Thomas

Source New Eastern Outlook

Alors même que l’AFP tente de dépeindre une récente réunion des Nations Unies comme une prise de position historique contre ce qu’elle prétend être des violations des droits de l’homme par la Chine dans sa région du Xinjiang, ce même article souligne l’ampleur de l’échec et la diminution de l’influence occidentale en général.

Le titre de l’AFP est le suivant : « Près de 40 nations exigent de la Chine qu’elle respecte les droits des Ouïgours », et note que parmi ces « presque 40 nations″ se trouvent les États-Unis, la plupart des États membres de l’UE, l’Australie ainsi que le Japon et une poignée d’autres États clients occidentaux.

Voila ce que dit l’AFP :

Les États-Unis, le Japon et de nombreux pays de l'UE se sont joints 
mardi à un appel exhortant la Chine à respecter les droits de l'homme
de la minorité ouïgour, exprimant également leur inquiétude quant
à la situation à Hong Kong. "Nous demandons à la Chine de respecter les droits de l'homme, en
particulier les droits des personnes appartenant à des minorités
religieuses et ethniques, notamment au Xinjiang et au Tibet"
, a

déclaré l'ambassadeur allemand auprès des Nations unies, Christoph
Heusgen, qui a dirigé l'initiative lors d'une réunion sur les droits
de l'homme.

L’initiative, signée par 39 nations, a été contrée par une autre présentée par le Pakistan et signée par 55 nations, ainsi que par une autre présentée par Cuba et signée par 45 nations. Ce nombre de signatures est très éloquents à l’égard de la puissance décroissante de Washington et de son ordre international.

Malgré la campagne de propagande anti-chinoise menée par l’Occident et axée sur les abus présumés de la minorité ouïgour du Xinjiang, région à prédominance musulmane, pas une seule nation à majorité musulmane n’a soutenu l’initiative occidentale à l’ONU. En fait, de nombreuses nations à majorité musulmane sont venues à l’aide de la Chine. Il s’agit du Pakistan lui-même, de l’Iran et de la Syrie, mais aussi de l’Irak occupé par les États-Unis et même du Koweït, du Qatar, des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. Même les nations ayant des conflits territoriaux avec la Chine dans la mer de Chine méridionale et un passé de tensions, notamment le Vietnam et les Philippines, ont soutenu Pékin.

L’Inde, bien que membre du projet anti-chinois « Quad » de Washington, s’est abstenue de signer l’une ou l’autre déclaration, comme un grand nombre d’autres nations clés qui tentent doucement de se réorienter à mesure que le pouvoir mondial se déplace de l’Ouest vers l’Est. Cela inclut la Turquie, membre de l’OTAN, qui a été pendant de nombreuses décennies un fidèle serviteur de l’hégémonie occidentale.

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Pourquoi personne ne s’intéresse à la croisade anti-chinoise de l’Occident ?

Il y a trois raisons principales pour lesquelles la majorité du monde n’est pas intéressée par cette campagne de propagande anti-chinoise menée par les États-Unis.

Premièrement, et c’est le plus important, cette campagne de propagande américaine est basée sur des allégations fabriquées de toutes pièces.

Comme beaucoup d’autres l’ont fait remarquer depuis des années, y compris les médias occidentaux eux-mêmes à un moment donné, la Chine a été confrontée à un problème de terrorisme très réel au Xinjiang. L’actuelle campagne de propagande menée par les États-Unis contre la Chine dépeint les mesures de sécurité et les campagnes de déradicalisation comme des « violations des droits de l’homme », tout en omettant totalement la violence qui les a rendues nécessaires au départ.

Pire encore, des preuves documentées exposent le fait que les États-Unis et leurs alliés étaient à l’origine des efforts visant à radicaliser les extrémistes ouïgours.
Toutes choses étant égales par ailleurs, les nations qui n’ont pas investi dans l’obsession de Washington d’encercler et de contenir la Chine ou qui n’en bénéficient pas n’ont aucune raison d’approuver une campagne de propagande fondée sur des allégations fabriquées de toutes pièces et résultant du séparatisme parrainé par les États-Unis et du terrorisme qui en découle.

En fait, en soutenant la campagne américaine contre la Chine, ils soutiendraient une ingérence qui pourrait un jour se retourner contre eux. La liste des nations que les États-Unis et leurs partenaires ont déjà détruites [ou essayent de détruire, NdT] au cours du seul XXIe siècle est considérablement longue et ne cesse de s’allonger.

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Deuxièmement, les États-Unis et leurs alliés occidentaux n’ont manifestement pas la capacité de contraindre les nations désintéressées à soutenir leur campagne de propagande anti chinoise en cours. Le manque de motivation des nations du monde à y adhérer et le manque de moyens de pression des États-Unis pour les forcer à le faire ont conduit la plupart des nations à soutenir ouvertement la Chine ou à éviter de prendre position.

La troisième est due à l’essor de la Chine. Ses relations internationales sont fondées sur des liens économiques et commerciaux plutôt que sur la force militaire, l’ingérence politique ou d’autres stratégies de « soft power » de l’Occident.

L’essor de la Chine signifie également l’essor de nombreuses nations qui font des affaires avec Pékin. Les projets d’infrastructure, les investissements, le tourisme et le commerce menés par les Chinois dans le monde entier stimulent les économies des nations désireuses de travailler avec la Chine d’une manière que l’Occident ne peut tout simplement pas concurrencer.

Afin de travailler avec la Chine, ces nations doivent contourner l’hostilité croissante de Washington envers la Chine et toutes les façons dont elle se manifeste, comme cette initiative « allemande » qui vient d’être lancée à l’ONU.
L’échec de la propagande du Xinjiang signifie l’échec total de la propagande américaine

Cette dernière initiative de l’ONU marque peut-être l’apogée de la campagne de propagande anti chinoise menée par Washington.

Cette initiative montre à quel point le reste du monde s’intéresse peu à cette campagne et les nombreux mensonges qui ont été révélés au grand jour sont la base de la campagne elle-même. Alors que la Chine poursuit la réintégration de Hong Kong dans le continent après avoir mis fin aux troubles financés par les États-Unis et qu’elle remplace les agitateurs soutenus par les États-Unis dans des endroits comme le Tibet par des progrès économiques, les États-Unis doivent inventer de nouvelles histoires pour attaquer la Chine.

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Mais si le monde ne s’intéresse pas aux mensonges des États-Unis concernant les « millions » de Ouïghours détenus et maltraités dans la région du Xinjiang en Chine, sachant parfaitement ce que font les États-Unis et pourquoi, il y a peu de chances que de nouveaux mensonges aient plus d’attrait dans un avenir proche.

Tant que la Chine restera fidèle à sa stratégie actuelle, qui consiste à apporter la croissance économique et la stabilité politique au monde face à la belligérance et à la coercition des États-Unis, sans avantages perceptibles pour les partenaires potentiels, cette tendance de l’Occident à perdre sa crédibilité, parallèlement au déclin de sa puissance politique, économique et même militaire, se poursuivra.

Ce n’est que lorsque les États-Unis et leurs partenaires restants seront prêts à se réorienter vers ce que le monde est en train de devenir plutôt que vers ce qu’ils souhaiteraient qu’il soit, qu’ils commenceront (comme tout le monde) à profiter pleinement des avantages d’un nouveau monde multipolaire où la souveraineté nationale et le progrès économique, étayés par un équilibre des pouvoirs plus équitable, supplanteront la poursuite destructrice de l’hégémonie mondiale par l’Occident.

Joseph Thomas

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

 

jeudi, 29 octobre 2020

Deux aspects non visibles de la géopolitique

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Deux aspects non visibles de la géopolitique

Par Alastair Crooke

Source Strategic Culture

Au niveau visible, la lutte géopolitique actuelle concerne le maintien de la primauté du pouvoir américain ; le pouvoir financier étant un sous-facteur de ce pouvoir politique. Carl Schmitt, dont les réflexions ont eu une telle influence sur Leo Strauss et sur la pensée américaine en général, préconisait que ceux qui ont le pouvoir doivent « l’utiliser ou le perdre ». L’objectif premier de la politique est donc de préserver son « existence sociale ».

Mais à un niveau moins visible, le découplage technologique vis-à-vis de la Chine est un aspect implicite d’une telle stratégie (camouflé sous le slogan de la récupération des emplois et de la propriété intellectuelle « volés » aux États-Unis) : L’objectif que l’Amérique cherche réellement à atteindre est de s’accaparer, au cours des prochaines décennies, toutes les normes mondiales en matière de technologie de pointe, et de les refuser à la Chine.

Ces histoires de normes peuvent sembler obscures, mais elles sont un élément crucial de la technologie moderne. Si la guerre froide était dominée par une course à la construction du plus grand nombre d’armes nucléaires, la lutte actuelle entre les États-Unis et la Chine, ainsi que vis-à-vis de l’UE, se jouera, au moins en partie, par une lutte pour contrôler l’établissement de normes bureaucratiques qui se cache derrière les industries les plus importantes de l’époque. Et ces normes sont encore à établir.

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La Chine s’est depuis longtemps positionnée stratégiquement pour lutter dans cette « guerre » des normes technologiques (voir « les normes chinoises 2035 », un plan directeur pour la gouvernance de la cybernétique et des datas).

Le même argument est valable pour les chaînes d’approvisionnement qui sont maintenant au centre d’une lutte acharnée qui a des implications majeures pour la géopolitique. Il est difficile et onéreux de démêler le rhizome des chaînes d’approvisionnement construites au cours de décennies de mondialisme : Les multinationales qui vendent sur le marché chinois n’ont pas d’autre choix que d’essayer de rester sur place. Toutefois, si le découplage, qui est un élément clé de la politique étrangère américaine, persiste, des produits allant des serveurs informatiques aux iPhones d’Apple pourraient se retrouver avec deux chaînes d’approvisionnement distinctes, l’une pour le marché chinois et l’autre pour une grande partie du reste du monde. Ce sera plus coûteux et moins efficace, mais c’est la voie que la politique prend (du moins pour l’instant).

Où en sommes-nous dans cette lutte pour le découplage ? Jusqu’à présent, c’est assez confus. Les États-Unis se sont concentrés sur le découplage de certaines technologies de pointe (qui ont également un double potentiel de défense civile). Mais Washington et Pékin sont restés à l’écart du découplage financier (jusqu’à présent), car Wall Street ne veut pas perdre un commerce financier bilatéral de 5 000 milliards de dollars.

Il y a quelques années, lors de leurs déplacements en Europe, les passagers devaient généralement sortir d’un train lorsqu’ils atteignaient la frontière, et passer à un autre train et à d’autres wagons, au-delà de la frontière. Cette pratique existe toujours. Les chemins de fer fonctionnaient sur des voies à écartement totalement différent. Nous n’avons pas encore atteint ce point là en technologie. Mais l’avenir risque de devenir plus complexe, et plus coûteux, si l’Europe, les États-Unis et la Chine adoptent des protocoles différents pour la 5G. Cette technologie, avec sa faible latence, permet d’extraire et de modéliser en temps quasi réel des données très diverses (un facteur qui change la donne pour les systèmes de ciblage de missiles et de défense aérienne, où chaque milliseconde compte).

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Il est donc possible que la 5G soit divisée en deux systèmes concurrents pour refléter les différentes normes américaines et chinoises ? Pour que des étrangers puissent entrer en concurrence, il pourrait être nécessaire de fabriquer des équipements distincts pour ces différents protocoles. Une certaine division est également possible dans le domaine des semi-conducteurs, de l’intelligence artificielle et dans d’autres domaines où la rivalité entre les États-Unis et la Chine est intense. Pour l’instant, les infrastructures russes et iraniennes sont pleinement compatibles avec la Chine. L’Occident n’est pas encore un « système séparé » ; il peut encore travailler avec l’Iran et la Russie, mais la double fonctionnalité dans la sphère technologique coûtera néanmoins, et nécessitera probablement, des aménagements juridiques minutieux, afin d’éviter toute sanction légale ou réglementaire.

Et pour être clair, la bataille pour l’influence sur les normes technologiques est distincte de la « guerre réglementaire » dans laquelle les données, l’IA et les éco-sphères réglementaires sont « balkanisées ». L’Europe est presque inexistante dans la sphère analytique du Cloud, mais elle essaie de rattraper rapidement son retard. Elle doit le faire. La Chine est tellement en avance que l’Europe n’a pas d’autre choix que de se frayer un chemin au bulldozer dans cet espace, c’est-à-dire en « réglementant » les activités américaines dans le Cloud (déjà sous la menace de lois anti-trust) vers l’Europe.

Les entreprises du cloud fournissent à leurs clients un espace de stockage de données, mais aussi des outils sophistiqués pour analyser, modéliser et comprendre les vastes ensembles de données qui se trouvent dans le Cloud. La taille même des ensembles de données modernes a déclenché une explosion de nouvelles techniques pour en extraire des informations. Ces nouvelles techniques sont rendues possibles par les progrès constants de la puissance et de la vitesse de traitement des ordinateurs, ainsi que par l’agrégation de la puissance informatique pour améliorer les performances (connue sous le nom de calcul haute performance, ou HPC).

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Nombre de ces techniques (« extraction de datas », « apprentissage machine », ou IA) font référence au processus d’extraction d’informations à partir de données brutes. L’apprentissage machine fait référence à l’utilisation d’algorithmes spécifiques pour identifier des modèles dans les données brutes et présenter ces données sous forme de modèle. Ces modèles peuvent ensuite être utilisés pour faire des déductions sur de nouveaux ensembles de données ou pour guider la prise de décision. Le terme « Internet des objets » (IoT) fait généralement référence à un réseau d’ordinateurs et de dispositifs physiques connectés qui peuvent générer et transmettre automatiquement des données sur des systèmes physiques. Le « système nerveux » qui sert à la « messagerie corporelle » sera de type 5G.

L’UE réglemente déjà les Big Data ; elle a l’intention de réglementer les plate-formes américaines de Cloud ; et elle cherche à établir des protocoles européens pour les algorithmes (afin de refléter les objectifs sociaux et les « valeurs libérales » de l’UE).

Toutes les entreprises qui dépendent de l’analyse et de l’apprentissage machine dans le Cloud seront donc touchées par cette fragmentation réglementaire en sphères distinctes. Bien entendu, les entreprises ont besoin de ces capacités pour faire fonctionner efficacement la robotique et les systèmes mécaniques complexes, et pour réduire les coûts. L’analytique a permis d’énormes gains de productivité. Accenture estime que l’analytique pourrait à elle seule générer jusqu’à 425 milliards de dollars de valeur ajoutée, d’ici 2025, rien que pour l’industrie du pétrole et du gaz.

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Ce sont les États-Unis qui ont déclenché ce cycle de découplage, mais la conséquence de cette décision initiale est qu’elle a incité la Chine à répondre par son propre découplage des États-Unis, dans le domaine des technologies de pointe. L’intention de la Chine n’est plus simplement de perfectionner et d’améliorer la technologie existante, mais de faire passer les connaissances existantes à un autre niveau technologique (par exemple en découvrant et en utilisant de nouveaux matériaux qui dépassent les limites actuelles de l’évolution des microprocesseurs). [Technologie quantique, NdSF]

Ils pourraient bien réussir, dans les trois prochaines années environ, étant donné les énormes ressources que la Chine consacre à cette tâche (c’est-à-dire aux microprocesseurs). Cela pourrait modifier l’ensemble du calcul technologique, et accorder à la Chine la primauté sur la plupart des domaines clés de technologie de pointe. Les États ne pourront pas facilement ignorer ce fait, qu’ils prétendent ou non « aimer » la Chine.

Ce qui nous amène au deuxième domaine non visible de cette lutte géopolitique. Jusqu’à présent, les États-Unis et la Chine ont largement séparé la finance du découplage principal. Mais un changement substantiel est peut-être en cours : Les États-Unis et plusieurs autres États expérimentent des monnaies numériques émises par leurs banques centrales, et les plateformes internet FinTech commencent à supplanter les institutions bancaires traditionnelles. Pepe Escobar remarque :

Donald Trump réfléchit à des restrictions sur Ant's, Alipay et d'autres plateformes 
de paiement numérique chinoises comme Tencent Holdings... et, comme pour
Huawei, l'équipe de Trump prétend que les plateformes de paiement numérique
de Ant's menacent la sécurité nationale des États-Unis. Il est plus probable que
Trump s'inquiète de ce que Ant menace l'avantage bancaire mondial que les
États-Unis considèrent depuis longtemps comme acquis.

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L'équipe Trump n'est pas la seule. Le gestionnaire de fonds spéculatifs 
américain Kyle Bass, de Hayman Capital, affirme que Ant et Tencent sont
"des dangers visibles et actuels qui menacent la sécurité nationale des
États-Unis plus que tout autre problème"
. Bass estime que le Parti communiste chinois pousse son système de
paiement numérique en yuan vers environ 62% de la population mondiale
d'une manière qui menace l'influence de Washington. Ce qui a commencé
comme un simple service de paiement en ligne s'est depuis fortement
transformé en une véritable jungle de services financiers. C’est en train
de devenir une véritable locomotive en matière de prêts, de polices
d'assurance, de fonds communs de placement, de réservation de voyages
et de toutes les synergies multi plate-formes permettant de réaliser des
ventes et des économies d'échelle. À l'heure actuelle, plus de 90 % des utilisateurs d'Alipay utilisent l'application
pour d'autres raisons que le simple paiement. Cela "crée effectivement un
écosystème en boucle fermée où il n'est pas nécessaire que l'argent quitte
l'écosystème du portefeuille"
, explique l'analyste Harshita Rawat de Bernstein
Research.

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Rawat note que Ant a "utilisé son service de paiement comme une source 
d'acquisition d'utilisateurs pour construire des fonctionnalités de services
financiers plus larges"
. Il s'agit notamment de trouver des moyens de croiser
l’ambition de Ant de devenir le centre de services financiers de la Chine avec
celle d'Alibaba de devenir le principal bazar en ligne... Étant donné que de nombreux Chinois ont déjà téléchargé l'application Alipay,
le PDG Eric Jing envisage d'exporter son modèle à l'étranger. Il collabore avec
neuf start-ups de la région, dont GCash aux Philippines et Paytm en Inde. Ant
prévoit d'utiliser le produit de sa cotation en bourse pour accélérer son pivot
vers l'étranger.

Le point ici est double : La Chine est en train de préparer le terrain pour défier un dollar papier, à un moment sensible de faiblesse du dollar. Et deuxièmement, la Chine met en place une politique de « fait accompli », en façonnant les normes de bas en haut, grâce à l’adoption généralisée de sa technologie à l’étranger.

