mercredi, 28 août 2024
Les quatre paliers de l’Apocalypse
Les quatre paliers de l’Apocalypse
par Pierre-Emile Blairon
Partie I : Mise en place et accélération des étapes du déclin
Cet article sera édité en deux parties ; la première expose les quatre paliers historiques qui nous conduisent à l’Apocalypse, une « fin des temps » dans la religion chrétienne. Je passerai rapidement sur les trois premières phases, sujets largement développés dans mes articles précédents, publiés sur ce même site et, pour la plupart réunis en recueil dans mes derniers livres, et je m’attarderai sur celle qui est actuellement en cours, le quatrième palier donc, riche en péripéties jusqu’alors inédites dans l’Histoire du monde.
La deuxième partie de l’article, nous donne quelques pistes, pour le moins dérangeantes, je dirais plutôt : ahurissantes, établies par de très anciennes civilisations traditionnelles, en l’occurrence indienne, qui a su décrire, avec une précision qui laisse pantois, les terribles moments que nous sommes en train de vivre et, selon toute logique, qui vont voir arriver le cataclysme final. Et son retournement salvateur.
Première phase : 1789, anéantissement des valeurs traditionnelles
Dans le processus involutif rythmé par les divers paliers de putréfaction qui nous entraînent vers la fin apocalyptique de ce cycle, dans la période historique contemporaine, nous avons d’abord assisté à la destruction par les sectes mondialistes de toutes les valeurs traditionnelles et naturelles qui fondaient le socle des civilisation, première phase qui s’est déroulée en accéléré (après quelques siècles de préparation), dès la date symbolique et tragique de la sanglante et barbare Révolution française (1), avec un succès universel que n’espéraient pas aussi transposable (comme la Révolution bolchevique en premier lieu) les promoteurs de ce saccage.
Deuxième phase : 2020, tests de soumission et de réduction des populations, lobotomisation
La deuxième phase, placée sous le signe de la peur qui doit être inculquée aux masses pour les rendre malléables à souhait, a démarré en 2020 avec la mise en place des divers tests de soumission et de réduction des populations qui ont été initiés dans le cadre de la pseudo-pandémie et de l’inoculation des pseudo-vaccins ; cette phase n’a pas été couronnée par la même réussite que la première tout au moins en ce qui concerne la tentative de réduction des populations telle qu’elle figure dans les projets de la secte mondialiste, à peine déguisée : les dégâts provoqués par la mini-grippe ayant été minimes et ceux causés par les pseudo-vaccins se faisant encore attendre, bien que nous puissions quand même déjà enregistrer un nombre important de décès de personnes dont l’âge et la maladie ne correspondent à aucune norme scientifique.
Mais la grande réussite de cette phase a été la mise en place de l’ingénierie sociale, une manipulation psychologique des foules destinée à les soumettre à la première injonction, autrement dit la parfaite lobotomisation (ablation virtuelle du cerveau) des individus et donc leur soumission. Les Français ont été presque instantanément transformés en toutous : au café : prenez-le debout, non, assis, non, couché ; portez le masque, ne le portez plus, portez-le à nouveau ; à la plage : ne bronzez pas en position statique, donc couché, au contraire, marchez sans vous arrêter ; le soir, aboyez à 20 heures pour soutenir les soignants, ne les soutenez plus, n’aboyez plus, au contraire, mordez-les et jetez-les à la rue sans ressource, ce sont de mauvais citoyens ; pour vous soigner, prenez du Doliprane ou du Rivotril si vous pensez être sur le point de mourir…
Troisième phase : 2024, satanisation, Terreur
Dans l’agenda de nos fausses élites, agenda qu’elles ne cherchent même plus à dissimuler et qui se place sous le signe d’une accélération du processus involutif en 2024, une troisième phase a été révélée en pleine lumière, si l’on peut parler ainsi puisqu’il s’agit d’un culte rendant hommage à un personnage ambigu comportant deux faces d’apparence antagoniste d’une même médaille, Satan et Lucifer (le nom de ce dernier signifiant porteur de lumière) alors que Satan est le personnage sombre et maléfique que l’imagerie populaire nous transmet : il s’agit de la « satanisation » de toutes les manifestations rassemblant un public par définition déjà captif et faible puisqu’il s’adonne à l’idolâtrie ; deux événements mondiaux ont, cette année, été consacrés à la glorification du démon : l’Eurovision (qui, comme son nom ne l’indique pas, rassemble d’autres pays que les seuls européens) et les Jeux Olympiques. Cette satanisation concerne également la plupart des chanteurs et chanteuses connus mondialement qui auraient signé un « pacte avec le diable », selon les dires mêmes de certains de ces saltimbanques ; on sait les foules immenses que drainent chacune de leurs apparitions publiques qui s’apparentent à de grandes messes diaboliques ; il est ici judicieux de rappeler que l’Eurovision est entièrement dédié à leur promotion et que les J.O. ont permis à ces « idoles » de subjuguer (c’est le mot qui convient : de placer sous le joug) le public en les laissant pratiquer leur « art » pendant la majeure partie des cérémonies d’ouverture et de fermeture de ces J.O.
J’ai indiqué dans nombre de mes articles précédents (2) la probable genèse de ce culte à Satan qui trouverait, paradoxalement, ses origines dans les trois religions du Livre et qui a fait florès, par dévoiement ou réaction, au sein de la société américaine et de ses élites depuis l’arrivée des premiers pionniers anglo-saxons, les « pilgrims », rejetés d’Angleterre justement à cause de leur fanatisme biblique.
Il est difficile de comprendre comment et pourquoi des personnes qu’on suppose intelligentes (puisqu’elles sont « l’élite mondiale ») peuvent invoquer et magnifier le « diable », notion que les esprits rationnels considèrent comme une superstition de foules crédules ; il n’y a pas de réponse à cette question à moins de faire appel à des éléments de connaissance d’ordre surnaturel, ou de considérer plus prosaïquement que ces élites mettent en avant ce concept pour maintenir d’une manière constante, encore une fois, une peur irraisonnée au sein de ces masses ; à l’appui de cette dernière thèse, il suffit de songer que le premier palier de ce processus nocif a commencé avec la Révolution et que la période la plus représentative de cet événement qui a bouleversé la société française a été appelée la Terreur.
La Terreur : cette sauvage péripétie de notre Histoire, dont les Français auraient à rougir plutôt qu’à perpétuer la mémoire, a été rappelée avec une délectation malsaine et une mise en scène sanglante par les concepteurs de la cérémonie d’ouverture de ces J.O. 2024 avec la décapitation de la reine Marie-Antoinette sous les yeux d’un public apathique, si ce n’est ravi (3) ; cette foule ne se demandant jamais ce que venait faire la représentation de ces horreurs lors de la célébration d’un événement mondial propre à rassembler sereinement les peuples : la compétition pacifique et saine d’athlètes réunis dans le même amour du sport.
Quatrième phase : 2024- 20… ? Confusion, imposture, transgenrisme, la bête de l’événement
Un autre aspect, tout aussi étrange et saugrenu que cette satanisation, est apparu d’une manière récurrente dans ces manifestations mondiales, comme couplé avec la célébration du Malin.
Je veux parler du transgenrisme.
Il s’agit d’abord de créer une confusion générale dans l’esprit des masses, déjà considérablement perturbé et déficient, par la banalisation de l’imposture dans ce qu’elle a de plus extrême, dans le fait qu’elle porte atteinte à ce qu’il y a de plus naturel et habituel : l’identité sexuelle (4). En fait, l’imposture et Satan vont de pair : Satan est la représentation du mensonge (5) et l’imposture le paroxysme du mensonge puisque l’imposture ne se contente pas de mentir : elle met en place une pseudo-réalité de substitution procédant de la classique inversion des valeurs qui se produit à la fin d’un cycle.
Depuis plusieurs années, on assiste à une mise en scène théâtrale mettant en avant des personnes dites « transgenres » ; il s’agit d’hommes qui se travestissent en femmes, ou le contraire ; un rapport de la FRA (organisme de l’Union européenne pour les droits fondamentaux) du 9 décembre 2014 indique que « le terme « transgenre » est utilisé pour désigner les personnes dont l’identité de genre et/ou l’expression de genre diffère du sexe qui leur a été assigné à la naissance. Ce terme peut couvrir de nombreuses identités de genre. L’enquête a énuméré plusieurs sous-catégories : personnes transsexuelles, transgenres, travesties, ayant une variance de genre, homosexuelles ou ayant une identité de genre différente. »
On notera avec intérêt cette partie du texte : « qui leur a été assigné à la naissance » pour se demander logiquement « par qui » ce sexe leur a été assigné ? Réponse : d’abord par ses parents, ce qui serait un bon début d’explication, et, plus formellement, la plupart du temps par le personnel médical qui assiste à la naissance et qui arrive encore à distinguer un sexe masculin d’un sexe féminin sans demander une analyse ADN.
J’ai tenté d’en savoir plus, mais j’ai renoncé à entrer dans les méandres des divers statuts et appellations des personnes trans+, leurs problèmes, psychologiques, psychiatriques et sexuels, leurs opérations esthétiques diverses et nombreuses, l’absorption de multitude d’hormones remboursées par la Sécurité sociale, cette recherche pouvant m’entraîner à déployer un temps et une énergie qui me sont précieux pour un résultat somme toute inintéressant.
Même si cette étrange communauté constitue un pourcentage infime de la population (entre 1 et 3% en France), elle est hyper-représentée médiatiquement et s’insère dans cette quatrième phase comme un élément indispensable qui permet d’ajouter à la déstabilisation que la secte mondialiste s’efforce d’instaurer en permanence dans la société, d’autant plus que cette communauté LGBTQQIP2SAA (mais oui, ça vient de sortir, on n’arrête pas le progrès) est autorisée à faire du prosélytisme auprès d’enfants souvent très jeunes dans les écoles. Qui est qui ? Est-ce un homme ? Une femme ? Autre chose ? Questions cruciales que des enfants ne devraient jamais avoir à se poser. Et c’est pourtant là le but recherché par ce militantisme malsain.
Le monde entier, lors de ces deux grands événements médiatiques qu’ont été l’Eurovision et les Jeux Olympiques, a bien noté, en même temps que l’évocation insistante du démon et de ses symboles et attributs, la présence massive, sans jeu de mots, de ladite communauté précitée.
Cette phase 4 consiste à préparer l’apparition quasi-miraculeuse d’un mouvement de résistance, ou d’un personnage providentiel, qui, dans ses discours, promettra de faire cesser le chaos et d’organiser la restauration des valeurs traditionnelles ; ce sera encore un faux espoir car cette organisation, ou ce personnage, seront créés et manipulés par cette même caste mondialo-sataniste (6). Cette organisation, ou ce personnage, auront pour unique rôle d’attirer vers eux la sympathie, l’adhésion, voire l’adulation des foules toujours prêtes à s’enflammer pour ceux qui leur promettent monts et merveilles : puissance du verbe et de l’apparence ! Cet avènement, la bête de l’événement, comme disait Macron qui pouvait prophétiser sans se donner trop de mal, sera le coup de grâce donné à toute autre tentative de résurgence d’un ordre souverain.
Ce sera une nouvelle épreuve pour ceux, peu nombreux, qui avaient réussi à garder un esprit lucide, une colonne vertébrale et un minimum de bon sens et qui verront avec tristesse leurs congénères tomber (à nouveau) dans le piège grossier qui leur sera tendu.
* * *
Les quatre paliers de l’Apocalypse
Partie II : Fin de cycle ? Fin du monde ? Apocalypse ?
Fin de cycle ? Fin du monde ? Apocalypse ? Antéchrist ?
En ce qui concerne l’apparition hypothétique de ce « Sauveur », que les traditions religieuses appellent aussi faux Messie ou Antichrist, ou Antéchrist, qui reste, quelle que soit sa dénomination, un imposteur, il s’agit d’une éventualité qui n’est évidemment pas une invention de mon cerveau exalté ; je ne vais pas jouer au prophète inspiré, comme Macron, qui connaît, semble-t-il, tous les détails du plan élaboré par l’Organisation qui l’a mis à la place qu’il occupe.
L’apparition de ce personnage faussement providentiel est attestée dans les livres sacrés des religions monothéistes lorsque viendra la fin des temps, ou l’Apocalypse, chez les chrétiens, mais aussi dans la plupart des traditions anciennes, mais aussi dans les témoignages et les prédictions de nombre de visionnaires.
Nous allons faire un rapide survol des éléments dont nous avons connaissance.
L’apparition du monothéisme juif, suivi du christianisme et de l’islam, a entraîné une conception du temps différente de celle des antiques civilisations; pour entrer dans la logique d’un dieu révélé qui aurait élu le peuple juif, il fallait qu’il y ait un début et une fin (de préférence heureuse) à cette élection réciproquement partagée, il fallait donc adopter le concept d’un temps linéaire, concept artificiel qui amènerait celui d’évolution et de progrès (du pire au meilleur).
Pour les traditions anciennes qui se référaient à la nature et à son fonctionnement, le temps était logiquement cyclique (les astres, les saisons, les jours, les arbres et leurs feuilles, toutes les manifestations naturelles naissent, meurent et reviennent en permanence) et son déroulement était involutif (du meilleur au pire), les choses de la vie naturelle sur Terre allant toujours en se dégradant jusqu’à la mort et non pas en s’améliorant (on ne naît pas vieux décrépi pour finir jeune et beau en parfaite forme).
C’est ainsi que les Indo-Européens (Grecs, Italiques, Iraniens, Indiens, Celtes, Nordiques, Slaves, Arméniens) ont établi des mesures de ce cycle divisé en quatre périodes appelées âges, donc du meilleur au pire : Âge d’or, d’argent, de bronze, de fer ; le cycle auquel nous appartenons aurait duré 64800 ans et nous nous situons à la fin de la fin du dernier âge, l’Âge de fer, connu également sous sa dénomination indienne: Kali-yuga, ou nordique: Ragnarök.
Comment savons-nous que nous sommes exactement à la fin de notre cycle?
Tout simplement parce que les livres sacrés des anciennes civilisations ont décrit la façon dont se terminent tous les cycles et cette façon est peu ou prou identique à chaque fin de cycle. D’autre part, les religions du Livre ont repris certains éléments de ces anciennes traditions.
Un exemple ? La fin des Assours
L’indianiste Alain Daniélou (7) nous rapporte un extrait des Puranas, livres sacrés indous où il est question d’une guerre entre les dieux Vishnu et Shiva; Vishnu, pour détruire le peuple des Assours, a l’idée de créer un personnage pervers appelé Arihat qui sera un imposteur : « Le faux sage s’approcha du dieu et lui demanda : quel est mon nom ? Que dois-je faire ? Vishnu dit : ton nom sera Arihat (destructeur de gens pieux). Tu dois composer un pseudo-livre saint de 1600 versets en langage populaire condamnant les castes et les devoirs des divers âges de la vie. Tu seras doué du pouvoir de faire quelques miracles. La base de ton enseignement sera: le ciel et l’enfer n’existent que dans cette vie et tu enseigneras cette doctrine aux Assours de façon qu’ils puissent être détruits. »
On ne peut s’empêcher de penser à une approximative figure du Christ, ou du Bouddha, représentée par cet Arihat l’imposteur. Arihat, prônant l’égalitarisme et la non-violence, parvint à ses fins: le déclin des Assours.
Ce déclin se manifeste de différentes façons ; c’est dans le détail de ce curieux inventaire que l’on va retrouver quelques aspects de notre vie de tous les jours:
- Le nombre des princes et des agriculteurs décline graduellement.
- Les classes ouvrières veulent s’attribuer le pouvoir royal et partager le savoir, les repas et les lits des anciens princes.
- La plupart des nouveaux chefs est d’origine ouvrière. Ils pourchassent les prêtres et les tenants du savoir.
- On tuera les fœtus dans le ventre de leur mère et on assassinera les héros.
- Des voleurs deviendront des rois, les rois seront des voleurs.
- Les dirigeants confisqueront la propriété et en feront un mauvais usage.
- Ils cesseront de protéger le peuple.
- De la nourriture déjà cuite sera mise en vente.
- Le nombre des vaches diminuera.
- Des groupes de bandits s’organiseront dans les villes et les campagnes.
- Les commerçants feront des opérations malhonnêtes.
- Ils seront entourés de faux philosophes prétentieux.
- Tout le monde emploiera des mots durs et grossiers
- On ne pourra se fier à personne.
- Les gens du Kali-Yuga prétendront ignorer les différences de race et le caractère sacré du mariage, la relation de maître à élève, l’importance des rites.
- Les agriculteurs abandonneront leurs travaux de labours et de moisson pour devenir des ouvriers non-spécialisés et prendront les mœurs des hors-castes.
- L’eau manquera et les fruits seront peu abondants.
- Beaucoup seront vêtus de haillons, sans travail, dormant par terre, vivant comme des miséreux.
- Les gens croiront en des théories illusoires.
Le Dieu Shiva, voyant cette décadence, « lança contre elle son arme la plus terrible, une arme de feu qui, en un instant, brûlait tout, détruisait toute vie […] Seuls furent sauvés quelques fidèles de Shiva qui s’étaient échappés dans la région où vivent les Gana (les compagnons de Shiva), c’est-à-dire le monde Mahar ou monde extra-planétaire. Ce sont ces rescapés qui ont préservé en secret certains éléments du savoir des Assours pour les humanités futures ».
Où l’on voit, avec ces dernières lignes, que les cycles se terminent tous de la même façon.
Une minorité lucide et volontaire subsiste après le cataclysme; elle a pris soin de rassembler les éléments positifs qui constituent le meilleur de leur Humanité et traverse, avec son bagage sur le dos, le gué qui la mène vers l’inconnu.
C’est grâce à eux, à ces hommes et ces femmes de savoir, ces êtres éveillés, que le nouveau cycle peut démarrer sur les bases de l’ancien. Les racines étant préservées, un nouvel arbre peut dès lors s’épanouir et fleurir. Nous remarquerons que ces survivants sont amenés à se réfugier sur une autre planète, chez les Gana.
L’un de ces textes sacrés, le Lingä Purânä, comporte des prédictions qui se rapportent non plus à l’Humanité dans laquelle vivaient les Assours il y a plus de soixante mille ans, mais à la nôtre ; nous allons alors retrouver la thèse développée par Nostradamus, celle d’un Grand Justicier, le Grand Monarque, qui vient faire une guerre totale aux « méchants » ; dans ce cas, la catastrophe finale n’est plus seulement d’ordre cataclysmique mais se rapporte directement à l’attitude des hommes qui provoquent cette catastrophe. Il s’y ajoute alors une raison d’ordre moral qui fait que la catastrophe devient une opération de purification. « Durant la période de crépuscule qui termine le Yugä, le justicier viendra et tuera les méchants. Il sera né de la dynastie de la Lune. Son nom est Guerre (Samiti). Il errera sur toute la terre avec une vaste armée. Il détruira les Mlécchä (les Barbares de l’Occident) par milliers. Il détruira les gens de basse caste qui se sont saisis du pouvoir royal et exterminera les faux philosophes, les criminels et les gens de sang mêlé. Il commencera sa campagne dans sa trente-deuxième année et continuera pendant vingt ans. »
Il y a dans ce texte, que j’ai fait paraître dans mon premier livre il y a 18 ans (8), l’intégralité de ce qui se passe actuellement et de ce qui pourrait arriver :
- Arihat est le faux messie, l’antéchrist ou l’antichrist de la Bible ; celui-là même que la secte mondialiste a l’intention de nous proposer comme « guide suprême ».
- Le détail de toutes les avanies que cette même secte nous fait subir ; si vous transposez le langage ancien décrivant l’Inde de cette période lointaine dans notre période actuelle, vous constaterez que nous sommes en train de vivre presque toutes ces mésaventures, avec – petit retour en arrière - plusieurs références à ce qui s’est passé pendant la Révolution qui est à l’origine de ce désastre.
- Une guerre atomique éclate ensuite qui détruit la presque totalité de l’espèce humaine ne laissant en vie que quelques personnes, ces « êtres différenciés » debout au milieu des ruines chers à Julius Evola, qui vont pouvoir redémarrer le nouveau cycle.
Donc, voilà, tout y est ; il n’y a rien de nouveau sous le soleil, le monde est en perpétuel recommencement.
Nous pouvons remarquer que nous sommes un peu plus concernés par ce qui s’est passé à la fin du cycle précédent, il y a 64.800 ans, que par les prédictions concernant celui que nous vivons, à savoir l’apparition d’un justicier (la parousie, le retour du Christ, le Grand Monarque ?) qui anéantira les satanistes, pour simplifier.
Jean Phaure, primordialiste (9) chrétien, (1928-2002) annonçait en 1974 la fin des temps pour... 2030 !
Jean Phaure écrivait ces mots bouleversants en 1973: « Douloureux honneur que d’appartenir à une Humanité finissante qui ne sait pas sa fin prochaine, qui ne veut pas le savoir, - et de le dire pourtant, car il faut qu’en cette époque certaines choses soient dites, aussi inconfortables soient-elles. Dans le demi-siècle à venir, les événements les plus brutaux, les plus inconcevables , à la fois maléfiques et bénéfiques, vont éclater – et ce n’est qu’alors que la plupart s’apercevront que certains les avaient prévus. Car cette Humanité est sourde et aveugle, et son réveil sera sanglant (10)... »
Selon la tradition shivaïte, notre grand cycle d’Humanité, que les Hindous appellent Manvantara est le septième sur Terre; la première Humanité est née il y a plus de 400.000 ans.
Notre Manvantara, dont nous pourrions voir la fin rapidement, s’est étendu sur 64.800 ans, nombre qui correspond à: 2,5 cycles précessionnels de 25.920 ans, 5 « grandes années » de 12.960 ans, 30 « Ères » zodiacales de 2160 ans (11).
Avant d’entrer dans l’Ère du Verseau, nous sortons de l’Ère des Poissons, caractérisée par la prédominance du christianisme suite à la descente de l’avatar Christ. Dans la tradition hindouiste, un avatar est la descente d’un dieu ou d’un représentant de Dieu qui s’incarne pour rétablir l’ordre et sauver le monde à chaque ère zodiacale.
Notre Humanité a donc connu au moins 30 avatars, mais sûrement plus, car il peut y avoir apparition de plusieurs avatars pour chaque début d’ère zodiacale, qui ont à peu près tous le même profil: fils de Dieu, ou d’un dieu, et d’une mortelle vierge, venus combattre le démon, ou les démons, guérisseurs et initiateurs, périssant en sacrifice avant de remonter vers le Père (voir, par exemple, la figure d’Héraklès ou celle de Mithra). Pour Jean Phaure, le Christ a ceci de différent, et de spirituellement supérieur, d’avec ses prédécesseurs, c’est qu’il arrive à la fin du grand cycle, du Manvantara, pour le clôturer dans l’Apocalypse, la gloire de la Révélation et la parousie qui est le second avènement du Christ (p. 248).
Cette fin apocalyptique pourrait survenir dans un délai très court à l’heure où nous écrivons car Jean Phaure, reprenant un texte sacré hindou, précise qu’elle pourrait se situer en... 2030.
« C’est donc la grande Tribulation de l’Antéchrist qui représente le terme de la cyclologie adamique, le renversement total de l’âge d’Or primordial, et la fin du Cycle proprement dit. Une tradition hindoue situe cette « fin » (fin du Kali-Yuga) en 2030. Nicolas de Cuse (1401-1464) « tombe » sur la même date! […] Quelle que soit l’importance des traditions que nous venons d’évoquer, ce n’est évidemment qu’à titre d’hypothèse de travail que nous faisons état de cette datation (2030), qui nous semble cependant prêter à l’échelonnement des événements de la Fin un cadre chronologique de grande vraisemblance».
Comment être du bon côté du manche
Je voudrais terminer sur une note optimiste (si c’est possible dans ce contexte), à savoir que je lis ce matin même, 20 août 2024, sur le site canadien nouveaumonde.ca (12), que « Selon un décret signé par le président Vladimir Poutine, Moscou fournira une assistance à tous les étrangers qui souhaitent échapper aux idéaux néolibéraux mis en avant dans leur pays et s’installer en Russie, où les valeurs traditionnelles règnent en maître.
En vertu de ce document, ces ressortissants étrangers auront le droit de demander une résidence temporaire en Russie « en dehors du quota approuvé par le gouvernement russe et sans fournir de documents confirmant leur connaissance de la langue russe, de l’histoire russe et des lois fondamentales ».
Les demandes peuvent être fondées sur le rejet des politiques de leurs pays « visant à imposer aux gens des idéaux néolibéraux destructeurs, qui vont à l’encontre des valeurs spirituelles et morales traditionnelles de la Russie ».
Cela peut toujours servir, à défaut de pouvoir vous réfugier sur une autre planète comme l’ont fait les derniers survivants des Assours…
Pierre-Emile Blairon
- (1) Victor Hugo avait déjà perçu en son temps la Révolution française comme une étape constitutive de ce singulier satanisme qui resurgirait à la fin de notre cycle, dans son œuvre inachevé : La Fin de Satan.
- (2) Notamment dans La France, laboratoire de la secte mondialiste, octobre 2023.
- (3) Preuve, s’il en fallait, que l’opération d’ingénierie sociale évoquée dans la deuxième phase a parfaitement fonctionné.
- (4) Système XY de détermination sexuelle : « Il est fondé sur la présence de chromosomes sexuels différents entre les différents individus de l'espèce. Ainsi, les mâles possèdent un chromosome X et un chromosome Y, alors que les femelles possèdent deux chromosomes X. Le sexe hétérogamétique (possédant donc deux chromosomes sexuels différents) est donc le sexe mâle » (Wikipedia). La polémique qui a été créée aux J.O. 2024 à propos d’une personne de nationalité algérienne qui a gagné la finale de boxe féminine n’avait pas lieu d’être ; cette polémique est née du fait que le C.I.O a avancé pour toute justification que cette personne possédait un passeport indiquant son sexe féminin comme critère de son statut, alors que les fédérations de boxe le contestent. Il est évident qu’une mention sur un passeport n’est pas une preuve suffisante. Il faut recourir à une analyse du génotype contenu dans une cellule d’ADN qui indiquera sans le moindre doute le genre de l’individu.
- (5) C’est encore Victor Hugo qui écrivait dans Les Misérables: « Mentir, c’est la face même du démon ; Satan a deux noms : il s’appelle Satan et il s’appelle Mensonge. »
- (6) Il y a une constante : la secte mondialo-sataniste procède toujours par test, c’est dans son ADN, puisque ce « sauveur » qu’elle semble vouloir mettre en place n’est rien d’autre que la répétition préalable à l’avènement de la vraie Bête chère à leur cœurs (façon de parler, ces gens n’ont pas de cœur) ; a priori, l’apparition récente du RN en force dans l’Assemblée nationale et de son jeune représentant ne semblent pas devoir être assimilés à ce projet, le RN se cantonnant pour l’instant dans un silence prudent.
- (7) Le Destin du monde selon la tradition shivaïte, première partie : la théorie des cycles, p. 21 à 40. Albin Michel, 1985
- (8) La Dame en signe blanc, 2006.
- (9) Primordialiste, ou traditioniste : qui se réclame de la Tradition primordiale, laquelle peut se définir par quelques caractéristiques fondamentales, à savoir : la cyclologie : le temps se déroule par cycles (il n’est pas linéaire), en involution (il n’est pas évolutionniste, ou progressiste), la fin d’un cycle est marqué par l’inversion des vraies valeurs qui fondent les civilisations, la Tradition primordiale implique que toutes les religions, civilisations ou spiritualités proviennent d’une source unique, une civilisation primordiale de caractère à la fois solaire (Apollon) et polaire (Hyperborée), qui a ensuite répandu sa connaissance à travers le monde ; pour l’ésotérisme chrétien, le Christ est d’essence apollinienne.
- (10) Le Cycle de l’Humanité adamique, introduction à l’étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des temps, p. 503, Dervy, 1973.
- (11) Ibid. p. 240 et 509.
- (12) https://nouveau-monde.ca/la-russie-offre-un-refuge-aux-pe...
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Entretien avec Pierre Le Vigan
Entretien avec Pierre Le Vigan
Le 24 août 2024
Questions de Jean-Marie Soustrade
- Vous avez publié plus de vingt livres. L’histoire des idées vous est familière, et l’histoire contemporaine aussi. Vous avez aussi présenté les principaux philosophes qui ont marqué l’histoire des idées. Vous avez travaillé en outre sur un domaine moins grand public, à savoir la psychopathologie et les maladies mentales, ainsi que sur la notion d’acédie. Comment vous situez-vous par rapport à ces centres d’intérêts variés ?
