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jeudi, 29 novembre 2012

La sécession en Catalogne ou les maux du nationalisme chauvin

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La sécession en Catalogne ou les maux du nationalisme chauvin

par Javier R. PORTELLA

Ex: http://www.polemia.com/

La Catalogne, la Flandre, l’Italie du Nord, l’Ecosse sont tentées par le séparatisme. Correspondant de Polémia à Madrid, Javier R. Portella s’interroge à propos de la Catalogne : au moment où les peuples européens sont victimes d’une substitution de population, l’animadversion à l’égard du voisin le plus proche est-elle la priorité ?

J’écris ces lignes le soir même du dimanche 25 novembre, jour des élections en Catalogne qui étaient censées produire un raz-de-marée sécessionniste en faveur de l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Le raz-de-marée ne s’est pourtant pas produit, les électeurs s’étant bornés à préférer « l’original », Esquerra Republicana, le parti le plus radicalement sécessionniste, qui est passé de 10 à 21 sièges, à « la copie », le CiU, parti qui avait convoqué les élections, qui est tombé de 62 à 50 sièges. Bref, un simple transfert de voix au sein des sécessionnistes qui, ensemble, représentent toujours 64% des électeurs, face à 36% pour les forces non séparatistes.

Le désastre du nationalisme chauvin

Mais oublions la petite cuisine électorale. Essayons de cerner les questions qui vraiment importent. Que se passe-t-il, que se joue-t-il en Catalogne (et il faudrait ajouter : et dans le Pays basque) ? La question est d’autant plus importante que la mouvance identitaire (du moins en France), portée sans doute par le rejet on ne peut plus légitime du jacobinisme, fait preuve souvent d’une grande incompréhension du phénomène national en Espagne, en même temps qu’elle manifeste des sympathies à l’égard de forces dont la victoire nous mènerait tout simplement à la catastrophe : au désastre du nationalisme chauvin que l’Europe a déjà suffisamment souffert jadis dans ses chairs.

Ne nous trompons pas. L’enjeu, aujourd’hui en Catalogne (il faudrait préciser : en Catalogne espagnole, car il y a aussi une Catalogne française), ce n’est nullement la défense d’un petit peuple à la langue, à la culture, à l’identité et aux droits politiques brimés par l’oppression d’un autre peuple ou d’un quelconque pouvoir central. Si brimades il y a eu, elles ont plus que disparu depuis plus de trente ans, l’Espagne s’étant constituée en fait dans une sorte d’Etat fédéral dont les parties constitutives, appelées « Communautés autonomes », jouissent même de plus de droits que bien des Etats fédéraux.

Le catalan, l’anglais et l’espagnol

Soyons clairs. Si une langue, une culture, une histoire est aujourd’hui brimée et vilipendée en Catalogne, cette langue, cette culture, cette histoire n’est nullement celle de la Catalogne : c’est celle de l’Espagne, dont la langue – un exemple parmi mille – tient dans l’enseignement une place plus réduite que celle accordée à l’anglais. La fin du discours que pour clôturer la campagne électorale Artur Mas, président de la Catalogne, a prononcé en… anglais en constitue d’ailleurs la preuve éclatante et symbolique. Puisque le catalan est une langue minoritaire, était-il signifié, et puisqu’il nous faut bien une langue universelle dans ce monde heureusement globalisé que nous aimons tellement… alors, que cette langue soit donc l’anglais plutôt que l’espagnol que nous exécrons mais dont nous ne savons pas quoi faire pour nous en passer !

La négation d’un passé millénaire

C’est là toute la question. Lorsque la haine nationale, ou, si l’on préfère un mot moins fort, lorsque l’animadversion chauvine déverse son fiel dans le cœur d’un peuple (comme elle le déversa jadis dans le cœur, par exemple, des Français et des Allemands), toutes les autres questions deviennent parfaitement secondaires. Posons celle qui est sans doute la plus importante : Faut-il en finir avec « l’Etat-nation » pour créer, au sein de l’Europe, un autre modèle d’organisation politique de nos peuples ? Sans doute. C’est même tout à fait légitime de le revendiquer ou, tout au moins, de poser la question. Or, toute revendication devient illégitime, toute question devient là-dessus nulle et non avenue dès lors que le mouvement premier qui porte un tel élan consiste dans la négation de l’Autre : dans la négation, en l’occurrence, d’un passé millénaire où la langue, les institutions, la culture, l’être même de la Catalogne ont été indissociables – avec autant de particularités que l’on voudra – de la langue, des institutions, de la culture, de l’être même de l’Espagne.

La vraie question de l’identité collective de nos peuples

Il faut, certes, poser et défendre, face à l’individualisme qui nous accable, la question de l’identité collective de nos peuples. C’est là, il faut bien le reconnaître (*), le grand (et seul) mérite des mouvements nationalistes catalan et basque (tout le problème est qu’ils prétendent que leur identité est une, alors qu’elle est double !). Le phénomène est d’autant plus paradoxal que, face à ce grand élan identitaire, il s’étale, dans le reste de l’Espagne, une sorte de néant d’identité où l’individualisme le plus forcené, ayant écarté toute mémoire, tout enracinement, toute tradition, a gagné la partie.

Il faut poser, disais-je, la question de l’identité collective de nos peuples. Mais il est absurde (outre ce qui vient d’être dit) de poser une telle question dans les termes de ces nationalistes catalans (et basques) qui, tout en ayant constamment le mot « identité » à la bouche, s’empressent d’accueillir, les bras grands ouverts, les masses extra-européennes dont l’immigration de peuplement met en danger notre identité à nous tous, à commencer par la leur.

Javier R. Portella
25/11/2012

(*) Je l’ai explicitement reconnu et développé, par exemple, dans mon livre España no es una cáscara [L’Espagne n’est pas une coquille], Áltera, Barcelone, 2000.

Correspondance Polémia – 26/11/2012

Image : La Catalogne et ses quatre provinces

 

Javier R. Portella

vendredi, 09 novembre 2012

Elementos n°34 y n°35

ELEMENTOS Nº 34. EL PROBLEMA DE LA TÉCNICA EN LOS AUTORES KR (vol. I)

 
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SUMARIO.-

La pregunta sobre la Técnica en los revolucionario-conservadores, 
por Sebastian J. Lorenz
 
Mesianismo tecnológico Ilusiones y desencanto,
por Horacio Cagni
 
El hombre entre el nihilismo de la técnica y la responsabilidad ético-política,
por Franco Volpi
 
La Edad de la Técnica: reflexiones sobre Heidegger, Jünger y Schmitt,
por José Luis Villacañas Berlanga
 
Heidegger y el problema de la técnica,
por Felipe Boburg
 
Ortega y Gasset, meditador de la técnica,
por José María Atencia Páez
 
Jünger: Antropología de la Técnica
por Patricia Bernal Maz
 
Técnica y Naturaleza humana según Arnold Gehlen, 
por Amán Rosales Rodríguez
 
 
 
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SUMARIO.-


El origen histórico del problema técnico,
por Eduardo Arroyo
 
Tecnología, Utopía y Cultura,                                  
por Germán Doig Klinge
 
La Técnica como lugar hermeneutico privilegiado: Ortega y Heidegger,
 por Antonio López Peláez
 
 
Nihilismo y técnica, 
por José Luis Molinuevo
 
¿Ecología o Tecnocracia? El conservadurismo en la modernidad,  
por Michael Grossheim
 
Por una ontología de la técnica. Dominio de la naturaleza y naturaleza del dominio en Julius Evola,  
por Giovanni Monastra
 
Heidegger y la Técnica,  
por Eugenio Gil
 
El hombre y la técnica, de Spengler, 
por Carlos E. Luján Andrade
 
La Perfección de la Técnica: Friedrich-Georg Jünger,  
por Robert Steuckers
 
Carl Schmitt: Topología de la Técnica, 
por Enrique Ocaña
 
Arnold Gehlen: la condición del hombre en la era de la Técnica, 
por José Javier Esparza
 
La técnica, devoradora de hombres, 
por Ernst Niekisch
 
 

Warum überhaupt José Ortega y Gasset?

ortega.jpgDr. Ernst-Georg RENDA:

Eine aktuelle und kritische Frage zur Jahrtausendwende: Warum überhaupt Philosophie?

Eine unumgehbare Frage der Philosophie Europas: Warum überhaupt José Ortega y Gasset?

Ex: http://staff.uni-mainz.de/  

Die eindrucksvolle und überzeugende Antwort in der Zeit:

Ortega y Gassets Lebensphilosophie ist deshalb so aktuell,

  • weil eine moderne, utilitaristisch-hedonistisch geprägte europäische Informationsgesellschaft eine Orientierung sucht. Je weiter sich die Schere der Handlungstendenzen zwischen dem Sein und dem Sollen öffnet, desto attraktiver wird eine Philosophie der Moral und der Lebensvitalität, die jenseits der normativen Kraft des Faktischen den Gewissensentscheid des Individuums anmahnt.
  • weil die naturalen Egoismen in uns mit dem archaischen Jagdschema im kulturellen Handlungsschema fortbestehen. Sie beeinflussen unsere Denkschemata und Emotionen, unsere Wünsche und Strebungen. Damit wecken sie im modernen Menschen das unwiderstehliche Bedürfnis nach Selbstaufklärung, nach Selbstdeutung und Selbstauslegung. Weil der Mensch notwendig den Sinn seiner Existenz im Ausgang des ihm natürlich Vorgegebenen mit dem ihm im Ziel Aufgegebenen zu einer Vollendungsgestalt verbinden muß, die in der wahren Humanität, in der sittlichen Persönlichkeit liegt, ist er gezwungen, die Modi eines gelungenen Lebens zu begreifen. José Ortega y Gassets kulturanthropologischer Beitrag in "Meditationen über die Jagd" eröffnet auch dem hypermodernen Menschen ein Selbstverständnis als Jäger, für den die Jagd nur ausnahmsweise zugleich Wildtierjagd bedeutet.
  • weil das spezifisch Menschliche im Sinne der Plessnerschen Anthropologie in der Natur-Kultur-Verschränkung liegt, und wir unter der Voraussetzung aufgeklärten Denkens das Grundproblem menschlicher Existenz in der Frage erblicken: Was ist der Mensch? Worin besteht die Natur des Menschen? Liegt Sinn und Möglichkeit von Kultur in der Natur seiner Natur und wie ist das zu denken?

José Ortega y Gasset hat in seinem kulturanthropologischen Beitrag zur Jagd, den er bereits 1942 in Portugal verfaßte, eine stukturanalytische Erklärung des Menschen gefunden, die unsere weltweit operierenden High-Tech-Jägerhorden am Modell des Wildtierjägers in ihrer Intentionalität besser verständlich machen. Er hat gezeigt, daß die kognitiven und emotionalen Bedingungsstrukturen, die als Jagdschema a priori das Verhalten, näherhin die Intentionalität des frühen Menschen teleologisch beeinflußten, mit der Evolution des Neocortex des Urjägers zu Denkstrukturen wurden, ohne Freiheit und Selbstbestimmung zu "bedrohen" oder in Frage zu stellen. Wer überhaupt begreift, daß und wie dank des mit phänomenologischer Methode analytisch erfahrenen Erkenntnisfortschritts durch José Ortega y Gasset das vitalkategoriale Jagdschema das Denkschema des modernen Menschen handlungsintentional beeinflußt und uns so (methodisch) zum Jäger auf mannigfachen Lebensfeldern werden läßt, der versteht auch, daß aus dem urzeitlichen Wildtierprädator der moderne Ressourcenprädator geworden ist, der im Prozeß der Fortpflanzung, Selbstregulierung und Transformation in derselben Gefühlswelt lebt wie der pleistozäne Jäger.

In der Dialektik von Geist und Natur liegt die Grundspannung, die der Mensch zwischen Jagd und Vernunft gewärtig wird. Die Struktur der Jagd, die aufgrund des Jagdschemas a priori im animalischen Bereich Verhalten determiniert, hat vor allem im Übergang zur neolithischen Revolution bis heute methodisch weiterhin das Handlungsschema beeinflußt ohne die Freiheit und Selbstbestimmung in Frage zu stellen. Unsere Sprache erweist sich als unbeirrbarer Aufweis der Kontinuität des Jagdschemas als Denkschema auf fast allen Lebensgebieten. Homo Venator ist im Spiegel seiner Vernunft Ausdruck des spezifisch Menschlichen. Die Jagd bedeutet im Sinne der anerkannten Anthropologie von Helmuth Plessner eine Vitalkategorie, ein natürliches Phänomen, das in und mit dem modernen Wildjäger als die menschliche Strukturtypik der Natur-Kultur-Verschränkung zum Aufschein gelangt. Der spanische Philosoph José Ortega y Gasset gilt als der bisher einzige große Denker, der den Zusammenhang zwischen Jagd als einem natürlichen (Vitalkategorie) und kulturell angeeigneten Phänomen (z. B. das Waidwerk) im Ausgang der Denkansätze von Platon, Blaise Pascal und Nikolaus von Kues erkannt und systematisch in seinem Beitrag "Meditationen über die Jagd" unter Anwendung der phänomenologischen Methode als Erkenntnisweg analysiert hat. Sein erkenntnistheoretischer Fortschritt liegt in der kulturphilosophischen Grundannahme, daß das Erbeuten und Töten von Wildtieren in Form der Jagd im Falle des modernen Menschen ein kulturell bedingtes Handlungsschema bildet, das im Fortschreiten aus natürlichen Phänomenen im Unterschied zu anderen Formen des Tötens von Tieren sich nur angemessen begreifen läßt, wenn man es als dieses kulturelle Phänomen in den Blick nimmt. Denn in der intentional herbeigeführten, auf das Töten von Tieren als Selbstzweck intendierten Erfüllung, mit der die Realisierung des naturalen Jagdtriebes verbunden ist, erfährt sich der jagende Mensch zugleich in Einheit und Differenz zu der ihn umgebenden Natur, deren Zwecke er jagend auch verfolgt. Im Spiegel seiner Vernunft akzeptiert er demütig sein animalisches Sein und dessen Grenzen. Zugleich weiß er sich in seiner freien und gezielten Unterwerfung unter die Zwecke der Natur, die Struktur der Jagd, über dieses Animalische hinaus. Hier, an der Grenze zwischen Tier- und Menschsein tätig, erfährt er sich selbst und das Gelingen eben dieser spezifisch menschlichen Struktur der Natur-Kultur-Verschränkung als ein höchstmögliches Maß an Glück. Es ist ein der Natur jedes Menschen inhärentes Bedürfnis, sich zum Streben nach Glück berufen zu fühlen. Die Wildtierjagd unter Leitung und Lenkung durch Vernunft, näherhin jene Tätigkeit, die im Verständnis des traditionellen Waidwerks liegt, erweist sich damit nicht als Atavismus, sondern als ökosystemgerechte Jagd, die die naturalen Kriterien und Determinanten der Urjagd aufgreift. Der Mensch bewahrt so die Reziprozität zwischen Jagendem und Gejagtem durch Beschränkung seiner Mittel, durch die Selbstintervention seiner Vernunft, indem er den natürlichen Spielraum bewahrt, der im Aufeinandertreffen der Instinktsysteme bei der Jagd zwischen Jagenden und Beutearten von Natur aus gegeben ist. Auf diese Weise ist die aus dem Verständnis von Waidwerk betriebene Jagd in Wahrnehmung des Wildtieres als Mitgeschöpf eine in sich orientierende moralische Größe unter dem Leitgedanken der Ökosystemgerechtigkeit.

Welcher Umstand macht für unsere Zeit, die sich auch als eine Zeit der ökologischen Revolution betrachtet, den spanischen Philosophen so außerordentlich attraktiv?

Als einer der ersten großen Denker dieses Jahrhundets hat José Ortega y Gasset den Horizont für einen praktisch geübten Tierschutz eröffnet. Im Sprachgebrauch der modernen Soziologie hat er uns vermittelt, daß die Bedingung der Möglichkeit der Erfahrung einer wechselseitigen Mensch-Tier-Beziehung nicht unterschiedlichen Bezugsebenen angehört: Wechselseitig sind Tier und Mensch zur "Kommunikation" und "Interaktion" fähig.

  • José Ortega y Gasset hat mit einer wissenschaftlichen Erkenntnistheorie unter Verwendung der phänomenologischen Methode gezeigt, daß die Existenz der Prädatoren- bzw. Beutetierarten interdependent aufeinander verwiesen ist. Mit anderen Worten: Die Existenz des Beutetieres bedingt die Existenzweise des Jägers (seine Verhaltensdisposition) und umgekehrt. Der Jäger ist das naturnotwendige Pendant für jede Beutetierspezies. Ein Verzicht auf Bejagung bereitet Beutetierpopulationen kein Paradies, sondern beschneidet ihr evolutiv natürlich vorgegebenes Lebensprogramm, das sie in ihrem Lebensraum zu verwirklichen streben. Wildtiersein ohne Jäger bedeutet soviel wie Menschsein ohne Kultur.
  • José Ortega y Gasset hat in einer kulturanthropologischen Analytik, die durch Plessners Anthropologie ("Die Stufen des Organischen und der Mensch") fundiert ist, nachgewiesen, daß die Wildtierjagd des modernen Jägers, näherhin die kulturell angeeignete Jagd nicht erfolgt, um zu töten, obwohl sie das Töten des Tieres intendiert, sondern sich aus einer genuin spezifisch menschlichen Grundausstattung heraus erklärt, auf die sich jeder Mensch anspruchsbegründend gegenüber seiner Gesellschaft regelmäßig beruft.
  • José Ortega y Gasset hat unseren Blick auf ein Moralverständnis gelenkt, das von den menschlichen Vitalinteressen ausgeht und als Bezugsebene das Leben wählt. Im Sinne einer Güterabwägung und Präferenzordnung wird die zoologische Hierarchie als Modell einer sittlichen Werterangordnung an der Natur orientiert, deren Teil die Natur des Menschen ist, denn: Das Denken ist ein Ereignis innerhalb der Natur! Die natürliche Ordnung ist trotzdem nicht Kopievorlage für humane Moralordnung; letztere aber darf die Erstere nicht verletzen. Daraus leitet Ortega sein Postulat, einen moralphilosophischen Leit- und Grundsatz ab: "Die Sorge um das, was sein soll, ist nur dann anerkennenswert, wenn sie die Achtung vor dem, was ist, ausgeschöpft hat."

Lassen wir einige "Schlaglichter" des Denkens von José Ortega y Gasset auf uns einwirken, um mit ihnen, mit einigen partiellen Sichtweisen der Grundlagen unserer Existenz zu den Horizonten seiner Verstehensphilosophie Zugang zu finden. Problematisiert ist das Jahrtausende alte Phänomen, das jene kaum gelöste Frage berührt, weshalb der Mensch auf die immer gleichen Fragen, denen er mit seinem Dasein in der Welt begegnet, zu sehr unterschiedlichen Antworten findet, die dem idealtypischen Vorstellen einer Gleichheit aller Menschen grundlegend widersprechen. Es genügt deshalb nicht, Wissenschaft in Beschränkung auf Natur als Gegenstand der (positiven) Wissenschaften zu begreifen, sondern eine überzeugende Antwort auf die Frage zu finden: Was ist der Mensch? Eine Antwort hierauf aber vermag nur die Philosophie zu leisten, weil die Grundspannung in der modernen Informationsgesellschaft nicht allein in der Dialektik von Materie und Geist liegt, sondern in der Vermittlung von Natur und Kultur. Sie besitzt eine prozeßhafte Tendenz, ihre Sphäre im Durchlauf des vitalen Spannungsfeldes selbstregulativ zu transformieren und zu übersteigen. Das Ziel ist nicht das Leben, sondern es liegt jenseits des Lebens als ein Etwas, an das ich mein Leben setze. "Der Mensch ist ein Tätigkeitspotential", und seine Bezugsebene liegt vor allem nach dem Verständnis von José Ortega y Gasset in der Vitalsphäre innerhalb der wir Menschen unser Lebensprogramm aus einer Berufung zum Glücklichsein zu verwirklichen bestrebt sind.

Das Vorgegebene und das Aufgegebene

Dem Menschen ist als Sinnenwesen im Ausdruck eines Tätigkeitspotentials sein Lebensprogramm vorgegeben. Dieses Programm auf ein Ziel hin zu verwirklichen ist uns aufgegeben: "Werde, der du bist!" Das Aufgegebene ist jene Zielgestalt in unserem Leben, zu der wir eine Berufung verspüren. Eine Berufung fühlen wir in erster Linie in unserem Glücksstreben: "... denn in den glückhaften Beschäftigungen verrät sich die Berufung des Menschen." José Ortega y Gasset nennt die Jagd als eine Beschäftigungsweise, zu der Menschen aller Zeiten die am meisten glückbringende Berufung empfanden. Gemeint ist jene Jagdform, die wir über die animalische Jagdform hinaus als die kulturell geprägte Jagd zwischen Leidenschaft und Vernunft, also unter einem ethischen Postulat betreiben: "Die Berufung ..., das heißt das, was wir wirklich zu tun haben, ist nicht in unser Belieben gestellt. Sie wird uns unweigerlich aufgegeben. Daher hat alles menschliche Leben seine Aufgabe." Dabei ist Freiheit versus Determinismus ein zentraler Begriff. Freiheit und Selbstbestimmung sind die Eckpfeiler, die tragenden Säulen des im Ziel uns Aufgegebenen. Dorthin streben wir nicht in der Weise eines selbständigen Seins (im Gegensatz zu Thomas), sondern als Subjekte des Erlebens, als ein Ich, das mit seinem vitalen Programm unabänderlich identisch ist. Das Sein und die Natur des Menschen werden homolog verstanden. Der ethische Schattenriß des Menschen Wir erfassen die Persönlichkeit eines Menschen im individuellen Antlitz, im Hindurchscheinen des Wesenstypischen durch ein Gesicht, das verhüllt indem es enthüllt. Das Entbergen des Verborgenen des individuellen Charakters bringt auch jene individuelle Zielgestalt zum Aufschein, die uns eine Vollendungsgestalt des Menschen andeutet. Sie zeigt uns, was er wirklich ist, an dem, was er seiner Anlage nach sein könnte: "Ich sehe jeden Menschen, der mir begegnet, gleichsam von seinem idealen Schattenriß umgeben; er verdeutlicht, was sein individueller Charakter im Falle der Vollkommenheit wäre." Der Mensch ist das mit seinem vitalen Programm jederzeit identische Ich. Er gestaltet sein "inneres Schicksal" im Streben nach Glück, und Glück bedeutet Vollkommenheit, näherhin, Glück bedeutet die Humanität, die sittliche Persönlichkeit in Goethes Sinne (sc. Westöstlicher Diwan). Dies besagt, daß wir vollendetes Glück dann erfahren, wenn das entworfene Leben mit dem gelungenen Leben übereinstimmt, wenn sich Lebenswirklichkeit mit der Idee vom Menschen ideal zu verbinden vermag. Demgemäß liegt der Sinn menschlichen Lebens darin, die Sinnaktualität des vital Vorgegebenen aus der Sinnidealität des Aufgegebenen, nämlich als den Inhalt des gelungenen Lebens zu begreifen.

 Der Imperativ der Vitalität

Es ist ein moralisches Gebot, die vitale Gesundheit zu sichern, um diese als die Voraussetzung "für geistige und moralische Gesundheit zu erhalten". Beides steht deshalb unter dem Imperativ der Vitalität. Grundlage des Humanum sind sensu José Ortega y Gasset biologische Werte, die er einteilt in "vital gut" und "vital schlecht". Diese Einteilung hat Bedingungscharakter für moralische Werte: "Tritt die Ethik auf, wird es am Platz sein zu erörtern, ob das moralisch Gute und das moralisch Schlechte mit jenen anderen vitalen Werten übereinstimmen oder nicht." Nur auf diese Weise ist eine höhere Moral konstitutiv, die gelebtes Leben als erlebte Transzendenz des Lebens zu erfassen vermag: "Leben heißt, auf ein Ziel abgeschnellt sein; es ist etwas, woran ich mein Leben setze, und ist deshalb außerhalb, jenseits des Lebens."

Der Tod steht im Sinnkreis der Vitalität

Das Festkleben am Leben mit dem Ziel, nur ja eines natürlichen Todes zu sterben erweist sich als eine der menschlichen Natur inadäquate Empfindung, eine animalische Form des Lebensvollzugs, die "eine würdige Moral" nicht zuläßt: "Eine höhere Moral müßte dem Menschen zeigen, daß er sein Leben besitzt, um es sinnvoll in Gefahr zu bringen", urteilt José Ortega y Gasset.

Was ist der Mensch?

Interessiert Sie eine Antwort auf die Frage, worin die Grundspannung von Geist und Natur, zwischen Jägernatur und Vernunftnatur, zwischen dem Menschen als Sinnenwesen und seiner Personalität liegt? Wußten Sie schon, daß Jagdgegner, jene im Zeichen des Tierschutzes kämpferisch auftretenden Naturschützer, die den modernen Wildjäger an den Pranger stellen, selbst auf beispielhafte Weise dem Jagdschema als Jäger in aggressiver Absicht folgen, ohne es zu ahnen? Reizt Sie das Wissen über Ursprung und Ziel unserer humanen Existenz? Haben Sie sich schon einmal danach gefragt, weshalb das ehemals verhaltenskonstitutive Jagdschema des pleistozänen Jägers, also das vitalkategoriale Jagdschema, heute das Handlungsschema des modernen Homo sapiens der Informationsgesellschaft gestaltend prägt, indem es unsere Aktivitätsmethoden beeinflußt? Wissen sie, weshalb die Wildtierjagd des kulturellen Jägers unserer Zeit Modellfall für die hypermodernen Netzwerksysteme bildet, mit denen unser Gehirn auf allen Lebensfeldern Jagd nach Ressourcen, High-Tech-Jagd betreibt? Für den Freundeskreis José Ortega y Gasset, dem angesehene Persönlichkeiten, Universitätsprofessoren, Manager aus Wirtschaft, Wissenschaft und Medien, Natur- und Geisteswissenschaftler ebenso wie Vertreter verschiedener bürgerlicher Berufe angehören, unterrichte ich Sie gerne mit weiteren Informationen. Fordern Sie einfach unsere Broschüre an; sie wird Ihnen kostenlos zugeleitet.

Ihr Dr. Ernst-Georg Renda


Postanschrift: Am Damsberg 12
                      D-55130 Mainz

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vendredi, 02 novembre 2012

Les brigades internationales de Franco

Les brigades internationales de Franco

Méridien Zéro vous propose un éclairage sur l'engagement méconnu de dizaines de milliers de jeunes nationalistes d'Europe et du Monde dans les rangs nationalistes durant la guerre Civile Espagnole. L'invité est Sylvain Roussillon, auteur de l'ouvrage "Les Brigades Internationales de Franco" aux éditions Via ROMANA.

PGL à la barre, lord Tesla à la technique.

guerre d'Espagne, Franco, brigade Jeanne d'Arc, Viriatos, nationalistes, légion condor,

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2012/09/29/emission-n-112-les-brigades-internationales-de-franco.html

mardi, 30 octobre 2012

La Batalla de Lepanto

La Batalla de Lepanto

jeudi, 11 octobre 2012

Les étrangers de Franco

legion1920.jpgLes étrangers de Franco

par Georges FELTIN-TRACOL

Le titre est paradoxal. Voilà un ouvrage qui relate l’histoire des volontaires étrangers combattant aux côtés des nationalistes pendant la Guerre d’Espagne (1936 – 1939). On sait que le camp républicain bénéficia jusqu’en 1938 du soutien des Brigades internationales voulues et constituées par Moscou et le Komintern. « Si l’histoire de ces 35 000, 45 000, 55 000, 65 000 ou 75 000 “ volontaires de la Liberté ” est bien connue, il en va bien autrement des autres combattants volontaires étrangers qui servirent, avec le même dévouement, le même courage et la même abnégation, une cause qui, par bien des aspects, fut tout aussi respectable que celle de leurs adversaires (p. 59) ».

Avec ce livre novateur dans le domaine francophone, l’auteur, Sylvain Roussillon, examine les motivations, le parcours et l’action et dresse le bilan des quelque 179 068 étrangers qui rejoignirent le camp national au sein du Tercio de la Légion étrangère, de la Phalange, des Requetès carlistes, etc. Il figure même des pages 338 à 341 un remarquable tableau consacré à leur répartition précise.