Tout comme Alipay fait d’énormes percées en Asie, le projet chinois « Smart Cities » diffuse les normes chinoises, précisément parce qu’elles intègrent de nombreuses technologies : Systèmes de reconnaissance faciale, analyse de données volumineuses, télécommunications 5G et caméras IA. Toutes représentent des technologies pour lesquelles les normes restent à définir. Ainsi, les « villes intelligentes », qui automatisent de multiples fonctions municipales, contribuent également à l’évolution des normes chinoises.

Selon les recherches de RWR Advisory, un cabinet de conseil basé à Washington, les entreprises chinoises ont conclu 116 accords pour installer des systèmes de « ville intelligente » et de « ville sûre » dans le monde entier depuis 2013, dont 70 dans des pays qui participent également à l’initiative « Nouvelle Route de la soie ».

La principale différence entre les équipements pour villes « intelligentes » et « sûres » est que le second est principalement destiné à l’enquête et au suivi de la population, tandis que le premier vise principalement à automatiser les fonctions municipales tout en intégrant des fonctions de surveillance. Des villes d’Europe occidentale et méridionale ont signé au total 25 projets de ce type.

Mark Warner, vice-président Démocrate de la commission du renseignement du Sénat américain, voit la menace chinoise en termes très clairs : Pékin a l’intention de contrôler la prochaine génération d’infrastructures numériques, dit-il, et, ce faisant, d’imposer des principes « contraires aux valeurs américaines ». « Au cours des 10 à 15 dernières années, le rôle de leader [des États-Unis] s’est érodé et notre influence pour établir des normes et des protocoles reflétant nos valeurs a diminué », déplore Warner : « En conséquence, d’autres, mais surtout la Chine, ont comblé ce vide pour promouvoir des normes et des valeurs qui profitent au parti communiste chinois ».

Tout indique que l’influence de la Chine sur les normes technologiques mondiales augmente. Mais il est tout aussi certain que la réaction de Washington s’intensifie. Si les États-Unis devenaient plus conflictuels, cela pourrait conduire la Chine à accélérer son évolution vers des alternatives parallèles. Il pourrait en résulter, à terme, une arène où les normes industrielles feraient doublon.

Alastair Crooke

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

samedi, 24 octobre 2020

Les limites du pouvoir chinois

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Les limites du pouvoir chinois

Par Pepe Escobar

Source The Saker

En ce qui concerne les États-Unis et la Chine, tout dépend du résultat de la prochaine élection présidentielle américaine.

Trump 2.0 va surtout considérablement accélérer sa stratégie de découplage, visant à acculer la « vile » Chine par une guerre hybride à multiple fronts, à miner l’excédent commercial chinois, à coopter de larges pans de l’Asie, tout en insistant toujours pour caractériser la Chine comme le mal incarné.

L’équipe Biden, même si elle ne prétend pas vouloir tomber dans le piège d’une nouvelle guerre froide, selon le programme officiel du parti démocrate, ne serait que légèrement moins conflictuelle, « sauvant » ostensiblement « l’ordre fondé sur des règles » tout en maintenant les sanctions imposées par Trump.

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Très peu d’analystes chinois sont mieux placés que Lanxin Xiang pour étudier l’échiquier géopolitique et géoéconomique : expert des relations entre la Chine, les États-Unis et l’Europe, professeur d’histoire et de relations internationales à l’IHEID à Genève et directeur du Center for One Belt, One Road Studies à Shanghai.

Xiang a obtenu son doctorat au SAIS Johns Hopkins, et est aussi bien respecté aux États-Unis qu’en Chine. Au cours d’un récent webinaire, il a exposé les grandes lignes d’une analyse que l’Occident ignore, à ses propres risques et périls.

Xiang a mis l’accent sur la volonté de l’administration Trump de « redéfinir une cible extérieure » : un processus qu’il qualifie de « risqué, dangereux et hautement idéologique ». Non pas à cause de Trump – qui « ne s’intéresse pas aux questions idéologiques » – mais parce que « la politique chinoise a été détournée par les véritables guerriers de la Guerre Froide ». L’objectif : « un changement de régime. Mais ce n’était pas le plan initial de Trump ».

Xiang dévoile la logique qui sous-tend ces « guerriers du froid » : « Nous avons fait une énorme erreur au cours des 40 dernières années ». C’est-à-dire, insiste-t-il, « absurde – en relisant l’histoire, et en niant toute l’histoire des relations entre les États-Unis et la Chine depuis Nixon ». Et Xiang craint « l’absence de stratégie globale qui crée une énorme incertitude stratégique – et conduit à des erreurs de calcul ».

Pour aggraver le problème, « la Chine n’est pas vraiment sûre de ce que les États-Unis veulent faire ». Parce que cela va bien au-delà de l’endiguement – que Xiang définit comme une « stratégie très bien pensée par George Kennan, le père de la guerre froide ». Xiang ne détecte qu’un schéma de « civilisation occidentale contre une culture non caucasienne. Ce langage est très dangereux. C’est une reprise directe de Samuel Huntington, et montre très peu de place pour le compromis ».

En un mot, c’est la « façon américaine de tomber dans la guerre froide ».

La surprise d’octobre ?

Tout ce qui précède est directement lié à la grande inquiétude de Xiang concernant une éventuelle surprise d’octobre : « Cela pourrait probablement se produire à Taïwan. Ou un engagement limité en mer de Chine méridionale ». Il souligne que « les militaires chinois sont terriblement inquiets. Une surprise d’octobre comme engagement militaire n’est pas impensable, car Trump pourrait vouloir rétablir une présidence de guerre ».

Pour Xiang, « si Biden gagne, le danger d’une guerre froide tournant à la guerre chaude sera réduit de façon spectaculaire. » Il est tout à fait conscient des changements dans le consensus bipartite à Washington : « Historiquement, les Républicains ne se soucient pas des droits de l’homme et de l’idéologie. Les chinois ont toujours préféré traiter avec les Républicains. Ils ne pouvaient pas traiter avec les Démocrates – les droits de l’homme, les questions de valeurs. Maintenant, la situation est inversée ».

Xiang, d’ailleurs, « a invité un conseiller de haut niveau de Biden à Pékin. Très pragmatique. Pas trop idéologique ». Mais dans le cas d’une éventuelle administration Trump 2.0, tout pourrait changer : « Mon intuition est qu’il sera totalement détendu, il pourrait même inverser la politique de la Chine à 180 degrés. Je n’en serais pas surpris. Il redeviendrait le meilleur ami de Xi Jinping ».

Dans l’état actuel des choses, le problème est « un diplomate en chef qui se comporte comme un propagandiste en chef, profitant d’un président erratique ».
Et c’est pourquoi Xiang n’exclut jamais une invasion de Taïwan par les troupes chinoises. Il imagine le scénario d’un gouvernement taïwanais annonçant « Nous sommes indépendants », associé à une visite du secrétaire d’État : « Cela provoquerait une action militaire limitée, et pourrait se transformer en escalade. Pensez à Sarajevo. Cela m’inquiète. Si Taïwan déclare son indépendance, les Chinois l’envahissent en moins de 24 heures. “

Pékin fait-il des erreurs de calcul?

413iZy1UTfL.jpgContrairement à la plupart des universitaires chinois, Xiang fait preuve d’une franchise rafraîchissante sur les propres lacunes de Pékin : « Plusieurs choses auraient dû être mieux contrôlées. Comme l’abandon du conseil initial de Deng Xiaoping, selon lequel la Chine devrait attendre son heure et faire profil bas. Deng, dans son dernier testament, avait fixé un délai pour cela, au moins 50 ans ». Le problème est que « la rapidité du développement économique de la Chine a conduit à des calculs hâtifs et prématurés. Et une stratégie mal pensée. La diplomatie du « guerrier loup » est une attitude – et un langage – extrêmement affirmés. La Chine a commencé à contrarier les États-Unis – et même les Européens. C’était une erreur de calcul géostratégique ».

Et cela nous amène à ce que Xiang caractérise comme « l’extension excessive de la puissance chinoise : géopolitique et géoconomique ». Il aime citer Paul Kennedy : « Toute grande superpuissance, si elle est trop étendue, devient vulnérable. » Xiang va même jusqu’à affirmer que l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » (NRS), dont il loue le concept avec enthousiasme, est peut-être dépassée : « Ils pensaient qu’il s’agissait d’un projet purement économique. Mais avec une portée mondiale aussi large ? »

Les NRS sont-elles donc un cas de surcharge ou une source de déstabilisation ? Xiang fait remarquer que « les Chinois ne s’intéressent jamais vraiment à la politique intérieure des autres pays. Ils ne sont pas intéressés par l’exportation d’un modèle. Les Chinois n’ont pas de véritable modèle. Un modèle doit être mûr, avec une structure. A moins qu’il ne s’agisse de l’exportation de la culture traditionnelle chinoise ».

Le problème, une fois de plus, est que la Chine pensait qu’il était possible de « se faufiler dans des zones géographiques auxquelles les États-Unis n’ont jamais trop prêté attention, l’Afrique, l’Asie centrale, sans nécessairement provoquer de réactions géopolitiques. C’était de la naïveté ».

Xiang aime rappeler aux analystes occidentaux que « le modèle d’investissement dans les infrastructures a été inventé par les Européens. Les chemins de fer. Le Transsibérien. Les canaux, comme au Panama. Derrière ces projets, il y a toujours eu une concurrence coloniale. Nous poursuivons des projets similaires – moins le colonialisme ».

Pourtant, « les planificateurs chinois se sont mis la tête dans le sable. Ils n’utilisent jamais ce mot – géopolitique. » D’où ses plaisanteries constantes avec les décideurs chinois : « Vous n’aimez peut-être pas la géopolitique, mais la géopolitique vous aime. »

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Demandez à Confucius

L’aspect crucial de la « situation post-pandémique », selon Xiang, est d’oublier « ce truc de guerrier-loup. La Chine pourrait être en mesure de relancer son économie avant tout le monde. Développer un vaccin vraiment efficace. La Chine ne devrait pas le politiser. Elle devrait montrer une valeur universelle à son sujet, poursuivre le multilatéralisme pour aider le monde, et améliorer son image ».

En matière de politique intérieure, Xiang est catégorique : « Au cours de la dernière décennie, l’atmosphère chez nous, sur les questions de minorités, sur la liberté d’expression, s’est resserrée au point de ne pas aider l’image de la Chine en tant que puissance mondiale ».

Observez cette situation, « l’opinion défavorable envers la Chine » dans une enquête sur les nations de l’Occident industrialisé qui ne comprend que deux pays asiatiques : le Japon et la Corée du Sud.

Et cela nous amène à l’ouvrage de Xiang, The Quest for Legitimacy in Chinese Politics, sans doute l’étude contemporaine la plus importante réalisée par un chercheur chinois capable d’expliquer et de combler le fossé politique entre l’Est et l’Ouest.

Ce livre est une telle percée que ses principales analyses conceptuelles feront l’objet d’une chronique complémentaire.

La thèse principale de Xiang est que « la légitimité dans la philosophie politique de la tradition chinoise est une question dynamique. Transplanter les valeurs politiques occidentales dans le système chinois ne fonctionne pas ».

recasting-the-imperial-far-east-britain-and-america-in-china-1945-50.jpgPourtant, même si le concept chinois de légitimité est dynamique, souligne Xiang, « le gouvernement chinois est confronté à une crise de légitimité ». Il fait référence à la campagne anti-corruption des quatre dernières années : « La corruption officielle généralisée, qui est un effet secondaire du développement économique, fait ressortir le mauvais côté du système. Il faut rendre hommage à Xi Jinping, qui a compris que si nous laissons cela se poursuivre, le PCC perdra toute légitimité ».

Xiang souligne comment, en Chine, « la légitimité est basée sur le concept de moralité – depuis Confucius. Les communistes ne peuvent pas échapper à cette logique. »

Avant Xi, personne n’osait s’attaquer à la corruption. Il a eu le courage de l’éradiquer et a arrêté des centaines de généraux corrompus. Certains ont même tenté deux ou trois coups d’État.

Dans le même temps, Xiang est catégoriquement opposé au « durcissement de l’atmosphère » en Chine en matière de liberté d’expression. Il mentionne l’exemple de Singapour sous Lee Kuan Yew, un « système autoritaire éclairé ». Le problème est que « la Chine n’a pas d’État de droit. Il y a cependant beaucoup d’aspects juridiques. Singapour est une petite ville-État. Comme Hong Kong. Ils ont juste repris le système juridique britannique. Cela fonctionne très bien pour cette taille. »

Et cela amène Xiang à citer Aristote : « La démocratie ne peut jamais fonctionner dans les grands pays. Dans les villes-États, elle fonctionne. » Et armés d’Aristote, nous entrons à Hong Kong : « Hong Kong avait un État de droit – mais n’a jamais eu de démocratie. Le gouvernement était directement nommé par Londres. C’est comme ça que Hong Kong fonctionnait en réalité – comme une dynamo économique. Les économistes néolibéraux considéraient Hong Kong comme un modèle. C’était un arrangement politique unique. Une politique du magnat. Pas une démocratie – même si le gouvernement colonial n’a pas gouverné comme une figure autoritaire. L’économie de marché a été déclenchée. Hong Kong était dirigée par le Jockey Club, HSBC, Jardine Matheson, avec le gouvernement colonial comme coordinateur. Ils ne se sont jamais souciés des gens en bas de l’échelle ».

Xiang note que « l’homme le plus riche de Hong Kong ne paie que 15 % d’impôt sur le revenu. La Chine a voulu conserver ce modèle, avec un gouvernement colonial nommé par Pékin. Toujours une politique de magnats. Mais maintenant, il y a une nouvelle génération. Des gens nés après la rétrocession – qui ne connaissent rien de l’histoire coloniale. L’élite chinoise au pouvoir depuis 1997 n’a pas prêté attention à la base et a négligé le sentiment de la jeune génération. Pendant toute une année, les Chinois n’ont rien fait. La loi et l’ordre se sont effondrés. C’est la raison pour laquelle les Chinois du continent ont décidé d’intervenir. C’est l’objet de la nouvelle loi sur la sécurité ».

Et qu’en est-il de l’autre acteur « malveillant » favori de l’autre côté du Beltway – la Russie ? « Poutine aimerait voir la victoire de Trump. Les Chinois aussi, jusqu’à il y a trois mois. La guerre froide était un grand triangle stratégique. Après le voyage de Nixon en Chine, les États-Unis se sont retrouvés au milieu, manipulant Moscou et Pékin. Maintenant, tout a changé ».

Pepe Escobar

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

vendredi, 23 octobre 2020

Le Grand jeu : l’art de dompter les éléments

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Le Grand jeu : l’art de dompter les éléments

Mais comment diable fait-il ? Pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, la MSN ne pouvait cacher sa joie, poussant des cris de victoire. Caucase, Biélorussie, Kirghizstan : les nuages s’amoncelaient sur le pourtour russe et Poutine était en grosse difficulté. Brzezinski était même prêt à sortir de sa tombe pour danser la polka, son Grand échiquier à la main. Sans compter l’affaire Navalny qui allait, cette fois c’était sûr ma bonne dame, stopper définitivement le démoniaque Nord Stream !

Et puis patatras…

L’Allemagne veut son gazoduc russe

La mascarade Navalny a accouché de sanctionnettes pour la forme tandis que le ministère des Affaires étrangère allemand, par la voix du pourtant peu russophile Heiko Maas, vient de déclarer que le gazoduc sera terminé, un point c’est tout. Le ton est même assez cinglant pour un euronouille : « Nous prenons nos décisions sur notre politique énergétique ici, en Europe. » Certes, ceux qui connaissent les aléas du South Stream ne pourront que sourire à cette affirmation péremptoire, mais ne gâchons pas le moment de gloire du vassal qui se lève enfin.

Si tous les doutes allemands ont été ainsi balayés, c’est aussi que Berlin pourrait bien avoir tourné casaque vis-à-vis d’Ankara. Frau Milka a eu, on le sait, les yeux de Chimène pour Erdogan pendant de longues années. Mais il semble que la Bundeskanzlerin et toute son équipe aient fini par en avoir assez de ses multiples provocations.

Le sultan joue là un jeu d’ailleurs bien maladroit. Son rêve de faire de la Turquie une plaque tournante énergétique au carrefour du Moyen-Orient, de la Caspienne et de l’Europe entre en collision avec son autre rêve, néo-ottoman celui-là. Les nuisances turques se multiplient et s’étendent, notamment dans des contrées qui fleurent bon le gaz et le pétrole en transit (pipelines azéris). Toute la zone qui entoure la Turquie commence à sentir dangereusement le souffre et le message a peut-être été compris du côté de Berlin : Ankara fait n’importe quoi et n’est pas fiable, tournons-nous définitivement vers les Russes.

La cote de la Russie monte en Arménie

Caucase, justement. Sur le terrain, les Turco-Azéris ont enfin réussi à progresser dans le sud du Haut-Karabagh, plaine propice à leur supériorité aérienne ; il n’en sera pas de même dans les montagnes. Quant aux autorités de l’enclave, elles ont intelligemment pris la Russie et l’Iran par les sentiments en proposant d’établir un centre de contre-terrorisme avec en vue, évidemment, les modérément modérés transférés par Ankara. S’il y a peu de chance de voir acceptée cette proposition venant d’un gouvernement non reconnu internationalement, Moscou et Téhéran n’ont en revanche aucune intention de voir un barbuland s’établir à leurs frontières. L’armée russe a d’ailleurs envoyé un petit message il y a quelques jours, bombardant à Idlib un camp d’entraînement de volontaires en partance pour l’Azerbaïdjan. Histoire d’établir une ligne rouge à ne pas franchir…

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Malgré les pertes considérables de part et d’autre, la portée du conflit est ailleurs. Eurasianet vient de publier un article extrêmement intéressant et, une fois n’est pas coutume pour cette officine proche du Washingtonistan, très objectif. La cote de Moscou est en train de monter en flèche en Arménie et des voix de plus en plus nombreuses regrettent que la “Révolution de velours”, ayant mené Nikol Pachinian au pouvoir, ait créé de la friture sur la ligne avec le grand frère russe.

Le bonhomme lui-même a toujours été assez ambigu. D’un côté, son gouvernement compte plusieurs personnalités ouvertement pro-occidentales issues du petit monde des ONG impériales et certains gestes (enquêtes criminelles ouvertes contre des compagnies russes et même contre le patron de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective) ont été fort mal perçus du côté du Kremlin.

