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samedi, 19 juillet 2025

Le Sud global n'a pas appris à maîtriser le soft power

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Le Sud global n'a pas appris à maîtriser le soft power

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/il-sud-globale-non-ha-studiato-...

D'un côté, nous avons les mensonges quotidiens d'une désinformation italienne servile tant à l'égard de Kiev que de Tel Aviv. De l'autre, l'incapacité totale de Moscou à lancer une stratégie de contre-information. Cela vaut également pour la Chine, en ce qui concerne les guerres commerciales. Les seuls qui peuvent se justifier, en disant qu'ils n'ont aucun soft power, ce sont les Palestiniens, qui sont aujourd'hui affamés et qui sont matraqués par les bombes, totalement ignorés par leurs « frères arabes » qui n'attendent que de faire du fric sur les décombres de Gaza.

Mais les Russes et les Chinois, comme tous les autres pays du groupe BRICS et assimilés, sont sans aucun doute responsables de ne pas avoir recours à une stratégie de soft power qui contredise le discours occidental. Il est vrai que le Sud global est en croissance constante, qu'un jour il n'aura plus besoin de l'Occident arrogant et décadent, etc. Mais ce jour est encore loin et il convient donc de composer avec ceux qui, pendant des années et des années encore, représenteront les débouchés et le marché pour les productions du Sud global.

Même si l'on constate partout, à commencer en Italie, une chute du nombre de lecteurs de journaux et de téléspectateurs qui suivent les journaux télévisés, la désinformation officielle parvient encore à faire des dégâts, à manipuler les consciences et les esprits les plus limités. Car les réseaux sociaux, qui, par nature, ne sont pas coordonnés entre eux, ne suffisent pas à offrir une alternative capable de renverser le discours officiel.

C'est l'incapacité, désormais habituelle, à créer un système. Si les mensonges des quotidiens italiens sur la guerre en Ukraine avaient eu un minimum de rapport avec la réalité, Poutine serait déjà mort depuis longtemps de maladies hautement fantaisistes, Moscou aurait été occupée suite à la joyeuse avancée de la machine de guerre ukrainienne et les Russes seraient aujourd'hui affamés.

Il en va de même pour Xi Jinping, qui serait déjà mort mais on ne nous le dit pas, pour le Venezuela, pour Cuba, pour la Corée du Nord.

Cela vaut pour la culture européenne – la vraie, pas l'officielle – transformée en un mélange obscène entre la nouvelle ligne politiquement correcte de Walt Disney – avec des dieux nordiques interprétés par des acteurs africains et des princesses fluides – et les vieux navets hollywoodiens avec des soldats américains qui, isolés et sans armes, écrasent des pelotons entiers de méchants Allemands et Italiens.

Et lorsque les productions culturelles sont bel et bien italiennes, elles s'alignent parfaitement sur les indications des maîtres américains dans l'espoir de recevoir quelques récompenses.

D'ailleurs, il n'y a pas d'alternative au monde actuel car le Sud global n'a pas encore appris la leçon du soft power.

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À l'est d'Eden - L'Europe, l'Iran et Israël

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À l'est d'Eden - L'Europe, l'Iran et Israël

Par le Groupe de réflexion Feniks (Flandre)

Source: https://www.feniksvlaanderen.be/blog/2610773_ten-oosten-v...

Introduction

La réaction actuelle des conservateurs, qui consiste à soutenir inconditionnellement Israël dans sa rhétorique virulente et sa confrontation militaire avec l'Iran, est une erreur stratégique. D'un point de vue philosophique – au nom du Groupe de réflexion Feniks (Flandre) –, nous affirmons que la guerre ou le changement de régime en Iran aurait des effets contraires à ceux escomptés pour l'Europe. Malgré la sympathie compréhensible des conservateurs flamands et néerlandais pour Israël, nous devons reconnaître avec lucidité qu'une escalade avec l'Iran nuit aux intérêts propres de l'Europe. Les interventions occidentales précédentes au Moyen-Orient, de l'Irak à la Libye et à la Syrie, n'ont en effet pas apporté l'ordre, mais le chaos, des flux de réfugiés et l'extrémisme. Il est donc moralement et stratégiquement irresponsable que des voix européennes encouragent un changement de régime à Téhéran. Nous devons repenser les réalités géopolitiques: celles qui reposent sur l'opposition entre les puissances terrestres et les puissances maritimes, repenser la place de l'Europe dans ce contexte et la nécessité de se détacher des programmes stratégiques des thalassocraties (des puissances maritimes mondiales) telles que les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël. Cela signifie également qu'il faudra oser regarder en face le double standard avec lequel l'Occident traite le droit international et les valeurs humanitaires. Ce n'est qu'à travers une telle réflexion critique que les droites pourront rester fidèles aux principes qu'elles affichent, tels que la stabilité, la souveraineté et le contrôle de l'immigration.

Leçons tirées des interventions récentes

Avant de nous pencher sur Israël et l'Iran, examinons l'histoire récente des interventions étrangères dans cette région du globe. Ces interventions doivent nous servir d'avertissement. L'Irak a été envahi en 2003 dans le but proclamé de renverser un régime tyrannique et d'instaurer la démocratie. Le résultat ? Une longue guerre civile, la montée en puissance de Daech, des centaines de milliers de morts et un pays en ruines. La politique de puissance de Washington a créé « l'une des pires catastrophes géopolitiques depuis des décennies », un vide dans lequel la violence sectaire a prospéré. La Libye a subi le même sort en 2011: l'Occident a oeuvré à renverser Kadhafi sans avoir de plan pour l'avenir du pays. Il en a résulté l'effondrement de l'État libyen, une deuxième guerre civile et l'émergence d'une zone de non-droit qui a donné libre cours aux extrémistes et aux trafiquants d'êtres humains. Les milices extrémistes, les armes et les réfugiés ont afflué vers les pays voisins et même vers l'Europe via la Libye en faillite. La Syrie n'a pas connu un sort très différent: le soutien occidental aux soi-disant rebelles et l'escalade vers une guerre par procuration ont fait plus d'un demi-million de morts et des millions de déplacés, dont des millions de Syriens qui ont cherché refuge en Turquie, au Liban et en Europe. Les villes syriennes ont été réduites en ruines; le chaos a alimenté le terrorisme et provoqué un flux migratoire sans précédent vers le continent européen. Et n'oublions pas l'Afghanistan: après vingt ans de guerre, les troupes de l'OTAN se sont retirées en 2021, ce qui a permis aux talibans de reprendre rapidement le pouvoir. Ce « cimetière des empires » a coûté aux pays occidentaux des milliers de vies de soldats, des milliards d'euros, et s'est soldé par une retraite humiliante. De plus, une nouvelle crise des réfugiés a immédiatement éclaté lorsque des dizaines de milliers d'Afghans ont fui le pays pour échapper au régime taliban.

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Ces dures leçons révèlent une tendance générale: les interventions étrangères et les changements de régime forcés n'apportent pas une démocratie stable, mais plutôt l'instabilité et des catastrophes humanitaires. Elles déstabilisent des régions entières, créent des vides de pouvoir qui sont comblés par les djihadistes et poussent des masses de personnes à fuir. Cela a des conséquences directes pour l'Europe. Les vagues de demandeurs d'asile en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord rompent la cohésion sociale des pays européens, problème auquel les droites sont particulièrement sensibles. La population européenne en a en effet ressenti les répercussions de ces interventions: pensons à la crise des réfugiés de 2015, qui était en partie due à la guerre en Syrie, ou à l'instabilité au Sahel, qui touche également l'Europe via les frontières désormais ouvertes de la Libye. Lorsque les partis de droite en Europe réclament des mesures sévères contre l'Iran ou expriment leur soutien au bellicisme israélien, ils doivent comprendre qu'ils suivent ainsi la même recette qui nous a déjà valu le chaos et la pression migratoire. C'est contre-productif et myope: on promeut l'aventure militaire, mais on récolte l'insécurité et une immigration indésirable.

Géopolitique : loups terrestres contre loups marins

Pour vraiment comprendre les tensions actuelles entre Israël et l'Iran, il est indispensable d'adopter une perspective géopolitique. Au début du 20ème siècle, des penseurs tels que l'amiral Alfred Thayer Mahan et le géographe britannique Halford John Mackinder ont identifié une contradiction fondamentale dans la politique mondiale : celle entre les thalassocraties (puissances maritimes) et les tellurocraties (puissances terrestres). Mahan, stratège de la marine américaine, affirmait que les grandes puissances maritimes ne pouvaient assurer leur position qu'en contenant la volonté d'expansion des principales puissances terrestres.

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À l'époque, la Russie était la puissance terrestre par excellence qui devait impérativement être contenue par une coalition de puissances maritimes (c'est-à-dire les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon) afin qu'elle n'obtienne pas un accès illimité aux océans. Mackinder a développé cette idée et a résumé l'histoire mondiale comme étant la confrontation permanente entre la terre et la mer. Dans sa célèbre théorie du « Heartland » (1904), il affirmait que celui qui contrôlait le cœur de l'Eurasie – une vaste région d'Asie centrale – pouvait finalement contrôler le monde. Les puissances maritimes (l'« île mondiale » que constituent la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Japon, etc.) tentaient donc d'encercler ce cœur continental et d'empêcher la puissance terrestre d'accéder aux océans. Mackinder parlait en termes imagés de « loups terrestres » et de « loups marins », deux espèces se disputant le pouvoir sur la planète. Cette métaphore – les prédateurs terrestres contre les prédateurs marins – symbolise une réalité géopolitique profonde qui continue d'avoir des répercussions aujourd'hui.

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D'autres penseurs, tels que le géopoliticien allemand Karl Haushofer et le juriste Carl Schmitt, ont également souscrit à cette dichotomie. Schmitt a souligné que les puissances mondiales se sont toujours regroupées autour de ces deux pôles, et il a introduit le concept de Grossraum : de grands espaces continentaux qui devaient échapper à l'ingérence des empires maritimes. Selon eux, l'Europe ne pourrait être véritablement souveraine que si elle formait son propre espace de pouvoir continental, autosuffisant et libre de toute influence anglo-américaine. Cette idée d'un grand bloc eurasien – un axe Berlin-Moscou, éventuellement complété par les grandes puissances asiatiques – était diamétralement opposée à la stratégie anglo-saxonne du « diviser pour régner » par le biais de l'hégémonie maritime. En effet, pendant la guerre froide, les États-Unis ont appliqué précisément la stratégie de l'anaconda, décrite par Haushofer et ultérieurement élaborée par Spykman et Brzeziński: étrangler le continent eurasien le long de ses frontières (sur le « Rimland ») par le biais d'alliances et de bases militaires s'étendant de l'Europe à l'Asie orientale. Tout cela dans le but d'empêcher une puissance continentale comme la Russie ou la Chine de s'avancer sans entrave vers les océans et de dominer l'ordre mondial.

Quel est le rapport avec Israël et l'Iran? Eh bien, Israël est, d'un point de vue géopolitique, un avant-poste des puissances maritimes occidentales au cœur du Moyen-Orient, une région qui fait elle-même partie du cœur de l'Eurasie. Du point de vue de Washington et de Londres, Israël sert de tête de pont stratégique pour contrer les aspirations continentales des puissances terrestres régionales. Ainsi, pendant des décennies, Israël a contenu les régimes nationalistes arabes (tels que l'Égypte de Nasser ou la Syrie baasiste), qui avaient parfois tendance à s'allier à la Russie soviétique. Aujourd'hui, Israël considère l'Iran comme la grande menace terrestre: un pays vaste et influent qui ne veut pas tomber sous la domination maritime américaine et qui tisse des liens étroits avec d'autres puissances terrestres, telles que la Russie et la Chine. L'hostilité entre Israël et l'Iran dépasse donc le simple cadre religieux ou idéologique: il s'agit ici d'un conflit entre thalassocratie et tellurocratie au niveau régional. L'Iran est, géographiquement et historiquement, une puissance terrestre typique: situé au centre d'un espace assez vaste, difficile à conquérir (comme l'ont découvert de nombreux autres empires), avec une civilisation bien enracinée au cœur du continent. Israël, en revanche, est petit et n'est pas une puissance maritime, mais il est étroitement lié aux intérêts des puissances maritimes mondiales (les États-Unis et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni). Le pays bénéficie de la protection de la flotte américaine, de l'aide militaire occidentale et de la couverture diplomatique de l'Occident sur la scène mondiale – et en échange, il soutient implicitement la domination anglo-américaine dans la région.

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L'Europe continentale se trouve dans une position délicate au sein de ce champ de forces. D'une part, l'Europe occidentale est traditionnellement l'alliée des puissances maritimes mondiales (pensez à l'OTAN, au partenariat transatlantique, etc.). D'autre part, l'Europe est en fait une péninsule du continent eurasien – une puissance terrestre à part entière, avec des intérêts vitaux dans la stabilité du continent voisin (de l'Europe de l'Est au Moyen-Orient). La question se pose: l'Europe doit-elle continuer à suivre aveuglément la ligne de Washington et de Londres, même lorsque celle-ci conduit à la confrontation et au chaos à nos portes? Ou osera-t-elle se réorienter et penser davantage en termes d'intérêt continental? L'histoire nous enseigne que les puissances maritimes anglo-saxonnes avaient intérêt à maintenir le continent eurasien divisé et affaibli. « Diviser pour régner » sur terre et « régner sur les mers » était leur devise. Ainsi, dans les années 1980, les États-Unis ont soutenu les combattants islamistes en Afghanistan afin de saper l'Union soviétique, ce qui a finalement donné naissance aux talibans et à Al-Qaïda. De même, les États-Unis et leurs alliés se sont longtemps ingérés dans les changements de régime et les révolutions au Moyen-Orient, toujours dans le but de remplacer les gouvernements désobéissants par des gouvernements pro-occidentaux.

Mais pour l'Europe, cela s'est rarement bien passé: les foyers de tension se sont succédé sur sa périphérie immédiate, provoquant de nouvelles instabilités dans la région.

Dans le conflit israélo-iranien, nous voyons aujourd'hui le même scénario se dessiner. Israël, avec le soutien des néoconservateurs américains, insiste depuis des années pour que des mesures sévères soient prises contre l'Iran, allant de sanctions strictes à d'éventuelles attaques militaires contre les installations nucléaires iraniennes. Certaines voix s'élèvent même (principalement à Washington et à Tel-Aviv) en faveur d'un « changement de régime » à Téhéran, dans l'espoir d'installer un gouvernement pro-occidental. Il s'agit toutefois d'un jeu dangereux: l'Iran n'est pas un pion faible, mais une civilisation ancienne et fière comptant aujourd'hui 92 millions d'habitants; une population, qui, précisément en raison de la menace extérieure, se rallie souvent à son régime par patriotisme. Une guerre avec l'Iran serait beaucoup plus destructrice et imprévisible que celles qui ont été menées, tambour battant, contre l'Irak ou la Syrie. L'Iran possède donc une population beaucoup plus nombreuse et dotée d'une volonté plus forte, précisément en raison de la théocratie, qui y règne, et de l'histoire particulière du pays. De plus, dès le début d'un éventuel futur conflit, la Chine et la Russie apporteront un soutien important à leur allié au Moyen-Orient. Si les États-Unis, pour leur part, tentent d'apporter un soutien militaire depuis l'extérieur, l'Iran n'aura qu'à fermer le détroit d'Ormuz pour provoquer une énorme onde de choc économique pour l'économie mondiale. Nous estimons peut-être savoir par quoi nous commençons si nous commettons une telle intervention ou si nous tentons un tel changement de régime, mais nous ne pouvons pas deviner où tout cela finira.

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Pour l'Europe, un tel conflit aurait des conséquences désastreuses: interruption des approvisionnements en pétrole et en gaz, amplification du terrorisme, implication possible de l'OTAN (avec le risque d'une guerre à grande échelle) et, inévitablement, un nouvel exode de réfugiés. En cas d'effondrement de l'Iran, des millions d'Iraniens chercheraient refuge, probablement en Europe. Les mêmes partis politiques, qui tiennent aujourd'hui un discours pro-israélien, seraient alors confrontés, quelques années plus tard, à l'accueil de réfugiés iraniens? En bref, d'un point de vue géopolitique et stratégique, il n'est pas dans l'intérêt de l'Europe continentale de suivre Israël dans sa volonté de guerre contre l'Iran.

L'Europe a intérêt à ce que la stabilité règne au Moyen-Orient, et non à ce que des foyers de tension s'y développent. Si les partis de droite veulent sincèrement protéger les frontières de notre espace civilisationnel et endiguer les flux migratoires, la dernière chose qu'ils doivent applaudir est une nouvelle guerre à grande échelle dans la région proche- et moyen-orientale. Au contraire, l'Europe devrait investir dans la diplomatie, plaider la réduction des conflits et promouvoir les relations économiques afin de contribuer à stabiliser le Moyen-Orient, ce qui, à terme, réduirait la pression migratoire.

Se libérer des thalassocraties

Ce qui précède, ici, implique que l'Europe doit réfléchir à son autonomie géopolitique. Pendant des décennies, l'Europe occidentale a aligné sa politique étrangère sur celle de Washington. L'OTAN, dominée par les États-Unis, a dicté la stratégie: interventions en Afghanistan et en Libye, confrontation avec les ennemis d'Israël, etc. Mais nous sommes désormais au 21ème siècle, et l'équilibre des pouvoirs est en train de changer. Le Royaume-Uni a quitté l'UE; les États-Unis se concentrent de plus en plus sur l'Asie (la Chine). L'Europe continentale – en particulier le noyau autour de l'Allemagne et de la France, mais aussi des pays comme la Belgique et les Pays-Bas – doit se demander quelle est la voie à suivre dans son propre intérêt. La géopolitique anglo-américaine traditionnelle considère l'Eurasie comme un risque maîtrisable (selon la logique de Mackinder et Brzeziński). Mais pour l'Europe, l'Eurasie n'est pas seulement une théorie abstraite: c'est notre voisin et, en partie, notre foyer. Nous partageons le continent avec la Russie, la Turquie et le Moyen-Orient. Notre économie est étroitement liée à l'énergie et aux matières premières provenant de Russie et du Golfe, ainsi qu'aux marchés asiatiques. Lorsque les faucons anglo-américains prônent la confrontation – que ce soit avec la Russie en Ukraine ou avec l'Iran au Moyen-Orient –, ce sont nous, Européens, qui en payons le prix fort: récessions économiques dues aux sanctions et aux crises énergétiques, ou tensions sociales liées aux flux de réfugiés.

Se détacher des intérêts des thalassocraties ne signifie pas que l'Europe doive devenir anti-américaine, mais qu'elle doit apprendre à penser de manière mature et indépendante. Nous pouvons rester de bons alliés, mais ne pas demeurer de simples vassaux. Les gouvernements européens ne doivent plus soutenir sans réserve chaque initiative américaine ou israélienne qui, au nom de la « liberté et de la démocratie », vise à mettre un autre pays à genoux. Car soyons honnêtes: trop souvent, ces slogans idéalistes se sont avérés être un prétexte pour une politique de puissance brutale. Il est utile ici de rappeler les paroles du politologue américain Samuel Huntington. Huntington a fait remarquer que «l'Occident n'a pas conquis le monde par la supériorité de ses idées, de ses valeurs ou de sa religion, mais par sa supériorité dans l'application de la violence organisée». Les puissances occidentales – avec les États-Unis et, autrefois, la Grande-Bretagne en tête – ont défendu leurs intérêts par la force militaire et économique, et pas seulement par la supériorité morale.

Cette prise de conscience est un signal d'alarme: l'Europe doit comprendre que la volonté actuelle de renverser le régime iranien, par exemple, n'a rien à voir avec les « droits de l'homme » ou la « démocratie », mais tout à voir avec la volonté de pérenniser une domination géostratégique. Si nous, Européens, voulons vraiment défendre les principes du droit à l'autodétermination et à la souveraineté, nous ne devons pas soutenir la violation de ces principes pour d'autres peuples, et peut-être même la critiquer, non seulement lorsque la Russie le fait en Ukraine, mais aussi lorsque Israël ou les États-Unis le font au Moyen-Orient.

Même le haut représentant de l'UE, Josep Borrell, a récemment admis l'existence d'un double standard occidental. Dans un discours remarquable, il a fait référence à la critique selon laquelle l'Europe semble accorder plus d'importance à la vie des citoyens ukrainiens qu'à celle des citoyens palestiniens de Gaza, et que nous fermons les yeux sur les violations des résolutions de l'ONU par Israël tout en imposant des sanctions à la Russie pour des actes posés comme similaires. Cette hypocrisie sape notre crédibilité et nuit également à notre sécurité à long terme. Car comment pouvons-nous trouver des alliés dans le reste du monde (par exemple pour endiguer les migrations ou lutter contre le terrorisme) si nous sommes perçus comme sélectifs et hypocrites? Il faudrait dès lors fonder une politique étrangère européenne continentale, axée sur la cohérence des principes et l'intérêt propre: plus de chèque en blanc pour les aventures militaires israéliennes, mais plutôt l'accent mis sur la diplomatie, la coopération économique et la prévention des conflits dans notre région voisine.

