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samedi, 19 août 2023

Une nouvelle stratégie pour la communauté du renseignement américaine

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Une nouvelle stratégie pour la communauté du renseignement américaine

Source: https://katehon.com/ru/article/novaya-strategiya-razvedsoobshchestva-ssha

Les agences de sécurité américaines continueront à prendre des mesures contre la Russie, la Chine et d'autres pays. Mais aussi contre leurs propres citoyens

Le 10 août, la directrice du renseignement national, Avril D. Haines, a publié la stratégie nationale de renseignement (NIS) pour 2023. Cette stratégie définit l'orientation stratégique de la communauté du renseignement pour les quatre prochaines années.

Le communiqué de presse indique que "la stratégie nationale de renseignement définit l'orientation que doit suivre la communauté du renseignement pour être efficace à l'avenir : supériorité en matière d'information et de technologie, large éventail de partenariats et main-d'œuvre talentueuse et diversifiée. Notre vision de la stratégie de renseignement incarne les valeurs de l'Amérique..... Elle souligne également le rôle croissant de la communauté du renseignement dans le soutien à la résilience de nos infrastructures critiques nationales et de celles de nos alliés et partenaires".

En d'autres termes, les infrastructures américaines ne dépendent pas des ingénieurs et de l'industrie des États-Unis, mais de ce que les services de renseignement américains présentent aux entrepreneurs sur le terrain ou, en d'autres termes, des renseignements commerciaux volés à d'autres pays. C'est là "l'incarnation des valeurs de l'Amérique" - le vol de la propriété intellectuelle d'autrui (et pas seulement). Des "valeurs" connues de tous depuis l'indépendance des colonies anglaises vis-à-vis de la métropole britannique et leur expansion sur le continent nord-américain, puis dans le monde entier.

Les six objectifs décrits dans ce PMA reflètent des éléments clés de l'environnement stratégique actuel. Parmi ces éléments, citons

    - La concurrence entre les États-Unis et la République populaire de Chine + la Fédération de Russie ;

    - l'importance croissante des nouvelles technologies, des chaînes d'approvisionnement et de la gouvernance économique des États pour la sécurité nationale ;

    - l'influence croissante des acteurs subnationaux et non étatiques ;

    - les défis découlant de questions mondiales telles que le changement climatique et la sécurité sanitaire.

En ce qui concerne plus spécifiquement la Russie et la Chine, le rapport indique que "la RPC est le seul concurrent des États-Unis qui ait à la fois l'intention de modifier l'ordre international et, de plus en plus, la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique nécessaire pour le faire. La Russie représente une menace immédiate et persistante pour l'ordre de sécurité régional en Europe et en Eurasie et est une source de perturbation et d'instabilité dans le monde entier, mais elle n'a pas les capacités de la RPC dans tous les domaines.

Le document NIS est fondamental pour la communauté du renseignement des États-Unis et reflète les contributions de chacune des 18 unités de renseignement, la stratégie guidant les opérations, les investissements et les priorités du collectif.

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Voici comment les chefs des agences et directions concernées ont commenté la publication de la stratégie.

Bill Burns, directeur de la Central Intelligence Agency : "Le monde d'aujourd'hui est de plus en plus complexe et contradictoire, confronté à la fois à des dangers et à des opportunités. Nous vivons une ère de transformation marquée par une concurrence stratégique, une évolution technologique rapide et des menaces transnationales de plus en plus alarmantes. Pour faire face à cette situation, la communauté du renseignement doit faire preuve d'agilité et d'innovation. La stratégie nationale de renseignement définit la manière dont nous devons aborder un monde en mutation pour fournir des informations pertinentes et opportunes, en soulignant l'importance d'investir dans les partenariats, l'innovation technologique, la diversité des talents et l'expertise pour relever des défis allant de la concurrence avec la Chine au changement climatique et à la sécurité alimentaire mondiale".

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Le Général Paul Nakasone, directeur de la National Security Agency : "Nos efforts pour mieux comprendre les intentions et les actions de la Chine requièrent les efforts combinés de la communauté du renseignement, de nos alliés et de nos partenaires. Ensemble, nous développons les capacités et la résilience nécessaires pour relever les défis en constante évolution de notre pays et de nos partenaires. La stratégie nationale de renseignement vise à faire de ce processus une réalité fiable. La NIS reconnaît la concurrence croissante entre les démocraties et les autocraties. La concurrence stimule l'innovation, la réflexion et, le cas échéant, l'action. Le document NIS identifie six objectifs prioritaires qui protégeront non seulement notre nation, mais aussi nos partenaires dans les années à venir".

Chris Ray, Directeur du Federal Bureau of Investigation : "Le FBI et ses partenaires de la communauté du renseignement s'efforcent constamment d'anticiper les nouvelles menaces qui pèsent sur notre sécurité nationale et les moyens de relever ces défis. La nouvelle stratégie nationale de renseignement est un guide essentiel pour tous les membres de la communauté du renseignement. Nous sommes confrontés à une liste toujours plus longue de défis et de menaces pour notre pays, notamment les efforts déterminés de la Chine pour modifier l'ordre international et menacer les idéaux démocratiques, les cyberattaques et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement par des États étrangers hostiles et des cybercriminels, ainsi que le trafic de stupéfiants. Comme le reconnaît la stratégie, les partenariats, l'innovation, ainsi que la constitution et le maintien d'une main-d'œuvre talentueuse et diversifiée sont essentiels pour répondre avec succès aux menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui et à l'avenir".

L'accent est donc clairement mis sur la Chine plutôt que sur la Russie, ce qui est logique compte tenu de leur puissance croissante, en particulier dans le secteur des technologies critiques.

Quant aux objectifs eux-mêmes, ils sont les suivants :

    - Positionner la communauté du renseignement pour renforcer la concurrence stratégique : il s'agit notamment d'améliorer "la capacité à fournir des informations opportunes et précises sur les intentions, les capacités et les actions des concurrents en renforçant les connaissances linguistiques, techniques et culturelles et en utilisant des sources ouvertes, le "big data", l'intelligence artificielle et l'analyse avancée." Cette orientation est conforme aux tendances des dix dernières années en matière de technologie et de renseignement.

    - Recruter, développer et retenir une main-d'œuvre talentueuse et diversifiée (faisant apparemment référence aux différents éléments pervers pour lesquels il existe un quota dans l'establishment américain de la sécurité) qui travaille dans l'unité. "La communauté doit surmonter les défis culturels, structurels, bureaucratiques, techniques et sécuritaires de longue date pour redéfinir et fournir le personnel de l'avenir. Il semble qu'il y ait ici un décalage certain avec les valeurs déclarées de l'Amérique. Ou bien les problèmes cités sont-ils superficiels ? À en juger par la dégradation générale de l'appareil sécuritaire américain, les révélations d'initiés tels qu'Edward Snowden et le déclin de l'ensemble de la culture politique américaine, ils sont systémiques, et il est peu probable que la communauté du renseignement s'y attaque.

    - Fournir des solutions évolutives, interopérables et innovantes: pour ce faire, la stratégie indique que la communauté du renseignement doit mettre en place "des autorités d'achat uniques, des systèmes de réquisition centralisés et un système de passation de marchés à l'échelle de la communauté, tous soutenus par des outils d'automatisation". Une approche centrée sur les données à l'échelle de la communauté, fondée sur des normes communes, est essentielle pour exploiter pleinement les nouvelles possibilités". Cela semble être une action rationnelle, mais des propositions similaires n'ont pas été mises en œuvre aux États-Unis depuis des années. Par conséquent, la manière dont cet objectif sera atteint n'est pas claire non plus.

    - Diversifier, étendre et renforcer les partenariats : "Si nous continuons à investir dans les partenariats existants, l'évolution des défis - des cyberattaques au changement climatique en passant par les pandémies et l'influence étrangère malveillante - exige également d'investir dans des partenariats nouveaux et plus diversifiés, en particulier avec des acteurs non étatiques et infranationaux. Les idées, les innovations, les ressources et les actions de ces acteurs - des entreprises aux villes en passant par les organisations de la société civile - façonnent de plus en plus notre avenir social, technologique et économique". Et cette orientation pourrait devenir un symptôme assez dangereux d'une militarisation accrue du reste de la population civile et même d'autres États.

    - Développer les capacités et l'expertise en matière de RI pour relever les défis transnationaux. Ces défis, explique le PMA, comprennent "des crises plus fréquentes et plus intenses dues aux effets du changement climatique, du trafic de drogue, des crises financières, des défaillances de la chaîne d'approvisionnement, de la corruption, des maladies émergentes et récurrentes, et des technologies émergentes et perturbatrices", qui, à leur tour, sapent la sécurité. Les crises comprennent également les troubles civils et les migrations. Cette position n'est pas nouvelle. De telles déclarations figurent dans toutes les stratégies depuis 18 ans (le premier document de ce type a été publié en 2005).

    - Renforcer la résilience : il s'agit notamment d'accroître le rôle de la communauté du renseignement dans la protection des infrastructures critiques afin d'améliorer l'alerte précoce, ce qui peut permettre une "récupération et une réponse" plus solides, ainsi que "d'élargir son rôle dans la compréhension des menaces et des vulnérabilités de la chaîne d'approvisionnement et d'aider à atténuer les menaces pesant sur les infrastructures des partenaires gouvernementaux et industriels".

Cette déclaration rhétorique est également assez ancienne. Sauf que les défis auxquels sont confrontés les États-Unis sont devenus plus importants à mesure que les chaînes d'approvisionnement se sont modifiées. Cela signifie que les avertissements lancés précédemment n'ont pas été pris en compte par les dirigeants politiques du pays. Il est également peu probable que l'administration de la Maison Blanche (et la nouvelle équipe en 2024) soit plus prudente que ses prédécesseurs.

Il est important de noter que les activités de renseignement des États-Unis ne sont pas seulement dirigées contre des forces extérieures, mais aussi contre leurs propres citoyens. La loi autorisant la communauté du renseignement à espionner les Américains doit expirer en 2023, et une manifestation est donc prévue en septembre pour plaider en faveur d'une prolongation de cette loi. En outre, les responsables du renseignement américain ont l'intention de demander plus d'argent pour leurs activités.

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Voici à quoi ressemble la structure de la communauté du renseignement américaine. Elle se compose de 18 éléments.

Deux agences indépendantes :

  1. 1. Le bureau du directeur du renseignement national ;
  2. 2. La Central Intelligence Agency ;

Neuf unités du ministère de la Défense qui reçoivent également des informations de la part de leurs dirigeants :

  1. 1. La Defense Intelligence Agency ;
  2. 2. l'Agence nationale de sécurité
  3. 3. la National Geospatial-Intelligence Agency (Agence nationale de renseignement géospatial) ;
  4. 4. Le National Reconnaissance Office ;
  5. 5. les services de renseignement de l'armée de l'air américaine
  6. 6. Renseignement de la marine américaine ;
  7. 7. Renseignement de l'armée américaine ;
  8. 8. Renseignement du corps des Marines des États-Unis ;
  9. 9. Renseignement de l'armée de l'espace américaine ;

Sept éléments d'autres départements et agences : 

  1. 1. Office of Intelligence and Counterintelligence du ministère de l'énergie ;
  2. 2. Office of Intelligence and Analysis (Bureau du renseignement et de l'analyse) du Department of Homeland Security (Département de la sécurité intérieure);
  3. 3. Les unités de renseignement et de contre-espionnage des garde-côtes américains;
  4. 4. Le Federal Bureau of Investigation du ministère de la Justice ;
  5. 5. La direction du renseignement de sécurité nationale de la division du renseignement de sécurité nationale de la Drug Enforcement Administration;
  6. 6. Le Bureau du renseignement et de la recherche du département d'État;
  7. 7. Le Bureau du renseignement et de l'analyse du département du Trésor.

L'ensemble de ce conglomérat agit contre la Russie (ainsi que contre d'autres pays désignés comme des menaces par les États-Unis, principalement la Chine, mais aussi l'Iran et la RPDC). Ces 18 éléments disposent de suffisamment d'outils pour pénétrer, contrôler et obtenir des données (également par le biais de vols et de piratages illégaux).

dimanche, 13 août 2023

L'UE n'a pas de volonté politique propre

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L'UE n'a pas de volonté politique propre

Leonid Savin

Source: https://katehon.com/ru/article/es-ne-imeet-sobstvennoy-politicheskoy-voli

Quoi que dise l'UE sur la nécessité d'une approche plus indépendante de la prise de décision sur les questions clés, toutes les déclarations et affirmations de ce type, comme les plans d'autonomie stratégique de l'Allemagne et de la France, peuvent être considérées comme des sons creux.

A la veille du sommet de l'OTAN, le New York Times a publié un article de deux auteurs (Grey Anderson et Thomas Meaney) au titre retentissant : "L'OTAN n'est pas ce qu'elle prétend être".

Les auteurs commencent l'article par les développements récents, notamment l'admission de la Finlande et l'invitation à la Suède, et font ensuite une révélation extrêmement importante: "L'OTAN, depuis sa création, n'a jamais été concernée au premier chef par le renforcement de ses capacités militaires. Avec 100 divisions au plus fort de la guerre froide, soit une petite fraction des effectifs du Pacte de Varsovie, l'organisation ne pouvait espérer repousser une invasion soviétique, et même les armes nucléaires du continent étaient sous le contrôle de Washington. Elle visait plutôt à lier l'Europe occidentale à un projet beaucoup plus vaste d'ordre mondial dirigé par les États-Unis, dans lequel la défense américaine servait de levier pour obtenir des concessions sur d'autres questions telles que le commerce et la politique monétaire. Cette mission a été remarquablement réussie".

L'article décrit comment, malgré la réticence d'un certain nombre de pays d'Europe de l'Est à rejoindre l'OTAN, ils y ont été entraînés par toutes sortes de ruses et de manipulations. Les attentats de 2001 à New York ont fait le jeu de la Maison Blanche, qui a déclaré une "guerre globale contre la terreur", instaurant de fait cette même terreur au sens propre (Irak, Afghanistan) et au sens figuré, en faisant entrer de nouveaux membres dans l'OTAN, puisque ces pays sont plus faciles à contrôler par l'intermédiaire de l'OTAN.

imagpcscjgrusfges.jpgGray Anderson et Thomas Meaney soulignent les objectifs plus stratégiques des États-Unis: "L'OTAN fonctionne exactement comme l'avaient prévu les planificateurs américains de l'après-guerre, en rendant l'Europe dépendante de la puissance américaine, ce qui réduit sa marge de manœuvre (celle de l'Europe). Loin d'être un programme de charité coûteux, l'OTAN assure l'influence américaine en Europe à peu de frais. Les contributions américaines à l'OTAN et à d'autres programmes d'assistance à la sécurité en Europe ne représentent qu'une infime partie du budget annuel du Pentagone - moins de 6 % selon une estimation récente.

En Ukraine, le tableau est clair. Washington assurera la sécurité militaire et ses entreprises bénéficieront d'un grand nombre de commandes d'armes européennes, tandis que les Européens assumeront les coûts de la reconstruction d'après-guerre - ce à quoi l'Allemagne est mieux préparée qu'au renforcement de ses forces armées. La guerre sert également de répétition générale pour une confrontation des États-Unis avec la Chine, pour laquelle il n'est pas facile de compter sur le soutien de l'Europe".

Ce point de vue semble tout à fait adéquat, tant pour la rétrospective historique (qu'est-ce que la Grèce et la Turquie ont à voir avec l'Atlantique, par exemple ?) que pour l'évaluation des scénarios futurs. En général, c'est ainsi que l'on voit les actions des États-Unis vis-à-vis de la Russie: Washington a besoin de vassaux obéissants pour réaliser sa volonté politique.

En outre, mis à part l'OTAN, il existe un deuxième élément clé de la gouvernance de Washington. Il s'agit de l'Union européenne.

Il y a plus de sept ans, la publication britannique The Telegraph a révélé que l'UE n'était rien d'autre qu'un projet de la CIA.

L'article soulignait certains faits importants indiquant que les États-Unis ont piloté le processus d'intégration européenne depuis le tout début. Par exemple, la déclaration Schuman, qui a donné le ton à la réconciliation franco-allemande et a progressivement conduit à la création de l'Union européenne, a été concoctée par le secrétaire d'État américain Dean Acheson lors d'une réunion au département d'État. Ou encore qu'une organisation clé de la CIA était le Comité américain pour une Europe unie, présidé par William Donovan, qui dirigeait pendant la Seconde Guerre mondiale l'Office of Strategic Services, d'où est issue la Central Intelligence Agency. Un autre document montre qu'en 1958, ce comité a financé le mouvement européen à hauteur de 53,5 %. Son conseil d'administration comprenait Walter Bedell Smith et Allen Dulles, qui a dirigé la CIA dans les années 1950.

Enfin, le rôle des États-Unis dans la création et l'imposition du traité de Lisbonne à l'UE est également connu. Washington en avait besoin pour faciliter le contrôle de Bruxelles par ses marionnettes. Entre-temps, les commissaires européens ne sont pas responsables devant leurs gouvernements, car ils n'occupent pas leurs postes dans le cadre d'une procédure démocratique, alors que les citoyens des États européens ont le droit de choisir. Ils n'ont pas eu le choix.

Ces deux dépendances essentielles à l'égard d'une puissance extérieure limitent naturellement de manière significative la souveraineté des pays européens.

Mais même dans ces conditions, cela ne semble pas suffire aux États-Unis. La veille, l'ancien ambassadeur américain auprès de l'Union européenne, Stuart Eisenstadt, a déclaré dans une tribune du Financial Times qu'une nouvelle structure transatlantique entre les États-Unis et l'UE, comparable à l'OTAN, était nécessaire pour résoudre les problèmes actuels.

Il souligne la nécessité de coordonner un nouveau format qui, en fait, concerne la création des États-Unis d'Amérique et de l'Europe, où les États européens seront, bien sûr, des appendices des États-Unis, répondant à la volonté politique de Washington. C'est le transatlantisme du nouvel ordre, avec une puissance dirigeante et le reste des esclaves.

Par conséquent, peu importe ce que l'UE dit sur la nécessité d'une approche plus indépendante pour prendre des décisions sur des questions clés, toutes ces déclarations, comme les plans d'autonomie stratégique de l'Allemagne et de la France, peuvent être considérées comme vides de sens.

Ducunt Volentem Fata, Nolentem Trahunt, disait-on dans la Rome antique. Il est peut-être désagréable pour de nombreux Européens de s'en rendre compte, mais le fait est que les pays d'Europe sont tirés par la peau du cou dans une direction qu'ils ne veulent pas vraiment prendre.

vendredi, 11 août 2023

La note de crédit des États-Unis est abaissée pour cause d'endettement élevé, la dédollarisation progresse

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La note de crédit des États-Unis est abaissée pour cause d'endettement élevé, la dédollarisation progresse

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/rebajan-calificacion-crediticia-a-eeuu-por-su-alto-endeudamiento-y-avanza-la-desdolarizacion/

La décision de Fitch Ratings, mardi soir, d'abaisser la note de crédit du gouvernement américain est le dernier d'une série de coups portés à la réputation internationale du dollar américain, qui est en partie le produit d'une dette publique qui a déjà dépassé les 31.000 milliards de dollars, et qui n'est viable que tant que la Réserve fédérale fabrique la monnaie, mais aussi tant qu'elle s'apprécie en étant utilisée pour le commerce international, ce qui a été remis en question dernièrement.

Les critiques de l'agence de notation pourraient aider des pays comme la Chine et la Russie à faire avancer leurs efforts de "dédollarisation", conduisant à un déclin de la domination mondiale du dollar au profit d'un ordre multipolaire qui s'appuie sur de multiples monnaies, crypto-monnaies ou matières premières, a déclaré le spécialiste des marchés financiers Thierry Wizman. "Il y a clairement un mouvement en cours pour essayer de remplacer le dollar américain parmi certains pays du monde. Si vous essayez de remplacer le dollar, Fitch vient de vous donner un peu plus de munitions", a-t-il ajouté.

Après avoir averti au début de l'année qu'elle envisageait de réduire sa note lors du dernier débat au Congrès sur le plafond de la dette, Fitch Ratings a donné suite mardi en abaissant la note des États-Unis de AAA à AA+, ce qui leur fait perdre leur statut d'investissement de qualité. L'agence a justifié sa décision par "une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années, notamment en ce qui concerne les questions budgétaires et la dette".

"Je soupçonne Fitch d'avoir d'autres éléments à l'esprit qui affectent la gouvernance, et l'un d'entre eux est la scène politique intérieure", a déclaré M. Wizman. "Du point de vue de la stabilité politique, il n'est pas étrange que votre ancien président soit inculpé de nombreux chefs d'accusation et qu'il reste le favori.

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La dédollarisation est devenue un sujet brûlant dans les cercles économiques et de marché depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

Récemment, la Chine a réussi à convaincre davantage de pays, dont la Bolivie, de s'engager à effectuer une plus grande partie de leur commerce international en utilisant le yuan chinois.

Dans le même temps, la Russie a réduit ses réserves en dollars américains au profit de l'or et du yuan, les sanctions américaines et européennes ayant restreint l'accès de ses banques au système financier mondial dominé par le Royaume-Uni et les États-Unis. Les dirigeants d'autres pays, dont le Brésil, ont également déclaré qu'ils prendraient des mesures pour réduire leur dépendance à l'égard du dollar.

La Russie, la Chine et le Brésil auront bientôt l'occasion de présenter leurs arguments lors d'un sommet des nations dites "BRICS" qui se tiendra plus tard ce mois-ci en Afrique du Sud. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a également invité des dizaines d'autres pays en plus de la Russie, de la Chine, du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique du Sud, les premiers "BRICS".

Les chiffres publiés par le Congressional Budget Office au début de l'année prévoient que le déficit budgétaire des États-Unis atteindra environ 2000 milliards de dollars (trillions) d'ici 2033, contre environ 1400 milliards de dollars en 2023.

Tout substitut ou challenger du dollar devrait également établir un historique de marchés financiers profondément liquides et accessibles, de libre convertibilité et d'État de droit qui garantirait aux investisseurs mondiaux la conservation de leur argent.

L'hégémonie actuelle du dollar pourrait changer si le gouvernement fédéral américain ne parvient pas à contrôler son endettement à long terme ou s'il va trop loin en renforçant le rôle du dollar dans le système financier par des sanctions.

17:28 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, dollar, agences de notation, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 22 juillet 2023

Les États-Unis fomentent des affrontements entre l'Arabie et les Émirats. Et Ankara provoque Moscou avec les Circassiens

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Les États-Unis fomentent des affrontements entre l'Arabie et les Émirats. Et Ankara provoque Moscou avec les Circassiens

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/gli-usa-fomentano-scontri-tra-arabia-ed-emirati-e-ankara-provoca-mosca-con-i-circassi/

Même RimbamBiden s'est rendu compte que les atlantistes étaient de plus en plus isolés à cause de leur arrogance. Et ses marionnettistes ont couru se mettre à l'abri. Les premiers signes commencent à se manifester. L'Arabie saoudite, sous l'impulsion de la Chine, améliore ses relations avec l'Iran, qui, lui, se rapproche de la Russie. Et les États-Unis font pression sur les Émirats arabes pour qu'ils commencent à détériorer leurs relations avec Riyad. Y a-t-il un risque d'affrontement armé? Pas pour l'instant, mais le cas échéant, les marchands d'armes feraient aussi sauter les bouchons de champagne dans les pays arabes.

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D'autres signaux viennent de la Turquie. Celle-ci a d'abord décidé de flanquer une gifle aux Russes en violant les accords qui concernaient les prisonniers du bataillon Azov. Ensuite, elle a donné le feu vert aux nouvelles entrées scandinaves dans l'OTAN. Enfin, elle accueille une vague réunion de Circassiens qui veulent créer un État indépendant et anti-russe dans le Caucase.

Tout cela alors que se prépare une rencontre entre Erdogan et Poutine, le premier étant persuadé de pouvoir convaincre le second de la reprise de l'accord sur les exportations de blé et de maïs de l'Ukraine.

De toute évidence, Erdogan estime que quelques gifles aujourd'hui et demain ne sont pas une provocation, mais juste une manière commode de faire monter les prix. En revanche, il cherche à obtenir le feu vert de Bruxelles pour entrer dans l'Union européenne.

Une entrée qui ne serait pas facile à gérer. Non pas pour des raisons religieuses, mais parce que la Turquie représenterait la première armée de l'UE et aurait droit à plus de députés européens que l'Italie et la France. Avec tout ce que cela implique en termes de poids politique dans l'Union.

 

mardi, 18 juillet 2023

Les mystères de notre soumission au parti démocrate américain

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Les mystères de notre soumission au parti démocrate américain

Nicolas Bonnal

Le parti démocrate est le parti préféré des Français et des Européens ; c’est le parti dit-on du social et des minorités, le parti des écologistes et des LGBTQ et le parti surtout de la guerre à mort contre la Chine et la Russie. Quand Obama fit soi-disant tuer le Ben Laden de service, Kagan se rengorgea et se dit que l’on pouvait ‘démocratement’ mener une guerre messianique d’extermination contre le reste du monde. Surtout avec Trump en face…

Mais le parti démocrate c’est surtout celui des deux premières guerres mondiales : les USA ont vu, ils sont venus, ils ont vaincu – et comme dit Trotski ils ont commis à leur service la social-démocratie européenne pour mettre l’Europe à la portion congrue.

Il semble que le parti démocrate invincible et indéboulonnable sera aussi le parti de la troisième guerre mondiale qui achèvera le vieillard débile et consentant européen.

En France terre des droits de l’homme et des guerres en boucle on honore surtout le parti démocrate. Le téléphage froncé voulait dans les sondages voter à 90% pour Biden contre Trump qui lui garantissait la paix et l’énergie peu chère (mais on ne refera pas les Français). On honore la mémoire de Roosevelt (Franklin Delano), de Wilson donc ou de Kennedy. On y a déifié Obama en France, qui a démoli la Libye, a peuplé l’Europe de migrants, et qui a déclenché les hostilités finales contre la Russie en 2014, tout en recevant un prix Nobel à Stockholm et en déclenchant sur ordre écolo-bancaire la liquidation de nos industries.

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Ce  parti démocrate mène le monde à sa perdition avec sa troisième guerre mondiale contre la Chine et la Russie ; il mène l’Europe à sa ruine totale et il livre l’Amérique aux hordes ethniques comme on dit, au lobby LGBTQ et à la faillite financière via la dette – le tout sur fond de hausse infinie et arrogante de la bourse.

C’est lui qui peuplé de « dibbouks » (Kunstler), a créé sous Wilson (élu grâce à une division des républicains et à une participation abusive et sans doute contrôlée de Théodore Roosevelt aux élections présidentielles de 1912) la Banque Fédérale avec les Warburg, c’est lui a liquidé le libéralisme américain et renforcé et créé l’Etat moderne (voyez l’ouvrage collectif de Denton, Goldberg ou Hoppe), c’est lui qui a militarisé la nation et créé les mille bases, c’est lui a créé la Deuxième Guerre Mondiale et réduit l’Europe à la portion congrue, c’est lui qui, avec Truman, a créé de A à Z la guerre froide contre la Russie (génial Ralph Raico) et c’est lui qui a fait la guerre pendant dix ans au Vietnam, guerre inutile, assassine et cruelle. Mais c’est lui qui est adoré.

Et ce parti en même temps qu’il veut une guerre d’extermination contre la Russie et la Chine désire remplacer la population (quelque que soit le pays qu’il contrôle en Europe) et liquider agriculture et industrie (Harris-Kerry).

Et c’est normal puisque c’est le parti non pas du chaos (comme dit Kunstler) mais de la mort. L’occidental des temps de la Fin adore l’obscur, disait Guénon, alors qu’il adore la mort.

Et on ne parlera pas de JFK par pitié. On répètera avec Trotski :

« Pendant ce temps, l’Amérique édifie son plan et se prépare à mettre tout le monde à la portion congrue… La social-démocratie est chargée de préparer cette nouvelle situation, c’est-à-dire d’aider politiquement le capital américain à rationner l’Europe. Que fait en ce moment la social-démocratie allemande et française, que font les socialistes de toute l’Europe ? Ils s’éduquent et s’efforcent d’éduquer les masses ouvrières dans la religion de l’américanisme; autrement dit, ils font de l’américanisme, du rôle du capital américain en Europe, une nouvelle religion politique. »

 

jeudi, 13 juillet 2023

Décision historique: la Cour suprême américaine déclare l'"Affirmative Action" inconstitutionnelle

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Décision historique: la Cour suprême américaine déclare l'"Affirmative Action" inconstitutionnelle

Source: https://zuerst.de/2023/07/11/historisches-urteil-us-supreme-court-erklaert-affirmative-action-fuer-verfassungswidrig/

Washington. Un jugement sensationnel - et une étape importante dans l'histoire des Etats-Unis : la Cour suprême vient d'interdire à toutes les universités d'utiliser la couleur de peau comme critère de sélection des étudiants. C'est précisément ce qui se pratique aux États-Unis depuis des décennies, et les Blancs ont été chroniquement désavantagés. L'"Affirmative Action" avait pour but de donner aux Noirs un meilleur accès à l'enseignement supérieur.

Mais : c'est précisément ce qui est anticonstitutionnel, a déclaré la Cour suprême dans un jugement très médiatisé. "L'étudiant doit être traité en tant qu'individu sur la base de son expérience - et non de sa race", a écrit le président de la Cour John Roberts à propos du jugement.

L'indignation est à son comble à gauche. Ainsi, le président américain Biden a réagi avec indignation à la fin de la discrimination des Blancs et a parlé d'une "grave déception" : "Je ne suis pas du tout d'accord avec la décision de la Cour suprême", a-t-il déclaré à la télévision.

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L'organisation étudiante "Students for Fair Admissions" (étudiants pour des admissions équitables) avait porté plainte contre l'université d'élite privée Harvard et l'université publique de Caroline du Nord. Elle affirmait qu'en favorisant les Afro-Américains, elle désavantageait les candidats d'origine asiatique.

L'"Affirmative Action" a été introduite dans les années 1960 suite aux protestations du mouvement des droits civiques des Noirs. Depuis lors, les candidats blancs à l'entrée à l'université ont régulièrement porté plainte devant les tribunaux en se disant victimes de "discrimination inversée", mais sans succès jusqu'à présent.

La décision de la Cour suprême est également une conséquence des nominations de juges sous l'ère Trump. Durant son mandat, l'ancien président américain a pu nommer trois juges de tendance conservatrice à la Cour suprême américaine. Depuis lors, les conservateurs y sont majoritaires. (mü)

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lundi, 10 juillet 2023

Daniel Ellsberg, l'empire américain et la guerre d'Ukraine

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Daniel Ellsberg, l'empire américain et la guerre d'Ukraine

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25892-piccole-note-daniel-ellsberg-l-impero-americano-e-la-guerra-ucraina.html?auid=100376

Le 16 juin, Daniel Ellsberg, aujourd'hui inconnu du plus grand nombre, est décédé, mais il est entré dans l'histoire pour avoir transmis aux médias américains des documents secrets sur la guerre du Viêt Nam qui, en 1971, ont révélé au monde les mensonges que Washington avait prodigués sur ce conflit, ouvrant ainsi la voie à sa résolution.

Les documents secrets ont commencé à être publiés dans le New York Times puis le Washington Post, malgré d'immenses pressions pour les faire taire. Ellsberg est lui-même soumis à d'énormes pressions ; l'administration Nixon va jusqu'à brandir contre lui l'Espionage Act, mais le Watergate vient à son secours et plonge Nixon dans l'enfer de l'histoire (le seul président américain à payer pour ses erreurs, pourtant moins graves que celles de beaucoup de ses homologues).

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À sa mort, les médias américains ont célébré Ellsberg comme un héros américain. Le paradoxe est que ces mêmes journaux traitent de traîtres Julian Assange, Edward Snowden et d'autres qui ont suivi les traces d'Ellsberg, révélant au monde les mensonges propagés par les États-Unis dans leurs dernières aventures impérialistes.

De plus, Ellsberg lui-même avait fait l'éloge d'Assange et de Snowden, mais il n'y a aucune trace de cela dans ses nécrologies. Ryan McMaker écrit à ce sujet dans Consortium News le 28 juin : "Soutenir les Ellsberg des temps modernes - comme Assange, Snowden, Reality Winner, Chelsea Manning et Jack Texeira - exige un certain degré d'indépendance d'esprit, de scepticisme et de mépris pour les régimes. C'est pourquoi si peu de journalistes des grands médias soutiennent ces fuites contemporaines. Cela pourrait mettre en péril la position de ces reporters auprès des directeurs et des propriétaires des grands médias. En outre, la plupart des journalistes des grands médias participent au régime. Ils n'ont aucun intérêt à l'ébranler".

Ellsberg et la manipulation de l'opinion publique

Nous citons certaines des remarques d'Ellsberg tirées du livre War Made Invisible : How America Hides the Human Toll of its Military Machine de Norman Solomon, rapporté par The Intercept.

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Revenant sur la manière dont les Américains ont réagi aux victimes de la guerre, Ellsberg a déclaré : "Il convient de noter [...] que le public ne se préoccupe pas vraiment du nombre de personnes que nous tuons dans ces guerres. Tout au plus se préoccupe-t-on des pertes américaines, surtout si elles sont trop nombreuses".

"L'opinion publique s'accommodera également, de manière presque surprenante, d'un niveau très élevé de pertes américaines, surtout si les choses se passent bien et si le président peut se prévaloir d'un succès [...]. Mais en ce qui concerne les personnes tuées dans nos guerres, les médias ne posent pas de questions, le public ne leur demande pas de rendre des comptes, et lorsque quelque chose est révélé, d'une manière ou d'une autre, à l'occasion, rien ne change".

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Ce qui est caché aux Américains "c'est qu'ils sont citoyens d'un empire, qu'ils sont au centre d'un empire qui s'arroge le droit de décider qui gouverne les autres pays, et si ces gouvernements ne sont pas aimés à cause de leurs [mauvaises] interactions avec les intérêts corporatistes [américains] ou parce qu'ils refusent de nous accorder des bases" militaires ou autres, "nous nous sentons tout à fait légitimes et nous sommes en mesure de les destituer par un changement de régime".