Les « Brigades internationales » de Franco est à faire impérativement lire aux jeunes militants, aux lycéens, voire aux collégiens les plus mûrs, afin qu’ils comprennent toute la complexité de l’histoire au-delà des clichés habituels professés par des enseignants souvent ignares. Outre quelques mises au point qui rectifient des lieux communs (la propagande autour de Guernica cache la tragédie du Santuario de Nuestra Senora de la Cabeza et le massacre de 800 personnes par les « Rouges »), l’auteur rappelle quelques évidences. Ainsi les combattants étrangers de Franco étaient-ils des volontaires, y compris les Allemands et les Italiens. La Légion Condor, symbole de l’intervention germanique dans le conflit, joua principalement une fonction d’intendance. « Les troupes de l’armée d’Afrique franchirent le détroit de Gibraltar pratiquement sans l’aide des avions allemands. L’apport de cette légion fut en grande partie logistique et technique. Ses faibles pertes démontrent d’ailleurs qu’elle fut peu engagée militairement (p. 86). »

Assez méfiants envers ces volontaires en raison d’un sentiment national incandescent, « les Espagnols, quel que soit leur camp auquel ils aient appartenu, avaient davantage besoin de matériels et d’armements que d’hommes (p. 330) ». Les seuls à être vraiment acceptés furent les Regulares, les troupes indigènes recrutées au Maroc espagnol auxquelles s’ajoutèrent des militants nationalistes arabes et nord-africains. Ces musulmans s’élevaient contre le discours athée et anti-religieux du gouvernement du Front populaire. On y apprend que 80 Juifs combattirent aussi du côté national parce que l’irreligion de la gauche espagnole les insupportait !

Sylvain Roussillon ne cache pas les dissensions entre ces volontaires étrangers et les autorités franquistes. Face à l’Italie mussolinienne qui projette d’annexer les Baléares et de coloniser l’Espagne, « il semble même que dans certaines unités nationalistes certains officiers nationalistes aient fêté la bataille de Guadalajara comme… une victoire espagnole sur des troupes étrangères !… (pp. 104 – 105) », les Républicains repoussant les Italiens du Corpo di truppe volontarie.

On rencontre dans les armées de Franco des Russes blancs qui poursuivent leur croisade contre le communisme, des nationalistes ukrainiens, des Asiatiques, des Sud-Américains… Les Roumains de la Garde de fer de Codreanu ne forment qu’une modeste délégation symbolique mais dont l’impact en Roumanie sera spectaculaire grâce à une formidable mise en scène funèbre… Régulièrement, Roussillon est contraint de faire des digressions significatives pour évoquer l’histoire particulière de l’engagement nationaliste. En démystifiant les Viriatos, il explique la situation du Portugal sous Salazar qui entend se débarrasser de l’intégralisme lusitanien. On retrouve une démarche similaire chez Vargas confronté à l’intégralisme brésilien. D’où proviennent les 798 Irlandais « Chemises bleues » d’Eoin O’Duffy partis pour l’Hispanie ? L’auteur y répond en mentionnant les suites des « Pâques sanglantes » de 1916 et la guerre civile de 1921. Il remarque d’ailleurs que « 24 de ces volontaires viennent d’Ulster et que l’un d’entre eux, preuve de l’extrême hétérogénéité de ce continent, sort des rangs des forces de l’ordre unionistes et protestantes de la Royal Ulster Constabulary (R.U.C.) (p. 177) ». Il n’oublie pas de signaler la grande efficacité du groupe de pression irlandais avec Joseph Kennedy auprès du Congrès des États-Unis qui maintint l’embargo sur les armes en destination de l’Espagne républicaine.

Sylvain Roussillon étudie enfin la fameuse Bandera Jeanne d’Arc et en déconstruit le mythe. Il relate les dissensions permanentes au-delà des Pyrénées entre les membres de l’Action française, des Croix-de-Feu, de la Cagoule, etc., d’où une certaine inefficacité militaire… C’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer quelques figures. Il en profite pour récuser tout déterminisme politique avec les événements ultérieurs dont la Seconde Guerre mondiale. Si le Britannique John Amery créa en 1943 la Waffen S.S. British Free Corps, deux anciens brigadistes internationaux issus de l’I.R.A., Frank Ryan et Sean Russell, travaillèrent – eux – pour l’Abwehr ! A contrario, les Français des forces carlistes, Michel de Camaret et Auguste-Pierre Combe, se retrouveront ensuite dans la Résistance et la France libre ! Le Camelot du Roi Luc Robert estime, lui, que « son engagement aux côtés des Nationaux espagnols contre le communisme, puis dans la Résistance contre les nazis, relevait de la même logique, celle d’un homme engagé contre la barbarie, d’où qu’elle vienne (p. 252) ».

L’auteur s’intéresse aussi au Sud-Africain Roy Campbell qui se convertit au catholicisme et lutta aux côtés des carlistes de Séville avant de servir Sa Gracieuse Majesté contre le Reich entre 1940 et 1945. « En octobre 1944, Campbell fait la connaissance de C.S. Lewis [auteur de la série Le monde de Narnia - N.D.L.R.] et J.R.R. Tolkien. Le futur auteur du Seigneur des Anneaux, qui avait lui aussi pris parti pour les Nationaux lors de la guerre civile, est enthousiasmé par cette rencontre au point que l’on peut même se demander si la personnalité de Roy Campbell n’a pas en partie inspiré Tolkien pour le personnage d’Aragorn, comme en témoigne une lettre envoyée au lendemain de ce dîner à Christopher Tolkien par son père (p. 199) ». Le plus surprenant des destins est peut-être celui d’Egbert von Frankenberg und Proschlitz. Après 1945, il vivra en R.D.A., co-fondera le N.D.P.D., le Parti national-démocratique d’Allemagne nationaliste, et instruira la jeune armée est-allemande. « L’ironie de l’histoire voudra qu’il côtoie, au sein de la Nationale Volksarmee, d’autres anciens d’Espagne, engagés eux dans les Brigades internationaux (p. 80). »

L’ouvrage de Sylvain Roussillon ne tombe ni dans le manichéisme grotesque, ni dans le moralisme de pacotille; il apporte au contraire une somme de renseignements ignorés. C’est fort heureux !

Georges Feltin-Tracol

• Sylvain Roussillon, Les « Brigades internationales » de Franco. Les volontaires étrangers du côté national, préface de Pascal Le Pautremat, Via Romana, Versailles, 2012, 362 p., 24 €.


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lundi, 08 octobre 2012

Pio Moa - Origen y crisis de la Segunda Republica

Pio Moa

Origen y crisis de la Segunda Republica

jeudi, 04 octobre 2012

IMPERIO: ORDEN ESPACIAL Y ESPIRITUAL

ELEMENTOS Nº 32.

IMPERIO: ORDEN ESPACIAL Y ESPIRITUAL

 

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SUMARIO.-

Translatio Imperii: del Imperio a la Unión,
por Peter Sloterdijk

¿Hacia un modelo neoimperialista?
Gran espacio e Imperio en Carl Schmitt, 
por Alessandro Campi

¿Europa imperial?, 
por Rodrigo Agulló

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mardi, 02 octobre 2012

La invasión musulmana de Hispania. De Guadalete a Covadonga (711-722)

La invasión musulmana de Hispania. De Guadalete a Covadonga (711-722)

por José Fermín Garralda Arizcun

El artículo valora la importancia histórica del tema, su marco histórico y el desgarro interior de Hispania como causa de la invasión musulmana, las cuatro primeras expediciones, deteniéndose en el misterioso “conde don Julián”, la expedición de contacto de Tarif y la expedición de invasión, la batalla de Guadalete y la expedición de conquista por Musa. Y termina con una reflexión sobre la “Pérdida y recuperación de España”

Don_Pelayo.jpg1. Importancia histórica de un gran tema

Llama la atención –introduzcamos- que, en este año de 2011, se guarde silencio sobre el 1.300 aniversario de la invasión de Hispania por los musulmanes. No se trata de una conmemoración, sino de un recuerdo que por varios motivos no puede dejarse de hacer.

No preguntemos el por qué de este silencio. Las Armas del Gobierno español están hoy combatiendo en la Libia de Gadafi, con sus bien buscados aliados. No sabemos si el motivo del silencio es no querer excitar a los musulmanes recordándoles su invasión de Hispania, convertida hoy en un lugar de reciente e intensa emigración, mientras España combate en Libia en apoyo a los rebeldes al Gobierno constituido. No creemos que recordar aquella invasión de 711 implique, sin más, poner hoy guardia a unos u otros, pues ello mostraría una escasa madurez personal y social por una u otra parte. Ahora bien, creo que “la cosa” no va por ahí. Es mejor pensar que el silencio sobre el significado del año 711 es porque Guadalete supone hablar de Covadonga (722).

 


Este tema, es uno de los principales de la historia de la Cristiandad occidental, Según el historiador José Orlandis:

“(…) el dramático y repentino final del Reino visigodo español fue una catástrofe histórica tan absoluta y de tal magnitud que resulta comprensible que, a lo largo de doce siglos, las generaciones sucesivas no hayan cesado de plantearse interrogantes y proponer respuestas que pueden dar la clave de un acontecimiento que todavía hoy sigue resultando sorprendente”.
 
Este acontecimiento conlleva muchas sorpresas. Sorpresas sobre quienes trajeron a los norteafricanos, sobre la enorme ingenuidad política de aquellos agentes, sobre los aliados internos de los musulmanes (un vasto clan nobiliario, algunos clérigos politizados, y la minoría hebrea), sobre lo que se pudo hacer por parte de los hispano visigodos y no se hizo como fue una sana reacción, y sobre la reacción final de una minoría cristiana que, si bien estaba interinamente vencida, no se dejaba derrotar. Tras un grano como semilla –la Fe religiosa- salieron cinco Reinos hispánicos y, al fin, la corona de las Españas, o de España, según se prefiera.

Sorprende la rapidez y contundencia como los musulmanes subordinados al califato Omeya de Damasco se impusieron a la monarquía visigoda, que daba una imagen de poder. Sorprende cómo los invasores provocaron el hundimiento, por arte de ensalmo, de una monarquía hispano goda, que parecía consolidada después de tres siglos. Sorprende el final de toda la estructura política, social, cultural y económica de un reino como el visigodo, que junto con el reino Franco y quizás el reino Ostrogodo, fue uno de los pocos reinos importantes que configuraron los germanos tras invadir el Imperio romano.

Este desplome fue sorprendente e inesperado tanto para los cristianos como para los musulmanes, y, lógicamente, también para los traidores al último rey hispanogodo, Rodrigo. Pues bien, esta larga y ardua página preparatoria que se abrirá de ocho siglos de historia de España, la continuarán la labor de España en la Cristiandad europea durante los 200 años posteriores, y la recreación de toda América, inmenso continente de inconmensurable espacios y grandiosa belleza, con una población sinceramente católica e hispánica al menos hasta hoy.

Sorprende que un reducido o discreto Ejército musulmán, tuviese tan buenos resultados, y ocasionase el hundimiento de su enemigo, el reino visigodo. De por sí, la invasión sólo podía producir algún quebranto, ya por el número de los combatientes, ya porque su retaguardia estaba muy alejada de la península, ya porque el nexo de unión de ambos lados del Estrecho era tan frágil como la inexperiencia naval de los musulmanes.

En conclusión: las razones del hundimiento de la monarquía visigoda hay que buscarlas sobre todo en el lado hispano. Por eso, hay que explicar previamente la crisis de la monarquía goda.

 

Ahora bien, a pesar de la crisis interna y global de Hispania, lo decisivo para el hundimiento del reino de Toledo fue la invasión del Islam. Lejos de la hipótesis estructural, afirmará Orlandis:

 

“Esta crisis intestina, que le restó capacidad de resistencia (al reino visigodo), facilitó el hundimiento de la Monarquía visigoda ante el empuje musulmán. Pero hay que reconocer que la invasión árabe fue el factor capital en la desaparición del Reino de Toledo y que el curso de los acontecimientos hubiera sido, con toda probabilidad, completamente distinto, de no haberse producido el asalto procedente del exterior”.

 

 

Veremos que la derrota visigoda frente al Islam se debió particularmente a los aspectos siguientes: a la división entre la nobleza goda, a la decadencia moral del rey Witiza, la traición del clan de los witizanos una vez fallecido el rey Witiza, y a las agitadas actividades de la minoría judía, que tanto había sufrido durante algunos reinados godos, aunque hubiese prosperado mucho en el último gobierno del rey Witiza. Es decir, el reino visigodo cayó por la sorpresa de los hispanogodos y no darse cuenta de lo que estaba ocurriendo, por la división política, por el juego del invasor de presentarse como aliado de una facción nobiliaria, por la falta de jefes naturales, por la incapacidad para unirse frente a un enemigo común, por la falta de una reacción a tiempo confiando en que “no pasaba nada” esencialmente diferente a lo vivido hasta entonces, por la crisis que atravesaban no pocos eclesiásticos, la inmoralidad de costumbres en las élites, y las complicidades interiores con los invasores.

Sabemos que el año 711 fue el comienzo de una larga invasión, pues durante 800 años se sucedieron las invasiones islámicas de la península Ibérica desde el Norte de África. Si bien comenzaron con el conde don Julián, Tariq y Musa, después llegarán aportes sirios y árabes y, sobre todo, numerosas oleadas musulmanas, norteafricanas y guerreras hasta el fanatismo, de almorávides (siglo XII), almohades (siglo XIII, con las Navas de Tolosa en 1212) y los benimerines (siglo XIV). Ahí está también la amenaza turca sobre la Granada de Boabdil, amenaza continuada en los siglos XVI y comienzos del XVII. Incluso Felipe V de Borbón, llevó sus Armas al Norte de África a comienzos del s. XVIII.

Conocíamos las responsabilidades del conde don Julián, pero no creíamos que fuesen tantas. No obstante, como no hay mal que por bien no venga, al fin se formó España, dominadora del Orbe, cuna de San Ignacio, espada de Roma, cuya constitución y grandeza fue la unidad católica, pues, como decía Menéndez y Pelayo sobre la unidad de España, España no tiene otra unidad.

2. Marco Histórico y desgarro interior de Hispania como causa de la invasión musulmana

2.1. Desgarro Interior

En la monarquía hispano goda se había roto el espíritu público, esto es, el concepto de pueblo y de monarquía para el bien común. ¿Por qué? Citemos varios motivos:

1º Las clientelas nobiliarias originaron fuertes clanes político-familiares, y a menudo estos se enfrentaron entre sí por el poder del trono. La aristocracia visigoda, antaño guerrera, originó enfrentamientos en su seno. Incluso politizó a los obispos de Sevilla y Toledo, que eran del clan witizano. Los visigodos habían perdido sus virtudes castrenses. Debido a esta división, las resistencias que los hispanogodos presentaron a los islamitas fueron aisladas; de ofrecer un frente común, los musulmanes no podían haber aguantado debido a su escaso número y al ir desplazándose hacia el norte lejos de sus bases de abastecimiento.

2º La desmoralización popular se refleja en la excesiva carga fiscal y la desmovilización militar del pueblo. Aumentó mucho el número de siervos fugitivos, así como el de suicidios, que llegó a preocupar a los obispos hispanogodos, lo que muestra el desequilibrio psíquico de muchos individuos. Por su parte, el holandés Dozy ha pintado un oscuro retrato de la sociedad hispano visigoda y de la Iglesia en Hispania, debido quizás a su fanatismo anticlerical. Más bien habrá que señalar que dicha Iglesia ofreció resistencia al nuevo estado de cosas y que estimulará los núcleos de resistencia en las montañas del norte de Hispania.

3º La crisis económica se expresó en el envilecimiento de la moneda, y el enrarecimiento del comercio exterior. Ahora bien -y fruto de un inmoderado afán de acumular síntomas de decadencia-, no se debe incidir demasiado en ella, porque también existieron otras crisis –hambres y pestes- durante las dos centurias anteriores, por ejemplo en los reinados de Ervigio y Egica (Orlandis). Si hubo hambres en los años 707 y 709, en 710 hubo una estupenda cosecha.

4º Fue continuo el conflicto con los judíos debido a las prevaricaciones de los falsos conversos. Ello hizo que los Concilios XII, XIII y XVI de Toledo decretasen unos cánones restrictivos para su libertad. A ello los hebreos sumaron diversas conspiraciones, sobre todo la del año 694, fraguada entre los hebreos hispanos y los de Ultramar, provocando así la singular dureza en los cánones del Concilio XVII de Toledo. En este punto, observo una dicotomía entre la prudencia de Orlandis y lo que recogen otros autores. Para Orlandis: “Es imposible comprobar lo que pudiera haber de verdad en estas noticias, aunque la conducta observada por los judíos españoles cuando se produjo la invasión islámica obliga –dice- a no descartarlas a priori como una pura invención”. Por otra parte, ¿no es difícil que todo un concilio inventase semejante conspiración? Menéndez y Pelayo da por cierta dicha conspiración “contra la seguridad del Estado”. También la afirma el holandés Dozy, aportando interesantes detalles, confirmados por la Enciclopedia Judaica Castellana. Dozy señala que:

“(…) hacia 694 (…) proyectaron una sublevación general, de acuerdo con sus correligionarios de allende del Estrecho, donde varias tribus beréberes profesaban el Judaísmo y donde los judíos desterrados de España habían encontrado refugio. La rebelión probablemente debía estallar en varios lugares a la vez, en el momento en que los judíos de África hubiesen desembarcado en las costas de España (…)”.

También será muy importante la aportación de los hebreos en la preparación y desarrollo de la invasión islamita, desde alentar a los islamitas a realizar la invasión, y darles medios, hasta ayudarles a mantener con guarnición las ciudades que los islamitas y witizanos conquistaban

5º La crisis eclesiástica afectó al clero y sobre todo al episcopado, lo que choca con la labor de los 17 concilios toledanos, y las grandes figuras de la Iglesia hispanogoda, por ejemplo san Julián de Toledo que convocó el XV Concilio y, san Félix, arzobispo de Toledo, que convocó el XVII Concilio en esta ciudad. Así pues, entre los obispos hubo una progresiva germanización y una cada vez mayor presencia aristocrática. Que hubiese más talante señorial que espíritu eclesiástico, lo muestran don Oppas, arzobispo de Sevilla, y Sisberto, obispo de Toledo.

6º Es muy posible que los witizanos creyesen al comienzo que los musulmanes iban únicamente a apoyarles para que accediesen al trono, y que luego tendrían que darles la recompensa. Esta bien podría ser la plaza de Ceuta, tesoros, o bien una parte del sur de España como Atanagildo hizo y entregó a los bizantinos por el apoyo prestado.

7º Es muy probable que los hispanogodos no advirtiesen el peligro que suponía la presencia y correría islamita. Quizás creyesen que los witizanos debían seguir apoyándose en los musulmanes al no haber vencido totalmente a los partidarios de Rodrigo, o bien porque este último estaba vivo.

A ello se suma el empuje de la guerra santa de los islamitas dispuesta en el Corán y seguida literalmente durante los primeros siglos. En realidad, el Corán no admite interpretaciones. Esta nueva y joven religión ofrecía una mística de combate superior al espíritu desprevenido de los hispanos, y sobre todo al hecho de que estos no advertían el peligro que suponían los invasores.

2.2. Marco Histórico

El marco fue el siguiente. El rey Egica (687-702), que fue un monarca enérgico, quiso garantizar la sucesión al trono asociando a él a su hijo Witiza, que por vía de aprendizaje y cooptación fue enviado a gobernar el antiguo reino de los suevos, allá en Galicia. Witiza fue ungido rey de Gallecia en el año 700. Ambos, Egica y Witiza -padre e hijo- hicieron frente a varias sublevaciones nobiliarias, que reprimieron con dureza, apartando a los culpables de cargos del oficio palatino y confiscándoles sus bienes. Seguramente fue Egica quien de ambos más decisión mostró en la represión de los rebeldes.

Muerto Egica, su hijo Witiza fue el único rey (702-710). Witiza inició una política de atracción de los nobles desobedientes pero sin resultado alguno. Si inicialmente dio pruebas de ser un buen rey, al poco tiempo mostró una gran debilidad política, corrupción moral, anuló la legislación antijudía para a continuación favorecer mucho a los hebreos. A pesar de ello, Witiza sufrió la sublevación de un tal Pelayo, hijo del Fafila que había muerto en sus manos por ser responsable de una anterior sublevación. Pues bien, parece que este Pelayo fue el caudillo e Covadonga, el primer caudillo o príncipe –no rey- de Asturias.

Según Albanés, el despotismo de Witiza hizo que el célebre Eudon (algún autor dice que seguramente hebreo) provocase una conjura, de modo que la nueva junta o senado creado pensó como rey en Rodrigo, nieto de Receswinto. En breve, en el año 710 murió Witiza, joven, con menos de 30 años. Dejó tres hijos: Akhila, Olmundo y Ardabastro. ¿Quién ocupará un trono ambicionado por los linajes o clanes? Según unos, la mayoría de los nobles legalizó el reinado de Rodrigo, y según otros –los que omiten la conjura de Eudon- la aristocracia rechazó los intentos de poner a Akhila, “y procedió a la designación de un sucesor a la corona, sistema raramente aplicado en la práctica, pero (…) legal” (Orlandis). A efectos prácticos era lo mismo. Ocupó el trono un nuevo rey, Rodrigo. Aunque este era, sin duda, el rey legítimo, sufrirá la sublevación de los seguidores de los hijos de Witiza, que se apoyarán en los islamitas (y hebreos, que habían sufrido la legislación y política hispano goda) para ser después conquistados por los guerreros del Islam. El clan witizano dirigido por los hermanos del difunto Witiza –don Oppas obispo de Sevilla y Sisberto arzobispo de Toledo- “no se resignará a su derrota y planeó la conquista del trono con ayuda extranjera” (Orlandis). No obstante, la ayuda exterior no era algo nuevo, pues Atanagildo había logrado ser rey con auxilio de Bizancio en el año 555, y Sisenando con apoyo del reino franco en el 631.

Al otro lado del estrecho, aunque todavía no alzado el poder musulmán, los witizanos podían apoyarse en los muslines. Por su parte, independientemente o de forma coordinada, también podían actuar los hebreos favorecidos por Witiza entre los no pocos hebreos expulsados de Hispania. Es ahora cuando entra en escena el conde don Julián, que introdujo a los musulmanes en España.

3. Las cuatro primeras expediciones

3.1. El misterioso Conde D. Julián


El llamado conde don Julián era -al parecer- de origen bizantino, aunque pudiera ser godo o tener otro origen. Recordemos que Bizancio estuvo presente en el Norte de África, desde Cartago a Ceuta, desde el s. VI. Don Julián –la leyenda le llamará “conde don Julián”- era tributario o “cliente” de Witiza. Existen relatos legendarios que nos refieren los ultrajes que recibió del rey don Rodrigo, de los que prescindimos además de no ser creíbles. Mandaba el presidio de Ceuta, que quizás fuese el refugio más perfecto para los witizanos ansiosos de la revancha contra Rodrigo. Fue el intermediario del grupo witizano. Pues bien, ¿de qué fue responsable ante la Historia el conde don Julián, si prescindimos de la fantástica reivindicación de don Julián por el novelista Juan Goytisolo (México, 1966)?

El conde entró en contacto con el gobernador árabe de la zona occidental de África del Norte, llamado Musa-ben-Nusayr, que buscaba consolidar el dominio musulmán en la zona de Magreb. Recordemos el escaso éxito que tuvo la religión islámica entre los beréberes. Musa residía en Trípoli, y tenía su segundo, un tal Tarik, gobernando el Magreb (Marruecos) con sede en Tánger.

Las primeras proposiciones de don Julián a Tarik inspiraron a los musulmanes serios recelos. A ello se añadía la gran dificultad de los musulmanes para cruzar el estrecho, debido al hecho de desconocer del arte de la navegación, a carecer de barcos, y a convertirse el Estrecho en un mar bravío por la confluencia de las aguas atlánticas y mediterráneas.

Don Julián quiso convencer a los musulmanes ofreciéndoles hechos y no sólo palabras. Así, hizo una expedición de sondeo dirigida contra la península, formada sólo por cristianos. Esta expedición regresó a Ceuta a finales de 709 con mucho botín y la importante información de la falta de resistencia visigoda. La noticia llegó a Musa y, después, al califa de Damasco. Interesa saber que el califa omeya estaba al tanto de estos asuntos. Los musulmanes mostraron suspicacias, además del temor del califa porque las recientes conquistas musulmanas todavía no se habían consolidado. Crecer en territorios y población sin consolidar la ocupación del lugar podía ser muy contraproducente.

Por parte musulmana todo eran suspicacias, incapacidades y temores, mientras que por parte de don Julián, los witizanos y los hebreos, todo era allanar caminos, dar apoyos, y mostrar facilidades de botín.

En efecto, los muslines no actuaban solos. Según Sánchez-Albornoz:

“Tariq y Muza contaron enseguida con dos formidables quintas columnas: los witizanos, que constituían una facción nobiliaria y poderosa, y los judíos, hasta allí perseguidos, y en tres años conquistaron raudos Hispania” (Sánchez-Albornoz, “El drama de la formación…”).

3.2. La expedición de contacto de Tarif

En julio de 710, un puñado de 400 hombres al mando de Tarif-ben-Malluk, que era un liberto, embarcaron en cuatro navíos proporcionados, al parecer y de nuevo, por el conde don Julián. Los 400 hombres se distribuían en 300 infantes y 100 caballeros. Desembarcaron en Tarifa, lugar que recibió el nombre del jefe musulmán. La expedición de saqueo (gazúa) fue un éxito, pues, sin encontrar resistencia alguna, se tomó un abundante botín, del que destacaban bellas mujeres. La codicia del desierto parecía insaciable: disminuyeron los recelos y los magrebíes decidieron emprender campañas más potentes, con idea incluso de intervenir en la península de una forma sólida y efectiva. La expedición fue de contacto y una tentativa exitosa.

3.3. Tarik y la expedición de Invasión. La Batalla de Guadalete (711-714)

Debido al botín recogido, Muza envió una nueva expedición de invasión y conquista. La dirigió un guerrero diferente al anterior: Tarik ben Ziyad (Tariq o Taric). Para unos autores era una persona de oscuro origen. Manuel Riu señala que era persa de Hamadán. Ello no impide que según el rabino Jacob S. Raisin, Tarik era “un judío de la Tribu de Simeón”, hijo de Cahena, converso al Islam. Tarik gobernaba Tánger a las órdenes de Musa. Debido al éxito de la anterior expedición, la nueva gazúa la componían las cuatro naves ya utilizadas, más otras nuevas, buscando con ellas mantener un tráfico fluido entre las dos columnas de Hércules, a ambos lados del estrecho. De nuevo intervino el conde don Julián para asesorar sobre el terreno y para aportar la colaboración de sus partidarios.

Según el rabino Raisin, la invasión de la España goda la realizaron “doce mil judíos y moros”. La expedición estuvo bien preparada porque aprovechó la ocasión de que el rey Rodrigo estaba muy ocupado combatiendo una rebelión al Norte de España, al parecer contra los vascones sublevados en Pamplona. Según R. C. Albanés, esta sublevación la promovió la comunidad hebrea de dicha Pompaelo.

¿La fecha de la invasión?: el 27-IV-711. La expedición llegó a Calpe, que luego se llamará Gibraltar (de Yabal Tarik o montaña de Tarik). Con la retaguardia en Gibraltar, Tarik se dirigió a la bahía de Algeciras, que llamarán “Isla Verde”. Como sólo tenía 7.000 hombres y todavía muchos recelos hacia la oferta de don Julián, debía tener precauciones. Entre dichos hombres había una gran mayoría de berberiscos y libertos, y sólo unos 50 árabes. Pensó ir a Sevilla, para lo cual solicitó refuerzos. A pesar de que su superior Musa le envió 5.000 beréberes –lo que indica que estaba muy comprometido-, y los witizanos le apoyaron fuertemente, estos 12.000 hombres todavía no eran suficientes para que Tarik tomase la iniciativa. Esto es significativo de la insuficiencia y escaso número de musulmanes llegados de África durante mucho tiempo, lo que refleja los graves errores de los hispanogodos.

A las dos o tres semanas de la invasión, la noticia llegó al monarca don Rodrigo. Conocedor de lo que ocurría en la Bética, el rey se trasladó con rapidez a Córdoba, donde organizó un ejército de 40.000 soldados. Una pregunta surge ahora: ¿es que el monarca visigodo era un simple sargento al ir de aquí para allá, en vez de tener un Ejército organizado con unos mandos capaces de todo?