Dimension coloniale et hypocrisie occidentale

La question israélienne mérite elle-même un examen critique, en particulier dans les milieux dits conservateurs qui attachent généralement une grande importance à la continuité historique et aux principes de souveraineté. C'est une vérité dérangeante, mais Israël est né d'une logique coloniale. Le projet sioniste est apparu à la fin du 19ème siècle comme un mouvement de colonisation européen: les Juifs européens (et plus tard ceux d'autres parties du monde) ont émigré en Palestine avec le soutien de grandes puissances coloniales telles que l'Empire britannique. Les terres ont été acquises au détriment de la population indigène, souvent par la force ou après son expulsion. En 1948, l'État d'Israël a été proclamé, ce qui s'est accompagné de la Nakba, l'expulsion catastrophique de plus de 700.000 Palestiniens de leurs terres. Ces faits sont bien documentés historiquement et reconnus par des historiens honnêtes (dont des Israéliens, ceux que l'on appelle les "Nouveaux Historiens", de l'école "post-sioniste"). Israël s'inscrit dans la lignée des États coloniaux classiques tels que les États-Unis, le Canada et l'Australie: un population de nouveaux arrivants qui peuple un pays sous le prétexte d'un droit historique ou divin, marginalise ou expulse les habitants autochtones et construit son propre mythe national pour justifier cette effrayante procédure.

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Pour la droite occidentale, généralement sceptique à l'égard du culte de la culpabilité coloniale et de l'esclavage, la critique d'Israël est souvent un sujet sensible. Après tout, Israël est considéré comme « l'allié de l'Occident dans une région hostile » et comme une sorte de ligne de front contre la menace islamique. Mais cela soulève une incohérence morale. D'une part, nous défendons le principe selon lequel les frontières sont sacrées (rappelons-nous l'indignation suscitée par l'annexion de la Crimée par la Russie); d'autre part, Israël enfreint systématiquement le droit international depuis 1967 en remplissant les territoires palestiniens occupés de colons. Des centaines de milliers de colons israéliens se sont désormais installés en Cisjordanie, ce qui est illégal selon la quatrième Convention de Genève. Les Palestiniens y vivent sous occupation militaire, sans droits civils. À Gaza, nous avons récemment vu comment Israël agit en tant que puissance occupante: punitions collectives, blocus, bombardements qui ne font pas la distinction entre combattants et civils. Pourtant, les gouvernements occidentaux sont remarquablement indulgents dans leur réaction. Pas de sanctions, pas d'embargo sur les armes – au contraire, Israël reçoit souvent encore plus de soutien lorsque les critiques internationales s'intensifient. Cette position exceptionnelle accordée à Israël sape toutes les références que l'Occident dit accorder aux "valeurs".

La cause de cette souplesse occidentale à l'égard d'Israël réside en partie dans notre histoire. L'Europe a un complexe de culpabilité envers le peuple juif en raison de l'Holocauste. Ce profond sentiment de honte – surtout en Allemagne, mais aussi plus largement en Europe occidentale – a conduit à une réticence à critiquer Israël, même si cela serait parfois justifié. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, il y avait en outre beaucoup de sympathie pour les survivants juifs et leur désir d'avoir leur propre État. Cependant, cette réaction émotionnelle compréhensible est devenue au fil du temps presque un dogme: Israël bénéficie d'une immunité morale, comme s'il était au-dessus des normes universelles. Les politiciens européens osent rarement dénoncer les abus israéliens de peur d'être taxés d'antisémitisme ou de profaner la mémoire de l'Holocauste. Ce « complexe de culpabilité lié à la Shoah » est parfois exploité, notamment par le lobby pro-israélien, pour étouffer toute critique et obtenir un soutien inconditionnel.

Bien sûr, il faut être vigilant face à l'antisémitisme, mais cela ne doit pas nous amener à fermer les yeux sur d'autres groupes opprimés ou à excuser des violations flagrantes des droits de l'homme. La véritable justice n'applique qu'un seul critère, sinon elle est nulle et non avenue.

À cela s'ajoute l'influence réelle des lobbies pro-israéliens en Europe. Nous connaissons tous le pouvoir du lobby israélien à Washington (AIPAC, etc.), mais il existe également à Bruxelles, Londres, Berlin et même La Haye des réseaux bien organisés qui promeuvent activement le discours d'Israël et tentent de rallier les politiciens à leur cause. Au Parlement européen, par exemple, un lobbying intense est mené pour tempérer les voix pro-palestiniennes: les eurodéputés qui critiquent Israël sont ouvertement dénigrés, voire déclarés persona non grata à Tel-Aviv, sans que l'UE ne riposte. Des organisations telles que les « European Friends of Israel », des groupes de réflexion et des ONG influencent le discours en coulisses. Les journalistes qui publient des articles critiques risquent d'être accusés de partialité. En bref, Israël a développé en Europe occidentale un réseau d'influence qui n'a pratiquement pas d'équivalent parmi les autres pays. Il est donc difficile pour les citoyens de comprendre pourquoi leurs dirigeants cèdent à chaque fois. Est-ce simplement par culpabilité ? Est-ce par dépendance stratégique (commerce d'armes, échange de renseignements)? Ou parfois même par intérêt financier et politique – dons, promesses d'emplois prestigieux après la carrière politique?

Quelle que soit la raison, une transparence radicale s'impose. Les partis de droite en Europe, souvent préoccupés à juste titre par l'influence étrangère qu'exercent certaines organisations islamiques ou la bureaucratie européenne, devraient avoir le courage d'examiner toutes les influences étrangères – y compris celles des États-Unis ou d'Israël – sur nos démocraties. Un plaidoyer pour la transparence: que les politiciens rendent publics les voyages, les dons ou les services qu'ils reçoivent d'États étrangers ou de lobbies. Pourquoi serait-il suspect qu'une ONG reçoive le soutien des pays du Golfe, par exemple, alors que nous acceptons sans broncher que des parlementaires se laissent choyer par des fondations pro-israéliennes? Quiconque revendique la souveraineté doit également oser penser de manière souveraine. Cela signifie: déterminer ses propres positions en fonction de ses propres intérêts et valeurs, sans se laisser influencer par aucune pression de groupe.

Mythes et réalités sur Israël

Enfin, il est utile de démystifier certains mythes qui poussent principalement les nationalistes de droite en Europe à idéaliser Israël sans réserve. L'un de ces mythes est qu'Israël incarne une sorte d'unité ethnique et culturelle, un peuple qui est « revenu » sur la terre de ses ancêtres. En réalité, la population israélienne est extrêmement hétérogène et résulte en grande partie de l'immigration. Les Israéliens juifs proviennent des cinq continents: les Juifs ashkénazes d'Europe (Russie, Pologne, Allemagne, Pays-Bas...), les Juifs séfarades et mizrahim du monde arabe et islamique (Maroc, Irak, Iran, Yémen...), les Juifs éthiopiens d'Afrique, etc. Beaucoup ont peu de liens génétiques ou culturels avec l'ancien Israël des temps bibliques – leurs ancêtres se sont convertis au judaïsme des siècles plus tard ou se sont mélangés aux populations locales.

Comment-le-peuple-juif-fut-invente-316636372.jpgDes historiens israéliens tels que Shlomo Sand ont longuement démontré que le concept d'un peuple juif homogène, en exil depuis l'époque romaine et qui « revient » aujourd'hui, est en grande partie un mythe national. Avant le 20ème siècle, les Juifs de Pologne ou du Yémen, par exemple, ne partageaient pas de langue, de culture ou d'ethnicité communes, à l'exception de leur religion. L'État d'Israël n'est donc pas tant une nation-État naturelle qu'un melting-pot nouvellement créé, forgé par l'idéologie (le sionisme en l'occurrence) et alimenté par des vagues migratoires diverses. Cela n'est pas nécessairement un inconvénient en soi – la plupart des nations modernes sont des mélanges –, mais cela sape l'affirmation souvent entendue selon laquelle Israël appartient exclusivement à un « peuple juif » homogène ayant un droit ancestral sur ce bout de terre.

Posons-nous la question suivante: trouverions-nous concevable qu'un nouvel État soit fondé quelque part en Europe sur la base de la religion ou de l'ethnicité, rassemblant une population venue du monde entier pour former une entité exclusive, au détriment de la population locale existante? La réponse est claire: non. Si demain, un mouvement de la diaspora islamique mondiale décidait, par exemple, que l'Andalousie est « la terre sainte des Omeyyades » et y proclamait un État islamique, cela nous semblerait absurde et inacceptable. Pourtant, c'est exactement ce qui s'est passé en Israël sous la bannière du sionisme: la création d'une colonie religieuse et ethnique. L'Occident a facilité et ensuite soutenu cette initiative, motivé par des circonstances historiques et un sentiment de culpabilité, certes, mais il s'agit en réalité d'un projet de colonisation au milieu du 20ème siècle, à une époque où le colonialisme était justement en train d'être démantelé ailleurs. Cette incohérence est notre talon d'Achille.

Les conservateurs européens, fiers de leur culture et de leur passé, doivent se demander pourquoi une telle expérience est défendue sans critique de l'autre côté de la Méditerranée. Bien sûr, nous souhaitons au peuple juif la sécurité et l'autodétermination après les horreurs de l'Holocauste. Mais cela doit-il impliquer que nous fermions les yeux sur le prix qu'un autre peuple – les Palestiniens – paie pour cela? Où est notre principe d'égalité devant la loi? Le cœur même de la pensée conservatrice en matière d'État de droit n'est-il pas d'appliquer les mêmes critères à tous, indépendamment de l'origine ou de la religion? Dans le cas d'Israël, cependant, il semble y avoir une règle tacite: d'autres normes s'appliquent à eux, parce que... oui, mais pourquoi au juste? Parce que l'on s'identifie à leur image occidentale? Parce que l'on se méfie du monde musulman et que l'on considère Israël comme «l'avant-poste de la civilisation»? Ce dernier argument revient souvent chez les faiseurs d'opinion de droite: Israël serait un avant-poste courageux de l'Occident au milieu d'une mer islamique hostile. Cette vision du monde simplifie toutefois la réalité. Elle suscite en outre peu de compréhension dans le reste du monde, y compris dans de grandes civilisations comme l'Inde, la Chine ou l'ensemble du monde islamique, qui trouvent cette auto-justification occidentale hypocrite.

Conclusion

Les forces conservatrices et nationalistes en Flandre et aux Pays-Bas se trouvent à la croisée des chemins. Vont-elles rester prisonnières d'un vieux réflexe datant de la guerre froide, selon lequel tout ennemi d'Israël est automatiquement considéré comme un ennemi de «l'Occident libre»? Ou oseront-elles tracer une nouvelle voie qui soit à la fois fidèle à nos valeurs occidentales d'ordre et de justice et qui tienne compte de manière réaliste de la place de l'Europe dans un monde multipolaire? Le présent article d'opinion soutient que suivre la voie guerrière d'Israël contre l'Iran est une impasse – contre-productive pour notre sécurité, contraire à nos intérêts et incompatible avec nos propres principes moraux. Au lieu de cela, l'Europe continentale doit apprendre à penser comme un acteur géopolitique à part entière: préserver la stabilité et la paix dans les pays voisins, défendre systématiquement le droit international et se libérer de l'emprise des propgrammes d'autrui, générateurs de conflits.

Que le message de Feniks aux droites soit le suivant: renouvelez votre patriotisme, concentrez-le sur l'avenir de l'Europe. Nos communautés ne seront pas protégées si l'on facilite encore davantage de guerres dans des contrées lointaines; elles seront protégées par la sagesse, la maîtrise de soi et la défense de leurs propres intérêts. Une Europe forte ne se laisse pas entraîner dans les rêves guerriers de puissances étrangères, mais choisit sa propre voie de la paix par la force. Et un conservatisme authentique ose dire des vérités jusqu'ici impopulaires: oui, même en ce qui concerne Israël, là où il fait fausse route. Tout comme un véritable ami doit parfois réprimander un autre ami, nous devons tempérer le nationalisme israélien là où il déraille – non par hostilité, mais par souci des valeurs supérieures et de l'avenir de tous.

Le phénix renaît de ses cendres en affrontant la vérité et en abandonnant l'ancien. Espérons que les droites flamandes et néerlandaises, dans ce dossier, soit également prêtes à se renouveler et à renaître de leurs cendres en abandonnant des certitudes dépassées et en adoptant une vision des choses qui serve véritablement l'Europe.

Sources:

Huntington, S. P. (1996). The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order. New York : Simon & Schuster.

Mackinder, H. J. (1904). "The Geographical Pivot of History". The Geographical Journal, 23(4), 421–437.

Pappé, I. (2006). The Ethnic Cleansing of Palestine. Oxford : Oneworld.

Sand, S. (2009). The Invention of the Jewish People. Londres : Verso.

Schmitt, C. (2015). Land and Sea: A World-Historical Meditation (S. G. Zeitlin, trad.). East Lansing, MI : Telos Press. (Œuvre originale publiée en 1942)

Feniks (2023). Essais contre le récit du mondialisme.

https://www.feniksvlaanderen.be/blog 

Ons manifest is beschikbaar!

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Dit boek heeft als doel enerzijds een inkijk te geven waarom politieke oplossingen voor tal van vraagstukken ondenkbaar zijn binnen de marges die men vandaag geeft in debatten.

Een tweede doel is het bedoeld als verdieping voor diegene die de afgelopen jaren tot de vaststelling zijn gekomen dat onze politiek alles behalve rechtvaardig is geworden.

Het boek telt 272 pagina's, en is begrijpbaar geschreven voor de nog niet zo ingewijde lezer. Dus laat je zeker niet afschrikken. De prijs van het boek komt op €30.

Bestellingen: https://www.feniksvlaanderen.be/product/10904267/essays-tegen-het-narratief-van-het-globalisme-feniks 

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vendredi, 18 juillet 2025

De porteuse d'espoir à source de déception: les critiques à l'encontre de Meloni s'intensifient

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De porteuse d'espoir à source de déception: les critiques à l'encontre de Meloni s'intensifient

Rome. Depuis son entrée en fonction à l'automne 2022, Giorgia Meloni était considérée par beaucoup comme le dernier espoir d'un tournant patriotique en Italie. Mais après près de trois ans au pouvoir, les voix qui l'accusent d'avoir trahi ses promesses se multiplient. La cause actuelle de ce mécontentement croissant est un projet de décret sur l'immigration qui vise à permettre une immigration légale à une échelle sans précédent (nous en avions déjà rendu compte).

D'ici 2028, le gouvernement prévoit d'octroyer un total de 500.000 visas de travail à des ressortissants de pays non membres de l'UE – 164.850 sont prévus pour la seule année 2026 et 165.850 pour chacune des années suivantes. Avec les 450.000 visas déjà délivrés entre 2023 et 2025, cela représenterait près d'un million d'immigrants légalisés en six ans, dont une grande partie provient d'Afrique subsaharienne. Ces chiffres ont déclenché une vague d'indignation dans le camp conservateur.

Le chef du mouvement identitaire autrichien Martin Sellner, l'un des détracteurs les plus virulents de Meloni, y voit la mise en œuvre d'un programme mondialiste: « Meloni confirme ainsi les craintes de nombreux militants de droite: elle se présente comme une femme de droite, mais agit dans le sens d'un programme migratoire mondial, et non dans l'intérêt du pays », explique-t-il sur X. Compte tenu d'un taux de chômage des jeunes de 25% et d'une pauvreté croissante dans une grande partie de la population, la « pénurie de main-d'œuvre qualifiée » invoquée par le gouvernement semble pour beaucoup être un argument fallacieux. « Alors que de larges couches de la population souffrent d'une pauvreté croissante (...), la « pénurie de main-d'œuvre qualifiée » est utilisée comme prétexte pour ouvrir davantage les vannes à l'immigration massive », poursuit Sellner.

La critique de la journaliste conservatrice Alessandra Bocchi est particulièrement virulente. Dans une analyse sans concession de la situation actuelle, elle décrit un pays en déclin : « Je vis à Milan, la ville la plus riche d'Italie. Je peux dire qu'après presque trois ans au pouvoir, Giorgia Meloni n'a rien accompli, à part une loi sur la castration des violeurs et des pédophiles (ce qui est une bonne chose)». Les observations de Bocchi brossent un tableau sombre: la présence de migrants illégaux a considérablement augmenté, la criminalité est en hausse, les banlieues se transforment en zones interdites jonchées de détritus. Dans le même temps, les rues pavées, vestiges historiques, sont recouvertes d'un asphalte sans âme, tandis que le coût de la vie explose et que les commerces traditionnels doivent céder la place aux chaînes de magasins. « Les gens sont en colère », résume Bocchi.

Malgré les critiques, la popularité de Meloni reste étonnamment stable dans les sondages – de nombreux Italiens ne veulent pas encore lui refuser leur bonne volonté. Mais la déception grandit surtout dans le camp de la droite. Le politologue allemand Benedikt Kaiser constate que Meloni a certes formulé de nombreuses positions conservatrices « théoriquement formidables » dans son livre, mais qu'elle fait souvent exactement le contraire dans la pratique.

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Pour de nombreux détracteurs, le rapprochement de Meloni avec les élites de l'UE revêt une charge symbolique particulière. Ses relations amicales avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la distance qu'elle a prise d'avec Viktor Orbán et ses interventions au Forum économique mondial alimentent les doutes quant à sa fiabilité politique. Alors qu'elle est célébrée internationalement comme une « citoyenne du monde », les accusations de trahison s'accumulent dans sa propre mouvance politique. « Meloni échoue. J'en ai assez de faire semblant qu'il en soit autrement. Elle a trahi son peuple », résume Bocchi.

Andrea Ballarati, ancien membre du parti Fratelli d'Italia de Meloni, en a déjà tiré les conséquences: « Meloni n'a jamais été de « notre côté ». C'est pour cette raison que j'ai quitté son parti en 2020». Il est particulièrement indigné par l'initiative dite « Ius Scholae », qui vise à accorder automatiquement la citoyenneté aux enfants migrants après la fin de leur scolarité. Cela conduirait à une « immigration massive, qui semble acceptable pour la légion des baby-boomers sans cervelle – et alors, pour nous Italiens, il sera presque impossible de ne pas devenir une minorité dans les décennies à venir ».

Alors que Meloni est saluée internationalement comme une figure de proue forte, une chose se confirme de plus en plus : l'ancienne figure de proue de la droite italienne a déclaré la guerre à son propre camp – une tendance que l'on observe également chez d'autres « porteurs d'espoir » de droite dans toute l'Europe (mü).

Source: Zu erst, Juillet 2025.

jeudi, 17 juillet 2025

Financement au lieu de livraison? Ou: à quoi ressemble aujourd'hui la participation à la guerre

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Financement au lieu de livraison?

Ou: à quoi ressemble aujourd'hui la participation à la guerre

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10 

Le général Freuding l'a confirmé sur la chaîne ZDF:

L'Allemagne finance un « nombre élevé, un nombre à trois chiffres » de missiles à longue portée pour l'Ukraine – les premiers exemplaires devraient être livrés dès juillet 2025. Officiellement, il s'agit d'une « production ukrainienne » soutenue par des fonds budgétaires allemands.

Mais en y regardant de plus près, on se pose tout de même quelques questions:

Comment est-il possible de développer, tester, certifier et livrer un missile entièrement nouveau en quelques semaines seulement, prêt à être utilisé au combat?

Ou s'agit-il en réalité de systèmes déjà existants, tels que les missiles de croisière Taurus, livrés en pièces détachées, avec une nouvelle «étiquette»?

Le financement n'est pas synonyme de livraison, mais il peut avoir le même effet.

La différence entre « nous ne livrons pas d'armes » et « nous finançons la production de systèmes d'armes offensifs » est pertinente sur le plan juridique, mais elle est peut-être insignifiante sur le plan militaire.

Car sur le champ de bataille, ce qui compte, ce n'est pas qui a payé, mais d'où vient la technologie et où elle frappe.

Si des systèmes allemands attaquent, directement ou indirectement, le territoire russe, la réaction ne s'arrêtera certainement pas à cette question de vocabulaire.

La France et la Grande-Bretagne disposent d'une force de dissuasion nucléaire.

Pas l'Allemagne. Et pourtant, elle finance des armes destinées à frapper profondément le cœur du territoire russe.

Dans quelle mesure est-il probable que cela reste sans conséquences ?

Il est peut-être temps de parler plus honnêtement.

Pas de subtilités lexicales. Mais de la responsabilité.

Pas de concepts. Mais des conséquences.

Pas des rôles. Mais des réalités.

La guerre ne commence pas par un coup de tonnerre, mais par une implication insidieuse.

