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mardi, 02 janvier 2018

Autorité politique contre influence médiatique

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Autorité politique contre influence

médiatique

 

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Pendant la période historique où la presse écrite détermine le débat public, les rapports entre le quatrième pouvoir et le système politique se posent en termes de soumission ou critique tant il semble évident que le média joue un rôle second par rapport à l'autorité. Le politique ordonne et agit, le journaliste  s'il est servile ou s'il subit un contrôle  social (voire policier) relaye la position officielle ; il la critique s'il a d'autres options idéologiques, plus le courage le talent ou la possibilité de les exprimer. Les médias valent suivant qu'ils reflètent plus ou moins authentiquement événements et opinions. Dans l'idéal, le citoyen rationnel, éclairé sur les affaires du monde par une presse pluraliste (des journalistes plus "intellectuels critiques" que "chiens de garde"), débat avec ses pairs dans l'espace public, puis indique par des procédures démocratiques le chemin du Bien Commun à des gouvernants serviteurs de la Loi. Il s'agit là d'une utopie évidente car le pouvoir des médias excède très vite  celui de décrire et de juger : voir Randolph Hearst  poussant son pays à la guerre à Cuba en 1898 (une anecdote douteuse veut qu'il ait télégraphié  à son correspondant à la Havane : "Fournissez les images, je fournirai la guerre.").

Cette représentation toute théorique du rapport autorité/influence reflète un stade de la technique lié à la presse à imprimer. Mais d'autres évolutions techniques - nous  en évoquerons trois, mais il en est sans doute d'autres - bouleversent ce rapport.

Influence d'État : secteurs et vecteurs

La première mutation affecte le lien entre frontière politique et frontière médiatique au sens géographique. Jusqu'au seuil de la seconde guerre mondiale, celui qui contrôle le territoire gère à peu près les flux d'information qui y circulent, même si des publications peuvent franchir une douane clandestinement. Le souverain maîtrise les instruments de destruction sur son territoire (la fameuse violence légitime) mais aussi les moyens de communication de masse, généralement soumis à autorisation.

Mais voici qu'apparaît la radio et qu'aucun gabelou n'arrête les ondes. Pionnier en ce domaine, le Saint Siège se dote de Radio Vatican en 1931, propaganda fidei et émet à l'échelle internationale à partir de 1937 par autorisation spéciale de l'Union internationale de la radio.

La Seconde Guerre mondiale stimule l'usage "offensif" de la radio en direction d'un territoire à libérer ou à conquérir : instructions pour ses partisans, désinformation ou démoralisation pour ses adversaires, propagande pour les habitants... Voir Radio Londres ou "Germany Calling" avec le fameux "Lord Haw Haw" propagandiste nazi.

Pourtant la création de médias destinés à persuader des populations étrangères, dans leur langue et chez eux est typique de la Guerre Froide[1]. L'Est finance modestement quelques médias destinés à l'exportation et à la catéchèse (l'intelligentzia européenne n'a pas besoin de lire Spoutnik pour pencher vers le marxisme et radio Tirana ne convertit que des convaincus).

En revanche, les USA conçoivent sous Eisenhower une stratégie de "diplomatie publique"; une de ses composantes principales est l'utilisation de radios émettant au-delà du rideau de fer. De 1953 à 1999, l'US Information Agency[2], crée Voice of America, puis la radio anti-castriste Radio Marti. Radio Free Europe, en principe privée, mais financée par le Congrès remplit la même fonction de lutte idéologique contre le communisme. La recette combine l'héritage de Woodrow Wilson (convertir la planète aux valeurs démocratiques, gagner les "cœurs et les esprits"), l'idée chère à la CIA (mener une "guerre culturelle" contre l'Est y compris en montrant combien "notre" jazz ou "notre" peinture abstraite peuvent être subversifs face au réalisme soviétique à la Jdanov) et enfin une confiance très américaine dans le pouvoir libérateur des médias. Il s'agit de donner une "vraie" image de l'Amérique et de son mode de vie. Faire savoir, c'est forcément convertir des citoyens de l'Est qui ne peuvent être communistes que par ignorance.

Dans les années 90, avec la chute de l'URSS (et en particulier sous la présidence de Clinton) la diplomatie publique est remplacée par la politique de "soft power"[3], basée sur l'exemplarité et la séduction des USA. Désormais, les partisans d'un "élargissement" du modèle américain font bien davantage confiance aux médias privés qu'aux officines plus ou moins liées aux services secrets. Beaucoup expliquent en partie la chute du Mur par la séduction du mode de vie capitaliste que les téléspectateurs de RDA contemplaient en recevant les télévisions de RFA. Avec toutes les mythologies que répandent les œuvres de fiction. Le feuilleton "Dallas" et le rock auraient en somme vaincu Honnecker et la Stasi.

Tout ce qui est universel, démocratie, marché, culture de masse et société de communication sert objectivement les intérêts US, pense-t-on dans la décennie 90 : Al Gore prophétise que la démocratie se répandra sur "l'Agora planétaire" de la Toile.

Lors de la première guerre du Golfe, outre les armes de haute technologie, les USA semblent s'être aussi assurés le monopole de l'image, grâce à CNN la chaîne d'information continue de Ted Turner,  Du missile décollant d'Arabie saoudite au missile explosant à Bagdad, rien n'échappe à ses caméras : une guerre sera désormais vue en plongée, donc avec un œil occidental, côté vainqueurs, démocrates et "modernes"[4]. Et les médias nationaux s'abreuveront au robinet à images  planétaire

À l'effet CNN s'opposera pourtant dix ans plus tard l'effet al Jazira. La "petite" chaîne qatarie arabophone reçue par peut-être quarante ou cinquante millions de spectateurs atteint une notoriété mondiale le 7 octobre 2001 en diffusant au monde entier une cassette de ben Laden au début de l'intervention militaire en Afghanistan. La chaîne qui, depuis s'est dotée d'une petite sœur anglophone, compte dans tout le monde arabe, symbolisant une vision alternative de celle de l'Occident[5]. À tel point que les émirats financent al Arabiya, que les USA lancent des radios et télévisions arabophones (comme al Hurrah) pour compenser son influence.

Désormais, dès qu'une État prétend à une influence hors-frontières, la chaîne internationale d'information télévisée, si possible multilingue, devient un outil presque obligatoire : BBC International pour le Royaume-Uni, Deutsche Welle pour l'Allemagne, Russia Today pour la Russie... Même notre pays, avec France 24 émettant simultanément en français, anglais et arabe n'échappe pas à la règle. Tout est possible, de la lutte idéologique (Telesur chaîne latino-américaine anti-impérialiste lancée par Chavez) à la fonction vitrine : attirer les investisseurs étrangers et donner une vision paisible du pays, (fonction de la télévision chinoise CCTV). Dans tous les cas l'État séducteur selon l'expression de Régis Debray[6] doit maintenant persuader aussi l'opinion internationale, ou au moins une très vaste aire culturelle (monde arabo-musulman ou latino-américain) d'adhérer à ses objectifs.

D'autant qu'il n'est pas seul à jouer sur ce terrain.

La compétition par les chaînes par satellite - relayée bien entendu sur Internet comme nous le verrons - est maintenant ouverte y compris aux organisations internationales, ( telle l'Otan lançant une télévision destinée à combattre la communication des talibans) ou à des partis comme le Hezbollah avec al Manar.

D'autant plus que si l'on remonte un degré de plus en amont, non pas vers la diffusion mais vers la fabrication d'images, la compétition est encore plus ouverte et le contrôle plus difficile[7]. Les Américains, incapables d'empêcher la circulation de vidéo cassettes jihadistes du "producteur d'al Qaïda", as-Sahab en sont conscients, comme le sont les Israéliens qui hésitent entre l'interdiction des caméras à Gaza ou la contestation des images des bavures de Tsahal. Ils les dénoncent comme du pur "Pallywood" (Hollywood + Palestiniens) : des mises en scènes d'atrocités par des manipulateurs du Hezbolalh ou du Hamas abusant les reporters européens. La lutte est désormais engagée pour la métapropagande : décrédibiliser les images de l'autre comme pure propagande.

Certes, pas plus qu'il n'existe de marché parfait, il n'y a de circulation concurrentielle absolue de l'information. Dans la plupart des pays, le média le plus influent restera une chaîne télévisée nationale, et l'idée que "sur Internet plus aucune censure n'est désormais possible" est carrément fausse. La Chine réussit notamment - aidée, il est vrai,  par la barrière de la langue - accomplit ce paradoxe  : avoir une population énorme branchée sur Internet et un contrôle politique presque sans faille de ce à quoi elle a accès. Mais la tendance lourde est à l'abolition de la frontière intérieur/extérieur

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La classe politique : spectacle et dépendance

Seconde grand effet de l'explosion des médias : la dépendance de la classe politique à  leur égard. Abaissement du politique et de sa dignité face aux exigences de l'Audimat, de l'urgence spectaculaire, de l'agenda télévisuel, impératif de séduction et de personnalisation, prédominance de la vulgate journalistique, confusion entre représentants du peuple et membres des peoples..., la critique a été souvent faite. Du coup, la dénonciation (justifiée) de l'État spectacle[8] finit presque en lieu commun pour plateau télévisé. Le lecteur nous dispensera de plaider le dossier en détails pour ne prendre qu'un exemple.

Il est d'ordre financier : l'argent de la communication politique. Ainsi le budget des campagnes pour l'élection présidentielle - Barack Obama (639 millions de dollars) et son rival (360 seulement) - excède le milliard de dollars, la plus grande partie dépensée en publicité pour les médias. Ce record historique (trois fois le prix de la campagne de 2004) prolonge une tendance lourde : la sélection de la classe politique sur des critères médiatiques avec son corollaire, la professionnalisation de la communication et la prédominance du spécialiste de l'apparence sur le responsable de la décision.

Nous aimerions croire que notre pays - où il est vrai, un candidat n'est pas encore autorisé à dépenser des millions d'euros pour des minutes de télévision - ne subit pas cette dérive, mais de récentes affaires (le budget de sondage de l'Élysée ou la révélationa des sommes perçues par quelques gourous du marketing politique) suggèrent le contraire.

Il n'y a pas eu une époque mythique où le succès d'un politicien ne dépendait pas de sa capacité de sourire et de lever des fonds et où il n'était élu que sur son programme et le contenu de son discours. Sans souci de sa démagogie, de sa télégénie, de ses petites phrases ou de ses dons publicitaires. Simplement le changement quantitatif (l'argent) traduit des changements qualitatifs : l'évolution de la forme ne peut pas ne pas changer le fond. D'un côté, le conseiller en communication traduit tout en termes de consommation politique (demandes de l'opinion mesurées par sondage, adaptation de l'offre aux tendances "sociétales", tendances, créneaux, image de marque...) ; d'autre part les médias sélectionnent sur leurs propres critères (le renouvellement perpétuel, les questions "qui font débat" et "qui interpellent", l'image forte, la formule qui échappera à l'oubli, la "relation humaine" et la capacité "d'être proche des gens" que doit avoir le "produit politique"..). Au total il faudrait une singulière force de caractère pour résister aux projecteurs et aux paillettes. Comme à la pression de l'urgence médiatique avec son tempo particulier (réagissez vite, soyez original et exhaustif, mettez vous au niveau du téléspectateur, vous avez quarante secondes).

Le temps du tous médias

À certains égards, la troisième tendance contrarie les deux précédentes. Un slogan la résume  : "Ne haïssez plus les médias, devenez les médias." Toute organisation visant à peser sur le débat public (courant de pensée, ONG ou association, lobby, centre de recherche, groupe militant...), voire tout individu pratiquant le "journalisme citoyen" dispose désormais de facilités inédites pour faire connaître virtuellement à la planète son opinion ou son témoignage - fût-ce une photo d'un événement historique prise depuis un simple téléphone portable.

En amont, chacun peut se servir instantanément dans d'inépuisables réserves de données.

Qu'il s'agisse d'archives - textes, photos, séquences, son-, de dépêches ou images venues du bout du monde, de la faculté d'aller consulter directement le site de tous les acteurs d'un événement, n'importe quel citoyen doté d'une connexion à Internet dispose sur l'instant sans frontière et généralement gratuitement de sources dont les directeurs des plus grands quotidiens ne rêvaient pas il y a trente ans.

Pour son message, le néo-journaliste doté d'un minimum de bagage technique peut réaliser tous les montages de textes et images fixes ou animées qu'il peut souhaiter, sans parler des trucage qui renvoient à la préhistoire les affaires orweliennes de clichés retouchés l'encre de Chine pour faire disparaître Trotsky.

Enfin en aval chacun a une chance théorique de voir son message consulté de la planète que la source (son site p.e.) soit réputée, ou que d'autres Internautes (par des liens depuis des sites, par un système de recommandation, rétroliens[9]...) conseillent d'aller le consulter, ou, enfin qu'il soit remarquablement indexé (le "Google ranking", place que tient une adresse Internet dans la hiérarchie des réponses fournies par le moteur de recherche à une demande sémantique, telle un mot-clef, est un facteur décisif du succès d'un message).

D'où une contradiction. D'un côté les chances que possède le "faible" de faire connaître un événement ou de défendre un argument le mettent à égalité - toujours en théorie- avec le fort. D'autre part, nous savons très bien que le "terminal ultime", notre cerveau n'a qu'un temps de disponibilité limité et n'absorbe que certaines informations, de préférence celles qu'il peut recevoir sans trop d'effort et qui flattent ses préjugés. Nous savons que parmi ces millions de dénonciations, protestations, admonestations, proclamations, etc.. qui se concurrencent sur la Toile, seules quelques unes atteindront un vaste public. À plus forte raison, très peu pèseront sur la décision du politique.

Quand tout est disponible, entendez quand toutes les visions de la réalité peuvent se concurrencer, la surabondance a des effets paradoxaux. Ainsi, si chacun peut "être" journaliste, chacun peut aussi recevoir son journal unique, piochant à différentes sources en fonction de ses intérêts et combinant. Mais avec un risque : celui de la répétition, de la monomanie et de l'isolement :  n'aller qu'aux sources qui confirment nos croyances, ou ne partager qu'avec ceux qui nous ressemblent et adoptent le même point de vue (notre "réseau social").

Enfin, les cas les plus spectaculaires de "réussites" du journalisme "citoyen" ne sont pas forcément à son honneur : bouts de vidéos pris à la sauvette et où un homme politique gaffe ou se ridiculise, thèses du complot démontrant que tout est truqué dans le onze septembre, gags de mauvais goût ou insultants comme une photo retouchée de Michelle Obama avec des traits simiesques. C'est un lieu commun de dire que le meilleur et le pire voisinent grâce aux nouveaux médias, mais les critères d'émergence et de propagation "virale" -un document est signalé, repris, cité, recopié, commenté, indexé...- ne favorisent pas forcément le meilleur. Ni le plus original  : dans un système où tous s'expriment, la tentation est forte de citer, reproduire ou paraphraser, de pratiquer la pensée "copiée/collée", de telle sorte qu'il devient parfois impossible de trouver la source primaire et de vérifier une information reprise des milliers de fois.

La situation se complique à mesure que s'amenuise la frontière commentateur/acteur, entre celui qui est censé décrire le monde, ou au minimum l'actualité, et celui qui est censé vouloir les changer.  La notion même d'événement devient plus vague : nombre des faits dignes d'être rapportés par les médias ont été mis en scène pour produire précisément cet effet médiatique. Y compris, sous  la forme la plus cynique, l'attentat terroriste qui est, après tout, un acte sanglant mais publicitaire.

Dans tous les cas, pour le politique, "agir" passe de moins en moins par la voie traditionnelle : l'idéologie génère le parti et le programme, le parti gagne les élections, il applique le programme avec l'autorité de l'État. Cela se fait de plus en plus par les jeux des réseaux et mouvements dits "de la société civile", comprenez ceux qui sont censée représenter des demandes de citoyens, désirent défendre un intérêt ou faire avancer une cause et qui ont accès aux médias. Ils établissent à l'égard de l'État toute une variété de rapports de suggestion, inspiration, critique, protestation ou mobilisation qui passent indirectement par l'opinion, donc via les médias.

Le problème n'est plus de savoir si cette situation est prometteuse (au nom de la démocratie directe qui se développe ainsi) ou déplorable (au nom de l'abaissement de la volonté du souverain face aux fabricants d'opinion) : elle s'inscrit dans la logique du développement technique.

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Le problème est plutôt de repérer les déplacements de pouvoir qui s'opèrent sous nos yeux. Les nouvelles "fabriques de l'opinion" ne sont plus uniquement de grosses machines déversant des messages standardisés sur des foules fascinées. Elles fonctionnent aussi du bas vers le haut : un "amateur" filmant clandestinement la pendaison de Saddam Hussein ou interceptant des documents du  centre d’études climatologiques sur le réchauffement climatique  (le "climatgate"[10]) peuvent remettre en cause en quelques heure la vérité médiatique admise. Ces fabriques fonctionnent aussi comme des circuits parallèles de contagion dont les mécanismes (la succès de la diffusion de tel thème et non de tel autre) ne se laissent pas résumer en recette faciles. Dans tous les cas, rien ne garantit que les facteurs de succès soient démocratiques : le malin (qui maîtrise des techniques spécifiques pour attirer les moteurs de recherche ou contaminer ses réseaux sociaux ), le militant (qui bénéficie de l'appui de sa petite communauté) ou l'obstiné (qui passe un temps exceptionnel sur les forums, parfois sous de multiples pseudonymes) ont un avantage.

Du coup naissent de nouvelles stratégies :

- États ou acteurs internationaux adoptant une stratégie du tricheur pour déstabiliser un régime ou une entreprise hors frontières : faux comptes, bots, fausses pages, fausses nouvelles, astroturfing (créer artificiellement un courant d’opinion animé en réalité par des travailleurs du clic rémunérés ou par des robots, des algorithmes). Voire le « hack and leak » -pénétrer dans le compte d’un adversaire politique par piraterie informatique et en diffuser les contenus scandaleux.

- Contre-stratégies : médias mainstream pratiquant le fact-checking pour désamorcer les campagnes vraies ou supposées de désinformation et les discours dits extrémistes, politiques dénonçant les manœuvres de déstabilisation de la démocratie par les ingérences et intoxications venues de l’étranger, grands du Net changeant leurs règles et leurs algoritmes pour chasser les fausses nouvelles, les fausses identités et les discours dits de haine

- Sans oublier le retour à des formes plus classiques de lutte politique -dénonciatins et interdits-pour contrer le soft power des autres (affaire Russia Today, par exemple).

Bref, si le mot système n’était pas connoté, nous dirions que le système réagit en tentant de décrédibiliser un discours qu’il ne contrôle plus sur les réseaux sociaux, en rétablissant l’autorité des élites et des experts, et en désignant des ennemis de la vérité (agents russes, fachosphère, islamistes, complotistes) qui empoisonneraient les réseaux donc le peuple.

Que conclure ? Que la classe politique, concurrencée, y compris hors frontières, par l'omniprésence des médias et par l'émiettement des micro-tribunes, s'affole face à l'accélération des demandes "sociétales" ? Sans doute, mais cela confirme sans doute l'affaiblissement de l'autorité et de la tradition dans nos sociétés qui fonctionnent ou croient fonctionner à la séduction, au consensus, à la reconnaissance des singularités, à la négociation permanente. Toutes sortes de procédures de validation qui concurrencent le verdict des urnes et qui ouvrent de nouvelles possibilités d'action aux stratèges de l'influence.

François-Bernard Huyghe


[1] Frances  Stonor Saunders  Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre Froide culturelle, Denoël, 2003

[2] Leo Bogart, Premises For Propaganda: The United States Information Agency's Operating Assumptions in the Cold War,  New York, Free Press, 1976

[3] Joseph Nye, Bound to Lead: The Changing Nature of American Power, New York, Basic Books, 1990

[4] Dominique Wolton, War Games, Flammarion 1992

[5]  Miles Hugh, Al-Jazira, la chaîne qui défie l'Occident, éd. Buchet Chastel (trad.fr.), 2006.

[6] Régis Debray,  L'État séducteur, Gallimard 1997

[7] F.B. Huyghe,  Maîtres du faire croire. De la propagande à l'influence, Vuibert 2008

[8]  R.G. Schwartzenberg, L'État spectacle,  Flammarion 1979

[9] Les lecteurs peu familiers de ses vocabulaire technique peuvent trouver un glossaire à l'adresse http://www.huyghe.fr/actu_183.htm

[10] Expression renvoyant au scandale qui éclata en novembre 2009, lorsqu'un pirate informatique préleva dans le serveur du centre de recherches sur le climat (CRU) de référence du GIEC un millier d'e-mails et autres documents qui semblaient démontrer sinon que leurs chiffres étaient truqués, du moins que les preuves du réchauffement étaient assez légères.

Comparaison entre les moyens militaires américains et russes

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Comparaison entre les moyens militaires américains et russes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article du 29/12/2017, nous avions évalué rapidement ce à quoi correspondent ce que l'article avait nommé les « nouvelles forces armées russes »

Il est intéressant de comparer les moyens de celles-ci à ceux de l'armée américaine. Le site Russiafeed fournit des éléments à cet égard. Nous ne pouvons évidemment pas garantir la validité des chiffres. Disons seulement qu'ils paraissent très vraisemblables. Précisons qu'ils ne concernent pas les moyens aéro-navals, notamment en nombre de porte-avions et de flottes aériennes embarquées. Sur ce point l'Amérique dispose d'une supériorité écrasante. La Russie est en train de mettre au point de nouveaux missiles capables de traverser les barrières électroniques actuelles des navires américains. Mais l'US Navy ne restera certainement pas sans réponse.

Voir http://russiafeed.com/russia-vs-us-who-has-the-stronger-m...

Nous en retiendrons les éléments suivants:

Budget militaire annuel.
Etats-Unis $594 milliards, Russie $67 milliards.

Personnels d'active.
Etats-Unis 1.492.200, Russie 845.000

Bases militaires à l'étranger
Etats-Unis 800 dans 80 pays dont 174 en Allemagne, Russie 12 dont 10 dans les anciens Etats de l'Union soviétique à sa frontière sud, 2 autres l'une en Syrie et l'autre au Viet-Nam.

Arsenal nucléaire.
Nous ne reprendrons pas ici les chiffres. Disons que chacun des deux adversaires éventuels dispose de la capacité de rayer l'opposant de la carte mais aussi d'anéantir la Terre entière. Néanmoins, récemment, Donald Trump a ordonné de moderniser et renforcer les moyens américains, tètes nucléaires et ICBM, sans doute sous la pression du complexe militaro-industriel, toujours avide de nouveaux contrats, même s'ils ne reposent sur aucun besoin.

Aptitude à la « réponse asymétrique ».
On appelle ainsi, dans le cas des grandes puissances, la disponibilité de systèmes de défense aérienne, de systèmes de détection, de systèmes de défense anti-missiles. Or sur ce point la Russie, beaucoup plus exposée que l'Amérique aux attaques provenant des bases militaires qui l'encerclent, à mis au point divers systèmes qui semblent beaucoup plus efficaces que leurs homologues américains. Elle a pu les utiliser avec succès et les améliorer encore lors de la récente campagne en Syrie.

Le représentant russe à l'Otan a prévenu en été 2016 ses homologues des capacités de réponse asymétrique russes, non seulement peu couteuses, mais hautement efficace https://www.rt.com/news/337818-russia-nato-asymmetrical-r.... Voir aussi, en langue russe https://ria.ru/syria/20161006/1478654294.html?utm_source=...

Cyber-guerres.
Sur ce point, l'Amérique possède une indéniable supériorité sur la Russie, compte tenu du nombre et de la variété de systèmes d'espionnage, y compris spatiaux, dont disposent notamment la CIA et la NSA (National Security Agency). On peut penser que rien d'important de ce qui de passe à Moscou ou plus généralement en Russie n'échappe aux « grandes oreilles américaines.

Les capacités russes ont été volontairement surévaluées par le Pentagone et le Département d'Etat à propos de l'affaire dite du Russiagate. Il avait été dit que des Hackers russes étaient intervenus dans l'élection présidentielle américaine pour gêner la candidature d'Hillary Clinton. Mais après des mois d'enquêtes approfondies, les services américains n'ont jamais pu identifier la moindre cyber-intervention. Ceci n'est pas la preuve d'une « incomparable supériorité de la Russie dans la cyber-guerre », comme prétendu par le gouvernement américain, mais de l'absence de toute intervention russe d'ampleur, faute de moyens adéquats.

Dans son récent discours au Club de Valdaï, Vladimir Poutine avait ironisé sur la capacité de son pays d'intervenir dans la vie politique américaine avec des moyens électroniques. «  L'Amérique est un grand Etat et non une république bananière. Dites moi si je me trompe »

Opération « Regime change » en Iran ?

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Opération « Regime change » en Iran ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Quand on connait le crainte et la rage que suscite l'Iran en voie de devenir une grande puissance régionale, tant aux Etats-Unis de Trump que dans les pétromonarchies sunnites, il est tentant de penser que les manifestations de rue anti-gouvernementales qui se déroulent actuellement dans plusieurs villes d'Iran ont été provoquées ou du moins sont appuyées par les services spéciaux américains. Pourquoi ne pas renouveler une opération qui leur a si bien profité à Kiev?

Ces manifestations ont été initialisées, selon tous les observateurs, par la hausse des prix et la raréfaction des produits de première nécessité dans les milieux populaires. Mais aurait-ce été un facteur suffisant? D'autres phénomènes de même nature s'étaient déjà produit sans déclencher des réactions d'ampleur.

S'agit-il, plus vraisemblablement, d'une révolte des milieux religieux les plus intégristes contre le parti du président Rohani, accusé de faire trop facilement le jeu de « Occident », non seulement dans le domaine nucléaire mais en favorisant une libéralisation des moeurs, notamment à Téhéran. C'est possible, mais l'image qui vient d'être diffusée d'une jeune femme arrachant publiquement son voile devant une foule apparemment approbative, pourrait nourrir un argument opposé. Les plus libéraux des Iraniens pourraient reprocher à Rohani sa trop grande lenteur dans l'adoption des réformes.

Pour le moment, en attendant de nouvelles informations, nous ne pouvons nous empêcher au soir du 31/12, de penser que les manifestations avaient été préparées depuis longtemps par des organisations secrètes iraniennes achetées avec force dollars par la CIA et d'autres services occidentaux.

Réussir un changement de régime à Téhéran serait pour Washington un coup de maitre. Il permettrait de restaurer la puissance américaine au Moyen-Orient, mais aussi de signifier à Vladimir Poutine, allié de l'Iran, qu'il devra renoncer au rôle d'arbitre qu'il était en train de se donner dans toute la région, et au delà.

Note au 01/01/2017
On  lira ici une analyse très éclairante montrant comment la CIA et autres agences américiaines avaient préparé depuis au moins 6 mois une opération de changement de régime en Iran.
http://www.moonofalabama.org/2017/12/iran-early-us-suppor...

 

Presseschau Januar 2018

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Presseschau

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Elend und Ende des Deutschen Konservatismus

https://sezession.de/57483/elend-und-ende-des-deutschen-k...

 

Identitäre

Neue Kampagne »Werde Betriebsrat« – warum?

https://sezession.de/57508/werde-betriebsrat-%E2%80%93-wa...?

 

DGB-Chef beobachtet AfD-Mobilisierung vor Betriebsratswahlen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article171952327/...

 

SPD-Chef auf dem Parteitag

Schulz will Vereinigte Staaten von Europa

http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/spd-chef-...

 

Richtungsstreit bei den Sozialdemokraten

SPD-Politiker kritisieren Gabriels Leitkultur-Vorstoß

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/spd-pol...

 

(Zum Messerangriff auf den Bürgermeister von Altena)

Die alltägliche Heuchelei und Propaganda

http://vera-lengsfeld.de/2017/11/30/die-alltaegliche-heuc...

http://vera-lengsfeld.de/2017/11/30/luegen-in-zeiten-der-...

 

(Ebenfalls zum Messerangriff auf den Bürgermeister von Altena)

Der rote Knopf

Das Hauptproblem der Medien liegt nicht in ihren Meldungen. Sondern in ihrer Unfähigkeit, sich zu korrigieren

https://www.publicomag.com/2017/12/der-rote-knopf/

 

Nach Messerangriff

Altenaer Bürgermeister geißelt Haß in den sozialen Medien

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/altenae...

 

(Dazu ein Kommentar)

Politische Gewalt

War was?

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/war-was/

 

Sigmar Gabriel fordert neue deutsche Außenpolitik wegen USA unter Donald Trump

https://www.gmx.net/magazine/politik/us-praesident-donald...

 

Niedersachsen

Ex-SPD-Abgeordneter wechselt ins türkische Außenministerium

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/ex-spd-abge...

 

Kein dringender Tatverdacht

Terrorverdächtiger Soldat aus Offenbach auf freiem Fuß

https://www.op-online.de/offenbach/terrorverdaechtiger-so...

 

AfD: Gauland und Meuthen zu Parteichefs gewählt

http://www.zeit.de/politik/deutschland/2017-12/afd-waehlt...

 

Der Bundestag nach dem Einzug der „Nazis“

Die dritte „grüne Couch“ ist erschienen und liefert eine Wahl-Nachlese

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1255

 

Deutsch-Russisches Kriegsgräberabkommen

Festakt ohne die AfD

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/festakt...

 

Söder wird neuer bayerischer Ministerpräsident

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/soeder-...

 

Gesichtserkennungssoftware

Ein weiterer Schritt in den totalen Überwachungsstaat

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/ein-weite...

 

„Bürgerversicherung“

Sozialpolitische Sause

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/sozialpol...

 

Berlin Autofahrer raste aus Wut in SPD-Zentrale

Sie sind anonym und meist auch freiwillig: Befragungen. Doch diese Teilnahme war verpflichtend. Der Mann wollte dies jedoch nicht und konnte seinem Ärger über den Mikrozensus nicht anders Luft machen, als ein Auto in die SPD-Zentrale zu fahren.

http://www.maz-online.de/Nachrichten/Berlin/Autofahrer-ra...

 

(Antiisraelische Demonstrationen)

Meinung

Der geförderte Judenhaß

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/der-gefoe...

 

(Dazu ein Kommentar)

Antisemitische Ausschreitungen

Es ist der Islam, Dummkopf!

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/es-ist-de...

 

Deutschlands neuer Judenhass kommt aus dem Einwanderermillieu

Muslimische Demonstranten verbrennen in Berlin israelische Flaggen und wünschen Juden den Tod. Die Akteure haben keine Glatzen, sondern Vollbärte, Palästinenserschals und Kopftücher.

https://www.nzz.ch/international/der-importierte-judenhas...

 

Anmerkungen zur aktuellen „Antisemitismus“-Diskussion

Weder „Erbschuld“ noch Pflicht zur „Verantwortung“

von Wolfgang Hübner

http://www.pi-news.net/2017/12/weder-erbschuld-noch-pflic...

 

(Energien werden lieber hier eingesetzt…)

Vorsorge für den Tag X

Die Prepper-Szene gerät ins Visier des Verfassungsschutzes

https://www.welt.de/regionales/nrw/article171630915/Die-P...

 

Terrorgefahr

Verfassungsschutz: 1.900 potentielle islamische Terroristen im Land

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/verfass...

 

Antisemitismus

Jüdische Gemeinde warnt Mitglieder vor Kippa in der Öffentlichkeit

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/juedisc...

 

Breitscheidplatz-Attentat

Hierarchisierung der Opfer

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/hierarchi...

 

Verschwindet Niederschlesien?

Das Bürgerforum Oberlausitz will einen anderen Namen für den regionalen Kulturraum. Dazu ist der Landtag gefragt.

https://www.sz-online.de/sachsen/verschwindet-niederschle...

 

Mehrheit an der Uni Greifswald spricht sich für Arndt aus

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/mehrhei...

 

Kölner Flüchtlingsboot im Haus der Geschichte

Letzte Station nach einer langen Reise

https://www.domradio.de/themen/erzbistum-koeln/2017-12-11...

 

LJ-3.jpg

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

SoKo Schwarzer Block

Bundesweite Razzia gegen gewalttätige G20-Gegner

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/bundesw...

 

Hamburg und Freiburg

Razzia: Wichtige linksextreme Szenetreffs wurden nicht durchsucht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/razzia-...

 

(Witznummer)

G20-Razzia

Linke Szene wurde vor bundesweiter Durchsuchung gewarnt

https://www.berliner-zeitung.de/berlin/polizei/g20-razzia...

 

Kampf gegen Linksextremismus

Mit angezogener Handbremse

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/mit-angez...

 

Linksextremismus

Polizei fahndet mit Fotos nach G-20 Gewalttätern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/polizei...

 

Soko „Schwarzer Block“

G20-Krawalle: Erster Verdächtiger stellt sich nach Fahndung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/g20-kra...

 

Fahndungsaufruf

Linksextremisten veröffentlichen Polizisten-Pranger

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksex...

 

Bündnis „Aufstehen gegen Rassismus“

AfD prangert Zusammenarbeit mit Linksextremisten an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/afd-pra...

 

Innenminister wollen Linksextremismus stärker bekämpfen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/innenmi...

 

Gerichtsurteil

Geldstrafe: Ex-Piratenpolitiker feierte Kopfschuß auf Polizistin

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/geldstr...

 

("Grüne", Jusos, "Pro Asyl" und andere…)

Rund 500 Demonstranten am Frankfurter Flughafen

Protest gegen Abschiebeflug nach Afghanistan

http://www.hessenschau.de/gesellschaft/protest-in-frankfu...

 

("Antifa"- und Gender-Rapperin Sookee in Frankfurt…)

http://www.hessenschau.de/kultur/hip-hop-konferenz-mit-ce...

http://www.fnp.de/nachrichten/kultur/Festival-im-Mousontu...

 

(Pseudo-Künstler)

Gerichtsbeschluß

Philipp Ruch darf sich Wohnhaus von Höcke nicht mehr nähern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/philipp...

 

(Die Mücke zum Elefanten aufgeblasen…AfD unter "Korruptionsverdacht"…)

Offenbach

Geschenke, die ins Zwielicht rücken können

„Präsentkorb“ der AfD sorgt für Aufregung

https://www.op-online.de/offenbach/praesentkorb-afd-stadt...

 

(Aktion "AfD bleibt Bazillen-frei"…)

Linken-Politiker will AfD-Kollegen nicht die Hand geben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linken-...