Inicialmente, los musulmanes eran colaboradores de una insurrección witizana contra el rey legítimo que era Rodrigo. Pero pronto fue al revés. No obstante, las dudas de Tarik no eran infundadas debido a los escasos apoyos que recibían los witizanos por parte de la población. Como los refuerzos recibidos de África no eran tan elevados, y quizás porque los beréberes habían sido convertidos al Islam recientemente, Tarik solicitó ayuda por segunda vez.

Rodrigo, reunió en Córdoba a los nobles hispanogodos, y quizás pensó que la rapidez sería su mejor aliada, para que los refuerzos africanos no se uniesen con los witizanos de Sevilla. En Sevilla estaba don Oppas y en Toledo don Sisberto, con sus tropas, ambos arzobispos traidores y hermanos de Witiza.

La batalla de Guadalete.
Sánchez Albornoz ha estudiado con detalle la localización del lugar de la batalla y las primeras actuaciones de los invasores. El lugar de la batalla fue la orilla del río Guadalete (Wadi-Lakka), cerca de Arcos de la Frontera. Riu señala que fue a orillas del río Guadarranque, entre la Torre de Cartagena y Gibraltar. Los árabes hablan de cien mil cristianos, pero es una cifra exagerada para magnificar la victoria de los invasores. Tarik tenía unos 17.000 beréberes y africanos, a los que se sumaron los witizanos.

La batalla de Guadalete se desarrolló entre el 19 al 26 de julio, quizás el día 23. El factor decisivo fue la formación del Ejército de don Rodrigo, pues las alas estaban dirigidas por los partidarios de Akhila -hijo del difunto rey Witiza-, concretamente por los witizanos el arzobispo de Sevilla, don Oppas, y Sisberto, arzobispo de Toledo ya citados. La batalla duró dos días, con ventaja inicial para los visigodos debido a la caballería de la que carecían los berberiscos. Ahora bien, en el momento en el que los islamitas quisieron retroceder ya en lo más duro del combate, las alas del ejército con el arzobispo Oppas se retiraron y cambiaron sus armas de dueño, dejando solo a don Rodrigo en el centro del ataque general. Don Julián también estaba ahí. El rey visigodo fue incapaz de frenar el choque en condiciones tan desiguales, y fue derrotado.

Al parecer, Rodrigo murió en la batalla y su cadáver fue río abajo, pues se encontró a su caballo, sólo, junto a la orilla. Ahora bien, es posible que el cadáver no encontrado fuese recogido por los fieles o “gardingos” del séquito del rey, pues según la “Crónica Rotense” (s. IX), en la población portuguesa de Viseo se encontró un sepulcro con la inscripción: “Aquí yace Rodrigo, el último rey de los Godos” (Orlandis). Los restos del Ejército hispanogodo se retiraron hacia Córdoba. La derrota visigoda permitió a los musulmanes reforzar su caballería, facilitando su movilidad y haciendo posible la dispersión de sus tropas. Sin embargo, Tarik les persiguió, les dio alcance, y les derrotó de nuevo en Astiog (Écija). Como prueba de la traición de los witizanos, Sánchez-Albornoz cita, entre otros testimonios, el del Ibn al Qutiya -descendiente de Sara, nieta de Witiza-, quien dejó escrito con orgullo que sus abuelos habían traído consigo el Islam a la península.

Las cifras de las tropas de ambos bandos no son seguras. Hemos dicho que las fuentes islámicas citan 100.000 cristianos, y las cristianas un total de 187.000 enemigos del rey Rodrigo. Dichas fuentes no son creíbles. Ambas cifras son exageradísimas. Por su parte, Collins menciona 2.500 cristianos y 1.900 invasores. Lewis hace ascender el número a 33.000 y 12.000 respectivamente. Al fin, lo más probable es que fuesen 40.000 del rey Rodrigo frente a 25.000 musulmanes, witizanos y hebreos. Luego vino la traición en plena batalla, que ha quedado viva en el recuerdo de los españoles.

A continuación, Tarik dividió sus tropas en tres secciones. La primera sitió Córdoba, que fue ocupada antes del 20 de agosto. La segunda fue hacia Granada y Málaga, con el objeto de recibir el apoyo en nombre de los witizanos o bien que se rindiesen los rodriguistas leales. La tercera, con él al frente, se dirigió hacia Toledo, para impedir que los realistas se reorganizasen. Los signos de descomposición interna anteriores al 711 se mostraron a la luz. Incluso el arzobispo de Toledo, Sinderedo, abandonó la defensa del Reino y huyó a Roma. Muchos otros le imitaron. Este es un elemento más para hacernos cargo de la situación. El 11 de noviembre del 711 la fuerte capital del Reino hispano visigodo se rindió a la Media Luna porque los hebreos abrieron las puertas de la ciudad. Tarik encontró una gran parte del inmenso botín que el rey godo Alarico tomó cuando saqueó Roma hacía 300 años, antes de llegar a Francia.

La táctica de Tarik era evitar que los hispanogodos se agrupasen. Tenía que perseguirlos. En la rapidez estaba su éxito. Por eso, siguió hacia el Noroeste: Guadalajara, Osma, Castrogeriz y Amaya (al Norte de Palencia). Musa, desde la actual Libia, estaba al corriente de estos éxitos, pero la envidia le corroía. Tarik hacía su campaña, su guerra, se separaba de sus propias directrices, ganaba oro, y mostraba una espectacular empresa a los ojos del mundo conocido. ¿Qué directrices tenía Tarik? Tras Guadalete, Tarik debía detenerse a la espera de instrucciones. Pero él siguió adelante, hacia el Norte. Esto, además de una desobediencia a Musa, era imprudente porque se iba separando de sus bases y debilitando sus fuerzas. Desde luego, cualquier apoyo de la minoría judía era inestimable. De nuevo Tarik pidió tropas auxiliares a Musa. La política de Musa tenía que cambiar, pues inicialmente estaba encaminada a consolidar su posición en el Norte de África y ampliar sus dominios hacia en Atlántico, no hacia el Norte. Desde Amaya, Tarik fue a Astorga y de ahí se volvió a Toledo, agotado.

Según numerosos autores de origen musulmán, hebreo, y otros nada sospechosos de antisemitismo como Amador de los Ríos, o bien cristianos, los hebreos patrocinaron la invasión con hombres y dinero, con dirigentes; no pocos hebreos del norte de África entraron con los islamitas, los que estaban en Hispania abrieron las puertas de las principales ciudades (por ejemplo Toledo), y en todas partes aportaron piquetes de tropas y guarniciones para custodiar las ciudades que los islamitas no podían proteger. Seguramente los hebreos se consideraron vencedores. Esto continuó en tiempos de Musa. Ya hemos citado el motivo: la legislación de los Concilios de Toledo contraria a los judaizantes, y los cánones del XVII Concilio toledano, que fueron muy perjudiciales para los hebreos debido a la conspiración ocurrida contra la seguridad del Reino. Aunque apoyaron a los muslines, con el tiempo serán mal tratados por ellos al igual que los cristianos.

3.4. Expedición de conquista por Musa (712-714), “Pérdida y recuperación de España”

De nuevo estamos ante una expedición de conquista, pero también fue de consolidación. Musa organizó un ejército de alta calidad: no lo formaban beréberes sino 18.000 árabes, sirios y las nuevas aristocracias musulmanas. Era junio de 712. Casi un año de Guadalete. Musa llegó a Algeciras. El nuevo jefe quería plantear la campaña de una manera diferente a la de Tarik, para mostrar así que era él quien mandaba. De esta manera, se propuso consolidar su dominio sobre el Sur peninsular. Reconquistó Medina Sidonia, Alcalá de Guadaira y Carmona. El hecho que Medina Sidonia se hubiera perdido antes, significa que los hispano visigodos del lugar no querían entregarse. Llega a Sevilla, que puso una débil resistencia. La guarnición visigoda de Sevilla se retiró voluntariamente a la próxima región de Niebla, en la actual Jaén.

Musa puso la mirada en Mérida. Esta ciudad era una de las más importantes de Hispania por su raigambre, su población, su riqueza comercial, la pluralidad de gentes y su situación. Los principales partidarios del rey Rodrigo se habían refugiado en ella. Si Mérida aguantaba –y a ello estaban dispuestos sus jefes y su población-, los moros se detendrían y además verían cómo otras ciudades les podían imitar.

Mérida significó el primer descalabro de Musa. Esta ciudad aguantó desde los inicios del invierno de 712 hasta final de mes de junio de 713. Incluso Sevilla se sublevó. Musa envió a su hijo a sofocar la rebelión de Sevilla con gran dureza, lo que hizo, además de controlar los focos rebeldes de Niebla, Beja y Ossonoba, y dominar Andalucía hasta Murcia. Mientras Musa mantenía el sitio a Mérida, su hijo Adb-al-Aziz-ibn-Muza logró la capitulación del conde godo Teodomiro de Murcia, con capital en Orihuela, en abril de 713. Teodomiro fue sometido sin lucha y pactó con el islamita. En el pacto se reconoce a Tudmir ibn Gandaris (Teodomiro), a su familia y a la población de siete ciudades (Balantala, Elche, Iyih, Locant, Lorca, Mula, Oriola), la protección de Alá y su profeta, su libertad y la de sus gentes, y poder seguir siendo cristianos y conservar sus iglesias. A cambio, Teodomiro debería comunicar cualquier noticia que afectase a la seguridad de los musulmanes, y su pueblo debía abonar fuertes tributos, es decir, cada hombre un dinar, cuatro almudes de trigo, cuatro de cebada, cuatro medidas de vinagre, una medida de miel y otra de aceite, mientras que el esclavo abonaría la mitad de esto. Estos tributos eran muy fuertes. Dichas capitulaciones fueron revalidadas más adelante por el califa Marwan. Todo ello indica cierta autonomía en el “Estado” de Teodomiro, valorado por los historiadores de manera diferente (Valdeavellano, Ubieto, Sanchis y Guarner, Soldevila, Lacarra etc.). Esta autonomía más adelante se oscurecerá para de nuevo reaparecer cuando una de las divisiones administrativas del emirato independiente de Córdoba sea la cora o provincia de Teodomiro.

Mientras tanto, el sitio de Mérida se prolongaba, aunque fue ocupada el 30-VI-713. Estos éxitos, más el tesoro encontrado en Mérida, permitió a Musa llegar a Toledo para que Tarik le rindiera cuentas. La entrevista, realizada en Almaraz (el Encuentro), en la confluencia del Tiétar con el Tajo, fue turbulenta. Tarik fue humillado, siendo uno de los motivos de la ira de Musa la forma como este había repartido los tesoros.

Musa llegó a Toledo y aquí estuvo el invierno del 713 al 714. Desde la antigua capital hispanogoda, se encargó de dominar el sur de Hispania, informar al califa de Damasco, y darle cuenta de las abundantes riquezas.

Ya con el buen tiempo, pues los ejércitos lo necesitaban para las campañas, Musa y Tarik se dirigieron con éxito hacia Zaragoza (714) y Medinacelli, mientras el conde visigodo Casius (iniciará la familia Banu Quasi de Tudela), que gobernaba Borja y Tarazona, apostató al convertirse al Islam para conservar su gobierno. En Zaragoza, Musa recibió un primer mensaje del califa para que viajase a Damasco. No se sabe a ciencia cierta cómo Musa ocupó Cataluña, pues discrepan la Crónica del Moro Rasis y las investigaciones de los historiadores Claudio Sánchez-Albornoz y de Abadal.

En realidad, en Cataluña gobernaba uno de los hijos de Witiza, Akhila, que era un firme aliado de los musulmanes. Ya no sabemos si ellos eran aliados de aquel o, más bien, aquel de ellos. El hecho es que Akhila y sus hermanos, Olmondo y Ardabastro, estaban en Damasco, “negociando con el califa las condiciones de un acuerdo que les permitiera mantener en España la situación de privilegio que ansiaban y que les indujo a buscar el apoyo árabe” (Luis V. Díaz Martín). Asegurada Cataluña por Musa debido a no temer nada de este lugar, y además sin llegar a ocuparla –salvo Tarragona-, se dirigió al Oeste: hacia Bribiesca y Astorga. Se discute su Musa entró en Asturias; Sánchez Albornoz afirma que pudo enviar una pequeña tropa pero sin consecuencias. Ya estaban por aquí los partidarios de Rodrigo. De Astorga, fue a Galicia, logrando la conquista de la fortificada ciudad de Lugo como límite Norte máximo de su expansión por la península. 

Estando en Lugo, Musa recibe un segundo mensaje del califa para que viajase a Damasco. Después de dejar todo bien seguro, y a su hijo Abd al-Aziz al cargo de Sevilla en calidad de gobernador (amir), Musa, acompañado de Tarik, fue a Damasco, poco antes del fallecimiento del califa al-Walid. La llegada a Damasco se realizó con mucho botín y hasta 30.000 prisioneros (Riu). El nuevo califa, Sulayman, dejó de lado a Musa, quien al pronto falleció en el más completo olvido. 

No sólo interesa la rápida conquista de Hispania, sino que a pesar de la debilidad musulmana los hispanogodos no se rebelaron. Aceptaron de hecho la situación. Divididos entre witizanos y rodriguistas, sin verdaderas élites y sin rey, no sólo fueron vencidos sino que fueron derrotados por decadentes. Una parte de los visigodos, los witizanos, se habían entregado al vencedor, aunque inicialmente creían que iban a servirse del musulmán. Esperaban su recompensa, que no fue el trono sino los 3.000 fundos patrimoniales del rey visigodo. Así, “A la traición de los hijos y fieles de Witiza siguió la de los generales vencedores. En lugar de entregar el reino a quienes les habían llamado y auxiliado, proclamaron la soberanía del califa de Damasco” (Sánchez-Albornoz, “El drama de la formación…”). 

Pero no toda Hispania estaba ocupada por los musulmanes: sólo había en ella un reducido ejército islamita y en lugares concretos. Sobre todo había sumisión en muchos gobernadores territoriales, entre ellos Teodomiro de Murcia y Casio del Alto Ebro. En muchas zonas, sobre todo las rurales –la población por entonces era predominantemente rural- la presencia musulmana era escasísima. En muchas ciudades y fortificaciones los efectivos islamitas no eran suficientes. Las élites visigodas y los obispos hispano visigodos parece que habían desaparecido. Los witizanos podían haber abandonado a los musulmanes, aunque los hebreos quizás siguiesen apoyando a estos últimos. Los musulmanes junto con los hebreos no eran más poderosos que los hispano visigodos unidos. En absoluto. Hubo resistencias locales o parciales, pero fracasaron por la desunión; muy diferente se hubiera escrito la historia si los hispanogodos hubiesen presentado batalla todos juntos. Por otra parte, y como aporte demográfico, a mediados del siglo VIII “no sobrepasarían la cifra de treinta mil las gentes llegadas a las playas hispanas desde el otro lado del Mediterráneo (Sánchez-Albornoz). Según Riu, cuando en el 741, con ocasión del alzamiento de los beréberes contra los árabes, lleguen entre 7.000 y 12.000 sirios, el total de musulmanes llegan a Hispania oscilaría entre los 21.000 y 36.000 islamitas, que estaban establecidos al sur y conservaron su agrupación por tribus, distribuidas por distritos militarizados. Otros autores señalan 35.000 invasores, procedentes de los 17.000 de Tarik y 18.000 de Musa. Una vez repuestos de la sorpresa de la invasión, y debido a las posteriores guerras civiles entre los musulmanes, los cristianos hubieran podido expulsar en poco tiempo a los islamitas. Ahora bien, una vez perdidas las diversas ocasiones, fue la fundación del dominio Omeya independiente en Hispania lo que perdió la península para los cristianos, exigiéndoles una costosa reconquista.

Es muy posible que la vida ordinaria de campesinos, artesanos y pequeños comerciantes hubiese seguido igual que antes, que la Iglesia mantuviese intacto su ministerio y su organización, y que los jefes anteriores mantuviesen sus puestos aunque subordinados a los islamitas. Quizás los witizanos, sin reconocimiento alguno por parte de los invasores, considerasen reyes a los hijos de Witiza, pues una crónica mozárabe señala los nombres de “Achila regnavit annos III, Ardobastus regnavit annos VI”. No obstante, al no serles reconocido poder político alguno por los islamitas, los sucesores de Witiza se fusionaron con la aristocracia árabe. 

Muchos nobles visigodos se habían rendido a los musulmanes, que ocuparon la península más por capitulación y pacto que por victoria militar. Estos nobles siguieron gobernando sus territorios. A unos se les exigía la sumisión completa a las autoridades musulmanas por haber opuesto alguna resistencia (capitulación), como hacían los romanos con las ciudades estipendiarias. A otros, los gobernadores los musulmanes les reconocían cierta autonomía política mediante pacto, como es el caso de Teodomiro. Algunos nobles no tuvieron reparo en islamizarse como el citado conde Casius del Ebro. En ambos casos, los cristianos podrían seguir siéndolo siempre que pagasen el impuesto de capitación (yizya), es decir, un impuesto personal o per capita, así como el tributo de la contribución territorial (jaray). Estos tributos eran muy onerosos para muchos pobladores y “seguidores del Libro” en la península. Esta era la proclamada tolerancia hacia los cristianos. Añadamos a ello las persecuciones en Córdoba (San Eulogio, s. IX) y otros lugares. Muchos siervos y colonos que estaban bajo la jurisdicción pre-feudal de un señor visigodo, ahora cambiarán de señor y será un musulmán, lo que no significo “una renovación general de la agricultura, ni del sistema de propiedad agraria” (Riu). 

El hijo de Musa se dedicó a una labor de pacificación. Se acercó a los seguidores de don Rodrigo, y quizás se casase con la viuda de Rodrigo, llamada Ailo o Egilona. Temeroso el califa del acercamiento del hijo de Musa a los vencidos, en marzo de 716 ordenó su decapitación. Esto indica que todo lo ocurrido en España interesaba directamente al califa. Quizás fuese el momento de la rebelión, pero ningún hispanogodo se movió. 

Del 716 al 719, el nuevo gobernador al-Hurr puso en práctica el acuerdo firmado entre el califa de Damasco y los hijos de Witiza. Estos renunciaban al título de rey, de manera que toda la península estaba bajo el poder del califa. También renunciaban a cargo y rango alguno independiente o al margen del dominio musulmán. A cambio de ello, el califa les reconocía la propiedad de tres mil fundos, que eran los bienes patrimoniales de la corona visigótica. Sin embargo, la nobleza de Cataluña y Septimania no aceptó la renuncia de Akhila, hijo de Witiza, y nombró como rey a Ardón, que fue el último monarca godo. Este rey estableció su capital en Narbona, hasta que el emir al-Samh conquiste esta ciudad (720). Hemos dicho que en Hispania aún quedaba al Islam mucho territorio y población por dominar, a lo que añadía el hecho que los musulmanes preferían la conquista de otras tierras para tomar botín, al esfuerzo de asentarse, trabajar y consolidarse en la península. El Islam penetró en las Galias, por Aquitania en el año 721, Provenza, Borgoña (725) y Gascuña (Poitiers, 732), pero fracasó. Súmese a esto las guerras civiles entre los árabes, sirios y beréberes en la Hispania dominada.

Más adelante, el dominio islamita de la península oscurecerá la presencia de los cristianos en ella, a pesar de la resistencia de san Eulogio y otros muchos en Córdoba y otros lugares. Los hebreos no seguirán mejor suerte, a pesar del apoyo prestado a los islamitas durante la invasión. 

Resistencia y triunfo de Covadonga de los cristianos. El Islam fracasó en Poitiers (732) y en Covadonga (722). Pelayo no fue un invento posterior, sino que existió. Hay que decir esto ante algunos intencionados escritores amigos de la negación. Al parecer, fue hijo del tal Fafila ya mencionado, gobernador de Tuy, muerto por Witiza por una conspiración. De ahí que Pelayo pudiera ser partidario del rey Rodrigo. También pudo ser un “espatiario” o miembro de la guardia real de Toledo. Eso sí, era noble de origen, pues de otra manera no hubiera tenido poder de convocatoria entre los refugiados godos, ni hubiera sido un jefe indiscutido. Al parecer, inicialmente colaboró con Munuza, gobernador islamita de Gijón, y luego fue a Córdoba de donde se escapó. Su oposición a los musulmanes no fue casual, sino intencionada. Las circunstancias la hicieron posible, y hasta le pudo mover el hecho de que el gobernador de Gijón había incluido a su hermana en su harén. Perseguido por Munuza, Pelayo se propuso levantarse contra la dominación musulmana. Muchos cristianos habían huido a Asturias, lo que explica que al llegar los islamitas a varias ciudades estas estuviesen desiertas. 

En 718 había un foco de inquietud en Asturias, mientras los islamitas estaban en Cataluña y la Septimania. Covadonga no fue un invento posterior, sino que también existió. Hubo combate. En 722 los islamitas hicieron retroceder a Pelayo, para luego enviar un destacamento que, como ha demostrado Sánchez-Albornoz, fue derrotado en Covadonga -“Cova Dominica”- el 28-V-722. (Hace 1.289 años… y ¡todavía seguimos hablando de este magno hecho!). El metropolitano de Toledo, esto es, el witizano don Oppas que de nuevo aparece en escena, iba en la expedición del Islam “con la intención de convencer a los insurrectos de lo insensato de su tentativa, (y) es hecho prisionero” (Díaz Martín). Aunque en la escaramuza de Covadonga sólo fue vencida la vanguardia o un destacamento de las tropas de Munuza, esta victoria se convirtió en un símbolo y en una gran gesta. Las cifras de mil cristianos contra veinte mil musulmanes son fantásticas. La proyección moral del hecho fue incalculable. Según Díaz Martín:

 

“los restos de la vanguardia que, después del choque, huían, se despeñaron o se ahogaron en las agrestes tierras de los Picos de Europa; el resto del ejército, con el que Munuza, temeroso, abandonaba la región, fue sorprendido por los astures en Olalies”.

 

Años después, es probable que Pelayo tuviese una “decidida voluntad de mantener una postura hostil frente a los invasores”, lo que se consolidará más adelante. Cuando Pelayo muera en 737, le sucederá su hijo Favila o Fafila “como si de un rey godo se tratara”. Según varios historiadores, sería alzado al estilo godo, por el pequeño ejército que era el pueblo armado. Diez años después de la victoria de Covadonga, el ejército franco derrotó a los musulmanes en Poitiers (732). Dos batallas decisivas: Covadonga fue una brillante escaramuza con una proyección de 800 años… hasta hoy, y Poitiers fue una gran batalla que dejó en manos de los hispanos la expulsión de los islamitas del resto de la Cristiandad. Y lo hicieron en la forja del espíritu. En las Navas de Tolosa de 1212 la Cruzada en Hispania se convertirá en Cruzada de toda la Cristiandad. El peligro almohade era muy grave, límite. Y los cristianos cumplieron con creces. Para la toma de Granada en 1492, España ya estaba formada, a la espera del ingreso de Navarra como Reino “por si” en 1513 y 1515, la que ya estaba en alma como lo demostró Sancho VII el Fuerte en las Navas de Tolosa trescientos años antes.
Al terminar el siglo XV: “Pronto iba a resucitar el clima bélico y religioso tradicional de nuestra Edad Media y, por él dominados, íbamos a enfrentar las tormentas de la Modernidad” (Sánchez Albornoz). De nuevo para el homo hispanicus, “Donde una puerta se cierra otra se abre”: mantener y recobrar la Cristiandad, vencer al Turco en Lepanto, conquistar Túnez, y descubrir y civilizar América dando todo un continente, la inmensidad de América y Filipinas, a la Iglesia y la civilización cristiana.

 


Fuentes:

  1. Cristianas: Chronicon Moissiacense (s. IX), Chronicón de Isidoro Pacense, Crónica de Alfonso III, De Rebus Hispaniae del arzobispo Rodericus Toletanus (Rodrigo de Toledo) (s. XIII), Chronicon del obispo Lucas Tudensis (Lucas de Tuy) (Era 733), Cristiano anónimo mozárabe (754), Ximénez de Rada; Chronicon Sebastián de Salamanca,

  2. Musulmanas: Ibn al-Athir, Crónica El Kamel; Al – Himiyari; Al-Nuwayri, Historia de los musulmanes de España y África, escrita hacia 1320; Al-Makkari; Abjar Machmua, Crónica anónima del s. XI; Crónica anónima de Abderramán III, escrita hacia 1010; Fath Al-Andalus; Ibn – Khaldoun (s. XIV), Historia de los berberes ; Ibn abd-Hakam, Historia de la conquista del al-Andalus; Abdalá, las “Memorias del último rey zirí de Granada, escritas hacia 1095, editadas por Lévi-Provençal y E. García Gómez en 1980; Isa Ben Ahamad al Razí, Anales palatinos del califa Alhakam II, escritos hacia 990; Sa’id al-Andalusí, Libro de las categorías de las naciones, escrito hacia 1070.

 

Bibliografía:

Además de autores como A. Ballesteros Beretta, Lacarra, J. Mª. Font-Ruis, Emilio García Gómez, Z. García Villada, García Tolsá, Ramón Menéndez-Pidal, Sanchis y Guarner, Soldevila, Antonio Ubieto, Luis G. de Valdeavellano, Historia de España, José Vicens Vives, Lévi-Provençal, citemos los siguientes:

  1. ALBANÉS, Ricardo, Los judíos a través de los siglos, México, 1939

  2. AMADOR DE LOS RÍOS, José, Historia de los judíos de España y Portugal, Madrid, 1875.

  3. DÍAZ MARTÍN, Luis Vicente, “Constitución de la Monarquía asturiana (711-822)”, en Historia General de España y América, Madrid, Rialp, tomo III: El fallido intento de un Estado hispánico musulmán (711-1085), 1991, 658 pp., p. 3-38.

  4. DOZY Reinhart, Histoire des musulman d’Espagne, Leiden, 1932.

  5. Enciclopedia judaica castellana, México, 1948, 4 vols.

  6. GARCÍA MORENO, L. A., El fin del Reino visigodo de Toledo, Madrid, 1975

  7. MARIANA, Juan de, Historia General de España, diferentes ediciones.

  8. MARQUÉS DE LOZOYA, Historia de España, Barcelona, Salvat, v. I, 1977, 434 pp., pág. 217-238.

  9. MENÉNDEZ Y PELAYO, Marcelino, Historia de los heterodoxos españoles. Las ediciones son numerosas.

  10. ORLANDIS, José, Historia de España. La España visigótica, Madrid, Gredos, 1977, 331 pp. Las citas recogidas en estas páginas, proceden del anterior libro de síntesis. ÍDEM. El poder real y la sucesión al trono en la monarquía visigoda, El cristianismo en la España visigoda etc.

  11. RIU, Manuel, Lecciones de Historia medieval, Barcelona, Ed. Teide, 4ª ed. actualizada 1975, 686 pp.

  12. SÁNCHEZ-ALBORNOZ, Claudio, Orígenes de la Nación española. Estudios críticos sobre la Historia del reino de Asturias, Oviedo, Tomo I, 1972-1975; España, un enigma histórico, Barcelona, EDHASA, 1977, 2 vols., vid. Tomo I, 720 pp.; El drama de la formación de España y los españoles, Madrid, 2003, 67 pp.; “El Senatus visigodo. Don Rodrigo rey legítimo de España, Rev. “Cuadernos de Historia de España” (CHE), VI (1946), p. 5-99; “Otra vez Guadalete y Covadonga”, CHE, I y II (1944) p. 11-114; “Dónde y cuándo murió don Rodrigo, último Rey de los Godos”, CHE, III (1945), p. 5-105.

  13. También pueden añadirse los historiadores hebreos Graetz, Learssi, Kastein, Pessin, Sachar, Raisin, que explican el apoyo de los judíos a los musulmanes durante la invasión.

·- ·-· -······-·
José Fermín Garralda Arizcun

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lundi, 24 septembre 2012

L’arc le plus ancien du Néolithique européen découvert en Espagne

Des chercheurs espagnols ont annoncé, sur le site web de l’Université de Barcelone, avoir découvert, dans un gisement archéologique du nord-est de leur pays, un arc intact vieux de quelque 7.000 ans. Il s’agirait du plus ancien arc connu pour le Néolithique européen.

C’est sur le site néolithique de la Draga, près de la ville de Banyoles, en Catalogne (Espagne), que l’importante découverte a été faite. Des archéologues de l’Université autonome de Barcelone et du CSIC (Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, le ‘CNRS’ espagnol) y ont mis au jour un arc entier fabriqué en bois d’if comme la majorité des arcs conçus en Europe à la période néolithique.