#geopolitik@global_affairs_byelena

La pause de Trump avant l’Armageddon

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La pause de Trump avant l’Armageddon

Retarder un affrontement avec la Russie et lâcher le mouvement MAGA

Alexander Douguine

Alexander Douguine révèle ici que Trump est une figure vacillante qui, pris entre une guerre avec la Russie et la colère de son mouvement MAGA, privilégie le délai au destin, reportant l’apocalypse de cinquante jours.

Hier, beaucoup s’attendaient à ce que Donald Trump fasse des déclarations nettes, concrètes et menaçantes concernant la Russie. Cependant, il a choisi de repousser une confrontation sérieuse — une confrontation que les néoconservateurs insistaient activement pour qu'il l'enclenche. La situation équivalait, très probablement, à un pari 50/50.

Trump aurait pu annoncer des sanctions sévères ou des livraisons sans précédent d’armes à l’Ukraine et ce, en grande quantité. D’un côté, cela aurait pu détourner l’attention des Américains de sa décision de ne pas publier la liste des clients d’Epstein — une décision qui a transformé bon nombre de ses anciens soutiens en opposants.

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Sur tout le territoire des Etats-Unis, les militants du mouvement MAGA brûlent, par dépit, leurs casquettes sur la voie publique.

Tout le mouvement MAGA est actuellement contre Trump parce qu’il a, à plusieurs reprises, trahi leurs attentes de manière flagrante et cynique. D’abord, il s’est lancé dans la guerre contre l’Iran. Maintenant, il refuse de divulguer les dossiers sur le lobby pédophile d’Epstein aux États-Unis — ce qui était initialement un point clé de sa plateforme électorale. En conséquence, une cascade de supporters l’a abandonné. En substance, tout le mouvement MAGA, tout le trognon du trumpisme, se dresse maintenant contre Trump.

Dans ce contexte, on aurait pu s’attendre à ce que Trump tente de détourner l’attention avec une Troisième Guerre mondiale — un « Armageddon » contre la Russie — en annonçant des mesures effrayantes et extrêmes: de véritables sanctions capables de frapper aussi la Chine et l’Inde, principaux consommateurs des ressources énergétiques russes, et des livraisons de missiles de portée moyenne à Kiev, ce qui marquerait effectivement le début d’un Armageddon ouvert.

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Trump aurait pu faire cela pour détourner l’attention de ses échecs — ou choisir de ne pas le faire, sachant que MAGA lui serait alors encore plus hostile. Un des principes fondamentaux du mouvement, et celui qui a permis à Trump d’accéder au pouvoir, était de mettre fin au conflit en Ukraine et d’arrêter de soutenir Kiev. Fondamentalement, il avait deux options: calmer le jeu (la "désescalade"), chercher la détente et tenter de regagner de l’influence sur le mouvement MAGA — ou lâcher ce public, abandonner le mouvement MAGA complètement et déclencher un conflit direct avec la Russie, créant ainsi un état d’urgence. Il aurait pu choisir l’une ou l’autre voie, mais finalement, il n’en a choisi aucune, reportant tout à une prochaine étape.

Il a lancé des menaces envers la Russie tout en reconnaissant en même temps la grande compétence ès-négociations du président russe Vladimir Poutine, montrant que Poutine est un homme dur qui ne compromet pas ses intérêts nationaux. En revanche, Trump, lui, compromet ses propres intérêts. Toute comparaison entre les deux est donc clairement à l’avantage de Poutine. La Russie a un dirigeant fort, ferme, poli, qui axe sa politique sur des principes, qui ne trahit pas son électorat — contrairement au leader américain. Dans cette compétition réelle et concrète, Trump perd sans aucun doute. Il a perdu le soutien de ses électeurs et est sur une trajectoire descendante. Son charisme et ses plans s’effondrent. En réalité, comme disent les jeunes, c’est un « échec épique » — un échec complet en politique intérieure.

Cependant, il n’a pas choisi de détourner l’attention mondiale de cet échec par une escalade avec la Russie. Il n’a pas dit grand-chose; il a simplement menacé qu'une telle escalade pourrait encore arriver, mais pas maintenant, peut-être dans cinquante jours. Mais même après cinquante jours, il pourrait changer d’avis — ou le faire demain. Trump se comporte de manière très imprévisible, et, à cet égard, on pourrait dire, frivole.

Pourtant, la pire issue — une déclaration immédiate de la Troisième Guerre mondiale — n’a pas eu lieu. Cela ne veut pas dire qu’elle ne se produira pas plus tard: dans cinquante jours, dans dix jours ou dans trois. En tout cas, l’élan d’attente entourant ce lundi a été efficacement désamorcé par le retour de Trump à une position neutre. La dynamique d’escalade reste énorme. Le monde file à toute vitesse vers l’Armageddon. Mais, pour l’instant — du moins — cela ne commencera pas aujourd’hui.

En conséquence, la bourse russe a connu une légère hausse, bien qu’en réalité elle ne devrait pas dépendre de telles choses, surtout compte tenu des pourcentages négligeables qui sont impliqués. Notre marché boursier est fondamentalement défectueux, car il est surveillé par Nabiullina, qui voit la bourse comme une rivale de la Banque centrale — comme c’est habituel dans tout pays et sous tout système. En résumé, notre système est simplement mal conçu, donc ce n’est pas un indicateur pertinent. Je ne lui accorderais pas trop d’attention.

Ce qui est positif, toutefois, c’est que la guerre n’a pas commencé hier. Cela signifie que son début a été quelque peu retardé. Bien que rien ne soit certain, tout peut arriver. L’histoire reste ouverte. Trump a pris une pause, prolongeant ses stratégies inefficaces, envers nous et envers l’Ukraine, de cinquante jours supplémentaires. Il a promis de livrer des systèmes Patriot à l’Ukraine, qui seront payés par les Européens, bien que cette décision ait déjà été prise il y a quelques temps. En somme, Trump a tenté de faire sensation à partir de quelque chose qui ne sera pas sensationnel. En d’autres termes, il a déclaré, en substance :

« Maintenant, je proclame haut et fort que je ne proclame rien. »

Tout reste dès lors comme avant. Mais cette fois, l’intervalle qui nous a été donné — avant la reprise du conflit mondial aujourd'hui reporté — doit être utilisé pour renforcer notre pays, la Russie. Nous ne pouvons plus compter sur personne, ni placer nos espoirs ailleurs. Seulement sur nous-mêmes. Ce que nous construisons de nos propres mains, c’est ce que nous aurons. Par conséquent, nous devons armer, réarmer, surarmer, renforcer, consolider notre souveraineté, et orienter la société vers des trajectoires militaires à long terme. C’est ce qui doit être fait — quoi qu’il arrive. L’Armageddon ne commencera pas aujourd’hui. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne commencera pas demain.

mercredi, 16 juillet 2025

Sur le nouveau "Mode OTAN" : l'Europe paie, l'industrie américaine de l'armement s'enrichit

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Sur le nouveau "Mode OTAN" : l'Europe paie, l'industrie américaine de l'armement s'enrichit

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10

Selon le New York Times, les pays membres de l'OTAN mettent en place un nouveau modèle de fourniture d'armes :

- les armes sont achetées directement auprès d'entreprises américaines, puis transmises gratuitement à l'Ukraine. L'objectif est d'éviter que les États-Unis, en particulier sous Trump, ne soient officiellement impliqués dans le soutien direct à la guerre, tout en garantissant l'approvisionnement militaire de Kiev.

Points clés :

– Les achats sont effectués par des pays européens, en particulier par l'Allemagne.

– Les armes proviennent des États-Unis, souvent directement d'entreprises d'armement privées.

– La transmission à l'Ukraine s'effectue via les structures de l'OTAN ou de manière bilatérale.

L'Allemagne joue un rôle de premier plan dans ce scénario :

- le général de division Christian Freuding a annoncé que l'Allemagne souhaitait à l'avenir produire elle-même des missiles Patriot, indépendamment de Washington. D'autres batteries Patriot sont également prévues pour l'Ukraine. Les achats de remplacement se feront comme auparavant auprès de fabricants américains (par exemple Raytheon).

Contexte :

Washington maintient ainsi une distance pratique en matière de politique étrangère, tout en préservant ses intérêts économiques.

L'Europe supporte la majeure partie de la charge financière, tout en restant sous le contrôle stratégique des infrastructures américaines (les deux tiers de tous les systèmes Patriot de l'OTAN appartiennent aux États-Unis).

Explication :

– Les États-Unis restent formellement « en dehors », mais en tirent d'énormes avantages économiques.

– L'Allemagne paie, fournit, organise et s'engage de plus en plus, politiquement et économiquement, dans une logique de substitution.

– Ce modèle n'est pas un retrait, mais une réorientation de la gestion de la guerre.

Conclusion :

Ce qui est présenté comme un soulagement pour Washington signifie en pratique que l'Europe – et surtout l'Allemagne, en l'occurrence – prend en charge le financement d'une confrontation géopolitique dont le contrôle stratégique reste entre les mains des États-Unis.

#géopolitique@global_affairs_byelena

 

Trump a été retourné et le mouvement MAGA est orphelin...

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Trump a été retourné et le mouvement MAGA est orphelin...

Musk peut-il raviver la rébellion et défier l’Uniparty?

Alexander Douguine

Alexander Douguine affirme que Trump a été détourné par l’Uniparty mondialiste, laissant le mouvement MAGA trahi mûr pour une renaissance via le nouveau Parti América d’Elon Musk, en tant que véritable opposition américaine.

L’idée qu’Elon Musk crée un nouveau parti appelé « America » n’est en aucun cas vouée à l’échec. Tout ce à quoi Musk se consacre, il le réalise. À bien des égards, c’est lui qui a contribué à faire monter Trump au pouvoir avec des slogans radicalement opposés à l’establishment. Musk s’est investi corps et âme dans le mouvement MAGA, et les résultats étaient clairs.

Ce que nous observons maintenant, c’est que MAGA, un mouvement qui s’est formé lors de l’élection de 2016, était en réalité déjà un troisième parti. Le fait est que les idées de MAGA n’ont presque aucune ressemblance avec l’idéologie du Parti républicain. Le Parti républicain actuel est essentiellement celui des néoconservateurs, des mondialistes, des partisans d’un monde unipolaire, des interventions au Moyen-Orient, de la guerre contre la Russie jusqu’à sa défaite stratégique, et des réductions d’impôts pour les riches. C’est la politique conventionnelle : celle qui convient parfaitement à l’État profond. Ce sont vos Républicains standard. Depuis les années 1980, il n’y a pratiquement plus de paleoconservateurs ou d’isolationnistes comme Pat Buchanan dans le parti. En substance, le Parti républicain est devenu simplement le nationalisme mondial de droite — la droite de l’État profond.

Trump, tant durant son premier mandat qu’aujourd’hui dans son second, est arrivé au pouvoir avec des idées radicalement différentes — des idées qui n’ont que le plus ténu lien avec le Parti républicain tel qu’il est aujourd’hui. Bien sûr, il existe quelques politiciens comme Marjorie Taylor Greene ou Thomas Massie qui partagent les idéaux MAGA, mais dans l’ensemble, Trump était une figure solitaire dans cette sphère. Alors, qui le soutenait ? Ceux qui sont totalement sous-représentés dans le Parti républicain — ceux qui veulent détruire l’État profond, ceux qui exigent qu’Amérique se retire des guerres étrangères et se concentre sur ses problèmes intérieurs, ceux qui veulent que la élite libérale pédophile, dont les crimes ont récemment été dévoilés, soient justement et sévèrement punis, et ceux qui appellent à l’expulsion des migrants illégaux. Cette force défend deux sexes — pas quarante-huit, comme dans certains États — et le retour de l’Amérique à la raison. Cette force n’est en aucun cas le Parti républicain, et bien sûr pas le Parti démocrate non plus (les démocrates ont causé le plus de mal). MAGA est lui-même le troisième parti. C’est ce que beaucoup ne comprennent pas.

Comme Trump a récemment commencé à s’éloigner de ce troisième parti — MAGA — et à se rapprocher des républicains ordinaires, son soutien s’est effondré. Au début, beaucoup de supporters MAGA s’opposaient à la guerre contre l’Iran et au soutien américain à Israël. Certains, comme Thomas Massie, ont même déclaré que l’Amérique n’était pas dirigée par des Américains, mais par des Israéliens, ce qui a vivement confronté Trump à ce sujet et l’a éloigné de lui. Elon Musk a souligné que Trump avait promis de ne pas augmenter le plafond de la dette — afin de ne pas condamner les générations futures à l’esclavage financier et de « consommer demain aujourd’hui ». Trump a violé cette promesse en faisant adopter le « Big Beautiful Bill ».

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Enfin, Trump a répété à plusieurs reprises qu’il publierait les dossiers complets d’Epstein : des documents contenant des preuves de pédophilie et d’orgies rituelles impliquant l’élite politique libérale américaine mentionnée précédemment. Pourtant, il affirme maintenant que de tels dossiers n’existent pas, et que donc, aucune orgie n’a jamais eu lieu. Devant nos yeux, Trump se transforme du leader de MAGA en un républicain ordinaire. Il passe de plus en plus de temps avec le sénateur radical russophobe Lindsey Graham, et il représente de moins en moins les idées qui l’ont fait élire.

MAGA est en désespoir. Voici Elon Musk, un acteur politique très pragmatique. Pensez à combien il a d’argent et combien en a Trump. Musk possède près de 400 milliards, Trump environ cinq milliards. Dans un pays comme l’Amérique, où l’argent a une importance énorme, presque divine, Musk est quatre-vingt fois plus un « dieu » que Trump.

À mon avis, Musk fait un mouvement très délibéré. Le mouvement MAGA a été orphelin ; Trump l’a trahi. Musk soutient à juste titre que c’est ce mouvement qui a porté Trump au pouvoir et qui s’oppose à l’« Uniparty ».

L’Uniparty est ainsi que les supporters de MAGA désignent la collusion entre démocrates et républicains sous la direction de l’État profond — des mondialistes qui peuvent être de droite, comme les néoconservateurs, ou de gauche, comme les soutiens de Biden, mais qui partagent la même ligne de fond. MAGA s’oppose à l’Uniparty.

Donc, si Trump a effectivement été « détourné » — pris en otage par l’Uniparty — une vaste horizon s’ouvre pour poursuivre la mission commencée par le mouvement MAGA. À mon avis, c’est une évolution très intéressante. Jusqu’à présent, toutes les initiatives majeures de Musk — bien qu’accueillies souvent avec horreur et scepticisme — ont réussi. Voyons ce qui se passera ensuite.

Trump et la globalisation du narcissisme politique

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Trump et la globalisation du narcissisme politique

Nicolas Bonnal

Donald Trump fait rire tout le monde ou presque, mais Macron, Ursula, Kallas ou Merz beaucoup moins. Ce sont pourtant les mêmes symptômes de détraquement narcissique que l’on peut observer partout. Mon ami Blondet avait dénoncé ces selfies grotesques des pétasses trentenaires, ministresses de la Défense un peu partout en Europe, et prêtes à raser la Russie dans leurs baskets Chanel. Mais le fait que la plupart des dirigeants actuels sont là depuis longtemps et s’accrochent devrait aussi inquiéter tout le monde. Ils sont indélogeables et NE VEULENT PLUS PARTIR: voir Trump, Macron, Sanchez, Z., mais aussi Poutine, Lula, Xi, Modi, etc. la tendance est à la longévité de l’autocrate (disait Mearsheimer de Poutine), et ce où que ce soit. Tout le monde se rêve Bonaparte ad vitam. Netanyahou, homme de l’année et même du siècle, est là depuis trente ans je crois, et sa violence s’accroît avec son âge déjà avancé.

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Tout le monde lucide peut observer donc la dégradation psychique de nos dirigeants : mais l’altération est générale, concerne tout le monde, y compris nous, les narrateurs rebelles, et elle accompagne la révolution de la communication technologique qui dégrade notre accès à la connaissance (plus personne ne lit, tout le monde perd son temps sur X et You Tube conçus pour ça aussi sans doute), exaspère nos différents et amplifie nos troubles psychiatriques et notre caractère (je plaide coupable bien entendu).

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L’excellent site suisse Watson a traduit une interview brève et intense d’un psychiatre allemand qui parle de tout cela en quelques lignes. Je reprendrai sans trop commenter (à chacun de se faire son idée et aussi son autocritique) :

« Le psychiatre Reinhard Haller, spécialiste de renommée mondiale, analyse les traits de personnalité de Donald Trump.

Quels sont les traits qui vous permettent de dire que Donald Trump est narcissique?
Cinq caractéristiques principales ressortent: l'égocentrisme, la vanité, le manque d'empathie, la dévalorisation des autres et la susceptibilité.

Voyons cela en détail, en commençant par l'égocentrisme.

Un narcissique place son propre point de vue au centre de tout. Dans le cas de Trump, son slogan «Make America Great Again» peut être vu comme une vision très autocentrée, laissant peu de place aux perspectives divergentes.

Comment se manifeste la vanité?

Les narcissiques recherchent constamment la reconnaissance et l’admiration. Trump semble particulièrement attentif à son image publique et à l’attention qu’il reçoit. »

NDLR : relire le Petit Prince quand il visite les puissants de ce monde…

Plus importante est la suite car elle concerne tout le monde : nous nous foutons par exemple des souffrances des pays arabes et musulmans martyrisés par l’Occident, nous nous foutons des mutilations des gilets jaunes, des filles violées en Angleterre, et nous nous foutons du nombre de victimes du vaccin: nous sommes devenus comme ça. Paul Nizan disait déjà il y a un siècle que le bourgeois voyait le monde par ses écrans…

Je reprends l’interview :

« Qu'entendez-vous par manque d'empathie?

Ce trait peut se manifester par une apparente indifférence aux difficultés des autres. Certains de ses discours et décisions politiques ont pu donner l'impression d'un faible souci du ressenti des autres. »

Oui, parler de casino à Gaza… Mais passons. Evitons les lourdes condamnations.

On constate aussi chez Trump (comme chez l’Autre en France) une tendance typique des narcissiques à dévaloriser les autres : je plaide coupable car comme je le dis la tendance techno-narcissique concerne tout le monde et j’en parlais déjà dans mon Internet Nouvelle voie initiatique. Internet sert à s’engueuler avait dit un jour Michel Rocard, qui avait été le meilleur premier ministre de la cinquième république - avec un autre socialiste protestant, Lionel Jospin, mal récompensé de sa droiture et de son bilan.

« Comment s'exprime la dévalorisation des autres?
Les critiques semblent souvent déclencher chez lui des réactions très vives, ce qui est caractéristique des personnalités narcissiques. »

Trump ouvre les yeux de tout le monde – enfin, théoriquement… - car il est trop susceptible, devenant ce faisant une cible facile:

« Et qu'en est-il de la susceptibilité?
C'est en quelque sorte son talon d'Achille. Les critiques semblent souvent déclencher chez lui des réactions très vives, ce qui est caractéristique des personnalités narcissiques.

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Donald Trump est donc une personne vulnérable?
Les narcissiques paraissent grands et inébranlables de l'extérieur, mais ils ont une peau très fine. La moindre critique les touche profondément, une goutte de pluie a l'effet d'un coup de fouet. Ils ne peuvent tolérer aucun avis différent sans se sentir attaqués.

«Pour se stabiliser, ils dévalorisent les autres. C'est pourquoi ils le font si rapidement: c'est un mécanisme de protection»

On comprend alors mieux les âneries distillées par le pauvre président sur Social Truth et ailleurs. Ajoutons tout de même que Trump a contre lui les médias, médias qui font le jeu de la tyrannie en Europe, comme l’a observé J.D. Vance au cours d’une conférence brillante et déjà oubliée. Trump est moins périlleux que nos autocrates européens belliqueux et autoritaires. Il n’est que narcissique et à peu près impuissant.

Après l’interview devient encore plus intéressante. Car cela concerne tout le monde. Au-delà de Donald-cible-facile, comme dirait un chef sioux.

« Pourquoi la société devient-elle plus narcissique?

Plusieurs facteurs entrent en jeu. Une phrase particulièrement pertinente vient de Stephen Hawking, le célèbre astrophysicien: peu avant sa mort, il a déclaré que la survie de l’humanité dépendrait de sa capacité à préserver l’empathie.

«Car sur tous les autres plans – intelligence, logique, même créativité – les machines finiront par nous surpasser, si ce n’est déjà le cas»

4014985-415107489.jpgOui, et on constate que Virgil Gheorghiu avait raison dans sa vingt-cinquième heure : nous pensons en mode machine et nous sommes même moins sensibles que Grok ou ChatGPT. La machinerie de la communication nous a mieux désensibilisés que l’Inquisition (voir Bruckberger) ou le nazisme (Primo Levi). Nous n’en sommes qu’au début. Les bourreaux de Gaza restent des pauvres victimes des holocaustes et de la haine antisémite, et les bourreaux des petites vieilles en Europe des victimes du racisme et de l’extrême-droite.