Dans le même temps, il n’a jamais vraiment voulu rompre avec la Russie et a même apporté sa petite pierre à l’édifice de la dédollarisation comme nous le rapportions il y a six mois :

Dernier exemple en date, le premier ministre arménien Nikol Pachinian vient de proposer à Poutine de payer le gaz russe en roubles et non plus en dollars. Certes, rien n’étant gratuit en ce bas monde, l’initiative est sans doute la contrepartie à une demande de réduction du prix du gaz. Certes encore, ce n’est pas la petite Arménie qui bouleversera le marché financier international et les flux d’or bleu entre Moscou et Erevan sont anecdotiques si on les compare à d’autres.

Toutefois, la proposition, qui s’ajoute à des dizaines d’autres exemples de dédollarisation de par le monde, est symbolique, particulièrement de la part d’un leader que l’on soupçonnait vaguement d’être arrivé au pouvoir en 2018 par le biais d’une révolution qui fleurait bon son Soros.

En son temps, Pachinian voulait ni plus ni moins sortir de l’Union économique eurasienne si chère au Kremlin, accréditant l’idée qu’il était un pion de l’empire dans le petit pays caucasien. Aujourd’hui, il justifie sa proposition en des termes qui comblent d’aise l’ours : « On parle sans arrêt de la dédollarisation au sein de l’UEE mais nous payons toujours le gaz russe en dollars. Il serait plus logique de payer notre gaz en roubles au sein de cette organisation. »

Ambiguïté, donc, à laquelle le Kremlin répond par une égale ambiguïté. Les télés russes, très regardées en Arménie, prennent plutôt partie contre l’Azerbaïdjan, accusé d’avoir déclenché la guerre, tout en critiquant en creux Pachinian. La population du petit pays caucasien semble penser la même chose, que l’on pourrait résumer un peu vulgairement par un : en voulant prendre ses distances avec Moscou, Pachinian nous a mis dans la m…..

Les personnalités pro-occidentales semblent elles aussi revenir de leur mirage. L’exemple d’Edmon Marukian est frappant. Ancien partisan de la sortie de l’Union économique eurasienne, rien que ça, il ne jure aujourd’hui plus que par l’alliance russe : « J’ai parlé à plusieurs ambassadeurs occidentaux. L’un d’eux m’a dit « à la fin, c’est la géographie qui gagne » et a conseillé de demander l’aide russe. Ils pensent que seule la Russie peut nous aider (…) Si l’ambassadeur d’un pays qui a de mauvaises relations avec Moscou dit que seule la Russie peut nous aider, comment un Arménien (Pachinian, ndlr) vivant sur Terre ne peut le comprendre ? »

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Nous sommes en train d’assister à un virage à 180° parmi certaines franges dégrisées de l’élite arménienne. Un premier geste a eu lieu fin septembre, avec le limogeage du tout nouveau chef du Bureau de la Sécurité nationale, considéré comme anti-russe. Quant à la population, elle semble clairement en faveur d’un rapprochement avec Moscou ; d’après un sondage, le seul pays qui a vu sa cote de popularité augmenter après le début de la guerre est précisément la Russie.

Ainsi, avec ce numéro d’équilibriste consistant à soutenir Erevan en sous-main sans aller au-delà, à montrer par le biais de déclarations où son cœur penche (voir la mise au point un peu sèche de Lavrov « Nous n’avons jamais considéré la Turquie comme un allié stratégique ») tout en laissant Pachinian se rendre compte de l’impasse où il s’est engagé, l’ours est en train de récupérer doucement mais sûrement l’Arménie. Il faudra cependant qu’il siffle bientôt la fin de la récré afin de ne pas perdre ce crédit joliment acquis et ne pas, une nouvelle fois serait-on tenté de dire, se laisser rouler par le marchand de loukoums comme cela a été le cas à Idlib…

En Biélorussie, les sanctions européennes poussent un peu plus Minsk dans les bras de Moscou

En Biélorussie, le Kremlin contrôle jusqu’à présent la situation, comme nous l’avons montré dans plusieurs billets dont le dernier. Ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier, il joue à la fois Loukachenko et, quoique plus discrètement, la carte d’une partie de l’opposition. Avec, en vue, une transition pacifique du pouvoir entre le moustachu et, au hasard, un certain Babariko par exemple.

Là comme ailleurs, tout est dans le dosage. Un soutien trop marqué à l’autocrate aliénerait clairement une partie de la population ; un soutien trop distant permettrait à l’empire de s’infiltrer dans les interstices.

En attendant, les sanctions européennes (sur les personnes seulement, précision importante) ont poussé Minsk un peu plus dans les bras de Moscou, notamment dans le domaine énergétique. On se rappelle les chantages homériques de Loukachenko réclamant, avec force frémissements de moustache, toujours plus de ristournes. Le bon temps semble bel et bien fini pour la partie biélorusse qui n’a plus trop le courage de négocier…

L’entregent de l’ours au Kirghizistan

Envolons-nous pour finir vers l’Asie centrale, région capitale du Grand jeu mais qui ne vient pourtant que par intermittence sur le devant de la scène. La dégringolade américaine n’y est sans doute pas pour rien :

Les années 90 ou l’âge d’or de l’empire. La Russie eltsinienne est alors au fond du gouffre, la Chine n’est pas encore ce qu’elle est devenue et la thalassocratie américaine peut rêver les yeux ouverts de s’implanter durablement au cœur même du continent-monde.

Elle soutient dès 1994 le séparatisme tchétchène menaçant de désagréger le Heartland russe tandis que fleurissent les projets de captation des richesses énergétiques de la Caspienne afin d’isoler Moscou. Le fameux BTC est conçu, véritable bébé de Brzezinski qui publie en 1997 son non moins fameux Grand échiquier :

Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique. La mise au point d’un plan géostratégique relatif à l’Eurasie est donc le sujet de ce livre.

Tout est dit. Ce plan n’est rien moins que monumental :

En mars 1999, au moment même où les premières bombes s’abattaient sur la Serbie et quelques jours avant que la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ne deviennent membres de l’OTAN, le Congrès américain approuva le Silk Road Strategy Act, ciblant ni plus ni moins huit ex-républiques de l’URSS – les trois du Caucase et les cinq -stan d’Asie centrale. Derrière la novlangue de rigueur, le but était de créer un axe énergétique est-ouest et d’arrimer fermement ces pays à la communauté euro-atlantique. Dans le collimateur, même si cela n’était pas dit explicitement : Moscou et Pékin.

Mars 1999 ou la folie des grandeurs américaine… Europe de l’est, Balkans, Caucase, Asie centrale : la Russie serait isolée sur tout son flanc sud et l’Eurasie divisée pour toujours.

Un quart de siècle plus tard, Lisa Curtis, directrice du département Asie centrale et méridionale au Conseil de Sécurité Nationale, ne peut que constater les dégâts : « L’influence chinoise augmente sans cesse dans la région tandis que le poids de la Russie y est toujours aussi fort, ce dans toutes les sphères, politique, économique et militaire. » Puis vient la confidence, terrible pour les petits génies des années 90 : « Nous ne nous attendons pas à ce que la situation change et nous ne cherchons pas (plus ?) à rivaliser avec l’influence russe. » Dr Zbig doit se retourner dans sa tombe…

Pour Washington, c’est game over en Asie centrale et dame Curtis ne fait qu’entériner un état de fait. Qu’elles sont loin, les prodigieuses velléités impériales de l’âge d’or. Et ce n’est pas le sympathique voyage de Pompée au Kazakhstan et en Ouzbékistan qui changera quoi que ce soit, comme le reconnaît, désabusé, un autre think tank.

Si les -stan utilisent souvent ces rares visites américaines pour faire monter un peu les enchères vis-à-vis de Moscou et Pékin dans leurs négociations bilatérales, cela ne trompe personne et surtout pas les Etats-Unis. D’ailleurs, deux semaines après le départ du secrétaire d’Etat US, le nouveau président kazakh, Tokaïev, a remis les points sur les i à la conférence de Munich :

    • le Kazakhstan restera une « locomotive de l’intégration de l’Eurasie »
    • il faut accélérer le développement de l’Union Economique Eurasienne [d’obédience russe]
    • les nouvelles routes de la Soie chinoises sont une bénédiction pour l’Asie centrale.

Pompeo a dû entendre ses oreilles siffler mais, pour le fidèle lecteur de nos Chroniques, c’est tout sauf une surprise. Nous prévenions l’année dernière que la démission du liderissimo Nazarbaïev et l’arrivée au pouvoir de Tokaïev ne changeraient rien aux liens étroits d’Astana avec l’ours et le dragon et pourraient même les renforcer.

Bingo ! Et le nouveau président kazakh de conclure en énumérant quelques-unes des réalisations liées aux routes de la Soie ou aux financements chinois, dont la voie ferroviaire Kazakhstan-Ouzbékistan-Iran qui connecte les steppes d’Asie centrale au Golfe persique sous le bienveillant patronage de Pékin et de Moscou. Alors que l’empire a plié bagage, le maillage du continent-monde se met en place…

Le Pompée du Potomac a-t-il totalement jeté l’éponge ? Pas tout à fait si l’on en croit le judicieux Bhadrakumar, qui voit dans les événements kirghizes la main de tonton Sam tentant une énième “révolution colorée” dans les steppes. Vous l’avouerais-je ? votre serviteur est pour sa part beaucoup plus circonspect sur ce qui s’est vraiment passé. La conclusion, par contre, est la même : game over pour le Washingtonistan.

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D’après l’ex-diplomate indien, les élections contestées du 4 octobre, ont provoqué une insurrection alimentée par les déclarations de l’ambassade US et des habituelles officines type Radio Liberté. C’est là que je diverge : j’ai du mal à y voir autre chose qu’un simple suivisme des événements, teinté de bienveillance certes, mais qui ne va guère au-delà, d’autant que l’influence américaine s’est largement érodée et n’est plus l’ombre de ce qu’elle était au temps des Tulipes révolutionnaires de 2005…

Toujours est-il que, les voyages de l’envoyé du Kremlin aidant, un nouveau personnage a été propulsé en avant et a mis tout le monde d’accord, remplaçant au pied levé le président qui, à la surprise générale, a démissionné après avoir assuré qu’il ne le ferait jamais. Le nouvel homme fort, Sadyr Japarov de son doux nom, n’était pas du tout attendu par l’ambassade états-unienne qui se lamente de la prise du pouvoir par “un gang criminel”. Et Bhadrakumar de conclure que la Russie a court-circuité comme à la parade la tentative de putsch de Washington.

Que cette tentative soit réelle ou non, une chose est sûre : l’ours a un entregent certain dans la région, contre lequel les Américains ne peuvent tout simplement pas lutter. Chose intéressante, il se pourrait que Pékin, dont le fort intérêt pour le Kirghizistan (routes de la Soie) n’est plus à démontrer, ait laissé à son allié le soin de régler la situation. Ce serait un nouvel exemple accompli de partage des tâches qui ne ferait que confirmer la symbiose sino-russe dont nous parlons depuis longtemps.

Biélorussie, Caucase, Kirghizistan, Nord Stream II : en une dizaine de jours, Moscou a, par petites touches subtiles, retourné la situation de façon magistrale. Les stratèges impériaux, qui pensaient enfin marquer des points, doivent se demander ce qui a bien pu se passer…

=> Source : Le Grand jeu

mardi, 20 octobre 2020

Carl Schmitt and the Development of Conservative State Theory in China

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Carl Schmitt and the Development of Conservative State Theory in China

Seminar Series: Greater China Legal History
Organized by: CUHK LAW
 
Speaker: Prof. Ryan Mitchell
Date: 9 October 2020
 
 
Over the last decade or so, China’s Supreme People’s Court and the country’s political leaders have consistently rejected the idea of a “judicialized” Constitution, allowing individual litigation.
 
At the same time, the government has also been more vocal and emphatic than ever before in endorsing the national Constitution’s practical and symbolic importance. Is it really possible to endorse “constitutionalism” without endorsing judicial review? If so, how? Arguably, both Anglo-American liberalism and Marxism fail to provide a model for such an approach to constitutionalism—but other traditions, including German conservative state theory, have helped to fill the gap.
 
In discussing the reception of this body of thought in China, this lecture will focus specifically on the role of Carl Schmitt, the controversial but still influential jurist who argued for Executive “dictatorship” after World War I, was a leading critic of liberalism, and later was disgraced after choosing to collaborate with the Nazi regime.
 
Although Schmitt’s political choices have made him an uncomfortable source of guidance in China as elsewhere, his unique and thorough arguments about public law and politics continue to provide him with global influence. From issues of territorial sovereignty to the balance between different institutions of government, Schmitt’s version of constitutionalism can help to explain various developments in modern China’s legal order, and even some similar trends worldwide.

Les États-Unis ne trouvent pas d’alliés pour lancer une guerre contre la Chine

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Les États-Unis ne trouvent pas d’alliés pour lancer une guerre contre la Chine

Par Moon of Alabama

Les États-Unis veulent contrer la position économique et politique croissante de la Chine dans le monde.


L’administration Obama a tenté un « pivot vers l’Asie » en construisant une zone économique à bas tarif via le Partenariat Trans Pacifique (TPP) qui aurait exclu la Chine.

L’administration Trump a rejeté le TPP et s’en est retirée. Elle a lancé une guerre économique contre la Chine en augmentant les droits de douane sur les produits chinois, en interdisant les fournitures de haute technologie aux fabricants chinois et en refusant aux entreprises chinoises l’accès à son marché.

Elle a également tenté de construire une coalition militaire qui l’aiderait à menacer la Chine. Elle a relancé le dialogue quadrilatéral de sécurité 2007-2008 et l’a rebaptisé « Quad de consultations États-Unis-Australie-Inde-Japon ». L’objectif était d’en faire une OTAN asiatique sous commandement américain :

Le diplomate n°2 du Département d'Etat américain a déclaré lundi que Washington visait 
à "formaliser" des liens stratégiques croissants avec l'Inde, le Japon et l'Australie
dans un forum connu sous le nom de "Quad", une initiative qui, selon les experts, est
implicitement destinée à contrer la Chine dans la région indo-pacifique. "C'est une réalité que la région indo-pacifique manque de structures multilatérales
fortes. Ils n'ont rien d'équivalent à la force de l'OTAN ou de l'Union européenne",

a déclaré le secrétaire d'État adjoint américain Stephen Biegun lors d'un séminaire
en ligne en marge du forum annuel sur le partenariat stratégique entre les États-Unis
et l'Inde. "Il y a certainement une possibilité, à un moment donné, de formaliser une structure
comme celle-ci"
, a-t-il ajouté.

Mais il s’avère que ni l’Australie, ni le Japon, ni l’Inde n’ont d’intérêt à adopter une position ferme vis-à-vis de la Chine. Tous considèrent la Chine comme un partenaire commercial important. Ils savent que tout conflit avec elle leur coûterait très cher.

Le 6 octobre, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est envolé vers Tokyo pour une réunion avec les autres ministres des affaires étrangères du Quad. Il s’est vite rendu compte que personne ne se joindrait à son discours militant :

Lors d'une réunion avec les ministres des affaires étrangères du Japon, de l'Inde et 
de l'Australie à Tokyo, le secrétaire d'État Mike Pompeo a insisté mardi pour qu'ils
renforcent leur quatuor de démocraties afin de résister à une Chine de plus en plus
affirmée. ... Si, comme il le semble, Pompeo cherchait à pousser les autres membres du Quad à prendre
le parti des États-Unis dans une confrontation avec la Chine, il n'a pas obtenu de
soutien public retentissant, et ses propos se sont heurtés à ceux de son hôte. Pompeo a visé directement le Parti communiste chinois dans ses remarques avant

que les diplomates de haut niveau des quatre nations ne s'assoient pour discuter. "En tant que partenaires de ce Quad, il est plus que jamais essentiel que nous
collaborions pour protéger nos peuples et nos partenaires de l'exploitation, de
la corruption et de la coercition du PCC"
, a-t-il déclaré. Mais le principal porte-parole du gouvernement japonais, Katsunobu Kato, a insisté

lors d'un point de presse mardi: "Cette réunion du Quad ne s’est pas faite en ayant
un pays particulier à l’esprit."

L’Australie et l’Inde étaient également réticentes à dire quoi que ce soit qui pourrait potentiellement offenser la Chine.

L’initiative de Pompeo a échoué. L’ancien ambassadeur indien M. K. Bhadrakumar explique pourquoi le Quad ne fonctionnera pas :

La Chine ne peut être battue car, contrairement à l'URSS, elle fait partie de la même 
société mondiale que les États-Unis. Regardez l'étendue des champs de bataille entre
les États-Unis et la Chine : gouvernance mondiale, géoéconomie, commerce, investissements,
finances, utilisation des devises, gestion de la chaîne d'approvisionnement, normes et
systèmes technologiques, collaboration scientifique, etc. Cela témoigne de la vaste
portée mondiale de la Chine. Ce n'était pas le cas de l'URSS. Surtout, la Chine n'a pas d'idéologie messianique à exporter et préfère donner l'exemple
par ses performances. Elle ne cherche pas à provoquer un changement de régime dans d'autres
pays, et s'entend en fait plutôt bien avec les démocraties. ... Les États-Unis ont créé l'ASEAN, mais aujourd'hui, aucun partenaire asiatique en matière

de sécurité ne veut choisir entre l'Amérique et la Chine. L'ASEAN ne peut pas être
réorientée pour former une coalition afin de contrer la Chine. Ainsi, aucun des opposants
à la Chine au sujet de la mer de Chine méridionale n'est prêt à rejoindre les États-Unis
dans leurs provocations navales contre la Chine. La Chine a des ressources, y compris de l'argent, à offrir à ses partenaires, alors que
le budget américain est en déficit chronique et que même les opérations courantes du
gouvernement doivent maintenant être financées par la dette. Les États-Unis doivent

trouver les ressources nécessaires pour maintenir leurs infrastructures humaines et
physiques à des niveaux compétitifs par rapport à ceux de la Chine et d'autres grandes
puissances économiques. Pourquoi diable l'Inde devrait-elle se mêler à cette affaire chaotique dont le point
culminant est acquis d'avance ? ... La Chine n'a pas besoin de faire la guerre parce qu'elle est déjà en train de gagner.