D’après les descriptions fournies par les chercheurs, l’arme présente une section un peu convexe et mesure pas moins de 1,08 mètre de longueur. Mais le plus important est surtout l’âge de l’objet. Les estimations faites avec des techniques de datation le font remonter à entre 5.400 et 5.200 avant notre ère. Ses découvreurs estiment ainsi qu’il s’agit de l’arc le plus ancien jamais découvert pour la période néolithique en Europe. Néanmoins, on ignore encore l’usage qui fut fait de cette arme. Celle-ci aurait aussi bien pu être utilisée pour la chasse que pour la guerre entre clans ou encore pour des activités de prestige.

Des fouilles antérieures sur le même site avaient déjà permis de découvrir des fragments de deux autres arcs. Mais le dernier trouvé, intact, permettra sans doute aux chercheurs de préciser certains aspects de la technologie, des stratégies de survie et de l’organisation sociale des premières communautés paysannes à s’installer dans la péninsule ibérique.

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samedi, 21 avril 2012

Intrigas y petróleo: a propósito de YPF

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Intrigas y petróleo: a propósito de YPF

Alberto Buela (*)

En estos días llegó a mis manos una nueva edición de Del poder al exilio: quiénes y como me derrocaron, un texto de 1955 del general Perón, quien ya en su primera página afirma: “nosotros fuimos víctimas de la sorda lucha por el petróleo… el objetivo era impedir que los recursos petrolíferos argentinos fuesen explotados de manera de concurrir al desarrollo industrial del país... No es difícil comprender que en materia de petróleo, los capitales definidos como europeos son esencialmente británicos” 
Esta cita de Perón viene como anillo al dedo porque en estos días el gobierno de CFK expropió el 51 % de YPF (yacimientos petrolíferos fiscales) en la parte que poseía la empresa Repsol, dejando al resto de los accionistas en posesión de sus acciones sin incomodarlos.

El periodismo, como patria locutora que se encarga diariamente de  estupidizar a los pueblos planteó el tema como una cuasi guerra entre Argentina y España o como una medida stalinista de estatizar YPF.
Nada de esto es cierto. Primero, porque Repsol, como muy bien observa Antonio Mitre   no es, técnicamente, ni una empresa española ni mucho menos del Estado español. El 42% pertenece a BP (british petroleum) cuando en el 2000 termina de comprar la Amoco, originaria fundadora de Repsol, el 9,5% es de la estatal mejicana Pemex. Repsol declara en España solo el 25% de sus beneficios, y solamente es ésta,  la participación que puede llamarse estrictamente española.
En segundo lugar, el gobierno argentino expropia el 51% pero ni estatiza ni nacionaliza, hablando técnicamente. Pues de este 51%, el 49% pasa a manos de las diez provincias argentinas que poseen petróleo y solo el 51% restante queda en manos del Estado nacional.
Resumiendo entonces, el capital accionario de YPF queda constituido de la siguiente manera:
26% propiedad del Estado nacional
25% propiedad de diez Estados provinciales
24,5% propiedad del grupo Eskenazi
6,5% propiedad de Repsol
6% de la secular banca Lazard freres
5% de la banca Eton Park (Goldman Sachs, Mindich y Rosemberg)
5% de inversores no identificados
2% de la Bolsa de Valores de Buenos Aires (grupo Werthein)

Vemos como el Estado nacional posee solo el 26% y nadie nos asegura que los diez Estados provinciales funcionen al unísono y de acuerdo con él.
Pero por otra parte, y esto es lo que nos llama la atención, el grupo financiero Eskenazi que posee en Argentina la constructora Petersen (contratista del Estado) y los Bancos de las provincias de Santa Fe, San Juan, Entre Ríos y Santa Cruz (la provincia de los Kirchner) es abiertamente pro sionista. Prueba de ello es que al salón principal de la Amia (la mutual israelita) le fue cambiado el nombre por el de “Gregorio Eskenazi”, el abuelo de Sebastián el último gerente de YPF y padre de Enrique, la cabeza del grupo.
Además la sociedad del grupo que controla el 24,5% de YPF tiene su domicilio en Nueva Zelanda y no en Argentina.
Si a este porcentaje sumamos el 2% del grupo Werthein más el 6 % de la banca Lazard y el 5% de Goldman Sachs, dos bancas internacionales abierta y declaradamente sionistas, vemos que el 37,5% de YPF está controlado por el sionismo internacional.

Podrá el interventor por el Estado argentino Axel Kicillof, nieto de un reconocido rabino, lidiar en contra de los intereses de sus “paisanos” y a favor de los intereses de nuestro país?
Es una pregunta muy difícil de responder.
Este es uno de los motivos por los cuales la CGT sacó un comunicado avalando la expropiación de YPF pero afirmando, al mismo tiempo, “esperamos que no haya pícaros, como en la privatización, que quieran sacar provecho personal de este acto de soberanía”. Ojalá podamos recuperar el control y manejo de nuestros recursos naturales para beneficio del pueblo argentino.

Volvamos a la cita de Perón “los capitales del petróleo son esencialmente británicos”. Y esto ha sido históricamente así, al menos en el caso argentino. País que ya antes de liberarse del dominio español había caído bajo el domino británico, pues con motivo de las primeras invasiones inglesas de 1806 y aún cuando Inglaterra fue derrotada, nos dejaron de regalo a los comerciantes y prestamistas ingleses. En 1824 el gobierno de Rivadavia pidió un empréstito a los hermanos Baring y nunca más nos liberamos de “Incalaperra”, como dice el Martín Fierro.
Respecto del petróleo sabemos que fue descubierto en 1913 en la zona costera de la Patagonia y que en 1922  , y al negarse Gran Bretaña a vender gasolina para los aviones argentinos, el gobierno de Yrigoyen decide fundar YPF y pone al frente al General Mosconi quien, terminado su mandato es reemplazado por el General Alberto Baldrich hasta que el golpe de Estado de 1930 lo desplaza de la dirección de la empresa.
En 1958 el presidente Frondizi, contradiciéndose de lo afirmado en su libro Petróleo y política abre las puertas de par en par a la inversión privada extranjera.
En 1963, el gobierno radical de la misma raigambre ideológica de Yrigoyen, anula los contratos petroleros. Y comienza una burocratización de YPF que llega a 50.000 empleados. Llegando a ser la única compañía petrolera del mundo que daba pérdidas.
En 1974, el gobierno de Isabel Perón nacionaliza las bocas de comercialización de petróleo.
En 1992, bajo la nefasta presidencia Menem, se privatiza la empresa y en 1999 Repsol adquiere la casi totalidad de las acciones.
En 2007, el grupo Eskenazi de estrecha vinculación con Néstor Kirchner, adquiere el 14,5% de las acciones que le vende Repsol y en 2010 compra otro 10%.

Es digno de destacar que en la historia del siglo XX, ninguna empresa petrolera del mundo se ha vendido sin una guerra mediante. Ningún Estado nacional, teniendo una empresa propia, la entregó sin haber antes ido a una guerra para defenderla.
En América del Sur, norteamericanos e ingleses desataron una guerra en 1935 entre Bolivia y Paraguay para dirimir sus cuestiones petroleras en zona del Chaco boreal. Es que habían chocado los intereses de las compañías petroleras.
Vimos como Inglaterra nos niega a nosotros en 1922 combustible para nuestro desarrollo aeronáutico.
Modernamente las guerras de Afganistán e Irak son guerras por el control del petróleo.
Incluso países militarmente débiles como México o Venezuela no cedieron a las infinitas presiones para privatizar sus empresas nacionales de petróleo.
El único caso es la Argentina de Menem que vendió a precio de desgüase la petrolera, en esa época, estatal. Paradójicamente, en esa entrega estuvieron los Kirchner, él como gobernador de Santa Cruz y ella como diputada nacional.

La vida te da sorpresas
Sorpresas te da la vida.

Dicen que la esperanza es lo último que se pierde. Saludemos esta medida pero estemos prevenidos.
Sería de esperar que esta expropiación de YPF se enmarque en un plan nacional de manejo de los hidrocarburos. Que no quede en una medida coyuntural. Que no se limite a algo circunstancial como expropiar para expoliar. Qué los directores sean honestos y austeros. En definitiva, que esta medida heroica, por lo riesgosa, tomada por el gobierno nacional  ayude a la recuperación de los valores patrios y al logro de la buena vida de los argentinos.



(*) arkegueta, eterno comenzante
buela@disenso.org
www.disenso.org

vendredi, 20 avril 2012

L'économie du jeu et du crime au secours de l'emploi en Espagne

L'économie du jeu et du crime au secours de l'emploi en Espagne

Ex: http://www.europesolidaire.eu/

Nous espérons que nos amis espagnols vont s'opposer fermement, y compris par la force, au projet de l'investisseur maffieux américain Sheldon Adelson visant à installer en Espagne un réseau de salles de jeu et d'hôtels (de prostitution) présenté comme susceptible de créer 300.000 emplois.

Ce projet, baptisé EuroVegas, que seul aujourd'hui Russia Today dénonce avec la vigueur nécessaire,  montre bien comment les pouvoirs financiers et politiques américains profitent de la crise qu'ils ont en grande partie provoquée en Europe pour dépecer ce continent morceau par morceau. Après EuroDisney, ce sera désormais EuroVegas, mais autrement moins innocent.

Sources:

* Article de RT: http://rt.com/news/gambling-casino-tychoon-madrid-779/
* Voir aussi sur le site Dedefensa http://www.dedefensa.org/article-eurovegas_ou_la_civilisation_du_casino_au_bordel_12_04_2012.html

 

Jean Paul Baquiast

samedi, 14 avril 2012

La guérilla espagnole contre l'armée napoléonienne

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Ex: http://anti-mythes.blogspot.com/

La guérilla espagnole contre l'armée napoléonienne sous l'éclairage de Carl Schmitt

 

C’est dans le contexte des guerres napoléoniennes, et plus précisément à l’occasion de la guerre de résistance espagnole contre l’occupation française, entre 1808 et 1813, que va émerger pour le juriste politique allemand Carl Schmitt (1888-1985) la figure conceptuelle du "partisan" moderne, à savoir d’un "soldat irrégulier" pensé en tant que tel ; à cette occasion, pour la première fois, un cadre juridico-politique explicite lui est conféré. Ce qui ne sera pas sans conséquences quant au droit de la guerre classique qui avait prévalu jusque-là.

LE CONTEXTE HISTORIQUE DU SOULÈVEMENT ESPAGNOL 

Rappelons brièvement les faits : pour établir un "blocus continental" efficace contre la Grande-Bretagne, puissance maritime et commerciale et principale ennemie de la France, Napoléon entendait contrôler l’ensemble de la péninsule ibérique. Il envoya donc Murat avec des troupes en Espagne en 1808, sans provoquer de véritables réactions de la part d’une famille royale espagnole par trop affaiblie. Dans ce contexte de décomposition du pouvoir royal légitime, une première émeute populaire à Aranjuez poussa d’ailleurs le roi Charles IV à abdiquer au profit de son fils Ferdinand VII dans l’espoir de stabiliser la situation politique.

Mais l’entrée de Murat dans Madrid provoqua une véritable insurrection, celle du 2 mai, que le général français réprima durement. Sous la pression de Napoléon, Ferdinand VII abdiqua à son tour au profit, cette fois, de Joseph Bonaparte, frère aîné de l’Empereur, qui fut reconnu par une assemblée de notables Afrencesados (1). Mais le soulèvement du peuple était déjà quasi général. Il fut formellement encadré par des Juntas (juntes militaires) auto constituées qui refusèrent de reconnaître le coup de force français et qui, au nom du roi pourtant déposé, allaient diriger une résistance à l’occupant. Cette résistance héroïque rassembla, dans un premier temps, troupes régulières et civils en armes, ces derniers devant progressivement en constituer l’âme. Dès juin 1808, en effet, commença ce qu’on appellera bientôt une "guérilla" – le terme en tant que tel n’apparaîtra qu’en 1812 – qui se développa au fur et à mesure des défaites de l’armée régulière espagnole face à Napoléon. Ces défaites successives pousseront d’ailleurs de nombreux déserteurs à accroître le nombre de ces partisans. Ce qui va intéresser au premier chef Carl Schmitt dans la guerre de résistance espagnole à Napoléon, c’est précisément le fait que "le partisan de la guérilla espagnole de 1808 fut le premier à oser se battre en irrégulier contre les premières armées régulières modernes" (Schmitt, La notion de Politique – Théorie du Partisan, préface de Julien Freund ; traduction de Marie-Louise Steinhauser, Paris, Calmann-Lévy, 1972, page 214). Par "armées régulières modernes", il convient ici d’entendre celles issues des expériences de la Révolution française qui sont à l’origine d’une reformulation radicale du concept de "régularité" hérité de l’âge classique, et dont – aussi paradoxal que cela puisse paraître de prime abord – le "partisan", en tant que combattant irrégulier, constitue en quelque sorte le produit.

DE LA NOTION PROBLÉMATIQUE "D’IRRÉGULARITÉ"

Comme le relève Schmitt, il se trouve que "la différence entre combat régulier et combat irrégulier est fonction de la nette définition de ce qui est régulier et une antinomie concrète donnant lieu à une délimitation du concept n’apparaît qu’avec les formes modernes nées des guerres de la Révolution française" (op. cit., p. 213). Jusque-là avait prévalu un droit interétatique classique – le Jus Publicum Europaeum – au sein duquel le phénomène de l’hostilité était maintenu dans le cadre de guerres limitées, apanage exclusif des princes contre un ennemi stricto sensu "conventionnel". La principale caractéristique de ce droit classique résidait dans le fait qu’il comportait des distinctions nettes entre guerre et paix, entre combattants et non-combattants, entre un ennemi et un criminel. Et, comme le souligne Schmitt, "en regard de cette régularité toute classique" (op. cit., p. 218), l’idée même de soldat irrégulier était tout simplement inconcevable : "Le droit classique de la guerre (…) ne laisse pas de place au partisan au sens moderne. Ou bien celui-ci est, comme dans la guerre au XVIIIe siècle, qui est une affaire entre cabinets, une espèce de troupe légère, particulièrement mobile mais régulière, ou bien il est un criminel particulièrement méprisable, et il est alors tout simplement un hors-la-loi" (op. cit., p. 219). 

Cette alternative tranchée est remise en cause à l’issue des bouleversements révolutionnaires, sur la base d’une délimitation nouvelle de la notion de "régularité", lorsque la notion d’État dynastique est reformulée comme État national et que l’armée des princes est conduite à se transformer en armée nationale. Schmitt discerne d’ailleurs la faillite du droit classique dans cette configuration juridico-politique qui voit la "victoire du civil sur le soldat le jour où le citoyen passe l’uniforme tandis que le partisan le quitte pour continuer à se battre sans uniforme" (op. cit., p. 306). À cet égard, loin de constituer une anomalie, l’émergence de la figure du partisan, en tant que combattant irrégulier, face à cette nouvelle "régularité" post révolutionnaire, ne constitue somme toute que l’une des deux faces d’un même Janus, celle du soldat-citoyen. En déferlant sur toute l’Europe continentale, le nouvel art militaire de l’armée napoléonienne, comme héritier de cette mutation fondamentale, va se trouver être, à la fois, vecteur et victime de ce nouveau modèle, dans la mesure où la guerre de l’âge classique, qui ne peut plus que faire figure de jeu conventionnel, va laisser la place à de véritables guerres des peuples, dont la guerre de résistance espagnole n’est que le premier d’une longue suite d’avatars. Ce qui intéresse Schmitt, c’est précisément de montrer que l’apparition du partisan en Espagne entérine une situation inédite qui a transformé l’ennemi "conventionnel", au cœur des guerres limitées que se livraient les princes dans le droit classique, en ennemi pour le coup bien "réel", au cœur de guerres devenues nationales : "L’élément principal de la situation du partisan de 1808 est qu’il risque le combat sur le champ limité de son terroir natal, alors que son roi et la famille de celui-ci ne savaient pas encore très bien quel était l’ennemi réel" (op. cit., p. 215).

En dépit de l’aura involontaire dont Ferdinand VII bénéficiait auprès de son peuple et qui l’a préservé, malgré lui, d’une condamnation sans appel de l’Histoire, ses hésitations devant l’événement majeur qui se joue s’expliquent sans doute par le fait qu’il se situe toujours par rapport à un droit classique de la guerre dérivé du Jus Publicum Europaeum. En revanche, le partisan espagnol, lui, appartient déjà au monde nouveau qui est en train d’advenir en matière stratégico-politique. "Seul le partisan espagnol rétablit le sérieux de la guerre, et ce fut contre Napoléon, c’est-à-dire dans le camp défensif des vieux États continentaux européens dont la vieille régularité devenue convention et jeu n’était plus en mesure de faire face à la nouvelle régularité napoléonienne et à son potentiel révolutionnaire. De ce fait, l’ennemi redevint un ennemi réel, la guerre, une guerre réelle. Le partisan défenseur du sol national contre le conquérant étranger devint le héros qui se battait réellement contre un ennemi réel" (op. cit., p. 304-305).

Mais l’apparition du phénomène du partisan n’allait pas forcément de soi pour des esprits encore largement imprégnés de l’idée de la vieille "régularité" militaire. Paradoxalement, c’est peut-être dans cette perspective qu’on peut saisir la portée des diverses tentatives juridiques de "régularisation" de la guerre de partisans par ce qui restait de l’État espagnol légitime ou de ce qui s’en réclamait alors, en l’occurrence les Juntas militaires.

LE PRÉCÉDENT EN 1808 D’UNE LÉGITIMATION DE LA GUERRE DE PARTISANS PAR LA JUNTA DE SÉVILLE

Ce qui est en effet capital dans l’apparition de cette forme de guerre irrégulière espagnole, c’est qu’elle va recevoir de la part de Juntas militaires régionales et/ou nationales, une sorte de réglementation juridico-politique – fait sans précédent dans l’Histoire – lui conférant une légitimité inédite rendue nécessaire par les circonstances. La passivité, face à l’envahisseur français, d’un gouvernement dépassé par les événements devait mettre au premier plan ces Juntas militaires, d’une part, les guérillas, d’autre part. Un premier cadre juridico-politique est donné dès le 6 juin 1808 par la Junta Suprema de Gobierno de Espana e Indias (la Junte de Séville), auto-constituée le 28 juin 1808, et qui déclare la guerre à l’Empereur Napoléon en ces termes : "… Nous déclarons la guerre sur terre et sur mer à l’Empereur Napoléon Ier et à la France, dont nous supportons la domination et le joug tyrannique ; et nous demandons à tous les Espagnols d’œuvrer hostilement à leur encontre et de leur causer le plus de dommages possibles selon les lois de la guerre" (Blanch, Historia de la guerra de la Independencia en Cataluna, Barcelone, 1968, p. 64).

Cette dernière précision a ceci de paradoxal et d’étrange qu’elle méconnaît le fait que la guerre patriotique espagnole n’est déjà plus une guerre de l’âge "classique". Les dites "lois de la guerre", selon la conception classique dans laquelle, comme le rappelle Schmitt, « l’ennemi a son statut », et dans laquelle "il peut être imposé des limites à la guerre" (Schmitt, op. cit., p. 12), sont d’ores et déjà sapées par la nouvelle forme d’hostilité "réelle" développée par la guerre de partisans qu’on cherche illusoirement à réglementer. Sans que ces auteurs en mesurent peut-être toutes les conséquences à terme, cette déclaration de juin 1808 apparaît comme le précédent le plus direct de légitimation de la guerre irrégulière. Il est complété le jour même par un second texte. Celui-ci, intitulé Prevenciones, s’adresse au peuple espagnol pour qu’il sache que certaines mesures sont indispensables à la bonne conduite de la lutte contre l’ennemi : "Il faut éviter les actions générales et privilégier les initiatives individuelles. Il est nécessaire de ne pas laisser l’ennemi se reposer un instant, de harceler sans répit ses flancs et son arrière-garde, de l’affamer, d’intercepter ses convois de vivres, de détruire ses entrepôts et de lui couper toutes les voies de communication entre l’Espagne et la France d’autre part" (Queipo de Llano, Historia del Levantamiento, Guerra y Revolucion de Espana, Madrid, 1835-1837, p. 232-233). 

Ainsi est en train d’être "régularisée" une guerre de partisans dont la Junta pressent pourtant d’ores et déjà les éventuelles dérives, ce qui apparaît clairement dans l’article final des Prevenciones : "Il s’agira de faire comprendre et de persuader la nation que libérés, comme nous l’espérons, de cette guerre cruelle, et le trône à nouveau entre les mains de notre seigneur et Roi Ferdinand VII, les Cortes, sur sa convocation, réformeront les abus et établiront les lois dictées par l’expérience, pour le bien et la félicité publics ; deux notions que les Espagnols connaissent sans que les Français aient eu à les leur enseigner" (Queipo de Llano 1835, p. 233). 

Pour l’heure, la Junta de Séville fait figure localement de pouvoir suprême, à l’image d’un organe de souveraineté nationale (comme les autres Juntas provinciales), et apparaît donc pour les Espagnols politiquement "compétente", dans la mesure où elle se réclame de l’ancien pouvoir légitime du roi Ferdinand VII. C’est bien à ce titre qu’elle ordonne d’ailleurs l’enrôlement massif de partisans comme auxiliaires des dernières troupes régulières espagnoles combattant encore Napoléon.

LE TOURNANT DE L’AUTOMNE 1808

La méthode paraît pour un temps donner de bons résultats puisque, le 19 août 1808, advient la première défaite française, celle de Baylen, face à 40.000 hommes de troupes régulières espagnoles unies à un noyau de volontaires et de francs-tireurs et au peuple andalou en armes. Ce succès ponctuel entretient en fait l’illusion sur les capacités réelles de l’armée régulière espagnole de résister durablement à l’armée napoléonienne. En effet, à l’automne 1808, devant les mauvais résultats de son armée, Napoléon, pour résoudre rapidement le problème espagnol avant de se mesurer à l’Autriche, décide de prendre en personne, le commandement des troupes le 6 novembre 1808. En virtuose militaire qu’il est, il retourne la situation en très peu de temps, remportant victoire sur victoire, et entre à Madrid le 4 décembre 1808 où il réinstalle aussitôt son frère Joseph. En Catalogne, le 15 décembre, le général Vivès est battu et lève le siège de Barcelone. Saragosse, assiégée pour la seconde fois par les Français le 20 décembre, capitule le 20 février 1809 en dépit d’une résistance héroïque. 

La confiance relative qui perdurait dans ce qui restait de l’armée "régulière" espagnole née de la bataille de Baylen, s’en trouva considérablement altérée. La guérilla espagnole reste alors seule à s’opposer à l’envahisseur français et va, pour cette raison, prendre une ampleur inégalée. Comme le souligne Schmitt : "À l’automne de 1808, Napoléon avait vaincu l’armée régulière espagnole ; la guérilla espagnole proprement dite ne se déclencha qu’après cette défaite de l’armée régulière" (op. cit., p. 214). C’est à partir de là, en effet, que les Espagnols commencèrent véritablement à organiser des bandes de partisans sur une grande échelle pour continuer la résistance à Napoléon.

LE MANIFESTE DU 28 DÉCEMBRE 1808

Dans ce contexte d’échecs militaires retentissants pour ce qui se réclamait encore de l’armée régulière espagnole, la Junta Centrale , abasourdie, se réunit à Séville et publie le 28 décembre 1808 le Reglemento de partidas y cuadrillas, qui reprend en l’accentuant l’esprit du règlement de juin 1808. Ce règlement du 28 décembre 1808, en trente-quatre articles, est le premier texte réglementaire de portée nationale. On n’y parle cependant pas encore de "guérillas" ni de "guérilleros". À cette époque, le terme "guérilla" n’est pas encore intégré dans la terminologie de la guerre patriotique espagnole. Il a toujours sa signification technique, dérivée de la guerre classique, de "ligne de tirailleurs devant attaquer l’ennemi de front et sur ses flancs, ou troupe légère utilisée pour les reconnaissances et les escarmouches". Il renvoie encore au "partisan" du XVIIIe siècle, celui qui appartient à un "parti", ou détachement battant la campagne, à l’un de ces détachements dont le maréchal de Saxe écrivait qu’ils pouvaient traverser un royaume entier sans être repérés.

Dans le règlement de décembre 1808, on parle plus spécifiquement de partida, ("bande"), qui signifie, d’après Almirante dans le Dictionnaire Militaire, "toute troupe peu nombreuse", aussi bien régulière qu’irrégulière, et de cuadrilla , littéralement "troupe", "bande". Les partidas, sans spécification notable quant à leurs effectifs, rassemblent toutes sortes d’individus à l’exclusion des alistados ou solteados (les appelés aux armées). Les cuadrillas sont, quant à elles, des bandes de contrebandiers de "mer et de terre". Lorsque ce règlement est publié, des actions de partisans existent déjà depuis huit mois. Mais elles sont appelées à se développer. Ces dispositions légales tendent, en fait, à les assujettir autant que faire se peut à des règles dans lesquelles l’esprit militaire dominerait. Les principaux points abordés dans le règlement ont trait à la finalité de la guerre de partisans, à la composition des unités, à la collation des grades, à l’armement, aux soldes, aux règles de discipline et au butin.

Les deux types d’unités distinctes que sont les partidas et cuadrillas se trouvent donc mises sur pied avec pour mission d’assurer la sécurité du pays en semant la terreur et la désolation chez l’ennemi. Les partidas, d’abord, forment des groupes d’environ une cinquantaine d’hommes à pied et à cheval. Le commandement, et c’est important, est assuré par un chef du grade de commandant, un second, deux subalternes à cheval et trois à pied, ayant respectivement les grades militaires réguliers de lieutenant de cavalerie, sergent, et ainsi de suite. Les articles 24 et 28 visent à encadrer avec une certaine souplesse ces unités "irrégulières" en adoptant la structure des armées opérationnelles, à la fois pour éviter une trop grande anarchie et pour opérer sur l’ennemi avec le plus de rapidité et d’efficacité possibles. On retrouve là deux des traits essentiels dans la perspective d’une "théorie du partisan" selon Carl Schmitt, traits le plus souvent liés, sinon indissociables, et qui font figure de critères pour définir le partisan moderne en train d’advenir en Espagne ; à savoir : "l’irrégularité" et "le haut degré de mobilité du combat actif" (op. cit., p. 229) – la mobilité n’impliquant pas l’irrégularité, mais celle-ci impliquant nécessairement celle-là. Il est en outre prévu de répartir ces unités "irrégulières" dans les différentes divisions de l’armée en les soumettant aux ordres des généraux respectifs qui leur sont donnés comme chefs, ainsi qu’un adjoint. On voit bien l’intention des autorités de faire des partidas une émanation de l’armée "régulière". Pourtant, en contraste avec les règles militaires précitées, l’article 26 précise : "Les chefs locaux (ceux de l’armée qui encadrent les bandes de partisans) devront laisser agir les partisans avec le plus de liberté possible, tout en les gardant à leur disposition, pour la bonne conduite des opérations" (Horta Rodriguez, "La législation de la guérilla espagnole dans l’Espagne envahie (1808-1814)", in Revue historique des Armées, 1986/3, p. 33).

Il convient ici de s’interroger sur la raison d’être du cadre juridico-politique conféré aux bandes de "partisans". Les rédacteurs du règlement savent pertinemment qu’il existe déjà depuis juin des groupes de partisans plus ou moins nombreux. Le règlement "reconnaît" donc une nouvelle fois leur existence et légitime leur lutte au regard de l’occupation française. Mais à cela s’ajoutent d’autres motivations ou plutôt, devrait-on dire, d’autres soucis. Il est intéressant de savoir que "ceux qui auront accompli leur temps de service obtiendront une place dans la Renta (2) ou d’autres postes selon les circonstances" (Horta Rodriguez, p. 33).

Cela prouve le souhait déclaré de réintégrer à moyen terme le "partisan" dans l’armée "régulière", ou à défaut dans une forme de "régularité" quelconque. Enfin, le butin fait l’objet d’une réglementation minutieuse. La répartition du butin sera proportionnée à la solde et personne ne pourra s’immiscer dans sa distribution pour prévenir de la sorte toute forme éventuelle de contestation.

