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lundi, 17 décembre 2018

Manipulation et confiscation de l'or

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Manipulation et confiscation de l'or

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

L'or est une assurance et permet de protéger la richesse. Ceux qui ont vécu des périodes d'hyperinflation dans la République de Weimar, au Zimbabwe, en Argentine ou au Venezuela connaissent l'importance de l'or. Mais il ne suffit pas d'acheter de l'or ou de l'argent. Il est également important de savoir comment le détenir et où le stocker. Nous venons d'avoir un nouvel exemple de la façon dont les gouvernements "confisquent" unilatéralement l'or.

Le Venezuela ne peut pas récupérer son or

L'or du gouvernement vénézuélien conservé à la Banque d'Angleterre (BoE) est le dernier exemple en date démontrant l'importance de choisir le bon endroit pour stocker ses métaux précieux. Le Venezuela détient 14 tonnes d’or à la BoE, à Londres, d’une valeur de 545 millions $. C'est un montant relativement faible pour de l'or souverain. Le Venezuela demande depuis un certain temps de le récupérer, mais la BoE a trouvé toutes sortes d'excuses, comme la difficulté d'obtenir une assurance pour un montant aussi élevé, ce qui aurait retardé le transfert de l'or de plusieurs semaines. C'est, bien sûr, une excuse ridicule.

Notre société envoie de grandes quantités d'or et d'argent vers des coffres privés en Suisse et à Singapour. Nous n'avons jamais eu de problème pour livrer immédiatement ou pour obtenir une couverture d'assurance. La raison du retard n'est donc évidemment pas l'assurance ou le transport. Le Royaume-Uni, qui fait toujours partie de l'UE, coopère avec les États-Unis dans les sanctions contre le Venezuela. La question est donc maintenant de savoir si le Venezuela récupérera un jour son or. Il semblerait que les États-Unis se soient "occupés" de l'or de la Libye et de l'Ukraine. Peut-être que l'or vénézuélien finira au même endroit.

Pénurie d'or physique sur le marché interbancaire

La plupart des banques centrales détiennent de l'or auprès de la Banque d'Angleterre et de la Fed à New York. Une grande partie de cet or est soit vendue à découvert, soit prêtée sur le marché. Quand une banque centrale veut récupérer son or, il n'est plus à Londres ni à New York. Une banque d'investissement a vendu l'or prêté, à la Chine ou à l'Inde, et tout ce que la banque centrale possède est une reconnaissance de dette indiquant que cette banque lui doit de l'or. Il n’y a donc pas d’or physique à livrer contre la reconnaissance de dette.

À un moment donné, le marché réalisera qu'il y a une grave pénurie d'or physique sur le marché interbancaire. À ce moment-là, ce sera la panique et le prix de l'or montera en flèche. Dans le même temps, les détenteurs d'or-papier sur le marché à terme demanderont également la livraison. Dans la mesure où il existe au moins 100 réclamations papier pour chaque once physique disponible, il y aura aussi une forte pression sur ce marché.

Les investisseurs allemands s'inquiètent de la confiscation de l'or

La semaine dernière, j'étais à Munich pour prononcer un discours à l'International Precious Metals & Commodities Show. L'ambiance du salon reflétait évidemment la baisse des prix des titres miniers et des métaux précieux. Il y avait environ 4 000 visiteurs cette année, contre 14 000 lors de ma participation en 2012. Après six ans de correction, les investisseurs sont déçus. De nombreux Allemands possèdent des actions minières, où les pertes sont beaucoup plus importantes que pour le physique. Cela dit, cette baisse de l'intérêt est le signe que nous arrivons à la fin de la correction.

L’Allemagne a déjà interdit la détention personnelle d’or des années 1920 aux années 1950. Nous avons discuté avec plusieurs investisseurs qui craignent une confiscation en Allemagne, ou dans l'UE, et qui étaient donc intéressés par le transfert de leurs avoirs en Suisse et à Singapour.

La Suisse n'a jamais confisqué l'or

La Suisse n'a jamais interdit ou confisqué l'or. La détention d'or est une longue tradition en Suisse. Les raffineurs d'or suisses sont leaders dans leur domaine et produisent 70% de l'or mondial.

En outre, l'or représente 29% des exportations suisses, ce qui en fait une industrie stratégique. Ces facteurs combinés font qu'il est très peu probable que la Suisse confisque un jour l'or. Il serait ridicule et improbable que le gouvernement suisse tue sa poule aux œufs d'or.

Protégez votre or

Les principes suivants sont impératifs pour les investisseurs dans l'or (et l'argent):
  • Détenir des métaux physiques
  • Stocker l’or en nom propre, avec un accès direct au coffre-fort
  • Il ne doit y avoir aucune contrepartie entre l'investisseur et le coffre
  • Le coffre-fort doit se trouver dans un pays sûr où règne l'état de droit, comme en Suisse
  • Le pays ne doit pas avoir d'antécédents de confiscation d'or
  • Le coffre-fort doit être privé. Pas dans une banque, ni une institution financière, ni une Monnaie.
  • Les références de la société de stockage doivent être excellentes
  • L'or doit être assuré par une compagnie internationale de première catégorie
  • Le prestataire de services doit offrir une liquidité instantanée
  • Jour de l'armistice
Cent ans se sont écoulés depuis l'armistice du 11 novembre 1918, qui marqua la fin de l'une des guerres les plus horribles de tous les temps, au cours de laquelle 17 millions de personnes ont péri et 23 millions ont été blessées. La bataille de la Somme a fait, a elle seule, plus d'un million de victimes. La Grande-Bretagne en comptait 57 000 le premier jour. La Première Guerre mondiale, totalement dévastatrice, prit fin en 1918. La paix qui s'ensuivit ne dura que jusqu'en 1939, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata.

Le traité de paix de Versailles de 1919 a jeté les bases de la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés ont sanctionné l’Allemagne avec des réparations de guerre fixées à 132 milliards de marks-or. Un montant impossible à rembourser pour un pays dévasté par quatre années de guerre. L’incapacité de l’Allemagne à payer ses dettes de guerre a entraîné la dépression hyperinflationniste dans la République de Weimar de 1919 à 1923. Cela a également provoqué la montée du Parti national-socialiste (nazi) d'Hitler et de la Seconde Guerre mondiale. Tout juste 21 ans après le traité de paix de Versailles, la Seconde Guerre mondiale a fait entre 60 et 80 millions de morts.