Les États-Unis ont également tenté d’inciter leurs alliés européens de l’OTAN à prendre position contre la Chine :

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a averti, samedi, que l'influence 
croissante de la Chine avait créé un "changement fondamental dans l'équilibre mondial
des pouvoirs"
qui ne devait pas être négligé. Dans une interview au journal allemand Welt am Sonntag, publiée à l'avance, le responsable

norvégien y déclarait que Pékin disposait du deuxième budget de défense au monde après
les États-Unis et qu'il investissait massivement dans des armes nucléaires et des missiles
à longue portée qui pourraient atteindre l'Europe. "Une chose est claire : la Chine se rapproche de plus en plus des portes de l'Europe",
a-t-il déclaré. "Les alliés de l'OTAN doivent relever ce défi ensemble."

Cette initiative coulera en Europe aussi vite que l’initiative du Quad a coulé en Asie et pour les mêmes raisons. La Chine n’est pas un danger idéologique ou militaire pour l’Europe. C’est un mastodonte économique et les relations avec elle doivent être gérées avec soin. Elles exigent du respect et des discussions, et non des roulements de tambour.

La Chine a dépassé les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’UE :

Au cours des sept premiers mois de 2020, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir 
le plus grand partenaire commercial de l'Union européenne (UE), a déclaré Eurostat,
l'organisme statistique de l'UE. ... Les importations de l'UE en provenance de Chine ont augmenté de 4,9 % en glissement
annuel au cours de la période janvier-juillet, a noté Eurostat. Selon l'Office fédéral des statistiques d'Allemagne, la plus grande économie de l'UE,
la Chine, premier partenaire commercial de l'Allemagne depuis 2016, a dépassé les
États-Unis pour la première fois au deuxième trimestre de cette année pour devenir
le plus grand marché d'exportation de l'Allemagne, et les exportations allemandes
vers la Chine en juillet ont presque retrouvé leur niveau de l'année dernière.

Il est temps pour les États-Unis de se regarder dans un miroir et de s’éveiller à la réalité. C’est un pays très endetté avec une armée bien trop chère et, de plus, inefficace. Au cours des dernières décennies, son rôle économique dans le monde n’a cessé de décliner. Ses constantes prises de positions militantes et son attitude « faites comme on vous le dit » ont aliéné ses alliés. Sans alliés, les États-Unis n’ont aucune chance de vaincre la Chine dans un conflit potentiel.

Ce que les États-Unis pourraient encore faire, c’est rivaliser honnêtement avec la Chine. Mais cela nécessiterait de l’humilité, une politique industrielle forte et une main-d’œuvre bien payée et compétitive.

Aucune de ces conditions n’est en vue.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

samedi, 17 octobre 2020

RAND et l'encerclement malveillant de la Russie

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RAND et l’encerclement malveillant de la Russie

par F. William Engdahl

Ex: http://www.zejournal.mobi

Au cours des dernières semaines, une série d’événements a éclaté dans les États entourant la Fédération de Russie qui ne sont certainement pas accueillis avec joie au Kremlin. Chaque centre de crise n’est pas en soi un facteur décisif de changement pour la sécurité future de la Russie. Pris ensemble, ils suggèrent que quelque chose de bien plus inquiétant se prépare contre Moscou. Une récente étude de la RAND préparée pour l’armée américaine suggère avec une précision remarquable qui pourrait être derrière ce qui deviendra sans aucun doute une menace majeure pour la sécurité russe dans les mois à venir.

Les attaques de l’Azerbaïdjan contre le Nagorno-Karabakh, soutenues par la Turquie, qui ont embrasé un territoire après près de trois décennies de relative impasse et de cessez-le-feu, la déstabilisation en cours de Loukachenko en Biélorussie, le comportement bizarre de l’UE et du Royaume-Uni concernant l’empoisonnement présumé du dissident russe Navalny et, plus récemment, les protestations de masse au Kirghizstan, une ancienne partie de l’Union Soviétique en Asie Centrale, portent les empreintes du MI6 britannique, de la CIA et d’une série d’ONG privées spécialisées dans le changement de régime.

Haut-Karabakh

Le 27 septembre, les forces militaires d’Azerbaïdjan ont rompu le cessez-le-feu de 1994 avec l’Arménie concernant le conflit dans le Haut-Karabakh, à prédominance ethnique arménienne. Les combats les plus intenses depuis des années ont eu lieu des deux côtés, alors que la confrontation s’intensifiait. Erdogan, de Turquie, a ouvertement soutenu Bakou contre l’Arménie et le Nagorno-Karabakh peuplé d’Arméniens, ce qui a conduit Nikol Pashinyan, le Premier Ministre arménien, à accuser la Turquie de « poursuivre une politique génocidaire comme une tâche pragmatique ». Il s’agissait d’une référence claire à l’accusation arménienne de génocide de 1915-23 de plus d’un million de Chrétiens arméniens par l’Empire Ottoman. Aujourd’hui encore, la Turquie refuse de reconnaître sa responsabilité.

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Alors que l’Arménie reproche à Erdogan de soutenir l’Azerbaïdjan dans le conflit actuel du Caucase, l’oligarque russe Evgeny Prigozhin, parfois appelé « le chef de Poutine » pour son empire de la restauration ainsi que ses liens étroits avec le Président russe, a déclaré dans une interview à un journal turc que le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a été provoqué par « les Américains » et que le régime de Pashinyan est essentiellement au service des États-Unis. C’est là que cela devient intéressant.

En 2018, Pashinyan est arrivé au pouvoir grâce à des manifestations de masse appelées « Révolution de velours ». Il a été ouvertement et fortement soutenu par la Fondation Open Society de Soros – Arménie qui, depuis 1997, finance activement de nombreuses ONG pour la « démocratie » dans le pays. En tant que Premier Ministre, Pashinyan a nommé les bénéficiaires de l’argent de Soros à la plupart des postes clés du cabinet, notamment à la sécurité et à la défense de l’État.

En même temps, il est impensable que la Turquie de Erdogan, toujours membre de l’OTAN, soutienne aussi ouvertement l’Azerbaïdjan dans un conflit qui pourrait potentiellement conduire à une confrontation entre la Turquie et la Russie, sans le soutien préalable d’une forme quelconque de Washington. L’Arménie est membre de l’Union Économique Eurasiatique, association économique et de défense, avec la Russie. Cela rend les commentaires de Prigozhin particulièrement intéressants.

Il est également intéressant de noter que la chef de la CIA, Gina Haspel, et le chef récemment nommé du MI-6 britannique, Richard Moore, sont tous deux des experts de la Turquie. Moore a été Ambassadeur du Royaume-Uni à Ankara jusqu’en 2017. Haspel était la chef de la station de la CIA en Azerbaïdjan à la fin des années 1990. Avant cela, en 1990, Haspel était officier de la CIA en Turquie, parlant couramment le turc. Notamment, bien que sa biographie officielle de la CIA ait été supprimée, elle a également été chef de la station de la CIA à Londres juste avant d’être nommée chef de la CIA de l’administration Trump. Elle s’est également spécialisée dans les opérations contre la Russie lorsqu’elle était à Langley à la Direction des Opérations de la CIA.

Cela soulève la question de savoir si une opération de renseignement anglo-américaine est à l’origine du conflit actuel entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le Haut-Karabakh. Ajoutant de la poudre aux troubles dans le Caucase, le 5 octobre, le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré que les intérêts de sécurité de l’OTAN sont synonymes de ceux de la Turquie, malgré l’achat par la Turquie de systèmes de défense aérienne avancés russes. Jusqu’à présent, Washington est resté remarquablement silencieux sur le conflit du Caucase ou sur le rôle présumé de la Turquie.

Et la Biélorussie…

L’éruption du conflit du Haut-Karabakh qui couve près de la frontière sud de la Russie n’est pas le seul État où Washington encourage activement la déstabilisation de voisins russes vitaux ces jours-ci. Depuis les élections du mois d’août, la Biélorussie est sujette à des protestations orchestrées accusant le Président Loukachenko de fraude électorale. L’opposition a été active en exil depuis les pays baltes voisins de l’OTAN.

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En 2019, le National Endowment for Democracy (NED), financé par le gouvernement américain, a répertorié sur son site web quelque 34 subventions de projets du NED en Biélorussie. Tous ces projets visaient à soutenir et à former une série de groupes d’opposition anti-Loukachenko et à créer des ONG nationales. Les subventions ont été accordées pour des projets tels que le « Renforcement des ONG : Accroître l’engagement civique local et régional… identifier les problèmes locaux et développer des stratégies de plaidoyer ». Un autre projet consistait à « développer un dépôt en ligne de publications qui ne sont pas facilement accessibles dans le pays, notamment des ouvrages sur la politique, la société civile, l’histoire, les droits de l’homme et la culture indépendante ». Puis une autre subvention du NED a été accordée pour « défendre et soutenir les journalistes et les médias indépendants ». Et une autre, « Renforcement des ONG : Encourager l’engagement civique des jeunes ». Une autre subvention importante du NED a été attribuée à la « formation des partis et mouvements démocratiques à des campagnes de sensibilisation efficaces ». Derrière les projets du NED, qui semblent innocents, se cache un modèle de création d’une opposition spécialement formée sur le modèle du NED de la CIA « Les Révolutions de Couleur ».

Comme si les troubles dans le Caucase et en Biélorussie n’étaient pas suffisants pour donner des migraines à Moscou, le 29 septembre à Bruxelles, le Premier Ministre géorgien Giorgi Gakharia a rencontré le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg. Stoltenberg lui a déclaré que « l’OTAN soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Nous appelons la Russie à mettre fin à sa reconnaissance des régions [géorgiennes séparatistes] d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et à retirer ses forces ». Stoltenberg a ensuite déclaré à Gakharia : « Et je vous encourage à continuer à utiliser pleinement toutes les possibilités de vous rapprocher de l’OTAN. Et à vous préparer à l’adhésion« . Bien sûr, l’adhésion à l’OTAN de la Géorgie, voisine de la Russie, constituerait un défi stratégique pour la Russie, tout comme celle de l’Ukraine. Les commentaires de l’OTAN ajoutent aux tensions auxquelles le Kremlin a été confronté récemment.

La troisième Révolution de Couleur au Kirghizstan ?

Le Kirghizistan, république d’ex-Union Soviétique en Asie Centrale, vient également d’éclater dans des manifestations de masse qui ont fait tomber le gouvernement pour la troisième fois depuis 2005, suite aux allégations de l’opposition de fraude électorale. L’USAID, une couverture connue pour les opérations de la CIA, est active dans le pays, tout comme la Fondation Soros qui a créé une université à Bichkek et finance l’éventail habituel de projets, « pour promouvoir la justice, la gouvernance démocratique et les droits de l’homme ». Il convient de noter que le Kirghizstan est également membre de l’Union Économique Eurasiatique dirigée par la Russie, aux côtés de l’Arménie et de la Biélorussie.

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Ensuite, pour augmenter la pression sur la Russie, les services de renseignement allemands de la Bundeswehr et maintenant l’OIAC accusent la Russie d’avoir empoisonné le dissident russe Alexei Navalny en Russie en utilisant « un agent neurotoxique de l’ère soviétique », que les Allemands appellent Novitchok. Alors que Navalny est manifestement sorti de l’hôpital vivant, les responsables allemands et britanniques ne se donnent pas la peine d’expliquer une telle guérison miraculeuse de ce qui est réputé être l’agent neurotoxique le plus mortel qui ait jamais existé. Suite à la déclaration de l’OIAC selon laquelle il s’agissait de Novitchok, le Ministre des Affaires Étrangères allemand menace de sanctions sévères contre la Russie. Beaucoup demandent à l’Allemagne d’annuler le projet de gazoduc russe Nord Stream 2 en guise de réponse, un coup qui frapperait la Russie à un moment de grave faiblesse économique due à la faiblesse des prix du pétrole et aux effets du verrouillage dû à la Covid.

L’Allemagne ne prend pas non plus la peine d’enquêter sur la mystérieuse compagne russe de Navalny, Maria Pevchikh, qui prétend avoir récupéré la bouteille d’eau vide « empoisonnée par le Novichok » dans la chambre d’hôtel de Navalny à Tomsk, en Russie, avant qu’il ne soit transporté par avion à Berlin sur l’invitation personnelle d’Angela Merkel. Après avoir livré la bouteille empoisonnée à Berlin en personne, elle s’est apparemment envolée rapidement pour Londres où elle vit, et aucune autorité allemande ou autre n’a apparemment essayé de l’interroger en tant que témoin matériel potentiel.

Pevchikh a une longue association avec Londres où elle travaille avec la fondation Navalny et serait en contact étroit avec l’ami de Jacob Rothschild, Mikhail Khodorkovsky, le fraudeur condamné et ennemi de Poutine. Khodorkovsky est également l’un des principaux bailleurs de fonds de la Fondation Anti-Corruption de Navalny (FBK en russe). Il existe des rapports crédibles selon lesquels la mystérieuse Pevchikh serait une agent du MI-6, le même MI-6 qui a dirigé un autre drame ridicule de Novitchok en 2018, affirmant que le transfuge russe Sergei Skripal et sa fille Yulia Skripal ont été empoisonnés en Angleterre par les services secrets russes en utilisant le Novitchok mortel. Là encore, les deux Skripal se sont miraculeusement remis de l’agent neurotoxique le plus mortel et ont officiellement reçu leur congé de l’hôpital, après quoi ils ont « disparu ».

Un plan de RAND ?

Si des recherches plus approfondies permettront sans doute de trouver davantage de preuves, le schéma des mesures actives de l’OTAN ou des Anglo-Américains contre les principaux pays de la périphérie russe ou contre les intérêts économiques stratégiques de la Russie, toutes dans la même période, suggère une sorte d’attaque coordonnée.

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Et il se trouve que les cibles des attaques correspondent précisément aux grandes lignes du rapport d’un important groupe de réflexion militaire américain. Dans un rapport de recherche de 2019 destiné à l’armée américaine, la société RAND a publié une série de recommandations politiques sous le titre « Étendre la Russie : Concurrencer à partir d’un Terrain Favorable ». Ils notent que par étendre la Russie, ils entendent « mesures non violentes qui pourraient faire pression sur l’armée ou l’économie de la Russie ou la position politique du régime à l’intérieur et à l’étranger ». Tous les points de tension développés ci-dessus correspondent certainement à cette description.

Le rapport aborde spécifiquement ce qu’ils appellent les « mesures géopolitiques » pour surcharger la Russie. Il s’agit notamment de fournir une aide létale à l’Ukraine, de promouvoir un changement de régime en Biélorussie, d’exploiter les tensions dans le Caucase du Sud, de réduire l’influence russe en Asie Centrale. Il comprend également des propositions visant à affaiblir l’économie russe en remettant en cause ses secteurs gazier et pétrolier.

Il s’agit notamment des mêmes zones de turbulences géopolitiques qui se trouvent aujourd’hui dans la sphère d’influence stratégique de la Russie. Plus précisément, sur le Caucase, RAND déclare : « La Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie faisaient partie de l’Union Soviétique, et la Russie maintient encore aujourd’hui une influence significative sur la région… » Ils notent que « Aujourd’hui, la Russie reconnaît l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie comme des pays séparés (un des rares gouvernements à le faire) et s’engage à les défendre…. Les États-Unis pourraient également renouveler leurs efforts pour faire entrer la Géorgie dans l’OTAN. La Géorgie cherche depuis longtemps à adhérer à l’OTAN… » Rappelons les remarques citées par Stoltenberg de l’OTAN pour encourager la Géorgie à rejoindre l’OTAN et exiger de la Russie qu’elle renonce à reconnaître l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

Le rapport RAND souligne également les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : « La Russie joue également un rôle clé avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, en particulier sur le territoire contesté du Haut-Karabakh… les États-Unis pourraient faire pression pour une relation plus étroite de l’OTAN avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan, ce qui conduirait probablement la Russie à renforcer sa présence militaire en Ossétie du Sud, en Abkhazie, en Arménie et dans le sud de la Russie. Sinon, les États-Unis pourraient essayer d’inciter l’Arménie à rompre avec la Russie ».

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En ce qui concerne les protestations massives actuelles au Kirghizstan en Asie Centrale, RAND note que « la Russie fait partie de deux entreprises économiques liées à l’Asie Centrale : l’UEE et l’Initiative Ceinture et Route ». Un changement de régime pro-OTAN pourrait ériger une barrière importante entre la Russie et la Chine ainsi qu’au sein de son UEE. En ce qui concerne les pressions économiques, le rapport RAND cite la possibilité de faire pression sur l’UE pour qu’elle abandonne le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui relie directement la Russie à l’Allemagne. Le récent incident de Navalny crée une pression croissante au sein de l’UE et même en Allemagne pour arrêter le Nord Stream 2 comme sanction de l’affaire Navalny. RAND note : « En termes d’extension économique de la Russie, le principal avantage de créer des alternatives d’approvisionnement au gaz russe est que cela réduirait les revenus des exportations russes. Le budget fédéral russe est déjà sous pression, ce qui entraîne des réductions prévues des dépenses de défense, et la baisse des revenus du gaz mettrait encore plus le budget sous pression ».

Si l’on examine les pressions croissantes sur la Russie à partir des exemples cités ici et si l’on compare avec le langage du rapport RAND de 2019, il est clair que nombre des problèmes stratégiques actuels de la Russie sont délibérément conçus et orchestrés depuis l’Occident, en particulier depuis Washington et Londres. La manière dont la Russie gère cette situation ainsi que certaines pressions futures de l’OTAN représentent clairement un défi géopolitique majeur.

Traduit par Réseau International

samedi, 03 octobre 2020

La Russie fait exploser la stratégie indo-pacifique des États-Unis

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La Russie fait exploser la stratégie indo-pacifique des États-Unis

Par M. K. Bhadrakumar

Source Oriental Review via The Indian Punchline

Ex: https://lesakerfrancophone.fr

La rencontre entre le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov et son homologue chinois Wang Yi à Moscou, le 11 septembre dernier, s’est déroulée à un moment particulièrement délicat de la politique régionale. La Russie s’efforce d’établir une ligne neutre dans l’impasse entre l’Inde et la Chine tout en se rapprochant de la Chine pour faire face à la pression américaine.

Les politiques américaines incitent la Russie et la Chine à renforcer encore leur « partenariat stratégique global de coordination pour une nouvelle ère ». En résumant sa rencontre avec Wang, M. Lavrov a déclaré que les discussions se sont déroulées dans « une atmosphère de respect et de confiance mutuels et qu’elles ont été très substantielles ». Il a ajouté : « Nous avons discuté des principaux problèmes internationaux et réaffirmé la proximité de nos points de vue sur les solutions efficaces à y apporter… Nous sommes convenus de poursuivre notre étroite collaboration ».