 

Kampagne gegen Thomas Rauscher

Mob schleift Universität

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/mob-schle...

 

Präsident Peter Fischer: „AfD-Wähler können bei Eintracht Frankfurt nicht Mitglied sein“

https://www.welt.de/sport/article171958406/Praesident-Pet...

 

Ein Antidemokrat kann nicht Eintracht-Präsident sein

Peter Fischer hat sich in Interview disqualifiziert

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1259

 

(Säuberungsversuche)

Neurechte Ideologie und Verschwörungstheorien

Potsdam: Umstrittene Bücher in der Bibliothek

http://www.pnn.de/potsdam/1244746/

 

(Ehemalige DDR-Blockpartei-Zeitung sieht Säuberungsversuche von unliebsamer Literatur positiv)

Kommentar über umstrittene Bücher in der Bibliothek

Verschwörungstheorien in Potsdam: Muss das sein?

von Henri Kramer

http://www.pnn.de/potsdam/1244747/

 

ITV "Enthüllung" von gar nichts

Eine von Soros finanzierte NGO und ein TV Sender haben 6 Monate lang die englische Rechte infiltriert. Sie haben auch bei einer Konferenz der TBG und einem "Meet up" der IB für Interessierte vorbeigeschaut. Gefunden haben sie nichts. ;)

https://www.youtube.com/watch?v=zdjfuSeXmh8

 

Halle

Eskalation der Gewalt

Identitäre greifen Polizisten an - die ziehen ihre Waffen

https://www.mz-web.de/halle-saale/eskalation-der-gewalt-i...

 

Kontrakultur Halle

Stellungnahme zum Vorfall am 20.11.

https://de-de.facebook.com/identitaere/posts/193546602313...

 

Hannover

Polizei setzt Wasserwerfer gegen AfD-Gegner ein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/polizei...

 

(Sympathisanten-Umfeld)

Grüne kritisieren Polizeieinsatz gegen AfD-Gegner

https://jungefreiheit.de/allgemein/2017/gruene-kritisiere...

 

Niedersachsen: Farbanschlag auf AfD-Landesgeschäftsstelle

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/nieders...

 

München

340 Sachbeschädigungen in einer Nacht

100.000 Euro Schaden durch linke Schmierereien - Täter sind gefasst

https://www.tz.de/muenchen/stadt/100-000-euro-schaden-dur...

 

Führerscheinentzug

Antifa-Pfarrer König soll beinahe Polizisten überfahren haben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/antifa-...

 

LJ-4.jpg

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

Wohlfahrtsfestung

von Martin Sellner

https://sezession.de/57514/wohlfahrtsfestung

 

Und der „große Austausch“ findet DOCH statt

http://krisenfrei.de/und-der-grosse-austausch-findet-doch...

 

Zuwanderung in Europa

In einem Szenario verdoppelt sich die Zahl der Muslime bis 2050

https://www.welt.de/politik/deutschland/article171103437/...

 

Globalisierung und Zuzug von Flüchtlingen 2016

Ergebnisbericht einer Befragung von StudienbewerberInnen der TU Darmstadt

https://www.ifs.tu-darmstadt.de/fileadmin/soziologie/Neue...

 

Reflexionen zum Thema „MUFL“

http://www.journalistenwatch.com/2017/12/30/reflexionen-z...

 

Einladung zum Hahnenkampf

Von Thor Kunkel

https://sezession.de/57520/einladung-zum-hahnenkampf

 

Paris: Anwohner drohen mit Hungerstreik gegen zeltende Flüchtlinge in ihrem Bezirk

https://deutsch.rt.com/europa/62059-paris-anwohner-drohen...

 

Flüchtlinge in Baden-Württemberg

Zahnersatz könnte Milliarden kosten

https://www.stuttgarter-nachrichten.de/inhalt.fluechtling...

 

Gesetzesantrag

Linksfraktion will Familiennachzug für alle Flüchtlinge

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksfr...

 

Asylmagnet Deutschland – Neue Förderung für freiwillige Ausreisen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asylmag...

 

Abgeschobener Afghane

Deutschland holt Flüchtling zurück und ändert heimlich dessen Status

https://www.focus.de/politik/deutschland/abgeschobener-af...

 

(Steuergeldverschwendung)

Silvester

Stadt Köln verteilt Armbändchen gegen Sex-Attacken

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/koeln-v...

 

Berlin

Grüne wollen Kopftuchverbot für Lehrerinnen kippen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/gruene-...

 

Zweite Auflage von Rechtsstaats-Comic für Flüchtlinge

http://www.fnp.de/rhein-main/Zweite-Auflage-von-Rechtssta...

 

"Grundlage für Transparenz"

Berliner Polizisten müssen im Dienst Deutsch sprechen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article171325349/...

 

„Islam-Kindergärten“: ÖVP und FPÖ attackieren Wiens Regierung

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/islam-kinde...

 

Diskriminierungsvorwurf

Einwanderer abgewiesen: Disko-Türsteher sollen Strafe zahlen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/einwand...

 

Ausländergewalt

Rund 100 Türken und Araber randalieren in Essener Innenstadt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/rund-10...

 

Unbegleitete Flüchtlinge in Mannheim

Wie kriminelle Jugendliche Stadt tyrannisieren und Feindseligkeit schüren

http://www.focus.de/politik/deutschland/unbegleitete-flue...

 

Stich in den Hals

Tödlicher Streit unter jungen Flüchtlingen in Frankfurt

http://www.hessenschau.de/panorama/toedlicher-streit-unte...

 

Richter geigt Flüchtling die Meinung

"Wenn es bei uns scheiße ist, wieso sind Sie hier?"

Bei einer Gerichtsverhandlung in Zwickau platzte einem Richter der Kragen. Er hatte kein Mitleid mit dem angeklagten Libyer.

http://www.heute.at/welt/news/story/-Wenn-es-bei-uns-sche...

 

Ein Streit unter Bauarbeitern ist in Frankfurt in Gewalt ausgeartet

https://www.focus.de/regional/frankfurt-am-main/kriminali...

 

Kandel

Haftbefehl nach tödlicher Messerattacke auf 15-Jährige

http://www.tagesspiegel.de/weltspiegel/kandel-haftbefehl-...

 

ARD-Entscheidung Deshalb berichtete die „Tagesschau“ zunächst nicht über Kandel

https://www.welt.de/vermischtes/article171997257/ARD-Ents...

 

Kandel

Die Tat und ihre Puzzlestücke

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/nach-mord-in-ka...

 

Kandel: Altersfeststellung von Migranten

Fahrlässiges Verhalten des Staates

von Klaus Kelle

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/fahrlaess...

 

Krieg gegen Frauen

http://www.achgut.com/artikel/krieg_gegen_frauen

 

Offenbach

Prozess um blutigen Streit

Bewährungsstrafe nach Messerattacke vor Kinocenter

https://www.op-online.de/offenbach/bewaehrungsstrafe-nach...

 

(Mittlerweile ist die Frau verstorben)

73-Jährige schwebt in Lebensgefahr

Schock-Video aufgetaucht! Rentnerin in Nürnberg brutal getreten

https://www.merkur.de/bayern/schock-video-aufgetaucht-ren...

Video: https://www.youtube.com/watch?v=swT3RvdipO8

 

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KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Fast jeder fünfte Viertklässler kann nicht richtig lesen

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/fast-je...

 

Wieder eine Studie – und wieder nichts Neues

Deutschlands Grundschüler lesen nicht gut genug

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/josef-kraus-lernen...

 

"Gender-Dysbalance"

BBC streicht "Bob der Baumeister" aus Kinderprogramm

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/bbc-streich...

 

NetzDG, Regierung, Journalisten

Eine Zensur findet statt

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/eine-zensur-f...

 

Prinz Harry interviewt Obama: Soziale Medien als Gefahr und Chance

https://derstandard.at/2000071076195/Prince-Harry-intervi...

 

Studie

Roboter könnten ein Drittel der deutschen Arbeitsplätze ersetzen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/roboter...

 

SPD fordert Frauenquote für den Bayerischen Landtag

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/spd-for...

 

Hochschulgruppe

Junge Liberale fordern Ende des Polygamieverbots

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/junge-l...

 

Gesetz: Sexualpartner in Schweden müssen Erlaubnis erteilen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/gesetz-sexu...

 

Hygieneverstöße und Bedrohungen

Frauenbadetag in Hannover: Moslems vermüllen Schwimmbad

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/frauenb...

 

Meinung

Wenn Pseudowissenschaft keinen Widerspruch erträgt

von Lukas Mihr

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/wenn-pseu...

 

Die Schuld der Gutmenschen

https://dushanwegner.com/die-schuld-der-gutmenschen/

 

Rolf Peter Sieferles „Epochenwechsels“

Der Weg zum globalen Lumpenproletariat

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/der-weg-zum-globalen...

 

Wie bekommt man den Moralismus vom Hals?

https://sezession.de/57517/wie-bekommt-man-den-moralismus...?

 

Staatlich verordneter Individualismus

https://sezession.de/57518/staatlich-verordneter-individu...

 

Sonntagsheld (40) - Alles in Ordnung

Fünf kleine Worte stellen Amerika auf den Kopf.

Am 30. November veröffentlichte der Programmierer und Milliardär Markus Persson unter seinem Pseudonym "Notch" folgenden Satz: It's ok to be white…

https://sezession.de/57494/sonntagsheld-(40)---alles-in-o...

 

Ausstellung in Berlin

Frankreich protestiert gegen Kreuzberger Märtyrer-Verherrlichung

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/frankreich-protestie...

 

Berlin: Polizeischutz für den Ali-Baba-Spielplatz

https://www.gmx.net/magazine/panorama/berlin-polizeischut...

 

Identitäre erobern den Kölner Ebertplatz zurück

http://www.pi-news.net/2017/12/identitaere-erobern-den-ko...

 

Gedenk-Aktion zum Jahrestag des Terroranschlags am Breitscheidplatz

Identitäre setzen Denkmal für Islamopfer am Brandenburger Tor

http://www.pi-news.net/2017/12/identitaere-setzen-denkmal...

 

Rezension zum Werk von Caroline Sommerfeld und Martin Lichtmesz

Michael Klonovsky über das Antaios-Buch „Mit Linken leben“

http://www.pi-news.net/michael-klonovsky-ueber-das-antaio...

 

Kulturelle Hegemonie

Die Nähe zur Macht suchen

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/die-naehe-zur-macht-...

 

(Tilgung des Begriffs "Völker")

Hamburger Kulturszene

Mehr Weltoffenheit: Museum für Völkerkunde wird umbenannt

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/mehr-weltoffenheit-m...

 

„Nazi“-Alarm bei sächsischer Polizei

http://www.pi-news.net/2017/12/nazi-alarm-bei-saechsische...

 

Polizei Sachsen

Trotz Rechtfertigung des LKA: Umstrittenes Logo wird aus Sitzen entfernt

Das LKA hatte auf die Aufregung um ein Logo mit Fraktur-Schrift im neuen Polizeipanzer "Survivor R" zunächst mit einer Rechtfertigung reagiert. Nun wird der Schriftzug aber doch entfernt.

https://www.stern.de/panorama/gesellschaft/polizei-sachse...

 

(1. Weltkrieg in Belgien)

Erster Weltkrieg

Ein Verzicht auf diplomatische Zugeständnisse

https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2017/ein-verzi...

 

Dezember 1917: Brest-Litowsk

Gastbeitrag von Stefan Scheil. Es ist oft versucht worden, aus der bekannten historischen Vergangenheit große geschichtliche Linien herauszulesen.

https://sezession.de/57511/?komplettansicht=1

 

„Für Elise“ aus dem Müllwagen

Wird irgendwo in der Welt die Mülltrennung so ernst genommen wie in Deutschland? Ja – in Taiwan wird die Müllabfuhr gar zum Event

https://www.svz.de/deutschland-welt/panorama/fuer-elise-a...

 

Japaner entdeckt selbstreparierendes Glas

Per Zufall entwickelt ein japanischer Forscher eine glasartige Substanz, die sich nach einem Bruch fast von selbst repariert.

https://diepresse.com/home/ausland/welt/5344992/Japaner-e...

 

  1. Geburtstag von Reinhard Mey

Volle Fahrt voraus und Kurs aufs Riff

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/volle-fahrt-voraus-u...

 

AfD-"Tatort" mit Wilke Möhring

"Westentaschen-Goebbels" auf Abwegen

https://www.n-tv.de/leute/Westentaschen-Goebbels-auf-Abwe...

 

"Tatort"-Kritikerspiegel

Wenn die Rechten mal den Rand halten

Nicht zur AfD, sondern zu den "Neuen Patrioten" führt der Hamburger "Tatort". Könnte Fahnder Falke, Proll und Ex-Punk, bitte auch sonst das Reden gegen rechts übernehmen?

http://www.zeit.de/zeit-magazin/leben/2017-12/tatort-hamb...

 

Sie wollen für Angela Merkel sterben

von Ellen Kositza

Zu den Parallelen zwischen dem Tatort "Dunkle Zeit" und Julis Zehs "Leere Herzen".

https://sezession.de/57516/sie-wollen-fuer-angela-merkel-...

dimanche, 31 décembre 2017

The Alt Right Perspective

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The Alt Right Perspective

Mencken Club Address

By John Derbyshire

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Good morning, Ladies and Gentlemen. My title is “The Alt Right Perspective.” I assume this means that I should tell you what the Alt Right is, and how Alt Righters see the world.

That’s unfortunate because I don’t actually know what the Alt Right is. Casual acquaintances—neighbors and such—sometimes ask me if I am Alt Right. I never know what to say. Am I? Pass.

Some of this is just temperamental. I’m not by nature a joiner. I don’t feel strong affinity with any sports team or church. I’m not an Elk or a Shriner. I’m just not a herd animal—not well-socialized. I’m the little boy calling out that the Emperor has no clothes. (Although I’ve always thought that story would be more true to life if the little boy had been chased down and lynched by a howling mob of well-socialized Goodthinkers.)

The rest is Englishness. We English don’t do ideology. We leave that stuff to our more erudite continental neighbors. In matters social and political, we default to compromise and muddle. The nearest thing I have to an ideological hero is George Orwell, whose ideological position could fairly be described as reactionary-Tory-patriotic-socialist.

There’s some overlap between the last two paragraphs. I have utmost difficulty following any kind of ideological script. Sooner or later I always bang my shins against the boundary fences of ideological orthodoxy.

On race, for example, I get incoming fire from both sides. Goodthinkers point’n’sputter at me for my negative comments about blacks; race purists snarl at me as a race traitor because of my marriage choice.

Has my email bag familiarized me with the expression “mail-order bride”? Oh yeah.

It doesn’t help that I’m a philosemite, although I don’t much like that word. It sounds a bit cucky and patronizing. I prefer “anti-antisemite.” On any terminology, though, many self-identified Alt Righters would consider me off-reservation on this point alone.

So it’s no use looking to me for exposition of an ideological program. To present my assigned topic honestly, I therefore thought it best to seek out someone who believes he does know what the Alt Right is, and who has spelled out his knowledge clearly but concisely.

I settled on the blogger Vox Day who, in August last year, put forth a 16-point Alternative Right manifesto that has been much discussed, and translated into umpteen languages.

Here are Vox Day’s 16 points, embroidered with my comments

1.    The Alt Right is of the political right in both the American and the European sense of the term. Socialists are not Alt Right. Progressives are not Alt Right. Liberals are not Alt Right. Communists, Marxists, Marxians, cultural Marxists, and neocons are not Alt Right. National Socialists are not Alt Right.

No argument from me on that, although I don’t know what a Marxian is. Typo for “Martian”?

2.    The Alt Right is an ALTERNATIVE to the mainstream conservative movement in the USA that is nominally encapsulated by Russell Kirk’s 10 Conservative Principles, but in reality has devolved towards progressivism. It is also an alternative to libertarianism.

I’m fine with that one, too; and I’m glad to have been prompted to re-read Kirk’s principles. He was big on prudence: the word, or its derivatives, occurs nine times in the ten points, which Kirk included in a book titled The Politics of Prudence. This inspired a section of my Radio Derb podcastlast week.

I liked Vox Day’s batting away of libertarianism, too, though I think at this point it’s kind of superfluous. My impression is that libertarianism has succumbed to an intellectual version of the Aspidistra Effect. That is to say, it has moved down-market. (The aspidistra is a potted plant that decorated wealthy households in Victorian England. By the time Orwell used it in the title of a novel a generation later it had been taken up by the lower-middle classes, and of course abandoned by the gentry.)

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It used to be that if someone told you, “I am a libertarian,” it was at a gathering of conservative intellectuals, perhaps even at the Mencken club. You could then get into an interesting conversation about what kind of libertarian he was: Classical, Objectivist, Paleolibertarian, …

Nowadays if you hear those words it’s probably some smart high-schooler speaking; and if you try to drill down further he freezes.

3. The Alt Right is not a defensive attitude and rejects the concept of noble and principled defeat. It is a forward-thinking philosophy of offense, in every sense of that term. The Alt Right believes in victory through persistence and remaining in harmony with science, reality, cultural tradition, and the lessons of history.

That’s OK, except for the word “philosophy.” Let’s not get ideas above our station here. Aristotle had a philosophy. Descartes had a philosophy. Kant had a philosophy. What the Alt Right has is an attitude.

4. The Alt Right believes Western civilization is the pinnacle of human achievement and supports its three foundational pillars: Christianity, the European nations, and the Graeco-Roman legacy.

I think the Jews should have gotten a mention there, since half of the Christian Bible is about them. That’s a kind of fielder’s-choice point, though.

5. The Alt Right is openly and avowedly nationalist. It supports all nationalisms and the right of all nations to exist, homogeneous and unadulterated by foreign invasion and immigration.

No problem with that. We should, however, bear in mind what a knotty thing nationalism can be. There is a case to be made—a conservative case—for big, old, long-established nations resisting disaggregation. Does Catalan nationalism trump Spanish nationalism? Does it do so even if only half of Catalans wish to separate from Spain?

That kind of nitpicking doesn’t belong in a manifesto, though. For these purposes, Point 5 is fine.

6. The Alt Right is anti-globalist. It opposes all groups who work for globalist ideals or globalist objectives.

Again there are nits to pick, though again this isn’t the place to pick them. When the slave traders arrive from Alpha Centauri, or an asteroid hits, or a supervolcano pops, we shall all become globalists overnight.

7. The Alt Right is anti-equalitarian. It rejects the idea of equality for the same reason it rejects the ideas of unicorns and leprechauns, noting that human equality does not exist in any observable scientific, legal, material, intellectual, sexual, or spiritual form.

Yes-s-s-s.

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8. The Alt Right is scientodific. It presumptively accepts the current conclusions of the scientific method (scientody), while understanding a) these conclusions are liable to future revision, b) that scientistry is susceptible to corruption, and c) that the so-called scientific consensus is not based on scientody, but democracy, and is therefore intrinsically unscientific.

It’s what? The word “scientody” is not known to dictionary.com; nor is it in my 1971 OED with supplement; nor in my 1993 Webster’s.

I tried digging for etymologies, but got lost in a thicket of possibilities. Greek hodos, a path or way; so “the way of science”? Or perhaps eidos, a shape or form, giving us the “-oid” suffix (spheroid, rheumatoid); so “science-like”? Then there’s aoide, a song, giving … what? “Harmonizes like science”? Or maybe it’s the Latin root odor, a smell; “smells like science.”

In any case, all three of the “understandings” here are gibberish.

a) There is a large body of solidly-established scientific results that are not liable to future revision.

Saturn is further from the Sun at any point of its orbit than Jupiter is at any point of its. A water molecule has two hydrogen atoms and one oxygen atom. Natural selection plays an important role in the evolution of life.

I promise Vox Day there will be no future revisions of these facts, at any rate not on any time span he or I need worry about. (I add that qualification because there are conceivable astronomical events that could alter the sequence of planetary orbits—a very close encounter with a rogue star, for example. Those are once-in-a-billion-year occurrences, though.)

b) “Scientistry”? Wha?

c) The scientific consensus is unscientific? Huh? And why is the consensus “so-called”? There usually—not always, but usually—is a scientific consensus. It occasionally turns out to have been wrong, but it’s a consensus none the less, not a “so-called” consensus.

9. The Alt Right believes identity > culture > politics.

Again, not bad as a first approximation, but this ignores a lot of feedback loops. Has politics not affected culture this past 72 years in North Korea? Did not North Korea and South Korea have the same culture a hundred years ago?

10. The Alt Right is opposed to the rule or domination of any native ethnic group by another, particularly in the sovereign homelands of the dominated peoples. The Alt Right is opposed to any non-native ethnic group obtaining excessive influence in any society through nepotism, tribalism, or any other means.

As several commenters pointed out, the Iroquois and the Sioux might have something to say about that. Bitching about historical injustices is such an SJW thing, though, I can’t bring myself to care. I’m fine with Point 10.

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11. The Alt Right understands that diversity + proximity = war.

Again, there are nits to be picked. Diversity per se is neither good nor bad. Numbers are of the essence.

I’m a salt-in-the-stew diversitarian. I want to live in a society with a big fat racial and ethnic supermajority: somewhere north of ninety percent. Small minorities of Others can then be accommodated with friendly hospitality and accorded full equality under law. (I don’t say they necessarily will be; but they can be.)

That’s the kind of country I grew up in, 1950s England. It’s the kind of country the U.S.A. was in 1960, just barely: ninety percent European-white, ten percent black, others at trace levels.

Vox Day is using the word “diversity” in its current sense, though: as a code word for massive, deliberate racial replacement. In that sense his equation, and the embedding sentence, are both correct.

12. The Alt Right doesn’t care what you think of it.

Yee-hah!

13. The Alt Right rejects international free trade and the free movement of peoples that free trade requires. The benefits of intranational free trade is not evidence for the benefits of international free trade.

I’m an economic ignoramus, but I’d like to see a good logical proof of the proposition that free trade requires free movement of peoples. I am sincerely open to being enlightened on this point.

14. The Alt Right believes we must secure the existence of white people and a future for white children.

I doubt there is an existential threat to white people. I’d be content to secure the existence of a racially self-confident white race—one not addled by ethnomasochism—and by a future for white children free of schools, colleges, and authority figures telling them they are the scum of the earth.

15. The Alt Right does not believe in the general supremacy of any race, nation, people, or sub-species. Every race, nation, people, and human sub-species has its own unique strengths and weaknesses, and possesses the sovereign right to dwell unmolested in the native culture it prefers.

Hmm. That’s a bit kumbaya-ish (or “-oid”). No doubt the Bushmen of the Kalahari are much better at hunting with spears than are Norwegians or Japanese. As Greg Cochran points out, though: “innate superiority at obsolete tasks (a born buggy-whip maker?) doesn’t necessarily translate to modern superiority, or even adequacy.”

What do the “unique strengths” of the Bushmen, or of Australia’s aborigines, avail them in the world we actually live in? On the plain evidence it looks very much as though some “races, nations, peoples, or sub-species” are better able to cope with modernity than others. The less-able seem to agree. Great masses of them prefer not to dwell in their native culture, but in someone else’s. Boats crammed with such people have been crossing the Mediterranean from Africa for the past few years. The revealed preference of these people is not their native culture.

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16. The Alt Right is a philosophy that values peace among the various nations of the world and opposes wars to impose the values of one nation upon another as well as efforts to exterminate individual nations through war, genocide, immigration, or genetic assimilation.

I get the point and agree with it; but again, reality is knottier than this allows. “If you desire peace, prepare for war,” said the Romans, who knew a thing or two about human affairs.

That’s Vox Day’s sixteen-point definition of the Alt Right. There have been other Alt Right manifestos from other quarters; here for example is Richard Spencer’s.

Supposing this is a fair picture of the Alt Right perspective, am I on board with it? Do I belong to the Alt Right?

As you can see from my comments, I have plenty of quibbles, and I’d prefer to get my manifesto from someone acquainted with the elementary principles of scientific inquiry.

Still, it’s not bad. I can sign up to most of Vox Day’s points.

Yes, I’m on board … until I bang my shins against a fence post.

The Alt Right Among Other Rights

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The Alt Right Among Other Rights

By Keith Preston

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Speaking about the intricacies of different ideological tendencies can often be a bit tedious, and certainly a topic like the Alt-Right can get very complicated because there are so many currents that feed into the Alt-Right. I know that when I spoke here last year I was speaking on the right-wing anarchist tradition, which is a highly esoteric tradition, and one that is often very obscure with many undercurrents. The Alt-Right is similar in the sense of having many sub-tendencies that are fairly obscure in their own way, although some of these have become more familiar now that the Alt-Right has grown in fame, or infamy, in the eyes of its opponents. Some of the speakers we have heard at this conference so far have helped to clarify some of the potential definitions of what the Alt-Right actually is, but given the subject of my presentation I thought I might break it down a bit further, and clarify a few major distinctions.

What is the Alt-Right?

The Alt-Right can be broadly defined as a highly varied and loose collection of ideologies, movements, and tendencies that in some way dissent from the so-called “mainstream” conservative movement, or are in actual opposition to mainstream conservatism. Of course, this leaves us with the task of actually defining mainstream conservatism as well. I would define the conservative movement’s principal characteristics as being led by the neoconservatives, oriented towards the Republican Party, and as a movement for whom media outlets like Fox News, talk radio, and publications like National Review and the Weekly Standard are its leading voices. Outside of the framework of what some here appropriately call “Conservatism, Inc.,” we could say that there is an Alt-Right that can be broadly defined, and an Alt-Right that can be more narrowly defined.

miloy.jpgThe Alt-Right broadly defined would be anything on the Right that is in opposition to the neocon-led Republican alliance. This could include everything from many Donald Trump voters in the mainstream, to various tendencies that have been given such labels as the “alt-lite,” the new right, the radical right, the populist right, the dark enlightenment, the identitarians, the neo-reactionaries, the manosphere (or “men’s right advocates”), civic nationalists, economic nationalists, Southern nationalists, white nationalists, paleoconservatives, right-wing anarchists, right-leaning libertarians (or “paleolibertarians”), right-wing socialists, neo-monarchists, tendencies among Catholic or Eastern Orthodox traditionalists, neo-pagans, Satanists, adherents of the European New Right, Duginists, Eurasianists, National-Bolsheviks, conspiracy theorists, and, of course, actually self-identified Fascists and National Socialists. I have encountered all of these perspectives and others in Alt-Right circles.

Milo Yiannopoulos

Under this broad definition of the Alt-Right, anyone from Steve Bannon or Milo Yiannopoulos all the way over to The Daily Sturmer or the Traditionalist Workers Party could be considered Alt-Right. In fact, ideological tendencies as diverse as these have actually embraced the Alt-Right label to describe themselves. For example, Steve Bannon said at one point during the Trump campaign in 2016 that he wanted to make Breitbart into the voice of the Alt-Right, but then I have also encountered people who are actual neo-Nazis using the Alt-Right label to describe themselves as well.

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A narrower definition of the Alt-Right might be to characterize what is most distinctive about the Alt-Right. In this sense, the Alt-Right could be characterized as a collection of tendencies that is specifically oriented towards some of kind identification with European history and tradition, and regard Europe and, by extension, North America as part of a distinct Western civilization that was developed by European and, predominantly, Christian peoples. Consequently, the Alt-Right tends to be much more oriented towards criticizing ideas or policies like multiculturalism, mass immigration, and what is commonly called “political correctness,” than what is found among mainstream conservatism. This is in contrast to the Left’s views, which are increasingly the views of mainstream liberalism as well, and which regards the legacy of Western history and culture as nothing but an infinite string of oppressions such racism, sexism, homophobia, classism, anti-Semitism, Islamophobia, xenophobia, patriarchy, hierarchy, nativism, cisgenderism, speciesism, and the usual laundry list of isms, archies, and phobias that the Left sees as permeating every aspect of Western civilization. Presumably, other civilizations have never featured any of these characteristics. 

In this way, the Alt-Right is obviously in contrast to mainstream conservatism given that the so-called “conservative movement” is normally oriented towards what amounts to three basic ideas. One idea is that of the foreign policy “hawks,” or advocates of military interventionism for the ostensible purpose of spreading the Western model of liberal democracy throughout the world, whose greatest fear is isolationism in foreign policy, and which is a perspective that I would argue is also very convenient for the armaments manufacturers and the Pentagon budget. A second idea is a fixation on economic policy, such as a persistent advocacy of “tax cuts and deregulation,” which in reality amounts to merely advancing the business interests of the corporate class. And the third idea is a type of social conservatism that is primarily religion-driven, and has opposition to abortion or gay marriage as central issues of concern, but typically gives no thought to cultural or civilizational issues in any broader or historical sense. For example, it is now common in much of the evangelical Protestant milieu, as well as the Catholic milieu, to welcome mass immigration, as a source of potential converts, or as replacement members for churches that are losing their congregations due to the ongoing secularization of the wider society. In fact, the practice of adopting Third World children has become increasingly common within the evangelical Protestant subculture in the same way it has among celebrities and entertainers like Madonna or Angelina Jolie.

Predictably, there has been a great deal of conflict that has emerged between the Alt-Right and the mainstream conservative movement, with many movement conservatives and their fellow travelers going out of their way to attack or denounce the Alt-Right. In this sense, the attacks on the Alt-Right that have originated from mainstream conservatism essentially mirror those of the Left, or of the liberal class. For example, the Associated Press issued a description of the Alt-Right that was intended for writers’ guideline policy purposes, and which reads as follows:

The 'alt-right' or 'alternative right' is a name currently embraced by some white supremacists and white nationalists to refer to themselves and their ideology, which emphasizes preserving and protecting the white race in the United States in addition to, or over, other traditional conservative positions such as limited government, low taxes and strict law-and-order. The movement has been described as a mix of racism, white nationalism and populism ... criticizes "multiculturalism" and more rights for non-whites, women, Jews, Muslims, gays, immigrants and other minorities. Its members reject the American democratic ideal that all should have equality under the law regardless of creed, gender, ethnic origin or race (John Daniszewski, Associated Press, November 26, 2016)

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While the above quotation is from the Associated Press, I do not know that there is anything in it that could not have come from the pages of not only The New Yorker, The Atlantic, or the Southern Poverty Law Center’s Intelligence Report, but also from the pages of the National Review, Weekly Standard, the Federalist, or a Prager University video.

As for some specific examples, writing in The Federalist, conservative political scientist Nathanael Blake stated that “Christianity and Greco-Roman philosophy, rather than race, are the foundations upon which Western Civilization was built,” and suggested that the Alt-Right is actually attacking the legacy of Western Civilization rather than defending the Western cultural heritage. These questions have become a major point of contention between cultural conservatives and the racialist right-wing. Writing in National Review, David French (Bill Kristol’s one-time proposed presidential candidate), called Alt-Right adherents "wanna-be fascists" and denounced “their entry into the national political conversation.” I suppose the difference between the views of David French and the views of the Left would be that the Left would say that the Alt-Right are actual fascists, and not merely “wanna-be” fascists.  Presumably, this is what separates the mainstream Right from the Left nowadays.

Writing for The Weekly Standard, Benjamin Welton has characterized the Alt-Right as a "highly heterogeneous force" that "turns the left's moralism on its head and makes it a badge of honor to be called 'racist,' 'homophobic,' and 'sexist'". Based on my own experiences with the Alt-Right, I would say this assessment by Welton is largely true. In the National Review issue of April, 2016, Ian Tuttle wrote:

The Alt-Right has evangelized over the last several months primarily via a racist and anti-Semitic online presence. But for Allum Bokhari and Milo Yiannopoulos, the Alt-Right consists of fun-loving provocateurs, valiant defenders of Western civilization, daring intellectuals—and a handful of neo-Nazis keen on a Final Solution 2.0, but there are only a few of them, and nobody likes them anyways.

Jeffrey Tucker, a libertarian writer affiliated with the Foundation for Economic Education, describes the Alt-Right as follows:

The Alt-Right "inherits a long and dreary tradition of thought from Friedrich Hegel to Thomas Carlyle to Oswald Spengler to Madison Grant to Othmar Spann to Giovanni Gentile to Trump's speeches." Tucker further asserts that Alt-Right adherents "look back to what they imagine to be a golden age when elites ruled and peons obeyed" and consider that "identity is everything and the loss of identity is the greatest crime against self anyone can imagine."

Whatever one thinks of the Trump presidency, it is highly doubtful that Trump actually draws inspiration from Hegel.

Writing in The Federalist, a libertarian feminist named Cathy Young criticized a Radix Journal article on abortion that criticized the pro-life position as "'dysgenic,” because it supposedly “encourages breeding by 'the least intelligent and responsible' women." So apparently, it is not enough to simply favor abortion rights. Instead, one has to be “pro-choice” for what are apparently the “right reasons,” such as a “woman’s right to choose,” as opposed to “bad reasons,” such as eugenic practice. This line of thought is in keeping with the fairly standard leftist viewpoint which insists that motives and intentions rather than ideas and consequences are what matters, and the standard by which people ought to be morally judged.

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Richard Spencer

Another interesting aspect of these criticisms is that the mainstream conservatives have attacked the Alt-Right by using leftist terminology, such as labeling the Alt-Right as racist, sexist, fascist, xenophobic, etc. But a parallel tactic that has been used by mainstream conservatism has been to denounce the Alt-Right as leftist.  For example, at this year’s gathering of CPAC, or the Conservative Political Action committee, Dan Schneider, who is currently the executive director of the American Conservative Union, an organization that hosts the annual CPAC conference, criticized the Alt-Right as “a sinister organization that is trying to worm its way into our ranks,” insisting that, quote, “We must not be duped. We must not be deceived,” and said of the Alt-Right:

“They are nothing but garden-variety left-wing fascists..They are anti-Semites; they are racists; they are sexists. They hate the Constitution. They hate free markets. They hate pluralism. They despise everything we believe in.”

This sounds very similar to the rhetoric that often comes from the far left where dire warnings are issued concerning the supposed threat of fascist entryism into leftist organizations. For example, there is term called the “the fascist creep” that is used by some very far Left antifa and Maoist tendencies to describe what are supposedly ongoing nefarious plots by “fascists” to infiltrate and co-opt leftist movements, and steer these towards fascism. Ironically, this conspiracy theory is very similar to traditional anti-Semitic conspiracy theories about how Jews supposedly infiltrate and take over everything, and manipulate institutions in order to advance all sorts of supposed nefarious plots. It would appear that the far Left, and apparently increasingly mainstream conservatism, has developed its own rhetoric about the “fascist conspiracy” as a counterpart to far Right fantasies about the “Jewish conspiracy.” Perhaps we could characterize the former as the “Protocols of the Learned Elders of Thule.”

