vendredi, 09 août 2024
Ce qui se passe en Angleterre
Ce qui se passe en Angleterre
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/quello-che-sta-accadendo-in-inghilterra
Ce qui se passe en Angleterre est un nouveau signal d'alarme - qui, je le crains, restera lettre morte - sur la faillite structurelle du modèle libéral-mondialiste qui a dominé les quatre dernières décennies.
Les faits que l'on ne peut reconstituer qu'avec quelque difficulté sont les suivants. Il y a une semaine, à Southport, dans le Merseyside, lors d'une fête destinée aux enfants, Axel Rudakubana, un jeune homme de 17 ans, né à Cardiff de parents rwandais, a attaqué des passants avec un couteau, tuant trois fillettes (6, 7 et 9 ans). Neuf autres personnes, dont deux adultes, ont été blessées ; six sont dans un état grave.
Les raisons de l'attaque ne sont pas claires, mais on soupçonne une maladie mentale. Le sujet avait un diagnostic de TSA (trouble du spectre autistique), un diagnostic qui ne semble pas très approprié compte tenu de ce qui s'est passé, mais qui évoque néanmoins certains problèmes psychiatriques.
À la suite de la tragédie, une partie de la population locale s'est immédiatement soulevée, ciblant les "immigrés", une catégorie suffisamment indéterminée pour finir par s'étendre à tous les sujets pouvant être identifiés comme "ethniquement exotiques" d'une manière ou d'une autre, y compris les musulmans.
Ces derniers ont à leur tour mis en place des patrouilles de défense, qui ont commencé à cibler les magasins, les pubs et les "Britanniques blancs".
En très peu de temps, les affrontements se sont étendus à d'autres régions du pays : Manchester, Londres, Sunderland, Hartlepool, Aldershot, Belfast, etc.
Ce que l'on constate avec angoisse sur les images, c'est que les affrontements ont pris une tournure ouvertement ethnico-raciale, où on rique d'être attaqué par l'un de ces gangs antagonistes simplement parce qu'on est "de la mauvaise couleur".
La réaction du gouvernement a été caractéristique: les habituels "groupes d'extrême droite" et les "fake news" ont été accusés d'être à l'origine des émeutes, comme si cela - même si c'était vrai - constituait une explication.
Le problème, bien sûr, est que, comme toujours dans ces situations, l'événement déclencheur n'est jamais qu'une occasion, une étincelle occasionnelle, dont l'irrationalité ne représente pas une simple "erreur".
Les autorités, par exemple, ont pointé du doigt une fake news qui présentait le meurtrier comme musulman, alors que sa famille ne l'était pas. Mais il est évident que l'éventuelle fake news n'a pu servir d'accélérateur que parce qu'une flamme couvait depuis un certain temps (Il va sans dire que même si la famille avait effectivement été d'origine musulmane, cela n'aurait rationnellement rien signifié, mais il est clair qu'il ne s'agit plus ici d'accusations susceptibles de tenir devant un tribunal: le phénomène est ici social et acéphale).
Au sujet des fake news, il convient également de noter que l'une des raisons pour lesquelles elles s'implantent si facilement est le manque de fiabilité systématique des informations officielles. Par exemple, au départ, il n'y avait aucun moyen de savoir quelles étaient les caractéristiques ethniques de l'agresseur, présenté comme un "jeune Gallois". Comme c'est maintenant systématiquement le cas, l'omission était intentionnelle, car - c'est l'idée - le lecteur ne devrait pas se soucier de l'aspect ethnique, car il n'est pas juridiquement pertinent et est potentiellement trompeur. Mais à partir du moment où le public se rend compte que les informations officielles ne sont plus des nouvelles, mais des leçons administrées avec condescendance, il finit par accepter plus volontiers les informations "clandestines".
Le même argument peut être avancé pour les accusations habituelles et irréfléchies contre l'extrême droite, comme s'il s'agissait d'une maladie, d'un virus, d'un champignon qui pousse accidentellement dans certaines régions et qui ne devrait être éradiqué qu'avec le fongicide approprié. Mais même lorsqu'une telle agitation généralisée est encouragée par des groupes d'extrême droite politiquement organisés, la vraie question est toujours : pourquoi ont-ils émergé, pourquoi se développent-ils, pourquoi ont-ils des adeptes ?
C'est là qu'apparaît l'insuffisance culturelle des classes dirigeantes d'aujourd'hui, pratiquement partout en Occident.
L'aptitude à examiner les faits sociaux en termes de dynamique structurelle et culturelle à long terme est quasiment absente.
On raisonne en termes légalistes, comme si la société était un tribunal où seule la responsabilité personnelle pour les violations démontrables de la loi est évaluée. Mais bien sûr, le niveau auquel les tensions et les affrontements apparaissent n'est jamais que très peu visible, et seule une petite minorité de conflits parvient à être identifiée et portée devant un jury.
En fait, plus le conflit social est important, plus le pourcentage de conflits qui ne sont pas officiellement visibles est élevé.
Je comprends que le Premier ministre Starmer, ou toute autre personne dans sa position, ne puisse pour l'instant que faire appel à la loi et à l'ordre, aux arrestations, aux procès, aux accusations de la police, mais c'est une erreur dramatique de penser que c'est à ce niveau que de tels problèmes peuvent être résolus. Ce sont des problèmes qui s'accumulent pendant des décennies et qui mettent une minute à s'enflammer, peut-être à cause d'un malentendu.
Sur le plan structurel, le problème est assez simple à décrire: les grands mouvements migratoires de personnes sur de courtes périodes créent toujours des tensions, parce qu'ils produisent de l'incertitude, de l'insécurité et de la concurrence sur le marché du travail.
Si ces personnes ont également des coutumes ou des cultures très différentes, les tensions sont encore plus exacerbées.
Cependant, il s'agit principalement de processus quantitatifs. Les variables décisives sont la quantité de personnes par unité de temps. Comme l'a dit Polanyi, dans les phénomènes sociaux, la variable la plus importante est leur rapidité. Si le même changement se produit en dix ou cinquante ans, il ne s'agit tout simplement pas du même phénomène et il n'a pas les mêmes conséquences. Il ne s'agit pas de prêcher des sociétés hermétiquement fermées, qui n'ont jamais existé, mais de comprendre que l'alternative ne pourra jamais être "libre pour tous".
Ici, la rigidité idéologique conservatrice (qui était, et qui transparaît encore parfois) d'une société ethniquement et culturellement "non contaminée" a été contrée au fil des ans par une rigidité idéologique opposée et symétrique, dans laquelle la "contamination", le "multiculturalisme" et le "melting pot" sont devenus autant de slogans publicitaires vagues, rhétoriques, et surtout hypocrites.
Les arguments du mondialisme libéral ont toujours mêlé nonchalamment des arguments pseudo-utilitaires (nous avons besoin de main-d'œuvre, qui paiera nos retraites, etc.) à des arguments pseudo-humanitaires (le devoir d'accueil, l'amour de la différence, le droit d'asile, etc.)
L'important a toujours été de pouvoir utiliser un ensemble d'arguments lorsque l'autre paraissait momentanément invraisemblable.
Mais en fait, les mécanismes profonds qui ont alimenté la rhétorique du "melting pot" ici ne sont que de deux ordres, un mécanisme grossièrement économique et un mécanisme idéologique.
Sur le plan économique, la libre circulation de la main-d'œuvre permet au capital d'obtenir une main-d'œuvre bon marché sans avoir à payer pour la croissance et l'éducation de ces bras, qui arrivent tout prêts de l'étranger. Ce processus affaiblit le pouvoir de négociation de la main-d'œuvre moins qualifiée, ce qui maintient les salaires à un niveau bas.
Sur le plan idéologique, la vision libérale proposait un modèle d'universalisme abstrait dans lequel les composantes culturelles, linguistiques, religieuses et coutumières étaient considérées comme des facteurs marginaux et contingents, qu'il était non seulement possible, mais approprié, de mettre au rencart.
La combinaison de ces pressions a créé à long terme des blessures, des déséquilibres et des tensions sociales profondes, qui se sont surtout fait sentir dans les couches les moins aisées de la population. J'espère me tromper, mais pour certains pays comme la France et le Royaume-Uni, je ne sais pas si nous en sortirons avec moins qu'une sorte de guerre civile. Nous ne pouvons qu'espérer que dans d'autres pays, il est encore possible d'atténuer les processus de dégénérescence.
Une chose est cependant certaine. La rhétorique de ceux qui disent que, parce que les migrations ont toujours existé, nous devons simplement "accueillir le changement", est une complicité dans la dégradation.
21:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : angleterre, royaume-uni, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 08 août 2024
Rêves olympiques et réalité géopolitique
Rêves olympiques et réalité géopolitique
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/sogni-olimpici-e-realta-geopolitica/
La gueule de bois olympique semble toujours d'actualité. Et semble aussi masquer, malgré tout, une réalité mondiale profondément et radicalement différente.
Il semble, à entendre les médias italiens, que les seuls exclus soient les Russes, parce qu'ils sont en guerre, en guerre d'agression, contre l'Ukraine. Un concept discutable, bien sûr, mais que l'on considère comme acquis.
Et Israël ? Connaît-il un rare moment de paix fraternelle avec le monde majoritairement arabe qui l'entoure ?
Ou bien est-ce de là que partent des raids incessants visant à rompre une fois pour toutes l'équilibre déjà fragile du Moyen-Orient ?
Il s'agit bien sûr d'une question purement rhétorique. Car tout le monde sait parfaitement ce qu'est la politique israélienne aujourd'hui. Et comment Netanyahu, et son équipe gouvernementale, imposent une guerre qui finira par embraser toute la région. Et qui, de toute évidence, dépasse largement les frontières de Gaza.
Netanyahu joue un jeu extrêmement risqué. Il fait confiance à la fois à l'état de confusion substantielle de l'Amérique du Grand Frère et aux projections électorales qui annoncent une victoire de Trump.
Les événements du 7 octobre, le raid terroriste du Hamas, sont désormais réduits à un simple prétexte pour la recherche d'une déflagration qui n'aurait plus rien à voir avec un raid de riposte. Et qui tend clairement à devenir l'étincelle d'une guerre impliquant au moins toute la zone.
Et visant, in fine, à éliminer de la scène politique ce qui, pour Israël, représente son plus grand concurrent: l'Iran.
Si bien que, tandis que l'affrontement avec les milices du Hamas stagne sans aboutir à un résultat concret, l'armée israélienne semble se diriger de plus en plus vers le Liban et les "sanctuaires" du Hezbollah. Et les effets d'une implication directe d'Israël dans l'affrontement avec les milices houthi au Yémen commencent également à se faire sentir.
Ce sont là des conditions préalables à une confrontation directe avec Téhéran. Elle est d'ailleurs de plus en plus proche, compte tenu de l'action israélienne visant à éliminer le chef politique du Hamas. Le fait que Haniyeh ait quitté la scène rend probablement la situation encore plus difficile. Ou plutôt, elle la simplifie pour ceux qui, de part et d'autre, veulent la guerre.
En effet, la nomination, assez surprenante, de Yahya Sinwar (photo) comme nouveau commandant en chef du Hamas, laisse entrevoir un avenir résolument sombre. Ce qui ne laisse plus de place à la médiation diplomatique, tentée ces derniers mois par l'Égypte et d'autres pays arabes.
D'ailleurs, c'est précisément la situation souhaitée par Netanyahu.
Car l'objectif israélien, ou plutôt de la structure gouvernementale israélienne actuelle, est de frapper directement l'Iran. Considéré comme son plus grand rival géopolitique. Et cela se voit dans toutes les actions du gouvernement de Netanyahu, qui ralentit l'offensive à Gaza précisément pour renforcer de plus en plus sa présence sur le front iranien.
En effet, il est clair que Tel-Aviv n'est pas capable d'affronter et de résoudre seul une guerre sur tous les fronts. Et que, par conséquent, les représailles contre le Hamas passent après les objectifs premiers. Actuellement représentés essentiellement, ou plutôt, pourrait-on dire, exclusivement, par le front chiite. D'où le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen, Assad et les siens en Syrie. Et, bien sûr, Téhéran. L'objectif ultime.
Un objectif qui nécessite toutefois un élargissement du conflit. Israël n'est pas capable à lui seul, même avec toute sa supériorité technologique, de faire face au colosse chiite iranien.
Il vise donc une dilatation du conflit. En essayant d'impliquer directement Washington. Qui apparaît, pour l'heure, récalcitrant. Mais qui ne pourra pas résister longtemps s'il est entraîné dans un conflit direct avec l'Iran.
Mais nous continuons à croire au conte de fées olympique. L'histoire de jeux rendus importants par un certain esprit olympique... dont très peu connaissent aujourd'hui la véritable histoire. Et qui sont, ces Jeux, de plus en plus exploités comme un écran de fumée pour quelque chose de tout à fait différent. Quelque chose qui n'a plus rien à voir avec l'Olympie et les rêves de Coubertin.
21:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, israël, iran, proche-orient, moyen-orient | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Stratégie iranienne: une pause avant la tempête?
Stratégie iranienne: une pause avant la tempête?
Source: https://www.pi-news.net/2024/08/iranische-strategie-pause-vor-dem-sturm/
Le guide spirituel suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et ses militaires sont en pause stratégique avant une éventuelle attaque contre Israël.
Par Elena Fritz
Les récents développements au Moyen-Orient ont de nouveau tenu le monde en haleine. L'Iran se trouve dans une pause stratégique avant une éventuelle attaque contre Israël. Cette phase de retenue laisse les forces armées israéliennes ainsi que leurs alliés occidentaux dans une attente tendue.
Plus l'Iran maintient cette pause, plus ses chances de succès sont grandes. Alors que Tel-Aviv mise sur une riposte rapide pour tirer le meilleur parti du soutien américain, plusieurs signes indiquent que la prochaine attaque de l'Iran pourrait être beaucoup plus grave que les actions précédentes. La récente "bavure" d'Israël, à savoir l'assassinat d'un invité de marque à Téhéran et une attaque à la roquette contre une installation diplomatique dans un pays tiers, a considérablement exacerbé les tensions.
Même si la riposte attendue de l'Iran n'entraîne pas de conflit immédiat, la probabilité d'une guerre entre ces deux puissances antagonistes reste extrêmement élevée. L'Iran et Israël sont des rivaux qui peuvent difficilement coexister dans le climat géopolitique actuel du Moyen-Orient. Un conflit semble donc inévitable, si ce n'est maintenant, du moins dans un avenir proche.
A long terme, Israël a peu de chances de réussir dans une guerre d'usure. Par conséquent, Tel-Aviv pourrait tenter d'impliquer les États-Unis dans le conflit ou de jouer la carte nucléaire. La probabilité d'une utilisation du nucléaire au Moyen-Orient est considérée comme plus élevée que dans d'autres conflits actuels, comme celui en Ukraine.
L'Iran, en tant que pays émergent dans le domaine de l'armement nucléaire, intégrera la supériorité nucléaire d'Israël dans ses réflexions stratégiques et réservera peut-être des surprises à son adversaire. Une bombe nucléaire iranienne modifierait fondamentalement l'équilibre du pouvoir au Moyen-Orient et pourrait accélérer la prolifération nucléaire dans des pays comme la Turquie, l'Égypte et l'Arabie saoudite.
Conclusion
La situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient est complexe et très instable. Les choix stratégiques de l'Iran et les réactions d'Israël et de ses alliés auront un impact majeur sur l'avenir de cette région. Il reste à voir comment la situation va évoluer et quel rôle les acteurs internationaux vont jouer.
Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AfD depuis 2018, a fait partie du comité directeur de l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.
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mardi, 06 août 2024
La fin d'Olympie
La fin d'Olympie
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/la-fine-di-olimpia/
La scène qui restera dans les annales sera probablement celle-ci. Des athlètes vomissant après la compétition de natation dans la Seine. Au milieu de la boue, de la vase et des rats. Imposés par un CIO dominé par une idéologie démente, et la volonté d'un psychopathe qui voulait, avec ces jeux, célébrer ses propres manies et déviances.
Ce seront probablement les derniers Jeux olympiques. Ou plutôt, les derniers ont été les précédents, ceux de Tokyo en 2020. Qui a conservé un minimum d'esprit olympique, malgré la paranoïa induite par le COVID. Et même une certaine esthétique.
Celui-ci, celui de Paris, c'est... autre chose.
D'abord parce qu'il est déjà né avec un défaut fondamental. Le veto à la participation officielle de la Russie. Cela n'était jamais arrivé auparavant. Quand, en 1980, les États-Unis et leurs alliés ont boycotté les Jeux de Moscou pour protester contre l'invasion de l'Afghanistan, c'était leur décision. Pas le veto d'un CIO qui est aujourd'hui, de manière flagrante, l'instrument d'une politique bien précise. Il en va de même pour les représailles soviétiques à Los Angeles en 1984...
La Russie ne pouvait pas intervenir officiellement parce qu'elle était considérée comme un "pays agresseur" de l'Ukraine. Cette dernière est pourtant présente. Tout comme Israël est présent. Comme si la guerre de Gaza n'avait jamais existé. Ce n'était qu'une légende colportée en ville.
L'esprit olympique, celui théorisé par le rêveur Pierre de Coubertin, c'était autre chose que de noter le bon et le mauvais au tableau. C'était la suspension du jugement et, si possible, la trêve dans les conflits, au nom d'un idéal supérieur. Le sport comme sublimation des guerres. Qu'il n'y mettait pas fin, c'est évident, mais qu'il les transférait à un autre niveau. Celui des jeux sportifs, qui étaient des agonalités sacrées. C'est pourquoi Pindare célèbre les vainqueurs comme des héros.
C'est précisément ce caractère sacré des Jeux olympiques qui a été délibérément profané à Paris. Avec la volonté d'en inverser le sens. Des parodies horribles lors de la cérémonie d'ouverture. Des athlètes contraints de nager dans des eaux putrides, contaminées et malodorantes. Des hommes pratiquant des jeux féminins avec des mises ridicules à la limite de l'obscène. D'autres hommes se faisant passer pour des femmes (sic !) pour rivaliser en force avec de vraies femmes. Et, bien sûr, gagnent facilement.
Est-il possible que nous ne nous rendions pas compte que tout, vraiment tout, a été délibérément falsifié ? Et inversé dans son sens.
Un athlète s'est dénoncé, comme Sinner. Ou a répondu ostensiblement, comme Djokovic, en embrassant ostensiblement le scapulaire du Christ-Roi. Comme s'il participait à la guerre sainte.
Mais, pour l'essentiel, tout se passe dans le silence, complice, et dans l'assentiment, docile, des médias et du public.
Macron voulait faire de ces JO une occasion de célébrer les "valeurs" (!) de la civilisation occidentale. Lui qui, plus que d'autres, pousse à la guerre ouverte avec la Russie.
Il a ainsi marqué la fin de l'esprit olympique.
Et surtout, il a montré au reste du monde en quoi consistent ces "valeurs occidentales" dont on nous rebat les oreilles en célébrant la supériorité universelle.
Les athlètes vomissant après avoir nagé dans la Seine en sont la parfaite illustration.
20:40 Publié dans Actualité, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, jeux olympiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La "méchante" Chine engagée pour la paix, la "bonne" UE et les Etats-Unis en quête de guerre
La "méchante" Chine engagée pour la paix, la "bonne" UE et les Etats-Unis en quête de guerre
Luca Bagatin
Source: https://electomagazine.it/la-cattiva-cina-impegnata-per-la-pace-i-buoni-di-ue-e-usa-alla-ricerca-della-guerra/
Alors que le Parlement européen réélit l'irresponsable et belliqueuse Ursula von Der Leyen à la présidence de la Commission européenne, que la tout aussi irresponsable et belliqueuse Kamala Harris prend part aux élections présidentielles américaines et que le nouveau gouvernement pseudo-travailliste britannique de Starmer veut augmenter les dépenses militaires, la République populaire de Chine s'engage une fois de plus, tout autant que la diplomatie vaticane et le gouvernement socialiste brésilien de Lula, en faveur de la paix, tant au Moyen-Orient qu'en Ukraine.
La Chine a affirmé qu'elle reconnaissait l'Organisation de libération de la Palestine comme le seul représentant du peuple palestinien (ce qui avait déjà été fait en Italie - dans les années 1980 - par le Premier ministre socialiste Bettino Craxi), composée de 14 factions palestiniennes qui se sont récemment réunies à Pékin, et qu'elle continuait à promouvoir le cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a également rappelé que les Palestiniens doivent pouvoir gouverner la Palestine et œuvrer à "promouvoir la gouvernance post-conflit", ainsi que la nécessité de soutenir l'entrée de la Palestine aux Nations unies et la solution des deux États (Palestine et Israël) comme seule issue à une crise qui dure depuis plus de soixante-dix ans.
"La communauté internationale devrait soutenir les parties impliquées dans la mise en œuvre de l'approche en trois étapes (un cessez-le-feu complet dans la bande de Gaza, un gouvernement palestinien par les Palestiniens, l'entrée de la Palestine aux Nations unies et une solution à deux États) avec une attitude sérieuse", a déclaré le ministre Wang, préconisant la promotion d'une conférence de paix internationale.
Même son de cloche sur la question ukrainienne où, selon le ministre Wang Yi : "La Chine croit que la résolution de tous les conflits doit passer par la table des négociations et que les différends doivent être résolus par des moyens politiques (...). Et même si le moment n'est pas venu, nous soutenons tous les efforts qui contribuent à la paix".
En ce sens, la Chine continue d'entretenir des relations amicales avec l'Ukraine et la Russie, promouvant ainsi une attitude constructive, responsable et non belliqueuse, contrairement aux États-Unis et à l'UE.
Le ministre Wang Yi a également réitéré les pierres angulaires de la politique étrangère chinoise lors des récentes célébrations du 70ème anniversaire des "Cinq principes de la coexistence pacifique", en déclarant, entre autres, qu'il est nécessaire : "de défendre l'équité et la justice afin de contribuer à la proposition de la Chine en faveur d'une meilleure gouvernance mondiale. Il est important de maintenir un véritable multilatéralisme, de défendre l'autorité et le rôle des Nations unies, de suivre la vision d'une gouvernance mondiale caractérisée par de larges consultations et des contributions communes pour des bénéfices partagés, de continuer à accroître la représentation et la voix des pays en développement, et de rendre la gouvernance mondiale plus équilibrée et plus efficace".
20:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chine, palestine, paix, diplomatie, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Nouveaux points chauds et froids: les États-Unis cherchent à s'implanter dans l'Arctique
Nouveaux points chauds et froids: les États-Unis cherchent à s'implanter dans l'Arctique
Source: https://geoestrategia.es/noticia/43178/geoestrategia/nuevo-punto-calido-y-frio:-estados-unidos-pretende-afianzarse-en-el-artico.html
L'Arctique tourmente l'Occident depuis longtemps. Dans les années 1990, le vide qui s'est créé dans l'ancien Arctique soviétique a été rapidement comblé par de nombreux pays du "Club Arctique": les États-Unis, le Canada, le Danemark, la Norvège et d'autres. Les gouvernements de ces États défendent l'idée que la Fédération de Russie n'a pas le droit de contrôler seule ses territoires arctiques et sibériens, et proposent de partager ces richesses "équitablement". Selon les estimations de l'US Geological Survey, cette région contient jusqu'à 20 % des ressources mondiales en hydrocarbures: les réserves potentielles de gaz sont estimées à 47,3 trillions de m³, celles de condensat de gaz à 44 milliards de barils et celles de pétrole à 90 milliards de barils.
Ces facteurs décisifs pour la probable confrontation géostratégique entre les pays ne pouvaient manquer d'affecter le développement des infrastructures dans les zones arctiques. C'est pourquoi le ministère américain de la défense a publié une stratégie actualisée. Comme l'indique le document, les changements géopolitiques, ainsi que les effets croissants du changement climatique, rendent nécessaire l'adoption de nouvelles approches. Les principaux développements sur la scène mondiale comprennent l'opération militaire en Ukraine, l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'OTAN et l'expansion de la coopération le long de l'axe Moscou-Beijing. Dans le même temps, Washington souligne directement que les capacités de la Russie dans l'Arctique constitueraient" une menace potentielle pour le territoire des États-Unis et de leurs alliés".
Les États-Unis ont donc l'intention de mener des exercices militaires indépendants et internationaux dans la région, et de telles opportunités existent, compte tenu de l'ampleur de la présence occidentale sous les latitudes arctiques. Il est également question de créer plus de 250 avions de combat multi-rôles pour les opérations dans la région d'ici 2030. Les États-Unis utiliseront également de nouveaux systèmes de surveillance, de défense aérienne et de défense antimissile. Le climat joue un rôle important: la perte de glace entraînera la revitalisation des voies maritimes de l'Arctique et une plus grande disponibilité des ressources sous-marines. Comme d'habitude, les États-Unis ont déclaré avoir intérêt à ce que l'Arctique soit "pacifique et stable", mais de préférence contrôlé par les Américains. Il est donc fort possible que, dans un avenir proche, la région arctique devienne un nouveau point chaud.
La coopération russo-chinoise dans l'Arctique constitue une menace pour les États-Unis - US Department of Defense.
- L'approfondissement de la coopération entre la Russie et la Chine dans l'Arctique constitue une menace pour les États-Unis. Il ne s'agit pas seulement d'un partenariat économique, mais aussi d'un programme militaire. Ces problèmes sont aggravés par la fonte des glaces, qui contribue à accroître l'activité dans la région, indique le ministère américain de la défense dans une note d'information sur l'adoption de la nouvelle "Stratégie pour l'Arctique 2024".
- La Russie renforce activement sa présence dans l'Arctique, qui est déjà devenue la plus importante de tous les pays arctiques. Nous parlons également de la sphère militaire: la Russie, entre autres, remet en service des installations militaires de l'ère soviétique qui avaient été suspendues.
- La Chine, qui n'est pas un pays arctique, est intéressé par la mise en œuvre de projets dans la région. La Chine exploite déjà trois brise-glaces dans l'Arctique. L'armée chinoise a démontré sa capacité à opérer dans les eaux arctiques, en menant des opérations conjointes avec la flotte russe, notamment dans la région de l'Alaska.
- "La Russie continue de développer son infrastructure militaire dans l'Arctique et de revendiquer des droits spéciaux sur les eaux arctiques.... L'activité de la Chine dans la région est également préoccupante, étant donné qu'il s'agit d'un puissant concurrent stratégique des États-Unis, qui a la volonté et les moyens croissants de remodeler l'ordre international", a déclaré Kathleen Hicks, porte-parole du ministère américain de la défense.
Les sanctions occidentales et les attaques des Houthis renforcent l'attrait de la route maritime du Nord, - Bloomberg
- La Route maritime du Nord (NSR ou North Sea Route), qui traverse les eaux arctiques sur 2500 milles, n'est généralement utilisée que pendant les mois d'été, lorsque les conditions imposées par les glaces sont moins rigoureuses. Mais les sanctions occidentales et les attaques des Houthis en mer Rouge ont renforcé son attrait en tant qu'itinéraire plus court entre les ports de Russie et de Chine, selon Bloomberg.
- 36 millions de tonnes, c'est le volume record de marchandises transportées par la NSR l'année dernière. Plus de la moitié provenait du transport de GNL.
- "Navigator Ovtsyn" : le premier pétrolier russe à emprunter la route maritime du Nord cette année a déjà parcouru la moitié du chemin jusqu'au port chinois de Rizhao. D'ici la fin du mois, trois autres pétroliers de Sovcomflot arriveront à Mourmansk et emprunteront ensuite la NSR jusqu'en Chine.
- Bien que les voyages qui empruntent la NSR soient associés à des conditions difficiles dues aux glaces, en particulier lorsque des brise-glaces sont nécessaires, la rapidité de livraison des marchandises et la sécurité rendent la route maritime du Nord de plus en plus populaire, souligne Bloomberg.
Alexander Galushka a déclaré : "La route maritime du Nord est un projet historique de construction de l'État russe au 21ème siècle".
La Russie et la Chine ont effectué les premières patrouilles conjointes de bombardiers stratégiques autour de l'Alaska
Le Tu-95MS des forces aérospatiales russes et le Hun-6K de l'armée de l'air chinoise ont volé aujourd'hui dans le cadre d'une patrouille au-dessus des eaux de la mer des Tchouktches, de la mer de Béring et de la mer du Pacifique Nord, le long des frontières américaines. L'escorte était assurée par des chasseurs Su-30SM et Su-35S. Ce n'est pas la première patrouille conjointe des "stratèges" russes et chinois, mais de tels événements n'ont généralement pas lieu si près de la zone de défense aérienne autour de l'Alaska.
La route maritime du Nord commence à jouer un rôle important dans la logistique de la Fédération de Russie et de l'Empire du Milieu, et le détroit de Béring deviendra à l'avenir une route maritime essentielle du même ordre que le détroit de Douvres (le Pas-de-Calais) ou même de Suez. C'est pourquoi les États-Unis, la Russie et la Chine redoublent d'efforts pour s'assurer le contrôle de la région arctique.
La fonte des glaciers et l'instabilité en mer Rouge ouvrent des perspectives sans précédent pour les routes commerciales du Nord. Personne n'a l'intention de relâcher ses efforts dans cette course. C'est pourquoi ces patrouilles sont extrêmement nécessaires, car il ne s'agit pas seulement d'un entraînement pour les pilotes et les officiers d'état-major, mais aussi d'une démonstration claire du potentiel militaire qui tombera sur la tête de ceux qui veulent mettre la main sur des territoires russes ou sur des routes maritimes utiles à la Chine.
20:12 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, arctique, océan glacial arctique, russie, chine, états-unis, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Dromocratie: la vitesse est le facteur clé de la guerre moderne
Dromocratie: la vitesse est le facteur clé de la guerre moderne
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/dromocracy-speed-key-factor-modern-warfare?utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f
La vitesse est un facteur crucial dans la guerre moderne, et tout pouvoir tablant sur la vitesse comme mode de fonctionnement est souvent appelé "dromocratie" soit pouvoir de la vitesse. Juste après l'opération du Hamas baptisée "Tempête Al-Aqsa", il y avait Gaza et l'armée du Hamas qui y était stationnée. Imaginez que, lorsque les FDI (Forces de défense israéliennes) ont commencé leur invasion, le Hezbollah, le Yémen (les Houthis), la Syrie et l'Iran (en se référant spécifiquement aux groupes chiites, car les autres factions musulmanes ont été critiquées pour leur inaction) aient simultanément rejoint le conflit. Israël aurait été dans une position très difficile. Et si le Fatah, au lieu d'éviter de s'impliquer (ce qui était futile puisqu'il a de toute façon été pris pour cible), avait agi, la situation aurait pu être encore plus difficile pour Israël. Toutefois, l'Occident a réussi à empêcher toutes ces parties, à l'exception d'Israël, d'aggraver la situation.
Il s'en est suivi un génocide systématique de la population palestinienne à Gaza, qui a culminé avec la destruction d'une grande partie de l'infrastructure du Hamas. Ensuite, Israël a lancé des attaques contre le Liban et effectué des frappes précises contre l'Iran, frappant toujours le premier et empêchant l'unification de ses ennemis afin de pouvoir les traiter un par un. Il semble que seuls les Houthis comprennent l'importance du timing dans la guerre, ce qui explique qu'ils sont respectés et craints. Les autres ont été lents et indécis, permettant à Israël et à l'Occident d'atteindre progressivement leurs objectifs.
Dans notre cas, nous, Russes, avons également souvent hésité et manqué des occasions cruciales. Mais au tout dernier moment, nous avons agi de manière décisive et frappé les premiers. C'est cette rapidité, cette surprise et cette action rapide qui ont assuré nos gains territoriaux dans la guerre en cours, gains qui sont cruciaux dans le conflit qui se déroule aujourd'hui en Ukraine. Cependant, dès que nous avons perdu notre élan, les progrès se sont arrêtés et nous avons même subi des revers. Les guerres modernes se gagnent rapidement ou ne se gagnent pas du tout.
Quant au Hamas, on ne sait pas très bien à quoi il pensait lorsqu'il a lancé l'opération "Tempête Al-Aqsa". Il s'agissait d'une opération rapide, mais avec des forces limitées et sans soutien substantiel de la part de la communauté musulmane dans son ensemble, ce qui donne l'impression d'un effort voué à l'échec. À moins, bien sûr, qu'un facteur imprévu n'apparaisse bientôt.
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Souveraineté limitée? Une analyse de la dépendance transatlantique de l'Allemagne
Souveraineté limitée? Une analyse de la dépendance transatlantique de l'Allemagne
L'Allemagne est-elle vraiment occupée par les États-Unis, comme le prétendent de nombreux détracteurs des relations transatlantiques ? Et quel est le degré de dépendance militaire et économique de la République fédérale vis-à-vis des États-Unis ? Ce sont les questions que l'économiste Jurij Kofner tente d'analyser dans l'article qu'il nous a rédigé en tant qu'auteur invité.
Un commentaire de Jurij Kofner (économiste, Institut MIWI)
Source: https://heimatkurier.at/grundlagen/eingeschraenkte-souveraenitaet-eine-analyse-der-transatlantischen-abhaengigkeit-deutschlands
L'affirmation selon laquelle l'Allemagne est occupée par les États-Unis est souvent rejetée comme une théorie du complot et comme un fantasme anti-américain. Pourtant, de nombreux éléments indiquent que la souveraineté de l'Allemagne est pour le moins extrêmement limitée par les intérêts américains. Cette analyse réalisée pour le Heimatkurier donne un bref aperçu des dépendances transatlantiques dans les domaines de la défense, de l'économie, des finances, du numérique, de la culture et de la politique.
Armée et renseignement
En 2022, plus de 35.200 soldats américains étaient stationnés en Allemagne, soit bien plus que dans les autres pays européens. Les attaques de drones américains au Yémen, en Somalie, en Afghanistan et au Pakistan sont coordonnées depuis la base de Ramstein en Allemagne. L'Allemagne envoie des systèmes d'armes en Ukraine tout en en achetant de nouveaux aux États-Unis. Les États-Unis sont le plus grand fournisseur d'armes de l'Allemagne et les exportations d'armes américaines vers l'Allemagne ont fortement augmenté entre 2021 et 2022. Les États-Unis gèrent environ 40 installations militaires en Allemagne, dont 20 bases. Les attaques de drones sont également coordonnées depuis la base de Ramstein. Les cibles étaient des pays comme le Yémen, la Somalie, l'Afghanistan et le Pakistan, et probablement la Syrie et l'Ukraine. L'Allemagne a acheté 35 avions de combat F-35A pour 8,3 milliards d'euros. Les exportations d'armes américaines représentaient 26,4% des importations d'armes allemandes en 2011-2020. La NSA surveille depuis des décennies des hommes politiques allemands comme Angela Merkel et Walter Steinmeier. Une importante station d'écoute de la NSA se trouve à Bad Aibling, en Bavière.
Économie, finances, numérique et culture
L'industrie allemande connaît une désindustrialisation et un exode vers les États-Unis. Entre 2013 et 2022, la sortie nette d'investissements directs s'est élevée à plus de 636 milliards de dollars, dont une part importante a été dirigée vers les États-Unis. 65% des sociétés allemandes du DAX sont détenues par des fonds d'investissement américains, principalement BlackRock et Vanguard. Des acteurs clés de l'économie allemande sont membres de réseaux transatlantiques. Par exemple, les PDG de la Deutsche Bank et de BASF participent aux réunions Bilderberg et les PDG de Daimler et d'Allianz à la Commission Trilatérale.
En outre, des cadres supérieurs d'institutions telles que la Bundesbank, l'IW Köln, Meta Deutschland, Google Deutschland, BMW, Hapag Lloyd, Rheinmetall, Airbus, RWE, Volkswagen sont soit membres du conseil d'administration, soit des "jeunes leaders" du dit "Pont de l'Atlantique". En 2018, le dollar américain représentait 80% des réserves de change de l'Occident. En 2022, le dollar américain représentait 72% des obligations d'État et des actions détenues par la Bundesbank en dehors de la zone euro. 43% des importations allemandes et 26% des exportations dans le commerce extra-UE se faisaient en dollars américains.
Les banques allemandes dépendent de l'infrastructure de paiement américaine CHIPS. En 2022, près de 40% des réserves d'or allemandes étaient toujours stockées aux États-Unis. Les dépendances numériques se manifestent par le stockage des données sur des services cloud américains comme IBM et Microsoft.
Le Patriot Act américain et le CLOUD ACT permettent aux services de renseignement américains d'accéder aux données des entreprises allemandes. Le marché allemand des moteurs de recherche et des médias sociaux est presque entièrement dominé par des plateformes américaines. TikTok est une exception. En 2022, neuf des dix films de cinéma les plus rentables en Allemagne provenaient des États-Unis. La télévision privée est dominée par Bertelsmann et ProSiebenSat1, qui s'engagent activement dans des relations transatlantiques encore plus étroites. La presse écrite allemande est orientée vers les intérêts transatlantiques. La maison d'édition Springer se déclare officiellement "solidaire de la communauté de valeurs libérales avec les États-Unis". La proportion d'anglicismes dans la langue allemande est passée de 3,5% à plus de 10% depuis 1986.
Traités et politique
Les chefs d'État ouest-allemands devaient faire approuver leur chancellerie par les Alliés au moins jusqu'en 1990. La "clause de l'Etat ennemi" de la Charte des Nations unies pourrait également être réactivée contre l'Allemagne à tout moment en cas de besoin. De nombreux domaines politiques allemands sont externalisés au niveau européen ou limités par des prescriptions de l'UE. Plus de 60% des plus grands lobbyistes à Bruxelles sont des entreprises américaines. L'élite allemande est intégrée dans des réseaux transatlantiques, y compris des hommes politiques de la CDU/CSU, de la SPD, des Verts et de la FDP qui sont membres ou boursiers de think tanks et d'organisations pro-américaines.
Des interdépendances multiples
En raison de son importance économique en tant que partenaire commercial et d'investissement et des fondements historiques européens et chrétiens communs, impliquant liberté et tradition, l'Allemagne devrait toujours soutenir des relations commerciales, culturelles, politiques et militaires fortes et mutuellement bénéfiques avec les États-Unis. Toutefois, les interdépendances mises en évidence dans l'aperçu ci-dessus illustrent les restrictions actuelles de la souveraineté allemande dans le seul intérêt des groupes d'influence américains.
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La "méthode syrienne" pour déstabiliser la Russie
La "méthode syrienne" pour déstabiliser la Russie
Par Peter Haisenko
Source: https://unser-mitteleuropa.com/143371
Les médias occidentaux ne mentionnent pas le fait que le service de renseignement intérieur russe (FSB) a réussi à empêcher plusieurs attentats contre des lieux de culte. Ceux-ci étaient en préparation contre des institutions chrétiennes et musulmanes. Pourquoi n'en parle-t-on pas, alors qu'on se réjouit par ailleurs de tout ce qui pourrait nuire à la Russie ?
Lorsqu'un État est confronté à des attaques terroristes violentes, il ne peut réagir que par la contre-violence. S'il s'agit d'un Etat figurant sur la liste noire de l'Occident, il est immédiatement jugé comme un Etat terroriste. L'auteur de la violence est occulté. C'est ce qui s'est passé en Syrie. Tout État qui abrite une diversité ethnique, économique, culturelle et religieuse est instable à l'état latent. Comme l'histoire l'a montré, il suffit de peu d'efforts pour y introduire la discorde. Si, en plus, des armes sont livrées à l'une des parties rivales ou aux deux, la guerre civile peut difficilement être évitée. L'État concerné ne peut réagir que par la contre-violence et la répression, et le cercle vicieux est quasiment impossible à arrêter. On peut également penser à la Yougoslavie ou à la manière dont l'Empire britannique a déstabilisé l'Empire ottoman. Le principe "diviser pour mieux régner" est appliqué à l'intérieur d'un État pour le détruire.
La Russie, la Fédération de Russie, n'est pas seulement le plus grand pays en termes de superficie, elle abrite également la plus grande diversité d'ethnies et de religions. Elles y vivent en paix, comme on ne peut guère le trouver ailleurs. Comme c'était le cas en Syrie avant que la CIA n'y apporte la discorde. Pourquoi ne pas appliquer à la Russie ce qui a déjà fonctionné à plusieurs reprises ? Les médias occidentaux ne parlent pas de ce que l'on observe aujourd'hui en Russie, dans la Fédération de Russie (FR), comme si cela tombait du ciel. A savoir des attaques terroristes (déjouées) contre des lieux sacrés. Non, il ne faut pas en parler, car si elles obligent la Fédération de Russie à prendre des contre-mesures sévères, l'Occident occultera les faits antérieurs, comme c'est le cas avec l'opération spéciale russe dans les nouvelles républiques. La FR sera présentée comme un "État terroriste".