De manière significative, la partie la plus frappante des remarques de M. Lavrov concernait la région Asie-Pacifique. Lavrov a attaqué frontalement la stratégie indo-pacifique des États-Unis :

Nous (la Russie et la Chine) avons noté le caractère destructeur des actions de Washington qui sapent la stabilité stratégique mondiale. Elles alimentent les tensions dans diverses parties du monde, y compris le long des frontières russes et chinoises. Bien sûr, nous sommes inquiets de cette situation et nous nous opposons à ces tentatives d’escalade de tensions artificielles. Dans ce contexte, nous avons déclaré que la stratégie dite « Indo-Pacifique » telle qu’elle a été planifiée par ses initiateurs, ne conduit qu’à la séparation des États de la région, et est donc lourde de conséquences pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région Asie-Pacifique.

Nous nous sommes prononcés en faveur d’ une architecture de sécurité régionale centrée sur l’ASEAN en vue de promouvoir l’agenda unificateur, et de préserver le style de travail et la prise de décision par consensus dans ces mécanismes, comme cela a toujours été fait dans le cadre de l’ASEAN et des entités associées. Nous assistons à des tentatives de division dans les rangs des membres de l’ASEAN avec les mêmes objectifs : abandonner les méthodes de travail basées sur le consensus et alimenter la confrontation dans cette région qui nous est commune à tous.

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Les médias d’État chinois ont souligné les propos de M. Lavrov. Wang a répondu que les relations entre la Chine et la Russie sont devenues « des forces clés de stabilité dans un monde turbulent ». Il a souligné que l’alliance Chine-Russie a fait preuve d’une « forte résilience » sur fond de « profonds changements invisibles en un siècle » dans la politique mondiale.

La rencontre Lavrov-Wang s’est déroulée dans le contexte des troubles en Biélorussie, dont la Russie a accusé les États-Unis. La veille de la réunion à Moscou, un haut responsable législatif russe a ouvertement affirmé que les États-Unis avaient un plan directeur pour créer des tensions politiques en Russie, où des élections régionales doivent avoir lieu le 13 septembre. Les médias sociaux et l’Internet jouent une fois de plus un rôle majeur dans l’orchestration des manifestations en Biélorussie.

Il est intéressant de noter que lors de la réunion avec Lavrov, Wang a également appelé à « une coopération plus poussée entre la Russie et la Chine dans le domaine de la sécurité internationale de l’information, dans un contexte où certains pays politisent les technologies de l’information et la cyber-sécurité et en contiennent d’autres sous prétexte de sauvegarder leur propre sécurité nationale ».

Les remarques de M. Lavrov sur la stratégie indo-pacifique ont coïncidé avec la 53e réunion des ministres des affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et les réunions connexes, y compris la 10e réunion des ministres des affaires étrangères du Sommet de l’Asie de l’Est, à Hanoï, du 8 au 11 septembre. L’ASEAN est confrontée à une pression croissante des États-Unis pour qu’elle se joigne à elle contre la Chine, mais elle a refusé de prendre parti. Le communiqué commun adopté lors de la réunion de Hanoï reflète cette position.

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La semaine dernière, Reuters a cité le ministre indonésien des affaires étrangères, Retno Marsudi, qui déclarait que l’ASEAN devait rester résolument neutre et unie. « Au sein de L’ASEAN, l’Indonésie veut montrer à tous que nous sommes prêts à être un partenaire », a déclaré M. Retno. « Nous ne voulons pas nous laisser piéger par cette rivalité. » La position de l’Indonésie devient importante à un moment où les États-Unis tentent de diviser le consensus de l’ASEAN sur la neutralité en jouant sur les intérêts des différents pays membres.

Les États-Unis espèrent que certains pays de l’ASEAN se trouvent devant un dilemme quant à la manière d’équilibrer les liens pour tirer le meilleur parti des deux grands acteurs, tandis que d’autres pourraient être tentés d’utiliser la rivalité entre les États-Unis et la Chine comme une occasion d’obtenir un avantage économique ou militaire. Cette dernière y a fait allusion lorsqu’elle a déclaré à Reuters : « (L’ASEAN a) une bonne culture, mais nous devons l’entretenir. Nous ne pouvons pas tenir pour acquis que ces valeurs seront éternelles ».

Fait significatif, le Vietnam et l’Indonésie, deux pays influents de l’ASEAN, sont également des partenaires majeurs de la Russie. Les remarques de M. Lavrov peuvent donc être considérées comme signifiant un nouveau niveau d’engagement de la Russie dans la région Asie-Pacifique, tout en renforçant le partenariat avec la Chine, et en allant au-delà d’une simple réponse réflexive aux événements – principalement, la crise actuelle des relations de la Russie avec l’Occident.

Il est intéressant de noter que Moscou souscrit sans équivoque à la description de la « région Asie-Pacifique » et pas au concept d’« Indo-Pacifique », que Lavrov a considéré avec dérision comme un terme politiquement chargé. On peut dire que le terme « Indo-Pacifique » serait quelque peu trompeur, même dans le contexte de la politique russe. La Russie s’intéresse beaucoup plus à l’Asie-Pacifique qu’à l’Océan indien ou au sous-continent indien – compte tenu de son engagement non seulement avec la Chine mais aussi avec le Japon, les deux Corée, les États-Unis – en tant que puissance du Pacifique – et avec la sécurité de l’Extrême-Orient.

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Bien sûr, l’Inde s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large, mais dans la perception russe, l’Inde reste un membre surnuméraire de la communauté Asie-Pacifique. Là où la Russie a une différence d’opinion avec l’Inde, c’est dans sa perception de la présence sécuritaire américaine en Asie-Pacifique comme une puissance extra-régionale intrusive et de plus en plus déstabilisatrice.

Fondamentalement, la Russie aborde l’Asie-Pacifique dans une perspective mondiale, alors que la vision de l’Inde se réduit à des préoccupations concernant la montée en puissance de la Chine. Du point de vue russe, l’Asie-Pacifique est un théâtre central de l’ordre mondial au XXIe siècle où d’intenses luttes géopolitiques éclatent, où une bataille d’idées, de normes et d’institutions est déjà en cours. En tant que puissance mondiale renaissante, la Russie est obligée de se positionner sur le devant de la scène dans la région.

En effet, Pékin est bien conscient du changement d’attitude de la région de l’ASEAN envers la Russie au cours des dernières années. Contrairement à l’époque soviétique, aucun pays de l’ASEAN, Philippines comprises, n’a plus tendance à identifier la Russie comme une menace ou un acteur malveillant. D’autre part, les relations de la Russie avec presque tous les États de l’ASEAN sont confortables. Ainsi, une implication plus active de la Russie dans les affaires de l’Asie-Pacifique est une bonne chose pour la Chine.

En termes simples, il convient à Moscou et à Pékin de faire cause commune dans la région Asie-Pacifique alors que leurs relations respectives avec les États-Unis sont si difficiles, et alors que tous deux ont subi une forte pression de la part de ceux-ci. Il ne sera pas surprenant de voir une augmentation des efforts diplomatiques russes dans la période à venir pour étendre ses relations dans la région de l’ASEAN.

M. K. Bhadrakumar

Traduit par Hervé, relu par Wayan pour le Saker Francophone

samedi, 26 septembre 2020

The International North-South Transport Corridor: Shifting Gears in Eurasian Connectivity

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The International North-South Transport Corridor: Shifting Gears in Eurasian Connectivity

 

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Ex: https://moderndiplomacy.eu

As the centre of gravity of the global power play tilts towards its economic underlining,

issues like trade, connectivity and infrastructure have come to warrant greater significance in foreign policies. This holds particularly true in Central Asia where the need for investment coupled with its strategic geographical stretch has drawn increasing attention towards the potential of transport corridors as catalysts of economic integration and connectivity. While China’s colossal Belt and Road Initiative (BRI) has been at the centre of global attention, India, Iran and Russia have mapped out their own plans for a transcontinental transport corridor. The International North-South Transport Corridor (INSTC) is a landmark initiative for Eurasian connectivity. Twice as short as the traditional trade route between India and Russia, the corridor augments economic cooperation and gives sea access to land-locked member states in Central Asia. This paper seeks to advance an understanding of the development of the INSTC and examine its significance in the Asian transportation grid. In doing so, it analyses the geopolitical dynamics that underlie the project’s agenda, examines it in the context of the BRI, explores the stumbling blocks in its developments and comments on its future prospects while highlighting some recommended policy changes.

Bridging the Connectivity Gap

The International North-South Transport Corridor is a 7200 km-long multimodal transportation network that links the Indian Ocean to the Caspian Sea via the Persian Gulf onwards into Russia and Northern Europe. Launched as a joint initiative by India, Iran and Russia in 2000 and ratified by the three in 2002, the corridor has now expanded to include eleven more members, namely, Azerbaijan, Armenia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Turkey, Ukraine, Syria, Belarus, Oman and Bulgaria (observer status). The 2000 agreement was set in motion with the objectives of simplifying and developing transportation services, enhancing access to global markets and coordinating transit policies while also ameliorating route security. India’s accession to the Shanghai Cooperation Organisation (SCO) in 2017 and the Ashgabat Agreement in 2018 have only increased these connectivity prospects.

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Figure 1: The INSTC route and the standard Suez route. Credit: Wikimedia Commons

Although the original agreement envisaged connecting India and Iran to Central Asia and Russia, the potential of the corridor to gradually envelop the Baltic, Nordic and even the Arctic regions is no longer far-fetched. The first or the central branch of the corridor of the INSTC begins from the Mumbai port in the Indian Ocean Region and connects to the Bandar Abbas and Chabahar ports on the Strait of Hormuz and then passing through the Iranian territory via Nowshahr, Amirabad and Bandar-e-Anzali, runs by the Caspian Sea to reach the Olya and Astrakhan Ports in Russia. The second or the western branch connects the railway network of Azerbaijan to that of Iran via the cross-border nodal points of Astara (Azerbaijan) and Astara (Iran) and further to India via sea route. The third or the eastern branch of the corridor connects Russia to India through the Central Asian countries of Kazakhstan, Uzbekistan and Turkmenistan. Notably, the INSTC is multimodal in nature, encompassing sea, road and rail routes in its network to offer the shortest route of connectivity for Eurasian cargo transport. Bereft of the INSTC, cargo between India and Russia moves either through the Netherlands’ port of Rotterdam or China’s Qingdao port which takes over 50 days for transit. The INSTC in its completion cuts this transit time down to about 16-21 days. It also offers a considerably shorter route than the Suez Canal transit passage which, besides being overloaded, is also much more expensive than the former. This was made apparent by the dry run conducted by the Federation of Freight Forwarders’ Association of India (FFFAI) in 2014 with the objective of discerning structural problems and missing links in the corridor. The study demonstrated that the INSTC was 30 percent cheaper and 40 percent shorter than the traditional Suez route, slashing the transit time to an average of 23 days for Europe-bound shipments from the 45-60 days taken by the latter. Although the study identified streamlining and coordination with allied agencies as some of the pitfalls, it ascertained that the corridor did not pose infrastructural or security hurdles in the maiden dry run. The second dry run, reportedly conducted in 2017, generated a similar sense of optimism.[1]

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With an estimated capacity of 20-30 million tons of goods per year, the corridor facilitates transit and bolsters trade connectivity. But besides the more obvious benefits of increased trade, the time and cost savings coupled with access to new markets also translate into increased competitiveness in exports. This holds particularly true for the INSTC because unlike the BRI, the INSTC nations have a level-playing field, allowing for benefits to be distributed more evenly. For India, the corridor also augments its ‘Make in India’ initiative. Access to nations of the Eurasian Economic Union alone can offer it a market of 173 million people. Additionally, the corridor facilitates free trade agreements, opens new opportunities to engage with more regional trading blocs and in harmonising policies while bringing about a more uniform legal climate and enhances regional stability. 

Geopolitical Geometries

The INSTC acts as a gateway for India to reconnect with the resource-rich nations of Central Asia and Eurasia. It makes for one of the most salient aspects of India’s Connect Central Asia policy which was initiated by Indian policy markers in 2012 in a bid to revamp its ties with Central Asia. In a way, the INSTC serves the more proactive stance that the Indian foreign policy has come to adopt in recent years. For a long time, India’s westward connectivity had been disrupted by its contentious relations with Pakistan. In providing a direct link to the Iranian ports of Chabahar and Bandar Abbas, the INSTC allows the nation to bypass the Pakistan hurdle. Furthermore, it presents India with an opportunity to re-engage with Russia which, in the light of India’s increasingly cordial relations with the United States, has been advancing its relations with Pakistan. In 2018, bilateral trade between India and Russia stood at USD $8.2 billion, a dismal amount compared to the envisaged target of US $30 billion in bilateral trade by 2025. The need to re-energize trade coupled with the lack of a coterminous border renders the INSTC imperative for the two.

The INSTC also makes way for India to offset growing Chinese presence in the region. The partly Indian-built port of Chabahar in Iran is not only central to India’s connectivity to Central Asia but also holds significant strategic importance. Located just 72 kilometres west of the Pakistani port of Gwadar which has been developed under the BRI, Chabahar allows India to counter the Chinese strategic foothold in the Indian Ocean Region. The port is also pivotal for land-locked Afghanistan to unlock its trade potential and reduce its dependence on Islamabad. In this context, it is worthwhile to note that, positioned at the crossroads of the North-South and East-West transit corridors, Iran is the lynchpin to the success of the INSTC. Isolation of Iran in the wake of the U.S. sanctions then can inevitably put the actualisation of the INSTC in jeopardy. However, the signing of an MoU between the state-backed Container Corporation of India (Concor) and Russian Railways Logistics Joint Stock Company (RZD) in 2020 to transport cargo via the INSTC despite the threat of U.S. sanctions indicates a promising outlook for the full operationalisation of the corridor.

The geopolitical geometries of the INSTC are complicated not only by tangled relations with extra-regional players but also amongst the members themselves. Azerbaijan’s accession to the INSTC in 2005 spurred the corridor’s spread in the Caucasus and heralded the bridging of missing links like the Qazvin-Rasht-Astara railway line. Anticipating up to seven million tons of cargo transit through its territory in the medium term, Azerbaijan has agreed to finance $500 million for the project. But besides the economic benefits, the corridor also makes for a geopolitical asset for Azerbaijan in offering an opportunity to further isolate Armenia with which the country shares adversarial relations. The INSTC undermines Armenia’s own underfunded regional railroad initiative by providing more suitable economic dividends and linking Iran with Turkey via Georgia’s Black Sea Ports while bypassing those of Armenia with the Baku-Tbilisi-Kars route. Notably, for Armenia, the completion of the Armenia-Iran Railway Concession Project would bring colossal direct benefits for its economy by allowing it to avoid the Turkey and Azerbaijan blockade. However, given the paucity of funds, the Armenian project has remained only on paper. Another case in point is the possibility of friction in Russia-Iran relations in the future if a sanctions-free Iran makes headway in becoming an energy hub and gaining larger shares in the oil and gas markets of Europe which has been striving to reduce its dependence on Russian gas. Moreover, realities of the INSTC’s geopolitical geometries may complicate even further if the corridor expands to include countries from the Baltic and Nordic regions along with other interested states like Japan under its ambit. Nevertheless, given that the main argumentation behind the corridor is to reap commercial benefits, it is unlikely for the geopolitical rationale to override economic reasoning.

The INSTC and BRI: A Harmonious Grid?

The INSTC and China’s BRI are both colossal multi-modal undertakings which enhance economic connectivity and promote infrastructural growth. However, conceived almost a decade before the launch of the BRI,  the INSTC is a much older project. Unlike the BRI where China plays the role of the foreman, it follows a much more multilateral approach with multiple stakeholders participating on a level playing field. INSTC proposals are also devoid of ‘debt-trap’ fears which have often plagued the appeal of the BRI. While this makes the INSTC much more transparent and reliable and thereby increases its tenability in the long run, it also implies more constraints in its development process. The shortage of funds for constructing missing links in the corridor is one such example. As the helmsman of the BRI, China is not only willing to invest large sums into the project but is also willing to risk markedly low returns on its long-term investments. This, however, points to the concern that the entire project is a decisive strategic manoeuvre. For India, this holds particularly true for the CPEC stretch on the BRI whose Gwadar port is seen as a catalyst for China to gain a strategic foothold in the Indian Ocean Region. China’s bid to extend ties into Afghanistan and Iran have stirred these tensions further. Nonetheless, it is important to note that Iran’s growing ties with China need not necessarily come at the cost of India-Iran relations. Besides, the North-South axis of the INSTC can, in fact, complement the East-West axis of the BRI to make for a more cohesive transport grid in Eurasia. Although the INSTC and China’s BRI initiative are often pitted against each other, it must be understood that the two are not entirely incompatible with each other.

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Bottlenecks and Constraints

Progress on the INSTC has taken place in fits and starts. Following the progress made in the first few years of its inception, development on the corridor slowed down from 2005 to 2012. Progress picked up the pace again after the sixth meeting of the INSTC members in 2012 and the project has been gradually gaining momentum since. Coincidently, this was the same year in which India launched its ‘Connect Central Asia’ initiative. One reason behind the sluggish pace of progress was the imposition of sanctions on Iran which isolated it on the global stage. The other major stumbling block has been the lack of financial backing. None of the three main participants has pockets deep enough to ensure unwavering funds for a project of this scale. Different stakeholders are funding different sub-projects creating structural and technical problems for the corridor owing to its disjointed nature. One such problem is the break of gauge issue. The standard railway gauge used by Iran, a central transit hub, is different from the broad gauge used by Russia and the Central Asian nations. For instance, the Rasht-Astara rail link requires a change of gauge from the standard one as the line crosses from Iran into Azerbaijan. This necessitates the need for more change of gauge facilities. The presence of multiple stakeholders creates other problems like customs control and documentation issues, lack of harmony in transportation laws and improper insurance coverage.[2] Moreover, the project still lacks an information exchange platform. This points to the absence of adequate digitalisation and private sector participation in the INSTC. Although the corridor has garnered interest from some companies like Deutsche Bahn, private sector involvement in the corridor has largely remained dormant owing to their concerns for steady returns on investment and security fears. The corridor passes through regions with critical security risks — be it instability in the conflict-ridden Caucasus, extremism in Afghanistan, domestic discord or forms of transnational organised crime like drug trafficking. This puts the security of cargo transit into question and few companies are willing to gamble with this risk, putting the project’s economic viability in jeopardy.