Haller ajoute :

« Mais l’empathie, cette capacité à ressentir ce que l’autre ressent, reste une caractéristique fondamentalement humaine. Malheureusement, c’est précisément cette faculté qui est menacée.

Pourquoi?
La communication numérique remplace de plus en plus les échanges en face-à-face. Les emojis et les «likes» ne sont pas de véritables expressions émotionnelles. Les réseaux sociaux encouragent l’autopromotion narcissique et appauvrissent la profondeur des relations humaines. A cela s’ajoute l’idéal de «coolitude» imposé par la société: il faut paraître fort, indépendant, inébranlable. La vulnérabilité, les besoins affectifs, la proximité sont dissimulés derrière un masque. Et plus cette façade est entretenue, plus l’empathie diminue et plus le narcissisme s’accroît. »

La technologie accélère cette insensibilité qui est venue avec le monde moderne. Dans ma dissertation sur Chateaubriand je rappelais avec le Maître (c’est mon moment narcissique, la citation…) :

« Il voit le basculement immoral de l’homme moderne, grosse bête anesthésiée, ou aux indignations sélectives, qui aime tout justifier et expliquer :

« Au milieu de cela, remarquez une contradiction phénoménale : l’état matériel s’améliore, le progrès intellectuel s’accroît, et les nations au lieu de profiter s’amoindrissent : d’où vient cette contradiction ?

C’est que nous avons perdu dans l’ordre moral. En tout temps il y a eu des crimes ; mais ils n’étaient point commis de sang−froid, comme ils le sont de nos jours, en raison de la perte du sentiment religieux. A cette heure ils ne révoltent plus, ils paraissent une conséquence de la marche du temps ; si on les jugeait autrefois d’une manière différente, c’est qu’on n’était pas encore, ainsi qu’on l’ose affirmer, assez avancé dans la connaissance de l’homme ; on les analyse actuellement ; on les éprouve au creuset, afin de voir ce qu’on peut en tirer d’utile, comme la chimie trouve des ingrédients dans les voiries. »

Reprenons Haller qui rappelle un de mes génies préférés (n’en déplaise à Guénon) :

« Vivons-nous à l’ère du narcissisme?
Autrefois, dans de nombreuses religions, le narcissisme était considéré comme un péché – une volonté de s’élever à la hauteur des dieux. Sigmund Freud l’a ensuite décrit au début du 20ème siècle comme un trouble psychologique. Aujourd’hui, c'est devenu un idéal social dans bien des domaines: il faut se mettre en scène, se présenter sous son meilleur jour, projeter une image parfaite. »

Après, encore un point essentiel : l’électeur n’est pas victime de la propagande (sinon il n’aurait pas voté Trump par exemple…), l’électeur adore voter pour le sociopathe qui lui ressemble (on ne citera personne) – et Haller d’expliquer pourquoi :

« Pourquoi les gens choisissent-ils de plus en plus des dirigeants narcissiques?

Nombreux sont ceux qui trouvent fascinant quelqu’un qui transgresse toutes les règles. Quelqu’un qui affirme: «Les lois sont pour les faibles», «Toute critique est une fake news», «Plutôt construire un mur que discuter». Ces solutions simples et autoritaires impressionnent – en particulier ceux qui aimeraient eux-mêmes pouvoir agir ainsi, mais qui n’en ont pas la possibilité. Ce qui m’a cependant surpris lors des dernières élections américaines, c’est que les électeurs de Trump provenaient de tous les milieux sociaux – y compris parmi les intellectuels et les scientifiques. Cela a ébranlé mon hypothèse selon laquelle le narcissisme ne trouverait un écho que dans certains segments de la population. »

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Ces « lois qui sont faites pour les faibles », cela rappelle furieusement les sophistes et le phénoménal Calliclès de Platon : le discours politique nourrit le narcissisme et il est constitutif de la logique politique en occident. Mais passons.

Oui plus le dirigeant occidental (c’est clairement le pire en ce moment, et je répète que Trump n’est pas le pire) est empreint de Chutzpah, plus il est adoré et réélu.

Le reste est chez Guy Debord : « Qui a pu en faire tant sans peine ira forcément plus loin. On ne doit pas croire que puissent se maintenir durablement, comme un archaïsme, dans les environs du pouvoir réel, ceux qui n’auraient pas assez vite compris toute la plasticité des nouvelles règles de leur jeu, et son espèce de grandeur barbare. Le destin du spectacle n’est certainement pas de finir en despotisme éclairé."

Sources principales :

https://numidia-liberum.blogspot.com/2025/07/usania-un-pa...

https://www.watson.ch/fr/international/donald-trump/56330...

https://www.dedefensa.org/article/chateaubriand-et-la-con...

https://www.profession-gendarme.com/la-25eme-heure-et-la-...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chutzpah

« Chutzpah peut être utilisé pour exprimer l'admiration envers un culot non-conformiste. Cependant, dans Les Joies du Yiddish, l'expression est illustrée par l'histoire du parricide implorant l'indulgence du tribunal en s'exclamant : « Ayez pitié d'un pauvre orphelin ».

https://achard.info/debord/CommentairesSurLaSocieteDuSpec...

https://xn--lerveildesmoutons-dtb.fr/entretien-avec-nicol...

https://www.dedefensa.org/article/nizan-et-les-caracteres...

 

mardi, 15 juillet 2025

La sympathie habituelle des États-Unis pour les terroristes

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La sympathie habituelle des États-Unis pour les terroristes

Par Lorenzo Maria Pacini

"C'est nous qui décidons qui est terroriste"

Les États-Unis ont révoqué la désignation de Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), également connu sous le nom de Front al-Nosra, comme organisation terroriste étrangère. La décision a été annoncée par le secrétaire d'État Marco Rubio dans un mémorandum daté du 23 juin, publié à l'avance dans le Federal Register.

Oui, vous avez bien lu: une fois de plus, les États-Unis jouent les gendarmes du monde et décident qui reçoit la médaille d'honneur et qui doit être considéré comme un criminel. Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, mais les États-Unis n'accusent jamais de terrorisme ceux qui servent leurs intérêts économiques, alors qu'ils sont très prompts à juger ceux qui contredisent leur volonté. La géopolitique de l'intimidation.

Cette révocation s'inscrit dans le contexte d'un changement plus large de la politique américaine à l'égard de la Syrie, après que le président Donald Trump a signé un décret visant à assouplir les sanctions unilatérales contre Damas, en vigueur depuis 1979 en raison de son hostilité envers Israël.

Après la chute du président Bachar al-Assad, le HTS a pris le contrôle du pays et, dans le même temps, Israël a intensifié ses frappes aériennes et occupé de nouvelles zones en Syrie au-delà du plateau du Golan. Le nouveau gouvernement syrien s'est montré ouvert à la normalisation des relations avec Israël, et des négociations sont en cours en vue d'un éventuel accord d'ici 2026. Le changement d'approche des États-Unis et de la Syrie semble marquer un nouveau cap dans la dynamique géopolitique du Moyen-Orient.

L'Iran, un ennemi vraiment mortel

Deux stratégies possibles se dessinent actuellement: l'une implique une intervention militaire directe des États-Unis et d'Israël contre l'Iran; l'autre consiste en une campagne de manipulation psychologique massive visant à la fois la population iranienne et la communauté internationale, prélude à une agression armée. Les méthodes, les raisons et le calendrier dépendront de l'évolution de la situation et des premiers signaux, qui ne sont pas encore suffisamment clairs pour être divulgués. Toutefois, un conflit armé semble inévitable.

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L'Iran est bien préparé, mais les stratégies employées par ses adversaires pourraient générer confusion et peur, avec le risque de pertes importantes. L'évolution des événements reste incertaine, mais une chose est claire: les États-Unis et Israël devront réfléchir mûrement avant de s'engager dans un conflit à grande échelle, compte tenu des conséquences.

Parallèlement, des signes de plus en plus nombreux indiquent l'existence d'un plan visant à déstabiliser le Liban, en particulier en ciblant les communautés chiites, avec le soutien d'Israël, des Émirats arabes unis et de leurs alliés. Cela pourrait ouvrir un nouveau front et entraîner l'Iran dans un conflit plus large, voire déclencher une guerre civile libanaise.

La décision de retirer Al-Nosra de la liste des organisations terroristes semble étroitement liée à la volonté de permettre aux partenaires régionaux des États-Unis de soutenir ce mouvement ouvertement, en l'utilisant contre les communautés chiites. Il ne s'agit pas seulement d'une manœuvre diplomatique, mais d'une exploitation planifiée du terrorisme, déguisée en défense du droit international.

Dans ce contexte, il est essentiel de renforcer un front commun de résistance. Que ce soit par la dissuasion nucléaire ou par l'opposition sur tous les fronts, il est urgent de contrer et de neutraliser tous les instruments de l'axe américano-sioniste-wahhabite-HTS, quel que soit le nom qu'il porte. L'Iran, en tout état de cause, doit être abattu par cette alliance nouvelle. C'est l'ennemi par excellence en Asie occidentale et il ne peut être épargné.

L'Amérique de Trump, quant à elle, connaît bien cette litanie: lorsqu'en 2020, le président a ordonné – puis revendiqué fièrement lors d'une conférence de presse nationale – l'assassinat du général Qassem Soleimani, en visite à Bagdad pour des accords de coopération internationale, il l'a fait en réitérant sa promesse de « libérer » la région du monstre iranien. Un monstre qui continue d'être présenté comme tel par la presse internationale, qui s'est rapidement regroupée après 12 jours d'agression israélienne.

La géométrie varie

Pourtant, l'Amérique se retire de son rôle de gendarme du monde, car la puissance militaire, aussi grande soit-elle, ne suffit plus, tout comme l'influence politique n'est plus au rendez-vous. Il y a quinze ans, une bataille comme celle qui a duré 12 jours aurait probablement signifié un massacre pour l'Iran, mais l'Iran a changé et est désormais une puissance mondiale et un pays clé pour la stabilité mondiale. Aujourd'hui, cependant, les États-Unis sont tout au plus capables de sauver leur allié d'une guerre éclair ratée grâce à une série d'attaques ciblées.

Néanmoins, certaines façons de penser semblent difficiles à ébranler: Donald Trump, suivant les traces de George W. Bush, a posé des exigences extrêmes à Téhéran, appelant à une capitulation totale. À une époque, de telles exigences ont donné des résultats: la Yougoslavie a été contrainte de céder le Kosovo, l'Irak a été occupé et la Libye a sombré dans le chaos. Mais aujourd'hui, cette stratégie ne fonctionne plus: le changement de régime en Iran reste un objectif inatteignable. Le programme balistique de Téhéran est toujours actif et son programme nucléaire se poursuit sans relâche.

Washington est confronté à une situation dans laquelle il sera bientôt contraint de démontrer par des faits qu'il peut encore s'imposer par la force sur la scène internationale. Sinon, la vague croissante de défiance à l'égard de l'ordre unipolaire s'intensifiera, le poussant vers une désintégration lente mais inévitable.

Et aujourd'hui, les États-Unis, qui se sont présentés pendant des années comme les champions de la lutte contre le terrorisme islamique, forment des terroristes et les placent à la tête d'un pays tout entier, réalisant ainsi le rêve de Daech de contrôler ces terres et d'exploiter leur position pour maintenir la région dans un état de précarité, de peur et de risque élevé de conflit généralisé. Une fois de plus, la géopolitique des tyrans, qui menace de nuire à tout le monde. Mais, cher tyran nommé Amérique, tes coups ne font plus peur: il y a tout un monde qui a appris à encaisser les coups et à riposter avec force.

La géométrie internationale a changé, et Washington doit s'y faire.

 

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L'intelligence artificielle et la construction du sens dans un monde de concurrence stratégique

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L'intelligence artificielle et la construction du sens dans un monde de concurrence stratégique

Lic. Andrés Berazategui

Source: https://politicar.com.ar/contenido/909/la-inteligencia-ar...

Malgré son existence récente, l'intelligence artificielle a déjà démontré ses applications dans des domaines aussi divers que la sécurité, l'économie ou la diffusion de l'information. Son utilisation revêt une importance particulière dans un monde où la concurrence stratégique entre les grandes puissances est de retour. Les applications liées au « hard power » sont multiples et quasi quotidiennes.

L'IA s'impose comme un outil fondamental en matière de sécurité, de contrôle et de surveillance; dans le domaine militaire, elle améliore les systèmes d'armement, conçoit des scénarios et facilite les processus décisionnels; dans le domaine économique, elle remplace le service personnalisé, accélère les processus d'analyse de marché, augmente la productivité et conditionne les préférences de consommation; en matière d'études d'opinion, l'IA a la capacité de trouver des régularités à partir de données massives, ce qui lui permet de prédire les comportements avec une grande précision (sur lesquels elle peut également contribuer à influencer).

À première vue, l'influence de l'IA sur les aspects culturels est moins évidente, en particulier sur une question très sensible: comment influence-t-elle la manière dont les gens abordent les débats, les informations et les conclusions auxquelles ils parviennent lorsqu'ils consultent les modèles linguistiques de l'IA ? Pour simplifier, l'IA construit du sens. Et cela, comme tout fait culturel (ou « soft power »), peut avoir d'énormes implications à long terme. Mais les modèles linguistiques de l'IA ne sont-ils pas neutres ? Eh bien, c'est un point crucial qui doit être clarifié : non, l'IA n'est pas neutre.

Les applications des modèles linguistiques de l'IA sont conditionnées par les écosystèmes culturels dans lesquels elles ont été créées et par la charge normative que les développeurs leur impriment. L'IA n'est pas une technique pure qui exprime des langages, des décisions et des connaissances universels et neutres potentiellement exploitables par et pour tous. Non. L'IA est conditionnée par l'action humaine. Après tout, elle a été créée et est développée par des êtres humains.

Voyons voir. L'IA fonctionne avec des algorithmes, c'est vrai, mais ses tâches de traitement, de mise en relation des données et de filtrage des thèmes ne sont ni aseptiques ni totalement neutres. Ces tâches sont influencées par les connaissances conventionnelles de l'Occident et, en général, par la langue anglaise, car c'est dans le monde anglophone que les premiers développements de cette technologie ont vu le jour. Ainsi, les connaissances sont nécessairement sélectionnées et hiérarchisées de manière partiale (en favorisant certaines conclusions et en en écartant d'autres), ce qui influence d'une certaine manière la façon d'aborder le savoir. Mais ce n'est pas tout : l'IA subit également l'influence active des développeurs eux-mêmes, qui « entraînent » l'utilisation des algorithmes avec lesquels fonctionnent les modèles de langage de l'IA, projetant ainsi leurs propres jugements (parfois également conditionnés par les législations occidentales). Cela se voit dans la double tâche accomplie par les développeurs, qui promeuvent certaines valeurs et en relèguent d'autres au second plan.

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Il est difficile, voire impossible, de trouver une réponse de ChatGPT, par exemple, qui remette en question la démocratie, les droits de l'homme ou l'économie de marché. Comme si cela ne suffisait pas, l'IA reproduit et défend des valeurs telles que l'hyperproductivité, la liberté de conscience ou le multiculturalisme. Existe-t-il une preuve plus évidente que celle-ci de la perspective eurocentrique (et anglo-saxonne) qui informe l'IA ? Dans un sens plus profond, étant donné qu'il s'agit de modèles de relations algorithmiques, il est logique (si l'on peut dire) que l'IA fasse prévaloir les connaissances mesurables, régulières et prévisibles; et bien sûr, cela porte atteinte à la capacité humaine de réfléchir et d'appréhender la réalité.

Quoi qu'il en soit, avec l'avènement des applications chinoises en matière d'IA, l'Occident (et en particulier les États-Unis) a déjà tiré la sonnette d'alarme. D'autant plus que les applications chinoises sont en train de rattraper et même de dépasser les applications américaines dans certains segments. Un rapport du Lexington Institute, signé par Rebecca L. Grant, met en garde contre les menaces que fait peser sur les États-Unis un « axe d'États autoritaires » en matière de nouvelles technologies numériques.

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Le rapport se concentre principalement sur la Chine, qui représente après tout la principale menace pour les États-Unis en termes de concurrence stratégique. Au-delà des aspects liés au pouvoir dur dans le cadre de cette concurrence, le rapport dénonce également le fait que « la Chine construit systématiquement son propre écosystème d'IA open source afin de diffuser des valeurs alignées sur celles du Parti communiste chinois (PCC) et d'influencer le développement mondial de l'IA ». Les entreprises chinoises exportent de manière agressive des modèles d'IA qui intègrent des mécanismes de censure et de propagande dans des applications largement utilisées dans le monde entier, ce qui donne à la Chine la capacité d'influencer les discours et de restreindre la liberté d'expression dans des espaces numériques clés ».

C'est pourquoi, parmi ses conclusions, le document affirme que « en fin de compte, notre quête de leadership technologique ne concerne pas seulement la prospérité économique ou la sécurité nationale: il s'agit de promouvoir les valeurs démocratiques et de contrer la montée de l'autoritarisme à l'ère numérique ». Par conséquent, « les États-Unis et leurs alliés doivent promouvoir activement la vision d'un Internet ouvert et accessible qui favorise la libre circulation de l'information et des idées, en renforçant les valeurs occidentales de liberté et de démocratie à l'échelle mondiale ».

Comme on peut le constater, il s'agit d'une stratégie visant à annuler l'objectivité et la neutralité politiques, à projeter dans le domaine numérique les intérêts d'une puissance contre une autre, non seulement dans la recherche de dividendes plus importants en matière de sécurité et d'économie, mais aussi dans la promotion de valeurs et la construction de sens. Rien de nouveau sous le soleil. S'il est vrai que « celui qui nomme domine », les modèles linguistiques de l'IA seront un champ de bataille stratégique de premier ordre pour contrôler, surveiller et produire, mais aussi pour conditionner notre vision du monde et nos préférences.

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lundi, 14 juillet 2025

Le troisième parti d'Elon Musk a-t-il une chance? Trump n'y croit pas

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Le troisième parti d'Elon Musk a-t-il une chance? Trump n'y croit pas

Par Robert Bridge

Le président américain a sévèrement critiqué son ancien conseiller après que le magnat de la technologie a annoncé son intention de financer le soi-disant America Party.

L'homme le plus riche du monde a annoncé la création de l'America Party dans une série de messages publiés récemment sur X, anciennement Twitter, le réseau social qui fait partie de son empire privé.

«Quand il s'agit de ruiner notre pays avec le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, pas dans une démocratie», a déclaré avec défi le Sud-Africain.

«Aujourd'hui, l'America Party est créé pour vous rendre votre liberté».

Musk, qui a été choisi pour réduire les dépenses fédérales par le biais du Department of Government Efficiency (DOGE) créé par Donald Trump, a critiqué ouvertement le « grand et beau projet de loi » (BBB) du président, qui, selon le Congressional Budget Office, un organisme non partisan, augmenterait le déficit national de 3300 milliards de dollars (2850 milliards de livres sterling) d'ici 2034.

Les opposants au « BBB » affirment qu'il prévoit d'importantes réductions d'impôts pour les plus riches, tout en réduisant les programmes sociaux fédéraux, ce qui priverait près de 11 millions de personnes de leur assurance maladie.

Les deux hommes se sont affrontés sur le coût et les conséquences du projet de loi depuis que Musk a quitté le gouvernement en mai. Vendredi, lorsque Trump a promulgué son projet de loi lors d'une cérémonie organisée à la Maison Blanche pour célébrer le 4 juillet, Musk a lancé un sondage sur X: « C'est le moment idéal pour vous demander si vous voulez vous affranchir du système bipartite (certains diront unipartite) ».

Les répondants se sont prononcés à deux contre un en faveur du projet, a annoncé Musk. Il n'a donné que peu de détails aux journalistes sur la structure de son prochain grand projet ou sur le calendrier de son développement futur. Mais ses précédents messages suggéraient qu'il se concentrerait sur deux ou trois sièges au Sénat et huit à dix circonscriptions à la Chambre des représentants.

C'est une idée plutôt ingénieuse, étant donné que les deux chambres du Congrès sont contrôlées par les républicains avec une faible majorité.

« Compte tenu de la marge législative très étroite, cela suffirait pour faire pencher la balance sur des lois controversées, garantissant ainsi qu'elles reflètent la véritable volonté du peuple », a expliqué Musk de manière raisonnable.

Trump a tourné en dérision la décision de son ancien meilleur ami de créer et de financer un nouveau parti politique américain, la qualifiant de «ridicule». «Les tiers partis n'ont jamais fonctionné, il peut donc s'amuser avec ça, mais je trouve cela ridicule», a déclaré le président aux journalistes qui l'accompagnaient dans son hélicoptère Marine One pour retourner à la Maison Blanche après une journée passée à frapper des balles de golf.