Hyperinflation allemande de 1919 à 1923

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Macron contrarie Trump et Poutine

Il n'y a pas eu de guerre majeure en Europe depuis 1945 et, heureusement, on n'entend pas encore les roulements de tambours dans cette région. Mais le président français Emmanuel Macron a réussi à faire des commémorations du 11 novembre un événement sous tension. Il a l'ambition d'être un grand leader international et un homme d'État - comme de Gaulle - et souhaite une armée européenne pour se protéger contre les risques d'attaques de la Chine, de la Russie et des États-Unis. Cette proposition a été plutôt mal accueillie, alors que le timing, juste avant la visite de Poutine et de Trump, était très mal choisi. Mais Macron nourrit l'illusion d'un super-État européen. Angela Merkel affaiblie, il s'imagine diriger cet super-État européen, avec sa propre armée, pour créer les "États-Unis d'Europe". Mais comme sa popularité chute également en France, il ne réussira probablement pas.

Comme beaucoup de dirigeants, Macron est déconnecté de la réalité. Il est insensible à la montée du sentiment anti-européen dans de nombreux pays. Le mécontentement à l'égard de Bruxelles ne cesse de grandir. Cela n'est pas seulement dû aux problèmes migratoires, mais aussi à la volonté de Bruxelles de s'immiscer dans les affaires de tous les pays de l'UE.

Le projet d'un "super-État européen" mené par Macron et l'élite non élue de Bruxelles risque plutôt de déboucher sur des guerres civiles et, éventuellement, à des conflits entre certains pays d'Europe.
 
La banque de France et JP Morgan se lancent dans le trading la manipulation de l'or

Macron tente également de se lancer dans le trading de l'or. Alors que c'est l'apanage de Londres depuis 1750, JP Morgan s’est récemment associée à la Banque de France pour offrir des services de swap, de prêts et de dépôts rémunérés d'or aux banques centrales. De toute évidence, l'objectif est d'attaquer davantage le Royaume-Uni par rapport à Brexit. S'ils y parviennent, un nouveau pays manipulera le marché de l'or avec l'aide de JP Morgan. Ce qui voudrait dire plus d'or-papier et un prix de l'or encore plus manipulé, en attendant que l'édifice artificiel s'effondre pour laisser place au physique, qui sera encore une fois le seul à survivre.

"Plus ça change, plus c’est la même chose"!

Source

12:26 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : or, devises, économie, finances, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 15 décembre 2018

La séquence d’auto-destruction

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La séquence d’auto-destruction

par Dmitry Orlov
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 
 
Nous approchons de la fin 2018 avec un rythme accéléré d’articles et d’analyses annonçant la disparition des États-Unis en tant que superpuissance mondiale, leurs énormes problèmes politiques, économiques et sociaux et leur liste toujours plus longue d’échecs stratégiques et géopolitiques, trop évidents pour être ignorés. Il peut y avoir de nombreux points de vue possibles sur la suite, d’une descente graduelle ou progressive vers la dépression, le dysfonctionnement et l’insignifiance jusqu’à la catastrophe mondiale par le biais d’un anéantissement nucléaire, et il existe à peu près autant de façons de raisonner à ce sujet, sur la base de modèles macroéconomiques, de méthodes d’évaluation des risques, de croyances ardentes en la seconde venue du Christ ou sur de bonnes vieilles méthodes démodées de boules de cristal. Je voudrais proposer une autre méthode : le raisonnement par analogie. Cela m’a déjà été très utile. 

Je l’ai utilisé pour la première fois il y a 13 ans – le 1er juin 2005 à 9h du matin, pour être trop précis – lorsque j’ai publié mon tout premier article sur le sujet (partie 2partie 3 et le tout en français), dans lequel je considérais sérieusement l’idée que les États-Unis allaient suivre le chemin de l’URSS, qui s’était écroulée 14 ans auparavant, le 25 décembre 1991. Je l’ai suivi d’une présentation qui expliquait en détail comment la population de l’URSS était par inadvertance, à cause de ses nombreux déficits et inefficacités, beaucoup mieux préparée à survivre à un effondrement que ne le sera jamais celle des États-Unis. 

Si vous acceptez cette prémisse de base, alors mon analyse initiale est toujours tout à fait valable. Le seul grand oubli, c’est que j’ai négligé l’effet du phénomène de fracturation hydraulique aux États-Unis et le report du pic mondial de production d’hydrocarbures, mais ce n’est que cela, un léger retard. Et étant donné le rythme constant et croissant des nouvelles et des analyses qui annoncent la disparition de l’Amérique, la prémisse de mon analyse semble de moins en moins farfelue.

Le 25 décembre 1991 reste gravé dans la mémoire de millions de personnes comme le début d’un cataclysme majeur qui a détruit le pays où ils ont grandi et qu’ils aimaient. Ce serait bien de pouvoir indiquer une date tout aussi précise pour la disparition des États-Unis, disons le mardi 20 octobre 2020, mais aucune boule de cristal ne peut justifier une telle précision. Disons simplement que des événements de cette ampleur ont tendance à surprendre tout le monde. Ce qui a été particulièrement surprenant dans l’effondrement de l’URSS, c’est la rapidité avec laquelle il s’est déroulé. 

L’URSS est passée de parfaitement stable à inexistante en cinq ans environ. Les politiciens américains ont été particulièrement décontenancés : un moment ils la voyaient comme un monolithe politique et militaire, et l’instant d’après ils furent forcés de considérer les conséquences horribles de l’effondrement économique et politique de trois entités nucléaires – la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan – et durent réduire considérablement les arsenaux stratégiques américains afin de se positionner pour exercer une pression contre une prolifération nucléaire incontrôlée. 

