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dimanche, 07 août 2011

La liberté, la démocratie, l'autonomie, mais non sans une défense forte

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La liberté, la démocratie, l’autonomie, mais non sans une défense forte

Envisager l’avenir avec une conscience historique fondée sur des faits –  correctif nécessaire à la falsification de l’histoire par le Rapport Bergier

par Tobias Salander

Ex:http://www.horizons-et-debats.ch/

A quelles conditions les citoyens suisses de 2011 peuvent-ils envoyer au monde le message selon lequel ils veulent conserver leur liberté, leur démocratie et leur autonomie et en même temps rester le peuple le plus pacifique mais le plus apte à se défendre? C’est à cette question, posée à temps dans une période de grave crise économique et financière aux répercussions encore imprévisibles en Occident, en particulier dans les zones dollar et euro, que répond une nouvelle étude sur l’histoire de la Suisse entre 1933 et 1945 due à la plume d’un économiste et ex-commandant de bataillon d’infanterie qui a travaillé pour la Banque mondiale, l’ONU, l’OCDE, divers gouvernements et commanditaires privés dans plus de 100 pays.
S’appuyant sur une quantité de publications scientifiques concernant la Seconde Guerre mondiale, Gotthard Frick, dans son livre intitulé «Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945» propose une vision nouvelle et complète de la manière dont la Suisse a affirmé son autonomie et ses valeurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il indique les leçons à en tirer pour l’avenir et apporte un correctif aux travaux de la Commission Bergier. Cet ouvrage peut être chaudement recommandé à tous les citoyens et en particulier aux professeurs d’histoire et à leurs élèves. Il nous offre une vision de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale qui, loin de tout dénigrement idéologique, rétablit les faits, vision que tous ceux qui les ont vécus ne pourront que confirmer.
Après les attaques des années 1990 contre la Suisse commandées par certains milieux financiers de la côte Est des Etats-Unis et livrées par une cinquième colonne de pseudo-artistes, de personnes «fatiguées de défendre la patrie» (Heimatmüde), de girouettes et de carriéristes vendus et vulnérables au chantage qui auraient voulu, au moyen d’une vaste manipulation psychologique, pousser le pays à intégrer le nouvel ordre mondial, Frick réussit, en évaluant clairement les événements historiques connus, à ressusciter la volonté du pays à affirmer son autonomie et ses valeurs et à aiguiser sa perception de l’avenir. Il ne s’agit pas pour lui uniquement d’apporter une contribution au débat sur l’avenir de l’Armée suisse. Si, à l’époque, il valait la peine de consentir d’importants sacrifices pour éviter la guerre au pays, il faudrait aujourd’hui également «engager des réflexions exhaustives et à long terme si nous voulons préparer notre pays à un avenir qui sera sans doute beaucoup plus difficile et exigeant et peut-être aussi beaucoup plus menaçant que ne le pensent aujourd’hui de nombreuses personnes». (p. 2 sqq.) Ce sont là des réflexions qui ne devraient pas être abordées sérieusement qu’à l’occasion des cérémonies du 1er-Août.

Ceux qui empêchent leurs concitoyens d’envisager le passé les privent d’une vision personnelle de l’avenir. Les interprétations tordues dont les idéologues de la Commission Bergier ont inondé le peuple – ils n’ont pas apporté de faits nouveaux mais uniquement des interprétations erronées de l’histoire – doivent maintenant être démontées patiemment pièce après pièce. Gotthard Frick a le grand mérite d’avoir accompli ce précieux travail d’assainissement. Son évocation de la volonté des Confédérés d’affirmer leur autonomie dans une situation difficile, c’est-à-dire entre 1933 et 1945, est si claire, si respectueuse des faits et toujours envisagée dans la perspective de l’époque actuelle qu’elle peut constituer pour la jeunesse un repère, un point d’ancrage à partir duquel elle pourra s’attaquer aux problèmes de l’heure en étant pleinement conscients de ce qu’ont réalisé nos ancêtres et de la spécificité de notre histoire, celle d’un peuple qui ne voulait pas se laisser asservir, qui aimait la liberté par-dessus tout et voulait prendre en main ses affaires, mais toujours en tenant compte de la situation, sensibles au sort du prochain au-delà des frontières, solidaires et apportant son aide en cas de nécessité. Frick nous offre un contrepoint bienvenu aux machinations déjà mentionnées et aux nouvelles machinations dont l’objectif facile à déceler est de faire entrer la Suisse dans l’UE et l’OTAN, à en faire par conséquent une vassale et un soutien occulte des intérêts des grandes puissances.

Chaque pays a une armée: la sienne ou une armée étrangère

Mettons l’accent sur certains aspects de la présentation de Frick qui sont importants pour notre époque: l’évocation concise des conquêtes d’Hitler et des plans des Alliés – que l’auteur ne présente pas dans l’ordre chronologique mais selon les motifs qui les sous-tendent et cela d’une manière éclairante – montre une chose qui doit paraître évidente aux personnes à l’esprit social et pacifiste: Dans un monde où il n’y a finalement, entre les Etats, jamais d’amitiés mais seulement des intérêts, il n’y a pas de place pour la liberté et la dignité quand les pays démocratiques n’envisagent ni ne préparent les situations de crise. Frick explique qu’on peut développer l’Etat providence, se déclarer neutre avec fierté et ne pas investir dans l’armement. Mais alors on ne doit pas s’étonner si la situation politique se modifie du jour au lendemain et si un pays autrefois ami vient remplir le vide ainsi créé. C’est ce qui s’est passé en 1940 avec le Danemark et la Norvège et ce serait de nouveau possible aujourd’hui. On pourrait dire que nous ne nous défendrons pas en cas d’attaque parce qu’il serait absurde de le faire contre une puissance plus forte. Quelles seraient les conséquences? L’occupant déporterait les hommes et les forcerait à travailler dans l’industrie d’armement pour remplacer les travailleurs et les paysans qui combattent dans l’armée de l’agresseur. Peut-être qu’on les contraindrait à se battre au sein de la machine de conquête, à tuer, ne serait-ce que pour ne pas être tués. Ces conséquences effroyables qu’ont subies les pacifistes belges, danois, norvégiens, français, etc. mais aussi ceux qui se sont bien défendus mais ont été vaincus, comme les Serbes, Frick les décrit fort bien et il détruit de manière salutaire l’illusion consistant à croire qu’on pourrait rester passif aujourd’hui, et que ce ne serait pas si terrible d’être asservi. Pour Frick, l’histoire dément cette attitude de manière douloureuse.

Des voix étrangères louaient la Suisse

S’appuyant sur une quantité de documents de généraux, d’hommes d’Etat et de journalistes, l’auteur montre que les efforts de défense de la Suisse, en particulier la création du Réduit national, étaient pris très au sérieux, et pas seulement en Allemagne. Grâce à ces déclarations d’éminents étrangers, il donne une image authentique de la Suisse de l’époque (cf. les encadrés). La Suisse n’y apparaît pas comme antisémite. Au contraire, dans l’opuscule «Welt-Dienst» de l’Erfurter Verlag – qui était financé par l’Etat – elle est décrite rageusement comme «le seul paradis d’Europe pour les juifs» (p. 15). Il n’y est pas question d’un prétendu défaitisme des Suisses mais de leur esprit combatif et de leur capacité à se défendre qui pourrait donner du fil à retordre à la Wehrmacht. C’est ce qu’écrivait le général des troupes de montagnes de la Wehrmacht Franz Böhme, qui se suicida pendant sa détention par les Alliés à Nuremberg, dans son étude relative à une éventuelle attaque contre la Suisse. Le Times de Londres soulignait qu’aucune armée au monde ne pouvait mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’armée suisse et l’étude Tannenbaum de la Wehrmacht de 1940 confirme cette appréciation, bien qu’avec d’autres arrière-pensées.
Le «Kleines Orientierungsheft Schweiz» de l’état-major de l’armée de terre destiné aux troupes allemandes et datant du 1er septembre 1942 écrit à propos du système de milice suisse – que les idéologues de la Commission Bergier ont toujours dénigré: «Le système suisse de milice permet d’engager l’ensemble des soldats à un coût relativement modique. Il entretient l’esprit combatif très marqué depuis toujours dans le peuple suisse et permet la mise sur pied d’une armée qui, vu la petite taille du pays, est très forte, organisée de manière efficace et rapidement opérationnelle. Le soldat suisse se distingue par son amour de la patrie, sa résistance et son endurance.» (p. 55)

Le général Böhme est plein d’admiration pour le Réduit

Le général Böhme écrit à propos du Réduit – que les falsificateurs de l’histoire de la Commission Bergier considèrent comme un mythe: «La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.» (p. 57)
Cela semble étrange de voir vanter la valeur de nos ancêtres par un militaire de la Wehrmacht alors que grâce à des mensonges ordonnées par l’Etat, on voulait nous faire croire le contraire.
Frick montre parfaitement combien la préparation du retrait par le général Guisan du gros de l’Armée dans le Réduit était réfléchie et prévoyante. La faute capitale des généraux polonais, consistant à vouloir maintenir un front de 1500 kilomètres au lieu de s’appuyer sur les alliés naturels que sont les cours d’eau et de concentrer les forces armées, fut étudiée avec beaucoup d’attention par le général Guisan et son état-major. Ainsi, il fallut abandonner la ligne de défense de la Limmat établie à grands frais après la défaite française parce qu’elle était devenue inutile. Même si le flanc ouvert du Jura représenta pendant quelques semaines un danger considérable, il fut possible, grâce à un peu de chance, de mettre en place le Réduit sans que la Wehrmacht ne profite de la situation. La Suisse suivait aussi attentivement la lutte pour défendre les Alpes du Sud de la France où les troupes françaises résistèrent victorieusement aux forces de Mussolini et d’Hitler et elle pensait être sur la bonne voie avec son idée de forteresse alpine. Cela met dans un grand embarras les chefs de la guerre psychologique de la Commission Bergier avec leur dénigrement subjectif et fielleux de la conception du Réduit.

Les Alliés auraient pu raccourcir la guerre de plusieurs années

Frick réfute un autre argument incroyable, car sans aucun fondement, de notre cinquième colonne qui veut que la Suisse ait prolongé la guerre. Il constate en effet que les Alliés auraient pu réduire la durée de la guerre de plusieurs années en bombardant les installations allemandes de production de carburant. Les nazis savaient parfaitement que c’était leur talon d’Achille. Mais que s’est-il passé? Frick montre sans équivoque que les Alliés ont bombardé la population civile sans défense des villes protégée pourtant par le droit international. Ce fut un crime de guerre sans précédent au regard dudit droit et la plus grave erreur au point de vue stratégique. Ou ce «moral bombing», comme le qualifièrent Harris-la-Bombe et Churchill, n’était-il pas une erreur mais visait un autre objectif? Malheureusement, nous n’en saurons rien tant que les Alliés n’auront pas déclassifié les documents secrets de la Seconde Guerre mondiale. Il paraît qu’ils représentent plus de la moitié de la totalité des documents. Le fait que cela n’ait pas été fait après le délai habituel de quelques décennies est de mauvais augure.

La défense du pays aujourd’hui en 10 points

D’une part les mises au point de Frick nous permettent d’éclaircir nos idées et constituent un antidote à l’entreprise de démoralisation effectuée par la Commission Bergier et d’autre part son résumé en 10 points nous fournit des indications précieuses sur la manière dont nous pouvons tirer profit des leçons de l’histoire aujourd’hui dans une situation non moins explosive, si nous voulons garder la tête droite.

1.    Fidélité aux valeurs spirituelles

La condition la plus importante qui permet à un peuple d’affirmer son autonomie est la fidélité à ses valeurs spirituelles. Elles donnent au peuple la force morale de subsister dans les situations extrêmes. Ce sont en Suisse les valeurs suivantes, telles qu’elles sont confirmées par les sources étrangères de l’époque de la guerre et que seuls les idéologues de la Commission Bergier tournent en dérision: l’amour de la patrie, l’indépendance, la démocratie directe, le fédéralisme, le pacifisme associé aux capacités de défense, «c’est-à-dire la volonté, en cas d’agression, de défendre ces valeurs et l’intégrité territoriale du pays jusqu’à épuisement de toutes les ressources humaines et matérielles, sans se poser de questions sur les chances de succès.» (p. 116)
Le respect d’autrui et des convenances ainsi que le maintien de relations normales avec tous les Etats ont toujours fait partie de ces valeurs.

2. Cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur

Une autre condition importante de l’affirmation de soi réside pour Frick dans la cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur. L’auteur insiste sur le fait que contrairement à d’autres pays, les puissances étrangères n’ont pas réussi à instrumentaliser les partis gouvernementaux suisses pour qu’ils défendent leurs intérêts. Même pour le Parti socialiste, la défense du pays était devenue, certes tard, «l’alpha et l’oméga de la politique suisse» (Oprecht, président du Parti).

3.    Solidarité sociale

Il fallait également à l’intérieur une solidarité sociale. «Elle suppose une certaine mesure de la part de ceux qui détiennent le pouvoir économique et la conscience du fait que la force économique implique une responsabilité à l’égard de la société.» (p. 117) alors que les plus faibles renoncent aux luttes sociales. L’accord de paix entre employés et employeurs de l’industrie mécanique, de même que les allocations pour perte de gain et le rationnement alimentaire garantissaient que personne ne tomberait dans la misère en raison de son engagement pour la défense du pays.

4.    Une armée crédible capable de se défendre

Le 4e point de Frick est la capacité de défense et la mise sur pied d’une armée crédible. L’attaque de la Suisse doit apparaître trop chère à tout agresseur potentiel et s’il se risque quand même à attaquer, il doit s’attendre à des combats long et acharnés. Cependant cela présuppose de bons équipements, une instruction rigoureuse préparant à la guerre, de la discipline et une grande indépendance des chefs et des soldats. Si l’on néglige la capacité de se défendre, il devient difficile de la rétablir en peu de temps. (Précision importante face au concept de «montée en puissance» d’Armée XXI!)
L’histoire apporte un démenti à ceux qui croient que l’on est épargné si l’on renonce à se défendre. Les conséquences en sont les prises d’otages, le recrutement de travailleurs forcés ou l’incorporation des hommes dans l’armée de l’occupant pour servir de chair à canon. «Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs parfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (p. 119)

5.    Les Etats n’ont que des intérêts

Pour Frick, citant un Premier ministre anglais de jadis, les Etats n’ont ni amis ni ennemis, mais uniquement des intérêts: «Les petits pays surtout devraient se souvenir de cette maxime. Toutes les parties aux conflits n’agissent finalement qu’en fonction de leurs intérêts. Les sentiments d’amitié, l’identité des valeurs, la démocratie, les droits de l’homme n’ont joué aucun rôle quand il s’agissait de prendre des décisions.» (p. 119) A titre d’exemple, l’auteur mentionne notamment le fait que la Grande-Bretagne, entre 1939 et 1940, a étranglé économiquement la Suisse de manière impitoyable. Le ministre britannique des Affaires étrangères assura à l’envoyé de la Suisse que «la Grande-Bretagne éprouvait certes une grande sympathie pour la Suisse démocratique mais qu’elle menait un combat vital et qu’elle devait sauvegarder ses intérêts. Après la capitulation de la France, ce même gouvernement déclara qu’il était dans l’intérêt des Alliés que la Suisse maintienne sa capacité de défense et son indépendance le plus longtemps possible et qu’elle demeure un centre d’informations au cœur de l’Europe dominée par l’Allemagne. C’est pourquoi on ne devait pas exercer sur elle de trop grandes pressions économiques.» (p. 120)

6.    La neutralité implique nécessairement la capacité de se défendre

La neutralité ne protège ni des amis ni des ennemis et le pays a donc absolument besoin d’une armée crédible pour se protéger. «L’Allemagne a attaqué de nombreux pays neutres, même ceux qui, à son initiative, avaient conclu peu avant des pactes de non-agression. Mais les Alliés ont agi de même lorsque cela correspondait à leurs intérêts». (p. 121)
Pour que la neutralité soit crédible, il faut la défendre contre toutes les parties, sans égard pour les sympathies ou les antipathies. C’est dans ce contexte que Frick place la rencontre entre le général Guisan et le général SS Schellenberg. Le général a assuré le haut commandant allemand que la Suisse était déterminée à combattre tous ceux qui violeraient l’intégrité territoriale de la Suisse, également les Alliés: «Il s’agissait d’empêcher l’Allemagne d’attaquer la Suisse par précaution parce qu’elle pouvait douter de la volonté de la Suisse de résister de toutes ses forces à un passage des Alliés à travers son territoire.» (p. 122)

7.    Pas d’adhésion à des alliances

Pour Frick, il n’est jamais dans l’intérêt d’un petit pays d’adhérer à une alliance car les pays plus puissants ne font que défendre leurs intérêts même dans les alliances et utilisent les alliés plus faibles comme de la chair à canon.»

8.    Capacité de défense et de souffrance d’un peuple

Ce point concerne la capacité de défense et de souffrance des peuples qui veulent garder leur indépendance. Frick rend hommage aux Britanniques après la capitulation de la France, aux juifs affamés du ghetto de Varsovie luttant contre les SS, à l’armée de la Résistance polonaise et également à l’Union soviétique qui a compté le plus grand nombre de victimes des Allemands. En ce qui concerne la Suisse, Frick soulève la question suivante: «Nous autres Suisses jouissons aujourd’hui d’une prospérité sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Peut-on attendre d’une telle société qu’elle comprenne quelle volonté de se battre et quels préparatifs matériels sont nécessaires pour persuader un agresseur potentiel que le rapport bénéfice-coût d’une attaque est négatif et qu’elle ne vaut pas la peine d’être tentée? Et pouvons-nous nous représenter la capacité de défense et de souffrance qu’il faudrait manifester si l’agresseur ne se laissait pas dissuader et que le peuple devait résister avec son armée dans une guerre?» (p. 124 sqq.)
Et il enfonce le clou: «Quelle proximité avec la terrible réalité d’une guerre, quels risques notre peuple protégé, gâté, démocratique et attaché aux droits de l’homme permet-il à son armée au cours de la formation des soldats? Quels moyens est-il disposé à lui accorder qui la rendent suffisamment forte pour tenir une guerre future, avec ses souffrances inimaginables, le plus éloignée possible du peuple ou, dans le pire des cas, pour combattre longtemps? Car notre victoire serait de résister longtemps et non pas d’aller défiler dans la capitale du pays agresseur.» (Frick, p. 125)

9.    Réflexion à long terme

Frick invite à engager une réflexion à long terme malgré la tendance de la politique quotidienne à se limiter au court terme. On ne peut pas mettre sur pied une armée en peu de temps: «En tout cas, il faut beaucoup de temps pour créer une tradition de capacité à se défendre. Or toutes les puissances ont reconnu cette capacité à la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour Machiavel déjà, au XVe siècle, elle expliquait que les Suisses étaient le peuple le plus libre d’Europe.» (p. 125 sqq.)

10.    Les décisions de politique intérieure sont toujours des signaux envoyés à l’extérieur

Pour Frick, nous devrions être conscients «que toutes les décisions que nous prenons ne sont pas uniquement de nature intérieure. Nous envoyons par là des signaux au monde qui les reçoit et les interprète.» (p. 126) Jusqu’en 1939, la plupart des démocraties européennes ont envoyé à Hitler le signal qu’elles étaient démoralisées et qu’elles n’étaient pas prêtes à se battre pour défendre leurs valeurs. La Grande-Bretagne et la France ont leur part de responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale parce qu’à Munich, elles ne se sont pas opposées de manière catégorique à Hitler: «En capitulant, ces deux puissances ont également désavoué la population de Berlin qui, 3 jours avant Munich, avait manifesté avec détermination contre la guerre.» (p. 126) En revanche, la Suisse fit savoir sans ambiguïté qu’elle était décidée à se battre. Le chef d’état-major allemand Halder notait au printemps 1940 dans son journal de guerre qu’une attaque de la France à travers une Suisse sans défense aurait été une éventualité séduisante. Mais il dut exclure cette option car la Suisse n’était pas sans défense.

Se préparer au pire

Dans sa conclusion, Frick écrit qu’une attaque contre la Suisse ou une guerre en Europe semble aujourd’hui inimaginable à beaucoup de personnes, de même qu’après la Première Guerre mondiale, personne ne s’attendait à une nouvelle guerre mondiale. Il est dans la nature de l’homme «de considérer une longue période de paix et, de manière générale, une situation en général bonne et agréable quasiment comme un don de Dieu qui va durer indéfiniment et de refouler les éventualités effrayantes.» (p. 127) Malheureusement, bien que l’on aimerait donner raison aux optimistes, l’histoire montre que «les comportements et les décisions irrationnels, souvent associés aux instincts humains les plus vils, déterminent toujours et partout la politique et l’action militaire.» (p. 127) Comme l’homo sapiens sapiens n’a pas changé récemment, on ne peut exclure ni une guerre en Europe ni une attaque contre la Suisse, même pas au cours des prochaines années. Que ceux qui trouvent cette idée trop bizarre méditent les dernières phrases de Frick: «Qu’arriverait-il si, par exemple, le monde ou seulement l’Europe sombrait, à cause des dettes accumulées, dans une grave crise monétaire et économique, et même s’effondrait, et si les nombreuses et anciennes tensions ethniques et territoriales se déchaînaient?» (p. 128) Sommes-nous aujourd’hui, à l’été 2011, éloignés de ce scénario? La «malice des temps» invoquée par nos pères fondateurs n’est-elle pas éternelle, à notre grand regret?
Combien d’années se sont écoulées entre la prise du pouvoir par Hitler et la remilitarisation de la Rhénanie, l’écrasement de la Tchécoslovaquie et l’invasion de l’Autriche et le début de la Seconde Guerre mondiale? Trois, cinq et six ans ! C’est pourquoi Frick conclut qu’il est indispensable «que la Suisse se prépare au pire tout en espérant qu’il n’arrivera pas». (p. 128) Il y a là un espoir mais aussi un appel auquel tout contemporain vigilant et amoureux de la liberté ne peut qu’acquiescer.    •

Bibliographie
Gotthard Frick. Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945. Eine neue, umfassende Sicht auf die Selbstbehauptung der Schweiz im Zweiten Weltkrieg und die daraus für die Zukunft zu ziehenden Lehren. Eigenverlag Gotthard Frick, CH-4103 Bottmingen, Februar 2011,
ISBN 978-3-033-02948-4.

S’emparer du Réduit: une tâche difficile

 

«La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés, représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

La Suisse représente un problème ardu

«Un dixième de la population suisse est sous les drapeaux, c’est plus que dans tous les autres pays du monde. Elle est prête à se battre pour défendre son style de vie. […] Les Hollandais seront une proie facile pour les Allemands car leur armée est misérable. La Suisse représentera un problème ardu et je doute que les Allemands vont se risquer à le résoudre.»

(William L. Shirer, journaliste américain, peu après le début de la guerre
(in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz
1933–1945, p. 54)

 

L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond

«Le désir de se battre des soldats suisses est élevé et doit être placé sur le même plan que celui des Finlandais. Un peuple qui a de bons gymnastes a toujours en de bons soldats. L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

Ce qui serait arrivé à une Suisse occupée

L’exemple de la Grèce

«La Grèce resta occupée pendant trois ans par les troupes de l’Axe. Elle fut systématiquement pillée et dut livrer au vainqueur non seulement une grande partie de son équipement industriel et de ses véhicules et machines agricoles mais également, pendant tout le temps de l’occupation, une grande partie de ses vivres. Dès le premier hiver, cela provoqua une famine catastrophique à laquelle succombèrent quelque 100 000 Grecs et 80% des nouveau-nés. […] Les Grecs menant bientôt une guerre de partisans féroce, les troupes allemandes se vengèrent souvent, comme ailleurs, en fusillant la totalité de la population – hommes, femmes, enfants – de villages situés à proximité des attaques de la guérilla ou en exécutant des otages civils.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 92 sqq.)

L’exemple de la Yougoslavie

«Ici aussi, les Allemands prirent la population civile en otage. Pour chaque Allemand tué par les partisans, on fusillait 100 otages, pour chaque blessé, 50 otages. L’auteur de l’étude de 1943 sur l’attaque éventuelle de la Suisse, le général des troupes de montagne Franz Böhme, fut, en 1941, pendant deux mois et demi, général en chef doté des pleins pouvoirs en Serbie. Pendant cette seule période, 30 000 otages furent exécutés. Jugé au Tribunal militaire international de Nuremberg, il échappa à la condamnation, le 27 mai 1947, en se suicidant.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 91)

Problèmes d’un petit Etat neutre hier et aujourd’hui

Il n’y a pas de paix sans capacité de défense

«Notre capacité de défense vieille de plusieurs siècles a toujours été la sœur jumelle de notre amour de la paix et devrait le rester à l’avenir, quoi qu’il nous réserve.» (Frick, p. 3)

Quand on ne s’attend pas à une grande guerre, on néglige l’Armée

La Suisse est un des rares pays à s’être rendu compte assez tôt du danger représenté par l’Allemagne. Elle commença à se préparer au pire. En 1934, elle commença par la protection aérienne (aujourd’hui protection civile). Le 24 février 1935, le peuple approuva le projet de défense qui ouvrait la voie à un programme d’armement extraordinaire […] Le 21 septembre 1936, la Confédération émit un emprunt de défense nationale qui rencontra un vif succès. La durée de l’école de recrues fut allongée et l’instruction améliorée. On acheta du matériel de guerre, dont des avions de combat, et l’on développa les fortifications. Mais les lacunes importantes ne purent pas être comblées jusqu’au début de la guerre. On avait pendant trop longtemps négligé l’Armée en raison de l’idée, répandue dans le peuple, qu’une autre grande guerre était impossible.» (Frick, p. 12)

Cohésion entre la gauche et la droite

Ce n’est qu’en 1938, peu avant le début de la guerre, que le président du Parti socialiste Oprecht déclara: «La défense du pays est l’alpha et l’oméga de la politique suisse. Ce changement d’attitude se produisit certes beaucoup trop tard pour préparer l’Armée à la future guerre, mais il créa, à propos de cette question décisive de politique intérieure, une cohésion entre la gauche et la droite.» (Frick, p. 13)

Renforcer les valeurs suisses

«Le Schaffhousois Oscar Frey, le conseiller national Gottlieb Duttweiler (fondateur de Migros) et le professeur Karl Meyer, firent, depuis l’été 1940, des conférences dans tout le pays au cours desquelles ils insistaient sur la nécessité et la possibilité de la résistance. Inspiré par cela, le général Guisan institua, en mai 1941, la section Armée et Foyer dont l’objectif était de renforcer les valeurs suisses dans l’Armée et la population civile et de lutter contre le défaitisme et le découragement. C’était nécessaire car au vu de l’occupation rapide de la Yougoslavie puis de la Grèce par l’Allemagne, la Suisse doutait de nouveau de ses capacités de résistance. Ces deux opérations de la Suisse, qu’Hitler n’avait pas prévues d’emblée, apportèrent un répit supplémentaire.» (Frick, p. 14)

Crise de la lutte pour la survie économique

«Avec le début de la guerre commença pour la Suisse la crise de la lutte pour la survie. Il s’agissait d’assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires, en carburants, en combustibles, en matières premières et en produits semi-finis, de poursuivre le réarmement, de continuer à faire du commerce avec le monde et de sauvegarder les emplois. Un chômage important aurait fait le jeu de l’extrême-droite. La Suisse introduisit le rationnement et l’économie de guerre, mit en place un programme d’extension des cultures et s’assura, en créant la «protection des militaires» (aujourd’hui «régime des allocations pour perte de gain»), pour que les familles des soldats mobilisés ne tombent pas dans la misère.» (Frick, p. 19)

Brutalité extrême des Alliés

«Bien que le droit international de la neutralité autorise expressément aux pays neutres le commerce avec les parties au conflit, chacun voulait que la Suisse mette fin à son commerce avec l’ennemi et ne livre à ce dernier ni biens stratégiques ni armes. L’extrême brutalité et le manque de compréhension des Alliés, en particulier des Etats-Unis, pour la situation exceptionnelle et difficile de la Suisse ne se différenciait en rien de celle des Allemands. Le conseiller fédéral Stampfli déclarait en 1944: Nous n’avons jamais été plus mal traités par les Allemands que nous le sommes maintenant par les Alliés. Ils étaient insensibles à la sympathie, à la démocratie, à l’Etat de droit et à des valeurs similaires.» (Frick, p. 19 sqq.)

C’est l’Armée suisse qui a mobilisé le plus rapidement

«Aucune armée au monde ne peut mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’Armée suisse. C’est ce qu’écrivait le 11 novembre 1938 le Lord-maire de Londres dans le Times après une visite en Suisse. Il recommandait au Royaume-Uni d’adopter le système suisse. L’étude stratégique Tannenbaum de l’état-major allemand datant de 1940 estimait qu’une partie des troupes de frontières serait prêtes au combat au bout de 5 heures, les brigades de frontières et de montagne et les brigades légères dans les 24 heures, les divisions et les grands états-majors, c’est-à-dire la totalité de l’Armée en 48 heures. (A titre de comparaison, le chef d’état-major allemand Halder estimait, le 27 mars 1940, que la mobilisation de 20 divisions italiennes en vue d’opérations aux côtés de l’Allemagne prendrait deux semaines. A cela il fallait ajouter le temps de déplacement vers les lieux de combat.» (Frick, p. 53 sqq.)

Le mythe tenace d’une supériorité de la Wehrmacht

«Le mythe d’une supériorité militaire prétendument écrasante en 1939/1940 de l’Allemagne nazie est tenace. Il sert aujourd’hui encore de justification aux pays d’Europe de l’Ouest – y compris à la France – qui, démoralisés, ont pour la plupart capitulé sans véritable résistance.» (Frick, p. 74)

On n’épargne pas ceux qui se soumettent

«Il existe aussi des gens prêts à se soumettre dans le but d’avoir au moins la vie sauve. Comme le montrent la Seconde Guerre mondiale et tous les conflits ultérieurs, ces individus succombent eux-mêmes à la folie guerrière, non seule­ment en tant que victimes civiles de bombardements ou d’attaques de missiles ou d’artillerie, mais parce que des forces d’occupation sans scrupules les anéantissent pour des raisons politiques, racistes ou autres. Ou encore on les exécute en tant qu’otages pour venger des soldats ou des citoyens tués par des résistants. En effet, il y a dans chaque peuple des hommes qui préfèrent combattre plutôt que d’être asservis. En d’autres termes, renoncer à se défendre ne permet pas d’épargner la population d’un pays. Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs par­sfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (Frick, p. 119)

mercredi, 04 mai 2011

Kroatien: Proteste gegen die Verurteilung Ante Gotovinas

Kroatien: Proteste gegen die Verurteilung Ante Gotovinas

Von Alexander Rüstau

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

gotovina.jpgZAGREB. Das Urteil des Internationalen Strafgerichtshofs für das ehemalige Jugoslawien in Den Haag gegen den kroatischen Ex-General Ante Gotovina hat in seiner Heimat für Empörung gesorgt. Tausende Kroaten protestierten am Wochenende auf dem Großen Platz in der kroatischen Hauptstadt. Gotovina gilt in seiner Heimat als Kriegsheld, der Kroatien von der serbischen Aggression seit 1991 zu befreien half. Da seine Festnahme Bedingung für die Beitrittsverhandlungen Kroatiens mit der EU war, richtet sich die Stimmung der Demonstranten vor allem gegen die EU.

Auch die kroatische Führung zeigte sich schockiert. Premierministerin Jadranka Kosor (HDZ) erklärte, das Urteil sei für die Regierung nicht hinnehmbar. Man werde alle rechtstaatlichen Möglichkeiten ausschöpfen, um eine Revision des Urteils zu erreichen. Kroatiens sozialdemokratischer Staatspräsident, der Rechtsprofessor Ivo Josipović, wies vor allem die These der kriminellen Vereinigung zurück.

24 Jahre Haft für den kroatischen Volkshelden

Gotovina stand zusammen mit den Generalen Mladen Markač und Ivan Čermak vor dem UN-Tribunal. Während er und Markač zu 24 Jahren beziehungsweise 18 Jahren Haft verurteilt wurden, erhielt Čermak einen Freispruch. Die Richter warfen Gotovina vor, er habe sich beim Vorgehen gegen die serbische Bevölkerung im Jahr 1995 Kriegsverbrechen schuldig gemacht und sei verantwortlich für den Tod von 324 Zivilisten beziehungsweise gefangenen serbischen Soldaten. Zudem wurden ihm Plünderungen, Mißhandlungen sowie die Verfolgung und Vertreibung von 200.000 Serben aus der Region angelastet.

Anfang August 1995 war Gotovina in der Militäroperation Oluja (Sturm) die Rückeroberung der noch serbisch besetzten Gebiete Kroatiens mit Ausnahme Ostslawoniens gelungen. Damit endete die Existenz der sogenannten „Republik Serbische Krajina“, die 1991 von serbischen Separatisten errichtet wurde und in den folgenden Jahren immer wieder den Ausgangspunkt für Raketenangriffe auf kroatische Städte wie Zagreb, Sisak oder Karlovac bildete.

Akt der Ungerechtigkeit gegen das kroatische Volk

Die Operation Oluja hatte jedoch noch eine wichtige Bedeutung, die über die Wiederherstellung der territorialen Integrität Kroatiens hinausging: Unter Ausnutzung des Angriffsschwunges wurde die von serbischen Truppen umstellte, kurz vor dem Fall stehende bosnisch-muslimische Enklave Bihać befreit und damit nur wenige Wochen nach dem Massaker von Srebrenica eine erneute Tragödie verhindert.

Der Vorsitzende des Kroatischen Weltkongresses in Deutschland (KWKD), Mijo Marić, kritisierte das Gerichtsurteil als einen „Akt der Ungerechtigkeit gegen das gesamte kroatische Volk“. Mit dem Urteil werde der entscheidenden Säule der kroatischen Eigenstaatlichkeit die Legitimität entzogen. Die Deklarierung der Operation Oluja als Kriegsverbrechen, die Bewertung der Verteidigung des eigenen Landes als verbrecherische Aktion dürfe nicht hingenommen werden, so Marić.

