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jeudi, 21 novembre 2019

La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme

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La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme

Ex: http://www.zejournal.mobi

Hier, dans une présentation du texte sur la situation bolivienne, nous avions noté combien l’emploi de certains termes politiques courants au XXème siècle donnait une perception faussaire de la situation :
« Si l’auteur l’ignore, nous ne voulons pas pour notre part ignorer une seule seconde que “les progressistes”, incluant les forces sociétales et une part très importantes des gauchismes, ou “marxistes culturels” aux USA, sont de loin, de très loin au sein du bloc-BAO les meilleurs alliés, complices et frères de sang du Corporate Power, dit également woke capitalism...» (Woke capitalism ? “Capitalisme éveillé”, ou “capitalisme avancé” [politiquement, c’est-à-dire et communicationnellement “avancé” ; c’est-à-dire capitalisme doté d’un masque progressiste qui est quasiment l’équivalent d’une “conscience progressiste”, qui lui est gracieusement fourni par tant de fractions progressistes et gauchistes partageant les objectifs déstructurants et dissolvant du Système, – et le passage in extremis à l’emploi de cette dialectique Système-antiSystème étant dans notre chef extrêmement appuyée et intentionnelle.) »

... Notre exemple-type et institutionnalisé serait bien entendu Daniel Cohn-Bendit, autrefois plaisamment connu dans les salons et les antichambres des barricades sous le surnom de “Dany le Rouge”. Il fut si populaire qu’ils voulurent tous êtres des “juifs allemands” tandis que “Dany le Rouge” se tirait avec adresse et clandestinement de France au Luxembourg (le 28 mai 1968), couvert par l’actrice motorisée pour l’occasion (MG-B décapotable),  Marie-France Pisier qui croyait tourner un film de Godard.

(En fait, ce n’était pas du Godard : tous deux étant un peu lassés de la révolution, ils firent après leur escapade politique, « une escapade amoureuse » selon la délicieuse expression de la Bibliothèque Rose, de quelques semaines en Sardaigne.)

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Aujourd’hui, Cohn-Bendit s’affiche comme un soutien affirmé du néo-libéralisme et de tout ce qui l’accompagne, un parfait exemple d’intellectuel-activiste partisan du capitalisme. A-t-il trahi la “révolution” ? Il affiche également, par son comportement, son aplomb, ses poses, ses convictions sociétales évidemment radicales et son caractère joyeusement supranational, le même entrain libertaire qu’on voyait chez “Dany le Rouge”. Aucune contradiction entre ceci et cela, aucune dissimulation, aucun jeu de rôle. Il est le parfait représentant d’une “passion fusionnelle” entre capitalisme et gauchisme ; on parle du capitalisme postmoderne qui se pare volontiers de vertus progressistes qui sont devenues sa marque de fabrique, c’est-à-dire du gauchisme postmoderne dont le courant libertaire s’exprimant essentiellement du point de vue culturel et sociétal est la plus juste référence postmoderne. 

Le professeur de Liberal Arts à l’université de New York de 2008 à 2019  Michael Rectenwald, auteur de neuf livres dont le plus récent, Google Archipelago, montre sa connaissance des mécanismes de communication postmodernes, a entrepris d’expliquer dans un article pour RT.com pourquoi le Corporate Power est devenu, notamment aux États-Unis et particulièrement dans sa politique générale de communication qui fait aujourd’hui l’essentiel de la posture politique et des engagements qui vont avec, sociétal-progressiste, – ou dit plus justement “est devenu ‘woke’”, selon le mot qui désigne dans le langage sociétal-progressiste cette posture fondamentale. (Le titre de l’article de Rectenwald : « This is the BIG reason why corporate America has gone woke (plus 4 more) ».)

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En termes US, particulièrement à la mode, il s’agit de l’attitude “wokeness” qui, dans cette science dialectique de la postmodernité, a remplacé le terme “cool” et son dérivé “coolness”. D’une certaine façon et si l’on mesure son emprise qui inclut désormais la toute-puissance capitaliste (le Corporate Power), il s’agit de la référence absolue de la structuration de surpuissance du Système. Le Monde , qui n’en manque pas une à ce propos de la fascination qu’il éprouve pour le Système et sa représentation opérationnelle terrestre que sont la dialectique sociétale et le progressisme du système de l’américanisme, nous en a donné il y a un an une appréciation  qui fait frissonner de plaisir les conversations des salons, lors des dîners du “parti des salonards” :

« Woke est dérivé du verbe to woke, « se réveiller ». Être woke, c’est être conscient des injustices et du système d’oppression qui pèsent sur les minorités. Ce terme s’est d’abord répandu à la faveur du mouvement Black Lives Matter (apparu en 2013) contre les violences policières dont sont victimes les Noirs aux États-Unis, pour ensuite se populariser sur le Net. »

Notre auteur Michael Rectenwald expose (en sens inverse dans son article, du n°5 au n°1) les cinq arguments qui expliquent la raison de cette fusion du capitalisme et du gauchisme-sociétal. Les quatre premiers exposés (du n°5 au n°2) sont des arguments de circonstances, qui relèvent d’une politique délibérée :
• les dirigeants postmodernes du Corporate Power sont eux-mêmes “woke”, comme l’on dirait des “enfants de mai 68” ;
• la clientèle la plus intéressante, la plus riche, la plus branchée-consommatrice, est elle-même “woke” (les pseudo-élites des côtes Est et Ouest aux USA, qui composent par ailleurs la clientèle principale du parti démocrate) ; le reste, ce sont les “deplorables” comme les identifia Hillary Clinton, et « les déplorables ont moins d’argent de toutes les façons et ils peuvent aller se faire voir s’ils n’apprécient pas le wokeness du Corporate Power » ;
• « Être woke coûte moins cher que d’augmenter les salaires des employés» : on s’affirme woke, on agit woke, on s’applaudit woke, on fait de la pub woke et tout le système de la communication, la presseSystème, Hollywood applaudissent et travaillent à la promotion des produits ainsi vertueusement fabriqués ;
• l’attitude “wokeness” agit comme un formidable argument face aux élites politiques, aux pressions des gouvernements et à tous leurs relais, terrorisés par tout acte qui paraîtrait mettre en cause un producteur de cette attitude-PC (Politiquement Correcte). 

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Puis l’auteur arrive au cinquième argument, qui est en fait le premier dans l’ordre de l’importance, qui englobe tous les autres et tranche décisivement la question de cette apparemment étrange fusion entre capitalisme et gauchisme.  (« Ci-dessous, je passe en revue certaines des explications possibles du capitalisme modernisé avec la tendance gauchiste du ‘Corporate Power’, – les cinq dans l’ordre inversé, de 5 à 1, –  quatre étant diversement convaincantes, et une [la n°1] étant la plus décisivement convaincante. »)

Michael Rectenwald nous explique alors pourquoi et comment le “wokeness” est si parfaitement constitutif de cette alliance entre la très-grand capitalisme globalisé et le gauchisme postmodernisé. Cette attitude postmoderne et sans précédent pour qui a l’habitude des classifications politiques classiques, représente en fait une synthèse (postmoderne, cela va de soi) de courants bien connus de cette attitude politique classique tout au long du XXème siècle. Il s’agit d’un recyclage massif de tout ce qui a échoué au XXème siècle, pris sous une autre forme, et donnant au capitalisme globalisé la clef d’accès à son rêve globaliste : c’est la victoire du marxisme (ou “marxisme culturel”) sur le capitalisme et la victoire du capitalisme sur le marxisme (ou “marxisme culturel”), – parce que, finalement, l’un est dans l’autre et inversement, puisqu’il s’agit finalement de la même chose, de la même nature, de la même ontologie-Système, puisqu’il s’agit enfin du Système lui-même...

« L’attitude dite-“wokeness” fait elle-même partie du capitalisme globaliste. La politique de gauche est parfaitement compatible avec les agendas des géants mondiaux de l'entreprise et les soutient. Les multinationales et les militants de gauche veulent les mêmes choses :
» • Le globalisme, – ou, en termes marxistes, l’“internationalisme”, – a toujours été un but de la gauche et il est devenu un but des entreprises multinationales. Les seconds élargissent leurs marchés et les premiers pensent qu'ils font avancer l'objectif marxiste du “Travailleurs du monde entier, unissez-vous !”.
» • Immigration sans restriction : Fournit une main-d'œuvre bon marché aux entreprises et donne aux gauchistes le sentiment d'être politiquement branchés et moralement supérieurs pour être des antiracistes qui accueillent tout le monde, –- quelle que soit leur race, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle, – y compris les membres de gangs mexicains qui vendent de la drogue et des enfants , – tout cela à la campagne, mais pas vraiment pour camper dans leur salon.
» • Le transgendrisme ou le polygendrisme, la pointe de la politique identitaire de gauche, est également bonne pour les affaires. Elle crée de nouveaux créneaux pour les produits d'entreprise, divise la main-d'œuvre et distrait les gauchistes par des arcanes et des absurdités quotidiennes.
» • Se débarrasser des nations, du genre stable, de la famille, de la culture occidentale et (pourquoi pas ?) du christianisme, –  la marque du “progrès” gauchiste et de la politique d'avant-garde, – favorise également les objectifs corporatistes mondiaux, éliminant tout obstacle à la domination mondiale des entreprises. »

Mais il y a un paradoxe à cette évolution assez rapide et qui s’est imposée avec une puissance inimaginable, de l’alliance entre le gauchisme (gauchisme-sociétal, pour parer cette mouvance des colifichets bling-bling des singularités humaines à caractère sexuel-absolument-libéré) et l’hypercapitalisme néo-libéraliste. Il s’agit de la position de forces marxistes de vieille souche, c’est-à-dire ces vieilles souches soi-disant inspiratrices de nos néo-révolutionnaires alliés au capital, qui restent redevables, à plus ou moins bon escient, et parfois même ridiculement mais qu’importe car seul nous importe le paradoxe, à cette fameuse doctrine. Ces vieilles forces marxistes qui ont gardé du marxisme ce qui leur importait, n’entendent pas une seconde y renoncer, et elles se font implicitement les plus virulents critiques de ces nouvelles forces gauchistes-sociétales, ou “marxistes-cultuelles”. Petite revue non limitative...

• La plus “pure et dure” de ces forces, parmi nos connaissances et nos fréquentations, est le siteWSWS.org de la IVème Internationale trotskiste, extrêmement bien documenté et très largement suivi et influent. Les trotskistes de WSWS.orgn’aiment pas qu’on leur rappelle que les neocons viennent du trotskisme, et de toutes les façons ils les considèrent comme des déviants pathologiques, des traîtres absolus servant d’avant-garde de l’impérialiste capitaliste et américaniste ; ils considèrent de toutes les façons qu’ils ont trahi le trotskisme. La fureur sinon la haine qu’ils entretiennent à l’encontre du gauchisme-sociétal, palpable dans la façon qu’ils dénoncent le mccarthysme des divers mouvements sociétaux type #MeToo et autres sphères de dénonciation du même type, est incommensurable. La défense furieuse qu’ils assurent du cas Julian Assange, victime expiatoire du Système et du gauchisme-sociétal et artisan d’un antiSystème héroïque, est caractéristique de cette position opposée complètement au néo-“marxisme culturel” complice de l’impérialisme.

 • Il y a l’exemple du communisme chinois, qui reste politiquement intraitable à la tête polkitique de cette puissance. Même si la référence marxiste est chez lui purement ornementale, son développement effréné du capitalisme ne nous paraît nullement aller dans le sens du Système, et même au contraire, jusqu’à laisser se développer une finalité qui fait de cette puissance un adversaire potentiel à mort du capitalisme dans sa composante gauchiste-libérale. En Chine, la dimension sociétale caractérisant le gauchisme du Bloc-BAO est traitée par le mépris le plus complet. Nous laissons de côté toutes les tares de l’hypercapitalisme qu’on retrouve chez les Chinois (corruption, immenses fortunes des oligarques) parce que c’est l’inévitable conséquence du Système imposant à tous ses tares, parce qu’enfin il nous paraît probable que cette dimension ne parviendra pas à subvertir la direction communiste, à moins d’un effondrement qui se placerait nécessairement dans le cadre d’un phénomène global et catastrophique d’effondrement emportant tous les rangements actuels pour nous amener devant des perspectives inconnues balayant toutes les analyses et tous les constats présents. 

• Le PC russe est un autre exemple de l’évolution d’un mouvement hérité du marxisme soviétique et qui s’est transformé en une force farouchement nationaliste et souverainiste.

dcb5liGV.jpg... Cette revue de détail nécessairement partielle et non limitative ne signifie en aucune façon qu’il existe, ou que va se créer un front vraiment “marxiste” contre le gauchisme-sociétal qu’on a tendance à assimiler au “marxisme culturel” pour le marier encore plus aisément à l’hypercapitalisme. (Leur “marxisme culturel” est un “marxisme de spectacle”, comme il y a la “société de spectacle” de Debord.) Seule importe cette position d'opposition très diverse à la passion fusionnelle capitalisme-gauchisme-sociétal, comme un socle continuel de critique, de mise en évidence et de dénonciation du simulacre capitalisme-gauchisme-sociétal.

Cela veut dire que l’alliance fusionnelle entre les gauchistes-sociétaux, ou “progressistes-sociétaux”, et l’hypercapitalisme/néolibéralisme est totalement, absolument faussaire par rapport à ses prétentions in fine doctrinales, et qu’elle draine tout ce qu’il y a de pire dans la production du XXème siècle parmi les forces qui ont survécu aux terribles soubresauts de ce siècle. Elle est totalement dépendante du Système, à la fois, enfant et idiote utile du Système, et elle connaîtra nécessairement son sort.  Elle est totalement de son temps catastrophique, et comme lui rangement pseudo-politique, faussaire et catastrophique, qui passera à la guillotine de la métahistoire.


- Source : dedefensa

mercredi, 20 novembre 2019

Désinformation en ligne : sortir de la dictature du temps court

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Désinformation en ligne : sortir de la dictature du temps court

 

Des « bots » aux « fermes à trolls » en passant par Cambridge Analytica la désinformation en ligne est devenue un phénomène politique. Souvent réduit aux « fake news », l’épineux problème cache en fait une réalité plurielle qui regroupe des biais cognitifs, une crise du journalisme et de la confiance en l’État et une paresse intellectuelle croissante du public. Conséquence de ce joyeux cocktail, le phénomène de la désinformation en ligne prend aujourd’hui une ampleur sans précédent.

Récemment, une étude de l’Institut Internet de l’Université d’Oxford fait un bilan alarmant : « des agences gouvernementales et des partis politiques ont utilisé les réseaux sociaux pour diffuser de la propagande politique, polluer l’information en ligne et entraver la liberté d’expression et la liberté de la presse ». Une enquête Eurobaromètre parue en 2018 montre aussi que ce mouvement inquiète les populations : 83 % des personnes interrogées estiment en effet que les fausses informations représentent un vrai danger pour la démocratie. Une crainte encore renforcée par l’arrivée des « deepfake », qui brouillent encore plus la limite entre fait et fiction.

Un phénomène complexe

Pour bien comprendre le phénomène, il faut en envisager les tenants et les aboutissants. L’ONG First Draft a publié à ce titre une matrice, très éclairante. Elle y liste les différents types de contenus créés et partagés : satire ou parodie (qui peut, parfois sans le vouloir, induire en erreur), les contenus trompeurs, contenus fallacieux (qui imitent de vraies sources d’information), contenus fabriqués (en partie fondés sur des faits réels), liens erronés, informations vraies citées dans un contexte erroné et, enfin, contenu manipulé.

L’ONG s’est aussi penchée sur les circonstances qui ont généré ces contenus : un journalisme de piètre qualité (sans vérification a priori), l’intention parodique, un ton provocateur, la passion qui peut pousser à commettre des erreurs de contextualisation, le partie pris d’un écrit, la recherche d’un profit, d’une influence politique ou la propagande politique. En recoupant ces deux champs (comment et pourquoi), la désinformation en ligne apparaît dès lors plus clairement dans sa complexité.

Les modes de diffusion de ces contenus sont eux aussi intéressants. Il ressort de l’étude de l’Université d’Oxford précitée que le réseau social Facebook s’est fait le canal privilégié pour cette désinformation avec des campagnes menées dans 56 pays sur les 70 touchés par le phénomène. Dans le cadre du réseau social, il est possible de cibler des usagers spécifiques susceptibles d’y réagir et de marteler le même message jusqu’à assimilation.
Or, malgré l’introduction d’un outil de transparence sur Facebook, la méthode demeure d’autant plus efficace que les internautes sont fatigués par « la quantité accablante d’informations qui nous arrivent au quotidien », note First Draft. D’autant que le cerveau humain est moins capable d’esprit critique devant des informations visuelles ou des contenus qui confortent notre avis : le fameux « biais de confirmation ». Aussi, les usagers des réseaux sociaux sont eux-mêmes un vecteur important de la diffusion de contenus fallacieux, qu’ils partagent eux-mêmes sans mauvaise intention.

Outil de déstabilisation modernisé

Le diagnostic posé, qu’est-il possible d’en conclure ? D’abord il faut rappeler que, évolutions technologiques mises à part, la désinformation s’est toujours trouvée au cœur des luttes entre populations et entre nations (les faux plans de débarquement des alliés, les armes de destruction massives irakiennes, la petite taille de Napoléon, l’ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016…).Dans une tribune publiée dans The Hill, le Général Jean-Paul Palomeros, ancien commandant de l’OTAN, rappelle le long historique de désinformation des pouvoirs publics, mais souligne également que les risques auxquels ces derniers font face sont désormais plus grands. Il note avec justesse qu’au-delà de la Russie, coupable souvent toute désignée, tous les pays sont concernés.

A lire aussi : Les robots tueurs : entre fantasme et provocation, quelle réalité juridique ?

Il retient pour ce faire l’exemple du grand boycott d’avril 2018 au Maroc. S’il semblait en premier lieu être un mouvement spontané d’un peuple excédé, il s’est rétrospectivement avéré être une campagne orchestrée par des militants islamistes, s’appuyant sur des milliers de posts trompeurs, une petite officine de militants islamistes et des campagnes de sponsorisation agressive. Le tout afin de « fragiliser la confiance que les Marocains accordent à leur classe politique (1) » et, in fine, de nuire aux élections à venir, en 2021. Résultat des courses, ce boycott, suivi par une grande partie de la population (dont les motifs de colère n’étaient pas moins justes), a connu un succès indéniable. Pourtant, il est clair que l’étincelle a été allumée par des pyromanes avec des intentions hostiles – dont les médias ne semblent pas avoir pris la mesure.

Sortir du temps court de l’information

Devant ce risque, la Commission européenne a décidé d’élaborer un code de bonnes pratiques à l’échelle de l’UE. Pour ce faire elle a collaboré avec Google, Facebook, Twitter, Mozilla et autres Wikimedia pour produire un ensemble de « mesures tangibles de lutte contre la désinformation » imaginée par les plates-formes. Il prévoit de bloquer les revenus publicitaires de certains comptes sur les réseaux sociaux ainsi que l’obligation pour les « publicités politiques (2) » d’être labellisées comme telles. S’il s’agit d’un début un peu tiède, c’est tout de même un pas dans la bonne direction.

Mais les journalistes eux-mêmes ont un rôle à jouer. Sous l’effet d’une pression croissante pour relayer l’information au plus vite, la qualité des contrôles de l’information s’est effondrée. Exemple célèbre des effets délétères du temps court, la prise d’otage de l’Hyper Cacher par Amedy Coulibaly, durant laquelle un journaliste avait révélé la cachette de plusieurs otages par accident, ce qui aurait pu leur coûter la vie. Les récents incidents autour de l’arrestation d’un « faux » Xavier Dupont de Ligones et le traitement de l’incertitude entourant l’incendie de l’usine Seveso à Rouen (avec son lot de radicalisation sémantique et de précipitation dangereuse) illustrent également cette dérive.

Pour restaurer le lien de confiance avec le public, il est crucial que les médias revoient leur rapport à l’actualité, et sortent de cette course contre la montre qui s’est avérée totalement contre-productive. A contrario, nombre d’études ont souligné que les interactions avec le public sont un facteur positif. Le rapport de confiance s’améliore à mesure que les journalistes s’impliquent dans les sections de commentaires et sur les réseaux sociaux. Enfin, une plus grande transparence sur la rédaction des articles – les procédures suivies, les raisons de ces procédures – permettrait de davantage mettre en valeur le travail de journaliste, et faire comprendre les délais entre un événement et sa couverture par la presse.

La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

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La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

Peuple, société et Etat en Europe

par Irnerio SEMINATORE
Ex: http://www.ieri.be

La démondialisation. Concept économique ou concept politique?

Face aux grands retournements du monde et aux évidences les plus affirmées, il est toujours utile de se poser des questions de fond. Dans le cas de la démondialisation, comme source et effet de répercussions innombrables, faut il la tenir pour un concept économique, ainsi qu'il il semblerait à une première lecture du phénomène ou bien comme un concept politique? Plus loin, ne s'agit il pas d'un nouveau paradigme, désignant un retour des vieux cycles historiques et donc d'une fausse découverte? Au premier abord la démondialisation est présentée comme un modèle alternatif à l'économie néolibérale, fondée sur l'interdépendance des sociétés et donc sur une critique du libre-échange, née d'un courant de pensée hostile au libéralisme et à ses corollaires. Il serait question, par ce terme d'une nouvelle organisation de la société planétaire, soustraite à l'emprise de la finance et caractérisée par un repli autarcique, articulant le cadre local et la dimension internationale. Ses partisans préconisent, au travers de son adoption, une reterritorialisation du développement, plus équitable et plus écologique, privilégiant le marché intérieur au marché mondial, sous le primat d'un protectionnisme national et européen (J.Sapir). L'instauration d'une régulation de la finance mondiale, dans le but d'un développement euro-centré et sur des régions à base civilisationnelles communes, aurait une portée réformatrice incontestable, selon ce point de vue. Or, il n' en est pas ainsi dans une lecture de la démondialisation comme concept politique. Dans ce cadre, la séparation classique entre l’État et la société reprend son importance comme ligne de régulation des inégalités nouvelles et comme remise en cause des interdépendances asymétriques.

Les menaces et la diplomatie globale

La diplomatie globale, pratiquée par Kissinger pour négocier les accords SALT 1 et SALT 2, en fut une application remarquée, puisqu’elle associa les aspects économiques aux aspects stratégiques, en vue de la stabilité à atteindre, en matière nucléaire, entre les Étas-Unis et la Fédération de Russie. De même et de nos jours, la différente régulation des échanges en termes de barrières tarifaires et de prélèvements fiscaux par l'Administration Trump, s'est faite sentir par la prise de conscience de la dangerosité, structurelle et sociale, de la désindustrialisation. Dès lors, a commencé une surenchère de menaces de la part des États-Unis, sans distinction de pays ou d'aires économiques, au nom de l'instinct protecteur du peuple américain. Or la mondialisation, qui avait fait disparaître les oppositions et les séparations traditionnelles entre l’État et la société et avait mis en exergue la contradiction entre la démocratie et l'Etat impérial, a rabaissée le rôle politique de l’État à une fonction technique, de gestionnaire du développement capitaliste. Cette même mondialisation, dont l' apogée date de la première décennie du XXIème siècle, s'inverse progressivement en son contraire, la démondialisation et la réémergence du politique. C'est le moment culminant du monde unipolaire.

La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

La démondialisation est l'irruption de la politique dans un monde dépolitisé, l'éveil des oppositions anti-système au cœur de cadres politiques exsangues, neutralisées par la bifurcation d'économie et d'éthique, sous laquelle se cache toujours une pluralité de projets de domination, d'exclusion et de puissance .

En effet, si la mondialisation fut, à l'Est, la conséquence libératrice de la fin du monde bipolaire et des régimes totalitaires (chute du mur de Berlin et fin de la division de l'Europe), elle fut aussi la mère anesthésiante, à l'Ouest, d'une grande illusion, celle d'un monde post-historique, post-national et post-identitaire, un monde dépossédé des passions humaines, culturellement aliéné et embrigadé par l'Amérique.

Ainsi, la démondialisation apparaît aujourd'hui, au plan de la connaissance, comme un retour de l'histoire, de l'existence tragique du monde, de la "jealous emulation", de l’État national et de la souveraineté décisionnelle. Elle est aussi le retour, en Europe, de la différenciation, civilisationnelle et raciale, par opposition à un univers indifférencié, homogène, d'apparence universelle et dissimulateur des ennemis, déclarés et visibles.

La mondialisation a désarmé les nations européennes par son utopie de reconstruction du monde sans effusion de sang et par la négation du sens de la violence armée et des conflits militaires; négation irénique, portée par les fils des fleurs dans la célébration mythique de la culture hippie de Woodstock à la fin de la guerre du Vietnam, par les sitt-in des campus américains et par la vocation déstructurante de Mai 68.

Et enfin la mondialisation a étreint l'Europe, spirituellement amorphe, entre l'Amérique impériale et l'immense Eurasie des tsars, de l'Empire du milieu et du Soleil Levant.

Peuple, populisme et nouveau "compromis historique"

Au sein des vieux cadres institutionnels, l'irruption du politique a sonné, en Europe, l'éveil des peuples, sous la bannière inattendue du populisme, suggérant l'exigence d'un nouveau compromis historique entre le demos et les élites.

C'est au plan spirituel et historique que la démondialisation représente au fond l'achèvement de l'ère des neutralisations et des dépolitisations, débutée il y a deux siècles et le retour aux antithèses de la démocratie et de l’État constitutionnel libéral, faisant de l'évolution de la forme d’État, un piler de référence et de protection, qui, parti de l’État absolu du XVIIIème, a abouti d'abord à l’État neutre ou non interventionniste du XIXème, puis à l’État total du XXème et enfin à l’État gestionnaire d'aujourd'hui.

Ce type d’État a égaré sa raison d'être profonde, la sécurité des citoyens et l'identification de l'ennemi et recouvre désormais la représentation d'un demos hostile et islamisé, conjuguant,en sa forme fusionnelle, l'irrationalisme éthique des religions et le fanatisme fondamentaliste des idéologies.

Par ailleurs, la société civile est devenue la proie de cet ennemi intérieur, un conglomérat étranger, invasif, déraciné et violent, politiquement enhardi contre les intérêts et les besoins, mais aussi les convictions, les valeurs et les formes culturelles de vie, appartenant aux traditions européennes, détournées de la civilisation occidentale.

Le peuple, menacé de désagrégation par une immigration massive, a-t-il voté pour sa mise à mort démographique?

De figure secondaire et apparemment inessentielle à la mondialisation, l’État souverain est devenu à nouveau incontournable et le "peuple" resurgit contre la démocratie, convertie en utopie diversitaire et en régime mis sous tutelle par les juges et par leurs sanctions liberticides.

Le "peuple", cette figure exaltée et honnie de l'histoire, fera-t-il table rase de la "révolution" multiculturelle, en sujet vengeur de son aliénation forcée et en réaction à sa mise à mort identitaire ? Une mort qui commence par la dissolution de son histoire et de son passé, promue par le gauchisme intellectuel et par le recours à une "histoire métissée" (P. Boucheron).

Sera-t-il cagoulé et corseté, dans la chemisole de force d'une souveraineté des élites, affranchie de tout contrôle référendaire et échappant à la colère du "souverainisme" populaire?

Une insurrection d'ampleur mondiale (Ivan.Krastev) apparaît de moins en moins comme une hallucination intellectuelle, car la réponse à l'irruption du politique à l'âge de la démondialisation se résume à la question : "l'Ouest doit-il adopter ou refuser  la démocratie illibérale théorisée à l'Est?"

La démocratie illibérale et l’État souverain, entre compétition économique et compétition politique

Or, si la fonction du politique se transforme dans les démocraties avancées, la démondialisation fait du peuple un acteur incontournable des contre-pouvoirs, un sujet de changement qui arrive au pouvoir, pour restaurer la démocratie trahie par les élites cosmopolites.

En termes politiques, la mondialisation a représenté la dissolution et le déclin de l’État classique européen, celui du "Jus publicum Europaeum", comme cadre des relations inter-étatiques, qui s'est fragmenté et polarisé depuis. Ce cadre, dominé par les appétits de puissance, demeure celui de toujours, le champ d'une compétition belliqueuse, où l'état d'hostilité et de guerre peut reprendre à tout instant, puisque, dans le monde des Léviathans, "Pugna cessat, bellum manet" (le combat cesse, mais la guerre demeure).

Ainsi, en guise de synthèse, si la mondialisation a été emblématisée par la chute de la bipolarité et la financiarisation de l'économie mondiale, russe et chinoise, la démondialisation représente la crise politique et morale de ce système et ouvre sur  une série de conflits qui se succèdent et s'installent dans la durée, de nature ethnique, sociale et  géopolitique: en Europe, le Brexit, l’Ukraine, l'invasion migratoire et, à proximité immédiate, la Syrie, l'Irak, l"État Islamique, la Turquie, reconfigurant les alliances et secouant leurs fondements et leurs principes (l'Otan en état de mort cérébrale - E.Macron).

Dans le système international, le déplacement du centre de gravité du monde de l'Ouest vers l'Est et, en ce qui concerne l'Occident, la rupture de légitimité entre les peuples et leurs élites et la crise de l’État démocratique, ajoute à ces critères, un épuisement des formes dominantes de pensée, qui quittent le terrain de la morale humanitaire et des droits de l'homme, pour s'orienter, dans les relations inter-étatiques, vers le réalisme et, dans les relations internes, vers le conservatorisme et le populisme.

A ce sujet,une nouvelle séparation prend forme en Europe entre les États libéral-démocratiques de l'Ouest et les États illibéraux de l'Est.

La fin du "statu quo " et la critique de la modernité

En effet, la crise du mondialisme et l'inversion de son son procès, la démondialisation, marquent la fin de la légitimité du "statu quo" et celle de l'institution qui l'emblématise, l'Union Européenne, puissance antithétique aux mouvements de l'histoire.

Or, dans l'impossibilité de faire revivre le passé, se pose l'éternelle question de toute impuissance politique: "Que faire face à l'avenir?"

La restauration du passé est donc une restauration du mouvement de l'histoire , le refus du primat de la société civile sur l’État et le retour des passions politiques, populaires et nationales. C'est aussi le retour du religieux qui structure le rapport au monde du sujet collectif et qui appelle à la critique de la modernité radicale et à l'esprit de déconstruction qui l'accompagne

Comme inversion du pouvoir globalisé, la démondialisation met en crise les tyrannies modernes, déconnectées du réel, dispersées en oligarchies solidaires et dressées contre les intérêts des "peuples".

La "gnosis globalisante", la vengeance de l'histoire et le temps des orages

Aux grandes portes de l'avenir, l'optimisme le plus débridé s'attend à un nouveau krash mondial, signalé par la névrose d' un ralentissement économique synchronisé et par une démondialisation étendue.

Celle-ci comporte l'enchaînement disruptif de trois arcs de crise, du Sud-Est asiatique, du Proche et Moyen Orient et de l'Europe de l'Est, secoués par une confrontation des modèles économiques, sociétaux et culturels, que le choc de civilisations, opposant Orient, Occident et Islam, aggravera avec force incendiaire.

Ainsi le siècle que nous vivons verra la coexistence d'une nouvelle guerre froide, d'une confrontation globale permanente et d'une lutte de classe des peuples et des nations, à l'échelle continentale.

L'âge des révolutions et des guerres civiles n'est pas terminée, car une immigration massive et incontrôlée fera de la démographie, de la religion et de la culture le terrain privilégié d'un affrontement, armé et violent, où se décidera du sort de l'Occident.

Portant atteinte à l'être des nations, la "gnosis globalisante", ouvrira un horizon de vide intellectuel sur la fin d'un monde, travaillé confusément par la déconstruction du passé et par la recherche d'une espérance, qui était assurée autrefois par les grandes métaphysiques et promise, puis trahie, par les trois concepts-clé de la modernité et de la révolution des Lumières, "liberté, égalité, fraternité".

Pendant ce temps, à l'âme corrompue et malade, le monde européen, abandonné par sa civilisation, connaîtra la déshérence existentielle, avant le moment des orages et la vengeance de l'histoire.

 

Bruxelles, le 9 novembre 2019

Alexandre DOUGUINE: Principles for Comprehending Chinese Civilization

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Principles for Comprehending Chinese Civilization

Ex: https://www.geopolitica.ru

China is recognized to be an independent and unique civilization by virtually everyone, and therefore there is no need to prove this. Rather, we are faced with attempting to reveal the structure of this civilization’s Logos and to determine as much as is possible its geosophical map both within the borders of China and beyond, as well as in its dialogue with neighboring civilizations.

Chinese culture has exercised an enormous and at times decisive influence on neighboring peoples, first and foremost on Korea, Vietnam, and Japan, all of which during certain eras held themselves to be part of Great China – not in the sense of political unity, but as indelible and organic parts of Chinese civilization and the Chinese horizon. This horizon also substantially impacted the peoples of Tibet as well as the nomads of Turan bordering China from the North. Moreover, we can encounter definite influences of the Chinese element among the peoples of Indochina and South-East Asia, such as in Cambodia, Laos, Myanmar, Thailand, Malaysia, as well as, although to a lesser extent, Indonesia and the Philippines.

On the other hand, China itself has in some cases re-translated tendencies and influences originating in other civilizations. China was heavily influenced by the peoples of Turan, who often came to form the core of the ruling elites (such as among the Xianbei, the Mongols, the Manchurians, etc).[1] In the most ancient periods of Chinese history, the Indo-European factor was significant, as the Indo-Europeans remained the main force of the Eurasian Steppe up to the first few centuries AD.[2] It is from the Indo-Europeans that the ancient Chinese borrowed the horse, the chariot, and a number of cultural forms, above all the art of war, which the Indo-Europeans of Turan had developed with priority. 

Also Indo-European in semantics and origins was Buddhism, which became widespread in China from the first to third centuries AD and came to constitute an important component of the Chinese tradition. Buddhism spread to China directly from India [3], as well as from Central Asia and the Tarim Basin, which were inhabited by Indo-European peoples. A certain role in this process was played by Tibet which, on the one hand, itself experienced Chinese influence while, on the other hand, represented a civilization in which the Indo-European vector was decisive.[4]

In studying China, we can apply our traditionally employed methodologies of civilizational analysis which have helped us to attain the level of ultimate generalizations which we have in the topography of noology.[5] If we succeed in hinting at the priorities in the noological structure of Chinese civilization, if we can approach the revelation of the main characteristics (existentials) of the Chinese Dasein, and if we can reveal just which Logos or Logoi of the three main ones is dominant in China, then we will consider our task to be fulfilled. 

The Significance of the Works of Marcel Granet: “We, Chinese” 

In unraveling the intricacies of the deeply original, unparalleled, unique Chinese culture, we will be guided by the works of an author who, from our point of view, while himself a European, nevertheless maximally profoundly delved into this culture’s structures and provided a most reliable description of it. We have in mind the French sociologist Marcel Granet (1884-1940), who devoted all of his scholarly life to studying China. Granet built his methodology along the following principles: 

  1. Western European authors studying China have all, without exception, proceeded in their interpretations from the Eurocentric positions and paradigms of Modernity, reinterpreting social relations, political ideas, philosophical terms, religious practices, and so on in their own key, and thereby constructing an artificial Chinese historial seen from the position of either a detached observer nevertheless claiming universalism and truth in the final instance, or from direct (even if unconscious) colonial attitudes. Thus, any European interpretations will certainly remain within the paradigmatic treatment of China as a “society of barbarians”, that category into which all developed (“non-savage”) civilizations qualitatively differing in their structures from the European societies of Modernity automatically fall. Thus, Eurocentric Orientalism is one-sided, biased, and unreliable.
  2. Chinese historians themselves, in reflecting on the essence and structures of their civilizations, have erected an historial founded on one or another dynastic, philosophical, ideological, or at times religious preference, which also thereby presents a one-sided and ideologized version that cannot be taken as the final truth, and which must be constantly verified and corrected. 
  3. We are left with pursuing a third way, that of immersion into Chinese civilization, its language, history, philosophy, customs, rites, art, politics, and society as a whole, attempting to identify its immanently inherent patterns on the basis of sociological and anthropological methodologies, and trying to adhere as close as possible to how the Chinese understand themselves without losing sight of the distance necessary for correcting social self-consciousness (the collective consciousness a la Durkheim) with regards to the general process of its historical changes and dynastic, religious, and geographical versions and alternatives. 

Marcel Granet’s method applied towards China is in many respects similar to that of Henry Corbin (1903-1978) in his deep study of Iranian and Irano-Islamic civilization, a methodology which Corbin himself called the “phenomenology of religion.”[6] It is impossible to correctly describe a society’s self-consciousness if it is deliberately held that everything in which they themselves believe is “ignorant prejudice” or “empty chimeras.” Yet China can be understood only upon taking the position of the Chinese, agreeing to consciously trust how they see the world and just which world they constitute with their view. Just as Corbin said in his study of Iranian Shiism “We, Shiites”, Marcel Granet could well say of himself “We, Chinese” without any intention of irreversible altering his identity from being European to Chinese. In studying Chinese identity, European (or in our case Russian) identity ought, temporarily and in accordance with quite specific anthropological and sociological methodologies, be forgotten, so as to later (insofar as one desires) return to such, being enriched with radically new and previously inconceivable civilizational and even existential experience. 

In his approach, Marcel Granet combined the holistic sociology of the Durkheim school and the methodologies of the “annals school”, which resulted in the conceptualization of society as a whole phenomenon and the treatment of the changes in society’s structure over the course of long historical periods not as differing, strictly discontinuous periods, with which conventional historical chronicles usually operate, but as processes of continuous and gradual mutations. The foundations of this methodology were substantiated in detail by Fernand Braudel with his famous concept of the “long durée.”[7] Granet devoted a number of fundamental works to China, namely: The Ancient Festivals and Songs of ChinaThe Religion of the ChineseThe Dances and Legends of Ancient ChinaSociological Studies on China, and his two generalizing and most important works, Chinese Civilization and Chinese Thought.[8-13]

Georges-Albert de Pourvourville and the Traditionalists 

In addition to Granet, a substantial contribution to the comprehension of Chinese civilization has been supplied by Georges-Albert Puyou de Pourvourville (1862-1939), who wrote under the name Matgioi and studied Chinese civilization from within, spending many years in China. Pourvourville-Matgioi was initiated into the Taoist tradition by a Chinese teacher and passed on his acquired knowledge in his works on Chinese metaphysics, The Rational Way and The Metaphysical Way, in his books The Middle Empire and The China of the Learned, and in his translations of Lao Tzu’s Tao Te Ching and Quangdzu’s The Spirit of the Yellow Race.[14-19] Another outstanding Traditionalist, Julius Evola (1898-1974), subsequently translated the Tao Te Ching into Italian.[20]

Pourvourville formulated his aim in the following words:

“I shall try to reveal to the Western twentieth century this treasure, hidden for five thousand years and unknown even to some of its keepers. But first I wish to establish the main features of this tradition, by virtue of which it is the first and, as follows, the true Tradition, and to mainly determine, by way of the tangible evidence accessible to man which this tradition’s authors have left us, how the relics of this tradition date back to the era when in the forests covering Europe and even the West of Asia wolves and bears were nearly no different from people who, clothed like them in skins, devoured coarse flesh.”[21]

Matgioi thus emphasized that he believed the Chinese tradition to be the most ancient and primordial (similar to how other Traditionalists, such as Guénon and Coomaraswamy, saw the Primordial Tradition in Hinduism). At the same time, Pourvourville-Matgioi did not simply try to prove that the Chinese tradition is comparable to the European but, as can be seen in the preceding passage, he was convinced that in all of its completeness, depth, and antiquity, it was superior to European culture as a whole, not to mention the European culture of Modernity, which Traditionalists univocally regard as degenerate and in decline. 

Pourvourville was close to René Guénon (1886-1951), the founder of European Traditionalism, and was one of Guenon’s main sources of acquaintance with the Chinese tradition. Guénon himself devoted a fundamental work, The Great Triad, to Chinese metaphysics, and therein largely relied on the ideas of Matgioi.[22] Matgioi and Guénon’s works are important in that they approach Chinese metaphysics from within, accepting the religious point of view of the Taoist tradition to the extent that such is accessible to people of European culture. Further important accounts of the Chinese spiritual tradition are contained in the works of the historian of religions and author close to Traditionalism, Mircea Eliade (1907-1986), particularly his work Asian Alchemy,  a considerable portion of which is devoted to the Chinese tradition.[23]

The Han Horizon: The People of the Milky Way

As is the case with any people, in examining the Chinese it is difficult to definitively determine just which layer of identity, which is necessarily multilayered and dialectically changing in its proportions over time, ought to be taken as our point of reference. Without a doubt, we are dealing with a civilization, and this means with a formalized and reflexive Logos embodied in philosophy, tradition, culture, politics, and art. In antiquity Chinese civilization achieved full disclosure, that is to say the Ausdruck stage in Leo Frobenius’ terminology. We can study this Logos, analyze and comment on it by studying and systematizing its elements and layers. In and of itself, this is already an extremely complex task, as Chinese civilization has gone through multiple principal phases entailing qualitative semantic shifts and, as follows, substantial adjustments have been ingrained into the fundamental paradigm of the Chinese Logos. 

As we have shown in the volume of Noomakhia dedicated to Geosophy, the Logos of Civilization represents the highest layer of civilizational formation, from the “sowing” of the principal vertical Logoi (of Apollo, Dionysus, and Cybele) to its yields and crops in the form of culture. The Logos is the final stage when the yields of culture are harvested over the final stage of the agrarian cycle. At the base of civilization lies a cultural or existential horizon, or Dasein (in this case the Chinese Dasein). The latter precedes the formation of civilization, but is at the same time its semantic foundation. Dasein, as an existentially understood people, as an existing people (whose existing presupposes history, i.e., time) also presupposes Logological structures on which it is founded. [24-25] Therefore, we must study Chinese civilization by constantly taking into account the existential foundations on which it has been erected. 

Yet in order to correctly examine and interpret the Chinese historial, i.e., the forms of the historical being of this people, it is necessary to discern the main horizon to act as the semantic axis taken as the point of reference. This always requires a choice, insofar as every horizon is complex, composite and is co-participated in simultaneously by multiple sub-horizons or layers with often differing noological orientations and trajectories. Thus, from the very outset, we must make a choice and recognize as the main existential core one Dasein which will be the “subject” of this historial. In the case of the Chinese horizon, the Han should be considered this axis as the people embodying the Chinese Logos that built this civilization, this Empire, and its special Chinese world. 

The Han people emerged as a self-designation only with the Han Dynasty from 206-220 BC, which replaced the short-lived Qin Dynasty, when the unification of Chinese territories was accomplished. The name “Han” (Chinese: ) literally means “Milky Way”, which points towards the symbolic connection between Han identity, the sky, and cyclical movement.[26] In the Qin and Han eras, different tribes inhabiting the territory China and belonging predominantly to the Sino-Tibetan language group began to recognize their unity – culturally, historically, religiously, and so on. It is also evident that a certain unity of tradition was necessarily characteristic of even earlier forms of tribal associations, such as in the Zhou and more ancient periods, memory of which was imprinted in myths and legends. In any case, it is the Han people that ought to be taken, in a broad sense, as the foundational pole of the Chinese historial. We can define the earlier stages of the Han historial as proto-Han, after which Han identity later began to spread to neighboring horizons both within China and beyond, thereby including in the composition of its Dasein other ethnic and cultural groups. Yet at all of these stages, we are dealing with a semantic whole that is predominant and dominant in the space of Chinese history and Chinese geography. The Han Chinese are the subject of Chinese civilization, and they can be regarded as the main bearers of the resulting Logos, whose noological nature we are tasked with discerning over the course of our study. 

Therefore, the phenomenological formula by which we shall be guided should be clarified: moving from “We, Chinese” to “We, Han” reflects our intention to be in solidarity with the Han Dasein in the reconstruction of the Chinese historial and to look through its eyes at the history, mythology, politics, and religion of China.

Footnotes:

[1] Alexander Dugin, Noomakhia: The Horizons and Civilizations of Eurasia – The Indo-European Legacy and the Traces of the Great Mother (Moscow: Academic Project, 2017)

[2] Alexander Dugin, Noomakhia: The Logos of Turan – The Indo-European Ideology of the Verticle (Moscow: Academic Project, 2017)

[3] Alexander Dugin, Noomakhia: Great India – Civilization of the Absolute (Moscow: Academic Project, 2017)

[4] Dugin, Noomakhia: The Horizons and Civilizations of Eurasia

[5] Alexander Dugin, Noomakhia: Geosophy – Horizons and Civilizations (Moscow: Academic Project, 2017).

[6] Ibid. See also: Alexander Dugin, Noomakhia – Wars of the Mind: The Iranian Logos: The War of Light and the Culture of Awaiting  (Moscow: Academic Project, 2016)

[7] Braudel F. Écrits sur l’histoire. Paris: Arthaud, 1990. See also: Alexander Dugin, Noomakhia: Geosophy

[8] Granet М. Fêtes et chansons anciennes de la Chine. Paris: Albin Michel, 1982.

[9] Granet M. La Religion des Chinois. Paris: Albin Michel, 2010.

[10] Granet M. Danses et légendes de la Chine ancienne. Paris: Les Presses universitaires de France, 2010.

[11]Granet M. Études sociologiques sur la Chine. Paris Les Presses universitaires de France, 1953.

[12] Granet M. Китайская цивилизация. Moscow: Algoritm, 2008.

[13] Granet M. Китайская мысль от Конфуция до Лао-цзы. Moscow: Algoritm, 2008.

[14] Matgioi. La Voie Rationnelle. Paris: Les Éditions Traditionnelles, 2003.

[15] Matgioi. La Voie Métaphysique. Paris: Les Éditions Traditionnelles, 1991

[16] Matgioi. L’Empire du Milieu. Paris: Schlercher frère, 1900.

[17] Matgioi. La Chine des Lettrés. Paris: Librairie Hermétique, 1910.

[18] Le Tao de Laotseu, traduit du chinois par Matgioi. Milano: Arché, 2004.

[19] L’esprit des races jaunes. Le Traité des Influences errantes de Quangdzu, traduit du chinois par Matgioi. Paris: Bibliothèque de la Haute Science, 1896.

[20] Evola J. Tao te Ching di Lao-tze. Roma: Edizioni Mediterranee, 1997. Другие тексты Эволы о даосизме собраны в небольшой брошюре «Даосизм»; Evola J. Taoism. Roma: Fondazione Julius Evola, 1988.

[21] MatgioiМетафизический путь, p. 41 —42.

[22] Guénon R. La Grande Triade. Paris: Gallimard, 1957.

[23] Eliade М. Азиатская алхимия. М.: Янус-К, 1998.

[24] Dugin, Noomakhia: Geosophy – Horizons and Civilizations 

[25] Dugin А.G. Мартин Хайдеггер. Последний Бог [Martin Heidegger: The Last God]. Мoscow: Academic Project, 2015.

[26] It is also possible that the name of the Han Dynasty was derived from the river Hanshui or Han River which runs through Central China. 

Translator: Jafe Arnold

Chapter 1 of Noomakhia – The Yellow Dragon: The Civilizations of the Far East (Moscow: Academic Project, 2018)

mardi, 19 novembre 2019

Du gaz de schiste plutôt que du gaz russe de Gazprom : la Pologne lie sa politique énergétique aux Etats-Unis

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Du gaz de schiste plutôt que du gaz russe de Gazprom : la Pologne lie sa politique énergétique aux Etats-Unis

Varsovie : la Pologne ne met apparemment aucune limite à son américanophilie bien affichée. Désormais, Varsovie veut se détacher, sur le plan énergétique, du consortium russe Gazprom et parie dorénavant sur le gaz liquide américain, plus cher et plus nocif pour l’environnement. Le consortium du pétrole et du gaz de l’Etat polonais, le PGNiG, vient de déclarer qu’il ne prolongera pas son accord sur l’importation du gaz naturel de Gazprom, accord qui avait été signé pour durer jusqu’à la fin de l’année 2022.  Plus encore, le Traité dit de Jamal ne sera pas renouvelé le 31 décembre 2022.

Selon les clauses de ce traité datant de 1996, les parties s’obligent à annoncer toute éventuelle prolongation ou non prolongation trois années avant le terme prévu pour toute résiliation, donc avant le 31 décembre 2019.

Les importations de gaz russe vers la Pologne avaient déjà diminué de 6,4% l’an passé pour se limiter à 9,04 milliards de m3. A la même époque, PGNiG a signé, il y a un an, un contrat avec l’entreprise américaine Cheniere Marketing, prévoyant la livraison de gaz de schiste pour une période de vingt-quatre années. Entre 2019 et 2022, la Pologne devrait recevoir quelque 0,52 million de tonnes de gaz liquide (ce qui revient à environ 0,7 milliard de m3 de gaz après re-gazéification). Dans la période allant de 2023 à 2042, le volume annuel du gaz liquide fourni monterait à 1,45 million de tonnes (soit 1,95 milliard de m3).

Auparavant, le consortium polonais avait déjà signé un accord avec la firme américaine Venture Global LNG, selon lequel deux millions de tonnes de gaz liquide (2,7 milliards de m3 après re-gazéification) devraient être livrées chaque année pendant une période de 20 ans à la Pologne (mü).

Article issu de http://www.zuerst.de )

Les États-Unis préparent une autre Révolution de Couleur en Géorgie pour l’année prochaine

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Les États-Unis préparent une autre Révolution de Couleur en Géorgie pour l’année prochaine

Ex: https://www.mondialisation.ca
 

L’ex-République Soviétique de Géorgie risque d’être victime d’une autre Révolution de Couleur soutenue par les États-Unis si le nouveau parti politique du banquier Mamuka Khazaradze parvient, d’ici les élections législatives de l’année prochaine, à obtenir un soutien suffisant pour renverser le parti au pouvoir, le Rêve Géorgien, devenu selon Washington beaucoup trop pragmatique envers Moscou. Un évènement qui pourrait avoir des implications énormes non seulement pour la Russie, mais également pour ses partenaires chinois et turcs.

Le port de la discorde

Le banquier géorgien Mamuka Khazaradze, co-fondateur de la plus grande banque universelle du pays et à l’origine du projet du port d’Anaklia, s’est récemment disputé avec le gouvernement après avoir été accusé de blanchiment d’argent et a donc décidé de former son propre parti politique appelé « Lelo » dans le but de renverser ses opposants lors des prochaines élections parlementaires. Ce ne serait pas en soi un événement digne d’une attention internationale s’il n’y avait le fait que l’ambassade des États-Unis en Géorgie lui a manifesté son soutien après que les accusations aient été portées et a réitéré qu’elle continuerait également de soutenir son projet du port d’Anaklia. À propos de cet investissement, il est prévu comme le plus important de l’histoire du pays et prévoit la création d’un port en eau profonde pour faciliter le commerce sino-européen. C’est une idée intéressante en principe qui était auparavant appuyée par le gouvernement, mais les autorités ont rechigné à répondre aux demandes de créanciers internationaux potentiels qui leur demandaient de garantir les centaines de millions de dollars de prêts qui seraient nécessaires à sa réalisation.

L’argument contre Anaklia

C’est une position suffisamment raisonnable pour que l’État l’adopte, compte tenu des risques que comporte le projet du port d’Anaklia. D’un côté, on peut faire valoir qu’il y a certainement une demande de transport maritime à travers la Mer Noire le long des nombreuses Nouvelles Routes de la Soie de la Chine, mais de l’autre, on peut aussi avancer que les coûts dépassent de loin les recettes prévues si l’on considère que la République Populaire prévoit également d’utiliser la route maritime de la Route de la Soie Arctique, le pont terrestre eurasien, le Corridor Central et les routes maritimes traditionnelles des Océans Pacifique-Afro-Asiatique (« Indien ») et de la Mer Méditerranée, car il est peu probable qu’elle en vienne à dépendre suffisamment d’Anaklia pour justifier ce projet massif. Il est vrai que sa Banque Asiatique d’Investissement dans l’Infrastructure (AIIB) est l’un des bailleurs de fonds, mais c’est plus par intérêt financier que pour des raisons trop stratégiques. Le modus operandi de la Chine est de toujours avoir accès à autant de corridors commerciaux que possible afin d’éviter de dépendre d’un corridor donné, il n’est donc pas surprenant qu’elle ait le capital disponible pour financer un autre corridor.

Le problème, cependant, est que les États-Unis s’intéressent également au port d’Anaklia et ont l’intention d’en faire une alternative potentielle au pont terrestre eurasien et au Corridor Central, le premier passant par le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie, le deuxième par l’Asie Centrale et le Caucase, par la Mer Caspienne puis la Turquie pour rejoindre l’UE. Du point de vue logistique, il s’agit déjà d’un noeud d’étranglement possible pour le chargement et le déchargement des marchandises dans les ports de la Mer Caspienne, il n’est donc pas très efficace de répéter ce processus à Anaklia lorsque les marchandises transitant par l’Azerbaïdjan peuvent simplement continuer sur la nouvelle ligne ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars sur la route de l’UE. Il en va de même pour ce qu’il s’agit du pont terrestre eurasien unimodal relativement plus économique en termes de coûts et de temps que la Russie facilite grâce à ses travaux en cours sur la Meridian Highway qui réduira le temps de déplacement dans le pays. En tant que tel, il est tout à fait compréhensible que l’État ne veuille pas soutenir ce projet risqué, même si c’est ce désaccord entre le parti au pouvoir et Khazaradze que les États-Unis exploitent.

Les récits US d’Infowar

L’insinuation d’influence US dont nous parlons réside ici : le fondateur du parti au pouvoir, le Rêve Géorgien, et l’actuel leader de facto du pays, Bidzina Ivanishvili, est beaucoup trop pragmatique envers Moscou. Le refus du gouvernement de souscrire aux prêts internationaux du projet du port d’Anaklia est considéré comme une prétendue « preuve » qu’il « fait le jeu de la Russie » en « sabotant » un projet qui pourrait concurrencer son port voisin de Novorossiysk et la couper de la connexion transcontinentale de la Route de la Soie en Chine. Ces récits de guerre de l’information naissants sont tout à fait trompeurs car ils détournent l’attention du fait que le port d’Anaklia est au mieux d’une viabilité économique douteuse et n’est probablement qu’un moyen « patriotique » pour Khazaradze de s’enrichir encore plus en un clin d’œil et un signe de tête de ses partenaires US au détriment du reste de la population. Si le gouvernement lui donnait ce qu’il voulait, les contribuables auraient probablement à payer pour le projet s’il ne se déroulait pas comme prévu.

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Du port « stratégique » au piège à dettes de la Révolution de Couleur

Ce scénario nécessiterait en fin de compte une réduction des dépenses sociales pour compenser ses engagements financiers internationaux et peut-être même demander des prêts à la Banque Mondiale et à d’autres institutions soutenues par les États-Unis si elle n’en avait pas les moyens, aggravant encore la crise économique imminente que les États-Unis pourraient plus tard exploiter avec facilité par une révolution de couleur pour changer de régime. Il n’y a pas de scénario réaliste selon lequel le port d’Anaklia remplacerait le pont terrestre eurasiatique russe ou le Corridor Central, et encore moins un scénario dans lequel ce projet serait suffisamment rentable pour que le peuple géorgien justifie que son gouvernement garantisse les prêts que Khazardze recherche, mais Washington veut que Tbilissi s’y engage à cause de son optique prétendument anti-russe et turque, ainsi que de l’intention des États-Unis de voir la Géorgie piégée dans la dette et faciliter le prochain scénario de changement de régime par des moyens « électoraux » ou par une révolution de couleur en plan de secours. Pour en revenir au présent, on peut donc conclure que le projet du port d’Anaklia est un différend économique interne qui a depuis été exploité à l’étranger par les États-Unis à des fins politiques et stratégiques.

Le nouveau parti politique de Khazardze entre en jeu parce qu’il pourrait fonctionner à la fois comme la faction la plus radicale de l’opposition hyper-nationaliste (qui pourrait mener des émeutes anti-russes à l’avenir comme celles qui ont éclaté cet été) et comme le coin qui divise les deux principales forces politiques du pays et crée ainsi une opportunité pour devenir le faiseur de roi post-électoral dont le parti dirigeant pourrait être forcé de dépendre et faire ainsi des concessions si les élections parlementaires de l’année prochaine ne remportent pas une majorité convaincante. Les États-Unis sont fermement contre Ivanishvili parce qu’ils le considèrent comme « trop amical » avec la Russie, ce qui incite les néoconservateurs de « l’État Profond » US qui ont une haine pathologique découlant de leur rivalité de l’Ancienne Guerre froide et sont convaincus de la théorie du complot russe selon laquelle le Président Poutine contrôle Trump à ce jour. Il est intéressant de noter que les élections législatives doivent avoir lieu d’ici octobre 2020, mais quelle que soit le moment où elles aient lieu, elles se tiendront quand même au cours d’une année électorale décisive pour les États-Unis et pourraient ainsi créer une crise internationale fabriquée par un « État Profond » pour pousser Trump à adopter une ligne plus dure envers la Russie.

Réflexions finales

La Géorgie est un pays peu réfléchi qui a une importance stratégique démesurée pour la Russie, la Chine, la Turquie et les États-Unis. La Russie a intérêt de maintenir des relations pragmatiques avec l’État contre lequel il a mené une guerre défensive en 2008, après que ses dirigeants de l’époque aient tué des soldats de la paix et des civils russes dans une attaque nocturne non provoquée contre ses deux régions autonomes à l’époque, tandis que la Chine et la Turquie considèrent le Caucase comme une région de transit crucial pour faciliter leur commerce sur la Route de la Soie. Les États-Unis, cependant, se rendent compte qu’ils pourraient jeter la Géorgie dans le chaos relativement facilement afin de nuire aux intérêts de ses trois rivaux susmentionnés en compromettant la sécurité physique de la Russie par une crise à sa frontière sud et l’émergence possible d’un gouvernement hyper-nationaliste, sur le modèle de l’Ukraine post-Maidan, tout en jetant un obstacle au beau milieu du Corridor Central de la Chine en interrompant potentiellement le commerce dans le Caucase. Dans l’ensemble, cela signifie que le résultat de la crise politique latente en Géorgie provoquée par les États-Unis pourrait avoir un impact disproportionné sur la stabilité eurasienne, et c’est pourquoi les observateurs devraient continuer de suivre de près l’évolution de la situation dans ce pays au cours de l’année à venir en vue des prochaines élections.

Andrew Korybko

Article original en anglais :

Georgia: Is the US Preparing Another Color Revolution?

Traduit par Réseau International

Propagande, le mot et la chose

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Propagande, le mot et la chose

par François-Bernard Hiuyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

La propagande est une forme d'action sur le cerveau d'autrui définie et décryptée depuis longtemps, mais l'emploi du mot même se fait de plus en plus rare. Serait-elle remplacée par des méthodes plus subtiles ?

Originellement, le latin, propaganda signifie «devant être propagées» et se réfère à des vérités de la foi. Le mot se retrouve dans la langue médiévale. Au XII° siècle, le dominicain Humbert de Romans écrit un Manuel de propagande des croisades, méthode censée inciter le lecteur à aller guerroyer en Terre Sainte. La notion prend tout son poids lorsque le pape Grégoire XV institue une la Congregatio de Propaganda Fide le 22 Juin 1622. Elle répandra la religion dans les contrées mal évangélisées en usant des moyens rhétoriques ou psychologiques les plus propres à impressionner ceux qui n’ont pas encore reçu la bonne nouvelle évangélique.

PREMIERS DISPOSITIFS

Le premier appareil de propagande est donc une congrégation de cardinaux commandant des armées de missionnaires au service d’un message doctrinal, le tout formant un véritable dispositif : organisation, relais et arguments.

Dans les dictionnaires français, « propagande » apparaît vers 1790 avec des associations laïques cette fois, voire révolutionnaires qui se consacrent à la diffusion de certaines opinions. Puis le sens du mot glisse de l’acteur à l’action : la propagande, ce sera désormais l’ensemble des méthodes visant à répandre certaines idées auprès du peuple. Des bureaux de propagande se proposent de diffuser la Raison et la Liberté en lieu et place de la Foi et du Dogme.

Encore une étape et nous retrouvons le mot propagande dans le vocabulaire des partis ouvriers, : faire de la propagande, c’est faire partager l’idée socialiste aux masses, les éduquer à la lutte des classes. Par la parole, par l’écrit, par l’organisation, mais aussi ajoutent certains anarchistes, par l’action. « Propagande par l’action », ou encore « action directe » vont vite devenir synonymes de terrorisme, ou du moins d’une stratégie de rupture visant à exacerber les conflits sociaux

S’il fallait assigner une date de naissance à la propagande dans son sens moderne, - celui d’une forme de communication politique destinée à agir sur les masses- nous dirions qu’il est popularisé au début du XX° siècle dans un double contexte : partis de masse et massacres de masses (avec en arrière-plan des mass media pour faciliter les deux).

Pendant la première guerre mondiale, les belligérants pratiquent tous la propagande : ils créent même des bureaux pour cela. Ils sont chargés de censurer les mauvaises nouvelles et de présenter les bonnes, de convaincre le front, l’arrière, voire d’inciter l’opinion internationale à soutenir la juste guerre de la patrie.

L'entre-deux guerres voit éclore des ministères de la Propagande En URSS, l'existence d'un Département pour l'agitation et la propagande, organe des Comités centraux et régionaux du parti communiste soviétique (Dotdel agitatsii i propagandy) ne choque personne ; il est vrai qu’en russe, propagande signifierait simplement diffusion d’idées.

Mais propagande se veut aussi un concept scientifique : les laboratoires, surtout outre-Atlantique, étudient les méthodes de persuasion directe ou via les médias. Les uns pour en préserver les citoyens, les autres pour exploiter cette nouvelle rhétorique qui passe aussi par l’image, dans le cadre de la publicité ou pour améliorer les grandes campagnes d'opinion. Si les partis communistes, fascistes et nationaux-socialistes pratiquent ouvertement la propagande, le mot répugne aux libéraux.

ÉVITER LE MOT QUI CHAGRINE

Depuis au moins la chute du Mur, le mot est devenu quasiment tabou : il évoque une vision à la fois idéologisée et conflictuelle de la politique. Les politiciens modernes, surtout libéraux, se réfèrent plutôt à la communication, à la proximité, à la participation, à la transparence… La plupart du temps, le « communicant » se contente de dire qu’il informe ou qu’il pratique les relations publiques, simple mise en valeur d’un homme ou d’une cause.
 

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Le double impératif de la force des choses (les lois du marché, les contraintes de la modernisation, les impératifs d’une politique moderne, la fin des dogmes…) et de la « proximité » (être réactifs, proches des gens, à l’écoute…) incite à abandonner cette vieillerie que serait la propagande. En paroles au moins…

Car le terme est concurrencé à la fois par des concepts proches et par quelques périphrases un peu compliquées.

L’administration U.S. se montre particulièrement inventive pour désigner par euphémisme ce que les «good guys» devaient faire pour contrer la propagande des « bad guys ». Elle a baptisé les agences ou institutions vouées à la diffusion de la bonne parole de noms étranges, et les spécialistes du Pentagone remplissent des dictionnaires entiers d’acronymes.

Dans la pratique, on s’aperçoit vite que cette logomachie (Office of Strategic Influence, Psyop, Office of Global Communication, Under Secretary of State for Public Affairs and Public Diplomacy, Strategic Communications. Information Operation Task Force.) renvoie à des activités qui répondent bien à la définition officielle de la propagande par l’Otan : « Toutes les informations, idées, doctrines, appels, communiqués pour influencer l’opinion, les émotions, les attitudes ou le comportement de tout groupe particulier dans le but d’obtenir un bénéfice direct ou indirect. »
On retrouve notamment diverses combinaisons de termes suivants :

o psychologique (guerre psychologique ou opérations ou actions psychologiques, psychological warfare…) incluant des offensives destinées à affaiblir des groupes ennemis.
o déception : toutes les formes de tromperies réservées à l’adversaire
o influence (p.e . influence stratégique comme dans Office of Strategic Influence )
o perception (management de…, guerre de la…)
o diplomatie publique (qui contrairement à la diplomatie « classique » s’adresserait directement aux peuples)
o soft power (pouvoir « doux » d’attraction ou de séduction des valeurs américaines)

Cette phraséologie repose pourtant sur des notions simples :

o Il s’agit dans tous les cas de fournir, de diffuser, de sélectionner, des «informations» pour des publics (en anglais « audiences »)

o Ces informations, données ou indicateurs suscitent, ou renforcent des raisonnements, sentiments ou attitudes chez leurs destinataires

o Le but recherché est soit que ces publics soutiennent la réalisation de certains objectifs des USA, soit deviennent «favorables» aux intérêts américains (directement s’ils sympathisent, indirectement et a contrario s’il s’agit d’adversaires paralysés, démoralisés ou poussés à la faute). On notera que la jurisprudence US distingue bien le mensonge d’État condamnable s’il s’adresse à des citoyens américains des actions d’intoxication, leurre, déception, désinformation et autres, acceptables si elles s’adressent à des publics étrangers et même si elles supposent le recours au mensonge.
 

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Pour le dire autrement, cet ensemble englobe deux types d'action ; les premières ressortent à la bonne vieille guerre psychologique, telle que la pratiquait l'armée française dans les années 60, ordinateurs en moins : se concilier les populations, affaiblir ou diviser l'adversaire. Quant aux secondes, il s'agit de glorifier l'Amérique, ou du moins de «faire entendre sa voix» pour en exalter le modèle.

Tout cela fonctionne suivant un schéma simpliste stimulus réponse : de « bonnes » informations engendrent des bonnes pensées ou sentiments d’où de bons résultats. Surtout, elles peuvent couvrir à peu près n’importe quelle sorte de communication.

AUTOUR DE LA PROPAGANDE

Mais la question des mots laisse intacte celle de la chose.

Or le mot de propagande en évoque plusieurs autres, qui forment autant de domaines adjacents souvent évoqués sur ce site :

O La désinformation. Celle-ci porte par définition sur un fait faux, fabriqué, mis en scène ou du moins très déformé et se présente toujours comme neutre (passant souvent par l’intermédiaire d’un tiers, par exemple un média réputé objectif, pour que les destinataires ne puissent pas comprendre la finalité de la manœuvre). Autre caractère qui différence la désinformation : elle est presque toujours négative et vise à diaboliser ou décrédibiliser un adversaire. Faire une belle affiche, disant « votez pour moi », c’est de la propagande. Répandre dans les rédactions des rumeurs et calomnies sur l’intégrité ou le passé politique de son adversaire, c’est de la désinformation. Le Cuirassé Potemkine est un film de propagande soviétique, les mises en scène par lesquelles Staline a tenté d’accréditer l’idée que le massacre de Katyn en Pologne avait été perpétré par la Wehrmacht, non par l’Armée Rouge, offrent un parfait exemple de désinformation. Comme on s’en doute, cette distinction, claire sur le papier, l’est beaucoup moins dans la pratique. Car dans la vie quotidienne, nous sommes surtout confrontés à la mésinformation.

O La mésinformation. La mésinformation est en principe non délibérée. Vérités partielles, événements ou images présentés hors de leur contexte, faux effets de symétrie entre deux opinions, balance inégale entre deux courants ou deux types de faits comparables… Les procédés sont multiples qui s’interposent entre la réalité et son reflet médiatique. S’ils résultent d’une simple déformation, idéologique ou autre, mais involontaire par les médias, il faudrait en principe parler de mésinformation, pas de désinformation ou de propagande, qui sont de vraies stratégies. Reste à savoir ce qui est volontaire…


o L’influence. Si la propagande fait partie des procédés d’influence, elle n’en couvre pas tout le champ. La seconde comporte aussi une action par l’image que l’on émet, par l'intermédiaire de réseaux que l’on mobilise et par toutes sortes de stratégies indirectes… La propagande peut être considérée comme l’équivalent politique ou idéologique de la publicité : votez pour moi, soutenez mon pays, je suis le meilleur... C’est un message qui ne cache pas sa source ni ses objectifs et qui est censé persuader directement et positivement. Le domaine de l’influence, en tant que stratégie indirecte, est forcément plus vaste : le lobbying, la désinformation, le formatage des esprits, l’action sur l’opinion à travers des ONG ou des personnalités prestigieuses, l’art de trouver des alliés pour soutenir votre point de vue... Cela dit, il y a des moments où les deux méthodes se recoupent. Par exemple, si vous créez une radio arabophone comme al Sawa, destinée d’abord à la population de l’Irak et qui se présente comme un média de distraction et d’information, donnant une image favorable des USA, c’est censé être une action d’influence. Néanmoins, pour les auditeurs hostiles qui savent qui finance ce média, cela apparaît comme de la propagande grossière qui déforme la réalité. La propagande apparaît comme la forme la plus visible, la plus naïve et la moins sophistiquée de l’influence.


o La publicité. A priori la distinction semble évidente. La publicité vend des choses, pas des idées. Elle promet d’avoir et ne commande pas de devenir. Elle incite à consommer, pas à faire des choix politiques, encore moins à mourir ou à tuer. Son action est orientée vers un but unique et limité (achetez ce produit) non vers la transformation profonde du destinataire ou de sa vision du monde. La publicité, même comparative, dit du bien de la marchandise, elle ne diabolise pas des gens, des idées, des partis, des nations…. Pourtant la frontière peut être poreuse dans les deux sens. D’une part, nombre de procédés de marketing politique ou des relations publiques, qui sont une forme ou un avatar de la propagande de papa, consistent à « vendre » un homme politique « comme une savonnette », suivant la formule consacrée. D’autre part, la publicité dans son ensemble promeut globalement des valeurs. Ce peut être explicite, notamment lorsqu’une pub tente de nous persuader qu’en consommant X nous faisons acte de militantisme écologique et contribuons à sauver la planète. Ce peut-être implicite : la pub véhicule un idéal, une image du bonheur ou de l’individu épanoui qui n’est pas neutre idéologiquement.

o La distinction entre culture et propagande n’est pas si évidente qu’il semblerait a priori. D’une part, la propagande même sous sa forme la plus grossière, cherche à s’approprier des valeurs culturelles supérieures. Son esthétique souvent kitsch est un hommage indirect aux pouvoirs supposés de l’art, comme ses références fréquentes à un passé mythifié ou à des autorités intellectuelles constituent un tribut à la mémoire et à la pensée des peuples. Mobiliser le monde de la culture pour sa cause, par exemple en expliquant que l’on est dans le camp des valeurs universelles, de l’Art, de la Pensée, etc.. – tandis que l’autre est un affreux barbare ennemi de toute liberté de l’Esprit – est une des plus vieilles recettes de la propagande. Mais, si nous considérons la chose dans l’autre sens, toute institution vouée à la transmission des valeurs, que ce soit l’École, le Musée ou une Église est aussi une machine à faire croire, à valoriser certaines représentations de la réalité, des courants d’idées, des principes éthiques ou politiques. La différence serait-elle que la propagande s’adresse à des citoyens lambda inconscients de ses effets, voire qui n’ont pas demandé à y être soumis ? alors que celui qui s’est mis en situation d’apprendre ou d’imiter sait qu’il est là pour être transformé (et pense-t-il amélioré) à un degré ou à un autre ?

o Si toute propagande est aussi la propagation d’une idéologie (des explications du monde entraînant un jugement de valeur et visant à une transformation ou une justification de la réalité), l'inverse est-il vrai ? Peut-on propager une idéologie – dont la vocation est précisément de se répandre contre d'autres visions du monde – sans faire de la propagande ? Un théoricien qui a écrit un in-octavo bourré de notes sera choqué de se voir comparer à un distributeur de tracts. Il a le sentiment d’argumenter non de séduire ou d. Est-ce si certain ?

o Enfin la propagande suppose la persuasion : le but est que des gens soient convaincus que.. (par exemple que c’est l’ennemi qui a déclenché la guerre, ou que le plan quinquennal a été dépassé) voire persuadés de faire… (voter, s’engager…). Pour autant la persuasion n’est qu’un des aspects de la propagande qui suppose d’autres modes d’orchestration, de diffusion des messages et d'incitation à l'engagement. Et toute persuasion n’est pas de la propagande : la persuasion par démonstration scientifique, ou encore celle qui intervient dans les relations interpersonnelles. Persuader quelqu’un de vous épouser, ce n’est pas de la propagande.

prop6.jpgAu total les définitions de la propagande suggèrent pourtant des conditions minimales :

O une foi et une volonté de la faire partager, ou au moins des principes politiques généraux : pour faire de la propagande, il faut avoir une cause et des idées. Pas de propagandiste sans conviction, réelle ou feinte.
O le pouvoir politique, celui de l’État ou d’un parti qui cherche à assurer un consensus ou celui de la faction qui cherche le conquérir
O des spécialistes de la persuasion qui pratiquent cet art en toute conscience
O des idées qui cherchent repreneurs et relais contre des résistances: elles doivent multiplier leurs disciples en situation de concurrence
O des moyens matériels de diffusion : des médias et des relais humains pour les faire passer
O le caractère unilatéral de la propagande, relation asymétrique entre un émetteur et un récepteur passif qui ne peut qu’adhérer ou refuser
O l’idée enfin que la propagande sert les intérêts du propagandiste n serait-ce qu’en lui faisant gagner des partisans.

Il semble plutôt exister une fonction propagande (remplie par des moyens matériels, humains et symboliques au service d’une intentionnalité) plutôt qu'une entité propagande. Cette fonction n'est pas la même
- dans une situation de compétition (ou, comme pour la publicité, divers «produits» idéologiques cherchent à conquérir le public en respectant peu ou prou des règles), - dans une situation de domination où toutes les ressources de la propagande servent à maintenir un ordre déjà accepté,
- -ou encore dans une configuration où la propagande doit conquérir, qu'il s'agisse de gagner des âmes ou de faire une révolution.

Resterait par ailleurs à savoir si cette fonction est remplie de même façon suivant les époques. Les différences sont profondes entre les propagandes de type totalitaire et celle qui se pratique en situation de compétition pluraliste. Cette évolution ne tient pas seulement au contraste entre un discours unique, appuyé sur la censure et sur le monopole de la parole d’une part et d’autre part un langage « plus modéré » ou « moins délirant » tenu par celui qui sait qu’il risque d’être contredit. L’ancienne propagande évoquait slogans, foules alignées parfois en uniformes, d’affiches montrant des héros aux mâchoires d’acier, doctrine officielle, appels à la lutte… Mobilisation en somme. Ce qui en tient place aujourd’hui fonctionne au sondage, au message personnalisé, à la séduction douce, aux images de candidats en chemise entourés de leur famille et de leur chien, aux réunions qui rassemblent tous les people pour un show en prime time. Elle se réfère à l’intimité et à la proximité, se vante de son pragmatisme et de sa modestie…

L’ancienne propagande tonitruait, la nouvelle susurre. L’ancienne voulait créer un homme nouveau, la nouvelle satisfaire un consommateur. La première faisait descendre sa révélation sur les masses, la seconde est « à l’écoute des courants d’opinion ». La première est « hard », la seconde « soft ».… Nous reviendrons ailleurs ce qu’un tel changement, symbolisé par l’apothéose des « spin doctors » et autres conseillers en communication, doit à l'évolution de nos systèmes politiques et ce qu’il doit à l’ère de la télévision et maintenant d’Internet.

lundi, 18 novembre 2019

"Il serait plus qu’utile de supprimer la notion d’incitation à la haine dans notre code pénal" - Entretien avec Thibault Mercier

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"Il serait plus qu’utile de supprimer la notion d’incitation à la haine dans notre code pénal"

Entretien avec Thibault Mercier

Thibault Mercier est avocat, co-fondateur du Cercle Droit & Liberté (www.cercledroiteetliberte.fr) et auteur d’un livre brillant, sur lequel nous l’avions interrogé : Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître. Alors qu’il est revenu cette semaine, pour nos confrères de Sputnik, sur l’affaire Zemmour et la cabale médiatique déclenchée à son encontre (et judiciaire), nous l’avons interrogé sur cette évolution notable de nos sociétés, dans lesquelles désormais les juges (au pénal comme au tribunal médiatique) semblent faire la pluie et le beau temps, et confisquer la démocratie.

Entretien à ne pas manquer !

Breizh-Info.com : Nous avons échangé au sujet de votre dernier ouvrage, Discriminer ou disparaître. Les évènements actuels (voile, communautarisme, débat sur l’immigration, l’islamisation) ne confirment-ils pas l’impératif de discriminer dans la société française, c’est-à-dire de distinguer et de séparer ?

Thibault Mercier : Alors que les combattants de l’Islam politique accusent la France d’avoir imposé un racisme systémique et les Français de les discriminer, il apparaît au contraire que ce sont eux qui se discriminent en affichant clairement leur volonté tant de se distinguer de tout ce qui se rapproche de la culture française que de vivre séparément de la seule communauté qui était auparavant reconnue en France : la communauté nationale.

Malheureusement nos gouvernants, à l’image d’un Macron qui pense qu’il « n’y a pas de culture française » (Lyon, février 2017) et que le voile dans l’espace public « n’est pas son affaire » (La Réunion, octobre 2019), donnent dans le pacifisme niais et refusent d’admettre la nécessité de défendre la civilisation européenne. « Qu’un peuple n’ait plus la force ou la volonté de se maintenir dans la sphère du politique, ce n’est pas la fin du politique dans le monde. C’est seulement la fin d’un peuple faible », écrivait Carl Schmitt.

Breizh-info.com : Ce sont finalement des petits groupes de pression influents (CCIF, antifas, extrême gauche, ligues de vertus, associations LGBT) qui entraînent bien souvent en France des cabales, des censures, des persécutions judiciaires, des interdictions. Comment remédier à cela ?

Thibault Mercier : Il est vrai que nous vivons dans une société où les postures victimaires permettent à chacun d’agir en justice pour chaque pseudo-humiliation ou blessure de l’ego. Les lois voulant interdire l’incitation à la haine ont d’ailleurs favorisé cette guerre victimaire de tous contre tous en créant une myriade de catégories bénéficiant chacune de la protection exorbitante du Législateur au détriment de l’intérêt national.

Pour y remédier la réponse ne sera pas que juridique. Et il pourrait apparaître pertinent de réhabiliter des valeurs comme la pudeur et la dignité. En effet, nul besoin alors de lois antiracistes quand le sens de la dignité vous défendait d’exiger un droit à être protégé des propos désobligeants des autres. Jamais un homme digne ne pouvait demander, sans mourir de honte, d’être légalement protégé de propos « haineux » ou de « phobies » supposées dont il serait victime.

À l’opposé d’un droit de ne pas être « victime » de propos « haineux », c’est au contraire un devoir d’indifférence qu’il s’agit de développer

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Breizh-info.com : Vous qui êtes avocat, comment percevez-vous l’évolution globale de la magistrature en France ? N’est-elle pas aujourd’hui en train de définitivement tourner le dos au peuple de par ses actions menées ?

Thibault Mercier : La magistrature ne tourne le dos au peuple que par démission du pouvoir politique.

Rappelons que notre Constitution prévoit que les juges sont censés exercer leurs attributions « au nom du peuple français ».

Pourtant, depuis plusieurs décennies (et notamment depuis le « coup d’État » du Conseil constitutionnel de 1971), les juges, qui n’étaient que les serviteurs de la loi (édictée de manière démocratique) en sont maintenant devenus ses censeurs. Aussi se permettent-ils de contrôler la loi sous couvert de « liberté », « égalité », « équité » ou encore « justice » qui sont des principes aux multiples acceptions possibles, ce qui leur laisse un pouvoir énorme d’interprétation.

On peut par exemple citer la récente décision du Conseil constitutionnel du 6 juillet 2018 qui est venue conférer une portée normative à la « fraternité » de notre devise républicaine et dépénaliser l’aide aux clandestins (mettant fin à ce qu’il était commun d’appeler faussement un « délit de solidarité »). Pour l’avenir, cette nouvelle construction prétorienne permet au juge de se doter d’une nouvelle arme polyvalente sachant qu’aucun texte ne précise ce qu’est juridiquement cette « fraternité ».

Tristement, l’isoloir ne sert plus à grand-chose puisque tout se passe désormais dans le prétoire. Et nos politiques et gouvernements de devenir de simples exécutants des arrêts des juges.

Pour contrer cela pourquoi ne pas revenir à un ancien article de notre Code pénal qui disposait jusqu’en 1994 que les juges seraient coupables de forfaiture et punis de la dégradation civique en cas d’immixtion dans l’exercice du pouvoir législatif ?

Breizh-info.com : Plusieurs entreprises, plusieurs assureurs, ont fait des menaces économiques vis à vis de diffuseurs d’Éric Zemmour. Certains ont cessé toute collaboration suite à la polémique. Ne s’exposent-elles pas à un retour de bâton ? Comment expliquez-vous qu’à une époque où les masses semblent pourtant populisto compatibles, les groupes économiques préfèrent prendre le risque de se saborder en jouant le jeu des minorités ?

Thibault Mercier : Il est assez sidérant de voir avec quelle facilité de grandes multinationales se couchent devant le moindre appel au boycott, alors même que, une polémique en chassant une autre en quelques jours sinon quelques heures, les conséquences économiques de telles actions seront certainement minimes. Ces entreprises ont une sorte de peur panique du « bad buzz ». Le courage ne faisant généralement pas partie de leur système de fonctionnement elles préféreront en générale céder préventivement plutôt que de se défendre. Starbucks ou encore Etam en ont récemment fait les frais.

Quoiqu’il en soit je ne crois d’ailleurs pas que les grands groupes se sabordent en jouant le jeu des minorités. Un auteur américain dont le nom m’échappe expliquait dans un ouvrage récent que les minorités profitaient d’une sorte de prime à l’intolérance. Il prenait pour exemple le cas de l’abattage rituel : puisque qu’un catholique ou un athée pourra tout à fait consommer de la viande hallal ou casher (alors qu’un juif ou un musulman ne pourra consommer que de la viande sacrifiée), pourquoi les entreprises pratiqueraient-elles deux types d’abattage ? Voilà comment la logique économique peut servir l’expansion des revendications de minorités.

Breizh-info.com : Faut-il revoir les notions d’incitation à la haine et de « discrimination », dans le code pénal français selon vous ? Ces notions semblent en effet dévoyées et utilisées à toutes les sauces aujourd’hui… Êtes-vous inquiet pour l’avenir de la liberté d’expression en France ? Que faire alors ?

Thibault Mercier : Dans une tribune intitulée « Comment la haine est sur le point de prendre le dessus » et publiée la semaine dernière par Libération, un confrère appelle à « protéger les musulmans de France dans nos discours ». Dans un laïus en langage inclusif, il déclare que le « racisme anti-musulman » est devenu un « sport national » et en appelle au respect des droits de l’homme et des libertés individuelles pour justifier notamment le port du voile. Plusieurs remarques nous viennent à l’esprit après une telle lecture. Tout d’abord on peut se demander pourquoi les musulmans de France (vous noterez qu’il n’est pas question dans cette tribune de « Français musulmans ») devraient bénéficier d’une protection particulière (que les autres groupes n’ont pas). Ensuite on voit bien que cette accusation de haine sert bien souvent à éviter toute autocritique et à museler ses adversaires politiques. Enfin, cela confirme que le discours des droits de l’homme est désormais utilisé à tout va par certaines minorités pour imposer des pratiques et des modes de vie contraires à ceux des cultures historiquement présentes en Europe.

Il serait donc plus qu’utile de supprimer la notion d’incitation à la haine dans notre code pénal. La haine est un sentiment humain, il n’est pas matérialisable et jusqu’à preuve du contraire ce n’est ni à l’État ni au Juge de venir vous interdire de ressentir des sentiments. Nous obligera-t-on bientôt à exprimer de force notre amour de ceux qui nous entourent ? Il y a quelque chose de totalitaire dans ce texte de loi qui voudrait venir vous changer en votre for intérieur et qui permet au juge de se faire inquisiteur.

Et d’ailleurs qui décide ce qu’est un discours de haine ? Est-ce la victime présumée de ces propos ? Le juge ? Un consensus politique ? Il y a bien trop de subjectivité dans cette notion pour permettre une application impartiale de la loi.

Quant à la discrimination, j’ai pu exposer longuement dans mon essai l’urgence de réfléchir aux dommages collatéraux de ces lois qui sont venues pernicieusement interdire à la Nation de se défendre et ont participé activement du délitement du lien social.

• Propos recueillis par Yann Vallerie

• D’abord mis en ligne sur Breizh-Info, le 4 novembre 2019.

dimanche, 17 novembre 2019

Alexander Markovics: La place de l’Europe dans un monde multipolaire – éléments d’une pensée populiste révolutionnaire

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Alexander Markovics:

La place de l’Europe dans un monde multipolaire – éléments d’une pensée populiste révolutionnaire

Ex: https://katehon.com

Le monde multipolaire naissant est une révolution géopolitique. Elle marque non seulement un changement de paradigme par rapport au court moment unipolaire établi par les États-Unis après 1991, mais aussi la fin de l’hégémonie occidentale. Le processus de multipolarité en cours est en faveur des différentes civilisations et contre le projet libéral de mondialisation. Alors que la mondialisation tente d’unifier le monde sous un seul système politique, une seule idéologie et une seule civilisation, la multipolarité proclame la diversité des différents systèmes politiques, des différentes idéologies et des différentes civilisations.

La multipolarité et le moment populiste

La question se pose donc :« Quelle est la place de l’Europe dans ce monde multipolaire ? » La position actuelle de l’Europe est dans l’orbite des États-Unis. Après 70 ans d’atlantisme, l’Europe semble incapable d’exprimer ses propres intérêts géopolitiques. Mais comme Hölderlin l’a dit : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Le moment populiste a donné naissance à des mouvements comme les Gilets jaunes et les partis de toute l’Europe qui déclarent la guerre aux élites libérales. Mais même les mouvements et partis populistes manquent d’une stratégie conséquente contre le mondialisme et le libéralisme. Les attaques des mondialistes sont dirigées contre le cœur de la civilisation européenne. Le christianisme et ses églises sont profanés, les peuples se dissolvent dans les « eaux glacées du calcul égoïste » (dixit Karl Marx), la famille est défiée en tant qu’elle serait un instrument d’oppression, la différence des sexes est attaquée pour représenter le patriarcat dans l’idéologie dominante du genre, pendant que le transhumanisme veut même abolir l’humain pour libérer l’individu. Pour résumer le péril actuel : le libéralisme attaque sur plusieurs fronts. Or, les populistes ne décident de se battre que sur quelques-uns d’entre eux, surtout parce qu’ils ne comprennent pas l’importance de ces batailles. Jusqu’à présent, ils ne remettent en question que certains aspects de l’hégémonie libérale et n’ont pas une vue d’ensemble de la situation. Ils appellent à la fin des migrations massives, mais ne remettent pas en cause l’OTAN qui détruit la patrie des peuples du monde entier. Ils restent silencieux sur le problème du capitalisme qui détruit leur propre culture et leur religion chrétienne, tout en criant « N’islamise pas notre américanisation ! »

Les deux pères fondateurs de la pensée populiste révolutionnaire: Gramsci et Schmitt

Tous ces aspects de la guerre intellectuelle qui sévit actuellement en Occident nous montrent le gravite apocalyptique du moment historique que nous vivons. Il est donc plus important que jamais de prendre les armes et de choisir un camp. Dans le cas de l’Europe, nous pouvons choisir entre les élites actuelles et leur fin de l’Histoire, ou la cause des peuples et la continuation de l’Histoire. Ce qui fait actuellement défaut aux populistes de toute l’Europe, c’est une théorie révolutionnaire. Mais où peuvent-ils la trouver? Il faut d’abord regarder dans l’entre-deux-guerres où l’on retrouve l’intellectuel communiste Antonio Gramsci et le conservateur révolutionnaire allemand Carl Schmitt. Dans la pensée de Gramsci, nous pouvons examiner sa théorie de l’hégémonie afin de mieux comprendre comment fonctionne le régime libéral actuel. Si nous adaptons correctement les idées d’Antonio Gramsci, nous nous rendons compte que nous retrouvons l’idéologie libérale non seulement dans des phénomènes comme les migrations massives et la détérioration de la sécurité intérieure ou de l’économie capitaliste, mais aussi dans l’unipolarité géopolitique et surtout dans le domaine culturel. Par conséquent, une résistance contre l’hégémonie libérale sur l’Europe reste futile, si elle n’est dirigée que contre un aspect de celle-ci. Si le populisme ne vise qu’un ou deux aspects de l’hégémonie, il reste un exemple de plus de « modernisation défensive » et échouera à long terme, comme l’a déclaré la philosophe politique Chantal Mouffe. L’émergence du populisme signifie que le politique est revenu en Europe et que nous, Européens, pouvons choisir entre différents projets hégémoniques. Le libéralisme n’est qu’une possibilité. Un populisme révolutionnaire orienté autour des principes de la Quatrième Théorie Politique en est une autre. Telles sont les conditions intellectuelles préalables à une Europe souveraine dans un monde multipolaire.

Le pouvoir tellurique, Katehon Europa et l’État-nation

Dans le domaine de la géopolitique, les populistes doivent redécouvrir l’opposition de Carl Schmitt entre terre et mer. Schmitt met en évidence le lien entre la puissance maritime et les idées progressistes, et d’autre part le lien entre la puissance terrestre et le conservatisme. Comme Alain de Benoist l’a encore formulé en se référant à Zygmunt Baumann, la puissance de la mer essaie de tout transformer en état liquide, donc elle « liquéfie » le capital et les migrants pour les laisser circuler comme la mer.Pour résister à la mondialisation, l’Europe a besoin de devenir un « Katehon Europa », sur le modèle du concept inventé par Carl Schmitt de grand espace européen uni, afin qu’il puisse se dresser contre l’Antichrist. À bien des égards, cela signifie que l’Europe doit revenir à ses racines géopolitiques. Tout d’abord, elle doit reconnaître que l’État-nation, en tant qu’enfant de la modernité, a) n’est plus en mesure d’assurer sa sovereniteet b) n’est pas un protecteur du peuple, mais un agent des intérêts bourgeois.

Le sujet de la pensée populiste: le peuple

Le développement d’une pensée populiste révolutionnaire nécessite de mettre l’accent sur le sujet du peuple. Contrairement à la nation, le peuple n’est pas une communauté artificielle, mais un organisme historique. Il ne s’agit pas d’individus isolés, mais de personnes qui trouvent leur place au sein de la communauté. Alors que les nations ne connaissent qu’une humanité politiquement accentuée au-dessus d’elles et trouvent leur conclusion logique dans l’état actuel du monde, les différents peuples sont des pensées de Dieu comme le conclut Herder. Au-dessus des peuples, nous ne trouvons que les civilisations, composées de différents peuples partageant la même religion, la même histoire et le même espace commun. Chaque peuple isolé est condamné à être liquidé par l’Occident, mais unis comme une civilisation, ils peuvent contrer la tempête.

La multipolarité et le Heartland distribué

Il est donc impératif qu’une civilisation européenne unie forme un empire commun au sens traditionaliste afin de garantir la paix au niveau national et de défendre sa souveraineté face à l’assaut mondialiste. De plus, la montée des civilisations russo-eurasienne, chinoise et iranienne-chiite a prouvé ce qu’Alexandre Douguine appelle le Heartlanddistribué. Il n’y a pas qu’un seul Heartlandcomme l’envisage Halford Mackinder, mais plusieurs. En tant qu’Européens, nous en avons un, l’un d’entre eux, notre Heartlandspécifique de l’Europe. Cela signifie que nous devons abandonner le « fardeau de l’homme blanc », le messianisme libéral des droits de l’homme, la (post-) modernité, le progrès et les Lumières. Nous devons nous confronter à la xénophobie. Ce n’est que lorsque nous aurons abdiqué notre arrogance et nos superstitions que nous pourrons prendre place parmi les civilisations égales et revenir à notre héritage chrétien traditionnel. Si les populistes européens tirent les fruits de ces leçons, en laissant de côté les différences entre la gauche et la droite et en formulant un programme révolutionnaire dirigé contre la mondialisation et le libéralisme dans toutes ses dimensions, ils peuvent gagner. La multipolarité dans sa dimension intellectuelle et géopolitique est la clé pour rendre à l’Europe son destin. Mais comme dans toute lutte de libération, les Européens eux-mêmes doivent faire le premier pas pour sortir de l’hégémonie occidentale.

La fin du césarisme: réflexion et autocritique comme clés de la multipolarité européenne

Une théorie révolutionnaire doit permettre non seulement aux populistes de toute l’Europe de faire la différence entre ami, ennemi et ennemi principal, mais aussi de créer une stratégie pour libérer l’Europe du libéralisme. Une théorie sophistiquée permet également l’autocritique et met fin au césarisme insouciant au sein des mouvements et partis populistes. Des exemples tragiques de gouvernements populistes qui échouent à cause du césarisme comme en Italie et en Autriche appartiendraient au passé.

Multipolarité: les civilisations unies contre le mondialisme

Comme on peut le voir, la multipolarité offre de grandes chances de lutter contre les forces de la mondialisation pour mettre fin à leur avancée. Nous en avons été témoins sur le champ de bataille syrien, où la Russie et l’Iran ont empêché la chute du Président Bachar al-Assad et la montée de l’État islamique. Au Venezuela, la Russie et la Chine ont réussi à aider le Président Maduro à résister à la déstabilisation et au changement de régime orchestré par les États-Unis. Si nous considérons ce potentiel d’un front anti-impérialiste composé de différentes civilisations unies contre la mondialisation, il serait logique que l’Europe s’y joigne aussi à long terme. Il est donc impératif pour l’Europe de laisser l’Occident derrière elle et de former son propre pôle dans l’ordre mondial multipolaire à venir.

Source : Fluxing 

vendredi, 15 novembre 2019

Démocratie illibérale ou démocratie libérale?...

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Démocratie illibérale ou démocratie libérale?...
 
par Hervé Juvin
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au libéralisme comme ferment de dissolution de la démocratie. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

Démocratie illibérale ou démocratie libérale ?

Publiée à l’initiative de l’ONG « Open society », une récente étude conduite dans six pays de l’Est européen traduit une défiance croissante envers la démocratie, accusée de ne pas tenir ses promesses. L’étude fait écho aux déplorations rituelles entendues au Parlement européen au sujet des menaces sur la démocratie que feraient naître les populismes, les nationalismes et les régimes autoritaires. Sont visés les habituels suspects : la Hongrie, la Pologne et autres démocraties désignées comme « illibérales » par leurs accusateurs.

La démocratie libérale en « Occident »

La démocratie se porte mal, chacun le constate. Mais tous oublient de définir leur sujet ; qu’est-ce que la démocratie ?

L’histoire de longue période répond, c’est l’autonomie des peuples. Leur capacité à décider eux-mêmes de leurs lois, de leurs mœurs, des conditions d’accès à leur territoire, de qui les dirige. Et c’est la conquête des Lumières et de la liberté politique, contre l’hétéronomie qui fait tomber la loi d’en haut, du Roi, de Dieu ou du Coran.

Si démocratie signifie autonomie du peuple et respect de la volonté populaire, c’est sûr, la démocratie se porte mal. Des exemples ?

Aux États-Unis, la CIA prétend défendre la démocratie contre un Président élu. Dans un entretien surréaliste, Paul Brennan et l’ancien directeur de la CIA affirment leur légitimité à défendre les États-Unis contre le Président Trump. Chacun sait la part que FBI et CIA, devenus États dans l’État, jouent dans la succession de complots visant à destituer le Président élu. Au nom d’une légitimité procédant d’un autre ordre que celui de l’élection et manifestement supérieure à elle ; désignés par Dieu, sans doute ?

Partout en Europe, en particulier en Hongrie, des ONG et des Fondations financées de l’étranger, notamment par MM. George Soros, Bill Gates, les Clinton et quelques autres, prétendent changer la culture et l’identité des peuples européens à coup de milliards et des réseaux qui contrôlent une grande partie de la presse, des élus et des think tanks européens.

Démocratie ? Non, usurpation du pouvoir. Capacité de nuire par l’achat des consciences et des lois. Ploutocratie manipulant les minorités bruyantes pour terroriser les majorités. Et nouvelle hétéronomie qui donne le pouvoir à l’argent, et permet aux mafias de la gestion financière, des big pharma ou de l’agro business de choisir les dirigeants avant tout vote — voir le Brésil, ou la France.

En Grande-Bretagne, le Parlement britannique a fait échouer toutes les tentatives de rendre effective une décision votée par referendum à une claire majorité ; sortir de l’Union européenne. Face à Theresa May comme à Boris Johnson, le Parlement croit agir au nom de mandats qui délèguent aux députés le pouvoir de voter au nom du peuple ce qu’ils jugent bon, contre la volonté du peuple, alors que les Tories demandent que le Parlement respecte la volonté du peuple exprimée par referendum.

Chaque jour ou presque, au nom de l’idéologie de l’individu qui ignore le citoyen, au nom des « LGBTQ+ » qui priment la famille, au nom de l’industrie du vivant qui entend faire de la reproduction humaine et du corps humain un produit comme les autres, le Parlement européen déclare, dispose et vote des textes contre lesquels la majorité des peuples européens se dresse. Chaque jour ou presque, des juges, des cours et des comités bafouent le sens commun, l’opinion et la volonté de la majorité des Européens. Et chaque jour, le droit de l’individu détruit un peu plus ce qui reste de la démocratie en Europe.

Libéralisme contre démocratie ?

La situation est sans ambigüité ; le libéralisme est devenu le pire ennemi de la démocratie. La liberté de l’individu qui nie le citoyen et détruit l’unité de la Nation en finit avec la liberté politique, la seule qui compte vraiment. Car les droits de l’individu sont devenus une nouvelle hétéronomie, dont les juges sont les imams et les tribunaux, les mosquées d’où émanent les fatwas contre tous ceux qui osent mettre en cause l’individu tout puissant, sa pompe et ses œuvres. De sorte que ce sont aujourd’hui les démocraties dites « illibérales » qui portent le combat pour la démocratie en Europe, le combat pour la loi de la majorité contre la dictature des minorités.

Dans l’Union européenne comme ailleurs dans le monde, ce ne sont pas les démocraties illibérales qui sont le danger, c’est l’autoproclamation des juges et des cours constitutionnelles en censeurs du vote et des élus.

Qui croit que les lois votées en France ou les directives européennes ont quoi que ce soit à voir avec la volonté des Européens ? Quelle majorité pour l’invasion migratoire, pour la ruine des territoires par les traités de libre-échange, pour la destruction des sols et de la vie par les usuriers du vivant, pour le commerce du corps humain ?

Le coup d’État du droit qui permet aux juges constitutionnels d’invalider n’importe quelle loi votée par les Assemblées, au nom d’une interprétation libre de préambules lyriques et verbeux qui ne disent rien et qui peuvent tout justifier (rappelons qu’en vertu des préjugés de l’époque, les Déclarations des Droits américaines de 1776 ou françaises de 1789 ne s’appliquaient ni aux femmes, ni aux esclaves, ni aux peuples colonisés, invisibles aux constituants ; qui saura dire quels préjugés de notre époque donnent lieu aux mêmes aveuglements dans nos interprétations actuelles ?).

Voilà la nouvelle hétéronomie qui assujettit les Nations, muselle les peuples et explique la montée délétère de l’abstention — il ne sert à rien de voter, puisqu’un juge pourra invalider votre vote, et l’argent d’un corrupteur étranger pourra changer la loi !

La démocratie illibérale, l’avenir ?

Les démocraties illibérales le seraient-elles seulement parce qu’elles répondent à la volonté de la Nation, pas à celle d’une poignée de milliardaires et de leurs complices assurés du monopole du Bien ? Seraient-elles alors tout ce qui reste en Europe de démocratie, de Nation et de liberté politique ? La question appelle une réponse nuancée ; les démocraties illibérales sont bel et bien des démocraties si elles respectent le principe du suffrage universel, si elles acceptent l’alternance et si elles refusent le recours à la force, celle de l’armée ou de milices. 

Il y a urgence à restaurer la démocratie en Europe. Face à la tentative de conquête islamiste de territoires en Europe, face à l’intensification des opérations de soumission européenne aux ordres de l’étranger, rendre le pouvoir au peuple est la révolution démocratique à venir. Elle passe par le dessaisissement des cours constitutionnelles du pouvoir d’interpréter la Déclaration des Droits de l’Homme, par le rétablissement du gouvernement des hommes sur la gouvernance des choses, par la restauration des liens entre le droit, l’État, et la Nation.

Elle passe par le contrôle des ONG et des Fondations qui doivent rentrer dans les frontières, dans les Nations et dans la loi. Elles passent par la nationalisation d’Internet, qui ne peut être le lieu de la destruction de l’unité nationale et de la liberté politique — la liberté de ne pas être conforme, la liberté de rester soi-même, la liberté de dire « nous ». La lutte anti corruption, anti-blanchiment, anti-ingérence, commence par la transparence sur la provenance des fonds des ONG, sur leurs liens avec des journalistes et des médias, sur l’indépendance des sources d’information. Le temps est venu de réaffirmer cette condition de la démocratie ; l’argent ne donne aucun droit à l’influence ni au pouvoir. La ploutocratie est la ruine de la liberté politique.

Ceux qui n’ont que le mot de « démocratie » à la bouche devraient y réfléchir à deux fois. Car la révolution démocratique est en marche. Elle vient de l’Est, elle vient de ceux qui savent ce que « demeurer » veut dire, elle nous conduit vers des horizons inconnus — soigneusement cachés. Mais les âmes sensibles et les esprits libres voient déjà la lumière qui se lève en Europe, et qui va rendre à la démocratie son tranchant et son fil.

Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 7 novembre 2019)

jeudi, 14 novembre 2019

Un nouveau partage du monde est en train de se structurer...

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Entretien avec Caroline Galacteros
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Figaro Vox, dans lequel elle commente les récentes déclaration d'Emmanuel Macron à l'hebdomadaire The Economist sur la situation de l'Europe. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé récemment, avec Hervé Juvin entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

Caroline Galactéros:

«Un nouveau partage du monde est en train de se structurer»

FIGAROVOX.- Le magazine The Economist consacre son dernier numéro et sa couverture à une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle il affirme que le monde est au bord du précipice. La situation internationale est-elle aussi apocalyptique que celle que décrit le chef de l’État?

Caroline GALACTEROS.- Il me semblait que le Président, dans son interview, avait appliqué cet oracle à l’Europe et non du monde. Le monde n’est pas du tout au bord du précipice. Il se rééquilibre autour de puissances qui assument leur souveraineté, définissent leurs ambitions et se donnent les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont nos utopies qui sont en déroute et c’est bien l’Europe qui tombe dans l’insignifiance stratégique (une forme de mort cérébrale) subitement privée de la béquille mentale que lui fournissaient le lien transatlantique et son alignement servile sur les injonctions américaines. Quant à la France, elle danse sur un volcan et pas seulement au plan extérieur. Si la présente lucidité présidentielle se consolide par des actes et des dynamiques durables, alors nous éviterons le pire et peut-être même renverserons-nous enfin la vapeur à notre avantage. Ce serait là, sur le plan stratégique, une vraie et salutaire «disruption». Après Biarritz, Moscou, la Conférence des Ambassadeurs et désormais cette interview, la grande question est désormais la suivante: Jusqu’à quel point sommes-nous déterminés à désobéir et à assumer les critiques ou la résistance active de certains de nos partenaires européens?

Le rôle de pionnier, de défricheur d’une voie nouvelle est périlleux et demandera beaucoup de ténacité. Jusqu’au moment où certains de nos partenaires, entrevoyant la liberté, voleront au secours de la victoire et nous emboîteront le pas, notamment en Europe du sud mais pas seulement. Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée. Le choc? Notre abandon sans états d’âme par la figure paternelle américaine. Sur le fond, rien de bien nouveau mais le verbe trumpien nous a brutalement ouvert les yeux sur le profond mépris et l’indifférence en lesquels Washington nous tient. La servilité ne paie jamais vraiment. Emmanuel Macron a bien raison de douter de l’applicabilité de l’article 5 du Traité de l’Alliance atlantique. Le problème n’est pas de savoir si les États-Unis voleraient au secours d’un État européen attaqué par la Russie ou Chine. La Russie a vraiment d’autres chats à fouetter et la Chine «attaque» déjà l’Europe tous azimuts économiquement. Non, le problème est bien celui d’un fatal entraînement de la France ou d’un autre membre de l’Otan si jamais la Turquie venait à être prise à partie militairement par la Syrie en réponse à sa violation caractérisée de la souveraineté syrienne. Scénario peu probable à vrai dire, car Moscou ne laissera sans doute pas un tel engrenage ruiner ses patients efforts pour en finir avec la déstabilisation de son allié moyen oriental. Même chose si l’Iran venait à réagir à une provocation savante téléguidée par Washington. Moscou, Téhéran et Ankara ont partie liée pour régler le sort de la Syrie au mieux de leurs intérêts respectifs et Washington comme Damas n’y peuvent plus rien. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que la Turquie n’agit à sa guise en Syrie qu’avec l’aval américain. Washington laisse faire ce membre du flanc sud de l’Alliance qui lui sert en Syrie de nouvel agent de sa politique pro islamiste qui vise à empêcher Moscou de faire totalement la pluie et le beau temps dans le pays et la région. Ankara gêne aussi l’Iran. Bref, ce que fait Erdogan est tout bénéfice pour Washington. Et les Kurdes ne font pas le poids dans ce «Grand jeu»? En conséquence, c’est bien l’Amérique qui dirige toujours et complètement l’Otan. S’il est bien tard pour s’en indigner ou faire mine de le découvrir, il n’est pas trop tard pour se saisir de cette évidence et initier enfin une salutaire prise de distance de l’Europe par rapport à une Alliance qui ne traite nullement ses besoins de sécurité propres.

Nous restons extrêmement naïfs. Nous n’avons jamais eu voix au chapitre au sein de l’Alliance pas plus d’ailleurs depuis que nous avons rejoint le commandement intégré pour nous faire pardonner notre ultime geste d’autonomie mentale de 2003 lorsque nous eûmes l’audace de ne pas rejoindre la triste curée irakienne. Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe et d’ailleurs que l’épouvantail de la prétendue menace russe est une construction artificielle destinée à paralyser le discernement des Européens, à les conserver sous tutelle, à justifier des budgets, des postures, des soutiens résiduels au lieu de construire enfin une véritable stratégie propre à l’Europe en tant qu’acteur et cible spécifique stratégique. Je rejoins là notre président. Mais je ne crois pas du tout que L’OTAN soit en état de mort cérébrale. Il devient juste clair que ce qui pouvait, aux yeux de bien des atlantistes, justifier notre alignement silencieux et quasi inconditionnel a vécu. Trump veut faire payer les Européens pour qu’ils achètent des armes…américaines et obéissent aux décisions d’intervention américaines qui ne les concernent pas. Il est temps de ne plus supporter ce chantage et de sortir de l’enfance stratégique. Nous en avons les moyens. Il ne manquait que la volonté.

De son côté l’UE peine à définir une politique étrangère commune, croyez-vous la diplomatie européenne encore?

Je n’y ai jamais cru! Je ne vous rappellerai pas le cruel sarcasme de Kissinger «l’Europe? Quel numéro de téléphone?» Ce qui est possible, c’est de faire sauter un tabou ancien qui veut que l’affirmation de la souveraineté des nations européennes soit antinomique de la puissance collective et un autre, qui veut que l’élargissement de l’UE ait été destiné à la rendre puissante et influente. C’est précisément tout l’inverse. Mais il est trop tard pour regretter cet élargissement brouillon et non conditionnel stratégiquement. Il faut partir du réel et le réel, c’est qu’il existe une très grande divergence entre les intérêts stratégiques américains et ceux des Européens qui doivent se désinhiber. La France peut prendre la tête de cette libération et favoriser une conscience collective lucide et pragmatique des enjeux communs sécuritaires et stratégiques.

Il faut commencer par une véritable coopération industrielle à quelques-uns en matière de défense, sans attendre une unanimité introuvable. Il faut créer des synergies, faire certaines concessions et en exiger d’autres, et ne plus tolérer la moindre critique de Washington sur les contributions à une Alliance enlisée dans d’interminables et inefficaces opérations.

Alors qu’Emmanuel Macron rentre d’un voyage officiel en Chine, vous écrivez, «La Chine a émergé tel un iceberg gigantesque». La Chine est en train de tisser son empire autour du globe, est-elle en train d’imposer son propre contre modèle à l’Occident?

Pékin agit très exactement comme Washington et joue l’Europe en ordre dispersé. Oui le «contre monde» comme je l’appelle est en marche. La Chine profite du tirage entre Washington et les Européens au fur et à mesure que les pays européens prennent conscience qu’ils ne comptent plus pour l’Amérique, mis à part pour justifier un dispositif otanien contre Moscou et empêcher le rapprochement stratégique avec la Russie qui seule pourrait donner à l’Europe une nouvelle valeur ajoutée dans le duo-pôle et triumvirat Washington -Moscou-Pékin. C’est Sacha Guitry je crois qui disait que les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être trois pour les porter. L’adage est valable pour l’Europe à mais aussi pour Moscou qui sait combien «le baiser de la mort» chinois peut à terme lui être fatal. L’Europe n’a donc pas encore tout à fait perdu de son intérêt aux yeux de Moscou même si, en ce qui concerne la France, la charge affective et historique du lien a été très abîmée. Il me semble donc que l’initiative française d’une relance d’un «agenda de confiance et de sécurité» est un pas important dans cette direction qu’il faut jalonner à bon rythme de réalisations concrètes.

La guerre commerciale semble être la forme conflictuelle privilégiée par l’administration de Donald Trump. Les sanctions américaines pleuvent sur les entreprises chinoises, en Iran, en Russie. La guerre commerciale devient-elle un des éléments structurant d’un monde Yalta 2.0?

La fin de l’utopie d’une mondialisation heureuse a permis la résurgence d’un politique de puissance et d’influence décomplexée. Or le commerce est l’instrument privilégié de ces relations. Il n’y a qu’en France que l’on croit encore aux pures amitiés et aux affections qui guideraient les rapprochements entre États. Attention! Je ne veux pas dire que les relations personnelles, l’empathie ou l’animosité ne comptent pas, bien au contraire. Mais ce qui compte dans l’établissement du rapport de force et dans la consolidation des rapprochements, ce sont les complémentarités économiques mais aussi culturelles et même civilisationnelles et surtout la fiabilité de la parole donnée et la crédibilité interne des dirigeants.

Votre livre donne un aperçu global de l’état des relations diplomatiques depuis les cinq dernières années. Le monde depuis 1989, puis 2001 est en constante restructuration. Le jeu des puissances est mouvant. Quelle place la France peut-elle occuper dans un monde géopolitique si instable et imprévisible? Comment peut-on participer à construire une «coexistence optimale»?

La France doit se voir en grand car elle a de sérieux atouts de puissance et d’influence mais elle n’en use pas à bon escient. Elle se complaît dans la repentance et l’alignement. Notre place dépendra en premier lieu de notre capacité à structurer une vision et un chemin puis dans notre ténacité à défendre nos intérêts et à affirmer nos principes.

Il nous faut effectuer un tournant pragmatique en politique étrangère et en finir avec l’idéologie néoconservatrice. Celle-ci a dramatiquement vérolé toute une partie de notre administration et de nos élites qui ne savent plus ce qu’est l’intérêt national. La France est toujours une puissance globale. Plus que nombre d’autres. Simplement elle doit retrouver une économie florissante, restructurer son industrie, remettre son peuple au travail autour d’un projet de prospérité lié à l’effort et non à l’incantation. Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.

La Russie de Vladimir Poutine s’est imposée aux puissances occidentales comme un acteur majeur des relations géopolitiques. Son attitude sur la crise syrienne incarne ce positionnement dans l’échiquier mondial. La Russie peut-elle être un allié «fréquentable» des puissances européennes? La distance entre les Européens et les Russes en termes de politique internationale est-elle encore légitime?

La Russie est tout à fait fréquentable. La diabolisation infantile à force d’être outrancière, dont elle fait l’objet chez nous, nous ridiculise et surtout la conforte dans une attitude de plus en plus circonspecte envers ces Européens qui ne savent plus penser ni décider par eux-mêmes.

En 30 ans, la Russie a vécu le pire durant les années 90 puis a entamé sans violence une remarquable reconstruction nationale. Tout n’y est pas parfait, mais pouvons-nous réellement donner des leçons et nous imaginer être encore pris au sérieux après les sommets de cynisme démontrés dans nos propres ingérences étrangères, avec les résultats que l’on sait? C’est là une posture qui sert essentiellement à se défausser, à ne pas aller de l’avant notamment sur les dossiers où nous pourrions et aurions tout intérêt à tendre la main à la Russie: sanctions, Ukraine Syrie, Libye, Union économique eurasiatique (UEE), etc… Sur ce dernier point, il faut nous montrer un peu plus lucides et anticipateurs que sur les Nouvelles Routes de la Soie sur lesquelles nos diplomates ironisaient il y a encore quelques années. L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats. Je souhaite de tout cœur que la récente inflexion imprimée par notre président à la relation franco-russe après une sombre et triste période, passe rapidement dans les faits et que nous soyons le maillon fort d’une nouvelle ère collaborative, intelligente et humaine entre la Russie l’Europe.

La solution diplomatique peut-elle encore jouer un rôle dans le dossier syrien?

Une solution diplomatique ne peut exister que si l’on a atteint un équilibre militaire acceptable. La Syrie doit d’abord recouvrer son intégrité territoriale. Après les Syriens décideront de ce qu’ils souhaitent politiquement pour leur pays.

Notre implication a été si humainement et politiquement désastreuse qu’il est possible de prétendre encore pouvoir décider du sort de ce pays à la place de son peuple. Évidemment, la guerre n’est pas finie. Il y a encore des dizaines de milliers de djihadistes fondus dans la population civile d’Idlib. Il y a la Turquie, la Russie et l’Iran qui consolident dans un vaste marchandage leurs influences respectives. Et il y a tous les autres acteurs régionaux et globaux qui cherchent à tirer leur épingle du jeu et à faire oublier leurs méfaits. Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien. Je l’ai assez expliqué, démontré et je n’épiloguerai pas. J’en parle abondamment dans mon recueil. Il est trop tard pour pleurer mais sans doute pas pour faire amende honorable, intégrer le processus d’Astana et son actuel dérivé - le Comité constitutionnel en cours de formation à Genève. Cela aussi, nous le devons à l’approche diplomatique inclusive et non idéologique de Moscou, ne nous en déplaise. Essayons, pour une fois, d’être intelligents et d’avancer pour que le peuple syrien sorte au plus tôt de son interminable martyr.

Caroline Galactéros (Figaro Vox, 9 novembre 2019)

US-Sabotage von Nord Stream 2: Deutschland drohen Treibstoff-Engpässe

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US-Sabotage von Nord Stream 2: Deutschland drohen Treibstoff-Engpässe

 
Ex: https://katehon.com

Erst kürzlich hat Dänemark die letzte notwendige Genehmigung für ein Teilstück der russisch-deutschen Erdgas-Pipeline Nord Stream 2 erteilt und damit das letzte große Hindernis für den Abschluß des Projekts beseitigt. Allerdings stellen sich nach wie vor die USA vehement quer, die womöglich auch nicht vor einer massiven Sabotage zurückschrecken. Immer wieder hat Washington in den letzten Monaten auf verschiedenen Kanälen gegen Nord Stream 2 Stimmung zu machen versucht und dabei unverhohlen mit Sanktionen gegen die beteiligten Unternehmen gedroht.

Einem aktuellen „Spiegel“-Bericht zufolge können mögliche US-Sanktionen die deutsche Treibstoffversorgung gefährden. Demnach könnten die angedrohten Sanktionen in Deutschland Engpässe bei der Versorgung mit Autobenzin und Flugzeugtreibstoff nach sich ziehen.

So habe eine der größten deutschen Erdölraffinerien, die in Schwedt ansässige PCK, gewarnt, daß sie im Fall von US-Sanktionen gegen Nord Stream 2 womöglich gezwungen sein könnte, den Betrieb zu drosseln oder sogar ganz einzustellen. PCK gehört mehrheitlich dem russischen Energiemulti Rosneft, gegen den sich mögliche Sanktionen richten würden.

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In diesem Fall wären besonders Mitteldeutschland und Berlin mit seinen Flughäfen betroffen und müßten mit Lieferengpässen rechnen.

„Ein namhaftes US-Unternehmen, das die Leitzentrale des Werks mitgeplant und gebaut hat und die Anlagen wartet, hat Rosneft mitgeteilt, es werde die Leistungen einstellen, sollten die US-Sanktionen in den kommenden Wochen tatsächlich in Kraft treten“, heißt es auf „Spiegel Online“ weiter. In diesem Fall wäre die Raffinerie, die jeden Tag genügend Treibstoff herstellt, um 250.000 Autos, 60.000 Laster oder 50 Flugzeuge zu betanken, „nicht mehr zu steuern“.

Das Projekt Nord Stream 2, das zur Hälfte vom russischen Konzern Gazprom und zur anderen Hälfte von fünf europäischen Energieunternehmen finanziert wird, sollte eigentlich bis Ende des Jahres fertiggestellt werden. Die USA versuchen aus geopolitischen und Konkurrenzgründen seit langem massiv, das Projekt zu Fall zu bringen.

mercredi, 13 novembre 2019

Les USA se vengent de leur cuisant échec au Venezuela

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Les USA se vengent de leur cuisant échec au Venezuela

 
Ex: https://katehon.com

Après avoir lamentablement échoué au Venezuela, les États-Unis se défoulent en Bolivie : Dans la nuit de dimanche à lundi, le commandant en chef de l’armée bolivienne, le Général Williams Kaliman, a exigé du Président Evo Morales qu’il démissionne « pour le bien de la Bolivie », une Bolivie qui quelques jours plus tôt avait réélu Morales avec 47.07% des voix contre 36.51% allant à son adversaire centriste, soit 10 points d’écart.

 « Après avoir analysé la situation conflictuelle interne, nous demandons au président de renoncer à son mandat présidentiel afin de permettre la pacification et le maintien de la stabilité, pour le bien de notre Bolivie », a déclaré le général que cite ce matin et largement la presse mainstream. Dans un tweet le Président Morales que certaines sources affirment être en route pour demander l’asile en Argentine ou au Mexique dit : « La police avait l’intention de m’arrêter illégalement. Les groupes de pression se sont attaqués à mon domicile. C’est un coup d’État qui foule au pied la loi« . Ce matin, les fauteurs de trouble se trouvaient toujours dans les rues de La Paz et les sources bien informées évoquent des arrestations de masse des pro-Morales.

Qu’est ce qui s’est passé réellement ? Largement battu en brèche par les résultats des dernières législatives en Amérique Latine où les partis anti-impérialistes ont presque dans la quasi totalité des cas haut la main, les Etats-Unis d’Amérique largement déçus au Venezuela tentent d’inverser la tendance ; En fait le putsch qui a renversé Morales est une déclaration de guerre des États-Unis aux peuples latino-américains, estiment les observateurs. Dans la foulée, le Venezuela et Cuba ont condamné le coup de force contre le président bolivien. Cuba a appelé la communauté internationale à soutenir Morales en tant que président. Le président vénézuélien Nicolas Maduro a également condamné fermement les évolutions qui ont conduit à la démission de Morales en Bolivie. Quant à l’Argentine qui vient d’élire Alberto Fernandez à la tête de l’État, il qualifie le putsch d’inacceptable et appelle à la tenue dans les moindres délais d’élections libres.

Unis peuvent se targuer d’avoir réussi un coup qu’ils ont lamentablement raté au Venezuela. Morales a été réélu le 20 octobre avec 47% des voix contre 36,5% pour son rival centriste, Carlos Mesa, qu’on qualifie de Guaido de Bolivie. Cet écart de 10 points aurait dû suffire à apaiser les manipulations du camp atlantiste mais les temps ont changé, les États-Unis de Trump ayant affiché un total mépris des lois et du droit international. Pour le reste, le Président bolivien est un ennemi coriace : en 2016 il avait annoncé, qu’il allait expulser du pays la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). La Bolivie avait interdit, dès 2006 déjà, la mainmise de groupes étrangers sur les ressources du sous-sol du pays. En 2008, elle expulsait du pays l’ambassadeur des États-Unis, devenu persona non grataet n’a cessé depuis de donner l’exemple qu’il est possible de s’extraire des griffes des stratèges internationaux de la finance. Il fallait que cela s’arrête.

En mai Evo Morales s’est rendu à Moscou à titre de premier dirigeant bolivien à s’être déplacé en Russie. Il a salué le « retour de la Russie en Amérique Latine » disant apprécier son rôle dans l’établissement d’un monde multipolaire. Les deux pays ont signé des accords de coopération militaire et sur la lutte contre le trafic de drogue, ainsi qu’une déclaration commune qui prévoit un renforcement de la coopération énergétique.

« La Russie contribuera à la construction de gazoducs et à l’exploration de gisements en Bolivie« , avait alors déclaré au président Morales, le Premier ministre russe, Medvedev qui affirmait aussi que Gazprom pourrait investir trois milliards de dollars dans l’exploration de nouveaux gisements d’hydrocarbures en Bolivie. Gazprom est présent en Bolivie qui possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz d’Amérique latine, derrière le Venezuela et tout renforcement de la présence russe aurait risqué de devenir incontrôlable. Mais ce n’est pas tout : La Bolivie de Morales menait aussi des discussions avec l’Iran, un autre pays alliés en juillet pour se procurer des drones iraniens. A la suite de la rencontre du 23 juillet entre de hautes délégations iranienne et bolivienne à La Paz, la Bolivie a affiché sa volonté d’acheter des drones iraniens.

Une chose est sûre : le camp atlantiste qui travaille en ce moment même à reproduire le scénario raté au Venezuela à la fois en Irak et au Liban, vient de marquer un point en Bolivie. Mais les dés sont loin d’être jetés, Morales ayant annoncé qu’il ne renoncerait pas à la lutte anti-impérialiste.

Source : Press Tv

 

La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

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La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

Ex: https://www.geopolitica.ru

La Roumanie est un ancien pays communiste qui fait partie depuis environ une quinzaine d’années de l’intégration euro-atlantiste. Afin de mieux décrypter la situation actuelle de ce pays, je voudrais d’abord comparer brièvement l’état présent des faits avec celui qui a précédé la prétendue « révolution », qui nous a amené libéralisation, privatisation, progressisme et a imprimé une orientation générale vers la mondialisation. En substance, je pense que l’on peut dire qu’au cours de ces 30 dernières années, nous sommes passés du stade de l’oppression communiste – mais au moins nous étions toujours propriétaires des ressources et de l’économie du pays – à un triste statut de colonie dans laquelle nous n’avons presque aucune souveraineté, ni industrie, ni propriété des ressources, ni culture nationale.

Entrons maintenant dans les détails. En ce qui concerne la situation économique de la Roumanie avant 1989, on nous dit aujourd’hui qu’il n’y a pas de données officielles parce que tout, dans le communisme, était mensonger, si bien que les données fournies par le gouvernement de Nicolae Ceaușescu étaient exagérées et politisées. Ces données visaient à dépeindre la « grandeur » du communisme et du « souverain bien-aimé », mais en réalité le système économique était défectueux et inefficace. Il est vrai que la propagande mégalomaniaque était absolument réelle, mais l’idée qu’il n’y a pas de données et que le système était dysfonctionnel semble relever d’une nouvelle forme de manipulation du peuple.

En effet, n’oublions pas que la Roumanie a été l’un des très rares pays dans le monde entier à avoir réussi, au printemps 1989, à rembourser intégralement sa dette envers le FMI (21 milliards de dollars). Ensuite, tous ceux qui ont vécu à cette époque savent, par exemple, que dans chaque ville, même dans les plus petites, il y avait au moins une grande entreprise, avec des centaines ou des milliers de salariés. Au total, il y avait dans le pays environ 1200 grandes usines et entreprises qui avaient une production massive dans de nombreux domaines : machines, grands et petits véhicules, industrie extractive, habillement, industrie alimentaire… et une grande partie de la production était destinée à l’exportation. Selon les déclarations publiées par les médias centraux d’un ancien secrétaire d’État et ensuite directeur de l’Institut d’économie de l’Académie roumaine, Constantin Ciutacu, la Roumanie était dans les années 1980 parmi les 10 premiers pays d’Europe comme puissance industrielle, avec la plus forte croissance économique.

Aujourd’hui, les sociétés transnationales sont parvenues à contrôler plus de 90% du capital utilisé dans l’économie du pays et, conformément à un récent rapport rendu public par un sénateur, plus de la moitié des sociétés multinationales qui exploitent nos ressources depuis 20 ans n’ont rien payé avec les redevances qu’elles sont censées payer, selon les contrats.

La Roumanie est aujourd’hui le deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne, avec le taux d’inflation annuel le plus élevé de l’UE.

En conséquence, au cours des dix dernières années, plus de quatre millions de citoyens de la population active ont émigré, issus des milieux les mieux formés et les plus instruits, ce qui représente plus de 20% de la population du pays. Cela nous place au 5e rang des populations émigrantes dans le monde, bien plus que dans les pays voisins.

Les relations Roumanie-Moldavie

Nous voyons donc quels sont les soi-disant « avantages » de notre intégration dans les structures euro-atlantistes. Aussi, peu importe à quel point le nouvel ordre politique a critiqué le régime communiste (dont je ne suis pas partisan), il semble que la situation actuelle soit bien pire. Dans ce contexte, je tiens à souligner l’orientation des négociations en cours, en vue de parvenir à une approche « européenne » entre la Roumanie et la République de Moldavie. Je considère que ces deux pays sont frères, du même genre, nous avons le même sang (à l’origine) et nous parlons la même langue, et nous sommes essentiellement unis au niveau de l’âme et de la conscience. Seuls les vicissitudes et les intérêts historiques des grandes puissances ont dessiné en 1940 une ligne de démarcation artificielle entre nous. Mais aujourd’hui, étant donné que la Roumanie est déjà occupée par l’empire mondialiste, il est tout à fait logique que l’alliance euro-atlantiste soutienne ce rapprochement entre nous comme un moyen de pénétrer plus profondément vers la Russie, qui est sa véritable cible.

Ce que la Russie représente aujourd’hui

La Russie dérange l’empire mondialiste en s’opposant efficacement à ses plans. Avec la Chine, la Fédération de Russie constitue un pôle de pouvoir fort différent de l’ordre unipolaire hégémonique que veulent les États-Unis et ceux qui gouvernent réellement l’Amérique. Et les mondialistes n’essaient même pas de cacher que c’est exactement ce qu’ils veulent. La Russie est actuellement le principal pôle du christianisme dans le monde, le pôle des conservateurs des traditions morales et spirituelles chrétiennes qui ont jadis constitué la base de toute la culture européenne. Pourtant, ces valeurs chrétiennes ont été presque complètement déracinées en Occident par l’assaut de normes dites « progressistes » et « politiquement correctes ».

D’un point de vue militaire, il est important de noter que la Fédération de Russie a bloqué l’expansion impérialiste américaine qui a commencé après 2001. Le renversement du régime en Syrie, stoppé en 2017-2018, prenait la même voie que les changements de régime antérieurs, imposés en Irak, en Libye et dans d’autres pays du Moyen-Orient qui figuraient depuis longtemps sur la liste des pays à contrôler que les États-Unis avaient établie. Dans tous ces pays, l’OTAN, sous la direction des États-Unis, a attaqué sous prétexte « d’interventions humanitaires » et n’a apporté que des catastrophes à tous les niveaux, comme prix de la domination américaine. L’intervention décisive de la Russie, soutenue par la Chine, a également permis de bloquer le coup d’État vénézuélien au début de cette année. Le coup d’État poursuivait l’imposition totalement illégale d’un soi-disant nouveau « président », en fait une marionnette de la CIA. La Fédération de Russie continue d’être un facteur fondamental pour le maintien de la paix au Moyen-Orient, et je fais spécifiquement référence au fait que la coalition atlantiste dirigée par les États-Unis vise avec insistance à attaquer l’Iran.

La position délicate des pays de la zone tampon entre la Russie et la zone euro-atlantique

Compte tenu de ce contexte international tendu, il me semble nécessaire de souligner que la Roumanie et la Moldavie, comme tous les pays de la ceinture qui relient la mer Noire à la mer Baltique, devraient choisir soigneusement avec qui elles s’allient. La décision est d’autant plus importante que les théories géopolitiques soulignent que ces États sont essentiels pour le contrôle de l’Eurasie, la principale terre continentale du monde (Heartland). Les pays respectifs occupent une position clé dans cette zone de confrontation entre les deux grandes alliances (atlantiste et continentale) et c’est pourquoi il est difficile de croire que les pays de cette zone puissent s’engager avec succès sur une voie de neutralité et d’indépendance.

Une autre chose importante à souligner est qu’à mon avis, la Russie d’aujourd’hui n’est plus l’URSS d’hier. En ce sens, il est révélateur d’examiner les faits et non la propagande. Ceux qui cherchent à discréditer la Russie cherchent aujourd’hui à superposer son comportement aux anciennes pratiques de l’URSS, mais la différence est évidente pour tout analyste objectif d’un point de vue militaire, politique, idéologique ou économique. Dans le même temps, les États-Unis, qui dirigent l’alliance euro-atlantiste, sont présentés par leurs partisans comme un garant de la démocratie et de la liberté dans le monde. Pour clarifier les choses, il suffit d’examiner les actions de la Fédération de Russie, des États-Unis et de l’OTAN au cours des 20 dernières années. L’alliance OTAN/États-Unis a attaqué un nombre croissant de pays, même après la guerre froide, qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué le chaos dans ces régions.

Comment fonctionne le mondialisme

Sur la base des observations faites au fil du temps, on peut décrire brièvement comment le mondialisme agit pour s’emparer du pouvoir et dominer les pays du monde. En ce qui concerne la ligne économique, la création du système pétrodollar favorise progressivement le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. Le système des banques nationales est centralisé, sous le contrôle d’un cartel transnational occidental. Les États sont encouragés à emprunter et à devenir débiteurs, mais les dettes augmentent ensuite de façon exponentielle. L’augmentation de la dette s’accompagne d’une perte de souveraineté et de ressources naturelles. Les États qui ont tendance à sortir du système sont soumis à des sanctions économiques qui les affectent très durement, précisément parce que les leviers fondamentaux du système sont contrôlés par l’élite mondialiste. Récemment, il n’y a pas eu beaucoup d’alternative. Mais la situation a changé depuis que de plus en plus d’États ont commencé à comprendre que la seule façon de sortir de la domination du monopole mondialiste est l’alliance avec d’autres États afin d’atteindre un ordre multiple. À cet égard, on peut noter qu’un processus ferme de « dédollarisation » a déjà commencé.

Au niveau militaire et paramilitaire, nous avons vu comment fonctionne l’empire mondialiste dans le cas des soi-disant « États voyous » : en soutenant, finançant et même en organisant des « protestations de l’opposition », déclenchant plus ou moins des « révolutions de couleur », qui aboutissent à des changements de régime. Et si ces méthodes ne suffisent pas, la nécessité d’une « intervention humanitaire » est invoquée et l’action américaine dirigée par l’OTAN entre en jeu.

Sur le plan social et idéologique, les structures de soutien de la société, des hiérarchies et des classes sociales ont été affaiblies : la classe des intellectuels libres et du clergé, puis la classe des petits commerçants indépendants et en général toute la classe moyenne. La mondialisation divise la société en une « élite » de très rares super-riches qui ont le pouvoir, et de l’autre côté, une grande masse de personnes tenues dans l’ignorance, la pauvreté et manipulées pour voter comme le suggèrent habilement les médias, qui sont presque entièrement détenus par l’Élite. La démocratie est devenue un instrument de nivellement et de déstructuration (atomisation) de la société sous l’angle de l’égalité et des droits de l’homme. Un exemple : dans les pays émancipés, on ne permet plus de manifester en public les éléments religieux chrétiens pour ne pas offenser les autres, plus exactement les immigrés, et c’est pourquoi la religion chrétienne doit – de l’avis des législateurs mondialistes – être isolée, marginalisée, pratiquée uniquement en privé. Les progressistes veulent aussi que la famille traditionnelle ne soit plus un modèle fondamental, ils soutiennent que les mariages LGBT peuvent être tout aussi bons. Ou que les droits de l’individu sont plus importants que les droits de la communauté. Et que l’idée même de l’existence de « nations » serait dépassée.

En ce qui concerne le concept de nation, je rappelle que, par exemple, le philosophe allemand Hegel voyait la « nation » comme l’expression d’un ordre divin manifesté sur Terre : « [L’unité de la volonté universelle et subjective se trouve, d’un point de vue archétypal] dans l’État, dans ses lois, dans ses arrangements universels et rationnels ». Dans le même ordre d’idées, l’un des plus grands historiens et hommes politiques roumains, Nicolae Iorga, a déclaré que ce qui définit une nation est une communion de conscience et d’âme entre les membres de cette nation : « Nous ne sommes pas ensemble parce qu’il y a pour tous le même régime douanier, la même administration, les mêmes circonstances quotidiennes, mais parce que la même âme nous anime tous ».

Pourtant, nous voyons que le progressisme et la « pensée politique correcte » de la société euro-atlantiste contemporaine tendent à uniformiser et à désagréger ces ressorts profonds de la conscience et de l’âme nationale. Il en résulte un conglomérat plat et amorphe, qui a perdu sa dimension verticale : l’enracinement dans les traditions et l’aspiration collective selon un modèle transcendant.

Se connecter à la Source (Dieu) est la meilleure voie

Une dernière idée que je tiens à souligner est qu’une véritable alternative au système mondialiste ne peut fonctionner que si une mutation se produit au niveau de la population générale. Quelles que soient les bonnes idées que nous avons, si elles ne sont pas assimilées puis soutenues par la population, le système reste vulnérable aux coups d’État, à la corruption et à la manipulation. Et la mutation la plus importante est la reconnaissance de la dimension verticale dont je parlais tout à l’heure. Et surtout la reconnexion à la Source Divine. Dieu est l’allié invincible. C’est justement pourquoi certains essaient de faire en sorte que l’on ne s’en rende pas compte, ou qu’on l’oublie.

Source - FLUX

L’américanisation et notre nullité terminale

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L’américanisation et notre nullité terminale

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Météo hier soir : on montre New Delhi noyée sous un nuage permanent de smog avec une poignée de zombis effectuant leur jogging en Nike.

La colossale braderie des âmes qui s’opère réduit à néant tous les cultes connus. Le crédit a remplacé le credo, a déclaré notre Marx, et on détruira et remplacera tout parce que c’est le triomphe de la destruction créatrice et du calcul égoïste. Le zombi touriste remplace le bâtisseur de Notre-Dame, du Taj Mahal ou bien de l’Alhambra. Et voyez ce que nos ploucs de la bourse et du business ont fait de Versailles, des îles ou bien d’Ushuaia. Le pauvre a neuf mètres carrés et un smartphone mais comme me dit un vieux promeneur andalou que je croise sur mon bord de mer assiégé, il n’est plus éduqué. Quant au riche, il se fait avoir à peu près partout, tant les prix ont augmenté, tant les prestations ont baissé, et tant ses clones se sont grotesquement multipliés.

L’américanisation… Paraphrasons Oswald Spengler : « la domination mondiale américaine est un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance. »

Plus l’homme moderne est nul, plus il s’américanise. L’américanisme lui ordonne de renoncer à son argent (sauf s’il est milliardaire en gros lards), sa race, sa famille, sa liberté, son sexe, son rang, sa culture, sa nation, sa tradition. Tout cela manifeste une résiliente toxicité qu’on ne cesse ici de dénoncer, mais aussi cet effondrement vieux de deux siècles. Je cite à nouveau Baudelaire, témoin de notre effilochement lors du stupide dix-neuvième siècle :

« Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques; n'implorez d'elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie… »

C’était avant les véganiens et la nouvelle culture branchée du cannibalisme.

Le poète ajoute avant les attentats de Las Vegas :

americanisation_de_la_France-2fe63.jpg« Brûler des nègres enchaînés, coupables d'avoir senti leur joue noire fourmiller du rouge de l'honneur, jouer du revolver dans un parterre de théâtre, établir la polygamie dans les paradis de l'Ouest, que les Sauvages (ce terme a l'air d'une injustice) n'avaient pas encore souillés de ces honteuses utopies, afficher sur les murs, sans doute pour consacrer le principe de la liberté illimitée, la guérison des maladies de neuf mois, tels sont quelques-uns des traits saillants, quelques-unes des illustrations morales du noble pays de Franklin, l'inventeur de la morale de comptoir, le héros d'un siècle voué à la matière. »

Et de rajouter que l'américanomanie gagne du terrain vers 1850 chez le clergé catholique:

« Il est bon d'appeler sans cesse le regard sur ces merveilles de brutalité, en un temps où l'américanomanie est devenue presque une passion de bon ton, à ce point qu'un archevêque a pu nous promettre sans rire que la Providence nous appellerait bientôt à jouir de cet idéal transatlantique! »

Il y a donc déficit de notre part. Ortega Y Gasset évoque cette montée de la stupidité que le penseur et économiste oxonien Cipolla a théorisée. Nous ne sommes et ne valons plus grand-chose, et c’est pourquoi, que ce soit sous Macron, Sanchez, Merkel, Hollande, Johnson, Obama, May nous nous détruisons et nous anéantissons avec allégresse, démographiquement, spirituellement. Le triomphe du féminisme et du multiculturalisme US, dangers autrement plus percutants que l’épouvantail terroriste ou le baril d’islam saoudien, sont là pour le démontrer – et pour nous absorber.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, comme le rappela Oswald Spengler :

 « La domination mondiale romaine fut un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance ». 

Je trouve géniale cette phrase, moi qui aime surtout dans le monde romain les textes lucides sur sa décadence, en oubliant quelques lueurs comme l’Enéide (chant VI), les bonnes lettres de Sénèque ou le songe de Scipion (Cicéron, République). Pour le reste on est formidablement proche de notre entropie actuelle (un autre qui en parle est Ugo Bardi, chimiste de formation mué historien de vocation sur Lesakerfrancophone.fr).

On ne va pas rappeler notre époque et sa soumission, et son adoration, et sa déification des américains. L’action Boeing triple depuis le scandale du Boeing 737, rappelle Philippe Grasset, ce qui signifie que nous voulons mourir – nous « crasher » - par et pour ces dieux américains qui nous hypnotisent (cf. mes rappels de Guénon à ce sujet : le monde moderne est hallucinatoire).

Spengler donc, qui remet notre empire romain, sa bureaucratie, son homogénéisation, ses thermes et son multiculturalisme à leur place :

« Considéré en soi, la domination mondiale romaine était un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté - que les Romains n'avaient jamais eu depuis Zama - mais d'un déficit de résistance de l'autre. Que les Romains n'aient pas conquis le monde est certain; ils ont simplement pris possession d'un butin ouvert à tous. L'Imperium Romanum a été créé non pas à la suite d'efforts militaires et financiers aussi extrêmes que ceux qui avaient caractérisé les guerres puniques, mais parce que l'Orient ancien renonçait à toute autodétermination externe. L’apparition de brillants succès militaires ne doit pas nous induire en erreur. Avec quelques légions mal entraînées, mal dirigées et maussades, Lucullus et Pompée ont conquis des royaumes entiers - un phénomène qui aurait été impensable à l'époque de la bataille d'Issus… »

Au passage, et toujours dans son introduction, Spengler, dont on a fait un distrait poète, mais qui est surtout un naturaliste compétent, nous voit déjà cuits culturellement, et à l’époque de Picasso, Schoenberg et Stravinsky encore :

« Qu'il s'agisse de peinture ou de musique de qualité, il ne peut plus y avoir de question pour les Occidentaux. Leurs possibilités architecturales sont épuisées depuis cent ans. Seules d’extensives possibilités leur sont laissées… »

Depuis nous avons touché le fond, mais nous creusons encore. C’est ce qu’on nomme l’art contemporain, qui recouvre et pollue Versailles et les ronds-points de l’ancienne France.

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L’empire romain exerce sa fascination comme aujourd’hui notre matrice US. Spengler :

« Il existe un type d'érudit dont la clarté de la vision tombe sous un charme irrésistible lorsqu'il passe d'une redingote à une toge, d'un terrain de football britannique à un cirque byzantin, d'un chemin de fer transcontinental à une voie romaine dans les Alpes, d'un destroyer de trente nœuds à une trirème, des baïonnettes prussiennes aux lances romaines - de nos jours même, du canal de Suez d'un ingénieur moderne à celui d'un pharaon. » 

Hypnose, quand tu nous tiens…

Spengler rappelle les conditions romaines, notamment dans le domaine… immobilier :

« Pour moi, c’est un symbole de la première importance que dans la Rome de Crassus - le triumvir et le spéculateur de chantier tout-puissant - le peuple romain avec ses inscriptions fières, le peuple devant lequel tremblaient Gaulois, Grecs, Parthes, Syriens, vive dans une misère effrayante dans des établissements de plusieurs étages de banlieues sombres, acceptant avec indifférence ou même avec une sorte d'intérêt sportif les conséquences de l'expansion militaire: beaucoup de familles célèbres et nobles, beaucoup de descendants des hommes qui ont vaincu les Celtes et les Samnites ont perdu leurs maisons ancestrales en se tenant à l'écart de la précipitation sauvage de la spéculation et ont été réduits à louer des appartements misérables… le long de la voie Appienne, où se trouvent les tombes splendides et encore merveilleuses des magnats financiers, les cadavres de la population ont été jetés avec des cadavres d’animaux, la ville ayant été abandonnée dans une fosse commune monstrueuse… »

La ville se dévore elle-même, comme disait un Guy Debord impressionné par Mumford, elle est devenue cetamas de détritus urbainsqui constitue l’universelle mégapole… quant aux vieilles familles, elles ne font plus rêver personne en occident depuis longtemps : elles ont été, comme les rois, réduites à l’état de larves people.

A la place du spéculateur Crassus on a le spéculateur Donaldus qui bute aussi sur les iraniens, pardon, sur les parthes : lisez la vie de Crassus de Plutarque qui vous expliquera mieux que Wikipédia comment les parthes en finirent avec lui (Crassus)…

Et cette cerise sur le gâteau (ou sur le catho, pensez à cet antipape et à sa pacha Mama) sur notre apocalypse touristique :

« dans Athènes dépeuplée, qui vivait de visiteurs et de la richesse de riches étrangers, la foule de touristes parvenus de Rome resta bouche bée devant les œuvres de l'époque péricléenne avec aussi peu de compréhension que le globe-trotter américain de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, tous pièce d'art amovible ayant été enlevée ou achetée à un prix avantageux pour être remplacée par les bâtiments romains qui ont grandi, colossaux et arrogants, à côté des structures basses et modestes de l'ancien temps… »

L’épuisement du monde actuel, toujours plus lâche et stérile, ne se peut expliquer une nouvelle fois que par Guénon. Notre désindustrialisation sur ordre (n’en déplaise à tel lecteur à la fois peu instruit et malpoli), qui marque l’américanisation, a une dimension tératologique. Après l’époque de la solidification, survient la désintégration bien méphitique. Lisez l’intuition de Guénon sur les fissures de la grande muraille pour vous en convaincre. Dans le monde déchristianisé où nous évoluons, règne un satanisme extatique et cultuel sur fond d’églises cramées. A la pollution des Indes ou au smog du collectionneur Dorian Gray succèdent Netflix et sa froide inculture Illuminati.

Sources

René Guénon - Règne de la quantité, XXV

Guy Debord – La Société du Spectacle, § 174

Lewis Mumford – La Cité dans l’Histoire

Philippe Grasset - La Grâce de l’Histoire, le deuxième cercle, éditions mols

Nicolas Bonnal – Tolkien (Avatar), Les Territoires protocolaires (Maule)

Charles Baudelaire – Préface aux œuvres traduites d’Edgar Poe (ebooksgratuits.com)

Oswald Spengler, déclin de l'occident, introduction, archive.org

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L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

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L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On parle beaucoup depuis quelques jours de l'entretien du 7 novembre d'Emmanuel Macron avec The Economist, où le Président français indique indiquant que l'Otan est devenue Brain Dead, autrement dit a perdu toute raison d'être.

Selon lui, l'Europe se trouve au bord du précipice. Elle a besoin de se considérer stratégiquement comme un pouvoir géopolitique, sinon elle perdra tout contrôle de son destin. Mais pour lui cela tient désormais à la volonté de l'Amérique, et de Donald Trump en particulier, de cesser de s'impliquer dans le financement de l'Otan.

Or Emmanuel Macron ne veut pas reconnaître pas que l'Otan, sous la direction américaine, vise à préparer une guerre avec la Russie puis désormais, comme nous l'avons précédemment montré, avec la Chine. Il ne veut pas voir que Donald Trump ne remet pas cet objectif mortifère en cause, même si de telles guerres, devenant vite nucléaires, signifierait la fin non seulement des Européens, mais des Américains eux-mêmes. Il refuse d'admettre que Donald Trump veut seulement que les Européens consacrent des sommes plus importantes au financement de l'Otan, prenant ainsi le relais du Pentagone.

Tout laisse penser qu'Emmanuel Macron voudrait que la France, avec l'aide financière de l'encore riche Allemagne, incite l'Europe à se doter d'une force de défense proprement européenne. Celle-ci prendrait le relais de l'Otan pour défendre l'Europe d'une agression militaire russo-chinoise. Or rien ne permet de croire que Moscou ou Pékin puisse raisonnablement envisager une telle agression où ils auraient beaucoup de choses à perdre sans aucun résultat.

Si Emmanuel Macron voulait que la France, conjointement avec l'Allemagne, se donne des objectifs à la hauteur des enjeux du monde de demain, elle devrait affecter plus de moyens financiers, non à se défendre contre la Russie ou la Chine, mais à prendre des positions substantielles dans le domaine des politiques spatiales, y compris en vue de la mise en place d'une station permanente sur la Lune. L'Europe est en train, malgré les efforts du CNES français (Centre national d'études spatiales), d'y prendre des retards qui risquent de n'être jamais récupérables.

Voir The Economist https://www.economist.com/europe/2019/11/07/emmanuel-macr...

mardi, 12 novembre 2019

Routes de la soie et intelligence économique

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Routes de la soie et intelligence économique

Ex: http://www.huyghe.fr

Quelle relation entre

- D’une part, un itinéraire millénaire par où parvenait la soie de Chine vendue à Rome autour de l’ère chrétienne, et dont le nom est devenu un synonyme romantique de « relations entre Orient et Occident » (en fait, c’est un géographe allemand du XIX° siècle qui invente l’expression : les voyageurs d’époque, eux, ignoraient qu’ils étaient « sur la route de la soie »)
- et d’autre part, une discipline moderne qui traite de la façon de protéger, acquérir ou utiliser et diffuser de l’information stratégique pour accroître la puissance économique d’une entreprise ou d’une nation ?

La réponse est dans la question : qui dit route dit circulation de marchandises, de gens, mais aussi d’information. Or les trois ne circulent pas au même rythme ni de la même façon, ni avec les mêmes conséquences.

La soie, d’abord fabriquée uniquement en Chine, traverse toute l’Eurasie, en passant de main en main, de caravane en caravane ou de port en port en plusieurs mois. Elle voyage d’ailleurs avec bien d’autres marchandises, dont les épices, en passant par des intermédiaires qui ont tout intérêt à conserver le monopole du transport sur leur territoire, mais aussi celui de la connaissance des sources d’approvisionnement et de l’origine de ce qu’ils vendent.

Les gens circulent aussi sur les routes, à grand peine et à grand risque. Très peu d’entre eux accomplissent l’itinéraire complet d’Ouest en est ou l’inverse, ils le font très tard et ne sont qu’une poignée à écrire des mémoires qui nous soient parvenus (guère avant le XIII° siècle). Ces voyageurs sont des marchands, des ambassadeurs (vrais ou faux) des soldats, mais aussi des prédicateurs qui peuvent consacrer une bonne part de leur vie à un unique voyage.

Quant à l’information, elle porte sur des connaissances techniques précieuses (qu’est-ce que la soie ? comment est-elle fabriquée ?), sur les pays lointains (leur mœurs, leur système, les possibilités de négoce d’alliance et le dangers qu’ils présentent, leur intérêt géostratégique), sur la géographie et les transports..

Mais cette information est largement déformée ou recouverte par des incompréhensions, de la désinformation délibérée, des mauvaises interprétations, des récits légendaires qui ont plus de succès que les rapports fiables, des croyances et des mythes que les voyageurs projettent sur tout ce qu’ils voient. Sans compter une autre sorte d’information qui circule et qui est destinée à convaincre ou à sauver les âmes : la prédication, pour ne pas dire la propagande des grandes religions avec leurs pèlerins ou leurs prosélytes qui traversent des continents entiers pour répandre (ou recueillir) la parole sacrée. Cette information voyage à travers ds écrits, des images et bien sûr la mémoire des hommes qui sont souvent menteurs, hâbleurs ou naïfs.

Edith et François-Bernard Huyghe se proposent d’explorer trois aspects de cette relation (parmi beaucoup d’autres possibles).
- l’idée même de route de la soie, envisagée comme itinéraire commercial, mais aussi comme lien entre des cultures et des civilisations se développe dans un contexte marqué par la guerre économique et des questions géostratégiques
- le secret de la soie (à la fois lle fait de savoir qu’elle est produite par un simple vers, et la façon de la fabriquer) a constitué le plus long secret «industriel » de l’Histoire et n’a été percé, au bout de plusieurs siècles, que par de véritables manœuvres d’espionnage. D’autres grands secrets (des épices, du papier, de l’imprimerie, de la poudre…) suivront le même chemin.
- sur la route de la soie ont proliféré des réseaux marchands ou autres fonctionnant par l’échange des nouvelles et des savoirs, la fausse information chassant parfois la vraie et la conservation de la mémoire posant des questions cruciales.

Au total, la route de la soie qui cesse vraiment de fonctionner au seuil de l’ère des grandes découvertes et de l’imprimerie, résume parfaitement la circulation des savoirs pendant ce que nous avons baptisé « l’ère du portage », quand une idée ou une information ne circule pas un homme qui la transporte avec lui et à son pas.

Sur la Route de la soie, voir sur ce même site :

mythes des routes,
l'introduction du livre téléchargeable
le secret de la soie et des épices

L’art américain de « déclencher les crises » arabes et bloquer leur résolution

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L’art américain de « déclencher les crises » arabes et bloquer leur résolution

 
 
Auteur : Dr Wafik Ibrahim
Ex: http://www.zejournal.mobi

C’est une accusation explicite qui appelle à demander aux autorités arabes pourquoi permettent-elles de telles interventions, tout en se démarquant de la théorie du complot, car elles sont évidentes, prouvées et même exposées par les médias. Est-il normal que l’Etat américain exige de l’armée libanaise de protéger les manifestants et de ne pas les réprimer dans un pays où le mouvement populaire a bloqué la plupart des routes vitales et où seuls quatre blessés n’ayant que des contusions mineures, les chasseurs en forêt risquent plus, ont été enregistrés durant les 20 jours consécutifs des protestations ?

Pour l’Irak, les Américains s’efforcent de restreindre les manifestations dans les zones chiites du sud et de la capitale Bagdad et de concentrer l’affrontement entre le gouvernement dominé politiquement par les chiites et les zones à prédominance démographique chiite, essayant d’annihiler l’influence politique et démographique sunnites sur les événements en Irak, et isolant complètement le Kurdistan des Irakiens arabes qu’ils soient sunnites ou chiites.

Quant au Yémen, il semble que le projet pour éliminer les Ansarullah de l’État yéménite de Sanaa a lamentablement échoué, ce qui a nécessité un retour rapide vers l’unification du sud yéménite réparti entre influences saoudienne et émiratie, et sa séparation du nord en le démembrant en zones sous contrôle saoudien et émirati et patronage américain.

Quelqu’un s’oppose-t-il à ce nouveau siège américain ? Au Liban, des partis locaux liés à la politique américaine ont parasité la véritable insurrection populaire. Peut-on nier l’étendue du contrôle américain sur les Forces libanaises, les Phalanges libanaises, le Parti socialiste progressiste, de nombreuses associations et l’ensemble des politiques hariristes ? Ce sont des forces internes qui agissent selon les motivations des antennes américaines qui ont réussi à brider les forces militaires et de sécurité.

Cependant, les critiques acerbes adressées au Chef d’état-major de l’armée et à son chef des services de renseignement les ont obligés à ouvrir une route principale reliant Beyrouth au nord qui a été coupée par les Forces de Geagea. Le plus drôle, c’est que l’armée l’a rouverte en quelques minutes, révélant ainsi la faiblesse de ceux qui la barraient.

Vint alors « l’ordre américain » aux militaires, sous forme de conseils fraternels, de protéger les manifestants, sans un mot sur la nécessité d’un dialogue entre les manifestants pour la réalisation de leurs revendications, ce qui démontre combien les Américains étaient désireux de « faire durer la crise  » via leurs comparses comme mécanisme pour épuiser tout le Liban et attaquer le Hezbollah régional.

Qu’en est-il de l’Irak ? Les Américains saignent l’économie et l’unité de l’Irak depuis les années 1990, comme en témoigne la poursuite de leur projet de diviser l’Irak en trois états kurde, sunnite et chiite, qu’ils essaient d’exécuter de deux manières depuis leur occupation en 2003 à ce jour : affaiblir l’Etat central et ouvrir la voie aux interventions de l’Arabie Saoudite et de la Turquie islamistes.

Le Hachd Chaabi, qui a triomphé du terrorisme et remporté une victoire revigorante pour son pays avec toutes ses composantes, s’est trouvé éparpillé entre ses partis luttant pour le pouvoir, dont En Marche (Saïroun), Fatah et Al-Hikma. Leurs relations avec l’Iran les réunissaient des fois, comme Ils étaient divisés par les politiques saoudo-américaines d’autres fois, jusqu’à ce que cet Irak, riche et distingué par son Histoire, s’avère être l’un des pays les plus corrompus au monde.

L’Irak a été pillé par ses politiciens qui faisaient plier les gens par le nationalisme et la religiosité, renforçant les disparités sectaires et ethniques d’une part et le combat entre la corruption politique et les chiites du sud et de Bagdad d’autre part.

Ceux-ci ont constaté qu’ils n’avaient ni travail, ni infrastructure, ni eau potable, et qu’ils avaient faim. Ils avaient lancé un mouvement massif qui dure depuis des mois, sans relâche, et même les centaines de morts et les milliers de blessés tombés sous le feu de leur armée et certains intrus n’ont pas été en mesure d’étouffer leur insurrection. C’est le diktat de la faim.

Là, des informations nous parviennent disant que les Américains empêchent le gouvernement irakien de parachever son quorum politique sunnite, chiite et kurde, de sorte qu’il ne peut assurer des solutions pour répondre aux demandes populaires, et empêchent également le premier ministre de démissionner, sous divers prétextes qui dissimulent les tentatives américaines d’attiser le mouvement populaire.

On voit ici à quel point les Américains sont désireux de déclencher la crise, de l’alimenter et d’empêcher que des solutions n’y soient apportées. Loin de la théorie du complot, les Américains veulent l’aggravation permanente du mouvement irakien, dans une escalade qui n’entraîne pas la destruction de l’Etat, qui a des proportions kurdes et sunnites, mais affecte la relation des gens du Sud et de Bagdad avec la partie politique qui les représente au pouvoir, tendant vers l’établissement de mauvaises relations avec les Hachd Chaabi et percevant les limites du rejet de la relation avec l’Iran sous prétexte qu’il est le soutien principal du Hachd et de ses extensions au sein du gouvernement irakien. Ce qui est donc requis est le durcissement du siège de l’Iran du côté de l’Irak avec lequel il a la frontière la plus longue et les relations politiques les plus importantes qui lui permettent de s’infiltrer économiquement et de briser l’embargo américain.

Ce faisant, les Américains atteignent d’un coup plusieurs objectifs, dont le premier est de poursuivre la fragmentation sectaire et ethnique de l’Irak et d’empêcher sa consolidation en tant qu’État fort susceptible de coordonner avec la Syrie et d’assiéger le golfe, en plus du parachèvement du processus de strangulation de l’Iran à travers sa plus grande ouverture avec l’Irak et donc la Syrie, bloquant ainsi les routes Iran-Syrie-Iraq et, en même temps, entravant l’expansion russe et chinoise dans la région.

Les Américains utilisent les mêmes tactiques en Syrie, mais leur problème avec l’État syrien est qu’il a réussi à rallier l’armée et le peuple à l’État, en monopolisant la représentation du peuple syrien dans toutes ses diversités ethniques et régionales, à tel point que tout ennemi est exclu du consensus national, avec l’assentiment international et l’adhésion des amis et des ennemis.

Ce sont donc des méthodes américaines renouvelées qui ont remplacé celles qui ont échoué sur les terrains syrien et irakien. L’Irak, le Yémen et le Liban survivront-ils à ces nouvelles approches ?

Au Liban, le Hezbollah est le premier à avoir réussi à adopter une démarche patriotique élégante avec le mouvement libanais et à contenir ses aspects néfastes, tandis que le Yémen du Nord s’apprête à soutenir le Sud. Les cœurs se serrent de crainte pour l’Irak ciblé de toutes parts. Ses forces nationales pourront-elles inventer des solutions de nature à éliminer les poisons américain, saoudien et turc ?

Les capacités de ses forces nationales sont énormes, la première étant la promulgation d’un projet dans lequel les Irakiens sont égaux politiquement, économiquement, sociologiquement et tous unis contre la corruption politique. Ce n’est pas difficile en Mésopotamie.


- Source : Al Binaa (Liban)

lundi, 11 novembre 2019

L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

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L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

par Jean-Paul Baquiasr

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union Européenne, bien que regroupant des Etats dont le poids économique n'est pas négligeable, ne deviendra jamais une super-puissance mondiale. Il faudra que pour cela elle s'affranchisse de la domination politique, économique et culturelle que les Etats-Unis continuent à exercer sur elle depuis l'origine.

Il ne faut jamais oublier que Washington a présidé à sa mise en place des les années 1960 pour en faire une plate-forme leur permettant de préparer une guerre contre la Russie, guerre proprement dite mais aussi diplomatique. Cet objectif demeure toujours d'actualité, l'Otan étant une autre version de l'Europe au plan militaire.

Depuis plusieurs années désormais se sont constitués des unions d'Etats auxquelles l'Union européenne, sur les injonctions répétées des Etats-Unis, refuse toujours de s'associer. Il s'agit essentiellement d'unions économiques, dans lesquelles la Chine joue un rôle essentiel. Mais Washington les considère aussi, non sans raisons d'ailleurs, comme visant à concurrencer la domination américaine. La Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale, cherche à y étendre son influence. Mais pour beaucoup des Etats moins importants participant à ces unions, il s'agir surtout de regrouper des forces leur permettant de faire face à la domination américaine. Même si la situation économique aux Etats-Unis semble entrée en récession, ceux-ci ont moins que jamais renoncé à étendre leur domination sur le reste du monde.

On pourra d'abord mentionner l'Union Economique Eurasiatique comprenant (nous ne traduisons pas) les Etats suivants : Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyz Republic, Russia Tajikistan et bientôt Moldova. L'objectif en est surtout d'encourager le libre-échange et la coopération économique entre les membres.

Viennent ensuite :

- La très importante Shanghai Cooperative Organization, SCO. (Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Uzbekistan, India, China et Pakistan; avec en observateurs Afghanistan, Iran, Mongolia, Belarus et partenaires de dialogue Armenia, Azerbaijan, Cambodia, Nepal, Sri Lanka et Turquie. Elle compte 4 puissances nucléaires et se donne pour but de renforcer la sécurité et la cas échéant la coopération militaire entre ses membres. Ceux-ci ont signé un accord dit Déclaration de Bishkek visant à faire de l'Asie Centrale une zone excluant l'emploi d'armes nucléaires entre les signataires. Par ailleurs la SCO encourage le renforcement des liaisons ferroviaires et aériennes en son sein.

- L'ASEAN ou Association of Southeast Asia qui date de 1967, (Brunei Darussalam, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, Philippines, Singapore, Thailand et Vietnam). Initialement très tournée vers les Etats-Unis, elle le reste, mais négocie aussi aujourd'hui des accords présentés comme stratégiques avec Pékin et Moscou.

Le Regional Comprehensive Economic Partnership (Brunei, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, the Philippines, Singapore, Thailand, Vietnam, China, Japan, South Korea, Australia et New Zealand, avec sans doute prochainement l'Inde. Il encourage en priorité les investisseurs étrangers et permet à ceux-ci d'attaquer les gouvernements qui les refuseraient au profit d'investissements publics exclusifs.

- La Belt and Road Initiative. Prévue pour être inaugurée en juin 2021, elle rassemblera 4 milliards de personnes au sein de 130 pays en Eurasie, Afrique, Amérique Latine et Pacifique Sud. Elle veillera à la coordination des politiques économiques, la connectivité des infrastructures, les échanges entre personnes. Elle construit déjà des centrales électriques au Pakistan, des lignes ferroviaires en Hongrie et de nombreux ports maritimes de l'Afrique à la Grèce. L'Iran, stigmatisée par les Etats-Unis, en fait partie.

On comprendrait mal que les principaux pays européens, notamment l'Allemagne, la France et l'Italie, persistent à ignorer tout ceci

Pour en savoir plus

https://russia-insider.com/en/politics/how-russia-and-china-are-building-eurasia-geopolitical-powerhouse/ri27839

dimanche, 10 novembre 2019

Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

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Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La BRI ou Belt and Road Initiative est un grand programme d'origine chinoise, lancé il y a 6 ans, visant à connecter par des techniques modernes tous les Etats le souhaitant dans la région asiatique, au Moyen Orient et bientôt en Europe.

C'est devenu la hantise des Etats-Unis qui y voient la volonté de Pékin d'imposer son influence économique et politique dans cette partie du monde, en éliminant de ce fait l'influence américaine.

Nous avons souvent ici présenté la BRI. Voir notamment un article concernant la participation de l'Italie. Il est inutile d'y revenir. Il était évident que Washington était obligé de répliquer. Ceci vient d'être fait avec le lancement du Blue Dot Network. Celui-ci est présenté, officiellement, comme destiné à promouvoir des infrastructures de développement dans la région indo-pacifique et au-delà. Celles-ci devraient être « sustainables » c'est à dire aussi peu coûteuses et aussi peu agressives à l'égard de l'environnement que possible.

Il s'agit d'un projet commun réunissant la US Overseas Private Investment Corporation dont le nom indique bien les objectifs, le ministère australien des Affaires Etrangères et du Commerce, ainsi que la Banque Japonaise pour la Coopération internationale.

XI Jinping vient d'annoncer à Shanghai, lors de la China International Import Expo que la Chine avait à ce jour signé 197 accords concernant la coopération pour le développement de la Bri, avec 137 pays et 30 organisations internationales. Même si ces chiffres paraissent un peu exagérés, ils sont pas comparables avec l'intérêt que pourra rencontrer Blue Dot, où beaucoup voient une tentative de Wall Street pour conserver son emprise dans la région.

L'Inde, en ce qui la concerne, dont le rôle sera essentiel, semble partagée par le désir de participer à la BRI et d'être présente dans Blue Dot, tout au moins si celle-ci tient ses promesses. Beaucoup d'entreprises indiennes conservent de nombreux liens commerciaux avec les Etats-Unis et voudraient manifestement jouer sur les deux tableaux.

Pour le moment, Blue Dot a plutôt suscité de la méfiance en Asie. Ceci tient au fait que derrière des investissements privés, il est facile d'y voir un processus permettant, non seulement au grand capital américain, mais au Pentagone, de reprendre un peu de poids dans une partie du monde où l'influence de la Chine est devenue considérable.


 

Meilleurs extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

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Meilleurs extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Selon une étude du cabinet Odaxa pour Aviva Assurance, BFM et Challenges publiée le 3 octobre « pour préserver l’environnement, les Français sont même devenus des adeptes de la décroissance (54% contre 45%) plutôt que d’une croissance verte » (un oxymore). Pour les sondés « il faut changer fondamentalement notre mode de vie, nos déplacements et réduire drastiquement notre consommation ». Pour douteux que soient les résultats de ce sondage ils expriment une radicale divergence d’appréciation entre la majorité de la population et le personnel politique à propos de la décroissance. Tous les politiques en effet rejettent cette idée de décroissance qu’ils jugent « régressive » (contraire au progrès) « erronée », « dangereuse », « irresponsable » etc… Un véritable pilonnage ! Nouvelle illustration du divorce toujours plus accusé entre les aspirations du peuple et l’agenda des « élites ». Mais la majorité de la population fait preuve elle même d’une radicale contradiction. En effet si la majeure partie est partisane de réduire drastiquement la consommation elle désapprouve en même temps toute mesure qui porterait atteinte à son pouvoir d’achat. Toujours le syndrome Nimby (not in my back Yard) propre à toute société où domine l’individualisme de marché qui nie dans les faits la notion de bien commun comme l’expliquait parfaitement Jacques Ellul dans Le système technicien. Autant dire que cette affaire ne se règlera pas avant que nous n'entrions dans le mur des réalités de la physique comme l’explique

JMJ.jpgJean-Marc Jancovici ici en conférence à AgroParis Tech le 24 septembre 2019, sur le thème « Energie et climat : quelles interactions avec l’agriculture ». Jancovici est polytechnicien et professeur à l’école des mines. Il dirige, entre autres, le cabinet Carbone 4. La première référence renvoie à sa conférence entière (deux heures vingt huit !). Il y aborde en spécialiste les grands thèmes de l’énergie et du changement climatique. La deuxième référence est un extrait percutant de la première :

https://www.youtube.com/watch?v=j48hBShnfB0

https://www.youtube.com/watch?v=fS5HhcbyjKc

Conférence de Tristan Storme (université de Nantes) tenue en mars 2019 sur la distinction ami-ennemi comme critère du politique dans l’oeuvre de Carl Schmitt. Le conférencier définit ce penseur comme le plus cohérent des critiques du libéralisme. Bonne synthèse de la question :

https://www.youtube.com/watch?v=MxvVMRlM8pM&feature=y...

Du fait de sa soumission aux intérêts de la frange la plus radicale de l’islam, La France Insoumise est passée de vie à trépas. C’est ce dont rend compte le marxien Denis Collin sur son blog justement intitulé La Sociale. Il montre que « lider maximo » (Jean-Luc Mélenchon), comme d'autres chapelles de gauche, a sombré (souvent par clientélisme) dans un Gloubi-boulga idéologique où le peuple ne parvient plus à se reconnaitre. Tous les partisans de cette « bouillie théorique » défileront le 10 novembre avec les frères musulmans derrière le slogan « Halte à l’islamophobie » dont chacun sait qu’il n’est que le maquillage bien pensant des adeptes de l’islamisme politique (première référence).

Dans une tribune de Figaro vox Laurent Bouvet se livre à une critique décapante de ces mêmes islamo-gauchistes pris dans les mailles du filet de la lutte contre l’islamophobie (deuxième référence).

Enfin, l’OJIM publie un article sur le quotidien Libération du 30 octobre 2019 où s'illustre encore une fois l’aveuglement du système médiatique de propagande et les obsessions hors-sol de ses protagonistes (troisième référence) :

http://la-sociale.viabloga.com/news/lfi-et-l-islamisme

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/islamophobie-l-aveugl...

https://www.ojim.fr/liberation-et-la-mosquee-chronique-du...

LOb.jpgL’alarmisme informé de Laurent Obertone au micro de Sud-Radio. Auteur du livre best seller Guérilla : le temps des barbares, Obertone développe une vision sans nulle doute réaliste de la France d’aujourd’hui. Dans son apocalypse ne prédomine pas une guerre civile opposant deux camps séparés par leur culture respective mais bien au contraire la guerre hobbesienne de tous contre tous, Bellum omnium contra omnes :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=2728&v=rW... 

Le cosmopolite Bernard Henri Lévy face au réalisme froid et national d’un Éric Zemmour sur Cnews. Zemmour possède un avantage immense sur BHL car, lui, cite des philosophes ayant vraiment existé à la différence de l’affabulateur qui lui sert de faire valoir. Débat intéressant pour la performance de Zemmour :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=3679&v=RA...

Dans un autre débat sur Cnews Éric Zemmour est opposé à François-Bernard Huyghe sur le populisme. Ce face à face décevra les amateurs de punchline puisque les deux intervenants sont d’accord sur l’essentiel. François-Bernard Huyghe doit publier prochainement L’art de la guerre idéologique aux éditions du Cerf:

https://www.youtube.com/watch?v=e8bR-FEddhc

Qui sont les détracteurs de Zemmour sur Cnews ? Un article de Causeur signé Martin Pimentel qui procède à une analyse typologique des anti-Zemmour. On y retrouve les habituels croisés de la « cage aux phobes » et de « l’envie du pénal », les tristes sires qui se sont toujours trompés sur leur diagnostic mais continuent à faire la pluie et le beau temps dans les médias de grand chemin. On voudrait respirer un peu… :

https://www.causeur.fr/zemmour-cnews-radicalisation-canal...

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La « censure médiatisée » de Zemmour n’est-elle qu’un argument de vente spectaculaire ? Une tribune interessante publiée par le site Philitt relativise le sort de Z le maudit qui insiste sur cette vérité incontournable : le temps passé dans les médias à s’écharper sur la place des idées de Zemmour à la télévision est autant de temps que la télévision ne consacre pas à discuter de ses idées s’épargnant ainsi le risque de les voir validées ou contredites :

https://philitt.fr/2019/10/11/ce-que-revele-le-mythe-de-l...

Dans une tribune du Figaro Mathieu Bock-Côté proclame que contrairement à ce qu’induit l’anthropologie libérale  « Toute les populations ne sont pas interchangeables » :

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2019/10/19/tout...

Françoise Monestier rend compte sur le site Polémia du colloque organisé conjointement par la revue Éléments et Academia Christiana sur les regards croisés de catholiques et d’agnostiques concernant l’identité de l’Europe :

https://www.polemia.com/defense-civilisation-greco-chreti...

Isabelle Lainé rend également compte du contenu de ce colloque pour Breizh-info, en deux épisodes :

https://www.breizh-info.com/2019/10/31/129593/retour-sur-...

https://www.breizh-info.com/2019/11/01/129601/dandrieu-le...

Gilles de Beaupte enseignant à l’Institut catholique de Paris était présent au colloque Éléments/Académia Christiana. Il s'y est exprimé sur le thème                 « Nietzsche et le christianisme » en retournant les habituelles critiques des bigots sur le philosophe au marteau, ennemi implacable du christianisme. En montrant que le syntagme nietzschéen « Dieu est mort » avait permis d’épurer un christianisme fait non pour les pharisiens mais pour les forts, ceux qui n’éprouvent aucun ressentiment. Une conception héroïque de la foi et du tragique dont on cherchera vainement les adeptes dans l'Église d’aujourd'hui :

https://www.revue-elements.com/nietzsche-et-le-christiani...

Florian Philippot plus frexiter que jamais s’exprimait sur TVL le samedi 26 octobre au micro d’Élise Blaise à propos d’un brexit qui n’en finit plus de s’éterniser :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=2086&v=-x...

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Un demi-siècle de défaites et de renoncements, tel est le bilan accablant de la droite française selon François Bousquet. « Sans courage, nous sommes morts à échéance 2050 », martèle-t-il. Comment les partisans du maintien de l’identité française peuvent-ils l’emporter ? La réponse se trouve dans l’éthique héroïque que le livre de Bousquet s’emploie à redécouvrir après des décennies de disparition. Le « système » est vermoulu, ses bases sont de plus en plus fragiles et il ne repose que sur la terreur qu’il a su inspirer aux millions d’individus qui constituent ce conglomérat de populations désunis que certains, contre l’évidence, persistent à nommer le peuple français. Quel est le risque encouru par les idées dissidentes ? Se rétracter sur elles mêmes selon François Bousquet : « l’entre soi n’est jamais bon ». Que faire ? Pénétrer les médias de grand chemin ? À ce titre il souligne le principal danger de toute stratégie d’entrisme : on commence par avoir la stratégie de ses idée et on finit par épouser les idées de sa stratégie. La dissidence s’est laissée enfermer dans une spirale du silence qui équivaut à une mort sociale et politique. Pour lutter contre cette apathie il faut redevenir visible.

« Cherchons la lumière, quittons nos catacombes, fuyons les arrières salles. Nos vies ne sont pas menacées, la protection de leur intégrité physique ne nécessite pas une clandestinité qui conforterait le zèle prophylactique de notre adversaire, il est vain d’espérer quoi que ce soit ; nous ne sortirons pas de cette condition spectrale qui nous condamne à mener des existences souterraines, parallèles, fuyantes, exilés en notre propre pays, ombre parmi les ombres ». Et pour cela, il faut faire notre coming out, refuser le rôle de paria que l’oligarchie nous attribue, s’afficher tels que nous sommes sans craindre l’hystérie des ligues de vertu qui ne sont que le masque avantageux de l’ennemi. Courage ! manuel de guérilla culturelle, Édition de La Nouvelle Librairie.

https://m.youtube.com/watch?v=uIVhMmu5uhU

François Bousquet sous les cameras de Sputnik où il est  interrogé par Édouard Chanot. Selon Bousquet nous avons perdu sur tous les tableaux, il convient donc de repartir à zéro, sur de nouvelles bases en désertant cette névrose d’échec qui nous poursuit. Contrairement aux prétentieux de « droite » qui s’imaginent avoir gagné la guerre culturelle et croient le vrai pouvoir à portée de main, Bousquet fait un bilan sans appel. Mais il n’est nullement pessimiste pour autant. Belle démonstration :

https://www.revue-elements.com/courage-lachetes-ceux-qui-...

Le site Boulevard Voltaire à la rencontre de François Bousquet pour un entretien dans les locaux de La Nouvelle Librairie sur son dernier ouvrage :

https://www.bvoltaire.fr/francois-bousquet-nous-menons-un...

Une bonne critique du livre de François Bousquet Courage ! Manuel de guérilla culturelle par Aristide Leucate. Il voit dans ce livre un manifeste, prolongement et complément idéal du testament spirituel de Dominique Venner, Un samouraï d’occident. Le Bréviaire des insoumis paru en 2013 chez Pierre-Guillaume de Roux.

Livre : Courage ! Manuel de guérilla culturelle, de François Bousquet - Boulevard Voltaire

L’émission de Thomas Hennetier sur l’antenne de Radio Courtoisie était ce mois-ci consacrée au livre de François Bousquet Courage. Manuel de guérilla culturelle. Il ébauche à grands traits une généalogie du courage dont il trouve les origines dès l’aube de la littérature européenne (Homère). Riche entretien émaillé de références littéraires :

https://soundcloud.com/patrick-p-h-le/courage-et-guerilla...

David L’Épée lit un extrait du dernier ouvrage d’Alain de Benoist Contre le libéralisme, la société n’est pas un marché (édition du Rocher, 2019) dans lequel il éclaire les relations de dépendance qu’entretiennent depuis plusieurs siècles le marché capitaliste et l’État-nation. Un rappel historique bienvenu pour sortir de la double illusion étatiste ou tout-marché :

https://www.youtube.com/watch?v=SpCAfb7j0go&feature=y...

Michel Onfray dans une de ses dernières lettres hebdomadaires cuisine aux petits oignons Jean-Louis Bourlanges vrp de la non-Europe c’est à dire de l’Europe maastrichtienne, une Europe libérale-libertaire, immigrationniste, qui tourne le dos à la démocratie et qui pour ces raisons est en train de sortir de l’histoire. Il en profite également pour pour dire tout le bien qu’il pense des chaînes de radio et de télévision du service public :

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/les-...

onfrayrppb.jpgMichel Onfray encore qui fustige dans sa dernière missive, Convergence des luttes barbares, les macrono-mélenchonistes pour leur silence sur la lèpre qui s’abat sur la France. Il y prend notamment le parti de La Nouvelle Librairie vandalisée à deux reprises par ceux qui se prétendent antifa tout en en adoptant les méthodes de terreur. « Ceux qui, à gauche, crient au loup fasciste ont bien raison, mais ils ont surtout tort de croire que la meute vit à droite : c’est chez eux que se trouve la tanière dans laquelle se reproduisent les petits… Que le fascisme menace, c’est un fait : mais il n’est pas là où ses amis et ses idiots utiles disent qu’il se trouve » écrit-il en conclusion :

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/conv...

Dans Le Samedi Politique, émission d’Élise Blaise sur TV-L, on s’efforçait de comprendre le dessous des cartes permettant de rendre compte de la situation en Syrie après le retrait des troupes américaines, l’intervention turque puis les accords entre Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Richard Labévière, rédacteur en chef du site ProcheetMoyen-Orient.ch décrypte avec réalisme ce capharnaüm, secondé par le colonel Alain Corvez, consultant en stratégie internationale :

https://www.tvlibertes.com/le-samedi-politique-syrie-le-d...

Article de Richard Labévière sur le site Proche & Moyen-Orient. Il y examine l’histoire des régions kurdes de Syrie depuis le mandat français et en vient à relativiser le Rojava, zone fétiche de la presse occidentale. Pour lui le PYD qui administrait il y a quelques jours encore le Rojava est comparable à l’UCK du Kosovo, une mafia maquillée par les Américains en valeureux résistants nationalistes albanais :

https://prochetmoyen-orient.ch/quadra-kurdes/

Alain Finkielkraut invité de la matinale de Sud-radio. Il y exprime ses opinions (modérées) sur le voile, le PMA et la GPA, sur les pseudo « réactionnaires » et la censure, la criminalisation de la nostalgie. En bref il faut défendre « le droit des Français à la continuité historique » et prendre des mesures face à «l’islamisation de la France ».

http://www.fdesouche.com/1284289-pour-alain-finkielkraut-...

Alain Finkielkraut recevait le 26 octobre dans son émission Répliques de France-culture sur les enjeux de la bioéthique Sylviane Agacinski, philosophe libérale mais opposée à la société de marché et pour cette raison hostile à la PMA et à la GPA. Figure également au sommaire de l’émission Frédéric Worms. Le point de vue de Worms, membre de la commission de bioéthique, est celui de l’approbation comme toujours, pourrait-on dire, chez ceux qui appartiennent à cette commission. Les points de vue de Finkielkraut et d’Agacinski, plus prospectif, sont également les plus intéressants :

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/les-enje...

Au micro de France Inter la journaliste Sonia Devillers dresse une liste noire des mal pensants qu’il convient de faire taire. Réaction de l’OJIM :

https://www.ojim.fr/sonia-devillers-france-inter/

Une explication simple mais radicale des raisons qui animent, ou devraient animer, les identitaires européens dans leur combat pour le droit des populations locales à persévérer dans leur être. À l’heure des grandes migrations, non plus d’individus isolés mais de peuples entiers, il faut effectivement choisir entre l’identité et le remplacement. Court article de Nicolas Faure sur le site de la Fondation Polémia

https://www.polemia.com/genetique-remigration-discours-id...

Dans un article du site d’Éléments Jean-Michel Vivien salue le retour des Indo-Européens sur la scène universitaire française après une trop longue éclipse  due à de sombres machinations idéologiques. On retiendra notamment le nom de l’archéologue Jean-Paul Demoule qui a largement contribué pour d’obscures raisons à démonétiser cette discipline. Malheureusement il s'agit d'un non-linguiste doublé d’un non-généticien, les deux domaines majeurs qui permettent d’appréhender le phénomène indo-européen dans toute sa complexité. Dans un brève recension des dates marquantes de cette renaissance Vivien note la parution en mars 2019 du superbe numéro de Nouvelle Ecole consacré à « La paléogénétique des indo-Européens » dossier complet basé sur la synthèse de plusieurs dizaines d’études récentes émanant des plus prestigieuses universités du monde occidental:

https://www.revue-elements.com/indo-europeens-le-retour/

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Tomislav Sunic est un intellectuel croate de grande culture, ancien professeur de sciences politiques aux États Unis où l’avait conduit son anticommunisme à l’époque titiste, devenu ensuite diplomate au service de l’État croate indépendant. Il développe avec mesure une théorie comparée du « système » et du « régime » montrant que si le régime a changé dans la plupart des ex-pays de l’Europe de l’est il n’en fut pas de même du système resté globalement le même après la chute du mur. Le recyclage a permis à la gauche divine et à ses valeurs de se maintenir à peu près partout au pouvoir servie par l'idéologie propagée par l’Union européenne. Ce premier entretien s’inscrit dans une série de 5 qui doivent célébrer la chute du communisme il y a trente ans. À voir sur TVL :

https://www.tvlibertes.com/tomislav-sunic-un-nationaliste...

Sylvain Tesson auteur panthéiste à contre-courant du progrès et de la laideur moderne récompensé par le prix Renaudot pour son dernier livre La panthère des neiges. À ce propos on lira avec attention les très justes réflexions de Pascal Mottura parues sur le site de l’Inactuelle, Revue d’un monde qui vient. Le site, très riche, est animé par Thibault Isabel :

https://linactuelle.fr/index.php/2019/10/29/sylvain-tesso...

 

samedi, 09 novembre 2019

Souvenirs et réflexion à l’occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin

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Souvenirs et réflexion à l’occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin

par Robert Steuckers

Le 9 novembre 1989, j’étais chez moi et je travaillais paisiblement dans mon bureau de traducteur. En fin d’après-midi, je devais me rendre à Bonn pour prononcer une conférence sur la notion de métapolitique pour les jeunes gens et les jeunes filles du mouvement de jeunesse Freibund. La problématique, qu’il s’agissait d’expliciter, était la suivante : une métapolitique, telle que l’avait conçue et formulée le communiste historique Antonio Gramsci, était-elle encore possible à la fin des années 1980, à une époque où les partis communistes ou les autres formations totalitaires n’exerçaient plus aucune attractivité ? Une métapolitique adaptée aux temps présents devait, à mes yeux, se développer selon les stratégies métapolitiques et éditoriales mises au point par l’éditeur Eugen Diederichs en 1896. Diederichs voulait humaniser la religion, le socialisme et la politique en général, les articuler sur un mode plus flexible, tant et si bien que les concepts qui s’étaient figés au fil du temps pouvaient redevenir vivants et fluides. La politique devait alors toujours demeurer « life friendly », moulée sur les ressorts vitaux, et ainsi être véritablement organique, dans la mesure où ses nouvelles sources d’inspiration devaient recourir aux traditions vivantes de tous les peuples, à la mystique rhénane/flamande née en nos régions au cours des décennies d’or de notre moyen-âge, devaient emprunter les voies alternatives d’un socialisme solidariste et communautaire, etc.

Tandis que j’essayais de présenter ces faits d’histoire culturelle et ces arguments spirituels (propres aux aspirations de Diederichs) sur un mode didactique qui seyait à un public très jeune, j’entendis tout d’un coup que le Mur était tombé, que les Vopos avaient ouvert des brèches dans cette effroyable barrière et que, en masse, les Berlinois de l’Est traversaient l’abominable mais défunte ligne de démarcation. Dix minutes plus tard, le téléphone a sonné : c’était l’un des jeunes du Freibund, dans un état de joie et de surexcitation, qui m’appelait pour me dire que le public que l’on avait mobilisé pour ma conférence en fin de journée avait bien naturellement décidé de partir immédiatement à Berlin pour être tout simplement présent en ce moment historique tant attendu par tous les Allemands. Dieu que j’aurais aimé les accompagner, Dieu que je regrettais de ne pas être parti plus tôt dans la journée pour arriver vers midi à Bonn et pouvoir me rendre dans la capitale allemande avec les jeunes du Freibund ! Pire : sans que je ne le susse, mon voisin, beau-fils de Georges Désir, ponte du FDF, qui ne parlait pas un mot d’allemand et qui, très vraisemblablement, ignorait les tenants et aboutissants de l’histoire allemande d’après 1945, avait sauté dans sa voiture avec quelques copains pour foncer vers Berlin, afin d’exprimer sa solidarité avec les Allemands !

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La division de l’Europe venait de prendre fin. Il était enfin possible d’espérer qu’allait devenir réalité cette Europe Totale théorisée par l’ancien ministre belge et chrétien-démocrate des affaires étrangères, Pierre Harmel, critique pertinent mais tranquille, de la Doctrine Hallstein, rabiquement pro-occidentale et, à ce titre, instrument de la division fatidique. Les années 1990 et les deux premières décennies du 21ème siècle n’ont pas réalisé le vœu très profond qui nous animait alors. Au lieu de se développer en toute indépendance, l’Europe s’est étiolée, pour devenir, en bout de course, ce qu’elle est aujourd’hui : un grand espace pourri par la décadence, vidé spirituellement, mentalement délirant et, à coup sûr, dépourvu de toute souveraineté car c’est toujours Washington qui mène la danse.

***

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Berlin n’était pas une ville inconnue pour moi: je m’y étais rendu en 1977 à l’occasion d’un voyage patronné par le DAAD (*). Le Mur était là, à l’époque, dans toute son horreur. Au lieu de passage vers Berlin-Est pour les non-Allemands, le Checkpoint Charlie, une très vilaine gradée de la Volkspolizei communiste, horribles lunettes noires sur le pif et coiffée à la Duguesclin, avait fait passer des miroirs sous notre autocar. Un Vopo avait regardé, soupçonneux, par-dessus mon épaule, au moment où je payais un exemplaire de l’Anti-Dühring de Marx.

 

oesch.jpgSur le Kurfürstendamm, des étudiants iraniens manifestaient contre le Shah. Dans une librairie, je m’étais procuré un exemplaire du fameux livre d’Otto-Ernst Schüddekopf sur le national-bolchevisme de l’époque de la République de Weimar, un témoignage incontournable ; un quart d’heure plus tard, je m’attable à une terrasse pour compulser mes nouveaux bouquins. Je suis assis à une table collective et une dame âgée, souriante, arrive et me dit avec toute la gouaille berlinoise : « Bonjour jeune homme, accepteriez-vous qu’une vieille tarte (« eine alte Klatschtante ») comme moi s’assoie en face de vous ? ». Elle était d’une sombre élégance, coiffée d’un chapeau à la tyrolienne orné d’une superbe plume noire. Nous entamons une conversation et je vois qu’un sourire approbateur se dessine sur son visage jovial quand elle voit le type de littérature historique que je m’étais choisi. Elle a voulu me payer les bouquins. Et elle insistait. Confus, je décline son offre. Elle se lève me salue et laisse 30 marks sur la table. Je veux les lui rendre, elle s’éclipse en me lançant un « Ach, Quatsch ! » chaleureux… A Berlin-Est, je vois circuler de belles automobiles tchèques, à l’esthétique vintage, des Tatra. Sur la Place de la Gendarmerie, en ruine, des arbres avaient poussé sur les marches des deux églises, l’allemande et la huguenote.

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Je revins à Berlin seulement en janvier 1993. Le Mur n’était plus là. Les troupes soviétiques pliaient bagage. A Potsdam, je vécus une scène qui est restée profondément ancrée dans la mémoire. Il neigeait et le froid était glacial. Sans vouloir être grivois, j’étais debout face à une « Pinkelrinne », une pissotière d’ancien modèle, datant sûrement de l’époque wilhelminienne ; à hauteur de mes yeux, il y avait une longue fenêtre par laquelle on pouvait voir le trafic sur la chaussée. Brusquement, venu du fond très nébuleux du paysage, déboula à vitesse réduite un énorme camion militaire soviétique sous une neige drue. Les soldats étaient en tenue d’hiver, avec de beaux et longs manteaux gris et, sur la tête, les fameuses chapkas frappées de l’étoile rouge. Le véhicule était bourré de biens de consommation occidentaux, des machines à laver et des frigidaires. Les officiers avaient « réalisé » leur solde, s’étaient débarrassé d’un papier-monnaie sans valeur. Ils retournaient dans leur mystérieux empire des steppes : c’est ainsi que j’ai pu observer le départ des derniers soldats soviétiques de Postdam.

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Plus tard, je me rendis encore à Berlin  à la Toussaint 2002 et à l’automne 2004 : la Potsdamer Platz avait quasiment trouvé sa configuration actuelle mais n’était pas encore achevée. L’hyper-modernité à l’américaine s’était affirmée sur le terrain le plus sinistre du vieux mur disparu. Les temps avaient certes changé mais ni les Allemands ni les autres Européens ne disposaient encore d’une véritable souveraineté. Mais que découvrirai-je aujourd’hui dans le nouveau Berlin si j’y revenais, dans cette antique capitale prussienne ?

Forest-Flotzenberg, 8 novembre 1989, à la vieille du 30ème anniversaire de la chute du Mur.

Ce qu'ils appellent chute du Mur

Wolf Vostell, Der Fall der Berliner Mauer, Nr.6, 1990.jpg

Ce qu'ils appellent chute du Mur

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: https://www.insolent.fr

À la veille du 30e anniversaire du renversement, le 9 novembre 1989, par le peuple berlinois du Mur de protection antifasciste érigé en 1961 par les communistes les commémorations s’amoncèlent. Elles rivalisent de désinformation et d'hypocrisie.

Tout d'abord, on pourrait et on devrait donc s'interroger honnêtement sur les craquèlements du bloc soviétique qui ont précédé plus encore qu'ils n'ont accompagné la liquidation du régime est-allemand. C'est en effet d'abord l'épuisement interne de leur propre système ignoble et corrompu qui a conduit les dirigeants du Kremlin à renoncer à leur occupation de la partie de l'Allemagne que Roosevelt les avait laissés conquérir en 1945.

On doit se souvenir par conséquent de la chronologie proche précédant les événements de 1989 en Europe centrale.

Et, à cet égard il doit être rappelé, au besoin énergiquement, que ce qui s'est passé en novembre 1989 ne doit rien aux intellectuels germanopratins et aux dirigeants hexagonaux. Ni Mitterrand ni Giscard n'y ont jamais cru vraiment. Qu'on se souvienne du président élu par la droite française allant fleurir le mausolée de Lénine. Qu'on relise le message adressé par le soi-disant humaniste Mitterrand en 1991 aux putschistes de Moscou.

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La libération de l'Europe de l'est n'a été possible que grâce à Solidarnosc en Pologne[1], grâce indistinctement au courage de tous les opposants, dans toutes les nations captives, y compris en Russie, grâce au virage représenté en occident par la présidence Reagan aux États-Unis, par l'élection du pape polonais Wojtyla en 1979. Les manifestations de Saxe en l'été 1989 font certes la première page du Spiegel : elles passaient pratiquement inaperçues à Paris.

Votre chroniqueur garde ainsi le souvenir très précis d'avoir traduit et présenté les informations du Spiegel chez son ami Serge de Beketch devant un auditoire qui les découvrait avec stupéfaction, et parfois n'imaginait même pas que le glacis pouvait fondre.

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Qu'à Dresde et Leipzig en 1989 ou, bien plus encore à Bucarest lors de la liquidation de Ceaușescu ce soit l'appareil communiste lui-même, et sa nomenklatura, qui aient cherché à sauver leur domination en changeant l'apparence du régime on pouvait le savoir et il ne fallait pas chercher à le dissimuler.

Seulement voilà : tous ceux qui, détenant le monopole de la parole officielle, s'investissent 30 ans plus tard dans la célébration de ce qu'ils appellent chute du Mur s'emploient à présenter cet événement heureux comme une sorte d'accident aléatoire, sans aucune corrélation avec la faillite autant morale qu'économique du socialisme marxiste, et pas seulement celle du stalinisme. La période krouchtchevienne, puis celle de la stagnation brejnevienne ont fait autant et parfois plus de mal. Elles expliquent le "moment Gorbatchev"[2], cette fausse mort du communisme.

Hélas en effet le cadavre démoniaque de Marx bouge encore. Comme celui de son fils légitime Lénine, et du successeur de celui-ci Staline, ils se recomposent par nichées pullulante, sanguinolentes et destructrices. Il ne s'agit pas seulement des continuateurs avoués, les Castro, les Maduro, aux couleurs indianistes en Bolivie, africanistes au Zimbabwe, ou les Khmers rouges. On les retrouve en effet sous les masques et les visages trompeurs de l'économisme technocratique, de l'égalitarisme et du conformisme politiquement correct.

Tout cet univers prétend pouvoir récupérer jusqu’à ce qu'il rebaptise de cet euphémisme architectural "la chute du mur".

Ainsi sur le site quotidien Le Monde on pouvait lire, ce 5 novembre un docte entretien[3] avec Joachim Ragnitz, économo-statisticien du Land de Saxe. Le journal se permet d'imprimer tranquillement que "la République démocratique allemande [RDA] était considérée par les organisations internationales comme un pays fortement industrialisé, au même titre que certains pays occidentaux. En 1988, 35 % de la population active est-allemande travaillait dans le secteur manufacturier, contre seulement 28,5 % en République fédérale d’Allemagne [RFA]." Quelle réussite, n'est-il pas vrai ? Est-on sûr que le mur de protection antifasciste est bien tombé ? Du bon côté ?

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Le regretté Vladimir Boukovski, qui vient de mourir après avoir, comme dissident soviétique, passé 12 ans emprisonné dans un hôpital psychiatrique de l'ère brejnevienne, prévenait les Occidentaux dans ces termes : "J’ai vécu dans votre futur et cela n’a pas marché… En URSS, nous avions le goulag. Je pense qu’on l’a aussi dans l’Union Européenne. Un goulag intellectuel appelé politiquement correct. Quand quelqu’un veut dire ce qu’il pense sur des sujets tels que race ou genre, ou si ses opinions sont différentes de celles approuvées, il sera ostracisé. C’est le début du goulag, c’est le début de la perte de votre liberté. »

Le 9 novembre devrait être fêté comme une Fête européenne de la Liberté. Le conformisme politiquement correct récupère cette commémoration, il la dénature et l'aseptise. Ne le laissons pas faire.

 

JG Malliarakis  
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La Sociologie du communisme
de Jules Monnerot

Jules Monnerot avait décrit, dès 1949, au lendemain du coup de Prague, le communisme comme l'islam du XXe siècle.


À l'époque, on doit le rappeler, cette comparaison semblait osée. Elle peut, pour d'autres raisons, être contestée par les mêmes bons esprits politiquement corrects. Non que l'on puisse ignorer les crimes de "l'entreprise léniniste", ainsi que le qualifie l'auteur de la Sociologie du communisme. Tout ou plus cherchera-t-on à les minimiser, à les relativiser, et, tout doucement à les faire oublier.


Le léninisme d'hier fonctionnait déjà comme se développe aujourd'hui une certaine forme d'islamisme cherchant à faire renaître les conquêtes militaires de ses prétendus "pieux ancêtres".


L'un comme l'autre se ressemblent dans leur action implacable pour l'Imperium Mundi, l'empire du monde.


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Apostilles

[1] Adam Michnik le soulignait dans Le Monde en ligne le 7 novembre : "C’est en Pologne, avec Solidarnosc, que le mur de Berlin s’est fissuré" car le syndicat ouvrier y a "décrédibilisé le Parti communiste" (question de votre chroniqueur : était-il crédible ???) et dans son sillage, des millions de Polonais ont exigé la liberté et le retour de leur identité nationale.
[2] Titre d'un livre hautement recommandable et prophétique de Françoise Thom publié en 1991 coll. Pluriel.
[3] cf. ses "Propos recueillis par Jean-Michel Hauteville"

vendredi, 08 novembre 2019

Arnaud Develay: Les Conséquences de la Faillite Impériale sur l’Ordre Juridique International (+ VIDEO)

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Arnaud Develay: Les Conséquences de la Faillite Impériale sur l’Ordre Juridique International (+ VIDEO)

 

Chisinau Forum III 

Arnaud Develay est avocat international, auprès des barreaux de Washington et de Paris

Bonjour à toutes et à tous et merci de vous être déplacé(es) si nombreux(ses) afin de venir à CHISINAU pour prendre le temps d’échanger avec nous.

Je tiens particulièrement à remercier mon ami et camarade IURIE ROSCA pour son accueil toujours des plus chaleureux.

Le Forum de CHISINAU a vocation à rassembler ceux d’entre-nous qui sommes soucieux d’entretenir la flamme de la souveraineté dans nos pays respectifs.

18 ans après les attentats du 11 septembre 2001, le léviathan mondialiste est plus que jamais déterminé à accélérer le processus visant à démanteler l’ordre international hérité de la Seconde Guerre mondiale.

Réalisant que l’opération d’hypnose déployée auprès des populations sidérées au travers de ses media de masse semble échouer de par ses contradictions internes, les tenants du mondialisme à marche forcée ont lancé un assaut sans précédant sur les règles de droit international qui malgré ses déficiences garantissaient une certaine stabilité, laquelle s’en est trouvée particulièrement amoindrie dès lors que la fenêtre d’opportunité a commencé à se refermer sur le moment unipolaire une décennie à peine après la Chute du Mur de Berlin.

En bref, ce qui selon Fukuyama devait être la fin de l’Histoire et le triomphe du libéralisme a laissé place à une spoliation visant à paupériser des millions d’individus qui constituaient ce que nous avons coutume d’appeler les classes moyennes.

Cette entreprise de destruction systématique n’a cependant pu être rendue possible qu’au travers d’un démantèlement systématique de l’architecture juridique et donc politique qui constituait la pierre de voute de la souveraineté des nations.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

En réponse à la question tendant à lui demander ce qu’il considérait comme la pire catastrophe du XXème Siècle, l’actuel Président de la Fédération de Russie avait répondu sans hésiter : « L’effondrement de l’Union Soviétique. »

Le Président POUTINE avait compris que seul l’existence d’un rapport de force équilibré entre les grandes puissances rend possible le respect des règles de droit international.

Dans ce contexte de tensions servant de garde-fou, il devint possible de donner tout son sens au principes élémentaires du droit international public encapsulés par les deux piliers  que représentent les doctrines dites de PACTA SUNT SERVANDA et OPINIO JURIS.

La doctrine de PACTA SUNT SERVANDA met l’accent sur le respect de la parole donnée afin que l’accord, qu’il soit bilatéral ou multilatéral, soit respecté en chacune de ses provisions mais aussi dans son esprit par toutes les parties contractantes.

La Convention de Vienne sur les Relations diplomatiques et consulaires entre Etats-Nations est un parfait exemple de l’application de cette doctrine.

Il ne viendrait pas à l’idée d’un Etat partie à la Convention de violer par exemple les dispositions portant sur l’immunité diplomatique accordée au personnel consulaire nonobstant le caractère sérieux d’un délit portant sur des faits sérieux commis par ladite personne. Une telle démarche exposerait ledit Etat à ce que ses propres employés soient eux-mêmes assujettis à la violation de leur immunité l’étranger.

Le principe de réciprocité est donc central dans le respect des obligations découlant de tout accord entre les Parties contractantes et agit de facto comme le régulateur de l’effectivité des accords internationaux.

Parce que ces règles implicites de réciprocité sont passé dans le domaine des usages, il n’est pas nécessaire de les inscrire au titre du droit positif.

Le deuxième pilier est constitué par la doctrine dite d’OPINIO JURIS.

Le droit international coutumier est constitué de deux éléments : 1) la pratique internationale régulière et générale des États; et, 2) l’acceptation subjective de la coutume comme source de droit par la communauté internationale.

Pour qu’un traité multilatéral puisse avoir force de droit, il convient que toutes les Parties-Contractantes, mais aussi celles n’ayant pas nécessairement adhéré au traité, s’accordent sur l’interprétation qui doit prévaloir dans le traitement de la thématique du texte eut égard aux droit coutumier existant.

Cette doctrine revêt un caractère d’autant plus important qu’il existe des cas ou le droit international positif des traités ne prévoit rien et/ou dans lesquels il n’existe pas de décisions sur le sujet.

Cet état de vide juridique dit « NON LIQUET » a souvent servi de matrice à des pratiques étatiques qui dans leur applications se sont inscrits en porte-à-faux avec des principes connexes pourtant eux-mêmes parfaitement balisés par le consensus au cœur du principe d’OPINIO JURIS.

C’est le cas par exemple de la doctrine dite du « combattant ennemi ».

Suite aux attaques du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont initié leur soi-disant Guerre contre le Terrorisme.

Agissant en tant qu’hégémon sans rival, le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique a décrété que les Conventions de Genève n’avaient pas vocation à s’appliquer à des individus agissant en dehors de tout cadre étatique, ne portant aucun uniforme distinctif et ne respectant pas eux-mêmes les règles de la guerre conventionnelle.

Cette doctrine vit le déclenchement d’une série de violation du droit humanitaire et de la personne en général, notamment eu égard aux droits accordés à quiconque de pouvoir bénéficier d’un procès en bonne et due forme, ainsi que de pouvoir préparer une défense en ayant accès aux éléments de preuves à charge.

Certaines confessions ont par ailleurs été obtenues sous la torture ainsi que révélé par l’actuel Directrice du Renseignement US, laquelle a participé au sessions d’interrogatoires.

Dans le prolongement de ces violation du droit dit JUS COGENS, WASHINGTON a mis en place des protocoles d’enlèvements de suspects dans le cadre des « Redditions extraordinaires ».

Ces opérations menées par les services de renseignement ont souvent fait l’objet de critiques acerbes de par le fait qu’elles étaient mises en œuvre en violation totale de la souveraineté des Etats dont certains étaient considérés comme alliés.

Cette fuite en avant dans le non-respect du droit international une fois initiée est souvent très difficile à stopper.

Les dégâts sont en toute hypothèse irréversibles quant au rétablissement du statut quo ante.

Pire, parce que les violations sont commises par un Etat puissant (Membre Permanent du Conseil de Sécurité, et Membre Fondateur des Nations-Unies), c’est toute l’architecture du droit international dans son incarnation onusienne qui s’en retrouve discréditée

Les conséquences de cette période de délinquance assumée a engendré beaucoup de violations par des Etats qui ne se sont quant à eux jamais considéré être investi d’une destiné manifeste mais qui ont su utiliser à leur avantage ce précédent pour justifier à leur tour la commission de violations à l’encontre de leurs propres citoyens.

C’est dans ce contexte qu’il faut aujourd’hui analyser le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’Accord sur le Nucléaire Iranien malgré son adoption par une résolution adoptée par le Conseil de Sécurité.

C’est aussi dans ce contexte qu’il convient de comprendre comment l’opération d’intoxication à grande échelle concernant aussi bien l’Irak, que la Libye et plus récemment la Syrie ont pu être exécutées sans que les agences onusiennes ne puissent faire leur travail de vérification.

C’est enfin dans ce contexte qu’il nous faut comprendre comment le régime de non-prolifération nucléaire a pu se retrouvé complètement démantelé en à peine deux décennies, à commencer par le retrait unilatéral de l’Administration BUSH du traité ABM de 1972 en décembre 2001 et plus récemment celui de l’Administration TRUMP du Traité INF, pour Intermediate Nuclear Forces Treaty

Le retrait unilatéral de ce dernier par Washington rétablit l’usage d’armes stratégiques sur le continent Européen.

Il est à souligner que la concentration des media entre les mains de quelques entités souvent liées aux usines d’armement a grandement facilité cette marche forcée vers le désordre actuel.

L’opinion publique n’est plus informée et les grandes manifestations de 1983 contre l’installation des missile PERSHING en Allemagne Fédérale semblent aujourd’hui comme relevant du fantasme.

Près de 20 ans après les attaques du World Trade Center, le contexte de sécurité internationale n’a jamais été aussi fragilisé.

Je vous remercie pour votre attention.

Presseschau November 2019

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Presseschau

November 2019

AUßENPOLITISCHES

Draghis gefährliches Erbe

https://www.goldseiten.de/artikel/430844--Draghis-gefaehrliches-Erbe.html

Bluttat in Paris

In einer Polizeipräfektur in Paris tötete ein Mann vier Personen, er wurde erschossen. Hinweise auf ein Terrormotiv verdichten sich.

https://www.morgenpost.de/politik/article227269339/Paris-...

Mitarbeiter sticht um sich

Fünf Tote bei Angriff auf Pariser Polizei

https://www.n-tv.de/panorama/Fuenf-Tote-bei-Angriff-auf-P...

Muslime in Frankreich

Schleier vor dem Schultor

Frankreich streitet erneut über Kopftücher, Nikabs und Burkas. Ganz Frankreich? Nein: Präsident Macron will Muslime nicht stigmatisieren. Aber selbst in den liberalsten Vierteln von Paris haben sie es schwer.

https://www.spiegel.de/politik/ausland/frankreich-neue-de...

Wahl in Polen

PiS baut Mehrheit aus

https://www.tagesschau.de/ausland/polen-parlamentswahl-10...

Grüne gewinnen deutlich hinzu

Nationalratswahl in der Schweiz: SVP und FDP verlieren

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/nationalrat... 

Der Brexit als demokratische Revolution

https://www.achgut.com/artikel/der_brexit_als_demokratisc...

Extinction Rebellion kostete die Londoner Polizei 43 Millionen Euro

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Schon 100 Mordopfer in London

Die Zahl der tödlichen Angriffe in der britischen Hauptstadt steigt. Der Großteil wird dabei Opfer von Messerattacken.

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Irland kann zum Brexit-Gewinner werden

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Starkes Bekenntnis: Südtiroler hissen österreichische Riesenfahne

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Trumps Rückzug aus Syrien

Der neokonservative Konsens bekommt Risse

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Türkei bombardiert gezielt IS-Gefängnisse

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Sevim Dagdelen (Die Linke)

„Jede Waffe für den türkischen Präsidenten ist eine zu viel“

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Waffenstillstand in Syrien

Der Krieg der Maulhelden

von Jürgen Liminski

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Blamage - Kurden verjagen Deutsche Polizei & Erdogan erpresst uns

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"Meine Organe quellen heraus"

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China lebt den deutschen Transrapid-Traum jetzt allein

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10 Milliarden für Entwicklungshilfe an China: Diskriminierung und versteckte Subventionen

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Friedensnobelpreis an Abiy Ahmed: Ein Portrait

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After all the recent xenophobic violence in South Africa (between locals and Nigerians), black people in Paris held a protest & pleaded for the violence to stop

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National Debt Climbs Over $800 Billion in Just Two Months

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

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https://www.youtube.com/watch?v=oZWYBb6ml2c

„Seniorenaufstand“: 30 Milliarden Euro fehlen in der Rentenversicherung – „und keiner kriegt es mit“

https://de.sputniknews.com/gesellschaft/20191004325808350...

Bundesbank warnt vor Schieflage bei der gesetzlichen Rente

https://www.welt.de/finanzen/article202234584/Rentenversi...

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Düsteres Szenario: Am 15. Januar 2020 droht Deutschland eine Versorgungs-Katastrophe

https://www.businessinsider.de/am-15-januar-2020-droht-de...

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Der Bevölkerungswissenschafter Herwig Birg prophezeit Westeuropa vier «demographische Plagen» – und darum heftige Verteilkämpfe.

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Finanzierbarkeit des Sozialstaats ungewiss

Generation „FFF“: Rentenbeginn ab 80?

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Wo der Sultan recht hat, da hat er recht

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CDU-Fraktionschef fordert Parteiausschluss von Heym – Ramelow feixt

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Thüringenwahl

Der Niedergang der Volksparteien setzt sich fort

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Spaltung der Gesellschaft

Thüringer Bischöfe besorgt über Wahlergebnis

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(Journalistische Reaktion auf Thüringen...)

Thüringer verprügeln

AfD: NDR muß sich von „Haßpredigerin“ distanzieren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/afd-ndr...

Thüringen-Wahl, AfD, Daniel Günther, Donald Trump

Kaisers royaler Wochenrückblick

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/kaisers-r...

Landtagswahlen in Ostdeutschland: Nichts ist verloren

Auch wenn Wut und Schmerz groß sind angesichts der Tatsache, dass ein Viertel der Ostdeutschen rechtsradikal wählt: Der Osten hat 2019 eine Reifeprüfung bestanden.

Ein Kommentar von Christian Bangel

https://www.zeit.de/politik/deutschland/2019-10/landtagsw...

(Hierzu zur Erinnerung:

Ist Deutschland zu weiß? (1)

von Martin Lichtmesz

https://sezession.de/59258/ist-deutschland-zu-weiss-1)

Islamisierung gegen rechts? Linke wollen den Osten mit Migranten fluten.

von Martin Sellner

https://www.youtube.com/watch?v=H-Fv5dP6fdE

Thüringen-Wahl

Für die Etablierten geht die gute Zeit zu Ende

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/fuer-die-...

Drei kurze Anmerkungen zu Höckes Erfolg

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/61715/drei-kurze-anmerkungen-zu-hoec...

Notizen zur Wahl in Thüringen

von Benedikt Kaiser

https://sezession.de/61719/notizen-zur-wahl-in-thueringen

Urteil des Landesschiedsgerichts

Nach Verbleib Gedeons in der AfD: Meuthen kritisiert Parteienrecht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/nach-ve...

Nachruf auf Erhard Eppler

Protestantischer Gesinnungsethiker

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/protestan...

Schüsse vor Synagoge : Festgenommener soll Deutscher sein

https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/halle-zwei-men...

https://www.welt.de/politik/deutschland/article201636898/...

Was treibt Juden in die AfD?

https://www.youtube.com/watch?v=jaRDWki9wyc

Kampagne der Bundesregierung

Nur in Deutschland

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/nur-in-de...

Willy-Brandt-Haus

Vierter Angriff auf Parteieinrichtungen binnen einer Woche

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/vierter...

PEGIDA feiert Geburtstag. 5 Jahre.

https://sezession.de/61675/sonntagsheld-125-5-jahre

Beitrag der Lügenpresse zum Pegida-Jubiläum

Medien mit geschönten Teilnehmer-Zahlen zu den Demos in Dresden

http://www.pi-news.net/2019/10/medien-mit-geschoenten-tei...

Verschärfung des Waffenrechts

Pure Schikane gegen rechtschaffene Bürger

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/pure-schi...

Bundesrat will Waffenrecht verschärfen

https://german-rifle-association.de/degunban-bundesrat-wi...

 (SPD-Probleme...)

Ankündigung des Innensenators

Berliner Polizei bekommt geschlechterneutralen Namen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/berline...

 (US Army)

Militärflugzeug Kampfjet bei Trier abgestürzt

In der Nähe von Trier ist Medienberichten zufolge ein F-16-Kampfjet abgestürzt. Der Pilot konnte sich nach SWR-Informationen mit dem Schleudersitz retten.

https://www.spiegel.de/politik/deutschland/kampfjet-beric...

Stasi-Unterlagenbehörde

Die späte Verhöhnung

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/die-spaet...

(Es wächst zusammen, was zusammen gehört...)

Erinnerungskultur

Schwesig: DDR war kein Unrechtsstaat

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/schwesi...

Die DDR kein Unrechtsstaat?

https://www.achgut.com/artikel/die_ddr_kein_unrechtsstaat

Diskussion um DDR

Unrechtsstaat und Antifa-Recht

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/unrechtss...

LD-nov19-3.jpg

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

Dresdner Stadtrat ruft „Nazinotstand“ aus - Initiative von Satirepartei hat Erfolg

https://www.fnp.de/politik/dresden-stadtrat-ruft-nazinots...

Ursache und Wirkung: Wenn die „Mitte der Gesellschaft“ dauerhaft tatenlos zusieht

Deutschlands neue Barbaren

http://www.pi-news.net/2019/10/deutschlands-neue-barbaren/

Ministerium kürzt Mittel

Amadeu-Antonio-Stiftung betroffen: Linken Initiativen droht Aus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/amadeu-...

„Kampf gegen Rechts“

Bremer Verfassungsschutz: Bürger sollen Verdächtige melden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/bremer-...

(Zu "Linksextremismus" ist bei Horst Seehofer keine Rede...)

Neun-Punkte-Paket

So will die Regierung gegen Hass und Rechtsextremismus vorgehen

https://www.stuttgarter-zeitung.de/inhalt.neun-punkte-pak...

Netzfundstücke (31) – Kontinuität, Faschismus

https://sezession.de/61762/netzfundstuecke-31-kontinuitae...

Campact verliert Gemeinnützigkeit

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/campact...

("Totalitarismusfähig".... Robert Andreasch und Jutta Ditfurth)

„Journalisten“, Ditfurth – Messebrennglas

https://sezession.de/61672/journalisten-ditfurth-messebre...

„Heute beginnt die weltweite Rebellion“

Verkehr lahmgelegt: Extinction Rebellion startet mit Protestwoche

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/verkehr...

Extinction Rebellion in Berlin

„Wir werden Berlin Tag und Nacht blockieren“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/wir-wer...

Reaktionen auf „Extinction Rebellion“

Doppelmoral in höchster Vollendung

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/doppelmor...

Hamburg

Verfassungsschutz warnt vor linksextremer Unterwanderung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/verfass...

Extinction Rebellion entlarvt!

von Martin Sellner

https://www.youtube.com/watch?v=cCAUunLpqdg

„Deichsparteitag 2019“

Sexismusvorwürfe gegen die PARTEI

https://www.fr.de/politik/sexismusvorwuerfe-gegen-satirep...

Kopftritt gegen wehrlos am Boden liegenden Menschen "Kampfszene in stilisierter Form"

Staatsanwaltschaft München sieht in „Good night white pride“ keine Gewalt

http://www.pi-news.net/2019/10/staatsanwaltschaft-muenche...

(Angepasste Waldorfschule im "Kampf gegen rechts")

100 Jahre Waldorf, oder: der Bumerangeffekt

https://sezession.de/61638/100-jahre-waldorf-oder-der-bum...

Frankfurter Buchmesse isoliert unbequeme Verlage

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/frankfurter-buchmess...

Buchmesse 2019 – viel Stoff!

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/61669/buchmesse-2019-viel-stoff

Deutschlandtour der Bürgerbewegung Pax Europa

Video: Islamaufklärung mit Michael Stürzenberger in Offenbach

http://www.pi-news.net/2019/10/offenbach-plakat-aktion-de...

Deutschlandtour der Bürgerbewegung Pax Europa

Video: Islamaufklärung mit Michael Stürzenberger in Frankfurt

http://www.pi-news.net/2019/10/video-islamaufklaerung-mit...

Rheinland-Pfalz

CDU schließt Lokalpolitikerin wegen Bündnis mit AfD-Ehemann aus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/cdu-sch...

Altenstadt: NPD-Politiker als Ortsvorsteher abgesetzt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/altenst...

Nach Rücktritt des sächsischen Landesbischofs

Konservative Theologen kritisieren Kampagne gegen Rentzing

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/konservative-theolog...

Rücktritt des sächsischen Landesbischofs

Den Gegner erledigt

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/den-gegne...

(Mobbing gegen rechts)

Interview mit dem Betreiber der Hirsemühle

„Die haben ihre Ideologie“

https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2019/die-haben...

(Dazu...)

Sonntagsheld (123) – Biomare bleibt sortenrein

https://sezession.de/61645/sonntagsheld-123-biomare-bleib...

Biomare-Geschäftsführer im Interview

„Diese Ähnlichkeit ist ein Grund, warum sich AfD und Grüne so innig hassen“

https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2019/diese-aeh...

Streit um Bio-Hirse

ZDF macht Grünen-Politikerin zur Anti-AfD-Kundin

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/zdf-macht-gru...

„AfD-Hirse“: ZDF stellt grüne MdB als gewöhnliche Kundin dar

https://www.achgut.com/artikel/afd_hirse_zdf_stellt_gruen...

Öffentlich-Rechtlicher Sender gerät immer stärker unter Druck

Monika Lazar: Das ZDF wusste, dass ich Grünen-Abgeordnete bin

http://www.pi-news.net/2019/10/monika-lazar-das-zdf-wusst...

Hessens Innenminister : Fünf Polizisten wegen rechter Gesinnung entlassen

https://www.faz.net/aktuell/rhein-main/frankfurt/fuenf-po...

Schnell noch mal `ne Werbung gegen die AfD

Leipziger Zoo positioniert sich gegen Alternative für Deutschland

http://www.pi-news.net/2019/10/leipziger-zoo-positioniert...

(Die Ernte der Medienhetze)

Thüringen

Morddrohungen: Polizei verstärkt Schutz für Höcke

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/morddro...

(Eine wahre Fundgrube an Patientenmaterial ist auch dieser Artikel. Gerade in den Leserkommentaren tun sich linksliberale bis linksextreme Abgründe auf ...)

AfD: Und nun wieder gaaanz viel zuhören

Es werden nach Wahlen unentwegt Gründe gefunden, warum Menschen für die AfD stimmen: Busse, Windräder, weiß der Teufel. Ein anderer ist viel naheliegender.

Ein Kommentar von David Hugendick

https://www.zeit.de/kultur/2019-10/afd-thueringen-bjoern-...

Tote nach Schüssen in Halle: Täter filmte Tat

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/tote-na...

Anschlag in Halle - Täter war rechtsextremer Terrorist - was passiert jetzt?

von Martin Sellner

https://www.youtube.com/watch?v=fgdUIUEH-2s

 (Die Stunde der Instrumentalisierer)

Anschlag in Halle

„Geistige Brandstiftung“: AfD weist Vorwürfe zurück

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/geistig...

Rechtsextremismusvorwürfe

„Mitschuld“ für Anschlag: Kritik an AfD reißt nicht ab

https://jungefreiheit.de/allgemein/2019/mitschuld-fuer-an...

(Der nächste linke Instrumentalisierer)

Scholz macht AfD für Anschlag in Halle mitverantwortlich

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/scholz-...

(Der nächste SPD-Instrumentalsierer)

Bundestagsdebatte zu Antisemitismus

SPD-Fraktionschef: AfD ist Teil des Rechtsextremismus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/spd-fra...

Nach Halle

Reaktion auf Anschlag: Seehofer will Computerspieler überwachen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/reaktio...

(Zu Halle)

Nie wieder!

https://www.achgut.com/artikel/nie_wieder_

Ein Weckruf aus Halle?

https://www.achgut.com/artikel/ein_weckruf_aus_halle

Chronologie der Bigotterie

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/chronolog...

Terror in Halle: Wie wir auf keinen Fall reagieren sollten

https://www.youtube.com/watch?v=-P7SBxhnYCc

Terror in Halle

Stunde der Scheinheiligen

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/stunde-de...

Was der Anschlag von Halle bedeutet

von Martin Lichtmesz

https://sezession.de/61650/was-der-anschlag-von-halle-bed...

(Ergänzende Information zu Halle)

Das Christchurch-Manifest - Ein Kommentar

https://www.youtube.com/watch?v=fAgBeuxuE6U

Mehr Fragen als Antworten im Mordfall Lübcke

Die Instrumentalisierung eines abscheulichen Verbrechens

https://www.deutschland-kurier.org/mehr-fragen-als-antwor...

(Das übliche von Kahane...)

Nach Thüringenwahl

Amadeu-Antonio-Stiftung: AfD muß wie NPD behandelt werden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/amadeu-...

„logo!“

„Pure Indoktrination“: AfD kritisiert ZDF-Kindernachrichten

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/pure-indoktri... 

(Hervorragende Stellungnahme zu den "Fake News" in den öffentlich-rechtlichen Medien...)

Faschismus-Vorwurf gegen Höcke

Arglistige Täuschung

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/arglistig...

Linksradikales Leipzig

Brennender Terror zum Nationalfeiertag

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/olaf-opitz-klare-k...

Berlin

Anschlag auf Abtreibungsgegner

Linksextreme verwüsten Beratungszentrum für Schwangere

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/linksex...

Vor Landtagswahl in Thüringen

Farbanschlag auf Haus von FDP-Spitzenkandidat Kemmerich

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/farbans...

(Er windet sich und versucht davonzukommen...)

Hamburger Asta will Lucke „lahm legen“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/hamburg...

Universität Hamburg

Linksextreme Studenten vertreiben Lucke aus Hörsaal

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/linksex...

(Zitat: "Dass es zu Ordnungsmassnahmen der Universität komme, sei unwahrscheinlich – wegen der Anonymität der Störer."... Warum "anoym"? Sie sind doch alle auf Fotos zu sehen.)

Kommentar

«Nazischwein» ist auch nur ein anderes Wort für Diskurs: Wie die Universität Hamburg Bernd Lucke in den Rücken fällt

https://www.nzz.ch/international/bernd-lucke-uni-hamburg-...

(Fotos siehe hier...)

Anti-Lucke-Aktionen in Hamburg

CDU-Spitzenkandidat vergleicht Protestler mit Pegida!

https://www.mopo.de/hamburg/anti-lucke-aktionen-in-hambur...

Universität Hamburg

Nach Störaktionen: Lucke beklagt mangelnde Unterstützung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/nach-st...

Uni Hamburg: Lucke bricht auch zweite Vorlesung wegen Protests ab

Der frühere AfD-Chef und Gründer einer liberal-konservativen Partei ist im Hörsaal erneut gescheitert. Trotz Einlasskontrollen gab es an der Uni Hamburg Protest.

https://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2019-10/un...

(Erfahrungsbericht)

Universität Hamburg

Professor Lucke, der ungeliebte „Kollege“

https://www.welt.de/regionales/hamburg/article202456018/U...

Linksextremismus an Hochschulen

Uni Hamburg: Polizeihundertschaft sichert Luckes Vorlesung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/uni-ham...

Sandra Maischberger

Restle gegen Lucke

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/restle-gegen-...

(Zu Georg Restle...)

Restle, Roth, Rezo

Kaisers royaler Wochenrückblick

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/kaisers-r...

Ausreden machen es noch schlimmer

Claus Kleber, das ZDF und der „Bodensatz“

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/claus-kle... 

Meinungsfreiheit

Steinmeier rügt Einschüchterung politisch Andersdenkender

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/steienm...

Debattenkultur

Kubicki (FDP): „Wenn es gegen rechts geht, machen viele vor Regelbrüchen nicht halt“

https://www.deutschlandfunk.de/debattenkultur-kubicki-fdp...

Extremisten sind Extremisten

Nagelprobe des Rechtsstaats: Wird Antifa und Co. Einhalt geboten oder nicht?

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/nagelprob...

Sichtachse verbogen

Linke Gewalt ist nicht besser als rechte

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/linke-gew...

(Linksradikale dominieren Klima an Universitäten)

Linke Werbeveranstaltung mit angeschlossenem Studium

https://www.achgut.com/artikel/linke_werbeveranstaltung_m...

Debattenkultur

Wo der Mob regiert, hat der Geist das Nachsehen

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/wo-der-mo...

Gewitterfront

von Heino Bosselmann -- Es liegt nicht nur was in der Luft, nein, es gewittert schon.

https://sezession.de/61693/gewittrig

(Linke Seilschaften beim Pharmakonzern Roche Diagnostics...)

Mannheim

Roche kündigt AfD-Stadtrat

„Ich spreche für viele meiner Kollegen“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/ich-spr... 

Ankündigung der Veranstaltung "Brennpunkt Politischer Islam" am Freitag

Offenbach: Plakat-Aktion der BPE für Kundgebung löst viel Wirbel aus

http://www.pi-news.net/2019/10/offenbach-plakat-aktion-de...

Wie unsere Demokratie unter dem Gesinnungsterror zerbröckelt

Nacheinander fünf Wirte bedroht – vorläufiges Aus für Ostbayernfest der JA

http://www.pi-news.net/2019/10/nacheinander-fuenf-wirte-b...

Zerstörte Scheiben in Friedrichshain

Anschlag vor CDU-Veranstaltung auf Café Sibylle

https://www.tagesspiegel.de/berlin/zerstoerte-scheiben-in...

LD-nov19-4.jpg

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

Steigende Flüchtlingszahlen in Europa

Seehofer befürchtet größere Asylkrise als 2015

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/seehofe...

Die Balkanroute war nie dicht: Wieder Tausende auf dem Weg nach Deutschland

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/alexander-wallasch...

Asylzahlen

Einmal Jena eingewandert

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/einmal-...

Fördergelder für Flüchtlingsräte

So finanziert der Staat die Anti-Abschiebe-Industrie

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/so-fina...

(Stadtviertel mit 30%-Wählerschaft der "Grünen"...)

Wo es um Flüchtlinge geht, kennt die Bausenatorin keine Mitbestimmung

https://www.bz-berlin.de/berlin/kolumne/wo-es-um-fluechtl...

AfD-Anfrage an die Bundesregierung

Nur ein Bruchteil der Asylbewerber arbeitet in der Pflege

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/nur-ein...

(Münster/Hessen)

Gewalt im Fußball : Kreisliga-Spieler schlägt Schiedsrichter bewusstlos

https://www.faz.net/aktuell/rhein-main/sport/fussballspie...

https://fredalanmedforth.blogspot.com/2019/10/schiedsrich...

(Sämtliche etablierte Medien verschweigen den ethnischen Hintergrund des Gewalttäters. Hier aber wird er genannt. Es ist der "türkischstämmige Münster-Spieler Hayri G."...)

Schiedsrichter von türkischstämmigen Fußballer bewusstlos geschlagen – VIDEO

https://fredalanmedforth.blogspot.com/2019/10/schiedsrich...

Gewalt im Amateurfußball: Berliner Schiedsrichter streiken

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/gewalt-...

(Ziemlich dämlich...)

Schiedsrichter bewußtlos geprügelt

Sportfunktionär gibt AfD Mitschuld für gesellschaftliche Enthemmung

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/sportfu...

Integration und Sport

Wirbel um türkische Fußballer: Loyalität zeigt sich in sozialen Medien

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/wirbel-um...

Provokationen in der City

Schlägereien zwischen Türken und Kurden in Hanau von Polizei verhindert

https://www.op-online.de/region/hanau/hanau-hessen-schlae...

Syrienkonflikt

Wenn der Krieg zu uns kommt

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/wenn-der-...

„Lehnen den Staat und seine Repräsentanten ab“

Clan-Experte warnt vor Unterwanderung von Behörden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/clan-ex...

Keinen Fahrschein aber zwölf Identitäten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/keinen-...

Limburg

Mann rast mit LKW gegen mehrere Autos

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/mann-ra...

Limburg

LKW-Anschlag: Syrer ist polizeibekannter Gewalttäter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/lkw-ans...

Der Schrott und der LKW-Vorfall von Limburg

https://www.achgut.com/artikel/der_lkw_vorfall_von_limburg

Limburg-Terror wird beim Staatsfernsehen ganz klein gehalten

Schon wieder: ARD und ZDF versagen kläglich

http://www.pi-news.net/2019/10/schon-wieder-ard-und-zdf-v...

(Nicht anders zu erwarten...)

Lastwagen-Unfall: Polizei wertet Lkw-Tat in Limburg nicht als Terror

Der 32-Jährige, der in Limburg einen Unfall verursachte, hat laut Behörden keine Verbindungen in die islamistische Szene. Das LKA gab die Ermittlungen ab.

https://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2019-10/la...

„Günstige Sozialprognose“

Prügelten auf Polizisten ein: Ausländer kommen mit Bewährung davon

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/pruegel...

Abdul D.

Mias Mörder tot in Gefängniszelle gefunden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/mias-mo...

Wullowitz: Abgelehnter Illegaler verletzt Asylhelfer & ermordet Bauer

https://www.youtube.com/watch?v=5t9XxVc3wvo

„Schülerin schreit vor Schmerzen“: Erneut mehrere sexuelle Übergriffe

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/schuele...

Mörder von Susanna F.

Elfjährige vergewaltigt: Ali B. auch in zweitem Verfahren verurteilt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/elfjaeh...

Selbst aus Psychiatrie entlassen

Attacke auf Synagoge: Verdächtiger Syrer untergetaucht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/attacke...

 ("Die Feiernden...")

Polizei sucht Zeugen

Hochzeitskorso mit Luxus-Limousinen sorgt für Ärger auf der A5

https://www.op-online.de/region/neu-isenburg/a5-neu-isenb...

LD-nov19-5.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

(Verlust an Kulturlandschaft)

Furtwangen

Einfamilienhaus und Bürotrakt statt Tradition: Schönenbach verliert den Hofbauernhof

Der Hofbauernhof aus dem Jahr 1807in Schönenbach wird einem Neubau weichen. Das ist das Ergebnis der jüngsten Ortschaftsratssitzung. Das Ortsbild wird dadurch entscheidend verändert.

https://www.suedkurier.de/region/schwarzwald/furtwangen/E...

Projekt Stadtwende. Bürgerinitiativen gegen den Altstadtzerfall in der DDR

https://stadtwende.de/

Harry G über Bausünden - Moderner Betonismus!

https://www.youtube.com/watch?v=zYQoswDOLBQ

Warum steht in der HAZ nichts über das Blutbad von Limburg?

Älteste Tageszeitung Deutschlands verhöhnt Limburger Schlachtopfer

http://www.pi-news.net/2019/10/aelteste-tageszeitung-deut...

Stern TV und BR Fernsehen: Meuthen in der Talkshow-Hölle, Miazga im Fegefeuer

Willst Du Dir den Tag versauen, musst Du deutsches Fernsehen schauen

http://www.pi-news.net/2019/10/willst-du-dir-den-tag-vers...

(Sie sollen gänzlich schweigen)

Negativpreis für Maischberger und Co.

Migranten-Journalisten werfen Talksendungen Panikmache vor

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/migranten-jou...

(Das war zu erwarten)

Nach Attentat von Halle

Lambrecht fordert härtere Strafen für Hetze im Internet

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/lambrec...

Nach Anschlag von Halle

SPD-Abgeordneter plädiert für mehr Überwachung im Internet

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/spd-abg...

Vorgehen gegen alte Postings

Facebook wühlt in der Vergangenheit

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2019/facebook-wueh...

Debattenkultur

Nichtantworten ist auch eine Antwort

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/nichtantw...

Auswertung von Exponaten

Studie: Zu wenig ausgestopfte Weibchen in Naturkundemuseen

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/studie-zu-wenig-ausg...

Frauenquote: Zalando will „diverser“ werden

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2019/frauenquote-zala... 

Im Namen der Vielfalt

Kelloggs bringt LGBTQ-Kornflakes auf den Markt

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/kelloggs-bringt-lgbt...

Transgender-Kritik: „Always“ nimmt Venussymbol von Damenbinden

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/transgender-kritik-a...

Aufregung um Werbespot

Werberat wirft Katjes falsches Bild von Massentierhaltung vor

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/werbera...

So bringt Political Correctness Debatten an Universitäten zum Schweigen

https://www.welt.de/regionales/nrw/plus200667684/Wie-Poli...

Adorno, Fromm und die konformistische Rebellion

https://sezession.de/61646/adorno-fromm-und-die-konformis...

Theorie als Mangelware

von Johannes Poensgen

https://sezession.de/61623/theorie-als-mangelware

Jetzt dreht Feldmann völlig durch

„Deutscher ist, wer in Deutschland lebt“

https://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1447

"Whitewashing" in Hollywood: Rassismus oder künstlerische Freiheit?

https://www.gmx.net/magazine/unterhaltung/kino/whitewashi...

Bikini Bottom

Professorin hält Spongebob für rassistisch

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/professorin-haelt-sp...

Diversität im Kunstbetrieb

Agentin Judith sorgt für Umvolkungs-Theater

http://www.pi-news.net/2019/10/agentin-judith-sorgt-fuer-... 

(Rassismus...)

Nationalspieler

Türkischer Botschafter hält Kritik an Militärgruß für rassistisch

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/tuerkischer...

(Rassismus...)

Offenbacher Amateurspieler zeigen Militärgruß: Türkisches Generalkonsulat klagt über Rassismus

https://www.op-online.de/sport/lokalsport/offenbach-spiel...

(Rassismus...)

Ex-Nationalspieler

Özil prangert Rassismus in Deutschland an

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/oezil-p...

(Kein Rassismus...)

Europapokal-Auswärtsspiel

Wegen Kreuz: Türkische Polizei beschlagnahmt Gladbach-Fahnen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/wegen-kreuz...

Friedensnobelpreis für Greta Thunberg? Nein, denn sie infantilisiert das Verständnis von Politik

https://www.tagesspiegel.de/politik/friedensnobelpreis-fu...

Extinction Rebellion in London

Möge der Geist von Großmutter Ayahuasca mit ihnen sein

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2019/moege-der-g...

Kinder an die Macht?

https://www.youtube.com/watch?v=e5fXbrdaQ2o&t=3s

(Probleme der Energiewende)

Geisterstrom: 364 Millionen Euro fürs Nichtstun

https://www.gmx.net/magazine/panorama/geisterstrom-364-mi... 

Die Jugend passt in keine Schublade

Von Oswald Metzger

Die aktuelle Shell-Jugendstudie belegt: Die Jugend passt weder in die Greta Thunberg-, noch in die Willkommenskultur-Schublade. Sie tickt einfach normal.

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/oswald-metzger-zur...

Der Philosoph Bazon Brock zu unlösbaren Problemen in Deutschland

https://www.youtube.com/watch?v=jdOcxB_0E9w

Physiognomien

von Heino Bosselmann --- Eines ist im Bereich der Metapolitik wie Realpolitik unverrückbar, es geschieht automatisch, unweigerlich:

Noch alle politischen Strömungen und kulturellen Richtungen wurden, hatten sie sich erst etabliert, schließlich doch spießig, plüschig und dekadent, Karikaturen ihrer selbst.

https://sezession.de/61728/physiognomien

Palais.Gespräch Prof. Mausfeld, Kreuzkirche Dresden "Warum schweigen die Lämmer?" 30 Jahre Mauerfall

https://www.youtube.com/watch?v=mXnJGTg-amI

Dr. Markus Krall

"Der Weg aus der Knechtschaft"

https://www.youtube.com/watch?v=ZtUGCJZsMgY

Finanzielle Hilfe für Flüchtling

Chemnitz: Pfarrer wegen Drogenhandels zu Haft verurteilt

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/chemnit...

Rückkehr zu den Quellentexten

Der Salafismus ist die Reformation des Islams

http://www.pi-news.net/2019/10/der-salafismus-ist-die-ref...

(Superreiche Anleger pushen Kunstmarkt)

Rekordsumme für "Affenparlament"

Unbekannter ersteigert Banksy-Bild

https://www.n-tv.de/panorama/Unbekannter-ersteigert-Banks...

(Tom Neuwirth)

Tom, Conchita oder Wurst? "Ich bin schon wieder von mir gelangweilt"

https://www.n-tv.de/leute/musik/Ich-bin-schon-wieder-von-...

Prince Charming (RTL): Deutschlands erste schwule Dating-Sendung

https://www.tz.de/tv/prince-charming-rtl-deutschlands-ers...

Knabenchor, Patrioten-Rap und Gregor Gysi

Kaisers royaler Wochenrückblick

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2019/kaisers-r...

Netzfundstücke (30) – Spanien, Buchmesse

https://sezession.de/61712/netzfundstuecke-30-spanien-buc...

(Sie finden kaum noch Objekte für die eigenen Säuberungswünsche)

Wittenberg

Antisemitismusbeauftragter will „Judensau“ entfernen

https://jungefreiheit.de/kultur/2019/antisemitismusbeauft...

Langjähriger JF-Kolumnist

Publizist Günter Zehm ist tot

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2019/publizi...

Erster Weltkrieg

Das „Manifest der 93“ verhallte wirkungslos

https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2019/das-manif...

90 Jahre Schwarzer Donnerstag

Kehrt die Weltwirtschaftskrise wieder?

https://www.n-tv.de/wirtschaft/Kehrt-die-Weltwirtschaftsk...

Das war’s. Diesmal mit: Verehrern und Schullektüre

von Ellen Kositza

https://sezession.de/61710/das-wars-diesmal-mit-verehrern...

Werner Bräuninger: Eine bleiche Erinnerung. Novelle

https://www.compact-shop.de/shop/buecher/compact-buecher/...