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mardi, 25 août 2015

La crise syrienne entre l’Ukraine et l’Arctique…

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La crise syrienne entre l’Ukraine et l’Arctique…

 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
 

Durant ces dernières semaines, la crise syrienne a fait l’objet de plusieurs évolutions diplomatiques et militaires de différentes natures et origines, susceptibles de faire bouger quelques lignes, sans pour autant remettre en cause les tendances lourdes. En définitive, la Maison Blanche, les pays européens satellites dont la France, l’Arabie saoudite, la Turquie et Israël veulent toujours faire la peau de Bachar al-Assad. Moscou, Téhéran, le Hezbollah libanais, voire la Chine ne laisseront pas faire, tenant fermement les positions d’un jeu à somme nulle qui finira par déboucher sur l’adoption d’une espèce de « Yalta régional », parce qu’aucun des deux pôles ne peut l’emporter durablement sur l’autre… Ce grand jeu s’étire entre l’Ukraine et le Grand nord arctique !

Symptôme analytique, sinon psychanalytique : la démultiplication de « reportages » et d’éditoriaux, dans la presse occidentale et notamment parisienne, pour nous annoncer l’affaiblissement, sinon la chute prochaine de Bachar al-Assad, que les mêmes rédactions prédisent depuis l’été 2011… Cette résurgence de propagande repose sur une très mauvaise interprétation du dernier discours du président syrien qui a dit essentiellement deux choses : la guerre est plus longue et meurtrière que prévue et « nous avons besoin de tous nos soldats pour défendre l’intégrité territoriale et politique de la Syrie » ; l’accord sur le nucléaire iranien ne modifie en rien l’alliance militaire de la Syrie avec l’Iran et le Hezbollah libanais, appuyée par la Russie qui réaffirme sa présence en mer Noire, Méditerranée, en Asie et dans le Grand nord arctique.

Certes, l’armée syrienne a connu quelque revers avant de regagner d’autres positions, mais son option stratégique principale reste inchangée depuis l’été 2011 : « la défense du pays utile », à savoir l’axe Damas/Homs/Hama/Alep avec ses débouchés portuaires, le long de la côte Lattaquié/Tartous. L’armée gouvernementale, qui dispose toujours d’un format opérationnel de quelques 50 000 hommes, ne peut couvrir l’ensemble du territoire de Deraa, Deir ez-Zor à Palmyre… Il est aussi avéré que la coordination de ses forces avec les unités iraniennes et  celles du Hezbollah pose, évidemment quelques problèmes : différences de chaînes de commandement, de matériels et de cultures militaires. Mais, au final, les positions stratégiques sont tenues et bien tenues face à Dae’ch, Nosra et autres mercenaires de Tchétchénie, du Daghestan, du Maghreb et des pays européens.

Comme ils l’avaient fait pour les milices du Kosovo et de Bosnie, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux continuent à fabriquer des combattants susceptibles de s’engager contre les forces gouvernementales syriennes. Mais aujourd’hui, cet effort vise moins le renversement du régime qu’à rassurer l’allié saoudien et à persuader Moscou d’intensifier ses efforts afin d’engager son partenaire syrien à envisager l’ouverture d’une nouvelle médiation diplomatique et politique. Le voyage, fin juin dernier, du patron des services syriens – le général Ali Mamlouk – à Riyad constitue l’un des événements les plus spectaculaires de ce processus qui n’a pas encore dit toutes ses ruses…

De son côté, Washington appuie officiellement les efforts russes tout en laissant Ankara massacrer les Kurdes qui sont pourtant les principaux combattants à contenir - au sol - l’expansion de Dae’ch. Ainsi, quelques 600 soldats turcs et une soixantaine de blindés sont désormais engagés sur le territoire syrien, dans la région d’Alep. Les deux brigades turkmènes qui ont fait leur entrée en Syrie par le poste frontière de Bab-el-Salame/Öncüpinar, face à la ville turque de Kilis, sont baptisées « Sultan Murat » et « Fatih Sultan Mehmet », du nom de deux empereurs ottomans. Elles constituent l’avant-garde d’une unité turkmène de quelque 5 000 hommes nommée « Armée de la Révolution » — Devrim Ordusu —, portée sur les fonds baptismaux fin juillet par Ankara qui lui fournit équipement, logistique et renseignement.

Fort de cette nouvelle dimension turco-kurde, Washington resserre les liens de l’OTAN - même si Erdogan poursuit ses propres objectifs -, cherchant à modifier un rapport de force en sa faveur au détriment du poids de la Russie et d’un Iran qui, malgré l’accord sur le dossier nucléaire, continue à soutenir Damas, le Hezbollah libanais et plusieurs factions palestiniennes. L’accord « technique » sur le dossier nucléaire ne concerne pas la gestion des crises régionales, réaffirment régulièrement les différents cercles de pouvoirs iraniens.   

Fidèle à la doctrine de « l’instabilité constructive », chère aux idéologues néoconservateurs américains et français, l’administration Obama cherche ainsi à établir une espèce de « paix froide » à somme nulle, un « Yalta oriental » entre les pôles sunnite et chi’ite pour la reconduction des intérêts américains aux proche et moyen-orient. A plus moyen et long termes, les priorités stratégiques de Washington concernent trois autres théâtres : l’Asie-Pacifique, l’Ukraine et le Grand nord arctique. En effet, ces trois zones hautement stratégiques sont essentielles aux yeux des décideurs civils et militaires du Pentagone pour contenir la Chine et la modernisation des capacités opérationnelles de la Russie.

Dans ces circonstances, l’arrimage de la Turquie à l’OTAN vaut bien le sacrifice des Kurdes, même si ces derniers restent en première ligne contre les barbares de l’ « Etat islamique ». On voit bien que depuis sa création et son expansion territoriale, Dae’ch n’a jamais, ô grand jamais constitué, pas plus hier qu’aujourd’hui, une priorité américaine, turque, ni israélienne. Entre le foyer ukrainien, les enjeux centre-asiatiques, ceux de l’Asie-Pacifique et les perspectives arctiques, la crise syrienne et ses débordements régionaux demeurent périphériques, sinon secondaires dans le nouveau grand jeu qui concerne la maîtrise des nouvelles routes et des richesses naturelles de l’Eurasie et du Grand nord. Par conséquent, la crise syrienne n’est pas gérée - par et pour elle-même - par les grandes puissances mais en fonction des contraintes d’un autre espace-temps.

Celui-ci nous projette à l’horizon 2030/2050, dans les postures d’une nouvelle Guerre froide qui oppose déjà les Etats-Unis, la Chine et la Russie…       

Richard Labévière, 23 août 2015

 

jeudi, 13 août 2015

L'Etat Islamique: outil de déstabilisation géopolitique ?...

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L'Etat Islamique: outil de déstabilisation géopolitique ?...

par Alexandre Latsa

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous une analyse d'Alexandre Latsa, cueillie sur le site d'information Sputnik et consacré au rôle déstabilisateur que l'Etat islamique peut jouer au profit de certaines puissances. La récente évolution de la Turquie, dont rien ne dit qu'elle sera durable, ne remet pas en cause l'intérêt de cette réflexion...

Beaucoup de théories ont circulé sur la toile concernant tant les origines de l'Etat islamique (EI) que ses liens supposés, directs ou indirects, avec des puissances de l’OTAN, Etats-Unis et Turquie en tête.

Née en 2003 en Irak et affiliée à Al-Qaïda, la nébuleuse prend le nom d'État islamique d'Irak (EII) en 2006 puis devient l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) en 2013, s'affranchissant la même année d'Al-Qaïda.

Au cours de l'année 2013, cette nébuleuse a commencé sa forte expansion militaire en Syrie et en Irak.

Sa prise de contrôle du territoire syrien s'est accélérée au cours des 18 mois derniers mois (elle contrôle maintenant près de 50% du territoire) et ce malgré le lancement d'une campagne internationale de bombardement durant l'automne 2014, qui aurait couté la vie à près de 10.000 ses membres, tandis que le groupe aurait perdu selon certaines estimations autant d'hommes face à l'armée syrienne depuis le début de sa campagne.

A la prise de contrôle de larges pans du territoire syrien, notamment à l'est du pays, l'EI s'est au cours du mois de mai emparé de zones énergétiques au centre du désert syrien, notamment dans la région de Palmyre et dans le même temps de la ville de Ramadi, en Irak. La prise de ces villes a suscité beaucoup de questions quant à la motivation réelle de la coalition à freiner l'expansion de l'EI puisque des milliers de combattants de cette organisation ont pu traverser les déserts syriens et irakiens avec des colonnes de véhicules blindés à découvert, pour attaquer les forces loyalistes sans que la coalition ne les bombarde.

Semant encore plus le doute, un document confidentiel de l'US Defense Intelligence Agency (DIA) rédigé en août 2012 vient d'être déclassifié, document qui a fait le tour de tous les organes gouvernementaux dont le CENTCOM, la CIA et le FBI. On peut y lire dans les dernières pages que la situation militaire devrait permettre l'établissement d'un sanctuaire ("un Etat islamique") dans la zone allant de Ramadi en Irak jusqu'à l'est de la Syrie et les zones allant d'Assaka à Deir-Ez-Zor.

Ce plan, nous dit le document, aurait le soutien des puissances étrangères hostiles au pouvoir syrien car il permettrait d'isoler le régime syrien vers la cote et ainsi, de couper toute liaison terrestre entre l'Iran et le Hezbollah. En clair: les puissances radicales qui pourraient émerger du chaos créé par les Américains en Irak devraient naturellement se déverser en Syrie pour affaiblir l'état syrien.

Le laisser faire américain, des monarchies du golfe et de la Turquie, face à la montée en puissance de l'EI, est aussi une traduction de leur incapacité à contrecarrer militairement l'armée syrienne et ses soutiens au sol, tout autant que ne l'est le soutien logistique direct de la CIA à armer des factions rebelles, dont un grand nombre ont depuis 2012 rejoint l'EI ou au mieux la branche locale d'Al-Qaïda.

Cela explique peut-être pourquoi certains analystes n'hésitent pas à accuser la coalition et notamment les Etats-Unis d'Amérique d'avoir (volontairement?) en permanence un coup de retard sur l'EI.

Par contre en appuyant lourdement les forces kurdes dans le nord du pays, la coalition a atteint plusieurs objectifs qui, bon gré mal gré, satisfont ses principaux alliés actuels dans la région:

- L'établissement de l'EI permet l'avènement d'un Kurdistan au nord du pays tout autant que l'apparition d'un Sunnistan très intégriste, regroupant une nébuleuse allant de l'EI à Al-Qaïda, contraignant le régime à se replier vers les côtes et accentuant ainsi la dynamique de désintégration territoriale en Syrie.

- Cette désintégration territoriale et l'affaiblissement de l'autorité de l'Etat satisfont les monarchies du Golfe, Arabie Saoudite et Qatar en tête, qui sont dans une lutte totale contre l'Iran dans la région, Téhéran étant le grand soutien et allié du régime syrien et sur une logique dynamique très forte suite à l'accord sur le nucléaire que le pays vient d'arracher aux Etats occidentaux.

- Pour Israël, l'effondrement du régime syrien signifie l'affaissement du Hezbollah (jugé menace prioritaire) qui se concentre désormais sur le front syrien et devrait sortir très affaibli des années de guerre en Syrie. Pour cette raison sans doute, l'Etat hébreu apporte même un soutien médical direct aux djihadistes et parmi eux les plus radicaux (proches du front al Nosra et donc d'Al-Qaïda), soutien qui a donné lieu récemment a des émeutes de protestation de la part de minorités syriennes (Druzes…) directement menacées par l'organisation terroriste.

- L'évolution de la situation via la création au nord du pays de ce grand Kurdistan longeant la frontière avec la Turquie va par contre à l'encontre direct des intérêts d'Ankara. Au cours de la guerre syrienne, la Turquie a largement soutenu et continue de soutenir tous les groupes radicaux qui réduisent l'autorité d'Assad dans l'ancienne zone d'influence de l'empire Ottoman allant de Kassab à Alep en passant par Idlib. Ce soutien s'est traduit par un appui militaire direct, l'envoi de troupes d'élites turques sur place ou encore le rapatriement des blessés pour traitement dans des hôpitaux turcs (ici et ). Ankara a même coopéré avec l'EI (via notamment des fournitures d'électricité) lorsque ce dernier affrontait et affaiblissait les mouvances kurdes à sa frontière mais considère l'établissement de ce Kurdistan syrien comme le plus grand danger pour la Turquie actuellement, car réduisant son pouvoir de projection potentiel sur le territoire syrien et pouvant surtout menacer à terme sa stabilité intérieure.

Que devrait-il se passer?

Cette opposition inattendue intra-OTAN entre Ankara et Washington devrait sans doute s'accentuer avec les récentes décisions d'Erdogan de se rapprocher de l'OCS et de la Russie avec laquelle elle partage des ambitions régionales.

L'EI devrait lui continuer son expansion en Syrie avec le soutien implicite des grandes puissances régionales mais aussi avec le soutien plus ou moins direct de la Turquie et des Etats-Unis, chacun y trouvant pour l'instant des intérêts indirects prioritaires même s‘ils sont contradictoires. On peut imaginer que ce soutien cessera lorsque l'EI deviendra un allié trop encombrant qui menacera les intérêts de certaines puissances voisines telles que la Jordanie, Israël ou certains Etats du golfe.

Cette yougoslavisation de la Syrie et de l'Irak aura aussi des conséquences directes sur la Russie et la Chine qui ont chacun des intérêts historiques, politiques et économiques dans ces deux pays. Elle porterait atteinte au projet de route de la soie que Pékin compte redévelopper, car historiquement, les tracés des routes de la soie qui reliaient la Chine à l'ouest de l'Europe passaient par l'Iran et la Syrie et il n'existe "que deux options possibles, soit par Deir ez-Zor et Alep, soit par Palmyre et Damas. Le premier chemin est coupé depuis début 2013, le second vient de l'être après la chute de Palmyre".

Le grand nombre de candidats russophones et sinophones (il y a même un quartier chinois à Raqqa, la capitale de l'Etat islamique en Syrie) qui se sont enrôlés au sein de l'EI, peuvent laisser imaginer que le prochain front de l'EI se situera entre le Caucase et le Xinjiang, visant Pékin et Moscou.

L'EI, après avoir déstabilisé le monde chiite, pourrait donc en quelque sorte devenir un outil de déstabilisation de l'Eurasie.

Alexandre Latsa (Sputnik, 20 juillet 2015)

lundi, 10 août 2015

Pacte USA-Turquie contre l’EIIL

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Pacte USA-Turquie contre l’EIIL, les deux compères feignent de combattre les coupeurs de têtes

Auteur : Giulietto Chiesa
Traduction Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Nous assistons actuellement à un scandale des plus ignobles, à mi-chemin entre la pure violence impériale – qui a désormais outrepassé toutes les limites de le décence -, et la désinformation la plus totale utilisée pour couvrir le tout et justifier la violence comme seule solution possible.

Mais de quoi s’agit-il donc ? Je veux parler de l’ »alliance », rétablie récemment, entre les États-Unis et la Turquie en vue de combattre « le plus efficacement possible » (attention au vocabulaire utilisé) le croque-mitaine, c’est-à-dire ce qu’on appelle l’État islamique ou EIIL.

Mais est-ce le véritable objectif ? Bien sûr que non. L’ »alliance » nouée ces derniers jours ne concerne pas deux, mais trois parties. Le 3e allié est ce qu’on appelle les « insurgés syriens« . C’est comme cela que les désigne pudiquement l’International New York Times du 28 juillet, dans un article coécrit par pas moins de 3 correspondants, Anne Barnard, Michael R.Gordon et Éric Schmitt, qui partagent ainsi joyeusement le mensonge et l’hypocrisie.

Derrière ce noble objectif – celui de combattre l’EIIL -, l’Empire et la Turquie s’apprêtent à mettre en place une bande longue de 100 km aux frontières de la Turquie, où pourront s’installer en toute quiétude les « insurgés syriens » qui ne sont rien d’autre que les restes de l’ASL (Armée syrienne libre), mélangés à des éléments d’al-Qaïda.

La bande de terre fait en réalité partie du territoire d’un État souverain, qui s’appelle la Syrie, et qui va donc être occupé simultanément par trois de ses ennemis, lesquels font semblant d’en combattre un quatrième. […]

Les trois journalistes auteurs de cet article ont sans doute jeté un oeil sur une carte de la région et se sont aperçus que cette « bande », une fois occupée, permettra aux avions américains de survoler la zone où le gouvernement syrien combat les « insurgés ». Est-ce que cela est légal ? Quelqu’un leur a donné l’autorisation ? Absolument pas. C’est l’arbitraire le plus total. Tout ça au nom de la guerre contre l’EIIL.

Les trois journalistes auteurs de cette brillante analyse se fient aveuglément à des déclarations anonymes provenant de l’administration US qui affirment que les coupeurs de tête de l’ex-ASL sont « relativement modérés ». Mais voyez-vous cela, nous apprenons dans le même temps qu’ « un grand nombre de ces ‘’rebelles’’ a été entrainé dans le cadre d’un programme secret de la CIA, » ce qui montre combien ces combattants sont vraiment ‘’libres’’. Il est indéniable – apprend-on également – que sur le champ de bataille ces jeunes sont « souvent mélangés, et travaillent de concert avec des insurgés islamiques bien plus extrémistes. »  Tiens tiens. Est-ce que par hasard il ne s’agirait pas précisément des combattants de l’EIIL ? Contentons-nous de survoler tout cela. C’est d’ailleurs ce que fait la gigantesque machine médiatique américaine et mondiale, elle « survole » la situation.

Bon évidemment, les avions américains vont être amenés à abattre les avions syriens. Que voulez-vous, il faut aussi les comprendre ces avions américains. Du reste, l’expérience de la No-Fly Zone en Libye s’est révélée extrêmement positive, comme nous le savons. Les avions de Kadhafi ont été détruits au sol, et c’est ce qui attend les avions de Bashar el-Assad.

Ne faudrait-il pas attendre l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU ? Cela présenterait le risque de voir la Russie et la Chine opposer leur véto. Non non, allons-y. L’Empire s’autorise lui-même. Et les effets – si cela réussit – seront identiques. La Syrie sera liquidée, son territoire deviendra la proie des bandes sanguinaires, exactement comme ce qui s’est passé en ex-Libye.

Aussi parce que, comme l’écrivent nos trois fameux journalistes,  les « insurgés«  ont comme principal objectif, non pas de combattre l’État islamique, avec lequel ils ont d’excellents rapports, militaires et financiers, mais celui d’abattre Bashar el-Assad. Ce qui est également l’intérêt non affiché des Américains, en plus du fait que cela constituerait une belle faveur faite à Israël et à l’Arabie Saoudite. Après, on verra bien.

L’intérêt des Turcs dans tout cela ? Utiliser la situation pour frapper les milices kurdes, en faisant d’une pierre deux coups. Pour moi qui assiste à cette pantomime sanglante, tout cela me fait immédiatement penser à la question des immigrés, dont on n’arrête pas de parler en long en large et en travers en Italie. Peu nombreux sont ceux qui semblent se rendre compte que des centaines de milliers de malheureux vont à nouveau être obligés – grâce à l’Empire et à nos gouvernants – de tenter de rejoindre nos côtes, pour fuir, pour survivre. Nous préparons, avec la plus grande stupidité, méconnaissance et lâcheté, notre propre tragédie.

Ainsi va le monde. Les journaux occidentaux ont hurlé à gorge déployée pendant un an et demi, et continuent de le faire, à propos de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais ce qui se passe depuis trois ans en Syrie, ils ne le voient pas. Ou plutôt, il ne nous le montrent pas. De toute façon, ils ne nous ont pas non plus montré la guerre en Ukraine ni la soi-disant « invasion » russe. Et donc, nous sommes quittes.

dimanche, 28 juin 2015

Saudi Cables de Wikileaks: le régime saoudien soutient le terrorisme en Syrie depuis 2012

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Saudi Cables de Wikileaks: le régime saoudien soutient le terrorisme en Syrie depuis 2012

Auteur : Elie Hanna
Traduction Mouna Alno-Nakhal
Ex: http://zejournal.mobi

Dès 2012 l’Arabie Saoudite s’est sérieusement impliquée dans l’agression quasi-universelle contre la Syrie, considérant que 30 000 combattants bien armés pouvaient mettre fin à la guerre qui n’a toujours pas dit son nom, sans attendre de savoir quel serait le positionnement de la Russie. Elle a soutenu les prétendus révolutionnaires syriens en pilotant, avec la Turquie et le Qatar, la formation d’un comité de hauts gradés militaires faisant office de trait d’union avec ladite Armée Syrienne Libre [ASL] et ledit Conseil National Syrien [CNS], considéré comme l’unique représentant du peuple syrien par le gouvernement français. Et, pour parfaire son soutien militaire, elle a travaillé à leur créer un environnement favorable dans les régions frontalières avec le Liban, l’Irak et la Jordanie [NdT].

En Juillet 2012, la Syrie a vécu les pires violences :

- le 16 Juillet, la prétendue Armée Syrienne Libre déclarait le début de son opération baptisée « Volcan de Damas », transformant certains quartiers de la capitale syrienne en véritables zones de guerre.

- le 18 Juillet, un attentat à la bombe contre le siège de la Sureté nationale, toujours à Damas, faisait plusieurs victimes, dont le ministre de la Défense Daoud Radjha, son vice-ministre Assef Chawkat, le Général Hassan Tourkmani, chargé de la direction de la « Cellule de crise », et le Général Hisham Ikhtiyar, chef de la Sécurité nationale.

- le 24 Juillet, ladite « opposition syrienne » envahissait Alep, et réussissait à contrôler la moitié de la ville et une grande partie de sa campagne.

Évènements concomitants avec la nomination de Bandar bin Sultan à la tête des services du renseignement saoudien et sa mainmise sur le « dossier syrien », alors que Riyad affichait une ligne diplomatique consistant à « arrêter le bain de sang » et s’en tenait à son récit médiatique d’une révolution pacifique en butte à un régime lourdement armé ; le cabinet royal présidé par le roi Abdullah bin Abdul Aziz, en ce même mois de juillet 2012, allant jusqu’à déclarer « ses regrets face à la grave escalade des actes de violence du régime syrien»…

Mais voilà que les dépêches confidentielles de la diplomatie saoudienne, révélées dernièrement par le site Wikileaks, démontrent que l’Arabie Saoudite s’est sérieusement impliquée dans le soutien et le financement de ladite « opposition syrienne armée » dès les premiers mois de la crise syrienne et que la coopération turco-saoudienne a commencé dès 2012, bien avant la visite du prince héritier Mohammed bin Nayef à Ankara en avril 2015, comme les médias le prétendent.

SOUTENIR NÉCESSAIREMENT BURHAN GHALIOUN À LA TÊTE DU CNS

Ainsi, dans une dépêche datée du 29 avril 2012, signée par le directeur de l’agence des renseignements saoudiens de l’époque, Moukrine ben Abdelaziz, et par le ministre des Affaires étrangères Saud al-Fayçal, figurent les recommandations suivantes :

« Concernant l’importance d’agir pour aider l’opposition syrienne et l’ASL, se référer à ce qui a été convenu entre le Royaume [l’Arabie Saoudite], la Turquie et le Qatar, pour la mise en place d’un comité ou d’un groupe restreint à de hauts responsables militaires qui serviraient, en quelque sorte, de trait d’union avec le CNS et l’ASL, en insistant sur la nécessaire obligation pour l’opposition de parler d’une même voix et de s’unir sous la direction du CNS, lequel a accepté d’unir ses membres sous la direction de Burhan Ghalioun ; car, actuellement, tout changement dans sa direction entraînerait des divisions dans les rangs de l’opposition ».