Für Mittwoch sind Protestveranstaltungen kroatischer Organisationen in Berlin und New York angekündigt.

Clio et les dessous de la justice internationale

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Clio et les dessous de la justice internationale

par Jure G. VUJIC

Ex: http://www.polemia.com/ 

Jure Vujic, contributeur de Polémia et auteur de nombreux articles dans des revues philosophiques et de politique internationale telles que Krisis, nous propose, à l'occasion de la récente condamnation du général croate Ante Gotovina, une tribune sur les mécanismes du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et ses véritables motivations à l'égard des intérêts géostratégiques anglo-américains.
Polémia

La condamnation par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ( TPY) à 24 ans de prison  de l'ancien général croate Ante Gotovina pour «crimes de guerre» lors de l'offensive en 1995 dans l'enclave serbe de la Krajina, confirme une fois de plus que la justice internationale n'existe pas et qu'elle n'a jamais existé. Comme l'affirmait Hobbes: «Auctoritas non veritas facit legem» (C’est l’autorité et non la vérité qui fait la loi/la norme). Nous pourrions, au seuil de ce XXIe siècle, qui s’annonce comme un siècle de catastrophes, tout comme le XXe, étendre cette réflexion de Hobbes et dire : «Auctoritas non lex facit imperium», soit «C’est l’autorité et non la loi/la norme qui fait l’empire». En effet la justice internationale et le TPY de surcroit constituent les instruments de légitimisation de l'autorité globale anglo-américaine dans le monde ce qui explique bien que la loi et la justice sont absentes des considérations purement politiques de juges hollandais ou scandinaves qui ne savent même pas situer sur une carte géographique les pays des bélligerants qu' ils entendent pacifier ou purifier de prétendus crimes barbares. Dans le cas de la guerre ex-yougoslave et plus particulièrement dans le cas croate, il s'agit non seulement d'un déni de justice flagrant ( le TPY a volontairement dénié de juger l'agression de la Croatie en 1991 par l'armée yougoslave grande-serbe ainsi que les crimes contre l'humanité commis á Vukovar), mais aussi d'une parodie de justice qui enterrine bien les intérêts géopolitiques anglo-amércains dans la région du sud-est européen.

Le Tribunal de La Haye, porte-parole des intérêts géostratégiques anglo-américains

En effet, le Tribunal de La Haye s'est fait le porte parole de ces mêmes intérêts lorsque «il a, contre et envers toutes les dispositions en vigueur du droit international classique, motivé sa condamnation du général Gotovina par une incrimination montée ad hoc et de toute pièce » á savoir : avoir contribué á une entreprise criminelle dont le but était de nettoyer la Krajina de sa population serbe. En outrepassant ses compétences juridiques, le TPY s'est constitué ainsi en véritable tribunal de l'Inquisition et démonisant l'ensemble de l'élite politique, étatique et militaire croate de l'époque du premier président croate Franjo Tudjman en 1991. En un mot, le TPY s'arroge unilatéralement le droit de criminaliser la Croatie, un Etat souverain reconnue internationalement. Ne prenant pas en compte qu'il s'agissait en l'occurence et indiscutablement d'une guerre internationale classique et que la Croatie en 1991 a tout bonnement été agressée par l'armée yougoslave communiste et ses auxiliaires paramilitaires grands-serbes, le Tribunal a décidé de mettre sur un même pied d'égalité les parties bélligerantes : Serbes, Croates et Bosniaques. Le procédé est rôdé et classique, car il permet de diviser pour régner, faire table rase da la volonté des peuples et de la souveraineté étatique qu'elle soit croate, serbe ou bosniaque afin de consolider les intérêts géopolitiques anglo-américains dans ce que Buxelles appelle «les Balkans occidentaux».

En Croatie la guerre avec la Serbie d'il y a plus de dix ans laisse encore des cicatrices et l'opinion publique désapprouve á l'unanimité la condamnation d'Ante Gotovina, considéré comme un héros de guerre. Les 24 ans de prison pour Ante Gotovina ont suscité une levée de boucliers et des manifestations dans la capitale croate, Zagreb, où des milliers de personnes sont rassemblées, ainsi que dans beaucoup de villes de Croatie. Beaucoup de Croates espéraient, en effet, un acquittement du général Gotovina - ou une condamnation à une peine légère qui aurait permis sa remise en liberté. Le fossée se creuse entre une opinion publique de plus en plus eurosceptique et les élites politiques croates qui s'acharnent de rejoindre le plus vite possible l'UE et sans égard aux aspirations souverainistes de son peuple. En effet cette condamnation est vécu par le peuple comme un véritable coup de poignard dans le dos, et comme une trahison de la politique croate aux ordres de Londres et de Bruxelles. Le cas croate illustre très bien l'histoire des victoires militaires trahis par les politiciens, ou mieux encore la criminalisation des guerres justes de libération nationale. Le verdict injuste et inéquitable du TPY démontre une fois de plus que l’ordre international actuel sert les intérêts des «Plus forts» et en particulier les intérêts géostratégiques anglo-américains dans le monde. Loin d'en finir avec l’anarchie des traités de Westphalie (1648) qui reconnaissaient aux États souverains le droit de se faire la guerre, tout en l'«humanisant», la justice internationalle, en passant par la Société des Nations et l’Organisation des Nations Unies qui soit disant mettaient la la guerre hors la loi, reste aujourd'hui un moyen privilégié pour les États ploutocrates et les oligarchies financières apatrides de dominer le monde et un moyen insidieux d’arriver à leurs fins, au mieux, a une justification a posteriori de leurs actes d'agression et d'occupation.

Les aberrations juridiques

Au palmarés des aberrations juridiques de la justice internationale, il faut rappeler que le droit international ne reconnaît traditionnellement que les États comme sujets, et que pourtant il a justifié l’arrestation, la condamnation et l’exécution de Saddam Hussein et, avant lui, de tous ceux qui ont été jugés et condamnés par les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo. Ainsi La guerre, crime contre la paix, est ainsi alignée sur le même plan que le crime contre l’humanité. Dans le cas croate, on renvoie dos á dos l'agresseur et l'agressé, la guerre défensive légitime et la guerre d'agression illégale, tout en inculpant les bélligerants d'organisation criminelle, comme si les Etats souverains constituaient des mafias du crime organisé. D'autre part il convient de rappeler une autre aberration juridique constitutive et fondatrice, c'est celle de la primauté du droit anglo-saxon dans la justice internationale, qui est inapplicable et non conforme á la tradition juridique continentale européenne et qui fait une confusion manifeste entre la souveraineté des États, reconnue et la subjectivité internationale attribuée aux individus, entre l’universalisme et le particularisme, deux notions juridiques antagoniques mais réunies ici au sein du même système anglo-saxon.

Cela explique le fait que l’agression ne soit pas jugée selon la même norme que les autres crimes. Le tribunal ad hoc, financé par les États-Unis, a refusé de mettre en cause les agissements de l'armee yougoslave populaire à Vukovar en 1991 et l'appui logistique et politique de Belgrade á la guerre d'agression contre la Serbie. D'autre par le TPY a refusé de prendre en compte les agissements out of area et illégaux de l’O.T.A.N., comme s’il y avait une hiérarchie entre les victimes dues aux violations des droits de l’homme et les victimes dues à la guerre d’agression. Pour éviter la menace que constitue la possibilité de tels jugements, les États-Unis n’ont toujours pas ratifié les statuts de la Cour pénale internationale, en exercice depuis 2003. La guerre humanitaire, qui résulte du droit d'ingérence, concept juridique et hybride flou créé ad hoc en dehors du droit international classique, en contradiction avec le principe même de notre droit international, a permis les pires bavures de ce droit international. Parce que les droits de l’homme sont placés au-dessus de la paix, leur violation peut légitimer une guerre d’agression, y compris sans l’autorisation des institutions internationales, comme nous l’avons vu au Kosovo en 1999, et aujourd'hui en Lybie. Force est de constater que le plan moral, éthique est distingué ici du plan juridique. Le travail du TPY dans l'épisode ex-yougoslave s'inscrit tout droit dans le cadre d'un conflit néo-colonialiste opposant l’Occident anglo-américain aux pays qui résistent à son ambition d’hégémonie planétaire. Les peuples européens aujourd'hui déshonorés et humiliés tout comme le sont les peuples croates, serbes et bosniaques vivent dans cet état de menace permanente, qui rend possible une «industrie de la mort collective», illustrée par des condamnations judiciaires infâmantes et des bombardements lâches et ignobles de population civiles. Cette réalité conflictuelle permet de réintroduire un antagonisme ami/ennemi inspiré de Carl Schmitt, dans un monde officiellement gouverné par une visée pacifiste universelle, dont Clio, la muse de l'histoire universelle, se moque et n'a que faire. 

Jure Georges Vujic
19/04/2011

L'auteur : Jure Vuji, est avocat, diplomé de droit à la Faculté de droit d'Assas Paris II. Géopoliticien et écrivain franco-croate, il est diplomé de la Haute Ecole de Guerre Ban Josip Jela_i_ des Forces Armées Croates et de l'Académie diplomatique croate où il donne des conférences regulières en géopolitique et géostratégie.

Les intertitres sont de la rédaction

Voir les articles de Polémia :

 « Bloody Sunday »ou le modèle global de la contre-insurrection
Krisis, « La Guerre ? » 
L'Occident : une Yougoslavie planétaire 

Correspondance Polémia 19/04/2011

vendredi, 29 avril 2011

Croatie: la révolution d'avril 1941

Croatie : la révolution d’avril 1941

 

par Christophe DOLBEAU

 

Ustacha2.pngCette année 2011 marque le 70e anniversaire de la naissance de l’État Indépendant Croate, un épisode majeur de l’histoire de la Croatie au XXe siècle mais aussi un événement qui soulève encore d’âpres controverses. Le 10 avril 1941 fut-il un accident de l’histoire, fut-il au contraire une étape logique et inéluctable de la vie nationale croate ou encore une simple péripétie orchestrée par Hitler et Mussolini pour servir leurs intérêts ? Extrêmement délicat eu égard aux méchantes polémiques que suscitent encore les faits et gestes des Croates durant la IIe Guerre mondiale, le débat n’est toujours pas clos et il n’est peut-être pas inutile de faire le point.

 

Le 10 avril 1941

 

Le jeudi 10 avril 1941, soit quatre jours après le début de l’offensive allemande contre la Yougoslavie, il est aux alentours de 16h 10 (1) lorsque l’ancien colonel Slavko Kvaternik s’exprime sur les ondes de Radio Zagreb et proclame, au nom d’Ante Pavelić, le rétablissement de l’indépendance croate. Quelques minutes plus tard, la station diffuse un bref message de Vladko Maček, demandant au peuple croate de reconnaître l’autorité du nouveau pouvoir et de loyalement coopérer avec lui. La ville est d’ores et déjà sous le contrôle des miliciens du Parti Paysan, des militants de l’Oustacha et des volontaires issus de diverses associations patriotiques comme Uzdanica. Témoin « neutre » des événements, le consul américain John James Meily raconte : « Le mercredi 9 avril, le bruit court que toute la Garde Civique du Parti Paysan est passée du côté frankiste ; les officiels serbes présents à Zagreb et notamment le Vice-Ban s’apprêtent à quitter la ville. Le jour suivant, le 10 avril, la Garde Civique et une partie au moins de la Garde Rurale se déclarent ouvertement favorables aux Frankistes (2) ; vers 10 heures du matin, le Vice-Ban reçoit l’un de nos fonctionnaires en s’écriant ‘C’est la débacle ! La débacle totale !’. À midi, le chef de cabinet du Ban nous informe que la Yougoslavie, c’est fini ; que dans quelques heures, les troupes allemandes vont entrer en ville ; que la Croatie va se déclarer indépendante et que le Parti Paysan s’arrangera avec les Frankistes. C’est quelques minutes avant l’entrée des premiers soldats allemands dans Zagreb que le général Kvaternik, un chef frankiste ou oustachi, proclame à la radio, au nom du Poglavnik Dr Ante Pavelić, l’État Indépendant Croate (…) Vers 16 heures, des milliers de citoyens enthousiastes acclament les premières unités mécanisées allemandes. Dans le même temps, un petit groupe organisé de Frankistes, ou d’oustachis comme ils se nomment eux-mêmes, avec à leur tête le major oustachi Ćudina, des étudiants frankistes et la Garde Civique s’emparent des bâtiments publics, de la gare et de la radio, sans rencontrer de résistance. C’est ainsi que la Croatie se sépare, sans effusion de sang (seul un policier a été tué), de l’État yougoslave » (3).

 

La proclamation de l’indépendance n’apparaît donc aucunement comme une initiative ou une manœuvre allemande. Les protagonistes de cette journée du 10 avril sont bien tous des Croates, la Wehrmacht n’est pas encore arrivée et seul le Dr Edmund Veesenmayer (1904-1977) représente sur place les autorités du Reich. La révolution qui commence ne pourrait avoir lieu sans un vaste consensus : à cette date, l’Oustacha ne peut, en effet, mobiliser, au mieux, que 4000 à 5000 militants assermentés et armés, ce qui serait tout à fait insuffisant en cas de résistance yougoslave. En réalité, le colonel Kvaternik sait pouvoir compter sur la Garde Civique et la Garde Rurale dont les chefs – Zvonko Kovačević, Đuka Kemfelja, Milan Pribanić – disposent de 142 000 hommes bien entraînés. À cette force d’essence politique s’ajoutent encore les effectifs de la police et de la gendarmerie dont les commandants, Josip Vragović et le général Tartalja acceptent eux aussi de cautionner le coup de force. Ces gens n’ont quand même pas tous été soudoyés par la Wilhelmstrasse ! Cette conjonction de forces disparates n’est possible que parce que les chefs du Parti Paysan – V. Maček et A. Košutić – approuvent (4) ou laissent faire et que l’objectif, à savoir l’indépendance nationale, fait clairement l’unanimité. D’ailleurs, si l’on en croit le récit du consul Meily, mais également les témoignages du consul allemand Alfred Freundt et du général Kühn, la population de Zagreb ne cache pas sa joie.

 

Un soulèvement général

 

L’assise populaire et le caractère spontané du soulèvement croate trouvent leur confirmation dans une multitude de rébellions locales (5) qui précèdent ou suivent les événements de Zagreb. Ainsi, dès le 3 avril, le capitaine d’aviation Vladimir Kren déserte-t-il et s’envole-t-il pour Graz afin de convaincre les Allemands de ne pas bombarder les villes croates. Trois jours plus tard, le colonel Zdenko Gorjup et d’autres pilotes croates se mutinent sur un aérodrome de Macédoine. Le 7 avril, des patriotes s’emparent de Čakovec où le pharmacien Teodor Košak proclame l’indépendance de la Croatie. Le même jour, des soldats se mutinent à Đakovac puis à Veliki Grđevac et à Bjelovar où les nationalistes (le Dr Julije Makanec, le député Franjo Hegeduš et le sergent Ivan Čvek) prennent le pouvoir (6). Des accrochages opposent soldats croates et serbes à Đakovo mais aussi à Vaganj où l’officier croate Milan Luetić est tué lors d’un affrontement. Le 10 avril même, le capitaine Želimir Milić et l’équipage d’un torpilleur se révoltent à Šibenik, tandis que la ville est prise en main par le Dr Ante Nikšić. À Crikvenica, le major Petar Milutin Kvaternik s’insurge contre le commandement serbe de la garnison (ce qui lui coûtera la vie), tandis qu’à Split, le capitaine Righi et le lieutenant-colonel Josip Bojić chassent les dernières autorités yougoslaves. En Bosnie et en Herzégovine, le soulèvement s’étend également. À Doboj, des patriotes se battent contre une vingtaine de blindés yougoslaves ;  à Mostar, la population se soulève derrière Stjepan Barbarić et Ahmed Hadžić tandis qu’à Livno, le Frère Srećko Perić prend la tête de l’insurrection. Affirmer, comme on l’a longtemps fait, que tous ces mouvements avaient pour seule origine de sombres complots ourdis par l’étranger est pour le moins simpliste, voire carrément malhonnête. Comme l’écrira plus tard le Dr Georges Desbons : « Il était naturel qu’en 1941, les Croates refusent de se battre sous l’influence de la Yougoslavie, devenue une formation serbe à l’exclusif profit des Serbes (…) Il était logique, la force militaire yougoslave s’effondrant, que les Croates se saisissent de cette occasion unique de proclamer leur indépendance. La logique cadrait avec l’impératif national » (7).

 

Beaucoup d’adversaires de l’émancipation nationale croate persistent envers et contre tout à tenir l’État Indépendant Croate pour une simple création artificielle de l’Axe et le 10 avril pour un vulgaire putsch dépourvu de racines populaires. Nous venons de voir que la proclamation de l’indépendance semble pourtant avoir recueilli l’assentiment d’une majorité de la population et bénéficié du soutien actif de très nombreux citoyens qui ne pouvaient tous appartenir aux services secrets allemands et italiens… Il n’est peut-être pas inutile de rappeler en outre que la création d’un État croate n’entrait pas vraiment dans les plans de l’Axe. Dans une concluante étude, publiée il y a un quart de siècle (8), le professeur K. Katalinić a bien montré que le IIIe Reich s’était toujours déclaré favorable au maintien de la Yougoslavie : tant l’envoyé spécial allemand Viktor von Heeren (décoré de l’Ordre de Saint-Sava en 1937) que le secrétaire général aux affaires étrangères Ernst von Weizsäcker ne cachaient pas leur volonté de préserver le Royaume Yougoslave. Au moment de la guerre (qui n’éclate qu’en raison des manigances britanniques à Belgrade et dont l’objectif principal est le contrôle de la Grèce), le Führer lui-même commence par envisager de placer la Croatie sous tutelle hongroise (6 avril 1941), puis il prévoit de confier la Dalmatie, la Bosnie et l’Herzégovine aux Italiens, avant de préciser (dans ses Instructions provisoires du 12 avril 1941) que l’Allemagne ne s’immiscera pas dans les affaires intérieures de la Croatie. Du côté italien, le régime fasciste ne cachait pas son appétence pour la Dalmatie et quant à la cause croate, elle avait définitivement cessé de plaire après la signature (1937), avec Milan Stojadinović, d’un avantageux traité. Dans ces conditions, affirmer que l’État Indépendant Croate fut une « création » de l’Axe est abusif : la révolution d’avril a éclaté parce que la patience du peuple croate était à bout et que l’opportunité de s’affranchir se présentait. Le mouvement était spontané et les occupants, placés devant le fait accompli, n’ont fait que le tolérer.

 

Une monarchie très critiquée

 

Les détracteurs de l’État Indépendant Croate font généralement mine d’ignorer ce que pouvait être l’exaspération des Croates en 1941. À les en croire, rien ne laissait présager que les Croates souhaitaient se séparer de la Yougoslavie, ce qui prouverait bien, selon eux, que le 10 avril ne fut qu’un grossier subterfuge des Allemands et l’État de Pavelić une imposture. Il y a là, bien sûr, une immense hypocrisie car les problèmes de la Yougoslavie étaient depuis longtemps connus de tous, ainsi d’ailleurs que les revendications des Croates. En France, par exemple, l’encre du Traité de Saint-Germain est à peine sèche que certains journalistes commencent à dénoncer, à l’instar de Charles Rivet du Temps, le panserbisme agressif des dirigeants du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. À l’époque, toutefois, ce genre de critique ne rencontre que peu d’écho. Bien que le roi Alexandre s’affranchisse allègrement de son serment de servir la démocratie, les gouvernants occidentaux persistent à témoigner à son égard d’une grande mansuétude (9). La haute administration est très serbophile : en l920, raconte Paul Garde, l’ambassadeur Jacques de Fontenay s’inquiète de la prochaine sortie de prison de Stjepan Radić, et quant à son confrère Émile-Laurent Dard, il souhaite carrément « que la dictature subsiste » (10)… Petit à petit, cependant, sous l’influence des memoranda de l’émigration croate et des campagnes d’information du Parti Paysan, l’image du royaume se ternit sensiblement. En 1928 survient l’assassinat, en plein Parlement, de Stjepan Radić, Pavao Radić et Đuro Basariček, et cette fois, le masque tombe. L’attentat de la Skupština révèle au monde entier la violence de l’antagonisme opposant Serbes et Croates. « Le tragique décès de Stjepan Radić », commente The Economist (18 août 1928), « place dorénavant les Croates et les Serbes dans deux camps hostiles et irréconciliables ».

 

Loin de ramener le régime à la raison, cette tragédie conduit, quelques mois plus tard, le souverain à instaurer officiellement la dictature, ce qui attise encore un peu plus les passions. Désormais, nombreux sont ceux qui s’alarment publiquement de la dérive franchement totalitaire du Royaume Yougoslave. Les principaux dirigeants politiques croates – Vladko Maček, Ante Trumbić, Juraj Krnjević, Ljudevit Kežman, August Košutić et Ante Pavelić – multiplient les démarches auprès des capitales européennes où leurs doléances trouvent maintenant des oreilles plus attentives. Profondément choquée par le carcan de fer que le roi Alexandre impose à son pays (11), la presse internationale ne cache plus ses réserves. Les blâmes émanent des plus grandes plumes et même de vieux amis comme R.W. Seton-Watson et Wickham Steed. « Si la Yougoslavie opte définitivement pour l’autocratie militaire et royale », écrit le premier, « elle se privera de l’aide des puissances occidentales car celles-ci estiment qu’il est contraire à l’intérêt général de maintenir en Europe de l’Est un gouvernement despotique ». « Les méthodes de torture auxquelles recourt la police yougoslave », proteste le second, « rappellent les pires moments de la tyrannie turque » (12). Le 16 janvier 1931, c’est au tour de John Gunther, le correspondant en Europe du Chicago Daily News, de dénoncer le pillage économique auquel le régime yougoslave soumet la Croatie mais également les discriminations dont souffrent les Croates dans l’armée et la fonction publique, sans oublier les méthodes très cruelles de la police royale (13). 1931, c’est aussi l’année où le savant croate Milan Šufflay tombe sous les coups d’une équipe de nervis mandatés par le pouvoir. Trois ans à peine après l’assassinat de Radić, le scandale est énorme. Il suscite aussitôt la réaction indignée d’Albert Einstein et de Heinrich Mann qui en appellent à la Ligue Internationale des Droits de l’Homme. Leur lettre, qui met directement en cause les autorités yougoslaves, paraît le 6 mai 1931 à la une du New York Times.

 

 

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L’opprobre international

 

Dans les années 30, les gouvernements occidentaux, français et britannique en particulier, ont beau s’accrocher bec et ongles au vieux mythe de la Yougoslavie dynamique, forte et unie, celui-ci ne trompe plus grand monde. Au Royaume-Uni, dix-sept députés signent, en 1932, un manifeste dénonçant les discriminations qui frappent les populations non-serbes de Yougoslavie (14), tandis que le célèbre chroniqueur Herbert Vivian s’indigne, dans les pages de l’English Review, de la répression sauvage qui sévit dans ce pays (15). De cette violence, l’ancien parlementaire Ante Pavelić dresse pour sa part un tableau sans concession dans une petite brochure (16) qu’il édite en quatre langues (croate, allemand, français, espagnol) et diffuse dans toute l’Europe. Les abus et les exactions que couvre ou ordonne le pouvoir yougoslave lui aliène de plus en plus de monde. Aux Etats-Unis, le président du Comité International pour la Défense des Détenus Politiques, Roger Nash Baldwin, proteste solennellement auprès de l’ambassade yougoslave (24 novembre 1933) contre les tortures infligées aux prisonniers croates et macédoniens ; sa lettre est contresignée par les écrivains Theodore Dreiser, John Dos Passos, Upton Sinclair et Erskine Caldwell. En France, le député démocrate-chrétien Ernest Pezet, qui fut un chaud partisan de l’unité yougoslave, publie La Yougoslavie en péril (Paris, Bloud et Gay, 1933) où il dresse un bilan sévère du régime d’Alexandre : « La Yougoslavie », reconnaît-il, déçu, « n’est qu’une appellation trompeuse destinée à masquer, aux yeux de l’étranger, une pan-Serbie impérieuse et dominatrice » (p.256). Dans La dictature du roi Alexandre (Paris, Bossuet, 1933), l’ancien ministre (serbe) Svetozar Pribičević fait le même constat. De retour d’une mission d’information en Yougoslavie (juin 1933), les sénateurs Frédéric Eccard, Guy de Wendel et Marcel Koch se déclarent eux aussi très inquiets de l’évolution négative du royaume (17), un sentiment que partage entièrement Robert Schuman qui visite Zagreb en août 1934. Le député catholique et futur ‘Père de l’Europe’ est scandalisé par le sort particulièrement injuste réservé aux Croates. « Il est impossible », écrit-il à Louis Barthou, « d’ignorer plus longtemps cette situation malsaine (…) il faut le retour à un régime constitutionnel de liberté et de fédéralisme, respectant l’individualité de toutes les nations composant cet État » (18). Un peu avant le voyage de R. Schuman, le journaliste Henri Pozzi a lui aussi publié un portrait sans fard de la Yougoslavie. Dans ce pamphlet qui s’intitule La guerre revient (Paris, Paul Berger, 1933), il énumère les crimes de la dictature yougoslave et rapporte au passage ce propos prémonitoire d’Ante Trumbić : « …en aucun cas, même en cas de guerre étrangère, l’opposition croate ne consentira à donner son appui politique, son appui moral, au gouvernement actuel de la Yougoslavie, à lui accorder son blanc-seing » (p.40)…

 

En 1934, le conflit intra-yougoslave atteint un sommet avec l’exécution, le 9 octobre, à Marseille, du roi Alexandre Ier. Perpétré par un Macédonien et organisé par des Croates, cet attentat a un retentissement mondial mais à l’intérieur du royaume, il ne change pas grand- chose. Comme en attestent les affaires de Sibinj et Brod (19), la répression ne faiblit pas et la presse internationale, un instant émue par le régicide, renoue vite avec la critique virulente du régime. « La pire terreur règne en Yougoslavie », affirme ainsi le quotidien parisien L’Œuvre (16 juin 1935), avant d’ajouter que « ces persécutions des populations non-serbes, catholiques pour la plupart, méritent non seulement d’être dénoncées, mais nécessitent l’intervention des peuples civilisés » (20). En 1936, les méthodes moyenâgeuses de la police yougoslave et l’insalubrité légendaire de ses cachots suscitent l’indignation du romancier et futur Prix Nobel français André Gide. Publié (le 7 février) dans les pages de Vendredi, l’ « hebdomadaire du Front Populaire », son article précède de quelques semaines à peine la mort à Srijemska Mitrovica du nationaliste Stjepan Javor ! Les années qui suivent et qui précèdent immédiatement la Deuxième Guerre mondiale demeurent elles aussi marquées d’une vive tension : ici, les gendarmes abattent sans raison sept jeunes gens (le 9 mai 1937 à Senj) et là, on manipule le résultat des élections ou l’on suspend arbitrairement un journal d’opposition. Le contentieux croato-serbe paraît vraiment insurmontable et le 15 janvier 1939, les députés croates menacent même d’appeler le peuple à prendre les armes au cas où l’on persisterait à lui dénier son droit à l’autodétermination.

 

Une révolution démocratique

 

On aura compris, à la lecture de ce bref rappel, qu’il est tout à fait malhonnête, comme nous l’avons dit plus haut, d’affirmer que la sédition croate de 1941 ne fut que le fruit d’une machination hitléro-fasciste. En fait, après 23 ans d’absolutisme, l’exaspération du peuple croate était à son comble et tout le monde le savait. Le soulèvement des Croates était inéluctable et l’attaque allemande n’en fut que le détonateur. Le gardien de « la prison des peuples » étant en difficulté, l’occasion était propice et les patriotes l’ont opportunément saisie. Dans son prologue, la Déclaration d’Indépendance des États-Unis du 4 juillet 1776 énonce que les hommes sont dotés de certains droits inaliénables dont la vie, la liberté et la recherche du bonheur. « Les gouvernements », ajoute le texte, « sont établis par les hommes pour garantir ces droits et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ces buts, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir ». En France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 24 juin 1793 précise dans son article XXXV que « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». En 1941, les Croates n’ont fait qu’appliquer ces vieux principes et en ce sens, la révolution d’avril fut tout ce qu’il y a de plus démocratique.

 

 

Christophe Dolbeau

 

C. Dolbeau est écrivain et collaborateur d’Ecrits de Paris et de Rivarol. Il est auteur de plusieurs ouvrages sur la Croatie. Son dernier livre est La guerre d’Espagne (L'atelier Fol'Fer, 2010).

 

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Notes

 

(1) Curieusement, dans son rapport à Berlin, le Dr Veesenmayer situe l’intervention du colonel Kvaternik à 17h 45 – cf. J. Tomasevich, War and Revolution in Yugoslavia, 1941-1945, Stanford, Stanford University Press, 2001, p.54.

 

(2) Surnom donné aux membres du Parti du Droit Croate, héritiers de la pensée de Josip Frank (1844-1911).

 

(3) Voir I. Omrčanin, The Pro Allied Putsch in Croatia in 1944 and the Massacre of Croatians by Tito Communists in 1945, Philadelphie, Dorrance and Co, 1975, pp.103-107.

 

(4) Au sein du Parti Paysan, les députés Janko Tortić et Marko Lamešić ont mis en place une structure clandestine baptisée Organizacija za oslobođenje i borbu (OZOIB).

 

(5) Cf. I. J. de Mihalovich-Korvin, Istina o Nezavisnoj Državi Hrvatskoj, Buenos Aires, Croacia y los Croatas, 1991, p.12-13.

 

(6) Voir Z. Dizdar, « Bjelovarski ustanak od 7. do 10. Travnja 1941 », Časopis za suvremenu povijest, N°3 (2007), 581-609.

 

(7) G. Desbons, « Rapport France-Croatie », Balkania, vol. I, N°1 (janvier 1967), p.24.

 

(8) K. Katalinić, « Proclamación de la independencia croata a la luz de los documentos internacionales », Studia Croatica, vol. 2, N°105 (avril-juin 1987), 102-130.

 

(9) Voir F. Grumel-Jacquignon, La Yougoslavie dans la stratégie française de l’entre-deux-guerres, aux origines du mythe serbe en France, Berne, Peter Lang, 1999.

 

(10) Cf. P. Garde, « La France et les Balkans au XXe siècle », Contrepoints du 16.11.2000.

 

(11) Voir Christian Axboe Nielsen, « Policing Yugoslavism : Surveillance, Denunciations, and Ideology during King Alexandar’s Dictatorship, 1929-1934 », East European Politics and Societies, vol. 23, N°1 (February 2009).

 

(12) Cf. S. Hefer, Croatian Struggle for Freedom and Statehood, Buenos Aires, Croatian Liberation Movement, 1979, p. 77.

 

(13) Ibid, pp. 78-80.

 

(14) Cf. M. Gjidara, « Cadres juridiques et règles applicables aux problèmes européens de minorités », Annuaire Français de Droit International, 1991, vol. 37, p. 356.

 

(15) Cf. S. Hefer, op. cité, p. 60-61.

 

(16) Voir Ekonomska obnova podunavskih zemalja. Razoružanje Beograd i Hrvatska, Vienne, Grič, 1932 (réédition par Domovina, Madrid 1999).

 

(17) Cf. Gergely Fejérdy, « Les visites de Robert Schuman dans le bassin du Danube », in Robert Schuman et les pères de l’Europe (sous la direction de S. Schirmann), Bruxelles, Peter Lang, 2008, p. 77.

 

(18) Ibid, p. 80. Voir également M. Grmek, M. Gjidara, N. Šimac, Le nettoyage ethnique, Paris, Fayard, 1993, pp. 146-149.

 

(19) Le 19 février 1935, la gendarmerie yougoslave tue 8 paysans croates à Sibinj et le lendemain, 20 février 1935, six autres à Brod.

 

(20) Cf. M. Gjidara, op. cité, p. 356.

 

vendredi, 15 avril 2011

Interview mit Tomislav Sunic (D)

 

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Interview mit Tomislav Sunić

 

Von Alex Kurtagić, übersetzt von Deep Roots.
 

Das Original „Interview with Tomislav Sunić“  erschien am 10. November 2010 bei Counter-Currents Publishing.

Tomislav (Tom) Sunić ist ein ehemaliger US-Professor, Autor, Übersetzer und ehemaliger kroatischer Diplomat. Er absolvierte sein Grundstudium in Literatur und Sprachen in Europa. Er erhielt seinen Doktorgrad in Politikwissenschaften an der University of California. Dr. Sunić hat Bücher und Artikel auf Französisch, Deutsch, Englisch und Kroatisch über Themen veröffentlicht wie Kulturpessimismus, die Psychologie des Kommunismus und Liberalismus und den Gebrauch und Mißbrauch moderner Sprachen im modernen politischen Diskurs. Das vorliegende Interview erforscht ein wenig den Mann hinter den Ideen; wir erfahren ein paar Dinge, die Dr. Sunić nie zuvor über seine Vergangenheit und Persönlichkeit erzählt hat. Natürlich erzählt uns Dr. Sunić etwas über sein neues, auf Französisch erschienenes Buch, über seine frühen Jahre im kommunistischen Jugoslawien, über die Kunst des Übersetzens und mehr.

A. K.: Wie unterscheidet sich das Jugoslawien der 1950er und 1960er – nicht aus sozio-politischer Perspektive, sondern aus der des gewöhnlichen Mannes auf der Straße – vom Kroatien des Jahres 2010?

T. S.: Die jugoslawischen Zeiten waren weniger überfüllt, obwohl der jugoslawische Raum verdichteter und trostloser war – buchstäblich – eine Schwarzweiß-Welt. Vulgär und erzieherisch waren der tägliche Diskurs und die kommunistischen Insignien um einen herum. Im Gegensatz dazu ist der Fluß der Zeit in Kroatien, trotz der heutigen Aura der Dekadenz, besonders soweit es die hereinkommende liberale Moral betrifft, weit aufgelöster. Die Zeit verfliegt jetzt schneller. Die Leute beginnen, die liberale Moral der künstlichen merkantilen Höflichkeit zu erlernen – mit ihrem offensichtlichen Nachteil des Verlustes an Identität.