Après l'échec des sanctions, la terreur est-elle au rendez-vous ?
L'orgie de sanctions contre la FR a eu l'effet inverse de celui escompté. L'économie russe est florissante et le peuple soutient son président Poutine. La guerre dans l'est de l'Ukraine touche à sa fin et la Russie sera plus forte que jamais. Cela ne convient évidemment pas à l'Occident. Il fait donc ce qu'il a toujours fait. Il tente de déstabiliser le pays par des attaques terroristes, car le régime de sanctions et d'embargo n'est plus efficace depuis longtemps. Il est tout simplement ridicule de voir comment, depuis des années, seuls des individus sont sanctionnés. Cela cache la propre incompétence des services occidentaux. De la même manière que le régime de Kiev tire sur des civils et les assassine depuis maintenant dix ans. C'est tout ce que Kiev peut faire, même avec l'aide de l'Occident. Ce n'est que grâce à la longanimité, à l'intelligence et à la patience du président Poutine que Kiev n'est pas directement attaquée et que, par exemple, le ministère de la Guerre est encore intact au milieu de la ville. La FR n'est pas en guerre contre le peuple frère, mais seulement contre les has been du gouvernement et, en fin de compte, contre l'OTAN.
Les 70 ans de l'Union soviétique ne sont pas passés sans laisser de traces sur la population russe et ses nombreuses ethnies. Pas plus que les guerres que la Russie a dû repousser. L'homo sovieticus est né et il a par exemple un rapport de base différent à l'argent. Sans compter, bien sûr, la quantité habituelle de psychopathes qui sévissent partout dans le monde. Pendant l'ère soviétique, les religions étaient cachées et tous ceux qui ne voulaient pas renoncer à leur foi étaient contraints de pratiquer une sorte de conspiration. Cette solidarité s'étendait à toutes les religions. Il n'est donc pas surprenant qu'il n'y ait pas de conflit entre les religions depuis que la pratique religieuse est à nouveau autorisée. C'est exemplaire et cela ne convient pas à l'Occident, car cela rend plus difficile la volonté de semer la discorde entre les croyants. Que peut donc faire l'Occident pour briser l'unité de la FR?
Vengeance pour les lieux de culte détruits
Un attentat contre un lieu de culte peut mettre en colère même les plus doux et déclencher un désir de vengeance. Il suffit de penser à Salman Rushdie et à ce que ses "Versets sataniques" ont provoqué. Après l'échec de toutes les tentatives de démantèlement de la Fédération de Russie par des soulèvements populaires, les détracteurs de la Russie ont maintenant recours aux méthodes les plus viles et les plus abjectes. A savoir, monter les religions les unes contre les autres. L'histoire nous a appris qu'il est facile de déclencher des guerres (civiles) pour des motifs religieux. Voir la Syrie ou l'Irak. Y a-t-il déjà eu une guerre dans laquelle les deux parties n'ont pas revendiqué un quelconque dieu, une religion ? Mais créer délibérément cette situation est le comble de l'infamie. Mais contre la Russie, tous les moyens sont permis. Même si, cette fois encore, il ne s'agit que de pouvoir et de matières premières.
Je pense qu'il est utile de rappeler un bon mot d'Evo Morales. Celui-ci a répondu à la question de savoir pourquoi il n'y avait jamais eu de renversement aux États-Unis : parce qu'il n'y a pas d'ambassade américaine aux États-Unis. Mais regardons ce que le Financial Times sait dire sur la FR. On comprend alors pourquoi l'Occident des valeurs est si désespéré, car il ne parvient tout simplement pas à déstabiliser la Russie. Voici donc des extraits de citations du Financial Times sur le boom de la consommation en Russie, que la publication qualifie d'"étonnant" :
Financial Times :
"Alors que le conflit s'éternisait, la hausse des salaires dans l'industrie de la défense en plein essor a forcé les entreprises civiles à suivre le rythme. Sans cela, il est impossible d'attirer de la main-d'œuvre en période de grave pénurie. En conséquence, la Russie s'est soudainement retrouvée au milieu d'un boom de la consommation".
"Les salaires réels augmentent rapidement...". Il y a des gens qui ne gagnaient presque rien avant le conflit qui a dégénéré... qui ont soudain beaucoup d'argent", explique Janis Kluge, expert de l'économie russe à l'Institut allemand pour la coopération internationale et les affaires de sécurité.
Selon Rosstat, les salaires réels ont augmenté de près de 14% et la consommation de biens et de services d'environ 25%.
Selon le Russian Centre d'analyse macroéconomique et de prévisions à court terme, les salaires réels devraient continuer à augmenter de 3,5% cette année, ainsi qu'une augmentation de 3% du revenu disponible réel.
Le taux de chômage, qui était de 7-8% en 2022, est désormais à un niveau record de l'ère post-soviétique, à 2,6%.
Cette hausse explosive des salaires est ressentie dans tout le spectre socio-économique et change dramatiquement la vie de larges pans de la population active.
Les tisserands qui gagnaient 250 à 300 dollars par mois en roubles en décembre 2021 peuvent désormais toucher 1.400 dollars par mois, selon la politologue Ekaterina Kurbangaleeva.
Le salaire moyen des chauffeurs de camion a augmenté de 38% par rapport à l'année dernière. De même, un coursier peut gagner 200.000 roubles par mois (plus de 2.000 €).
Dans le même temps, les sanctions occidentales et le contrôle des capitaux russes ont entraîné une baisse des prix. Les contrôles de capitaux ont permis de "mettre à la terre" l'argent des citoyens aisés dans le pays. Cela a contribué à la croissance du secteur du luxe et a donné à Moscou et à Saint-Pétersbourg l'atmosphère des "boomtowns" modernes (villes connaissant une croissance économique et démographique soudaine).
"Tout le monde dans la classe moyenne supérieure profite simplement de la bonne vie", déclare l'investisseur et entrepreneur moscovite Sergei Ishkov, en soulignant le nombre de nouveaux restaurants et l'explosion du marché du commerce électronique.
Un responsable russe. Un homme d'affaires a déclaré au FT : "Presque tous ceux que je connais qui ont quitté la Russie après février 2022 et qui y sont soit revenus, soit y ont voyagé, disent que Moscou est la meilleure ville du monde".
De nombreux Russes ont le sentiment que leur situation financière s'améliore. Plus de 13% la jugent "bonne" - le chiffre le plus élevé depuis 1999, selon Rosstat.
Le nombre de personnes qui estiment que leur situation financière est "mauvaise" ou "très mauvaise" est à un niveau bas record - environ 14% et 1% respectivement.
"Les gens reçoivent des salaires assez élevés. Qu'en font les Russes ? Ils consomment comme des fous, et cette consommation crée de la demande intérieure", explique Alexandra Prokopenko, chercheuse au Carnegie Russian-Eurasian Center à Berlin.
Les détaillants et le secteur de la consommation s'empressent de réagir. Rostix, le géant russe. successeur de KFC, prévoit d'ouvrir 100 nouveaux établissements cette année, et la consommation de café à emporter n'a jamais été aussi élevée qu'aujourd'hui.
Le tourisme intérieur est également en plein essor. Un employé d'une agence de voyage russe et employé d'une société de réservation de voyages constatent qu'en raison des sanctions, la demande de vols intérieurs a fortement augmenté malgré la hausse des prix des billets d'avion. "Pour la première fois, il est devenu rentable pour les compagnies aériennes de voler à l'intérieur de la Russie", selon cette source.
La sortie de capitaux de Russie s'est ralentie.
"Dans le segment supérieur, tout est clair: les gens ont beaucoup d'argent, ils ne peuvent le dépenser nulle part, alors ils le dépensent pour des expériences nouvelles".
"S'ils avaient l'habitude de retirer de l'argent, d'ouvrir des comptes et d'acheter des appartements au Monténégro, cet argent reste désormais dans le pays", explique Anton, un restaurateur de Saint-Pétersbourg.
Le boom des dépenses de consommation dans la FR est un résultat totalement différent de ce que les économistes avaient prévu au début de la guerre".
Résumé
Ce sont des conditions dont nous ne pouvons que rêver en RFA (ndlr: et en Belgique où suite aux confinements, aux sanctions et au sabotage des gazoducs Nordstream, la Place de Brouckère à Bruxelles et la terrasse du Métropole sont désormais des chancres). Au vu de cette analyse du Financial Times, quelqu'un peut-il encore se demander pourquoi le président Poutine obtient environ 80% d'approbation de la part des électeurs ?
Pourquoi joue-t-on maintenant la dernière carte, à savoir déclencher des troubles religieux ? Oui, les médias du système n'en parlent pas. Mais on y apprend que la Russie a promulgué une loi obligeant les ONG à déclarer si elles sont financées à plus de 20 % par l'étranger. Tout comme il existe une loi similaire aux États-Unis depuis les années 1930. Espérons que cette loi empêchera d'autres psychopathes de recruter de l'argent et de la propagande pour des attentats contre des lieux sacrés (comme au Daghestan récemment). Ah oui, les diversitaires ukrainiens y sont certainement pour quelque chose, car ils savent tous parler russe et ils ont suffisamment reçu d'argent de l'Occident.
Remarque : le plus grand nombre d'églises jamais détruites l'ont été par l'Angleterre et les États-Unis lors des bombardements des villes allemandes. Des églises et des mosquées ont également été ciblées en Yougoslavie.
L'auteur : Peter Haisenko est écrivain, propriétaire des éditions Anderwelt et éditeur de AnderweltOnline.com.
Serait-il possible d'empêcher de manière fiable les États ayant un déficit extérieur d'aller faire des achats à l'étranger, avec de l'argent fraîchement imprimé ? Dans notre modèle dit de "L'économie de marché humaine", cela est exclu. Nous allons même plus loin. Si un État ou ses citoyens possèdent des biens à l'étranger et que cet État a une balance commerciale négative vis-à-vis de ce pays, qui ne pourra pas être compensée dans un avenir proche, ce déficit doit être comblé par la vente de ces biens. Ainsi, les entreprises allemandes redeviendraient allemandes. Nous avons également proposé d'autres mécanismes qui non seulement favorisent l'équilibre des balances commerciales, mais les rendent également inévitables. Cela mettrait fin à l'exploitation des États faibles et leur permettrait de se développer positivement, sans "aide au développement". Mais est-ce ce que veulent les capitalistes prédateurs de l'Occident des valeurs ? Nous, nous le voulons vraiment et si vous le souhaitez également, vous devriez voir comment nous pouvons y parvenir avec notre modèle "L'économie de marché humaine". Commandez votre exemplaire directement auprès de l'éditeur ici ou achetez-le dans votre librairie: https://anderweltverlag.com/p/die-humane-marktwirtschaft.
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Bruxelles fait-elle chanter la Hongrie et la Slovaquie en ne condamnant pas le boycott du pétrole par l'Ukraine?
Bruxelles fait-elle chanter la Hongrie et la Slovaquie en ne condamnant pas le boycott du pétrole par l'Ukraine?
Source: https://unser-mitteleuropa.com/143168
Les soupçons sont énormes. Le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjártó, l'a diplomatiquement formulé ainsi :
"La Commission européenne et la présidente Ursula von der Leyen en personne doivent immédiatement annoncer la couleur : Ont-elles demandé à Kiev, depuis Bruxelles, d'interdire les livraisons de pétrole via l'Ukraine?".
En effet, le 24 juillet, l'Ukraine a placé le pétrole russe "Lukoil", l'un des plus grands groupes pétroliers russes, sur une liste de sanctions. Les livraisons de pétrole brut via l'oléoduc "Amitié" ont ainsi été interrompues, ce qui a mis une pression économique énorme sur les pays favorables à la paix que sont la Hongrie et la Slovaquie.
L'UE boycotte les demandes d'intervention des deux pays de l'UE
Et soutient ainsi les intérêts bellicistes ukrainiens et américains :
"Cela fait plus d'une semaine que nous avons demandé, avec la Slovaquie, des mesures à prendre par la Commission européenne contre l'Ukraine concernant l'interdiction des livraisons de pétrole" - déclare Szijjárto dans son post Facebook.
En clair, cela fait plus d'une semaine que la Commission européenne fait traîner la demande d'aide slovaco-hongroise.
Et comme l'a expliqué Szijjártó, malgré la mise en danger de la sécurité énergétique de deux États membres de l'UE, malgré la violation flagrante de l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, "Bruxelles reste silencieuse".
Selon Szijjártó, il n'y a que deux possibilités.
- La Commission européenne est aussi faible pour faire valoir les intérêts fondamentaux de deux États membres vis-à-vis d'un pays candidat à l'UE (!) que l'Ukraine.
- Ce n'est pas Kiev qui est derrière le boycott du pétrole, mais Bruxelles : ce n'est donc pas le gouvernement ukrainien, mais la Commission européenne qui veut faire chanter les deux pays favorables à la paix qui refusent de livrer des armes.
"La Commission européenne et la présidente Ursula von der Leyen doivent immédiatement se pencher sur la question : Bruxelles a-t-elle demandé à Kiev d'interdire les livraisons de pétrole ? Et si ce n'est pas le cas, pourquoi la Commission européenne n'a-t-elle pas agi depuis plus d'une semaine ?" - a conclu le ministre hongrois des Affaires étrangères.
Gergely Gulyás, le directeur de la chancellerie d'Orban, a lui aussi ouvertement parlé de chantage en raison de l'attitude pacifiste de la Hongrie et de la Slovaquie.
"Si la situation n'est pas résolue, il peut y avoir une pénurie de carburant. Mais il n'y a pas lieu de paniquer, une solution doit être trouvée d'ici septembre" - a déclaré Gulyás sur "Government Info".
Gulyás a chiffré la perte de "Lukoil" à environ 50 pour cent. Certes, cela pourrait être compensé par d'autres partenaires. Cependant, le prix auquel la société hongroise "MOL" peut acheter joue un rôle.
L'Ukraine dépend elle-même de la raffinerie de Bratislava
Gulyás a également souligné que l'Ukraine achetait de l'électricité et du pétrole raffiné à la Hongrie et que cette dernière aidait également les réfugiés ukrainiens. C'est pourquoi cette mesure est totalement inacceptable.
Dans le même temps, selon les dernières informations, l'Ukraine serait prête à garantir le transit du pétrole brut pour les entreprises non sanctionnées et à résoudre les problèmes de transit avec la Slovaquie conformément à l'accord d'association de l'UE - comme l'a annoncé mardi le vice-ministre ukrainien de l'énergie Roman Andarak. L'Ukraine semble donc vouloir créer la discorde entre Orban et Fico.
Le Premier ministre slovaque Fico aurait également menacé hier, après plusieurs entretiens téléphoniques avec le Premier ministre ukrainien Denis Shmyhal et une rencontre avec l'ambassadeur ukrainien à Bratislava, de cesser de fournir à l'Ukraine du pétrole raffiné à Bratislava, qui représente tout de même 10 % de ses besoins.
Robert Fico a également souligné que "l'action de Kiev nuit à la fois à la Slovaquie, à la Hongrie et à l'Ukraine, alors que l'impact sur la Russie n'est même pas perceptible".
De plus, malgré les fake news des médias occidentaux, les problèmes actuels résultant du boycott du pétrole ne sont pas liés à la Russie. En effet, la décision de restreindre les livraisons de pétrole a été prise uniquement par le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 24 juillet.
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dimanche, 04 août 2024
Les Druzes. Les boucs émissaires
Les Druzes. Les boucs émissaires
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/drusi-il-capro-espiatorio/
Attaque du Hezbollah dans la région du Golan syrien sous contrôle israélien. Une roquette massacre des enfants jouant au football dans le village de Majdal Shams. Douze morts.
Et, bien sûr, Israël annonce la prochaine réaction violente contre les milices libanaises.
À première vue, cela ressemble aux événements du 7 octobre. Des milices arabes massacrent des garçons. S'ensuit une réaction israélienne. Et le début d'un conflit sanglant, qui n'a toujours pas de perspective de paix.
Car ici, à la frontière avec le Liban, la situation est totalement différente de celle qui a vu le Hamas s'en prendre aux civils israéliens.
Tout d'abord, dans ce cas, les morts ne sont pas des Juifs, mais des Druzes. Ils appartiennent à une secte gnostique d'origine islamique (chiites ismaélites) qui remonte au 11ème siècle. Il s'agit d'une minorité fermée qui ne permet pas les conversions et qui est souvent persécutée.
Les Druzes sont en voie d'extinction, répartis entre le Liban, la Syrie, Israël et la Jordanie.
Les Druzes israéliens sont assez bien intégrés dans la société. À tel point qu'ils servent dans l'armée, généralement comme gardes-frontières. En revanche, ceux du Golan syrien, occupé par Israël depuis 1981, ont souvent exprimé leur impatience face à l'occupation. Quant aux Druzes libanais, la majorité d'entre eux, s'est battue pendant la guerre civile, dans un conflit compliqué, contre les chrétiens maronites. Et aussi contre les Israéliens.
Une situation, donc, très complexe à décrypter. Et qui pourrait difficilement justifier une attaque délibérée du Hezbollah. Ce que le chef des chiites libanais, Nasrallah, a résolument démenti. Ce dernier a retourné les accusations contre les Israéliens et les Américains.
Quoi qu'il en soit, s'agit-il d'une roquette déviée ou d'un mauvais fonctionnement ? Et lancée par qui ? - le massacre de Majdal Shams est en passe de devenir une preuve irréfutable. Ou plutôt, une justification du déclenchement d'un nouveau conflit entre Israël et le Liban.
Un conflit, en vérité, qui se profile depuis un certain temps déjà. Mais, jusqu'à présent, gardé sous le coude. À faible intensité.
Quelques roquettes du Hezbollah contre le territoire israélien. Et des raids sanglants mais ciblés des FDI contre les milices chiites.
Une impasse, apparemment. Mais il semble que l'on soit arrivé à un tournant.
Le Hezbollah est depuis longtemps une épine dans le pied d'Israël. Non seulement parce qu'il est considéré, à toutes fins utiles, comme la force armée la meilleure et la mieux organisée du monde arabe, mais aussi et surtout parce qu'il est la "longue main" de Téhéran.
Une menace permanente, donc. Et Nethanyau cherche depuis longtemps l'occasion de l'éliminer.
Ce n'est pas pour rien qu'il fait monter la tension à la frontière libanaise depuis un certain temps. Au point de trop se détourner de celle de Gaza. Se prenant au dépourvu face à l'action du Hamas le 7 octobre.
Une nouvelle guerre du Liban est cependant rejetée par les Etats-Unis. Qui craignaient, et craignent toujours, l'élargissement du front au Moyen-Orient, qui ne pouvait manquer de les impliquer. Alors que les problèmes et les échecs en Ukraine sont de plus en plus graves. Et flagrants.
Et sans l'aval explicite de Washington, même Nethanyau ne peut déclencher une guerre au Liban, qui pourrait déboucher sur un choc frontal avec l'Iran.
Or, ce massacre d'enfants druzes, quelle qu'en soit la cause réelle, fournit le prétexte à une nouvelle guerre. Une intervention militaire et un affrontement qui ferait passer la guerre en cours à Gaza pour bien peu de choses.
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J.O. sataniques de Paris: Frankenstein s’est échappé!
J.O. sataniques de Paris: Frankenstein s’est échappé!
Pierre-Emile Blairon
Eh bien oui ! Encore une fois, la créature de Frankenstein a échappé à son maître !
Les monstres qui ont monté l’opération de saccage de la France (qu’ils ont appelé « cérémonie d’ouverture des J.O. ») ne maîtrisent plus leur créature !
Rappelons que Frankenstein est le titre d’un roman écrit par l’Anglaise Mary Shelley en 1818, qui raconte l’histoire de la création, par un scientifique suisse nommé Frankenstein, d’une chimère (1) d’apparence humaine assemblée de diverses parties de corps glanées par le savant dans les cimetières. Dans l’imaginaire populaire, le nom de la créature va prendre celui de son créateur.
Voilà qui nous met déjà dans l’ambiance de cette cérémonie d’ouverture des J.O. de Paris 2024 qui ne nous aura rien épargné.
Plus intéressant encore est le sous-titre de ce roman d’horreur : Frankenstein ou le Prométhée moderne. Pourquoi ce rapprochement ? Prométhée fait partie de ces divinités primordiales qui ont précédé les Dieux de l’Olympe ; elles sont appelées Titans ; Prométhée est le plus emblématique de ces Titans parce qu’il est chargé de la création des humains ; il en fait des êtres à son image ; puis, après bien des péripéties, les Titans se révoltent contre les dieux de l’Olympe dirigés par Zeus parce qu’ils en sont jaloux et parce qu’ils veulent les remplacer ; évidemment, il seront punis par Zeus, qui va les chasser de l’Olympe et va condamner Prométhée à voir son foie dévoré par un vautour (ou un aigle selon les versions) ; c’est à peu près la même histoire que celle de Satan, cet ange rebelle qui se retrouve chassé du Paradis par Dieu, descend dans la matérialité et se retrouve Prince de ce monde, prince de la Terre, où il est jeté et confiné ; j’ai développé ce thème, assez complexe, dans plusieurs de mes précédents articles parce qu’il est capital pour la compréhension de ce qui se passe dans les loges obscures des sectes qui nous dirigent et veulent faire de nous, humains, des robots ou des esclaves dans le meilleur des cas, le pire étant d’anéantir la plus grande majorité d’entre nous. Dans l’une et l’autre circonstance, Titan et Satan seront punis par Dieu parce qu’ils auront été guidés par l’hubris, qu’on peut définir comme une vanité narcissique débridée, on les appellerait de nos jours des psychopathes, ou des manipulateurs pervers narcissiques ; je suppose que vous voyez bien le type de profil dont il est question et que vous pouvez même intégrer spontanément des noms à ce type de caractère ; je rappelle que les noms de Titan et de Satan ont la même origine sémantique.
Un déchaînement d’horreurs
Personne n’est sommé de croire à l’un ou l’autre Dieu trois fois unique de chacune des trois religions du Livre issues toutes les trois du Proche et du Moyen-Orient, de la même manière qu’il ne s’agit pas de « croire » ou de ne pas « croire » à Satan ; mais la secte qui dirige actuellement le monde a choisi son camp depuis fort longtemps : elle y « croit » et même revendique son attachement au démon. Ce n’est donc pas une question de « croyance » mais bien de « réalité », une réalité dont nous subissons tous les jours les méfaits ; la secte pédo-sataniste qui envoie quotidiennement ses injonctions au monde et la secte transhumaniste qui lui est intimement liée, procèdent, la première, de Satan, et la deuxième, du Titan Prométhée.
Les réactions sont vives de par le monde à la suite de cette inconcevable cérémonie d’ouverture des J.O. de Paris où l’on a vu la représentation et le déchaînement de tout ce qui constitue la négation de toutes les valeurs que l’Humanité a portées depuis l’aube des temps de quelque religion ou contrée qu’on se réclame : le beau, le bien, la bravoure, le panache, le sens de l’amitié, l’amour de son pays, de sa terre, de ses traditions, de son patrimoine, le respect de la nature et de sa nature, celui de sa naissance, de sa personne, de ses origines et de ses ancêtres, celui de ses enfants,le désintéressement, le don de soi, la compassion et, particulièrement, en ce qui concerne la France et Paris, parce qu’il s’agissait de donner en représentation ces valeurs-là, à cette occasion-là: l’élégance et la distinction de ses femmes et de ses hommes, la beauté de son architecture millénaire, de ses paysages, de ses régions, de sa culture qui a envoûté le monde, de sa langue, de son histoire… Bref, à l’énoncé de ces valeurs immuables qui fondent une civilisation, on se dit que la bonne idée aurait été de faire appel pour cette organisation aux équipes du Puy-du-Fou qui ont montré leur compétence en ce domaine, savoir-faire qui les a rendus célèbres dans le monde entier.
Les coupeurs de tête
Je ne reviendrai pas sur les abominations qui ont ponctué cette cérémonie, tout le monde les a dénoncées, sauf, peut-être, l’une d’elles, qui est passée presque inaperçue mais dont la répétition en de nombreuses circonstances et la sauvagerie même du geste ne cesse de m’interpeller.
On sait que la communauté du spectacle est particulièrement visée et choyée par la secte mondialiste, du fait de son influence sur les esprits faibles (les idolâtres, les « fans »), et les saltimbanques sont sommés, sous peine de ne plus exister, d’adhérer à l’adoration de Satan ; j’en ai déjà fait état dans d’autres circonstances et articles, et je ne reviendrai pas sur les prestations des trois étranges chanteuses qui ont été sollicitées pour se produire (à grands frais payés par le contribuable) à cette occasion.
En revanche, et c’est là où je veux en venir, on voit, à plusieurs reprises, certains des acteurs de cette mascarade effectuer un geste qui ne laisse aucune place au doute, celui de trancher la gorge (geste, bien sûr, tout à fait amical et élégant, nous dirait l’AFP factuel si on interrogeait sur le sujet cette officine de « vérification »).
- Première séquence : le danseur-étoile Germain Louvet qui fait le mouvement de se trancher la gorge en se penchant sur la petite fille qui fait partie du spectacle et qui effectue le même geste (2). Qui est cette petite fille? Qui sont ses parents qui ont accepté de la salir dans cette incroyable scène?
Dans un article (3) de la presse « people », tellement complaisant qu’il en devient franchement risible, on apprend que ce jeune garçon (qui laisse apparaître un testicule dans la séquence de la représentation de la Cène (4) est en couple avec un journaliste de BFMTV (si, si, il n’y a pas de hasard) nommé Pablo Vivien-Pillaud ; je vous donne un extrait de cet article, juste pour détendre l’atmosphère : « Toujours très proche de sa maman, Pablo l’appelle tous les jours. Et s’entend aussi très bien avec la mère de Germain, qui s’adresse à lui lorsqu’elle ne peut pas joindre son fils. Il éteint son téléphone quand il répète quotidiennement à l’Opéra de 10 heures à 16 heures. Lorsqu’ils se rencontrent, ils viennent d’univers différents, même s’ils gravitent chacun dans des sphères intellos et artistiques. Pablo, qui a travaillé dans des cabinets au ministère de la Culture ou à la mairie de Paris, avant de choisir la voie médiatique, est déjà très engagé à gauche et tous ses amis, dans des cercles militants ». C’est-y pas mignon ? Croiriez-vous que ce freluquet ou son « compagnon » seraient capables d’égorger qui que ce soit ? Evidemment non ; ce geste fait partie de la panoplie des « valeurs » fondatrices républicaines mises en scène avec la représentation, dans cette même cérémonie, de la reine Marie-Antoinette décapitée par les racailles de l’époque, qui tient sa tête dans les mains.
- Deuxième séquence : Où l’on voit le chanteur franco-algérien Slimane faire un simulacre de signe de croix qu’il termine par une mimique d’égorgement ou d’étranglement (5); doit-on penser qu’il y a un rapport d’intention symbolique entre les deux gestes ? Certains se souviennent (il n’y a quand même pas si longtemps) que c’est ce chanteur bêlant (6) qui a représenté la France à l’Eurovision cette année, une manifestation tout aussi mondialiste et satanique que cette cérémonie d’ouverture des J.O.
- Troisième séquence : La chanteuse milliardaire Taylor Swift, parfaitement inconnue, en tout cas des Français, il y a quelques années, qui accomplit ce geste au cours d’un tableau sataniste (7). Je me suis demandé si ce geste de couper la gorge, ou la tête, était une invention locale, française, sortie du cerveau fumeux et fort dérangé des auteurs de ce spectacle, qui faisaient une fois de plus référence à la grande victoire, bien lâche, des gauchistes révolutionnaires de l’époque, ignominie qui va rester dans l’Histoire de France comme l’une des « valeurs » de la naissance de la République : à savoir la « décollation » de la famille royale française, à laquelle il conviendrait légitimement d’ajouter un autre marqueur : le génocide du peuple vendéen par ces mêmes « révolutionnaires » perpétré dans des conditions tout aussi grand-guignolesques (Larousse : Qui est d'une horreur exagérée et invraisemblable) comme, par exemple, les noyades de masse dans la Loire à Nantes (plusieurs milliers en quelques jours), ou les tanneries de peaux humaines après l’écorchement de ces mêmes Vendéens.
En fait, les auteurs de cette cérémonie d’ouverture très « gore » (Larousse : Se dit d'une œuvre de fiction privilégiant les scènes sanglantes) ne pourront même pas se prévaloir d’une « création » originale, l’idée, ou l’ordre, leur venant d’instances supérieures d’origine anglo-saxonne ou américaine, ceux qui dirigent la secte mondialiste-sataniste qui donne le « la » et qui sont les vrais concepteurs de cette cérémonie ; c’est ainsi qu’on voit la nouvelle star mondiale Taylor Swift (qui fait passer la tout aussi sataniste Céline Dion pour une chanteuse de tripot ringarde) faire ce geste d’égorgement dans un spectacle démoniaque.
Wikipedia, qui est devenu partie intégrante du Système, dans son article sur Taylor Swift, sert ici d’officine de vérification: « Dans la perspective de l'élection présidentielle de novembre 2024, une théorie du complot mensongère, soulignant sa forte exposition médiatique et celle de son compagnon Travis Kelce, la présente comme ayant été recrutée par le Pentagone pour promouvoir la réélection du démocrate Joe Biden qu'elle avait soutenu en 2020, au détriment de Donald Trump. »
Tous ces saltimbanques sont-ils obligés de faire ce geste, ou d’autres tout aussi marqués, en signe d’allégeance à la secte sataniste ? La décapitation de la famille royale par les révolutionnaires républicains doit-elle être considérée comme le geste de magie noire qui a scellé le sombre destin de la France et du monde ?
Comme nous l’avons vu à propos des épisodes de pseudo-pandémie ou de l’apparition des pseudo-sables du Sahara, en réalité des épandages chimiques (8), les officines de « vérification » sont montées au créneau pour nous expliquer que ce que nous avons vu n’était qu’une illusion.
On peut constater, en effet, que les promoteurs et les organisateurs de cette cérémonie, le gouvernement et la gauche font le forcing pour tenter de désamorcer la polémique mondiale qui ne cesse de prendre de l'ampleur à propos de cette cérémonie d'ouverture, satanique à l'évidence ; il semble que des milliers de trolls (vraisemblablement bien payés) interviennent sur tous les réseaux sociaux sous divers pseudos pour atténuer les abominations que tout le monde a vues (à moins d'être aveugles) et pour glorifier d'une manière dithyrambique les tombereaux de crachats déversés sur la France et les Français.
Les officines (qui se drapent dans une légitimité pseudo-scientifique) chargées de ramener les dissidents dans le bon chemin politiquement correct et qui sont largement subventionnées pour traquer la vérité, sont sur le pont pour tenter de justifier l'injustifiable telle celle qui édite cet article nauséeux dont l’arrogance, la duplicité et l’hypocrisie n’échapperont à personne (9):
"Quelques poignées de minutes concentrent le gros des critiques et décrivent ce que serait le « wokisme » de la cérémonie. Avant l’évènement, l’affiche des JO défrayait déjà la chronique. On suspectait alors l’« idéologie woke » de vouloir effacer l’histoire de France : or, comme relevé par un journaliste du HuffPost, ces modifications répondent simplement à des exigences posées par le règlement des JO : il convient d’exclure les démonstrations immédiatement religieuses, et de ne pas favoriser de pays".
"Surtout, nous voyons que l’Histoire est tantôt prise à témoin, tantôt oubliée par ceux qui se posent en parangons de sa défense: Marie-Antoinette a bel et bien subi la décollation sous la Terreur et, officiellement, L’Ultima Cena de Da Vinci n’est pas une relique religieuse, entendu strictement, sinon un morceau de patrimoine artistique: il s’agit d’une illustration libre, produite par le peintre (vraisemblablement homosexuel)".
"Plus largement, en analysant le fond des critiques qui visent cette cérémonie, de quoi parle-t-on ? De personnes amoureuses, parfois dans des triangles maintes fois convoqués par la littérature et autres arts, d’artistes sur scène, de performances qui mettent à l’honneur des individus, quel que soit leur genre, quelle que soit leur identité, quelle que soit leur corpulence ou leur coupe de cheveux".
Après le déferlement d’images horribles, nous avons droit à un déchaînement de mépris, de lieux communs, de mensonges et de boniments plus ridicules et malintentionnés les uns que les autres pour tenter d’en minimiser l’impact sur les populations mondiales qu’elles ont profondément choquées.
Silence radio du RN
Nous estimons que les 10 millions de Français qui ont voté pour le RN lors des dernières législatives étaient en droit d’attendre une réponse cinglante sur le déroulement de cette cérémonie, de la part de Marine Le Pen, de Jordan Bardella, ou d’un responsable de ce parti supposé défendre les valeurs traditionnelles de notre pays ; eh bien, que nenni : silence radio, silence journaux et silence télé. Un éditorial de France Info est là pour nous éclairer en nous donnant quelques pistes de recherches :
"Si Marion Maréchal ou la Conférence des évêques de France (CEF) ont semblé irrités (sic) par certaines scènes de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Paris, ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella n'ont exprimé la moindre critique".
En réalité, ce n'est pas si surprenant. D'après une source qui la connaît bien, des hommes qui s’embrassent, ce n’est pas un sujet pour Marine Le Pen. Un trouple ? La belle affaire. La présidente du groupe à l’Assemblée a toujours dit : chez nous, chacun est libre sur les questions de société. En mars, pour la constitutionnalisation de l’IVG, elle vote pour, mais accepte que 24 députés RN votent contre. […] Jordan Bardella, président du RN est sans doute plus conservateur. A-t-il été invité à se taire cette fois-ci ? Impossible de l’affirmer, mais impossible de l’exclure. Un sondage IFOP pour Têtu avant la présidentielle de 2022 montrait que l’électorat LGBT au RN dépassait la moyenne nationale. Le plus gros score était promis à Emmanuel Macron : 22%, suivi directement par Marine Le Pen : 17% (10). Loin devant les 4% d’Anne Hidalgo au PS. D'autres en Europe, Geert Wilders notamment, le Premier ministre néerlandais, défend d’habitude les gays comme pour prolonger sa position anti-musulman. Mais cette fois, la cérémonie d’ouverture l’a fait sortir de ses gonds ! De quoi rendre encore plus assourdissant le silence du duo Le Pen/Bardella (France Info, Renaud Dély, 30 juillet 2024).
Nous avons déjà souligné l’accointance des personnalités du RN avec la secte transhumaniste (11) par l’intermédiaire de son représentant français, Laurent Alexandre, qui tient ici des propos complètement délirants (12).
Le journaliste Richard Boutry, que nous avons maintes fois cité dans nos articles en reproduisant ses mini-vidéos, dans sa récente « Minute de Ricardo » intitulée: J.O. : pourquoi un tel silence de Le Pen et Bardella (13) ? condamne lui aussi ce désengagement des « ir-responsables » RN sur un sujet aussi polémique qui illustre assez bien l’attitude adoptée par ce parti depuis sa volonté de se « dédiaboliser » et d’être reconnu par le Système sans autre ambition que d’y placer ses pions et d’y conserver ses prébendes, et non de représenter ses électeurs.
Ricardo conclut sa vidéo en reprenant la fin de mon article sur les J.O. (14): "Résistance ! Seul, un petit groupe réussira à se tenir debout au milieu des ruines, comme l’ont fait en d’autres temps, les Spartiates des Thermopyles, les Francs, les Burgondes et les Aquitains de Charles Martel à la bataille de Poitiers, les légionnaires de Camerone ou les paras de Diên Biên Phu".
Juste pour l’honneur ? Non, pour préparer le nouveau monde quand celui-ci, dans lequel nous survivons, rendra son dernier soupir. »
Apparition mariale !
Pour conclure, face à l’impéritie et à la lâcheté de nos politiciens RN, parce qu’il n’y avait aucun autre parti qui avait la légitimité de le faire, dont c’était le devoir absolu de défendre l’honneur des Français et de la France devant une telle humiliation à la face du monde, constituée par cette mascarade décadente transgenre qui a choqué des milliards de personnes et a donné de notre pays et de notre peuple une image dégradante et maintenant dégradée, il fallait bien que quelqu’un se lève et ose dire tout haut ce que la grande majorité des Français en pensaient.
Nous avons trouvé cette personne qui a surgi opportunément, miraculeusement, dans le paysage médiatique des réseaux sociaux et qui a su trouver les mots justes et fermes pour dénoncer clairement et avec détermination cet attentat à la dignité de la France qu’a constitué cette « cérémonie » satanique.
Merci, madame ! Vous êtes apparue comme une madone pour vous dresser seule contre ce flétrissement de nos valeurs les plus essentielles et porter courageusement le drapeau de notre pays. Ecoutons-la (15).
Pierre-Emile Blairon
Notes:
- (1) Selon le Larousse : « Être ou objet bizarre composé de parties disparates, formant un ensemble sans unité. »
- (2) https://www.facebook.com/reel/499369619295166
- (3) https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/interview-germai...
- (4) photo en pj
- (5) https://www.facebook.com/Vive.la.resistance.dissidence/videos/1035574061240539
- (6) Oui, bêlant comme ces pauvres moutons égorgés sans étourdissement un peu partout en France, baignant dans des mares de sang, lors de la fête de l’Aïd-El-Kébir.
- (7) https://www.facebook.com/reel/454249607452985
- (8) http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/07/22/j-aime-l-odeur-du-napalm-au-petit-matin-a-propos-des-epandages-chimiques-e.html
- (9) https://theconversation.com/ceremonie-douverture-des-jo-quest-ce-que-ce-wokisme-tant-critique-235707
- (10) Ce pourcentage élevé de l’électorat LGBTQ a quelque chance d’être en proportion avec le nombre de députés RN eux-mêmes sympathisants de ce même mouvement.
- (11) http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/02/23/traditionalistes-contre-globalistes-le-grand-chambardement-planetaire.html
- (12) https://www.facebook.com/reel/1011941403502420
- (13) https://www.laminutedericardo.com/LMDR/jo-pourquoi-un-tel-silence-de-lepen-et-bardella/
- (14) http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/07/28/j-o-de-paris-le-spectacle-de-la-fin-des-temps-et-celui-de-la-honte-pour-la.html
- (15) https://x.com/MickaelLaffont/status/1818655358673424836
19:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, paris, france, europe, affaires européennes, jeux olympiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Réalité et fiction derrière l'assassinat de Haniyeh
Réalité et fiction derrière l'assassinat de Haniyeh
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/la-realta-e-la-finzione-dietro-luccisione-di-haniyeh/
Ismayl Haniyeh, l'un des dirigeants politiques du Hamas, peut-être (mais le "peut-être" est de rigueur étant donné la structure complexe de l'organisation) le plus important, a été tué suite à un raid israélien. Il se trouvait à Téhéran pour la cérémonie de prestation de serment du nouveau président de la République islamique, Masoud Pezeshkian.
Une roquette l'a atteint dans la maison où il se trouvait. Une roquette partie, selon des sources officielles, de l'extérieur du territoire iranien. Un euphémisme diplomatique pour dire d'Israël. Ou, pire encore, d'une base israélienne située dans un pays voisin. Et je dis "pire" parce que cela impliquerait des développements dangereux dans toute la région.
Les FDI se taisent. Comme toujours, elle ne confirme ni n'infirme sa responsabilité. Il en va de même pour le département d'État américain. Il se limite à confirmer qu'en cas de guerre, il interviendra aux côtés de Jérusalem. Ce qui est donc en soi une confirmation claire de la responsabilité de l'attentat.
L'élimination de Haniyeh répond parfaitement à la logique avec laquelle le gouvernement Nethanyau conduit la guerre de Gaza. L'objectif avoué est l'anéantissement du Hamas. Ou, du moins, de tous ses cadres dirigeants, ainsi que la dissolution de ses milices.
Rien de nouveau, donc. En revanche, ce qui s'est passé à Téhéran démontre la futilité de toutes les négociations en cours pour obtenir une trêve, même temporaire, à Gaza. Tout accord entre deux entités dont le but est l'anéantissement mutuel est impossible. Surtout quand l'une des deux, disposant d'un avantage militaire et stratégique certain, vise cet objectif à court terme. Et utilise tous les moyens, même ceux considérés comme illicites par les conventions internationales (qui ont toujours été du vent), pour y parvenir.