COLLABORER AVEC LA TURQUIE ET PROFITER DU PLAN ANNAN

Ceci alors qu’une vingtaine de jours plus tôt, le 8 Avril, Saud al-Fayçal signait un document adressé au « bienveillant regard » de son roi, dans l’espoir de le convaincre de l’opportunité d’une action coordonnée avec la Turquie et d’une intensification des contacts avec l’opposition syrienne :

« Une action coordonnée avec la Turquie est de la plus haute importance. Malgré son propre agenda concernant la Syrie et la région, il serait opportun de profiter de son positionnement pour augmenter la pression sur la Syrie. Tout comme il est très important d’intensifier nos contacts avec l’opposition syrienne et de l’exhorter à unir ses rangs et à harmoniser ses positions parce que cela contribuerait à accélérer la décomposition du régime et son effondrement, et aussi de l’exhorter à ne pas apparaître comme une entrave à la mise en application du plan de l’émissaire international Kofi Annan. Car celui qui commencera par exécuter ce plan c’est le régime syrien, par le retrait de ses forces des villes le 10 courant et l’arrêt des meurtres le 12 suivant. Par conséquent, l’opposition ne devrait pas être tenue pour responsable de l’échec du plan [de la solution], pour ne pas attirer le blâme sur elle-même ».

ARMER DAVANTAGE LES PRÉTENDUS RÉVOLUTIONNAIRES

En mai 2012, les membres de la « Cellule de crise » ayant échappé à une première tentative d’assassinat par empoisonnement, l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite à Beyrouth donne son sentiment sur les implications de l’évènement au ministère saoudien des Affaires étrangères :

« Les rumeurs ne confirment pas le décès des membres de la Cellule de crise syrienne, notamment le décès de Assef Chawkat, beau-frère du Président Al-Assad.

En revanche, elles confirment que d’autres objectifs ont été atteints en empêchant ses membres de se réunir au complet, ce qui gêne les plans de la Direction syrienne sur le terrain.

Il se dit aussi que quantité d’armes sont arrivées à l’ASL par la Turquie, dont environ 300 RPG avec 12.000 coups et 400 mitrailleuses Kalachnikov. Les observateurs estiment que la quantité limitée d’armes dont dispose l’ASL l’empêche de recruter de nouveaux membres et partisans, et que si elle disposait d’une quantité suffisante, elle pourrait mobiliser 30 000 combattants capables de mettre fin à la situation en Syrie, sans attendre les décisions de la Russie dont nul ne sait ce qu’elle veut et quels sont ses intérêts immédiats.

Les observateurs ne manifestent pas de regrets quant à la fin du rôle du CNS qui n’a aucune efficacité sur le terrain. Sa fin amènera à cesser de parler d’une opposition syrienne invitée à dialoguer avec le Président Al-Assad, pour ne plus parler que de révolution contre son régime ».

FINANCER DAVANTAGE L’ASL POUR RECRUTER PLUS DE COMBATTANTS

Quant à la défaite de l’ASL dans la « capitale de la révolution syrienne », l’ambassadeur saoudien à Beyrouth se désole, auprès de son ministère des Affaires étrangères, en ces termes :

« Gonfler la résistance des révolutionnaires à Baba Amr, dans la ville de Homs, a amplifié la victoire remportée par les forces du Président Al-Assad et pourrait mener à renforcer la confiance en soi du régime [syrien], ou donner le sentiment du peu d’intérêt des appels à armer l’opposition.

Ce qui est arrivé a semé des craintes quant à l’existence d’accords internationaux aux dépens des orientations et des priorités des pays arabes qui soutiennent les révolutionnaires, même si cela a ravivé les espoirs de pouvoir inciter toutes les parties à rechercher sérieusement une solution politique.

Les observateurs estiment qu’il est nécessaire de continuer à soutenir la résistance armée syrienne : en assurant des salaires élevés à chaque recrue qui déserterait l’Armée régulière ; en fournissant des armes équivalentes à celles possédées par le régime [syrien]; en soutenant les pays voisins de la Syrie , en particulier la Jordanie ; et aussi, en accordant un soutien financier aux populations habitant près des frontières syriennes avec le Liban et l’Irak, afin qu’elles contribuent à la formation d’un environnement favorable à la révolution syrienne.

À cet égard, il a été remarqué que dans le nord de la ville d’Akkar [Liban], limitrophe de la Syrie, des représentants du Courant du Futur [14 Mars] commencent à le critiquer, parce qu’ils se sentent incapables d’aider les rebelles syriens de quelque façon que ce soit, étant donné la pauvreté qu’ils endurent eux-mêmes dans cette région

Il serait probablement utile que les États favorables à la révolution syrienne, accordent d’urgence leur soutien financier à cette région et aux régions similaires dans d’autres pays, pour améliorer leurs conditions de vie ; ce qui contribuerait à faciliter leur liaison avec l’intérieur syrien, surtout qu’elles supportent déjà le fardeau de l’accueil d’un grand nombre de réfugiés syriens ».

Daech, armée terroriste de l’Occident

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Daech, armée terroriste de l’Occident
 
La nouvelle Internationale de la terreur recrute tous azimuts: racailles de nos banlieues, ex-officiers baasistes irakiens, ex-séparatistes tchétchènes qui combattent Moscou jusqu’à Palmyre.
 
Fonctionnaire international
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

La Syrie de 2011 était un pays financièrement indépendant (pas de dette) – un scandale en soi pour notre oligarchie -, officiellement en état de guerre avec Israël et hostile aux projets gaziers du Qatar sur son territoire.

Conformément au droit d’ingérence planétaire des armées du bien, le petit État rebelle est donc passé dans le viseur du Pentagone car il est notoire que le complexe militaro-industriel, clef de voûte de l’économie américaine, ne vit que de guerres sans fin et de carnages récurrents.

Terrorisme et chaos sont des alternatives low cost au contrôle direct et ils fleurissent là où les interventions occidentales ont détruit les structures étatiques : Afghanistan, Somalie et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, Libye, Irak et la majeure partie de la Syrie.

La providence veut en outre que le terrorisme produise de toute pièce un remodelage du Proche-Orient conforme aux vœux de Washington de créer un abcès salafiste entre l’Iran et ses alliés arabes.

Les hordes mises en scène de façon hollywoodienne dans le désert syrien ne sortent pas du néant et leurs conquêtes militaires coïncident avec les intérêts de l’État profond américain.

Daech est la franchise irakienne d’Al-Qaïda, qui fut l’armée arabe de la CIA des années de guerre froide. Al-Nosra qui, Fabius dixit, « fait du bon boulot en Syrie », en est la franchise syrienne.

Daech fut dépêché en Syrie quand il est devenu patent qu’Al-Nosra était impuissant à renverser seul le régime de Bachar el-Assad.

La nouvelle Internationale de la terreur recrute tous azimuts : racailles de nos banlieues, ex-officiers baasistes irakiens, ex-séparatistes tchétchènes qui combattent Moscou jusqu’à Palmyre. 
Ces derniers combattent également dans les bataillons néonazis ukrainiens, et les décapitations sont devenues tendance en Ukraine.

Les États-Unis prétendent avoir lancé une campagne militaire contre Daech, mais les faits racontent une autre histoire : dans un rapport récemment déclassifié, le Pentagone – doué d’une incroyable préscience – prévoyait dès 2012 la création d’un État islamique qu’il jugeait d’ailleurs conforme aux intérêts américains dans la région.

75 % des avions américains qui « bombardent » les positions de Daech en Syrie rentrent à leur base sans avoir tiré le moindre missile.

Armes et munitions sont régulièrement larguées « par erreur » derrière les lignes salafistes.

Il est prouvé que les services secrets de la Turquie, pilier oriental de l’OTAN, ont acheminé des armes aux combattants de l’État islamique début 2014.

Le pétrole de Daech, négocié en dollars, est acheminé vers l’Occident via le port de Ceyhan en Turquie ; c’est en toute connaissance de cause qu’Européens, Américains et Israéliens s’y approvisionnent.

Les transactions financières de l’État islamique suivent leur cours en dépit du Terrorist Finance Tracking Program.

Les comptes Facebook et Twitter de l’État islamique sont actifs.

Les armées du chaos se défoncent au captagon, drogue de synthèse élaborée dans les laboratoires de l’OTAN et naguère distribuée aux foules exaltées des printemps arabes.

La congruence Daech-OTAN passe aisément le test du canard : « Si ça a l’air d’un canard, que ça se dandine comme un canard, que ça fait coin-coin, alors ça a toutes les chances d’être un canard. » 

Depuis 2008, l’Occident solde sa crise financière en se décomposant de l’intérieur et en semant la désolation à l’extérieur.

Jusqu’où Poutine tolérera de voir ses intérêts bafoués au Levant et sur la marche ukrainienne par les hordes déchaînées de mercenaires ?

Au seuil de l’apocalypse, les peuples américains et européens jugeront peut-être bon d’arracher leur destin des mains criminelles qui les oppriment et les conduisent à l’abîme.

vendredi, 26 juin 2015

« Si Daech n’existait pas, il aurait fallu l’inventer »

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« Si Daech n’existait pas, il aurait fallu l’inventer »

Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Avec l'aimable autorisation de Richard Labévière

Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, écrivain et rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique, analyse le changement de posture des États-Unis dans le traitement des questions liées au terrorisme.

Dans un contexte international volatile et fragmenté, marqué par la disparition progressive du leadership américain, la multiplication des acteurs et la fin des alliances stables, la configuration de la menace terroriste est de plus en plus complexe. Comment a évolué le traitement du phénomène terroriste par les puissances occidentales et leurs alliés ? Comment expliquer les contradictions entre la déclaration d'une guerre totale contre le terrorisme incarné par des organisations comme le groupe État islamique (EI ou Daech), et dans la pratique, un conflit de moyenne et basse intensité contre l'EI ? Pourquoi l'approche politique de résolution des crises a été supplantée par la logique sécuritaire du maintien, de l'entretien et de la gestion de ces situations ? Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique, répond à L'Orient-Le Jour.

Q : Le 27 mai 2015, à Genève, vous avez organisé un colloque sur le terrorisme dans lequel vous parlez d'« anciennes menaces » mais de « nouveaux enjeux ». Qu'entendez-vous par là?
R : Le premier point sur les anciennes menaces était de montrer la vraie filiation historique de Daech. Souvent les observateurs pressés ont l'habitude de dire que Daech est né en Irak. Mais avant l'Irak, ce groupe s'est inspiré des méthodes et de l'idéologie des islamistes armés algériens, le Groupe islamique armé (GIA), qui entre 88 et 98 ont été les terroristes de la décennie sanglante (tortures et massacres collectifs au nom de la restauration du califat). Dans les méthodes d'assassinat et dans l'idéologie, ces islamistes ont donc été les précurseurs de Daech. Maintenant en ce qui concerne les nouveaux enjeux face à la menace terroriste et ses transformations, nous sommes passés par plusieurs stades. L'isolement international de pays comme l'Algérie qui a fait face seul au terrorisme à l'époque, puis après le 11 septembre et à partir du moment où les États-Unis sont touchés sur leur sol, la guerre contre le terrorisme qui devient l'affaire du monde entier. Après les révoltes arabes et jusqu'à ce jour, la grande nouveauté que l'on peut observer est la gestion de crises. On gère la menace terroriste sans chercher à la résoudre ou à l'éradiquer. La gestion de crise est devenue un mode de gouvernance. On canalise, on oriente, on instrumentalise.

Pourquoi estimez-vous que c'est après les révoltes arabes que le changement a été initié ?
Rappelons-nous pourquoi les Américains ont décidé d'éliminer Oussama Ben Laden (chef d'el-Qaëda) en mai 2011 alors qu'ils savaient depuis 4 ans qu'il était au Pakistan et ne bougeaient pas ? Parce que les révoltes arabes de janvier 2011 avaient commencé et que l'administration américaine ne voulait surtout pas qu'el-Qaëda récupère et instrumentalise la contestation, quand la réponse thermidorienne à ces révoltes à l'époque était les Frères musulmans. En mai 2011, on mise donc sur les Frères, et cela va s'avérer une catastrophe. À partir du moment où la dernière approche des États-Unis au Moyen-Orient a échoué, il n'y a pas eu d'approche politique régionale précise face à la crise syrienne, à l'implosion de l'Irak, aux conséquences de la guerre en Libye qui a touché tous les pays voisins de la zone sahelo-saharienne des côtes marocaine à la Corne de l'Afrique.

Comment se traduit aujourd'hui la gestion du terrorisme au Moyen-Orient ?
Prenons un exemple parlant, le sommet anti-Daech organisé par François Hollande en juin à Paris. Premièrement, il n'invite pas l'Iran qui est un pays majeur pour combattre Daech. Deuxièmement, la France fait partie de la coalition qui comprend une cinquantaine de pays ; or face aux participants à la conférence, M. Hollande explique que la lutte contre Daech sera longue sur le plan opérationnel (d'où l'idée de gestion), estimant en outre qu'il ne faut pas changer de stratégie parce que celle de la coalition est la plus adaptée. Or n'importe quel militaire sait parfaitement que l'on n'éradique pas une formation comme Daech simplement avec des bombardements aériens. C'est un principe de stratégie militaire. Dans ce genre de conflit, si l'on ne déploie pas de troupes au sol pour entrer dans une confrontation directe (ce que la France a fait au Mali, combats de corps à corps entre forces spéciales et jihadistes) cela ne donnera rien. Dans le cas de Daech, nous sommes dans cette fameuse équation : on ne résout pas le problème par des décisions militaires frontales, on gère sur le long terme et d'une certaine façon on en tire profit. Sur ce point précis, un expert du Pentagone avait affirmé que si l'on voulait véritablement venir à bout de l'EI, il faut 10 mille militaires au sol, une bataille frontale décisive et l'affaire est réglée. Or aujourd'hui, près de la moitié des avions de la coalition rentrent à leur base avec leurs bombes qu'ils n'ont pas larguées.
Nous pouvons prendre également l'exemple d'el-Qaëda que l'on aide dans un pays et que l'on combat ailleurs. On les soutient en Syrie, mais on tue leur chef au Yémen à 2-3 jours d'intervalle. Tout cela révèle qu'il n'y a plus de politique proche et moyen-orientale construite parce que ce n'est plus central aujourd'hui pour les États-Unis. Il faut replacer le logiciel géopolitique à son bon niveau. Nous avons oublié qu'au début de son second mandat, Barack Obama avait rappelé la chose suivante : l'avenir des intérêts américains se situe en Asie-Pacifique et en Asie centrale. Cela ne passe plus par le contrôle du Moyen-Orient, mais par ce que Zbigniew Brzeziński appelait Eurasie, c'est-à-dire les routes de Marco Polo, de Venise à Vladivostok. C'est pour cela que la priorité, avant de résoudre au cas par cas les crises au Moyen-Orient, reste la normalisation avec l'Iran et la recherche d'un accord sur le nucléaire. L'obsession américaine est aujourd'hui de contenir la Chine et le retour de la Russie comme puissance régionale dans son accord stratégique avec Pékin. De cette priorité-là découle des postures au Moyen-Orient qui vont être différentes en fonction des situations.

En l'absence d'une approche régionale globale, y a-t-il néanmoins des lignes rouges à ne pas franchir dans la région?
Oui, il y a 4 lignes rouges qui ne bougent pas. La défense de Bagdad, parce que symboliquement après 2003 les Américains ne peuvent pas permettre que Daech prenne Bagdad. La défense et la protection de la Jordanie qui est un protectorat américano-israélien. Le Kurdistan qui reste une des dimensions essentielles de l'évolution de l'arc de crise et de la transformation à venir parce que du Kurdistan dépend la façon dont les acteurs tentent d'instrumentaliser la question kurde. Le Liban également parce que dans leur absence de vision globale encore une fois, les États-Unis et la France ne peuvent se permettre que l'on revive une instabilité générale telle que l'on a pu la vivre entre 1975 et les accords de Taëf de 1990. Même s'il y a encore des situations grises, des incursions dans la Békaa, et les conséquences que l'on connaît de la bataille du Qalamoun syrien. Aujourd'hui, il est certain que les États-Unis gèrent les crises au coup par coup. Mais surtout de la manière dont ils gèrent la criminalité chez eux. Dans les différents États les plus problématiques avec les gangs et les mafias, il y a un modus vivendi, on ne démantèle pas le crime organisé, on le canalise et on le gère. On protège les zones riches avec des sociétés militaires privées, et on laisse les criminels raqueter les parties les plus pauvres de la société américaine. Donc on instaure des sociétés à plusieurs vitesses avec des ghettos, des zones protégées, des zones abandonnées. La politique étrangère étant une extension de la politique intérieure.

Vous considérez que le « terrorisme » est devenu le stade suprême de la mondialisation, cette évolution dans le traitement du phénomène serait selon vous liée à la transformation du système capitaliste ?
Oui, le terrorisme rapporte et s'inscrit dans la logique de la mondialisation économique parce que la lutte contre le terrorisme génère des millions d'emplois dans les industries d'armement, de communication, etc. Le terrorisme est nécessaire à l'évolution du système capitaliste lui-même en crise, mais qui se reconfigure en permanence en gérant la crise. Cette idée de gestion sans résolution est consubstantielle au redéploiement du capital. Dans un brillant essai, La part maudite, Georges Bataille avait expliqué à l'époque en 1949 que toute reconfiguration du capital nécessite une part de gaspillage qu'il appelle la consumation et aujourd'hui on peut dire que le terrorisme est cette part de « consumation » organiquement liée à l'évolution du capitalisme mondialisé. Si Daech n'existait pas, il faudrait l'inventer. Ça permet de maintenir une croissance du budget militaire, des millions d'emplois de sous-traitance dans le complexe militaro-industriel américain, dans la communication, dans l'évolution des contractors, etc. La sécurité et son maintien est devenue un secteur économique à part entière. C'est la gestion du chaos constructif. Aujourd'hui des grandes boîtes, comme Google par exemple, supplantent l'État et les grandes entreprises en termes de moyens financiers pour l'investissement et la recherche dans le secteur militaire américain en finançant des projets de robots et de drones maritimes et aériens. Tout cela transforme le complexe militaro-industriel classique et rapporte beaucoup d'argent. Pour cette transformation le terrorisme est une absolue nécessité, Daech n'est donc pas éradiqué mais entretenu parce que cela sert l'ensemble de ces intérêts. Et là nous ne tombons pas dans la théorie du complot, c'est une réalité quand on examine l'évolution de l'économie.

Quelles sont les conséquences de cette logique ?
C'est surtout qu'on encourage les causes et les raisons sociales de l'émergence du terrorisme. On ne dit pas suffisamment que ceux qui aujourd'hui s'engagent dans les rangs de Daech et reçoivent un salaire proviennent des lumpen prolétariat de Tripoli ou autres zones où les gens vivent dans une extrême pauvreté parce que l'évolution du capitalisme affaiblit les États, les politiques sociales, et les classes les plus défavorisées sont dans une situation de survie de plus en plus complexe. Sans réduire le phénomène à une seule cause, le mauvais développement et la déglingue économique constituent tout de même une raison importante de l'expansion de Daech. Face à cela, les États-Unis ont entretenu la situation de faillite des États de la région sahelo-saharienne et favorisé la création de micro-États mafieux. Cette logique de traitement sécuritaire montre que l'argent est devenu le facteur principal des relations internationales aujourd'hui. La raison pour laquelle l'Arabie saoudite, le Qatar sont devenus des partenaires tellement importants pour les pays occidentaux c'est parce qu'ils ont de l'argent et dans leur logique de Bédouins, les Saoudiens pensent que l'on peut tout acheter. L'argent a supplanté l'approche politique des relations internationales, c'est la donnée principale et la direction de la gestion des crises. D'où ce poids totalement démesuré de l'Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats, du Koweït, dans la gestion des crises du Proche et Moyen-Orient. Quand on voit que les Saoudiens arrosent d'argent le Sénégal, et que ce dernier envoie 200 soldats au Yémen on sent le poids de l'argent. On voit aussi comment cette course à l'argent explique la nouvelle diplomatie française.

C'est- à-dire ?
Du temps du général de Gaulle et de François Mitterrand, on parlait d'une politique arabe de la France, aujourd'hui on parle d'une politique sunnite de la France. La diplomatie française colle aujourd'hui aux intérêts saoudiens, parce que la France vend de l'armement, des Airbus à Riyad, aux Émirats, au Koweït... Ça représente 35 milliards de dollars lourds pour le Cac 40. C'est une diplomatie de boutiquier où la vision stratégique de l'intérêt national et de la sécurité nationale est supplantée par la course à l'argent. Les élites administratives et politiques ne parlent plus de la défense de l'intérêt national mais de la défense de leurs intérêts personnels. L'argent explique leur démission et leur trahison des élites. Dans ce contexte-là, la liberté d'expression s'est réduite à une simple alternative être ou ne pas être Charlie. S'exerce aujourd'hui une « soft » censure qui fait que dans les médias mainstream on peut difficilement faire des enquêtes ou critiquer l'Arabie saoudite ou le Qatar. La diplomatie est gérée par une école néoconservatrice française qui a substitué à la politique et l'approche internationale, une morale des droits de l'homme qui est un habillage à la course à leurs intérêts financiers.

Richard Labévière

Source   

   l'orient-le-jour

vendredi, 12 juin 2015

Document déclassifié: Les USA misaient sur l’Etat islamique dès 2012

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Document déclassifié: Les USA misaient sur l’Etat islamique dès 2012 pour déstabiliser la Syrie

Publié par Gilles Munier

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

Catégories : #Etat islamique

Revue de presse: Il Fatto Quotidiano - 25/5/15*

Defense Intelligence Agency : « Établir une principauté salafiste en Syrie », et faciliter la naissance d’un État islamique « pour isoler le régime syrien »

Analyse d’un document déclassifié de la DIA

Le lundi 18 mai 2015, le groupe conservateur de surveillance du gouvernement, Judicial Watch, a publié une sélection de documents déclassifiés obtenus après procès contre le Département américain de la Défense et le Département d’État américains.

Pendant que les médias grand public se focalisaient sur la gestion par la Maison-Blanche de l’attaque contre le consulat américain à Benghazi, un document circulant à la DIA en 2012 admettait l’existence d’un plan bien plus large (big picture), à savoir qu’un « État islamique » était le bienvenu dans l’est de la Syrie, afin d’influencer les politiques occidentales dans la région.

Voici ce que contient ce document stupéfiant :

« Pour les pays occidentaux, ceux du Golfe, et la Turquie [qui] tous soutiennent l’opposition [syrienne]… la possibilité existe d’établir de façon officielle ou pas une principauté salafiste dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor) , et c’est exactement ce que veulent les pouvoirs qui appuient l’opposition, de façon à isoler le régime syrien… »

Le rapport de la DIA, précédemment classifié « SECRET//NOFORN » et daté du 12 août 2012, était bien connu parmi les services de renseignement, dont le Centcom, la CIA, le FBI, la DHA, la NGA, le Département d’État, et bien d’autres encore.

Ce document prouve que dès l’année 2012, le renseignement US prévoyait la montée d’un État islamique en Irak et au Levant (ISIS, ou EIIL en français), mais au lieu de présenter ce groupe terroriste comme un ennemi, ce rapport le définissait comme un atout stratégique pour les USA.

De nombreux analystes et journalistes ont détaillé depuis longtemps le rôle des agences de renseignement occidentales dans la formation et l’entrainement de l’opposition armée en Syrie, mais nous avons là la confirmation venant du plus haut niveau interne des Agences US de la théorie selon laquelle, fondamentalement, les gouvernements occidentaux voient l’EIIL comme leur propre outil pour provoquer un changement de régime en Syrie. C’est ce que montre par A+B ce document.

Les éléments factuels, les vidéos, ainsi que les récents aveux de hauts responsables impliqués dans cette affaire (comme Robert Ford, l’ancien ambassadeur en Syrie, ici et ici) ont apporté la preuve que le soutien matériel par la CIA et le Département d’État des terroristes de l’EIIL sur le champ de bataille syrien remontait au moins à 2012 / 2013 (pour avoir un exemple clair d’élément factuel, voir le rapport britannique Conflict Armamant Research qui retrace l’origine des roquettes antichars Croates récupérées par l’EIIL à travers un programme conjoint CIA/Arabie Saoudite, et se basant sur des numéros de série identifiés).