"Pratiquement tous les présidents nous disent, ou nous rassurent, que nous sommes un peuple véritablement épris de paix, particulièrement prudent lorsqu'il s'agit de déclencher une guerre, voire réticent, peut-être même trop dans certains cas, mais plus que déterminé une fois que nous sommes intervenus, et qu'il faut beaucoup pour nous faire accepter l'idée d'entrer en guerre, que ce n'est pas là notre statut normal. Cela se heurte évidemment au fait que nous avons été en guerre la plupart du temps...".

"La réalité, c'est qu'il y a tromperie, que l'opinion publique est manifestement induite en erreur, dès le début du jeu, dans son approche de la guerre, de sorte qu'elle est persuadée d'accepter puis de soutenir une guerre. Quel est le poids des médias dans la tromperie de l'opinion publique et dans quelle mesure est-il difficile de la tromper ? En tant qu'ancien initié, je dirais qu'il n'est pas si difficile de la tromper".

Ellsberg et l'Ukraine

Nous terminons donc par la leçon d'Ellsberg sur la guerre en Ukraine : "Ni les États-Unis ni la Russie ne l'ont provoquée seuls : il y a des gens dans le monde qui veulent la guerre froide, qui trouvent qu'il vaut mieux diriger le monde en ayant face à nous des puissances antagonistes comme la Chine ou la Russie, afin de pouvoir nous convaincre que nous devons faire ce qu'ils veulent".

Et encore : "Zelensky et Poutine avaient essentiellement conclu un accord, ils étaient très proches d'un accord, qui incluait un retour au statu quo d'avant-guerre en Crimée et dans le Donbass, ils s'étaient également mis d'accord en ce qui concerne l'OTAN et tout le reste, mais les États-Unis et les Britanniques, dans le cas spécifique de Boris Johnson, sont allés [voir Zelensky] et lui ont dit : "Nous ne sommes pas prêts pour cela. Nous voulons que la guerre continue. Nous n'accepterons pas de négociations".

"Je dirais qu'il s'agit d'un crime contre l'humanité. Et, très sérieusement, je dis que l'idée qu'il était nécessaire de tuer des gens des deux côtés pour 'affaiblir les Russes' [sur ce point, il cite explicitement le secrétaire à la défense Lloyd Austin], non pas pour le bénéfice des Ukrainiens, mais pour une stratégie géopolitique globale, était [et reste] diabolique."

Ce j'accuse d'Ellsberg contre ceux qui alimentent la guerre en Ukraine n'a évidemment pas été rapporté par les grands médias lorsqu'ils l'ont célébré à titre posthume. Et, pour en revenir à ce que l'ancien insider a dit à propos de l'amnésie intéressée des médias et de leur mépris pour les victimes indésirables, il convient de noter que le nombre de victimes que l'armée ukrainienne enregistre sur le front est l'un des secrets les mieux gardés de ce conflit.

Le carnage qui a lieu lors d'assauts sans but et sans succès dans le seul but de poursuivre cette guerre par procuration contre la Russie constituerait un choc terrible pour l'opinion publique occidentale. Il pourrait soulever des questions gênantes sur la nécessité de remettre les négociations à plus tard et sur le prétendu héroïsme des dirigeants ukrainiens. D'où le secret inavouable.

dimanche, 09 juillet 2023

Entretien avec André Archimbaud - Sommet Otan : Quelle provocation prépare l'Empire contre l'Europe?

vendredi, 30 juin 2023

Brain Initiative, le contrôle des cerveaux selon Barack Obama

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Brain Initiative, le contrôle des cerveaux selon Barack Obama

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/schede/politica/brain-initiative-il-cervello-secondo-obama.html

Les relations internationales sont en train d'être englouties par un événement historique, l'aube de la guerre cognitive, qui à la fois prémisse d'un monde nouveau et promet d'affecter lourdement les trajectoires futures de l'humanité. L'esprit placé au centre, comme jamais auparavant, devient une nouvelle dimension de la conflictualité. Avec toutes les implications que cela implique : guerres cognitives globales - l'Ukraine restera dans les mémoires comme la première guerre de ce type dans l'histoire -, pandémies infodémiques, post-vérités et désinformation permanentes.

Les origines des guerres cognitives remontent aux recherches sur le contrôle mental menées pendant la guerre froide par les blocs américain et soviétique, dont le MKULTRA a certainement été le plus vaste et le plus ambitieux. Mais au-delà des enquêtes militaires, les progrès réalisés dans les domaines du neuromarketing, de la psychologie du consommateur, de l'économie comportementale et de la neurolinguistique ont joué un rôle clé dans le développement des armes cognitives et neuronales.

La recherche sur le fonctionnement du cerveau et de l'esprit n'a jamais cessé. Par intermittence, pour des raisons différentes, elle a été menée par des civils ou par des militaires. Et depuis 2013, aux Etats-Unis, une équipe mixte se penche sur les mystères du cerveau dans le but de faciliter sa compréhension et, à terme, son instrumentalisation à des fins militaires. Il s'agit de la Brain Initiative mise en place par l'administration Obama.

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Les origines de la Brain Initiative

La Brain Initiative, ou BRAIN Initiative (Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies), est née au plus fort d'une période, entamée à la fin de l'ère Bush, caractérisée par la curiosité renouvelée des politiques et des militaires à l'égard des neurosciences.

Deux rapports détaillés, en particulier, allaient contribuer à relancer le thème du contrôle de l'esprit, qui avait été mis en hibernation après la guerre froide: Grand Challenges of Mind and Brain de la National Science Foundation (2006) et From Molecules to Mind : Challenges for the 21st Century du National Research Council et de l'Institute of Medicine (2008). Avec en toile de fond deux projets d'investigation de l'esprit inaugurés au même moment : Decade of the Mind de James Olds et Revolutionizing Prosthetics de la DARPA.

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Des laboratoires au Congrès, il n'y aurait eu qu'un pas. L'idée de créer une plateforme de recherche sur le cerveau pilotée par le gouvernement fédéral a été lancée pour la première fois par Miyoung Chun (photo), de la Fondation Kavli, en 2011. Elle a rapidement été soutenue aux États-Unis, où elle a été accueillie favorablement par une série d'acteurs, dont le Bureau de la politique scientifique et technologique, l'Institut médical Howard Hughes, l'Institut Allen pour les sciences du cerveau, Google, Microsoft et Qualcomm.

La pression exercée par des particuliers issus de secteurs très différents a trouvé un débouché institutionnel avec l'avènement de l'administration Obama. Le Bureau exécutif du président est chargé d'élaborer un plan d'étude approfondie du cerveau basé sur une collaboration public-privé. Et en 2013, à la Maison Blanche, la création de la BRAIN Initiative est annoncée au niveau mondial.

Percer les derniers secrets de l'esprit humain

La BRAIN Initiative était ambitieuse dès le premier jour. Avec un budget de démarrage de plus de cent millions de dollars, elle a été immédiatement liée aux plus importants centres de recherche du gouvernement américain - DARPA, NIH et NSF - et a impliqué des bailleurs de fonds et des entités privées, dont l'Allen Institute for Brain Science et la Kavli Foundation.

La présidence Obama, animée par l'objectif de faire des États-Unis le leader de la révolution cognitive, avait convié au projet les sommités les plus célèbres et les plus talentueuses du domaine. Une véritable dream team composée, entre autres, de Cornelia Bargmann - neurobiologie -, William Newsome - processus neuronaux -, David Anderson - neuroscience des émotions -, Emery Brown - neuroscience computationnelle -, Karl Deisseroth - science du comportement -, John Donoghue - interfaces neuronales - et Terry Sejnowski - intelligence artificielle.

Les scientifiques de la Brain Initiative se sont vu confier diverses tâches, en fonction de leur domaine de spécialisation, notamment la finalisation de la cartographie du cerveau et l'avancement de la neuroinformatique et de la neurotechnologie. Certains ont été et sont impliqués dans le développement de technologies utiles pour la chirurgie non invasive, d'autres dans la recherche de traitements pour les maladies neurologiques, et d'autres encore, moins exposés aux projecteurs, dans l'utilisation des connaissances dérivées des progrès des neurosciences pour trouver de nouveaux moyens de modifier le comportement humain. Guerres cognitives.

La Brain Initiative aujourd'hui et demain

La Brain Initiative a survécu à son créateur, Barack Obama, et est entrée en 2020 dans sa deuxième phase, consacrée à l'application des technologies et des découvertes réalisées au cours des années précédentes, qui devrait s'achever en 2025.

Le soutien aux travaux de l'initiative est bipartisan, transversal, réunissant civils et militaires, organismes publics et acteurs privés. Gagner la course aux cerveaux, l'un des chapitres les plus importants de la compétition entre grandes puissances, est considéré (à juste titre) comme un intérêt fondamental, à poursuivre à tout prix et à protéger, surtout, des risques des alternances quadriennales à la Maison Blanche.

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Les contributeurs à la Brain Initiative, ouverte aux partenariats avec le secteur privé depuis 2013, se sont multipliés au fil du temps. En 2022, liste des participants en main, on compte quarante entités impliquées dans des activités de recherche à divers titres : universités, agences gouvernementales, centres de recherche militaires, fonds privés, entreprises technologiques.

Si l'on parle peu de ce projet ambitieux, les scientifiques qui y participent, lorsqu'ils sont interrogés, ont tendance à le comparer, en termes de répercussions potentielles pour l'humanité, à la course à l'espace et au projet Manhattan. Et peut-être que ce qui sortira des laboratoires de la Brain Initiative axés sur les armes cognitives et les neuro-armes sera un croisement entre Apollo et la bombe atomique : extraordinaire et destructeur.

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mercredi, 28 juin 2023

Comment la Commission trilatérale a façonné l'Occident contemporain

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Comment la Commission trilatérale a façonné l'Occident contemporain

par Giacomo Gabellini 

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/come-la-commissione-trilaterale-ha-modellato-l-occidente-contemporaneo

Lorsqu'ils ont créé la Commission trilatérale en 1973, les fondateurs David Rockefeller, Zbigniew Brzezisnki et George Franklin aspiraient à créer un organisme transnational pour consolider l'ordre international dirigé par les États-Unis et atténuer les tensions naissantes entre les membres de la "triade capitaliste" - formée par les États-Unis, l'Europe occidentale et le Japon - en raison de la croissance économique européenne et japonaise et de l'intensification de la concurrence intercapitaliste à la suite de la crise pétrolière.

Au milieu des années 1970, le groupe de réflexion a publié, entre autres, une étude selon laquelle "une initiative commune Trilatérale-Opec visant à mettre davantage de capitaux à la disposition du développement servirait les intérêts des pays trilatéralistes". À une époque où la croissance stagne et le chômage augmente, il est évidemment avantageux de transférer des fonds des États membres de l'OPEP vers les pays en développement afin d'absorber les exportations des nations représentées au sein de la Commission trilatérale".

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Un autre document datant de la même période indique que: "l'objectif fondamental est de consolider le modèle basé sur l'interdépendance [entre les États] afin de protéger les avantages qu'il garantit à chaque pays du monde contre les menaces externes et internes qui viendront constamment de ceux qui ne sont pas disposés à supporter la perte d'autonomie nationale qu'implique le maintien de l'ordre existant. Cela peut parfois nécessiter de ralentir le rythme auquel le processus de renforcement de l'interdépendance [entre les États] doit être mis en œuvre et de modifier ses aspects procéduraux. La plupart du temps, cependant, il faudra s'efforcer de limiter les intrusions des gouvernements nationaux dans le système de libre-échange international des biens économiques et non économiques".

L'objectif des trilatéralistes était donc de transformer la planète en un espace économique unifié impliquant l'établissement de liens étroits d'interdépendance entre les États et, comme on peut le lire dans une étude fondamentale consacrée à ce sujet, "la restructuration des relations entre les travailleurs et les employeurs en fonction des intérêts des actionnaires et des créanciers, la réduction du rôle de l'État dans le développement économique et le bien-être, la croissance des institutions financières, la reconfiguration des relations entre les secteurs financier et non financier au profit du premier, la mise en place d'un cadre réglementaire favorable aux fusions et acquisitions d'entreprises, le renforcement des banques centrales à condition qu'elles se préoccupent avant tout d'assurer la stabilité des prix, et l'introduction d'une nouvelle orientation générale visant à drainer les ressources de la périphérie vers le centre". Sans oublier la baisse des impôts sur les revenus, les patrimoines et les capitaux les plus élevés, afin de libérer des ressources pour l'investissement productif et de mettre fin au déclin inquiétant de la part de la richesse totale - mesurée par la propriété combinée de biens immobiliers, d'actions, d'obligations, de liquidités et d'autres actifs - détenue par le fameux 1% le plus riche de la population, à son niveau le plus bas depuis 1922.

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Un chiffre important, qui n'est que partiellement imputable au renversement historique de l'architecture fiscale mise en place avant l'éclatement de la crise de 1929 par l'administration Coolidge - et en particulier son secrétaire au Trésor Andrew Mellon (portrait, ci-dessus) - dirigée par Franklin D. Roosevelt. La contraction des revenus perçus par les plus aisés était étroitement liée à la baisse tendancielle des profits des entreprises qui, comme Karl Marx l'avait deviné à l'époque, se produit chaque fois que la concurrence intercapitaliste s'intensifie. Dans le cas présent, l'augmentation astronomique de l'investissement et de la productivité réalisée par l'Europe occidentale et le Japon avait non seulement été supérieure à celle capitalisée par les États-Unis, mais elle avait également été obtenue dans un contexte de faible inflation, de taux d'emploi élevé et d'augmentation rapide du niveau de vie.

Pendant un certain temps, l'abaissement du seuil de rémunération produit par l'intensification de la confrontation entre les États-Unis, l'Europe occidentale et le Japon a été compensé par l'augmentation vertigineuse de la masse des profits industriels générés par le boom économique, mais à partir du milieu des années 1960, la marge a commencé à s'amenuiser progressivement en raison de la poursuite de l'exacerbation de la concurrence intercapitaliste, combinée à l'augmentation généralisée des salaires et au renforcement des syndicats. D'autre part, le krach de Wall Street entre 1969 et 1970 avait porté un coup sévère aux tendances spéculatives, déclenchant une spirale descendante destinée à durer au moins jusqu'à la fin de 1978, avec la liquéfaction de quelque 70 % du total des actifs détenus par les 28 principaux fonds spéculatifs américains.

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Le phénomène n'a pas manqué d'attirer l'attention de Lewis Powell (portrait, ci-dessus), juge à la Cour suprême ayant fait carrière comme avocat des multinationales du tabac, qui a envoyé en août 1971 une lettre célèbre à Eugene B. Sydnor, fonctionnaire de la Chambre de commerce des États-Unis. Dans ce document, intitulé avec éloquence Attack of American Free Enterprise System (Attaque contre le système américain de la libre entreprise), Powell déplorait le siège idéologique et axiologique imposé au système des entreprises par "l'extrême gauche, qui est bien plus nombreuse, mieux financée et tolérée qu'à n'importe quel moment de l'histoire". Ce qui est surprenant, cependant, c'est que les voix les plus critiques proviennent d'éléments très respectables ancrés dans les universités, les médias, le monde intellectuel, artistique et même politique [...]. Près de la moitié des étudiants sont également favorables à la socialisation des industries américaines fondamentales, en raison de la diffusion sporadique d'une propagande trompeuse qui sape la confiance du public et l'embrouille". Le juge a ensuite proclamé qu'il était maintenant "temps pour les entreprises américaines de marcher contre ceux qui ont l'intention de les détruire [...]. Les entreprises doivent s'organiser, planifier à long terme, se réglementer pour une durée illimitée et coordonner leurs efforts financiers en vue d'un seul objectif fondamental [...]. La classe des entrepreneurs est appelée à tirer les leçons de la classe ouvrière, à savoir que le pouvoir politique est un facteur indispensable qui doit être cultivé avec engagement et assiduité et exploité de manière agressive [...]. Ceux qui représentent nos intérêts économiques doivent affûter leurs armes [...], exercer une forte pression sur l'ensemble de l'establishment politique pour s'assurer de leur soutien et frapper sans délai leurs adversaires par le biais du pouvoir judiciaire, comme l'ont fait par le passé la gauche, les syndicats et les groupes de défense des droits civiques [...], qui ont obtenu des succès considérables à nos dépens.

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Le passage le plus significatif de la lettre est cependant celui dans lequel Powell attire l'attention sur la nécessité de prendre le contrôle des écoles et des médias, considérés comme des outils indispensables pour "former" l'esprit des individus et créer ainsi les conditions politiques et culturelles nécessaires à la reproduction pérenne du système capitaliste. De toute évidence, Powell n'avait pas oublié les réflexions formulées par Marx et Gramsci sur le concept d'"hégémonie", qui s'exerce beaucoup plus efficacement par une manipulation habile des appareils éducatifs et des médias de masse que par la coercition. Selon lui, il est nécessaire de convaincre les grandes entreprises de fournir des sommes d'argent suffisantes pour renforcer l'image du système par un travail raffiné et méticuleux de "construction de consensus" auquel s'emploieraient des professionnels grassement rémunérés. "Nos interventions dans les médias, lors de conférences, dans le monde de l'édition et de la publicité, dans les tribunaux et dans les commissions législatives devront être d'une précision inégalée et d'un niveau exceptionnel.

Un autre aspect crucial est l'établissement d'une relation de collaboration avec les universités en vue de l'inclusion dans les universités de "professeurs qui croient fermement au modèle entrepreneurial [...] [et qui, sur la base de leurs convictions] évaluent les manuels, à commencer par ceux d'économie, de sociologie et de sciences politiques". En ce qui concerne l'information, "la télévision et la radio devraient faire l'objet d'un contrôle permanent selon le même critère que celui utilisé pour évaluer les manuels universitaires. Cela vaut en particulier pour les programmes d'approfondissement, d'où proviennent très souvent les critiques les plus insidieuses du système d'entreprise [...]. Des articles parrainant notre modèle devraient être publiés en permanence dans la presse, et les marchands de journaux devraient également être impliqués dans le projet".

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L'autre texte de référence, complémentaire au mémorandum de Powell, dont les trilatéralistes se sont inspirés est The Second American Revolution de John D. Rockefeller III. La seconde révolution américaine de Rockefeller III, véritable manifeste idéologique publié par le Council on Foreign Affairs en 1973, propose de limiter drastiquement le pouvoir des gouvernements à travers un programme de libéralisation et de privatisation visant à priver les autorités étatiques de certaines de leurs fonctions régulatrices fondamentales et à révoquer les politiques keynésiennes en vigueur depuis le New Deal pour revenir au modèle darwinien et fortement dérégulé qui a perduré jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Franklin D. Roosevelt.

La mise en œuvre des schémas trilatéraux, favorisée par la prolifération des fondations (l'activisme de celles du Midwest, dirigées par les familles Olin, Koch, Richardson, Mellon Scaife et Bradley, serait particulièrement incisif) et l'application pratique d'une série d'expédients exposés dans un impressionnant rapport sur la "crise de la démocratie" rédigé par les politologues Samuel Huntington, Michel Crozier et Joji Watanuki pour le compte de la Commission, s'est faite sous la présidence de Jimmy Carter.

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En effet, le candidat démocrate qui a remporté les élections de 1976 grâce à une impressionnante campagne médiatique s'est attaché à rendre l'administration publique responsable de l'émergence de toute une série de problèmes qui frappaient les États-Unis, à commencer par l'inefficacité due à une bureaucratisation excessive et à l'"ingérence" dans la vie économique qui nuisait à la pleine exploitation du potentiel économique du pays. Fait significatif, pas moins de 26 membres de la Commission trilatérale ont été recrutés dans l'administration Carter, dont Walter Mondale (vice-président), Cyrus Vance (secrétaire d'État), Harold Brown (secrétaire à la défense), Michael Blumenthal (secrétaire au Trésor) et Zbigniew Brzezinski (conseiller à la sécurité nationale).

 

vendredi, 23 juin 2023

Human Ecology Fund, la mission de lavage de cerveau de la CIA

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Human Ecology Fund, la mission de lavage de cerveau de la CIA

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/schede/storia/human-ecology-fund-missione-lavaggio-del-cervello.html

La pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ont définitivement ouvert la voie aux guerres cognitives, un art de la guerre appelé à perdurer en raison de la concomitance de certains facteurs globaux, sociaux et technologiques.

Dans les guerres cognitives, tout est ou peut être une arme: d'un canal Telegram à un groupe Facebook. Et la cible est unique: l'esprit. Ou plutôt, la domination de l'esprit. La science-fiction devient réalité: neuro-armes, technologie menticide, "candidats mandchous" (ndt: "programmés pour des attentats meurtriers"). Déstabilisation de sociétés entières par le biais d'influenceurs, de plateformes sociales, de blogs, d'armées de trolls et de messageries instantanées.

Les origines des guerres cognitives remontent à une époque précise, la guerre froide, dont il faut parler et sur laquelle il faut revenir pour les comprendre. Car les techniques, tactiques et connaissances des neuro-stratèges d'aujourd'hui ne sont que le fruit d'événements d'hier, comme le projet MKULTRA, les expériences de Montréal, les études de Kurt Plötner, Sidney Gottlieb, William Sargant et Donald Cameron, et les enquêtes du Human Ecology Fund.

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Le contexte historique

On ne peut comprendre la logique du Human Ecology Fund, une enquête sur le fonctionnement de l'esprit humain financée par la Central Intelligence Agency, sans reconstituer le contexte historique.

Nous sommes dans les années 1960, la confrontation avec l'Union soviétique a atteint son paroxysme et les Etats-Unis, en proie à la peur des rouges, craignent la propagande invisible de l'ennemi et sont persuadés qu'il y a des cinquièmes colonnes partout: du Pentagone à Hollywood. La société était en ébullition, l'explosion prochaine des mouvements contre-culturels était dans l'air, et dans les salles de contrôle, on discutait de la manière de transformer le défi du changement social en cours en une opportunité.

C'est dans le contexte des tensions interraciales, des maxi-manifestations pacifistes et des violences politiques des turbulentes années 1960 que la Maison Blanche a délégué à Langley le soin de trouver une solution à l'infiltration de la propagande soviétique aux Etats-Unis. Une solution que les psycho-guerriers de la CIA ont tenté de trouver dans le domaine émergent des études cognitives.

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L'écologie humaine ou l'ingénierie sociale

De ce "Fonds pour l'écologie humaine", l'un des programmes les plus secrets de la CIA connus à ce jour, on sait encore peu de choses. Dates, noms, chiffres, beaucoup de choses sont restées mystérieuses. Ce qui a, bien sûr, contribué à alimenter les théories du complot.

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Le HEF aurait été fondé en 1955, sous le nom de Society for the Investigation of Human Ecology, au sein du département de psychiatrie de l'université de Cornell. Le neurologue Harold Wolff (photo) dirigeait cette entité, officiellement axée sur l'étude des techniques d'interrogatoire persuasives.

En 1957, après seulement deux ans, Wolff est démis de ses fonctions et remplacé par James Monroe, un militaire rompu à la guerre psychologique, et Carl Rogers, l'un des plus éminents psychologues de l'époque. Langley, en particulier, était intéressé par une application militaire des théories de Rogers sur la thérapie non directive.

Il aurait été possible de pousser les gens à agir contre leur volonté, par exemple en révélant des secrets sans s'en rendre compte et sans qu'il soit nécessaire de procéder à des interrogatoires musclés. Les psycho-guerriers de la HEF en étaient convaincus. Et la CIA lisait leurs rapports périodiques avec optimisme, d'où la décision d'élargir les collaborateurs du HEF - de l'Office of Naval Research au Geeschickter Fund for Medical Research - et d'étendre le champ des recherches - de la simple psychologie à l'utilisation de stupéfiants et de psychédéliques, dont le diéthylamide de l'acide lysergique (LSD).

Les résultats

À un moment donné, au plus fort de la recherche, le destin du HEF se confond avec le tristement célèbre Allen Memorial Institute de l'université McGill, théâtre des expériences concomitantes de lavage de cerveau menées à Montréal dans le cadre d'un autre projet de la CIA sur l'esprit: MKULTRA. Avec des résultats respectables.

Dans les laboratoires du HEF, qui coïncident souvent avec les cellules des institutions psychiatriques, les théories sur l'ingénierie sociale et la manipulation mentale ont été testées, poussées à l'extrême et dépassées. Des patients catatoniques ramenés à la normale. Des patients sains réduits à la catatonie. Expériences sur le bombardement psychologique, la résistance au stress, la guidance psychique, la modification du comportement. Tout cela au nom de la lutte contre le communisme.

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Malgré les succès vantés par les neurologues et les psychologues de la HEF, la CIA ordonnera l'arrêt des travaux en 1965. Peut-être pour les fondre dans la marmite du MKULTRA. Ou peut-être pour poursuivre ses recherches dans le plus grand secret, sous le couvert de la fin des opérations.

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jeudi, 22 juin 2023

Gaz de schiste aux États-Unis: de la "révolution" à la bulle?

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Gaz de schiste aux États-Unis: de la "révolution" à la bulle?

par Giacomo Gabellini

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25770-giacomo-gabellini-shale-gas-negli-usa-da-rivoluzione-a-bolla.html

Comme chacun sait, les États-Unis ont depuis longtemps dépassé l'Arabie saoudite pris la première place dans le classement des principaux pays exportateurs de pétrole. Il s'agit d'une réussite remarquable, mais en même temps prévisible, car l'ascension des États-Unis parmi les plus grands fournisseurs de pétrole brut au monde se poursuit depuis plusieurs années.

En particulier, depuis que l'administration Obama a donné le feu vert à l'extraction de pétrole dit "non conventionnel", rendue possible par le développement de méthodes d'extraction telles que l'hydrofracturation et le forage horizontal. Des techniques particulièrement innovantes, mais lourdes d'effets secondaires sur l'environnement puisqu'elles impliquent l'infiltration dans le sous-sol, et donc dans les aquifères qui le traversent, de quantités considérables de substances (on parle de plus de 200 litres d'un mélange contenant environ 600 agents chimiques pour chaque puits) qui sont à la base d'une pollution environnementale extrêmement importante et des nombreux phénomènes sismiques enregistrés dans les zones touchées par la fracturation hydraulique des schistes.

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Le manque d'attention général sur la dangereuse corrélation entre l'extraction d'hydrocarbures non conventionnels et les tremblements de terre s'explique très probablement par l'impact considérable de la "révolution du schiste" sur le PIB américain; le journal "Economist" a pour sa part estimé que les plus de 20.000 nouvelles plates-formes construites à travers le pays avaient contribué à faire croître l'économie nationale de pas moins de 76,9 milliards de dollars US entre 2010 et 2014.

Au cours de ces années, de nombreux experts de l'industrie ont prédit que le pétrole de réservoirs étanches et le gaz de schiste extraits en Amérique du Nord feraient progressivement leur entrée sur le marché mondial, ainsi que d'autres formes spéciales de pétrole non conventionnel - notamment le pétrole de sables bitumineux de la Chine, le pétrole extra-lourd du Venezuela et le pétrole pré-salifère du Brésil - et de gaz naturel. L'épicentre de cette "révolution" est toutefois resté fermement ancré au cœur des États-Unis, qui ont pu produire 20,21 millions de barils de pétrole par jour en 2022 et 975 milliards de mètres cubes de gaz en 2021, et augmenter considérablement leurs parts de marché. Surtout, vers le "vieux continent", en raison de la dynamique déclenchée par le conflit russo-ukrainien, qui a entraîné - entre autres - la rupture du lien énergétique entre l'Union européenne et la Fédération de Russie.

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Si l'impulsion initiale de la croissance de l'industrie du schiste a été donnée par l'administration Obama, le véritable tournant s'est toutefois produit sous l'administration Trump, qui, grâce au "travail extraordinaire" du secrétaire à l'énergie Rick Perry (photo), a réussi à démanteler l'architecture réglementaire qui régissait les activités des producteurs de pétrole non conventionnel de manière à non seulement accréditer les États-Unis en tant que grand exportateur d'hydrocarbures, mais aussi et surtout à greffer le programme de réindustrialisation du pays sur une base d'autosuffisance énergétique.

Les milliers de nouveaux gisements activés en Pennsylvanie, au Texas, au Kansas, en Oklahoma, dans le Dakota du Nord et au Colorado avec le soutien de Washington transformeraient définitivement les États-Unis en premier fournisseur mondial d'hydrocarbures. "Nous n'en sommes qu'aux quinze premières années d'un processus qui durera 150 ans", a déclaré Steve Müller, directeur de Southwestern Energy. L'objectif d'exploiter le potentiel de l'industrie des hydrocarbures non conventionnels a en effet eu un impact sur la définition de la ligne opérationnelle suivie par les Etats-Unis au cours des années précédentes, avec notamment les efforts répétés pour évincer du marché des pays producteurs de premier plan comme l'Irak, l'Iran et la Libye. Mais aussi à la tentative obstinée et infructueuse de marginaliser par des sanctions une nation énergétique de tout premier ordre comme la Russie, à la forte pression exercée sur l'Arabie saoudite pour qu'elle échange une réduction substantielle de sa production contre l'intensification de son soutien militaire et stratégique dans une perspective anti-iranienne, et au siège politico-technologique imposé au Venezuela dans le but de saper le potentiel de production du pays.

Les problèmes sont apparus lorsque, pour des raisons purement géopolitiques (limiter les revenus d'adversaires du calibre de la Russie et de l'Iran), les États-Unis ont décidé de s'associer à l'Arabie saoudite pour faire baisser le prix du pétrole. Pour les "frackers", conscients que l'exploitation des gisements d'hydrocarbures non conventionnels, qui ont tendance à s'épuiser très rapidement, nécessite un nombre de forages très élevé et donc des seuils de rentabilité assez importants, la situation commence à devenir très complexe.

Ryan Lance, PDG de Conoco-Phillips, a alors cherché à donner de solides assurances aux investisseurs, se déclarant convaincu que "le système a survécu avec un baril à 100 dollars et peut survivre avec un baril à 50-60 dollars. Et il y a encore de la place pour l'amélioration, en concurrence avec n'importe quel autre projet d'extraction dans le monde". Selon M. Lance, les progrès technologiques réalisés progressivement auraient permis d'abaisser le seuil de rentabilité du gaz de schiste de 25 % rien qu'en 2015, tandis que "dans les meilleures régions, vous pouvez obtenir un retour sur investissement de 10 %, même avec un pétrole à 40 dollars".

Les choses se sont avérées bien différentes. La forte réduction des marges bénéficiaires liées à la production de pétrole de réservoirs étanches et de gaz de schiste s'est avérée être un coup dur pour les petites et moyennes entreprises américaines qui avaient investi dans le secteur, et elle a également eu un impact significatif sur les performances boursières des géants du pétrole, qui ont été contraints à la fois de "tondre" leurs actionnaires et de renoncer à de nombreux investissements déjà réalisés.

Selon un rapport de "Bloomberg" d'août 2015, la dette accumulée par la moitié des entreprises impliquées dans la "révolution du schiste" incluses dans son indice atteignait 40% de leur valeur totale. Une autre analyse menée sur les bilans de 60 compagnies pétrolières cotées aux Etats-Unis certifiait que fin juin 2014, les dettes s'élevaient à 190,2 milliards de dollars, en hausse de 50 milliards de dollars depuis fin 2011. De 2010 à 2014, la masse de la dette a doublé, alors que les revenus n'ont augmenté que de 5,6%.

Il faut également souligner qu'une proportion non négligeable de ces entreprises consacre au moins 10 % de leur chiffre d'affaires au paiement des intérêts de la dette qui, dans la plupart des cas, a été classée par les grandes agences de notation dans la catégorie "junk", en raison des risques de défaut élevés et de l'incapacité de la grande majorité des entreprises du secteur à générer des bénéfices, comme l'a magistralement illustré Bethany McLean dans son ouvrage approfondi.

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Elle n'a pas manqué de souligner que l'effondrement généralisé et ruineux du secteur n'a été évité que grâce à l'offre surabondante de liquidités bon marché fournie par la politique monétaire hyper-accommodante de la Réserve fédérale. C'est en vertu de ce soutien financier fourni par la Banque centrale américaine que l'industrie du fracking a pu survivre à la période de prix très bas qui a duré de 2014 à 2015, et relancer la production à grande échelle grâce à des réductions progressives des coûts et à l'amélioration des rendements miniers.

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En novembre 2015, cependant, le Houston Chronicle a révélé que pas moins de 37 entreprises américaines opérant dans le secteur des hydrocarbures non conventionnels avaient fait faillite entre les mois d'août et d'octobre précédents, avec une dette totale dépassant les 13 milliards de dollars. Les mois suivants ont connu la même tendance, en raison de la révision négative des prévisions de prix du pétrole de Goldman Sachs, de la hausse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale et de l'entrée du pétrole iranien sur le marché suite à la levée des sanctions contre Téhéran, qui a fait chuter le prix du Brent et du West Texas Intermediate en dessous de 30 USD le baril, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis 2003.

L'amaigrissement drastique - avec la fermeture de 80 % des sites d'extraction actifs cette année-là, accompagnée d'une longue série de faillites d'entreprises - a facilité un processus de concentration destiné à atténuer les problèmes financiers pesant sur l'ensemble du secteur, qui s'est également trouvé confronté au fil des ans à une forte baisse de production, structurelle et non conjoncturelle, selon le spécialiste David Messler, et largement préfigurée par le contenu des documents de 2009 publiés par le New York Times. Dans ces documents, certains experts et employés des grandes sociétés pétrolières identifiaient déjà la "révolution du schiste" comme une nouvelle gigantesque "chaîne de Ponzi". Parmi eux, l'Agence internationale de l'énergie, qui fait autorité en la matière, a prédit dans son World Energy Investment Outlook de 2014 un effondrement vertical de la production d'hydrocarbures non conventionnels aux États-Unis et l'éclatement de la bulle correspondante.