Bien que certains politiciens américains, en particulier George H.W. Bush, fraîchement décédé, aient voulu s’attribuer le mérite de l’effondrement de l’Union soviétique, le qualifiant de « victoire de la guerre froide », il ne s’agissait de la victoire de personne. La guerre froide n’a jamais été chaude, et c’est pourquoi la Russie et les États-Unis existent toujours. Au lieu de cela, l’Union soviétique s’est autodétruite, ce qu’elle n’aurait probablement pas fait si elle s’était mobilisée pour lutter contre une menace extérieure. La situation n’est pas différente maintenant. Les guerres entre puissances nucléaires sont suicidaires et donc impensables, et les États-Unis ne sont confrontés à aucune menace extérieure d’aucune importance. 

Si l’analogie avec l’URSS tient toujours (comme cela devrait l’être), la période entre le moment où la séquence d’autodestruction est lancée et celui où les États-Unis cessent d’exister sera également de l’ordre de cinq ans. Nous pouvons garder ma date proposée du mardi 20 octobre 2020 pour se revoir afin de vérifier si la séquence d’autodestruction a été initiée. Bien sûr, si les États-Unis s’effondrent avant, je m’attends à ce que tout le monde me paye à boire, et si ce pays s’effondre à cette date précise, je serai sans doute insupportablement suffisant pendant un bon moment après cela. 

Comment savoir si la séquence d’autodestruction a été déclenchée ? Il y a deux signes révélateurs. La première est qu’il existe une reconnaissance et une acceptation communes du fait qu’il faut faire quelque chose pour éviter l’effondrement. La perestroïka de Gorbatchev et « Make America Great Again » de Trump sont deux signes de désespoir. La seconde est que chaque tentative de prévenir ou de retarder l’effondrement le rapproche, chaque perturbation augmente le désordre et la portée de l’action productive se réduit à presque rien. Les tentatives de Gorbatchev de libéraliser l’économie soviétique centralement planifiée ont fait chuter la production, tandis que les tentatives actuelles de Trump de renégocier les relations commerciales font augmenter le déficit commercial, le déficit budgétaire et les coûts d’emprunt en même temps. 

Ce ne sont là que quelques-uns des signaux que nous pouvons déjà déceler, mais pour voir la séquence d’autodestruction soviétique en action et l’appliquer aux États-Unis, je devrai établir des parallèles supplémentaires entre les deux, notamment : l’échec du leadership ; l’échec de l’idéologie ; la perte de compétitivité internationale ; la fin de la croissance et l’impasse finale et inévitable vers une faillite nationale. Je m’en occupe dès maintenant.

Dmitry Orlov 

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

«Le Pacte de Marrakech est un appel à la censure des médias politiquement incorrects»

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«Le Pacte de Marrakech est un appel à la censure des médias politiquement incorrects»

par Alexandre del Valle 
Ex: http://www.zejournal.mobi 

Beaucoup d’encre a déjà coulé à propos du fameux Pacte signé à Marrakech ce début de semaine par 148 pays-membres des Nations unies. Ses rédacteurs rappellent que ce texte visant à réguler des migrations plus «sûres» serait «non-contraignant». Mais rien n’empêchera ultérieurement les États signataires et les instances européennes de «judiciariser» des pans entiers dudit Pacte. Le Pacte sous-entend d’ailleurs que les États d’accueil ont le devoir d’octroyer des droits et des aides financières aux migrants «sans discriminations» (réguliers ou illégaux), ce qui revient à supprimer toute différence entre le national et l’étranger, bref, à démanteler moralement les souverainetés pourtant nominalement reconnues par les rédacteurs.

Un appel à la censure

«Encourager un débat public fondé sur l’analyse des faits afin de faire évoluer la manière dont les migrations sont perçues»

Objectif 17 du Pacte de Marrakech

Le Pacte de Marrakech incite les médias à combattre et limiter tout discours hostile à l’immigration, sous peine d’être privés de financement public par les gouvernements, eux-mêmes sommés de se soumettre à la doxa diversitaire qui transparaît du début à la fin du texte onusien. C’est ainsi que l’objectif n°17 du Pacte appelle à «éliminer toutes les formes de discrimination et encourager un débat public fondé sur l’analyse des faits afin de faire évoluer la manière dont les migrations sont perçues». Il invite ainsi les médias à s’impliquer dans un projet politico-gestionnaire en tant qu’ «acteurs» de la «Migration». Avec eux, «les milieux universitaires», «le secteur privé» ou encore les «institutions nationales de défense des droits de l’homme» (ce qui inclut les ONG qui affrètent des bateaux pro-clandestins comme l’Aquarius), sont tous appelés à combattre les idées qui ne vont pas dans le sens de l’immigrationnisme béat. Cet Objectif n°17 pousse à diaboliser les intellectuels, les journalistes et les politiques qui, dans le cadre du futur débat sur l’immigration annoncé par Emmanuel Macron notamment, afficheraient leur souci de contrôler l’immigration et a fortiori de réduire ou supprimer les aides financières croissantes accordées aux migrants clandestins que le Pacte met sur le plan que les migrants légaux.

Sur Internet aussi

Dans les mesures à mettre en œuvre pour «atteindre cet objectif», les rédacteurs du Pacte entendent «promouvoir une information indépendante, objective et de qualité, y compris sur Internet». Intention dont on ne manquera pas de relever l’ironie alors que ces dernières semaines, c’est justement sur le Net qu’a été dénoncé (au départ à partir des États-Unis) ce Pacte migratoire controversé. Cette prise de conscience déplorée par les rédacteurs du Pacte a d’ailleurs déclenché une polémique dans de nombreux pays occidentaux: rétractation de l’Italie et de l’Autriche, refus de la quasi-totalité des pays d’Europe centrale et orientale, «gel» de la signature en Suisse après le référendum sur la primauté du droit national ; crise gouvernementale en Belgique (face au refus de la NVA flamande de signer le Pacte), et prudence habile du Président Macron qui a préféré ne pas s’afficher à Marrakech en y envoyant Jean-Baptiste Lemoyne. Les rédacteurs et soutiens du Pacte migratoire se sont ainsi contentés de fustiger les opposants au texte onusien sans jamais en délivrer le contenu lui-même et en s’abritant sur l’ubuesque affirmation du caractère «non-contraignant». Les rédacteurs de l’accord de Marrakech et leurs soutiens politiques sont d’ailleurs déterminés à «sensibiliser les professionnels des médias aux questions de migration et à la terminologie afférente». On observera que la contradiction flagrante d’un débat prétendument «objectif» sur l’immigration et d’un corps de métier journalistique «sensibilisé» à une terminologie «positive sur la Migration» ne semble pas heurter outre mesure la «sensibilité» rédactionnelle des Nations unies et des lobbies diversitaires qui soutiennent le Pacte.