Le rapport de la DIA tout juste déclassifié résume en ces points la situation de l’ISI (qui s’appelait EIIL en 2012) et qui allait devenir l’ISIS :

  • Al-Qaïda mène l’opposition en Syrie
  • L’Occident s’identifie avec l’opposition
  • L’établissement d’un État islamique naissant n’est devenu réalité que grâce à l’insurrection syrienne (il n’est pas fait mention du retrait de troupes US depuis l’Irak comme facteur déclenchant pour la montée de l’État islamique, point de discorde entre de nombreux politiciens et commentateurs ; voir la section 4.D ci-dessous)
  • L’établissement d’une « principauté salafiste » dans l’Est de la Syrie est « exactement » ce que veulent les pouvoirs étrangers qui soutiennent l’opposition (les pays occidentaux, ceux du Golfe, et la Turquie) de façon à affaiblir le gouvernement d’Assad.
  • Il faudrait des « zones de repli » ou « abris » dans les régions conquises par les rebelles islamiques sur le modèle libyen (ce qui se traduit par les fameuses « No-Fly Zones » comme la première étape de la « guerre humanitaire » ; voir 7.B)
  • L’Irak est vu comme une possibilité d’extension chiite (voir 8.C)
  • Un État islamique sunnite serait préjudiciable à un « Irak unifié » et pourrait « faciliter le renouvellement d’éléments terroristes provenant de tout le monde arabe, qui se dirigeraient vers l’arène irakienne. » (voir la dernière ligne non censurée dans le document PDF)

Voici quelques extraits des 7 pages du rapport déclassifié de la DIA (les caractères en gras sont de mon fait).

R 050839Z AUG 12

THE GENERAL SITUATION:

A. INTERNALLY, EVENTS ARE TAKING A CLEAR SECTARIAN DIRECTION.

B. THE SALAFIST [sic], THE MUSLIM BROTHERHOOD, AND AQI ARE THE MAJOR FORCES DRIVING THE INSURGENCY IN SYRIA.

C. THE WEST, GULF COUNTRIES, AND TURKEY SUPPORT THE OPPOSITION; WHILE RUSSIA, CHINA AND IRAN SUPPORT THE REGIME.

3. (C) Al QAEDA – IRAQ (AQI):… B. AQI SUPPORTED THE SYRIAN OPPOSITION FROM THE BEGINNING, BOTH IDEOLOGICALLY AND THROUGH THE MEDIA…

4.D. THERE WAS A REGRESSION OF AQI IN THE WESTERN PROVINCES OF IRAQ DURING THE YEARS OF 2009 AND 2010; HOWEVER, AFTER THE RISE OF THE INSURGENCY IN SYRIA, THE RELIGIOUS AND TRIBAL POWERS IN THE REGIONS BEGAN TO SYMPATHIZE WITH THE SECTARIAN UPRISING. THIS (SYMPATHY) APPEARED IN FRIDAY PRAYER SERMONS, WHICH CALLED FOR VOLUNTEERS TO SUPPORT THE SUNNI’S [sic] IN SYRIA.

7. (C) THE FUTURE ASSUMPTIONS OF THE CRISIS:

A. THE REGIME WILL SURVIVE AND HAVE CONTROL OVER SYRIAN TERRITORY.

B. DEVELOPMENT OF THE CURRENT EVENTS INTO PROXY WAR: …OPPOSITION FORCES ARE TRYING TO CONTROL THE EASTERN AREAS (HASAKA AND DER ZOR), ADJACENT TO THE WESTERN IRAQI PROVINCES (MOSUL AND ANBAR), IN ADDITION TO NEIGHBORING TURKISH BORDERS. WESTERN COUNTRIES, THE GULF STATES AND TURKEY ARE SUPPORTING THESE EFFORTS. THIS HYPOTHESIS IS MOST LIKELY IN ACCORDANCE WITH THE DATA FROM RECENT EVENTS, WHICH WILL HELP PREPARE SAFE HAVENS UNDER INTERNATIONAL SHELTERING, SIMILAR TO WHAT TRANSPIRED IN LIBYA WHEN BENGHAZI WAS CHOSEN AS THE COMMAND CENTER OF THE TEMPORARY GOVERNMENT.

8.C. IF THE SITUATION UNRAVELS THERE IS THE POSSIBILITY OFESTABLISHING A DECLARED OR UNDECLARED SALAFIST PRINCIPALITY IN EASTERN SYRIA (HASAKA AND DER ZOR), AND THIS IS EXACTLY WHAT THE SUPPORTING POWERS TO THE OPPOSITION WANT, IN ORDER TO ISOLATE THE SYRIAN REGIME, WHICH IS CONSIDERED THE STRATEGIC DEPTH OF THE SHIA EXPANSION (IRAQ AND IRAN)

8.D.1. …ISI COULD ALSO DECLARE AN ISLAMIC STATE THROUGH ITS UNION WITH OTHER TERRORIST ORGANIZATIONS IN IRAQ AND SYRIA, WHICH WILL CREATE GRAVE DANGER IN REGARDS TO UNIFYING IRAQ AND THE PROTECTION OF ITS TERRITORY.

Source: Defense Intelligence Agency: “Establish a Salafist Principality in Syria”, Facilitate Rise of Islamic State “In Order to Isolate the Syrian Regime”, par Brad Hoff (Global Research - 22/5/15)

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Un extrait du document déclassifié:

Document déclassifié : Les USA misaient sur l’Etat islamique dès 2012 pour déstabiliser la Syrie

lundi, 08 juin 2015

Le dessous des cartes américaines au Moyen Orient et la montée de Daech

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Le dessous des cartes américaines au Moyen Orient et la montée de Daech

par Francis Legros
Ex: http://www.les4verites.com

C’est la substance de cette très intéressante analyse de Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique et l’un des plus éclairés théoriciens et praticiens de la guerre de l’information. Extrait.

La mise en lumière du dessous des cartes américaines au Moyen Orient

En mai 2015, un groupe conservateur américain a obtenu la déclassification d’un rapport de la Defense Intelligence Agency à la suite d’un procès intenté à l’administration fédérale. Il est précisé dans ce document daté d’août 2012, que les Etats-Unis et leurs alliés opposés au régime syrien auraient intérêt à voir apparaître un Etat islamiste de tendance salafiste dans une partie de la Syrie afin d’accentuer la déstabilisation de Bachar El Assad. Cette révélation met un peu plus en lumière la petite phrase du général Vincent Desportes. Cet ancien directeur de l’Ecole de Guerre avait déclaré, lors d’une audition devant une commission parlementaire française, que les Etats-Unis ont joué un rôle actif dans la montée en puissance de Daech.
Par la suite, il est démontré par les faits que cette manœuvre géopolitique américaine a mis la France dans une situation totalement contradictoire:
- sur le plan diplomatique, le gouvernement français soutient la position américaine et saoudienne contre le régime syrien ;
- sur le plan intérieur, les forces de sécurité françaises doivent affronter des terroristes qui se revendiquent de Daech et qui tuent des Français sur le territoire national.

La France en porte-à-faux

Cette situation est à terme intenable car les structures de contre information dont Manuel Valls a annoncé la création seront d’autant plus démunies sur le plan argumentaire si les jeunes qui partent rejoindre Daech leur objectent ironiquement qu’elles le font avec l’assentiment tacite du principal allié de la France.
L’heure est venue de traiter ce type de problématique (cf. note 3) avec le plus grand sérieux et sans ambigüité en termes de stratégie. C’est le sens du rapport La France peut-elle vaincre Daech sur le terrain de la guerre de l’information. Rédigé par des membres de l’Ecole de Guerre Economique, ce rapport s’inscrit dans une démarche de sensibilisation sur les nouvelles manières de s’affronter en dehors du terrain strictement militaire. »

mercredi, 03 juin 2015

Achtergrond bij het kalifaat

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Door: Koenraad Elst

Achtergrond bij het kalifaat

Ex: http://www.doorbraak.be

Pieter Van Ostaeyen is internationaal bekend als online rapporteur van en onderzoeker naar Syriëstrijders. Hij schreef een boek over de achtergrond van IS.

Het beknopte boek Van Kruistocht tot Kalifaat van geschiedkundige en arabist Pieter Van Ostaeyen is zeer rijk aan feiten over de dramatische gebeurtenissen van de jongste jaren in het Midden-Oosten, van Tunesië tot Irak. Het geeft bij wijze van nieuwe informatie heel wat nationale eigenaardigheden van de demoratiseringsbewegingen die samen de Arabische Lente uitmaakten, en somt de specifieke kenmerken van de verschillende islamgroeperingen op.

Zo is de Jabhat an-Nusra (ik volg hier de gegeven transcriptie, eigenlijk Engels en gebaseerd op de feitelijke Arabische uitspraak) in Syrië, inmiddels bij al-Qaida aangesloten, zeer geheimhoudend, anders dan de rivaliserende Islamitische Staat met zijn gesofistikeerd gebruikt van klassieke en digitale communicatiekanalen. De Nusra-’verzetsbeweging’ onderwerpt nieuwe recruten aan een strengere selectie. Nochtans, al heeft de Islamitische Staat veel meer buitenlanders in zijn rangen, ook an-Nusra stelt Vlaamse en Nederlandse vrijwilligers te werk. De Tsjetsjenen en Tunesiërs hebben er zelfs eigen brigades.

Strategisch zijn deze gewapende groepen helemaal mee met hun tijd. Zij inspireren zich op de maoïstische beginselen van de guerrilla en de ‘asymmetrische oorlog’: terugtrekken wanneer de vijand sterk is, aanvallen wanneer hij zwak is. Een aantal jaren geleden was Norman Finkelstein te gast op Het Andere Boek en beschreef hij hoe de Hezbollah het onoverwinnelijk lijkende Israël qua organisatie en effectiviteit aan het inhalen was. Deze evolutie wordt nu doorgetrokken door an-Nusra en het Kalifaat, wat de spectaculaire militaire successen (hun vrij geringe aantal manschappen en niveau van bewapening in acht genomen) verklaart.

Voor verdere bijzonderheden verwijzen wij naar het boek. De rijkdom aan minder bekende feiten maakt het alvast tot een goede investering. Dat gezegd zijnde, toch enkele kritische bedenkingen.

De VS volgde in Syrië een beleid van halfhartige steun aan de oppositie van ‘gematigden’ tegen de regering-Assad, maar: ‘In april 13 werd evenwel duidelijk dat het State Department er alleszins gedeeltelijk naast zat.’ (p.85) Op zich een feit, maar wel één dat om commentaar vraagt. Sedert de opbouw naar de inval in Irak in 2003 is het Amerikaanse engagement in het Midden-Oosten één opeenstapeling van dwaasheden, een bevestiging van het Europese stereotype van de ‘stupid Americans’ die zich zonder enig gevoel voor werkelijkheden op het terrein overal mee moeien als een olifant in een porseleinwinkel. Dat gaat van de inval in Irak zelf tot het in de rug schieten van hun bondgenoot Hosni Mubarak (vraag maar aan de ‘vrienden’ van de VS hoe een dolk in de rug aanvoelt: Tsjiang Kai-sjek, Fulgencio Batista, Van Thieu, de Sjah, Mobutu Sese Seko, allemaal zodra het erop aankwam aan de genade van hun vijanden overgeleverd) en het steunen van de Syrische ‘oppositie’, zelfs op gevaar van een confrontatie met Syriës bondgenoot Rusland.

En dwaasheid is soms nog een te milde beoordeling; het kan ook over glasharde perfiditeit gaan. Het verhaal van de Iraakse ‘massavernietigingswapens’ is welbekend, en we moeten toegeven dat het als bewijs van westerse interventiezucht in moslimlanden heel wat moslimjongeren over de drempel geholpen heeft. Van theoretisch overtuigd door het voorbeeld van Mohammeds strijd kantelden zij naar daadwerkelijke terroristen of Oostfrontvrijwilligers (‘Syriëgangers’). Op p.63 vermeldt Van Ostaeyen terloops Nakoula Nakoula, de koptische immigrant in de VS die de internetfilm The Innocence of Muslims gemaakt had. Inmiddels weten wij dat de Amerikaanse regering hem onder valse voorwendselen heeft doen opsluiten (‘de eerste Amerikaan opgesloten wegens overtreding van de islamitische wet tegen godslastering’) en dat de film ten onrechte de oorzaak genoemd werd van de aanval op het VS-consulaat in Benghazi waar ambassadeur en islamofiel Christopher Stevens doodgemarteld werd. Het State Department wist al dagen eerder dat deze aanval gepland was, en dat hij niets met moslimverontwaardiging over de film te maken had.

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Niet dat Europa het zoveel beter doet: de moralistische, door schertswijsgeer Bernard-Henri Lévy geînspireerde tussenkomst in Libië heeft talloze doden, de ontwrichting van het land en de vloed van ‘bootvluchtelingen’ veroorzaakt. Beter te laat dan nooit moet men inzien dat in die regio een verlichte sterke man het beste was waar men geredelijk op kon hopen. Democratie is goed, maar vooronderstelt een beschavingsniveau dat daar nog niet vervuld blijkt te zijn. In ieder geval kan men ze niet van buitenaf opleggen.

Ook de hoera-sfeer in de media omtrent de Arabische Lente heeft hem op het verkeerde been gezet: ‘Toen de Arabische Lente door Noord-Afrika een spoor van hoop trok, hadden weinigen verwacht dat de situatie er uiteindelijk ging verslechteren.’ (p.141)

De als ‘islamofoob’ weggezette islamcritici hadden het nochtans al voorzien: de enige georganiseerde kracht die een alternatief voor de bestaande dictaturen kon bieden, was niet enige liberaal-democratische partij, wel de Moslimbroeders of gelijkaardige islamscherpslijpers. Om er nogmaals de strategische inzichten van Mao bij te halen: een revolutie is onmogelijk zonder revolutionaire voorhoedepartij. De overgang van dictatuur naar democratie vergde een groep die vooruit dacht, die een recept had en dat in wijzigende omstandigheden consequent nastreefde, die leiding kon geven aan de massa, en die haar gevoelens over waar zij van weg wou, kon omzetten in een positieve formule over waar men naartoe moest. Zulk een demokratisch gezinde voorhoede die als aantrekkingspool voor de onbestemde volkswoede had kunnen dienen, was er niet.

In een titel op p.30 heten de kruistochten ‘de eerste tekenen van kolonialisme’. O, en wat was de vier eeuwen oudere Arabische bezetting van Spanje dan? En de Turkse bezetting van de Balkan, en eerder al die van Anatolië (‘Turkije’)? Als we per se over kolonialisme moeten spreken, dan waren de kruistochten een anti-koloniale bevrijding van een door de islam bezet christelijk gebied. Uiteraard hadden de christenen het eerdar dan weer van joden en heidenen afgesnoept, maar dat geldt voor de islam buiten christelijk gebied ook, te beginnen met Medina en Mekka.

Maar het ergst van al is deze bewering, na de opsomming van de ‘vijf zuilen’ van de islam: ‘Deze richtlijnen zijn louter religieus van aard, politeke aspiraties heeft de islam in se niet.’ (p.42) Ik weet niet wat de U-Gentse prof. Gino Schallenbergh, die hier de inleiding schreef, in zijn lessen islamkunde zoal vertelt, maar het inzicht dat de islam een intrinsiek politieke religie is, lijkt me nogal fundamenteel. Toen Mohammed zijn leer startte, was het van meet af aan zijn bedoeling, een staat te stichten. Hij zelf werd de eerste islamitische dictator van Medina en uiteindelijk van heel Arabië. Zijn levenswerk bestond erin, Arabië om te vormen van een bestaande en geslaagde multiculturele samenleving in een monolithisch-islamitische staat.

Zonder dat basisinzicht is men gedoemd, de politieke strijd in het Midden-Oosten, ondanks magistrale feitenkennis die ik geenszins betwijfel, verkeerd te begrijpen. Dan zegt men bv. met veel aplomb: ‘Het gaat het Kalifaat (of eender welke andere betrokken partij) niet om religie maar om macht.’ Ja,wiens macht? Het gaat in de islam altijd om de macht. Misschien wordt dat beginsel voor mijn ‘gematigde’ lezers wat verteerbaarder als ik erbij zeg dat dat zijn goede kanten heeft. Dat de moslims in het Midden-Oosten christelijke gemeenschappen hebben laten bestaan, komt doordat zij niet puristisch een volledig islamitisch-bevolkt rijk wilden, maar wel de macht binnen dat rijk. In ieder geval: met moet niet de christelijke scheiding van staat en religie (‘Mijn rijk is niet van deze wereld’, ‘geeft den keizer wat des keizers, en Gode wat Godes is’) op de islam projecteren. Mohammed overviel karavanen, nam gijzelaars voor losgeld, nam en verkocht slaven enz., en voor hem was dat allemaal ‘inspanning (jihad) op de weg van Allah’.

Ziedaar wat er met het hele islamvertoog in westerse middens scheelt, ook in onze arabistiekdepartementen: men bekijkt de situatie niet door moslimogen. Onze islampleitbezorgers en multiculturalisten zijn heikneuters die niet wezenlijk verder zien dan hun klokkentoren. Ze komen wel in moslimlanden, maar blijven de van huis uit meegekregen westerse denkcategorieën hanteren. Global village, travelling peasants.

Beoordeling : * * *
Titel boek : Van kruistochten tot kalifaat
Subtitel boek : Arabische Lente, Jihad, Kalifaat
Auteur : Pieter Van Ostaeyen
Uitgever : Pelckmans
Aantal pagina's : 152
Prijs : 17.5 €
ISBN nummer : 9789028973749
Uitgavejaar : 2015

00:05 Publié dans Actualité, Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, islam, eiil, daesch, isis, syrie, levant, irak, proche orient | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 01 juin 2015

Nasrallah s’attaque au takfirisme

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Nasrallah s’attaque au takfirisme

Auteur : Ammar Belhimer
Ex: http://zejournal.mobi

Aucun dogme, de quelque nature qu’il soit, ne peut transcender durablement les intérêts fondamentaux, nécessairement contradictoires, qui s’opposent parmi ses adeptes. Le discours religieux emprunte, lui aussi, forcément, la voie étroite de ces intérêts.

S’agissant plus particulièrement de ce qui incarne les aspirations à la dignité et à la justice sociale, le Hezbollah incarne, à bien des égards, tout à la fois la vieille gauche radicale arabe, le réformisme religieux et le nationalisme le plus conséquent. Il est, à lui seul, plus performant que tous les syndicats, les partis et associations de gauche du monde arabo-islamique réunis. Depuis qu’il a brisé le mythe de l’invincibilité de l’armée d’Israël au cours de la deuxième guerre du Liban, il a gagné l’estime et le respect de larges secteurs de l’opinion publique, dans le monde arabe et au-delà.


Une lecture attentive des deux derniers discours de son leader témoigne de la constance de positions fondées sur une analyse lucide et sans concession. Qu’on partage ou pas ses convictions, l’homme inspire respect.

Le 5 mai dernier, son secrétaire général, Sayed Hassan Nasrallah, analyse la chute des localités syriennes d’Idleb et de Jisr Al-Choughour entre les mains des groupuscules terroristes. Il y voit «de simples revers locaux qui ne doivent pas occulter les avancées majeures de l’Armée arabe syrienne».


Se proposant de «parler de manière très franche et explicite», il évoque en ces termes la chute de la ville de Jisr Al-Choughour, dans la province d’Idlib, entre les mains des groupes terroristes : «Ils prétendaient (soyons francs et explicites), qu’après la chute de Jisr Al-Choughour et d’Idlib entre les mains des groupes armés, le régime était fini, et qu’on assistait à ses derniers jours, ses dernières semaines. Ils ont œuvré à propager ce scénario, car cela fait partie de leur guerre psychologique : ils prétendent que l’armée syrienne a perdu ses capacités de combat et s’effondre (…) Dans le cadre de cette guerre (psychologique), d’autres prétendent encore que les alliés de la Syrie l’ont abandonnée, que l’Iran l’a vendue pour son accord sur le nucléaire, et que la Russie l’a également abandonnée pour je ne sais quelle raison, que tous ses alliés s’en détournent.»

Qualifiant les informations concernant la Syrie de «mensonges vraiment gratuits et insensés», il y voit l’expression d’une «guerre psychologique qui veut briser la volonté des Syriens, leur détermination et leur persévérance, et qui veut obtenir par les mensonges, les fausses allégations ce qu’ils ont été incapables d’obtenir par une guerre mondiale imposée à la Syrie depuis quatre ans».


«Nous devons tous prendre conscience que tout ce qui se dit n’est rien d’autre qu’une guerre psychologique, et que cela n’est pas nouveau. Cela fait quatre ans qu’on entend que c’en est fini du régime, de l’armée, que les gens veulent se rendre, qu’ils veulent fuir, etc., etc.»

Revenant sur les positions des principaux alliés de la Syrie, il ausculte d’abord la position iranienne : «Ce qui est dit au sujet de la position iranienne n’est pas vrai : il y a quelques jours à peine, dans un discours, Son Eminence l’imam Khamenei (que Dieu le préserve) a évoqué précisément cette question et a affirmé : “Nous négocions sur le dossier nucléaire, et sur rien d’autre. Et même tandis que nous sommes occupés aux négociations sur le nucléaire, nous restons très attentifs aux intérêts de nos alliés, et absolument rien ne se fera au détriment de nos alliés”.» A ses yeux, «il n’y a aucun signe, pas le moindre, si infime fût-il, qui laisse à penser que les dirigeants russes sont sur le point de délaisser la situation en Syrie, ou qu’ils ont commencé à le faire».

S’agissant de l’engagement militaire du Hezbollah aux côtés de l’armée syrienne, il persiste et signe : «Nous étions avec vous, et nous resterons avec vous et à vos côtés, quels que soient les développements. Partout où il nous a fallu être, nous y sommes allés. Et partout où il nous faudra être, nous y serons (…) Nous ne sommes pas intervenus pour des raisons émotionnelles, personnelles, sectaires ou par esprit de parti. Nous sommes intervenus sur la base d’une vision claire qui n’a pas changé. Au contraire, tous les événements la confirment jour après jour, à savoir la conviction que par notre intervention, nous défendons le Liban, la Palestine, la Syrie et toute la région.»

Le Hezbollah semble de plus en plus devenir une des clefs du dossier syrien sur le plan militaire. A la frontière avec le Liban, il accroît son implication sur le terrain. Il a lancé au cours de ce mois de mai une opération militaire de très grande envergure dans les monts Qalamoum, visant à sécuriser la frontière et cette zone stratégique qui donne directement accès à la capitale syrienne.

De violents affrontements ont ainsi opposé ses hommes aux troupes de Daesh et El-Nosra entre le Qalamoun et la chaîne est des montagnes du Liban, une région accidentée, composée de monts et de montagnes de plus de 2 000 mètres d’altitude, de vallées arides, de pentes rocheuses. Citant «les conséquences directes ou tactiques de cette bataille», il recense : défaite des hommes armés et leur retrait de tous les points d’affrontements, récupération de plus de 100 km2 du territoire de Qalamoun, dont la majorité est située en Syrie, destruction de toute présence militaire adverse (bases, sites, abris, usines etc.), énormes pertes humaines dans les rangs de l’ennemi, rétablissement des réseaux de connexion routiers entre les provinces libanaises et syriennes, etc. Malgré la perte de 13 martyrs, il estime être «devant un exploit militaire sans précédent».

Plus récemment, le 17 mai dernier, le leader libanais mettait en garde la nation islamique contre le danger «d’une nouvelle nakba : celle du takfirisme américano-sioniste» : «La nouvelle nakba est plus dangereuse que la nakba de 1967 ou de 1949, car le peuple palestinien est resté, il a lutté pour exister toujours, il existe toujours. Mais la nouvelle nakba menace non seulement l’existence et la présence du peuple palestinien mais tout autant celle des peuples de la région, celle des Etats, de la Syrie, de la Jordanie, de l’égypte, de l’Irak, du Yémen, de l’Arabie Saoudite, en passant par le Pakistan, l’Afghanistan. Des pays entiers sont menacés de divisions, de guerres, de partitions, de disparition par le takfirisme.»

Concernant le Yémen, il s’est étonné «de la violence des raids saoudiens qui n’épargnent ni les hôpitaux, ni les mausolées, ni les lieux saints, ni même les mosquées datant de la période islamique, alors que l’ennemi sioniste, réputé pour ses crimes sauvages et qui n’hésite pas à éventrer des femmes enceintes, n’a jamais bombardé des lieux saints ou des mausolées ou des lieux historiques».


A l’instar de la mosquée de l’Imam Al-Hadi, un des fondateurs de l’Etat zaydite au Yémen, les autres mausolées et édifices religieux historiques ont aussi été totalement démolis par les raids saoudiens.


L’Arabie Saoudite aura détruit en six semaines plus de mosquées qu’Israël pendant près de soixante ans !