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mardi, 13 juin 2023

L'évolution du conservatisme américain

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L'évolution du conservatisme américain

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/levoluzione-del-conservatorismo-americano/

Le conservatisme américain est l'une des deux principales idéologies de la philosophie politique américaine (avec le libéralisme), une idéologie qui a été formulée pour la première fois dans l'ouvrage de Russell Kirk, Conservative Mind (1953), qui est devenu la source de ce courant politique. Les origines du conservatisme moderne aux États-Unis renvoient à l'Amérique du début des 18ème et 19ème siècles, conçue comme un projet de société moderne aux fondements capitalistes et individualistes.

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Le développement initial du conservatisme américain modéré-libéral traditionnel s'est transformé au fil du temps en politique libertaire (avec son individualisme radical) et néo-conservatrice (avec son hyper-mondialisme). Les conservateurs américains, qui représentent une variété de courants, s'appuient sur les idées exposées dans les œuvres d'Alexis de Tocqueville, d'Edmund Burke, d'Adam Smith, de Milton Friedman et de Friedrich von Hayek. [cf. Toropov E.A. The winding path of American conservatism : from Russell Kirk to the neoconservatives].

Dans le contexte politique, le conservatisme américain s'oppose aux "idéologies" [cf. Kirk R., The Conservative Mind, New York, 1953], est un mouvement qui défend les valeurs dites "américaines", qui s'expriment par une minimisation de l'influence de l'État sur l'économie et par les libertés individuelles des citoyens américains, ainsi que dans le soutien aux valeurs traditionnelles et chrétiennes.

Le conservatisme américain en tant que courant politique s'est formé en présence d'un large éventail de problèmes sociaux, notamment les problèmes liés à l'immigration, à la révolution industrielle et à la domination du mode de vie bourgeois.

À un moment donné de l'histoire américaine, les protestants d'orientation nativiste et anticatholique se sont qualifiés de conservateurs.

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Le pays étant protestant à plus de 95 % en 1840, la plupart des protestants n'étaient pas particulièrement heureux à l'idée de partager leur pays avec les catholiques irlandais, qui s'installaient massivement aux États-Unis, fuyant les problèmes économiques qui frappaient l'Irlande. L'afflux de catholiques a donné naissance au parti nativiste "Know-Nothing Party" ou, selon l'appellation officielle, au "Native American Party". Les militants du parti exigeaient que les écoles publiques organisent des lectures quotidiennes de la Bible et interdisaient aux catholiques d'y enseigner. Les positions anti-catholiques sont si fortes qu'aux élections de 1856, le candidat du Native American Party, Millard Fillmore (photo, ci-dessus), obtient près de 25 % des voix, soit le deuxième meilleur résultat obtenu par un tiers parti dans l'histoire du pays.

En ce qui concerne les questions politiques, il convient de s'attarder sur la situation interne des États-Unis qui s'est développée après la victoire du "Nord" dirigé par Lincoln lors de la guerre civile (1861-1865). Le parti républicain, qui est devenu la force politique dominante, avait des positions progressistes et soutenait de vastes réformes sociales et une plus grande intervention de l'État dans l'économie. Il a soutenu la création du système de la Réserve fédérale (Fed), a investi dans une urbanisation massive, a soutenu la Prohibition, le droit de vote des femmes et a modernisé d'autres domaines de la vie publique américaine auxquels s'opposaient les conservateurs du Sud. Pour tenter de maintenir le statu quo et sa domination politique, l'idéologie républicaine s'est transformée au fil du temps en un conservatisme bourgeois. Un événement emblématique a été la manipulation des élections en faveur des républicains en échange de la fin de la réintégration des États du Sud enclins au séparatisme (le Texas en est un exemple). La "reconstruction" radicale, qui impliquait l'armée et les procureurs du Nord, a radicalement affecté la formation des identités régionales dans les États du Sud.

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Le rythme de la croissance industrielle et l'émergence de grands propriétaires de capitaux ont minimisé les différences entre les républicains et les démocrates. Cependant, plus tard, dans les années 1960, le conservatisme a reçu un nouvel élan en raison des problèmes internes qui s'étaient accumulés aux États-Unis. Le taux de criminalité élevé, la révolution sexuelle, le problème de l'avortement, la crise énergétique, l'échec de la guerre du Viêt Nam, le scandale du Watergate : tous ces problèmes ont éveillé l'intérêt d'une partie de la société américaine pour la défense de ses valeurs traditionnelles à travers la formation de mouvements et d'organisations conservateurs.

Les organisations conservatrices aux États-Unis

Le mouvement conservateur aux États-Unis est constitué d'un vaste groupe d'organisations politiques et idéologiques unies par une position commune sur la préservation des valeurs traditionnelles dans le pays. Leurs origines remontent au milieu du 20ème siècle, lorsque des organisations bénévoles sont apparues dans tout le pays pour lutter pour la préservation des valeurs traditionnelles et résister aux réformes imposées par les "progressistes".

Dans les années 1960, le mouvement conservateur aux États-Unis est devenu si fort et si influent qu'il a conduit à la création de nombreuses institutions dont les activités visaient à défendre les valeurs traditionnelles des Américains.

Les organisations conservatrices ont différents types d'activités, depuis les groupes de réflexion, où les conservateurs effectuent un travail d'analyse, jusqu'aux activités publiques des organisations chrétiennes, qui visent à renforcer les valeurs familiales.

Les organisations conservatrices les plus connues aux États-Unis sont les suivantes :

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- Tea Party - Créé en réponse à la crise économique de 2008, le mouvement politique conservateur-libertaire Tea Party prône la réduction de l'appareil gouvernemental, la baisse des impôts et des dépenses publiques, la réduction de la dette nationale et du déficit budgétaire, ainsi que le respect de la Constitution américaine.

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- L'institut Heartland soutient les politiques d'économie de marché. L'orientation politique du Heartland Institute est décrite comme conservatrice et libertaire. L'institut promeut le déni du changement climatique, soutient les droits des fumeurs et la privatisation des ressources publiques, y compris la privatisation des écoles. Il soutient les réductions d'impôts et s'oppose aux subventions et aux allègements fiscaux pour les entreprises individuelles, ainsi qu'à un rôle plus important du gouvernement fédéral dans les soins de santé.

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- La Heritage Foundation est un institut de recherche stratégique américain qui mène un large éventail de recherches en matière de politique internationale. Elle a une orientation néo-conservatrice. Elle s'est engagée à soutenir l'expansionnisme américain.

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- Le Council for National Policy est une organisation faîtière et un groupe de réseautage pour les activistes conservateurs et républicains aux États-Unis. Le Conseil a été fondé en 1981, sous l'administration Reagan, par Tim Lahay et la droite chrétienne pour "donner plus d'importance et de force à la promotion du conservatisme".

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- Focus on the Family est une organisation sociale chrétienne évangélique américaine. Elle œuvre pour "nourrir et protéger l'institution de la famille telle qu'elle a été établie par Dieu et pour promouvoir la vérité biblique dans le monde entier". L'organisation produit des programmes radio, des magazines, des vidéos et des enregistrements audio sur des questions conservatrices.

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- La John Birch Society (JBS) est un groupe politique américain de droite. La John Birch Society se considère comme un opposant au soi-disant "gouvernement mondial" et soutient l'idée de réduire l'immigration aux États-Unis et de limiter l'influence des institutions internationales telles que les Nations unies, l'ALENA et d'autres accords de libre-échange.

Les néoconservateurs, une mutation du conservatisme américain

Le néoconservatisme est un mouvement politique et intellectuel apparu aux États-Unis dans les années 1960. Il s'agit d'une combinaison d'idées conservatrices et libertaires associées à une politique étrangère active basée sur les idéaux de "démocratisation" et d'expansionnisme américains.

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Les néoconservateurs se distinguent par leur volonté d'établir l'hégémonie américaine sur la scène internationale en promouvant les valeurs occidentales, qu'ils considèrent comme universelles.

Les grandes figures du mouvement néoconservateur, comme Norman Podhoretz et Irving Kristol, prônent un monde unipolaire en s'opposant à l'URSS et en éliminant les concurrents des États-Unis de la scène politique internationale. En politique intérieure, les néoconservateurs s'opposent aux programmes sociaux et gouvernementaux qui, selon eux, dévalorisent le "mode de vie américain" et menacent la sécurité nationale.

Parmi les exemples d'activités des néocons, on peut citer leur rôle dans le soutien aux opérations du Golfe en 1991, les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak, et leur soutien à l'usage de la force dans d'autres régions.

Parmi les figures les plus influentes du mouvement néoconservateur moderne figurent Irving et William Kristol, Dick Cheney et Paul Wolfowitz.

Les paléoconservateurs en opposition aux néoconservateurs

Parallèlement, un courant de "paléoconservatisme" a vu le jour. Contrairement aux néoconservateurs, les paléoconservateurs adhèrent à une interprétation directe du droit constitutionnel et rejettent toutes les expériences sociales imposées à la société. Ils s'opposent également au militarisme international américain et à la volonté de "démocratiser le monde", en soulignant l'importance de la liberté et de la souveraineté nationale.

Les paléoconservateurs s'opposent aux politiques néoconservatrices menées sous la présidence de George W. Bush, qu'ils considèrent comme orientées vers l'expansionnisme américain et la promotion de la "démocratie" dans d'autres pays par tous les moyens. En outre, les paléoconservateurs rejettent le concept de "guerre préventive" et défendent l'idée de souveraineté nationale.

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Les paléoconservateurs (par exemple Patrick Buchanan - photo) ont également critiqué les politiques fiscales du gouvernement fédéral, défendant l'idée d'une intervention minimale de l'État. Les paléoconservateurs prônent de sévères restrictions à l'immigration, la décentralisation, l'isolationnisme et un retour à l'éthique et à la morale conservatrices en matière de genre, de culture et de société.

Le libertarianisme en tant que pseudo-conservatisme

De nombreux conservateurs américains se qualifient eux-mêmes de libertariens. Le libertarianisme de droite implique l'absence d'influence du gouvernement sur la liberté individuelle et la vie économique de la société. Les idéaux économiques du libertarianisme consistent en des relations de libre marché et de libre concurrence. En outre, selon les idées libertaires, les fonctions de l'État devraient être transférées au marché et remplacées par des initiatives individuelles, ce qui, d'une certaine manière, est cohérent avec les idées du mondialisme, où la plus haute autorité institutionnelle sera le "marché" impersonnel. Les auteurs qui ont influencé la formation du libertarianisme sont A. Smith, J. S. Mill, les représentants de l'école autrichienne d'économie, en particulier L. von Mises et F. von Hayek, ainsi que l'économiste américain M. Friedman.

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Les libertariens sont largement représentés sur la scène politique américaine. À l'initiative de l'activiste civil américain David Nolan, le Parti libertarien des États-Unis a été fondé en 1971. Selon la vision du monde du parti, "les libertariens s'opposent fermement à toute ingérence du gouvernement dans vos décisions personnelles, familiales et professionnelles". Ils estiment que "tous les Américains devraient être libres de vivre leur vie et de poursuivre leurs intérêts comme ils l'entendent, tant qu'ils ne nuisent pas à autrui". La position du parti s'est renforcée au fil des ans, indiquant une augmentation de l'individualisme et de l'égoïsme dans la société américaine.

Si l'on parle du libertarianisme comme d'un courant politique conservateur, il se concentre sur les questions économiques en ignorant l'identité collective américaine et ses aspects culturels inhérents. En revanche, pour d'autres mouvements conservateurs, le contexte culturel et historique des États-Unis revêt une grande importance. Pour les conservateurs traditionnels, le mouvement libertarien est associé à une vision commune des questions économiques et à un accent mis sur la liberté individuelle, qui ne doit toutefois pas être déformée par l'idéologie.

dimanche, 11 juin 2023

La diplomatie coercitive des Etats-UNis et ses dégâts

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La diplomatie coercitive des Etats-Unis et ses dégâts

par Giulio Chinappi

SOURCE : https://giuliochinappi.wordpress.com/2023/05/19/la-diplomazia-coercitiva-degli-stati-uniti-e-i-suoi-danni/

Le document rapporté ici a été publié le 18 mai par l'agence de presse chinoise Xinhua, et analyse les stratégies utilisées par les Etats-Unis dans l'application de la diplomatie coercitive contre leurs rivaux et alliés. Vous trouverez ci-dessous la traduction intégrale en français (d'après la version italienne).

Introduction

Les États-Unis ont l'habitude d'accuser les autres pays d'utiliser leur statut de grande puissance, leurs politiques coercitives et leur coercition économique pour forcer des pays tiers à obéir et à s'engager selon une diplomatie coercitive, mais en réalité, ce sont les États-Unis qui sont les instigateurs de la diplomatie coercitive. Les droits d'invention, les droits de brevet et les droits de propriété intellectuelle de la diplomatie coercitive appartiennent tous aux États-Unis. Pendant longtemps, les États-Unis ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour contraindre les autres pays, et ils présentent une très honteuse "histoire sombre" en matière de diplomatie coercitive. Aujourd'hui, la diplomatie coercitive est un outil standard dans la boîte à outils de la politique étrangère américaine, et l'endiguement et la répression dans les domaines politique, économique, militaire, culturel et autres ont été utilisés pour mener une diplomatie coercitive dans le monde entier, dans le pur intérêt des États-Unis. Les pays du monde entier ont souffert, les pays en développement étant les plus touchés, mais les alliés et partenaires des États-Unis n'ont pas été épargnés.

Basé sur une multitude de faits et de données, ce rapport vise à exposer les actions malveillantes de la coercition américaine dans le monde et à fournir à la communauté internationale une meilleure compréhension de l'intimidation hégémonique et de la nature de la diplomatie américaine, ainsi que des dommages sérieux causés par les actions américaines au développement de la diplomatie de tous les pays, à la stabilité régionale et à la paix dans le monde.

1. La diplomatie coercitive des États-Unis a une histoire connue

En 1971, Alexander George, professeur à l'université de Stanford, a avancé pour la première fois le concept de "diplomatie coercitive", utilisé pour résumer les politiques américaines à l'égard du Laos, de Cuba et du Viêt Nam. Selon lui, la diplomatie coercitive consiste à recourir à la menace ou à une force limitée pour contraindre un adversaire à cesser ou à inverser son action. Au cours des cinquante dernières années, les États-Unis n'ont jamais cessé de pratiquer une diplomatie coercitive malgré les changements majeurs survenus dans la structure internationale. Des sanctions économiques aux blocus techniques, de l'isolement politique à la menace de la force, les États-Unis ont montré au monde ce qu'est la diplomatie coercitive par leurs propres actions.

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Les pays en développement sont les "zones les plus durement touchées" par la diplomatie coercitive américaine. En 1962, les États-Unis ont imposé à Cuba un embargo économique, commercial et financier qui perdure encore aujourd'hui. Les relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba ont été rétablies en 2015, mais les États-Unis n'ont pas entièrement levé le blocus contre Cuba. En 2017, l'administration Trump a de nouveau renforcé les restrictions imposées à Cuba. En 2021, l'administration Biden a prolongé à deux reprises la "loi sur le commerce avec l'ennemi", qui a servi de base juridique au blocus et à l'embargo contre Cuba. L'embargo, qui dure depuis 61 ans, a entraîné pour Cuba d'énormes pertes économiques et de graves préjudices humanitaires. Les sanctions américaines et le blocus contre Cuba couvrent presque tout, du carburant aux médicaments, en passant par la nourriture et les produits de première nécessité, laissant l'île confrontée à une grave pénurie chronique. Pendant la pandémie de COVI D-19, les États-Unis ont également bloqué l'accès de Cuba aux matières premières nécessaires à la production de vaccins. Le People's World, un site d'information américain, a souligné dans un article que le blocus imposé par les États-Unis avait empêché Cuba d'acquérir à temps le matériel nécessaire à la fabrication des seringues. Les États-Unis ayant interdit aux pays tiers de vendre des ventilateurs à Cuba, ce pays n'a pas pu acquérir les ventilateurs nécessaires pour sauver les patients gravement malades du C OVID-19, ce qui a causé de graves préjudices au peuple cubain.

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Depuis 2006, les États-Unis imposent des sanctions au Venezuela, l'empêchant d'avoir accès au système financier américain. Pendant le mandat de Trump, les États-Unis ont élargi les sanctions économiques et financières contre le Venezuela, gelé tous les actifs du gouvernement vénézuélien aux États-Unis et imposé des sanctions sur le pétrole, les banques, les mines et plus de 140 employés du gouvernement, ce qui a gravement affecté l'économie vénézuélienne. La production de pétrole brut vénézuélien est passée de près de 2,5 millions de barils par jour en 2016 à seulement 300.000 barils par jour en 2020. Pendant la pandémie de CO VID-19, les sanctions américaines ont empêché le Venezuela d'obtenir en temps voulu du matériel pour lutter contre la pandémie et des produits de base tels que de la nourriture, de l'eau potable et de l'essence. Selon le rapport sur les mesures spéciales publié par le rapporteur des Nations unies Du Han sur les effets négatifs de l'application unilatérale des droits de l'homme, les sanctions ont plongé plus d'un tiers de la population vénézuélienne dans une grave crise alimentaire et dans un manque de soins, de fournitures et d'équipements médicaux de base; la situation des services de santé s'est détériorée et les décès de mères, d'enfants et de personnes gravement malades ont augmenté. En juin 2020, le département du Trésor américain a annoncé l'imposition de sanctions à trois hommes d'affaires mexicains et à huit sociétés mexicaines, gelant leurs avoirs aux États-Unis, pour avoir prétendument aidé le Venezuela à échapper aux sanctions américaines et leur interdisant de participer à toute transaction impliquant des personnes et des entités américaines.

Depuis 2006, les administrations américaines successives ont constamment renforcé les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Depuis 1988, les États-Unis ont inclus la RPDC dans leur liste des "États soutenant le terrorisme" pendant de nombreuses années. En 2016, le président de l'époque, Barack Obama, a signé le "North Korea Sanctions and Policy Enhancement Act" (loi sur les sanctions contre la Corée du Nord et le renforcement des politiques) pour compléter les sanctions déjà imposées par les administrations précédentes. En 2017, les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à la Corée du Nord par le biais de la loi "Countering America's Adversaries Through Sanctions Act" et ont demandé au système SWIFT d'exclure les banques nord-coréennes de son réseau bancaire mondial. Les sanctions américaines contre la RPDC comprennent des restrictions sur les importations et les exportations commerciales, l'interdiction pour les citoyens de la RPDC de travailler à l'étranger, le gel des avoirs aux États-Unis et l'interdiction des liens économiques avec la RPDC. En novembre de la même année, trois porte-avions de la marine américaine, dont l'USS Reagan, l'USS Roosevelt et l'USS Nimitz, sont apparus simultanément en mer de Chine orientale et ont organisé conjointement des exercices militaires de haute intensité avec la marine sud-coréenne, ce qui a attiré beaucoup d'attention de la part du monde extérieur.

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Expulsion de l'Iran du système SWIFT à deux reprises et perturbation de l'ordre financier international. Les États-Unis ont imposé pour la première fois des sanctions économiques contre l'Iran en 1979, en gelant les avoirs iraniens à l'étranger pour une valeur de 1,2 milliard de dollars, ce qui a conduit à un embargo commercial complet. Avec l'évolution du dossier nucléaire iranien, les États-Unis ont interdit aux institutions financières iraniennes d'utiliser le système de compensation et de paiement américain pour régler les transactions en dollars américains, ce qui a contraint l'Iran à se séparer du dollar américain. En 2012, afin de contenir l'Iran de manière générale, les États-Unis et l'Union européenne ont retiré l'Iran du système SWIFT, rendant impossible pour l'Iran d'effectuer des transactions transfrontalières avec le dollar américain, l'euro et toute autre devise internationale, et la valeur de la monnaie iranienne s'est dépréciée d'environ 38% en un an. Le commerce extérieur de l'Iran est entré en récession, avec des importations et des exportations en forte baisse et des exportations de pétrole brut réduites de moitié. En 2018, l'administration Trump a unilatéralement abandonné l'accord sur le nucléaire iranien et a de nouveau expulsé l'Iran du système SWIFT. Selon une étude réalisée par un groupe de réflexion américain, l'Iran a perdu la moitié de ses exportations de pétrole et 30% de ses recettes de commerce extérieur en raison des sanctions. Le gouvernement américain a de nouveau brandi le bâton des sanctions contre l'Iran, ce qui a suscité des critiques de toutes parts. En 2019, Jake Sullivan, qui est aujourd'hui conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden, a écrit un article critiquant la politique de l'administration Trump à l'égard de l'Iran, affirmant qu'elle n'utilise rien d'autre que la coercition et aucune diplomatie.

Sanctions imposées à la Biélorussie. Depuis 2004, les États-Unis ont imposé 17 séries de sanctions ciblées à la Biélorussie. Actuellement, 16 personnes, dont le président biélorusse Aljaksandr Lukašėnka, font l'objet de sanctions américaines allant de l'interdiction de voyager au gel des avoirs. En outre, dix entreprises biélorusses se sont vu interdire l'accès au marché américain.

Sanctions unilatérales imposées à des pays africains comme le Soudan. En 1993, les États-Unis ont annoncé des sanctions contre le Soudan. En 1997, l'administration Clinton a annoncé des sanctions économiques radicales contre ce pays africain. En 2017, les États-Unis ont encore ajouté le Soudan à la liste des "États soutenant le terrorisme" et diverses sanctions ont continué à être mises en œuvre contre Khartoum, y compris une interdiction des investissements, du commerce et des prêts au Soudan. Des années de sanctions américaines ont entraîné une grave crise humanitaire au Soudan, avec un grand nombre d'enfants mourant de malnutrition dans tout le pays, selon un rapport publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Soudan. En outre, les États-Unis ont ciblé des sanctions contre des individus et des organisations dans des pays africains tels que le Burundi, la République centrafricaine, la Somalie et le Zimbabwe.

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Des sanctions totales contre la Russie. En 2014, les États-Unis ont interdit le financement à moyen et long terme des secteurs de la défense, de la finance et de l'énergie de la Russie. En avril 2018, les États-Unis ont de nouveau annoncé des restrictions à l'encontre de 38 personnes et entreprises russes, gelant tous leurs avoirs sous juridiction américaine. En novembre 2021, les États-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions liées au projet de gazoduc Nord Stream 2. Après l'éclatement du conflit russo-ukrainien, les États-Unis ont forcé de nombreux pays à publier la "Déclaration conjointe sur les nouvelles mesures de restriction économique" contre la Russie, interdisant l'importation de pétrole brut, de gaz naturel liquéfié et de charbon russes, et limitant les investissements américains dans la plupart des entreprises énergétiques russes, retirant les principales banques russes de SWIFT. À ce jour, les États-Unis et leurs alliés ont directement sanctionné plus de 2500 entreprises, fonctionnaires et particuliers russes.

Violer le principe du commerce équitable et imposer des droits de douane à la Chine. En juillet 2018, les États-Unis ont lancé une guerre commerciale contre la Chine, imposé un droit de douane de 25 sur quelque 34 milliards de dollars de biens importés de Chine; en août, un autre droit de douane de 25% a été annoncé sur 16 milliards de dollars de biens chinois; et en septembre, les États-Unis ont à nouveau annoncé un droit de douane de 10% sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises. En mai 2019, il a été annoncé que les droits de douane sur 200 milliards de dollars de marchandises chinoises passeraient de 10 % à 25 %; en août, il a été annoncé que des droits de douane supplémentaires seraient appliqués à environ 550 milliards de dollars de marchandises chinoises exportées vers les États-Unis, ce qui a intensifié la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis.

Blocus technologique contre la Chine dans le secteur des semi-conducteurs. En août 2022, la loi "CHIPS and Science Act" a été promulguée. Cette loi, qui prévoit jusqu'à 52,7 milliards de dollars de subventions gouvernementales pour l'industrie américaine des semi-conducteurs, exige que les entreprises de semi-conducteurs qui reçoivent une aide financière fédérale ne se développent pas de manière substantielle dans des pays comme la Chine. Le gouvernement américain s'est associé au Japon, à la Corée du Sud et au Taïwan chinois pour former ce que l'on appelle le "Chip 4" afin de tenter de limiter le développement de l'industrie chinoise des semi-conducteurs.

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Utiliser le pouvoir de l'État pour supprimer les entreprises chinoises de haute technologie. La précédente administration américaine a lancé le programme "Clean Network" sous le prétexte de la sécurité nationale et de la protection de la vie privée de ses citoyens, appelant explicitement à l'élimination des entreprises chinoises telles que Huawei, Baidu et Alibaba dans cinq secteurs, à savoir les réseaux de télécommunication, les boutiques d'applications mobiles, les programmes d'applications mobiles, les services en nuage (cloud) et les câbles sous-marins. Le secrétaire d'État américain de l'époque, Mike Pompeo, et d'autres politiciens américains ont fait pression sur d'autres pays et régions et les ont forcés à rejoindre l'alliance dite "Clean Network". De hauts fonctionnaires américains ont même intimidé des pays comme Chypre, exigeant qu'ils ne coopèrent pas avec les fournisseurs chinois de 5G, faute de quoi les conséquences seraient graves. Les États-Unis ont inscrit plus de 1000 entreprises chinoises, dont ZTE, Huawei et DJI, sur diverses listes de sanctions, et ont utilisé la sécurité nationale comme excuse pour réprimer les applications de médias sociaux chinoises telles que TikTok et WeChat.

Sous le prétexte de la démocratie et des droits de l'homme, les États-Unis ont soulevé des questions concernant Taïwan, Hong Kong et le Xinjiang. La "loi TAIPEI", la "loi sur les droits de l'homme et la démocratie à Hong Kong", la "loi sur la prévention forcée des Ouïghours" et d'autres projets de loi liés à la Chine ont été élaborés, qui sont étroitement liés aux questions de commerce et d'échange de technologies avec la Chine. Tout cela interfère de manière injustifiée dans les affaires intérieures de la Chine et oblige les pays occidentaux à suivre les États-Unis.

Les États-Unis ont fait l'apologie de la "théorie de la fuite en laboratoire" du co ronavir us et n'ont pas ménagé leurs efforts pour diffamer et stigmatiser la Chine. Au mépris du "Rapport de la mission conjointe OMS-Chine sur la maladie à coro nav irus 2019", les États-Unis ont utilisé leurs services de renseignement pour publier la soi-disant évaluation de l'origine du C OVID-19. Les États-Unis insistent pour politiser et exploiter la question de la recherche de l'origine du virus, jetant une ombre sur la coopération mondiale pour lutter contre la pandémie.

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Les États-Unis sanctionnent pour la première fois des entreprises indiennes pour s'être engagées dans le commerce du pétrole avec l'Iran. L'Economic Times, le Times of India et d'autres médias indiens ont rapporté les sanctions pétrochimiques américaines contre Tibalaji Petrochem, une société commerciale basée à Mumbai, en octobre 2022. C'est la première fois que les États-Unis sanctionnent une entreprise indienne pour s'être engagée dans le commerce du pétrole avec l'Iran. En avril 2023, le ministère indien des Affaires étrangères a annoncé que les gouvernements de l'Inde et de la Malaisie avaient convenu de réglementer le commerce entre les deux pays en roupies indiennes.

Appliquer sans pitié une diplomatie coercitive avec les alliés. Dans les années 1980, le PIB du Japon représentait la moitié de celui des États-Unis. Pour éliminer la menace économique du Japon, les États-Unis ont contraint le Japon à signer l'"accord du Plaza" en 1985, forçant le yen à se surévaluer, ce qui a conduit à l'expansion rapide de la bulle économique intérieure du Japon, à l'effondrement de la bulle immobilière et à la stagnation à long terme de l'économie japonaise.

En 1986, en réponse à l'essor de l'industrie japonaise des semi-conducteurs, les États-Unis ont forcé le Japon à signer l'"Accord États-Unis/Japon sur les semi-conducteurs", ont lancé une "enquête au titre de la section 301" contre le Japon et ont imposé des sanctions commerciales sur divers produits japonais tels que les semi-conducteurs et les ordinateurs, ce qui a sapé la concurrence et le potentiel des semi-conducteurs et des ordinateurs japonais, voyant leur part de marché chuter de 50% du marché mondial à environ 10% en 2019.

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Le démembrement d'Alstom par le biais d'"otages économiques". En 2013, les États-Unis ont utilisé le "Foreign Corrupt Practices Act" pour arrêter Frédéric Pierucci, un dirigeant d'Alstom, et l'ont convaincu de conclure un accord "à l'amiable" pour obtenir des preuves et des informations supplémentaires contre Alstom. En 2014, pour faire pression sur Alstom, les autorités américaines ont arrêté au moins trois autres anciens collègues de Pierucci, utilisant des "otages économiques" comme monnaie d'échange. Sous de nombreuses pressions, Alstom a dû accepter une offre de rachat de la société américaine General Electric en 2015. Dans son analyse, The Economist a affirmé que l'enquête du ministère américain de la Justice avait faussé le processus de vente d'actifs d'Alstom, créant un avantage pour les acheteurs potentiels aux États-Unis.

L'exercice du club tarifaire en Europe et l'interférence dans la concurrence du marché. En 2018, le gouvernement américain a utilisé la section 232 de la loi sur l'expansion du commerce de 1962 pour imposer des droits de douane allant jusqu'à 25% et 10% respectivement sur les produits en acier et en aluminium dans plusieurs pays et régions, y compris l'UE, prétendument pour des raisons de sauvegarde de la sécurité nationale. En janvier 2021, à l'avantage concurrentiel de Boeing, le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a annoncé des droits de douane allant jusqu'à 15% sur les importations en provenance de France et d'Allemagne, y compris les pièces d'avion, d'une valeur totale de 7,5 milliards de dollars.

Ces dernières années, les États-Unis ont ciblé leurs mesures coercitives sur l'industrie des semi-conducteurs, "extorquant" des données confidentielles à de nombreuses entreprises de puces dans le monde entier et maintenant la domination américaine dans l'industrie des semi-conducteurs. En septembre 2021, le ministère américain du commerce a publié un avis demandant aux entreprises de la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs de fournir "volontairement" des informations pertinentes dans un délai de 45 jours, y compris 26 éléments de données clés tels que les stocks, la capacité de production, le cycle d'approvisionnement et les informations sur les clients. Dans une interview accordée à Reuters, la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo, a déclaré qu'en cas de refus des entreprises, des outils tels que le "Defense Production Act" seraient utilisés pour les convaincre de fournir les données. Les données du site web du gouvernement américain montrent que, sous la pression des États-Unis, en novembre 2021, plus de 70 entreprises, dont TSMC, UMC, Samsung, SK hynix et le japonais Sony Semiconductor, ont soumis des informations sur la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs au ministère américain du commerce.

Outre les sanctions économiques et financières, les États-Unis savent également s'ingérer, directement ou indirectement, dans les affaires intérieures d'autres pays en soutenant des guerres par procuration, en incitant à la guerre, en fournissant des armes et des munitions, et en entraînant des forces antigouvernementales, etc. pour contrer les pays et les régions "désobéissants". Depuis le 20ème siècle, sous la bannière de la "démocratie" et de la "liberté", les États-Unis ont promu la "doctrine néo-Monroe" en Amérique latine, provoqué des "révolutions colorées" en Eurasie et planifié le "printemps arabe" en Asie occidentale et en Afrique du Nord, s'engageant dans une "évolution pacifique" dans diverses parties du monde, se livrant arbitrairement à des brimades hégémoniques et envoyant un message clair selon lequel ceux qui les suivent survivront et ceux qui les défient périront.

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Depuis 2003, les États-Unis ont contribué à la "révolution des roses" en Géorgie, à la "révolution orange" en Ukraine et à la "révolution des tulipes" au Kirghizstan. Le Financial Times a rapporté que des agences telles que la National Endowment for Democracy et l'Agence américaine pour le développement international ont contribué à susciter des protestations dans d'autres pays. La cause principale et immédiate de la révolution de couleur est la sauvegarde des intérêts américains tels que l'expansion stratégique et la sécurité énergétique, selon un article du réseau britannique Open Democracy Network.

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Selon l'ouvrage Covert Regime Change: America's Secret Cold War de l'universitaire américaine Lindsey A. O'Rourke, les États-Unis ont mené 64 opérations secrètes de changement de régime et six opérations manifestes de même nature entre 1947 et 1989. Lors de la crise haïtienne de 1994, les États-Unis ont forcé le gouvernement militaire d'Haïti à quitter le pouvoir par le biais d'une invasion à petite échelle. L'administration de l'époque a salué cette action comme un modèle de diplomatie coercitive. En 2003, l'administration Bush a alloué 30,3 milliards de dollars de dépenses militaires supplémentaires à la diplomatie coercitive. Selon The Guardian, les États-Unis, bien qu'ils soient très irrités par l'ingérence extérieure, sont des experts en la matière.

2. Les États-Unis disposent de nombreux moyens de diplomatie coercitive

L'hégémonie du dollar américain est une base importante pour la coercition économique des États-Unis. Le "pétrodollar", le "droit de veto à une voix" des États-Unis au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et l'échange bilatéral de devises sous l'égide de la Réserve fédérale sont autant d'éléments concrets de l'hégémonie du dollar américain. En tant que monnaie de règlement internationale, le dollar américain représente la majeure partie du commerce et des investissements mondiaux, ce qui permet aux États-Unis de transférer leurs problèmes économiques nationaux à d'autres pays par le biais de l'inflation des exportations et des déficits commerciaux. Les États-Unis contrôlent le pouvoir de fixation des prix des principales matières premières et ressources mondiales et peuvent influencer les économies et les finances des autres pays en contrôlant le taux de change et le taux d'intérêt du dollar américain. En tant que monnaie de sanction internationale, le dollar américain occupe une position centrale dans le système financier mondial, ce qui permet aux États-Unis de couper l'accès des autres pays au dollar et aux canaux commerciaux, et d'imposer des pressions et des sanctions à d'autres pays en restreignant les canaux de financement et de transaction. Le gel des biens, les amendes élevées et le refus de services financiers sont autant d'astuces habituelles des États-Unis pour imposer un blocus économique et des sanctions financières à d'autres pays en tirant parti de l'hégémonie du dollar américain.