Des divergences de perception quant à l'immigration seront considérées comme des manquements éthiques.

Ses rédacteurs comptent ainsi faire respecter cette «terminologie» spécifique «en instituant des normes déontologiques pour le journalisme» (et la publicité). Le mot est lâché: en parlant de «déontologie» - au mépris de celle déjà instituée en France et ailleurs - les rédacteurs entendent par conséquent mettre toute divergence de «perception» à l'égard des migrants du côté du manquement éthique et professionnel, ce qui induit la logique de sanctions corrélatives. Si en principe ces sanctions sont le fait d'une commission paritaire, le Pacte appelle officiellement les États à sanctionner les non-immigrationnistes en supprimant les subsides étatiques des médias qui «dévieraient» du message nécessairement positif sur «le Migrant»... une menace qui a d'ailleurs déjà plané sur l'hebdomadaire Valeurs actuelles à la suite d'une couverture choc montrant une femme musulmane voilée. Le petit ajout dans le texte du Pacte: «dans le plein respect de la liberté de la presse» ne trompera d'ailleurs personne, car ce droit repose sur la liberté d'opinion et la liberté d'expression, droits soumis à des limites. La Cour européenne des droits de l'homme rend d'ailleurs régulièrement des verdicts dans des affaires où il est question de savoir si l'interférence du gouvernement - prévue par la loi - avec le droit à la liberté d'expression d'un individu est légitime ou non. Or ce que fait le Pacte, tout non-contraignant qu'il soit, c'est bien élargir les conditions de légitimité de cette interférence. La boucle est bouclée.

L'auteur, Alexandre del Valle, géopolitologue, docteur en histoire contemporaine, consultant et essayiste, est professeur de géopolitique et de relations internationales. Il vient de publier La Stratégie de l’intimidation, du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct (éd. L’Artilleur, mars 2018).


- Source : Le Figarovox

Gilets jaunes. Retour en force du concept marxiste de lutte des classes

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Gilets jaunes. Retour en force du concept marxiste de lutte des classes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Les commentateurs proches du pouvoir qui cherchent à comprendre le mouvement des gilets jaunes évitent soigneusement d'y voir une forme de lutte des classes modernisée. Pour les marxistes la lutte des classes était la lutte entre un prolétariat dominé et des forces capitalistes dominantes.

L'histoire semble avoir montré que cette opposition se traduisait toujours par un échec des dominés. Comment effectivement combattre avec succès une classe dominante disposant de tous les pouvoirs, militaires, économiques, juridiques et médiatiques ?

Faut-il en déduire qu'il faille abandonner le concept de lutte des classes au profit de termes plus inoffensifs, tels que divergence d'intérêts ou négociations sociales difficiles. Ceci serait rassurant pour la classe dominante. Mais cela cacherait une réalité, le fait que la lutte des classes se poursuit aujourd'hui et même s'intensifie. La lutte des gilets jaune est ouvertement une lutte de classe.

D'un coté une classe de possédants ayant mis, comme cela avait toujours été le cas jusqu'à présent, les institutions républicaines à son service (suppression de l'ISF, abattements fiscaux, crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (ou CICE) visant à soutenir les entreprises françaises mais ne soutenant en fait que les profits non redistribués des entrepreneurs...

D'un autre côté une classe dominée (taxation des carburants alors qu'aucun moyen de substitution n'est proposé, augmentation du gaz, de l'électricité, baisse de l'aide personnalisée au logement (ou APL) , hausse de la Contribution Sociale Généralisée (ou CSG), désindexation des pensions de retraite, remise en cause des allocations chômage, ruine du code du travail et destruction des services publics, de l'hôpital, des chemins de fer, de la poste...

Les promesses exposées par Emmanuel Macron le 10 décembre visant à alléger certains de ces charges sont purement symboliques. La classe des dominés l'a compris ou ne tardera pas à le comprendre. Autrement dit on peut prévoir que la lutte des classes dominées s'exprimant aujourd'hui par les manifestations des gilets jaunes ne diminuera pas. Au contraire elle devrait s'intensifier, même si le mouvement paraît inorganisé et faire appel à des résistances paraissant parfois incompatibles.

Comme nous l'avons écrit  précédemment, la non-organisation est parfois être une force car elle peut faire émerger des formes d'opposition aujourd'hui inattendues, prenant le pouvoir au dépourvu. Ceux qui en 1789 avaient pris la Bastille avaient-ils visé explicitement à la chute de la royauté et à son remplacement par la Convention Nationale ? Certainement pas.

Bien évidemment aujourd'hui la lutte des classes manifestement engagée pourra aboutir à une nouvelle défaite de la classe dominée, se traduirsant par le mise en place d'une véritable dictature des dominants, ceci d'autant plus que les oligarchies financières françaises sont-elles mêmes dominées par une oligarchie financière internationale ayant commencé à percevoir le mouvement des gilets jaunes français comme une menace pouvant s'étendre à d'autres pays.

L'on verra ce qu'il en sera. Mais dans l'intervalle, il vaut mieux pour les dominés parler de lutte des classes plutôt que d'une forme sympathique de négociation sociale.

Note au 11/12 20 h. 

Nous recevons d'un des membres du comité de rédaction le courrier suivant. Malgré son intérêt nous préférons, comme nous le faisons d'habitude, ne pas nommer ici son auteur

Mon point de vue sur cet article diverge, sans en remettre vraiment en cause le fond, sur la forme d'action à avoir, et sur des termes et références historiques. 

Pour ma part, je laisserais volontiers de coté toute la terminologie du 19/20eme siècle et les fantômes, frustrations et douleurs qu'ils incarnent. 

gauche-droite: un concept totalement dépassé. Macron n'est ni de gauche ni de droite (je pense que je n'ai pas besoin d'expliquer). Les GJ
ne sont ni de gauche ni de droite, mais des gens plutôt apolitiques comme la plupart des Français désormais (j'entends par la qu'ils ne se sentent vraiment proches d'aucun des partis traditionnels), 

Ils retrouvent le sens d'une communauté et d'une solidarité qu'ils avait perdu depuis longtemps. Les partis et syndicats ont essayé de récupérer le mouvement, même le descendant des Bourbons, mais pour l'instant sans succès aucun.

lutte des classes: les classes ont été cassées par des années de neo-libéralisme, mais aussi par une évolution constante du niveau de vie et d'instruction. Les fractures que je vois aujourd'hui sont essentiellement entre les "diplômés du supérieur" et les non diplômés, et bien sûr entre les 1% profitant du système et le reste. Le mouvement GJ a pour effetselon moi, et dans un premier temps, de mettre en branle un processus de lutte (a mort?) entre les 1% des super-dominants et le reste, tout en mettant en sourdine la fracture diplômés/non diplômés. Si les 1% perdent, les autres fractures pourraient apparaître de nouveau, mais ce n'est pas certain. Un gros challenge pour les leaders qui peuvent émerger des GJ! 

En fait, la seule référence  historique qui me semble adaptée aux GJ serait le poujadisme. La référence est cependant peu utilisée, car les dérives raciste du mouvement la rendent dangereuse à utiliser dans le contexte actuel. Mais les bases du poujadisme sont les mêmes: refus de tuer les petits pour engraisser les gros.

Je suis pour un renouvellement complet du vocabulaire politique. Les squelettes fumants de Hitler, Staline, Pétain et autres ne nous apprennent plus rien. Les bases de raisonnement droite/gauche ou la lutte des classes non plus. Marx était un bon théoricien du travail, mais un piètre politique, qui était convaincu que le communisme allait se développer là où la classe ouvrière était la plus large et la plus exploitée - en Angleterre. Il faut partir sur de nouvelles bases, mais toute discussion est sans avenir tant que l'UE, l'Euro, l'OTAN, etc nous tiennent. Si l'un de nous remplaçait Macron demain, il ne pourrait rien faire de plus!

Note au 12/12. Attentat à Strasbourg

Bien évidemment le concept de lutte de classe ne doit pas signifier lutte armée. L'attentat qui vient de se produire à Strasbourg ne s'apparente en rien à la lutte des classes. L'enquête dira espérons-le ce qu'il en est. Mais il ressemble fort à un retour du djihadisme, qui craignait sans doute  de se faire oublier avec tout le bruit  autour des Gilets Jaunes. 

vendredi, 14 décembre 2018

L’agenda caché en vue de la nouvelle provocation dans le détroit de Kertch

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L’agenda caché en vue de la nouvelle provocation dans le détroit de Kertch

par Peter Korzun

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 novembre, trois navires militaires ukrainiens ont traversé de manière non autorisée les eaux territoriales russes. La gendarmerie maritime russe a pris des mesures pour les forcer à se conformer au règlement. Ce qu’ils ont refusé de faire. Il ne fait aucun doute que Kiev a délibérément envoyé ces navires pour provoquer la Russie. Tous les vaisseaux passant par cette voie navigable doivent contacter les autorités du port marin de Kertch, signaler leurs routes et destinations et recevoir la permission de naviguer. C’est une démarche très simple, mais le groupe de vaisseaux ukrainiens n’a pas informé la Russie de ses plans. Ils ont fait la sourde oreille aux injonctions d’arrêter leurs manœuvres dangereuses. Les vaisseaux ukrainiens ont ignoré avec insolence les demandes de quitter les eaux territoriales russes.


Kiev s’est empressée d’accuser Moscou «d’agression miliaire». L’incident a immédiatement fait les grands titres, et les dirigeants occidentaux ont pris la parole pour défendre l’Ukraine sans même offrir de détails sur ce qu’il s’est passé exactement ou ce qui a déclenché ce dangereux concours de circonstances. Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg n’a pas perdu une minute pour exprimer le «plein appui du bloc pour l’intégrité et la souveraineté territoriale de l’Ukraine, incluant la totalité de ses droits de navigation dans ses eaux territoriales, conformément à la loi». Le Canada, la Pologne, le Danemark ainsi que d’autres pays ont rapidement joint leur voix au chœur antirusse. Cela allait dans le sens de leur intérêt propre d’écarter autant les détails que toute tentative d’obtenir un aperçu des causes réelles de cet incident en particulier ou de la situation dans la mer d’Azov en général.


Le 26 novembre, le président Ukrainien Petro Porochenko a signé une motion imposant la loi martiale. Une fois approuvée par le Parlement, cette dernière sera en vigueur pendant au moins un mois. Après cette période, elle pourra être prolongée. En 2014, lorsque la Crimée a demandé via un referendum d’être intégrée à la Russie, le président ukrainien n’avait pas soulevé la question d’imposer la loi martiale. Il ne l’a pas fait non plus, en 2015, pendant la bataille de Debalsevo Bulge [à Donezk] au cœur de la lutte dans la partie orientale du pays. Le conflit actuel des républiques auto-proclamées ne l’a jamais poussé à envisager l’état d’urgence. Cependant, il a estimé que l’incident en mer était assez grave pour justifier l’imposition de la loi martiale, cela peu de temps avant les élections présidentielles – dont les sondages indiquent son peu de chances à gagner.


Ce geste limite les libertés civiles et donne un plus grand pouvoir aux institutions étatiques durant les élections prévues pour le 31 mars 2019, si elles ne sont pas reportées. En temps de loi martiale, les élections présidentielles, parlementaires et locales ainsi que les grèves, les manifestations, les rallyes et les démonstrations de masse sont interdits. L’incident en mer pourrait ne pas être l’unique provocation prévue. La situation à la frontière des républiques autoproclamées s’est mise à se détériorer au moment même où les rapports sur l’incident en mer ont commencé à affluer. Le soir du 26 novembre, de lourds bombardements de zones résidentielles dans l’est de l’Ukraine par les forces ukrainiennes ont été reportés. 

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Autre motif: la provocation a été mise en scène pour accélérer la procédure d’adhésion à l’OTAN. L’accord entre la Russie et l’Ukraine de 2003, selon lequel la mer d’Azov est considérée comme des eaux domestiques appartenant aux deux pays, pourrait être annulé. L’été passé, un projet de loi pouvant révoquer ce traité a été présenté au Parlement ukrainien (Rada). L’accord interdit à tout bâtiment de guerre d’entrer dans cette mer sans le consentement des deux nations. Si cet accord est démantelé, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 prendra effet. Les eaux territoriales de la Russie et de l’Ukraine s’étendraient à 12 miles nautiques de leurs côtes respectives. L’intérieur de cette mer deviendrait des eaux internationales, ce qui permettrait aux vaisseaux de l’OTAN d’entrer dans la mer d’Azov sans restriction.


Kiev espère également une augmentation de l’aide militaire venant des pays de l’OTAN, ce qui lui permettrait de développer une flotte puissante et des défenses côtières. Elle voudrait qu’une mission d’observation internationale soit stationnée dans la mer d’Azov, probablement sous l’auspice de l’OSCE et avec la participation de forces navales au demeurant défavorables à la Russie. Une autre chose que le président ukrainien voudrait voir arriver, c’est l’annulation par le président des Etats-Unis, Trump, de sa rencontre avec le président russe Poutine lors du sommet du G20 en Argentine [ce qui a été fait].


Quel a été l’élément déclencheur des actions de Kiev? C’est le soutien de l’Occident. Le 25 octobre, le Parlement européen a adopté une résolution concernant la mer d’Azov pour exprimer son soutien à l’Ukraine. Le 19 novembre, le Haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’UE, Federica Mogherini, a déclaré que les ministres des Affaires étrangères de l’UE avaient discuté de prendre des «mesures ciblées» pertinentes contre la Russie à cause de la situation dans la mer d’Azov. Les Etats-Unis continuent d’étendre leur assistance militaire à l’Ukraine. Ils ont déjà une installation militaire à Otchakiv. Une fois que les frégates de la classe Oliver Hazard Perry arriveront en Ukraine, des instructeurs navals américains suivront. La présence américaine et les infrastructures militaires s’étendront graduellement. La Grande-Bretagne agit de même.


Le soutien de l’Occident encourage l’Ukraine à envenimer les tensions. La Cour constitutionnelle d’Ukraine vient d’approuver un amendement proclamant l’adhésion à l’OTAN et à l’UE comme objectif officiel de la politique étrangère. Si le Parlement approuve cet amendement, les Accords de Minsk deviendraient alors nuls et non avenus, parce que la Russie a initialement accepté de s’y conformer à condition que l’Ukraine demeure un Etat neutre.


Personne n’a besoin d’un tel accroissement des tensions dans une région avec une forte navigation. Toutes les nations maritimes veulent disposer de voies de navigation libres et protégées par la loi. Plus le soutien politique et militaire apporté à Kiev augmente, plus les chances qu’une étincelle mette le feu à la région de la mer d’Azov sont grandes. La responsabilité repose sur ceux qui incitent Kiev à attiser les tensions en vue de poursuivre leurs objectifs politiques.     •


Source: https://www.strategic-culture.org/news/2018/11/27/ukraine...  du 27/11/18

(Traduction Horizons et débats)

Gilets jaunes + immigration : le régime est “game over“ !

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Gilets jaunes + immigration : le régime est “game over“ !

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com 

Pour comprendre la situation actuelle, il faut savoir que les enfants-rois ne supportent pas les frustrations et que Manu est représentatif d’une génération d’enfants-rois. Ajoutez à cela un quotient intellectuel qui lui a permis de ne jamais être en situation d’échec et vous comprendrez pourquoi le président se cache et tarde à s’adresser aux Français : Macron boude ! Les gens qu’il méprise lui ont donné une petite fessée, alors, peu habitué à ce qu’on résiste à ses caprices, l’enfant chéri croise les bras, tape du pied et boude. Ca lui passera.

Pour comprendre la psychologie du jeune Manu, il faut comprendre sa fermeture mentale. Manu est incapable d’accéder à ce qui n’est pas chiffres, calculs et courbes. Pour lui les taxes, les impôts et la quasi réduction en esclavage de la population sont justes et bonnes parce que rationnelles…. rationnelles selon les axiomes et les théorèmes que par imprégnation il tient pour vrais. Ces axiomes et théorèmes peuvent se résumer à la proposition suivante : la société idéale est une société ouverte aux marchandises, aux capitaux et aux hommes.

Manu est enfermé dans ce postulat. Or le mouvement des Gilets jaunes lui montre que ce postulat le mène à une impasse et que la société ouverte (l’open society à la Soros), dont il rêve est déjà « game over ». La raison de ce game over est très simple : c’est la France périphérique, déjà saignée par la mondialisation, qui supporte l’essentiel du coût de l’immigration. Cette France s’appauvrit pour que la société ouverte soit une réalité. Une grande partie des impôts et des taxes payés par cette France est engloutie dans les banlieues et ne lui profite pas, sous forme de services par exemple. On ferme les postes, les maternités ou les gares, on n’entretient plus les routes et les ponts pour injecter des sommes colossales dans une entreprise de vivre-tous-ensemble qui a déjà fait faillite. Donc Manu est coincé : s’il redonne à la France périphérique l’argent qui lui a été volé (en diminuant significativement impôts et taxes ou en améliorant significativement les services), alors les banlieues ne seront plus sous perfusion financière et, trop dépendantes de cette drogue, elles se révolteront ; mais s’il persévère dans la stratégie de spoliation de la France autochtone, alors c’est celle-ci qui tôt ou tard fera sécession. Game over dans tous les cas.

Voici rapidement, pour la réflexion des uns et des autres, quelques chiffres tirés du dernier ouvrage de Laurent Obertone ( La France interdite, La vérité sur l’immigration, Ring 2018). Tous ces chiffres sont « sourcés » (plus de 60 pages de références bibliographiques en fin d’ouvrage) :

  •  Coût de l’immigration clandestine : 4,6 milliards d’Euros par an ;
  • Coût de la politique d’asile (avant la crise des réfugiés !) : 2 milliards d’Euros par an
  • Coût des « étudiants » étrangers : 4 milliards d’euros par an
  • Coût de l’AME : 1 milliard d’Euros par an
  • Coût des « plans banlieue » : 80 milliards d’Euros par an
  • Coût de rénovation des Cités HLM : 5 milliards d’Euros par an
  • Coût des stages, contrats aidés, subventions aux associations : 3 milliards d’Euros par an
  • Coût de l’insécurité : 30 milliards d’Euros par an (234 milliards selon l’économiste Jacques Bichot)
  • Coût du terrorisme islamique : 22 milliards d’Euros par an, soit 1% du PIB selon l’économiste Charles Wyplosz.
  • Etc.

Les sommes en jeu sont énormes, sans même compter le coût du chômage des Allochtones, la scolarisation de leurs enfants ou les aides de toutes sortes qu’ils reçoivent (RSA, aide au logement, Allocations familiales, etc.).

Quelle solution ? Il n’y en a pas. Le régime-Système est arrivé au bout de ses contradictions. Le budget du pays n’est pas extensible et ira plutôt en diminuant. Il faut donc répartir les parts du gâteau. Si le régime diminue les sommes englouties par les banlieues pour les injecter dans la France périphérique, la paix sociale sera compromise, côté allochtone. Mais si le régime ne le fait pas, la paix sociale sera tout autant compromise… mais côté autochtone ! Ce que le régime-Système est en train de comprendre, c’est que l’exploitation économique des Autochtones en faveur des Allochtones, pour calmer la « sensibilité » de leurs quartiers, n’est plus possible. Cependant, il ne lui est pas possible non plus de ne pas acheter la paix sociale dans les banlieues. Le problème est insoluble.  Aux échecs, on dirait qu’Emmanuel Macron est mat.

Nous avons donc une situation politique avec trois acteurs majeurs : le régime, les Autochtones et les Allochtones. Jusqu’à présent les Autochtones se faisaient tranquillement exploiter au bénéfice des deux autres. L’entrée en jeu des Gilets jaunes est un électrochoc pour ce système d’exploitation. Celui-ci pensait durer éternellement, apparemment ce ne sera pas le cas. Du coup, le régime est pris en étau. Il va lui falloir arbitrer entre deux groupes distincts et opposés. Sous le poids d’intérêts économiques contradictoires, le vivre-tous-ensemble vient de révéler sa fracture profonde : c’est le grand enseignement des évènements récents.

Quelle que soit la tournure que prendront les choses dans les jours et les semaines qui viennent, l’existence d’un peuple autochtone devra être prise en compte par le régime. Le processus d’affirmation autochtone ne fait que commencer. Il va durer des semaines, des mois, sans doute des années. La guerre sociale autochtone sera parfois ouverte, parfois larvée. Il y aura des accalmies, des armistices peut-être, mais il n’y aura plus jamais la paix. Il faut donc se préparer à de fortes turbulences. Encore une fois, il revient aux Réfractaires d’organiser leur peuple et de le mettre en ordre de bataille. Les gens rentreront sans doute chez eux demain, la semaine prochaine ou dans un mois. Néanmoins, cette révolte a un sens historique : celui du grand retour de notre peuple. A nous d’en faire davantage qu’une révolte.

Antonin Campana

jeudi, 13 décembre 2018

Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

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Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

Ex: http://www.dedefensa.org

On connaît le philosophe et homme d’influence Alexandre Douguine, qui défend en Russie la doctrine extrêmement russe de l’eurasisme (ou néo-eurasisme puisqu’un premier eurasisme fut développé dans les années 1920 par des exilés russes). Ses conceptions appréciées d’une façon générale s’appuient sur la Tradition et une sorte de nationalisme mystique ; bien entendu et évidemment, la critique libérale occidentale s’est trouvée mécaniquement conduite à le classer à l’extrême-droite selon les normes terroristes psychologiques et communicationnelles du bloc-BAO pour le faire entrer dans sa grille de “diabolisation” habituelle et rechercher sa destruction intellectuelle dans l’opprobre religieux de l’excommunication.

Sans nous attarder aux détails politiques, aux évolutions chronologiques, etc., qui effectivement réduisent le débat à des querelles stériles et effectivement se heurtent à cette dialectique-Système de la “diabolisation” enterrant justement tout débat selon l’argument religieux de l’anathème de l’excommunication, nous mettrions Douguine dans un courant nationaliste mystique russe de type métaphysique et métahistorique où figureraient aussi bien Dostoïevski que Soljenitsyne. D’une façon fondamentale et hors des scories de la “diabolisation” toujours elle, laquelle recherche à tout prix l’abaissement des jugements et de l’esprit par conséquent, ce courant sort de la seule sphère russe lorsqu’il développe ses perceptions métaphysiques et rejoint le grand courant de la Tradition évidemment antimoderniste où l’on trouve des penseurs tels que Guénon et Evola qui sont des références de Douguine.

A partir de cette présentation, on comprend que l’intérêt de ce texte de Douguine sur la révolte des Gilets-Jaunes (*), – texte venu de l’anglais de FortRuss.comà partir du russe sur RT, – tient d’abord en ce qu’il généralise et, en quelque sorte, “internationalise” selon la référence de la métahistoire la crise des Gilets-Jaunes en France. C’est à notre avis la voie impérative à suivre pour le jugement le plus fécond : bien loin de leurs revendications, faire sortir les Gilets-Jaunes du cadre français tout en conservant les composants français les plus hauts et les plus ouverts à une métahistoire générale, pour mieux rechercher et définir leur signification.

Travaillant comme on l’a décrit, on trouve l’évidence impérative d’un Douguine repoussant énergiquement et absolument la classification droite-gauche avec toutes ses besognes de “diabolisation” qui dépendent bien plus de la “com’” affectionnée par le Système que de la métaphysique, pour justement développer une appréciation métaphysique, ou plus précisément dans ce cas métahistorique selon notre référence méthodologique habituelle. Il en résulte que Douguine voit dans les Gilets-Jaunes un mouvement de révolte contre les élites, celles que nommons nous-mêmes élites-Système (ou “élitesSystème”, pour suivre notre habituelle méthodologie dialectique), qui n’ont évidemment pas de frontières, d’autant que l’une de leurs idées centrales en tant que globalistes forcenés et globalistes religieux-intégristes est la destruction des frontières comme de l’identité.