Il a ensuite développé son propos, avec la verve qui lui est propre, dans un message publié sur sa plateforme de réseaux sociaux, Truth Social. «Je suis attristé de voir Elon Musk dérailler complètement, devenant essentiellement un TRAIN EN DÉRAILLE depuis cinq semaines », a écrit le président. « Il veut même créer un troisième parti politique, alors que cela n'a jamais fonctionné aux États-Unis ».

« La seule chose pour laquelle les tiers partis sont bons, c'est de créer une RUPTURE et un CHAOS complets et totaux », a ajouté Trump. Le président a ensuite affirmé que le patron de Tesla et SpaceX était motivé par son mécontentement face à son projet de mettre fin aux subventions visant à promouvoir l'achat de véhicules électriques.

Musk ne s'est toutefois pas laissé décourager par la longue tirade du président américain, arguant de manière plutôt naïve qu'il ne serait « pas difficile » de briser l'emprise des démocrates et des républicains sur la politique américaine. Il a ensuite demandé « quand et où nous devrions tenir le congrès inaugural du Parti américain. Ce sera super amusant ! »

Mais le milliardaire comprend-il vraiment la profondeur du marécage dans lequel il s'enfonce ? Selon des estimations prudentes, Musk a déboursé environ 275 milliards de dollars de sa fortune personnelle pour faire élire Trump pour un second mandat lors de la course à la présidence de novembre dernier. Si cela n'est qu'une goutte d'eau pour le magnat, il devra dépenser beaucoup plus pour bouleverser la structure du pouvoir sclérosée qui domine actuellement le Capitole (bien qu'il ne soit pas obligatoire pour les nouveaux partis politiques américains de s'enregistrer auprès de la Commission électorale fédérale (FEC) au début du processus, les obligations de déclaration commencent dès que les dépenses dépassent ce que la FEC appelle « certains seuils »). Et avouons-le, Trump a raison. Les États-Unis n'ont jamais bénéficié d'un troisième choix pendant très longtemps, et lorsque cela s'est produit, le succès a été très limité.

À quelques exceptions près, le système politique américain est dominé par deux grands partis qui remportent en moyenne 98% des sièges au niveau fédéral et dans les États.

« Les États-Unis se distinguent des autres démocraties dans le monde par le nombre exceptionnellement faible de partis compétitifs », écrit Seth Masket dans Democracy. «Dans une société aussi vaste, diversifiée et multiethnique, le fait qu'il n'y ait que deux partis dominants signifie que ces partis seront des coalitions extrêmement vastes, complexes et hétérogènes».

Musk devrait connaître la loi de Duverger, qui stipule que dans les systèmes politiques à circonscriptions uninominales et à scrutin majoritaire à un tour, comme aux États-Unis et en Grande-Bretagne, seuls deux partis politiques puissants ont tendance à contrôler le pouvoir. Les citoyens sont encouragés à ne pas voter pour des tiers qui pourraient faire perdre des voix aux grands partis. Un tel modèle s'écarte fortement du système européen, où les citoyens sont activement encouragés à créer, rejoindre et voter pour de nouveaux partis politiques s'ils ne sont pas satisfaits des choix actuels. Une telle façon de penser est pratiquement inconnue aux États-Unis.

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Et essayez de comprendre cette énigme: lors de l'élection présidentielle américaine de 1992, la candidature indépendante de Ross Perot n'a obtenu aucun vote électoral, malgré 19% des suffrages populaires, le meilleur score obtenu par un candidat présidentiel n'appartenant pas à un grand parti depuis Theodore Roosevelt en 1912. Perot reste le seul candidat présidentiel non issu d'un grand parti depuis George C. Wallace en 1968 à avoir remporté des comtés et à avoir terminé à la deuxième place dans un État.

Et puis, l'America Party sera inévitablement confronté au formidable pare-feu que constituent les médias américains, qui servent fidèlement leurs puissants maîtres, c'est-à-dire les deux têtes du même serpent qui exercent la plus grande influence politique. Mais ce n'est pas tout. Ils sont soutenus par une organisation louche connue sous le nom de Commission sur les débats présidentiels (CPD), une société à but non lucratif créée en 1987 sous le parrainage conjoint des partis politiques démocrate et républicain aux États-Unis. Oui, vous avez bien lu. L'organisation créée pour garantir l'équité et l'égalité d'accès aux différentes ressources (principalement dans les médias) pendant les débats est détenue en totalité par le monopole des deux partis.

En 1985, la Commission nationale bipartisane sur les élections a recommandé de « confier le parrainage des débats présidentiels aux deux grands partis ». La CPD a été créée en 1987 par les présidents des partis démocrate et républicain afin de « prendre le contrôle des débats présidentiels ».

Face à des obstacles aussi redoutables, Elon Musk pourrait bien trouver plus facile d'atteindre la surface de Mars que de briser le système politique américain, construit comme une forteresse à plusieurs niveaux pour se protéger contre les « outsiders » indésirables.

MAGA contre lui-même

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MAGA contre lui-même

par Georges Feltin-Tracol

Animateur-vedette d’une émission de télé-réalité de 2004 à 2015, The Apprentice, Donald Trump aurait été observé avec attention et curiosité par Guy Debord. Sa maîtrise des codes médiatiques qu’il détourne et dévoie volontiers suscite un intérêt constant sur sa personne. Cet attrait médiatique toujours renouvelé lui est plus que jamais nécessaire alors que les premières fissures apparaissent dans le mouvement MAGA.

Hostile par essence au Système, le trumpisme catalyse un ensemble hétéroclite de revendications souvent disparates. Sa désignation de l’ennemi principal collectif, à savoir l’« État profond », les démocrates corrompus et le wokisme, ne suffit plus à masquer de profondes et graves divisions latentes en son sein. Les sept premiers mois du second mandat de Donald Trump ont déjà connu trois fortes secousses qui fragilisent une coalition pas si unanime que l’on croit.

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La première s’ouvre très tôt, avant même l’investiture officielle du 20 janvier 2025, quand Elon Musk et les techno-hiérarques ralliés à Trump affrontent Steve Bannon et la tendance nationaliste populaire à propos du visa H1 - B. Les autorités étatsuniennes l’accordent aux ingénieurs étrangers ultra-qualifiés désireux de venir aux États-Unis à la demande d’entreprises en pointe dans leur secteur. Musk en a naguère bénéficié. Il estime par conséquent insensé et vain d’abolir ou de restreindre ce visa. La Tech a sans cesse besoin d’ingénieurs venus du monde entier. Sur X, Elon Musk se justifie. Pour lui, « amener via l’immigration légale le top 0,1 % des talents en ingénierie est essentiel pour que l’Amérique continue à gagner ». Cette vive réaction des cénacles technophiles confirme l’analyse de Robert de Herte (alias Alain de Beniost) et de Hans-Jürgen Nigra (alias Giorgio Locchi) dans « Il était une fois l’Amérique », le célèbre essai paru dans le double numéro 27 – 28 de Nouvelle École en automne – hiver 1975. « Aux États-Unis, écrivaient-ils, la civilisation, privée de son ” contexte ” et de sa substance, n’a pu se renouveler que par un apport extérieur constant, fourni par la vague migratoire la plus récente. Cet état de fait ne s’est pas modifié jusqu’à nos jours. Si l’on prend la peine de faire la distinction entre la découverte et l’invention (la seconde n’étant qu’une application de la première), on s’aperçoit, avec le recul du temps, de la profonde stérilité des États-Unis. L’Amérique n’a jamais créé. Elle est stérile par nature. Forte de sa richesse et de ses moyens matériels, elle peut seulement développer (par des “ inventions “) là où les autres ont innové. » Les étrangers récemment naturalisés comprennent mieux cette réalité que les Étatsuniens de vieille souche qui ont oublié qu’ils viennent eux aussi d’ailleurs. Donald Trump tranche finalement en faveur du visa H1 - B parce sa vision demeure profondément utilitariste.

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La deuxième césure s’ouvre, il y a une quinzaine de jours, au sujet de l’opération militaire contre l’Iran. Très tôt, deux factions de MAGA s’invectivent en interne. Les chrétiens sionistes, souvent issus des milieux évangéliques protestants, dont la figure de proue est Mike Huckabee (photo), l’actuel ambassadeur en Israël et ancien gouverneur de l’Arkansas (1996 - 2007), retrouvent pour l’occasion leur néo-conservatisme interventionniste. Tenants résolus du Grand Israël dans une perception parousique, ces chrétiens sionistes s’activent par-delà le bombardement des sites nucléaires iraniens au changement de régime à Téhéran, quitte à y déployer des troupes étatsuniennes au sol.

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Cette perspective révulse leurs contradicteurs parmi lesquels la représentante de Géorgie Marjorie Taylor Greene (photo) et le journaliste Tucker Carlson. Ces derniers prônent l’Amérique d’abord, la concentration des efforts contre l’immigration et les infrastructures occultes - wokistes de l’État fédéral. Ils jugent avec raison à l’aune de l’expérience acquise en un quart de siècle de la vacuité et de l’inanité de toute intervention militaire terrestre en faveur de la piteuse démocratie égalitaire de marché.

Comment le 47e président des États-Unis allait-il s’extraire de ce débat tendu et déstabilisateur sans perdre son crédit et son aura auprès de son électorat ? En étant l’élève de Patrick Buchanan ! Au lendemain du 11 septembre 2001, l’essayiste paléo-conservateur critiquait les intentions chaotiques des néo-conservateurs. Il proposait des frappes aériennes chirurgicales sur les centres de commandement talibans et d’Al-Qaïda en Afghanistan sans toutefois engager le moindre gars des Grandes Plaines ou des Appalaches. La Maison Blanche ne le suivit pas. En revanche, Donald Trump oui. Certes, il a ordonné des frappes aériennes, mais il a aussitôt réfuté toute révolution intérieure fomentée depuis l’étranger. Donald Trump a enfin exigé d’Israël l’arrêt immédiat de son agression aérienne. Le dirigeant étatsunien a ainsi satisfait les deux parties antagonistes de son camp.

L’actuel président des États-Unis n’éprouve pas la même patience à l’égard de la nouvelle fracture béante survenue à la suite de son projet gigantesque de budget fédéral. En effet, ce qu’il appelle la « grande et belle loi » prolonge des crédits d’impôts colossaux adoptés lors de son premier mandat, élimine l’imposition sur les pourboires (une promesse de campagne !), permet des réductions fiscales sur les heures supplémentaires et les prêts automobiles, et accorde des milliards supplémentaires contre l’immigration illégale et pour la défense, le secteur de l’armement et la construction du « Dôme doré » (le système pan-américain de défense anti-missile). Après un premier vote favorable étriqué à la Chambre des représentants, le Sénat l’a adopté de justesse (51 contre 50) grâce à la voix déterminante de son président, le vice-président J. D. Vance. Le texte revient maintenant devant la Chambre des représentants.

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Elon Musk exprime toute sa colère envers ce projet de loi budgétaire, pierre angulaire du programme économique du président, qui prévoit plusieurs milliers de milliards de dollars. Sa critique féroce attise le mécontentement des libertariens et des techno-hiérarques. Adepte de la règle d’or budgétaire, le sénateur libertarien du Kentucky, Rand Paul (photo), dénonce un déficit abyssal prévisible. Une instance impartiale du Congrès, le Bureau du budget, estime que ce projet financier risque d’augmenter la dette publique de plus de 3400 milliards de dollars d’ici à 2034. Au matin du 3 juillet dernier, cinq représentants républicains exprimaient encore leurs réticences à voter cette proposition de budget faramineuse en seconde lecture.

Les commentateurs se focalisent sur l’abandon des incitations fiscales favorables aux énergies renouvelables ainsi que sur la diminution draconienne des aides sociales (Medicaid, le programme public d’assurance – santé pour les plus faibles revenus et le programme alimentaire SNAP destiné aux plus défavorisés). Mais, à part la Californie et le Massachusetts où les législations sociales se rapprochent le plus des États sociaux-démocrates européens, le rabotage de ces aides reste assez bien perçu, y compris et surtout auprès des populations les plus précaires. C’est sur le principe même du refus moral de l’endettement – vieux héritage calviniste puritain – que se cristallise la rébellion d’une partie de MAGA.

Les sénateurs et les représentants républicains récalcitrants irritent Donald Trump. Il les menace en retour de leur présenter aux primaires à venir des candidats ultra-trumpistes. Les pressions présidentielles ont réussi ce 3 juillet puisque la chambre basse adopte le méga-budget par 218 votes pour et 214 votes contre dont seulement deux élus républicains réfractaires. Ce nouveau succès renforce l’audience de Trump auprès de son électorat qui conserve sa solidité dans la perspective des élections de mi-mandat à l’automne 2026.

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Résultat ? Les tensions entre Trump et Musk s’aggravent au point que la rupture paraît désormais consommée, irrémédiable et définitive. Trump envisage à haute voix de retirer toutes les subventions fédérales aux diverses entreprises de Musk, voire de l’expulser, car l’homme le plus riche du monde possède les nationalités étatsunienne, canadienne et sud-africaine. En réaction, Musk pense lancer à partir de l’influence incroyable de son réseau social X un nouveau parti : le Parti de l’Amérique. Parviendra-t-il à fracasser le plafond d’acier du bipartisme en sachant que les règles électorales et politiques de nombreux États fédérés empêchent sciemment l’émergence dans la durée de toute tierce candidature non marginale ?

Il devient évident que les divergences ne vont que s’accroître à l’intérieur du mouvement MAGA d’autant qu’il reste encore trois ans et demi d’une présidence erratique et égotique. La discorde chez les trumpistes n’en est donc qu’à ses balbutiements.   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 164, mise en ligne le 9 juillet 2025 sur Radio Méridien Zéro.

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Game over en Ukraine: le géant financier BlackRock se retire de la reconstruction

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Game over en Ukraine: le géant financier BlackRock se retire de la reconstruction

Source: https://report24.news/game-over-in-der-ukraine-finanzgiga...

Le géant américain de l'investissement BlackRock a suspendu toutes les discussions relatives à un fonds de reconstruction de l'Ukraine s'élevant à plusieurs milliards de dollars, et ce, immédiatement après la victoire électorale de Donald Trump. La décision de retirer les investisseurs institutionnels pour le moment frappe durement Kiev. La France, dirigée par Macron, membre du Forum économique mondial, annonce entre-temps un plan de remplacement. Il reste toutefois à voir si l'Europe pourra combler le vide. À un moment donné, l'argent des contribuables européens devrait également s'épuiser.

Le magazine économique Bloomberg a rapporté le 5 juillet que le géant financier BlackRock avait déjà mis fin à sa recherche d'investisseurs institutionnels pour un fonds de relance ukrainien en janvier 2025, immédiatement après l'entrée en fonction de Donald Trump. La raison invoquée était le « manque d'intérêt et la forte incertitude politique ».

Projet important suspendu

L'objectif du fonds était d'obtenir au moins 500 millions de dollars auprès des États et des banques de développement, ainsi que 2 milliards de dollars supplémentaires provenant d'investissements privés. Au total, jusqu'à 15 milliards de dollars devaient être consacrés à la reconstruction. Dès décembre 2024, les États-Unis ne fournissaient plus aucun soutien. Sans le soutien de Washington, de nombreux investisseurs ont perdu confiance.

La France prévoit un contre-modèle

Selon Bloomberg, la France, dirigée par WEF-Macron, travaillerait actuellement à la création d'un fonds de remplacement. Mais il n'est pas certain que l'Europe puisse à elle seule combler le vide créé, car la participation des États-Unis était considérée comme un élément central.

Cette décision intervient malgré l'invitation à la conférence sur la reconstruction de l'Ukraine à Rome (10-11 juillet 2025). BlackRock souligne avoir terminé son travail de conseil gratuit en 2024 et ne plus avoir de mandat actif.

Conséquences pour la « reconstruction »

Depuis des années, les élites financières se frottent les mains à l'idée de tirer le plus grand profit possible de la reconstruction de l'Ukraine. Le fait que de tels projets soient extrêmement prématurés tant que la guerre fait rage ne semble déranger personne. Les considérations morales et le sauvetage de vies humaines ne semblent pas être une option dans la question ukrainienne.

On dit que la suspension du fonds de reconstruction « pourrait retarder la reconstruction », car les investisseurs privés réagissent avec incertitude et hésitation.

Kiev serait sous pression pour trouver de nouveaux bailleurs de fonds et soutiens, tandis que les critiques considèrent le manque d'engagement de la politique de Trump comme un « revers pour l'unité occidentale ».

D'un point de vue réaliste, ces développements sur les marchés des super-riches signifient la fin du jeu des mondialistes visant à piller ce qui reste de l'Ukraine. Cela pourrait également signifier le début de la fin de la guerre, marquer le début de la capitulation inévitable et raccourcir considérablement la durée de vie de Zelensky, acteur imposé de l'extérieur.

 

La vérité sur la « résistance » de l'Espagne

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La vérité sur la « résistance » de l'Espagne

par Carlos X. Blanco

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30825-carl...

Incroyable. Dans certains médias européens, Sánchez est présenté comme un héros antimilitariste.

Ces derniers jours, j'ai lu des articles et des opinions émises par des amis, surtout étrangers, qui, à mon avis, sont fondamentalement erronés. Ce sont des amis intelligents, qui sont généralement d'accord avec mes diagnostics, mais sur ce sujet, ils se trompent et tombent à plat. Il est vrai que l'Europe est en train de sombrer, et avec le fameux « réarmement », elle sombre encore plus rapidement et misérablement. Il est juste que des voix s'élèvent pour dire « ça suffit ! ».

Mais la voix de Pedro Sánchez est comme le croassement d'un corbeau, et n'annonce que davantage la mort.

Il n'y a pas si longtemps, il y a un an, l'OTAN a demandé aux pays européens de s'engager fermement à consacrer 2% de leur budget aux « besoins de la défense ». C'était déjà beaucoup. Le contexte d'« insécurité croissante », nous a-t-on dit, était causé par la guerre en Ukraine et par la prétendue « menace russe aux portes de l'Europe occidentale ».

Aucune menace russe n'a jamais pu se justifier. La Russie a déjà assez à faire pour sécuriser son (énorme) espace. La Russie n'envahira pas l'Allemagne, la France, l'Espagne... On peut maudire le vent quand il souffle sur nous, mais ensuite l'air nous frappe le visage, et c'est alors, quand on reçoit ce qu'on a attiré sur soi, le moment précis où l'on se maudit en s'écriant : « Imbécile ! ».

L'attitude de l'OTAN ne peut être décrite autrement: elle a injustement créé un encerclement de grande ampleur et très menaçant autour de la Russie, peut-être en cherchant à détruire la Fédération de Russie elle-même en tant qu'entité unie, et elle a instrumentalisé les pires formes de nationalisme, voire de nazisme, pour transformer les États qui se trouvent dans l'orbite naturelle de la Russie en plateformes pour promouvoir l'atlantisme. Des plateformes avec leurs missiles et leurs armées pointés vers Moscou. C'est cracher dans le vent ou devenir un stupide lanceur de boomerang, qui ne s'éloigne pas au bon moment en anticipant le coup que l'Empire occidental lui infligera en plein visage. Regardez ce qui s'est passé avec les sanctions contre le pays de Poutine.

En l'espace d'un an, les 2%, qui nous semblaient déjà absurdes, sont passés à 5%. Avez-vous une idée de ce que cela signifie ? Ce pourcentage du PIB, pour un pays économiquement important au sein de l'Union européenne, avec moins de problèmes d'endettement (comme c'est le cas de l'Allemagne), constitue déjà un terrible risque. Il marque une ligne rouge qui coupe le pays de la tradition ouest-allemande de « l'État social », s'en éloigne tout en se rapprochant de « l'État de guerre ». Un retour au bellicisme allemand, après la longue pause commencée en 1945 et désormais close. Ce chiffre n'est pas du tout rassurant, et si l'on y ajoute l'image des bataillons nazis de Zelensky qui tentent de tuer des Russes et des pro-Russes présumés, non seulement par des actes de simple guerre mais aussi par le terrorisme, cela semble, ou devrait sembler, bien pire.

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5% du PIB, si c'est déjà grave pour des États comme l'Allemagne ou la France, c'est bien plus terrible pour l'Europe du Sud. Comme le soutiennent les auteurs du récent article intitulé « L'enlèvement de l'Europe » (https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/06/el-secuestro-de-europa.html), l'obligation (euphémiquement appelée « engagement ») d'allouer ce pourcentage énorme aux pays endettés du Sud (Espagne, Portugal, Italie et Grèce) revient à les condamner à la soumission la plus absolue. Il s'agit, comme cela a été fait lors de la crise de 2008, de les soumettre à la tyrannie des notations basses, à la torture de la noyade contrôlée: ils nous laissent délibérément à bout de souffle jusqu'à ce qu'ils nous « sauvent » avec la dette pour continuer à nous entraîner un peu plus loin, épuisés, jusqu'à la prochaine suffocation (Varoufakis). C'est ainsi qu'ils dominent le sud de l'Espagne, tout comme les autres pays du sud de l'Europe avec lesquels nous devrions faire front commun ; ces pays ne peuvent accepter cet « engagement » de 5%. Le faire signifierait perdre le peu, le très peu de souveraineté qui leur reste. Les vestiges de l'aide sociale et de la sécurité sociale disparaîtraient complètement et ces pays deviendraient des colonies administrées au gré de l'oligarchie qui contrôle les institutions européennes. Un jour, les crimes de l'Allemagne post-hitlérienne seront racontés avec une précision historique: cette même Allemagne qui a gouverné d'une main de fer néolibérale une Union européenne redessinée en grande partie à son avantage, avec l'aide de la France collaborationniste (par nécessité).