Le contrôle du commerce est un moyen important de la coercition économique américaine. Les États-Unis disposent de diverses formes de contrôle commercial, notamment des sanctions, des restrictions sur les importations et les exportations, l'imposition de droits de douane, l'élimination des subventions et des quotas, et ont établi une variété de listes de contrôle commercial pour servir différents buts et objectifs, y compris des listes de ressortissants spécialement désignés, des listes d'entités, des listes non vérifiées, des listes d'utilisateurs finaux militaires et des listes de restrictions industrielles. Les États-Unis imposent souvent des droits de douane de manière arbitraire, en violation du droit international et des règles commerciales internationales, obligeant les autres pays à s'engager dans des négociations commerciales inégales avec eux. Ces dernières années, les États-Unis ont souvent restreint les investissements dans les télécommunications, les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et d'autres technologies émergentes au motif qu'elles "mettent en danger la sécurité nationale" et ont inscrit des entités ou des personnes étrangères sur la liste de contrôle des exportations, limitant ainsi leurs achats de technologies américaines. En signant des décrets, les États-Unis perturbent obligatoirement les activités des entreprises étrangères aux États-Unis ou interdisent aux entités ou aux particuliers américains de commercer avec des entreprises étrangères, imposent des sanctions technologiques sévères à d'autres pays, sapant ainsi l'ordre économique et commercial international et le processus de mondialisation de l'économie.

La "compétence à long terme" est un autre moyen couramment utilisé par les États-Unis pour exercer leur coercition économique. Les États-Unis ont promulgué des lois nationales telles que la "Foreign Corrupt Practices Act", la "Trading with the Enemy Act", la "Countering America's Adversaries Through Sanctions Act", la "International Emergency Economic Powers Act" et la "Export Control Act", et ont rédigé une série de décrets imposant directement des restrictions à des pays, des organisations ou des individus spécifiques. Les États-Unis étendent arbitrairement la compétence de leur droit national tout en appliquant des règles ambiguës telles que le "principe du moindre contact" et le "principe d'efficacité", en abusant des voies nationales d'action judiciaire pour s'engager dans une "compétence de longue portée" avec des entités et des individus étrangers.

La promotion de la soi-disant démocratie et des droits de l'homme est une astuce américaine courante pour exercer une coercition politique et s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays. Les États-Unis ont longtemps promu les "valeurs américaines" dans le monde, mis en scène la "démocratie contre l'autoritarisme", interféré arbitrairement dans les affaires intérieures d'autres pays et tenté de façonner d'autres pays et l'ordre mondial avec leurs propres valeurs et leur propre système politique. Ils s'ingèrent dans les gouvernements légitimes des autres pays et les subvertissent afin d'affaiblir leurs rivaux, de provoquer des crises, de créer le chaos et de saper la stabilité.

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Les objectifs de la coercition politique américaine sont globaux. Qu'il s'agisse d'un adversaire ou d'un allié, d'un pays développé ou en développement, d'une grande entreprise ou d'une petite organisation, la coercition est toujours une option pour les États-Unis, pour autant qu'ils la jugent rentable et que les objectifs se plient à leur volonté. Sous la bannière de la "promotion de la démocratie", les États-Unis ont mis en œuvre la "doctrine néo-Monroe" en Amérique latine, provoqué la "révolution colorée" en Eurasie et planifié le "printemps arabe" en Asie occidentale et en Afrique du Nord.

Les mesures américaines de coercition politique forment un flux sans fin. Les États-Unis utilisent leurs bases militaires, leurs agences diplomatiques, leurs agences de renseignement, leurs organisations non gouvernementales, leurs organisations médiatiques et d'autres canaux et ressources en fonction des différents objectifs et situations, recueillant des informations, exerçant une influence, créant une opinion publique, manipulant les élections, soutenant les partis d'opposition, etc. afin d'interférer publiquement et secrètement, directement et indirectement, dans les affaires intérieures d'autres pays.

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Une armée puissante soutient les États-Unis dans leur diplomatie coercitive. Les États-Unis ont souvent recours à la coercition militaire et à l'usage illimité de la force dans les relations internationales. Ces dernières années, le budget militaire annuel moyen des États-Unis a dépassé 700 milliards de dollars, ce qui représente 40% du total mondial et dépasse la somme des 15 pays suivants réunis. Les États-Unis sont le premier exportateur d'armes au monde et utilisent souvent le commerce des armes pour augmenter leurs revenus et provoquer des conflits régionaux. Les installations et le personnel militaires américains sont répartis aux quatre coins du monde. Selon un rapport de 2020 sur les bases militaires américaines à l'étranger, les États-Unis disposent de plus de 800 bases militaires dans le monde, avec 173.000 personnes déployées dans 159 pays d'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient et d'ailleurs.

Les États-Unis ont fréquemment recours à la force militaire pour déclencher des guerres et des conflits de toutes tailles et de toutes formes, ou pour y participer. Entre 1776 et 2019, les États-Unis ont mené près de 400 interventions militaires dans le monde, dont la moitié entre 1950 et 2019, selon le rapport de l'université Tufts intitulé "Introducing the Military Intervention Project : A New Dataset on US Military Interventions" (Introduction au projet d'intervention militaire : un nouvel ensemble de données sur les interventions militaires américaines). Après la Seconde Guerre mondiale, les principales guerres initiées ou lancées par les États-Unis comprennent la guerre de Corée, la guerre du Vietnam, la guerre du Golfe, la guerre du Kosovo, la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak, la guerre en Libye et la guerre en Syrie. Les guerres par procuration sont une forme courante d'intervention militaire américaine, dont souffrent des pays comme l'Ukraine, l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Pakistan et le Yémen. Selon les données du projet "Cost of War" de l'Institut Watson à l'Université Brown, les estimations à la baisse montrent que le nombre total de décès militaires et civils causés par les guerres américaines de l'ère "post-11 septembre" est de 929.000, avec au moins 38 millions de personnes déplacées.

Les soft powers de la culture, de la science et de la technologie sont les moyens secrets dont disposent les États-Unis pour s'engager dans l'infiltration idéologique et la diplomatie coercitive. Les médias occidentaux dirigés par les États-Unis et les médias sociaux internationaux ont fortement soutenu la diplomatie coercitive américaine. Les États-Unis appliquent deux poids deux mesures en matière de liberté de la presse et utilisent divers moyens pour diffamer et supprimer les médias étrangers. Les États-Unis ont abusé de leur hégémonie culturelle, investi massivement dans les médias, soutenu l'infiltration de leurs idées dans d'autres pays et mené une propagande incendiaire. En outre, les États-Unis ont l'habitude de fabriquer de fausses informations pour attaquer d'autres pays et de colporter une opinion publique trompeuse à l'échelle mondiale, en utilisant une chaîne industrielle spécialement conçue à cet effet.

Les États-Unis utilisent leurs produits culturels pour promouvoir les valeurs américaines. Les films hollywoodiens représentent plus de 70% du marché mondial. Les valeurs et le mode de vie américains sont étroitement liés à leurs films et aux programmes télévisés financés par le gouvernement, aux publications, au contenu multimédia et aux programmes des institutions culturelles à but non lucratif, façonnant ainsi un espace d'opinion publique qui soutient l'hégémonie culturelle américaine. Cela a gravement érodé l'indépendance des autres cultures et la diversité des cultures mondiales.

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Les agences de renseignement américaines ont mis en place un grand nombre d'"organisations d'infiltration" dans le monde entier. Diverses fondations et organisations non gouvernementales sont devenues des "intermédiaires" dans l'exportation des valeurs américaines et des "pionniers" de l'infiltration culturelle. Le National Endowment for Democracy, le Congress for Cultural Freedom et d'autres "organisations et institutions d'infiltration" américaines ont promu les opinions culturelles et politiques américaines dans d'autres pays par le biais d'un soutien financier, de formations, de publications et de conférences, afin d'exporter les valeurs et l'idéologie américaines dans le monde entier et de poursuivre l'hégémonie culturelle.

3. La diplomatie coercitive des États-Unis met le monde en danger

Distorsion du fil conducteur de notre époque, à savoir la paix et le développement. La paix et le développement, en tant que thème de notre époque, sont la cause commune des peuples de tous les pays du monde. La recherche de la paix est l'idéal et le désir éternels de l'humanité, et la mondialisation économique est la condition préalable réaliste de la paix mondiale. Cependant, ces dernières années, sous la direction du concept "America First", l'hégémonie, l'unilatéralisme, le protectionnisme, l'isolationnisme et le nationalisme des États-Unis sont devenus de plus en plus féroces. Les États-Unis, qui privilégient leurs propres intérêts, ignorent les besoins urgents de paix et de développement de tous les pays du monde. Ils sont désireux de manipuler les questions idéologiques, de s'engager dans des jeux à somme nulle et de créer diverses "petites cliques" sur bases géographiques. La diplomatie coercitive des États-Unis a jeté une ombre sur la cause de la paix et du développement dans le monde en provoquant des "révolutions de couleur" dans le monde entier, en jetant de l'huile sur le feu et en cherchant des intérêts dans les luttes géopolitiques.

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Perturber le processus de mondialisation économique et d'intégration économique régionale. En s'engageant de plus en plus dans la coercition économique à travers le monde, les États-Unis ont sérieusement sapé la mondialisation économique et l'intégration économique régionale, provoquant une segmentation artificielle et une fragmentation accrue de l'économie mondiale. Cela a sérieusement inversé le cours de la mondialisation économique. Afin de maintenir leur hégémonie, les États-Unis se retirent du modèle de coopération mondiale formé après la Seconde Guerre mondiale et sont effectivement devenus le plus grand perturbateur des règles de la mondialisation. L'OMC a été presque paralysée par l'inaction des États-Unis et la tendance à la libéralisation et à l'intégration du commerce et des investissements mondiaux a été bloquée et sapée par les États-Unis. La coercition économique des États-Unis a non seulement sapé les chaînes d'approvisionnement mondiales et les chaînes industrielles basées sur les dotations en facteurs et les avantages comparatifs, réduisant la productivité du travail, mais a également augmenté les coûts de production régionaux et même mondiaux et a entravé le processus d'intégration économique régionale.

Obstacles au développement des économies émergentes et des pays en développement représentés par les BRICS. Les sanctions économiques et le blocus du développement imposés par les États-Unis à des pays tels que le Venezuela, Cuba, le Myanmar et la Syrie ont directement interrompu le processus de développement durable dans ces pays. Dans ces pays, la grande majorité des 17 objectifs de l'Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable, notamment l'élimination de toutes les formes de pauvreté dans le monde, l'éradication de la faim, la réalisation d'une croissance économique durable, l'industrialisation durable, la réduction des inégalités au sein des pays et entre eux, ainsi que des villes et des établissements humains durables, ont été mis hors de portée par la coercition américaine et la cause du développement mondial a été contrariée à maintes reprises. Les sanctions économiques imposées par les États-Unis aux pays du BRICS, c'est-à-dire la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, ainsi qu'aux marchés émergents tels que l'Argentine, le Mexique et la Turquie, ont gravement porté atteinte à leurs intérêts économiques.

Intensification des divisions et des antagonismes au sein de la communauté internationale. Pour maintenir leur hégémonie mondiale et contenir le développement des autres pays, les États-Unis sont désireux de forcer les autres pays à rejoindre l'"alliance démocratique" en traçant des lignes idéologiques et en imposant des tarifs douaniers. En s'appuyant sur la crise ukrainienne, les États-Unis invitent l'UE et d'autres pays développés à se joindre aux sanctions contre la Russie et obligent ces pays à prendre parti. Ils forcent les alliés européens à se joindre aux États-Unis pour continuer à imposer des sanctions à l'Iran, ce qui a gravement compromis les moyens de subsistance et le développement économique de ce pays. Ce que les États-Unis ont fait a renforcé l'antagonisme international au sein de la communauté et a augmenté le risque que le monde tombe dans une nouvelle guerre froide.

Conclusion

Les États-Unis sont l'inventeur et le maître de la diplomatie coercitive. Pendant longtemps, les États-Unis ont présenté au monde des cas d'école de diplomatie coercitive en recourant à divers moyens malhonnêtes tels que les blocus économiques, les sanctions unilatérales, les menaces militaires, l'isolement politique et les blocus techniques. Comme l'ont souligné les universitaires américains eux-mêmes, l'essence de la diplomatie coercitive américaine réside dans l'idée que "vous êtes soit avec nous, soit contre nous". Les États-Unis doivent diriger, leurs alliés doivent suivre, et les pays qui s'opposeront à la suprématie des États-Unis souffriront".

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Faisant fi du fait qu'ils se sont eux-mêmes engagés dans une diplomatie coercitive partout, les États-Unis, par intérêt politique, qualifient volontiers la Chine et d'autres pays de partisans de la diplomatie coercitive. Il convient de noter qu'une tradition importante de la diplomatie chinoise est de défendre l'égalité de tous les pays, grands et petits, et de ne jamais diviser le monde en différents groupes ou de s'engager dans la pratique de la coercition et de l'intimidation. En outre, la Chine a toujours adopté une position claire contre l'hégémonie, l'unilatéralisme et la diplomatie coercitive. La Chine ne menace jamais d'autres pays par la force. Elle ne forme jamais de coalitions militaires ni n'exporte d'idéologie. La Chine ne fait jamais de provocations à la porte d'autrui et ne met jamais la main dans la maison d'autrui. La Chine ne mène jamais de guerre commerciale et ne fait jamais obstruction de manière infondée aux entreprises étrangères. Calomnier la Chine en l'accusant de s'engager dans une soi-disant diplomatie coercitive, c'est manifestement lancer de fausses accusations.

La communauté internationale peut facilement déterminer qui pratique une diplomatie coercitive et qui contraint le monde. Ceux qui s'engagent dans la coercition, les sanctions, les brimades, la suppression d'autres pays et qui sèment le chaos dans le monde finiront par se faire du tort à eux-mêmes. Les États-Unis devraient se défaire de leur vieille habitude de diplomatie coercitive débridée et rétablir un ordre international juste et rationnel dans le monde.

samedi, 03 juin 2023

L'avenir de l'énergie nucléaire

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L'avenir de l'énergie nucléaire

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/budushchee-atomnoy-energetiki

La Russie devient un leader et un acteur important du secteur

Fin avril 2023, un événement important se produit : la première livraison de combustible de la société russe Rosatom à la centrale nucléaire d'Akkuyu, en Turquie. À peu près au même moment, un certain nombre de dirigeants européens ont déclaré qu'ils n'imposeraient pas et ne soutiendraient pas de sanctions contre le secteur de l'énergie nucléaire russe.

En effet, l'énergie nucléaire est l'un des domaines les plus prometteurs au monde. Cette industrie fait appel à des technologies à forte intensité de connaissances et à un système de sécurité particulier, ce qui en fait une industrie complexe et, en même temps, critique pour les États où elle est utilisée.

Alors que l'opinion publique, tant à l'Ouest qu'à l'Est, considère l'énergie nucléaire comme potentiellement dangereuse (en raison des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima), les avancées technologiques actuelles rendent l'énergie nucléaire plus sûre et plus économique.

Dans cette course, l'avantage va à ceux qui développent ce domaine de manière plus systématique et cohérente, en mettant à jour et en développant leurs propres actifs à temps.

Jusqu'à récemment, les États-Unis et la France étaient considérés comme les leaders de l'énergie nucléaire, car ils disposaient d'un grand nombre de réacteurs (plus d'une centaine et plus de 50 respectivement). Dans certains pays, comme l'Allemagne, le Japon et la Suède, les centrales nucléaires représentent plus de 30 % de la production d'électricité.

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L'enthousiasme de certains gouvernements pour l'agenda vert a contraint à réduire la part des centrales nucléaires, voire à envisager leur fermeture pure et simple, bien qu'en Allemagne, ces projets aient été reconsidérés depuis le début de la crise énergétique.

En Chine, bien qu'il y ait plus de 50 unités nucléaires en service, leur part totale dans la production d'électricité est inférieure à 10 %. D'ici à 2030. Pékin prévoit d'exploiter plus de 100 unités et de devenir l'un des principaux consommateurs d'électricité nucléaire. Notez que la plupart des centrales nucléaires sont situées sur la côte et utilisent de l'eau de mer pour le cycle de refroidissement.

En Russie, l'énergie nucléaire est utilisée activement depuis l'Union soviétique. Dans les années 1990, cette industrie a été attaquée par des éco-activistes financés de l'étranger. Sous des prétextes farfelus, des manifestations de toutes sortes ont été organisées et des campagnes médiatiques ont été ordonnées. Il s'est avéré par la suite que nombre d'entre eux étaient soutenus par l'Open Society Institute de George Soros et d'autres structures mondialistes similaires. Greenpeace s'est ouvertement opposée à l'exploitation des centrales nucléaires dans l'ex-Union soviétique. Ne s'agissait-il pas de les fermer et de les remplacer par des entreprises occidentales ?

À l'heure actuelle, Rosatom s'occupe de l'ensemble du cycle de l'industrie nucléaire, de l'extraction et de l'enrichissement de l'uranium à la production, à la maintenance et au démantèlement des centrales nucléaires.

L'entreprise est également impliquée dans la conception, la construction et l'exploitation de petites centrales nucléaires, qui constituent un projet très prometteur, en particulier pour les régions difficiles d'accès où il faut construire des centrales électriques. Parmi ces centrales figure la seule centrale nucléaire thermique flottante au monde, située dans le district autonome de Tchoukotka.

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En haut, sources de l'uranium des centrales nucléaires belges: 40% proviennent de Russie et du Kazakhstan.

Rosatom maîtrise également les nouvelles technologies nécessaires pour passer à un système énergétique compétitif à deux composantes basé sur un cycle fermé du combustible nucléaire (ZNFC), qui élargira la reproduction du "combustible" nucléaire, le plutonium, et augmentera considérablement la base de combustible de l'énergie nucléaire, éliminant ainsi la nécessité d'extraire de grandes quantités d'uranium naturel. Selon les experts, cette année, sans exagération, un grand pas en avant a été fait dans la maîtrise de la technologie de fermeture du cycle du combustible nucléaire.

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Le réacteur à neutrons rapides BN-800 (photo) de la région de Sverdlovsk a atteint sa pleine capacité en 2022. Dans la même centrale de Beloyarsk, une unité pilote de production d'électricité commerciale de grande capacité équipée d'un réacteur rapide BN-1200M sera lancée.

À Seversk, près de Tomsk, un complexe électrique pilote de démonstration sera construit avec un système sûr et respectueux de l'environnement qui prévient les accidents.

Par ailleurs, les centrales nucléaires russes ont atteint un nouveau record de production totale d'électricité en 2022 : près de 223,3 milliards de kWh, soit 900 millions de kWh de plus qu'en 2021.

La flotte de brise-glaces est également directement liée aux travaux de Rosatom, car les navires utilisent des centrales nucléaires.

Par ailleurs, l'industrie nucléaire russe est aujourd'hui le leader mondial dans divers projets de construction de centrales nucléaires à l'étranger et dans des contrats de fourniture de combustible ou de divers services.

Bien entendu, ses activités ne se limitent pas à l'énergie, car l'atome peut être utilisé dans de nombreux domaines, de la recherche fondamentale à la création de divers matériaux, en passant par la médecine.

Un exemple de coopération internationale dans ce dernier domaine est le centre russo-bolivien de recherche et de technologie nucléaires d'El Alto. Il fournira au système de santé bolivien sa propre production de produits radiopharmaceutiques pour les essais cliniques. Le volume estimé est de plus de cinq mille patients par an. Ainsi, à l'avenir, les travaux de ce complexe permettront de remplacer complètement les importations de produits radiopharmaceutiques pour la médecine bolivienne. La Russie contribue ainsi à renforcer sa souveraineté dans ce domaine. Et, bien entendu, de tels projets serviront d'excellents exemples pour développer la coopération russe dans ce domaine avec d'autres pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique.

Les États-Unis tentent de rattraper la Russie et la Chine dans le domaine de l'énergie nucléaire. Le groupe Dilenschneider a publié un rapport spécial sur l'énergie nucléaire aux États-Unis au début de l'année 2023, qui envisage avec optimisme les centrales nucléaires dans un avenir proche. Il note que l'émergence de nouveaux petits réacteurs modulaires (SMR) est beaucoup plus sûre que les centrales conventionnelles, car ils utilisent la circulation naturelle et sont plus économiques, avec des coûts d'investissement plus faibles et des délais de construction plus courts. La Commission américaine de réglementation nucléaire a récemment autorisé le déploiement du premier projet SMR aux États-Unis, tandis que GE Hitachi Nuclear Energy a signé un contrat pour la construction du premier SMR dans l'Ontario, au Canada. CLightbridge Corp. à Reston, en Virginie, travaille avec le gouvernement américain pour tester un combustible nucléaire avancé qui pourrait produire plus d'électricité dans les centrales existantes ainsi que dans les nouveaux SMR et améliorer considérablement la sécurité.

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Aux États-Unis, la nécessité de disposer d'une énergie sans carbone, combinée aux progrès technologiques, a entraîné un afflux d'investissements fédéraux dans l'industrie nucléaire. Au moins 40 milliards de dollars devraient être dépensés au cours de la prochaine décennie. À cela s'ajoutent les milliards attendus des investisseurs privés dans les années à venir. Rien qu'en 2022, environ cinq milliards de dollars de fonds privés ont été consacrés à la conception de nouveaux réacteurs.

Il n'y a que dans l'effort américain qu'il y a un "mais" important. En effet, le gouvernement kazakh a récemment approuvé, par décret, le transfert des participations dans trois gisements d'uranium situés dans le pays, qui étaient gérés par Uranium One Inc.

Cette société est une filiale de Rosatom, et la Russie a donc pris le contrôle de la chaîne d'approvisionnement mondiale en uranium. Le Kazakhstan était le leader de la production d'uranium, représentant environ 40 % de l'offre mondiale. Ainsi, même si ce n'est pas directement, la Russie a pris le contrôle des principaux sites d'extraction d'uranium. Les autres pays disposant de cette matière première ont une part plus faible : 12 % pour l'Australie, 10 % pour la Namibie et 8 % pour le Canada. Dans l'ensemble, parmi les dix premiers pays d'extraction de l'uranium, seuls le Canada et l'Australie appartiennent au groupe des pays occidentaux. Outre la Namibie, le Niger et l'Afrique du Sud exploitent des mines en Afrique, tandis qu'en Asie centrale, l'Ouzbékistan produit également de l'uranium.

Les principaux acteurs du marché du combustible nucléaire sont TVEL, qui fait partie de Rosatom, la société française Areva et la société américaine Westinghouse, une division de la société japonaise Toshiba. Le Japon compte également Japan Nuclear Fuel Limited et Mitsubishi Heavy Industries. Westinghouse est connue pour son lobbying agressif en faveur de la vente de ses produits en Europe de l'Est, y compris en Ukraine. Bien que leur combustible ne soit pas techniquement adapté aux modèles de réacteurs soviétiques (russes).

Aujourd'hui, la coopération avec la Russie dans le domaine de l'énergie nucléaire dans les pays européens est davantage motivée par le degré de soumission à Washington. La Finlande, par exemple, a refusé la construction de la centrale nucléaire de Hanhikivi-1, conçue par Rosatom. La résiliation du contrat fait aujourd'hui l'objet de poursuites judiciaires. En revanche, la Hongrie a donné son feu vert à la construction de deux nouvelles centrales à Paks. Il s'agit là aussi d'une mesure de la souveraineté d'un pays. Les gouvernements les plus prudents préfèrent être aussi vigilants et raisonnables que possible en ce qui concerne leur propre sécurité énergétique. Bien que l'Allemagne, qui devait participer au projet, ait commencé à boycotter la Hongrie, Siemens n'a toujours pas reçu l'autorisation nécessaire du gouvernement. De telles intrigues révèlent de réels problèmes de capacité contractuelle au sein même de l'UE.

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Par ailleurs, notre voisin le Kazakhstan est également intéressé par la construction par la Russie d'une centrale nucléaire de quatre unités. Elle sera vraisemblablement construite près du lac Balkhash. En Turquie, la centrale nucléaire d'Akkuyu, avec quatre unités de 4 800 MW, qui est le plus grand projet dans l'histoire de la coopération russo-turque, est toujours en cours de construction. Il convient de noter que le site de construction de la centrale n'a pas été endommagé lors des récents tremblements de terre.

Par ailleurs, le développement de l'énergie hydrogène est également l'une des priorités de Rosatom. Cela suggère que l'entreprise joue un rôle de catalyseur pour de nouvelles orientations, en utilisant les connaissances techniques et scientifiques ainsi que les actifs existants pour développer des secteurs prometteurs. L'énergie hydrogène est considérée comme l'une des tendances les plus pertinentes dans le domaine des énergies alternatives vertes en raison de la possibilité d'utiliser des sources renouvelables. Bien qu'il existe encore une classification en bleu, rouge et gris, le rouge est uniquement lié à l'énergie nucléaire, c'est-à-dire que l'hydrogène est produit à partir de cette énergie et de l'électrolyse de l'eau. À l'avenir, l'hydrogène pourrait également être utilisé pour les transports, avec une infrastructure appropriée de stations de ravitaillement en hydrogène.

Dans ce contexte, l'énergie nucléaire est donc un système plus complexe et plus intégré que la production d'énergie conventionnelle. Les progrès des scientifiques et des spécialistes russes dans ce domaine apporteront la compétitivité nécessaire à notre pays.

Biden ment à l'Amérique mais l'Europe est la victime

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Biden ment à l'Amérique mais l'Europe est la victime

par Fabio Mini

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25577-fabi...

Le président américain Joe Biden, en baisse dans les sondages, et l'ancien président Donald Trump, en hausse dans les condamnations, ont déjà entamé leur campagne électorale. Chacun à sa manière, mais tous deux sans argument décisif en matière de politique étrangère et de sécurité, ou de politique économique ou sociale. Tous deux savent cependant que la première, la politique de défense, n'aura aucune importance pour le vote.

Biden a tenté de se présenter comme le président qui a resoudé l'OTAN, rétabli l'hégémonie sur l'Europe et ainsi obtenu un soutien pour la guerre en Ukraine. Ces déclarations ont convaincu la quasi-totalité des alliés européens, mais pratiquement personne dans notre camp. Non pas parce qu'elles sont fausses, mais parce qu'elles sont "éloignées" de la géographie et de la pensée américaines. Paradoxalement, M. Biden peut compter sur le soutien de l'Europe à la guerre parce qu'il n'a jamais expliqué clairement aux citoyens américains ce que signifie la guerre en Ukraine et quels sont les intérêts et l'engagement des États-Unis. Il s'est toujours limité à une rhétorique anti-russe et à une prétendue défense de la liberté et de l'idéologie occidentale.

En fait, le "peuple" américain ne sait presque rien de la guerre en Europe et s'il en savait un peu plus, il ne l'accepterait pas. Les Américains ne savent pas que la cohésion des alliés européens est fragile, que les trois quarts du monde sont contre la guerre, que l'hégémonie militaire ne suffit pas à compenser la perte de l'hégémonie politique et économique. Et l'administration Biden est l'expression du Parti démocrate grâce au soutien de la moitié des petits ou "grands" électeurs de ce peuple délibérément maintenu dans l'ignorance.

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Mais l'autre moitié est également désorientée. Le sénateur républicain Marco Rubio, ancien candidat à la Maison Blanche en 2016, partisan des sanctions contre le Venezuela et la Chine, et qualifié de " parrain " de Miami grâce au bassin électoral que lui procurent exilés ou immigrés cubains, a fustigé Macron pour ses déclarations sur les relations avec la Chine. En particulier, il n'a pas apprécié l'idée d'une autonomie stratégique européenne prônée par Macron, la promesse d'une équidistance dans le dossier taïwanais entre les Etats-Unis et la Chine, et la phrase aussi évidente que désagréable selon laquelle "être un allié ne signifie pas être un vassal". Avec mépris, Rubio a commenté : "Si les Européens font cavalier seul et se détachent des États-Unis en suivant Macron, cela nous fera économiser beaucoup d'argent... Nous sommes aujourd'hui très impliqués en Ukraine. Nous dépensons beaucoup de l'argent de nos contribuables dans la guerre européenne. Et je l'ai soutenu parce que je pense qu'il est dans l'intérêt national des États-Unis d'être les alliés de nos alliés (sic !). Mais si c'est la position de nos alliés, si en fait Macron parle au nom de toute l'Europe, et que leur position est que,désormais, ils ne vont pas choisir leur camp entre les États-Unis et la Chine... peut-être devrions-nous leur dire que nous allons nous concentrer sur Taïwan et sur les menaces venant de la Chine, pendant que vous, Européens, vous occupez de l'Ukraine et de l'Europe."

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Oui, parce que la guerre en Ukraine est une question européenne et une responsabilité des Européens. L'Amérique nous ferait une faveur ; l'intérêt national des États-Unis est seulement de maintenir les alliés européens ensemble et c'est à eux de se battre en Europe contre la Russie. M. Biden n'a pas expliqué aux Américains que sans leur intervention et les accords bilatéraux anti-russes avec l'Ukraine, signés de 2008 à 2021, l'invasion n'aurait pas eu lieu et la guerre n'aurait jamais éclaté. Sans le soutien américain à l'Ukraine "aussi longtemps que nécessaire" et "par tous les moyens" (le "whatever it takes" repris par les Britanniques et les boyards de l'OTAN et de l'UE), la guerre serait terminée depuis longtemps et pourrait se terminer dès aujourd'hui. M. Biden continue de nier que la manœuvre américaine est une guerre dirigée contre la Russie et que, jusqu'à présent, elle a plutôt été dirigée contre l'Europe. Il affirme (en connaissance de cause ou simplement par calcul électoral) que le continent américain n'est pas menacé par une guerre européenne et que même une escalade nucléaire n'impliquerait pas les États-Unis. Et en effet, comme les analystes du Pentagone le lui disent depuis un certain temps, l'Europe serait frappée en premier.

On peut comprendre les objectifs, les récits, les aventures et les dénégations des Américains qui se considèrent à l'abri d'une guerre en Europe parce qu'ils sont séparés et protégés par des milliers de kilomètres et deux océans. Mais on ne comprend pas les mêmes récits, objectifs et aventures des Européens directement impliqués dans la guerre en Ukraine et séparés des combats par une centaine de kilomètres et quelques rivières et mers intérieures. Ou peut-être les comprend-on et vaut-il mieux ne pas  raconter tout cela à nos peuples de toute façon.

jeudi, 01 juin 2023

Les Américains sombrent dans le chaos

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Les Américains sombrent dans le chaos

par Pierluigi Fagan

Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-caosificazione...

Mon récent double post sur la crise de la civilisation occidentale posait les sociétés anglo-saxonnes, les États-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne et trois autres puissances mineures, comme un sous-système à part entière. Concernant les USA, il faut noter comment, une fois la présidence Trump passée, les nouvelles donnes sociales américaines, ici en Europe et en Italien, ont tout simplement disparu des écrans. Sur la Grande-Bretagne, occasionnellement, certains pro-européens prennent plaisir à raconter les grands malheurs britanniques en les mettant sur le compte du Brexit, mais rien de plus. Finalement, avec le nouveau gouvernement Biden, nous sommes devenus les " amis préférés " des deux. Dans le cas américain, il s'agit aussi de la cohérence dans l'alignement géopolitique sur fond de conflit ukrainien. Nous avons dès lors affaire à une position super-partisane dans la ligne politique choisie par le gouvernement italien, ligne qui, soit dit en passant, selon les maigres sondages, ne reflète pas du tout le sentiment majoritaire du pays. Sur les Etats-Unis, d'un point de vue intérieur, il n'y a donc rien à dire ?

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En 2022, une historienne américaine, spécialiste des conflits civils (Historical Foundation of the States), a poussé un coup de gueule en affirmant qu'à partir de la littérature d'analyse historique générale, on pouvait énumérer un certain nombre de points de crise permettant de prédire le risque imminent d'une flambée de "stasis" (de troubles sociaux bouleversants sinon révolutionnaires, ndt). Selon Barbara F. Walter (photo), les Etats-Unis sont aujourd'hui un pays-candidat parfait pour basculer dans la guerre civile. Elle a été suivie dans son analyse par d'autres auteurs et de nombreux médias, tant américains que britanniques, ont amplifié le thème en le plaçant au centre du débat public.

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Dans un récent article du géopolitologue et analyste italien Lucio Caracciolo dans La Stampa, ce dernier énonce la question suivante: "Aujourd'hui, l'Amérique n'est plus aimée. Comment peut-elle fasciner les autres ?". En bon connaisseur de l'esprit du temps, Caracciolo s'est déjà converti à la vérité de la transition épochale du pouvoir dans le monde dans son éditorial du dernier numéro de Limes, actuellement en kiosque, en soulignant que les États-Unis ont perdu leur aura et, avec elle, leur soft power.

George Friedman, dans le même numéro de la revue, intitule son analyse "Les États-Unis sont proches d'un effondrement interne". La liste des phénomènes inquiétants, établie par Friedman cite "des revendications sociales au sommet de leur intensité, des questions morales, religieuses et culturelles", puis il y a les faillites bancaires, les révisions stratégiques dans le cadre de la mondialisation, le grand point d'interrogation chinois, les ombres sur les Big Five de l'Internet (qui fonctionnent à plein régime) et les sombres destins en marche de l'I.A., la NASA qui ne sait apparemment plus comment fabriquer une combinaison d'astronaute, sans parler d'en envoyer un sur la lune ; il y a encore des frictions sur les flux migratoires et toujours la force de la très fragile coexistence raciale. Il y a aussi une profonde crise interétatique/fédérale qui va jusqu'à s'interroger sur les rôles du Congrès et de la Cour Suprême. "Jamais dans l'histoire il n'y a eu un tel niveau de colère et de mépris mutuel entre les Américains", note Friedman. Ils s'affrontent vraiment à propos de tout et de rien, à des niveaux vraiment pré-hystériques, quand ils ne se tirent pas dessus et ne font pas des trucs bizarres et ne parlent pas de choses de manière vraiment incongrue (Dieu, l'avortement, les transsexuels qui ne représenteraient que 0,5 % de la population, le traditionalisme et le progressisme, la pédophilie, les conspirations surréalistes et varia).