- Source : Ammar Belhimer

dimanche, 31 mai 2015

Le faux califat: l’atout stratégique des USA

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Le faux califat: l’atout stratégique des USA

Auteur : Pepe Escobar
Ex: http://zejournal.mobi

Le monde civilisé verse d’immenses larmes de crocodile devant la prise de la perle du désert de l’ancienne Route de la Soie, Palmyre, par EIIS/EIIL/Da’ech.

Et pourtant… Ni le président des USA, Barack Obama, ni les 22 pays vassaux armés jusqu’aux dents faisant théoriquement partie de sa coalition de volontaires n’ont envoyé le moindre drone équipé de missiles Hellfire contre les brutes drapées de noir du faux califat.

Il est assurément justifié de dire que l’Occident civilisé préfère avoir affaire à un califat médiéval intolérant imbibé de wahhabisme qu’à un dictateur arabe séculaire qui refuse de se prosterner devant l’autel du néolibéralisme occidental.

Il est tout autant justifié d’ajouter que ceux qui arment les décapiteurs et coupeurs de gorges du Front al-Nosra, c’est-à-dire al-Qaïda en Syrie, ou de EIIS/EIIL/Da’ech, sont essentiellement des Saoudiens, qui constituent aussi les plus grands importateurs d’armes de la planète, qu’ils achètent surtout des USA, mais aussi de la France et du Royaume-Uni.

Voilà maintenant qu’un document déclassifié de l’US Defense Intelligence Agency (DIA) rédigé en août 2012, qui a fait le tour de tous les organes gouvernementaux dont CENTCOM, la CIA et le FBI et qu’a obtenu Judicial Watch (un cabinet juridique qui veille à l’intérêt du public), confirme enfin ce qui passe pour être la stratégie de Washington dans le Levant et la péninsule arabique.

C’est qu’au même titre que le proto al-Qaïda original financé par la CIA, qui a vu le jour dans les années 1980 à Peshawar, EIIS/EIIL/Da’ech, alias al-Qaïda 2.0, remplit un seul et unique objectif géopolitique.

Pour faire court, l’Occident civilisé, de pair avec des vassaux tels que la Turquie et les pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a soutenu la branche d’al-Qaïda en Syrie pour déstabiliser Damas, même si le Pentagone avait prévu l’issue horrible de cette stratégie, à savoir l’émergence de EIIS/EIIL/Da’ech (Brad Hoff fournit tous les détails dans un texte traduit par le Saker Francophone).

Pour le Pentagone, c’était tout de même un atout stratégique inestimable, qui devait être lâché dans la nature pour isoler le régime syrien.

Que le rapport de la DIA ne mentionne pas que le gouvernement des USA a créé de toutes pièces EIIS/EIIL/Da’ech ou qu’il favorise le Front al-Nosra en Syrie ou le faux califat en Irak est sans importance. L’élément essentiel, c’est que le gouvernement des USA n’a absolument rien fait pour empêcher la maison des Saoud, ses sbires du CCG et la Turquie de soutenir l’opposition syrienne et d’assouvir ainsi leur désir brûlant de faciliter l’émergence d’un État sécessionniste salafiste dans l’est de la Syrie et de l’autre côté de la frontière, en territoire irakien.

Aujourd’hui, tout observateur bien informé sait que la guerre contre la terreur du régime Cheney était une fraude. Il n’est donc pas surprenant que la destruction planifiée en cours en Syrak offre l’excuse parfaite au complexe militaro-industriel des USA pour tirer des milliards de dollars de la vente de plus d’armes encore à la maison des Saoud, aux autres sbires du CCG, à Israël et à l’Irak.

Cette convergence d’intérêts, géopolitiques dans le cas du Pentagone, commerciaux pour ce qui est du complexe militaro-industriel, entre parfaitement dans le scénario de la maison des Saoud, qui consiste à dicter la politique étrangère de l’administration évitons les conneries Obama au Levant et dans la péninsule arabique.

Les 22 États membres de la coalition d’Obama se réuniront à Paris au début juin. Le Pentagone devrait alors disposer d’un véritable plan relativement à EIIS/EIIL/Da’ech : soit qu’on tente le tout pour le tout pour l’annihiler (très peu probable), soit qu’on repousse toutes ces brutes vers le Caucase (assez probable). Le plus probable en fait, c’est que le bordel actuel va se perpétuer.

On ne peut rien cacher aux Russes

Le colonel-général Igor Sergoun, chef de la Direction générale des renseignements (GRU) de l’état-major des forces armées russes, parle rarement en public. Mais lorsqu’il le fait, les plaques tectoniques géopolitiques bougent.

L’analyse de Sergoun corrobore le rapport de la DIA à la perfection. Depuis maintenant des années, les services du renseignement militaire russes ont conclu (et le font maintenant savoir au public) que le terrorisme islamique, que toute la guerre contre la terreur, en fait, sont un outil de l’Occident utilisé pour détruire les pays souverains qui osent s’opposer à la puissance hégémonique.

Comme nous le savons tous, il est évidemment beaucoup plus facile de subvertir et d’écraser la Libye ou la Syrie que la Russie ou la Chine (ou même l’Iran à vrai dire).

N’empêche que l’Empire du Chaos doit maintenant se dépatouiller pour faire face  (ou faire bonne figure) devant ce retour d’ascenseur généré par sa tactique de diviser pour mieux régner. En Irak, la chute de Ramadi donne un formidable élan à la portée stratégique, au recrutement et au financement de EIIS/EIIL/Da’ech, qui a fait passer l’équipe d’Obama-évitons les conneries pour de parfaits imbéciles.

D’autant plus que les USA n’étaient pas que de simples spectateurs dans cette débâcle. Ramadi est tombée parce que le gouvernement de Bagdad refusait d’armer les tribus sunnites de la province d’Al-Anbar. Le faux califat a attaqué la ville avec une flotte de 30 camions bourrés d’explosifs conduits par des kamikazes. Les membres des tribus qui la défendaient ont dû fuir pour éviter d’être massacrés par les brutes du califat.

Que faisait le Pentagone ? Rien, ce qui entre en contradiction avec les accusations trompeuses de son chef Ash Carter, qui a dit que les Irakiens manquaient de volonté à combattre. Le Pentagone n’a rien fait non plus à Tikrit, lorsque les États-uniens ont refusé de combattre le faux califat aux côtés de milices chiites dirigées par des officiers iraniens qui relevaient directement de Qasem Soleimani, la superstar de la Force Al-Qods.

Le match oppose l’Iran et les décapiteurs

La chute de Ramadi montre à l’évidence que la véritable puissance qui lutte contre EIIS/EIIL/Da’ech en Irak ce ne sont pas les USA, mais l’Iran. Les milices chiites sont d’ailleurs déjà en train d’être incorporées dans les forces de sécurité irakiennes.

Ezzat al-Douri, l’ancien numéro deux de Saddam Hussein que les USA n’ont pas encore capturé, a diffusé des messages où il évoquait un besoin d’aide urgent en armes de la part des suspects habituels, les Saoudiens. Alors qu’ils tentaient d’armer les tribus de la province d’al-Anbar à partir de la Jordanie, devinez qui a mis un holà ? Washington. Conformément aux règles hésitantes de l’administration Obama, la Jordanie ne peut donner suite aux efforts saoudiens sans l’autorisation directe de Bagdad, qui n’est jamais venue.

Cette pagaille n’est qu’un exemple du double jeu incessant auquel se livre l’Empire du Chaos dans sa guerre contre la terreur, qui revient en fin de compte à dire que la lutte contre EIIS/EIIL/Da’ech en Syrak n’est qu’une immense farce.

Qu’importe ce qui arrivera à Washington dans un proche avenir, que ce soit sous le règne d’Hillary-Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort-Clinton ou de Jeb-Mon frère a eu raison d’envahir l’Irak-Bush, rien n’indique que le gouvernement des USA cessera un jour d’utiliser le terrorisme islamique comme atout stratégique.


- Source : Pepe Escobar

vendredi, 29 mai 2015

Trois des raisons du succes de Dae'ch

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TROIS DES RAISONS DU SUCCES DE DAE’CH

Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Stupeur chez les archéologues : Dae’ch s’empare de Palmyre. Si la chute de Ramadi en Irak est stratégiquement plus préoccupante, ces derniers succès de l’organisation « Etat islamique » pose toutefois question. Les raisons de ces gains territoriaux, sinon idéologiques, sont multiples, mais on peut situer, en les analysant, trois processus majeurs expliquant partiellement cette évolution qui n’a pas l’air de beaucoup inquiéter la « communauté internationale »…

La première raison des succès de Dae’ch est la plus immédiate, sinon la plus aveuglante. Elle concerne la gestion militaire du « problème ». En effet, on sait, depuis les bombardements massifs effectués par les Alliés sur l’Allemagne du printemps 1945, qu’on ne gagne jamais définitivement une guerre par la seule voie aérienne. Malgré l’évolution technologique des chasseurs-bombardiers, des drones et des moyens radars, les systèmes d’armes aériens ne suffisent pas à emporter la décision sans intervention au sol, menée soit par des forces spéciales, soit par des unités conventionnelles. Les différentes opérations effectuées en Afghanistan (depuis les attentats du 11 septembre 2001), en Irak (printemps 2003), en Libye (printemps 2011), au Pakistan et au Yémen, ont largement validée cette loi incompressible de la guerre…

Faut-il encore s’entendre sur la nature, le sens et la finalité de la dénomination « guerre » ! Malgré les « frappes » de la Coalition internationale - qui ont débuté en août 2014 -, les positions tenues par Dae’ch ne pourront être réduites et éradiquées sans de substantiels engagements terrestres. Selon les experts avisés, de telles opérations nécessiteraient un format d’une dizaine de milliers d’hommes, un état-major centralisé et différents appuis interarmes nécessaires à une « offensive courte, coordonnée et décisive », explique un officier général de l’une des forces spéciales européennes qui ajoute : « née en Somalie au début des années 90, l’option ‘zéro mort’ a vécu et nous devons faire face aujourd’hui au retour de la guerre dans sa réalité la plus crue : décider de faire la guerre implique le don de soi le plus extrême, à savoir le prix du sang, du sacrifice de sa propre vie. Sans l’acceptation de cette imparable équation, on ne peut être vainqueur… »

A ce rappel de l’une des lois incompressibles de la guerre s’ajoutent les effets collatéraux des opérations militaires que l’Arabie saoudite a lancées unilatéralement et hors de tout encadrement des Nations Unies au Yémen. Le déclenchement de cette nouvelle guerre au Moyen-Orient a conforté, non seulement Dae’ch et Nosra, mais bien d’autres factions terroristes engagées en Syrie, au Liban, en Irak et dans la bande sahélo-saharienne, dans la mesure où l’exacerbation du conflit yéménite s’est traduite par de nouvelles livraisons d’armes tous azimuts, grâce à des financements saoudiens et à ceux d’autres pays du Golfe. Cette consolidation d’un axe militaire « sunnite », élaboré avec la bienveillance du Pentagone et du Département d’Etat américain a masqué les financements et les aides les plus contestables à destination d’organisations ouvertement « terroristes ».

Au quotidien Le Monde du 12 mai dernier, le ministre qatari des affaires étrangères - Khaled Al-Attiyah - déclare le plus tranquillement du monde : « nous sommes clairement contre tout extrémisme. Mais, à part Dae’ch, tous ces groupes combattent pour la chute du régime [syrien]. Les modérés ne peuvent pas dire au Front al-Nosra : ‘restez à la maison, on ne travaille pas avec vous’. Il faut regarder la situation sur le terrain et être réaliste ». C’est au nom de ce même réalisme que Laurent Fabius disait, il y a quelques mois, que les « p’tits gars de Nosra font du bon boulot ! » et que des représentants de cette organisation terroriste étaient reçus à l’Assemblée nationale française… Il faut être réaliste !

Cette logique très sélective du réalisme induit organiquement une deuxième raison des succès de Dae’ch. Comme les Etats-Unis ne veulent pas associer directement la Russie et l’Iran à une contre-offensive militaire coordonnée contre Dae’ch, comme François et Laurent d’Arabie s’obstinent à vouloir dégommer le régime syrien, sinon Bachar al-Assad lui-même, en cherchant à nous faire admettre que c’est la seule et unique solution pour neutraliser les islamistes radicaux, on assiste à une inévitable « communautarisation » du conflit. Ainsi, les milices chi’ites, et pas seulement les forces spéciales du Hezbollah libanais, reprennent un rôle de premier plan. Cette dynamique de fragmentation militaire, territoriale et politique sert à la fois les intérêts de Washington et de Tel-Aviv réactivant l’antienne d’Oded Yinon - cet analyste du ministère israélien des Affaires étrangère - qui conseillait en 1982 de « re-tribaliser » les Etats-nations arabes en favorisant le nettoyage ethnique et l’instauration de micro-émirats chi’ites, alaouites, sunnites, druzes, etc. Divide et impera : cette vieille logique de domination est plus que jamais à l’ordre du jour et continue à faire beaucoup de victimes.

Tout aussi logiquement et nécessairement, cette anomie rampante nous amène à une troisième rationalité ascendante et porteuse des « valeurs » de Dae’ch : sa communication, sinon son soft et smart power. Celle-ci se déploie dans plusieurs dimensions : il y a d’abord ses « médias » électroniques et une démultiplication de sites Internet - autant de vecteurs de diffusion des idéologies radicales, d’influence et de recrutement -, qui se sont extrêmement professionnalisés, souvent grâce à l’appui d’officines spécialisées occidentales. Ce constat qui consiste régulièrement à reconnaître que les idéologies radicales mettent à profit toutes les faiblesses, sinon les démissions et lâchetés de nos systèmes démocratiques « ouverts », n’est pas nouveau. Ce qui l’est davantage concerne le redéploiement et le recyclage d’ex-terroristes à travers les vitrines d’ONGs, d’associations culturelles et « humanitaires » aux Etats-Unis et en Europe. Ce blanchiment d’anciens tueurs - qui ont décidé de poursuivre leur combat par d’autres moyens - s’effectue avec la complicité active de responsables économiques et politiques occidentaux.

Et ce n’est pas le moindre pied de nez de l’histoire, de voir s’effectuer ce grand retournement au nom des droits de l’homme, de la démocratie et du pluralisme de pensée et d’expression ! Il va sans dire que cette évolution discrédite passablement les vrais acteurs de la défense des droits humains et induit une confusion dommageable dans les termes mêmes servant à décrire et qualifier la menace terroriste, ses mutations et ses outils de communication.

Récemment, différents médias occidentaux relatant des crimes terroristes ont qualifié leurs auteurs de « militants ! » Militants de quoi ? On marche sur la tête ! Cette progression folle et morbide paraît inexorable. Dans son merveilleux roman 1984, George Orwell dépeignait une société devenue autiste et pratiquant une novlangue fonctionnant par équivalences simples comme : la liberté, c’est l’esclavage ou la pensée, c’est la force ! Nous y sommes…

Richard Labévière, 24 mai 2015

jeudi, 28 mai 2015

Gelekt Pentagon rapport: ISIS met Turkse en Arabische steun gecreëerd door VS

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Gelekt Pentagon rapport: ISIS met Turkse en Arabische steun gecreëerd door VS

US Defense Intelligence Agency document: Moslim Broederschap en Al-Qaeda belangrijkste krachten Syrische burgeroorlog

Oud MI5 agent: NAVO verantwoordelijk voor massamoorden, volksverplaatsingen en anarchie

Gezien de onthutsende ontstaansgeschiedenis zou de ISIS vlag tussen die van de NAVO landen kunnen wapperen.

Volgens onderzoeksjournalist en bestseller auteur Nafeez Ahmed is er een rapport van het Pentagon uitgelekt waarin bevestigd wordt wat wij al sinds de zomer van 2014 schrijven, namelijk dat de islamitische terreurgroep ISIS met steun van met name Turkije en Saudi Arabië door Amerika werd gecreëerd om tegen de Syrische president Assad te vechten. Al lange tijd geleden onthulden we dat ISIS terroristen in CIA-kampen in Turkije werden getraind, iets dat destijds slechts weinigen wilden geloven.

We legden vorig jaar eveneens uit wat de reden was: president Assad stond en staat een belangrijke aardgaspijpleiding van Qatar naar Europa in de weg, een die de Europese afhankelijkheid van Russisch gas fors zou moeten verminderen. De Russen wisten dit van meet af aan en waarschuwden in september 2014 dat het inzetten van ISIS en ook Al-Qaeda –zoals bekend eveneens een creatie van de CIA- tegen Syrië ‘een enorme escalatie van het conflict in het Midden Oosten en Noord Afrika’ zou betekenen.

Kremlin waarschuwde terecht voor escalatie

Inmiddels weten we dat het Kremlin het helaas geheel bij het rechte eind had. Nu is daar ook hard bewijs voor: het gelekte rapport van het Pentagon, waaruit blijkt dat het Westen onder leiding van de VS in samenwerking met Turkije en de Arabische Golfstaten diverse islamistische groepen begon te steunen om de regering Assad te ondermijnen, ondanks het feit dat er toen al gewaarschuwd werd voor de opkomst van de ‘Islamitische Staat’ in Syrië en Irak.

Westen maakte islamitische holocaust tegen christendom mogelijk

Afgelopen week besloot de regering Obama om opnieuw voor miljarden aan wapens te leveren aan onder andere Saudi Arabië en Irak. Veel van de eerder aan het Iraakse leger geleverde moderne Amerikaanse wapens zijn onbeschadigd in handen gevallen van ISIS.

De onthullingen onderstrepen opnieuw de schandalige hypocrisie van de Westerse (NAVO-) regeringen, die door het steunen van ISIS mede verantwoordelijk zijn voor de islamitische holocaust tegen het christendom in het Midden Oosten en Noord Afrika, iets waar behalve wat spaarzame en nauwelijks effectieve bombardementen helemaal niets aan gedaan wordt. Hoe anders was het in de jaren ’90 in Kosovo en Bosnië, toen vooral moslims de slachtoffers waren.

Moslim Broederschap en Al-Qaeda werken samen

Onder de documenten die na rechtszaken van Judicial Watch onder gerechtelijke dwang werden vrijgegeven bevindt zich ook een in 2012 als geheim geclassificeerd rapport van het US Defense Intelligence Agency (DIA), waarin –zoals we afgelopen woensdag berichtten- niet alleen staat dat de regering Obama van tevoren wist van de wapenleveranties vanuit Libië aan de islamistische rebellen in Syrië, maar ook wordt erkend dat de Moslim Broederschap en Al-Qaeda feitelijk twee handen op één buik en de belangrijkste krachten achter de Syrische burgeroorlog zijn.

Dit is explosieve informatie, aangezien zowel de regering Obama als de Europese Unie zich openlijk achter de Moslim Broederschap opstelden en deze terreurorganisatie zelfs steunden met miljarden dollars en euro’s.

Doelbewuste steun aan Al-Qaeda en andere jihadgroepen

Het Pentagon voorspelde in de gelekte documenten het ontstaan van ISIS door het samengaan en samenwerken van diverse andere islamitische terreurorganisaties in Syrië en Irak. Desondanks ‘steunen de Westerse landen, de Golfstaten en Turkije de pogingen van de Syrische oppositiekrachten om de oostelijke gebieden grenzend aan Irak te controleren... De mogelijkheid bestaat dat er een verklaard of onverklaard Salafistisch vorstendom in oostelijk Syrië ontstaat, en dit is precies wat de ondersteunde machten van de oppositie willen om het Syrische regime te isoleren...’

Met andere woorden: het Pentagon geeft hier zwart op wit toe samen met de andere Westerse landen, de Golfstaten en Turkije doelbewust te hebben meegewerkt aan de oprichting van een Salafistische jihadstaat. Bovendien werd daar aan toegevoegd dat ‘de oprichting van zo’n Salafistisch vorstendom de ideale atmosfeer creëert voor AQI (Al-Qaeda in Irak) om terug te keren tot zijn aloude centra in Mosul en Ramadi.’

Die staat was bedoeld om ‘de jihad tussen de Soenieten in Irak en Syrië te verenigen, en de rest van de Soenieten in de Arabische wereld tegen wat als één vijand zou worden beschouwd. ISI(S) zou door zijn unie met andere terreurorganisaties in Irak en Syrië ook een Islamitische Staat kunnen uitroepen, wat een ernstig gevaar zou betekenen voor de vereniging van Irak en het beschermen van (dit) grondgebied.’

Westerse media hebben jarenlang gelogen

Veiligheidsanalist Shoebridge, die de Westerse steun voor islamitische terroristen in Syrië al vanaf het allereerste begin van de oorlog in kaart bracht, wijst erop dat ‘de Amerikaanse en Britse regeringen, alsmede bijna de complete Westerse mainstream media, de Syrische rebellen als gematigd, liberaal, seculier en democratisch hebben gepromoot, en daarom de steun van het Westen verdienden. Aangezien deze documenten deze aanname totaal ondermijnen is het veelbetekenend dat de Westerse media deze documenten –ondanks hun enorme belang- vrijwel compleet hebben genegeerd.’

Shoebridge bevestigt hier wat wij eveneens al geruime tijd schrijven, namelijk dat wij als Westerse burgers door onze media glashard worden voorgelogen over de ware aard van de burgeroorlog in Syrië. ‘Deze documenten bewijzen ook dat de Amerikaanse regering op zijn laatst in augustus 2012 wist van hun ware extremistische aard, en dat dit als een voordeel voor het Amerikaanse beleid werd gezien. Dit suggereert tevens dat er een besluit werd genomen om het Westerse publiek via de slaafse media jarenlang doelbewust te misleiden, en hen te doen geloven dat de Syrische rebellen overwegend ‘gematigd’ waren.’

‘NAVO creëerde massamoorden en anarchie’

De NAVO-interventie in Libië in 2011 was van hetzelfde laken en pak. Annie Machon, voormalig MI5 inlichtingenofficier, legt uit dat het Westen, en met name de CIA en MI6,

‘... door het steunen van dezelfde Libische groepen een failed state, massamoorden, volksverplaatsingen en anarchie creëerden. Het idee dat elementen van het Amerikaanse militaire-veiligheidscomplex de ontwikkeling van ISIS mogelijk hebben gemaakt, inclusief hun mislukte poging om de NAVO opnieuw te laten ‘ingrijpen’, is onderdeel van een bekend patroon. En ze blijven onverschillig over de enorme omvang van het menselijk lijden dat wordt veroorzaakt door dit soort spelletjes.’

Vicepresident Joe Biden gaf vorig jaar toe dat Saudi Arabië, Turkije, Qatar en de Verenigde Arabische Emiraten honderden miljoenen dollars naar de islamistische rebellen in Syrië hebben doorgesluisd, wat hun transformatie tot ISIS mogelijk maakte.

Verdeel en heers, christelijke slachtoffer ‘bijkomende schade’

Kortom: ook uit deze onthullingen komt de bekende ‘verdeel en heers’ strategie naar voren: zet Soenieten tegen Shi’iten op, zet de ene islamitische terreurgroep tegen de andere jihadgroep op en laat ze elkaar bestrijden en afmaken. Dat talloze onschuldige mensen, waaronder veel christenen, hier het slachtoffer van zijn wordt door de plannenmakers in Washington, Londen en Brussel overduidelijk slechts als bijkomende en aanvaardbare schade gezien.

Xander

(1) Zero Hedge

mercredi, 27 mai 2015

Secret Pentagon Report Reveals US "Created" ISIS As A "Tool"

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Secret Pentagon Report Reveals US "Created" ISIS As A "Tool" To Overthrow Syria's President Assad

By

Zero Hedge

Ex: http://www.lewrockwell.com

From the first sudden, and quite dramatic, appearance of the fanatical Islamic group known as ISIS which was largely unheard of until a year ago, on the world’s stage and which promptly replaced the worn out and tired al Qaeda as the world’s terrorist bogeyman, we suggested that the “straight to beheading YouTube clip” purpose behind the Saudi Arabia-funded Islamic State was a simple one: use the Jihadists as the vehicle of choice to achieve a political goal: depose of Syria’s president Assad, who for years has stood in the way of a critical Qatari natural gas pipeline, one which could dethrone Russia as Europe’s dominant – and belligerent – source of energy, reaching an interim climax with the unsuccessful Mediterranean Sea military build up of 2013, which nearly resulted in quasi-world war.