The Path to the Future

While the North-South Corridor holds immense potential, its full realisation is contingent on the resolution of the bottlenecks and constraints impeding its progress. Addressing these challenges requires closer cooperation with government agencies and private enterprises at both regional and international levels. First, it is imperative to understand that the main selling point of the corridor is commercial gain from increased connectivity. To this end, the INSTC members must avail and make practical and effective use of its complementarity with the existing grid of transnational corridors in Eurasia owing to the North-South axis that the corridor operates on. Synergy with other corridors will allow the INSTC to create additional positive economic spill-overs. Synchronisation with corridors of the Trans-European Transport Network such as the North-Sea Baltic corridor, with organisations like the Black Sea Economic Cooperation (BSEC) and other nations like Japan, Myanmar and Thailand can significantly enhance the outreach of the project. Second, the INSTC members must incorporate new digital technologies, launch a web portal for information exchange and build digital nodes along the corridor to turn it into a fully integrated networking system. One way of achieving this is to have India, with its robust IT sector, take the lead in the digitalisation of the corridor. The other is to push for greater participation from the private sector which is significantly more efficient in advanced technologies.[3] Third, infrastructural and technical issues must be resolved. Integration of logistics assets, provision of visa facilities, ease of gradients, aggregation of cargo bound in the return direction and increasing availability of change of gauge facilities are some steps in this direction. Fourth, it is equally important to work towards greater harmonisation of policies. This necessitates the creation of high-level working groups and adept integration of policies and laws. It is, however, important to ensure that changes introduced in the direction of legal harmonisation must not be integrated with local laws unexpectedly in a trice but rather in a step-by-step manner to ascertain a smooth transition. Only once these steps are undertaken and the existing bottlenecks removed, can the INSTC members expand the ambit of the project to include new domains like smart energy, blockchain technology, pipeline connectivity, and consider the prospects of extending the corridor to areas like North Africa and the Arctic region.

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Conclusion

The International North-South Transport Corridor was initiated based on the vision of India, Russia and Iran to enhance strategic partnership and economic cooperation by augmenting connectivity through Central Asia. Although the initial progress was slow, the project has expanded dramatically to potentially increase its reach up to Northern Europe. Extending its geographical stretch to such an extent and tapping into its vast potential, however, is bound to be a time taking process. Questions over sanctions on Iran and Russia, the mustering of adequate economic wherewithal and lack of private participation still linger. Nonetheless, it would be unwise to judge the corridor’s capacity to deliver before it becomes fully operationalised. Given that development on the corridor is still underway, it can be easily modified to overcome structural problems. Cargo exchange and private participation are also bound to drum up further as Asia slowly develops into a larger consumer market itself. While this presents a positive outlook for the corridor’s future, its actualisation rests on the ability of the member states to maintain sustained efforts.


[1] Hriday Ch. Sharma, “Turning the International North-South Corridor into a ‘Digital Corridor’”, Comparative Politics Russia, 4 (2018), 125, 10.24411/2221-3279-2018-10008.

[2] “INSTC Conference-India 2015”, 87-94.

[3] Hriday Sharma, “Turning the International North-South Corridor into a ‘Digital Corridor’”, 124-138

vendredi, 11 septembre 2020

The New Axis: Berlin-Warsaw-Moscow-Bejing?

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The New Axis: Berlin-Warsaw-Moscow-Bejing?
 
by Konrad Rekas
Ex: http://oneworld.press
 
In fact, the axis from Berlin through Warsaw to Moscow and Beijing, the continental bridge that realists wrote about, who saw geopolitical and geoeconomic benefits and obviousness – this is the future.

What is the lesson from the anniversary of the Molotov-Ribbentrop Pact? That it was the Polish minister Józef Beck who could and should sign a pact with Molotov or Ribbentrop, and preferably with both - instead of sitting like this… believing in "Western guarantees".

Do Not Count On The Mistakes Of Others By Making Our Own

Poland has focused on the German-Russian conflict many times in its history, most often not supporting either side, but the forces that provoked these clashes. And despite the immediate benefits - it was a strategic Polish FAULT, which had to be based on the hope that one of our great neighbours would also make a mistake and act against their own geopolitical interests. Such a mechanism took place, for example, on the eve and during the Great War, which MUST be an almost successful suicide both for Russia and Germany - because that was the reason why it broke out. A similar situation happened in World War II, when Hitler, in turn, not only betrayed Nazism by selling it to great capital, but also tried to deny the geopolitical destiny of Germany, causing a war only in the interest of the Anglo-Saxons and for their rule over the World. Par excellence, therefore, both the Russian mistake in World War I and the German fault in World War II temporarily paid off for Poland - however, in the first case, almost only because there was simply a season to appoint small and weak national transition states in Central Europe as a necessary stage of reaching World Government (i), and in the second case, we were shielded by the scale of the Soviet victory and the suspension by communism of further geopolitical and civilization processes for less than half a century.

For the truth, the German-Russian alliance, or more broadly the Euro-Eurasian alliance, is the most obvious thing in the World, and it is by no means true that this is a deal, without exception, that can only deadly for the very existence of Poland. Well, that is, this is deadly, but only in a situation where Poland itself assumes the absurd role of the Trojan horse of Atlantism, deliberately acting against its own geopolitical determination. If we, Poles, stop considering as our historical mission to counteract the absolutely necessary combination of the potential of Europe and Eurasia - then we will become BENEFICIARIES, and not a hindrance to this process, which is also profitable for us.

China: A Necessary Fulfilment To Eurasia

Equally evident, but more recent date, is the geopolitical falsehood of the conflict with China, which seems to be the dominant economic power of Asia, and is our natural partner, not an enemy, for Poland and the whole of Central Europe, thus providing an opportunity to escape the trap of medium development and investment, barely keeping us alive, but transferring profits outside our country. And it does not matter for such an emerging natural European-Russian-Chinese alliance that historically China had moments in its long history, or rather makings, when the periodic advantage of the mercantile factor could make it the Ocean Empire. However, there has always been an introverted withdrawal to the Continental areas and the return of the domination of the political factor over the trade factor, typical for this formation.

Now the situation might only look different. But is it really bad? Let us remember, however, that such as United States had all the data to not go Alfred Mahan’s way, but to remain an alternative Continent, that is China has this comfort in the opposite direction to some extent. Their real return to Zheng He’s routes does not have to deny Eurasianism, but only supplement its formula.

Anyway, the Eurasian choice of Europe (including Poland) would be a salvation for all of us from the burdensome American dependence and the destruction of suicide, which for the Old Continent were two World Wars, and for Poland a joyful appearance in the Second one as a pretext, a spark, and the first a victim of a conflict that artificially divides (our) natural allies. In fact, the axis from Berlin through Warsaw to Moscow and Beijing, the continental bridge that realists wrote about, who saw geopolitical and geoeconomic benefits and obviousness – this is the future. Let us not repeat the mistakes of our ancestors, let us not ignore the reality that is happening around us. Whenever we went against our geopolitical destiny in history, only sacrifice and destruction awaited us. It is high time to change that.

(i) Nota bene, on the eve of the Great War, Russia was planning to give Poles independence, because it was already fed up with us, and its ruling spheres felt a deep reluctance to think about joining more lands inhabited by Poles. In addition, the Russians finally found a partner, in the form of Polish National-Democracy, to whom they could leave Poland - both in the conviction of the unity of interests and the durability of such governments in reborn Poland, more reliable than conservatives deprived of social support. This has been a theme that has been running in Polish-Russian relations for 300 years. Already Catherine II, sending Nikolai Repnin to Poland as her ambassador, instructed him: "We need reliable Poles!". And nothing has changed since the times of the Great Empress...

By Konrad Rękas
Polish journalist
 

mercredi, 09 septembre 2020

Kris Roman ontmoet Dr Koenraad Elst over Indië/China - deel 2 & deel 3

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Время Говорить:

Kris Roman ontmoet Dr Koenraad Elst over Indië/China - deel 2 & deel 3

Deel 1:

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2020/09/01/kris-roman-ontmoet-dr-koenraad-elst-over-indie-china.html

 
 
Deel 2 In het praatprogramma Время Говорить ('Tijd om te Spreken') ontvangt Kris Roman speciale gasten die hun bevindingen en kennis over actuele thema's aan het grote publiek verduidelijken.
 
In deze aflevering, opgenomen op 17-08-2020, is Dr. Koenraad Elst te gast. Recent (zomer 2020) vonden er dodelijke schermutselingen plaats tussen Indiaase en Chinese grenswachten plaats.
 
Dr. Koenraad Elst zal ons verduidelijken wat er aan de hand is. De veelheid aan informatie die Dr. Koenraad Elst meegaf verplicht ons het interview in drie delen te publiceren.
 
Dr. Koenraad Elst is Dokter in de Oosterse filologie en geschiedenis, Licentiaat in de wijsbegeerte, Indo-Iranistiek en Sinologie.
 
 
Deel 3:
 

dimanche, 30 août 2020

Effondrement occidental : l’Allemagne tentée par l’axe Moscou-Pékin ?

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Effondrement occidental : l’Allemagne tentée par l’axe Moscou-Pékin ?

Le chaos post-Covid dans lequel se débat l’empire occidental capitaliste pourrait bien rebattre les cartes des alliances géopolitiques plus vite qu’il n’y paraît. « L’Alliance eurasienne définitive est plus proche que vous ne le pensez », écrit le journaliste Pepe Escobar dans un récent billet.

Rappelons que l’Eurasie désigne conjointement l’Europe et l’Asie en tant que continent unique. Comme nous l’explique le Grand jeu à longueur de ses chroniques reprises sur le yetiblog, l’alliance Moscou-Pékin est déjà factuelle à l’heure qui l’est. Ces deux puissances ont bien compris qu’une véritable puissance se mesurait à deux critères :

  • son autonomie économique-énergétique-technologique (souveraineté)
  • une alliance intelligente avec le ou les puissances qui peuvent lui permettre de se procurer ce dont elle manque encore.

Il est une autre chose que ces deux puissances émergentes ont aussi très bien assimilé : on ne peut plus compter sur une vieille puissance décatie comme l’est l’Amérique de Trump (ou de Biden). Pepe Escobar citant Poutine :

« Négocier avec l’équipe Trump, c’est comme jouer aux échecs avec un pigeon : un oiseau dément qui marche sur l’échiquier, chie sans discernement, renverse des pièces, déclare la victoire, puis s’enfuit. »

Le pragmatisme allemand dans l’océan des dérives psychopatheuses occidentales

À la différence de leurs homologues déments du bloc occidental. Poutine et Xi Ping ont ceci de commun qu’ils sont de vrais chefs d’État pragmatiques et intelligents, pas les chargés de mission demeurés et inopérants de quelques mafias financières occultes en pleine désintégration (suivez mon regard du côté de l’Élysée).

Un seul pays occidental échappe au carnage psychopatheux qui frappe le bloc occidental : l’Allemagne. C’est le fameux pragmatisme allemand qui a permis à ce pays de se tirer de l’épisode pandémique de coronavirus bien mieux que ses voisins européens. C’est le pragmatisme allemand qui a fait de Berlin la puissance dominante de l’assemblage hétéroclite qu’est l’Union européenne. Et soyez persuadés que Frau Merkel a pris depuis longtemps la mesure de la déliquescence de ses homologues washingtoniens quels qu’ils soient ou quels qu’ils pourraient être après la présidentielle US du 3 novembre.

Lorsqu’il parle d’« alliance eurasienne » – qui devrait inclure l’ensemble de la partie occidentale du continent européen – Pepe Escobar évoque naturellement surtout une jonction Berlin-Moscou-Pékin, les autre pays membres de l’UE étant partie négligeable, sinon ridicule.

Le lobbying de Moscou et de Pékin auprès de Berlin

Il va de soi que l’Allemagne a encore de nombreux intérêts à défendre au sein du bloc occidental, ses exportations d’automobiles vers les États-Unis par exemple. Mais l’effondrement économique de l’Occident, les désordres monétaires qui finiront par s’ensuivre avec un euro trop fort pénalisant les exportations allemandes, le constat enfin que l’axe Pékin-Moscou est en train de prendre l’ascendant militaire sur l’empire US, y compris dans sa chasse-gardée maritime, font grandement réfléchir la chancellerie allemande. Se couper de l’approvisionnement en gaz et pétrole russes, risquer de subir une fermeture du détroit d’Ormuz suite aux agressions permanentes du Deep State US contre l’Iran serait suicidaire pour l’Allemagne.

Si l’axe Moscou-Pékin est déjà une réalité, écrit Pepe Escobar, le rapprochement Berlin-Pékin est déjà largement avancé. Et le chaînon manquant, mais pas si lointain, pragmatisme oblige, est le lien Berlin-Moscou. La conclusion imminente du Nord-Stream II, le lobbying malin de Moscou pour séduire Frau Merkel et surtout les séquelles économiques inouïes de l’épidémie de Covid sur le capitalisme occidental, pourraient bien précipiter ce jeu de bascule fatal pour Washington.

=> Lire : Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think par Pepe Escobar sur Zero Hedge.

samedi, 29 août 2020

Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think

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Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think

Ex: https://www.unz.com

We have seen how China is meticulously planning all its crucial geopolitical and geoeconomic moves all the way to 2030 and beyond.

What you are about to read next comes from a series of private, multilateral discussions among intel analysts, and may helpfully design the contours of the Big Picture.

In China, it’s clear the path ahead points to boosting internal demand, and shifting monetary policy towards the creation of credit to consolidate the building of world-class domestic industries.

In parallel, there’s a serious debate in Moscow that Russia should proceed along the same path. As an analyst puts it, “Russia should not import anything but technologies it needs until it can create them themselves and export only the oil and gas that is required to pay for imports that should be severely restricted. China still needs natural resources, which makes Russia and China unique allies. A nation should be as self-sufficient as possible.”

That happens to mirror the exact CCP strategy, as delineated by President Xi in his July 31 Central Committee meeting.

And that also goes right against a hefty neoliberal wing in the CCP – collaborationists? – who would dream of a party conversion into Western-style social democracy, on top of it subservient to the interests of Western capital.

Comparing China’s economic velocity now with the US is like comparing a Maserati Gran Turismo Sport (with a V8 Ferrari engine) with a Toyota Camry. China, proportionately, holds a larger reservoir of very well educated young generations; an accelerated rural-urban migration; increased poverty eradication; more savings; a cultural sense of deferred gratification; more – Confucianist – social discipline; and infinitely more respect for the rationally educated mind. The process of China increasingly trading with itself will be more than enough to keep the necessary sustainable development momentum going.

The hypersonic factor

Meanwhile, on the geopolitical front, the consensus in Moscow – from the Kremlin to the Foreign Ministry – is that the Trump administration is not “agreement-capable”, a diplomatic euphemism that refers to a de facto bunch of liars; and it’s also not “legal-capable”, an euphemism applied, for instance, to lobbying for snapback sanctions when Trump has already ditched the JCPOA.

President Putin has already said in the recent past that negotiating with Team Trump is like playing chess with a pigeon: the demented bird walks all over the chessboard, shits indiscriminately, knocks over pieces, declares victory, then runs away.

In contrast, serious lobbying at the highest levels of the Russian government is invested in consolidating the definitive Eurasian alliance, uniting Germany, Russia and China.

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But that would only apply to Germany after Merkel. According to a US analyst, “the only thing holding back Germany is that they can expect to lose their car exports to the US and more, but I tell them that can happen right away because of the dollar-euro exchange rate, with the euro becoming more expensive.”

On the nuclear front, and reaching way beyond the current Belarus drama – as in there will be no Maidan in Minsk – Moscow has made it very clear, in no uncertain terms, that any missile attack from NATO will be interpreted as a nuclear attack.

The Russian defensive missile system – including the already tested S-500s, and soon the already designed S-600s – arguably may be 99% effective. That means Russia would still have to absorb some punishment. And this is why Russia has built an extensive network of nuclear bomb shelters in big cities to protect at least 40 million people.

Russian analysts interpret China’s defensive approach along the same lines. Beijing will want to develop – if they have not already done so – a defensive shield, and still retain the ability to strike back against a US attack with nuclear missiles.

The best Russian analysts, such as Andrei Martyanov, know that the three top weapons of a putative next war will be offensive and defensive missiles and submarines combined with cyber warfare capabilities.

The key weapon today – and the Chinese understand it very clearly – is nuclear submarines. Russians are observing how China is building their submarine fleet – carrying hypersonic missiles – faster than the US. Surface fleets are obsolete. A wolf pack of Chinese submarines can easily knock out a carrier task force. Those 11 US carrier task forces are in fact worthless.

So in the – horrifying – event of the seas becoming un-sailable in a war, with the US, Russia and China blocking all commercial traffic, that’s the key strategic reason pushing China to obtain as much of its natural resources overland from Russia.

Even if pipelines are bombed they can be fixed in no time. Thus the supreme importance for China of Power of Siberia – as well as the dizzying array of Gazprom projects.

The Hormuz factor

A closely guarded secret in Moscow is that right after German sanctions imposed in relation to Ukraine, a major global energy operator approached Russia with an offer to divert to China no less than 7 million barrels a day of oil plus natural gas. Whatever happens, the stunning proposal is still sitting on the table of Shmal Gannadiy, a top oil/gas advisor to President Putin.

In the event that would ever happen, it would secure for China all the natural resources they need from Russia. Under this hypothesis, the Russian rationale would be to bypass German sanctions by switching its oil exports to China, which from a Russian point of view is more advanced in consumer technology than Germany.

Of course this all changed with the imminent conclusion of Nord Stream 2 – despite Team Trump taking no prisoners to sanction everyone in sight.

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Backdoor intel discussions made it very clear to German industrialists that if Germany would ever lose its Russian source of oil and natural gas, coupled with the Strait of Hormuz shut down by Iran in the event of an American attack, the German economy might simply collapse.

There have been serious cross-country intel discussions about the possibility of a US-sponsored October Surprise involving a false flag to be blamed on Iran. Team Trump’s “maximum pressure” on Iran has absolutely nothing to do with the JCPOA. What matters is that even indirectly, the Russia-China strategic partnership has made it very clear that Tehran will be protected as a strategic asset – and as a key node of Eurasia integration.

Cross-intel considerations center on a scenario assuming a – quite unlikely – collapse of the government in Tehran. The first thing Washington would do in this case is to pull the switch of the SWIFT clearing system. The target would be to crush the Russian economy. That’s why Russia and China are actively increasing the merger of the Russian Mir and the Chinese CHIPS payment systems, as well as bypassing the US dollar in bilateral trade.