Cette agitation, que plus d'un a intérêt à radicaliser, trouve son enfer sur Internet et les médias sociaux. En ce qui concerne les réseaux sociaux, c'est le format même de l'interaction anonyme, avec une écriture d'inconnus sans visage et au drôle de comportement, contrainte à des espaces relevant plus de la blague que du discours argumenté (woke ! christofasciste !), l'enfermement dans de petites communautés partageant une pensée (ou une non-pensée) commune, avec des adeptes qui s'excitent les uns les autres, qui alimentent des braises déjà ardentes. La radicalisation prend du temps à se construire et ne se démantèle pas rapidement, elle dépose des rancœurs, des rancunes, des haines viscérales. Au final, il ne s'agit plus d'arguments mais d'un durcissement généralisé de positions hétéroclites.

Bien qu'il s'agisse d'une nation de 330 millions d'habitants (avec, selon les estimations, 400 millions d'armes privées, dont beaucoup de type militaire) et aussi d'une composition très diverse, elle a tendance à se diviser simplement en deux et le format "nous contre eux" alimente sa propre radicalisation en simplifiant à outrance. Après tout, la simplification est un trait caractéristique de la mentalité américaine empirique et pragmatique, c'est-à-dire qu'elle met trop l'accent sur l'action au lieu de la réflexion - ou en l'absence de réflexion.

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L'espérance de vie en Amérique est en chute libre depuis une dizaine d'années: elle a atteint 76,1 ans (chez nous, elle est de cinq à dix ans plus longue). La mortalité infantile et la mortalité générale ont fait un grand bond en avant: les décès par arme à feu sont désormais hors de contrôle (en Amérique, plus de 200 personnes par jour sont blessées par des armes à feu, 120 sont tuées. Sur ces 120 personnes, 11 sont des enfants et des adolescents), le taux d'homicide chez les adolescents a augmenté de 40 % en deux ans; les overdoses et l'abus de drogues, les accidents de voiture, sont, eux aussi, en hausse croissante. Dans les écoles, de nombreux enfants suivent un cours visant à leur enseigner un comportement à adopter au cas où quelqu'un entrerait dans la classe en tirant des rafales de mitraillette. Et heureusement qu'ils sont pro-vie !

Au 10ème rang pour la richesse théorique par habitant, les États-Unis sont en réalité au 120ème rang pour l'égalité des revenus (BM 2020), après l'Iran mais avant le Congo (RD). L'ascenseur social est en panne depuis au moins trente ans, à supposer qu'il ait fonctionné auparavant. Les Américains pauvres, dans les comtés pauvres, dans les États du Sud, meurent jusqu'à vingt ans avant les autres. Les Afro-Américains meurent en moyenne cinq ans plus tôt que les Blancs. Avec seulement 4,5 % de la population mondiale, ils possèdent 25 % de la population carcérale mondiale, un graphique effrayant en augmentation constante depuis ces trente dernières années. La moyenne européenne est de 106 incarcérations pour 100.000 habitants ; aux États-Unis, elle est de 626, soit six fois le record mondial. Bien qu'ils représentent moins de 5 % de la population mondiale, ils consacrent 40 % du total mondial des dépenses militaires (auxquelles il convient d'ajouter les armes domestiques). Si les livres d'histoire vous ennuient, il suffit de regarder la production cinématographique et télévisuelle pour se rendre compte de l'attrait culturel de la violence dans ce pays. La violence est la façon, là-bas, de traiter les contrastes sociaux, une attitude parfaitement qualifiable de pré-civilisée.

Ayant pour norme sociale la libre poursuite du bonheur, version réussite socio-économique sur une base compétitive des compétences individuelles à gagner de l'argent, n'ayant aucune idée de la façon dont le jeu est truqué, manquant de tradition de pensée et d'analyse de type européen (par exemple par classes), cette masse de parias, vivant souvent dans des conditions indigne de toute humanité, manifestement en colère quand elle n'est pas anesthésiée par le complexe télévision-alcool-drogue-médicaments, est recrutée par les diverses élites pour soutenir ou combattre tel ou tel droit civique. Ce qui alimente cette tempête de haine mutuelle au niveau des "valeurs", qu'elles soient de raison ou de tradition, cependant, elles ne sont jamais économico-sociales.

Les "Blancs" sont aujourd'hui 58%, mais en 1940 ils étaient 83% et en 1990 75%: la tendance est dès lors claire. On sait déjà qu'ils perdront leur majorité absolue en 2044, dans deux décennies. Pire encore pour la part des WASP au sein du groupe "blanc", avec une moyenne d'âge plus élevée, en plein syndrome de Fort Apache. 

Un sondage réalisé en 2022 donne 40 % des démocrates et 52 % des républicains en faveur de la séparation des États rouges et bleus dans une sorte de sécession idéologique avec actes politico-judiciaires locaux, flanqués de la pratique habituelle du gerrymandering, une sorte d'adaptation des circonscriptions électorales pour prédéterminer la victoire de certains candidats dans des formes de représentation qui n'est jamais proportionnelle; le pays semble évoluer dans cette direction ces dernières années. Certains députés, depuis un certain temps, propagent l'idée d'élever l'âge du droit de vote pour empêcher les jeunes d'apporter des voix aux Dems. Cette idée d'un divorce territorial-idéologique est sans précédent et donne une idée de la profondeur de la fracture sociale. Le discrédit mutuel des représentants locaux et fédéraux des deux partis est à son comble.

De plus, l'effondrement de la confiance est très large: l'église, la police, les journalistes, les intellectuels, les académies et les écoles elles-mêmes perdent leurs crédibilité, et bien sûr les politiciens aussi, qui, souvent de fait, ne cherchent qu'à se doter d'une solide position sociale et sont prêts à tout pour y parvenir. La guérilla menée sur la légitimité des votes pourrait déboucher sur une hypothèse ventilée sur le "vote contingent" où, en l'absence d'un résultat clair (c'est-à-dire en présence d'un résultat contesté), chaque État se verrait attribuer un vote, la majorité des États (pourtant moins peuplés) étant républicains, ce qui concrétise l'intention qui sort de plus en plus de certaines bouches : "Nous sommes une république, pas une démocratie", ce qui - soit dit en passant - est une vérité limpide.

Il est d'ailleurs certifié par des études de Princeton et de Northwest sur le contenu des lois votées par le Congrès il y a dix ans que les États-Unis sont une oligarchie et non une démocratie. C'est cette oligarchie qui a tout intérêt à mettre le feu aux poudres, là où les gens se battent pour des questions de droits civiques, de race, de prévalence sexuelle et non pour des droits sociaux, pour des droits qui assurent une qualité de vie, une redistribution des revenus et garantissent un pouvoir associé.

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Existe-t-il une base pour vérifier cette prophétie d'une hypothétique guerre civile, une prophétie qui, compte tenu de la grande importance médiatique accordée aux États-Unis, risque de devenir du type "autoréalisateur" ? Les raisons d'en douter ne manquent pas, à condition d'imaginer des barricades et des émeutes de rue généralisées, accompagnées de terrorisme intérieur. Cependant, même si l'analyse devrait être plus profonde que ne le permet un billet, cette analyse spécifique sur la crise interne de la société américaine atteste que c'est le cœur de la civilisation occidentale qui est en crise profonde.

C'est pourquoi les Européens seraient bien avisés de relâcher les liens transatlantiques ; les Américains sont destinés à subir une contraction continue de leur actuelle puissance mondiale tandis qu'à l'intérieur de leur propre pays, ils paniquent de plus en plus à propos de tout, sauf de l'inégalité sans cesse croissante, une maladie mortelle pour toute société.

Une grande partie de la phénoménologie perverse, brièvement décrite ici, a déjà infecté nos sociétés. Du mondialisme-néolibéralisme aux gémissements unidimensionnels sur les droits civils et non sur les droits sociaux qui excite la réaction traditionaliste, toute l'imagerie qui percole des séries télévisées et du cinéma, tout l'Internet et la logique du social, qui découle d'un comportementalisme précis, ont déjà contaminé nos sociétés. Cette déchéance graduelle découle d'un milieu psycho-culturel comportementaliste précis (c'est-à-dire visant à contrôler le comportement et la cognition, c'est-à-dire tout sauf "l'intelligence"), de la résurgence en Europe et en Italie de la production et du commerce des armes, de la destruction de la démocratie déjà programmée depuis le début des années 1970, de la démagogie, de l'ignorance agressive, du déclin qualitatif drastique des élites, de l'absence d'une culture de l'information, de la disparition de la fonction intellectuelle, du simplisme, de l'enthousiasme infantile pour la technologie, de la foi irrationnelle dans le rôle de la technologie, des épidémies de solitude sociale et de dépression, de la toxicomanie, de la plastification des corps et de la manipulation des neurones. La crise du centre anglo-saxon du système occidental irradie depuis longtemps l'ensemble de la civilisation, même là où l'anthropologie culturelle, sociale et historique serait tout à fait différente sans cette imprégnation continue.

Il conviendrait de commencer à préparer un divorce, une bifurcation des destins, une refondation de l'être occidental qui referme la parenthèse anglo-saxonne. Traverser des périodes complexes avec ces personnes à la barre pourrait être très dangereux.

[Puisque dans le système économicocratique tout problème est une source de profit possible, voici qu'est prêt le jeu de société simulant la deuxième guerre civile américaine avec Captain America contre Iron Man. C'est également ainsi que sont créées les hypothèses mentales de l'image du monde, en "gamifiant" les conflits sociaux].

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samedi, 27 mai 2023

Alexandre Douguine: les échecs et la guerre

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Les échecs et la guerre

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/chess-war?fbclid=IwAR2c4dK0IXqIdWCxJT110qVAujss0Rm0Uiqt8BFLjAkzj3dR8E5Orii1t7U

Examinons les principaux acteurs de la guerre qui se déroule en Ukraine. Nous pouvons ici nous référer à la métaphore de "l'échiquier géopolitique" introduite par Zbigniew Brzezinski. Il est évident que le territoire de l'Ukraine, et dans une certaine mesure de la Russie, est un "échiquier" sur lequel se déroule la confrontation géopolitique mondiale. En même temps, Kiev elle-même, comme chacun l'a compris depuis longtemps, n'a pas d'indépendance et ne constitue pas un "sujet politique": l'Ukraine n'est qu'un outil que les principaux acteurs, en premier lieu ceux qui jouent contre la Russie, déplacent à leur guise. Comme toute métaphore, le schéma du "jeu d'échecs géopolitique" que nous proposons a certes des faiblesses et des limites, mais s'il permet d'éclairer ce qui se passe, il justifie à lui seul son existence.

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Les échecs de l'apocalypse

Tout schéma simplifie à l'extrême la réalité, mais il tente de mettre en évidence les tendances de fond et les centres de pouvoir réellement décisifs. Il est évident que la Russie est aujourd'hui en guerre contre l'Occident collectif et ce sont ces deux instances géopolitiques que l'on peut considérer comme les deux camps opposés. Sur notre échiquier métaphorique, la Russie est représentée par les Blancs et l'Occident collectif par les Noirs.

Chez les Noirs, les contours de plusieurs pôles puissants et influents se dessinent. Puisque nous parlons d'un jeu d'échecs géopolitique, nous pouvons imaginer chaque pôle comme une sorte de pièce, qui a son propre plan, sa propre logique, sa propre stratégie, ses propres objectifs de guerre. En même temps, chaque pièce géopolitique est limitée dans ses actions par les autres pièces, blanches et noires, les siennes et celles de l'adversaire.

Trois figures principales sont proposées pour chaque camp, le noir et le blanc. Mais ces figures principales généralisent un très grand nombre de centres de décision secondaires, de groupes d'analyse et d'experts, de réseaux d'influence, etc. Ce sont les macro-figures du jeu d'échecs géopolitique de la guerre d'Ukraine, qui pourrait d'ailleurs facilement et rapidement dégénérer en Troisième Guerre mondiale. Le conflit actuel serait donc identifié comme son précurseur ou sa première phase. S'il ne dégénère pas en Troisième Guerre mondiale, l'implication d'acteurs mondiaux et l'échelle mondiale rendent chaque macro-figure responsable du sort de l'humanité. Chaque mouvement de l'une ou l'autre de ces macro-figures, dans les circonstances actuelles, est porteur d'Armageddon. La probabilité d'une confrontation nucléaire directe entre la Russie et le bloc de l'OTAN avec l'utilisation d'armes nucléaires stratégiques (SNW/Strategic Nuclear Weapons) est la toile de fond sur laquelle se joue la partie d'échecs sur l'échiquier qu'est aujourd'hui l'Ukraine (ou la Russie occidentale). Nous sommes donc face aux "échecs de l'Apocalypse".

Les pièces des Noirs

Chez les Noirs, nous pouvons distinguer trois macro-figures principales, qui ne sont pas symétriques les unes par rapport aux autres, mais qui ont chacune un degré de souveraineté suffisant pour influencer activement le cours de toute la confrontation. Nous les avons nommées comme suit :

Le parti de la victoire complète et immédiate sur la Russie.

Le parti de la victoire retardée sur la Russie.

Le parti de l'indifférence à l'égard de la Russie.

Les deux premières macro-figures représentent les factions des mondialistes qui contrôlent aujourd'hui presque entièrement les élites atlantistes des États-Unis et de l'UE, qui sont toutes deux en route vers un gouvernement mondial et n'ont pas de contradictions à cet égard. Ils ne diffèrent que par la rapidité et la radicalité des mesures nécessaires pour atteindre leur objectif commun. Le Parti de la victoire immédiate sur la Russie et le Parti de la victoire différée sont tous deux fermement attachés à un monde unipolaire, à l'idéologie libérale mondialiste et au maintien à tout prix de l'hégémonie occidentale à l'échelle mondiale. En substance, ils constituent une seule et même force, mais leurs deux pôles - le parti de la victoire noire immédiate et le parti de la victoire noire différée - diffèrent considérablement dans leur évaluation de la situation, par les méthodes qu'ils appliquent et par les moyens qu'ils préconisent pour atteindre l'objectif.

Le parti de la victoire totale et immédiate sur la Russie

La partie la plus radicale des mondialistes insiste pour profiter de la situation et de ce qu'ils considèrent comme la faiblesse significative de la Russie démontrée dans la guerre ukrainienne (beaucoup pensent sincèrement que "la Russie a déjà perdu"), pour mettre fin à la situation, infliger une défaite totale et écrasante à la Russie, la forcer à une reddition inconditionnelle, puis pour la plonger dans un chaos sanglant et assurer l'effondrement de la Fédération de Russie le long de toutes les lignes de fracture possibles - sociales, ethniques et confessionnelles, territoriales.

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Cette macro-figure est représentée en premier lieu par les services secrets britanniques, qui agissent en étroite relation avec certains centres néo-conservateurs américains (Kagan, Nuland, Kristol) et avec les cercles du Pentagone et de la CIA qui leur sont proches.

Du point de vue de ces institutions, la Russie est extrêmement faible et sa survie politique ne tient qu'à un fil à tous égards. L'impasse sur les fronts, l'indécision ou le report permanent des réformes de mobilisation, la grande tolérance de l'opposition politique et anti-belliciste au sein des élites, la confusion au sein du commandement militaire, la confusion de la société, les effets des sanctions et la nécessité de rechercher une substitution immédiate pour les importations, l'absence d'une idéologie cohérente, l'absence d'une volonté stratégique claire de gagner, sont pour ce parti autant de signes que la Russie est au bord du gouffre et que, si elle est poussée à bout, elle s'écroulera. C'est pourquoi la première macro-figure des Noirs - le parti de la victoire complète et immédiate sur la Russie - planifie et exécute les étapes les plus drastiques de cette guerre: c'est là que sont planifiées et exécutées les attaques terroristes sur les territoires russes, les assassinats, les bombardements, les attaques de drones, les attaques sur l'ancien et le nouveau territoire russe, y compris les attaques contre des cibles civiles sur les territoires frontaliers de la Russie, l'opération visant à faire sauter les approvisionnements en eau du nord et à faire sauter le pont de Crimée. Il s'agit du pôle noir qui vise à saturer au maximum le régime fantoche de Kiev avec toutes sortes d'armes, à fournir des obus à uranium appauvri, à mener de nouvelles attaques terroristes à grande échelle dans les capitales et les villes russes, à radicaliser l'opposition russe interne et à recruter son personnel pour le soulèvement armé, la formation de DRG, etc.

Aucune négociation avec la Russie, aucun cessez-le-feu n'est envisagé par ce pôle. La Russie est prise dans un piège stratégique soigneusement placé et l'ours blessé doit être épuisé maintenant et immédiatement, par tous les moyens nécessaires.

Ce pôle préconise une escalade parabolique des hostilités, en utilisant toute la gamme des moyens et cela, de manière accélérée.

Le principal argument de cette macro-figure est l'hypothèse selon laquelle Poutine n'utilisera en aucun cas des armes nucléaires (NSNW), ni d'ailleurs des armes nucléaires stratégiques (TNW), et la probabilité d'utiliser des armes nucléaires tactiques (TNW) n'est pas fatale du point de vue de ce groupe. Toute suggestion selon laquelle Moscou est prête à répondre par des armes nucléaires dans le cas extrême est considérée par ce groupe des pièces noires de notre échiquier comme un bluff, car, selon lui, le régime existant, en l'absence d'une idéologie brillante, n'est tout simplement pas organiquement capable de franchir cette étape.

Ce même pôle utilise activement des stratégies de réseau, supervise l'IPSO et modère les stratégies d'ingénierie sociale pour la société russe, exploitant habilement toute faille dans la politique russe en matière d'information et d'Internet. On peut dire qu'il orchestre des vagues de terreur mentale à l'aide de diverses méthodes, y compris de nombreuses chaînes d'information censées être "neutres" et "objectives" par nature.

Ce pôle jouera un rôle important dans la contre-attaque planifiée par Kiev et revendique la direction complète de l'opération.

L'objectif - la destruction de la Russie - sera atteint rapidement et durement, dans les plus brefs délais. Des attaques terroristes de masse faisant un grand nombre de victimes civiles et même des attaques de missiles sur Moscou seront autorisées.

Le parti de la victoire retardée sur la Russie

La deuxième macro-figure chez les pièces noires est le parti de la victoire retardée sur la Russie. Ici, l'évaluation de la situation est légèrement différente de celle de la première macro-figure. Ce groupe estime, comme le premier, que la Russie a "déjà perdu" dans cette guerre: les attaques contre le centre de l'Ukraine, et même contre Kharkov et Odessa, ont échoué, le front s'est enlisé même dans le Donbass, les sanctions ont isolé économiquement la Russie de l'Occident, l'indécision ne permettant pas les réformes patriotiques nécessaires a encore affaibli Moscou. Dans cette situation, le programme minimum, selon ce pôle noir, a été atteint. Les pays occidentaux se sont à nouveau unis autour de l'OTAN sous l'égide des États-Unis, le mondialisme a une nouvelle fois renforcé sa position. Le moment est donc venu de faire entrer le conflit dans une phase à long terme. Plus le "statu quo" durera, plus la Russie sera affaiblie. Et alors, voyez-vous, les processus destructeurs s'enclencheront d'eux-mêmes: les effets des sanctions et les difficultés à organiser les importations parallèles et la substitution des importations se feront sentir; les victimes de plus en plus nombreuses de la guerre mineront la confiance dans le gouvernement; et, si nous ne nous dépêchons pas et n'allons pas trop loin, la Russie elle-même, comme un fruit mûr, tombera dans le panier des mondialistes. En réalité, la guerre a déjà été "gagnée" par l'Occident, et l'Ukraine n'était et ne reste qu'un matériau consommable dans ce jeu d'échecs géopolitique - un pion a été sacrifié (et même pas jusqu'au bout), et la situation générale s'est nettement améliorée.

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Le général Mark Milley, président de l'état-major interarmées des forces armées américaines, est un excellent exemple de cette position.

La deuxième macro-figure dans les pièces noires est également orientée vers la défaite finale de la Russie, mais cette victoire ne surviendra que graduellement, sera retardée. L'ouverture de négociations de paix, de préférence à des conditions désavantageuses pour la Russie - c'est une honte - et la prolongation de la guerre pendant une longue période, voire une certaine connivence avec les Russes dans des zones locales, sont autorisées ici.

Et surtout : la deuxième macro-figure n'est pas sûre que dans une situation critique - par exemple, en cas d'attaque décisive et précipitée des troupes de Kiev sur les territoires russes - Poutine n'utilisera pas d'armes nucléaires, y compris des armes nucléaires non conventionnelles. L'hypothèse est qu'il s'agit peut-être d'un bluff, mais si ce n'est pas le cas, il pourrait s'avérer qu'il est trop tard. Alors pourquoi risquer tout, la destruction de la planète, juste pour obtenir ce que vous voulez un peu plus vite que vous ne l'obtiendrez de toute façon ?

C'est la position de Biden lui-même et de la plupart des membres de son administration (à l'exception des néoconservateurs extrémistes). Et c'est pourquoi certaines publications de la presse américaine contrôlée par la Maison Blanche rejettent la responsabilité des attaques terroristes en Russie, de l'explosion du gazoduc Nord Stream et de l'escalade en général. Le fait que la responsabilité soit reportée sur Kiev doit être considéré comme un euphémisme, une figure de style. Bien sûr, le sens est autre : les modérés désignent - à travers Kiev - la première macro-figure des noirs, c'est-à-dire le parti de la victoire totale et immédiate sur la Russie

Quelle est la relation entre ces macro-figures ? Il n'est pas facile de l'établir avec certitude. À certains égards, elles sont solidaires - dans leur désir de vaincre la Russie, de perturber le processus conduisant à la multipolarité et de préserver l'hégémonie de l'Occident mondialiste. À d'autres égards, ils diffèrent. Mais dans tous les cas, il s'agit de deux pièces-personnages différent(e)s. Ils ont deux visions et deux programmes différents. Il n'y a pas de hiérarchie claire entre eux: chacun suit sa propre voie, selon ses propres évaluations, méthodes et possibilités. Il peut sembler que l'équilibre entre la première et la deuxième pièce se déplace périodiquement dans un sens ou dans l'autre.

Là encore, l'image du jeu d'échecs nous aide. Chacune des pièces se déplace selon son propre algorithme. L'une est orientée vers l'escalade, l'accélération du temps et le mépris des règles. L'autre agit plus prudemment, essayant de maîtriser l'escalade et prête à prolonger le processus, sûre des résultats déjà obtenus et de la probabilité d'obtenir ce qu'elle veut (l'effondrement de la Russie en tant que puissance souveraine) dans le cours naturel des événements, ce que, bien sûr, l'Occident devrait activement faciliter.

Le parti de l'indifférence

Il existe également une troisième macro-figure parmi les Noirs. Elle est beaucoup moins influente que les deux premières et n'a pas grand-chose à voir avec le fait d'influencer directement le cours des événements. Mais elle est là, et on ne peut l'ignorer. Il s'agit de la position des forces politiques américaines qui n'identifient pas les intérêts américains au mondialisme, qui ne s'appuient pas sur les règles de la géopolitique atlantiste (où l'objectif principal de la civilisation anglo-saxonne de la mer est une victoire écrasante sur la civilisation eurasienne de la terre, c'est-à-dire la Russie souveraine), et qui sont donc indifférentes à la Russie qui, selon une analyse sobrement pragmatique, ne menace pas les intérêts nationaux américains - ni dans le domaine militaire, ni dans le domaine économique - en général. Si nous abandonnons l'équation "États-Unis = globalisme, hégémonie mondiale et libéralisme", que les deux premiers macro-figures noires partagent et que le troisième groupe rejette, l'attitude à l'égard de la guerre en Ukraine change immédiatement. Le résumé de cette attitude est le suivant: les États-Unis ne sont pas du tout intéressés par cette guerre, et l'obsession de la russophobie est liée aux intérêts privés des élites mondialistes qui utilisent les États-Unis et les pays européens de l'OTAN pour leurs propres intérêts économiques.

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C'est exactement la position exprimée par l'ancien président américain Donald Trump. Ses affirmations selon lesquelles, s'il redevient président des États-Unis, le conflit en Ukraine cessera immédiatement ne sont pas de la vantardise, mais du pur réalisme. Une fois que l'Occident collectif abandonne la féroce partie d'échecs contre la Russie, tout ce drame devient insignifiant et les États-Unis passent à d'autres problèmes - plus aigus - tels que la rivalité économique avec la Chine, la crise financière et la crise de l'émigration aux États-Unis mêmes, etc.

Parmi les figures noires, c'est aujourd'hui la position la plus faible. Son influence est très limitée. Mais à l'approche des élections présidentielles américaines de 2024, son influence pourrait s'accroître. Toujours pour des raisons pragmatiques, il est probable que les Républicains, dans leur opposition à la politique ukrainienne de Biden, se rabattent sur ce type de logique réaliste. Il n'y a pas la moindre sympathie pour la Russie derrière une telle position, mais objectivement, cela réduirait considérablement les tensions et conduirait à une désescalade.

Parmi les Républicains eux-mêmes, la logique de Trump n'est pas la seule, et certains néoconservateurs soutiendront le scénario atlantiste. Mais d'ores et déjà, pour les intérêts intra-corporatistes de la politique américaine, la carte ukrainienne est si fermement associée aux démocrates et à Biden qu'elle n'a aucune chance d'être reprise par les républicains dans les débats pré-électoraux.

On peut donc prédire avec prudence que d'ici l'automne 2023, et surtout si la Russie réussit l'offensive à venir, le rôle de la troisième macro-figure noire augmentera progressivement.

Il est évident qu'une telle orientation de la politique étrangère américaine, basée sur le réalisme et l'intérêt national des États-Unis en tant que puissance, changera complètement la stratégie du jeu d'échecs du côté noir, même si l'influence des autres macro-figures demeurera. Ce sera déjà un jeu complètement différent, et ce n'est pas une coïncidence si le régime de Kiev déteste tout ce qui est lié à Trump. La force du troisième parti - le parti de l'indifférence à l'égard de la Russie - signifiera la fin de l'Ukraine actuelle.

Les grandes figures des Blancs : le parti de la défaite immédiate

Passons maintenant aux Blancs et à leurs macro-figures. Ici aussi, trois "partis" symétriques peuvent être distingués. Ils correspondent en partie aux macro-figures des Noirs, mais s'en distinguent à certains égards. On peut les nommer conventionnellement comme suit :

Le parti de la défaite immédiate de la Russie.

Le parti de la défaite différée de la Russie.

Le parti de la victoire.

Le parti de la défaite immédiate comprend l'opposition libérale radicale - les structures animées par Navalny qui se sont transformées en terreur pure et simple (avec Darya Trepova, photo ci-dessous), les anciens émigrés politiques (Khodorkovsky, Kasparov, etc.), les représentants des nouveaux émigrés politiques (Chubais), etc., des représentants des nouveaux émigrés politiques (Chubais), économiques (Fridman, Aven), artistiques (Pugacheva, Galkin), victimes de l'ingénierie sociale de l'ennemi, hypnotisés par le slogan "non à la guerre", et, enfin, des agents directs de l'Occident dans diverses structures gouvernementales et sociales, de plus en plus actifs dans le sabotage direct, l'organisation de DRG, la fourniture à l'ennemi d'informations précieuses, etc.

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Cette macro-figure est politiquement désignée comme quelque chose d'inacceptable, mais son enracinement profond dans la société et l'État au cours des 30 dernières années où notre pays s'est directement orienté vers l'Occident est si important que l'opposition à cette macro-figure ne concerne jusqu'à présent que la partie émergée de l'iceberg. Les réseaux libéraux d'agents d'influence sont omniprésents en Russie et les Noirs comptent sur cette figure blanche dans leur jeu géopolitique comme l'un des principaux facteurs de leur stratégie. Cette figure n'est "blanche" que formellement, en ce sens qu'il s'agit de Russes, de demi-Russes ou d'anciens Russes. En réalité, en termes d'orientation géopolitique, les libéraux et les Occidentaux, ceux qui sont déjà partis et ceux qui ne sont pas encore partis, servent les intérêts des Noirs. C'est ainsi que les jockeys corrompus perdent délibérément des courses et que les boxeurs corrompus perdent des combats. La première macro-figure des Blancs, le Parti de la Défaite Immédiate, fait essentiellement le jeu des Noirs dans tous les domaines. Et pas seulement des Noirs en général, mais plus particulièrement du parti de la victoire immédiate chez les Noirs, la première macro-figure des Noirs. En fait, cette figure "blanche" est contrôlée par une pièce noire.

Le géopoliticien atlantiste Brzezinski, aujourd'hui décédé, y a fait explicitement allusion lorsqu'à ma question sur les échecs géopolitiques, il a répondu que "les échecs sont un jeu pour un, pas pour deux". Brzezinski avait l'habitude de jouer pour les noirs et de déplacer les pièces blanches. C'est exactement la situation de l'élite russe avant l'OMS (Opération militaire spéciale). Elle était dirigée par l'Occident. Mais après l'OMS, ce modèle est devenu plus inacceptable et les élites libérales qui semblaient "blanches" sont finalement apparues comme des figures dirigées par les Noirs.

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D'où l'apparition de représentants directs du MI6, comme Hristo Groziev et ses subordonnés (Navalny et son entourage), à la veille de l'OMS. Les libéraux ont tombé le masque et se sont révélés être des agents directs de l'ennemi dans un conflit meurtrier.

On peut toutefois se demander si les représentants du parti de la défaite immédiate de la Russie sont pleinement connus, identifiés et étiquetés en conséquence. De toute évidence, ils ne le sont pas tous. Mais c'est une question qui devrait être posée aux structures compétentes. Et pour la traiter en profondeur, il serait nécessaire de reconstituer le SMERSH ou quelque chose de similaire.

Il est important de noter que l'élite dirigeante des années 1990 était principalement composée de libéraux radicaux occidentalistes et que, même si certains d'entre eux ont sincèrement changé d'avis pendant la période de souveraineté de Poutine, l'expérience n'a pas été vaine.

Le parti de la défaite différée chez les Blancs

La deuxième macro-figure chez les Blancs est le parti de la défaite différée. Il s'agit de la partie de l'élite russe qui professe une double allégeance: d'une part, ce groupe est loyal envers Poutine et reconnaît la légitimité de son orientation vers la souveraineté et le multipolarisme, ce qui signifie qu'il soutient l'opération militaire spéciale et vise formellement la victoire. Mais d'autre part, l'orientation principale de ce groupe reste l'Occident libéral moderne, sa culture, ses codes, ses technologies, ses pratiques et ses tendances. Par conséquent, cette macro-figure considère la rupture avec l'Occident comme une catastrophe et prévoit la fin du conflit dès que possible et le lancement de processus visant à rétablir les liens rompus. Cette deuxième macro-figure parmi les pièces blanches n'est pas prête pour le sabotage direct, l'espionnage et les activités terroristes contre les autorités. En outre, elle comprend que la souveraineté est une valeur et que sa perte totale signifierait également sa propre disparition en tant qu'élite loyaliste. Mais le parti de la défaite différée ne considère pas la Russie comme une civilisation, n'est pas prêt à tout sacrifier pour le front et ne voit pas d'avenir pour le pays en dehors de l'Occident.

L'OMS a été perçus comme un désastre pour cette macro-figure, mais contrairement au parti blanc de la défaite immédiate, ses représentants sont obligés de rester loyaux envers Poutine et le pays.

Il s'agit d'un groupe très sérieux et influent au sein du gouvernement russe. Il est en partie symétrique au parti de la victoire différée des Noirs. Ses représentants accepteraient les propositions les plus désagréables de l'Occident au nom de la paix. Mais comme le parti de la victoire immédiate des Noirs ne leur laisse aucune chance, ils sont contraints de travailler pour la guerre et de soutenir l'opération. Les conversations privées récemment publiées de certains membres de l'élite décrivent clairement l'état d'esprit de ce groupe: ils ne croient pas à la victoire, ils maudissent l'OMS, ils regrettent amèrement les jours d'avant-guerre et ils sont prêts à accepter presque n'importe quelle condition pour mettre fin au conflit. Dans le même temps, ils sont contraints d'adopter une position officiellement "patriotique", qui est devenue la norme du politiquement correct en Russie même.

Le parti de la victoire retardée aux États-Unis et en Occident en général s'appuie fortement sur le parti de la défaite retardée en Russie, car il bloque activement la mobilisation publique totale et les réformes patriotiques décisives qui n'ont que trop tardé, y compris la proclamation d'une idéologie cohérente et cohésive. Toutefois, cette macro-figure, contrairement à la première, qui n'est en fait pas blanche du tout, reste du côté de la Russie et, dans une confrontation directe et dure, et surtout face à une autre macro-figure de l'ennemi (le parti de la victoire noire immédiate), elle sera elle aussi contrainte d'agir conformément à la logique de la guerre qui lui est livrée.

Le parti de la victoire

La troisième macro-figure des Blancs est le Parti de la Victoire. Il est assez largement présent dans la société russe; en revanche, il a été très minoritaire au sein de l'élite dirigeante jusqu'à une date très récente. Il s'agit de patriotes convaincus et de partisans de la Russie en tant que civilisation originale, porteurs de valeurs traditionnelles favorables à la mission et à l'identité historique de la Russie - sa religion, son peuple, sa souveraineté.

L'OMS a mis en avant le Parti de la Victoire et ce sont ses évaluations, ses perceptions et ses décryptages du conflit radical avec l'Occident collectif qui sont devenus, en fait, la version officielle de ce qui se passe. Les représentants de la deuxième macro-figure blanche sont contraints de répéter cette version, parfois avec force.