A. K.: Sie haben in früheren Interviews gesagt, daß Sie 1971 per Anhalter nach Kaschmir gereist sind. Sie müssen während dieses Abenteuers in mindestens einer oder zwei kniffligen Situationen gewesen sein… Wie war es, mitten im Kalten Krieg durch Osteuropa und Asien zu reisen? Was hat Sie zu Ihrer Abreise motiviert? Sicherlich gibt es weniger radikale Arten abzuhauen, als nach Indien zu trampen. Und warum Indien, und nicht, sagen wir, Italien oder Griechenland?

T. S.: Ich konnte mich damals nicht in die breitere sozio-historische Perspektive einfügen. Ich war in großem Ausmaß von vorsätzlicher Unwissenheit und einem soliden Maß pubertärer Romantik gesegnet. Aus diesem Grund kam es mir während meiner Hippie-Tage nie in den Sinn, daß ich getötet, niedergestochen oder entführt werden könnte. Ich dachte nie an mein Morgen. Ich trampte tatsächlich von Kopenhagen aus durch Italien, nahm die Fähre von Brindisi nach Korfu in Griechenland und setzte dann meine Odyssee, buchstäblich ohne einen Penny, per Eisenbahn durch die Türkei nach Teheran fort. Griechenland war damals 1972 eine Diktatur. Schah Reza Pahlevi war der Boss von Persien. Der Krieg zwischen Pakistan und Indien hatte gerade geendet. Aber ich führte mein magisches Doppelleben; Indien war der Ort der Initiation für alle Hippies auf der Welt.

A. K.: Ein Mann, der die Literatur liebt, lebt teilweise durch sie. Was würden Sie sagen, waren die entscheidenden Texte, die Sie als Person und als Denker definierten? Und warum?

T. S.: Nun, ich definiere die Wahl meiner Prosa durch meinen Charakter. Ich las Hermann Hesse, nicht weil er zur Zeit meiner Pubertät zur Standard-Hippieliteratur gehörte; er war auch ein großer Autor, dem es gelang, ohne auf ein gewalttätiges Narrativ oder Pornographie zurückzugreifen, die Welt der Illusionen und des magischen Realismus zu kombinieren, nach denen ich mich sehnte. Es war ich. Hesse war ein guter Bildungsroman für einen 19jährigen Jungen wie mich. Tatsächlich schließe ich jetzt nicht aus, daß ich vielleicht ein wiedergeborener Byron oder Céline oder Kerouac gewesen sein könnte, der in eine Reise durch Asien geraten war. Als ich in meinen zerrissenen Hosen, mit T-Shirt und Ohrringen durch die Straßen von Kabul ging, kroch ein Gefühl des deja vu durch meinen Kopf; ich mußte vor langer Zeit ein Kurier gewesen sein, oder irgend ein wichtiger Emissär während der Feldzüge von Alexander dem Großen. Dieses Bild verfolgt mich immer noch.

Später, als ich reifer wurde, folgte ich wiederum einfach meinen Instinkten und keiner politischen Mode oder Agenda. Ich muß ein wiedergeborener Louis Ferdinand Céline gewesen sein – und so fing ich an, jeden Winkel der französischen Sprache und des französischen Geistes kennenzulernen. Später, als ich mich des Politikwissenschaftlers Carl Schmitt und des Soziologen Vilfredo Pareto annahm, oder Alain de Benoists, war die Antwort recht einfach. Ihr Stil erinnerte mich an mein eigenes verborgenes Gefühl für Schönheit – in breiterem Sinne.

A. K.: Wir wissen, daß Sie in den 1980ern in die Vereinigten Staaten auswanderten. Was waren Ihre ersten Eindrücke von den Amerikanern, im Vergleich zu dem, was Sie zuvor als entfernter Beobachter über sie wußten? Was mochten Sie an ihnen, und was verwirrte Sie am meisten an Ihnen? Ohne Zweifel wichen Wahrnehmung und Realität in einiger wichtiger Hinsicht stark voneinander ab.

T. S.: Menschenmassen und Lärm. Dies war mein erster Eindruck nach der Landung in Amerika. Ich kann am Lärmniveau erkennen, wie zivilisiert oder barbarisch ein Land ist. Auf öffentlichen Plätzen oder in öffentlichen Räumlichkeiten schätze ich Stille. Diese stellvertretenden prothetischen (oder noch besser: erbärmlichen) Geräte, wie die frühen Walkie-Talkies oder der Walkman und Radios, und später all diese anthropomorphen Erweiterungen, wie Mobiltelefone und iPods, wurden zu Symbolen der spirituellen Wurzellosigkeit und zum Zeichen der physischen Überflüssigkeit; dafür, am falschen Ort und in der falschen Zeit zu sein. Ich mag den fünften Gang nicht; ein Amerika mit dem Getriebe in Neutralposition wäre ein idealer Ort für mich gewesen. Ich bedaure es, nicht zweihundert Jahre früher geboren zu sein, im Süden vor dem Krieg. Auf kommunikativer Ebene konnte ich mich nicht mit den endlosen moralisierenden und formalistischen Aufmunterungen in Amerika abfinden. Ganz zu schweigen davon, daß ich als jemand, der aus dem kommunistischen Universum kommt, nicht begreifen konnte und immer noch nicht kann, warum eine weiße Nation von solch eindrucksvoller Größe es liebt, in Selbsthass zu schwelgen, in Schuldgefühlen, während sie sich nach dem niedersten Abschaum ihrer Gesellschaft ausrichtet. Dies war nicht das Amerika, von dem ich geträumt hatte.

A. K.: Sie qualifizierten sich in den Vereinigten Staaten als Politikwissenschaftler und hatten eine Zeitlang akademische Positionen an amerikanischen Universitäten inne. Sie und ich, wir haben beide darüber geschrieben, daß letztere wie auch deren Gegenstücke in Europa sich im Griff der freudo-marxistischen Scholastik befinden. Dies impliziert, daß Freudo-Marxisten eine Spezies darstellen. Ich meine, daß die Spezies nicht homo americanus ist, denn homo americanus ist ein Ergebnis, kein Akteur. Irre ich mich? Vielleicht könnten Sie die Zoologie der freudo-marxistischen Scholastik beschreiben – ihr Habitat, ihre soziale Organisation, ihre archetypische Persönlichkeit, ihre Ernährungsgewohnheiten…

T. S.: Ist mein Sozialverhalten angeboren, oder ist es erworben? Dies ist die zeitlose Frage hinsichtlich des Mysteriums des Lebens. So wie es ein katholisches oder ein liberales Gen geben muß, so muß es auch eine besondere genetische Neigung unter zahllosen Europäern gegeben haben, ins Unbekannte zu reisen, nach Übersee, über den Ozean hinweg, quer durch das kontinentale Amerika. Es muß einen urtümlichen Willen zur Macht gegeben haben, der in der Geschichte des weißen Mannes beispiellos ist. Aber andererseits verwandelte dieser prometheische Geist sich zu einem homo oeconomicus, einer seltsamen nichteuropäischen Spezies, die bald ihr Double in dem fand, was ich homo americanus nenne – ein Zweibeiner, der allein daran interessiert ist, wie er einen schnellen Dollar machen kann, ungeachtet seiner geographischen Breite. Ich bin sicher, daß die große Mehrheit der Menschen, die im Laufe der letzten drei Jahrhunderte nach Amerika kamen, Geld als Hauptmotiv gehabt haben müssen, nicht irgendeine Idee der spirituellen Freiheit oder genetischen Verbesserung. Was die freudo-marxistische Scholastik betrifft, so lassen Sie mich daran erinnern, daß die Psychoanalyse und Marx’ Lehren im US-Universitätswesen immer mehr Jünger gehabt haben als in Europa. In seiner idealtypischen Weise hat der „wahre“ Marxismus in Amerika schneller und besser Wurzeln geschlagen als im kommunistischen Osteuropa. Daher der Grund, daß dieser postmoderne, egalitäre Quatsch, das multirassische, promiskuitive, obamaneske „multiethnische Sensibilitätstraining“ und Sozialklempnerei in Amerika jetzt mehr Schwung hat als irgendwo in Europa, ganz zu schweigen vom ehemals kommunistischen Osteuropa.

A. K.: Die 1990er waren eine turbulente Zeit für das ehemalige Jugoslawien. Wir erlebten seine Zergliederung in der ersten Hälfte, und wir erlebten 1999, wie Clinton Serbien drei Monate lang bombardierte – aus Gründen, die von 2010 aus gesehen nun ziemlich nebulos erscheinen. Wie würden Sie dieses Jahrzehnt vor diesem Hintergrund für Sie persönlich zusammenfassen?

T. S.: 1993, nach meiner Rückkehr aus den USA, wurde ich ein Diplomat, der in der frühen Tudjman-Regierung die Förderung der Kultur leitete. Ich hielt hunderte Reden in ganz Amerika und Europa betreffend Kroatiens Platz in der Welt, über die Abwegigkeit des Multikulturalismus, den Schwindel der modernen Geschichtsschreibung, etc. Bald folgten Desillusionierung und das Gefühl, verraten worden zu sein. Ich hatte ernsthaft gedacht, daß das Vermächtnis des Kommunismus beseitigt werden würde, zusammen mit seinen früheren Architekten. Stattdessen verwandelte sich der Krieg in Ex-Jugoslawien in einen hässlichen Krieg zwischen ähnlichen Volksgruppen. Eines lernte ich jedoch: man lasse sich nie zu sehr von seinen eigenen politischen oder philosophischen Ideen mitreißen – sie können nach hinten losgehen. Nun, 15 Jahre später, erscheint es mir, daß das ganze Balkan-Chaos von ehemaligen kommunistischen Eliten Jugoslawiens zusammengebraut worden war – welche in einem Wimpernschlag beschlossen, entweder gute Liberale oder kleinliche, nationalistische Volksverhetzer zu werden.

A. K.: Seit 2007 sind Sie sehr aktiv und viel sichtbarer gewesen, als ich mich aus dem frühen Teil des Jahrzehnts erinnerte. Sie haben Homo Americanus auf Englisch veröffentlicht und La Croatie: un pays par défaut? Auf Französisch. Was motivierte Sie zu dieser gesteigerten Aktivität?

T. S.: Nun, es liegt in meinen Genen. Ich fürchte mich davor, vom gnadenlosen Fluß der Zeit verschlungen zu werden. Gefühle der Scham und Verzweiflung umfangen mich jedes Mal, wenn ich müßig bin. Ich möchte lehren und schreiben, solange ich atme.

A. K.: Erzählen Sie uns von Ihrem neuesten Buch. Was sind seine Hauptthesen? Und warum entschieden Sie sich dafür, auf Französisch zu schreiben?

T. S.: Das Buch befaßt sich mit der Bedeutung der Identität im Zeitalter des Globalismus. Als Fallstudie benutze ich Kroatien und die Kroaten und ihre Schwierigkeiten, sich selbst in der postmodernen Welt zu definieren. Es ist eine recht gute akademische Arbeit, die eine solide Bibliographie liefert. Das Buch diskutiert die Gefahr der Opferwissenschaft in Konflikten und warum das Gefühl der Opferrolle unausweichlich zu Reibung und Krieg führt und niemals zu interethnischem oder interrassischem Verstehen. Mein Buch ist ein guter Lesestoff für jemanden, der mehr über künstliche multikulturelle Staaten herausfinden möchte und über die moderne Geschichtsschreibung – die in großem Ausmaß von modernen Hagiographen monopolisiert worden ist. Der Grund dafür, daß ich auf Französisch schrieb, ist einfach: ich schuldete es mir und meinem guten Gefühl für die französische Sprache – die sowohl auf konzeptioneller wie auch ästhetischer Ebene eine sehr reiche Sprache ist. Ich war auch französischsprachigen Freunden von mir etwas schuldig.

A. K.: Neben Englisch, Französisch und natürlich Kroatisch beherrschen Sie auch Deutsch fließend, und in Ihren philosophischen Arbeiten haben Sie Anregungen aus vielen unterdrückten deutschen Quellen bezogen. Deutsch ist eine kontextbezogene Sprache, und eine, die die Bildung von scheinbar endlosen zusammengesetzten Wörtern erlaubt. In einzelnen Wörtern (Volk ist ein bekanntes Beispiel) können auch Schattierungen von Bedeutungen, von Implikationen verpackt sein, die im Englischen nicht bekannt sind. Erzählen Sie uns von den Schwierigkeiten des Übersetzens und der akkuraten Übertragung des Stils und der Bedeutung des Originals in unsere moderne lingua franca, das Englische.

T S.: Jede Übersetzung ist ein separates Kunstwerk. Nicht nur das Übersetzen von Gedichten, sondern sogar des kleinsten Essays im Bereich der Geisteswissenschaften stellt eine riesige Herausforderung dar. Ich habe einen guten Übersetzer immer bewundert – noch mehr als den Autor des ursprünglichen Werkes selber. Sprache hat nicht nur die funktionelle Rolle. Sie ist auch eine Fundgrube der Spiritualität, besonders für Menschen mit einem starken Gefühl für Metaphern und Poesie. Die deutsche Sprache, die reichste europäische Sprache, mit einer sehr präzisen normativen Grammatik, ist seit dem Zweiten Weltkrieg beiseite geworfen worden. Studenten im Westen studieren sie nicht mehr. Sie hätte wie das Latein zur Hauptkraft für die Einigung Europas werden können, oder eigentlich zum Hauptkommunikationsvehikel des weißen Mannes.

A. K.: Das Aufkommen des Internets macht es jetzt sehr schwer, sich zu verstecken. Was glauben Sie, was ehemalige Klassenkameraden und Freunde – Menschen, zu denen Sie vor vielen Jahren den Kontakt verloren haben – denken, wenn sie über Sie nachlesen? (Ich unterstelle nicht, daß Sie das kümmern sollte.)

T. S.: Selbst wenn viele tatsächlich im Internet über mich nachlesen sollten, so bezweifle ich, daß sie die soziologischen oder politischen Nuancen  meiner Texte oder der Texte über mich verstehen. Einige natürlich schon – zumindest einige Professoren oder Studenten, mit denen ich in den USA arbeitete. Jedoch gibt das Bild im Internet nicht das reale Objekt selbst wieder – in diesem Fall mich. Aber jene, die mich früher kannten – angesichts dessen, daß das Internet mehr oder weniger ein Solitärspiel ist – müssen von mir denken, selbst wenn ihnen meine Haltung nicht gefällt: „Was für ein Teufelskerl Tom doch ist!“

A. K.: Was würden Sie sagen, wenn jemand, vielleicht jemand, den Sie kennen, vielleicht jemand, dessen Meinung für Sie zählt, und der wohlmeinend ist, aber auch ein wenig naiv oder fehlinformiert, mit einiger Besorgnis bei einer Tasse Kaffee fragt: „Hey, Tom. Was hat dich dazu gebracht, zum Nazi zu werden? Du hast einen Doktortitel in Politikwissenschaft, kommst aus einer ehrbaren Familie, dein Vater war Anwalt – und du… du bist zum Rassisten geworden. Was ist passiert?“

T. S.: Der Gebrauch dieser Art negativer Beinamen ist in den westlichen Medien ziemlich geläufig und in gewissem Ausmaß auch in der westlichen Justiz. Der Vorteil dessen, in post-kommunistischen Ländern zu leben, ist der, daß Worte wie „Nazis“, „Faschisten“, „Rassisten“ nicht länger solch einen negativen Beiklang haben, trotzdem die neue politische Klasse in ganz Osteuropa sie erneut rechtlich mit ihrer alten kriminogenen Bedeutung auferstehen zu lassen versucht. Natürlich geschieht all dies unter Druck vom Westen, wo diese Kriterien heute in ständiger Anwendung sind. Wo der Kommunismus aufgehört hat, macht der moderne Liberalismus weiter… Ich muß Sie daran erinnern, daß der Gebrauch dieser wertungsbeladenen Kriterien die Standardpraxis im kommunistischen Jargon und den Medien gegen jeden Dissidenten war und 24 Stunden am Tag auf allen Wellenlängen gesendet wurde. Gegen Ende der kommunistischen Herrschaft gab es ein enormes Maß an psycholinguistischer Sättigung im Volk, sodaß jeder diese Sprache satt hatte – sogar die kommunistischen Schreiberlinge, die diese Worte überhaupt erst „in Mode“ gebracht haben. Verzerrtes politisches Geschwafel war die Hauptursache für den Kollaps des Kommunismus. Von daher das Paradox, daß diese Worte – die heute im Westen als Maulkorbworte verwendet werden – in Osteuropa kein solches niederdrückendes Gewicht mehr haben. Tatsächlich dienen sie manchen Leuten oft als Ehrenzeichen!

A. K.: Ich habe meine eigene Meinung zum Thema geäußert, aber als Direktor der American Third Position Party haben Sie vielleicht eine andere Meinung dazu – was sind die gescheiterten Strategien der Rechten? Und was schlagen Sie vor, sollte getan werden, um das Geschick zu wenden? Was ist nach Ihrer Sicht Ihr Beitrag zu diesem sehr schwierigen Unterfangen?

T. S.: Zuerst und vor allem müssen alle Rechten, alle Nationalisten, alle Patrioten – oder nennen wir sie netter „alle rassisch und kulturell bewußten Weißen – aufhören, dem Anderen die Schuld für ihr eigenes offensichtliches Versagen bei der Organisation einer intellektuellen oder politischen Gegenmacht zu geben. Dem Anderen automatisch und unterbewußt die Schuld zu geben, unterstellt, daß der Andere besser ist als man selbst. Nun, das ist er nicht. Es ist nicht der Andere, sei er ein Jude, ein Liberaler, ein Schwarzer oder ein Einwanderer, der für die gegenwärtige mißliche Lage des weißen Mannes verantwortlich ist. Der Vorwurf gebührt den weißen Aktivisten oder Denkern selbst, die in den meisten Fällen nicht zwischen Ursache und Wirkung unterscheiden. Sie müssen zuerst etwas konzeptuelle Gymnastik machen. Die monolithische Schwarzweiß-Geisteshaltung, die vom Judeo-Christentum geerbt wurde, muß zusammen mit ihren säkularen Ablegern entfernt werden, wie dem Egalitarismus mit all seinen Modalitäten, z. B. Liberalismus, Globalismus, Kommunismus. Wenn die weißen Nationalisten nicht anfangen, in vielgestaltigerer und zyklischerer Weise zu denken und die Welt in Begriffe zu fassen, mit Millionen Schattierungen zwischen dem „Guten“ und dem „Bösen“, werden sie noch mehr von ihrer Zeit verschwenden. Sobald die objektive reale Welt als facettenreiches Phänomen konzeptualisiert wird, werden die Dinge klar werden. Einschließlich der Notwendigkeit einer neuen kulturellen Hegemonie.

A. K.: Was würden sie in den nächsten zehn Jahren gerne erreichen?

T. S.: Ich würde gern mindestens mehrere weitere Bücher veröffentlichen, in Deutsch, Englisch und Französisch. Ich hoffe, daß ich für den Aufstieg und die Verbreitung der American Third Position von einigem Nutzen sein kann.

A. K.: Wie hätten Sie gern, daß man sich in hundert Jahren an Sie erinnert? Und wie, glauben Sie, wird man sich an Sie erinnern?

T. S.: Nun, ich möchte, daß man sich an mich als jemand erinnert, der das Interesse seiner Gemeinschaft über seine eigenen und über die Interessen seiner eigenen Familie stellte. Als jemand, der Geld als Kommunikationsmittel absolut ablehnt, würde ich erwarten, daß dies vorbehaltlos von meinen gegenwärtigen oder zukünftigen Kollegen und Freunden akzeptiert wird. Ich würde gern als jemand in Erinnerung bleiben, der zeitlose Spuren in unserem westlichen Erbe hinterlassen hat.

Ich würde gern als Autor und Erneuerer in Erinnerung bleiben, als Wegbereiter, dessen Worte durch weitere, kommende überfüllte Zeiten widerhallen werden.

A. K.: Danke, Tom, für dieses Interview.

mercredi, 12 janvier 2011

Voreilige Verunglimpfung

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Voreilige Verunglimpfung

Von Jan Mainka

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Für viele deutsche Politiker und Medien ist es eine unangenehme Tatsache, daß in einem Mitgliedsstaat der EU, nämlich Ungarn, eine kompromißlos konservative Partei mit einer soliden Zweidrittelmehrheit regiert und sich in der Bevölkerung noch immer einer ungebrochen hohen Unterstützung erfreut.

Daß dieses Land – angeblich auf dem „Marsch in den Führerstaat“ (Die Welt) – nun kraft der EU-Ratspräsidentschaft den „guten“ EU-Staaten vorstehen soll, ist für manchen im Westen offenbar zuviel. 

Doch, was für ein Geschenk des Himmels: Einige Wochen vor der Amtsübernahme machte der im Umgang mit seinen Kritikern nicht eben diplomatische ungarische Regierungschef, Viktor Orbán, Avancen, ein neues Mediengesetz zu erlassen.

Gesetzestext war noch gar nicht übersetzt

Obwohl der endgültige Text des Gesetzes zunächst nur auf Ungarisch veröffentlicht und erst am Montag in englischer Übersetzung nach Brüssel übermittelt wurde, konnten sich schon Wochen vorher die Kritiker im Ausland zum Inhalt äußern.

So treffsicher, daß die ungarische Opposition ihre Angriffe auf Gesetz und Regierung zu wesentlichen Teilen aus den scharfsinnigen Kommentaren der deutschen Rezensenten speisen konnte.

Jan Mainka ist Gründer und Herausgeber der Budapester Zeitung

samedi, 11 décembre 2010

30 Years of Laibach: Total Totalitarian Retro-Avantgardists

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30 Years of Laibach:
Total Totalitarian Retro-Avantgardists

Felix MENZEL

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Andreas Faust

Editor’s Note:

Although the author of this article does not like Laibach as much as I do, this is just the first of several pieces occasioned by Laibach’s recent 30th anniversary. Stay tuned.

The most recent (November) edition of the art magazine MONOPOL is devoted to collectives, and the title story concerns the Slovenian industrial band Laibach, who understand themselves as a “Gesamtkunstwerk.” To document the 30th anniversary of their group this year, the controversial musicians have held an exhibition, a symposium, and several concerts.

Daniel Völzke and Martin Fengel of MONOPOL traveled to the festivities in Slovenia at the end of September. They could have saved their money, however. Their report consisted mainly of opinions and insights about the provocative band which have accumulated over the decades. On one side is the accusation that Laibach help propagate a fascist aesthetic. On the other is the explanation: It’s merely an “über-identification” with totalitarian systems, which in the end reduces them to an ad absurdum.

The art critic Boris Groys speaks of a production “more totalitarian than totalitarianism.” Laibach themselves have said little on the topic. Either they give statements which the media expect, for instance:

“We are fascists to the extent that Hitler was a painter.”

Or they announce general facts without any specifics. Thus they babbled to Daniel Völzke:

“We believe in an art which advances social, political and economic reforms, but also an art which tests the boundaries of aesthetic experience. In collectively organized movements these two goals can develop more organically.”

Such statements leave us clueless.

The principle of retro-avantgardism, which the Slovenians make use of, consists in steering for the most sensitive parts of our identity, with countless historical backdrops (NS propaganda, socialist realism, Christian iconography). Yet the aim is not a political one. Rather, it’s about the maximum energetic mobilization of the observer. This can manifest as indignation, frenzied jubilation, or even physical ecstasy.

At the same time, Laibach are aware of the greatest problem currently facing them. At the symposium, founding member Ivan Novak stressed:

“It’s easy to be New when one is new, but hard when one is as old as we are.”

Put plainly: provocation wears thin over time. The industrial band’s highpoint is probably behind them, and they are even aware of this. In December they will give several concerts in Germany. On YouTube one can sign up for a fascistic “Dance Course with Laibach.” After that, anyone — far from politics — will know how a fascistic aesthetic affects them.

Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2010/11/18/3...

mercredi, 08 décembre 2010

Ungarn wird herabgestuft

Ungarn wird herabgestuft

Michael Grandt

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

Der langsame Zerfall der EU geht weiter: Die Ratingagentur Moody’s senkte heute die Kreditwürdigkeit von Ungarns Staatsanleihen auf knapp über den Ramschstatus.

 

Flagge_Ungarn_1.jpg

Die Ratingagentur Moody’s hat das Rating des osteuropäischen Landes heute auf gerade mal »Baa3« gesenkt. Damit liegt die Bewertung von Ungarns Anleihen nur noch eine Note über dem »Ramschstatus«.

Moody’s begründet den Schritt mit den langfristigen haushaltspolitischen Problemen des Landes, das zudem für externe Risiken anfällig sei: »Die Herabstufung hat vor allem mit dem zwar langsamen, aber deutlichen Verlust an Finanzkraft der ungarischen Regierung zu tun« heißt es wörtlich. Auch die Konsolidierungsstrategie der Regierung sehe vor allem temporäre Maßnahmen vor, aber wenig Vorschläge für eine nachhaltige Sanierung. Nach Ansicht der Ratingagentur könnten weitere Herabstufungen folgen, wenn Ungarn es versäumt, seine finanzielle Stärke wieder herzustellen.

Volkswirte sind seit Längerem darüber besorgt, dass eine Zuspitzung der desaströsen Lage in Ungarn, das erst 2004 der EU beibetreten ist, auf die gesamte osteuropäische Region Einfluss nehmen könnte. Die größten Gläubiger der maroden ungarischen Banken sind Österreich mit einem Volumen von rund 37 Milliarden US-Dollar und Deutschland mit 30,8 Milliarden US-Dollar. Der deutsche Steuerzahler kann sich also schon auf die nächste Milliarden-Unterstützung einstellen.

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Quelle: wirtschaftsblatt.at

 

 

samedi, 20 novembre 2010

Interview with Tomislav Sunic

Interview with Tomislav Sunić

Alex KURTAGIC

Ex: http://www.counter-currents.com/

zero.pngTomislav (Tom) Sunić is a former US professor, author, translator and a former Croat diplomat. He did his undergraduate work in literature and languages in Europe. He obtained his doctoral degree in political science at the University of California. Dr. Sunić has published books and articles in French, German, English, and Croatian on subjects of cultural pessimism, the psychology of communism and liberalism, and the use and abuse of modern languages in modern political discourse. The present interview explores a little the man behind the ideas; we learn a few things never previously told by Dr. Sunic about his past and personality. Of course, Dr. Sunic tells us about his new book in French, his early years in Communist Yugoslavia, the art of translating, and more.

Not from a socio-political perspective, but rather from an everyday man-in-the-street perspective, how does the Yugoslavia of the 1950s and 1960s differ from Croatia in 2010?

The Yugoslav times were less crowded, although the Yugoslav space was more condensed and bleak—literally speaking—a black and white environment. Vulgar and disciplinary were the daily discourse and the surrounding communist insignia. By contrast, despite the aura of decadence today, especially as far as the incoming liberal mores are concerned, the flow of time in Croatia is far more dispersed. Time flies faster now. People are beginning to learn the liberal mores of fake mercantile politeness—with its obvious downturn in the loss of identity.

You have stated in previous interviews that in 1971 you hitchhiked to Kashmir. You must have found yourself in at least one or two tricky situations during that adventure… What was it like to travel across Eastern Europe and Asia in the midst of the Cold War? What motivated your departure? Surely, there are less radical ways of escaping than hitchhiking to India. And why India and not, say, Italy or Greece?

I could not put myself into the wider socio-historical perspective back then. I was to a large degree blessed by willful ignorance and a solid degree of adolescent romanticism. Hence the reason that it never crossed my mind that I could get killed, stabbed, or kidnapped during my hippie days. I never thought about my tomorrows. I actually hitchhiked from Copenhagen across Italy, took the ferry from Brindisi to Corfu in Greece and continued then my odyssey, literally without a penny, by train across Turkey to Teheran.  Greece was a dictatorship back then, in 1972. Shah Reza Pahlavi was the boss of Persia. The war between Pakistan and India had just ended. But I lived my magic double life; India was a location of initiation for all hippies world-wide.

A man who loves literature lives partly through it. What would you say are the key texts that defined you as a person and as a thinker? And why?

Well, I define the choice of my prose by my character. I read Herman Hesse, not because he was a standard hippie literature in my adolescence; he was also a great author who managed to combine, without resorting to a violent narrative or pornography, the world of illusions and of magic realism which I craved. It was me. Hesse was a good Bildungsroman for a 19 year boy like me. In fact, I do not rule out now that I may have been a reincarnated Byron, or Céline, or Kerouac, thrown on a voyage through Asia. When walking down the street of Kabul in my torn pants, t-shirt, and my earrings, a sense of déjà  vu was creeping through my head; I must have been, long time ago, a courtier, or some important emissary during the military campaigns of Alexander the Great. This image still haunts me.

Later on, as I matured, I again just followed my instincts and not any political fashion or agenda. I must have been a reincarnated Louis Ferdinand Céline—so I started learning every nook and cranny of the French language and spirit. Later on, when I embraced political scientist Carl Schmitt and sociologist Vilfredo Pareto, or Alain de Benoist, the answer was quite simple. Their style reminded me of my own hidden sense of beauty—in a broader sense.

We know that during the 1980s you immigrated to the United States. What were your first impressions of the Americans, versus what you knew about them previously as a distant observer? What did you like, and what did perplex you the most, about them? No doubt perception and reality differed greatly in some important respects.

Crowds and noise. This was my first impression after landing in America. I can tell by the level of noise how civilized or barbaric a country is. In public spaces or on public premises I like silence. These vicarious prosthetic (or better yet: pathetic) devices, like the early walkie talkies or the walkman, radios,  and, later on, all these anthropomorphic extensions, like cell phones and iPods, became symbols of spiritual rootlessness and the sign of physical superfluity, of being at the wrong place and in wrong time. I do not like fifth gear; an America shifted to neutral would have been an ideal place for me. I regret not being born two hundred years earlier, in the antebellum South. On the communicational level, I could not put up with the endless moralizing and formalistic pep talks in America.  Let alone the fact that I could not grasp, and still can’t, coming from the communist universe, why a White nation of such an impressive size, loves to indulge in self-hatred, in feelings of guilt, while catering to the lowest dregs of its society. This was not America I had dreamt of.

You qualified as a political scientist in the United States and held academic positions for a time in American universities. You and I have both written about the latter, as well as their counterparts in Europe, being in the grip of Freudo-Marxist scholasticism. This implies that Freudo-Marxist scholastics constitute a species. I suggest that the species is not homo americanus, because homo americanus is a result, not an agent. Am I wrong? Maybe you could describe the zoology of Freudo-Marxist scholasticism—its habitat, its social organization, its archetypical personality, its feeding habits…

Is my social behavior inborn or is it acquired? This is the timeless question regarding the mystery of life. Just as there must be a Catholic or a liberal gene, there must have also been a special genetic proclivity among countless Europeans to travel into the unknown, overseas, all the way across the Ocean, all the way across continental America. There must have been a primeval will to power unprecedented in the history of the White man. But, on the other hand, this Promethean spirit morphed into a homo œconomicus, a peculiar non- European species who soon found his Double in what I call homo americanus—a biped solely interested in how to make a quick buck, regardless of his geographic latitude. I am sure that the vast majority of people who have come to America over the last three hundred years must have had money as their prime motive, and not some idea of spiritual freedom or genetic betterment.  As far as Freudo-Marxian scholasticism is concerned, let me remind you that psychoanalysis and Marx’ teachings have always had more disciples in the US academia than in Europe. In its ideal-typical manner, “true” Marxism took roots in America faster and better than in communist Eastern Europe.  Hence the reason that this postmodern egalitarian drivel, the multiracial, promiscuous, Obamanesque “multiethnic sensitive training” and engineering, has more momentum now in America than anywhere else in Europe, let alone former communist Europe.

The 1990s were a tumultuous decade for the former Yugoslavia. We saw its dismemberment during the first half and in 1999 we saw Clinton bomb Serbia for three months—for reasons that, viewed from 2010, now seem rather nebulous. Against this backdrop, how would you summarize this decade for you personally?

Tomislav%20Sunic%20Radio%20(small).jpgIn 1993, upon my return from the USA, I became a diplomat in charge of cultural promotion in the early Tudjman government. I gave hundreds of speeches all over America and Europe regarding Croatia’s place in the world, the fallacy of multiculturalism, the fraud of modern historiography, etc. Disillusion and feelings of betrayal s00n followed. I had seriously thought that the legacy of communism was going to be removed, along with is former architects. Instead, the war in ex-Yugoslavia turned into an ugly war between similar ethnic groups. One thing I learned though: never get carried away too much even with your own political or philosophical ideas—they can backfire. Now, 15 years later, it seems to me that the whole Balkan chaos was cooked up by former Yugoslav communist elites—who in a twinkle of an eye decided to become either good liberals or petty nationalist rabble-rousers.

Since 2007 you have been very active and much more visible that I remembered in the earlier part of the decade. You published Homo Americanus, in English, and La Croatie: un pays par défaut? in French. What motivated this increase in activity?

Well, it is in my genes. I am afraid of being swallowed up by the merciless flow of time. Feelings of shame and despair envelope me every time I remain idle. I will lecture and write as long as I breathe.

Tell us about your latest book. What are its main theses? And why did you chose to write it in French?

The book deals with the meaning of identity in the age of globalism. As a case study I use Croatia and Croats and their troubles in defining themselves in postmodern world. It is a fairly good academic work, providing a solid bibliography. The book discusses the danger of conflictual  victimologies and why  the sense of victimhood leads inevitably to friction and war and never to interethnic or interracial understanding. My book is a good read for somebody who wishes to find out more about multicultural artificial states and modern historiography —which has been to a large extent monopolized by modern hagiographers. The reason I wrote it in French is simple: I owed it to myself and to my good sense of the French language—which is a very rich language on both the conceptual and aesthetic levels. I also owed something to French-speaking friends of mine.