Jeff Goldstein, writing in The Federalist on September 6, 2016, suggests that, quote, “the Alt-Right is the mirror image of the New Left,” and describes the Alt-Right “an identity movement on par with Black Lives Matter, La Raza, the Council on American-Islamic Relations, and other products of cultural Marxism.” Goldstein further says of the Alt-Right:

The Alt-Right is a European-style right-wing movement that is at odds with the classical liberalism upon which our country was built, and which the Left has redefined as “Right.” That is to say, the European “Right” is mapped onto a political spectrum different than our own. Our “right” — conservatism or classical liberalism —is dead-center on our spectrum, no matter how persistently the Left tries to claim otherwise. It is constitutionalism, which incorporates federalism, republicanism, legal equity, and a separation of powers.

nina.jpgThese comments are fairly representative of the rhetoric used by mainstream conservatives who attempt to either portray the Alt-Right as leftists, or label the Alt-Right as fascists and then claim fascism is really on the Left. The general argument that is made by mainstream conservatives in response to the Alt-Right is that “true” conservatism or the “true” Right is actually veneration for the Enlightenment-influenced ideas found in the Declaration of Independence, veneration of the Founding Fathers, and reverence for the Constitution as a kind of secular Bible. Parallel to these claims is the idea of America as a “propositional nation” that has no roots in any kind of history, culture, or tradition other than just a very vaguely defined “Judeo-Christianity.” This idea of what “conservatism” supposedly is basically amounts to being for so-called “limited government,” so-called “free enterprise,” “individualism,” and various other vaguely defined abstractions, plus policy preferences like a so-called “strong national defense” (which is often just a euphemism for the neoconservatives’ foreign policy agenda), and various center-right policy prescriptions like tax cuts, opposing Obamacare, opposing affirmative action, opposing gun control, opposing abortion, opposing gay marriage, supporting school vouchers, and other ideas we are all familiar with.

Nina Kouprianova

These policy preferences will often be accompanied by silly platitudes like “Democrats are the real racists,” or dubious and often flagrantly false claims like “Martin Luther King was a conservative,” or that foreign policy hawks are the real friends of feminists and gays because of their opposition to so-called “Islamo-fascism.” At times, Democrats will be labeled as fascists and anti-Semites because of their supposed pro-Islamic views, or because some on the far Left are pro-Palestinian. Taken to extremes, there are characters like Dinesh D’Souza who would probably claim that the Democrats crucified Jesus.

The representatives of “Conservatism, Inc.” will also give lip service to opposition to attacks on free speech and academic freedom in the name of political correctness, but they are very selective about this. For example, their defense of the politically incorrect does not extend to anti-Zionists like Norman Finkelstein. On the immigration issue, while there are some mainstream conservatives that are immigration restrictionists, it is just as common that the proposed method of reducing illegal immigration advanced by mainstream conservatives is to make legal immigration easier, on the assumption that the only problem with illegal immigration is its illegality. A defining characteristic of mainstream conservatism when contrasted with the Alt-Right is the total lack of seriousness, or any kind of solid philosophical or intellectual foundation that is displayed by mainstream conservatism.

The Alt-Right is more of a meta-political movement than a political one, and the specific policy proposals that are found among Alt-Rightists vary enormously. I do not know that it would even be possible to draft a platform for an Alt-Right political party because the Alt-Right contains so much diversity of ideas. However, the Alt-Right is far more serious about ideas than mainstream conservatism in the sense of having an understanding of the reality of demographic conflict, recognizing the difficulties that are associated with rapid demographic change, understanding the reality of class conflict as well as cultural and civilizational conflicts, understanding that Western liberal democracy is particular to the cultural foundations and historical circumstances of the West, and not something that can be easily transplanted elsewhere, and concerns that mainstream conservatives normally have no perception of, or do not take seriously.

I will end my presentation by pointing to an observation by Professor George Hawley of the University of Alabama, who suggested that the Alt-Right may pose a greater threat to progressivism than the mainstream conservative movement. I would agree that this is true, but only in the sense that the mainstream conservative movement poses no threat to progressivism at all. I would argue that far from being a threat to the Democratic Party, mainstream media, the corporate class and the cultural elite, the mainstream conservative movement is actually partners in crime with the progressives. The Alt-Right at least proposes ideas that are an ideological threat to progressivism even if this small size prevents the Alt-Right from being a political threat, at least at the present time.

samedi, 30 décembre 2017

Europe et Russie: ne pas mettre en danger les points communs

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Europe et Russie: ne pas mettre en danger les points communs

Dans le Brandebourg oriental, la conférence avec Gabriele Krone-Schmalz et Matthias Platzeck a suscité un vif intérêt

par Eva-Maria Föllmer-Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 novembre 2017, au château de Neuhardenberg à l’est de Berlin, la journaliste et écrivaine Gabriele Krone-Schmalz et l’ancien Ministre-président du Land de Brandebourg et actuel président du Forum germano-russe Matthias Platzeck (SPD) ont pris part à un débat public. Le modérateur de la conférence était Frank Mangelsdorf, rédacteur en chef de la «Märkische Oderzeitung». Le thème de la conférence était «Les relations entre l’Europe et la Russie».

Le texte d’introduction parlait d’une «relation faussée entre l’Europe et la Russie» et commentait: «Indépendamment de la qualité des relations du moment, les deux parties ne sont nullement indifférentes l’une à l’autre, et l’intérêt fondamental de vouloir coopérer ne peut être nié. Il y a donc suffisamment de raisons de rechercher des voies vers un nouveau rapprochement.»
Les participants à cette réunion étaient au nombre de 200 environ, la plupart d’entre eux venus de Berlin. En juin, trois heures à peine après l’annonce de la conférence, tous les billets avaient été écoulés. Malgré tout, quelques intéressés tentèrent leur chance à l’entrée. Et pourtant Neuhardenberg, ça n’est pas vraiment la porte à côté. Il faut compter au moins une heure et demie depuis Berlin vers l’est, et traverser en partie le Margraviat de Brandebourg, le paysage le plus aquatique d’Allemagne, avec ses belles allées bordées d’arbres presque jusqu’à la frontière polonaise.

Comprendre la Russie: la meilleure des positions

Les participants y ont trouvé leur compte, ce que l’on a pu mesurer aux applaudissements fournis. Il en a été ainsi dès l’ouverture, lorsque Gabriele Krone-Schmalz a critiqué l’utilisation négative de la notion de «Russlandversteher» [personnes faisant preuve de compréhension envers Moscou, ndt.], terme dont elle est elle-même également souvent affublée. Elle n’a jamais compris pourquoi le mot de «comprendre» pouvait être utilisé de façon aussi négative, car la compréhension est à la base de toute démarche sensée. Pour elle, il est évident que la connaissance et la compréhension doivent être à la base de tout jugement (et non la condamnation). Donc, le fait de «comprendre» Moscou, d’être un «expert» de la Russie, est la meilleure des positions qu’on peut avoir.

Relations culturelles et humaines millénaires

A la question du modérateur sur les évènements des 27 dernières années, depuis l’enthousiasme initial de l’Ouest pour la Perestroïka et la Glasnost de Gorbatchev, et l’évolution de nos rapports avec la Russie, Matthias Platzeck a apporté la réponse suivante: la recherche des causes est toujours en cours, mais ce qui s’est passé est plutôt effrayant. La Russie, cependant, est un pays avec lequel nous avons des relations culturelles, humaines et sociales millénaires. Avec aucun autre pays, notre histoire n’est aussi étroite, et cela avec tous les hauts et les bas qu’elle comporte. Reste inoubliable, un postulat élaboré dans les années 1989/90: en Occident, on est parti de l’idée que nous avions gagné la guerre froide. Francis Fukuyama a publié son livre sur «La fin de l’histoire» et proclamé la victoire définitive de la démocratie occidentale et du capitalisme. Il n’y aurait à l’avenir plus qu’une seule superpuissance. Il y avait pourtant aussi la Charte de Paris et son idée maîtresse: «A présent, nous vivrons tous ensemble et en paix.»
Bien sûr, la Russie était toujours là. Mais le pays était accablé, et l’Occident n’avait pas vraiment réagi comme il l’aurait fallu. Au contraire, le concept dominant était que nos valeurs, notre démocratie, notre système économique étaient les meilleurs. Il ne restait donc aux Russes qu’à devenir comme nous, s’ils désiraient un meilleur avenir pour eux. Jusqu’à présent, on s’interroge encore trop peu sur l’histoire, les traditions, la mentalité de ce peuple. Et Platzeck de préciser qu’il était convaincu que la Russie et les Russes chercheront leur propre voie et qu’ils la trouveront.

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«Diktats idéologiques»

Mais l’Occident a réagi une fois de plus avec la «diabolisation de la Russie» [«Feindbild Russland»] aux tentatives de ce pays de trouver sa propre voie. La «russophobie» ne date cependant pas d’hier, selon Gabriele Krone-Schmalz. En Occident, on a toujours prétendu que nous avions gagné la guerre froide. Cependant, en disant cela, la guerre froide n’est pas automatiquement terminée. Pour qu’elle soit vraiment finie, il faudrait que les deux parties se considèrent comme gagnantes. Mais nous avons tout mesuré à l’aune de notre propre monde: chez nous tout est mieux et nous faisions tout mieux.
Gabriele Krone-Schmalz parle d’expérience. Pendant la période des bouleversements, elle était à Moscou correspondante pour la Russie de l’ARD – la 1re chaîne de télévision allemande – et elle l’a constaté elle-même: tout le monde s’y est précipité pour expliquer qu’il fallait faire ceci, et puis cela, et encore cela. «Tous ces diktats idéologiques ont mis fin à beaucoup de bonnes initiatives, et le font encore aujourd’hui», dit-elle. La Russie a dû surmonter simultanément trois révolutions: premièrement, le passage de l’économie planifiée à l’économie de marché, deuxièmement, de la suprématie du parti communiste à un système orienté vers l’Etat de droit et troisièmement, de l’Union soviétique à l’Etat national. L’Ouest a montré peu de compréhension en la matière. Au contraire, il s’est produit une mise sous tutelle occidentale accrue.

Si nous avions considéré les choses sur un pied d’égalité …

Matthias Platzeck sait de quoi il parle, quand il décrit les effets délétères de l’ère Eltsine sur l’amour-propre des Russes. A l’époque, on lui expliquait: «Maintenant, nous ne sommes plus rien du tout. Nous n’avons plus aucune importance dans le monde.» Si aujourd’hui, «dans la Russie profonde», on utilise dans une discussion les notions «économie de marché», «démocratie» ou «privatisation», cela jette un «froid glacial» dans la salle parce que, pour beaucoup de Russes, cela reste associé à leur pire traumatisme du passé récent, c’est-à-dire les années 1991–1998, durant lesquelles 95% de la population ont presque tout perdu.
«Le fait que nous ayons si peu pris tout cela en considération et avions été si peu attentifs, signifie un manque d’intérêt, sinon nous aurions agi différemment sur de nombreux points, si nous avions pris tout cela plus au sérieux, si nous avions considéré les choses sur un pied d’égalité», a ajouté Platzeck.

Journalisme sérieux …

La plupart des grands médias occidentaux y ont joué un rôle très défavorable. Sous les applaudissements, Krone-Schmalz a attiré l’attention sur les divergences existant entre l’opinion publique et l’opinion propagée par les médias. Sur la question du modérateur de savoir si nous ne nous donnions pas assez de temps de réflexion et décrivions les choses uniquement en noir et blanc, Gabriele Krone-Schmalz, qui enseigne également le journalisme, a expliqué quel devait être aujourd’hui la contribution d’un journalisme sérieux. Même si aujourd’hui tout doit aller plus vite et que le monde est devenu plus complexe, il ne faut pas sacrifier le soin et la minutie, ne pas tomber dans la simplification divisant l’univers en bons et méchants.
A présent, de nombreux journalistes ont modifié leur image de soi et leur rôle en croyant devoir mettre leurs semblables sur la «bonne voie». «Je trouve cela déplorable.» En réalité, le journalisme a la tâche, «de raconter toute l’histoire, le mieux possible, et pas seulement le point de vue d’une partie. Il a l’obligation d’effectuer un changement de perspective, c’est-à-dire de se mettre à la place de ceux-là mêmes, dont il veut décrire la réalité de vie, afin de mieux la comprendre et la situer.» Quand, pour des raisons de manque de temps ou parce que tout est compliqué, on suit un schéma directeur [«mainstream»] en créant l’atmosphère que tout ce qui n’entre pas dans ce modèle doit être taxé d’extrémisme ou être rejeté, alors apparait une situation dans laquelle «une majorité de la population ne se retrouve plus dans cette presse».

… au lieu de reportages stéréotypés

Matthias Platzeck critique également les reportages stéréotypés. Il s’agit d’une situation dramatique, quand il n’y a pratiquement plus de différenciation possible dans des processus aussi sensibles que le travail pour la paix. Il y a d’énormes divergences entre ce qui préoccupe et ce que pensent le citoyen lambda et la «réalité» publiée par les médias et les politiques. «C’est une situation qui doit nous alarmer.» Et: «Les médias ne doivent pas éduquer, ils doivent informer sur la réalité.»

Informer sur la réalité avec respect et en gardant une certaine distance

A ce propos, Gabriele Krone-Schmalz s’est exprimé très clairement sur les récits concernant Donald Trump: «Ce que je pense de Trump n’a aucune importance. En tant que journaliste, je dois trouver et expliquer les raisons pour lesquelles il a été élu.» Il est inacceptable que je le fasse d’une «manière irrespectueuse, simplement parce que je ne peux pas supporter ce type». Il est tout aussi irresponsable d’expliquer l’élection de Trump par les activités «de quelques services et le piratage de quelques comptes de courrier électronique». Cela s’avoisine à «du colportage de rumeurs». Il faut informer sur la réalité, avec respect et en gardant une certaine distance. C’est ainsi qu’il faut lire les articles. Si l’on commence à criminaliser tout contact avec la Russie, cela ne contribuera en rien à l’amélioration des relations entre la Russie et les Etats-Unis, tout au contraire. Lors de sa campagne électorale, Trump a déclaré que de bonnes relations russo-américaines sont dans l’intérêt des Etats-Unis, «et là, cet homme a raison». Mais tout ce qu’il entreprend en ce sens joue en sa défaveur et génère des accusations contre lui «allant éventuellement même lui coûter son poste».

Aller sur place et entretenir des relations personnelles

Le modérateur a également interrogé Matthias Platzeck, qui a présidé le SPD pendant une année, sur les rapports entretenus par son parti avec la Russie. Réponse de Platzeck: «Ah, c’était une belle soirée … jusqu’à présent.» – La politique est un métier, il faut savoir ce qu’on fait, et c’est lourd à porter. Pour maintenir la paix sur notre continent, il ne suffit pas de lire des rapports, il faut aussi aller sur place, il faut entretenir des relations personnelles. Dans les CV des députés du Bundestag, on trouve de nombreux liens avec les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, et plus souvent avec la Nouvelle-Zélande qu’avec la Russie.


Egon Bahr a toujours pris grand soin de ses canaux d’informations à Moscou. Lorsqu’une situation s’aggravait, il pouvait les appeler et obtenir des informations fiables basées sur une confiance mutuelle. Quand on ne connaît pas un pays, le danger d’une guerre accidentelle est d’autant plus grand. C’est un des aspects à prendre en compte, lorsqu’aujourd’hui on parle de l’«aliénation des peuples». 2017 a été l’année de l’échange de jeunes germano-russe: «Cette année n’a pas été prise en compte en Allemagne, c’est un signal d’alarme.»

Deux poids, deux mesures

Suite à la question de savoir si l’Occident utilise le système du «deux poids, deux mesures» quand il s’agit de la Russie, Gabriele Krone-Schmalz répond spontanément qu’elle traite de ce sujet dans tous ses livres. Chaque jour, on peut traiter de ce sujet, tant c’est fréquent. «C’est égal, qu’il s’agisse du dopage ou d’autres choses, le deux poids deux mesures est définitivement établi quand il s’agit de la Russie, ce qui est très blessant.» Et Matthias Platzeck complète qu’il s’en est lui-même souvent aperçu lors de débats publics en Russie. Quand il était question de violation du droit international de la part de la Russie, des Russes l’ont souvent questionné sur les décisions du Bundestag de 2003, lors de l’attaque – contraire au droit international – des Américains contre l’Irak, ayant coûté des centaines de milliers de vies humaines. «Pourquoi, à l’époque, aucun d’entre vous n’a-t-il réclamé de sanctions?»

Le manque d’entente mutuelle met en danger l’intérêt commun

A la fin de la réunion, le modérateur a soulevé la question concernant les points communs encore existants entre l’Allemagne et la Russie. Krone-Schmalz a répondu qu’il y avait, en réalité, de très nombreux points communs, entre autres l’intérêt commun du bien-être des sociétés de part et d’autre et d’une bonne entente mutuelle. Le plus grand danger est que, suit à la méfiance qui s’est installée, on en vienne à des affrontements violents. Le plus grand problème réside dans les nombreux malentendus qui pourraient mener, «à ce que les choses tournent mal, échappent à tout contrôle et qu’on ne puisse plus les corriger.»
Il faut donc instaurer en Allemagne une politique de l’histoire et de la mémoire, a commenté Matthias Platzeck, il n’y a aucun futur possible tant que cela n’aura pas été mutuellement éclairci. Nous devons nous demander pourquoi 27 millions de victimes des opérations militaires contre l’Union soviétique, la «pire guerre d’extermination que l’humanité ait jamais connue», n’ont pas, dans notre mémoire collective, la même valeur que d’autres victimes. Après cette guerre d’extermination, les peuples de l’Union soviétique nous ont proposé la réconciliation, et pour finir également leur amitié. «Nous n’avons pas traité ce cadeau avec la sensibilité qui s’imposait.» Grande approbation dans la salle.
Tout cela est perçu en Russie, et accroit encore l’aliénation. Il y a, certes, une sympathie marquée envers l’Europe et particulièrement envers l’Allemagne, mais la Russie commence peu à peu à s’en détacher. Cette aliénation croissante induit un grand danger: moins on en connait sur la culture, la façon de vivre, la langue de l’autre, plus on peut raconter les plus grandes absurdités, car il n’y a plus guère de connaissances réelles à disposition.

Quand ça ne marche pas «en haut» – l’importance des jumelages

Toutefois, à la Conférence Internationales des Jumelages ayant récemment eu lieu à Krasnodar en Russie et à laquelle ont participé les ministres allemands et russes des Affaires étrangères, l’ambiance était bien différente: «Nous ne laisserons pas détruire cela!» Et on a proclamé l’année des jumelages interrégionaux et intercommunaux. C’est là une initiative sensée à laquelle il faut maintenant insuffler la vie. Et sous les applaudissements nourris, ils ont ajouté: «Si cela ne marche pas «en haut», il faut qu’au moins cela fonctionne ‹en bas›».    •

GKS-Rver.jpgGabriele Krone-Schmalz

Gabriele Krone-Schmalz est née en 1949 à Lam en Basse-Bavière en 1949. Elle a étudié l’histoire de l’Europe orientale, les sciences politiques et la slavistique. Elle est diplômée en Histoire et Sciences politiques, journaliste indépendante et auteur. De 1987 à 1991, elle a été correspondante d’ARD pour la Russie à Moscou. Depuis 2000, elle est membre du comité directeur du Dialogue de Pétersbourg, depuis 2006, elle est membre du Conseil d’administration du Forum germano-russe. Depuis 2011, elle occupe une chaire de journalistique et de communication télévisuelle à la Business and Information Technology School (BiTS) d’Iserlohn. Comptant au nombre des experts majeurs de la Russie en Allemagne, elle passe régulièrement à la télévision. Elle a publié de nombreux livres, dont le dernier «Comprendre la Russie» (17. édition 2016) et «L’âge de glace» (2017).

Matthias Platzeck

Matthias Platzeck est né en 1953 à Potsdam. Il est ingénieur diplômé en cybernétique biomédicale. Il a fait partie des 144 députés des nouveaux Länder, envoyés au Bundestag allemand après la réunification. En 1990, il a été nommé, pour le parti Bündnis 90, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et l’Aménagement du territoire du Land de Brandebourg. De 1991 à 1993, il a appartenu au Comité fédéral des porte-paroles du parti Bündnis 90, dont il refusa la fusion avec les Verts ouest-allemands en 1993.

platzeck-teaser-DW-Vermischtes-Potsdam-jpg.jpgEn 1994, il fut de nouveau nommé ministre, et en 1995 Matthias Platzeck a rejoint le SPD. En 1997, Matthias Platzeck fut félicité pour sa gestion des opérations lors des inondations catastrophiques de l’Oder en juillet et août. Depuis juin 1998, il appartient au Comité national du SPD au Brandebourg. En 2005, il a été nommé président du SPD. De 1998 à 2002, il a été maire de Potsdam. En 2002, il a été élu Ministre-président du Land de Brandebourg par le Parlement. En 2004 puis en 2009, il a chaque fois été réélu Ministre-président de Brandebourg. En 2013, il s’est retiré de son poste pour raisons de santé. Matthias Platzeck a reçu de nombreuses distinctions, entre autres la Croix fédérale du mérite de première classe de la République fédérale d’Allemagne (1998), l’Ordre «Pierre le Grand» de l’Académie russe pour les questions de sécurité, de défense et du système juridique (2005), la Grande Croix fédérale du mérite avec étoile et bandoulière de la République fédérale d’Allemagne (2011).


Le 19 février 2017 à Dresde, Matthias Platzeck a prononcé une allocution fondamentale très remarquée sur les rapports entre l’Europe et la Russie. On peut retrouver et relire ce discours sur: www.deutsch-russisches-forum.de/portal/wp-content/uploads...

Etats-Unis, OTAN et UE – une alliance de guerre commune

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Etats-Unis, OTAN et UE – une alliance de guerre commune

par Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au Ministère fédéral allemand de la Défense

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Durant la Guerre froide, il n’y avait aucun problème à expliquer l’importance de l’OTAN. Le Soviet Military Power, édité par le Pentagone et garni d’images et de constatations impressionnantes, nous fournissait une importante argumentation. Du moins, c’était le cas pour les partenaires de l’alliance en Europe de l’Ouest. On n’a réalisé que beaucoup plus tard qu’il y avait quelque chose de louche là-dedans, ceci en observant le comportement de l’époque et d’aujourd’hui des partenaires nord-européens de l’OTAN. En ce temps-là, il n’y avait aucune prise de position de l’Alliance sans que Danois et Norvégiens exprimassent très fort leurs opinions personnelles. La menace remarquée par l’Alliance, relative au Pacte de Varsovie, était généralement vue différemment et d’une façon moins grave à Copenhague ou/et à Oslo. Pourtant, les armées de blindés étaient véritablement face à face. Depuis l’apparition du Danois Rasmussen et du Norvégien Stoltenberg, nous devons constater en Europe centrale un changement complet des mentalités, soit une mutation en va-t’en-guerre suprêmes sur ordre de l’OTAN. Comment doit-on s’expliquer cela, notamment au regard du passé?

Etats-Unis en 1988: l’armée rouge en Europe centrale a un caractère purement défensif

Il faudra y réfléchir, quand au cours de la semaine de Saint Nicolas de l’année 2017 le contrat du belliciste Stoltenberg auprès de l’OTAN sera prolongé de deux ans. Mais ce n’est pas tout. Encore en 1988, le gouvernement américain déclara que même la présence massive du Pacte de Varsovie et notamment de l’armée rouge en Europe centrale avait un caractère purement défensif. Il s’agissait de «protéger la petite mère Russie» comme conséquence des expériences faites avec Napoléon et Hitler. Malgré tout ce qui avait compté au cours des décennies précédentes comme la «bible de l’OTAN», les partenaires de Washington niaient toute intention agressive envers le Pacte de Varsovie dominé par Moscou.

Politique américaine actuelle: un mur de séparation doit à nouveau diviser l’Europe

Et aujourd’hui? Les archives de Washington montrent clairement à quel point l’Occident, uni par la force au sein de l’OTAN, a rompu sans pitié toutes les promesses sur la non-extension de l’OTAN. Pire encore, comme le montre le réarmement par les Américains en Europe centrale et orientale soutenu par nous tous. C’est la politique déclarée des Etats-Unis de séparer à nouveau l’Europe par un mur allant de la mer Baltique à la mer Noire. S’il n’est pas encore possible d’éliminer la Russie, elle doit du moins être exclue du bon voisinage. Mais il faut prendre en compte encore deux autres éléments. Dans des Etats comme l’Ukraine, les démons du passé nazi sont revitalisés à l’aide de l’OTAN et de l’UE. Le regard non seulement à «droite», mais «vers l’Est». En Ukraine et selon Spiegel online aussi en Hongrie avec des liens dans d’autre camps. Des liens évidemment peu avouables qu’on ne peut ni imaginer ni croire …

Le bellicisme de l’Occident …

Si le gouvernement des Etats-Unis avait attribué, à notre plus grande surprise, au Pacte de Varsovie en pleine guerre froide un caractère purement défensif, on ne peut certes pas dire la même chose de l’OTAN actuelle à la frontière occidentale de la Russie. Le bellicisme de l’Occident est trop palpable depuis la guerre d’agression contre la Yougoslavie. Le caractère exceptionnel des Etats-Unis s’est distingué, depuis la fin de la guerre froide, uniquement par son abstention de tout engagement pour la paix et l’entente. Aux yeux de Washington, le monde représentait uniquement les conditions-cadres pour sa propre industrie d’armement, comme le démontre de manière remarquable le rejet de toute engagement pour la paix en Europe et en Asie du Nord-Est.

… et le rôle de l’UE

Et qu’en est-il de l’Europe de l’Ouest transformée, sous le joug de l’Union européenne, en une machine de destruction d’Etats? Aujourd’hui, l’adhésion à cette UE ne signifie plus la protection durable des valeurs fondamentales. Il est bien possible qu’un pays ne soit un jour plus en mesure de se gérer lui-même, de protéger son territoire national, son autorité étatique et sa population. Pour garantir cela, les peuples se sont déclarés d’accord d’accéder à l’Union européenne d’aujourd’hui et ont même salué ce pas avec joie.
Nous devons cependant constater qu’aujourd’hui ce consentement est utilisé pour créer autre chose. Quiconque se réfère aux éléments constitutionnels de cette Union européenne, est marginalisé sans pitié par les dirigeants et leurs troupes de choc de la presse, puis, au mieux, méchamment dénigré en tant que membre de l’extrême droite ou des nazis. Les frontières ne sont plus gardées et quiconque se permet d’émettre une critique au sein du Bundestag se fait injurier et ridiculiser. L’autorité étatique se manifeste quand des personnes âgées sont mises à l’amende à Düsseldorf lorsqu’ils s’asseyent sur un banc d’arrêt de bus, ou lorsqu’une ancienne nation modèle de l’industrialisation n’est plus capable de terminer la construction d’un aéroport, ou lorsque la «Deutsche Bahn» échoue à placer des trains opérationnels sur les rails. Pendant ce temps, les frontières allemandes sont libres d’accès. Des concitoyens turcs démontrent, comment on peut pousser à l’extrême la lutte contre son ancien pays d’origine, grâce au fait que la citoyenneté allemande est octroyée trop facilement. Le peuple, auquel ont été consacrées des lettres dorées sur le Reichstag, n’est plus que témoin de la transformation de son pays en un Etat multiethnique.

Un mort-né européen: l’union militaire

La semaine passée, un mort-né supplémentaire, sous forme d’une union militaire, a été baptisé. Est-ce que c’est ainsi que nous voulons contribuer à la paix dans le monde? L’ancienne Union d’Europe occidentale était en fait un excellent exemple de comment réaliser cela. Tout le monde s’était mis d’accord pour une défense légitimée uniquement par la Charte des Nations Unies. C’était pour la défense, non pas pour la projection de pouvoir global, afin d’être à temps prêts à participer à la prochaine guerre américaine dans le monde avec une alliance de guerre européenne.
Notre choix est manifestement de pouvoir choisir entre les intérêts anglo-saxons et français pour lesquels nos soldats sont envoyés au combat. Le Proche- et le Moyen-Orient pour les Anglo-Saxons, l’Afrique pour le «shooting star» français, récemment décoré à Aix-la-Chapelle? Un engagement clair pour la défense de l’Europe de l’UE devrait remplir au moins une condition: on devrait toujours se préoccuper de la situation, dans laquelle on se trouve et faire des déclarations claires sur comment le monde devrait se présenter. Suite à cela, on pourrait définir le montant que chaque pays aurait à verser pour la défense commune. Mais aucun des chefs d’Etats et aucun des gouvernements dans cette UE agressive ne veut cela. On préfère développer des projets de pouvoir global faisant grimper les budgets militaires. En tant que citoyens, nous ne pouvons pas même choisir, si notre argent est utilisé pour les victimes des guerres déclenchées par nous-mêmes ou pour les guerres elles-mêmes. Dans tous les cas, l’argent a disparu et nous sommes forcés par nos gouvernements de financer notre assurance vieillesse nous-mêmes. Même la question du déclenchement d’une guerre ou non, n’est plus décidée par le peuple souverain. L’UE nomme des commandants militaires créant des zones de tension et de guerres en outrepassant les Parlements et sans respecter les frontières des Etats, soumis au bon vouloir des Anglo-Saxons ou des Français laissant les blindés aller et venir.

L’éclatement est préprogrammé

Ils ont bien existé, ces excellents fonctionnaires ministériels allemands. Un exemple en était le dirigeant ministériel Hans Ambos qui était mandataire du système pour les avions de combat «Tornado». C’est à lui que nous devons de savoir que, pour la dernière augmentation de 5% de la puissance de combat, il aurait fallu débourser 100% du prix d’achat de ces avions, ce qui aurait représenté l’éclatement du budget fédéral. Avec une UE ne reconnaissant et n’acceptant plus les citoyens comme le souverain et le garant de la paix, l’éclatement est préprogrammé.    •
(Traduction Horizons et débats)

The Mechanics of Population Exchange

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The Mechanics of Population Exchange

The following essay by Christian Zeitz and Elisabeth Sabaditsch-Wolff was originally written in German, and has been kindly translated into English by JLH.

by Christian Zeitz and Elisabeth Sabaditsch-Wolff

Ex: http://www.gatesofvienna.net

By and large, public discussions about the background and causes of the so-called refugee crisis in Europe have awakened false perceptions. Even before the great onrush of so-called refugees the summer of 2015, there was the idea that Europe could be duty-bound to open all borders uncontrolled and grant mass immigrants an unrestricted claim to European hospitality — the minorities program of left-extremists of the “No borders” and “Refugees welcome” faction. Powerful, virtually physical pressure was created by dramatic pictures of desperate families at border fences and doomed passengers in overfilled rubber rafts, and this caused a psychic tipping in much of the population. In a frantic blend of sympathy and fear at the uncontrollable, actual and potential violence of fast-approaching immigrant armies, the majority population began reluctantly to accept the lasting residency and need for support of great masses of culture-alien immigrants.

After the first long while and the attempts by states to create the structures and wherewithal of so-called integration, the situation took on an initial appearance of normality. The mood of the people of Germany and Austria began to change when phenomena that had long been warned against became valid for the public on New Year’s Eve, 2015-2016. Rapes and other sexual assaults, enormous financial expenditures for first responders, permanent accommodations and attempts at so-called integration were from this time on not forbidden topics. After the original, publicly-regulated helpful hands euphoria, reactions from skepticism to rejection began to spread in social discourse. With every media report of sexual attacks, crimes concerning property and actions democratizing a lack of desire to integrate, passive resistance began to form in much of the population. Doubt about the general manageability articulated at first by such politicians as are called in public discourse “xenophobes” and “racists” began in the second half of 2016 to become a common public tendency.

Although the relevant studies and analyses during the crisis and up to date proceed on the assumption that the number of those wanting to emigrate from the African continent and the Near East is in the area of the upper double-digit millions, the stream of refugees has seemed to decrease markedly at this time. In the meantime, political discourse in Europe with regard to new arrivals is almost exclusively of “family reunification.” So has the refugee crisis been handled? Can this discussion politically return to the accustomed agenda? The facts say otherwise.

From the point of view of European elites, 2017 was a pivotal year. And a hurdle that absolutely had to be cleared. Decisive elections could have had the potential of drastically changing the political landscape: Holland, France, Germany, Austria — the political resistance was well positioned and posed a great danger to the protagonists of the “welcoming culture.” The elites’ language and political marketing had to adapt to this danger. Accordingly, it became acceptable to entertain ideas of limiting immigration, for security and defense of national boundaries, and requiring the acquisition of Western cultural standards by the welcomed “new citizens.” All the campaigns in the above-mentioned countries were characterized by placation, supposed self-criticism and involvement in the “justified fears” of the populace. And all of these campaigns had succeeded with these ideas.

Now that supposed normality seems to have found its way back into the political reality of European countries, the elites can get back to work on their long-term plans undisturbed. What are these plans? Answering this question requires an explanation of the apparent contradiction between the claims of the mass phenomena of millions of willing immigrants and the present slackening of the actual flow of immigrants. The only logical explanation for this phenomenon is that the political elites themselves are able to open and close the floodgates more or less as they please. This accords completely with the general statements of the elites’ representatives. Migration [they say] is in general unavoidable, unless its causes are eliminated. Causes listed are a multitude of universal problems, which are described in public discourse as downright apocalyptic: permanent martial conflicts and other violent crises, impoverishment, lack of means to earn a living, mass unemployment, cultural regression, universal injustice and the effects of climate change. On the other side of the scale, it is constantly maintained that an influx of workers to European societies threatened with extinction is absolutely necessary.

“Migration is without any alternative; it’s smart to manage it,” is the title of the programmatic article which multi-millionaire and “global philanthropist” George Soros professed as a guiding maxim in the summer of 2016. The thrust of his thinking converges exactly with the concepts of the operators of a European superstate. They are aware that reaching their goal of a “United States of Europe” means no more national borders and replacement of the national states by a pan-European people. Replacement of peoples, a multicultural society and the goals of a globalized world in which a limited number of players make this planet’s decisions are complementary elements of the same agenda. This agenda is the one the elites are applying to the pressure points in the flooding of Europe by culturally alien multitudes.