En somme, Nethanyau tire tout droit. Et toutes les rencontres diplomatiques proposées par Washington, impliquant le Qatar, l'Egypte et d'autres, ne sont qu'un écran de fumée.
La fumée d'une hypocrisie généralisée. Tout le monde, vraiment tout le monde, ne peut pas ignorer que Tsahal, les forces armées israéliennes, ne cesseront pas leur action tant qu'elles n'auront pas complètement anéanti le Hamas. Et, vraisemblablement, transformé la bande de Gaza en un no man's land totalement neutralisé. Dans lequel on prépare d'ailleurs l'implantation de nouvelles colonies juives, qui feraient office de ceinture de protection.
D'où l'embarras, les silences hypocrites des différents dirigeants occidentaux lors de leurs rencontres avec Nethanyau. Comme celle, récente, avec Giorgia Meloni.
Ils savent. Mais ils font semblant de ne pas savoir. En fait, ils soutiennent une action radicale qui, au-delà des paroles occasionnelles de l'habituel Blinken, bénéficie du plein soutien de Washington.
Par ailleurs, ce qui s'est passé à Téhéran est encore plus grave. D'abord parce qu'il montre, une fois de plus, comment Israël, et plus généralement l'Occident collectif, n'hésitent pas à frapper n'importe où, même sur le territoire de pays tiers, si cela correspond à leurs intérêts stratégiques. Au mépris de toutes les règles des relations internationales. Comme en témoigne, pour ne citer que quelques exemples, l'attentat qui a coûté la vie à un général des Pasdarans dans l'ambassade d'Iran à Damas. Ou encore l'élimination, par un drone américain, du général Suleymani.
Bref, les règles s'appliquent aux autres. Lesquels, s'ils ne les respectent pas, sont qualifiés d'"États voyous". Et soumis à des embargos et des sanctions.
Nous, l'Occident, en sommes exemptés. Et nous pouvons agir en utilisant n'importe quel instrument.
Cependant, l'élimination de Haniyeh a un aspect encore plus grave. Et jusqu'à présent très peu souligné.
Les Israéliens auraient pu procéder à son élimination depuis longtemps. Et dans une autre situation. Mais ils ont choisi de le faire alors qu'il se trouvait à Téhéran, sous les feux de la rampe internationale à l'occasion de la désignation d'un nouveau président. Un président, Pezeshkian, considéré, à tort ou à raison, comme un modéré et un "moderniste". Certainement l'expression de ces pans de la société iranienne qui voudraient renouer le dialogue avec l'Occident, notamment sur le plan économique.
Une possibilité sur laquelle une pierre tombale a été posée. Car aucun dirigeant iranien ne pourrait jamais accepter une telle violation de la souveraineté nationale.
Au contraire, il est clair que l'assassinat de Haniyeh peut représenter un pas de plus vers un choc frontal entre Israël et l'Iran. Ce qui entraînerait l'intervention inévitable, et d'ailleurs annoncée, des États-Unis. Et une déflagration dans tout le Moyen-Orient.
17:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, hamas, palestine, iran, ismayl haniyeh, proche-orient | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La route de la soie chinoise s'étend à l'Amérique latine
La route de la soie chinoise s'étend à l'Amérique latine
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/la-via-della-seta-cinese-si-espande-in-america-latina/
Xi Jinping ? Un adepte de la politique culturelle du ministre napolitain des cérémonies. C'en est fini de la banalité de la chronologie. Jules César a été inspiré par Napoléon et Marco Polo a découvert l'Amérique. Du moins celle du sud et du centre. Ainsi, la Route de la soie, annulée par le ministre italien des affaires étrangères Antonio Tajani pour plaire à Washington, refait surface en Amérique latine, avec des accords ad hoc entre Pékin et 22 pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
L'année dernière, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Amérique latine a atteint 500 milliards de dollars, mais surtout, la coopération économique s'est étendue des secteurs traditionnels - à commencer par l'alimentation - à des secteurs plus innovants, les technologies de pointe et les énergies renouvelables.
Une collaboration de plus en plus étroite qui agace au plus haut point les Américains et leurs larbins européens. Car il est clair que Pékin cherche à diversifier et à augmenter non pas tant les fournisseurs de matières premières, mais surtout les marchés de débouchés pour ses produits. Avec la conscience que la servilité européenne à l'égard de Washington pénalisera les relations entre Pékin et le Vieux Continent. Il faut donc d'autres pays amis, intéressés par des produits chinois qui ne sont pas de grande qualité mais dont le prix est compatible avec les revenus de la population.
Ce n'est pas un hasard si les politiques de l'Occident collectif en Afrique ont augmenté la part de la population qui ne peut pas se nourrir alors que la pénétration chinoise en Amérique latine s'est accompagnée d'une réduction des strates de la population qui risquent de mourir de faim. Une offensive, celle de la Chine, qui s'est intensifiée au cours des dix dernières années. Avec également les initiatives liées à une Route de la Soie de plus en plus globale.
Le ministre italien pourra désormais expliquer qu'Alexandre le Grand est parti pour l'Asie en suivant les cartes de Marco Polo et de Magellan...
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samedi, 03 août 2024
Au-delà de cet Occident nihiliste
Au-delà de cet Occident nihiliste
Carlos X. Blanco
Source: https://www.revistacontratiempo.com.ar/blanco_occidente_nihilista.htm
Les peuples d'Europe occidentale marchent docilement vers l'abattoir. Les célèbres « experts » du totalitarisme (verbi gratia, Hannah Arendt) se sont demandé comment ces masses de prisonniers dans les camps de concentration créés par les nazis, masses domestiquées, se livraient à un sacrifice certain sans presque aucune résistance, à l'exception de quelques cas dans des épisodes spécifiques. Il était évident que les individus condamnés à mort avaient préalablement subi un processus de déshumanisation, qu'ils avaient été « assassinés dans la vie », c'est-à-dire dépouillés de leur contexte moral, juridique et ontologique: par le traitement annihilant reçu avant leur élimination physique, d'autres suppressions, non moins transcendantes que la suppression de la vie biologique, avaient eu lieu.
Or, ce même concept de totalitarisme, qui renvoie à une déification de l'État (« tout dans l'État, tout par l'État, rien sans l'État »), dans lequel l'individu est abaissé et supprimé devant un énorme Léviathan, est un concept qu'il faut corriger si l'on veut l'appliquer pleinement au monde d'aujourd'hui, qui est celui du deuxième tiers du 21ème siècle, la fraction de siècle qui s'ouvre. Il existe aujourd'hui un totalitarisme dans le monde occidental, même s'il n'est pas exactement de la même nature que celui d'Hitler ou de Staline. Le camp de concentration est vaste: c'est l'Occident tout entier. Les sujets en voie de soumission totale et d'anéantissement se comptent par millions.
La soumission de l'individu « marqué » (ethniquement, politiquement, sanitairement, etc.), telle qu'elle a été pratiquée sous le nazisme ou le stalinisme, est aujourd'hui la soumission de l'individu européen occidental en tant que membre d'un Peuple. Ce sont les peuples d'Europe qui, comme je l'ai déjà dit, marchent vers leur sacrifice une fois qu'on leur a interdit d'exister en tant que peuples. Ils peuvent nous faire disparaître sous une catastrophe nucléaire. Les individus seront bientôt sacrifiés, si Dieu n'y fait rien, dans une généralisation folle du conflit ukrainien, par la mort sacrificielle des peuples auxquels ils appartiennent. Cette mort des nations et des peuples a déjà eu lieu.
Il n'y a plus d'Espagnols, plus de Français, plus d'Italiens. Il n'y a plus d'Allemands, plus de Néerlandais, encore moins de Grecs ou de Tchèques, etc. Il n'y a que des individus administrés par une Union européenne - U.E. - despotique, qui renouvelle périodiquement ses diktats - il serait exagéré de parler de « lois » - au mépris de la souveraineté et de la constitution de ses « Etats membres » et pour s'élever au-dessus de la volonté exprimée par ses peuples.
L'UE, qui est en réalité le centre de contrôle et de coordination de puissants lobbies mondiaux, est soutenue par la super-bourgeoisie européenne, à la solde de la super-élite mondiale, principalement américaine, à laquelle elle est subordonnée. La super-bourgeoisie européenne, de plus en plus « locale » et subalterne, a depuis longtemps abdiqué sa volonté de maintenir une ligne autonome. Elle a préféré se déseuropéaniser et donc déseuropéaniser le continent. Comme la noblesse de la Renaissance, la super-bourgeoisie européenne a capitulé. Comme cette classe du 15ème siècle, vaincue par les monarques autoritaires et centralisateurs de la Renaissance, reconvertie en classe « oisive » (Thorstein Veblen), ornementale et honorifique, la noblesse moderne n'a été guerrière et exécutive que dans la mesure où elle est devenue le toutou du roi, employée à ses ordres.
De même, il n'existe plus aujourd'hui de bourgeoisie pertinente en Europe occidentale. Ce sont des employés de luxe des grands fonds spéculatifs, des courtisanes et des concubines, des agents de représentation, des employés bien payés, principalement contrôlés par des sionistes ou des milliardaires américains étroitement liés à ces groupes sionistes.
Le noble féodal devient courtisan à la renaissance parce qu'il a déjà perdu son pouvoir dans « les dernières décisions ». De même, le bourgeois et le super-bourgeois d'Europe préfère ne plus avoir de « patrie », parce que sa patrie est le capital et que ses capitaux sont contrôlés de l'extérieur. Il siège au conseil d'administration d'une banque, d'une compagnie d'électricité, d'un géant de l'immobilier, d'une multinationale, mais il n'est qu'un visage, un nom, une marionnette humaine pilotée par un Capital qui ne vit pas en Europe et ne « pense » pas en Europe.
Ce que j'ai dit, le phénomène à peine crédible et à peine perçu dans notre singulière grotte platonicienne, c'est-à-dire que l'Europe n'existe pratiquement plus en tant que centre économico-politique, a une date très précise : l'année 1945. Hitler et son régime criminel sont tombés à temps. Mais c'est aussi toute l'Europe qui est tombée avec eux. La désouverainisation commence par être économique, mais elle se produit dans de nombreux domaines, et elle devient toujours ostensible et explicable en tant que conséquence d'une occupation militaire. Soviétique d'un côté, Yankee de l'autre. Sur le plan économique, le néolibéralisme le plus féroce, étranger à la trajectoire de l'Europe non anglo-saxonne, a été imposé « par le haut ». Il l'a fait contre les préceptes de la plupart des États de notre sous-continent qui, d'une manière ou d'une autre et en dehors de la tradition anglo-saxonne, incluaient des allusions à l'« État social », au protectionnisme corporatiste, au « bien-être général », au bonheur et à la santé de leurs peuples. Tout cela avec des formules différentes, mais en garantissant un contrôle de l'économie toujours sous la tutelle et la responsabilité de l'État.
L'Union européenne est devenue le pire ennemi des traditions constitutionnelles et, en général, politiques de l'Europe occidentale. Son comportement au cours des dernières décennies met en lumière ses véritables origines: l'occupation d'après 1945. Après l'échec de l'UE en tant que fédération dotée de sa propre constitution, orchestrée en réalité comme un « club » ou une association de pays, la dérive despotique de l'Union elle-même a consisté en une imposition progressive de cadres juridiques anticonstitutionnels, toujours orientés dans la même direction: déposséder les gouvernements des différents peuples d'Europe de tous les mécanismes monétaires, fiscaux, tarifaires, de planification et d'investissement, laisser les États nationaux sans défense et les déposséder de tous les dispositifs visant à garantir leur autosuffisance et leur développement autocentré.
Il est d'ailleurs logique qu'il en soit ainsi. La création d'une « souveraineté » européiste dans un sous-continent militairement occupé sur sa frange occidentale par les Yankees n'a été qu'un outil de ces mêmes occupants pour remplir leurs caisses. Le cours du temps est comme le mouvement d'un rideau de théâtre que l'on tire et qui révèle au monde entier ce qui y était caché. Une grande farce s'y cachait: la farce créée par les Etats-Unis à la fin de leur occupation de l'Europe occidentale en 1945: l'« aide » et la « reconstruction » de cette partie du monde n'avaient d'autre but que de capter des profits et de les reverser au Nouveau Monde, et de subordonner à jamais toute la pléthore de petits pays d'un « Vieux » Monde, de plus en plus vieux.
La pléthore de petits pays, chacun déjà nain par lui-même: voilà ce qu'est devenue l'Europe de l'Ouest. Les États-Unis d'Amérique ne sont entrés en guerre qu'après s'être enrichis en vendant des fournitures non seulement aux pays de leur camp, les « Alliés », mais aussi aux soi-disant « totalitarismes », qu'ils soient nazis ou bolcheviques. C'est un fait historique qui donne de l'urticaire à des milliers de libéraux pro-yankees. Ils ne veulent pas le savoir, ils ne veulent pas le divulguer. L'État, champion du « monde libre », n'a eu aucun scrupule à faire prévaloir l'autosatisfaction économique sur les choix idéologiques, qu'ils soient rouges ou bruns. Le Gardien de la Liberté, concept qu'il est venu déifier avec son immense statue à New York, fut aussi la mamelle des totalitarismes qu'il alla successivement combattre, après les avoir nourris: l'Allemagne d'abord, l'URSS ensuite: au moment où l'Empire britannique s'effondrait dans le conflit contre Hitler, les Yankees apparaissaient comme les héritiers et en même temps les successeurs de cet Empire anglo-saxon, les garants et les gardiens de la Liberté.
Avec l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale et l'effondrement de l'Empire britannique qui s'ensuivit, un schéma d'une grande portée historique se répéta: la subordination d'un Empire à un autre. L'arrivée des Bourbons à Madrid (Philippe V est arrivé dans la capitale espagnole en 1701, bien que le traité d'Utrecht, après une longue guerre de succession, ne soit signé en 1713) signifiait la subordination de l'empire espagnol, alors gigantesque, à la puissance française déjà gigantesque. L'empire subordonné était voué à s'effondrer peu à peu sur le plan économique et, à long terme, sur le plan politique et militaire. Un empire subordonné à un autre est une sorte de colonie géante: existant sous une forme décapitée et instrumentalisée, il n'a d'autre issue que sa désintégration finale. Il commence à être traité comme un simple butin de l'empire principal, car il renonce à son essence. Lorsque Napoléon reçut le trône de Madrid des mains des Bourbons espagnols imbéciles, l'empire hispanique ne pouvait que s'effondrer et se décomposer. Et avant cela, les élites espagnoles avaient déjà été contaminées par la francisation.
Enfin, à partir de 1945, les Américains ont stimulé dans le monde entier le discrédit des systèmes coloniaux européens en Asie, en Afrique, en Amérique et en Europe occidentale elle-même, en tant que concept. Dans de nombreux cas, ce discrédit était justifié, car les peuples indigènes des colonies, dotés tout au long du 20ème siècle d'une conscience identitaire croissante, n'ont vu dans les grandes guerres européennes qu'un « massacre tribal », bien plus cruel et à une échelle bien plus grande que ce qu'eux-mêmes, les indigènes de la périphérie, avaient subi ou entretenu. Les fausses leçons de morale du 19ème siècle (« élever les indigènes au niveau de la civilisation ») ne pouvaient plus être valables au 20ème siècle. Les maîtres d'esclaves à la peau blanche, le fouet dans une main et la Bible dans l'autre, n'étaient plus là pour faire la leçon aux gens d'une autre couleur. Loin en Europe, les maîtres s'étaient entretués de manière barbare, même si la « jeune nation » américaine pouvait les aider à s'émanciper (lorsque l'influence soviétique ou chinoise était lointaine ou avait été neutralisée à temps).
L'Europe « reconstruite » devait se débrouiller avec le dollar, sans les colonies et sans le prestige de la période impériale historique précédente. Une main sombre, presque invisible, a traversé toutes les rébellions indigènes, et cette main n'est pas toujours venue de Moscou ou de Pékin, les capitales rouges, mais s'est également étendue à Washington. L'Europe reconstruite après 1945 devait être l'Europe des petites entités impuissantes, ayant un besoin urgent d'une refonte idéologique de leur propre passé et de leur propre identité, afin de les amener à converger, bien que par la force et l'artifice, avec l'imaginaire américain d'une Jérusalem céleste, l'utopie d'une oasis de liberté. Pour créer cette convergence, ce conglomérat de l'Occident collectif, de nombreux termes fantastiques ont été inventés: le « monde libre » (W. Churchill) ou la « société ouverte » (K. Popper). Aujourd'hui, de manière dérisoire et avec sa tenue de camouflage littéralement enfilée, Josep Borrell remet le concept au goût du jour avec son fameux « jardin ». L'Europe, dit-il, est un beau jardin. Tout le reste, c'est la jungle.
Mais en réalité, le jardin européen n'est pas le jardin d'Eden, où les hommes et les femmes vivent en toute innocence dans un monde nouveau, frais, quasi divin. C'est plutôt la cage de fer créée par les Américains depuis 1945, condamnée à porter, par contraste, l'étiquette « Ancien Monde ». Peu importe que les États-Unis soient, plus que tout autre, une gérontocratie (Biden n'est plus un jeune homme). Peu importe que ses infrastructures publiques s'effondrent et que ses habitants soient zombifiés par le fentanyl et le consumérisme. Mais l'Europe, c'est « l'ancienne ».
Qu'est devenue l'Europe de la pax americana? Un monde dans lequel, disent nos bergers et leurs laquais, il faudra faire preuve de la plus grande vigilance. Les Américains, ne l'oublions pas, sont là depuis 1945, « pour nous protéger de nous-mêmes, nous les Européens ». Toute résurgence des peuples, qualifiée de populiste, de nationaliste, d'eurosceptique, etc. sera automatiquement alignée, voire assimilée, au nazisme vaincu en 1945. Quant à la gauche, avant même l'effondrement du bloc soviétique, cet ensemble de forces politiques et sociales, celles-là mêmes qui se présentaient explicitement comme communistes et révolutionnaires, a été désactivé dans son potentiel souverainiste et donc anti-américain. Les services secrets yankees ont embauché et recruté des intellectuels européens de gauche influents et, avec des dollars en poche et de nombreuses tapes dans le dos, l'idéologie révolutionnaire et même la revendication socialiste modérée d'un État social et d'une répartition équitable des richesses ont été remplacées par la plus yankee des alternatives: la revendication des « droits civiques ».
Il est bien connu que l'individualisme absolu qui triomphe dans la sphère anglo-saxonne est incapable de générer une véritable gauche avec des approches communistes, socialistes ou communautaires. Ils sont toujours restés ancrés dans leurs revendications individualistes de droits civiques. Les pays qui ont incubé le virus du libéralisme, principalement le Royaume-Uni et les États-Unis, ne peuvent comprendre et admettre les changements globaux d'une société qu'à travers des changements législatifs qui profitent à un collectif particulier, un secteur doté d'une identité abstraite qui le délimite par une qualité concrète, au-delà de l'organicité sociale. Les femmes, les Noirs, les homosexuels, les transsexuels, les migrants... Tous ces groupes ne sont que des « collectifs » sociologiques abstraits. Chacun d'entre eux appartient à une classe sociale différente, et tous manquent de force mobilisatrice en soi, au-delà des subventions reçues artificiellement. Cette façon abstraite de procéder est ce que j'ai appelé, dans des articles et des livres précédents, la « gauche identitaire ».
Une telle gauche identitaire était inconcevable en Europe avant la grande période d'après-guerre entre 1945 et 1989. Tout véritable dirigeant de gauche aurait qualifié ces mouvements de type anglo-saxon, les mouvements pour les droits civiques, de contre-révolutionnaires et de réactionnaires, comme ils l'étaient, sans fard. Une grande femme d'affaires ou une banquière n'est pas une femme qui va changer le monde... « pour le mieux ». Un riche Noir peut faire très peu pour les Noirs pauvres, et il n'est pas rare qu'il commette, très probablement, de nombreux abus à l'encontre du prolétariat, blanc ou autre. Un gay ou un trans peut vivre au sein de la bourgeoisie la plus bohème et il lui est facile de penser que le capitalisme lui sourit, qu'il est merveilleux, en disant au pauvre hétérosexuel, à celui qui est bouffé par les dettes et les cafards : « va te faire foutre... ». Bref : la gauche identitaire est intrinsèquement égoïste, elle pense dans la petite redoute abstraite à laquelle une pensée made in USA nous a habitués.
C'est la pensée sociologique néo-positiviste, et aussi la pensée post-moderne, qui pense en termes de « constructions ». Un type de pensée abstraite, très typique des milieux académiques déconnectés de la réalité, où un « collectif » (comme on le faisait autrefois avec l'analyse factorielle de l'intelligence humaine) est d'abord investi d'une entité statistique, puis, par une sorte d'animisme, d'un supposé pouvoir réel d'agir et de transformer le monde. Les Noirs de Black Lives Matter n'ont réussi qu'à briser des statues, ils ne généreront jamais un monde nouveau. De même, les collectifs LGTBIQ+ ne parviendront, s'ils continuent dans cette voie, qu'à complexifier et diffuser la liste des « crimes de haine », mais ils ne construiront certainement pas, avec leur Inquisition, un monde nouveau et meilleur. Rien n'est plus ancien que l'Inquisition.
La gauche « progressiste » et le néolibéralisme sont des idéologies occidentales qui ont perdu le contact avec la réalité. Une réalité, celle de la Totalité sociale, qui est en elle-même organique, traversée par des luttes de classes. Les classes moyennes, ouvrières et paysannes d'Europe sont condamnées à continuer à voir leur petite patrie et leur patrie européenne comme une totalité organique, où « les riches », quels que soient leur ethnie et leur sexe, leur orientation sexuelle ou leur croyance, sont riches; donc les ennemis des classes exploitées, qui, pour couronner le tout, sont les classes populaires dont on se moque et que l'on méprise parce qu'elles s'ancrent dans une vieille tradition.
Mais le natif d' Europe se comportera, après tout, comme ce qu'il est, comme un membre d'une classe appauvrie et, par conséquent, son vote et sa rage ne peuvent être contrôlés conformément aux souhaits des minorités privilégiées que le capitalisme, principalement yankee, abrite. La montée des soi-disant « populismes », ou quel que soit le nom que l'on donne à tous les nouveaux partis dits d'extrême droite, xénophobes, souverainistes, eurosceptiques, etc. est entièrement due au vide créé par les forces « progressistes » ou de gauche. Ces forces politiques ont démontré, depuis 1989, qu'elles étaient clairement systémiques. Elles sont pro-système, c'est-à-dire néo-libérales, otanistes, soumises aux diktats d'une petite caste opaque et autoritaire de politiciens de l'U.E. Elles sont ennemies des peuples. En Espagne, par exemple, peu importe que vous votiez pour les socialistes, les conservateurs, la gauche « réveillée » ou les ultras de VOX... Tous ces partis « garantissent » la permanence dans l'OTAN, la soumission à l'empire yankee, l'intégrité de l'Union européenne, l'application de politiques de désouverainisation, l'ingénierie sociale (idéologie du genre, terreur climatique, etc.) et ainsi de suite.
En fin de compte, nous devons être d'accord avec les classiques de la dialectique, Hegel et Marx. La société peut être « découpée » à l'infini par l'entendement abstrait, mais les lois qui régissent son cours, les ruptures, les changements, sont des lois de la société comprise comme un tout organique, un tout qu'il faut connaître et dépasser par la raison, qui est une faculté distincte de l'entendement. La femme est prolétaire ou bourgeoise avant d'être « féministe ». Il en va de même pour le noir ou l'indigène ou tout autre sujet « racialisé »: il est d'abord prolétaire ou bourgeois, et selon sa position dans la Production, il fera partie d'une classe sociale active, apte à changer ou à ne pas changer l'état des choses. Les classes abstraites, détachées de la Réalité-Production, sont au contraire incapables de transformer ou de faire bouger quoi que ce soit. Elles sont le produit de la compréhension la plus abstraite, elles sont le fruit d'un atroce nominalisme radical, qui est le nominalisme importé des universités américaines.
Lorsque le leader de la gauche espagnole Pablo Iglesias, il y a des années, dans son projet raté « Podemos », a rassemblé toute la gauche woke du pays, il n'a pas eu d'autre choix que d'embrasser ce nominalisme abstrait, par la médiation de théories comme celle de Laclau, selon laquelle, en l'absence d'un prolétariat « classique » (classe ouvrière d'usine) dans un Occident post-industriel sans même le soutien symbolique de l'URSS, il était nécessaire de rassembler des pseudo-prolétariats: féministes, migrants, animalistes, séparatistes, collectifs LGTBIQ+, et toute une mosaïque hétéroclite de collectifs dont l'existence, en termes dialectiques, n'est pas réelle, car leur lien avec la Production est purement individuel: une femme chef d'entreprise ou professeur peut se sentir « féministe » en son for intérieur, tout comme une ouvrière modeste ou une femme de ménage qui balaie les escaliers, mais fonctionnellement les deux types de féminismes finiront par être très différents, et la classe abstraite des féministes sera toujours abstraite, définie en termes de subventions et de bannières, incapable de rassembler tous les membres d'une force populaire réelle exploitée sur le lieu de travail. Il en va de même pour les noirs et les hispaniques aux USA, les migrants en Europe, les collectifs « arc-en-ciel » et « Pride Day », etc. La gauche woke, parfaitement représentée par l'Espagnol Pablo Iglesias, est une gauche fonctionnelle au capitalisme, qui collabore avec lui. Discursivement, c'est une gauche qui prétend lutter pour des privilèges et des réparations pour des groupes très spécifiques, définis par une étiquette extérieure: la personne n'est plus, dans cette gauche woke, d'abord et avant tout, une personne membre d'une Communauté, au sens aristotélicien le plus classique. La personne n'existe pas pour la gauche woke: elle n'est plus qu'un individu dans un collectif.
La société dépeinte par cette gauche apparaît atomisée, dans le plus pur goût néolibéral: il y a d'abord et avant tout des individus. Et puis il y a des individus qui « sortent du lot » par quelque trait préalablement victimisé par les médias d'endoctrinement (école, télé, radio, réseaux sociaux...) et qui sont regroupés en collectifs « revendicatifs », ou plutôt en collectifs d'« offensés ». Le problème est qu'il manque à cette gauche woke, appelée différemment selon les pays et les goûts (progressistes, bobos, gauche caviar, etc.) une méthode de reconstruction du Tout: quiconque sort des collectifs identitaires, créés abstraitement par le Système pour attirer votes et subventions, apparaît comme un spécimen trop vulgaire et est potentiellement perçu comme un fardeau ou un danger pour le projet néolibéral qu'ils servent.
Le néolibéralisme féroce, privatisant et asocial, qu'il s'agisse de celui de Milei ou du néolibéralisme « progressiste » de la gauche woke, est de nature identique. Ils partagent la même substance : il n'y a pas de Communauté pour eux. Il n'y a pas de Totalité organique à laquelle la personne se rattache. L'ensemble des partis systémiques, à l'exception de ceux qui reçoivent l'étiquette anti-systémique (« populistes », etc.), sont des partis qui sous-tendent un Empire Yankee unipolaire, entouré d'un noyau dur intérieur (l'Anglosphère), et dans une couche plus gélatineuse et en voie de décomposition, une périphérie colonisée qui rampe sous des noms divers : Amérique Latine, Union Européenne, « tigres asiatiques », etc.
Le projet de base des partis systémiques, tous néolibéraux, est l'absence de projet. Le nihilisme. Le populisme néolibéral de Javier Milei est le même que celui de Pedro Sánchez, Pablo Iglesias ou Santiago Abascal. Le fait qu'il existe des aides et des subventions pour certains collectifs de « nouveaux activistes » n'a aucune importance. Par exemple, l'argent alloué en Espagne à d'innombrables Marocains vivant dans le pays, et même à l'extérieur, est une garantie de votes pour la « gauche », mais personne n'est sûr que la droite, si hostile aux « paguitas », fermera théoriquement le robinet de l'argent face à la soumission géopolitique de l'Espagne à l'axe USA-Israël-Maroc. En fin de compte, le système a besoin de créer ses collectifs pour manipuler la lutte des classes et la neutraliser. Que la « tronçonneuse » néolibérale existe ou non, les cadres géopolitiques de soumission aux puissances hégémoniques demeureront toujours, et aucun des lobbies de captation de voix ne changera cet état de fait d'un iota.
L'Occident ne reconnaît plus l'existence des peuples (ou des nations). Il ne reconnaît que des « individus », qui ne sont à leur tour que des ensembles de données dont on peut tirer un profit quelconque. A l'exploitation du travail, de plus en plus stratifiée à l'échelle internationale (avec une hiérarchie entre étrangers exploitables « légalement » et étrangers exploitables « illégalement »), s'ajoute toute une exploitation numérique de l'individu, qui s'est considérablement accrue lors de la pandémie de COVID-19. Les grandes entreprises technologiques (GAFAM et autres) ont rassemblé les troupeaux humains de l'Occident, avec la collaboration nécessaire et coercitive des Etats, et se sont consacrées à la « traite » des données, même des enfants, favorisant ainsi des sociétés de plus en plus manipulées, espionnées, individualistes et lâches.
Le contexte laissé par la pandémie est idéal pour les grands groupes qui gouvernent les destinées de cette partie du monde (Forum de Davos, Groupe Bilderberg, FMI, etc.), et tout porte à croire qu'il s'agit d'un contexte recherché, planifié, conçu expressément pour augmenter les taux de plus-value. Le contexte est celui d'un mode de production capitaliste fortement financiarisé, c'est-à-dire fortement déconnecté de la Réalité, qui en économie signifie : « Production ». Si nous avons souligné plus haut que les différents partis et idéologies occidentaux étaient coupables d'une déconnexion avec la réalité (au niveau des superstructures), il faut maintenant dire la même chose au niveau des structures économiques. Les grands capitaux occidentaux sont devenus ultra-concentrés: quelques sociétés spéculatives, qui gèrent des fonds d'investissement (BlackRock, Vanguard, etc.), sont propriétaires des grandes entreprises transnationales, qui sont elles-mêmes propriétaires d'une multitude d'entreprises moyennes et petites. Les actionnaires de chacun de ces fonds possèdent à leur tour de nombreuses actions dans les autres fonds, ce qui indique que l'Occident est entre les mains de très peu d'individus, de familles et de castes, très réduites en nombre, et que le rayon d'influence de leur capital est énorme, touchant l'« industrie du divertissement » (qui inclut déjà le secteur de l'information, en grande partie fausse et manipulée), les grandes lignes de l'éducation et de la manipulation mentale, l'industrie de l'armement, l'industrie de l'énergie, etc.
Ces puissants ne forment plus vraiment une classe. Quand aujourd'hui certains marxistes parlent, dans une paléolangue de plus en plus ridicule, du « pouvoir de la bourgeoisie », ces voix semblent ignorer que la bourgeoisie nationale elle-même, et même la bourgeoisie d'élite à l'échelle européenne, n'est plus une classe « souveraine » au sens productif du terme. Depuis l'occupation militaire d'après 1945, l'élite bourgeoise européenne « autochtone » est devenue clientéliste ou courtisane du capital nord-américain, de la même manière qu'auparavant, la bourgeoisie autochtone d'Amérique latine était devenue clientéliste et filiale des métropoles yankees ou européennes. Le schéma d'une théorie économique de la dépendance a été reproduit. Les élites politiques et capitalistes européennes sont dépendantes d'un capital détenu et contrôlé par l'hégémon nord-américain et c'est là, principalement, le facteur explicatif de leur suicide actuel. Ce sont des élites qui mènent les peuples d'Europe à l'abattoir.
Ce que nous appelons le nihilisme est mortel et destructeur pour le navire. L'Europe est le vaisseau de l'idéologie et de la puissance yankee: les peuples européens ont accepté leur nihilité, leur réduction radicale à une bouillie humaine, leur abaissement au statut de fourmilière d'individus solitaires, sans valeurs, totalement déracinés, consuméristes, dépendants de la connectivité technologique, sans foi ni patrie. Il s'agit d'un nihilisme émanant des centres de pouvoir, lisez d'accumulation de la plus-value, qui dirigent les sociétés dans le seul but de les amener au bercail, à l'abattoir, ou de les traire comme force de travail exploitable ou comme données pour l'extraction de la plus-value. Une élite nihiliste, opaque et réduite qui impose le nihilisme et le suicide à ses serfs.
Que regardes-tu l'air si déprimé? J'ai déjà tout.
La logique de l'extraction et de l'accumulation incessante de la plus-value n'est pas la seule logique des autres États qui s'affrontent à l'Occident ou, du moins, s'en éloignent. En Occident, elle est devenue unique et exclusive, et donc suicidaire. Personne ne nie que la Russie, la Chine, l'Inde et les autres pays du BRICS ne sont pas, eux aussi, des pays capitalistes. Ils le sont. Mais en dehors de l'Occident, il y a un retour à la perspective de l'État-nation, et même un retour des civilisations en tant que grands espaces axiologiques, et cela implique une subordination de la logique nihiliste de l'extraction et de l'accumulation à des critères étatiques, disons des critères impériaux. Si c'est l'État qui fait plier les seigneurs de l'argent, si l'État est ce type d'instance dotée d'un pouvoir réel capable de planifier la production, capable de veiller aux espaces de sécurité et d'approvisionnement au profit de ses peuples et de ses valeurs fondamentales... alors nous aurons affaire à quelque chose d'autre, pas au néolibéralisme sauvage de l'Occident, sans idéaliser ces modèles à l'excès. Dans certains pays des BRICS, nous avons le modèle d'un (grand) État-nation au sens classique, inséré dans un système multipolaire, où la coopération dans le respect du droit international (et non des règles arbitraires du « neighborhood bully ») préside à la rencontre de diverses manières d'être et de vivre l'humanité.
L'« Occident », en revanche, est devenu une monstruosité qui cache de plus en plus difficilement toutes les hontes de son hégémon, l'empire américain, héritier néfaste des précédents empires européens (le britannique, tout d'abord). Le monde se soulève contre l'hégémon. Les peuples d'Europe eux-mêmes, tellement anesthésiés et émasculés, commencent à sentir confusément que le monde n'est plus tel que la propagande orchestrée par la CIA, le Mossad, le MI6, etc. l'a enseigné. Ce n'est peut-être pas le vote pour des formations colorées et idéologiquement confuses qui changera vraiment les choses. C'est peut-être l'échange assidu avec les institutions et les collectifs des pays membres du monde multipolaire qui sera la meilleure chose : découvrir que l'hégémon ne représente pas la « Démocratie » ou les « Droits de l'Homme », ni le « Monde Libre » compris unilatéralement et de manière intéressée. Tourner le dos, petit à petit, prudemment et par des actes de souveraineté bien mesurés mais courageux, à cet hégémon yankee sera une véritable découverte pour l'« Occidental ». L'« autre » ne lui est définitivement pas inférieur. Ce « non-Occidental » le lui fera savoir d'une manière ou d'une autre. Les défaites et les crimes de l'OTAN, la fabrication honteuse d'ogives nucléaires et la complicité avec les magnats de l'industrie de la mort américaine seront dévoilés. Là-bas, au-delà du rideau d'acier et de mort que l'OTAN a créé pour nous isoler, il y a toute une série de peuples et d'États qui voient enfin l'occasion rêvée de se débarrasser du joug. L'Oncle Sam fera beaucoup de morts dans sa chute, mais de cet empire nihiliste, comme de tous ceux qui ont été voraces et non constructifs, il n'y aura pas de nostalgie. Au milieu de la peur des champignons nucléaires en Europe, il faut espérer un monde de peuples, un globe diversifié, un système multipolaire de civilisations qui admettent leurs différences et travaillent ensemble dans la paix.
Carlos X. Blanco
Né à Gijón en 1966. Docteur en philosophie (pure). Licence en philosophie et en sciences de l'éducation (sections psychologie et pédagogie). Diplôme extraordinaire et prix de doctorat. Auteur de plus de 50 publications(http://dialnet.unirioja.es/servlet/autor?codigo=31725) et de plusieurs livres (La Luz del Norte, La Caballería Espiritual, Casería y Socialismo, Oswald Spengler y la Europa Fáustica...). Membre du comité scientifique de la revue La Razón Histórica. Revista Hispanoamericana de Historia de las Ideas. Il collabore à la Revista Contratiempo, où il a publié plusieurs essais.
Il a été professeur associé à l'université d'Oviedo et à l'université de Castille-La Manche. Il enseigne à l'Instituto « Maestro Juan de Ávila » à Ciudad Real (Espagne).
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Technologies quantiques: la Russie ne peut rester à la traîne des leaders
Technologies quantiques : la Russie ne peut rester à la traîne des leaders
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/article/kvantovye-tehnologii-rossii-nelzya-otstavat-ot-liderov
(ndlr: si du point de vue russe de Leonid Savin, "le Russie ne peut rester à la traîne, il est évident que cette règle vaut également pour l'Europe. Voilà pourquoi son texte mérite lecture et doit servir, le cas échéant, de source d'inspiration).
Au début du mois de juillet de cette année, deux événements ont retenu l'attention. À Bruxelles, la Communauté quantique transatlantique a tenu sa première réunion virtuelle. Elle réunit des experts en physique quantique issus de gouvernements nationaux, de l'industrie, du monde universitaire, d'organismes de financement et d'instituts de recherche. De son côté, l'Accélérateur d'innovation pour la défense de l'OTAN (DIANA) a annoncé une nouvelle série d'objectifs dans le cadre d'un programme visant à soutenir les jeunes entreprises dans le domaine du « développement de technologies à double usage pour répondre aux défis critiques en matière de sécurité » [i].
Il s'avère que l'OTAN a aujourd'hui besoin de meilleures technologies pour répondre à des questions telles que l'énergie, la sécurité des données et de l'information, la détection et la surveillance, la santé et les performances humaines, ainsi que les infrastructures critiques et la logistique [ii]. Le centre principal de cet accélérateur se trouve à Londres, ce qui permet aux Britanniques de contrôler les solutions innovantes [iii]. Au total, 23 accélérateurs ont été lancés dans les pays de l'alliance et 182 centres ont été créés pour différents tests. L'un d'entre eux est le Centre quantique basé à l'Université de Copenhague au Danemark [iv]. Détaillons-le pour avoir une idée de ce que font ces centres.
Le Deep Tech Lab - Quantum Centre a été inauguré en 2023 en présence du secrétaire général de l'OTAN et des ministres danois de la défense, de l'industrie, des affaires et des finances, de l'enseignement supérieur et des sciences. Lors de la cérémonie d'ouverture, Jens Stoltenberg a déclaré : « Il s'agit d'être prêt à faire face à l'inattendu et de s'assurer que nous continuons à être à la pointe de l'innovation » [v]. La guerre de l'information, les cyber-attaques et la protection des infrastructures critiques (et numériques) sont, de par la conception de l'OTAN, dans le champ d'intérêt de ce centre. Si, sur le champ de bataille, il peut s'agir de drones intelligents, dans le système de commandement, il s'agit d'ordinateurs et de systèmes plus rapides qui ne peuvent pas être piratés. Et, au contraire, les mêmes systèmes de l'ennemi avec un avantage quantique peuvent être piratés et attaqués.
Le centre danois dispose d'un site d'accélération à l'Institut d'innovation biologique et de quatre centres d'essai situés à l'Institut Niels Bohr de l'Université de Copenhague et soutenus par l'Université technique danoise, l'Université d'Aarhus et l'Institut national danois de métrologie. Les documents d'information sur le centre Deep Tech Lab indiquent que les principaux domaines d'intérêt sont les capteurs quantiques, l'information quantique et l'informatique quantique [vi].
Les capteurs quantiques permettent d'effectuer des mesures ultra-précises de la gravité, du temps, de la force, de la pression et de bien d'autres choses encore à l'aide de systèmes à l'état solide ou photoniques. Ces mesures peuvent être utilisées, par exemple, pour la cartographie des structures souterraines, la navigation des véhicules autonomes et bien d'autres choses encore. L'information quantique permet de sécuriser les communications et le fonctionnement des ordinateurs post-quantiques. Cela est possible grâce à la distribution quantique des clés et à la cryptographie post-quantique.