The narrative and the plotline were so transparent, even Russia saw right through them. Recall from September of last year:

If the West bombs Islamic State militants in Syria without consulting Damascus, LiveLeak reports that the anti-ISIS alliance may use the occasion to launch airstrikes against President Bashar Assad’s forces, according to Russian Foreign Minister Sergey Lavrov. Clearly comprehending that Obama’s new strategy against ISIS in Syria is all about pushing the Qatar pipeline through (as was the impetus behind the 2013 intervention push), Russia is pushing back noting that the it is using ISIS as a pretext for bombing Syrian government forces and warning that “such a development would lead to a huge escalation of conflict in the Middle East and North Africa.”

But it’s one thing to speculate; it’s something entirely different to have hard proof.

And while speculation was rife that just like the CIA-funded al Qaeda had been used as a facade by the US to achieve its own geopolitical and national interests over the past two decades, so ISIS was nothing more than al Qaeda 2.0, there was no actual evidence of just this.

That may all have changed now when a declassified secret US government document obtained by the public interest law firm, Judicial Watch, shows that Western governmentsdeliberately allied with al-Qaeda and other Islamist extremist groups to topple Syrian dictator Bashir al-Assad.

According to investigative reporter Nafeez Ahmed in Medium, the “leaked document reveals that in coordination with the Gulf states and Turkey, the West intentionally sponsored violent Islamist groups to destabilize Assad, despite anticipating that doing so could lead to the emergence of an ‘Islamic State’ in Iraq and Syria (ISIS).

According to the newly declassified US document, the Pentagon foresaw the likely rise of the ‘Islamic State’ as a direct consequence of the strategy, but described this outcome as a strategic opportunity to “isolate the Syrian regime.” 

And not just that: as we reported last week, now that ISIS is running around the middle east, cutting people’s heads of in 1080p quality and Hollywood-quality (perhaps literally) video, the US has a credible justification to sell billions worth of modern, sophisticated weapons in the region in order to “modernize” and “replenish” the weapons of such US allies as Saudi Arabia, Israel and Iraq.

But that the US military-industrial complex is a winner every time war breaks out anywhere in the world (usually with the assistance of the CIA) is clear to everyone by now. What wasn’t clear is just how the US predetermined the current course of events in the middle east.

Now, thanks to the following declassified report, we have a far better understanding of not only how current events in the middle east came to be, but what America’s puppermaster role leading up to it all, was. 

From Nafeez Ahmed: Secret Pentagon report reveals West saw ISIS as strategic asset Anti-ISIS coalition knowingly sponsored violent extremists to ‘isolate’ Assad, rollback ‘Shia expansion’, originally posted in Medium.

Hypocrisy

The revelations contradict the official line of Western government on their policies in Syria, and raise disturbing questions about secret Western support for violent extremists abroad, while using the burgeoning threat of terror to justify excessive mass surveillance and crackdowns on civil liberties at home.

Among the batch of documents obtained by Judicial Watch through a federal lawsuit, released earlier this week, is a US Defense Intelligence Agency (DIA) document then classified as “secret,” dated 12th August 2012.

The DIA provides military intelligence in support of planners, policymakers and operations for the US Department of Defense and intelligence community.

So far, media reporting has focused on the evidence that the Obama administration knew of arms supplies from a Libyan terrorist stronghold to rebels in Syria.

Some outlets have reported the US intelligence community’s internal prediction of the rise of ISIS. Yet none have accurately acknowledged the disturbing details exposing how the West knowingly fostered a sectarian, al-Qaeda-driven rebellion in Syria.

Charles Shoebridge, a former British Army and Metropolitan Police counter-terrorism intelligence officer, said:

“Given the political leanings of the organisation that obtained these documents, it’s unsurprising that the main emphasis given to them thus far has been an attempt to embarrass Hilary Clinton regarding what was known about the attack on the US consulate in Benghazi in 2012. However, the documents also contain far less publicized revelations that raise vitally important questions of the West’s governments and media in their support of Syria’s rebellion.”

The West’s Islamists

The newly declassified DIA document from 2012 confirms that the main component of the anti-Assad rebel forces by this time comprised Islamist insurgents affiliated to groups that would lead to the emergence of ISIS. Despite this, these groups were to continue receiving support from Western militaries and their regional allies.

Noting that “the Salafist [sic], the Muslim Brotherhood, and AQI [al-Qaeda in Iraq] are the major forces driving the insurgency in Syria,” the document states that “the West, Gulf countries, and Turkey support the opposition,” while Russia, China and Iran “support the [Assad] regime.”

The 7-page DIA document states that al-Qaeda in Iraq (AQI), the precursor to the ‘Islamic State in Iraq,’ (ISI) which became the ‘Islamic State in Iraq and Syria,’ “supported the Syrian opposition from the beginning, both ideologically and through the media.”

The formerly secret Pentagon report notes that the “rise of the insurgency in Syria” has increasingly taken a “sectarian direction,” attracting diverse support from Sunni “religious and tribal powers” across the region.

In a section titled ‘The Future Assumptions of the Crisis,’ the DIA report predicts that while Assad’s regime will survive, retaining control over Syrian territory, the crisis will continue to escalate “into proxy war.”

The document also recommends the creation of “safe havens under international sheltering, similar to what transpired in Libya when Benghazi was chosen as the command centre for the temporary government.”

In Libya, anti-Gaddafi rebels, most of whom were al-Qaeda affiliated militias, were protected by NATO ‘safe havens’ (aka ‘no fly zones’).

‘Supporting powers want’ ISIS entity

In a strikingly prescient prediction, the Pentagon document explicitly forecasts the probable declaration of “an Islamic State through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria.”

Nevertheless, “Western countries, the Gulf states and Turkey are supporting these efforts” by Syrian “opposition forces” fighting to “control the eastern areas (Hasaka and Der Zor), adjacent to Western Iraqi provinces (Mosul and Anbar)”:

“… there is the possibility of establishing a declared or undeclared Salafist Principality in eastern Syria (Hasaka and Der Zor), and this is exactly what the supporting powers to the opposition want, in order to isolate the Syrian regime, which is considered the strategic depth of the Shia expansion (Iraq and Iran).”

The secret Pentagon document thus provides extraordinary confirmation that the US-led coalition currently fighting ISIS, had three years ago welcomed the emergence of an extremist “Salafist Principality” in the region as a way to undermine Assad, and block off the strategic expansion of Iran. Crucially, Iraq is labeled as an integral part of this “Shia expansion.”

The establishment of such a “Salafist Principality” in eastern Syria, the DIA document asserts, is “exactly” what the “supporting powers to the [Syrian] opposition want.” Earlier on, the document repeatedly describes those “supporting powers” as “the West, Gulf countries, and Turkey.”

Further on, the document reveals that Pentagon analysts were acutely aware of the dire risks of this strategy, yet ploughed ahead anyway.

The establishment of such a “Salafist Principality” in eastern Syria, it says, would create “the ideal atmosphere for AQI to return to its old pockets in Mosul and Ramadi.” Last summer, ISIS conquered Mosul in Iraq, and just this month has also taken control of Ramadi.

Such a quasi-state entity will provide:

“… a renewed momentum under the presumption of unifying the jihad among Sunni Iraq and Syria, and the rest of the Sunnis in the Arab world against what it considers one enemy. ISI could also declare an Islamic State through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria, which will create grave danger in regards to unifying Iraq and the protection of territory.”

The 2012 DIA document is an Intelligence Information Report (IIR), not a “finally evaluated intelligence” assessment, but its contents are vetted before distribution. The report was circulated throughout the US intelligence community, including to the State Department, Central Command, the Department of Homeland Security, the CIA, FBI, among other agencies.

In response to my questions about the strategy, the British government simply denied the Pentagon report’s startling revelations of deliberate Western sponsorship of violent extremists in Syria. A British Foreign Office spokesperson said:

“AQ and ISIL are proscribed terrorist organisations. The UK opposes all forms of terrorism. AQ, ISIL, and their affiliates pose a direct threat to the UK’s national security. We are part of a military and political coalition to defeat ISIL in Iraq and Syria, and are working with international partners to counter the threat from AQ and other terrorist groups in that region. In Syria we have always supported those moderate opposition groups who oppose the tyranny of Assad and the brutality of the extremists.”

The DIA did not respond to request for comment.

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Strategic asset for regime-change

Security analyst Shoebridge, however, who has tracked Western support for Islamist terrorists in Syria since the beginning of the war, pointed out that the secret Pentagon intelligence report exposes fatal contradictions at the heart of official pronunciations:

“Throughout the early years of the Syria crisis, the US and UK governments, and almost universally the West’s mainstream media, promoted Syria’s rebels as moderate, liberal, secular, democratic, and therefore deserving of the West’s support. Given that these documents wholly undermine this assessment, it’s significant that the West’s media has now, despite their immense significance, almost entirely ignored them.”

According to Brad Hoff, a former US Marine who served during the early years of the Iraq War and as a 9/11 first responder at the Marine Corps Headquarters in Battalion Quantico from 2000 to 2004, the just released Pentagon report for the first time provides stunning affirmation that:

“US intelligence predicted the rise of the Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL or ISIS), but instead of clearly delineating the group as an enemy, the report envisions the terror group as a US strategic asset.”

Hoff, who is managing editor of Levant Report — ?an online publication run by Texas-based educators who have direct experience of the Middle East?—?points out that the DIA document “matter-of-factly” states that the rise of such an extremist Salafist political entity in the region offers a “tool for regime change in Syria.”

The DIA intelligence report shows, he said, that the rise of ISIS only became possible in the context of the Syrian insurgency?—?“there is no mention of US troop withdrawal from Iraq as a catalyst for Islamic State’s rise, which is the contention of innumerable politicians and pundits.” The report demonstrates that:

“The establishment of a ‘Salafist Principality’ in Eastern Syria is ‘exactly’ what the external powers supporting the opposition want (identified as ‘the West, Gulf Countries, and Turkey’) in order to weaken the Assad government.”

The rise of a Salafist quasi-state entity that might expand into Iraq, and fracture that country, was therefore clearly foreseen by US intelligence as likely?—?but nevertheless strategically useful?—?blowback from the West’s commitment to “isolating Syria.”

Complicity

Critics of the US-led strategy in the region have repeatedly raised questions about the role of coalition allies in intentionally providing extensive support to Islamist terrorist groups in the drive to destabilize the Assad regime in Syria.

The conventional wisdom is that the US government did not retain sufficient oversight on the funding to anti-Assad rebel groups, which was supposed to be monitored and vetted to ensure that only ‘moderate’ groups were supported.

However, the newly declassified Pentagon report proves unambiguously that years before ISIS launched its concerted offensive against Iraq, the US intelligence community was fully aware that Islamist militants constituted the core of Syria’s sectarian insurgency.

Despite that, the Pentagon continued to support the Islamist insurgency, even while anticipating the probability that doing so would establish an extremist Salafi stronghold in Syria and Iraq.

As Shoebridge told me, “The documents show that not only did the US government at the latest by August 2012 know the true extremist nature and likely outcome of Syria’s rebellion”?—?namely, the emergence of ISIS?—?“but that this was considered an advantage for US foreign policy. This also suggests a decision to spend years in an effort to deliberately mislead the West’s public, via a compliant media, into believing that Syria’s rebellion was overwhelmingly ‘moderate.’”

Annie Machon, a former MI5 intelligence officer who blew the whistle in the 1990s on MI6 funding of al-Qaeda to assassinate Libya’s former leader Colonel Gaddafi, similarly said of the revelations:

“This is no surprise to me. Within individual countries there are always multiple intelligence agencies with competing agendas.”

She explained that MI6’s Libya operation in 1996, which resulted in the deaths of innocent people, “happened at precisely the time when MI5 was setting up a new section to investigate al-Qaeda.”

This strategy was repeated on a grand scale in the 2011 NATO intervention in Libya, said Machon, where the CIA and MI6 were:

“… supporting the very same Libyan groups, resulting in a failed state, mass murder, displacement and anarchy. So the idea that elements of the American military-security complex have enabled the development of ISIS after their failed attempt to get NATO to once again ‘intervene’ is part of an established pattern. And they remain indifferent to the sheer scale of human suffering that is unleashed as a result of such game-playing.”

Divide and rule

Several US government officials have conceded that their closest allies in the anti-ISIS coalition were funding violent extremist Islamist groups that became integral to ISIS.

US Vice President Joe Biden, for instance, admitted last year that Saudi Arabia, the UAE, Qatar and Turkey had funneled hundreds of millions of dollars to Islamist rebels in Syria that metamorphosed into ISIS.

But he did not admit what this internal Pentagon document demonstrates?—?that the entire covert strategy was sanctioned and supervised by the US, Britain, France, Israel and other Western powers.

The strategy appears to fit a policy scenario identified by a recent US Army-commissioned RAND Corp report.

The report, published four years before the DIA document, called for the US “to capitalise on the Shia-Sunni conflict by taking the side of the conservative Sunni regimes in a decisive fashion and working with them against all Shiite empowerment movements in the Muslim world.”

The US would need to contain “Iranian power and influence” in the Gulf by “shoring up the traditional Sunni regimes in Saudi Arabia, Egypt, and Pakistan.” Simultaneously, the US must maintain “a strong strategic relationship with the Iraqi Shiite government” despite its Iran alliance.

The RAND report confirmed that the “divide and rule” strategy was already being deployed “to create divisions in the jihadist camp. Today in Iraq such a strategy is being used at the tactical level.”

The report observed that the US was forming “temporary alliances” with al-Qaeda affiliated “nationalist insurgent groups” that have fought the US for four years in the form of “weapons and cash.” Although these nationalists “have cooperated with al-Qaeda against US forces,” they are now being supported to exploit “the common threat that al-Qaeda now poses to both parties.”

The 2012 DIA document, however, further shows that while sponsoring purportedly former al-Qaeda insurgents in Iraq to counter al-Qaeda, Western governments were simultaneously arming al-Qaeda insurgents in Syria.

The revelation from an internal US intelligence document that the very US-led coalition supposedly fighting ‘Islamic State’ today, knowingly created ISIS in the first place, raises troubling questions about recent government efforts to justify the expansion of state anti-terror powers.

In the wake of the rise of ISIS, intrusive new measures to combat extremism including mass surveillance, the Orwellian ‘prevent duty’ and even plans to enable government censorship of broadcasters, are being pursued on both sides of the Atlantic, much of which disproportionately targets activists, journalists and ethnic minorities, especially Muslims.

Yet the new Pentagon report reveals that, contrary to Western government claims, the primary cause of the threat comes from their own deeply misguided policies of secretly sponsoring Islamist terrorism for dubious geopolitical purposes.

Reprinted with permission from Zero Hedge.

lundi, 25 mai 2015

L'Occident facilite la montée de l'État Islamique «afin d'isoler le régime syrien»

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L'Occident facilite la montée de l'État Islamique «afin d'isoler le régime syrien»

Auteur : Brad Hoff 
Ex: http://zejournal.mobi

L'Occident facilitera la montée de l'État Islamique « afin d'isoler le régime syrien », lit-on dans un document de la Defense Intelligence Agency de 2012.

Très probablement avec l'aide des services saoudiens, ISIL s'attaque à présent à la minorité chiite en Arabie saoudite. L'attaque perpétrée dans une mosquée de la ville de al-Qatif, ce vendredi 22 mai, a fait plus de 20 morts et des dizaines de blessés - Photo : EP

Le lundi 18 mai, Judicial Watch, le groupe de vigilance du gouvernement conservateur, a publié une sélection de documents autrefois classifiés obtenus du Département américain de la Défense et du Département d'État grâce à un procès fédéral.

Alors que les grands médias se concentraient sur le traitement par la Maison Blanche de l'attaque du consulat de Benghazi, un bien plus « grand tableau » se dégage de la lecture d'un document de la Defense Intelligence Agency rédigé en 2012 : à savoir que l'avènement d'un « État islamique » dans l'est de la Syrie est souhaitable pour que l'Occident puisse arriver à ses fins dans la région.

De manière surprenante, le rapport récemment déclassifié stipule que pour « l'Occident, les pays du Golfe et la Turquie [qui] soutiennent l'opposition [syrienne]... il y a la possibilité d'établir une principauté salafiste officielle ou pas, dans l'est de la Syrie (Hasaka et der Zor), et c'est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l'opposition, afin d'isoler le régime syrien ... ».

Le rapport de la DIA, anciennement classé « SECRET // NOFORN* » et daté du 12 août 2012, a été largement diffusé dans les divers organes gouvernementaux, y compris CENTCOM, la CIA, le FBI, le DHS, NGA, le Département d'État et beaucoup d'autres.

Le document montre que, dès 2012, le renseignement américain avait prédit la montée de l'État Islamique en Irak et au Levant (ISIL ou ISIS), mais au lieu de désigner clairement le groupe comme un ennemi, le rapport considère le groupe terroriste comme un atout stratégique américain.

Bien qu'un certain nombre d'analystes et de journalistes documentent depuis longtemps le rôle des agences de renseignement occidentales dans la formation et l'entrainement de l'opposition armée en Syrie, ce document constitue la confirmation par les plus hautes sphères du Renseignement étasunien de l'idée que les gouvernements occidentaux voient essentiellement ISIS comme le meilleur moyen de parvenir à un changement de régime en Syrie. Non seulement ce document le dit clairement mais il le dit comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit.

Des preuves matérielles, des vidéos, ainsi que les récents aveux de hauts fonctionnaires impliqués (voir l'aveu de l'ancien ambassadeur de la Syrie, Robert Ford), ont, depuis, prouvé que le soutien matériel des terroristes d'ISIS sur le champ de bataille syrien par le Département d'État et la CIA remonte à au moins 2012 et 2013 (pour un exemple clair de « preuves matérielles » : voir le rapport de l'organisation anglaise, Conflict Armement Research, qui, en remontant la trace des roquettes anti-chars croates récupérées auprès de combattants ISIS, est arrivée à un programme conjoint CIA /Arabie Saoudite via des numéros de série identifiables).

On peut résumer ainsi les points clés du rapport de la DIA, concernant « ISI » (en 2012 : « Etat Islamique en Irak ») et son futur compère ISIS, qui vient d'être déclassifié :
Al-Qaïda conduit l'opposition en Syrie
L'Occident s'identifie avec l'opposition
L'établissement d'un État Islamique naissant n'est devenu réalité qu'avec la montée de l'insurrection syrienne (il n'y a aucune raison de penser que le retrait des troupes américaines d'Irak ait joué le rôle de catalyseur dans l'essor de l'État Islamique, comme l'affirment d'innombrables politiciens et experts ; voir la section 4 .D. ci-dessous)
La mise en place d'une « principauté salafiste » en Syrie orientale est « exactement » ce que veulent les puissances extérieures qui soutiennent l'opposition (identifiées comme « l'Occident, les pays du Golfe, et la Turquie ») pour affaiblir le gouvernement d'Assad
Il est suggéré de créer des « lieux de refuge sûrs » dans les zones conquises par les insurgés islamistes comme cela a été fait en Libye (ce qui dans les faits, se traduit par une soi-disant zone d'exclusion aérienne comme premier acte d'une « guerre humanitaire » ; voir 7.B.)
L'Irak est identifié à « l'expansion chiite » (de 8.C)
Un « « état islamique » sunnite pourrait empêcher « l'unification de l'Irak » et pourrait « faciliter à nouveau l'entrée d'éléments terroristes de tout le monde arabe dans l'arène irakienne. » (Voir la dernière ligne du PDF.)

Ce qui suit est extrait du rapport de sept pages déclassifié de la DIA : - R 050839Z 12 août
...
La situation générale :

A. A l'intérieur, les événements prennent une tournure clairement sectaire.
B. Les Salafistes [sic], Les Frères musulmans et Al-Qaïda – Irak, sont les forces principales de l'insurrection en Syrie.
C. L'Occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent l'opposition, tandis que la Russie, la Chine et l'Iran soutiennent le régime.
...
3. (C) Al-Qaïda – Irak (IQA) : ... B. IQA soutient l'opposition syrienne depuis le début, à la fois idéologiquement et dans les médias ...
...
4. (D). IQA a perdu du terrain dans les provinces de l'ouest de l'Irak en 2009 et 2010 ; Cependant, après la montée de l'insurrection en Syrie, les pouvoirs religieux et tribaux régionaux ont sympathisé avec le soulèvement sectaire. Cette (sympathie) s'est concrétisée par l'appel à bénévoles pour soutenir les sunnites [sic] en Syrie, dans les sermons du vendredi.
...
7. (C) Hypothèses sur le développement futur de la crise :
A. le régime va survivre et garder le contrôle du territoire syrien.
B. Evolution de la situation actuelle en guerre par procuration : ... les forces d'opposition tentent de contrôler les zones orientales (Hasaka et Der Zor), qui touchent les provinces irakiennes orientales (Mossoul et Anbar), en plus des frontières turques voisines. Les pays occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent ces efforts. Cette hypothèse, qui est le plus probable étant donné ce que nous savons des événements récents, permettra de préparer des lieux de refuges sûrs sous contrôle international comme cela a été fait en Libye quand Benghazi a été choisi comme centre de commande du gouvernement provisoire.
...
8. (C). Si la situation se détériore, on pourra établir une principauté salafiste officielle ou pas, dans l'est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), Et c'est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l'opposition, afin d'isoler le régime syrien qui est considéré comme l'extrémité stratégique de l'expansion chiite (Irak et l'Iran)
8. (D.1). ... ISI pourrait aussi constituer un État islamique en s'unissant avec d'autres organisations terroristes en Irak et en Syrie, ce qui mettrait gravement en danger l'unification de l'Irak et la défense de son territoire.

Note :

* no foreign nationals : ne pas communiquer aux étrangers

Syrie – Palmyre va-t-elle mourir ?

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Syrie – Palmyre va-t-elle mourir ?

 
Michel Garroté
Politologue, blogueur
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, d’une part, que l’Administration Obama et l’Union Européenne ne sont pas désireuses de régler la crise syrienne ; et d’autre part, que l’Otan aurait dû mener une négociation secrète avec Poutine sur trois dossiers, et, non pas, sur un seul dossier, à savoir une négociation secrète conjointe sur l’Ukraine, la Syrie et l’Iran. L’Otan ne l’a pas fait - et ne le fera pas - pour deux raisons.

La première raison, c’est qu’Obama fait semblant de combattre l’Etat Islamique (EI) sunnite et qu’il négocie un accord désastreux avec l’Iran chiite, accord qui permettra à ce pays de poursuivre son programme nucléaire clandestin à vocation militaire. Obama favorise les deux branches de l’islam en même temps, la branche sunnite (avec l’Etat Islamique) et la branche chiite (avec l’Iran théocratique), car il veut détruire l’Occident d’ici son départ de la Maison blanche.

La deuxième raison, c’est que l’Union Européenne (UE) a clairement choisi de coopérer avec les musulmans religieux, au détriment des musulmans laïcs. L’UE a signé des accords avec de hauts dignitaires islamiques, accords qui mettent fin à l’islam des dictateurs laïcs au profit des religieux musulmans intégristes. Ainsi, l’UE s’indigne face à Bachar al-Assad et elle s’aligne sur le Qatar.

Cela dit, la crise syrienne me pose un problème. Je l’ai déjà écrit plusieurs fois. Je déteste le clan Assad. Notamment parce que j’ai vu de mes yeux les monstruosités perpétrées par le clan Assad contre les Chrétiens au Liban dans les années 1980. Cela dit, lorsque quelques années plus tard, dans les années 1990, je me suis rendu en Syrie (y compris à Palmyre actuellement menacée par l’Etat Islamique…), j’ai été bien obligé d’admettre que la situation des Chrétiens y était bonne. C’est un paradoxe typiquement levantin. Le clan Assad a voulu chasser les Chrétiens souverainistes du Liban afin de pouvoir annexer ce pays.