It has already been gamed in Beijing that were that scenario ever to take place, China might lose its two key allies in one move, and then have to face Washington alone, still on a stage of not being able to assure for itself all the necessary natural resources. That would be a real existential threat. And that explains the rationale behind the increasing interconnection of the Russia-China strategic partnership plus the $400 billion, 25-year-long China-Iran deal.

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Bismarck is back

Another possible secret deal already discussed at the highest intel levels is the possibility of a Bismarckian Reinsurance Treaty to be established between Germany and Russia. The inevitable consequence would be a de facto Berlin-Moscow-Beijing alliance spanning the Belt and Road Initiative (BRI), alongside the creation of a new – digital? – Eurasian currency for the whole Eurasian alliance, including important yet peripheral actors such as France and Italy.

Well, Beijing-Moscow is already on. Berlin-Beijing is a work in progress. The missing link is Berlin-Moscow.

That would represent not only the ultimate nightmare for Mackinder-drenched Anglo-American elites, but in fact the definitive passing of the geopolitical torch from maritime empires back to the Eurasian heartland.

It’s not a fiction anymore. It’s on the table.

Adding to it, let’s do some little time traveling and go back to the year 1348.

The Mongols of the Golden Horde are in Crimea, laying siege to Kaffa – a trading port in the Black Sea controlled by the Genoese.

Suddenly, the Mongol army is consumed by bubonic plague.

They start catapulting contaminated corpses over the walls of the Crimean city.

So imagine what happened when ships started sailing again from Kaffa to Genoa.

They transported the plague to Italy.

By 1360, the Black Death was literally all over the place – from Lisbon to Novgorod, from Sicily to Norway. As much as 60% of Europe’s population may have been killed – over 100 million people.

A case can be made that the Renaissance, because of the plague, was delayed by a whole century.

Covid-19 is of course far from a medieval plague. But it’s fair to ask.

What Renaissance could it be possibly delaying?

Well, it might well be actually advancing the Renaissance of Eurasia. It’s happening just as the Hegemon, the former “end of history”, is internally imploding, “distracted from distraction by distraction”, to quote T.S. Eliot. Behind the fog, in prime shadowplay pastures, the vital moves to reorganize the Eurasian land mass are already on.

(Republished from Asia Times by permission of author or representative)

vendredi, 28 août 2020

Une alliance militaire Inde-Vietnam contre l’alliance sino-pakistanaise?

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Une alliance militaire Inde-Vietnam contre l’alliance sino-pakistanaise?

Observateur-Continental

Les actions chinoises en mer de Chine méridionale ont rapproché Hanoï  et New Delhi dans un partenariat d’experts comparable à l’alliance Pékin-Islamabad. «L’Inde cherche à faire à la Chine ce que la Chine a fait à l’Inde: c’est-à-dire le confinement et l’encerclement», déclare un analyste. 

Observateur Continental reprend un point principal du South China Morning Post du 27 août soulignant  l’alliance militaire Inde-Vietnam contre la Chine.

Lorsque la marine chinoise a effectué des exercices presque simultanément dans quatre régions maritimes cette semaine, beaucoup ont été impressionnés par la démonstration de force, mais peu ont remis en question le public visé. Les experts étaient presque unanimes à considérer les exercices  dans la mer de Chine méridionale, la mer de Chine orientale, le nord de la mer Jaune et le golfe de Bohai, comme la réponse de Pékin à ce qu’il considère comme une belligérance accrue des Etats-Unis. Washington a récemment envoyé des porte-avions en mer de Chine méridionale, fait passer un destroyer dans le détroit de Taïwan, fait voler des avions de reconnaissance et des bombardiers B-1B au-dessus de la région et s’est rangé du côté des pays d’Asie du Sud-Est dans leurs différends territoriaux avec la Chine. 

Comme l’a dit Josef Gregory Mahoney, professeur de politique à l’université normale de Chine orientale de Shanghai: «La Chine est confrontée à un risque croissant que le président Donald Trump déclenche un incident dans la mer de Chine méridionale, impliquant peut-être Taïwan». Les exercices de la Chine ont envoyé en réponse  un message clair, alors que la Chine ne veut pas de guerre avec les  Etats-Unis. Si une guerre arrive, elle est prête et capable de se battre  et sur plusieurs fronts si nécessaire. 

Mais si le public visé était peut-être celui de Washington, la démonstration de force a également eu un effet sur les nations beaucoup plus proches de chez elles, explique le South China Morning Post. En particulier, selon les analystes, cela a encouragé le développement d’un partenariat militaire entre le Vietnam et l’Inde, un partenariat que de nombreux experts considèrent comme visant à contrer la Chine de la même manière que l’alliance sino-pakistanaise est considérée comme contrant l’Inde. 

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Le Vietnam a été irrité par les images satellite montrant que la Chine a récemment déployé au moins un bombardier porteur de missiles H-6J sur l’île Woody, l’une des îles des Paracels contestées dans la mer de Chine méridionale. Ces images ont incité le ministère vietnamien des Affaires étrangères à avertir la semaine dernière que la présence des bombardiers sur l’île – connue sous le nom de Yongxing en Chine et de Phu Lam au Vietnam – violait non seulement la souveraineté vietnamienne mais «mettait en péril la paix» dans la région. On pense que les images étaient en bonne place à l’ordre du jour lorsque l’ambassadeur du Vietnam Pham Sanh Chau a rencontré vendredi dernier le secrétaire aux Affaires étrangères indien Harsh Vardhan Shringla pour l’informer de l’escalade des tensions dans la mer de Chine méridionale. Ils auraient également participé mardi à des discussions lors d’une réunion virtuelle entre le ministre indien des Affaires extérieures, Subrahmanyam Jaishankar, et son homologue vietnamien Pham Binh Minh.

Carlyle Thayer, professeur émérite de l’université de Nouvelle-Galles du Sud à l’Australian Defence Force Academy, a déclaré que ce n’était pas la première fois que la Chine déployait des bombardiers sur les  îles Paracels.  Elle y avait envoyé plusieurs bombardiers à longue portée H-6K en 2018. Cependant, l’ouverture du Vietnam à propos de la réunion de l’ambassadeur était significative. «Etant donné que [cette fois] le Vietnam a rendu public sa position envers l’Inde, il est probable que le Vietnam s’engage dans un exercice diplomatique pour dénoncer les actions de la Chine dans le but d’obtenir un soutien politique», a déclaré Thayer. En tendant la main à l’Inde, le Vietnam a présenté non seulement un partenariat stratégique global entre les deux pays, mais a également montré son soutien continu à la liberté de navigation et de survol de l’Inde dans la mer de Chine méridionale, a déclaré le professeur de relations internationales Huynh Tam Sang de l’université des affaires sociales de l’université nationale du Vietnam à Ho Chi Minh Ville. «L’Inde et le Vietnam se trouvent maintenant à une convergence géostratégique. Les deux parties s’opposent à ce que la Chine traite la mer de Chine méridionale comme son arrière-cour et ont intérêt à préserver la paix et la stabilité dans les eaux contestées», a déclaré Huynh. «Tout comme Islamabad et Pékin coordonnent et soutiennent étroitement leurs actions militaires contre l’Inde, New Delhi et Hanoï ont maintenant commencé à s’informer et à se soutenir mutuellement vis-à-vis de Pékin. «Tout comme le Pakistan favorise une forte présence navale chinoise dans l’océan Indien, le Vietnam favorise une présence navale indienne dans la mer de Chine méridionale», a déclaré Mohan Malik, chercheur du NESA Center for Strategic Studies (un centre régional du département américain de la Défense).

Le Vietnam continuerait ainsi de renforcer ses liens avec l’Inde pour répondre aux préoccupations communes concernant l’assertivité croissante de la Chine dans l’Indo-Pacifique, a déclaré Derek Grossman, analyste principal de la défense à la Rand Corporation, un groupe de réflexion de Washington. «Cela impliquera probablement le partage d’informations, la formation militaire et peut-être l’achat d’armes», a déclaré Grossman, ajoutant que «les armées des deux pays étaient très complémentaires car elles dépendaient toutes deux en grande partie de l’équipement soviétique ou russe».

 Olivier Renault

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n’engagent que la responsabilité des auteurs

Observateur-Continental

dimanche, 16 août 2020

Communisme revisité : ces nouveaux penseurs dont s’inspire Xi Jinping pour diriger la Chine d’une main de fer

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Communisme revisité : ces nouveaux penseurs dont s’inspire Xi Jinping pour diriger la Chine d’une main de fer

Ex: https://www.atlantico.fr

 
 

Atlantico.fr : Quelles sont les influences philosophiques dont semble s'inspirer Xi Jinping, notamment dans sa gestion de la crise de Honk Kong ?

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Barthélémy Courmont : Les influences du régime chinois depuis quelques années, et notamment après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, semblent converger vers la reconnaissance des multiples facettes de la pensée chinoise. On pense aux travaux influents de Yan Xuetong sur le neoconfucianisme, ou encore au Tianxia 2.0 de Zhao Tingyang, entre autres. Ces penseurs brillants et reconnus ont en commun de mobiliser les fondements de la civilisation intellectuelle chinoise pour inscrire le régime dans la continuité de cette histoire pluri-millénaire et, à l’heure où la Chine revient au centre du monde après un siècle-et-demi de mise à l’écart (qualifiés à tort ou à raison « d’humiliations »), de légitimer le pouvoir. C’est une véritable rupture avec la révolution culturelle et le maoïsme, qui privilégiaient la mise au pilori des anciennes pensées et avaient pour ambition de créer une société nouvelle et « pure ». Cette ligne idéologique très prononcée, et qui mena la Chine au désastre, a donc laissé place à une approche pragmatique et inclusive de tout ce qui a fait la Chine, y-compris le nationalisme du Kuomintang. C’est pour cette raison qu’il est erroné de considérer que le régime actuel est profondément marqué idéologiquement, sa force étant précisément de ne pas être prisonnier d’une doctrine trop rigide.

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Il est en revanche indiscutable, et les événements de Hong Kong le confirment, que l’affirmation de puissance chinoise s’accompagne d’une certaine manière de penser les institutions chinoises. Et sur ce point, l’obsession de la stabilité et de la légitimité (inspirée du mandat céleste de la Chine impériale) est au cœur des préoccupations des dirigeants actuels, avec en conséquence une très grande méfiance pour les mouvements démocratiques, qualifiés de déstabilisants, voire chaotiques, et la justification d’un régime fort, au nom de l’ordre et de la stabilité. On trouve ainsi des influences diverses, chinoises mais aussi étrangères, y-compris chez des théoriciens très marqués comme le nazi Carl Schmitt, qui mettait en avant les « vertus » d’un système étatique fort face aux risques de chaos des démocraties. En clair, les influences politiques de a Chine contemporaine ne sont pas libérales, le libéralisme politique étant même suspecté d’être instrumentalisé par des puissances étrangères. 

Concernant le sort de Hong Kong, ces influences diverses expliquent le durcissement des mesures chinoises, tout autant que la mise en avant d’un « complot » étranger, pour ne pas dire occidental, qui ferait de Hong Kong une épine dans le pied de Pékin. Cette approche converge avec l’idée selon laquelle, pour les dirigeants chinois, Hong Kong appartient à la Chine depuis 1997, et que Pékin a donc toute autorité pour faire évoluer le système politique selon son bon vouloir. Il est à ce titre important de rappeler que toute critique de la répression à Hong Kong est qualifiée par Pékin d’ingérence dans ses affaires intérieures.

Ces influences sont-elles surprenantes ?

Non, pour plusieurs raisons. D’abord parce que derrière le vernis des discours convenus, la Chine n’est plus communiste (dans sa version maoïste, et même marxiste-leniniste) depuis quarante ans. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est libérale (pourquoi le binarisme hérité de la Guerre froide doit-il nécessairement opposer les deux, sans alternative?). Les dirigeants chinois continuent d’honorer Mao Zedong dans le seul but de maintenir la stabilité du régime et d’éviter le sort de l’URSS, mais à continuer de croire que la Chine est communiste, les puissances occidentales s’enfoncent dans une voie sans issue. La Chine est autoritaire et ne s’en cache pas. Elle n’hésite plus d’ailleurs à comparer les vertus de son autoritarisme (stabilité et ordre, toujours) aux vices de la démocratie qu’elle juge incapable de répondre aux attentes des populations. Il y a lieu de s’en inquiéter, mais c’est en tout cas le vrai défi chinois, le communisme étant réservé à ceux qui restent englués dans une logique de guerre froide d’un autre âge.

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Ensuite, tout connaisseur de l’histoire de la Chine comprend l’obsession de la stabilité, compte-tenu des innombrables révoltes que ce pays a connues. Dès lors, une pensée politique ne peut être influente auprès des dirigeants chinois que si elle met en avant la stabilité, et donc prône un régime fort.

Enfin, le mandat de Xi Jinping coïncide avec une affirmation de puissance (la Chine est devenue deuxième puissance économique mondiale en 2010, soit peu avant l’arrivée au pouvoir de Xi) et, dans le même temps, une faillite des Etats-Unis sûr la scène internationale. Contrairement à ses deux prédécesseurs, Xi a des ambitions qu’il ne cache pas, avec une feuille de route dont l’objectif est le statut de première puissance mondiale (pas uniquement économique) en 2049. Dans ce contexte, une pensée à la fois nationaliste et mettant en avant la récupération des territoires perdus bénéficie d’une grande influence.

Au regard de ces influences philosophiques, que peut-on deviner des intentions politiques du président chinois pour l'avenir ?

Il faut bien avoir en tête, et c’est trop rarement le cas quand on cherche à comprendre la Chine, que cohabitent plusieurs courants de pensée, et que leurs influences sont plus ou moins importantes selon les équipes au pouvoir et le contexte politique (et géopolitique). Dès lors, et compte-tenu des conséquences de la crise sanitaire, tant économiques et sociales que politiques voire identitaires et sécuritaires, les intellectuels les plus influents pourraient être concurrencés par d’autres courants de pensée. Il n’y a pas d’idéologie figée au sommet du pouvoir en Chine, tout dépendra surtout des succès ou des échecs du pouvoir actuel.

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Concernant Xi Jinping, il est indéniable que le président chinois est plus « fort » que ses prédécesseurs et qu'il rassemble de nombreux pouvoirs. Mais il peut aussi être contesté selon ses résultats. Ses ambitions de recomposer l’espace chinois sont sans doute les plus inquiétantes, notamment en ce qui concerne Taïwan. Hong Kong pourrait n’être  qu'une étape, sorte de test pour mesurer les réactions aux ambitions de la Chine.

lundi, 10 août 2020

China: Zwischen Neuer Weltordnung und Neuer Seidenstraße

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China: Zwischen

Neuer Weltordnung

und Neuer Seidenstraße

 

von Alexander Markovics

Kaum ein Land fasziniert und polarisiert westliche Beobachter heute so sehr wie China. In den Augen des Westens ist China eine totalitäre kommunistische Diktatur, dass durch seine mustergültige kapitalistische Wirtschaft nun dazu in der Lage ist, autoritäre Regierungen auf der ganzen Welt zu unterstützen. Gleichzeitig ist der Westen aber von ihm wirtschaftlich und nun auch zunehmend technologisch abhängig, Stichwort 5G. Doch wie kam es dazu, dass dieses Land, dass nach dem Zweiten Weltkrieg der ärmste Staat der Welt war heute eine Wirtschaftsmacht sondergleichen werden konnte? Und wie gefährlich ist Peking wirklich? Droht Europa die „Gelbe Gefahr“ wie uns neokonservative Propagandisten in Bezug auf den Coronavirus und angebliche Weltmachtsambitionen glaube machen wollen?

Nach dem Ende des Zweiten Weltkriegs in Asien und den Wirren des Bürgerkriegs zwischen Nationalisten und Kommunisten gelang es dem Land unter der Führung der Kommunistischen Partei Mao Zedongs, im Rahmen des von ihm propagierten Marxismus mit sinischen Charakteristiken, zur Atomwaffen besitzenden und blockfreien Macht aufzusteigen. Außenpolitisch orientierte sich China in dieser Periode an den Prinzipien des Antiimperialismus und schaffte es nicht nur dem Westen in Korea Paroli zu bieten, was zur bis heute andauernden Teilung des Landes führte, sondern auch zur Unterstützung zahlreicher kommunistischer Aufstandsbewegungen gegen die europäische Kolonialherrschaft in Afrika, was China bis heute großes politisches Renomee auf dem schwarzen Kontinent verschafft hat.

Die Idee einer blockfreien Bewegung, die sowohl vom Westen als auch vom sowjetkommunistischen Osten unabhängig sein sollte, verschafften dem kommunistischen China sogar in Europa eine gewisse Strahlkraft, wo nicht nur die Teile der radikalen Linken und Albanien sich an Peking zu orientieren begannen, sondern auch Proponenten eines genuin europäischen Sozialismus wie Jean Thiriart, die chinesische Unterstützung für den Aufbau einer europäischen Befreiungsarmee im Kampf gegen die USA suchten. Doch beseelt vom Wunsch China in Redkordtempo zu industrialisieren (Großer Sprung nach Vorne) und eine Verbürgerlichung und Erstarrung des Kommunismus im eigenen Land zu verhindern (Kulturrevolution) brachte Mao das Land an den Rand eines neuen Bürgerkriegs, verschlimmerte oder bescherte ihm (je nach Perspektive) eine katastrophale Hungersnot und sorgte für einen kulturellen Genozid an Chinas jahrtausendealter Kultur.

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Auch die Sowjetunion beäugte diese Ereignisse kritisch und entzog China sogar die zugesagte Hilfe beim Aufbau eines eigenen Atomprogrammes. Das daraus hervorgehende Chinesisch-sowjetische Zerwürfnis führte zu einem innerkommunistischen Kalten Krieg, der auch von Einkreisungsängsten Chinas hinsichtlich der UdSSR und einer Kritik am aus pekinger Sicht zu laschen Kurs Moskaus gegen den Westen getrieben war, der schließlich den USA zu gute kam. Nach Maos Tod kam es zu einer Revolte des pragmatisch orientierten Parteiflügels gegen die Thronfolger Maos. Aus dieser ging der dem konservativen Flügel der chinesischen KP angehördende Deng Xiaoping siegreich hervor und schaffte es das Land nach den Schrecken der Kulturrevolution wieder in die Normalität überzuführen und das chinesische Wirtschaftswunder, welches China heute zur zweitgrößten Wirtschaftsmacht der Welt machte, einzuleiten. Dazu schuf Deng zahlreiche Sonderwirtschaftszonen im Land, wo Formen der Marktwirtschaft abseits der kommunistischen Zentralplanung getestet werden sollten.