Le Parti de la Victoire se concentre sur l'opposition frontale à l'Occident, pour aller jusqu'au bout de la logique de l'OMS et cimenter les conditions stratégiques d'un monde multipolaire où l'hégémonie occidentale n'a pas sa place. C'est cette macro-figure qui considère le conflit militaire avec l'Occident comme un moment décisif dans la bataille pour le prochain ordre mondial et comme l'accomplissement de la mission historique de la Russie. Le parti de la Victoire considère le conflit non pas comme une confrontation conjoncturelle ou un différend régional, mais comme une guerre des civilisations. Pour le parti de la Victoire, la Russie, l'État et la société, doivent donc prendre toutes les mesures nécessaires et payer n'importe quel prix. Le déclenchement de l'OMS, quelles qu'en aient été les raisons, a été la dernière bataille pour la souveraineté et l'existence historique de la Russie. C'est pourquoi des réformes patriotiques immédiates et une mobilisation totale du gouvernement et de la société sont nécessaires. Du point de vue de ce parti, l'utilisation d'armes nucléaires, compte tenu de la gravité de la menace qui pèse sur la Russie, et en particulier dans l'éventualité d'un scénario d'hostilités négatives, est métaphysiquement justifiée et ne constitue en aucun cas un bluff.

Le Pôle Blanc de la Victoire n'est pas encore actuellement le pôle dominant de l'élite, et le Parti de la Défaite Différée le dépasse sur plusieurs plans administratifs. Cela dit, le poids du Parti de la Victoire ne cesse de croître et, au niveau du discours officiel en Russie, c'est son programme, sa stratégie et son appréciation de la situation qui sont considérés comme normatifs.

En tout état de cause, cette macro-figure de l'échiquier géopolitique est présente, contrastée et distinguable.

Consolidation

Réduisons maintenant notre proposition de classification des acteurs à un schéma général.

Chaque macro-figure a devant elle une image assez claire de ce qui se passe, avec laquelle toutes les autres figures sont en principe d'accord. C'est-à-dire qu'ils agissent tous selon certains algorithmes, qui sont inscrits dans la structure objective de la confrontation, sur laquelle ils ne se font pas d'illusions. Tout le monde comprend qui se bat avec qui et pour quels objectifs.

L'Ukraine n'est qu'un territoire, un échiquier - avec ses propres caractéristiques, sa topographie et sa topologie, mais c'est un pur arrière-plan. Elle n'est ni un personnage ni un sujet. Tout se décide en dehors d'elle et indépendamment d'elle.

Les processus militaires, politiques, économiques, sociaux, diplomatiques, informationnels et technologiques sont étroitement liés et forment un système plutôt ordonné, malgré la spontanéité de la guerre. Les six macro-figures peuvent être utilisées pour comprendre comment ces systèmes sont configurés et comment leurs différentes parties sont interconnectées.

Mais cet accord général avec le cadre géopolitique objectif ne va pas plus loin. Chaque sujet du processus décisionnel évolue selon sa propre logique et le fait même de cette évolution est susceptible de modifier l'ensemble du tableau dans certaines circonstances. Par exemple, la décision de mobilisation partielle en Russie, son calendrier et même ses détails, affectent l'ensemble du système. Il est évident que le parti d'une défaite retardée en Russie a trouvé le meilleur écho auprès de l'Occident collectif, mais une fois qu'elle s'est produite, les événements ont commencé à se dérouler à un rythme différent. Il en va de même pour les autres décisions majeures de cette guerre : offensives, retraites, défenses, attaques, attentats, bombardements de cibles militaires et civiles sur le territoire de l'ennemi, etc. L'irrégularité de la situation est que le territoire du véritable ennemi dans cette guerre - l'Occident collectif - reste pour l'instant parfaitement sûr, alors que sur le territoire de la Russie, l'ennemi frappe, jusqu'à la récente attaque de drones contre le Kremlin.

Dans ce diagramme, nous pouvons analyser plus en détail la relation entre les trois pôles noirs, ce qui nous donnera une image plus claire du vecteur global, en tenant compte du moment politique aux États-Unis et des processus plus secondaires dans les pays de l'OTAN - l'Europe et la Turquie. Nous pouvons également examiner la relation et l'équilibre des trois macro-figures blanches. Là encore, il existe une dynamique certaine liée au même moment politique, mais déjà au sein de la Russie. Enfin, il est possible d'analyser comment les attitudes, les décisions et les actions initiées par chaque pôle d'un camp (le camp noir) sont liées aux attitudes, décisions et actions similaires de l'autre (le camp blanc). Mais cela nécessite une autre analyse, plus détaillée. Pour l'instant, il suffit de mettre en évidence et de décrire brièvement les principales macro-figures de cette guerre comparable à une partie d'échecs, qui pourrait devenir la dernière guerre de l'humanité. Tout dépend de ces figures, de leur interaction, de leur corrélation, de leur remplissage de sujets et d'objets, de leur volonté, de leur détermination, de leurs ressources et de leur conviction intérieure de leur justesse.

vendredi, 26 mai 2023

"Vous n'êtes pas woke ? Nous vous supprimons" : quel est le système de notation de la CEI, de Soros et de BlackRock pour faire chanter les entreprises ?

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"Vous n'êtes pas woke ? Nous vous supprimons" : quel est le système de notation de la CEI, de Soros et de BlackRock pour faire chanter les entreprises ?

Par Cristina Gauri

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/non-sei-woke-ti-cancelliamo-cosa-e-cei-il-sistema-di-punteggio-di-soros-blackrock-263114/

Ce défilé sans fin de drapeaux arc-en-ciel qui infestent les logos des entreprises du monde occidental chaque mois de juin, ces improbables témoignages trans et non-binaires qui surgissent dans les campagnes publicitaires des plus grandes multinationales mondiales ne sont pas placés là pour "soutenir la cause LGBT", "l'inclusion", pour "donner de la visibilité à l'arc-en-ciel opprimé" : elles doivent être interprétées comme une sorte de "gabelle idéologique" à payer aux lobbies politiques financés par les "usual knowns" (nous y reviendrons) afin de maintenir un score de "crédit social" crucial pour le maintien ou la destruction de l'activité d'une entreprise.

Qu'est-ce que le CEI, le système de notation des entreprises américaines?

Le score en question est le Corporate Equality Index - ou CEI -, qui est supervisé par la Human Rights Campaign (HRC), le plus grand groupe de pression politique LGBT au monde. La HRC, qui a reçu des millions de dollars de la fondation Open Society de George Soros, entre autres, publie des fiches d'évaluation de la "vertu sociale" des plus grandes entreprises américaines par le biais du CEI. Comment ? En attribuant ou en soustrayant des points en fonction du degré d'adhésion des entreprises aux "critères d'évaluation" définis par le HRC.

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Les entreprises qui obtiennent la note maximale de 100 gagnent le titre convoité de "Meilleur environnement de travail pour l'égalité LGBT". Quinze des vingt premières entreprises classées par Fortune ont obtenu une note de 100 % l'année dernière, selon les données de la HRC. Selon le dernier rapport, plus de 840 entreprises américaines ont été bien notées par la HRC. Cela signifie que la grande majorité des entreprises américaines vivent sous le chantage de ce lobby. La HRC, fondée en 1980, a lancé la procédure CEI en 2002; depuis 2022, elle est dirigée par Kelley Robinson, l'une des organisatrices de la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008.

Les cinq points d'évaluation

Les critères d'évaluation établis par la HRC sont au nombre de cinq, chacun avec ses propres sous-ensembles. Les principales catégories sont les suivantes : Protection de la main-d'œuvre, Avantages inclusifs, Soutien d'une culture inclusive, Responsabilité sociale de l'entreprise et Citoyenneté responsable. Une entreprise peut facilement perdre des points CEI si elle ne satisfait pas à l'exigence de la HRC d'"intégrer l'intersectionnalité dans le développement professionnel, la formation basée sur les compétences ou d'autres formations" ou si elle n'utilise pas un "programme de diversité des fournisseurs avec un effort démontré pour inclure des fournisseurs Lgbtq certifiés".

Chantage aux couleurs de l'arc-en-ciel

L'activité omniprésente et tentaculaire de la HRC se traduit par l'envoi de représentants dans les entreprises chaque année pour définir le type d'améliorations à mettre en œuvre au sein de l'entreprise. Les différentes entreprises reçoivent une liste de demandes qui, si elles ne sont pas satisfaites, entraîneront une baisse de la note du CEI. Le mécanisme CECI lui-même s'inscrit dans le cadre du mouvement florissant des "investissements éthiques" ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance d'entreprise), mené par les trois principales sociétés d'investissement du pays (BlackRock, Vanguard et State Street Bank). Les fonds ESG investissent dans des entreprises qui s'opposent aux combustibles fossiles et préconisent des quotas raciaux et de genre plutôt que le mérite dans le recrutement et la sélection des membres des conseils d'administration. Les conséquences sont évidentes: la plupart des PDG américains sont plus soucieux de plaire à leurs actionnaires que d'irriter les conservateurs.

Le cas Mulvaney

Prenez le cas frappant de Dylan Mulvaney : âgé de 26 ans, il est passé du statut d'homme à celui de "femme" en mars 2021, gagnant plus d'un million de dollars en endossant notamment des marques de mode et en utilisant des produits de beauté telles que Ulta Beauty, Haus Labs et CeraVe, ainsi que Crest et InstaCart, et plus récemment Bud Lite et Nike.

"Ils peuvent vous rendre la vie difficile"

"Les grands gestionnaires de fonds comme BlackRock embrassent cette orthodoxie en faisant pression sur les équipes dirigeantes des entreprises et les conseils d'administration et déterminent, dans de nombreux cas, les rémunérations et les primes des dirigeants, ainsi que les personnes qui sont réélues ou reconduites dans les conseils d'administration", explique l'entrepreneur Vivek Ramaswamy, candidat républicain à l'élection présidentielle et auteur de Woke Inc. : Inside America's Social Justice Scam (L'arnaque américaine à la justice sociale). "Ils peuvent vous rendre la vie très difficile si vous ne vous conformez pas à leur programme".

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La lettre de chantage de BlackRock

Pour mieux comprendre ce dont parle Ramaswamy, il faut remonter à 2018 et à la lettre du PDG de BlackRock, Larry Fink. Décrit comme le "visage de l'ESG", il a écrit une lettre - qui, sur le ton du chantage, est restée dans les annales - à tous les PDG américains intitulée A Sense of Purpose promouvant un "nouveau modèle de gouvernance" en accord avec les valeurs woke. "La société exige que les entreprises, qu'elles soient publiques ou privées, aient un objectif social", écrivait M. Fink. "Pour prospérer dans le temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais aussi démontrer sa capacité à contribuer positivement à la société", selon la vulgate libérale progressiste. M. Fink a également fait savoir "que si une entreprise ne s'engage pas auprès de la communauté et n'a pas d'objectif", elle finira par "perdre la capacité d'investir".

Les entreprises qui osent se rebeller sont immédiatement pénalisées par le score de la CEI. Parfois, le retour de bâton se fait sur de petites choses: si une entreprise n'obtient pas un score CEI de 100, elle ne sera pas admise à un salon de l'emploi dans une université ou verra ses chances d'acheter de l'espace publicitaire réduites. Les universités coupent les liens avec les entreprises qui n'obtiennent pas le score 100 en les présentant aux futurs diplômés comme des lieux où règne le sectarisme. Si elle n'est pas jugée conforme, une entreprise peut être retirée des portefeuilles des fonds indiciels et des fonds de pension. L'ensemble du système d'entreprise américain est ainsi prisonnier d'une gigantesque toile d'extorsion de fonds. Par la mafia arc-en-ciel.

Cristina Gauri

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L'histoire du "secteur américain"

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L'histoire du "secteur américain"

Patrick Poppel

Beaucoup font remonter la fin du Moyen Âge à la découverte de l'Amérique en 1492. Et en effet, cette année-là a marqué le début d'une nouvelle ère, car la découverte et la colonisation qui s'en est suivie sur ce continent ont généré à long terme une civilisation entièrement nouvelle. L'immigration de nombreux peuples européens a donné naissance à une copie de l'Europe. Malheureusement, il s'agit d'une mauvaise copie avec des valeurs totalement nouvelles.

Alors que la colonisation de l'Amérique par les monarchies européennes avait pour objectif principal l'exploitation des ressources naturelles, les États-Unis d'Amérique ont pris un tout autre tournant après leur indépendance. Avec un zèle missionnaire, les fondateurs des États-Unis se sont lancés dans le projet de créer une nouvelle société. Il est intéressant de noter que la création des États-Unis coïncide avec la Révolution française.

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Patrick Poppel en compagnie d'Alexandre Douguine à Vienne, à la tribune de l'Institut Souvorov.

Et tout comme Napoléon Bonaparte a essayé de "faire le bonheur" de toute l'Europe avec l'esprit de la Révolution, la politique étrangère des États-Unis poursuit aujourd'hui un but similaire. L'armée américaine tente d'apporter "la paix et la démocratie" dans les pays les plus éloignés.

Il fut un temps où, dans Berlin occupé, il y avait une frontière de secteur à laquelle se terminait aussi le secteur américain. Et le panneau qui l'indiquait pourrait être placé aujourd'hui dans les pays baltes, à la frontière avec la Biélorussie et dans le Donbass, puisque l'est de l'Europe se trouve déjà tout entier dans le secteur américain. Toutefois, cela n'a pas été réalisé par des moyens militaires, mais par des constructions politiques telles que l'OTAN et l'UE.

Le secteur américain cherche toujours à s'étendre.

Mais il est désormais confronté à deux grandes puissances, la Russie et la Chine, qui continueront à défendre leurs intérêts nationaux et leur sécurité à l'avenir.

Si une ère américaine a réellement commencé en 1492, elle s'est terminée en février 2022 avec l'opération spéciale russe.

Patrick Poppel

jeudi, 18 mai 2023

Seymour Hersh : les Européens veulent la paix en Ukraine, pas Biden

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Seymour Hersh : les Européens veulent la paix en Ukraine, pas Biden

Selon les sources du journaliste d'investigation de renommée mondiale Seymour Hersh, la poursuite de la guerre en Ukraine est avant tout un projet du président américain Joe Biden, qui n'est toutefois qu'incomplètement informé par son appareil. Ne manquez pas cette occasion et procurez-vous notre DVD sur les dessous de la politique mondiale et l'influence globale dévastatrice de la politique américaine : sur Nord Stream, Ramstein et Seymour Hersh . Disponible à partir de fin juin. En savoir plus ici: https://www.compact-shop.de/shop/fanartikel/c-dvd/dvd-tatort-nord-stream-tatort-ramstein/

par Thomas Röper

Source: https://www.compact-online.de/hersh-europaeer-wollen-ukraine-frieden-biden-nicht/?mc_cid=0f1448e33d&mc_eid=128c71e308

Le nouvel article de Seymour Hersh sur ce que lui ont dit ses sources au sein des services de renseignement américains n'est pas très long, mais il est d'autant plus révélateur. Il semble que les objectifs poursuivis en coulisses soient très différents de ceux annoncés par les hommes politiques européens devant les caméras. L'Europe serait lasse de la guerre et souhaiterait que celle-ci prenne fin, tandis que Biden - qui serait donc informé de manière erronée et incomplète - ne le souhaiterait pas. Le sort personnel de Vladimir Zelenski semble également être un point de désaccord important.

J'ai traduit le nouvel article de Hersh dans son intégralité.

Début de la traduction :

LA QUESTION DES RÉFUGIÉS UKRAINIENS

Les voisins de l'Ukraine poussent Zelensky à faire la paix, alors que des millions de personnes déplacées affluent en Europe.

Samedi dernier, le Washington Post a publié un exposé de documents secrets des services de renseignement américains montrant que le président ukrainien Vladimir Zelensky, derrière le dos de la Maison Blanche et de Biden, a fait pression en début d'année pour qu'une série élargie de frappes de missiles sur la Russie soit exécutée. Les documents faisaient partie d'un vaste ensemble de documents classifiés mis en ligne par un membre de l'armée de l'air, aujourd'hui emprisonné.

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Réfugiés ukrainiens à Bruxelles.

Massacre comme à Verdun

Un haut responsable de l'administration Biden, à qui le Washington Post a demandé de commenter les informations de renseignement nouvellement révélées, a déclaré que Zelensky n'avait jamais violé sa promesse de ne jamais utiliser d'armes américaines pour attaquer des zones à l'intérieur de la Russie. Selon la Maison Blanche, Zelensky ne peut pas se tromper.

Le souhait de Zelensky de porter la guerre en Russie n'est peut-être pas clair pour le président et les conseillers de haut niveau en politique étrangère à la Maison Blanche, mais il l'est pour ceux qui, au sein de la communauté américaine du renseignement, ont eu du mal à faire entendre leurs informations et leurs évaluations dans le bureau ovale. Pendant ce temps, le massacre se poursuit dans la ville de Bakhmut. Il ressemble, par son idiotie, mais pas par le nombre de victimes, aux massacres de Verdun et de la Somme pendant la Première Guerre mondiale.

Les hommes responsables de la guerre actuelle à Moscou, Kiev et Washington n'ont même pas montré d'intérêt pour des pourparlers de cessez-le-feu temporaires qui pourraient servir de prélude à quelque chose de durable. Actuellement, on ne parle que de la possibilité d'une offensive à la fin du printemps ou en été par l'une des deux parties.

Même les Européens de l'Est veulent la paix

Cependant, comme certains agents de renseignement américains le savent et l'ont rapporté secrètement, quelque chose d'autre est en préparation à l'instigation de représentants gouvernementaux à différents niveaux en Pologne, Hongrie, Lituanie, Estonie, Tchécoslovaquie et Lettonie. Ces pays sont tous des alliés de l'Ukraine et des ennemis déclarés de Vladimir Poutine.

Ce groupe est mené par la Pologne, dont les dirigeants ne craignent plus l'armée russe, car leur présence en Ukraine a fait oublier l'éclat de leur succès à Stalingrad pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a silencieusement poussé Zelensky à trouver un moyen de mettre fin à la guerre - en démissionnant s'il le faut - et d'entreprendre la reconstruction de son pays. Zelensky ne se laisse pas démonter, comme le montrent les messages interceptés et d'autres données connues de la CIA, mais il commence à perdre le soutien particulier de ses voisins.

L'un des moteurs des discussions européennes silencieuses avec Zelensky sont les plus de cinq millions d'Ukrainiens qui ont fui la guerre et franchi les frontières du pays pour s'enregistrer dans les pays voisins dans le cadre d'un accord de protection temporaire de l'UE, qui comprend des droits de séjour, l'accès au marché du travail, au logement, à l'aide sociale et aux soins médicaux.

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Les pays d'accueil européens se lassent

Selon une évaluation publiée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, cette estimation ne comprend pas environ trois millions de réfugiés ukrainiens qui ont fui la zone de guerre sans visa pour se rendre dans l'un des 27 pays européens qui ont aboli les contrôles aux frontières entre eux dans le cadre de l'accord de Schengen. Bien que l'Ukraine ne fasse pas partie de l'UE, elle bénéficie désormais de tous les avantages du pacte de Schengen. Certains Etats épuisés par 15 mois de guerre ont réintroduit certaines formes de contrôle aux frontières, mais la crise régionale des réfugiés ne sera pas résolue tant qu'il n'y aura pas d'accord de paix formel.

Le CDH rapporte que la libre circulation des Ukrainiens vers les pays baltes et les pays de l'UE en Europe occidentale "rend particulièrement difficile de déterminer avec précision combien d'Ukrainiens ont atteint l'UE au cours des derniers mois et où ils se trouvent actuellement". Selon le rapport, la "grande majorité" des réfugiés ukrainiens sont des femmes et des enfants, et un tiers d'entre eux ont moins de 18 ans. 73% des réfugiés en âge de travailler sont des femmes, dont beaucoup ont des enfants.

Une analyse du problème des réfugiés européens réalisée en février par le Council on Foreign Relations a révélé que des "dizaines de milliards de dollars" d'aide humanitaire avaient été versés aux pays voisins de l'Ukraine pendant la première année de la guerre. "Alors que le conflit entre dans sa deuxième année et qu'aucune fin n'est en vue", indique le rapport, "les experts s'inquiètent de la lassitude des pays d'accueil".

Il y a quelques semaines, j'ai appris que les services de renseignement américains savaient que certains officiels d'Europe occidentale et des pays baltes souhaitaient la fin de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Ils en sont arrivés à la conclusion qu'il est temps pour Zelensky de "faire demi-tour" et de rechercher un accord. Un fonctionnaire américain bien informé m'a dit que certains dirigeants hongrois et polonais faisaient partie de ceux qui souhaitaient que l'Ukraine s'engage dans des discussions sérieuses avec Moscou.

"La Hongrie est un acteur important dans cette affaire, tout comme la Pologne et l'Allemagne, et ils travaillent à faire céder Zelensky", a déclaré le responsable américain. Les dirigeants européens ont clairement indiqué que "Zelensky peut garder ce qu'il a" - une villa en Italie et des parts dans des comptes bancaires offshore - "s'il élabore un accord de paix, même s'il doit être payé pour cela, si c'est le seul moyen d'obtenir un accord".

Zelensky: pas d'exil doré en Italie

Jusqu'à présent, selon le fonctionnaire, Zelensky a refusé de tels conseils et a ignoré les offres de sommes d'argent importantes destinées à faciliter sa retraite dans une propriété qu'il possède en Italie. Il n'y a aucun soutien au sein de l'administration Biden pour un accord impliquant le départ de Zelensky, et les dirigeants en France et en Angleterre sont "trop engagés" envers Biden pour envisager un tel scénario.

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Zelensky en veut plus

Il y a une réalité que certains éléments de la communauté du renseignement américain ne peuvent pas ignorer, a déclaré le fonctionnaire, même si la Maison Blanche l'ignore : "L'Ukraine est à court d'argent, et on sait que les quatre prochains mois seront critiques. Et les Européens de l'Est parlent d'un accord". Le problème pour eux, selon le fonctionnaire, "est de savoir comment faire en sorte que les États-Unis cessent de soutenir Zelensky". Le soutien de la Maison Blanche va au-delà des besoins de la guerre : "Nous payons tous les fonds de pension pour l'Ukraine".

Et Zelensky en veut plus, dit le fonctionnaire. "Zelensky nous dit que si vous voulez gagner la guerre, vous devez me donner plus d'argent et plus de matériel. Il nous dit : 'Je dois payer les généraux'. Il nous dit - s'il est évincé de son poste - "il ira au plus offrant. Il préfère aller en Italie plutôt que de rester et d'être éventuellement tué par ses propres hommes".

"Mais comme d'habitude", poursuit le fonctionnaire, "les services de renseignement ne sont pas au courant de la réalité du président et de ses conseillers en politique étrangère à la Maison Blanche", en ce qui concerne le débat européen sur la manière de mettre fin à la guerre. "Nous formons toujours les Ukrainiens à piloter nos F-16, qui sont abattus par la Russie dès qu'ils entrent dans la zone de guerre. La presse mainstream se consacre à Biden et à la guerre, et Biden continue de parler du grand Satan à Moscou alors que l'économie russe se porte bien. Poutine peut rester là où il est" - au pouvoir - "bien qu'il n'ait pas réussi à rayer l'Ukraine de la carte en tant qu'État indépendant. Et il pensait gagner la guerre avec une seule division aéroportée" - une allusion sardonique à la tentative ratée de la Russie, dans les premiers jours de la guerre, de s'emparer d'un aéroport important en faisant sauter une force d'attaque, constituée de parachutistes.

Biden ne reçoit pas d'informations importantes

"Le problème de l'Europe", selon ce responsable, en vue d'un règlement rapide de la guerre, "c'est que la Maison Blanche veut que Zelensky survive, alors qu'il y en a d'autres" - en Russie et dans certaines capitales européennes - "qui disent que Zelensky doit partir, quoi qu'il arrive".

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Il n'est pas clair si cette compréhension est parvenue jusqu'au bureau ovale. On m'a dit que certaines des meilleures informations de renseignement sur la guerre n'atteignent pas le président, sans que cela soit la faute de ceux qui produisent des évaluations souvent contraires. Biden s'appuierait sur des briefings et d'autres documents produits par Avril Haines (photo), la directrice du renseignement national, depuis l'entrée en fonction de l'administration Biden. Elle a passé une grande partie de sa carrière au service du secrétaire d'État Anthony Blinken, dont les relations et l'accord avec Biden sur les questions concernant la Russie et la Chine remontent à plusieurs décennies.

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Le seul salut pour certains dans la communauté du renseignement, m'a-t-on dit, a été le directeur de la CIA, William Burns (photo). Burns a été ambassadeur en Russie et secrétaire d'État adjoint et est considéré comme quelqu'un qui s'est opposé à certaines des folies de la Maison Blanche en matière de politique étrangère. "Il ne veut pas être un rat sur un navire en perdition", m'a dit le fonctionnaire.

D'autre part, on m'a dit que ceux qui, à la CIA, préparent le President's Daily Brief ne savent pas que Joe Biden est un lecteur régulier de leur synthèse du renseignement. Le document fait généralement trois pages. Il y a des décennies, on m'a dit - par quelqu'un qui m'a demandé à l'époque de ne pas écrire sur le sujet - que Ronald Reagan lisait rarement la President's Daily Brief, jusqu'à ce que Colin Powell, qui était alors à la Maison Blanche, commence à la lire sur un magnétoscope. La bande a ensuite été lue au président. On ne sait pas qui, le cas échéant, aurait pu prendre l'initiative en tant que le "Colin Powell" de Biden.

Fin de la traduction.

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Biden et l'UE se liguent contre les Africains à l'ONU

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Biden et l'UE se liguent contre les Africains à l'ONU

Source: https://www.tradicionviva.es/2023/05/17/biden-y-la-union-europea-se-confabulan-contra-los-africanos-en-la-onu/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=Novedades+Tradition+Live

L'administration Biden s'est officiellement engagée à promouvoir une éducation sexuelle complète à l'échelle internationale et l'Union européenne en est l'un des plus ardents défenseurs.

Par Stefano Gennarini, J.D. 

(C-Fam) Encore déconcertés par la défaite cuisante subie le mois dernier lors de la réunion de la Commission des Nations unies sur le statut des femmes, l'Union européenne et l'administration Biden ont repris leur combat en faveur d'une "éducation sexuelle complète".

La bataille a repris à la Commission des Nations unies sur la population et le développement, qui produira une résolution non contraignante qui sera néanmoins utilisée pour imposer la révolution sexuelle aux pays en développement.

Les délégués des pays traditionnels craignent que la pression continue de l'administration Biden et la lassitude n'aboutissent à un mauvais résultat pour les familles, les enfants et la souveraineté nationale.

L'ajout de cette formulation controversée à la résolution annuelle de la Commission donnerait aux puissances occidentales un plus grand poids politique pour promouvoir les programmes d'éducation sexuelle et l'idéologie transgenre parmi les enfants.

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Les gouvernements occidentaux, sous la houlette de l'Union européenne et de l'administration Biden, insistent pour que la résolution contienne l'expression "éducation sexuelle complète", car le thème de cette année est axé sur l'éducation. Cela fait près de vingt ans qu'ils demandent à l'ensemble des Nations unies de soutenir l'"éducation sexuelle complète", mais en vain.

Jusqu'à présent, les pays traditionalistes ont refusé d'adopter tout langage impliquant des droits sexuels pour les enfants, ou de leur apprendre que les pratiques homosexuelles et transgenres sont saines et normales.

Les programmes complets d'éducation sexuelle conçus par les agences internationales et les organisations non gouvernementales sont très controversés. Ils apprennent aux enfants à explorer leur sexualité, y compris des questions telles que l'homosexualité, promeuvent le concept de diversité familiale, ainsi que l'information et l'accès à la contraception et à l'avortement sans intervention parentale. Ils apprennent également aux enfants, dès l'âge de trois ans, à s'interroger sur leur identité sexuelle, à penser qu'ils sont peut-être nés dans le mauvais corps et qu'ils peuvent éventuellement changer de sexe grâce à des régimes hormonaux controversés et à des opérations chirurgicales visant à retirer ou à modifier leurs organes sexuels.

Les pays actuellement membres de la Commission qui se sont prononcés contre l'éducation sexuelle complète dans le passé sont les suivants : les Comores, l'Éthiopie, la Libye, la Mauritanie, l'Iran, la Malaisie, l'Arabie saoudite, la Fédération de Russie et la Jamaïque, entre autres. Il reste à voir s'ils sont prêts à défier à nouveau la puissante machine diplomatique de l'Union européenne et du gouvernement fédéral des États-Unis, maintenant que les deux puissances mondiales se sont alignées pour promouvoir l'homosexualité et les questions de transgenre au niveau international.

Le document final est attendu pour la fin de la semaine prochaine.

L'administration Biden s'est officiellement engagée à promouvoir une éducation sexuelle complète au niveau international et l'Union européenne en est l'un des plus ardents défenseurs.

Les pays européens les plus attachés aux valeurs traditionnelles, dont la Pologne et la Hongrie, ne s'opposent pas à l'éducation sexuelle complète aux Nations Unies. Ils soutiennent la promotion annuelle de l'éducation sexuelle complète par l'Union européenne à travers les accords ministériels de l'UE qui guident l'activité diplomatique et les aides à l'étranger de l'Union européenne.

lundi, 15 mai 2023

Les quatre phases de l'ère post-soviétique

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Les quatre phases de l'ère post-soviétique

par Fulvio Bellini

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/25467-fulvio-bellini-le-quattro-fasi-dell-era-post-sovietica.html

Avant-propos : les trois niveaux de lecture de La fin de l'histoire et le dernier homme

En 1992 est paru un livre singulier qui a immédiatement suscité un débat passionné, divisant le terrain entre opposants déclarés et admirateurs secrets: La fin de l'histoire et le dernier homme de Francis Fukuyama. Malgré son succès auprès du public, il s'agissait d'un livre dédié à la classe dirigeante occidentale, et en particulier aux États-Unis, célébrant la "prétendue" victoire, et nous expliquerons pourquoi prétendue, du soi-disant monde libre sur l'Union soviétique et le bloc du socialisme réel. Dans les années 1990, les élites occidentales ont été envahies par un authentique délire de toute-puissance que Fukuyama a eu l'esprit courtisan mais aussi l'indéniable courage de traduire en livre pour le revêtir d'une noble robe tissée de philosophie de l'histoire. Le politologue américain, au nom et pour le compte des élites occidentales, annonçait urbi et orbi que l'histoire universelle de l'humanité, entendue non pas comme une concaténation chronologique d'événements, mais comme le mouvement d'ensemble de l'humanité exprimé dans le terme allemand de Weltanschauung, avait enfin atteint son épilogue. Cette thèse du livre, qui n'est évidemment pas la seule, se concentre sur l'analyse des raisons qui ont déterminé les défaites mondiales du "totalitarisme communiste" d'une part et des régimes dictatoriaux de droite d'autre part, défaites qui ont ouvert la voie, comme si les eaux de la mer Rouge s'étaient à nouveau ouvertes devant Moïse, à l'affirmation mondiale de la démocratie libérale et de son indissoluble "compagnon de route" : le capitalisme de libre marché. Soumis à une critique marxienne, il est possible de discerner trois niveaux de lecture dans le livre de Fukuyama : celui qui concerne l'interprétation philosophique déformée de l'histoire dans les années 1990 ; celui qui relève plus proprement de la définition d'une idéologie du monde occidental ; et celui qui identifie involontairement un nouveau cycle historique.

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Du point de vue de la philosophie de l'histoire, le texte de Fukuyama est tout à fait discutable ; il s'agit de la célébration d'une séquence d'événements des années 1990 qui pourrait donner lieu à l'interprétation de la victoire américaine dans la guerre froide. Mais contrairement à la victoire d'Octave Auguste sur Marc-Antoine, la fin de la confrontation de plusieurs décennies entre les États-Unis et l'URSS n'a pas du tout été suivie de la "Pax Americana", mais plutôt d'une série brutale de règlements de comptes et de conflits de type "gangster". En d'autres termes, la victoire des démocraties libérales et de leur partenaire inséparable, le libéralisme sauvage, a immédiatement entraîné un désastre des deux côtés du rideau de fer. Sur le banc des accusés de la lèse-majesté contre la Maison Blanche se sont retrouvés, à des titres divers et avec des condamnations diverses : la République démocratique allemande, l'Italie, la Yougoslavie, l'Irak, et même à un titre la Grande-Bretagne avec la mort controversée de la princesse Diana Spencer, ex-épouse du Prince de Galles, qui a servi de viatique aux gouvernements plus que collaborationnistes de Tony Blair et de Gordon Brown. Contrairement à son analyse philosophique et historique risible, l'échafaudage idéologique fourni par Fukuyama aux classes dirigeantes américaines dans le besoin et européennes subordonnées est un échafaudage qui imprègne encore aujourd'hui la culture politique du monde occidental. En effet, jamais auparavant, dans la crise de l'empire américain, la "fin de l'histoire et le dernier homme" n'ont fourni un ciment idéologique à une bourgeoisie en déclin et donc de plus en plus despotique des deux côtés de l'océan Atlantique. Fukuyama écrit les tables de la loi : la démocratie libérale fondée sur les partis est la seule forme possible de représentation de la volonté du peuple ; le système capitaliste est la seule forme fiable d'organisation économique ; la préservation de certaines formes de droits est la raison suprême de faire de la politique. Pour le politologue, ces droits sont de trois sortes, citées dans le texte : les droits civils "l'exemption de contrôle (par l'Etat ndlr) du citoyen en ce qui concerne sa personne et sa propriété" ; les droits religieux "l'exemption de contrôle en ce qui concerne l'expression des opinions religieuses et la pratique du culte" ; et les droits politiques "l'exemption de contrôle dans les affaires qui n'affectent pas le bien-être de la communauté dans son ensemble de manière si évidente que le contrôle lui-même est nécessaire". Les droits économiques et sociaux, à savoir ceux du travail, d'une fiscalité équitable et d'une redistribution adéquate des revenus, qui devraient théoriquement être les pierres angulaires d'une politique sociale-démocrate au sein d'un système de démocratie libérale, sont absents de l'appel. Sur ce point, cependant, Fukuyama est clair et péremptoire : "Faire pression pour la reconnaissance de divers droits économiques de deuxième et troisième classe, tels que le droit au travail, au logement et aux soins de santé, a été une pratique courante dans tous les pays socialistes. Mais un tel élargissement de la liste pose un problème majeur, à savoir l'incompatibilité de la reconnaissance de ces droits avec celle du droit de propriété et du libre-échange". Ce passage fondamental est à la base du divorce définitif entre droits civils et droits sociaux, disjonction nécessaire pour élever les privilèges et les vices de la classe bourgeoise dirigeante au rang de droits civils, phénomène qui a trouvé son accomplissement à notre époque. Un autre concept de Fukuyama est aujourd'hui à la base du processus de mythification du système démocratique, qui ne devrait pas être substantiel mais seulement formel : "La démocratie, en revanche, est le droit universel à une part du pouvoir politique, c'est-à-dire le droit de tous les citoyens de voter et de participer à l'activité politique....". Pour déterminer quels pays sont démocratiques, nous nous en tenons à une définition strictement formelle de la démocratie. Un pays est démocratique s'il permet à ses citoyens de choisir le gouvernement qu'ils souhaitent par le biais d'élections périodiques, multipartites, à bulletin secret et basées sur le suffrage universel et égal. Le vote n'est plus le moyen d'exprimer la volonté du peuple pour faire prévaloir une ligne politique particulière, mais un acte pour lui-même puisque l'électeur est confronté au choix de partis dont les programmes sont sensiblement identiques. C'est la raison pour laquelle il est juste de dire que la démocratie libérale encourage l'abstention. Arrêtons-nous là pour ce qui concerne cet article. Il ne reste plus qu'à souligner que, à titre d'exemple et au-delà des distinctions purement folkloriques, ces principes idéologiques unissent en Italie les Néocons de Giorgia Meloni et les Radicaux Chic d'Elly Schlein qui, dans le théâtre de notre politique, sont envoyés sur scène avec les costumes de la droite néo ou post-fasciste et de la gauche sociale-démocrate ; la tromperie exécrable qui persiste alors que la transformation de l'Italie en un pays sud-américain du siècle dernier progresse rapidement, un changement promu par les États-Unis par l'intermédiaire de leur légat Mario Draghi.