Besides English, French, and of course Croatian, you are also fluent in German, and in your philosophical works have drawn from many suppressed German sources. German is a contextual language and one that allows the formation of seemingly endless compounds. Individual words (Volk is a well-known example) may also package shades of meaning, implications, not known in English. Tell us about the difficulties in translating, and accurately conveying the style and meaning of the original in our modern lingua franca, English.

Any translation is a separate work of art. Not just translating poetry, but translating even the smallest essay in the field of humanities presents a huge challenge. I have always admired a good translator—more so than the author of the original work himself. Language does not have just the functional role. It is a treasure trove of spirituality, especially for people with a strong sense of the metaphor and poetry. The German language, the richest European language, with a very precise normative grammar, has been thrown aside since WWII. Students in the West no longer study it. It could have become, like Latin, the major force for uniting Europe or for that matter the main communication vehicle for the White man.

The advent of the internet now makes it very difficult for one to hide. What do you think former classmates and friends—people you lost touch with many years ago—think when they look you up? (I am not implying you ought to care.)

Even if many actually look me up on the internet, I doubt they understand all the sociological or political nuances of my prose or the prose about me. Some do, of course—at least, some professors or students I worked with in the USA. However, the internet image does not reflect the real object itself—in this case myself. But those who used to know me—given that the internet is more or a less a solitary game—must think of me, even if they do not like my stance; “What a heck of a guy, Tom is!”

What would you say if someone, maybe someone you know, maybe even someone whose opinion matters to you, who is well meaning, but who is also little naive or misinformed, asks, with some concern over a cup of coffee, ’Hey, Tom. What made you go all Nazi? You have a PhD in political science, come from a respectable family, your father was a lawyer—and you… you turned out racist. What happened?’

The usage of this type of negative epithet is pretty current in Western media and to some extent in the Western judiciary. The advantage of living in post-communist countries is that words such as “Nazis,” “fascists,” “racists,” no longer have such a bad resonance, despite the fact the new political class all over Eastern  Europe is trying again legally to resurrect them with its original criminogenic meaning. Of course, this all happens under pressure from the West, where these qualifiers are in constant usage today. Where communism left off, modern liberalism continued…  I need to remind you that the usage of these value-loaded qualifiers was standard practice in the communist vernacular and the media against any dissident, aired on all wavelengths 24 hours a day. Towards the end of the communist rule there was an enormous amount of psycholinguistic saturation amidst the populace, so that everybody got sick of that language—even the communist scribes who had made these words ‘fashionable’ in the first place. Distorted political verbiage was the main cause of the collapse of communism. Hence, the paradox that these words—used today as shut-up words in the West— no longer have such an oppressive weight in Eastern Europe. In fact, they often serve as a badge of honor for some people!

I have expressed my own opinion on the subject, but, as a director of the American Third Position political party, perhaps your have a different one—What are the failed strategies of the Right? And, What do you propose should be done to turn the tide? What is, as you see it, your contribution to this very difficult enterprise?

First and foremost, all Right-wingers, all nationalists, all patriots, or—let us call them rather nicely—“all racially and culturally conscious Whites,” must cease blaming the Other for their own patent failures to organize intellectual or political counter-power. Blaming the Other automatically and subconsciously implies that the Other is better than oneself. Well, he is not.  It is not the Other, be he a Jew, a Liberal, a Black man, or an Immigrant, who is responsible for the current predicament of White man. Those who are to be blamed are White activists or thinkers themselves, who in most cases do not distinguish between cause and effect. They first need to exercise some conceptual gymnastics. The monolithic linear black and white mindset, inherited from Judeo-Christianity needs to be removed along with its secular offshoots, such as egalitarianism, with all its modalities, e.g. liberalism, globalism, communism. If white nationalists do not start thinking and conceptualizing the world in a more polymorphous and cyclical fashion, with millions of shadings between the “good” and the “evil,” they will be  wasting yet more of their time. Once the objective real world is conceptualized as a multifarious phenomenon, things will start falling into their place. Including the need to establish a new cultural hegemony.

What would you like to accomplish in the next 10 years?

I would like to publish at lest several more books, in German, English, and French. I hope I can be of some service to the rise and spread of the American Third Position.

How would you like to be remembered in a hundred years? And how do you think you will be remembered?

Well, I want to be remembered as somebody who placed the interests of his community above his own and above the interests of his own family. As somebody who absolutely rejects money as a means of communication, I would expect this will be accepted without caveats from my present or future colleagues and friends. I’d like to be remembered as somebody who left timeless traces in our Western heritage.

I’d like to be remembered as an author and innovator, as a path-breaker whose words will resonate through yet another set of incoming crowded times.

Thank you, Tom, for granting this interview.

Source: http://www.wermodandwermod.com/newsitems/news041120102141...

samedi, 23 octobre 2010

Merkel, la bien pensance et le mythe multiculturel

Merkel, la bien pensance et le mythe multiculturel

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

Ex: http://www.insolent.fr/

Merkel-4-cdu-leader-merkel-rings-the-bell-in-stuttgart_108Une remarque naïve d'abord. Elle s'impose hélas quand on parle de la bien pensance et de l'immigration. Si on lit cette nouvelle :

"La PAF durcit le contrôle des Africains et des Asiatiques. La Police des frontières s’est dotée de nouveaux moyens pour lutter contre la criminalité multiforme au niveau 
des frontières et dans les ports et aéroports du pays."

Personne, curieusement, ne proteste. La chose se passe, en effet, en Algérie. (1)

Permis aux Maghrébins, défendu aux Allemands ? Cela va sans dire.

En l'occurrence, on a fait mine de s'offusquer de ce côté-ci du Rhin, parce que Mme Merkel est intervenue sur un mode, pourtant, beaucoup moins radical. Elle n'a certainement pas appelé à des mesures discriminatoires à l'égard des Africains et des Asiatiques. Elle remet simplement en cause le fameux modèle allemand dit multiculturel. Ses propos, il est vrai, ne laissent place à aucune ambiguïté :

"l'approche Multikulti, a échoué, dit-elle, totalement échoué […] Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes. Celui qui n'accepte pas cela n'a pas sa place ici."

Mais d'abord, que faut-il entendre par cette expression Multikulti?

Il s'agit là d'un néologisme typique de la langue allemande. Cela désigne à la fois un mode de relations comparable à certains égards à ce que l'Angleterre appelle "communautarisme" : chacun reste chez soi, dans son quartier. Respect, certes, dans le maintien des différences. Et c'est ce système qui a échoué.

Mais contrairement au Royaume-Uni, on n'a pas encore pris l'habitude, outre Rhin de considérer l'étranger domicilié comme un citoyen, sujet du même souverain, "British by passport". Les Jamaïcains ou les Pakistanais de Londres ont bénéficié longtemps des avantages de la citoyenneté du Commonwealth, supprimée par Mme Thatcher. En 1981 sa majorité adopta le changement radical du British nationality act. On définit désormais de manière beaucoup plus restrictive la liberté d'immigrer en Grande Bretagne. La naturalisation y est soumise à plusieurs conditions parmi lesquelles la connaissance de "l'anglais, de l'écossais ou du gallois", mais aussi l'adaptation aux us et coutumes du pays, et un critère qui peut nous paraître arbitraire, le "good character". La société d'outre Manche profondément multinationale, juxtapose des cultures qui, en fait, ne se mélangent pas. On semble d'ailleurs avoir découvert, au gré de divers projets terroristes particulièrement aveugles et criminels que certains islamistes, quoique bénéficiant des facilités inouïes du Londonistan, détestaient leur pays d'accueil.

En Allemagne l'histoire même du pays s'est traduite par un cheminement du droit de la citoyenneté en sens strictement inverse. En mai 1999 une coalition composée des sociaux démocrates, des anciens communistes, des écolos et des libéraux a imposé une grande nouveauté, intégrant une dose de droit du sol, permettant aux enfants d'immigrés de devenir plus facilement citoyens. Les députés au Bundestag des deux partis de référence chrétienne, car, sur un tel terrain, on peut établir une nuance entre chrétiens-sociaux bavarois et démocratie chrétienne ont voté contre à 90 % : 184 voix ; ou se sont abstenus pour 22 d'entre eux.

Il naît outre-Rhin chaque année environ 100 000 enfants, issus de familles étrangères, principalement turques (2). Leur rapport au pays d'accueil de leurs parents ne ressemble en rien, d'ailleurs, à celui des ressortissants de nos anciennes colonies venus dans l'Hexagone. Ceux-ci sont élevés en France même, par l'école de la République, et aussi par le sous-traitant nominalement catholique du "service public laïc", dans le ressentiment. Cette haine du pays où, désormais, ils habitent est cultivé impunément par tout ce que l'éducation nationale compte de gaullistes, de progressistes chrétiens, de socialistes ex-trotskistes et de survivants du stalinisme. Rappelons que ces éducateurs de choix sont eux-mêmes représentés majoritairement par la FSU d'obédience communiste (3). Le vent de révolte qu'ils sèment abondamment, au frais des contribuables, est récolté en tempête, en partie par l'islamisme des banlieues mais plus prosaïquement encore par la voyoucratie.

Quand, par conséquent, Mme Merkel dresse le constat, que personne ne conteste vraiment dans son pays, de l'échec du modèle multiculturel, elle parle de quelque chose de beaucoup moins délirant que le contre-modèle hexagonal, républicain, laïc et obligatoire.

Ce qu'elle propose comme solutions pour l'avenir coule de source. Elle considère que "ce qui prévaut ici s'appelle la constitution, pas la charia" (4). Son programme relève plus désormais de l'assimilation que de "l'intégration".

Ce dernier terme est employé aujourd'hui de manière vague et ambiguë. On l'applique à la Métropole. Or, il avait été lancé en 1955 par Jacques Soustelle, gouverneur général de l'Algérie nommé par Mendès-France et révulsé par les horreurs de la rébellion. Il désignait alors une politique précise dans un territoire particulier, où cohabitaient sous le drapeau d'une France encore impériale, des communautés de statuts juridiques différents (5).

Pour sa part, la chancelière Angela Merkel propose explicitement un certain nombre de programmes, incluant l'enseignement de la langue allemande et le ralliement à la culture germanique. Notons que le président Abdullah Gül a immédiatement su se rallier à cette orientation, recommandant aux Turcs habitant la république fédérale d'apprendre à parler la langue de Goethe "sans accent" – ce qui leur posera un problème à Munich.

Constatant la pénurie de main d'œuvre qualifiée évaluée outre-Rhin à hauteur de 400 000 personnes environ, par le patronat, le chef du gouvernement propose de donner une meilleure formation aux chômeurs.

On doit regretter enfin que les moyens parisiens d'information, ou de désinformation, aient passé sous silence le cadre dans lequella continuatrice de Helmut Kohl s'exprimait. Cela se passait au cours du congrès annuel des jeunesses chrétiennes-démocrates, du 15 au 17 octobre à Potsdam. Or le thème de ce rassemblement tournait autour de la politique familiale (6), à laquelle était consacrée une brochure de 80 pages, fort instructive.

Retenons aussi la préoccupation fondamentale abordée dans ce rapport (7): les Allemands ne mettent pas assez d'enfants au monde.

Qu'on me pardonne de le penser et qu'on me permette de le dire : ce qui semble bon pour l'Allemagne, vaut aussi pour le reste de l'Europe.

JG Malliarakis


Apostilles

  1. cf. "Liberté" quotidien national d'information, Edition N° 5517 du 20 Octobre 2010
  2. et parmi ceux-ci un nombre important de minoritaires kurdes ou alévis.
  3. scission de 1993, devenue rapidement majoritaire, de l'ancienne FEN, "Fédération de l'éducation nationale". Cette dernière a depuis créé l'UNSA et s'est rebaptisée elle-même UNSA-éducation regroupant 27 syndicats de fonctionnaires dépendant de 12 ministères.
  4. Le 6 octobre, en réaction à uen propos pro-musulman du président Wülf pour le 20e anniversaire de l'unification de 1990.
  5. Il faudra les très émouvantes manifestations de fraternisation du Forum d'Alger de 1958 pour qu'un officier supérieur du cadre de réserve, promis à un rôle politique un peu extravagant, après sa belle carrière radiophonique des années 1940, en arrive à reprendre le slogan des "10 millions de Français à part entière". Si la promesse avait été tenue, ceci eût pu conduire progressivement à l'assimilation. Le fondateur de la Cinquième république ne l'a pas voulu.
  6. "Zukunft : Familie" devrait plutôt se traduire par "L'avenir c'est la famille".
  7. Cf. Rapport "Zukunft : Familie" pages 46 à 53. "Das Hauptproblem ist: Die Deutschen Seite bekommen zu wenig Kinder"["Le problème capital est : les Allemands ne mettent pas au monde assez d'enfants" par le Dr. Peter Tauber [celui-ci député CDU au Bundestag, élu de Hanau, Land de Hesse, est un universitaire âgé de 36 ans, de confession protestante.]


Vient de paraître : L'Histoire du communisme avant Marx les lecteurs de L’Insolent peuvent commander directement "L'Histoire du communisme avant Marx par Alfred Sudre, un livre de 459 pages au prix franco de port de 25 euros.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de notre chronique

sur le site de Lumière 101

 

vendredi, 22 octobre 2010

Nun hat auch die deutsche Kanzlerin Merkel ihre Multikulti-Träume ausgeträumt

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Nun hat auch die deutsche Kanzlerin Merkel ihre Multikulti-Träume ausgeträumt

 

Ex: http://www.andreas-moelzer.at/

Bürger sind längst mit multikulturellem Konfliktpotential konfrontiert – Weitere Zuwanderung würde nicht Facharbeiter bringen, sondern ungebildetes Subproletariat

Seit dem Streit im Thilo Sarrazin seien die etablierten bundesdeutschen Parteien aufgewacht, meinte heute der freiheitliche Delegationsleiter im Europäischen Parlament, Andreas Mölzer, zur Aussage von Bundeskanzlerin Angela Merkel, daß in Deutschland „der Multikulti-Ansatz absolut gescheitert ist“. „Die Bürger selbst sind ja längst damit konfrontiert, daß Deutschland in den letzten Jahren und Jahrzehnten Ziel einer Massenzuwanderung, insbesondere von Türken, geworden ist. Und die Bürger sind natürlich auch damit konfrontiert, daß aus den Parallelgesellschaften das Konfliktpotential der einst so hochgelobten multikulturellen Gesellschaft geradezu explosiv über die gesamte deutsche Gesellschaft hereingebrochen ist“, erklärte Mölzer.

Dabei wies der freiheitliche EU-Mandatar darauf hin, daß Schönfärber wie Bundespräsident Wulff  die Schuld an der Explosivität des Zuwanderungs- und Islamisierungsproblems zu tragen hätten. „Sie dafür gesorgt, daß es nicht rechtzeitig zu entsprechenden Bremsvorgängen im Bereich der Zuwanderung kam, daß man die deutsche Leitkultur nicht entsprechend schützte und das Vordringen des immer offensiver werdenden Islams duldete“, kritisierte Mölzer.

Daher sei es verfehlt, so der freiheitliche Europa-Abgeordnete, wenn nun in Deutschland, aber auch in Österreich, eine weitere Zuwanderung von Facharbeitern gefordert werde. „Mit dem Motto ‚Inder statt Kinder’ wird sich das Problem nicht lösen lassen. Facharbeiter sind vorrangig im eigenen Land auszubilden anstatt sie aus dem Ausland zu holen. Wie die Erfahrung zeigt, würde eine weitere Zuwanderung nicht das gewünschte Fachpersonal anziehen, sondern das ungebildete Subproletariat, welches in das Sozialsystem und nicht in den Arbeitsmarkt einwandert“, schloß Mölzer.

lundi, 18 octobre 2010

Nationalism and Identity in Romania

Nationalism and Identity in Romania: A History of Extreme Politics from the Birth of the State to EU Accession
 

Radu Cinpoes (author)

Hardback £59.50

Romanian_Revolution_1989_1.jpgThe collapse of communism in Central and Eastern Europe produced a fundamental change in the political map of Europe. In Romania, nationalism re-emerged forcefully and continued to rally political support against the context of a long and difficult transition to democracy. Extreme right-wing party The Greater Romania Party gained particular strength as a major political power, and its persuasive appeal rested on a reiteration of nationalism and identity - and themes such as origins, historical continuity, leadership, morality and religion - that had been embedded in Romanian ideological discourse by earlier nationalist formations. Radu Cinpoes here examines the reasons for the strength and resilience of nationalism in Romania, from the formation of the state to its accession in the EU.

 

  • Preface * Nationalism - Conceptual Framework * Continuity and Discontinuity in the Romanian Nationalist Discourse * Tradition, Context and Transition to Post-Communism * The Greater Romania Party: Background, Competition and Significance * The Party and its Leader * The Decline of the Greater Romania Party * Romania in the EU: The Future of Nationalism * Conclusions
  • Radu CinpoeA specializes in nationalism and identity politics. He is lecturer in Politics and Human Rights at Kingston University, where he also obtained his PhD in 2006.

    Imprint: I.B.Tauris
    Publisher: I.B.Tauris & Co Ltd
    Series: International Library of Political Studies

    Hardback
    ISBN: 9781848851665
    Publication Date: 21 Sep 2010
    Number of Pages: 320

     

    jeudi, 14 octobre 2010

    Voorzitter CSU pleit voor immigratiestop

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    Voorzitter CSU pleit voor immigratiestop

    Ex: http://yvespernet.wordpress.com/

    Wanneer politici die niet tot de gevestigde partijen uitspraken doen m.b.t. immigratiestops op basis van etnische afkomst, dan schreeuwen de traditionele politici moord en brand. Processen volgen en men wordt, in voorbereiding van de juridische lynching, alvast op journalistiek vlak afgemaakt. Maar in Duitsland heeft nu een “onaangebrand” iemand net gepleit voor een immigratiestop voor mensen uit landen “met een andere cultuur” (lees: moslims). Dit deed hij in het magazine Focus, net wanneer de Turkse premier Erdogan Duitsland bezoekt. Dit bezoek is in het kader van een onderzoek naar mogelijkheden om de naar schatting twee miljoen Turken beter te doen integreren in de Duitse maatschappij.

    Wie is deze man vraagt u? Het gaat over Horst Seehofer, voorzitter van de CSU (de Beierse christen-democraten die 46 jaar lang de absolute meerderheid in Beieren hadden), minister-president van Beieren, voormalig minister van volksgezondheid en voormalig minister van landbouw.

    Uiteraard schreeuwt links ondertussen moord en brand. Zo hebben twee Groenen, Claudio Roth en Renate Künast, reeds gezegd dat Seehofer zich moet excuseren bij alle Turkse en Arabische migranten. En ook de minister van justitie van de FDP (de liberalen), Sabine Leutheusser, verwerpt zijn uitspraken. Een peiling van de krant Bild am Sonntag toont echter aan dat de meerderheid van Duitsers ook van mening is dat de moslims niet willen integreren en dat Seehofer gelijk heeft. Het zou dan ook logisch zijn dat politici een logische verdere stap nemen: pleiten voor remigratie.

    Wordt vervolgd?

    jeudi, 07 octobre 2010

    Deutsch im Elsass und in der Tschechei

    Deutsch im Elsaß und in der Tschechei

    Von Thomas Paulwitz

    Ex: http://www.jungefreiheit.com/

    Strasbourg15.jpgIn der Regel hat es die deutsche Sprache im Osten leichter als im Westen. Die Zahl derjenigen, die Deutsch als Fremdsprache lernen, sinkt in den westlichen Ländern schneller als in den östlichen. Eine Ausnahme bilden offenbar Frankreich und die Tschechische Republik. Im Elsaß zum Beispiel gibt es kräftige sprachpolitische Maßnahmen, das Deutsche zu fördern, während die tschechische Regierung den Einfluß der deutschen Sprache zugunsten von Englisch systematisch eindämmt.

    Bemerkenswert ist in beiden Fällen, daß die Frage der Identität eine entscheidende Rolle spielt. Ausgerechnet der fortgeschrittene Verlust des Bewußtseins, daß das Elsaß historisch zum deutschen Sprach- und Kulturraum gehört, ermöglicht eine Wiederbesinnung auf die deutsche Sprache. Denn die wirtschaftliche Anziehungskraft der Bundesrepublik wird nunmehr wichtiger genommen als die kulturelle Absetzbewegung nach Frankreich. In elsässischen Tageszeitungen enthalten siebzig Prozent der Stellenangebote den Hinweis, daß der Arbeitgeber Deutschkenntnisse voraussetzt.

    Elsässischer Werbefeldzug für Deutsch

    Folglich erklärt Philippe Richert, der Präsident des elsässischen Regionalrats: „Das Beherrschen der deutschen Sprache ist für unsere Region längst nicht mehr nur eine Identitätsfrage. Deutschkenntnisse sind ein ausschlaggebender wirtschaftlicher Trumpf.“ Zwei Drittel der elsässischen Schüler und fast alle Grundschüler der 3. bis 5. Klasse lernen Deutsch. Zehn Prozent der Grundschüler werden sogar in zweisprachigen Klassen unterrichtet. Doch das erscheint vielen noch nicht als genug. Daher werben mittlerweile die Behörden für das Lernen der deutschen Sprache. Die Mittel für den Werbefeldzug wurden von 2009 auf 2010 auf 190.000 Euro verdreifacht. Das Werben für Deutsch wird von den wichtigsten politischen Instanzen gemeinsam mit der Straßburger Schulbehörde getragen.

    Ganz anders sieht es in der Tschechischen Republik aus. Die dortige Regierung will sich in ihren sprachpolitischen Entscheidungen offenbar noch weiter von Deutschland entfernen. Anfang August beschloß das Parlament auf Vorschlag des rechtskonservativen Ministerpräsidenten Petr Nečas, daß Deutsch künftig nicht mehr als erste, sondern frühestens als zweite Fremdsprache gelehrt werden darf. Der Koalitionsvertrag legt außerdem fest, daß ab 2012 Englischunterricht ab der dritten Klasse verpflichtend ist. Bereits jetzt lernen schon 618.000 Schüler Englisch, aber nur noch 111.000 Deutsch.

    Deutsch als erste Fremdsprache in der Tschechei verboten

    Wirtschaftliche Gesichtspunkte haben bei der Entscheidung der Prager Regierung offenbar keine Rolle gespielt, denn Deutschland ist der größte ausländische Investor. Der Handel mit der Bundesrepublik macht fast ein Drittel des gesamten Außenhandels der Tschechischen Republik aus. Die Leiterin der Spracharbeit des Prager Goethe-Instituts befürchtet, daß die tschechischen Schüler im späteren Berufsleben ohne Deutschkenntnisse Schwierigkeiten haben werden. Da erscheint es als wirtschaftlich wenig sinnvoll, die Bürger vom Deutschunterricht abzuhalten.

    Es scheint also so zu sein, daß man sich in Prag lieber der Amerikanisierung an den Hals wirft, als die Standortvorteile zu nutzen, zu denen die derzeit noch verbreitete Kenntnis der deutschen Sprache gehört. Ein Leser tadelt auf der Facebook-Seite der Deutschen Sprachwelt die Prager Entscheidung: „Meines Erachtens sollte man überall in Europa Englisch als 1. Fremdsprache verbieten. Wer diese erste Fremdsprache lernt, lernt keine zweite. Es handelt sich nicht um ein Bildungsprogramm, sondern um ein Kulturassimilierungsprogramm.“

    mardi, 28 septembre 2010

    Steiermark: FPÖ verdoppelt Stimmenanteil

    Steiermark: FPÖ verdoppelt Stimmenanteil

     Ex: http://www.jungefreiheit.de/

    Wahlplakat der FPÖ Foto: JF

    GRAZ. Die FPÖ hat bei der Landtagswahl in der Steiermark ihren Stimmenanteil nahezu verdoppelt. Die Partei erhielt am Sonntag laut vorläufigem Endergebnis (ohne Briefwahl) 10,8 Prozent der Stimmen, was einem Zuwachs von 6,2 Prozent entspricht. Das Bündnis Zukunft Österreichs (BZÖ) des verstorbenen Kärntner Landeshauptmanns Jörg Haider auf 3 Prozent (plus 1,3 Prozent).

    Wahlsieger war trotz Verlusten (minus 3,3 Prozent) die SPÖ, die 38,4 Prozent der Stimmen erhielt. Gefolgt von ÖVP (37,1 Prozent), Grünen (5,2 Prozent) und der Kommunistischen Partei Österreichs (KPÖ), die es auf 4,4 Prozent brachte.

    SPÖ kündigt Gespräche mit FPÖ an

    SPÖ-Spitzenkandidat Franz Voves kündigte an, sowohl mit der ÖVP als auch mit der FPÖ in Verhandlungen über eine mögliche Regierungskoalition treten zu wollen. „Beide Parteien sind für mich gleichermaßen Ansprechpartner und wir werden sehen, was die ersten Gespräche ergeben“, sagte Voves der Kleinen Zeitung.

    Die FPÖ hatte im Wahlkampf unter anderem mit einem Anti-Moschee-Computerspiel für Schlagzeilen gesorgt. Das Spiel, bei dem man aus dem Boden schießende Minarette stoppen mußte, brachte den Freiheitlichen eine Strafanzeige der Grünen wegen Volksverhetzung ein.

    Ebenfalls für Aufsehen sorgte die Mitgliedschaft des Spitzenkandidaten und Landesparteiobmanns der FPÖ, Gerhard Kurzmann, in einer Veteranenorganisation der Waffen-SS. Kurzmann hatte die Mitgliedschaft in einem Interview mit den Worten verteidigt, er wolle nicht, daß die Kriegsgeneration seines Vaters pauschal kriminalisiert werde. (krk)

    vendredi, 24 septembre 2010

    Tomislav Sunic sur "Radio Courtoisie"

    Sur Radio Courtoisie

    mardi, 21 septembre 2010

    De la Croatie par défaut à l'Occident par excès

    De la Croatie par défaut à l’Occident par excès

    par Georges FELTIN-TRACOL

    hl_croatie_pays_defaut.jpgAncien enseignant en sciences politiques aux États-Unis, ex-diplomate croate, maîtrisant parfaitement l’anglais, l’allemand et le français, auteur d’articles remarquables dans Éléments ou Catholica, Tomislav Sunic vient de publier aux Éditions Avatar son premier ouvrage rédigé dans la langue de son cher Céline, La Croatie : un pays par défaut ?. Il faut se réjouir de cette sortie qui, prenant prétexte du cas croate, ausculte avec attention le monde contemporain occidental. Précisons tout de suite que ce livre bénéficie d’une brillante préface de Jure Vujic, responsable par ailleurs d’un exceptionnel article « Vers une nouvelle “ epistémè ” des guerres contemporaines » dans le n° 34 de la revue Krisis sur la guerre.

     

    La Croatie : un pays par défaut ? est un ouvrage essentiel qui ne se limite pas aux seuls événements historiques liés à l’indépendance croate des années 1990. Avec le regard aigu du sociologue, du linguiste, du philosophe et du géopoliticien, Tomislav Sunic examine l’Occident-monde postmoderniste en se référant à son vécu d’ancien dissident qui a grandi dans la Babel rouge de Joseph Tito. L’auteur a ainsi acquis une expérience inestimable que ne peuvent avoir les chercheurs occidentaux sur le communisme.

     

    De ce fait et à travers maints détails, il constate que l’Occident ressemble étonnamment au monde communiste en général et à la Yougoslavie en particulier. Il lui paraît d’ailleurs dès lors évident que « l’échec de la Yougoslavie multiculturelle fut également celui de l’architecture internationale édifiée à Versailles en 1919, à Potsdam en 1945 et à Maastricht en 1992 (p. 188) ». C’est la raison fondamentale pour laquelle les grandes puissances occidentales firent le maximum pour que n’éclate pas l’ensemble yougoslave. À la fin de la décennie 1980, les États occidentaux témoignaient d’une sympathie indéniable envers l’U.R.S.S., la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie avec le secret espoir d’empêcher des désintégrations qui risqueraient de perturber durablement les flux marchands mondiaux.

     

    En ces temps d’amnésie historique, Tomislav Sunic revient sur la tragédie méconnue des Volksdeutsche, des Allemands des Balkans, massacrés en 1944 – 1945 par les partisans titistes au point que « le favori de longue date des Occidentaux, l’ex-dirigeant communiste yougoslave et défunt maréchal Josip Broz, avait un passé bien plus chargé d’épurations ethniques et de meurtres de masse (p. 187) ». Il aurait pu aussi rappeler ce qu’on sait peu et que savait certainement Charles de Gaulle qui n’a jamais apprécié l’imposteur. « Natif d’Odessa où son patronyme était Wais, signale Jean-Gilles Malliarakis, il usurpe l’identité de Josip Broz, révolutionnaire communiste croate et son pseudonyme de résistant correspondait au sigle T.I.T.O. de Tajna Internationalna Terroricka Organizatia en serbe (1). » En note, il précisait qu’« après guerre, la mère de Josip Broz ne reconnaîtra pas Tito (2) ». Ces omissions de première importance démontrent que, loin de l’idéal autogestionnaire de la Deuxième Gauche hexagonale, la « Titoslavie » n’était pas le paradis terrestre en édification, mais un banal système communiste soumis à la terreur diffuse et implacable de la police politique secrète.

     

    Si on peut déplorer que Tomislav Sunic donne une interprétation banale et convenue de l’œuvre européenne du cardinal Richelieu (3), il insiste, en revanche, sur l’importance géopolitique des Balkans tant en stratégie que dans la mise en place des futurs réseaux de transports d’énergie (oléoducs et gazoducs). Depuis la fin de la Yougoslavie s’est manifesté le « cheval de Troie des États-Unis » avec le soutien total de Washington envers des entités fantoches comme la Bosnie-Herzégovine et le Kossovo, ou mafieuses tel le Monténégro.

     

    La Yougoslavie, anticipation de l’Occident !

     

    Pour Tomislav Sunic, cet appui occidental n’est pas seulement utilitariste ou à visée géopolitique, il est aussi et surtout idéologique parce que, pour le Système occidental, la fédération de Tito « à bien des égards, représentait une version miniature de leur propre melting pot (p. 81) ». La comparaison n’est pas anodine, ni fortuite.

     

    L’auteur discerne dans les sociétés multiraciales post-industrielles d’Occident des facteurs d’explosion similaires aux premiers ferments destructeurs de la Yougoslavie. En effet, « la société multiculturelle moderne, comme l’ex-Yougoslavie l’a bien montré, est profondément fragile et risque d’éclater à tout instant. Ce qui fut le cas en ex-Yougoslavie peut se produire au niveau interethnique et interracial à tout instant, en Europe comme aux États-Unis (pp. 60 – 61) ». De plus, pensé et voulu comme une amitié forcée et fictive entre les peuples, « le multiculturalisme, quoique étant un idéal-cadre de l’Union européenne, peut facilement aboutir à des conflits intra-européens mais également à des conflits entre Européens de souche et allogènes du Tiers-Monde (p. 210) ». Enfin, « l’ex-Yougoslavie fut un pays du simulacre par excellence : ses peuples n’ont-ils pas simulé pendant cinquante ans l’unité et la fraternité ? (p. 206) ». Le projet européen n’est-il pas une nouvelle illusion ?

     

    L’auteur développe éclaircit ce rapprochement osé : l’Occident serait donc une Yougoslavie planétaire en voie de délitement. Il s’inquiète par exemple de l’incroyable place prise dans les soi-disant « démocraties libérales de marché » des lois liberticides en histoire (conduisant à l’embastillement scandaleux de Vincent Reynouard), du « politiquement correct », de la novlangue cotonneuse et de l’éconolâtrie. Pour lui, ces cas d’entrave patents prouvent que « l’Union se trouve déjà devant un scénario semblable à celui de l’ex-Yougoslavie, où elle est obligée de modifier ses dispositifs juridiques pour donner un semblant de vraisemblance à sa réalité surréaliste (p. 126) ».

     

    La multiplication des actions contre les opinions hérétiques en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, témoignent de la volonté des oligarchies transnationales et de leurs relais politiques à exiger par la coercition plus ou moins douce une mixité mortifère et ultra-marchande. « Le rouleau compresseur du globalisme triomphant entend détruire les identités substantialistes (nationales, locales, généalogiques) et les identités “ par héritage ” qui font du citoyen le membre d’une communauté définie par l’histoire, par la continuité de l’effort de générations sur le même sol – pour leur substituer le nouveau mythe de la citoyenneté postmoderne, une sorte de bric-à-brac constructiviste, à savoir la citoyenneté “ par scrupules ” qui ne reconnaît le citoyen qu’en tant que simple redevable à la communauté dont il est membre et à laquelle il oppose l’humanité sans frontière des droits de l’homme immanents et sa propre individualité (p. 70) ». Une puissante pression psychologique s’impose à tous, sans la contrainte nécessaire, et « à l’instar de la Yougoslavie défunte, les sociétés multiculturelles ne réussissent jamais à accommoder les identités de tous les groupes ethniques (p. 68) ».

     

    Naissance archétypale de l’homme occidental soviétique

     

    En fin observateur, Tomislav Sunic avance aussi que les formules venues d’outre-Atlantique ne conviennent finalement pas aux attentes matérielles (ou matérialistes) des peuples de l’ancien bloc communiste pétris par des années de bolchevisme triomphant. Ces peuples – désemparés de ne pas bénéficier d’un autre culte du Cargo – « vont vite se rendre compte que l’identité de l’homo americanus ne diffère pas beaucoup  de celle de son homologue, l’homo jugoslavensis (p. 114) ». Il relève plus loin que « le mimétisme de l’homo sovieticus a trouvé son double dans le mimétisme de l’homo occidentalis (p. 239) » et considère qu’une « identité paléo-communiste subsiste toujours dans les structures mentales de la population post-yougoslave, partout dans les Balkans (p. 34) ». Le communisme comme le libéralisme a a tué les peuples ! Il en découle chez les Européens de l’Est une immense déception à l’égard des « nouvelles élites […] issues, pour la plupart, de l’ancienne nomenklatura communiste, habilement reconvertie au modèle libéral, directement issue du système de structuration soviétique (p. 53) ». Auraient-ils compris que l’ultra-libéralisme mondialiste serait le stade suprême du communisme ?