Ce domaine de recherche fait actuellement l'objet d'un développement actif et certaines solutions sont déjà testées. Les ordinateurs quantiques seront capables de résoudre des tâches très complexes qui dépassent les capacités des ordinateurs classiques. Toutes ces technologies sont à double usage. En Occident, elles sont également appelées technologies de base, car elles jettent les bases de l'industrie future. L'intérêt des militaires pour les technologies quantiques est tout à fait naturel, car elles permettent de faire un saut technologique important (cela n'a rien à voir avec le saut quantique, proposé comme concept de transition de la matière d'un niveau d'énergie à un autre par Niels Bohr). Et cela signifie prendre l'avantage sur l'ennemi.
D'autre part, l'effet économique de ces investissements dans le monde, selon les estimations des experts, pourrait approcher les 1,3 trillion de dollars d'ici 2035 [vii]. Le leader mondial du financement des technologies quantiques est la Chine : au cours des quinze dernières années, elle y a consacré plus d'argent que les budgets combinés de l'UE, des États-Unis et du Japon. Cependant, si l'on en croit les données officielles, les superordinateurs les plus puissants se trouvent toujours en Occident.
Les plaintes fréquentes des experts occidentaux concernant le faible niveau de préparation des États-Unis et de leurs alliés aux nouveaux défis technologiques pourraient, dans ce contexte, n'être qu'une opération de relations publiques destinée à stimuler la course technologique et à porter ces technologies critiques à un niveau supérieur. En particulier, dans le classement des superordinateurs Top-500 pour mai 2024[viii]: l'ensemble du top 10 est occupé par des machines occidentales.
Aucun superordinateur chinois ne figure dans ce palmarès. Toutefois, des experts ont affirmé que la Chine pourrait ne pas montrer officiellement ses capacités et dépasser en fait les États-Unis [ix]. Cela semble tout à fait possible. En outre, la Chine est en tête pour ce qui est du nombre de superordinateurs. Lenovo (Chine) a déclaré 163 systèmes. HPE (États-Unis) en a 112, EVIDEN (France) en a 49, DELL EMC (États-Unis) en a 35, Inspur (Chine) en a 22, Nvidia (États-Unis) en a 22, NEC (Japon) en a 14, Fujitsu (Japon) en a 14, MEGWARE (Allemagne) en a 7 et Penguin Computing Inc (États-Unis) en a 7 [x].
La Russie, quant à elle, connaît des problèmes certains en la matière. Plus tôt, Nebius N.V. des Pays-Bas, une société fondée par d'anciens employés de Yandex, a fait son entrée dans le classement mondial des supercalculateurs Tor-500. Le supercalculateur ISEG créé par Nebius N.V., qui porte le nom du cofondateur de Yandex, Ilya Segalovich, s'est classé 16ème sur la liste, devant les systèmes de Yandex et de Sber. Le superordinateur russe le plus puissant, « Chervonenkis » (nommé en l'honneur de l'éminent scientifique russe Alexei Chervonenkis), créé par « Yandex » en 2021, était à la 36ème place.
Il convient de noter que le Centre quantique russe opère en Russie depuis 2010 sur la base du Centre d'innovation Skolkovo, où des groupes scientifiques opèrent et mènent des recherches. Il existe également un certain nombre de développements nationaux, allant d'une plateforme d'informatique quantique basée sur le cloud à des détecteurs de cyberattaques et des dispositifs spécifiques nécessaires à l'industrie. Dans le même temps, la mise à niveau des superordinateurs russes est compliquée par les sanctions, que les importations parallèles ne peuvent pas compenser. Il est évident qu'il faut combler cette lacune et trouver des solutions non triviales qui étaient tout à fait réalisables pour nos scientifiques à l'époque soviétique.
Notes de bas de page :
I - breakingdefense.com
ii - www.nato.int
iii - www.diana.nato.int
iv - dianaq.ku.dk
v - www.fmn.dk
vi - dianaq.ku.dk/Quantum-Technology/
vii - ria.ru
viii - www.top500.org
ix - www.cnews.ru
x - www.top500.org
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Macron, le joker et l'Etat profond
Macron, le joker et l'Etat profond
Quand la foire démocratique prépare l'ère de la trans-politique
Frédéric Andreu
« Je ferais n'importe quoi, si tu me le demandais ; je renierais ma patrie, si tu me le demandais, etc, etc ». Écoutons les paroles de l'Hymne à l'Amour chanté lors de la cérémonie d'ouverture des JO 2024, en nous demandant pourquoi Macron s'évertue à « faire n'importe quoi , « à renier sa patrie » sans que ni Édith Piaf, ni Céline Dion ne le lui demande. Admettons avec Aragon que « le poète a toujours raison » et, avec René Char, « que les paroles connaissent de nous des choses que nous ignorons d'elles »...
Au-delà de ces références littéraires, deux grilles de lecture s'offrent à nous pour comprendre la séquence actuelle. La première consiste à voir ce temps que nous avons la disgrâce de vivre d'un point de vue strictement individuel; la seconde oscille plutôt à voir les choses de plus haut, prendre en compte le pouvoir cybernétique inscrit dans la révolution techno-culturelle en cours.
Quel que soit l'option choisie, tenons pour hypothèse que le macronisme ne relève pas plus du champ politique que l'art conceptuel ne relève de l'art. Il annonce la trans-politique. Il y a une erreur sur la marchandise, fatale à notre compréhension et à notre survie. Cette confusion des genres nous maintient dans l'illusion des lendemains qui chantent. L'enchaînement des événements récents, répression pandémique, tambouille politicienne, élections confiscatoires, détournement diversitaire des JO, montre que nous avons quitté le champs de la politique, même politicienne, pour autre chose. Dans cette séquence, il s'agit de maintenir un état de stupeur permanent. Mais il y a aussi et surtout un arrière-plan beaucoup plus froid et planificateur; en d'autres termes, un agenda globaliste. L'utopie «diversitaire», mis en exergue par Mathieu Bock-Coté, sert moins la diversité que « faire diversion ».
La discrimination de ces deux moments, un temps court et médiatique, un temps long et trans-politique, relève sans doute d'une stratégie globale. Ce n'est qu'au terme d'une longue réflexion centrée sur l'art conceptuel (que l'on pourrait appeler du « trans-art »), aidé par la lecture de l'ouvrage « L'imposture de l'art contemporain », que le plan s'est pour moi révélé. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'y a aucune place laissé au hasard, aucune circonstance atténuante. Juste l'adaptation à ce qui advient. Il y a un plan d'effacement de la société inscrit depuis 200 ans dans la culture d’État. Effacer l'entendement, l'estime de soi par le faux art, la dérision de toutes choses, l'inversion accusatoire, tout en mettant en place une politique répressive, implique la mise au pinacle d'un faux récit, l'érection de symboles erronés. Même si la déconstruction de tout ce que nous aimons implique la mise au pouvoir de bouffons pathétiques. On commettrait cependant sans doute une erreur à invoquer en toute circonstance la théorie du « complot ». Le plan cybernétique de la « société du spectacle » mise en lumière par Guy Debord n'est pas un complot mais un octave de compréhension plus élevé. Il suppose l'existence d'une matrice technomorphique autour duquel tourne les puissances de réseaux.
Il explique pourquoi l'électoralisme est devenu, lui aussi, une sorte de jeu de foire. Cela revient à vouloir gagner au poussoir de pièces. Les élections confiscatoires récentes ont bien démontré ceci : rien ne peut sortir des urnes car le vote fonctionne sur la logique des pièces qui se poussent en dégringolant les unes sur les autres. De toutes façons, le système a fait en sorte que l'opposition elle-même a renoncé à être un contre-poison. Il est difficile de comprendre comment fonctionne ce pouvoir cybernétique sauf à regarder l'art contemporain. L'"AC" est peut être même le miroir de tous les autres miroirs. Le symptôme de tous les symptômes. C'est en cela que l'on peut le qualifier de « trans-art ».
La très lourde erreur consiste à appliquer les critères esthétiques de l'art à ce qui n'en est pas, à ce qui nie la beauté et l'âme. C'est là non seulement une erreur de jugement, mais même une faute morale. Nous louons ceux qui ont le courage de dire les choses et l'intelligence de la démonstration. A mon sens, il est tout aussi fatal de juger le Macronisme à l'aune de critères politiques traditionnels que de juger l' "AC" à l'aune de critères esthétiques.
Le Macronisme est autre chose. Emmanuel Todd, spécialiste de l'économie, affirme que "Macron ne comprend pas ce qu'il dit". Il ne comprends pas, tel un drogué, les mots qu'il prononce ! Il agit comme l'agent de « com » d'un grand groupe industriel. A moins d'employer un mot pour un autre, n'employons donc pas le terme « politique ». Le Macronisme entraîne la casse sociale, l'effacement des résistances immunitaires, individuelles et collectives, afin d'instaurer un nouvel ordre sociétal. Tout ceci est certes plus simple à intuiter qu'à démontrer.
La cyber-stratégie est d'autant plus masquée qu'elle agit toujours par degrés et étapes: de la culture à la guerre. Il n'y a qu'une différence de degrés et non de genre entre la guerre culturelle et la guerre belliqueuse. En fin de mandat, Macron pourrait très bien déclarer la guerre à la Russie avant de prendre la fuite dans quelques lieux de villégiature en Amérique. Ne disons pas que les chefs d’État seraient dépassés par les événements; ce sont eux qui ouvrent les vannes de l'immigration massive, qui saccagent le socle industriel d'un pays, qui creusent la dette afin de détruire le barrage. Cela n'est pas le fait d'une machine, mais de quelques hommes élus et non élus. Certes. Mais cela n'exclut pas non plus l'existence d'un autre plan, cybernétique celui-là. Dans ce plan, la culture agit comme la fissure du barrage; le tsunami migratoire fait le reste.
L'injonction contenue dans l'artefact de l'AC repose sur la même logique: créer une faille cognitive qui va permettre l'effondrement de l'édifice, par déflagrations. La cérémonie d'ouverture des JO est intéressante à observer en détails. Une belle cérémonie ponctuée de provocations totalement hors de propos du sport. Vu de loin, le spectacle a pu subjuguer par le faste et les lumières. Le piano en feu sur la Seine scénarisée a pu émouvoir; le cheval d'argent a pu éblouir. Les intonations de voix de la chanteuse ont pu faire frémir le monde entier. Avec un budget léonin de 122 millions d'euros (8 milliards d'euros pour l'ensemble des JO), on ne s'attendrait pas à moins. Bref, le public a pu être émerveillé. En fait, il n'y a vu que du feu. Il y aurait eu bien d'autres scénographies à réaliser, explorer la symbolique solaire de la barque traversant Paris. Un passage de flamme entre la déesse Isis et Sainte Geneviève, relais symbolique du paganisme au christianisme. Au lieu de cela, nous avons eu des éléments disparates sans unité scénographique.
La scène de Dionysos entouré de drag-queens a pu choquer. La parodie de la Cène n'est pas seulement un blasphème. Je dirais même que le blasphème en cache un autre, plus inavouable: l'effacement de l'homme blanc. Apparaît un chanteur de second plan, interprétant une chanson quelconque, bref, le parfait idiot du système. Le seul homme blanc de la cérémonie est peint en bleu. Il y a encore 20 ans, cela aurait étonné tous le monde de ne voir sur scène que des étrangers ou des binationaux. Des drag-queens. Aujourd'hui, personne ne s'en émeut. Mais que les antiracistes professionnels ne se réjouissent pas trop vite ! La dérision à l'endroit de la sexualité orthodoxe par la promotion de trouple et du queer n'aide pas les minorités, elle les instrumentalise. En fait, l'homosexualité est une frontière, un seuil à partir duquel la majorité se définie. Les minorités sexuelles ont donc un rôle essentiel à jouer dans la société. Vouloir faire rentrer l'anormalité dans la normalité est l'équivalent de la destruction des frontières. Il nous faut comprendre que la finalité du système est moins humaniste que transhumaniste. La prochaine étape consistera à remplacer l'homme par la machine, tout cela sera célébré dans les premiers J.O. de l'Intelligence Artificielle. D'autres rivalités apparaîtront, entre les hommes, les hommes hybrides et les machines. La machine pourra accuser les hommes de trans-phobie ou techno-phobie. Le glas de l'homme aura sonné.
Afin d'arriver à cette finalité, tout un travail de sublimation confusionnelle est nécessaire. Le spectacle des J.O. de 2024 prépare déjà cet effacement des repères. Il y a peut-être des relents satanistes dans cette mise en scène, en tout cas du mauvais goût, et de l'insulte à la raison lorsque le metteur en scène – autre pion dans l'échiquier macroniste - ose déclarer avoir cherché à « réconcilier ». La reine de France qui chante sa propre décapitation sur fond de musique « métal » (sorte de « guillotine » sonore) cherche, à l'instar de l'art conceptuel, a créer la suspension, ouvrir une faille cognitive collective. Il est en outre dans l'ordre des choses que les bouffons se moquent des rois. La moquerie me choque donc moins que la stratégie de sidération. Il est une manière de désacraliser le réel, voire de l'inverser. Entrer dans les J.O. pour y distiller une propagande grossière, dissoudre l'Assemblée nationale et organiser des Élections à la va-vite relève toujours de la même stratégie de sidération.
J'insiste: l'erreur fatale serait de prendre tout cela pour de la politique, même politicienne. En fait, tout cela relève d'autre chose. En prenant de la hauteur, nous comprenons que le pouvoir mondialiste n'est pas seulement le fait d'individus calculateurs, mais aussi d'une « cybernétique », auto-mouvement lié aux forces de l'argent et de la techno-science. De ce point de vue, les Macron et Trudeau et autres Young Leaders, sont à la fois des tireurs de ficelles et des sinistres pantins. L'effet cybernétique génère deux types humains particuliers, deux anthropologies bien marquées ; d'un côté, des grabataires séniles du type Biden; de l'autre, des Peter Pans arrogants, Jokers cyniques et potentiellement dictatoriaux.
La reine Grimhilde de la légende de Blanche Neige, Arthur Frayne du film Zardoz, et plus encore le Joker de Batman sont autant d'actualisation de ce type de pouvoir tyrannique. Comme le Joker, Macron est un clown triste et machiavélique. Il n'a pas besoin d'appartenir à une secte aux rites occultes; il est un néo-libéral intégral. Non pas que les loges noires n'existeraient pas, mais que la caste néo-libérale sans foi, ni loi, suffit à réaliser leurs rêves. Ces Young Leaders hors-sol ont la dérision dans l'âme, la profanation dans le sang, mais aussi la trahison; l'Histoire est remplie de retournés et de collabos lorsque le pouvoir change de mains.
Dans le contexte actuel de dérision généralisée, d'élection confiscatoire, il reste plus que jamais à nous regrouper en cellule de résistance. Tout organisme vivant agit de la sorte. Il faut insister sur le fait que le Macronisme ne relève pas plus de la politique, que l'AC ne relève de l'art. La joyeuse société arc-en-ciel n'est elle-même qu'une étape vers une post-humanité assistée par l'IA. Contre ce trans-processus, il convient de chercher à nous prémunir du laid et du corrompu derrière le bouclier du beau et du vrai éternels. Les artificiers de l'Apocalypse peuvent bien organiser les jeux de la Bête, il arrive que leurs pétards de foire leur explosent dans les mains. Entendons cette ultime parole qui retentit du fond de la France humiliée et crucifiée: « Père, ne leur pardonne pas, car ils savent ce qu'ils font !».
Frédéric Andreu
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jeudi, 01 août 2024
La France est morte
La France est morte
par Jesús Laínz
Source: La Gaceta Iberosfera (Madrid), 29 juillet 2024
Le hasard a voulu que le jour même de l'inauguration des Jeux olympiques, je reçoive une vidéo mettant en scène un Africain subsaharien d'origine africaine, parfaitement racialisé. Tout en déambulant dans les rues de France, l'individu s’emparait des boissons, des glaces ou des sandwichs des passants qu'il croisait. Sans violence, sans cris, sans tapage, sans prononcer une syllabe. Il les saisissait simplement et, à la surprise des personnes concernées, gardait son regard silencieux pendant quelques secondes. Entre le choc et la peur, tous finissaient par lâcher leur consommation, certains souriaient même et justifiaient leur faiblesse en disant qu'ils avaient assez mangé. L’Esope de la fable "Le renard et les raisins" avait raison. La seule personne qui a su garder sa dignité est un autre Africain subsaharien d'origine africaine, racialisé ou de couleur.
Ce comportement singulier de la bourgeoisie dépossédée me rappelle quelques lignes écrites par Oswald Spengler dans l’année 1934, aujourd'hui lointaine, ou peut-être pas si lointaine :
"L'homme de couleur transperce l'homme blanc de son regard lorsque ce dernier parle d'humanité et de paix éternelle. Il y voit l'incapacité et le refus de se défendre. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être fatigués. Le danger frappe à la porte. Les hommes de couleur ne sont pas des pacifistes. Ils n'adhèrent pas à une vie dont la seule valeur est la durée. Ils prendront l'épée si nous la rendons. Autrefois, ils craignaient l'homme blanc, aujourd'hui ils le méprisent. Dans leurs yeux, on peut lire la phrase de condamnation lorsque les hommes et les femmes blancs se comportent devant eux comme ils le font habituellement, dans leur patrie ou même dans les pays des gens de couleur. Autrefois, ils étaient terrifiés par notre puissance, comme les Germains l'étaient par les premières légions romaines. Aujourd'hui, alors qu'ils sont déjà une puissance à part entière, leur âme, que nous ne comprendrons jamais, se lève et regarde les Blancs comme s'ils appartenaient au passé".
Quant à la cérémonie d'ouverture des J.O., beaucoup l'ont trouvée splendide tant sur le plan esthétique qu'idéologique, beaucoup d'autres l'ont trouvée immonde, toute discussion est donc superflue. La ridiculisation du christianisme par le biais de cette dernière Cène de travestis est presque insignifiante tant elle est répétitive. Les christianophobes et europhobes de tous poils ne manquent jamais une occasion de se moquer d'une religion anémiée et sans défenseurs (à commencer par ses hiérarques lâches et probablement athées). Quant aux christianophobes de la prétendue «République française», ils n'ont pas su montrer plus clairement leur dégoût de la tradition religieuse et culturelle du pays qu'ils gouvernent, mais ce n'est pas non plus nouveau. Et personne ou presque n'a été choqué qu'ils aient une fois de plus rompu la neutralité religieuse qui définit un véritable État laïque. Seules les autres religions sont pour eux dignes de respect. La religion majoritaire des Français depuis un millénaire et demi est laissée de côté et elle peut être insultée sans conséquence. Mais puisqu’il faut disent-ils « transgresser », pourquoi la religion de Mahomet, de plus en plus importante dans la France ex-chrétienne, n'est-elle jamais moquée? C'est pourtant ça qui serait vraiment transgressif.
À l’inverse de ce qui était censé être une cérémonie exaltant la force, la beauté, la jeunesse, l'élégance, la puissance et l'effort nous avons assisté à une apologie rougissante de la faiblesse, de la laideur, de la décadence, de l'avilissement et du monstrueux. Ce qui, bien entendu, n’a rien à voir avec le sport. L'un des moments les plus significatifs de ce "Sabbat" parisien a été l'apparition d'une reine Marie-Antoinette décapitée chantant le Ah ça ira, ça ira les aristocrates on les pendra. Excellent choix pour symboliser notre époque sans-culotte, soit dit en passant.
Victor Hugo a écrit Quatre-vingt-treize en 1874, un roman qui se déroule en cette année sanglante où Marie-Antoinette et Louis XVI ont été guillotinés. Le père littéraire du récit de La cour des Miracles du 15ème siècle, dont les hôtes se seraient si bien insérés dans les fastes olympiques du 21ème siècle, a mis sur les lèvres d'un de ses personnages, dirigeant royaliste, cette condamnation de la révolution :
"Vous ne voulez pas de nobles ? Eh bien, vous ne les aurez pas, mais pleurez leur absence, car vous ne posséderez plus ni paladins ni héros. Dites adieu à l'ancienne grandeur. Comme vous êtes un peuple dégradé, vous devrez subir la violence qui s'appelle l'invasion. Si Alaric revient, il ne trouvera pas de Clovis pour s'opposer à lui. Si Abderrahmane revient, il ne trouvera pas de Charles Martel pour lui couper la route. Allez ! Poursuivez votre œuvre, soyez des hommes nouveaux, faites-vous petits. Tuez les rois, les nobles, les prêtres. Détruisez, ruinez, brisez les anciennes maximes ; foulez le trône, frappez l'autel, confondez Dieu, car c'est là votre but. Vous êtes des traîtres et des lâches, incapables de sacrifice et d'abnégation".
Un siècle et demi plus tard, l'écho de ces paroles résonne encore avec force dans les rares oreilles qui peuvent encore entendre.
La France, le merveilleux pays de Charlemagne et de Louis XIV, de Rabelais et de Molière, de Berlioz et de Debussy, de Chartres et de Versailles, des mille fromages et des mille vins, est sur le point de sombrer dans un océan de merde. Elle est suivie de près par la Grande-Bretagne. Et derrière elle, par le reste de l'Europe. Si nous ouvrons les yeux, nous pouvons voir notre avenir immédiat dans le miroir de la France.
(Merci à Arnaud Imatz de nous avoir envoyé ce texte).
18:29 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le progressisme, arrière-garde armée du néolibéralisme
Le progressisme, arrière-garde armée du néolibéralisme
par Andrea Zhok
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28596-andrea-zhok-il-progressismo-retroguardia-armata-del-neoliberismo.html
Ce matin, j'ai reçu une publicité du magazine MicroMega, un magazine progressiste par excellence, auquel j'ai également contribué par le passé. La communication annonçait la sortie, en librairie et en ligne, du nouveau volume intitulé « Contre la famille. Critique d'une institution (anti-)sociale ».
Je cite ci-dessous le commentaire introductif.
"La famille en tant qu'institution sociale est, depuis peu, un objet d'analyse et de critique. Au cours de l'histoire, son dépassement a été l'objectif tant de projets d'émancipation fondés sur une idée de partage de la propriété et du travail, que de projets politiques totalitaires, qui voyaient en elle et dans les affiliations et loyautés qui la composent un obstacle à la relation entre les citoyens et l'État".
Il ne fait aucun doute que nous sommes aujourd'hui confrontés à un retour en force de la rhétorique de la famille et des liens du sang. Que signifie donc aujourd'hui se proclamer « contre la famille », comme MicroMega a choisi d'intituler le quatrième volume de cette année 2024, disponible en librairie à partir du 25 juillet ?
Certainement pas remettre en cause les liens d'affection et d'entraide qui se créent au sein de la famille, mais se concentrer et analyser de manière critique tous ses aspects anti-politiques et anti-sociaux: Le FAMILISME AMORAL; la TENDANCE À MINIMISER L'AUTORITÉ ET LA CRÉDIBILITÉ DES ÉCOLES, dans le désir d'être le seul organisme d'éducation de leurs enfants; le rôle joué dans la TRANSMISSION DES RÔLES RIGIDES DE GENRE; la CONCENTRATION DES GRANDS CAPITAUX TRANSMIS PAR L'HÉRÉDITÉ entraînant l'immobilisme social. ... D'autre part, ce sont très souvent les carences de l'État qui poussent les individus à se réinstaller au sein de la communauté la plus proche, en premier lieu la famille, dans un cercle vicieux qu'il convient de briser pour garantir le plein droit de chacun à l'épanouissement de sa propre personnalité [souligné par moi].
Un commentaire s'impose, qui examine en détail les allégations susmentionnées à l'encontre de l'ordre familial. Je pense qu'il est utile de montrer comment cette position exposée par MicroMega représente, sous une forme emblématique, certaines des raisons sous-jacentes pour lesquelles le progressisme culturel est devenu, dans le contexte contemporain, une entité socialement destructrice, politiquement dissolvante et éthiquement catastrophique.
L'attaque contre l'institution familiale dans les cercles progressistes ou « de gauche » n'est bien sûr pas nouvelle, mais comme toujours dans les développements culturels, le contexte dans lequel une thèse est proposée et développée n'est pas moins important que les thèses elles-mêmes.
Dans le contexte du 19ème siècle où s'est développée la critique de l'institution familiale, certaines des thèses rappelées ici, comme la référence au familialisme amoral, ont pu avoir une base relative.
Rappelons que le concept de « familialisme amoral » a été introduit par le politologue américain Edward C. Banfield dans son livre The Moral Basis of a Backward Society (1958), fruit d'un séjour de neuf mois dans le village de Chiaromonte (Basilicate). Cette expérience a apparemment permis à Banfield de tirer des conclusions de valeur générale sur le rôle négatif de la famille nucléaire en tant que porteuse de retard socio-économique, en raison de son égoïsme inhérent. Soixante-dix ans plus tard, le manque de rigueur de l'analyse de Banfield, 188 pages dépourvues de toute analyse historique ou comparative digne d'intérêt, est manifeste. Mais cela n'enlève rien au fait que le concept de familialisme amoral a réussi à se répandre comme l'une des nombreuses barres de fer utilisées pour démanteler toute légitimation de l'ordre familial. Que la famille nucléaire, dans des conditions historiques spécifiques, puisse assumer un rôle éminemment défensif et autoréférentiel est certain, mais que cela soit en quelque sorte une caractéristique qualifiante de la famille nucléaire et de ses loyautés internes, c'est un non-sens indéfendable. Quoi qu'il en soit, dans une phase d'expansion de la société moderne, dans laquelle, au moins en principe, les institutions étatiques structurées commençaient à faire leur place, il aurait pu être plausible de voir dans une certaine résistance et méfiance à l'égard des structures familiales traditionnelles un facteur restrictif, « régressif ». Le prototype de cette fonction régressive pourrait être un modèle de familialisme visible dans certaines formes de criminalité organisée (le familialisme du type « Parrain »). Mais la vraie question ici est de comprendre dans quelle mesure la « famigghia » de Vito Corleone représente dans l'Europe du 21ème siècle un véritable facteur de déstabilisation antisociale. L'impression est qu'une certaine intelligentsia puise ses sources sur la réalité sociale plus dans Netflix que dans un regard sur la réalité environnante.
Le deuxième reproche grave que MicroMega croit devoir faire à la famille est celui de « saper l'autorité et la crédibilité de l'école » (OK, ne riez pas). Là encore, nous nous trouvons dans un contexte analytique qui semble né dans la société des années 1960. Nous semblons avoir autour de nous des familles solides et imperméables, mais avec des taux d'analphabétisme élevés, qui font obstacle aux lumières de la raison apportées par la nouvelle école. En effet, alors qu'il y a soixante ans, on pouvait soutenir une fonction déprovincialisante et formatrice de l'école publique, celle-ci est aujourd'hui assaillie par des programmes hétérodirigés, américanisés, très idéologiques, avec simultanément une réduction des connaissances au profit des « compétences » (l'externalité des attitudes et des comportements). Dans le même temps, les familles sont de plus en plus impuissantes et accablées, assaillies à leur tour par des « écrans » omniprésents qui « éduquent » leurs enfants 24 heures sur 24 aux valeurs de TikTok et de Walmart. Les intellectuels de MicroMega ont l'air d'avoir décongelé, d'être entrés dans un congélateur lorsque le « maestro Manzi » passait à la télévision.
La troisième accusation est complémentaire de la seconde: la famille jouerait un rôle régressif parce qu'elle serait complice de la « transmission de rôles rigides de genre ». Or, outre le fait qu'il est fort douteux que cela corresponde en partie à la réalité d'aujourd'hui, la vraie question est la suivante: à qui incomberait exactement l'éducation des enfants en matière d'affectivité ou d'horizon d'attente en matière de sexe et de genre ? À MicroMega ? À Fedez ? À MinCulPop ? Au Kibboutz ? Aux Soviétiques ? à l'Agenda 2030 ? Sont-ils effleurés par le doute que l'idée de posséder une sagesse supérieure sur des questions telles que l'affectivité primaire est ouvertement autoritaire ?
Le quatrième réquisitoire est peut-être le plus cocasse: la famille favoriserait l'immobilité sociale parce qu'elle encourage la concentration du capital par l'héritage. Sortant de leur congélateur du 19ème siècle, les intellectuels de MicroMega ont bien les Buddenbrook sous les yeux. Ils imaginent des familles de capitalistes au chapeau haut de forme, à l'éthique de travail protestante, transmettant l'entreprise familiale et le capital à leurs descendants de sang. Le caractère anonyme des multinationales et des fonds d'investissement d'aujourd'hui semble leur avoir échappé. De plus, le modèle familial qui a alimenté la concentration du capital n'est même pas le capitalisme du 19ème siècle. Il faut remonter au majorat - aboli avec le Code Napoléon - où seul l'aîné héritait (pour éviter le morcellement du capital). Ici, imaginer qu'aujourd'hui la tendance du capital à se concentrer dans un régime capitaliste est due à l'héritage familial est une indication frappante de la façon dont la gauche ne manie même plus les éléments d'économie dont elle s'enorgueillissait autrefois.
Et d'ailleurs, si cette tendance existait, si nous étions encore au milieu des majorats, le problème serait évidemment ce que la législation permet, et certainement pas l'existence d'un système familial.
Bref, l'attaque en règle contre la famille que MicroMega croit devoir mener est motivée par un ensemble de prétextes insoutenables. Mais la motivation réelle et profonde est celle qui apparaît dans les considérations finales ci-dessus, et il s'agit d'une motivation purement IDEOLOGIQUE: la famille est l'une des « communautés les plus étroites », que les pseudo-lumières progressistes (en réalité le néo-libéralisme inconscient) exigent de briser afin de « garantir à chaque personne l'épanouissement de sa personnalité ».
Au-delà du caractère « antisocial et antipolitique » de la famille, l'ordre familial, et l'ordre communautaire en général, sont un scandale pour la gauche néolibérale d'aujourd'hui car ils ne correspondent pas aux exigences de l'individualisme mercantile, seule dimension de la liberté qu'elle est encore capable d'imaginer.
Le modèle de liberté qu'ils proposent est le rêve humide du grand capital auquel ils prétendent s'opposer. Ils rêvent d'individus déracinés, isolés, qui se consolent en se promenant dans ce grand supermarché qu'est devenu le monde occidental. Ils rêvent d'individus fragiles, fluides et donc prêts à être placés sans résistance dans tous les coins et recoins de la machinerie mondiale. Ils collaborent activement à la dissolution de toute identité stable, collective autant que personnelle, qui pourrait servir de rempart à la liquéfaction des rapports marchands.
Je ne sais pas si cette opération est le résultat d'une complicité flagrante avec le paradigme néolibéral, ou si elle n'est que le signe d'une dramatique inconscience culturelle, mais en fin de compte, cela importe juste ce qu'il faut : les intentions ne comptent pas beaucoup, et ce qui reste dans la mémoire future n'est qu'une contribution de plus à la dégradation en cours.
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« Civil War »: comment Hollywood et Biden préparent les Américains à la guerre civile à venir
« Civil War »: comment Hollywood et Biden préparent les Américains à la guerre civile à venir
Alexander Markovics
Source: https://www.geopolitika.ru/de/article/civil-war-wie-hollywood-und-biden-die-amerikaner-auf-den-kommenden-buergerkrieg-vorbereiten
« La liberté plutôt que la démocratie ! » - comment l'État profond prépare les Américains à la guerre civile
"Êtes-vous prêts à préférer la liberté à la démocratie ? Voilà ce qu'est l'Amérique !"
- ce qui ressemble aux paroles du leader d'un parti de guerre civile, a été prononcé par le président américain Joe Biden devant les partisans de son parti démocrate à Philadelphie le 18 avril. Et il ne s'agit pas d'un cas isolé : si l'on observe la culture pop américaine de ces dernières années, mais aussi de nombreux livres publiés par les milieux mondialistes ainsi que les médias américains, on peut avoir l'impression que la « moitié gauche du royaume » américain n'est pas intéressée par une passation de pouvoir pacifique et qu'elle prépare une guerre civile pour se maintenir au pouvoir. Plus de quatre ans de Joe Biden ont laissé le pays dans un état désastreux: la situation à la frontière avec le Mexique, l'immigration de masse et l'escalade de la criminalité, l'effondrement des infrastructures, la crise des opiacés, les guerres interminables en Ukraine et au Proche-Orient, une justice politisée qui ne rend plus la justice, mais aussi l'obsession du genre, entre autres, ont mis les Etats-Unis, autrefois une nation fière, dans une situation difficile et l'ont profondément divisée. Ce n'est pas un hasard si Donald Trump est toujours en tête des sondages, même après les jugements prononcés contre lui. On a l'impression que l'État profond commence à préparer ses citoyens à l'inimaginable en le rendant lentement envisageable: la guerre civile.
Civil War - un film de programmation de l'opinion publique américaine
Civil War - un nouveau film du réalisateur britannique Alex Garland, ou plus précisément une coproduction américano-britannique, sort sur les écrans à un moment où les États-Unis sont plus divisés que jamais. Dans ce film, une guerre civile éclate après qu'un président facilement identifiable comme l'alter ego de Donald Trump a effectué un troisième mandat anticonstitutionnel pour dissoudre le FBI et a fait bombarder les États séparatistes de Californie et du Texas, qui ont marché ensemble sur le Texas pour mettre fin aux agissements de ce qu'ils considèrent comme un tyran.
Le spectateur suit les événements à travers les yeux d'un groupe de reporters de guerre qui documentent la folie de l'Amérique déchirée par la guerre. Les scènes sont très variées: des pillards torturés, des combats où personne ne sait qui tire sur qui et pourquoi, pour finalement aboutir à un escadron de la mort loyal au président qui liquide tous ceux qui ne sont pas nés aux États-Unis. Ce qui peut être lu par endroits comme une parabole de la couverture médiatique occidentale de la guerre au Moyen-Orient et dans le reste du monde - une jeune Américaine se fait exploser dans un centre de distribution de nourriture en se faisant passer pour une kamikaze, un drapeau américain à la main - se révèle assez rapidement être un fantasme de vengeance mondialiste, à la fin duquel les chars Abrams des États séparatistes prennent d'assaut la Maison Blanche et le président gémit pour sa vie avant d'être exécuté par une femme soldat noire qui ne sourcille même pas.
Ce que les images semblent vouloir susciter chez le spectateur, c'est l'idée que « Trump et tout ce qu'il symbolise doivent mourir » ! Compte tenu de l'ambiance surchauffée aux États-Unis et de la polarisation du pays de plus en plus poussée par l'administration Biden, il est difficile de croire que ce film est un « accident » artistique qui ne relève pas d'une programmation politique. « Civil War », on a l'impression, semble être un film de programmation de l'opinion publique américaine pour accepter une guerre civile inéluctable.
« Le cycle électoral de 2024 deviendra l'événement clé de la violence potentielle ».
Du côté de l'État, la préparation à la guerre civile est également en cours. Dans ses perspectives pour 2024, le ministère américain de la sécurité intérieure (Department for Homeland Security) indique que le cycle électoral de 2024 pourrait être l'événement clé d'une éventuelle violence. Selon des sondages réalisés en 2022 par le magazine The Economist et la plateforme YouGov, plus de 40% des Américains sont convaincus qu'une guerre civile est probable ou très probable dans les dix prochaines années. Près d'un Américain sur quatre se prononce en faveur de la sécession de son État, cette idée étant la plus populaire au Texas, en Alaska et en Californie.
Le cœur du conflit: le Grand Réveil contre le Great Reset
Le cœur politique du conflit peut certes être grossièrement réduit à la lutte globale entre les forces qui soutiennent le Grand Remplacement et donc la mondialisation (les mondialistes, soit les démocrates aux Etats-Unis) et les partisans du Grand Réveil des Peuples (les patriotes, les républicains).
Ce n'est pas un hasard si des penseurs mondialistes comme la politologue américaine Barbara Walter, dans son livre « How Civil Wars starts » (Comment commencent les guerres civiles), parlent d'un « mélange toxique de théories du complot, de milices armées, de tribalisme culturel, de polarisation et d'extrémisme politique » qui conduit les gens à souhaiter la fin de la société (post)moderne afin de pouvoir construire une nouvelle société. On peut certes répondre à cela qu'il existe aux Etats-Unis une pratique de conspiration des élites mondialistes contre leur propre peuple (des guerres perpétuelles de l'Empire américain à l'immigration de masse, en passant par l'obsession du genre et la politique du COVID) et que celui-ci sera conduit à l'abattoir par ces mêmes élites si elles ne s'y opposent pas. Jusqu'à présent, ce conflit s'est déroulé de manière pacifique aux États-Unis de la part des partisans du Grand Réveil - mais que se passera-t-il si les élites elles-mêmes recourent à la violence ?
Pas Nord contre Sud, mais ville contre campagne : pas de guerre civile comme au 19ème siècle
Si vous pensez à la guerre civile de 1861-1865 aux États-Unis, avec des lignes de front clairement définies entre le Nord et le Sud, vous n'avez pas besoin de remonter très loin dans le temps pour imaginer à quoi ressemblerait une deuxième guerre civile américaine: ce sont les événements qui ont suivi la mort du trafiquant de drogue George Floyd à l'été 2020 et qui ont défié l'État américain, alors encore dirigé par Trump, par des attaques massives contre la police. Suivant le modèle des révolutions de couleur en Europe de l'Est et au Moyen-Orient, les États-Unis ont connu pour la première fois des émeutes civiles qui ont transformé certaines régions du pays en une réplique de l'Irak en ruines.
C'est également la première fois que les antifascistes cagoulés de noir sont apparus aux États-Unis de la même manière que le phénomène que nous connaissons en Europe. On pourrait également assister à des scènes comme celle du 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Trump en colère ont protesté contre le vol de l'élection par les démocrates, sauf que cette fois-ci, le président en exercice Joe Biden pourrait ne pas vouloir permettre une passation de pouvoir pacifique avec Trump. Un tel scénario, qui dégénérerait ensuite en conflit armé entre les partisans de Trump et ceux de Biden, ne connaîtrait donc pas de fronts clairs comme au 19ème siècle: la guerre s'orienterait plutôt vers les oppositions ville/campagne et centre/périphérie.
Par exemple, dans l'État du Maine, sur la côte est des États-Unis, la côte très peuplée a voté majoritairement pour Biden en 2020, tandis que l'intérieur du pays, moins peuplé, a voté Trump, remportant ainsi l'État pour les républicains. Un tel conflit serait extrêmement chaotique et ne pourrait être résolu que par l'intervention d'unités de l'armée américaine ou de la Garde nationale, l'armée propre à chaque État, à condition qu'elles ne se soient pas dissoutes et organisées d'une autre manière d'ici là.
De sombres perspectives pour l'avenir des États-Unis: les États d'Amérique divisés
Ainsi, quoi qu'on en dise, il semble qu'une guerre civile planifiée de longue date se prépare aux États-Unis. Alors que la cause semble être le désir des élites mondialistes d'empêcher une révolution pacifique contre le Grand Remplacement au cœur du mondialisme, les prochaines élections américaines semblent être le déclencheur prévu de la guerre. Des produits culturels comme le film « Civil War » ne sont pas seulement une conséquence de l'ambiance polarisée dans tout l'Occident et aux États-Unis en particulier, mais font partie d'une programmation qui prépare les Américains à l'éventualité d'une guerre civile tout en les poussant dans cette direction. L'escalade constante de la lutte entre les partisans du Grand Remplacement et ceux du Grand Réveil est provoquée par l'État profond aux États-Unis, précisément par le marécage que Trump n'a pas réussi à assécher pendant son mandat; cela semble rendre la guerre civile de plus en plus inévitable. On pourrait souhaiter aux Américains qu'un tel scénario apocalyptique, que leur gouvernement a provoqué dans de nombreux pays à travers le monde au cours des dernières décennies, ne se produise pas, mais à Washington, on semble avoir d'autres plans pour l'avenir des États-Unis.
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Alexandre Douguine: "L'idéologie russe"
L'idéologie russe
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/article/russkaya-ideologiya
(Ndlr: Dans ce texte, il suffit, pour nous Européens à l'ouest du Niémen et du Dniestr, de remplacer le mot "russe" par un terme désignant une Europe dé-occidentalisée (ou hespériale) et dé-libéralisée, une Europe qui a suivi l'injonction de Heidegger, celle de mettre un terme à la "métaphysique occidentale").
La Russie a désormais une idéologie: les valeurs traditionnelles et les lumières historiques. En outre, l'établissement de la Russie en tant qu'État-civilisation (ou monde russe) dans le contexte de la multipolarité. Ils fixent un axe vertical immuable.