Le troisième niveau de lecture de "La fin de l'histoire" est enfin l'objet de cet article. Fukuyama, conscient du fait que les nombreux nobles pères de la démocratie libérale et du libéralisme en économie ont été maintes fois démentis par la théorie et la pratique, rappelle continuellement les grands penseurs et révolutionnaires du camp adverse, en commençant par Hegel lui-même, et en continuant avec Marx, Lénine et le produit de l'action révolutionnaire de ce dernier : l'Union soviétique. Cette étrange nécessité de l'auteur nous incite à considérer le 25 décembre 1991, date de l'abaissement définitif du drapeau soviétique au Kremlin, comme une sorte d'année zéro d'une certaine vision de l'histoire récente, dans laquelle nous avons assisté à l'imposition d'une certaine idéologie, celle précisément contenue dans le livre de Fukuyama et qui règne aujourd'hui en maître dans le seul monde occidental. Cependant, n'étant qu'une idéologie, elle n'a pas pu endiguer les autres visions de l'histoire qui se sont affirmées, et il y a une raison précise pour laquelle des visions plurielles se sont déjà produites au tournant du siècle, puisque dans La fin de l'histoire et le dernier homme se cache un grand mensonge qui est enfin mis en lumière : les États-Unis n'ont jamais gagné la guerre froide.

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Première phase : l'illusion occidentale de la victoire

Le 20 mars 2023, date de la visite du président chinois Xi Jinping au président russe Vladimir Poutine à Moscou, s'ouvre la quatrième phase de l'histoire post-soviétique de notre planète. Si nous sommes entrés dans la quatrième phase, cela signifie qu'il y en a eu trois auparavant, et pour les expliquer de manière succincte mais aussi claire que possible, nous utiliserons l'intéressante division des événements en différentes phases utilisée par Fosco Giannini lors de ses réunions publiques : la première, au cours de laquelle les États-Unis semblaient affirmer leur hégémonie sur le monde entier et qui leur permettait de régler leurs comptes avec tous ceux qui ne s'étaient pas "bien comportés" au cours des décennies précédentes de la guerre froide ; la deuxième où il y a eu une réaction inattendue à la "non Pax americana" de la part d'un groupe de pays sud-américains, de la Russie du nouveau cours imprimé par Vladimir Poutine et de l'affirmation du socialisme aux caractéristiques chinoises ; la troisième où les États-Unis ont réagi durement à ces formes d'insubordination ; la quatrième, toute récente et proposée par l'auteur, marquée par la définition d'un éventuel "casus belli". Une dernière remarque : il est impossible de définir des frontières précises et uniformes pour les trois premières phases historiques ; si nous avons une date de départ, la transition vers les phases suivantes est marquée par des chevauchements temporels et des différenciations géopolitiques. Pour être plus clair : alors qu'en Amérique du Sud les expériences socialistes que nous verrons appartenir à la deuxième phase étaient en cours, aux États-Unis, en Europe et, par extension, en Chine, nous étions déjà entrés dans la troisième, celle de la réaction américaine. Les années 90 sont liées à la première phase, et même aujourd'hui, ce sont des années peu étudiées, enveloppées d'un halo mythique donné par l'empreinte idéologique prônée par un monde intellectuel et politique qui a évolué à l'unisson avec Francis Fukuyama. Si en Italie, par exemple, les États-Unis ont exigé la fin de l'économie mixte, et donc des partis qui la protégeaient, surtout la Démocratie chrétienne, même le Parti communiste italien n'a pas été gracié, son exécution capitale a simplement été confiée à des dirigeants et collaborateurs internes plutôt qu'au Parquet de Milan, comme ce fut le cas pour la DC et le PSI. Il s'agit de condamnations à mort de systèmes politiques et économiques qui ont été exécutées de différentes manières, tout d'abord dans les deux principaux "pays voyous" de l'époque de la guerre froide : l'Italie, coupable d'avoir créé un système économique subversif au sein du capitalisme, et la RDA, coupable d'avoir créé un système de socialisme réel potentiellement attrayant pour le monde occidental. Dans le cas allemand, toujours à titre d'exemple, on peut citer le célèbre assassinat du président de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen, le 4 décembre 1989, attribué à la Rote Armee Fraktion mais probablement inspiré par les services secrets de Bonn. L'intérêt du gouvernement allemand était d'éliminer le maître d'œuvre de la stratégie d'unification centrée sur le principe "un Etat - deux systèmes" en faveur de la ligne d'Helmuth Kohl de liquidation de la RDA et de son annexion à la République fédérale "manu militari". L'assassinat de Herrhausen a marqué un tournant fondamental dans l'histoire de l'Europe, car le modèle d'annexion adopté en Allemagne a été reproduit pour l'essentiel à l'égard de tous les autres pays de l'ancien bloc soviétique. Ce modèle d'annexion, qui prévoyait l'annulation totale de l'organisation productive et sociale des pays de l'Est et leur assimilation brutale et immédiate aux systèmes occidentaux, rendait toutefois l'ancienne organisation de la Communauté européenne obsolète et inadéquate, et c'est la raison qui a conduit les 12 gouvernements de l'ancienne CEE à adopter d'urgence le traité de Maastricht le 7 février 1992.

L'Europe occidentale voulait participer au banquet de la richesse industrielle des pays de l'Est, laissant aux États-Unis le repas principal : la Russie de Boris Eltsine. Grâce à cet accord tacite, l'Allemagne réunifiée a pu construire sa puissante organisation industrielle qui en fait aujourd'hui encore la locomotive de l'Europe. L'acquisition à prix cassés de complexes industriels de l'Est, comme dans le cas du tchèque Skoda qui a rejoint le groupe Volkswagen dès 1991 avec sa main-d'œuvre qualifiée, a permis aux Allemands de délocaliser la chaîne d'approvisionnement en produits semi-finis et en composants vers des pays performants mais à main-d'œuvre bon marché, en concentrant la production à haute valeur ajoutée en Allemagne où les coûts de main-d'œuvre étaient plus élevés. Ce schéma concernait également l'Italie du Nord, dont les petites et moyennes entreprises, ayant perdu à jamais leurs grands clients publics, devaient se tourner vers les conglomérats teutons naissants et, pour ce faire, comprimer le coût de leur main-d'oeuvre, un processus qui a commencé immédiatement avec la suppression de l'escalator, le 31 juillet 1992. Non contente de réaliser cette chaîne de valeur industrielle, Berlin a envisagé dès 1998 de se doter de voies d'importation directe de gaz naturel russe bon marché, afin d'approvisionner sa structure manufacturière en énergie abondante. Ce projet s'est concrétisé le 6 septembre 2011 avec la mise en service du Nord Stream 1, que la chancelière Angela Merkel a tenté de faire suivre du Nord Stream 2 afin de rendre l'industrie allemande encore plus performante. Mais le gouvernement allemand a changé entre-temps, tout comme les intérêts américains, et le sabotage des deux gazoducs par les Américains en septembre de l'année dernière a mis fin au système de création de valeur de l'"Europe centrale".

Les années 1990, en revanche, ont été des années fastes pour l'Allemagne unifiée et son système continental, qui n'était plus la CEE et pas encore l'Union européenne, à tel point qu'elle a mérité, malgré elle, le titre inconfortable de "perle" de l'empire américain. Petite parenthèse à ce sujet. Le terme "perle" d'un empire fait référence à un pays qui, pour diverses raisons, économiques surtout, mais aussi stratégiques et géopolitiques, représente le cœur battant de tout un système de domination, quelle qu'en soit l'extension. La perte de la "perle" détermine également la perte du statut d'"hégémon", c'est-à-dire d'un pays au centre d'un pouvoir politique, financier et économique diffusé à la fois directement dans les territoires dominés et indirectement vers les pays tiers. Prenons quelques exemples historiques : la perle de l'empire vénitien (de petite taille parce qu'il adhérait au modèle phénicien) était l'île de Crète, dont la perte en 1689 a déterminé la disparition définitive de la Sérénissime en tant qu'acteur majeur de la politique européenne. La perle de l'empire espagnol, et cela peut surprendre, n'a jamais été ses vastes domaines américains ou les Philippines, mais les Flandres, et leur perte à la paix d'Utrecht en 1713 a déterminé la fin du rôle hégémonique de l'Espagne en Europe et le passage définitif du témoin en faveur de la Grande-Bretagne. Les colonies britanniques d'Amérique du Nord n'ont jamais représenté la "perle" de l'Empire britannique et, en fait, leur perte en 1776 n'a provoqué aucune crise dans le rôle hégémonique croissant de Londres. La perle de l'Empire britannique était l'Inde et sa perte, le 15 août 1947, a conduit à la liquidation de tous les dominions britanniques et au transfert du rôle hégémonique aux États-Unis. Washington a également sa "perle", l'Allemagne : la défense de cette possession a déterminé la politique américaine d'après-guerre, à commencer par le choix du front à fermer après la défaite militaire fondamentale au Viêt Nam. Ce n'est pas un hasard si le secrétaire d'État américain de l'époque, Heinz Alfred Kissinger, dit Henry, né à Fürth en Bavière, n'avait aucun doute sur la nécessité de fermer le front chinois et de se concentrer sur l'Europe contre l'URSS jusqu'à la "victoire" de 1991 grâce à l'utilisation massive de l'arme du "dollar inconvertible". Or, cette victoire recèle un mystère qu'il convient d'explorer. Si les États-Unis ont vaincu l'URSS et ses alliés, si le dollar a conquis de nouveaux marchés pour les matières premières et les biens de consommation et a réussi à mettre la main sur les immenses actifs soviétiques par l'intermédiaire d'Eltsine et d'anciens fonctionnaires corrompus devenus oligarques, pourquoi les trois principaux indicateurs macro-économiques américains se sont-ils dégradés au cours de cette décennie de "succès" planétaire. La dette publique fédérale s'élevait en 1990 à 3233 milliards de dollars, en 1995 à 4973 milliards de dollars, pour atteindre 5556 milliards de dollars en 1999 ; la balance commerciale était négative en 1990 à hauteur de 77,58 milliards de dollars, en 1995 à hauteur de 89,76 milliards de dollars, et fin 1999 dans le rouge à hauteur de 259,55 milliards de dollars ; enfin, la balance des paiements était négative en 1990 à hauteur de 78,95 milliards de dollars, en 1995 à hauteur de 113,56 milliards de dollars, pour finalement atteindre en 1999 un déficit de 286,62 milliards de dollars. Dans les années 1990, la contradiction d'un pays officiellement vainqueur d'un conflit acharné avec l'autre superpuissance, mais qui se retrouve avec les résultats budgétaires d'un pays "presque vaincu", à l'instar de ce qui est arrivé à la Grande-Bretagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est devenue évidente. Pourtant, les bénéfices de cette "victoire" se sont traduits par un doublement substantiel du PIB américain au cours de cette décennie : de 5963 milliards de dollars en 1990 à 9631 milliards de dollars en 1999. Comment expliquer cette contradiction ? Peut-être que les États-Unis n'ont pas gagné la guerre froide avec l'URSS, mais qu'une paix distincte a été obtenue entre les deux superpuissances, sans tenir compte des intérêts de leurs alliés mutuels. Pour des raisons différentes, Washington et Moscou avaient tous deux intérêt à clore ce chapitre excessivement coûteux de l'histoire européenne. Ainsi, alors que Fukuyama et toute l'intelligentsia et les politiciens occidentaux célébraient la victoire sur le socialisme réel, les États-Unis ont dû, au cours de cette décennie, esquisser les principaux scénarios stratégiques: en Europe, en permettant à l'Allemagne réunifiée de faire preuve d'un activisme politique plus que tolérable; en Asie, en permettant à Pékin d'entamer la longue marche qui la conduirait à devenir l'actuel atelier du monde; et, de manière surprenante, en Amérique latine, considérée comme son propre jardin privé.

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La deuxième phase : l'Amérique latine n'est plus l'arrière-cour de Washington

Sans parler de la tristement célèbre doctrine Monroe, pour laquelle les États-Unis s'étaient déjà définis comme protecteurs de l'ensemble du continent en 1823, il ne fait aucun doute qu'au cours du XIXe siècle, les États-Unis ont directement ou indirectement incité les anciennes puissances coloniales européennes, à savoir l'Espagne, la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, la France, à céder le contrôle des Amériques aux seuls États-Unis. Cependant, les États-Unis n'ont fait que remplacer les anciens maîtres européens dans la même relation d'exploitation en contrôlant des gouvernements locaux plus ou moins corrompus, despotiques et souvent criminels, mais surtout sans politique étrangère propre qui ne soit pas dictée par Washington. Au-delà de l'expérience de la révolution mexicaine de 1910, la véritable rupture historique avec ce système a sans doute été la révolution socialiste de Fidel Castro à Cuba en 1959. Mais les États-Unis de l'époque ont réussi à circonscrire cette "infection" par rapport au reste de l'Amérique latine jusqu'à l'expérience de Daniel Ortega au Nicaragua en 1985-1990, qui concernait pourtant un petit pays marginal. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, alors que l'impérialisme américain est théoriquement au maximum de sa puissance, on assiste au contraire à de nombreuses expériences "socialistes" en Amérique du Sud, initiées par Hugo Chavez au Venezuela de 1999 à 2013, suivies par celles de Lula da Silva au Brésil de 2003 à 2011 (il reviendra au pouvoir en 2023), d'Evo Morales en Bolivie de 2006 à 2019, et de Rafael Correa en Équateur de 2007 à 2017. Pendant une brève période, même un État traditionnellement nazi comme le Paraguay a connu une expérience "socialiste" avec la présidence de Fernando Lugo de 2008 à 2012, qui a été rapidement démis de ses fonctions. L'expérience de ces hommes politiques a profondément marqué l'histoire de l'Amérique du Sud, notamment parce qu'ils ont réussi à convaincre la caste militaire, réservoir traditionnel des putschistes soutenus par les États-Unis, qu'ils pouvaient jouer un rôle plus important que celui de simples "Carabineros de Gringos". Les "socialistes sud-américains" ont offert aux dirigeants militaires la possibilité d'assumer un rôle dans la nouvelle classe dirigeante consacrée à la poursuite des intérêts nationaux et capable d'élever ces pays à des rôles de plus en plus importants sur l'échiquier international. C'est la raison fondamentale pour laquelle un Chavez pourrait provenir de l'armée vénézuélienne et qu'aucun général brésilien n'a songé à renverser Lula da Silva. En d'autres termes, les dirigeants socialistes de ces pays ont réussi à rompre l'association séculaire entre les hautes hiérarchies des forces armées et la grande bourgeoisie locale, représentante et courroie de transmission des intérêts de Washington, en faisant passer les premières de leur côté. Il ne faut cependant pas négliger la perte de contrôle des États-Unis sur l'Amérique latine au tournant du siècle ; les États-Unis des années 1970 auraient immédiatement mis un Augusto Pinochet au Venezuela, au Brésil, en Bolivie et en Équateur. Un autre signe du déclin de la puissance américaine dans les années 1990, masqué par la grandeur de la victoire sur le socialisme réel, réside dans la manière dont l'Afrique du Sud est sortie du régime de l'Apartheid, un système social similaire à celui en vigueur dans les Etats du sud de l'Union dans les années 1960 et 1970, et toujours en vigueur, de manière beaucoup plus répressive et sanglante, en Israël. Dès 1994, dans l'ombre de Nelson Mandela, le Parti communiste d'Afrique du Sud a immédiatement rejoint l'Alliance tripartite avec le Congrès national sud-africain et le Congrès des syndicats, restant fermement dans la majorité et participant aux gouvernements de Pretoria. Le rôle des communistes a ensuite été décisif dans le choix de l'Afrique du Sud de rejoindre une association particulière d'États, née comme une alternative au G7 occidental, appelée BRICS, acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Ces pays ont commencé à se fréquenter plus assidûment et dans un esprit de coopération marquée à partir de septembre 2006 à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Par la suite, les ministres des affaires étrangères des pays du BRIC, à partir de leur rencontre en mai 2008 en Russie, se sont réunis périodiquement à l'Assemblée générale des Nations unies. C'est là qu'en septembre 2010, il a été convenu d'inviter l'Afrique du Sud à participer aux réunions des BRIC, ce qui a entraîné le changement de l'acronyme en BRICS. La première position commune pertinente dans l'arène internationale a été l'abstention significative au Conseil de sécurité sur la Libye en mars 2011, tandis que la première réunion au niveau des chefs d'État et de gouvernement a eu lieu à Toyako (Japon) le 9 juillet 2008, lors d'une réunion du G8. Ce type de relations internationales spéciales échappant au contrôle des États-Unis a constitué un nouvel avertissement pour Washington quant à la nécessité de se débarrasser de la ternissure que nous avons décrite et de passer à une contre-offensive forte et décisive sur tous les fronts mondiaux.

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La troisième phase : la contre-offensive américaine et l'endettement sans fin

Comme nous l'avons dit dans l'introduction, la scansion des trois phases n'est pas homogène, et si dans le reste du monde la phase deux a duré jusqu'à la fin des années 2010, en Europe la phase trois a commencé dès le début des années 2000, comme théâtre principal de la contre-offensive américaine à la fois pour reprendre le contrôle de la "perle" de son empire, l'Allemagne, et parce qu'elle était mécontente du nouveau cours pris par la Russie de Vladimir Poutine, qui est devenu président le 7 mai 2000. Il faut reconnaître que l'opération menée par les États-Unis en Europe a été magistrale, reposant sur un mécanisme qui a permis à Washington d'atteindre trois résultats stratégiques en une seule manœuvre : ramener l'activisme politique excessif de l'Allemagne dans des limites acceptables ; substituer sa propre influence politique à celle des pays d'Europe occidentale face aux régimes formellement démocratiques et essentiellement fascistes et anti-russes d'Europe de l'Est ; et avancer les frontières de l'OTAN de manière menaçante jusqu'à la frontière russe. Dans les années 1990, les seigneurs de Bruxelles avaient renoncé à la bannière étoilée. Dès cette décennie, l'élargissement de l'Union européenne vers la Russie par la voie baltique avait commencé (adhésion de la Suède et de la Finlande en 1995). Mais c'est à partir de 2004 que les États-Unis ont articulé un mécanisme prévoyant l'entrée des anciens pays du bloc de l'Est dans l'OTAN, avec la promesse d'être tenus par les riches nations occidentales, la France et l'Allemagne en premier lieu. À cet égard, les dates sont éclairantes pour la stratégie américaine : la Pologne et la République tchèque ont rejoint l'OTAN en 1999 et l'UE en 2004 ; les républiques baltes, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie ont rejoint l'OTAN et l'UE la même année, également en 2004 ; la Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l'OTAN en 2004 et l'UE en 2007. Mission accomplie : la Communauté européenne telle qu'on la connaissait jusqu'à la fin du siècle dernier n'existait plus, à sa place était née l'Union européenne, une pléthore de pays désunis sur presque tout, avec peu d'estime mutuelle et encore moins de compréhension, mais unis par leur soumission consciencieuse à la puissance impériale américaine et contraints de s'enfermer dans la camisole de force de l'OTAN. La contre-offensive en Europe a été un succès et, une fois de plus, les indicateurs macroéconomiques américains n'en ont tiré aucun bénéfice. Au cours des sept premières années du nouveau siècle, la dette publique américaine est passée de 5674 milliards de dollars en 2000 à 9007 milliards de dollars en 2007; une dette qui a presque doublé en l'espace de sept ans. 2008 est l'année décisive, Washington saisit la crise des Subprimes déclenchée par la faillite de la banque Lehmann Brothers pour retourner contre la Chine les terribles conséquences de la violente contraction des marchés mondiaux qui a suivi le krach financier. Les stratèges de Washington comptent sur la forte interdépendance entre les exportations chinoises vers les États-Unis, la création d'une dette supplémentaire par le Trésor pour les payer et le maintien du rôle de la Chine en tant que principal souscripteur d'obligations américaines. Pour Washington, Pékin n'aurait pas été en mesure de gérer l'effondrement des commandes américaines et la crise industrielle, économique et donc financière qui en aurait résulté, à l'instar de ce qui se passait en Europe. La Chine, en revanche, a montré qu'elle était capable de surmonter la crise en se tournant vers le développement de son propre marché intérieur, en investissant environ 600 milliards de dollars dans des travaux et des infrastructures domestiques. Le système de planification économique, élément distinctif du socialisme, a donné à la Chine les outils nécessaires et utiles pour repousser l'attaque à l'expéditeur, en causant des dommages irréparables aux États-Unis: une production démesurée et incontrôlée de dollars pour soutenir d'abord l'attaque contre Pékin et ensuite les conséquences de sa faillite. Les chiffres de la croissance de la dette fédérale dans les années qui ont suivi la crise des subprimes sont impressionnants : 10.024 milliards de dollars en 2008, 13.561 milliards de dollars en 2010, 18.150 milliards de dollars en 2015, 22.719 milliards de dollars en 2019 à la veille de la pandémie de Covid-19. Les chiffres de l'augmentation de la dette américaine au cours des trois dernières années sont encore plus retentissants : de fin 2019 à fin 2022, c'est-à-dire pendant les deux années de la pandémie et l'année du conflit en Ukraine, les États-Unis ont contracté de nouvelles dettes à hauteur de 8.209 milliards de dollars, ce qui porte la dette fédérale à 30.928 milliards de dollars. Pour utiliser un terme élégant, les États-Unis sont manifestement en situation de défaut de paiement, mais si l'on regarde la réalité en face, les données suggèrent une définition beaucoup plus prosaïque mais adéquate: la faillite et la fraude. Pourquoi la faillite? Parce que pas un seul dollar de la dette actuelle de 31.703 milliards ne sera jamais remboursé ; pourquoi frauduleux? Parce que, pour être sûr que le sujet ne sera même pas soulevé par un créancier international, les trois dernières années ont été caractérisées par des crises continues et terribles: deux années de Covid-19 dans le monde entier et une année de guerre par procuration en Ukraine, des crises qui ne cesseront pas tant que le monde n'aura pas résolu sa relation avec le dollar.

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La quatrième phase : la procession vers la Cité interdite

Selon Fukuyama, l'histoire est linéaire mais pas éternelle ; elle s'est achevée avec la chute du mur de Berlin. Nous savons que ce n'est pas du tout vrai, mais il est vrai qu'il y a des dates marquantes qui changent le cours des événements historiques. L'une de ces dates vient de se produire: le 20 mars 2023, date du début de la visite d'État du président Xi Jinping à Moscou, au cours de laquelle l'amitié et l'alliance substantielle entre la Russie et la Chine ont été annoncées au monde. Pour les classes dirigeantes occidentales, la cloche d'Ernest Hemingway a commencé à sonner et, prises de panique, elles cherchent à savoir à qui appartient la cloche qui sonne en premier. La grande frayeur dans les rangs des vassaux européens des États-Unis est attestée par la procession immédiate de ces derniers à Pékin dans l'espoir d'obtenir la sympathie et le pardon pour leurs méfaits atlantistes de la part du président chinois Xi Jinping, devenu à leurs yeux effrayés et déconcertés "l'empereur céleste". Il n'est pas du tout anodin que le premier à frapper à la porte de la Cité interdite ait été le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, le 30 mars, sans même laisser le temps à Xi, affolé, de défaire ses valises alors qu'il revenait de Moscou. L'évaluation par la presse espagnole du voyage de M. Sanchez à Pékin est éclairante, car elle révèle peut-être inconsciemment la vénération naturelle qu'un dirigeant d'un petit pays européen éprouve pour le souverain céleste: pour le journal El País, "le périple de Sánchez", qui passera par le Forum asiatique de Boao dans l'île de Hainan avant d'atterrir à Pékin, "doit être interprété en termes espagnols comme le déficit commercial chronique et croissant face au premier exportateur mondial, le faible poids du commerce espagnol à valeur ajoutée, l'accès au marché chinois ou la réouverture du tourisme....". Du point de vue chinois, en revanche, ... l'Espagne "est un pays sympathique, relativement important au sein de l'Union européenne, mais pas trop impliqué dans des questions telles que les droits de l'homme. Pour cette raison, ils nous reçoivent par la grande porte", comme l'a rapporté Ants le 30 mars 2023. El Pais pèche par excès de modestie, ne confondant pas l'Espagne avec l'Italie, le vrai pays occidental qui ne compte plus. Le premier ministre espagnol, lui, revient du 28ème sommet des Amériques qui s'est tenu à Saint-Domingue le 24 mars 2023, en présence des chefs d'État et de gouvernement des 22 pays de langue et de culture ibériques, dont le roi Philippe VI d'Espagne.

L'absence des présidents brésilien Lula da Silva et mexicain Obrador a montré que la politique atlantiste, même si elle n'est pas aussi vulgaire et grossière que celle de Rome, n'est pas favorable à Madrid dans ses relations avec l'Amérique latine. A travers les pays latino-américains, l'Espagne a immédiatement saisi le changement de climat dans la politique internationale dû au sommet de Moscou qui se tenait les mêmes jours. Immédiatement après la visite de Sanchez, le président français Emmanuel Macron a frappé à la porte de la Cité interdite, lui aussi en quête de compréhension et de bénédiction de la part du "céleste" Xi, à la fois pour être un dirigeant à la recherche constante d'un "centre de gravité permanent", comme l'aurait dit Franco Battiato, ayant changé d'avis et de position sur la guerre en Ukraine à plusieurs reprises, et pour être mal-aimé dans son pays, pour ne pas dire plus, à la suite du coup d'État contre le Parlement lors de l'approbation récente de la réforme des retraites. Manifestement foudroyé sur le chemin de Pékin, Macron de retour de Chine déclare : "Les Européens ne doivent pas être les vassaux des Etats-Unis, nous devons éviter de nous impliquer dans les crises des autres" ....

L'Europe doit réduire sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis et éviter d'être entraînée dans un conflit entre la Chine et les Etats-Unis sur Taiwan: le président français Emmanuel Macron, dans une interview accordée à politico.eu et à deux journalistes transalpins dans l'avion qui le ramenait d'une visite d'État de trois jours en Chine, a souligné sa théorie de l'"autonomie stratégique" pour l'Europe, vraisemblablement dirigée par la France, afin de devenir une "troisième superpuissance". "Si les tensions entre les deux superpuissances s'exacerbent, nous n'aurons ni le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et nous deviendrons des vassaux", tels sont les mots du président français, nous apprend le Fatto Quotidiano du 10 avril ; on attend le prochain changement de sa position. Mais même les atlantistes purs et durs se sont rendus au palais du "céleste" Xi, ne serait-ce que pour réaffirmer leur loyauté absolue et aveugle à Washington. C'est ce qu'a fait la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui était en compagnie de Macron sans que personne ne le remarque, comme le rapporte Italia Oggi le 12 avril 2023 : "Une UE que Macron aime : Ursula humiliée à Pékin par le protocole, contredite par Xi Jinping et contrainte de rentrer en avion de ligne... Alors que Macron, à son arrivée, a été accueilli avec tous les honneurs par Xi Jinping lui-même, Ursula a été reçue par le ministre de l'Environnement de Pékin, qui n'est pas son pair". De plus, alors que Macron a rencontré plusieurs fois Xi Jinping, allant même jusqu'à avoir une conversation de quatre heures en tête-à-tête avec lui, en présence des seuls interprètes, Ursula von der Leyen n'a participé qu'à l'entretien à trois, adoptant une position sur Taïwan à laquelle Xi s'est opposé et que Macron n'a pas entièrement partagée. Le fossé entre les deux représentants européens est devenu flagrant lors du voyage de retour: Ursula a pris un vol régulier, tandis que Macron a voyagé à bord du Cotam Unité, l'Air Force One français, où il a donné une interview à trois journalistes sur la nécessité d'une autonomie stratégique de l'UE dans un contexte anti-américain, ce qui a évidemment été très bien accueilli par la Chine". D'autre part, entendre von der Leyen répéter comme un perroquet la position du dominus américain sur Taïwan était évidemment irritant pour Xi Jinping et embarrassant pour le versatile Macron. Lorsque l'on évoque le fanatisme idéologique qui imprègne La fin de l'histoire et le dernier homme, qui caractérise aujourd'hui les bourgeoisies occidentales de plus en plus effrayées, enragées et despotiques, on se réfère également à la visite ultérieure de la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, le 14 avril. Si l'importance politique de la visite de Mme Baerbock n'a pas été mentionnée, il convient de souligner son extrémisme inquiétant, tel qu'il a été rapporté par les médias suivants, tous en date du 14 avril; entre autres: "Dites à la Russie d'arrêter la guerre.... C'est une bonne chose que la Chine ait exprimé son engagement en faveur d'une solution, mais je dois dire franchement que je me demande pourquoi la position chinoise n'inclut pas jusqu'à présent un appel à la Russie, l'agresseur, pour qu'elle mette fin à la guerre" (Euronews); ou "Baerbock à Pékin évoque le "scénario d'horreur" si la Chine attaque Taiwan" (Le Formiche); enfin "J'ai expliqué à mon homologue, lors de nos discussions bilatérales, que nous sommes préoccupés de voir que les espaces de liberté de la société civile en Chine continuent de se rétrécir et que les droits de l'homme sont en train de diminuer" (Il Sole 24 Ore). Bref, un chapelet d'insultes, d'injonctions et de remarques désagréables, au point d'obliger le ministre chinois des affaires étrangères, compatissant, à réprimander son collègue: "Ce dont nous n'avons absolument pas besoin, ce sont les petits maîtres de l'Occident" (La Repubblica). En guise de coda au spectacle du leader des Verts allemands, il convient de noter que la dangereuse soudure entre Neocon et Radical Chic, dont Baerbock est un illustre représentant, sur les principes dictés par Francis Fukuyama est également en cours en Allemagne.