     

    Comme Guy Debord qui, prenant acte de la fin des blocs, annonçait dans ses Commentaires sur la société du spectacle l’émergence d’un spectaculaire intégré dépassant les spectaculaires diffus et concentré, Tomislav Sunic entrevoit un processus de fusion en cours entre les types occidental et communiste afin de créer un homme occidental soviétique. Celui-ci aurait « une existence combinant le charme et le glamour de l’homo americanus, comme dans les films américains, tout en jouissant de la sécurité sociale et psychologique offerte par l’homo jugoslavensis ! (p. 115) ». Ainsi apparaît la figure rêvée de la social-démocratie, du gauchisme et du libéralisme social… Stade final du bourgeois, l’homme occidental soviétique est le Travailleur postmoderniste de l’ère mondialiste. Il s’épanouit dans la fluidité globalitaire marchande. « La globalisation de l’économie n’est nullement une simple extension des échanges commerciaux et financiers, comme le capitalisme l’a connue depuis deux siècles. À la différence de l’internationalisation qui tend à accroître l’ouverture des économies nationales (chacune conservant en principe son autonomie), la globalisation ou mondialisation tend à accroître l’intégration des économies. Elle affecte les marchés, les opérations financières et les processus de production, réduit le rôle de l’État et la référence à l’économie nationale (p. 42). » Les ravages torrentiels de la mondialisation atteignent tous les pays, y compris les États les plus récents. Ainsi, « le folklorisme de masse qui fut l’unique manifestation de l’identité croate à l’époque yougoslave et communiste, fut après l’éclatement de la Yougoslavie, vite suivie par la coca-colisation des esprits au point que la symbolique nationaliste croate est devenue une marchandise – au grand plaisir des classes régnantes en Occident (p. 58) ». Après une période d’exaltation nationale, voire nationaliste, correspondant à la présidence de Franjo Tudjman, les responsables croates actuels ont tout fait pour l’évacuer, l’oublier et accentuer au contraire une occidentalisation/mondialisation qui flatte leur internationalisme d’antan… Pis, « les élites post-néo-communistes croates […] n’ont jamais aspiré à l’indépendance de la Croatie et n’ont jamais eu, il faut le dire clairement, une quelconque vision d’une identité croate matricielle et fondatrice (p. 238) ». On retrouve ce manque de volonté nationale en Ukraine. Les nouvelles oligarchies, croate ou ukrainienne, salue le produit du Mur de Berlin et de Wall Street : l’homme occidental soviétique.

     

    Victimes, histoire et mémoire

     

    Tomislav Sunic retrace l’historique de la fin du modèle yougoslave. Avant d’être le père de la Croatie indépendante, Franjo Tudjman fut un compagnon de route de Tito et un responsable communiste. Puis, écarté des cénacles dirigeants, il se passionna pour l’histoire, en particulier pour la Seconde Guerre mondiale, au risque de se faire accuser par certains cénacles mi-officieux et demi-mondains de « révisionniste »… Dans sa belle préface, Jure Vujic considère que l’identité nationale croate « qui à bien des égards, se trouve bousculée par les défis du globalisme, les processus intégrationnistes régionaux et supranationaux, à bien du mal à se stabiliser dans un espace-temps exsangue et à mûrir autour d’un projet politique commun, libéré des réminiscences et du trop-plein d’histoire fratricide hérités de la Deuxième Guerre mondiale (p. 12) ». Bien avant le déchaînement titanesque des violences nationales et étatiques, les antagonismes ne se cachaient pas et s’exposaient plutôt par l’intermédiaire d’une « guerre des mots » et de revendications mémorielles perceptibles lors des compétitions de football. En estimant avec raison que « dans le monde vidéosphérique d’aujourd’hui, l’image de guerre incite fatalement au narcissisme et à l’individualisme extrême (p. 207) », Tomislav Sunic ponte le rôle belligène des médias qui se sont substitués à l’intelligentsia. « De même qu’il n’y a pas de guerre sans morts, il ne peut plus aujourd’hui y avoir de guerre sans mots d’ordre, donc sans communication (p. 197) », d’où la montée en puissance dans les coulisses du pouvoir des spin doctors, ces agents d’influence très grands communicants. Pour parvenir à leurs fins, ils pratiquent « tout d’abord, les actions “ pédagogiques ” à long terme, ensuite le conditionnement des esprits et le modelage des mentalités (p. 198) ». Ils portent ainsi jusqu’à l’incandescence les opinions publiques facilement manipulables.

     

    tomislav_sunic_2eaf3.jpgLes médias accaparent la thématique victimaire. Dorénavant, toute mémoire, identité ou communauté soucieuse d’acquérir une légitimité se pose avant tout en victime. Or « toute identité victimaire est par définition portée à la négation ou au moins à la trivialisation de la victimologie de l’Autre (p. 213) ». Pourtant, rappelle Tomislav Sunic, « l’esprit victimaire découle directement de l’idéologie des droits de l’homme. Les droits de l’homme et leur pendant, le multiculturalisme, sont les principaux facteurs qui expliquent la résurgence de l’esprit victimaire (p. 219) ». Loin d’être les ultimes exemples d’antagonismes nationalitaires meurtriers propres aux XIXe et XXe siècles, les conflits yougoslaves ont préfiguré les guerres postmodernistes. La Post-Modernité qui met au cœur de sa logique l’identité. Au risque de se mettre à dos tous les néo-kantiens, l’auteur croît que « toute identité, qu’elle soit étatique, idéologique, nationale ou religieuse, est à la fois la victime et le vecteur d’un engrenage qui aboutit souvent à la violence et à la guerre (p. 37) ». L’identité est donc l’inévitable corollaire du politique.

     

    Il faut néanmoins prendre ici le terme « identité » dans son acception d’identique, de similitude, parce que « souvent, ce sont les ressemblances et non les différences qui provoquent les conflits, surtout lorsque ces conflits prennent la forme d’une rivalité mimétique (p. 70) ». Autrement dit et dans le contexte croate, « peut-on être Croate aujourd’hui sans être antiserbe ? (p. 37) ». La réponse serait affirmative si n’entraient pas en ligne de compte d’autres paramètres. « De l’affirmation d’une identité patriotique fondée sur l’ethnos et le mythos, écrit Jure Vujic, la Croatie d’aujourd’hui est à la recherche d’un “ piémontisme axiologique ” qui n’est autre qu’une identité de valeurs communes (p. 16) ». Et puis, « dans notre postmodernité, poursuit Tomislav Sunic, c’est l’Union européenne et l’Amérique qui décident, dans une large mesure, de l’identité d’État croate et même de l’identité supra-étatique de la Croatie dans un monde futur (p. 74) ». Par ailleurs, « avec et dans l’Union européenne, les valeurs marchandes imposent une hiérarchie des valeurs qui va directement à l’encontre de la survie des petits peuples (p. 57) ». Le postmodernisme multiculturaliste et ultra-individualiste s’apparente à une broyeuse de cultures enracinées. Il détient pourtant en lui ses propres objections.

     

    Les paradoxes explosifs de la postmodernité multiculturelle

     

    Oui, la postmodernité (ou plus exactement selon nous, l’ultra-modernité) creuse sa propre tombe en suscitant des contradictions insurmontables. Pour Tomislav Sunic, « le multiculturalisme est […] une constellation de politiques et de pratiques qui cherche à concilier l’identité et la différence, à déconstruire et à relativiser la métaculture des sociétés post-industrielles (p. 47) ». Puisque « le problème de l’identité en tant qu’altérité est devenu essentiel dans l’Occident postmoderne (p. 211) », la seule réponse « politiquement correcte » apte est l’acceptation du fait multiculturel (l’empilement individualiste et chaotique de communautés de nature ou de choix) et le rejet du corps social homogène. « Le pluralisme classificatoire qu’induisent les droits positifs en faveur de populations stigmatisées ou discriminées en fonction de l’âge et du sexe est interprété, notamment en Europe, comme une déstructuration de l’homogénéité sociale et culturelle de la nation et du concept de citoyenneté (pp. 41 – 42). » Il appert que « le choix d’un style de vie individuel, la tribalisation et l’atomisation de la société moderne ainsi que la multiculturalisation de la société européenne, rendent l’analyse de l’identité nationale croate encore plus compliquée. Même les Croates modernes, qui sont bien en retard en matière d’identité d’État, doivent faire face à une multitude de nouvelles identités. Leur identité nationale varie au gré des circonstances internationales, ces changements se juxtaposent quotidiennement et ils remettent en cause leur ancien concept d’identité nationale. On pourrait facilement qualifier ces nouvelles identités juxtaposées d’identités apprises ou acquises, par rapport aux anciennes identités qui relevaient de la naissance et de l’héritage culturel (pp. 49 – 50) ». Dans ces conditions, doit-on vraiment s’étonner qu’« à défaut d’une diplomatie cohérente, les eurocrates préfèrent tabler sur une identité croate consumériste et culinaire, et miser sur une classe politique locale aussi corrompue que criminogène (p. 232) » ? L’identité subit une pseudomorphose : « peu à peu, l’ancienne identité nationale, voire nationaliste, qui sous-entendait l’appartenance à un terroir historique bien délimité, est supplantée par le phénomène du communautarisme sans terroir – surtout dans les pays occidentaux qui ont subi une profonde mutation raciale (p. 38) ».

     

    Malgré l’affirmation répétitive et incantatoire des valeurs fondatrices de l’actuelle entreprise européenne, à savoir un antifascisme obsessionnel et fantasmatique pitoyable, la multiplication des contentieux mémoriels résultant du fait multiculturaliste renforce une « rivalité des récits victimaires [qui] rend les sociétés multiculturelles extrêmement fragiles. Par essence, tout esprit victimaire est conflictuel et discriminatoire. Le langage victimaire est autrement plus belligène que l’ancienne langue de bois communiste et il mène fatalement à la guerre civile globale (p. 220) ». Extraordinaire paradoxe ou hétérotélie selon les points de vue ! Surtout que « dans une société pluri-ethnique et multiculturelle, l’identité des différents groupes ethniques est incompatible avec l’individualisme du système libéral postmoderne (pp. 37 – 38) ». Tomislav Sunic ajoute que « la schizophrénie du monde postmoderne consiste, d’une part, dans la vénération absolue de l’atomisation individualiste qui met en exergue l’identité individuelle et consumériste, et d’autre part, dans le fait qu’on est tous devenu témoin du repli communautaire et de la solidarité raciale (p. 39) ».

     

    Certes, si Jure Vujic craint que « la Croatie comme toutes les “  démocraties tardives ”, ainsi qu’aime à le dire la communauté internationale, se doit de transposer de manière paradigmatique le sacro-saint modèle libéral, politique et économique, sans prendre en considération les prédispositions psychologiques, historiques et sociales spécifiques du pays (p. 13) », « pour l’instant, lui répond Sunic, les Croates, comme tous les peuples est-européens, ignorent complètement le danger de la fragmentation communautaire. La société croate, au début du IIIe millénaire, du point de vue racial est parfaitement homogène, n’ayant comme obsession identitaire que le “ mauvais ” Serbe. Pourtant, il ne faut pas nourrir l’illusion que la Croatie va rester éternellement un pays homogène. Le repli communautaire dont témoignent chaque jour la France et l’Amérique, avec le surgissement de myriades de groupes ethniques et raciaux et d’une foule de “ styles de vie ” divers, deviendra vite la réalité, une fois la Croatie devenue membre à part entière du monde globalisé (p. 38) ». La Croatie parviendra-t-elle enfin au Paradis occidental ? Rien n’est certain. En observant les pesanteurs de l’idéologie victimaire sur l’opinion et constatant que « souvent, la perception d’un groupe ira jusqu’à se considérer comme la victime principale d’un autre groupe ethnique (p. 68) », Tomislav Sunic y devine l’amorce de futurs conflits.

     

    Des guerres communautaires à venir

     

    « On a beau critiquer le communautarisme et l’identité nationale et en faire des concepts rétrogrades, relève l’auteur, force est de constater que le globalisme apatride n’a fait qu’exacerber la quête d’identité de tous les peuples du monde (p. 61). » Bonne nouvelle ! La vision morbide et totalitaire d’une humanité homogène ne se réalisera jamais. Ses adeptes chercheront quand même à la faire en se servant de cette idéologie moderne par excellence qu’est le nationalisme. « À l’instar des nationalistes classiques, le trait caractéristique des nationalistes croates est la recherche de la légitimité négative, à savoir la justification de soi-même par le rejet de l’autre. Impossible d’être un bon Croate sans être au préalable un bon antiserbe ! Ceux qui en profitent le plus sont les puissances non-européennes : jadis les Turcs, aujourd’hui l’Amérique ploutocratique et ses vassaux européens. Ce genre de nationalisme jacobin, qu’on appelle faussement et par euphémisme, en France, le souverainisme, ne peut mener nulle part, sauf vers davantage de haine et de guerres civiles européennes (p. 53). »

     

    Un regain ou une résurgence du nationalisme étatique moderne n’empêchera pas la « contagion postmoderniste » de la Croatie, ni d’aucun autre État post-communiste. Bien au contraire ! « Les mêmes stigmates de la décomposition identitaire occidentale sont visibles en Croatie, qui subit les assauts conjugués d’une dénationalisation politique et institutionnelle ainsi qu’un raz-de-marée de réseaux “ identitaires ” relevant de la postmodernité. Université, presse, politique, syndicat, on pourrait poursuivre la liste : administration, clubs, formation, travail social, patronat, Églises, etc., le processus néo-tribal a contaminé l’ensemble des institutions sociales. Et c’est en fonction des goûts sexuels, des solidarités d’écoles, des relations amicales, des préférences philosophiques ou religieuses que vont se mettre en place les nouveaux réseaux d’influence, les copinages et autres formes d’entraide qui constituent le tissu social. “ Réseau des réseaux ”, où l’affect, le sentiment, l’émotion sous leurs diverses modulations jouent le rôle essentiel. Hétérogénéisation, polythéisme des valeurs, structure “ hologrammatique ”, logique “ contradictionnelle ”, organisation fractale (p. 50). »

     

    On le voit : Tomislav Sunic « dévoile “ au scalpel ” les dispositifs subversifs, psychologiques et sociopolitiques, qui sont actuellement à l’œuvre dans une matrice identitaire croate qui reste très vulnérable face aux processus pathogènes de l’occidentalisation, assène Jure Vujic (p. 21) ». Les Croates ont obtenu un État-nation et une identité politique au moment où ceux-ci se délitent, dévalorisés et concurrencés par un foisonnement d’ensembles potentiellement porteurs d’identités tant continentales que vernaculaires ou locales (4). Le décalage n’en demeure pas moins patent entre l’Ouest et le reste de l’Europe ! « La petite Estonie, la Croatie et la Slovaquie vont bientôt réaliser que dans l’Europe transparente d’aujourd’hui, on ne peut plus se référer aux nationalismes du XXe siècle. Après avoir refusé le jacobinisme des Grands, ils se voient paradoxalement obligés de pratiquer leur propre forme de petit jacobinisme qui se heurte fatalement aux particularismes de leurs nouveaux pays. Sans nul doute, affirme alors Sunic, la phase de l’État-nation est en train de se terminer dans toute l’Europe et elle sera suivie par un régime supranational. Peu importe que ce régime s’appelle l’Union européenne ou le IVe Reich (p. 57). » Et si c’était plutôt l’Alliance occidentale-atlantique ou le califat universel ?

     

    Dans sa riche préface, Jure Vujic s’élève avec vigueur contre le supposé « retour en Europe » des anciens satellites soviétiques. En appelant à une « réappropriation de l’identité grand-européenne » de la croacité, il appelle à une réflexion majeure sur l’Europe de demain, celle qui surmontera les tempêtes de l’histoire.

     

    Seule une prise de conscience générale de leur européanité intrinsèque permettra aux peuples autochtones du Vieux Continent de contrer le travail corrosif de l’Occident moderne, du multiculturalisme et du postmodernisme. La transition des sociétés pré-migratoires et migratoires (Croatie et Ukraine par exemple) vers des sociétés post-migratoires (Europe occidentale) risque de provoquer une riposte identitaire virulente de la part de peuples européens (ou de certaines couches sociales) les moins séniles. « Une guerre larvée et intercommunautaire entre des bandes turcophones et arabophones vivant en Allemagne ou en France, et des groupes de jeunes Allemands ou Français de souche ne relèvent plus d’un scénario de science-fiction (p. 125) », avertit Tomislav Sunic. Il tient pour vraisemblable que « le nationalisme inter-européen d’antan, accompagné par la diabolisation de son proche voisin, comme ce fut le cas entre les Croates et les Serbes, peut dans un proche avenir devenir périmé et être supplanté par une guerre menée en commun par les Serbes et les Croates contre les “ intrus ” non-européens (pp. 38 – 39) ». La réalisation effective d’une identité politique et géopolitique européenne s’en trouverait grandement renforcée et annulerait le présent dilemme des populations croates par défaut et occidentalisées par excès. C’est dire, comme le remarque Jure Vujic, que « le livre de Tomislav Sunic […] constitue […] un éclairage politologique et philosophique considérable sur l’actuelle transition de l’identité croate dans la postmodernité (pp. 17 – 18) ». Une lecture indispensable en ces temps incertains et désordonnés.

     

    Georges Feltin-Tracol

     

    Notes

     

    1 : Jean-Gilles Malliarakis, Yalta et la naissance des blocs, Albatros, 1982, p. 152.

     

    2 : Idem. Ajoutons en outre qu’on n’a pas de sources exactes quant à la naissance de Tito. Ce dernier parlait d’ailleurs un mauvais serbo-croate avec un accent russe,  loin de sa prétendue région natale au nord de la Croatie. Sa syntaxe était également mauvaise.

     

    3 : Tomislav Sunic reprend une erreur courante quand il qualifie « le Conseil de l’Europe […de…] corps législatif (p. 137) ». Il confond le Parlement européen et le Conseil de l’Europe qui tous deux siègent à Strasbourg. Le Conseil de l’Europe ne relève pas de l’Union européenne puisque ses membres sont tous les États du continent – sauf le Bélarus qui est un invité spécial -, la Turquie et l’Azerbaïdjan. Sont membres observateurs les États-Unis, le Canada, Israël, le Mexique et le Japon…

     

    De ce Conseil procède la Convention européenne des droits de l’homme et sa sinistre Cour qui entérine les lois liberticides et encourage la fin des traditions européennes.

     

    Il ne faut pas mélanger ce conseil avec le Conseil européen qui  réunit les chefs d’État et de gouvernement, ni avec le Conseil de l’Union européenne rassemblant les ministres des États-membres pour des problèmes de leurs compétences.

     

    4 : Une fois la Croatie membre de l’U.E., il se posera la question de l’adhésion à l’Union européenne des autres États ex-yougoslaves. À la demande expresse de Franjo Tudjman, la Constitution croate, par l’article 141, interdit explicitement toute reconstitution d’une union balkanique. Or l’arrivée de la Serbie, de la Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, etc., dans l’U.E. ne sera-t-elle pas perçue comme la reformation d’un ensemble slave du sud dans le giron eurocratique et atlantiste ? Zagreb ne risquera-t-il pas de poser son veto à l’entrée de Belgrade, de Sarajevo ou de Skopje ?

     

    • Tomislav Sunic, La Croatie : un pays par défaut ?, préface de Jure Vujic, Éditions Avatar, coll. « Heartland », 2010, 252 p., 26 €.


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    dimanche, 11 juillet 2010

    Le Traité du Trianon fut une catastrophe pour l'Europe entière!

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    Le Traité du Trianon fut une catastrophe pour l’Europe entière!

     

     

    Entretien avec Gabor Vona, président du parti “Jobbik” sur les conséquences du Traité du Trianon et sur la situation des minorités hongroises en Europe centrale

     

    Q. : Monsieur Vona, il y a 90 ans, les puissances signaient le traité du Trianon. Quelles sont les conséquences de ce Traité sur la Hongrie actuelle ?

     

    GV : Laissez-moi d’abord vous expliquer la terminologie de cette question épineuse : d’après moi, tout traité est le suite logique de négociations ; or ce qui s’est passé après la seconde guerre mondiale dans le château du Trianon à Versailles relève du diktat et non de négociations ; les ennemis de la Hongrie ont décidé du sort de notre pays en tablant sur des mensonges, des chiffres falsifiés et de faux rapports. L’Europe centrale, et avec elle le Royaume de Hongrie tout particulièrement, a été morcelée par la faute d’une coalition de superpuissances à courtes vues et par un groupe d’Etats avides, calculateurs et frustrés, que nous connaissons depuis sous le nom de « Petite Entente ».

     

    Pour les Hongrois, le Traité du Trianon est synonyme d’une tentative de liquider purement et simplement le peuple hongrois. La perte de régions stratégiquement, culturellement et économiquement importantes et de leurs habitants signifie une perte démographique, culturelle et économique qui se ressent encore aujourd’hui dans notre pays, pour ne rien dire des dommages d’ordres psychologique et spirituel que le Traité du Trianon à infligé à notre conscience collective.

     

    Mais les résultats du traité du Trianon n’ont pas été une tragédie que pour les seuls Hongrois : ce fut une tragédie pour l’Europe entière. Parce que le Traité du Trianon et les autres diktats imposés par les vainqueurs dans la région parisienne ont déstabilisé l’Europe centrale et orientale et ont été la cause de conflits non encore résolus dans la région. Tant l’effondrement général de l’ex-Yougoslavie dans la violence que la séparation pacifique de la Tchécoslovaquie en deux entités étatiques prouvent que les assises de ce Traité du Trianon étaient insensées.

     

    Q. : La Hongrie a perdu plus des deux tiers de son territoire et plus de trois millions de Hongrois ont été placés sous l’autorité d’Etats voisins. Dans quelle mesure cette tragédie nationale a-t-elle transformé la mentalité des Hongrois ?

     

    GV : Immédiatement après la tragédie que fut le Traité du Trianon, la Hongrie est parvenue à se consolider très rapidement pendant l’ère chrétienne-conservatrice de l’Amiral Miklos Horthy. L’ère Horthy a permis de libérer des énergies positives pour le bien de la nation hongroise : en un laps de temps très bref, la Hongrie a réussi à reconstruire ses infrastructures, son industrie, son armée et ses forces de police. Le régime de Horthy jeta les bases d’une économie saine et efficace, soutenue par l’une des monnaies les plus stables d’Europe. Ce régime mit également sur pied un système éducatif solide et apte à soutenir la concurrence. La vie culturelle était florissante. Sous Horthy, la Hongrie avait une élite nationale impressionnante et bien formée, qui poursuivait un objectif : réviser les clauses du diktat injuste du Trianon et qui était prête à défendre les minorité ethniques magyares au-delà des nouvelles frontières de l’Etat hongrois résiduaire en menant une diplomatie offensive et même, s’il le fallait, en faisant appel aux forces armées. L’objectif déclaré, réunifier la nation, a pu être atteint, du moins partiellement. Mais depuis cette époque, nous, Hongrois, n’avons plus d’élite nationale. Pendant les cinq décennies de communisme, nous avions une élite d’obédience internationaliste et, aujourd’hui, nous avons une élite qui croit à l’idéologie de la globalisation. Aucune de ces élites n’a été ou n’est capable ou désireuse de défendre les intérêts nationaux. Il faut ajouter que ces « élites » ont eu la pire influence qui soit sur la mentalité actuelle du peuple hongrois.

     

    Q : Récemment, le Parlement hongrois a décidé de faire passer une loi sur la « double citoyenneté » et cela a conduit à des tensions avec la Slovaquie. Comprenez-vous les critiques émises par les Slovaques ?

     

    GV : Non. Mais je ne crois pas qu’il s’agit, en ce cas précis, d’une mécompréhension du problème. la Slovaquie, en effet, se comporte comme un adolescent frustré, qui approche de ses vingt ans, développe un complexe d’infériorité et réagit de manière disproportionnée face à une loi qui est entièrement au diapason de ce que demandent le droit des gens, les conventions réglementant les droits de l’homme et les principes du Conseil de l’Europe. Il y a quelques semaines, des élections ont eu lieu en Slovaquie et, comme vous l’aurez appris, la rhétorique anti-hongroise s’y est révélée capable de rapporter le maximum de voix. Ce n’est dès lors pas un miracle qu’aucun parti slovaque n’a pu se soustraire à ce chœur anti-hongrois…

     

    Q. : Plus d’un demi million de Hongrois ethniques vivent en Slovaquie où, l’an passé, le Parlement a fait passer la loi dite « de protection de la langue slovaque ». Dans quelle mesure celle loi discrimine-t-elle les Hongrois ? Pouvez-vous nous expliquer quelle est la situation de la minorité hongroise en Slovaquie ?

     

    GV : La loi sur la langue slovaque a pour noyau que tous les citoyens, pour toutes les questions administratives, ne peuvent utiliser que la seule langue slovaque ; ensuite toute infraction à cette loi est passible de sanctions sévères, imposées par l’Etat. Comme les Hongrois sont la seule minorité importante en Slovaquie, il est clair que cette loi vise principalement les Hongrois ethniques. Cette loi correspond parfaitement à la rhétorique anti-hongroise récurrente et aux pratiques législatives habituelles du gouvernement slovaque. Pour comprendre l’absurdité de cette loi, il faut savoir que la majorité des Hongrois ethniques (près de 10% de la population) vit dans le sud de la Slovaquie dans une région bien délimitée. Dans cette région, on rencontre très souvent des villes ou des villages entièrement hongrois où tous parlent hongrois, y compris les fonctionnaires de l’hôtel de ville ou de l’administration municipale, de la poste ou de la police. Par cette loi, un Hongrois ethnique est désormais contraint d’utiliser la langue slovaque pour s’adresser à un autre Hongrois ethnique qui, lui, travaille, dans un bureau de poste de village où, plus que probablement, tous les clients de la journée parlent hongrois. Tout cela se passe au 21ième siècle, dans l’Union Européenne, avec l’accord tacite de l’UE…

     

    Q. : L’UE garde le silence sur le traitement infligé aux Hongrois ethniques de Slovaquie. Ce comportement est-il objectif ?

     

    GV : Parmi les plus importantes demandes formulées au moment où la Hongrie adhérait à l’UE, il y avait celle qui réclamait de celle-ci qu’elle ne tolèrerait pas les discriminations infligées aux Hongrois ethniques. Ensuite, il y avait une demande plus claire encore : l’UE devait accepter la disparition éventuelle de certaines frontières, de façon à ce qu’un peuple puisse, le cas échéant, se réunifier. Nous avons beaucoup entendu parler des « valeurs communes » de l’Europe, lesquelles rejetaient les discriminations et les politiques de deux poids deux mesures, pratiquées sur la base de la race ou de l’ethnie. Maintenant, nous entendons très peu d’échos de ces « valeurs », censées être contraignantes. L’Europe se tait lorsque des Hongrois ethniques sont molestés parce qu’ils parlent leur langue maternelle, lorsque des supporters du club de football de Dunaszerdahely sont attaqués brutalement par la police ou quand une loi discriminante se voit ratifiée par le Parlement slovaque.

     

    Q. : Et quelle est la situation des minorités hongroises en Roumanie, en Serbie et en Ukraine ?

     

    GV : Dans chacun de ces pays, la situation est différente, relève d’une histoire et d’un contexte différents. Toutefois, entre tous ces pays, un point commun : la volonté du gouvernement en place de contraindre les minorités hongroises, qui vivent sur leur territoire, à s’assimiler.

     

    Q. : Jusqu’en 1921, le Burgenland, aujourd’hui autrichien, appartenait à la Hongrie. Pourquoi n’y a-t-il pas de tensions entre l’Autriche et la Hongrie au sujet de ce territoire ? Est-ce dû à la « communauté de destin » partagée par les vaincus de la première guerre mondiale ?

     

    GV : Vaincus ? Pour ce qui concerne le Burgenland, l’Autriche appartient plutôt au camp des vainqueurs, puisqu’elle a reçu un territoire auparavant hongrois. Du point de vue hongrois, cela paraît étrange d’avoir perdu un territoire au profit de l’Autriche, après que nous ayons combattu côte à côte pendant une guerre. Je pense que la raison pour laquelle le Burgenland ne constitue pas un objet de tension entre nos deux Etats, c’est que l’Autriche ne considère pas la minorité hongroise comme un danger pour l’unité du peuple et de l’Etat. Malheureusement, l’hostilité aux Hongrois ethniques que l’on perçoit en Slovaquie, en Roumanie, en Serbie et en Ukraine est largement répandue.

     

    Q. : Dans l’UE les frontières entre Etats perdent de jour en jour plus d’importance. L’UE ne pourrait-elle pas édulcorer les conséquences du Diktat du Trianon ?

     

    GV : Non. La rhétorique de l’UE et de ses partisans ressemble très fort aux professions de foi internationalistes des communistes. Le socialisme, bien qu’axé sur une autre logique utopique, cherche, lui aussi, à annihiler l’Etat national. Si l’UE pouvait constituer une solution, alors les relations entre la Hongrie et ses voisins, également membres de l’UE, devraient sans cesse s’améliorer. Mais nos expériences indiquent exactement le contraire…

     

    Q. : Pensez-vous que soient possibles une révision du Diktat du Trianon et une réunification des territoires peuplés de Hongrois dans les Etats limitrophes de la Hongrie actuelle avec celle-ci ?

     

    GV : Pour que cela advienne, il faut que la Hongrie se dote d’abord d’une véritable élite nationale, au service des intérêts du peuple. C’est là une condition incontournable pour la renaissance spirituelle de notre pays.

     

    (entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°24/2010 ; propos recueillis par Bernhard Tomaschitz).

    samedi, 10 juillet 2010

    Le démembrement de la Hongrie - Le Diktat du Trianon et sa révision partielle

     

    Erich KÖRNER-LAKATOS :

     

    Le démembrement de la Hongrie

     

    Le Diktat du Trianon et sa révision partielle

     

    Après la défaite de Mohacs en 1526 contre les Turcs, le Traité du Trianon est la seconde grande catastrophe subie par le peuple magyar. Le 4 juin 1920, le ministre plénipotentiaire hongrois Agoston Bénard et l’envoyé Alfred Drasche-Lazar signent, dans les salles du château de plaisance du Trianon les actes du traité fatidique pour la Hongrie. En guise de protestation contre ce Diktat imposé par les vainqueurs, les deux hommes ont signé debout. Car la délégation de Budapest avec, à sa tête, le Comte Albert Apponyi, subit en fait le même sort que les Autrichiens guidés par Karl Renner : tous ses arguments, sans exception, n’ont aucun impact. A la suite de ces vaines tentatives de négociations, les délégués hongrois sont contraints de signer le texte formulé et imposé par les vainqueurs.

     

    Toute la Hongrie met les drapeaux en berne. Plus des deux tiers du territoire de l’Etat hongrois doivent être cédés, avec 60% de ses citoyens d’avant-guerre qui deviennent en un tournemain des étrangers, parmi lesquels trois millions de Magyars ethniques. La Transylvanie, la Batschka et le Banat, les « Hautes Terres » (c’est-à-dire la Slovaquie) et l’accès à la mer par Fiume : tout est perdu. Même la Pologne, amie par tradition, reçoit quelques lambeaux de sol hongrois dans les Tatras. De plus, le Royaume de Croatie tout entier, avec ses 52.541 km2, est arraché à la Hongrie, alors qu’il était lié à elle par le biais d’une union personnelle depuis le 12ème siècle et où, selon le recensement de 1910, vivaient 105.948 Hongrois. La Croatie, bon gré mal gré, devient partie intégrante du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. « Nem, nem, soha ! » (« Non, non, jamais » !), entend-on de toutes parts. Les uns, en songeant au rude traitement parfois infligé aux composantes ethniques non magyares avant 1914, veulent réviser le Traité du Trianon de manière minimaliste en réclamant que les régions peuplées de Magyars reviennent à la mère patrie ; les autres, plus radicaux, lancent le mot d’ordre « Mindent vissza ! » (« Tout doit revenir ! ») et réclament le statu quo ante.

     

    Par le biais du Protocole de Venise et du référendum contesté dans la région d’Ödenburg, Budapest parvient en décembre 1921 à obtenir une révision très modeste du Diktat : les territoires retournés ont une superficie de 292 km2, où vivent 50.023 citoyens. A la suite d’une décision de la Commission des Frontières de l’Entente, quelques villages le long de la rivière Pinka (Nahring, Schilding, Kroatisch-Schützen, Pernau et Grossdorf) retournent sous souveraineté hongroise : en tout 67 km2. A ces villages, il faut ajouter Prostrum et Bleigraben.

     

    En juin 1927, le pays entre en ébullition car le quotidien londonien « Daily Mail », dans son édition du 21 juin, fait paraître un article titré « Hungary’s Place in the Sun » (« La place de la Hongrie sous le soleil »). L’auteur de cet article n’est rien moins que le magnat de la presse Lord Rothermere, dont le nom civil est Harold Sidney Harmsworth. Ce Lord Rothermere réclame une révision du Diktat du Trianon sur base ethnique-nationale. A Budapest, les optimistes pensent qu’il s’agit d’une initiative des affaires étrangères britanniques, ce qui s’avère bien rapidement un vœu pieux. Malgré cela, des centaines de milliers de personnes exultent quand Lors Rothermere vient en Hongrie pour visiter le pays. Certes, le Lord reste loyal à l’égard de la Hongrie, sponsorise le vol transocéanique entre Budapest et le New Foundland en juillet 1931, quatre ans après le vol en solitaire de Charles Lindbergh. L’appareil porte sur ses ailes une inscription, « Justice for Hungary »,  et traverse l’Atlantique en moins de quatorze heures.