Dans mon pays, l'Espagne, il n'y a pas de réelle prise de conscience du désastre économique qui a conduit à l'adhésion à une communauté économique, l'UE, qui cherchait de plus en plus à devenir une entité politique et idéologique. Dans ma région natale, les Asturies, j'ai grandi dans une sorte d'atmosphère de « choc ». Une importante industrie minière et sidérurgique a été fermée, la vie rurale productive a été éliminée et la classe ouvrière a été écrasée par la corruption, la cooptation partisane et syndicale et la répression la plus féroce. Le cocktail parfait. Des événements similaires se sont produits dans d'autres régions espagnoles dans les années 80 et 90. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il apparaît clairement (pour ceux qui veulent bien le voir) que les « fonds » européens n'ont jamais été gratuits. C'était de l'argent pour bétonner l'impuissance. La huitième ou neuvième économie industrielle du monde, l'Espagne, a été démantelée, et l'entrée dans le « jardin » de Borrell s'est faite en échange de l'abandon de toute autosuffisance. Comme les âmes peintes par les artistes, lorsqu'elles apparaissent devant Dieu au paradis après leur mort, l'Espagne est entrée nue et a atteint ainsi le paradis de l'européisme.

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Ce sont les socialistes qui ont négocié l'entrée (ou la vente en gros) de l'Espagne dans le paradis européen. Ce sont les socialistes qui, sous les gouvernements « progressistes » successifs (Felipe, Zapatero, Sánchez), ont géré l'adaptation de la néocolonie espagnole aux diktats de Bruxelles.

Aujourd'hui, un personnage sinistre et sournois, Pedro Sánchez, tente de se présenter au monde comme le leader de la « résistance » à la tentative atlantiste d'augmenter les dépenses militaires et de les élever au niveau exorbitant de 5%.

D'emblée, il convient de rappeler que le président « socialiste » du gouvernement espagnol est assailli par de graves affaires de corruption qui touchent son entourage le plus proche (son épouse, son frère, ses secrétaires dans l'organisation du parti, des hauts fonctionnaires de confiance, etc.). Avec beaucoup d'astuce, Sánchez tente de dissimuler la corruption de ses proches et de ses « fidèles » en se présentant comme le leader de la « résistance » au bellicisme de Rutte, von der Leyen, de l'ensemble de l'UE et aux exigences impérialistes de Trump. Le prestige interne nul de cette figure, qui s'est entourée des fonctionnaires les plus vulgaires et les plus corrompus, est destiné à apparaître à l'extérieur sous le masque d'un leader prétendument progressiste et pacifiste. En bref: cet homme est répugnant.

L'opinion publique européenne doit comprendre pleinement qui est Sánchez et pourquoi il a fait sensation avec sa prétendue rébellion du « non aux 5% ». Ce tyran a passé sept ans à déformer l'État de droit, à détruire la séparation des pouvoirs et à torpiller l'indépendance de la magistrature afin d'empêcher que lui et ses amis ne soient jugés. Cet homme, totalement dépourvu de honte, réinterprète la Constitution pour accorder l'amnistie à certaines personnalités catalanes qui ont tenté un coup d'État en 2017, leur accordant l'amnistie en échange de quelques voix (seulement sept voix) qui l'ont maintenu au pouvoir depuis lors. Pour sept voix – obtenues auprès de personnalités qui ne croient pas à l'égalité juridique de tous les Espagnols et qui, en fait, œuvrent pour la suprématie d'une poignée de Catalans et de Basques – Sánchez est prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour rester l'occupant du palais présidentiel, La Moncloa.

Cet individu a mis en œuvre avec soumission et arrogance abjecte des politiques néolibérales au profit de l'Europe du Nord et des oligarchies de Bruxelles, et se prosterne devant le roi du Maroc, un tyran mesquin qui concurrence injustement l'Espagne et bénéficie d'un traitement préférentiel de la part de l'UE, contribuant ainsi à la ruine du secteur agroalimentaire espagnol.

C'est un personnage qui, à part quelques gestes de façade, n'a jamais mis fin au commerce des armes avec l'entité sioniste, l'État génocidaire qu'est Israël. C'est un président indigne qui proclame être du côté des Palestiniens tout en s'agenouillant servilement devant le conglomérat USA-UE-Israël. Un scélérat qui ne fait rien pour défendre « nos Palestiniens », les Sahraouis, massacrés et torturés par le Maroc, grand ami des sionistes.

Que Sánchez ne cache pas sa honte intérieure derrière des déclarations internationales. Il y a des indices qu'il aurait également truqué les élections primaires pour prendre le contrôle du « Parti du régime » (le PSOE) et le transformer en son fief. En définitive, une Espagne gouvernée par des fonctionnaires corrompus est une colonie soumise, et si une partie importante de la population (même de gauche) se berce d'illusions et se laisse tromper, l'Espagne restera ce qu'elle est: une colonie des États-Unis, de l'Union européenne sioniste et du Maroc, une colonie indigne qui dépensera 5% (voire plus) en dépenses militaires contre ses propres intérêts. Car le problème des États de « l'Empire occidental » est que leurs classes dirigeantes ne veulent qu'une chose, s'enrichir en vendant le pays et en trahissant le peuple qu'elles prétendent représenter, protégées par les Yankees et le réseau des paradis fiscaux sionistes et pro-yankees.

Une alternative populaire, socialiste et souveraine nécessite nécessairement un nettoyage complet: expulser tous ces rats et remettre le navire à flot.

samedi, 12 juillet 2025

Sommet des BRICS au Brésil – Un pouvoir sans structure?

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Sommet des BRICS au Brésil – Un pouvoir sans structure?

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/07/brics-gipfel-in-brasilien-mac...

Le dernier sommet des BRICS au Brésil aurait pu être un événement marquant. Un jalon géopolitique. Après tout, le bloc représente aujourd'hui déjà une puissance économique supérieure à celle du G7, et la tendance est à la hausse. Et pourtant, l'impression demeure: les chiffres impressionnants contrastent avec une efficacité limitée. L'absence symbolique du président chinois Xi Jinping en dit long. Ce qui manque, ce n'est pas le potentiel économique, mais la cohérence politique. Et surtout: la structure.

L'hégémonie occidentale ne repose pas uniquement sur les armes, mais aussi sur des institutions: le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, SWIFT, les tribunaux d'arbitrage, les systèmes de notation – un réseau de contrôle mondial qui filtre l'accès au marché, les investissements et les sanctions en fonction d'intérêts géostratégiques. Cette infrastructure est l'épine dorsale de la Pax Americana. Ceux qui s'y opposent ne sont pas nécessairement isolés militairement, mais ils le sont systématiquement.

La Russie a depuis longtemps compris ce lien. Les propositions russes au sein des BRICS ne visaient donc pas des résolutions symboliques, mais  à faire émerger un contre-pouvoir institutionnel réel :

- Création d'une cour multilatérale propre pour les litiges économiques.

- Mise en place d'un système de règlement autonome en dehors de SWIFT.

- Introduction d'une monnaie de réserve BRICS, éventuellement couverte par l'or.

- Développement de la New Development Bank en une banque d'investissement capable d'agir sur le plan géostratégique.

- Création d'un espace d'information commun pour contrer la domination occidentale sur l'opinion publique.

- Politique étrangère et de sécurité coordonnée, par exemple lors des votes à l'ONU.

Mais ces propositions sont restées sans suite.

Pourquoi les BRICS ne fonctionnent pas (encore)

Ce qui semble à première vue être de l'inertie est en réalité systémique: les pays du BRICS ne sont pas unis par une vision commune. La Chine profite massivement de l'ordre mondial existant, l'Inde est étroitement liée au marché américain, le Brésil tergiverse, l'Afrique du Sud reste dépendante des matières premières et la Russie est de plus en plus isolée. Les propositions de Moscou sont considérées comme « n'étant pas leurs guerres », et c'est précisément là que réside le problème.

Le BRICS n'est actuellement pas un système, mais le reflet d'intérêts divergents.

La souveraineté, que tous les États membres défendent, devient la plus grande faiblesse structurelle. Car le pouvoir ne naît pas de l'autosuffisance nationale, mais d'une action coordonnée et de règles communes. Et celles-ci ne sont justement pas en vue.

Le vide géopolitique – et l'illusion de la neutralité

Le monde se dirige vers une nouvelle formation de blocs. L'Occident consolide son ordre, tandis que « l'Orient » – s'il voit le jour – reste divisé. Dans cette constellation, la neutralité devient une fiction géopolitique. Ceux qui ne créent pas d'ordre finissent par être subsumés dans un ordre étranger.

La Russie reconnaît cette dynamique, non par idéalisme, mais par nécessité. Car Moscou est la première grande nation à s'être détachée de l'Occident, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan systémique. Cependant, sans partenaires prêts à partager la responsabilité institutionnelle, les BRICS ne deviendront pas un contrepoids, mais un simple cercle de discussion.

Conclusion

Le sommet des BRICS n'a pas été un échec, mais une déclaration d'insolvabilité.

Tant que les BRICS ne mettront pas en place leurs propres structures, le bloc restera une puissance économique sans impact géopolitique. Ceux qui critiquent le dollar sans proposer d'alternative restent prisonniers du système qu'ils veulent renverser.

Il ne suffit pas d'être contre l'ordre occidental, il faut créer le sien.

16:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, brics | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Merz lance son offensive: néolibéralisme et bellicisme, les nuisances idéologiques qui vont définitivement détruire l'Allemagne

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Merz lance son offensive: néolibéralisme et bellicisme, les nuisances idéologiques qui vont définitivement détruire l'Allemagne

par Fabrizio Verde

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30842-fabr...

Réductions des dépenses publiques et course aux armements : la double menace qui, ignorant la crise énergétique et la concurrence mondiale, transformera la récession en un effondrement irréversible.

La locomotive de l'Europe est en panne. Elle a déraillé. L'Allemagne s'enfonce dans une crise économique, qualifiée par sa propre industrie comme la plus longue et la plus profonde depuis la réunification. Trois années consécutives de récession – une baisse de 0,3% en 2023, de 0,2% en 2024 et une prévision de -0,1% supplémentaire en 2025 – campent un tableau désolant, celui d'un malade au centre de l'Europe en net contraste avec la croissance de 1,1% attendue pour l'Union. Machines à l'arrêt, commandes évaporées, investissements en fuite: c'est la plainte unanime que récitent les industriels réunis au sein de la puissante Fédération de l'industrie allemande (BDI). La production industrielle, cœur de la puissance allemande, a chuté de 16% par rapport au pic de 2018. Les secteurs vitaux et énergivores, étranglés par le renoncement au gaz russe à bas prix imposé par des sanctions folles et auto-infligées, ont vu leur production chuter d'un cinquième. Une vague de licenciements, 37.700 rien que pour les six premiers mois de 2025, le pire chiffre depuis la pandémie, vide les usines, en particulier celles de l'industrie automobile, avec 20.700 emplois perdus dans ce secteur qui était le fleuron du « Made in Germany ».

Sur la scène de ce désastre économique, aggravé par la concurrence de la Chine et la rage protectionniste de Donald Trump, prête à s'abattre sur le centre germanique de l'Europe depuis l'autre côté de l'Atlantique – une menace qui pourrait faire chuter le PIB allemand de 0,5% supplémentaire –, se profile l'ombre de Friedrich Merz et de la CDU.

Leur recette pour la relance ressemble dangereusement, en réalité, à une bombe nucléaire prête à détruire définitivement l'avenir industriel de la nation. Un mélange explosif et suicidaire de néolibéralisme extrême et de militarisme belliciste.

Le premier poison est l'obsession de l'austérité. Réductions des dépenses sociales, rigueur budgétaire aveugle, déréglementation sauvage : tels sont les dogmes de Merz (ancien président du conseil de surveillance de BlackRock en Allemagne) en pleine tempête économique. Alors que le BDI réclame à grands cris des « investissements publics urgents » dans les infrastructures modernes, la transition numérique, la simplification bureaucratique, laquelle est vitale – à leur avis – pour la compétitivité, Merz propose exactement le contraire: démanteler. Privatiser. Réduire. Un remède de cheval qui, appliqué à un organisme déjà en état de choc, équivaut à une hémorragie contrôlée qui conduira à la désindustrialisation.

Mais la véritable mèche qui pourrait faire exploser tout espoir résiduel est le pari fou sur le réarmement comme moteur économique. Merz surfe sur la vague d'une illusion dangereuse: celle de sortir l'économie de la stagnation grâce à des dépenses militaires colossales, en promettant de fixer à 2% du PIB les dépenses de défense de l'Allemagne. C'est la théorie que l'analyste russe Andreï Souzdaltsev voit se profiler à Berlin: sauver l'industrie en produisant des chars d'assaut plutôt que des voitures. Une folie stratégique et économique. D'énormes capitaux publics, déjà sous pression, seraient détournés vers des armements improductifs au lieu d'être investis dans l'innovation, l'éducation, l'énergie – les véritables moteurs d'une reprise durable et concrète. Ce militarisme belliciste, dans une Europe déjà instable, ne ferait qu'aggraver les relations avec des partenaires commerciaux cruciaux comme la Chine, alimentant une course aux armements coûteuse et dangereuse.

Le duo mortel de l'austérité néolibérale et de la folie militariste proposé par Merz n'est pas un remède. C'est le coup de grâce. Les missiles ne rempliront pas les carnets de commandes vides des usines. Les coupes dans les dépenses sociales ne feront pas baisser les factures d'énergie. Les véhicules blindés ne rendront pas les voitures allemandes compétitives face aux véhicules électriques chinois. C'est une recette écrite avec l'encre de l'idéologie atlantiste la plus myope, destinée à enfoncer définitivement l'Allemagne dans le marasme de la récession, de la désindustrialisation et de l'insignifiance stratégique. Alors que le monde court vers l'avenir, Merz voudrait ramener la nation en arrière, vers un passé fait d'usines fermées et de canons. Un suicide économique au nom du néolibéralisme et du faux mythe de la guerre comme source d'affaires.

Loi sur les services numériques: Bruxelles installe l’infrastructure pour manipuler l’opinion publique

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Loi sur les services numériques: Bruxelles installe l’infrastructure pour manipuler l’opinion publique

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10

Avec l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions du DSA le 1er juillet 2025, la Commission européenne a franchi une étape supplémentaire vers un contrôle centralisé de l’information.

Officiellement, il s’agit de « transparence » — mais en réalité, un système est en train de se mettre en place qui modifie systématiquement les fondements de toute formation d’opinions libres et de toute recherche indépendante.

Quoi de neuf ?

De grandes plateformes comme X, Facebook ou TikTok doivent désormais divulguer des données internes — mais uniquement à des chercheurs sélectionnés politiquement, qui doivent d’abord obtenir une autorisation. Seules les personnes qui s’occupent de sujets comme la « désinformation » ou le « discours de la société civile » y ont accès — et doivent respecter les conditions fixées par l’UE.️

Quel est le problème ?

L’UE revendique une souveraineté sur la définition de concepts tels que « désinformation » ou « discours haineux » — sans contrôle judiciaire, sans débat parlementaire.

Ce qui peut être dit, recherché ou diffusé n’est plus déterminé juridiquement, mais de manière administrative.

Par ailleurs, les plateformes doivent révéler comment elles bloquent, restreignent par algorithme ou suppriment du contenu. Cela crée un instrument stratégique pour le pouvoir afin de réguler l’espace numérique — contrôlé par les autorités politiques, et non par les tribunaux.

Ce qui est en jeu ?

– Seules les recherches approuvées sont autorisées.

– Les plateformes perdent leur neutralité et leur autonomie.

– Les utilisateurs ignorent pourquoi certains contenus disparaissent ou deviennent invisibles.

– La liberté d’expression devient une exception qui est gérée.

Conclusion:

Le DSA n’est pas une loi de protection — c’est la base d’un ordre où l'opinion est technocratiquement dirigée. Ce qui semble être un progrès est en réalité la transformation progressive de la démocratie qui sera dorénavant soumise à un contrôle administratif de tout contenu.

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vendredi, 11 juillet 2025

La motion de censure a échoué – la façade du contrôle s’effrite

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La motion de censure a échoué – la façade du contrôle s’effrite

Elena Fritz

La motion de censure contre von der Leyen a échoué mais ce n’est pas une preuve de confiance en sa personne, mais une déclaration de faillite institutionnelle. L’UE est entrée dans une phase où les procédures démocratiques ne font que simuler la légitimité.

Malgré de graves accusations – allant d’un approvisionnement opaque en vaccins à l’ignorance délibérée des intérêts nationaux – la présidente de la Commission reste en fonction. Le parlement se révèle impuissant face à un exécutif qui s’est largement soustrait à la responsabilité politique.

Von der Leyen reste parce qu’elle est nécessaire – en tant qu’organe exécutif fonctionnant au profit d'intérêts stratégiques :

– Stabiliser l’architecture de pouvoir existante

– Sécuriser des projets controversés

– Reporter les réformes structurelles jusqu’après 2026

Son rôle est fonctionnel, pas politique. Il ne s’agit pas d’approbation, mais d’une mise en œuvre qui doit se faire sans entrave.

Cela met en lumière à quel point l’UE mise désormais sur la puissance procédurale plutôt que sur la légitimité démocratique. Les intérêts nationaux – comme ceux de l’Allemagne – sont de plus en plus intégrés dans une dépendance structurée plutôt que négociés politiquement.

L’Union se meut vers une stabilité dirigée sans correctif possible. Les décisions ne sont plus responsables, mais elles sont gérées.

La légitimité est remplacée par une logique systémique. La responsabilité disparaît dans l’appareil.

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Trump bat en retraite...

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Trump bat en retraite...

Douguine révèle la crise américaine et le rôle de la Russie en tant que Katechon

Alexander Douguine

Alexander Douguine dévoile le recul idéologique de Trump et le campe comme une trahison de sa mission civilisationnelle, met en garde contre une bataille eschatologique croissante entre le mondialisme et la résistance multipolaire, et exhorte la Russie à se dresser, en tant que Katechon, contre la vague antichrétienne.

Sur la base de plusieurs de mes récents messages sur Telegram, certains ont conclu que j'étais déçu par Trump. Mais ce n'est pas tout à fait exact. J'ai observé l'évolution de Trump, la formation de son idéologie – ce que j'ai appelé le trumpisme – de plus près et avec plus d'attention que je n'ai suivi la politique de n'importe quel autre pays. Toute l'histoire de la deuxième campagne électorale de Trump a en fait été une véritable révolution, car les idées qu'il a exprimées – que ses partisans ont promues et approfondies, trouvant un écho auprès de la population américaine – formaient une vision du monde très cohérente. Il s'agissait d'une véritable idéologie, et pas seulement d'une série de slogans.

En reliant les différentes déclarations et positions de ce programme, j'en suis arrivé à la conclusion que le trumpisme possède un noyau idéologique assez solide. Trump a proposé une vision du monde complètement alternative, en contraste flagrant avec celle des mondialistes et des libéraux. Son orientation était non libérale et anti-mondialiste, centrée sur un État civilisationnel fort – l'État-civilisation américain – avec des calculs économiques, des éléments de politique étrangère et même un programme idéologique interne correspondants. Cela incluait l'opposition au mouvement LGBTQ, qui est interdit en Russie, et à d'autres aspects de la culture « woke », ainsi que l'annulation de la « cancel culture » elle-même.

Tout cela a été clairement articulé dès les premiers jours de la présidence de Trump. C'est précisément en étant exposé à cet élément idéologique que j'ai eu l'impression qu'il était comme un brise-glace, fracassant la mer gelée de la dictature mondialiste-libérale. Trump faisait cela depuis le centre même, depuis la « salle de contrôle » principale du système. Naturellement, cela m'a fortement impressionné, d'autant plus que je suivais cela en temps réel à travers des publications, des interviews, des conversations et des livestreams. Trump a gagné en surfant sur cette vague et a initialement agi conformément à ce programme.