- Effectivement, on ne s’interesse pas gratuitement à des sujets ni à des auteurs. Nous sommes les héritiers de penseurs que l’on a choisi. Il est effectivement important de savoir et de dire quel sont ceux qui nous ont marqué. Tout d’abord j’ai été marqué par les non conformistes des années trente : Arnaud Dandieu, Robert Aron, Alexandre Marc, Denis de Rougemont, Pierre Andreu, Jean de Fabrègues, Jean-Pierre Maxence, Thierry Maulnier – dont la fécondité ne se limite pas aux Années Trente. Citons encore Emmanuel Mounier et la revue Esprit. Ce furent des « révoltes de l’esprit » selon l’expression de Pierre Andreu, mais pas seulement : ce furent des laboratoires d’idées. Dans les années quarante, les thèses de la « révolution communautaire » se situent dans cette lignée. Elles se prolongent bien au-delà de ces années, y compris dans le thème gaullien de la Participation.
A côté de ce courant des Non-conformistes des années Trente, d’autres auteurs ont été pour moi essentiels : Drieu La Rochelle, l’homme couvert de contradictions, qui fut « fasciste » par refus du simplisme antifasciste en ayant eu bien d’autres tentations et dont la préoccupation essentielle fut l’endiguement du déclin de la France et de l’Europe. D’autres influences ont été, et sont toujours, Nietzsche, inépuisable, Heidegger, immense, mais aussi Konrad Lorenz et le courant de l’éthologie humaine.
- Et vos influences, autour de la notion d’acédie et de la psychopathologie dont vous parlez dans Le malaise est dans l’homme et dans Face à l’addiction, un essai sur les dépendances, aussi bien les drogues que les dépendances comportementales ?
- Dans ce domaine, j’ai appris – nous ne sommes pas si loin de l’éthologie humaine – d’un courant d’anthropologie philosophique parfois appelé analyse existentielle (Daseinsanalyse) ou encore psychiatrie phénoménologique. Il faut ici citer au moins Ludwig Binswanger et son travail sur « les trois formes manquées de la présence humaine », Arthur Tatossian, Hubertus Tellenbach, Medard Boss. Ce courant a été nourri par les écrits de Husserl, plus encore par ceux de Heidegger, mais aussi par Schelling, Franz Brentano, Eugen Bleuler. Connaitre la situation de l’homme dans le monde à partir de ses échecs reste sans doute une bonne méthode, de même que pour comprendre la santé, il faut commencer par comprendre la maladie, et que, pour sauver la civilsation européenne, il faut comprendre de quoi elle est malade.
- D’autres influences intellectuelles plus contemporaines ?
- Aux noms déjà cités d’auteurs dont la carrière commence dans les années trente voire les années vingt pour Drieu La Rochelle, il faut ajouter ceux d’intellectuels généralistes de l’époque actuelle. Je pense à Jean-François Lyotard, Michel Maffesoli, Jean Baudrillard et bien sûr à Alain de Benosit, le moraliste d’au « au-delà de la moraline », mais aussi le généalogiste des idées, et le penseur du politique et du social.
Il me faut aussi dire deux mots de la littérature « pure » qui, justement, n’est jamais pure d’idées même si elle n’est pas directement politique ou métapolitique. Quelques noms me viennent à l’esprit : Balzac, très tôt important pour moi, Maupassant, Alberto Moravia, Dominique de Roux, Zola, Tourgueniev, Tchekhov, Céline, Roger Vailland, Jean Prévost.
- Faut-il ne parler que des influences intellectuelles ? Et omettre les influences esthétiques ? Qu’en pensez-vous, Pierre Le Vigan ?
- Les influences non directement intellectuelles mais éthiques et esthétiques sont importantes, du moins en ce qui me concerne, et vous avez raison de le souligner. C’est du reste l’objet de mes carnets (Le front du cachalot, La tyrannie de la transparence, Chronique des temps modernes, Soudain la postmodernité). C’est pourquoi je vous dirais quelques mots de mes goûts en matière de peinture en citant quelques noms qui me sont chers : Camille Corot, Camille Pissarro, Paul Sérusier, Félix Vallotton, Albert Marquet, Maurice Denis, Edouard Vuillard avec notamment ses peintures à la colle. Et aussi les courants picturaux allemands du XXe siècle : le Pont, le Cavalier bleu, la Nouvelle Objectivité.
- Quelques mots sur le cinéma dont vous avez parlé dans Le front du cachalot et les autres volumes de vos carnets ?
- Dans ce domaine du cinéma, je mets au-dessus de beaucoup d’autres Akira Kurosawa, les frêres Taviani (sauf à la fin), Roberto Rossellini, Ettore Scola, Wim Wenders, le premier Bertolucci, Godard pour « Pierrot le fou » (surtout), « A bout de souffle » et « Les Carabiniers », Alain Tanner pour presque tous ses films (Les Années Lumière est un sommet), Bruno Dumont (L’Humanité, Flandres).
- Et la musique ?
- D’abord le jazz et le tango argentin.
***
Derniers livres de Pierre Le Vigan :
- Nietzsche, un Européen face au nihilisme, éditions La Barque d’Or (diffusion amazon).
- Les démons de la déconstruction (Derrida, Lévinas, Sartre. Au-delà de la déconstruction : Heidegger), éditions La Barque d’Or (diffusion amazon).
- Le coma français, éditions Perspectives libres.
Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne, éditions Perspectives libres.
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Idiocratie et tyrannie digitale: le point par La Boétie
Idiocratie et tyrannie digitale: le point par La Boétie
Nicolas Bonnal
Deux thèmes négligés ressortent de La Boétie : un, il est facile de contrôler les gens ; deux, il est nécessaire pour ce faire de les abrutir. La détérioration du matériel humain est essentielle. Le mot « abruti » ressort quatre fois du bref texte, il est insultant, et je me vois très satisfait de l’indiquer à ceux qui m’accusent d’abuser du terme « froncé » ou autre. En réalité pour jouer au tyran il faut être deux et il faut que la masse obtempère et même participe, voir « le conglomérat de solitudes sans illusions » (Guy Debord) qui existe déjà dans l’Antiquité dépeinte par Platon. Le livre VIII de la République est un des textes politiques les plus importants du monde - voyez mon texte sur Platon et celui sur Bloom, qui me le fit redécouvrir. Debord recourt au terme d’imbécile aussi et Günther Anders à celui de serf. Dans la civilisation de la télé, le téléspectateur-auditeur devient un serf (le mot est le même en allemand, rappelle le traducteur de Günther Anders), un type qui écoute les ordres. Qu’il s’agisse de guerre, de vaccin, de climat, de reset, d’écologie, de chasse au Trump ou au Musk ou au Kennedy ou au Poutine ou au complotiste ou au climato-négationniste (mazette…), le serf d’aujourd’hui, fanatisé et dangereux, écoute toute ouïe et adopte la position de « l’imbécillité qui croit que tout est clair » (Commentaires sur la Société du Spectacle). Il est prêt pour toutes les croisades.
La détérioration du matériel humain est évidente. Rufin a parlé des trois kilos par an que prend un député, c’est dire. On a l’obésité, la baisse du QI, l’effondrement des codes vestimentaires ou autres, l’effondrement des attitudes (Platon parle déjà des enfants et des animaux qui ont pris le pouvoir), on a l’inaptitude militaire occidentale, qui ne peut même plus recruter de soldats. Tout cela est lié évidemment à l’abrutissement télé-smartphone et je rappelle que cet abrutissement existe déjà dans les « forums » et « agoras » de notre bonne vieille cité antique (livre de Fustel à relire pour se glacer) : voyez mon texte sur Platon et Cnn, qui remarque que les chasseurs de news existent déjà : ils sont dénoncés par Théophraste (les bons vieux Caractères), les Actes des apôtres (l’arrivée à Athènes), Juvénal ou Sénèque. Si seulement on avait voulu les lire… Fichte ensuite dénoncera la drogue du journal, Thoreau celle du télégraphe (mon texte, toujours), et Villiers la crétinisation par la presse et l’électricité, productrice de fanfares, de nationalisme festif et donc de guerre génocidaire. Zweig souligne le rôle affolant du bruit et de la propagande dans son Monde d’hier, et il rappelle qu’on ne peut plus y échapper. Le développement antéchristique est ubiquitaire, avait dit Mgr Gaume. Tout cela je l’ai dûment référencé.
Citons trois maîtres :
Or Sénèque écrit déjà : « De la curiosité provient un vice affreux : celui d'écouter tout ce qui se raconte, de s'enquérir indiscrètement des petites nouvelles (auscultatio et publicorum secretorumque inquisitio), tant intimes que publiques, et d'être toujours plein d'histoires. »
Dans sa Satire VI, Juvénal se moque des commères : « Celle-ci saura dire de qui telle veuve est enceinte et de quel mois, les mots et les positions de telle autre quand elle fait l'amour... Elle guette aux portes de la ville les nouvelles, les rumeurs toutes fraîches ; au besoin elle en fabrique : le Niphates vient de submerger les populations, un déluge couvre les campagnes, les villes chancellent, le sol s'affaisse. Voilà ce qu'aux carrefours, pour le premier venu, elle débite ! »
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On lit dans les Caractères de Théophraste, écrits quatre siècles auparavant, que le bavardage démocratique a déjà épuisé la vérité avec les sophismes : « Il s’échauffe ensuite dans la conversation, déclame contre le temps présent, et soutient que les hommes qui vivent présentement ne valent point leurs pères. De là il se jette sur ce qui se débite au marché, sur la cherté du blé, sur le grand nombre d’étrangers qui sont dans la ville ; il dit que le siècle est dur, et qu’on a bien de la peine à vivre. »
Mais revoyons La Boétie. Lui aussi parle de cette mémoire de poisson rouge qui fascine tant aujourd’hui :
« On ne saurait s’imaginer jusqu’à quel point un peuple ainsi assujetti par la fourberie d’une traître, tombe dans l’avilissement, et même dans un tel profond oubli de tous ses droits, qu’il est presque impossible de le réveiller de sa torpeur pour les reconquérir, servant si bien et si volontiers qu’on dirait, à la voir, qu’il n’a pas perdu seulement sa liberté, mais encore sa propre servitude, pour s’engourdir dans le plus abrutissant esclavage… »
Mais bon, citons le premier point : le contrôle d’une populace est facile, plus facile qu’on ne croit pas, et il repose sur un «ensorcèlement» (manipulation ?) :
« Pour le moment, je désirerais seulement qu’on me fit comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d’un Tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’on lui donne, qui n’a de pouvoir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal, s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui, que de le contredire. Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! c’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir puisqu’il est, envers eux tous, inhumain et cruel. »
Il y a en effet une magie. Un mot qui revient chez Tocqueville, Guénon (qui parle d’hallucination et de suggestion) ou Baudrillard, c’est celui d’hébétude. Joly parlera de prostration, Drumont d’anesthésie. L’opinion est soit fanatisée soit anesthésiée. Chasse au virus, au non vacciné, au Russe, puis grand silence quand on passe au fascisme rose en Angleterre (même Boris Johnson s’en plaint !) ou à une tyrannie médiatique-affairiste définitive en France sur fond d’arrestations des rares gêneurs.
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Il est important, rappelle le jeune maître, de souligner le rôle des réseaux (sic) de contrôle ; et depuis qu’internet existe on a pu constater un effondrement physique et intellectuel de la résistance. Elle a été liquidée (ou contrôlée et récupérée, voyez les enquêtes sur Trump ou Musk) par le système, au sens de Bauman. Le réseau marche sur une base de six (voir le 666 et bien sûr mon titre : le WWW signifie le six en hébreu) :
« Ce ne sont pas les bandes de gens à cheval, les compagnies de gens à pied, en un mot ce ne sont pas les armes qui défendent un tyran, mais bien toujours (on aura quelque peine à le croire d’abord, quoique ce soit exactement vrai) quatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui assujettissent tout le pays. Il en a toujours été ainsi que cinq à six ont eu l’oreille du tyran et s’y sont approchés d’eux-mêmes ou bien y ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les complaisants de ses sales voluptés et les co-partageants de ses rapines. Ces six dressent si bien leur chef, qu’il devient, envers la société, méchant, non seulement de ses propres méchancetés mais, encore des leurs. Ces six, en tiennent sous leur dépendance six mille qu’ils élèvent en dignité, auxquels ils font donner, ou le gouvernement des provinces, ou le maniement des deniers publics, afin qu’ils favorisent leur avarice ou leur cruauté… »
On pensera avec profit à l’arrestation de Pavel… Quant à Twitter, Kit Knightley (Off Guardian) a souligné son rôle de contrôle et de censure des oppositions (il vaut mieux les contrôler). J’ajouterais aussi que X a fait baisser le niveau de tout le monde ou presque dans l’opposition. On clique, on se marre ou on râle, on reclique.
La rage de La Boétie se fait sentir ; car la populace est contente qu’on lui laisse quelque chose (elle va perdre son cash et sa maison après sa santé et sa liberté comme on sait) :
« Pauvres gens et misérables, peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez enlever, sous vos propres yeux, le plus beau et le plus clair de votre revenu, piller vos champs, dévaster vos maisons et les dépouiller des vieux meubles de vos ancêtres ! vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. »
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Et toute la puissance du tyran vient de la masse :
« Et tout ce dégât, ces malheurs, cette ruine enfin, vus viennent, non pas des ennemis, mais bien certes de l’ennemi et de celui-là même que vous avez fait ce qu’il est, pour qui vous allez si courageusement à la guerre et pour la vanité duquel vos personnes y bravent à chaque instant la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus que vous, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. »
Deux citations de Bloy pour rire en plein marasme républicain vers 1900 :
« C’est tout de même ahurissant de penser à l’inexplicable survie du régime républicain…Atrophie universelle des intelligences, avachissement inouï des caractères, exécration endémique de la Beauté et de la Grandeur, obsèques nationales de toute autorité humaine ou divine, boulimie furieuse de jouissances, destruction de la famille et vivisection de la patrie, mœurs de cochons enragés, empoisonnement systématique de l’enfance, élection et sélection de chenapans ou de goitreux dans les cavernes de la politique ou sur le trottoir des candidatures, tels sont les fruits de l’arbre de la Liberté…Le curé nous dit que ses paroissiens sont à un tel degré d’abrutissement qu’ils crèvent comme des bestiaux, sans agonie, ayant détruit en eux tout ce qui pourrait être l’occasion d’un litige d’Ame, à leur dernière heure. »
Et cette pépite :
« Et ce cortège est contemplé par un peuple immense, mais si prodigieusement imbécile qu’on peut lui casser les dents à coups de maillet et l’émasculer avec des tenailles de forgeur de fer, avant qu’il s’aperçoive seulement qu’il a des maîtres, — les épouvantables maîtres qu’il tolère et qu’il s’est choisis. »
Rappelons que chez les cathos tout le monde se fout de Bergoglio et du pauvre Vigano qui sera sans doute liquidé : le complexe médiatique-mondial saluera la mort méritée d’un énième complotiste…
La Boétie parle de perte de mémoire (le poisson rouge toujours) et de torpeur (pensez à nos consommations d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, de somnifères…) :
« Ainsi donc, puisque tout être, qui a le sentiment de son existence, sent le malheur de la sujétion et recherche la liberté : puisque les bêtes, celles-là même créées pour le service de l’homme, ne peuvent s’y soumettre qu’après avoir protesté d’un désir contraire; quel malheureux vice a donc pu tellement dénaturer l’homme, seul vraiment né pour vivre libre, jusqu’à lui faire perdre la souvenance de son premier état et le désir même de le reprendre ? »
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Il en résulte cette détérioration quantitative et qualitative :
« On ne saurait s’imaginer jusqu’à quel point un peuple ainsi assujetti par la fourberie d’une traître, tombe dans l’avilissement, et même dans un tel profond oubli de tous ses droits, qu’il est presque impossible de le réveiller de sa torpeur pour les reconquérir, servant si bien et si volontiers qu’on dirait, à la voir, qu’il n’a pas perdu seulement sa liberté, mais encore sa propre servitude, pour s’engourdir dans le plus abrutissant esclavage… »
Après c’est la génération zéro. Debord :
« Le changement qui a le plus d’importance, dans tout ce qui s’est passé depuis vingt ans, réside dans la continuité même du spectacle. Cette importance ne tient pas au perfectionnement de son instrumentation médiatique, qui avait déjà auparavant atteint un stade de développement très avancé : c’est tout simplement que la domination spectaculaire ait pu élever une génération pliée à ses lois. »
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La Boétie constate nûment que tout devient facile ensuite :
« Ainsi les hommes qui naissent sous le joug ; nourris et élevés dans le servage sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés, et ne pensant point avoir d’autres droits, ni d’autres biens que ceux qu’ils ont trouvés à leur entrée dans la vie, ils prennent pour leur état de nature, l’état même de leur naissance. »
C’est que la nature humaine est fragile et vite abâtardie :
« Les semences de bien que la nature met en nous sont si frêles et si minces, qu’elles ne peuvent résister au moindre choc des passions ni à l’influence d’une éducation qui les contrarie. Elles ne se conservent pas mieux, s’abâtardissent aussi facilement et même dégénèrent ; comme il arrive à ces arbres fruitiers qui ayant tous leur propre, la conservent tant qu’on les laisse venir naturellement ; mais la perdent, pour porter des fruits tout à fait différents, dès qu’on les a greffés. »
Je rappelle pour être clair (autant être « complotiste » jusqu’au bout) que pour Machiavel (le Prince, III), le meilleur moyen pour un prince de contrôler une sienne population est de la… faire coloniser :
« Le meilleur moyen qui se présente ensuite est d’établir des colonies dans un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays : sans cela, on est obligé d’y entretenir un grand nombre de gens d’armes et d’infanterie. L’établissement des colonies est peu dispendieux pour le prince; il peut, sans frais ou du moins presque sans dépense, les envoyer et les entretenir ; il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs maisons pour les donner aux nouveaux habitants. »
Rassurons nos élites, ça résiste toujours très peu. En effet, rassure Machiavel :
« …ainsi offensés n’étant qu’une très faible partie de la population, et demeurant dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que tous ceux que sa rigueur n’a pas atteints demeurent tranquilles par cette seule raison; ils n’osent d’ailleurs se mal conduire, dans la crainte qu’il ne leur arrive aussi d’être dépouillés. »
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Point essentiel et politiquement très incorrect : il faut efféminer les populations, car elles seront soumises comme ces femmes qu’on n’avait pas libérées. La Boétie explique :
« Mais revenant à mon sujet que j’avais quasi perdu de vue ; la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés dans la servitude. De celle-là découle naturellement cette autre : que, sous les tyrans, les hommes deviennent nécessairement lâches et efféminés, ainsi que l’a fort judicieusement, à mon avis, fait remarquer le grand Hippocrate, le père de la médecine… »
On ne va pas rappeler ce qui se passe en ce moment. Le mâle blanc et bourgeois tancé par Sartre dans son immonde Plaidoyer pour les intellectuels n’existe plus ! Le monde féminin, féministe, LGBTQ, gay, festif a pris le pouvoir en occident et il lui faudra peur de temps pour en finir (à mon avis c’est déjà fait, mais bon…).
Il faut aussi devenir festif. Ici La Boétie annonce Philippe Muray, à qui j’en avais parlé :
« Mais cette ruse des tyrans d’abêtir leurs sujets, n’a jamais été plus évidente que dans la conduite de Cyrus envers les Lydiens, après qu’il se fut emparé de Sardes, capitale de Lydie et qu’il eût pris et emmené captif Crésus, ce tant riche roi, qui s’était rendu et remis à sa discrétion. On lui apporta la nouvelle que les habitants de Sardes s’étaient révoltés. Il les eût bientôt réduits à l’obéissance. Mais en voulant pas saccager une aussi belle ville, ni être toujours obligé d’y tenir une armée pour la maîtriser, il s’avisa d’un expédient extraordinaire pour s’en assurer la possession : il établit des maisons de débauches et de prostitution, des tavernes et des jeux publics et rendit une ordonnance qui engageait les citoyens à se livrer à tous ces vices. Il se trouva si bien de cette espèce de garnison, que, par la suite, il ne fût plus dans le cas de tirer l’épée contre les Lydiens. Ces misérables gens s’amusèrent à inventer toutes sortes de jeux, si bien, que de leur nom même les latins formèrent le mot par lequel ils désignaient ce que nous appelons passe-temps, qu’ils nommaient, eux, Lundi, par corruption de Lydie. »
D’après Michael Snyder (le collapse n’est pas qu’économique, Michael, il est surtout spirituel…) le porno représente 40% du web. Quant à la bourse et aux casinos en ligne…
La Boétie revient (le facho) sur l’effémination :
« Tous les tyrans n’ont pas déclaré aussi expressément qu’ils voulussent efféminer leurs sujets ; mais de fait ce que celui-là ordonna si formellement, la plupart d’entre eux l’ont fait occultement. A vrai dire, c’est assez le penchant naturel de la portion ignorante du peuple qui d’ordinaire, est plus nombreuse dans les villes. Elle est soupçonneuse envers celui qui l’aime et se dévoue pour elle, tandis qu’elle est confiante envers celui qui la trompe et la trahit. »
Rappelons le rôle traditionnel des eunuques dans la tyrannie chinoise (voyez mon texte sur Etienne Balasz à ce sujet)… Zweig souligne aussi le rôle des homosexuels dans l’avènement de la tyrannie nazie (Zweig, facho aussi). On lira le livre incroyable le Rose et le brun de Philippe Simonnot à ce sujet. Et on ne dira rien de Davos, des Young Leaders et du reste.
Philippe Muray avait bien vu que la société festive se développe avec un « besoin de pénal ». La Boétie aussi, qui use encore (facho, La Boétie) du terme d’abruti :
« C’est vraiment chose merveilleuse qu’ils se laissent aller si promptement, pour peu qu’on les chatouille. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèces étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. Ce système, cette pratique, ces allèchements étaient les moyens qu’employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets dans la servitude. Ainsi, les peuples abrutis, trouvant beau tous ces passe-temps, amusés d’un vain plaisir qui les éblouissait, s’habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal encore que les petits enfants n’apprennent à lire avec des images enluminées. Les tyrans romains renchérirent encore sur ces moyens, en festoyant souvent et en gorgeant ces gens abrutis et les flattant par où ils étaient plus faciles à prendre, le plaisir de la bouche. Les tyrans romains renchérirent encore sur ces moyens, en festoyant souvent les hommes des décuries… »
Ici on se rapproche de Marx. Dix-huit Brumaire (le livre le plus important, avec ceux de Joly, pour comprendre leur France moderne) :
« Ce n’est que sous le second Bonaparte que l’État semble être devenu complètement indépendant. La machine d’État s’est si bien renforcée en face de la société bourgeoise qu’il lui suffit d’avoir à sa tête le chef de la société du 10 Décembre, chevalier de fortune venu de l’étranger, élevé sur le pavois par une soldatesque ivre, achetée avec de l’eau-de-vie et du saucisson, et à laquelle il lui faut constamment en jeter à nouveau. C’est ce qui explique le morne désespoir, l’effroyable sentiment de découragement et d’humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée. »
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Ce découragement ne concernait qu’une minorité républicaine qui vite aussi pourrit le pays quand elle arrive au pouvoir. Car le régime militariste, boutefeu, festif, décadent (lisez la Curée de Zola, c’est sur l’obsession sexuelle et l’immobilier), socialiste (déclara justement Guizot, cité par Marx) et cocardier devint vite populaire. Le 8 mais 1870 il triomphe encore dans les sondages-urnes et 7.5 millions de votants plébiscitent le régime aussi bâti sur le putsch et le sang du 2 décembre. Le tout sur rumeur d’attentats. Il faudra Sedan pour le faire tomber, et pour le remplacer par la république opportuniste : Victor Hugo annonçait dans Napoléon-le-Petit qu’on se réveillerait. On ne s’est jamais réveillé. La tourbe canaille et imbécile de Flaubert avait pris le relais...
La Boétie ajoute attristé :
« Le peuple ignorant et abruti a toujours été le même. Il est, au plaisir qu’il ne peut honnêtement recevoir, tout dispos et dissolu ; au tort et à la douleur qu’il ne peut raisonnablement supporter, tout à fait insensible. »
Et enfin, comme il est connu pour son amitié avec Montaigne, cette envolée sur l’amitié perdue et remplacée par les complicités :
« Certainement le tyran n’aime jamais et jamais n’est aimé. L’amitié, c’est un nom sacré, c’est une chose sainte : elle ne peut exister qu’entre gens de bien, elle naît d’une mutuelle estime, et s’entretient non tant par les bienfaits que par bonne vie et mœurs. Ce qui rend un ami assuré de l’autre, c’est la connaissance de son intégrité. Il a, pour garants, son bon naturel, sa foi, sa constance ; il ne peut y avoir d’amitié où se trouvent la cruauté, la déloyauté, l’injustice. Entre méchants, lorsqu’ils s’assemblent, c’est un complot et non une société. Ils ne s’entretiennent pas, mais s’entre-craignent. Ils ne sont pas amis, mais complices. »
Juste un bref rappel : dans mon livre titré ironiquement Internet nouvelle voie initiatique, j’avais décrit dans la quatrième partie tout ce qui est traité ci-dessus : les réseaux, le contrôle, la surveillance, le festif, les jeux, le sexe, la léthargie, le confinement (mais oui !), la prostration, l’anesthésie, tout ce qui allait rendre la vie au pouvoir totalitaire des globalistes de plus en plus facile, sauf peut-être en Amérique. Le fond libertarien local (cf. Tocqueville, qui était beaucoup moins pessimiste finalement pour l’Amérique que pour l’Europe), la culture paranoïaque (Richard Hofstader toujours) antigouvernementale, la meilleure utilisation de la technologie (le froncé ne sait que regarder sa télé), tout en fait prédestinait les USA à une timide résistance au globalisme impérial. Mais bon, on a passé l’âge des grandes espérances. La servitude volontaire s’épanouit pleinement au sein de la dictature digitale et du capitalisme de surveillance.
Quelques sources :
https://www.dedefensa.org/article/platon-nous-decrivait-i...
https://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchai...
https://www.dedefensa.org/article/de-la-terre-comme-camp-...
https://www.dedefensa.org/article/la-route-de-la-servitud...
https://www.dedefensa.org/article/george-orwell-et-le-fem...
https://www.dedefensa.org/article/nos-oligarchies-expliqu...
https://www.dedefensa.org/article/allan-bloom-et-la-decon...
https://www.dedefensa.org/article/karl-marx-et-notre-etat...
https://www.dedefensa.org/article/machiavel-marx-et-les-a...
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/11/11/comment-le-t...
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lundi, 26 août 2024
Le jeu présidentiel dans le monde des clowns
Le jeu présidentiel dans le monde des clowns
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/08/24/pellemaailman-presidenttipeli/
Il est facile d'exciter les gens encore et encore, en croyant qu'une figure rédemptrice émergera du triste royaume qu'est la politique des superpuissances pour résoudre les problèmes et rendre la vie quotidienne des gens plus agréable. Une fois de plus, nous nous tournons vers le leader imaginaire du « monde libre », les États-Unis, à l'approche des élections présidentielles de novembre.
En Finlande, les médias glorifient, comme on pouvait s'y attendre, la candidate démocrate, Kamala Harris, parce qu'elle promet de poursuivre des politiques familières et qu'elle serait la première femme de couleur à diriger les États-Unis. De nombreux « Occidentaux » de notre pays espèrent également que Mme Harris l'emportera, afin que la prochaine administration américaine s'engage une fois de plus en faveur de l'OTAN et que l'Occident continue à soutenir l'Ukraine.
Le candidat indépendant, avocat et activiste Robert F. Kennedy Jr, qui s'est retiré de la course à la présidence, a annoncé son soutien à Trump. Trump, pour sa part, a promis à Kennedy un poste dans son cabinet, inspirant certains Américains (et pourquoi pas certains Finlandais) à imaginer que l'avenir sera radieux une fois que le duo unira ses forces pour mettre au pas le maléfique « État profond ».
« Rendre l'Amérique abordable à nouveau » (affordable), c'est ce que Trump a promis dans un discours de campagne, dans le but de vaincre l'inflation et de rendre l'Amérique « abordable » à nouveau pour ses citoyens. Cela semble populiste, mais c'est certainement un slogan plus terre-à-terre que de souligner la « grandeur » de l'Amérique face à la récession économique et à de nombreux problèmes de politique intérieure.
Harris a déclaré lors de la convention démocrate qu'elle voulait « unir les Américains », mais comment réaliser cette unification de la nation alors que les démocrates élitistes méprisent ouvertement les partisans de Trump en les traitant de racistes stupides et n'essaient même pas de comprendre d'où vient son soutien ?