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La quatrième phase : la fuite du dollar et le problème du "casus belli"

Le journaliste Pepe Escobar, dans l'Anti Diplomatico du 13 avril, nous parle du dernier livre publié par l'économiste américain Michael Hudson, The Collapse of Antiquity, dans lequel il analyse le rôle de la dette dans le déclin des grandes civilisations grecques et romaines de l'Antiquité. Manifestement inspiré par son nouveau livre, Hudson explique de manière succincte mais significative la situation actuelle de la politique internationale : "L'Amérique a effectué une révolution de couleur au sommet, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre et en France, essentiellement, où la politique étrangère de l'Europe ne représente pas leurs intérêts économiques (...) L'Amérique a simplement dit : "Nous sommes déterminés à soutenir une guerre d'agression : - Nous sommes déterminés à soutenir une guerre de (ce qu'ils appellent) la démocratie (par laquelle ils entendent l'oligarchie, y compris le nazisme de l'Ukraine) contre l'autocratie (...) L'autocratie est tout pays suffisamment fort pour empêcher l'émergence d'une oligarchie de créanciers, comme la Chine a empêché l'oligarchie de créanciers". Hudson soulève la question du rôle de la dette comme cause, indépendamment de la volonté des classes dirigeantes américaines et européennes, du retrait inévitable du dollar de son rôle de monnaie de réserve mondiale. Mais ce n'est pas seulement la question de la dette hors de contrôle qui sape le rôle du billet vert; au moins deux autres facteurs liés au conflit en Ukraine ont contribué à cet affaiblissement. Dans son article intitulé "Explication des sanctions de l'UE contre la Russie", le site web du Conseil européen explique avec une certaine prosopopée que "l'Union européenne a interdit toutes les transactions avec la Banque centrale nationale russe liées à la gestion de ses réserves et de ses actifs". Suite au gel des avoirs de la Banque centrale, celle-ci ne peut plus accéder aux avoirs détenus par les banques centrales et les institutions privées de l'UE. En décembre 2022, l'UE a ajouté la Banque russe de développement régional à la liste des entités détenues ou contrôlées par l'État russe qui font l'objet d'une interdiction totale de transactions. En février 2022, les réserves internationales de la Russie s'élevaient à 643 milliards de dollars (579 milliards d'euros)... En raison de l'interdiction des transactions en provenance de l'UE et d'autres pays, on estime que plus de la moitié des réserves de la Russie sont gelées. L'interdiction a également été imposée par d'autres pays (tels que les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni) qui détiennent également une partie des réserves de change de la Russie". Le Conseil européen nous informe, comme s'il s'agissait d'une évidence, que l'UE a saisi à elle seule quelque 320 milliards de dollars de biens de la Banque centrale russe, et qu'elle l'a fait pour se conformer à des normes de justice qu'elle s'est elle-même imposées, également inspirées par La fin de l'histoire. L'UE n'a toutefois pas tenu compte du fait que cette décision a également été évaluée avec soin, et certainement pas de manière positive, par d'autres acteurs financiers majeurs tels que la Chine et les États du golfe Persique. Si les démocraties libérales décident, du jour au lendemain, que Pékin ou Riyad ou même Téhéran ont dépassé une certaine limite décrétée motu proprio et sans aucune contradiction en termes de respect des droits de l'homme ou des droits civils (mais Israël n'est jamais remis en question), il est alors possible d'appliquer des sanctions en gelant et même en confisquant les dépôts et les investissements des institutions financières publiques et privées de ces pays dans le système bancaire occidental. Dans le cas russe en question, il s'agissait donc pour les pays occidentaux de geler en raison des sanctions liées au conflit ukrainien; pour les propriétaires légitimes des capitaux, il s'agissait simplement de donner à l'opération son nom exact: le vol de plus de 320 milliards de dollars. Les dépôts de capitaux importants et les investissements étant basés sur la confiance, il est difficile de croire que le "spectacle" offert par l'UE et les banques européennes ait été ignoré par les grands investisseurs susmentionnés, et pas seulement eux; il est également difficile de croire que nombre d'entre eux n'aient pas pris la peine de commencer à réclamer leur argent avant qu'un quelconque Baerbock ne décide que Pékin est le nouvel empire du mal et qu'il est juste de voler, pardon de geler, leurs fonds déposés en Allemagne, dans l'Union européenne ou en Suisse. Résultat de la stratégie de Bruxelles ? La Stampa du 9 février 2023 titrera: "Credit Suisse, perte de plus de 7 milliards en 2022", ou "Ubs achète Credit Suisse: 3 milliards de renflouement. Des obligations pour 16 milliards anéanties. Accord conclu pour le sauvetage: sur la table également 100 milliards de liquidités extraordinaires et des garanties gouvernementales sur les poursuites et les pertes en capital", Il Sole 24 Ore du 19 mars 2023; ou encore : "Crise bancaire, même la Deutsche Bank tremble. L'effet domino va-t-il s'abattre sur les marchés ?", Valeurs du 24 mars. Nous nous limitons au système bancaire européen, regardons maintenant à l'étranger. Il Sussidiario.net du 17 avril titre "L'hégémonie mondiale du dollar en danger". Yellen: "La faute aux sanctions imposées". La domination mondiale du dollar pourrait être menacée, comme l'a fait savoir hier Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain. La faute en incombe aux nombreuses sanctions imposées par l'Occident à la Russie au cours de l'année écoulée, depuis le début du conflit, ainsi qu'à d'autres pays tels que la Chine, la Corée du Nord et l'Iran. Au micro de la chaîne américaine CNN, Yellen a avoué: "Il y a un risque, lorsque nous utilisons des sanctions financières liées au rôle du dollar, qu'avec le temps elles puissent saper l'hégémonie du dollar... Bien sûr, cela crée un désir de la part de la Chine, de la Russie, de l'Iran de trouver une alternative". Résultat de la stratégie de Washington? "Xi-Poutine, après la rencontre de Moscou, l'hypothèse de la monnaie yuan pour l'Afrique prend forme" (Milano Finanza du 22 mars); ou encore : "Lula s'envole vers Xi Jinping : le projet de remplacer le dollar par la monnaie chinoise. Le leader de Pékin accueille cordialement le président brésilien: les accords commerciaux et la crise en Ukraine sont à l'ordre du jour. Mais aussi le projet de sortir de la "dépendance" au dollar avec la Novo Banco de Desenvolvimento, la banque des Brics, dirigée par Dilma Rousseff". Enfin, plus sensationnel encore: "L'Arabie saoudite et la Chine étudient comment utiliser le yuan dans les ventes de pétrole. Cette nouvelle aurait des conséquences majeures pour le monde pétrolier, qui a toujours utilisé la devise américaine comme monnaie officielle. Il s'agirait de l'alliance du plus grand importateur de pétrole, la Chine, avec le plus grand exportateur, l'Arabie saoudite, avec pour conséquence le passage du pétrodollar au pétroyuan". Il n'a pas du tout cité les gros titres, mais c'est le véritable "casus belli" que les États-Unis ont contre la Russie, la Chine, le Brésil et l'Arabie saoudite. Un processus s'est enclenché par lequel le dollar, pur papier accepté uniquement parce qu'il est sponsorisé par l'armée américaine, est progressivement rejeté au profit d'autres monnaies. La stratégie américaine en 2022, qui se poursuit encore aujourd'hui, était de décharger ses tensions inflationnistes sur la zone euro sous prétexte de sanctions contre la Russie, mais l'an dernier, les intentions de ces grands acteurs internationaux de ne plus utiliser le dollar n'étaient pas encore aussi explicites. Cette année, elles le sont devenues et peuvent conduire à cette explosion inflationniste du billet vert, potentiellement bien plus dévastatrice que la crise du Papier Mark de 1923. Les Etats-Unis se trouvent donc à un carrefour fatal: accepter le risque que tôt ou tard, et tout d'un coup, le dollar se dissolve dans une crise inflationniste, entraînant l'économie et la société américaines dans l'abîme; ou finalement atteindre l'objectif de déclencher un conflit étendu et significatif, peut-être une troisième guerre mondiale, sans en payer l'addition mais seulement en récolter les bénéfices, comme cela s'est produit dans les deux conflits du 20ème siècle. La première option présente un terrible danger, la seconde est un vœu pieux et la Maison Blanche est réellement confrontée à ce dilemme. Cependant, il est possible de discerner la stratégie que le cabinet Biden souhaite adopter dans les mois à venir, et la poursuite de la guerre en Ukraine y jouera un rôle important. Les Ukrainiens à enrôler et à envoyer à l'abattoir commencent à manquer: Avvenire du 25 mars, qui n'est pas tendre avec les Russes, doit admettre: "Même Kiev doit compter avec les militaires qui, à partir de l'automne, risquent de commencer à manquer. Pour y remédier, des garçons de 17 ans sont déjà recrutés, appelés dans des camps d'entraînement en vue d'être déployés sur le champ de bataille après leur majorité. Pour de nombreuses familles, c'est une véritable tragédie. Et à Odessa, comme dans d'autres villes, la police militaire a souvent été vue en action pour convaincre, par la ruse, ceux qui ne veulent pas aller au combat et en revenir handicapés ou dans un cercueil. Sur certains marchés, jusqu'au mois dernier, on vendait des plâtres de jambe pour prétendre être temporairement inapte à l'entraînement et éviter l'enrôlement". Sur la table du bureau ovale, on discute probablement d'une nouvelle stratégie selon laquelle les forces armées européennes seraient déployées, mais pas au sein de l'OTAN, afin de ne pas impliquer les États-Unis, par le biais d'accords bilatéraux, par exemple, entre Kiev et des capitales individuelles telles que Varsovie, Sofia, Bucarest. Ces pays enverraient des soldats réguliers déguisés en milices volontaires, ce qui exempterait l'OTAN de toute implication, du moins dans un premier temps. Toutefois, il n'est pas exclu que quelques pays d'Europe de l'Ouest viennent grossir le conflit tout en maintenant le délicat accord de non-implication de l'Alliance atlantique. Il faudrait cependant choisir un pays qui se prête à d'énormes risques pour la sécurité nationale. En l'état actuel des connaissances, il existe deux suspects, dont les gouvernements sont absolument soumis aux souhaits de la Maison Blanche et qui ont déjà tenté de faire la guerre à la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale. Personnellement, je doute qu'après le choc de deux défaites militaires au 20ème siècle, les Allemands soient prêts à se sacrifier pour les États-Unis, mais le gouvernement d'Olaf Scholz serait tout à fait disposé à le faire avec enthousiasme. En revanche, j'ai moins de doutes quant à l'implication du pays le plus influencé politiquement par Washington, à parts égales entre le chef du gouvernement et celui de l'opposition, et le fait qu'il s'agisse de femmes n'a aucune importance. Il s'agit du pays dont l'état de décadence l'expose à toute aventure de la part de tiers, un pays dont la Constitution a été suspendue de facto, et toujours ignorée : l'Italie. Fantaisie politique ? Espérons-le. Pour les États-Unis, en revanche, la question est sur la table : le casus belli est déjà là, la nécessité d'une guerre prolongée, y compris nucléaire. Le problème est de savoir comment mettre en œuvre cette stratégie en limitant le plus possible leur implication, et c'est à mon avis le thème fondamental de cette année, car le temps joue contre les Américains, la fuite du dollar a déjà commencé, et la conséquence inévitable est la dissolution du dollar à cause de l'hyperinflation.

jeudi, 04 mai 2023

L'Annus Horribilis des pays du G7

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L'Annus Horribilis des pays du G7

par Guido Salerno Aletta

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25413-guido-salerno-aletta-l-annus-horribilis-per-i-paesi-del-g7.html

Annus Horribilis, telle fut l'année 2022 pour les pays du G7 : la violente hausse des prix à l'importation, amorcée à la fin du printemps 2020 et qui a culminé entre août et septembre dernier, a contribué à faire voler en éclats les comptes déjà précaires du commerce extérieur : ils sont tous passés dans le rouge, à la seule exception de l'Allemagne, qui a pourtant enregistré son pire excédent commercial depuis 2000, profitant une fois de plus de l'extraordinaire faiblesse de l'euro par rapport aux fondamentaux de son économie.

Entre 2021 et 2022, le déficit commercial des biens et services des États-Unis s'est aggravé de 101 milliards de dollars, passant de 1090 milliards de dollars à 1191 milliards de dollars, malgré le fait que les exportations américaines de produits énergétiques aient augmenté de 152 milliards de dollars, passant de 264 milliards de dollars à 416 milliards de dollars (+57%). Le déficit du Canada est passé de 64 à 93 milliards de dollars, celui de la Grande-Bretagne de 85 à 108 milliards de livres sterling et celui de la France s'est effondré de 31 à 88 milliards d'euros. L'Italie s'est également effondrée, passant d'un excédent de 41 milliards à un déficit de 30 milliards, tandis que le déficit du Japon a plus que doublé, passant de 1783 milliards à 19.966 milliards de yens. L'Allemagne a réduit de moitié son excédent, structurel depuis 2000, passant de 199 à 81 milliards d'euros.

Le déficit commercial le plus important de l'année 2022 s'explique également par la faiblesse des monnaies nationales par rapport au dollar, monnaie dans laquelle sont généralement déterminés les prix des biens sur les marchés internationaux et réglées les transactions. Il y a tout lieu d'espérer que le phénomène inflationniste des prix à l'importation s'atténue: en Allemagne, l'indice (2015=100), qui était passé de 95,2 en avril 2020 à 141,1 en août dernier, était déjà retombé à 132,2 en février dernier. Cette tendance positive a également profité à l'Italie, qui a vu sa balance commerciale redevenir excédentaire de 2,1 milliards d'euros sur le mois: les prix à l'importation ont diminué de 1,7 % par rapport à janvier et n'ont augmenté que de 1,3 % par rapport à l'année précédente. Mais l'Allemagne et l'Italie sont des exceptions au sein du G7: ce sont les deux seuls pays qui ont adopté une discipline mercantiliste stricte de compression des salaires.

Si les États-Unis peuvent encore s'accommoder d'un déficit structurel du commerce extérieur, qui plus est croissant, c'est uniquement parce qu'ils disposent de la position d'"acheteur en dernier ressort": ils constituent le plus grand marché d'exportation de produits manufacturés au monde. Pour tous les autres, ce n'est pas le cas: le Canada est dans le rouge depuis 2008, la Grande-Bretagne depuis 2013 et la France depuis 2014. Le Japon, après avoir surmonté la phase de crise du quinquennat 2012-2016 avec les Abenomics, enregistre un solde extérieur mensuel négatif ininterrompu depuis juillet 2021: la faiblesse manifeste du yen, dans un contexte international de taux d'intérêt très élevés, s'est ajoutée à une hausse des prix internationaux qui apparaît en fait structurelle.

Non seulement le coût plus élevé de l'énergie produite à partir de sources alternatives aux énergies fossiles, en raison des lourds investissements nécessaires, pénalise particulièrement les pays comme ceux d'Europe engagés dans la décarbonisation de la production, mais il s'y ajoute une asymétrie dans la concurrence commerciale internationale: la Chine et l'Inde notamment, mais aussi de nombreux autres pays récemment industrialisés qui n'ont pas adhéré aux sanctions contre la Russie, bénéficient d'approvisionnements énergétiques en provenance de la Russie à des conditions particulièrement favorables. Un déséquilibre qui ne semble pas pouvoir être corrigé à court terme.

Pour l'Occident, les trois facteurs qui ont conduit à une faible inflation structurelle dans les deux premières décennies du siècle semblent avoir disparu: la baisse du coût du travail en Chine et dans les pays ex-communistes d'Europe, l'abondance et le caractère bon marché des livraisons de gaz russe à l'Europe aujourd'hui interrompues, et des politiques budgétaires orientées vers l'équilibre et donc non inflationnistes. Si les politiques monétaires extraordinairement accommodantes en termes de taux d'intérêt ont certainement milité en faveur de la baisse des coûts pour les producteurs endettés, les injections de liquidités ont maintenu les prix des actifs cotés à un niveau élevé, créant sans doute les bulles spéculatives sur les marchés à terme de matières premières qui ont conduit à la poussée inflationniste qui a débuté à la fin du printemps 2020.

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La question énergétique redevient fondamentale : l'attitude très restrictive de l'OPEP+, qui a récemment encore réduit la production de pétrole, même face au ralentissement de la demande mondiale, afin de maintenir inchangé le revenu global de ses membres, rappelle les conséquences systémiques de la crise pétrolière de 1973, qui a marqué un changement profond et irréversible du rapport de force entre pays producteurs et transformateurs de pétrole, avec l'abandon des productions industrielles énergivores et la désindustrialisation. Cette fois encore, l'Europe s'en sort avec des os brisés, car l'Amérique a eu pendant des décennies une production industrielle absolument négligeable et vend du GNL à l'Europe, comme à d'autres producteurs, à un prix qui ne peut qu'être beaucoup plus élevé que celui des livraisons russes antérieures.

Ce n'est pas une question de prestige : importer plus que l'on exporte, consommer plus que l'on produit, c'est s'endetter.

Les États-Unis sont déjà le plus grand débiteur du reste du monde, avec une position financière internationale nette négative de 16.117 milliards de dollars. La Grande-Bretagne et la France sont également endettées, respectivement à hauteur de 151 milliards de livres et de 602 milliards d'euros. Les actifs du Canada et du Japon, respectivement 615 et 3185 milliards de dollars, ajoutés à ceux de l'Allemagne et de l'Italie, respectivement 2750 et 74 milliards d'euros, ne suffisent pas à équilibrer les comptes.

Imprimer de l'argent ne suffit pas : ceux qui veulent payer avec une monnaie dévaluée doivent accepter des prix de plus en plus élevés.

La dégradation de la balance commerciale des pays du G7 en 2022 s'explique par les pénuries structurelles insurmontables de matières premières, de pétrole et de gaz, aggravées par le conflit géopolitique avec la Russie et la Chine : la perspective la plus effrayante n'est pas seulement l'appauvrissement, mais aussi l'isolement et l'implosion.

mardi, 02 mai 2023

Les conséquences à court et à long terme de la guerre en Ukraine

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Les conséquences à court et à long terme de la guerre en Ukraine

par Domenico Moro

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/25419-domenico-moro-le-conseguenze-di-breve-e-lungo-periodo-della-guerra.html

Conséquences de la guerre. Pour comprendre les conséquences à court et à long terme de la guerre en Ukraine sur l'économie mondiale, il faut partir des processus qui modifient les actifs et les relations de pouvoir entre les zones économiques et les États. En particulier, les processus impliquant le groupe Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui représente la semi-périphérie émergente du système économique mondial, et le G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada), qui représente le centre riche et dominant, doivent être étudiés.

1. Les conséquences de la guerre sur l'économie mondiale

La guerre est un accélérateur de processus qui ont souvent une origine plus lointaine et qui ne deviennent explicites et pleinement visibles qu'aujourd'hui, après une incubation plus ou moins longue. Les processus économiques mondiaux en cours les plus importants sont les suivants :

L'inflation. La hausse de l'inflation a commencé en 2021, avant la guerre en Ukraine, et a été alimentée par plusieurs facteurs : les énormes liquidités émises par les banques centrales des pays du G7 pour lutter contre la crise et les goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement en composants et en produits semi-finis dus à la pandémie. Lorsque les blocages ont pris fin et que la demande a repris, la production n'a pas été suffisante pour y répondre, d'où la hausse des prix. Si la guerre n'est pas à l'origine de l'inflation, il est cependant vrai qu'elle l'a accentuée. En effet, la guerre entre la Russie et l'Occident se joue aussi sur le plan économique, à travers les sanctions. Celles-ci ont conduit à l'arrêt des livraisons de matières premières énergétiques de la Russie vers l'Europe, ce qui a entraîné une augmentation des prix du pétrole et du gaz et une hausse de l'inflation, en particulier dans l'UE, à des niveaux jamais atteints depuis les années 1980.

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Stagnation permanente (secular stagnation). Le terme de "stagnation séculaire", introduit par Laurence Summers (photo), ancien ministre de l'économie de Clinton, fait référence au fait que le système économique mondial est entré, depuis la crise des subprimes de 2007-2008, dans une phase de croissance asphyctique, inférieure à son potentiel, en particulier dans les pays avancés du G7. La guerre a rendu la croissance mondiale encore plus faible, en raison des sanctions, de la fragmentation du marché mondial qui en a résulté et surtout de l'augmentation des taux d'intérêt par les principales banques centrales du monde, la Fed américaine et la BCE, qui a pénalisé l'investissement. L'augmentation du coût de l'argent a été motivée non seulement par une tentative déclarée d'éteindre la poussée inflationniste, mais aussi et surtout par la tentative de la Fed de réévaluer le dollar par rapport à l'euro et à d'autres monnaies mondiales. Le Fonds monétaire international prévoit pour 2023 une croissance du PIB mondial de 2,8 %, soit le chiffre le plus bas depuis 1990. Mais la croissance pourrait, en cas de nouveau resserrement monétaire, chuter encore davantage, à 2,5 %, affectant principalement les pays du G7 [i]. De plus, la stagnation, combinée à l'inflation, donne lieu au phénomène de stagflation.

La démondialisation. La guerre, également en ce qui concerne les processus de démondialisation, a accentué une tendance préexistante, datant de la présidence Trump, qui a commencé à introduire des mesures protectionnistes. La présidence Biden a poursuivi dans la même direction, avec une série de mesures visant à raccourcir les chaînes de valeur mondiales et à encourager le rapatriement des productions les plus stratégiques, comme le prévoit également la loi sur la réduction de l'inflation (Ira), qui alloue plus de 750 milliards de dollars aux entreprises produisant aux États-Unis. Par exemple, les fabricants de voitures électriques bénéficieront de subventions, mais uniquement pour les voitures produites aux États-Unis, pénalisant ainsi surtout les importations en provenance de l'UE, déjà touchées par la hausse des coûts de production due à l'augmentation des matières premières énergétiques. La guerre a accéléré la fragmentation du marché mondial. En effet, les sanctions divisent le marché mondial en deux blocs autour des États-Unis et de la Chine. Par exemple, les constructeurs automobiles européens, qui se sont retirés de Russie, ont été remplacés par les constructeurs automobiles chinois, qui ont atteint 30 % du marché, soit plus de trois fois leur part au début de 2022 [ii].

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La dédollarisation. Le dollar est la monnaie mondiale, utilisée comme réserve par les banques centrales et comme monnaie de commerce international. Le dollar doit cette position au fait que les matières premières les plus importantes, comme le pétrole, sont échangées en dollars. Grâce au dollar, les États-Unis peuvent financer leur énorme double déficit, le déficit commercial et le déficit public, et drainer les financements internationaux vers leur propre économie. Cependant, depuis quelques années, le dollar perd sa position : la part des réserves mondiales en dollars est passée de 71 % en 1999 à 59 % en 2021 [iii]. Le phénomène de substitution du dollar par d'autres monnaies est appelé dédollarisation. La guerre a accentué le processus de dédollarisation car la Russie a réorienté ses exportations de matières premières énergétiques de l'UE vers les pays asiatiques, principalement la Chine et l'Inde. Plus important encore, les échanges de pétrole et de gaz russes dans ces nouvelles régions se font dans des monnaies autres que le dollar, telles que le rouble russe, le yuan renmimbi chinois et la roupie indienne. D'autres matières premières sont également échangées par la Russie dans des monnaies autres que le dollar. En particulier, l'importance du yuan renmimbi en tant que monnaie internationale d'échange et de réserve ne cesse de croître. Ainsi, l'Argentine et le Brésil ont récemment acquis des réserves considérables en yuans afin de se couvrir contre les fluctuations du dollar.

Une véritable décolonisation. Depuis les années 1950, de nombreux pays du tiers monde se sont émancipés de leur condition de colonies dépendantes des métropoles impérialistes, en particulier de l'Europe. Cependant, la décolonisation est restée au stade formel, les anciennes colonies continuant à dépendre économiquement, peut-être encore plus, des pays européens et des États-Unis. Aujourd'hui, une véritable décolonisation se dessine, qui consiste en une indépendance économique, favorisée par l'activisme commercial, financier et infrastructurel de la Russie et surtout de la Chine, en particulier sur le continent africain. À cet égard, les propos du ministre ougandais Sam Kutesa à propos des Chinois sont significatifs : "Ils ont participé aux luttes de libération africaines, aux guerres anticoloniales et maintenant ils nous aident dans notre émancipation économique"[iv] La véritable décolonisation est accélérée par la guerre et est étroitement liée à la dédollarisation. Le processus est visible dans les anciennes colonies françaises d'Afrique, qui adoptent le franc CFA, garanti par le Trésor français et permettant à la puissance européenne de drainer les ressources et les richesses de l'Afrique. Le 21 décembre 2019, cependant, les anciennes colonies françaises ont accepté d'introduire à la place du franc CFA leur propre monnaie, l'ECO, qui devrait être rattachée au yuan renmimbi. Par ailleurs, plusieurs pays africains, comme le Burkina Faso, ont demandé à la France de retirer ses troupes qui, sous prétexte de lutter contre le djihadisme, avaient été déployées dans les anciennes colonies.

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2. Les conséquences de la guerre pour les États-Unis et l'UE

Il est particulièrement intéressant de vérifier les conséquences économiques de la guerre en termes d'avantages et de désavantages pour les États-Unis et l'UE. Les États-Unis en retirent des avantages majeurs à court terme et des inconvénients majeurs possibles à moyen et surtout à long terme. Les avantages sont les suivants :

Augmentation des dépenses militaires et des bénéfices du complexe militaro-industriel. Les États-Unis contribuent très largement à la fourniture d'armes et de munitions à l'Ukraine. Sur les 50 milliards d'armes qui ont atteint l'Ukraine à ce jour, 30 milliards ont été fournis par les États-Unis. Le stock d'armes et de munitions des États-Unis s'est considérablement réduit, ce qui compromet la doctrine militaire américaine qui consiste à pouvoir mener deux conflits militaires simultanément. Il est donc nécessaire de reconstituer les réserves en augmentant la production du complexe militaro-industriel. Par exemple, la production d'obus d'artillerie a augmenté de 500%. Il faut également rappeler que le complexe militaro-industriel, c'est-à-dire l'intégration de l'industrie de la guerre et des forces armées, est un centre de pouvoir clé aux États-Unis, qui influence grandement la politique. Dès 1961, le président Eisenhower a mis en garde contre les dangers que représentait pour la démocratie américaine l'intégration de l'industrie de la guerre, des forces armées et du pouvoir politique. Le complexe militaro-industriel repose également sur le fait que le budget militaire américain est de loin le plus important au monde, dépassant le budget cumulé des dix premiers pays de la planète. La guerre en Ukraine a entraîné une nouvelle augmentation du budget militaire américain, qui atteindra 858 milliards de dollars en 2023, soit 10 % de plus qu'en 2022. La guerre en Ukraine a donc profité aux entreprises de guerre américaines, qui ont vu leurs cours boursiers augmenter souvent de plus de 10 %. Enfin, il ne faut pas oublier que l'industrie militaire est un moteur pour l'ensemble de l'économie américaine, compte tenu de son poids et du niveau de recherche technologique qu'elle exprime.

Augmentation des exportations et des prix du pétrole et du gaz. Les sanctions contre la Russie et l'interruption consécutive des livraisons de pétrole et de gaz à l'Europe ont profité aux États-Unis, qui ont bénéficié à la fois d'une augmentation de leurs exportations vers l'UE et d'une hausse des prix internationaux. L'Europe est devenue le premier marché d'exportation des États-Unis pour le pétrole et le gaz. L'essor de l'industrie extractive américaine a été tel que les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole brut, dépassant la Russie et l'Arabie saoudite.

L'appréciation du dollar et l'orientation des flux financiers de la Chine et du reste du monde vers les États-Unis. L'appréciation du dollar, due à la hausse des taux d'intérêt de la Fed, a entraîné une augmentation des flux financiers mondiaux vers les États-Unis. Les investisseurs, en particulier, se détournent des obligations d'État chinoises et d'autres pays pour se tourner vers les États-Unis.

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Séparation de la Russie de l'Allemagne et de l'UE. Avec la guerre en Ukraine, les États-Unis ont obtenu un avantage géostratégique majeur en séparant l'Allemagne et l'UE de la Russie, qui entretenaient auparavant des relations étroites basées sur l'échange de matières premières contre des produits manufacturés. En outre, l'OTAN, qui se trouvait avant la guerre dans une situation de "mort cérébrale", comme l'a dit le président français Macron, s'est aujourd'hui recomposée et a retrouvé un nouveau souffle à la suite du conflit ukrainien.

Outre ces avantages à court terme, il existe deux inconvénients importants à long terme pour les États-Unis, qui sont les suivants :

La dédollarisation. Comme nous l'avons vu plus haut, le plus grand danger de la guerre pour les Etats-Unis réside dans le remplacement du dollar par d'autres monnaies dans le commerce des matières premières clés, à commencer par le pétrole. De cette manière, le dollar risquerait de perdre sa position de monnaie mondiale, privant l'impérialisme américain d'un pilier essentiel qui lui permet d'exercer sa domination mondiale.

La construction d'un front international des pays du Sud. La guerre a accéléré la formation d'un front du Sud, désaligné, voire opposé à l'Occident. Cela est visible à l'ONU dans les votes sur les motions condamnant la Russie. Lors du dernier vote en février 2023, 32 pays se sont abstenus et 7 ont voté contre. Il s'agit apparemment d'une minorité d'États, alors qu'en termes de population, ces pays représentent plus de la moitié de la population mondiale, y compris des géants démographiques comme la Chine, l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, l'Éthiopie, le Viêt Nam, etc. Le désalignement de l'Occident est particulièrement visible en Afrique, où 17 pays se sont abstenus, 8 pays n'ont pas participé au vote et l'Érythrée a voté contre. La création d'un front mondial du Sud, mené par la Chine, remet en cause la capacité hégémonique des États-Unis.

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En ce qui concerne l'UE, la guerre n'a pas d'avantages mais seulement des inconvénients, qui sont les suivants :

Augmentation de l'inflation, diminution de la compétitivité internationale et détérioration de la balance commerciale. L'UE a été particulièrement touchée par l'inflation (+10,6% le pic d'octobre 2022 et +9,2% le chiffre annuel pour 2022[v]), qui a également été causée par la disparition des approvisionnements en matières premières énergétiques russes, sur le prix bon marché desquelles de nombreux pays européens avaient bâti leur fortune à l'exportation. Ainsi, la disparition du pétrole et surtout du gaz russes et leur remplacement par le gaz liquéfié américain, beaucoup plus cher, a entraîné une augmentation des coûts de production de l'industrie manufacturière européenne, ce qui a réduit sa compétitivité. Surtout, les sanctions ont entraîné une très forte augmentation de la valeur des importations de biens énergétiques, ce qui a érodé les excédents commerciaux de l'Allemagne et de l'Italie, importants exportateurs de produits manufacturés et grands consommateurs de gaz russe. L'Allemagne a plus que divisé par deux son excédent commercial, qui est passé de 215 milliards USD en 2021 à 84 milliards USD en 2022[vi]. L'Italie, pour la première fois après 10 ans d'excédents commerciaux continus, a réalisé un déficit de 31 milliards d'euros en 2022, contre un excédent de 40,3 milliards d'euros en 2021. Le déficit italien dépend presque entièrement de la hausse des prix des importations d'énergie. En effet, le déficit énergétique a plus que doublé, passant de 48,3 milliards en 2021 à 111,3 milliards en 2022, tandis que l'excédent des produits non énergétiques n'a que légèrement diminué, passant de 88,7 milliards en 2021 à 80,3 milliards en 2022[vii].

Récession et difficultés liées à la dette. La priorité des banques centrales est actuellement de lutter contre l'inflation en augmentant les taux d'intérêt. La hausse des taux d'intérêt rend plus difficile l'octroi de prêts aux entreprises par les banques, ce qui entraîne une baisse des investissements et donc du PIB, dont la croissance en 2023, selon le Fonds monétaire international, serait de 0,8 % dans la zone euro, de 0,7 % en Italie et de -0,1 % en Allemagne[viii]. La baisse du taux de croissance du PIB augmente la part de la dette dans le PIB, tandis que la hausse du loyer de l'argent augmente également le montant des intérêts à payer par les Etats sur leur dette, rendant celle-ci plus difficilement soutenable.

Dévaluation de l'euro. La hausse des taux d'intérêt aux États-Unis entraîne une dévaluation de l'euro par rapport au dollar, ce qui réduit l'attrait des flux financiers internationaux et des investissements en Europe et dans la zone euro en particulier.

Dépendance stratégique à l'égard des États-Unis. La guerre et les sanctions qui en découlent ont créé une dépendance économique et politique accrue de l'UE et de la zone euro à l'égard des États-Unis, non seulement en termes d'approvisionnement en matières premières énergétiques, mais aussi d'un point de vue géopolitique stratégique.

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3. Conclusion : de l'unilatéralisme au multipolarisme

Selon Giovanni Arrighi, le développement historique du mode de production capitaliste est représenté par des cycles économiques séculaires dans lesquels une puissance hégémonique régule l'accumulation du capital [ix]. Chaque cycle se caractérise par deux phases : une phase d'expansion et une phase de décadence économique, au cours de laquelle le pouvoir de la puissance hégémonique s'affaiblit. Dans la phase de décadence, de nouvelles puissances économiques émergent pour défier l'hégémonie. C'est une phase de chaos qui débouche sur une confrontation militaire à l'issue de laquelle l'ancien hégémon est remplacé par un nouvel hégémon, autour duquel l'accumulation du capital reprend. Aujourd'hui, nous sommes entrés dans une phase où l'unipolarisme, c'est-à-dire la capacité des États-Unis à imposer leur volonté au monde, s'est affaibli et où de nouvelles puissances, comme la Chine, émergent. Cette dernière n'a toutefois pas l'intention (et n'est pas encore en mesure) de représenter une alternative globale aux États-Unis. Même le yuan n'est pas encore en mesure de remplacer le dollar.

Ce à quoi nous assistons, c'est au dépassement de l'unipolarité. À cet égard, les propos de Christine Lagarde, présidente de la BCE, sont intéressants : "Nous assistons à une fragmentation de l'économie mondiale en blocs concurrents [...] dirigés respectivement par les deux plus grandes économies du monde" [x] À vrai dire, à notre avis, nous n'en sommes qu'au début de la formation d'un bipolarisme, c'est-à-dire de deux blocs opposés, bien que la voie sur laquelle le monde est engagé puisse aller dans ce sens. Mais il y a aussi la possibilité de créer une situation basée sur l'existence de plusieurs pôles en même temps, c'est-à-dire un multipolarisme effectif, comme la Chine prétend vouloir le faire.

En tout état de cause, l'objectif de la guerre actuelle est la défense de l'hégémonie mondiale des États-Unis et de la capacité du dollar à fonctionner comme monnaie mondiale. À cet égard, pour les raisons susmentionnées, les États-Unis ont remporté une victoire tactique en renforçant l'OTAN et la puissance du dollar. Mais ces mêmes actions qui déterminent le succès à court terme créent les conditions d'un possible échec stratégique américain à long terme. La dédollarisation, la décolonisation réelle et la construction d'un Front du Sud mondial représentent les plus importantes de ces conditions.

Notes:

[i] Gianluca di Donfrancesco, “Fmi: crescita mondiale più debole dal 1990”, Il Sole24ore, 12 aprile 2023.
[ii] Diego Longhin, “Le mani della Cina sulle auto made in Russia”, Affari e Finanza – la Repubblica, 27 marzo 2023.
[iii] International Monetary Fund, The stealth erosion of dollar dominance, 24 march 2022. https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2022/03/24/...
[iv] Alessandra Colarizi, Africa rossa. Il modello cinese e il continente del futuro, L’asino d’oro edizioni, Roma 2022, pag.81.
[v] Eurostat, Flash estimate – February 2023. https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/16138299/...
[vi] Unctad, data centre.
[vii] Istat, Commercio con l’estero e prezzi all’import – dicembre 2022, 16 febbraio 2023. https://www.istat.it/it/archivio/281014
[viii] Gianluca di Donfrancesco, op.cit.
[ix] Giovanni Arrighi, Il lungo XX secolo. Denaro, potere e le origini del nostro tempo, il Saggiatore, Milano 2033.
[x] Isabella Bufacchi, “La frammentazione dell’economia fa aumentare i prezzi”, Il Sole 24 ore, 18 aprile 2023.