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mardi, 31 janvier 2023

La malédiction de l'Occident et le salut de la Russie

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La malédiction de l'Occident et le salut de la Russie

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-maledizione-delloccidente-e-la-salvezza-della-russia

Dans la dernière partie de son étude, le philosophe russe Alexandre Douguine tire des conclusions pessimistes sur l'état de la société moderne en Occident et sur les chances de salut de la Russie en se fondant sur une analyse de fond de la nature humaine.

La modernité à travers les yeux de la tradition

Passons maintenant à une partie absolument différente de l'anthropologie : la manière dont la philosophie et la science de l'Occident moderne présentent l'homme, son essence, sa nature. Nous commençons presque toujours par des notions modernes, que nous tenons pour acquises ("le progrès est obligatoire"), et à travers leur prisme, nous nous tournons vers d'autres notions, par exemple pré-modernes. Avec un certain degré d'indulgence.

Si tel était le cas, toute anthropologie religieuse, et en particulier sa section eschatologique, apparaîtrait comme une généralisation naïve et arbitraire. Or voici ce qui est intéressant. Si nous regardons de l'autre côté et essayons d'évaluer les théories anthropologiques de la modernité à travers les yeux d'un homme de la Tradition, une image choquante s'ouvrira devant nous.

Si l'histoire est le processus de division de l'humanité en moutons et en boucs, c'est-à-dire l'actualisation finale, à travers quelques étapes successives, de la liberté des hommes à choisir soit en faveur des enfants de la lumière soit en faveur des enfants des ténèbres, alors les derniers siècles de la civilisation de l'Europe occidentale, qui se positionne de plus en plus en retrait de Dieu, de la religion, de la foi, du christianisme et de l'éternité, apparaîtront comme un processus continu et croissant de glissement vers l'abîme, un glissement massif vers le côté Denitsa, un vecteur conscient et structurellement vérifié de lutte directe contre Dieu.

La modernité européenne est la "voie des boucs", c'est-à-dire l'invitation compulsive faite aux sociétés et aux peuples à devenir des boucs émissaires lors du Jugement dernier. La civilisation européenne occidentale de la modernité s'est construite dès le départ sur le rejet de la religion: d'abord par la relativisation de ses enseignements (le déisme), puis par un athéisme dogmatique pur et simple.

L'homme est désormais pensé comme un phénomène matériel/psychique indépendant, porteur de rationalité. Dieu apparaît comme une hypothèse abstraite. Dans la culture New Age, ce n'est pas Dieu qui crée l'homme, mais l'homme s'invente un "Dieu", dans la quête naïve d'expliquer l'origine du monde. Avec cette approche, ni les mondes spirituels ni les anges n'ont de place dans l'existence, toute la spiritualité est réduite à l'esprit humain.

En même temps, l'acte même de la création et l'éternité créée sont rejetés; par conséquent, l'idée de la structure du temps et de l'histoire change: le Paradis et le Jugement dernier sont présentés comme des "mythes naïfs" ne méritant aucune considération sérieuse. L'apparition de l'homme est décrite comme une étape dans l'évolution des espèces animales et l'histoire de l'humanité comme un progrès social graduel menant à des formes d'organisation sociale considérées toujours plus parfaites, avec des niveaux de confort et de développement technologique toujours plus élevés.

Cette image du monde et de l'homme nous est si familière que nous réfléchissons rarement à ses origines ou aux hypothèses sur lesquelles elle repose, mais si nous nous y intéressons quand même, nous voyons qu'il s'agit d'un rejet radical de l'ontologie du salut, d'une volonté d'interdire catégoriquement à l'homme de créer son être dans les domaines propres aux moutons de l'eschatologie. Le paradigme de la modernité tourne le dos à Dieu et au ciel et, par conséquent, se dirige vers l'intérieur.

Dans la topologie religieuse, c'est un choix sans équivoque en faveur de l'enfer, un glissement dans l'abîme d'Avaddon. Dans l'ordre mondial formellement athée et laïc, l'image de l'ange déchu devient de plus en plus claire. Le diable a attiré l'humanité à lui à travers toutes les phases de l'histoire sainte, en commençant par le paradis terrestre. Mais ce n'est qu'à l'époque moderne qu'il parvient à prendre le pouvoir sur l'humanité et à devenir le véritable "prince de ce monde" et le "dieu de ce temps".

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Postmodernité : le retour du diable

La transformation de l'anthropologie dans un sens ouvertement satanique est particulièrement évidente dans ses dernières étapes, dans ce que l'on appelle communément le Postmoderne. Ici, l'optimisme de la modernité est remplacé par le pessimisme et l'humanisme est totalement écarté.

Si la modernité (l'ère moderne) s'est rebellés contre Dieu, la religion et le sacré, le postmodernisme va plus loin encore et appelle à l'élimination de l'homme (de tout anthropocentrisme), à la rationalité scientifique et à la destruction ultime des institutions sociales - États, familles - en passant par le rejet du genre (politique du genre) et le passage au transhumanisme (transfert de l'initiative à l'intelligence artificielle, création de chimères et de cyborgs par génie génétique, etc.)

Si dans la Modernité, le mouvement menant à la civilisation du diable était planifié et s'exprimait par le démantèlement de la société traditionnelle, la Postmodernité, elle, pousse cette tendance jusqu'à sa conclusion logique en mettant directement en œuvre un programme d'abolition définitive de l'humanité.

Ce programme, en tant que triomphe du matérialisme, est présenté de manière particulièrement vivante dans l'orientation moderne de la philosophie occidentale - le réalisme critique, ou ontologie orientée objet (OO).

Il proclame ouvertement le démantèlement de la subjectivité et l'appel à l'Absolu extérieur (C. Meillas) comme fondement ultime de la réalité. En outre, de nombreux philosophes de cette tendance identifient directement la figure de l'Absolu extérieur à Satan ou à ses homologues dans d'autres religions - en particulier, à l'Ahriman zoroastrien (voir Reza Negarestani à ce sujet).

Ainsi, ensemble, la modernité et la postmodernité représentent une seule et même tendance qui vise à mettre l'humanité sur la voie de la victime rejetée, du bouc émissaire, et au moment du Jugement dernier, lequel est nié, à la plonger dans l'abîme de la damnation irréversible.

Le déni de l'anthropologie religieuse et de son apothéose eschatologique contiennent déjà un programme de désignation de boucs émissaires, et à mesure que la culture séculière s'enracine, se développe et s'explicite, notamment dans le postmodernisme et le transhumanisme, ce programme devient explicite et transparent. Nous pouvons dire, en simplifiant, que d'abord l'âge moderne se moque de l'existence de Dieu et du diable, rejetant l'existence de la verticalité comme axe de la création, puis, dans la Postmodernité, le diable et la moitié inférieure de la verticale reviennent et se font pleinement connaître.

Cependant, il n'y a plus de Dieu (Dieu est mort, s'exclame Nietzsche, nous l'avons tué) qui puisse aider l'humanité. Le divin est écarté à un stade antérieur et, partant, ce rejet du divin reste un thème indiscutable du postmodernisme. Il n'y a que le diable qui conduit l'humanité sur le large chemin de la damnation, cyniquement (Satan aime plaisanter) appelé "progrès".

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L'Armageddon de nos cœurs

Si nous combinons maintenant ces deux perspectives, l'anthropologie eschatologique et les conceptions de l'homme dans la modernité et surtout dans la postmodernité, nous obtenons un tableau assez vaste. Il apparaîtra clairement que nous sommes dans la phase finale de la fin des temps, à proximité immédiate du moment du Jugement dernier. Il n'y a rien d'arbitraire ou de spéculatif dans cette déclaration. Sur le plan vertical du monde, l'humanité se trouve dans cette position à chaque moment de son histoire: le Jugement dernier et la résurrection des morts sont toujours proches de Dieu et sont présents à chaque instant et dans chaque lieu de vie.

Dans l'ensemble, cependant, en ce qui concerne l'humanité, cet événement se produit une fois pour toutes: lorsque les deux dimensions, la verticale et l'horizontale, se rencontrent de la manière la plus complète et la plus pure. Si, lors du grand jugement, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas du tout préparés à cela, qui ont même été élevés avec l'idée que rien de tel ne peut se produire, parce que seule la matière et ses dérivés existent, ils peuvent se retrouver parmi ceux qui seront envoyés à l'abîme.

Surtout ceux qui, en succombant à l'hypnose du progrès, iront si loin sur la voie de la déshumanisation qu'ils perdront complètement contact avec leur propre nature humaine, et donc avec la possibilité de choisir le bon côté, ce qui est toujours possible lorsqu'on a affaire à des humains - aussi difficile que ce choix puisse être dans certaines circonstances. Mais lorsque le projet transhumaniste sera pleinement réalisé et que l'humanité aura irréversiblement migré dans la zone de la post-humanité (ce que les futurologues modernes appellent le moment de la singularité), en coupant les liens avec sa nature, la paix et l'histoire prendront fin, car un témoin sera retiré du centre de la réalité.

Ce ne sera pas le vide, mais le déploiement de la création éternelle et de la verticale angélique dans son intégralité: ce sera le temps de la seconde venue, de la résurrection des morts et du jugement dernier. En attendant que ce moment arrive, la division de l'humanité en moutons et en boucs prend une expression dramatique, particulièrement intense. De plus en plus de personnes deviennent des "enfants des ténèbres" et se détournent de la foi en la vraie lumière de Dieu. En face d'eux se trouvent les "enfants de lumière" qui, malgré tout, restent fidèles à Dieu, au Sauveur, à la verticale...

Les deux catégories, consciemment ou inconsciemment, bien que la figure de l'ange ait depuis longtemps disparu de l'image holistique du monde, se retrouvent tout près des pôles angéliques, séparés de l'éternité et de la fin du monde aussi loin que possible. Pour les boucs, cela signifie qu'ils deviennent littéralement possédées par le diable, se transformant en son instrument impuissant et perdant toute autonomie.

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C'est cela que signifie devenir des "enfants des ténèbres", des boucs émissaires, un sacrifice rejeté par Dieu. Mais il est également extrêmement difficile de rester fidèle au ciel et à la lumière dans une situation aussi extrême, et cette position désespérée du "petit troupeau" nécessite le soutien et la protection spéciale de Dieu et des anges dévoués. À un certain moment, la bataille des anges éternellement justes coïncide avec la dernière guerre de l'humanité, dans laquelle les "enfants de la lumière" s'opposent directement aux "enfants des ténèbres" dans l'imminence du Jugement dernier. C'est exactement ce que la Bible décrit comme la bataille d'Armageddon. Il est impossible de la décrire en termes rationnels purement terrestres, car elle comprend les expressions ultimes du contenu théologique, métaphysique et ontologique.

VO, soit l'ontologie vraie, l'ontologie orientée vers la vérité, a la relation la plus directe avec l'anthropologie eschatologique. Personne ne connaît son moment exact, notamment parce qu'il ne s'agit pas d'un événement situé dans le temps, mais de cet état du monde difficile à imaginer dans lequel le temps entre directement en collision avec l'éternité et, par conséquent, l'éternité cesse d'être le temps qu'elle était auparavant. Ici commence un "âge futur" qui fait face à la verticale de l'existence. Tout cela s'est déjà produit et se produit maintenant, mais sera pleinement révélé au cours de l'Apocalypse, qui signifie en grec "révélation", "découverte".

Le caché devient manifeste. C'est ainsi que le mystère de la dualité de l'homme est résolu, et que chaque homme en devient un participant direct - car la ligne de front ne passe pas seulement par la géographie terrestre, mais strictement par notre cœur.

Partie I - Le problème anthropologique en eschatologie

Partie II - Le dualisme du monde spirituel

Partie III - La division finale entre les Fils de la Lumière et les Fils des Ténèbres

lundi, 30 janvier 2023

Si la "droite" a raison - à l'avenir, la pensée globaliste devra se combiner avec l'affirmation de soi localiste

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Neue Züricher Zeitung (NZZ)

Commentaire d'un lecteur

Si la "droite" a raison - à l'avenir, la pensée globaliste devra se combiner avec l'affirmation de soi localiste

L'Occident a longtemps réussi à exercer une domination politique, idéologique et technologique sur le monde. Aujourd'hui, il est confronté à de puissants rivaux extérieurs et au relativisme culturel qui sévit en son sein. Le réalisme et l'autolimitation sont de mise.

Heinz Theisen

Après l'échec de l'utopie visant l'égalité matérielle, les aspirations de la gauche se sont déplacées vers l'égalité culturelle et biologique. Sous le signe de l'arc-en-ciel, la diversité et l'égalité sont censées se compléter au sein de "l'humanité unique" - comme autrefois la liberté et l'égalité au sein des sociétés nationales.

La puissance de cette nouvelle idéologie provient de sa coalition avec le capitalisme mondial. L'appel à l'ouverture des frontières unit les acteurs économiques mondiaux et les moralistes à la pensée globaliste. La libre immigration est pour les uns ce que l'externalisation est pour les autres.

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Déconstruction du propre

Tous deux sacrifient pour cela l'affirmation de soi des communautés circonscrites, de la famille, de l'État-nation et de la culture. D'où la déconstruction, qui les caractérise, de toute identité originale, et leur haine de la culture occidentale, qui est la plus réussie et donc la plus inégalitaire. L'ordre du "monde unique" est attribué dans le grand reset à un centralisme numérisé d'instances mondiales.

La critique du manque de rationalité des intérêts ne s'adresse pas à un zèle religieux de substitution qui satisferait des aspirations profondes au bien. Non, ce manque de rationalité est critiquable parce qu'il s'agit d'un christianisme frelaté tant que son idéal d'universalité n'est pas associé au réalisme de la subsidiarité. L'amour du lointain risque de prendre le pas sur l'amour du prochain.

Lorsque les sociaux-démocrates danois veulent garantir l'État social en durcissant le droit d'asile, est-ce de gauche ou de droite ?

Le relativisme culturel de l'Occident était la condition préalable à son universalisme politique, jusqu'à justifier l'intervention dans des milieux culturels étrangers. Au sein de la société, les luttes culturelles étaient également programmées. Les valeurs et les structures occidentales étaient considérées comme transférables à satiété à d'autres cultures et, inversement, aux immigrés issus de cultures étrangères.

La coalition tricolore en Allemagne n'est pas le fruit du hasard. Un libéralisme galvaudé occupe une place centrale dans cette coalition arc-en-ciel. Il exige, jusque dans les rôles sexuels, la dissolution de toutes les formes d'identité communautaire au profit des identités individuelles. L'absence de limites est revendiquée même par rapport face aux contraintes naturelles.

Le moralisme de l'ouverture universelle revendique à son tour l'absoluité. Les positions opposées à ce Bien, posé comme tel, sont considérées comme mauvaises et ne méritent que d'être combattues. Toute forme d'affirmation de soi est considérée comme "de droite", la polarisation des sociétés suit son cours.

Les attaques venant du lointain sur tout ce qui est prochain et du futur sur le présent expliquent aisément les contre-mouvements furieux, observables de Trump au Brexit en passant par Le Pen et l'AfD. Mais ceux-ci ne constituent que des contre-pensées tant qu'ils ne proposent pas leur propre récit réaliste. Sans une compréhension plus profonde de la culture propre d'un terreau local/national, la volonté de le protéger ne peut être justifiée que par des peurs et des ressentiments. Et sans une reconstruction des éléments les meilleurs et les plus unificateurs de notre culture - comme en particulier l'histoire chrétienne bimillénaire de l'Europe - un sentiment de colère génère un rejet massif et renforce la polarisation.

Le mondialisme utopique délocalisé/délocalisant menace de générer des contre-extrémismes nationalistes et régressifs. L'État-nation n'est pas une fin en soi, comme le pensent certains romantiques identitaires. Il peut lui-même devenir l'agent d'un centralisme bureaucratique et détruire les petites communautés. Mais il n'y a aucune raison de le diaboliser tant qu'il agit de manière défensive et qu'il reste principalement axé sur l'affirmation de ses propres valeurs.

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Démondialisation et nouvelle multipolarité

Dans un monde multipolaire composé de grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine et la Russie, les nations européennes sont trop petites pour pouvoir assurer seules leur sécurité et leur prospérité. La voie médiane et praticable entre le mondialisme et le nationalisme résiderait dans un aménagement de l'espace entre les acteurs, dont la structure et la taille résulteraient de leur capacité à résoudre les problèmes.

En Europe, cela pourrait se faire dans le cadre d'une Union qui connaitrait ses limites à l'extérieur et à l'intérieur. Plus de diversité à l'intérieur permettrait plus d'unité et de force à l'extérieur, face aux adversaires que sont la Russie, la Chine et ceux du monde islamique. Il ne s'agit pas de sortir de cette Union, mais de la transformer en une "Europe qui protège" (Macron) - jusqu'à un marché unique européen qui sache exiger la réciprocité dans les échanges avec la Chine.

La guerre d'agression de Poutine a mis fin à tous les rêves mondialistes et multilatéraux. La déconnexion de la Chine, opérée dans le cadre de la pandémie, qui a placé le pays hors des contextes internationaux, et les sanctions décrétées contre la Russie ont renforcé les tendances à la déglobalisation qui étaient déjà en germe dans la pandémie. La rivalité, qui s'est déchaînée dans l'économie mondiale, exige une plus grande protection de la classe moyenne contre les tendances oligopolistiques. Les pertes de prospérité sont inévitables, mais une meilleure délimitation de ce ressac permettrait de garder et de consolider l'ordre.

D'autant plus que les valeurs woke de l'Occident, qui glissent de plus en plus vers un extrémisme débridé, suscitent plutôt le dégoût dans les cultures traditionnelles ailleurs dans le monde. Alors que les démocraties libérales font preuve d'une très grande tolérance à l'égard de l'islam, l'islamisme, de son côté, se montre intransigeant. Dans leur propre culture, les conservateurs culturels affirment que leur culture doit demeurer dominante, et dans l'espace de la culture étrangère, ils respectent sa primauté. De cette manière, même des cultures incompatibles pourraient coexister pacifiquement.

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La droite et la gauche se confondent

La préoccupation centrale de la "droite", des traditionalistes aux nationalistes, est l'auto-affirmation de ce qui lui est propre. Ce récit permettrait également au conservatisme de sortir de son dilemme consistant à toujours s'opposer aux nouveautés des autres.

La "lutte contre la droite" déclarée par beaucoup semble être menée avec d'autant plus d'acharnement qu'elle passe à côté du sujet. Lorsque les sociaux-démocrates danois veulent garantir l'État social en durcissant le droit d'asile, est-ce là une position de gauche ou de droite? Un libéral qui défend l'égalité des sexes contre la charia est-il libéral ou conservateur? De même, une protection accrue du commerce de détail par une taxation minimale d'Amazon à l'échelle européenne serait à la fois de gauche, libérale et de droite.

Face à tout ce qui doit être affirmé et préservé en termes de progrès social et d'émancipation, l'affirmation de soi est également une préoccupation incontournable pour la gauche et les libéraux. Le conservatisme ne signifie donc pas l'exaltation du passé, mais la reconnaissance des nécessités pour faire face à la réalité. On peut aussi appeler cela du "protectionnisme".

Avec la guerre d'agression menée par la Russie, le nationalisme connaît une renaissance, si ce n'est au profit de sa propre nation, il le connaît via le soutien à l'Ukraine. Les pacifistes verts sont devenus du jour au lendemain les plus fervents partisans de la livraison d'armes. Si les anciens objecteurs de conscience du gouvernement allemand, comme le chancelier et le vice-chancelier, défendent l'autodétermination nationale des Ukrainiens, ils peuvent difficilement la refuser à leur propre pays. Les mondialistes seront confrontés à un Canossa similaire lorsque les flux migratoires toucheront les quartiers aisés et commenceront à submerger les éthiciens de la pensée qui y vivent.

Mais en fin de compte, les contradictions entre les mondialistes et les protectionnistes devront être transformées en réciprocité, comme dans le cas du conflit entre le capital et le travail dans l'économie sociale de marché. Les sociétés vieillissantes ont besoin à la fois d'immigration et d'État social. Une migration maîtrisée nécessite des formes contrôlées d'ouverture et des formes différenciées de protection.

Les avantages comparatifs en termes de coûts du libre-échange sont indispensables au développement de la prospérité. Des compromis peuvent être trouvés sur les limites de la concurrence mondiale en faveur des qualités locales. Leur recherche commence dès lors que des discours ouverts sont tenus sur les limites de l'ouverture.

Heinz Theisen est professeur émérite de sciences politiques à l'Université catholique de Rhénanie du Nord-Westphalie à Cologne.

L’ombre de l’Algérie sur la France

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L’ombre de l’Algérie sur la France

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien que passée inaperçue, elle a été la première polémique de l’année 2023. José Gonzalez, député RN de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, accède à l’une des dix vice-présidences des Amitiés parlementaires France – Algérie. La gauche crie au scandale d’autant que le doyen de l’Assemblée nationale, originaire d’Oran, n’a jamais caché la déchirure de l’exil et la nostalgie pour la terre de ses ancêtres. Cette vaine querelle prouve encore l’intensité, la profondeur et la complexité des relations franco-algériennes. Or, malgré une indépendance acquise depuis soixante ans, l’Algérie continue à peser sur le devenir français.

En septembre 2021, le gouvernement français restreignait le nombre de visas accordés non seulement aux Algériens, mais aussi aux Tunisiens et aux Marocains. En 2019, Paris avait accordé environ 200.000 visas aux seuls Algériens! Cette mesure de rétorsion répondait au refus habituel des trois États maghrébins de ne pas reprendre (ou bien peu) leurs ressortissants expulsés de l’Hexagone. En 2019, le taux de reconduction à la frontière ne représentait que 14,4 %. Le Figaro du 19 octobre 2022 signalait qu’« en 2021, les Algériens composaient la seconde nationalité la plus représentée en CRA (centre de rétention administrative) (1687 personnes, 10,3 % du total), après les Albanais (1521, 11,5 %), les Tunisiens (1387, 9,4 %) et les Marocains (1587, 8,6 %) suivaient ». La « crise des visas » s’achève en décembre 2022 par l’incroyable reculade du gouvernement français. A-t-il pris conscience du poids démographique algérien en France ? A-t-il tenu compte des impératifs énergétiques et économiques du moment ?

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On recense entre 75 et 85 vols quotidiens entre la France et l’Algérie, soit quatre cents liaisons aériennes par semaine ! Un article du Monde du 25 août 2022 citait Christophe Castaner de sinistre mémoire évoquant « 1,2 millions de Français algériens qui votent ». Un parent faisant son service militaire en 1995 se souvient qu’un binational qui préférait effectuer dix mois de conscription en France plutôt que deux ans en Algérie, lui déclara avoir voté à l’élection présidentielle algérienne pour le candidat islamiste Mahfoud Nahnah…

L’octroi massif de visas aux Algériens est une exigence fréquente de la rue maghrébine. Dès qu’un président hexagonal parcourt Alger, Constantine, Tizi Ouzou, la foule lui hurle : « Des visas ! Des visas ! Des visas ! » Les autorités algériennes aimeraient que leur validité dure plus longtemps. L’actuel chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, déclare au Figaro du 30 décembre 2022: «Je me permets de paraphraser un ami qui, de manière anecdotique et ironique, me déclarait récemment que les Algériens devraient avoir des visas d’une durée de 132 ans». Par-delà le ton sarcastique, les propos présidentiels ne peuvent qu’encourager les Harraga, ces jeunes Algériens désespérés par l’inertie du régime, son incompétence et sa kleptocratie, à émigrer en France. Ambassadeur de France en Algérie à deux reprises (2008 – 2012 et 2017 – 2020), Xavier Driencourt explique dans Le Figaro du 21 décembre 2022 que « les autorités algériennes n’ont pas intérêt à récupérer ces ressortissants, réfractaires, politiquement marginaux ou contestataires, souvent kabyles, qui fuient leur pays en raison du contexte politique ou pour des raisons économiques; ces migrants sont une variable d’ajustement dans un pays en crise ».

L’attrait migratoire de l’Hexagone se comprend pour la libéralité de ses prestations sociales supérieures à un modèle suédois dépassé qu’il délivre aux immigrés. Sans omettre d’autres facilités obtenues. Par exemple, Xavier Driencourt insiste sur « l’utilisation des passeports diplomatiques, qui permet à nombre de ressortissants algériens de venir en France sans visa et sans aucune forme de contrôle, la non-délivrance de titres de séjour aux Algériens qui ne résident pas en France mais qui profitent de leur carte de résident pour se faire soigner et/ou bénéficier des avantages sociaux du système français ». L’« envie de France » s’accroît au moment où le gouvernement algérien retire la langue française à l’école au profit de l’anglais. Le président Tebboune a beau déclaré qu’« en 2022, l’Algérie compte 27 millions de locuteurs qui maîtrisent le français sur 45 millions d’habitants », il estime néanmoins que son pays « ne s’est pas libéré pour faire partie d’un je ne sais quel commonwealth linguistique ». L’arrêt de l’apprentissage de la langue de Molière dans le système scolaire ne signifie pas la fin des flux migratoires. Bien au contraire !

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Lors de la campagne présidentielle de 2012, alors conseiller de l’ombre de Nicolas Sarközy, Patrick Buisson suggérait au président-candidat d’abroger la partie encore en vigueur des accords d’Évian. L’ambassadeur Driencourt (photo) propose pour sa part « la dénonciation ou à tout le moins la renégociation des accords de 1968 ». « Ces accords du 27 décembre 1968, précise-t-il, portent sur les conditions d’arrivée et d’installation des Algériens en France. Ils comprennent de nombreuses dispositions dérogatoires par rapport aux autres nationalités, y compris les Marocains et les Tunisiens: certificat de résidence de dix ans, régularisation des sans-papiers facilitée, regroupement familial accéléré, conditions d’intégration dans la société française assouplies par rapport aux autres nationalités, visas étudiants assez généreux, etc. Beaucoup de facilités, donc, au bénéfice des Algériens. Négociés et signés dans la foulée des accords d’Évian, à une époque où la France voulait faire venir en France une main-d’œuvre algérienne francophone, ces accords n’ont plus de sens dans le contexte actuel ». Hélas ! on sait que le gouvernement macronien ne fera rien alors que les Algériens présents en France, quand ils ne militent pas en faveur de la cause kabyle, s’islamisent très rapidement. N’oublions jamais cette pancarte mal orthographiée brandie par une participante goguenarde à une manifestation contre le concept fallacieux d’islamophobie tenue à Paris le 19 octobre 2019 : « Française musulmane et voilée, si je vous dérange, je vous invite à quitter mon pays. »

Un lecteur de Valeurs actuelles du 7 juillet 2022 cite par ailleurs Léon Roches rapportant les commentaires de l’émir Abdel Kader dont il fut le secrétaire particulier de 1836 à 1840: «Nous avons vendu notre âme à Dieu, nous méprisons la mort. C’est nous qui rendrons la Mitidja déserte et qui bloquerons l’infidèle dans Alger. Bientôt nous chasserons les Français d’Alger. Puis nous passerons la mer sur des barques. Nous prendrons Paris. Nous nous y assemblerons. Puis nous conquerrons les autres nations et nous leur apprendrons la vérité du vrai Dieu». Après cinq années de détention et libéré par un homme qui a lui aussi connu l’emprisonnement, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, l’émir s’installera à Beyrouth où il protégera des chrétiens persécutés. Quant à ses petits-fils, ils seront officiers de l’armée française.

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Les réflexions d’Abdel Kader se comprennent à l’aune de l’histoire de la future Algérie. Elle fut du Moyen Âge jusqu’à la conquête de 1830 un puissant foyer de piraterie barbaresque. En 1541, l’empereur Charles Quint organisa le siège d’Alger sans pour autant pouvoir briser cette menace.

Détentrice de gisements considérables d’hydrocarbures, l’Algérie a les moyens de jouer sur l’activité économique et l’avenir énergétique de la France. L’importante communauté algérienne, binationale ou non, constitue un autre moyen de pression. En 2002, au mépris de la souveraineté nationale, l’Amicale des Algériens en Europe appelait à voter contre Jean-Marie Le Pen présent au second tour de l’élection présidentielle. Les prochaines décennies confirmeront peut-être la prédiction de Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923 – 1957), l’un des six fondateurs du FLN (Front de libération nationale). Il lança aux soldats français qui venaient de l’arrêter: «Je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l’Algérie française et moi je vous annonce la France algérienne».

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 58, mise en ligne le 25 janvier 2023 sur Radio Méridien Zéro.

La génération « flocons de neige »

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« Ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible »

La génération « flocons de neige »

par Roberto Pecchioli

Source: https://www.maurizioblondet.it/generazione-fiocchi-di-neve-flaccida-e-gregaria/

Une superbe synthèse sur la jeunesse actuelle fabriquée par le mondialisme technologique et enthousiaste. Rappel : pour Philippe Muray la jeunesse résultante de mai 68, du féminisme et de l'écologie, était déjà un naufrage il y a vingt-cinq ans. Là on a plongé dans les abysses : vaccin, éoliennes et smartphone au programme – sans oublier guerres et insectes grillés – le tout avec 87% d'abstentions aux élections, 32% de LGBTQ et même 30% de capacité thoracique en moins.  Mais laissons Roberto Pecchioli  parler :

« L'armée américaine a dû abaisser ses critères de recrutement physique. Les performances des aspirants se détériorent régulièrement. On ne sait pas quelles sont les conditions psychologiques et mentales, le tempérament moral des recrues. La situation est la même en France, où la comparaison entre les tests physiques actuels et ceux du passé est décourageante: la dernière génération a perdu un quart de sa capacité pulmonaire en raison d'une sédentarité, résultat de nombreuses heures passées devant des écrans. Conséquence : les jeunes Français mettent une minute de plus que leurs pères pour parcourir un kilomètre à pied.

Le pronostic est sévère : entre addictions (alcool, drogues, médicaments et psychoactifs, buzz, appareils électroniques), déchéance physique et fragilité causée par les désastres familiaux, la théorie du genre et les folies politiquement correctes, le narcissisme, la mystique des droits sans devoirs, le sort des générations montantes est inquiétant. Encore plus désastreuse est la condition des jeunes mâles. Dévirilisés, éduqués principalement par des femmes, sans modèles, amenés à blâmer leurs instincts, ils sont le maillon faible d'une chaîne décadente. Les mâles et les femelles – y compris les « non-binaires » – sont la génération « flocon de neige ». L'affaiblissement progressif des esprits et des corps, la confusion savamment entretenue jusqu'à la désidentification personnelle et intime, n'est pas la responsabilité des jeunes.

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Ceux-ci deviennent les victimes d'une gigantesque expérience d'ingénierie et d'anthropologie sociales. Ils sont comme le pouvoir veut qu'ils soient : flasques, faibles, conformistes, craintifs, ignorants (hors formation instrumentale), incultes dans les débats, incapables d'imaginer le changement. Aux antipodes du passé, dans lequel les jeunes ont toujours été moteurs de renouveau, de diversité, de nouveauté. La génération "flocons de neige", au contraire, présente des sujets idéaux parce qu'ignorants, voire sincèrement convaincus qu'ils font leurs propres choix en toute autonomie, des singes dressés convaincus que la vie est une succession de vacances, de droits, d'envies et de caprices. Le système actuel – le mondialisme capitaliste faussement libertaire – en a fait des flocons de neige, froids, liquides, destinés à fondre aux premières chaleurs, vêtus de haillons coûteux, avec des tatouages ​​voyants, des bagues tribales et des coiffures bizarres.

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Leur soumission indifférente de petits soldats anonymes est étonnante, nous en avons eu la preuve en trois ans d'épidémie : le triomphe du pouvoir sournois, séducteur, hypnotique et narcotique. Les mots de Byung Chul Han, observateur lucide du présent, sont des joyaux: "le sujet soumis ne sait même pas qu'il en est un, et en effet se croit libre ; il n'y a pas
de multitude collaborative et interconnectée capable de monter en une contestation globale, une masse dédiée à la révolution". "Dans une masse d'individus épuisés, qui s'exploitent dans l'illusion de l'épanouissement personnel, jusqu'à ce qu'ils s'effondrent dans la dépression et l'isolement, aucune étincelle antagoniste ne peut surgir". "Comme cela se passe en Corée du Sud (Han est coréen) qui a le plus haut taux de suicide dans le monde: les gens se font violence au lieu de chercher un changement dans la société. Je ne suis pas exploité par mon maître, je m'exploite moi-même. Je suis à la fois serviteur et maître. Le régime néolibéral isole ainsi les gens: dans la société du spectacle, on ne peut jamais former un collectif, un Nous capable de se rebeller contre le système".

Il est évident que la fragilité, la déconstruction de toute identité et de tout principe partagés, combinée à la faiblesse psychophysique des générations - un processus qui a commencé dans les années 1960 et est arrivé à maturité avec un mouvement accéléré - est la volonté précise des oligarchies en Puissance. Une analyse impressionnante vient du psychologue américain Jonathan Haidt, dans La transformation de l'esprit moderne. Sa thèse est que certaines mauvaises idées condamnent toute une génération à l'échec. Même des statistiques qui sembleraient réconfortantes peuvent être interprétées comme des signes d'introversion, d'insécurité générationnelle.
Le pourcentage de ceux qui ont essayé l'alcool, le tabac et le sexe avant l'âge de seize ans a chuté en Amérique de quelques points. Pas de véritable soupir de soulagement: au lieu d'apprendre à prendre des risques sans le filet de protection des adultes, trop de jeunes gens vivent enfermés chez eux, attachés à du matériel informatique. La catastrophe est que personne ne les éduque sur la vraie vie, malgré les "bonnes" intentions de leurs parents (quand il y en a…). La tendance est de se protéger de tout traumatisme, réel ou imaginaire, au prix de convaincre les jeunes qu'ils vivent dans une jungle inextricable.

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Les mauvaises idées sont les pensées insufflées par le système. Haidt en énumère trois : ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible (le mensonge de la fragilité) ; faites toujours confiance à vos sentiments (le mensonge du raisonnement émotionnel); la vie est une bataille entre les gentils et les méchants (le mensonge du « nous contre eux »). Cette combinaison mortelle de bonnes intentions et de mauvaises idées voue une génération à l'échec, empoisonnant la société dans son ensemble. L'anxiété, la dépression, la peur, le suicide ont explosé, la culture s'est uniformisée, ce qui vous empêche d'apprendre, de comparer, de vous forger une opinion. Les réseaux sociaux et les nouveaux médias permettent de se réfugier dans des bulles où le néant est généralisé et la polarisation règne.

Il s'inquiète de la multiplication des troubles psychologiques avec des pics d'actes d'auto-mutilation. Il y a un manque de préparation pour affronter la réalité, les échecs inévitables, pour traiter le non entendu pour la première fois après le oui des parents et la fadeur du système éducatif. La date cruciale, pour Haidt, était 2010, l'année du smartphone, parallèlement
au développement rapide des nouveaux médias. « La vie sociale des adolescents a radicalement changé. En 2008, les enfants allaient chez des amis ou étaient à l'extérieur. En 2010, il est devenu normal pour eux de s'enfermer dans leur petite chambre avec leur téléphone portable. Les enfants et les adolescents ont besoin du jeu extérieur et agonal pour terminer leur processus développement neuronal. Si la phase du jeu agonal et extérieur est limitée, ils arrivent à l'âge adulte physiquement et socialement moins forts, moins résistants au risque et plus vulnérables. « Si vous êtes un jeune accro aux réseaux sociaux depuis 2010, votre cerveau fonctionne différemment du mien », conclut amèrement Haidt.

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L'alternative est de démonter les trois gros mensonges que nous avons indiqués. La faiblesse est prédominante chez ceux nés après 1995, les iGen, les digital natives obsédés par la sécurité, physique et émotionnelle. Le drame, c'est qu'"ils croient devoir se protéger des accidents de voiture ou des agressions sexuelles sur les campus universitaires, mais aussi des gens qui ont des idées différentes des leurs". C'est la fermeture de l'esprit produite par le politiquement correct, qui se révèle de plus en plus comme un puissant facteur de guerre cognitive contre la personne, dépossédée des mots et séparée de la réalité.

Le deuxième mensonge est émotionnel: faites toujours confiance à vos sentiments. On enseigne que si quelque chose vous dérange, c'est mauvais. D'où la pratique de boycotter ceux qui soutiennent les "idées erronées", ainsi que l'idée absurde que les universités devraient protéger les étudiants de la confrontation. La dérive actuelle témoigne de la facilité avec laquelle les mauvaises idées s'enracinent. Cela s'applique également à l'apparente confrontation entre bons et méchants, qui se termine par des préjugés et des violences, physiques ou morales, pour faire taire ceux qui n'aiment pas ça, qui "offensent" parce qu'ils sont dissidents, non conformistes.

La vie, que les flocons de neige le veuillent ou non, est une affaire sérieuse. L'avenir est sombre non seulement en raison de la fragilité, de l'absence de passion et du sens incompris de la liberté chez les dernières générations, mais parce que le manque de préparation et la bassesse morale des classes dirigeantes, l'infantilisme de masse, le syndrome de Peter Pan se répandront, en les noyant dans la futilité, dans le vide, dans l'empire de l'éphémère.

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Nous vivons dans une sorte d'absence infiniment prolongée. Les qualifications académiques abondent, mais les personnes instruites et préparées font défaut. Beaucoup fréquentent l'université comme un troupeau endormi sans esprit critique ni franchise dans les débats. La vie doit être affrontée ouvertement, dressée à l'effort de faire et de savoir, loin de l'onguent émollient de la surprotection, étrangère au vacarme du disco émotionnel. Il faut renouer avec la croissance en choisissant entre des thèses contradictoires, appuyées sur des principes fermes, le postulat de
la capacité de décision. Les jeunes passent l'âge le plus important de leur vie dans un Disneyland virtuel. Les garçons qui ne deviennent jamais hommes et les filles que sans l'approbation du "me too", pleurent dans la confusion. Il faut restaurer la force des idées et l'idée de force, entendue comme stabilité morale, résistance à l'adversité. Assez de l'emphase confuse sur les émotions des poupées et des marionnettes manipulables, proies de toutes les peurs, cibles faciles de la propagande et des mensonges.

La majorité des Millennials sont faibles, hypersensibles, manichéens. Ils ne sont pas préparés à affronter la vie, qui est conflit, ni la démocratie tant vantée, qui est débat. Ils courent vers l'échec en marchant sur la tête. Des générations qui ont peur du langage, peur des mots ou des sens, qui ignorent la réalité : c'est la néo culture de l'ultra-sécurité (safetysme) qui
rend le troupeau docile, aveugle, heureux de suivre le berger. Les coussins protecteurs face à tout inconfort créent une fragilité existentielle: d'où l'anxiété et la dépression des jeunes qui transfèrent leurs émotions et leurs interactions sur les réseaux sociaux en vivant en comparaison avec leur apparence physique, leur statut social, dans le syndrome « fomo », la peur de manquer, la peur d'être exclus des événements ou des contextes collectifs. Le carnaval pérenne a de lourdes conséquences: le groupe se veut à la mode. Quiconque n'utilise pas certains termes ou ne participe pas à certains rituels et habitudes est ridiculisé, intimidé, isolé comme un déviant.

Les jeunes recherchent des followers, pas des amis, ils manquent de vraie liberté et ne sauraient d'ailleurs pas s'en servir; les parents et grands-parents survivants assurent la surveillance permanente de ces personnes qui n'atteindront pas l'âge adulte. La carotte, c'est la condescendance permissive, mais aussi le jeu vidéo stupide ou violent offert aux navires emportés par le vent, qui sur la mer de l'existence, feront naufrage. La fragilité est la première étape, viennent ensuite l'insécurité, l'anxiété, l'irritation, la faiblesse physique. Ils finiront par devenir de mauvais citoyens.

Sans culpabilité, ils ne savent pas ce que sont la vocation et la passion. Ils se contentent de déplacer compulsivement leurs doigts sur les écrans comme des somnambules qui ne comprennent pas ce qu'ils lisent ou voient. Nous les dispensons de la tempête, mais si nous protégeons les jeunes de toute expérience potentiellement dérangeante, nous les rendons incapables de lutter lorsqu'ils sortent du cône protecteur. Il n'y a pas d'autorité, de maîtrise de soi, de stabilité intérieure, d'efforts pour s'améliorer. La protection amniotique engendre la dépression, l'insécurité, jusqu'aux troubles psychiques et le fléau des suicides. Trop d'entre eux ignorent la violence qu'ils subissent et pratiquent parfois. Traverser des expériences difficiles et des traumatismes forge le caractère. La dynamique de l'hypersécurité, le manque de culture, le langage de coton reposent sur des erreurs fondamentales: la sagesse populaire savait que "ce qui n'étouffe pas la vie", tempère et permet de séparer la sphère émotionnelle de la réaction mature, de la distanciation.

Les personnes nées après 1982 affichent des taux de suicide de plus en plus élevés selon l'année de naissance. Trop de cerveaux en formation ne sont occupés que par les réseaux sociaux, dont le bruit de chacun en quête d'approbation manque de profondeur ainsi que de motivations personnelles: donc tout le monde est fan. Les jeux externes, physiques ont disparu, il y a moins de temps pour sortir, se socialiser, tous sont pris dans la fièvre des écrans, sont plongés dans la dépendance à ce que disent les autres à travers l'écran. Tout le monde juge de tout dans une Babylone superficielle imprégnée de perfidie. Il n'y a pas d'idées propres, mais on tremble devant la désapprobation ou le redouté "je n'aime pas ça", les pouces vers le bas dans le nouveau Colisée.

L'observation des plus jeunes, dépourvue de filtres culturels et d'expériences consolidées, convainc que la société occidentale vit dans un temps suspendu, irréel, où le présent est un moment inertiel, froid, entropique. Le monde que nous offrons à ceux qui entrent dans la vie est un faux paradis toxicomaniaque/pornographique d'individus incommunicables qui traînent des existences fantasmatiques.

Regarder les générations de flocons de neige évanescents, précocement épuisés, nous amène à un sentiment automnal, mélancolique. Les feuilles tombent, pas seulement sur la tête de la génération "flocons de neige".

Generazione fiocchi di neve: flaccida e gregaria. (maurizioblondet.it)

dimanche, 29 janvier 2023

La revue de presse de CD - 29 janvier 2023

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La revue de presse de CD

29 janvier 2023

EN VEDETTE

GUERRE EN UKRAINE VIDEO N° 23

« Sylvain Ferreira et moi-même avons entrepris depuis plusieurs semaines un travail de ré information en publiant des vidéos hebdomadaires sur YouTube. Le terme ré information est important car il s’agit pour nous de tenter de revenir au réel du conflit mondial déclenché par l’intervention russe en Ukraine. En particulier sur sa dimension militaire. Les médias système français se signalent par une partialité imbécile nourrie d’une ignorance crasse des réalités militaires. Il faut essayer de dissiper le brouillard d’une propagande trop souvent inepte. Pour notre numéro 23 nous avons demandé au Colonel suisse Jacques Baud, d’accepter de nous accorder un entretien. C’est un analyste de haut niveau et qui a déjà publié deux livres sur les origines, le déclenchement et les conséquences de ce conflit. Il est revenu sur le déroulement des événements depuis le 24 février dernier, sur les objectifs russes et sur les perspectives d’évolution. » Indispensable travail de Régis de Castelnau sur son site Vu du droit.

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2023/01/guerre-en-ukraine-video...

AFRIQUE

Sale temps pour la France en Afrique

Après le Mali, le Burkina Faso ! Le gouvernement burkinabé a confirmé le 23 janvier qu’il avait demandé le départ dans un délai d'un mois des troupes françaises basées dans le pays. C’est l’épilogue de relations dégradées entre Paris et Ouagadougou depuis le coup d'État qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir le 30 septembre 2022. Un mois plus tard, l'ambassade de France à Ouagadougou ainsi que l'Institut français ont été attaqués (des manifestants brandissaient des drapeaux russes). Finalement, fin décembre, l'ambassadeur de France a été jugé indésirable par les autorités burkinabées. La « visite de courtoisie » effectuée le 10 janvier à Ouagadougou par Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, n’aura manifestement pas amadoué la junte au pouvoir. Le scénario du Mali se reproduit au Burkina Faso.

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/sale-temps-pour-la-fran...

ASIE

Du Japon à l' « Ukraine est-asiatique » ?

La Chine surveille de près la politique de sécurité du Japon. Le Japon justifie l'augmentation de ses armements et son renforcement militaire en invoquant des « menaces extérieures ». La Chine, quant à elle, pense que le Japon pousse la situation régionale vers un conflit, encouragé par les États-Unis.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/01/20/d...

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Birmanie : une guerre civile qui dure

Si la Birmanie est plongée dans la tourmente politique depuis son indépendance, la guerre civile a pris une nouvelle dimension en 2021. Entre affrontements militaires et tensions ethniques, le pays est confronté à une guerre sans fin. Entretien avec Amaury Lorin.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/birmanie-une-guerre-civile-...

BALKANS

Retour de Sarajevo

À l’invitation du président de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, Patrick Barriot et Jacques Hogard se sont rendus les 8 et 9 janvier derniers, au lendemain de la célébration de Noël orthodoxe, aux cérémonies de la fête nationale de cette entité serbe de Bosnie-Herzégovine, fondée il y a 31 ans (le 9 janvier 1992), et placée depuis les Accords de Dayton sous la tutelle de l’Union Européenne. Voici leur témoignage…

causeur.fr

https://www.causeur.fr/retour-de-sarajevo-252944

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COMPLOTISME (C’est celui qu’y dit qu’y est !)

Facebook censure le British Medical Journal : quand le fact-checking tourne au délire anti-science, par Laurent Mucchielli

Il est temps que la peur change de camp. La rhétorique du « danger complotiste » qui menacerait un prétendu « consensus scientifique » est un bobard propagé par des organisations et des personnes n’ayant aucun respect pour la science et la recherche désintéressée de la vérité. En novembre 2021, la société Facebook, qui sous-traite sa prétendue « vérification de faits » à une autre entreprise commerciale, s’est crue autorisée à censurer la page du British Medical Journal, une des plus anciennes et des plus prestigieuses revues de sciences médicales, pour la simple raison que celle-ci publiait un article mettant en cause l’intégrité des données contenues dans les essais cliniques de Pfizer. De telles pratiques, qui concernent tout autant les autres géants du numérique, de Google, à YouTube, Twitter ou Instagram, devraient ouvrir les yeux sur l’incroyable prise de contrôle du débat public par la propagande industrielle à laquelle nous assistons depuis trois ans, avec la complicité de nombreux gouvernements et de la plupart des journalistes occidentaux. Lorsqu’une telle censure est organisée, la science est muselée et la démocratie vacille

qg.media/blog/laurent-mucchielli

https://qg.media/blog/laurent-mucchielli /facebook-censure-le-british-medical-journal-quand-le-fact-checking-tourne-au-delire-anti-science/   

Pourquoi il faut en finir avec l'institution scolaire

Ivan Illich a écrit ses lignes en 1970 dans « Une société sans école ». Depuis 1999, année de la signature du Protocole de Lisbonne, le Conseil européen a pris le pouvoir sur notre Education nationale, son objectif : fabriquer des crétins.

bouddhanar.blogspot.com

https://bouddhanar.blogspot.com/2011/03/lecole.html

DÉCONSTRUCTION

Idéologie du genre et transhumanisme, un produit de notre déni de la réalité

Le mécontentement est le mal sombre de notre époque. L'homme contemporain a tout à sa disposition mais n'est jamais heureux. Cette agitation, ce malaise, n'a cependant pas pour débouchés la rébellion et la colère qui s'est exprimée dans un passé tout récent. Marcello Veneziani a abordé ce thème, si vaste, difficile, presque insaisissable, dans son nouvel essai Scontenti. Perché non ci piace il mondo in cui viviamo (= Malcontents - Pourquoi nous n'aimons pas le monde dans lequel nous vivons) (Marsilio, 2022).

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/01/19/i...

Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus et le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes tombe de la Lune

Fini de rire bande de machos, Sylvie Pierre-Brossolette vous a à l’œil ! Mercredi 25 janvier, Emmanuel Macron reçoit la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui vient proposer des mesures pour renforcer ladite égalité. Le sexisme s’aggrave en France. Le Haut Conseil a publié un rapport qui non seulement se désole de la pérennité des discriminations, mais constate l’attitude particulièrement « masculiniste » des 25-34 ans. Jean-Paul Brighelli, qui a légèrement dépassé cette tranche d’âge, jette un regard dépassionné mais perplexe sur ce rapport qui stigmatise globalement tous les hommes.

causeur.fr

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Rééducation forcée aux médias sociaux pour Jordan Peterson, psychologue clinicien au Canada

Jordan Peterson, psychologue clinicien et professeur émérite de l’Université de Toronto, est devenu célèbre depuis quelques années par ses déclarations et écrits hostiles à la théorie du genre et à l’idéologie « woke ». Il conteste l’existence d’un « privilège blanc », estime que les féministes ont « un désir inconscient de domination masculine brutale » et conseille aux jeunes hommes de développer leur masculinité et de « se tenir droit », première de ses « 12 règles pour une vie » comme « antidote au chaos » (titre de son ouvrage publié en 2018 en langue anglaise et en 2019 dans sa traduction française).

ojim.fr

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

« Valeurs occidentales » : après le bannissement de RT France, Paris gèle ses comptes

Communiqué de presse de RT France : « Après 5 années d’acharnement, les autorités au pouvoir sont donc parvenues à leurs fins : la fermeture de RT France. Sous couvert du 9e paquet de sanctions à l’encontre de la Russie — qui ne vise pas notre chaîne, mais notre actionnaire et maison mère — la Direction générale du Trésor a décidé de geler les comptes bancaires de RT France, rendant impossible la poursuite de notre activité. »

lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2023/01/22/valeurs-occidentale...

Censure, ostracisme et diffamation : la clé du « consensus scientifique » cher aux « médias »

Article historique (pour la Suisse romande) sur L’Impertinent média, avec cet entretien avec le Pr Jay Bhattacharya de l’Université de Stanford. Professeur de médecine, épidémiologiste, spécialiste de la santé publique et des maladies infectieuses, cet expert de réputation mondiale a été incroyablement censuré et ostracisé pendant la crise du Covid. Comme tous ceux qui osaient rappeler que les mesures de contrainte présentées comme « sanitaires » étaient antiscientifiques et parfaitement contraires aux connaissances et à l’éthique en santé publique. Pendant que quelques « Key Opinion Leaders » comme on dit, ces « experts » au discours orienté en faveur de la corruption systémique dans le domaine de la santé, squattaient les plateaux télé avec la complicité servile des « journalistes » de service. En martelant des slogans travaillés par des communicants de l’industrie pharmaceutique et ciselés pour manipuler l’opinion publique… Voilà la farce à laquelle ont participé les rédactions de la presse audiovisuelle et écrite romande unanimes. Jay Bhattacharya, dont j’ai à d’innombrables reprises relayé les analyses et les prises de position éclairées, parle ici de ce qu’il a vécu.

anthropo-logiques.org

https://anthropo-logiques.org/censure-ostracisme-et-diffa...

Revue de presse RT du 15 au 21 janvier 2023

Exercice hebdomadaire et salutaire de ré/désinformation grâce à Russia Today. Au sommaire : crise économique dans le monde ; la Turquie et l’OTAN ; quand l’Occident ment en signant des traités ; la Serbie menacée par les États-Unis ; le dollar menacé par l’Arabie saoudite et plusieurs pays africains ; la guerre chaude en Ukraine ; l’Allemagne pour de nouvelles initiatives diplomatiques ; la Nouvelle guerre froide ;

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-15-au...

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ÉCOLOGIE

Face au monde-machine : 19 entretiens en podcast avec Pièces et main d’oeuvre

Floraisons : Depuis vingt ans, Pièces et main d’œuvre ont publié une quinzaine de livres. Pour tout écologiste attaché à la nature et à la liberté, leur travail est aussi important que passionnant. Afin d’en rendre compte correctement, il nous fallait un format un peu plus grand que d’habitude. Voilà pourquoi, au mois de juillet 2022, nous sommes allés discuter trois fois avec PMO à Grenoble, là où ils vivent. Nos entretiens sont restitués ici sous forme de feuilleton. Pour PMO « la technocratie est la classe du savoir, de l’avoir et du pouvoir produite par le capitalisme industriel pour révolutionner constamment les produits, services et moyens de la puissance ». Et « le transhumanisme est l’idéologie de la technocratie à l’ère des technologies convergentes, et à l’avènement du règne machinal ». Enfin, des écolos intéressants !

piecesetmaindoeuvre.com

https://floraisons.blog/face-au-monde-machine/   

FRANCE

Crise covid : « Les mesures dérogatoires aux principes de la démocratie ne disparaissent pas après un état d’urgence sanitaire », par Laurent Mucchielli

Trois années après le déclenchement de la crise du Covid-19, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Laurent Mucchielli estime que « les leçons n’ont pas été tirées », le débat ayant été surplombé par d’autres événements comme la guerre en Ukraine et la crise énergétique. « Des choses graves et très importantes se sont passées », rappelle le sociologue qui affirme que l’évaluation des politiques publiques durant la crise sanitaire est actuellement compromise par « l’orgueil », un « gouvernement jusqu'au-boutiste qui veut sauver les formes » et le « nombre tellement important d’erreurs difficiles à assumer ». Il faut « pourtant faire un bilan critique pour éviter une catastrophe absolue », martèle-t-il, citant l’affaire du Médiator comme exemple. Et d'enchaîner : « Comment peut-on penser pouvoir s’en remettre naïvement, juste comme ça ? Il faut que la justice se penche dessus ! ».

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/la...

Contrôles inconstitutionnels : les douaniers français de plus en plus inquiets

Depuis l’inconstitutionnalité décrétée de leurs contrôles en septembre 2022, les douaniers et leurs syndicats s'inquiètent de l'avenir de leur mission et d'une situation qui « légalise de facto le commerce de stupéfiants en France. » L’inquiétude le dispute à la colère chez les douaniers. En septembre dernier, le Conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnel l’article 60 du code des douanes qui autorisait ces derniers, depuis plus de 70 ans, à contrôler les marchandises, les moyens de transport et les personnes. 

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/societe/controle-inconstitution...

Mise en examen d’Agnès Buzyn : la double faute des magistrats instructeurs

La mise en examen de Madame Agnès Buzyn par la Cour de Justice de la République (CJR) sous les acclamations de la foule était une mauvaise action. D’abord c’était une décision illégale et ensuite c’était une façon de clouer un bouc émissaire au pilori en préservant soigneusement Emmanuel Macron et sa bande pour la gestion du Covid. Agnès Buzyn est une personnalité politique tout à fait détestable, c’est vrai, mais ce n’est pas une raison pour prendre des libertés avec le droit pour faire plaisir à la clameur. Double faute d’ailleurs, puisque la restauration de la régularité juridique par la Cour de cassation qui a annulé cette mesure, est présentée comme une protection judiciaire indue fournie à la pitoyable ancienne ministre. Comme d’habitude, invoque La Fontaine et ses « Animaux malades de la peste » avec sa célébrissime morale : « selon que vous serez puissants ou misérables les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Et l’on entend de nouveau la chanson du « tous pourris » se déverser dans la presse et les réseaux. Encore bravo pour les magistrats instructeurs de la CJR.

vududroit.com

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GAFAM

Twitter Files : Comment la plateforme a caché des opérations d’influence de l’armée américaine

Les récents « fichiers » publiés par Elon Musk, nouveau PDG du géant des réseaux sociaux, révèlent l’existence de deux poids, deux mesures dans la dénonciation des programmes secrets soutenus par le gouvernement.

les-crises.fr

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Twitter a aidé le Pentagone à mener sa campagne secrète de propagande en ligne

Des documents internes CENTCOM montre la white-list des comptes Twitter qui ont été utilisés pour alimenter leur campagne d’influence à l’étranger.

les-crises.fr

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GÉOPOLITIQUE

Risques pour l'intégration eurasienne

Le sommet informel des chefs d'État de la CEI à Saint-Pétersbourg les 26 et 27 décembre 2022 a démontré la volonté de tous les participants de coopérer et d'interagir sur un large éventail de questions. Les discours de nombreux présidents ont inspiré de l'optimisme quant au développement d'initiatives communes telles que l'OTSC et l'EAEU. En même temps, ces dernières années, et surtout depuis le début de l'opération spéciale en Ukraine, il y a eu des actions de la part des partenaires qui peuvent pour le moins être qualifiées d'attentistes. Parfois, comme dans le cas du Premier ministre arménien, il y avait un chantage pur et simple.

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Le Kurdistan, des Grands Boulevards à l’Orient

Les Kurdes sont revenus sous les feux de l’actualité à la suite des attaques de Paris. Mais la question kurde existe depuis bien longtemps et ne trouve pas encore de solution. Une guerre sans fin qui déstabilise le nord du Moyen-Orient. Entretien avec Tigrane Yegavian

revueconflits.com

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IMMIGRATION

La hausse de l’immigration clandestine en Europe continue en 2022

Les premières statistiques sur l’immigration clandestine en Europe en 2022 viennent d’être publiées. Elles confirment la tendance observée depuis 2020 à l’augmentation continue des flux à destination des pays de l’Union européenne. La réponse tant de Frontex, des pays d’Europe de l’ouest que de la Commission européenne n’apparait absolument pas à la hauteur de ce phénomène qui prend une ampleur considérable. L’arrivée au gouvernement de nouvelles coalitions en Suède et en Italie amorce un changement de cap dans la politique migratoire de ces pays, qui se traduit déjà par une lutte accrue contre l’immigration clandestine.

polemia.com/

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Italie. Arrivées de clandestins en forte hausse depuis début 2023 : où sont les promesses de Giorgia Meloni ?

Le nombre de clandestins débarqués sur les côtes en Italie est en forte hausse depuis le début de l’année 2023 par rapport aux années précédentes. De quoi remettre encore un peu plus en cause les promesses électorales de Giorgia Meloni et de ses alliés.

breizh-info.com

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Canada : Amira Elghawaby, nommée par Justin Trudeau, première représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé le 27 janvier la nomination d’Amira Elghawaby à titre de première représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Mme Elghawaby est une journaliste primée et une militante des droits de la personne. Membre fondatrice du conseil d’administration du Réseau canadien anti-haine et ancienne membre du conseil d’administration du Silk Road Institute, elle a mené une longue carrière en appuyant des initiatives visant à contrer la haine et à promouvoir l’inclusion.

fdesouche.com

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LECTURE

Titre :

Pages russes, de Robert Steuckers. Les éditions du Lore, 396 p. 2022.

Auteur :

Robert Steuckers est notamment le cocréateur de Synergies européennes, où il défend les thèses d’un continentalisme anticapitaliste paneuropéen. Interprète, militant identitaire, polyglotte, cet intellectuel de grande culture, hyper actif spécialiste de géopolitique et des pays est-européens, est un homme parfaitement intégré dans la vie politique occidentale, grâce à sa maîtrise de nombreuses langues européennes. Il a publié plusieurs ouvrages et a participé à quantité de colloques sur notre continent.

4e de couverture :

« Par un foisonnement hétéroclite, ce nouveau recueil de Robert Steuckers fera sans nul doute autorité en ce qui concerne la question russe au sens large. Fondements du nationalisme russe, germanophobie et anglophobie dans le débat russe du début du siècle, origines de l’Europe soviétique, généalogie des droites russes, enjeux géopolitiques passés et présents, fonts du Donbass et de Syrie sont, entre autres, les thématiques abordées. Robert Steuckers met également à l’honneur de grandes figures telles Soljénitsyne, Rozanov, Tioutchev, Kopelev ou encore Douguine et Parvulesco. Cette lecture voulue didactique par l’auteur permettra à chacun de mieux comprendre la trame du monde actuel où la Russie se trouve sur le devant de la scène. »

Extraits :

« Le filon slavophile et la critique dostoïevskienne implicite (qui avait fasciné Nietzsche), l’anti-occidentalisme religieux et orthodoxe de Léontiev couplée à l’idéologie eurasiste, corrigée par Douguine à la lumière de la théorie du ‘’grand espace’’ chez Carl Schmitt, ont réinvesti le champ théorique et idéologique dans la Russie d’aujourd’hui, se sont greffés sur les suggestions de l’arabisant Primakov, pur produit des écoles soviétiques, et dans la ‘’tête de Vladimir Poutine’’. Idéologiquement, la Russie est redevenue en quelque sorte ce qu’elle avait été avant 1917, et ce, en dépit de la parenthèse bolchévique de son histoire récente, le bouclier d’un conservatisme solide, cette fois non timoré et non réactionnaire, non rigide et non passéiste, dans le monde de ces trois premières décennies du XXIe siècle. Les vœux d’Alexandre Soljénitsyne semblent s’accomplir, l’œuvre d’un Stolypine reprend vigueur à près d’un siècle d’intervalle. »

« La propagande anti-russe d’hier et d’aujourd’hui participe de la stratégie immixtionniste et internationaliste mise en œuvre à Londres hier, à Washington depuis la présidence de Teddy Roosevelt et du système wilsonien ; elle a eu pour résultat de torpiller toutes les œuvres d’unification continentale et de faire, à terme, de l’Europe un nain politique, en dépit de son gigantisme économique. L’historiographie dominante fait donc de la Russie un croquemitaine et cette historiographie est dictée aux agences médiatiques, à la presse internationale, par des officines basées à Londres ou à Washington. Il s’agit désormais, dans des espaces de liberté comme le nôtre, de contrer les poncifs toujours récurrents de cette propagande et de se référer à une autre interprétation de l’histoire, à une historiographie alternative, différente aussi de l’historiographie soviétique/communiste (liée à l’historiographie anglo-saxonne pour les évènements de la Seconde Guerre mondiale). »

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« La rhétorique des ‘’droits de l’homme’’ rend impossible l’exercice de la diplomatie classique ; les dissensus internes, qu’elle exploite via les médias et les agences qui les informent, ne trouvent plus aucune solution équilibrée, s’en trouvent pérennisés, inaugurant de la sorte des cycles de ‘’guerres longues’’ ; les ‘’droits de l’homme’’, contrairement aux apparences, n’ont pas été hissés au rang d’idéologie dominante pour faire triompher sur la planère entière un humanisme de bon aloi, mais pour amorcer un processus infini de guerres, de révolutions et de troubles. »

« L’affirmation des valeurs populaires et solidaires implique automatiquement de désigner leurs ennemis, selon la formule de Carl Schmitt. Identifions-en trois aujourd’hui : 1) les médias formatés par le soft power américain ; 2) l’idéologie néo-libérale, nouvel universalisme araseur des spécificités populaires et des politiques sociales, permettant le renouveau des élites (au sens où l’entendait Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto) ; 3) l’idéologie festive qui noie les peuples dans l’impolitisme. »

« Si les paysans libres de l’Ukraine et/ou de la ‘’Nouvelle Russie’’ avaient tout perdu lors de la kolkhozisation stalinienne, ils n’ont pas récupéré grand-chose depuis l’indépendance du pays en 1991 : trois entreprises américaines (Cargill, Monsanto et Dupont) possèdent désormais plus de 40 % des terres sur le territoire de l’Ukraine. »

« L’Empire ottoman considérait la maîtrise des Balkans comme une étape en vue de conquérir l’Europe entière, à commencer par la ‘’Pomme d’Or’’, Vienne, que ses armées assiègeront deux fois, en 1529 et en 1683. En vain. Le sursaut, in extremis, a été chaque fois admirable et nous ne sommes pas devenus turcs. L’objectif ottoman était de remonter le Danube, de Belgrade à Budapest et de Budapest à Vienne, puis, sans doute, de Vienne à Linz et au cœur de la Bavière pour faire tomber l’ensemble de l’Europe dans son escarcelle. Aujourd’hui les États-Unis installent leur principale base militaire sur le site même de la victoire ottomane en 1389, soit au Kosovo, à partir duquel les Turcs avaient commencé leur conquête de l’Europe. »

« Toutes ces interventions en Eurasie de l’hyperpuissance d’Outre-Atlantique correspondent parfaitement à la définition que donnait Carl Schmitt de l’inacceptable ingérence des thalassocraties dans les affaires intérieures des puissances continentales ou littorales. Face à ces interventions/agressions, car ce sont bel et bien des agressions à l’ère des ‘’guerres cognitives’’ ou des ‘’guerres électroniques’’, il importe de dénoncer clairement et définitivement les alliances militaires telles l’OTAN qui nous lient encore à l’Amérique, de se rapprocher de la Russie, de créer des pôles de production militaro-industriels communs, de lutter sans aucun compromis contre les terrorismes locaux fabriqués à partir de forces tribales excitées par les services spéciaux américains (mafieux albanais, tchéchènes, etc.). »

MONDIALISME/TERRORISME

La galaxie médiatique de Soros passée au crible

L’année 2023 commence fort en termes d’actualité sorosienne. L’homme d’affaires américain George Soros, à la tête d’un empire financier qu’il met au service de projets d’influence politique, vient en effet de faire l’objet d’un rapport en trois parties rendu aux États-Unis par l’institut MRC et écornant encore une fois sérieusement son image de simple philanthrope désintéressé.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/medias-soros-rapport-mrc/?utm_source=...

OTAN

Erdogan, la Suède et la Grèce

L’attitude d’Ankara est désormais claire. Après des mois de discussions entre la Turquie, la Suède et la Finlande, le président Erdogan vient d’annoncer qu’il ne soutiendra pas la candidature suédoise à l’OTAN. Etant donné que chaque postulant doit être accepté par les 30 membres de l’alliance à l’unanimité, ce véto turc ferme-t-il définitivement la porte à la Suède ? Selon les analystes, on se trouve devant une situation complexe où se mêlent des questions géopolitiques et des facteurs liés aux élections annoncées pour le 14 mai où se jouera l’avenir d’Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans mais en proie à de sérieuses difficultés internes dans un pays où l’inflation annuelle a atteint 85 % en octobre 2022.

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/erdogan-la-suede-et-la-...

RÉFLEXIONS

Emmanuel Todd : Crise de la société occidentale et guerre en Ukraine

Emmanuel Todd était notre invité le 9 décembre 2022 à Sciences Po Bordeaux pour s'exprimer pour la première fois sur la guerre en Ukraine et plus largement sur la crise de la société occidentale. Une conférence qui fut plus qu'enrichissante et que nous avons le plaisir de partager avec vous ! Même Sciences Po se met à réfléchir sur la réalité et non sur la doxa ! (Vidéo)

youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=mCVsoYjihdE&t=15s

RUSSIE

Bulletin 118. Offensive russe, Tank pour tous, Russie vs OTAN. 26.01.2023

Au sommaire de ce nouveau numéro : Legrand quitte la Russie ; mobilisation forcée en Ukraine ; corruption généralisée en Ukraine ; nouvelles armes et rideau de fer ; SOS déroute ukrainienne ; armée russe vs OTAN ; des armes magiques pour Zelenski ; cartes des opérations militaires

odysee.com

https://odysee.com/@STRATPOL:d/118y:f

Les conditions de notre victoire, par Alexandre Douguine

Note du traducteur : Dans ce texte, qui a valeur de manifeste, Alexandre Douguine propose les mesures qui permettront de sortir la Russie de certaines impasses en lesquelles elle se trouve encore, en dépit de vingt ans de gestion poutinienne. Ces axes de réflexion valent également pour les pays d'Europe occidentale et centrale, Ukraine comprise. A chacun d'entre nous, en chacun de nos pays, d'adapter ces consignes à nos réalités nationales ou transrégionales (Euro-Regio, SarLorLux, Benelux, etc.).

euro--synergies-hautetfort-com

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Loukachenko : le grand retour de Mark Ames en géopolitique

La petite entreprise de notre ami et mentor en journalisme Mark Ames, ex-rédacteur-en-chef du défunt magazine eXile, s’appelle aujourd’hui Radio War Nerd. Réservée aux abonnés, elle ne connaît pas la crise ! Il a bien voulu nous autoriser à publier de larges extraits de son dernier article sur un sujet d’actualités : la Biélorussie.

antifixion.blogspot.com

https://antifixion.blogspot.com/2023/01/loukachenko-le-gr...

SANTÉ

Vaccins Covid : Cleveland Clinic et évaluation de l’efficacité des rappels

Le but de cette étude était d’ « évaluer si le vaccin bivalent contre le COVID-19 protège contre le COVID-19 ». Pour cela, la Cleveland Clinic a donc évalué l’efficacité du dernier vaccin bivalent en suivant tous ses soignants, relevant les contaminations en fonction du statut vaccinal. Le résumé des résultats tient dans une phrase de la publication et un tableau : « Plus le nombre de vaccins reçus précédemment était élevé, plus le risque de contracter le COVID-19 était élevé ».

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2023/01/22/vaccins-covid-cle...

UKRAINE

Guerre russo-ukrainienne : la pompe à sang mondiale

Depuis la décision surprise de la Russie de se retirer volontairement de la rive ouest de Kherson au cours de la première semaine de novembre, il n’y a guère eu de changements spectaculaires sur les lignes de front en Ukraine. Cela reflète en partie la météo prévisible de la fin de l’automne en Europe de l’Est, qui laisse les champs de bataille gorgés d’eau et obstrués par la boue et entrave considérablement la mobilité. Pendant des centaines d’années, novembre a été un mauvais mois pour tenter de déplacer des armées sur une distance significative, et comme une horloge, nous avons commencé à voir des vidéos de véhicules bloqués dans la boue en Ukraine. Cependant, le retour de la guerre de position statique reflète également l’effet synergique de l’épuisement croissant des Ukrainiens et de l’engagement des Russes à détruire et à démanteler patiemment les capacités de combat restantes de l’Ukraine. Ils ont trouvé un endroit idéal pour y parvenir dans le Donbass.

lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2023/01/22/face-a-lavancee-rus...

UNION EUROPÉENNE

Ursula von der Leyen, ou la toute-puissance de la meilleure amie de la supra-élite internationale

L’Union européenne est un cas d’école d’une organisation qui amalgame le pouvoir législatif avec toutes sortes de lobbyistes. Des fortunes sont déversées annuellement dans cette structure supposée représenter les populations. Ce n’est pas par hasard que l’espace qui la représente fut réduit à une réalité de marché, appelée « Marché intérieur ».

lilianeheldkhawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2023/01/23/ursula-von-der-l...

« Pas d’argent » dans le budget de l’UE pour des clôtures frontalières, selon la Commission européenne

La Commission européenne a réitéré, jeudi, son opposition au financement par l’UE de murs ou de clôtures pour lutter contre l’immigration irrégulière, une demande émise par une partie des pays membres, dont l’Autriche encore récemment. « Il n’y a pas d’argent dans le budget de l’UE pour cela. Si nous devions dépenser de l’argent pour des murs ou des clôtures, il n’y aurait pas d’argent pour d’autres choses », a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, interrogée à son arrivée à une réunion des ministres de l’Intérieur à Stockholm.

fdesouche.com

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samedi, 28 janvier 2023

La Libye et les intérêts géopolitiques de ses voisins

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La Libye et les intérêts géopolitiques de ses voisins

par le Groupe de réflexion Katehon

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-libia-e-gli-interessi-geopolitici-dei-vicini

Depuis le renversement du gouvernement en 2011, la Libye est divisée. Tripoli et l'Occident ont tenté de contrôler la partie orientale du pays, un fief de l'"Armée nationale libyenne" (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Par la suite, le double pouvoir a prévalu et le pays a cessé de fonctionner comme un seul État.

Le peuple et le parlement de la partie orientale ont opté pour une coopération avec l'"Armée nationale libyenne" dirigée par le maréchal Haftar. À l'ouest, dans la capitale Tripoli, le gouvernement d'accord national (CAN) soutenu par l'ONU et l'UE, dirigé par Fayiz Saradj, est au pouvoir. Son mandat a cependant déjà expiré.

D'autres pays ont réagi différemment aux événements en Libye. En 2011, la Grèce a soutenu l'opération militaire de l'OTAN contre Mouammar Kadhafi en mettant à la disposition des membres de l'Alliance atlantique des aérodromes militaires et une base navale. Cependant, l'armée grecque n'a pas été directement impliquée dans l'opération. En 2020, la Turquie a déployé ses troupes et des mercenaires syriens à sa solde en Libye, qui ont d'abord arrêté l'offensive de l'"Armée nationale libyenne" de Khalifa Haftar, puis l'ont repoussée de Tripoli à Syrte. Haftar n'a pu être sauvé que par Le Caire, qui a menacé Ankara d'envoyer ses troupes en Libye.

Les relations diplomatiques entre Le Caire et Ankara ont été rompues en 2013 après que le chef de l'armée égyptienne de l'époque, As-Sisi, a mené un coup d'État militaire contre le président égyptien Mohamed Morsi, soutenu par Erdogan (et les Frères musulmans, un groupe interdit en Russie).

Lors de la visite d'une délégation turque de haut niveau au Caire en 2021, la Turquie s'est trouvée désavantagée: d'une part, en raison du blocus du Qatar et, d'autre part, parce qu'Ankara n'avait pas été acceptée dans le forum sur le gaz, qui réunissait presque tous les pays de la Méditerranée orientale, dont l'Italie, l'Égypte, la Grèce, Israël, Chypre grecque, la Jordanie et la Palestine. Ce qu'Ankara n'a pas apprécié, c'est le renforcement de l'amitié entre Grecs et Egyptiens.

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Les Turcs ont alors suggéré aux Égyptiens d'oublier toutes les vieilles rancunes et de se réconcilier. Le Caire se méfiait plutôt de cette suggestion. Les Égyptiens ont répondu en suggérant que les pays devaient d'abord surmonter leurs différences accumulées. La question qui nous occupe est la critique des dirigeants égyptiens par les médias turcs. Le Caire est également mécontent de l'accord de coopération militaire de 2019 signé avec l'ancien "gouvernement d'entente nationale" de Faiz Saraj, qui autorise les forces militaires turques à se trouver sur le territoire libyen, et du document sur la démarcation des frontières maritimes avec la Libye. Le Caire a également demandé à Ankara de cesser de s'ingérer dans les affaires intérieures des pays arabes et de ne pas accorder la citoyenneté turque aux Égyptiens vivant en Turquie.

Les Turcs ont ensuite satisfait à certaines de ces demandes, comme la modération des critiques de l'Egypte sur leurs chaînes de télévision. Néanmoins, la Turquie continue de pousser le concept de "patrie bleue", qui prévoit l'expansion de ses eaux territoriales dans la mer Égée, la Méditerranée et la mer Noire. À cette fin, Ankara a l'intention de conclure un accord similaire pour délimiter les frontières maritimes avec l'Égypte, ce qui pourrait transformer la Méditerranée en un "lac turc" à l'avenir, aux dépens du Caire. Ce n'est pas une coïncidence si de nombreux experts estiment que c'est précisément sur la piste libyenne que Le Caire et Ankara auront le plus de mal à négocier des concessions mutuelles. Il est peu probable que les Turcs et les Égyptiens acceptent de céder l'un à l'autre des positions importantes en Libye, qui revêtent une importance stratégique pour les deux pays.

Il est possible qu'une délégation de responsables libyens, dirigée par le président du parlement Aguila Saleh, se soit rendue au Caire à la mi-décembre pour concilier les positions de l'Égypte et de ses alliés libyens. Le programme de la visite comprenait des réunions avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, l'envoyé spécial des Nations Unies en Libye Abdoulaye Bathily et le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Abu al-Ghaith. Au cours des réunions, Sameh a déclaré que l'actuel premier ministre libyen, Abdul Hamid Dbeiba, devra accomplir un certain nombre de tâches en vue des prochaines élections libyennes, dont la date n'a pas encore été fixée.

Cependant, ces tâches ne sont pas encore achevées, le Premier ministre les a en fait fait dérailler, mettant en péril la finalisation de ce que l'on appelle le cadre constitutionnel, c'est-à-dire la rédaction des dispositions constitutionnelles déterminant les modalités et les règles de participation aux élections. À un moment donné, c'est la raison pour laquelle les élections parlementaires et présidentielles prévues pour décembre 2021 n'ont jamais eu lieu.

Au début du mois de décembre de l'année dernière, la National Oil Corporation (NOC) de Libye a également invité les entreprises internationales avec lesquelles elle avait précédemment signé des accords d'exploration et de production de pétrole et de gaz à reprendre leurs activités dans le pays. L'organisation l'a déclaré dans un texte publié sur son site officiel. Le NOC a justifié cet appel par l'amélioration progressive de la situation sécuritaire. Pour sa part, le défunt "Gouvernement d'entente nationale" dirigé par Abdel Hamid Dbeiba a également appelé les investisseurs étrangers à revenir et à reprendre leurs activités dans les champs pétrolifères et gaziers. Les entreprises occidentales ont commencé à négocier les conditions de travail, mais jusqu'à présent, peu de progrès ont été constatés. L'année dernière, les chiffres globaux de production et d'expédition ont été généralement bons, avec des revenus totaux de 22 milliards de dollars. Mais en raison de l'instabilité politique, les perturbations pourraient se poursuivre dès 2023.

Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"

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Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"

par Wannes Neukermans          

Source: https://palnws.be/2023/01/vlaamse-en-nederlandse-academici-starten-meldpunt-tegen-toegenomen-woke-activisme/

Un groupe d'universitaires flamands et néerlandais lance une ligne d'assistance téléphonique baptisée "Hypatia" afin de dénoncer les incidents liés à cette volonté rabique d'étouffement du réel, typique du mouvement woke. Les fondateurs disent qu'ils traiteront les plaintes concernant "la prolifération de l'activisme woke et de la cancel culture" au sein des universités et des instituts de recherche. "Vous voulez signaler un incident de type woke? Ou vous avez une autre question ou un commentaire? Vous pouvez le faire ici: https://www.hypatia-academia.be/ )", peut-on lire sur leur site web. Entre autres, Mark Elchardus, Matthias Storme et Paul Cliteur font partie des huit membres principaux d'Hypatia.

Les principaux membres d'Hypatia se décrivent comme "un groupe indépendant d'universitaires préoccupés par la menace que représentent l'activisme woke et la cancel culture pour la liberté académique et la liberté d'expression". Ils se disent préoccupés par l'augmentation des critiques à l'égard des déclarations, des opinions et des propos d'universitaires et par les conséquences qui en découlent. Ils font notamment référence à l'incident impliquant les deux employés de l'université d'Anvers (UAntwerp). Les universitaires Astrid Elbers et Leo Neels ont critiqué les actions de leur recteur Herman Van Goethem à l'époque où ces deux employés ont été harcelés et injustement sanctionnés et ont mis en place une pétition pour que les deux hommes retrouvent leurs postes de travail. Maintenant, ils co-parrainent la ligne d'assistance.

Liberté

Pour protéger la liberté académique et la liberté d'expression, les membres fondateurs d'Hypatia veulent "s'efforcer de respecter des critères académiques et donc non idéologiques lors de l'évaluation des dossiers du personnel, des publications scientifiques et des thèses" et "sauvegarder la présomption d'innocence envers les étudiants et le personnel, y compris en cas d'accusations de racisme et de discrimination".

Si la menace qui pèse sur ces libertés peut venir de plusieurs côtés, les universitaires se concentreront principalement sur les menées de type "woke" et sur la "cancel culture". "Dans les pays démocratiques, les universitaires sont parfois intimidés, notamment par le biais des médias sociaux, par les partisans de mouvements extrêmes. Cependant, la cancel culture et la woke attitude sont des menaces qui viennent de l'intérieur même du monde universitaire. En outre, ce sont les menaces les plus sérieuses", raisonnent les universitaires.

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Cancel Culture

La "Cancel culture" désigne le phénomène des personnes qui sont boycottées, licenciées... après avoir été critiquées l'espace public - souvent via les médias sociaux. Cela se produit souvent après qu'ils aient exprimé des opinions, des points de vue ou parfois même des faits qui ne sont pas conformes à la "pensée unique" et qui peuvent être considérés comme offensants ou discriminatoires par certaines personnes. Souvent, après une tempête médiatique, les clients, les employeurs ou les annonceurs sont poussés à rompre toute coopération avec la personne en question.

"Woke" est un terme qui désigne le fait d'être conscient de toutes sortes de faux problèmes (tel le racisme, telles la marotte LGBT ou la discrimination imaginaire, tel l'environnement...). Aujourd'hui, il est souvent décrit comme une forme exagérée du politiquement correct et est associé à la cancel culture.

Les huit membres principaux d'Hypatia sont le Dr Astrid Elbers (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Leo Neels (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Boudewijn Bouckaert (Université de Gand), le prof. ém. dr Paul Cliteur (Université de Leiden), le prof. Dr Matthias Storme (KU Leuven et Universiteit Antwerpen), prof Dimitri Aerden (Vrije Universiteit Brussel), em. prof Mark Elchardus (Vrije Universiteit Brussel) et prof Marc Cools (Universiteit Gent).

vendredi, 27 janvier 2023

Lafontaine met en garde contre la politique américaine: "Les Américains veulent pousser l'Allemagne à la guerre"

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Lafontaine met en garde contre la politique américaine: "Les Américains veulent pousser l'Allemagne à la guerre"

Source: https://zuerst.de/2023/01/27/lafontaine-warnt-vor-us-politik-die-amis-wollen-deutschland-vors-rohr-schieben/

Merzig/Berlin. Dans le cadre de la décision du gouvernement allemand de livrer des chars de combat allemands "Leopard" à l'Ukraine, l'ancien président de la SPD et futur fondateur de Die Linke, Oskar Lafontaine, s'est exprimé sur le portail Internet indépendant NachDenkSeiten en lançant un avertissement.

Une nouvelle escalade du conflit ukrainien menace. L'objectif est manifestement d'entraîner l'Allemagne dans une guerre avec la Russie. Lafontaine met notamment en garde contre l'émergence d'un axe Washington-Londres-Varsovie-Kiev, qui déterminerait à l'avenir l'action de l'OTAN - et serait dirigé contre les intérêts de l'Allemagne. "Les Américains veulent pousser les Allemands dans la guerre", écrit Lafontaine.

Il ne faut pas non plus tomber dans une illusion répandue parmi le personnel politique allemand et dans les médias allemands. Le conflit actuel ne concerne pas le bien-être de l'Ukraine. "Quand les va-t-en-guerre de la politique et du journalisme le comprendront-ils ? Depuis des décennies, les Etats-Unis déclarent que l'Ukraine doit devenir leur avant-poste pour dominer le continent eurasien. Et c'est pourquoi les États-Unis arment l'Ukraine depuis des années. Et c'est pourquoi la Rand Corporation écrivait déjà en 2019: 'La livraison d'armes létales à l'Ukraine par les Etats-Unis augmentera le coût en sang et en argent pour la Russie'".

Pour atteindre leurs objectifs géostratégiques, les Etats-Unis ont pris l'habitude, ces dernières années, de laisser les autres se battre à leur place. En Europe, ils veulent désormais impliquer de plus en plus l'Allemagne dans la guerre, selon Lafontaine. La livraison de nouvelles armes rend plus probable l'extension de la guerre à l'Allemagne et à l'Europe. Il faut veiller à ce que les coûts n'augmentent pas de plus en plus pour l'Allemagne (rk).

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Pour lutter contre la corruption: Budapest propose à Bruxelles le système hongrois de déclaration de patrimoine

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Pour lutter contre la corruption: Budapest propose à Bruxelles le système hongrois de déclaration de patrimoine

Source: https://zuerst.de/2023/01/27/zur-korruptionsbekaempfung-budapest-schlaegt-bruessel-ungarisches-system-der-vermoegenserklaerung-vor/

Budapest/Bruxelles. Depuis des années, le gouvernement hongrois du Fidesz était confronté à des accusations de corruption de la part de Bruxelles. Depuis le gigantesque scandale de corruption impliquant la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, les accusations de Bruxelles se sont sensiblement atténuées. En revanche, le gouvernement hongrois se voit désormais conforté dans sa position.

Dans une lettre adressée à la présidente en exercice du Parlement européen, Mme Metsola, et aux présidents des groupes politiques au Parlement européen, le parti hongrois au pouvoir, le Fidesz, a maintenant demandé au Parlement européen d'adopter le système hongrois de déclaration de patrimoine.

Des mesures immédiates et décisives sont nécessaires pour rétablir la confiance du public, souligne Tamás Deutsch, chef de la délégation du Fidesz, dans sa lettre, avertissant que "le Parlement européen est impliqué dans un grave scandale de corruption qui a ébranlé la crédibilité déjà entamée de l'institution et a causé des dommages irréparables à l'image du système institutionnel de l'UE dans son ensemble".

Deutsch souligne à cet égard un détail croustillant: dans le cadre de la procédure d'État de droit en cours contre la Hongrie, Budapest aurait, à l'été 2022, "dans un esprit de coopération loyale et dans le but de mettre fin au litige le plus rapidement possible", modifié le système national de déclaration de patrimoine et "repris mot pour mot" le système de déclaration de patrimoine utilisé par le Parlement européen. Par la suite, la Commission européenne a curieusement déclaré le nouveau système hongrois inacceptable et a demandé à Budapest de revenir au système précédent. Bien entendu, écrit Deutsch, le Parlement hongrois est immédiatement "revenu au système hongrois initial, beaucoup plus strict".

Il est donc proposé que le Parlement européen "introduise le système actuel de déclaration de patrimoine de l'Assemblée nationale hongroise qui, lorsqu'il a été réintroduit, était déjà pleinement conforme aux normes de l'État de droit de la Commission et pourrait donc certainement contribuer à l'éradication de la corruption au Parlement européen", écrit Deutsch en conclusion. (mü)

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Déserts, pics et glace. La vie extraordinaire d'Ardito Desio, l'indomptable

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Déserts, pics et glace. La vie extraordinaire d'Ardito Desio, l'indomptable

Marco Valle

Source: https://insideover.ilgiornale.it/societa/deserti-vette-e-ghiacci-la-straordinaria-vita-di-ardito-desio-indomabile.html?fbclid=IwAR1kQaBxZBawgdUyknFkIJdvC1Phsj3P0xg21ytIzNIyipzfowmEDFSR7uk

À la fin des années 1980, à l'époque où j'étais jeune rédacteur, j'ai interviewé Ardito Desio. Il avait alors presque quatre-vingt-dix ans (il est né à Palmanova le 18 avril 1897) et je pensais trouver un grand-père un peu sénile qu'il fallait expédier avec quelques questions et quelques compliments standard - bravo, bravissimo, prenons une photo, saluons les lecteurs, etc... - mais au lieu de cela, j'ai découvert un personnage fascinant, extraordinaire, digne de la plume de Verne. Une surprise et une leçon de vie.

En cette morne après-midi milanaise, le professeur m'a raconté, avec l'enthousiasme et le brio d'un jeune de vingt ans, de nombreuses histoires. Elles étaient toutes magnifiques. J'étais cloué à mon fauteuil en écoutant le récit de ses explorations autour du monde et ses descriptions très précises des mondes et atmosphères passés. L'Afrique italienne à la fin de son histoire et l'Asie du "Grand Jeu" de Kipling. Puis la Birmanie, la Perse, l'Himalaya, l'Antarctique. Déserts, montagnes, glace, sommets, sable, froid, chaleur. Passions et études. Tant d'études. Tant de passion.

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Fasciné, je l'ai écouté, oubliant de prendre des notes. Ce n'était pas nécessaire. Tout était (et est) dans ma tête. Ardito Desio était un formidable conteur qui pouvait vous envoûter, vous intriguer. En disant au revoir, il a anticipé son prochain voyage. Il m'a surpris une fois de plus. A l'âge où il n'était plus tout jeune, cet incroyable Frioulan s'apprêtait à repartir au Népal pour inaugurer la "Pyramide", un laboratoire de recherche multidisciplinaire de haute altitude situé à 5050 mètres au pied de l'Everest, un projet du CNR qu'il avait conçu et fortement souhaité. En écarquillant les yeux, il m'a dit : "Je retourne dans l'Himalaya où j'ai beaucoup travaillé, mais certainement moins que dans le désert saharien, tant d'aventures là-bas, tant d'occasions gâchées...". Puis il a saisi une grande bouteille et me l'a tendue. C'est le premier échantillon de pétrole de la Libye, me dit-il, "je l'ai trouvé en 1938 dans l'oasis de Marada, mais nous n'avions pas la technologie pour l'extraire, alors après la guerre, les Américains s'en sont occupés et nous avons été baisés....".

Une découverte dont il était à juste titre fier. Mais pas la seule. Au cours de sa très longue vie, qui s'est achevée à l'âge de 104 ans le 12 avril 2001, Desio a accumulé une étonnante série de succès scientifiques et géographiques qui lui ont valu reconnaissance, célébrité et pas mal d'envie. Il se fichait de ces envieux et allait toujours droit devant lui. En bref, Ardito en nom et en fait.

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Sa première aventure fut la Grande Guerre. Il partit comme aide-soignant cycliste volontaire en 1916 et fut nommé sous-lieutenant dans le corps alpin où il se lia d'amitié avec Italo Balbo, également jeune officier. Une rencontre, comme nous le verrons, qui fut décisive. Entre deux batailles, Desio s'inscrit à la faculté des sciences naturelles de Florence, mais en 1917, il est fait prisonnier des Autrichiens et termine la guerre dans un camp de détention en Bohème. De retour chez lui, il obtient son diplôme avec les meilleures notes et, en 1921, prend un poste d'assistant à l'Institut de géologie de Florence, puis de Pavie et enfin de Milan.

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L'Afrique selon Ardito Desio

Mais la vie sédentaire n'était pas pour Desio. Entre 1921 et 1924, il entreprend deux longues expéditions (14 mois en tout) dans le Dodécanèse, une nouvelle possession italienne, effectuant la première reconnaissance géologique de l'archipel. En 1926, c'est au tour de la Libye. Ayant débarqué le 24 septembre à Benghazi sous une pluie diluvienne, le jeune scientifique s'est vite débarrassé de tous les fantasmes littéraires sur l'Afrique et s'est rapidement adapté à la nouvelle réalité. Dans son livre Le vie della sete (= Les chemins de la soif), consacré à la recherche saharienne, Ardito mettait en garde ses lecteurs : "Chacun de nous s'est fait une idée personnelle de l'Afrique avant même d'y avoir mis les pieds. Les réminiscences d'anciennes lectures, les vignettes des livres, les descriptions imaginatives d'amis globe-trotters ont tous contribué à créer l'image singulière qui représente "notre" Afrique. Si la véritable Afrique devait être différente, nous en voudrions non pas tant à nous-mêmes qu'à cette "réalité inexplicable".

Envoyé, sur mission de la Société géographique italienne, dans l'oasis reculée de Giarabub, le jeune géologue est immédiatement fasciné par les attraits de "ce pays très intéressant et effrayant qu'est l'Afrique saharienne" et pendant des mois, il patrouille à Marmarica, effectuant d'importants relevés géologiques, topographiques et paléontologiques. C'était une tâche passionnante et terriblement fatigante, aggravée par la situation: à l'époque, la Libye était loin d'être conquise et "pacifiée" et la rébellion des Senoussistes continuait à saper les avant-postes italiens installés à l'intérieur du pays. Néanmoins, Desio poursuit ses explorations à pied ou à dos de chameau, se heurtant à plusieurs reprises aux autorités militaires qui ne sont pas du tout enthousiastes à l'égard des activités du professeur téméraire.

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Une fois sa première aventure africaine terminée, Desio participe en 1929, en tant que géographe et géologue, à l'expédition dans le Karakorum dirigée par le duc de Spolète, Aimone di Savoia-Aosta, une connaissance qui remonte à son séjour au Dodécanèse. L'idée initiale, née lors du 10ème Congrès géographique italien, était purement alpiniste-sportive et l'objectif était la conquête du K2, le deuxième plus haut sommet du monde, mais le désastre de l'expédition Nobile au pôle Nord a refroidi l'enthousiasme de Rome. Après la tragédie du dirigeable "Italia", Mussolini craignait un nouvel échec et a "conseillé" à la Société de géographie et au Club Alpino, commanditaires de la mission avec la ville de Milan, une approche scientifique plus prudente. C'est ainsi que Desio et ses compagnons ont exploré la vallée inviolée de Shaksgam, sur le versant nord du Karakorum, et ont atteint le glacier Duca degli Abruzzi et la selle de Sella Conway dans le Haut Baltoro. Dans son pèlerinage parmi les sommets d'Asie, le Frioulan a découvert un nouveau col à travers la crête principale du Karakorum entre le Trango (un affluent du Baltoro) et le Sarpo Laggo, et a effectué l'exploration complète du glacier Panmah. En outre, avec sa "Tavoletta di campagna" personnelle, construite spécialement pour lui par l'Officine Galileo de Florence, il a effectué des relevés topographiques dans de vastes zones inexplorées ainsi que l'étude géologique et géographique de tout le territoire. L'expédition himalayenne est un succès total, mais pour Desio, c'est aussi le début d'une obsession : la conquête du K2.

Entre 1931 et 1932, le professeur, mandaté par Guglielmo Marconi, président de l'Accademia d'Italia, organise deux expéditions dans le Sahara libyen, qu'il traverse avec une caravane de chameaux et l'année suivante avec une colonne de camions. L'objectif était double: étudier et cartographier le territoire et, en même temps, rechercher des ressources minérales telles que les nitrates et les phosphates.

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Son amitié avec Italo Balbo et son séjour en Libye

À son retour, Desio épouse à Milan Aurélia Bevilacqua, son ancienne élève, et renoue des relations avec Italo Balbo, l'ami de guerre devenu entre-temps le héros de la traversée de l'Atlantique et l'un des personnages les plus puissants de l'Italie de Mussolini. Une association fructueuse. En 1933, le ministre de l'Aéronautique de l'époque met un avion à la disposition de son vieux camarade alpin pour une reconnaissance scientifique en Perse. Arrivés à Téhéran, après une traversée périlleuse ponctuée de deux atterrissages en catastrophe en cours de route, Desio et ses compagnons d'aventure ont escaladé plusieurs sommets de plus de 4000 mètres, dont le mont Demaved, d'une hauteur inégalée de 5771 mètres, et étudié les glaciers de la chaîne du Zagros. 

Il s'agissait d'une opération géopolitique de soft power en synergie avec la focalisation croissante des institutions fascistes sur le Levant et l'Asie. A son tour, l'Iran de Reza Shah, le fondateur de la dynastie Pahlavi, regarde avec grand intérêt vers l'Italie, considérée, dans une intention anti-britannique, comme un allié possible. Outre les résultats scientifiques importants, l'expédition a inauguré une nouvelle phase dans les relations entre les deux nations et, quelque temps plus tard, les premiers élèves-pilotes de la force aérienne iranienne naissante ont été envoyés en Italie. 

Entre-temps, en 1934, Mussolini avait envoyé l'encombrant pionnier de l'aviation transatlantique en Libye en tant que gouverneur. Une sinécure plutôt qu'un poste politique, mais le natif de Ferrare, personnage mercuriel et pragmatique, a rapidement transformé la colonie endormie en un grand atelier social et culturel.

Bottiglia-con-il-primo-petrolio-del-Sahara-Libico-1938-FILEminimizer.jpgDeux ans après son arrivée à Tripoli, Balbo charge Desio de créer le musée libyen d'histoire naturelle et de diriger les recherches géologiques-minérales et sur les eaux artésiennes dans le sous-sol. Au cours de ses recherches, Desio a découvert un gisement de magnésium et de potassium dans l'oasis de Marada ainsi que la présence d'hydrocarbures dont, comme mentionné plus haut, les premiers litres de pétrole ont été extraits en 1938, dont la fameuse grande bouteille que le professeur m'a montrée lors de notre rencontre à Milan...

Avec l'aide de l'Agip, un programme d'exploration pétrolière est élaboré pour les trois années suivantes, qui comprend, dans le cadre de ses études de l'ensemble du territoire (résumées dans sa carte géologique de toute la Libye), des investigations dans le Sirtica, qu'il étudie pour la première fois d'un point de vue géologique. Le déclenchement de la guerre a stoppé toutes les recherches, bien que déjà 18 des puits forés aient commencé à révéler des traces de pétrole.

Le professeur a également identifié un aquifère artésien très riche qui servait à irriguer de vastes zones de la province de Misurata, permettant la transformation agraire de ce territoire semi-désertique, et a réalisé l'exploration du Fezzan, dont il a illustré pour la première fois la constitution géologique. Toujours en 1936, il participe au premier vol, un raid secret organisé par Balbo, le long des nouvelles frontières méridionales de la Libye - définies en 1935 par une convention italo-française, mais jamais ratifiée par Paris - qui va jusqu'à la région inexplorée du Tibesti.

Non content de l'aventure, l'année suivante, Desio se rend en Afrique orientale italienne pour explorer l'ouest de l'Éthiopie, une terre nouvellement conquise et à peine ou pas du tout pacifiée. Les deux expéditions entre le Nil Blanc et le Nil Bleu ont identifié des gisements d'or, de molybdénite et de mica, mais ont été attaquées à plusieurs reprises par les rebelles éthiopiens et ont subi de lourdes pertes; lors de l'un des assauts, un tube métallique providentiel utilisé comme porte-papier et porté par Desio sur son épaule a empêché une balle de lui transpercer la poitrine.

En mars 1940, à la veille de la guerre, Balbo le rappelle en Libye et lui confie une nouvelle expédition dans l'inhospitalier Tibesti. Avec deux avions et une colonne de camions, Ardito s'est rendu dans le mystérieux massif montagneux - un territoire quatre fois plus grand que la Sicile avec des sommets de plus de 3000 mètres - produisant la première carte de base de la zone, qui a été très utile pour définir la frontière contestée entre la Libye alors italienne et le Tchad français. Lors de sa reconnaissance libyenne, le géologue-explorateur découvre sur les parois d'un rocher dominant le désert des gravures représentant "de curieux dessins montrant, avec peu de traits mais avec une remarquable clarté, des bœufs aux cornes en forme de lyre, œuvre de bergers préhistoriques, qui ont dû vivre là lorsque le climat était moins aride".

Le 10 juin, l'Italie entre malencontreusement en guerre et le 28, l'avion d'Italo Balbo est accidentellement abattu par notre artillerie anti-aérienne dans le ciel de Tobrouk. Pour Desio, ce fut un grand chagrin et la fin d'une phase importante de sa vie bien remplie. Les événements de la guerre ayant mis un terme à l'exploration, le professeur se concentre sur la vie académique et, en 1942, il inaugure l'Institut de géologie de l'université de Milan, dont il reste le directeur jusqu'en 1972, date à laquelle il prend sa retraite pour cause de limite d'âge.

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Le défi réussi de K2

Dans l'après-guerre, Desio reprend ses contacts internationaux et, dès 1952, se rend en Inde et au Pakistan pour couronner son rêve de jeunesse, la conquête du K2. Avec un talent diplomatique incontestable et beaucoup de patience, il a convaincu en 1953 le gouvernement pakistanais très réticent d'autoriser l'ascension du sommet convoité. Ayant enfin obtenu l'autorisation, le professeur a mis toute sa force et sa méticulosité dans l'organisation de l'entreprise, suscitant plus d'une critique en raison de son tempérament de fer: les sélections étaient extrêmement rigoureuses et de nombreux alpinistes talentueux ont été rejetés. Desio ne permettait aucune objection ou pression d'aucune sorte, il choisissait ceux qu'il considérait comme les meilleurs (et les plus disciplinés...) sans se soucier des râleries et des envies.

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Une image de la vie d'Achille Compagnoni, l'un des héros du K2. Photo : Ansa.

Le plan prévoyait deux équipes, une d'alpinistes et une de scientifiques. Le premier avait pour mission de s'attaquer à l'ascension, le second devait se consacrer à la recherche scientifique. Les candidats sélectionnés pour l'ascension étaient: Erich Abram, Ugo Angelino, Walter Bonatti, Achille Compagnoni, Cirillo Floreanini, Pino Gallotti, Lino Lacedelli, Mario Puchoz, Ubaldo Rey, Gino Soldà, Sergio Viotto. L'expédition a atteint le camp de base à la fin du mois de mai 1954, entamant une périlleuse marche d'approche. Le 28 juillet, une altitude de 7627 mètres a été atteinte où le camp avancé VIII a été installé, puis, le 30 juillet, le camp IX à environ 7900 mètres et enfin, le 31 juillet 1954 à 18h00, Achille Compagnoni et Lino Lacedelli ont conquis le sommet de la deuxième plus haute montagne du monde. Le K2 est ainsi devenu la "montagne des Italiens".

L'exploit a été endeuillé par la mort, suite à une pneumonie, de Mario Puchoz, l'un des membres les plus connus de l'expédition, et par le très grave "malentendu" entre Bonatti, d'une part, et Compagnoni et Lacedelli, d'autre part. L'histoire est bien connue et il est inutile ici de la retracer. Rappelons qu'au fil des ans, la version des deux alpinistes, signée et approuvée par le chef d'expédition Desio, a été durement combattue par Bonatti, déclenchant une "affaire K2" qui a duré jusqu'en 2004, lorsqu'une commission de sages du Club Alpino a donné raison au courageux Walter, sans toutefois jamais réfuter complètement le rapport de Desio. Ce n'est qu'en 2008 que la Société géographique italienne et la CAI ont officiellement rectifié la documentation, acceptant pleinement la version de Bonatti.

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L'attitude de Desio doit en tout cas être contextualisée. Pour lui, rien ne devait ternir la grande victoire italienne, un triomphe sportif mondial qui apaisait les blessures douloureuses d'un pays qui venait d'être durement battu et vaincu. La victoire du K2 a été la revanche de toute une nation et c'est tout. D'où son entêtement à courte vue à refuser à Bonatti ses sacro-saintes prétentions et à reconnaître tous ses mérites. Une injustice inutile. Mais c'était la façon de faire de l'homme.....

Au fil des ans, le professeur a continué à planifier et à diriger des expéditions au Pakistan, en Afghanistan, en Birmanie et aux Philippines, complétant ainsi ses recherches. En 1961, il tente d'organiser une mission italienne en Antarctique, mais le gouvernement lui refuse les fonds nécessaires. L'indomptable Ardito ne s'est pas résigné et, à l'invitation de la National Science Foundation américaine, il a atteint le continent gelé l'année suivante et, en tant que premier Italien de l'histoire, est allé jusqu'au pôle Sud. En 1974, le gouvernement américain lui a décerné la médaille du service dans l'Antarctique. En 1980, alors âgé de 83 ans, il se rend à Pékin et, premier étranger après l'annexion chinoise, traverse le sud du Tibet de Lhassa à Zham, puis au Népal. Une "promenade" à plus de cinq mille mètres.

La dernière aventure, comme mentionné au début, fut la construction du laboratoire Pyramide du CNR, inauguré par Desio en 1989 au pied de l'Everest. Sa mission était enfin terminée. Le temps était enfin venu de l'immobilité et de l'attente avant le grand saut, douze ans plus tard, dans le mystère de la mort. 

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jeudi, 26 janvier 2023

Des fous dans une Europe folle

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Des fous dans une Europe folle

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/01/21/holmolaiset-hullussa-e...

Avez-vous entendu que la Finlande, criblée de dettes, jette seulement quatre cents millions d'euros dans le trou noir ukrainien ? Pas un seul sage de l'économie en Finlande, et encore moins un politicien du pays, ne souffle mot en public sur ce don qui relève de la folie. Une fois de plus, les imbéciles montrent leur stupidité au reste du monde, sans oser émettre ne serait-ce qu'une critique modérée sur la distribution insensée de l'argent public.

Il faut un événement catalyseur pour exposer des choses qui, pour des raisons politiques ou autres, n'ont pas voulu être vues. Comme l'écrit le blogueur américain Z Man, la crise hypothécaire américaine de 2008 est un exemple de quelque chose qui était "caché à la vue de tous". Alors que le système commençait à s'effondrer, une corruption massive a également été découverte et commentée.

De même, le conflit en Ukraine a fait remonter à la surface des choses désagréables qui étaient déjà connues. La guerre hybride contre la Russie et les millions déversés en Ukraine ont révélé que l'Europe n'est pas capable de pensée et d'action indépendantes, mais qu'elle est plutôt "une collection de territoires de l'empire américain mondial, dirigée par des fous provinciaux sans pouvoir réel".

Attirer les Russes dans la guerre n'était pas dans l'intérêt de l'Europe. Ce conflit est clairement mauvais pour les affaires et le niveau de vie en Europe. Les pays européens deviennent non compétitifs en raison des paquets d'aide et autres coûts qui ont été jetés dans le puits sans fond qu'est l'Ukraine. L'Allemagne, le moteur économique de l'Europe, se précipite vers la désindustrialisation.

Si la classe politique européenne était composée d'intellectuels sérieux, elle ne se serait pas pliée aux ordres de Washington, mais aurait conclu des accords avec la Russie avant même que le conflit ukrainien n'atteigne son stade actuel. Au lieu de cela, les euro-politiciens ont menti pendant des années à leurs homologues russes pour donner aux États-Unis et à la Grande-Bretagne le temps d'entraîner et d'armer l'armée ukrainienne pour mener une guerre contre la Russie.

Ce fait même dit quelque chose d'essentiel sur l'impuissance de la classe politique européenne ; tous les politiciens passés et présents ne sont que des laquais de l'empire américain. C'est pourquoi les dirigeants russes ne se soucient plus de discuter avec les dirigeants européens. Cela n'a aucun sens, car les Européens ne décident pas de leurs propres affaires, mais doivent demander la permission aux États-Unis pour y vaquer.

Les politiciens européens, éloignés de la réalité, s'imaginent que l'Europe est un havre de démocratie et de civilisation dans un monde habité par des barbares. Le rêve des fédéralistes bruxellois, l'Union européenne, s'est transformé en cauchemar: cette UE est devenue une zone économique en déclin, une métropole-ghetto pleine d'immigrants, où la population autochtone est contrainte de baisser son niveau de vie et sa sécurité. L'ancienne haute culture européenne est déjà devenue un musée, et à bien des égards, l'état actuel des choses, en matières culturelles, est aussi insipide que celui des États-Unis.

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Pendant ce temps, une guerre par procuration avec l'Occident est en train de redéfinir la Russie en tant que nation. Comme le souligne Z Man dans son blog, les deux grandes guerres industrielles du 20ème siècle ont transformé la République américaine en un empire mondial. Mais les guerres peuvent aussi détruire des pays, et c'est ce qui est arrivé à la vieille Europe. Les deux guerres mondiales et la guerre froide ont aspiré le sang de l'Europe et ont transformé l'ensemble du continent en une zone sous domination américaine.

Pour les imbéciles de la Finlande occidentalisée, la vie dans le navire américain semble leur convenir parfaitement. Les informations médiatiques quotidiennes traitent de l'Ukraine d'un point de vue biaisé, en utilisant comme source les résultats d'un groupe de réflexion américain. Ensuite, il y a généralement d'autres nouvelles concernant les États-Unis, et la section sportive est principalement consacrée aux matchs de hockey de la NHL, ou au basket américain.

Nous avons également le coup d'éclat, imité des journaux américains, où on nous vante les "réalisations de Joe Biden le sénile qui sont sans égal". Combien de temps cette adulation de l'Amérique va-t-elle continuer, sans parler du soutien économique et militaire à l'Ukraine ? Certains citoyens attendent la ratification de l'adhésion à l'OTAN, imaginant qu'elle rendra la vie meilleure d'une manière ou d'une autre.

Lorsque les coûts et les réalités de la guerre anti-russe ne pourront plus être cachés, y aura-t-il des politiciens dans la zone euro qui tenteront de sortir leur nation des griffes de Washington ? Ou est-ce déjà trop tard ? Il est inutile de s'attendre à ce que le changement commence par la Finlande, tant la bêtise y règne.

Si vous n'êtes pas virtuel, vous n'existez pas

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Si vous n'êtes pas virtuel, vous n'existez pas

par Paolo Ermani 

Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/se-non-sei-virtuale-non-esisti

Une fois que nous nous sommes éloignés de la nature et que nous avons abandonné le concept de communauté, les deux types de relations qui nous maintiennent spirituellement en vie, c'est-à-dire celle qui nous lie aux autres et celle qui nous relie à la nature, nous ne pouvions que glisser vers une réalité virtuelle à laquelle nous sommes arrivés depuis l'apparition de la  télévision en nos foyers jusqu'aux phénomènes que nous vivons aujourd'hui.

Essayez, ne serait-ce qu'à titre expérimental, de diminuer votre ommersion dans la virtualité, d'utiliser beaucoup moins votre téléphone portable, de ne pas fréquenter les réseaux sociaux, de ne pas participer à un millier de chats, de ne répondre à aucun message sur whatsapp. Si vous faites cela, lentement mais sûrement, vous disparaîtrez des relations (virtuelles) de presque toutes les personnes que vous connaissez (et probablement même des parents). Puisque vous ne disposez plus des moyens virtuels de les contacter, vous serez automatiquement supprimé, ce qui ne peut être qu'une conséquence normale, puisque dans un monde virtuel qui a été créé pour remplacer le monde réel, si vous n'êtes soudainement plus là, c'est comme si vous n'existiez pas, même si vous continuez ensuite à vivre normalement et à exister en chair et en os.

Peut-être ne réalisons-nous pas assez le paradoxe auquel nous sommes arrivés, selon lequel vous n'existez que si vous êtes virtuel. Peut-on en déduire que toute l'humanité qui nous a précédés avant l'ère du virtuel n'a pas existé? En effet, on se demande dorénavant comment les peuples du passé ont pu survivre sans être virtuels. Comment ils ont pu avoir une quelconque relation les un avec les autres sans le détour de la virtualité. Est-ce aussi pour cela que nous considérons que tout ce qui nous a précédés est arriéré? Et donc, précisément parce qu'elle provient du monde réel, elle ne compte pas.

Mais toute cette virtualité est-elle vraiment un progrès ? Est-ce vraiment bon pour nous? Plus les gens sont connectés, plus ils se sentent seuls, les villes sont pleines de célibataires, on ne fait plus d'enfants, les hikikomori sont en augmentation, on diagnostique chez les jeunes toutes sortes de pathologies liées à l'utilisation des appareils virtuels, sans parler des dégâts causés par l'électrosmog, mais ça, nous l'avons bien appris maintenant, c'est la santé que nous ne sommes pas intéressés à protéger. Que dire alors des personnes âgées qui, sans communauté, sans amitiés solides et réelles, ne font pas grand-chose avec le virtuel, si ce n'est accroître leur sentiment de solitude et de désespoir. Si, par hasard, un téléphone portable est perdu, il y a un risque de suicide, et il y a vraiment des suicides à cause du harcèlement rampant sur les réseaux sociaux, à cause d'un commentaire sur l'esthétique de tel ou tel jeune garçon ou jeune fille, habitués presque depuis leur enfance à s'engager dans une compétition virtuelle avec le monde pour voir qui est "plus cool". Et mesurer leur existence aux likes qu'ils obtiennent, donc à ce qu'ils semblent être et non à ce qu'ils sont, un excellent moyen de les rendre faibles et dépendants.

Ayant reconnu tout cela, essayez de vous abstenir du virtuel pendant un certain temps et voyez pour qui vous existez dans la vie réelle et pour qui vous n'existez pas. Mais soyez prêt, car il pourrait être très intéressant et instructif de vous retrouver vivant, bien portant et en pleine forme dans la réalité, mais abandonné par ceux qui semblaient si proches et présents dans la virtualité.

Après tout, c'est ce que les vendeurs de réalité virtuelle veulent de nous et ont si bien préparé pour nous: s'assurer que si par hasard vous vouliez revenir à la réalité, aux relations non virtuelles et à la nature, vous en seriez immédiatement dissuadé, car vous risqueriez de vous retrouver seul. Mais comme le dit le dicton: mieux vaut être seul que mal accompagné. Bien qu'ensuite, une fois revenu à la réalité, vous ne vous retrouverez pas seul car vous trouverez la meilleure compagnie, celle avec vous-même, qui est le début optimal pour ensuite avoir cette relation réelle avec ceux qui ne sont pas encore perdus dans la réalité virtuelle. Et heureusement, il y en a encore beaucoup et il y en aura encore plus, car l'illusion de la réalité virtuelle prendra fin, peu importe l'argent, la recherche et le travail quotidien de dizaines de milliers de personnes que les maîtres du monde pourront investir pour nous faire oublier notre essence et nous transformer en automates dociles et obéissants.

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Le monde irréel appelé Metaverse

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Le monde irréel appelé Metaverse

par Marcello Veneziani 

Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-mondo-irreale-chiamato-metaverso

Vous souvenez-vous de l'ancien rêve d'un monde nouveau, d'un monde meilleur? Une nouvelle terre à découvrir, une nouvelle société à fonder, une nouvelle planète à conquérir, une nouvelle humanité à générer, par la navigation, l'exploration, la révolution, la recherche. Eh bien, toute cette attente d'un nouveau monde, d'un paradis sur terre, a pris aujourd'hui les traits du monde virtuel, une évolution d'internet, et se résume en un mot magique ou s'avère plutôt être une baguette magique: metaverse. Le mot a plus de trente ans mais son lancement depuis la plate-forme du futur est beaucoup plus récent, est survenu après la pandémie. Pour être réducteur, Metaverse est en quelque sorte l'héritier de Facebook, bien qu'il se soit étendu à d'autres vecteurs sociaux et géants de la technologie et du web. C'est l'évolution d'Internet et du monde numérique, mais surtout, c'est la poussée vers un monde virtuel qui prend la place du monde réel; l'identité s'évapore, l'avatar remplace la personne réelle, on entre dans un monde parallèle, sans recourir à la fantaisie littéraire ou à l'usage de stupéfiants.

Au-delà de la curiosité pour la nouveauté et de l'ouverture aux nouveaux acquis du développement technologique, voulons-nous nous interroger sur son sens, son essence et ses effets sur l'humanité? Ne vous accrochez pas aux lèvres de M. Zuckerberg, à celles des apôtres et agents enthousiastes du nouveau monde. Essayez plutôt de vous élever d'un cran pour saisir la portée globale de cette révolution annoncée, qui est aussi devenue un commerce, un commerce euphorique et eschatologique, comme les anciennes utopies du nouveau monde, du monde meilleur. Essayons de réfléchir au métaverse. Nombreux sont les textes qui expliquent ses merveilles et les univers qu'il ouvre, qui en font l'histoire et presque l'hagiographie de ses pionniers, et qui insufflent ce chrisme d'inéluctabilité: c'est le futur vers lequel nous nous dirigeons, et si vous n'y allez pas avec vos jambes, vous serez traîné, ou emporté. Le fatalisme hi-tech.

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Je voudrais plutôt commencer par un petit texte d'un philosophe qui prend ouvertement position contre le Metaverse, comme le dit déjà le titre d'un livre d'Eugenio Mazzarella, publiée par Mimesis. Mazzarella a enseigné la philosophie théorique à Naples, et cela pourrait suffire à certains pour ne pas lire le livre: la philosophie théorique, ô combien est-elle éloignée du monde réel. Mais le texte est une défense de la réalité, de la présence, du monde de l'éternel contre l'assaut de ceux qui voudraient les transcender et les annuler. Et il démasque l'utilisation déformée de certains mots clés : communauté, intelligence artificielle, onlife, c'est-à-dire la vie transférée en ligne.

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Pour commencer, le terme de "communauté mondiale" est un oxymore. Chaque communauté et un "nous" distinct du reste, né d'une délimitation, d'une frontière, d'une proximité élective et affective, n'est pas global. Mais alors, il ne s'agit pas tant de communauté que de solitude globale et massive. Et elle n'a pas pour protagoniste ce "nous" qui n'est qu'utilisateur, cobaye et consommateur.

En bref, quel est le danger de Metaverse ? Remplacement. Le monde réel, les identités, la vie et la nature, sont remplacés par cette Grande Bulle, mensonge ou illusion, dans laquelle la réalité disparaît, et tout ce qui la constitue: histoire, pensée, vie, présence, corps, pour entrer dans cet univers virtuel. Un "simple" réseau social se transforme en un univers parallèle dans lequel on peut se plonger et habiter. La métanoïa, ou plutôt la transmutation, l'accès au changement est permis à ceux qui se dépouillent et prennent l'apparence d'un avatar, et vont vivre dans cet autre monde, tout en restant confortablement installés sur le canapé à la maison. Faux voyage, fausse socialité, vraie solitude domestique. Puis pour adoucir la pilule avec les habituelles rassurances bon enfant et humanitaires, on vous dit que la téléportation, en restant chez soi, profite aux défavorisés, aux handicapés. Mais le problème est que cela handicape ceux qui ne le sont pas, et empêche le monde réel de se déplacer dans le monde irréel. L'alibi des handicapés est un peu comme celui des passeurs et des ONG qui utilisent des enfants pour débarquer les immigrés clandestins.

Dans le Metaverse, la différence entre vivant et mort disparaît également, on peut vivre en vidéo au-delà de la mort; mais l'inverse est également vrai, mourir dans la vie, se perdre et se déplacer dans cet ailleurs virtuel.

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Derrière tout cela, Mazzarella a raison, se cache une pulsion néo-gnostique qui méprise le corps, déteste la chair, déteste la réalité, la nature et leurs limites. Les risques d'aliénation, de dépendance et même d'asservissement sont évidents, en vivant dans cette matière sans matière, au son des puces et des octets. On perd la distinction entre réel et virtuel, entre humain, machine et nature. À cet égard, le philosophe a raison de dénoncer l'utilisation abusive de termes clés de l'infosphère tels que l'intelligence artificielle: l'intelligence, qui est l'intuition, la sensibilité, l'humanité, la capacité de lire à l'intérieur (intus legere) n'a rien à voir avec le calcul automatisé et artificiel. C'est une erreur de falsifier la réalité. L'intelligence n'est pas remplaçable.

Dans le monde de la technologie, cependant, la loi de Gabor s'applique: ce qui peut être fait, doit être fait et sera fait. Et nous pourrions ajouter un corollaire: si vous ne le faites pas, tôt ou tard, d'autres le feront, dans d'autres pays, et ils en tireront les avantages. Est-il donc vain de s'y opposer? La question n'est pas d'arrêter ou de freiner ces processus mais de savoir comment les équilibrer: à ceux qui remplacent le monde réel par des mondes virtuels, on peut opposer la redécouverte du monde réel, entre histoire et nature, tradition et civilisation. D'autres mondes habitent déjà l'homme dans la nature et dans la culture, avec son corps, son esprit et son âme. Ne les laissons pas s'atrophier.

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Le pessimisme de Paul Kennedy et la situation actuelle

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Le pessimisme de Paul Kennedy et la situation actuelle

par Pierluigi Fagan 

Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/tramonti-e-tramontane 

L'historien britannique des grandes puissances, Paul Kennedy, avait publié en 1987 The Rise and Fall of the Great Powers dans lequel, entre autres, il a soutenu que : "La tâche à laquelle les hommes d'État américains seront confrontés au cours des prochaines décennies consistera donc à reconnaître que des tendances générales sont à l'œuvre et qu'il est nécessaire de 'gérer' les affaires de manière à ce que l'érosion relative de la position américaine se fasse lentement et en douceur".

C'est au mieux le point de vue détaché d'un érudit. Si l'on se trouve au sommet du système dominant, il est facile que l'idée de "gérer le déclin" ne soit pas bien accueillie et que l'on soit convaincu qu'il faille l'éviter complètement. Depuis lors, deux lignes de réflexion se sont écartées l'une de l'autre, celle de la réflexion sur l'avenir des États-Unis d'Amérique puis de l'Occident, qui s'est développée en une vaste littérature devenue un genre, le "déclinisme", et la ligne pratique de ce que les échelons supérieurs de la puissance dominante ont fait pour ralentir ou peut-être éviter complètement ce destin.

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Peu après l'exploit éditorial de Kennedy qui mettait en garde contre la fragilité de l'équilibre qui devait régner entre le pouvoir économique, militaire, diplomatique et politique international, le mur de Berlin est tombé, l'Union soviétique a implosé et l'Allemagne a été réunifiée, Fukuyama a jubilé en prophétisant un "au-delà de l'histoire". Le GATT a été remplacé par l'OMC et la dernière phase de la mondialisation a commencé, la nouvelle économie a démarré, puis la bourse s'est effondrée, se révélant être une bulle pendant que les grands stratèges pondaient des rapports belliqueux sur un improbable "Nouveau siècle américain". La Chine a rejoint l'OMC, les tours jumelles se sont écroulées; pendant une décennie, les guerres de Yougoslavie ont sévi, les Américains ont commencé à prêter de l'argent pour acheter des maisons à des personnes qui ne pouvaient pas donner de garanties, la nouvelle bulle a éclaté de façon désastreuse, l'État américain a imprimé des dollars à tour de bras, remboursant la dette budgétaire de la banque financière privée, remplaçant la "main invisible". Il y a eu deux guerres civiles en Libye et une série de soulèvements dans le monde arabe prématurément appelés "printemps" et, puisque cette manière d'agir était prometteuse, il y en a eu un aussi en Ukraine, puis a commencé une décennie de crise économico-financière permanente, mais pas pour le secteur financier soutenu à nouveau par la montée artificielle des TIC. Puis sont venus la guerre en Syrie, l'ISIS, l'arrivée d'un cor o navirus qui a fait jusqu'à présent environ 7 millions de morts dans le monde, et l'inquiétude croissante concernant le changement climatique, avec l'idée d'en faire un moteur pour une nouvelle poussée de croissance improbable, alors que chaque année - depuis plus de vingt ans - Oxfam et d'autres publient des rapports sur la montée constante des inégalités entre les très rares super-nantis et tous les autres au sein des sociétés occidentales, tandis que l'écart entre les sociétés mondiales tend à se réduire. Puis les Américains se sont soudainement et précipitamment retirés de la plus longue guerre depuis la Seconde Guerre mondiale en Afghanistan, laissant le pays à ceux qui le dirigeaient auparavant, et heureusement les Russes ont mordu à l'hameçon en franchissant la frontière de l'Ukraine.

Aujourd'hui, les Américains représentent encore 4,5 % de la population mondiale et, grâce à leur puissance multiforme, ils réalisent encore 25 % du PIB mondial. Mais parce qu'ils ont une distribution interne bizarre des richesses, ils ont plus de trente millions de pauvres absolus et quelques centaines de giga-milliardaires.

Suite au mouvement des troupes russes en Ukraine, ils ont ordonné aux Européens de couper leurs approvisionnements en gaz et de mettre un terme à toutes les relations de bon voisinage avec Moscou, les ont invités à augmenter les dépenses militaires de manière disproportionnée et à envoyer tout ce qu'ils possèdent dans leurs arsenaux sur la ligne de front, ils ont d'abord dit que nous nous limiterions aux armes légères, puis ont pensé, aujourd'hui, qu'il fallait envoyer des chars, demain des missiles à longue portée et de l'aviation. Ils maintiennent les Chinois constamment dans l'angoisse de diverses manières, ils ont annoncé que le jeu est maintenant celui qui oppose les "démocraties aux autocraties" en impliquant ainsi d'un seul coup tous les Européens placés en bas de la ligne de commandement après l'Anglosphère, après avoir réformé le traité de domination du voisinage avec le Mexique et le Canada. Ils ont ensuite fait savoir que la mondialisation et le marché libre sont des marchandises désuètes et ils ont donc subventionné leurs productions techno-scientifiques, qui visent à développer les énergies renouvelables et mis un trillion dans l'assiette pour le renouvellement des infrastructures mais uniquement pour les entreprises qui produisent chez eux.

D'abord, ils se sont moqués d'un type très antipathique qui a couiné sans cesse "America First !", puis ils ont mis en pratique son slogan favori. Ce qui ne fait pas partie du rapatriement de la production mondialisée (re-shoring) peut être installé dans un petit État subalterne avec peu de lois et des coûts de main-d'œuvre adéquats: on appelle alors l'opération de "friend-shoring". Ils ont ensuite commencé à démanteler toutes les institutions multilatérales aux facettes trop nombreuses et ont mis la moitié du monde devant le choix "soit avec nous, soit contre nous" en invitant le Japon et l'Allemagne à se réarmer tandis que la machine du soft power se consacrait aux nouvelles merveilles de l'IA et des séries télévisées. Nous attendons que les Russes fragilisés perdent leur avantage militaire dans l'océan Arctique et ouvrent la porte au vent du nord, ce qui, vu la hausse des températures, nous convient parfaitement.

Cela suffira-t-il à retarder ou à inverser la sombre prophétie de Kennedy selon laquelle le déclin du cycle de puissance est inévitable ?

mercredi, 25 janvier 2023

Douguine: Le problème anthropologique en eschatologie

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Douguine: Le problème anthropologique en eschatologie

Alexandre Douguine

La question de l'homme

À notre époque, il est de plus en plus clair que l'homme lui-même, son existence même, est en question, et il est de plus en plus clair que nous vivons un moment critique, extrêmement critique de l'histoire, et il est possible (et même probable) que nous vivions la fin des temps.

Les épidémies et les guerres déciment des millions de vies et, suite à l'Opération militaire spéciale, le monde a été amené au bord d'une guerre nucléaire qui, une fois déclenchée, pourrait mettre fin à l'existence de l'humanité.

Dans le même temps, les horizons du futur post-humain se précisent dans la philosophie et la science. La théorie de la singularité, le transfert de l'initiative à l'intelligence artificielle, les progrès du génie génétique, le raffinement de la robotique, les tentatives de fusion de l'homme et de la machine (création de cyborgs) - tout cela remet en question l'existence même de l'homme, suggérant que nous devrions tourner cette page de l'histoire et entrer résolument dans l'ère du post-humanisme, du transhumanisme.

Dans une telle situation, il est extrêmement important d'aborder à nouveau les questions anthropologiques, avec le plus grand sérieux. Si l'homme est au bord de l'extinction, de l'anéantissement, de la mutation fondamentale et irréversible, alors qu'est-il ? Qu'était-il ? Quelle est son essence et sa mission ?  En s'approchant de la limite, l'homme peut mieux réviser ses formes et ainsi connaître son essence, son eidos.

Cette révision peut se faire de différentes manières. Tout dépend du point de vue initial. Chaque paradigme scientifique ou idéologique procédera à partir de ses propres structures. Dans cet article, nous visons à donner un sens à l'homme avant tout dans le contexte de l'eschatologie chrétienne, mais afin de clarifier la manière dont la doctrine chrétienne représente l'homme, sa nature et son destin dans les derniers temps, une excursion dans un problème plus général de l'anthropologie religieuse en général est d'abord nécessaire.

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Le dualisme de l'humanité dans le Jugement dernier

La fin du monde dans la tradition chrétienne (ainsi que dans d'autres versions du monothéisme) est décrite en détail. Le point culminant de toute l'histoire du monde sera le moment du Jugement dernier. Et nous rencontrons ici une caractéristique principale de l'anthropologie eschatologique : le dualisme, la division finale de l'humanité en deux groupes, représentés par les images des agneaux (bétail, troupeau - πρόβατον) et des boucs (ἔριφος). Les agneaux sont les élus qui recevront une bonne réponse lors du Jugement dernier. Les boucs sont les damnés, destinés à la destruction éternelle. Les agneaux vont à droite, vers le salut, les boucs vont à gauche, vers la damnation.

L'Évangile de Matthieu [ch. 25, versets 31-36] décrit cette division de la manière suivante :

31. Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les saints anges avec lui, il s'assiéra sur son trône glorieux, et toutes les nations seront rassemblées devant lui ;

32. Il séparera les uns des autres comme un berger sépare les moutons des chèvres ;

33. Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche.

34. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde" ;

35. Car j'avais faim et vous m'avez donné à manger, j'avais soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli ;

36. J'étais nu et vous m'avez habillé, j'étais malade et vous m'avez visité, j'étais en prison et vous êtes venus à moi.

L'Évangile de Matthieu [ch. 25, versets 31-36].

31. ὅταν δὲ ἔλθη̨ ὁ υἱòς του̃ ἀνθρώπου ἐν τη̨̃ δόξη̨ αὐτου̃ καὶ πάντες οἱ ἄγγελοι μετ' αὐτου̃ τότε καθίσει ἐπὶ θρόνου δόξης αὐτου̃

32. καὶ συναχθήσονται ἔμπροσθεν αὐτου̃ πάντα τὰ ἔθνη καὶ ἀφορίσει αὐτοὺς ἀπ' ἀλλήλων ὥσπερ ὁ ποιμὴν ἀφορίζει τὰ πρόβατα ἀπò τω̃ν ἐρίφων

33. καὶ στήσει τὰ μὲν πρόβατα ἐκ δεξιω̃ν αὐτου̃ τὰ δὲ ἐρίφια ἐξ εὐωνύμων

34. τότε ἐρει̃ ὁ βασιλεὺς τοι̃ς ἐκ δεξιω̃ν αὐτου̃ δευ̃τε οἱ εὐλογημένοι του̃ πατρός μου κληρονομήσατε τὴν ἡτοιμασμένην ὑμι̃ν βασιλείαν ἀπò καταβολη̃ς κόσμου

35. ἐπείνασα γὰρ καὶ ἐδώκατέ μοι φαγει̃ν ἐδίψησα καὶ ἐποτίσατέ με ξένος ἤμην καὶ συνηγάγετέ με

36. γυμνòς καὶ περιεβάλετέ με ἠσθένησα καὶ ἐπεσκέψασθέ με ἐν φυλακη̨̃ ἤμην καὶ ἤλθατε πρός με.

Cette formulation suggère que la division se produit entre les nations (πάντα τὰ ἔθνη), mais la tradition l'interprète comme une division entre les personnes sur un principe plus profond - ontologique. Les brebis sont celles dont la nature s'avère être bonne. Les boucs - et ici la référence au rite juif du bannissement expiatoire du bouc est claire - sont ceux qui se sont tournés de manière décisive du côté du mal.

L'eschatologie voit donc la fin de l'histoire humaine non pas comme une unité, non pas ex pluribus unum, mais précisément comme une division, une bifurcation, un carrefour fondamental.

L'humanité bifurque lors du Jugement dernier, de manière complète et irréversible. Le résultat de son existence dans le temps est la répartition en deux ensembles, qui dans cet état de bifurcation entrent dans l'éternité. Ce n'est plus une étape, ni une position intermédiaire, mais précisément une fin irréversible. La fin de l'homme est la décision absolue et irrévocable de Dieu lors du Jugement dernier.

Ainsi, l'eschatologie affirme strictement que le point oméga de l'humanité sera sa bifurcation, sa division en moutons et boucs. Sur les damnés - en tant que boucs émissaires - seront placés symboliquement tous les péchés de l'humanité, et en tant que tels, ils seront séparés des autres, dont les péchés seront au contraire pardonnés par la Grâce divine.

L'unité particulière de l'Église

Ainsi, la fin de l'homme sera sa bifurcation. Selon la tradition biblique, l'histoire humaine commence avec Adam et le Paradis. L'homme a été créé comme un tout et sa division en homme et femme (création d'Eve) était le prélude à la chute dans le péché et à une plus grande fragmentation. Le résultat final de l'ensemble du processus historique sera le Jugement dernier. On peut dire que le vecteur général de l'histoire passe de l'unité à la dualité.

L'enseignement chrétien se fonde sur le fait que, dans les dernières étapes de l'histoire sainte, le processus de chute dans le péché a été surmonté par le sacrifice volontaire du Fils de Dieu, le Christ, qui a rétabli - mais à un autre niveau ontologique - l'unité originelle, en unissant les peuples dispersés en une nouvelle totalité - l'Église du Christ. L'unité de l'Église restaure l'unité d'Adam et transforme cette partie de l'humanité qui, au Jugement dernier, sera comptée parmi les brebis, le troupeau du Christ.

Cependant, cette unité n'est pas mécanique, elle n'est pas le résultat de la somme de tous. L'unité et l'intégrité de l'Église, comme le souligne le Credo ("Je crois en l'Église une, sainte, catholique et apostolique"), n'inclut que ceux qui sont sauvés. C'est ce que raconte la parabole de l'Évangile sur les invités au banquet de noces : "Nombreux sont les invités, mais rares sont les élus" (Matthieu 22:14).

En fin de compte, l'unité de l'Église consiste en la communion des élus - les saints, les sauvés, ceux qui ont accepté le Christ et sont restés fidèles à ce choix jusqu'à leur dernier souffle. Les pécheurs n'hériteront pas du royaume de Dieu, mais en seront chassés ; ils n'ont aucune part dans le "prochain âge". Leur destin est la ruine totale, le naufrage dans l'abîme. Par conséquent, l'unité de l'Église n'inclut pas ceux qui s'en sont éloignés de leur propre chef.

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Le bouc émissaire

Il convient d'examiner de plus près l'image évangélique de la division en brebis et en boucs. Il est évident qu'il y a ici une référence claire au rite du sacrifice de l'Ancien Testament, dans lequel un animal (brebis et taureaux) était séparé des animaux sacrifiés, qui devenait le "bouc émissaire" (en hébreu "azazel" - עֲזָאזֵֽל ; l'expression לַעֲזָאזֵֽל est littéralement "pour une élimination complète"). Dans la Septante, cette expression était traduite par ἀποπομπαῖος τράγος, en latin caper emissarius.

Le livre du Lévitique donne cette description du sacrifice d'Aaron :

21. Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d'Israël et tous leurs péchés, il les mettra sur la tête du bouc, et il l'enverra avec un messager dans le désert :

22. Le bouc portera toutes leurs iniquités dans le pays impénétrable, et il enverra le bouc dans le désert.

L'Évangile de Matthieu. [ch. 22:14].

21. καὶ ἐπιθήσει αρων τὰς χεῖρας αὐτοῦ ἐπὶ τὴν κεφαλὴν τοῦ χιμάρου τοῦ ζῶντος καὶ ἐξαγορεύσει ἐπ' αὐτοῦ πάσας τὰς ἀνομίας τῶν υἱῶν ισραηλ καὶ πάσας τὰς ἀδικίας αὐτῶν καὶ πάσας τὰς ἁμαρτίας αὐτῶν καὶ ἐπιθήσει αὐτὰς ἐπὶ τὴν κεφαλὴν τοῦ χιμάρου τοῦ ζῶντος καὶ ἐξαποστελεῖ ἐν χειρὶ ἀνθρώπου ἑτοίμου εἰς τὴν ἔρημον

22. καὶ λήμψεται ὁ χίμαρος ἐφ' ἑαυτῷ τὰς ἀδικίας αὐτῶν εἰς γῆν ἄβατον καὶ ἐξαποστελεῖ τὸν χίμαρον εἰς τὴν ἔρημον
    

וְסָמַךְ אַהֲרֹן אֶת-שְׁתֵּי [יָדֹו כ] (יָדָיו ק) עַל רֹאשׁ הַשָּׂעִיר הַחַי וְהִתְוַדָּה עָלָיו אֶת-כָּל-עֲוֹנֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְאֶת-כָּל-פִּשְׁעֵיהֶם לְכָל-חַטֹּאתָם וְנָתַן אֹתָם עַל-רֹאשׁ הַשָּׂעִיר וְשִׁלַּח בְּיַד-אִישׁ עִתִּי הַמִּדְבָּרָה׃

וְנָשָׂא הַשָּׂעִיר עָלָיו אֶת-כָּל-עֲוֹנֹתָם אֶל-אֶרֶץ גְּזֵרָה וְשִׁלַּח אֶת-הַשָּׂעִיר בַּמִּדְבָּר׃

En d'autres occasions, le " bouc émissaire " était jeté du haut d'une falaise. Ce rituel entre clairement en résonance avec le récit évangélique de la façon dont le Christ a guéri un homme possédé dans le village de Gardarins en ordonnant aux démons de sortir de lui et d'habiter un troupeau de porcs voisin. Les démons ont obéi, puis le troupeau s'est hâté vers le précipice et est tombé dans l'abîme. Dans ce cas, le rôle du bouc émissaire était celui d'un troupeau de porcs, qui prenait sur lui les péchés pour lesquels la personne possédée souffrait.

Selon la tradition, un morceau de laine rouge était attaché au bouc pour être envoyé dans le désert. Le prêtre de l'Ancien Testament en arrachait une partie lorsque le bouc passait les portes de la ville et la suspendait à la vue de tous. Si Dieu avait accepté le sacrifice de purification, le tissu serait miraculeusement devenu blanc.

Il est important de noter que le bouc émissaire était distinct des animaux sacrifiés, qui étaient considérés comme purs, et représentait un sacrifice spécial. Le symbolisme complexe du bouc émissaire l'associait à l'ange déchu, Satan, mais restait entièrement dans la structure du monothéisme juif. Dans le livre apocryphe d'Enoch (Livre d'Enoch, chapitre 8:1), Azazel apparaît comme le nom de l'un des "anges déchus".

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Dans la Grèce antique, un rite similaire était associé à l'exécution rituelle d'un criminel qui emportait les péchés de la communauté (φαρμακός, κάθαρμα, περίψημα). En cela, nous pouvons probablement reconnaître des échos des anciens cultes de Dionysos (le philosophe français René Girard a fondé son système philosophique sur une analyse de la figure du bouc émissaire). Il faut souligner ici que le destin final de l'humanité lors du Jugement dernier la divise en un sacrifice agréable à Dieu (les brebis, et ce n'est pas un hasard si l'agneau symbolise le Christ lui-même), et ceux qui sont retirés, séparés, retranchés, déchus du troupeau principal (l'humanité). Les boucs ne plaisent pas à Dieu, ne sont pas acceptées par Lui et sont donc rejetées - elles périssent sans laisser de trace dans le désert ou tombent dans l'abîme.

On peut se rappeler l'histoire des deux fils d'Adam (l'unité de l'humanité), Abel et Caïn. Le sacrifice d'Abel est accepté et celui de Caïn est rejeté. La création d'Eve (la division de l'humanité), la consommation du fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (à nouveau la dualité opposée à l'unité de l'arbre de vie) et la naissance de Caïn et Abel (l'histoire du premier meurtre) sont autant de prototypes initiaux de la fin de l'histoire humaine, du sacrifice final lors du Jugement dernier.

Ainsi, à la fin du monde, la dualité de l'humanité, manifestée dans sa division irréversible, devient pleinement explicite mais implicitement cette division commence déjà au paradis.

mardi, 24 janvier 2023

La Turquie et la Suède s'opposent à l'OTAN

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La Turquie et la Suède s'opposent à l'OTAN

Markku Siira

Bron: https://markkusiira.com/2023/01/22/turkki-ja-ruotsi-nato-...

Ce week-end, la ratification de l'adhésion de la Suède à l'OTAN a fait un nouveau pas de géant en arrière lorsque Rasmus Paludan, connu pour ses performances anti-islamiques, a été autorisé par les autorités suédoises à "protester" devant l'ambassade de Turquie à Stockholm en brûlant un Coran.

Selon le bureau présidentiel turc, autoriser la manifestation, alors que la Turquie avait demandé à plusieurs reprises son interdiction, est susceptible d'alimenter "l'islamophobie". Selon les autorités turques, "s'attaquer aux valeurs sacrées n'est pas de la liberté mais de la barbarie".

Le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, devait se rendre en Turquie la semaine prochaine, mais sa visite prévue n'aura pas lieu. Devlet Bahçeli, du parti nationaliste pro-turc Milliyetçi Hareket Partis, a pour sa part affirmé que "l'adhésion de la Suède à l'OTAN ne sera pas acceptée pour cette raison".

Étant donné que les autorités suédoises n'ont fait aucune tentative pour empêcher cette manifestation provocatrice de Paludan, il semble de plus en plus probable que la Suède retire sa candidature à l'OTAN, rejetant ainsi commodément la faute sur la Turquie, qui ne peut accepter le concept occidental libéral de liberté d'expression et de manifestation.

Aujourd'hui, les plus ardents partisans suédois et finlandais de l'OTAN traitent déjà Paludan de "troll russe", bien qu'il brûle des corans depuis des années et qu'il ne serait pas anti-OTAN, dit-on. Les plus cyniques pourraient arguer que tout le spectacle a été mis en scène afin de n'inclure que la Finlande, plus importante stratégiquement et plus anti-russe, en première ligne de la frontière orientale de l'alliance d'invasion, tandis que l'élite suédoise resterait en sécurité à l'extérieur.

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Entre-temps, The Economist, "le magazine britannique pro-millionnaire", a publié un "rapport spécial sur l'empire d'Erdoğan". Avec sa couverture écarlate évoquant "la dictature imminente de la Turquie", il semble que l'obstination d'Erdoğan commence vraiment à agacer les puissances occidentales et qu'elles veulent le voir mis au pas - et de préférence remplacé lors des prochaines élections en Turquie.

Le leader tchétchène Ramzan Kadyrov a également commenté les événements en Suède. En tant que musulman, il condamne naturellement l'autodafé du Coran, mais il appelle également le monde islamique à s'unir - après toutes les injustices, les guerres et les tentatives de changement de pouvoir contre les musulmans - contre le véritable ennemi commun, à savoir l'Occident de l'OTAN.

Alors que l'ordre mondial cherche une nouvelle position, les pays musulmans d'Asie occidentale sont également en pleine mutation. Qu'adviendra-t-il des ambitions de l'Occident si et quand la Syrie et la Turquie règleront leur différend ? L'Arabie saoudite a déjà annoncé sa volonté de commercer dans des devises autres que le dollar et l'Iran a des partenariats stratégiques avec la Russie et la Chine.

La Turquie est un partenaire géopolitiquement important pour l'Alliance de l'Atlantique Nord dirigée par les États-Unis, bien qu'elle entretienne également des relations étroites avec la Russie. La Turquie possède également les deuxièmes forces armées les plus importantes de l'OTAN. Elle joue un rôle important dans sa région et a également une influence dans les Balkans occidentaux, en Méditerranée orientale et également en Afrique.

Le premier ministre turc de longue date a un jour décrit la démocratie comme un voyage en tramway: "lorsque vous arrivez à destination, vous descendez simplement". Aujourd'hui, l'Occident craint que si un Erdoğan de plus en plus "autocratique" est autorisé à rester à la tête de la Turquie, le pays de l'OTAN ne se retrouve dans le camp des rivaux de l'Occident.

Le déclin de l'intelligence et l'appauvrissement du langage

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Le déclin de l'intelligence et l'appauvrissement du langage

Par Christophe Clavé

Source: https://jornalpurosangue.net/2023/01/21/o-ocaso-da-inteligencia-e-o-empobrecimento-da-linguagem/

Le QI moyen de la population mondiale, qui a toujours augmenté depuis l'après-guerre jusqu'à la fin des années 1990, a diminué au cours des vingt dernières années. C'est le renversement de l'effet Flynn.

Il semble que le niveau d'intelligence, mesuré par des tests, diminue dans les pays les plus développés. Les causes de ce phénomène peuvent être nombreuses. L'un d'entre eux pourrait être l'appauvrissement de la langue.

En effet, plusieurs études montrent la diminution des connaissances lexicales et l'appauvrissement de la langue: ce n'est pas seulement la réduction du vocabulaire utilisé, mais aussi les subtilités linguistiques qui permettent d'élaborer et de formuler des pensées complexes.

La disparition progressive des temps (subjonctif, imparfait, formes composées du futur, participe passé) donne lieu à une pensée presque toujours au présent, limitée à l'instant : incapable de projections dans le temps.

La simplification des tutoriels, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont des exemples de "coups mortels" portés à la précision et à la variété de l'expression.

Un seul exemple: éliminer le mot "signorina/senhorita/mademoiselle" (désormais obsolète) signifie non seulement renoncer à l'esthétique d'un mot, mais aussi promouvoir involontairement l'idée qu'entre une fille et une femme, il n'y a pas d'étapes intermédiaires.

Moins de mots et moins de verbes conjugués signifient moins de capacité à exprimer des émotions et moins de capacité à traiter une pensée. Des études ont montré qu'une partie de la violence dans les sphères publique et privée découle directement de l'incapacité à décrire les émotions avec des mots.

Sans mots pour construire un argument, la pensée complexe devient impossible.

Plus la langue est pauvre, plus la pensée disparaît. L'histoire est pleine d'exemples et de nombreux livres (George Orwell - "1984" ; Ray Bradbury - "Fahrenheit 451") racontent comment tous les régimes totalitaires ont toujours entravé la pensée en réduisant le nombre et le sens des mots.

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S'il n'y a pas de pensées, il n'y a pas de pensées critiques. Et il n'y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans le conditionnel ? Comment penser le futur sans une conjugaison avec le futur ? Comment est-il possible de saisir la temporalité, une succession d'éléments dans le temps, passés ou futurs, et leur durée relative, sans un langage qui distingue ce qui aurait pu être, ce qui était, ce qui est, ce qui pourrait être, et ce qui sera après que ce qui aurait pu se produire se soit effectivement produit ?

Chers parents et enseignants : faisons en sorte que nos enfants, nos élèves parlent, lisent et écrivent. Enseignons et pratiquons la langue sous ses formes les plus diverses. Même si cela semble compliqué. Surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort, il y a la liberté.

Ceux qui affirment la nécessité de simplifier l'orthographe, de débarrasser la langue de ses "défauts", d'abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité, sont les véritables artisans de l'appauvrissement de l'esprit humain.

Il n'y a pas de liberté sans nécessité. Il n'y a pas de beauté sans la pensée de la beauté.

L'"Homo Davos"

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L'"Homo Davos"

Par Raphael Machado

Source: https://jornalpurosangue.net/2023/01/19/o-homo-davos/

A Davos se construit un nouvel archétype de l'homme, tout droit sorti des pages dystopiques de Yuval Harari.

L'"homme de Davos" n'est pas comme nous, simples mortels, il est pratiquement membre d'une autre espèce, rappelant ces extraterrestres du film They Live (en français: Invasion Los Angeles). Les mythes sur les "reptiliens" ne sont que l'idiotie superficielle et "conspirationniste" du sentiment d'étrangeté absolue que suscite "l'homme de Davos".

Lui, par exemple, ne vient de nulle part. Son corps est naturellement né quelque part, mais l'"homme de Davos" se distingue en n'ayant aucun attachement particulier au lieu de sa naissance. Il le quitte dès qu'il le peut, pour aller étudier dans un autre pays. Au cours de ses études, il passera par un ou deux autres pays. Dans l'un de ces endroits, il choisira une épouse banale, une étudiante d'origine asiatique.

Son entreprise sera développée "autour de là". Il possède une usine de voitures au Vietnam et une entreprise de biscuits en Finlande, sans oublier bien sûr une banque en Italie, une usine d'armes en Bolivie et un pied dans le business des sociétés militaires privées avec un siège à Luanda. Sa maison, bien sûr, est en Suisse, mais il passe plus de temps à l'hôtel qu'à l'intérieur. Ce n'est pas vraiment une "maison" qu'il a, mais juste un "endroit" où laisser des choses.

Il a un certain penchant romantique pour l'espéranto, qu'il aimerait voir mondialisé, mais comme il n'a pas eu le temps de l'apprendre, il parle anglais. En fait, lorsqu'il pense, il pense d'abord en anglais et seulement ensuite dans sa langue maternelle, si tant est qu'il le fasse.

Son enfant, s'il en a un, a été produit par éprouvette ou par mère porteuse, mais parfois l'"Homme de Davos" "adopte" aussi un ou deux enfants africains ou haïtiens, arrachés presque de force à leurs familles misérables, pour montrer combien il est noble et supérieur. Du haut de sa noblesse, l'"Homme de Davos" sème aussi une poignée d'ONG, de fondations et d'instituts. Ces projets permettront de dispenser une "éducation" et de promouvoir l'"inclusion" et les "droits de l'homme", notamment dans les pays qui n'apprécient pas trop ces "hommes de Davos". Avec cela, l'"Homme de Davos" croit faire le bien. Ce faisant, il sape le tissu social des nations du monde entier.

L'"homme de Davos" soutient pleinement l'ensemble du récit sur le genre comme étape préparatoire au transhumanisme. Mais il n'est pas vraiment intéressé par les résultats les plus aberrants de cette voie, il s'intéresse davantage aux transmutations subtiles, comme l'édition de gènes, ou à des formes plus radicales de transmutation, comme l'IA et la virtualisation. Parfois, bien sûr, la fille de l'"Homme de Davos" glisse vers quelque chose de plus exotique, mais cela en fait partie. Depuis combien d'années ne l'a-t-il pas vue ?

L'"homme de Davos" a dépassé même la simulation publique de la religiosité. Son idéologie, son style de vie, sa sexualité, tout cela se mêle à une religiosité basée sur des rituels exotiques qu'il a appris lors d'une réunion au Luxembourg avec un moine bouddhiste américain dans un monastère uruguayen. Parfois, ces rituels deviennent incontrôlables et un enfant innocent meurt. Mais dans un monde de sept milliards d'habitants, ce n'est qu'une statistique.

Il utilise des jets pour se rendre à des conférences sur le climat afin de débattre de la manière d'apprendre à la populace à sauver la nature, alors qu'une journée de fonctionnement de son entreprise annule déjà une année d'austérité plébéienne. Il chante également la nécessité de faciliter les flux migratoires, dont aucun n'atteindra ses demeures, après tout, vous ne pouvez pas construire votre empire sans main-d'œuvre servile. Alors que le monde s'enfermait à l'intérieur, tout le monde portant des masques (ses télévisions en Hollande et les journaux égyptiens ont aidé à diffuser la propagande), il allait aux fêtes, libre, léger et décontracté.

L'"Homme de Davos" a construit un bunker. Il pense qu'une guerre nucléaire est presque inévitable. Rire à part, certains admettent que peut-être alors la Grande Réinitialisation se déroulera plus en douceur. Malheureusement, "l'homme de Davos" pense que tous les dirigeants du monde pensent comme lui, et qu'il peut acheter les autres.

Il n'a pas mis sur la calculette le retour des sociétés traditionnelles.

De Daudet à Davos : comment le capitalisme fait disparaître la Suisse

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De Daudet à Davos: comment le capitalisme fait disparaître la Suisse

Nicolas Bonnal

Les étasuniens aiment rayer de la carte les pays hostiles, mais il y a d'autres méthodes qu'Hiroshima pour faire disparaître l'humanité (étudiez d'un autre œil la guerre du Pacifique) : c'est le sujet de ce papier inspiré par un de nos maîtres les moins compris, Alphonse Daudet.

Les milliards de touristes dont je fais partie ont surconsommé ce monde et la terre depuis cent ans et quelques. L'addition est d'autant plus lourde que nous ne créons plus de civilisations, nous assassinons celles qui resteraient tout en profanant celles qui ont disparu.

Evoquons le deuxième Tartarin, celui qui se passe dans les Alpes, quand la révolution industrielle, les voyages organisés Cook et la première massification eurent déjà réifié la haute montagne. Gautier a parlé savamment de cette unification du monde dans le chapitre grenadin de son voyage en Espagne :

« Quand tout sera pareil, les voyages deviendront complètement inutiles, et c’est précisément alors, heureuse coïncidence, que les chemins de fer seront en pleine activité. À quoi bon aller voir loin, à raison de dix lieues à l’heure, des rues de la Paix éclairées au gaz et garnies de bourgeois confortables ? Nous croyons que tels n’ont pas été les desseins de Dieu, qui a modelé chaque pays d’une façon différente, lui a donné des végétaux particuliers, et l’a peuplé de races spéciales dissemblables de conformation, de teint et de langage. C’est mal comprendre le sens de la création que de vouloir imposer la même livrée aux hommes de tous les climats, et c’est une des mille erreurs de la civilisation européenne… »

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Mais voici Daudet qui annonce avec Rimbaud illuminé tous nos Euro Disney, tous nos Disneyworld et toute la guerre du faux qui fit le bonheur d'Umberto Eco. Il faut penser à Davos et à son culte du transhumanisme en relisant ces lignes ; car tout est falsifié dès notre entrée dans l’ère industrielle occidentale :

« La Suisse, à l’heure qu’il est, vé ! monsieur Tartarin, n’est plus qu’un vaste Kursaal, ouvert de juin en septembre, un casino panoramique, où l’on vient se distraire des quatre parties du monde et qu’exploite une compagnie richissime à centaines de millions de milliasses, qui a son siège à Genève et à Londres. Il en fallait de l’argent, figurez-vous bien, pour affermer, peigner et pomponner tout ce territoire, lacs, forêts, montagnes et cascades, entretenir un peuple d’employés, de comparses, et sur les plus hautes cimes installer des hôtels mirobolants, avec gaz, télégraphes, téléphones !…

– C’est pourtant vrai, songe tout haut Tartarin qui se rappelle le Rigi.

– Si c’est vrai !… Mais vous n’avez rien vu… Avancez un peu dans le pays, vous ne trouverez pas un coin qui ne soit truqué, machin comme les dessous de l’Opéra ; des cascades éclairées à giorno, des tourniquets à l’entrée des glaciers, et, pour les ascensions, des tas de chemins de fer hydrauliques ou funiculaires. Toutefois, la Compagnie, songeant à sa clientèle d’Anglais et d’Américains grimpeurs, garde à quelques Alpes fameuses, la Jungfrau, le Moine, le Finsteraarhorn, leur apparence dangereuse et farouche, bien qu’en réalité, il n’y ait pas plus de risques là qu’ailleurs. »

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Alphonse Daudet ajoute avec sa verve coutumière (comme on dit) qu'il faut créer du risque pour le touriste qui paie (pensez au film The Game inspiré par Chesterton). C'est comme pour le réchauffement, le Brexit, Trump, la menace populiste ou bien Poutine : faire croire que quelque chose se produit dans un monde où tout est mort sauf l’argent, et ce tourisme qui le fait tant bouger.

– Mais, l’année dernière encore, l’accident du Wetterhorn, ces deux guides ensevelis avec leurs voyageurs !…

– Il faut bien, té, pardi !… pour amorcer les alpinistes… Une montagne où l’on ne s’est pas un peu cassé la tête, les Anglais n’y viennent plus… Le Wetterhorn périclitait depuis quelque temps ; avec ce petit fait-divers, les recettes ont remonté tout de suite.

– Alors, les deux guides ? …

- Ils se portent aussi bien que les voyageurs ; on les a seulement fait disparaître, entretenus à l’étranger pendant six mois… Une réclame qui coûte cher, mais la Compagnie est assez riche pour s’offrir cela. »

C'est ainsi que le tourisme a remonté la pente sur la côte d'usure après un bref accident de camion !

Daudet dénonce ensuite le décor de théâtre. A l'Alhambra où je passe souvent, tout a été remplacé, préfabriqué ou falsifié, c'est comme pour la réplique de la grotte de Lascaux où j'entendis jadis parler espéranto...

Puisque tout se ressemble, on déguise, on maquille et c'est le folklore de l’époque qui se met en branle. D’abord en Provence, en Italie, ensuite à Hawaii ou aux Canaries (je vous dis pas le folklore là-bas !).

« Bé ! Oui. Quand vous voyagez dans la Suisse allemande, des fois vous apercevez à des hauteurs vertigineuses un pasteur prêchant en plein air, debout sur une roche ou dans une chaire rustique en tronc d’arbre. Quelques bergers, fromagers, à la main leurs bonnets de cuir, des femmes coiffées et costumées selon le canton, se groupent autour avec des poses pittoresques ; et le paysage est joli, des pâturages verts ou frais moissonnés, des cascades jusqu’à la route et des troupeaux aux lourdes cloches sonnant à tous les degrés de la montagne. Tout ça, vé ! C’est du décor, de la figuration.

« Seulement, il n’y a que les employés de la Compagnie, guides, pasteurs, courriers, hôteliers qui soient dans le secret, et leur intérêt est de ne pas l’ébruiter de peur d’effaroucher la clientèle. »

C'est comme dans notre Mort à Venise où l'on ne dit rien du choléra !

Je vous laisse savourer ce livre qui vous amusera avec les espions russes, comme si Tartarin préfigurait leur James Bond sur un mode inspecteur Clouseau - qui doit d'ailleurs beaucoup à Marcel Achard. Et n'oubliez pas de relire Maître Cornille qui décrit sur un ton moins badin le passage du moulin (ou de l'abbaye ou du château) de l'ère réelle à l'ère virtuelle, touristique.

Et pour finir citons Rimbaud et les « horreurs économiques » :

« La même magie bourgeoise à tous les points où la malle nous déposera  (Illuminations) ! »

Car Louis Vuitton incarne son époque. Bernard A. première fortune mondiale…

Sources :

https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Daudet-Alpes.pdf

https://www.amazon.fr/DANS-GUEULE-BETE-LAPOCALYPSE-MONDIA...

 

 

lundi, 23 janvier 2023

Ossendowski: le soleil se lève à l'Ouest et se couche à l'Est

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Ossendowski: le soleil se lève à l'Ouest et se couche à l'Est

Fabio S. P. Iacono

Source: https://www.kulturaeuropa.eu/2023/01/12/ossendowski-il-sole-sorge-a-occidente-e-tramonta-a-oriente/

Ferdynand Antoni Ossendowski est né à Ludza, une commune de Lettonie appartenant à la région de Letgallia, en 1876.  Il a fait ses études au gymnase de Kam'janec'-Podil's'kyj, puis a obtenu son diplôme à Saint-Pétersbourg. Il s'inscrit à la faculté de mathématiques-physique de l'université locale.

En tant qu'assistant du professeur Aleksander Zalewski, il a voyagé dans des régions reculées: la Sibérie, le Caucase et les montagnes de l'Altaï. De temps en temps, étant occupé comme écrivain sur le paquebot Odessa-Vladivostok, il a voyagé en Asie et en Extrême-Orient. Pour le récit de son voyage en Crimée et à Constantinople, il a également obtenu des royalties. Pour son voyage en Inde, il a reçu le prestigieux prix de la Société littéraire de Saint-Pétersbourg.

En 1899, après le soulèvement des étudiants à Saint-Pétersbourg, Ossendowski a été contraint de quitter la Russie impériale et de s'installer à Paris, où il a poursuivi ses études à la Sorbonne. Ses professeurs étaient Maria Curie-Sklodowska et Marcelin Berthelot. En 1901, il retourne en Russie, où le professeur Zalewski l'invite à l'Institut de technologie nouvellement fondé à l'Université de Tomsk. Ossendowski a contribué en donnant des cours de chimie et de physique. Parallèlement, il donne des cours à l'Académie agricole et publie de nombreux articles scientifiques sur l'hydrologie, la géologie, la chimie physique, la géographie et la physique.

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Après le début de la guerre russo-japonaise (1904-1905), Ossendowski s'est installé à Harbin, en Mandchourie, où il a fondé le Central Technical Research Laboratory, un institut financé par la Russie pour le développement des gisements de la région. En même temps, il a dirigé la branche locale de la Société géographique russe à Vladivostok. À ce titre, il a effectué de nombreux voyages en Corée, à Sakhaline, en Oussouri et sur les rives du détroit de Béring. En Mandchourie, il devient également l'un des leaders de la diaspora polonaise et publie son premier roman en polonais, Noc ("Nuit"). Il rejoint le Comité central révolutionnaire, une formation politique qui a tenté de prendre le pouvoir en Mandchourie pendant la révolution de 1905.

Après l'échec de la révolution, Ossendowski organise une grève contre la répression du Royaume de Pologne et est ensuite arrêté. Un tribunal militaire le condamne à mort pour conspiration contre le tsar, mais sa peine est ensuite commuée en plusieurs années de travaux forcés. En 1907, il est libéré de prison avec un "ticket loup", qui l'empêche de trouver du travail ou de quitter la Russie. Il se consacre à l'écriture du roman V ludskoi Pyli, qui raconte son internement dans les prisons: avec ce livre, il atteint une grande renommée en Russie, popularité qui lui permet de retourner à Saint-Pétersbourg en 1908. Pendant ce temps, il a continué à écrire des livres en tant que directeur de la "Société du secteur de l'or et du platine" et à collaborer avec divers journaux et magazines, tant russes que polonais.

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Après le début de la Première Guerre mondiale, Ossendowski a continué à publier des livres, notamment un roman de science-fiction, un récit sur les espions allemands en Russie et un pamphlet décrivant les crimes de guerre allemands et austro-hongrois. Après le déclenchement de la révolution de février 1917, Ossendowski est retourné en Sibérie, à Omsk, où il a commencé à donner des cours à l'université locale.

Après la Révolution d'octobre et le déclenchement de la guerre civile russe, il participe au gouvernement russe anti-révolutionnaire dirigé par le chef suprême, l'amiral Aleksandr Vasil'evič Kolčak. Il a servi à divers titres, notamment comme officier de renseignement, envoyé au près du Corps d'intervention américain et comme assistant polonais de la 5e division du major Walerian Czuma. En 1918, il est responsable du transfert de nombreux documents des tsaristes et de l'Armée blanche afin de parvenir à un accord, y compris des documents relatifs aux nombreuses manifestations de soutien allemand à Lénine et aux bolcheviks (documents Sisson).

Après la défaite d'Aleksandr Vasil'evič Kolčak en 1920, Ossendowski rejoint un groupe de Polonais de l'Armée blanche, qui tente d'échapper à la dictature communiste sibérienne en traversant l'Inde, la Mongolie, la Chine et le Tibet. Après un voyage de plusieurs milliers de kilomètres, l'expédition est arrivée en Mongolie, où elle a reçu la citoyenneté des mains du baron Roman von Ungern-Sternberg, un mystique attiré par les religions d'Extrême-Orient comme le bouddhisme et le lamaïsme, qui croyait être la réincarnation de Dayisun Tngri, le dieu mongol de la guerre. Le nationalisme russe et les croyances chinoises et mongoles convergent dans le Baron. Il était vraiment un excellent stratège et chef militaire. Ossendowski a rejoint l'armée du baron von Ungern-Sternberg en tant qu'officier. Il est également nommé conseiller politique du baron et chef des services secrets. À la fin de l'année 1920, il est envoyé en mission diplomatique au Japon, puis aux États-Unis, pour ne jamais revenir en Mongolie.

Après son arrivée à New York, Ossendowski a commencé à travailler pour le service diplomatique polonais et comme espion.

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Fin 1921, il publie son premier livre en anglais: Beasts, Men and Gods. Le livre raconte ses voyages pendant la guerre civile russe et les guerres menées par le Baron. En 1923, il a été traduit en polonais, puis dans plusieurs autres langues.

En 1922, Ferdynand Ossendowski est retourné en Pologne et s'est installé à Varsovie. Immédiatement après son retour, il commence à donner des cours à l'Université libre polonaise, à l'École de guerre et en sciences politiques à l'Université de Varsovie. Dans l'entre-deux-guerres, il a été considéré comme le pionnier du genre narratif appelé roman de voyage. Avec près de 80 volumes publiés en Pologne, traduits dans plus de vingt langues, Ossendowski compte parmi les auteurs polonais les plus publiés dans le monde.

Avec un volume sur Lénine, dans lequel il expose ouvertement les méthodes communistes et les politiques soviétiques, ainsi que la fausseté et le tellurisme démoniaque des cadres communistes. En fait, en Pologne, ses livres ont été interdits pendant la Seconde Guerre mondiale.

Après la guerre polonaise de 1939 contre le nazisme et le début de la Seconde Guerre mondiale, Ferdynand Ossendowski est resté à Varsovie. En 1942, il se convertit du luthéranisme au catholicisme et rejoint le parti clandestin Narodowa Demokracja l'année suivante. Il a travaillé dans les structures des services secrets, collaborant avec la délégation du gouvernement polonais à la formation de la résistance polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Après le soulèvement de Varsovie, Ossendowski, alors gravement malade, s'est installé à Żółwin, près de Varsovie, où il est mort au cours de l'hiver 1945. Il a été enterré dans le cimetière de Milanówek. Le 18 janvier, la région est occupée par l'Armée rouge. Ossendowski était recherché par le NKVD et était considéré comme un ennemi du peuple pour son livre sur Lénine et le totalitarisme soviétique. Les agents soviétiques ont exhumé son corps pour confirmer son identité et confirmer sa mort.

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Après la guerre, les autorités communistes soviétiques dirigeant la Pologne ont interdit les livres d'Ossendowski. Son nom n'était plus mentionné dans les encyclopédies et tous ses livres avaient été confisqués dans les librairies et brûlés. Leur circulation n'a repris qu'après la chute du mur de Berlin en 1989, la désintégration du "Pacte de Varsovie" et l'implosion de l'URSS la veille de Noël 1991.

Fabio S. P. Iacono

Entretien avec Alexander v. Bismarck - "Nous ne pouvons pas lâcher la Russie"

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Entretien avec Alexander v. Bismarck

"Nous ne pouvons pas lâcher la Russie"

Source : https://paz.de/artikel/wir-koennen-russland-nicht-einfach-links-liegen-lassen-a8235.html

Pourquoi un homme privé, mais prussien au nom éminent, cherche à dialoguer avec des interlocuteurs russes, surtout en temps de guerre - et ce que la politique allemande actuelle peut apprendre de l'ancien chancelier, virtuose de politique étrangère, Otto v. Bismarck

Propos recueillis par René Nehring

Depuis le début de l'attaque russe contre l'Ukraine, la Russie et l'Occident sont en froid. Des sanctions réciproques ont été imposées et de nombreuses relations ont été interrompues ou réduites au minimum dans presque tous les domaines de la vie publique. C'est dans ce contexte qu'Alexander v. Bismarck, descendant d'une célèbre famille aristocratique de l'Altmark et de Poméranie, a lancé une initiative, le "Dialogue Bismarck", afin d'apporter au moins une petite contribution pour que le travail de compréhension entre l'Est et l'Ouest au cours des trente dernières années n'ait pas été vain.

Monsieur v. Bismarck, qui votre dialogue veut-il rassembler ?

C'est toujours un problème lorsque des individus, des familles entières ou même des nations se divisent durablement en cas de conflit. Je pense que dans de telles situations, et notamment lorsqu'il s'agit d'intérêts fondamentalement opposés, voire d'une guerre, il est indispensable de continuer à dialoguer. Si l'on ne veut pas se battre indéfiniment, il faut se parler, garder des canaux de discussion ouverts et chercher à échanger avec ceux qui le souhaitent également.

J'ai beaucoup de connaissances et d'amis en Russie et j'ai constaté ces derniers mois qu'il est possible de parler ouvertement avec eux, même en temps de guerre, même si nous ne sommes pas d'accord sur tout. Je pense qu'il est important de maintenir cet échange et de l'élargir. C'est pourquoi j'ai créé le "Dialogue Bismarck".

Concrètement, à qui s'adresse le dialogue ? La plupart des canaux de discussion avec la Russie, comme le Dialogue de Saint-Pétersbourg et le Forum germano-russe - ou encore les partenariats de politique communale, comme celui de la Landsmannschaft Ostpreußen avec des collectivités territoriales russes - sont en grande partie à l'arrêt.

Les forums plus ou moins officiels comme le Dialogue de Saint-Pétersbourg posent problème, dans des périodes comme celle-ci, parce qu'ils sont trop étroitement liés à la politique. Ce qui peut être un avantage en temps de paix, car cela donne plus de poids aux événements, devient un problème en cas de guerre et de sanctions, car on ne peut pas s'affranchir des constellations politiques.

Je veux créer un lieu de rassemblement privé pour les Russes et les Allemands qui cherchent également à se parler, et les mettre en contact. Après tout, nous parlons ici de deux peuples qui se sont entendus pacifiquement dans la plupart des phases de leur histoire, mais qui se sont infligés des crimes terribles au 20ème siècle et qui viennent tout juste de se retrouver péniblement après 1991. J'essaie de réunir des personnes des deux pays qui se sentent concernées par les relations entre nos deux nations.

Cela se fait actuellement dans le cadre de petites tables rondes, la première chez moi, dans mon domaine de Döbbelin, la seconde à Moscou avec des représentants russes du Dialogue de Saint-Pétersbourg, mais à un niveau tout à fait élevé. Les participants étaient des politologues et des historiens, des hommes d'affaires et des représentants d'associations, des journalistes et des conseillers politiques ainsi que des membres d'organisations de la société civile.

Quelles ont été les réactions ?

Extrêmement positives. J'ai par exemple été surpris par le nombre de professeurs d'université ou d'officiers de l'armée allemande intéressés par un tel échange, et qui ne souhaitent pas seulement s'informer par le biais des médias, mais aussi se rencontrer personnellement. Je suis étonné de voir combien de personnalités de haut niveau, rien que du côté allemand, veulent continuer à entretenir de bons contacts avec la Russie.

Et quelles ont été vos expériences en Russie ?

Je me suis rendu deux fois à Moscou à la fin de l'année dernière et j'ai parlé à de nombreuses personnes de tous horizons: des étudiants, des médecins d'un hôpital pour enfants atteints de cancer, des personnes du monde artistique et des hommes d'affaires. Partout, il y a un intérêt incroyable à maintenir le contact avec l'Allemagne. Malheureusement, les autorités allemandes empêchent cela et interdisent même aux institutions partenaires locales de le faire. Dans le cas de l'hôpital pour enfants cancéreux, il s'agit du ministère de la Recherche, et pour les musées, de la ministre de la Culture. Ces contacts n'ont rien à voir avec le conflit militaire en Ukraine, il s'agit de partenariats civils et humanitaires qui ne soutiennent en rien la guerre en Ukraine, c'est pourquoi je pense qu'ils devraient être encouragés plutôt qu'interdits.

Lors du dialogue officiel de Saint-Pétersbourg à Moscou, que les Russes continuent d'organiser et qu'ils ne veulent pas voir s'effondrer, j'étais le seul Allemand à y assister personnellement. J'y ai demandé très clairement: "Puis-je parler ouvertement ici ?" et j'ai été expressément encouragé à le faire. Et j'ai remarqué qu'il était tout à fait possible de trouver des dénominateurs communs, aussi bien lors de la conférence officielle que lors des entretiens personnels qui ont suivi.

Avez-vous également rencontré des représentants du niveau politique?

Bien sûr, j'ai eu des contacts avec des acteurs politiques, par exemple avec la commissaire russe aux droits de l'homme, Tatiana Moskalkova. Nous avons notamment parlé de l'échange de prisonniers entre l'Ukraine et la Russie.

En tant que personne privée, je n'avais bien sûr pas de mandat pour parler des questions de guerre et de paix. Mais je pouvais faire des suggestions sur les relations interpersonnelles. J'ai notamment suggéré que les Russes pourraient unilatéralement supprimer l'obligation de visa pour les Allemands se rendant en Russie, afin que les gens puissent se rencontrer. C'est ce qui s'est passé lors de la Coupe du monde de football 2018, où chaque supporter pouvait se rendre en Russie avec un billet sans visa.

Comment les Russes interprètent-ils la situation actuelle, en particulier la guerre en Ukraine ?

Je pense qu'il est difficile de discuter de conflits militaires entre deux pays au niveau privé. Que se passe-t-il si les deux parties ont des opinions différentes à ce sujet ? Dois-je attendre que les Russes renoncent à leur propre leadership pour en parler avec eux ? Le dialogue ne fonctionne pas ainsi, surtout en temps de guerre.

Mais on peut bien sûr parler de la contribution que chacun peut apporter pour mettre fin le plus rapidement possible à cette situation inextricable. On peut parler de la manière dont la confiance peut être rétablie entre les nations. Dans ce sens, je trouve d'ailleurs bien qu'Olaf Scholz continue à téléphoner à Vladimir Poutine malgré toutes ses brouilles avec lui. Chaque mot d'échange, aussi petit soit-il, peut être une contribution à la désescalade.

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Le Dialogue de Bismarck est-il exclusivement conçu pour les relations entre Russes et Allemands - ou doit-il également inclure des représentants d'autres nations ? Les Polonais, les Baltes et les autres reprochent souvent aux Russes et aux Allemands de ne pas tenir compte de leurs points de vue et de leurs intérêts.

C'est vrai. Toutefois, la situation s'est largement inversée à cet égard, en particulier au niveau politique, de sorte que la perspective russe n'est plus guère prise en compte chez nous, alors que celle des autres pays domine. C'est pourquoi notre dialogue met l'accent sur les relations entre la Russie et l'Allemagne.

Otto v. Bismarck a dit un jour: "Si la Russie et l'Allemagne sont amies, l'Europe se porte bien". Je pense que c'est toujours vrai et que de bonnes relations germano-russes profitent également à tous les autres pays européens. Que cela nous plaise ou non, nous ne pouvons pas lâcher la Russie. C'est le plus grand pays du monde - et il le restera après la guerre en Ukraine, quelle qu'en soit l'issue.

Vous venez de mentionner l'ancien chancelier, qui a non seulement fondé l'Empire allemand, mais aussi, auparavant, le ministère des Affaires étrangères. Malgré l'importance de ce dernier, l'actuelle ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a récemment fait effacer le nom d'Otto v. Bismarck de son ministère en renommant une salle qui lui était consacrée et en y décrochant son portrait. Qu'est-ce qui émeut quelqu'un comme vous, qui est lui-même actif en politique étrangère à titre privé et qui porte le même nom, lorsqu'il entend cela ?

Je pense que la décision de Mme Baerbock est historiquement et politiquement imprudente. Et je pense qu'elle se fonde davantage sur des motivations morales que sur des connaissances analytiques. Il faut évaluer chaque personnalité en fonction de son époque. Un homme politique sous un empire n'agit pas de la même manière que dans une démocratie. En outre, l'ère Bismarck n'a pas seulement créé les bases étatiques de l'Allemagne actuelle, mais a également posé de nombreux fondements sociaux, comme par exemple le système social avec les caisses d'assurance maladie et la retraite.

L'actuelle ministre des Affaires étrangères pourrait également s'inspirer de son prédécesseur. Par exemple, l'orientation de la politique étrangère en fonction d'intérêts concrets, dont font également partie les intérêts d'autres puissances. C'est pourquoi il est incompréhensible pour notre famille et pour moi que le nom d'Otto v. Bismarck ait été effacé d'une institution comme le ministère des Affaires étrangères.

Que nous apprend ce changement de nom sur la politique étrangère allemande d'aujourd'hui ?

Je ne peux pas évaluer le travail de Mme Baerbock, car je ne la connais que par les médias et je n'assiste pas à ses interventions en tant que ministre. Je trouve cependant que certaines de ses démarches ne sont pas habiles pour une diplomate. Otto v. Bismarck n'aurait probablement jamais attaqué personnellement les représentants d'un autre Etat, comme Mme Baerbock l'a fait à plusieurs reprises en visant la Russie. Il se serait également abstenu de faire la leçon à la Chine. Ces deux pays font partie de nos principaux partenaires commerciaux, nous ne pouvons pas les traiter constamment de haut.

Nous vivons dans un monde global, et je pense qu'il faut encore plus de compréhension pour la diversité de ce monde qu'à l'époque de Bismarck.

Otto v. Bismarck n'était pas seulement député et Premier ministre prussien, ministre des Affaires étrangères et chancelier, mais aussi ambassadeur à Saint-Pétersbourg et à Paris. Est-ce que cela manque à la politique étrangère d'aujourd'hui, la proximité personnelle et la connaissance d'autres pays qui ont une influence sur la propre politique ?

Tout à fait. Bien sûr, un responsable de la politique étrangère ne peut pas avoir visité tous les pays du monde avant de devenir ministre. Mais c'est justement lorsque l'on porte des jugements graves sur un pays que l'on doit le connaître personnellement. Cela vaut d'ailleurs aussi pour les journalistes. Je vois beaucoup trop de commentaires négatifs dans lesquels il apparaît rapidement que la personne qui commente n'a jamais été dans le pays qu'elle critique. Lorsque l'on connaît personnellement un pays et ses habitants, on porte toujours un jugement différent. L'objectif du Dialogue Bismarck est de vous aider à le faire en ce qui concerne la Russie.

- Alexander v. Bismarck est directeur général de von Bismarck Handels GmbH.

www.bismarck-doebbelin.de

Cet article est tiré de l'actuel PAZ. Si vous souhaitez découvrir le journal de plus près, vous pouvez souscrire un abonnement d'essai de 4 semaines ici: https://paz.de/abo/probe-abo.html.

Saint Michel, icône guerrière du sujet radical

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Saint Michel, icône guerrière du sujet radical

par René Henri Manusardi 

Source: https://www.ideeazione.com/san-michele-icona-guerriera-del-soggetto-radicale/

L'archétype angélique d'Insurrection

Si, d'un point de vue phénoménologique, nous observons ce que la figure de Saint Michel Archange a en commun avec celle du Sujet Radical, nous arrivons sans doute à la conclusion qu'il s'agit du phénomène de l'Insurrection. Nous parlons ici d'insurrection et non pas de révolte qui, historiquement, reste dans de nombreux cas un acte de rébellion provoqué par des situations d'urgence où les besoins fondamentaux ne sont plus satisfaits ou où les libertés individuelles et sociales sont suspendues sans avertissement; une telle révolte constitue un phénomène typique d'autodéfense sociale, circonscrit, local, sans véritable leadership idéologique et politique capable de faire face aux institutions ou de les renverser.

Nous ne comprenons pas non plus l'esprit théorique et métapolitique de l'Insurrection, considérée comme une stratégie à long terme, une méthode de déstructuration et, finalement, un mouvement populaire capable de renverser radicalement un pouvoir inégal d'oppression civile et d'injustice sociale, qui sous-tend une direction idéologique clandestine ou du moins d'opposition au Système, qui passe progressivement de l'exercice des règles démocratiques à celui de la lutte violente, armée et non conventionnelle.

La valeur propre à l'Insurrection en tant que phénomène que nous souhaitons esquisser ici de manière synthétique, est donnée au contraire par la constitution ontologique propre à l'archange Michel, l'Être angélique fidèle au Divin, qui, mis à l'épreuve par le même Divin qui laisse le Trône à découvert, choisit librement la fidélité au Trône, se place devant le Trône pour défendre l'omnipotence du Divin, se dresse contre Lucifer et les anges prévaricateurs qui ont abandonné et trahi le Trône, et s'engage dans un combat furieux avec le concours des anges restés fidèles pour faire tomber du Ciel les prévaricateurs.

D'un point de vue phénoménologique, nous pouvons donc noter quatre moments qui caractérisent dynamiquement le thème de l'Insurrection : l'épreuve de la tentation, le choix de la fidélité, l'élan de l'Insurrection, la véhémence de la lutte destinée à son propre salut (aspect sotériologique) et la victoire certaine (aspect téléologique). Ces quatre moments forment également certaines périodes inhérentes à l'histoire personnelle de chaque sujet radical individuel, que nous avons déjà décrites dans des articles précédents et que nous allons brièvement rappeler ici.

Le sujet radical et son double noir, le Doppelgänger

Après sa conception inconsciente dans le liquide amniotique du Chaos, dans le ventre de la Tradition, pendant la phase de permanence existentielle dans le nihilisme intérieur postmoderne, exacerbé par son rejet de la société liquide postmoderne qui le conduit à la marginalisation sociale et souvent économique et politique, le Sujet radical voit sa naissance effective au moment où sa connaissance intellectuelle de la Tradition devient définitivement un choix de vie, une compréhension intégrale, une volonté de puissance au service de la Tradition. Mais précisément parce que la Tradition est essentiellement le retour de l'Ordre Divin dans le monde, il est clair que l'Ordre Divin présuppose un Divin, le promoteur de cet Ordre. Ainsi, dans une scansion plus ou moins longue de l'ordre temporel, dans la conscience du Sujet radical, dans les profondeurs de son âme, s'ouvre une porte vers le Supérieur, se dévoile l'"esprit", cette chambre de l'âme humaine où le Divin devient présent, et où il perçoit intuitivement, de différentes manières et, pour lui, cette Présence vivante qui parle à sa conscience et lui demande de la suivre.

Le Divin révèle aussi intuitivement le chemin que le Sujet radical devra suivre pour devenir un guerrier ardent, gardien du feu de la Tradition, c'est-à-dire sa kenosis, cette descente aux enfers qui le conduira à la purification de son ego, à l'annihilation de son égocentrisme, de son égoïsme, de son narcissisme, afin qu'en lui brille et règne son âme purifiée, c'est-à-dire le Soi, sa vraie nature d'image du Divin. Arrivé à ce point, le sujet radical est mis à l'épreuve: il est libre de choisir de suivre la voix et la lumière du Divin et, ainsi, de procéder courageusement au saut dans la descente aux enfers; ou de poursuivre la voix de sa propre chair, de vivre narcissiquement les petites satisfactions humaines de sa lumière réfléchie et, ainsi, de se mettre au service conscient du seigneur du mal, d'être ainsi rejeté et submergé dans le liquide du postmodernisme, de vivre comme le "double noir", le "Doppelgänger" du sujet radical dont nous parle Alexandre Douguine :

"Comme dernier acte, le postmodernisme dissout tout ce qui pourrait être la proie d'éléments extérieurs - temps, formation, changement et matérialité - dans l'homme, la société, la culture et l'histoire. Seul l'élément le plus pur et le plus éternel n'est pas touché par ce processus - c'est le sujet radical. Nous nous heurtons ici à un nouveau problème. Le postmodernisme est le domaine des simulacres, des copies sans originaux (Baudrillard). Par conséquent, tous les phénomènes et créatures sont remplacés, clonés et répliqués par la virtualisation et la numérisation globales de l'Être. Ainsi, il est nécessaire de discerner les simulacres, en sortant de leur champ d'action. Le point culminant de cette action métaphysique voit apparaître un double noir du même sujet radical. L'identification de l'Antéchrist, de son ontologie et de son anthropologie, passe du niveau religieux au niveau philosophique, culturel, social et politique. D'où le titre russe du livre: "Le sujet radical et son double", qui fait référence à la figure de la Sosia, le double noir - un développement de la célèbre métaphore d'Antonin Artaud sur la nature du théâtre. Cette question ne se réduit pas à identifier la nature infernale de la civilisation actuelle, à analyser les conditions du Kali Yuga. Au contraire, le problème de l'Antéchrist exige l'internalisation de la nouvelle métaphysique, ainsi que tous les autres aspects liés au "traditionalisme du sujet radical". Le problème du double, en tant que simulateur essentiel, acquiert une centralité absolue" (A. Douguine, Théorie et phénoménologie du sujet radical, AGA 2019, p. 34).

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Essayons maintenant de comprendre un peu plus profondément le moment phénoménologique de la tentation et de son dépassement en tant que précurseur de l'Insurrection, vue comme une constitution ontologique et un mouvement métaphysique de lutte contre le mal de la part du Sujet radical, en nous réservant le droit d'analyser dans un autre article les trois autres moments phénoménologiques qui suivent et qui ont été nommés précédemment, à savoir le choix de la loyauté, l'élan de l'Insurrection et la véhémence de la lutte.

A cet égard, de ces mêmes moments, nous ne ferons qu'esquisser les points suivants qui seront développés ultérieurement. A. Le choix de la fidélité : la tentation est un test de fidélité; la fidélité est un choix basé sur la vérité et la confiance; la fidélité est un acte d'amour; la fidélité est le principe de la désintégration de l'égoïsme et la pratique de l'altruisme. B. L'élan de l'insurrection : L'insurrection est l'élan métaphysique et la volonté de puissance contre le mal ; l'insurrection est la constitution ontologique et ethnobiologique du sujet radical ; la principale caractéristique de l'insurrection est la répression du dialogue intérieur avec la tentation et le mal. C. La véhémence de la lutte : la lutte contre le mal est d'abord une violence contre soi-même ; la lutte contre le mal est violente, continue, interminable jusqu'au Retour du Roi à venir ; le seul désir et le seul espoir du Sujet radical doit être la lutte pour elle-même.

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L'épreuve de la tentation

La nature de la tentation du Sujet radical, en tant qu'humain, est différente de la tentation à laquelle étaient soumises les armées angéliques, mais elle est similaire et, par conséquent, non substantiellement différente. La tentation pour les anges était de conquérir le trône de Dieu afin d'être égaux à Dieu, faisant ainsi fi de leur rôle de créatures. Le prophète Isaïe décrit ainsi la tentation et la chute de Lucifer: "Comment se fait-il que tu sois tombé du ciel, Lucifer, fils de l'aurore? Comment se fait-il que tu aies été mis à terre, seigneur des nations? Et pourtant tu as pensé: Je monterai au ciel, sur les étoiles de Dieu j'élèverai mon trône, j'habiterai sur la montagne de l'assemblée, dans les régions les plus reculées du nord. Je monterai dans les régions supérieures des nuages, je me rendrai égal au Très-Haut. Et au lieu de cela, vous avez été jeté en enfer, dans les profondeurs de l'abîme !" (Isaïe 14 : 12-15). La nature de la tentation angélique est donc, par essence, un acte d'orgueil qui ne veut pas reconnaître la vérité d'être une créature angélique et non un Créateur, ce qui se manifeste par une tentative de prévarication et l'acquisition conséquente d'un pouvoir illégitime. L'intelligence de la condition angélique prévoyait d'ailleurs la connaissance parfaite de la nature divine et l'impossibilité de venir se substituer à Dieu mais, comme nous l'enseignent les Pères de l'Église, leur rébellion, leur "Non serviam", s'est produite lorsque Dieu leur a révélé l'incarnation du Verbe et qu'ils n'ont pas accepté qu'un Homme-Dieu puisse leur être supérieur.

Ainsi, en résumant et en donnant un ordre logique à l'événement d'ordre théologique, nous pouvons en résumer la dynamique comme suit : 1. Dieu révèle son intention de créer l'être humain Homme et Femme ; 2. Dieu révèle son intention que son Verbe soit incarné dans un Homme à travers une Femme ; 3. Dieu laisse le Trône à découvert pour tester les Anges ; 4. Une partie des hôtes angéliques (les Pères de l'Église affirment un tiers) n'accepte pas la volonté divine et se rebelle, cherchant à renverser le Trône ; 5. l'archange Michel, à la tête des Anges fidèles, s'engage dans une lutte furieuse contre Lucifer et ses partisans et les plonge dans les profondeurs de l'abîme. Jusqu'à présent, voilà ce que nous dit la théologie...

D'autre part, d'un point de vue philosophique, en observant un tel récit, on peut déduire le rejet métaphysique de l'autorité vraie, bonne et légitime (la modernité), ainsi que le rejet anthropologique de la paternité, donc de la famille et de la vie humaine elle-même (la postmodernité). L'affirmation de Douguine est claire ici, lorsqu'il cite la Tabula smaragdina d'Hermès Trismégiste, qui affirme la coexistence de ce qui se passe au Ciel avec ce qui se passe sur Terre - ajoutons-le - dans les temps historiques de l'humanité: "Il est vrai sans mensonge, certain et très vrai, que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire le miracle d'une seule chose".

La nature de la tentation à laquelle est soumis le Sujet radical, par contre, d'un point de vue théologique, est similaire à celle des Anges, mais pas la même, en ce sens qu'elle tient compte de l'obscurcissement de la conscience qui s'est produit avec la chute originelle, et qu'elle est un sujet qui peut être abordé avec les connaissances et les outils offerts par l'anthropologie mystique. En appliquant le schéma métahistorique douguinien (Prémoderne - Moderne - Postmoderne), nous apprenons que la Postmodernité a porté à son paroxysme la mort de Dieu et, par conséquent, l'exclusion de Dieu hors de la vie sociale et individuelle qui a commencé avec l'ère de la Modernité. La tentation à laquelle le Sujet radical doit nécessairement s'exposer est donc aussi, par essence, un acte d'orgueil qui ne veut pas reconnaître la vérité d'être une pure créature, image du Divin, et non le Divin lui-même, ce qui se manifeste par une tentative d'exclure le Divin de sa propre intériorité, par l'acquisition conséquente d'une lumière sombre (une aurore luciférienne) et d'un faux pouvoir d'ordre magico-théurgique, qui donne ainsi naissance à son Double noir, le Doppelgänger. Il s'ensuit que, d'un point de vue philosophique, le Doppelgänger va au-delà du rejet métaphysique de l'autorité et du rejet anthropologique de la paternité, mais se qualifie catégoriquement comme un rejet métaphysique du Divin et se quantifie comme une haine métaphysique exterminatrice de la Tradition et de la Création.

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La dynamique de la tentation à la lumière de l'anthropologie mystique

Après sa conception et sa nage sans conscience dans le ventre de la Tradition, au moment de sa naissance, le Sujet radical perçoit et voit progressivement la même Tradition, c'est-à-dire l'Ordre divin, dans sa splendeur et sa plénitude et décide donc d'en faire la raison de sa vie, mais ce choix ne représente pas encore "l'option fondamentale", qui a besoin d'une épreuve, d'une tentation pour qu'il fasse un choix de type immuable.

Au cours de cette période néonatale, la compréhension que le sujet radical a de la Tradition au sein de son âme/de sa conscience devient de plus en plus spirituelle et sapientielle: elle investit chaque fibre de son être, il découvre par l'expérience la réalité de son âme et de son existence dans laquelle il est immergé, il entend la voix du Divin qui parle à son âme à travers l'esprit. Le Divin, donc, par l'intermédiaire de l'esprit, qui est cette partie constitutive de l'âme ouverte vers le Haut, révélée par le Divin lui-même et nécessaire pour percevoir sa voix et ses intuitions divines, fait percevoir à l'âme elle-même son altérité, c'est-à-dire son être "Totalement Autre" par rapport à l'âme, tant de manière personnelle qu'impersonnelle.

Suite à de tels événements, en raison de la fidélité de l'âme, le Divin provoque une rupture spirituelle dans l'âme elle-même, ainsi l'âme fait l'expérience du satori (vision intuitive de l'essence lumineuse de sa propre nature), le Brahman transmet à l'Ātman un courant de sa lumière éternelle, Dieu le Père communique à l'âme la perception vivante d'être son image de lumière (précisons son image, et non sa ressemblance, ce qui présuppose la vie surnaturelle de la grâce, c'est-à-dire l'amitié avec Dieu qui nous est donnée par le sang du Christ). Le principal effet de l'âme dans les expériences de satori est de voir disparaître la perception psychologique de sa propre individualité, l'âme "se sent être Dieu" et dans certains cas, l'âme elle-même continue à prononcer le mot "Je Suis" sans interruption, étant totalement absorbée par celui-ci.

Et c'est précisément après ces expériences sublimes que l'âme est mise à l'épreuve: le Divin lui fait comprendre que ces expériences ne sont qu'un pur cadeau pour la libérer sur le chemin douloureux de la kenosis, de la purification dans la descente aux enfers à laquelle elle est destinée, nécessaire pour détruire l'égoïsme, le masque et le narcissisme du "Moi" afin de faire ressortir dans toute sa splendeur la lumière divine de son âme, du "Moi" qui, comme le corps et l'esprit, est prisonnier de l'emprise étouffante des vices capitaux.

À ce stade, l'âme est confrontée à un choix, son option fondamentale, ainsi qu'à la très forte tentation de s'arrêter à la réalisation du satori - qui, de toute façon, sera de plus en plus raréfié jusqu'à disparaître. L'âme est choquée et éprouvée, elle doit choisir si elle reste puérilement attachée au cadeau reçu en se donnant mille justifications d'ordre intellectuel, se croyant une incarnation du Divin et son Avatar, ou si elle fait confiance au Divin lui-même par une foi soutenue par la raison et un abandon total à sa volonté. Dans ce discriminant, dans ce oui ou non au Divin, dans le sens surhumain de cette tentation, le destin de l'âme élue sera à jamais marqué: soit elle sera pleinement ce Sujet radical destiné à devenir le gardien du feu sacré de la Tradition et son ardent guerrier, soit elle sera le sosie, le double noir, le singe du même Sujet radical, adepte de l'Antéchrist et de ses hordes infernales.

Le drame de cette épreuve, de cette tentation, ne doit pas nous décourager. Comme le disait saint Augustin, "Deux amours ont donc fondé deux cités: l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu a engendré la cité terrestre, l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi a engendré la cité céleste. L'une - la cité terrestre - se glorifie, l'autre - la cité de Dieu - se glorifie en Dieu; l'une est dominée par le désir de dominer, l'autre par le devoir de servir; l'une dans sa puissance aime son propre pouvoir, l'autre le met en Dieu; l'une, insensée tout en se croyant sage, n'aime pas Dieu, l'autre, dotée de la vraie sagesse, rend le culte qui lui est dû au vrai Dieu". (De civ. Dei 14, 28). Par conséquent, celui qui est choisi pour être un Sujet radical ne peut pas hésiter à se situer dans un camp et à appartenir à un autre.

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Concluons, dans le respect du style, par une exhortation d'Alexandre Douguine, afin que le Sujet radical, ayant passé l'épreuve de l'auto-déification, de la tentation autosatisfaite de Lucifer, s'efforce d'amorcer un nouveau départ de l'Ordre divin dans le monde, donc du triomphe de la Tradition pour un nouvel ordre impérial multipolaire :

"Les classiques du traditionalisme et de la révolution conservatrice ont décrit les stratégies et les méthodes d'une révolte contre le monde moderne. Ce monde, cependant, a presque cessé d'exister, remplacé par le monde postmoderne. En parlant, dans Le règne de la quantité et les signes des temps, des "fissures de la Grande Muraille" et de l'ouverture de l'Œuf du monde par le bas, René Guénon a anticipé le problème métaphysique de la Grande Parodie, c'est-à-dire du postmoderne. Evola, avec Chevaucher le Tigre et son idée d'homme différencié, a indiqué l'instance qui résistera à l'épreuve de la dissolution finale. Moeller van den Bruck propose aux conservateurs qui combattent la révolution de la diriger, en lui assignant une autre fin - la résurrection du Sacré. Aujourd'hui, dans le processus de transition vers le postmodernisme, il est nécessaire de franchir l'étape suivante: développer une stratégie de révolte contre le monde postmoderne, en adaptant le traditionalisme aux nouvelles conditions historiques et culturelles; non pas tant pour résister aux changements en cours, mais pour en être profondément conscient, pour intervenir dans le processus en lui assignant une direction radicalement différente. L'objectif n'est pas tant la victoire que la bataille elle-même. Si elle est correctement préparée et menée contre le véritable ennemi, cette guerre sera déjà une victoire. Ainsi commence l'ère du sujet radical. A en juger par certains signes, les premiers à le saisir furent précisément les héritiers directs des "hommes différenciés", les disciples du héros de la grande guerre contre l'esprit de la modernité - Julius Evola". (A. Douguine, op. cit. p. 35).

Avec la bénédiction du Prince de la Milice Céleste, Saint Michel Archange. Quis ut Deus ? ...

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Guerre totale contre la Russie et risque de "donner" l'Asie à la Chine

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Guerre totale contre la Russie et risque de "donner" l'Asie à la Chine

Leonardo Giordano

Source: https://www.barbadillo.it/107728-la-guerra-a-oltranza-alla-russia-e-il-rischio-di-regalare-lasia-alla-cina/

Risque géopolitique

Un article de Carlo Pelanda dans 'La Verità' du dimanche 15 janvier nous apprend que quelque chose est en train de changer dans les cercles des 'analystes' pro-occidentaux et atlantistes concernant la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Dans un article en première page, le journal titrait littéralement: "Pire que la victoire de Poutine, une Russie aux mains des Chinois". À l'intérieur, l'article occupait une page entière et titrait de manière encore plus précise: "Pour freiner la montée en puissance de la Chine, l'Occident ne peut se passer de la Russie".

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La thèse de base de Pelanda (photo) est la suivante: dans les groupes de réflexion occidentaux qui ont promu l'aide à l'Ukraine dans la guerre contre la Russie, on craint de plus en plus que le danger chinois se renforcera en l'absence d'une Russie alliée pour aider à contenir d'une manière ou d'une autre l'expansionnisme chinois en Asie et en Afrique. L'analyste de "La Verità" déclare textuellement : "[...] la Russie ne sera jamais en mesure de remplacer la domination de l'empire des démocraties sur la planète, mais la Chine pourrait facilement le faire si elle obtenait une forte influence sur Moscou et l'Asie centrale ; il n'est donc pas intelligent de laisser la Russie aux mains des Chinois".