Et le même clan Assad, dans son propre pays, la Syrie, a ménagé les minorités, y compris les minorités chrétiennes, du fait que ce clan est lui-même une minorité alaouite dans un pays majoritairement sunnite. Je sais très bien qu’actuellement le clan Assad fait à son propre peuple ce qu’il avait déjà fait pendant plus de quinze ans au peuple libanais. Du reste, à l’époque, j’étais très seul dans ma défense des chrétiens libanais qui semblaient laisser le monde entier indifférent. Et malgré tout, je ne peux pas, aujourd’hui, prendre parti contre le clan Assad que je déteste, car si un Califat islamique lui succède, les Chrétiens de Syrie n’auront plus qu’à faire leurs valises. Et qui les accueillera ? Personne…

Si le clan Assad devait tomber, la Syrie serait peut-être soumise à une partition en plusieurs mini Etats : un Etat sunnite ; un mini-Etat alaouite ; un mini-Etat kurde ; et un mini-Etat chrétien. Ce qui, soit dit en passant, entraînerait, à son tour, sous toute vraisemblance, une partition du Liban en un mini-Etat chiite, un mini-Etat sunnite, un mini-Etat druze et un mini-Etat chrétien (autant de principautés dans le style Andorre, Monaco ou le Lichtenstein…).

Aujourd’hui, en mai 2015, avec les influences de l'Iran, du Qatar, de la Turquie et de l'Arabie saoudite, je n’ai pas la moindre idée de ce qui va se passer en Syrie et au Liban. Cela dit, la chute éventuelle du clan Assad est actuellement considérée, une fois de plus, comme une option possible, parmi d’autres options, elles aussi possibles. Mais je ne verrais pas d’un bon œil -- pour les Chrétiens syriens et libanais, ainsi que pour les Israéliens -- la Syrie demeurer un seul et unique Etat, mais à dominante sunnite et sous la forme d’un Califat islamique…

Michel Garroté, 20 mai 2015

  

lundi, 18 mai 2015

P. Buchanan: Our Next Mideast War - Syria

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Our Next Mideast War - Syria

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

Jeb Bush has spent the week debating with himself over whether he would have started the war his brother launched on Iraq.

When he figures it out, hopefully, our would-be president will focus in on the campaign to drag us into yet another Mideast war — this time to bring down Bashar Assad’s regime in Syria.

While few would mourn the passing of the Assad dynasty, there is a problem: If Assad falls, a slaughter of Christians will follow and the battle for control of Damascus will be between the Syrian branch of al-Qaida, the Nusra Front, and the crazed terrorists of the Islamic State.

Victory for either would be a disaster for America.

Where is the evidence of an unholy alliance to bring this about?

Turkey, which turned a blind eye to ISIS volunteers slipping into Syria, has aided the Nusra Front in setting up its own capital in Idlib, near the Turkish border, to rival the ISIS capital of Raqqa.

In the fall of Idlib, said Bashar Assad, “the main factor was the huge support that came through Turkey; logistic support, and military support, and of course financial support that came through Saudi Arabia and Qatar.”

Why would Turks, Saudis and Qataris collude with Sunni jihadists?

Turkish President Recep Tayyip Erdogan detests Assad. The Saudis and Gulf Arabs are terrified of Shiite Iran and see any ally of Tehran, such as Assad, as their mortal enemy.

This also explains the seven weeks of savage Saudi bombing of the Houthi rebels, who dumped over a U.S.-Saudi puppet in the Yemeni capital Sanaa, then seized the second and third cities of Taiz and Aden.

But while the Houthis bear no love for us, they have been fighting al-Qaida in the Arabian Peninsula. Thus, the Saudi bombing has given AQAP, the most dangerous terrorist foe we face, freedom to create sanctuaries and liberate hundreds of fellow terrorists from prison.

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The Israelis seem to be in on the game as well. While they have taken in rebels wounded on the Golan Heights and returned them to their units, there are reports of Israel aiding the Nusra Front with intelligence and even air strikes.

This week, an Israeli official bluntly warned that Hezbollah has amassed 100,000 short-range rockets capable of striking northern Israel, thousands of which could hit Tel Aviv. The rockets are said to be hidden in Shiite villages in southern Lebanon.

Israel is preparing, writes The New York Times’ Isabel Kershner, “for what it sees as an almost inevitable next battle with Hezbollah.”

As Hezbollah has been the most effective fighting ally of Assad, an Israeli war on Hezbollah could help bring Assad down.

But, again, who rises if Assad falls? And who else, besides Christians and Alawites, starts digging their graves?

As one might expect, Sen. Lindsey Graham is all in. Late in April, he declared, “Assad has to go. … We’re going to have to send some of our soldiers back into the Middle East.”

Graham is willing to commit 10,000 U.S. ground troops.

“I would integrate our forces within a regional army. There is no other way to defend this nation than some of us being on the ground over there doing the fighting.”

Wednesday, The Washington Post laid out the game plan for war on Syria. While we cannot create a NATO with kings, emirs, sheiks, and sultans, says the Post,

“[T]here is a way that Mr. Obama could serve both the U.S. interests and those of the Gulf allies: by attacking the Middle East’s most toxic, and destabilizing force, the Bashar al-Assad regime in Syria. Syria’s dictatorship is Iran’s closest ally in the region, and its barbarity opened the way for the rise of the Islamic State. Recently, it has suffered battlefield reverses, in part because of increased Gulf aid to rebel forces.

”If Mr. Obama were to … create safe zones in northern and southern Syria for the rebels, the balance could be tipped against Damascus and Tehran — and U.S. allies would have tangible reason to recommit to U.S. leadership.”

Consider what is being recommended here.

The Post wants Obama to bomb a Syrian nation that has not attacked us, without congressional authorization — to aid rebels whose most effective fighters are al-Qaida and ISIS terrorists.

And we’re to fight this war — to nullify ultra-rich but unhappy Gulf Arabs?

Obama must also “do more about Iranian aggression,” says the Post.

But against whom is Iran committing aggression?

In Syria, Iran is backing a regime we recognized until a few years ago, that is under attack by terrorist rebels we detest. In Iraq, Iran is backing the government we support, against ISIS rebels we detest.

Bottom line: A U.S. attack on Syria is being pushed by the War Party to propel us into a confrontation with Iran, and thereby torpedo any U.S. nuclear deal with Iran.

Cui bono? For whose benefit?

dimanche, 17 mai 2015

L’État islamique a-t-il perdu la tête?

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L’État islamique a-t-il perdu la tête?

La guerre qui se profile entre Irakiens et Syriens pour remplacer al-Baghdadi !

Source: L’Atlantico

Ex: http://www.noterror.eu

Le « Conseil de la Choura » de l’EI réfléchirait à nommer un chef temporaire pour remplacer Abou Bakr al-Baghdadi, qui aurait été très grièvement blessé lors d’une frappe américaine en mars dernier. Une guerre des chefs fait rage au sein de Daesh, et elle pourrait nuire au califat autoproclamé.

Selon des transfuges de Daesh, le « Conseil de la Choura » de l’État islamique réfléchirait à nommer un chef temporaire pour remplacer Abou Bakr al-Baghdadi, qui aurait été très grièvement blessé lors d’une frappe américaine en mars dernier. Comment l’Etat islamique s’organise-t-il dans ces conditions ? Est-il ralenti ?

Il faut rester prudent. Pour l’instant, aucune confirmation de la mise hors de combat d’Al-Bagdhadi n’est parvenue aux autorités ni aux médias. Nous sommes donc dans le domaine des rumeurs. Ce qui peut aller dans ce sens, c’est qu’aucune déclaration affirmant que le « calife » est bien opérationnel n’est venue contredire ces mêmes rumeurs. Sur le terrain, Daech piétine en Syrie depuis la bataille de Kobané mais grignote du terrain en Irak, particulièrement dans la province d’Al-Anbar. Il est donc impossible pour l’instant de tirer des leçons sur une absence éventuelle du « commandant suprême ».

Une poussée à l’international est aussi sensible, notamment dans le Sinaï, en Libye et en Tunisie. Il convient de rester très prudent dans les pronostics avancés.

Deux Irakiens et un Syrien seraient en concurrence pour ce poste, selon les mêmes sources. Peut-on s’attendre à une guerre des chefs ?

Le problème réside dans le fait qu’Al-Bagdhadi n’a pas désigné de successeur (comme l’a fait Al-Zawahiri au sein d’Al-Qaida en désignant de facto l »émir d’Al-Qaida dans la Péninsule Arabique -AQPA-). Il y a donc un certain nombre de prétendants. Il est probable qu’une guerre des candidatures aura lieu. Techniquement, c’est à la « choura » (le conseil consultatif fort de neuf membres) de désigner un successeur.

Qui est le plus susceptible de l’emporter dans ces luttes d’influence ?

Là aussi, rien n’est certain. Les Américains semblent placer Abd al-Rahman Mustafa al-Qaduli, un ancien professeur de physique irakien en bonne place : d’où la mise à prix de sa tête pour sept millions de dollars depuis quelques jours. Cet individu était jusqu’alors peu connu.

On parlait plutôt d’Abou Ali al-Anbari, un ancien major-général irakien responsable du front syrien de Daech ou d’Abou Muslim al-Turkmani, responsable du front irakien. Abou Luqman Ali Moussa al-Hawikh, le « gouverneur » de Raqqa, la « capitale » de l’État Islamique est aussi évoqué. Il peut en sortir d’autres de la besace.

Quelles peuvent en être les conséquences pour l’organisation ?

Certains chefs locaux risquent de vouloir retrouver leur indépendance.

Il ne faut pas penser que la situation est simple pour Daech qui fonctionne grâce à de multiples alliances conclues avec des tribus et d’anciens cadres du parti Baas irakien. Cette unité est volatile. Cela pourrait conduire à une dislocation du « noyau » de l’État Islamique établi à cheval sur l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak. Cela dit, rien ne dit que Daech est « touché au cœur ». Il faut attendre la suite.

Personnellement, je pense que si al-Baghdadi était mort, il y aurait eu une revendication proclamant qu’il avait rejoint les « martyrs de la cause ». Il est peut être que blessé comme le laisse prétendre la rumeur. Les affaires courantes sont alors réglées par la choura.

Viendra le moment où la nomination d’un remplaçant, même temporaire, sera rendue obligatoire car les activistes islamiques ont besoin d’un chef qui les guide et leur sert d’exemple. Attendons la suite.

http://www.atlantico.fr/decryptage/etat-islamique-t-perdu-tete-guerre-qui-se-profile-entre-irakiens-et-syriens-pour-remplacer-al-baghdadi-alain-rodier-2140400.html

jeudi, 30 avril 2015

« LE PRINTEMPS ARABE EST UN CONCEPT OCCIDENTAL »

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« LE PRINTEMPS ARABE EST UN CONCEPT OCCIDENTAL »

Entretien avec Michel Raimbaud*

Ex: http://metamag.fr
Mondafrique
Ancien ambassadeur français en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe, l’écrivain Michel Raimbaud, qui vient de publier "Tempête sur le Grand Moyen-Orient", revient dans un entretien passionnant sur le projet élaboré par les néoconservateurs américains et qui a déstabilisé le monde arabo-musulman... et l'Europe.

41LJf7j6I-L._SY344_BO1,204,203,200_.jpgAfrique Asie. Vous avez placé en épigraphe de votre livre cette citation de Voltaire : « Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. » De qui parlez-vous ?
Michel Raimbaud: Il suffit de voir autour de soi. La maxime s’applique à ce qu’on appelle le « pouvoir profond »… On ne peut pas critiquer certaines catégories de personnes et les sujets qui vont avec, dont ceux que je traite dans ce livre. Ce sont ces sujets sensibles.

Vous dites que l’expression « printemps arabe » n’est pas un concept arabe, mais occidental. Le nouveau président tunisien l’a confirmé. Est-ce cela qui explique ce qui s’est passé dans le monde arabe ?
La naissance de ce concept est le fait d’intellectuels et de journalistes français. Il se réfère aux printemps démocratiques, celui de 1848 qui a tenté de bousculer les vieilles monarchies européennes vermoulues, le printemps de Prague en 1968, Mai-68 en France… Cette assimilation historique est un peu hâtive. Sans compter qu’en Tunisie, le printemps du jasmin, c’était en hiver !

Vous n’avez pas de mots assez durs pour évoquer le printemps arabe : « Une appellation plutôt usurpée pour une saison sinistre n’ayant guère d’arabe, à part le nom, qu’une vague façade en carton-pâte derrière laquelle se tapissent un fanatisme islamiste de la pire espèce, des pompes à finances wahhabites inépuisables », etc.
Je le pense depuis le début. Tous les pays arabes ont été touchés sauf les monarchies. Le Bahreïn est une exception à cause de sa « minorité » chiite qui constitue plus de 70 % de la population. Au Yémen, on a découvert à l’occasion de la guerre civile qu’il existe une minorité chiite, les zaydites, représentant 40 % de la population. Il y a des chiites cachés en Turquie, il en existe aussi au Pakistan, entre 20 % et 25 % de la population.

Qu’entendez-vous par un Grand Moyen-Orient situé entre l’empire atlantique et l’Eurasie ? Peut-on encore parler, à propos de l’Otan, d’un empire ? Quant à l’Eurasie, elle est encore embryonnaire. N’est-ce pas une anticipation ?
Oui c’est une anticipation. L’expression du Grand Moyen-Orient elle-même est de George Bush. Ce n’est plus un Moyen-Orient dans la mesure où il va de la Méditerranée à la Chine centrale. L’Eurasie est en gestation, certes, mais le changement se produit sous nos yeux. Les Brics sont en formation, surtout son noyau euro-asiatique. Cet ensemble a de l’avenir.

Mais le Grand Moyen-Orient n’est-il pas une vue de l’esprit ? On a l’impression, plutôt, d’un monde éclaté…
C’est le monde arabo-musulman d’aujourd’hui qui est éclaté. L’expression Grand Moyen-Orient est concise et couvre une vaste région. L’empire Atlantique se place face au bloc euro-asiatique. Ces blocs existent déjà et le deuxième est en voie d’organisation. "Pour la Chine et la Russie, il n'y aura plus jamais de résolution de l'ONU du type de celle de la Libye en 2011"

Comment expliquer que le mal nommé « printemps » ait pu réveiller la guerre froide ? Et que la Russie et la Chine se soient liguées pour contrer ce projet ?
Cette opposition russo-chinoise est une grande première. Jusqu’en 1991, le monde est bipolaire avec, entre les deux blocs, une Chine qui trouble un peu le jeu. Au milieu se trouvent les pays non-alignés, terre de mission pour les deux camps. En 1991, à la chute de l’URSS, on a cru en l’avènement du monde multipolaire. Ce n’était pas vrai : ce que l’on a vu, c’est l’avènement du monde unipolaire, le monde américain. L’Occident va alors pouvoir gouverner au nom de la « communauté internationale », sans opposition, pendant vingt ans, jusqu’en 2011. Puis il va s’évanouir avec les crises de la Libye et de la Syrie. Tout capote avec ces pays, et nulle part ailleurs. Avant, les Russes et les Chinois étaient tétanisés, ils étaient dans une période d’attente, hésitaient entre coopération et confrontation. Les deux pays s’abstenaient sur le Darfour, ou sur d’autres résolutions de ce type. La Chine était surtout occupée à assurer son développement et à devenir la deuxième puissance mondiale. Puis, peu à peu, Poutine réalise qu’il n’y a pas de coopération possible. Le coup d’arrêt à ses hésitations, c’est la guerre de Géorgie. L’Occident va trop loin, surtout avec le bouclier antimissiles. La Chine va se joindre à la Russie lors de la guerre de Libye, le vrai point de rupture. Auparavant, les deux pays avaient été mis en condition pour accepter la résolution 1973, avec l’idée qu’il fallait protéger la population civile. C’est la mise en œuvre de cette résolution qui a fait déborder le vase. Ils se sont rendu compte qu’ils avaient été bernés, et qu’ils avaient fait une erreur en s’abstenant. Les bombardements commencent le lendemain de l’adoption de la résolution des Nations unies. L’Otan, qui n’y était mentionnée nulle part, entre en guerre, bombarde tout, démolit tout. En toute illégalité. Si on regarde le chapitre 7 de la charte des Nations unies, on constate que toutes les dispositions qui encadrent les interventions ont été violées. Y compris celles au prétexte humanitaire. Pour la Chine et la Russie, il n’y aura plus jamais de résolutions à la libyenne. Elles s’opposent six mois plus tard à la résolution sur la Syrie, apposant quatre fois leur veto. Je ne comprends pas que les Occidentaux n’aient pas compris que la Russie et la Chine ne rejoindraient plus jamais la fameuse communauté internationale pour ce genre d’aventures.

La Syrie est donc fondatrice de la nouvelle donne internationale…
C’est l’épicentre d’un conflit global qui dure depuis quatre ans. Si le gouvernement légal de la Syrie était tombé comme les autres auparavant, ou si le régime avait été renversé comme celui de Kadhafi, il y aurait eu d’autres printemps arabes. Mais la Syrie en a été le coup d’arrêt. Les Russes ne voulaient pas tant soutenir la Syrie, mais ils y ont trouvé un partenaire, un point d’ancrage solide. Avant l’Ukraine… Ils ont cultivé l’alliance et rameuté les Brics autour d’eux, à commencer par la Chine. Quatre vétos sur la Syrie : la Chine garde un profil discret, mais ferme. Impressionnant. Au summum de la crise sur les armes chimiques en Syrie, en 2013, il y avait certes les gesticulations russes et américaines, mais il y avait aussi des navires de guerre chinois au large des côtes syriennes. C’est une première et cela devrait faire réfléchir les Occidentaux. "Quand les Américains n'utilisent plus les mouvements terroristes, ils les bombardent".

Afrique, Asie, pourquoi l’Occident séculier soutient-il des mouvements islamistes qu’il combat chez lui ?
Par absence de logique. À ce propos, il faut distinguer les États-Unis et ses alliés au Conseil de sécurité, qui ont des traditions de grandes puissances, et les alliés privilégiés des États-Unis, mais qui n’ont pas les mêmes motivations. Globalement, les Américains sont ceux qui commandent et ont mis en œuvre une stratégie du chaos. Ils ont continué à soutenir les gens d’Al-Qaïda, dont ils sont les créateurs avec l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Puis, quand ils n’en ont plus eu besoin, ils les ont laissé tomber en leur disant « débrouillez-vous ». Mais toute cette affaire s’est retournée contre eux avec les attentats du 11-Septembre. Les mouvements terroristes internationaux, comme ceux qui sévissent en Syrie et ailleurs dans le Moyen-Orient ou le monde musulman, sont des héritiers d’Al-Qaïda. Les États-Unis n’ont pas de raison de ne pas s’en servir, tout en sachant que ce n’est pas leur modèle social. Ils les utilisent puis, quand ils ne s’en servent plus, ils les bombardent. Je ne crois pas que les États-Unis aient une sympathie particulière pour les mouvements islamistes, ni pour les Arabes d’ailleurs – cela se saurait. Mais ils peuvent s’accommoder de tout. Leurs meilleurs alliés sont des gouvernements islamistes. Ils ont du mal à trouver des alliés progressistes : ils n’en ont jamais eu dans l’Histoire.
 
"Ce qui fait courir les occidentaux en Arabie: c'est le pétrole et ... les intérêts d'Israël".

Vous étiez en poste en Arabie Saoudite, où l’on vient d’assister à une scène de succession moyenâgeuse. Tous les chefs d’État occidentaux s’y sont rués pour prêter allégeance au nouveau roi d’Arabie. Qu’est-ce qui les fait vraiment courir, à part le brut ?
Le pétrole et les intérêts d’Israël. Dans tout le monde arabe, il existe un terreau favorable à la contestation, mais on n’a pas le droit d’y intervenir et de bombarder sous prétexte que les peuples sont menacés par des tyrans. D’autant qu’on se rend compte que ce type d’opération est menée pour changer le régime ou détruire le pays. Il est plus facile d’exploiter le pétrole avec des pays fragilisés. Le pétrole détourné d’Irak et de Syrie va notamment vers Israël, sans besoin d’oléoducs. Vendu en contrebande à 15 dollars le baril lorsque celui-ci était à 120 dollars, ce pétrole a rapporté des revenus conséquents : 5 milliards de dollars. Des sommes qu’on ne transporte pas dans des matelas ! Il faut des banques, des complices pour les mettre sur le marché. Les circuits parallèles fonctionnent.

Des documents secrets du Pentagone à propos de la Libye viennent de donner une autre explication à cette guerre. Hillary Clinton, conseillée par les Frères musulmans, aurait caché à Obama que Kadhafi était en négociation avec le Pentagone pour passer la main, et que l’histoire du génocide menaçant les habitants de Benghazi était inventée de toutes pièces. L’Occident joue-t-il contre son propre camp ? Il existe tellement de machinations qu’on finit par se prendre les pieds dans le tapis. Il y a toujours des histoires des services spéciaux, etc. Les renseignements sont pipés. Les services jouent un grand rôle là-dedans. Cela dit, Hillary Clinton n’est pas la finesse même sur la Libye, la façon dont elle rit à l’annonce de la mort de Kadhafi le prouve. Un ambassadeur américain a été tué de la même façon que lui pourtant.

Pourquoi la Syrie a-t-elle été jusqu’ici l’exception, et comment analyser l’émergence de l’État islamique ?
J’espère que la Syrie restera l’exception, du moins dans ce contexte-là. L’affaire est loin d’être terminée, mais il y a plusieurs raisons. Bachar al-Assad, quoi qu’on en dise, a une légitimité, il est populaire chez la majorité de ceux qui vivent en Syrie. Quels que soient les défauts de son régime, il est perçu dans le contexte actuel comme un rempart contre le démantèlement du pays. Il a des alliés chiites comme le Hezbollah, l’Iran, certainement une vieille alliance qui date du temps du shah. Il a un véritable partenariat avec la Russie : la Russie défend la Syrie, mais la Syrie défend aussi la Russie. Si la Syrie devait subir le sort des autres pays, la Russie le sentirait passer. Et son prestige international s’en ressentirait.

Quel est le jeu d’Israël?
Israël est derrière toutes les crises du monde arabe, toujours à l’affût. La sécession du Sud-Soudan est un triomphe de la diplomatie américaine et de la diplomatie israélienne. Il fallait transformer le Sud-Soudan en base israélienne, pour le complot contre ce qui reste du Soudan. Ils veulent affaiblissement de ce pays non pas parce qu’ils sont islamistes, mais parce qu’ils ont soutenu Saddam. Ils ne veulent pas la peau de Tourabi ou Al-Bachir, ils veulent couper le Soudan en morceaux. Ils ont réussi, et cela continue avec le Darfour. "Moubarak, puis les islamistes, puis Morsi, puis Sissi, ce n'est pas logique, c'est la logique du chaos".

Mais le nouvel État, le Soudan du Sud, n’est pas brillant…
Mais lequel des régimes nés des « printemps arabe » est-il brillant ? L’industrie de production de la démocratie américaine au nouveau Grand Moyen-Orient est un trompe-l’œil qui vient des années 1980-1990. Cela n’a rien à voir avec la démocratie et les droits de l’homme : cette stratégie sert à casser le monde arabo-musulman, comme cela est attesté dans de nombreux documents. Car les Américains font ce qu’ils disent, et disent ce qu’ils font.

Il y a un plan, ce n’est pas de la conspiration. Quels que soient les avatars pour soutenir tel ou tel camp, les options restent ouvertes. Au Bahreïn par exemple, ils soutiennent à la fois la rébellion, ce qui leur permet de dire qu’ils défendent les droits de l’homme et la démocratie, et la monarchie pro-saoudite sunnite. Et ils sont gagnants de toute façon. Ils ont fait la même chose au Yémen, et en Égypte, même chose : d’abord Moubarak, puis les islamistes, puis Morsi et maintenant Sissi. Ce n’est pas logique, c’est la logique du chaos. Et elle est bel et bien là.

Comment expliquer que le savoir-faire français sur le Moyen-Orient s’avère inopérant ? 
De Gaulle était un grand homme je pense. Il avait bien une politique arabe exemplaire, il a renversé le cours des relations franco-arabes après l’indépendance de l’Algérie et réussi à changer d’alliance après la guerre des Six-Jours. Après les néfastes conséquences de l’expédition de Suez, c’était un exploit. Une politique arabe a persisté dans une espèce de consensus politique en France. Puis, après le coup d’honneur sur l’Irak, en 2003, la France a commencé à rentrer dans le bercail occidental. Fini la récréation. Le bilan est désastreux. Elle a pourtant un savoir-faire et avait une grande tradition diplomatique. C’est un grand pays, pas dans le sens d’un pays braillard qui manigance à tout prix… Un grand pays au sens positif du terme. Son retrait peut peut-être changer, mais je ne vois pas venir le changement maintenant.

