mardi, 07 mai 2024
La fonction d'information est devenue la censure
La fonction d'information est devenue la censure
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-funzione-dell-informazione-e-divenuta-la-censura
Le 3 mai, c'était la « Journée internationale de la liberté de la presse ». Cet anniversaire, comme d'autres, a été promu par l'Assemblée générale des Nations unies en 1993, au plus fort du triomphe néolibéral, à une époque où l'on pensait qu'il n'y avait plus qu'une seule forme de civilisation sur le point de se répandre dans le monde, celle représentée par les États-Unis. Le fait que les États-Unis aient toujours eu une relation assez controversée avec la « liberté de la presse » et le sens à donner à l'information publique (voir Fifth Estate ou Le cinquième pouvoir de Sydney Lumet) ne semblait plus être un problème.
La liberté de la presse fait également partie des droits de l'homme inscrits dans la charte de 1948 (art. 19) et qui n'ont commencé à prendre de l'importance qu'au lendemain de l'effondrement de l'URSS, lorsqu'on a cru que ces droits pouvaient être gérés sans trop de problèmes par la seule superpuissance hégémonique restante. C'est lors de cette phase que les droits de l'homme ont été utilisés pour lancer des campagnes militaires ou de discrédit, toujours strictement destinées aux ennemis des États-Unis (l'ère des « guerres humanitaires »: Irak, Afghanistan, Serbie, etc.)
Mais de manière inattendue, plus ou moins depuis les lendemains de la crise des subprimes, donc depuis les années 2010, certains contre-pouvoirs ont commencé à émerger dans le monde dirigé par les États-Unis, menaçant le monopole de la vérité et de l'information internationale. C'est le début d'une nouvelle phase, où l'Occident, c'est-à-dire les succursales extérieures de l'Empire américain, a commencé à réagir de manière de plus en plus hystérique face aux revendications de la liberté d'information.
C'est en 2010 que la persécution d'Assange a commencé (en novembre 2010 on formule l'accusation, aujourd'hui certifiée comme fausse, de viol en Suède).
Avec le cocovivid, un nouveau durcissement s'est opéré, qui se poursuit encore aujourd'hui: la fermeture systématique de sites, de pages web, la suppression de vidéos, la fermeture de plateformes web, l'utilisation systématique d'algorithmes de blackout pour les mots-clés, etc. ont commencé.
L'utilisation de fabrications médiatiques à visée militante devient désormais constante. On sait aujourd'hui que certains événements décisifs (massacres, bombardements à l'arme chimique) pour les interventions en Serbie ou en Syrie étaient déjà des fabrications médiatiques. Mais pour en venir aux événements en cours, on apprend ce matin que le narratif des fameux « 40 enfants décapités » par le Hamas au début du conflit étaient également un mensonge fabriqué de toutes pièces et propagé avec art pour justifier ce qui a suivi. Avec le temps, quand un tel narratif n'est plus nécessaire, certains démentis parviennent encore à émerger au grand jour. En ce qui concerne l'affaire de la pandémie, ce n'est qu'au prix d'efforts considérables qu'un début de vérité commence à émerger, ici et là, et même là seulement pour les plus vigilants, parce que l'appareil dominant continue obstinément à garder le silence et à dissimuler les faits. Il est douteux qu'à ce rythme, le grand public parvienne un jour à comprendre l'ampleur de la manipulation qui a eu lieu (ne voulant pas tomber dans la banalité, j'hésite à rappeler ici le lot de mensonges qui ont passé pour des vérités scientifiques).
Dans ce cadre, il est difficile de donner un sens autre que sarcastique à la « Journée mondiale de la liberté de la presse ». Dans le nouveau contexte de tension internationale, contexte d'une nouvelle « guerre froide », l'espoir qu'une quelconque apparition tangible d'information non manipulée soit produite est très faible.
En revanche, je suis certain qu'aujourd'hui les « grands noms » de la presse italienne s'échangeront de grandes médailles du mérite pour leur combat exemplaire contre les « fake news », c'est-à-dire dans la lutte contre toute nouvelle qui perturbe pro tempore la manœuvre de l'agent manœuvrier / pourvoyeur de salaire. Et c'est bien la seule fonction qui leur reste. Le manque de crédibilité de l'information officielle est aujourd'hui largement perçu, ce qui se traduit concrètement par la chute des ventes et de l'audimat. Les seuls à y croire aveuglément sont les minorités de ZTL qui ont un intérêt substantiel à continuer à y croire (rien ne donne plus de force de persuasion à une prétendue vérité que le fait qu'elle soit commode).
La fonction laissée à l'information officielle n'est donc plus de produire des convictions fortes dans le grand public. Cela peut arriver sur des sujets inédits, comme lors de la pandémie, mais ce type d'emprise est de plus en plus faible. Non, le rôle laissé à la « grande information publique » (en cela similaire au rôle des « grands partis ») est surtout de créer un bouchon qui empêche l'éclosion de nouveauté. Ils ne sont plus capables de convaincre, encore moins d'éduquer, mais ils parviennent à occuper presque tous les espaces mentaux avec le bruit stérile de leurs propres récits commodes. Et en ce qui concerne les quelques espaces qu'ils n'occupent pas, ils se produisent constamment dans une activité de discrédit et de délégitimation des voix indépendantes, traitées comme des conspirations, comme des « canulars » à soumettre à leur propre vérification des faits, qui, elle, est posée comme irréprochable.
L'information d'aujourd'hui n'est plus vraiment capable de produire une vérité publique convaincante, mais on lui a laissé la tâche d'empêcher toute autre vérité de passer, et elle s'acquitte encore admirablement de cette tâche.
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La multipolarité en tant que phénomène
La multipolarité en tant que phénomène
Dimitrios Ekonomou
Source: https://www.geopolitika.ru/el/article/i-polypolikotita-os-gegonos
La multipolarité est un fait et non une théorie académique falsifiable, en particulier par ceux qui désirent obsessionnellement une hégémonie unipolaire utopique des États-Unis. Les événements vont plus vite que l'enracinement dans le système international postulé par la théorie d'un monde multipolaire. Une théorie que Douguine a introduite pour la première fois dans le discours international dans son intégralité en créant un mouvement politique mondial. Beaucoup ont commencé, plus tôt, à parler de multipolarité dans le monde occidental, mais pas complètement et pas toujours dans le contexte intellectuel de l'hégémonie occidentale. La théorie critique (marxiste) et les approches post-théoriques ont ouvert la voie à la prise de conscience que, derrière le mondialisme des derniers siècles, se cache le désir d'hégémonie de la civilisation occidentale et, en particulier au cours des dernières décennies, le désir hégémonique des États-Unis d'exercer leur pouvoir sur le plan matériel et intellectuel afin de mondialiser leurs valeurs prétendument universelles.
La théorie critique a révélé l'hégémonisme de l'exploitation mondiale caché derrière la nature prétendument coopérative du capitalisme libéral en identifiant complètement l'hégémonie au seul capitalisme, qu'elle accepte comme une étape nécessaire vers la réalisation d'une autre universalité idéologique basée sur l'autre face de la médaille moderne. Les approches post-positivistes ont démontré la localité et la temporalité du phénomène culturel occidental en identifiant l'hégémonie à la perpétuation de la modernité qui ne demande qu'à être débarrassée de tout résidu pré-moderne. L'Occident est un phénomène culturel local dont les valeurs concernent exclusivement une zone géographique spécifique d'influence principalement anglo-saxonne. Huntington va plus loin en reconnaissant dès la « fin de l'histoire » l'existence d'autres cultures qui deviendront les pôles d'un nouveau système, mais toujours dans le cadre réaliste de la compétition internationale.
Telles sont les limites de la perception de l'Occident. Même la reconnaissance de pôles potentiels ne change pas la vision bipolaire du monde de l'Occident : « d'une part, nous, en tant qu'hégémon d'un système unipolaire potentiel et, d'autre part, ceux qui s'opposent à notre globalisme ». Malheureusement pour eux, les « miroirs » de la technologie, du commerce mondial et des transactions économiques, de l'appel à cette partie hédoniste de la nature humaine avec des droits et des haines qui sont une bombe dans les fondations de toute société mais aussi des outils de manipulation et d'hégémonisme autoritaire, n'ont pas fait le travail qu'ils attendaient. Les sociétés qui ont besoin de conserver au plus profond d'elles-mêmes leur conscience collective pré-moderne n'ont été influencées par rien de tout cela, restant profondément traditionnelles et, bien qu'elles soient des États appartenant au système international westphalien, elles n'ont jamais acquis de caractéristiques ethnocratiques. Ce sont des mégapoles culturelles (malheur à ceux qui ont vendu leur histoire et leur âme à l'ethnocratie moderne). Ce phénomène est appelé dans les relations internationales « modernisation sans occidentalisation ». La Chine, l'Inde, la Russie en sont des exemples plus ou moins marqués. L'Islam au Moyen-Orient (malgré les conflits entre sectes) perçoit l'ethnocratie comme un obstacle et la cause de son éclatement.
La théorie multipolaire moderne commence à devenir un choix conscient pour tous ces États multiethniques et multireligieux (qui sont donc une projection postmoderne d'empires pré-modernes) mais qui ont des caractéristiques culturelles claires qui unissent toutes ces distinctions tout en respectant leur diversité. Cela a été particulièrement le cas après l'effondrement du pouvoir absolu des idéologies occidentales en leur sein immédiatement après la fin de la guerre froide. Comme le souligne Huntington, l'effondrement du pôle communiste et la diffusion des valeurs et des institutions libérales capitalistes dans le monde entier ont fait porter la concurrence mondiale non plus sur les idéologies, mais sur les cultures qui en relevaient jusqu'alors. Le capitalisme a été transmis à ces sociétés non pas comme une idéologie mais comme un outil contre l'hégémonie de l'Occident qui veut soumettre les valeurs pré-modernes renaissantes qui ont été couvertes pendant tout le 20ème siècle sous le manteau des idéologies.
Il y a également eu un long débat académique et politique sur la question de savoir si la bipolarité ou la multipolarité est en fin de compte une solution plus pacifique pour le système international afin d'éviter un conflit mondial. La guerre froide a montré, comme l'affirment les universitaires occidentaux, que lorsque le système international est constitué de deux pôles solides, il est stable, les conflits contrôlés se déroulant à la périphérie géographique des deux pôles. Aujourd'hui, l'Occident s'appuie donc sur cette expérience tout en affirmant que le monde multipolaire peut être imprévisible. Il s'agit toujours de justifier son besoin d'hégémonie en poursuivant une compétition bipolaire qui le conduira à nouveau à l'hégémonie mondiale, soit avec un centre mondial et une dispersion du centre de décision au niveau individuel de la soi-disant « société civile », soit avec les États-Unis eux-mêmes au centre (dans les deux cas, nous parlons d'américanisation - d'occidentalisation et d'un melting-pot social mondial).
Au contraire, dans le domaine des relations internationales, il est désormais clair qu'un monde multipolaire peut être stable et éviter plus facilement une guerre mondiale. Peut-être même plus que la bipolarité puisque l'élément de polarisation est absent. Dans ce cas, les conflits peuvent être plus nombreux et régionaux, mais il y a plus de flexibilité en raison d'une polarisation réduite par rapport à la polarisation extrême d'un système bipolaire. En outre, les nouveaux pôles du système mondial, du moins ceux qui sont déjà formés et fonctionnent consciemment comme des forces polaires, n'ont pas le potentiel de devenir hégémoniques. Le seul à rechercher l'hégémonie est l'euro-atlantisme. C'est dans cette fluidité que se joue le jeu actuel, où émergent d'une part des pôles indépendants qui reconnaissent un monde multipolaire et d'autre part une puissance hégémonique qui continue à voir le monde de manière hégémonique. C'est-à-dire potentiellement unipolaire et conventionnellement bipolaire (nous, les vainqueurs de la guerre froide, qui sommes à juste titre hégémoniques dans le système mondial, contre ceux qui contestent notre victoire et notre hégémonie). Bref, le système actuel est multipolaire, mais le refus de l'Occident de voir la réalité le rend dangereux. D'ailleurs, si l'euro-atlantisme reconnaissait l'existence de plusieurs pôles et pas seulement d'une zone de « barbares » située à la périphérie, cela l'obligerait à se rendre compte qu'il ne peut pas être une puissance hégémonique, qu'il est un phénomène culturel historiquement et géographiquement limité et que sa prétention à universaliser ses valeurs ne repose que sur le droit que lui confère sa puissance économique et militaire. S'il existe une chance d'éviter la Troisième Guerre mondiale, c'est uniquement la prise de conscience par les Etats-Unis qu'ils sont un pôle parmi sept autres et sont géographiquement confinés à leur sphère d'influence traditionnelle.
Sinon, les avant-postes de l'impérialisme-hégémonie (Ukraine, Israël, Taïwan et, dans un avenir proche, d'autres États situés à la périphérie des pôles), qui sont les outils de l'Occident pour poursuivre sa pénétration en Eurasie, deviendront les éléments déclencheurs de la dernière phase militaire d'une nouvelle guerre mondiale. Afin d'aider la théorie à échapper aux débats théoriques constants et à déterminer quel système polaire est le plus stable, nous pouvons dire que si l'Occident insiste sur la lecture bipolaire, le système bipolaire sera considéré comme le plus destructeur dans la littérature des relations internationales, et non la multipolarité... S'il est logique de poursuivre la littérature internationaliste après quelques explosions nucléaires...
11:45 Publié dans Actualité, Définitions, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, multipolarité, géopolitique, définition, hégémonisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 06 mai 2024
Gel à Pékin
Gel à Pékin
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-gelo-su-pechino/
Il a fait très froid à Pékin ces derniers jours. Le vent était glacial. Et ce n'était pas à cause des caprices de la météo en cet étrange mois d'avril.
C'est un gel diplomatique qui a enveloppé toute la réunion entre le président Xi Jinping et le secrétaire d'État américain Blinken.
Des réunions, y compris celle avec le ministre chinois des affaires étrangères, qui se sont terminées sans déclaration d'intention commune.
C'est extrêmement significatif. Parce qu'au-delà des propos - et, en général, il s'agit de simple rhétorique - émettre une telle déclaration est un usage établi. Et elle permet d'affirmer que les relations entre les deux puissances sont bonnes. Et que des progrès ont été accomplis. Il en est ainsi depuis l'époque de Kissinger et de la diplomatie du ping-pong.
Et c'est ainsi depuis ces années lointaines, lorsque Mao, le Grand Timonier, régnait encore dans la Cité interdite. Les relations bilatérales entre Washington et Pékin sont désormais... glaciales, comme avant le dégel initié par Kissinger.
Les positions entre les deux puissances semblent de plus en plus éloignées. Et le fossé qui les sépare se creuse progressivement. Il devient infranchissable. Notamment parce que la diplomatie de Blinken ne semble pas du tout adaptée pour rassurer Pékin sur les intentions des Etats-Unis.
En effet, demander à la Chine de rompre avec Moscou et de se rallier aux positions du collectif occidental sur la guerre en Ukraine relève tout simplement de la démence.
Pékin est convaincu, et cela ne date pas d'aujourd'hui, que la stratégie de Washington contre la Russie n'est qu'un prélude. Qu'elle est la première phase d'une stratégie offensive plus large et plus complexe. L'objectif ultime de cette stratégie vise la Chine.
Affaiblir la Russie, si possible la conduire à la désintégration, pour empêcher Pékin de trouver un soutien chez un partenaire fort. Capable de fournir les matières premières dont son système industriel a de plus en plus besoin. Comme le fait précisément Moscou aujourd'hui.
En outre, il est difficile de croire aux sourires diplomatiques de Blinken lorsque le Congrès américain vote des paquets d'aide militaire à Taïwan. Et la Maison Blanche poursuit sans relâche une stratégie visant à isoler la Chine dans la région du Pacifique. En tissant une véritable ceinture d'endiguement avec le concours forcé des pays de la région. Et en réarmant le Japon.
Les stratèges de Pékin savent bien que, pour Washington, le contrôle de l'Indo-Pacifique est l'objectif premier et ultime. La défaite de la Russie n'est qu'une mission secondaire.
La Chine a depuis longtemps dépassé les États-Unis en termes de production industrielle. Et elle commence à saper la suprématie monétaire du dollar. Le fait que les Saoudiens acceptent désormais de payer le pétrole en yuans en est le signe révélateur.
L'expansion de la zone BRICS inquiète la Maison Blanche, et plus encore Wall Street. Et l'influence croissante de la Chine et de sa monnaie.
La suprématie américaine risque donc de se réduire progressivement. Et de disparaître peu à peu.
C'est pourquoi les mandarins rouges sont convaincus que Washington s'oriente vers une épreuve de force. En exploitant la supériorité dont les Etats-Unis jouissent encore sur le plan militaire.
Et ils ne voient dans les conflits actuels et potentiels que les préludes d'une stratégie globale. La guerre avec la Russie, Gaza, la mer Rouge, l'Iran... sont interprétés par les Chinois comme des étapes préparatoires à une attaque contre eux. Celle-ci sera probablement déclenchée par la question de longue date que constitue Taïwan.
Pékin ne veut pas la guerre. Sa politique est basée sur un lent et patient travail de pénétration économique dans tous les quadrants géopolitiques. Il s'agit d'acquérir une sorte d'hégémonie sans conflit ouvert.
Mais Xi Jinping et ses dirigeants sont convaincus que Washington fera tout pour empêcher la croissance de la puissance chinoise. Par tous les moyens.
Et, froidement, ils se sont convaincus qu'un choc frontal n'est plus qu'une question de temps. Et, bien sûr, ils s'y préparent. Avec... la patience chinoise.
C'est pourquoi Blinken a trouvé une atmosphère si glaciale pour l'accueillir à Pékin.
19:33 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, états-unis, politique internationale, géopolitique, asie, océan pacifique, affaires asiatiques, diplomatie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Divisés sur la politique européenne
Divisés sur la politique européenne
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/05/05/europolitiikasta-erimielisesti/
« Un raz-de-marée de droite dure est sur le point de frapper l'UE », prévient l'ancien Premier ministre britannique Gordon Brown dans The Guardian. "Les démagogues ultranationalistes et les nationalistes populistes sont en tête des élections en Italie, aux Pays-Bas, en France, en Autriche, en Hongrie et en Slovaquie", déclare-t-il.