Les mêmes règles s’appliquent aux cuadrillas. Dans les faits, on tente bel et bien d’organiser, par ce biais, les contrebandiers qui agissent "au grand préjudice du trésor royal" (Horta Rodriguez, p. 34). L’article 19 est directement conçu à leur intention. Avant tout, il apparaît nécessaire de leur reconnaître une légitimité "politique" en louant leur valeur, leur intrépidité, leurs talents militaires pour conclure que, "n’ayant pu trouver une activité qui leur permette de s’épanouir, ils se sont lancés dans la contrebande". On leur promet, en tout cas, désormais "une carrière glorieuse et utile à l’État dans les circonstances actuelles" (Horta Rodriguez 1986 : 34). C’est leur statut qui s’en trouve ainsi radicalement modifié. On attribue en effet à cette activité "irrégulière", voire illégale en d’autres temps, mais si populaire en Espagne, le privilège en quelque sorte juridique de s’exercer en toute quiétude puisque cela sert la fin politique de la résistance à l’envahisseur français. Le péril couru par la Nation espagnole autorise en quelque sorte le recours à tous les palliatifs. En conséquence, on pardonne les crimes passés aux contrebandiers se présentant dans les huit jours devant le chef militaire ou politique, et qui se verront accorder une reconnaissance politique faisant d’eux des "partisans" et non de simples bandits de grand chemin.

Pour Schmitt justement, outre l’irrégularité, "un autre critère distinctif qui s’impose aujourd’hui à notre attention réside dans l’engagement politique qui caractérise le partisan de préférence à d’autres combattants" (op. cit., p. 224). Et c’est ici qu’il faut souligner l’importance cardinale du "tiers intéressé", qui se trouve être un "tiers régulier", dont parle Schmitt : en l’occurrence, les Juntas militaires qui se réclament de la légitimité royale et, au-delà, la puissance anglaise qui reconnaît le "partisan" comme un allié. C’est en effet ce tiers "qui procure cette sorte de reconnaissance politique dont le partisan qui combat en irrégulier a besoin pour ne pas tomber, tel le bandit et le pirate, dans le domaine non politique, ce qui signifie ici : dans le domaine de la criminalité" (op. cit., p. 290). C’est toute la subtilité de cette dimension politique qui confère au "partisan" son statut et qui a rendu le sujet tellement polémique jusqu’à nos jours.

LES NOUVELLES DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES DE 1809

"L’institutionnalisation" de la guérilla va se renforcer avec l’adoption de plusieurs dispositions. Elles sont au nombre de trois, en date respectivement du 1er janvier, du 28 février, et du 20 mars 1809. Elles contiennent les soubassements d’une guerre de partisans strictement définie, tout autant que les problèmes que celle-ci ne cessera de soulever.

La première disposition entend contrôler étroitement les Juntas provinciales qu’elle transforme en simple Juntas "d’observation et de défense". Celles-ci constituaient un des supports les plus efficaces pour l’esprit de résistance alimenté par des hommes qui défendaient avec ardeur la patrie de leurs ancêtres, le foyer familial, la terre qu’ils travaillaient, leur religion, et un mode de vie fermé aux ingérences étrangères. C’est là qu’on saisit avec une acuité toute particulière "le quatrième critère distinctif du partisan authentique" selon Carl Schmitt, "ce que Jover Zamora (3) a appelé son caractère tellurique. Celui-ci est très important pour la situation fondamentalement ‘défensive’ du partisan…" (op. cit., p. 229). Au reste, ces partisans étaient bien, comme le souligne encore Schmitt, "les défenseurs autochtones de la terre natale qui mouraient pro aris et focis, les héros nationaux et patriotiques (…) tout ce qui était réaction d’une force élémentaire, tellurique vis-à-vis d’une invasion étrangère (…), légitimité de son irrégularité de partisan" (op. cit., p. 288).

La seconde disposition, celle du 28 février, est un ordre royal émanant de la Junta Centrale : "La junte souhaitant donner une impulsion puissante en faisant appel à l’intérêt individuel, aux grandes motivations qui entraînent les habitants du royaume dans la lutte contre l’ennemi afin de lui causer le plus de tort possible, il a été décrété que les armes de toutes espèces, les chevaux, les vivres, les bijoux et l’argent qui seront pris à l’ennemi, par quelque particulier que ce soit, seront la propriété de celui qui les aura pris. Le droit de préférence dans l’achat des canons, armes, chevaux resteront à Sa Majesté ou au Trésor Royal ; le montant de ces choses leur sera payé avec ponctualité" (Horta Rodriguez, op. cit, p. 36).

La dernière des trois dispositions est le Manifeste édicté par la Junta Centrale le 20 mars 1809. Il reproche notamment aux généraux français les mauvais traitements infligés aux prisonniers et leur enjoint de considérer que tout Espagnol en mesure de prendre les armes est, aux yeux de la Junta un soldat de la patrie et doit être traité en conséquence par l’armée française – mais de manière unilatérale, et c’est précisément là tout le problème. Ce manifeste laisse entrevoir les conséquences et les difficultés insurmontables que fait surgir le "partisan" dans le droit classique de la guerre dont la Junta se réclame, alors même qu’elle légitimise ce type de combattant irrégulier. Comme l’explique Schmitt, en effet, "plus la discipline d’une armée régulière est stricte, plus elle est scrupuleuse dans sa distinction entre militaires et civils en ne considérant comme un ennemi que le seul adversaire en uniforme, et plus elle deviendra ombrageuse et irritable si, dans l’autre camp, une population civile qui ne porte pas l’uniforme participe, elle aussi, au combat. Les militaires réagiront par des représailles en fusillant, en prenant des otages, en détruisant des localités et ils tiendront ces mesures pour légitime défense face à des manoeuvres perfides et sournoises". (op. cit., p. 246-247). À cet égard, l’armée française est effectivement confrontée au problème du "traitement" à accorder à tout Espagnol pris les armes à la main, problème qu’elle ne parvient pas à résoudre, sinon le plus souvent par des exécutions sommaires, faisant de cette guerre d’Espagne l’une des plus cruelles et des plus horribles, et déjà perçue comme telle par ses contemporains. Le Manifeste poursuit en faisant allusion à la lutte de tout un peuple contre la tyrannie et l’envahisseur en ces termes : "Tout membre de cette nation doit trouver la protection des lois de la guerre, le général qui ne les respecte pas est un bandit qui s’expose à la colère du ciel et à la vengeance des hommes" (Canga-Arguelles, p.107).

Mais cela relève de l’anathème pur et simple dans la mesure où l’on touche là à une espèce de paradoxe : ce paradoxe réside dans le fait d’en appeler à des "lois de la guerre" d’un droit classique de la guerre, alors même que l’émergence de la figure du "partisan" les rend, de fait, caduques. Ces problèmes insolubles vont prendre une ampleur sans précédent avec le dernier règlement de 1809, intitulé "Instruction sur le corso terrestre".

"L'INSTRUCTION SUR LE CORSO TERRESTRE" D’AVRIL 1809

Le second grand texte réglementaire de portée nationale, "l’Instruction sur le corso terrestre" (4) du 17 avril 1809 suit le même esprit que les trois dispositions du début de l’année 1809. Ce texte, comportant dix-huit articles, a pour but de donner des directives concrètes aux "partisans", et, ipso facto, en détermine la figure "irrégulière". Le terme de "corso terrestre" est une alliance de mots circonstancielle (5), celle-là même qui consisterait à parler d’un "corsaire de terre", par opposition à un "pirate de terre".
D’après la doctrine traditionnelle espagnole, le corso a pour but d’empêcher l’ennemi de pouvoir se servir, lorsqu’il en a besoin, des voies de communication sur mer. Le corso est donc l’oeuvre du combattant qui, en état d’infériorité, ne peut livrer une bataille décisive ni détruire la force armée de l’ennemi. Ces similitudes avec ce que sera la guerre de partisan ne s’arrêtent pas là. Ce sont des forces peu nombreuses qui luttent contre un ennemi omniprésent et qui, en l’absence d’une lettre de patente, comme celle qui était accordée au corsaire des siècles précédents, risquent constamment de sombrer dans le brigandage. La distinction entre corsaire et pirate s’avère essentielle. Schmitt insiste sur l’importance discriminante du critère politique : "le caractère politique a (dans l’ordre inverse) la même structure que chez le pirate du droit de la guerre maritime dont le concept inclut le caractère non politique de son aspect néfaste qui vise le vol et le gain privé" (op. cit. p. 224). Par conséquent, poursuit Schmitt, il faut éviter de désigner le partisan, "de le définir comme un pirate de la terre ferme". Le comportement du "pirate" est sans référence aucune à une quelconque "régularité". Et d’ajouter : "Le corsaire, au contraire, court la prise de guerre sur mer et est muni de lettres par le gouvernement d’un État ; son irrégularité à lui n’est donc pas sans lien avec la régularité et c’est ainsi qu’il resta jusqu’à la déclaration de Paris de 1856 une figure juridiquement reconnue du droit international européen. De ce fait, une certaine comparaison est possible entre le corsaire de la guerre sur mer et le partisan sur terre…" (op. cit., p. 284).

Les projets et motivations de ce "corso terrestre" de 1809 se trouvent, pour l’essentiel, exposés dans le préambule de "l’Instruction" : à l’instar du "corso maritime", le "corso terrestre" a pour but principal d’anéantir les communications terrestres de l’ennemi. Ordre est donné d’entraver "l’approvisionnement en vivres et en moyens de subsistance de l’armée française dans le pays (…), de faire de même avec les courriers, d’observer leurs déplacements (…), de tenir les Français dans un état d’alerte et de fatigue permanentes (…) en leur faisant le plus de mal possible" (Horta Rodriguez , p. 37).

De cet ensemble de projets visant à durcir la conduite de la guerre en Espagne se détache la motivation qui justifie et légitime aux yeux des Espagnols cette guerre d’un nouveau type. Le préambule de "l’Instruction" stipule d’emblée : "Maintenant que nous connaissons la manière la plus vile que Napoléon a utilisée pour détruire et désorganiser la force militaire espagnole (…), n’est-il pas évident qu’il revient aux paysans de se regrouper pour combattre ses armées ?" (Horta Rodriguez, p. 38).

Les autorités n’ont pas eu le temps d’enrégimenter les Espagnols ni de leur donner un uniforme ; mais tous sont néanmoins des soldats pour ces mêmes autorités. Si le règlement de 1808 cherchait à "militariser" les bandes de "partisans", "l’Instruction sur le corso terrestre", de son côté, met plutôt l’accent sur les représailles qui entendent constituer la réponse aux actions ennemies. Dans le même texte, on souligne d’ailleurs le fait que l’ennemi ne reconnaît pas un statut de combattants aux paysans et en fait "d’innocentes victimes" (Horta Rodriguez, p. 37). On retrouve – posé de manière de plus en plus nette – le problème précédemment évoqué par le Manifeste de la Junta Centrale du 20 mars 1809 sur le "statut" des combattants lorsqu’apparaît la figure du "partisan", lequel ne permet plus de faire une distinction nette entre le combattant et le non-combattant. En 1809, les paysans majoritaires dans les rangs des partisans ne pratiquent pas une guerre "réglée", avec des limites bien définies. L’ennemi le lui rend d’ailleurs bien. Cette relation d’inimitié absolue tend à l’anéantissement mutuel. C’est ce danger de la "guerre folle", inhérente à la faillite du droit classique, sur lequel insiste Schmitt : "Le partisan moderne n’attend de son ennemi ni justice, ni grâce. Il s’est détourné de l’hostilité conventionnelle de la guerre domptée et limitée pour se transporter sur le plan d’une hostilité différente qui est l’hostilité réelle dont l’escalade de terrorisme en contre-terrorisme va jusqu’à l’extermination" (op. cit., p. 219).

L’objectif principal consiste de fait à mener une guerre "à outrance", susceptible de devenir une guerre encore plus inhumaine. Fait sans précédent, on arme tous les habitants des provinces occupées afin "d’assaillir et de dépouiller" les soldats français "chaque fois qu’une occasion favorable se présentera". Et ce, avec toutes les armes, quelles qu’elles soient, même les "interdites" (Horta Rodriguez, p. 37), ce que ne mentionnait pas le règlement de 1808. C’est de cette manière qu’on souhaite résoudre le problème de la disproportion des forces en présence pour être en mesure de se battre "à armes égales", imitant ainsi "la conduite barbare du satellite de Buonaparte » – pour reprendre les termes du texte – afin de « guérir le mal par le mal" (Horta Rodriguez, p. 37). La forme inhumaine que va prendre cette guerre est inhérente à la justification que tous les moyens sont bons pour pouvoir lutter "à barbarie égale". Le fait sans précédent, c’est de l’institutionnaliser. Il n’échappe naturellement pas à Alcano Galiano, l’auteur du "corso", que les raisons qui le sous-tendent sont dépourvues de noblesse, mais son règlement qui, pour la première fois, préconise la guerre totale, est présenté comme une réponse imposée par l’adversaire et un mode de combat induit par les circonstances. C’est pourquoi, "l’Instruction sur le corso" est, par nécessité, plus expéditive, plus cruelle et moins "militaire" que le règlement de 1808.

Après les motivations, examinons plus en détail l’organisation. Les paysans peuvent se regrouper en "cuadrillas d’infanterie et de cavalerie". La plupart des combattants "irréguliers" peuvent se grouper en cuadrillas, même loin du territoire occupé, dans les provinces limitrophes, ou proches de celles qui sont occupées. Mais, dans ce dernier cas, les cuadrillas ayant moins de raison d’être que celles de la zone occupée, doivent demander la "permission de justice" pour se constituer. Cette limitation témoigne du fait qu’on tente, dans cette guerre "irrégulière" sans règles fixes, de poser un cadre juridique minimal susceptible d’éviter, malgré tout, de véritables dérives "criminelles". De même, si la "bonne conduite" des membres de ces cuadrillas est reconnue, un passeport leur est alors délivré, lequel est censé les garantir des mauvais traitements par l’ennemi en zone occupée. Signalons enfin que, si la part du butin, dans le règlement de 1808, était accordée proportionnellement à la solde, en 1809, il n’y a dans ces cuadrillas ni solde, ni grade. Le butin est réparti d’un "commun accord", ce qui apparente davantage ce type de guerre au corso maritime auquel il se réfère.

LES DERNIERS TEXTES DE LA GUÉRILLA

Les derniers textes officiels de l’époque relatifs à une réglementation de la guérilla interviennent en 1812 et 1814. Entre 1809 et 1812, beaucoup de choses ont changé pour "l’envahisseur français". Et 1812 constitue d’une certaine manière l’année de la fin pour "l’ordre français" en Europe, et en Espagne plus particulièrement. Certes, le 9 janvier 1812, Valence tombe aux mains des troupes napoléoniennes, mais la guerre entre dans une phase d’offensive de grande envergure du côté des forces hispano-britanniques. Le 19 janvier, les troupes de Wellington conquièrent Ciudad Rodrigo, puis Badajoz, le 7 avril.

En 1812, Napoléon, alors en pleine campagne de Russie, se voit contraint d’ordonner, pour la première fois, le retrait de 30 000 hommes de la péninsule. Ils feront largement défaut sur le front espagnol. De fait, l’offensive de Wellington, le 22 juillet 1812, permit à celui-ci de remporter sur le général français Marmont la victoire des Arapiles. C’est à la suite de ce succès hispano-britannique que fut publié un nouveau règlement. Il prouve combien les Espagnols étaient conscients des dangers pour l’avenir de la nouvelle forme de guerre irrégulière qu’ils venaient pourtant de prôner. Il s’agit d’un reglemento para las partidas de guerillera, en date du 11 juillet 1812. Dans le même esprit, un dernier règlement sera publié en juillet, alors que la guerre était pratiquement terminée : le reglemento para los cuerpos francos o partidas de guerilla .

Le premier règlement du 11 juillet 1812, comportant un préambule et sept chapitres, entend apparaître comme une structure légale (6). Il n’a pas été établi avec précipitation, comme celui de 1808, ou dans le feu de l’action, comme "l’Instruction sur le corso terrestre". Il annonce la "normalisation", qui sera nettement édictée en 1814, lorsque se posera le problème de la réinsertion des guérilleros dans la société.

La stratégie demeure inchangée : "harceler l’ennemi et soutenir l’esprit patriotique des régions envahies (…)". Il faut "couper les routes militaires de l’ennemi, intercepter ses courriers et ses convois, attaquer ses hôpitaux et ses entrepôts" (Horta Rodriguez, p. 39). Le fait de souligner l’attaque des hôpitaux montre à quel point cette guerre est cruelle, faute de règles à respecter. Cela ne signifie pas que tous les guérilleros fussent toujours cruels : la guerre, la conduite de l’ennemi qui ne pouvait être indulgente par ces raisons mêmes, la personnalité des chefs des guérilleros, déterminaient bien souvent leur attitude. Notons, toutefois, qu’aucun des règlements de la guérilla n’a jamais fait allusion aux prisonniers, sujet épineux et vaste s’il en est.

Peut-être en contrepoint des dangers induits par cette forme de guerre sans limites, on cherche désormais à souligner le caractère "militaire" des guerillas de manière bien plus nette que dans le règlement de 1808. Ce caractère "militaire" se concrétise par la dépendance accrue des groupes de "partisans" vis-à-vis du général-en-chef ou du commandant de district, la soumission à la discipline et aux lois militaires, la suspension de fonction en cas de mauvaise conduite. On a le sentiment d’une reprise en main du phénomène par les instances "régulières". Fait capital, la collaboration avec l’armée s’établit dorénavant pour "chaque opération militaire importante". Le commandant a toute liberté d’action avec sa bande de « partisans » dans "l’attente des ordres du général en chef". L’élément nouveau, c’est que, lorsque ces troupes reçoivent des ordres des autorités citées, elles sont tenues de leur obéir en "allant jusqu’à abandonner leurs projets" (Horta Rodriguez, p. 39).

Les problèmes apparaissent lorsqu’on aborde la question du butin des bandes de "partisans", en particulier lorsqu’il s’y trouve des biens appartenant à des Espagnols. Il est établi que tout ce qui est pris devient la propriété exclusive des "partisans", exception faite de ce qui appartient "aux corps constitués de l’armée" ou aux "bons" Espagnols. Les biens pris et abandonnés par l’ennemi doivent, en effet, être rendus à leurs propriétaires, en laissant cependant aux "corps-francs" un quart de la valeur de ces biens. 

Un élément inquiétant apparaît dans ces articles : c’est la notion problématique de "bons" Espagnols, ce qui suppose qu’il y en a de « mauvais » (Horta Rodriguez, p. 40). C’est l’un des aspects inévitables et tragiques de cette guerre patriotique qui tourne parfois à la guerre civile. Sont considérés comme "bons" Espagnols ceux qui soutiennent la lutte contre l’occupant français, et comme "mauvais" Espagnols les Afrancesados, autrement dit appartenant au parti pro-français et considérés comme de vulgaires collaborateurs. Mais, comme toujours dans de tels cas, les abus et les dérapages risquent d’être nombreux. 
Immanquablement se pose la question de savoir si cela n’est pas susceptible de favoriser un banditisme pur et simple. Cela constitue un vrai problème dès lors que le contrôle du "tiers régulier" dont parle Carl Schmitt s’amenuise. De fait, l’article de 1812 enjoint de manière assez problématique, celui qui procède à l’arrestation, d’agir "avec justice", à l’instar du "bandit généreux". On mesure les dangers qui risquent, à terme, de surgir. Par définition, toute "justice" ne peut relever que d’une institution étatique, seule compétente en la matière : en d’autres termes, tout particulier n’est justiciable que devant une institution politique dont la régularité dérive du caractère souverain du pouvoir étatique constitué. Or, le texte autorise un particulier à la rendre en faisant appel à sa "bonne volonté" individuelle. Le règlement de 1812 insiste d’ailleurs sur les relations entre le peuple et les "bandes" (7). Violences et abus sont énumérés, ainsi que les sanctions que leurs auteurs peuvent encourir. Pour chercher à prévenir des dérapages, on interdit d’arrêter ou de poursuivre qui que ce soit, hormis les déserteurs. On révèle ainsi en creux les cas de détention arbitraire commis par quelques bandes qui s’érigent en juges des "mauvais Espagnols".

La comparaison des deux règlements de 1812 et 1814 s’avère particulièrement intéressante pour saisir l’évolution des esprits quant au problème du partisan espagnol. Pour la première fois, en effet, le terme de guerilla apparaît en tant que tel dans une réglementation. L’article II du règlement de 1812 précise que les partidas devront désormais porter le nom de "corps-francs" ; ces derniers préfigurent ceux qui existeront par la suite, notamment en France durant la guerre de 1870. Le règlement de 1814 s’intitule, pour sa part, "Règlement sur les corps francs et les partis de guérilla" – un substantif promis à la postérité.

La reconnaissance des services rendus par les "partisans" est, certes, explicite dans le préambule des deux règlements. Mais des différences entre les deux textes sont manifestes, en partie à cause du changement de conjoncture politique entraînée par la défaite de Napoléon (8) et le désir d’un retour à une normalisation politique. Ainsi, dans le premier règlement, celui du 11 juillet 1812, on exalte encore l’esprit patriotique et on préconise toujours l’augmentation du nombre des guérilleros, en accord toutefois avec les décisions prises aux Cortes, à savoir le parlement espagnol. Mais le préambule de 1812 reconnaissait déjà l’existence de guérillas qui, "profitant du désordre et de la confusion engendrée par les malheurs de la nation, ont abusé de la confiance qu’on avait mise en elles" (Horta Rodriguez, p. 41).

Le règlement du 28 juillet 1814, quant à lui, va jusqu’à porter un jugement très critique sur les précédents règlements et sur la guérilla dont "les circonstances et les troubles passés n’ont pas permis de fixer les règles avec discernement…" (Horta Rodriguez, p. 41). Ce dernier règlement est clairement dicté par le désir de dissoudre les guérillas. De fait, on se prépare à "réformer et dissoudre les bandes de partisans dont la conduite n’a pas été des plus brillantes" (Horta Rodriguez, p. 41). On abandonne non seulement la création de ces "corps", mais aussi l’idée de leur intégration éventuelle dans l’armée, comme cela avait pu être envisagé antérieurement. 

Ainsi, les autorités renforcent des positions héritières de l’Ancien Régime qui trouveront leur consécration lors de la tenue du Congrès de Vienne, entre novembre 1814 et juin 1815. Schmitt considère d’ailleurs que ce Congrès peut se présenter comme une gigantesque œuvre de "Restauration", au sens propre comme au sens figuré : par-delà la "restauration" du principe de légitimité dynastique en Europe se trouve induit celui du droit classique de la guerre, mis à mal par la tornade révolutionnaire. C’est bien ce qu’annonce le règlement espagnol de 1814, qui sonne en fait comme une reprise en main, avec un retour à travers la « régularité » de l’armée, à la légitimité royale, une fois le danger passé.

Le problème délicat entre tous est celui de la réintégration de ces hommes dans la vie civile. Le règlement de 1812 avait prévu d’une manière imprécise mais néanmoins généreuse, la possibilité pour les officiers de la guérilla d’entrer dans l’armée. Le règlement de 1814 réaffirme encore cette possibilité, mais avec beaucoup plus de réserves. Il est stipulé que, "afin de ne pas porter préjudice en aucune manière aux classes méritantes de l’armée, ils occuperont, lorsqu’ils l’auront obtenu, à grade égal, un poste inférieur" (Horta Rodriguez, p.41). On ne saurait être plus explicite.

Les conséquences sur le plan européen induites par l’exemple espagnol de la guérilla et la légitimation juridico-politique qui lui est donnée sont considérables. Les différents règlements pour la guérilla espagnole constituent un précédent et un exemple décisif qui sera repris par d’autres pays en lutte contre Napoléon, notamment à travers l’Édit royal prussien d’avril 1813 – le Landsturm Ordnung –, puis lors de la campagne de Russie, voire bien au-delà. 

Le Congrès de Vienne qui suit la défaite de Napoléon apparaît certes comme une tentative inédite de Restauration de l’ancien nomos européen de la terre et du droit classique qui lui était afférent. Il semble même renvoyer le "partisan" aux oubliettes de l’Histoire. Mais, pour Carl Schmitt, c’était mal mesurer l’importance de ce qui venait de se passer. L’émergence de la figure conceptuelle du partisan au sein d’un cadre juridico-politique sans précédent avait irréversiblement sonné le glas du droit  "classique", et le fait est qu’il sera appelé au destin extraordinaire que l’on sait au XXe siècle.

David RIGOULET-ROZE
http://www.theatrum-belli.com

article paru dans les Cahiers du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense n°18 (2002)

NOTES :

1/ Littéralement "afrancisés", c'est-à-dire membres du parti pro-français.
2/ L'armée royale.
3/ Cf. Jover Zamora (José Maria), "La guerra de la Independencia Espanola en el marco de las guerras europas de liberacion (1808-1814)", in Historia de la guerra 1. La guerra de la Independencia Espanola y los sitios de Zaragoza, Universidad Ayuntamiento de Zaragoza, Saragosse, 1958, 636 pages, p. 41-165.
4/ Instruccion que Sa Majestad se ha dignado aprobar par el Corso terrestre contra los exécritos francesos, soumis par V. Alcala Galiano à la Junte Centrale.
5/ Selon le dictionnaire de la langue espagnole, le corso est "la campagne que les marchands, patentés par leur gouvernement, mènent contre les pirates ou les embarcations ennemies" ; la patente du corso, quant à elle, est une "cédule ou un brevet par lequel le gouvernement d'un État qui autorise un sujet à participer à l'expédition maritime contre les ennemis de la nation". Cf. Dictionario de la lengua espanola, Real Academia Espanola, Madrid, 1956, p. 374.
6/ Le règlement de 1812 fut publié à Cadix par Don Nicolas Gomez Requena.
7/ La régence avait déjà tenté de corriger par des décisions de portée limitée les abus que les règlements antérieurs n'ont pu que favoriser. Ainsi, le 15 septembre 1811, elle avait donné des instructions pour dissoudre les cuadrillas qui causent des torts à la population.
8/ La campagne de Russie s'achève en novembre 1812 par la Bérézina, et 1813 est l'année de la coalition générale contre Napoléon (Autriche, Russie, Prusse), lequel sera vaincu à la bataille de Leipzig en octobre 1813.

jeudi, 12 avril 2012

Le nouveau plan d’austérité de Rajoy, le coup de grâce pour l’Espagne

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Le nouveau plan d’austérité de Rajoy, le coup de grâce pour l’Espagne
 
L'Espagne est défunte, décapitée par la crise. Le nouveau premier ministre vient de lui trancher la tête, par les nouvelles mesures d'austérité qui tueront ce qui restait d'activité économique dans le pays. Vaya con Dios!
 
Ex: http://mbm.hautetfort.com/
                               
Le 6 avril 2012 (Nouvelle Solidarité) – Un journaliste d’investigation domicilié à Madrid nous a confié que les dernières mesures d’austérité annoncées par le Premier ministre Mariano Rajoy signifient que « l’Espagne est morte, et c’est ce que toute la presse affirme ici, ce qui veut dire que les choses vont tourner au vinaigre ».

Les coupes budgétaires totalisant 27,3 milliards d’euros pour l’année 2012 se concentreront principalement dans les dépenses publiques d’investissement, qui seront réduites de 36%, et ce dans un pays où le taux de chômage atteint près de 23%.

Les indemnités pour les chômeurs seront quand à elles coupées de 5,5%, même s’il est prévu que le nombre de sans-emploi s’accroîtra de 630 000 au cours de cette année, poussant le taux de chômage jusqu’à 26% de la population active.

Ces coupes sont imposées dans un contexte où les taux d’intérêt à moyen et à long terme sur la dette espagnole repartent à la hausse, atteignant hier la barre des 400 points de base de différence avec les taux allemands. Une grande partie des 27 milliards d’euros d’économies annoncées sont déjà alloués au remboursement de la dette, et il est clair que ces coupes vont tuer ce qui restait d’activité économique dans le pays.

Même l’oligarchie commence à reconnaître que la fin de la partie s’annonce. Un éditorial de Bloomberg avertissait hier que « l’Espagne, et non pas la Grèce, sera le véritable test pour l’Union européenne », et se plaint déjà que les décisions de Rajoy « ne sont simplement pas crédibles », et que l’approche de l’UE dans son ensemble commence à faillir.