     

    Mais, à ce moment-là, il n’est pas question de songer à modifier les frontières imposées par le Traité du Trianon. En pratique, la Hongrie est presque entièrement encerclée par les puissances de la « Petite Entente », l’alliance militaire entre Prague, Belgrade et Bucarest. Il faut attendre 1938 pour que la situation se modifie. En août, le Régent du Royaume, Horthy, est à Kiel en tant que dernier Commandeur de la Marine de guerre impériale et royale austro-hongroise ; il y est l’invité d’honneur d’Adolf Hitler à l’occasion du lancement du croiseur lourd « Prince Eugène » (Prinz Eugen). On en arrive à parler de la Tchécoslovaquie mais, à la grande déception de son hôte allemand, le Régent Horthy préconise une solution pacifique à la question.

     

    Lors des Accords de Munich, Mussolini jette dans les débats la questions des revendications polonaises (le territoire de Teschen) et hongroises sur la Tchécoslovaquie, ce qui débouche sur le premier Arbitrage de Vienne du 2 novembre 1938, qui accorde à la Hongrie une bande territoriale le long de la frontière hungaro-slovaque. Acclamé par la foule, le Régent, chevauchant un destrier blanc, entre dans la petite ville de Kaschau, accompagné de Lord Rothermere. En mars 1939, la Tchéquie résiduaire s’effondre et les troupes de la Honvéd (l’armée nationale hongroise) occupent l’Ukraine subcarpathique jusqu’à la frontière polonaise.

     

    Un autre ardent désir des Hongrois se voit exaucé, du moins partiellement, par le second arbitrage de Vienne : le retour de la partie septentrionale de la Transylvanie avec l’enclave des Szekler (13.200 km2 avec un demi million d’habitants, dont 91% de langue hongroise). Cette région se trouve sur les flancs des Carpates orientales. Le 30 août 1940, lorsque la carte des nouveaux changements de frontières est présentée dans les salons du Château du Belvédère à Vienne, le ministre roumain des affaires étrangères Mihail Manoilescu s’effondre, terrassé par une crise cardiaque.

     

    L’étape suivante (la dernière) a lieu en avril 1941. A la suite de la campagne militaire menée contre la Yougoslavie, les troupes de la Honvéd entrent dans la plupart des régions de la Batschka, peuplée de Hongrois. L’armée hongroise occupe également l’île de Mur entre les rivières Drave et Mur, au nord de Varajdin. Le Banat occidental (la partie orientale de cette région avait été attribuée à la Roumanie par le Traité du Trianon), avec ses 640.000 habitants, dont un bon nombre d’Allemands ethniques (*), ne revient pas à la Hongrie malgré l’aval de Berlin, parce que la Roumanie, elle aussi, avait exigé des compensations. Pour éviter une confrontation pour la maîtrise de cette région, celle-ci restera sous administration militaire allemande pendant la durée du conflit, une situation qui ne satisfaisait aucun des protagonistes.

     

    Avec le soutien allemand, la Hongrie a pu récupéré, en deux ans et demi, un ensemble de territoires de 80.000 km2 en tout, avec cinq millions d’habitants dont plus de deux millions de Magyars, vivant, depuis l’application des clauses du Traité du Trianon, sous domination étrangère. Mais les tensions entre voisins demeurent : des tirs sporadiques éclatent le long de la frontière roumaine pendant l’été 1941. La Slovaquie, à son tour, demande des compensations territoriales ou le retour de certaines terres à la souveraineté slovaque. La Croatie veut récupérer l’île de Mur. Bratislava essaye même de raviver la « Petite Entente » mais Ribbentrop parvient à apaiser les partenaires de l’Allemagne et de l’Axe. Mais la joie d’avoir récupéré les territoires perdus à la suite du Diktat du Trianon ne durera guère. A la fin de l’année 1944, les armées soviétiques déferlent sur la Hongrie, alliée à l’Allemagne. Le traité de paix du 10 février 1947, signé à Paris dans le Palais du Luxembourg, les vainqueurs réimposent le statu quo d’avant la guerre. Pire : la Hongrie doit céder trois villages supplémentaires à la république tchécoslovaque de Benes.

     

    Erich KÖRNER-LAKATOS.

    (article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°24/2010 ; http://www.zurzeit.at/ ).

     

    Note :

    (*) Ainsi que des Lorrains et des Luxembourgeois thiois et wallons, installés là-bas à la suite des invasions françaises du 17ème siècle qui ont saccagé et ruiné la Lorraine et la Franche-Comté, « génocidant » littéralement ces provinces et forçant, comme dans le Palatinat rhénan, les populations à fuir. Dans certaines zones, ce sont les deux tiers de la population qui est purement et simplement massacrée ou qui doit fuir. On trouvera des Lorrains dans la région de Rome, où ils ont été invités à assécher les fameux marais pontins et y ont péri de malaria et de typhus. Les Franc-Comtois, dont les villages et les fermes ont été incendiés par la soldatesque française et par les mercenaires suédois au service du Roi-Soleil, se retrouveront en Suisse et surtout au Val d’Aoste. La romanité impériale a subi de terribles sévices que l’historiographie française officielle a gommé des mémoires. Une historiographie, aujourd’hui « républicaine », qui donne des leçons à autrui mais dissimule des pratiques génocidaires inavouées et particulièrement écœurantes.

     

     

     

    jeudi, 08 juillet 2010

    Pour Vaclav Klaus, le projet européen a échoué...

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    Pour Vaclav Klaus, le projet européen a échoué...

    Le Président tchèque Vaclav Klaus a demandé aux pays d’Europe centrale et orientale de se méfier de toute adhésion à la zone euro. “L’Union monétaire européenne a échoué”, a écrit l’homme politique tchèque, que l’on classera comme un “libéral de droite”; il vient de s’exprimer dans les colonnes de la revue économique allemande “Wirtschaftswoche”. La zone euro, a-t-il ajouté, n’est pas un “espace monétaire optimal” car sa constitution procède en première instance d’une décision politique. Raison pour laquelle le projet de l’euro sera poursuivi en dépit de ses déboires économiques. “On a tant investi de capital politique dans la monnaie commune, destinée à devenir l’élément cimentant d’une Union Européenne orientée vers les idées de supranationalité, que l’on n’y renoncera pas, du moins, me semble-t-il, dans un avenir prévisible”, prognostiquait Klaus. Le prix à payer pour cet entêtement, selon l’homme politique tchèque, est le suivant: “Moins de croissance économique et davantage de transferts financiers pour les pays qui font face à de plus grands problèmes économiques et financiers”. De ce fait, Klaus estime que “nous, les Thcèques, n’avons pas commis l’erreur d’avoir adhéré à la zone euro”.

    (source: “Junge Freiheit”, Berlin, n°26/2010).

    COMMENTAIRES :

    -          Il est vrai que l’euro connaît des problèmes, mais ces problèmes ne sont pas dus aux mauvaises analyses posées par ses créateurs européens dès le départ. Ces problèmes récents découlent de spéculations contre certains pays plus faibles de la zone euro et de l’aire méditerranéenne, des spéculations qui émanent de milieux financiers d’Outre-Atlantique.

     -          L’origine américaine de cette spéculation fragilisante doit appeler à une vigilance paneuropéenne contre les milieux financiers. La réponse doit donc être politique et judiciaire, avec, pour objectif, 1) de sanctionner avec la plus extrême sévérité le crime de spéculation et d’envisager une répression féroce dans les milieux bancaires, lie des sociétés dites “modernes” et 2) de maintenir au moins le statu quo, c’est-à-dire de maintenir le pouvoir d’achat des masses et la protection sociale qu’on leur a promise.

     -          La faiblesse de l’euro, et partant de l’Union Européenne, vient d’une incapacité à désigner l’ennemi américain, à médiatiser et vulgariser ce fait d’inimitié dans les masses, et de croire à la bonne foi des dirigeants de Washington. L’Europe  ne sera pas politique tant qu’elle ne désignera pas l’ennemi  (car il est impossible de faire de la politique de manière profonde et sérieuse si on ne le désigne pas), tant que ses médias ne le fustigeront pas de manière inlassable et tant que son personnel politique marinera dans la naïveté, qui consiste à croire que les Américains sont l’incarnation du “Bien”, les adjudants du Tout-Puissant sur la Terre et les “libérateurs” de l’Europe. 

     -          Cet ensemble de spéculations contre la zone euro, notamment en Grèce, survient au moment où les Etats du groupe BRIC (Brésil, Russie, Iran, Chine) ou du Concert de Shanghaï ont émis l’hypothèse de facturer leurs hydrocarbures ou matières premières en euro, afin de mettre un terme à l’hégémonie du dollar et à faire du monde une multipolarité de pôles économiques et politiques pour ne plus subir les diktats énoncés au sein de l’actuelle unipolarité. Il faut y penser. Et il faut le dire, le clamer sur toutes les ondes.

     -          Les lamentations de Vaclav Klaus participent de la désinformation, visent à ébranler la confiance des masses dans l’euro et dans la construction européenne. On sait aussi que le gouvernement tchèque est philo-atlantiste dans sa politique internationale, alors que chaque pays européen devrait envisager de se dégager de la cangue atlantiste pour construire à terme un système de défense euro-centré voire eurasien (dont les frontières se situeraient en Méditerranée, sur le littoral Arctique de l’Islande au Détroit de Bering et sur les côtes de l’Océan Indien). Dans les faits, Vaclav Klaus tente de créer une sorte de zone-tampon, un ventre mou ou une masse de manoeuvre gélatineuse et empêtrante, entre les vieux pays fondateurs du “Marché Commun” en 1957 et l’espace russo-eurasien, afin de freiner toute fusion eurasienne, démarche qui condamnera toute l’Europe au marasme sur le long terme. Cette zone-tampon est déclarée “Nouvelle Europe” et parée de toutes les vertus (libérales): dans les faits, elle est tributaire de l’hyperpuissance, fragmentée en petites puissances incapables d’assumer une véritable indépendance et les voix que ces petites puissances pourraient émettre dans les instances décisionnaires ou dans les hémicycles parlementaires européens empêchent l’éclosion d’un consensus paneuropéen et d’une véritable volonté d’union.

    jeudi, 01 avril 2010

    8 april: "De schijnwerpers op Hongarije"

    8 april: “De schijnwerpers op Hongarije”

    Voor wie het zich afvraagt, de ruiter op de foto moet Árpád voorstellen. Hij is de leider van de Hongaarse stammen toen zij Europa binnentrokken. Het standbeeld staat op het Heldenplein in Budapest, samen met andere grote figuren uit de Hongaarse nationale geschiedenis. Oorspronkelijk wilden de Hongaarse communisten alle beelden hiervan slopen.

    mercredi, 03 mars 2010

    L'idée de Mitteleuropa

    mitteleuropa0003_copia.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987

    L'idée de "Mitteleuropa": elle refait surface

     

     

    par Karlheinz Weissmann

     

     

    Lors du dernier Congrès de la SPD, le parti social-démocrate allemand, qui s'est tenu cette année à Nuremberg, Peter Glotz profita d'un forum sur le thème "Europe occidentale - Europe centrale - Europe totale" pour ranimer l'idée de "Mitteleuropa" (Europe centrale). Si cette initiative fut rejetée par la plupart des participants, un détail, cependant, mérite attention: parmi les quelques rares personnalités qui approuvèrent Peter Glotz, se trouvait Zdenek Mlynar, haut fonctionnaire du PC tchèque pendant l'ère Dubcek. Cela n'a rien d'étonnant: le débat "néogauchiste" sur la Mitteleuropa fut lancé et animé essentiellement par des intellectuels socialistes dissidents des pays d'Europe centrale et orientale. En septembre 1985 déjà, la revue Kursbuch,  organe toujours influent de la gauche libertaire, la fameuse "undogmatische Linke" de RFA, avait publié dans ses colonnes la proposition du Hongrois György Dalos qui souhaitait une "Confédération centreuropéenne" et plusieurs autres publications théoriques s'ouvrirent à des débats sur ce thème. Le rejet de la proposition de Glotz illustre de façon typique l'attitude de la classe politique allemande à l'égard de thèses tendant à surmonter le statu quo des blocs; mais il s'explique surtout par le fait que Glotz avait aussi mis en avant l'idée de Reich, d'Empire, comme puissance tutélaire traditionnelle en Europe centrale et avait même évoqué, dans la foulée, les conceptions de Friedrich Naumann.

     

    l'héritage de Naumann

     

    Ceux qui s'intéressent à l'histoire savent que le nom de Friedrich Naumann est intimement lié à l'idée de Mitteleuropa. En 1915, Naumann publia un livre intitutlé précisément  Mittteleuropa,  où l'on trouve la formulation sans doute la plus prégnante de cette notion politique. Ses réflexions se ressentaient essentiellement de la situation créée par la Première Guerre mondiale, en particulier par l'économie de guerre. Naumann présageait l'avènement d'une époque où seuls les grands espaces autarciques pourraient économiquement, et donc politiquement, survivre. Son but était la fusion de l'Allemagne et de la monarchie danubienne, futur "noyau cristallisateur" d'une Europe centrale qui serait plus tard étendue à la France (1) ainsi qu'aux territoires limitrophes du Reich, à l'Est comme à l'Ouest. En cette "période historique d'avènement des groupements d'Etats et des Etats-masse", le nouvel espace ainsi créé serait capable de soutenir la concurrence des empires britanniques, nord-américain et russe. Bien que d'origine libérale, Naumann avait la conviction que la structure interne de ces grandes puissances serait toujours marquée par l'Etat organisateur mais que, dans une Europe centrale sous direction allemande, cette structure porterait le sceau du "socialisme d'Etat" ou du "socialisme national".

     

    Pour étayer son argumentaire, Naumann se réfère volontiers à la politique de Bismarck et à sa Duplice (Zweibund). D'abord, parce que la figure du fondateur du Reich garde une force émotionnelle, et donc légitimante, considérable; ensuite, parce que cette évocation répondait sans doute aux convictions intimes de Naumann. Pourtant, celui-ci est victime d'une erreur de jugement historique: certes, Bismarck accordait une grande importance à une alliance avec l'Autriche-Hongrie, mais il n'excluait pas, si l'urgence de la situation politique l'exigeait, une entente avec la Russie aux dépens des Habsbourg! Plutôt que chez Bismarck, c'est dans les projets "grossdeutsch" du Parlement de Francfort, dans la vision d'un "Empire de 70 millions d'âmes", chère à Schwarzenberg et à Bruck, qu'il faut rechercher les précurseurs de la "Mitteleuropa". Quant à ses prophètes, il vaut mieux les chercher du côté des critiques de l'Etat national "petit-allemand", chez un Constantin Frantz ou un Paul de Lagarde par exemple.

     

    le contexte de la première guerre mondiale

     

    Toujours est-il que l'idée acquit une certaine faveur à la veille de la Première Guerre mondiale. Mais il faudra le conflit armé pour qu'elle acquière des chances réelles de réalisation: très tôt, la perte des colonies montra aux responsables politiques allemands que l'Allemagne devait rechercher ailleurs l'assise d'une grande puissance. Après les premières victoires des Empires centraux, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Bulgarie signèrent le 6 septembre 1915 une convention militaire à laquelle l'Empire Ottoman adhéra peu après. Sur la base de cette alliance, Falkenhayn, chef d'Etat-Major allemand, adresse au chancelier Bethmann-Hollweg (peu avant la parution de l'ouvrage de Naumann) un mémoire sur la "fondation d'une confédératon d'Etats du centre de l'Europe", un Mitteleuropäischer Staatenbund.  Ce projet, comme tant d'autres, échoua devant la résistance de l'Autriche-Hongrie. Si la notion de "Mitteleuropa" est restée, dans les esprits, synonyme d'"agressions" et de "conquêtes territoriales" par l'Allemagne, cela tient à ce que les thèses bellicistes de l'extrême-droite allemande ont été débattues sous ce nom-là et que cette extrême-droite, surtout après la paix de Brest-Litovsk, envisageait d'étendre démesurément la sphère d'influence allemande en Europe centrale et orientale.

     

    L'effondrement du Reich et de la monarchie des Habsbourg réduisit tous ces projets à néant. Les petits Etats-nations nouvellement créés entre l'Allemagne et l'Union Soviétique étaient étroitement contrôlés par la France. Le concept de "Mitteleuropa" n'avait pas disparu pour autant, tout au moins au niveau du débat politique. L'idée fut relancée à des titres divers. Ainsi, Giselher Wirsing, issu de la mouvance de la revue Die Tat  lança l'idée de Zwischeneuropa,  Europe médiane ou Europe d'entre-deux, dans laquelle l'Allemagne, si elle se redressait, aurait un rôle à jouer. Le "front anti-impérialiste des peuples jeunes" y instaurerait un espace d'autarcie économique. On reconnait là une parenté avec les thèses de Naumann mais on note un glissement dans la désignation de l'adversaire: non plus Londres et Saint-Petersbourg, mais Paris et Moscou. L'analyse sociologique, souvent très aride, de Wirsing concernant les présupposés politico-économiques, contraste étrangement avec les idéaux, souvent très romantiques, de "reconstruction du Reich" auxquels adhéraient nombre de théoriciens jungkonservativ  de l'époque de Weimar. En toile de fond de leur analyse, il y avait la situation des populations d'ethnie allemande, dont il s'agissait de tirer les leçons. Le Reich  réaliserait en Europe centrale un ordre fédérateur reposant non sur une conception centraliste de la nation, legs de la Révolution française, mais sur le principe de l'égalité des droits entre tous les peuples. Jung écrit à ce sujet: "C'est l'idée d'un Reich structuré, accordant à chacune de ses composantes un degré de liberté capable d'extirper à jamais de l'âme européenne les idées poussiéreuses d'annexion, d'exploitation et de génocide". Cette conception associait volontiers à la signification proprement politique du terme "Mitteleuropa" l'idée d'une "position médiane de l'esprit", une geistige Mittellage  qui était au coeur de la pensée nationale traditionnelle et que, dès 1818, Arndt formulait ainsi: "Dieu nous a placés au centre de l'Europe; nous sommes le coeur de notre partie du monde". Quoi qu'il en soit, cette idée de Reich  fut l'un des ferments intellectuels les plus féconds de la période de Weimar. Or, si l'on songe que la République de Weimar avait une liberté d'action plutôt limitée en politique étrangère, il n'est guère étonnant qu'aucune idée politique plus ambitieuse n'ait eu une chance quelconque de se réaliser: la propositon Briand-Stresemann sur l'unification européenne resta lettre morte tout comme cette fameuse union douanière austro-allemande dans le cadre d'une politique "centre-européenne", plutôt traditionnelle celle-là, pour laquelle militait le chancelier Brüning et dont l'échec (en 1931) inspira largement à Wirsing le sujet de son livre.

     

    du nazisme au deuxième après-guerre

     

    Le débat sur la "Mitteleuropa" se poursuivit sous les nationaux-socialistes. Il semble même, au cours des années 30, que ce débat épousait les contours de la stratégie hitlérienne en politique extérieure. Jusqu'à la conclusion de l'accord commercial germano-roumain, en effet, on pouvait encore affirmer que le Troisième Reich reprenait à son compte l'héritage de la monarchie habsbourgeoise dans l'espace mitteleuropäisch.  Parmi ceux qui eurent tendance à confondre les intentions du régime national-socialiste avec leurs convictions personnelles, il faut citer l'interprétation de l'idéologie nazie par Heinrich von Srbik. Celui-ci persistait à croire que l'enjeu de la guerre mondiale était "un nouvel ordre plus viable en Europe centrale et sur notre continent". Or, les nationaux-socialistes ont toujours perçu l'idée de "Mitteleuropa" comme étrangère à leur mentalité, ne fut-ce qu'en raison de l'autonomie relative que cette idée accordait aux "petits peuples". Dans leur logique à eux, l'idée de "grand espace" était dictée par des impératifs tout à fait différents.

     

    La deuxième guerre mondiale et ses prolongements firent litière des conditions fondamentales qui avaient sous-tendu les réflexions de naguère sur la Mitteleuropa. L'extermination des Juifs, l'expulsion des Allemands des territoires orientaux du Reich et de la plupart des pays d'Europe centrale et orientale, détruisirent une structure ethnique multiséculaire. L'Allemagne, puissance tutélaire potentielle de l'Europe centrale, disparut de la scène comme acteur politique, et ce pour une durée indéterminée. L'émiettement géographique en Etats se doubla d'une partition de l'Europe selon les lois du nouvel antagonisme mondial. Ce n'est qu'à la fin des années 40 que l'on vit apparaître, en République fédérale et dans les zones d'occupation occidentales, une amorce de réflexion allant à l'encontre d'une allégeance occidentale sans faille de la RFA et susceptible de trouver quelque résonance. La SBZ (Sowjetische Besatzungszone, future RDA), puis la RDA, n'avaient aucune liberté d'action et tous les projets fédéralistes développés en Europe centrale et orientale se heurtèrent invariablement au niet  de l'Union Soviétique, peu encline à tolérer le moindre mouvement dans son glacis. C'est pourquoi les projets d'un Gerhard Schröder, par exemple, qui voulait établir des contacts directs avec ce groupe d'Etats, sans en référer à l'URSS, étaient voués à l'échec.

     

    l'idée de "Mitteleuropa" renaît dans les années 80

     

    Le nouveau débat sur la Mitteleuropa prend sa source dans les années 80. Cette source est en fait plurielle. En République Fédérale, le regain des argumentaires "géopolitiques" avait préparé le terrain. Aux Etats-Unis, la distinction entre géopolitique "vraie" et "fausse" n'avait jamais été abandonnée et ce type de réflexion alla jusqu'à influencer la stratégie américaine en politique étrangère. Henry Kissinger lui-même, qui orienta longtemps cette stratégie, avait eu recours, dans ses travaux historiques, à des facteurs géopolitiques pour analyser et expliquer l'histoire allemande. Il n'est guère surprenant, dès lors, que ce soit un autre Américain, David P. Calleo, qui ait interprété toute l'évolution de l'Etat national allemand sous l'angle de sa "situation centrale". Calleo conclut son livre The German Problem Reconsidered,  paru en 1978, par ces lignes remarquables: "La géographie et l'histoire s'étaient jointes pour permettre à l'Allemagne une ascension tardive; mais rapide, contestable et contestée. Le reste du monde a réagi en écrasant le parvenu". Plus prudents, les historiens ouest-allemands sont néanmoins d'accord sur le fond: Michael Stürmer diagnostique un "traumatisme de puissance médiane menacée" et évoque les "contraintes d'une position centrale". Dans son Die gescheiterte Großmacht. Eine Skizze des deutschen Reiches 1871-1945   (paru en 1980), Andreas Hillgruber, dont les travaux antérieurs faisaient déjà appel à des considérations géopolitiques, fait de la "situation géostratégique centrale" un élément d'explication majeur. Et il ne faut pas oublier à quel point les déclarations de Richard von Weizsäcker sur les conséquences de "notre situation géopolitique" ont pu contribuer à légitimer et à vulgariser ces thèses. Tout cela annonce une "valse des paradigmes" dans l'historiographie officielle de la RFA, comme l'atteste l'émoi avec lequel certains représentants de l'opinion (jusqu'alors) dominante  -qui ne voient dans l'histoire allemande que la sanction d'erreurs intrinsèques à l'Allemagne (le fameux Sonderweg!)-   ont réagi devant ce qu'ils appellent "l'absurdité des constantes géostratégiques".

     

    En marge de ces constructions historiques, la politique renoua spontanément, à la fin des années 70, avec la notion de Mitteleuropa. A Trieste, l'ancien port méditerranéen de la monarchie danubienne, germa la nostalgie d'une "Civiltà Mitteleuropa" (Viktor Meier). Il faut dire que les frustrations nées de la crise économique endémique qui secoue l'Italie n'étaient pas étrangères à cet état d'esprit. On ne peut pas dire, cependant, que cette étincelle se soit propagée à d'autres territoires anciennement austro-hongrois.

     

    la "Mitteleuropa" correspond à la zone dénucléarisée envisagée par Olof Palme

     

    Le concept de "Mitteleuropa" refit surface dans le sillage du débat sur la paix. Parmi les dissidents, notamment hongrois et tchécoslovaques, se développa l'idée d'une association des satellites ci-devant soviétiques en une confédération d'Etats indépendants, plus conforme aux traditions culturelles et politiques de ces peuples. Parallèlement, des contacts étaient noués entre la SED est-allemande et les sociaux-démocrates d'Allemagne occidentale en vue de la constitution d'une "zone soustraite aux armes chimiques", à rapprocher du projet, lancé par Olof Palme, d'une "zone dénucléarisée" en Europe.

     

    La boucle est bouclée: le Congrès de Nuremberg de la SPD ouest-allemande a repris dans son programme la création d'un "corridor dénucléarisé". Certes, la sociale-démocratie ne conteste pas l'intégration de la RFA dans l'OTAN, mais il y a là un indice qui, à la suite d'autres, traduit la volonté de se démarquer toujours davantage de l'Alliance atlantique. Du coup, le conflit Est-Ouest, jusque là considéré comme une évidence naturelle, s'émousse au contact du débat sur la paix. Et cette érosion est devenue irrémédiable.

     

    Il était inévitable, compte tenu de sa domination intellectuelle, que la gauche fût la première à produire un discours tendant à désamorcer les antagonismes en Europe. Et si les idées sur la neutralisation de la RFA, de l'Allemagne ou de l'Europe divergent encore quant à la stratégie, elles convergent en fin de compte vers un consensus quant aux objectifs fondamentaux.

     

    Glotz, social-démocrate, reste dans le vague

     

    Le projet proposé par Glotz pour la Mitteleuropa se singularise par un souci de transcender l'idée, plutôt prosaïque, d'une zone dénucléarisée sur 150 km de part et d'autre du Rideau de fer par une vision plus ambitieuse à laquelle Glotz prête apparemment quelque pouvoir mobilisateur. Malheureusement, on décèle chez lui un certain essoufflement des idées: Glotz semble être sans cesse demandeur d'idées nouvelles mais ses propres projets ne parviennent pas à le captiver très longtemps (par exemple, son dernier "Manifeste" pour des idées novatrices dans la politique européenne de la gauche). Cela peut, certes, s'expliquer par la grande mobilité intellectuelle du personnage mais on peut y voir aussi un signe de perplexité, et il n'est pas sûr que sa tentativce de renouer avec les idées de Mitteleuropa et de "Reich" soit d'un grand secours. Outre qu'il manque totalement de réalisme devant le fait de la puissance, il reste que les idées politiques ne sont pas des recettes de cuisine. Traditionnellement, la gauche allemande a toujours opposé le front du refus aux idées de "Mitteleuropa" et de "Reich" alors que les idées nationalistes ont pu, organiquement, faire bon ménage avec le socialisme ou la social-démocratie. Quoi qu'il en soit, le "Reich" est impensable sans référents résolument conservateurs; le contraire n'est pas concevable. Le fait que la gauche se cherche aujourd'hui des attaches de ce côté-là a valeur de symptôme mais de symptôme seulement: symptôme de son exaspération, ce qui semble donner raison à D.P. Calleo qui écrivait: "Après la deuxième Guerre mondiale, les Allemands ont en quelque sorte pris en congé de leurs problèmes traditionnels (...). Gageons que le conte allemand n'est pas encore fini...".

     

    Aucun mouvement politique ne peut percer sans une dimenson visionnaire, un mouvement conservateur, ou national, moins que tout autre. Croire que le cynisme de la puissance géopolitique brute suffise à produire ses effets mobilisateurs, ou que l'idée "européenne" (en réalité ouest-européenne!) soit encore une idée d'avenir, est une erreur. En allemand, le mot "Reich" a gardé une résonnance particulière. Il pourrait donner une nouvelle impulsion à la question nationale et l'histoire de tous les peuples d'Europe centrale pourrait être unifiée, même si cette unité reste lourde (donc riche) de tensions Certes, la voie est ingrate et ne promet rien dans l'immédiat. Mais le jeu en vaut la chandelle et l'effort intellectuel, lui, ne décevra point.

     

    Karlheinz WEISSMANN.

    (texte tiré de Criticón n°97, septembre-octobre 1986; traduction française de Jean-Louis Pesteil)

     

    N.B. Il est bien évident qu'entre cette idéologie et les solutions offertes par Naumann et Renner au problème de la Mitteleuropa , il n'y a aucun point commun. D'ailleurs les auteurs nationaux-socialistes n'avaient pas ménagé leurs critiques à l'encontre des idées naumaniennes, qualifiées de "pseudo-socialisme", marquées d'esprit judaïque. La plupart des collaborateurs et des amis de Naumann, l'ensemble des rédacteurs de la Hilfe   se sont exilés ou ont subi la persécution nazie; seul P. Rohrbach, qui se trouvait en 1939 à la tête de la Deutsche Akademie  de Munich avait accepté de subir la loi du régime, sans toutefois capituler devant toutes ses exigences. Le national-socialisme ne doit rien à Naumann et à son école.

    mardi, 02 février 2010

    1955: la neutralité autrichienne est proclamée!

    480px-Football_Autriche_maillot_svg.pngArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1985

    1955: la neutralité autrichienne est proclamée!

    Le nouveau gouvernement autrichien issu des élections est dirigé par le conservateur (ÖVP) FIGL; RENNER devient Président de la République. Mais le gouvernement FIGL est soumis à une pesante tutelle de la part de la Commission de Contrôle inter-alliée (Gran-de-Bretagne, USA, France, URSS). Tout acte du gouvernement de Vienne devait être soumis à cette Commission de contrôle; on en veut pour mémoire cette déclaration gouvernementale que FIGL dut présenter trois fois avant d'obtenir le "nihil obstat". Cependant, FIGL, rusé et fin politique, va insister, lors de la lecture de sa déclaration gouvernementale devant le Parlement au-trichien sur l'unité du pays et sur la néces-sité de supprimer le statut d'occupation.

     

    Le nouveau gouvernement autrichien va tout faire pour éviter d'être une marion-nette des Alliés et, pour ce faire, va souvent opposer les Alliés les uns aux autres, afin d'alléger la tutelle.

     

    L'Autriche devait entretenir quatre armées d'occupation (en tout, 352.OOO hommes). En outre, l'économie autrichienne avait été im-briquée dans l'économie allemande depuis 1938, ce qui permettait aux Alliés occiden-taux et soviétiques de s'en emparer au nom des réparations de guerre. Les Soviétiques vont ériger dans cette optique un "Konzern" pour l'exploitation des industries dont ils ont pris possession en Autriche: l'USIA (Upravlenié savietskovo immouchest-va v Austrii ou "Administration des biens soviétiques en Autriche"). Ce vaste ensem-ble comprenait des industries les plus di-verses: lunettes, chaussures, papier, in-dustrie aéronautique, pétroles, etc. L'USIA bénéficiait de l'extra-territorialité et les profits partaient en bloc à Moscou. La gestion était assurée par des cadres du parti communiste soviétique.

     

    En 1946, les compétences du gouvernement autrichien sont élargies par un accord avec les puissances occupantes. Dorénavant, seul un veto unanime des quatre puissances occupantes pouvait arrêter l'application des lois et actes promulgués par le gouver-nement de Vienne. Les négociations en vue d'arriver à un Traité d'Etat (Staatsvertrag) commenceront à l'initiative de Vienne.

     

    En 1947/48, la guerre froide éclate et le refroidissement des relations entre les USA et l'URSS met le problème de ce Traité d'Etat au frigo. Par ailleurs, il faut savoir que les Yougoslaves, soutenus à l'époque par Mos-cou, font valoir des revendications sur cer-taines parties du territoire autrichien. La guerre froide, en engendrant la bipolari-sation autour de Washington et de Moscou, permet aux deux super-gros de renforcer la cohésion de leurs satellites derrière leurs bannières respectives. Dès que commence la guerre froide, ce seront surtout les USA qui s'opposeront à tout Traité d'Etat réglant la question autrichienne. Ainsi, le 10 mars 1948, le Ministre américain des Affaires Etrangères, MARSHALL, déclare que l'Autri-che fait partie de "l'Occident" et qu'en con-séquence une neutralisation de ce pays n'est pas souhaitable. A la même époque, l'URSS se déclare prête, elle, à signer un Traité d'Etat rendant à l'Autriche son indépen-dance à condition que ce pays soit et de-meure neutre (blockfrei). A la suite de la rupture entre STALINE et TITO, les reven-dications yougoslaves ne sont plus soute-nues par Moscou. La France et la Grande-Bretagne se montrent également favorables à la conclusion d'un Traité d'Etat. Mais les Etats-Unis vont s'y opposer catégoriquement car ils se rendent compte qu'une neutra-lisation de l'Autriche rendrait plus difficile une "intégration" des zones d'occupation oc-cidentales d'Allemagne à "l'Occident", c'est-à-dire au monde américain. Pendant ce temps, sur le territoire de la future RFA, cette intégration se poursuit: en 1948, le mark occidental est introduit dans la partie ouest de l'Allemagne, ce qui provoque le blocus de Berlin par les Soviétiques. En avril 1949, l'OTAN est mise sur pied. Les Soviétiques, de leur côté, mettent au pas la Tchécoslovaquie et c'est le coup de force communiste de Prague de février 1948.

     

    En 1950, la guerre éclate en Corée. L'Ouest se range derrière les USA au nom des Nations Unies. L'Est se range derrière l'URSS. La tension entre les blocs atteint son paro-xysme. Plus que jamais, l'Autriche est me-nacée par le spectre de la division. De plus, à Vienne, des troubles sociaux éclatent suite à la brusque augmentation du coût de la vie. Américains et Soviétiques soutiennent leurs créatures respectives; ainsi, un chef de ban-de, Franz OLAH, reçoit le soutien de Wa-shington afin de constituer une troupe de choc prête à être l'embryon d'une future ar-mée autrichienne à intégrer dans l'OTAN. Au bout de quelques temps, les troubles ces-sent; l'Autriche reste occupée mais ne se di-vise pas.

     

    En 1954, il est de plus en plus question de faire entrer la République Fédérale d'Alle-magne (créée en 1949) dans l'OTAN. Pour les Autrichiens, la conclusion du Traité d'E-tat semble remise aux calendes grecques... C'est alors que l'URSS débloque la situation. En février 1955, le Ministre soviétique des Affaires Etrangères, MOLOTOV, déclare de-vant le Soviet Suprême qu'il n'y a plus au-cune raison de différer la conclusion d'un Traité d'Etat avec l'Autriche. Ensuite, le gou-vernement soviétique propose au gouver-nement autrichien un accord mettant les puissances occidentales devant le "fait ac-compli".