L'impression était profonde. Bien sûr, l'Amérique n'est pas une société traditionnelle. Une telle société n'y a jamais vraiment existé. L'Amérique est une expérience de la modernité. Oui, avec toutes ses limites évidentes, et avec l'implication de la droite technologique (Tech Right) représentée par Elon Musk et Peter Thiel, dont les opinions sont souvent étranges et extravagantes, et même avec le populisme national de Steve Bannon, exprimé sans détours. Naturellement, rien de tout cela ne nous appartient vraiment. En principe, il n'y avait là rien qui puisse nous séduire. Pourtant, cela s'opposait – et s'oppose toujours – directement au cours précédent de l'administration américaine.

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Lorsque nous abordons Trump et le trumpisme à l'aune de notre propre civilisation, tout cela semble souvent monstrueux et effrayant. Pourtant, comparé au libéralisme et au mondialisme, que les États de l'Union européenne incarnent encore par inertie, cela ressemblait à une révolution conservatrice.

Ce n'est pas un hasard si Macron, s'exprimant lors d'une session de la Grande Loge maçonnique de France, a déclaré une guerre idéologique au « Dark Enlightenment » (les « Lumières obscures ») représenté par Trump. Macron l'a fait au nom de ce que les francs-maçons, les libéraux, les mondialistes, les pervers et les "parades de la fierté" proclament comme étant le « Light Enlightenment » (les « Lumières lumineuses »). En d'autres termes, la lame a rencontré la pierre.

Pourtant, le mondialisme libéral habituel qui a régné sur l'Amérique et le monde au cours des dernières décennies a reçu un coup sérieux de la part de Trump. Il a apporté avec lui une nouvelle idéologie – floue à certains égards, mais très attrayante à d'autres: valeurs traditionnelles, rejet des interventions à l'étranger, rejet des néoconservateurs, renversement complet du programme libéral-démocratique du Parti démocrate, avec toutes ses dégénérescences et sa chute normative et obligatoire vers la décadence. Cela nous était et nous est toujours sympathique.

Mais avec le temps, Trump a commencé à se détourner de tout cela. Il a commencé à perdre les membres de son équipe d'origine. Il s'est rapproché des néoconservateurs, comme lors de son premier mandat. Il n'a pas condamné le génocide de Netanyahu à Gaza. Il a soutenu l'opération militaire israélienne de douze jours et, de plus, les bombardiers américains ont eux-mêmes frappé l'Iran souverain. Aujourd'hui, il prépare le renversement du régime Velayat-e Faqih dans ce pays. En bref, il agit de manière contraire à ce qu'il avait promis et aux attentes de ceux qui ont voté pour lui. Car les gens qui ont voté pour lui voulaient autre chose. Cela a une grande importance.

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Cependant, le mouvement MAGA reste très fort. Peut-être qu'Elon Musk en deviendra le nouveau porte-drapeau. Il a déjà proposé de créer un troisième parti en Amérique, et, compte tenu de ses ressources, cela est loin d'être naïf. Thomas Massie (photo), un partisan constant de Trump et un paléoconservateur convaincu, s'est fermement prononcé contre l'intervention en Iran et est déjà en train de devenir une figure clé d'un autre courant du mouvement MAGA. Massie et Musk se rapprochent actuellement, ce qui est également très intéressant. Dans le même temps, Peter Thiel, l'un des architectes de la victoire de Trump, tient des propos très sombres et très justes : le mondialisme est l'idéologie de la civilisation de l'Antéchrist. D'ailleurs, même Marco Rubio a déclaré que les Iraniens attendaient l'arrivée imminente de l'Imam Mahdi, qui annonce la fin des temps.

Nous assistons donc à une nouvelle configuration politico-théologique et eschatologique très intéressante. C'est pourquoi nous devons rester calmes et commencer à étudier en profondeur la philosophie, la religion, l'eschatologie et la géopolitique, de manière beaucoup plus sérieuse que ne le fait actuellement notre communauté d'experts, qui se contente d'effleurer la surface et de tout réduire au prix du pétrole. L'heure est venue de procéder à une analyse approfondie, et non de déclarer que l'on est séduit ou déçu par Trump.

Nous nous trouvons dans une situation où les États-Unis et ceux qui les dirigent aujourd'hui définissent les principales tendances mondiales. Il existe une autre puissance, la Chine, et puis il y a nous. Il n'y a pratiquement aucune autre puissance véritablement souveraine dans le monde. Nous avons notre propre projet de monde multipolaire, et nous cherchons à le construire avec la Chine. C'est une réponse sérieuse, mais le leadership mondial appartient toujours aux États-Unis. Ni idéologiquement, ni militairement, ni technologiquement, ni économiquement, nous ne pouvons – même avec la Chine – renverser ce leadership. Par conséquent, ce qui se passe en Amérique revêt une importance considérable pour nous.

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Bien sûr, pour vraiment comprendre tout cela, il faut connaître et comprendre l'histoire de l'Occident et la philosophie de René Guénon, Julius Evola, Nikolai Danilevsky, Lev Tikhomirov et Oswald Spengler. Il faudrait une demi-vie pour assimiler pleinement ces textes. Sans eux, on ne comprend absolument rien, ni à ce qui se passe en Amérique, ni à ce qui se passe chez nous. Nous ne devons donc pas nous fixer des tâches impossibles. C'est la responsabilité de ceux qui ont les compétences et la préparation nécessaires. Nous entrons véritablement dans une sphère où beaucoup de choses vont choquer l'esprit ordinaire.

C'est pourquoi mon analyse doit être abordée différemment. Il ne s'agit pas d'être « déçu par Trump » ou « enchanté par Trump ». Ces catégories n'ont aucune signification pour moi. Je suis un patriote russe et, pour moi, la Russie est une valeur absolue. Je considère tout du point de vue de mon pays, de ma civilisation et de sa mission eschatologique en tant que Troisième Rome, le Katechon, qui empêche le monde de tomber sous le règne de l'Antéchrist. C'est ce qui importe le plus.

 

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Les tactiques technologiques d'Israël et l'avenir de la guerre totale

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Les tactiques technologiques d'Israël et l'avenir de la guerre totale

L'utilisation à des fins militaires de la surveillance, de l'IA et des deepfakes dans les conflits modernes

Alexander Douguine

Depuis le début du conflit israélo-palestinien à Gaza, qui a suivi de près l'attaque du Hamas contre Israël lors de l'opération Al-Aqsa Flood, déclenchant une réaction en chaîne d'événements, nous avons assisté au déploiement par Israël de technologies militaires jamais vues auparavant.

Ces technologies ont joué un rôle décisif dans le succès d'Israël dans plusieurs opérations militaires et politiques. Elles ont impliqué l'utilisation d'appareils de communication, d'ordinateurs, de téléphones portables et même de pagers pour infliger des pertes sensibles, voire critiques, à l'ennemi. Cette tactique était étroitement liée aux frappes de missiles et aux drones de combat. De plus, il est désormais clair qu'Israël a activement utilisé la technologie des deepfakes.

Ensemble, ces facteurs ont fondamentalement transformé la nature de la guerre moderne. Les adversaires d'Israël au Moyen-Orient n'étaient absolument pas préparés à ce changement, qui s'est avéré décisif dans le déroulement du conflit. En termes militaires conventionnels, il existait une parité approximative entre Israël et ses adversaires régionaux. En matière de guérilla, des groupes tels que le Hezbollah libanais avaient même pris le dessus, comme l'a démontré la guerre du Liban en 2006. Cependant, l'introduction de ce nouveau facteur technologique a radicalement modifié l'équilibre des forces.

Quelles étaient ces nouvelles technologies et méthodes ? La plus importante d'entre elles était un logiciel de surveillance radicalement avancé. Les Israéliens ont réussi à installer des programmes de suivi dans pratiquement tous les appareils électroniques appartenant à leurs adversaires. Les mouvements, les conversations, les réunions et les échanges d'informations – entre Palestiniens, Syriens, Libanais, Irakiens et Iraniens – toute personne ayant un intérêt même marginal pour Israël – étaient entièrement visibles par les services de renseignement israéliens.

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Dans son livre publié en 2019, L'Empire et les cinq rois, le mondialiste Bernard-Henri Lévy déplorait le retrait progressif de l'Occident hors du Moyen-Orient (en particulier hors d'Irak), soulignant que la seule compensation pour l'abandon de ces positions stratégiques était les capacités de surveillance désormais hyper sophistiquées de l'Occident, capables de détecter le moindre détail dans les territoires évacués. Lévy, impérialiste agressif, considérait cela comme insuffisant, comme un signe de faiblesse et de passivité. Il aurait préféré un contrôle physique direct du monde islamique par l'Occident et Israël (d'où le titre du livre, qui fait référence à la guerre menée par l'antique Israël contre une coalition de cinq rois cananéens, que les Israélites ont vaincus et soumis). Mais l'argument de Lévy sur la surveillance était pertinent. Cela est devenu un facteur crucial à partir de 2023.

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Les systèmes de communication et les appareils connectés – électroniques, locaux ou autres – sont devenus des armes mortelles entre les mains d'Israël, déterminant l'issue des opérations à Gaza, au Liban, en Syrie et lors de la récente guerre de 12 jours avec l'Iran. L'aide des États-Unis et de l'Occident en général a été importante, mais l'avantage décisif est venu de la nouvelle stratégie. Israël a réussi à prendre le contrôle total des réseaux de ses ennemis, transformant les téléphones, les pagers et divers appareils électroniques en armes. Certains pagers destinés aux agents du Hezbollah (qui se méfiaient des téléphones portables) ont été piégés avec des explosifs. Selon des rapports libanais, non seulement les pagers ont explosé, mais aussi les téléphones portables, les scooters électriques, les interphones et les panneaux d'ascenseur. La nature exacte de cette technologie reste floue, mais si elle existe et si Israël la possède, elle présente des risques sans précédent.

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Un autre élément impliquait des drones lancés sur la base de données de ciblage acquises grâce à la surveillance, souvent à partir du territoire ennemi. Cette tactique a été révélée pour la première fois en juillet 2024, lorsque le chef du Hamas, Ismail Haniyeh (photo), a été éliminé en Iran. Des méthodes similaires ont ensuite été utilisées pour tuer des dirigeants du Hamas non seulement à Gaza, mais aussi dans d'autres pays. Grâce à la surveillance électronique, les Israéliens avaient une vue d'ensemble de leurs cibles ; le reste n'était qu'une simple exécution. Les drones pouvaient être lancés depuis Israël ou depuis des cachettes préparées à l'avance dans des pays étrangers.

Il est même possible que l'opération de sabotage qui a conduit à la mort du président iranien Ebrahim Raisi ait impliqué un pager et une technologie de surveillance. Raisi était un conservateur et un fervent opposant à Israël. Si les autorités iraniennes n'ont pas réussi à déterminer la cause de l'accident d'hélicoptère, les événements de la guerre de 12 jours peuvent expliquer pourquoi : elles ne disposaient tout simplement pas de la technologie nécessaire et ne comprenaient pas le fonctionnement de ces systèmes.

Après avoir éliminé les dirigeants du Hamas, Israël s'est tourné vers le Hezbollah. Des frappes ciblées ont tué le cheikh Hassan Nasrallah et pratiquement tous les dirigeants du Hezbollah, qui représentait autrefois une menace sérieuse pour Israël. Combinés à l'explosion des pagers et des autres dispositifs, ces assassinats et même les massacres de membres du Hezbollah se sont avérés extrêmement efficaces.

Des frappes précises par drones et missiles ont suivi, non pas au hasard, mais sur la base de cibles identifiées grâce à la surveillance électronique. Les Israéliens ont planifié ces opérations avec minutie, commençant leur extermination par le haut : ils ont d'abord éliminé les hauts dirigeants – religieux et politico-militaires –, puis le deuxième échelon, le troisième, et ainsi de suite à travers les rangs.

En Syrie, c'est le Mossad qui a porté au pouvoir al-Sharaa, affilié à l'État islamique, en orchestrant un changement de régime et en renversant le président Bachar al-Assad à l'aide des mêmes techniques. Israël a pris le contrôle total des communications militaires syriennes. Les deepfakes ont été largement utilisés. Des ordres et des directives – parfois contradictoires – ont été envoyés aux commandants de rang inférieur, prétendument émanant des hauts gradés syriens, imitant même la voix d'Assad lui-même. Il s'agissait notamment d'ordres de retraite, de redéploiement vers des positions absurdes ou de tirs sur de fausses cibles. Le changement de régime a été réalisé moins par la force militaire conventionnelle que par les technologies en réseau. Israël a également consolidé son emprise sur le plateau du Golan, étendu sa zone de contrôle près des zones druzes plus proches de Damas et détruit, à l'aide de drones et de missiles, toutes les installations militaires syriennes qui représentaient une menace, même lointaine. Auparavant, le Hezbollah et les forces iraniennes (en particulier les unités du CGRI) en Syrie avaient déjà été soumis à des frappes précises et contraints de se retirer dès le début de la révolte d'al-Sharaa.

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Vint ensuite l'Iran. Une fois de plus, la même stratégie fut utilisée. Dans les premières heures de la guerre de 12 jours, Israël élimina la quasi-totalité du haut commandement militaire iranien – le chef d'état-major, le commandant du CGRI et les principaux scientifiques nucléaires – ainsi que leurs familles, y compris leurs jeunes enfants. Cela fut accompli en partie grâce à des frappes de missiles de précision, en partie grâce à des drones lancés depuis l'Iran, à partir de caches prépositionnées. Les drones ont été physiquement lancés par des migrants afghans suivant les instructions israéliennes, payés modestement et considérés comme sacrifiables par les planificateurs israéliens.

Les frappes de missiles qui ont suivi ont visé les infrastructures nucléaires iraniennes, conduisant à une opération de changement de régime. Pour que tout cela réussisse, Israël avait besoin d'un contrôle total sur chaque individu iranien considéré comme une menace ou un intérêt potentiel – et là encore, grâce à des dispositifs électroniques. La stratégie a été moins efficace contre les Houthis du Yémen, mais même ceux-ci ont parfois été frappés par des attaques de précision qui ont causé de graves dommages.

Nous avons ainsi assisté à l'émergence de formes entièrement nouvelles de guerre meurtrière. Israël possède des technologies qui lui ont permis d'infliger à ses ennemis des dommages auparavant inimaginables. Nous sommes entrés dans une ère de guerre totalement nouvelle.

Au début de l'opération militaire spéciale (OMS), nous avons été confrontés de manière inattendue au problème des drones et des communications. Mais ce que nous voyons aujourd'hui en Israël représente un niveau de technologie bien plus avancé. Si vous ou des membres de votre famille possédez un appareil électronique et que vous vous opposez aux intérêts d'Israël, vous pouvez être éliminé – de manière chirurgicale, efficace et à tout moment. C'est la conclusion terrifiante que nous pouvons tirer de ce que nous venons de voir au Moyen-Orient.

Une autre préoccupation concerne la neutralisation des flottes et des ports maritimes ennemis. Là encore, les technologies de drones aquatiques – qui ne sont pas encore pleinement déployées – représentent un danger colossal, en particulier lorsqu'elles sont associées à des systèmes de surveillance avancés.

Nous sommes donc confrontés à tout un ensemble de nouvelles menaces. Point suivant : Israël est l'allié le plus proche des États-Unis et de l'Occident dans son ensemble. Certains considèrent Israël comme un mandataire géopolitique des États-Unis, tandis que d'autres – en particulier les Israéliens – voient les États-Unis comme un golem soumis aux ordres d'Israël. Dans tous les cas, l'essentiel est le même : les technologies qu'Israël a utilisées si efficacement dans la guerre contre ses adversaires régionaux sont incontestablement connues et accessibles aux États-Unis et à l'Occident. En effet, on ne sait pas vraiment s'il s'agit d'inventions purement israéliennes. Elles proviennent peut-être de la CIA, du Pentagone, de Palantir ou du MI6, ou ont été développées conjointement. Cela n'a guère d'importance. Le fait est que l'Occident possède ces armes et maîtrise ces stratégies et technologies.

La Russie n'est pas en guerre avec Israël (même si nous ne devons pas oublier que l'Iran est notre allié), on pourrait donc penser que nous sommes à l'abri de telles tactiques. Peut-être. Cependant, nous sommes indéniablement en guerre avec l'Occident collectif en Ukraine – et l'Ukraine est sans aucun doute un mandataire, un outil, de l'Occident collectif. D'où cette conclusion simple et terrifiante : cette technologie meurtrière peut, à tout moment, être retournée contre la Russie.

Si l'on considère les attentats terroristes perpétrés par des saboteurs ukrainiens en Russie – contre Daria Dugina (et moi-même), contre Vladlen Tatarsky et Zakhar Prilepin, contre des généraux russes comme Moskalyok et Kirillov, ainsi que l'attaque de la mairie de Crocus impliquant des migrants recrutés par Kiev –, alors la récente attaque de drones contre la triade nucléaire russe depuis le territoire russe doit être considérée dans ce contexte.

Dans une situation critique, une telle stratégie pourrait être pleinement déployée – ou l'a peut-être déjà été, bien que sous une forme limitée.

Des questions logiques se posent : disposons-nous de systèmes d'armes similaires ? Avons-nous pénétré les dispositifs et gadgets ennemis, non seulement ceux de l'Ukraine, mais aussi ceux des États-Unis et de l'OTAN ? D'autre part, disposons-nous de défenses adéquates contre de telles attaques et stratégies ? Il est clair que nos meilleurs spécialistes travaillent avec diligence pour assurer la sécurité du président, notre ressource clé dans la guerre contre l'Occident. C'est pourquoi il ne possède aucun appareil électronique, ce qui est prudent. Pourtant, nous continuons à tout numériser et à tout électrifier, en nous appuyant sur l'intelligence artificielle qui, comme d'autres technologies en réseau, est peut-être déjà militarisée – ou pourrait facilement le devenir. L'IA peut-elle tuer ? La réponse est évidente si l'on se réfère à l'expérience des Libanais et des Iraniens: si les téléphones et les pagers peuvent tuer, alors l'IA peut certainement être militarisée dans certaines conditions. Les deepfakes – générés par l'IA – sont déjà devenus des armes.

De plus, sommes-nous pleinement conscients que les structures de réseau peuvent être facilement intégrées dans les communautés d'immigrants, en particulier parmi les immigrants illégaux ? Ce sont des agents techniques tout prêts. Israël n'aurait jamais pu intégrer des réseaux de sabotage aussi profondément enracinés dans les sociétés sans un réseau d'agents d'élite sur le terrain.

Enfin, la Chine possède-t-elle de telles technologies de réseautage militaire ? À l'heure actuelle, la Chine est confrontée à une décision cruciale : entrer en confrontation ouverte avec l'Occident en Iran et dans l'ensemble du Moyen-Orient, où l'Occident mène des frappes chirurgicales contre les centres énergétiques et de transport chinois. Nous le saurons probablement bientôt.

Quoi qu'il en soit, c'est aujourd'hui la menace la plus grave à laquelle est confrontée la Russie contemporaine. Nous pouvons gérer tout le reste. Mais ici, nous sommes confrontés à quelque chose de totalement nouveau, et si nous nous trouvons pris au dépourvu à un moment critique, les conséquences pourraient être véritablement fatales.

mercredi, 09 juillet 2025

Iran. Premier bilan

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Iran. Premier bilan

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/iran-primi-bilanci/

Cessez-le-feu au Moyen-Orient, nous dit-on. Ou plutôt, une illusion de cessez-le-feu, puisque Netanyahu n’a manifestement aucune intention de le respecter. Et l’Iran semble prêt à riposter coup sur coup.

Trump est furieux. Cependant, sa colère ne sert pas à grand-chose. Il espérait calmer le conflit et, en même temps, favoriser un changement de régime en Iran. C’est ainsi que le vieux prétendant au Trône du Paon, désormais complètement américanisé depuis des décennies, a été de nouveau évoqué: Reza Shah.

Mauvais calculs et mauvaises analyses. Car, en réalité, la République islamique semble sortir renforcée et resserrée par ces attaques. Ce n’est pas que l’opposition intérieure n’existe pas, mais il est clair que cela n’a rien à voir avec des sympathies pour Israël ou les États-Unis. Au contraire…

Ainsi, Khamenei a eu le dessus. Il a transféré le pouvoir effectif aux Pasdaran, dépossédant ainsi le modéré Pezeshkian.

En fait, c’est l’état d’urgence. Tout simplement. Ces mesures renforcent le régime iranien et donnent plus de pouvoir à l’aile militaire.

Et affaiblissent ceux qui espéraient une détente avec Washington, en particulier les classes bazari et marchandes.

Après quinze jours de guerre à distance, Israël semble en difficulté. Et ce malgré le militarisme proclamé par Netanyahu.

Il n’a simplement pas réussi à faire plier Téhéran ni à favoriser le dissensus iranien. Au contraire, le régime des ayatollahs semble plus solide que jamais, et la riposte militaire a provoqué de véritables crises de nerfs internes en Israël.

Netanyahu a même dû tenter d’empêcher la fuite des principales villes, notamment des citoyens juifs qui veulent se réfugier, ou plutôt revenir, à l’étranger.