"La France soutient à la fois les terroristes modérés et les djihadistes démocratiques"
François Hollande continue de dire que l’État islamique et le régime de Bachar, c’est blanc bonnet et bonnet blanc, deux ennemis à combattre…Depuis quatre ans, on continue de dire le pire sur Bachar, qu’il va tomber d’une minute à l’autre… En réalité, ce sont les Américains qui peuvent changer d’avis et sont en train de le faire. Les alliés privilégiés de la France sont le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite. On a vu défiler les six monarques du Golfe à Paris, nos alliés. On soutient à la fois les terroristes modérés et les djihadistes démocratiques. C’est une position difficilement tenable, de la haute acrobatie. Les Américains, eux ne l’ont pas fait en même temps : d’abord alliés d’Al-Qaïda, puis leurs ennemis. Ils changent d’avis sans se gêner(...)

L’État islamique est-il une création indirecte de l’Occident ?
Il est le résultat de l’invasion américaine de l’Irak. On peut dire cela à tous les coups. Les Américains ont cassé toutes les institutions irakiennes (armée, police, gouvernement, parti baath, etc.) et facilité la prise de pouvoir par les chiites et des Kurdes au détriment des sunnites. Quand les officiers baathistes ont été mis en prison où séjournaient déjà les islamistes, les deux groupes ont fait connaissance. La prison a été le centre d’étude et de fusion entre des gens qui ne se seraient pas rencontrés autrement – comme cela arrive ailleurs (...)

L’Occident semble préférer le chaos aux États souverainistes…
C’est ce qui apparaît. Le chaos, c’est le but des néoconservateurs qui ont une vieille théorie : il fallait maîtriser toute la zone qui ceinturait le monde communiste soviétique et chinois, et d’autre part sécuriser les intérêts occidentaux. Les Américains se sont aperçus que cette zone était entièrement constituée de pays musulmans. C’est la ceinture verte musulmane, ce qui est devenu le Grand Moyen-Orient de Bush, gonflé au fil des pulsions américaines. Il y avait deux catégories de pays dans cette zone : les États forts, comme l’Iran du shah, ou la Turquie entrée dans l’Otan, peut être aussi l’Irak, des régimes amis de l’Occident. Et les autres qu’il fallait affaiblir, où il fallait provoquer des changements de régime, renverser les pouvoirs en place. Puis des États ont viré de bord, comme l’Iran avec la révolution islamique. Quand la configuration est défavorable, on essaie de changer le régime, et si on n’y arrive pas, on casse l’État – en particulier les armées du monde arabe –, on ruine le pays. Cette stratégie figure dans beaucoup de documents américains ou israéliens. Ça s’est produit avec les armées égyptienne, irakienne, syrienne et sans doute algérienne.

Mais le chaos est contagieux et peut toucher les monarchies du Golfe. Celles-ci seraient-elles les grandes perdantes face à l’axe chiite ?
Dans l’esprit de certains dirigeants américains, c’est ce qui va arriver. Un ancien directeur de la CIA a dit qu’il fallait s’occuper des pays comme la Syrie et l’Égypte, déstabiliser huit pays… L’idée, c’est de leur « préparer » un islam qui leur convienne et d’aider les musulmans à accéder au pouvoir. Quand ces pays auront bien été déstabilisés, alors on pourra s’occuper de l’Arabie Saoudite. Le pacte de Quincy signé en 1945 a été renouvelé en 2005 pour soixante ans, mais il ne durera pas. Les États-Unis n’ont pas aidé le shah à se maintenir au pouvoir. Il n’était plus fréquentable, il a été renversé. Résultat, l’ayatollah Khomeiny a aussitôt pris le pouvoir, et l’Iran est devenu un des ennemis publics numéro un de l’Amérique. Jusqu’en 1979, ce pays était pourtant l’allié stratégique, y compris l’allié nucléaire. Il existait une vraie coopération entre l’Iran et les États-Unis dans ce domaine, avec un traité, des laboratoires, etc.

La question nucléaire a été mise à l’ordre du jour en 2002. Après que l’Iran eut le temps de s’occuper de l’Irak… Avant on n’en parlait pas. Puis les Européens, avec des Américains qui en arrière-plan soutenaient la démarche, se sont benoîtement rappelé du traité de non-prolifération… "En France, on a tendance à saucissonner. Or le rapport entre la crise syrienne et la crise ukrainienne est évident".

On est au cœur d’une nouvelle guerre froide avec l’Ukraine. Jusqu’où ce conflit va-t-il reconfigurer le nouvel ordre mondial en gestation ? Quels sont les effets sur le Grand Moyen-Orient ?
En France, on fait rarement un lien entre les différents problèmes, on a tendance à les saucissonner. Cela empêche une compréhension de la situation. J’ai peu entendu les gens établir un rapport entre la crise syrienne et la crise ukrainienne. Pourtant, il est évident. Il n’y aurait pas eu de relance de la crise ukrainienne s’il n’y avait pas eu la crise syrienne. Autrement dit, si la Russie avait laissé tomber Bachar, il n’y aurait pas eu une crise ukrainienne à ce niveau de gravité. On s’en serait accommodés. On a fait la surenchère surtout pour enquiquiner la Russie.

Sans la crise ukrainienne, les Brics auraient-ils pris la même importance sur la scène internationale ?
Sans la crise syrienne il faut dire. Car la crise ukrainienne est un développement de la guerre en Syrie. La guerre d’Ukraine s’inscrit dans le grand mouvement qui a déclenché les printemps arabes. En même temps qu’on essaie de contrôler des pays arabes musulmans et d’étendre petit à petit la zone de crise, on tente de casser ce qu’était l’URSS, réduite à la Russie. On veut contrôler la zone d’influence russe et la réduire au strict minimum. La Yougoslavie, en tant que pays communiste indépendant, était la partie la plus exposée; elle sera dépecée. Pour permettre l’intégration de toute l’Allemagne réunifiée dans l’Otan, le chancelier Kohl et Bush avaient promis à Gorbatchev que l’élargissement de l’Otan s’arrêtait là. Gorbatchev a reconnu avoir été berné. Cela a sonné la fin de la stabilité internationale. Le pacte de Varsovie a vécu, d’anciens États adhèrent à l’Union européenne et passent à l’Otan. Avec l’entrée des pays baltes dans cette organisation, la Russie est encerclée. Mais c’est la Géorgie qui a été la ligne rouge, puis l’Ukraine. La Géorgie a été le symbole du tournant de Poutine, qui avait au début décidé de collaborer avec les Occidentaux.

Quel est l’avenir du projet du Grand Moyen-Orient ?
Le projet démocratique certainement, même si, à mon avis, il n’y aura pas de démocratie, ni de printemps arabes. Le projet de domination reste, même s’il ne va pas forcément se réaliser. L’enjeu est toujours là pour les Américains. La ceinture verte est toujours utile pour encercler le postcommunisme. Même si la Chine est un régime aménagé, il est prudent de le « contenir » en quelque sorte. Les Occidentaux parlent toujours d’une opposition modérée en Syrie, je ne sais pas où ils la voient, mais c’est leur discours. Ils arment une opposition qui est en fait celle des djihadistes… L’alliance qui s’est forgée progressivement entre la Turquie, l’Arabie Saoudite et les Occidentaux, notamment États-Unis, France, Angleterre, alliance de circonstance s’il en est, résiste encore.

La Syrie peut-elle reprendre son autorité sur l’ensemble du territoire ?
Si on la laisse faire, je pense que oui. Le discours sur la démocratie est de moins en moins crédible. On n’a pas à intervenir dans les pays, même pas en Arabie Saoudite qui doit évoluer toute seule.

Pourquoi l’Arabie Saoudite exporte-t-elle son idéologie?
Elle exporte son idéologie pour éviter d’être attaquée à son tour. Mais celui qui a une vision universaliste, c’est le leader turc Erdogan. Les projets qu’il concoctait avant le printemps arabe étaient différents. Il était proche de la Syrie et de la Libye. Maintenant, il est le soutien des Frères musulmans. Il reçoit les visiteurs étrangers dans le palais du Sultan avec une garde d’honneur de de vingt-huit soldats qui représentent vingt-huit provinces ottomanes. Ce gouvernement islamiste turc est nostalgique de l'Empire perdu.

* Michel Raimbaud est l'auteur de "Tempête sur le Grand Moyen-Orient", Éditions Ellipses, 576 p., 24 euros.
 

TVL : Michel Raimbaud démonte le mythe des printemps arabes

 

mardi, 31 mars 2015

Israel’s Future Vision of the Middle East

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Israel’s Future Vision of the Middle East

Wayne MADSEN 

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
Beginning in 1982 with the «Yinon Plan», a proposed Israeli future for a Middle East based on a series of failed Arab states divided into warring smaller fiefdoms, and maturing in the 1990s with Binyamin Netanyahu’s commissioned policy paper called «A Clean Break,» which foresaw scrapping the entire peace process with the Palestinians, Netanyahu enters his fourth term as prime minister in command of an Israel that has scrapped a Palestinian state and which has provided assistance to the Salafist/Saudi axis in support of the Islamic State, Al Qaeda, and other radical jihadist groups. Today, as a result of Israeli right-wing/Saudi/Gulf Wahhabist collusion, Iraq, Syria, Libya, and Yemen are failed states and the Middle East is becoming increasingly «balkanized».

In December 2014, a Shin Bet intelligence report revealed that during the first few months of 2015 the disintegration of Iraq, Syria, Yemen, and Libya into warring factions would accelerate. That prediction has materialized. The Israeli report also saw Egypt, Saudi Arabia, and Turkey becoming more autocratic states. That, also, has come about, especially in Saudi Arabia where the new king, Salman, has started to reverse some of the minor reforms instituted by his late predecessor, Abdullah.

remapped300_khavare_miane_new.jpgThe Israelis predicted that Syrian president Bashar al-Assad would rule over what the Israelis called "Little Syria," withy effective control of only 20 to 30 percent of the country. The Israelis saw the remainder of Syria in the hands of jihadist groups like the Islamic State and Jabhat al-Nusra, with smaller cantons in the hands of Syrian Kurds and non-jihadist Sunni tribes, all of which would be fighting each other, as well as against the Assad government. The report supported Israel enhancing its position in the Golan Heights. In fact, Israel has done much more than that. The Jewish state has actively supported logistically and with weapons and intelligence Syrian and foreign jihadists, including Jabhat al-Nusra and the Islamic State forces that have militarily engaged Assad’s forces and Lebanese Hezbollah near the Golan Heights, which remains in Israeli hands without any threat to Israel’s interests in the region from the Islamic State.

The Islamic State/Jabhat al-Nusra unholy alliance with Israel comes as a bitter pill for the Palestinians of the West Bank and Gaza who have never been able to count on the support of the duplicitous Saudis and Gulf Arabs when it comes to the overall strategic and sectarian interests of the Saudis and Persian Gulf sheikhdoms. Riyadh, Doha, and Abu Dhabi place greater value on their unsigned pact with Israel against Shi’a Iran, Alawite Syria, and Hezbollah-controlled southern Lebanon than in any commitment to the Palestinian cause of self-determination. This abandonment of the Palestinians by the Wahhabist Muslims was always a foregone conclusion since the pampered Saudis and their Gulf friends have historically harbored a deep-seated jealousy of the better-educated and more resourceful people of Palestine.

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The Shin Bet report also saw Libya being divided into three states – Cyrenaica in the east, Tripolitania in the west, and Fezzan in the Saharan south. Cyrenaica is dominated by local jihadists who have pledged their loyalty to the Islamic State and showed their commitment to the Islamic State’s self-declared caliph, Abu Bakr al-Baghdadi, by beheading 21 Egyptian Coptic oil workers who were taken prisoner.

Yemen and Iraq are the scenes of bloody civil wars between proxy forces loyal to the Saudis and the Iranians. In Iraq, the Islamic State swept into control of large portions of the north and west of the country, committing genocide against Kurds, Yazidis, Shi’as, resistant Sunnis, Christian Assyrians and Chaldeans, and Turkmen while destroying their religious and historical shrines. The United States has, under Central Intelligence Agency pro-Saudi director John O. Brennan, never displayed a more inconsistent policy in the Middle East. Washington’s role is duplicitous in Iraq and Syria, where it, like Israel, supports groups allied with the Islamic State with weapons while, very much in opposition to Israeli and Saudi goals, militarily supports Iranian counter-offensives near Tikrit and Syrian operations against the jihadists in eastern Syria.

It is also noteworthy that the Islamic State, which is now active near Jordan’s Ma’an region and in the Sinai Peninsula, where the Ansar Bait al-Maqdis group, a group allied with the Islamic State, has targeted Egyptian security personnel, has not made any moves against Israel, which has a significant presence in both Jordan and Sinai.

Israel is more interested in supporting any group, including Sunni jihadists who have beheaded Americans, Britons, Japanese, and others, against Shi’a Iran, Syria, Lebanese Hezbollah, and the Houthis in Yemen. Hamas in Gaza, like the Fatah government of the Palestininian Authority in Ramallah in the West Bank, feels betrayed by the Saudis, Qataris, and other Wahhabist nations. For that reason, Iran began providing covert military aid to Hamas in the West Bank. It is clear that the Islamic State would take the beheading swords to both Hamas and Fatah Palestinians if they were ever to take over in Gaza or Palestinian sectors of the West Bank. Covertly, the Israelis relish in such a prospect.

The Saudis claim nine other nations, including Egypt, Morocco, Pakistan, the Gulf states, and Sudan, have joined its military campaign in Yemen against the Shi’a Houthis. The Saudis have called their assault in Yemen Operation DECISIVE STORM, which sounds much like America’s Operation DESERT STORM against Saddam Hussein in 1991. The Houthis, backed by Iran and Lebanese Hezbollah, succeeded in driving out the pro-Saudi and pro-U.S. Yemeni government from Sana’a, Taiz, and Aden. Behind Saudi Arabia’s DECISIVE STORM is the hidden hand of Israel, which has made no secret of its military and intelligence alliance with the Saudis against Iranian influence in the Middle East. One country that has rejected any role in Saudi aggression in the region is Oman, which has served as a diplomatic bridge between the West and Iran and between Sunnis and Shi’as. Oman also has an interest in countering Saudi jihadist expansion in the former independent nation of South Yemen, which has always adhered to a secular profile against Saudi-financed radicalization in the Hadhramaut, the South Yemeni region that borders Oman.

 

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Houthi leaders said their interest in driving into South Yemen was to root out Islamic State and Al Qaeda elements and that they had no desire to remain in control. Indeed, there is some indication that the Houthis agreed to allow South Yemen to have its independence restored. But that was not in the interest of the Saudis, who worked behind the scenes with Zionists in the U.S. State Department to create a six-region federation of Yemen, one that saw the rights of the Houthis diminished. It was this Feierstein Plan, named after Gerald Feierstein, the former Jewish-American ambassador to Yemen, which triggered the Houthi rebellion in the first place. Feierstein wanted to diminish the role of the Houthis and the Southern Yemeni independence Hirak movement in his plan for a federal Yemen because he saw both groups as proxies for Iran. Yemen’s disintegration is a direct result of the actions of a dupe for Israel who also happened to control the U.S. embassy in Sana’a. The Omanis know this is the case and so do the Iranians. In fact, Houthi leaders have correctly ascertained that the Islamic State and Al Qaeda were formed as the result of a conspiracy hatched by Israel, Saudi Arabia, and Brennan’s CIA. 

Brennan recently told Fox News that the Islamic State was on the run in Syria and Iraq. Not only is Brennan’s contention patently false – and Brennan knows it is because he tacitly supports Saudi, Israeli, and Qatari assistance to Sunni jihadists in both countries – but the Islamic State has expanded its operations into Tunisia from Libya, as witnessed by the recent attack on tourists in Tunis, and Nigeria, as shown by the fealty sworn to the Islamic State by the Boko Haram jihadists. Boko Haram’s operations have also spread into Niger, Chad, and Cameroon. Brennan has every reason to soft peddle the Saudi/Israeli/Gulf Arab alliance that supports the most radical elements of Sunni Wahhabist Islam. Brennan’s support for the Yinon Plan, Clean Break, and Saudi Arabia’s DECISIVE STORM stems from his taking his marching orders from Jerusalem, Riyadh, and Doha.

lundi, 30 mars 2015

Des Syriens demandent réparation à Fabius!

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Des Syriens demandent réparation à Fabius!

Source: Le Figaro

Des Syriens, dont des proches ont été victimes de rebelles, ont demandé mercredi au tribunal administratif de Paris une réparation symbolique d’un euro, « pour les fautes personnelles commises par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans ses fonctions ». Sept civils syriens, cinq hommes et deux femmes, qui se présentent comme des proches de victimes de violences commises par les rebelles luttant contre le régime de Bachar al-Assad, sont à l’origine de cette procédure.

Laurent Fabius s’est montré en pointe dans le dossier syrien, au côté de la rébellion à qui la France a livré des armes, et il est visé pour plusieurs déclarations publiques. Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que « Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur terre » et, en décembre 2012, que »le Front al-Nosra fait du bon boulot », alors même que cette organisation djihadiste syrienne venait d’être classée terroriste par les États-Unis.

L’un des plaignants, Nawar Darwich, affirme que le village près de Lattaquié, dans lequel il s’était réfugié avec sa famille pour fuir des attentats ayant visé son quartier à Damas, avait été envahi à l’aube du 4 août 2013 par des « bandes armées appartenant aux groupes criminels » du groupe al-Nosra et de l’Armée syrienne libre qui ont massacré une quinzaine de membres de sa famille, dont ses parents et quatre de ses frères et sœurs.

Le rapporteur public a demandé le rejet de la demande des plaignants, estimant que la justice administrative était incompétente à l’égard des « actes de gouvernement ».

Le tribunal administratif a mis l’affaire en délibéré sous quinze jours. Les plaignants avaient déjà déposé une plainte contre Laurent Fabius devant la Cour de justice de la République, habilitée à juger les infractions des membres du gouvernement pendant leurs fonctions, mais la justice avait classé la procédure en janvier dernier.

Source: http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/12/10/97001-20141210FILWWW00263-des-syriens-demandent-reparation-a-fabius.php

mardi, 24 mars 2015

L’héritage calamiteux de la guerre d’Irak

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Entretien avec la géopolitologue et diplomate autrichienne Dr. Karin Kneissl :

L’héritage calamiteux de la guerre d’Irak

Sur la lutte contre l’EIIL, sur les questions énergétiques, sur le rôle des Etats-Unis, sur le clivage chiites/sunnites dans la région

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

BT : Les Etats-Unis et la Turquie veulent soutenir les rebelles dits « modérés » de Syrie dans le combat qu’ils entendent mener contre l’EIIL. Est-ce à vos yeux la bonne stratégie à suivre ?

KK : Aucunement. Pendant les quatre années que dure déjà cette guerre, nous avons maintes fois vu que les armes, destinées à l’Armée Syrienne Libre (ASL) se retrouvaient plus tard entre les mains du groupe Al-Nousra. Celui-ci est un rival de l’EIIL, mais on peut le classer dans la même catégorie idéologique. Or, justement, en ce qui concerne la Turquie, nous avons beaucoup d’indices tendant à prouver que la Turquie, si elle n’agit pas directement, ferme souvent les yeux quand du matériel de guerre quitte son territoire pour être livré dans les régions septentrionales de la Syrie à des groupes islamistes. La Turquie joue ici avec des cartes truquées, si bien que la coopération entre Ankara et Washington apparait comme hautement contestable : comment faut-il armer les opposants syriens ? Quels matériels faut-il leur livrer ?

BT : Quels buts recherche la Turquie quand elle pratique une politique très ambigüe à l’endroit de l’EIIL ?

KK : Dès le départ, c’est-à-dire dès le printemps de l’année 2011, la Turquie poursuit l’objectif d’affaiblir et de renverser le régime alaouite d’Assad. Erdogan, qui était à l’époque premier ministre et non pas encore président, imaginait qu’il pouvait exercer une influence sur Assad. Cela s’est avéré une illusion : Erdogan a alors changé de stratégie, il s’est mis à soutenir les forces sunnites et à poursuivre des intérêts proprement turcs dans le conflit syrien. Erdogan s’est lourdement trompé, bon nombre de ses projets ne se sont pas réalisés ; aujourd’hui, il est coincé : les Pechmergas kurdes et le PKK se sont engouffrés dans la brèche et ont pris une position déterminante dans le vide de pouvoir qui s’est instauré entre la Turquie et la Syrie.

BT : La Turquie ne court-elle pas le risque que ces forces, qui reçoivent du soutien aujourd’hui, se retournent contre elle dans le futur ?

 KK : C’est myopie politique de croire qu'il faille à tout prix soutenir l’ennemi de mes ennemis, comme le préconise une stratégie militaire de l’Inde antique, car cet ennemi de mon ennemi pourra un jour se retourner contre la main qui l’a nourri autrefois.  Je pense que les milieux dirigeants et gouvernementaux turcs sont considérablement gênés aujourd’hui à cause du nouveau problème kurde, mais si, parmi les Kurdes, nous trouvons un vaste faisceau d’idéologies différentes, permettant éventuellement une marge de manœuvre. Les Pechmergas ne peuvent pas être classés dans la même catégorie que le PKK et poursuivent d’ailleurs d’autres objectifs politiques.

Syria_Obama-400x259.jpgBT : Pourquoi, à votre avis, les Etats-Unis sont-ils aussi obnubilés par l’idée de renverser Assad ?

KK : Sur le plan diplomatique, ce fut, de leur part, une décision inintelligente. Je me souviens encore qu’Hillary Clinton, alors ministre des affaires étrangères, avait exigé de son homologue russe Lavrov, de laisser tomber Assad. Lavrov avait réagi en affirmant que « ce n’était pas là la manière par laquelle fonctionnait la diplomatie russe qui, elle, respectait les traités conclus ». Il s’agissait surtout, à l’époque, de traités réglant des livraisons militaires. Les Etats-Unis défendaient un autre point de vue : ils estimaient qu’eux avaient laissé tomber leurs principaux alliés, dont Hosni Moubarak en Egypte, et qu’ils avaient ainsi permis les printemps arabes de 2011 auxquels ils avaient donné une impulsion décisive. En contrepartie, ils attendaient donc des Russes un geste similaire. Mais ceux-ci se seraient alors placés dans une position intenable.

Lorsqu’un attentat de grande envergure a eu lieu le 18 juillet 2012 contre le quartier général des forces de sécurité syriennes, plusieurs parents d’Assad ont trouvé la mort et les Etats-Unis ont cru que, pour le régime syrien, c’était le commencement de la fin. Les choses ne se sont pas passées ainsi : l’armée ne s’est pas disloquée, Bechar el-Assad n’a pas jeté le gant. Dans les hautes sphères du pouvoir syrien et dans les services secrets, la plupart des décideurs ont pris le parti de coopérer avec Assad. Le point de vue russe et aussi, partiellement, celui de l’Iran, s’est imposé. Les Américains ont donc dû se montrer un peu plus pragmatiques, d’autant plus qu’ils s’étaient déjà passablement embrouillés dans les affaires syriennes, notamment en invoquant des « lignes rouges » à propos de l’usage d’armes chimiques ou en exigeant au minimum le départ d’Assad.

BT : Peut-on avancer l’hypothèse que les Américains veulent toujours réaliser le vœu de Georges W. Bush, c’est-à-dire d’imposer un « ordre nouveau » au Proche Orient ?

KK : Quand on évoquait le « Greater Middle East », l’ancien ministre américain des affaires étrangères, Colin Powell, disait textuellement, en 2002 : « We have to reshape the map » (« Nous devons redessiner la carte »). Or les Français et les Britanniques l’avaient déjà fait immédiatement après la première guerre mondiale, entraînant des catastrophes pour toutes les populations de la région. Pourtant le monde était moins compliqué, il y a cent ans, que maintenant. Aujourd’hui, redessiner la carte de manière aussi systématique serait tout bonnement impossible.