     

    Informés, les Américains repoussent toute idée de neutralisation de l'Autriche car cela signifierait une coupure territoriale de l'OTAN, avec l'Allemagne Fédérale au Nord et l'Italie au Sud, coupure qui rendrait la "position américaine intenable" (sic!). Les Atlantistes ajoutent même que si l'Autriche devient neutre, elle tombera inévitablement dans la sphère d'influence soviétique. Pour le Ministre américain des Affaires Etran-gères, John Foster DULLES, les politiciens conservateurs viennois, surtout le Chan-celier RAAB et le Ministre des Affaires Etrangères FIGL, devenaient presque des "crypto-communistes". La tension monte alors entre Vienne et Washington. Afin de dissuader le gouvernement autrichien d'ac-cepter les propositions soviétiques, le gou-vernement américain envoie à Vienne une de ses créatures, GRUBER, l'ancien Ministre des Affaires Etrangères, devenu ambassa-deur à Washington. Sa mission consiste à persuader le gouvernement du Chancelier RAAB que l'Autriche doit rester solidaire de l'Occident, c'est-à-dire des Etats-Unis. Les Américains vont même proposer au gouver-nement RAAB de s'installer à Salzbourg! Mais le gouvernement de Vienne, conscient de l'enjeu historique, voulait à tout prix éviter la division de l'Autriche et résista aux sirènes américaines.

     

    KREISKY, Secrétaire d'Etat au Ministère autrichien des Affaires Etrangères, informe alors l'ambassadeur soviétique KOUDRA-CHEV que Vienne accepte un statut de neu-tralité semblable à celui de la Suisse.

     

    Le 11 avril 1955, une délégation du gouver-nement autrichien composée du chancelier RAAB, du Vice-Chancelier SCHÄRF, du Mi-nistre des Affaires Etrangères FIGL et du Secrétaire d'Etat KREISKY est invitée à Mos-cou. Rapidement, on se met d'accord pour indemniser les Soviétiques: l'USIA sera rem-boursée en six ans pour un prix de 150 millions de dollars. Mais pour le Kremlin, l'Autriche devait se déclarer formellement neutre. Après quelques hésitations dues à la colère des Américains, les Autrichiens ac-ceptent et signent le 15 avril le mémo-randum de Moscou proclamant la neutralité de l'Autriche, selon le modèle suisse.

     

    A Washington, c'est la consternation. En Al-lemagne Fédérale, le collabo ADENAUER voit sa position ébranlée... Les Soviétiques pro-posent ensuite une conférence des Ministres des Affaires Etrangères des quatre; ce que Washington repousse immédiatement. La Pravda parle alors à juste titre d'une "nou-velle manœuvre des ennemis de l'indé-pendance autrichienne"...

     

    Mais les événements s'accélèrent: le 9 mai, dix ans après la capitulation du IIIème Reich, la République Fédérale d'Allemagne entre dans l'OTAN. Finalement, devant les pres-sions conjointes de Moscou et de Vienne, les ambassadeurs des quatre se mettent d'ac-cord sur le texte du Traité d'Etat et cela sur-tout parce que la RFA est désormais ancrée à l'Ouest. Le 15 mai 1955, les Ministres des Affaires Etrangères d'URSS (MOLOTOV), du Royaume-Uni (MACMILLAN), de France (PI-NAY) et des Etats-Unis (DULLES) signent le texte du Traité d'Etat avec le Ministre autri-chien des Affaires Etrangères FIGL. DULLES, on s'en doute, signait à contre-cœur. Selon ce Traité, l'Autriche se déclare neutre et les troupes d'occupation soviétiques, britanni-ques, françaises et américaines évacuent le territoire dans les mois qui suivent.

     

    Après dix ans d'occupation, l'Autriche, inté-grée dans le Reich national-socialiste en 1938, a réussi à recouvrer son indépen-dance. Certes, économiquement, elle est liée à l'Ouest mais politiquement elle est "blockfrei". La volonté conjointe de Mos-cou et de Vienne ont donc empêché que l'Autriche soit divisée en deux, comme l'Al-lemagne, et qu'il y ait un mur de Vienne...

     

    Roland VAN HERTENDAELE.

     

    Ce texte constitue le résumé d'une confé-rence prononcée à Bruxelles le jeudi 5 décembre 1985, dans le cadre des cycles de conférences organisés chaque année par la revue Orientations.

    dimanche, 10 janvier 2010

    Barbara Rosenkranz: "Zum Gegensteuern ist es nie zu spät"

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    „Zum Gegensteuern ist es nie zu spät“

    Landesrat Barbara Rosenkranz (FPÖ) über den Wert der Familie und eigener Kinder, die notwendige Familienförderung und den Ausweg aus der demographischen Falle

    Frau Landesrat, um nur zwei Stichworte zu nennen: niedrige Geburtenraten und die sogenannte eingetragenen Partnerschaften für Homosexuelle – welchen Stellenwert hat heute eigentlich noch die Familie in unserem Land?

    Barbara Rosenkranz: Rot und Schwarz zeigen deutlich, wo sie ihre Schwerpunkte setzen. Die eingetragene Partnerschaft, die sogenannte Homo-„Ehe“, zieht eine Reihe von Vergünstigungen nach sich, es kommt zur Gleichstellung dieser Beziehungen im Pensionsrecht, in der Krankenversicherung, im Erbschaftsrecht, und übrigens auch im Fremdenrecht, also in bezug auf den Familiennachzug. Hier erwachsen beträchtliche Kosten, während auf der anderen Seite, wenn es um die Förderung von Familien geht, einfach kein Geld vorhanden ist.

    Was sind denn die Gründe, daß die Familie in unserem Land einen immer geringeren Stellenwert hat?

    Rosenkranz: Das ist schlicht und einfach ein politisches Problem, weil die politische Klasse, die an den Schalthebeln der Macht sitzt, dieser Frage nicht die gebührende Bedeutung einräumt. In Sonntagsreden gibt es wohl das Bekenntnis zur Familie, vor allem von der sogenannten „bürgerlichen“ Partei, aber in der politischen Realität wird dem in keiner Weise entsprochen. Diese Geringschätzung der Familienfrage zeigt den Unterschied: Ich bin überzeugt, daß die demographische Situation die Basis aller anderen politischen Entscheidungen ist. Deshalb muß eine ausgeglichene Geburtenrate das Ziel jeder Politik sein, die auch auf Zukunft setzt.

    Oftmals wird behauptet, Frauen würden sich gegen Familie und gegen Kinder entscheiden, weil sich Familie und Beruf nicht miteinander vereinbaren ließen. Was sagen Sie als erfolgreiche Politikerin und Mutter von zehn Kindern zu diesem Argument?

    Rosenkranz: Im Zusammenhang mit der Frauenerwerbsquote wird immer wieder die Frage diskutiert, wie viele Betreuungseinrichtungen wir vor allem für Kleinkinder brauchen. Jede seriöse Untersuchung zeigt aber, dass der Einfluß des Betreuungsangebotes auf die Geburtenrate gleich null ist. Der bekannte Demograph Herwig Birg sagt es launig und pointiert: „Wahrscheinlich ist die statistische Korrelation zwischen der Geburtenrate und der Zahl der Störche höher als der behauptete Zusammenhang mit der Frauenerwerbsquote“. Das ist auch nicht erstaunlich, denn wer Kinder hat, möchte auch vor allem in der allerersten Zeit mit ihnen zusammen sein. Noch eine Tatsache zum Thema: In den städtischen Ballungszentren gibt es wesentlich mehr Kinderbetreuungseinrichtungen als auf dem flachen Land, aber dennoch verhält es sich bei der Geburtenrate, die in den Städten viel niedriger ist, genau umgekehrt.

    Dennoch ist klar, daß junge Frauen nicht zu einer Entscheidung zwischen Familie und Kindern gezwungen werden dürfen. Auch wer sich für eine sehr frühe Rückkehr in den Beruf entscheidet, soll dabei Unterstützung finden. Es muß aber auch Alternativen geben: Wir haben eine Lebenserwartung von über 80 Jahren, und Mädchen, die heute geboren werden, können im Schnitt über 100 Jahre alt werden. Da muß es doch möglich sein, in der Lebensperiode, in der es sinnvoll ist, Kinder zu haben und die Familie als vorrangig zu sehen, das auch zu tun und später, wenn die Kinder aus dem Gröbsten draußen sind, wieder in den Beruf einzusteigen.

    Was halten Sie von Maßnahmen wie Muttergehalt oder bessere pensionsrechtliche Absicherung von Müttern, um Frauen dazu zu bewegen, daß sie wieder vermehrt „Ja“ zu eigenen Kindern sagen?

    Rosenkranz: Die pensionsrechtliche Absicherung von Müttern ist ein unbedingtes Muß. Es ist ein absoluter Skandal, daß genau jene, die mit ihrer Lebensarbeit ganz wesentlich für den Fortbestand unseres Pensionssystems sorgen, indem sie nämlich zukünftige Beitragszahler heranziehen, dann selber im Alter unversorgt sind. Der schon erwähnte Professor Birg hat es treffend formuliert: „In unserem Pensionssystem profitiert von Kindern, wer keine hat.“ Unser Pensionssystem ist ganz klar ein sich selbst zerstörendes System, wenn es nämlich nicht dafür sorgt, daß die eigenen Voraussetzungen erhalten bleiben. Das ist ein ganz wichtiger Punkt.

    Zum zweiten muß dafür gesorgt sein, daß Frauen auch in der Zeit, in der sie sich vor allem für die Kindererziehung entscheiden, finanziell unabhängig fühlen können. Deshalb muß man vor allem am Kindergeld ansetzen und es zu einer Leistung ausbauen, von der man auch wirklich leben kann.

    Dringender Handlungsbedarf müßte ja auch im Steuerrecht bestehen. Schließlich sind Familien mit zwei, drei oder mehreren Kindern gegenüber Paaren, die keine Kinder haben und wo es zwei Alleinverdiener gibt, doch erheblich benachteiligt.

    Rosenkranz: Ohne jede Frage! Hier gibt es auch Vorbilder innerhalb des EU-Raumes, zum Beispiel Frankreich, das bei der Berechnung der Steuerlast die notwendigen Ausgaben für Kinder berücksichtigt. Daher erhebt die Freiheitliche Partei konsequent die Forderung nach einem Familiensplitting nach französischem Vorbild als politische Zielsetzung.

    Auch wenn es von der Freiheitlichen Partei derartige Konzepte gibt: Wenn man die demographische Entwicklung anschaut, ist es dann nicht schon zu spät, um gegenzusteuern?

    Rosenkranz: Dazu kann es nie zu spät sein! Wenn es darum geht, dem eigenen Land und dem eigenen Volk eine Zukunft zu sichern, kann es nie zu spät sein! Aber eines steht fest: Die demographische Verfassung eines Volkes ist wie ein schwerfälliger Dampfer. Jedes Manöver zeigt seine Auswirkungen erst mit einer bestimmten Zeitverzögerung. Wenn es uns heute gelingt, die Geburtenrate wieder auszugleichen, bleiben die Folgen der vergangenen Jahrzehnte noch bestehen. So konnte es auch – von vielen ignoriert – zu der krassen Fehlentwicklung kommen. Schon seit den 70er Jahren des vorigen Jahrhunderts haben wir mehr Sterbefälle als Geburten zu verzeichnen. Erst im Jahr 2000 ist es schön langsam darüber zu einer politischen Debatte gekommen. Mittlerweile muß die Binsenweisheit jedem klar sein, daß man zwar eine zeitlang die Kosten für das Aufziehen eigener Kinder gespart hat, aber jetzt zu wenig erwachsene Menschen hat, um die Pensionisten zu versorgen. Weil auch eine Reparatur der demographischen Grundlage erst nach einiger Zeit wirksam wird, ist es umso dringender, daß man sofort damit beginnt.

    In der familienpolitischen Diskussion stehen zumeist die Anliegen der Frauen im Vordergrund, während jene der Männer, um ein Beispiel zu nennen, das der Väter, denen nach der Trennung das Besuchsrecht zu ihren Kindern verweigert, eine bestenfalls untergeordnete Rolle spielt. Woher kommt diese Ungleichgewichtung?

    Rosenkranz: Das Ausspielen bzw. das Gegeneinandersetzen von Männern und Frauen, ist eine der Taktiken des Feminismus und ein Vorgehen, das den gesellschaftlichen Verhältnissen im gesamten absolut nichts Gutes tut. Ohne jeden Zweifel – und das sage ich auch als Mütter von sechs Töchtern – ist mir der gesellschaftliche Stellenwert von Frauen, von jungen Frauen, von Müttern, ein ganz besonders hohes Anliegen. Aber durch einen „Geschlechterkrieg“ gegen Männer und Väter kann das niemals erreicht werden.

     
    Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.

    dimanche, 20 décembre 2009

    Entretien avec Maître Jure Vujic

    Jure_Vujic[1].jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2001

     

    ENTRETIEN avec MAITRE JURE VUJIC

     

     

    Jure Vujic, avocat, diplômé de droit à la Faculté de droit d'Assas Paris II, est géopoliticien et écrivain franco-croate. Il est diplômé de la Haute Ecole de Guerre „Ban Josip Jelacic“ des Forces Armées Croates et de l'Académie diplomatique croate où il donne des conférences régulières en géopolitique et géostratégie. Il est l’auteur des livres suivants:  Fragmenti geopoliticke misli ( Zagreb, éditions ITG, 2004), Hrvatska i Mediteran – geopoliticki aspekti ( éditions de l'Académie diplomatique du Ministère des Affaires Etrangères et des intégrations européennes de la République de Croatie, 2008)  Intelektualni terorizam - Hereticki brevijar ( Zagreb, éditions Hasanbegovic, 2007), Trg marsala Tita: Mitovi i realnosti titoizma “ ( Zagreb, éditions Uzdanica, 2008), „Anamnèses et transits“ ( Zagreb-Bruxelles, éditions NSE), „Nord-Sud l'honneur du vide“ ( Zagreb-Bruxelles, éditions NSE), „Eloge de l'esquive“ ( Zagreb, éditions Ceres, 2006), Kad andeli utihnu - Apokrif Ante Gotovine “( Zagreb 2009). Il est également auteur d'une centaine d'articles en philosophie, politologie, géopolitique et géostratégie. Il collabore avec le Centre d'Etudes Politiques de Zagreb, les journaux „Vjesnik“, „Fokus“ „Vijenac“, „Hrvatski list“, Eurasia, Catholica, etc.

     

    Maitre Jure Vujic, co-fondateur de la revue «Au fil de l'épée », collaborateur aux revues «Nouvelles de Synergies Européennes» et «Vouloir», penseur et écrivain, a répondu aux questions que lui a posées Robert Steuckers, responsable de Synergies européeennes.

     

    Pouvez nous exposer les principales caractéristiques de la société globale contemporaine ?

     

    Ce qui caractérise à mon sens la société globale c'est indéniablement la manipulation mentale généralisée. En effet la société globale est un vaste laboratoire où l'on s'ingénue à créer par le contrôle des esprits une société psycho civilisée qui grâce à la génétique expérimente le clonage d'êtres humains, décervelés et domestiqués, C'est en quelque sorte le remake du « procédé Bokanovsky » imaginé par Adous Huxley dans « le Meilleur des mondes ». Le but est dans l'esprit d'un Francis Fukuyama d'abolir . par l'intermédiaire des biotechnologies d'abolir le temps et les conrétudes naturelles, pour mettre un terme à l'histoire et anéantir les êtres humains en tant qu'êtres concrets, pour aller au de là de l'humain. Par les procédés de manipulation mentale on aboutit dans cette scociété globale à une nouvelle forme d'esclavagisme moderne. En effet, les nouvelles technologies informatiques et le monde des images, bouleversent toutes les données de la vie quotidienne comme le champ des investigations scientifiques. L'écran devient fatal et omniprésent comme du reste le règne du spectacle et du « simulakrum » de l'époque postmoderne stigmatisé par Jean Baudrillard. C'est de l'intérieur du monde envahissant des images que peut se voir la manipulation vidéographique, se déployer le régne des artifices et des simulations, se mettre en place une sacralisation nouvelle de l'image et de sa présence. La manipulation mentale dont je parle s'apparente à une secte globale. En effet, il y a une parenté flagrante en tre la secte, exigeant le consentement intime à un groupe donné et l'adhésion au marché universel , société à la fois globale et fragmentée en cellules consuméristes rendues narcissiques. La « société bulle » des cultes sectaires n'est que le plagiat microsociologique de la secte globale planétaire sommant chacun de devenir un « gentil et docile membre de l'humanité »_ Comme dans les sectes, la société globale qui se propose d'abolir le temps et l'histoire sécréte en elle une volonté de suicide collectif refoulée, l'autodestruction étant vécue de manière indolore de manière aseptique tel un voyage spirituel vers une autre incarnation. Il s'agit bien d'une nouvelle forme de « Kharma »moderne. La révolution technologique, le règne du cyberspace, la révolution numérique, le développement des réseaux électroniques d'information provoquent un syndrome de saturation cognitive. Assommés par un flux continu d'informations et d'images, les individus sont de moins en moins en mesure de penser et de décider, donc finalement de travailler, étant de plus en plus accablés et abrutis. Nous sommes au coeur de la cybercrétinisation. La manipulation mentale aboutit de même à la colonisation de l'inconscient et de l'imagination, en tant qu'espace intime onirique et symbolico-archétypal. Le capitalisme traditionnel qui se contentait jadis de la publicité s'attaque aujourd'hui aux domaines du rêve, de l'imagination, dans les visions du monde les plus intimes ; Cette colonisation de l'imagination s'opère par la diffusion de supplétif telle la science fiction, prêt à porter de l'imaginaire s'adressant aux « étages inférieurs » de l'inconscient, un imaginaire standardisé, pauvre,  qui se  ré duit le plus souvent à des formes bâtardes de vulgarisation, nulles aussi bien sur le plan littéraire qu'intellectuel. Le. loisir. imaginaire comtemporain qui vise à instaurer une société dejoie permanente se résout a une incitation collective à l'achat. La production symbolique autrefois ajustée à l'évolution des siècles est devenue frénétique, Le but est ici d'aboutir à une perte d'identité et des capacités réactives. Ainsi la société globale est une vaste techno utopie à propos de laquelle Armand Mattelart a dit « qu'elle se révèle une arme idéologique de premier plan dans les trafics d'influence, en vue de naturaliser la vision libre échangiste de l'ordre mondial, la théocratie libérale ».

     

    Pour finir avec ce tableau, je dirais que la société globale est affectée d'un complexe Oedipe idéatique . Je m'explique, Pour reprendre un schéma Freudien dont je récuse. Toutefois.,le réductionnisme, la résolution du complexe d' Oedipe, s'effectue dans les conditions suivantes : le devenir fils requiert le deuil du « père idéalisé » (le tout puissant non « castré »), Cest àdire le consentement à la finitude du père, un tel consentement marque la reconnaissance de la différence et de la similitude entre le fils et le père. Dans notre société globale, faute de procédés d'idéalisation, le fils tue prématurément le père, de sorte que son deuil est en quelque sorte avorté. Il devient un individu néopatrimonial autocentré, qui résulte non d'une filiation naturelle voir paternelle mais d'une filiation patrimoniale, non pas héréditaire, mais toute artificielle, matérielle, autogénérée, une filiation bâtarde. En l'absence « d'une castration symbolique du fils », ce dernier ne peut articuler simultanément d'une part le manque d'oùj ili naît comme sujet, sa finitude, sa mortalité, et d'autre part son identification au père. La société globale est un auspice d'orphelins néo-patrinioniaux. Oedipo idéatique je disait. Idéatique, car selon la théorie du néocoriservateur, Arnold Gehien, la conscience suprême dans la vie sociale est la conscience idéative laquelle consiste en une activité créatrice qui s'exprime par la création et le fondement d'institutions, La société globale faute de vision de monde, engagée sur la voie d'un progrès sans fin s'emploie à démultiplier a l'infini les institutions pour pallier à son manque de conception et de sens historique. C'est la raison pour laquelle on aboutit à une hypertrophie institutionnelle de même qu'à une inflation législative et bureaucratique, dédale où le pauvre Oedipe se débat tel un foetus traumatisé.

     

    Croyez vons en un possible éclatement de la société globale ?      

     

    Même si je dois deçevoir les adeptes de l'apocalypse et les futurologues fantaisistes, les disciples du Kali Yuga, je ne suis pas en mesure de donner un réponse exacte à cette question et Préfère me cantonner à certaines leçons tirées de l'expérience Organiciste. Tout Etat, toute nation, toute culture comme tout corps social, sont en quelque sorte des Organismes. Le développement de tout organisme s'exprime Par la différenciation au sein de l'unité. Mais on doit admettre aussi la proposition contraire : à savoir que l'approche de, la décomposition se traduit par la confusion de ce qui fut distinct. Cette décomposition se traduit par un fléchissement de cette unité qui régnait sur l'innombrable variété des parties intégrantes. Ce morcellement qui marque l'affaiblessement de l'unité peut être la fin de tout. Le commencement de la fin. Le processus de  développement dans la vie organique suppose une gradation lente, la passage successif du plus simple au progressive , la plus complexe. , l'individualisation a la différenciation de tous les phénomènes analogues. L'unité dans la diversité, la complexité « florissante et polymorphe » est l'apogée du développement organique. A contraire la, société globale affiche sous le visage fallacieux dé ladifférence apparente , une complexité artificielle, mécaniciste et infernale, qui n'aboutit nullement à une différenciation par gradation mais bien à une uniformisation par nivellement, Toute société est vouée à des phases de naissance, de développement et de maturation puis de décomposition et de mort. La mort et la décomposition d'un organisme sont précédées des mêmses symptômes : simplification des parties intégrantes, diminution du nombre des signes, affaiblissement de l'unité et de la force, en même temps que confusion. Tout baisse graduellement, se dégrade et fusionne. C'est à ce momment là qu'entrent en scène la corruption et la mort. On aboutit alors au déclin de la forme qui n'est autre qu'une idée intérieure qui empêche la matière de se disjoindre.

     

    Tous les sympthomes énoncés se retrouvent dans la société globale : uniformisation et simplification des parties intégrantes, absence de signes et règne des messages-information par écrans interposés, affaiblissement de l'unité et de la force par propagation du progressisme libéral et de l'égalitarisme niveleur, et confusion par démultiplication polyarchique des centres de décisons ; une telle société quiest en voie de décomposition pourrait bien imploser par entropie. Mais on ne peut préjudicier sur la fin d'une société:» l'agonie peut être lente, si lentequ'elle peut durer des années ou des siècles entiers, le temps durant lequel l'identité de peuples ainsi que des cultures entières peuvent disparditre.

     

    Pouvez vous vous définir politiquement ?

     

    Au lieu de typologies politico idéologiques, je crois plutôt à un certain déterminisme du tempérament, du caractère, l'oeuvre de l'intuition, une certaine tendance qui conditionnent dès notre plus jeune âge notre orientation politique. Comme Nikos Kazantzaki, je crois qu'il faut plutôt que de se soucier des hommes davantage aimer la flamme qui n'est pas humaine et qui les brûle. « Nous ne devons pas lutter pour l'humanité, niais pour cette flamme qui transforme en feu cette paille humide, l'inquiet, le ridicule que nous appelons humanité ». Oui il s'agit d'une tendance spCcifique, stylistique particulière, une résonnance insolite bref une intuition qui prend forme progressivement pour se traduire par une expression idéologique et politique. Non pas qu'il s'agit de ne pas se soumettre à un examen critique, mais plutôt accepter ce déterminisme et travailler pour que cette tendance aboutisse au plus haut degré de maturation, qui n'est rien d'autre qu'une conviction, une foi élégamment habillée. Une visée globale à la fois nuancée et déterminée, tranchée et rapace, agairie et détachée, visée incarnée par une certaine pensée vivante, un certain mode d'être, des formes d'actions qui résultent d'un vécu subjectif et qui poussent à agir, construire un devenir, ouvrant sur une voie chargée d'un sens historique, une destinée capable de recevoir un futur antérieur au de là des dichotomies tradition/modernité. Plus' qu'une mécanique particulière de 'structuration idéologique, il s'agit d'une tension qui oriente et enflamme l'action.

     

    Je commencerais par une citation de L.F Céline : « la vieillesse rabâche et la jeunesse déconne ». Pour na part, arrivé à l'âge moyen et après avoir atteint un certain degré de maturité je l'espère, l'autoattribution d' étiquettes politiques ne me convient plus, elles me semblent risibles et incongrues à la fois. J'aurais peur de me répéter, de rabâcher et de décevoir les lecteurs. De nos jours se dire national révolutionnaire, nouvelle droite, nouvelle gauche, anarcho syndicaliste, de droite ou de gauche dans le cadre du système global qui détient des procédés d'autorégulation, de récupération et de neutralisation de groupes politiques les plus marginaux jugés subversifs, me semble tout à fait illusoire. D'autant plus que l'appartenance à une famille politique quelconque de doite ou de gauche me semble être un réflexe sécuritaire, que j'ai il y a longtemps dépassé, car j'ai fais l'expérience que l'on appartient nullement à un groupe social, politique, ni même pas à soi  même, si ce n'est à rien. Appartenir ou la douce complainte des adeptes du nostrisme. Je dois remarquer d'ailleurs que tous les disciples du cororminautarisme, du national, de la mouvance de droite ou de gauche sont profondément, contaminés par l'individualisme. On le voit dans leur impossibilité de fédérer les plus petites formations politiques et la fragmentation en plusieurs chapelles sectaires. J'inviterais donc tous les sbires du communautarisme à venir faire l'expérience sur le terrain, de vivre quelque temps dans les sociétés de type holiste dans les pays islamiques du moyen orient, en Asie en Inde, ou bien dans certaines régions de l'Europe centrale, plutôt que de cogiter et de se délécter cérébralement sur les bienfaits des sociétés communautaires, archaiques et appartenant à un passé mythique. Je vous assure que beaucoup d'entre eux désenchanteraient rapidement et reviendraient camper dans les cériacles hermétiques et confortables sur des positions incohérentes car mis à l'épreuve par le vécu subjectif Je préfère tout simplement garder ma dignité, en restant libre et debout, et prendre à chaque fois levirage d'un exil intérieur pour n'appartenir à rien, pour tout simplement demeurer et comprendre en toute liberté. C'est la raison pour laquelle je préfère développer une Pensée qui échappe aux carcans conformistes du globalisme ce qui n'est pas chose facile.

     

    Parler de non conformisme à l'heure ou tous les avatars institutionnels, médiatiques ,politiques et sociaux du « political correct », font Office de sacerdoce religieux de pédagogues

    sociaux et de censeurs à l'oeuvre dans toutes nos bonnes vielles démocraties Parlementaires, me parait être un exercice périeux engagé sur une pente raide de désaveu collectif. Faire

    l'apologie élogieuse des Premiers non conformistes libertins du 18è' siècle, de Brantôme, Montluc, Bodin, Serres, de Verville, Vauquelin de la Fresnaye et dont le courant de

    penser  constituait         ce        que      l'on       appelle aujourd'hui «artistocratisme      libertin » jusqu'aux        non conformistes contemporains anarcho-droitistes, Bernanos, Nimier, Céline et tant d'autres, se reclarner comme l'héritier de leur pensée, peut être éminemment honorable pour leur mémoire et rhétoriquernent satisfaisant, mais sans doute quelque peu prétentieux, lorsqu'un sait que seuls des êtres d'exception peuvent assumer un combat intégral et quasi

    ontologique contre la société globale, et les plus faibles se fourvoieront très vite eux mêmes sur ce chemin dangereux. Etaler incongrûment les pâles constats de l'uniformisation et

    du nivellement culturel dans nos sociétés dominées par l'anomie généralisée, dénoncer les mécanismes perfectionnés d'autorégulation et de récupération à l'oeuvre dans tous les

    sytèmes bourgeois, nous conduit dans les méandres de réflexes conditionnés que nous contestons à priori pour aboutir a une réaction unique, contestataire dans l'âme, mais cependant stérile sur le plan pratique, et laquelle ne représente au fond que le pendant politique et philosophique opposé, „l'alter ego“renversé et répudié de la pensée dominante qui se nourrit allégrement de boucs émissaires affaiblis et manipulés. Dire et crier à tout bout de champ que le système nous. menti s'apparente aujourd'hui à une vérité de polichinelle. Les guerres de tranchée que se  livrent depuis des décennies certains individus libres face au mollock étatique, le monstre froid Nietzchéen, qui broit les individualités sur son passage, sont inéluctablement enlisés dans l'absence de stratégie globale, l'incohérence et l'inconsistance de certains laudateurs de l'ordre à tout prix, ou tout simplement dans le désarroi et la fatigue des protagonistes de « l'anticonformisme ». Bernanos l'avait bien compris : « les Êtres d'exception se forment à la lisière des pouvoirs forts ». Les tenants de l'ordre établi et leurs sbires goulurnent stipendiés ont bien compris la leçon : la démocratie parlementaire, le constitutionnalisme, les relais institutionnels et médiatiques de la société civile qui ne sont ce que Gramsci et Althusser appelèrent les « appareils de répression idéologique », sont bien plus efficaces dans la neutralisation de leurs ennemis que la bayonnette des militaires, car ils noient toute discussion supposée contestatrice dans le cadre d'une discussion globalisante par excellence, ou la confrontation des opinions finit par devenir une douce complainte consensuelle. La « clasa discutadora » de Donoso Cortes reste triomphante. Charles Péguy avait raison « ne rien dire c'est déjà capituler ». Il faut être agairi de cet irrespect chronique fait de manisfestations intermittentes et d'une lucidité à tout épreuve pour éviter les colibris de la récupération. Comprendre cela c'est déjà percevoir les crêtes escarpées d'une attitude authentiquement non conformiste.

     

     

    Croyez vous encore en un non conformisme de gauche ou de droite ?

     

    Les « non conformistes » de gauche, les quelques réscapés bolchos et rnaoistes, les anarcho libertaires, les émules de la nouvelle gauche de l'école de Francfort, que l'on retrouve dans les manifestations anti globalistes à Seattle et à Prague, restent depuis la dislocation de l'Union soviétique, marginalisés dans les dédales de la protohistoire relégués a un sectarisme épidermique, ou bien habilement transformés en courroie de transmission du système, porte parole et avantgarde de la mouvance globale de l'Euro social démocratie. Que dire d'un non conformisme à droite ? depuis 1789, la gauche prêche la fidélité aux idéaux de la Révolution fi ançaise. A l'inverse la droite se définit par le refus de ces idéaux. Elle n'est pas toujours réactionnaire mais elle originairement réactive. Se définir par le refus de quelque chose c'est accepter d'occuper une situation dérivée et rion matricielle, depuis deux siècles , la droite française occupe cette espace de négativité.

     

    Que pensez vous de la possibilité de voir,se constituer un front idéologique contre révolutionnaire ?

     

    L'histoire de la droite n'est que l'histoire d'une suite de division. La droite contre révolutionnaire est en voie de disparition et ne subsiste que dans un état embryonnaire qui se préoccupe plus de bons dieuseries que de pratique politique. Tout le monde à droite semble au moins rhétoriquement, rejeter l'héritage de 1789, sinon de 1793, même Le Pen , la droite monarchiste et intégriste reste empêtrée dans les inimités entre légitimistes et orléanistes, sans parler de la droite nostalgique bonapartiste et vichysoise.

     

    Quels seraient alors les fils conducteurs et idéologiques d'une pensée authentiquement non conformiste ?

     

    Etre non conformiste de nos jours ce serait refuser un certain ,ordre naturel des choses qui constitue le fondement de la pensée dominante, et autour duquel s'articule l'ordre publie qui lui même se confond avec la vérité officielle, et la politique qui reste cantonnée à la sauvegarde d'une prétendue morale publique. A l'inverse il s'agit de proclarrier la relativité générale des prduction humaines, des moeurs, des idéaux, des régles morales, des tendances esthétiques, comme autant de valeurs et de formes humaines  , Cela consiste à poursuivre et re3ter fidèle à une certaine conception tragique de l'homme et du monde, que les détracteurs épris d'empirisme béat refusent au nom de leur commodité intellectuelle.

     

    Pouvez vous nous expliquer cette notion du tragique dansle monde ?

     

    Le « tragisme » inhérent à notre non conformisme, consiste à accepter que l' univers est immense et infini alors quel 'homme est éphémère. Ainsi le vif sentiment tragique de, la vie present chez les esprits élevés s'inscrit dans lajouissance de r intensité de chaque mstant. Mais c'est aussi clarner la révolte permanente sans se résigner et être conseientque l'homme est appelé à historiciser son existence, et d'avoir la puissance de volonté nécessaire pour donner une forme dans un monde livré. au chaos. La forme, oui, voilà le mot clé, le concept central de nos préoccupations dans un monde deliquescent  voué à l'adoration du glossaire mécanique de l'argent. L'idéal  de forme, initié par les, doriens, qui s'est perpétue au cours des siècles, du moyen âge à l Age d'or chretien de la Renaissance , en passant par les arts florissants du 18ème siècle et présent dans une certaine mesure chez certains mouvements avantgardistes du 20ème siècle. Mais il convient de transcender cet idéal de forme comme simple attribut esthétique pour en faire un impératif catégorique existentiel et absolu ; « Autarciac », être sa propre loi, son propre principe disaient les anciens Romains, incarner une forme constitue chez l'homme un des attributs les plus nobles mais aussi des plus subversifs, face à une sociéte ou les idées, les principes se diluent dans un moule sulfureux et acide d'où sortent les pigmalions en série, les « remake » du dernier homme Nietzchéen, miniatures hominisés, écervelés, désensibilisés par une castration intellectuelle, produits fétiches de la société de consommation. Incarner une forme, c'est encore mûrir une disposition intérieure qui conjugue la nécessité, l'art de la nuance, le détachement et mépriser dignement sans hair, en étant conscient tout comme l'avait compris Drieu La Rochelle que « le venin de la faiblesse est dans la haine et l'accoutumance ».