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This analysis does not contradict the fact that Islam and its violent, expansionist claim represent a unique force. All connoisseurs of the Islamic teachings know that “emigration” is a variation of jihad, and under certain conditions a duty for Muslims. So it is not surprising that the two driving forces of massive folk migration and the resultant replacement of peoples — Islam and culturally socialist globalism — work together so effectively and converge tactically on the political plane.

vendredi, 29 décembre 2017

The Virtual Economy Is The End Of Freedom

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The Virtual Economy Is The End Of Freedom

There is one simple rule to follow when understanding the tragic history of economies: Never put blind faith in a system built on an establishment-created foundation. You would think this would not be a difficult concept to grasp being that we have so many examples of controlled economies and collapse to reference over the centuries, but in our era more than ever the allure of a virtual world with promises of endless wealth and ease is overwhelming.

Yes, I am referring primarily to cyptocurrency "tulip-mania" (sorry bitcoiners, the description is too fitting, it isn't going away), but not this issue alone. I am also referring to a far-reaching problem of which cryptocurrencies are a mere reflection. Namely, the fact that humanity is swiftly losing sight of what a true economy is and what it is supposed to accomplish. It is because of this reality that crypto is thriving.

First, let's be clear, fiat currencies are one of the first machinations of the virtual economy. Once paper currencies printed from thin air by central bankers were separated from tangible backing and accepted by the masses as "valuable" and worth trading labor for, the seed of financial cancer was planted. Today, there is one final step needed for the establishment to accomplish complete tyranny in global trade and that is to disconnect the masses fully from private transactions. In other words, we must be tricked into going digital, where privacy is an absurd memory.

Virtual economics is appealing for several reasons, most of them bad.

Americans and much of the west in particular are increasingly uncomfortable with the idea of real production. The latest generation coming into political and social influence, the millenials, is a perfect example. Surveys show American millenials more than any other generation lack basic workplace competency skills, including scoring low on arithmetic and reading comprehension. Often portrayed as "tech savvy" in popular culture and the media, millenials are quite inept when it comes to core skills that fuel strong business and trade, which is part of the reason why the U.S. is falling into the shadow of foreign workforces.

Millenials in the West also exhibit abysmal technical skills in international testing and lag far behind foreign peers. This has come as a surprise to many mainstream economists and social analysts, primarily because millenials are also considered the "most educated" generation ever. But, of course, we have not only been given a virtual economy in recent decades, but also a virtual educational system. A majority of millenials are lacking when it comes to key production skills and entrepreneurship methods because they have been trained to dismiss such skills as negligible. In other words, millenials have been conditioned to be academic idiots.

Why go through the struggle and hardship required to become an effective producer of tangible necessities when it is far easier to join a collectivist drive for socialism and a structure in which little to no work is required to obtain such necessities? Why not steal from a productive minority and spread it thinly enough to keep the unskilled majority fed? It is only within this kind of culture that virtual production, a virtual society and virtual "money" is seen as an ideal solution.

The notion is becoming more and more prevalent in our popular media, and I believe this is rather symbolic (or ironic) of our conundrum.

For example, consider the book Ready Player One, a pop-culture craze and archetypal zeitgeist for millenials soon to be released as an intended Hollywood blockbuster directed by Steven Spielberg. The novel depicts the world of 2045, a world in which fossil fuel depletion and "global warming" have triggered economic and social decline (Remember in the 1980s when they used to tell us that global warming was going to melt the polar icecaps and we would be under water by the year 2000?). A totalitarian governing body controlled by corporate behemoths rules over the dystopian sprawl.

In response to an ever painful existence in the real world, the masses have sought to escape to a virtual world called "the Oasis," created by a programming genius. The Oasis becomes a nexus for the global economy and a virtual society.

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This sounds like a rousing background for a story of rebellion, and it is about that... sort of. Unfortunately, here is where the disturbing ties between our world and the fictional world of Ready Player One meet. The "rebellion" is for all intents and purposes also virtual, and for millenial audiences in particular, this is supposed to be inspiring.

Perhaps this is why cryptocurrencies are so appealing to the millenial crowd in particular. Think about it — the dismal economic doldrums of Ready Player One exist NOW; we don't have to wait until 2045. Millenials are already feeling disaffected, indebted and disenfranchised, and most of them are also skill-less. Self reliance to them is an idea so alien it rarely if ever crosses their minds. So, how do they fight back? Or, how are they tricked into thinking they can fight back against a virtual system that has left them in the gutter? Why, with a virtual community and a virtual currency, of course.

Millenials and others think that they are going to rebel and "take down the banking oligarchs" with nothing more than digital markers representing "coins" tracked on a digital ledger created by an anonymous genius programmer/programmers. Delusional? Yes. But like I said earlier, it is an appealing notion.

Here is the issue, though; true money requires intrinsic value. Cryptocurrencies have no intrinsic value. They are conjured from nothing by programmers, they are "mined" in a virtual mine created from nothing, and they have no unique aspects that make them rare or tangibly useful. They are an easily replicated digital product. Anyone can create a cryptocurrency. And for those that argue that "math gives crypto intrinsic value," I'm sorry to break it to them, but the math is free.

In fact, for those that are not already aware, Bitcoin uses the SHA-256 hash function, created by none other than the National Security Agency (NSA) and published by the National Institute for Standards and Technology (NIST).

Yes, that's right, Bitcoin would not exist without the foundation built by the NSA. Not only this, but the entire concept for a system remarkably similar to bitcoin was published by the NSA way back in 1996 in a paper called "How To Make A Mint: The Cryptography Of Anonymous Electronic Cash."

The origins of bitcoin and thus the origins of crytpocurrencies and the blockchain ledger suggest anything other than a legitimate rebellion against the establishment framework and international financiers. I often cite this same problem when people come to me with arguments that the internet has set the stage for the collapse of the globalist information filter and the mainstream media. The truth is, the internet is also an establishment creation developed by DARPA, and as Edward Snowden exposed in his data dumps, the NSA has total information awareness and backdoor control over every aspect of web data.

Many people believe the free flow of information on the internet is a weapon in favor of the liberty movement, but it is also a weapon in favor of the establishment. With a macro overview of data flows, entities like Google can even predict future social trends and instabilities, not to mention peek into every personal detail of an individual's life and past.

To summarize, cryptocurrencies are built upon an establishment designed framework, and they are entirely dependent on an establishment created and controlled vehicle (the internet) in order to function and perpetuate trade.  How exactly is this "decentralization", again?

TOTAL information awareness is the goal here; and blockchain technology helps the powers-that-be remove one of the last obstacles: private personal trade transactions. Years ago, a common argument presented in favor of bitcoin was that it was "completely anonymous."  Today, this is being proven more and more a lie. Even now, in the wake of open admissions by major bitcoin proponents that the system is NOT anonymous, people still claim anonymity is possible through various measures, but this has not proven to sway the FBI or IRS which have for years now been using resources such as Chainanalysis to track bitcoin users when they feel like doing so, including those users that have taken stringent measures to hide themselves.

Bitcoin proponents will argue that "new developments" and even new cryptocurrencies are solving this problem. Yet, this was the mantra back when bitcoin was first hitting the alternative media. It wasn't a trustworthy assumption back then, so why would it be a trustworthy assumption now? The only proper assumption to make is that nothing digital is anonymous. Period.

With the ludicrous spike in bitcoin prices, champions of the virtual economy are unlikely to listen to any questions or criticisms. I have never argued one way or the other in terms of bitcoin's potential "market value," because it does not really matter. I have only ever argued that cryptocurrencies like bitcoin are in no way a solution to combating the international and central banks.  In fact, cyrptocurrencies only seem to be expediting their plan for full spectrum digitization and the issuance of a global currency system.

Bitcoin could easily hit $100,000, but its "value" is truly irrelevant and consistently hyped as if it makes bitcoin self evident as a solution to globalism. The higher the bitcoin price goes, the more the bitcoin cult claims victory, yet the lack of intrinsic value never seems to cross their minds. They have Scrooge McDuck-like visions of swimming in a vault of virtual millions. They'll only accuse you of being an "old fogey" that "does not understanding what the blockchain is."

The fact is, they are the one's that do not really understand what the blockchain is — a framework for a completely cashless society in which trade anonymity is dead and economic freedom is destroyed.

Ask yourself this: Why is it that central banks around the world (including the BIS and IMF) are investing in Bitcoin and other crytpocurrencies while developing their own crypto systems based on a similar framework? Could it be that THIS infusion of capital and infrastructure from major banks is the most likely explanation for the incredible spike in the bitcoin market?  Why is it that globalist banking conglomerates like Goldman Sachs lavish blockchain technology with praise in their white papers? And, why are central bankers like Ben Bernanke speaking in favor of crypto at major cryptocurrency conferences if crypto is such a threat to central bank control?

Answer — because it is not a threat.  They benefit from a cashless system, and liberty champions are helping to give it to them.

Above all else, the virtual economy breeds weakness in society. It encourages a lack of tangible production. Instead of true producers, entrepreneurs and inventors, we have people scrambling to sell real world property in order to buy computing rigs capable of "mining" coins that do not really exist. That is to say, we may one day soon be faced with millions of citizens expending their labor and energy in order to obtain digital nothings programmed into existence and given artificial scarcity (for now).

It also encourages false rebellion. Real change requires actions in the real world. Removing banking elitists and their structures by force if necessary (and this will probably be necessary). Instead, freedom activists are being convinced that they will never have to lift a finger to beat the bankers. All they have to do is buy and mine crypto. The day will come in the near future when the folks that embrace this nonsense will wake up and realize they have wasted their energies chasing a unicorn and are ill prepared to weather the economic reset that continues to evolve.

To maintain a real economy in which people are self reliant and safe from fiscal shock, you need three things: tangible localized and decentralized production, independent and decentralized trade networks that are not structured around an establishment controlled system (like the internet is controlled), and the will to apply force to protect and preserve that production and those networks. If you cannot manufacture a useful thing, repair a useful thing or teach a useful skill, then you are essentially useless in a real economy. If you do not have localized trade, you have nothing.  If you do not have the mindset and the community of independent people required to protect your local production, then you will not be able to keep the economy you have built.

This is the cold hard truth that crypto proponents do not want to discuss, and will dismiss outright as "archaic" or "not obtainable." The virtual economy is so much easier, so much more enticing, so much more comfortable. Why risk anything or everything in a real world effort to build a concrete trade network in your own neighborhood or town? Why risk everything by promoting true decentralization through localized commodity-backed money and barter systems? Why risk everything by defending those systems when the establishment seeks to crush them? Why do this, when you can pretend you are a virtual hero wielding virtual weapons in a no risk rebellion in a world of electronic ones and zeros?

In truth, the virtual economy is not legitimate decentralization, it is a weapon of mass distraction engineered to kill legitimate decentralization.

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Tirannie enkel te verslaan door volharding, zelfopoffering en medemenselijkheid

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Tirannie enkel te verslaan door volharding, zelfopoffering en medemenselijkheid
 

‘Voor echte  medemenselijkheid is een morele overtuiging nodig, geen morele flexibiliteit (‘diversiteit’) en cultuur relativisme’


Op Tweede Kerstdag plaatsten we het artikel ‘Wordt de vrijheid in het Westen verdrongen door tirannie?’ Het behoeft geen uitleg dat deze vraag tegelijkertijd het antwoord is. Maar wat moeten we als burgers van het gewone volk doen om deze tirannie te stoppen en te overwinnen? Helaas zijn er geen snelle en makkelijke oplossingen, zo leert de geschiedenis. Iedere groep, hoe klein ook, kan voor een omwenteling zorgen. Daar zijn echter wel een aantal kwaliteiten voor nodig, zoals volharding, zelfopoffering, gemeenschapszin en medemenselijkheid.

Velen zien inmiddels wel in dat de politiek op nationaal, Europees en globalistisch niveau steeds meer stappen onderneemt die de vrijheid en individuele rechten van ieder mens ondermijnen, terwijl een politieke en financiële elite die zich verder blijft verrijken, ten koste van de gewone man, waarvan er ook in eigen land steeds meer ten prooi vallen aan armoede.

De massamedia spelen hier met hun officieel goedgekeurde nepnieuws en propaganda een bedrieglijke rol in. Terwijl allerlei niet bestaande risico’s geweldig worden opgeblazen –zoals de ‘Rusland hysterie’ hoax’-, worden de echt grote gevaren voor onze samenleving - de opkomst van een totalitaire EU superstaat met één centrale regering, de massa immigratie en islam(isering)- gebagatelliseerd of compleet ontkend.

Wat kunnen we hier als volk(en) nog tegen doen? Brandon Smith zet op AltMarket.com een aantal kernpunten op een rijtje:

Volharding

Veel mensen, ook activisten, beseffen niet dat volharding de sleutel is tot eventueel succes. Er zijn geen makkelijke en snelle oplossingen om tirannie te weerstaan en te verslaan. Daar is een ontembare, onoverwinnelijke geest voor nodig. Het maakt daarbij niet uit met hoeveel u bent, met 100 miljoen of slechts 100. Ieder doel is haalbaar, mits men bereid is daarvoor een hoge en pijnlijke prijs te betalen, en zichzelf desnoods op te offeren.

Dat is anno 2017, met een jonge smartphone- en internetgeneratie die gewend is alles met één druk op de knop te krijgen en niet meer weet wat het is om ergens voor langere tijd voor te vechten, misschien moeilijk haalbaar, maar niet onmogelijk. Maar een effectieve ‘rebellie’ van achter de PC –zoals in crypto-valuta zoals Bitcoin stappen- bestaat niet. De technocratische dictatuur die sterk in opkomst is kan alleen worden verslagen door mensen die bereid zijn alles te riskeren, zonder garantie dat ze zullen slagen.

‘Hoe sneller mensen zich realiseren dat er geen makkelijke weg naar een vrije samenleving bestaat, des te sneller kunnen we effectief handelen,’ aldus Smith.

Zelfopoffering

Zoals we hierboven al schreven moeten mensen tevens bereid zijn zichzelf op te offeren, dat is ergens voor strijden en alles opgeven, mogelijk zonder zelf de vruchten van hun zwoegen te plukken. Echte vrijheidsstrijders doen het dan ook niet (enkel) voor zichzelf, maar voor hun (klein)kinderen. Ze houden de blik gericht op de toekomst.

Ook dit is in een samenleving die gewend is geraakt aan onmiddellijke (of zo snel mogelijke) bevrediging van de eigen behoeften, heel lastig geworden. Mensen denken bijna niet meer in jaren, enkel in dagen of slechts uren. ‘Als we het vandaag goed hebben, waarom dan zorgen maken over morgen?’
Succesvolle weerstand en rebellie vereist echter een langetermijnstrategie. Diepgewortelde tirannieën worden alleen over langere tijd verslagen. Soms zijn daar zelfs enkele generaties voor nodig.

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Optimisme

Alternatieve media en bloggers (zoals deze) krijgen nogal eens het verwijt ‘doemdenkers’ en verspreiders van ‘angstporno’ te zijn. ‘Dit verwijt wordt doorgaans door onontwikkelde mensen gemaakt, die weinig begrip hebben van hoe een vrijheidsbeweging functioneert,’ schrijft Smith. De meeste van deze schrijver, activisten en bloggers hebben juist een gezonde dosis realisme en een optimistische kijk op de toekomst, omdat ze geloven dat deze wel degelijk te beïnvloeden en te veranderen is, bijvoorbeeld door mensen bewust te maken van zorgwekkende ontwikkelingen.

De echte doemdenkers –waarvan er helaas ontzettend veel rondlopen- zijn de mensen die reageren met bijvoorbeeld ‘ach, er valt toch niets tegen te doen’ en ‘wat heeft het voor zin’. Deze mensen willen niets horen over gevaar, laat staan over echte oplossingen en strategieën. Zij leveren enkel kritiek omdat ze niet het intellectuele vermogen hebben om zelf met alternatieve oplossingen te komen. En degenen die wel zo slim zijn, willen het vaak niet zien, omdat ze hun makkelijke leventje niet in gevaar willen brengen. Daarom kiezen ze voor de weg van de minste weerstand.

Gemeenschap

Volgens Smith is de grootste zwakte van de vrijheidsbeweging het gebrek aan besef dat je een eventuele instorting van de samenleving niet in je eentje –of met slechts een paar mensen- kunt overleven. De historie laat zien dat enkel een gemeenschap van mensen die elkaar helpen en ondersteunen in staat is om zeer moeilijke en harde tijden te doorstaan.

Loopt zo’n gemeenschap het gevaar een doelwit van de gevestigde orde te worden? Absoluut. Maar zonder die gemeenschap bent u 100% zeker een weerloos doelwit, en zult u nooit deel kunnen uitmaken van een eventuele succesvolle opstand of oplossing. ‘Geïsoleerde voorbereiding is een recept voor falen.’

Echte mensen

Een andere veelgemaakte fout is dat vrijheidsdenkers die zich verzetten tegen centralisatie van de macht (zoals het overhevelen van soevereiniteit naar Brussel), zelf vervolgens ook hun eigen gemeenschap beginnen af te schermen en te ‘centraliseren’. Een internetgroep van enkel ‘digitale’ mensen met dezelfde overtuiging kan weliswaar een veilig gevoel geven, maar is nooit een vervanging van een echte gemeenschap met echte contacten en echte mensen.

Smith vindt dat zo’n internetgroep mensen een vals gevoel van veiligheid geeft, en hen eerder meer isoleert dan bij elkaar brengt. Ook krijgen velen het idee dat ze behoren tot de enkelingen die de gevaren voor de samenleving onderkennen, terwijl er wel degelijk veel meer mensen om hen heen zijn die zich grote zorgen maken over de richting waarin we door ‘onze’ politieke leiders gedwongen worden gestuurd (kijk maar naar de opiniepeilingen: 1 op de 5 stemt inmiddels virtueel op de anti-establishment partijen PVV en FvD).

‘Degenen die beweren dat ze alleen staan zijn doorgaans mensen die nooit om zich heen kijken of proberen iets te organiseren. En waarom niet? Omdat dit hard werken is, en hun virtuele gemeenschap op het internet zoveel makkelijker is.’

Medemenselijkheid

Moed en medemenselijkheid staan centraal in gemeenschappen die optimistisch de toekomst tegemoet treden en met succes weerstand bieden tegen tirannie. Zonder medemenselijkheid is iedere opstand bij voorbaat gedoemd te mislukken.

Vrijheid is één van de schaarse zaken die het waard zijn om voor te sterven, zo wijst ook de geschiedenis uit. Er is moed voor nodig de strijd voor vrijheid aan te gaan, omdat het allerminst zeker is dat deze zal slagen, terwijl het mogelijk wel de allerhoogste prijs zal eisen, namelijk iemands leven.

Het nemen van grote risico’s waarvan mogelijk pas de volgende generatie(s) de vruchten van zullen pluggen, vereist oprechte medemenselijkheid. Mensen die enkel met zichzelf bezig zijn –egocentrische sociopaten en narcisten, waar ongeveer driekwart van politici en topmanagers uit bestaan- zullen nooit grootse daden kunnen verrichten, omdat daarvoor onbaatzuchtige acties nodig zijn die tegen de natuurlijke neiging tot zelfbescherming ingaan.

Verzet tegen moreel relativisme (‘diversiteit’) en ‘verdeel en heers’

Smith: ‘Iemand die moreel relativisme omarmt, zal nooit iets voor de toekomst kunnen betekenen. Voor vriendelijkheid / medemenselijkheid is namelijk een morele overtuiging nodig, geen morele ‘flexibiliteit’.’ U kunt zelf uw conclusies trekken wat dit betekent voor een land waarvan de premier er openlijk trots op is ‘geen principes’ te hebben, en waar de meeste politieke partijen juist streven naar die (im)morele ‘flexibiliteit’, beter bekend onder diens misleidende stickertje ‘diversiteit’.

Tirannen zijn alleen met de genoemde menselijke eigenschappen te verslaan. Het zijn dan ook deze zaken die de gevestigde orde met alle macht probeert te ondermijnen. Isoleer mensen, verdeel ze, val gezinnen aan door het krijgen van kinderen zo financieel onaantrekkelijk mogelijk te maken, bevorder individualisme (de ‘selfie’ cultuur), en vooral ook ‘verdeel en heers’: maak de bestaande maatschappelijke consensus en stabiliteit kapot door grenzen op te heffen, en grote aantallen immigranten toe te laten die er een religieuze ideologie op nahouden die alles waar vorige generaties –waaronder vrijheidsstrijders tijdens WO-2- voor gevochten hebben, omver wil gooien.

‘Nu 2017 op zijn einde loopt, is het mijn hoop dat iedere vrijheidsactivist zich voorbereidt op de gevaarlijkere tijden die gaan komen,’ besluit Smith. ‘Maar boven al het andere moeten hun voorbereidingen voortkomen uit een fundament van strijd en zelfopofferingen, vooruitziendheid en volharding, gemeenschap en pragmatisme, moed en medemenselijkheid. Zo niet, wat heeft het dan allemaal voor zin?’

Xander

Gebaseerd op: (1) AltMarket.com via Zero Hedge

Zie ook o.a.:

26-12: Kerst 2017: Wordt de vrijheid in het Westen verdrongen door tirannie?

17:48 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dictature, tyrannie, définition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Relations internationales: la fin des dogmes!

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Relations internationales: la fin des dogmes!

par Guillaume Berlat

Ex: http://www.zejournal.mobi

 
Auteur : Guillaume Berlat | Editeur : Walt | Mardi, 19 Déc. 2017 - 14h46

« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être » (Henri Poincaré). Mais qu’est-ce au juste que le dogme ? « Point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable (dans une religion, une école philosophique) ». Telle est la définition qu’en donne le petit Robert 1 ! Aujourd’hui, le champ des relations internationales est soumis par certains esprits critiques à un questionnement sans précédent – depuis 1989, la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et l’avènement de l’hyperpuissance américaine (Hubert Védrine), le retour en force de la Russie au Moyen-Orient – après avoir vécu sous le règne incontesté de multiples dogmes venus, le plus souvent, d’outre-Atlantique. Qui n’a pas entendu parler de celui de « la fin de l’histoire » pensée et vulgarisée par le grand expert en prévision, Francis Fukuyama ?

Horresco referens, les dogmes font désormais l’objet d’attaques anti-dogmes – telles celles des hackers informatiques -, par des hérétiques, des déviants qui contaminent par leurs mauvaises pensées les peuples et dont le nombre ne cesse de croitre de façon exponentielle. Que constate-t-on en effet aujourd’hui ? Après le temps des certitudes assénées et des vérités révélées vient celui des interrogations légitimes et des doutes sérieux sur l’intangibilité des dogmes. Vérité d’un jour n’est pas celle de toujours comme dit l’adage. Certaines vérités imposées ad nauseam aux citoyens par les médias « mainstream », au nom d’une fausse transparence, n’auraient-elles été que de grosses contre-vérités, de vulgaires mensonges, de mauvaises fables, de minables bobards ? Heureusement, les médias alternatifs jouent parfois leur rôle de passeurs d’idées, d’éclaireurs de l’obscurantisme, contribuant, avec le temps, le courage, la volonté à démystifier les supercheries de nos dirigeants, nos chercheurs idéologues et autres usurpateurs de haut vol.

Même si la liste est loin d’être exhaustive, cinq exemples récents (libre-échange et mondialisation ; hyperpuissance américaine ; effacement russe ; pérennité de l’Union européenne ; omnipotence de l’OTAN) éclairent notre propos. Rien ne vaut la confrontation de la théorie à la pratique.

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LE DOGME DU LIBRE-ÉCHANGE ET DE LA MONDIALISATION (1)

Que n’a-t-on entendu depuis la chute du mur de Berlin de la part des grands ayatollahs du libéralisme nous assénant le primat incontesté et incontestable du libre-échange, de la mondialisation et son corollaire, la fin des États nations avec l’ouverture des frontières. En dernière analyse, ces augures nous promettent la paix perpétuelle à l’instar de l’ouvrage d’Emmanuel Kant qu’ils n’ont vraisemblablement jamais lu. Leur projet de Grand Moyen-Orient immortalisé par George W. Bush doit être le premier point d’application de leur dada dans le monde du XXIe siècle. Il doit conduire à une occidentalisation/américanisation de la planète que les peuples accueilleront tel un don du ciel (2). A tel point qu’ils en redemanderont, supplieront de se vautrer dans la servitude volontaire pour l’éternité. Tel est le nouveau rêve américain relayé urbi et orbi par les amis fidèles, disons les « idiots utiles » de l’administration américaine et de ses « think tanks ». Un remake du meilleur des mondes grâce au « soft power » à l’américaine, voire parfois avec l’aide du « hard power » pour les récalcitrants ! La carotte et surtout le bâton.

Or, quelle est l’une des plus importantes conclusions du sommet du G20 de Hangzhou (4-5 septembre 2016), premier sommet du genre sous présidence chinoise ? Les dirigeants constatent la défiance croissante des peuples à l’égard du libre-échange, de la mondialisation. Ils relèvent, avec objectivité, que ce dogme n’a plus les faveurs de ses géniteurs si l’on en croit les positions tranchées prises sur le sujet par les deux candidats à l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. Ils observent également que les négociations des traités de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (TAFTA) ; entre les États-Unis et l’Asie (TPP) sont dans l’impasse, si ce n’est menacés par Donald Trump. Enfin, « en dépit des promesses répétées du G20, le nombre des restrictions affectant le commerce et les services a continué à augmenter » (communiqué final) (3). Mieux encore, lors du sommet du G20 au niveau des ministres des Finances de Baden-Baden (17-18 mars 2017), le premier de la présidence de Donald Trump, la délégation américaine s’oppose à toute mention de la défense du libre-échange, de l’interdiction du protectionnisme et des résultats de la COP21 sur le climat (4). On sait ce qu’il en est advenu depuis. Elle jette les évangiles dans la poubelle de l’Histoire. Rien ne va plus dans le monde idéal qui nous avait été promis, juré, craché. Il ne s’agissait que d’un remake du Veau d’or. Y compris à l’OMC (5).

La pilule est difficile à digérer, certes. Mais, pas le moindre acte de contrition de la part des prêtres du libre-échange et du mondialisme ! (6) Ils sont aux abonnés absents.

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LE DOGME DE L’HYPERPUISSANCE AMÉRICAINE

Que n’a-t-on entendu après la chute de l’empire du mal ? Le monde passerait d’une structure bipolaire à une nouvelle unipolaire marquée par le règne sans partage de l’hyperpuissance américaine. Une sorte de gendarme du monde allant éteindre les feux aux quatre coins du monde, y compris sans l’autorisation du Dieu Conseil de sécurité de l’ONU. Tel Moïse et les Tables de la Loi, l’Amérique s’impose comme une sorte de législateur universel imposant ses normes, ses idées, sa langue, sa cuisine, son mode de vie, son manque d’humour et ses mensonges (sur la présence d’armes de destruction massive en Irak que personne n’a du reste jamais trouvées)… à tout un chacun. Le multilatéralisme se réduit comme peau de chagrin sous les coups de boutoir de l’unilatéralisme américain. A quoi bon entretenir à grands frais le machin qui n’est qu’un vulgaire arbre à palabres inutile ? A quoi bon penser, Washington s’en charge à votre place et gratuitement ?

Or, que constate-t-on aujourd’hui ? (7) La superbe n’est plus de mise tant la réalité douche l’hubris américain. Sur le plan économique, la Chine tient la dragée haute aux États-Unis endettés. Sur le plan technique, certains émergents monopolisent le marché du numérique et de la connectique en dépit de la puissance de la « Silicon Valley ». Sur le plan géopolitique, le Moyen-Orient, qui était la chasse gardée et exclusive de l’Amérique, voit quelques braconniers (russes) opérer au vu et au su de tout le monde, voir défier ouvertement l’Oncle Sam en débauchant certains de ses alliés les plus fidèles et les plus historiques. L’Amérique, en pleine campagne électorale, se montre affaiblie face à un quarteron de dirigeants autoritaires lors du G20 de Hanghzou (Chine) qui jettent quelques grains de sable dans la machine yankee (8). La situation en Irak, en Syrie semble lui échapper pour employer un euphémisme très diplomatique (9). L’allié historique turc rue dans les brancards, faisant ami-ami avec Moscou qui fait la loi sur le théâtre d’opérations syrien, y compris en tançant Israël.

La remise en cause du dogme par les croyants est toujours, à plus ou moins long terme, annonciatrice de réformes, voire de schismes. Elle a aussi pour corollaire la croissance du nombre des agnostiques déçus par les manquements à la parole du Dieu Amérique. Que dire de la semaine durant laquelle les Chinois refusent de dérouler le tapis rouge, à sa descente d’avion, à Barack Obama (en fin de second mandat présidentiel). En outre, il se fait traiter par le président philippin de « fils de pute » (en tagalog) ?

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LE DOGME DE L’EFFACEMENT RUSSE (10)

Que n’a-t-on entendu en boucle après la transformation de l’URSS en Fédération de Russie sur la sortie de l’Histoire, de la marginalisation économique, politique, géopolitique, culturelle, sécuritaire du gros ours rouge ? Le temps du duopole américano-soviétique est définitivement révolu. Il appartient désormais à une histoire ancienne, celle du XXe siècle. Pire encore, la chute vertigineuse du cours des matières premières de ces dernières années aura à l’évidence raison des velléités de Vladimir Poutine de jouer les empêcheurs de tourner en rond, voire de se prendre pour un nouveau Tsar en annexant la Crimée. Elle le mettra à genoux et le conduira à faire amende honorable la corde au cou tels les Bourgeois de Calais immortalisés par Auguste Rodin. La slavophobie, la russophobie courent partout sur les plateaux de télévision. Personne n’y trouve à redire sauf quelques hurluberlus ou originaux qui croient à l’avenir des nations.

Or, qu’en est-il aujourd’hui ? Prenons deux exemples emblématiques pour mesurer le chemin parcouru depuis le début des « révolutions arabes » (11). Hier, les Russes étaient traités en parias, en pestiférés, surtout au Proche et au Moyen-Orient. Aujourd’hui, ils ont droit aux égards américains (12). S’agissant du conflit syrien, les choses sérieuses ne se traitent plus dans les conférences des « affinitaires » et autres farfeluteries imaginées dans les usines à penser américaines (13). Désormais, c’est Moscou qui mène le branle militairement (en faisant le ménage sur le terrain) et diplomatiquement (en organisant une rencontre à Moscou et Syriens et Turcs au nez et à la barbe des Américains) (14). Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, Moscou tente une médiation entre les deux adversaires en les invitant à Moscou pour discuter directement entre eux alors (15) que Washington a jeté l’éponge il y a belle lurette et que Paris ne pèse plus rien, y compris avec sa conférence internationale médiatique, à Paris au début 2017. La Russie dispose de plus d’atouts de médiateur que l’Amérique de Donald Trump surtout après sa décision de transfert de son ambassade à Jérusalem.

L’écriture et la lecture des Évangiles se fait de moins en moins à Washington et de plus en plus à Moscou par une curieuse ironie de l’Histoire, au grand désespoir des « ludions médiatiques » anglo-saxons (16). « Les mouches ont changé d’âne ».

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LE DOGME DE LA PÉRÉNNITÉ DE L’UNION EUROPÉENNE (17)

Que n’a-t-on entendu au cours des dernières décennies ? La liste de ces vérités incontestables est impressionnante. C’est grâce à la construction européenne que nous vivons en paix depuis 1945. C’est grâce au marché commun, puis à l’Union européenne que le niveau de vie des Européens connaît une croissance permanente et que le chômage recule. C’est grâce à la politique européenne de sécurité et de défense que les 28 comptent dans le concert des nations et que la sécurité, la paix, la concorde règnent dans le monde. C’est grâce à un puissant service européen d’action extérieure (SEAE) que l’Europe est un acteur incontournable dans le concert des nations. C’est grâce à un euro fort que l’Europe s’impose dans le monde économique. C’est grâce à Schengen et à la liberté de circulation que ce traité organise que nous sommes protégés d’incursions extérieures. C’est grâce à une commission indépendante que l’intérêt général européen prévaut sur l’intérêt égoïste des nations (18). En un mot, « l’eurobéatitude court partout et transforme toutes les salles de presse en sacristies de la nouvelle religion » (19).

Or qu’en est-il aujourd’hui, plus particulièrement après le vote du peuple sur le « Brexit » ? Les certitudes d’hier se transforment aujourd’hui en incertitudes, en interrogations sur les mantras de la technostructure bruxelloise relayés par l’élite parisienne. La guerre est en Ukraine, le terrorisme frappe au cœur de l’Europe, la croissance est atone, le chômage augmente, la PESD est une coquille vide (20), l’Europe est spectatrice du monde, l’euro fort est critiqué par les exportateurs, Schengen est vilipendé et remis en cause par certains États membres dans le contexte de la crise migratoire (21). Pire encore, les peuples, que l’on avait voulu ignorer et mettre au pas en contournant l’expression de leur malaise (Cf. l’opération inqualifiable de Nicolas Sarkozy sur traité constitutionnel), se rebellent dans les urnes. Certains vont même jusqu’à reprendre les propos de Margaret Thatcher : « les référendums sont les armes des dictateurs et des démagogues ». A ce rythme, il faudra dissoudre les peuples. La béance actuelle donne le vertige (22). L’Europe a été bâtie à l’envers. C’est cela qu’il faut changer comme le souligne justement Hubert Védrine.

Les croyants sont de moins en moins nombreux aux offices. Heureusement, les grands prêtres (chefs d’État et de gouvernement des 27/28) se retrouvent régulièrement à Bruxelles pour d’inutiles grands-messes. Mais la foi n’y est plus. Seule reste une liturgie désuète pour tenter de sauver les apparences ! L’hymne à la joie n’a pas les mêmes accents lyriques lors des cérémonies du soixantième anniversaire du traité de Rome (25 mars 2017) qui coïncident avec le lancement du « Brexit ». Aujourd’hui, et plus encore demain, il faut (faudra) sauver le soldat Europe (23). Dans tous les cas, le statu quo n’est plus tenable

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LE DOGME DE L’OMNIPOTENCE DE L’OTAN (24)

Que n’a-t-on entendu après l’effondrement de l’URSS à Evere (siège de l’OTAN situé près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem), temple de l’atlantisme, d’une liturgie désuète ? Alors que certains agnostiques (la France) caressent le projet fou de démonter « l’Église » avec la dissolution du Pacte de Varsovie, la mise au point américaine la plus solennelle tombe telle une fatwa. Il n’en est pas question. Au contraire, l’OTAN va s’élargir aux anciens ennemis (la Russie exceptée), oublier le hors-zone en se mêlant de tout et de rien (sécurité, économie, écologie, droits de l’homme…) aux quatre coins de la planète. L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN est chargé, par le Dieu Amérique, de réciter la nouvelle religion atlantiste et d’encourager les fidèles à psalmodier sur les nouveaux textes sacrés. Mais, il faut aussi aller remettre de l’ordre manu militari en ex-Yougoslavie, et, plus tard, après les attentats du 11 septembre 2001, en Afghanistan.