L'Occident est déclaré adversaire civilisationnel, ce qui signifie que le libéralisme est fini. Le libéralisme est une idéologie destructrice, tout libéral est dès lors un agent étranger.
La Grande Humanité (c'est-à-dire tout le monde à l'exception de l'Occident et de ses esclaves) est constituée d'alliés et de partenaires. Quelques privilégiés: la Chine, l'Inde, l'Iran, la RPDC.
Il s'agit d'une véritable idéologie dans tous les sens du terme.
Il est maintenant très important de mettre cette idéologie en pratique afin qu'elle ouvre la voie à l'avenir. Nous devons trouver et découvrir son potentiel interne, les énergies qu'elle renferme. Elles existent à coup sûr. Une lutte commune contre l'Occident en se posant comme civilisation alternative, ça vaut quelque chose ! Et c'est déjà beaucoup, beaucoup. Nous rejetons en Occident, tout d'abord, la modernité - l'antichristianisme, l'athéisme, le libéralisme, l'individualisme, les marottes LGBT (interdites en Russie) et la postmodernité. Mais il faudra à un moment donné s'attaquer au capitalisme, un phénomène également occidental et répulsif, anti-russe. Désormais, l'Occident ne doit plus faire l'objet d'une copie aveugle, mais d'une critique sans fin. Mais c'est au cours de cette critique que l'on découvrira nos propres affirmations alternatives :
- L'orthodoxie,
- une foi fervente et active,
- le lien organique et subtil entre les choses et les personnes,
- la solidarité, l'amour,
- la solidarité, la famille fidèle,
- l'exploit, le saut du devenir à l'être,
- la grande volonté de construire le pouvoir,
- la justice,
- le salut de l'homme et du monde face à l'enfer qui nous attend.
L'Occident se veut universel, il dicte à tous les autres ce qu'est un être humain, ce que sont la vie, le corps, le temps, l'espace, la société, la politique, l'économie. Et c'est contre cela que nous, en tant qu'État-civilisation, avançons aujourd'hui notre idée alternative, celle de l'homme russe, de la vie russe, du corps russe, du temps russe, de l'espace russe, de la société russe, de la politique russe, de l'économie russe. C'est cela qui est fascinant. Tout cela ne doit pas seulement être défendu, mais redécouvert et même recréé. Et ce qui n'existe pas, il faut l'imaginer, le concevoir, le construire.
La première partie à jouer c'est d'achever l'éradication de l'occidentalisme. La seconde, c'est la création de l'avenir russe.
Il n'est pas très difficile de démanteler le libéralisme que l'on imite servilement. Ce processus est aujourd'hui en plein essor. Mais jusqu'à présent, le libéralisme se transforme en quelque chose de neutre, d'indéfini, d'obéissant, mais d'incompréhensible. C'est bien, c'est la première phase de la transformation idéologique. Retirez ceux qui savent ce qu'il faut faire et comment le faire, mais dans un sens anti-russe. Laissez-les être remplacés par ceux qui ne savent pas quoi faire et comment le faire, mais qui savent qu'il est absolument impossible de le faire comme l'Occident l'ordonne et comme les russophobes et les libéraux le veulent.
La deuxième phase se profile à l'horizon. L'émergence de personnes qui veulent tout faire à la manière russe, conformément aux valeurs traditionnelles et à la lumière historique, et qui sont prêtes à apprendre comment le faire et ce que cela signifie. Non seulement à apprendre, mais aussi à essayer, à expérimenter, à créer.
L'avenir de la Russie est ouvert. Il n'y a pas de dogmes, il est inspiré par l'ouverture de l'éternité elle-même, il tend la main à la Providence de Dieu, afin que Dieu lui-même travaille à travers les Russes, avec nos mains, pour créer un monde meilleur, tel qu'il a été conçu, tel que le Christ l'a sauvé. Nous devons devenir des bâtisseurs du Royaume.
Notre idéologie est l'édification de la nouvelle Jérusalem. Et c'est entièrement dans le futur, et donc dans l'éternel.
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Le contrôle de l'Eurasie par le sud
Le contrôle de l'Eurasie par le sud
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/article/kontrol-evrazii-s-yuga
Si l'on combine la géographie politique et la géopolitique, il est facile de constater que le groupe de pays situés au nord de la mer d'Arabie présente un certain nombre de caractéristiques communes. Certaines parties de l'Iran moderne et de l'Afghanistan représentent le Khorasan historique, et la ceinture pachtoune s'étend de l'Afghanistan au Pakistan. Le Pakistan et l'Iran sont unis par le Baloutchistan (les deux pays ont des mouvements séparatistes baloutches activement soutenus de l'extérieur).
Ces trois pays sont des États islamiques: la République islamique du Pakistan a été la première à obtenir son indépendance de la Grande-Bretagne en 1947; après la victoire de la révolution islamique en Iran, cet État est également passé d'un système monarchique à une République islamique (avec l'institution spécifique du Vilayat al faqih), et l'Afghanistan est redevenu un Émirat islamique en 2021. Et dans des temps immémoriaux, ils faisaient tous partie de l'empire sassanide. Chaque pays présente de nombreuses autres caractéristiques culturelles, ethniques et religieuses intéressantes.
Bien que l'Afghanistan soit enclavé, il jouxte organiquement la partie sud de la zone côtière eurasienne, dont le contrôle a longtemps appartenu, directement ou indirectement, aux Anglo-Saxons. Il convient de rappeler que les termes Rimland (« arc de terre ») et Heartland (« coeur de terre ») ont été introduits par le géographe britannique Halford Mackinder. Alors que le Heartland septentrional de l'« île mondiale » qui comprend l'Eurasie et l'Afrique était la Russie, le Rimland englobe les deux continents, y compris la mer Méditerranée.
Mackinder s'intéressait davantage au rôle du Heartland, tandis que le géopoliticien américain Nicholas Spykman estimait que le Rimland était plus important parce que le gros de la population des continents était concentrée le long des littoraux des grandes mers, et que le commerce extérieur et les communications se faisaient principalement par les voies maritimes. La route maritime elle-même, le long des côtes de l'Iran et du Pakistan, est la voie historique par laquelle les Arabes sont entrés en contact avec l'Inde et la Chine, établissant ainsi un système de liens assez solide.
Il est évident que la diffusion de l'islam dans les pays d'Asie du Sud-Est s'est faite précisément par le biais de cette route maritime, avec l'aide des commerçants. Contrairement aux terres émergées, où la propagation de la religion était souvent synonyme de guerre, l'islam est arrivé en Asie du Sud-Est par des moyens pacifiques. Et, bien sûr, à l'heure actuelle, ces communications, associées aux places fortes côtières (des bases navales aux ports et terminaux en eau profonde), constituent un atout stratégique important dont le contrôle est synonyme d'avantages économiques et militaires. À cela s'ajoutent les hydrocarbures de l'Iran et les importantes réserves de minerais de l'Afghanistan.
Aujourd'hui, la situation évolue vers l'intégration continentale et la multipolarité, et il est donc important de soutenir les processus d'intégration et la sécurité de cette région. Cela nécessite le développement d'une stratégie intégrée/équilibrée et la compréhension des intérêts des trois acteurs de la région. C'est également extrêmement important pour la Russie, car l'Iran et le Pakistan ont accès aux eaux chaudes de l'océan Indien. Et dans le contexte du conflit en cours avec l'Occident, la réorientation vers le Sud et l'Est doit se faire de manière systémique.
L'Iran, bien sûr, présente un plus grand intérêt, car le corridor de transport international Nord-Sud a déjà commencé à fonctionner, bien qu'il n'ait pas atteint son plein potentiel. La Russie étant reliée à l'Iran directement par la mer Caspienne et par la République d'Azerbaïdjan, l'interaction bilatérale est beaucoup plus facile et efficace que l'utilisation hypothétique des voies de transport passant par le Pakistan (dans ce cas, au moins deux États de transit - l'Afghanistan et le Turkménistan - se trouvent sur le chemin de la mer Caspienne, et au moins trois sur terre, qu'il s'agisse d'un passage frontalier par l'Afghanistan ou par la Chine). En outre, une route vers la péninsule arabique et la côte est de l'Afrique s'ouvre à travers l'Iran. Cela signifie un accès aux monarchies arabes économiquement puissantes et au marché africain potentiellement attractif, où la présence de la Russie s'accroît déjà, en particulier dans la partie de la ceinture du Sahel - le cœur du continent noir. Par conséquent, le maintien du niveau des relations stratégiques et leur développement pour la Russie revêtent une grande importance et offrent de bonnes perspectives.
Le 25 juin 2024, on a appris qu'un nouvel accord de coopération global entre l'Iran et la Russie était prêt. Les parties russe et iranienne ont déclaré qu'il n'y avait aucun obstacle à sa conclusion [i]. Cela signifie que nos relations atteindront un nouveau niveau. L'Iran est également membre des BRICS et de l'OCS et a conclu un accord de zone de libre-échange avec l'EAEU, qui a finalement été ratifié en juin 2024 [ii]. Cela devrait permettre d'augmenter le volume des transactions commerciales entre les pays de 30 à 40% [iii]. En outre, l'Iran s'attend également à recevoir des livraisons de pétrole et de gaz de la part de la Russie [iv].
La continuité de la ligne de politique étrangère, ainsi que les principaux impératifs de la politique intérieure, permettent de penser que l'Irak continuera à participer activement à la construction d'un monde multipolaire et au renforcement de la sécurité régionale. Même après la mort du président et du ministre des affaires étrangères de l'Iran dans un accident de transport en mai 2024, tous les processus politiques n'ont pas été suspendus et il n'y a aucune raison qu'avec le nouveau chef du gouvernement de la République islamique, l'approche idéologique et géopolitique de ce pays à l'égard des affaires mondiales change d'une manière ou d'une autre. Ce qui est important, c'est que l'Iran, comme la Russie, est en train d'établir des relations avec l'Afghanistan.
Pour ces trois pays, les menaces similaires actuelles sont le groupe ISIS (interdit en Russie), responsable des attaques terroristes à l'hôtel de ville de Crocus et plus récemment dans la République du Daghestan, ainsi que les puissances occidentales qui souhaitent affaiblir à la fois la Russie et l'Afghanistan. Comme nous l'avons mentionné, l'Afghanistan dispose d'un important potentiel minier et même pétrolier, gazier et nucléaire.
Presque tous les gisements connus ont été découverts à l'époque des géoscientifiques soviétiques, mais n'ont pas été exploités en raison de la situation conflictuelle complexe qui prévaut depuis des décennies. On trouve en Afghanistan de la barytine, du zinc, du plomb, de l'uranium, du charbon, du minerai de fer et de cuivre, du tungstène, de l'argent et de l'or, de l'étain, du lithium, du calcaire, de l'aluminium et bien d'autres éléments du système périodique de Mendeleïev. Leur exploitation peut commencer dans un avenir proche. En outre, l'Afghanistan est un marché pour les biens de consommation et un important producteur de produits agricoles. Nous devrions également prêter attention au potentiel de diverses autoroutes, qu'il s'agisse du corridor de transport transafghan ou du projet de longue date de l'oléoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde. La participation à leur construction et à leur exploitation pourrait rapporter de bons dividendes à la Russie à l'avenir. Le Pakistan est également important pour la géopolitique du sud de l'Eurasie.
Ce n'est pas une coïncidence si les États-Unis insistent sur le contrôle politique du pays depuis les années 1950. Washington tente toujours de maintenir son influence sur le Pakistan, en partie par l'intermédiaire du FMI, qui a piégé le Pakistan avec ses prêts, et en partie en manipulant le discours sur la menace indienne (il est révélateur que pour l'Inde, les conseillers américains aient les mêmes craintes concernant la « bombe nucléaire islamique » et la menace chinoise). Le Pakistan met actuellement en œuvre un élément clé de l'initiative chinoise Belt and Road, le corridor économique Chine-Pakistan, qui part du port en eau profonde de Gwadar, dans la province du Baloutchistan, et s'étend à travers le pays vers le nord jusqu'aux chaînes de montagnes du système de l'Hindu Kush.
Le Pakistan souhaite attirer davantage d'investisseurs russes pour ce projet et d'autres. Les dirigeants du pays ont récemment déclaré qu'Islamabad se joindrait à l'utilisation du corridor Nord-Sud et qu'il envisageait des options acceptables pour l'entrée des entreprises russes au Pakistan.
Auparavant, la Russie a signé un mémorandum pour la construction du gazoduc Pakistan Stream, bien que les négociations sur les différents détails soient toujours en cours [v]. La fringale énergétique du Pakistan peut également être satisfaite par l'énergie nucléaire, Rosatom pouvant offrir des solutions optimales en la matière.
Enfin, la médiation de la Russie pour améliorer les relations entre l'Inde et le Pakistan pourrait également porter ses fruits et Moscou a déjà offert ses services à cet égard, en particulier en cas d'escalade à la frontière. L'interaction avec le Pakistan dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est un autre domaine où un contact constant et fiable entre les autorités compétentes des deux pays est nécessaire. Il est important de noter que le Pakistan est une puissance nucléaire et que sa participation au monde multipolaire aura une grande importance.
Et avec ces trois États du sud de l'Eurasie, il est nécessaire d'élaborer des solutions pour contourner les sanctions de l'Occident collectif. Ils sont tous plus ou moins familiers avec le blocage des fonds et les diverses manipulations pour des raisons politiques.
Une approche plus consolidée à cet égard permettra à chacun, ensemble et individuellement, de se sentir plus confiant dans le système financier mondial, l'alternative la plus correcte étant une transition vers leur propre mécanisme de transactions pour éviter la dépendance vis-à-vis du dollar/de l'euro et le passage des flux financiers par les centres de compensation occidentaux.
Il est possible qu'un tel mécanisme soit présenté lors du sommet des BRICS en octobre. En tout cas, selon certaines informations, la Russie et la Chine ont déjà mis au point les principales nuances du nouvel instrument de paiement, qui sera utilisé à la fois pour les transactions bancaires traditionnelles et les transactions en monnaie numérique.
Comme nous pouvons le constater, si les relations bilatérales avec chaque pays pris individuellement sont importantes, une vision plus globale et la prise en compte de divers aspects - de la religion et de la culture à la sécurité, en passant par l'économie et l'industrie - permettront d'élaborer une meilleure stratégie à long terme.
Notes:
i - https://ria.ru/20240626/iran-1955481840.html
ii - https://eec.eaeunion.org/comission/department/dotp/torgov...
iii — https://ria.ru/20240626/iran-1955491765.html?ysclid=lxx05...
iv - https://finance.rambler.ru/business/52990939-gazprom-mahn......
v - https://ria.ru/20231122/gazoprovod-1910966779.html
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Réflexions au milieu de la convergence des catastrophes
Mais demain nous appartient...
Réflexions au milieu de la convergence des catastrophes
Werner Olles
Nous écrivons cet essai quelques semaines seulement avant le 20 août, deuxième anniversaire du meurtre lâche et insidieux de la philosophe et publiciste russe Darya Dugina par les services secrets de la junte nazie et criminelle de Kiev, dirigée par le dictateur corrompu Selenski.
L'acte de ces assassins déshumanisés s'est déroulé sous les yeux horrifiés de son père, à qui il était sans doute destiné. La jeune femme, qui a porté l'héritage de son père, le philosophe et écrivain Alexandr Douguine, et dont les conférences et les écrits analysaient et démasquaient l'impérialisme mondial destructeur des peuples de l'Occident collectif tout en lui déclarant la guerre sainte, nous montre théoriquement et pratiquement la bonne voie, la voie difficile. Dasha est morte, c'est une martyre de la politique, mais elle continue à vivre dans nos cœurs parce qu'elle s'est battue pour le bien contre le mal. Contre les maîtres sataniques de l'or et de l'argent de Davos, contre le trans-atlantisme, l'unipolarité, le mainstream occidental et ses vassaux politico-médiatiques bellicistes, et pour la naissance de la liberté multipolaire des peuples et des nations. Leur héritage nous donne la force et le courage d'affronter, armés et l'esprit en éveil, la bête du « Great Reset » dans toutes ses atroces nuances.
L'Occident collectif, avec son transhumanisme, sa volonté enragée d'effacer l'histoire, sa folie du gendérisme, avec sa sorcellerie répugnante et sa folie woke-LGTB et avec ses innombrables autres dystopies, toutes contraires à la nature humaine, comme par exemple l'ultra-mondialisation, a entre-temps provoqué la rupture définitive et vitale entre l'État-nation impérial russe et l'impérialisme libéral-mondialiste des États-Unis/de l'OTAN, entre la Troisième Rome et le marais toxique mondial et l'infamie spirituelle du règne cosmopolite du mensonge. Cette fracture est irrémédiable, et c'est tant mieux, car au milieu d'un monde occidental qui est en train de s'effondrer parce que le mensonge, le crime, la trahison et la violence ne sont pas en mesure d'arrêter la Russie et l'orthodoxie chrétienne, qui se dressent comme un roc invincible dans la tourmente. L'Occident collectif peut envoyer tous ses mercenaires impies, assoiffés de meurtre, contre l'Empire de la Lumière, ils se briseront contre ce rocher.
« Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille entre les hommes; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul » a écrit un jour Arthur Rimbaud, nous rappelant ainsi cette vérité irréfutable, mais apparemment difficile à accepter pour les stratèges allemands de l'avant-garde, celle de la soi-disant « nouvelle droite », que la métapolitique ne signifie rien d'autre que la guerre de l'information, et que ce que l'on appelle « l'avant-garde » doit en premier lieu être d'assumer la fonction d'une “élite de provocation” (Bernd Rabehl). Le fait que la métapolitique soit une véritable guerre, avec de vrais belligérants et, en cas d'urgence, de vrais morts, et qu'elle puisse mener au martyre politique sur le chemin de la guerre, est - semble-t-il en tout cas - totalement inconnu chez certains «savants sur le front de la théorie». En revanche, la devise de Darya Douguina était « Vita est super terram ! » - « La vie, c'est la guerre sur terre ! ». Alors que les médias pro-Otan se sont livrés à un terrorisme verbal des plus cruels et nauséabonds, notre devoir devrait être de rouvrir les portes de la vie, de la douleur, des passions, mais aussi du mépris - et non de la haine - à l'égard de la clique dirigeante de vassaux et de collabos qui, en cas de doute, marcheront sur (nos) cadavres.
Mais la métapolitique nous apprend aussi que la « nouvelle droite » postmoderne en RFA n'a pas la moindre idée de ce qu'ont véritablement écrit Marx ou Gramsci. C'est un peu comme la néo-gauche, même si elle est encore plus trash. Mais ce n'est pas une excuse, bien sûr. Le « pré-carré » démesurément surestimé de quelques penseurs - les noms ne sont ici que du vent, mais il serait en tout cas préférable qu'ils réfléchissent d'abord avant de commencer à « pré-penser » au-delà de leur arrogance ridicule - devrait en effet recommencer à réfléchir à partir de Marx lui-même afin de mettre la métaphysique historique de la modernité, la pratique émancipatrice et la théorie critique sur un dénominateur commun. Ce n'est pas très facile, il est vrai, mais c'est tout à fait possible si l'on considère l'« empire du mal », le marxisme, non pas comme un « dérapage » traître de la gauche, ni comme la raison des Lumières mise en œuvre, qui devient ici visible, mais comme une critique radicale des Lumières, que l'on doit malheureusement encore chercher à la loupe dans ce que l'on appelle la « nouvelle droite ».
Toujours est-il que le 21 juillet, sur PI-News, Martin Renner, député de l'AfD au Bundestag et fondateur du parti (photo), a enfin osé dire quelque chose que personne n'avait osé faire jusqu'à présent dans les cercles de nos stratèges soi-disant avant-gardistes. En effet, le penseur français et cofondateur du GRECE, Guillaume Faye, avait déjà attiré l'attention sur ce fait il y a près de vingt ans dans son ouvrage fondamental du même nom, « La convergence des catastrophes », qui n'est malheureusement pas encore paru en allemand; la « centrale parisienne », y compris ses épigones allemands, a perçu cet ouvrage tonifiant comme un pessimisme critique à l'égard de la culture; la petite frange allemande s'est souvenue de certains décrets de la « centrale » dans sa critique toujours réductrice de l'universalisme occidental. D'abord, Faye, le porteur de la mauvaise nouvelle, a été dénigré à titre posthume, ridiculisé, pour finalement être complètement ignoré. Lorsque cela n'a pas été possible, parce que quelques rares vrais hommes de droite se sont érigés en défenseurs et en justificateurs de Faye, parmi lesquels on peut citer en premier lieu Robert Steuckers, Stefano Vaj, Audrey d'Aguanno, Pierre Vial et Constantin von Hoffmeister, et que finalement l'auteur de ces lignes a lui aussi réfuté sans hésiter, à l'aide de nombreux faits, le « discours de crise » dérisoire derrière lequel on voit clairement la peur panique de la cruelle vérité, la mesure d'ostracisme a été prise par les disciples du « gourou » parisien. Les défenseurs de Faye ont rapidement été déclarés « auteurs de la petite scène (d'extrême-droite) », dont les thèses n'avaient pas à être discutées, et le dossier Guillaume Faye a été clos.
Nous sommes tout naturellement très heureux que Martin Renner, un homme politique, ait rouvert le dossier à l'occasion de l'interdiction de la revue COMPACT et de la chaîne Compact-TV et nous lui donnons volontiers la parole. Sous le titre « Faeser et consorts. Crise ou catastrophe ? », Renner écrit: "Après une crise vient souvent la catastrophe. La catastrophe n'est pas seulement l'augmentation sémantique de la « crise », mais souvent aussi le sommet d'une évolution. C'est donc la conséquence directe et le résultat d'une crise non résolue. Cette brève présentation est nécessaire. Et ce, afin d'exposer le sérieux nécessaire avec lequel il faut considérer et traiter les actions récentes de la ministre fédérale de l'Intérieur et également du gouvernement fédéral.
CE N'EST PLUS UNE CRISE DURABLE, CE QUE NOUS VIVONS DANS NOTRE RÉPUBLIQUE, C'EST UNE CATASTROPHE. UNE DÉVASTATION CATASTROPHIQUE ET PLANIFIÉE DE NOTRE DÉMOCRATIE ».
Voilà ce que dit Martin Renner, qui mérite donc nos remerciements. Il faut espérer que son excellente contribution aura au moins ouvert les yeux de quelques camarades et amis sur la situation insupportable que nous vivons dans la « meilleure Allemagne qui ait jamais existé ». Il ne suffit pas de s'en remettre à la sagesse des soi-disant « penseurs » et des « experts » autoproclamés qui se bousculent une fois de plus dans le creux de l'été 2024 pour délivrer des messages nébuleux, remplacer les analyses par des démonstrations de bonne volonté, argumenter à l'encontre des faits et des règles logiques, ce qui est loin d'être un dérapage isolé, mais qui se sentent là vraiment dans leur élément.
En fait, cela montre trois choses : premièrement, que la catastrophe a atteint la conscience publique au moins depuis la contribution de Martin Renner au site PI, quelle que soit sa forme tordue ; deuxièmement, qu'elle ne doit pas exister si l'on en croit nos « penseurs » et qu'il faut donc l'interpréter comme un phénomène passager ; et troisièmement, que cela n'est justement plus possible.
16:27 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, allemagne, réflexions personnelles, nouvelle droite, convergence des catastrophes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 30 juillet 2024
Les racines trotskistes du néoconservatisme
Les racines trotskistes du néoconservatisme
Filip Martens
L'idéologie néoconservatrice a gagné une influence croissante sur la politique mondiale à partir du début des années 1980. Cependant, malgré son nom trompeur, le néoconservatisme n'est pas du tout conservateur, mais plutôt une idéologie gauchiste qui a détourné le conservatisme américain. Bien que le néoconservatisme ne puisse être rattaché à aucun penseur en particulier, le philosophe politique Leo Strauss (1899-1973) et le sociologue Irving Kristol (1920-2009) sont largement considérés comme ses pères fondateurs.
Les fondateurs du néoconservatisme
Leo Strauss est né dans une famille juive de la province allemande de Nassau. Il a été un sioniste actif pendant ses années d'études dans l'Allemagne de l'après-Première Guerre mondiale. Strauss a émigré en Grande-Bretagne en 1934 et aux États-Unis en 1937, où il a d'abord été affecté à l'université Columbia de New York. De 1938 à 1948, il est professeur de philosophie politique à la New School for Social Research de New York et de 1949 à 1968 à l'université de Chicago.
À l'université de Chicago, Strauss a enseigné à ses étudiants que la laïcité américaine signifiait sa propre destruction : en effet, l'individualisme, l'égoïsme et le matérialisme sapaient toutes les valeurs et la moralité et ont conduit à un chaos massif et à des émeutes aux États-Unis dans les années 1960. Pour lui, la solution réside dans la création et l'entretien de mythes religieux et patriotiques. Strauss soutenait que les mensonges blancs étaient autorisés pour maintenir la cohésion de la société et la diriger. Par conséquent, selon lui, les mythes posés et non prouvés par les politiciens étaient nécessaires pour donner aux masses un but, ce qui conduirait à une société stable. Les hommes d'État doivent donc créer des mythes inspirants et forts, qui ne doivent pas nécessairement correspondre à la vérité. Strauss a ainsi été l'un des inspirateurs du néoconservatisme qui a émergé dans la politique américaine des années 1970, bien qu'il ne se soit jamais engagé dans la politique active et qu'il soit toujours resté un universitaire.
Irving Kristol (photo) est le fils de juifs ukrainiens qui ont émigré à Brooklyn, New York, dans les années 1890. Dans la première moitié des années 1940, il était membre de la Quatrième Internationale de Léon Trotski (1879-1940), le dirigeant bolchevique juif exilé par Staline en URSS, qui a combattu Staline avec ce mouvement communiste rival. De nombreux intellectuels juifs américains de premier plan ont rejoint la Quatrième Internationale.
Kristol était également membre des influents « New York Intellectuals », un collectif d'écrivains et de critiques littéraires juifs trotskistes de New York, également anti-stalinien et anti-URSS. Outre Kristol, ce groupe comprenait Hannah Arendt, Daniel Bell, Saul Bellow, Marshall Berman, Nathan Glazer, Clement Greenberg, Richard Hofstadter, Sidney Hook, Irving Howe, Alfred Kazin, Mary McCarthy, Dwight MacDonald, William Phillips, Norman Podhoretz, Philip Rahy, Harold Rosenberg, Isaac Rosenfeld, Delmore Schwartz, Susan Sontag, Harvey Swados, Diana Trilling, Lionel Trilling, Michael Walzer, Albert Wohlstetter et Robert Warshow. Nombre d'entre eux ont étudié au City College of New York, à l'université de New York et à l'université de Columbia dans les années 1930 et 1940. Ils vivaient principalement dans les quartiers de Brooklyn et du Bronx. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces trotskistes ont de plus en plus pris conscience que les États-Unis pouvaient être utiles dans la lutte contre l'URSS qu'ils détestaient. Certains d'entre eux, comme Glazer, Hook, Kristol et Podhoretz, ont par la suite développé un néoconservatisme qui a conservé l'universalisme trotskiste et le sionisme.
Kristol a commencé par être un marxiste convaincu au sein du parti démocrate. Il a été un disciple de Strauss dans les années 1960. Leur néoconservatisme a continué à croire en l'ingénierie sociale marxiste du monde : les États-Unis devaient agir au niveau international pour répandre la démocratie parlementaire et le capitalisme. C'est pourquoi Kristol était un fervent partisan de la guerre américaine au Viêt Nam. Strauss et Kristol ont également rejeté la séparation libérale de l'Église et de l'État, la société laïque conduisant à l'individualisme. Ils ont remis la religion au service de l'État.
Kristol a diffusé ses idées en tant que professeur de sociologie à l'université de New York, par une chronique dans le Wall Street Journal, par les magazines qu'il a fondés, The Public Interest et The National Interest, et par l'influent hebdomadaire néocon The Weekly Standard, fondé par son fils William Kristol en 1995 (qui a été financé jusqu'en 2009 par la société de médias News Corporation du magnat Rupert Murdoch, puis par le Clarity Media Group du milliardaire Philip Anschutz).
Kristol a également participé au Congrès pour la liberté de la culture, fondé et financé par la CIA en 1950. Cette organisation anti-URSS active dans environ 35 pays publiait le magazine britannique Encounter, que Kristol a cofondé avec l'ancien poète et écrivain marxiste britannique Stephen Spender (1909-1995) (photo). Spender était très attiré par le judaïsme en raison de son héritage partiellement juif et était également marié à la pianiste de concert juive Natasha Litvin. Lorsque l'implication de la CIA dans le Congrès pour la liberté de la culture a été révélée à la presse en 1967, Kristol s'en est retiré et s'est engagé dans le groupe de réflexion néoconservateur American Enterprise Institute.
Kristol a également édité le mensuel Commentary avec Norman Podhoretz (né en 1930) (photo) de 1947 à 1952. Podhoretz est le fils de marxistes juifs originaires de Galicie qui se sont installés à Brooklyn. Il a étudié à l'université de Columbia, au Jewish Theological Seminary et à l'université de Cambridge. De 1960 à 1995, Podhoretz a été rédacteur en chef de Commentary. Son essai influent de 1963 intitulé « My Negro Problem - And Ours » (Mon problème nègre - et le nôtre) préconise un mélange racial complet des races blanche et noire, car pour lui, « la fusion totale des deux races est l'alternative la plus souhaitable ».
De 1981 à 1987, Podhoretz a été conseiller auprès de l'Agence américaine d'information, un service de propagande américain dont l'objectif est de surveiller et d'influencer les opinions publiques et les institutions étatiques étrangères. En 2007, Podhoretz a reçu le Guardian of Zion Award, un prix annuel décerné par l'université israélienne Bar-Ilan à un grand défenseur de l'État d'Israël.
Les autres grands noms de cette nouvelle idéologie sont Allan Bloom, l'épouse de Podhoretz, Midge Decter (photo), et l'épouse de Kristol, Gertrude Himmelfarb. Bloom (1930-1992) est né dans une famille juive de l'Indiana. À l'université de Chicago, il a été fortement influencé par Leo Strauss. Plus tard, Bloom est devenu professeur de philosophie dans plusieurs universités. Le futur professeur Francis Fukuyama (né en 1952) a été l'un de ses étudiants. La journaliste et écrivaine féministe juive Midge Rosenthal (1927-2022) - qui a changé son nom de famille en Decter - a été l'une des fondatrices du groupe de réflexion néoconservateur Project for the New American Century et a également siégé au conseil d'administration du groupe de réflexion néoconservateur Heritage Foundation. L'historienne juive Gertrude Himmelfarb (1922-2019), née à Brooklyn, était une trotskiste active pendant ses études à l'université de Chicago, au Jewish Theological Seminary et à l'université de Cambridge. Elle a ensuite été active au sein du groupe de réflexion néoconservateur American Enterprise Institute.
Les racines trotskistes du néoconservatisme
Le néoconservatisme est considéré à tort comme « de droite » en raison du préfixe « néo », qui suggère à tort une nouvelle pensée conservatrice. Au contraire, de nombreux néoconservateurs ont un passé d'extrême gauche, notamment dans le trotskisme. En effet, la plupart des néocons sont issus d'intellectuels juifs trotskistes d'Europe de l'Est (principalement de Pologne, de Lituanie et d'Ukraine). L'URSS ayant interdit le trotskisme dans les années 1920, il est compréhensible qu'ils soient devenus actifs aux États-Unis en tant que groupes de pression anti-URSS au sein du parti démocrate de gauche et d'autres organisations de gauche.
Irving Kristol a défini un néocon comme « un progressiste affecté par la réalité ». Cela signifie qu'un néocon est quelqu'un qui change de stratégie politique pour mieux atteindre ses objectifs. En effet, dans les années 1970, les néocons ont troqué le trotskisme pour le libéralisme et ont quitté le Parti démocrate. En raison de leur forte aversion pour l'URSS et l'État-providence, ils ont rejoint l'anticommunisme des Républicains pour des raisons stratégiques.
En tant qu'ancien trotskiste, le néoconservateur Kristol a continué à promouvoir des idées marxistes telles que le socialisme réformiste et la révolution internationale par le biais de la construction de nations et de régimes démocratiques imposés militairement. En outre, les néocons défendent des revendications progressistes telles que l'avortement, l'euthanasie, l'immigration de masse, la mondialisation, le multiculturalisme et le capitalisme de libre-échange. Les États-providence sont également considérés comme superflus, bien que les peuples occidentaux eux-mêmes préfèrent que la sécurité sociale qu'ils ont durement acquise continue d'exister. Les néoconservateurs brandissent donc des scénarios catastrophe exagérés - tels que le vieillissement et la mondialisation - pour inciter la population à massacrer le secteur public et les services sociaux. Ils cherchent pour cela le soutien des forces politiques libérales-capitalistes. Le terme « piège de la pauvreté » , qui désigne les chômeurs qui ne vont pas travailler parce que les coûts qu'ils engendrent diluent leurs revenus légèrement supérieurs, a également été inventé par les néoconservateurs.
Ces concepts sont au cœur de la philosophie néoconservatrice. En 1979, le magazine Esquire a qualifié Irving Kristol de « parrain de la nouvelle force politique la plus puissante d'Amérique : le néoconservatisme ». Cette année-là, Peter Steinfels a également publié son livre « The Neoconservatives : The Men Who Are Changing America's Politics » (Les néoconservateurs : les hommes qui changent la politique américaine), qui met en évidence l'influence politique et intellectuelle croissante des néoconservateurs.
Le magazine mensuel Commentary a succédé au magazine Contemporary Jewish Record, supprimé en 1944, et a été fondé en 1945 par l'American Jewish Committee. Son premier rédacteur en chef, Elliot Ettelson Cohen (1899-1959), était le fils d'un commerçant juif de la Russie tsariste. Sous sa direction, Commentary a ciblé la communauté juive traditionnellement très à gauche, tout en cherchant à faire connaître les idées des jeunes intellectuels juifs à un public plus large. Norman Podhoretz, devenu rédacteur en chef en 1960, a donc affirmé à juste titre que Commentary réconciliait les intellectuels juifs trotskystes radicaux avec l'Amérique libérale et capitaliste. Commentary s'est engagé contre l'URSS et a pleinement soutenu les trois piliers de la guerre froide : la doctrine Truman, le plan Marshall et l'OTAN.
Ce magazine sur la politique, la société, le judaïsme et les questions socioculturelles a joué un rôle de premier plan dans le néoconservatisme depuis les années 1970. Commentary a transformé le trotskisme juif en néoconservatisme et est le magazine américain le plus influent du dernier demi-siècle parce qu'il a profondément changé la vie politique et intellectuelle américaine. Après tout, l'opposition à la guerre du Viêt Nam, au capitalisme qui la sous-tendait et, surtout, l'hostilité à Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967 ont suscité l'ire du rédacteur en chef Podhoretz. Commentary a donc présenté cette opposition comme anti-américaine, anti-libérale et antisémite. C'est ainsi qu'est né le néoconservatisme, qui défend farouchement la démocratie libérale et s'oppose à l'URSS et aux pays du tiers-monde qui luttent contre le néocolonialisme. Les élèves de Strauss - dont Paul Wolfowitz (°1943) et Allan Bloom - soutenaient que les États-Unis devaient lutter contre le « Mal » et répandre la démocratie parlementaire et le capitalisme, considérés comme le « Bien », dans le monde entier.
Ils ont également fait croire à la population américaine qu'il existait un danger - fictif - lié à l'islam, sur la base duquel ils préconisaient une intervention américaine au Proche-Orient. Mais surtout, les néocons prônent un soutien massif et inconditionnel des États-Unis à Israël, au point que le conservateur traditionnel Russel Kirk (1918-1994) a un jour affirmé que les néocons confondaient la capitale des États-Unis avec Tel-Aviv. En fait, selon Kirk, il s'agit là de la principale distinction entre les néocons et les premiers conservateurs américains. Dès 1988, il a averti que le néoconservatisme était très dangereux et belliqueux. La guerre du Golfe de 1990-1991, menée par les États-Unis, lui a immédiatement donné raison.
Les néoconservateurs recherchent explicitement le pouvoir pour faire passer leurs réformes dans l'espoir d'améliorer la qualité de la société. Ce faisant, ils sont tellement convaincus de leur bon droit qu'ils n'attendent pas que leurs interventions bénéficient d'un large soutien, même dans le cas de réformes radicales. Le néoconservatisme est donc une utopie marxiste d'ingénierie sociale.
Les néoconservateurs dans l'opposition au président Richard Nixon
Dans les années 1970, le néoconservatisme est apparu comme un mouvement de résistance à la politique du président Nixon. En effet, le républicain Richard Nixon (1913-1994) et Henry Kissinger (1923-2023) - conseiller à la sécurité nationale en 1969-1975 et secrétaire d'État en 1973-1977 - ont mené une politique étrangère totalement différente en établissant des relations avec la Chine maoïste et en entamant une détente avec l'URSS. En outre, Nixon a également mené des politiques sociales et a aboli l'étalon-or, faisant en sorte que les dollars ne soient plus échangeables contre de l'or.
Nixon et Kissinger profitent de l'escalade des tensions et des conflits frontaliers entre l'URSS et la Chine pour établir des relations avec la Chine dans le plus grand secret en 1971, après quoi Nixon devient le premier président américain à se rendre en Chine maoïste en février 1972. Mao Zedong semble très impressionné par Nixon. Craignant une alliance sino-américaine, l'URSS cède alors aux pressions américaines en faveur de la détente. Nixon et Kissinger transforment le monde bipolaire - l'Occident contre le bloc communiste - en un équilibre multipolaire des pouvoirs. Nixon se rend à Moscou en mai 1972 et négocie avec le dirigeant soviétique Brejnev des accords commerciaux et deux traités historiques de limitation des armements (SALT I et ABM). L'hostilité de la guerre froide a été remplacée par la détente, qui a permis de désamorcer les tensions. En conséquence, les relations entre l'URSS et les États-Unis se sont considérablement améliorées à partir de 1972. Un programme quinquennal de coopération spatiale était déjà en place à la fin du mois de mai 1972. Il a débouché sur le projet d'essai Apollo-Soyouz en 1975, dans le cadre duquel un Apollo américain et un Soyouz soviétique ont effectué une mission spatiale commune.
La Chine et l'URSS renforcent alors leur soutien au Nord-Vietnam, à qui l'on conseille d'entamer des pourparlers de paix avec les États-Unis. Bien qu'au départ, Nixon ait encore sérieusement intensifié la guerre au Sud-Vietnam en attaquant également les pays voisins, le Laos, le Cambodge et le Nord-Vietnam, il a progressivement retiré ses troupes et Kissinger a pu conclure un accord de paix en 1973. En effet, Nixon avait compris que pour que la paix soit couronnée de succès, l'URSS et la Chine devaient être impliquées.
Nixon était en outre convaincu que des politiques gouvernementales raisonnables pouvaient bénéficier à l'ensemble de la population. Il a transféré des pouvoirs fédéraux aux États, augmenté l'aide alimentaire et sociale et stabilisé les salaires et les prix. Les dépenses de défense sont passées de 9,1% à 5,8% du PNB et le revenu moyen des ménages a augmenté. En 1972, la sécurité sociale a été considérablement élargie en garantissant un revenu minimum. Nixon est devenu très populaire grâce à ses politiques socio-économiques réussies. En conséquence, il est réélu en novembre 1972 avec l'une des plus grandes victoires électorales de l'histoire des États-Unis : à l'exception du Massachusetts et de Washington DC, il remporte la majorité dans tous les États américains.
En réaction à l'écrasante victoire de Nixon, la faction centriste Coalition for a Democratic Majority (CDM) a été créée au sein du Parti démocrate en décembre 1972 à l'instigation du sénateur démocrate Henry Jackson (1912-1983), qui avait tenté sans succès de remporter l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle. Le CDM soutenait que les Démocrates devaient revenir à une position plus large et centriste pour vaincre les Républicains. Le CDM a également attiré des membres du Parti socialiste trotskiste d' Amérique et en particulier de son aile jeunesse, la Young People's Socialist League (Ligue socialiste des jeunes).