La principale crainte de M. Brown, comme celle d'autres personnalités comme lui, semble être que ces groupes populistes, avec leurs points de vue qui appâtent le citoyen, forcent les partis traditionnels de centre-droit « à succomber à des positions anti-immigration, anti-éxconomique et anti-environnementalistes de plus en plus extrêmes ».
Pour le journaliste William Nattrass, à l'approche des élections européennes de juin, « de telles prédictions de malheur ne sont pas inhabituelles ». Alors que les politiciens de l'establishment mettent en garde contre les conséquences d'un « mauvais vote », je suis moi-même très sceptique quant aux chances qu'une direction politique quelconque apporte un changement radical à la politique de l'UE.
Dans le cadre de ce spectacle euro-politique, même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a brièvement flirté avec une idéologie plus conservatrice, ce qui lui a déjà valu les critiques de l'euro-gauche.
« En tant que mère de sept enfants, je veux que mes petits-enfants grandissent dans une Europe sûre et prospère », peut-on lire sur le site web de la campagne électorale de Mme von der Leyen. Mme von der Leyen a également exprimé sa volonté de travailler avec les Conservateurs et Réformistes européens, qui, comme le parti des Vrais Finlandais, soutiennent les groupes de pouvoir de Bruxelles sur des questions telles que l'aide à l'Ukraine, tout en ne remettant pas en question l'eurocratie.
Cependant, un autre groupe de droite, Identité et Démocratie, qui comprend le Rassemblement national français et l'Alternative für Deutschland allemande, n'est pas du goût de Mme von der Leyen, qui les a qualifiés de « représentants de Poutine ».
Les euro-atlantistes sont également incapables de coopérer avec le parti de centre-droit Fidesz en Hongrie ou le parti social-démocrate Smer-SD en Slovaquie, dirigé par Viktor Orbán et Robert Fico, tous deux critiques à l'égard de la politique ukrainienne.
Malgré la montée du sentiment anti-immigration en Europe, les fédéralistes de Mme von der Leyen n'ont rien fait pour endiguer le flux de migrants. Dans ce contexte, les fédéralistes invoquent cyniquement les «droits de l'homme» qu'ils ont foulés aux pieds, il y a un an, pour que les géants pharmaceutiques transnationaux puissent faire des milliards de profits en imposant aux citoyens des vaccins coronaviresques.
Il a été suggéré que les questions d'intervention en matière de politique étrangère devraient constituer une nouvelle ligne de démarcation fondamentale. Là encore, il n'y a pas de contraste significatif, puisque la majorité des gouvernements des États membres sont toujours prêts à soutenir la guerre en Ukraine et les politiques économiques anti-russes, au détriment de leurs propres économies nationales. Même le génocide israélien à Gaza n'est pas abordé.
Malgré les tentatives occasionnelles des (faux) médias de pouvoir de souligner les différences entre les nationalistes et les euro-fédéralistes, les grandes lignes de la politique de l'euro restent les mêmes, quels que soient les résultats des élections. Il est difficile de changer la machine bruxelloise, même de l'intérieur, mais les rappels de la « menace de l'extrême droite » sont néanmoins destinés à guider le comportement électoral des «gens stupides».
Quant aux votes de protestation anti-Euro, ils ont surtout une valeur de divertissement dans un système contrôlé par le pouvoir bancaire central privé. Un vote suffisant pourrait bien révolutionner la vie et le niveau de vie du candidat individuel et de sa famille proche, mais je doute que le vote puisse accomplir quoi que ce soit d'autre.
18:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, actualité, affaires européennes, union européenne, élections européennes 2024 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La guerre (larvée) entre les Etats-Unis et l'Europe
La guerre (larvée) entre les Etats-Unis et l'Europe
par Pino Arlacchi
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27937-pino-arlacchi-la-guerra-non-dichiarata-tra-stati-uniti-ed-europa.html
Le dicton latin «Que Dieu me protège de mes amis...» a été appliqué à la géopolitique d'aujourd'hui par Henry Kissinger avec la célèbre boutade «Être l'ennemi des États-Unis peut être dangereux, mais être leur ami est fatal».
Et c'est précisément ainsi que l'on peut définir la relation actuelle entre les États-Unis et l'Europe.
Dans le conflit ouvert avec l'Ukraine se cache un conflit non déclaré mais, en fait, fatal, qui voit l'Europe succomber à l'intimidation transatlantique, avec des dommages immenses et à long terme pour son économie et sa population.
Personne ne parle des termes réels de la question de l'approvisionnement en énergie. Vous trouverez des centaines d'articles sur notre capacité à réduire les importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, mais presque aucun ne parle des prix exorbitants de la facture énergétique, qui sont le véritable coût de la guerre.
En faisant pression sur l'Ukraine pour qu'elle se batte au lieu de conclure un accord déjà presque négocié dans les semaines qui ont suivi le début des hostilités, en poussant les alliés européens à prendre des sanctions extrêmes contre Moscou et en détruisant le gazoduc Nord Stream en septembre 2022, les États-Unis se sont assurés la première place parmi les exportateurs de gaz liquéfié vers l'Europe et le reste du monde.
L'Europe est devenue la première destination de leur pétrole: 1,8 million de barils par jour contre 1,7 pour l'Asie et l'Océanie.
Le tout à des prix trois à quatre fois supérieurs à ceux payés par Bruxelles avant la guerre. Grâce à un contrat-cadre entre Biden et von der Leyen, nous nous sommes engagés à importer des États-Unis une grande partie du gaz que nous recevions de Russie, en payant 4,5 fois le prix auquel il est vendu aux États-Unis. D'où les demandes pathétiques de Meloni à Biden pour un rabais au nom des industries italiennes à forte consommation d'énergie qui sont en train de disparaître à cause de coûts de production insoutenables.
C'est Mario Draghi lui-même qui, dans un élan de lucidité, a défini les conséquences désastreuses de cette flambée des prix de l'énergie sur l'avenir de l'Union européenne elle-même, qui, selon lui, risque de redevenir « un simple marché ».
Les coûts de production de tous les biens sur notre continent ont soudainement augmenté, parallèlement à la compétitivité accrue de l'économie américaine. L'Allemagne était le pays qui payait le plus, étant donné sa dépendance à la production et à l'exportation de produits manufacturés. L'Allemagne mythique s'est donc retrouvée à devenir la nation la moins performante de toutes les économies avancées: PIB de -0,3% en 2023-24. Alors que le Fonds monétaire prévoit une quasi-stagnation de l'économie de la zone euro (+0,9%) en 2024, contre +2,6% pour la Russie.
17:56 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, europe, états-unis, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 05 mai 2024
Allemagne: le nouveau Sarrazin ?
Allemagne: le nouveau Sarrazin ?
Peter W. Logghe
Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 189, avril 2024
Il y a quelques années, Thilo Sarrazin a fait l'effet d'un coup de tonnerre en Allemagne: en tant que social-démocrate et haut fonctionnaire, il a même été responsable des finances de Berlin pendant un certain temps. Avec son livre Deutschland schafft sich ab, il a donné une bonne voix, et même une voix scientifique, à tous les opposants à la politique d'ouverture des frontières menée par les gouvernements allemands successifs. Les grands médias et les élites politiques se sont moqués de lui, il a reçu des menaces et a même été agressé. Mais son livre est devenu l'une des meilleures ventes de tous les temps en Allemagne.
L'auteur, publiciste et ex-politicien Mathias Brodkorb - et c'est tout à son honneur - sème le trouble dans les médias allemands au moment même où ils discutent d'une interdiction de l'AfD. Pour lui, ce n'est pas l'AfD qui représente un danger pour la démocratie et l'État de droit en Allemagne, mais l'existence d'une institution telle que le Verfassungsschutz. Il considère qu'une telle institution est indigne d'une démocratie et suggère d'abolir purement et simplement le Verfassungsschutz, qui apparaît de plus en plus comme un instrument destiné uniquement à aider les élites politiques existantes à se maintenir au pouvoir. Et donc de lutter autant que possible contre l'opposition (de droite comme de gauche).
La curieuse carrière de cet universitaire
Brodkorb est né à Rostock en 1977 et y a étudié la philosophie. Dès le début, les commentateurs les plus divers l'ont considéré comme un "grand nom de la politique". À 25 ans, il siège pour le SPD au parlement du Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale en 2011 et devient ministre de l'éducation, des sciences et de la culture à 34 ans. Tout le monde pensait qu'il succéderait à Erwin Sellering, le Premier ministre malade du Land, mais Manuela Schwesig l'a écarté. À l'époque, il semblait que Brodkorb était sans doute trop honnête pour s'adonner à la politique partisane et trop peu "mâle alpha", trop bien élevé pour forcer sa place. Sur le plan intellectuel, il avait également beaucoup d'autres "flèches à son arc". En 2019, il a démissionné du gouvernement de l'État et s'est même retiré de la vie politique. Pour lui, c'était comme une libération. Il a pu se recentrer sur l'analyse en sciences politiques. C'est ainsi qu'il a rapidement soutenu que le "Kampf gegen Rechts" (lutte contre la droite) à l'échelle de l'Allemagne contenait des indications sur la dissolution de l'État et que cette campagne était porteuse d'un potentiel de guerre civile. Son dernier ouvrage, intitulé Gesinnungspolizei in Rechtsstaat ? Der Verfassungsschutz als Erfüllungsgehilfe der Politik (= Une police de la pensée au sein de l'Etat de droit. Le Verfassungsschutz comme adjuvant de la politique), est déjà mentionné comme un livre à succès. Juste sous la surface de ce qui est politiquement perceptible en Allemagne, toutes sortes de plaques tectoniques se déplacent. Ce qui se passe d'ailleurs dans toute l'Europe occidentale...
Peter Logghe
18:21 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mathias brodkorb, allemagne, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 04 mai 2024
Le spectre du "socialisme patriotique"
Le spectre du "socialisme patriotique"
Nick Krekelbergh
Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 189, avril 2024
Un spectre hante l'Amérique - le spectre du communisme MAGA. Dans un précédent numéro de cette newsletter, nous avions déjà fait parler Constantin von Hoffmeister (animateur d'Arktos et d'Eurosiberia) de ce phénomène dans un texteque nous avions traduit. Il décrit le communisme MAGA comme une synthèse d'éléments apparemment incompatibles, à savoir le marxisme et le patriotisme américain, qui est fortement antimondialiste et anticolonialiste. Le terme "communisme MAGA" est apparu pour la première fois sous la forme d'un hashtag sur Twitter/X et, à première vue, il semble s'agir d'un phénomène médiatique. Von Hoffmeister a mentionné, entre autres, Jackson Hinkle, un jeune homme charismatique d'une vingtaine d'années qui se décrit comme un "marxiste-léniniste américain conservateur" et qui, en tant qu'influenceur social, parvient à attirer un large public, souvent jeune. L'apparence sportive et soignée de Hinkle et son haut degré de "machisme" contrastent fortement avec l'image clichée du hipster de gauche, qu'il soit "non binaire" ou non, et semble donc être la réponse ultime à l'image patriarcale gonflée, cultivée par la droite identitaire. Mais ce n'est pas tout. Sur Internet, la chaîne de médias américaine Infrared fait également parler d'elle.
Ce collectif est dirigé par Haz Al-Din, nom de plume d'Adam Tahir, un jeune mais érudit faiseur d'opinion libano-américain qui, dans ses longues émissions sur YouTube, combine sans peine l'invective brutale et acide avec un haut niveau de philosophie théorique. Cela lui permet de s'imposer avec brio, même dans des débats avec des universitaires tels que le professeur marxiste américain Daniel Tutt. Il convient également de mentionner le Center for Political Innovation (CPI), créé par le journaliste américain de RT Caleb Maupin. Ce "socialiste patriote" notoire a publié plus d'une douzaine de livres ces dernières années, principalement axés sur l'anti-impérialisme et le développement d'un "socialisme aux caractéristiques américaines". Ces dernières années, il s'est aussi de plus en plus ouvertement profilé comme éthiquement conservateur et chrétien.
Par ailleurs, dans un article paru en 2019, il a affirmé que la mentalité américaine est intrinsèquement "odiniste", faisant référence à la définition d'Odin par Thomas Carlyle qui le campe un "Dieu de la poussière, de l'abnégation et du travail acharné", et que le socialisme aux caractéristiques américaines devrait irrévocablement se réconcilier avec cette mentalité. Ce qui relie tous ces penseurs et faiseurs d'opinion, c'est (non pas en premier lieu mais aussi) leur attitude à l'égard du phénomène MAGA, qu'ils interprètent strictement en termes de lutte des classes, de disparition de la classe moyenne et de montée d'un nouveau prolétariat du 21ème siècle. Pour eux, Donald Trump et le populisme de droite sont des phénomènes transitoires ; pour les marxistes-léninistes, la question principale est d'alimenter la conscience de classe de ce nouveau prolétariat. À terme, c'est un bouleversement révolutionnaire de la société qui s'annonce ici.
Pour examiner les origines du phénomène, il faut remonter au début de la dernière décennie, lorsque le mouvement Occupy a fait fureur dans tout le monde occidental. Dans le sillage de la crise bancaire, un mouvement de protestation de grande ampleur a vu le jour, cherchant à limiter la toute-puissance des banques et des élites financières et dénonçant l'inégalité croissante entre une haute bourgeoisie de plus en plus riche et une classe moyenne en voie de disparition. Des manifestations de grande ampleur se sont répandues comme une marée noire dans les villes américaines et d'Europe occidentale, mais au bout d'un an, l'élan semble retombé et le mouvement s'éteint peu à peu.
Le système économique reprit ses vieilles habitudes et, au cours de la décennie suivante, la gauche occidentale concentra de plus en plus ses flèches sur des questions culturelles et non économiques, telles que le racisme, le patriarcat, le climat et le mouvement LGBTQ. Bien sûr, cette tendance n'était pas nouvelle, mais elle a été violemment accentuée par la montée de l'Alt-right, la crise migratoire, Black Lives Matter, #metoo et un nouvel essor du populisme de droite, qui a culminé avec la présidence de Donald Trump.
Un deuxième élément a été l'échec du mouvement social plus large autour de Bernie Sanders en 2016, qui a été considéré pendant un certain temps comme un contre-candidat sérieux à Donald Trump et qui, pour la première fois, a mis le socialisme sur la carte en tant qu'idée légitime en Amérique. Le fait qu'il ait finalement été écarté au profit de candidats démocrates plus classiques et plus libéraux comme Hilary Clinton et Joe Biden a éloigné une partie de la gauche américaine du parti démocrate.
Un troisième élément a joué en arrière-plan: l'évolution de la situation géopolitique dans le monde, l'émergence de la multiparité posant des défis existentiels à la "Pax Americana" pour la première fois depuis la fin de la guerre froide. Ce n'est pas tout à fait une coïncidence si les principaux adversaires étaient aussi des (anciens) États marxistes-léninistes (Chine, Russie) dans lesquels l'État a une certaine primauté sur l'économie, mais où, en même temps, des points de vue plus conservateurs prévalent sur le plan culturel et éthique.
Une partie de la gauche radicale s'est donc éloignée du discours dominant de la gauche libérale et du pangauchisme, avec ses guerres culturelles sans fin et son mépris moral pour la classe ouvrière. Alors que les penseurs conservateurs ont fulminé contre le "marxisme culturel" au cours de la dernière décennie, cette nouvelle génération de penseurs remet en question les racines marxistes du progressisme de la gauche contemporaine. Ils trouvent des arguments en ce sens principalement dans le (relatif) conservatisme éthique de la plupart des révolutionnaires marxistes-léninistes du 20ème siècle, ainsi que dans les politiques culturelles et le patriotisme spontané et évident des États sous "socialisme réel", tels que la RDA, la République populaire de Pologne ou l'Union soviétique, mais aussi dans les écrits de Marx et d'Engels eux-mêmes.
Par conséquent, ils constatent que la gauche contemporaine, qui met l'accent sur des guerres culturelles sans fin, a abandonné le thème central du marxisme, la lutte des classes, au profit de toutes sortes de récits imaginaires de déresponsabilisation, qui n'ont plus rien à voir avec le socialisme. Mais comme il sied à un vrai marxiste, un travail théorique approfondi doit aussi être fait pour étayer le nouveau marxisme-léninisme patriotique du 21ème siècle.
Dans un long texte publié sur Twitter/X, intitulé "Marxism is not woke", Haz Al-Din explique comment le marxisme occidental, depuis György Lukács, a pris une direction qu'il qualifie d'"idéalisme néo-kantien", une tendance qui s'est poursuivie dans l'École de Francfort et la "gauche académique postmoderne", entre autres. Lukács pensait avoir résolu le problème de la distinction entre "sujet" et "objet" pour le marxisme, mais, selon Haz Al-Din, il n'a fait que modifier la définition de l'objectivité de manière à exclure la réalité objective elle-même.
Ceci contraste avec le marxisme oriental (Europe de l'Est, Asie), qui est resté fidèle au matérialisme historique tout au long du 20ème siècle. Ce qui est frappant, cependant, c'est la thèse de Haz Al-Din selon laquelle le marxisme occidental ne devrait pas seulement revenir aux textes fondamentaux de Marx et Engels eux-mêmes, mais pourrait également s'inspirer de penseurs tels que Heidegger et Douguine pour échapper au "piège kantien" par lequel des générations de penseurs postmodernes ont orienté le marxisme occidental dans la mauvaise direction. "Le concept de Dasein aide à résoudre le problème fondamental de la théorie marxiste: le paradoxe sujet/objet et l'individualisme méthodologique qui l'accompagne", affirme-t-il. Par ailleurs, dans un entretien qu'Al-Din a réalisé avec Alexander Douguine, ce dernier affirme qu'il y a effectivement un lien à faire entre Marx et Heidegger, et que ce chemin passe nécessairement par Hegel.