Or, qu’en est-il aujourd’hui ? Y compris, parmi les croyants les plus inconditionnels, les aventures militaires américaines – parfois maquillées sous le logo de l’OTAN – sont de plus en plus remises en cause, pire elles agacent. Les batailles gagnées haut la main ne se finissent-elles pas par des débandades peu glorieuses (Irak, Afghanistan, Libye…) que les peuples désavouent majoritairement, découvrant les mensonges sur les prétendues armes de destruction massive en Irak ? Certains voient d’un mauvais œil cette nouvelle guerre froide développée par l’OTAN avec la Russie (déploiement de défenses anti-missiles en Pologne et en Roumanie, de troupes dans les pays baltes, langage belliqueux des secrétaires généraux de l’Alliance). Washington n’inventerait-il pas un nouvel ennemi (grosse ficelle américaine) pour justifier sa présence sur le continent européen ? Manifestement, la défiance éclairée fait place à la confiance aveugle. Cerise sur le gâteau, Donald Trump qualifie le « NATO » d’ « obsolète », allant même jusqu’à accuser les alliés (Allemagne en tête) de ne pas contribuer suffisamment à leur défense commune. Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson snobe la réunion des 5 et 6 avril 2017 à Bruxelles, nouvel acte de défiance à l’égard de l’Alliance atlantique.

Force est de constater que le dogme atlantiste de l’Amérique – hormis chez ses fidèles relais néo-conservateurs européens – ne fait plus guère recette. Pire encore, les évangiles otaniens sont contestés après avoir longtemps été loués et célébrés lors des sommets de l’Alliance au cours desquels la liturgie servait de bible. Horresco referens ! Le temps est à l’hérésie venue d’Outre-Atlantique ! Qui l’eut cru, il y a quelques années encore ?

« L’évidence détruit le doute » (25). Rien ne pire qu’une fausse évidence, puisqu’elle a tout d’une vraie. Montrer sans démontrer, c’est le mensonge dans lequel nous piège cette frénésie de dogmes venue d’Outre-Atlantique, d’Outre-Tombe, dirait Chateaubriand. Surtout lorsqu’elle s’entoure d’une « névrose de répétition » (Freud) à travers une débauche de communication. « Ainsi dans un monde saturé d’images, on aurait tendance à espérer le triomphe de la transparence. Au contraire, la très grande visibilité a généré une nouvelle forme d’invisibilité » (26). Or, cette démarche idéologique et dogmatique, qui nous submerge à travers une information à jet continu, se situe à l’opposé d’une approche scientifique respectueuse de la « vérité des faits » et permettant d’appréhender la réalité au travers de la raison (« libido sciendi » de Saint-Augustin), démarche qui sied, en principe, à l’étude sérieuse des relations internationales. Que sont devenus les authentiques cartésiens au pays de René Descartes ? Vers quel monde allons-nous ? Nul ne le sait, y compris chez nos brillants oracles. Il est vrai que les « prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir » comme nous le rappelle l’humoriste Pierre Dac.

Aujourd’hui, les questions ne manquent pas. Oserons-nous opposer l’information au savoir ? Saurons-nous dépasser l’image qui absorbe le regard mais, surtout, neutralise la réflexion sans laquelle rien n’est possible dans une démocratie digne de ce nom ? Aurons-nous le courage de ne plus céder à la tentation facile du panurgisme médiatique et américain ? Tels sont les principaux défis que devront relever les citoyens au XXIe siècle s’ils ne souhaitent pas se transformer en pions d’un totalitarisme médiatique ! Une question de la plus haute importance est désormais aussi sur la table. La liberté d’expression, sans cesse invoquée, n’est-elle plus qu’un leurre ? Les mots ne sont-ils plus désormais que mensonges (Cf. le débat lancé aux États-Unis par Donald Trump sur les informations bidon ou « fake news ») ? Tout semble embrumé dans une langue de bois épaisse. In fine, les crises multiples qui secouent le monde n’auront-elles pas un effet positif sur nos modes d’appréhension de la réalité de notre planète en nous contraignant, lentement mais sûrement, à nous orienter vers la fin des dogmes dans les relations internationales et, peut-être, à imaginer un futur recomposé ?

Notes:

(1) Guillaume Berlat, La mondialisation c’est comme les trains : elle peut en cacher une autre, www.prochetmoyen-orient.ch , 8 août 2016.

(2) Serge Audier (critique de l’ouvrage La démocratie universelle. Philosophie d’un modèle politique de Florent Guénard, Seuil, 2016), La démocratie, ça s’exporte mal, Le Monde des Livres, 9 septembre 2016, p. 8

(3) Simon Leplâtre, Commerce, climat, Brexit, fiscalité : les leaders mondiaux dans le flou, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 3.

(4) 20/20 au G20, Le Canard enchaîné, 22 mars 2017, p. 1.

(5) Éditorial, L’OMC est morte, vive l’OMC !, Le Monde, 13 décembre 2017, p. 25.

(6) Sylvie Kauffmann, La mondialisation en panne, Le Monde, 11-12 septembre 2016, p. 26.

(7) Frédéric Chatillon/Célia Belin (sous la direction de), Les États-Unis dans le monde, CNRS éditions, 2016.

(8) Brice Pedrolotti/Cédric Pietralunga, Au G20, le triomphe des dirigeants autoritaires. Les chefs d’État chinois russe et turc se sont imposés face à des responsables occidentaux affaiblis, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 3.

(9) Isabelle Mandraud, Poutine pousse ses pions au Moyen-Orient, Le Monde, 13 décembre 2017, p. 2.

(10) Guillaume Berlat, L’étrange victoire ou les clés du succès russe en Syrie, www.prochetmoyen-orient.ch , 25 avril 2016.

(11) Yves Aubin de la Messuzière, Monde arabe, le grand chambardement, Plon, 2016.

(12) Marc Semo, Accord américano-russe pour une trêve en Syrie, Le Monde, 11-12 septembre 2016, p. 3.

(13) Claude Angeli, L’imprévisible Poutine rebat les cartes en Syrie, Le Canard enchaîné, 7 septembre 2016, p. 3.

(14) Richard Labévière, Nouvelle donne : Assad et Erdogan bientôt à Moscou, www.prochetmoyen-orient.ch , 5 septembre 2016.

(15) Piotr Smolar, Moscou tente une médiation dans le conflit israélo-palestinien, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 4.

(16) Andreï Gratchev, Un nouvel avant-guerre ? Des hyperpuissances à l’hyperpoker, Alma, 2017.

(17) Guillaume Berlat, Union européenne : un nouveau remake de la SDN ? De Stefan Zweig à Romain Gary, www.prochetmoyen-orient.ch , 9 mai 2016.

(18) Thierry de Montbrial/Thomas Gomart (sous la direction de), Notre intérêt national. Quelle politique étrangère pour la France ?, Odile Jacob, 2017.

(19) Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Albin Michel, 2016, p. 239-240.

(20) Éditorial, L’Europe de la sécurité est une priorité, Le Monde, 9 septembre 2016, p. 22.

(21) Pierre Lellouche, Une guerre sans fin, Cerf éditions, 2017, pp. 207-215.

(22) Didier Modi, Le rêve européen. Autopsie d’un cauchemar, éditions Europolis, 2017.

(23) Hubert Védrine, Sauver l’Europe, Liana Lévi, 2016.

(24) Guillaume Berlat, Varsovie : comme un parfum de guerre froide…, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 juillet 2016.

(25) Mazarine Pingeot, La dictature de la transparence, Robert Laffont, 2016, p. 137.

(26) Mazarine Pingeot, précitée, pp 19-20.

La domination des milliardaires

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La domination des milliardaires

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le dernier Index des milliardaires de Bloomberg, publié juste avant Noël, montre que la fortune des 500 milliardaires les plus riches s'est accrue de 23% l'année précédente, soit de $1 trillion, atteignant la somme global de $5,3 trillons. Cette somme est 4 fois supérieure à ce qu'elle était l'année précédente. Rappelons qu'un trillion représente 1 milliard de milliards. Les non-financiers ont de la peine à se représenter ce à quoi correspond cette somme.

Selon Bloomberg, les milliardaires, en moyenne, ont vu leur fortune s'accroitre de $2,7 milliards par jour, soit pour chacun $5,400,000 par jour ou $225,000 par heure. Dans le même temps, selon les US Centers for Disease Control, l'espérance de vie globale n'a cessé de diminuer aux Etats-Unis.

Pour prendre un autre élément de comparaison, il faut indiquer que $5.3 trillions contrôlés par les plus riches correspondent à 2 fois le PNB (Produit national brut) du Mexique, pays de 128 millions d'habitants. Il s'agit du double des PNB confondus de l'Argentine, du Chili et du Pérou. Le PNB français est environ de 2.276 milliards. (Voir https://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=65&l=fr )

Les Nations Unies estiment qu'il faudrait $30 milliards par an pour éradiquer la faim dans le monde. Or Jeff Bezos, fondateur d'Amazon, a vu sa fortune s'accroitre de $34.2S en 2017. Son gain pour la dernière année correspond aux PNB réunis de la Jamaïque, du Niger et du Zimbabwe, soit 39 millions d'habitants au total

Résignation voire fascination

Les chiffres publiés par Bloomberg n'ont guère suscité d'émotion dans le monde. L'inégalité ainsi révélée entre les 500 milliardaires et les 5 milliards de pauvres est considérée par l'opinion comme allant de soi. Suivre son accroissement suscite de la curiosité, sinon de la fascination, mais pas d'indignation. L'on considère généralement que les fortunes des 500 milliardaires correspond en fait à des services rendus. Or c'est évidemment faux. Il s'agit d'un accaparement du travail fourni par les autres.

Prenons l'exemple de Jeff Bezos, avec Amazon. Cette entreprise, profitant du manque de politiques économiques et fiscales intégrées dans le monde, a réussi à mettre en difficulté, sinon en chômage, des milliers de redistributeurs et producteurs primaires. Certes, une organisation exemplaire au niveau de la gestion par Internet de ses services lui permet généralement de faire jeu égal en termes de services rendus avec les petits commerces locaux. Mais ceci se fait aux dépends des budgets publics.

Amazon, comme l'on sait, ne paie pas d'impôts. Elle ne contribue pas aux dépenses de santé ou d'éducation. Les infrastructures et réseaux de télécommunications qu'elle utilise exclusivement et qui font une grande partie de ses bénéfices, ont été financés par des Etats ou des fournisseurs de service. Il en est de même des réseaux physiques de redistribution qu'elle utilise pour livrer ses produits au plus près des consommateurs finaux. Ce sont également les Etats qui prendront en charge les dizaines de milliers de chômeurs résultant de la concurrence qu'elle leur fait. Enfin, si des petites entreprises réussissaient à se regrouper pour rendre des services en ligne analogues, elles seront vite torpillées par des attaques ciblées de Amazon.

Mais que font les 500 milliardaires de leurs milliards. Une partie va dans les paradis fiscaux, en réserve. Une autre sert à financer des dépenses de luxe, tels les méga-yachts qui n'intéressent que quelques chantiers. Une part sans doute considérable, bien que mal connue, s'investit dans les industries d'armements. Quand l'on sait l'importance des dépenses militaires de certains Etats, notamment des Etats-Unis, on peut penser que les industriels peuvent convenablement rémunérer les prêts que leur consentent les super-riches. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_d%C3%A9p...) Or qui dit dépenses militaires dit victimes par dizaines de milliers (comme actuellement au Yemen ) dont les riches ne se préoccupent évidemment pas, laissant aux populations locales le soin de les prendre en charge.

Des mouvements politiques, comme ici la France Insoumise, n'ignorent évidemment pas ces faits. Les plus optimistes espèrent que des révoltes sociales en profondeur pourront ramener un peu d'égalité. Nous pensons pour notre part que c'est une illusion. Les 500 milliardaires ont tous les moyens policiers et militaires pour faire taire les opposants - sans mentionner les milices privées dont le budget dans certains Etats dépasse celui des forces armées. Si la menace se précisait, ils n'hésiteraient pas à s'en servir froidement .

Source

https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-12-27/world-...

11:01 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, ploutocratie, ploutocrates | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 28 décembre 2017

Trancher le nœud gordien

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Trancher le nœud gordien


Par Emmanuel Leroy

Ex: http://www.lesakerfrancophone.fr

Deuxième colloque de Chișinău (15-16 décembre 2017)


Je voudrais commencer mon intervention, qui sera brève, par cette citation extraite du Deutéronome (chap. XXIII versets 19-20) « Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour aucune chose qui se prête à intérêt ». Exactement le contraire de ce que pense votre banquier et d’une manière plus générale de tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont adhéré à l’idéologie marchande et qui sont convaincus que le « doux commerce » est l’idéologie qui doit mener le monde. Or, ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en laissant la prééminence à la caste des marchands, des banquiers si vous préférez, l’ordre du monde a été renversé. Quand un président de la république a fait sa carrière chez un grand banquier d’affaires et qu’il arrive au pouvoir par un subterfuge, ce n’est pas la fonction régalienne qu’il incarnera, mais la fonction marchande dont il est issu et qu’il servira car il a été mis en place pour cela. Et aujourd’hui, l’immense majorité des dirigeants du camp occidental, quel que soit leur parcours personnel, sont élus pour servir les intérêts, dans tous les sens du terme, de ceux qui ont érigé la dictature de la dette pour tenir les peuples en esclavage.


EmmL.jpgMa plus grande surprise je vous l’avoue est de constater que depuis l’arrêt programmé et contrôlé de l’expérience communiste en Russie, aucune école de pensée n’est apparue, en tout cas sur le devant de la scène, pour proposer une alternative au système occidental dominant. Peut-être est-ce parce qu’il n’y a pas de véritable alternative au système capitaliste, car en définitive, l’idéologie marxiste-léniniste reposait elle aussi sur une conception économiste de la société et relevait elle aussi de cette même erreur fondamentale que son contre-modèle occidental.

Derrière l’idéologie il y a toujours la praxis, aussi bien à Washington qu’à Moscou, hier comme aujourd’hui et aujourd’hui comme demain. Qui peut penser que les États-Unis sont une société libérale quand on sait que c’est le complexe militaro-industriel qui détermine la marche de l’économie dans ce pays comme dans beaucoup d’autres. Et dans l’autre camp, qu’était la nouvelle politique économique de Lénine, la fameuse NEP, si ce n’est la réintroduction de pratiques libérales dans la société soviétique. Quand la très libérale Angleterre entre en guerre contre les Empires centraux en 1914 puis contre Hitler en 1939, c’est tout l’appareil industriel qui est mobilisé pour l’effort de guerre et il n’est plus alors question de saine concurrence et toute la société bande ses muscles dans un effort collectif, j’allais dire collectiviste, où les idéaux d’Adam Smith laissent alors la place à une politique de blocus qui est l’antithèse même du libéralisme. Et plus près de nous, lorsque Vladimir Poutine associe des pans entiers de la société civile dans les exercices militaires ZAPAD 2017 qui se sont déroulés récemment, il prend des libertés avec la doxa libérale dont il s’était pourtant fait le héraut depuis sa première élection au tournant du siècle.

Ces quelques exemples de contradiction idéologique, et on pourrait les multiplier, sont destinés à illustrer mon propos visant à dépasser les conceptions matérialistes du monde, pour leur substituer le retour à une conception classique de l’économie, que l’on pourrait qualifier d’économie organique, c’est-à-dire libérale lorsque les conditions le permettent et contraignante lorsque les circonstances l’exigent. La libre entreprise oui, mais au service de la collectivité. La contrainte oui, si nécessaire, mais au service du bien commun. En un mot, comme en cent, l’économie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux banquiers. Elle doit être libre a priori, sauf contrainte extérieure mais dans tous les cas de figure, l’économie, même libre, doit toujours être orientée et sous contrôle de la puissance régalienne.

Pour ce faire, il y a un impératif absolu qui est de trancher le nœud gordien de l’argent-dette. Pour cela il faudra supprimer le système des banques centrales et de leur interconnexion avec la BRI, la fameuse et mystérieuse Banque des règlements internationaux dont le siège est à Bâle.

Cela ne pourra se faire que par le retour du politique et donc du sacré au premier plan et à la relégation de la fonction marchande à la place qui est la sienne, c’est-à-dire derrière la fonction religieuse et la fonction guerrière. Tant que les marchands du temple n’auront pas été remis à leur place, le monde poursuivra sa course folle vers l’extinction programmée de toutes les ressources de la planète. Mais je vois quant à moi deux lueurs d’espoir qui brillent dans la nuit. La première, et ce n’est pas la moindre, est la résistance que la Russie oppose à l’idéologie occidentale et à ses effets délétères.

La deuxième viendra peut-être d’un petit pays, discret et tranquille mais qui n’a peut-être pas digéré l’humiliation que lui a fait subir le Système, en l’occurrence incarné par les puissantes banques étasuniennes, en mettant à mal son si réputé et si éprouvé système bancaire.

En effet, certains d’entre vous ont peut-être vu passer cette information, toute récente, sur ce que nos amis Helvètes appellent l’INITIATIVE MONNAIE PLEINE.

De quoi s’agit-il ? Oh ! peu de choses en vérité, simplement le retour d’un pays à la souveraineté monétaire, et je ne résiste pas au plaisir de vous lire cet extrait de l’intervention de Madame Ada Marra, députée au Parlement suisse et membre du Parti socialiste :

« L’initiative qui nous est soumise ce matin (…) parle de capitalisme, de systèmes financiers, mais elle porte en elle une dénonciation de ce qu’est devenu notre système financier, que plus personne ou presque ne maîtrise. Qui n’a pas en tête la crise financière de 2008 et le jeu absolument irresponsable et égoïste des banques qui a mené à la précarisation de beaucoup de citoyens ? La Suisse n’a pas été épargnée puisqu’elle a dû, elle aussi, sauver ses banques systémiques avec l’argent de nos… concitoyens. Qui n’a pas en tête l’absurdité du système des pays qui empruntaient aux banques des crédits pour rembourser à ces mêmes banques les intérêts de leurs dettes ? Nous avons là les trois mots d’une catastrophe annoncée si la situation n’est pas maîtrisée : ‘crédits, intérêts, dettes’ ».

« Dans notre système financier, nous avons un hiatus profond et énorme entre l’économie réelle et la financiarisation des activités qui n’ont plus de sens. Si l’une est au service des êtres humains, l’autre se nourrit par et pour elle-même, pour rendre les actionnaires toujours plus riches. Il s’agit de créer de la croissance pour engendrer encore et encore du profit bien mal redistribué… »

« … Quel est le contenu de cette initiative ? D’abord, il y est rappelé l’article 99 alinéa 1 de la Constitution : « La monnaie relève de la compétence de la Confédération ; le droit de battre monnaie et celui d’émettre des billets de banque appartiennent exclusivement à la Confédération. »

Quant à l’alinéa 3, il prévoit que « la Banque nationale constitue, à partir de ses revenus, des réserves monétaires suffisantes, dont une part doit consister en or. »…

« L’initiative vise la chose suivante : transformer le système et préciser dans la Constitution que l’exclusivité de la création monétaire englobe aussi l’argent électronique et que, donc, seule la Banque nationale peut le créer. Plus de création scripturale par les banques privées, et ce afin de prévenir les faillites et les bulles spéculatives. Pour moi, l’un des grands dangers du système actuel énumérés au début serait ainsi évité.  L’initiative a tellement d’effets qu’il est difficile d’en rendre compte en cinq minutes. Mais voici ce que je peux dire en quelques mots : le secteur financier sera de nouveau au service de l’homme et non pas l’inverse ; le système monétaire redeviendra compréhensible. »

Fin de la citation.

Voilà Chers Amis, ce dont je voulais vous faire part. Il est clair que si cette initiative est votée par les Suisses l’année prochaine, ce sera une véritable bombe nucléaire dans l’establishment financier international. Et pour finir sur une autre note optimiste, vous avez remarqué comme moi que depuis quelques petites années le Système occidental ne parlait plus d’une seule voix et que les guerres intestines qu’il se livrait étaient souvent mortelles. Regardez l’affrontement Trump / Clinton, mais aussi la rivalité opposant le Qatar et l’Arabie saoudite, regardez attentivement la guerre entre le dollar et les crypto-monnaies, regardez les Panama et les Paradise Papers, regardez ces pays comme la Turquie qui sont en passe de quitter l’OTAN… et beaucoup d’autres faits signifiants qui témoignent du basculement du monde vers autre chose.

Je pense que les sectateurs de Mammon sont toujours à l’œuvre et pour le même but de domination universelle, mais ils sont en train de se déchirer et de se livrer une guerre totale et sans merci. C’est une fenêtre de tir unique pour repenser le monde et mettre un terme à leur tyrannie, il n’y en aura pas deux.

Emmanuel Leroy

 

L’Europe et la finalité spirituelle de l’Empire

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Les entretiens de Métamag :

L’Europe et la finalité spirituelle de l’Empire

Entretien de Boris Nad (Serbie) avec Robert Steuckers (Belgique)

Traduction de l’espagnol et de l’anglais par Michel Lhomme.

Pour son intérêt incontestable, nous offrons pour Noël aux lecteurs de Métamag un cadeau avec cette traduction inédite d’un entretien d’un penseur de la Nouvelle Droite belge, Robert Steuckers. Nous avions connu cet entretien (avec coupures) en espagnol dans La Tribune du Pays basque puis nous nous sommes rendus compte qu’il avait été réalisé à l’origine en anglais à Bruxelles. Sont réunies ici les deux versions, ce qui donnera au lecteur français le texte complet. Ce sont les idées et l’esprit critique d’où qu’ils soient qui nous importe et les revues Orientations et Vouloir resteront toujours  comme le signe de notre éveil géopolitique. Nous poursuivons avec cette exclusivité Métamag, (entretien complet disponible en français) notre tour d’horizon européen. A cette occasion nous demandons à nos lecteurs francophones de l’étranger de nous aider à élargir internationalement le réseau de nos correspondants pour y publier comme nous le faisons depuis quelque temps avec nos Carnets d’Outre-Rhin des chroniques régulières d’actualité. Nous demandons donc aux bonnes volontés  de contacter le secrétariat de la rédaction. 

Boris Nad est un écrivain serbe, auteur de TheReturn of Myth, Il dirige un site internet. 

Michel Lhomme.

Boris Nad : L’Union européenne, en réalité tout le continent européen, se retrouve aujourd’hui dans une crise profonde. L’impression est que cette crise apparaît d’abord comme le résultat d’une crise des idées. Les idéologies politiques et même celles du libéralisme sont partout critiquées, jugées obsolètes et anachroniques. Et nous pouvons en dire autant de toutes les idées du panorama politique contemporain. Partagez-vous cette impression ?


Robert Steuckers: La première réflexion qui me vient d’abord à l’esprit, c’est celle des articles de Moeller van den Bruck des années vingt. Tous les peuples qui ont adopté et prisé le libéralisme finissent par mourir au bout de quelques décennies parce qu’ils n’ont plus d’immunité organique, ils l’ont perdue. Par conséquent, notons que le libéralisme est d’abord une maladie avant d’être une simple mentalité. Le libéralisme et le modernisme se ressemblent parce qu’ils refusent tous deux d’accepter et de reconnaître les permanences dans la politique de la Cité. Au 17ème siècle, vous aviez encore un certain niveau en philosophie et en littérature qui permettait la Querelle des Anciens et des Modernes, querelle qui revêtit plusieurs aspects, certains d’entre eux pouvant même être considérés comme positifs. A cette époque, il n’y eut jamais de connexion étymologique entre le «modernisme » et le terme français de « mode » c’est-à-dire la « tendance », «être dans le vent », toujours en transition, nomade, mobile, changeant à volonté. Or quand vous considérez que tout ce qui est politique renvoie à des « modes », vous en arrivez forcément à décoller de la réalité qui est, elle, faite d’espace et tissée par le temps. Toutes les nécessités qui dérivent de l’acceptation des limites qu’impliquent l’espace et le temps sont maintenant perçues par les Modernes comme des fardeaux dont on devrait vite se débarrasser. Et, même aujourd’hui,vous ne devez pas seulement vous efforcer de vous en débarrasser mais aussi essayer d’y échapper complètement en les transformant afin de devenir artificiel,virtuel et toujours dans le mouvement, en marche. C’est l’essence même du libéralisme.

Nonobstant, même si le libéralisme trouve ses racines au dix-septième et dix-huitième siècle, il n’a jamais été, du moins jusqu’après la bataille de Waterloo de 1815, un mouvement politique puissant car les conservateurs ou les démocrates chrétiens dans une premier temps, le mouvement socialiste dans les décennies suivantes tempéreront ce déni libéral des réalités spatiales et des permanences. Les partis libéraux officiels, étant en réalité plus libéraux-conservateurs que libéraux proprement dit au sens anglo-saxon du terme, étaient quantitativement plus minoritaires que les deux autres grandes familles politiques européennes et du coup, l’esprit apolitique qui était le fondement de cette idéologie se heurta aux idées des démocrates-chrétiens (malgré la doctrine de l’Eglise) et à celles des sociaux-démocrates (en dépit de leur marxisme édulcoré). Puis, c’est vrai petit à petit, les conservateurs, les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates reprendront nombre d’idées du libéralisme de base.

qNQE606I.jpgLa France fut partiellement épargnée par ce mouvement en raison du caudillisme introduit par De Gaulle en 1958 après la déroute de la Quatrième République, qui était justement intrinsèquement libérale. La personnalité du Général-Président put contenir les Libéraux et la majeure partie d’entre eux se replièrent dans l’ombre non sans phagocyter les partis politiques de sorte que ce ne fut qu’un court répit comme nous le verrons.

Et puis, en 1945, l’Europe était détruite par la guerre. Il lui fallu un petit plus qu’une décennie pour se reconstruire en particulier en Allemagne. Mais dès que les horreurs furent oubliées, l’Europe retrouva de nouveau la puissance économique. La France des années 60, en devenant membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, réclama plus d’indépendance pour l’Ouest. Pour les États-Unis, c’était le moment opportun pour riposter et injecter une plus forte dose de poison libéral dans la classe politique française. Les États-Unis ont une idéologie reposant en fait sur les méthodes d’empoisonnement pour contaminer le monde. Ce n’est pas simplement une idéologie de la table rase, comme celle des Lumières comme on en trouve en Europe de l’Ouest mais c’est surtout une idéologie caractérisée parce rejet puritain de base de tout l’héritage médiéval européen, rejet qui fut soutenu durant les premières décennies du dix-huitième siècle en particulier parle mouvement déiste et les Whigs. Les colons américains développèrent ainsi l’idée d’une mission à accomplir dans le monde qui combinait fanatisme puritain et libéralisme éclairé, une mission apparemment plus souple mais en réalité pas moins radicale dans sa haine contre toutes les traditions ancestrales et les institutions.Ces principes radicaux sous-jacents s’adaptèrent très vite à l’esprit du temps des années 50 et 60 par des officines de pensées dirigées au final par l’OSS (leBureau des Études Stratégiques). Ce dernier fomenta en sous-main la rébellion perverse de Mai 68 qui frappa l’Allemagne aussi bien que la France. Ces deux pays purent encore résister dans les années 70 mais leurs sociétés civiles avaient déjà été contaminées par le bacille qui érodera petit à petit leurs assises psychologiques traditionnelles, leurs mœurs.

fu.jpgUne seconde vague libérale devait alors être déclenchée pour asséner aux sociétés occidentales agonisantes et à leur corps politique malade le dernier souffle. Après l’idéologie de Mai 68, plus ou moins dérivée de l’École de Francfort, une nouvelle arme sera forgée pour détruire l’Europe (et en partie, le reste du monde), une arme encore plus efficace. Cette arme sera l’infâme thatchérisme néolibéral. A la fin des années soixante-dix, le néo-libéralisme (qu’il soit thatchérien ou reaganien) était donc célébré partout comme la nouvelle libération idéologique qui permettait de nous débarrasser enfin de l’État. Ni les démocrates-chrétiens ni les sociaux-démocrates ne purent loyalement résister à la tentation même s’ils rappelaient parfois à leurs partisans que la Doctrine de l’Eglise (basée sur Thomas d’Aquin et Aristote) ou l’interventionnisme socialiste traditionnel était totalement hostile à un libéralisme débridé. Les économistes devinrent alors plus importants que les politiciens. Nous entrons dans ce qu’on appela alors la « fin de l’Histoire », le règne absolu du marché. Pire, le système des partis où les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates s’étaient péniblement hissés, empêcha toute critique rationnelle ou la possibilité d’un quelconque changement, en bloquant le processus démocratique que les réformistes chrétiens ou socialistes prétendaient orgueilleusement incarner à eux tous seuls. L’Europe est effectivement maintenant dans une sombre impasse et paraît incapable d’échapper au libéralisme de Mai 68 aussi bien qu’au néo-libéralisme.Ces forces de transformation semblent incapables de rassembler suffisamment de votes pour pouvoir obtenir un changement de pouvoir effectif. Nous devons prendre aussi en compte le fait que les forces du système ont été au pouvoir depuis maintenant plus de soixante-dix ans et que par conséquent, elles occupent littéralement les institutions à tous les niveaux par la nomination de fonctionnaires officiels qui ne pourront pas être remplacés instantanément en cas d’irruption soudaine d’une nouvelle légitimité populaire. Les défis risquent en tout cas de lancer les nouveaux parvenus dans des domaines qu’ils seront bien incapables de maîtriser.

L’Europe est, comme vous le dites, dans une impasse, une voie sans issue.L’Union européenne a été frappée par une crise politique,économique et migratoire. Puis est apparue la vague de terrorisme. Les partis politiques et les institutions européennes semblent aujourd’hui paralysés. Jusqu’à présent, l’intégration européenne était menacée par des mouvements dit eurosceptiques. Il semble qu’aujourd’hui nous sommes au début d’une vague de sécessionnisme, comme celle de la Catalogne, qui secoue de nombreux pays européens. Quelle est votre opinion là-dessus ?

Certains services secrets outre-Atlantique ont pour finalité politique l’affaiblissement de l’Europe par des attaques régulières non militaires, typiques de la « guerre dite de Quatrième Génération ». Les stratagèmes économiques, les manipulations boursières, sont les tours habituels utilisés par ceux dont l’objectif principal est d’empêcher l’Europe de se développer pleinement, de trouver une meilleure autonomie dans toutes ses affaires politiques et militaires, d’atteindre un niveau de bien-être élevé permettant une recherche développement optimale, en développant de solides relations d’affaires avec la Russie et la Chine. Par conséquent, pour eux, l’Europe doit constamment être touchée, secouée, affectée par toutes sortes de problèmes. Certains donc dans l’ombre s’en chargent.

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La France de Chirac en fut le meilleur exemple, par delà les opérations psychologiques bien connues comme le furent les «révolutions de couleur». La France est encore une puissance nucléaire, mais elle ne peut plus développer cette capacité au-delà d’un certain niveau. Pourquoi ? En 1995, lorsque les expériences nucléaires reprirent dans l’océan Pacifique, en Polynésie, Greenpeace, en tant que mouvement pseudo-écologiste a tout essayé et tout fait pour les torpiller. Sur le territoire français, les grèves paralysèrent le pays, grèves orchestrées par un syndicat socialiste qui avait été anti-communiste dans les années 50 et avait reçu le soutien de l’OSS, le Bureau des Services Stratégiques américains. Les sociaux-démocrates et les syndicalistes socialistes avaient en effet reçu discrètement un soutien atlantiste, un soutien souvent oublié aujourd’hui. En novembre 2005, pour se débarrasser de Chirac, qui avait soutenu en 2003 une alliance fantomatique entre Paris, Berlin et Moscou lors de l’invasion de Bush en Irak, les militants des communautés immigrées africaines, des banlieues grises de Paris, lancèrent une série d’émeutes violentes. Tous dans la rue après un incident mineur qui avait causé accidentellement deux morts dans l’enceinte d’un poste électrique. Finalement, les émeutes se propagèrent à de nombreuses villes comme Lyon et Lille. La France, dans sa situation actuelle, est totalement incapable de rétablir la loi et l’ordre une fois que les émeutes se sont propagées dans plus de trois ou quatre grandes agglomérations. Les émeutes ont donc duré assez longtemps permettant la promotion d’un petit politicien auparavant bien obscur, Nicolas Sarkozy, qui promit d’éliminer les émeutiers dans les banlieues mais qui, une fois au pouvoir, ne fera absolument rien.

Charles Rivkin, ambassadeur des États-Unis en France, est très précisément le théoricien de ces opérations de « guerre de quatrième génération » dont l’objectif fut d’encourager là les communautés immigrées contre la loi et l’ordre en France. Cette stratégie vicieuse n’est possible en France que depuis dix ou douze ans parce qu’aucun autre pays européen ne compte autant d’immigrés parmi sa population. La crise des réfugiés qui a frappé l’Allemagne en 2015 est sans doute le prochain chapitre de la triste histoire de cette submersion programmée et de cette neutralisation stratégique de l’Europe.

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L’Allemagne devra demain faire face aux mêmes communautés violentes que la France d’hier. Le but est évidemment d’affaiblir le pays qui prospère industriellement en raison des excellentes relations commerciales qu’il entretient avec l’Eurasie en général. L’objectif des services secrets britanniques et américains a ainsi toujours été d’éviter tout lien entre l’Allemagne et la Russie. Ainsi, l’Allemagne se trouve aujourd’hui affaiblie par la masse critique des millions de faux réfugiés, masse qui va très rapidement faire s’effondrer les systèmes de sécurité sociale, qui a de plus toujours été la spécificité originale des modèles sociaux allemands (qu’ils soient bismarckiens, nationaux-socialistes, démocrates-chrétiens ou sociaux-démocrates). La déstabilisation complète des sociétés industrielles européennes (Suède, France, Allemagne, Italie et partiellement des Pays-Bas) entraîne donc des changements sociaux et politiques qui prennent parfois la forme de soi-disant «mouvements populistes», mouvements que les médias qualifient alors frénétiquement d’«extrême droite», ou de «néo-fascistes», en vue d’enrayer leur développement. Jusqu’à présent, ces mouvements n’ont pu obtenir une partie importante du pouvoir, puisque les partis conventionnels ont infiltré toutes les institutions (presse, médias, justice, banques, etc.).

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L’Espagne, qui est un pays plus pauvre n’attire pas particulièrement les immigrés et ne les attirera pas car les avantages matériels qui leur sont octroyés sont moins intéressants qu’ailleurs. Aussi,le seul levier possible pour lancer une opération de « guerre de quatrième génération » en Espagne, contre le pays fut d’activer le micro-nationalisme catalan. Si la Catalogne se sépare, l’une des régions les plus industrialisées de l’Espagne historique quittera une communauté politique qui existe depuis 1469 et le mariage d’Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon. Oui,cela signifierait un sérieux revers pour l’Espagne, qui est déjà bien fragile, et qui devra alors dépendre de pays voisins, d’une France par exemple déstabilisée ou d’une Allemagne qui doit faire face maintenant à son propre problème de réfugiés et à l’érosion de son système de sécurité sociale. Cette érosion conduira fatalement à une insatisfaction générale en Allemagne, à un rejet des partis politiques conventionnels et sans doute, à la poursuite de l’ascension du seul parti réellement dissident actuellement, l’AfD avec lequel Merkel ne peut construire une majorité idéologiquement cohérente pour son prochain gouvernement.

Ma position est donc de dire que tous ces problèmes qui mettent actuellement en péril l’avenir de l’Europe ne se sont pas produits par une pure coïncidence.Tous me paraissent liés entre eux même si, en disant cela, je serais inévitablement accusé de manipuler une «causalité diabolique» ou d’adhérer à des «théories du complot».

Cependant, je ne considère pas le Diable comme un être surnaturel, j’utilise simplement le mot comme une image facile pour stigmatiser les vraies forces et les puissances cachées qui tentent de façonner le monde en fonction de leurs propres intérêts. Or sur cet échiquier, les Européens ne peuvent pas à la fois détecter l’ennemi et défendre leurs propres intérêts.

RS-EEcover.jpgEn 2016, vous publiez en anglais votre livre The European Enterprise: Geopolitical Essays. Vous y explorez brillamment les fondements historiques, culturels et spirituels des grands empires européens,à savoir le début du Reich, qui n’est pas du tout l’équivalent pour vous du mot français « nation » et vous estimez que le développement naturel de l’Europe a été entravé ou détourné par la « civilisation occidentale ». Vous accordez aussi une attention toute particulière dans ce livre au « thème russe », à l’espace russe et au concept d’Eurasie. Pourquoi cet espace est-il nécessaire à l’ère de la mondialisation et alors que les États-Unis tentent d’imposer leur hégémonie mondiale ou de « globaliser » leur propre modèle politique et économique ?


En fait, j’ai exploré et continuerai d’explorer le passé européen car l’amnésie est la pire maladie qu’un corps politique puisse souffrir.On ne peut penser à l’Europe sans penser simultanément à la notion d’Empire et à la soi-disant «forme romaine» de celui-ci. Carl Schmitt était bien conscient d’être l’héritier de la«forme romaine», qu’elle soit païenne, impériale ou catholique, héritée de la «nation allemande ». Actuellement, personne ne nie l’importance de Schmitt dans le domaine de la théorie politique. Certains cercles de la nouvelle gauche américaine, comme ceux de la revue Telos ont même encouragé la lecture de ses œuvres outre-Atlantique au-delà de ce qu’auraient pu en rêver les rares étudiants allemands des travaux de Schmitt. L’Empire romain était situé géographiquement et hydrographiquement entre la mer Méditerranée et le Danube: la « Mer du Milieu » assurait la communication entre la Vallée du Rhône et l’Egypte, entre la Grèce et l’Hispanie tandis que les méandres du Danube reliaient le sud de l’Allemagne à la mer Noire et au-delà à cette zone pontique de la Colchide et de la Perse légendaire, plus tard mythifiée par l’Ordre équestre de la Toison d’Or,créé par Philippe, duc de Bourgogne en 1430. Après la chute de l’Empire romain, il y eut la fameuse « translatio imperii adFrancos », le transfert de puissance aux Francs et plus tard, après la bataille de Lechfeld en 955 une « translatio imperii ad Germanos », une translation de puissance aux Germains. La partie centrale de l’Europe devint ainsi le noyau de l’Empire, centré désormais sur le Rhin, le Rhône et le Pô.

athosdrap.jpgL’axe du Danube a été coupé au niveau des « Portes de Fer », par delà lesquelles la zone byzantine s’étendait vers l’Est. L’Empire byzantin était l’héritier direct de l’Empire romain: là, la légitimité n’y fut jamais contestée. La communauté du mont Athos est un centre spirituel qui a pleinement été reconnu tout récemment par le président russe Vladimir Poutine.L’Empire romain-germanique (plus tard austro-hongrois),l’Empire russe comme héritier de Byzance et la communauté religieuse du Mont Athos partagent les mêmes symboles, celui du drapeau d’or avec un aigle bicéphale noir, vestige d’un vieux culte traditionnel perse où les oiseaux assuraient le lien entre la Terre et le Ciel, entre les hommes et les Dieux. L’aigle est l’oiseau le plus majestueux qui vole dans les hauteurs les plus élevées du ciel, et il est devenu évidemment le symbole de la dimension sacrée de l’Empire. Ainsi vivre dans les cadres territoriaux d’un Empire signifie d’abord accomplir une tâche spirituelle: établir sur la Terre une harmonie semblable à celle qui gouverne l’ordre céleste. La colombe qui symbolise l’Esprit Saint dans la tradition chrétienne avait en fait la même tâche symbolique que l’aigle dans la tradition impériale: sécuriser le lien entre le royaume ouranien (l’Uranus grec et la Varuna védique) et la Terre (Gaïa).

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En tant que membre d’un Empire, je suis bien obligé de consacrer toute ma vie à essayer d’atteindre la perfection de l’ordre apparemment si parfait des orbes célestes. C’est un devoir ascétique et militaire présenté par l’archange Michel, une figure également dérivée des êtres hommes et oiseaux de la mythologie perse que les Hébreux ramenèrent de leur captivité à Babylone. L’empereur Charles Quint a essayé d’incarner l’idéal de cette chevalerie malgré les petits péchés humains qu’il commit sciemment durant sa vie, certes il demeura pécheur mais comme tout un chacun et consacrera au contraire tous ses efforts à maintenir l’Empire en vie, à en faire un mur contre la décomposition, ce qui est précisément la tâche du « katechon » selon Carl Schmitt.Personne mieux que le Français Denis Crouzet n’a décrit d’ailleurs cette tension perpétuelle et intérieure que l’Empereur vivait dans son merveilleux livre, Charles Quint. Empereur d’une fin des temps, publié aux Editions Odile Jacob en 2016 .

Je relis encore et encore ce livre très dense parce qu’il m’aide à clarifier ma vision du monde impériale et à mieux comprendre ce que Schmitt voulait dire quand il considérait l’Église et l’Empire comme des forces «katechoniques ». Ce chapitre est loin d’être fermé. Ainsi, Crouzet explique dans son livre que la Réforme allemande et européenne voulait « précipiter » les choses, aspirant à expérimenter en même temps et avec violence l’« eschaton », la fin du monde. Cette théologie de la précipitation est le premier signe extérieur du modernisme.Luther, d’une manière plutôt modérée,et les autres acteurs de la Réforme, d’une manière extrême, souhaitaient la fin du monde (la fin d’une continuité historique) qu’ils considéraient comme profondément infecté par le mal. Charles Quint, explique Crouzet, avait, lui, une attitude impériale de « katechon » (de résistance, d’endiguement). En tant qu’empereur et serviteur de Dieu sur Terre, il se devait d’arrêter le processus de l’« eschaton » pour préserver ses sujets des afflictions de la décadence.

iconoclchromo.jpgAprès Luther, les éléments puritains extrémistes de la Réforme du nord de la France, des Pays-Bas, de Münster et de Grande-Bretagne feront en sorte que cette « théologie de la précipitation » soit encore plus virulente, dans l’Angleterre anglicane mais aussi dans le « royaume protestant » des Treize Colonies d’Amérique du Nord, comme en témoignent les événements tragiques de l’époque: la décapitation du roi Charles Ier due à la révolution puritaine de Cromwell. Cette façon de voir l’histoire comme une malédiction profonde a été transmise aux Pères fondateurs des futurs États-Unis. Avec la tradition déiste en Angleterre et la tradition politique Whig en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord, cette « théologie de la précipitation » se rationalisera perfidement en se donnant un vernis progressiste, celui des Lumières qui culminera dans le plan du président Wilson visant à purger le monde du mal. La « philosophie de la précipitation » (et non la « théologie ») des philosophes français conduira à une eschatologie politique laïque sous l’ombre tutélaire de la guillotine, sous laquelle tous ceux qui soi-disant freinaient le processus devaient périr préventivement et avoir la tête coupée. Après Wilson, plusieurs diplomates américains vont forger des principes qui empêchent que la souveraineté en propre des États puisses’exprimer par le biais de projets programmatiques avec ou sans guerres.

Depuis l’effondrement du système soviétique, la « théologie de la précipitation », déguisée de manière rationnelle, redeviendra une fois de plus absurde.On en connaît déjà les résultats: la catastrophe dans les Balkans, l’impasse en Irak, une guerre interminable en Syrie et en Afghanistan. La « théologie de la précipitation», caractéristique du monde occidental, du monde dirigé par l’hémisphère occidental, par la « coalition » ou par les royaumes d’Europe de l’Ouest ou d’Europe centrale, n’offre aucune solution viable aux problèmes qui se posent au monde inévitablement imparfait puisque placé sous les yeux d’Uranos ou la tutelle des Cieux. Les vues de Charles Quint au contraire consistaient à ralentir le processus et à diriger des opérations militaires modérées contre les rebelles. C’était de toute façon la meilleure posture à tenir.

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Dans les années 1990, j’ai découvert aussi que la Chine et de nombreux autres pays asiatiques développaient une autre façon d’harmoniser les relations internationales, excluant, entre autres, le principe post-wilsonien d’intervenir violemment dans les affaires des autres pays. C’est le principe adopté non seulement par la Chine de Xi Ping aujourd’hui mais aussi par Poutine et Lavrov. L’alternative chinoise exclut, par exemple, la politique de « changement de régime » qui a plongé l’Irak et la Syrie dans d’atroces guerres civiles que les précédents régimes baasistes avaient sagement éviter, quoiqu’ils étaient sans pitié. Mais n’est-il pas préférable d’avoir un régime « katechon » implacable, bien qu’imparfait, que de voir des centaines de milliers d’innocents tués dans des attaques insensées, des bombardements ou des massacres talibans ou salafistes ? La « théologie de la précipitation » des États-Unis post-puritains, néo-wilsoniens et des musulmans salafistes a créé le chaos dans des pays qui d’une certaine façon avant eux étaient tranquilles. D’ailleurs, Luther lui-même n’avait-il pas averti ses contemporains que le Diable pouvait user du langage théologique(ou d’une « novlangue ») pour tromper le peuple ?

Merezhkovsky.jpgAinsi, la Russie est importante dans cette trame générale d’une interprétation historique du « katechon » car elle est l’antidote à « la folie eschatologique ». La Russie est l’héritière de Byzance mais aussi l’héritière directe de la « Forme romaine ». Elle était considérée comme le bastion du conservatisme avant 1917, même si ce conservatisme fut fossilisé par Konstantin Pobiedonostsev comme a pu l'observer Dmitri Merejkovsky qui rejetta par la suite tous les aspects démoniaques de la révolution russe. La Russie n'a pas expérimenté le même traumatisme que l'Europe au 16ème siècle avec la Réforme et les guerres de religion, les destructions perpétrées par les iconoclastes; elle a ensuite été préservée des sottes philosophies déistes des Whigs anglais ou des folies des Lumières françaises du 18ème siècle. Cela ne veut pas dire, comme l'entend la vulgate occidentaliste, que la Russie est un pays arriéré: Catherine II était une impératrice animée par l'idéologie des Lumières, mais des Lumières dites "despotiques" et, par voie de conséquence, pragmatiques et constructives. Elle fit de la Russie une grande puissance. Alexandre I était animé par des idées religieuses traditionnelles et apaisantes, que nous devrions réétudier attentivement aujourd'hui, surtout après le désastre syrien. Alexandre II a modernisé le pays à grande vitesse à la fin du 19ème siècle et a pu éliminer tous les handicaps imposés à la Russie après le Traité de Paris de 1856 qui mit fin à la guerre de Crimée. En fin de compte, la Russie, à la notable exception des premières décennies du régime bolchevique, semble avoir été immunisée contre la toxicité dangereuse que constitue la "théologie de la précipitation".

Finalement les hommes d'Etat et les diplomates russes ont été davantage inspirés par le style byzantin de développer des stratégies lentes de joueurs d'échecs plutôt que par cette précipitation qui veut des vengeances immédiates ou commet des agressions délibérées. Ce style byzantin et la notion chinoise et confucéenne de l'harmonie peuvent nous servir aujourd'hui comme modèles alternatifs et pragmatiques dans un monde occidental précipité dans la confusion générée par les médias propagandistes qui ne cessent de véhiculer une forme ou une autre, moderniste et post-puritaine, de la "théologie de la précipitation". Par voie de conséquence, l'idée eurasiste, pourvu qu'elle s'aligne sur les idées "katechoniques" et rétives à toute précipitation théologique, telles celles qui animaient Charles-Quint dans la gestion de son Empire avant d'affronter les Ottomans, est la seule réelle alternative dans un monde qui, autrement, serait géré et perverti par une superpuissance qui aurait pour seuls principes ceux qui excitaient jadis les adeptes les plus fous de la "théologie de la précipitation", dont les "Founding Fathers".

J'ajouterais que toute théologie ou idéologie de la précipitation ne s'exprime pas nécessairement par toutes sortes de fadaises et de prêches millénaristes et pseudo-religieux pareils à ceux qui sont débités par exemple en Amérique latine mais peuvent tout aussi bien s'exprimer à la façon d'un fondamentalisme économique comme l'est la folie néolibérale qui afflige l'Amérique et l'Europe depuis la fin des années 1970. Ensuite, tout puritanisme, dans ses excès de pudibonderie, peut s'inverser complètement, se muer en son contraire diamétral, basculer dans la débauche postmoderniste, ce qui explique que les millénaristes, les femens, les "pussy rioters", les salafistes, les banksters néolibéraux, les détenteurs des grands médias, les fauteurs de révolutions colorées, etc. suivent tous, en dépit de leurs différences de déguisements, le même programme de "guerre de quatrième génération" sur l'échiquier international. Le but est de détruire tous les barrages érigés par la civilisation et que doivent défendre les figures katechoniques ou les "Spoudaios" aristotéliciens. Nous devons nous définir nous-mêmes comme les humbles serviteurs du Kathechon contre les manigances prétentieuses et malsaines des "précipitateurs". Cela signifie qu'il faut, dans tous les cas de figure, servir les pouvoirs impériaux et lutter contre tous les pouvoirs qui ont été pervertis par les théologies ou les idéologies de la précipitation. Aujourd'hui, cela signifie opter pour une voie eurasiste et rejeter toute voie atlantiste.

Q.: Vous soutenez l'Eurasisme. Cela vous distingue clairement de ceux qui ont opté pour des positions nationalistes fortes ou de nombreux penseurs ou pseudo-penseurs qui se disent de droite. Votre pensée géopolitique est, comme vous le dites vous-mêmes, une réponse aux idées formulées par le stratégiste américain Brzezinski mais elle est aussi profondément enracinées dans la tradition européenne. Pouvez-vous nous expliquer brièvement quelle est votre conception de la géopolitique?

OH-russie.jpgA.: Vous pouvez bien entendu me compter parmi les soutiens d'u néo-eurasisme mais les racines de mon propre eurasisme sont peut-être assez différentes de celles généralement attribuées à l'eurasisme traditionnel ou au nouvel eurasisme russe. Quoi qu'il en soit, ces perspectives différentes ne se heurtent pas comme si elles étaient antagonistes; bien au contraire, elles se complètent parfaitement afin de promouvoir une résistance mondiale anti-système. Ce qui est important quand on veut développer un mouvement eurasiste fort, c'est d'avoir simultanément une large vision de l'histoire de chaque composante politique et historique des vastes territoires de l'Europe et de l'Asie et de se donner pour tâche d'étudier cette histoire bigarrée en y recherchant des convergences et non en cherchant à raviver des antagonismes. Cette méthode avait déjà été préconisée par le Prof. Otto Hoetzsch dans les années 1920 et 1930 pour l'Europe occidentale et la Russie.

Voilà pourquoi le premier pas à franchir serait de trouver, aussi loin que possible en amont dans l'histoire, des convergences entre les puissances ouest-européennes et la Russie en tant qu'entité territoriale eurasienne. Pierre le Grand, comme vous le savez, à relier la Russie à l'Europe en ouvrant une fenêtre sur la Mer Baltique, ce qui a malheureusement conduit à une sale guerre avec la Suède au début du 18ème siècle. Mais après les vicissitudes de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), la France, l'Autriche et la Russie sont devenues des alliées et le territoire de ces trois royaume et empires s'étendait de l'Atlantique au Pacifique, ce qui en faisait une alliance eurasienne de facto. Leibniz, qui n'était pas qu'un philosophe et un mathématicien mais aussi un diplomate et un conseiller politique, était méfiant à l'égard de la Russie dans un premier temps, parce qu'elle était une nouvelle puissance qui bouleversait l'échiquier européen et pouvait s'avérer un "nouveau khanat mongol" ou une "Tartarie" menaçante. Dans un second temps, il percevait la Russie du Tsar Pierre et ses développement comme bénéfiques: pour Leibniz, la gigantesque Russie devenait le lien territorial nécessaire pour permettre les communications entre l'Europe et les deux grands espaces civilisationnels qu'étaient à l'époque la Chine et l'Inde, dont le niveau de civilisation était nettement plus élevé que celui de l'Europe des 17ème et 18ème siècles, comme l'expliquent des historiens contemporains comme Ian Matthew Morris au Royaume-Uni (in: Why the West Rules – For Now…) et l'Indien Pankaj Mishra qui enseigne en Angleterre (in: From the Ruins of the Empire and Begegnungen mit China und seinen Nachbarn).

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Quoique Pankaj Mishra se présente comme le typique idéologue tiers-mondiste affichant clairement son ressentiment contre l’Occident, et plus spécialement contre la vielle domination coloniale britannique. Durant la courte période où la France, l’Autriche et la Russie furent des alliés, un eurasisme avant la lettre fut en quelque sorte initié par la mise en place d’une puissante flotte française développée pour venger l’humiliante défaite de Louis XV au Canada et en Inde. Durant la Guerre de Sept ans, l’exploration de l’Océan Pacifique par les capitaines de mer russes et français, les efforts communs de l’Autriche et de la Russie pour libérer les Balkans et la côte nord de la Mer Noire du joug ottoman, avec, pour résultat, la conquête de la Crimée qui permis d'installer la première grande base navale russe dans l’aire pontique.

OB-HL.jpgLa flotte française qui battit en 1783 l’Angleterre en Amérique du Nord permit la complète indépendance des États-Unis. La Russie put alors conquérir l’Alaska, établir un comptoir en Californie et envisager une alliance hispano-russe dans le Nouveau Monde. Les marins russes purent accoster dans les îles Hawaii et les offrir à leur Tsar. A leur niveau, les expéditions françaises dans le Pacifique furent fructueuses et personne n’oubliera jamais que Louis XVI quelques minutes avant de monter les marches qui le conduisirent à l’échafaud, demanda des nouvelles de La Pérouse, qui s’était perdu en explorant les eaux du Pacifique. Ce premier dessein eurasien avant la lettre fut torpillé par les Révolutionnaires français payés et excités par les Anglais et les services secrets de Pitt, comme le raconte bien l’historien Olivier Blanc dans Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, livre publié en 1989. Pitt voulait effectivement se débarrasser d’un régime qui en promouvant le développement d’une flotte pourrait entraîner le développement d’une politique internationale française concurrente de l’Angleterre.

Le deuxième projet eurasien avant la lettre fut la très brève « Sainte Alliance » ou« Pentarchie » créée après le Traité de Vienne en 1814. Elle permit l’indépendance de la Grèce mais échoua avec celle de la Belgique quand l’Angleterre et la France aidèrent à dissoudre les Provinces unies du Pays-Bas.Puis, la « Sainte Alliance » s’écroula définitivement quand la guerre de Crimée commença puisqu’on vit alors deux puissances occidentales de la Pentarchies’affronter côte à côte contre la Russie. Un mouvement anti-occidental se diffusa alors largement en Russie et ses idées de base se retrouvent clairement exposées dans le livre politique de Dostoïevski, Journal d’un écrivain écrit après son exil sibérien et la guerre russo-turque de 1877-78. Ainsi, l’Ouest complote sans arrêt contre la Russie et la Russie doit se défendre elle-même contre ces tentatives constantes d’éroder son pouvoir et sa stabilité intérieure.

Mais aujourd’hui, l’Eurasie revient en force

Deux livres importants ont été publiés ces dernières années qui pourraient être les livres de chevet de tous ceux qui sont animés par l’idée eurasienne : celui du Prof. Christopher I. Beckwith, Empires of the Silk Road – A History of Central Eurasia from the Bronze Age to the Present (2009)

 et l’autre de Peter Frankopan, The Silk Roads – A New History of the World (2015).

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L’ouvrage de Beckwith (non traduit en français) nous présente le panorama le plus complet de l’histoire de l’Eurasie : j’ai conservé dans ma tête l’essentiel des idées de ses chapitres captivants et premièrement le fait que dans un passé finalement très proche les tribus de cavaliers indo-iraniens inventèrent des formes d’organisation qui déterminèrent tous les schémas d’organisation future des royaumes et des empires de la route de la Soie. Ensuite, dans un second temps, Beckwith démontre que les temps et les idéologies modernes détruisirent complètement les réalisations sublimes des royaumes d’Asie centrale. Aussi un nouvel eurasisme aura-t-il la grande tâche de restaurer l’esprit qui permit cet extraordinaire achèvement culturel à travers les âges. Le Professeur Beckwith maîtrise une bonne douzaine de langues modernes et anciennes ou qui ont été parlées en Asie centrale, il possède une formidable connaissance de la région qui lui permet de comprendre plus minutieusement les vieux textes et surtout d’en saisir l’esprit qui permit la prospérité des royaumes et des empires.

Le livre de Peter Frankopan  est plus factuel, moins dense mais il permet aussi de critiquer l’attitude arrogante de l’Occident en particulier contre l’Iran. Les chapitres de ce livre dédiés à la vieille Perse et à l’Iran moderne permettrait à nos diplomates d’acquérir de bonnes bases pour engager une coopération nouvelle avec l’Iran, à condition bien sûr, que les Européens abandonnent et renoncent totalement aux lignes directrices dictées par l’OTAN et les ♫4tats-Unis. Ainsi, l’eurasisme vous contraint-il à étudier avec plus d’attention précisément l’Histoire plutôt que les politiques menées actuellement par l’Occident dans le monde. Les faits ne peuvent être ignorés ou simplement balayés parce qu’ils n’entreraient pas dans les schèmes de l’interprétation superficielle des Lumières. Les puissances occidentales s’en sont pris couramment à ces faits en provoquant en même temps sur le terrain une concaténation de catastrophes. De fait, l’acceptation intellectuelle de l’excellence du passé et du présent de l’Asie et des traditions d’Asie centrale et la volonté de pacifier cet immense territoire qui git entre l’Europe occidentale et la Chine nous conduit à dénoncer le projet de Brezinski qui consiste à vouloir finalement porter une guerre permanente dans la région (exactement comme Trotski avait théorisé en son temps la « révolution permanente »). D’ailleurs tous les néoconservateurs sont d’anciens trotskistes ! Nous nous devons de favoriser ce projet chinois de la Nouvelle route de la Soie, du One Belt, One Road , le plus sérieux de tous les projets en cours du vingt-et-unième siècle.
 
Aujourd’hui, les États-Unis eux-mêmes traversent une crise profonde. Trump et le Trumpisme n’en sont certainement pas la cause mais les conséquences. D’un autre côté, avec la montée de la Russie et de la Chine, la situation géopolitique du monde a  changé, le monde n’en a plus pour longtemps à être unipolaire. Hal Brands dans ses notes aux conférences Bloomberg a souligné que la politique étrangère américaine avait atteint ses limites et même son point historique critique, que le projet de la mondialisation de son modèle politique présente des failles, que le seul but des États-Unis dans le futur sera néanmoins de défendre l’ordre libéral. En d’autres termes, le temps de l’hégémonie américaine approche de sa fin, et les événements du Proche-Orient, de Syrie en particulier parlent plutôt en sa faveur ?
 
Ce n’est pas une remarque qui lui est propre mais un constat général amplement partagé par tous ceux qui réfléchissent un peu. La crise des États-Unis qui se déroule actuellement peut s’expliquer par l’inadéquation de la base idéologique et religieuse de son « État profond » devant la pluralité des visions du monde actuelles ou potentielles. Ce mélange de puritanisme, de déisme et de wilsonisme qui a fait la force incroyable des États-Unis durant le vingtième siècle, cette base puritaine du protestantisme radical, vu aussi en Hollande ou dans l’histoire britannique au temps des iconoclastes de Cromwell ne sont plus efficients. La mentalité de ces protestants radicaux se résumait à un rejet sauvage des héritages du passé et à une volonté d’éradiquer tout ce qui était jugé « impur » ou appartenant à un « mauvais passé » soit exactement les mêmes positions que développent actuellement les Wahhabites au Moyen-Orient.

Si vous partagez de telles vues, vous vous lancez effectivement dans une guerre éternelle contre le monde entier. Mais cette guerre est à la longue pratiquement impossible à terminer sur le long terme. Des résistances émergeront fatalement et quelques pays ou des aires de civilisation apparaîtront toujours, se lèveront comme des barrages, comme des résistances surtout si ces aires ont assez de pouvoir ou d’espace pour empêcher l’invasion c’est-à-dire si elles peuvent offrir une « masse » suffisante, comme l’écrivait Elias Canetti, pour résister sur le long terme. Même si l’Afghanistan fut une « masse » capable de résister, elle ne put empêcher l’invasion. Mais la Russie et la Chine peuvent réellement ensemble offrir cette « masse ». La lutte sera néanmoins rude puisqu’on constate que l’Amérique latine, par exemple, membre pourtant des Brics a plus ou moins été obligée dernièrement de se rendre ou de changer de position. Le Venezuela subit une « révolution de couleur » qui risque de le ramener bientôt dans le giron du soit disant pré-carré américain.

Seal_of_the_United_States_Africa_Command.svg.pngDans un futur proche, les États-Unis essaieront à tout prix de conserver leur domination sur l’Europe de l’Ouest (même si d’un autre côté, ils tentent aussi de la fragiliser encore plus par les vagues migratoires incontrôlées et les initiatives de Soros), ils feront aussi tout pour asseoir leur domination sur l’Amérique latine et plus particulièrement sur l’Afrique, où ils développent une nouvelle forme d’impérialisme original à travers l’AFRICOM, une structure de commandement conçue justement pour endiguer les Chinois et faire sortir les Français de leur Françafrique tout en enjoignant à ces derniers de participer au processus militaire de leur propre neutralisation ! Nonobstant, cette politique internationale est condamnée à l’échec parce que l’ubiquité du contrôle total qu’elle suppose demeure impossible à tenir sur la base de seulement 350 millions de contribuables.

Ainsi, une «masse » a bien été utilisée jusqu’à la fin des années 90 et elle a permis à la superpuissance Atlantique de lancer de grands programmes de recherche militaire et civile, programmes qui furent réellement profitables à l’Amérique à tous les niveaux et sur un temps suffisamment court pour consolider réellement le pouvoir militaire de Washington et lui permettre d’être toujours devant ses opposants. Mais 350 millions de consommateurs et de contribuables ne sont plus suffisants maintenant pour soutenir une telle compétition.

Le projet d’une Big Society qui aurait pu donner aux citoyens américains un système de sécurité sociale comme en Europe fut réduit à néant par la guerre du Vietnam. Les reaganomics ultralibérales ruinèrent les banlieues industrielles comme Detroit. Progressivement, la société américaine est devenue instable, les conflits raciaux et l’omniprésent problème de la drogue rendent la situation de plus en plus compliquée. Ces deux questions mises ensemble peuvent d’ailleurs nous faire croire que les initiatives de Soros en Europe visent à créer délibérément une situation similaire de guerre civile en Europe et même en pire de sorte que les nations européennes ne pourront jamais remettre en question l’ancienne superpuissance de l’Ouest. La question de la drogue est un très sérieuse problème si vous gardez à l’esprit que les drogues furent introduites dans les années 60 par les forces spéciales de la CIA présentes au Laos et en Birmanie. Les forces spéciales américaines autorisèrent les opposants chinois à semer leurs graines de pavot dans la perspective de pouvoir financer des insurrections nationalistes en Chine maoïste.
 

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Les services secrets soutenaient ainsi le trafic de drogue parce qu’il permettrait de financer indirectement la guerre du Vietnam que de son côté, le Congrès désapprouvait par des votes de budget hostiles. Drogues, conflits domestiques sans solution dans des zones de mixité raciale et mesures néolibérales extrêmes de l’économie de Reagan furent catastrophiques pour la désagrégation interne de l’Etat américain et ce sont toutes ces dépenses qui laissent aujourd’hui l’Amérique exsangue, créant en plus chez elle une culture de camé, (une Junk culture ) dont ils ne peuvent même plus aujourd’hui se passer. Les pays qui seront demain forts seront ceux qui résisteront à cette culture de et qui en la rejetant auront du ressort moral. Toutes les autres périront lentement.
 
Vous avez appris le russe et vous étudiez toujours la culture russe. En outre, dans vos recherches, vous accordez une attention particulière aux traditions et aux groupes ethniques de l’Europe de l’Est. Par exemple, les Scythes, le groupe ethnique indo-européen qui habitait la steppe eurasienne, au sud de la Russie, qui est extrêmement important dans l’ethnogenèse des Slaves. Les cultures slaves, y compris les Serbes et les Slaves des Balkans, n’ont effectivement malheureusement pas été suffisamment étudiées en Europe occidentale. Avez-vous l’impression que le patrimoine slave est non seulement méconnu, mais qu’il est aussi systématiquement réprimé et sous-estimé en Europe occidentale?

Hélas, je n’ai jamais correctement appris le russe, mais il est vrai que quand j’étais adolescent, mes amis et moi avons été séduits par l’histoire russe et fascinés par la conquête de la Sibérie, de l’Oural à l’Océan Pacifique. Lorsque j’ai commencé à publier mes œuvres au début des années 1980, j’étais profondément influencé par une tendance culturelle et politique allemande qui avait émergé quelques années auparavant. Cette tendance avait pris en compte les éléments nationalistes des mouvements de gauche depuis le 19ème siècle et aussi toutes les traditions diplomatiques qui avaient favorisé une alliance entre l’Allemagne et la Russie (puis l’Union Soviétique). Les Allemands, mais aussi les peuples du Bénélux, étaient choqués et meurtris que l’armée américaine ait déployé des missiles meurtriers en Europe centrale, forçant les Soviétiques à faire de même pour qu’en cas de guerre, l’Europe centrale soit bombardée de manière fatale. Personne ne pouvait accepter une telle politique et le résultat en fut la naissance du mouvement pacifiste neutraliste qui dura jusqu’à la chute du mur de Berlin et qui permit à l’époque d’incroyables convergences entre les groupes de gauche et les groupes conservateurs ou nationalistes.

Dans le cadre de ce mouvement, nous commençons à traduire ou résumer des textes ou des débats allemands pour montrer que l’histoire aurait pu être différente et que la volonté d’analyser le passé avec des yeux différents pourraient nous ouvrir aussi d’autres perspectives pour un avenir distinct. Nous n’avons pas réduit notre recherche aux seules questions allemandes, mais l’avons ensuite élargie pour voir les choses d’un point de vue encore plus «européen». Je réalisais effectivement que l’Histoire avait été réduite à l’histoire de l’Europe occidentale, ce qui était un réductionnisme intellectuellement inacceptable que je pus détecter assez tôt en lisant des livres sur les pays d’Europe de l’Est, en rédigeant un mémoire à la fin de mes études secondaires.

Mes amis et moi, nous ne réduisions pas nos lectures à l’histoire contemporaine, mais nous les étendions aussi à l’histoire médiévale et ancienne.

slavescànte.jpgEt c’est ainsi que nous fûmes attirés par les Scythes, surtout après avoir lu un livre de l’historien français Francis Conte où il nous rappelait que les origines de nombreux peuples slaves remontaient non seulement aux tribus slaves mais aussi aux cavaliers Sarmates, y compris ceux qui les avaient nourris auparavant, la cavalerie des légions romaines.

L’élément Sarmate n’est pas seulement important pour les peuples slaves, mais aussi pour l’Occident, qui a essayé d’éliminer ce patrimoine de la mémoire collective. Les historiens britanniques, avec l’aide de leurs collègues polonais, admettent maintenant que les cavaliers Sarmates sont à l’origine des mythes arthuriens celtiques, puisque la cavalerie romaine en Grande-Bretagne occupée était composée majoritairement et principalement de cavaliers Sarmates. L’historien allemand Reinhard Schmoeckel a émis l’hypothèse que même les Mérovingiens, dont descend Chlodowegh (Clovis pour les Français), faisaient partie des Sarmates et n’étaient pas purement germaniques.

En Espagne, les historiens admettent facilement que parmi les Wisigoths et les Souabes qui ont envahi la péninsule, les tribus germaniques étaient accompagnées d’Alains, un peuple de cavaliers de la Caspienne et du Caucase. Les traditions qu’ils ont rapporté en Espagne sont à l’origine des ordres de chevalerie qui ont beaucoup aidé à mener la Reconquête. Comme vous le dites, tout cela a été bien négligé, mais maintenant les choses sont en train de changer. Dans mon bref essai sur les auteurs géopolitiques à Berlin entre les deux guerres mondiales, je me souviens d’un pauvre professeur sympathisant qui avait tenté d’élaborer une nouvelle historiographie européenne en tenant compte de ces éléments orientaux, mais dont la collection impressionnante de documents fut complètement détruite par les bombardements durant la bataille de Berlin en 1945. Son nom était Otto Hoetzsch. C’était un philologue slave, traducteur officiel (en particulier lors des négociations du traité de Rapallo de 1922) et historien de la Russie. Il en a appelé à une historiographie européenne commune qui soulignerait les similitudes plutôt que les différences qui conduisirent aux conflits catastrophiques tels que les guerres germano-russes du XXe siècle. J’ai écrit que nous devons tous suivre ses traces. Je suppose qu’en tant que serbe, vous serez d’accord !

Islamabad et la lutte contre le terrorisme

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Islamabad et la lutte contre le terrorisme

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Pakistan avait été accusé le 21 août 2017 par Donald Trump de soutenir le terrorisme. Islamabad, par la voix du ministère des affaires étrangères, avait qualifié le lendemain de  décevantes les critiques américaines. Celles-ci  « ignorent les énormes sacrifices de la nation pakistanaise » dans la lutte contre le terrorisme.

Il est indéniable que le Pakistan, qui comporte en son sein de très nombreux groupes approchés par le terrorisme islamique, n'est nulle part considéré comme un agent très actif du contre-terrorisme. Ceci n'a pas empêché la tenue à Islamabad les 20-22 décembre d'une conférence régionale sur le terrorisme. Y participaient des parlementaires d'Iran, de Turquie et d'Afghanistan. La Russie et la Chine y étaient représentées en tant qu'invitées. 

L'Iran était représentée par le Speaker Ali Larijani, la Russie par le Speaker de la Douma Vyacheslav Volodin, très proche du Kremlin, la Turquie par le vice-président de l'Assemblée Ismail Kahraman et l'Afghanistan par le Speaker Abdul Rauf Ibrahimi, porte-parole du Hezb-e-Islami Gulbuddin qui est la plus grande des factions du parti Hezb-e-Islami d'Afghanistan. On observera que celui-ci a été placé, à tort ou à raison, sur la liste officielle des organisations terroristes par le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni.

L'objet de la conférence était la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. L'accent a été mis sur les substantielles ressources que lui procurait le narco-trafic. Le Pakistan et l'Iran considèrent que depuis l'arrivée dans le pays de la coalition sous direction américaine, les cultures de pavot se sont considérablement multipliées, ainsi que le nombre des laboratoires manufacturant la drogue. Les vues aériennes confirment d'ailleurs ce jugement.

Vyacheslav Volodin a mis en parallèle la Syrie et l'Afghanistan, exposant que si les mêmes efforts internationaux n'étaient pas faits pour combattre les organisations terroristes islamiques en Afghanistan, celle-ci pourrait devenir le fiel d'un Etat Islamique EI ressuscité. L'on constate en effet depuis l'élimination de l'EI en Syrie, que des transferts importants de militants islamiques et même d'armements se font vers l'Afghanistan. Or la Russie se préoccupe de plus en plus d'infiltrations islamiques dans les pays dits du 'Stan à sa frontière sud (Afghanistan, Tajikistan et Uzbekistan). Celles-ci pourraient très vite multiplier les attentats en Russie même.

Vladimir Poutine

Vladimir Poutine, dans un communiqué le lendemain de la conférence d'Islamabad, a constaté qu'en effet, sous la présence américaine, les trafics de drogues et le terrorisme n'ont pas diminué, mais au contraire augmenté. Cependant, avec sa prudence habituelle, il s'est refusé à en faire porter la responsabilité sur les Etats-Unis. Sans les Américains, a-t-il dit, la situation aurait pu être pire.
Il ne paraît pas favorable à une intervention russe en Afghanistan sur le modèle qui a rencontré un plein succès en Syrie.

Cependant, le 26 décembre, lors d'un sommet « informel » des Etats du CIS (Commonwealth of Independent States) à Moscou, il a mis l'accent sur la volonté russe de participer aux efforts communs contre le terrorisme, le crime trans-frontières, le trafic de drogues et d'armes. Il a par ailleurs confirmé la volonté de renforcer la coopération économique et les investissements productifs au sein des pays du CIS et du Collective Security Treaty Organization (CSTO).

Moins discrètement, le chef d'Etat-Major général russe le général Valery Gerasimov a confirmé qu'après leur défaite en Syrie des milliers de combattants de l'EI se dirigeaient vers la Libye et les pays de l'Asie du sud-ouest. Il a par ailleurs indiqué que, selon des observations spatiales ou d'autres sources, des centaines de combattants de l'EI s'entrainent désormais dans les bases américaines en Syrie. Les questions russes sur cette question sont restées sans réponse des Américains.

Concernant l'Afghanistan, les experts militaires russes considèrent qu'elle est en train de devenir un point fort de l'EI, avec plus de 10.000 hommes entrainés et bien armés s'y étant retranchés.

Le Pakistan proche ne devrait pas considérer ceci sans inquiétude, s'il était bien décidé, comme le gouvernement l'affirme, à lutter contre le terrorisme.

Quoi qu'il en soit, rien n'a été dit officiellement sur ces questions lors de la conférence de décembre 2017 à Islamabad.

 

mardi, 26 décembre 2017

Le phare spirituel de l’Europe

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Le phare spirituel de l’Europe

par Georges FELTIN-TRACOL

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« Il est des lieux où souffle l’esprit. Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. […] Illustres ou inconnus, oubliés ou à naître, de tels lieux nous entraînent, nous font admettre insensiblement un ordre de faits supérieurs à ceux où tourne à l’ordinaire notre vie. Ils nous disposent à connaître un sens de l’existence plus secret que celui qui nous est familier, et, sans rien nous expliquer, ils nous communiquent une interprétation religieuse de notre destinée. Ces influences longuement soutenues produiraient d’elles-mêmes des vies rythmées et vigoureuses, franches et nobles comme des poèmes. Il semble que, chargées d’une mission spéciale, ces terres doivent intervenir, d’une manière irrégulière et selon les circonstances, pour former des êtres supérieurs et favoriser les hautes idées morales. » Ces propos de Maurice Barrès, écrits en 1913 dans La Colline inspirée, concordent parfaitement avec la Sainte-Montagne plus connue sous le nom de Mont Athos.

Point culminant à 2033 m de la plus orientale des péninsules grecques de la Chalcidique, le Mont Athos devient dès la fin du VIIe siècle le lieu de retraite des ermites. L’endroit se couvre bientôt de monastères qui dépendent directement du patriarchat œcuménique de Constantinople. Très tôt, le territoire, dédié à la Vierge Marie, applique l’abaton (un terme grec signifiant « lieu pur ou inaccessible ») : l’accès y est interdit à toute personne de sexe féminin ainsi qu’à tout animal femelle, excepté pour des raisons pratiques les poules et les chattes.

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L’actuelle hystérie féministe voit dans cette interdiction « anachronique » le caractère machiste, discriminatoire et sexiste de la Sainte-Montagne. Dès 2002, une socialiste député grec au Parlement européen avait réclamé de l’assemblée une ferme condamnation. Athènes s’y opposa avec vigueur. En effet, la Grèce garantit les spécificités de ce « Tibet chrétien » reconnues par le traité de Lausanne en 1923 et par les différents traités européens.

Héritier de l’Empire byzantin dont il a gardé l’étendard doré à l’aigle impériale bicéphale, le Mont Athos est un État monastique autonome de 2 250 habitants qui se répartissent entre les vingt monastères d’origine grecque, russe, bulgare, roumaine, serbe, géorgienne et arménienne. Organe délibératif, sa Communauté sacrée réunit les représentants de chaque monastère. Quatre moines choisis pour un an forment la Sainte-Épistasie, l’instance exécutive présidée par un Protos.

Classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998, le Mont Athos concilie avec une harmonie certaine spiritualité, tradition et écologie. Des éoliennes discrètes et des panneaux solaires fournissent aux monastères leur propre électricité. Tandis que le Mont Saint-Michel croûle sous le tourisme de masse et que le Rocher de Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay connaît pour l’instant une fréquentation somme toute supportable, le Mont Athos reste encore ce grand phare spirituel de l’Europe.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 58, diffusée sur Radio-Libertés, le 22 décembre 2017.

Les puritains, oies blanches et précieuses ridicules

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Les puritains, oies blanches et précieuses ridicules

Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

L’affaire Buttet est un pur scandale. Lynchage médiatique, journalistes se prenant pour des  justiciers, des policiers  (et la séparation des pouvoirs ?, et la présomption d’innocence ? et le pardon possible des victimes ?), libération de la parole incontrôlée et délation sur les réseaux sociaux, corbeaux, courageux anonymes, justiciers aux petits pieds, donneurs de leçons de morale, rééducateurs frustrés. Toute la gamme des harceleurs bien-pensants s’est sentie autorisée à la chasse à courre au cerf blessé après avoir été désigné à la haine. Bien sûr, sous l’effet du stress, de l’alcool, des difficultés personnelles, le politicien conservateur valaisan était devenu la cible facile des libéraux, libertaires, féministes hystériques et mercenaires Billag lâchés en meute. Il avait eu le tort, le péché fondamental d’être opposant à l’adoption des couples homosexuels, à l’avortement de confort obligatoire et gratuit. Le crime par excellence qu’il fallait payer de sa vie politique. Infâme représentant du patriarcat, qui montre sa face cachée de balourd, de peloteur, de joueur de cartes agressif, de vrai infâme macho, hétérosexuel désinhibé qui ne contrôle pas ses instincts bestiaux masculins forcément. L’archétype en quelque sorte du mec, gradé à l’armée, amateur de maîtresses, politicien à plusieurs casquettes, valaisan, ne crachant pas dans les apéros qui sont presque une institution sous la Coupole. A dégommer de toute urgence pour les hyènes du politiquement correct, les ultraconformistes qui veulent que les élus du peuple soient des anges désincarnés, asexués, émasculés, refroidis, dépersonnalisés, viandophobes, buveurs d’eau et de thé, sans genre, sans couleur, sans passions exprimées, sans travers. La direction du PDC, fort empruntée d’être pour une fois dans le viseur des Talibans de la pensée politique se désole. Il jouait paraît-il un rôle important dans la lutte contre No Billag. Je peux imaginer qu’il a dû apprécier à sa juste valeur le harcèlement médiatique des zélotes du coûteux et peu transparent mastodonte arrogant, sûr de lui et dominateur du « service public ».

Dans une démocratie de proximité, directe et non de représentation, n’importe quel citoyenne ou citoyen devrait pouvoir être choisi, pour représenter le peuple dans sa diversité, ses préoccupations, ses caractéristiques. Et avoir la totale liberté de s’exprimer comme il le veut, libérer sa parole réellement, dans les termes qu’il veut, sans se faire formater, formater, niveler au nom de l’autocensure du politiquement correct. L’ennui des débats politiques prévisibles, des micro-différences entre la droite économique et la gauche moraliste pourrait être aisément surmonté par le parler vrai, le droit à l’outrance, à la démesure peut-être aussi, sans censure, sans offuscation médiatique, sans condamnation à l’Enfer du politiquement incorrect, au sacrifice du bouc émissaire qui est rendu artificiellement sulfureux. Des vrais débats, des vrais effets de rhétorique, des saillies, des bons mots, des outrances, des polémiques, rien que des atouts pour le débat démocratique qui redeviendrait passionnant. Le peuple est bien assez sage pour savoir absorber quelques vagues et turbulences d’estrade.

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Aujourd’hui on en est quasiment revenu au modèle soviétique : rien n’est permis, rien n’est pensable hors de la Pensée Unique.

Quel gâchis que des politiciens de la droite économique et de la gauche des valeurs aient ainsi laissé sacrifier un représentant, certes discret, de la droite des valeurs conservatrices.

Après dénonciation et lynchage, traitements et rééducation…

Le droit de se sentir subjectivement agressé, le droit à la susceptibilité après-coup, voilà le grand acquis du féminisme libéral. Comme le racisme, un autre délit d’opinion fort rare, on voit se justifier et développer le ressenti subjectif, le droit à la susceptibilité hystérique et son passage  direct à la Justice. Au nom des Droits abstraits individualistes, dits Droits de l’Humain, on traîne au Tribunal celui ou celle qui vous déplaît subjectivement, se comporte ou pense autrement. Quelle régression, au lieu de se parler, de dialoguer, de se respecter, on dénonce au Tribunal, on veut inverser les « rapports de force », on veut sa Justice personnelle. Et bien sûr on médicalise, on psychiatrise ces comportements qui sont décrits comme des « addictions » (le corps réclame impérativement satisfaction et gratification immédiate !). Et les programmes de soins, moralistes à souhait, offrent un modèle de rédemption à mi-chemin entre boyscoutisme et bisounurserie gnangnan mais impitoyable. Au terme de la rééducation et de la contrition publique (y compris excuses aux Rohingyas, on ne sait jamais, ça fait toujours bon effet), l’homme déviant promet que jamais plus de telles horreurs ne sauraient se reproduire. La novlangue Orwellienne, le meilleur des Mondes et le catéchisme multiculturel et antidiscriminatoire se conjuguent pour vous transformer en objet lisse, soumis, asexué et sans passions, sans pulsions, sans vie, sans possibilité de rédemption. Au secours….

Dominique Baettig, 25.12.2017

Olympisme vertueux – olympisme pervers

Stupeur dans l’Olympisme, le dopage sévit, consternation, la corruption aussi. Qui aurait pensé de telles abjections possibles, dans ce monde de vertu. L’hébétude règne. En vérité, seuls les naïfs, les ingénus ou les niais peuvent croire à ces simagrées de probité, mais certainement pas les professionnels du sport, d’où elles émanent, particulièrement des experts de la magouille et de la manipulation.

Ainsi le dopage serait l’apanage de la Russie, qu’il conviendrait de punir pour son manquement au code de déontologie de l’Olympisme. Il faudrait la clouer au pilori, en lui interdisant de participer aux jeux d’hiver organisés en Corée du Sud. Le sort à réserver à l’Olympisme pervers, face à l’Olympisme vertueux des autres nations, au premier rang desquelles figurent les États-Unis.

La réalité s’inscrit en faux, d’une Russie unique dévoyée du dopage, qui seule, mériterait les châtiments. La vérité est cruelle pour les chevaliers Bayard, car le dopage inonde, submerge, tous les pays, dont l’un des plus puissant d’entre eux, les États-Unis, qui occupent la première place dans ce triste palmarès.

L’attention est polarisée sur la Russie, afin d’occulter la reine du dopage, qui avec 652 cas recensés depuis 1976, arrive en tête de ce singulier hit-parade. La quasi-totalité des autres pays formant le peloton.

Si dans le sport, la culture du dopage est planétaire, plus de 52 médailles olympiques ont été retirées depuis 2000, elle apparaît particulièrement bien implantée aux États-Unis depuis les années 1960. Sans même être mis en cause, de nombreux athlètes américains ont dévoilé qu’ils prenaient des produits dopants.

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La dissimulation, comme pour les jeux olympiques de Sydney, ou l’éducation des athlètes à déjouer les contrôles antidopage, pratiqués par les États-Unis, montrent bien que, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les qualités naturelles des sportifs américains, ne sont pas les seules à les hisser sur les podiums olympiques.

Reconnaissons, malheureusement, que cette gangrène s’étend à tout le monde sportif, à toutes les disciplines. Des centaines de cas de dopages, en cyclisme, en haltérophilie et combien dans les sports les moins contrôlés, comme le football et le rugby. Même le tir à l’arc ou le golf le subissent. Dans la compétition à la prévarication, la corruption s’illustre également.

Quelques cas récents sont suffisamment significatifs, car une liste exhaustive constituerait une encyclopédie. Citons, pour l’Olympisme, la mise en cause du président du comité olympique brésilien et le doute de la justice française sur la désignation de Tokyo 2020, pour le football, l’interrogation sur l’attribution du mondial 2022 au Quatar et l’affaire multiforme Sepp Blatter à la FIFA.

Pour réhabiliter le sport professionnel, il convient, comme le préconise l’Agence Mondiale antidopage, que tout le domaine sportif soit soumis aux mêmes règles de contrôle. Seul un organisme totalement indépendant de ce milieu, peut éventuellement y parvenir.

Actuellement, les sanctions sectorielles, hypocrites et iniques qui frappent la Russie, ne sont pas recevables. C’est à une révision fondamentale, de toutes les structures qui régissent le sport, qu’il faut procéder. Sans ça, l’enthousiasme pour le sport professionnel va continuer de s’étioler. Il doit retrouver les valeurs dont il est normalement porteur, l’excellence, l’amitié et le respect, qui rejettent les pratiques actuelles, le dopage, la corruption et l’intrigue politique. Face à ce constat, il serait atterrant et scandaleux que la Russie soit bannie des jeux d’hiver organisés en Corée du Sud, alors que les États-Unis y sont admis. L’égalité, l’impartialité, la justice, imposent la participation de la Russie.

samedi, 23 décembre 2017

La nouvelle stratégie spatiale américaine

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La nouvelle stratégie spatiale américaine

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Donald Trump vient d'annoncer ce que sous son autorité sera la Stratégie de Sécurité Nationale 2018 et au delà 1). On a beaucoup remarqué les menaces voilées que comporte cette Stratégie à l'égard de la Russie et de la Chine. Mais l'on a pas assez commenté l'importance qu'y comportera la construction d'une infrastructure spatiale beaucoup plus ambitieuse qu'elle ne l'est actuellement.

Le Pentagone est en train de réaliser que tous les systèmes d'armes américains font confiance au GPS et aux communications satellitaires. Mais qu'arriverait-il si ces ressources se trouvaient détruites par un ennemi éventuel?

Le Colonel Richard Zellmann, commandant la 1st Space Brigade basée au Colorado, vient de remarquer dans un rapport que si l'Armée américaine devait se passer de ces outils, elle devrait tripler ses effectifs, sans être pour autant assurée de conserver sa supériorité. Or les récentes recherches russes et chinoises visent à développer des satellites anti-GPS ou à brouiller leurs résultats. Ce brouillage pourra être produits par des stations terrestres (jammers) peu coûteuses et faciles à implanter ou transporter 2)

En conséquence, l'Armée et la Marine américaine ont commencé à former des personnels maitrisant des savoirs tombés en désuétude depuis plus de 20 ans. On pensera notamment aux sextants, apparus au 18e siècle sous le nom d'octants (image). A plus long terme, la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) développera des systèmes de géolocalisation se passant du GPS, tel des gyroscopes et capteurs destinés à ce que l'on appelle la navigation inertielle. Le principe en est simple. Chaque piéton la pratique intuitivement dans la campagne en évaluant le nombre de ses pas dans une direction donnée, et en se repérant à fin de contrôle sur des signaux tels que les clochers d'église.

Par ailleurs le Pentagone mettra en service de nouvelles générations de satellites dotés de capacités anti-brouillage.

Donald Trump dans le document qu'il vient de diffuser a précisé que « The United States considers unfettered access to and freedom to operate in space to be a vital interest, « Any harmful interference with or an attack upon critical components of our space architecture that directly affects this vital US interest will be met with a deliberate response at a time, place, manner and domain of our choosing ».

Les Européens ne pourront que constater leur quasi absence dans ces nouveaux domaines stratégiques.

Références

1) Voir CNN
http://edition.cnn.com/2017/12/18/politics/5-things-to-kn...

2) L'Agence spatiale européenne annonce le lancement imminent de 4 nouveaux satellites, destinés au système Galileo, le rival du GPS
http://www.gpsdaily.com/reports/Galileo_satellites_atop_r...

jeudi, 21 décembre 2017

Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

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Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

SAMEN MET TURKIJE EN IRAN WIL RUSLAND DE WERELD HERTEKENEN

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten’

Alexander Doegin wordt wel eens de huisideoloog van Poetin genoemd. Hij droomt van een nieuwe wereld. Waar Turkije en Iran het Midden-Oosten beheersen en Europa geen vazal van de Verenigde Staten meer is. ‘Vergeet dat liberalisme. Daag ons uit met jullie eigen waarden.’

Van onze redactrice in Nederland Corry Hancké

De Russische filosoof Alexander Doegin was zaterdag in Amsterdam voor de jaarlijkse Nexus Conferentie. Een dag later vertelt hij over de clash die hij daar met de Franse filosoof Bernard-Henri Lévy had. De twee mannen zijn elkaars tegenpolen.

‘Hij is alles wat ik niet ben. Lévy verdedigt de imperialistische ideologie van het Westen en vecht tegen de opkomende multipolaire wereld. Alles wat ik bewonder, keurt hij af. Alles waarvoor hij staat, vind ik fout. Het was een echte clash van ideeën. Het was boeiend, want we vertrekken allebei vanuit de idee van een eeuwenoude oorlog tussen beschavingen: de oorlog tussen Sparta en Athene of tussen Rome en Carthago. Een oorlog tussen een landmacht en een zeemacht.’

‘De landmacht – en dat is een land als Rusland, staat voor een onveranderlijke, collectieve identiteit. De zeemacht ziet constante verandering, globalisering en vooruitgang als hoogste goed. Ze probeert iedereen te bevrijden van een collectieve identiteit, omdat die onderdrukkend zou zijn.

Maar dat liberalisme loopt ten einde. Het eindigt in decadentie en een complete loskoppeling van de natuurlijke wetten. Geslachtsbepaling of het uitstellen van de dood door artificiële intelligentie, zijn een ontkenning van de menselijke waarden. Je krijgt immortaliteit voor de prijs van
menselijkheid.’

Welke waarden zijn belangrijk voor een landmogendheid?

‘Een landmacht baseert zich op het concept van eeuwigheid. Het gaat om identiteit, het is een sacrale houding tegenover de natuur, de wereld en God. In die visie is God belangrijker dan de mens, hiërarchie is beter dan gelijkheid, traditie en identiteit zijn belangrijker dan verandering en grensverlegging. Eigenlijk is de afwezigheid van verandering de meest positieve waarde. Je probeert dezelfde te zijn als je voorouders en je conserveert hun manier van leven.’
‘De geest van de moderne mens is zo beïnvloed door de zeemogendheid dat hij de landwaarden als archaïsch, negatief beschouwt. Maar als je vanuit de waarden van een landmacht kijkt, dan zie je dat vooruitgang leidt tot decadentie, immoraliteit en verlies van waardigheid. Het verlies van de collectieve identiteit is nihilisme.’
‘Men probeert ons tegenwoordig te vertellen dat de weg naar een zeemogendheid de enige mogelijke is. Maar dat klopt niet, het is een keuze. Landen als Rusland, China, Turkije, Iran of zelfs India kunnen kiezen voor identiteit in plaats van voor liberalisme, vooruitgang, bevrijding,... De hegemonie van de westerse waarden is niet onaantastbaar. De geschiedenis ligt open.’

Rusland zoekt toenadering tot Turkije. De Turkse president Erdogan deelt jullie ‘landwaarden’?

‘Correct, hij moet kiezen tussen een Euraziatische en westerse identiteit. Ik had mijn bedenkingen bij hem, maar nadat hij de Gülenpartij heeft opzijgezet, komt hij steeds dichter bij die Euroaziatische kernwaarden en neemt hij steeds meer afstand van het Westen.’

Helpt u hem daarbij?

‘Ja, ik help de Turken om te kiezen voor het Eurazianisme. Mijn boek is in Turkije vertaald en het biedt aan de militairen een ander denkkader. Tevoren kenden ze alleen het Navo-Atlantisch denkkader, waarin hen werd geleerd hoe ze tegen Rusland moeten vechten. In mijn handleiding leg ik uit dat Turkije kan kiezen en ook tegen de VS kan vechten. Vroeger, als je als Turk niet tevreden was met de rol van de Amerikanen in de regio, zoals hoe ze de Koerden naar onafhankelijkheid helpen, dan had je geen keuze, want je had maar één denkkader.’
‘Iran staat voor dezelfde keuze. Dat land zag Rusland altijd als de oude vijand, maar toen mijn boeken er werden vertaald, ontdekten de Iraniërs dat er parallellen bestaan tussen het Euroazianisme en hun visie op de samenleving. Dat sloeg een brug tussen Rusland, Turkije en Iran. Die metafysische brug leidt uiteindelijk naar concrete politieke actie.’
Ze heeft alvast de situatie in Syrië doen kantelen. Rusland en Turkije gingen samenwerken en samen gaven ze de Syrische president al-Assad de mogelijkheid om de burgeroorlog in zijn land te winnen. ‘Dat klopt, Syrië was de laatste dominosteen die viel.’

Begon het toen in 2015 een Russische piloot boven Turkije werd neergeschoten?

‘Ik heb toen hard gewerkt om een confrontatie tussen Turkije en Rusland te vermijden en om de banden tussen beide landen aan te halen. Niet omdat ik pro-Turks ben, neen, ik ben Russisch-orthodox. Maar ik ben tegen de Amerikaans hegemonie.’
‘Die samenwerking heeft ook geleid tot de deal tussen Irak en de Iraanse generaal Soeleimani, waardoor het opstandige Kirkoek weer in handen van Irak kwam. Dat was de tweede grote overwinning die we hebben behaald in de multipolaire wereld.’

Die nieuwe samenwerking verandert de situatie in het Midden-Oosten grondig.

‘Ja, maar daar zijn tientallen jaren aan voorafgegaan. Na de val van de Sovjetunie hebben we met een aantal Russische patriotten een Euraziatische visie ontwikkeld, gebaseerd op de “landwaarden”. Die visie zijn we aan het uitdragen en we werken aan een alliantie met Turkije en Iran. Het was een lange weg. Poetins politiek is de finalisatie van die ideeën.’ 

De strijd in Syrië was het eerste kantelpunt. Wat wordt de volgende stap?

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten. Eerst zullen we aandacht geven aan de heropbouw van Syrië en Irak. We hebben een militaire overwinning behaald, nu moet de politieke volgen. We moeten de territoriale eenheid bewaren, we moeten uitzoeken wat we aan de Koerden kunnen bieden. Ze zijn door het Westen in de steek gelaten en nu kan Rusland een oplossing voor de Koerden zoeken. We zullen hen geen nieuwe staat laten bouwen, want niet iedereen is daar voorstander van. Islamitische Staat moet verdwijnen, dat is duidelijk. En de invloed van de Saudi’s moet worden gestopt. De oorlog in Jemen moet worden beëindigd. Daar kunnen we, tegen de Saudi’s in, de sjiieten helpen.’

U wil de Verenigde Staten weg uit het Midden-Oosten. De huidige Amerikaanse president Trump is sowieso minder geïnteresseerd in buitenlands beleid. Het kan dus voor de Russen niet zo moeilijk zijn om de Amerikanen te verdrijven?

‘Het is iets gemakkelijker dan vroeger. Trump zegt dat hij een non-interventionist is. Hij zou natuurlijk afstand kunnen nemen van die belofte, zoals hij wel vaker heeft gedaan. Maar hij heeft binnenlandse problemen. Dat hij die maar eerst oplost. Wij willen vrede, we willen een wereld die vrij is van de Verenigde Staten en van zijn zogenaamde democratie. Laat Eurazië en Europa met rust. Europa moet niet bang zijn, wij gaan dat niet inpalmen.’

En Oekraïne dan?

‘Oekraïne is deels Europees deels Russisch. Het is een nieuwe staat, die de keuze had als België te worden, een land met twee entiteiten. Maar het westelijke deel van Oekraïne wilde het hele land domineren, in naam van de democratie en de mensenrechten, alhoewel er ook fascisten bij waren.
Daarom is het oostelijk gedeelte in opstand gekomen en die opstand hebben wij gesteund. Wij zijn dus geen dreiging voor Europa, wij zijn geen dreiging voor West-Oekraïne. Dat is voor ons een legitiem deel van Oost-Europa.’
‘Het is boeiend: je ziet in Oost-Europa steeds meer landen die toenadering tot ons zoeken. Ik merk dat landen als Polen of Hongarije zich afvragen of Europa wel zo’n ideale wereld is. De Polen denken dat democratisering en vooruitgang hun katholieke identiteit vernietigen. De beweging die de nadruk legt op de Poolse identiteit groeit, ik krijg er steeds meer aanhangers. Hetzelfde voor Hongarije. Daar vraagt men zich af wat het beste is: hun identiteit laten vernietigen door Europa of ze te behouden, met onze steun. Voor hen is de EU een culturele bedreiging. Wij daarentegen dringen ons niet op, zij hebben gewoon de keuze.’
‘Aangezien wij Europa niet bedreigen, hebben de Europeanen een kans om over hun identiteit na te denken. Ze hebben gezien welke chaos de Amerikaanse zeemogendheid veroorzaakt. Europa heeft een kans om zich te bezinnen. Ik droom van een sterk, onafhankelijk Europa dat zijn eigen logica hanteert en dat misschien tegen ons is. En toch verkies ik dat, want dat zou betekenen dat Europa opnieuw waardigheid heeft en niet langer de vazal van de Verenigde Staten is. Wees de ander die het verschil maakt. Nu? met al dat liberalisme, zijn jullie dat niet. Daag ons uit met jullie eigen
waarden.’

mercredi, 20 décembre 2017

La Vraie Droite contre-attaque !

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La Vraie Droite contre-attaque !

Recension du livre métapolitique de Daniel Friberg

par Thierry Durolle

Ex: http://www.europemaxima.com

À l’aube du XXIe siècle, certains s’imaginent, à tort, que la Gauche et la Droite sont deux clivages politiques dépassés. L’émergence de formations politiques ou métapolitiques transcourants pourrait en effet nous tromper. Pourtant il n’en n’est rien. Bien que des idées de gauche passent à droite et vice versa (1), il y aura toujours une Gauche et une Droite « éternelles », « métaphysiques »; une Gauche synonyme d’horizontalité et une Droite de verticalité.

En cet âge sombre, où la confusion est reine, ces repères se trouvent donc parfois malmenés. Alors oui, il faut reconnaître que les frontières, dans certains cas, sont poreuses ou bien que le dialogue entre deux camps opposés est possible. L’histoire du Cercle Proudhon est d’ailleurs un bel exemple d’union sacrée. Néanmoins, il ne faut pas que le dialogue, ou l’emprunt de méthodes au camp adverse en vienne à modifier l’ADN des deux ensembles. Que Michel Onfray discute avec Alain de Benoist soit. Est-il devenu un homme de Droite pour autant ?

Évoquer la Droite en France ramène toujours aux libéraux, au patronat, aux affairistes de tout poil, même s’ils présentent une pointe de conservatisme un peu réactionnaire aux yeux des plus progressistes. À ce titre, nombre de ténors de la Droite « classique » sont compatibles avec les idées sociétales du Parti socialiste et d’En Marche. Est-ce la Droite « classique » qui se rabat sur sa gauche ou n’est-elle pas, historiquement parlant, la véritable Gauche, celle qui naquit a de la Révolution bourgeoise de 1789 ?

Dans ce cas-là, qu’en est-il de la véritable Droite ? Le Suédois Daniel Friberg, responsable des éditions Arktos, fondateur du groupe de réflexion métapolitique Motpol, et rédacteur européen de la plate-forme AltRight.com, s’est lui aussi posé cette question. Son livre, Le retour de la vraie droite, est désormais disponible en français. Ce petit recueil comporte six textes (en plus de la préface et de la postface) et d’un « dictionnaire métapolitique ».

DF-RVD.jpgDans son texte, « Le retour de la vraie Droite », l’auteur revient en premier lieu sur l’ascension culturelle de la Gauche et conqtate que « les idéaux de l’Occident ont subi une inversion totale, et des idées qui se situaient initialement à la périphérie de l’extrême gauche ont été élevées au rang de normes sociales qui prévalent aujourd’hui dans l’éducation, les médias, les institutions gouvernementales et les ONG privées (p. 2) ». Un tel résultat, nous explique l’auteur, n’aurait pas pu être possible sans « les sociologues et philosophes marxistes de l’Institut für Sozialforschung de Francfort [qui], au début du XXe siècle, visaient, au travers de la conception de la philosophie et leur analyse sociale sélective, à saper la confiance dans les valeurs et hiérarchies traditionnelles (p. 2) ». Sans doute que d’autres facteurs sont rentrés en ligne de compte concernant l’involution de l’Occident, et non pas uniquement des facteurs politiques, mais cela ne rentre peut-être pas dans la grille de lecture de l’auteur – ce qui n’enlève rien, par ailleurs, à la justesse de ses propos.

Justement, Daniel Friberg souligne que cet essor de la Gauche culturelle (que l’on nomme parfois « marxisme culturel ») fut rendu possible par « trois facteurs principaux ». Tout d’abord, « après la Seconde Guerre mondiale, la Droite a été assimilée au camp des vaincus, en particulier au national-socialisme (p.5) ». Ensuite la « longue marche de la Gauche à travers les institutions […] s’est accélérée dans les années 1960 et 1970 et a culminé dans la mainmise sur les médias, les institutions culturelles et les systèmes éducatifs, c’est-à-dire sur les piliers de la société qui forment précisément les pensées et les opinions des gens (p. 5) ». Enfin, la « nouvelle Gauche a rejeté la classe ouvrière européenne, jugée incurablement réactionnaire par les minorités sexuelles et ethniques (p. 5) ». Mais le plus important reste que « cette évolution a coïncidé avec la montée de puissants nouveaux intérêts et courants économiques et politiques (p. 6) ». N’est-ce pas un résumé de la genèse du paradigme libéral-libertaire actuel ?

Daniel Friberg relate ensuite brièvement l’émergence de la Nouvelle Droite. Est-ce bien nécessaire de revenir sur cet épisode sans doute bien connu du public français ? Dans tous les cas, son influence sur Daniel Friberg et certains de ses camarades déboucha sur la naissance de la Nouvelle Droite suédoise. « S’il fallait dater précisément le début de ces activités, écrit Friberg, on pourrait dire que la Nouvelle Droite suédoise est née en 2005, lorsqu’un petit groupe d’étudiants de droite a commencé à se former à Göteborg; il réunissait ceux d’entre nous qui s’étaient engagés avec enthousiasme dans la lecture d’un certain nombre d’ouvrages révolutionnaires, dont l’édition originale anglaise du livre New Culture, New Right de Michael O’Meara, ainsi que des essais d’Alain de Benoist, Guillaume Faye, Dominique Venner, Pierre Krebs et d’autres penseurs de la Nouvelle Droite continentale (p. 12). » Tout ce bouillonnement culturel « dextriste » donnera, le 10 juillet 2006, la création d’un cercle métapolitique nommé Motpol. D’autres projets alternatifs de Droite apparaîtront en Suède comme Fria Tider ou Avpixlat.

À l’époque, la méthode de conquête finale du pouvoir envisagée par la Nouvelle Droite n’est pas nouvelle en soit, mais son usage par un mouvement de Droite reste inédit. Elle consiste en ce que certains ont appelé un « gramscisme de Droite » à cause de l’adaptation qu’elle fit des théories du communiste italien : préparer les esprits pour parachever la prise de pouvoir politique. Daniel Friberg, en bon disciple des ténors du mouvement susnommé mise lui aussi sur cette méthode. Presque cinquante ans après l’avènement du GRECE en France, le bilan est pourtant décevant, voir médiocre. L’influence de la Nouvelle Droite s’est faite sur les milieux de la Droite nationale, et ce, pour le meilleur (c’est du moins notre avis). Il faut également préciser l’influence préalable d’Europe Action et, dans un registre différent, de Jeune Europe. En revanche, son influence sur le peuple est quasi nul, la faute à une campagne médiatique dont le but fut l’instauration d’un cordon sanitaire entre le peuple et la Nouvelle Droite, mais aussi, à la teneur hautement intellectuelle des travaux et des productions du GRECE ou de la revue Nouvelle École. Ainsi nous sommes assez sceptique sur l’efficacité de la métapolitique à influencer le peuple. En revanche, nous croyons plus à la pertinence d’une initiative comme TV Libertés, ainsi qu’aux autres plate-formes opérant à un travail de ré-information.

Dans le chapitre intitulé « Orientations » (sympathique clin d’œil à un philosophe italien), Daniel Friberg esquisse les grandes lignes de ce qu’il estime appartenir à une véritable pensée de Droite. Là encore le lecteur familier avec les idées de la Nouvelle Droite ne sera pas déstabilisé. Ethno-différencialisme, alter-européisme, anti-libéralisme, anti-impéralisme droit-de-l’hommiste, refus de l’uniformisation du monde et du mondialisme, refus de la méthode révolutionnaire empruntée à l’extrême gauche – « La vraie Droite ne devrait pas chercher à imiter cette stupidité, qui n’est que perte de temps (p. 35) » – figurent parmi ces orientations. Daniel Friberg réitère à propos de la méthode métapolitique qu’il qualifie à juste titre de « transformation graduelle ». La remarque qui nous vient immédiatement à l’esprit est « Avons-nous encore le temps ? » La réponse est sans doute non. Quels sont concrètement les succès de la métapolitique sur le peuple en France ? L’emploi dans les médias et par une infime frange du peuple des expressions comme « Français de souche » (2) et « Grand Remplacement » ? En outre, le discours métapolitique des cercles de réflexions issus de la Nouvelle Droite n’ont que très rarement concordé avec le Front national par exemple, alors qu’en face les gouvernements successifs œuvrent avec succès à notre neutralisation.

Nonobstant ces critiques concernant l’emploi de la métapolitique prôné dans cet ouvrage, Le retour de la vraie droite de Daniel Friberg est surtout digne d’intérêt pour le néophyte. Son langage clair, ses propos synthétiques et son utile dictionnaire métapolitique constitueront un excellent point de départ pour de nombreux jeunes militants.

Thierry Durolle

Notes

1 : Arnaud Imatz l’a parfaitement démontré dans son livre Droite / GauchePour sortir de l’équivoque. Histoire des idées et des valeurs non conformistes du XIXe au XXe siècle, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016.

2 : L’un de nos objectifs devrait inclure la réhabilitation du concept de nationalité – et non plus de citoyenneté – française, avec comme tout premier prérequis, sa nature albo-européenne, c’est-à-dire le fait d’être Blanc. Pour cela le travail à effectuer ne concerne pas seulement le domaine bioculturel, mais s’accompagne aussi d’un travail de revalorisation de l’Histoire de France, ou bien encore par la mise en avant d’une philosophie politique adaptée à nos objectifs.

• Daniel Friberg, Le retour de la vraie droite. Un manuel pour la véritable Opposition, Arktos, 117 pages, 2017, 12,72 €.

mardi, 19 décembre 2017

Syrie: le facteur chinois

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Bernhard Tomaschitz :

Syrie: le facteur chinois

Beijing accroît son engagement en Syrie pour mieux asseoir sa stratégie géopolitique après le conflit !

La Chine vient donc d’accroître son engagement en Syrie. Depuis avril 2016, quelque 300 conseillers et instructeurs chinois sont présents en Syrie d’après le Middle East Monitor ; désormais, la Chine veut y envoyer des soldats pour soutenir le Président Bachar El-Assad. On pense que ces soldats appartiendront aux fameuses unités d’élite chinoises, les « Tigres de Sibérie » et les « Tigres de Nuit ». Selon le droit chinois, l’envoi d’expéditions militaires à l’étranger est autorisé, à condition que ce soit pour combattre le terrorisme. Ensuite, on peut dire que les intérêts syriens et chinois coïncident en matière de sécurité. D’après les sources syriennes, quelque 5000 islamistes venus du Xinjiang chinois combattent dans les rangs de Daesh. Les Chinois craignent dès lors que ces hommes, après la défaite subie par l’organisation terroriste, ne reviennent dans leur pays et y commettent des attentats.

La Chine a cependant d’autres intérêts en Syrie, sur le long terme cette fois, car ce pays du Levant aura un rôle important à jouer dans le grand projet chinois de la « route de la soie », l’OBOR. C’est la raison majeure qui amène Beijing à intervenir dans le processus de paix. « En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a toujours veillé à ce que règne la paix, la stabilité et le développement au Proche-Orient », a déclaré, fin novembre 2017, Geng Shuan, porte-paroles du ministère chinois des affaires étrangères. Geng Shuan s’est avéré encore plus précis : « La Chine soutient les efforts des pays de la région qui cherchent à renforcer la lutte antiterroriste et entendent rétablir l’ordre et la stabilité ». La Chine est prête à échanger des idées avec les pays de la région « qui travailleront à la réalisation du projet OBOR et qui voudront assurer la paix et la stabilité en optant pour une politique de développement ».

La Chine, tout comme la Russie, veut participer à grande échelle à la reconstruction de la Syrie pour gagner en influence dans la région aux dépens des Etats-Unis. Beijing et Moscou profitent du fait que l’Occident, engoncé dans ses marottes idéologiques, cultive encore et toujours l’illusion d’un changement de régime à Damas. « Les Etats occidentaux disent qu’ils apporteront leur soutien à la reconstruction de la Syrie seulement si s’amorce « un processus crédible conduisant à un véritable changement politique soutenu par la majorité du peuple syrien », écrivait l’agence Reuters le 24 novembre 2017. La Chine, elle, ne demande à la Syrie que de faire preuve de ‘flexibilité’, d’esprit de dialogue et de négociation.

Pour se préparer à l’ère de la reconstruction, une rencontre bilatérale sino-syrienne de haut niveau a eu lieu en juillet dernier. Y participait également la « Banque d’investissements structurels asiatique », créée à l’initiative de la Chine. On y a planifié l’édification d’un parc industriel en Syrie, qui serait ouvert aux entrepreneurs chinois et aurait une valeur de deux milliards de dollars. Comme le remarquait Asia Times, « rien n’aurait davantage de sens qu’un engagement chinois ». Finalement, les négociants syriens ont été très actifs sur la route de la soie pour le petit commerce, avant la tragique guerre civile syrienne ». Les Chinois n’ont pas oublié non plus qu’aux temps de l’ancienne route de la soie la Syrie contrôlait le passage des marchandises vers l’Europe et vers l’Afrique.

Aujourd’hui, ajoute Asia Times, le projet OBOR fera inévitablement émerger un « moyeu syrien ». Ce n’est donc pas un hasard si l’ambassadeur syrien en Chine, Imad Mustafa, mise sur cet atout. La Chine, la Russie et l’Iran recevront la priorité demain, après la fin des hostilités, quand il s’agira de lancer les programmes de reconstruction, de rééquipement et d’investissements infrastructurels. Les Etats-Unis et, à leur suite, les Etats de l’Union européenne, resteront sur le carreau.

Avec l’aide de la Chine, Assad pourra sans doute réaliser son rêve des « Quatre mers ». En 2009, il avait déclaré dans un interview : « Dès que l’espace économique entre la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran sera intégré, nous deviendrons le lien nodal entre la Méditerranée, la Caspienne, la Mer Noire et le Golfe Persique. Dès que ces mers seront reliées entre elles, nous serons, dans le monde, le point d’intersection optimal pour tous investissements, transports et autres ». On avait planifié en Syrie la construction de routes, de ports et d’oléoducs. De plus, la stratégie dite des « Quatre mers » avait été évoquée dans « Syria today » en janvier 2011 : ce projet, disait le magazine syrien, «montrera que la Syrie, en matière de stabilité, ne dépendra plus des Etats-Unis et de leurs principaux alliés : c’est là un message clair pour beaucoup d’autres pays comme le Venezuela, le Brésil et l’Argentine ».  Assad n’a plus pu réitérer ce message car, très peu de temps après l’avoir formulé une première fois, les Etats-Unis ont déclenché leur guerre contre la Syrie, par terroristes interposés.

Or, sept ans après avoir énoncé ce projet, Assad a, envers et contre tout, consolidé son pouvoir et a offert aux adversaires géopolitiques des Etats-Unis l’occasion de gagner considérablement en influence au Levant. On dirait que l’histoire a puni l’Amérique. L’analyste russe Alex Gorka en tire des conclusions pertinentes : « La Chine peut devenir un acteur très important en Syrie. La Syrie, en effet, doit être reconstruite et la Chine est en mesure d’offrir cette aide. En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, le rôle qu’elle peut jour pour parvenir à une solution pacifique est de toute première importance. La participation chinoise fait que le processus de paix sera vraiment international, avec une large représentation de puissances autres qu’occidentales, réduisant du même coup le rôle que pourra jouer l’Ouest ».

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°50/2017, http://www.zurzeit.at ).  

Sahra Wagenknecht ou l'art politique de suggérer des alternatives originales

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Alexander Schleyer :

Sahra Wagenknecht ou l’art politique de suggérer des alternatives originales

Dans le « Parti de Gauche » en Allemagne (la « Linkspartei ») la base gronde et grogne. Elle n’est plus vraiment seule : de nombreux élus refusent désormais d’obéir à la présidente du parti, Sahra Wagenknecht. Pourquoi ? Parce que cette femme de caractère formule des critiques serrées du statu quo et se montre adepte d’une Realpolitik bien adaptée aux réalités contemporaines. Du coup, la « Gauche » estime que sa propre présidente est trop à droite !

Sahra Wagenknecht est têtue : elle prend sans hésiter la liberté de dire haut et clair que tout le monde ne peut pas venir s’installer en Allemagne. Cette audace, elle est quasi seule à la partager. Les menées asociales des patrons de l’économie subissent ses critiques les plus vertes, de même que la valetaille politicienne qui est embourbée jusqu’au cou dans les intrigues des soi-disant « employeurs ». Elle a aussi l’outrecuidance de rejeter l’idée qu’un islam politique puisse s’implanter en Allemagne. A la différence de Merkel qui, au titre de secrétaire à la propagande, a toujours su exploiter le système à son profit, Sahra Wagenknecht ruait déjà dans les brancards au temps de la RDA communiste. Elle fit bien quelques tentatives pour rejoindre sa mère à l’Ouest mais sans succès : elle a vécu chez ses grands-parents dans les environs d’Iéna. Sa mère vivait et étudiait à Berlin et aurait bien voulu garder sa fille près d’elle mais la petite Sahra ne s’est adaptée à aucune école maternelle : elle était rebelle ; dans le jargon communiste de la RDA, elle était « incapable de comportement collectif » (« kollektivunfähig »).

SW-buch.jpgSa scolarité a été marquée du même esprit de rétivité : elle était certes une élève très douée, qui obtenait les meilleures notes mais le régime ne lui a pas permis d’accéder à l’enseignement supérieur. Il a condamné la jeune fille rebelle à descendre de l’échelle sociale : elle a dû abandonner ses études et aller travailler comme secrétaire. Très vite, elle donne sa démission, vivote de petits boulots occasionnels, tout en restant une belle jeune femme aux allures altières.

Elle adhère malgré tout à la SED (l’inamovible parti socialo-communiste au pouvoir) pendant l’été 1989, tout en conservant et son idéalisme et son individualisme. Rebelle sous le régime communiste, elle s’affiche communiste dans la République Fédérale néo-libérale. Jamais elle ne reniera son engagement de l’été 1989 : elle restera la dirigeante majeure de la dite « plateforme communiste ». Pourquoi ? La lâcheté de toujours vouloir « se distancer » est le propre des conventionnels sans épine dorsale et des conservateurs de salon qui, en bout de course, finissent par adopter tous les travers de leurs adversaires de gauche. Cette rébellion anti-communiste d’hier et cette fidélité au communisme aujourd’hui rendent justement le discours de Sahra Wagenknecht intéressant dans un paysage politique, uniquement composé désormais d’opportunistes et d’obséquieux.  Sahra Wagenknecht est marxiste : elle défend donc une vision de la politique qui est collectiviste. Mais cela ne l’empêche pas de rester elle-même, la rebelle que personne ne parvient à dompter.

Elle a la langue acerbe et le ton tranchant, ce qui se remarque tout de suite quand elle est invitée sur les plateaux de télévision, notamment aux émissions du modérateur Markus Lanz. Wagenknecht y a exprimé sans fard son euroscepticisme. Lanz, qui est évidemment un conformiste, fut désarçonné et perdit les derniers lambeaux de sympathie qui lui restait auprès du public, surtout après sa dernière question, dépourvue de pertinence, où il demandait combien gagnait Sahra Wagenknecht.

Dans la question des réfugiés, Sahra Wagenknecht campe résolument sur ses positions, même après deux séances houleuses de sa fraction au parlement allemand. Elle a gardé le cap, n’a édulcoré que quelques détails de son discours, où elle avait notamment déclaré : « Juridiquement parlant, le terme ‘droit d’hôte’ (‘Gastrecht’) n’est certainement pas correct ». « Mais la grande majorité le ressent ainsi ». Cette citation ne vise pas les demandeurs d’asile mais ceux qui demandent simplement une protection (provisoire) au nom de la convention de Genève sur les réfugiés. Leur renvoi, que réclame Wagenknecht, est bel et bien inscrit dans le droit en vigueur, prévu depuis toujours. « Le gouvernement n’est pas maître de la situation », a-t-elle répété sans cesse pour fustiger les résultats de la crise provoquée par l’afflux massif de réfugiés en Allemagne. Jamais elle n’a épargné Merkel, personnification du scandale qui ébranle aujourd’hui la société allemande de fond en comble : « Elle a toujours cru que sa fonction consistait à reconnaître pleinement la souveraineté américaine en Allemagne et à l’accepter sans broncher, ce qui signifie, que cette souveraineté étrangère doit être reconnue comme telle et cela, à jamais », a déclaré Sahra Wagenknecht lors d’un entretien accordé à « Russia Today ».

Tout naturellement, son esprit de rébellion et son hostilité à la domination américaine l’ont amenée à considérer que la seule piste pour sortir la Syrie de la crise était d’amorcer « une coopération plus étroite avec la Russie et de ne plus jouer la seule carte de la confrontation ». Pour assurer la paix au monde, il faut « dissoudre l’OTAN et la remplacer par un système de sécurité collective, qui puisse inclure la Russie ». Dans le cadre de l’Allemagne actuelle, l’idéal d’accueil de la chancelière Merkel, qui est évidemment aberrant, a eu pour résultat de créer dans le pays des problèmes insolubles en matière d’intégration. « C’est un problème aux dimensions gigantesques qui jette le doute dans l’esprit des Allemands et rencontre leur désapprobation profonde ».

Ce qui frappe le plus les observateurs de l’histoire politique allemande depuis les années 1950, c’est que cette femme combattive est tout à la fois l’une des dernières à défendre la RDA et son système social et l’une des dernières admiratrices du Chancelier Ludwig Erhard qui avait fait de la République de Bonn un Etat social bien plus acceptable (même pour une communiste !) que la nouvelle République de Berlin, percluse de néolibéralisme asocial. Ce n’est donc pas un hasard si Sahra Wagenknecht s’est toujours portée candidate sur les listes de gauche en Rhénanie du Nord/Westphalie : elle est bien l’avocate des perdants de la réunification à l’Ouest et non celle des anciennes élites de l’Est.

Alexander Schleyer.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°49/2017, http://www.zurzeit.at ).

 

lundi, 18 décembre 2017

« Dans les démocraties libérales, tout est fake news » : entretien avec Alexandre Douguine

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« Dans les démocraties libérales, tout est fake news » : entretien avec Alexandre Douguine

Entretien accordé par Alexandre Douguine aux hebdomadaire Knack (version néerlandaise) et Le Vif à Bruxelles

Propos recueillis par Jeroen Zuallaert

Ex: http://zejournal.mobi

 
Auteur : Jeroen Zuallaert | Editeur : Walt | Lundi, 18 Déc. 2017 - 11h04

« Vous prononcez le mot démocratie comme s’il était sacré. Vous trouvez certainement que les antidémocrates ne sont pas humains ! » Notre confrère de Knack s’est entretenu avec Alexandre Douguine, le prophète autoproclamé de Vladimir Poutine qui rêve d’un empire eurasien où il n’y a pas de place pour les journalistes.

Alexandre Douguine n’est pas l’idéologue maison de Vladimir Poutine. « Ou du moins pas littéralement », admet-il. « À l’heure actuelle, je n’occupe pas de position officielle au sein de l’appareil d’État. Je n’ai pas de ligne directe avec Poutine, je ne l’ai même jamais rencontré. Mais j’ai mes façons de communiquer ».

Pourtant, le terme « idéologue maison » n’est pas mal choisi, estime Douguine. « Si vous comparez mes théories et mes écrits à mon travail, vous pouvez uniquement en conclure que Poutine a suivi pratiquement toutes mes propositions politiques. Il a resserré les liens avec l’Iran et la Turquie et il a annexé la Crimée, ce que je lui recommande depuis des années. Il mise sur les normes et les valeurs traditionnelles. Il a fondé l’Union eurasienne, qui doit constituer la base d’un empire eurasien. Il y a dix ans, j’étais à Washington pour un débat, et on m’a introduit en ces termes : "Ne regardez pas la position de monsieur Douguine, regardez ses écrits et comparez-les aux actes de Poutine". C’est tout à fait ça ».

En Russie, Douguine est surtout populaire dans les cercles militaires, où la lecture de sa Quatrième théorie politique est obligatoire pour les futurs officiers. Cette théorie succède à trois idéologies politiques – le libéralisme, le communisme et le fascisme – qui d’après lui ont perdu leur légitimité. La quatrième théorie politique doit combiner les éléments des trois théories précédentes, même si Douguine semble surtout détester la démocratie libérale. La quatrième théorie politique doit devenir l’idéologie dominante en Eurasie, une alliance géopolitique entre la Russie et l’Europe, qui, tout comme dans 1984 de George Orwell, doit endiguer ce qu’il appelle l’impérialisme américain.

Vous avez qualifié l’investiture de Trump de « l’une des meilleures journées de votre vie ». Êtes-vous toujours de cet avis ?

Alexandre Douguine : Je pouvais à peine en croire mes oreilles ! Pour moi, l’élection de Trump est la preuve que le peuple américain est toujours en vie. Je suis très heureux de l’avènement du trumpisme, même si aujourd’hui il est pris en otage par le Deep State (l’État dans l’État, NLDR). Aujourd’hui, Trump se trouve dans la camisole de force des globalistes américains, on dirait un personnage de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Et pourtant, rien que son élection a été une gifle énorme pour l’interventionnisme américain. Grâce à lui, l’Amérique n’est plus le centre de la globalisation. Même s’il n’arrive qu’à implémenter un centième de ce qu’il a promis, ce serait un soutien incroyable pour le projet eurasien.

Assistons-nous à la fin du libéralisme ?

Ce n’est certainement pas encore la fin, mais les aspects négatifs du libéralisme se manifestent de plus en plus clairement. C’est une sorte de fascisme libéral qui considère tout le monde qui ne possède pas au moins un iPhone 6 comme moins humain. La modernité se voit elle-même comme un objectif final, alors que pour les traditionalistes c’est un choix. Heureusement, de plus en plus de personnes comprennent que le libéralisme est fondamentalement une erreur.

Quelle est pour vous l’erreur du libéralisme ?

Il a privé l’homme de toute forme d’identité collective. La religion, les valeurs traditionnelles, la hiérarchie, la conscience nationale : il faut s’en débarrasser. Tout devient optionnel : on peut choisir sa religion, sa nation, et aujourd’hui même son sexe.

Les transgenres sont tout de même une réalité...

Au contraire, c’est l’idéologie pure. L’homme invente ces concepts et la réalité s’y adapte. Les transgenres et l’homosexualité sont une idéologie politique, ils sont le dernier stade du libéralisme.

L’homosexualité a toujours existé, non ?

C’est de la propagande politique pure qui impose des normes de manière totalitaire à la société.

Dans une démocratie libérale, personne n’est contraint à être homosexuel, non ?

À partir du moment où on autorise quelque chose, la norme change. Au fond, les normes sont une sorte de schéma qu’il faut suivre, et si vous tolérez autre chose que la norme, vous en faites automatiquement une nouvelle norme. Si vous autorisez l’homosexualité, vous détruisez la société hétérosexuelle, parce que vous lui enlevez une forme d’identité collective. L’objectif ultime du libéralisme, c’est d’éliminer l’humanité : vous donnez le choix aux gens de poursuivre leur vie comme un cyborg, ou comme un animal.

Il n’y a tout de même personne qui propose ça sincèrement ?

Nous devons comprendre que le libéralisme est un produit de la modernité. Les concepts tels que le racisme, l’esclavage et le totalitarisme sont des concepts européens nés dans la modernité. Quand le libéralisme était encore contraire au fascisme et au communisme, on aurait dit un système antitotalitaire. Mais à présent qu’il n’y a plus de grands ennemis idéologiques, le libéralisme montre son vrai visage. Les idéologues tels que George Soros et Karl Popper divisent le monde en deux groupes : les sociétés ouvertes et fermées. Tout comme les communistes divisaient le monde en capitalistes et prolétaires et les nazis faisaient la distinction entre les ariens et les non-ariens, ils divisent le monde en progressistes – les bons – et les conservateurs – les mauvais.

Cela ne rime à rien, non ? Dans une démocratie libérale, les conservateurs ont tout à fait le droit d’avoir des idées conservatrices.

Dans une démocratie libérale, seuls les conservateurs libéraux sont les bienvenus. Ceux qui ne le sont pas sont immédiatement marginalisés et criminalisés. Les gens comme moi, qui préconisent une démocratie non libérale, sont immédiatement traités de fascistes et de stalinistes. Nous sommes les nouveaux juifs et ouvriers du goulag. Votre société soi-disant ouverte n’accepte que les partisans de la société ouverte.

AD-book4PTH.jpgMais les partis conservateurs sont tout de même autorisés dans les sociétés occidentales ?

Le débat est mené uniquement parmi les partisans du libéralisme. On peut être libéral de droite et libéral de gauche. On peut être libéral d’extrême droite ou libéral d’extrême gauche. Mais il est impossible d’être non libéral.

Considérez-vous le Front national comme un parti libéral ?

Le FN est un parti libéral d’extrême droite, car il est pour la république et la démocratie. Mais même lui est diabolisé et conspué parce qu’il n’est pas assez libéral.

N’est-il pas normal que les opposants politiques se critiquent entre eux ? Le FN peut tout de même simplement participer aux élections.

Mais ses adeptes sont diabolisés, ce sont des parias ! La même chose vaut pour les personnes qui soutiennent Trump. Si vous êtes dans un café à New York et vous dites que vous avez voté Trump, vous risquez de vous prendre une gifle.

Si vous êtes dans un café à Moscou et vous dites que vous détestez Poutine, vous risquez aussi de vous prendre une gifle.

Je ne suis pas d’accord avec cette analogie. En Russie, on peut parfaitement être anti-Poutine. Le seul moment où nous défendons Poutine, c’est quand nous sommes confrontés aux haïsseurs de l’extérieur. C’est une forme de solidarité russe collective.

Selon votre interprétation, l’Eurasie est-elle une démocratie ?

Vous prononcez le mot démocratie comme s’il était sacré. Vous trouvez certainement que les antidémocrates ne sont pas humains !

C’est une simple question. Votre interprétation de l’Eurasie est-elle démocratique ?

Ah, c’est quoi démocratique ? Disons-le ainsi : pour moi, l’Eurasie ne doit pas être non démocratique. Le taux démocratique de l’Eurasie dépend de ce que décide la société.

N’est-il pas logique qu’une telle décision découle d’un processus démocratique ?

Je trouve qu’une société doit pouvoir décider d’être régie par un monarque ou un dictateur. Le résultat d’une telle décision ne doit pas forcément être une démocratie. La seule véritable décision démocratique en Russie a été prise à l’époque du Zemski Sobor, l’assemblée russe qui a élu le premier tsar des Romanov au 17e siècle. Nous avons choisi un monarque, et nous en avons toujours été contents.

Que se passe-t-il si une société change d’avis ?

Tant qu’il n’y a pas de révolution, il y a un accord tacite qui légitime l’autorité du régime. Les libéraux veulent mettre fin à l’histoire et imposer leur idéologie à tout le monde alors que l’histoire politique est ouverte : la démocratie n’est pas une valeur universelle incontestable que le monde entier n’a qu’à accepter.

Ne trouvez-vous pas problématique que la Russie n’ait pas d’élections impartiales ?

Nos élections sont absolument impartiales, car chez nous elles ne servent pas à amener un nouveau régime au pouvoir. En tant que société, nous sommes plus ou moins contents de Poutine. Alors peu importe le pourcentage exact de gens qui votent pour lui.

Pourtant, vous êtes régulièrement critique vis-à-vis de Poutine ?

Je trouve qu’il ne fait pas ce qu’il a à faire, mais cela ne signifie pas que je ne trouve pas qu’il soit le seul leader légitime possible de la Russie. L’esprit russe fonctionne à plusieurs niveaux. Pour nous, la contradiction n’est pas inacceptable.

Quelle est votre principale critique envers Poutine ?

Je lui reproche d’avoir créé un système où il soit le seul individu capable de prendre une décision. En soi, c’est mieux que le chaos total, mais c’est instable. Poutine se comporte comme s’il était immortel. Malheureusement, il ne l’est pas.

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Vous plaidez en faveur d’une dynastie Poutine.

C’est impossible, car pour cela il faut les institutions, et pour fonder ces institutions il faut formuler les principes de votre vision de la société. Il ne le fait pas. Le plus grand problème de Poutine, c’est qu’il n’a pas d’idéologie. C’est un leader génial qui a transformé un pays qui se désagrégeait en puissance souveraine. Aujourd’hui, chacun doit deviner ce qu’il signifie par « démocratie », « tradition », « religion » ou « modernisation ». Et celui qui devine mal, est puni. En 2014, j’ai été éjecté de l’université parce que j’ai critiqué sa politique étrangère. Mais je me suis résigné, je ne m’intéresse pas à ma carrière.

Êtes-vous content de la politique étrangère de Poutine ?

Je la trouve généralement équilibrée. Sa plus grande erreur c’est de ne pas avoir poursuivi la libération de l’Est de l’Ukraine. Il aurait pu pénétrer beaucoup plus loin en Ukraine. On savait à l’avance qu’il y aurait des sanctions économiques. Aujourd’hui, nous payons un prix lourd pour un produit relativement limité.

Voyez-vous un successeur possible ?

Dans le système de Poutine, il n’y a pas de place pour un successeur. Il craint de nommer un héritier qui soit aussi fort que lui, parce qu’il pourrait l’éclipser. Il était impossible de trouver un meilleur dirigeant que lui, mais nous en avons trouvé de pires. Entre 2008 et 2012, Dmitri Medvedev a pratiquement détruit le système, et il est toujours Premier ministre. C’est un danger que Poutine manipule : si vous ne me soutenez pas, je mets le monstre libéral sur le trône, et notre stratégie au Moyen-Orient tombe à l’eau. Rien n’a été réglé formellement. Le problème, c’est que Poutine parie sur deux systèmes : il est tant eurasianiste que libéral. Dans le paradigme économique, il trouve le libéralisme nettement plus important. Il devrait faire un testament où il explique son idée à son héritier.

Vous souhaitez que Poutine détermine à quel point la Russie peut être occidentale.

(hoche la tête) Il doit traduire son intuition individuelle en une doctrine destinée à sécuriser l’ordre futur. Il n’a tout simplement pas d’idéologie déclarée, et cela devient de plus en plus problématique. Chaque Russe sent que cette approche hyper individuelle de Poutine représente un risque énorme. La propagande à la télévision russe devient de plus en plus stupide. Les talk-shows politiques sur Pervyj Kanal (la principale chaîne publique, NLDR) sont carrément stupides. Les présentateurs sont une bande de libéraux qui se font passer pour des conservateurs par considérations financières. C’est une espèce de jeu : si Poutine change d’avis, il faut changer toute la machine de propagande. Là, ils invitent en permanence les mêmes idiots américains et ukrainiens pour faire passer l’Occident pour stupide. Ce n’est plus convaincant. Comprenez-moi bien : l’Occident est mauvais, mais nous devons au moins prendre la peine de l’étudier.

Ne craignez-vous pas que pour beaucoup de Russes les libertés occidentales paraissent attrayantes ?

Les Russes sont plus constants que vous ne le pensez. Dans les années nonante, les Russes ont été séduits par le libéralisme, mais ils ont rapidement senti la réalité amère. Nous ne devons pas craindre les Russes et leur présenter une caricature de la réalité à laquelle personne ne croit. C’est pourquoi je trouve la télévision russe actuelle aussi répugnante.

Cette critique vaut-elle également pour Russia Today et Sputnik ?

C’est tout à fait différent. RT et Sputnik font parfaitement leur travail. Ils promeuvent une alternative à l’agenda libéral globaliste. Ils élargissent l’opinion démocratique. Nous nous défendons uniquement contre l’élargissement agressif de la société moderne. L’Occident devrait accepter que la forme de société libérale soit optionnelle.

Ne trouvez-vous pas problématique que des médias comme Russia Today et Sputnik inventent tout le temps des événements ?

Les médias mentent en permanence. Tout est fake news. On ne peut approcher la réalité de manière neutre. L’esprit humain fonctionne toujours avec de l’information pro-cédée. Si vous cherchez la vérité, je vous conseille de devenir philosophe : vous aurez une vie intéressante. Celui qui travaille dans les médias est par définition un menteur.

De quelle façon est-ce que je mens, monsieur Douguine ?

Vous mentez parce que vous faites passer une réalité codée définie par la société, par les détenteurs de pouvoir qui contrôlent les médias. Antonio Gramsci dirait : vous mentez parce que vous avez conclu un pacte historique avec le capitalisme. Tout est idéologique, dit le marxisme, et l’idéologie est une fausse conscience : un mensonge pur.

AD-putin.jpgMais il y a les faits, tout de même ? Si demain Moscou lâche une bombe sur Bruxelles, et j’écris que Moscou a lâché une bombe sur Bruxelles, ce n’est pas un mensonge ?

(ricane) D’abord et avant tout, vous ne pourrez rien écrire si cela arrive. Vous serez mort.

Mettons que je survive.

Même alors, il vous faut recueillir des informations et vérifier les sources. Qui paiera votre billet pour accéder aux ruines ? Comment allez-vous prouver que Moscou est derrière les bombardements et non Oussama ben Laden ? Aujourd’hui, il n’est même pas clair qui étaient les auteurs du 11 Septembre ! D’abord, c’étaient les Saoudiens, mais à présent le président Trump a suggéré qu’il fallait une nouvelle enquête. Pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que tout est fake news.

Vous êtes sérieux là ?

Dans notre société, on ne peut jamais être vraiment sûr que l’avion avec lequel Moscou a soi-disant lâché la bombe ait été détourné au dernier moment par des musulmans. Vous connaissez le film Conspiracy Theory ?

Non.

C’est un film extrêmement intéressant dont le personnage principal voit des complots partout, et qui est traité de fou. Mais finalement, il s’avère qu’il est le seul à avoir eu raison depuis le début.

Mais c’est de la fiction, non ?

Non, c’est le paradigme de la réalité. Nous vivons dans une réalité virtuelle du fake news. Le journalisme aussi est un produit typique de la modernité. La vérité est difficile à trouver, et pour la trouver nous devons éliminer le journalisme.

Vous voulez supprimer le journalisme ?

Il y a des sociétés sans journalisme qui ne sont pas pires que la société occidentale. En même temps je réalise que les mensonges peuvent être diffusés de millions de façons. Nous cherchons tout au plus la sécurité, la tolérance, le confort, et peut-être un peu de justice sociale. Le libéralisme ne s’occupe que d’efficacité et d’accélération, et plus de la recherche de la vérité.

L’autoritarisme s’intéresse encore beaucoup moins à la vérité.

Au contraire, dans l’autoritarisme il y a encore un choix. Le totalitarisme, la théocratie, la société de castes : dans les systèmes autoritaires, nous avons le choix entre plusieurs mensonges, ce qui est nettement plus agréable. En démocratie libérale, il n’y a qu’un mensonge à croire : l’assertion que la démocratie est la moins pire de toutes les formes de gouvernement. (réfléchit) Vous savez, le mal est surtout en nous. Nous mettons trop d’espoir et de confiance en la technologie épistémologique. Par exemple, je suis très préoccupé par la confiance aveugle des sociétés en les réseaux sociaux.

Vous aussi vous êtes un fervent utilisateur des réseaux sociaux.

J’essaie de transformer le poison en remède.

La Russie utilise les réseaux sociaux pour influencer les élections étrangères.

(ricane) Je crains que vous nous surestimiez. Oui, la Russie essaie de s’armer contre les attaques technologiques de l’Occident, mais nous n’y parvenons guère. Au fond, c’est une réaction à la guerre en réseau américaine des années nonante. Il vous faudra encore un peu de patience. Notre cyberprogramme n’en est qu’à ses balbutiements, et on nous accuse déjà d’avoir piraté les élections !


- Source : Le Vif (Belgique)