BT : Alors on peut dire que les Etats-Unis font face à un dilemme…

KK : Oui, ils sont pris dans un véritable dilemme, parce qu’ils cherchent depuis longtemps à se désengager et à quitter la région. Jusqu’il y a deux ans, on disait à Washington : « ils ne nous aiment pas et nous n’avons pas besoin d’eux ». Dire que les autochtones du Proche et du Moyen Orient n’aimaient pas les Américain était un simple constat suite à l’occupation de l’Irak ; dire que l’Amérique n’avait pas besoin de ces autochtones était une déduction dérivée de la politique énergétique nouvelle qui misait sur le « Fracking », soit l’exploitation du gaz de  schiste sur le territoire même des Etats-Unis. Or la donne a changé depuis lors : avec le prix très bas du pétrole, le « fracking » ne s’avère plus aussi rentable que ne le laissaient imaginer les calculs d’il y a deux ans. Par ailleurs,  les décideurs politiques américains ont pris conscience du fait que quoi qu’il arrive au Proche Orient, le résultat aura d’importantes conséquences stratégiques sur le long terme ; d’où les Etats-Unis ne peuvent pas se désengager. Ces décideurs américains savent désormais qu’ils récoltent les fruits de la guerre menée en Irak et que celle-ci a provoqué la radicalisation en cours aujourd’hui.

BT :  En Irak, c’est dans les régions peuplées de Kurdes que l’on trouve les plus grandes réserves de pétrole ; ensuite, devant les côtes de la Syrie, il y a des réserves de gaz assez considérables. Par ailleurs, on envisage également d’acheminer du gaz naturel par gazoducs du Qatar jusqu’au littoral méditerranéen de la Syrie ou de transporter du gaz liquide, au départ des ports syriens, vers l’Europe. Quelle est l’importance des questions énergétiques dans ce conflit ?

kurdish_oil_fields.gifKK : Elles ont une importance cruciale. Les énormes gisements de pétrole dans le Kurdistan irakien sont la principale pomme de discorde entre le gouvernement régional des Kurdes et le gouvernement de Bagdad. En novembre, ces deux gouvernements irakiens se sont enfin entendus pour une exploitation conjointe, ce qui s’explique partiellement par la menace que fait peser l’EIIL. Quant aux gisements de gaz du bassin oriental de la Méditerranée, ils ont fait éclore les conflits entre Israël, la Turquie, la Syrie et le Liban. Les Libanais comptent nettement sur la participation des Qataris pour exploiter ces gisements mais ils ont tardé à accorder des concessions et à nommer les champs d’exploitation. Ces problèmes sont actuellement discutés au Parlement libanais. Cette problématique du gaz naturel peut à terme constituer un casus belli dans le triangle Liban/Israël/Turquie, mais aussi générer des nouvelles coopérations. L’avenir nous le dira. Mais nous pouvons d’ores et déjà constater que l’Egypte se rapproche d’Israël dans la question du gaz naturel. L’Egypte pourrait mettre ses terminaux à disposition pour liquéfier le gaz israélien. Il y a quelques mois le ministre égyptien de l’énergie avait déclaré qu’il pouvait parfaitement envisager d’importer du gaz israélien.

BT : Dans les conflits qui secouent la Syrie et l’Irak, l’Arabie Saoudite et l’Iran jouent tous deux leur part. Quel rôle joue en réalité la rivalité entre Saoudiens et Iraniens donc entre Sunnites et Chiites ?

KK : Cette rivalité joue de fait un rôle essentiel. Dans les médias arabes, l’ennemi est stigmatisé et déclaré « infidèle ». Ce conflit remonte au VIIème siècle et a commencé immédiatement après la mort du Prophète Mohammed et a été réactivé il y a une trentaine d’années, surtout en Irak mais aussi, de manière analogue, en Syrie, où le gouvernement d’Assad dominé par les Alaouites se heurtent aux sunnites qui composent la majorité de la population. On retrouve ce clivage au Liban entre, d’une part, le Hizbollah, chiite, et, d’autre part, les fractions sunnites de la population. Nous avons affaire à des conflits par personnes interposées que l’on peut comparer, sans toutefois oublier le contexte proprement proche-oriental, à notre guerre de Trente Ans au 17ème siècle. Nous avons connu en Europe aussi des guerres de religion du même ordre, entre protestants et catholiques, derrière lesquelles se profilait un conflit opposant une noblesse devenue protestante au pouvoir de la Maison des Habsbourg.  Dans le monde musulman d’aujourd’hui, nous observons de nombreux conflits entre Chiites et Sunnites, en Irak, au Liban, en Syrie mais aussi plus loin, au Yémen par exemple, où une milice chiite contrôle la capitale Sanaa. Le choc entre les deux formes d’islam se repère également en Arabie Saoudite même. Dans ce pays, qui abrite les lieux saints de l’islam, quelque 10% de la population sont chiites. Ces derniers temps, ces chiites saoudiens ont subi une forte répression. Ils habitent des régions du nord-est du pays, à proximité de la frontière irakienne. Ils y forment la majorité de la population dans ces régions riches en gisements pétrolifères.

 

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BT : Comment les Saoudiens perçoivent-ils les négociations en cours sur le programme nucléaire iranien ?

KK : La rivalité qui oppose l’Iran à l’Arabie Saoudite, deux puissances qui se considèrent comme hégémoniques dans la région, explique aussi l’immense suspicion qui tenaille les Saoudiens quand ils s’aperçoivent qu’Iraniens et Américains négocient. Il n’y a pas que les Israéliens qui crient au loup : en effet, pour les Saoudiens, ces négociations laissent supposer un rapprochement entre Washington et Téhéran et une nouvelle politique de compromis. Bien sûr, beaucoup d’événements peuvent encore se produire d’ici la fin des négociations mais tous noteront toutefois que l’on travaille assidûment à leur dernière tranche (prévue pour le 31 mars, date où l’on espère une issue définitive, pas à pas, conduisant à la levée des sanctions ; note BT). Cette échéance imminente jette un vent de panique en Israël, qu’illustre fort bien le dernier voyage de Netanyahou, début mars à Washington. Pas seulement en Israël, aussi en Arabie Saoudite.

yemenççç.jpgBT : Le Yémen deviendra-t-il un nouvel « Etat failli », un de plus, qui sera un havre pour les terroristes islamistes ?

KK : Les nouvelles ne nous parlent que trop rarement du Yémen, alors qu’il est stratégiquement très important ; pourtant, ces dernières semaines, plusieurs ambassades ont fermé les unes après les autres : Américains, Britanniques, Français ont tous quitté le pays parce qu’il n’est plus sûr. Ce qui est dramatique, c’est que personne ne sait au juste ce qui se passe au Yémen, alors qu’il pourrait devenir une zone de repli supplémentaire pour des extrémistes de toutes sortes, ce qu’il était déjà pour Al-Qaeda ; dans l’avenir, il pourrait abriter des formes encore plus extrêmes de terrorisme. Mais à ce risque-là, bien réel, s’ajoute encore celui de voir la situation yéménite se répercuter sur l’ensemble de la péninsule arabique. Il ne faut pas négliger cette éventualité : les tribus du sud de l’Arabie sont sans doute les plus importantes de la péninsule et la famille des Saouds, qui a donné son nom à l’Arabie Saoudite, est toujours potentiellement la rivale d’autres tribus, en dépit du fait qu’elle exerce le pouvoir. Si les fidélités des tribus subissent une mutation et quoi qu’il arrive au Yémen, cela aura des répercutions sur l’Arabie Saoudite.

(entretien paru dans « zur Zeit », n°10/2015, Vienne ; http://www.zurzeit.at). 

lundi, 23 mars 2015

Les secrets de l'avalanche de milliards de dollars sur l'Égypte

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Les secrets de l'avalanche de milliards de dollars sur l'Égypte

Auteur : Nasser Kandil
Ex: http://zejournal.mobi

Du 13 au 15 mars courant s'est tenue à Charm el-Cheikh « la Conférence sur l'avenir de l'Égypte ». Quatre pays du Golfe ont promis des investissements et une aide de 12,5 milliards de dollars, et le Caire aurait signé des contrats d'investissements directs d'un montant de 36,2 milliards. Plusieurs ministres occidentaux ont fait le déplacement, dont le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

Certains analystes se sont demandé quel était le but de ce soutien financier, éminemment politique, des Pays du Golfe et de l'Occident, notamment des États-Unis. Éviter le rapprochement entre l'Égypte et la Syrie dans leur lutte commune contre le terrorisme et les Frères Musulmans ? Éloigner l'Égypte de la Russie ? Empêcher l'Égypte de jouer son rôle historique dans la région du Moyen-Orient et le Monde arabe ?

Pour M. Nasser Kandil, sans nier toutes ces hypothèses qui pourraient paraître contradictoires, ce qui s'est passé en Égypte est en relation directe avec ce qui se passe actuellement au Yémen [NdT].

Comprendre les raisons de l'avalanche de ces milliards de dollars sur l'Égypte exige que nous envisagions les deux dimensions de cet événement :

- La relation de cette manne consentie à l'Égypte par les Pays du Golfe avec les problèmes auxquels ils font face au Yémen [depuis la prise de Sanaa par la rébellion houthiste le 21 septembre 2014, NdT].
- Le pourquoi du soutien occidental sans lequel les Pays du Golfe n'auraient pas pu placer leur argent pour redresser la situation politique et financière de l'Égypte.

En réalité, nous sommes devant une équation bi-factorielle égypto-yéménite, à la fois, géographique, démographique et économique. Car, si le Yémen est au cœur des pays arabes du Golfe, l'Égypte est au cœur des pays arabes d'Afrique, avec entre les deux la Mer rouge.

Par conséquent, lorsque nous parlons des Pays du Golfe, nous ne pouvons que tenir compte du Yémen. La preuve en est que l'Arabie saoudite, qui ne semblait se préoccuper que de la Syrie et du Liban, n'a plus d'yeux que pour ce qui se passe au Yémen. Les Saoudiens se sont battus avec tous leurs moyens financiers et relationnels pour que leur capitale, Riyad, soit le siège du dialogue entre les yéménites. Ils ont échoué.

Dès lors, comment faire alors qu'ils ne disposent pas de la force militaire nécessaire pour imposer leurs exigences comme, par exemple, la reconnaissance de Mansour al-Hadi [Le président yéménite démissionnaire qui a subordonné la poursuite des négociations nationales inter-yéménites au transfert du siège des pourparlers de Sanaa vers le Conseil de Coopération du Golfe Persique à Riyad, NdT] ou la qualification d'Aden en tant que capitale yéménite ? Comment faire face aux forces des Houtis rendues à leur frontière avec des incursions au-delà?

D'où le pari sur l'Égypte. Le président égyptien, Mohammad al-Sissi, n'a-t-il pas déclaré, au quotidien Al-chark, que la sécurité du Golfe faisait partie de la sécurité de l'Égypte ? Alors, payons ce qu'il faudra pour que les Égyptiens dépêchent leurs forces au Yémen et nous aident à imposer notre domination.

Mais voilà que les Égyptiens se comportent comme les Turcs. Les Saoudiens ont bien tenté de les réconcilier dans l'espoir de les pousser à coopérer au Yémen. Mais la réponse évidente du Turc fut : « Quand nous serons prêts à intervenir militairement quelque part, nous irons en Syrie ». Et la réponse, tout aussi évidente, de l'Égyptien fut : « Quand nous serons prêts à intervenir militairement quelque part, nous irons en Libye ».

Ne restait plus qu'à leur proposer d'assurer une sorte de « siège maritime » du Yémen par une alliance « locale » turco-égypto-saoudienne. Pourquoi ? Parce qu'il faut absolument étrangler Sanaa et empêcher les Houtis d'en faire la capitale du Yémen, alors que l'Arabie saoudite en a décidé autrement et a invité les États à transférer leurs ambassades à Aden. Une telle pression sur les régions acquises aux révolutionnaires est censée les amener à négocier une solution à Riyad et non entre yéménites, ce qui lui permettrait de les empêcher de consolider leur relation avec l'Iran.

C'était sans compter sur la colère du peuple égyptien suite à l'exécution de vingt-et-un de leurs compatriotes par Daech [EIIL, ISIS ou État islamique], en Libye ; colère qui a imposé aux autorités égyptiennes d'envisager une riposte militaire [5] et de pousser le Conseil de sécurité à mandater une intervention internationale spéciale contre le terrorisme en Libye, appuyées en cela par la France [6], l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Ceci, alors que l'Égypte avait refusé d'intégrer la Coalition internationale décidée par les États-Unis suite à l'invasion de Mossoul, faute d'avoir obtenu que la guerre contre le terrorisme inclut la lutte contre les Frères Musulmans.

Mais quelle ne fut la surprise du ministre égyptien des Affaires étrangères, une fois rendu à l'ONU [Conseil de sécutité du 18 février 2015, NdT], de constater que le Qatar s'opposait à qualifier la demande égyptienne de « demande formulée par les États arabes » et que, vérification faite, l'Arabie saoudite soutenait le Qatar !

Ici, la décision a été dictée par l'administration américaine, et cette décision est liée au Yémen : « Laissez agir les Frères Musulmans. Qui d'autres vous restent-ils pour défendre vos intérêts au Yémen ? ». Par conséquent, l'Arabie saoudite mise devant le fait de choisir entre la volonté de l'Égypte et les Frères Musulmans, qui l'aideraient à rétablir l'équilibre des forces escompté au Yémen, a choisi ces derniers.

D'où la déclaration du ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Faisal, se résumant à dire : « Nous n'avons aucun litige avec les Frères Musulmans ». D'où le rétablissement des relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar. D'où la volte-face des Saoudiens contre l'Égypte et en faveur du Qatar.

Ainsi, et nous devons l'admettre, l'Égypte a été maîtrisée par le refus de sa demande d'une intervention internationale spéciale en Libye, l'administration US lui ayant fait savoir que la solution devra être politique. Laquelle solution passe par les Frères Musulmans et la recherche d'un accord entre l'Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar.

Le régime égyptien s'est donc incliné en dépit du soutien de la Russie prête à coopérer, la coalition contre le terrorisme en Libye n'a pas eu lieu, mais instruction a été donnée aux Pays du Golfe d'ouvrir les tiroirs-caisses pour distraire le peuple égyptien par la manne financière à venir. Et les voilà tous rendus à Charm el-Cheikh pour claironner des chiffres de 10, 18, puis 30 milliards de dollars, qui pourraient atteindre les 100 milliards si l'année prochaine il s'avérait que les investissements étaient profitables.

Alors qu'en réalité, il s'agit essentiellement de projets et de prêts dont les intérêts iront aux nantis, et de placements bancaires destinés à éviter l'écroulement de la monnaie égyptienne ; ce qui ne modifiera pas grand-chose du revenu réel des citoyens égyptiens écrasés par la pauvreté.

Partant de là, nous pouvons donc répondre aux questions suivantes :

- L'équation yéménite penchera-t-elle en faveur de l'Arabie saoudite ? NON.
- L'équation libyenne penchera-t-elle en faveur de l'Égypte ? NON.
- L'Égypte, acceptera-t-elle de s'aventurer dans une guerre contre le Yémen ? NON.
- La Turquie, acceptera-t-elle de s'aventurer dans une guerre contre le Yémen ? NON.
- L'Arabie saoudite, se trouvera-t-elle obligée d'accepter de revenir au dialogue inter-yéménite qui devrait déboucher sur un Conseil présidentiel, avec les Houtis comme interlocuteurs de poids ? OUI.
- Le gouvernement égyptien se trouvera-t-il obligé à une confrontation, car si les Frères Musulmans arrivaient au pouvoir en Libye, même au sein d'un gouvernement d'union nationale [actuellement, deux gouvernements et deux assemblées législatives, NdT], ils se renforceront en Égypte ? OUI.

Autrement dit, la situation évolue dans un sens qui ne sert pas les intérêts de ceux qui se sont embarqués dans le sillage des USA, que ce soit du côté saoudien ou du côté égyptien.

Ceci, alors que le destin de l'Égypte est de s'associer avec la Syrie dans la guerre contre Daech, Jabhat al-Nosra et les Frères Musulmans, et que le destin de l'Arabie saoudite est de reconnaître humblement que les Houtis sont désormais un facteur obligatoirement déterminant dans les négociations, ainsi que dans le dialogue inter-yéménite, et que leur relation avec l'Iran, au cas où elle se concrétise, ne peut les affecter en tant que force patriote yéménite capable d'apaiser les tensions, non l'inverse.

Note : Monsieur Nasser Kandil est libanais, ancien député, Directeur de TopNews-nasser-kandil, et Rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Binaa.


- Source : Nasser Kandil

samedi, 21 mars 2015

Wesley Clark: «L’EI a été fondé grâce au financement de nos alliés les plus proches»

Le général Wesley Clark: «L’EI a été fondé grâce au financement de nos alliés les plus proches»

Auteur : Daniel McAdams
Ex: http://zejournal.mobi

clark.jpgDe nombreuses personnes connaissent le général Wesley Clark comme l’homme qui a quasiment déclenché la troisième Guerre mondiale, lorsqu’il a donné l’ordre aux Britanniques de tirer sur les forces de maintien de la paix russes qui avaient atterri à Pristina, la capitale du Kosovo, avant l’arrivée des Américains. On rapporte que le commandant britannique de la KFOR, le général Sir Mike Jackson, aurait répondu: «Je ne commencerai pas la troisième Guerre mondiale pour vous».

Toutefois, une des caractéristiques les plus intéressantes du général Clark est sa tendance à laisser échapper, de temps à autre, des propos surprenants.

Comment pourrait-on oublier l’entretien qu’il a accordé à Amy Goodman en 2007 et dans lequel il a dévoilé qu’un des officiers généraux du Pentagone lui avait montré, peu après les attentats du 11 septembre 2001, une note de service de Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense de l’époque, qui exposait les grandes lignes des projets mondiaux militaires des Etats-Unis. Selon Clark, le général avait déclaré:

«Nous allons détruire sept pays en cinq ans, en commençant par l’Irak, ensuite la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et, pour terminer l’Iran.» J’ai demandé: «Est-ce que c’est secret?» Il a répondu: «Oui.» Moi, j’ai dit: «Alors ne me le montrez pas.» Quand je l’ai revu, il y a environ un an, j’ai demandé: «Vous vous souvenez?» Et il a répliqué: «Monsieur, je ne vous avait pas montré cette note de service-là! Je ne vous l’avait pas montrée!» [Général Wesley Clark lors d’un entretien accordé à Amy Goodman de Democracy Now, 2/3/15]

Maintenant, Clark est de retour avec d’autres propos étonnants.

Loin d’être une organisation qui aurait surgit de manière spontanée en tant que la cause de tous les maux, au moins selon le général Wesley Clark, l’EI a été créé et financé par nos «alliés les plus proches». Le général a affirmé: l’EI s’est développé grâce aux financements de la part de nos amis et alliés… afin de lutter à mort contre le Hezbollah.

Il n’a pas expliqué de quels amis et alliés il parlait, il a néanmoins indiqué que la situation s’est transformée en un «monstre de Frankenstein». [Général Wesley Clark lors d’un entretien avec CNN Newsroom, 17/2/15]

En effet, notre initié, le général Wesley Clark, nous fait savoir que nos alliés les plus proches au Moyen-Orient ont contribué à la création de l’EI – l’organisation pour la lutte contre laquelle nous dépensons des milliards de dollars.

On sait que Israël, l’Arabie saoudite et d’autres Etats du Golfe sont depuis longtemps obsédés par la lutte contre le Hezbollah et Assad. De la même manière, ces deux Etats s’appliquent pour que les Etats-Unis continuent à lutter dans la région pour leur compte. Et si c’était eux qu’il avait en tête?

Au lieu de continuer à renforcer sa présence militaire dans la région afin de lutter contre l’EI, il est probablement grand temps que les Etats-Unis parlent sérieusement avec leurs «alliés» au Moyen-Orient.


- Source : Daniel McAdams

Le dogmatisme démocratique: l’erreur fatale des Occidentaux

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SYRIE : L’AVEU AMÉRICAIN
Le dogmatisme démocratique: l’erreur fatale des Occidentaux

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
 
Le djihadisme qui veut nous détruire, nous l’avons créé, les Américains l'ont financé. Nous avons partout voulu tuer le mauvais cochon. On commence à peine à le comprendre et encore pas tout le monde. L'extraordinaire revirement américain sur le régime Assad est tout de même un sacré aveu.

Assad résiste et son régime avec lui. On pensait qu’il allait être emporté en quelques mois par un printemps démocratique syrien  puis par une rébellion armée de gentils sunnites voulaient en finir avec la dictature de la minorité chiite des Alaouites. Son armée, dirigée par les cadres de la minorité religieuse au pouvoir, a tenu bon. Petit à petit la rébellion a changé de visage et a été confisquée par les djihadistes sunnites.

C’était tout de même prévisible, l’ennemi syrien de Damas, combattu par les Américains, était en fait le même que celui imposé par les Américains à Bagdad. Le pouvoir chiite irakien a donc réussi à déclencher une révolte sunnite armée devenue une insurrection islamiste.

Notre incohérence est telle que le succès des djihadistes irakiens, destructeurs des cultures passées et génocidaires de chrétiens a été rendue possible par l’apport décisif de l'infrastructure de l'armée baasiste, c’est à dire nationaliste et laïque de Saddam Hussein. La cohérence est du côté de la Russie et de l'Iran, surtout de l'Iran qui, en Irak comme en Syrie, appuyé sur le terrain par le hezbollah libanais, soutient l’arc chiite qui résiste au djihadisme sunnite.

La réalité géopolitique s’impose petit à petit à l'utopie idéologique. C’est  ce qui inquiète tant les monarchies du golfe qui financent, contre les chiites, les égorgeurs sectaires de l’EI. Car c’est l' Iran, allié d'Assad, qui a la clé de la victoire sur le terrain, au sol, et certainement pas nos bombardements de bonne conscience. Les américains, principaux responsables sauf en Libye de ce chaos devenu une guerre mondiale religieuse ou en tout cas une guerre menée au monde par une secte se référant à une religion, commencent peut-être à comprendre.

Les Etats-Unis devront négocier avec le président syrien Bachar el-Assad pour mettre fin au conflit qui vient d'entrer dans sa cinquième année, a reconnu le secrétaire d'Etat américain John Kerry. « Au final, il faudra négocier. Nous avons toujours été pour les négociations dans le cadre du processus (de paix) de Genève I », a déclaré Kerry dans une interview diffusée sur la chaîne CBS .Washington travaille pour « relancer » les efforts visant à trouver une solution politique au conflit, a dit le chef de la diplomatie américaine. Les Etats-Unis avaient participé à l'organisation de pourparlers entre l'opposition syrienne et des émissaires de Damas à Genève au début de l'année dernière. Ce processus de Genève prévoit une transition politique négociée. Mais les deux cycles de négociations n'avaient produit aucun résultat et la guerre s'est poursuivie.

Depuis le début du conflit en mars 2011, plus de 215.000 personnes ont été tuées et la moitié de la population déplacée. Les Etats-Unis, a poursuivi le secrétaire d'Etat, « continuent certes à pilonner le groupe Etat islamique, qui s'est emparé de larges pans de territoire en Irak et en Syrie, mais leur objectif reste de mettre fin au conflit en Syrie. Les Etats-Unis ne veulent pas d'un effondrement du gouvernement et des institutions en Syrie qui laisserait le champ libre aux extrémistes islamistes, dont le groupe Etat islamique (EI) ».

« Aucun d'entre nous, Russie, Etats-Unis, coalition [contre l'EI], Etats de la région, ne veut un effondrement du gouvernement et des institutions politiques à Damas », a déclaré  John Brennan, directeur de la CIA, à New York devant le centre de réflexion Council on Foreign Relations. Des « éléments extrémistes », dont l'EI et d'anciens militants d'Al-Qaïda, sont « en phase ascendante » dans certaines régions de Syrie, a soutenu M. Brennan. Interrogé sur une potentielle coopération entre Washington et Téhéran en Irak, M. Brennan a suggéré que les deux pays collaboraient indirectement contre un ennemi commun, l'EI. « Il y a un alignement de certains intérêts entre nous et l'Iran » en ce qui concerne la lutte contre l'EI en Irak, a-t-il affirmé.

On commence a comprendre qui est l’ennemi principal. Enfin… On… pas encore vraiment les Anglais et encore moins les Français qui continuent à sauter sur place en scandant, d’exécutions d’otages en attentats? de destructions en épurations, « démocratie – démocratie – démocratie »