Trump, pour sa part, a stupidement qualifié Harris de « cinglée radicale de gauche », alors que les démocrates et les républicains sont tous deux des libéraux de droite avec des accents politiques légèrement différents. Le prochain débat électoral entre les candidats risque d'être un divertissement tragicomique plutôt qu'un débat politique sérieux.
Le fait qu'un certain nombre d'avocats de la Maison Blanche ayant servi dans les administrations de Ronald Reagan, George H. W. Bush et George W. Bush aient exprimé leur soutien à Harris, la candidate de leur propre parti pour le poste de Trump, est également révélateur de la situation politique intérieure aux États-Unis.
Apparemment, la crainte est que Trump ne continue pas sur la même ligne de politique étrangère que les démocrates, même si Trump a béni le génocide sioniste à Gaza et s'est vanté d'avoir « sauvé l'OTAN » en demandant plus d'argent aux pays européens pour la défense (c'est-à-dire en agissant comme un agent commercial pour l'industrie américaine de l'armement, comme le firent par ailleurs d'autres présidents).
Les deux candidats continuent de faire campagne et d'inciter les électeurs à voter pour eux en promettant toutes sortes de choses qu'ils ne peuvent pas concrètement réaliser. Comme souvent, de nombreux électeurs seront déçus par la suite, mais c'est ainsi que se déroule le jeu présidentiel américain basé sur l'argent, le marketing et les images émotionnelles.
12:52 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, politique internationale, présidentielles américaines 2024, donald trump, kamala harris | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'alliance des trois mers contre Moscou: le mouvement anti-russe de l'Europe de l'Est
L'alliance des trois mers contre Moscou: le mouvement anti-russe de l'Europe de l'Est
Giuseppe Gagliano
Source: https://it.insideover.com/politica/lalleanza-dei-tre-mari-contro-mosca-la-mossa-antirussa-delleuropa-dellest.html
Le 17 janvier 2024, lors du Forum économique mondial de Davos, le président lituanien Gitanas Nauseda a fièrement annoncé que "l'initiative des trois mers (IMT) est en train de changer l'axe du mouvement en Europe". Cette déclaration soulignait l'importance croissante d'un projet qui redéfinit la géographie politique et économique du continent européen, dans un contexte de tensions croissantes entre l'Occident et la Russie.
Origines et ambitions de l'initiative
L'IMT a été lancé en 2016 par la Croatie, la Roumanie et la Pologne, trois pays bordant respectivement la mer Adriatique, la mer Noire et la mer Baltique. Ces pays, ainsi que neuf autres États d'Europe centrale et orientale, se sont réunis à Dubrovnik dans le but de créer une coopération économique et infrastructurelle entre ces trois régions maritimes. Bien que l'initiative ait été initialement peu connue et qu'elle ait adopté une approche prudente, évitant de désigner ouvertement la Russie comme une menace, elle a rapidement pris de l'ampleur.
Historiquement, l'idée d'une coopération entre les pays d'Europe centrale et orientale n'est pas nouvelle. Le Maréchal Józef Piłsudski, premier chef d'État de la Pologne moderne, rêvait dès le début du 20ème siècle de créer une « Fédération entre les mers » (Miedzymorze) qui contiendrait l'expansion de l'Empire russe. Ce projet, qui s'inspirait de l'ancienne Confédération polono-lituanienne (1569-1795), a cependant été interrompu par la double invasion nazie et soviétique en 1939. Aujourd'hui, sous les auspices de l'IMT, cette vision fait son retour, adaptée au contexte géopolitique contemporain.
Évolution et développements récents
Au fil des années, l'IMT a pris un tournant résolument plus politique et stratégique. Bien qu'initialement axé sur des projets économiques, tels que le corridor gazier Nord-Sud (CGNS) visant à réduire la dépendance énergétique de l'Europe de l'Est à l'égard du gaz russe, l'invasion de l'Ukraine en 2022 a accéléré la transformation du MTI en une coalition ayant des objectifs clairs en matière de sécurité régionale. L'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie en tant que membres partenaires en 2022 et 2023 a encore renforcé cette orientation.
L'adhésion récente de la Grèce en 2023 a élargi l'initiative vers le sud, intégrant la mer Égée et faisant du MTI un point de connexion vital entre l'Europe et la Méditerranée orientale. Toutefois, cette expansion a engendré des défis géopolitiques, notamment la collaboration croissante entre la Russie et la Turquie, qui s'inquiètent toutes deux de l'isolement croissant des routes commerciales eurasiennes.
Impact sur la sécurité et relations avec l'Occident
Du point de vue de la sécurité, l'IMT a renforcé sa collaboration avec l 'OTAN. Les infrastructures développées au sein de l'IMT, telles que la Voie des Carpates et la Voie baltique, ont été intégrées dans les plans de défense de l'OTAN, facilitant le déploiement rapide de troupes le long de la frontière orientale de l'Europe. L'importance de ces connexions a été soulignée par la présidente lituanienne à Davos, qui a insisté sur le fait que le corridor terrestre de Suwalki, un passage étroit reliant la Pologne et les États baltes, est crucial pour la sécurité régionale.
Par ailleurs, l'IMT a reçu le soutien discret de la Commission européenne, qui voit dans ce projet un moyen de promouvoir l'intégration régionale et de surmonter les divisions nationales traditionnelles. La Commission a accordé à l'IMT le titre de projet d'intérêt commun (PIC), ce qui facilite l'accès au financement européen des infrastructures.
Les États-Unis, pour leur part, ont toujours vu l'IMT d'un bon œil, le considérant comme la continuation du vieux plan de Donald Rumsfeld visant à soutenir une « nouvelle Europe » centrale et orientale comme rempart contre la Russie. Pour Washington, le MTI n'est pas seulement un moyen de contenir l'influence russe , mais aussi d'exercer une plus grande influence sur les affaires européennes, en contournant l'Europe occidentale, parfois considérée comme trop complaisante à l'égard de Moscou.
Les défis à venir
Malgré ses succès, l'IMT reste confronté à des défis de taille. Des pays comme l'Autriche et la Hongrie conservent une attitude prudente à l'égard de la Russie et hésitent à s'engager pleinement dans l'IMT. En outre, la concurrence croissante avec la Turquie et la Russie pourrait compliquer davantage la réalisation de certains projets clés, tels que les nouvelles routes de l'énergie à travers la mer Noire.
Le MTI est donc un projet ambitieux qui cherche à redéfinir l'équilibre des pouvoirs en Europe en intégrant des considérations économiques et de sécurité. Son évolution future dépendra de la capacité de ses membres à surmonter leurs divisions internes et à gérer la dynamique géopolitique complexe de la région.
En résumé, l'initiative des trois mers est un exemple emblématique de la manière dont la coopération régionale peut devenir un puissant levier géopolitique, avec des implications potentielles non seulement pour l'Europe de l'Est, mais aussi pour l'ensemble du continent et au-delà.
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Une société invertébrée et un peuple d'éternels adolescents
Une société invertébrée et un peuple d'éternels adolescents
par Emiliano Calemma
Source: https://www.destra.it/home/tempi-moderni-una-societa-invertebrata-e-un-popolo-di-eterni-adolescenti/
Si nous analysons objectivement la société dans laquelle nous vivons, nous nous rendons compte que tout est vraiment grotesque. Nous avons des divertissements médiatiques de type adolescent pour chaque tranche d'âge, nous avons un système éducatif qui a remplacé le véritable apprentissage académique par des images et des slogans avec des résultats dévastateurs (j'enseigne l'économie et le droit dans un lycée, nda), nous achetons des produits pharmaceutiques qui soulagent mais ne guérissent jamais, nous avons des services sociaux destinés à tous mais pris en charge exclusivement par des profiteurs sans scrupules, nous déléguons la gestion du temps libre de nos enfants à Internet (jeux, pornographie, arnaques, etc.). C'est inacceptable.
Chaque aspect décrit ci-dessus infecte les autres et vice-versa, permettant à la corruption et aux perversions de proliférer de plus en plus facilement. Dans une telle situation, en l'absence d'une morale qui inspire l'amélioration, les fondations mêmes de notre nation sont destinées à se fissurer et donc à s'effondrer à brève échéance.
Nous sommes conscients de tout cela, mais nous ne faisons rien pour l'inverser. Pourquoi ? Parce que, fondamentalement, c'est une éthique de la paresse et un désir de ne pas paraître mauvais qui ont prévalu. En fait, se poser en champion d'une nouvelle morale contre toute la pourriture qui nous entoure pousse le reste de la société à vous taxer de réactionnaire rétrograde, pour ne pas dire de « fasciste ». C'est alors que le jeu commence. Lequel d'entre vous veut vraiment être marqué par des affiliations dangereuses ? Regardons les choses en face: même à droite, il y a une compétition pour savoir qui est le plus antifasciste.
Remettre ce pays sur la bonne voie est un travail difficile et dangereux qui, s'il est bien fait, implique des sacrifices personnels que personne ne veut faire. En effet, dans un pays imprégné d'une bonne idéologie à la limite du paradoxe, la tâche semble vraiment impossible à réaliser. Ce n'est même pas le fait que cette société puisse paraître « la plus libre de tous les temps » qui nous incite à l'action.
En réalité, le concept de liberté se réduit aujourd'hui à une notion superficielle et nihiliste qui traduit une absence totale de prise de responsabilité, dans une société imprégnée de perversions contre-nature de toutes sortes, qui ne recherche que le profit maximum et la gratification immédiate. Accepter cela, c'est renoncer au devoir de la lutte politique.
Mais nous sommes nombreux à penser qu'il ne doit pas en être ainsi. Il faut nécessairement s'habituer aux difficultés et se rendre compte que nous vivons dans une société hostile, il faut se résigner au confort que cette vie nous offre sournoisement chaque jour, il faut être fier d'affronter les problèmes et de savoir les résoudre, il faut redécouvrir la volonté et la discipline qui font la différence entre la victoire et la défaite. C'est ainsi que nous imposerons la morale à laquelle nous croyons.
Nous devons travailler à retrouver un sens collectif du bien commun qui remplace ce grotesque, ce clownesque, que nous vivons tous les jours. Nous devons retrouver confiance et fierté, car toute vie est un combat. Se battre politiquement pour reconquérir des positions qui semblent perdues à jamais nous aidera à prendre conscience de l'importance que nous avons pour l'avenir de tous. Cette prise de conscience, réalisée individuellement, est peut-être la seule forme de survie de cette nation.
11:18 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, décadence, perversion, philosophie, éthique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 25 août 2024
Poutine se rend à Bakou et l'Azerbaïdjan demande à rejoindre les BRICS
Poutine se rend à Bakou et l'Azerbaïdjan demande à rejoindre les BRICS
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/putin-vola-a-baku-e-lazerbaijan-chiede-di-aderire-ai-brics/
Le Poutine est isolé, le Poutine est proscrit, le Poutine est vaincu (il suffit de lire les journaux italiens, du Busiarda au Menzognero, pour trouver des analyses de ce genre) et le voilà qui s'envole pour l'Azerbaïdjan; et non seulement il n'est pas arrêté pour plaire au tribunal international à la solde de l'Occident collectif, mais il est reçu avec tous les honneurs par le président Ilham Aliyev.
Sur la base des rapports rédigés par les journalistes italiens, on aurait pu imaginer que le chef du Kremlin demanderait l'asile politique en Azerbaïdjan, étant donné la conquête désormais imminente de la Russie par l'Ukraine. Au lieu de cela, rien. Poutine est tranquillement rentré à Moscou, où il n'a pas encore été remplacé par Zelensky, tandis que l'Azerbaïdjan a officiellement demandé à rejoindre les BRICS. L'Azerbaïdjan a donc officiellement demandé à rejoindre les BRICS, renforçant ainsi l'alliance en cours d'expansion dans le sud de la planète.
Mais l'adhésion de Bakou représente un signal particulier. En effet, l'Azerbaïdjan est étroitement lié à la Turquie, pays membre de l'OTAN et acteur de plus en plus important en politique méditerranéenne. Ankara est une plaque tournante entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. En fait, un seul et immense continent où les prétendants au rôle de protagoniste ou, du moins, de co-vedette se multiplient.
Erdogan envoie donc Aliyev en avant, sans exclure de le suivre dans un délai très court. Et la position de la Turquie ne peut qu'affecter celle de l'ensemble de la zone. Il est vrai que les BRICS ne sont pas une alliance politique, encore moins une alliance militaire avec une obsession d'exporter la guerre dans toutes les parties du monde, contrairement à l'OTAN.
Mais les rencontres périodiques, les intérêts économiques et commerciaux, favorisent la réduction des tensions. Que ce soit entre l'Inde et la Chine ou entre l'Iran et les Émirats.
En se rendant à Bakou, Poutine a montré qu'il avait pris acte de l'ingérence continue de l'Occident collectif en Arménie, l'ancien allié historique de Moscou. Et il a renforcé le nouvel axe avec Erdogan. Tandis que d'autres, qui aspiraient au rôle de protagonistes en Méditerranée, préfèrent profiter des fermes et gîtes dans les Pouilles...
15:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : russie, azerbaïdjan, caucase, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
De la crise capitaliste au génocide?
De la crise capitaliste au génocide?
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/08/21/kapitalismin-kriisista-kansanmurhaan/
Le capitalisme mondial est en stagnation, ce qui accroît la pression sur les acteurs politiques et militaires du capital transnational pour qu'ils trouvent de nouveaux moyens de faire du profit. William I. Robinson, professeur à l'université de Californie, a écrit sur le sujet des textes d'une grande pertinence.
Les guerres en Ukraine et à Gaza et la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Chine « accélèrent l'effondrement violent de l'ordre international de l'après-Seconde Guerre mondiale et augmentent le risque de guerre mondiale ». La civilisation telle que nous la connaissons « se désintègre sous l'impact de l'accumulation effrénée du capital mondial », déclare Robinson en introduction de sa thèse.
Au cœur de la crise de cette époque se trouve « le conflit fondamental au sein du capitalisme, la surproduction de capital ». Au cours des dernières décennies, la surproduction a atteint des niveaux exceptionnellement élevés. Les grandes entreprises internationales et les conglomérats financiers ont réalisé des bénéfices records, alors que les taux de profit ont chuté et que les investissements des entreprises ont diminué.
« C'est précisément cette baisse des taux de profit en même temps que la hausse de la cagnotte qui est le signe de l'effondrement du capitalisme. Depuis 1980, les réserves de trésorerie des entreprises n'ont fait qu'augmenter, mais l'argent oisif n'est pas du capital car sa valeur n'augmente pas. Le capitalisme stagnant est en état de crise », affirme l'universitaire.
La classe capitaliste internationale a « accumulé plus de richesses qu'elle ne peut en consommer ou en réinvestir ». Les inégalités mondiales n'ont cessé d'augmenter.
« En 2018, 1% de l'humanité contrôlait 52% de la richesse mondiale, et 20% de l'humanité en contrôlait 95%, tandis que les 80% restants devaient se contenter d'à peine 5% de cette richesse », indique M. Robinson (photo) en citant des données de recherche, dont certaines sont obsolètes.
« La spéculation financière, la croissance par l'endettement et le pillage de l'argent des contribuables » ont atteint la fin de leur vie utile en tant que solutions temporaires à la stagnation chronique. La classe capitaliste cherche de plus en plus désespérément de nouveaux moyens de se débarrasser du capital qu'elle a accumulé. Le résultat est que « le système devient plus violent, plus prédateur et plus imprudent ».
Après le boom de la mondialisation capitaliste de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème siècle, l'élite a dû admettre que la crise était devenue incontrôlable. Dans son rapport sur les risques 2023, le Forum économique de Davos a averti que le monde était confronté à une « multi-crise » aux « conséquences économiques, politiques, sociales et climatiques croissantes » et à « une décennie unique, incertaine et turbulente ».
Le désir avide de prolonger indéfiniment l'accumulation du capital empêche la classe dirigeante de trouver des solutions viables à cette crise. Ainsi, des expériences sont en cours pour transformer le chaos politique et l'instabilité économique actuels en une nouvelle phase plus meurtrière du capitalisme mondial : les groupes dirigeants se tournent, selon Robinson, « vers l'autoritarisme, la dictature et le fascisme ».
Dans les années à venir, les nouvelles technologies basées sur l'automatisation, l'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle, combinées à la marginalisation causée par les conflits, l'effondrement économique et le changement climatique, augmenteront de manière exponentielle le nombre de « personnes excédentaires » vivant dans une misère prolétarienne, rongée par le chômage et la pauvreté.
Les classes dirigeantes sont confrontées à un problème insoluble : comment réprimer le soulèvement potentiel de cette énorme masse de personnes à travers le monde ? Les « fous » doivent être tenus en échec par une société technocratique de contrôle, un État policier mondial, dont les instruments sont les pandémies, les guerres et les génocides, dans le but ultime de détruire l'humanité.
Selon M. Robinson, c'est aussi le contexte plus large des événements de Gaza. « Le prolétariat palestinien de Gaza a cessé de fournir une main-d'œuvre bon marché à l'économie israélienne lorsque les rebelles de Gaza ont été encerclés en 2007 et que toute la région a été transformée en camp de concentration. Inutiles pour Israël et le capital international, les Gazaouis sont un obstacle à l'expansion capitaliste au Moyen-Orient et sont totalement jetables. »
Le génocide en cours apporte des contributions majeures à la dynamique de la crise capitaliste. « Gaza est un microcosme et la manifestation ultime du sort qui attend la classe ouvrière et le reste de l'humanité à mesure que les formes de domination de l'ordre mondial deviennent de plus en plus brutales et violentes », prévient Robinson.
La corporatocratie transnationale se prépare à une nouvelle phase radicale de son contrôle de la population humaine et de la planète. Ce n'est pas une coïncidence si de nouvelles méga-prisons sont construites dans le monde entier, ainsi que des « villes-blocs » destinées à restreindre la circulation des citoyens . La montée des systèmes politiques autoritaires s'inscrit également « dans un mouvement plus large vers un État policier mondial », ajoute M. Robinson.
« Gaza, le Congo et d'autres pays de l'enfer tirent en temps réel la sonnette d'alarme : le génocide pourrait devenir un moyen puissant de résoudre le conflit entre le capital excédentaire et l'humanité excédentaire dans les décennies à venir.
Le chaos politique et l'instabilité chronique peuvent créer des conditions extrêmement favorables au capital. Dans le passé, les guerres ont constitué un stimulant économique majeur et ont sorti le système capitaliste de sa crise d'accumulation tout en détournant l'attention des tensions politiques et des problèmes de légitimité.
Chaque nouveau conflit dans le monde ouvre de nouvelles opportunités de victoire dans la lutte contre la stagnation. Les destructions sans fin qui suivent la reconstruction ont des effets d'entraînement. Elles alimentent non seulement les profits de l'industrie de l'armement, mais revitalisent également l'urbanisme, la construction, les hautes technologies, l'énergie et bien d'autres secteurs.
La compétition géopolitique, voire le génocide, constituent ainsi une bouée de sauvetage perverse pour le capitalisme en crise, offrant des opportunités de nouvelles richesses par la violence. De ce point de vue, l'opération militaire russe en Ukraine et la guerre génocidaire d'Israël à Gaza « ont ouvert la voie à une militarisation accrue d'une économie de guerre déjà mondiale ».
Il a fallu une deuxième guerre mondiale pour que le capitalisme sorte enfin de la Grande Dépression. La guerre froide a justifié un demi-siècle d'augmentation des budgets militaires, suivie par la soi-disant guerre contre le terrorisme, qui a également contribué à empêcher l'économie d'imploser en raison d'une stagnation chronique.
Si la militarisation de l'économie mondiale contribuera à atténuer la crise de la surpopulation à l'avenir, elle est également risquée car elle accroît les tensions et pousse dangereusement le monde vers une conflagration majeure.
« Nous sommes au milieu d'une guerre civile mondiale », affirme Robinson. Au lieu de deux armées, les citoyens du monde entier sont confrontés à des groupes dirigeants ayant de sinistres desseins. La résistance populaire peut-elle s'intensifier au point que l'élite transnationale doive accepter des réformes structurelles majeures au profit du peuple ?
« L'avenir est incertain parce que le résultat dépendra de la lutte entre des forces sociales opposées, des politiques qui émergeront de cette lutte et de facteurs qui sont souvent difficiles à prévoir. Mais il est clair que des bouleversements majeurs sont à venir », affirme le sociologue américain.
14:09 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, crise, crise du capitalisme, capitalisme, globalisation, william i. robinson | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Trois questions pour les amis "libéraux" après l'arrestation du fondateur de Telegram à Paris
Trois questions pour les amis "libéraux" après l'arrestation du fondateur de Telegram à Paris
par Andrea Zhok
Source : https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-andrea_zhok__3_domande_per_gli_amici_liberali_dopo_larresto_del_fondatore_di_telegram_a_parigi/39602_56354/
Pavel Durov, inventeur et patron du site de réseau social Telegram, aurait été arrêté lors d'une escale à l'aéroport du Bourget (Paris).
Selon les premières rumeurs d'un fonctionnaire, Pavel Durov serait placé en détention provisoire par crainte d'une fuite.
Les charges sont particulièrement importantes. Durov est accusé d'une possible complicité avec une multitude de crimes (terrorisme, drogue, fraude, blanchiment d'argent, recel, contenu pédophile, etc.), en ce que sur sa plateforme il n'aurait pas mis en place de systèmes d'intervention pour modérer les échanges et en ce qu'il a jusqu'à présent refusé de coopérer avec les autorités européennes.
Il s'agit probablement (la base juridique n'a pas encore été révélée) de la première arrestation d'envergure en vertu du Digital Services Act, le règlement européen sur la censure, qui a été adopté en 2022 et est entré en vigueur en février de cette année.
D'ailleurs, il y a quelques jours à peine, le commissaire européen Thierry Breton menaçait Ellon Musk, également coupable dans cette affaire de complicité potentielle dans divers crimes et dans l'exercice de "la violence de la haine et du racisme" pour avoir des mailles trop larges dans la "modération" des contenus sur X.
Bien que Durov soit russe, Telegram (contrairement à l'autre création de Durov, VK) a son siège administratif à Dubaï, précisément pour éviter l'ingérence du gouvernement, ce qui permet une plus grande liberté dans les communications.
Voilà, et maintenant s'il vous plaît, chers progressistes européens, chers libéraux, chers combattants infatigables pour la démocratie et de la liberté, mettez-nous de bonne humeur une fois de plus, expliquez-nous comment :
(a) il n'y a pas de censure en Europe ;
b) il est nécessaire de défendre les valeurs européennes par les armes contre les horribles autocraties de l'Est ;
c) il est impératif de défendre les droits de l'homme (comme l'article 19 de la DUDH : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression (....) pour chercher, recevoir et répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit »).
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Pavel Durov et la paranoïa de Kafka
Pavel Durov et la paranoïa de Kafka
Constantin von Hoffmeister
Source: https://www.eurosiberia.net/p/pavel-durov-and-the-kafka-paranoia?publication_id=1305515&post_id=148093235&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true
Kafka a décrit avec une merveilleuse puissance imaginative les futurs camps de concentration, la future instabilité de la loi, le futur absolutisme de l'appareil d'État.
- Bertolt Brecht
Dans une scène tout droit sortie d'un roman de Franz Kafka, Pavel Durov, l'énigmatique fondateur de Telegram, a été arrêté en France lors de son atterrissage à l'aéroport du Bourget, près de Paris. Alors qu'il débarquait de son jet privé, il a été appréhendé par les autorités françaises qui l'attendaient, armées d'un mandat d'arrêt l'accusant d'avoir permis des activités criminelles par l'intermédiaire de sa plateforme de messagerie. Les accusations, aussi surréalistes que graves, portent sur la complicité de trafic de drogue, les délits pédocriminels et le blanchiment d'argent, le tout découlant du manque de modération présumé de Telegram. Son arrestation n'est pas seulement une catastrophe personnelle, mais un rappel brutal de l'absurdité qui attend ceux qui défient la main invisible mais omniprésente du pouvoir dans un monde qui prétend protéger la liberté tout en la démantelant méthodiquement.
Que devient Telegram après l'arrestation de Durov ? La question suscite un malaise qui se métastase rapidement en d'innombrables chuchotements spéculatifs, tous plus incertains les uns que les autres. Une rumeur, qui se faufile déjà dans les couloirs numériques, insiste sur le fait que l'équipe de Durov est préparée à cette éventualité, qu'il existe un protocole clandestin prêt à être mis en œuvre sur le coup de minuit. Mais comme toutes les rumeurs, elle se nourrit de l'absence de sources vérifiables. La vérité, enveloppée d'ambiguïté, est aussi insaisissable que l'homme lui-même. La question de savoir si Telegram persistera, et sous quelle forme déformée, reste une énigme troublante, une question suspendue dans le vide, là où devrait se trouver la certitude.
Dans l'Occident moderne, la liberté d'expression est présentée comme un principe sacré, un emblème brillant de la démocratie qui contraste prétendument avec les « régimes despotiques » de la Russie et de la Chine. Pourtant, sous cette façade polie se cache une réalité aussi étouffante et absurde que n'importe quel cauchemar kafkaïen - un endroit où les dissidents sont poursuivis sans relâche, leurs voix étouffées, leurs libertés éteintes. Les mésaventures de Julian Assange, d'Edward Snowden et maintenant de M. Durov nous rappellent étrangement que la dévotion de l'Occident à la liberté d'expression n'est qu'une prétention creuse, une mascarade masquant une vérité plus sombre.
Durov est citoyen de quatre pays : la Russie, Saint-Kitts-et-Nevis, la France et les Émirats arabes unis. La multiplicité de ses identités reflète sa tentative désespérée d'échapper à l'emprise toujours plus étroite du pouvoir de l'État, de rester une âme sans attaches dans un monde où la véritable autonomie n'est qu'un rêve éphémère. Pourtant, la révélation que Durov a renoncé à sa citoyenneté russe, associée à sa récente détention en France, souligne la futilité de tels efforts. Peu importe le nombre de frontières que vous traversez, peu importe le nombre de nationalités que vous assumez, la griffe de fer de la censure vous traquera inévitablement si vous refusez de vous plier à l'autorité libérale de l'Occident. Les personnes attachées à une liberté authentique ne devraient pas « fuir » vers l'Occident, mais s'en éloigner.
La notion de presse libre, si souvent célébrée en Occident, se révèle farce amère. On nous sert la fiction réconfortante que les médias fonctionnent sans chaînes, que les journalistes recherchent la vérité sans crainte de représailles. Pourtant, le calvaire de M. Durov, qui fait écho à celui de M. Assange, révèle la fragilité et la tromperie qui se cachent derrière cette fausse « liberté ». Lorsque Durov a quitté la Russie, ce n'était pas à la recherche de plus de libertés, mais parce qu'il a refusé de se soumettre aux exigences de censure de VK, le réseau social russe largement utilisé, en résistant aux pressions exercées pour qu'il remette les données des utilisateurs aux autorités.
Kafka, le maître du désespoir bureaucratique, trouverait dans le destin de Durov une familiarité troublante. Ce destin rappelle celui de Josef K. dans Le Procès, condamné non pas pour un crime spécifique mais pour le soupçon insidieux et omniprésent qui envahit tous les aspects de l'existence. Dans un monde où le moindre écart déclenche les soupçons les plus graves, comment la liberté peut-elle être autre chose qu'une amère illusion ? Ne sommes-nous pas tous, d'une certaine manière, prisonniers d'une vaste bureaucratie sans visage, où chaque action est scrutée, chaque intention remise en question et chaque individu réduit à une copie conforme de lui-même ?
La terreur qui s'infiltre dans ce monde n'est pas seulement la peur du châtiment. C'est quelque chose de plus profond, de plus envahissant - une terreur qui immobilise l'âme. C'est la crainte de prononcer un mot innommable, de nourrir une pensée impensable, de défier le regard omniscient qui nous observe à chaque coin de rue. Cette terreur, comme l'a compris Kafka, est une anticipation du châtiment ainsi qu'une anxiété profonde et paralysante - une aspiration à quelque chose qui échappe à ceux qui détiennent le pouvoir, mais aussi une peur de tout ce que le pouvoir touche. En Occident, cette crainte est dissimulée sous la rhétorique de la « liberté », enveloppée dans le mensonge réconfortant selon lequel nous sommes libres de parler, libres de penser, libres de résister.