Dadurch wurde der Grundstein für Chinas Status als Exportnation und den technologischen Austausch mit dem Westen gelegt. Vor dem Hintergrund dieser geschichtlichen Entwicklung muss die derzeitige Führung der kommunistischen Volksrepublik unter Xi Jinping mitsamt ihrer geopolitischen Vorstöße gesehen werden. Obwohl sein Vater einer jener Parteikader war, die unter Maos Kulturrevolution in die Verbannung aufs Land geschickt wurden, ist es gerade Xi der die größte Machtfülle aller chinesischen Machthaber seit Mao besitzt. Als Präsident auf Lebenszeit ist ihm nicht nur die größte kommunistische Partei der Welt untergeordnet, sondern auch gleichzeitig die chinesische Volksbefreiungsarmee, die direkt auf die Partei, nicht etwa auf den Staat, vereidigt ist. Politisch sieht sich China selbst als „leninistische Marktwirtschaft“, die gewisse Aspekte des Kapitalismus unter Führung der kommunistischen Partei in ihre eigene Wirtschaft integriert. Was widersprüchlich klingen mag, widerspricht sich insofern nicht selbst, als das schon Marx den Kapitalismus als notwendige Voraussetzung für ein wahrhaft kommunistisches System erkannt hatte. Dies sieht man auch am Staatsapparat selbst, der von seinem Selbstbewusstsein her eindeutig kommunistisch ist und sich weiterhin zu Karl Marx und Lenin bekennt, dabei aber die Besonderheit des chinesischen Weges betont.

Kulturpolitisch versucht man sowohl Tradition und Moderne zu vereinen, was sich nicht nur in der Hinwendung zur konfuzianischen Philosophie, sondern etwa auch in einer Rehabilitierung der chinesischen Ahnenreligion, dem Shenismus, ausdrückt. Ein starker, staatlich geförderter Nationalismus hält das über eine Milliarde Einwohner zählende Land zusammen, was sich etwa auch darin ausdrückt, dass sich über 90% aller Chinesen zur Ethnie der Han bekennen. Geopolitisch verfolgt China mit der Neuen Seidenstraße ein in der Geschichte noch nie dagewesenes Infrastrukturprojekt. Das als „Ein Gürtel – eine Straße“ betitelte Projekt umfasst mehr als 60 Länder in Afrika, Asien und Europa. Der geplante Wirtschaftsgürtel folgt dabei dem Verlauf der antiken Seidenstraße, wohingegen die (maritime) Straße durch die Häfen Südostasiens, Indiens und Afrikas bis in die Levante und das Mittelmeer verläuft. Was insbesondere für Europa und Afrika nach einer großen Chance für engere wirtschaftliche Beziehungen mit China klingt, ist für die USA der reinste Alptraum.

Seit Admiral Halford Mackinder seine Herzlandtheorie Anfang des 20. Jahrhunderts dargelegt hatte, versuchen sie ein Zusammenwachsen der Eurasischen Halbinsel zu verhindern und genau das wird durch das chinesische Projekt letztlich erreicht. Denn China intensiviert im Zuge der seit 2013 laufenden Bemühungen um die Neue Seidenstraße nicht nur seine Beziehungen zu Russland und damit Eurasien, sondern sucht im Rahmen der Shanghaier Organisation für Zusammenarbeit den Farbrevolutionen der USA in Asien einen Riegel vorzuschieben und politische Lösungen auch mit dem Iran, Pakistan und dem Rivalen Indien zu finden. Dazu gehören auch Marinestützpunkte Chinas, wie am Horn von Afrika und ein Aufrüsten seiner Streitkräfte. Den intellektuellen Unterbau für dieses ganz Eurasien umfassende Integrationsprojekt liefert der aus Guangdong stammende und in Peking lehrende Philosoph Zhao Tingyang. In seinem 2005 auf chinesisch und 2020 in deutscher Übersetzung erschienenem Buch „Alles unter dem Himmel. Vergangenheit und Zukunft der Weltordnung“ legt Zhao die Grundlage eines Gegenuniversalismus, der ausgehend vom Konzept des tianxia (Alles unter einem Himmel), dem „Miteinander der zehntausend Völker unter einem Himmel“ der chinesischen Antike, das friedliche Zusammenleben und die Kooperation der Völker auf der Erde gewährleisten soll.

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Die Grundlage dabei bildet nicht wie im westlichen Liberalismus das Individuum, sondern die Sippe und das Volk. Dabei geht er nicht von der Bestimmung des Feindes als grundlegendem Merkmal des Politischen aus wie es vom Konservativen Revolutionär Carl Schmitt definiert wurde, sondern sieht der konfuzianischen Philosophie folgend die Kooperation zwischen den Menschen als das Wesen des Politischen an. Dabei kritisiert er den liberalen Kulturimperialismus und Demokratieexport des Westens scharf und fordert die USA dazu auf, es den verschiedenen Völkern selbst zu überlassen ihr politisches System zu wählen. Die gegenwärtige Außenpolitik sieht er als unzureichend an, da sie sich nur mit den aus seiner Sicht egoistischen Problemen der Nationalstaaten beschäftigen würde, dabei aber außerstande sei große Probleme wie etwa den Palästinakonflikt zu lösen.

Die gegenwärtige, von den USA geprägte Weltordnung sei in Wahrheit ein Chaos, daher fordert Zhao eine Weltpolitik, welche auf einer globalen Ebene dazu in der Lage ist Lösungen für politische Probleme, welche alle Völker betreffen, zu erarbeiten. Da die Globalisierung immer stärker die Defizite der internationalen Politik enthülle, tue neben der staatlichen und zwischenstaatlichen Politik eine Weltpolitik not, wobei er die Schaffung eines Weltstaates vehement ablehnt. Denn ohne Weltordnung drohe die Gefahr, so Zhao, dass Medien-, Finanz- und Hochtechnologiefirmen die Staaten Stück für Stück kidnappen würden, wodurch sich der Mensch selbst sein eigenes jüngstes Gericht schaffen würde. Angesichts dieser Ideen und der bisherigen Außenpolitik unter Xi Jinping braucht man vor dem neuen China keine Angst zu haben.

mardi, 30 juin 2020

Le chancre de Hong Kong

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Le chancre de Hong Kong

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Malgré la menace persistante du coronavirus, la République populaire de Chine renoue avec ses problèmes d’ordre politique, environnemental, économique et social. Outre le ralentissement perceptible de l’« atelier du monde », le retour d’une forte pollution urbaine et de vives tensions frontalières avec l’Inde, l’agitation recommence à Hong Kong.

Depuis son retour à la mère-patrie chinoise en 1997, la principale place financière d’Extrême-Orient fait preuve d’une indiscipline habituelle qu’amplifie une nouvelle révolution de couleur qui suit celle des « parapluies ». Il y a un an, il s’agissait de contester un projet de loi permettant les extraditions vers la Chine continentale. Il s’agit aussi maintenant de s’opposer depuis le mois dernier à un projet de loi de sécurité nationale contre les risques de sédition, de subversion et de sécession. Ce nouveau texte passe directement devant le parlement chinois sans se préoccuper du parlement local de Hong Kong.

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Les manifestants anti-Pékin à Hong Kong bénéficient du soutien officiel de Washington et de Londres. Donald Trump pourrait sanctionner la Chine si elle promulgue ces lois. Pour sa part, Boris Johnson se dit prêt à accorder la nationalité britannique aux résidents de Hong Kong, quitte à revenir sur une loi qui l’interdisait datant de Margaret Thatcher. Cette ingérence des Anglo-Saxons est inacceptable. Les Chinois se souviennent que Hong Kong devint une colonie britannique au lendemain de la Première Guerre de l’opium par l’odieux traité de Nankin de 1842. L’implantation anglaise résulte donc d’une intervention militaire coloniale destinée à encourager la consommation massive d’une drogue interdite dans l’Empire du Milieu. Le peuple chinois rumine encore ce viol territorial.

Partout où les Anglo-Saxons partent d’un territoire, ils le laissent appauvri et divisé : coupure artificielle de la péninsule coréenne en 1945, partage sanglant entre l’Inde et le Pakistan, tensions communautaires gréco-turques à Chypre, etc. On peut y rajouter l’existence d’un Canada multiculturaliste négateur de la spécificité identitaire canadienne-française.

La région autonome spéciale de Hong Kong dispose d’un statut particulier d’une durée de cinquante ans selon le principe officiel d’« un pays, deux systèmes ». Toutefois, les dirigeants chinois ont peu à peu compris que ce principe ne tient pas face à la mentalité anglo-saxonne qui prévaut toujours à Hong Kong. Par ses ambiguïtés consubstantielles, la langue anglaise ne véhiculerait-elle pas une perception du monde liquide, marchande et profondément corrosive ?

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Des droitards français chez qui le Mur de Berlin n’est jamais tombé dans leur tête soutiennent par anti-communisme désuet les revendications des agitateurs professionnels de Hong Kong sans s’apercevoir, ni comprendre que derrière elles s’avancent des prises de position humanitaristes, cosmopolites et gendéristes qu’ils combattent par ailleurs en Europe. Cette schizophrénie et ce manichéisme témoignent d’un grand aveuglement. Oui, la Chine populaire cumule un communisme persistant, un nationalisme renaissant et un ultra-libéralisme d’État. Détaché des contraintes propres aux ploutocraties ochlocratiques de l’Ouest crépusculaire, l’État chinois se fait stratège géopolitique. Il conçoit les « nouvelles routes de la soie » eurasiatiques. Au contraire du Bloc occidental atlantiste, Pékin sait respecter la souveraineté étatique de ses partenaires. La Chine ne dénonce jamais les violences policières aux États-Unis, ne critique pas les trente années de répression militaire britannique en Irlande du Nord, n’incite pas, à l’inverse des ambassades US, les banlieues de l’immigration allogène de l’Europe occidentale à se soulever.

L’effervescence stérile de Hong Kong contraste avec une autre région administrative spéciale devenue chinoise en 1999, Macao. Par l’ancienneté de la présence européenne dès 1557, l’ex-colonie portugaise devrait elle aussi être en pointe dans la contestation, ce qui n’est pas le cas. Comment expliquer cette différence, sinon par un état d’esprit tout autre ? Sortons du cadre universel et uniforme coutumier et acceptons le plurivers éclectique des puissances, des civilisations, des races, des États et des peuples. Le monde chinois ne correspond pas au « monde » occidental post-blanc, ni au monde russe et encore moins aux mondes africains ou arabe. L’éloignement relativise de fait la primauté de certaines valeurs plus que négligeables telles que l’idéologie des droits de l’homme.

Il est par conséquent risible de voir Londres en plein Brexit difficile, pris par un regain d’indépendantisme en Écosse, voire en Ulster, et Washington, plus que jamais capitale des États-Désunis d’Amérique, s’indigner des intentions légitimes de la Chine populaire. Le gouvernement central de Pékin devrait crever au plus vite l’abcès purulent de Hong Kong et y proclamer l’état d’urgence. L’armée de libération populaire mettrait enfin au pas une populace christianomorphe rétive à l’ordre grand-spatial han.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 178.

mercredi, 24 juin 2020

L'Union Européenne et la Chine, désormais alliés stratégiques ?

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L'Union Européenne et la Chine, désormais alliés stratégiques ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 10e Dialogue Stratégique entre l'Union Européenne (UE) et la Chine, en date du 9 Juin 2020, préparant un prochain Sommet Européen (voir référence ci-dessous), marque la volonté de ces deux puissances de coopérer plus étroitement, à la suite de l'épidémie de Covid-19 mais aussi de l'effacement actuel des Etats-Unis.

Si cette volonté se précisait, elle pourrait annoncer un changement important dans l'équilibre politique du monde.

L'UE était représentée lors de cette rencontre par le vice-président Josep Borrell et la Chine par le ministre des affaires étrangères Wang Yi. La Grande-Bretagne n'y participait pas du fait de sa sortie récente de l'UE. L'objet du Dialogue était d'examiner les nouveaux domaines possibles de coopération résultant des effets dévastateurs de l'épidémie. Celle-ci paraît en effet des deux côtés en voie d'être maîtrisée, comme par ailleurs en Russie, malgré quelques résurgences toujours possibles. Au contraire, elle continue à s'étendre en Amérique.

La Chine dispose d'importantes réserves financières. Par ailleurs les entreprises occidentales, y compris en Europe, continuent à lui sous-traiter de nombreux domaines industriels qu'il sera impossible de rapatrier en Europe. Cependant, ses dirigeants considèrent qu'elle ne pourra jamais se passer de l'Europe. Celle-ci demeurera pour elle un partenaire essentiel. Il en est de même des Européens.

Les domaines de coopération dans une économie mondialisée post-Covid seront nombreux. On mentionnera en particulier les recherches scientifiques ainsi que les technologies nouvelles, y compris dans le domaine spatial. Le partage du travail avec la Chine sera bien plus fructueux que la compétition.

Dans ces différents domaines, les Etats-Unis resteront longtemps pour les deux parties un partenaire essentiel. Cependant récemment, lors de la crise du coronavirus notamment, Donald Trump avait décidé de renforcer les frontières et de ne pas participer aux efforts communs de lutte. Ainsi l'Italie au fort de la crise n'avait reçu aucune aide de Washington. Ce fut la Chine qui lui apporta une contribution non négligeable. 

De plus, son incapacité à lutter efficacement contre l'épidémie et ses effets sociétaux avait, comme l'on montré les sondages récents de l'Institut allemand Koerber et de l'Institut américain Pew, a conduit l'opinion européenne à considérer que la coopération avec l'Amérique ne devenait plus pour les Européens une priorité. Ceci ne date pas seulement de l'épidémie. Dès 2017 la volonté américaine de leur interdire toute coopération avec la Chine, notamment dans le domaine de la 5G, au prétexte que celle-ci favoriserait l'espionnage chinois et le détournement des compétences européennes, avait suscité un refus quasi général.

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Aussi bien, le président chinois Xi Jinping a eu sur les perspectives de coopération de nombreux échanges téléphoniques (épidémie oblige) avec Angela Merkel et Emmanuel Macron. Le 10e Dialogue Stratégique entre l'UE et la Chine a confirmé cette volonté réciproque de coopération, comme le montre la conférence de presse de Josep Borrel, référencée ci-dessous.

Josep Borrell y indique que la Chine dont le rôle international ne cessera de s'accroître sera pour l'Europe un partenaire incontournable, en dépit de leurs différences en matière politique ou dans le domaine des droits de l'homme. Il y reconnaît que la Chine n'a pas d'ambitions militaires susceptibles de l'opposer à l'Europe. Même s'il existe de nombreuses divergences d'intérêt, il n'y a pas de « rivalité » au sens propre. Dans l'optique de construire un monde multilatéral, objectif confirmé des deux parties, les dialogues constructifs continueront à s'imposer.

Référence:

EU-China Strategic Dialogue: Remarks by High Representative/Vice-President Josep Borrell at the press conference
9 Juin 2020

https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage...

 

lundi, 22 juin 2020

Le Japon commence à s'émanciper de la tutelle américaine

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Le Japon commence à s'émanciper de la tutelle américaine

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Tokyo vient de faire connaître qu'il renonçait désormais au déploiement de plate-formes terrestres Aegis (Aegis ashore) sur les îles japonaises.

Le Système de Combat Aegis, sous se double forme, embarquée sur des navires militaires ou installée à terre, est un système d'armes naval américain comportant des radars de veille et de poursuite et des plate-formes permettant le lancement de missiles anti-missiles et anti-navires. Il est présenté comme défensif, mais nul n'ignore que ces missiles peuvent être utilisés comme des armes offensives.

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Aegis ou ASMS Advanced Surface Missile System a été mis en service officiellement en 1969 et constamment perfectionné depuis. Des stations terrestres Aegis Ashore ont été imposées à ses « alliés » notamment en Pologne et en Roumanie à partir de 2015. L'Otan sous la pression américaine, a décidé en 2015 d'en faire un élément essentiel de son système de défense anti-missiles. Il s'agit bien entendu de se défendre contre d'éventuels missiles russes.

Des navires de guerre américain équipés de plate-formes Aegis patrouillent régulièrement en Mer du Nord et dans l'Atlantique Nord. Par ailleurs différents pays disposent de destroyers comportant des Aegis embarqués, dont le Japon, la Corée du Sud, la Norvège, l'Australie et l'Espagne. En 2017, le Japon envisageait d'acquérir des Aegis Ashore équipés de SM-3 Block IIA  pour un coût unitaire estimé à environ 80 milliards de  yen, soit 620 millions d'euros. C'est ce à quoi il vient de renoncer .

Ceci sera inévitablement considéré à Washington comme un recul important de l' « american dominance » dans le Pacifique Occidental. Pékin n'a pas encore officiellement réagi mais cette disparition d'une menace redoutable à ses frontières sera certainement vu comme un succès important. De la part de Tokyo, il s'agit d'un geste significatif montrant que le Japon n'a plus besoin des Etats-Unis pour assurer sa défense.

La raison présentée par le Japon est que la mise en place de plate-formes terrestres représentent des travaux et un coût que Tokyo ne s'estime pas désormais en mesure de supporter vu notamment les dépenses que lui impose l'actuelle épidémie de coronavirus. Mais on peut penser que le déploiement et l'utilisation de plates-formes requièrent la présence permanente de nombreux militaires américains qui seraient considérés à Pékin et Moscou comme un nouvel aspect de la soumission du Japon aux Etats-Unis.

Or désormais le Japon souhaite normaliser ses relations avec la Chine et la Russie, de façon notamment à développer des actions de coopération commerciales et plus généralement économiques. Pour cela, il ne veut plus être considéré comme un bras armé des Etats Unis en mer du Japon et dans le Pacifique.

Note :

Un des membres de notre comité de rédaction écrit:

Aux raisons évoquées ici de s'éloigner des Etats-Unis s'en ajoute une autre. Le Japon souhaite désormais faire abroger l'article 9 de sa constitution, imposé par les Américains après la défaite. Cet article voté le 3 novembre 1946, sous l'occupation américaine, et entré en vigueur le 3 mai 1947, postule que le Japon renonce à la guerre et notamment à se doter d'armements importants. En conséquence, il ne peut toujours pas disposer d'armements nucléaires, alors que tous ses voisins en sont dotés, officiellement ou pas. C'est également le cas d'Israël, régulièrement évoqué à Tokyo. On peut penser qu'à terme, le Japon se dotera de sa propre constitution.