Cependant, malgré le nombre considérable de membres et le soutien du CDM, Jackson n'a pas réussi à obtenir l'investiture démocrate lors des primaires présidentielles démocrates de 1976. Certains membres du CDM, principalement non juifs - dont Les Aspin, Lloyd Bentsen, Tom Foley, Samuel Huntington, William Richardson et James Woolsey - participeront plus tard aux gouvernements Carter (1977-1981) et Clinton (1993-2001), tandis que de nombreux autres, principalement juifs - Daniel Bell, Midge Decter, Nathan Glazer, Jeanne Kirkpatrick, Charles Krauthammer, Irving Kristol, Joshua Muravchik, Michael Novak, Richard Perle, Richard Pipes, Norman Podhoretz, Benjamin Wattenberg et Paul Wolfowitz - sont devenus néocons et ipso facto républicains et ont participé à l'organisation de propagande de la CIA , le Congress for Cultural Freedom, aux principaux groupes de réflexion néocons et aux gouvernements Reagan (1981-1989), Bush sr. (1989-1993) et -Bush Jr. (2001-2009). On est donc passé d'intellectuels juifs trotskistes au sein du parti démocrate à des néocons au sein du parti républicain. Les néocons constituaient auparavant un mouvement d'opposition au sein du Parti démocrate, qui était farouchement anti-URSS et rejetait la détente avec l'URSS de Nixon et Kissinger. Les hommes d'affaires néoconservateurs ont fourni d'énormes sommes d'argent aux groupes de réflexion et aux revues néoconservateurs.
En 1973, les Straussiens ont exigé que les États-Unis fassent pression sur l'URSS pour que les Juifs soviétiques puissent émigrer. Cependant, le secrétaire d'État Kissinger - bien que juif lui-même - a estimé que la situation des Juifs soviétiques n'avait rien à voir avec les intérêts américains et a donc refusé de s'adresser à l'URSS à ce sujet. Le sénateur Henry Jackson a sapé la détente par l'amendement Jackson-Vanik de 1974, qui subordonnait la détente à la volonté de l'URSS de permettre aux Juifs soviétiques d'émigrer. Jackson a été critiqué au sein du parti démocrate pour ses liens étroits avec l'industrie de l'armement et son soutien à la guerre du Viêt Nam et à Israël. Sur ce dernier point, il a également reçu un soutien financier considérable de la part de milliardaires juifs américains. Plusieurs associés de Jackson, comme Elliot Abrams (né en 1948), Richard Perle (né en 1941), Benjamin Wattenberg (1933-2015) et Paul Wolfowitz, deviendront plus tard des néoconservateurs de premier plan.
Kissinger n'a pas non plus apprécié les demandes persistantes d'aide américaine de la part d'Israël, qualifiant le gouvernement israélien de « bande de malades » : « Nous avons opposé notre veto à huit résolutions au cours des dernières années, nous leur avons donné quatre milliards de dollars d'aide (...) et nous sommes toujours traités comme si nous n'avions rien fait pour eux ». Plusieurs enregistrements de la Maison Blanche datant de 1971 montrent que le président Nixon avait lui aussi de sérieux doutes sur le lobby israélien à Washington et sur Israël.
Kissinger a empêché Israël de détruire la 3ème armée égyptienne encerclée dans le Sinaï pendant la guerre du Kippour de 1973. Alors que même l'URSS n'osait pas durcir son discours pro-arabe, il a réussi à déloger l'Égypte du camp soviétique et à en faire un allié des États-Unis, affaiblissant considérablement l'influence soviétique au Proche-Orient.
Nixon, quant à lui, poursuit ses réformes sociales. En février 1974, par exemple, il met en place une assurance maladie basée sur les cotisations des employeurs et des employés. Cependant, il doit démissionner en août 1974 en raison du scandale du Watergate, qui a débuté en juin 1972 et qui consiste en une série de « révélations » médiatiques sensationnelles qui durent plus de deux ans et qui mettent en très grande difficulté plusieurs responsables du gouvernement républicain et, finalement, le président Nixon lui-même.
Le Washington Post, en particulier, a considérablement terni le blason de l'administration Nixon (1969-1974) : les rédacteurs en chef Howard Simons (1929-1989) et Hirsch Moritz « Harry » Rosenfeld (1929-2021) ont organisé très tôt la couverture extraordinaire de ce qui allait devenir le scandale du Watergate, en mettant les journalistes Bob Woodward (né en 1943) et Carl Bernstein (né en 1944) sur l'affaire. Sous l'œil bienveillant du rédacteur en chef Benjamin Bradlee (1921-2014), Woodward et Bernstein ont émis de nombreux soupçons à l'encontre de l'administration Nixon en s'appuyant sur des « sources anonymes ».
Simons est né dans une famille juive d'Albany, dans l'État de New York, et a obtenu un diplôme de journalisme à l'université de Columbia. Rosenfeld est issu d'une famille de juifs allemands qui s'est installée dans le Bronx, un quartier de New York, en 1939. Les parents juifs de Bernstein étaient membres du Parti communiste américain et ont été surveillés par le FBI pour activités subversives pendant 30 ans, ce qui a donné lieu à un dossier du FBI de plus de 2500 pages. Pendant des décennies, Woodward a été accusé d'exagérations et de fabrications dans ses reportages, notamment en ce qui concerne ses « sources anonymes » dans le cadre du scandale du Watergate.
Cette offensive médiatique contre l'administration Nixon a donné lieu à une intense enquête judiciaire et le Sénat a même créé une commission d'enquête qui a commencé à citer des fonctionnaires à comparaître. En conséquence, Nixon doit licencier plusieurs hauts fonctionnaires en 1973 et finit par être lui-même mis en cause, bien qu'il n'ait rien à voir avec les cambriolages et les pots-de-vin qui sont à l'origine du scandale du Watergate. À partir d'avril 1974, on spécule ouvertement sur la destitution de Nixon, et lorsque celle-ci menace effectivement de se produire au cours de l'été 1974, il démissionne lui-même le 9 août. Le secrétaire d'État Kissinger a prédit durant ces derniers jours que l'historiographie se souviendrait de Nixon comme d'un grand président et que le scandale du Watergate ne serait qu'une note de bas de page.
Le vice-président Gerald Ford (1913-2006) succède à Nixon. Les néoconservateurs ont exercé une pression considérable sur Ford pour qu'il nomme George Bush père (1924-2018) comme nouveau vice-président, mais Ford leur a déplu en choisissant le plus modéré Nelson Rockefeller (1908-1979), ex-gouverneur de l'État de New York. Comme, malgré la démission de Nixon, le Parlement et les médias continuaient à s'efforcer de le traduire en justice, Ford accorda à Nixon une grâce présidentielle en septembre 1974 pour son rôle présumé dans le scandale du Watergate. Malgré l'énorme impact de ce scandale, ses racines n'ont jamais été dévoilées. Nixon a clamé son innocence jusqu'à sa mort en 1994, même s'il a admis avoir commis des erreurs de jugement dans la gestion du scandale. Il passera les 20 dernières années de sa vie à redorer son blason.
En octobre 1974, Nixon est atteint d'une phlébite potentiellement mortelle, pour laquelle il doit être opéré. Le président Ford vient lui rendre visite à l'hôpital, mais le Washington Post - une fois de plus - juge nécessaire de se moquer de Nixon gravement malade. Au printemps 1975, la santé de Nixon s'améliore et il commence à travailler sur ses mémoires, bien que ses avoirs soient dévorés, entre autres, par d'importants frais de justice. À un moment donné, l'ex-président Nixon n'a plus que 500 dollars sur son compte en banque. À partir d'août 1975, sa situation financière s'améliore grâce à une série d'interviews pour une émission de télévision britannique et à la vente de sa maison de campagne. Son autobiographie « RN : The Memoirs of Richard Nixon » , publiée en 1978, est devenue un best-seller.
Des dirigeants chinois comme Mao Zedong et Deng Xiaoping sont restés reconnaissants à Nixon pour l'amélioration des relations avec les États-Unis pendant des années et l'ont invité à plusieurs reprises en Chine. Ce n'est qu'au milieu des années 80 que Nixon a réussi à redorer son blason après des voyages au Proche-Orient et en URSS, commentés par les médias sous pression.
Le président Ford et Kissinger ont poursuivi la détente de Nixon en signant, entre autres, les accords d'Helsinki avec l'URSS. Et en 1975, alors qu'Israël continuait à refuser de faire la paix avec l'Égypte, Ford suspendit toute aide militaire et économique américaine à Israël pendant six mois, sous les vives protestations des néoconservateurs. Il s'agit là d'un véritable creux dans les relations israélo-américaines.
La montée du néoconservatisme
Les néoconservateurs tels que Donald Rumsfeld (1932-2021), chef de cabinet de la Maison Blanche, Dick Cheney (°1941), conseiller présidentiel, le sénateur Jackson et son assistant Paul Wolfowitz ont qualifié l'URSS de « Mal » pendant l'administration Ford (1974-1977), bien que la CIA ait affirmé qu'il n'y avait pas de menace de la part de l'URSS et qu'aucune preuve n'avait pu être trouvée. La CIA a donc été accusée - entre autres par le professeur néoconservateur straussien Albert Wohlstetter (1913-1997) - d'avoir sous-estimé les intentions menaçantes de l'URSS.
Le Parti républicain a subi une lourde défaite lors des élections générales de novembre 1974 en raison du scandale du Watergate, ce qui a permis aux néocons de gagner en influence au sein du gouvernement. En 1975, alors que William Colby (1920-1996), directeur de la CIA, refuse toujours de laisser un groupe d'étude ad hoc composé d'experts extérieurs refaire le travail de ses analystes, Rumsfeld fait campagne avec succès auprès du président Ford pour obtenir un remaniement en profondeur du gouvernement. Le 4 novembre 1975, plusieurs ministres et hauts fonctionnaires modérés ont été remplacés par des néoconservateurs lors de ce « massacre d'Halloween ». Entre autres, Colby a été remplacé par Bush père à la tête de la CIA, Kissinger est resté secrétaire d'État mais a perdu son poste de conseiller à la sécurité nationale au profit du général Brent Scowcroft (1925-2020), James Schlesinger a été remplacé par Rumsfeld au poste de secrétaire à la défense, Cheney a pris la place vacante de Rumsfeld au poste de secrétaire général de la Maison Blanche et John Scali a cédé sa place d'ambassadeur à l'ONU à Daniel Moynihan (1927-2003). Par ailleurs, sous la pression des néoconservateurs, le vice-président Rockefeller annonce qu'il ne sera pas le colistier de Ford lors de l'élection présidentielle de 1976.
Le nouveau chef de la CIA, Bush père, a formé le groupe d'étude anti-URSS Team B , dirigé par le professeur juif d'histoire russe Richard Pipes (1923-2018), afin de « réexaminer » les intentions de l'URSS. Tous les membres de l'équipe B étaient a priori hostiles à l'URSS. Pipes a inclus Wolfowitz dans l'équipe B sur les conseils de Richard Perle - alors assistant du sénateur Jackson . Le rapport très controversé de ce groupe d'étude, publié en 1976, prétendait avoir établi « une poursuite ininterrompue par l'URSS de l'hégémonie mondiale » et « un échec des services de renseignement ».
Rétrospectivement, l'équipe B s'est avérée avoir complètement tort sur toute la ligne. Après tout, l'URSS n'avait pas de « PIB en augmentation avec lequel elle acquiert de plus en plus d'armes », mais sombrait lentement dans le chaos économique. Une prétendue flotte de sous-marins nucléaires indétectables par radar n'a jamais existé non plus. Grâce à ces pures fabrications, les Straussiens ont convaincu les États-Unis d'une menace fictive de la part du « Mal ». Le rapport de l'équipe B a été utilisé pour justifier des investissements massifs (et inutiles) dans l'armement, qui ont commencé à la fin de l'administration Carter et ont explosé sous l'administration Reagan.
Dans la perspective de l'élection présidentielle de 1976, les néoconservateurs ont proposé l'ex-gouverneur de Californie et ex-démocrate (!) Ronald Reagan (1911-2004) comme alternative à Ford, à qui l'on reprochait, entre autres, sa détente vis-à-vis de l'URSS et la suspension de l'aide à Israël. Malgré cela, Ford réussit à se faire désigner comme candidat républicain à l'élection présidentielle. Lors de l'élection présidentielle proprement dite, il a perdu contre le démocrate Jimmy Carter (°1924).
Au sein du parti républicain infiltré par les néocons, le groupe de réflexion American Enterprise Institute a vu le jour dans les années 1970. Celui-ci comptait des intellectuels néocons influents tels que Nathan Glazer (1923-2019), Irving Kristol, Michael Novak (1933-2017), Benjamin Wattenberg et James Wilson (1931-2012). Ils ont influencé l'électorat traditionnellement conservateur des républicains, en associant le fondamentalisme protestant croissant au néoconservatisme. En conséquence, le protestant Reagan est devenu président en 1981 et a immédiatement nommé une série de néoconservateurs (tels que John Bolton, Rumsfeld, Wolfowitz, Doug Feith, William Kristol, Lewis Libby et Elliot Abrams). Bush père est devenu vice-président.
La détente est remplacée par une politique étrangère agressive et farouchement anti-URSS, qui s'appuie fortement sur la doctrine Kirkpatrick décrite par l'ex-marxiste et ex-démocrate ( !) Jeane Kirkpatrick (1926-2006) dans son article très remarqué « Dictatorships and Double Standards » ( Dictatures et doubles standards) paru dans Commentary en 1979. Cet article impliquait que, bien que la plupart des gouvernements dans le monde soient et aient toujours été des autocraties, il serait possible de les démocratiser à long terme. Cette doctrine Kirkpatrick devait principalement servir à justifier le soutien aux dictatures pro-américaines dans le tiers-monde.
De nombreux immigrés du bloc de l'Est sont devenus actifs dans le mouvement néoconservateur. Ils étaient également de farouches opposants à la détente avec l'URSS et considéraient le progressisme comme supérieur. Podhoretz a d'ailleurs critiqué très sévèrement les partisans de la détente au début des années 1980.
Le peuple américain se voyait alors présenter une menace soviétique encore plus grande : l'URSS serait à la tête d'un réseau terroriste international et serait donc à l'origine d'attaques terroristes dans le monde entier. Une fois de plus, la CIA a rejeté ces allégations comme étant absurdes, mais a continué à diffuser la propagande du « réseau international de terreur soviétique ». Les États-Unis ont donc dû réagir. Les néocons sont devenus des révolutionnaires démocratiques : les États-Unis soutiendraient les forces internationales pour changer le monde. Ainsi, dans les années 1980, les mudjaheddin afghans ont été largement soutenus dans leur lutte contre l'URSS et les Contras nicaraguayens contre le gouvernement sandiniste d'Ortega. En outre, les États-Unis se sont lancés dans une course aux armements avec l'URSS, ce qui a toutefois entraîné d'importants déficits budgétaires et une augmentation de la dette publique : en effet, la politique de défense de Reagan a augmenté les dépenses de défense de 40 % en 1981-1985 et a triplé le déficit budgétaire.
La montée en puissance des néoconservateurs a conduit à des années de Kulturkampf aux États-Unis. En effet, ils ont rejeté la culpabilité de la défaite au Viêt Nam, ainsi que la politique étrangère de Nixon. En outre, ils s'opposent à l'action internationale active des États-Unis et à l'identification de l'URSS au « Mal ». La politique étrangère de Reagan a été critiquée comme étant agressive, impérialiste et belliqueuse. En outre, les États-Unis ont été condamnés par la Cour internationale de justice en 1986 pour crimes de guerre contre le Nicaragua. De nombreux Centraméricains ont également condamné le soutien de Reagan aux Contras, le qualifiant de fanatique exagéré qui a passé sous silence les massacres, la torture et d'autres atrocités. Le président nicaraguayen Ortega a un jour exprimé l'espoir que Dieu pardonne à Reagan sa « sale guerre contre le Nicaragua ».
Les néoconservateurs ont également influencé la politique étrangère de l'administration Bush père qui a suivi. Par exemple, Dan Quayle (né en 1947) était alors vice-président et Cheney secrétaire à la défense, avec Wolfowitz comme assistant. Wolfowitz s'est opposé à la décision de Bush en 1991-1992 de ne pas déposer le régime irakien après la guerre du Golfe de 1990-1991. Lui et Lewis Libby (né en 1950), dans un rapport de 1992 au gouvernement, ont suggéré des attaques « préventives » pour « empêcher la création d'armes de destruction massive » - déjà à l'époque ! - et d'augmenter les dépenses de défense. Cependant, les États-Unis étaient aux prises avec un énorme déficit budgétaire dû à la course à l'armement de Reagan.
Sous l'administration Clinton, les néocons ont été repoussés vers les think tanks, où une vingtaine de néocons se réunissaient régulièrement, notamment pour discuter du Proche-Orient. Un groupe d'étude néocons dirigé par Richard Perle et comprenant Doug Feith et David Wurmser a rédigé le rapport contesté « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm » (Une rupture nette : une nouvelle stratégie pour sécuriser l'Etat) en 1996. Ce rapport conseillait au nouveau Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de mener une politique agressive à l'égard de ses voisins : arrêt des négociations de paix avec les Palestiniens, destitution de Saddam Hussein en Irak et attaques « préventives » contre le Hezbollah libanais, la Syrie et l'Iran. Ainsi, selon ce rapport, Israël devait chercher à déstabiliser en profondeur le Proche-Orient pour résoudre ses problèmes stratégiques, mais le petit Israël n'était pas en mesure de faire face à une entreprise d'une telle ampleur.
En 1998, le groupe de réflexion néoconservateur Project for the New American Century a écrit une lettre au président Clinton pour lui demander d'envahir l'Irak. Cette lettre a été signée par une série de néoconservateurs de premier plan : Elliott Abrams, Richard Armitage, John Bolton, Zalmay Khalilzad, William Kristol, Richard Perle, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz et Robert Zoellick. Cela montre une fois de plus que ces idées ne sont certainement pas sorties de nulle part lorsque l'administration Bush Jr. est entrée en fonction.
L'obsession des néocons pour le Proche-Orient s'explique par leur sionisme. Après tout, de nombreux néocons sont d'origine juive et se sentent liés à Israël et au parti Likoud. Les néoconservateurs pensent en outre que dans le monde unipolaire de l'après-guerre froide, les États-Unis doivent utiliser leur puissance militaire pour éviter d'être eux-mêmes menacés et pour répandre la démocratie parlementaire et le capitalisme. Le concept de changement de régime vient également d'eux.
Bien que les présidents Reagan et Bush père aient déjà adopté les idées néoconservatrices, le néoconservatisme n'a réellement triomphé que sous le président George Bush fils (°1946), dont la politique étrangère et militaire a été entièrement dominée par les néoconservateurs. Au cours de l'été 1998, Bush junior, sur l'intercession de Bush père, a rencontré son ancienne conseillère pour les affaires soviétiques et d'Europe de l'Est, Condoleeza Rice, dans la propriété de la famille Bush dans le Maine. C'est ainsi que Rice a conseillé Bush père en matière de politique étrangère pendant sa campagne électorale. La même année, Wolfowitz a également été recruté. Un véritable groupe consultatif de politique étrangère, largement issu des gouvernements de Reagan et de Bush père, s'est constitué au début de l'année 1999. Le groupe dirigé par Rice comprenait également Richard Armitage (né en 1945, ex-ambassadeur et ex-agent secret), Robert Blackwill (né en 1939, ex-conseiller pour les affaires européennes et soviétiques), Stephen Hadley (né en 1947, ex-conseiller pour la défense), Lewis Libby (ex-collaborateur des départements d'État et de la défense), Richard Perle (conseiller du département de la défense), George Schultz (né en 1920-2021, ex-collaborateur du département de la défense). George Schultz (1920-2021, ex-conseiller du président Eisenhower, ex-ministre du Travail, du Trésor et des Affaires étrangères, professeur et homme d'affaires), Paul Wolfowitz (ex-conseiller des départements d'État et de la Défense), Dov Zakheim (né en 1948, ex-conseiller du département de la Défense), Robert Zoellick (né en 1953, ex-conseiller et ex-vice-secrétaire d'État). Bush Jr. voulait ainsi pallier son manque d'expérience à l'étranger. Ce groupe de conseillers en politique étrangère a été surnommé « Vulcains » pendant la campagne électorale de 2000.
Après la victoire de Bush, presque tous les Vulcains ont été nommés à des postes importants dans son administration : Condoleeza Rice (photo - conseillère à la sécurité nationale et plus tard secrétaire d'État), Richard Armitage (secrétaire d'État adjoint), Robert Blackwill (ambassadeur et plus tard conseiller à la sécurité), Stephen Hadley (conseiller à la sécurité), Lewis Libby (chef de cabinet du vice-président Cheney), Richard Perle (à nouveau conseiller au ministère de la défense), Paul Wolfowitz (vice-ministre de la défense puis président de la Banque mondiale), Dov Zakheim (à nouveau conseiller au ministère de la défense), Robert Zoellick (représentant présidentiel pour la politique commerciale puis vice-ministre des affaires étrangères).
D'autres néoconservateurs ont également été nommés à des postes de haut niveau : Cheney est devenu vice-président, tandis que Rumsfeld est redevenu secrétaire à la défense, John Bolton (né en 1948) secrétaire d'État adjoint, Elliot Abrams membre du Conseil de sécurité nationale et Doug Feith (né en 1953) conseiller présidentiel en matière de défense. En conséquence, la politique étrangère et militaire des États-Unis était entièrement alignée sur les intérêts géopolitiques d'Israël. Wolfowitz, Cheney et Rumsfeld ont été les moteurs de la « guerre contre le terrorisme », qui a conduit à l'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak.
Avec le rapport Clean Break de 1996 (cf. supra), le plan de la politique étrangère de l'administration Bush Jr. avait déjà été conçu cinq ans avant son entrée en fonction. De plus, les trois principaux auteurs de ce rapport - Perle, Feith et Wurmser - étaient actifs au sein de cette administration en tant que conseillers. Une restructuration du Proche-Orient semblait désormais beaucoup plus réaliste. Les néoconservateurs l'ont présentée comme si les intérêts d'Israël et des États-Unis coïncidaient. La partie la plus importante du rapport était l'élimination de Saddam Hussein comme première étape de la transformation du Proche-Orient hostile à Israël en une région plus favorable à Israël.
Plusieurs analystes politiques, dont le paléoconservateur Patrick Buchanan, ont souligné les fortes similitudes entre le rapport « Clean Break » et les faits du 21e siècle : en 2000, le dirigeant israélien Sharon a fait exploser les accords d'Oslo avec les Palestiniens par sa visite provocatrice sur le mont du Temple à Jérusalem, en 2003 les États-Unis ont occupé l'Irak, en 2006 Israël a mené une guerre (ratée) contre le Hezbollah, et en 2011 la Syrie était gravement menacée par les sanctions occidentales et les groupes terroristes soutenus par les États-Unis. À cela s'ajoute la menace permanente d'une guerre contre l'Iran.
À partir de 2002, le président Bush Jr. a affirmé qu'un « axe du mal » composé de l'Irak, de l'Iran et de la Corée du Nord représentait un danger pour les États-Unis. Cet axe devait être combattu par des guerres « préventives ». Les Straussiens prévoyaient d'attaquer l'Afghanistan, l'Irak et l'Iran dans une première phase (réformer le Proche-Orient), la Libye, la Syrie et le Liban dans une deuxième phase (réformer le Levant et l'Afrique du Nord) et la Somalie et le Soudan dans une troisième phase (réformer l'Afrique de l'Est). Podhoretz a également énuméré cet éventail de pays à attaquer dans Commentaire . Le principe d'une attaque simultanée contre la Libye et la Syrie a été conçu dès la semaine qui a suivi les événements du 11 septembre 2001. Il a été exprimé publiquement pour la première fois par le secrétaire d'État adjoint John Bolton le 6 mai 2002 dans son discours intitulé « Beyond the Axis of Evil » (Au-delà de l'axe du mal). L'ancien commandant en chef de l'OTAN, le général Wesley Clark, l'a réaffirmé le 2 mars 2007 lors d'une interview télévisée, au cours de laquelle il a également montré la liste des pays qui seraient successivement attaqués par les États-Unis au cours des années suivantes. L'attaque simultanée contre la Libye et la Syrie a effectivement eu lieu en 2011 : la Libye a été détruite par une attaque de l'OTAN dirigée par les États-Unis et la Syrie a été entraînée dans une guerre dévastatrice de plusieurs années par plusieurs groupes terroristes soutenus par les États-Unis.
Bush Jr. n'a pas réussi à obtenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour envahir l'Irak en raison de l'opposition farouche de plusieurs pays. Cela a même conduit à une crise diplomatique à la fin de 2002 et au début de 2003. Les néoconservateurs considéraient la guerre d'Irak comme un terrain d'essai : les États-Unis allaient tenter d'installer une démocratie parlementaire en Irak afin de réduire l'hostilité des Arabes à l'égard d'Israël. Podhoretz a plaidé avec véhémence dans Commentary pour le renversement de Saddam Hussein et a fait l'éloge du président Bush Jr, qui a également annulé le traité de limitation des armements ABM avec la Russie. Toutefois, le fiasco des États-Unis en Irak a fait perdre de l'influence au néoconservatisme, qui est devenu beaucoup moins dominant dans la deuxième administration de Bush Jr.
La politique étrangère de Bush Jr. a été très fortement critiquée au niveau international, notamment par la France, l'Ouganda, l'Espagne et le Venezuela. Par conséquent, l'antiaméricanisme a fortement augmenté pendant sa présidence. L'ancien président démocrate Jimmy Carter a également critiqué Bush pendant des années pour une guerre inutile « basée sur des mensonges et des interprétations erronées ». Malgré cela, Podhoretz a encouragé les États-Unis à attaquer l'Iran en 2007, même s'il était bien conscient que cela augmenterait de manière exponentielle l'anti-américanisme dans le monde.
Certains groupes de réflexion néoconservateurs
Les néoconservateurs veulent répandre la démocratie parlementaire et le capitalisme à l'échelle internationale, même dans les régions instables et même par la guerre. L'American Enterprise Institute (AEI), la Heritage Foundation (HF) et le défunt Project for the New American Century (PNAC) sont/étaient les principaux groupes de réflexion à cet égard. Détail important, les bureaux de l'American Enterprise Institute, du Project for the New American Century et du magazine néocon The Weekly Standard se trouvaient dans le même bâtiment.
L'American Enterprise Institute (AEI)
Fondé en 1938, l'AEI prône la réduction des services gouvernementaux, le libre marché, la démocratie libérale et une politique étrangère active. Ce groupe de réflexion a été fondé par des dirigeants de grandes entreprises (dont Chemical Bank, Chrysler et Paine Webber) et est financé par des entreprises, des fondations et des particuliers. Aujourd'hui encore, le conseil d'administration de l'AEI est composé de dirigeants de multinationales et de sociétés financières, dont AllianceBernstein, American Express Company, Carlyle Group, Crow Holdings et Motorola.
Jusque dans les années 1970, l'AEI n'avait que peu d'influence sur la politique américaine. En 1972, cependant, l'AEI a créé un département de recherche et, en 1977, l'arrivée de l'ex-président Gerald Ford a incité plusieurs hauts responsables de son administration à rejoindre l'AEI. Ford a également donné à l'AEI une influence internationale. Plusieurs éminents néoconservateurs, comme Irving Kristol, Gertrude Himmelfarb, Michael Novak, Benjamin Wattenberg et James Wilson, ont alors commencé à travailler pour l'AEI. Dans le même temps, les ressources financières et les effectifs de l'AEI ont augmenté de manière exponentielle.
Dans les années 1980, plusieurs collaborateurs de l'AEI ont rejoint l'administration Reagan, où ils ont défendu une position anti-URSS très dure. Entre 1988 et 2000, l'AEI s'est enrichie de John Bolton (alors haut fonctionnaire de Reagan), Lynne Cheney (née en 1941, épouse de Dick Cheney), Newt Gingrich (né en 1943, président de la Chambre des représentants en 1995-1999), Frederick Kagan (né en 1970, fils du cofondateur de la PNAC, Donald Kagan), et d'autres membres de l'AEI, fils du cofondateur du PNAC Donald Kagan), Joshua Muravchik (°1947, alors chercheur au think tank pro-israélien Washington Institute for Near East Policy) et Richard Perle (conseiller du ministère de la défense en 1987-2004), tandis que le financement continuait d'augmenter.
L'AEI a pris une importance particulière depuis l'entrée en fonction de l'administration Bush Jr. En effet, plusieurs employés de l'AEI faisaient partie de cette administration ou travaillaient en coulisses pour elle. D'autres fonctionnaires ont également entretenu de bons contacts avec l'AEI. Ce think tank s'est toujours intéressé de près au Proche-Orient et a donc été étroitement impliqué dans les préparatifs de l'invasion de l'Irak et de la guerre civile qui s'en est suivie. L'AEI a également ciblé l'Iran, la Corée du Nord, la Russie, la Syrie, le Venezuela et les mouvements de libération comme le Hezbollah. Dans le même temps, elle prône un rapprochement avec des pays aux intérêts similaires, tels que l'Australie, la Colombie, la Géorgie, la Grande-Bretagne, Israël, le Japon, le Mexique et la Pologne.
Heritage Foundation (HF)
La HF a été fondée en 1973 par Joseph Coors (1917-2003), Edwin Feulner (°1941) et Paul Weyrich (1942-2008) en raison du mécontentement suscité par la politique de Nixon. Ce faisant, ils souhaitaient explicitement orienter les politiques publiques dans une direction différente. L'entrepreneur Coors a soutenu le gouverneur californien, puis le président américain Reagan. Avec 250.000 dollars, il a également fourni le premier budget annuel du nouveau groupe de réflexion. Feulner et Weyrich sont conseillers de députés républicains. En 1977, l'influent Feulner prend la tête du HF. En émettant des conseils politiques - une tactique alors totalement nouvelle dans le monde des think tanks de Washington - il suscite l'intérêt du pays pour le HF.
Le HF a été l'un des principaux moteurs de l'essor du néoconservatisme, principalement axé sur le libéralisme économique. Le terme « héritage » fait référence à la pensée juive-protestante et au libéralisme. Ce groupe de réflexion promeut donc le marché libre, la réduction des services publics, l'individualisme et une défense forte. Le HF est financé par des entreprises, des fondations et des particuliers.
L'administration Reagan a été fortement influencée par « Mandate for Leadership », un livre publié en 1981 par le HF sur la réduction des services publics. Également influencés par le HF, les États-Unis ont commencé à soutenir activement les groupes de résistance anti-URSS dans le monde entier et les dissidents du bloc de l'Est. L'expression « Empire du mal » utilisée pour décrire l'URSS à cette époque provient également du HF.
Le HF a également fortement soutenu la politique étrangère du président Bush Jr et son invasion de l'Irak. Plusieurs employés du HF ont d'ailleurs occupé des postes dans son administration, comme Paul Bremer (°1941) qui est devenu gouverneur de l'Irak occupé. Fin 2001, le HF a créé la Homeland Security Task Force, qui a tracé les grandes lignes du nouveau département de la sécurité intérieure.
Lorsque Donald Trump a annoncé sa candidature à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2016 en juin 2015, le HF s'est d'abord retourné contre lui. Dès juillet 2015, le président de Heritage Action - l'organisation de défense des intérêts politiques du HF - a déclaré sur la chaîne de télévision Fox News : « Donald Trump est un clown. Il devrait se retirer de la course ». En août 2015, Stephen Moore, économiste à la HF, a critiqué les positions politiques de Trump. En décembre 2015, Kim Holmes, vice-président de la HF, s'est opposé à la candidature de Trump, critiquant ses partisans comme étant « une classe aliénée » qui s'agite contre les décideurs politiques libéraux-progressistes et les institutions qu'ils contrôlent.
Lorsque Trump a obtenu l'investiture républicaine et que l'élection présidentielle a approché, la HF a changé de stratégie. Elle a commencé à envoyer des courriels à des candidats potentiels à des postes dans l'appareil gouvernemental au cas où Trump deviendrait président. Par le biais de questionnaires, la HF souhaitait évaluer leur intérêt pour une nomination au sein d'une éventuelle administration Trump. L'e-mail demandait également que les questionnaires remplis et un CV soient renvoyés à la HF avant le 26 octobre 2016, soit environ une semaine avant l'élection présidentielle.
Suite à la victoire effective de Trump à l'élection présidentielle, la HF a gagné en influence sur la composition de son gouvernement, ainsi que sur ses politiques. La chaîne de télévision CNN a rapporté qu'« aucune autre institution à Washington n'a une influence aussi énorme sur la composition du gouvernement ». Selon CNN, cette influence disproportionnée du HF est survenue alors que les autres think tanks néoconservateurs continuaient à s'opposer à Trump pendant l'élection présidentielle, tandis que le HF s'est finalement mis à soutenir Trump, ce qui lui a permis d'infiltrer son mouvement.
Au moins 66 employés et anciens employés de la HF ont été nommés dans l'administration Trump (2017-2021). En outre, des centaines d'autres personnes sélectionnées par la HF ont été nommées à des postes de haut niveau dans des agences gouvernementales. En janvier 2018, la HF a affirmé que l'administration Trump avait déjà intégré 64% des 334 politiques proposées par la HF.
En avril 2023, le président du HF, Kevin Roberts, a créé le Projet 2025 pour fournir au candidat républicain à la présidence de 2024 un cadre idéologique et une main-d'œuvre pour son gouvernement potentiel. Le Projet 2025 comprend un ensemble de propositions politiques - 922 pages - visant à réformer la fonction publique. Il affirme que, sur la base de l'article II de la Constitution américaine, l'exécutif est sous le contrôle direct du président. Il propose une purge complète de l'appareil gouvernemental au cours de laquelle des dizaines de milliers d'employés de l'État seraient licenciés pour leur inutilité politique. De nombreux experts juridiques ont déclaré que cela porterait atteinte à l'État de droit, à la séparation des pouvoirs, à la séparation de l'Église et de l'État et aux droits civils. Le projet 2025 a utilisé une rhétorique belliqueuse et un langage apocalyptique pour décrire ce « plan de bataille ».
Bien que la HF soit considéré comme très controversée et fortement critiquée dans le monde politique américain depuis de nombreuses années, son impact sur les politiques publiques en a fait historiquement l'un des groupes de réflexion américains les plus influents, tant aux États-Unis qu'à l'étranger.
Projet pour le nouveau siècle américain (PNAC)
Fondé en 1997 par le New Citizenship Project, le PNAC vise l'hégémonie internationale des États-Unis. Il voulait y parvenir par la force militaire, la diplomatie et les principes moraux. Le rapport de 90 pages du PNAC intitulé « Rebuilding America's Defences » (Reconstruire les défenses de l'Amérique), publié en septembre 2000, constate l'absence d'un « événement catastrophique et catalyseur comme un nouveau Pearl Harbor » et énumère quatre objectifs militaires : protéger les États-Unis, gagner de manière convaincante plusieurs guerres, jouer le rôle de gendarme international et réformer l'armée. Le PNAC a exercé un lobbying très intense auprès des responsables politiques américains et européens pour défendre ces objectifs.
Parmi les 25 membres fondateurs du PNAC figurent John Bolton (haut fonctionnaire sous Reagan et Bush père), Jeb Bush (gouverneur de Floride et frère du président Bush fils), Dick Cheney (chef de cabinet de la Maison Blanche sous Ford et secrétaire à la défense sous Bush père), Elliot Asher Cohen (président de la Commission européenne) et le président de la Commission européenne (président de la Commission européenne). ), Elliot Asher Cohen (né en 1956, professeur de sciences politiques), Midge Decter (journaliste, écrivain et épouse de Podhoretz), Steve Forbes (directeur du magazine Forbes), Aaron Friedberg (professeur de relations internationales), Francis Fukuyama (professeur de philosophie, de sciences politiques et de sociologie), Donald Kagan (professeur d'histoire), Zalmay Khalilzad (membre du personnel des départements d'État sous Reagan et de la défense sous Bush sr. ), William Kristol (rédacteur en chef du magazine néocon The Weekly Standard), John Lehman (secrétaire à la marine sous Reagan et homme d'affaires), Lewis Libby (assistant au département d'État sous Reagan et à la défense sous Bush père), Norman Podhoretz (rédacteur en chef du magazine néocon Commentary), Dan Quayle (vice-président sous Bush père), Donald Rumsfeld (secrétaire général de la Commission européenne), Donald Rumsfeld (chef de cabinet de la Maison Blanche et secrétaire à la défense sous Ford, conseiller présidentiel sous Reagan et conseiller au ministère de la défense sous Bush sr.) et Paul Wolfowitz (assistant au ministère de la défense sous Ford et conseiller aux ministères de l'État sous Reagan et de la défense sous Bush sr.). Plus tard, Richard Perle (conseiller au ministère de la défense de 1987 à 2004) et George Weigel (célèbre publiciste catholique progressiste et commentateur politique) ont également rejoint le groupe.
Le PNAC est une organisation très controversée parce qu'elle prône la domination américaine sur le monde, l'espace et l'internet au 21e siècle. La contre-réaction est venue avec le B. Russells Tribunal et From the Wilderness. Fondée en 2004 par le philosophe culturel Lieven De Cauter (Katholieke Universiteit Leuven, Belgique), entre autres, l'initiative citoyenne BRussells Tribunal s'oppose à la politique étrangère des États-Unis. Elle rejette donc le PNAC et l'occupation américaine de l'Irak. Le BRussells Tribunal a également dénoncé la campagne d'assassinat contre les universitaires irakiens et la destruction de l'identité culturelle de l'Irak par l'armée américaine. From the Wilderness affirme que le PNAC veut conquérir le monde et que les attentats du 11 septembre 2011 ont été délibérément autorisés par des membres du gouvernement américain dans le but de conquérir l'Afghanistan et l'Irak et de restreindre les libertés aux États-Unis.
Dans son célèbre ouvrage « La fin de l'histoire et le dernier homme » paru en 1992, le professeur et cofondateur du PNAC Francis Fukuyama affirmait qu'après la disparition de l'URSS, l'histoire était finie et que désormais le capitalisme et les démocraties parlementaires triompheraient. Ce livre a justifié l'invasion de l'Irak par l'administration Bush Jr. et a également été l'une des principales sources d'inspiration du PNAC. Cependant, Fukuyama, dans son livre de 2006 intitulé « America at the Crossroads : Democracy, Power and the Neoconservative Legacy » (L'Amérique à la croisée des chemins : la démocratie, le pouvoir et l'héritage des néoconservateurs), a dénoncé les personnes au pouvoir à la Maison Blanche. Il affirme que les États-Unis perdent leur crédibilité et leur autorité sur la scène internationale à cause de la guerre en Irak.
Dans le monde entier, et en particulier au Proche-Orient, cette guerre a fortement alimenté l'anti-américanisme. En outre, les États-Unis n'avaient pas de plan de stabilisation pour l'Irak occupé. Fukuyama a également affirmé que la rhétorique de l'administration Bush Jr. sur la « guerre internationale contre le terrorisme » et sur la « menace islamique » était largement exagérée. Néanmoins, Fukuyama reste un néoconservateur convaincu qui souhaite une démocratisation mondiale sous l'égide des États-Unis. Il a toutefois reproché à l'administration Bush Jr. son unilatéralisme et sa guerre « préventive » pour répandre la démocratie libérale. Il a ainsi négligé le changement de régime pratiqué auparavant par les États-Unis. Fukuyama souhaite donc poursuivre la politique étrangère néoconservatrice de manière réfléchie, sans susciter la peur ou l'anti-américanisme dans d'autres pays.
A partir de 2006, l'activité du PNAC s'est éteinte. En décembre 2006, l'ancien directeur Gary Schmitt (né en 1952) a déclaré sur la chaîne de télévision BBC News que le PNAC n'avait jamais eu vocation à « exister éternellement » et qu'il avait « déjà fait son travail » car « notre opinion a été adoptée ». La mission du PNAC étant ainsi accomplie, il a été remplacé en 2009 par le nouveau think tank Foreign Policy Initiative. Ce FPI avait pour principaux objectifs de contrer le courant isolationniste du Parti républicain sous l'administration Obama (2009-2017) et de maintenir le parti focalisé sur les guerres américaines en Afghanistan et en Irak.
Le FPI a été fondé par Robert Kagan, William Kristol et Daniel Senor (né en 1971). Paul Singer, un milliardaire des fonds spéculatifs né en 1944 dans une famille juive du New Jersey, était le principal donateur du FPI.