Il est vrai que Bibi mise surtout sur les « colons », qui représentent la face la plus déterminée et agressive du sionisme.

Mais le malaise intérieur en Israël est évident.

Téhéran, d’ailleurs, n’est pas totalement seul. Plus que Poutine, qui est trop occupé en Ukraine pour pouvoir offrir autre chose qu’un soutien politique à l’Iran, le véritable allié du régime des ayatollahs est la Chine. La Chine importe du gaz et du pétrole iraniens, essentiels pour son économie.

La politique de Xi Jinping vise, bien sûr, à éviter autant que possible les conflits directs, surtout avec Washington.

Pourtant, cela n’empêche pas la Chine de soutenir Téhéran de toutes les manières possibles, car elle ne veut absolument pas de changement de régime. Xi Jinping a été très clair et ferme sur ce sujet.

De plus, le Pakistan s’est déjà dit prêt à intervenir militairement aux côtés des Iraniens. Et le Pakistan, en plus de sa puissance nucléaire, est étroitement lié à Pékin.

Puis il y a Kim Jong-un. La Corée du Nord est une puissance nucléaire, et le jeune dictateur, maître incontesté du pays, exploite habilement la situation internationale pour briser l’isolement politique et économique dans lequel Pyongyang était plongé depuis longtemps.

Il a également déclaré être prêt à intervenir militairement pour aider l’Iran.

Une situation donc extrêmement difficile à déchiffrer. Trop de variables, trop d’acteurs. Trop de dangers.

Incontestablement, nous vivons une époque « intéressante », qui, selon une vieille malédiction chinoise, signifie justement « dangereuse ».

 

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Chypre a peur...

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Chypre a peur...

Andrea Marcigliano

Bron: https://electomagazine.it/la-paura-di-cipro/

Chypre a peur. Une peur insidieuse, de plus en plus manifeste et parfaitement justifiée.

Car la Chypre grecque ne doit pas seulement faire face à la coexistence, déjà difficile et imposée de longue date, avec la partie turque de l’île. C’est-à-dire avec la partie occupée par les Turcs, qui y ont créé une république autonome, totalement dépendante d’Ankara.

C’est une vieille histoire. Une histoire de coexistence, toujours extrêmement difficile, entre Grecs et Turcs. Une cohabitation toujours pleine de menaces mutuelles et chargée de souvenirs sanglants.

Mais aujourd’hui, la peur concerne quelque chose de bien plus invasif. Quelque chose de profondément différent.

De nombreux citoyens israéliens, beaucoup de Juifs, pour simplifier, se sont déplacés vers la République de Chypre. S’éloignant d’Israël et, surtout, emportant avec eux leurs activités. Probablement effrayés par la politique de Netanyahu et par la situation de guerre permanente dans laquelle Tel-Aviv a été plongé.

Une situation où Bibi, bien sûr, bénéficie du soutien total des soi-disant « colons ». Qui sont des sionistes furieux, armés et combattants. Mais cette situation effraie les classes moyennes urbaines, qui craignent des répercussions négatives sur leur vie, leurs affaires et leurs intérêts, qui sont considérables.

Et ainsi, un exode silencieux a commencé vers Chypre. Qui a peu à peu vu émerger des synagogues au centre de nouveaux quartiers entièrement juifs.

Surtout, l’île, déjà tourmentée, doit désormais faire face à un nouveau problème: l'apparition d'une sorte d’État dans l’État. Et un État qui ne répond en rien à celui qui est légitime. Au contraire, il a ses propres règles et ses propres formes d’autogouvernement.

Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement chypriote envoie des signaux au monde attestant de sa préoccupation croissante. Car cette invasion israélienne, pacifique, pourrait être porteuse de problèmes considérables, qui, eux, ne seront pas aussi pacifiques.

Tout d’abord, le transfert important d’activités financières juives en territoire chypriote expose l’île au risque d’attaques « terroristes » par les ennemis d’Israël, qui commencent à voir Chypre comme une sorte de colonie extérieure de l’État hébreu. Et, par conséquent, comme un lieu d’où sont données des directives politiques et économiques qui influencent tout le Moyen-Orient.

Et cela constitue déjà, en soi, un problème considérable, car cela entraîne Chypre dans une dimension moyen-orientale, que le gouvernement de Nicosie a toujours essayé d’éviter, en se connectant à l’Union européenne.

Ensuite, les enclaves israéliennes-juives sur l’île évoluent et agissent comme si elles étaient totalement indépendantes, devenant en fait un État autonome, niant l’autorité du gouvernement de l’île.

Sans compter que cette présence israélienne, croissante et massive, pourrait facilement enflammer des tensions avec la partie turque, ravivant un conflit latent qui n'avait jamais vraiment été éteint.

La paix contre un certain silence: le deal de Candace Owens avec Trump

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La paix contre un certain silence: le deal de Candace Owens avec Trump

Trump a personnellement demandé à Candace Owens d’arrêter son enquête pour garantir la coopération de Macron dans les négociations de paix en Ukraine.

Alexander Douguine

(2 juillet 2025)

L’une des journalistes et blogueuses les plus populaires aux États-Unis, Candace Owens, vient de partager une histoire incroyable. Il y a environ neuf mois, elle avait commencé à enquêter sur des affirmations selon lesquelles la femme de Macron, Brigitte, ne serait pas une femme mais un homme. Tout est possible de nos jours.

Tout le monde a vu que Brigitte aurait frappé Macron. Ce n’est pas une preuve, bien évidemment, tout comme le fait qu’il soit apparu à un sommet de l’OTAN en étant débraillé et déséquilibré (comme s’il avait encore été frappé). On peut toutefois se rappeler comment Boris Johnson se comportait. Mais lui aussi était queer.

L’enquête de Candace était plus sérieuse — elle argumentait avec des photos, des documents et de très nombreux témoignages. Il y avait même une théorie, appuyée par une photo convaincante, selon laquelle Brigitte serait un Néandertalien!!

Les deux avocats de Macron ont cité Candace, mais devant un tribunal américain, ce qui ne l’impressionne pas — elle est une héroïne nationale, et l’Amérique l’aime. Maintenant, Candace a révélé pourquoi elle a soudainement arrêté l’enquête.

Il s’avère que Trump (qu’elle avait fortement soutenu lors de son élection) l’a appelée et lui a demandé d'abandonner l'enquête parce que Macron refusait d’aider Washington à négocier la paix en Ukraine ou de cesser de soutenir Kyiv, ce que Trump souhaitait.

Candace, qui est plutôt hostile à Zelensky, a accepté de mettre un terme à son enquête et de ne plus accuser implicitement Brigitte d’être un homme: le tout pour le bien de la paix. Elle a tout expliqué dans une vidéo récente.

Hier, 1 juillet, Macron a appelé Poutine après une longue pause, soi-disant parce que les "vérités si dures" que Candace répandait l’avaient blessé pendant de longs mois. Quand elle s’est arrêtée, il était aussitôt prêt pour négocier la paix. Mais, palsambleu, dans quelle réalité vivons-nous ?

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Russie et Azerbaïdjan: analyse d'une aliénation rampante

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Russie et Azerbaïdjan: analyse d'une aliénation rampante

Par Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/07/russland-und-aserbaidschan-an...

Les relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan se sont nettement refroidies au cours des dix-huit derniers mois. Alors que les deux États coopéraient étroitement jusqu'en 2022 et que la Russie considérait l'Azerbaïdjan comme un partenaire important sur les plans de l'économie et de la sécurité, une distance notable s'est aujourd'hui installée entre les deux pays, tant sur le plan diplomatique que stratégique. Ce changement ne s'est pas produit de manière brutale, mais résulte de bouleversements structurels, de divergences dans les priorités de politique étrangère et d'une nouvelle constellation des pouvoirs dans la région.

Historiquement, la Russie était considérée comme la puissance protectrice de l'Azerbaïdjan, en particulier depuis le début des années 1990. Après la fin de la guerre du Haut-Karabakh en 1994 et la prise du pouvoir par Heydar Aliyev, une relation de coopération s'est établie entre Moscou et Bakou, soutenue par des liens économiques – notamment via la diaspora azerbaïdjanaise en Russie – et par des accords en matière de politique de sécurité. Au cours de cette phase, la Russie s'est imposée avec succès comme la médiatrice entre les parties prenantes du conflit, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Le statut gelé du Haut-Karabakh – qui, selon le droit international, fait partie de l'Azerbaïdjan, mais qui était en réalité sous contrôle arménien – a créé un cadre dans lequel la Russie a pu se présenter comme garante de la stabilité dans le Caucase du Sud.

Cet équilibre a commencé à vaciller au plus tard avec le changement de gouvernement en Arménie en 2018. L'arrivée au pouvoir du Premier ministre Nikol Pachinian, soutenu par un mouvement de réforme soutenu par la "société civile", a été jugée d'un œil critique à Moscou. Les relations russo-arméniennes se sont refroidies, tandis que Moscou s'efforçait parallèlement de renforcer sa coopération avec Bakou. La coopération croissante entre l'Azerbaïdjan et la Turquie en matière de politique énergétique et militaire n'a pas été considérée comme un défi immédiat.

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Le tournant : les conflits du Karabakh en 2020 et 2023

L'offensive militaire de l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh en 2020 a constitué un tournant décisif. La Russie s'est abstenue de condamner ouvertement l'opération azerbaïdjanaise et a plutôt négocié un accord de cessez-le-feu qui devait être supervisé par les forces de maintien de la paix russes. L'opération a été considérée par une partie des dirigeants russes comme un moyen de réduire l'influence de l'Arménie sous Pachinian sans compromettre les relations avec l'Azerbaïdjan. La deuxième offensive militaire de l'Azerbaïdjan en 2023, qui a conduit à la prise de contrôle totale de la région, a également été acceptée par Moscou.

Cette passivité a toutefois eu des conséquences stratégiques. Alors que l'Azerbaïdjan a atteint ses objectifs territoriaux et réduit de facto sa dépendance vis-à-vis de la Russie, cette dernière a perdu une position d'influence importante dans le Caucase du Sud, sans obtenir de contrepartie claire en échange. L'Azerbaïdjan a intensifié sa coopération avec la Turquie et Israël, en particulier dans le domaine des technologies militaires. Parallèlement, les relations entre Bakou et Téhéran se sont détériorées après la publication d'informations faisant état de l'utilisation de l'espace aérien azerbaïdjanais par des drones de reconnaissance israéliens.

Facteurs économiques et divergences stratégiques

Des tensions sont également apparues sur le plan économique. L'Azerbaïdjan avait misé sur la création d'un hub gazier turc qui devait servir de plateforme de distribution pour les exportations d'énergie vers l'Europe, en intégrant les flux gaziers russes. Ces projets ont été accueillis avec scepticisme à Moscou et sont restés largement lettre morte. À cela s'ajoute le blocage du transit de l'énergie azerbaïdjanaise par l'Ukraine, qui a privé l'Azerbaïdjan d'un marché important.

En outre, la Russie a renforcé ses mesures contre les structures criminelles liées à certaines franges de la diaspora azerbaïdjanaise. Le démantèlement de ces réseaux a également porté atteinte aux intérêts économiques de certaines élites azerbaïdjanaises qui avaient jusqu'alors profité de ces relations informelles.

Réticence diplomatique malgré des points de friction manifestes

Bien que les lignes de conflit soient clairement identifiables, le gouvernement russe a jusqu'à présent réagi avec retenue. Les instruments diplomatiques se sont limités à convoquer l'ambassadeur azerbaïdjanais et à lui remettre une note de protestation. Officiellement, la Russie parle d'acteurs externes non spécifiés qui auraient intérêt à voir les relations se détériorer. Cette formulation laisse une marge d'interprétation et permet d'éviter une escalade pour l'instant.

Dans le même temps, de plus en plus d'indices laissent penser que la Russie examine des options stratégiques vis-à-vis de l'Azerbaïdjan, par exemple en se rapprochant prudemment de l'Arménie ou en intensifiant sa coopération avec l'Iran. Cependant, aucune mesure concrète n'a été annoncée à ce jour.

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Perspectives

À court terme, il ne faut pas s'attendre à une normalisation des relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan. La politique étrangère de Bakou reste clairement orientée vers l'Occident et la Turquie, tandis que la Russie mise sur un réseau de partenariats régionaux dont l'Azerbaïdjan ne fait actuellement plus partie. La coopération en matière de politique de sécurité est de facto suspendue et les intérêts économiques divergent. Il est toutefois concevable que les relations se stabilisent à nouveau à moyen terme, par exemple dans le contexte de changements géopolitiques ou de changements de personnel au sein des dirigeants politiques des deux pays.

À long terme, l'évolution des relations bilatérales dépendra fortement de la situation internationale, de l'architecture de sécurité régionale et de la dynamique politique interne à Bakou. Le gouvernement russe ne semble actuellement pas disposé à la confrontation, mais tente de préserver ses derniers canaux d'influence. La question de savoir s'il y parviendra reste ouverte.

mardi, 08 juillet 2025

La crise du système des ONG dans l'ordre mondial post-occidental

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La crise du système des ONG dans l'ordre mondial post-occidental

par Elena Fritz

L'époque où les organisations non gouvernementales telles que « Omas gegen Rechts » (Les grands-mères contre l'extrême droite) jouaient un rôle central dans un ordre mondial imprégné de valeurs morales semble révolue.

Le dernier article paru dans Foreign Affairs, la revue officielle de l'establishment américain en matière de politique étrangère, retient l'attention. Sous le titre « The End of the Age of NGOs » (La fin de l'ère des ONG), les politologues Sarah Bush et Jennifer Hadden constatent sobrement la fin d'une époque: l'époque où les organisations non gouvernementales jouaient un rôle central dans un ordre mondial empreint de moralité semble révolue. Le nombre d'ONG internationales stagne, leur influence s'amenuise, leur réputation est ternie.

Mais alors que les auteurs expliquent ce phénomène principalement par la baisse des financements et la répression croissante, une analyse structurelle plus approfondie fait défaut – ou est délibérément évitée. Car la véritable raison du recul mondial du système des ONG ne réside pas dans des questions de financement, mais dans la prise de conscience par la société mondiale du rôle de ces acteurs en tant qu'outils d'une politique ne visant que le maintien de la puissance.

Les ONG comme organes exécutifs d'un ordre mondial informel

Dans les années 1990, marquées par l'euphorie, les ONG étaient considérées comme l'avant-garde d'une « société civile transfrontalière ». Mais en réalité, elles faisaient partie, dès le départ, d'une nouvelle stratégie hégémonique: contrôle par la morale, influence par les « valeurs », pilotage par une participation citoyenne apparente. Le fonctionnaire colonial classique a cédé la place au « conseiller », le soldat à l'« observateur électoral », l'intervention à la « campagne pour les droits de l'homme ».

Ces organisations n'agissaient pas dans le vide. Elles s'inscrivaient dans un système finement orchestré qui visait la projection informelle du pouvoir, soutenu par les gouvernements occidentaux, les fondations, les think tanks et les structures supranationales. Elles se présentaient comme indépendantes, mais elles suivaient – consciemment ou structurellement – un programme géopolitique : stabilisation des gouvernements pro-occidentaux, déstabilisation des régimes indésirables, manipulation des discours sociaux sous la bannière des valeurs universelles.

La couleur changeait au gré des circonstances: tantôt c'était les « droits de l'homme », tantôt la « bonne gouvernance », tantôt la « promotion de la démocratie ». L'objectif restait toujours le même: gagner en influence sans assumer une responsabilité formelle, sans intervenir directement, sans agresser ouvertement. Les ONG étaient le camouflage parfait à une époque où les guerres ne devaient plus être déclarées, mais « justifiées ».

Le point de rupture : souveraineté contre contrôle informel

Ce que Foreign Affairs décrit comme une « restriction de la société civile » est en réalité l'expression d'une impulsion mondiale vers la souveraineté. Plus de 130 États ont pris des mesures, ces dernières années, pour contrôler ou exclure les ONG financées par des fonds étrangers, afin de se défendre contre les opérations d'influence hybrides.

Car on sait depuis longtemps que là où les ONG occidentales sont particulièrement actives, il n'est pas rare que les ordres politiques changent, que ce soit par des recommandations électorales, des campagnes d'opinion, des interventions juridiques ou la mobilisation des milieux urbains prompts à la contestation. Le fait que cela ne soit pas l'expression d'une « société civile » organique, mais souvent le résultat d'un transfert de pouvoir orchestré, est devenu évident en Ukraine, en Géorgie ou en Libye, par exemple.

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Exemple concret : l'attaque contre l'industrie automobile allemande

Un exemple particulièrement explosif d'instrumentalisation politique des ONG s'est récemment produit au cœur même de l'Europe, avec des répercussions directes sur la souveraineté industrielle de l'Allemagne. Des articles de presse, comme celui paru dans Welt am Sonntag, ont révélé que des programmes européens tels que LIFE avaient servi à financer de manière ciblée des ONG qui ont ensuite lancé des campagnes juridiques contre des constructeurs automobiles allemands. ClientEarth a ainsi reçu des fonds européens pour intenter des poursuites contre des entreprises telles que VW et BMW à cause de prétendues violations des normes d'émissions.

Ces ONG agissent de manière formellement indépendante, mais fonctionnent en réalité comme des régulateurs extérieurs qui sapent économiquement et politiquement des industries clés, non pas par le biais d'un débat démocratique, mais par des offensives judiciaires et stratégiques. Le scandale ne réside pas seulement dans le contenu des plaintes, mais dans le système lui-même: des fonds publics sont versés à des acteurs qui, sous couvert de moralité, interfèrent dans la politique structurelle d'États souverains.

Les ONG agissent au cœur de la projection du pouvoir

Ces événements confirment une tendance de plus en plus évidente: les ONG n'agissent pas en marge, mais au cœur même du pouvoir qui se projette à l'avant-scène. Elles sont soutenues par des structures supranationales qui se soustraient à leurs responsabilités, tout en exerçant une pression sur les gouvernements, les entreprises et les sociétés sans être légitimées démocratiquement. Ce qui est qualifié de « société civile » est en réalité souvent l'avant-garde opérationnelle d'un contrôle post-démocratique.

Les dommages sont réels: non seulement sur le plan économique – par exemple en raison des délocalisations de la production, de l'insécurité des sites et des entorses infligées à la réputation de leurs cibles –, mais aussi sur le plan institutionnel. Car lorsque des structures qui ne peuvent être contrôlées démocratiquement s'immiscent dans les décisions industrielles centrales par le biais des tribunaux, des médias et des politiques de financement, la souveraineté politique est systématiquement sapée. L'industrie automobile allemande est ici symbolique pour une nation industrielle en phase de transition malheureuse entre une autodétermination féconde et une dépendance contrôlable et contrôlée, orchestrée par le levier que sont les campagnes moralisatrices des ONG.

La question des ressources : un symptôme, pas une cause

Bush et Hadden attribuent notamment la crise du système des ONG à la baisse des subventions qu'elles percevaient dans le monde occidental. En effet, de nombreux pays, dont l'Allemagne, ont réduit ou réaffecté leurs budgets destinés au financement des ONG internationales. Mais ce n'est pas la cause, mais une conséquence de la diminution de leur utilité stratégique: le modèle des ONG a atteint les limites de sa légitimité.

La croyance en une « société civile » neutre, bonne et non partisane est ébranlée là où la réalité nous suggère d'autres conclusions: les acteurs des ONG ne vivent pas en marge du pouvoir, mais en son centre fonctionnel. Ils font partie, souvent inconsciemment, d'une forme de contrôle qui n'a plus besoin de chars d'assaut, mais fait usage de récits, de réseaux et de pression normative.

Un changement de paradigme mondial

L'ordre mondial est en pleine mutation. Le régime suggère des interprétations, car il est dominé par l'Occident, et présentait les ONG comme l'épine dorsale morale. Ce régime perd de son rayonnement. Il est remplacé par une réalité multipolaire dans laquelle émergent des modèles de modernité alternatifs – pragmatiques, souverains, spécifiques à chaque culture.

Dans ce nouveau monde, les ONG ne sont pas discréditées en soi, mais elles doivent faire face à leur propre rôle et à leur propre histoire: qui les finance? Qui servent-elles? Quels intérêts représentent-elles – et quelle langue parlent-elles? Ces questions ne peuvent plus être ignorées.

Perspectives : fin du camouflage, retour à la responsabilité

Ce à quoi nous assistons actuellement n'est pas la fin de tout engagement dans le chef de la société civile, mais la fin de son instrumentalisation idéologique. Le retrait des ONG est le prix à payer pour des décennies de politique où la morale est devenue un camouflage et l'indignation un levier de réorganisation géopolitique.

Quiconque souhaite aujourd'hui accomplir un véritable travail civique doit se libérer de ces structures et assumer le risque d'une véritable autonomie. Dans un monde qui recherche à nouveau la vérité plutôt que des « valeurs », il s'agit d'une rupture nécessaire, mais attendue depuis longtemps.

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