La solution ? Dans un grand éclair de génie, Bloomberg suggère à la BCE d’imprimer plus d’argent pour renflouer l’Espagne et l’Europe. en réalité, il s’agit une fois de plus de renflouer les banques britanniques qui sont les plus impliquées en Espagne. Ce qui est nécessaire donc, c’est « une politique monétaire plus souple de la part de la BCE. Ceci signifie des transferts fiscaux nets mais temporaires vers l’Espagne. Par dessus tout, cela signifie que la BCE agira comme prêteur de dernier ressort vis-à-vis des gouvernements d’une zone euro en détresse. »

Soulignons que depuis 2008 la BCE n’a pas cessé d’accepter comme collatéral les obligations poubelles détenues par les banques européennes en Espagne, sans compter l’achat de bons grecs de toute sorte, ce qui n’a fait qu’aggraver la menace de faillite systémique de d’hyperinflation.

vendredi, 30 mars 2012

De Spaanjaarden laten zich niet doen !

De Spaanjaarden laten zich niet doen ! Video over de volkse protestbeweging "Yo no pago"

Les Espagnols ne se laissent pas faire ! Video sur le mouvement populaire et protestataire "Yo no pago"

Die Spanier lassen sich nicht tun ! Video über die Protestbewegung "Yo no Pago"

The Spaniards refuse to be cheated ! A video about the protest movement "Yo no pago" !

 

mercredi, 14 mars 2012

NAISSANCE D'UN IMPERIALISME: LA GUERRE HISPANO-AMERICAINE DE 1898

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NAISSANCE D'UN IMPERIALISME:
LA GUERRE HISPANO-AMERICAINE DE 1898

par Frédéric KISTERS

Avant de narrer les faits, interrogeons-nous sur les motivations de cette guerre méconnue, mais ô combien pleine d'enseignements. Quelles raisons poussèrent les Etats-Unis à sortir de leur isolement et à renoncer à la doctrine Monroe ?

D'aucuns privilégient l'explication économique, réduisant ainsi le phénomène impérialiste à la perpétuelle recherche de nouveaux marchés, seule denrée capable d'apaiser temporairement l'appétit insatiable du Moloch Baal capitaliste. A la fin du 19e siècle, l'Amérique avait oublié les horreurs de la Guerre de Sécession et elle prospérait. En 1876, la balance commerciale américaine montrait pour la première fois un excédent, mais la crise de 1893 rendit les investissements aux USA peu attrayants, les hommes d'affaires exportèrent leurs capitaux vers le Mexique (500 millions de $), l'Amérique latine, les Caraïbes et Cuba (150 millions de $). De ce fait, les USA consommaient les trois quarts de la production de sucre de Cuba qui en retour absorbait 25% des exportations américaines. Certes, aux abords de 1900, ces pays offraient un marché substantiel et une source de matières premières. Oui, le commerce extérieur passa de 404 millions de $ en 1865 à 1635 millions de $ en 1890. Néanmoins il ne représentait toujours que 3 à 4% du PNB des USA. En réalité, les Etats-Unis n'avaient pas besoin de chercher des débouchés extérieurs, son énorme marché intérieur suffisait amplement pour absorber sa production. Quant aux surplus agricoles, comme ils ne pouvaient être vendus aux pays sous-développés de la région, ils étaient écoulés en Europe, à bas prix, au grand dam de nos paysans.

Les causes profondes du conflit

La volonté impérialiste ne résultait pas uniquement d'une nécessité inhérente au système capitaliste. En réalité, un faisceau de causes concouraient à la guerre. Les Américains ne voulaient plus que les Européens possédassent une tête de pont à 90 milles de leurs côtes. Ils souhaitaient également garantir leurs investissements dans l'île. La population américaine ressentait de la sympathie pour les Cubains qui luttaient pour leur indépendance. Pour justifier l'intervention, ils invoquaient des raisons humanitaires et les vertus de la démocratie. Pour les dirigeants, le conflit avec l'Espagne permettrait de distraire l'opinion de la crise économique qui avait débuté en 1893. Il offrait l'occasion d'acquérir, au détriment du moribond empire espagnol, les ports et les marchés nécessaires pour concurrencer des grandes puissances européennes. L'immense marché chinois avait été ouvert par les Japonais, mais pour l'exploiter, il fallait posséder des ports dans la région. Surtout, vers 1890, les Etats-Unis avaient achevé la conquête du continent de l'Atlantique au Pacifique. Certains Américains commencèrent à penser que la "destinée manifeste" ne s'arrêtait pas nécessairement aux rivages des océans. Les Anglo-saxons protestants, les Wasps's avait confiance dans la destin de leur nation, ils se sentaient investis d'une mission civilisatrice et ils avaient le sentiment de défendre une juste cause. La doctrine de la suprématie blanche avait engendré le système des réserves indiennes, la ségrégation des noirs, l'exclusion des immigrés chinois, maintenant elle justifiait l'impérialisme.
Quelques ténors entonnaient l'antienne nationaliste et une partie de la presse répandaient leurs thèses. Le capitaine de vaisseau Mahan, commentateur politique et militaire fort écouté, contestait la politique de non-intervention. Il affirmait que les Etats-Unis avaient besoin de bases dans le Pacifique comme dans les autres océans et qu'ils devaient construire une puissante flotte pour protéger le pays. Pour le sénateur Henry Cabot, il fallait ouvrir un canal qui rejoignît les océans. Pour le protéger, il fallait contrôler les Iles Hawaï et Cuba et posséder au moins une base dans les Antilles. Le futur-président Théodore Roosevelt prônait également l'impérialisme, car il était convaincu que les races supérieures devaient dominer les inférieures pour le progrès de la civilisation.

L'insurrection cubaine
 
Il ne manquait plus que l'occasion. La colonie cubaine avait déjà été secouée par plusieurs soulèvements. En 1895, le prix du sucre s'effondra. Au même moment, les Etats-Unis instaurèrent un tarif douanier protectionniste qui ruinait les planteurs et provoquait la chute des salaires. Une nouvelle fois, les Cubains, las de la misère et de l'impéritie du régime colonial espagnol, reprirent les armes. Les insurgés proclamèrent un gouvernement provisoire qui envoya des délégués à New York et Washington.
En réaction, la régente Marie Christine ordonna la répression de la révolte. Mais très vite il devint évident que l'insurrection ne serait pas facilement matée. En effet, les soldats espagnols n'étaient pas formés pour ce genre de conflit, ils étaient décontenancés par la tactique de la guérilla qui, même si elle était mal commandée, jouissait du soutien sans faille de la population. L'Espagne entretenait pourtant à Cuba une armée de 200.000 hommes, mais ils étaient aussi mal équipé que nourris et ils ne s'adaptaient pas au climat; en trois ans, 96.000 Espagnols succombèrent, pour la plupart de dysenterie, de la malaria ou de la fièvre jaune.
Afin de briser la résistance de la population, le général Weylen fit construire des camps de concentration dans lesquels s'entassaient hommes, femmes et enfants dans des conditions d'hygiène et de promiscuité atroces. En réponse, les insurgés attaquèrent et pillèrent les propriétés, y compris celles des planteurs américains, espérant ainsi susciter l'intervention américaine.
En Amérique, la propagande cubaine organisait des meetings, des conférences, des manifestations et inondait le pays de brochures. La presse à scandales prit le relais. La concurrence entre journaux créa une inflation de nouvelles sensationnelles : maisons brûlées, prisonniers torturés, viols collectif par les soudards ibères etc.

La marche martiale

Certes, les Etats-Unis avaient investi des capitaux considérables à Cuba, mais les milieux d'affaires restaient hostiles à une aventureuse intervention, or ils avaient soutenu l'élection du président Mc Kinley qui tenta de négocier avec le gouvernement espagnol, mais il n'avait pas l'appui du Congrès et de l'opinion publique surchauffée. De son côté, le gouvernement espagnol tenta d'éviter la guerre en faisant appel au Pape et en proposant l'autonomie à Cuba.
 Malheureusement, le Ministre d'Espagne à Washington, le Senor Duprey de Lôme, eut la maladresse d'adresser, à un ami, une lettre dans laquelle il décrivait Mc Kinley comme un politicien hésitant et opportuniste. De surcroît, le diplomate insinuait que le gouvernement espagnol avait formulé les propositions conciliantes d'autonomie et de réforme à Cuba pour gagner du temps en attendant l'écrasement de la guérilla. Le document, volé, s'égara dans les bureaux de la rédaction du "New York Journal" qui s'empressa de l'éditer. Dupuy de Lôme dut remettre sa démission, mais l'opinion publique était indignée qu'on insultât ainsi son président. L'affaire mettait Mc Kinley dans une position délicate pour négocier un arrangement pacifique.
Un nouveau scandale allait mettre le feu aux poudres, au propre comme au figuré. Le 15 février 1898, le croiseur de bataille "Maine", que le président Mc Kinley avait envoyé pour protéger les ressortissants et les intérêts américains, explosa dans la rade de La Havane, entraînant la mort de 260 hommes d'équipage. L'opinion américaine s'enflamma comme les soutes à poudre du navire. Dans son rapport provisoire, la commission d'enquête instituée pour déterminer les causes de l'explosion n'excluait ni une cause interne (l'instabilité de la cordite, un incendie dans les soutes à charbon) ni une cause externe (mine ou torpille). Sans attendre les conclusions définitives, la presse se déchaîna contre les Espagnols. Aujourd'hui encore, la cause de l'explosion demeure un mystère, mais en tout cas on peut écarter l'hypothèse d'une attaque.
Le 8 avril, l'amiral Pasquale Cervera appareilla de Cadix, il avait reçu pour mission de détruire la base navale de Key West en Floride, puis de tenir le blocus des côtes. Pour ce faire, il ne disposait que d'un cuirassé et cinq croiseurs et, de surcroît, l'Espagne ne possédait pas de base convenable dans les Antilles. Assez anxieux, il s'arrêta dans les Iles du Cap Vert, espérant un règlement pacifique du conflit.
La nouvelle de son départ provoqua une vague de panique aux Etats-Unis ! Chacun craignait de voir apparaître la flotte ibérique sur ses côtes. Le secrétariat à la défense était inondé de courriers affolés. Toutes les villes portuaires réclamaient l'envoi d'un cuirassé pour les protéger. Si les autorités avaient cédé à l'opinion publique, la flotte américaine aurait été dispersée le long des côtes. Pour calmer l'inquiétude des foules, l'armée ressortit quelques canons démodés qui rouillaient dans les arsenaux depuis la fin de la guerre civile. Ils finirent de s'oxyder en une vaine faction devant une mer où ne parut jamais la moindre fumée espagnole.
Le 11 avril, Mc Kinley demanda l'autorisation de mettre en action les forces armées; le 21, l'Espagne rompit les relations diplomatiques; le 25, les Etats-Unis déclarèrent la guerre à l'Espagne. Comme l'armée de terre ne comptait que 28.000 hommes, le gouvernement ordonna la levée de 200.000 volontaires. Soulignons que, depuis l'Indépendance, les Etats-Unis n'avaient jamais entretenu une forte armée de terre permanente, en dehors des périodes de guerre. Ce n'est qu'après 1945, qu'ils se doteront d'une armée de terre aux effectifs imposants. En revanche, sous l'impulsion des adeptes de Mac Mahan, ils avaient construit une puissante flotte durant les Années '90, devenant ainsi la troisième marine de guerre du monde.

Une guerre rondement expédiée

Avant l'ouverture des hostilités, le Département de la Marine avait nommé le commodore Dewey à la tête de la division de marine d'Extrême Orient, avec mission de menacer les Philippines. Dès son arrivée, il soumit ses hommes à un entraînement intensif, puis il concentra ses quatre croiseurs et ses deux canonnières à Hong Kong. Déjà, le 30 avril, il se présentait devant les Philippines avec ses vaisseaux. Après quelques reconnaissances, le 1er mai, il trouva devant Manille, au mouillage de Cavite, une petite flottille espagnole composée de navires incapables de se battre en haute mer. Grâce à leur écrasante supériorité de feu, les Américains envoyèrent par le fonds les barcasses ibériques. Le bilan de la bataille était sans appel : 8 bateaux coulés, 167 morts, 214 blessés contre… 8 blessés américains ! Dewey n'avait plus qu'à attendre l'arrivée du corps expéditionnaire en provenance des Etats-Unis. Ce dernier débarqua le 13 août, le lendemain, la garnison espagnole se rendait.
De son côté, l'amiral Cervera reprit la mer le 29 avril, sur les injonctions de son gouvernement. Prudent et conscient de son infériorité, il ne croisa pas directement sur Porto Rico afin d'éviter la flotte américaine. Celle-ci avait été renforcée par le cuirassé Oregon qui avait contourné l'Amérique du sud, ce qui constituait une performance pour l'époque. De cette manière, l'amiral Simpson pouvait compter sur cinq cuirassés, deux croiseurs cuirassés et quelques navires plus petits. Pendant que la flotte américaine sillonnait la côte nord de Cuba, dans les parages de La Havane, Cervera fit route par les petites Antilles, puis mit le cap sur Santiago. Le 19 mai, il jetait l'ancre dans le port. Des champs de mines et des batteries côtières disposées le long de l'étroit chenal interdisait l'accès au mouillage.
De son côté, l'armée de terre rassembla ses troupes à Tempa. Dans le camp, on trouvait un certain Théodore Roosevelt à la tête de ses volontaires, pour la plupart d'anciens cow boy et joueurs de cricket. Une bonne part resteront à terre ou devront abandonner leurs chevaux, faute de transports. Malgré le côté burlesque de l'affaire, Roosevelt acquit une réputation héroïque en participant à al campagne. Le 26 juin, le corps de 16000 hommes débarqua à Daikiri, à 25 kilomètres à l'est de Santiago. Le 1er juillet, les Américains s'emparaient d'un fortin et des collines qui ceignaient Santiago, au prix de 1500 morts. Mais l'expédition avait été improvisée, la logistique ne suivait pas, si bien que l'offensive s'enlisa.
Le 3, Cervera tenta une sortie avec ses quatre croiseurs et deux torpilleurs. Il s'agissait de passer en force, à toute vitesse avant que les Américains ne réagissent. Les équipes des machines avaient reçu une bonne dose de rhum pour leur donner du cœur à l'ouvrage, ils remplirent les chaudières au risque de les faire exploser. Mais rien n'y fit. Les puissants vaisseaux américains détruisirent tous les navires espagnols. Ironie du sort, un seul vaisseau réussit à forcer le barrage, le Cristobal Colon, mais l'Oregon et le Brooklyn le rattrapèrent quelques heures plus tard et ils exécutèrent le découvreur de l'Amérique. Les Espagnols avaient perdu 160 morts et 1800 prisonniers, dont l'amiral Cervera. Du côté américain, on ne comptait que quelques victimes. En revanche, les troupes terrestres avaient plus souffert, en quatre mois elles avaient perdu 5700 morts dont 460 au combat, le reste de maladie. Le 17 juillet, Santiago capitulait.

Un colonialisme qui n'ose pas dire son nom

Par le Traité de Paris du 10 décembre 1898, l'Espagne céda Porto Rico, l'île de Guam, l'archipel des Mariannes et les Philippines contre 20 millions de $ d'"indemnités".
Dans une euphorique foulée, les Américains officialisèrent également l'annexion d'Hawaï qu'ils occupaient depuis quelques années. Vers 1893, la reine hawaïenne avait tenté d'instaurer une monarchie absolue. Les planteurs américains avaient fomenté une insurrection qui servit à justifier l'intervention de leur gouvernement.
Cuba acquit soi-disant l'indépendance. En réalité, elle passait sous la tutelle de l'Oncle Sam. En effet, elle dut signer une convention par laquelle elle s'engageait à ne jamais passer d'accord mettant en question sa souveraineté sans l'autorisation du gouvernement américain. Elle devait accepter l'intervention américaine en cas d'"agression" par une puissance étrangère et elle ne pouvait pas contracter de dettes trop importantes. La convention fut inscrite dans la constitution et en vertu de celle-ci, les Américains occupèrent Cuba en 1906-1909, 1912 et de 1917 à 1922.
A partir de 1900, Porto Rico posséda une Chambre des Représentants, mais le conseil et le gouverneur étaient nommés par le président des Etats-Unis.
Quant aux Philippines, allait-on lui offrir l'indépendance ? Manille était la clé du commerce avec le Moyen Orient, on ne pouvait laisser la France, l'Allemagne ou l'Angleterre s'en emparer… Et les diverses églises protestantes rêvaient de convertir les autochtones. Ces indigènes étaient incapables de se gouverner, il fallait les prendre en charge, élever leur niveau de vie et pourvoir au salut de leurs âmes ! Le 4 février 1899, la population philippine se souleva, car elle ne voulait ni des nouveaux maîtres ni de leur religion. Les Etats-Unis devront envoyer 70.000 hommes qui vinrent à bout de la révolte, au bout de trois années de guerre.
Cet épisode de l'histoire présente plusieurs aspects intéressants pour le spectateurs contemporains de l'impérialisme américain. Dans cette affaire, les médias de l'époque et les lobbies jouèrent un rôle déterminant dans le processus de décision du gouvernement. La presse manipula l'opinion publique en accusant les Espagnols de la destruction du Maine et en dénonçant les exactions de leurs troupes. En grossissant démesurément l'adversaire, elle provoqua la panique de la population. Hier le Maine, aujourd'hui, les armes de destruction massive…
Quant aux lobbies, ils ne travaillaient plus pour la prospérité de l'Amérique, ils partaient à la conquête économique du monde pour leur seul profit, sous couvert d'un vent de libération. Hier la canne à sucre, aujourd'hui, le pétrole…
D'un point de vue militaire, nous reconnaissons la manière américaine de faire la guerre : préférence pour le feu plutôt que le choc, avance technologique et supériorité navale. Hier les cuirassés, aujourd'hui, les porte-avions…
Surtout, une idéologie produisait ses premiers effets. Convaincus d'être investis d'une mission supérieure, les Américains tinrent un discours moraliste, recourant sans cesse à Dieu, la démocratie et la liberté, qui induisait le dédain des populations secourues et la haine de l'ennemi. Avec aplomb, ils affirmèrent qu'ils intervenaient pour libérer les opprimés, leur offrir la démocratie et l'opulence. Cent ans plus tard, Mister Busch, qu'en pensent les Cubains?

Frédéric KISTERS

 

vendredi, 02 mars 2012

Donoso, precursor de la época del pavor

Donoso, precursor de la época del pavor

 

Entre restauración y cesarismo: la antiutopía de Donoso Cortés

Por Rafael Campos García-Calderón
Filósofo de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos

Ex: http://geviert.wordpress.com/

Cuando en Interpretación europea de Donoso Cortés, Carl Schmitt nos describe el pensamiento del político y diplomático español como un pensamiento de carácter “europeo”, nos muestra algo inédito dentro del llamado “pensamiento reaccionario”.
La Revolución de 1848 fue el anuncio de una nueva era en la historia de Europa. La civilización burguesa europea sustentada en el liberalismo fue puesta a prueba. Una nueva filosofía política suspendió, por un momento, la hegemonía cultural burguesa: socialismo, comunismo, anarquismo, nihilismo y ateísmo aparecieron como una amenaza en el horizonte. Frente a este peligro, la Contrarrevolución europea, uno de cuyos baluartes será Napoleón III, asumió el costo de enfrentar estos acontecimientos. Con su acción, trastocó el orden liberal burgués creando un nuevo fenómeno: el Cesarismo. Así, el Estado recuperó, bajo una nueva forma, su status político y se alió con un conjunto de fuerzas sociales no incluidas, hasta ese momento, en el orden democrático liberal.

Uno de los partidarios de esta Contrarrevolución fue Donoso Cortés. A diferencia de Joseph de Maistre, Donoso no creía en la restauración de la Monarquía. Para él, los reyes habían perdido su lugar en la historia política de Europa. En su lugar solo quedaba la “dictadura del sable”, la nueva forma de ejercicio de la soberanía política. Donoso había percibido que los acontecimientos del 48 no respondían simplemente a una crisis del sistema liberal burgués. En realidad, había visto en ellos uno de los síntomas de un proceso anunciado ya por algunos teóricos. Sin embargo, frente a estos científicos, la visión de Donoso destacaba por su radicalismo espiritual. Para él, no se trataba simplemente de un combate político o cultural, sino de una guerra religiosa contra un enemigo mortal: la pseudoreligión del hombre expresada en el socialismo y sus diferentes formas. En este sentido, superaba la coyuntura política de Napoleón III y preparaba, con su visión, el escenario de una antiutopía.
Por esta razón, Donoso no debería ser considerado un pensador reaccionario, sino más bien el precursor de una nueva época: la época del pavor (δεινόσ). En ella, el hombre, con tal de desplegar su genio organizado, aprovecharía ventajosamente cualquier situación ignorando las diferencias entre el bien y el mal. Es esta consideración espiritual de la cultura europea la que condenó al pensamiento de Donoso al silencio. Superada la revolución, los historiadores burgueses ocultaron los acontecimientos y restauraron su fe en los ideales ilustrados. Sin embargo, los acontecimientos del 48 quedaron sin una interpretación satisfactoria.

 

Setenta años después la amenaza reapareció en el horizonte. La Revolución Bolchevique dirigida por Lenin desarrollaba el programa que Marx había esbozado, a partir de los acontecimientos del 48, en el Manifiesto Comunista. A diferencia de los historiadores burgueses, los comunistas habían podido leer en estos acontecimientos la inexorabilidad de un proceso que sus rivales pretendían ignorar: el triunfo de la civilización proletaria. Existía, para ellos, una continuidad histórica entre ambas revoluciones y, por tanto, según ellos, un nuevo poder se apropiaría indefectiblemente de los destinos de Europa. Este poder tendría como objetivo primordial el desarrollo de las fuerzas productivas capitalistas para alcanzar el socialismo, fase preparatoria del comunismo o sociedad sin clases.
Sin embargo, esta interpretación no era la única posible. A despecho del olvido de los pensadores liberales, hubo un conjunto de filósofos e historiadores que atendieron a los eventos de aquel momento y a su continuidad en el tiempo. Uno de ellos fue, sin duda, el mismo Donoso Cortés, cuyo diagnóstico de la situación histórica ha permitido esbozar una “interpretación europea” de su pensamiento. Según esta expresión, el alcance de la interpretación comunista estaría fuera de los límites de Europa, pues en lugar de dar cuenta del destino histórico del Viejo Continente, habría esbozado el futuro de un espacio muy diferente: la Rusia de los zares.

La profecía comunista habría proyectado sobre una crisis histórica concreta su propio plan histórico ideal. Sin duda, el lugar de realización de esta idea no podía ser Europa, pues la condición sine qua non para su concretización era la implementación generalizada de la tecnología en la vida social y la centralización de la administración política. A pesar de la interpretación comunista, la cultura europea era todo menos un cuerpo homogéneo capaz de someterse sin más al aplanamiento homogenizante de la tecnología y la burocracia. Para ello, era preciso un espacio político carente de conciencia histórica, es decir, un Estado carente de vínculos orgánicos con su Sociedad. La Rusia zarista, sometida incontables veces al azote tártaro-mongol y a la política del exterminio, era el candidato oportuno para esta nueva utopía.
Para Carl Schmitt, era posible reconstruir esta interpretación europeísta de los acontecimientos del 48 a partir de la obra de Donoso Cortés y de otros pensadores contemporáneos que, sin embargo, no tuvieron con él mayor contacto. Esta perspectiva estaba constituida por tres elementos: un pronóstico histórico, un diagnóstico cultural y un paralelismo histórico con el pasado. Según el pronóstico histórico de esta interpretación, estos eventos habrían marcado el inicio del descenso de la civilización europea frente a la hegemonía de dos nuevas potencias: Rusia y EE.UU. Es a partir de la derrota de Napoleón I frente a Rusia en 1814 que esta nueva realidad se apodera de la historia: las potencias europeas han dejado de ser el centro de la Historia Universal.

El primer hito en la historia de esta interpretación lo constituye, según Schmitt, Tocqueville (1835), quien pronosticó el despliegue de la democratización y centralización administrativa a gran escala por parte de Rusia y EE.UU. Además de ello, Tocqueville hizo un diagnóstico cultural de Occidente. Para él, la revolución de 1789 abría las puertas al proceso de centralización política que se realizaría inexorablemente en manos de cualquier partido o ideología política. En este sentido, la actividad política en general estaba irremediablemente destinada a servir al propósito centralista administrativo: la civilización se dirigía a la masificación.
Paralelamente, Donoso Cortés (1850) había percibido que la política exterior de Europa había decrecido en relación a la de EE.UU., Rusia e Inglaterra. Esta señal le indicaba la misma conclusión a la que Tocqueville había llegado con su pronóstico. En cuanto al diagnóstico, Donoso arribaba a otra conclusión, cercana más bien a la que algunos historiadores y sociólogos alemanes habían efectuado. Según esta, las modernas invenciones tecnológicas puestas al servicio de la administración pública anunciaban la futura mecanización de la sociedad y la destrucción de los órganos intermedios de poder. En efecto, Jakob Burckhardt, Friedrich List, Max Weber y Oswald Spengler, entre otros, diagnosticaron la creciente mecanización e industrialización de la civilización como el camino hacia una sociedad perfectamente organizada dirigida por una burocracia que tiene en sus manos la explotación económica. A los ojos de esta “interpretación europea”, la nueva era no traía consigo el paraíso sino la esclavitud a la técnica.
Un tercer elemento de esta interpretación consistía en la comparación o paralelismo histórico que a partir de 1848 los historiadores, comunistas o “europeístas”, habían efectuado respecto de la situación histórica de Europa. Este paralelismo consistía en la comparación con la época de las guerras civiles en Roma, época en la que el Cesarismo se implantó y en la que el Cristianismo florecía hasta imponerse al Imperio. Esta comparación traía consigo la idea del final de la Antigüedad que, en clave decimonónica, debía leerse como el final del Cristianismo.

Spengler, en la Decadencia de Occidente, había tratado de vincular entre sí diversos paralelismos históricos. Entre ellos, el más importante constituía la batalla de Accio, considerado el comienzo de nuestra era cristiana. Saint-Simon, en El Nuevo Cristianismo, estableció una relación entre nuestra época actual y la de los orígenes del Cristianismo. Para él, el Cristianismo habría terminado y su sustituto, un nuevo poder espiritual, habría llegado a reemplazarlo: el Socialismo, el nuevo cristianismo.
La posición de Donoso frente al paralelismo histórico era muy diferente. En clara oposición a ambas interpretaciones del mismo fenómeno, consideraba que el Cesarismo y el inicio del Cristianismo como paralelismo histórico a los eventos de 1848 eran evidentes, aunque insuficientes para explicar la circunstancia histórica del momento. En efecto, a diferencia de todos los otros pensadores, juzgaba demasiado optimista el pronóstico, pues por ninguna parte veía a aquellos “pueblos jóvenes”, símbolo de la regeneración espiritual occidental, que hubiesen correspondido a los germanos de la época de las invasiones a Roma. En el siglo XIX, esos “pueblos jóvenes” ya estaban corrompidos por el veneno de la civilización occidental desde el momento en que son un resultado de esta. Por ello, para él, el paralelismo histórico entre nuestra época y la era del cristianismo primitivo o del cesarismo no podía asemejarse a la visión que los socialistas tenían del mismo.

En realidad, la falta de este tercer elemento regenerador hacía del paralelismo histórico la antesala a una catástrofe. En lugar de un elemento regenerador, una seudorreligión ‒el socialismo ateo‒ ocupaba su lugar. Se trataba del culto a la Humanidad absoluta, culto que, paradójicamente, conducía, según él, al terror inhumano. Desde su punto de vista y a la luz de los acontecimientos del 48, una religión del Hombre solo podía conducir al terror y la destrucción, pues el Hombre no tolera a los demás hombres que no se someten a él. Para Donoso, esta Utopía era el resultado de un espejismo producido por la asociación entre el progreso de la técnica y la aspiración a la perfección moral de la Humanidad. Así, la idea ilustrada de progreso dejó de ser un esquema abstracto y se transformó en un programa materialmente realizable a partir de la técnica.
La visión que Donoso tenía de los acontecimientos del 48 y del paralelismo histórico tan celebrado se asemejaba, según Schmitt, a la experiencia interior a la que Soren Kierkegaard había accedido por aquellos años. En efecto, Kierkegaard había percibido la amenaza de un clima de horrores a partir de la lasitud espiritual que las iglesias de su tiempo padecían. Una vez más, la era de las masas había llegado. En este sentido, la visión de Donoso no era otra cosa que la objetivación histórica de esta realidad espiritual. A diferencia de las utopías idealistas y materialistas que sus enemigos liberales y socialistas trataban de imponer a la historia desde esferas extrañas a ella, Donoso consideraba el acontecimiento histórico concreto y a partir de él interpretaba los signos sorprendentes de una teleología simbólica.
Desde este punto de vista, el Hombre no podía ser la encarnación de la paz, como querían los demagogos de su época, sino del terror y la destrucción. Según Schmitt, Donoso vaticinó el advenimiento de aquello que Nietzsche expresó en su concepto de Superhombre: la legitimación histórica del poder y la violencia sobre los infrahombres.

mercredi, 04 janvier 2012

L’eroe Baltasar Gracian

L’eroe Baltasar Gracian

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Baltasar-Gracian.jpgIl vecchio storico inglese Thomas Carlyle insegnò con inclinazione romantica che l’eroismo ha molte facce, che quasi ogni aspetto della vita può essere interpretato come un momento in cui si può dispiegare una speciale attitudine verso l’ascesi di perfezione. Eroe è il Dio pagano che assomma su di sé tutte le qualità della stirpe, ma eroico può essere allo stesso modo lo spirito sacerdotale, ed eroi possono essere il profeta, il poeta, lo scrittore, il sovrano.