Le FPI préconise un engagement militaire accru des États-Unis dans la guerre en Afghanistan, une nouvelle guerre contre l'Iran et l'annulation par le ministère de la défense d'un contrat de 572 millions de dollars avec l'exportateur d'armes russe Rosoboronexport. En ce qui concerne la guerre en Syrie, le FPI a proposé que les États-Unis imposent une zone d'exclusion aérienne partielle, arment les groupes islamistes et déploient des missiles antiaériens Patriot déployés en Turquie contre les forces aériennes syriennes dans les provinces d'Idlib et d'Alep, dans le nord-ouest du pays. Il s'est également opposé à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014.
Le FPI, destiné dès le départ à être de toute façon temporaire, a été supprimé à la fin de l'administration Obama en 2017 car sa mission - faire en sorte que le Parti républicain défende les guerres au Proche-Orient pendant cette administration (cfr. supra) - était accomplie. De plus, l'arrivée prochaine de l'administration Trump a provoqué une division parmi les fondateurs du FPI sur ce qui devait être réalisé durant ce règne. En effet, si le donateur Singer a adopté une position anti-Trump lors de l'élection présidentielle de 2016, il a toutefois immédiatement changé d'avis après la victoire de Trump : avec 25 autres milliardaires, il a fait don d'un million de dollars pour son investiture en tant que président. Kagan et Kristol, en revanche, sont restés virulemment anti-Trump et ont même quitté le Parti républicain. Par conséquent, le FPI n'était plus utile à Singer et il a décidé de réduire son don au FPI à un montant très faible, après quoi le FPI a conclu qu'il ne servait à rien de continuer.
Quelques figures de proue des néocons
Elliot Abrams est né dans une famille juive de New York en 1948 et est le gendre de Norman Podhoretz. Abrams a travaillé comme conseiller en politique étrangère auprès des présidents républicains Reagan et Bush Jr. Pendant l'administration Reagan, il a été discrédité pour avoir dissimulé les atrocités commises par les régimes pro-américains en Amérique centrale et par les Contras au Nicaragua. Abrams a finalement été condamné pour avoir dissimulé des informations et fait de fausses déclarations à la Chambre des représentants des États-Unis. Sous l'administration Bush Jr, il a été conseiller présidentiel pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord et pour la diffusion de la démocratie dans le monde. Selon le journal britannique The Observer, M. Abrams a également participé à la tentative de coup d'État manquée contre le président vénézuélien Hugo Chavez en 2002.
Né en 1953, Jeb Bush (photo) est issu de la riche famille d'entrepreneurs protestants Bush, dont sont issus les présidents Bush Sr (son père) et Bush Jr (son frère). Jeb Bush a cofondé le Projet pour le nouveau siècle américain en 1997. De 1999 à 2007, il a été gouverneur de Floride avec le soutien des Latinos cubains et non cubains, ainsi que de la communauté juive de Floride.
Sioniste protestant Dick Cheney est né au Nebraska en 1941. Après des études à l'université de Yale et à l'université du Wisconsin, il commence à travailler pour le conseiller présidentiel Donald Rumsfeld en 1969. Au cours des années suivantes, Cheney occupe divers autres postes à la Maison Blanche avant de devenir conseiller du président Ford en 1974. En 1975, il devient chef de cabinet de la Maison Blanche.
En tant que secrétaire à la défense de l'administration Bush père, Cheney a mené la guerre du Golfe de 1990-1991 contre l'Irak, installant des bases militaires en Arabie saoudite. Après 1993, il s'engage dans l'American Enterprise Institute et le Jewish Institute for National Security Affairs. En 1995-2000, Cheney a dirigé le géant de l'énergie Halliburton.
Sous Bush Jr, Cheney a été vice-président de 2000 à 2008 et a réussi à faire nommer Rumsfeld au poste de secrétaire à la défense. En revanche, il n'a pas réussi à faire nommer Wolfowitz à la tête de la CIA (cfr infra). Pour justifier les guerres en Afghanistan et en Irak, Cheney a largement contribué au développement du concept de « guerre contre le terrorisme » et aux fausses accusations d'armes de destruction massive. Cheney a été le vice-président le plus puissant et le plus influent de l'histoire des États-Unis. Avec Rumsfeld, il a également mis au point un programme de torture pour les prisonniers de guerre. Cheney a également exercé une grande influence sur la fiscalité et le budget. Après sa démission, il a vivement critiqué les politiques de sécurité de l'administration Obama.
Doug Feith (photo) est né à Philadelphie en 1953. Il est le fils d'un homme d'affaires juif sioniste, Dalck Feith, qui a émigré de Pologne vers les États-Unis en 1942. Après des études à l'université de Harvard et à l'université de Georgetown, Feith est devenu professeur de politique de sécurité à cette dernière. Il a également écrit des articles très pro-israéliens pour Commentary et le Wall Street Journal, entre autres. Feith s'est opposé avec véhémence à la détente avec l'URSS, au traité de limitation des armements ABM et à l'accord de paix de Camp David entre l'Égypte et Israël. Il a en outre défendu intensément le soutien des États-Unis à Israël.
En 1996, Feith a fait partie des auteurs du rapport controversé « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm » , qui formulait des recommandations politiques agressives à l'intention du Premier ministre israélien de l'époque, M. Netanyahu. En 2001, Feith est devenu conseiller en matière de défense du président Bush Jr. En 2004, il a été interrogé par le FBI, qui le soupçonnait d'avoir transmis des informations classifiées au groupe de pression sioniste AIPAC. Aujourd'hui, Feith est associé au think tank Jewish Institute for National Security Affairs, qui prône une alliance étroite entre les États-Unis et Israël.
Né en 1947 dans le New Jersey, Steve Forbes (photo) a été nommé par le président Reagan en 1985 à la tête des stations de radio de la CIA Radio Free Europe et Radio Liberty, qui diffusaient la propagande américaine en différentes langues dans le bloc de l'Est pendant la guerre froide. Reagan a augmenté le budget de ces stations de radio anti-URSS et les a rendues plus critiques à l'égard de l'URSS et de ses États satellites.
Le pro-israélien Forbes a cofondé le Project for the New American Century en 1997 et siège au conseil d'administration de la Heritage Foundation. Il prône le libre-échange, la réduction des services publics, des lois sévères sur la criminalité, la légalisation des drogues, le mariage homosexuel et la réduction de la sécurité sociale. Il est aujourd'hui à la tête de son propre magazine, Forbes Magazine.
Le professeur juif de politique internationale Aaron Friedberg (né en 1956) a cofondé le Project for the New American Century en 1997 . De 2003 à 2005, il a été conseiller en matière de sécurité et directeur de la planification politique auprès du vice-président Cheney.
Nathan Glazer est né en 1923 d'immigrants juifs originaires de Pologne. Au début des années 1940, il a étudié au City College de New York, qui était alors un foyer trotskiste anti-URSS. C'est là que Glazer a fait la connaissance de plusieurs trotskystes juifs d'Europe de l'Est, dont Daniel Bell (1919-2011), Irving Howe (1920-1993) et Irving Kristol.
Glazer a été un haut fonctionnaire des gouvernements Kennedy (1961-1963) et Johnson (1963-1969). Il est devenu professeur de sociologie à l'université de Californie en 1964 et à l'université de Harvard en 1969. Avec son collègue Daniel Bell, professeur de sociologie - l'un des intellectuels juifs les plus importants de l'après-guerre aux États-Unis - et Irving Kristol, Glazer a fondé l'influente revue The Public Interest en 1965. Glazer était également un fervent défenseur du multiculturalisme.
Donald Kagan (1932-2021) est issu d'une famille juive de Lituanie, mais a grandi à Brooklyn, New York. Le trotskiste Kagan est devenu néocon dans les années 1970 et a été l'un des fondateurs du Project for the New American Century en 1997. Il a été professeur d'histoire à l'université Cornell puis à l'université de Yale.
L'Afghan Zalmay Khalilzad (né en 1951) (photo) a étudié à l'université américaine de Beyrouth et à l'université de Chicago. C'est dans cette dernière université qu'il a rencontré l'éminent stratège nucléaire, conseiller présidentiel et professeur Albert Wohlstetter, qui l'a introduit dans les cercles gouvernementaux. Khalilzad est marié à Cheryl Benard (°1953), féministe juive et analyste politique. Il a fondé la société de conseil en affaires internationales Khalilzad Associates à Washington, travaillant pour des entreprises de construction et d'énergie.
De 1979 à 1989, Khalilzad a été professeur de sciences politiques à l'université de Columbia. En 1984, il a travaillé pour Wolfowitz au département d'État et, de 1985 à 1989, il a été conseiller du gouvernement sur la guerre soviétique en Afghanistan et la guerre Iran-Irak. Pendant cette période, Khalilzad travaille en étroite collaboration avec le stratège Zbigniew Brzezinski, qui a mis au point le soutien des États-Unis aux mudjaheddin afghans. En 1990-1992, il a travaillé au ministère de la défense.
Khalilzad a cofondé le Project for a New American Century en 1997. En 2001, il a été conseiller du président Bush Jr. et membre du Conseil national de sécurité. Khalilzad a été ambassadeur en Afghanistan de 2002 à 2005, en Irak de 2005 à 2007 et auprès des Nations unies de 2007 à 2009.
Jeane Kirkpatrick (1926-2006), protestante née dans l'Oklahoma, a étudié les sciences politiques à l'université de Columbia et à l' Institut français des sciences politiques. Influencée par son grand-père marxiste, Kirkpatrick est alors membre de la Young People's Socialist League (l'aile jeunesse du Parti socialiste trotskiste d'Amérique). À l'université de Columbia, elle est fortement influencée par le marxiste juif Franz Neumann (1900-1954), professeur de sciences politiques, qui avait auparavant milité au sein du SPD en Allemagne.
À partir de 1967, Kirkpatrick enseigne à l'université de Georgetown. Dans les années 1970, elle rejoint le Parti démocrate, où elle travaille en étroite collaboration avec le sénateur Henry Jackson. Cependant, Kirkpatrick est désenchantée par les démocrates en raison de leur détente vis-à-vis de l'URSS. Sa doctrine Kirkpatrick, qui tolère le soutien des États-Unis aux dictatures du tiers-monde et prétend qu'il peut conduire à la démocratie à long terme, est devenue célèbre grâce à son article « Dictatorships and Double Standards » (Dictatures et doubles standards) paru dans Commentary en 1979. Le président républicain Reagan l'a donc nommée membre du Conseil national de sécurité et ambassadrice auprès des Nations unies en 1981. En tant qu'ambassadrice à l'ONU, Kirkpatrick, fortement pro-israélienne, s'est opposée à toute tentative de résolution du conflit israélo-arabe. En 1985, elle démissionne et redevient professeur à l'université de Georgetown. Kirkpatrick a également été associée à l'American Enterprise Institute.
Né à New York en 1952, William Kristol est le fils du parrain néocon juif Irving Kristol et de l'historienne Gertrude Himmelfarb. Kristol a d'abord enseigné à l'université de Pennsylvanie et à l'université de Harvard. De 1981 à 1989, il a été chef de cabinet du secrétaire d'État William Bennet dans l'administration Reagan et, de 1989 à 1993, chef de cabinet du vice-président Dan Quayle dans l'administration Bush. Le surnom de « cerveau de Dan Quayle » qu'il a reçu à ce dernier poste indique que Kristol a exercé une influence considérable.
Kristol est actif dans plusieurs organisations néocons. Par exemple, il a fondé le magazine néocon The Weekly Standard en 1995. En 1997, il a cofondé le Project for the New American Century et a, bien entendu, défendu l'invasion de l'Irak. Depuis des années, M. Kristol plaide avec véhémence en faveur d'une attaque américaine contre l'Iran et, en 2010, il a critiqué l'« approche tiède » du président Obama à l'égard de l'Iran. Il a également soutenu activement la guerre américaine contre la Libye en 2011.
De 2003 à 2013, M. Kristol a été commentateur politique à Fox News. En 2014, il a créé le podcast « Conversations with Bill Kristol », dans lequel il a des conversations approfondies avec des universitaires et des personnalités publiques sur la politique étrangère, l'économie, l'histoire et la politique, entre autres sujets.
Jusqu'en 2016, Kristol a été rédacteur en chef de The Weekly Standard, qui a cessé d'exister en 2018. Sa disparition est due à un conflit entre ses rédacteurs anti-Trump et le propriétaire pro-Trump Clarity Media Group. En revanche, The Washington Examiner, l'autre magazine néocon de Clarity Media Group, a adopté la position souhaitée par son propriétaire, tandis que certains des abonnés du Weekly Standard ont également fait défection vers The Washington Examiner. En conséquence, Clarity Media Group a décidé d'arrêter The Weekly Standard.
Kristol est ensuite devenu rédacteur en chef du site d'information et d'opinion The Bulwark, lancé en 2018, qui se concentre sur les néocons au sein du Parti républicain. Kristol est également membre du conseil d'administration du Comité d'urgence pour le leadership d'Israël, un groupe de pression néocon qui s'oppose aux députés critiques à l'égard d'Israël.
Né en 1942 à Philadelphie, l'homme d'affaires John Lehman a été secrétaire à la marine (1981-1987) sous l'administration Reagan. Depuis lors, il a été actif dans plusieurs groupes de réflexion néoconservateurs, dont le Project for the New American Century, la Heritage Foundation, le Committee on the Present Danger, ...
Lewis Libby (né en 1950) est issu de la riche famille de banquiers juifs Leibowitz du Connecticut. Son père a changé le nom de famille d'origine Leibowitz en Libby. Après avoir étudié les sciences politiques à l'université de Yale et le droit à l'université de Columbia, son ami Paul Wolfowitz, professeur à Yale, s'est lancé dans une carrière juridique. Libby a travaillé pour Wolfowitz au département d'État de 1981 à 1985 et au département de la défense de 1989 à 1993.
En 1997, Libby a cofondé le Project for the New American Century (Projet pour le nouveau siècle américain). Pendant la campagne électorale de Bush Jr, il a fait partie du groupe consultatif néoconservateur Vulcans. En 2001, Libby devient conseiller du président Bush Jr. ainsi que chef de cabinet et conseiller du vice-président Cheney. Il était considéré comme le plus ardent représentant du lobby israélien au sein de l'administration Bush Jr. Le ministre britannique des affaires étrangères Jack Straw a même déclaré à propos de l'implication de Libby dans les négociations israélo-palestiniennes : « C'est à se demander s'il travaille pour les Israéliens ou pour les Américains chaque jour ».
En 2005, Libby a démissionné après avoir été cité à comparaître pour parjure, fausses déclarations et obstruction à l'enquête judiciaire sur l'affaire Plame. En 2007, Libby a été reconnu coupable et condamné à 2,5 ans de prison, 400 heures de travaux d'intérêt général et 250.000 dollars d'amende. La peine de prison a toutefois été remise par le président Bush Jr.
Le catholique libéral Michael Novak (1933-2017) (photo), issu d'une famille d'origine slovaque, a étudié la philosophie et l'anglais au Stonehill College, la théologie à l'Université pontificale grégorienne de Rome et l'histoire et la philosophie de la religion à l'Université de Harvard. Ses écrits progressistes sur le concile Vatican II, auquel il a assisté en tant que journaliste, ont été très critiqués par les catholiques conservateurs. Ils lui ont toutefois valu la sympathie du théologien protestant Robert McAfee, qui l'a aidé à obtenir un poste de professeur à l'université de Stanford en 1965.
De 1969 à 1972, Novak est doyen de l'université d'État de New York. En 1973-1976, il a travaillé pour la Fondation Rockefeller avant de devenir professeur d'études religieuses à l'université de Syracuse. Depuis 1978, il était également associé à l'American Enterprise Institute. Ses publications portent sur le capitalisme, la démocratisation et le rapprochement entre protestants et catholiques. Dans les années 1970, Novak a également été membre du conseil d'administration de la Coalition for a Democratic Majority, une faction néocon au sein du parti démocrate, qui tentait d'influencer les politiques du parti.
Sous l'administration Reagan, M. Novak a siégé à la Commission des droits de l'homme des Nations unies au nom des États-Unis en 1981-1982 et, en 1986, il a dirigé la délégation américaine à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). En 1987-1988, M. Novak a été professeur à l'université de Notre-Dame.
Joshua Muravchik est né à New York en 1947, fils d'un éminent socialiste juif. De 1968 à 1973, il a été président national de la Ligue trotskiste des jeunes socialistes. Muravchik appartenait au groupe d'intellectuels marxistes qui se sont transformés en néoconservateurs dans les années 1960 et 1970.
Muravchik (photo ci-dessous) a étudié au City College de New York et à l'université de Georgetown. De 1975 à 1979, il a été l'assistant de trois députés démocrates, dont Henry Jackson. En 1977-1979, il est également à la tête de la faction Coalition for a Democratic Majority, fondée par Jackson, au sein du Parti démocrate. Au milieu des années 1980, il a été chercheur au Washington Institute for Near East Policy, un groupe de réflexion pro-israélien. Depuis 1992, il est professeur assistant à l'Institute of World Politics, une université privée de Washington spécialisée dans les questions de sécurité, de renseignement et de politique étrangère. Parallèlement, il a travaillé comme chercheur à l'American Enterprise Institute de 1987 à 2008 et à l'université John Hopkins de 2009 à 2014.
La plupart des travaux de M. Muravchik ont porté sur la défense d'Israël et la promotion d'une attaque « préventive » des États-Unis contre l'Iran. En ce qui concerne l'Iran, il a affirmé que « notre seule option est la guerre ».
Richard Perle est né dans une famille juive à New York en 1941, mais a grandi en Californie. Après avoir étudié les sciences politiques à l'université de Californie du Sud, à la London School of Economics et à l'université de Princeton, Richard Perle a travaillé pour le sénateur démocrate Henry Jackson de 1969 à 1980, pour lequel il a rédigé l'amendement Jackson-Vanik qui conditionnait la détente avec l'URSS à la possibilité pour les Juifs soviétiques d'émigrer. Perle a également mené l'opposition aux pourparlers de désarmement du gouvernement Carter avec l'URSS. En 1987, il a critiqué le traité de désarmement INF de l'administration Reagan avec l'URSS, ainsi qu'en 2010 le renouvellement par l'administration Obama du traité de limitation des armements START avec la Russie.
Perle a été régulièrement accusé de travailler pour Israël et même de l'espionner. Dès 1970, le FBI l'a surpris en train de discuter d'informations classifiées avec un membre de l'ambassade d'Israël. En 1983, il a été révélé qu'il avait reçu d'importantes sommes d'argent pour servir les intérêts d'un fabricant d'armes israélien.
Perle a travaillé comme conseiller du ministère de la défense de 1987 à 2004 et est membre de plusieurs groupes de réflexion néoconservateurs, dont l'American Enterprise Institute, le Project for the New American Century et l'Institut juif pour les affaires de sécurité nationale. Il a également ardemment défendu l'invasion américaine de l'Irak et, en 1996, il a été l'un des auteurs du rapport controversé « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm » (Une rupture nette : une nouvelle stratégie pour sécuriser l'Etat), qui contenait des conseils politiques pour le Premier ministre israélien de l'époque, M. Netanyahu.
L'historien controversé Richard Pipes (1923-2018) est le fils d'un homme d'affaires juif polonais. La famille Pipes a immigré aux États-Unis en 1940. Après avoir étudié au Muskingum College, à l'université Cornell et à l'université Harvard, Pipes a enseigné l'histoire russe à l'université Harvard de 1950 à 1996. Il a également écrit pour Commentary. Dans les années 1970, Pipes a critiqué la détente avec l'URSS et a été conseiller du sénateur Henry Jackson. En 1976, Pipes a dirigé le groupe d'étude controversé Equipe B , chargé d'examiner les capacités et les objectifs géopolitiques de l'URSS. En 1981-1982, il a été membre du Conseil national de sécurité. Pipes a également été membre du think tank néocon Committee on the Present Danger pendant de nombreuses années.
Cependant, les travaux de Pipes sont controversés dans le monde universitaire. Ses détracteurs affirment que ses travaux historiques visent uniquement à qualifier l'URSS d'« Empire du mal ». En outre, il a écrit sans ambages sur les soi-disant « hypothèses tacites » de Lénine, tout en ignorant complètement ce que Lénine a réellement dit. Pipes est en outre accusé d'utiliser les documents de manière sélective: ce qui correspond à ses attentes est décrit en détail et ce qui ne correspond pas à ses attentes est tout simplement passé sous silence. L'écrivain et intellectuel russe Alexandre Soljenitsyne a également qualifié le travail de Pipes de « version polonaise de l'histoire russe ».
Daniel Senor (né en 1971) est issu d'une famille juive d'Utica (État de New York) et a été conseiller du ministère de la défense, conseiller présidentiel et chercheur au Council on Foreign Relations. En 2009, il a cofondé le think tank néocon Foreign Policy Initiative avec Robert Kagan et William Kristol. M. Senor est actuellement rédacteur d'opinion au New York Post, au New York Times, au Wall Street Journal, au Washington Post et à l'ancien magazine néocon The Weekly Standard.
Dan Quayle est né dans l'Indiana en 1947. Il est le petit-fils du riche et influent magnat de la presse Eugene Pulliam. Après avoir étudié les sciences politiques à l'université DePauw et le droit à l'université de l'Indiana, Dan Quayle a siégé à la Chambre des représentants des États-Unis à partir de 1976. De 1989 à 1993, il a été vice-président de Bush père. Le banquier d'affaires Quayle a cofondé le Projet pour le nouveau siècle américain en 1997. Il siège par ailleurs dans divers conseils d'administration de grandes entreprises, est directeur de la banque Aozora au Japon et président de la division Global Investments de la société d'investissement Cerberus Capital Management.
Donald Rumsfeld (1932-2021), né dans l'Illinois, a été pilote naval et instructeur de vol dans la marine américaine de 1954 à 1957. Il a ensuite été employé de deux chambres des représentants (jusqu'en 1960) et banquier d'affaires (jusqu'en 1962), après quoi il est devenu député républicain. En 1969-1972, Rumsfeld est conseiller présidentiel de Nixon. En 1973, il est ambassadeur auprès de l'OTAN à Bruxelles.
Rumsfeld devient chef de cabinet de la Maison Blanche sous le président Ford en 1974. À son instigation, Ford procède à un remaniement en profondeur de son gouvernement en novembre 1975 (ce qui sera surnommé plus tard le « massacre d'Halloween »). Rumsfeld devient secrétaire à la défense. Il met fin au déclin progressif du budget de la défense et renforce les armements nucléaires et conventionnels des États-Unis, sapant ainsi les négociations SALT du ministre des affaires étrangères Kissinger avec l'URSS. Rumsfeld s'est appuyé sur le rapport controversé de l'équipe B de 1976 pour construire des missiles de croisière et un grand nombre de navires de guerre.
Après l'arrivée au pouvoir de l'administration démocrate Carter en 1977, Rumsfeld a brièvement enseigné à l'université de Princeton et à l'université Northwestern de Chicago avant d'occuper des postes à responsabilité dans le monde des affaires. Sous Reagan, il a été conseiller présidentiel pour le contrôle des armements et les armes nucléaires en 1982-1986 et envoyé présidentiel pour le Proche-Orient et le traité sur le droit international de la mer en 1982-1984. Dans l'administration Bush père, Rumsfeld a été conseiller au ministère de la défense de 1990 à 1993. En 1997, il a cofondé le Projet pour le nouveau siècle américain.
Sous la présidence de Bush Jr, Rumsfeld est à nouveau secrétaire à la défense de 2001 à 2006, où il domine la planification des invasions de l'Afghanistan et de l'Irak. Il est tenu pour responsable, tant aux États-Unis qu'au niveau international, de la détention de prisonniers de guerre sans la protection des conventions de Genève, ainsi que des scandales de torture et d'abus qui ont suivi à Abou Ghraib et Guantanamo. En 2009, Rumsfeld a même été qualifié de criminel de guerre par la Commission des droits de l'homme des Nations unies.
Benjamin Wattenberg (1933-2015) (photo) est issu d'une famille juive de New York. En 1966-1968, il a travaillé comme assistant et rédacteur de discours pour le président Johnson. En 1970, avec le politologue, spécialiste des élections et conseiller présidentiel Richard Scammon (1915-2001), il a élaboré la stratégie qui a permis aux démocrates de remporter les élections générales de 1970 et au républicain Richard Nixon de redevenir président en 1972. Dans les années 1970, Wattenberg a été conseiller du sénateur démocrate Henry Jackson. Il a également travaillé comme haut fonctionnaire pour les présidents Carter, Reagan et Bush père. Il a également été associé à l'American Enterprise Institute.
Professeur de sciences politiques James Wilson (1931-2012) a enseigné à l'université de Harvard de 1961 à 1987, à l'université de Californie de 1987 à 1997, à l'université Pepperdine de 1998 à 2009, puis au Boston College. Il a également occupé divers postes à la Maison Blanche et a été conseiller de plusieurs présidents américains. Wilson était également affilié à l'American Enterprise Institute.
Paul Wolfowitz, né en 1943 à Brooklyn, New York, est le fils d'immigrants juifs originaires de Pologne. Son père, Jacob Wolfowitz (1910-1981), professeur de statistiques et membre de l'AIPAC, soutenait activement les Juifs soviétiques et Israël. Wolfowitz a d'abord étudié les mathématiques à l'université Cornell dans les années 1960, où il a rencontré le professeur Allan Bloom et a également été membre du groupe étudiant secret Quil and Dragger. Pendant ses études de sciences politiques à l'université de Chicago, il a fait la connaissance des professeurs Leo Strauss et Albert Wohlstetter, ainsi que des étudiants James Wilson et Richard Perle.
En 1970-1972, Wolfowitz a enseigné les sciences politiques à l'université de Yale, où Lewis Libby était l'un de ses étudiants. Par la suite, il a été assistant du sénateur Henry Jackson. En 1976, Wolfowitz fait partie du groupe d'étude anti-URSS controversé Equipe B pour « réexaminer » les analyses de la CIA sur l'URSS. De 1977 à 1980, Wolfowitz est employé par le ministère de la défense. En 1980, il devient professeur de relations internationales à l'université John Hopkins.
Dans l'administration Reagan, Wolfowitz devient employé du Département d'Etat en 1981 sur l'intercession de John Lehman. Il rejette fermement le rapprochement de Reagan avec la Chine, ce qui le met en conflit avec le secrétaire d'État Alexander Haig (1924-2010). En 1982, le New York Times prédit donc le remplacement de Wolfowitz au département d'État. Mais c'est l'inverse qui se produit en 1983 : Haig - qui est également en conflit avec le ministre de la défense Caspar Weinberger (1917-2006), à moitié juif et virulemment anti-URSS - est remplacé par le néoconservateur George Schultz et Wolfowitz est promu assistant de Schultz pour les affaires de l'Asie de l'Est et du Pacifique. Lewis Libby et Zalmay Khalilzad sont devenus les associés de Wolfowitz. En 1986-1989, Wolfowitz a été ambassadeur en Indonésie.
Au cours de l'administration Bush père, Wolfowitz a été secrétaire adjoint à la défense sous la direction du secrétaire Cheney, avec Libby comme assistant. Ils ont donc été étroitement impliqués dans la guerre contre l'Irak en 1990-91. Wolfowitz regrette vivement que, dans cette guerre, les États-Unis se soient limités à la reconquête du Koweït et n'aient pas poussé jusqu'à Bagdad. Libby et lui continueront à faire pression tout au long des années 1990 pour une attaque « préventive » et unilatérale contre l'Irak.
De 1994 à 2001, Wolfowitz est à nouveau professeur à l'université John Hopkins, où il propage ses opinions néoconservatrices. En 1997, il a cofondé le Project for a New American Century.
Wolfowitz divorce de sa femme Clare Selgin en 1999 et entame une relation avec une employée britannico-libyenne de la Banque mondiale, Shaha Ali Riza (photo), qui lui vaudra des ennuis en 2000 et en 2007 (cfr infra). Pendant la campagne électorale de Bush Jr. en 2000, Wolfowitz faisait partie du groupe consultatif de politique étrangère de Bush, les Vulcains. Lors de l'administration suivante de Bush Jr, Wolfowitz a été nommé à la tête de la CIA, mais cette nomination a échoué parce que son ex-femme, dans une lettre adressée à Bush Jr, a qualifié sa relation avec une ressortissante étrangère de risque pour la sécurité des États-Unis. Il n'est redevenu secrétaire adjoint à la défense qu'entre 2001 et 2005, sous la direction de Rumsfeld.
Wolfowitz a profité des événements du 11 septembre 2001 pour reprendre immédiatement sa rhétorique sur les « armes de destruction massive » et les attaques « préventives » contre les « terroristes ». Dès lors, Rumsfeld et lui ont préconisé d'attaquer l'Irak à chaque fois que l'occasion se présentait. La CIA n'ayant pas donné suite à ses affirmations sur les « armes de destruction massive irakiennes » et le « soutien de l'Irak au terrorisme », elle a créé le groupe d'étude Office of Special Plans (OSP ) au sein du ministère de la défense afin de « trouver » des preuves. Cet OSP a rapidement devancé les agences de renseignement existantes et est devenu la principale source de renseignements du président Bush Jr sur l'Irak, sur la base d'informations souvent douteuses. Cette situation a donné lieu à des accusations selon lesquelles l'administration Bush Jr. créait des renseignements pour amener le parlement à approuver l'invasion de l'Irak.
En 2005, Wolfowitz a été nommé avec succès par le président Bush Jr. au poste de président de la Banque mondiale. Cependant, Wolfowitz s'est rendu impopulaire en procédant à une série de nominations néoconservatrices controversées et en faisant adopter des politiques néoconservatrices au sein de la Banque mondiale. Sa liaison avec Shaha Ali Riza, employée de la Banque mondiale, a également suscité la controverse, les règles internes de la Banque mondiale interdisant les relations entre les cadres et le personnel. En outre, Wolfowitz avait accordé à Riza une promotion assortie d'une augmentation de salaire disproportionnée en 2005. Enfin, en 2007, Wolfowitz a été contraint de démissionner de son poste de président de la Banque mondiale. Il est ensuite devenu chercheur à l'American Enterprise Institute.
Conclusion
Le néoconservatisme est né de l'inimitié virulente des trotskystes juifs qui avaient fui l'Europe de l'Est occupée par l'URSS stalinienne et la Russie. Ils venaient principalement du territoire de l'ancien empire polono-lituanien (Pologne, Ukraine et Lituanie). Ces immigrants juifs se sont principalement installés dans les quartiers new-yorkais de Brooklyn et du Bronx dans les années 1920 et 1930. Aux États-Unis, ils ont formé une communauté très soudée par le biais d'amitiés, de relations professionnelles et de mariages. Certains ont également unifié leurs noms de famille, par exemple « Horenstein » est devenu Howe, « Leibowitz » est devenu « Libby », « Piepes » est devenu « Pipes » et « Rosenthal » est devenu « Decter ». Leurs enfants étudient en masse au City College de New York et forment le groupe trotskiste New York Intellectuals.
Pour lutter contre Staline depuis son exil mexicain, le dirigeant bolchevique en exil Léon Trotski a formé un mouvement communiste rival, la Quatrième Internationale. Détestant le stalinisme, un certain nombre d'intellectuels juifs américains importants de la gauche radicale se sont rassemblés autour de Trotsky dans les années 1930, y compris les jeunes communistes Irving Howe, Irving Kristol et Albert Wohlstetter. Dans les années 1960, ils ont troqué leur trotskisme contre le néoconservatisme.
Ainsi, les principaux idéologues du néoconservatisme sont des marxistes qui se sont réorientés. Les dénominations ont changé, mais les objectifs sont restés les mêmes. En effet, les thèses libérales du néoconservatisme soutiennent tout autant l'universalisme, le matérialisme et l'utopie de l'ingénierie sociale, puisque le marxisme et le libéralisme reposent sur les mêmes fondements philosophiques. Les communistes étaient donc à New York plutôt qu'à Moscou pendant la guerre froide. Le néoconservatisme a également rendu la religion à nouveau utile à l'État.
Le néoconservatisme a été transformé en un véritable mouvement par Irving Kristol et Norman Podhoretz. Ce mouvement néoconservateur peut être décrit comme une famille élargie basée en grande partie sur les réseaux sociaux informels créés par ces deux parrains.
Les néoconservateurs sont des impérialistes démocratiques qui veulent changer la société et le monde. De plus, leur messianisme et leur volonté de répandre la démocratie parlementaire et le capitalisme dans le monde entier sont diamétralement opposés au véritable conservatisme. En effet, les vrais conservateurs n'ont aucune prétention universelle et défendent un non-interventionnisme et un isolationnisme honorables. De plus, les néoconservateurs veulent convertir leur soutien actif à Israël, si nécessaire, en interventions militaires dans des pays qu'ils considèrent comme dangereux pour leurs intérêts et ceux d'Israël.
L'idéal néoconservateur du multiculturalisme implique une immigration massive. Or, les cultures ont des valeurs, des normes et des lois différentes. Ainsi, pour permettre l'interaction sociale, un dénominateur commun est nécessaire. Par conséquent, l'objectif final n'est pas le multiculturalisme mais le monoculturalisme : les néocons veulent donc créer un être humain uniforme et unitaire.
Parmi les néocons, il y a remarquablement beaucoup d'intellectuels. Ils ne constituent donc pas un groupe marginal, mais forment au contraire le cadre intellectuel de la politique étrangère américaine. Cependant, le président Richard Nixon a eu une approche très différente des deux superpuissances que sont la Chine et l'URSS, par rapport à tous les autres présidents américains de l'après-guerre, à l'exception du président John Kennedy (1917-1963), qui a lui aussi cherché à mettre fin à la guerre froide. À la fureur des néoconservateurs, il a noué des relations avec la Chine et a considérablement amélioré les relations avec l'URSS. Aux États-Unis, Nixon a décentralisé le gouvernement, mis en place la sécurité sociale et lutté contre l'inflation, le chômage et la criminalité. Il a également aboli l'étalon-or, tandis que sa politique en matière de salaires et de prix a constitué la plus grande intervention gouvernementale en temps de paix de l'histoire des États-Unis.
Les néocons ont détesté la détente des années 1970 : ils craignaient de perdre leur ennemi préféré, l'URSS. Après la démission de Nixon à la suite du scandale du Watergate, ils ont donc affirmé que la CIA produisait des analyses beaucoup trop optimistes sur l'URSS. Le remaniement gouvernemental de 1975 dont ils ont été les instigateurs a placé George Bush père à la tête de la CIA, après quoi il a mis sur pied l'équipe B, a priori déjà hostile à l'URSS, pour produire une « évaluation alternative » des données de la CIA. Le rapport controversé et totalement erroné de l'équipe B affirmait à tort que la CIA avait tort.
Bien que le secrétaire d'État Henry Kissinger ait rejeté le rapport de l'équipe B, le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld l'a néanmoins diffusé comme une étude « fiable ». Rumsfeld a ainsi sapé les négociations sur la limitation des armements des années suivantes (c'est-à-dire pendant l'administration Carter, de 1977 à 1981). En outre, le rapport de l'équipe B a également servi de base à l'explosion inutile du budget de la défense sous l'administration Reagan.
Lors d'un voyage en Grande-Bretagne en 1978, l'ex-président Nixon a déclaré à propos du scandale du Watergate : « Certains disent que je n'ai pas bien géré la situation et ils ont raison. J'ai tout gâché. Mea culpa. Mais passons à mes réalisations. Vous serez là en l'an 2000 et nous verrons comment je suis considéré à ce moment-là » ...
Avec la chute du mur de Berlin en 1989, le totalitarisme n'a certainement pas été vaincu. Au contraire, il a pris une autre forme - d'apparence conservatrice - et s'est emparé de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Les plaidoyers de néoconservateurs de premier plan comme Norman Podhoretz et William Kristol en faveur du Parti républicain, le rejet des politiques du président Obama et l'infiltration de l'appareil de pouvoir autour du président Trump montrent clairement que les néoconservateurs veulent réintégrer le gouvernement américain. Après tout, leur objectif final reste une attaque contre l'Iran et la domination mondiale des États-Unis. La lutte pour notre liberté sera donc longue !
Références :
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BALINT (B.), Running Commentary : The Contentious Magazine That Transformed The Jewish Left Into The Neoconservative Right, New York, Public Affairs, 2010, pp. 304.
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WALD (A.), The New York Intellectuals : The Rise and Decline of the Anti-Stalinist Left from the 1930s to the 1980s, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1987, pp. 456.
WEDEL (J.), Shadow Elite : How the World's New Power Brokers Undermine Democracy, Government and the Free Market, New York, Basic Books, 2009, pp. 283.
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La "guerre civile" en France
La "guerre civile" en France
par Maurizio Lazzarato
(Ndlr: le texte qui suit provient d'un intellectuel marxiste de la vieille école, qui enseigne en France et qui analyse ici le néolibéralisme policier de Macron, en le qualifiant de "néofascisme" comme le veut la mode en France et les tics langagiers de l'université française, saoûlée de son idéologie "républicaine". Précisons aussi que Lazzarato soutient "La France Insoumise", qui a pourtant aidé Macron à se remettre en selle. Mis à part la présence de ce tic langagier récurrent, souvent lourd et pesant, l'analyse de Lazzarato qui démontre le recours à la violence policière d'un néolibéralisme, en faillite depuis la crise de 2008, est juste. A nos lecteurs de traduire en un langage normal et compréhensible cette dénonciation de la violence nouvelle, laquelle est bel et bien libérale, essentiellement libérale: les mouvements, dénoncés comme "totalitaires" dans les médias mainstream et dans les officines universitaires, n'ont jamais été que des révoltes justifiées contre l'inhumanité du tout-économique libéral).
Source: https://www.sinistrainrete.info/teoria/28507-maurizio-lazzarato-la-guerra-civile-in-francia.html
La tendance contemporaine à l'alliance entre libéraux et fascistes, que nous avons vue à l'œuvre au 20ème siècle et qui est réapparue sous nos yeux ces dernières années, a été remise en cause en France par ce que les luttes de ces dernières années ont réussi à sédimenter. Mais la situation est loin d'être résolue : Macron, qui reste président de la République, veut continuer à mener jusqu'au bout l'expropriation des salaires, des revenus et des services, le génocide, la guerre ; Hollande et le Parti socialiste sont déjà prêts à poignarder le programme du Nouveau Front populaire ; le Rassemblement national a augmenté sa force parlementaire. Bref, la France est un pays divisé. Dans cette situation, les mouvements sociaux joueront un rôle décisif : seule une lutte de classe pressante pourra construire les rapports de force qui sont aujourd'hui dans la balance et faire avancer La France Insoumise.
* * * *
Dans la nuit où l'on a célébré la victoire électorale sur les fascistes, la sagesse populaire écrivait sur un mur "Notre sursaut est un sursis". C'est encore plus vrai le lendemain matin. Mais c'est plus qu'un sursaut, et la trêve dépendra du rapport de force qui se construira dans les semaines et les mois à venir.
La longue séquence de lutte des classes sans classe et sans révolution (qui a commencé sous la présidence de Hollande), malgré le fait qu'aucune des revendications des différents mouvements (Loi travail, Gilets Jaunes, retraite, banlieues etc.) n'ait réussi à s'imposer, elle a provoqué un séisme qui ébranle les institutions de la République, ancré électoralement le bloc féroce des intérêts du grand capital représenté par Macron, et ouvert la voie à une première rupture du consensus gauche/droite autour de la contre-révolution libérale-capitaliste qui a gouverné pratiquement depuis Mitterrand en 1983 jusqu'à Macron.
La tendance contemporaine à l'alliance entre libéraux et fascistes (dont la dernière concrétisation est le gouvernement Hollande mis en place le 2 juillet) a volé en éclats par ce que les luttes ont sédimenté au niveau institutionnel. Le résultat des élections montre que la France est profondément divisée et on voit mal qui et comment elle pourrait se recomposer à moyen/long terme, avec un RN (Rassemblement national) représentant 10 millions d'électeurs français sur 49, qui a accru sa force parlementaire, consolidé son implantation territoriale et vise déjà les élections présidentielles. La situation est plus proche de celle des Etats-Unis que de celle de l'Italie, où les fascistes se sont installés au pouvoir sans problème, dans un pays assoupi et en déclin à tous égards.
L'évolution de la situation dépendra, pour commencer, de la manière dont la crise institutionnelle sera résolue. La constitution et le système politique français n'envisagent pas une telle issue, qui s'apparente davantage à un scrutin proportionnel, ne permettant pas l'établissement immédiat d'une majorité et aboutissant donc à un transfert contre nature du pouvoir du "monarque républicain" vers le parlement.