Cependant, l'enchevêtrement de puissants conglomérats médiatiques avec d'autres forces d'élite met à nu ce grotesque spectacle de clowns. Lorsqu'un empire médiatique devient suffisamment important, il cesse de se considérer comme un chien de garde du pouvoir ; au lieu de cela, il s'empêtre dans le réseau d'influence qu'il était censé surveiller. Il n'est plus un adversaire, mais un collaborateur, complice de la perpétuation des structures qu'il prétendait contester. Cette trahison silencieuse, cette collusion tacite, garantit que la dissidence reste soigneusement contrôlée, soigneusement contenue et, en fin de compte, oblitérée.
L'hypocrisie la plus flagrante de l'Occident réside dans sa foi en la mission moralisatrice de multinationales comme Google, dont le credo, « Don't be evil », s'est transformé en une banale rengaine. Les architectes de Google croient sincèrement qu'ils façonnent le monde pour le rendre meilleur, mais leur soi-disant ouverture d'esprit ne s'étend qu'aux points de vue qui s'alignent sur le courant libéral-impérialiste de la politique américaine. Tout point de vue qui remet en question ce récit est rendu invisible, rejeté comme non pertinent ou dangereux. Telle est la terreur sourde de leur mission - l'horreur tranquille d'un monde où les voix dissidentes ne sont pas réduites au silence par la force, mais simplement ignorées jusqu'à l'oubli.
Aucune société ayant mis en place un système de surveillance de masse n'a échappé à ses abus, et l'Occident n'est pas différent. Il est devenu banal de supposer que le gouvernement surveille nos moindres faits et gestes, alors qu'il est considéré comme paranoïaque de croire le contraire. Cette normalisation de la surveillance est le dernier témoignage de l'enracinement de ces mécanismes de contrôle. Nous vivons dans une réalité où la vie privée est un anachronisme, où chaque geste est enregistré, chaque mot catalogué, chaque murmure de désaccord consigné en vue d'un jugement futur. L'État de surveillance n'est plus une dystopie lointaine ; c'est le monde dans lequel nous vivons, le cauchemar dont nous ne pouvons pas nous réveiller.
Dans ce monde, la transformation de l'individu est inévitable et exceptionnellement kafkaïenne. Alors qu'Oge Noct se réveille de ses rêves agités, il se retrouve inexplicablement transformé en un insecte monstrueux. Cette métamorphose est une aberration physique et un symbole de la déshumanisation infligée par un système qui broie l'âme. Qu'il s'agisse d'Assange, de Snowden ou de Durov, le schéma est le même : ceux qui osent défier le système ne sont pas portés aux nues mais dégradés, leur humanité érodée par l'implacable machine de contrôle qui se déclare championne de la liberté tout en perpétuant une tyrannie inflexible.
Tel est le vrai visage de l'Occident moderne - une spirale descendante kafkaïenne dans laquelle la promesse de liberté n'est guère plus qu'une farce cruelle, et où ceux qui la recherchent sont condamnés à vivre dans une peur perpétuelle.
C'est comme un fleuve, n'est-ce pas ? Un fleuve qui sort de son lit, se répand dans les champs, perd de sa profondeur au fur et à mesure qu'il s'étend, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une mare sale et stagnante. C'est ce qui arrive aux révolutions. Elles commencent avec force, avec détermination, mais à mesure qu'elles s'étendent, elles s'amincissent, elles perdent leur substance. Et lorsque la ferveur s'évapore enfin, que reste-t-il ? Rien d'autre que la boue de la bureaucratie, épaisse et étouffante, qui s'insinue dans tous les recoins de la vie. Les anciens carcans qui nous retenaient étaient au moins visibles, tangibles, mais ces nouveaux carcans sont faits de papier, de formulaires, de tampons et de signatures, interminables et étouffants. Et pourtant, nous les portons tout de même, sans même nous rendre compte de l'étroitesse de leur lien.
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samedi, 24 août 2024
Les antifa allemands veulent se débarrasser de l'Allemagne de l'Est
Les antifa allemands veulent se débarrasser de l'Allemagne de l'Est
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/gli-antifa-tedeschi-vogliono-la-separazione-dalla-germania-est/
La Tchécoslovaquie a montré la voie. Face aux sondages qui précèdent les élections régionales du mois prochain en Allemagne, la gauche des salles de presse en Allemagne appelle à la sécession. A un retour à la division entre l'Allemagne de l'Ouest - bonne, démocratique, antifa et tolérante mais uniquement lorsque cela les arrange - et l'Allemagne de l'Est, facho-communiste, mauvaise, pro-russe.
Et il ne s'agit pas seulement des scribouillards infaillibles pontifiant dans quelques journaux mineurs. Même Der Spiegel met en garde les méchants: "Les habitants des Länder de Thuringe, de Brandebourg et de Saxe ont une occasion en or de ruiner leur réputation une fois pour toutes lors des élections régionales".
Malheur à vous si vous votez mal, en somme. Le problème, c'est que sans aller jusqu'à voter pour l'AfD, les Allemands ne semblent pas suivre l'exemple de la gauche ancrée dans les rédactions. Car les sondages pour les élections législatives de l'an prochain récompensent la CDU avec 32% tandis que la droite de l'AfD est tombée à 16%. Die Linke, le parti de gauche qui ressemble assez au parti italien de Fratoianni, a pratiquement disparu tandis que le parti de Sahra Wagenknecht, semblable à la formation italienne de Marco Rizzo, atteint 9%. La coalition "feu tricolore" soutenant Olaf Scholz (sociaux-démocrates, verts et libéraux) atteint un total de 32%, comme la seule CDU.
Mais ce qui inquiète la gauche des journalistes, c'est la position que commencent à prendre certains démocrates-chrétiens de premier plan. Michael Kretschmer, leader de la Saxe et vice-président de la CDU, s'oppose au gaspillage des ressources, galvaudées pour soutenir la guerre de Zelensky, et souhaite la réparation du gazoduc Nord Stream détruit par les "Ukrainiens".
C'est pourquoi la gauche graphomane a lancé des attaques non seulement contre les partis de l'opposition, mais aussi contre la population de l'Allemagne de l'Est. Confirmant le commentaire impitoyable de Guia Soncini dans Linkiesta (un site de gauche) à propos des interventions des camarades antifascistes italiens sur les différents réseaux sociaux: « Quel bonheur pour l'antifascisme d'être dans la biographie de chaque imbécile qui se croit éveillé ». Manifestement, les imbéciles abondent à Berlin aussi. A l'Ouest...
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Anciennes aspirations - nouveaux concepts - Pour une révolution conservatrice !
Anciennes aspirations - nouveaux concepts
Pour une révolution conservatrice !
Werner Olles
La lecture de livres qui peuvent paraître « désagréables » au premier abord ouvre parfois la voie à des idées provocatrices et rafraîchissantes. C'est ce qui m'est arrivé après la lecture de la biographie due à la plume de Werner Bräuninger et intitulée « Kühnen. Un destin allemand ». Il s'agit de retracer le bref itinéraire d'un jeune néo-nazi qui, dans les années 1970 et 1980, a fait sensation en menant des actions spectaculaires en faveur de la légalisation du NSDAP en RFA, a passé près de huit ans dans les prisons de la République et est décédé en 1991, à l'âge de 34 ans, des suites d'une infection par le HIV, après que son « mouvement » s'est émietté en raison de son homosexualité, qu'il a d'abord cachée et qu'il n'a avouée que relativement tard.
J'ai fait sa connaissance à la fin des années 1980, alors qu'il emménageait avec quelques fidèles dans une maison individuelle située juste au coin de la rue, chez nous, à la périphérie de Francfort. J'ai fait la connaissance de Michael Kühnen, un homme modeste, plutôt introverti et amical, et nous avons passé des nuits entières à discuter, parfois de manière émotionnelle, sans que le national-révolutionnaire que je suis ne parvienne à convaincre le national-socialiste qu'il était, ni l'inverse. Cependant, à la fin de nos débats, il était capable d'admettre qu'un nouveau national-socialisme n'était concevable que sans exterminations raciales et guerres d'extermination. Bien des décennies plus tard, je pense que la fascination qu'exerçait cet homme n'avait pas grand-chose à voir avec son idéologie politique, mais plutôt avec son esprit de résistance déterminé, aussi tordu qu'il ait pu être. Un compte-rendu détaillé et adapté à l'homme et au sujet du livre de Werner Bräuninger « Kühnen. Un destin allemand. La biographie » est déjà en préparation et sera publié en temps voulu.
La réaction de certaines publications semi-droitières et conservatrices auxquelles j'ai proposé une recension et qui l'ont systématiquement refusée m'a paru d'autant plus douteuse. Il ne s'agissait en effet pas de réhabiliter le nazisme, mais de présenter de manière objective un homme intéressant et son destin tragique. Car une chose est claire: le nazisme est une branche pourrie de l'histoire allemande, sur laquelle personne ne devrait s'asseoir au risque de tomber. Une critique détaillée du livre de Werner Bräuninger « Kühnen. Un destin allemand. La biographie » est donc déjà en préparation.
En effet, des concepts entièrement nouveaux sont aujourd'hui nécessaires comme base, avant que notre actuelle décadence néo-primitiviste ne nous étouffe avec ses pseudo-sciences (études de genre, toutes sortes de kitsch médiatique, social et politique, etc.) enseignées dans nos « universités » délabrées, qui servent désormais de réceptacle à des personnages des deux sexes ne voulant pas grandir, demeurant infantiles et irresponsables, à des sous-doués en masse et à des nouveaux riches à la fois ignorants et arrogants, dont les ambitions sont inversement proportionnelles à leur talent et à leur intelligence.
Pour nous, en tant que "droite authentique", sont en revanche pertinents un traditionalisme positif, un regard lucide sur la triste réalité, la lutte contre l'ethnomasochisme woke qui va désormais jusqu'au suicide ethnique, contre la droite assimilationniste et la gauche cosmopolite arc-en-ciel, toutes deux complices du système et contre la dérive vers le tout intellectuel. La thèse, trop peu pensée et débattue jusqu'à présent, selon laquelle notre « résistance » est entre-temps déjà elle-même plus ou moins volontairement intégrée dans le « système », doit être discutée ouvertement, tout comme l'ancienne/nouvelle aspiration anticapitaliste de toujours, qui doit encore être ancrée dans le réel, une combinaison rationnelle des concepts d'Alexandre Douguine, Diego Fusaro et Guillaume Faye, à la fois archéofuturistes et occidentaux-chrétiens-traditionalistes, afin de combiner au mieux l'Antiquité de la Grèce et de Rome avec un avenir lumineux pour la classe ouvrière, les artisans autarciques, pour l'intelligence technique et les penseurs organiques.
Nous devons nous rendre à l'évidence, et cela sans illusion, que l'Allemagne et l'Europe sont engagées dans la plus grande lutte existentielle de leur histoire, la détermination des principaux ennemis (les Etats-Unis, l'islamisation, l'antifa, le complexe politico-médiatique et/ou l'immigration/envahissement de masse?) - car j'ai tendance à considérer la tolérance active et passive et la facilitation de l'envahissement par les étrangers, de l'islamisation et de l'accaparement des terres par la clique politico-médiatique au pouvoir comme le principal mal qui a détruit durablement notre patrie -, tandis que les États-Unis - selon Guillaume Faye, qui contredit ou ré-interprète le concept d'« Eurasie » de Douguine, préférant parler d'« Eurorussie, d'État-nation impérial s'étendant de Lisbonne à Vladivostock », sont certes notre adversaire, mais ne sont pas l'ennemi principal en tant qu'« enfant prodigue de l'Europe », ce qui n'est évidemment pas le cas de l'Amérique latine. D'autre part, nous devons reconnaître que l'UE est un projet de l'impérialisme américain et du libéralisme mondial visant à détruire la Russie, c'est pourquoi nous sommes clairement favorables à l'élection de l'anti-mondialiste Trump, qui, comme Poutine, ne prend plus l'UE au sérieux depuis longtemps.
Il faut toutefois veiller à ne pas remplacer un hégémon par un autre, par exemple la dictature chinoise, qui, contrairement à la Russie, est elle-même soumise depuis longtemps à la logique du système mondialiste et matérialiste. Nous plaidons résolument pour l'abandon de l'obsession antisémite stupide et primitive de l'ancienne et de la nouvelle droite, au profit d'un nationalisme culturel qui considère la couleur de peau, l'origine, la religion et la race comme secondaires, et pour lequel il est plus important que ses partisans s'engagent en faveur de la démocratie directe, de la souveraineté et de la tradition de l'Europe et de ses États-nations, et contre le transatlantisme. Cela implique également une critique du concept obsolète d'« apartheid total », évoqué autrefois par Guillaume Faye, et nous devrions plutôt envisager un « apartheid modéré à visage humain ».
Mais nous devons également rejeter le soi-disant « anarcho-capitalisme » des paléolibéraux, qui réclament l'abolition totale de l'État au profit d'une économie de marché radicalement libre. En fait, nous n'avons pas trop de réglementations aujourd'hui, mais seulement des mauvaises. Les grandes entreprises qui dominent le marché et les puissantes sociétés financières mondiales, qui détiennent déjà plus de pouvoir économique et politique que les gouvernements nationaux, peuvent être transformées en propriétés d'utilité publique et, en cas de doute, être socialisées. En tant qu'étatistes, nous nous prononçons en faveur d'un État fort à tous les niveaux politiques et sociaux, qui garantisse la sécurité à l'intérieur et à l'extérieur et qui, dans l'esprit de la doctrine catholique de la subsidiarité, accorde également son soutien solidaire aux citoyens de la communauté nationale qui sont faibles, malades, âgés, handicapés et qui se trouvent dans le besoin sans qu'on puisse leur en vouloir.
Nous voulons promouvoir une politique familiale productive et une vie économique dans laquelle l'économie sociale de marché mélangée à des éléments coopératifs et corporatistes offre des possibilités de promotion à tous les citoyens, à côté d'un système éducatif qui est perméable et qui donne la priorité à la promotion du talent et du travail, indépendamment de l'origine sociale.
La véritable culture étant toujours l'affaire de l'individu, et non de la masse ou d'une élite, nous nous référons à cet égard à un aphorisme de Karl Kraus: « Je demande à ma ville l'électricité, l'eau et les égouts. Pour ce qui est de la culture, je la possède déjà!». Avec cette mesure, nous mettons également fin aux innombrables projets « culturels » de gauche totalement inutiles, qui coûtent des millions et des millions d'euros au contribuable ordinaire, mais dont le seul but est de fournir des postes à une petite clique de profiteurs gauchistes-verts, de leur procurer de l'argent et de l'influence politique et de pérenniser le lien entre le politique et le culturel avec les milieux criminels et terroristes de la soi-disant mouvance « Antifa », avec les bandes criminelles de passeurs qui empêchent l'expulsion des clans islamistes orientaux, hautement criminels, ainsi que de tous les délinquants non allemands. Parallèlement, il faut mettre fin au plus vite à la dilapidation de la citoyenneté allemande et appliquer des critères stricts pour son attribution. La double nationalité doit rester une exception absolue et justifiée.
Nous exigeons la reconnaissance systématique des faits patents que sont la « convergence des catastrophes et la colonisation de l'Europe » (Faye), y compris toutes les conséquences qui en découlent. Nous reconnaissons la rupture complète avec le christianisme catholique post-conciliaire issu de Vatican II - le protestantisme étant de toute façon obsolète, à l'exception d'infimes résidus - et le retour au christianisme européen traditionnel et - de manière critique et solidaire - à l'orthodoxie canonique. En fait, selon Guillaume Faye, « un païen pur et dur s'opposera toujours à ce qu'un minaret remplace un clocher. Un dignitaire de l'Église moderniste, en revanche, sera d'accord avec cette substitution ! ».
Il y a donc suffisamment à faire pour une droite authentique et sans œillères, dont font naturellement partie les métapoliticiens qui se considèrent comme des intellectuels organiques. Le mot d'ordre d'Alexandre Soljenitsyne : « Ne vivez pas avec le mensonge ! » devrait être considéré comme le minimum de notre résistance à un système qui n'est plus réformable. Il n'y a rien à ajouter à son hypothèse selon laquelle les systèmes totalitaires s'effondreront si suffisamment de citoyens surmontent leur timidité et leurs peurs et refusent de se soumettre à l'ineptie idéologique woke, à la propagande éhontée et aux mensonges imposés par l'État. Le bavardage pseudo-intellectuel et la prétendue « métapolitique » ne sont que des substituts révolutionnaires et néo-ecclésiastiques pour les jeunes gens et jeunes filles de droite et de gauche qui se montent le col de manière obstinée ou qui insultent leur raison en fuyant béatement la réalité actuelle, certes peu reluisante. Qu'il s'agisse d'homosexualité de droite ou de gauche, tous ces enfantillages doivent être abandonnés.
On pourra alors enfin voir la situation clairement, parler cru, s'épargner le kitsch pontifiant, clore le bec des bavards et réduire en poussière leur "cérébralité". La situation doit être résumée comme suit: la connaissance n'est pas toujours automatiquement synonyme de plaisir. Ne s'est-on pas assez fourvoyé dans la vie, qui est si incroyablement courte? Il faut donc avoir soif de connaissance et sentir les faits, car la vie est trop courte pour les jeux politiques, c'est la réalité qui frappe à la porte qui doit nous intéresser, strictement selon la coutume. Écoutons Hans Albers et son magnifique « La Paloma » ou chantons « Le ciel d'Espagne » - même s'il s'agit d'une chanson de combat communiste de la guerre civile espagnole, pour compenser, on peut ensuite entonner « Cara el Sol » - plutôt que de gâcher la soirée avec les tourments intellos des muses autoproclamées. Nous avons Marx à lire, Adorno, Marcuse, Hans-Jürgen Krahl, Mohler, Günter Maschke et Frank Böckelmann, Carl Schmitt, Diego Fusaro, Guillaume Faye, Julius Evola, Gilbert K. Chesterton, Ivan Ilyine, Vladimir Soloviev, Fiodor Dostoïevski, Alexandr et Darya Douguine, Hilaire Belloc, Tilman Nagel, Spengler, Moeller van den Bruck, Gottfried Benn, Jean Raspail, Georges Sorel, Richard Millet, Robert Brasillach, Armin Mohler, Dávila et Dominique Venner, pour ne citer que quelques-uns des principaux auteurs.
Les petits malins de la "nouvelle droite" qui prétendent sérieusement que le nom du président des États-Unis n'a aucune importance ne sont même pas provocateurs ou originaux, mais témoignent seulement d'une connaissance nulle des permanences géopolitiques.
Adorno, qui l'avaient déjà perçu avec clairvoyance à la fin des années 1960, écrit à juste titre: « Les mondialistes sont les vrais révolutionnaires, pas nous ! ». C'est une vérité terrible, mais la vérité n'est pas toujours révolutionnaire au sens où nous l'entendons. Lorsque les « nationalistes » et les « droitiers » font de l'islamisme leur allié, simplement parce qu'il est également opposé à la folie LGTB, à la pornographie, aux idées maçonniques de la modernité et aux abominations de la « Pride Parade », ils ne sont rien d'autre que des idiots utiles de l'enfer idéologique de l'Occident bâtard et woke que nous ne défendons pas, mais dont la dépravation et les abominations ne peuvent pas être vaincues par une alliance avec l'islamisme, mais seulement par notre propre force.
Car « l'Occident est l'enfant prodigue et illégitime de l'Europe, aujourd'hui déterminée par le modèle américain qui veut tout uniformiser et accorder la primauté absolue à la société de consommation et à l'individualisme!» (Guillaume Faye). Tout cela, beaucoup - y compris à « droite » - ne l'entendront pas, mais le vieil adage «Qui ne veut point écouter doit sentir!» se vérifiera une fois de plus si nous ne veillons pas à ce que le vœu de Georges Sorel soit enfin exaucé: « Ah, si je pouvais voir humiliées les orgueilleuses démocraties bourgeoises qui triomphent aujourd'hui avec tant de cynisme ! ».
Werner Olles
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vendredi, 23 août 2024
Les États-Unis méprisent leurs larbins européens. Qui continuent à détruire l'Europe
Les États-Unis méprisent leurs larbins européens. Qui continuent à détruire l'Europe
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/gli-usa-schifano-i-maggiordomi-europei-che-continuano-a-distruggere-leuropa/
Il n'y a pas de héros parmi les valets de chambre. Pour les majordomes européens, la notion d'héroïsme ne s'applique pas. Non seulement ils ne se permettent pas de juger négativement leurs maîtres yankees, mais ils sont publiquement méprisés par les dirigeants américains. Donald Trump l'a explicité dans son entretien avec Elon Musk. Mais Biden et les démocrates l'ont mis en pratique en forçant les larbins d''Europe à adopter des sanctions contre Moscou, sanctions qui ont nui à l'Europe elle-même. Puis ils ont facilité la destruction des gazoducs qui assuraient le bon fonctionnement de l'économie allemande, la locomotive de l'Europe.
Face à l'évidence que les Etats-Unis traitent l'Europe comme leur principal adversaire économique, les larbins de Bruxelles ont choisi de ne pas s'en apercevoir, de ne pas réagir et, au contraire, de remuer de plus en plus la queue pour obtenir au moins quelques os en guise de récompense. Mais rien n'y fait. Ceux qui ont une mentalité de serviteur ne changent pas. Ils peuvent demander un peu plus d'argent pour eux, mais le mépris qu'ils encaissent l'emporte sur la richesse obtenue.
Mais le troupeau devrait apprendre à réagir, car c'est lui qui paiera les conséquences de cette servilité idiote. Payer pour la guerre par procuration des États-Unis contre la Russie, en envoyant des milliards à Zelensky, en perdant des marchés en Russie et en Chine. En payant pour la perte des marchés américains, entre les droits de douane et le financement gouvernemental des entreprises américaines. Payer pour la perte de marchés dans les pays du Sud, de plus en plus agacés par la politique de deux poids, deux mesures de l'Occident collectif.
Ce qu'il faut, c'est une réaction, un changement de rythme. Ce qu'il faut, c'est une Europe différente, indépendante et libre. Capable d'avoir une idée, un style, une proposition. Un rôle. Un rôle qui ne soit pas celui de la sciuscià.
20:22 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, actualité, affaires européennes, états-unis | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Comment Macron est devenu indéboulonnable
Comment Macron est devenu indéboulonnable
Nicolas Bonnal
Macron est indéboulonnable, il le sait et s’en vante, pleurniche Philippot ; peut-être qu’il sera réélu, peut-être qu’il se maintiendra au pouvoir en 2027 à la manière de Zelenski-Gambetta, pendant que son électorat crève sans se plaindre aux urgences des hôpitaux dans toute la France (ne me faites pas le coup qu’il a été élu avec 1% des voix grâce à des logiciels, OK ?).
La question reste : qu’est-ce qui a rendu ce coup d’Etat maison possible ? On commence par la théorie du complot, du complot des élites et des bureaucrates, etc.
En 2017 dans un article très riche, Aude Lancelin avait parlé du putsch du CAC 40. Les milieux d’affaires ont été royalement récompensés, et leur presse à ses bottes, et le président de l’hexagone socialo est devenu celui des très riches, comme disait Hollande sans rire, lui qui lui avait mis le pied à l’étrier et dont Aude avait narré tous les renoncements dans son texte. Là on vient d’apprendre que le fils Glucksmann et le PS allaient le soutenir et qu’il ne serait pas destitué, et ce serait idiot d’oublier tout de même que depuis un certain 10 mai 1981 un certain parti oligarchique mais fourre-tout domine tout en France, business, culture, éducation, magistrature, médias, cinoche (Delon compris, désolé les blaireaux), élites policières et militaires, tout, absolument tout. Je crois qu’il fallait dégager de France dès 1981, et je rends grâce à Trump d’avoir écrit cela dans son Art du deal. Les gens riches et intelligents (smart and wealthy) avaient raison de quitter Paris et de venir acheter, ajoutait-il, des duplex dans sa Trump Tower ! Mais les pauvres comme moi auraient aussi dû se barrer (je l’ai fait, mais plus tard).
Castelnau aussi avait écrit un texte où il évoquait un putsch bureaucratique en interne, rassemblant hiérarques socialistes, bureaucrates, militaires (aucun maçon, naturellement), politiciens, magistrats, renégats, fils de famille, aventuriers (repenser l’entourage de Mitterrand si inutilement décortiqué alors par Jean Montaldo) et autres. Cela me rappelait les années 80, quand le Figaro avait appris à mettre de l’eau dans son vin déjà, surtout après le départ des communistes, et que Franz-Olivier Giesbert était venu « dénazifier » le vieux journal, comme il le disait lui-même (dixit le Canard enchaîné, toujours tenu en laisse et toujours à la solde des socialos, voir les affaires Fillon, Gaymard, etc.). C’est Ratier qui m’avait à l’époque appris que Philippe Villin du club Le Siècle avait mis Giesbert au pouvoir, Giesbert du club Le Siècle… A la même époque Juppé expliquait (il était ministre du budget) que les clivages dans son cabinet (sic) étaient moins politiques que techniques… A rapporter à ceux qui n’ont pas les oreilles bouchées.
Ici on a une piste sérieuse; on a en effet un parti unique ou inique en France, un parti socialiste-capitaliste-sioniste-mondialiste-vaticaniste, et les élites en font partie, cathos, juives, protestantes, musulmanes (reconnaissons qu’elles la ramènent peu celles-là, elles sont achetées mais silencieuses et toujours au service des socialos), maçonnes, ce qu’on voudra. Ce parti généraliste en réalité n’a pas de couleur comme dans la partie d’échecs du Prisonnier : on le reconnaît à son mouvement, et comme ils sont 100% à aller toujours dans cette même direction…
Ce parti unique et inique («pensée unique», c’est déjà chez Maurice Joly) s’est mis en place vers le milieu des années 80 quand le rideau de fumée de l’opposition gauche-droite s’est dissipé. On aurait pu le comprendre avant, quand André Bercoff (sans doute parce qu’ancien situ) expliquait intelligemment vers 1983 que la fausse droite des années gaullistes, pompidoliennes et giscardiennes (les giscardiens furent recyclés par les socialistes, gosses compris, voyez Barrot ou Wargon) était dirigiste, sociale, étatiste, européenne, russophobe, en rien alors le croquemitaine du capitalisme apatride.
C’est dans sa Reconquête et l’on sait que la droite n’a jamais rien reconquis, elle qui ne fait que demander comme Juppé et consorts de s’associer au parti unique-inique.
Ce parti unique est vite caractérisé par des piliers dignes du temple des philistins que démolit Samson.
Il est européen donc mondialiste: pour lui la France peut et doit crever. Les appels au souverainisme du brièvement délirant Chirac (sous hypnose à Pantin) ont été contredits par la pratique gaulliste (ou néogaulliste) - comme on voudra - et il faut se foutre du monde pour oublier qu’en 1983 la nouvelle garde gaulliste était déjà à la solde des mondialistes, de Barzach-Noir à Sarkozy, de Devedjian à Balkany, l’habile agent Pasqua servant d’enjoliveur aux plus primates. La construction européenne a accompagné une destruction de la France que tous les partis de gouvernement (dont le RN voudrait faire partie maintenant –une fois recomptées les médailles des JO – pour faire mieux et si possible pire que ceux dont on a pieusement et rigoureusement copié les vices) ont désiré, et avec enthousiasme.
Il est pour une immigration totale et de remplacement, de créolisation dit l’autre imbécile, lui aussi militant socialo depuis quarante (quarante ou cinquante?) ans. Mais on ne va pas insister. Les froncés l’ont voulu ce remplacement, et ce dès les années 80, et ce dès la Révolution ou 1870, ils l’ont, et certains trouvent qu’il n’est pas ASSEZ TOTAL. Il n’est pas question de les contredire.
Le mondialisme a muté avec Schwab, Obama (éternelle idole des foules qui gagne quatre millions par après-midi de conférence en Suisse ou ailleurs) et Bergoglio (qui a fait du catho mondain le caniche nain de nos antéchrists): il est devenu furieusement écolo, anti-sexe, raciste antiblanc et totalitaire; voir ce qui se passe en Angleterre, qui était pronostiqué par Kubrick, Truffaut (Fahrenheit 451), McGoohan (Le Prisonnier), Chesterton, Kubrick , Orwell, et des dizaines d’autres dont la pauvre J.K. Rowling (j’en avais parlé alors quand les imbéciles se trompaient de cible comme toujours avec l’étonnant Harry Potter). L’Angleterre est depuis 1066 la terre promise de la dystopie, des oligarchies et du totalitarisme subtil, et qui sait lire Mumford ou sa trop abondante littérature le verra sans problème.
Mais Macron incarne la masse électorale et ses goûts.
Macron d’abord incarne le centre qui a tout gobé (le blob de l’autre) et les deux froncés sur trois rêvés par Giscard dans les dystopiques années 70 que des ahuris tentent de nous vendre comme magnifiques maintenant. Surtout il incarne cette mutation brutale des élites qui accompagne celle des populations toujours plus soumises, ahuries, hébétées (mot qu’on retrouve sous la plume de tout le monde: Tocqueville, Chateaubriand, Mgr Gaume, Debord, Bernanos, Baudrillard, etc.). Son mariage, sa vie privée enchantent les foules; il incarne ce goût pour le fric et ce culte récent en France de l’Amérique qui se reflétait dans l’abject bouquin de Philippe Roger.
Mais en fait la France soi-disant rebelle du gaullisme était une colonie américaine : je l’ai montré dans bien des textes et dans mon livre sur la Destruction de la France au cinéma. Ce qui restait de français a été avalé par l’Amérique comme le reste du monde (quoiqu’on en pense) et comme prévu surtout par l’étonnant Duhamel dans ses Scènes de la vie future. Il incarne aussi ce je-m’en-foutisme déjà souligné par Julius Evola dans les années soixante et ce besoin jumelé si bien étudié par Philippe Muray de jouissance et de pénal, de conformisme et de transgression (penser aux «mutins de Panurge»). L’addiction aux chaînes-info-pour-retraités a fait le reste et créé ce conglomérat de solitudes sans illusions (Debord) qui se reconnaissent dans le sionisme terminal, l’apocalypse américaine, la destruction destructrice de l’économie, l’anéantissement des paysages, la sentimentalité démoniaque de Léon Bloy et la déchéance du christianisme qui n’en finira jamais de crever (Swift en parle déjà…).
Le satanisme ahuri des partis politiques, étrons sorti de la machine à voter du père Ubu, a fait le reste et fera du prince-président un prince-président à vie.
Et tant pis si je trompe ! On aura pire alors, comme dirait la vieille dame de Syracuse au tyran Denys. Raison d’ailleurs pourquoi je ne suis même pas hostile à Macron: ici quand on touche le fond, on creuse encore, alors…
PS… Un peu de Léon Bloy ( Journal, 1913) avant la grande guerre si utile de nos détronchés : « C’est tout de même ahurissant de penser à l’inexplicable survie du régime républicain… Atrophie universelle des intelligences, avachissement inouï des caractères, exécration endémique de la Beauté et de la Grandeur, obsèques nationales de toute autorité humaine ou divine, boulimie furieuse de jouissances, destruction de la famille et vivisection de la patrie, mœurs de cochons enragés, empoisonnement systématique de l’enfance, élection et sélection de chenapans ou de goitreux dans les cavernes de la politique ou sur le trottoir des candidatures, tels sont les fruits de l’arbre de la Liberté…Le curé nous dit que ses paroissiens sont à un tel degré d’abrutissement qu’ils crèvent comme des bestiaux, sans agonie, ayant détruit en eux tout ce qui pourrait être l’occasion d’un litige d’Ame, à leur dernière heure. »
19:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes, emmanuel macron | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 22 août 2024
Le gouvernement secondaire de Soros, les BRICS et l'explosion de Nordstream
Le gouvernement secondaire de Soros, les BRICS et l'explosion de Nordstream
Wolfgang Prabel
Source: https://opposition24.com/politik/die-soros-nebenregierung-brics-und-die-nordstream-sprengung/
Au cours de la dernière décennie, on ne savait pas qui battait la mesure en matière de politique étrangère: l'empire Soros ou le gouvernement de Washington. Souvent, on avait l'impression que les ONG dérapaient et détruisaient la politique étrangère des États-Unis, parfois on avait l'impression d'un ping-pong entre l'administration et les organisations non gouvernementales. Parfois, on avait l'impression que les ONG étaient envoyées en avant par les gouvernants. Les structures de la politique étrangère américaine ne sont pas transparentes.
Il n'est pas nécessaire d'aborder ici en détail ce qui s'est passé lors du printemps arabe et de la tentative de déstabilisation de l'Asie. En résumé, le changement de régime prévu en Irak, en Tunisie, en Libye, en Syrie, en Egypte, au Sri Lanka, en Afghanistan, en Géorgie, en Inde et au Myanmar a échoué, celui de l'Ukraine n'est pas encore décidé. Les pays attaqués se sont repliés sur eux-mêmes et se sont en partie organisés au sein des BRICS.
Les BRICS sont essentiellement une alliance de puissances hétérogènes contre l'influence d'activistes et de gouvernements wokistes. Même les adversaires potentiels comme l'Inde et la Chine, la Chine et la Russie, l'Arabie saoudite et l'Iran ont gelé leurs conflits internes pour le moment, afin de résister aux oligarques déjantés et de pulvériser le pouvoir des wokistes.
Peut-être qu'à Washington, on se rend compte des effets désastreux des activités privées des oligarques sur la politique mondiale et qu'on veut mettre fin au désordre. Un article paru dans un journal américain peu crédible sur l'explosion du Nordstream par des Ukrainiens va dans ce sens. Je ne toucherais même pas le Wall Street Journal avec des gants en caoutchouc, ce qu'il écrit est toujours immédiatement considéré comme la vérité par le Mainstream. L'éditeur du journal - Lewis - s'est distingué comme un croyant en matière de climat et un opposant à Trump, il est donc un soldat dans la guerre contre la vérité.
Il y a quelque temps déjà, un expert en plongée et en eaux profondes avait démystifié sur MMNews les spéculations sur le dynamitage de Nordstream par des amateurs. L'opération n'aurait pas été réalisable à partir d'un voilier.
Le professeur Rieck traite l'affaire comme non résolue. Tous les acteurs possibles auraient eu des avantages, aussi bien l'Ukraine que l'Amérique. Moi non plus, je ne vois pas un récit de l'événement qui soit clair.
L'histoire des Ukrainiens qui ont plongé est donc remise au goût du jour. Quelles pourraient être les motivations ? Washington s'est-il lassé de la guerre privée de Soros en Ukraine et veut-il se débarrasser de ce conflit coûteux et inutile de manière élégante ? Une variante consisterait à monter les Allemands contre Zelensky pour lui couper les vivres.
De plus, cela permettrait de laver l'Amérique de l'embarrassant soupçon d'avoir été l'auteur de l'attentat et d'innocenter la campagne électorale de Kamala Harris. En Allemagne, l'attitude critique vis-à-vis de la guerre en Ukraine s'est propagée des dissidents et de l'AfD à la gauche. Avec le BSW (le parti de Sahra Wagenknecht), un deuxième grand parti est entré en confrontation avec les livraisons d'armes et les déploiements de missiles allemands. Lors des élections en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg, les partis faucons et belliqueux que sont la CDU, les Verts, le SPD et le FDP pourraient perdre leur majorité et les colombes pourraient triompher.
Le belliciste Mario Voigt a écrit sur X : « Tant que Mme Wagenknecht tient de tels propos ici, je n'ai aucune base de discussion avec le BSW. Avec Mme Wolf, je suis toujours prêt à parler des problèmes de la Thuringe et surtout des solutions pour les résoudre ». Voigt parviendra-t-il aussi facilement à faire éclater le BSW sur la question de la guerre ? Peut-être, peut-être pas.
Trump et Kamala ou pas, les républicains et les démocrates semblent vouloir mettre fin à la guerre parce qu'elle ruine la puissance américaine dans le monde. Il se pourrait aussi que Washington mette davantage la main sur les ONG, tue leur activisme propre en matière de politique étrangère, afin de mettre un terme aux nombreuses mésaventures politiques et à l'influence déclinante de l'Amérique en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique latine. Il s'agit également d'une chose aussi importante pour la politique de puissance américaine que le maintien du dollar comme monnaie de réserve, du moins ce qui en reste.
Un changement d'attitude à Washington aurait bien entendu des répercussions sur l'Allemagne. Si c'était le cas, l'hégémon ferait pression sur le gouvernement allemand pour qu'il suive.
En ce qui concerne Nordstream 2, je reste persuadé que sa construction était une erreur. « Ne mettez jamais tous vos œufs dans le même panier », la diversification est une nécessité pour toute activité économique raisonnable. C'est cette nécessité que le Dr M. avait violé dans sa haine délirante et criminelle du nucléaire et du lignite. Elle n'a même pas l'intelligence d'un œuf brouillé avarié et la CDU l'a suivie dans sa chute énergétique. Il n'est pas nécessaire de disposer de la boîte à outils du PCUS et du NSDAP pour générer l'absence d'alternative. Il existe aussi des phases totalement dysfonctionnelles et totalitaires dans la démocratie.
Le Nordstream 1 et le Druschbatrasse étaient vraiment suffisants en tant que véhicules de transport d'un seul pays, le reste de l'approvisionnement énergétique aurait pu et dû être assuré par le nucléaire, le lignite local, l'hydroélectricité, les carburants synthétiques, la biomasse, l'énergie solaire et les importations d'autres régions du monde. C'est ce que je défends systématiquement depuis 2014, vous pouvez le lire dans les archives. La CDU a été abandonnée par tous les bons esprits et a ignoré tous les conseils raisonnables, je n'étais vraiment pas le seul à réclamer une autre politique énergétique. Ce parti, totalement incompétent en matière d'économie, est toujours surestimé par les électeurs. Il faut vraiment que le dernier retraité ramasse des bouteilles et fouille dans les poubelles pour trouver des restes de nourriture pour que les choses changent.
Il s'agit maintenant de nettoyer les décombres et de remettre en service le Nordstream 1 et le Druzhbatrasse après la fin de la guerre.
Salutations au service de renseignement intérieur : « Nos guerres modernes rendent beaucoup de gens malheureux tant qu'elles durent, et personne n'est heureux quand elles sont terminées ». (Geh. Rath v. Goethe)
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Martin Sellner : Regime Change de droite. Une esquisse stratégique
Recension
Martin Sellner : Regime Change de droite. Une esquisse stratégique
L'été dernier, l'activiste Martin Sellner a publié un ouvrage intitulé Regime Change von rechts, dans lequel il présente et explique différentes stratégies. Une tentative qui vaut la peine d'être lue, comme l'explique Simon Dettmann dans son compte-rendu détaillé pour la revue Freilich.
par Simon Dettmann
Source: https://www.freilich-magazin.com/kultur/rezension-martin-sellner-regime-change-von-rechts-eine-strategische-skizze
Regime Change von rechts, la publication la plus complète à ce jour de l'activiste politique autrichien Martin Sellner, visage et maître à penser des Identitaires dans l'espace germanophone, constitue véritablement un "grand coup". Tout d'abord parce que l'ouvrage répond effectivement à l'ambition qu'il s'est fixée, celle d'ordonner, de systématiser et d'élever à un niveau théorique supérieur les débats sur la stratégie et la tactique menés dans les milieux dits de la "nouvelle droite". Le livre de Sellner est une tentative d'unifier l'ensemble des milieux de la nouvelle droite, qu'il assimile au camp de la droite, autour d'une stratégie visant à atteindre l'objectif principal commun, à savoir assurer la pérennité du peuple allemand. L'auteur, avec sa pensée formée par Gramsci, Althusser et Gene Sharp et son regard souvent sociologique et psychologique sur les processus politiques, a de nombreux arguments en sa faveur. Mais sa façon de tourner en rond autour du problème de la démographie, qui tend à devenir monomaniaque, pourrait avoir un effet négatif à long terme sur la droite intellectuelle et politique.
Tbilissi, 7 mars 2023. Pour la deuxième nuit consécutive, des milliers de personnes patientent sur la grande place près du Parlement géorgien. Mais contrairement à hier, les forces de l'ordre ne se contentent plus d'observer avec apathie. Cette fois, la police utilise des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre les manifestants. La foule se disperse rapidement, donnant lieu à des scènes que les journalistes qualifient généralement de "tumultueuses". Alors que presque tous les manifestants s'écartent ou se réfugient dans les rues latérales, une femme d'âge moyen court dans la direction opposée - tout droit vers les canons à eau. Elle tient dans ses mains un énorme drapeau européen qu'elle agite frénétiquement. Les canons à eau commencent immédiatement à la viser, mais cela ne semble pas l'impressionner.
Des manifestants se précipitent vers elle et tentent de la protéger des jets d'eau. Trempé et entouré de gens, elle se tient au milieu de l'une des plus grandes places de la capitale et brandit le drapeau bleu foncé avec les étoiles jaunes vers le ciel nocturne. Il en résulte pendant quelques secondes une scène d'une grande puissance iconique et d'une grande force symbolique. Il en résulte une image dont les éléments de base font partie intégrante d'une iconographie de la révolution et font partie de la mémoire collective des Européens - comme le confirmeront tous ceux qui ont déjà vu "La liberté guidant le peuple" de Delacroix ou une représentation des combats sur les barricades pendant la révolution de mars 1848. Le drapeau de l'UE, quant à lui, fait référence à la forme concrète de bouleversement social que les manifestants ont en tête: une révolution de couleur.
Des révolutions colorées avec l'argent des autres
Les manifestations de masse sont motivées par le projet du gouvernement géorgien d'adopter une loi qui obligerait les ONG et les médias financés à plus de 20% par l'étranger à se désigner eux-mêmes comme "agents étrangers".
Une telle loi contrecarrerait la stratégie des agents étrangers, des groupes de médias et des think tanks occidentaux visant à influencer l'opinion publique en Géorgie et à faire basculer le pays dans le camp des libéraux pro-occidentaux; la dite loi entraverait donc l'intégration de la Géorgie dans le bloc de puissance occidental, du moins à moyen terme. Mais rien n'y fait. Deux jours plus tard, le 9 mars, la pression est trop forte et le gouvernement est contraint d'abroger cette loi mal acceptée.
Le mouvement de protestation, qui semble être parti de rien, n'a certes pas atteint son objectif principal, qui était de contraindre le parti au pouvoir "Rêve géorgien", qui mène une politique étrangère multisectorielle, à démissionner et à être remplacé par une alliance de partis extrêmement pro-occidentaux lors de nouvelles élections, mais il a atteint son objectif intermédiaire, annoncé publiquement et fortement mobilisateur, en quelques jours seulement.
Voilà pour la pratique concrète du changement de régime et de la révolution de couleur.
Un livre paru au bon moment
Mais ne serait-il pas possible d'adopter les stratégies, les tactiques, les formes d'organisation et de protestation d'une révolution de couleur et de les mettre en œuvre en Allemagne, en Autriche ou en Suisse ? En d'autres termes, une révolution culturelle et de couleur étiquetée "de droite", c'est-à-dire réclamant la fin de l'hégémonie discursive des idées libérales de gauche et leur remplacement par des idées conservatrices et nationalistes, associée à un changement de gouvernement, pourrait-elle avoir du succès dans l'espace germanophone ? Même s'il préfère écrire Social Change et Regime Change : Martin Sellner, on peut l'affirmer avec certitude après la lecture de son livre, en est profondément convaincu. C'est pourquoi Regime Change von rechts traite aussi de la possibilité d'une révolution de couleur, des chemins tortueux qui y mènent, de ses conditions sociales préalables, de sa théorie et de la théorie de sa pratique. C'est un livre étonnamment optimiste, qui ne cherche pas à démoraliser mais à motiver l'action, tout en invitant sans cesse le lecteur à réfléchir à ses propres actions d'un point de vue stratégique et moral.
Mais c'est surtout un livre nécessaire, car il corrige des hypothèses théoriques erronées encore largement répandues dans le camp de la droite, souligne les impasses stratégiques et démystifie les mythes. Par exemple, Sellner explique de manière convaincante pourquoi beaucoup (d'activisme de droite) ne sert pas toujours à grand-chose, pourquoi croire que l'on peut convaincre l'adversaire de sa propre vision du monde par une argumentation rationnelle et ainsi amorcer ce qu'il appelle un tournant spirituel est politiquement naïf et part de présupposés anthropologiques erronés ou pourquoi, à l'inverse, se concentrer uniquement sur les valeurs esthétiques et les questions de style de vie personnel mène à une impasse politique. À une époque où les milieux dits de "nouvelle droite" sont trop souvent caractérisés par l'oscillation de jeunes idéalistes entre le besoin activiste de faire quelque chose tout de suite d'une part, et le défaitisme mélancolique d'autre part - c'est-à-dire, en termes mémétiques, le dualisme de "It's over !" et "We're so back !" -, il est malheureusement (pédagogiquement) nécessaire de rappeler de telles évidences.
Oui, Regime Change von rechts, livre pédagogique et morigénateur, est souvent redondant et didactique dans son écriture et sa construction, comme nous l'avons déjà souligné de manière critique. Cependant, cela est dû au fait que l'ouvrage s'adresse principalement à l'intérieur, c'est-à-dire aux mouvements et aux partis. Ainsi, les caractéristiques mentionnées ne renvoient pas à des déficits de Sellner, mais indirectement à des déficits (intellectuels) chez de nombreux acteurs de la droite.
Le peuple est au centre des préoccupations
Le cœur théorique de l'ouvrage est constitué par la définition de l'objectif principal de la droite, l'analyse du système politique ou social dans lequel la droite doit nécessairement opérer et l'évaluation des différentes stratégies concurrentes pour atteindre l'objectif principal, l'accent étant clairement mis sur l'analyse des stratégies. La définition de cet objectif principal tient en quelques pages. Et ce, à juste titre. Heureusement, il n'y a guère de désaccord au sein du dit camp sur cette question. Pour Sellner, l'objectif principal de la droite est de préserver l'identité ethnoculturelle - une formulation qui peut être identifiée sans hésitation à la garantie de la pérennité du peuple allemand. Des explications et des justifications complexes sont ici totalement inutiles; l'intérêt pour sa propre pérennité (collective) est naturel, évident et immédiatement compréhensible pour tous.
Et d'ailleurs, ce fait est aussi la cause principale de la négation de l'existence du peuple allemand par la classe dirigeante. Car les acteurs décisifs de cette classe dirigeante sont certainement conscients qu'en admettant ce fait, ils s'engageraient sur une "pente glissante", au bas de laquelle se trouverait leur perte de pouvoir. Il est donc impossible pour la classe dirigeante de céder le moindre terrain dans la lutte pour une interprétation universelle du concept de peuple. Elle se retrancherait ainsi dans une position qu'elle a déjà reconnue comme intenable à long terme. En laissant le concept de peuple s'effacer devant celui d'identité, Sellner gâche à la légère le potentiel subversif inhérent à ce concept.
Après avoir clarifié le véritable objectif, à savoir l'autosuffisance ou l'accumulation du pouvoir politique pour l'assurer, l'auteur passe à l'explication de la relation entre certains concepts. Quelle est la relation entre l'objectif principal et les objectifs intermédiaires ? Quelle est la différence entre stratégie et tactique ? Les passages d'analyse conceptuelle de ce type, que l'on retrouve à plusieurs reprises dans le livre, peuvent être considérés comme ennuyeux et techniques par certains lecteurs, mais ils sont éminemment importants - et Sellner les expose avec la précision sobre d'un général qui présente son plan de bataille.
Avec Gramsci et Althusser contre l'élite
En revanche, la partie consacrée à l'analyse systémique est déjà bien plus vaste. Ici, Sellner est confronté au défi de dresser un tableau réaliste, mais aussi compréhensible et non hypercomplexe de l'ordre social et politique dans lequel la droite doit agir. Ce n'est pas une tâche facile dans le contexte de l'Allemagne fédérale ou de l'Autriche, car la tromperie systématique et ciblée des citoyens sur le fonctionnement réel des institutions, la dynamique interne de l'État dans ces nations n'est pas un simple sous-produit de l'ordre dominant, mais la base de son existence, et c'est justement là que trop de citoyens s'installent confortablement dans leurs représentations illusoires de l'État dans lequel ils vivent.
Mais Sellner est ici clairement dans son élément et profite de cette partie pour introduire deux théories qui l'ont fortement marqué, lui et la Nouvelle Droite dans son ensemble : la théorie de l'hégémonie du pouvoir d'Antonio Gramsci et Les appareils idéologiques d'État de Louis Althusser. Avec ces théories, il tente d'attirer l'attention du lecteur sur la véritable base du pouvoir des classes dominantes dans les pays occidentaux, à savoir l'opinion publique ou le pouvoir de la créer, de la contrôler et de la diriger.
Pour faciliter la tâche des personnes qui ne connaissent pas le grammaticalisme juridique, il intègre la théorie dans un réseau de métaphores et de mots clés, dont certains sont même de sa propre initiative. Il y a tout d'abord la métaphore du climat d'opinion, avec laquelle il veut visualiser la production complexe de l'opinion publique et qui est tout à fait convaincante. Il illustre ensuite les changements réels et potentiels de l'opinion publique et la métaphore du couloir d'opinion avec le modèle déjà très populaire de la fenêtre d'Overton.
Tout cela est très méritoire et remplit son objectif éducatif, mais en face, il y a deux mots d'ordre qui sont malheureusement moins convaincants : le simulacre de démocratie et le totalitarisme doux.
La question cruciale de la démocratie
Le problème avec la notion de simulation de démocratie est qu'elle implique deux affirmations de base, toutes deux indiscutablement vraies, mais qui induisent néanmoins en erreur. D'une part, le fait que les dirigeants prétendent, du moins publiquement, que leur régime est démocratique et, d'autre part, le fait qu'il ne l'est pas en réalité. Sellner écrit que la démocratie n'est qu'un simulacre, parce que l'opinion publique n'est pas le produit du libre jeu des forces, mais du filtre systémique qu'il appelle le climatiseur d'opinion. Mais si une démocratie n'existe que si elle permet le libre jeu des forces, alors il n'y en a jamais eu. Sellner nourrit ici des illusions libérales et semble sur le point de ressortir de la naphtaline des phrases d'Habermas telles que le "discours sans domination" et la "contrainte sans contrainte du meilleur argument". En outre, le concept procédural de démocratie qui sous-tend toujours implicitement le discours de Sellner sur la simulation de démocratie est trompeur. Il semble vraiment croire à la possibilité d'une "vraie" démocratie au sens d'un gouvernement populaire. C'est en cela qu'il se distingue par exemple de ses adversaires libéraux de gauche, c'est-à-dire de la classe dirigeante, au sein de laquelle on défend depuis longtemps une conception substantielle de la démocratie, parfois même de manière semi-officielle.
Concrètement, cela signifie que pour les libéraux de gauche, la démocratie est devenue le mot-clé du libéralisme de gauche. Tant que les intellectuels de droite réagiront en introduisant dans le discours le mirage rousseauiste du vrai gouvernement parfait du peuple, au lieu d'élaborer à leur tour un concept substantiel de démocratie, ils contribueront à mettre la droite hors jeu. En effet, en raison de son faible degré d'organisation, de la politisation et de l'éducation souvent superficielles des individus et, surtout, de sa taille, un peuple dans son ensemble n'est pas en mesure d'exercer un quelconque pouvoir. Comme le confirme l'histoire de l'humanité, celle-ci ne peut être exercée collectivement que par de petits sous-groupes bien organisés du peuple, au sein desquels il existe un degré relativement élevé d'homogénéité idéologique et de conformité sociale et où le savoir de la domination est systématiquement accumulé. Ces sous-groupes sont les élites ou les classes dirigeantes. Elles dominent le reste du peuple, qui leur fait face en tant que "masse". Et il en sera probablement toujours ainsi. C'est pourquoi la lutte pour la vraie démocratie, dans le sens d'un gouvernement populaire, ressemble à la recherche de la mérule.
Le courage de la cohérence politique
L'exposé de Sellner aurait gagné à faire davantage référence aux classiques de la sociologie des élites comme Vilfredo Pareto et Gaetano Mosca. Il court ainsi le risque de succomber à une illusion populiste (décrite en détail par le philosophe britannique Neema Parvini dans son livre The Populist Delusion).
Il en va de même pour l'expression "totalitarisme doux". Sellner l'utilise pour évoquer et condamner la répression de l'appareil d'État contre tout ce qui est de droite. C'est tout à son honneur, mais doit-il pour cela utiliser un terme entièrement libéral, qui a été inventé pour immuniser moralement les libéraux contre leurs critiques de gauche et de droite et qui remplit encore bien cet objectif aujourd'hui ? Est-ce vraiment une bonne idée de conforter des contemporains intellectuellement libérés dans leur tendance, typique des boomers, à rejeter l'autorité et l'ordre et à les condamner comme étant généralement totalitaires, fascistes et illégitimes, et d'introduire leur vocabulaire dans la Nouvelle Droite ? Le totalitarisme est généralement compris comme la volonté d'imposer une idéologie d'État dans tous les domaines de la vie sociale et de transformer ainsi les individus dans le sens de cette idéologie d'État. Bien sûr, l'observation que les systèmes libéraux peuvent également être totalitaires est un progrès de la connaissance par rapport à la position libérale selon laquelle le totalitarisme n'est possible que dans les systèmes non libéraux, c'est-à-dire les systèmes supposés d'extrême droite ou d'extrême gauche (Ryszard Legutko a écrit sur cette observation un livre à lire , Le démon de la démocratie!)
Mais pourquoi s'arrêter à mi-chemin dans le processus de connaissance ? Car quelle valeur a encore la notion de totalitarisme si tout système, quelle que soit son orientation idéologique, tend à agir de manière totalitaire dans certaines situations? A long terme, la droite ne pourra pas éviter de reconnaître que dans les phénomènes qualifiés de totalitaires, l'essence du politique ne fait que se révéler à nous sous une forme particulièrement pure.
Lorsqu'un ordre étatique dérive prétendument vers le totalitarisme, l'hostilité entre deux groupes sociaux atteint simplement un niveau plus élevé. C'est pourquoi les représailles de l'État contre les droits politiques ne sont pas un pas en avant du totalitarisme doux vers le totalitarisme ouvert, mais une politisation. Et la volonté de pénétrer politiquement tous les espaces sociaux, qu'Olaf Scholz a résumée un jour dans l'un de ses rares moments de sincérité par la phrase "Nous voulons conquérir la souveraineté aérienne au-dessus des berceaux", fait désormais partie de la logique propre de la politique et de tout mouvement politique qui veut conquérir et conserver le pouvoir. La souveraineté idéologique totale du libéralisme de gauche sur toutes les institutions pertinentes, des crèches aux maisons de retraite, est une réalité en République fédérale - et c'est précisément pour pouvoir décrire cette réalité qu'Althusser a développé la théorie des appareils idéologiques d'État. Sellner la mentionne également brièvement, mais ne l'applique pas de manière conséquente.
Qui fait partie de la droite politique ?
Mais avant d'aborder les différentes stratégies, il tente, dans un très court chapitre, de clarifier la question de savoir qui et quoi fait réellement partie de la droite. Sa réponse : exclusivement la Nouvelle Droite et aucun autre milieu. Pas la vieille droite, ni les libéraux-conservateurs. Il ne veut même pas inclure les nationaux-conservateurs dans le camp de la droite. C'est étonnant, car le national-conservatisme est sans doute la description la plus précise possible de ce que Sellner lui-même et une grande partie de la Nouvelle Droite représentent politiquement. Il est bien sûr légitime de définir tous ceux qui ne sont pas de la nouvelle droite comme étant hors de leur propre camp, mais cela ne fait que renommer le milieu de la nouvelle droite en "camp de droite". Les quelques personnes de la vieille droite et surtout les nombreux libéraux-conservateurs ne disparaissent pas pour autant, bien au contraire. Le fait d'ignorer ces milieux ne facilite pas le débat sur le fond, mais le rend beaucoup plus difficile. Ce n'est pas la description qu'une personne fait d'elle-même comme étant de droite, conservatrice, nationaliste, etc. qui détermine généralement sa réalité sociale, mais une attribution étrangère émanant des libéraux et des gauchistes. Et pour eux, la droite englobe tout, de Jan Fleischhauer à la division des armes nucléaires. La nouvelle droite pourrait en rire de bon cœur si les attributions étrangères de la gauche libérale n'avaient pas un pouvoir énorme. D'une certaine manière, elles créent une réalité à laquelle la Nouvelle Droite aura du mal à se soustraire. L'énorme hétérogénéité de la droite, même par rapport à la gauche politique, est un fait, mais Sellner préfère partir d'une situation politique idéale dans laquelle il n'y a que des néo-droitiers.
Mais le cœur de l'ouvrage est clairement la partie consacrée à l'analyse stratégique. Il y présente quatre stratégies principales pour atteindre l'objectif principal de la droite et neuf non stratégies. Les quatre stratégies principales sont la Reconquista, le militantisme, le patriotisme parlementaire et la stratégie de rassemblement. Il en rejette deux en bloc : le patriotisme parlementaire et le militantisme. A juste titre, c'est pourquoi nous ne reviendrons pas ici sur ces chemins de traverse. La stratégie du rassemblement, c'est-à-dire la concentration de toutes les forces et ressources encore disponibles dans une région, est pour lui une solution de secours en cas d'échec de la stratégie qu'il préfère : la Reconquista. L'analyse des non-stratégies prend beaucoup de place et c'est justement là que Sellner écrit souvent avec un ton didactique ou pédagogique. Certains lecteurs s'en lasseront, mais étant donné que Sellner s'adresse parfois explicitement aux adolescents et jeunes adultes enclins au militantisme et qu'il tente de les dissuader de leurs actions destructrices, c'est malheureusement nécessaire.
Différentes stratégies pour guider...
Dans ce contexte, deux des non-stratégies semblent particulièrement intéressantes, à savoir l'accélérationnisme et la pensée dite "babo". Alors que l'accélérationnisme, bien qu'étant à l'origine une figure de pensée du philosophe néo-réactionnaire Nick Land, est devenu un mot-clé légitimant la violence brutale dans d'obscurs biopes en ligne et a rapidement sombré dans l'insignifiance, les variantes de la "pensée babo" connaissent aujourd'hui un nouvel âge d'or. Le babo est le patron ; un homme alpha charismatique qui construit autour de lui une société d'hommes de plus en plus souvent purement virtuelle. Il prêche à ses adeptes un culte du machisme, presque toujours associé à l'optimisation de soi et à l'abandon total de la politique pratique. Presque toujours, ces scènes babos sont marquées par les intérêts financiers du mâle alpha concerné. Si elles ont longtemps été des phénomènes marginaux, elles passent depuis une dizaine d'années plus souvent de la sous-culture au centre de la société.
Figures de la "droite-style-de-vie": Kollegah, Jack Donavan et le livre de Costin Alamariu.
Il y en a pour tous les goûts: les jeunes immigrés enclins aux théories du complot y trouvent leur compte (Kollegah), tout comme les personnes exclusivement obnubilées par l'argent et le statut social (Andrew Tate), les nostalgiques du tribalisme (Jack Donovan) et les jeunes hommes en quête d'un support pseudo-intellectuel pour leurs jeux de rôle (Costin Alamariu ou "Bronze Age Pervert"). Il devrait aller de soi que cette "droite du style de vie" matérialiste, qui tend vers un amoralisme hors du monde, ne mérite pas d'être appelée droite dans un sens substantiel quelconque et qu'elle mène à une impasse stratégique. Pourtant, le départ de Trump en novembre 2020 et les déceptions qu'il a causées à ses partisans ont créé un terrain propice à l'éclosion non seulement d'un culte schizophrène de la crise (QAnon), mais aussi de cette "droite du style de vie" dont nous avons parlé. Cette vague s'est propagée depuis longtemps dans les pays germanophones. Sellner critique ces tendances, mais il aurait dû citer des noms et taper plus fort ; la pensée babo est la plus pertinente des non-stratégies actuelles.
... mais seulement une stratégie directrice ?
L'auteur consacre une attention particulière à la stratégie directrice qu'il privilégie, la Reconquista. Par reconquista, il entend une stratégie de conquête du pouvoir culturel ou discursif qui s'inspire théoriquement de Gramsci, Althusser et, même si son nom n'est pas cité, de Foucault, et qui, dans sa partie pratique, accorde une grande importance aux formes de protestation de l'action non-violente au sens de Gene Sharp. Mais plutôt que de parler d'hégémonie culturelle ou de discours hégémonique, Sellner préfère écrire "Social Change". Le "changement de régime" qui donne son titre à l'ouvrage n'est nécessaire que lorsque l'État devient ouvertement totalitaire. Si le "changement de régime" échoue également, la droite doit passer à la stratégie du rassemblement. Telles sont les grandes lignes de la Reconquista de Sellner.
Pour résumer, je dirais que : cette stratégie est inattaquable sur le fond et est considérée, à juste titre, comme un "état de l'art" dans les cercles intellectuels de droite. Ce qui appelle en revanche une critique, ce sont les tâches de fond attribuées aux différentes composantes de la droite dans le cadre de la Reconquista. Sellner divise le camp de la (nouvelle) droite en 5 parties distinctes : le parti, le contre-public (médias/influenceurs de droite), la théorisation (intellectuels), la contre-culture et le mouvement (activiste). Au sein du camp, il existe une répartition claire des tâches et des rôles.
En outre, parmi les sous-groupes, le mouvement bénéficie d'une primauté. Comme pour lui, la préservation du peuple est l'objectif principal de droite, le problème principal est à l'inverse celui de la démographie, c'est-à-dire le Grand Remplacement/Peuplement. Jusqu'ici, rien de controversé. Mais Sellner exige en plus que TOUTE activité dans TOUT sous-groupe de la droite aborde à tout moment, directement ou indirectement, le problème du Grand Remplacement ou, comme il l'écrit, le tournant de la politique démographique et identitaire. Ce qu'il entend exactement par politique démographique et identitaire n'est pas clair. On peut toutefois supposer qu'il s'agit de tous les idéologèmes et récits qui, intériorisés collectivement, sont devenus les conditions de possibilité de la catastrophe démographique et lui ont spirituellement préparé le terrain. Il est donc probable que ces termes soient également très étroits et directement liés au Grand Remplacement.
La droite, telle que Sellner la conçoit, tourne donc autour de l'échange de population et est fixée de manière monomaniaque sur celui-ci. Cela serait particulièrement évident dans le domaine de la culture et dans les milieux intellectuels. Les musiciens de rock de droite chanteraient à longueur de journée sur les cas de violence des migrants et les points de basculement démographiques imminents, et la tâche la plus passionnante d'un intellectuel ou d'un scientifique de droite consisterait à calculer ces points de basculement, à produire et à populariser des études sur les effets négatifs de la diversité ethnique sur des groupes ethniquement, relativement, homogènes. Oui, avec le temps, une telle droite se rapprocherait de plus en plus des images diffamatoires que la gauche et les libéraux en donnent. Mais ce ne serait même pas le problème principal. Il résiderait dans le fait qu'une telle droite serait avant tout profondément ennuyeuse.
La droite monothématique
Une telle droite monothématique n'exercerait aucun attrait culturel et intellectuel sur les non-droites (encore). Peu d'artistes et de chercheurs en sciences humaines souhaiteraient faire partie d'un milieu dans lequel ils seraient cantonnés à un rôle et à une mission aussi contraignants. Cette fixation du milieu culturel et des intellectuels sur la tâche qui leur revient rappelle de loin, avec toute la prudence requise par de telles comparaisons, l'exigence formulée par les dirigeants communistes à l'égard du monde culturel et intellectuel d'articuler clairement le point de vue de classe. Le problème d'une telle attitude n'est pas tant qu'elle soit autoritaire ou illibérale, mais plutôt qu'elle est vouée à l'échec. Il est bien sûr souhaitable qu'un artiste, un penseur ou un scientifique politiquement ancré à droite exprime clairement l'objectif principal de la droite. Mais aucun mouvement activiste ne peut le lui imposer de manière contraignante. La seule façon de parvenir à la focalisation sur le Grand Remplacement dans toutes les composantes de la droite que Sellner a en tête est de faire naître soi-même les acteurs de la contre-culture et des sciences humaines à partir de ce que son propre milieu lui offre actuellement, de les "caster" en quelque sorte. Une stratégie dont la Nouvelle Droite a fait l'expérience, parfois douloureuse, ces dernières années. Car les grands penseurs et artistes ne se laissent pas caster. Ils sont presque tous le produit d'un climat propice à leur émergence. Ils naissent de manière organique ou pas du tout.
De plus, la demande de Sellner de se concentrer uniquement sur le problème de la démographie est naïve du point de vue de la sociologie des élites. Dans les pays germanophones, des centaines de milliers de personnes travaillent dans des universités, des ONG ou des entreprises de médias et occupent des emplois qui, aux yeux de l'extérieur, paraissent souvent futiles et inutiles (bullshit jobs). Pourtant, d'un point de vue systémique, les activités de ce groupe, qui constitue une partie importante de la classe dirigeante et de la classe managériale professionnelle (PMC), ont un objectif important. Ce but est équivalent à celui des appareils idéologiques d'État dans la théorie d'Althusser : l'auto-reproduction de l'ordre dominant. Un ordre qu'Althusser décrit comme capitaliste, alors que la droite intellectuelle le décrit plutôt comme moderne ou libéral (de gauche). Les élites intellectuelles ont donc pour fonction de produire, d'orienter et de légitimer le discours hégémonique, ainsi que de former une élite de la relève dans les universités et de la mettre idéologiquement au pas. Les productions intellectuelles de ces milieux sont pour la plupart peu impressionnantes. La plupart du temps, il s'agit de rationalisations post-hoc du statu quo.
Pas d'offre pour l'élite ?
Mais ce qui est décisif, c'est que la perception est totalement différente au sein des milieux décrits : les personnes concernées sont fermement convaincues de réaliser des prouesses intellectuelles et de travailler sur des théories révolutionnaires. Ils tirent leur légitimité et leur confiance en eux de cette image d'avant-garde de la pensée profonde. Le problème survient lorsque Sellner pense pouvoir satisfaire la curiosité intellectuelle et la soif de statut de la (nouvelle) classe moyenne universitaire avec le Grand Remplacement (qui n'est pas une théorie, mais simplement un fait) et la propagation du pronatalisme et d'une nouvelle politique identitaire (il s'agit probablement de nationalisme). Cela ne réussira pas. En effet, le surplus de capital culturel et de distinction qui, pour les personnes très intelligentes, est lié à la maîtrise et à la réflexion sur des systèmes théoriques extrêmement complexes tels que la philosophie transcendantale, la théorie des systèmes, l'éthique du discours ou les poststructuralismes, ne trouve pas d'équivalent à droite dans l'offre de Sellner sous la forme d'une théorie de droite d'une complexité comparable. Pourtant, indépendamment de la question de savoir si de telles théories existent éventuellement à droite, Sellner précise à plusieurs reprises et sans équivoque qu'il n'a aucune intention de les utiliser. C'est surprenant quand on connaît son penchant pour Heidegger et sa critique hermétique et obscure de la technique.
Une explication possible de son scepticisme prononcé à l'égard des intellectuels et de la partie de la Professional Managerial Class marquée par le discours académique réside dans le fait qu'il pourrait avoir analysé l'évolution historique de la gauche radicale en Allemagne de l'Ouest : après s'être formée et établie dans les années 60, elle s'est fragmentée dans les années 70 en centaines de petits groupes sectaires sous la forme de "groupes K", de cercles de lecture, de comités, etc. qui avaient en commun de travailler sur des questions intellectuelles de détail, de se prétendre radicaux ou extrêmes malgré leur totale passivité et d'être (sans surprise) hostiles les uns aux autres. Martin Sellner aura étudié de près cette fragmentation induite par l'intellectualisme et, conscient de son immense hétérogénéité idéologique et de la proportion élevée de trublions et de "grifters" qui lui est propre, il voudra épargner à la droite le sort de la gauche radicale après 1968. C'est louable, mais ce faisant, il dépasse l'objectif. Il verse l'enfant intellectuel de droite en même temps qu'il tente honorablement de verser le bain de la gauche académique.
La droite a besoin de plus de débats !
En conséquence, cette critique doit se conclure par un plaidoyer pour une droite pluraliste et créative. Une droite qui, bien entendu, intègre et soutient un mouvement activiste fort en tant que partie intégrante de la mosaïque de la droite, mais qui s'oppose à ce que ce mouvement fasse valoir une "compétence directive" vis-à-vis des autres parties du camp. Il semble aberrant qu'un plus grand pluralisme interne au sein de la droite puisse détourner l'attention de l'objectif principal généralement accepté, à savoir assurer la pérennité du peuple. Actuellement, les partis de droite deviennent de plus en plus souvent des représentants des intérêts des peuples respectifs des États. Ce processus doit être compris comme le corollaire naturel de la fragmentation ethnique croissante et de l'envahissement par les étrangers. La réalité de plus en plus évidente du Grand Remplacement entraîne une prise de conscience ethnique, la transformation des partis populistes de droite en partis ethniques et l'opposition des groupes nationaux aux groupes étrangers. Ce front peut être retardé, mais pas arrêté, par des crises (externes) et des fronts transversaux temporaires. En effet, elle ne trouve pas sa racine dans une volonté ou une décision politique (collective), mais dans la nature humaine. En conséquence, malgré le scepticisme de rigueur quant à la valeur explicative des théories sociobiologiques et d'éthique humaine, un recours occasionnel à des concepts tels que le comportement territorial et la peur de l'étranger aurait été bénéfique aux explications de l'auteur. Poussée par des chocs ethniques de plus en plus importants à des intervalles de plus en plus courts, la droite se focalisera de plus en plus sur le Grand Remplacement et ses conditions directes de facilitation. Le véritable art consiste à l'élargir sur le plan thématique.
L'accent mis par Sellner sur la démographie semble ici relever de la pensée "beaucoup d'aide pour beaucoup", qu'il rejette pourtant tant. Mais si 2.000 militants contre le Grand Remplacement distribuent des tracts et collent des affiches au lieu de 1.000, l'effet n'est pas double. Au lieu de plus de flyers et de sites web sur le problème de la démographie, la droite a besoin de plus et de meilleurs débats sur la géopolitique, l'ordre économique, la protection de la nature, la politique éducative, le transhumanisme, les études de genre, l'architecture ou l'éthique. Elle a besoin de l'écologiste hirsute de la vieille école qui veut désormais empêcher non seulement les routes de contournement mais aussi les éoliennes, de l'intello génial qui travaille dans sa cave sur des recherches révolutionnaires sur la bataille des chars de Prokhorovka et sur l'histoire économique de la Saxe Kursawa, de l'ex-féministe désabusée qui se bat désormais avec passion contre le "wokisme" et le translobby et du renégat de gauche que l'étroitesse d'esprit des cercles intellectuels de gauche a poussé vers la droite. Et surtout, la droite doit se défaire de l'illusion qu'elle peut remettre à plus tard, c'est-à-dire après l'arrivée espérée au pouvoir, toutes les questions essentielles en dehors de l'objectif principal commun. Si tel était le cas, la large alliance de circonstance se déchirerait immédiatement après sur toutes sortes de questions et le pouvoir tout juste conquis s'effriterait entre les doigts.
Une réponse convaincante
Dès le 14 mars 2023, soit une semaine seulement après la grande manifestation de Tbilissi, la "femme au drapeau européen", comme est présentée la Géorgienne, est assise dans un studio de télévision de Radio Free Europe (RFE) et parle avec éloquence, dans une vidéo, de l'événement qui l'a rendue célèbre en Occident. Il s'agit d'une production sur papier glacé qui trouvera son public sur Youtube. "Radio Free Europe" est un média américain basé à Prague, considéré par les critiques de gauche comme de droite comme un instrument de propagande du gouvernement américain proche de la CIA et destiné à préparer des révolutions de couleur. Des liens tout aussi évidents existent également entre l'opposition géorgienne et le National Endowment for Democracy (NED), une organisation qui, selon son ex-président Allen Weinstein, fait publiquement ce que la CIA faisait auparavant en secret. La RFE et la NED reçoivent toutes deux des fonds directs du budget fédéral américain, une source de financement quasiment inépuisable.
Reste à savoir si, contrairement aux mouvements d'opposition pro-occidentaux d'Europe de l'Est et d'Asie, la droite ne doit pas miser sur une stratégie de changement social ou de changement de régime par le biais de la métapolitique et des formes de protestation, dans l'esprit de Gene Sharp, alors qu'elle n'a pas d'oligarques milliardaires, d'ONG proches de l'État et de superpuissance derrière elle, mais qu'elle a contre elle les élites nationales, les ONG proches de l'État et une superpuissance. Il n'y aura jamais de réponse définitive à une telle question. Mais il est possible d'y répondre de manière convaincante. C'est exactement ce que fait Martin Sellner dans Regime Change von rechts - et il conseille avec passion et pour de nombreuses bonnes raisons cette stratégie qu'il appelle "Reconquista". La droite devrait suivre son conseil.
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A propos de l'auteur :
Simon Dettmann, né en 1993, a étudié la philosophie et l'histoire dans une université d'Allemagne de l'Ouest. Ses domaines d'intérêt incluent la philosophie politique, l'éthique et l'architecture
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Voyage à la fin de l'empire anglo-saxon
Voyage à la fin de l'empire anglo-saxon
Source : Dissipatio - Une cellule média - redazione@dissipatio.it
On sait que les relations familiales sont les plus difficiles à entretenir. Ne serait-ce qu'en raison d'un principe de concurrence qui s'instaure naturellement entre ceux qui sont nés et ont grandi dans des conditions similaires. À ce jour, les chiffres qui illustrent la relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni sont impitoyables: sans Londres, ce dernier aurait une économie plus réduite que celle du Mississippi, l'État le plus pauvre des Etats-Unis d'Amérique. La capitale représente 14% du produit intérieur brut par habitant. À titre de comparaison, comme le rapporte John Burn-Murdoch dans le Financial Times, amputer Amsterdam des Pays-Bas réduirait le PIB national de 5% (toujours par habitant), tandis qu'éliminer la ville la plus productive d'Allemagne (Munich) ne réduirait le PIB de l'Allemagne que de 1%. Mais le plus surprenant est que, malgré l'opulente production de San Francisco, si demain toute la région de la Baie, du Golden Gate à Cupertino, était séparée du reste des Etats-Unis, le PIB américain par habitant ne diminuerait que de 4%.
Dans un pays avec une telle disparité socio-économique, il est normal qu'une petite étincelle boute le feu à tout. En 2011, toujours durant les premiers jours d'août, la mort de Mark Duggan, un petit dealer de Tottenham, a provoqué des émeutes au départ de la communauté noire londonienne qui ont duré plusieurs jours. On ne compte plus les affrontements avec la police, ni les pillages de magasins. La course à la marchandise dérobée, pillée, est finalement devenue l'ultime motivation de la contestation, qui a ainsi perdu toute ambition révolutionnaire. Aujourd'hui, au contraire, on a le sentiment que les agitateurs agissent pour une raison politique bien précise. Après la mortelle agression à l'arme blanche de trois fillettes dans une école de danse de Southport par un citoyen britannique d'origine rwandaise, Axel Rudakubana, les émeutes ont commencé devant la mosquée locale, blessant une cinquantaine de policiers, avant de s'étendre à tout le pays. A la tête idéologique des émeutes, on trouve le Patriotic Alternative de Mark Collett et le National Action d' Alex Davies, sans oublier le rôle de Tommy Robinson, très médiatisé comme principal instigateur en ligne d'un esprit anti-immigrés. Bien sûr, rien ne vient de rien: si un terrain fertile est vite trouvé, c'est que le mécontentement est généralisé.
Au-delà du fait lui-même, et des acteurs individuels, force est de constater que la Grande-Bretagne est bel et bien aujourd'hui un pays au bord d'une dépression nerveuse sans précédent. Les Britanniques en ont vu de toutes les couleurs ces dix dernières années, depuis la campagne électorale sur le Brexit, en passant par le vote, les négociations, le Co vid, les suites de la guerre en Ukraine, jusqu'à la défaite des Tories et l'élection de Keir Starmer (photo, ci-dessous). Le nouveau premier ministre est imprégné de prudence et de rationalité atlantiste, avec l'intention de recréer une gauche pragmatique capable de régénérer une troisième voie rappelant Blair, Jospin et Schroeder mais sans les dogmatismes de Corbyn; en créant un néologisme, le Starmerisme, nous obtenons un vocable caractérisant un nouveau pragmatisme.
Alors que le jugement porté sur les conservateurs, par l'historien contemporain Sir Anthony Seldon, ne peut se résumer qu'ainsi : "La période 2010 - 2024 a représenté la pire ère de gouvernement depuis 1945". Aujourd'hui, en effet, la succession de Sunak est ouverte, avec Kemi Badenoch, James Cleverly et Tom Tugendhat en pole position, et la perspective d'une politique qui caractérisera la scène britannique pour longtemps, avec le diviseur Farage aspirant à épuiser davantage les conservateurs, avant que les conservateurs eux-mêmes ne se déplacent vers la droite pour le précéder dans la conquête des 4 millions de voix qui lui ont ouvert les portes du Parlement.
La pire ère de gouvernement depuis l'après-guerre
L'entrée en fonction de Keir Starmer à Downing Street a été le "moment Portillo" que tout le monde attendait. Les Tories terminent une saison d'échecs et doivent maintenant choisir leur nouveau leader : pour l'instant, les favoris sont Kemi Badenoch, James Cleverly et Tom Tugendhat. D'un autre côté, les travaillistes rajeunis ont vu leur succès allé si loin qu'ils ont évité de détailler leur programme pendant la campagne électorale. Mais le moment est venu de prendre une décision, en évitant éventuellement de poursuivre ce que l'historien Sir Anthony Seldon a qualifié de point le plus bas (commencé en 2010) du leadership anglo-saxon depuis 1945.
Mais il s'agit là d'un jeu politique, qui n'est pas du tout la cause (bien qu'il s'agisse d'une solution possible) des troubles récents. La haine des islamistes (qu'ils soient citoyens britanniques ou non) est l'exutoire parfait d'un effondrement économique qu'il est encore difficile de comprendre. Il y a la question du Brexit, qui dans l'idée de ses créateurs devait fermer les frontières aux étrangers - dont le nombre a doublé au cours des vingt dernières années - et leur permettre de reprendre le contrôle de leur propre commerce, en évitant de laisser un déficit de dix milliards de livres chaque année sur la table du budget européen. Jusqu'à présent, les choses se sont passées un peu différemment, et pas seulement à cause des Britanniques.
Les frontières sont désormais effectivement fermées, mais les travailleurs non qualifiés manquent et les industries, qui représentent désormais la minorité de la production nationale, sont en difficulté. La possibilité de commercer selon les règles de l'accord de libre-échange est de toute façon moins attrayante que celle de commercer entre partenaires européens.
Les pays de l'UE, qui étaient de loin le premier importateur mondial, ont donc choisi de regarder ailleurs. Même sort pour le secteur des services - dominant à 80% dans l'économie nationale depuis l'époque de Madame Thatcher - qui a vu son activité se réduire en raison de deux crises imprévues, celle du Covi d et celle de l'Ukraine. Cette hyperdépendance, en plus de précariser le pays - l'industrie manufacturière étant au contraire moins sensible aux chocs mondiaux, surtout lorsqu'elle s'adresse à son marché intérieur - a incroyablement divisé la nation entre une capitale très riche et des provinces très pauvres, de plus en plus chômeuses et privées de leurs droits.
L'incapacité du gouvernement à agir pèse encore plus lourd dans la balance. Une proposition de réduction d'impôts sans aucun financement a fait du gouvernement Truss le gouvernement le plus court de l'histoire nationale. Un symptôme de l'incapacité à agir, également parce que l'hypothèse inverse, une augmentation des impôts, entraînerait encore plus de dépression et de colère. Le revers de la médaille reste les taux d'intérêt élevés, dont la baisse semble encore lointaine, et qui pèsent lourdement sur une économie qui avait emprunté environ 280 milliards de livres pendant la pandémie pour faire face au gel des actifs. Le taux était alors proche de zéro, il est aujourd'hui de 5% (faisant passer la charge d'intérêt sur la dette de quarante milliards de livres à plus du double).
En conséquence, les dépenses publiques restent contractées, de même que certains secteurs publics, également, restent contractés, en particulier le secteur de la santé, qui présente actuellement un déficit de personnel d'environ trente mille personnes spécialisées. Parmi les principales économies mondiales, le Royaume-Uni reste la seule à avoir connu une baisse de la participation au marché du travail entre la période pré-C ovid et la période post-Cov id.
Nous en voyons les signes autour de nous tous les jours: les chaînes de cafés et les magasins de téléphonie mobile qui dominent nos rues, la disparition des carottes grumeleuses des rayons de nos supermarchés et les gros titres traitant d'une autre industrie traditionnelle en crise. Pour la première fois, un livre fait le lien entre ces changements locaux isolés et progressifs et le tableau d'ensemble d'une nation dont l'identité s'érode. En parcourant le pays et en rencontrant des agriculteurs, des pêcheurs et des habitants des quartiers chinois, Paul Kingsnorth raconte le genre de conversations qui ont lieu dans les pubs de campagne et les magasins du coin à travers le pays, nous rappelant que ces institutions typiquement anglaises pourraient bientôt cesser d'exister.
Les Anglais restent les Anglais, et ils se targueront toujours d'un héritage culturel et d'une influence politique dont l'érosion ne sera peut-être remarquée que des décennies plus tard. Et il est vrai que les tendances sont faites pour être inversées. Mais la direction actuelle n'est pas des plus heureuses, et sans un retour vigoureux sur la scène internationale, les sujets de Sa Majesté n'auront aucun moyen de retrouver le prestige dont ils dépendent tant là-bas, sur leur île. Le redémarrage de leur propre industrie manufacturière est sans aucun doute une question cruciale, car Londres ne peut pas continuer à être le seul centre du pays. Sous peine de susciter la colère de ceux qui se sentent exclus. Une colère faite de couteaux tirés, de vitrines pillées et d'affrontements avec les forces de l'ordre.
13:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : royaume-uni, angleterre, europe, affaires européennes, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 20 août 2024
L'Australie est à la remorque des États-Unis
L'Australie est à la remorque des États-Unis
Leonid Savin
L'Australie occupe une place particulière dans la géopolitique mondiale. Malgré sa taille, le pays n'a jamais participé activement à la formation des processus politiques mondiaux, se contentant d'être un appendice du Royaume-Uni, puis des États-Unis. Aujourd'hui, dans le contexte de l'évolution de l'équilibre mondial des pouvoirs et de la confrontation croissante entre les États-Unis et la Chine, l'Australie est en train de devenir l'arrière-cour lointaine de Washington, utilisée par le Pentagone comme un bastion stratégique dans la région du Pacifique.
Le 9 août, l'Australie a annoncé la création d'un commandement cybernétique.
La Joint Cyber Unit, la Fleet Cyber Unit, le 138th Communications Squadron et le 462nd Squadron ont été intégrés au Cyber Warfare Group, de même que la 1st Joint Public Affairs Unit. Une unité interarmées de mise en réseau des données, qui s'occupait auparavant du soutien opérationnel, est prévue pour l'avenir.
La nouvelle structure travaille aux côtés de la division des opérations cybernétiques, de la division des capacités interarmées, de la division de l'influence militaire stratégique et du personnel des forces armées australiennes travaillant au sein de la direction des communications australienne.
Le cyberespace comprend le cyberespace lui-même et le spectre électromagnétique. La guerre cognitive et la guerre de l'information, qui sont liées au travail du nouveau commandement cybernétique, consistent à disposer de capacités et à obtenir des résultats dans un environnement d'information qui couvre les cinq domaines : outre le cyberespace, il s'agit des domaines maritime, terrestre, aérien et spatial de la guerre.
Il s'agit donc d'une nouvelle approche intégrée et de l'accomplissement de tâches pertinentes dans ces cinq domaines.
L'armée américaine a fait quelque chose de similaire, mais beaucoup plus tôt.
La création du Cyber Command australien a été précédée par l'exercice Blue Spectrum en juillet, organisé conjointement avec les armées américaine et japonaise. L'hôte officiel était le capitaine Catherine Gordon, de la Force de guerre de l'information des forces armées australiennes, et les manœuvres se sont déroulées sous les auspices d'une initiative appelée « Groupe de travail trilatéral sur la guerre de l'information maritime ».
L'objectif principal était de synchroniser les tactiques, les techniques, les procédures et le vocabulaire lors d'opérations conjointes. Selon les déclarations officielles, les manœuvres constituent une nouvelle étape dans le renforcement du partenariat et de l'interopérabilité dans les opérations de guerre de l'information.
En outre, il a été annoncé début août que l'Australie lançait une stratégie d'ingénierie numérique de la défense afin d'accélérer les processus visant à remodeler les capacités de données et les outils de gestion des données.
Il est important de noter que les programmes de transformation numérique sont mis en œuvre sous les auspices du ministère américain de la défense, et non de l'Australie, ce qui démontre une fois de plus que Canberra n'est plus seulement un partenaire subalterne de Washington, mais qu'il est en fait géré par Washington pour ses intérêts géopolitiques. La création du commandement cybernétique australien s'est faite avec l'aide directe du Pentagone.
Le ministre australien de la défense, Richard Marles, a confirmé le concordat actuel avec les États-Unis lors des consultations ministérielles régulières qui se sont tenues à Washington au début du mois d'août. Il a indiqué que, outre l'activité AUKUS et la commande de sous-marins nucléaires américains de classe Virginia, la production conjointe de missiles à haute altitude serait organisée et que d'autres initiatives bilatérales seraient lancées, y compris le déploiement à long terme de l'armée américaine en Australie sur de nouveaux sites (c'est-à-dire l'expansion du réseau de bases militaires américaines).
Cela dit, dans une interview, lorsqu'on lui a demandé si l'Australie considérait la menace d'une agression chinoise comme une préoccupation urgente et comme le plus grand risque, M. Marles a évité une réponse directe, déclarant que « nous avons cherché à stabiliser les relations avec la Chine et y sommes parvenus dans une certaine mesure. D'un point de vue sécuritaire, la reprise du dialogue sur la défense a constitué un élément clé de ce processus. Cela ne résoudra pas les problèmes fondamentaux entre nos deux pays, mais il faut espérer que cela signifie que nous comprenons mieux le comportement de l'autre et notre point de vue militaire ».
Évidemment, ce n'est pas seulement le point de vue de l'Australie, mais aussi celui de son grand frère anglo-saxon AUKUS et de la "Coalition des cinq yeux," et la position des États-Unis à l'égard de la Chine est assez claire : il s'agit d'arrêter la montée en puissance de la Chine et de limiter sa coopération sur tous les fronts. Outre les diverses restrictions en matière de sanctions et le renforcement militaire à proximité de la Chine, Washington en élabore de nouvelles.
Par exemple, aux États-Unis, les experts militaires notent que "les États-Unis doivent adapter et réorganiser leurs stratégies et leurs institutions pour relever le défi en adoptant une philosophie de priorisation basée sur le risque dans tous les domaines. Les dirigeants devraient donner la priorité à la limitation des liens économiques avec la Chine dans les domaines qui affectent les infrastructures critiques, la résilience nationale et les capacités de combat, en reconnaissant la nature évolutive de l'approche stratégique de la Chine dans ces secteurs.
Deuxièmement, il existe des domaines dans lesquels les objectifs économiques et de sécurité des États-Unis ne sont pas alignés. Pour garantir cette harmonisation, la Maison Blanche pourrait nommer un responsable de la sécurité économique chargé de diriger l'élaboration d'une stratégie nationale en matière de sécurité économique, d'identifier les objectifs stratégiques et de coordonner l'utilisation d'outils tels que les contrôles et les sanctions à l'exportation. Il pourrait également diriger les efforts visant à approfondir la coopération avec les alliés et les partenaires afin d'élaborer des évaluations conjointes des menaces et des stratégies de recherche, de développement et d'investissement dans les technologies stratégiques.
Troisièmement, les États-Unis et les autres démocraties doivent combler une lacune critique en matière de sécurité de la recherche dans le domaine du transfert de connaissances en recherche fondamentale, qui est souvent négligée dans les politiques actuelles axées sur le transfert de technologies. Cette négligence est particulièrement dangereuse dans le contexte de la fusion entre militaires et civils, où une coopération scientifique apparemment inoffensive peut contribuer à renforcer les capacités militaires de la Chine. Les partenariats et le partage d'informations entre le gouvernement, l'industrie et les universités seront essentiels pour combler les lacunes en matière de sécurité de la recherche ».
C'est pourquoi Washington réagit de manière extrêmement négative à toute activité chinoise, qu'il s'agisse des nouveaux accords commerciaux conclus par Pékin avec un pays ou de ses avancées dans le domaine de la construction navale.
L'Australie semble prête à jouer un rôle croissant dans l'endiguement de la Chine en mettant ses ressources et son territoire à la disposition des États-Unis et en suivant les instructions de la Maison Blanche et du Pentagone.
13:38 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, politique internationale, australie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le Bangladesh, une attaque directe contre l'un des principaux corridors de la BRI
Le Bangladesh, une attaque directe contre l'un des principaux corridors de la BRI
Lorenzo Maria Pacini
Source: https://geoestrategia.es/noticia/43271/geoestrategia/bangladesh-un-ataque-directo-a-uno-de-los-corredores-clave-de-la-bri.html
Dans la stratégie néfaste d'escalade guerrière que poursuivent les États-Unis, conformément à leur politique étrangère de guerres répétées, ce qui se passe au Bangladesh joue un rôle central dans la tentative américaine de déstabiliser les nouvelles alliances du monde multipolaire.
La position de l'initiative "Ceinture et Route"
Comme on le sait, l'un des points clés des nouvelles alliances est l'initiative « la Ceinture et la Route », une route commerciale qui joue un rôle central dans la connexion des différents pays du macro-continent eurasien.
La BRI a été créée en 2013 à l'initiative de la République populaire de Chine en tant qu'infrastructure commerciale impliquant 150 pays et organisations internationales. Elle consiste en six zones de développement urbain terrestres reliées par des routes, des chemins de fer, des oléoducs, des systèmes numériques et des routes maritimes reliées par des ports. Xi Jinping a initialement annoncé cette stratégie sous le nom de « ceinture économique de la route de la soie » lors d'une visite officielle au Kazakhstan en septembre 2013. Le terme « ceinture » fait référence aux itinéraires terrestres proposés pour le transport routier et ferroviaire à travers l'Asie centrale enclavée, le long des célèbres routes commerciales historiques des régions occidentales ; « route » est l'abréviation de « Route de la soie maritime du XXIe siècle », qui fait référence aux routes maritimes indo-pacifiques traversant l'Asie du Sud-Est vers l'Asie du Sud, le Moyen-Orient et l'Afrique.
Le but de l'initiative est simple : la coopération internationale pour accroître sa puissance économique et son statut sur la scène mondiale. Les objectifs déclarés de la BRI sont de construire un grand marché unifié et de tirer pleinement parti des marchés internationaux et nationaux, par le biais d'échanges culturels et d'intégration, de renforcer la compréhension et la confiance mutuelles des pays membres, de créer un modèle innovant d'afflux de capitaux, de viviers de talents et de bases de données technologiques. Rien n'est exclu du calcul : infrastructures, éducation, transport, construction, matières premières, terres rares, technologie. On peut dire sans risque que l'initiative « la Ceinture et la Route » est devenue le pôle d'attraction économique de la Chine pour le monde entier.
À ce jour, en 2024, il y a 140 pays adhérents, représentant 75 % de la population mondiale.
Sur la route de la soie maritime, qui transporte déjà plus de la moitié des conteneurs du monde, des ports en eau profonde sont agrandis, des plateformes logistiques sont construites et de nouvelles voies de circulation sont créées dans l'arrière-pays. Cette route commerciale s'étend de la côte chinoise vers le sud, reliant Hanoï, Kuala Lumpur, Singapour et Jakarta, puis vers l'ouest, reliant la capitale sri-lankaise Colombo et Malé, la capitale des Maldives, à l'Afrique de l'Est et à la ville kényane de Mombasa. De là, la liaison se dirige vers le nord jusqu'à Djibouti, traverse la mer Rouge et le canal de Suez jusqu'à la Méditerranée, reliant Haïfa, Istanbul et Athènes, avec la Haute Adriatique jusqu'au centre italien de Trieste, avec son port franc international et ses connexions ferroviaires vers l'Europe centrale et la mer du Nord.
Les règles de la BRI sont principalement dictées par certaines alliances de partenariat : le Forum sur la coopération sino-africaine, le Forum sur la coopération sino-arabe, l'Initiative de coopération de Shanghai et, bien sûr, les BRICS+.
Affaiblir l'Inde pour déstabiliser le Rimland
Bien sûr, la critique de la BRI vient de l'hégémon atlantique (aujourd'hui disparu): trop d'influence chinoise, trop de pouvoir économique et donc trop d'autonomie politique. Et pas seulement pour la Chine, mais aussi pour les différents États voisins qui sont liés aux États-Unis d'une manière ou d'une autre.
La BRI a effectivement élargi la puissance maritime de la Chine, étendant ainsi son influence politique. Dans la théorie géopolitique classique d'Halford Mackinder et de ses successeurs américains, cette influence ne signifie qu'une chose : limiter le pouvoir de la thalassocratie américaine, la forcer à trouver d'autres voies pour conquérir le Heartland. Bien que la Chine ne soit pas une civilisation de la mer (thalassocratie), mais une civilisation de la terre (tellurocratie), elle a réussi à exploiter la dissuasion économique en tant que puissance maritime, suffisamment équilibrée pour effrayer les États-Unis et leurs (très rares) partenaires.
En effet, il existe un risque stratégique : le Rimland, la zone côtière qui sert de tampon dans l'affrontement entre les tellurocraties eurasiennes et les thalassocraties atlantistes, ne peut être cédé à bon compte. La BRI fait objectivement partie d'une stratégie plus large de contrôle militaire du détroit de Malacca et « enveloppe » la chaîne d'îles militaires américaines. Cela signifie que les Américains ont progressivement perdu leur liberté d'initiative militaire et qu'ils ne disposent plus de la liberté de marché nécessaire pour agir sans discernement.
Les États-Unis le savent très bien et c'est pourquoi ils ont organisé un coup d'État au Bangladesh, un pays très important pour la stabilité de l'Inde, qui est le plus grand et le plus important pays, après la Chine, de la BRI, et le seul qui soit encore lié à l'Occident par un double fil.
Ces derniers mois, l'Inde a refusé à plusieurs reprises son soutien stratégique aux États-Unis, notamment pour le contrôle de la mer Indienne et du golfe Persique ; le mois dernier, Narendra Modi s'est rendu à Moscou et a signé des accords avec la Russie ; tout cela n'a pas été du goût de Washington, qui a ordonné le renversement du gouvernement de Sheikh Hasina au Bangladesh.
Hasina étant favorable à l'Inde, New Delhi a pu bénéficier d'une stabilité régionale accrue. Hasina était également synonyme d'équilibre entre les conflits ethniques et religieux, alors qu'entre 2001 et 2006, plusieurs problèmes étaient déjà apparus en raison des liens entre les groupes et partis nationalistes au Bangladesh et au Pakistan ; elle a rejeté les cessions territoriales et la collaboration militaire avec les États-Unis et s'est opposée aux pressions anti-chinoises.
C'est alors qu'est venue la punition: le renversement d'Hasina par un coup d'État micro-révolutionnaire pour mettre en place une junte intérimaire avec un homme trié sur le volet par Washington. Tout cela dans le style habituel de la bannière étoilée. Ce n'est pas un hasard si le département d'État américain a immédiatement exprimé son soutien au changement de régime, sans même attendre quelques heures.
Déstabiliser le Bangladesh, c'est tenter de saper la sécurité de l'Inde, et comme l'Inde est le garant de la stabilité et de l'autonomie du Rimland, les États-Unis tenteront de perturber l'équilibre régional en fomentant des conflits internes et en contrecarrant les accords économiques. Un gouvernement pro-américain obligerait tous les pays voisins à réévaluer leur engagement en matière de sécurité et d'alliance. S'il est vrai que le Bangladesh ne peut, à lui seul, s'opposer à l'Inde et ne peut déterminer sa politique intérieure, il est également vrai qu'un certain nombre de dangers stratégiques à la frontière entre l'Inde et le Bangladesh constitueraient un problème très difficile à gérer à l'heure actuelle.
Ce qui se passera dans les prochains jours sera décisif non seulement pour l'avenir du Bangladesh et de l'Inde, mais aussi pour l'ensemble de l'initiative « la Ceinture et la Route » et des projets connexes.
11:49 Publié dans Actualité, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, inde, bangladesh, bri, brics, chine, états-unis, géopolitique, asie, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 19 août 2024
Venezuela : Anatomie du conflit
Venezuela : Anatomie du conflit
Leonid Savin
Dès le début, il était fondamental pour les États-Unis de remettre en question le processus électoral, d'avancer la thèse de l'illégitimité des résultats, de revenir à la politique de pression maximale et de porter leur marionnette à la tête de l'État.
Les événements qui se sont déroulés au Venezuela après l'élection présidentielle ne sont pas une action ponctuelle de l'opposition locale, soutenue par les pays de l'Occident collectif. Ils doivent être considérés comme un nouveau maillon de la chaîne, comme une nouvelle tentative de renverser le pouvoir des Chavistas, ce qui a déjà été fait à plusieurs reprises.
Il convient de garder à l'esprit qu'après l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez en 1999, le cours du pays, que les États-Unis considéraient comme leur arrière-cour avec un régime obéissant (bien que corrompu), a changé de manière spectaculaire. Hugo Chavez a été l'un des premiers dirigeants des pays à parler de la nécessité de créer un monde multipolaire et a entamé de profondes réformes de politique intérieure qui ont suscité la haine de Washington et des oligarques locaux tournés vers les États-Unis.
Le premier complot contre lui a eu lieu en avril 2002, mais le coup d'État a échoué, le peuple ayant pris la défense du président. Lors des élections de décembre 2006, l'opposition a tenté de promouvoir son candidat, mais la différence de voix était trop importante pour prétendre à la victoire. Cependant, dès 2007, lors d'un référendum proposé par Chavez, le taux de participation a été inférieur à 50 %.
En octobre 2012, Chavez a de nouveau gagné, bien que les États-Unis aient misé sur Henrique Capriles. Après la mort de Chavez en mars 2013, Nicolas Maduro devient président par intérim, puis remporte des élections anticipées. La continuité avait été préservée.
En février 2014, des émeutes de masse ont soudainement éclaté dans le pays, dont les organisateurs auraient protesté contre la crise économique. Comme l'enquête l'a révélé par la suite, la célèbre société Cambridge Analityca a participé à l'incitation aux émeutes sur les réseaux sociaux, celle-là même qui, en 2016, a aidé Donald Trump à remporter les élections américaines avec les mêmes méthodes et a reçu l'ordre de faire campagne lors du référendum en Grande-Bretagne sur la sortie de l'UE.
Depuis mars 2017, des manifestations antigouvernementales ont repris dans le pays et, en août de la même année, un soulèvement a été déclaré au nom d'un groupe de certains militaires, puis les États-Unis et l'UE ont imposé de nouvelles sanctions contre le Venezuela.
En mai 2018, Maduro a été réélu, ce qui a donné lieu à de nouvelles manifestations.
Comme nous pouvons le voir, il y a eu toute une série d'actions visant le pouvoir politique dans le pays, et en même temps, la pression économique a été artificiellement construite pour aggraver la situation générale dans le pays et blâmer le gouvernement pour tout. La formule de « salut » proposée par les groupes politiques pro-occidentaux était censée éliminer complètement l'héritage de l'ère Hugo Chavez et ramener le Venezuela dans l'orbite géopolitique des États-Unis.
Ce n'est qu'en octobre 2023 que les Etats-Unis ont allégé les sanctions contre le secteur pétrolier, gazier et aurifère vénézuélien en réponse à l'accord électoral conclu en 2024 entre le gouvernement et l'opposition. Nicolas Maduro a publié ce document quelques jours après les élections du 28 juillet, au cours desquelles les États-Unis se sont engagés à lever les sanctions non seulement sur l'or et le pétrole, mais aussi sur les opérations bancaires, et à normaliser les relations diplomatiques.
Cependant, le département d'État américain a reconnu Edmundo Gonzalez Urrutia (photo) comme le candidat vainqueur, ce qu'il convient d'examiner de plus près. Il s'est présenté aux électeurs à la place de Maria Carino Machado, qui n'était pas autorisée à participer à la campagne électorale en raison d'un certain nombre de délits et qui, par conséquent, a fait campagne pour Gonzalez. Il est lui-même un ancien diplomate de carrière et a déjà un âge respectable, ce qui lui a valu le surnom de « grand-père ». Cependant, son histoire diplomatique révèle des faits plus sinistres que le service banal d'un fonctionnaire.
Selon les documents, « le 24 novembre 1976, Gonzalez Urrutia a rejoint l'ambassade du Venezuela aux États-Unis en pleine mise en œuvre de l'opération Condor ; c'est là qu'il a été recruté par la CIA »... « puis, en juillet 1981, il a été transféré à l'ambassade du Venezuela au Salvador, dont la mission officielle était d'assurer la sécurité des citoyens » (ii). Cependant, au lieu d'assurer la sécurité, il a aidé à organiser des purges et des répressions sanglantes : dans les années 1980, il a travaillé à l'ambassade du Venezuela au Salvador avec Leopoldo Castillo (à l'époque ambassadeur) et, avec la CIA, ils ont participé à l'opération Centaur visant à éliminer les opposants politiques. Cette opération s'inscrivait dans le cadre du vaste plan de Condor pour l'Amérique latine. Au Salvador, plus de 13.000 civils (iii) ont été tués par la junte locale avec l'aide de Gringos tels qu'Edmundo Gonzalez.
Leopoldo Castillo lui-même a été impliqué dans l'assassinat de six prêtres jésuites et de deux autres personnes en 1989. Il vit actuellement à Miami, est associé à des dissidents d'extrême droite et est également connu pour sa participation à l'École des Amériques, ainsi que pour sa coopération avec la CIA. Il appelle maintenant à des sanctions contre le Venezuela. Auparavant, l'ancien chef de l'opposition Juan Guaido, qui vit également aux États-Unis, avait lancé les mêmes appels.
Le programme de l'opposition contient les points suivants : 1) privatisation de l'industrie pétrolière et gazière ; 2) privatisation massive de biens, d'entreprises et de services publics ; 3) utilisation prioritaire des fonds ainsi obtenus pour rembourser la dette publique ; 4) réforme de la loi organique du travail afin de « rendre la main-d'œuvre plus flexible » ; 5) abolition du système de retraite actuel, jugé « instable » ; 6) privatisation de l'éducation, de la santé et de l'emploi, et 7) privatisation de l'enseignement ; 6) Privatisation de l'éducation à l'aide de « vouchers » ou d'obligations, ce qui signifie des frais de scolarité ; 7) Libre utilisation de tous les types de devises étrangères ; 8) Élimination des unités de l'armée, telles que la milice, et subordination aux règles de la « politique de l'hémisphère » préconisée depuis toujours par les États-Unis. De toute évidence, il ne s'agit pas seulement d'un capitalisme néolibéral pur et simple, dont l'oligarchie tirera toujours profit, mais aussi du rejet de la souveraineté de l'État. C'est probablement pour cette raison que l'opposition a perdu, bien qu'elle ait obtenu un grand nombre de voix.
Quant à la tentative de coup d'État, elle a comporté plusieurs éléments clés. Il s'agit de la tactique de l'essaimage dans les rues de groupes militants et de provocateurs pour provoquer la police et les forces de sécurité, de la circulation de faux messages et de la manipulation sur les réseaux sociaux, de la pression des États-Unis et de leurs satellites avec des menaces contre le gouvernement actuel.
La violence de rue est peut-être de loin la plus critique, car elle menace la santé et la vie non seulement des chavistes (malheureusement, il y a eu des morts parmi les activistes et les militaires), mais aussi des citoyens ordinaires.
Comme l'a noté Fernando Rivero, des groupes paramilitaires ont été impliqués dans l'escalade du conflit, ce qui relève des lignes directrices de 2010 sur les actions militaires non traditionnelles des forces d'opérations spéciales américaines (iv). La tâche des conservateurs occidentaux était d'organiser une guerre civile en utilisant les combattants de l'opposition avec des groupes criminels organisés structurés (SOCG/Structured Organized Criminal Groups).
Les principales unités du SOCG au Venezuela sont stationnées dans des lieux d'une grande importance stratégique sur le plan militaire. De telles cellules ont été créées sur la rive orientale du lac, à Cabimas et dans d'autres régions de Zulia, près des centres de production d'hydrocarbures, qui sont très importants pour le pays. Ce groupe opère dans les zones adjacentes au complexe pétrochimique Ana Maria Campos, ainsi que dans les oléoducs et gazoducs reliés au complexe de la raffinerie de Paraguana. De même, ce groupe tente d'affecter le commerce et la contrebande entre le Venezuela et la Colombie. Dans l'État de Sucre, un autre groupe cherche à contrôler la côte et le transit de diverses marchandises vers d'autres points des Caraïbes. À Falcon, en plus de répéter le schéma de l'État de Sucre, ils se positionnent dans la Sierra de San Luis, ayant récemment formé une alliance entre des gangs criminels, ce qui leur permettrait d'opérer sur Coro et/ou éventuellement de tenter de bloquer l'accès terrestre au complexe de traitement de Paraguana. Sur la chaîne de montagnes entre les États de Guarico et de Miranda, un autre SOCG est en train de concevoir un corridor qui lui permettrait d'entrer dans le parc national de Guatopo et donc d'influencer diverses activités économiques dans des villes telles que Altagracia de Orituco. Son influence peut s'étendre aux Barbacoas, aux blocs de gaz de Tiznado et à la municipalité de Monagas de Guarico. Ce groupe agira contre le réservoir de Camatagua (crucial pour l'approvisionnement en eau de Caracas), ainsi que contre divers réservoirs importants pour Miranda et Caracas.
De même, ils cherchent à s'installer dans les centres industriels du pays, compte tenu de leur importance logistique en termes militaires et politiques.
Quant à Caracas, plusieurs SOCG ont été déployés autour d'elle. Au centre du pays, dans l'Aragua et dans une partie de l'Etat de Miranda, les groupes pourraient contrôler des routes de grande importance pour le pays. Étant donné que des casernes militaires sont situées à Valencia et dans l'État d'Aragua, qui sont vitales pour la défense militaire de Caracas, il est probable qu'une attaque contre les bases militaires ait également été planifiée afin de paralyser la défense nationale. Juste à l'entrée ouest la plus importante de Caracas, sur la chaîne El Valle, à proximité de Fort Tiuna, un autre groupe criminel a été organisé et pourrait être utilisé pour attaquer cette installation. À Miranda, un autre groupe opère à Petare, dans les environs et, par conséquent, à proximité immédiate de l'entrée principale de Caracas depuis l'est du pays.
Apparemment, l'activité de ces groupes a été neutralisée, bien que quelques jours avant les élections, des rapports aient également fait état de franchissements illégaux de la frontière par des mercenaires colombiens pour déstabiliser la situation.
Quant à la guerre de l'information, elle s'est déroulée à la fois dans les principaux médias de propagande occidentale et sur les réseaux sociaux à l'intérieur du Venezuela. Aujourd'hui, le gouvernement du pays prend des mesures contre les réseaux sociaux occidentaux, en introduisant des restrictions sur X (anciennement Twitter) et en préparant un projet de loi qui rendra le travail des réseaux sociaux plus transparent et plus sûr. Outre Twitter, il s'agit de Meta, YouTube et Whatsapp.
Selon le président Nicolas Maduro, « Whatsapp a donné aux extrémistes toutes les adresses du Venezuela et pendant plusieurs mois, ils ont préparé, avec l'aide d'un trafiquant de drogue colombien, une menace pour la société vénézuélienne afin que le peuple soit paralysé par la terreur» (v).
Au Venezuela même, une telle intervention a été qualifiée de « cyber-coup d'État », planifiée avec des émeutes de masse et la pression diplomatique des pays occidentaux.
Luis Brito Garcia note dans ce contexte que « le 11 avril 2002, la CIA a coupé le signal de la chaîne publique VTV ; elle a isolé le président Hugo Chavez Frias et a porté le premier coup au monde aux médias. Huit mois plus tard, après avoir été généreusement graciés par le président, avec l'aide de l'entreprise américaine Intesa, ils ont paralysé informatiquement Pdvsa et arrêté les opérations de production et de distribution de l'entreprise pendant deux mois, jusqu'à ce qu'un groupe de spécialistes techniques du ministère de la science et de la technologie puisse les reprendre. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis ces attaques. Récemment, deux sabotages ont eu lieu dans des centrales électriques de Nueva Esparta et dans la sous-station d'Urena à Tachira, vraisemblablement dans le but de désactiver les systèmes de vote (vi).
Selon le Conseil national électoral, une cyberattaque a été menée depuis la République de Macédoine du Nord, qui a saturé les réseaux avec une énorme quantité de faux trafic afin d'empêcher le transfert d'informations. Selon les données officielles, depuis 2019, il y a des unités du US Cyber Command en Macédoine du Nord, qui mènent des opérations offensives dans le monde entier (vii).
Néanmoins, malgré le retard dans la réception des données des bureaux de vote, tous les bulletins ont été comptés et la victoire, d'une manière ou d'une autre, appartient à Nicolas Maduro, ce qui a été confirmé par la Cour suprême, où tous les candidats étaient invités. Seul Edmundo Gonzalez était absent, qui a vraisemblablement quitté le Venezuela immédiatement après les élections pour s'installer à l'étranger et inciter ses partisans à partir de cette nouvelle base. Le bureau du procureur général du Venezuela a déjà ouvert des procédures pénales à son encontre et à l'encontre de Maria Corina Machado. Sans parler des plus de deux mille personnes arrêtées pendant les émeutes, ainsi que des organisateurs sur le terrain, qui ont été appréhendés dans la foulée.
Il convient de rappeler que Nicolas Maduro a également bâti sa campagne sur le slogan « Ils ne reviendront pas », qui est une version du célèbre slogan antifasciste « Ils ne passeront pas », et qu'il a évoqué à plusieurs reprises la menace des forces d'extrême droite et de l'impérialisme américain.
Mais malgré les efforts des États-Unis pour constituer une coalition anti-vénézuélienne en Amérique latine, ils n'y sont pas parvenus. Outre les États-Unis eux-mêmes, seuls les satellites de Washington tels que l'Équateur, l'Argentine, le Chili et le Pérou ont reconnu Gonzalez comme le « président légitime ». D'ailleurs, en raison de cette position, l'opération contre le Venezuela elle-même n'a été appelée rien d'autre que « Juan Guiado 2.0 ».
Le 7 août 2024, les gouvernements colombien, brésilien et mexicain ont publié une déclaration commune appelant les personnalités politiques et publiques du pays à faire preuve de la plus grande prudence lors des manifestations et événements publics. Il est dit que « exprimant une fois de plus son respect pour la souveraineté et la volonté du peuple vénézuélien, il annonce qu'ils poursuivront les négociations à un niveau élevé.
Et ils soulignent leur conviction et leur confiance dans le fait que les solutions à la situation actuelle doivent venir du Venezuela », précise le communiqué. Le document conclut sur la volonté de ces pays de « soutenir les efforts de dialogue et de recherche de compréhension mutuelle qui contribuent à la stabilité politique et à la démocratie du pays » (viii).
Il est désormais évident que le coup d'État a échoué. Peu à peu, le pays retrouve une vie normale et le gouvernement tire les leçons de la trahison de l'Occident. La Russie, la Chine, l'Iran et d'autres États du club multipolaire ont reconnu la victoire de Nicolas Maduro et la coopération dans un certain nombre de domaines se poursuivra. Dans le domaine de la sécurité, l'expérience du Venezuela peut intéresser la Russie et nos technologies sont utiles au Venezuela.
Notes:
[i]. https://www.democracynow.org/
[ii]. https://ultimasnoticias.com.ve/
[iii]. https://www.elperiodista.cl/
[iv]. https://cuatrof.net/
[v]. https://ultimasnoticias.com.ve/
[vi]. https://www.nodal.am/
[vii]. https://balkaninsight.com/
[viii]. https://venezuela-news.com/
Source : Venezuela, Hugo Chávez, Amérique latine, Nicolas Maduro, Edmundo Gonzalez.
Venezuela, Hugo Chávez, Amérique latine, Nicolas Maduro, Edmundo Gonzalez, Maria Corina Machado, Politique, États-Unis
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Le déclin du christianisme en Occident
Le déclin du christianisme en Occident
Walt Garlington
De nombreux chrétiens occidentaux, comme cet homme, sont perplexes et consternés par le mutisme des dirigeants occidentaux face aux blasphèmes proférés lors des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques de Paris :
Pensez-y : Notre ennemi mortel - l'adversaire juré de la chrétienté depuis sa conception au Moyen-Orient - est aujourd'hui le seul acteur étatique à défendre activement le Christ sur la scène mondiale.
(Par exemple, le Livre de la Concorde mentionne que l'Empire ottoman [qui englobe les musulmans dans leur ensemble] était « l'ennemi le plus atroce, le plus héréditaire et le plus ancien du nom et de la religion chrétienne »).
J'aimerais pouvoir revenir en arrière et dire à Thomas d'Aquin, Calvin, Martin Luther et/ou à certains papes que ce jour arriverait. Pouvez-vous imaginer ce qu'ils diraient ? Ils n'y croiraient probablement même pas.
Malheureusement, ce sont de tels hommes (papes et réformateurs) qui ont affaibli l'Église en Occident en « religionisant » le christianisme, selon les termes de Christos Yannaras (photo), en en faisant une organisation individualiste, légaliste et terrestre. Il écrit : « L'Occident a ainsi abandonné la compréhension de l'Évangile,
L'Occident a ainsi abandonné la compréhension évangélique du « salut » (rendre un être humain « sain », intact, en tant qu'existence hypostatique par la participation au mode ecclésial d'existence et de communion amoureuse). L'Occident est revenu au concept religieux banal de la justification légaliste de l'individu par ses vertus, sa maîtrise de soi et ses bonnes œuvres.
La pensée légaliste d'Augustin soutient la justification « individuelle » dans des catégories juridiques acceptables pour la mentalité romaine, en introduisant dans la relation entre l'humanité et Dieu un concept que nous pouvons appeler « métaphysique transactionnelle ».
Cette « métaphysique transactionnelle » repose sur l'hypothèse d'Augustin selon laquelle le péché humain est une « dette » qui doit être « rachetée » pour être justifiée aux yeux de Dieu. La rédemption est réalisée à deux niveaux : théologiquement par la mort du Christ sur la croix, offerte comme « rançon » pour le règlement de la « dette » infiniment grande du péché humain et de l'impiété envers Dieu, et anthropologiquement par la « pénalité » imposée au pécheur, qui doit être payée si ses péchés doivent être rachetés.
' . . . Mais dès le 9ème siècle, cette « métaphysique transactionnelle » est entrée dans la vie religieuse occidentale. Les textes religieux présentent Dieu comme un « père sadique » brûlant de satisfaire sa justice et, par extension logique, se réjouissant de la torture des pécheurs en enfer. . . .
Aucune autre hérésie chrétienne n'a déformé aussi efficacement l'Évangile chrétien. C'est peut-être parce que l'Occident a adopté la tendance naturelle de l'individu à réduire cette merveilleuse invitation existentielle à son propre niveau, à « religiosiser » la vie intérieure de l'Église, à la soumettre aux exigences de la certitude idéologique individuelle et de l'autosuffisance morale psychologique. Cette tendance naturelle a toujours été une tentation pour les consciences chrétiennes - depuis l'époque des judaïsants des premières communautés chrétiennes.
' . . . Au cours des derniers siècles, les Européens mécontents ont compris que quelque chose n'allait pas, mais ils ont sous-estimé l'ampleur du problème. Ils se sont retournés contre le « dogme » qui faisait de la foi un ensemble codifié de propositions, remplaçant l'expérience par l'intellectualisme » (Orthodoxy and the West : Hellenic Self-Identity in the Modern Age, Chamberas et Russell, trad. 39-42).
M. Yannaras cite Dostoïevski sur le sort de l'Église en Occident à cause des distorsions de la foi telles que celles mentionnées ci-dessus :
En Occident, il n'y a pas d'Église du tout, seulement un clergé et une magnifique architecture d'église. Les confessions essaient d'aspirer aux vertus de l'État qui les engloutit. C'est ce qui s'est passé, à mon avis, dans les pays luthériens. Mais à Rome, l'État a remplacé l'Église il y a mille ans » (Ibid., p. 43-4).
Tout cela revient à dire ce qui suit : les chefs religieux de l'Occident ont déformé l'enseignement chrétien essentiel selon lequel le Christ s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir un dieu par la grâce (expression souvent répétée par de nombreux Pères de l'Église), afin qu'il puisse lui-même être élevé dans la Vie partagée par les Personnes de la Sainte Trinité et en faire l'expérience, par l'union avec le Christ Dieu-homme et son Église, même pendant qu'il est sur la terre. Au lieu de cela, ils ont donné à l'homme occidental un simulacre hideux axé sur la culpabilité, la colère et le châtiment, ainsi que sur l'intellectualisme et la justice légaliste. Les Occidentaux ont fini par se rendre compte que quelque chose avait changé dans le christianisme occidental et ont commencé à abandonner l'Église « religionisée » - d'abord lentement, puis de plus en plus rapidement. C'est ainsi que nous en sommes arrivés au point où il y a peu de personnes prêtes à défendre cette forme déformée du christianisme lorsqu'elle est attaquée, comme ce fut le cas récemment à Paris.
La réponse à la décadence du christianisme en Occident n'est pas une nouvelle réforme, mais simplement un retour à la foi originelle qu'elle a déformée et emmêlée au cours des siècles, un retour à l'Église orthodoxe et à sa vie eucharistique. M. Yannaras décrit brièvement cette vie de la manière suivante :
L'eucharistie est donc la totalité de notre salut, toute la vérité et la réalisation de l'Évangile de l'Église. Chaque eucharistie locale, chaque célébration particulière du « mémorial » du sacrifice du Christ, est la réalisation et la manifestation de l'Église universelle : le renouvellement complet de la création et la vivification des mortels. L'Eucharistie est la vérité et l'achèvement de l'Église, la transformation du mode d'existence humaine. Toute structure institutionnelle, administrative ou organisationnelle indépendante de l'Eucharistie trahit notre dépendance à l'égard des capacités de la nature, notre emprisonnement (même s'il s'agit d'un emprisonnement « religieux ») dans l'autosuffisance naturelle, dans une mort sans espérance » (Ibid., p. 31-2).
Telle a été l'Église d'Occident pendant les mille premières années de sa vie chrétienne. La porte reste ouverte à la redécouverte et à l'exploration de cette Église. Le livre de M. Yannaras est disponible ici en format PDF gratuit pour ceux qui souhaitent en savoir plus. Pour ceux qui habitent Dixie (ndt: les paysde l'ancienne Confédération aux Etats-Unis actuels) en particulier, la Ludwell Orthodox Fellowship organise une conférence en septembre au Texas pour ceux qui voudraient suivre cette voie. Paul Kingsnorth fournit une liste utile de livres, de sites web, etc. sur l'orthodoxie pour les débutants.
Oui, l'Occident est en mauvais état, mais il peut s'en sortir en s'unissant à l'Église orthodoxe. Nous aimons notre famille et nos amis catholiques et protestants, nous les respectons profondément et nous les respecterons toujours, mais nous espérons qu'ils envisageront néanmoins la voie orthodoxe afin que le mal des Jeux olympiques de Paris puisse déboucher sur un bien.
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Les rats de la Seine. La pensée magique et la lutte contre la réalité
Les rats de la Seine. La pensée magique et la lutte contre la réalité
par Enrico Petrucci
Source: https://www.centromachiavelli.com/2024/08/17/senna-inquinata-olimpiadi/#
Les Jeux olympiques de Paris terminés, les innombrables controverses déclenchées se ramènent à une seule clé : ce qui s'est passé sur les rives de la Seine a été un affrontement entre la pensée magique et le principe de réalité.
De la cérémonie d'ouverture au sexe des boxeurs, en passant par la question de la baignabilité de la Seine, on a tenté d'imposer la pensée magique, le pouvoir de la parole, comme seul étalon de la réalité. Le cas le plus flagrant est la tentative ratée de rendre la Seine baignable non seulement pour les Jeux olympiques mais aussi pour en faire une nouvelle attraction touristique de la capitale.
Nager à Paris et mourir
Plus facile à dire qu'à faire : la Seine est un fleuve non nageable depuis 1923 (aux Jeux olympiques de Paris en 1924, ils s'étaient limités à l'aviron), long de plus de 700 km et d'un débit de 500 mètres cubes par seconde, qui traverse une ville de plus de 2 millions d'habitants. Qui doivent vivre avec les rats qui l'infestent. Une tentative de « bon voisinage » fortement prônée par la maire de Paris, Anna Hidalgo, qui expliquait en 2022 et 2023 qu'avec les rats, la ville devait apprendre à vivre.
Les compétitions olympiques ont ensuite eu les résultats que tout le monde connaît. A tel point que même le compatissant Guardian sur l'état des triathlètes après la baignade dans la Seine a paraphrasé la devise olympique avec un titre à faire pâlir d'envie Libero: Citius, altius, antibioticus : le triathlon olympique un triomphe de l'optique pour Paris. A noter qu'en juillet, malgré la médiatisation de la baignade d'Hidalgo dans la Seine, alors que la natation était à bout de souffle, il avait été question de faire du triathlon un biathlon en supprimant l'épreuve de natation. Cela aurait été la meilleure solution pour la santé des athlètes.
Comme on pouvait s'y attendre, le principe de réalité a eu raison de la pensée magique d'Hidalgo et Macron, et les 1,5 milliard d'euros investis pour rendre le fleuve nageable n'ont pas servi à grand-chose. Y compris le réservoir d'Austerlitz capable de stocker 50.000 mètres cubes d'eaux usées en cas de pluie pour ralentir leur déversement dans la Seine : l'équivalent d'une douzaine de piscines olympiques, soit la quantité d'eau qui passe dans la Seine en 8-9 minutes.
Le problème n'est pas seulement fluviologique, la Seine est bien sûr un système complexe de 700 km, avec un affluent majeur comme la Marne qui coule près de Paris. La nature même d'une ville comme Paris vient compliquer la situation. Comme l'écrivait The Post avant les Jeux olympiques, tout l'attirail hydraulique et technologique avait été mis en place pour rendre la rivière baignable. Des principes hydrauliques classiques de séparation du réseau d'égouts pour les eaux claires et les eaux sombres, aux inévitables nouvelles technologies basées sur l'acide performique ou les rayons ultraviolets, en passant par les nouveaux bassins de décantation évoqués plus haut. Une panoplie d'éléments dont le plan B, en cas de pluies entraînant les... déjections de la ville dans la Seine, se résumait au classique « croisons les doigts » : attendons et espérons que le niveau bactérien diminue.
Des souris et des hommes
Après tout, nous, Italiens, sommes habitués aux situations de speraindio. Mais il y a plus : le paradoxe absolu d'une administration municipale qui veut faire coexister des ambitions balnéaires avec des situations tiers-mondistes telles que les milliers de sans-abri (pour la plupart des immigrés) qui ont été expulsés à la dernière minute des rues de Paris juste avant les Jeux olympiques ou l'invasion de punaises de lit à Paris en 2023 (évidemment, la faute au changement climatique). Et puis, les rats. Vivre avec des rats tout en essayant de rendre la Seine baignable est un autre exemple de lutte contre la réalité et d'exercice de pensée magique.
Tant pour les rats pathogènes (pas de peste noire, juste la leptospirose, qui fait partie des risques encourus par les athlètes olympiques dans la Seine) que pour les rongeurs eux-mêmes, devant lesquels le drapeau blanc a été hissé. Voici ce qu'écrivait Politico en juin 2023 :
Anne Souyris, adjointe au maire chargée de la santé publique, a annoncé lors de la réunion du Conseil de Paris de jeudi qu'elle avait décidé de former un comité sur la question de la cohabitation, sous la direction du maire. Elle a ajouté que ce groupe serait chargé de trouver la méthode de traitement des rats qui soit à la fois « efficace » et « pas insupportable » pour les Parisiens.
Et les plaisanteries de l'assistance sur le nom de famille de l'adjointe au maire, compte tenu de l'assonance avec souris...
Cette capitulation est l'épilogue d'un investissement de 1,7 million d'euros lancé en 2017 pour tenter d'endiguer la prolifération des rats. Une capitulation sans condition que l'administration Hidalgo a initiée dès 2022, en mettant les mains en l'air avec des déclarations « au renard et au raisin “ : ” avec les rats, il faut vivre avec... ».
Mais la pantalonnade de l'administration parisienne va plus loin. Car dans la lutte contre la réalité, il faut d'abord « déconstruire » les préjugés des gens pour construire un récit politiquement correct (au sens large du terme). En effet, selon Douchka Markovic, conseillère municipale du Parti Animaliste, les rats de la Seine sont « victimes de préjugés » et il faut commencer à les appeler par les bons termes : il vaut mieux parler de surmulots plutôt que de rats, car « rat a une connotation négative » (« moins connoté négativement »), comme l'indiquait Le Figaro en 2022.
Toc, toc. « C'est qui ? » "La réalité"!
Encore de la pensée magique, le problème de la perception, le déconstructionnisme appliqué : il suffit de « changer de nom » et, comme par magie, le pantagane deviendra un joli petit mulot digne d'un film de Disney-Pixar. Mais la réalité frappe toujours à la porte avec la brutalité d'un facteur apportant un courrier recommandé dans une enveloppe verte : peu après la sortie du conseiller, l'Académie nationale de médecine s'est sentie obligée de publier un communiqué de presse pour rappeler l'évidence : les rats sont un danger pour la santé publique et les cas de leptospirose sont en augmentation.
Est-il possible de rendre une rivière baignable tout en étant contraint de vivre avec l'un des principaux symptômes du malaise hygiénique d'une ville ? C'est évidemment une contradiction ouverte. Quels que soient le budget utilisé et la technologie déployée, seule la pensée magique est appliquée : si tous les problèmes de la ville liés à l'hygiène publique ne sont pas résolus de manière organique, la réalité l'emportera. Et la rivière à la limite de la baignade possible sera un risque pour les athlètes.
Les magiciens de la parole
L'histoire édifiante de la balnéabilité de la Seine et de sa coexistence avec les rats n'est pas seulement un symbole des contradictions avec lesquelles nous sommes obligés de vivre depuis que la bonne administration a cédé la place à la pensée magique qui est la pratique de l'idéologie wokiste. Il y a une autre observation intéressante qui découle précisément des déclarations du conseiller municipal animaliste : le problème du langage et de la perception.
La « perception » est le mot clé de ceux qui veulent nier la réalité. Mieux vaut « souris de campagne » que « rat » si l'on veut « améliorer » la perception du problème par les citoyens. Mieux vaut « variole » que « variole du singe », mieux vaut « migrants » qu'« immigrants », et ainsi de suite, toute la chaîne d'euphémismes que le politiquement correct a mis en place pour nous dans une tentative de reconstruire magiquement la réalité par le son des mots. Le modèle des citoyens et de leurs perceptions se retrouve facilement dans de nombreux sujets brûlants de notre pays que les sorciers politiques tentent de gouverner : ainsi, la question de la micro-criminalité et de la dégradation à Milan n'est qu'un problème de « perception ». Un acte de sorcellerie politique qui ne peut avoir lieu que parce que la majeure partie de la presse traditionnelle est mobilisée pour dé-risquer ou dissimuler les questions de sécurité et pour qualifier de « panique sociale » la diffusion d'informations et de vidéos qui prouvent le contraire. C'est ce qu'ils ont essayé de faire avec la « perception de la nageabilité » de la Seine : la nage d'Anne Hidalgo était fonctionnelle pour rassurer les citoyens et les athlètes. Voici ce qu'écrit The Post dans l'article susmentionné :
« En plus de continuer à nettoyer le fleuve et à contrôler la qualité de l'eau, le plus dur sera de changer la perception commune et de convaincre les gens que la Seine est vraiment propre et sûre. Outre les actions sur les bactéries, il faudra aussi agir sur les pollutions visibles comme les déchets, principalement plastiques, grâce à des barrières flottantes et des bateaux collecteurs de déchets ».
Le pouvoir de l'image
Il a suffi d'une photo virale d'un nageur vomissant emblématiquement sur le logo olympique de Paris 2024 pour faire dérailler la tirade de propagande d'une Seine baignable. Et l'histoire de l'administration municipale qui a voulu vivre avec les rats tout en essayant de nettoyer le fleuve de la ville restera dans les annales des violations des principes de réalité et de non-contradiction, comme un avertissement contre tout déconstructionnisme.
En attendant, nous constatons que nous avons plus d'une difficulté à commander à l'IA une image de la Seine avec des rats (chaîne : « la Seine avec des rats » ou « la Seine avec des rats ») qui ne fasse pas ressembler les quais de la Ville Lumière à une succursale de la Famille Sylvanienne. Si les gens ordinaires ne boivent pas l'eau propre de la Seine, l'IA est tombée dedans à pieds joints.
La morale de l'histoire est la suivante : méfiez-vous de ceux qui pensent que les problèmes peuvent être résolus en changeant de nom, plutôt qu'en agissant concrètement. Et surtout de ses propagandistes, en chair et en os ou virtuels.
Enrico Petrucci
Essayiste et vulgarisateur, il a notamment publié Alessandro Blasetti. Il padre dimenticato del cinema italiano (Seaplane, 2023). Et avec Emanuele Mastrangelo Wikipedia. L'Enciclopedia libera e l'egemonia dell'informazione (Bietti, 2013) et Iconoclastia. La pazzia contagiosa della cancel culture che sta distruggendo la nostra storia (Eclettica, 2020).
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Beatrix von Storch: l'Allemagne, marionnette des intérêts américains
Beatrix von Storch: l'Allemagne, marionnette des intérêts américains
Source: https://unser-mitteleuropa.com/144331
Beatrix von Storch, députée de l'AfD au Bundestag, explique sur « X » l'influence des think tanks, fondations et milliardaires américains sur le gouvernement "feu tricolore" et, par extension, sur toute l'Allemagne.
Pratiquement tous les domaines pertinents, comme la politique énergétique, économique et budgétaire, sont contrôlés par les Américains en Allemagne. La plupart des politiciens du gouvernement "feu tricolore" peuvent donc être considérés comme des marionnettes américaines, des exécutants aux ordres et des auxiliaires des intérêts américains.
Pour qu'il en soit ainsi, ces cercles orchestrent également la « lutte contre la droite » et soutiennent même généreusement les soi-disant fact-checkers de « Correctiv », (ndt: l'instance qui répercute de fausses nouvelles ou des calomnies) !
L'Autriche aussi est concernée
La même chose s'applique probablement à l'Autriche, mais sous une forme allégée et étroitement liée, via les canaux de l'Allemagne fédérale. Il n'y a pas d'autre explication au fait que la République alpine ait pratiquement abandonné sa politique de neutralité éprouvée dans le contexte de la guerre Russie-Ukraine et se mette en scène à la place comme médiateur ,certes, mais en tant qu'adversaire de la Russie. Là encore, les intérêts de la population sont ignorés.
En Allemagne comme en Autriche, seul l'électeur peut en fin de compte nous libérer de cette emprise. Dans les deux pays, nous aurons l'occasion de le montrer en septembre !
Voici la transcription de son analyse :
« Jamais l'influence des groupes de pression internationaux sur un gouvernement fédéral n'a été aussi grande qu'aujourd'hui avec la coalition "feu tricolore". Nous savons déjà certaines choses. D'autres sont nouvelles. Que savons-nous ?
L'Américaine Jennifer Morgan était une lobbyiste de Greenpeace et est désormais secrétaire d'Etat au climat au ministère des Affaires étrangères de Baerbock.
Ou encore, l'économiste de BlackRock Elga Bartsch vient, comme je l'ai déjà dit naguère, de BlackRock et est maintenant à la tête du département politique de notre ministère de l'économie, celui de Habeck.
Ou encore : la loi sur les pompes à chaleur est venue du clan Graichen, élaborée par l'Agora-Energiewende. L'Agora-Energiewende fait partie du réseau du lobbyiste américain Hal Harvey. Celui-ci est étroitement lié aux fondations milliardaires de la Hewlett Foundation et de la European Climate Foundation.
Mais ce que nous ne savions pas encore, c'est que le « Dezernat Zukunft » fait également partie du même réseau. Selon le « Spiegel » et le « Tagesspiegel », ce département conseille Olaf Scholz en matière de politique budgétaire. Les partenaires sont la « Hewlett Foundation », la « European Climate Foundation » et le projet « Open Philanthropy ». Derrière eux se trouvent le milliardaire des grandes technologies Dustin Moskovitz et les « Partners for a New Economy », liés au « Omidyar Network » qui, soit dit en passant, est également l'un des plus grands donateurs de « Correctiv ».
En d'autres termes, la politique climatique, la politique économique mais aussi la politique budgétaire en Allemagne et la « lutte contre la droite » sont déterminées par un réseau international de lobbyistes américains et de fondations milliardaires. Les personnages de la coalition "feu tricolore" ne mènent pas une politique dans l'intérêt des contribuables allemands, des entrepreneurs allemands, des travailleurs allemands, des citoyens allemands, mais dans l'intérêt de ce réseau mondial.
Nous devons mettre fin à cette prise de contrôle hostile à toute véritable politique allemande. Seul l'AfD défend une politique d'intérêt national. Et n'oeuvre pas pour des milliardaires de la big-tech et des fondations multimilliardaires ».
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dimanche, 18 août 2024
Le Japon et la quatrième théorie politique
Le Japon et la quatrième théorie politique
Kazuhiro Hayashida
Source: https://novaresistencia.org/2024/08/01/o-japao-e-a-quarta-teoria-politica/
La quatrième théorie politique est une boîte à outils théorico-philosophique d'application universelle. Dans cet article, nous présentons quelques réflexions originales sur la construction d'une quatrième voie japonaise.
Nous, Japonais, avons oublié beaucoup de choses depuis notre défaite suite à la dernière guerre. Bien que certaines idées s'estompent avec le temps, il y en a aussi beaucoup qui ne devraient pas être oubliées. Pour les retrouver, nous devons travailler comme des mineurs dans une mine, en faisant des allers-retours entre la surface et le sous-sol, à la recherche de diamants bruts dans les profondeurs des tunnels. C'est le rôle des travailleurs comme moi.
Pour que les Japonais comprennent bien l'importance de la « quatrième théorie politique » du professeur Alexandre Douguine, il faut d'abord comprendre les idées de nos importants prédécesseurs. J'aimerais ici vous présenter un Japonais.
Les idées et l'influence de Kanji Ishihara
Kanji Ishihara (1889-1949) était un ancien soldat de l'armée impériale et est connu comme l'un des cerveaux de l'incident de Mandchourie. Il avait sa propre pensée stratégique et a proposé la « théorie (japonaise) de la dernière guerre mondiale ». Selon cette théorie, l'Asie de l'Est deviendra le centre du monde et la paix sera instaurée. Les idées et les actions uniques d'Ishihara ont grandement influencé l'armée japonaise dans l'entre-deux-guerres, mais ses actions militaires dures et sa position en faveur de la guerre ont été débattues par la suite. Bien qu'il ait été une figure clé de l'armée japonaise, il n'a jamais été tenu pour responsable de la guerre. Cependant, après la défaite, ses actions militaires et ses idées émises pendant la guerre n'ont pas été réévaluées, et ses théories stratégiques originales ont été enterrées sous l'effet d'un temps. Après la guerre, il n'a eu aucune influence politique ou militaire et il est mort en 1949.
Parmi ses talents, c'est l'idéologie et la stratégie qu'il convient de souligner, comme en témoignent ses ouvrages « Théorie de la dernière guerre mondiale » et « Esquisse de la théorie de la guerre ». Cela est dû à la perspective asiatique d'Ishihara, qui montre qu'il était un visionnaire remarquable à cette époque.
Les avant-postes de la civilisation occidentale et les limites de l'« Esquisse de la théorie de la guerre »
Bien que l'« Esquisse de la théorie de la guerre » de Kanji Ishihara se limite principalement aux relations locales entre le Japon et l'Asie, il s'agit toujours d'une vision de la collaboration entre pays asiatiques et de l'indépendance de l'Asie dans son ensemble face aux puissances occidentales. Cependant, en raison du caractère avancé de sa théorie, il a été contraint d'utiliser les bases de la pensée occidentale pour s'opposer à l'Occident et n'a pas réussi à résoudre la contradiction de la colonisation des zones prétendument libérées par l'armée japonaise. Il a également mis l'accent sur les valeurs et la moralité asiatiques traditionnelles, mais n'a pas eu une vision claire du rôle spécifique de la religion et de l'inclusion de valeurs diverses, ce qui a contribué à son incapacité à traiter de manière adéquate diverses questions. La théorie d'Ishihara est ancrée dans le contexte du début du 20ème siècle et ne peut être adaptée à la situation multipolaire du monde actuel. Cependant, cette théorie constitue un jalon pour les Japonais dans une direction, et c'est certainement une idée que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
À l'ère moderne, et avec la défaite dans la guerre, l'« Esquisse de la théorie de la guerre » a perdu de son éclat. C'était une excellente idée. Mais on peut dire qu'une seule graine plantée dans le sol de la philosophie peut devenir un bon arbre. Daria Douguina, dans son livre « Le phénomène de la guerre : métaphysique, ontologie et frontières », dit : « πόλεμος, selon Platon, doit être fait d'une manière très dure et courageuse. » Le Japon a commencé la guerre sans une compréhension claire du πόλεμος, sans connaître la nature de la guerre, et a tout perdu à cause de la défaite.
Aujourd'hui, le Japon a été colonisé et ne peut plus avoir la vision qu'il avait à l'époque.
Un héros combattant
La « Quatrième théorie politique » du Dr Alexandre Douguine souligne l'importance des valeurs traditionnelles, de la religion et de la communauté, mais cherche également à surmonter les maux du matérialisme et de l'individualisme, offrant ainsi la flexibilité et la profondeur nécessaires pour faire face aux divers problèmes auxquels la société contemporaine est confrontée.
En défendant l'eurasisme centré sur la Russie et en visant l'intégration du continent eurasien, la coexistence pacifique dans un monde multipolaire est essentielle, et l'utilisation de la force militaire est un moyen de protéger l'indépendance et la souveraineté nationale.
Tout cela fait que la « Quatrième théorie politique » est supérieure à l'« Esquisse de la théorie de la guerre » de Kanji Ishihara par son originalité, sa modernité, ses valeurs globales et sa perspective géopolitique mondiale. La théorie du Dr Alexander Douguine offre un nouveau cadre pour aborder les questions complexes auxquelles la société contemporaine est confrontée, un cadre qui englobe une grande variété de valeurs et qui peut donc bénéficier d'un soutien plus large.
C'est sur ces solides fondations que la Russie s'appuie aujourd'hui. Et c'est en héros infatigables qu'ils se battent sur la ligne de front contre la civilisation occidentale.
« Aspirants, notre patrie est en danger d'extinction. Le moment est venu de nous rassembler sous la bannière des valeurs traditionnelles ».
18:58 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : quatrième théorie politique, alexandre douguine, japon, asie, affaires asiatiques, eurasisme, kanji ishihara | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les États-Unis veulent désormais sanctionner les pays qui abandonnent le dollar
Les États-Unis veulent désormais sanctionner les pays qui abandonnent le dollar
Un sénateur veut stopper la dédollarisation progressive par des sanctions
Bernhard Tomaschitz
Source: https://zurzeit.at/index.php/die-usa-wollen-jetzt-auch-dollar-aussteiger-sanktionieren/
Pour les États-Unis, un instrument important pour imposer leurs intérêts impérialistes est leur monnaie, le dollar. Ainsi, Washington utilise délibérément le dollar comme une arme pour ruiner économiquement les pays qui souhaitent suivre leur propre voie, ils procèdent également au moyen de sanctions. C'est ce qui s'est passé avec la Russie après le début de la guerre en Ukraine. L'Occident collectif, mené par les États-Unis, a imposé des sanctions à Moscou et gelé des centaines de milliards de dollars d'actifs russes.
Mais le coup s'est retourné contre eux. Sous la direction du groupe des pays BRICS, la dédollarisation a été encouragée, par exemple en utilisant des monnaies locales dans les échanges commerciaux bilatéraux. Et cet exemple fait école. En mai, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) a également annoncé des plans de dédollarisation du commerce transfrontalier et de l'utilisation des monnaies locales.
Aux États-Unis, ces évolutions sont observées avec une inquiétude croissante. En effet, plus la part du dollar dans le commerce mondial est faible, plus l'arme du dollar s'émousse. Comme le rapporte Asia Times, le sénateur républicain Marco Rubio a déposé un projet de loi visant à stopper la dédollarisation. Concrètement, ceux qui contribuent à la dédollarisation devraient être sanctionnés.
Asia Times écrit : « Le projet de loi de Rubio, au nom évocateur de “Sanctions Evasion Prevention and Mitigation Act” (loi sur la prévention et l'atténuation des sanctions), obligerait les présidents américains à sanctionner les institutions financières qui utilisent le système de paiement chinois CIPS, le système de transaction russe SPFS et d'autres alternatives au système SWIFT basé sur le dollar ».
Comme le précise encore le journal, Rubio n'est pas le seul à vouloir mettre un terme à la dédollarisation. Ainsi, les conseillers économiques du candidat à la présidence Donald Trump discutent des moyens de punir les États qui se détournent activement du dollar. L'équipe Trump aurait ainsi déjà annoncé « des sanctions à la fois contre les alliés et les adversaires qui tentent activement de faire du commerce bilatéral dans des devises autres que le dollar ». Les contrevenants se verraient imposer des restrictions à l'exportation, des droits de douane et des « frais de manipulation de devises ».
18:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, états-unis, anase, asie, affaires asiatiques, dollar, dé-dollarisation | | del.icio.us | | Digg | Facebook