Il singolarissimo teologo spagnolo Baltasar Gracián, vissuto nel Seicento, a tutto questo aveva aggiunto l’eroismo come qualità dell’individuo differenziato che, grazie ad una poderosa fiducia in se stesso, duramente conquistata, perviene al successo nel mondo e al trionfo della sua volontà su quelle altrui. Si eccelle tra gli uomini attraverso l’uso accorto e disciplinato di doti sottili costantemente affinate. Qualcosa di più e di meglio di un moralista alla Montaigne. Un divulgatore di sapienza e di strategie di vita vissuta, tutte tese alla gloria trionfale nel mondo e all’affermazione sui tipi “inferiori” e indifferenziati. Gracián, ammirato e citato da Schopenhauer e da Nietzsche, che lo considerarono quasi un loro maestro e antesignano, scrisse diversi libri di gran successo, diremmo dei veri e propri “manuali del Superuomo”.

Era un gesuita, e dal gesuitismo imparò tutte quelle nozioni di affilata capacità di introspezione e di acuta conoscenza dei tempi e dei modi, che fecero di quell’ordine il tempio della dissimulazione e infine anche della sua degenerazione curiale, l’ipocrisia farisaica. In Gracián, tuttavia, si nota l’assoluta assenza di riferimenti ai dogmi cristiani: per questo, tenuto in sospetto dalla Compagnia di Gesù, fu prima ammonito, poi allontanato nel 1657 dalla cattedra e infine messo in condizione di non nuocere relegandolo presso un convento sperduto, con la tassativa proibizione di scrivere. Lo si accusava di aver intrapreso una precettistica del tutto profana sul saper vivere e, soprattutto, sul saper predominare sulle cose e sul mondo degli uomini, insomma di essere un laicissimo teorico di ciò che oggi chiameremmo una volontà di potenza in piena regola.

La recente pubblicazione de L’eroe (Bompiani), uno dei testi più celebri del trattatista aragonese, è l’occasione per verificare come il pensiero europeo si sia sempre misurato con queste categorie dell’essere e del mostrarsi, del fare e dell’avere ragione della realtà, in maniera che, dai sofisti e dagli stoici fino a Machiavelli, ai moralisti francesi o a Nietzsche e all’esistenzialismo, problema non da poco è sempre stato quello di avere a che fare col dispiegarsi dell’essere tra le penombre dell’apparire e del sembrare. Gracián insegnava la dissimulazione in quanto categoria dell’essere superiore e dell’innalzarsi al di là di se stessi, in un procedimento di continuo esercizio alla protezione dei propri fini. «Impedisca a tutti l’uomo colto di sondare il fondo della sua fonte, se da tutti vuole essere venerato… la metà è più del tutto, perché una metà ostentata e l’altra promessa, son più di un tutto dichiarato».

La velatezza dell’essere, in questo caso, non sarà un volgare atteggiamento di subdolo mascheramento volto all’inganno, ma, molto più sottilmente e nobilmente, lo strumento di una cerca dell’eccellenza, da ottenersi con il freno dei modi, la perfezione in ogni manifestazione di sé e un dosato ombreggiare i propri disegni. Qualcosa di propriamente “politico”, insomma: «Dissimulare una volontà sarà sovranità». In queste proposizioni sembra riecheggiare, in qualche modo, la dialettica heideggeriana circa il velamento della verità, secondo la struttura stessa della parola greca antica, che proponeva non a caso l’alfa privativo: a-lethéia, proprio nel senso che verità è essenzialmente un togliere veli per gradi. La dialettica sottile dell’apparire e del velarsi, lungi dall’essere solo un gioco femmineo di ritrosie seduttive, è in realtà, secondo la logica dell’etica tradizionale, il segreto della gloria. E la gloria, considerata dagli antichi l’unica e insieme la massima via all’eternità, è ugualmente per Gracián il premio al lavoro terreno dell’uomo di valore superiore.

In anni recenti è stato Emanuele Severino – il cui pensiero sappiamo essere sulla scia heideggeriana – a precisare i contorni del significato della gloria dal punto di vista esistenziale e tradizionale: «L’indefinita manifestazione dell’eterno, in cui la Gloria consiste e che indefinitamente si arricchisce, è il senso autentico della nostra destinazione per l’eternità». La gloria ha dunque a che fare col destino. E il destino ha a che fare con la fortuna e la fortuna con l’audacia, persino con l’azzardo. A patto che prima, dentro di sé, il temerario che si senta chiamato sulla via della gloria abbia percepito la concordanza della sua anima, tesa all’impossibile, con gli arcani segreti del fato. Difatti, in un passo de L’eroe si dice per l’appunto che la fortuna è «gran figlia della suprema provvidenza» e che «è regola da maestri compiuti nella politica discrezione notare la propria fortuna e quella dei propri sostenitori». Non diversamente la pensarono, a ben vedere, e magari senza aver letto un riga di Gracián, personaggi come Napoleone, che diceva di preferire generali fortunati a generali ben preparati, oppure come Hitler, che confessò più volte di aver giocato d’azzardo tutta la vita, sicuro di avere dalla sua parte la “provvidenza”. La fanatica fiducia in se stessi, quale suprema attitudine al comando in grado di piegare anche gli eventi sfavorevoli a proprio vantaggio, veniva da Gracián ricordata come dote dell’uomo di tempra superiore. E faceva l’esempio di Cesare, che al marinaio stanco e sfiduciato rivolse l’ammonimento: «Non dubitare, che offendi la fortuna di Cesare». Il dubbio interiore come ingiuria al destino. Quanto di meno cristiano e di più pagano si possa immaginare. Comprendiamo benissimo il motivo per cui lo scrittore venne messo al bando nella Spagna cattolicissima del gran secolo.

Tutto questo ha i contorni del tragico. Poiché in Gracián è ben vivo il senso di una lotta che l’eroe deve intraprendere prima di tutto su se stesso. Il controllo su ciò che appare e sulle occasioni che gli si presentano deve essere il frutto di un drammatico auto-controllo: questa volontà auto-imposta deve essere la sua signoria. Tanto che, se necessario, anche quando dentro l’uomo differenziato tutto lo sospingesse a dir di sì, la sua potenza e il suo comando interiore lo condurranno a un vittorioso dir di no. Questo si inserisce alla perfezione in quel dominio metafisico in cui si attua il contatto fra trascendenza e vita terrena. È ciò che gli antichi greci chiamavano kairòs, l’attimo fuggente, e i romantici tedeschi indicavano come der grosse Zufall, il grande caso fortunato. Saper cogliere il manifestarsi del momento in cui il destino si palesa per cenni: la levigata sensibilità, quasi un istinto lungamente esercitato, saprà all’istante percepire questa epifania subitanea. Un evidenziarsi del sacro che indica il momento dell’agire. Poiché kairòs è suprema saggezza, è intima consonanza con gli interni voleri del fato, ma è anche sentimento di giustizia. Tradizionalmente, ciò che appare nel mondo, nell’immutabilità di ciò che è vero da sempre, oppure nell’improvviso irrompere dell’inatteso attraverso l’attimo, è anche ciò che è giusto: giusto è ciò che sa sopraggiungere al momento opportuno.

Una filosofia del rischio? Piuttosto, un’acuta capacità di percezione delle armonie e delle disarmonie del mondo. Nella sua introduzione a L’eroe, Antonio Allegra precisa che le sollecitazioni di Gracián verso l’affermazione di sé hanno il carattere di una libera alleanza col destino: «Occorre, in ogni caso, agire all’interno dello spazio della fortuna e del mondo: tutto sta nel potere ancora affermare un margine di libertà rispetto alla situazione integralmente mondana che si presenta, che va acutamente interpretata e colta nelle sue nascoste potenzialità». L’individuo differenziato, l’essere superiore costruito su un’elaborata e fanatica fiducia, si esprime attraverso la decrittazione dei segni lasciati cadere dal fato provvidenziale. Si tratta in fondo di un gioco: vince chi sa elaborare al massimo grado la dialettica tra il vivere all’occasione e l’essere uomo integro in grado di interpretare correttamente i segnali. L’individuo potenziato da questa superiore autocoscienza non è scelto dal caso, ma è lui stesso che sceglie l’attimo. Risolutezza e fulminea capacità di ricorrere alla decisione sono i sintomi dello spirito dominatore: «La prontezza fa da oracolo nei dubbi maggiori, sfinge negli enigmi, filo d’oro nei labirinti, e suole aver l’indole del leone, che riserva il massimo sforzo per quando ne ha più bisogno», scrive Gracián. Un manuale di politica: la golpe e il lione di Machiavelli, più un tocco di quel pessimismo barocco e manieristico che piacque tanto a Schopenhauer e che cercava di interpretare la complessità del mondo moderno allora già in agguato: L’eroe venne pubblicato nel 1637, l’anno di uscita del Discorso sul metodo di Cartesio. Ma anche una filosofia dell’intuito. Una vera mistica terrena dell’azione e del primato. In questo senso, la maschera che, secondo, Gracián, l’uomo superiore deve indossare per assicurarsi il dominio sul mondo non è un trucco plebeo, ma il necessario stigma della diversità: l’eroe gioca le sue maestrìe certo di non dover aprire a nessuno il suo cuore. Il mondo intriso di scaltrezze e di indegnità abbisogna di menti in grado di batterlo sul suo stesso terreno, mantenendo giusto il cuore. «Ti voglio singolare», suona l’esortazione con cui Gracián apre il suo pamphlet rivolgendosi al lettore, «qui avrai non una politica né un’economica, ma una ragion di stato di te stesso». La si direbbe una potente anticipazione di figure metapolitiche come l’Anarca jüngeriano oppure l’Autarca evoliano…

La fama di Gracián non si limitò alla sua epoca o ai momenti di insorgenza sovrumanista. In tempi recenti il suo nome ha riscosso un famigerato successo tra le turbe dei manager d’azienda… e il povero Gracián si è visto trascinare via dall’etica tradizionale aristocratica e dal suo stoicismo barocco, fin dentro le maleodoranti stanze dei consigli d’amministrazione, nei grattacieli americani: numerose edizioni dei suoi libri sono state vendute come il pane tra le schiere di yuppies alla ricerca del facile successo attraverso i manuali di auto-stima per piazzisti in carriera. I suoi libri hanno conosciuto l’onta di essere paragonati alle pubblicazioni a grande tiratura in uso sin dagli anni Cinquanta negli USA, ad esempio quelle a cura della Fondazione Carnegie: come vincere la paura degli altri, come avere successo nel lavoro… Noi aggiungiamo: come trascinare un filosofo del sovrumanismo europeo nel fango della morale da insetti tipica del liberalismo americano…

* * *

Tratto da Linea del 24 ottobre 2008.

00:05 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, espagne, 17ème siècle | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 01 décembre 2011

Entretien avec Enrique Ravello (PxC) sur les élections espagnoles

Entretien avec Enrique Ravello (PxC) sur les élections espagnoles
 
Ex: http://fr.novopress.info/
 
Dimanche, les élections législatives espagnoles ont vu la victoire écrasante des conservateurs sur les socialistes, au pouvoir depuis 2004 (ils avaient à l’époque profité de façon inattendue des attentats du 11 mars 2004).

Outre cette victoire de la droite, le parti identitaire catalan Plataforma per Catalunya (PxC) a confirmé sa laborieuse percée politique, qui s’affirme élection après élection. Cette année, PxC avait présenté des listes dans les quatre provinces de Catalogne (Barcelona, Tarragona, Lérida, Gerona). Les identitaires catalans n’ont pas encore réussi à décrocher un siège de député (il leur aurait fallu obtenir 3% des suffrages dans la province de Barcelone, mais PxC est resté scotché à 2%). Cependant c’est la première fois depuis longtemps qu’une formation identitaire ou nationaliste pouvait espérer décrocher un siège. Et devrait être en mesure de le faire lors des prochains scrutins.

Pour faire le point sur la situation politique en Espagne et l’avenir du mouvement identitaire outre-Pyrénées, nous avons rencontré Enrique Ravello, responsable des affaires extérieures de Plataforma per Catalunya.

 

 

Quel est votre sentiment sur les résultats de votre mouvement aux élections législatives ?

 

Nous obtenons 60.000 voix sur l’ensemble de la Catalogne (59781 pour être précis), dont 52985 dans la province de Barcelone (soit 2,02% des voix à Barcelone). Nous avons beaucoup travaillé et progressé dans la banlieue de Barcelone, mais la capitale catalane nécessite encore du temps pour que nous y progressions de façon suffisante pour obtenir un siège de député dans la province.

 

Nous sommes un mouvement jeune, il nous a donc manqué encore quelques années de travail et un peu de couverture médiatique, mais pour la prochaine fois cela devrait être la bonne !

 

En comparaison, les autres partis espagnols de tendance nationaliste ont obtenu des scores extrêmement faibles, aucun d’entre eux ne rassemblant plus de 10.000 voix sur l’ensemble du territoire espagnol, alors que nous en rassemblons 60.000 sur la seule Catalogne.

 

En conclusion, nous aurions bien évidemment préféré faire un peu plus et entrer au Parlement espagnol, mais ce n’est vraiment pas un mauvais résultat pour nous.

 

Pouvez-vous nous décrire rapidement l’histoire de votre mouvement, ses orientations politiques ? Comment conciliez-vous votre régionalisme catalan avec l’Espagne ?

 

Plataforma per Catalunya a vu le jour en 2001, lorsque Josep Anglada décida de se présenter aux municipales dans sa ville, Vic (ville de 40.000 habitants près de Barcelone), avec pour slogan « pour un meilleur contrôle de l’immigration, améliorons la sécurité de la ville ». En 2001, l’Espagne vivait en pleine démagogie immigrationiste, et autant les conservateurs du Parti Populaire que les socialistes du PSOE clamaient les bienfaits de la légalisation massive des immigrés qui « contribuaient au développement économique du pays » et « s’intégraient très bien dans notre société ». Anglada fut l’un des premiers à remarquer que ce n’était pas le cas, et aujourd’hui ce sont ces mêmes conservateurs et socialistes qui veulent se rapprocher de notre discours anti-immigration devant le chaos généré par la légalisation de millions d’étrangers dans notre pays.

 

En 2002, Plataforma per Catalunya a effectué sa première percée médiatique, après avoir rassemblé de nombreux manifestants contre la construction d’une mosquée à Premia de Mar, que nous avons réussi à stopper.

 

Rappelons qu’en 1996, l’Espagne comptait 1% de population étrangère (quasiment tous venus de l’Europe du nord, vivant ici leur retraite et étant parfaitement acceptés par la population espagnole). Aujourd’hui, nous avons 14% d’étrangers en Espagne, légalisés de nombreuses façons, et provenant de divers pays du Tiers Monde.

 

Aux élections locales de 2003, cinq conseillers municipaux ont été élus et la presse commence à parler de « l’effet Anglada ». En 2007, le nombre de conseillers municipaux s’élève à 17. Cette même année, des délégations du Vlaams Belang et de la Lega Nord participent au 5ème congrès du parti, marquant l’intégration de PxC au réseau des partis identitaires européens.

 

En novembre 2010 ont eu lieu les élections au Parlement catalan : Plataforma per Catalunya a obtenu 2,6% des votes, il ne nous a manqué que quelques milliers de voix pour atteindre les 3% nécessaires pour obtenir une représentation au Parlement catalan. Au printemps suivant, en mai 2011, PxC a rencontré le succès aux élections locales, en obtenant 67 élus.

 

Concernant les relations entre notre défense de la Catalogne au sein de l’Espagne notre position est claire : nous plaidons la défense et la promotion maximales de la langue, de la culture et de l’identité catalanes, par là nous demandons également un maximum d’autonomie, tout en restant au sein de l’Etat espagnol et en faisant preuve de solidarité et de coopération avec les autres populations (basque, castillane, gallique) qui composent notre Etat historique.

 

Il faut savoir que le processus de formation de l’Espagne est assez différent de celui de la France, qui est depuis toujours beaucoup plus centralisée. Durant l’Espagne des rois catholiques, on ne parlait que le catalan en Catalogne, et le castillan ne commença à être introduit qu’à partir de 1714 et Philippe V, premier Bourbon à régner en Espagne. Jusqu’alors, la Catalogne avait gardé sa langue, ses lois et son autonomie et cela ne l’empêche pas de se sentir pleinement espagnole, tout comme la Castille.

 

En ce sens, Plaraforma per Catalunya est pour réactualiser la forme traditionnelle selon laquelle l’Espagne fut organisée durant des siècles, qui n’était pas celle de l’assimilation à un modèle central unique, mais l’intégration harmonieuse de tous les territoires et peuples qui composent l’Espagne dans le plus grand respect et la promotion de ses identités respectives.

 

Les medias parlent de votre projet de créer un parti national, avec d’autres « Plataforma ». Pourriez-vous nous en dire plus ?

 

Lors de notre prochain congrès, nous annoncerons la création de ce parti national avec un nouvel acronyme et avec une action dans tout le territoire espagnol. Ce parti aura des délégations dans chacune des communautés autonomes (régions) espagnoles, où il pourra agir sous un acronyme général et, comme cela est le cas en Catalogne, avec l’acronyme de cette communauté (région). En Catalogne, nous continuerons donc à rester Plataforma per Catalunya.

 

Le parti national continuera à avoir une structure unique d’organisation et de direction, et sera dirigé par l’actuel président et comité exécutif de Plataforma per Catalunya, qui logiquement iront investir des personnes d’autres lieux en Espagne.

 

Nous ferons une présentation médiatique au courant de l’année à venir. Nous sommes totalement assurés que ce parti sera la force identitaire de référence pour tous nos amis européens.

 

 Lors de votre campagne, vous avez reçu le soutien de partis populistes et nationalistes comme le Vlaams Belang, le FPÖ ou la Lega Nord. En France, vous avez des contacts avec plusieurs structures. Quelle est votre stratégie au niveau européen ?

 

Avant toute chose, nous souhaitons exprimer notre gratitude envers le FPÖ et le Vlaams Belang, pour tout l’appui logistique, politique, personnel de toute sorte qu’ils nous ont donné durant ces dernières années.

 

Nous entretenons avec ces deux mouvements d’étroites relations officielles, et ils sont notre référence pour toute alliance et discussions au niveau européen. Nous tenons aussi à signaler que nous avons une relation fluide avec la Lega Nord, dont nous savons qu’elle va être plus étroite encore dans un futur proche.

 

Interview d’Enrique Ravello (PxC) après les élections espagnoles [vidéo]

Représentants de la Lega Nord au dernier congrès de PxC

 

Notre stratégie européenne est simple. Nous pensons que la coordination et la collaboration entre tous les mouvements identitaires européens est une nécessité absolue par ce que nous voulons éviter la déliquescence de notre continent et répondre à la menace mortelle que rencontre notre civilisation millénaire : l’immigration, la mondialisation, l’islamisation, la régression démographique, la colonisation par des millions d’immigrés installés sur notre territoire, la soumission de notre économies aux marchés financiers internationaux sont des dangers d’une telle dimension à laquelle seule une réponse coordonnée de toutes les forces identitaires européennes peuvent faire face.

 

Mais soyons clairs : nous ne pouvons pas subordonner les intérêts de l’Europe au bénéfice des pouvoirs atlantistes pilotés par Washington au nom d’une soi-disant « lutte contre l’Islam », qui est un sophisme de la propagande du système, comme on a pu le constater récemment en Libye.

 

 L’Espagne fait partie des pays en situation délicate en ce qui concerne sa dette publique. Quelles en sont selon vous les causes, et quelles solutions préconisez-vous ? Etes-vous partisan, comme Marine Le Pen, d’une sortie de l’euro ?

 

Le niveau de la dette de l’Espagne est intolérable, comme pour tous les pays de notre environnement (y compris les Etats-Unis), nous sommes arrivés à un niveau de dette que nous ne sommes plus en mesure de dominer.

 

Cette situation est une conséquence d’une des plus grandes erreurs de la classe politique occidentale : penser à court terme et privilégier l’intérêt du parti à celui de la communauté nationale. C’est ainsi que les politiques se sont endettés (ou plus exactement nous ont endetté) de manière irresponsable, uniquement pour obtenir les faveurs de l’électorat et réussir leur réélection, sans se soucier des proportions que prenait la dette.

 

Eh bien, le moment du remboursement arrive désormais, et il n’y a plus d’argent pour le faire. Dans ces circonstances, le pire est que les banques qui ont prêté cet argent ne veulent pas seulement être remboursées mais veulent aussi obtenir la subordination intégrale du pouvoir politique au pouvoir économique, avec pour conséquence le sacrifice de l’Etat-providence pour les intérêts des marchés financiers internationaux. Un désastre, avec des coupables connus : les hommes politiques libéraux et socio-démocrates.

 

Dans ce contexte, à court terme, il faut générer urgemment des excédents budgétaires aptes à réduire progressivement la dette. Mais il faudra pour cela obligatoirement encadrer le paiement des intérêts de la dette, et imposer à l’avenir des limites légales aux conditions d’endettement.

 

Dans le même temps, il faut taxer l’hyper-classe et l’Empire bancaire, notamment les bénéfices bancaires et les transactions financières internationales, et éliminer tous les paradis fiscaux et autres stratégies de défiscalisation (résidences et nationalités de « convenance ») qui sont la base de l’évasion fiscale. Le remboursement de la dette ne peut pas se faire que sur le seul dos de la classe moyenne !

 

Bien que l’Euro ait appauvri l’économie espagnole, une sortie unilatérale ne serait pas possible, et en ce moment cela générerait plus de problèmes que de solutions pour l’Espagne. Le problème de l’Euro, c’est qu’il n’est soumis au contrôle d’aucun pouvoir public, sinon à celui de la Banque Centrale Européenne, une entité financière indépendante et sans responsabilité ni légitimité politique ou démocratique. C’est cet aspect que nous reprochons à l’UE, qui est hélas une institution technocratique et mondialiste, c’est pour cela que nous disons non à l’Europe des banquiers et des technocrates, mais nous dirons toujours oui à l’Europe des peuples et des nations, à cette Europe que nous voulons construire autrement.

 

Par ailleurs, nous sommes en accord avec les déclarations de Marine Le Pen demandant une sortie de la France de l’OTAN, une politique de défense indépendante des Etats-Unis, et un rapprochement stratégique avec la Russie. Cela pourrait modifier l’équilibre international actuel et permettre d’en finir avec l’hégémonie des Etats-Unis sur la scène mondiale.

 

 Comment expliquez-vous qu’en dehors de votre mouvement, les autres partis nationalistes en Espagne réalisent des scores incroyablement faibles ?

 

Il me semble difficile de critiquer le travail des autres partis nationalistes, ce sont eux qui doivent établir une autocritique, qui doit être basée sur un seule mot d’ordre : rénovation et capacité de communication avec les électeurs.

 

Plataforma per Catalunya a réussi parce que nous avons su aborder les problèmes contemporains (immigration, islamisation, mondialisation, finance internationale) et présenter nos solutions sans les interférer avec des considérations passéistes. Beaucoup de partis nationalistes espagnols ont trop de tabous sur les identités régionales et continuent de s’arcbouter sur une conception centraliste de l’Etat espagnol.

 

Je ne suis pas là pour décider à leur place, mais je crois que tant qu’ils ne rompront pas avec les références centralistes du passé, ils ne pourront pas escompter de se développer. C’est d’autant plus regrettable que ces mouvements disposent de personnes de grande valeur.

 

Cependant, nous sommes convaincus que lorsque nous aurons fait l’annonce de notre parti national, nous serons un catalyseur pour tous ceux qui veulent avec nous renouveler et faire avancer les idées identitaires et sociales.

 

 Propos recueillis par Philippe Derricks

dimanche, 27 novembre 2011

Europae n°5

EUROPAE

Sumario Nº 5

http://www.revistaeuropae.org

 

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Editorial

Escritores malditos.

Asturias

Introducción

Ducado Asturensis, guardianes del custodio, Jesús Magro

La Carisa y la Mesa. Causas políticas y militarles del Reino de Asturias, Jesús Magro

Nombres, etnias y resistencias, Jesús Magro

 

DOSSIER: LITERATURA MALDITA

Libertad, igualdad, masas y Shakespeare, Adrià Solsona

El Teatro clásico español como elemento políticamente incorrecto, Ramón Bau

Las ideas malditas de Nietzsche, Eurgenio Gil

Brasillach, Joaquín Bochaca.

Heiddeger: filosofía y nazismo. Una visión

Hans Günther: pinceladas de antropológicas sobre España, Santiago de Andrés

Jean Cau. Una breve biblio-biografía, Eduardo Núñez

Claudio Sánchez-Albornoz, ideas y contradicciones del intelectual olvidado de la Transición, Enrique Ravello

 

Geopolítica

Cambios en la política exterior turca, Enrique Ravello.

Música

El Pianoforte, Guillermo Jamard

Arte

La esencia de lo bello, Lluís Malgrat

Webs

La agencia de noticias Noreporter.

vendredi, 25 novembre 2011

Enric Ravello: “Los petrodólares financian mezquitas que predican la intolerancia”

Enric Ravello: “Los petrodólares financian mezquitas que predican la intolerancia”

 

gfp-er.jpgSeguimos con nuestras particulares entrevistas relacionadas con la política internacional. Hoy tenemos el placer de colgar la entrevista que le hemos hecho a Enric Ravello, responsable de los asuntos internacionales del partido Plataforma X Catalunya. Pese a tener una agenda muy apretada, agradecemos al señor Ravello su predisposición a colaborar con nuestro blog.

PREGUNTA: Países como Guinea Ecuatorial o Venezuela cada año nos suministran petróleo a cambio de apoyar a los gobiernos de Obiang y Chávez. ¿Ven ustedes este hecho como algo aceptable?

RESPUESTA: La salida a esta situación pasa por tomar la iniciativa en materia energética y por buscar subministradores  estables con los que se pueda establecer un marco de cooperación global en el que el subministro energético sea una variable estratégica más. En este sentido volvemos a señalar la falta de visión y de capacidad de la diplomacia española. Hoy hay una apuesta clara para Europa y es la del petróleo y el gas ruso.

P: Ahora que Palestina ha entrado en la UNESCO, cada vez tiene más cerca la independencia total. ¿Su partido apoya o no la soberanía del estado palestino y por qué?

R: Nosotros apoyamos la existencia de un Estado palestino, que recientemente ha sido reconocido también por el Parlamento catalán. La creación de un Estado palestino es condición necesaria para alcanzar una paz duradera en la zona, que sólo será viable si se termina con la injusticia histórica hacia el pueblo palestino. El mayor peligro para la estabilidad en Oriente Medio es el crecimiento del fanatismo religioso, y nos referimos tanto al extremismo musulmán como al judío.

 

P: Parece que China se ha convertido en la superpotencia que sustituye a la URSS en la nueva carrera por la hegemonía mundial. ¿Qué opinión le merece a su partido este país? ¿Condenan ustedes su nula preocupación por los derechos humanos?

R: La irrupción de potencias como China muestra que estamos muy lejos del “Fin de la Historia” que anunció precipitadamente Francis Fukuyama. China, como una de las superpotencias del siglo XXI ejerce una acción expansiva global. Financieramente compra deuda europea y norteamericana con lo que se asegura una presión sobre los mercados y sobre todo una capacidad política para evitar que estos países impongan cualquier tipo de barrera arancelaria a sus productos. Desde el punto de vista industrial, el control político y social de la población por parte del gobierno chino les permite producir a precios y coste contra los que nadie puede competir, a no ser por las barreras arancelarias que citaba más arriba y que su “estrategia financiera” hacen imposibles de aplicar. Desde el punto de vista demográfico, es alarmante, las cuotas de inmigrantes chinos en Europa occidental se disparan año tras año. Nos preocupa enormemente.

Pero para oponerse a esta expansión china es necesario algo de lo que carecen los actuales dirigentes políticos españoles y europeos: Pensar y hacer una política de largo plazo.

P: Con respecto a Cuba, ¿Qué posición mantiene su partido con el gobierno de los Castro? 

R: Nuestro partido tiene una opinión muy negativa de la dictadura marxista que ha arrastrado a Cuba a la ruina y a la miseria. La imposición de modelos socio-económicos caducos y esclerotizados han llevado a la población cubana a una situación insostenible. Deseamos que el pueblo cubano pueda decidir lo antes posible sobre su futuro. Dicho lo cual, queremos añadir que el bloqueo y la actitud de los Estados Unidos hacia Cuba nos parecen intolerables, y dejar bien claro que Cuba debe evitar que su salida del comunismo signifique ponerse de rodillas ante los Estados Unidos.

P: ¿Qué opina su partido de que actualmente la política económica nacional esté sujeta a las decisiones de París o Berlín?

R: La situación es peor que la que describe en su pregunta. Las decisiones no las toman París o Berlín, sino lo que ahora se llaman eufemísticamente “mercados internacionales” y que no es más que la alta finanza especulativa situada en los centros bursátiles y financieros de todo el mundo, la misma que nos ha llevado a la actual crisis económica.

Sarkozy ha traicionado a la V República francesa, su política exterior ha dejado de ser autónoma y ha apostado por vincularse a los Estados Unidos, es un hecho objetivo y que ha tenido graves consecuencias para Europa, también en el aspecto económico. Por su parte, Angela Merkel alterna una política propia (llamémosla germano-europea) con otra proatlantista.  Sarkozy ha destrozado lo que supuso de avance y consolidación de un eje europeo, la sinergia Kohl-Mitterrand, esperemos que esa tendencia se recupere alguna vez. En ese caso las decisiones Berlín-París serían mucho más beneficiosas para el conjunto de la UE.

P: Una de las cuestiones de más trascendencia en estos últimos años de la política exterior española es el posicionamiento a favor o en contra del Sáhara Libre. ¿Están ustedes a favor o en contra y por qué?

 
R: El proceso de descolonización del Sáhara fue caótico e improvisado. La situación necesita una revisión en la que estén implicadas las potencias de la zona, Marruecos, Argelia, el Frente Polisario y España como antigua potencia colonial, que tenga el visto bueno de la ONU y que pase necesariamente por la expresión mediante referéndum de los saharauis a decidir libremente sobre su futuro. Un Sáhara independiente, con el que se tendrían que establecer las mejores relaciones diplomáticas, tendría implicaciones geopolíticas positivas para España.  Su proximidad a Canarias y a la zona pesquera vital convierten a esta zona en un área de interés básico. Una buena relación entre España y Sahara serviría de contrapeso a la constante acción hostil que desarrolla Marruecos contra nuestro Estado.
En ese sentido una política exterior española pasaría por el establecimiento de lazos estrechos con los países de la Europa mediterránea (Italia, Francia y Grecia) para liderar la política de la UE en esta zona tan sensible y de tanta importancia geopolítica en el inmediato futuro. Además este eje euromediterráneo no debería conformase con tener una posición subordinada en la dirección de la UE, sino debe ser un complemento activo del eje carolingio (franco-alemán) en la creación de un espacio europeo cada vez más compacto y con mayor presencia en la escena internacional.

P: El Consejo Nacional de Transición libio ha declarado su intención de basar la nueva constitución en la Sharia. Además en Túnez y posiblemente en Egipto los islamistas moderados han o van a ganar las elecciones. ¿Qué opinión le merece a su partido todos estos hechos?

20-21.JPGR: Es una constante contrastada que la llamada “primavera árabe” se ha constituido sobre la alianza política de dos elementos que a priori podrían parecer no compaginables: los liberales occidentalistas y los islamistas moderados y no tan moderados. Hay un tercer factor que ha tenido un protagonismo destacado en la extensión de estas revoluciones árabes la cadena televisiva Al-Yazira, que es mayoritariamente de capital saudí, catarí e israelí.

Otra constante de estas revoluciones es que han derrotado a gobiernos que mantenían una política de cierta colaboración con Europa en materia energética y de control de la inmigración, es curioso ver cómo por ejemplo a Marruecos no ha llegado este “viento de libertad”. Mucho nos tememos que los nuevos gobiernos den un giro a esta situación y el Mediterráneo se convierte en una zona de inestabilidad creciente y con tendencia al enfrentamiento entre ambas orillas, algo que entra dentro dela estrategia del Choque de las civilizaciones del Pentágono.

Todo esto demuestra una vez más la falacia del pretendido antiislamismo de los Estados Unidos pues precisamente la política de Washington en Oriente Medio consiste en usar a los islamistas para derrocar a los regímenes árabes laicos como Irak o la propia Libia.

De todas formas hay que estar atentos al papel que juega en la zona la emergente potencia turca, en tensión creciente con Estados Unidos y con Israel por la hegemonía en el mundo árabe-islámico. La reciente visita de Erdogan a El Cairo hay que entenderla en este sentido. Turquía está en una nueva y diferente pase de sus relaciones internacionales y el neo-otomomanismo de su ministro de Asuntos Exteriores, Ahmet Davotoglu, será un factor de creciente importancia.

P: Si su partido ganase las elecciones, ¿Qué posición tomaría con respecto a Gibraltar?

R: El primer objetivo en esta cuestión debería ser iniciar un proceso gradual y negociado con Londres para terminar con la situación colonial de ese territorio. A su  vez, España debe actuar de forma clara y enérgica para que Gibraltar deje de ser un punto oscuro en el tráfico de drogas y de evasión de capitales.

Como partido catalán debemos recordar que si Gibraltar pasó a manos británicas como consecuencia del Tratado de Utrecht tras nuestra Guerra de Sucesión, algo similar ocurrió con los territorios catalanes y españoles de Perpiñán y la Cerdanya, que fueron incorporados a Francia y sometidos a una política de asimilación y despersonalización. España no puede olvidar definitivamente esa cuestión y debe apoyar una política cultural de vinculación de esos territorios con Cataluña, como parte histórica de Cataluña y de España que fueron.

P: ¿Impulsará su partido las cumbres iberaomericanas como un auténtico foro de los países de habla hispana y portuguesa?

R: Sin duda. Iberoamérica se está convirtiendo cada vez más en un bloque geopolítico de creciente importancia económica, energética (recordemos el reciente descubrimiento de petróleo en el sur de Argentina) y política.

El acercamiento entre Buenos Aires y Brasilia y la llegada a varios países de la zona de gobiernos que podríamos llamar nacionalistas de izquierda, hará que Sudamérica tienda a tener voz propia y unificada en la escena internacional. España, como parte fundamental del bloque europeo, debería tiene un papel crucial para establecer relaciones de amistad y cooperación entre nuestro bloque geopolítico europeo y el bloque geopolítico sudamericano. Lograrlo podría modificar la relaciones de poder e influencia en el equilibrio geopolítico mundial.

P: ¿Le parece correcto que los Estados Unidos aun mantengan bases militares en territorio español?

R: Nos oponemos  abiertamente a la presencia de bases norteamericanas en territorio español y europeo pedimos la desmantelación de las mismas. Estados Unidos y Europa están en una dinámica de progresiva divergencia, los intereses económicos y políticos respectivos no sólo no coinciden sino que son cada vez más contrapuestos.  Europa sólo podrá ser un actor internacional de peso y defender su posición en la escena internacional, con una política exterior y militar propia, en este sentido abogamos por la creación de una Organización militar de Defensa exclusivamente europea al margen de los Estados Unidos,  y en consecuencia la desmantelación de las bases norteamericanas en España y en Europa occidental, donde la única presencia militar de fuerzas militares debe ser la propia.

P: ¿Qué opina usted de la política de inmigración de Sarkozy, que ha obligado a miles de gitanos a abandonar Francia?

R: Que es una pantomima y una farsa. La pseudoexpulsión de gitanos rumanos de Francia fue un brindis al sol y una medida cara al electorado que Sarkozy consiguió arrancar a Jean Marie Le Pen en las últimas elecciones presidenciales y que necesitará mantener a toda costa si pretende ser reelegido como Presidente de Francia en la primavera de 2012. Esos gitanos rumanos son una pequeña anécdota del gravísimo problema real que supone la avalancha migratoria y la sumersión demográfica en Francia. Sarkozy sabía perfectamente que esos gitanos de pasaporte rumano podrían volver a Francia en pocos meses –como así ha sido- en función de su ciudadanía comunitaria.

En cuanto al problema real de la inmigración en Francia, es decir los millones de árabes, subsaharianos, asiáticos instalados en el país vecino y que con los actuales ritmos de crecimiento demográficos pueden subvertir la composición étnica de la República francesa en pocos años; la política de Sarkozy ha sido de puro continuismo con la de los gobiernos anteriores, es decir:  suicida.

P: ¿Qué opina de que la OTAN actúe en los conflictos armados internos? ¿Considera que en el caso libio se ha actuado para proteger al pueblo o que ha sido un ataque a un Estado soberano con intereses ocultos?

R: Que la OTAN actúe y ataque unilateralmente a cualquier Estado soberano nos parece lo que es: un atropello a la legalidad internacional.   Con la coartada de imponer un supuesta democracia que sólo existe en la imaginación de los estrategas del Pentágono y de Wall Street, los Estados Unidos han desencadenado absurdas guerras en Oriente Medio cuyo único objetivo era el control por parte de EE UU de zonas estratégicas desde el punto de vista energético y el control de las comunicaciones y rutas comerciales euroasiáticas que siguen pasando por la antigua Ruta de la Seda por la que fluyen el petróleo y el gas. También hay que señalar la importancia que tienen el control de esta ruta en el narcotráfico a escala mundial.

P: Cómo ve su partido que países islamistas conservadores como Catar o Arabia Saudí se estén convirtiendo en los máximos inversores en España?

R: Con inquietante y creciente preocupación.  Arabia Saudí y Catar son dos regímenes islamistas-wahabitas dictatoriales que  niegan los derechos de la mujer. Son tiranías corruptas, su dinero no debe ser bienvenido en España ni en ningún país europeo.

Además sus inversiones están dentro de la lógica del expansionismo islamista que defienden mantienen y financian el gobierno saudí y el qatarí. Es intolerable que se permita que esos petrodólares sirvan para financiar mezquitas en España donde se predica el odio y la intolerancia islamista. España debería hacer como Noruega e impedir con las medidas legislativas oportunas, que ninguna mezquita sea financiada con dinero saudí.

Por lo llamativo y lo visible es vergonzoso ver cómo nuestro fútbol se vende a los intereses de estos tiranos. Que el Santiago Bernabeu vaya a llamarse el Arena, y que el Barça lleve la camiseta de la Fundación Qatar, son algo más que anécdotas, son el síntoma de la facilidad y la profundidad con el que penetra el capital wahabita en España, y eso tendrá consecuencias nefastas en los próximos años.

Hay que señalar que Arabia Saudí y Catar, precisamente los dos grandes aliados de Estados Unidos en la zona,  son los dos únicos países árabes en los que no está permitido ningún otro culto público que no sea el islámico.

lundi, 10 octobre 2011

Ignatius Royston Dunnachie Campbell: A Commemoration

Ignatius Royston Dunnachie Campbell:

A Commemoration

By Kensall Green

Ex: http://www.counter-currents.com/

So much fine writing already exists here concerning Roy Campbell (October 2, 1901–April 22, 1957) that it would be hardly fair to Counter-Currents’ previous Campbell biographers to repeat—my own rephrasing notwithstanding—this  poet’s life story once again. Let it simply stand that October 2, 2011 is Roy Campbell’s 110th birthday, and we remember him as poet, as a man of action, and as a heroic defender of the faith.

It is a mighty testament to his talent that his work and life are commemorated still, considering how much suppression his poetry — and therefore his very existence as a poet and hero — were subject to by the intellectual cabal of his day, and all the days since. He died, neck broken in an auto accident in Portugal, April 1957.

The following poems of Campbell both appeared in Sir Oswald Mosley’s BUF Quarterly magazine, published sometime between 1936 and 1940.

The Alcazar*

By Roy Campbell

The Rock of Faith, the thunder-blasted—
Eternity will hear it rise
With those who (Hell itself outlasted)
Will lift it with them to the skies!
‘Till whispered through the depths of Hell
The censored Miracle be known,
And flabbergasted fiends re-tell
How fiercer tortures than their own
By living faith were overthrown;
How mortals, thinned to ghastly pallor,
Gangrened and rotting to the bone,
With winged souls of Christian valour
Beyond Olympus or Valhalla
Can heave ten million tons of stone!

*In the summer of 1936, during the early part of the Spanish Civil War [2], Colonel José Moscardó Ituarte [3], and Spanish Nationalist Forces in support of General Franco, held a massive stone fortress, The Alcazar, against overwhelming Spanish Republican [4] forces. Despite being under continual bombardment, day and night, Col Moscardo and the Nationalists (reportedly nearly 1000 people—more than half of which were women) held out for two months.

The Fight

By Roy Campbell

One silver-white and one of scarlet hue,
Storm-hornets humming in the wind of death,
Two aeroplanes were fighting in the blue
Above our town; and if I held my breath,
It was because my youth was in the Red
While in the White an unknown pilot flew—
And that the White had risen overhead.

From time to time the crackle of a gun
Far into flawless ether faintly railed,
And now, mosquito-thin, into the Sun,
And now like mating dragonflies they sailed:
And, when like eagles near the earth they drove,
The Red, still losing what the White had won,
The harder for each lost advantage strove.

So lovely lay the land—the towers and trees
Taking the seaward counsel of the stream:
The city seemed, above the far-off seas,
The crest and turret of a Jacob’s dream,
And those two gun-birds in their frantic spire
At death-grips for its ultimate regime—
Less to be whirled by anger than desire.

‘Till (Glory!) from his chrysalis of steel
The Red flung wide the fatal fans of fire:
I saw the long flames, ribboning, unreel,
And slow bitumen trawling from his pyre,
I knew the ecstasy, the fearful throes,
And the white phoenix from his scarlet sire,
As silver the Solitude he rose.

The towers and trees were lifted hymns of praise,
The city was a prayer, the land a nun:
The noonday azure strumming all his rays
Sang that a famous battle had been won,
As signing his white Cross, the very Sun,
The Solar Christ and captain of my days
Zoomed to the zenith; and his will was done.

Roy Campbell. Poet, hero, comrade. You are commended and celebrated. Your talent shall not fade, nor shall your works grow old, age shall not bury you, nor every future time condemn.[1] Happy birthday.

Note

1. Paraphrase of Laurence Binyon’s “For The Fallen,” as quoted by Paul Fussell, The Great War and Modern Memory (New York: Oxford University Press, 1977), p. 56.

 

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

vendredi, 07 octobre 2011

Die Reconquista

Die Reconquista

00:11 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moyen âge, histoire, espagne, reconquista | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 01 octobre 2011

« Rouges » et « fascistes » sans haine ni rancune

« Rouges » et « fascistes » sans haine ni rancune : le témoignage édifiant d'un enfant de la Guerre d'Espagne

par Arnaud IMATZ

Ex: http://www.polemia.com/

Polémia a reçu récemment de l’historien espagnol, Arnaud Imatz, (*) contributeur occasionnel du site, un message émouvant, accompagné d’un article, écrit en novembre 2006, qui donne un éclairage peu connu de certains des événements qui se sont déroulés en Espagne durant la Guerre civile de 1936 à 1939.
L’heure est à la « diabolisation » et à la réécriture de l’histoire. L’Espagne de Zapatero n’y échappe pas. La bien-pensance y oppose les « bons » (les « Républicains ») et les « méchants » (les « Fascistes »).


La réalité fut plus complexe. Des Rouges furent victimes des Franquistes. Et des Franquistes furent victimes des Rouges. Sans parler des Rouges nombreux à être victimes d’autres… Rouges. Des familles furent partagées. Et s’il y eut des horreurs, il y eut aussi beaucoup de noblesse chez certains combattants, des deux camps. Arnaud Imatz apporte ici le témoignage de José Ataz Hernández : un fils de rouge devenu responsable phalangiste qui vient de disparaître. Un texte à lire pour ceux qui ne croient pas à l’histoire en noir et blanc et qui préfèrent la mémoire historique à la mémoire hystérique. On trouvera ici le message de l’historien et son article.

Polémia

« Je viens d'apprendre avec infiniment de tristesse le décès de José Ataz Hernández survenu le 11 septembre 2011. Ses qualités humaines, son extrême générosité, sa profonde intelligence et sa force de caractère faisaient de lui l'archétype de l'aristocrate de l'esprit, un authentique hidalgo espagnol. Merci de trouver, ci-joint, l'article que j'avais consacré à sa terrible jeunesse, il y a quelques années. Amicalement. Arnaud Imatz »

Comprendre la guerre civile espagnole c'est savoir qu'elle fut « un mélange de vanité et de sacrifice, de clownerie et d'héroïsme », écrit Arthur Koestler dans son autobiographie The Invisible Writing. Guerre totale, devrait-on dire, guerre totale entre totalitaristes de gauche et autoritaristes de droite. Dans l’Espagne de 1936, il n’y a plus de démocrates. La haine et le sectarisme s’emparent des deux camps. Mais le respect de l'autre, la noblesse et la générosité transcendent parfois les divisions. Voici le témoignage émouvant de José Ataz, un jeune « hijo de rojo » (fils de rouge), qui a connu les horreurs d’une guerre fratricide et les terribles privations de l’immédiat après-guerre. Une histoire humaine, vraie, qui à elle seule permet de comprendre la complexité de ce terrible événement historique qui a été commémoré en 2006. Une histoire qui ne juge pas, qui ne dit pas le bien, qui ne poursuit pas la diabolisation, la discrimination entre purs et impurs mais qui contribue honnêtement et modestement à la recherche de la vérité et à la sincère réconciliation.

Au mois d'août 1936, José, petit garçon de huit ans, est le témoin d'une scène atroce qui le marque à jamais. Son père, Joaquín Ataz Hernández, secrétaire du Syndicat des cheminots de l'UGT de Murcie et dirigeant provincial du PSOE, vient d'être désigné par son parti pour siéger dans le Tribunal Spécial Populaire de Murcie. Les tribunaux populaires ont été crées, fin août 1936, par décret du gouvernement. Ils sont composés de 17 juges dont 14 sont nommés d'office par les partis et syndicats du Front Populaire (libéraux-jacobins de gauche, socialistes, communistes, trotskistes et anarchistes). Le 11 septembre, le TP de Murcie siège pour la première fois : sur 27 personnes jugées, 10 sont condamnées à mort, 8 à la réclusion perpétuelle, les autres à de lourdes peines de détention. Parmi les condamnés à la peine capitale, figurent le curé de paroisse Don Sotero González Lerma et le chef provincial de la Phalange de Murcie, Federico Servet Clemencín.

Joaquín Ataz Hernández a voté la peine de mort pour le jeune chef phalangiste. L'ordre qu'il a reçu de son parti ne peut être discuté : le « fasciste » doit être exécuté. « Mon père connaissait Federico depuis son enfance, témoigne José. Ils n'étaient pas amis, mais ils s'appréciaient et se respectaient. Aussi, juste après la sentence, il s'approcha pour lui dire: "Federico, je regrette vraiment..“. » mais avant qu'il n'ait pu ajouter un mot, Federico l'interrompit : « Ne t'en fais pas pour ça, j'aurais fait la même chose avec toi, donne moi donc une cigarette! ».

Deux jours plus tard, de très bonne heure, dans la matinée du dimanche 13 septembre, plusieurs camions bourrés d'hommes et de femmes réveillent José. Le bruit court que le Gouvernement veut gracier les condamnés et la foule en ébullition, exige de faire « justice » elle même. Affolé, le gouverneur civil ordonne de procéder en hâte aux exécutions. La foule furieuse pénètre bientôt dans le patio de la prison. Elle s'acharne sur les cadavres : les corps sont profanés et mutilés sans pitié. Au milieu de la matinée, le petit José, qui joue dans la rue, voit et entend la populace vociférer. Des hommes et des femmes surexcités semblent tirer un étrange fardeau à l'aide de cordes. Avec toute la curiosité et l'agilité de son âge, José s'approche... il est saisi d'effroi. Devant lui gît un corps ensanglanté, que les chocs sur les pavés de la chaussée ont converti en lambeaux. Aucune des viragos présentes sur les lieux ne l'empêchent de voir la scène. Personne ne lui vient en aide lorsqu'il vomit et tombe inconscient sur le sol. À peine remis, il court chez ses parents en pleurant. Sa mère le console. Comment de tels actes de sauvagerie peuvent-ils être tolérés, demande-t-elle écœurée à son mari ? Le père ne répond pas tant sa honte est grande. A cet instant, ils ignorent qu'il s'agit du cadavre du curé Don Sotero Gonzalez Lerma, qui a été horriblement mutilé, trainé dans les rues et pendu à un réverbère de la façade de son église, après qu'un milicien lui a triomphalement coupé une oreille et exigé d'un tavernier qu'il la lui serve bien grillée avec un verre de vin...

Dès que possible, Joaquín Ataz Hernández, renonce à sa charge de membre du Tribunal Populaire. Fin avril 1937, il est nommé chef de service du corps des Prisons. Il dirige bientôt le camp de travail de Totana (Murcie) ou près de 2000 prisonniers politiques, condamnés à la réclusion perpétuelle ou à 30 ans de détention, vont purger leurs peines dans des conditions très difficiles mais néanmoins humaines. Le 1er avril 1939, les cloches sonnent et les pétards éclatent. José et ses deux frères observent leur père : imperturbable, il se peigne calmement pendant que leur mère sanglote : « Ne vous inquiétez pas les enfants, la guerre est terminée mais je dois partir quelques jours en voyage ». Les quelques jours vont se convertir en années.

Sous le sceau du secret, José apprend par sa mère que son père a réussi à s'embarquer vers le Mexique. Pour survivre, le petit garçon doit travailler. Il est tour à tour marmiton, apprenti charpentier, magasinier et boulanger. Il retourne enfin avec enthousiasme à l'école. Dans sa classe, tous les enfants connaissent les antécédents politiques de chaque famille mais personne ne dit mot. En octobre 1942, à l'occasion d'un cours d'instruction civique, José entend par hasard son maître expliquer que José Antonio Primo de Rivera, le leader de la Phalange, condamné à mort par un Tribunal Populaire et exécuté en novembre 1936, « considérait que la naissance du socialisme était juste ». Ces mots, dans la bouche d'un adversaire, lui paraissent si insolites qu'il se plonge dans la lecture des Oeuvres Complètes du fondateur de la Phalange. Il en ressort enthousiasmé et convaincu.

José affronte une grave crise intérieure. Serait-il en train de trahir les idéaux pour lesquels son père a lutté si honnêtement durant toute sa vie? Par chance, il peut en débattre avec lui. Depuis quelque temps, il sait que son père n'est pas exilé au Mexique mais qu'il vit caché chez ses grands-parents. Sans plus attendre, il lui rend visite et lui fait lire les discours et le testament de José Antonio. « Je lui posais franchement mon problème de conscience, dit-il, et il me répondit avec toute la générosité et la noblesse que j'attendais de lui: "Écoute mon fils, je n'ai aucune autorité morale pour te conseiller dans un domaine ou, parce que je me suis engagé à tort ou à raison, vous devez maintenant souffrir toute sorte de privations et connaître la faim. Une personne seule peut aller jusqu'au bout de ses idéaux, sans limites, mais un homme qui a une femme et des enfants n'a pas le droit de compromettre la survie de sa famille. Fais ce que ton cœur te dicte, mais fais toujours en sorte de ne pas compromettre les autres par tes décisions. Tu m'entends bien Pepe, agis toujours avec honnêteté et cohérence “. La conscience enfin libre, "ayant obtenu l'autorisation du seul homme dont je reconnaissais l'autorité sur ma personne, ajoute José, j'adhérais au Front de la Jeunesse et je pouvais enfin porter ma première chemise bleue" ». Chef de centurie du Front de la Jeunesse, il entreprend alors des études de droit et est nommé chef du SEU (syndicat officiel des étudiants) du district universitaire de Murcie.

A la fin de l'année 1948, le père de José, qui vit cloîtré depuis plus de neuf ans, décide de sortir de sa cachette. Il prend le premier train pour Madrid. Grâce à l'amitié reconnaissante de gens qu'il a aidés pendant la guerre, il trouve du travail. Pendant deux ans et demi, il est employé dans un magasin de lampes électriques de la Puerta del Sol, puis dans une fabrique de conserves, sans jamais être inquiété. Mais un jour d'octobre 1951, son fils José, alors aspirant dans un régiment de Séville, apprend qu'il a été arrêté, victime de la dénonciation d'un employé renvoyé pour malversation.

José décide de tout mettre en œuvre pour aider son père. Au printemps 1952, un Conseil de Guerre est réuni. De nombreux témoins à décharge se succèdent à la barre. Tous expliquent que la conduite de l'accusé pendant la guerre a été irréprochable. Parmi eux, certains lui doivent même la vie. C’est le cas du professeur de droit commercial de l'université de Murcie, Salvador Martinez-Moya, qui a été sous-secrétaire à la Justice dans le gouvernement du radical Alejandro Lerroux. Inflexible, le procureur demande la peine de mort. Le jury se retire et délibère de longues minutes. Enfin de retour, la sentence tombe de la bouche du président: l'accusé est condamné à 30 ans de prison... mais, en raison des diverses remises de peine et des grâces accordées, il est immédiatement libéré.

Une fois ses études terminées, José intègre le cabinet juridique de Don Salvador Martinez-Moya, qui était un témoin capital dans le procès de son père. Les hasards de la vie font qu’il y est bientôt rejoint par le fils ainé de Federico Servet, le chef provincial de la Phalange dont son père avait voté la mort. « Je m'entendais très bien avec Ramón, écrit José. Nous ne parlions jamais de nos pères, mais nous savions la tragique relation qu'ils avaient eue. Ramón était très déçu de voir que l'Espagne s'éloignait de ce que son père avait rêvé. Finalement, il partit au Mexique et nous nous perdîmes de vue ». Intelligent et travailleur, José présente plusieurs concours de l’administration. C'est le début d'une fulgurante ascension. En 1964, le sous-secrétaire d'Etat aux finances fait appel à lui. Dix ans plus tard, il est sous-directeur général du ministère des finances.

A près de quatre-vingts ans, José Ataz Hernández, veut avant tout témoigner: « Ni moi, ni mes frères (dont un est aujourd’hui socialiste), n'avons jamais eu à nous réconcilier avec personne parce que personne ne nous a jamais dressés contre les autres. Au contraire, nous avons connu de très nombreux cas, discrets et anonymes, de générosité et de grandeur d'âme, qui seraient inconcevables aujourd'hui. Un exemple : lors de l'enterrement de mon père, Manolo Servet était présent. Manolo était un de mes amis du Front de la Jeunesse et le compagnon de travail de mon frère Joaquín. C'était le second fils de Federico, le jeune chef provincial de la Phalange de Murcie qui avait été condamné à mort avec la participation de mon père. Lorsqu'il s'approcha de moi pour me présenter ses condoléances et me donner une accolade, je dus faire un effort surhumain pour ne pas me mettre à pleurer »...

Témoignage de José Ataz
recueilli par Arnaud Imatz [Madrid, novembre 2006]
20/09/2011

Note de la rédaction:

(*) Arnaud Imatz, docteur d’état ès sciences politiques, diplômé d’études supérieures en droit, ancien fonctionnaire international à l’OCDE ; historien de la Guerre d’Espagne, il a publié de nombreux livres et articles sur ce thème.

Voir notamment :

Guerre d'Espagne : mémoire historique ou mémoire hystérique ?
Retour sur l'affaire des fosses du franquisme : Garzón, juge intègre ou prévaricateur ?

Correspondance Polémia – 25/09/2011

mercredi, 21 septembre 2011

José Javier Esparza - 'El libro negro de la izquierda española'

 

PD entrevista a José Javier Esparza - 'El libro negro de la izquierda española' - 17 mayo 2011