L'intégration de penseurs traditionalistes dans un cadre théorique marxiste pourrait bien ouvrir la proverbiale boîte de Pandore. Sur les réseaux sociaux, on voit donc déjà apparaître les premiers commentateurs qui brandissent la faucille et le marteau tout en n'hésitant pas à citer René Guénon. Cette nouvelle génération de marxistes-léninistes philosophes va-t-elle peut-être bientôt proposer elle aussi une interprétation "déconstruite" de Julius Evola, figure de proue de la pensée anti-égalitaire qui croyait reconnaître dans le bolchevisme le stade le plus bas de la dégénérescence matérialiste de la pensée occidentale ? Cela paraît improbable à première vue, mais il faut bien voir qu'en 2024, on ne peut plus rien exclure du tout. Evoquer la fin de l'histoire est un exercice désormais terminé et le début d'une nouvelle philosophie se profile à l'horizon.
Nick Krekelbergh
20:49 Publié dans Actualité, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : communisme maga, états-unis, théorie politique, politologie, philosophie politique, marxisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Mongolie dans la politique mondiale
La Mongolie dans la politique mondiale
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-mongolia-nella-politica-mondiale
La position géopolitique de la Mongolie est déterminée par ses pays voisins: au nord et à l'est, la Russie et à l'ouest et au sud, la Chine. Ces deux pays jouent un rôle clé dans les relations de politique étrangère de la Mongolie.
La Mongolie a récemment signé un partenariat stratégique avec la Russie et la Chine, qui contribuera à diversifier sa politique étrangère et à lui offrir davantage d'opportunités de développement économique.
Les documents officiels régissant la politique étrangère de la Mongolie sont la Constitution, la Stratégie nationale de politique étrangère et le Programme d'action de l'État pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Les priorités géopolitiques de la Mongolie comprennent le renforcement des relations amicales avec les pays voisins, le développement de la coopération économique et la participation aux initiatives régionales et internationales.
L'un des aspects clés est le développement des transports et des liaisons logistiques du pays. La Mongolie travaille activement à l'amélioration de ses infrastructures de transport afin d'offrir un accès plus efficace aux marchés mondiaux.
Le président Ukhnaagiin Khurelsukh et le ministre des affaires étrangères Battsetseg Batmunkhijn sont des figures importantes de la politique mongole, responsables de la politique étrangère du pays.
Des élections parlementaires ont également eu lieu récemment, ce qui pourrait influencer les priorités de la politique étrangère du pays à l'avenir.
La Mongolie participe activement aux traités et accords multilatéraux, tels que l'Organisation de coopération de Shanghai et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures. Ces initiatives favorisent la coopération avec d'autres pays, offrent de nouvelles opportunités de développement économique et renforcent la position de la Mongolie sur la scène internationale.
Actuellement, les vecteurs de la coopération de la Mongolie avec les pays occidentaux sont les suivants :
- Les relations commerciales et économiques. La Mongolie coopère activement avec les États-Unis, le Canada, l'UE et le Japon. Cela lui permet de développer son économie, d'attirer les investissements et d'accéder aux technologies modernes.
- Relations politiques. La Mongolie entretient des relations diplomatiques avec plusieurs pays occidentaux et participe activement aux forums et organisations internationaux. Cela permet au pays de renforcer sa position sur la scène internationale et de protéger ses intérêts.
- Capital humain. La Mongolie cherche à développer l'éducation et la culture en se concentrant sur l'échange d'étudiants, d'enseignants et de chercheurs avec les pays occidentaux. Cela permet d'améliorer les compétences de la population et de promouvoir le développement de la science et de la technologie dans le pays.
- Énergie et ressources naturelles. La Mongolie coopère avec les pays occidentaux pour l'extraction du charbon, des métaux et d'autres ressources naturelles. Cela permet au pays de développer son industrie et d'assurer sa sécurité énergétique.
Cependant, l'influence des acteurs occidentaux sur la politique étrangère de la Mongolie n'est pas toujours à sens unique. D'une part, la coopération avec les pays occidentaux aide la Mongolie à développer et à renforcer ses relations avec la communauté internationale. D'autre part, certains critiques estiment que la Mongolie pourrait devenir dépendante des pays occidentaux et perdre sa souveraineté.
Les entreprises étrangères jouent également un rôle important dans l'économie mongole. Des entreprises des États-Unis, du Canada, d'Australie, du Royaume-Uni et d'autres pays opèrent sur son territoire. Elles investissent activement dans l'extraction du charbon, des métaux, du pétrole et du gaz, ainsi que dans le tourisme, la construction et l'agriculture. Cela contribue au développement de l'économie mongole, à la création d'emplois et au progrès technologique.
Par conséquent, les vecteurs de la coopération entre la Mongolie et les pays occidentaux sont très variés et ont un impact significatif sur le développement du pays dans différents secteurs.
Les plus grands projets internationaux modernes en Mongolie sont les suivants :
- Le dépôt de charbon de Shatskoye. Le groupe Shenhua, une entreprise chinoise, développe une mine de charbon en Mongolie. Ce projet est l'un des plus gros investissements dans l'industrie du charbon du pays.
- Projet ferroviaire Oulan-Bator - Choyr - Zamyn Uud - Oulan-Bator. Ce projet, auquel participent les chemins de fer russes et Genghis Haan, vise à moderniser et à construire l'infrastructure ferroviaire en Mongolie.
- Projet d'exploitation aurifère Oyuu Tolgoi. L'entreprise australienne Rio Tinto et l'entreprise publique mongole Erdenes Tavan Tolgoi travaillent au développement du projet aurifère à grande échelle Oyuu Tolgoi. Ce projet revêt une importance stratégique pour l'économie mongole et attire d'importants investissements.
- Centrale solaire de Sambuu. L'entreprise française Engie développe un projet de construction de la centrale solaire de Sambuu en Mongolie. Ce projet permettra de réduire la dépendance du pays à l'égard des importations d'électricité et de réduire les émissions de dioxyde de carbone.
- Projet de fonderie Oyuut Olzai. L'entreprise chinoise Ganfeng Lithium développe le projet de fonderie Oyuut Olzai en Mongolie. Ce projet vise à répondre à la demande de lithium utilisé dans la production de batteries pour les véhicules électriques et d'autres machines.
Ces projets et d'autres sont importants pour le développement économique de la Mongolie et attirent les investissements des entreprises étrangères, contribuant ainsi à la diversité de l'économie du pays.
Les intérêts vitaux actuels de la Mongolie se concentrent principalement sur le développement économique, la sauvegarde de son indépendance et de sa souveraineté, et la protection de l'environnement.
Les intérêts économiques du pays comprennent le développement du tourisme, l'extraction des ressources naturelles (principalement le charbon, le cuivre, l'or et l'uranium), le développement de l'agriculture et des infrastructures.
Les intérêts politiques de la Mongolie sont le maintien de relations amicales avec les pays voisins, notamment la Russie, la Chine et les États-Unis, et le renforcement de sa position au sein de la communauté internationale.
L'un des principaux intérêts environnementaux de la Mongolie est de lutter contre les menaces qui pèsent sur les ressources du sol et l'agriculture du pays. Les efforts visant à préserver la biodiversité et à protéger le mode de vie traditionnel du peuple mongol, qui dépend des ressources naturelles pour sa survie, sont également importants.
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vendredi, 03 mai 2024
Déjà 63 millions de Latino-américains aux Etats-Unis: les Latinos vont-ils décider de l'élection américaine ?
Déjà 63 millions de Latino-américains aux Etats-Unis: les Latinos vont-ils décider de l'élection américaine ?
Source: https://zuerst.de/2024/05/01/schon-63-millionen-lateinamerikaner-in-den-usa-entscheiden-latinos-die-us-wahl/
Washington. Suite à des décennies d'immigration massive de Latino-américains aux Etats-Unis, la composition ethnique de la population américaine a changé de manière spectaculaire. Dans certains Etats, comme la Californie (traditionnellement de gauche), les non-Blancs sont devenus majoritaires et les Latinos sont un facteur important: alors qu'ils étaient 50,5 millions en 2010, ils étaient 63,6 millions en 2022.
Avec un tel ordre de grandeur, la minorité latino pourrait faire pencher la balance lors des prochaines élections présidentielles de novembre 2024. C'est en tout cas ce que souhaite la "Latino Vote Initiative". Sa vice-présidente, Martínez-de-Castro, le sait: "Les Latinos sont géographiquement concentrés dans des États riches en délégués aux primaires et en votes des grands électeurs (Californie, Floride, New York, Texas), dans lesquels se déroulent des campagnes électorales (Arizona, Nevada) ou présentent les deux avantages. De plus, même dans les États les plus disputés où la population latino est moins nombreuse - comme la Géorgie, la Pennsylvanie et le Wisconsin - ces électeurs peuvent faire pencher la balance, étant donné que les marges pour obtenir la victoire sont très minces". Les Latinos pourraient faire pencher la balance - par le passé, ils ont toujours montré une nette préférence pour les candidats démocrates.
Aujourd'hui encore, les démocrates sont clairement en tête avec 48% d'intention de vote chez les électeurs latinos. Les républicains ne recueillent que 25% des suffrages envisagés. Et plus l'afflux d'immigrés traversant le Rio Grande se poursuivra, plus Biden pourra peser dans la balance en novembre. Si Trump n'y parvient pas, Biden forcera l'afflux de nouveaux Latinos, malgré toutes les déclarations contraires, et le piège ethnique se refermera sur les Républicains (mü).
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jeudi, 02 mai 2024
Le Sud ne fait plus confiance aux doubles standards atlantistes. Et il agit...
Le Sud ne fait plus confiance aux doubles standards atlantistes. Et il agit...
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/il-sud-globale-non-si-fida-piu-del-doppiopesismo-atlantista-e-agisce/
La confiance est-elle une bonne chose ? Elle ne l'est plus. Et le Sud global montre, faits à l'appui, qu'il ne fait plus confiance aux promesses et aux engagements de l'Occident collectif. Ainsi, l'Inde, l'Iran et la Russie ont décidé d'investir dans la construction de la grande épine dorsale ferroviaire qui reliera Saint-Pétersbourg à Mumbai grâce au corridor INSTC, le corridor de transport international nord-sud. Il s'agit de plus de 7200 km pour atteindre d'abord les ports iraniens puis, par bateau, Mumbai en Inde.
Un moyen facile de contourner les sanctions qui sont étudiées la nuit à Washington avant d'être imposées, dès le lendemain, aux larbins européens. La nouvelle liaison renforcera la coopération entre les pays concernés et évitera les ingérences occidentales. Mais elle évitera aussi de transiter par des zones marquées par des tensions et des affrontements.
Évidemment, le canal de Suez sera pénalisé et, par conséquent, la Méditerranée aussi. Une juste récompense pour les politiques démentes de certains pays méditerranéens, à commencer par l'Italie.
Mais il n'y a pas que la Russie, l'Inde et l'Iran qui estiment que l'Occident atlantiste n'est plus digne de confiance. Agcnews explique que "les principales économies d'Afrique et du Moyen-Orient retirent progressivement leurs réserves d'or des États-Unis". Cette année, de telles décisions ont déjà été prises par l'Égypte, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, le Cameroun, le Sénégal, l'Algérie et l'Arabie saoudite.
S'emparer des réserves russes en Occident n'était peut-être pas une si bonne idée.
20:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, sud global | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les Millenials, sur le canapé, attendent que quelqu'un fasse la révolution à leur place
Les Millenials, sur le canapé, attendent que quelqu'un fasse la révolution à leur place
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/i-millenial-sul-divano-aspettano-che-qualcuno-faccia-la-rivoluzione-per-loro/https://electomagazine.it/i-millenial-sul-divano-aspettano-che-qualcuno-faccia-la-rivoluzione-per-loro/
Tout est de la faute du bug du millénaire. Mattia Madonia, écrivain de Catane et représentant de la génération millenial, a découvert les raisons de la crise d'une société immobile (qui se dirige en fait, et rapidement, vers le déclin) qui n'accorde pas d'espaces et de perspectives à ceux qui ne font pas partie de la génération du baby-boom.
"La génération entière, écrit Madonia dans The Vision, qui était censée conduire la fortune de la planète au cours de ces vingt-quatre années, en gros ceux qui sont nés entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, a souffert de son propre "bug". Par rapport aux générations précédentes, la société a entravé ou empêché leur équilibre professionnel, relationnel, affectif, voire existentiel. Une génération fantôme, écrasée par les pressions du capitalisme et les crises qui ont marqué les deux dernières décennies. C'est le Millennial Bug, et nous en payons encore les conséquences".
Tout cela est vrai, bien sûr. Mais il faudrait que quelqu'un - son père et sa mère, par exemple, s'il a la chance de les avoir encore - lui explique que les générations précédentes ont conquis leurs droits. Et puisqu'il est écrivain, Madonia pourrait lire les livres d'autres auteurs plus anciens (la presse existait déjà) qui ont raconté 68 ou 77. Le changement n'était pas donné, mais obtenu avec des heurts, des protestations, des morts même.
Les bonnes familles italiennes du début des années 60 auraient voulu des enfants polis et bien peignés, avec costume et cravate, de bonnes études et des carrières professionnelles sûres et ordonnées. Des mariages heureux et des petits-enfants à élever dans le respect des principes. Cela ne s'est pas passé comme ça, et peut-être que cela s'est mal passé. Mais les générations qui ont occupé les places qui comptaient et excluaient l'"équilibre existentiel" ne se sont pas allongées sur le canapé en attendant des concessions qu'elles n'avaient même pas demandées. Elles n'avaient peut-être pas de smartphones ou de tablettes, mais elles vivaient avec leurs pairs et c'est avec leurs pairs qu'elles se sont rebellées. Étrange mot que celui de "rébellion". Peut-être est-ce l'un de ceux qui ne figurent plus parmi les rares que connaissent les nouveaux jeunes. Remplacée par les pleurnicheries, l'impolitesse, la résignation.
"71 % des millennials interrogés en Italie ne croient pas en la possibilité de fonder une famille et 73 %, poursuit Madonia, considèrent qu'il est impossible d'acheter une maison dans un avenir immédiat. En outre, 79 % des millennials considèrent que la flexibilité du travail est fondamentale, avec la possibilité de travailler à distance et avec des horaires moins rigides, se déclarant même prêts à quitter leur emploi pour trouver un travail à taille humaine. Parmi les différentes demandes formulées, la semaine de travail de quatre jours se distingue. Pour conclure l'étude, 42 % des millennials se considèrent comme très "anxieux et stressés", et comme préoccupations pour l'avenir, ils placent en tête de liste les craintes concernant leur santé mentale, le changement climatique et les dommages causés à l'environnement, le coût de la vie et le chômage.
C'est bien, c'est mal. Tous sont conscients des problèmes. Et même de leurs propres craintes et désirs. Et alors ? Est-ce que papa et maman doivent trouver des solutions ? Peut-être les grands-parents ? Pourtant, les millénials devraient désormais être capables de s'essuyer les fesses tout seuls. Ils devraient pouvoir s'habiller seuls. Et s'ils veulent quelque chose, ils devraient avoir le courage et la capacité de le prendre. Notamment parce que les baby-boomers sont vieux et impuissants. Mais le risque pour les millennials est que, pendant qu'ils se complaisent dans la douleur de l'injustice qu'ils ont subie, la génération Z vienne remplacer les personnes âgées. D'autre part, la résistance des boomers dans les lieux de pouvoir se heurte à l'âge et à la fin de vie...
19:57 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : millenials, génération z, sociologie, problèmes contemporains | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La guerre et le facteur humain
La guerre et le facteur humain
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-fattore-umano/
Des sources généralement considérées comme faisant autorité (Bloomberg et autres) rapportent qu'en Ukraine, l'application de l'IA aux stratégies de guerre s'est révélée être un échec total.
En effet, les ingénieurs et stratèges du Pentagone pensaient qu'avec l'utilisation de l'Intelligence Artificielle, fournie par les Etats-Unis, les forces de Kiev l'emporteraient facilement sur celles de Moscou.
Parce que leurs stratégies auraient été guidées par des données objectives, filtrées par un système transversal de détection informatique. Et organisées par l'IA. Évitant les limites de l'erreur humaine.
Mais ce n'est pas le cas. Pour ne citer qu'un exemple, la précision de tir des Russes, qui s'appuie encore sur l'homme, est plusieurs fois supérieure à celle des Ukrainiens. Tirs télécommandés, pour ainsi dire, par des systèmes informatiques sophistiqués.
Je ne suis pas un technicien et je ne prétends pas avoir d'expertise en la matière. Je me réfère cependant aux données des agences en question.
Ce qui m'amène à réfléchir.
Sur la guerre et... le facteur humain.
Car, dans l'Art de la guerre, ce qui s'est peu à peu perdu, c'est précisément cela. Le "facteur humain". C'est-à-dire l'importance de l'homme qui se bat. Avec ses mérites et ses défauts. Son héroïsme et sa peur.
Et c'est une grave perte. Surtout dans ce que l'on appelle l'Occident. Qui a cru remplacer cela par la "technique". En fait, il a déshumanisé la guerre. Celle-ci, que nous l'aimions ou non (et je comprends que nous ne l'aimions pas), est un élément fondamental de notre histoire. Et de notre vie.
Notre civilisation commence avec l'Iliade. Achille contre Hector. Et ce que nous sommes, ce que nous avons été pendant des siècles, des millénaires, vient de là.
Homme contre homme. L'épreuve des armes. De la vaillance. L'aristia. Une image qui a perduré presque jusqu'à aujourd'hui. Elle s'est transformée en stratégie. Qui est, en effet, l'art. Sanglant. Mais de l'art. Et donc dépendant de la vaillance, de l'habileté et de l'intelligence des hommes.
Car il ne s'agit plus seulement de force physique et de courage. César n'était pas particulièrement apte au combat. Mais c'était un génie de la stratégie. Il en va de même pour Napoléon, qui semble avoir eu peur de la confrontation physique. Mais il a dominé la bataille grâce à son intelligence. Par son génie stratégique. Qui dépassait de loin les limites de la force physique. Ou de la brute, selon les cas.
Ainsi, jusqu'à la Grande Guerre. Qui était une guerre de masses. Et de matériaux. Où la puissance technique a commencé à compter plus que l'intelligence stratégique. Et la vaillance sur le champ de bataille.
Ernst Jünger l'a compris avec lucidité. Dans "Les orages d'acier", il raconte l'affrontement entre l'homme et la machine. Il s'agit toujours de l'Iliade, mais l'un des deux adversaires n'est plus humain. C'est le pouvoir de la technologie. Qui vient de la richesse. De l'argent.
C'est pourquoi Ezra Pound a écrit qu'il est impossible pour un poète moderne d'ignorer l'économie. Tout comme il était impossible pour Homère de ne pas parler de la guerre.
L'économie, l'intérêt et le pouvoir économique ne font pas que déclencher des guerres. Elles en déterminent l'issue. La victoire dépend des moyens dont on dispose. En fin de compte, de la richesse et de la technologie. Qui ne sont pas... humaines.
L'Amérique a incarné et incarne cette vision différente de la guerre. Qui caractérise désormais l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler l'Occident collectif.
Une vision qui s'est affirmée lors de la guerre de Sécession. La vaillance des Cavaliers gris de Lee a été vaincue par la supériorité matérielle des Vestes bleues de Grant.
Bloody Shiloh en est la preuve.
Mais ce nouveau paradigme, cette conception de la guerre comme puissance matérielle et non comme valeur humaine, a commencé à montrer des failles après la Seconde Guerre mondiale.
Au Viêt Nam, le rapport de force matériel était tout à fait en faveur des Américains. Pourtant, ils ont perdu.
Incapacité à comprendre l'environnement. Et les hommes, les Vietcongs, qui vivaient et combattaient dans cet environnement.
Le général David Petreus l'explique lucidement dans son essai historique.
Et l'histoire s'est répétée. Avec les talibans, par exemple.
Attention. Aucune sympathie idéologique pour les Viets ou les Talibans. Juste le constat que l'idée que les guerres ne se gagnent que par la supériorité des moyens et de la technologie, sans l'homme, s'avère progressivement en faillite.
De plus en plus faillible, à mesure que le facteur humain perd de son importance. Moins pris en compte. Jusqu'à cette tentative de remplacer les décisions humaines par celles d'une Intelligence Artificielle aseptisée. Comme dans un cauchemar issu de l'imagination de Philip K. Dick.
Je ne sais pas comment se terminera la guerre en Ukraine. Et ce n'est d'ailleurs pas ce qui m'intéresse aujourd'hui.
Mais, si les informations de Bloomberg sont vraies, nous pourrions avoir la preuve que le facteur humain ne peut pas être remplacé par quelque chose d'artificiel. Dans la guerre, comme dans toutes les autres activités fondamentales de la vie.
19:36 Publié dans Actualité, Militaria, Polémologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : militaria, guerre, polémologie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Sahra Wagenknecht découvre le thème des étrangers: "Ne pas minimiser la criminalité des étrangers"
Sahra Wagenknecht découvre le thème des étrangers: "Ne pas minimiser la criminalité des étrangers"
Source: https://zuerst.de/2024/04/30/sahra-wagenknecht-entdeckt-das-auslaenderthema-auslaenderkriminalitaet-nicht-herunterspielen/
Berlin. Sahra Wagenknecht, longtemps leader du Parti de gauche, est une populiste talentueuse. Elle sait quels sont les thèmes qui font mouche - et c'est pourquoi elle prend désormais la parole sur la politique des étrangers.
Elle a fait savoir à l'agence de presse allemande dpa qu'il était nécessaire d'organiser un sommet des ministres de l'Intérieur à la Chancellerie, qui aborderait également le problème de l'immigration incontrôlée. Ce serait une étape qui irait au-delà de la conférence des ministres de l'Intérieur (IMK) déjà existante. Puis elle devient encore plus claire et aborde le sujet tabou de la criminalité étrangère: "Si les statistiques criminelles montrent que les crimes sont commis de manière disproportionnée par des personnes issues de certains milieux de l'immigration, un ministre de l'Intérieur ne doit pas rendre ce problème tabou et le minimiser".
Il est en outre important, selon elle, de mieux équiper la police et d'accorder aux fonctionnaires un plus grand respect social. Jusqu'à présent, il s'agissait de revendications classiques "des droites".
Cette prise de parole s'explique par le fait que le thème de l'immigration devrait être d'une importance capitale tant pour les élections européennes que pour les élections dans trois Länder d'Allemagne centrale en septembre. Wagenknecht voit une opportunité de braconner dans le réservoir d'électeurs de l'AfD, notamment dans les nouveaux Länder. Elle a ainsi annoncé il y a quelque temps déjà qu'elle se proposait comme "alternative sérieuse" pour les partisans et électeurs de l'AfD (rk).
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19:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, sahra wagenknecht, allemagne, immigration, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 01 mai 2024
Attentat contre les gazoducs Nord Stream : la Chine demande une enquête internationale
Attentat contre les gazoducs Nord Stream: la Chine demande une enquête internationale
Source: https://zuerst.de/2024/05/01/anschlag-auf-die-nord-stream-pipelines-china-fordert-internationale-untersuchung/
New York. En Occident, la question des explosions de Nord Stream en septembre 2022 est pour ainsi dire passée aux oubliettes. Le gouvernement fédéral allemand, en particulier, qui est l'une des principales parties concernées, ne montre aucun intérêt pour une enquête sur les explosions. La Suède et le Danemark ont été les derniers à annoncer en février qu'ils mettaient fin à leurs enquêtes.
Cependant, l'affaire pourrait à nouveau bouger. La Chine réclame désormais une enquête internationale. Le représentant chinois auprès des Nations unies, Geng Shuang (photo), a justifié cette demande vendredi parce que ce sabotage implique des "menaces à la paix et à la sécurité internationales".
L'émissaire de l'ONU à Pékin a déclaré textuellement : "Plus de 18 mois se sont écoulés depuis les explosions du gazoduc Nord Stream. Il est tout simplement regrettable qu'aucune conclusion n'ait encore été trouvée dans cette affaire". Et de poursuivre : "Un vieux proverbe chinois dit qu'il n'est jamais trop tard pour raccommoder le troupeau lorsque le mouton est perdu. Nous réitérons notre appel à l'ouverture rapide d'une enquête internationale sous l'égide des Nations unies afin de faire éclater la vérité pour la communauté internationale".
Geng Shuang a explicitement mentionné qu'aucune "vérité n'a été établie" par les pays concernés, y compris l'Allemagne. On ne peut s'empêcher de "soupçonner une intention cachée derrière la résistance à une enquête internationale, tout en déplorant la possible dissimulation et la perte d'une quantité de preuves contraignantes".
L'écho occidental ne s'est pas fait attendre. Alors que le représentant français à l'ONU a rappelé que l'enquête allemande n'était pas encore terminée, le représentant américain a fait part de sa "confiance dans l'indépendance et la rigueur de l'enquête allemande". Le gouvernement allemand est resté muet sur cette affaire depuis deux ans et demi et laisse ostensiblement le public dans l'ignorance, invoquant le "bien de l'Etat".
En revanche, le journaliste d'investigation américain Seymour Hersh avait déjà exprimé en février 2023, sur la base de ses propres recherches, le fort soupçon que l'attaque contre les oléoducs germano-russes de la mer Baltique était le fait de l'agence de renseignement américaine CIA. (mü)
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Suite à une question de l'AfD au Bundestag, Marine Le Pen demande de "s'occuper plutôt des problèmes de l'Allemagne"
Suite à une question de l'AfD au Bundestag, Marine Le Pen demande de "s'occuper plutôt des problèmes de l'Allemagne"
Source: https://zuerst.de/2024/04/24/wegen-einer-afd-anfrage-im-bundestag-marine-le-pen-fordert-sich-lieber-um-deutschlands-probleme-kuemmern/
Paris/Berlin . Des désaccords s'annoncent à nouveau entre le Rassemblement national (RN) et l'AfD. L'AfD s'était permis de demander au gouvernement allemand, dans une question écrite, de prendre position sur "les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte à l'Union des Comores". L'archipel en question est situé dans l'océan Indien. En 1974, 1976 et 2009, la population de l'île de Mayotte s'était prononcée pour son maintien dans le giron français pour des raisons évidentes - mais les Comores et l'ONU ne reconnaissent pas ce vote.
La question de l'AfD ne portait finalement pas sur les lointaines îles des mers du Sud, mais plutôt sur les doubles standards de l'UE et du gouvernement allemand: en effet, contrairement au cas de Mayotte, Bruxelles et Berlin ne reconnaissent pas les référendums dans les "républiques populaires" de Donetsk et Lougansk, qui appartiennent désormais à la Russie.
La présidente du RN, Marine Le Pen, a exprimé sa colère face à la demande de l'AfD. Lors d'une visite dans le territoire français d'outre-mer tout récemment, elle a déclaré que l'AfD devrait "plutôt s'occuper des problèmes de l'Allemagne". Elle pourrait volontiers expliquer à l'AfD "pourquoi les habitant de Mayotte ont déjà exprimé trois fois leur volonté d'être français". La comparaison avec l'Ukraine est "particulièrement maladroite". Elle a annoncé qu'elle donnerait "quelques leçons de géopolitique" à ses amis du groupe.
Le porte-parole de l'AfD, Matthias Moosdorf, a déclaré à l'AFP que la question était "en attente depuis longtemps". Il s'agit pour l'AfD d'une politique de "deux poids, deux mesures", pratiquée par l'Allemagne, en matière de "respect du droit international". Berlin ne reconnaîtrait pas, par exemple, les résultats des référendums dans les régions d'Ukraine désormais rattachées à la Russie.
Les relations entre l'AfD et le Rassemblement national (anciennement Front national) sont tendues depuis un certain temps déjà. Marine Le Pen s'était récemment offusquée de la prétendue "réunion secrète" au cours de laquelle Martin Sellner avait fait un exposé sur les questions de "remigration" des étrangers. (mü)
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A l'approche des élections européennes, le Fidesz cherche à restructurer la droite au Parlement européen
A l'approche des élections européennes, le Fidesz cherche à restructurer la droite au Parlement européen
Source: https://zuerst.de/2024/04/27/im-vorfeld-der-eu-wahl-fidesz-strebt-umstrukturierung-der-rechten-im-europaparlament-an/
Budapest/Bruxelles. A l'approche des prochaines élections européennes, le camp patriotique et populiste se creuse la tête pour une future recomposition de la droite européenne. Le parti hongrois Fidesz, dirigé par le président Orbán, devrait faire pencher la balance en sa faveur. Il a quitté son groupe parlementaire actuel, le PPE chrétien-démocrate, mais n'a pas encore réussi à se joindre à un nouveau groupe.
Balázs Orbán, le directeur politique de Viktor Orbán, a maintenant résumé le dilemme à la plateforme euractiv: "La structure actuelle n'est pas bonne: les forces nationales conservatrices sont en tête des sondages et n'ont pas de véritable voix au Parlement européen". Il faudra donc créer une constellation dans laquelle "les forces nationales-conservatrices seront également plus audibles sur la scène européenne", a déclaré Orbán.
Les groupes de droite actuels, "Identité et Démocratie" (ID) et "Conservateurs et Réformateurs européens" (ECR), sont devenus un contre-pouvoir inefficace face aux partis "fédéralistes" depuis que le Royaume-Uni et ses forces "souverainistes" ont quitté l'UE, a-t-il ajouté. Pour le Fidesz, l'option est désormais soit de rejoindre l'un des groupes politiques existants, soit de former un nouveau groupe.
Cependant, certaines délégations nationales conservatrices, comme l'ODS tchèque et les Démocrates suédois, ont déjà menacé de bloquer le Fidesz en raison de leur désaccord avec la position de la Hongrie sur l'Ukraine. Marine Le Pen du Rassemblement national français (RN) est également une grande inconnue dans le jeu, tandis que l'ancien Premier ministre polonais et chef du PiS, Morawiecki, est très intéressé par une coopération avec le Fidesz. Mais il faut d'abord que l'élection de juin soit dans la poche. Les observateurs s'attendent à une forte augmentation des voix pour les partis de droite dans toute l'Europe. (mü)
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21:08 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fidesz, hongrie, viktor orban, élections européennes, parlement européen, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 30 avril 2024
Actualité géopolitique: Robert Steuckers répond aux questions d'Al Jazeera
Actualité géopolitique: Robert Steuckers répond aux questions d'Al Jazeera
Propos recueillis par Hafsa Rahmouni
Voir aussi: https://www.aljazeera.net/politics/2024/4/25/
Iran et Israël
Comment voyez-vous l’attaque iranienne contre Israël ? Quelles sont ses conséquences politiques et militaires pour les pays de la région ?
Je replace cette attaque dans un contexte historique très large, très ancien. Le stratégiste américain Edward Luttwak prétendait qu’en Méditerranée orientale, les Etats-Unis, suite à la Grande-Bretagne, étaient les héritiers des stratégies romaines et byzantines. L’Iran, dans cette perspective, demeure l’héritier de l’empire perse. Israël relève alors, comme le soulignait notamment Arnold Toynbee, d’une judaïté hérodienne, alignée sur les desiderata impériaux de Rome et sert à empêcher tout l’arrière-pays mésopotamien et perse de se projeter vers la Méditerranée, désormais « Mare Nostrum », non plus d’un Empire romain ou d’une Italie mussolinienne, mais d’un hegemon américain, foncièrement étranger à l’espace méditerranéen, d’un point de vue anthropologique et religieux. La redistribution des cartes, depuis la consolidation de la Russie par Poutine, depuis la présence russe en Syrie, depuis la volonté chinoise de parachever le projet « Belt and Road » fait qu’une entité sioniste-hérodienne devient une gêne pour les dynamiques nouvelles. Les puissances maritimes anglaise, puis américaine, ont une stratégie récurrente : occuper les terres qui se trouvent à l’extrémité intérieure des mers intérieures. Le Koweit dès 1910 pour empêcher l’Empire ottoman d’exploiter sa fenêtre sur le Golfe et sur l’Océan Indien (chasse gardée des Britanniques à l’époque). Les Pays Baltes au moment de la révolution bolchévique de 1917 puis lors de l’effondrement de l’Union Soviétique. La Géorgie à l’extrémité orientale de la Mer Noire, etc. Israël a reçu pour fonction de garder la côte la plus orientale de la Méditerranée au bénéfice de Londres d’abord, de Washington ensuite.
L’Iran, et derrière lui, la Russie et la Chine, contestent cette fonction et verraient plutôt l’espace qui va d’Antioche à Gaza (voire à Suez) comme un tremplin vers la Méditerranée. Les questions qui sont ouvertes depuis la riposte iranienne sont les suivantes :
- Le rejet des règles diplomatiques, théorisé et appliqué par les penseurs et les praticiens de l’idéologie néo-conservatrice américaine, est désormais suivi d’effets et plus seulement de paroles.
- L’Iran renforce ses alliés sur la ligne Syrie/Yémen, écornant de la sorte les structures et entités hérodiennes.
- L’audace de l’Iran laisse supposer qu’il a désormais les moyens de faire face à Israël, puissance nucléaire. La donne changerait alors du tout au tout.
À votre avis, pourquoi les États-Unis et l’Europe cherchent-ils à décourager Israël de répondre à l’Iran ?
Vu le nombre de zones de conflit potentielles, les Etats-Unis craignent l’hypertrophie impériale soit savent que la prochaine présidence américaine sera trumpiste donc isolationniste et que le bellicisme de Biden ne pourra pas se déployer à temps soit entendent gagner du temps pour consolider leur front anti-russe de l’Arctique à la Mer Noire soit savent que l’Iran dispose dorénavant des moyens de se sanctuariser. Dans ce scénario très inquiétant, l’Europe sera en quelque sorte le dindon de la farce :
- Elle sera laissée seule face à la Russie avec une opinion publique qui n’est pas vraiment intéressée à déclencher un conflit en dépit de la propagande éhontée débitée par le quatrième pouvoir médiatique, de plus en plus démonétisé. En plus, ses arsenaux sont vides.
- L’objectif non déclaré des Américains est d’affaiblir définitivement l’Europe en l’opposant à la Russie dans une guerre d’usure de longue durée qui paralysera Moscou sans la terrasser. Cette guerre empêchera la soudure de la grande masse eurasienne justement en un lieu qui est une « région-transit » ou « gateway region » telle l’Ukraine. Au Levant, la guerre de Syrie, qui n’est pas terminée, la présence d’un Israël hérodien, une longue guerre d’usure empêchera la côte orientale de la Méditerranée d’être la fenêtre vers l’Ouest des arrière-pays mésopotamien, iranien, indien et chinois. L’Europe sera à nouveau enclavée, courant ainsi le risque d’imploser.
Comment expliquez-vous, d'un point de vue stratégique, le double standard occidental dans l'escalade iranienne avec Israël. Alors que l'Occident n'a pas condamné le bombardement par Israël du consulat iranien à Damas, qui constitue une violation flagrante du droit et des normes internationales, les Occidentaux pays sont venus défendre Israël politiquement et militairement lorsque l’Iran a répondu de la même manière à Israël ?
Le double standard est un fait qui ne date pas d’hier. L’hypocrisie est un mode de gouvernement occidental, propre au binôme idéologique qui structure la pensée anglo-saxonne : la fusion entre la rage puritaine d’un protestantisme sectaire et dévoyé et le libéralisme moralisant de Locke. A cette fusion entre religiosisme délirant et libéralisme irréaliste s’ajoutent les délires de la pensée révolutionnaire française. Ces tares anciennes ont été actualisées par le néolibéralisme et le néoconservatisme américains, importés en Europe depuis l’avènement de Margaret Thatcher au poste de premier ministre au Royaume-Uni en 1979. Lors de l’agression contre l’Irak, les néoconservateurs bellicistes américains proclamaient que les Européens étaient des lâches, des « fils de Vénus et non de Mars » parce qu’ils préconisaient des solutions diplomatiques. Depuis lors, les hommes politiques européens, qui pariaient sur les ressorts de la diplomatie traditionnelle, ont été progressivement vidés du pouvoir en Europe sous la pression des services américains : Sarközy a rejoint l’OTAN, que De Gaulle avait quittée dans les années 1960 ; la France est devenue le troisième pilier du Gros-Occident au lieu de mener une politique autonome. Avec Macron, qui est un « Young Global Leader », l’alignement est total au détriment du peuple français, mis au pas à coups de matraque, de grenades de désencerclement, etc.
L’attaque d’Israël contre le consulat iranien à Damas est une étape supplémentaire dans le déni de diplomatie et dans le non respect des conventions internationales, préconisés par l’idéologie néoconservatrice ou « kaganiste » (les thèses de la famille Kagan, dont fait partie Victoria Nuland). Cette attaque, avec l’assaut contre l’ambassade du Mexique en Equateur, constitue une première, inaugure un nouveau mode de fonctionnement. Les règles ne seront plus respectées désormais et un pesant silence médiatique s’abattra sur les entorses aux conventions diplomatiques tandis que les Etats ou les régimes considérés comme ennemi du trinôme occidental (France, Etats-Unis, Royaume-Uni) et des Etats vassalisés tenus en main par les « Young Global Leaders » ou figures assimilées, devront subir toutes les avanies sans avoir le droit de s’exprimer ou de se défendre.
Politique européenne
Quel est l’impact attendu de la montée de l’extrême droite en Europe et de ses chances aux prochaines élections sur la politique étrangère de l’Union européenne ?
Il n’existe pas une seule « extrême-droite », au singulier : ce qui est rassemblé arbitrairement sous ce vocable constitue un ensemble kaléidoscopique et hétéroclite de réactions diverses à l’encontre ou en faveur de l’Occident et de l’OTAN. On peut raisonnablement prévoir une montée des partis populistes de droite aux prochaines élections européennes mais la question réelle qui devrait être posée est la suivante : ces formations diverses se retrouveront-elles dans les mêmes groupes ou agiront-elles en ordre dispersées au sein de groupes différents dans le futur Parlement européen ? Le critère de différenciation est à l’évidence la position des uns et des autres face à l’OTAN, aux Etats-Unis, à la Russie et à la guerre en Ukraine. On constate que Giorgia Meloni s’est entièrement alignée sur la politique de l’OTAN, alors que cela n’avait pas été dit lors de sa campagne électorale. On pouvait même croire qu’elle allait favoriser une politique italienne indépendante en Méditerranée. Le Rassemblement National français, au cours de ces deux dernières années, semble suivre la même politique et on peut imaginer, d’ores et déjà, qu’il s’alignera sur la politique suivie par Meloni en Italie, de même que « Reconquête », le mouvement d’Eric Zemmour et Marion Maréchal qui, subitement, et contrairement aux thèses défendues dans le cadre de son institut politique, l’ISSEP, se met à prendre des positions hostiles à la Russie dans le conflit ukrainien, espérant sans doute former un groupe assez vaste avec des bellicistes de droite d’Europe orientale, jugés partenaires plus convenables que les neutralistes allemands ou autrichiens. La germanophobie pathologique est toujours vivace en France, de même que l’inhabilité à comprendre ce qui est différent des manies ou des institutions de l’Hexagone.
En Allemagne et en Autriche, au contraire, les positions neutralistes, différentes des positions de l’OTAN, s’affirment dans les rangs des partis populistes, l’AfD et la FPÖ. Cette dernière partage également des positions communes avec les Hongrois de Orban (qui sont dans le groupe du PPE) et les Slovaques de Fico et Pellegrini. On peut penser que la Lega italienne de Salvini, elle, s’alliera aux Allemands et aux Autrichiens, compensant ainsi la perte, pour le groupe « Identité et Démocratie », des élus du Rassemblement National. Si tous ces partis gagneront immanquablement des voix en juin prochain, ils ne se retrouveront pas dans les mêmes groupes et ceux qui rejoindront les positions de Mesdames Meloni, Le Pen et Maréchal voteront en faveur des politiques américaines (et woke), avec les Libéraux, la gauche socialiste, les conservateurs pro-OTAN, les écologistes de Cohn-Bendit et le PPE. Les autres seront isolés ou n’auront pas assez de poids pour faire valoir leurs positions neutralistes.
Avec la fin du soutien économique des pays africains (anciennes colonies), la guerre en Ukraine et l’impact de ce qui se passe au Moyen-Orient… Comment évaluez-vous les performances de l’Europe jusqu’à présent ?
On ne peut pas parler de performances quand on évoque l’Europe actuelle. La France s’est rendue odieuse en Afrique en tentant d’imposer aux peuples de ce continent des politiques néolibérales et woke qu’ils ne pouvaient accepter. Le coup le plus dur que Paris a dû encaisser a été la perte du Niger, d’où provient l’uranium qui fait fonctionner les centrales nucléaires françaises, donnant à la France un atout énergétique important, lui permettant de vendre (très cher) de l’énergie à d’autres pays d’Europe.
La colonisation indirecte de l’Afrique permettait aussi l’exploitation de pays d’Europe. La guerre en Ukraine a brisé définitivement tous les espoirs de constituer ce que Gorbatchev avait appelé la « Maison commune ». Les événements actuels du Levant, en Syrie et à Gaza, ne permet aucun harmonie en Méditerranée. Aucune de ces nouvelles donnes ne joue en faveur de l’Europe réelle. Tous ces événements contribueront à affaiblir l’Europe encore davantage voire à la faire imploser définitivement. Alignée sur les Etats-Unis, elle n’a aucune chance de se développer, d’entrer dans les dynamiques à l’œuvre ailleurs dans le monde, alors qu’elle y aurait tout intérêt.
Comment voyez-vous l'expansion du groupe BRICS et son programme déclaré visant à former un axe ou un bloc international pour faire face à l'hégémonie américaine sur le système international et à démanteler le système unipolaire en un système multipolaire ?
L’existence du groupe BRICS est un fait. Qui demeurera incontournable. Les objectifs de ce groupe de grandes puissance économiques et de pays émergents, voire de pays-continents, sont de développer un commerce intensif inter-BRICS, selon des règles qui ne sont pas celles instaurés à l’ère néolibérale occidentale, commencée en 1979. Ce commerce doit tenter d’échapper au maximum aux fausses règles néolibérales (occidentales), notamment en accentuant le processus de dédollarisation, auquel l’Europe devrait à terme se joindre, di moins si elle parvient à se débarrasser de la dictature néolibérale actuellement en place dans la Commission de Bruxelles. L’Europe, surtout après le Brexit, devrait retourner à des politiques de semi-autarcies, telles celles qui ont toujours été préconisées par les grands économistes concrets et non idéologisés.
Ces économistes font partie d’une catégorie de penseurs que d’aucuns avaient baptisée « hétérodoxes », soit des penseurs qui ne sont pas réductionnistes dans leur approche de l’économie. Ils s’inscrivent dans des histoires nationales ou continentales particulières, ayant développé dans un contexte précis, des pratiques spécifiques, adaptées au temps et à l’espace, comme, par exemple, l’économie chinoise actuelle, post-maoïste, est adaptée à la tradition impériale de l’Empire du Milieu et à la pensée confucéenne, tout en se souvenant des règles de l’économiste allemand du 19ème siècle, Friedrich List, par ailleurs inspirateur du Kuomintang. La bataille à engager est la bataille contre les errements de l’idéologie irréaliste du libéralisme pur, dégagé de l’histoire réelle et des institutions concrètes des peuples.
Voyez-vous que les pays économiquement émergents comme la Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil suivent un système économique différent de celui dans lequel évoluent l'Occident, notamment l'Amérique et l'Europe, et quelles sont les différences entre eux ? Lequel est le plus capable de rivaliser et de sauver l’économie mondiale ?
Les pays émergents, surtout la Chine et l’Inde, peuvent parier sur un marché intérieur suffisamment vaste, vu leur poids démographique. L’Occident connaît un ressac démographique préoccupant. Actuellement, la Chine semble être l’Etat-Civilisation le plus dynamique, pariant justement sur une pratique préconisée jadis par Friedrich List : développer les infrastructures de transport sur la masse continentale eurasienne, grâce au projet dit « Belt and Road ». Si nous voulions schématiser, nous dirions que l’Occident repose sur une logique thalassocratique, sur une logique fluide, tandis que les puissances émergentes, que sont la Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran, reposent sur une logique continentale, ancrée dans la vaste territorialité eurasienne. La logique thalassocratique de l’Occident ne peut survivre que si la logique continentale est entravée, si les communications terrestres sur le vaste espace eurasien sont bloquées. L’Europe n’a aucun intérêt à ce que triomphe la logique thalassocratique : si tel est le cas, l’Allemagne en est déjà la première victime.
Le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 & 2, qui amenaient le gaz du Nord-Est de la Russie (zone arctique), déséquilibre totalement le dynamisme légendaire de son industrie, étouffée désormais par le prix exorbitant de l’énergie. Le ressac de son commerce avec la Chine fera que cette industrie périclitera encore davantage. Le très récent voyage du falot Chancelier Scholz à Pékin a bien montré que les anciens gouvernements Merkel puis surtout l’actuel gouvernement « feu tricolore » a fait fausse route sur toute la ligne, à cause des écologistes délirants, qui font la politique américaine qui a toujours visé le démantèlement des structures industrielles européennes, surtout les allemandes. En France, Macron a vendu les fleurons de l’industrie française au Etats-Unis (Alstom, etc.). Les pays émergents des BRICS en Eurasie doivent éviter cette logique délétère : c’est la raison pour laquelle la propagande occidentale (made in USA) leur colle l’étiquette désormais infâmante d’ « illibérale ».
Peut-être que la chose la plus marquante qui distingue récemment l’Occident est la protection du phénomène de l’homosexualité et du transgenre par les systèmes au pouvoir, les organisations internationales et les institutions de la société civile ? Selon vous, pourquoi l’Occident cherche-t-il à imposer cette approche à la majorité de l’humanité qui rejette cette approche anormale ?
Remontons à l’histoire des idées au 18ème siècle, période où se sont affirmées les idéologies occidentales, qui atteignent leur apex aujourd’hui, basculant dans le délire, tout en exigeant que la planète entière y participe également. De l’Angola à la Papouasie et du Kirghizistan au Pérou, tous les peuples sont contraints par l’idéologie dominante occidentale d’adopter le délire LGBTiste et woke. Au 18ème siècle, les diverses variantes de l’idéologie des Lumières, qui, par convergence, génèreront l’occidentalisme actuel, postulait un individu isolé, détaché de tout contexte social (Locke, Rousseau).
Les variantes, aujourd’hui refoulées des Lumières, qui n’ont pas conduit à cet occidentalisme pernicieux contemporain, voyait un homme ancré dans une famille, un clan (asa’biyya en arabe), un peuple, une histoire, une tradition littéraire et religieuse (Herder). Nous assistons aujourd’hui à la rage des idéologues des Lumières libérales qui entendent parachever leur programme en brisant les ressort de la famille traditionnelle en stigmatisant le couple hétérosexuel et la parentalité bienveillante qu’il est censé générer. La rage woke, quant à elle, cherche à briser tout ancrage des hommes concrets dans l’histoire, dans la religion, dans la tradition, en détruisant les statues commémoratives, en interdisant la lecture des classiques de la littérature, en détruisant les humanités gréco-latines (socle de l’Europe), en incendiant des églises (comme partout en France à l’heure actuelle, y compris la cathédrale de Paris), etc.
Cet occidentalisme destructeur entend généraliser cette rage iconoclaste à l’ensemble des civilisations de la planète. Ces autres civilisations ne l’acceptent pas : qu’elles soient portées par des milliards de personnes comme en Chine ou en Inde (Bharat) ou qu’elles soient plus modestes en dimensions, comme en Afrique où les peuples commencent à se souvenir des Empires Songhai, de la civilisation indigène de l’Ethiopie, etc.
Guerre d'Ukraine
Pourquoi l’intérêt international pour la guerre en Ukraine a-t-il diminué après qu’elle ait longtemps dominé l’actualité ? Y a-t-il un changement dans la politique des États-Unis et de l’Europe en faveur de la guerre ?
La guerre en Ukraine a été manigancée pour créer le chaos en Europe et pour ruiner la locomotive industrielle allemande. Elle a été également conçue pour bloquer les dynamiques eurasiennes en un point crucial, soit à l’endroit où convergent les routes plurimillénaires de la grande masse territoriale eurasienne. La Crimée a été longtemps la porte ouverte de l’Europe à la Chine, l’aboutissement des routes de la Soie médiévales où les comptoirs italiens réceptionnaient les denrées dont l’Europe avait besoin. La fleuve Don est lié à la Volga qui mène à l’Arctique et à la Baltique (donc à l’Europe allemande et néerlandaise de la Mer du Nord), d’une part, et à la Caspienne, donc à la Perse et à Bagdad, d’autre part. L’archéologie découvre actuellement que, dès le néolithique, les multiples parties de l’Eurasie ont toujours été en rapports assez étroits entre elles. Le commerce de l’ambre liait la Baltique et la Mer du Nord à l’Egypte. Des artefacts en or ou en lapis lazuli, trouvés en Europe et datant de la protohistoire, sont faits au départ de matériaux provenant d’Asie centrale (via les cultures d’Andranovo et de Yamnaya) ou de l’Afghanistan actuel.
La culture militaire des thalassocraties veut actuellement des guerres courtes, d’un an ou moins. La guerre d’Ukraine est entrée dans sa troisième année. La dynamique est bloquée. Le peuple ukrainien est saigné à blanc. Sur le terrain, la situation est figée comme pendant de longues années lors de la Première Guerre Mondiale. La Russie a tenu bon et restera apparemment dans les régions russophones de l’Est et du Sud de l’ancienne Ukraine soviétique. Le scénario prévisible est le suivant : les oblasts conquis par l’armée russe feront partie de la Fédération de Russie ; l’Occident empêchera la conquête d’Odessa (on évoque aujourd’hui l’entrée d’unités françaises dans la ville ou aux abords de celles-ci, information à vérifier) ; l’Occident tentera de gagner du terrain en Mer Noire (vieux but de guerre britannique), en tentant de satelliser la Géorgie et l’Arménie ; l’OTAN a profité du conflit ukrainien pour transformer la Baltique en un lac otanien, l’Europe perdant du même coup la possibilité d’élargir au départ des deux Etats neutres (Suède et Finlande) une zone non alignée sur l’ensemble du continent ; le conflit ukrainien a permis d’ouvrir un vaste front qui part de l’Arctique et s’étend jusqu’à la Mer Noire, menace les ports russes de Mourmansk et Arkhangelsk (vitaux lors de la Deuxième Guerre Mondiale) et la ville de Saint-Pétersbourg, toute proche de la frontière finlandaise.
L’OTAN a ainsi gagné plusieurs atouts territoriaux et stratégiques : le conflit ukrainien peut donc désormais être gelé. Il s’agit désormais de se maintenir en Méditerranée orientale, d’isoler la base russe sur le littoral syrien, de s’imposer à la Turquie qui joue aujourd’hui une politique néo-ottomane originale et en porte-à-faux par rapport à l’OTAN, de vider l’abcès palestinien à Gaza et de consolider un Etat hébreux hérodien (au service d’un Empire américain de l’Ouest, présenté par le stratégiste Edward Luttwak comme néo-romain ou néo-byzantin, dont le but est de maintenir éloigné le pôle perse des BRICS).
La destruction de Gaza a aussi, très probablement, pour but de faire de ce territoire le terminal méditerranée d’un « Canal Ben Gourion », relié à la Mer Rouge (Golfe d’Akaba) et censé doublé le Canal de Suez. Ce Canal devrait alléger le trafic de celui de Suez et être relié à un projet alternatif au projet chinois « Belt and Road », d’une part, et au projet des Russes, Iraniens et Indiens, baptisé « International North South Economic Corridor », reliant Mumbai en Inde aux ports iraniens et, de ceux-ci, à la Caspienne et au Caucase pour aboutir à la Baltique et à la Mer Blanche. L’importance de ce projet occidental relativise le conflit bloqué d’Ukraine.
Après deux ans de guerre en Ukraine, comment voyez-vous son issue sur le plan stratégique ? La victoire de Poutine lors d'un nouveau mandat présidentiel aura-t-elle un impact sur l'évolution du conflit entre l'Occident et la Russie ?
Sur le plan stratégique, l’Occident américain qui a éliminé le non-alignement suédois et finlandais en Europe du Nord, permis à l’OTAN de faire pression sur la Russie de Mourmansk à Saint-Pétersbourg et à Kaliningrad/Königsberg, devrait se satisfaire de ces avancées, très avantageuses. Sur le terrain, dans le Donbass, à Luhansk, en Crimée, etc., il est prévisible que l’Occident accepte une solution coréenne avec un nouveau Rideau de Fer à l’Est du Dniepr. Le poutinisme n’aura pas été vaincu ni éliminé comme certains l’avaient espéré. Quant à l’après-Poutine, qui arrivera inéluctablement, rien ne permet de le deviner.
La balle est dans le camp des Européens : accepteront-ils encore longtemps les politiques suicidaires que préconisent les services américains, tolèreront-ils encore longtemps les errements des « Young Global Leaders » qui les ruinent ? Aucun sursaut ne semble se dessiner à l’horizon, aucune généralisation des politiques de résistance de la Hongrie et de la Slovaquie n’est à l’ordre du jour ailleurs en Europe, surtout en France et en Allemagne (malgré les suggestions de l’AfD à droite et du parti de Sahra Wagenknecht et Oskar Lafontaine à gauche). Cependant, c’est en Europe de l’Ouest que le sursaut devra se produire.
Tout lecteur arabe de ces lignes doit se mettre en tête que l’Europe n’est pas nécessairement l’Occident : celui-ci découle, idéologiquement, de deux ou trois matrices perverses : le calvinisme hollandais, le puritanisme cromwellien puis américain, l’idéologie révolutionnaire française. L’Espagne catholique, le prussianisme luthérien, l’indépendantisme irlandais, le neutralisme suédois, les héritages de l’Empire austro-hongrois, le confédéralisme suisse, les innombrables ressources de l’Italie, les traditions de l’Europe orthodoxe et l’héritage gréco-romain ne participent pas des trois matrices occidentales et recèlent, s’ils le voulaient, toutes les recettes, tous les remèdes, pour guérir de la maladie occidentale.
18:53 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : robert steuckers, entretien, actualité, europe, affaires européennes, ukraine, israël, iran, palestine, gaza, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Akhand Bharat. Grande Inde
Akhand Bharat. Grande Inde
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/article/akhand-bharat-velikaya-indiya
À la surprise générale, l'Inde est aujourd'hui l'économie qui connaît la croissance la plus rapide. Le PIB du pays a augmenté de 8,4% en 2023. D'ici 2027, elle deviendra la troisième économie mondiale. Si cette tendance se poursuit, l'Inde a des chances de dépasser les États-Unis et même la Chine dans les années 2030.
L'Inde est un leader tant sur le plan démographique que sur celui des technologies de l'information. La diaspora indienne contrôle désormais un segment important de la Silicon Valley, et le premier ministre britannique est un Indien de souche, Rishi Sunak, tout en étant un libéral-mondialiste. Il est intéressant de noter que Vivek Ramaswamy, un influent politicien conservateur du Parti républicain américain, fervent partisan de Trump, également d'origine indienne, est l'antipode idéologique complet de Sunak. Quoi qu'il en soit, les Indiens montent partout au créneau.
Nous avons affaire à un phénomène entièrement nouveau - la naissance d'un nouveau centre du monde se déroule sous nos yeux. L'Inde doit une grande partie de son succès au nouveau tournant politique qui a suivi l'arrivée au pouvoir du parti conservateur Bharatiya Janata Party. En réalité, l'Inde moderne a été fondée par un autre parti, de gauche et progressiste, le Congrès national indien, lors de la décolonisation. Bien sûr, la plus grande valeur pour les Indiens après l'indépendance était la libération des effets du colonialisme, mais l'Inde est restée membre du Commonwealth postcolonial des Nations, dominé par les Britanniques et s'est fermement accrochée à la démocratie installée par les Britanniques, se targuant même d'être "la plus grande démocratie du monde". Le Congrès s'est contenté de donner au pays une indépendance politique vis-à-vis de ses anciens maîtres, mais a accepté d'imiter le paradigme sociopolitique, économique et culturel de l'Occident.
Le monopole du Congrès sur le pouvoir en Inde a d'abord été ébranlé par la victoire d'un parti conservateur alternatif de droite, le Bharatiya Janata Party, lors des élections de 1996 à la chambre basse du Parlement (Lok Sabha). Ce parti est lui-même issu du mouvement extrêmement conservateur Rashtriya Swayamsevak Sangh, créé en 1980.
Narendra Modi est devenu le premier ministre de ce parti en 2014 et le reste jusqu'à ce jour. Selon les analystes, Modi a toutes les raisons de conserver son poste lors des élections de 2024, qui ont débuté le 19 avril et se termineront le 1er juin.
Le règne du Bharatiya Janata Party et le charisme politique personnel de Modi ont fondamentalement changé l'Inde. D'ailleurs, sous Modi, le nom officiel de l'Inde a été remplacé par le nom sanskrit Bharat. Le fait est que Modi s'appuie sur une idéologie complètement différente de celle du Congrès national indien.
Au départ, la lutte de l'Inde pour son indépendance vis-à-vis des Britanniques s'est déroulée dans deux directions : l'une douce et pacifiste, incarnée par le Mahatma Gandhi, qui a misé sur la résistance non violente, et l'autre plus militante et intransigeante, représentée par des personnalités telles que le traditionaliste indien Bal Gangadhar Tilak, le fondateur du Rashtriya Swayamsevak Sangh, Keshav Hedgewar, et le nationaliste Vinayak Savarkar.
Tilak, Hedgewar et Savarkar
Les Britanniques, au moment où ils s'en sont allés, ont discrètement confié le pouvoir en Inde (après avoir cédé un certain nombre de territoires habités par des musulmans - le Pakistan et le Bangladesh, ainsi que le Sri Lanka, le Bhoutan et le Népal) au Congrès, estimant que ce parti maintiendrait l'Inde dans la zone d'influence anglo-saxonne et la conduirait sur la voie de la modernisation et de l'occidentalisation (avec des spécificités régionales), c'est-à-dire qu'une certaine forme de contrôle colonial serait conservée.
En revanche, les principaux opposants au Congrès, dès le début de la lutte pour l'indépendance, estimaient que l'Inde n'était pas seulement un pays ou une ancienne colonie, mais le territoire d'une civilisation puissante et distincte. C'est ce que nous appelons aujourd'hui un État-civilisation. Cette idée a été formulée pour la première fois par Kanaiyalal Munshi et a été appelée "Akhand Bharat", "Inde indivise" ou "Grande Inde".
En 2022, Narendra Modi a fait de la "décolonisation de l'esprit indien" son principal objectif. Et devant nous apparaît aujourd'hui une Inde que nous ne connaissions pas du tout - une Inde conservatrice de droite, un État-civilisation védique, une Grande Inde engagée sur la voie de la souveraineté totale.
Bien sûr, un observateur superficiel remarquera une contradiction: l'Inde se rapproche géopolitiquement des États-Unis et d'Israël, elle est entraînée dans un conflit frontalier croissant avec la Chine (d'où la participation de l'Inde à plusieurs blocs régionaux anti-chinois tels que le QUAD, etc.), et les relations avec le monde islamique deviennent plus aiguës - tant à l'intérieur de l'Inde qu'à l'égard du Pakistan. Si les traditionalistes indiens veulent "décoloniser l'esprit indien" et lutter contre la civilisation matérielle occidentale, qu'ont-ils en commun avec les États-Unis ?
Pour lever cette ambiguïté, nous pouvons nous pencher sur l'histoire de la montée en puissance de la Chine moderne. Dès la fin des années 1970, les représentants du Conseil américain des relations extérieures (CFR), et en particulier Henry Kissinger, ont personnellement proposé à la Chine un partenariat bilatéral contre l'URSS, afin de briser définitivement le camp socialiste. La Chine, sous la direction de Deng Xiaoping, en a profité pour se transformer progressivement, en l'espace de 40 ans, d'un client économique des États-Unis, elle est devenue un puissant pôle indépendant avec lequel les États-Unis sont désormais entrés en concurrence et, en fait, en guerre commerciale. L'escalade du problème autour de Taïwan permet de prédire le passage de cette confrontation à une phase chaude.
Aujourd'hui, les mêmes forces mondialistes occidentales ont décidé de soutenir l'Inde, cette fois contre la Chine. Et Modi, fort de l'expérience chinoise, a adopté cette stratégie. Mais tout comme la Chine a utilisé la mondialisation à ses propres fins, non pas en perdant mais en renforçant sa souveraineté, la Grande Inde a l'intention de faire de même. D'abord, en tenant compte des réalités objectives de la politique internationale, pour maximiser sa puissance, accroître le bien-être de son immense population, le volume de son marché intérieur, sa puissance militaire, son potentiel technologique, et ensuite, au moment opportun, pour émerger en tant que pôle totalement indépendant et souverain.
Cette stratégie est mieux comprise par les mondialistes eux-mêmes. Ainsi, George Soros et sa Fondation Open Society, interdite en Russie, qui s'est ouvertement fixé comme objectif principal la lutte contre la tradition, la souveraineté et les cultures et sociétés indépendantes, ont déclaré la guerre à Narendra Modi et au Bharatiya Janata Party. Ce faisant, il a non seulement soutenu l'opposition du Congrès, mais aussi activement alimenté la discorde sociale et ethnique en Inde, notamment en appelant les Dalits (une caste répertoriée très répandue) à se révolter contre Modi. Il s'agit là d'une autre version de la "révolution colorée", modus operandi par lequel les mondialistes mènent la charge.
La Russie doit simplement prendre conscience des changements fondamentaux qui se produisent en Inde. C'est un pays très différent de celui avec lequel nous avons construit une relation assez étroite pendant la période soviétique. Oui, les Indiens éprouvent encore beaucoup de sympathie et de nostalgie à l'égard des Russes. Et cela s'applique non seulement aux gauchistes du Congrès (où, soit dit en passant, sous l'influence de Soros, les voix des russophobes se font de plus en plus fortes), mais aussi aux traditionalistes de droite. Et dans ce cas, le rôle clé n'est pas joué par l'inertie, mais par une compréhension claire du fait que la Russie se déclare comme un État-civilisation, qu'elle est une force majeure dans la construction d'un monde multipolaire et qu'elle traverse également une sorte de "décolonisation de la conscience". Alors que l'Inde connaît certains problèmes de conflit - en particulier dans les zones frontalières - avec la Chine, un autre État de civilisation et un autre pôle du monde multipolaire, il n'y a rien de tel avec la Russie, même dans un avenir lointain.
Dans le même temps, nous ne devrions pas nous rapprocher de l'Inde en dépit de notre partenariat stratégique étroit avec la Chine. Au contraire, nous avons un intérêt vital à résoudre les relations entre ces deux grandes puissances, car si un conflit éclate entre elles (ce à quoi l'Occident pousse), les perspectives d'un monde multipolaire seront repoussées indéfiniment. La Russie se dresse aujourd'hui pour défendre ses valeurs traditionnelles. Dans ce cas, nous devrions mieux comprendre tous ceux qui se sont levés pour défendre les leurs.
Et puis le partenariat énergétique, les plans stratégiques pour le corridor de transport Nord-Sud, les processus d'intégration eurasiatique, la coopération en matière de haute technologie (et l'Inde est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux en matière d'informatique) et la sphère financière vont acquérir une nouvelle dimension idéologique : les traditionalistes intéressés par la souveraineté civilisationnelle et par l'arrêt de l'expansion de l'hégémon occidental se comprendront bien mieux que quiconque.
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L'impasse du capitalisme d'urgence
L'impasse du capitalisme d'urgence
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/04/19/hatakapitalismin-umpikuja/https://markkusiira.com/2024/04/19/hatakapitalismin-umpikuja/
"Il ne faut jamais perdre de vue le tableau d'ensemble", rappelle l'universitaire Fabio Vighi, pour qui "la série de conflits géopolitiques que nous vivons n'est ni aléatoire ni arbitraire" mais "le symptôme d'une fragilité systémique croissante" et de "l'effondrement de la logique du capital".
Ce déclin économique - qui n'est en rien unique dans l'histoire, mais qui est néanmoins révélateur de l'effondrement de la civilisation occidentale - est, selon Vighi, illustré par le dicton bien connu "quand tout le reste échoue, ils vous mènent à la guerre".
Dans ce monde à la logique inversée, les "guerres à la périphérie de l'empire" ne sont pas la cause des problèmes économiques. "C'est plutôt un environnement économique explosif qui déclenche des conflits militaires, dans une tentative désespérée de sauver la face et de repousser l'heure des comptes", précise le philosophe italien.
Les guerres, "surtout lorsqu'elles sont présentées comme humanitaires, défensives ou antiterroristes", sont, selon Vighti, essentiellement "un moyen criminel de faire de l'argent facile, qui maintient les bulles financières actuelles à des niveaux record, tandis que les conditions économiques de millions d'employés et de chômeurs s'effondrent à un rythme tout aussi record".
"L'énorme quantité de dette qui a été injectée dans l'architecture financière labyrinthique pendant des décennies, nécessitant un refinancement constant (c'est-à-dire une dette supplémentaire), est maintenant au cœur des récits eschatologiques qui ont proliféré tout autour de nous - de la catastrophe climatique à la pandémie de taux d'intérêt en passant par la menace d'une guerre nucléaire", réitère Vighi dans son argument de base.
Sans le mécanisme des circonstances exceptionnelles, tout le système économique s'effondrerait. Ce serait le chaos dans les rues, la guerre civile et la rupture des liens sociaux. "Mais l'effet secondaire immédiat de l'endettement croissant pour financer les urgences est la dévaluation de la monnaie, une crise révolutionnaire de l'instrument monétaire qui va balayer le monde", exhorte Vighi.
"C'est peut-être un signe des temps que même les penseurs, historiens et commentateurs géopolitiques les plus pointus peinent à comprendre la nature existentielle du lien entre notre système économique basé sur l'endettement et les escalades militaires.
Selon M. Vighi, les gens ne semblent pas comprendre pourquoi l'Occident surendetté "essaie constamment de déclencher un nouveau conflit géopolitique". Il s'agit pourtant d'une logique très simple: les urgences politiques d'aujourd'hui font simplement partie du "modus operandi destructeur du renouveau capitaliste".
"Le bruit des bombes en Ukraine, à Gaza et au Moyen-Orient est l'accompagnement opératique de la danse mortelle de la récession et de l'inflation", écrit M. Vighi. Les réalités inévitables de l'effondrement économique doivent être noyées dans la cacophonie assourdissante de la guerre - ou de sa menace. "L'élite financière psychopathe aime l'odeur du napalm le matin", formule Vighi dans son allusion à un film de guerre (Apocalypse Now).
La ligne de défense du casino financier de l'élite est "soumise à une telle pression que seule une agitation géopolitique constante peut maintenir l'illusion de la durabilité du système". "Le mécanisme est devenu si pervers que le capital mondial a besoin du Covi d, de l'Ukraine, de Gaza, des Houthis et maintenant (comme on peut s'y attendre) de l'Iran - de préférence tous en même temps, mais aussi à tour de rôle - pour relancer la machine", écrit M. Vighi, avec un certain pathos.
La destruction provoquée par le "capitalisme de crise" alimente également l'émergence d'un nouvel ordre totalitaire, une "infrastructure de contrôle interactive technofasciste basée sur l'IA", qui tire sa force, entre autres, d'une "rhétorique pseudo-gauchiste, contagieuse comme une maladie".
Qu'il s'agisse de politique identitaire, de sécurité publique ou de la nouvelle religion de l'économie verte, la rhétorique pseudo-humanitaire manipule et contrôle les populations dans le besoin tout en empêchant une lutte collective sérieuse contre la pauvreté endémique et l'élimination des misérables inutiles et improductifs, comme les Palestiniens.
Les causes économiques du paradigme de l'urgence ne sont pas abordées, pas plus qu'il n'y a de critique de l'économie politique. Les partis systémiques qui influencent la politique, de droite comme de gauche, ont capitulé devant la logique destructrice du capitalisme contemporain en faillite et ne cherchent qu'à préserver le statu quo dans l'intérêt des puissances d'argent. Même l'État-providence finlandais n'est plus qu'un souvenir.
L'Occident libéral-démocratique devient totalitaire. La classe politique est réduite à un "administrateur technocratique des intérêts économiques". Le parlementarisme est conçu pour "cacher les véritables contradictions socio-économiques". Le capitalisme étant en phase terminale, l'élite a besoin d'un état d'urgence permanent.
Le capital n'a plus besoin d'une production à forte intensité de main-d'œuvre. Les nouvelles technologies éliminent effectivement la main-d'œuvre et les travailleurs restants doivent être inhumainement flexibles, rapides et cyniquement opportunistes, sous la tutelle de la classe politique et des (faux) médias de pouvoir.
"Tout cela confirme que le capitalisme d'urgence d'aujourd'hui est administratif. Son but est de réaliser d'énormes profits pour une petite élite et d'exclure tous les autres", observe Vighi avec les accents d'une critique sociale.
"L'ancien prolétariat a perdu sa position de sujet de la production de valeur et de la consommation, mais les nouveaux pauvres n'ont rien à perdre. Ils continuent à représenter une menace qui peut exploser à tout moment". Mais les groupes Bader-Meinhof de la nouvelle ère, les Gardes de l'Armée rouge, ne sont pas encore en vue ?
Les milieux financiers ne savent que faire de millions de personnes qui n'ont plus de rôle à jouer, même en tant qu'"armée de réserve industrielle" marxiste dans le poème épique du capital. De nombreuses générations futures se retrouveront "surplus humain", par rapport à la dynamique aveugle et enragée du profit.
Dans les estimations les plus dystopiques, les "mangeurs inutiles" seront éliminés dans les guerres limitées, les épidémies organisées, les famines et autres "mesures" technocratiques créées par le système capitaliste de contrôle. Est-ce pour cela que l'"Agenda 2030" de l'ONU a été créé, pour "assurer la prospérité d'une manière écologiquement durable" ?
Existe-t-il un moyen de sortir de l'impasse du capitalisme d'urgence ? Est-ce que, comme le suggère M. Vighi, certains de ceux qui sont radicalement exclus de ce système malade pourraient encore construire une alternative au capitalisme extrême, ou est-ce juste un vœu pieux de philosophe, en attendant que la population humaine se raréfie ?
18:04 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, guerre, fabio vighi, capitalisme d'urgence, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Fabio Mini et le temps des guerres sans fin
Fabio Mini et le temps des guerres sans fin
Source: https://www.piccolenote.it/mondo/fabio-mini-e-tempo-delle-guerre-infinite
Nous publions un extrait de la préface du livre Ucrania, Europa, mondo. Guerra e lotta per l'egemonia mondiale (= "Ukraine, Europe, Monde. Guerre et lutte pour l'hégémonie mondiale") de Giorgio Monestarolo (publié chez Asterios, Trieste, pp.106, euro 13). L'auteur est chercheur au Laboratoire d'histoire alpine de l'Université de la Suisse italienne et professeur d'histoire et de philosophie au lycée Vittorio Alfieri de Turin.
La préface est signée par le général Fabio Mini, qui a notamment été général de corps d'armée, chef d'état-major du commandement de l'OTAN pour l'Europe du Sud et commandant de la mission internationale au Kosovo (KFOR). Un personnage qui fait autorité, qui sait ce qu'est la guerre et, par conséquent, combien la paix est précieuse et combien il est urgent de la rechercher. Dans le livre, il y a quelques citations de la rédaction du site Piccolenote - nous n'aurions jamais pensé finir dans un livre... - un détail qui nous encourage à le faire connaître à nos lecteurs.
* * *
L'auteur de ce livre est chercheur et enseignant en histoire et en philosophie et son travail porte sur les guerres d'aujourd'hui, mais en historien qui ne se contente pas de rappeler les concepts et les liens du présent avec le passé, il allie le témoignage direct à la connaissance des "choses", ce qui est le principe de base de la sagesse. En tant que philosophe, il a prodigué la sagesse dans le livre en servant de pont, mais aussi d'équilibre, entre ce qui se passe et ce qui est raconté par ceux qui ignorent ou manipulent l'histoire.
Ces narrateurs se consacrent à emballer et à diffuser une version imposée par la propagande de guerre qui, malheureusement, commence l'histoire au lieu, au fait et au moment qui conviennent le mieux à leurs mécènes et employeurs, à leurs propres intérêts, mais aussi à leurs propres idées, manies, frustrations et cruautés. Dans ce type de communication, il y a toujours un agresseur et un agressé : ainsi, la guerre d'aujourd'hui en Ukraine a commencé en 2022 avec l'agression russe, la guerre à Gaza en 2023 avec le raid palestinien.
La situation à ce moment-là, ce qui s'est passé avant et pourquoi n'est pas important. Ce qui se passe immédiatement après et qui peut se produire un peu plus tard n'est pas non plus important. En Ukraine, une guerre conventionnelle est en train d'être racontée, sans tenir compte de la répression vicieuse exercée par l'Ukraine sur ses citoyens russophones au cours des huit dernières années et des souffrances indicibles que le peuple ukrainien devra endurer dans les années à venir.
Entre-temps, les Ukrainiens doivent assister, épuisés, à la destruction systématique de leur propre pays et à la parade cynique et macabre de leurs dirigeants, en voyage permanent dans les capitales clinquantes à l'autre bout du monde, à la recherche de fonds et d'armes. Les Ukrainiens savent désormais qu'ils doivent continuer à perdre pour que les entreprises économiques et politiques de la guerre gagnent et prospèrent.
À Gaza, on leur parle d'une guerre de punition sous forme de représailles antiterroristes, qui n'existe que parce qu'Israël n'a jamais reconnu la population palestinienne comme le souverain légitime de son territoire, malgré les résolutions de l'ONU en ce sens.
Alors qu'avec les autres États arabes qui l'ont attaqué militairement, Israël a établi et maintenu une relation de guerre et d'inimitié légalement reconnue, il a exclu toute relation avec le peuple palestinien en le qualifiant de terroriste.
Les actions et les soulèvements palestiniens ont toujours été jugés sur la base de méthodes et de tactiques de lutte plutôt que sur la base d'objectifs et de droits légitimes. Il ne fait aucun doute que l'attaque du 7 octobre par le Hamas a été menée avec des méthodes terroristes, mais la réaction israélienne n'était ni une guerre ni une opération antiterroriste. En frappant aveuglément la population, il a également adopté des méthodes terroristes et a en tout état de cause mené des opérations qui relèvent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Néanmoins, les deux événements, Ukraine et Gaza, sont traités par des chroniqueurs oublieux comme des guerres de libération qui doivent débarrasser le monde du Mal absolu. En réalité, il ne s'agit ni de guerres conventionnelles ni de guerres spéciales: aucune des nombreuses aventures militaires organisées et menées par le soi-disant Occident au cours des trente dernières années ne respecte les critères de rationalité, de légitimité de l'objectif, de proportionnalité, de sécurité, d'économie de forces qui caractérisent la guerre et les autres formes d'exercice de la force dans la discipline des relations entre les États et les peuples.
Les ennemis sont toujours sans droits, sans légitimité. Ils ne sont même pas des personnes et sont en tout état de cause inférieurs aux animaux. Pour l'ennemi, il n'y a jamais les mêmes règles que celles dont le combattant prétend être le champion, même lorsqu'il les enfreint lui-même. Des règles qui devraient être respectées non seulement par humanité (et ce serait déjà beaucoup), mais aussi pour que le conflit armé puisse être juridiquement et techniquement défini comme une "guerre".
En particulier, aucun des conflits modernes menés par l'Occident civilisé n'a respecté le critère énoncé au siècle dernier par le général W. T. Sherman: "Le but de la guerre est de produire une meilleure paix". Si les opérations menées à Gaza n'ont pas les caractéristiques de la guerre, elles n'ont pas non plus celles de la lutte contre la criminalité et le terrorisme.
La destruction systématique des bâtiments, des tunnels et des infrastructures civiles ne conduit qu'à des massacres incontrôlés, à des punitions collectives sauvages, à des renversements et à des liquidations ethniques. Le gouvernement israélien et ses forces armées sont certes responsables de tout cela.
Mais il ne s'agit pas d'une infime minorité violente qui traite tous les Palestiniens, où qu'ils soient, comme coupables de crimes commis par un groupe militant. La grande majorité des Israéliens considèrent ouvertement ou silencieusement les Palestiniens comme des bandits qui ne peuvent être innocents, comme des animaux qui ne peuvent et ne doivent pas bénéficier des droits de l'homme.
Les médias occidentaux amplifient abondamment les voix des mères israéliennes qui ont perdu leurs enfants ou celles des otages libérés. En Israël, aucune voix ne s'élève pour entendre les cris des milliers de mères palestiniennes privées de leurs enfants et les pleurs des dizaines de milliers d'orphelins. Il s'agit là d'un crime collectif dont sont complices ceux qui, en Israël et dans le monde, le dissimulent, le soutiennent et le justifient.
Cependant, il semble que cela n'intéresse personne, alors qu'il devient de plus en plus évident qu'Israël risque non seulement d'élargir le conflit, mais aussi de perdre le consensus international.
L'auteur est également philosophe et ses arguments incitent à une réflexion plus large que la simple observation des effets humains naturels et paradoxaux du passage des guerres aux pseudo-guerres.
Carl von Clausewitz est considéré comme le premier et le seul quasi-philosophe de la guerre occidentale. En réalité, il n'a exprimé quelques idées sur la nature de la guerre que dans un chapitre de son traité De la guerre, une compilation posthume de ses écrits, notes, réflexions et définitions publiée grâce au zèle d'une veuve inconsolable et de quelques amis.
Son aphorisme le plus connu, la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, est le plus galvaudé et, à tout le moins, s'il a été vrai pour les guerres napoléoniennes, il est sorti de son contexte depuis plus d'un siècle. La guerre est la négation de la politique, elle en est l'échec. Les guerres perdues sont les conséquences d'une mauvaise politique et les guerres gagnées présupposent toujours un changement de politique ou plutôt l'abandon d'une politique établie. La guerre ne continue pas, elle supplante les objectifs politiques, les priorités, les lois.
Un autre aphorisme abusif et hors contexte est le fameux "si vis pacem para bellum". Il est devenu le noble père de la dissuasion; en réalité, il s'agit d'une condamnation. La paix ne s'obtient plus en préparant la guerre, elle est menacée en incitant l'adversaire, surtout le plus faible, non pas tant à renoncer à la guerre qu'à la mener par d'autres moyens, même extrêmes.
En tout cas, plus personne ne prépare la guerre dans l'intention de ne pas la faire, et si la guerre entre les grandes puissances devient impossible par crainte de destruction mutuelle, des pseudo-guerres sont préparées avec empressement et menées sans limites, sans règles, sans honte, sans fin et sans but.
Dans ce contexte, la paix est devenue un "danger". Les appels à la paix ou seulement à la trêve font peur à ceux qui craignent de ne pas pouvoir mener à bien leur plan de destruction. C'est pourquoi la plupart des défaites et des victoires n'ont pas été définitives. C'est pourquoi chaque traité de paix est un compromis temporaire acceptable, même s'il contient les germes du prochain conflit. Et, de toute façon, les guerres sont devenues si coûteuses et si sanglantes que le simple fait de les poursuivre est déjà un crime et une défaite.
Mais les idées belliqueuses ont la vie dure. Israël a emprunté la voie de la solution finale à l'égard des Palestiniens. L'Ukraine l'a fait à l'égard de ses russophones et a conduit l'Occident tout entier à l'emprunter à l'égard de la Russie. Il ne faut pas être devin pour imaginer que dans aucun des deux cas, il ne peut y avoir de solution à la fin, sans qu'il y ait, en même temps, un désastre continental, au minimum.
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lundi, 29 avril 2024
La Commission européenne de von der Leyen s'est trompée et s'est ridiculisée !
La Commission européenne de von der Leyen s'est trompée et s'est ridiculisée !
Source: https://unzensuriert.at/258126-hier-hat-sich-die-eu-kommission-unter-von-der-leyen-geirrt-und-blamiert/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief
Outre les transactions opaques avec l'industrie pharmaceutique pendant la période coronaviresque, la Commission européenne sous Ursula von der Leyen a causé d'immenses dégâts, notamment dans l'industrie automobile.
Un signal dangereux émane de la Commission européenne
Le professeur Franz Indra, expert et développeur de moteurs renommé, l'a dit très clairement dans une interview accordée à FOCUS online le 24 mars, où il a parlé du développement du moteur à combustion en Chine, qui devrait être encore 10 à 15% plus économique, et où on lui a demandé si les marques européennes avaient encore un avenir dans ce contexte ? Le "pape des moteurs" a répondu :
"Le signal le plus dangereux provient toujours de l'interdiction des véhicules thermiques à partir de 2035, décidée par la Commission européenne sous la direction de Mme von der Leyen et de M. Timmermans, et qui doit absolument être rediscutée sous l'égide d'une nouvelle Commission européenne. Chaque jour où cette interdiction n'est pas annulée, notre désavantage par rapport aux constructeurs asiatiques s'accroît".
L'UE fait marche arrière mais à moitié
Quelques jours avant cette déclaration d'Indra, un document de données explosif a fait surface, qui pourrait renverser les décisions de l'UE. Comme il a été rapporté, la révision des plans de l'UE en matière de voitures électriques, prévue pour 2026, devrait aller dans le sens d'autoriser des alternatives à la mobilité électrique.
De l'électricité sale en trompe-l'œil
Le professeur Indra avait déjà déclaré en juin 2020 dans l'émission "Talk Spezial" de ServusTV que la voiture électrique devenait de plus en plus un leurre politique et que l'électricité utilisée pour les voitures électriques était sale. Indra a été encore plus clair lors d'un entretien accordé au Standard:
"Si l'e-mobilité n'avait pas été encouragée, elle n'existerait pas. Ce n'est que lorsque les subventions ont atteint des niveaux incroyables que les choses ont commencé à bouger. La Deutsche Bank a calculé que chaque voiture électrique coûte 20.000 euros à l'État. En Autriche, une hybride rechargeable en coûte 30.000, car il n'y a pas de NoVA".
La coalition "feu tricolore" a supprimé la subvention pour les véhicules électriques
Les inconvénients des voitures électriques semblent s'être fait connaître, car la coalition "feu tricolore" en Allemagne a récemment supprimé la subvention pour les voitures électriques, à la surprise générale. C'est un signe très fort, qui montre que l'e-mobilité commence à échouer, a déclaré Indra dans un entretien avec FOCUS. Il a dit textuellement :
"Nous avons vu que, malgré les aides très importantes accordées jusqu'à présent, les taux d'immatriculation mensuels des véhicules électriques se situent entre 15 et 17%, ce qui nous fait rater haut la main notre noble objectif d'avoir 15 millions de voitures électriques sur les routes d'ici 2030. Il s'agira plutôt de 5 millions".
Les ventes en Allemagne ont chuté de 28,9%.
En fait, les ventes de voitures électriques se sont effondrées le mois dernier dans toute l'Europe, la demande ayant chuté malgré les intentions de l'UE d'interdire les véhicules à essence et au diesel d'ici le milieu de la prochaine décennie. Les ventes de voitures à batterie ont chuté de 11,3%, tandis que la demande en Allemagne, la plus grande économie européenne, a chuté de 28,9%. C'est ce qu'a rapporté le blog Science & Politique, citant The Telegraph.
Une mauvaise empreinte carbone
Dans l'interview accordée à FOCUS, le professeur Indra a également attiré l'attention sur la dernière étude parue dans le rapport de l'Association des ingénieurs allemands (VDI). Dans cette étude, la voiture électrique n'a pas seulement été calculée avec de l'électricité "verte" ou moyenne, mais aussi avec l'électricité dont elle a réellement besoin, à savoir l'électricité dite marginale. Il s'agit du courant supplémentaire nécessaire, qui ne peut provenir que de centrales thermiques. Il a une très mauvaise empreinte carbone, et si l'on prend en compte cette électricité, la voiture électrique, qui entre en compétition avec un énorme "sac à dos" d'émissions provenant de la production de la batterie, ne rattrape plus la voiture thermique sur toute sa durée de vie.
23:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voitures électriques, commission européenne, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Namibie accuse les Verts allemands de racisme et de colonialisme
La Namibie accuse les Verts allemands de racisme et de colonialisme
Peter W. Logghe
Source : https://www.facebook.com/peter.logghe.94
L'index sentencieux et vertueux des Grünen allemands est mal barré: voilà que la Namibie accuse les Grünen de colonialisme et de racisme. Les grands champions de la lutte contre le racisme systémique européen et de la lutte contre la droite - deux synonymes pour les Grünen - sont maintenant eux-mêmes accusés de racisme - et par une ancienne colonie allemande de surcroît. Il s'agit d'accusations portées par le ministre namibien de l'environnement, Pohamba Shifeta, à l'encontre de la ministre allemande de l'environnement, la verte Steffi Lemke (tous deux en photo ci-dessous).
Tout tourne autour du gibier abattu en Afrique, en Namibie. La ministre allemande Lemke veut interdire partiellement l'importation de gibier africain en Allemagne. Dans une lettre ouverte citée par le journal allemand Bild-Zeitung, l'homme politique namibien Swapo Shifeta parle d'"ingérence unilatérale, illégale et néocoloniale dans notre droit souverain à utiliser nos ressources naturelles". Le ministre namibien y affirme que la chasse au gibier est strictement limitée et qu'elle fait partie d'une stratégie plus large de conservation des ressources fauniques. Ceux qui veulent protéger la faune sauvage doivent autoriser une chasse contrôlée, déclare le ministre namibien.
Les Grünen se tirent-ils une balle dans le pied ?
Dans l'ancienne colonie que fut la Deutsch-Südwestafrika, la protection de la faune a rang de loi. "Comme en Allemagne et en Europe, la chasse contrôlée fait partie de la politique de protection des espèces. Selon le ministre namibien, une partie de l'argent des impôts est justement utilisée pour ces mesures de conservation. Le directeur de l'association namibienne NACSO (management of nature and breeding areas), Maxi Louis, accuse également le parti au pouvoir en Allemagne de "ne même pas vouloir écouter". C'est comme si les Grünen disaient des Namibiens : "Ils ne peuvent pas penser par eux-mêmes".
La superbe avec laquelle les Grünen veulent imposer leur politique à la Namibie, et "veulent imposer la façon dont un pays africain devrait agir, ressemble à une attitude raciste à notre égard". C'est pourquoi le chef de l'exécutif namibien a invité Mme Lemke et la ministre allemande des affaires étrangères (également verte), Annalena Baerbock, en Namibie. "Asseyons-nous ensemble, en tant que personnes civilisées, et discutons du problème". Condition préalable pour la Namibie : "Ils doivent vouloir nous écouter, nous et notre communauté". Droit au but, non ?
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Stratégies de gouvernance britanniques: sectes religieuses
Stratégies de gouvernance britanniques: sectes religieuses
Leonid Savin
Source: https://www.geopolitika.ru/article/britanskie-strategii-upravleniya-religioznye-sekty
La Grande-Bretagne a une longue histoire de création de réseaux d'agents secrets, de subversion d'autres pays et de création de mouvements par procuration. La religion y joue un rôle non négligeable, car Londres doit tenir compte de l'identité religieuse des communautés et des peuples où elle mène ses opérations d'influence.
En Angleterre même, il existe de nombreuses sectes qui interprètent la Bible et les enseignements chrétiens à leur manière. C'est ainsi que sont apparus les Seekers (chercheurs), les Diggers (creuseurs), les Ranters (bavards), les Quakers (trembleurs), les Brownistes (d'après le nom du fondateur Robert Browne) qui se sont transformés en Indépendants, et d'autres encore. Certaines de ces sectes n'ont pas duré longtemps, d'autres se sont répandues sur le continent et aux États-Unis, donnant naissance à des courants encore plus étranges. Souvent en Angleterre même, elles ont provoqué des troubles sociaux, et, de même, plus tard, dans d'autres pays.
À cela s'ajoutent toutes sortes de sociétés secrètes et de fraternités, qui regroupent des représentants de l'aristocratie et de la bourgeoisie locales. Mais c'est une chose quand tout ce mélange ardent bout dans son propre jus, et c'en est une autre quand des idées similaires se répandent dans d'autres pays et d'autres cultures. Comme le montre l'histoire, la Grande-Bretagne a été directement impliquée dans la projection de ces concepts dans l'environnement extérieur, généralement avec des intérêts géopolitiques particuliers. Prenons les exemples les plus marquants et les plus connus.
L'empreinte britannique en Palestine
Au XVIe siècle est né en Grande-Bretagne l'israélisme britannique (ou l'anglo-israélisme), un ensemble de croyances pseudo-historiques et quasi religieuses selon lesquelles les Britanniques ne sont autres que les héritiers des dix tribus perdues de l'ancien Israël. Le roi Jacques VI de la dynastie des Stuart croyait lui-même qu'il était le roi d'Israël. L'avocat et député anglais John Sadler, qui était également le secrétaire privé d'Oliver Cromwell, avait des opinions similaires, bien qu'il les ait combinées avec les idées du millénarisme [i]. En 1649, il publie The Rights of the Kingdom, où il justifie la généalogie israélite des Britanniques [ii].
Des théories similaires ont continué à être développées aux XVIIIe et XIXe siècles, où ont été introduits des éléments d'archéologie, de linguistique et divers courants occultes en vogue à l'époque (pyramides, numérologie liée à la Kabbale, etc.).
Il convient de noter que l'israélisme britannique a influencé la théorie raciale et a, en partie, servi de justification aux protestants des États-Unis pour l'idéologie de la "destinée manifeste" au XIXe siècle [iii]. D'autre part, il a eu une influence significative sur les pentecôtistes et les mormons aux États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle [iv].
En 1919, la Fédération mondiale britannico-israélienne a même été créée à Londres, et elle existe encore aujourd'hui. Il convient de rappeler que la Grande-Bretagne a été à l'origine de l'idée de créer un État-nation d'Israël - la déclaration Balfour (une lettre du ministre des affaires étrangères Arthur Balfour à Lord Walter Rothschild) date de 1917, et plus tard, ce concept a été soutenu par la France, l'Italie et les États-Unis et a constitué la base du mandat britannique approuvé par la Société des Nations. C'est donc de la Grande-Bretagne que sont venues les impulsions qui ont finalement conduit au long conflit israélo-palestinien.
L'agitation dans la péninsule arabique
Le wahhabisme est né au milieu du XVIIIe siècle dans un village situé dans la région centrale de la péninsule arabique, le Nejd. Il porte le nom de son fondateur, Mohammad Ibn Abdul-Wahhab (1703-1792). Cependant, les Britanniques ont été directement impliqués dans l'émergence et l'épanouissement du wahhabisme à l'époque moderne.
Alors qu'il se trouvait à Bassorah, le jeune Ibn Abdul-Wahhab est tombé sous l'influence et le contrôle d'un espion britannique sous couverture, surnommé Hempher. Il fait partie des nombreux agents envoyés par Londres dans les pays musulmans pour déstabiliser l'Empire ottoman et créer des conflits entre les musulmans. Hempher, qui se fait passer pour un musulman, se fait aussi appeler "Mohammed" et noue une étroite amitié avec Ibn Abdul-Wahhab, lui offrant régulièrement de l'argent et des cadeaux. Il l'a convaincu que de nombreux musulmans devaient être tués parce qu'ils avaient violé les principes fondamentaux de l'islam en devenant des "hérétiques" et des "polythéistes". Lors de l'une des séances de lavage de cerveau, Hempher a déclaré avoir fait un rêve dans lequel le prophète Mahomet "embrassait" Ibn Abdul-Wahhab entre les deux yeux, lui disait qu'il était "le plus grand" et lui demandait de devenir son "adjoint" pour sauver l'islam des "hérésies" et des "superstitions". Croyant en sa vocation, Ibn Abdul-Wahhab commence à essayer de prêcher ces idées à Uyayn, mais il est expulsé. Il part alors prêcher dans d'autres villages et est rejoint par Hempher et d'autres espions britanniques infiltrés [v].
Les agents britanniques parviennent à persuader le cheikh Diri, Mohammad al-Saud, de soutenir Abdul-Wahhab. En 1744, al-Saud unit ses forces à celles d'Ibn Abdul-Wahhab dans une alliance politique, religieuse et matrimoniale. Ensuite, une petite armée de Bédouins est créée, qui terrorise la péninsule arabique et fait des raids jusqu'à Damas et Kerbela (où ils profanent la tombe du martyr Hussein bin Ali). En 1818, l'armée égyptienne du calife Mahmoud II anéantit le clan wahhabite, mais ses partisans échafaudent des plans de vengeance et voient en la Grande-Bretagne un allié.
Au début du XXe siècle, l'Empire ottoman s'effondre et les Britanniques soutiennent le nouvel imam wahhabite Abdulaziz. Le clan régnant des Sharif, descendants directs du prophète Mahomet, est alors expulsé du Hedjaz et des expéditions punitives sont menées à La Mecque et à Médine. La guerre civile dans la péninsule arabique, qui a fait rage pendant trente ans, a coûté la vie à plus de 400.000 Arabes.
Expériences en Inde
Une autre secte a été fondée à Qadian (Pendjab), dans l'Inde occupée par les Britanniques, en 1889, par Mirza Ghulam Ahmad, qui prétendait être le Mahdi (personnage attendu par certains musulmans à la fin du monde), un messie chrétien, une incarnation du dieu hindou Krishna et le second avènement (buruz) de Mahomet. La doctrine de cette secte est assez éclectique: par exemple, les adeptes sont amenés à croire que le Christ s'est rendu en Inde, où il a vécu jusqu'à 120 ans.
Aucune information officielle n'indique que les Britanniques auraient été à l'origine de la création de cette communauté. Cependant, c'est tout à fait possible, étant donné leur modus operandi depuis le début de la conquête du sous-continent indien, lorsqu'ils ont monté les dirigeants locaux les uns contre les autres et soutenu ceux qu'ils considéraient comme des exécutants fiables de leurs desseins, quelles que soient leurs opinions religieuses [vi]. Dans cette optique, les Britanniques sont au moins indirectement impliqués dans l'émergence de l'Ahmadiyya. Fait révélateur, la communauté musulmane Ahmadiyya s'est établie en Grande-Bretagne dès 1913 et a construit sa propre mosquée en 1926 [vii].
Au Pakistan, leurs activités sont interdites car ils ne sont pas officiellement considérés comme des musulmans en raison de leurs enseignements étranges.
Dans l'ensemble, il convient de rappeler que la présence britannique a joué un rôle négatif dans le destin futur des peuples de l'Hindoustan. Elle a conduit à la partition en 1947 entre l'Inde et le Pakistan selon des critères religieux, avec tous les conflits qui en ont découlé, y compris le différend actuel sur le Cachemire.
Incitation à l'hostilité entre musulmans
Le mouvement sectaire le plus récent associé à Londres est le "chiisme britannique", dirigé par les chefs religieux Mujtaba Shirazi et Yasir al-Habbib (photos ci-dessous). Apparemment, ce mouvement a été créé pour discréditer le chiisme en tant que tel - avec un regard sur l'Iran, le Liban et l'Irak, puisque ce sont les pays où vivent la plupart des adeptes du chiisme et où se trouvent de nombreux sanctuaires.
Les "chiites" britanniques considèrent les non-chiites comme des "idolâtres" et insultent régulièrement divers prédicateurs musulmans. Shirazi a même émis une fatwa selon laquelle les sunnites devaient être tués.
Selon le guide suprême iranien, l'imam Ali Khamenei, "des individus comme Shirazi et al-Habbib sont à la disposition de l'agence de renseignement britannique MI6 et sont utilisés pour fomenter des guerres sectaires". En janvier 2015, le gouvernement iranien a fermé les bureaux de dix-sept "chaînes de télévision chiites" diffusant par satellite au motif qu'elles incitaient à la discorde entre musulmans sunnites et chiites. En outre, le 4 juin 2016, l'Iran a de nouveau prêché sur la nécessité de combattre le chiisme britannique"[viii].
Bien entendu, les États-Unis utilisent également des techniques de gouvernance religieuse à des fins politiques. Outre les indices de liberté religieuse qui identifient les pays "autoritaires", le Conseil œcuménique des Églises a également un programme politique clair, et le lobby protestant influence les décisions du Congrès, du département d'État et de la Maison Blanche. La scission de l'Église en Ukraine et la création d'un organisme appelé PCU avec l'aide du patriarche Bartholomée, qui est directement lié à des agents américains, est une autre confirmation des pratiques anglo-saxonnes du principe assez ancien de "diviser pour mieux régner".
Notes de bas de page :
i - books.google.ru
ii - quod.lib.umich.edu
iii - books.google.ru
iv - scholarlypublishingcollective.org
v - www.ummah.net
vi - americalisten.com
vii - ahmadiyyauk.org
viii - katehon.com
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dimanche, 28 avril 2024
Washington et ses succursales
Washington et ses succursales
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/washington-e-le-sue-succursali
Il y a quelques jours, le 16 avril, le magazine qui fait autorité en matière d'atlantisme avéré, Foreign Affairs, a publié un article qui met fin à tous les bavardages sur les intentions de Poutine d'envahir l'Europe, d'arriver à Lisbonne, d'abreuver ses chevaux dans les bassins de la Place Saint-Pierre, et par là même à la réaction belliqueuse qui en découle du côté européen.
L'article est rédigé par un conférencier du Henry A. Kissinger Center for Global Affairs de la Johns Hopkins School of Advanced International Studies, et un associé du groupe de réflexion RAND, ancien Senior Fellow pour la Russie et l'Eurasie à l'International Institute for Strategic Studies. En gros, la crème des faucons atlantistes.
L'article reconstitue, documents à l'appui, le déroulement d'une négociation entre Poutine et Zelensky (entre leurs délégations respectives) du 28 février 2022 (même pas une semaine après l'invasion russe !) à la fin du mois d'avril. Les négociations se sont déroulées en partie en Biélorussie et en partie en Turquie.
Cette négociation avait déjà été évoquée à plusieurs reprises, notamment par Poutine lui-même qui avait montré un projet aux dirigeants des nations africaines et par l'ancien Premier ministre israélien Bennett.
Bien entendu, les vaillants défenseurs de la désinformation de notre propre journalisme n'ont pas manqué, avec leur air de bien-pensants, de ridiculiser ces nouvelles en les qualifiant de "fake news" (fausses nouvelles).
Entre le 29 mars et le 15 avril, un accord de principe avait été conclu, stipulant que l'Ukraine resterait un État définitivement neutre et non nucléaire, qu'elle renoncerait à son adhésion à l'OTAN et aux alliances militaires en général, et qu'elle n'autoriserait pas l'installation de bases militaires ou de troupes étrangères sur son territoire.
La question de la Crimée a été mentionnée, proposant une résolution pacifique du conflit au cours des 15 prochaines années.
La Russie a accepté l'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
Pour le Donbass, la validité des accords de Minsk (II) a été rétablie, avec la reconnaissance d'une large autonomie pour les régions russophones au sein de l'État ukrainien.
Les accords ont brusquement échoué dans la seconde moitié du mois d'avril, alors que la signature du projet semblait toute proche. L'accueil réservé par les Américains aux négociations avait été sceptique dès le départ, mais le tournant s'est produit après la visite de Boris Johnson, alors Premier ministre britannique en exercice, qui a délivré le message suivant : "Combattez la Russie jusqu'à ce que la victoire soit acquise". Les négociations ont été rompues peu après. La question de savoir si le "massacre de Bucha" ou le retrait des troupes russes de Kiev, considéré comme un signe de faiblesse, a contribué à ce revirement est une question de conjecture.
C'est à ce moment-là que l'Occident appuie unilatéralement sur l'accélérateur de la fourniture d'armements, rejetant toute hypothèse d'accord. Et il est clair pour tous que sans une couverture occidentale totale, Zelensky n'aurait jamais renoncé aux négociations.
Des événements marquant un tournant sans retour, comme la destruction du gazoduc North Stream 2, sont encore à venir (26 septembre 2022).
Lorsque les négociations ont commencé, les pertes sur le champ de bataille étaient encore extrêmement faibles, il n'y avait pas encore eu d'hécatombes comme à Marioupol (mai 2022).
Ce que ce récit établit définitivement, c'est la chaîne des responsabilités d'une catastrophe annoncée.
L'Ukraine n'est plus qu'un tas de ruines, avec une population réduite de 40% depuis l'indépendance en 1991.
L'Europe est en proie à la désindustrialisation, la "locomotive" allemande est à l'arrêt, les industries se délocalisent aux États-Unis pour rester compétitives face aux coûts de l'énergie, et tout l'appareil manufacturier européen est lié aux approvisionnements américains.
Le peu d'argent qui reste en circulation en Europe est sur le point d'être coopté dans une nouvelle course aux armements qui brûlera les dernières ressources dans le bûcher stérile d'une guerre (réelle ou potentielle).
Et tout cela a été décidé par Washington et ses succursales, avec la collaboration de la pire classe dirigeante de l'histoire européenne, et avec le soutien enthousiaste de nos médias stipendiés, qui ont acclamé la guerre sans vergogne depuis le premier jour, et qui continuent à le faire.
Si l'enfer existe, celui qui le préside devra bientôt promouvoir un plan de construction extraordinaire.
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Les dépenses de défense augmentent dans le monde entier au rythme le plus rapide depuis dix ans
Les dépenses de défense augmentent dans le monde entier au rythme le plus rapide depuis dix ans
Source: https://noi.md/md/in-lume/cheltuielile-pentru-aparare-sint-in-crestere-in-intreaga-lume-unde-sint-cele-mai-mari
Dans le même temps, les États-Unis restent largement en tête pour le montant de leur budget militaire, suivis par la Chine. Selon dw.com, en particulier, le total des dépenses militaires mondiales atteindra 2443 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 6,8% en termes réels par rapport à 2022. C'est ce qu'indique un rapport publié le 22 avril par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Il s'agit de la plus forte augmentation depuis 2009 : les États-Unis, la Chine et la Russie ont tous augmenté leurs dépenses militaires, souligne le rapport.
Pour la première fois depuis 2009, les dépenses militaires ont augmenté dans les cinq régions géographiques définies par le SIPRI, les plus fortes hausses étant enregistrées en Europe, en Asie, en Océanie et au Moyen-Orient. "L'augmentation sans précédent des dépenses de défense est une réponse directe à la détérioration de la paix et de la sécurité dans le monde. Les nations donnent la priorité à la puissance militaire, risquant ainsi d'entrer dans une spirale d'action-réaction dans un environnement géopolitique et sécuritaire de plus en plus instable", a déclaré Nan Tian, chercheur au programme du SIPRI sur les dépenses militaires et la production d'armements. En 2023, les dépenses militaires russes devraient augmenter de 24% pour atteindre environ 109 milliards de dollars, soit une hausse de 57% par rapport à 2014, année où la Russie a annexé la Crimée.
En 2023, les allocations de défense de la Fédération de Russie atteindront 16% des dépenses du budget de l'État, soit 5,9% du PIB. L'Ukraine se classe au huitième rang mondial pour ses dépenses militaires, qui ont augmenté de 51% l'année dernière pour atteindre 64,8 milliards de dollars (37% du PIB du pays et 58% des dépenses de l'État). En 2023, les dépenses militaires de Kiev représenteront 59% des dépenses de défense russes. Parallèlement, au cours de l'année, l'Ukraine a également reçu une aide militaire d'au moins 35 milliards de dollars, dont 25,4 milliards de dollars de la part des États-Unis. Au total, cette aide et les dépenses militaires de l'Ukraine ont représenté environ 91% des dépenses militaires russes.
En 2023, l'OTAN, qui comptait alors 31 pays, représentait 1341 milliards de dollars de dépenses militaires, soit 55% du total mondial. Le budget de la défense des États-Unis a augmenté de 2,3% pour atteindre 916 milliards d'euros, soit 68% du total des dépenses militaires des États membres de l'Alliance.
L'année dernière, la plupart des membres européens de l'Alliance ont également augmenté leurs dépenses militaires, leur part dans le budget total atteignant 28%, soit le niveau le plus élevé depuis dix ans. Les 4% restants proviennent du Canada et de la Turquie. Parmi les pays européens, c'est la Pologne qui a le plus augmenté ses dépenses militaires entre 2022 et 2023, de 75%, pour atteindre 31,6 milliards d'euros, soit le 14ème budget de défense au monde. "Les deux dernières années de guerre en Ukraine ont fondamentalement changé les perspectives de sécurité des États membres de l'OTAN en Europe".
"Ce changement dans la perception de la menace se reflète dans l'augmentation de la part du PIB consacrée à l'armée", a déclaré Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme du SIPRI sur les dépenses militaires et la production d'armes. Dix ans après que les membres de l'alliance se sont engagés à consacrer 2% de leur PIB aux dépenses militaires, 11 des 31 pays ont atteint ou dépassé cet objectif en 2023, soit le niveau le plus élevé depuis lors. Un autre objectif - consacrer au moins 20% des dépenses militaires aux armes et aux équipements militaires - a été atteint par 28 membres de l'OTAN, alors qu'ils n'étaient que sept en 2014.
L'UE augmente sa production d'armes
La Chine, deuxième budget militaire au monde, a financé ses armées avec 296 milliards de dollars l'année dernière, soit une hausse de 6,0% par rapport à l'année précédente. Les dépenses de défense en Chine ont augmenté pour la 29ème année consécutive. Pékin représente la moitié de toutes les dépenses militaires en Asie et en Océanie. Certains voisins de la Chine ont établi un lien entre l'augmentation de leurs propres dépenses de défense et celle de Pékin. Le Japon a alloué 50,2 milliards de dollars à son armée, soit une hausse de 11% par rapport à 2022. Les dépenses militaires de Taïwan ont également augmenté de 11% pour atteindre 16,6 milliards de dollars.
"La Chine consacre une grande partie de son budget militaire croissant à l'amélioration de la préparation au combat de l'Armée populaire de libération. Cela a incité des pays comme le Japon et Taïwan à accroître considérablement leurs capacités militaires, et cette tendance va s'accélérer dans un avenir proche", déclare Xiao Liang, chercheur au programme du SIPRI sur les dépenses militaires et la production d'armes. Selon les analystes du SIPRI, les dépenses militaires totales au Moyen-Orient en 2023 devraient augmenter de 9,0 % pour atteindre 200 milliards de dollars. Il s'agit du taux de croissance annuel le plus élevé de la région au cours de la dernière décennie. Le budget de la défense d'Israël - le deuxième plus important au Moyen-Orient après celui de l'Arabie saoudite - a augmenté de 24% pour atteindre 27,5 milliards de dollars.
Cette augmentation est principalement due à l'offensive de grande envergure menée par Israël dans la bande de Gaza en réponse à l'attaque terroriste du Hamas dans le sud d'Israël en octobre 2023. L'augmentation significative des dépenses militaires au Moyen-Orient reflète l'évolution rapide de la situation dans la région, depuis le réchauffement des relations diplomatiques entre Israël et plusieurs pays arabes ces dernières années jusqu'au déclenchement d'une guerre majeure dans la bande de Gaza et aux craintes d'un élargissement et d'une escalade du conflit, a expliqué Diego Lopez da Silva, chercheur principal au programme du SIPRI sur les dépenses militaires et la production d'armements.
L'Iran, dont l'escalade du conflit avec Israël suscite une inquiétude croissante, se classe au quatrième rang des pays du Moyen-Orient en termes de dépenses de défense, avec 10,3 milliards de dollars.
22:03 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, défense | | del.icio.us | | Digg | Facebook