Si, en revanche, l'analyse et le diagnostic de la situation, bien qu'un peu tardifs, sont marqués par un solide réalisme, la proposition, ou l'hypothèse de solution, laisse cependant à désirer. En fait, elle postule la nécessité d'accélérer le processus de déstabilisation interne de la Russie afin que celle-ci, ainsi que le futur scénario politique qui devrait initier les pourparlers de paix, soit libérée de la présence encombrante de Poutine.

Cette hypothèse est prudemment considérée comme "réaliste" en raison de certains signes que Pelanda semble déceler dans cette direction: "Dans cette hypothèse, il pourrait y avoir un glissement partant de la guerre d'Ukraine pour aboutir à un conflit civil interne en Russie. Indice: les services secrets danois ont publié, il y a environ un mois, une déclaration qui se prête à de multiples interprétations: les excès guerriers de Poutine sont dus à l'effet de médicaments anticancéreux. Une interprétation est qu'il s'agit d'un signal des élites russes: seuls Poutine et une vingtaine de ses loyalistes sont à blâmer, le reste peut être déclaré innocent et ne pas faire l'objet d'un Nuremberg international mais éventuellement être traité de manière sélective par la justice domestique russe post-Poutine".

Ce n'était pas le cas avec Hitler, mais ce n'était pas non plus le cas avec Milosevic et Saddam Hussein. S'il n'y avait pas eu leur défaite militaire, la situation aurait difficilement pu être résolue "en interne" et, aujourd'hui, il n'y a pas non plus de réelles conditions sur le terrain pour conclure à une inéluctable défaite russe, même si le conflit dure beaucoup plus longtemps que ce que l'autocrate russe et son état-major avaient prévu. Pour vaincre militairement la Russie, il faudrait une intervention directe de l'OTAN, ce qui serait en réalité le prélude à la déflagration d'un conflit mondial.

Même s'il était possible de parvenir à une solution du type de celle imaginée et espérée par Pelanda, avec un coup d'État anti-Poutine, il resterait sur l'échiquier des questions clés non résolues qui rendraient la situation internationale toujours très instable et susceptible de voir émerger un casus belli et, partant, d'autres interventions militaires: l'aspiration atavique de la Russie à avoir une connexion plus directe avec la Méditerranée par le biais de ses ports sur la mer Noire (c'est la question de la Crimée), les relations et les échanges économiques avec l'Europe qui ont toujours existé et ont souvent servi à "calmer" les revendications anglo-américaines sur les économies européennes.

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Pour rester chez nous, en Italie, depuis Francesco Saverio Nitti, il y a eu des relations et des échanges économiques avec la Russie, mis en œuvre pendant le fascisme, qui représentait idéologiquement une opposition résolue au communisme soviétique comme on peut aisément l'imaginer. Ces relations sont reprises sur le thème du pétrole et de l'énergie par Enrico Mattei (photo) à la fin des années 50 et lorsque, le 11 mai 1962, le sous-secrétaire d'État américain George Ball lui reproche ces "relations dangereuses", ce responsable politique de la région des Marches répond que d'autres entreprises n'appartenant pas au groupe ENI et provenant d'autres pays européens ont également tissé des relations économiques avec l'URSS et que même les usines Esso en Italie raffinent le pétrole soviétique qui sert à approvisionner la Sixième flotte de la marine américaine.

Historiquement, pour le meilleur ou pour le pire, la Russie a toujours "interagi" avec les différentes puissances européennes en participant à leurs conflits puis aux négociations de paix qui s'ensuivirent; l'exemple le plus frappant étant ce qui s'est passé avec la fin de Napoléon Bonaparte et le Congrès de Vienne qui a suivi sa défaite. Les États-Unis ont peut-être pensé identifier la défaite du communisme soviétique comme une défaite définitive de la Russie, ce qui avait dès lors pour suite que les Russes devaient revoir à la baisse leurs aspirations et leur dynamique géopolitiques pluriséculaires. Cette affirmation relève d'une posture profondément irréaliste et "utopique". De manière plus réaliste, nous aurions dû penser que, tout comme les diverses puissances européennes qui s'étaient affrontées jusqu'à la Seconde Guerre mondiale ont en quelque sorte reconstruit un tissu de relations pacifiques et "à faible tension conflictuelle" dans la période qui a suivi ce conflit, il aurait dû en être de même avec la Russie. Le communisme a rendu cela impossible jusqu'en 1989, mais il aurait alors fallu entamer et poursuivre ce processus sans relâche, au lieu de faire semblant d'arriver à la frontière russo-ukrainienne avec des missiles de l'OTAN, après l'avoir déjà fait en Pologne et dans d'autres pays d'Europe de l'Est.

dimanche, 22 janvier 2023

Présentation de Multipolarité au XXIème siècle et de L'Europe, la multipolarité et le système international

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Présentation de Multipolarité au XXIème siècle et de L'Europe, la multipolarité et le système international

Age planétaire et nouvel ordre mondial

par Irnerio Seminatore

INSTITUT ROYAL D'ETUDES STRATEGIQUES de RABAT

8 Décembre 2022

TABLE DES MATIERES

Une vue d'ensemble

Alliance Anti-Hegemonique et nouveau Rimland

Crise de l'atlantisme et transition du système

Les issues du conflit ukrainien

L'hégémonie et le remodelage du système

Stabilité et sécurité. Alternance Hégémonique ou alternative systémique ?

Le conflits USA-Russie et la rupture de la continuité géopolitique Europe-Asie

Encerclement, politique des alliances et leçons de la crise

***

Une vue d'ensemble

L'ambition de ces deux publications sur la multipolarité, le tome 1 au titre La Multipolarité au XXIème siècle et le tome 2: L'Europe, la Multipolarité et le Système international. Age planétaire et nouvel ordre mondial, a été d'avoir essayé de dresser une vue d'ensemble sur la politique mondiale à l'époque où nous vivons.

Et cela, sous l'angle d'une pluralité de structures de souverainetés et donc d'équilibre des forces, mais également et surtout de l'antagonisme historique entre puissances hégémoniques et puissances montantes et donc d'un certain ordre politique et moral. On y repère ainsi les deux aspects principaux de tout narratif historique, l'acteur et le système, qui se projettent sur la toile de fond de l'action historique.

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L'acteur, ou la figure de l'Hégémon, y apparaît comme le signifiant universel d'une époque et le système, comme englobant général de tous les antagonismes et de toutes les rivalités, en est le décor.

Ces deux ouvrages couvrent la transition qui va de la fin du système bipolaire à l'unipolarisme américain qui lui a succédé, puis au multipolarisme actuel, en voie de reconfiguration.

Parmi les changements des structures de pouvoir et des ordres internationaux, trois thèmes constituent le fil conducteur de l'antagonisme qui secoue le système, des débats qui animent ses rivalités et ses conflits et, comme tels, l'axe directeur de mes deux ouvrages

- la triade des puissances établies, qui se disputent l'hégémonie de la scène planétaire (Etats-Unis, Russie et Chine), scène devenue durablement instable;

- l'environnement stratégique mondial, comme cadre historique, cumulant les trois dimensions de l’action, d’influence, de subversion ou de contrainte;

- l'Europe, comme acteur géopolitique inachevé et à autonomie incomplète.

Dans ce contexte, l’interprétation des stratégies de politique étrangère prises en considération, obéit aux critères, jadis dominants de la Realpolitik, remis à l’ordre du jour par le World Politics anglo-saxon.

L'option réaliste en politique internationale est adoptée non pas pour garantir l'idéal de la puissance ou de l'Etat-puissance, comme au XIXème siècle, ou encore pour justifier la matrice classique de la discipline, l'anarchie internationale, à la manière de R. Niebuhr, mais pour comprendre les mutations des idées et des rapports de forces, intervenues dans la politique mondiale depuis 1945.

C'est uniquement par l'approche systémique et par conséquent par une vue générale et exhaustive, que l'on peut saisir les conditions idéologiques et structurelles de la remise en cause de la souveraineté des Etats et des Nations et l'apparition d'un univers d'unités politiques interdépendantes et toutefois subalternes à une hégémonie impériale dominante.

Ainsi l'ensemble des essais ici réunis, prétend conférer à ces deux tomes un statut d'éclairage conceptuel pour la compréhension de l'évolution globale de notre conjoncture et pour l'analyse du "Grand Jeu" entre pôles de puissances établies, défiant la stabilité antérieure.

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Alliance Anti-Hégémonique et nouveau Rimland

Sont mises en exergue, dès lors :

l'alliance anti-hégémonique du pivot géographique de l'histoire, le Heartland, par la Russie, l'Iran et la Chine et, en position d'arbitrage la Turquie,

- la chaîne politico-diplomatique du  "containement" de la masse eurasienne, par la ceinture péninsulaire extérieure du "Rimland"mondial, constituée par la Grande Ile de l'Amérique, le Japon, l'Australie, l'Inde, les pays du Golfe et l'Europe, ou, pour simplifier, l'alliance nouvelle des puissances de la terre contre les puissances de la mer.

Dans cet antagonisme entre acteurs étatiques, l'enjeu est historique, le pari existentiel et l'affrontement est planétaire.

En soulignant le déplacement de l'axe de gravité du monde vers
l'Asie-Pacifique, provoqué par l'émergence surprenante de l'Empire du Milieu, ce livre s'interroge sur le rôle de l'Amérique et de la Russie, ennemies ou partenaires stratégiques de l'Europe de l'Ouest, justifiant par là le deuil définitif de "l'ère atlantiste" qui s'était imposée depuis 1945.

Crise de l'atlantisme et transition du système

La crise de l'atlantisme, ou du principe de vassalité est aujourd'hui aggravée par deux phénomènes:

- la démission stratégique du continent européen, en voie de régression vers un sous-système dépendant;

- les tentatives de resserrement des alliances militaires permanentes en Europe et en Asie-Pacifique (Otan, Aukus) prélude d'un conflit de grandes dimensions.

Ouvrages  didactiques, ces deux tomes prétendent  se situer dans la postérité des auteurs classiques du système international, R. Aron, Kaplan, Rosenau, H. Kissinger, K. Waltz, Allison, Brzezinski, Strausz-Hupé, et plus loin, Machiavel et Hobbes, tout aussi bien dans la lecture des changements des équilibres globaux et dans la transition d'un système international à l'autre, que dans la lecture philosophique sur la nature de l'homme, la morphologie du pouvoir  et  les caractéristiques intellectuelles de la période post-moderne. Ce qui est en cause dans toute transition est le concept de hiérarchie.

Sous ce regard de changement et de mouvement, le retour de la guerre en Europe représente le premier moment d'un remodelage géopolitique de l'ensemble planétaire et une rupture des relations globales entre deux sous-systèmes, euro-atlantique et euro-asiatique.

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Au sein de ce retournement, l'Europe y perd son rôle d'équilibre entre l'Amérique et la Russie et le grand vide de puissance, qui s'instaure dans la partie occidentale du continent, est aggravé par l'absence de perspective stratégique, par le particularisme des options diplomatiques des Etats-Membres de l'Union Européenne, par le flottement des relations franco-allemandes jadis structurantes et, in fine, par la difficile recherche d'un Leadership commun.

Les issues du conflit ukrainien

L'issue du conflit ukrainien, comme guerre par procuration mené par l'Amérique contre la Russie, a été présenté au Forum sur la sécurité internationale de Halifax, au Canada, par Lloyd Austin, Secrétaire américain à la défense, comme déterminant de la sécurité et de l'ordre mondial du XXIème siècle fondé, sur des règles. Ce conflit prouve la difficulté de l'Union européenne à assurer une architecture européenne de sécurité "égale et indivisible" car il intervient comme modèle de rupture dans les relations de coopération internationales et préfigure en Asie-Pacifique une relation d'interdépendance stratégique et d'alliances militaires opposées, entre puissances du "Rimland" et puissances du "Heartland", face à l'ouverture prévisible, d'une crise, concernant le "statut" de Taiwan.

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Dans la perspective d'une invasion de celle-ci par la Chine s'ouvriraient les portes de la géopolitique planétaire vers le Pacifique et l'Australie et changerait immédiatement le sens du conflit entre Moscou et l'Occident. Seraient particulièrement brouillés les calculs de Washington sur le rôle de la Russie en Europe, en Asie-centrale et en Asie-Pacifique, d'où le jeu ambigu de la Turquie et la recherche d'une profondeur stratégique pour l'emporter, qui demeure sans précédent.

Aujourd'hui, l'affrontement Orient et Occident est tout autant géopolitique et stratégique, qu'idéologique et systémique et concerne tous les domaines, bien qu'il soit interprété, dans la plupart des cas, sous le profil de la relation entre économie et politique.

Sous cet angle, en particulier, l'unipolarisme de l'Occident fait jouer à la finance, disjointe de l'économie, un rôle autonome pour contrôler, à travers les institutions multilatérales, le FMI et la Banque Mondiale, l'industrie, la production d'énergie, l'alimentation, les ressources minières et les infrastructures vitales de plusieurs pays.

Dans ce cadre les Etats qui soutiennent la multipolarité sont aussi des Etats à gouvernement autocratique, qui résistent au modèle culturel de l'Occident et affirment le respect de vies autonomes de développement, une opposition visant la financiarisation et la privatisation des économies , subordonnant la finance à la production de biens publics.

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L'hégémonie et le remodelage du système

Or le remodelage du système international pose le problème de l'hégémonie comme nœud capital de notre époque et inscrit ce problème comme la principale question du pouvoir dans le monde. En effet nous allons vers une extension sans limites des conflits régionaux, une politique de resserrement des alliances militaires, occidentales, euro-asiatiques et orientales, qui donnent plausibilité à l'hypothèse d'une réorganisation planétaire de l'ordre global, par le biais d'un conflit mondial de haute intensité.

La plausibilité d'un conflit majeur entre pôles insulaires et pôles continentaux crée une incertitude complémentaire sur les scénarios de belligérance multipolaire dans un contexte de bipolarisme sous-jacent (Chine-Etats-Unis)

C'est l'une des préoccupations, d'ordre historique, évoquées dans ces deux tomes sur la multipolarité.

A ce propos, le théâtre européen élargi (en y incluant les crises en chaîne qui vont des zones contestées des pays baltes au Bélarus et à l'Ukraine, jusqu'au Golfe et à l'Iran, en passant par la Syrie et le conflit israélo-palestinien), peut devenir soudainement l'activateur d'un conflit général, à l'épicentre initial dans l'Est du continent.

Ce scénario, qui apparaît comme une crise du politique dans la dimension de l'ordre inter-étatique, peut être appelé transition hégémonique dans l'ordre de l'histoire en devenir.

Bon nombre d'analystes expriment la conviction que le système international actuel vit une alternance et peut être même une alternative hégémonique et ils identifient les facteurs de ce changement, porteurs de guerres, dans une série de besoins insatisfaits , principalement dans l'exigence de sécurité et dans la transgression déclamatoire du tabou nucléaire, sur le terrain tactique et dans les zones d'influence disputées (en Ukraine, dans les pays baltes, en Biélorussie, ainsi que dans d'autres points de crises parsemées).

L'énumération de ces besoins va de l'instabilité politique interne, sujette à l'intervention de puissances extérieures, à l'usure des systèmes démocratiques, gangrenés en Eurasie par l'inefficacité et par la corruption et en Afrique, par le sous-développement, l'absence d'infrastructures modernes, la santé publique et une démographie sans contrôle.

En effet, sans la capacité d'imposer la stabilité ou la défendre, Hégémon ne peut exercer la suprématie du pouvoir international par la seule diplomatie, l'économie, le multilatéralisme, ou l'appel aux valeurs.

Il lui faut préserver un aspect essentiel du pouvoir international (supériorité militaire, organisation efficace, avancées technologiques, innovation permanente, etc).

Hégémon doit tenir compte de l'échiquier mondial, de la Balance of Power, de la cohésion et homogénéité des alliances, mais aussi de l'intensité et de la durée de l'effort de guerre. C'est pourquoi les guerres majeures relèvent essentiellement de décisions systémiques (R. Gilpin).

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Stabilité et sécurité. Alternance Hégémonique ou alternative systémique ?

La question qui émerge du débat actuel sur le rôle des Etats-Unis dans la conjoncture actuelle est de savoir si la "Stabilité stratégique" assurée pendant 60 par l'Amérique (R. Gilpin) est en train de disparaître, entrainant le déclin d'Hégémon et de la civilisation occidentale, ou bien, si nous sommes confrontés à une alternative hégémonique et à un monde post-impérial.

L'interrogation qui s'accompagne au déclin supposé des Etats-Unis et à la transition vers un monde multipolaire articulée, est également centrale et peut être formulée ainsi; "quelle forme prendra cette transition ?".

La forme déjà connue, d'une série de conflits en chaîne, selon le modèle de R. Aron, calqué sur le XXème siècle, ou la forme plus profonde d'un changement de la civilisation, de l'idée de société et de la figure de l'homme selon le modèle des "révolutions systémiques" de Strausz-Hupé, couvrant l'univers des relations socio-politiques du monde occidental et les grandes aires de civilisations connues?

Du point de vue des interrogations connexes, les tensions entretenues entre les Occidentaux et la Russie en Ukraine, sont susceptibles de provoquer une escalade aux incertitudes multiples, y compris nucléaires et des clivages d'instabilités, de crises ouvertes et de conflits gelés, allant des Pays baltes à la mer Noire et du Caucase à la Turquie. Ces tensions remettent à l'ordre du jour l'hypothèse d'un affrontement général, comme issue difficilement évitable de formes permanentes d'instabilité régionales, aux foyers multiples, internes et internationaux.

Cette hypothèse alimente une culture de défense hégémonique des Etats-Unis, dont la projection de puissance manifeste sa dangerosité et sa provocation en Europe, au Moyen Orient et en Asie.

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Le conflits USA-Russie et la rupture de la continuité géopolitique Europe-Asie

En ce sens le conflit avec la Russie, par Ukraine interposée, peut être interprété comme une tentative de désarticulation de la continuité géopolitique de l'Europe vers l'Asie (Brzezinski) et de la Chine vers la région de l'Indopacifique. C'est sous l'angle de fracturation et de la vassalité, que s'aggravent les facteurs d'incertitudes et les motifs de préoccupation sur les tendances stratégiques des Etats-Unis.

En effet la différenciation vis à vis du Leader de bloc distingue en Europe les pays d'obédience et d'influence atlantique stricte (GB, pays nordiques, Hollande, Belgique, Pays baltes et Pologne) des pays du doute et de la résistance (France, Italie et Allemagne).

Au niveau planétaire font partie des zones à hégémonie disputée et demeurent sujettes à l'influence grandissante de la Realpolitik chinoise la région des Balkans, de la mer Noire, de la Caspienne, du plateau turc, du Golfe, de l'Inde, d'Indonésie, du Japon et d'Australie.

Pariant, sans vraiment y croire sur la "victoire" de Kiev", face à Moscou, l'Amérique entend clairement faire saigner la Russie, en éloignant le plus possible la perspective d'un compromis et d'une sortie de crise.

Par ailleurs la vassalité de l'Europe centrale vis à vis de l'Amérique deviendra une nécessité politique et militaire, afin de décourager l'Allemagne, réarmée, de vouloir réunifier demain le continent. Une vassalité semblable pourrait opposer les pays asiatiques à la Chine dans la volonté de restituer de manière unilatérale, l'Asie aux Asiatiques.

Encerclement, politique des alliances et leçons de la crise

Du point de vue des leçons à tirer et de ses répercussions, la crise ukrainienne a mis à l'ordre du jour la réflexion sur la morphologie des systèmes internationaux, stables, instables ou révolutionnaires, et, en particulier la politique des alliances, qui ont fait grands les empires et inéluctables les guerres.

Comme l'Empire allemand avant 1914, la Fédération de Russie a pu se sentir encerclée par l'Otan et a choisi, en pleine conscience du danger, de passer d'un mode défensif à un mode préventif et offensif, au nom de ses intérêts de sécurité et de la conception commune et incontestable de la "sécurité égale et indivisible" pour tous les membres de la communauté internationale. Une sécurité égale qui était justifiée, avant la première guerre mondiale, par une équivalence morale entre les ennemis, comme l'a bien montré Carl Schmitt, contre la diabolisation de l'Allemagne.

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Telle est, à mes yeux, la vue d'ensemble de la conjoncture que nous vivons, si profonde et si grave, que j'ai essayé d'en décrire les formes et les enjeux et de la soumettre au jugement de nos contemporains, pour qu'en témoigne l'Histoire et pour qu'en tire profit la décision politique.  Et cela dans le but de décrypter les dilemmes de la paix et de la guerre et de percevoir dans la détérioration des systèmes internationaux, un espoir de compatibilité civilisationnelle et stratégique entre acteurs principaux, portant sur la stabilité ou le retour à la stabilité

Pour rendre moins aléatoire cette recherche j'ai adoptée tour à tour cinq niveaux de compréhension :

- théorique (attributs systémiques, système et sous-systèmes, homogénéité- hétérogénéité, stabilité et sécurité);

- historique (la scène planétaire et sa morphologie ,les acteurs et les constellations diplomatiques);

- géopolitique (enjeux globaux, géopolitique continentale et géopolitique mondiale océanique);

- stratégique (la triade, le condominium USA-Chine ou le duel du siècle, hégémonie et compétition hégémonique);

- institutionnel (la crise de l’unipolarisme et de l’atlantisme, l’Europe et la multipolarité);

et j'en ai conclu à et opté pour un indéterminisme probabiliste, qui gouverne le sort de l'homme et des sociétés, dans le sens de la liberté ou de celui de la tyrannie, de la vie ou de la mort.

Ce travail, qui m'a demandé quarante ans, ne m'a consenti aucune certitude et aucune sentence définitive et m'a toujours rappelé que l'histoire reste ouverte au choix du bien ou du mal et à celui de la volonté la plus déterminée, soit-elle terrifiante.

Ce qui se prépare aujourd'hui et qui est conforme à la théorie des grands cycles et à la situation du monde actuel, demeure le duel du siècle entre les Etats-Unis et la Chine. Mais "quid" alors de la Russie et avec autant d'inquiétude de l’Europe ?

Les interrogations proposent à l'action les grandes options de demain, mais ne donnent que l'image approximative du possible et jamais la solution accomplie. Celle-ci appartient à l'imprévu, qui est l'enfant naturel du risque et l'appétit le plus cruel de l'aventure humaine.

 

Bruxelles le 8 Décembre 2022

Walt Whitman et la destinée maudite des USA en 1870

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Walt Whitman et la destinée maudite des USA en 1870

Nicolas Bonnal

« Le serpent du magicien de la fable a mangé tous les autres serpents; et gagner de l'argent est le serpent de notre magicien, restant aujourd'hui seul maître du champ ».

Le satanisme ploutocratique des USA a arraisonné l’Europe et menace toute la vie sur terre. La Chine après la Russie...

En relisant Christopher Lasch (spécialiste de cette époque fondamentale : les sixties) je tombe sur une citation du prestigieux poète Walt Whitman, dont je n’avais jusque-là qu’une approche universitaire donc nulle. Il se trouve qu’après la Guerre de Sécession, Whitman se rend compte comme Melville que son pays est devenu fou et dangereux. Il sent aussi qu’il est déjà un empire - presque au sens du KKK.

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Cette citation est extraite d’un essai bref, étrange et rebelle : Democratic vistas (bravo pour cet hommage au passé hispanique de ce pays volé à tout le monde). Je pense le traduire et le préfacer : il fera un bon pendant à mon Dostoïevski traduit en roumain.

On commence :

« Je dis que nous ferions mieux de regarder notre époque et nos terres en face, comme un médecin diagnostiquant une maladie profonde. Il n'y a jamais eu, peut-être, plus de vide au cœur qu'à présent, et ici aux États-Unis. La croyance authentique semble nous avoir quittés. »

C’est la citation de Lasch. La suite :

« Les principes sous-jacents des États ne sont pas honnêtement crus (malgré toute cette lueur trépidante et ces cris mélodramatiques), ni l'humanité elle-même. Quel œil pénétrant ne voit pas partout à travers le masque ? Le spectacle est épouvantable. « 

Guerre des sexes et fin de la religion :

« Nous vivons dans une atmosphère d'hypocrisie partout. Les hommes ne croient pas aux femmes, ni les femmes aux hommes. Une hauteur méprisante règne en littérature. Le but de tous les littérateurs est de trouver de quoi se moquer. Beaucoup d'églises, de sectes, etc., les fantasmes les plus lugubres que je connaisse, usurpent le nom de religion. La conversation est une masse de badinage. »

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Sur ce déclin de la conversation Drumont écrit la même chose à l’époque.

Corruption et dépravation recouvrent le pays (c’est le début du Gilded Age dont Davos via ses milliardaires veut nous faire sortir) :

« De la tromperie dans l'esprit, la mère de toutes les fausses actions, la progéniture est déjà incalculable. Une personne perspicace et franche, du département des revenus de Washington, qui est amenée par le cours de son emploi à visiter régulièrement les villes du nord, du sud et de l'ouest, pour enquêter sur les fraudes, m'a beaucoup parlé de ses découvertes. La dépravation des classes patronales de notre pays n'est pas moindre qu'on ne l'a supposé, mais infiniment plus grande. »

Mystères de l’ouest… Whitman dénonce la corruption générale au pays de l’extermination des indiens (jadis respectés par un génie comme Fenimore Cooper):

« Les services officiels de l'Amérique, nationaux, étatiques et municipaux, dans toutes leurs branches et départements, à l'exception de la justice, sont saturés de corruption, de pots-de-vin, de mensonges, de mauvaise administration; et le système judiciaire est entaché. Les grandes villes puent le vol et la crapule respectables autant que non respectables. Dans la vie à la mode, la désinvolture, les amours tièdes, l'infidélité faible, les petits objectifs, ou pas d'objectifs du tout, uniquement pour tuer le temps. »

Règne de l’argent-roi (ici le grand Walt se rapproche de Maurice Joly et des Protocoles) :

« Le serpent du magicien de la fable a mangé tous les autres serpents; et gagner de l'argent est le serpent de notre magicien, restant aujourd'hui seul maître du champ. »

Règne de l’argent-roi qui annonce le nôtre, règne dépourvu bien sûr de justice sociale (notre condition sociale ne s’est améliorée que durant l’existence de l’URSS; avant et après c’était une monstruosité) :

« La meilleure classe que nous montrons n'est qu'une foule de spéculateurs et de vulgaires habillés à la mode. Il est vrai, en effet, derrière cette farce fantastique, jouée sur la scène visible de la société, des choses solides et des travaux prodigieux doivent être découverts, existant grossièrement et se déroulant à l'arrière-plan, pour avancer et se dire dans le temps. Pourtant les vérités n'en sont pas moins terribles. Je dis que notre démocratie du Nouveau Monde, quel que soit son succès dans la sortie des masses de leurs bourbiers, dans le développement matérialiste, les produits, et dans une certaine intellectualité populaire superficielle hautement trompeuse, est, jusqu'à présent, un échec presque complet dans son développement social. »

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Enfin le grand poète pressent la destinée impériale de cette grosse puissance riche et tarée qui va précipiter le monde en enfer :

« En vain marchons-nous d'un pas sans précédent vers un empire si colossal, surpassant l'antique, au-delà d'Alexandre, au-delà de l'emprise la plus fière de Rome. En vain avons-nous annexé le Texas, la Californie, l'Alaska, et atteint le nord pour le Canada et le sud pour Cuba. C'est comme si nous étions d'une manière ou d'une autre dotés d'un corps vaste et de plus en plus bien équipé, et que nous nous retrouvions ensuite avec peu ou pas d'âme. »

Dix-neuvième siècle ? Non seulement on ne découvre rien depuis ce temps des génies, mais on laisse courir. Et il se fait tard tout d’un coup: le résultat c’est une guerre nucléaire totale pour satisfaire Davos et ses milliardaires.

Sources:

https://xroads.virginia.edu/~Hyper/Whitman/vistas/vistas....

https://en.wikipedia.org/wiki/Democratic_Vistas

https://carturesti.ro/carte/dostoievski-si-modernitatea-o...

https://www.amazon.fr/Dosto%C3%AFevski-modernit%C3%A9-occ...