     

    Ainsi la forme devient un véritable antidote efficace contre le monde opaque de nos contemporains qui ricanent méchamment dans leurs niaiseries pusillanimes, sans avoir la force de regarder à la petite surface d'eux mêmes pour y entrevoir leur petitesse d'esprit et leur gouardise atavique. Une chose est sur, nos contemporains fiaissent tout ce qui est forme et pure beauté, lesquelles dans leur esprit ne sont que le fruit de la séléction naturelle. C'est pourquoi ils cultivent l'hypersubjectivisme, le relatif et la morbidité. Ils préfèrent l'informe, les laminations corporelles et spirituelles désarticulées par le jeu des compromissions, des alliances et des traîtrises, lot quotidien des existences sereines et communes. Nos contemporains vivent enfermes dans une caverne d'ombres qui ne sont pas malheureusement la projection des idées Platoniciennes, mais représentent les chimères fictives d'un monde Dantesque. C'est pourquoi l'égalitarisme tant vénéré par nos aieuls de la pévolution française, sur l'autel de la déesse Raison, constitue l'alibi favori des esprits médiocres, comme 116 l'évolutionnisme est la profession de foi des parvenus, afin de maintenir dans l'abrutissement, l'incapacité réactive des pans entiers de la population, quotidiennement gavé à la soupe médiatique, et dans le but d'écouler en toute quiétude leur camelote dans leur négoce usurier. Les affinités naturelles sur lesquelles de nos temps se bâtissent les prétendues amitiés, les amours, les réseaux de relations ne sont qu'une supercherie du monde monderne, dans laquelle se complaisent les invertébrés du système qui cultivent le nostrisme, la proximité, et l'identique par souci sécuritaire. Le non conformisme au contraire reconnait l'excellence des affinités éléctives qui sont soumises à notre libre examen et notre liberté de choix. Ce que redoutent les contemporains qui nous gouvernent, c'est, la luminosité d'un homme en forme, verticalité tendue, avec la prestance d'une proue, et qui comme les anciens perses se limitent à « bander l'arc et dire la vérité », seuls actes de foi qui dans leur dépouillement et leur sobriété propagent un souffle de liberté rédempteur.

     

    Endosser une forme, c,est aussi revendiquer une vision plurielle du monde qui requiert un certain détachement à l'égard des biens matériels et du bonheur illusoire sur cette terre. C'est tout comme les gueux qui dans leurs hailloris rapiécés, portaient la croix et dédiaient leur dernier souffle dans le grodndement du « Quirie Eleison miscre nostre » ; alors la forme revêt la tunique de la passion, s'anime au coeur, de cette légion d'infortunés, sublimes cadavres en marche, morts vivants lancinants, aux bannières en berrie, de pure braise, psalmodiant les dernières paroles: « Pater, quia nesciunt, quid faciunt ». L'humilité prend corps. dans la supplication, la divine supplication, le « lamentu » du proscrit. L'humilité chavire dans l'écueil d'une pose statuaire dans le plasma marbré, son bustier rafistolé glapit aux accents d'une supplication qui émerge des sillons d'une glèbe ingrate qu'on lacère hardiement pour récolter que des racines décapitées. Cette supplication ne vocifère pas, ne quémande rien, comme elle n'éspère rien, car si c'était le cas elle serait vite renvoyée dans l'antichambre des bacchantes, qui désabusées attendent, gloussent et s'éteignent dans l'ivresse carnassière. Comme Charles Péguy l'a si bien écrit chez les modernes la supplication est une opération d'aplatissement mais infiniement plus profonde, plus vraie, tout autre, toute sage, toute résigéne est la supplication dans laquelle le supplié a une grande, une haute situation humaine. Alors la supplication constitue un vaste mouvement de retournement convulsif qui ne tolère aucun aucun atemoierrient évasif, aucune pose, aucune mise à l'épreuve devant la vindicte du révolté, de l'humble, du bâni ; car c'est avec verve, avec un courroux cinglant qu'il faut supplier méticuleusement sans signe de soumission, chasser les soubresauts élégiaques d'une pensée résignée et tout dire comme Céline le préconisait: »il faut tout dire, se taire, c'est trahir ». Cette supplication est un appel à l'affranchissement des intelligences et à la libération des âmes. Il s'agit d'une affaire d'honneur, car tous les menteurs et les laches baissent l'honneur qu'ils vilipendent et vitupèrent comme s'acharnant sur un vieillard affaibli , car l'honneur représente pour eux cette sonnerie stridente qui retentit dans leurs oreilles affaissées suspendues telles des fibules de pacotille. Car l'on ne peut conspuer l'honneur, comme on ne peut le décliner par une volte face, car il est entier et intégral comme l'amour  , il faut l'affronter, le regarder en face , mais pour cela il faut avoir du courage....

     

    Une chose est sûre , Pescroquerie se perpétue remarquablement depuis 1789. Il n'en demeure pas moins pour employer des expressions à la mode que les droits de l'homme et l'égalitarisme, figures d'images virtuelles et synthétiques restent soumises à la triste réalité de Ferosion sociale, la paupérisation sociale acrrue et la criminalité rampante. Certes les acteurs d'hier ont troqué leur étoffe tricolore thermidorienne pour leur complet gris de l' Enarque docile, des dynasties bourgeoises qui nous gouvernent depuis des siècles dans l'irresponsabilité et la démission, restent les mêmes et la souveraineté nationale, la liberté et la dignité humaine sont bradées au nom des intérêts du capital financier dans une grande foire et en toute impunité  Avoir ce tableau la. roulette russe pourrait être lejeu favori de ceux qui ont chosis la voie du non conformisme. Mais les dés sont jetés, il faut affronter avec courage le Grand Inquisiteur Dostoïevskien qui dévore les libertés vulnérables et chancelantes de notre monde Orwellien , Le sentiment d'être un réprouve, mis au pied du mur, revient à accepter le bréviaire d'une conjuration permanente dans la joie et la sérénité , une joie qui comme le disait F. Nietzsche « veut l'éternité de tout ce qui est ».

     

    Croyez vous au retour de l'idéologie et quelle serait son rôle dans notre société globale ?

     

    Le discours dominant de la pensée globale qu'il soit de droite ou de gauche est celui de la priorité de la question sociale qui est à l'oeuvre dans tous les social démocraties au pouvoir, et qui tend volontairement à se substituer à la question nationale : il s'agit en fait du retour de la compétition pour le contrôle du champ intellectuel et religieux et du champ politique. En d'autres termes, i . e pense que ce qui est a l'ordre du jour est le fondement même du projet social et historique (de la rationalité ou de la transcendance) et ce que cela peut engager dans la gestion des systèmes des relations au sein du Soi et avec l'altérité : la question de l'enjeu d'une véritable idélogie à la fois nationale, et grande européenne est la réinscription du religieux dans la sphère politique qui sera en mesure de mettre un terme au « liberal age ». Sans me prononcer pour une quelconque forme de fétichisme de l'idélogie, à notre époque d'anomie généralisée, et de dépolitisation endémique, je pense~ qu'il convient de réhabiliter le rôle moteur d'une grande idélogie « oecuménique » qui devrait être un instrument de libération et de galvanisation des forces populaires inhibées, latentes de la société. Si j'insiste sur le rôle de l'idélogie dans la politique et de la société, c'est que l'homme politique est un animal idéologique. L'idéologie n'est pas qu'un leurre (le leurre fait partie de la réalité) , elle structure le comportement de l'homme d'autant plus que l'homme travaille contre ses intérets propres tout en les transposant sur la lutte contre les autres. Ce mécanisme étrange est une sorte de « pulsion aveugle ».

     

    En ce sens  l'esprit de stratégie que développe volontiers l'homme politique est une manière de se préserver contre cette énergie irrationnelle. La stratégie introduit au jeu, elle introduit de l'ordre, lequel entraine au désordre et aux guerres de position. L'idéologie est dore, pour les partis, une référence de base afin d'affirmer leur identité, leur rôle dans la société, puisqu'elle permet au politicien de se reproduire en tant qu'animal idéologique. Dans le jeu de la contiguïté idéologique, plusieurs positions sont à conquérir: une concurrence déclarée ou suspendue, une alliance tantôt larvée ou ouverte , une complémentarité où chacun a sa place réelle , le regroupement par séries de différences ou par une simple juxtaposition , une fédération comme horizon ou comme projet fiable . Ce type d'idéologie secondée par une authentique éthique de droits et de devoirs tenderait à regrouper de façon oecuménique et à l'échelon national, les oppositions à l'intérieur de l'Etat et de l'administration, les oppositions veritablement alternatives a l'intérieur des Partis, les oppositions a l'oeuvre à tous les échelons associatif, les oppositions par l'abstention lors des élections, les oppositions radicales contre tout système électoral, les oppositions silencieuses difficiles a identifier qui sommeillent dans la communaute de base. Cette série d'oppostions latentes et explicites alimente chacune de nos sociétés. La fonction du politique serait d'identifier, d'intégrer et de polariser les positions de conflits, les potentialités « subversives et alternatives »et de les mettre en place dans.. une strucure révolutionnaire identifiable à un Etat de salut publie, Etat à la fois national remplissant une fonction « anagogique » et dont le moteur est une révolution permanente pour combattre le libéralisme intégral, véritable fléau du globalisme en oeuvre. Transnational et transétatique, ce phénomène a atteint une autonomie aux effets encore incalculables de l'économie par rapport au politique, dictant ses choix politiques aux Etasnations les plus fragiles, en fin ce qui reste des Etats nations ; Ajustez vos économies et soyez démocrates en imitant notre sacrosaint modèle : tel est le slogan en vogue. Pour les pays en voie de développement on utilise le chantage de la stratégie du « coupe feu » en vertu de laquelle on leur octroit de l'aide qu'à condition de libéraliser leur marché. Le libéralisme théocratique est le fer de lance du règne du marché sans frontières, concurrence intraitable qui pousse à la

    modernisation soutenue de l'entreprise, à la mondialisation informatisée des flux et reflux monétaires, à un autre nouveau partage de la décision internationale du travail (matérielle ou virtuelle) . Pour contrecarrer le libéralisme qui détruit les fondements de la nation, les liens organiques et de solidarité de la société, dans sa logique irréversible, il est fondamental à chaque échelon national des nations européennes de rétablir la suprématie du politique sur l'économique et le fiancier.

     

    Avant de penser géopolitiquement à une Union grande européenne, l'idéal serait de constituer à chaque échelon national, de vastes mouvements politiques auto centrés en équilibre avec leurs forces constructrices et destructrices, regroupés autour d'une communauté d'esprit et de valeurs salutaires, autour d'objectifs prioritaires dont le but principal est de rétablir la suprématie du politique pour l'ancrer dans tous les segments de la vie sociale, Cela présuppose une redéfinition et un recentrage radicale de la notion de Hierarchie et de PAutorité dans le sens d'un élitisme profond. Les leaders de tels mouvements seront amenés à être des manieurs d'hommes et d'idées selon la nouvelle loi de la hierarchie, du principe elitiste défini par Mosca, Pareto, Michels. Hierarchie établie en toute légitimité charismatique ou par d'autres moyens. A ce propos, le poète Ezra Pound écrivit « lorsque l'usure s'est installée dans toutes les couches de la société, le bistouri du chirurgien devient nécessaire.... ». Ou bien était il vraiment fou ou avait il fait preuve d'une extrême lucidité. J'opterais pour cette dernière explication.

     

    Quelle est votre orientation philosophique ?

     

    Tercerisme et differenciation !

     

    Dans dans le monde des idées, comme dans la praxis existentielle, il est toujours plus facile d'exclure, de dissocier, de séparer des éléments, des notions , des concepts, des croyances contraires, apparement  antinomiques plutôt que de les relier, les réconcilier, y déceler les points de convergences tout en respectant leur sigularité et autonomie intrinsèque, et en évitant l'écueil d'un syncrétisme réducteur. D'ailleurs la signification originelle etymologique de toute vraie religion, le vocable « religare » signifie relier, réconcilier.L'“Ekumen“ non pas dans un sens strictement ecclesial et institutionnel, mais dans son sens étymologique, vient du verbe « oikos », habiter, vient de l'expression qui veut dire « la terre entière » donc le monde entier, connu à une époque donnée. Cet « Ekumen », cette « terre entière » renferment et expliquent la condition cosmique de l'homme son « autochtonie », son inaliénable appartenance à la terre, son être au monde, l'eau (Peau de la matrice maternelle, de l'oasis, ou de la pluie qui donne la vie, mais aussi l'eau du déluge ou de la mer qui dévaste ou noie), le feu ( le feu qui réchauffe et revigore, mais aussi qui brûle et détruit, le feu solaire créateur, ou le feu de l'enfer), la cendre ou la terre (la terre mère de notre naissance et subsistance, mais aussi la terre sépulcre de notre tombeau et de notre retour à la poussière) , le pain (le pain blanc de nos joies mais aussi le pain bis de nos larmes et de nos manques insatisfaits), la lumière (la lumière qui éclaire et rassure, mais aussi qui aveugle et dévoile au grand jour les trahisons). Ces éléments ou étants subsistarits qui sont les supports de l'autochtonie, de l'être au monde viennent métaphoriser l'existence de chacun. Bien en deçà de la conscience que nous en avons ou de l'intention que nous affichons, ils nous renvoient archaiquement l'écho de notre indissoluble mariage avec la terre, de notre condition existentielle originelle de l'être au monde. L'Ekumen, l'Oikos, représentent à mon sens notre habitus orginel, notre nomos spirituel pancréatique, où vient se consurrier, se rejoindre et se réconcilier tous les opposés, les impondérables antinomiques, la résolution de toutes les contradictions individuelles comme universelles. Il s'agit ici d'aboutir à un principe d'individuation dans le sens que lui a donné Nicolas de Cuses par le jeu de la résolution des conflits. Cet Ekumen est le lieu d'expression er de réalisation du schéma symbolique de l'altérité. En effet, la résolution et la conjonction des éléments antinomiques s'opèrent par le jeu « oecuménique » d'une différenciation, et d'un acte de néantisation. Non point le schéma métaphysique de la différence, conçue comme distance et éloignement, mais la différenciation par l'altérité. En effet, ce type de différenciation est intrinséquernent lié à une identité ou similitude des deux termes. Identité et différence sont exprimés comme « co appartenantes » et corpropriétaires l'une à l'autre, ainsi que l'a démontré Heidegger dans Identité et Différence. Non point donc comme deux réalités pleines qui seraient seulement en rapport dialectique inséparable  , un peu comme le recto verso d'une feuille de papier. mais comme deux réalités qui n'adviennent que barrée chacune par l'autre (de même que la présence et l'absence). La différenciation-altérité n'est jamais autant réalisée que dans la relation d'identité similitude, alors que l'altérité est le lieu symbolique d'où peut s'effectuer toute communication. Par ce que l'autre, le différent, le contradictoire, l'opposé est un sujet, et non un objet. C'est ici qu'intervient un deuxième concept central, la « taxis », qui nous renvoit à la notion grec d'un ordre trinaire, à l'idéal symphonique terceriste. Ce principe trinaire est aussi à l'origine de la corpropriété de l'homme concept qui articule dans'« l'archi symbole » du propre corps de chaque sujet, un triple rapport :au système culturel du groupe (corps social), à sa mémoire collective (corps traditionnel) et à l'univers (corps cosmique). Une telle articulation symbolique s'effectue de manière originale pour chacun, selon notamment l'histoire de son désir. Mais chacun n'est soi même que par ce qu'il est habité par ce triple corps. La « taxis » pésuppose que l'unicité et la totalité ne peuvent être réalisées par un procédé uniforme, par un nivellement unilatéral, mais intégre l'idée de la polymorphie respectueuse de la diversité. L'unicité ne peut être atteinte par la voie de la contrainte, mais uniquement par la voie de l'assimilation intériorisation et l'ouverture extériorisa tien. L'unicité de la taxis est à la fois mystère, communion et vocation. Comme dans l'unicité trinaire de la „taxis“, comme du reste est présent dans tout homme et être vivant, la matière et le spirituel, je suis convaincu en l'existence et l'action bénéfique d'une troisème force, sorte de réalité intermédiaire, modalité d'existence spécifique. Dans toute réalité intermédiaire, toute interface ou isthme, réside une forme d'entre deux, inséparable et insaisissable, un domaine de l'existence situé entre une: réalité déjà considérée comme existante et une autre envisagée comme non encore existante, c'est à dire non encore actualisée. Ainsi cette troisième forme, réalité intermédiaire reste une, identique à elle même, quel que soit le domaine où on l'envisage et la fonction qu'elle assure dans l'existence. Elle s'applique à des réalités les plus diverses qui la délimitent. Elle peut être considérée dans le processus d'actualisation des potentialités quasi divines, comme une relation toujours unique unissant les domaines où les mêmes réalités sont vues sous différentes perspectives.

     

    A cet égard, l'idée d'illusion, non pas un phénomène qui réduit l'illusion à des représentations objectivables et subjectivisantes, joue un rôle primordial dans le processus de différenciation Dans le prolongement de la phénoménologie de Husserl, l'illusion est concue comme une action « édeitique » structurante de la conscience et qui aboutit à l'appréhension  d 'une surréalité. En ce sens il convient de déconstruire les fondements de la Raison pour lui restituer sa, fonction de turbulence et d'agressivité. Une raison expérimentale serait susceptible d'organiser surrationneleme le réel comme le rêve expérimental de Tristan Tzara organise surréalistiquement la liberté poétique. Nous sommes au coeur de l'idée de surrationalisme et de surerriffirisme forgé par Craston Bachelard et se, fondant sur les travaux de métagéométrie de Lobatchewsky et de Ouspensky. L'acte de langage est au centre de la notion de taxis, il est le lieu originel du rapport de l'altérité. Il correspond à la structure triadique de la personae » linguistique ( le « il », le « neutre je », le relationnel» ,le « différent »). C'est de cette faille insaturable d'altérité que nait la différenciation et la réciprocité permettant la communication. La troisième force, réalité terceriste dynamisante qui agit telle une monade, ne fait qu'actualiser cet acte de langage entre réalité distinctes et antinomiques j . usqu'à leur communion dialectique. Ainsi l'Ekumen, notre Oikos, habitus spirituel en perpétuel devenir est le lieu d'expression d'un langage synthétisant, oecuménique et unificateur qui mène vers l'ouverture sur le monde, lequel est indissociable de l'ouverture sur le temps, du temps profane qui ne touve sa consécration que dans je temps sacré transcendental, le temps existentiel de N. Berdiaeff, le monde de la totalité fragmentée de laquelle s'échappe et se dissocie les éléments distincts, parcellisés, individualisés, faute d'une différenciation par altérité correspond dans sa substance à une spirale ouverte regroupant globalement des éléments et unions secondaires induites dans l'erreur et l'illusion durant leur long voyage de permutation. Le jeu synthétisant de la taxis dont la force motrice est cette réalité trinaire intermédiaire, établit un rapport dialectique entre ces fragments du tout qui touvent ensemble et individuellement dans leur organisation organique et systémique, et dans le cadre du temps historique conçu comme espace symbolique, leur place mobile et multidimensionnelle dans l'interaction et la communion. Ainsi dans le cadre de l'Ekumen, se rencontre et se consument en se copénétrant dans un rapport dialectque d'altérité, le logos /concu comme langage, le penser/monde, le théos/dieu du monde, le Kosmos et la Physis/monde de la nature, Epoha/le monde historique, la Poesis et la Tehné/monde de la poésie et de l'art, et l'Anthropos/le monde de l'homme. L'ensemble de ces catégories particulières peut être contradictoire, se combattre, s'opposer, mais force est de constater que leur signification et interprétaion thématique, spéculative, théorique et technico scientifique ne font que résulter du monde et ne peuvent être réduites qu'à cela. L'ensemble de ces vocables, mots magiques, formules diverses s'explique par leur jeu mystérieux. Ce qui est pluriel et fondamental ne peut être traduit que dans l'unité d'une totalité quelconque. Car le véritable fondement ne résulte pas seulement de la synthèse de tous les avis et positions engagés dans un processus centrifuge, sans passer par une démarche centripète et centrale. De même qu'il existe un rapport dialectique entre la « tehné » et le rite/anthropos, de même il existe une intime communion, une copénétration entre le logos/langage et la « poesis ». le poème ne fait dailleurs que manifester ce qui « se joue » en tout language même le plus quotidiennement banal : la poésie proprement dite n'est jamais seulement qu'un mode plus haut de la fréquence plus subtile de la langue quotidienne, comme dans la « notion pure » Mallarméenne. La métaphore en tant que parole action, une parole qui construit qui fait  « poiein »le monde, n'est pas une sorte d'exorcisme, mais elle est ce qui porte le langage au plus proche de sa source vive. La poésie écrivait Bachelard, met le langage en état d'émergence. L'homme /Anthropos a une vocation poétique pour accomplir dans toute son essence la présence du monde , il est traversé par un dire qui le constitue et qui est le dire de l'être

     

    La totalité et l'unicité représente cette ouverture vers le temps, passé, présent et avenir. L'homme est plongé dans un monde fracturé et fragmentarisé, lui même et les fragments sont

    impliqués dans le jeu relationnel entre forces opposées. Cette situation qui peut être douloureuse pourtant l'interpelle sur le déplacement des horizons, de l'horizon du monde. Cette idée, cette notion d'Ekumen, n'est pas un monde figé, un mythe archaique, elle est une certaine expérience intérieure qui peut etre l'oeuvre de chaque homme, en effort tendu pour penser, intéger de façon synchronique, le logos, le théos, le kosmos, la physis, le bios, la psyché, la polis, la poesis et la tehné, pour dépasser leur dissociation et les réconcilier dans une direction d'ouverture ontologique multidimensionnelle et transhistorique, parfbis sans rechercher par crispation le sens et la vérité des choses et des êtres humains, qui au fond ne sont que des signes, L'Ekumen établit entre l'espace et le temps un rapport hérméneutique. En ce sens l'espace est conçu comme le lieu privilégié de rencontre et de communication entre le rituel et l'outil. Le rituel n'est pas compris ici dans un sens archaique et ne saurait être réduit à une forme de cristallisation du social dans un mode Durkheimien. Il s'agit ici d'un phénomène de « filialisation » qui essentialise à chaque instant. tout outil, tout élément appréhendé, manié concu comme un tout, qu'il soit ludique, utilitaire, ou a vocation prométhéenne transformable. Ici la dialectisation, la »communio » entre le tehné et l'action de l'anthropos proviennent et s'effectuent par le jeu d'un vieux fond de schèmes sub- rituel qui nous parlent sans cesse. Exemple la station verticale, le geste partageur droite/gauche ou avant/arrière, l'introspection ou la projection, l'action circulaire, l'ouverture ou la fermeture de la main, la souillure qui  vient tâcher la peau ou la purification qui vient l'effacer. Ce sont autant de schèmes sub-rituels appartenants à la symbolique primaire inscrite dans le topique du corps. Cette dialectisation rituelle entre l'anthropos et la tehné, l'outil et le rite aboutit à la « teleiosis » de l'homme, métaphorisée dans chaque action par le symbole du remplissage des mains qui désigne ainsi son accomplissement. De la sorte, il existe une imbrication du tehné et du rituel/anthropos, du matériel et du sacré. L'espace devient un espace polyphonique où s'opére une subtile articulation essentialiste entre le domaine matériel et spirituel. Le temps dans mon intime conviction est une vaste transhumance de l'esprit qui s'exile volontairement et intérieurement, et par voie de despatialisation conjointe, pour vaincre la peur, principale obstacle à la réalisation de toute forme d'Ekumen d'unité. Ainsi cette transhumance jalonnée par les réminiscences, les anmnèses et transits s'apparente à un voyage intérieur herméneutique où l'on rencontre autant de signes révélateurs, guides espistémologiques et esthétiques, et s'apparente donc à un voyage.,qui est un départ renouvelé et perpétuel vers le devenir qui mène à l'extérieur de soi même et nous fait osciller entre le réel et l'imaginaire , cette même transhumance, est un chemin tansitif, car penser, exister même, c'est par là même être toujours en chemin. Mais,un tel chemin n'est pas objectivisable comme une voie tracée devant nous. Il est inséparable de nous mêmes, C'est un « be wëgender . weg », un chemin cheminant, un chemin transitif; « c'est le chemin qui met tout en chemin; et ce chemin est parlant. Il est parlant en ce qu'il est ouvert à l'appel premierde l'être à l'égard duquel toute parole humaine est écoute et réponse. Il n' y a pas de récompenses ni de trésors à saisir au bout du chemin ». La seule forme de récompense n'est autre que le travail d'acheminement qui se fait en nousmêmes, travail d'enfantement de nous mêmes. Cet enfantement qui révèle la vraie nature de l'être qui sans mesure, calcul, sans explication ni justification est pure grâce

    par don. Ici le véritable événement à penser et à méditer est l'appropriation du gratuit qui ne peut s'effectuer que dans une démarche de « désappropriation ». le mode humain de l'appropriation de l'être comme jeu et trace est la désappropriation.

     

    Dans votre perspective qu'est ce que l'individu peut attendre de l'existence ?

     

    Il s'agit ici pour chaque être de l'attente d'une venueprésence, une présence dont l'essence est la venue, l'avénement dans le temps chronologique de ce qui est donc essentiellemnt marqué du trait de l'absence « la trace matinale de la différence », qui telle une présence trace s'inscrit dans le temps transcendental et existentiel, qui n'est autre que l'éternel présent.

     

    Comment qualifieriez vous votre sensibilité et votre style littéraire ?

     

    Je pourrais me définir, même si je m'éfforce d'échapper à toute forme de catégorisation, ou plutôt je serais e . nelin à me réclamer d'un certaine forme d'existentialisme postsymbolique, un parnassien intuitionniste d'avant garde. En effet je pense que la vie intérieure, l'intuition sensible mis en forme est susceptible non seulement d'influer profondément sur toutes les formes de l'art mais aussi d'orienter tel un diapason l'existence entière. Dans mes écrits je me fais le chantre d'un certain imagisme émancipé de l'emprise de la réflexion affligeante; imagisme, faisceau d'images motrices qui véhiculent une imagination épurée, c'est à dire qu'elle est attirée ou possédée par l'image sans essayer de comprendre le sens de l'image. Il s'agit tout simplement de sentir, d'avoir l'intuition que l'image a une certaine signification, qu'elle est donc l'expression d'un état d'ame, cette expression n'est qu'une correspondance dont il est difficile ou impossible de donner une explication logique que d'ailleurs je ne recherche pas. Ainsi ma traduction ou la correspondance imaginative pourra être tour à tour d'apparence classique et d'apparence abstraite incohérente. Le style doit avoir une grande liberté, mais ponctué par un certain rythme. Les phrases peuvent se juxtaposer, s'entrechoquer, sans aucun souci de logique, mais elles doivent être ponctuées d'une rythmique intérieure de l'émotion qui les porte. Pour moi comme du reste je l'ai écrit dans mon ouvrage « Les bûchers de la Renaissance », l'art n'est peut être que la rythmique des formes absolues, et la forme absolue s'apparente à la beauté optimale  lontenue dans l'équation minimale, Le mouvement n'est plus qu'un mouvement musical échappant à un examen analytique. Ces formes absolues s'enroulent ou se diffusent ou bien jaillissent par brèves échappées et par ellipses. Il s'agit de phrases rytmiques et non logiques  Le symbolisme ne doit pas être pris a la lettre, il ne s'agit nullement de la transposition allégorique d'une image, d'un discours mais une suggestion comme une corde  vibre au son qu'elle même doit rendre. Henri de Régnier disait à ce propos « la poésie semble donc résigner son vieux pouvoir oratoire dont elle s'est servie si longtemps. Elle n'explique pas, elle suggère. » Encore une fois, je le répète la pratique du symbole n'est ni la comparaison ni la métaphore qui sont plus ou moins cherchés ou du moins acceptées par l'intelligence. Il s'agit parfois d'une intervalle , d'une faille, d'une image brisée,d'une arabesque qui jaillissent spontanement et dont on sent qu'elles ne traduisent pas mais qu'elles expriment qu'elles contiennent l'idée et l'émotion. Ici nous sommes dans le domaine du signe incantatoire, Paul Claudel disait: « le langage en nous prend une valeur moins d'expression que de signe, de surface et de l'esprit.“ Comme tous les philosophes qui influencèrent le mouvement symboliste, tels Hartmann et Shopenhauer ou chez les symbolistes décadents tel Jules Laforgue, je pense qu'à notre époque globale et virtuelle, le thème de l'illusion est d'une grande actualité, et comme je l'ai souligné auparavant l'illusion comme structure organisatrice d'une surréalité. A cet titre mes travaux littéraires et philosophiques s'inscrivent dans la lignée d'auteurs et de penseurs tels que Maurice Maeterlinck, Peter Jacobsen, Gontcharov, Lenormand, L. Pirandello, Ibsen, Henry Bataille, dont la réflexion était centrée sur le monde subsconscient et le sens de la réalité cachée, l'invisible derrière le visible. J'acceuille toutes les illusions dan , leur totalité et dans l'indifférenciation, toutes celles qui se présentent, celles qui' expriment des dégoûts comme celles qui égarent un instant dans le rêve, des visions de vie plate et grossières comme des rêveries exaltantes cosmogoniques, sans souci de codes, du goût, sans crainte du cru, du forcené, des dévergondages cosmologiques et du grottesque.

     

    Tout comme grand européen que je suis, dans un sens métapolitque, je puis me dire existentialiste, car depuis Kierkegaard, Bergson, Max Scheler, Husserl, Heidegger,

     

    Merleau Ponty, Louis Lavelle, les questions relatives au rapport essence existence, temps existence, la liberté, l'angoisse, l'intention action, subi ectivism e obj ectivisme restent des questions fondamentales et d'une extrême actualité. Existentialiste, j'ai toujours prôné pour la suprématie de la vie sur les structures abstraites et la réhabilitation de l'irrationalisme contemporain qui trouve ses ramifications philosophiques chez Schopenfauer, Nietzche, Adler, Jung, Schelling, Maurice Blondel, Wilhelm Dilthey, G . Simmel. En matière de morale, si mon option philosophique est d'essence terceriste, je réfute l'aliénation de la personne aux morales .classiques qui soumettent l'homme à un ordre préétabli par une « troisième personne ». Il convient en morale de rétablir la souveraineté de la « première personne », et il n'y a de moralité que dans la fidélité à soi même, dans t'obéissance aux exigences profondes de sa nature, comme le suggérait Georges Gusdorf.

     

    Existentialiste, car depuis des décennies, depuis Wittgenstein, la philosophie contemporaine est soumise à une.contagion de la pensée analythique et pragmatique typiquement anglosaxone laquelle se livre à des divagations discurssives et spéculatives sur des thèmes stériles. En effet je. pense que la pensée antique, celle du moyen âge, de la Renaissance étaient hantées par la quête du sens et de la signification , l'essentiel de l'effort théorique et philosophique de ces périodes civilisationnelles, s'orientaient vers la morale, la religion, la mystique, les questions de l'être et de l'existant. La civilisation contemporaine et surtout en fin de siècle est une civilisation de l'information et de l'image. Toutefois je pense que la quête du sens ne sera jamais abandonnée, car elle est intimement liée à l'humanisme de l'homme à son essence même. Extentialiste, je suis car je pense que la portée et la thématique de l'ontologie et de l'épistémologie sont plus imprtants que la simple analytique discurssive à base syllogiste. La .. pensée . philosophique  européenne contemporaine se devrait de restituer et se consacrer comme depuis l'antiquité à la vraie question de toute grande philosophie qui est dans le sens donné à l'homme, à son devenir dans le monde, son rapport avec le temps et l'espace, avec le temps historique, l'infini, la mort, le pouvoir, la transcendance. A ce titre je pense que toute « tradition philosophique » se doit d'être revivifiée, irriguée par de nouveaux courants de penser, et je pense que l'apport de penseurs structuralistes tels que Lacan, Baudrillard, Derrida, Lyotard, Foucault en tant que Nietzchéens postmodemes est considérable dans la critique de la modernité et la déconstruction du langage dogmatique de la pensée unique, par le biais d'une démarche « rhizornique » et transversale. Mon existentialisme n'a que faire d'un réductionnisme rationaliste et logique, prétentieuse logique car elle n'a rien à faire dans le monde des idées, ni du reste dans la destinée du monde et de l'homme. Le plan de la réalité apparente n'est pas celui de la réalité transcendante. Cette dernière n'est pas faite de poussière de réalités pratiques pragmatiques. C'est un monde indépendant, organisé non pas par causes et effets, principes et conséquences, mais par analogies. Il s'agit d'un ordre d'affinités electives. L'une des plus grandes questions de l'homme est celui de son rapport et sa lutte avec l'infini et l'éternité. Et bien je terminerais pour clore cet entretien avec une citation de Mallarmé qui traduit très bien ce thème: .»un coup de dés jamais n'abolira le sort ».

     

    Quels sont vos projets ?

     

    Tout en continuant ma collaboration dans Synergies Européennes et avec au Fil de l'Epée, je viens d'inaugurer une série de brochures sous le sigle « Oikos » qui reprendra les thèses philosophiques et politiques que je viens de tracer sur des thèmes varies touchant aussi bien à la religion, la sociologie qu'à la politique. Les premières de ces brochures : »Benedetto Croce, la dialectique de la différence et l'esthétisation phalangiste de l'action », « Surrationalisme et suprématique de l'illusion », « le martyre de l'aigle bicéphale, petite chronique du Saint Empire », « L'expérience coloniale d'Alexandre le Grand », sont disponibles chez SynergiesBelgique et dans les points librairies habituels , Je rappelle que mon premier ouvrage « les Bûchers de la Renaissance » qui est un essai personnel sur le devenir de l'Europe à travers une actualisation des thèmes philosophiques et politiques de la Renaissance, ainsi que mon ouvrage philosophique « Anamnèses et transits » sont en vente sur commande toujours chez Synergies Européennes Belgique.