Elle dépendra ensuite également de la capacité de résistance du NFP (Nouveau Front Populaire) car le parti socialiste, "ressuscité" uniquement parce que FI (France Insoumise) lui a accordé plusieurs circonscriptions, est le parti le plus problématique de la coalition. C'est précisément de son ventre que sont sortis Macron - et nombre de ses ministres - et une partie de l'électorat qu'il a ensuite régulièrement massacré. Macron dans sa parabole politique est passé d'une majorité absolue à une majorité relative à une situation où il n'a plus les cartes en main. Sa coalition doit tout au désistement, aux électeurs qui se sont bouchés le nez pour voter pour elle. D'ailleurs, ses nouveaux élus savent qu'ils doivent plus à Attal, qui a pris le parti du "front républicain" sans ambiguïté dès le départ, qu'au "roi" de l'Olympe - "Jupiter", comme l'appellent les Français avec mépris - qui a été ambigu et hésitant jusqu'au bout sur la question.
Macron n'est que le dernier d'une série de libéraux socialistes qui ont fait plus pour imposer le néolibéralisme que toutes les droites réunies - la liste des ignominies est sans fin). Hollande, ex-président, l'un des pires de la bande, s'est fait élire et est prêt à poignarder dans le dos le programme du NFP, basé sur un keynésianisme de gauche qui a de quoi affoler les classes dirigeantes - un plan qui comprend la retraite à 60 ans, l'augmentation du salaire minimum de 15 %, l'abolition d'une énième loi planifiée contre les chômeurs, etc. Bien loin de la radicalité du PC historique - toute relative s'il est vrai que François Tosquelles, fondateur du POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista) pendant la guerre civile espagnole et plus tard inventeur de la psychothérapie institutionnelle, se plaignait que pendant qu'ils faisaient la révolution, le PC se battait pour les congés payés. C'est dire si nous sommes loin des débats et des enjeux du siècle dernier.
Mais le rôle décisif sera joué par les mouvements. Dans une situation où la majorité (s'il y en a une ! trop tôt pour le dire) du NFP composite, avec un programme abhorré par la droite libérale, sous le feu croisé des marchés, avec un RN qui se tient coi en pensant encaisser les dividendes de la situation inédite dans trois ans (lors des élections présidentielles), seule une lutte de classe pressante pourra construire les rapports de force qui sont aujourd'hui dans la balance. Seule la capacité de mobilisation permettra d'imposer le programme d'une coalition où la seule force qui a rompu avec le "consensus de Washington", le consensus sur le génocide et sur l'atlantisme, est la FI.
Mais tout est encore en suspens, ce n'est qu'une des coalitions possibles, nous connaîtrons probablement une période d'instabilité institutionnelle et politique prolongée.
Libéralisme et fascisme
Essayons maintenant de comprendre ce qui se cache sous les fissures produites par les vagues électorales : la grande crise du capitalisme et des Etats occidentaux, qui ne sont pas encore sortis de la débâcle financière de 2008 et qui n'ont que la guerre, la guerre civile et le génocide comme seule véritable solution. C'est dans ce cadre que se jouera le destin du NFP et du fascisme. Prendre un peu de distance par rapport à l'actualité immédiate peut nous aider à lire ce qui pourrait se passer.
La relation entre le capitalisme, le fascisme et le libéralisme n'est pas conjoncturelle, mais structurelle.
Le transfert d'un des modes d'exercice du pouvoir (législatif, exécutif, administratif) des libéraux aux fascistes est un classique du 20ème siècle. Le fascisme et le nazisme historique ont été portés au pouvoir par des libéraux, des capitalistes, des banquiers, après que le "marché" a lamentablement échoué, entraînant les sociétés européennes dans la Grande Guerre et la Guerre civile mondiale. Les bolcheviks ont saisi la balle au bond et fait la révolution avec un écho immédiat dans le monde entier, notamment en Europe, terrorisant les classes dirigeantes prêtes à tout pour anéantir le programme d'abolition de la propriété privée, qui reste l'alpha et l'oméga du capitalisme - Keynes écrivait que les grands propriétaires préféreraient éteindre le soleil et les étoiles plutôt que de céder un pouce de pouvoir et de perdre un gramme de profit.
Face à l'effondrement de la gouvernance libérale et à l'escalade de la guerre civile, la droite et une bonne partie des capitalistes ont préféré céder le pouvoir aux nazis et aux fascistes, laissant libre cours à la violence contre le "vrai" danger, le bolchevisme.
Le néolibéralisme, qui se voulait une alternative au libéralisme classique, produit les mêmes résultats : guerre, guerre civile, génocide, fascisme. Il est entré dans le coma en 2008 et est mort depuis quelques années. En Occident, le "marché" ne décide plus de rien, si tant est qu'il ait jamais décidé de quoi que ce soit. Les États-Unis choisissent pour tout le Nord ce qu'il faut produire, où il faut s'installer et ce qu'il faut consommer. Ils dictent à tous les vassaux ce qu'il faut exporter et vers qui, quels droits, sur quelles marchandises, quels pays producteurs. L'allocation des technologies est l'œuvre du Pentagone. Le marché est désormais complètement subordonné à la sécurité nationale des États-Unis, c'est-à-dire à leur volonté d'hégémonie.
Dans les pays du Sud, le capitalisme est géré par l'État, de sorte que le marché est étroitement contrôlé par son ennemi le plus acharné. Cela semble fonctionner assez bien du point de vue de l'accumulation. Même le "pilote automatique" de la finance semble être contrôlé par la politique (ce qui a également été le cas en Occident pendant les trente glorieuses).
J'ai assisté avec stupéfaction à des conférences universitaires en Italie où le néolibéralisme, le capital humain, l'entrepreneur de soi-même, etc. sont encore discutés, comme si nous étions encore dans les années 1980 ou 1990, comme si ces concepts avaient jamais été opérationnels. Les économies de marché ont été administrées par des États, même sous le soi-disant néolibéralisme, sauvées par les monnaies souveraines et maintenant sauvées par l'État militaire et les fascismes. Le capitalisme dans son ensemble doit périodiquement faire la guerre et recourir à la violence fasciste pour ne pas s'effondrer.
Michel Foucault a fait circuler des fables sur l'ordo- et le néolibéralisme que même les intellectuels de gauche les plus subtils répètent comme des perroquets. Néolibéralisme et fascisme sont étroitement liés parce que le second était, au début des années 1970, la condition du premier. Ce n'est pas le marché, ce ne sont pas les hommes d'affaires qui ont bombardé la Moneda et tué Allende, massacré des milliers de militants socialistes et communistes dans toute l'Amérique latine, contraint à l'exil autant d'entre eux : c'est l'alliance entre les fascistes et la puissance souveraine des États-Unis qui l'a fait. La convergence inaugurale entre fascisme et néolibéralisme dans l'organisation de la guerre civile, disparue de la reconstruction de Foucault et de ses continuateurs [1], se reproduit aujourd'hui, au crépuscule de la gouvernementalité libérale.
Pour comprendre comment cela se répète encore aujourd'hui, il faut considérer d'autres formes d'exercice du pouvoir, au premier rang desquelles l'accumulation du capital.
Avec le début de la contre-révolution, les fascistes ont été immédiatement sortis des égouts. L'"obligation" antifasciste est éliminée parce que la stratégie choisie n'envisage aucune médiation, elle va à la confrontation des classes, à la "guerre civile", tantôt souterraine tantôt ouverte, intensifiant le racisme et le sexisme dans le but de diviser le prolétariat.
L'alliance entre libéraux et fascistes a déjà été institutionnalisée par Berlusconi (1992) il y a plus de trente ans. Son premier gouvernement réunit des libéraux de droite et des fascistes. L'un d'entre eux dirigera la boucherie de Gênes.
La légitimité électorale du bloc d'intérêts économico-financiers nationaux et mondiaux que Macron représente a explosé avec les élections européennes. Avec seulement 7% des électeurs ayant voté pour le président, son gouvernement, qui a fait de la France un pays "business-friendly", n'a ni crédibilité ni solidité.
La gouvernementalité néolibérale, déjà fortement érodée par la crise de 2008, a été délégitimée par la succession de mouvements politiques en France (contre la Loi Travail, Gilets Jaunes, lutte pour les retraites, révolte des banlieues). C'est la cause première de l'usure du pouvoir macronien que les élections ont enregistrée. Le régime de guerre et de génocide d'une part, la guerre civile d'expropriation des salaires, des revenus et des services gagnée en un siècle et demi de révolutions d'autre part, exigent que les procédures démocratiques qui ont toujours été étanches au capitalisme soient privées de leur pouvoir.
Mais la situation n'a pas le caractère dramatique de la première moitié du 20ème siècle, pas de danger "bolchevique" à l'horizon. Macron pense peut-être que le moment n'est pas encore venu de céder le pouvoir alors qu'il a longtemps hésité, comme beaucoup d'autres dirigeants de droite, avant de rejoindre le bloc républicain contre le fascisme. C'est son Premier ministre qui lui a forcé la main. Il n'y a rien à attendre de quelqu'un qui a ouvert la porte au RN, en reprenant pratiquement tous ses mots d'ordre, et qui a mis en œuvre en même temps l'une des politiques de classe les plus féroces que l'on ait vues en Europe. Le "tir de barrage" dont ils rêvaient tous était en réalité dirigé contre le FN. Quand ils ont compris qu'ils pouvaient se rattraper sur le dos des militants du NFP qui votaient massivement, contrairement aux électeurs de droite, en respectant la règle du désistement, ils ont rejoint le front républicain.
Guerre civile ?
Macron, pendant la très courte campagne électorale, a évoqué le danger d'une guerre civile en cas de victoire des "extrêmes" et l'Elysée a organisé une fuite sur l'utilisation possible de l'article 16 de la constitution accordant les pleins pouvoirs au président (dictature présidentielle).
Ces deux observations sont très intéressantes.
L'intensification de l'initiative capitaliste après la crise financière, dont l'objectif était de la faire payer aux classes populaires, a été traitée par Macron sous la forme d'une guerre civile. La stratégie choisie a été d'aller jusqu'au bout du mot d'ordre de la contre-révolution : pas de médiation, pas de compromis, pas de dialogue, de sorte que la seule force capable de gérer le conflit était la police.
Beaucoup de camarades s'étonnent de l'utilisation du terme "guerre civile" qu'ils ne conçoivent, ma foi, que de manière métaphorique. Le problème de ces camarades est grave: ils ont une conception "eurocentrique" de l'exercice du pouvoir, comme toute la philosophie politique et la politologie occidentales. Juger le pouvoir, c'est mettre sur un pied d'égalité son exercice à l'intérieur et à l'extérieur des frontières de la France métropolitaine, car le niveau d'utilisation de la violence et les dispositifs et techniques utilisés pour la mettre en œuvre sont certes différents, mais il s'agit du même pouvoir, géré par les mêmes hommes.
Macron utilise une grande violence coloniale classique en Kanaky (9 morts et 1675 arrestations lors des émeutes de mai dernier), en Afrique (où l'élimination physique de l'ennemi est une pratique courante) et dans une grande partie des DOM-TOM et de la violence plus "démocratique" de la métropole. Mais, je le répète, c'est le même pouvoir qui utilise la guerre civile ouverte dans les colonies et la "guerre civile lente", comme Marx définit, dans le 8ème chapitre du Capital, la lutte de la classe ouvrière sur la journée de travail. "Guerre civile lente, plus ou moins voilée" parce qu'elle n'est pas concentrée dans l'espace et le temps comme la première.
Macron gouverne depuis le début de son mandat par l'intermédiaire de la police, dont la violence n'a cessé de monter, atteignant des niveaux inquiétants avec les Gilets Jaunes. Les lois d'exception votées au moment des attentats de 2015 ont été intégrées au droit commun et largement utilisées par les préfets contre les luttes opposées au recul de l'âge de la retraite.
L'utilisation de la police comme mode de "gouvernement" manifeste que la situation est toujours en équilibre, "exceptionnelle" parce qu'imprévisible, difficile à stabiliser parce qu'ouverte en permanence à des rapports de force changeants et risquant en permanence d'échapper aux pouvoirs constitués. La distinction entre normalité et urgence n'a plus lieu d'être puisque, au 20ème siècle, la différence entre paix et guerre a cédé la place à leur contamination.
La police est la force la plus appropriée pour intervenir lorsque la normalité et l'exception, la guerre et la paix se confondent. W. Benjamin rappelle que la police, en réprimant, ne se contente pas d'appliquer la loi, mais la crée par sa propre action, dans son affrontement avec la lutte des classes. La police n'est pas seulement un pouvoir qui conserve le droit, mais aussi un pouvoir qui le fonde. Elle est le pouvoir constituant en action, elle est l'état d'exception en action, elle est la guerre civile en action. La violence policière est fondatrice de droit", elle n'édicte pas de lois, mais "prend toutes sortes de décrets (...) ainsi, "pour garantir la sécurité", elle intervient dans d'innombrables cas où la situation juridique n'est pas claire".
Le pouvoir qui pose le droit (l'exception) et le pouvoir qui le conserve (les lois) sont confondus dans le même acte, il n'y a pas d'opposition entre pouvoir constituant et pouvoir constitué dans la pratique du pouvoir. C'est la seule façon de pouvoir maîtriser une guerre civile qui, bien que "lente", mine continuellement la stabilité et le fonctionnement du pouvoir et menace de s'accélérer. Le pouvoir fait un usage constant et systématique de la police parce qu'elle intervient dans des situations d'incertitude, qui ne peuvent être anticipées par le législateur, exerçant une violence à la fois instituée et instituante.
Dans la reproduction continue de la crise, l'ordre n'est pas garanti, il doit être construit, reconstruit et légitimé sans relâche, car, malgré l'absence de subjectivités révolutionnaires, il ne parvient pas à stabiliser les rapports de force entre les classes : le pouvoir ne parvient pas à les enfermer dans son commandement, qui, au contraire, risquent continuellement de présenter leur visage révolté et subversif. C'est exactement ce qui s'est passé avec les Gilets Jaunes et la succession des luttes en France.
Mais c'est aussi une puissance minée par les rapports de force internationaux qui voient l'Occident sur la défensive, paniqué par le déclin de son hégémonie et donc prêt à déchaîner les plus grandes violences.
Cela paraît impossible, mais on continue à écrire des analyses terriblement locales de la situation politique française, alors même que le pays transalpin est complètement englouti dans une guerre globale et une guerre civile.
La France, comme tout l'Occident, est deux fois en guerre : contre la Russie (en vérité, contre la Chine, qui menace sa suprématie) et contre les Palestiniens (contre le prolétariat du Grand Sud), tandis que les pays occidentaux connaissent des "guerres civiles" qui, de "lentes" qu'elles étaient, deviennent dynamiques, en particulier aux États-Unis. La France envoie des armes à Israël et légitime le génocide tout en menaçant d'envoyer des troupes sur le sol ukrainien. Le génocide palestinien a continuellement plané sur la campagne parce que son principal argument pour criminaliser ceux qui s'opposent au massacre en cours, l'antisémitisme, a été martelé par tous les médias consensuellement unifiés, contre LFI, l'image d'un "danger rouge" inexistant. Au contraire, le RN "ontologiquement" antisémite a été légitimé comme antiraciste. En tout état de cause, l'opération Corbyn a échoué.
La manière dont on juge la phase est importante, car l'action politique en dépend. Il me semble que l'on peut dire, sans crainte d'être contredit, que nous nous trouvons dans une superposition de guerres, de guerres civiles, de génocides, de montée des fascismes qui rendent difficiles les prédictions, les anticipations, les calculs "stratégiques" (y compris économiques), de sorte que les classes dirigeantes ont tendance à confier à l'extrême droite le rétablissement de l'ordre et de l'autorité qui assure un minimum de certitudes. Les milieux économiques, après le vote, ont fait savoir qu'ils voulaient "de la stabilité et de la visibilité", c'est-à-dire de l'ordre, de l'ordre, de l'ordre. Ils prendront celui qui leur assurera le mieux cela.
Dans un régime de guerre (et aussi de guerre civile "lente"), la visibilité est minimale, la direction à prendre ne se dessine pas facilement, le choix est hésitant : "Nous reconnaissons qu'il est beaucoup plus difficile de s'orienter dans la guerre que dans n'importe quel autre phénomène social parce qu'elle implique moins de certitude, c'est-à-dire qu'elle est encore plus une question de probabilité".
Cette citation du président Mao est certainement un reflet d'un texte de Clausewitz qui mérite d'être cité, car il nous donne une image de ce qu'est la crise permanente que nous vivons depuis le lancement de la contre-révolution au début des années 1970, dont le mot d'ordre, au fur et à mesure qu'il se précisait, "pas de médiation", implique une logique de guerre (civile).
"La guerre est le domaine du hasard. Aucune autre sphère de l'activité humaine n'est en contact aussi permanent avec le "hasard".
Il accentue l'incertitude en toutes circonstances et entrave le cours des événements. En raison de l'incertitude de toute information, de l'absence de base solide et de ces interventions constantes du hasard, l'homme qui agit se trouve continuellement confronté à des réalités différentes de celles qu'il attendait [...] les trois quarts des éléments sur lesquels se fonde l'action restent dans le brouillard d'une plus ou moins grande incertitude.
C'est dans cette situation d'impossibilité de calcul (à tous points de vue, économique et politique) que les "gouvernements démocratiques" montrent toutes leurs limites et que la police et les fascistes deviennent indispensables. La relation entre État et fascisme, entre État et dictature, est inscrite dans le fonctionnement du premier. Pour le comprendre, il est peut-être utile de se référer à la théorie du "double État" d'Ernst Fraenkel, élaborée à partir du fonctionnement de l'État nazi.
Le nazisme n'a pas simplement introduit et perpétué l'état d'exception, comme Agamben semble le croire, en ignorant complètement la force et le rôle que le capitalisme a joué dans cette période. Parallèlement à l'état d'exception a continué à fonctionner ce qu'Ernst Fraenkel appelle l'"état normatif", l'état des lois.
La théorie de Fraenkel peut être résumée en disant que plusieurs États coexistent au sein de l'État. L'État nazi a fonctionné sur la base de deux régimes politico-juridiques différents : un régime "normatif" qui garantissait la régulation juridique des contrats, des investissements, de la propriété privée, tout en assurant des services de toute nature aux Allemands, et un régime caractérisé par la discrétion, l'exceptionnalisme, un pouvoir arbitraire d'une grande violence qui privait de leurs droits une partie de la population (juifs, socialistes, communistes, syndicalistes révolutionnaires, handicapés, homosexuels...).
Cette double organisation de l'État (État administratif et État souverain) n'a jamais été l'apanage du seul État nazi ; même la constitution française est ainsi construite, laissant une large place à la décision incontestable du monarque républicain. Dès son origine, l'État occidental a été organisé selon ce dualisme. Pendant longtemps, le régime souverain avec toutes ses prérogatives (le roi a la "prérogative" de pouvoir agir contre la loi existante) s'est exercé, dans sa forme la plus pure, dans les colonies, tandis que le régime réglementaire s'exerçait en métropole. Lors de l'insurrection de 1848, la violence souveraine a été transférée des colonies, où elle s'exerçait sans limites, vers la métropole, afin de réprimer la révolte avec l'aide de l'armée coloniale (effectuant un véritable massacre !). Toute la tradition libérale considère que l'État de droit ne peut exister et se fonder que sur ce pouvoir souverain absolu - Tocqueville, par exemple, considérait que la dictature pour les musulmans d'Algérie et la démocratie pour les Français étaient nécessaires, mais que la seconde ne pouvait exister sans la première.
Dans la Constitution française, ces deux régimes sont clairement énoncés. L'article 16, évoqué lors de la campagne électorale, qui donne les pleins pouvoirs au président (copié-collé de l'article 48 de la République de Weimar) affirme le fondement non démocratique du pouvoir. L'Etat contient en lui-même la réalité de la dictature, de l'arbitraire, du despotisme, il ne doit pas les rechercher à l'extérieur de lui. Par exemple, la Cour suprême américaine a encore récemment affirmé cette vérité : le président est au-dessus des lois.
De même, l'économie capitaliste a une tendance irrésistible à se débarrasser de la démocratie. Hans Jünger Krahl, connu en Italie mais pas pour sa contribution politique majeure, précise la différence entre le capitalisme contemporain et celui du 19ème siècle : "La tendance relevée par Marx, d'un développement capitaliste favorable au socialisme, s'est appliquée au capitalisme concurrentiel. Le capital monopoliste et l'impérialisme ne développent plus "une tendance au socialisme mais plutôt à la barbarie fasciste". Des raisons structurelles président à la complicité du capitalisme, du fascisme et de la guerre.
La configuration du vote a montré une forte résistance contre le fascisme mais aussi contre le macronisme. L'intensification de la crise, l'affrontement guerrier en cours, l'aggravation du racisme, du sexisme, la stabilisation probable du RN comme premier parti ("populaire" après tout), seront la toile de fond de la lutte institutionnelle dans les mois à venir. La grande détermination dont ont fait preuve les luttes de ces dernières années et aussi de ce dernier mois sur le terrain électoral, laisse aussi la voie ouverte à l'intensification de la " guerre civile " que Macron pratique sans scrupule depuis le début de son mandat dans un crescendo impressionnant.
Au-delà du concept d'inégalité
La stratégie de concentration des richesses entre les mains de quelques-uns et d'appauvrissement du plus grand nombre se poursuit, un processus qui s'approfondit encore avec les guerres. La situation ne peut plus être caractérisée par le concept d'"inégalité", nous sommes en train de le dépasser. L'État de droit et la démocratie s'avèrent impuissants face à la poursuite de la mutation du capitalisme et constituent plutôt des obstacles à éliminer. La démocratie, l'État de droit, contrairement à l'idéologie dominante, semblent de moins en moins compatibles avec le capitalisme.
Dans l'actualité occupée par les guerres, les génocides, les fascismes, une nouvelle, symptôme important de l'évolution du capitalisme actuel et autre visage de la grande violence que nous vivons, semble avoir échappé à l'attention de la plupart : un entrepreneur, Elon Musk, PDG de Tesla, a exigé et obtenu une rémunération annuelle de 56 milliards de dollars. Dans l'ancien capitalisme industriel (mais encore dans les années 1950), le rapport entre le salaire de l'ouvrier et la rémunération du maître était au maximum de 1 à 20. Dans les années 1980, de 1 à 42. Dans les années 2000, de 1 à 120 et progressivement jusqu'à 1 à 56 aujourd'hui.
Mais ici, l'écart est vertigineux, la quantité devient qualité. Les deux réalités sont incommensurables. Les termes du rapport sont de grandeurs totalement différentes, il s'agit de deux "races" différentes, d'êtres humains hétérogènes. Le rapport n'a pas de sens, il ne répond à aucune "rationalité" économique, comme le prétendait encore le capitalisme il y a cinquante ans.
La "non-relation" est ce qui a toujours défini la situation coloniale. Cette relation qui n'a plus de légitimité économique, qui est un rapport de force pur et dur, s'installe aussi dans les pays du Nord.
On peut se demander s'il s'agit encore de capitalisme ou si nous ne sommes pas plutôt en présence d'un nouveau type d'aristocratie qui impose des rentes à des seigneurs, dont la légitimité n'est rien d'autre que l'arbitraire du pouvoir absolu. Un exemple : Robyn Denholm, présidente de Tesla, a expliqué aux actionnaires dans une lettre que le "salaire" sert à "maintenir l'attention d'Elon et à le motiver pour qu'il se concentre sur la réalisation d'une croissance incroyable pour notre entreprise". Musk "n'est pas un manager typique" et pour le motiver "il faut quelque chose de différent".
56 milliards d'euros, c'est une rente qui implique une conception de la société où une minuscule aristocratie règne sur une masse (plèbe? foule?) partageant la misère, produisant une surabondance de hiérarchies parmi les pauvres.
Mais Musk n'est pas l'exception bizarre d'un entrepreneur étrange: ce processus s'incarne aussi en Argentine, où Milei a ce capitalisme et ces capitalistes comme point de référence.
Là où le néolibéralisme est né dans les années 1970, le capitalisme connaît une nouvelle mutation: la volonté politique est d'imposer la dictature inconditionnelle de la propriété privée, la privatisation de tous les rapports sociaux. Une dystopie qui n'a même plus besoin de la terreur du coup d'État. Les rapports de force que la composition de classe contemporaine parvient à imposer sont si faibles, si déséquilibrés en faveur du capital, qu'il suffit de montrer une tronçonneuse et de donner quelques concerts pour s'affirmer.
Quand Milei crie "freedom", "liberty", l'explication lyrique se trouve chez Peter Thiel, milliardaire et cofondateur de PayPal: "Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles.
La démocratie a une toute autre origine que le capitalisme, elle est l'expression de l'irruption des masses dans l'histoire et de leur désir de justice et d'égalité. Seule la lutte des classes civilise le capitalisme qui, en soi, n'a rien de démocratique ni de progressiste. Le pouvoir exercé dans l'entreprise, qui est son modèle de pouvoir, est despotique, malgré toutes les théories managériales qui tentent de le masquer en vantant la "participation".
Avec Musk, d'autres milliardaires (Murdoch, par exemple, et Thiel lui-même) financent et font activement campagne pour l'élection de Trump. Nous trouvons ici une autre raison de l'existence du fascisme, économique cette fois - une vérité confirmée par le fonctionnement de l'économie anti-ouvrière sous Mussolini ou Hitler. Après tout, l'agenda de la contre-révolution avait déjà été marqué dans les années 1970 par la critique de la démocratie menée par la Trilatérale.
Ce que veut Milei (mais c'est exactement le projet de Macron, Draghi, de l'Eurocratie, etc.) est très bien exprimé par ces milliardaires trumpiens: revenir à avant le New Deal, à avant le Welfare - c'est-à-dire à avant la révolution soviétique - mais aussi à avant la révolution française (un rêve des ordo-libéraux allemands, la nostalgie de l'époque où il y avait un "ordre" des classes). En effet, Thiel poursuit : "Les années 1920 ont été la dernière décennie de l'histoire américaine au cours de laquelle il était possible d'être véritablement optimiste en politique. Depuis 1920, la forte augmentation des bénéficiaires de l'aide sociale et l'extension du droit de vote aux femmes ont fait de la notion de "démocratie capitaliste" un oxymore".
L'État, en France, au lieu d'être le principal ennemi du marché, assure une véritable rente aux entreprises par la fiscalité, mais surtout par l'assistanat : 230 milliards par an dont elles n'ont pas à rendre compte, privilège accordé par le "monarque républicain". La destruction du modèle social a cet objectif fondamental : transférer les ressources des hôpitaux, des écoles, des assurances sociales, etc. vers les riches et les nouveaux entrepreneurs/rentiers.
En Italie, la loi sur "l'autonomie différenciée" a été adoptée et prévoit un traitement "différencié" de la qualité des services publics fournis aux citoyens italiens, services qui varient en fonction de la région de résidence. L'égalité est toujours liée à la lutte des classes, le libéralisme se fonde sur la différenciation de la richesse et de la propriété.
Autant de choses que les dispositifs biopolitiques les plus raffinés ne parviennent pas à nous expliquer. Ils séparent le pouvoir de l'argent, l'assujettissement de la propriété privée, ce qui est impossible et suicidaire dans le capitalisme. Il est impossible de séparer les rapports de production des rapports de pouvoir, et ces derniers semblent indifférents à la modernité et au progrès, à l'avancée de la science et de la technologie.
Il faut prendre très au sérieux ce phénomène "argentin" et de la Silicon Valley, car c'est l'autre visage du fascisme contemporain, qui ne vient pas du fascisme historique, comme Meloni en Italie ou Le Pen en France, mais des sommets les plus avancés de la recherche technologique et des techniques financières.
Face à l'hyper-modernité, il faut toujours remettre l'analyse "ancienne" du Manifeste de Marx. Le problème politique est toujours la propriété privée, et l'objectif révolutionnaire reste son abolition. C'est autour de sa préservation et de la lutte contre son abolition que se cristallisent tous les fascismes, réactions, guerres et génocides. Quel que soit l'axe de l'action politique que l'on privilégie, écologie, féminisme, racisme, penser amorcer des voies de libération, de rupture, de résistance sans toucher à la propriété est une naïveté qui se mesure à l'aune de la grande violence que le pouvoir déchaîne lorsque ses privilèges sont remis en cause. Et le privilège des privilèges, c'est la propriété - du travail des autres, des femmes, de la nature, des autres êtres humains.
Un pâle ersatz de la lutte marxienne pour l'abolition de la propriété privée se trouve dans la théorie inoffensive des "biens communs" qui semble ignorer que sa condition de viabilité est l'"expropriation violente des expropriateurs".
Nous n'avons pas bougé d'un pouce par rapport au Manifeste. Ou plutôt, le capitalisme est toujours resté fidèle au premier "droit de l'homme" qu'il reconnaît : être propriétaire.
Le racisme classique qui sous-tend le fascisme est passé de biologique à culturel et s'accorde parfaitement avec le racisme du darwinisme social des fascio-capitalistes de la Silicon Valley. Ensemble, ils rendent la démocratie superflue.
Lutte des classes sans classe, lutte des classes sans révolution
L'acteur principal, dont dépendra l'issue de l'affrontement institutionnel actuel, reste la lutte des classes. Tout dépendra de la capacité à lui donner une continuité et une radicalité. La France a connu une succession de luttes impressionnantes au cours du mandat de Macron, dont l'objectif était de s'opposer aux réformes qui, dans l'esprit de Jupiter, devaient conclure l'expropriation des salaires et des revenus gagnée au siècle précédent, transférant d'énormes richesses du plus grand nombre vers une minorité. Ces luttes ont toutes été plus ou moins vaincues, tandis que la puissance néocoloniale française a été battue à plusieurs reprises en Afrique et a dû recourir à la violence pour se maintenir en Kanaky.
Sur les causes de la défaite qui se perpétue depuis des décennies et du sentiment d'impuissance qui se répand, mais aussi sur les victoires qui prennent pour l'instant la forme d'une crise institutionnelle et d'un succès électoral, il serait nécessaire d'ouvrir un débat. La conjoncture actuelle semble ressembler, à quelques différences près, à la situation de la fin du capitalisme compétitif qui a plongé dans la Première Guerre mondiale : guerre, guerre civile, lutte des classes et révolution. Ce quimanque aujourd'hui par rapport à il y a un siècle, ce sont les classes et la révolution. Le débat sur la faiblesse (mais aussi sur ses rares moments de force) de cette composition de classe, dépourvue de ces deux armes, doit aborder des questions difficiles mais décisives : la reformulation même du concept de classe et de révolution.
Les formidables luttes françaises se sont déroulées sans classe, où par "classe" je n'entends pas un groupe social homogène avec des intérêts communs qui déterminent mécaniquement le comportement politique. La classe n'a pas une existence sociologique, mais politique. La classe est le résultat de la lutte des classes.
L'historien marxiste E. P. Thompson pose correctement les termes de la question en utilisant la métaphore de la machine et en suggérant, entre autres, que la classe, même la classe ouvrière, a toujours été non pas une identité, mais une multiplicité:
Les sociologues qui ont arrêté la machine à remonter le temps et sont descendus dans la salle des machines pour regarder, nous disent qu'ils n'ont pas pu identifier et classer une classe. Ils ne peuvent trouver qu'une multitude de personnes avec des professions, des revenus, des hiérarchies de statut et tout le reste. Bien sûr, ils ont raison, car la classe n'est pas telle ou telle partie de la machine, mais la manière dont la machine fonctionne une fois qu'elle est mise en mouvement - pas tel ou tel intérêt, mais la friction des intérêts - le mouvement lui-même, la chaleur, le bruit du tonnerre. La classe est une formation sociale et culturelle (qui trouve souvent une expression institutionnelle) qui ne peut être définie de manière abstraite ou isolée, mais uniquement en termes de relations avec d'autres classes ; et, en fin de compte, elle ne peut être définie que dans le temps, c'est-à-dire dans l'action et la réaction, le changement et le conflit. Lorsque nous parlons d'une classe, nous pensons à un corps très vaguement défini de personnes qui partagent le même ensemble d'intérêts, d'expériences sociales, de traditions et de systèmes de valeurs, qui sont disposées à se comporter comme une classe, à se définir dans leurs actions et leur conscience par rapport à d'autres groupes de personnes selon des modalités propres à la classe. Mais la classe elle-même n'est pas une chose, c'est un événement.
Comment traduire cette dernière phrase ? Mais la classe elle-même n'est pas une chose, c'est un événement ? S'agit-il de ce qui se produit ? Est-ce ce qui est fait au fil du temps ? Est-ce ce qui se construit à travers les stratégies qui naissent de l'affrontement avec l'ennemi ?
La classe ne doit pas être interprétée comme un processus de totalisation, ni comme un dispositif de réduction de la multiplicité. La classe n'est pas non plus la représentation politique d'un groupe sociologiquement défini - comme les ouvriers. La classe est l'organisation, toujours provisoire, toujours en formation, toujours en devenir d'une multiplicité qui, dans la polarisation, invente les armes (organisation et formes de lutte) pour se défendre et attaquer l'ennemi commun. Si la multiplicité, aujourd'hui comme hier, est une réalité incontournable de l'action politique, le dualisme l'est tout autant.
Le fascisme nous oblige à reconnaître que le problème ne peut être contourné, même électoralement. Pour s'opposer à l'imminence du danger fasciste, il y a eu une course au "front", c'est-à-dire à une polarisation autour de laquelle les différents points de vue pouvaient se composer : une multiplicité de partis agit à l'intérieur de la polarisation exprimée dans le système de la constitution formelle. La relation multiplicité/dualisme des mouvements, agissant au sein de la constitution matérielle du capitalisme, est une équation plus difficile à résoudre. Il ne faut pas se faire d'illusions : il n'y a pas d'alternative à la polarisation parce que le pouvoir est exclusif et totalisant. Exode, fuite, désertion, contournement, etc. sont des mots qui ne mordent pas sur le réel, qui ne déterminent pas les rapports de force.
La classe, ou quel que soit le nom qu'on lui donne, n'est pas une convergence générique de luttes ou une intersection irénique de mouvements, une collection de formes de vie, un assemblage cumulatif de relations à elle-même. Elle se forme dans la relation/le conflit avec d'autres classes, avec l'État mais, aujourd'hui, également dans la relation avec la guerre, la guerre civile, le génocide, le nouveau fascisme. Elle est le résultat d'une action stratégique : "action et réaction" qui se produisent dans le temps, où il s'agit de saisir l'"opportunité" dans les situations déterminées par le "pari des luttes" d'attaquer ou de se défendre.
Le capitalisme (État/Capitalisme) a gagné et continue de gagner parce qu'il a toujours pratiqué la lutte des classes, c'est-à-dire qu'il impose des dualismes (d'exploitation, de domination, de propriété) auxquels la multiplicité des mouvements ne peut opposer une force adéquate parce qu'au lieu d'imposer des polarisations (ruptures, révolutions) en définissant l'ennemi - ce qu'il est ensuite contraint de faire précipitamment lorsqu'il est aux portes du pouvoir - il les subit.
La classe se constitue et agit dans un cadre déterminé par les rapports de force. Ce cadre s'appelle aujourd'hui guerre, guerre civile, fascisme. Ce n'est qu'à l'intérieur de ces rapports qu'une force politique peut se construire.
La classe n'a pas une identité définie une fois pour toutes, elle évolue en fonction de la situation. Chaque changement dans les rapports de force la reconfigure. Lisons une autre déclaration lucide de Thompson :
Mais en termes de taille et de force, ces groupes sont toujours en hausse ou en baisse, leur conscience de l'identité de classe est soit brillante, soit à peine visible, leurs institutions sont agressives ou simplement maintenues en place par habitude (...) La politique se préoccupe souvent de cela précisément : comment la division en classes aura-t-elle lieu, où la ligne sera-t-elle tracée ? Et son tracé n'est pas (comme le pronom impersonnel incite l'esprit à l'accepter) une question de volonté consciente - ou même inconsciente - de "ça" (la classe), mais le résultat de compétences politiques et culturelles. Réduire la classe à une identité, c'est oublier exactement où se situe l'action, non pas dans la classe, mais dans les hommes.
Ces hommes ont été, pendant un siècle et demi, les révolutionnaires, parce qu'ils étaient capables de "tracer des lignes de démarcation". Mais à partir de la fin des années 70, la pensée critique nous a incités à abandonner le dualisme de la lutte des classes, en la séparant des actions micro-politiques, en privilégiant la production de la subjectivité, le rapport à soi, les formes de vie, de sorte que nous ne sommes plus en mesure d'anticiper ou de combattre les dualismes de la guerre, de la guerre civile, du génocide, et des nouveaux fascismes. J'espère que le danger fasciste a fait prendre conscience à tous que les différences, les multiplicités en tant que telles sont impuissantes si elles ne peuvent pas déterminer des instruments pour agir dans la lutte des classes, c'est-à-dire dans l'affrontement macro-politique. Le terme de classe peut être changé, ce qu'il importe de maintenir c'est le refus de fermer son élaboration, c'est le refus de lui imposer une identité (qu'est-il arrivé à la classe ouvrière !). Le processus de sa formation dépend de l'évolution de sa composition et de ses luttes, mais aussi d'événements "extérieurs" comme la guerre. Celle-ci est un moment charnière depuis que le capitalisme est devenu impérialisme et monopole. Le vote des crédits de guerre par la social-démocratie allemande et européenne en 1914 l'a placée pour toujours du côté de l'État et du capital, entraînant un profond changement dans le concept de classe.
La révolution a agi de la même manière, en opérant une discrimination au sein du prolétariat, en traçant de nouveaux contours de classe. Aujourd'hui, la révolution semble avoir disparu, mais ce n'est pas nouveau. Pendant longtemps, la lutte des classes s'est déroulée sans classe et sans révolution. Les révolutions héroïques, mais les premières victoires prolétariennes, les premières insurrections qui n'ont pas été suivies du massacre des insurgés, ont eu lieu lorsque la lutte des classes est passée de la "lente" guerre civile à l'organisation de l'affrontement concentré dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire à la révolution. Tous les acquis des 150 dernières années sont le résultat de la menace de la révolution, suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des classes dirigeantes qui ne comprennent que les rapports de force, qui ne se plient qu'à l'utilisation d'une force comparable ou supérieure à la leur. Même la social-démocratie n'est possible que lorsque la révolution est en place ou possible.
Il est clair que seule une consolidation de la lutte des classes exprimée par une organisation de sa force, seule la capacité à déterminer des lignes de fractures radicales, pourra lever la "sursis" qui nous menace encore et vaincre l'alliance toujours présente entre libéraux, capitalistes et fascistes.
Notes:
[1] Pierre Dardot et Christian Laval, après avoir écrit 500 pages sur le néolibéralisme en suivant complètement les indications de Foucault (La nouvelle raison du monde), se sont vus reprocher par le premier Latino-Américain qu'ils ont rencontré d'avoir annulé les guerres civiles sanglantes dont il était issu. Comme leur maître Foucault, ils ont non seulement adopté un point de vue eurocentrique, mais ont semé une confusion, toujours d'actualité, en identifiant capitalisme et néolibéralisme. Dans leur livre Le choix de la guerre civile , ils tentent de mettre une rustine, qui est manifestement pire que le trou, en rejetant le "concept de guerre civile mondiale", qui est la différence spécifique introduite par l'impérialisme du 20e siècle. Une fois de plus, ils suivent Foucault, dont la définition de la guerre civile se limite au 19e siècle et ignore le saut effectué par le capitalisme, l'État (guerre mondiale totale et impérialisme) et la lutte des classes (guerre civile mondiale). Ils continuent à parler de néolibéralisme alors que la gouvernance est devenue "fasciste" et la guerre.
Maurizio Lazzarato vit et travaille à Paris. Parmi ses publications chez DeriveApprodi : La fabbrica dell'uomo indebitato (2012), Il governo dell'uomo indebitato (2013), Il capitalismo odia tutti (2019), Guerra o rivoluzione (2022), Guerra e moneta (2023). Son dernier ouvrage est World Civil War? (2024).
Recension du livre de M. Lazzarato, "Gouverner par la dette" (en anglais): https://www.theoryculturesociety.org/blog/review-maurizio-lazzarato-governing-by-debt
Recension du livre de M. Lazzarota, "La fabrication de l'homme endetté" (en anglais):
https://www.amazon.com/-/es/Maurizio-Lazzarato/dp/1584351152
14:21 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook