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dimanche, 09 mars 2014

Aux sources de l’idéologie sioniste

Robert STEUCKERS:

Aux sources de l’idéologie sioniste

Extrait d’une conférence sur le Proche Orient, prononcée à la tribune du “Cercle Proudhon” à Genève, avril 2010

Le sionisme suscite l’enthousiasme dans une bonne part de la communauté juive, tous pays confondus, chez les “chrétiens sionistes” américains, qui sont des fondamentalistes protestants, et chez les occidentalistes et les atlantistes de toutes obédiences (de gauche comme de droite). En revanche, pour beaucoup d’autres, et a fortiori dans les pays arabes et les communautés arabo-musulmanes immigrées dans les pays occidentaux, le sionisme est considérée comme une forme de racisme juif dont les victimes sont les Arabes de Palestine. Une vive passion s’est emparée de toutes les discussions relatives à cette question, tant et si bien que les parties prenantes de ce débat ont une vision généralement propagandiste et militante sur le fait sioniste, oublieuse, comme toutes les autres visions propagandistes et militantes, des racines historiques du complexe d’idées qu’elles exaltent ou qu’elles vouent aux gémonies. L’esprit partisan est toujours rétif aux démarches généalogiques. Il répète à satiété ses “ritournelles”, sans tenir compte ni du réel ni du passé.

Le Prince de Ligne et Napoléon

ottoman.gifNotre position ne peut être ni propagandiste ni militante car nous ne sommes ni juifs ni arabes, car nous ne pouvons raisonnablement nous identifier aux uns ou aux autres, tout en étant désireux de ne pas voir l’ensemble du Levant et du Moyen Orient plongé dans une guerre sans fin, qui, dans tous les cas de figure, serait contraire à nos intérêts. Le sionisme, c’est-à-dire la volonté de transplanter tous les juifs d’Europe dans l’ancienne Palestine romaine ou ottomane, n’a pourtant pas, au départ, des origines juives. Le tout premier à avoir émis l’hypothèse d’une telle transplantation est mon compatriote, le Feldmarschall impérial Charles-Joseph de Ligne, envoyé comme attaché militaire autrichien auprès de Catherine II la Grande en guerre contre l’Empire ottoman, auquel elle arrachera la Crimée, sanctionnant ainsi la prépondérance russe en Mer Noire. A cette époque qui a immédiatement précédé les délires criminels de la révolution française, Russes et Autrichiens envisageaient de porter un coup final à cet empire moribond qui avait assiégé l’Europe du Sud-Est pendant plusieurs siècles. Pour y parvenir, le Prince de Ligne a suggéré d’envoyer toute la population des ghettos d’Europe centrale et orientale dans la partie médiane de l’Empire ottoman, de façon à ce qu’un foyer de dissidence se crée, au bénéfice des Russes et des Autrichiens, entre l’Egypte, province de la Sublime Porte, et l’Anatolie proprement turque. L’objectif de ce “sionisme” ante litteram, non idéologique et non religieux mais essentiellement tactique, était donc de séparer l’Egypte de la masse territoriale anatolienne, sur un territoire, qui, dans l’histoire antique, avait déjà été âprement disputé entre les Pharaons et les souverains hittites (bataille de Qadesh) voire, aux temps des Croisades européennes, entre Fatimides d’Egypte, alliés occasionnels des rois croisés, et Seldjouks.

La révolution française, fomentée par Pitt pour venger la défaite de la flotte anglaise à Yorktown en 1783 lors de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, va distraire Russes et surtout Autrichiens de la tâche géopolitique naturelle qu’ils s’étaient assignée: parfaire la libération de l’Europe balkanique, hellénique et pontique afin de conjurer définitivement la menace ottomane. Napoléon Bonaparte, fervent lecteur des lettres galantes et coquines du Prince de Ligne, reprendra l’idée à son compte, sans pouvoir la réaliser, sa campagne d’Egypte s’étant soldée par un fiasco total avec la défaite navale d’Aboukir. En occupant provisoirement l’Egypte, Bonaparte s’oppose à l’Empire ottoman, déjà considérablement affaibli par les coups que lui avaient portés les armées russes et autrichiennes près d’une vingtaine d’années auparavant. Les visées françaises sur l’Egypte obligent, d’une part, les Anglais à soutenir les Ottomans (aussi contre les Russes qui font pression sur les Détroits) et, d’autre part, Napoléon à envisager de créer une sorte d’Etat-tampon juif francophile entre une future Egypte tournée vers la France et la masse territoriale anatolienne et balkanique, d’où étaient généralement issus les meilleurs soldats ottomans, dont les pugnaces janissaires et leurs successeurs. L’enclave juive devait servir à protéger le futur Canal de Suez encore à creuser et les richesses du Nil, notamment les cultures du coton, richesse convoitée par la France révolutionnaire. Le militant sioniste de droite Jabotinski, ancêtre intellectuel des droites israéliennes, faisait directement référence à ces projets napoléoniens dans ses écrits militants, marqués par des linéaments idéologiques bonapartistes, garibaldistes et... mussoliniens. Mais les projets du Prince de Ligne et de Bonaparte resteront lettre morte. Ce sionisme non juif et purement tactique sera oublié pendant plusieurs décennies après la défaite napoléonienne à Waterloo et les dispositions prises lors du Traité de Vienne.

Lord Shaftesbury

Le projet sera réexhumé dès la fin des années 30 du 19ème siècle quand l’Empire ottoman sera déchiré par une guerre interne, opposant le Sultan d’Istanbul, soutenu par l’Angleterre, et Mehmet Ali, d’origine albanaise, khédive d’Egypte appuyé par la France. A Londres, Lord Shaftesbury relance l’idée dans les colonnes de la revue Globe et dans un article du Times (17 août 1840); il réclame dans ces publications “a land without a people for a people without a land” (“une terre sans peuple pour un peuple sans terre”), esquissant un plan, qui, finalement, se concrétisera un peu plus d’un siècle plus tard, lors de la création de l’Etat d’Israël. Le père du “sionisme”, qui n’a pas encore de nom, est donc un lord conservateur anglais. Outre le fait qu’il émet l’idée fausse d’une Palestine vide, prête à accueillir une population errante en Europe et jugée indésirable, Lord Shaftesbury préconise dans son article la création d’un Etat indépendant en Syrie-Palestine ouvert à la colonisation juive (et donc non entièrement juif), un Etat qui fera tampon entre l’Egypte et la Turquie, projet où l’Angleterre aura le beau rôle du “nouveau Cyrus” qui ramènera les juifs en Palestine. Disraëli, d’origine juive, relance à son tour l’idée en lui donnant une connotation plus romantique, un peu dans le style du “philhellénisme” de Lord Byron, autre figure tragique et originale anglaise qui a permis à Londres d’intervenir dans le bassin oriental de la Méditerranée. Mais l’idée “pré-sioniste” est très vite abandonnée après la Guerre de Crimée où la France et l’Angleterre s’allient à l’Empire ottoman contre la Russie, afin de la contenir au nord du Bosphore. L’Angleterre devient la protectrice de l’Empire ottoman, le soutient à fond lors de la guerre russo-turque de 1877-78 tout en occupant Chypre et en étendant sa protection à l’Egypte en 1882: Albion ne fait rien pour rien! Dans un tel contexte, il est donc bien inutile de fabriquer un Etat-tampon entre deux entités d’un même empire dont on est l’allié ou dont on “protège” le fleuron. On ne ressortira l’idée sioniste du placard que lorsque l’Empire ottoman s’alignera progressivement sur l’Allemagne de Guillaume II, faute d’une politique cohérente de ses alliés français et anglais, qui ont d’abord protégé la Sublime Porte contre la Russie, entre 1853 et 1856 (Guerre de Crimée) et en 1877-78, quand Russes, Bulgares et Roumains envahissaient les possessions balkaniques du Sultan, tout en menaçant Constantinople. La politique franco-anglaise était marquée par la duplicité: les alliés occidnetaux avaient deux fers au feu: protéger l’Empire ottoman moribond, tout en le dépouillant de ses territoires les plus stratégiques; imaginer une politique de dislocation de ce même Empire ottoman, en pariant sur l’éventuelle royauté d’Abdel Khader au Levant ou en créant une élite arabe pro-occidentale au Liban et en Syrie (cf. infra), pour affaiblir le nouvel allié du Kaiser allemand.

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Abdel Khader

Après la guerre “inter-ottomane” entre le Sultan et Mehmet Ali, en 1847, Abdel Khader capitule et se rend aux Français en Algérie, pays auquel il avait voulu rendre l’indépendance. Le Duc d’Aumale, vainqueur, lui accorde sa garantie et sa protection. Il croupit d’abord dans une prison française de 1848 à 1852 puis s’exile à Damas en Syrie en 1853. Il est autorisé à y séjourner avec sa suite, une troupe d’un millier de soldats maghrébins aguerris, avec leur famille. Cette émigration hors de l’Algérie devenue française permet au Second Empire de se débarrasser des éléments les plus turbulents de la première révolte algérienne et, comme nous le verrons, d’exploiter leur dynamisme et leur fougue guerrière. Les Ottomans ne contestent pas cette présence: ils ont besoin de leurs nouveaux alliés français contre la Russie qui a attaqué les ports turcs de la Mer Noire, déclenchant ainsi la Guerre de Crimée. En 1860, après cette guerre qui a ruiné les principes pan-européens (et eurasistes avant la lettre) de la Sainte-Alliance, des troubles éclatent au Liban et dans le Djebel druze, où la population locale musulmane ou druze massacre les chrétiens, obligeant la France, protectrice de jure de ces minorités chrétiennes dans l’Empire ottoman, à intervenir. Abdel Khader, devenu instrument militaire de la France avec son armée algérienne installée en Syrie, intervient et sauve les chrétiens syriens du massacre. Ces troubles du Levant avaient éclaté parce que le Sultan avait envisagé d’accorder aux puissances européennes, surtout la France et l’Angleterre, toutes sortes de concessions, notamment celles qui consistait à lever le statut de dhimmitude pour les chrétiens d’Orient et à autoriser les puissances chrétiennes à ouvrir des écoles dans tous les vilayets entre Antioche et le Sinaï. La politique occidentale, franco-anglaise, n’est plus, alors, de créer un Etat-tampon juif mais de créer une nation arabe moderne, favorable à l’Occident, en rébellion contre la Sublime Porte, formant un verrou grand-syrien cohérent entre l’Egypte et l’Anatolie. Dans ce projet, la France et l’Angleterre visent surtout à asseoir leur domination sur le Liban actuel, où on fabriquera, grâce aux nouvelles écoles catholiques ou protestantes, une élite intellectuelle occidentalisée, au départ de groupes de Maronites nationalistes arabes, hostiles à la Sublime Porte, qui ne les avait pas protégés en 1860 dans le Djebel druze.

En 1876, Abdülhamid monte sur le trône ottoman. En 1877-78, ses armées sont écrasées par les Russes qui volent au secours des Bulgares et des Roumains qui venaient de proclamer leur indépendance. Les territoires balkaniques de l’Empire ottoman se réduisent comme une peau de chagrin, entraînant une crise générale dans tout l’Empire. Il est fragilisé à l’extrême: les Bulgares ont campé devant les murs de Constantinople et sont désormais en mesure de réitérer cette aventure militaire avec l’appui russe. La Turquie ottomane se tourne de plus en plus vers l’Allemagne, tandis que les Français rêvent d’un royaume arabe du Levant, dont le souverain serait... Abdel Khader. On ne songe plus à envoyer dans la région les juifs d’Europe.

Rabbi Alkalai, Zvi Hirsch Kalisher, Joseph Natonek

L’idée sioniste est alors quasiment absente dans les ghettos juifs d’Europe, a fortiori au sein des judaïsmes émancipés dont les représentants n’ont nulle envie d’aller cultiver la terre ingrate du Levant. On peut cependant citer des prédécesseurs religieux, dont le rabbin de Sarajevo Alkalai (1798-1878), sujet ottoman, qui énonce, non pas l ‘idée d’aller s’installer en Palestine, mais une idée neuve et révolutionnaire au sein du judaïsme européen: le judaïsme ne doit plus être la religion qui attend en toute quiétude que revienne le Messie. Pour Alkalai, il ne faut plus attendre, il faut se libérer activement et le Messie viendra. Pour développer une action, il faut un projet, qu’Alkalai n’énonce pas encore mais son refus de l’attitude d’attente de la religion mosaïque traditionnelle implique ipso facto de sortir de sa quiétude impolitique, de se porter vers un activisme qui attend son heure et ses mots d’ordre. Par ailleurs, à Thorn en Posnanie prussienne, Zvi Hirsch Kalisher (1795-1874) propose, pragmatique à rebours de son collègue de Sarajevo, la création d’une société de colonisation en 1861-62. C’est le premier projet “sioniste” juif non purement tactique, émanant d’une géopolitique française, russe ou autrichienne. On notera que ces projets constituent une réaction contre l’émancipation (qui, disent ces pré-sionistes, va aliéner les juifs par rapport à leur héritage ancestral) et non contre les persécutions. Leur attitude est dès lors assez ambigüe: il faut rester juif mais non pas à la mode traditionnelle et “quiète”; il faut le rester en pratiquant un nouvel activisme qui, dans ses principes, serait juif, non transmissible aux non-juifs, mais simultanément non traditionnel, ce qui conduit les traditionalistes quiets à rétorquer qu’un activisme ne peut être juif, mais seulement copie maladroite des manies des “goyim” et que seul l’attente est signe de judaïsme véritable.

Un peu plus tard, Joseph Natonek (1813-1892) élabore un plan plus précis, celui que reprendra Herzl et son fameux “Congrès sioniste” de 1897. Natonek suggère la création d’un “Congrès juif mondial”, de demander ensuite une charte aux Turcs, d’amorcer une colonisation agricole puis de favoriser une émigration de masse vers la Palestine et de créer une langue hébraïque moderne. Natonek ne donne pas de nom à son projet: on ne peut pas parler de sionisme, puisque le terme n’existe pas encore. Personne ne suit Natonek: l’alliance israélite universelle refuse ses plans en 1866 et se borne à aider, via des initiatives philanthropiques, les juifs ottomans de Palestine, ceux du “vieux peuplement” ou “vieux yishuv”. Natonek, dépité, se retire de tous les débats que ses idées avaient lancés. Deux membres de sa famille partent en Palestine pour fonder une colonie agricole, la toute première de l’histoire du sionisme.

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Moïse Hess

Le socialiste allemand de confession juive Moïse (Moshe) Hess, issu de l’écurie des Jeunes Hégéliens comme Karl Marx (avec qui il se disputera), observe, après 1848, l’agitation politique que suscitent les mouvements nationaux partout en Europe, surtout en Italie, en Pologne et dans les Balkans. Il voyait la faiblesse du judaïsme dans son particularisme, face à un christianisme qui se voulait universel (positions assez différentes de celles, bricolées, d’un Bernard-Henri Lévy qui, lui, voit des peuples goyim indécrottablement “particularistes” ou “vernaculaires” et un judaïsme essentiellement universaliste). Errant dans un espace idéologique sans limites perceptibles, dans un flou conceptuel, le socialisme de Hess l’induit d’abord à lutter pour l’émancipation du prolétariat, indépendamment de toute appartenance religieuse. Plus tard, il revient au judaïsme, noyau religieux de la “nationalité juive”, et réclame le droit des juifs à avoir un Etat à eux puisque personne ne veut les assimiler, les accepter. Il en déduit que les juifs sont inassimilables et que cette “inassimilabilité” —qu’il juge finalement positive— caractérise leur nationalité, en même temps que leur particularisme. Par conséquent, il pense que la France, qui a défendu les Maronites de Syrie contre les Druzes avec l’aide des guerriers d’Abdel Khader, pourrait aider les juifs d’Europe à se créer un foyer au Levant qui, en même temps, serait un modèle de société socialiste et égalitaire. Il n’est pas pris au sérieux par la majorité de ses co-religionnaires d’Europe occidentale et centrale qui le prennent pour un utopiste (exactement comme Marx!).

Leo Pinsker

Avant le manifeste de Theodor Herzl, qui lancera le sionisme proprement dit, une idée motrice émerge dans le monde intellectuel juif, chez un certain Leo Pinsker: celui-ci préconise un “retour à la normalité”. Il argumente: c’est parce que les juifs ne sont pas “normaux” qu’il y a de l’antisémitisme. Si les juifs revenaient à une “normalité” qu’ils partageraient avec les autres citoyens des Etats dans lesquels ils vivent, l’antisémitisme n’aurait plus raison d’être. Or l’antisémitisme devenait virulent en Europe orientale: les pogroms se succèdaient en Russie et la Roumanie, devenue indépendante, ne reconnaissait pas les juifs comme citoyens; de même, les émeutes et les pillages antijuifs, commis par les Européens de souche et les autochtones arabo-berbères en Algérie française se multiplient dans les années 90 du 19ème siècle. L’idée sioniste, avant la lettre, trouvera par conséquent un large écho en Roumanie. Parmi les tout premiers immigrants juifs du “nouveau yishuv”, on comptait beaucoup de ressortissants des ghettos de Roumanie, mal accueillis par leurs coreligionnaires du “vieux yishuv”. Quant aux juifs de Russie, la route de l’immigration leur est barrée en 1893 par ordre du Sultan, qui craint que les Russes appliquent l’idée purement tactique du Prince de Ligne et de Napoléon, en créant, par l’envoi massif de juifs de Russie, un judaïsme fidèle à l’ennemi slave sur le flanc sud de l’Anatolie turque. Par la volonté du Sultan, les juifs russes ne peuvent donc plus acheter de terres en Palestine. En 1890, Nathan Birnbaum forge le mot de “sionisme” dans la revue Kadima, en faisant référence à la colline de Sion à Jérusalem. Mais Birnbaum abandonne bien vite l’idée sioniste: il plaidera pour l’éclosion de “judaïsmes nationaux”, notamment en Allemagne, dont la langue serait le yiddisch et non pas un “nouvel hébreu” comme l’avait demandé Natonek. Il tranche ainsi à sa manière le dilemme activisme/quiétude: il replonge dans les traditions juives/yiddish tout en refusant l’activisme sioniste/moderniste (et “simili-goy”). Mais Herzl est un disciple de Birnbaum, qui ne retient que l’idée de revenir à la colline de Sion, d’y créer un Etat où les juifs pourraient vivre la vie de citoyens modernes normaux, selon les critères préconisés par Pinsker (et aussi, avant lui, par Hess).

Théodore Herzl

TheodorHerzl.jpgJusqu’à la parution du petit livre de Théodore Herzl en février 1896, intitulé L’Etat juif, le sionisme est une idéologie vague et confuse, affirmée puis critiquée, acceptée puis reniée. Le livre de Herzl n’était pas moins confus car il ne disait rien de précis sur le site géographique de ce futur et très hypothétique “Etat juif”. Il pourrait se situer en Palestine mais aussi ailleurs dans le monde. Son manifeste, bien que confus, attire quelques personnalités influentes (Nordau, Kahn, Lazare, Goldschmidt, Montagu, etc.) et recueille les signatures de milliers d’étudiants juifs d’Europe centrale. Mais les assimilationistes et les quelques colons de Palestine (issus du mouvement ‘Hovevei Zion) ne le soutiennent pas, parce qu’ils craignent d’éveiller un nouvel antisémitisme ou de voir les frontières des vilayets ottomans du Levant se fermer à tous nouveaux arrivants par crainte d’une submersion. Herzl développe alors une véritable “diplomatie sioniste” tous azimuts pour tenter, vaille que vaille, d’arriver à ses fins, avec l’appui, non pas d’une bourgeoisie juive assimilationiste, mais de dizaines de milliers de petites gens qui n’ont guère d’espoir d’avancer socialement, surtout en Pologne, en Russie et en Roumanie. Cette agitation autour de Herzl va, suite au “Congrès de Bâle” d’août 1897, donner naissance au sionisme moderne, autonome, capable, théoriquement, de faire avancer ses idées sans le soutien d’une puissance impériale. Guillaume II d’Allemagne, qui n’est certainement pas antisémite, décourage cette volonté romantique de faire l’alya (le retour à la Terre de Sion) pour ne pas heurter son nouvel allié turc. Les Russes, qui auraient pu pratiquer à leur profit la politique jadis préconisée par le Prince de Ligne ou Napoléon, répugnent à le faire. Le rêve sioniste de Herzl ne pourra cependant pas se concrétiser sans la “Déclaration Balfour” de 1917 qui donnera le coup d’envoi à la colonisation massive des terres de Palestine par des colons juifs venus d’Europe après la première guerre mondiale, surtout de Russie (ceux qui refusaient la bolchevisation de l’Empire des Tsars comme Jabotinsky) et d’Europe centrale, après les réactions hongroises et roumaines contre le régime “judéo-bolchevique” de Belà Kun à Budapest.

Conclusion

Les origines de cette idée sioniste, assortie d’une volonté de créer un nouvel Etat au Levant, sur territoire ottoman, ne sont cependant pas juives au départ. Elles résultent de calculs froids et cyniques de militaires européens soucieux de briser la cohérence territoriale de l’Empire ottoman en enfonçant, tel un coin, une entité nouvelle, à leur dévotion, entre l’Egypte et l’Anatolie: cette entité envisagée a été tour à tour juive, avec de Ligne et Napoléon, puis arabe, avec Abdel Khader ou les Maronites occidentalisés. Pendant la première guerre mondiale, les Britanniques avaient d’ailleurs parié sur les deux: sur les Hachémites avec Lawrence d’Arabie, sur les juifs avec la “Jewish Legion” et la “Déclaration Balfour”. Par conséquent, il ne serait pas faux d’affirmer que tout sionisme pratique découle d’un calcul stratégique non juif, parfaitement impérial, destiné à contrôler le Levant et à affaiblir et l’Egypte (grande puissance potentielle au temps de Mehmet Ali) et la Turquie ottomane: le “sionisme” des non juifs n’est pas au départ une volonté de faire du “favoritisme” au bénéfice des juifs; ce n’était ni le cas hier, où l’on était parfois naturellement cynique, ni le cas aujourd’hui, où l’on camoufle ses hypocrisies derrière une façade d’humanisme; le mobile principal est d’avoir une population, quelle qu’elle soit —au départ exogène (les Algériens d’Abdel Khader ou les juifs sionistes) ou minoritaire, en conflit avec son environnement géographique et historique— mais qui puisse toujours servir à créer un Etat-bastion pour disloquer les territoires de l’ancien Empire ottoman, pour empêcher la soudure Egypte/Anatolie, pour tenir l’ensemble de la Méditerranée jusqu’à son “bout” sur les côtes du Levant, pour garder les approches du canal de Suez, pour avoir une fenêtre sur la Mer Rouge (le port d’Elat à côté d’Akaba en Jordanie). L’attitude de la Grande-Bretagne de Lloyd George, désireuse d’affaiblir les Turcs et de créer une zone-tampon en lisière du Sinaï et du Canal de Suez, pour protéger le protectorat britannique sur l’Egypte, ne relève pas d’un autre calcul.

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Les Anglais, toutefois, voulaient un “foyer” juif et non un Etat juif car ils devaient ménager leurs protégés arabes grâce auxquels ils avaient pu chasser les Turcs du Levant. L’idée de “foyer” permet d’avoir un territoire disloqué, présentant une mosaïque de diversités, sans cohésion aucune et donc plus facilement contrôlable. Les sionistes d’extrême-droite, dont l’idéologue principal fut au départ Vladimir Jabotinsky, voudront un Etat en bonne et due forme et ne se contenteront pas d’un simple “foyer”, immergé dans une population arabe majoritaire, dont ils ne partageaient ni les moeurs ni les aspirations. Ces sionistes radicaux, qui, au fond, ne voulaient de cette mosaïque judéo-arabe envisagée par les stratèges londoniens, se révolteront contre la puissance mandataire britannique en s’inspirant des écrits de Michael Collins, le leader révolutionnaire irlandais, et de l’action de l’IRA. Jabotinsky ne suivra pas ses disciples les plus virulents sur cette voie maximaliste et terroriste: il était un officier britannique de la “Jewish Legion”, d’origine russe, fidèle à l’Entente franco-anglo-russe et hostile aux Bolcheviques de Lénine. Il restera donc loyal à l’égard de l’Angleterre. Aujourd’hui, l’Etat d’Israël, né en 1948, ne survit que pour une seule raison: il est la zone-tampon au Levant dont se sert une nouvelle puissance impérialiste, américaine cette fois, pour asseoir sa domination dans le bassin oriental de la Méditerranée, pour tenir l’Egypte, la Syrie et, éventuellement, la Turquie en échec.

 

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La preuve la plus tangible de cette inféodation d’Israël à l’hegemon américain est, bien entendu, la présence permanente de la flotte US de la Méditerranée, qui y a évincé toutes les flottes européennes riveraines, faisant automatiquement de l’Etat d’Israël la “tête de pont” de cette redoutable flotte au fond de cette mer qui s’enfonce très profondément dans les terres “eurafricaines” et qui, par cette configuration géographique, a acquis pour l’éternité une importance stratégique cardinale. Les Israéliens lucides, dubitatifs face aux outrances de leurs gouvernants ou de leurs extrémistes, savent que ce statut d’Etat-tampon est fragile sur le long terme: d’une part, ils craignent aujourd’hui que les Etats-Unis ne reviennent à leur ancienne alliance avec l’Iran, situation qui les déforcerait considérablement, déplorent le chaos créé en Syrie, savent que les Etats-Unis ne peuvent indéfiniment froiser le monde arabo-musulman, où ils perdraient alors tous leurs avantages stratégiques. D’autre part, ces Israéliens lucides commencent à réfléchir sur la fragilité des mythes sionistes (pures fabrications?) avec l’école dite “post-sioniste” qui développe une critique argumentée de l’idéologie et des pratiques du sionisme réellement existant et s’interroge sur la substantialité réelle de toute la mythologie politique de l’Etat d’Israël, né au lendemain de la seconde guerre mondiale par l’afflux des “personnes déplacées”, suite aux expulsions et déportations qui ont tragiquement marqué les années 1945-1950, où l’Europe n’était qu’un champ de ruines où régnait la misère et la famine. Pour pallier ces doutes et ces inquiétudes, bien présentes dans la société israélienne, les forces sionistes qui structurent l’Etat hébreu comptent essentiellement sur deux facteurs: sur l’électorat juif des Etats-Unis et, surtout, pour faire poids et masse, sur les millions de “Christian Zionists” fanatisés par les téléprédicateurs d’Outre-Atlantique. Tant que les juifs d’Amérique et les “Christian Zionists” seront capables d’imposer et de ré-imposer, par leurs voix, une politique pro-israélienne aux Etats-Unis, le rêve sioniste des innombrables juifs jadis manipulés par les grandes puissances restera réalisable mais dans la douleur et dans une tension permanente, harassante, décourageante.

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, Fessevillers, Genève & Nerniers, avril 2010; rédaction finale: mars 2013).

Bibliographie:

Delphine BENICHOU (éd.), Le sionisme dans les textes, CNRS Editions, Paris, 2008.

Alain BOYER, Les origines du sionisme, PUF, Paris, 1988.

Gudrun KRÄMER, Geschichte Palästinas – Von der osmanischen Eroberung bis zur Gründung des Staates Israel, Verlag C. H. Beck, München, 2002-2006 (5. Auflage).

Shlomo SAND, Les mots et la terre – Les intellectuels en Israël, Flammarion, coll. “Champs”, n°950, Paris, 2010.

Colin SHINDLER, Israel, Likud and the Zionist Dream – Power, Politics and Ideology from Begin to Netanyahu, I. B. Tauris, London, 1995.

Zeev STERNHELL, Aux origines d’Israël, Gallimard, coll. “Folio”, n°132, Paris, 1996-2005.

 

L'Allemagne, future puissance européenne tournée vers l'Est?

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L'Allemagne, future puissance européenne tournée vers l'Est?
 
Conséquence de l’affaire Ukraine-Crimée

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Que se passe-t-il ? L'Otan ne forme même plus des officiers loyaux dans ses cours ! Les nouvelles autorités euro compatibles de Kiev voient, en effet, leur armée se réduire de jour en jour. Hier, c’était le chef de la marine ukrainienne, l’amiral Denis Berezosvki, qui prêtait allégeance aux autorités pro-russes de Crimée. Puis, le gouvernement de Crimée a annoncé le ralliement de la 204ème brigade d’aviation de chasse des forces aériennes d’Ukraine dotée d’avions de chasse MiG-29 et d’avions d’entraînement L-39. Selon les autorités de Crimée, 800 militaires déployés sur la base aérienne de Belbek sont passés dans le camps du « peuple de Crimée ». Au total 45 avions de chasse et 4 avions d’entraînement se trouvent sur l’aérodrome. Précédemment dans la journée, les autorités de Crimée avaient annoncé que plus de 5 000 militaires des troupes de l’Intérieur, du service de garde-frontière et des forces armées d’Ukraine étaient passés aussi sous leur commandement. On parle donc de 22.000 militaires ukrainiens et plusieurs dizaines de systèmes de missiles sol-air S-300, passés sous l'autorité du gouvernement de la république autonome de Crimée. C'est pour Poutine, sans faire même couler le sang, un exploit et pour l'Otan, un sérieux revers et surtout un beau manque de loyauté après tous les cocktails servis !
 
Ainsi, toute la journée du 4 mars, on a suivi de part et d'autre la frégate Hetman  Sahaydachny, vaisseau amiral des forces navales d'Ukraine, entrer dans le détroit des Dardanelles. Quel pavillon battait-elle ? Pavillon ukrainien ? Pavillon russe ? A un moment, la presse russe avait indiqué que la frégate  refusait de suivre les ordres de Kiev et arborait le pavillon de Moscou. De son côté, le ministère de la Défense ukrainien démentait les allégations selon lesquelles le Hetman Sahaydachny aurait pris le parti de la Russie. On en est donc là à une guerre de pavillons en Mer Noire ! 

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Craignant un coup d'Etat comme à Kiev, les habitants de Crimée ont créé des comités d'autodéfense et pris le commandement des unités militaires locales. Le Conseil suprême de Crimée avait déjà décidé, fin février, de tenir un référendum sur l'élargissement des pouvoirs de la république autonome ukrainienne de Crimée. Initialement fixée au 25 mai, la date du référendum a depuis été avancée au 30 mars. Par ailleurs, le premier ministre de Crimée, Sergueï Aksenov a renouvelé sa demande d'aide légitime et légale au président russe Vladimir Poutine. L’Otan quant à elle ne devrait pas intervenir en Crimée, mais selon le politologue russe, Alexandre Douguine, une filiale d’Academi (les ex-Blackwater d'Irak), Greystone Limited, aurait déjà débuté son déploiement en Ukraine. Les mercenaires arriveraient par groupe, en civil, avec de lourds paquetages, à l’aéroport de Kiev, d’où ils seraient envoyés vers Odessa. C'est eux que l'on évoquait hier.
 
L'Allemagne nouvelle puissance européenne d'équilibre 

Que se passera-t-il ? Les médias surenchérissent et dramatisent mais cela s'éclaircit et rappelle ironiquement l'épopée syrienne terminée par une victoire diplomatique russe et une humiliation des Etats-Unis et de la France. La France menace la Russie de sanctions, mais Laurent Fabius est  coincé: la Russie lui a fait immédiatement savoir, par ambassadeurs interposés, que cela entraînerait de facto la suspension immédiate de ses contrats militaires avec Paris, soit la suspension immédiate de la commande faite à la France en 2011 de deux bâtiments BPC (bâtiment de projection et de commandement) de type Mistral, plus une option pour deux autres. La France à genoux économiquement n'a plus les moyens de ses menaces.
 

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Petit à petit, l'unanimité européenne face à la Russie se lézarde. Londres est de plus en plus eurosceptique et pense aussi à son économie : qui paiera la partition de l'Ukraine ? Londres tient un double langage. Alors que David Cameron menaçait Vladimir Poutine il y a quelques jours de «conséquences économiques, politiques, diplomatiques et autres» (sic), une note confidentielle du Ten Downing Street a fuitée permettant réellement de douter de sa sincérité. On y lit que le Royaume-Uni «ne doit pas, pour l'instant, soutenir de sanctions commerciales contre la Russie ou lui bloquer la City». Le texte recommande également de «décourager» toute discussion de représailles militaires notamment à l'Otan !
 
Au sein de l'Union Européenne, ce sont donc les Allemands devenus pro-russes qui mènent la danse ! Pourquoi ? L'Allemagne est d'abord le premier exportateur vers la Russie. 35% du gaz et 35% du pétrole consommés en Allemagne viennent de Russie. L'Allemagne sait que la Crimée est, pour la Russie, non négociable. Comment ne pourrait-elle pas le savoir ? Enfin, et ce n'est pas négligeable dans les relations internationales, l'Allemagne n'a pas apprécié les propos de Nuland mais surtout l'espionnage par Prism des conversation téléphoniques d'Angela Merkel. N'oublions pas qu'Angela Merkel parle russe (Poutine parle aussi couramment allemand) et qu'elle a été élevée en RDA. Elle connaît presque intimement le caractère et la valeur de chef d'état de Poutine.
 
La crise ukrainienne risque d'avoir par ricochets un drôle d'effet collatéral, un effet choc pour l'Union Européenne. Elle accélère le rapprochement à l'est de l'Allemagne, une Allemagne qui se tournera donc de plus en plus vers l'Est et non vers la France. Or, sans le couple franco-allemand, l'UE n'est plus rien. Il est inutile de rappeler les liens historiques entre l'Allemagne et la Russie et d'évoquer ici la reconnaissance allemande toujours forte envers l'Union Soviétique de Gorbatchev qui a rendu possible la réunification. Les liens entre l'Allemagne et la Russie sont naturels et stratégiques: la Russie est maintenant incontournable pour l'Allemagne puissance. Enfin, le potentiel des relations économiques avec la Russie est pour l'Allemagne sans commune mesure  avec ce qu'elle peut attendre maintenant de son partenaire français en voie de paupérisation et de déliquescence manifeste. Tous les politiciens et les hommes d'affaires allemands en sont bien conscients. Ils misent maintenant tous sur l'essor d'un marché à l'Est qu'ils connaissent en plus très bien. La partition de l'Ukraine pourrait même être carrément négociée secrètement avec la Russie, la partie non russophone offrant ainsi à Berlin sur un plateau d'argent une main d'œuvre très bon marché et plus proche de la main d'œuvre chinoise qui, par ailleurs, se renchérit !

Alors, la France dans tout ça ?... 

Le porte-parole du Quai d’Orsay sait-il au moins que la pointe extrême de la Crimée abrite Sébastopol, le grand port militaire russe fondé par Catherine II en 1783 ?  Sans doute mais il feint l'ignorance pour tomber dans la caricature grossière et  outrancière de Poutine. Dans toute la crise, la France a été  indécrottable dans l'idéologie et Bernard-Henri Lévy, l'émissaire à peine voilé de Fabius. 

La France n'a en fait plus aucune vision des relations internationales sauf des obsessions idéologiques, des idées fixes. C'est là l'effondrement des compétences diplomatiques pour paraphraser le texte de notre collaborateur Raoul Fougax. Il en va de même aux Affaires étrangères comme à l'Intérieur ou à l'Education. La France voit des Hitler partout, même sous les sofas des Ambassadrices ! Elle ne peut du coup rien récolter sauf quelques lauriers jaunis pour les Droits de l'Homme. La France s'est ainsi coupé de l'Allemagne pragmatique. C'est donc l'Allemagne et non la France qui conforte à l'Est sa place d’interlocuteur européen privilégié de la Russie.

De l’utilité des milieux activistes d’extrême-gauche pour la consolidation du système

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De l’utilité des milieux activistes d’extrême-gauche pour la consolidation du système

Entretien avec le Dr. Claus-Martin Wolfschlag

Propos recueillis par Jan Ackermeier

Q.: Dr. Wolfschlag, votre travail scientifique s’est intensément penché, depuis plusieurs années déjà, sur l’extrémisme de gauche, sur lequel vous avez publié quelques ouvrages de référence qui avertissent aussi le public des dangers que représentent ces gauches hyper-activistes. Comment jaugez-vous aujourd’hui le danger représenté par cette mouvance qui s’affiche de gauche?

CMW: Le vocable de “dangerosité” est subjectif, il indique automatiquement une prise de position. Le requin représente un danger pour de nombreux petits poissons. Il n’est nullement un danger pour une grosse baleine. Dès que l’on manie le vocable de “dangerosité”, on doit se demander pour qui, et dans quelle mesure, ce danger existe. Pour les élites qui détiennent aujourd’hui le pouvoir, pour les oligarchies financières, cet “extrémisme de gauche” ne représente pas un grand danger. Ces élites au pouvoir gardent un contrôle certain sur la situation, sinon on ne financerait pas les innombrables “centres culturels” de la mouvance radicale de gauche. De même, la mansuétude de l’appareil judiciaire et des médias à son égard n’est pas vraiment inspirée par la peur que susciteraient ces petits groupes hyper-activistes. Si l’Etat le voulait vraiment, il lui suffirait de claquer des doigts et l’“extrémisme de gauche”, parfois si arrogant, disparaîtrait bien vite de la scène politique. Par conséquent, il faut bien constater que ces extrémistes de gauche sont bien utiles à l’élite en place, pour que celle-ci puisse disposer d’un instrument commode pour rapidement pouvoir museler ses seuls adversaires idéologiques réels. Or aujourd’hui les seuls adversaires réels de cette oligarchie se trouvent positionnés à droite, une droite hostile à la globalisation, hostile aux oligarchies en place parce qu’elle veut maintenir la culture traditionnelle.

Les “extrémistes de gauche” ne sont donc dangereux que pour les petites gens auxquelles on colle l’étiquette de “droite” (à tort ou à raison), surtout celles qui s’activent dans de petits partis politiques ou qui animent de petites structures éditoriales. Elles risquent à tout moment de subir des menaces ou des violences réelles ou d’être dénoncées dans les médias, d’être clouées au pilori médiatique et d’en subir toutes les conséquences sociales, de subir la délation auprès de leur employeur ou de leur voisinage. Les “extrémistes de gauche” sont, dans une perspective plus générale, dangereux pour le peuple tout entier et pour l’Etat national parce qu’ils contribuent, par leurs actions, à empêcher que se déploie des correctifs intelligents et pratiques aux dérives dangereuses du système et parce qu’ils criminalisent tous les modèles alternatifs potentiels et leur diffusion.

Q.: Dans les rapports rédigés annuellement par le “Verfassungsschutz” allemand (= la police politique qui s’affiche comme défenderesse de la “constitution”), dans les discours des médias d’Autriche et d’Allemagne, on évoque sans cesse la persistance d’un danger de “droite”, alors que la gauche activiste et violente n’est quasi jamais évoquée. Comment interprétez-vous cette situation aberrante?

allemagne,entretien,claus-martin wolfschlag,antifascisme,extrême-gauche,politique,sociologieCMW: Cette situation n’est aberrante que si vous partez encore et toujours du schéma qu’il existerait un “Centre” politique légitime et deux marges extrêmes qui devraient toutes deux être combattues. Il faudrait plutôt se demander pour quelles politiques et quelles valeur ce “Centre” s’engage. Où nous mène la politique des soi-disant “responsables” qui, depuis des décennies, se sont installés dans les fauteuils confortables du pouvoir? Si vous vous posez cette question, vous vous en poserez automatiquement une autre: les objectifs de ce “Centre”, de ces “forces centristes”, et de cette “mauvance hyper-activiste de gauche” ne sont-ils pas les mêmes, finalement? Le libéralisme et le communisme s’efforcent tous deux de créer sur la planète entière un seul et unique Etat global et unitaire qui, officiellement, nous apportera la paix et le bien-être mais, en réalité, nous contrôlera tous à l’extrême et exercera un pouvoir globalitaire au seul bénéfice d’une élite numériquement très ténue.

Q.: De quelles strates sociales proviennent ces hyper-activistes d’extrême-gauche, à votre avis, et, à titre de comparaison, quelle différence y a-t-il entre eux et les anciens soixante-huitards?

CMW: Aucun sondage n’a été effectué pour le déterminer, aucune statistique n’a été établie, je dois donc vous répondre en puisant dans le souvenir de mes propres observations. La plupart des activistes de l’extrême-gauche allemande sont issus de ce qu’il faut bien appeler le “prolétariat universitaire”. Généralement, il s’agit d’étudiants en sociologie et en pédagogie qui estiment constituer une sorte d’avant-garde progressiste. Quand j’effectuais mes études, j’en ai croisé un grand nombre et, aujourd’hui, beaucoup d’étudiants en sociologie, qui ne sont pas de gauche et avec qui j’entretiens des contacts, me confirment que bien peu de choses ont changé depuis lors. Certains séminaires de l’université, où s’agite ce prolétariat académique, sont de véritables bouillons de culture d’où sort l’idéologie de la gauche radicale. Le personnel enseignant est très marqué par cette idéologie et accueille dans ces séminaires de nombreux étudiants affiliés aux groupes dit “antifa”. Ils y apprennent une certaine rhétorique efficace; ils y sont bien écolés et parviennent à faire taire toutes les voix discordantes, moins bien formées, en avançant des arguments apparemment imparables ou en menaçant subtilement leurs adversaires. En fait, depuis l’ère des soixante-huitards, peu de choses ont changé. Cela fait maintenant presque cinquante ans qu’un fatras intellectuel s’est déversé sur les établissements d’enseignement, produisant une hydre à nombreuses têtes qui nous parlent d’une “société plurielle post-nationale” ou de “gender studies”, etc. Il existe toutefois une différence notable. Le niveau intellectuel a considérablement baissé. Le mouvement de 1968 se justifiait partiellement, il a constitué une rupture sociale plus ou moins nécessaire, il a fragmenté la croûte qui recouvrait encore des structures sociales vidées intérieurement, ne représentant plus rien. Aujourd’hui, cependant, nous avons affaire à une génération qui n’a jamais connu autre chose que ce fatras intellectuel, qui a été socialisée et éduquée dans le seul giron de cette idéologie dominante depuis près d’un demi-siècle. Cette génération a littéralement pompé et avalé, sans avoir les anti-corps nécessaires pour le faire, tous les préjugés, les marottes, les ritournelles et les stéréotypes de ce fatras intellectuel, sans le soumettre à la moindre critique. Or toute cette génération qui n’a pas connu véritablement d’autres pensées que celle dominante, marine forcément dans son jus et s’abrutit lentement, inexorablement.

 

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Q.: Avez-vous constaté un accroissement de la violence potntielle depuis quinze ou vingt ans?

CMW: Pour vous répondre, je dois faire référence aux statistiques du “Verfassungsschutz”, qui évalue les actes violents réellement commis. Dans la citadelle des “autonomes” qu’est la ville de Hambourg le nombre d’actes violents commis par les activistes d’extrême-gauche s’est accru depuis l’an 2000. La promptitude à commettre des actes violents est difficilement mesurable car elle s’estompe dans les têtes ou se concrétise dans certaines situations précises. C’est là que réside le véritable danger. La droite politique, très réduite en nombre, n’existe pour les médias et pour la perception de la plupart des citoyens, que sous la forme d’un “nazisme” imaginaire, que l’on démonise et que l’on pose comme prêt à revenir sur la scène politique allemande. Officiellement, on ne veut absolument pas faire la différence entre ce nazisme imaginaire et médiatique et les réalités sur le terrain. On ne trie jamais le bon grain de l’ivraie. Ce qui a pour conséquence que ces figures démonisées par les médias focalisent tout le potentiel d’agressivité disponible: elles sont dès lors boucs émissaires, elles servent à dériver les attentions. Nous avons en Allemagne plusieurs générations qui ont été éduquées dans une perspective soi-disant “anti-fasciste” et qui ont, dès lors, intériorisé ce schéma binaire et fantasmagorique.

Certes, l’Etat traditionnel oppose encore quelques digues. Mais, progressivement, les droits fondamentaux sont vidés de leur substance. Pour ceux que l’on considère comme “de droite” (à tort ou à raison), le droit de s’assembler, le droit à la libre expression, à l’égalité devant les tribunaux, à être protégé contre toute discrimination sont sans cesse réduits. Et l’on proclame: “Pas de liberté pour les ennemis de la liberté”. Le danger qui se pointe à l’horizon, c’est que les ressortissants de ces générations socialisées à pareille enseigne vont obtenir postes et fonctions dans l’appareil étatique et dans la magistrature: ils voudront alors utiliser le monopole étatique de la violence pour lancer “la bataille finale pour la libération”. Nous verrons alors des collégiens ou des étudiants, qui ont l’air bien nets et bien propres aujourd’hui, qui hurlent leurs paroles soi-disant “anti-racistes” dans les rues, devenir demain gardiens-en-chef de camps de concentration, briseurs d’os dans les chambres de torture ou juristes terrifiants qui nous bâtiront un avenir d’enfer. Le Malin trouve toujours de nouveaux chemins à emprunter.

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°8/2014, http://www;zurzeit.at ).

Colour Revolutions – Opium of the People

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Tony Cartalucci:

Colour Revolutions – Opium of the People

Karl Marx said of religion: 

Religious suffering is, at one and the same time, the expression of real suffering and a protest against real suffering. Religion is the sigh of the oppressed creature, the heart of a heartless world, and the soul of soulless conditions. It is the opium of the people.

The abolition of religion as the illusory happiness of the people is the demand for their real happiness. To call on them to give up their illusions about their condition is to call on them to give up a condition that requires illusions. The criticism of religion is, therefore, in embryo, the criticism of that vale of tears of which religion is the halo.

When Karl Marx wrote this, organized religion was very much the solace of so many people -people who might have otherwise sought more effective means of alleviating their daily suffering had this opiate not been available. Overtime, that solace was slowly eroded and replaced by an entire medicine cabinet full of “opiates.” From sports to TV, to video games and social media, there is a vast multitude of illusions we cling to today that provide a “soul to soulless conditions.”

Among them, it can easily be argued, is modern Western-style “democracy” which is perhaps one of the most insidious. Perpetually offering the promise of a better tomorrow, never actually delivered but always just one elections away from being realized – it is the strongest of all the opiates we sedate our anger, dissatisfaction, and will to effect change ourselves with.

US 2012 Elections

US elections in 2012 pitted “conservative Republican” Mitt Romney against “liberal Democrat,” Barack Obama. To so many millions of people, it was a pivotal moment in American history, with the fate of the nation, and in many ways the world, at the mercy of the electorate. In reality, the same corporate-funded policy think tanks were authoring the agendas of both men, who, while holding the position of “commander in chief,” would ultimately be at the mercy of an unelected “board of directors” consisting of corporate-financier interests that hide behind the facade of “democracy.”

Indeed, the wars, geopolitical maneuvering, and extraterritorial economic pursuits of the United States unfolding for 8 years under US President George Bush, continued or were expanded in earnest under President Obama. Wars engineered years ago under Bush were rebranded and sold under Obama. Instead of being a component of the unending “War on Terror,” they took on a more suitable “liberal,” “humanitarian” theme, however, these conflicts were nonetheless part of a predetermined, decades-spanning geopolitical campaign to maintain and expand US hegemony across the planet.

What then did the 2012 elections accomplish? They gave people the fleeting hope that the policies they’ve held in contempt under Bush would somehow be reversed, that justice would be served, and that progress would be made. Instead of effecting real change, locally and pragmatically, the people turned to their opiate of voting booths, campaign slogans, and the promise of a quick fix and in the end simply compounded their problems further.

The Arab Spring

For many, the so-called “Arab Spring” began in 2011. In reality, it was yet another barbiturate formulated by the corporate-financier elite to leverage dissatisfaction across the Middle East and North Africa (MENA), bringing in geopolitical change favorable for themselves without actually addressing any of the problems of the people they planned on using. The campaign in fact started as early as 2008 in New York City where the leaders of the Tahrir Square Egyptian protests would receive marching orders, training, and equipment from the US State Department via its inaugural Alliance of Youth Movements (AYM) summit.

For all the promises of the Arab Spring, not only in Egypt, but in other nations such as Tunisia and Libya, what clearly took place instead of a progressive revolution, was the installation of dictatorships and terror networks that have since mired each nation in varying degrees of violence, repression, and socioeconomic regression. The Western-backed Muslim Brotherhood was resurrected after the people of MENA fought decades to eradicate their fanatical, corrosive political influence. The nations of Libya and Syria in particular, have suffered the most, with their so-called “revolutions” turning into overt, violent, Western-backed proxy wars seeking regime change.

In Libya, with Western-aligned big-oil executives like Abdurrahim el-Keib literally thrust into power, the opiate-high of “democracy” rushing during the early stages of the “Arab Spring” fully crashed, leaving the people of Libya with a hangover that will last them years, if not decades.

A similar scenario has been playing out in Syria, where the narrative of “democracy” and “revolution” has also fully unraveled, leaving what is clearly a proxy war being fought by the West against the government of Syria and its allies, including Lebanon, Iran, and Russia.

With these disturbing examples illustrating the true nature of “democracy,” and the suffering, exploitation, and conflict is serves as a painkiller for, one might think the global population would be wary of its use in similar scenarios playing out elsewhere.

Ukraine

“Freedom” and “democracy” have once again been invoked in the streets of Kiev, Ukraine. Literal Neo-Nazis, with overt support from the US (with US Senator John McCain even flying to Kiev and taking to the protesters’ stage) are attempting to overrun the country and guide it into the jaws of Wall Street, London, and their EU supranational socioeconomic consolidation.

The mobs have turned violent, and carried out what is essentially a coup. Like a medieval surgeon hacking away at a doomed patient, the opium of democracy and progress are pumping through the veins of Ukraine to mask what is most likely going to be a fatal operation. In reality, nothing the protesters have demanded will lead to anything more than a geopolitical reordering of the nation. No solutions have been put forward regarding the actual socioeconomic woes the people of Ukraine face, in fact, the current trajectory of Ukraine toward the EU seems to guarantee those woes, like they have in Greece, Spain, and else where, will only be compounded.

Thailand

Western-style “democracy” has been animating the corpse of US-backed dictator Thaksin Shinawatra for nearly a decade. His regime had long lost the popularity, trust, and legitimacy it initially held back in 2001 when Thaksin first came to power in a wave of faux-populist policies. Over the years, mass murder, astronomical financial and political abuse and corruption, oppression, and violence have become the hallmarks of his regime. Starting in late 2013, protesters began filling the streets.

Protesters however, and unlike others who took to the streets during the “Arab Spring” or in Ukraine, knew simply holding “elections” would not solve the problem. They realized the system was rigged and that the term “democracy” was being abused as a facade behind which the regime carried out its multitude of crimes.

 

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The West however, has attempted to maintain this facade, declaring the protesters “anti-democratic.” Not only is this to preserve a pro-West regime in Thailand, but to protect the reputation of “democracy” in general as the one and only solution to people’s problems.

Unlike the “Arab Spring” or in Kiev where “democracy” and “freedom” are the rallying calls, Thai protesters have a long, enumerated, and very specific list of demands. They seek to reform Thailand so that “democracy” can no longer serve as a carte blanche for a regime to hide behind. They also seek to reverse the many sovereignty-infringing policies enacted by the Thaksin regime – so unlike Ukraine that is seeking to further hand itself over to foreign interests, Thailand is attempting to do quite the opposite.

To see just how acute awareness is in Thailand regarding the non-solution that is Western-style “democracy,” recent general elections held on February 2, 2014 were boycotted by more than half the population. In some provinces, elections were not even held. Of those that did cast ballots, many elected to deface them or fill in “no vote” as a form of protest. Thais understand that “voting” is not going to fix their problems.

Understanding That Democracy is Not the Solution is the First Step of Finding Real Solutions

For Thais, and for that matter, anyone who can see through the theater of campaigns, elections, and “democracy” in general, it becomes obvious that this opiate, this attempt for us to mask our problems with quick, ineffectual solutions, is untenable. Understanding this may leave us apparently rudderless, our ills entirely unaddressed. However, understanding this, as Marx suggested, is the first step toward finding real solutions.

In Thailand, the various ministries charged with administering the country are incapable of doing so. Without a functioning government, it is up to the people themselves to get organized locally and begin solving problems themselves. For the protest itself, rice farmers that have gone unpaid for now over half a year, are being helped through charity of various kinds. Ideas on how to pragmatically restore the agricultural industry in Thailand are being explored, and individuals are taking the initiative to empower farmers with knowledge and skills that will serve them a lifetime, rather than temporary and tenuous handouts that may or may not be there for them tomorrow.

Similarly in Ukraine, those with genuinely good intentions, falling into the Western trap of “democracy promotion,” would serve themselves better to enumerate their real problems and real solutions to them. Certainly a poor economy and a lack of opportunities cannot be cured by stuffing a piece of paper into a ballot box, empowering others to do what is both our own right and duty to perform.

Economies can be lifted up by education, institutions, organization, collaboration, and innovation – none of which requires a corrupt politician or a treaty with the EU to acquire. Around the world, people are organizing themselves locally to pursue new models of economic prosperity, innovation, education, and real pragmatic progress, independently of traditional political paradigms.

With the “Arab Spring” in ruinous flames in hindsight, we can see the damaging effects our addiction to the opiate of Western-style “democracy” has wrought. It is to numb us to our situation so that we never desire to truly rectify it with lasting, real solutions. Had the Arabs enumerated their real, daily grievances and formulated constructive, pragmatic solutions to solve them, they could have avoided a cycle of struggle, violence, and conflict that have left them demonstrably worse off today than when their “revolution” started in 2011. The “Arab Spring” was a failure because those that engineered it never intended for it to be a success – at least not in terms of lifting people up and moving their nations forward.

Before we expend any more energy debating politics, discussing candidates, and rushing off to the voting booth to “fix” our problems, we must realize that by doing this, we have never actually “fixed” anything. We have simply granted the corrupt special interests that dominate and drive our destiny more time to continue enriching themselves at our expense, but always behind a carefully orchestrated facade of “democracy.” When next protesters take to the streets, or a dictatorship attempts to hide behind this facade of “democracy,” let us try to unravel what the real issues are and what real solutions there might be to sort them out before the blood begins to flow, the smoke begins to billow, and the cycle of political struggle continues to turn perpetually beyond the benefit of the people.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazine “New Eastern Outlook”

Europe : la famille diluée dans les droits de l’homme

Europe : la famille diluée dans les droits de l’homme

Ex: http://www.zejournal.mobi

Dans un arrêt rendu le 7 novembre 2013, la CEDH a estimé que deux hommes adultes vivant séparément devaient bénéficier de la protection accordée aux familles dans le cas particulier où ils entretiennent une relation homosexuelle stable. Selon cette nouvelle conception du droit, ce n’est plus la famille qui précède l’État, mais la famille qui procède de l’État [1].

La Cour européenne des droits de l’homme (la cour) affirme dans l’arrêt Vallianatos et autres c. Grèce (n° 29381/09 et 32684/09) que, dorénavant, lorsqu’un État européen légifère en matière de famille, il « doit choisir les mesures [...] en tenant compte de l’évolution de la société ainsi que des changements qui se font jour dans la manière de percevoir les questions de société, d’état civil et celles d’ordre relationnel, notamment de l’idée selon laquelle il y a plus d’une voie ou d’un choix possibles en ce qui concerne la façon de mener une vie privée et familiale » (§ 84).

La Cour veille ainsi à ce que les États européens adaptent leur législation à (sa propre perception de) l’évolution des mœurs. Cet arrêt marque une étape nouvelle dans la dissolution accélérée de la définition juridique de la famille qui, de réalité biologique et institutionnelle, est devenue une notion extensible jusqu’à l’incohérence.

[...]

La Cour de Strasbourg ne fait pas que suivre l’évolution des mentalités, elle la précède et l’oriente souvent, servant de « guide » aux juridictions et législateurs nationaux.

Ce pouvoir de définition de la réalité, qui dépasse les limites du pouvoir d’interprétation des normes, la Cour l’a aussi appliqué aux termes homme et femme. Elle a en effet déclaré, afin d’étendre à une personne transsexuelle le droit de se marier avec une personne de même sexe biologique, qu’elle « n’est pas convaincue que l’on puisse aujourd’hui continuer d’admettre que ces termes impliquent que le sexe doive être déterminé selon des critères purement biologiques » (Goodwin, 2002 § 100).

Homme et femme sont redéfinis comme désignant le sexe psychologique, social ou biologique, c’est-à-dire le « genre ». Ainsi, la famille, et même le sexe, ne sont plus des réalités tangibles sur lesquelles le droit peut se fonder avec stabilité, mais des « notions » relatives et dynamiques définies par un droit devenu lui aussi relatif et dynamique. En acquérant le pouvoir de redéfinir la réalité – la norme juridique remplace la réalité comme critère de vérité (sociale) — le droit devient ainsi l’instrument privilégié de l’ingénierie sociale. Cette redéfinition juridique de la réalité ne laisse aucune place à la contestation morale car elle prétend dire ce qui est, et plus encore, elle prétend être ce qui est.

Selon la pensée originelle des rédacteurs de la Convention et des autres grands textes d’après-guerre, la famille constitue la société dont émane l’État, elle précède donc l’État qui est au service de la société, tandis que selon la conception nouvelle, la famille procède de l’État : c’est l’État qui, par son emprise sur la société, redéfinit la famille conformément à la pensée dominante.

Ce changement de perspective témoigne du détournement contemporain de la théorie des droits de l’homme : fondée initialement sur un humanisme jusnaturaliste, elle est devenue aujourd’hui un instrument privilégié de mise en œuvre de l’individualisme libéral. Un individualisme libéral qui, par un paradoxe ironique, renforce l’emprise de l’État sur les individus en échange de la promesse d’une plus grande liberté.

- Source : Liberté Politique

Interview mit John Morgan

Alternativen zur Moderne

Interview mit John Morgan, Verlag Arktos

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

JM_NPI.jpgBN-​Gespräch. John Morgan leitet „Arktos”. Johannes Schüller sprach mit ihm über rechte Alternativen in den USA, Identitäre weltweit und das Arktos-​Programm.

Blaue Narzisse: Arktos ist der erste englischsprachige Verlag der Neuen Rechten. Das Spektrum der veröffentlichten Bücher reicht weit. Es lassen sich sowohl Bücher des Yoga-​Gurus Sri Sri Ravi Shankar finden als auch Ernst von Salomons Freikorps-​Roman Die Geächteten. Was ist eigentlich das ideologische Fundament Ihres Verlags?

John Morgan: Arktos hat keine spezifische Ideologie. Als wir mit unserer Arbeit begannen und ich den „Über Uns”-Text für unsere Webseite schrieb, dachte ich auch über den roten Faden nach, der all unsere Tätigkeiten verbindet. Ich entschied mich für „Alternativen zur Moderne”. Denn im Kern wollen wir Texte veröffentlichen, die die Grundlagen unserer gegenwärtigen Zivilisation hinterfragen, sei es politisch, spirituell, kulturell oder auf andere Weise. Darüber hinaus wäre es schwierig, ein durchgängiges Thema zu all unseren Publikationen zu finden.

Dennoch gibt es gewisse Dinge, die für Arktos von besonderem Interesse sind. Denn wir sind zum Beispiel der erste englischsprachige Verlag, der Vertreter der europäischen Neuen Rechten sowie ihrer Vordenker aus der Konservativen Revolution veröffentlicht. Die traditionalistische Schule von René Guénon und Julius Evola liegt außerdem in unserem Fokus. Und da wir in den ersten fünf Jahren unseren Sitz in Indien hatten, konnten wir auch dort viele Kontakte knüpfen. Deshalb veröffentlichen wir auch weiterhin auf den Hinduismus und Indiens politische Situation bezogene Bücher. Wir sind stets daran orientiert, unseren Horizont zu erweitern und neue, ebenso wichtige Aspekte einzubeziehen. Denn wir fühlen uns nicht auf die bisherigen Themen beschränkt.

Sie kommen aus dem US-​Bundesstaat Michigan und gehörten 2009 zu den Gründern von Arktos. Gibt es eine Neue Rechte oder identitäre Gegenkultur in den Vereinigten Staaten? Zu den bekanntesten zählt sicher der sogenannte Paläokonservatismus?

Ich komme aus Michigan, zuvor war ich jedoch in New York. Nun lebe ich in Budapest, nachdem ich einige Jahre in Indien verbracht habe. Trotzdem bin ich nach wie vor in der amerikanischen „Szene” aktiv. Ich denke, es gibt tatsächlich eine Kultur der Neuen Rechten in Amerika, wenngleich sie sich sehr von der europäischen Variante unterscheidet. Denn sie ist mehr oder weniger auf einzelne Internetseiten, Veröffentlichungen und einen kleinen Personenkreis beschränkt. Ich bin sicher, Sie kennen sie: Dazu gehören unter anderem das Projekt Counter-​Currents, das Radix Journal, das National Policy Institute und die Vierteljahresschrift Occidental Observer.

Die identitäre Idee dagegen hat in Amerika bis jetzt nicht Fuß gefasst, obwohl die amerikanischen Zirkel der Neuen Rechten an den europäischen Entwicklungen interessiert sind. Das Problem ist, dass die Amerikaner keinen richtigen Sinn für Identität außerhalb des Konsums haben. Dadurch bleibt es schwierig, eine Bewegung auf Grundlage einer „amerikanischen Identität” zu begründen, ohne sich etwas ausdenken zu müssen.

Die Paläokonservativen dagegen stellen eine interessante Bewegung in den USA dar. Sie unterscheiden sich stark von der Neuen Rechten, aber es gibt auch Überschneidungen. Sie repräsentieren quasi das, was vor einem Jahrhundert als Mainstream-​Konservatismus galt und jetzt durch den Neokonservatismus ersetzt wurde. Letzterer wurde vor allem von der Regierung George W. Bushs vertreten.

Trotzdem bleiben die Paläokonservativen heute ebenso unbeachtet wie die Neue Rechte. Mit Ausnahme des bekannten Autors Pat Buchanan sind sie in Amerika außerhalb akademischer Kreise gänzlich unbekannt. Es gibt also durchaus vielversprechende Entwicklungen in den USA, doch im Moment sind die Gruppen klein und nicht sehr einflussreich.

Sie veröffentlichen auch Autoren wie den libanesischen Diplomaten Abir Taha, den österreichischen Identitären Markus Willinger oder den amerikanischen Schriftsteller Tito Perdue. Existiert so etwas wie eine „Identitäre Internationale”, die ähnlich organisiert ist wie die alte Kommunistische Internationale?

(Lacht) Das wäre schön, aber bestimmte Sachen funktionieren nicht so. Denn es gibt keine internationale Organisation, die all diese Dinge koordiniert. Ich halte das für eine gute Sache, denn die Kommunistische Internationale war stets sehr diktatorisch und ideologisch orientiert. Was identitäre und neurechte Bewegungen betrifft, erachte ich es sogar als besser, wenn jedes Land und jede Region seine einzigartigen Lösungen und Strategien für die eigenen Probleme entwickelt. Schließlich kämpft die Neue Rechte für Dezentralisierung, nicht für eine Rückkehr zu fehlgeschlagenen, totalitären Ideen.

Auf die von Ihnen genannten Autoren sind wir natürlich stolz, doch sie sind alle sehr verschieden. Sie verbindet nichts außer der Fakt, dass sie von Arktos veröffentlicht wurden. Denn es gibt gewiss keine Hintergrundorganisation, die die Tätigkeit des Verlags steuert oder uns befiehlt, wen wir veröffentlichen sollen.

arktos_facebook.jpgIst trotzdem nicht zum Beispiel die regelmäßige Konferenz „Identitarian Ideas” ein erster Schritt, um die internationale Neue Rechte zu vereinen?

Im Juni 2013 fand in Stockholm die fünfte Konferenz „Identitarian Ideas” statt, ich war einer der Sprecher. Die nächste Konferenz wird wieder diesen Juni stattfinden. Arktos nahm daran teil, obwohl es sich nicht um eine Arktos–Veranstaltung handelte. Organisiert hat sie wie immer die schwedische, metapolitische Organisation „Motpol”. Der Gedanke hinter den „Identitarian Ideas” war nie, die „internationale Neue Rechte zu vereinen”. Selbst wenn wir das versuchen würden, hätten wir nur beschränkte Möglichkeiten. Es handelt sich um eine schwedische Konferenz, die sich an einem schwedischen Publikum orientiert. Motpol lädt immer Referenten aus vielen verschiedenen Ländern ein, dadurch können sie ihre Ideen einer schwedischen Zielgruppe vorstellen. Internationale Gäste sind natürlich stets Willkommen. Die meisten der Gespräche finden auch auf Englisch statt.

Inwiefern war die Konferenz damit erfolgreich?

Gewiss war es erfolgreich, wenngleich die Konferenz im letzten Jahr die Kapazitäten erschöpfte. Zugleich war aber auch eine sehr große und interessante Bandbreite von Referenten vertreten.

Welche Bücher und Autoren wollen Sie in den nächsten Jahren veröffentlichen? Wie sind Ihre Pläne für die Zukunft?

Natürlich wollen wir zuerst mehr Bücher veröffentlichen! Kaum eine Woche vergeht, in der wir nicht über mögliche neue und interessante Projekte nachdenken. Und wir haben ohnehin eine seitenlange Liste voller Dinge, die wir irgendwann einmal umsetzen wollen. Selbstverständlich wird es auch mehr Bücher unserer prominenten Autoren geben, also von Alain de Benoist, Guillaume Faye, Alexander Dugin und Julius Evola.

Außerdem werden wir Arbeiten zu identitären Themen publizieren. Wir sitzen zudem gerade über weiteren Romanen von Tito Perdue, der zweifelsohne zu den interessantesten englischsprachigen Romanschriftstellern gehört. In naher Zukunft wird es außerdem ein Buch des deutschen Filmemachers Hans-​Jürgen Syberberg geben. Und wir werden Texte über die Rechte in Indien veröffentlichen.

In Kürze erscheint darüber hinaus The Shock of History von Dominique Venner. Es handelt sich zugleich um das erste ins Englische übersetzte Buch Venners. Viele weitere Projekte werden noch folgen. Von Arktos können Sie neue und aufregende Bücher erwarten!

Mr. Morgan, thanks a lot!

Zur Internetseite des Verlags Arktos geht es hier.

Bild: John Morgan

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Le martyre du Kosovo

samedi, 08 mars 2014

Soirée Saint Patrick

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G. Adinolfi: L'Occident contre l'Europe

L'Occident contre l'Europe

Entretien avec Gabriele Adinolfi

Le problème bosniaque dans les Balkans

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Bernhard TOMASCHITZ:

Le problème bosniaque dans les Balkans

Les désordres qui ont secoué la Bosnie ont pour motif la situation économique dramatique du pays mais ces désordres vont aussi dans le sens voulu par Washington

La Bosnie-Herzégovine semble avoir emprunté la voie pour devenir un “Etat failli”. Dans plusieurs villes de la partie la plus grande du pays, celle qui se trouve sous l’autorité de la “Fédération croato-bosniaque”, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour protester contre la gabegie régnante: une économie chancelante, une corruption généralisée et un chômage qui atteint les 45% de la population active. Au cours de ces nombreuses manifestations, les protestataires se sont heurtés aux forces de l’ordre.

Cet Etat balkanique multiethnique et multiconfessionnel pose désormais problème au beau milieu de la péninsule balkanique, une région qui devait abriter cette Bosnie-Herzégovine “stable, viable, multiethnique et unie”, comme le voulait l’UE quand elle posait ses objectifs politiques pour rendre définitivement indépendante cette république autrefois constitutive de l’ancienne Yougoslavie fédérale et socialiste. De ces voeux pieux, rien ne subsiste aujourd’hui. On sait très bien pourquoi la “communauté internationale”, c’est-à-dire l’UE et les Etats-Unis, se trouvent face à un champ de ruines en Bosnie. Le Traité de Dayton a certes pu mettre un terme à la guerre mais n’a pas pu faire émerger un Etat pour tous, capable de fonctionner sans heurts, en dépit des clivages qui opposaient entre eux les Bosniaques, les Croates et les Serbes.

“L’ordre politique fabriqué lors des accords de Dayton est intenable”, expliquent les organisations protestataires actuelles que sont “Udar” (le “Coup”) et “Revolt”, animatrices des manifestations qui ont secoué le pays. L’objectif de ces organisations est donc clair: les manifestations doivent faire pression pour aboutir à une réforme constitutionnelle afin que l’appareil d’Etat, trop complexe et trop lourd, fasse la place à une forme étatique plus svelte et plus centralisée. Les Serbes de Bosnie, dont la “Republika Srpska” jouit d’une large autonomie, se sont opposés, jusqu’ici, et avec succès, à toute tentative de centralisation.

Les organisations “Udar” et “Revolt” veulent, par leurs revendications, s’aligner sur une politique voulue en dernière instance par l’UE et les Etats-Unis. Ces derniers sont profondément agacés par l’édifice étatique qui structure la Bosnie aujourd’hui parce que l’objectif américain est d’inclure le pays dans l’OTAN. La décentralisation bosniaque empêche toute manoeuvre en ce sens. Comme le rappelle Patrick Keller de la “Fondation Konrad Adenauer” en Allemagne, “l’intérêt pour une adhésion à l’OTAN n’est guère populaire en Republika Srpska”. Voilà pourquoi, subitement, en dépit des accords de Dayton, on plaide maintenant pour la création d’un Etat bosniaque unifié et “fort”.

Pour téléguider les événements de Bosnie dans le “bon sens”, les Américains ne s’épargnent ni peine ni argent. L’USAID, l’instance chargée d’aider au développement, déclare vouloir “aider la Bosnie à parfaire les réformes nécessaires pour pouvoir adhérer à l’UE et à l’OTAN”. Dans son budget de 2013, l’USAID a dégagé la somme de 45,5 millions de dollars, notamment pour créer “une structure militaire unitaire, laquelle répondrait aux critères nécessaires pour assurer la sécurité du pays et pour aboutir à une adhésion à l’OTAN”. En 2008, Washington a enregistré un bon succès en Bosnie, lorsque Sarajevo a adhéré à une “Charte Adriatique”, initiative visant à préparer les Etats des Balkans occidentaux à entrer dans l’OTAN.

Dans les postes “Financements militaires à l’étranger” et “Formation et écolage militaires à l’échelle internationale”, 5,5 millions de dollars sont prévus pour la Bosnie. Avec ces budgets, il faudra, selon les Américains, “combler les déficits graves dans la formation des personnels” chez “ce parternaire potentiel de l’OTAN” et former des “unités spéciales”, dont l’Alliance Atlantique “a un besoin réel”, c’est-à-dire des unités capables d’éliminer des matériels de combat, des troupes d’infanterie, des équipes d’ingénieurs militaires. Le rapport de l’USAID se fait louangeux à l’endroit de l’armée bosniaque parce qu’elle a fourni 55 hommes pour l’IASF en Afghanistan.

Le deuxième objectif majeur des Américains, et aussi de l’UE, est de promouvoir en Bosnie “une société civile”. Pour le réaliser, on a surtout mobilisé le “National Endowment for Democracy” (NED), le bras civil de la CIA, de même que les fondations attachées aux grands partis américains, la NDI (“National Democratic Institute”) et l’IRI (“International Republican Institute”). La “Fondation Konrad Adenauer” est également très active.

En 2012 (pour 2013, on ne dispose pas encore de chiffres), la NED a soutenu toute une série d’organisations bosniaques visant la création de cette fameuse “société civile”. “Revolt” a reçu 31.500 dollars, notamment pour contrôler “les travaux du gouvernement local et cantonal de Tuzla” et pour mener une campagne de mobilisation “de jeunes activistes pour préparer les élections locales”. L’année précédente, “Revolt” avait reçu 30.000 dollars de la NED pour mener à bien des activités similaires.

Les Occidentaux veulent donc créer en Bosnie une démocratie de type occidental et financent la formation et l’écolage d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui permettront, à terme, de réaliser plus aisément le grand but de la dite “communauté internationale”, soit de créer une Bosnie “multiethnique”. Dans les rapports de la “Fondation Konrad Adenauer”, on peut lire: “Investir dans les futurs cadres porteurs des structures démocratiques constitue l’action première de notre travail. Prodiguer des conseils, imaginer des scénarios, organiser des journées d’écolage et des séminaires interactifs, bref, offrir une formation politique permanente aux forces d’avenir, voilà les principales activités que nous menons à bien en Bosnie-Herzégovine”.

Les Etats-Unis ont réellement pris les choses en mains en Bosnie, au détriment des Européens, parce que les Bosniaques sont mécontents de la politique menée jusqu’ici par l’UE. Déjà en 2009, le magazine “Foreign Policy” écrivait: “L’UE n’a pas de politique réellement porteuse en Bosnie, si bien que Washington est contraint de jouer de son influence pour faire avancer les choses pour qu’à terme le pays puisse adhérer à l’UE”.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienn, n°8/2014, http://www.zurzeit.at ).

 

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Interview with Ruben Rosiers

Ruben Rosiers (27) is a Belgian citizen and activist of the "European Solidarity Front for Syria". Roseris studied Public Relations and works for a Flamish company.

"We support Syria!"

Interview with Ruben Rosiers

Ex: http://manuelochsenreiter.com

Ruben Rosiers (27) is a Belgian citizen and activist of the "European Solidarity Front for Syria". Rosiers studied Public Relations and works for a Flemish company.

Mr. Rosiers, you just came back from your trip to Syria on behalf of the “European Solidarity Front for Syria” (ESFS). Your organization was criticized in the past for supporting the “Syrian regime” by the mainstream media. What is the ESFS doing?

Rosiers: The ESFS are volunteers from whole Europe. We support the Syrians in their war to keep their independence, unity and sovereignty and against the western backed terrorism.

How do you “support the Syrians”?

Rosiers: In Europe we inform the public about the reality on the Syrian battleground. We are present in all the European countries; organize demonstrations together with the Syrians here. We cooperate with some alternative media as well. We also collect money to provide humanitarian help in Syria. As we are a pure independent volunteer organization we can guarantee that 100 percent of the donated money really arrives in Syria. We don´t have any bureaucratic infrastructure.

Your trip to Syria had the character of a “fact finding mission”...

Rosiers: Indeed.

One would say: “fact finding is not the job of volunteers but of journalists and politicians.”

Rosiers: This is not so wrong. But neither European journalists nor politicians do their job in a proper way. Of course there are exceptions. But generally, the information policy in whole Europe is a disaster. That makes the work of the ESFS so important!

What facts did you find in Syria?

Rosiers: I had many meetings in the capital Damascus; I spoke to politicians, clerics, soldiers, journalists and civilians. I had the opportunity to visit the Palestinian Yarmouk Camp in Damascus; I was in the city of Al-Nabk – where the people celebrated the Syrian Arab Army which liberated them from the terrorist gangs. I also visited the city Latakia.

You were in the Yarmouk camp? European mainstream media report it is besieged by the Syrian Army...

Rosiers: And here we are. I don´t think that any European mainstream journalist who writes such stories was recently there. The Yarmouk camp is like a little city in the city. Terrorist gangs were occupying parts of the camp, the Syrian government supported the Palestinian armed groups fighting against the terrorist forces. There is no “siege”. You can enter and leave the camp in the safe areas – and safety means always: controlled by the government and loyal Palestinian militias like the Popular Front for the Liberation of Palestine (PFLP). In the terrorist controlled areas the situation is really dangerous. Terrorist snipers shoot at everybody crossing the streets, a large part of the population left already the terrorist controlled sectors of the camp. By the way: We had also to leave the camp very quick again because of hostile sniper activities. The vast majority people in the camp stand with the Syrian government by the way – there is no doubt in that.

European media report about starvation in the camp...

Rosiers: The problem is that the terrorists tried to isolate the parts of the camps they controlled. The Syrian government provides food and medical help, but this is dangerous. Terrorist snipers shoot at them as well.

Ruben Rosiers and minister Ali Haidar (right)

Ruben Rosiers and minister Ali Haidar (right)

You met the Minister of State for National Reconciliation Affairs in Damascus. What did you talk about with Mr. Ali Haidar?

Rosiers: Mr. Haidar has maybe one of the most challenging jobs in Syria. National reconciliation is as important as difficult. His own son was killed by terrorist gangs in 2012. Mr. Haidar coordinates reconciliation talks between the different factions in Syria to find a peaceful solution. By the way, Mr. Haidar is not a Baath party member, he is oppositional himself. His SSNP party was banned for many years in Syria before it was legalized again. He knows about what he is talking. We discussed the reconciliation process, the next solidarity mission of the ESFS, the current political situation and the desire of the Syrian people for fast ending of the war. He also talked about the many kidnapped people and I had the chance to meet people who were looking for their kidnapped family members. You know that in Syria the terrorists even consider you a legal target if you are a postman? They consider you a “collaborator of the regime” and just kill, torture or kidnap you…

In Western media Ali Haidar doesn´t play any role...

Rosiers: Because he cooperates with the real opposition inside Syria and not with the foreign backed terrorists who destroy the country. This is a huge difference. Ali Haidar excludes extremists from the talks – this is why Western politics and media don´t give him any publicity.

In Al-Nabk you visited an Army celebration...

Rosiers: The people of Al-Nabk were celebrating the liberation of their city.

Mainstream media claim that those celebrations are propaganda acts by the Syrian government. They claim: The Syrians are forced to participate at those rallies.

Rosiers: Nobody was “forced” to participate. This was pure happiness that the horrible times of the terrorist control are over. The people wanted to thank the army that liberated Al-Nabk. Important to notice is that during the occupation of parts of the city by FSA and Al-Nusra, the residents of Al-Nabk didn’t flee but organized themselves to fight against the terrorists. Not a single person left the city! Nice detail, the majority of the city is Sunni Muslim - so there goes another myth the western media wants to keep alive…

You were also delivering a speech – what about?

Celebration in Al-Nabk: Liberation of the city

Celebration in Al-Nabk: Liberation of the city

Rosiers: This was really a spontaneous thing: I asked if I can give a message of solidarity – and some seconds later I spoke into the microphone. I told the Syrians that they shouldn´t confuse the European governments with the European peoples. I told the Syrians that we are with them despite of the wrong politics of our governments. The people were very happy about this unexpected message of solidarity.

Some critics claim that you are an “agent of the Syrian government” and that you are paid for the “solidarity”...

Manuel Ochsenreiter and Ruben Rosiers during a geopolitical conference in Bielefeld (2013)

Manuel Ochsenreiter and Ruben Rosiers during a geopolitical conference in Bielefeld (2013)

Rosiers: This is complete nonsense. Nobody pays us. We are a volunteer organization. My trip was paid completely by myself. Those rumors are spread to harm our credibility. And do you really think I would risk my life for some green paper in my pocket? Maybe this is hard to understand for capitalist and materialist people, but I just fight for what I believe in. Just like all the volunteers of the ESFS. If the Syrian government would ever offer me one dollar I would stop supporting them. They should use their money just to help the Syrian people!

If somebody wants to show solidarity with Syria and support the ESFS is it enough to press the “like”-button on Facebook?

Rosiers: This is a good start! But of course we are happy about any activist. As I said: We are all volunteers. We do our solidarity work because we really believe in our aims and not because we get paid or supported by state institutions or any NGOs. We are happy about every new volunteer in our rows! So please donate money, join our Facebook page, join our manifestations, spread the message and make the ESFS grow every day! Long live Syria!

Contact:

European Solidarity Front for Syria on Facebook

European Solidarity Front for Syria

La fabrication de la Troisième Guerre mondiale

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La fabrication de la Troisième Guerre mondiale

par Adrian SALBUCHI

Adrian Salbuchi est un analyste politique, auteur, speaker et animateur de débats radiophoniques en Argentine. Il a publié plusieurs livres sur la géopolitique et l’économie en espagnol, et récemment publié son premier livre électronique en anglais, The Coming World Government : Tragedy & Hope ?, qui peut être commandé sur son site Internet : www.asalbuchi.com.ar, ou des détails peuvent être demandés par courriel à <arsalbuchi@gmail.com.>. Salbuchi a 58 ans, marié, avec quatre enfants adultes, et travaille comme consultant stratégique pour des sociétés argentines et internationales. Il est aussi fondateur du Projet de la Seconde République en Argentine, qui se développe internationalement (visitez : www.secondrepublicproject.com).

 

Dans le monde d’aujourd’hui, de plus en plus interdépendant et interactif, chaque action a une myriade de causes, de sens, d’objectifs et de réactions; beaucoup sont visibles, beaucoup invisibles. Certaines, ouvertement admises et déclarées; d’autres, personne n’oserai les confesser.

 

Lorsqu’on tente de comprendre les nombreux conflits complexes en cours dans le monde et le rythme vertigineux auquel ils apparaissent, il serait erroné de les approcher isolément. Seul un coup d’œil surplombant et « holistique » peut nous donner une image de notre situation et, plus important, de la direction où nous sommes entraînés.

 

La géopolitique du XXIe siècle ne peut pas être comprise en appliquant une mentalité de silo. La guerre civile en Syrie, le « printemps arabe » en Égypte, la destruction de la Libye et de l’Irak, la montée de la Chine, le Japon boiteux, la crise de l’Eurozone, le « bouclier antimissile » américain en Pologne, le programme nucléaire de l’Iran, le futur « printemps » en Amérique Latine… Avec une approche au hasard, l’image que nous obtenons est celle d’un chaos total. Avec une approche appliquant le bon modèle d’interprétation, nous commençons à voir comment les choses sont en relation, réagissent et évoluent en obéissant à des forces extrêmement puissantes et dynamiques – bien qu’invisibles pour la plupart – conduisant silencieusement le monde d’aujourd’hui.

 

Ne lisez pas – seulement – les journaux

 

Il est bon d’être informé; c’est néanmoins sans utilité si vous ne pouvez pas formater cette information en modèles intelligibles et appropriés. Une trop grande quantité d’information non-traitée aura un effet de saturation sur votre cerveau. C’est donc une bonne chose de s’éloigner des grands titres bruyants, des nouvelles sensationnelles, des rumeurs de terreur et des présentateurs-vedettes. C’est comme quand vous regardez un tableau impressionniste de Claude Monet : si vous vous tenez trop près, vous ne voyez qu’un dédale de petits points colorés, mais quand vous reculez de quelques pas alors la beauté de l’œuvre se déploie devant vos yeux.

 

Dans la saturation de l’information d’aujourd’hui, nous devons relier les points correctement en dépit de l’insistance des médias mondiaux à nous dire que nous les relions tous mal.

 

Aujourd’hui, la plupart d’entre nous ont compris que nous sommes « une planète en guerre »; pas en guerre avec quelque monde étranger (ce qui rendrait les choses plus faciles à comprendre !). Nous sommes plutôt une civilisation menant une guerre civile avec elle-même et contre elle-même.

 

En lisant la presse mondiale, vous pourriez penser qu’il s’agit d’une guerre entre nations souveraines, mais c’est plus compliqué que cela. Cette guerre mondiale est menée par une élite mondiale immensément puissante, illégitime, autoritaire mais numériquement infime, profondément incrustée dans les structures de pouvoir publiques et privées de presque toutes les nations de la Terre; notamment, des États-Unis d’Amérique.

 

Comme une tumeur maligne cancéreuse, nous ne pouvons pas l’enlever complètement; nous pouvons seulement espérer l’affaiblir et stopper sa croissance avant qu’elle ne développe des métastases, tuant le corps politique entier de l’humanité. Ce dont le monde a besoin aujourd’hui, c’est une sorte de subtile « chimiothérapie politique virtuelle » pour enlever et détruire cette tumeur maligne gouvernant le monde.

 

Une manifestation-clé de cette maladie sociale et politique se trouve dans les inégalités extrêmes qui existent aux États-Unis, où les 1 % les plus riches de la population possèdent 35 % de la richesse du pays, alors que les 90 % du fond doivent faire ce qu’ils peuvent avec seulement 25 % de la richesse nationale. Encore pire, l’écrasante majorité des membres du Congrès, des sénateurs, et des membres de l’exécutif se trouve dans la catégorie des « 1% les plus riches (1) ».

 

Comprendre les intentions cachées, les plans à long terme, les ambitions hégémoniques et les complots inavouables nécessaires pour les réaliser est particulièrement important pour les citoyens américains, britanniques, européens et australiens. Après tout, ce sont leurs dirigeants qui ordonnent formellement aux forces armées de leurs pays de saccager et de détruire des pays-cibles.

 

Quand les électeurs d’Argentine, de Colombie, du Nigéria ou de Malaisie choisissent les mauvais dirigeants, ils sont les seules victimes de leur mauvais jugement électoral. Mais quand les électeurs américains, britanniques ou français, dans leur sottise, mettent des gens inappropriés au pouvoir dans leurs pays, alors des centaines de millions de gens dans le monde souffrent de leurs bombes, drones, invasions, ingérences et changements de régimes.

 

Rapport de la « Montagne de fer »

 

Un vieux livre de la fin des années 60 appelé Report from Iron Mountain on the Possibility and Desirability of Peace (2) (Rapport de la Montagne de Fer sur la possibilité et la désidérabilité de la paix) fut, dit-on, rédigé par le think tank de futurologie, le Hudson Institute, à la demande du secrétaire étatsunien à la Défense de l’époque, Robert S. McNamara. Beaucoup disent que le livre est un faux. Mais il reflète étrangement les réalités du demi-siècle passé.

 

Le livre inclut l’affirmation qu’il fut rédigé par un « groupe d’étude spécial » de quinze hommes dont les identités devaient rester secrètes et qu’il n’était pas destiné à être rendu public. Il conclut que la guerre, ou un substitut crédible à la guerre, est nécessaire si les gouvernements veulent maintenir leur pouvoir.

 

Le Report from Iron Mountain déclare que « les guerres ne sont pas “ causées ” par des conflits d’intérêts internationaux. Une suite logique appropriée ferait qu’il serait souvent plus exact de dire que les sociétés guerrières ont besoin – et donc provoquent – de tels conflits. La capacité d’une nation à faire la guerre exprime le plus grand pouvoir social qu’elle peut exercer; l’activité guerrière, active ou envisagée, est une question de vie ou de mort sur la plus grande échelle soumise au contrôle social ».

 

Le rapport continue en expliquant que « la production d’armes de destruction massive a toujours été associée au “ gaspillage ” économique ». Iron Mountain souligne que la guerre est un instrument important, parce qu’elle crée une demande économique artificielle, une demande qui n’a pas d’issues politiques : « La guerre, et seulement la guerre, résout le problème de l’inventaire ».

 

Sans surprise, Iron Mountain conclut que la « paix mondiale » n’est ni désirable ni dans les meilleurs intérêts de la société, parce que la guerre non seulement sert des fonctions économiques importantes mais joue aussi des rôles sociaux et culturels clés.

 

« La possibilité permanente de la guerre est le fondement d’un gouvernement stable; elle fournit la base pour une acceptation générale de l’autorité politique… La guerre est virtuellement synonyme de nationalité. L’élimination de la guerre implique l’élimination inévitable de la souveraineté nationale et de l’État-nation traditionnel ». Ainsi, « la guerre a été le principal procédé évolutionnaire pour maintenir un équilibre satisfaisant entre la population humaine brute et les ressources disponibles pour sa survie. Elle est particulière à l’espèce humaine ». Donc, afin de garantir sa propre survie par son retranchement à l’intérieur des structures de pouvoir américaines, britanniques, européennes et autres, les « Maîtres du Pouvoir Mondial » (Global Power Masters) ont besoin de la guerre, de la menace et des rumeurs de la guerre, tout comme le poisson a besoin d’eau, les tigres de proies faciles, et les chiens d’arbres… et tous pour des raisons similaires !

 

Mais les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés ne peuvent pas avoir simplement un quelconque ennemi. Ils ont besoin d’un ennemi crédible, dangereux, « effrayant » : d’abord ce fut l’Allemagne, puis le Japon, l’Union Soviétique, la « Menace Rouge » mondiale; aujourd’hui c’est le « Terrorisme fondamentaliste islamique » et, de plus de plus, la Chine et la Russie entrent dans la zone centrale de l’écran radar géopolitique des « Maîtres du Pouvoir Mondial ».

 

Le cas de la Russie

 

Dans l’époque récente, la Russie a diversement joué le rôle de « Tampon », de « Frein » et (maintenant, espérons-le) de « Mur » contre l’agression des puissances occidentales.

 

Quand la Russie agit comme un tampon, le monde se sent frustré ainsi que les cas de la Serbie, de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan, de la Libye et de la Palestine le montrent. Dans tous ces cas, la Russie prenait une posture d’adversaire, « affrontant » les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne et Israël, en mots mais certainement pas en actions. Les puissances occidentales obtinrent toujours ce qu’elles voulaient, même aux Nations Unies.

 

Dans les temps récents, cependant, la Russie agit de plus en plus comme un frein face aux ambitions hégémoniques occidentales, notamment en Syrie et en Iran. En novembre 2011 et en février 2012, la Russie mit son veto à deux Résolutions de l’O.N.U., proposées par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, contre la Syrie, et qui, si elles avaient été votées, auraient eu le même effet dévastateur sur la Syrie que la Résolution 1973 de l’O.N.U. eut l’année dernière sur la Libye. Aussi, la Russie a refusé de soutenir les pseudo-rapports de l’A.I.E.A. (Agence internationale de l’énergie atomique) et les sanctions contre l’Iran du fait de son programme nucléaire. De plus, la Russie a dépêché des forces militaires dissuasives crédibles pour contrer la militarisation du Golfe Arabo-Persique et de la Méditerranée par l’O.T.A.N.

 

Ici nous commençons à nous demander si un affrontement pourrait réellement éclater. Cela eut l’effet modérateur d’obliger les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et Israël à renoncer dans l’immédiat à leurs menaces de frappes unilatérales contre l’Iran et la Syrie. Le mauvais côté est que cela accule les États-Unis et leurs alliés à recourir à des tactiques secrètes et criminelles impliquant des insurrections et des guerres civiles fabriquées – c’est-à-dire le « Printemps arabe » (voir plus loin).

 

La question-clé est de savoir ce qui est nécessaire – quelle atrocité doivent commettre les puissances occidentales – pour que la Russie commence à agir comme un mur solide, disant aux puissances occidentales en termes non-voilés : « Nous ne vous laisserons pas aller plus loin; nous n’en tolérerons pas plus ! ». Si et quand la Russie fera finalement cela, les puissances occidentales reculeront-elles ou tenteront-elles de renverser le mur russe ? C’est la question-clé parce que c’est d’elle que dépend le déchaînement ou non de la Troisième Guerre mondiale dans un futur proche.

 

Plus important, concernant le processus de prise de décisions de l’Occident, tout ce que nous disons sur la Russie est aussi valable pour la Chine que les « Maîtres du Pouvoir Mondial » voient comme leur véritable ennemi à long terme, du fait de son énorme croissance économique, politique, démographique et militaire, et de son contrôle géopolitique croissant sur le bassin du Pacifique et l’Océan Indien.

 

Le cas de la Chine

 

En tant que grande puissances aériennes et navales, les États-Unis et le Royaume-Uni comprennent bien que la Chine a beaucoup plus d’options que la Russie pour contrôler les principaux océans, car la Russie est fondamentalement une puissance terrestre et enfermée par les glaces. Ajoutons à cela que la Chine détient plus de deux trillions de dollars en bons du Trésor étatsunien et un autre trillion en euros, et alors nous commençons à comprendre que la Chine détient la commande financière qui peut déclencher un effondrement soudain de l’hégémonie du dollar étatsunien.

 

Nous devons cesser de penser uniquement en termes économiques et financiers comme le font généralement les Occidentaux, qui en concluent que la Chine n’inonderait jamais les marchés internationaux avec un ou deux trillions en bons du Trésor étatsunien parce que cela détruirait leur valeur et, par un processus de boomerang, aurait un impact négatif sur la Chine elle-même dont les réserves s’évaporeraient.

 

Mais la Chine – l’Empire de Dix Mille Ans – a un processus de pensée différent. La Chine attend le bon moment lorsqu’elle joue aux échecs avec l’« Empire adolescent » américain. La Chine pourrait même décider de jouer une carte géopolitique – et non financière ou économique –, en sacrifiant toutes ses réserves en dollars simplement pour détraquer la cavalerie monétaire du Béhémoth yankee avec laquelle ce dernier finance sa gigantesque machine militaire. La Chine tirera-t-elle les premiers coups géopolitiques sur la scène financière mondiale ?

 

En 2010, Wikileaks a rapporté qu’en 2009 le Premier ministre australien d’alors Kevin Rudd a discuté avec la secrétaire d’État étatsunien Hillary Clinton de la meilleure manière de traiter avec la Chine, tous deux exprimant leurs craintes concernant son ascension rapide et sa réserve de milliards de dollars de dette étatsunienne, poussant Hillary à demander : « Comment traiter durement avec son banquier ? ». Tous deux conclurent que les puissances occidentales devaient tenter d’« intégrer la Chine dans la communauté internationale, tout en préparant aussi un déploiement de force si tout se passe mal ».

 

Le Pentagone sait très bien que son ennemi à long terme après 2020 est la Chine. D’après U.S. News & World Report, Aaron L. Friedberg – ancien proche conseiller de Dick Cheney, membre du P.N.A.C. (3) et du Council on Foreign Relations, et professeur à l’Université de Princeton – a déclaré que les États-Unis ne devraient épargner aucun effort pour « maintenir le dragon chinois dans sa tanière » parce que « la force dissuade l’agression », et averti que « cela coûtera de l’argent ». En gardant la Chine à l’esprit, on comprend mieux les actions des États-Unis dans d’autres lieux éloignés, en tant que tremplins directs ou indirects sur la route de la Chine.

 

Prenons le Moyen-Orient, par exemple, où le positionnement géopolitique étatsunien et leur contrôle des réserves pétrolifères sert aussi de tête de pont sur le Heartland de la Russie et peut servir à couper les sources de pétrole de la Chine – notamment à partir de l’Iran.

 

Wikileaks a aussi révélé que Kevin Rudd a dit à Hillary Clinton que la Chine était « paranoïaque concernant Taïwan et le Tibet », ajoutant que « l’Occident devrait promouvoir une communauté Asie-Pacifique afin d’émousser l’influence chinoise ». C’est encore un autre exemple du double discours et de la présentation tendancieuse des Occidentaux, parce que contrairement aux États-Unis et aux Européens, la Chine n’a pas d’ambitions hégémoniques mondiales.

 

La Chine cherche plutôt à rester la puissance dominante dans le bassin Asie-Pacifique, en repoussant l’intrusion, le colonialisme et l’ingérence traditionnels de l’Occident.

 

Le pire scénario de cauchemar de l’Occident – comme le nota Samuel Huntington dans sa théorie du « Choc des Civilisations » dans les années 1990 – est si la Chine atteint deux objectifs géopolitiques clés vers lesquels elle progresse lentement mais sûrement :

 

- établir des liens, une coopération et un accord plus étroits avec la Russie et l’Inde sur le continent asiatique, et

 

- négocier une coopération plus étroite et surmonter la défiance du passé avec le Japon. Si le Japon et la Chine s’accordent sur une stratégie géopolitique commune comme la France et l’Allemagne le firent après la Seconde Guerre mondiale (conduisant à l’Union européenne), alors toute la puissance de la région Asie-Pacifique avec les deux tiers de la population mondiale seraient intouchables pour l’Occident. Imaginez seulement le mariage de la technologie de pointe japonaise avec les ressources et la main d’œuvre chinoise !

 

Les cinq types de guerre

 

Quand Report From Iron Mountain fut rédigé dans les années 60, ses auteurs allèrent jusqu’à étudier si des substituts pouvaient être mis en œuvre à la place de la guerre, mais – hélas – ils conclurent que la guerre devait être maintenue, et même améliorée dans son efficacité. La guerre pourrait cependant prendre des formes inattendues et plus subtiles. Les recommandations du Report incluaient :

 

- un programme de recherche spatial géant dont le but était largement impossible à atteindre (un trou noir, dévoreur de budget et donc capable d’alimenter l’économie);

 

- inventer un nouvel ennemi, non-humain : la menace potentielle d’une civilisation extraterrestre;

 

- créer une nouvelle menace pour l’humanité : par exemple, la pollution;

 

- mettre en œuvre de nouvelles manières de limiter les naissances : en ajoutant des drogues à la nourriture ou aux fournitures d’eau;

 

- créer des ennemis alternatifs fictifs.

 

Près d’un demi-siècle plus tard, certaines de ces recommandations ont été réalisées (par exemple, 1 : un programme spatial militaire et civil), d’autres sont en cours de réalisation (3, 4, et, si la machine « Psy-Ops » d’Hollywood est une indication, la n° 2 est en préparation), mais la 5 est la vraie clé de voûte : « créer des ennemis alternatifs fictifs », que nous avons beaucoup vus récemment : l’Irak, l’Afghanistan, la Serbie, la Libye, le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord, le terrorisme islamique, et maintenant l’Iran et la Syrie.

 

L’immense problème qui se dresse devant l’humanité est que les États-Unis ont de plus en plus recours à des méthodes de guerre secrètes, clandestines et technologiques, de préférence à des invasions ouvertes, car le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan ont fait vraiment mauvais effet dans les Informations du soir…

 

Ainsi, il y a fondamentalement cinq types de guerres utilisées par les « Maîtres du Pouvoir Mondial » à travers leurs instruments les États-Unis, le Royaume-Uni et l’O.T.A.N., chacun étant caractérisé par une complexité croissante de guerre psychologique (PsyWar) et stratégique-logistique :

 

— Invasion militaire : Clairement visible, très territoriale et utilisant une force militaire et une force économique écrasantes. Ainsi que le recommande la Doctrine Colin Powell des années 90, « les États-Unis ne devraient faire la guerre à des ennemis étrangers que lorsque la puissance militaire américaine est si écrasante que la victoire est garantie ». Une doctrine plus impitoyable peut-elle être imaginée par une grande puissance ? Des couards bombardant des gens à l’autre bout du monde, en utilisant une commande électronique et un écran à partir d’une installation sécurisée.

 

— Coup d’État militaire : Identifier les éléments dissidents et félons à l’intérieur des forces armées du pays-cible, les inciter à renverser les autorités légales locales et les soutenir avec des armes, de l’argent, une couverture médiatique mondiale et locale « positive » et un appui diplomatique. Une méthode favorite utilisée contre l’Amérique latine dans les années 50, 60 et 70, elle est encore utilisée ici et là, comme le montre le cas de l’Égypte.

 

— Coup financier : Consiste à d’abord acculer un pays dans le bourbier d’une « dette souveraine » impayable face aux puissantes méga-banques mondiales. Puis, quand le pays-cible ne peut pas rembourser cette dette, les banksters envoient les sangsues du F.M.I. et de la Banque Mondiale, soutenus par les médias mondiaux et les agences de notation. Ils provoquent des difficultés économiques et sociales, un effondrement financier et monétaire conduisant à un bouleversement social général, et donc « justifiant un changement de régime ». Dans toute l’Amérique Latine ils perfectionnèrent le « modèle de la dette souveraine » qui est maintenant utilisé contre la Grèce, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande et – bientôt – le Royaume-Uni et les États-Unis.

 

— Coup social : Consiste à financer des activistes politiques pour provoquer un changement de régime contrôlé dans le pays-cible. Ici les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni ou d’Israël locales soutiennent toutes sortes de groupes dissidents en leur accordant un large financement et une large couverture médiatique, plus la logistique pour générer des troubles de rues constants, qui finissent par constituer quelque parti ou mouvement politique amical envers les États-Unis. Dans les années 80, ils utilisèrent les dénommés mouvements des « droits de l’homme » en Amérique latine, les « Mères de la Place de Mai » en Argentine étant un exemple-type (4).

 

— Guerre civile fabriquée : Consiste à financer, armer et soutenir des groupes d’« opposition » militarisés contre le gouvernement en place du pays-cible. Normalement, un conseil de « libération nationale » ou un « conseil » de ce genre est constitué, comme en Libye, en Égypte, en Syrie et ailleurs, autour duquel d’autres groupes militants, bandits et mafias peuvent évoluer. Ici, la C.I.A., le M.I.6 et le Mossad jouent un rôle-clé et, dans les cas de la Libye et de la Syrie, des ramifications de la C.I.A. comme Al-Qaïda jouent aussi un rôle fondamental de « combattant de la liberté ». Au Moyen-Orient, ils nommèrent cela le « Printemps arabe », le présentant à l’opinion publique mondiale comme un combat spontané, authentique et légitime pour la liberté, mené par la population locale contre des régimes soi-disant répressifs et autoritaires.

 

Ainsi, on tire parti de conflits locaux prêts à exploser : des régimes qui sont au pouvoir depuis trop longtemps (comme en Égypte et en Libye); des divisions religieuses (chiites contre sunnites). Ce n’est pas une surprise d’apprendre que Bassma Kodmani, « membre du bureau exécutif et directrice des affaires étrangères » au Conseil national syrien, assista à la Conférence du Bilderberg en juin dernier en Virginie, aux États-Unis (5).

 

Dernièrement, l’auteur de cet article a été informé de la montée d’un « Printemps d’Amérique Latine » qui tire parti des graves tensions sociales et politiques dans toute l’Amérique latine et reflétant l’immense fossé qui existe entre les très riches et les très pauvres. Normalement, les riches sont très alignés sur les États-Unis et les pauvres ont des dirigeants qui désignent naïvement « l’exploitation commerciale yankee » comme seule coupable, passant à côté de facteurs politiques et sociaux fondamentaux.

 

Des signes de ce futur « Printemps latino-américain » peuvent être vus dans le récent coup d’État orchestré par le groupe de Monsanto au Paraguay, la fraude électorale à l’odeur d’argent au Mexique, et la militarisation étatsunienne croissante en Colombie et ailleurs dans la région.

 

Souvent ces types de guerre commencent à un niveau plus faible – disons, un coup social – et sont ensuite transformées en insurrection et en guerre civile complète si cela convient aux objectifs des « Maîtres du Pouvoir Mondial ». La Libye, la Syrie et l’Égypte en sont des exemples.

 

Quoi, pourquoi, quand et où ?

 

Mais que signifie tout ceci exactement ? Fondamentalement, nous pouvons voir qu’un tel chaos orchestré par les « Maîtres du Pouvoir Mondial », bien que localement chaotique dans des pays et des régions spécifiques, conduit en réalité à un « nouvel ordre mondial » à une échelle mondiale.

 

La partie « chaos » est déployée pour détruire des pays entiers, spécialement ceux qui ont tenté de préserver leur souveraineté nationale d’une manière ou d’une autre. C’est une caractéristique-clé partagée par tous les « États-voyous » attaqués – Libye, Irak, Serbie – avant d’être envahis. La même chose est valable pour des cibles actuelles comme la Syrie, l’Iran, Cuba, le Venezuela, la Corée du Nord et l’Équateur. Les États plus souverains peuvent être affaiblis, au plus grand profit des mondialistes qui, après tout, veulent fondamentalement nous entraîner tous vers un unique État mondial, ressemblant au communisme, sous leur contrôle total.

 

Tous ces « printemps » arabes (et latinos), invasions, zones d’interdiction de vol, sanctions; toute cette rhétorique contre les « États-voyous », sont des mesures de préparation du terrain destinés à positionner les puissances occidentales et leurs alliés en vue de l’assaut final contre l’Asie, ce qui signifie la guerre avec la Russie et la Chine.

 

Bien sûr, une telle guerre serait en grossière contradiction avec la Doctrine Powell. La Chine et la Russie sont très puissantes, donc le fait de les embêter comporte de gros risques. Si – que Dieu nous protège ! – on en arrive un jour à une guerre entre la Chine et la Russie d’une part et l’Occident d’autre part, entraînant d’autres puissances comme l’Inde, le Pakistan et le Brésil, cela n’arrivera probablement pas dans l’immédiat. Cependant, c’est ce qui se profile au-delà du seuil de 2020. Ses préliminaires sont en train de se jouer aujourd’hui dans divers points chauds.

 

Pourquoi tout cela est-il fait ? Peut-être que la sur extension impériale et le dollar énormément surévalué qui a sauvé les « Banquiers du Pouvoir Financier » (ne dites pas cela trop fort !) ont acculé les élites occidentales dans un coin irréversible et intenable.

 

C’est comme au jeu d’échecs : que faites-vous quand tous les coups possibles mènent à l’échec et mat ? Eh bien, fondamentalement, vous avez deux « options sur la table » : un – admettre la défaite, ou deux – renverser la table de jeu et… sortir votre revolver.

 

Adrian Salbuchi

 

Notes

 

1 : Voir Zbigniew Brzezinski, 14 octobre 2011, discours d’acceptation du Jury du Prix Tocqueville, attribué à Brzezinski par l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing. Sans surprise, tous deux appartiennent à la Commission Trilatérale Rockefeller/Rothschild, un organisme décisionnel clé « riche et puissant ».

 

2 : Originellement publié en 1967  et republié en 1996 par la Free Press (Simon & Schuster).

 

3 : P.N.A.C. – Project for a New American Century (Projet pour un Nouveau Siècle Américain); le think-tank néoconservateur de la fin des années 90, qui conçut et planifia les invasions de l’Afghanistan et de Irak, promouvant les intérêts stratégiques d’Israël au Moyen-Orient, qui servirent de plan de travail pour les politiques étatsuniennes d’après le 11 Septembre jusqu’à nos jours.

 

4 : Son dirigeant Hebe Bonafini est connu pour avoir détourné des millions de dollars.

 

5 : Voir le site officiel du groupe de Bilderberg : <www.bilderbergmeetings.org/participants2012.html>. La nationalité de Mme Kodmani est typiquement décrite comme « internationale ». Elle sert très bien ses maîtres internationaux.

 

• Cet article a paru dans le magazine New Dawn N° 134 de septembre – octobre 2012 et mis en ligne sur Vox N.-R., le 7 février 2014.

 


 

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Essenzialità e proporzione nella visione del mondo indoeuropea

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Essenzialità e proporzione nella visione del mondo indoeuropea

 
 
 
Di Giuseppe Arminio De Falco
 
Ex.: http://www.ereticamente.net

Dalle celebri opere dell’arte greco-romana, fondamentali per l’immaginario della cultura occidentale, riaffiora una visione del mondo che fa della chiarezza, dell’essenzialità e della proporzione razionale delle forme il proprio fulcro. La grande arte classica greca non è assolutamente concepibile, a nostro parere, come semplice atto politico-culturale volto in sostanza ad aumentare il prestigio di una determinata polis e a legittimarne il potere, o ancora peggio come finzione ornamentale e ludibrio dei sensi. Un posto centrale nella visione del mondo dei popoli indoeuropei, pertanto, lo occupano senz’altro i concetti di “Forma” e “Limite”. In greco queste idee erano espresse dai termini “Peras” (che significa per l’appunto forma, limite) e “Metron” (misura).
Il mondo greco rappresenta, da questo punto di vista, un’autentica miniera d’oro. Riguardo ciò si pensi all’ideale olimpico di Armonia e Ordine e, in particolare, al chiaro e luminoso senso apollineo delle forme, di cui l’arte classica ci ha lasciato una magnifica testimonianza attraverso il nudo ed essenziale stile dorico o attraverso la statuaria di un Fidia o di un Lisippo. Se anche, in una certa misura, specie nel periodo comunemente noto come “ellenismo”, le summenzionate ragioni contingenti sussistettero, cionondimeno il senso profondo di tale arte sta innanzitutto nel suo essere riflesso vivente e pulsante, e non banale simulacro spento, della luce divina. L’immagine (eikon) è un veicolo e un sostegno contemplativo, essa è un mezzo, giammai però un fine in sé stessa. Sempre per quanto riguarda l’area greca si può considerare a buon diritto la filosofia stessa, da Talete a Plotino, come una manifestazione inerente a questo stesso spirito di misura e moderazione. I cosiddetti presocratici, in quanto sophoi, ovvero sapienti, espressero quest’ideale attraverso detti e massime, tra cui spiccano i celebri motti “metron ariston” (misura eccellente) attribuito a Cleobulo e “meden agan” (nulla di troppo) attribuito a Solone. Platone credeva che lo stato retto secondo giustizia (dike) dovesse più di ogni altra cosa fuggire dal “mare infinito della disuguaglianza” (Politico), ossia dall’assenza di proporzione e organicità, dal caos sociale frutto dell’arrivismo e della sconsiderata brama di potere che egli brillantemente descrive nel parlare della demokratia e della sua fine. Equità e “uguaglianza” erano ovviamente intese dagli antichi nel solo senso di armonica attribuzione di oneri e onori sulla base delle caratteristiche naturali dell’individuo, caratteristiche che ne fondavano e legittimavano il ruolo sociale (Repubblica), e giammai nel senso di un livellamento verso il basso, fenomeno caratteristico unicamente delle società moderne. Una medesima idea la ritroviamo in Aristotele, nella sua Etica nicomachea, dove è affermato: “Meson te kai ariston” (la misura è la cosa migliore).Occorre ora però chiarire un punto di fondamentale importanza. In che misura quest’etica del limite ha rappresentato un ostacolo e, appunto, un limite, nel senso negativo del termine? Da parte nostra crediamo che l’uomo, proprio in quanto essere limitato e connotato fin nella sua stessa essenza dalla finitudine e dalla “morte”, in un senso affine a quello dato dal filosofo tedesco Heidegger, debba necessariamente, e oggi più che mai, fare propria la massima del frontone del tempio di Delfi: “Gnothi Seauton” (conosci te stesso), giacché paradossalmente solo conoscendo la propria finitudine e limitatezza può l’uomo approdare a concrete possibilità di auto-trascendimento e auto-superamento. Senza questo senso critico del limite e della misura nasce, infatti, quella cattiva interpretazione dell’Essere di cui parlava il summenzionato Heidegger, in altre parole una “metafisica” nel senso deteriore del termine. E proprio un grande distruttore della metafisica, nonché profondo conoscitore della grecità, Nietzsche, ha dato un contributo fondamentale a questa problematica nella sua prima opera, “La nascita della tragedia”, in cui ebbe l’intuizione tanto geniale quanto feconda dell’“apollineo” e del “dionisiaco” come principi opposti ma complementari e necessari l’uno all’altro per la realizzazione dell’arte autentica. Secondo Nietzsche, infatti, all’apollineo corrisponderebbe il senso della misura, dell’equilibrio e del limite e nell’ambito artistico l’esperienza del “sogno” (Apollo come “manteis” ovvero indovino e profeta degli oracoli) mentre al dionisiaco sarebbe proprio lo scatenamento, l’eccesso e l’assenza di limite e l’esperienza artistica sarebbe caratterizzata dall’“ebbrezza”. L’arte contemporanea, d’altra parte, è a nostro avviso totalmente sprovvista sia del “Sublime” apollineo sia del “Pathos” dionisiaco, ma è bensì ricca proprio degli elementi più degeneri di entrambe le tendenze, quali la vaga e nebulosa dimensione onirica o la sregolatezza delle forme. L’ideale dell’unità di principi cosmici opposti è interpretabile alla stregua della ricerca del “medium”, il mezzo, ossia limite e misura (il celebre motto in medio stat virtus, di origine scolastica, ma rifacentesi a una saggezza anteriore). Spostandoci ora verso altri fuochi delle civiltà indoeuropee, troviamo esempi eloquenti di tale spirito in molti dei valori tipici dell’arcaico “mos maiorum” romano, come la temperantia, la sobrietas, l’abstinentia, la frugalitas, etc. Infatti, sebbene di primo acchito possa sembrare che la mentalità romana sia orientata verso un’etica basata sull’idea dell’illimitatezza (basti pensare all’enormità del progetto imperiale), a un’analisi più attenta risulta piuttosto vero il contrario. La forte attitudine “realistica”, secca e asciutta, scevra in pari modo di eccessi di astrazione speculativa e di istintività sensoriale, è un tratto del Sentire romano in cui la logica del “Metron”è espressa con tal energia che difficilmente lo si potrebbe trovare in un altro popolo indoeuropeo con la medesima intensità. E se presso il romano Pitagorismo e Stoicismo ebbero una grande fortuna (si pensi a Seneca, Marco Aurelio, Nigidio Figulo e, in una certa misura, agli stessi Cicerone e Orazio, oltre al caso emblematico di un intransigente conservatore quale M. Porcio Catone il censore, che in vecchiaia si diede alle dottrine di Pitagora) questo non fa altro che confermare a pieno come tali dottrine non dovettero sembrare affatto peregrine all’animo romano, ma che anzi la stretta affinità di quest’ultimo con esse dovette risultare sì innegabilmente forte e chiara da dover far ammettere la loro bontà persino all'acerrimo nemico di ogni ellenizzazione e di ogni apporto culturale straniero. Se ciò non bastasse, è opportuno ricordare che il popolo romano espresse tale istanza del pensiero indoeuropeo anche nello stesso “ius romanum” che è tutt’ora alla base dell’odierna giurisprudenza, nonostante le innumerevoli storpiature avutesi nel corso del tempo, necessarie all’adattamento di quest’ultimo ai moderni stati “democratici”. Proprio su questo punto occorre un chiarimento e una puntualizzazione. Ci viene in aiuto il concetto greco di “nòmos” che ha, tra i suoi tanti significati, quello di “partizione”, “delimitazione”, “legge”, “costume”, “ordinamento”, significati tutti riconducibili nel primitivo indoeuropeo a idee come quelle di “tagliare” e “dividere”. Un’interpretazione molto interessante del concetto di “nòmos” la da Carl Schmitt nel suo “Il Nomos della terra nel diritto internazionale dello “Ius publicum europaeum”, dove l’autore lo definisce “prima misurazione, da cui derivano tutti gli altri criteri di misura; la prima occupazione di terra, con relativa divisione e ripartizione dello spazio; la suddivisione e distribuzione originaria”, accostandolo, cosa particolarmente significativa, ai termini tedeschi nehmen e Nahme, secondo lui ermeneuticamente affini ai greci “nemein” e “nòmos”. E grande importanza aveva infatti per Schmitt, che era un giurista, il concetto di diritto, che definiva significativamente “unità di ordine e luogo” (in tedesco Ordnung und Ortung), insistendo particolarmente sull’idea del landnahme, la presa di possesso spaziale e ordinativa che è alla base del nòmos basileus, il diritto sovrano, a sua volta fondamento di ogni idea di “possesso” (dal latino possessum, dalle radici *pot-, potere e *sed-, insediarsi) e dominio. Già da questo è lapalissiano quanto fosse aliena e lontana per la mentalità indoeuropea ogni concezione collettivistica e socialmente promiscua, essendo invece qui la proprietà privata concepita come bene inalienabile e fondamentale, al punto che Heidegger giunse fino a vedere una sorta d’identità tra “vivere” e “abitare”, sulla scorta di un’identità etimologica presente in tedesco tra i verbi essere e costruire (buan, che in antico tedesco vuol dire abitare, è affine all’odierno bauen, costruire, ed entrambi vengono dalla medesima radice di ich bin, io sono). Alla base del nòmos vi è dunque per Schmitt ciò che egli stesso chiama Ur-Akt, l’atto primordiale, cioè un atto di conquista, un atto cioè “violento”, ma da cui pur dipende la formazione di un nuovo diritto e di una nuova comunità. Il nòmos viene però meno quando l’interiore hegemonikon è vinto da tendenze disgregatrici e destabilizzanti, e allora prendono piede un’estetica e un pensiero improntati dagli opposti ideali d’indefinitezza e illimitatezza. Tutto questo ci riporta al mito scandinavo della lotta tra Aesir e Vanir, le stirpi divine del Cielo e della Terra, nonché a quello indù della lotta tra Deva e Asura, entrambi conclusisi con la vittoria dei primi sui secondi e cioè delle potenze “ordinative” su quelle “vegetative”. Questi miti ricordano così da vicino la conquista dell’Europa antica (l’Alteuropa) da parte degli indoeuropei che alcuni studiosi hanno voluto vederci un riflesso di questi eventi protostorici. Noi abbiamo invece ragione di credere, sulla base del fatto che il mito riproduce archetipi cosmici immutabili, che questi miti non possano essere circoscritti a tal evento (o meglio a tali eventi, data l’enorme durata che gli indoeuropeisti ormai in modo concorde attribuiscono al fenomeno dell’indoeuropeizzazione), ma ne siano bensì come il modello in senso platonico. Riscontriamo poi una netta corrispondenza tra l’idea schmittiana del “Nehmen Teilen Weiden” (Conquistare, Dividere, Pascolare) e gli antichi miti di fondazione, quali quello di Cadmo, fondatore di Tebe, che sposa Armonia, l’equilibrio del giusto limite, dopo aver ucciso il dragone giacente presso le acque (indistinzione e illimitatezza). Simile discorso vale per la leggenda della fondazione di Roma da parte di Romolo, che è a un tempo un guerriero conquistatore, un sacro legislatore che stabilisce il nòmos attraverso le divisioni e partizioni previste dallo “ius sacrum”, specie nella delimitazione dei confini dell’Urbe con la solenne aratura del sulcus primigenius, e infine pastore perché cresciuto come tale dal genitore adottivo Faustolo, e poiché intraprende l’atto di fondazione (in latino fondare è condere da cum-dare, stabilire dei confini) proprio durante il giorno dei Parilia, festività pastorale che veniva celebrata il 21 d’Aprile. Un altro mito che potremmo accostare a quest’ordine d’idee è senz’altro quello della razzia dei buoi di Gerione compiuta da Eracle come decima fatica. In questo mito l’eroe greco, figura paradigmatica di “eroe culturale”, civilizzatore e portatore di kòsmos nel khàos, intraprende questa razzia come atto di conquista, e quindi come Ur-Akt, non a caso in un luogo mitico posto ai confini del mondo conosciuto (Apeiron), erigendo in tale occasione le celebri “colonne” a metà tra Libia ed Europa, come segno forte dell’imposizione di un limite e di una misura sovrana rispetto al brutale dis-ordine della natura inferiore sciolta dai legami con quella superiore (ciò che si suole chiamare “barbarie” o “stato di natura”). Significativo è poi il fatto che Eracle raggiunga la mandria di Gerione superando le acque occidentali (qui ancora come simbolo dell’indefinitezza) sopra una “coppa dorata” (simbolicamente il Cuore quale principio divino) donatagli dal dio Helios, il dio del sole, nonché la sua vittoria simbolica contro le forze irrazionali e oscure della barbarie incarnate dagli s-misurati abitatori dell’Hesperia, per l’immaginario greco arcaico la misteriosa e selvaggia terra dove il sole moriva ogni giorno. Un mito dall’affine significato e che parimenti si riallaccia alle idee schmittiane di cui sopra è quello celtico del Tàin Bò Cuailnge, poema epico irlandese, in cui riecheggia ancora con forza l’idea di una supremazia fondata sull’idea di conquista e di partizione, quando ad esempio la regina Medb muove guerra all’Ulster per impossessarsi del leggendario toro Donn, così da poter rivaleggiare in potenza col marito, il re Ailill, che possedeva un altro toro prodigioso di nome Finnbhennach. Similmente una medesima concezione la si rinviene nell’Avesta iranica, nel cosiddetto “Fšušo Manthra” (il Mantra della prosperità), dove viene a chiare lettere affermato che sovranità e dignità spirituale sono in relazione con il possesso di “beni”, ovviamente non intesi in senso grossolanamente materialistico, nonché l’idea stessa di ordine sociale garantito da una coordinata articolazione di proprietà private e pubbliche retta dall’idea del giusto limite, attraverso vari gradi di universalità. Già da questo si evince una visione socio-religiosa del mondo agricolo e pastorale a cui è senz’altro già abituato chi conosce anche solo qualcosa del mondo italico-romano. Il contadino/mandriano è guida spirituale del villaggio iranico in quanto garante del nòmos o, per dirla alla maniera dei persiani, dell’Aša. A ulteriore conferma di ciò rileviamo infine come la principale divinità mazdaica dopo Ahura Mazda stesso, e cioè Mithra, dio notoriamente associato alla funzione della sovranità, sia definito nell’Avesta come “signore di tutte le regioni dello spazio” e “Mithra dagli ampi pascoli”. Sulla scorta del Dùmezil, sicuramente uno degli indoeuropeisti più autorevoli, potremmo affermare che questa idea di nòmos e di ordine sapiente del mondo sia riferibile essenzialmente sul piano divino alle divinità della cosiddetta “prima funzione” ovvero le divinità strettamente associate alla sovranità e al comando, mentre su quello umano alle classi aristocratiche, quali i Brahmanah e gli Kshatriya del mondo indù, e gli Athravan e i Rathaeštar di quello iranico. Secondo lo studioso francese, infatti, il dio-cielo degli indoeuropei, assieme a due divinità sussidiarie, sarebbe il garante del nòmos e del kòsmos (nel ruolo di kòsmokràtor, dominatore del cosmo) e perciò stesso tutore dell’ordine e dei patti sociali (il germanico *Tiwaz, il greco Zeus, il romano Dius Fidius, ipostasi di Giove, affiancato da Juventas e da Terminus, e l’indoiranico Mithra, a sua volta affiancato da Aryaman e da Bhaga). Da ciò si evince come per l’indoeuropeo “Dio” è sempre stato sinonimo di forma, limite, creazione, definizione, in una parola: Ordine, di contro a tutto ciò che è caotico, turbinoso, oscuro, informe e indefinito. La fondamentale contrapposizione tra i binomi Ordine/Caos, Maschile/Femminile, Luce/Ombra, Destra/Sinistra, etc. la si può distintamente ritrovare anche nel mito cosmologico indù del Samudramanthan, in cui il dio Vishnu pone l’Ordine divino nell’Oceano primordiale ponendo in esso il monte Meru, simbolo dell’Asse che non vacilla, e così facendo rende possibile la manifestazione e lo sviluppo di ciò che prima era solo allo stato larvale e potenziale, e cioè, usando un linguaggio aristotelico, consente il passaggio del cosmo dalla Potenza all’Atto. Ritroviamo questa visione del mondo anche nelle Upanishad, dove è affermato: “Ordunque l’Atman è un argine, una barriera perché questi mondi non si disgreghino. Né il giorno né la notte raggiungono questo argine, né la vecchiaia né la morte né il dolore e nemmeno la virtù o il vizio; tutti gli errori recedono da quello: perché, invero, questo Brahmaloka (regno celeste) non è affetto da alcuna imperfezione. “Nelle dottrine indù vi è poi il centrale concetto di Dharma quale legge e limite sul piano sia individuale e microcosmico sia sovrindividuale e macrocosmico. Fondamento di tutto il Reale è il Dharma, che nel Buddhismo giunge a essere sinonimo di essenza delle cose, pilastro invisibile che regge tutto l’universo. Nell’Edda, tra l’altro, la concezione della misura e del limite può essere trovata anche nella cosiddetta “poesia gnomica”, dove, nelle “regole di comportamento”, così ci parla lo spirito etico degli antichi germani: “Non stare attaccato alla coppa, bevi moderatamente idromele, parla solo il necessario oppure taci! Certamente nessun uomo ti rimprovererà perché vai a letto presto. L’uomo ingordo, quello senza autocontrollo, si abbuffa; spesso allo stupido lo stomaco suscita risate, quando egli viene dai saggi.” Sembra quasi di trovarsi dinanzi a dottrine epicuree o stoiche, giacchè in fondo entrambe convergono, sebbene da prospettive parecchio diverse, nel medesimo ideale di mediocritas, per dirla con Orazio. Da ciò si può facilmente comprendere l’istintiva repulsione e antipatia che l’uomo indoeuropeo ha sempre provato dinanzi a forme orgiastiche, mistiche e sentimentaliste di approccio al divino (basti pensare al senatus consultum de bacchanalibus del 186 a.c., oltre che alle violente reazioni anticristiane avutesi nel pur tardo e corrotto impero). “Contro queste forme di mistica”dice a proposito il Günther “sta l’aspirazione indoeuropea alla forma (der indogermanische Wille zur Gestaltung), uno sguardo posato sull’Ordine formato del mondo, congiunto al sentimento ariano del dovere che impone di lottare contro il disordine in tutte le sue forme, contro Utgard. E perciò la mistica della segregazione dell’anima in se stessa (mistica da mùein), del distacco dal mondo, dell’inerzia, dell’abulia, come pure la mistica sentimentale e quella dell’oziosa contemplazione, la cosiddetta mistica quietistica, non è mistica indoeuropea.” Per concludere potremmo affermare a ragione che l’attitudine e l’intimo sentire dell’uomo di stirpe indoeuropea, nella sua espansione da Reykjavik a Benares, ha sempre favorito l’emergere di concezioni politiche, economiche, filosofiche, religiose e artistiche strutturate sulla base dei concetti di “Forma” e “Limite”, concetti che, come abbiamo visto, erano strettamente legati a quelli di “sacro” e “divino”. Tutto ciò che è nobile, ordinato, pulito, netto, forte e sano è un prodotto coerente e necessario di tale visione del mondo, che, contrariamente a ciò che si può superficialmente pensare, non si muove per nulla in un orizzonte ristagnante e immobilista, ma al contrario, proprio per la sua vocazione alla “definizione”, è essenzialmente volto alla trascendenza, concepita come un graduale s-velarsi dell’uomo dalla sua scorza materiale in vista del risveglio al suo vero Sé spirituale ed eterno.

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vendredi, 07 mars 2014

Interview with Gennady Sivak

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Interview with Gennady Sivak, the head of the "Social Patriotic Assembly of the Slavs" about the situation on Crimea

by Natalya Bazhenova/Manuel Ochsenreiter

Ex: http://manuelochsenreiter.com

Mr. Sivak, since in Kiev the so called “Maidan Movement” took power, the people in Eastern and Southern regions of Ukraine started organizing to defend themselves against the new pro-Western government in Kiev. What can you tell us about the situation in Crimea?

Sivak: Citizens of the Crimean Republic will never recognize the violations of the Constitution of Ukraine, the result of which was that the armed bandits came to power. On February 27 the Supreme Council of the Crimean Republic voted for this statement. Crimea does not recognize the Verkhovna Rada (National Parliament) of Ukraine.

You are head of the “Social Patriotic Assembly of the Slavs” (SPAS) in Crimea. What role does your organization play in the conflict?

Sivak: The party SPAS has always strictly condemned all cases of violent excesses in the Crimea and Ukraine. The main goal of our activists in the present confrontation is to unify the Slavs and to keep peace and stability in Crimea. In order to achieve this goal we control the city Simferopol and all entrances to the Crimean Republic. And in the current conflict we abandoned our party´s symbols because we believe that people should not be divided by political parties – in opposite, we must unite all the people of Crimea.

Gennady Sivak, the head of the "Social Patriotic Assembly of the Slavs" 

Gennady Sivak, the head of the "Social Patriotic Assembly of the Slavs" 

The conflict in Crimea shows shocking images: Tatar extremists shouting “Allahu akbar” and Islamist claims in their fight against the Crimean Russians. What is behind this conflict?

Sivak: The majority of peaceful Muslims living in Crimea are fooled by a bunch of different kinds of radicals funded by Turkey and a number of Islamic countries that are always happy to recruit militants among Tatars to send them to different hotspots. As we know about 1.500 Tatar militants are fighting in Syria against the Syrian army. The Ukrainian legislation allows extremists to rapidly increase the number of their supporters. Therefore it is necessary to immediately eliminate the legal gaps in our legislation in order to stop the spread of extremism!

What gaps in the Ukrainian legislation provoke the spread of the extremism?

Sivak: You see, the “Mejlis of the Crimean Tatar People” (central executive body of the Kurultai of Crimean Tatars) always acts as a legal entity but it is not even officially registered. Therefore, we can’t even make a claim in cases of ethnic hatred incidents as this “Mejlis” does not officially exist. This makes the “Mejlis” a political entity which does not exist “de jure” but acts like a political power “de facto”. We tried to resist this absurd situation since we can’t solve the problem in an official way.

The problem of Tatar extremism in Crimea arose long time ago. What political forces in Kiev support and encourage it?

Sivak: Unfortunately the Kiev government consists of officials who are totally mired in corruption and therefore extremists on Turkey’s payroll can wade into power through different parties. Their business is deeply connected to oligarchic clans and they mainly use the Ukrainian Parliament (Rada) as a propaganda platform for acquiring the deputy status or to buy the deputies in order to lobby the required laws.

Did Tatar extremists take part in the Maidan movement?

Sivak: Of course. Tatar nationalist symbols were from the very beginning on the Maidan square and the former leader of the Tatar radicals Mustafa Dzhemilev is always present on the Maidan podium. They are closely related because of the fact that the Maidan opposition does not have support among the Slavs in Crimea but part of the Tatars supports them. As we all know recently the leader of the Ukrainian radical nationalists (Right Sector) Dmitry Yarosh openly stated that according to his opinion it is necessary for the future prosperity of Ukraine to get rid of the Russians and to drive them away from Crimea. He also said that it is much better for the Ukrainian nationalist cause if Crimea becomes Tatar. So you can see that the communication between them is obvious. Those radicals are responsible for the inter-ethnic conflict in our region while the most residents of Crimea, Russians and Tatar, want to live in peace together.

You mentioned the Turkish role in the support of the Muslim extremism...

Sivak: Ankara´s financial support for the Tatars in Crimea seems to be for a good cause at the first glance. But when we calculate all the money pumped by Turkey for the last 20 years and compare the amount with the number of Crimean Tatars, it turns out that every person should have at least a new apartment for each family. But this is not the case. Therefore the whereabouts of that money causes us extreme anxiety.

Do you think that most of the money is illegally directed to support the Tatar extremism in the region? Do you see any connection to the Tatar militants fighting in Syria?

Sivak: There is no doubt that this money is not being used in a transparent way and no doubt as well about the presence of Tatar militants in Syria. There is also the radical Islamic organization, Hizbut-Tahrir, which is banned as an extremist organization in many countries of the world including Germany that acts absolutely legally in Ukraine. They have an office here and hold their congresses and their representatives propagate radical Islam freely through Ukrainian TV. And we have strong reasons to believe that they take an active part in the escalation of the ethnic conflict in Crimea. In addition to this, we have information that the Turkish-Islamic underground network is organized in Crimea since a long time. The leading roles in it belong not only to Crimean Tatars but also to Uygur Islamists from Sinndzyan Uygur Autonomy of China. There are also several dozens of Islamist inspectors from Turkey and Azerbaijan. So as you see, Crimean Tatar extremists have prepared different ways (Nationalist, Turkic, Islamic) to put Crimea under the jurisdiction of Ukraine and to make a proclamation of an own independent state. Therefore the question is: On what basis was the union of Ukrainian nationalists and Tartar radical extremists created?

Western mainstream media still speaks about a “revolution” in Ukraine...

Sivak: As many people know, during 60 years USA made countless “revolutions” all over the world. So the American scenario of this political performance is very obvious in my opinion. Americans muddy the water everywhere using the principle of divide and rule as well as the destructive elements of society. And unfortunately European Union is totally involved now in that process without realizing that the fire may spread to Europe.

Western media write about war scenarios. Do you see a political solution of the actual crisis?

Sivak: Absolutely! The referendum which must be held on March 30, 2014 is a political solution of the issue. If during this time Russia, USA and Germany are able to negotiate and resolve the situation in Ukraine, there will be no need for this referendum. But if there will be no agreement, Crimea will follow the fate of South Ossetia and Transnistria. In any case it is obvious that Russia is the only real guarantee of peace and stability in our region!

Special thanks to my colleague from St. Petersburg Natalya Bazhenova for the great cooperation!

La Russie, l’Occident, le fondamentalisme islamiste et l’Ukraine

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La Russie, l’Occident, le fondamentalisme islamiste et l’Ukraine

Entretien avec Peter Scholl-Latour

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q.: Monsieur Scholl-Latour, en 2006 vous avez écrit un livre où vous dites que la Russie se trouve prise en tenaille entre l’OTAN, la Chine et l’Islam. Depuis la rédaction de cet ouvrage, la pression sur la Russie a-t-elle, oui ou non, augmentée?

PSL: Pour le moment je ne vois aucun conflit poindre à l’horizon entre la Chine et la Russie parce que ces deux grandes puissances sont suffisamment intelligentes pour remiser les conflits potentiels qui pourraient les opposer et qui les opposeront un jour, notamment celui qui aura pour cause la démographie chinoise en Extrême-Orient sibérien. Tant les Russes que les Chinois n’ont aucun intérêt à s’engager dans des conflits sur deux fronts avec l’Occident.

Q.: L’Occident en revanche attise les conflits; en effet, l’actualité nous montre que sa volonté de frapper Moscou a le vent en poupe...

PSL: Il est très étonnant que l’Occident adopte une attitude si hostile à la Russie actuellement. Cette hostilité vient de la personnalité de Poutine, que l’on critique sur un mode extrême. Ce ton, adopté par l’ensemble de l’Occident, relève de la pure sottise, car cet Occident se comporte comme si la Guerre Froide n’était pas terminée. Que Poutine en Russie soit un autocrate ou ne le soit pas, cela ne nous regarde pas. Sous Gorbatchev, la Russie avait fait l’expérience de la démocratie occidentale, ce qui avait été très avantageux pour l’Occident —la réunification allemande a été rendue possible à cette époque— mais absolument catastrophique pour la Russie. A cette époque-là, la démocratie et le capitalisme avaient précipité la Russie dans une misère et une incertitude jamais vues auparavant. C’est la raison pour laquelle toutes les spéculations occidentales sur une éventuelle insurrection du peuple russe contre Poutine sont pures chimères.

Q.: Comment jugez-vous les événements qui agitent actuellement l’Ukraine, voisine de l’UE?

PSL: Ce qui se passe actuellement en Ukraine est également une grosse sottise commise par l’Occident. Il est certes juste de dire que les Ukrainiens ont le droit de décider de leur propre destin, mais nous n’avons pas à nous en mêler, à déterminer le mode de cette auto-détermination. L’Occident, y compris les Européens, s’est malheureusement habitué à intervenir en tout. Et voilà que l’on soutient maintenant les diverses oppositions au Président Yanoukovitch qui, ne l’oublions pas, a tout de même été élu démocratiquement. Nous ne devons pas oublier non plus que l’Ukraine est en soi un pays déjà divisé. Nous devons plutôt espérer que les tensions qui agitent l’Ukraine ne débouchent pas sur une guerre civile.

Q.: Au début des années 1990, l’effondrement de l’Union Soviétique semblait annoncer aussi la désagrégation de la Russie. Ce danger est-il désormais conjuré?

PSL: Cette désagrégation de la Russie a commencé avec la dissolution de l’Union Soviétique car les régions, devenues indépendantes sous Gorbatchev, avaient fait partie de l’Empire des Tsars. L’Ouzbékistan actuel n’était pas, à l’époque, une conquête soviétique mais appartenait déjà à la Russie impériale. Lénine avait renoncé à d’énormes portions de territoires à l’Ouest parce qu’il croyait qu’une révolution mondiale était imminente et réunirait bien vite le tout sous la bannière rouge.

Q.: Quelle intensité la menace de l’islamisme fondamentaliste peut-elle faire peser sur la Russie, si l’on tient compte de la situation dans le Caucase du Nord?

russland-im-zangengriff-cover.jpgPSL: Les Américains commencent, petit à petit, à reconnaître le danger que représente l’islamisme, sujet principal de la politique américaine, en dépit de la montée en puissance de la Chine. Ils savent aussi que l’islamisme est bien présent en Russie aussi. Les observateurs internationaux sont conscients de cette menace parce que les peuples musulmans du Caucase ont constitué récemment des facteurs de turbulences voire des facteurs nettement belligènes. Je ne pense pas tant à la Tchétchénie aujourd’hui mais plutôt au Daghestan. Les Russes se sentent très menacés par le fondamentalisme islamique, facteur qui n’existait pas auparavant. Lorsque je visitais l’Asie centrale en 1958, le fondamentalisme n’était pas un sujet de discussion mais, entretemps, les choses ont changé par l’attitude prise par les dirigeants locaux, tous jadis hauts fonctionnaires du PCUS comme Nazarbaïev au Kazakstan. En un tourne-main, tous ces dirigeants communistes se sont mués en despotes orientaux mais ils doivent agir sous la pression de forces radicales islamistes, surtout en Ouzbékistan.

Q.: La crainte de l’islamisme ne constitue-t-elle pas le motif majeur de l’appui qu’apporte la Russie au président syrien Al-Assad?

PSL: Le soutien apporté à la Syrie repose sur plusieurs motifs: la Syrie a toujours été un allié de l’ex-Union Soviétique et les Russes n’ont aucun intérêt à ce que la Syrie tombe aux mains des extrémistes musulmans qui combattent aux côtés de l’opposition ni aux mains d’Al Qaeda qui entend créer un “Etat islamique d’Irak et de Syrie”. Obama semble lui aussi reconnaître, mais un peu tard, dans quelle mélasse il est allé patauger. Nous ne devons pas oublier que la Fédération de Russie elle-même —c’est-à-dire ce qui reste de la Russie après la désagrégation de l’Union Soviétique— abrite au moins 25 millions de musulmans. Ceux-ci n’habitent pas seulement dans les régions au Nord du Caucase mais aussi dans le centre même de la Russie, le long de la Volga. A Kazan, où les aspirations à un nationalisme tatar ne se sont pas encore faites valoir, on a édifié une gigantesque mosquée qui, en dimensions, est bien plus vaste que le Kremlin construit par Ivan le Terrible. J’ai appris qu’y oeuvraient des extrémistes musulmans. Comme d’habitude, ces derniers reçoivent le soutien de prédicateurs haineux venus d’Arabie saoudite.

Q.: Dans quelle mesure peut-on évaluer la méfiance que cultivent Poutine et bon nombre de dirigeants russes à l’endroit de l’Occident, surtout si l’on tient compte de l’élargissement de l’OTAN à l’Est?

PSL: Ils ont raison de se méfier! Comme je l’ai déjà dit, on a l’impression que la Guerre Froide n’est pas terminée. Si, à la rigueur, on peut comprendre qu’une grosse portion de l’Ukraine veut demeurer purement ukrainienne et ne pas être occupée par la Russie, directement ou indirectement, on ne doit pas oublier non plus que la Russie est née à Kiev, lorsque les autres princes russes croupissaient encore sous le joug tatar. C’est à Kiev que la Russie s’est convertie à la chrétienté orthodoxe byzantine.

Q.: Par conséquent, estimez-vous que l’UE, face à la question ukrainienne, et face à la Russie, devrait adopter une position plus souple, plus pondérée?

PSL: L’Europe ferait bien mieux de s’occuper de ses propres problèmes au lieu de chercher encore et toujours à s’étendre. On tente en Allemagne d’étendre sans cesse l’Europe alors que ce fut une bêtise gigantesque d’accepter la Roumanie et la Bulgarie dans l’UE. Et voilà que maintenant on veut aborber l’Ukraine quand l’Europe souffre déjà de son hypertrophie. Si les insurgés ukrainiens s’imposent sur la scène politique, l’Ukraine se dégagera de son partenariat étroit avec la Russie et s’orientera vers l’Europe qui, alors, s’étendra presque jusqu’à l’ancienne Stalingrad! Mais ce n’est pas là le but de la manoeuvre!

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°6-7/2014, http://www.zurzeit.at ).

Les identités plutôt que le P.I.B.!

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Les identités plutôt que le P.I.B.!

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Plus de quatre ans après le référendum interdisant les minarets, le peuple suisse fait encore des siennes. Il vient d’adopter de justesse des mesures de préférence nationale et de limitation des flux migratoires. D’abord abasourdie par ce résultat non prévu par les sondages, la grosse presse a violemment critiqué le choix souverain des Helvètes et leur prédit une future régression économique.

 

Il est intéressant de relever que les arguments de part et d’autre du Léman et du Jura ne correspondent nullement. Journalistes stipendiés et Commission eurocratique de Bruxelles mettent en avant l’économie et la morale tandis que les Suisses rappellent que l’immigration pèse sur la tranquillité publique, entraîne la saturation des infrastructures ferroviaires et routières, oblige la construction de nouveaux bâtiments qui réduit une surface agricole utile peu étendue du fait du relief, favorise la hausse du prix du m2, ce qui contraint de nombreux ménages suisses à venir clandestinement s’installer dans leurs résidences secondaires du pays français de Gex.

 

Par son vote cinglant du 9 février 2014, le peuple suisse s’attaque au cœur même de la globalisation, à savoir la libre circulation des biens, des capitaux et des individus. À l’idéal d’open society colporté par les oligarchies mondialistes et leurs larbins médiatiques, les citoyens de la Confédération helvétique préfèrent les vertus de la société fermée. Véritable pied-de-nez aux altermondialistes et aux libéraux libertaires progressistes, cette décision devrait aussi faire réfléchir tous les chantres du libéralisme conservateur, du national-libéralisme et du conservatisme libéral sur leur engagement idéologique. Soit ils avalisent les mantra libéraux, acceptent l’ouverture illimitée au monde et condamnent l’initiative helvétique – ils s’affirmeraient dès lors comme la faction droitarde et con-conservatrice du mondialisme -, soit ils approuvent cette votation et doivent par conséquent abandonner leur foi naïve dans le libéralisme pour retrouver un conservatisme anti-libéral de bon aloi.

 

Ce dilemme ne se limite pas à la seule question immigratoire. Il tend à se généraliser avec des problématiques saillantes autour de la G.P.A. et du mariage inverti, voire avec le travail du dimanche chaudement approuvé par quelques têtes de linottes libérales-conservatrices.

 

La limitation de l’immigration risque de nuire aux performances économiques de la Suisse. Et alors ? À rebours des incantations maladroites de certains décroissants « de gauche », la remise en cause radicale de la « Mégamachine » ne proviendra pas des catastrophes climatiques ou du dérèglement météorologique, mais d’une véritable prise de conscience identitaire, soucieuse des paysages et d’un enracinement indéniable à travers des communautés charnelles d’appartenance.

 

Organisme de guerre aux ordres de l’Infâme, l’agence de notation Moody’s menace de retirer son triple A à la Suisse qui a si mal voté. Elle juge en effet que « limiter l’immigration est susceptible d’affecter le potentiel de croissance du pays, sa richesse et sa solidité économique dans son ensemble (Le Figaro, 19 février 2014) ».

 

Qu’une société fermée fasse perdre plusieurs points de P.I.B. et de croissance n’est pas dramatique si elle parvient à s’auto-suffire et, surtout, à maintenir sa cohésion ethno-civique interne. Contrairement à ce qu’avance Laurence Fontaine qui célèbre le marché dans le quotidien gaucho-libéral Libération, le marché, ce facteur de déstabilisation des cadres traditionnels organiques, n’est pas primordial. Elle a en revanche raison d’asséner que « le marché est la condition sine qua non pour avancer vers l’égalité des droits (entretien avec Laurence Fontaine, « Le marché peut être progressiste, les pauvres doivent en profiter », Libération, 22 – 23 février 2014) ». Le marché n’est donc pas ce « prussianisme renforcé », auteur d’un ordre concret comme le soutient Jacques Georges (« Vive le marché ! », mis en ligne sur Europe Maxima, 17 octobre 2009). Avec la mondialisation, il est devenu ce corrupteur de toute sociabilité tangible désintéressée. Combattre son hégémonisme exige une révolution culturelle intégrale.

 

Outre la nécessaire relocalisation des activités économiques, la réhabilitation de l’artisanat et de la paysannerie bio, un discours identitaire sérieux se doit de promouvoir le salaire de citoyenneté, la réduction draconienne du temps de travail à trente ou trente-deux heures ainsi que le retour concerté à la terre et la déconcentration démographique assumée des grandes agglomérations. Dans la recherche indispensable de l’auto-suffisance alimentaire, les milliers d’intermittents du spectacle, de journalistes, d’étudiants en psycho, etc., serviraient utilement dans les campagnes bien loin d’une artificialité urbaine grégaire.

 

La défense des identités signifie enfin le rejet total de la démonie de l’économique. Cela réclame une force d’âme remarquable capable de se déprendre de l’imaginaire de la consommation et du productivisme. Il faut désormais avertir les masses hébétées et droguées de matérialisme douceâtre qu’elles se sauveront que si elles redeviennent des peuples fiers d’eux-mêmes. Comme les Suisses du centre de la Confédération…

 

Georges Feltin-Tracol

 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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BHL, alpha et oméga de la politique internationale française!

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BHL, alpha et oméga de la politique internationale française!

Gabrielle Cluzel

Boulevard Voltaire cliquez ici

Qu’on se le dise, BHL est de retour en Ukraine. Dimanche, l’écrivain philosophe, du haut d’une tribune, est venu haranguer les foules sur la place Maïdan. En fond, on entendait quelques maigres applaudissements. Là-bas, on devait se pousser du coude en le montrant du menton : « Ben, c’est qui, ce gars-là ? », comme devant l’interprète pour sourds-muets de l’enterrement de Mandela : « D’où il sort pour parler au nom de tout l’Occident réuni ? » Ah, inutile de nous regarder comme ça ! Nous autres, Français, n’en savons pas plus que vous. Personne ne l’a jamais élu, personne ne l’a jamais nommé, mais il est là, un point c’est tout. Comme l’alpha et l’oméga de la politique internationale française. Les gouvernements passeront, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, mais ses paroles ne passeront point. Car les messies arrivent toujours un peu comme ça, ex nihilo.

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Jean-Marc Ayrault parlait d’un gouvernement resserré, cela tombe à pic : supprimons cette petite chose inutile qu’est le ministère des Affaires étrangères puisque nous avons un BHL perpétuel. Exit, aussi, cet autre gadget qu’est le ministère de la Défense, BHL sait faire aussi. Mieux, il adore… le sifflement des balles, l’odeur de la poudre au petit matin. Alors de l’ex-Yougoslavie à la Libye, de la Syrie à l’Ukraine, il n’aime rien tant qu’aller souffler sur les braises, s’indigner, exhorter et les uns et les autres à laver leur honneur au prix de leur vie. C’est beau, c’est un poil ampoulé, c’est du BHL. Dans BHL, il y a le B de Barry Lyndon, dont il cultive le physique de duelliste séducteur, le H de Hugo, dont il a les accents lyriques — Gloire à notre Ukraine éternelle ! Gloire à ceux qui mourront pour elle ! Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts ! — et le L de Lamartine, dont il va finir par partager le « romantisme poitrinaire », à promener imprudemment ses cols échancrés sous des latitudes si froides.

Sauf que le romantisme, en politique, cela vous transporte, mais cela tourne vite à Apocalypse Now. Pour écrire l’histoire de régions aux plaies si mal fermées, il faut au contraire une plume réaliste, prudente, minutieuse, économe de la vie des hommes, avançant à pas comptés et précautionneux comme un rond-de-cuir dans un roman de Flaubert. Une petite bourgeoise appliquée et circonspecte comme Angela Merkel qui tente de recoller, peut-être, les morceaux quand BHL, tutoyant Poutine, le menace de mille sanctions aussi plausibles qu’en son temps l’était l’invention de la « pluie artificielle » mexicaine de Malraux, un autre écrivain qui aimait bien aussi s’essayer avec emphase aux Affaires étrangères.

Certains disent, comme ça, que BHL en Ukraine, c’est d’une certaine façon une chance. Une chance pour nous. Car, pendant ce temps, nous avons la paix… au moins, nous. Comme une jeune fille exaltée qui, rêvant « d’humanitaire », trouve infiniment plus noble de partir aider très loin dans des favelas exotiques plutôt que jouer à la crapette dans la maison de retraite de sa grand-mère solitaire, BHL préfère, merci mon Dieu, voler au secours des terres lointaines que s’intéresser à son propre pays. Ce qui ne l’empêche pas de lui envoyer quelques banderilles quand il vient s’y reposer après un lancement de chantier international – entendez une fois l’impulsion donnée, la pelleteuse acheminée, le boxon installé. Interrogé sur i>Télé par Laurence Ferrari sur l’antisémitisme de Svoboda, BHL rétorque aussi sec qu’on trouve « moins de fasci… », enfin « moins d’extrême droite en Ukraine qu’en France ». Autrement dit, si néonazis il y a en Ukraine, ils ne seraient qu’une poignée, et rien que des nazis modérés ? C’est le propre d’un romantique, non ? Dépeindre dans un rose improbable ceux dont il s’est subitement entiché.

 

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Les plus anciennes empreintes d’Europe

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Les plus anciennes empreintes d’Europe
 
Il y a 800.000 ans

Joël Ignasse*
Ex: http://metamag.fr
Ce sont les premières traces de pas humains observées en dehors de l'Afrique. Elles ont été découvertes sur la côte anglaise. Jusqu'à cinq personnes, peut-être de la même famille, ont laissé, il y a plus de 800.000 ans, une série d’empreintes de pas sur la rive d'un ancien estuaire, à Happisburgh, dans le nord de l’Angleterre. Ces traces ont été mises à nu par l'érosion dans une couche de sédiments. Et leur découverte est le fruit d'un fabuleux hasard.

"Leur emplacement a été révélé juste au moment où les chercheurs étaient là pour le voir, lors d'un relevé topographique. Deux semaines plus tard la marée aurait érodé les empreintes" souligne le Dr Simon Lewis, un des découvreurs.

Des traces extrêmement rares

Les découvertes de ce type sont exceptionnelles. Et il faut des conditions bien particulières pour que des empreintes soient saisies lors de leur impression et conservées au fil du temps pour être découvertes des milliers d’années plus tard.

Seules trois lignes d’empreintes sont plus anciennes que celles de Happisburgh : celles de Laetoli en Tanzanie datées de 3,6 millions d’années environ et celles d’Ileret et de Koobi au Kenya (1,5 millions d’années).

Les traces de pas d’Happisburgh ont pu être identifiées grâce à des photographies 3D de la surface. Elles ont révélé des formes d’orteils, de voutes plantaires et de talons appartenant à des adultes mais aussi probablement à des enfants. Leur taille (estimée grâce à la dimension des empreintes) variant entre 93 cm et 1m73. À quel groupe humain appartiennent-ils ? Les scientifiques n’ont pas la réponse.

Le site d’Happisburgh marque le premier établissement humain connu en Europe du Nord. Il y a peu encore, les historiens du peuplement estimaient qu’à cette époque, le Pléistocène inférieur, l’extension humaine ne dépassait pas une zone limitée par le sud des Pyrénées et des Alpes. C’est la découverte à Happisburgh de plus de 70 outils en silex qui a remis en cause cette théorie. Selon les auteurs, qui publient leur découverte dans PLOS ONE, ces empreintes appartiennent à des Homo antecessor.

 

Intervista ad ALESSANDRA COLLA

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Intervista ad ALESSANDRA COLLA

Ex: http://eritcamente.net
 
Alessandra Colla è nata a Milano nel 1958; sposata, ha un figlio.
 
Laureata (cum laude) all'Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano, giornalista pubblicista, si occupa da sempre di scienze umane.
È stata fra gli animatori delle Edizioni Barbarossa (1980, poi Società Editrice Barbarossa dal 1989) e del mensile "Orion", che ha contribuito a fondare (1984). Da qualche anno collabora con le riviste "Eurasia" e "Terra insubre"; dal 2004 ha aperto diversi blog (quello attuale è alessandracolla.net).

Nella sua produzione trentennale (articoli, saggi, conferenze, traduzioni) si segnalano «Quella femmina... fatta a pezzi» (“Risguardo IV”, Ar, Brindisi 1985); L'uomo (eco)illogico (Società Editrice Barbarossa, Milano 1994); «Donne, streghe, ribelli: il caso o la necessità?», in: AA.VV., Rivolte e guerre contadine (Società Editrice Barbarossa, Milano 1994); traduzione e cura del saggio di Roger Stéphane Ritratto dell'avventuriero (Società Editrice Barbarossa, Milano 1994).
 
Intervista a cura di Steno Lamonica
 
1)      Una donna, colta ed affascinante, di destra. Uso tale termine solo per comodita’, lei non ama etichette. Raro una donna con noi, unici ribelli…
 
Se, come dice Umberto Eco, «la persona colta non è quella che sa quando è nato Napoleone, ma quella che sa dove andare a cercare l’informazione nell’unico momento della sua vita in cui le serve e in due minuti», allora probabilmente è vero, sono colta. Affascinante non so, lascio il giudizio a chi mi conosce.
La prego con tutto il cuore di risparmiarmi il “di destra”. La dicotomia destra/sinistra ha fatto più danni e più morti dell’ira di Achille… È verissimo che non amo le etichette: la definizione è sempre un limite, e uccide la complessità.
Oggi come oggi, poi, per un movimento la rarità mi sembra consistere non tanto nell’annoverare tra le proprie file delle donne, quanto piuttosto delle persone veramente libere.
 
 
 2)      L’impero USA, una catastrofe per l’umanita’. Chi lo vincera’? 
 
Per certi versi è intrigante attribuire agli Stati Uniti la qualifica di “impero”: è come se ci si trovasse ancora in un tempo grandioso e squassato da scontri titanici. In realtà quello americano, a mio avviso, è un brutale imperialismo aggravato da delirio paranoico. E poiché certe patologie si risolvono soltanto con la morte del paziente, suppongo che occorrerà aspettare la fine degli Usa così come li conosciamo noi adesso. Non mi sento di fare previsioni: credo sia impossibile, oltre che inutile. Poiché siamo in piena globalizzazione, e poiché tutto ciò che (almeno a livello macroscopico) accade in una parte del pianeta si ripercuote altrove, non mi sento di escludere che i molti imprevisti che si verificano giornalmente dovunque nel globo rappresentino di fatto altrettanti contraccolpi sul sistema Usa, che già mostra la corda — anche se qui da noi resiste l’immagine del sogno americano. Naturalmente, se davvero si riuscisse a costituire un fronte comune eurasiatico in grado di contrastare l’unipolarismo statunitense sia a livello economico che a livello culturale si aprirebbero nuovi scenari ancora parzialmente da descrivere: ma ho la sensazione che la fine della potenza americana potrebbe arrivare prima di quanto si pensi, e forse non nei modi che molti, poco caritatevolmente, si aspettano.
 
 
 3)      Nietzsche e la politica. L’ellenico “farmaco” per l’orribile presente?
 
Credo che Nietzsche abbia a che fare col Politico più che con la politica. Così sui due piedi, di ellenico mi viene in mente soltanto un termine: e precisamente l’apolitìa di cui diceva Evola. Aggiungo, parafrasando proprio Evola, che il senso del Politico (come la religione) è un’equazione personale.
 
 
 4)      Sono irrispettoso se le rubo del tempo chiedendole un parere su…Gianfranco Fini? Quali forze dietro di lui?
 
Non irrispettoso: sfortunato. Perché non ho niente da dire su Fini. Personalmente non credo che sia manovrato o agito da forze occulte: sono più propensa a credere che da tempo porti avanti un percorso personale volto al raggiungimento di un obiettivo ben preciso. Adesso come adesso, sembra che il suo progetto abbia subito una battuta d’arresto: lui stesso, se non ricordo male, ha dichiarato di aver perso una battaglia ma non la guerra.
 
5)      Le “ministre con i tacchi a spillo”. Aspetto della cachistocrazia o ginecocrazia?
 
Cachistocrazia con la “c” maiuscola, direi. E un pessimo servigio reso alle donne.
 
 
 6)      Alessandra Colla, Pierangelo Buttafuoco, Massimo Fini; silenzio televisivo su di voi. Vendetta rancorosa della plutocrazia?
 
Troppo onore… La ringrazio del lusinghiero accostamento. Ma devo dire che non mi pesa l’indifferenza mediatica: la televisione ovvero la visibilità di cui essa è mezzo è un’arma a doppio taglio. Diciamo che preferisco poche persone che leggono quello che scrivo, meditando le mie parole e dedicando un po’ del loro tempo soltanto al mio pensiero, a una folla di spettatori che fanno altro mentre parlo, sono distratte da quello che vedono ed equivocano su quello che dico. L’ideale sarebbe una via di mezzo fra lo stile pitagorico e la radio, insomma.
 
 
 7)      I giovani, bevono molto, si abbronzano alquanto, fumano tanto, consumano troppo, leggono poco. “Fiamma Futura” pone la cultura in primissimo piano. Ha dei suggerimenti?
 
Credo che spesso, quando si parla di cultura, ci si dimentichi della sua etimologia, che rimanda al coltivare. E coltivare è un’attività sicuramente capace di dare grandi soddisfazioni, ma altrettanto sicuramente faticosa e dall’esito incerto, a causa delle molte variabili in gioco. Allo stesso modo, fare cultura è un’impresa grandiosa, ma non necessariamente destinata al successo: in buona  sostanza si investe sul futuro, e le gratificazioni immediate sono rare e difficili da conseguire. Così, risulta infinitamente più semplice e comodo lasciare che il germoglio cresca per suo conto, assecondandone l’inclinazione anziché cercare di orientarlo correttamente. La tendenza, negli ultimi decenni, è stata esattamente questa, e mi sembra un segno dei tempi: nel senso che non è una peculiarità di questo Stato il quale, non essendo più sovrano, non ha più autentici valori da trasmettere; bensì è un atteggiamento riscontrabile praticamente dovunque vi siano delle realtà giovanili in aggregazione — si preferisce catturare, non importa come, il consenso immediato delle giovani generazioni piuttosto che impegnarsi sul lungo periodo in un’opera di sincera educazione: nel senso stretto di e-ducere, cioè condurre la persona fuori dalla condizione di primitiva ignoranza per aiutarla a conseguire l’integralità e la pienezza della dimensione umana nella sua accezione più alta.
Comprendo benissimo che invertire la tendenza è, se non impossibile, sicuramente arduo: tuttavia credo che sia un preciso dovere, per chi ancora riconosce certi valori, applicarsi a mantenerne la vitalità e a trasmetterne il messaggio alle generazioni che verranno. Evangelicamente, di tanti semi ne andrà qualcuno a buon fine…
 
 
 8)      Nel suo sito (www.alessandracolla.net ) tra le cose che ama cita gli animali e tra quelle che detesta lo “stato pontificio”. Ci spieghi.
 
A voler essere pignola, dico precisamente che mi piacciono i primi e non mi piace il secondo: ma il senso, ne convengo, è lo stesso. La spiegazione potrebbe andare molto per le lunghe, ma cercherò di compendiare.
Gli animali, o come preferisco dire i senzienti non umani, giocano un ruolo fondamentale nella storia dell’umanità: tutte le civiltà precristiane tributavano agli animali un riconoscimento ontologico e metafisico che i monoteismi hanno, nella migliore delle ipotesi, ignorato; per converso, nessuna civiltà precristiana ha mai investito l’essere umano di quel diritto d’arbitrio sul pianeta che costituisce, invece, la cifra del monoteismo giudaico-cristiano. Ho cominciato ad occuparmi di questioni inerenti al cosiddetto animalismo (uso il termine per pura comodità, La prego di accettare la convenzione) quando ero una ragazzina — parliamo di trentacinque anni fa — prima in modo “viscerale”, e poi spostandomi su di un piano più strettamente filosofico: il che ha comportato il necessario ripensamento della posizione dell’uomo sul pianeta e in relazione agli altri viventi. Poiché ho studiato all’Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano, ho avuto modo di approfondire il pensiero cattolico (quindi giudaico-cristiano) in relazione non solo a questo argomento, bensì anche alla costruzione dell’edificio ideologico che ha permesso alla Chiesa di Roma di colonizzare, devastandoli, terre e spiriti nel corso di duemila anni: e sono approdata alla convinzione che nel mio personalissimo orizzonte metafisico nulla di ciò che attiene al cattolicesimo può trovare posto. È una questione di etica, direi; ma soprattutto di Weltanschauungen assolutamente irriducibili.
 
 
 9)      Lei ha il merito di essere stata tra le prime persone in Italia ad interessarsi di Ipazia. Avremo il piacere di un suo libro su questa affascinante filosofa trucidata dall’intolleranza?
 
La figura di Ipazia non è soltanto affascinante, come dice bene Lei, ma incute rispetto: il momento storico in cui si svolge la sua vicenda, la sua storia e la sua terribile fine meritano più di una pellicola non particolarmente riuscita e di qualche narrazione troppo romanzata. Continuo a raccogliere materiale e a studiare: può darsi che prima o poi, se e quando riterrò di esserne all’altezza, mi provi a cimentarmi nell’impresa…
 
 
 10)  113 basi NATO in Italia,alcune in odore di atomica. Noi chiediamo la fine dell’occupazione militare straniera. La sua opinione?
 
Credo che si potrebbe ripescare un vecchio slogan: “via l’Italia dalla Nato, via la Nato dall’Italia”. Di fatto, la posizione di sudditanza della nostra nazione rende al momento impossibile non dico progettare un futuro, ma anche soltanto riappropriarsi di un presente assai critico. Naturalmente, sui motivi che hanno portato l’Italia a diventare una colonia statunitense ci sarebbe da dire parecchio: mi limito a ricordare che Mussolini, profeticamente, aveva definito l’Italia “una portaerei nel Mediterraneo”: gli americani hanno capito tanto bene la lezione da metterla in pratica con estrema concretezza. Sulla fattibilità di una liberazione dall’occupazione militare sono un po’ scettica: non vedo, per il momento, un popolo italiano in grado di lottare compatto per questo obiettivo; e, come diceva l’amico e maestro Carlo Terracciano, “guai a chi non sa portare le sue armi, perché dovrà portare quelle degli altri”.
 
 
 11)   Lei onora l’Ellade e la Magna Grecia. In un “Manifesto Politico Nazionale” potrebbe comparire questo asse culturale per rinsanguare le radici nazionali e paneuropee mentre assistiamo allo scempio dell’invasione clandestina planetaria?
 
In tutta sincerità, credo che l’immigrazione (clandestina o no) sia un effetto più che una causa. E temo di più l’omologazione culturale ai modelli d’oltreoceano che la perdita d’identità per colpa degli extracomunitari. Visto che in questa chiacchierata aleggiano spiriti antichi, vorrei ricordare che ogni Impero, a partire da quello romano, è per sua natura multiculturale. Ora, è chiaro che non ci troviamo per nulla al cospetto di un impero: ma la multiculturalità è un dato di fatto. L’importante, invece, è mantenere le singole specificità: e se le radici sono profonde, non c’è commistione o contiguità che possano cancellare una memoria salda e consapevole. Il problema vero, a mio avviso, è: abbiamo noi questa memoria? La possediamo al punto di poterla trasmettere, vivificata, a quelli che verranno? Solo dalla risposta a questa domanda, credo, dipenderà una scelta di destino.

 

La mystérieuse carte Viking

La mystérieuse carte Viking

Documentaire France 5

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Futurism in Venice

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jeudi, 06 mars 2014

Bélgica o Rusia: elija usted

Por Christian Vanneste

Ex: http://www.elespiadigital.com

Para huir del infierno fiscal francés, el actor Gerard Depardieu dudó entre irse a Bélgica o a Rusia. Dos hechos sintomáticos que se han producido recientemente en estos países cobran un significado simbólico para entender el futuro de Europa. El primero no pasa de ser una anécdota: el actor belga Poelvoorde nos ha contado lo que se han reído los belgas con las manifestaciones de los franceses en contra del matrimonio homosexual. Y el segundo hecho es que en Sotchi, el presidente Putin ha inaugurado unos Juegos Olímpicos de invierno a la altura de la visión que éste tiene de Rusia. El futuro de las naciones europeas reside en elegir una un otra de estas dos orientaciones opuestas.

Los belgas son un pueblo simpático, dotado para el humor y el dibujo. La graciosa ocurrencia de Poelvoorde me ha hecho releer a Baudelaire: «La Belgique se croit toute pleine d’appas; Voyageur, ne la réveillez pas!» («Feliz con sus encantos está Bélgica; ¡Viajero, no se te ocurra despertarla!). Esta cita,la menos virulenta de Baudelaire, refleja perfectamente la realidad de este país sito en el corazón de la Europa política. Es un espacio, no una nación. Bélgica es un Estado al borde de la extinción que prefigura lo que podría ser la Europa federal. De hecho allí ya se está aplicando el federalismo. El poder central se ha visto tan mermado que tras las elecciones de 2010 se originó una crisis política de 535 días hasta que pudo formarse un nuevo gobierno. La socialdemocracia halló un terreno de entendimiento con los liberales en lo referente a la «liberación» de costumbres: aborto, matrimonio y adopción por los homosexuales, PMA (Procreación médicamente asistida), eutanasia (incluida la de menores de edad), tolerancia del cannabis en pequeñas dosis, prostitución, salas de “chute”...

La primera y nefasta consecuencia para Europa es que la ausencia de fronteras dificulta a un Estado soberano hacer que sus habitantes cumplan las leyes, al no poder impedir que éstos vayan a hacer fuera lo que tienen prohibido en casa. Esta facilidad de movimiento supone un argumento para ir derogando las leyes de prohibición en todas partes. Europa se acabará rompiendo por el eslabón más débil.

La segunda consecuencia será precisamente el fraccionamiento de los Estados. Para Bélgica, será sólo una cuestión de tiempo. La rica Flandes cada vez soporta peor el lastre económico valón. En definitiva, Bélgica va camino de ser una no-nación, poblada de no-ciudadanos: solamente de trabajadores y, sobre todo, de consumidores sagaces, así como de bastantes tecnócratas que no lo son tanto.

En cambio, Rusia es todo lo contrario. Tras décadas de internacionalismo totalitario, se reafirma en lo que siempre ha sido a través de su cultura: es sobre todo una nación dotada de una fuerte identidad y con un riqueza de espíritu de las más sobresalientes. Su voluntad de superación va emparejada a un conservadurismo moral que molesta claramente a nuestra oligarquía político-mediática de corte «izquierda caviar», pero que siempre ha acompañado a los resurgimientos nacionales, como ocurrió en Francia en la Liberación. Nos guste o no, Rusia existe en la escena internacional. No es el caso de Europa. El «Fuck the EU» de la secretaria de Estado adjunta Victoria Nuland dice bastante de lo que los norteamericanos piensan de Europa.

En el fondo, nuestro continente corre el riesgo de convertirse en una gran Bélgica, un país donde no se vive mal, donde las identidades nacionales van desapareciendo para dar paso a identidades locales y comunitarias fruto de una inmigración descontrolada. Bélgica es un país de libertades y socialismo, con una deuda de casi el 100% del PIB, con un 53% de gasto público insuficientemente compensado por un 50,3% de presión fiscal. Sin embargo, Rusia tiene una deuda diez veces menor con un gasto público del 36% y una presión fiscal del 21%. Es cierto que debe desprenderse de su condición de pariente pobre y luchar contra la corrupción. Es también cierto que debe trabajar por el progreso de las verdaderas libertades, en especial por la libertad de expresión. Pero ¿acaso podemos darles alguna lección con ese pensamiento único que hipócritamente reina en nuestros países? Vladimir Putin está celebrando en Sotchi el renacimiento de un país que llevaba setenta  años en las tinieblas y que ha renacido del caos económico y social en el que se encontró inmerso. Tiene todo el derecho a celebrarlo.

Fuente: El manifiesto

Geopolitics & Oligarchy in the Ukraine Crisis

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Geopolitics & Oligarchy in the Ukraine Crisis

By Kerry Bolton

Ex: http://www.counter-currents.com

The situation in the Ukraine follows the same scenario as sundry other states that have been brought into the globalist fold. The riots on the streets of Kiev and elsewhere amount to a “color revolution” of the sought that went like a dose of salts through the states of the former USSR, and recently through North Africa in the so-called “Arab Spring.”[1] Interestingly, there are presently globalist sponsored revolts in three states simultaneously: Venezuela,[2] Syria[3] and Ukraine; all associated with Russian interests. 

Ukraine: Target of Globalists

The “Cold War” against Russia as a world power since 1945, after Stalin scotched globalist plans for a world state under United Nations auspices,[4] only had a brief respite during the Gorbachev and Yeltsin years, Gorbachev having since shown his true colors as a globalist.[5] Hence the present crisis over the Ukraine does not represent a “return to the Cold War,” as foreign policy pundits have been claiming; the “Cold War” hardly stopped. The U.S. policy makers have stated plainly that post-Yeltsin Russia remains an enemy and that anyone who aims to reassert Russia as a world power – as Putin has – is a legitimate target of the USA.[6]

As we might expect, the Ukraine has been one of the states that is of much interest to the National Endowment for Democracy. One might see from NED’s financial program that here again NED has been avidly sponsoring young cadres in various sectors of society, including “educating” electorates on how to vote in the October 2o12 elections. This is flagrant interference in the political processes of what the globalists are now ranting in regard to the Ukraine sovereignty being under threat from Russia. The 2012 NED financial report (the latest published) lists the NGO’s in the Ukraine that received $3,380,834 during that year.[7] The amount represents the upper end of funds sent by NED throughout the world.

Ukraine was among the states targeted for a “color revolution” in 2004; the “Orange Revolution.” Hence, ever since it has not been regarded as sufficiently “democratic,” a euphemism for not being sufficiently under the influence of US/globalist hegemony. A symposium on the Ukraine held by the NED-linked International Forum for Democratic Studies laments that “following its failure to consolidate the democratic gains of the much-celebrated 2004 ‘Orange Revolution,’ Ukraine under the rule of authoritarian President Viktor Yanukovych has suffered numerous setbacks in its struggle to achieve a more democratic system.”[8]

Veteran globalist foreign policy adviser, Zbigniew Brzezinski, who continues to work at 86 for the Center for Strategic and International Studies, when interviewed by Ukrainian Pravda, a journal connected with NED, lauded the rioting youth that, as with other “color revolutions,” precipitated the present situation in the Ukraine. He has praised their sense of “nationhood,” as “an optimistic sign.”[9] Brzezinski speaks of “independent nationhood.” This praise of Ukrainian nationalism by Brzezinski is odd coming from someone who has spent decades, since his days as a young academic, condemning nationalism and asserting that international capitalism, founded upon a globalist elite that transcends territorial borders, is the next phase of historical evolution in a dialectical process. Brzezinski does not even believe in “independent nationhood.” He believes that it is passé.[10] However it is the line followed by all the other mouthpieces of globalization, including the USA and the E.U., and all the pontificators at the United Nations, who are condemning Russia and upholding this “Ukrainian nationhood.” None, of course, are champions of nationalism, which they regard as anathema. It is another means of undermining Russia as the primary state that remains in the way of the “brave new world,” or the “new world order” as it has been called. Hence, “nationalism” is only used as a dialectical strategy as part of a globalist agenda.

Brzezinski also alludes to what is the real bugbear of the globalists: the fear that Russia will lead a Eurasian bloc which, we might add, would also find allies across the world, from India, to Venezuela to Syria;[11] hence the simultaneous actions against the latter two states, fomented by the same forces that are backing the situation in the Ukraine. Brzezinski, as a principal spokesman for the globalists, talks of an “expansion of Europe.” Brzezinski openly states that the globalists want the Ukraine to be part of the E.U. as the start of a process that will integrate Russia also. He states that this is the wave of the future, and that a Russia-led “Eurasian union” will fail. However, if the E.U. represented a truly independent third force, it would have been targeted as avidly by the globalists as Russia and the previous Soviet bloc. Unfortunately, the E.U. has not emerged as a third force, but as an appendage of U.S. foreign policy, and its position on the present Ukraine situation is yet another example of this.

From Brzezinski’s statements, we can see why the globalists were so eager to oust theYanukovych regime, with the prospect of the Ukraine coming closer to Russia rather than opting for the E.U. The Ukraine is clearly an important part of the globalist agenda.

Brzezinski refers to Russia increasingly interfering in Ukrainian affairs, yet the interference of NED, funded by U.S. Congress, and other such agencies, is long and pervasive.

NED funding for a new “Orange Revolution” includes the rather obvious organization named Aplesin (meaning “Orange”), more formally entitled “Center of Progressive Young People, founded in 2001. Aplesin lists its “international financial partners” as the U.S. Embassy; NED; Freedom House; Polish-Ukrainian Cooperation Foundation[12]; International Relief and Development, another U.S.-based globalist front;[13] Princes Foundation Benefactors Ostrozki Ruslan Kraplych, a Ukrainian based organization receiving funding from Microsoft Ukraine and USAID; among others.[14]

The George Soros network of globalist subverters operates in the Ukraine through the International Renaissance Foundation.[15] The Foundation has been active is assisting rioters injured in fighting with authorities.

Oligarchs Given Fiefdoms

One of the first actions of the regime that ousted Yanukovych was to give Ukraine oligarchs their own fiefdoms. Suddenly, oligarchs have become “patriots” and “nationalists.” Rinat Akhmetov, the wealthiest of the oligarchs, head of the SCM group employing 300,000 people and spanning the entirety of the Ukraine, pledged to defend his homeland — although he had lived at One Hyde Park, London — in the event of a Russian invasion. The previous day two other oligarchs, Igor Kolomoisky and Serhiy Taruta, accepted governorships over two regions and responsibility for preparing defense against a Russian invasion. Kolomoisky, “a prominent member and supporter of the country’s Jewish community,” now heads the regional government of Dnipropetrovsk in eastern Ukraine. Taruta is governor of Donetsk, in the far east of the Ukraine. Another oligarch, Dmytro Firtash, rallied to the cause, “speaking on behalf of business circles.” Rabbi Shmuel Kaminezki, head of the Jewish community in Dnipropetrovsk, expressed his support for Kolomoisky, as the Jewish community likewise finds its Ukrainian nationalist voice.[16]

As for Akhmetov, he is said to have had influence over a bloc of forty members of the Ukraine parliament,[17] and one might wonder if it was this influence that was instrumental in the ouster of Yanukovych?

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Petro Poroshenko, billionaire confectionery and automobile manufacturer, TV channel owner, and former Minister of Foreign Affairs and of Trade and Economic Development, also headed Ukraine’s National Bank (2007-2012). He was a major supporter of the 2004 “Orange Revolution,” and chief campaign manager for Viktor Yushchenko’s Our Ukraine Bloc. Forbes’ recent profile states of Poroshenko that he “was a major supporter of anti-government protesters in the Ukraine.” He is a member of parliament and is considered a likely presidential contender. His business focus is on external markets, particularly in E.U. states, having been excluded from Russia.[18] Perhaps this explains his enthusiasm for Ukraine’s entry into the European market?

Victor Pinchuk is second wealthiest oligarch in the Ukraine, behind Akhmetov, and has impeccable globalist credentials. He is founder of EastOne LLC investment, London, a media magnate, and a proponent of Ukraine’s entry into the E.U. His international links include being an adviser for the Brookings Institution, and a friend of former U.S. president Bill Clinton, British prime minister Tony Blair, and globalist wire-puller George Soros. He founded the Yalta European Strategy (YES) to promote Ukrainian entry into the E.U.[19]

The stated aim of YES is to integrate the Ukraine into “key international systems.”[20] The Pinchuk Foundation is associated with the Open Ukraine Foundation, which focuses on youth leaders. Open Ukraine was founded by Arseny Yatsenyuk, Minister of Economics (2005-2006), Minister of Foreign Affairs (2007), and chairman of the Supreme Council (2007-2008). He headed the Front for Change party (2009-2012), and during the last half of 2012 headed the “United Opposition, ” also known as the All-Ukrainian Union Fatherland.

Co-founder of Open Ukraine is Dzhymala Zbigniew, director of the financial and industrial group Inter-Groclin.[21] Pinchuk is a member of the governing body of Open Ukraine. Other O.U. luminaries include corporate board directors such as Roman Speck, CEO of JSC Alfa-Bank. Association with the Front for Change party is continued through party leader Svetlana Wojciechowski.[22] “Partners” of Open Ukraine include the Victor Pinchuk Foundation; the veteran globalist think tank Chatham House; Black Sea Trust for Regional Cooperation (BST), “a project of the German Marshall Fund,” a U.S. entity founded in 1972 to promote “Atlantic relationships,” “in the spirit of the Marshall Plan;[23] NATO Information and Documentation Center; “Democracy, Public Affairs Section,” U.S. Embassy in the Ukraine; International Renaissance Foundation, the Soros Open Society front in the Ukraine; Embassy of Poland; Horizon Capital Advisers LLC, focusing on investments in Ukraine, Moldova and Belrus.[24]

Open Ukraine has made its position unequivocal, proclaiming the “eternal memory and glory of the heroes” involved in the riots causing the present crisis.[25]

The Front for Change, with its close relationship with the oligarchs and globalists, merged into the All-Ukrainian Union Fatherland in 2013. The Fatherland Union, or United Opposition, traces its origins to the 2004 “Orange Revolution.” What is being played out in the Ukraine now is the attempt to complete what was attempted in 2004.

IMF in Ukraine

Arseny Yatsenyuk has been appointed interim Prime Minister. An article in Forbes calls Yatsenyuk “Washington’s man.” Correspondent Kenneth Rapoza alludes to a leaked phone call where Victoria Nuland, U.S. Assistant Secretary of State for European Affairs, told the Ukrainian ambassador that the USA wants “Yats” in. “Yats” was elected by the Ukraine parliament, with just one dissenting vote, despite previously being behind other opposition leaders as choice of prime minister, because he “had friends in high places and while he does not have strong support of the electorate, and would have no chance of winning an election, he is pro-IMF austerity and apparently the bulk of parliament is as well.”[26]

Yatsenyuk’s most immediate measure is to secure loans from the IMF and U.S. and E.U. banks. Yanukovych resisted IMF demands to raise taxes and devalue the currency.[27] Indeed, Yatsenyuk had stated that talks with the E.U. and the IMF are his top priorities.[28] An IMF team arrived in the Ukraine on March 4, Yatsenyuk having stated just prior to the delegation, that Ukraine would meet all IMF requirements.[29] The IMF had suspended loans to the Ukraine twice since 2008 because of the failure to carry out IMF policies. In December 2013 the IMF and the Ukraine failed to reach agreement in talks. The new government under the oligarchs has pledged to the IMF that it would undertake “wide ranging reforms,” according to the Fund’s spokesman Gerry Rice.

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Yatsenyuk has stated he expects to be the most unpopular leader in Ukraine’s history, indicating that, in keeping with usual IMF demands, the first measures will include cuts in state subsidies, particularly for domestic energy consumption, and welfare. U.S. Secretary of State John Kerry wants to rush through a U.S. guaranteed loan of $1 billion, with the E.U. likely to offer a similar amount. Russia had previously promised $15 billion, an offer that has now been withdrawn.[30]

What the outcome will be is predictable: as in other states that have thrown themselves upon the IMF, Ukraine’s economy will be privatized; her resources thrown open to global predators, and the Ukrainian Nationalists, who are already at odds with the social democrats now running the Ukraine, will have provided some of the street fodder for a process that will see the Ukraine enslaved not to Russia, but to global plutocracy – unless Russia stands firm.

Notes

[1] K. R. Bolton, “Tunisian revolt, another Soros/NED jackup,” Foreign Policy Journal, January 18, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/01/18/tunisian-revolt-another-sorosned-jack-up/ [2]

[2] See for example, National Endowment for Democracy, “Venezuela,” 2012 annual report, http://www.ned.org/where-we-work/latin-america-and-caribbean/venezuela [3]

[3] K. R. Bolton, “Attack on Syria planned nearly two decades ago,” Foreign Policy Journal, September 16, 2013, http://www.foreignpolicyjournal.com/2013/09/16/attack-on-syria-planned-nearly-two-decades-ago/ [4]

[4] K. R. Bolton, Stalin: The Enduring Legacy (London: Black House Publishing, 2012), 125-139.

[5] K. R. Bolton, “Mikhail Gorbachev, globalist superstar,” Foreign Policy Journal, April 3, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/04/03/mikhail-gorbachev-globalist-super-star/ [5]

[6] K. R. Bolton, Stalin, op. cit., 137-139.

[7] National Endowment for Democracy, NED 2012 Annual report, http://www.ned.org/where-we-work/eurasia/ukraine [6]

[8] “Ukraine’s Lessons Learned: From the Orange Revolution to the Euromaidan,” National Endowment for Democracy, February 12, 2014, http://www.ned.org/events/ukraine-lessons-learned-from-the-orange-revolution-to-the-euromaidan [7]

[9] Segei Leshchenko, “Zbigniew Brzezinski: Yanukovych understand that has no chance of fair elections. So went under the umbrella of Putin,” Ukrainian Pravda, January 15, 2014, http://www.pravda.com.ua/articles/2014/01/15/7009577/ [8]

Note that Leshchenko, who conducted the Brzezinski interview, is a NED Fellow.

[10] Zbigniew Brzezinski, Between Two Ages: America’s role in the technotronic era (New York: The Viking Press, 1970), 29.

[11] K. R. Bolton, Geopolitics of the Indo-Pacific: emerging conflicts, new alliances (London: Black House Publishing, 2013), 174-180.

[12] In December 2013, the Foundation was calling on the USA and E.U. to freeze the bank accounts of the “Yanukovych regime.” The sponsors of the Foundation include the Charles Stewart Mott Foundation, E.U., and NED, among others. The stated purpose of the Foundation, founded in 1999, is to make the Ukraine into a “market economy,” “to integrate the Ukraine into Euro-Atlantic structures,” based on the experiences of Poland, and to involved the Ukraine in fomenting regime change in Russia and former Soviet bloc states.

[16] Roman Olearchyk, “Akhmetov joins Ukraine oligarchs in pledging to protect homeland,” Financial Times, March 2, 2014, http://www.ft.com/intl/cms/s/0/a99fc964-a189-11e3-a29e-00144feab7de.html#axzz2uwAezm48 [12]

[17] Edward Malnick, “The Ukrainian oligarchs living it large in London,” The Telegraph, London, February 23, 2014, http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/ukraine/10655081/The-Ukrainian-oligarchs-living-it-large-in-London.html [13]

[18] “Petro Poroshenko,” Forbes, March 2014, http://www.forbes.com/profile/petro-poroshenko/ [14]

[19] See “About Victor Pinchuck,” Victor Pinchuck Foundation, http://pinchukfund.org/en/about_pinchuk/biography/ [15]

[20] Yalta European Strategy, http://pinchukfund.org/en/about_pinchuk/biography/ [15]

[21] Open Ukraine, “Founders,” http://openukraine.org/ua/about/founders [16]

[22] Open Ukraine, “Governing bodies,” http://openukraine.org/ua/about/management [17]

[23] “About the GMF,” http://www.gmfus.org/about-gmf/ [18]

[24] Co-founded in 2006 by Jeffrey C. Neal, formerly chairman of Merrill Lynch, and a board member of the Chicago Council of Global Affairs. Founding partner and CEO is Natalie A. Jaresko, who formerly worked for the U.S. State Department, and as chief economic adviser to the U.S. embassy in the Ukraine. See Horizon Capital, http://www.horizoncapital.com.ua/our-team [19]

[26] Kenneth Rapoza, “Washington’s Man Yatsenyuk setting Ukraine up for ruin,” Forbes, February 27, 2014, http://www.forbes.com/sites/kenrapoza/2014/02/27/washingtons-man-yatsenyuk-setting-ukraine-up-for-ruin/ [21]

[27] Ibid.

[28] “Talks with E.U., IMF are new Ukrainian government’s top priorities,” ITAR/TASS, February 27, 2014, http://en.itar-tass.com/world/721208 [22]

[29] “IMF mission in Kiev to assess economic situation in Ukraine,” ITAR/TASS, March 4, 2014, http://en.itar-tass.com/world/721953 [22]

[30] Sandrine Rastello and Terry Atlas, “IMF history with Ukraine leaders may cloud aid negotiations,” Bloomberg News, March 1, 2014, http://www.bloomberg.com/news/2014-02-28/imf-history-with-reneging-ukrainian-leaders-may-cloud-fresh-aid.html [23]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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De la guerre civile en Irak

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Bernhard Tomaschitz:

De la guerre civile en Irak

L’année 2014 sera terrible pour l’Irak

Comme en Syrie, l’Arabie saoudite attise le conflit

Près de onze années se sont écoulées depuis l’agression délibérée, contraire aux principes du droit des gens, que les Etats-Unis ont perpétrée contre l’Irak en 2003. Aujourd’hui, ce malheureux pays risque bien de sombrer dans le chaos et l’anarchie. Les combattants de l’ISIL (“Pour un Etat islamique en Irak et au Levant”), une organisation terroriste qui, dit-on, serait étroitement liée à Al Qaeda, ont pris le contrôle de vastes portions de la province occidentale d’Al-Anbar. Les attentats ponctuent chaque journée qui passe. Pourtant le premier ministre irakien Nuri al-Maliki reste serein. Il a confiance en ses troupes: “Nous vaincrons Al Qaeda”, affirme-t-il.

A Washington, on analyse la situation avec un oeil plus réaliste. Les Etats-Unis livrent des armes légères à l’armée irakienne, dans l’espoir qu’avec cet arsenal réduit cette armée, théoriquement alliée, va pouvoir à terme empêcher qu’un territoire assez vaste et cohérent de l’Irak et de la Syrie soit soustrait à l’influence des islamistes. Mais ce qu’il faut surtout rappeler c’est que des voix se font entendre à Washington qui critiquent le retrait des troupes américaines en 2011 et réclament dès lors un nouvel engagement combattant dans le pays ravagé par la guerre civile. Récemment donc deux sénateurs influents, John McCain et Lindsey Graham, ont déclaré: “Que les choses soient claires: la position du gouvernement, qui voulait aller dans le sens du gouvernement irakien et ne voulait pas maintenir les forces armées américaines au-delà de l’année 2011, était manifestement erronée”. Al-Maliki voit les choses autrement, bien sûr, et défend sa décision d’hier de faire partir le plus vite possible les soldats américains.

Al-Maliki n’est toutefois par entièrement innocent: il est partiellement coupable de la détérioration de la situation. Chef du gouvernement, il appartient à la majorité chiite de la population, que le régime de Saddam Hussein avait réduit à l’insignifiance politique. Al-Maliki s’est ensuite efforcé de marginaliser les sunnites. Par voie de conséquence, la loyauté de ces derniers envers le nouvel Etat irakien post-baathiste, pour autant qu’elle ait jamais existé, s’est évanouie comme neige au soleil. Cette disparition de toute loyauté sunnite a favorisé le développement de groupes comme Al Qaeda ou l’ISIL.

La politique actuelle d’Al-Maliki vise à amener les Américains à livrer davantage d’armes. Il a transmis à Washington une liste d’armements jugés nécessaires pour chasser les islamistes de la province d’Al-Anbar. Pourtant les armes arrivent depuis assez longtemps. En décembre 2013, le “New York Times” rapportait qu’une cargaison de 75 missiles anti-chars Hellfire était arrivée en Irak. Ensuite, le Pentagone s’est déclaré prêt à livrer en 2014 au gouvernement de Bagdad des chasseurs F-16, des hélicoptères Apache et, surtout, des dizaines de drones d’observation. Mais les experts militaires cités par le “New York Times” sont très sceptiques: même dotés de ces armements sophistiqués, ils doutent que l’armée irakienne soit capable de vaincre les insurgés sunnites.

Le ministre irakien des affaires étrangères, Hoshyar Zebar, quant à lui, a avoué qu’une intervention américaine directe, par le biais de drones, était de plus en plus envisageable “depuis quelques mois”. Si le conflit gagne en intensité, l’engagement de troupes américaines n’est pas une option à exclure, même si Kerry affirme encore aujourd’hui que “les godillots des GI’s” ne fouleront plus le sol irakien.

Cependant, il faut bien constater que les islamistes irakiens ne seraient pas aussi forts, comme leurs homologues syriens d’ailleurs, s’ils ne bénéficiaient pas d’un soutien massif des Saoudiens. Le royaume wahhabite du désert arabique joue effectivement un rôle clef dans ces conflits d’Irak et de Syrie. On sait qu’il est riche de sa rente pétrolière, que sa religion d’Etat est le wahhabisme, forme la plus rigide de l’islam, qu’il soutient partout dans le monde les tenants de ce rigorisme. Le 4 janvier 2014, l’agence iranienne de presse “Fars News Agency” écrivait: “Tandis que la Turquie a fermé de large portions de sa frontière aux terroristes et tandis que la Jordanie songe à restreindre le droit d’entrer et de circuler sur son territoire aux ressortissants saoudiens qui cherchent à entrer en Irak via le royaume hachémite de Jordanie, les frontières de l’Irak en plein désert sont à peine contrôlées par les militaires irakiens et les pistes de ce désert constituent dès lors les voies de pénétration pour le soutien logistique et militaire que l’Arabie saoudite apporte aux terroristes syriens”.

La question se pose quant au rôle douteux que joue ce grand allié des Etats-Unis au Proche Orient —le deuxième après Israël— souligne Andreï Akoulov du centre d’études stratégiques russe “Strategic Culture Foundation”: “L’Arabie saoudite constitue la principale menace pour la paix au Proche Orient. Les guerres régionales et les conflits religieux dans cette région du monde sont financées et armées par Ryad”. La tragédie syrienne, pour l’expert russe, est une “conséquence directe” de l’immixtion saoudienne, appuyée par les Etats-Unis. L’Irak, dès lors, devra faire face à “une nouvelle vague d’attentats à la bombe”, parce que les Saoudiens tentent de créer un équilibre régional à leur seul profit et au détriment de l’Iran.

L’Arabie saoudite est en mesure de pratiquer cette politique belligène tout simplement parce que celle-ci est la suite logique des guerres fomentées et déclenchées par les bellicistes néo-conservateurs qui ont tenu le haut du pavé à Washington sous la présidence de George W. Bush. Un autre expert russe, actif dans la même fondation, Nikolaï Bobkin, souligne la responsabilité des Etats-Unis dans l’éclosion du conflit. En effet, les interventions américaines, en Afghanistan d’abord, en Irak ensuite, “ont bouleversé l’équilibre fragile des forces et enclenché un processus de concurrence entre Iraniens et Saoudiens pour la maîtrise du Proche Orient”.

Une question cruciale demeure cependant ouverte: pendant combien de temps les Etats-Unis miseront-ils encore sur un allié qui contrecarre leurs intérêts au Proche Orient, bien plus intensément que ne le firent jamais les Iraniens? Voilà sans doute pourquoi, à court ou moyen terme, on voit se profiler un rapprochement entre Washington et Téhéran.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°4/2014; http://www.zurzeit.at ).