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La traduction politique rejoint alors, bien évidemment, le courant populiste que l’on voit partout se lever, sous des formes extrêmement différentes selon les nations, les régions et les conceptions, mais toutes ces formes se rejoignant et se transmutant en un courant homogène d’une vaste contre-attaque contre les élitesSystème unies au sein du courant globaliste (néolibéral, communautariste, “mélangistes”, etc., et “diabolisateur” bien entendu). Le caractère psychologique de cette réaction des Gilets-Jaunes est la rage et la colère contre l’arrogance et le nihilisme entropique, avec une indéniable couleur satanique, des élitesSystème.

Avec les Gilets-Jaunes, et particulièrement selon Douguine, il est évidemment question du “peuple” puisque l’attaque vise les élitesSystème dont la première démarche est le mépris et la haine du peuple qui rechigne à entrer dans le moule entropique de leur destruction. Pour autant, il est incontestable que la référence va aussi à une élite dissidente, dont Douguine lui-même fait partie et dont on trouve de nombreux représentants en France (là aussi hors des clivages droite-gauche et de leur désaccord dans la politique courante) ; qui se manifeste de plus en plus dans ce pays avec des gens aussi différents que Todd, Sapir, Finkielkraut, Zemmour, Michéa, Onfray, Gaucher, Guillluy, Houellebecq, de Benoist, etc.

L’intérêt des Gilets-Jaunes est effectivement de forcer à des grands reclassements hors des clivages favorisés par les élitesSystème pour développer leur dialectique déstructurante pour l’adversaire de la “diabolisation”, pour développer une critique antimoderne radicale. Il s’agit, à la fois opérationnellement mais aussi conceptuellement au plus niveau de la métahistoire, d’une critique antiSystème s’alimentant notamment, directement ou indirectement et pour une partie non négligeable, au courant de la Tradition primordiale débarrassée de ses clivages politiques bien entendu mais aussi de ses clivages par rapport à la question de la religion.

La menace suprême de l’entropie et de la destruction du monde que portent les élitesSystème par le biais de la globalisation doit conduire à écarter les querelles d’opinion, de chapelles, etc., pour en venir à l’essentiel. Les Gilets-Jaunes constituent à cet égard une formidable opportunité autant qu’une forte pression d’un type nouveau et c’est de ce point de vue que l’analyse de Douguine est d’une réelle utilité. Il est bon qu’elle vienne d’un non-Français, d’un nationaliste mystique russe qu’on croirait lié sinon fermé à son seul choix russiste (néo-eurasien), et qui au contraire apprécie le problème d’un point de vue transnational, unitaire, transcendant les frontières sans les abolir, transcendant les différences identitaires sans affaiblir en aucune façon les identités mais en les renforçant au contraire. Il y a une diversité très marquées mais qui se rejoint en un tronc commun face à la menace entropie/destruction du monde que développent les élitesSystème recherchant au contraire leur propre mélange niveleur et entropique puisqu’elles sont comptables de l’équation du Système surpuissance-autodestruction du Système.

(A cette occasion, il faut définir les élitesSystème comme ersatz d’élites, élites absolument inverties, car inversion plus encore que négation du concept d’élites, des “élites” absolument, totalement usurpatrices et inverties selon une démarche qui s’inspire de la manière satanique, jusqu’à faire croire à sa véritable existence sous la forme d’une influence entropique dévastatrice. Il faut aussi avancer l’hypothèse que la sociologie qu’en fait Douguine est soit contestable, soit incomplète, soit trop imprécise à notre sens ; à côté des nouveaux-super-riches, ou “super nouveaux-riches”, qui n’ont pas appris à être riches d’une manière responsable, toute l’infanterie des élitesSystème qui fait sa force de frappe est ainsi définie par Douguine : « ...personnes de types marginaux [qui] ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux [souvent sectaires] et sexuels – [qui] sont devenues dominants parmi eux. » Nous aurons une approche différentes : même s’il y a une telle diversité, c’est essentiellement la “fonction” qui caractérise cette “infanterie des élitesSystème”, essentiellement venue de la communication, que ce soit de l’entertainment, du show-biz, de la fausse-littérature, de l’art subventionné par le Corporate Power [A.C.], du clergé postmoderne, des ONG, etc. ; créatures particulièrement brillantes-blingbling, connues, pipoles clinquants, vedettes des talk-shows TV, élevées dans l’affectivisme tenant lieu d’intellectualisme, d’une culture subvertie et d’apparence, réduite aux acquêts postmodernes... Une très récente pétition pour que “les GJ se remettent au travail” comprend comme “personnalités” : Cyrile Hanouna, Stephane Berg, Thierry Lhermitte, BHL, – saltimbanques ou bouffons, ou les deux à la fois.)

dedefensa.org

Note

(*) Nous proposerions effectivement une “majusculation” générale en Gilets-Jaunes, pour marquer l’importance fondamentale de ce mouvement, et éventuellement utiliser l’acronyme “GJ” lorsque la rapidité d’un texte l’autorise, ou pour la facilité d’un titre. (D’ailleurs et “pour rendre à César” comme à notre habitude, nous noterons que certains lecteurs venus au Forum ont commencé à utiliser l’acronyme et nous ont inspirés à cet égard.)

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Douguine : insurrection en France

L’anatomie du populisme et le défi lancé aux élites

Les manifestations en France, symbolisées par des gilets jaunes, couvrent une partie de plus en plus importante de la société. Les experts politiques ont déjà qualifié ce mouvement de “nouvelle révolution”. L’ampleur du mouvement des gilets jaunes est d’ores et déjà telle qu’il est absolument nécessaire d’analyser ce phénomène de manière détaillée.

Nous avons affaire à une manifestation vivante du populisme européen moderne. La marque principale du populisme en tant que phénomène issu de la structure politique des sociétés formées à la suite de la Grande Révolution Française et basées sur l’antagonisme entre droite et gauche, est qu’il modifie radicalement cet antagonisme.

Les mouvements populistes rejettent ce schéma classique gauche / droite et ne suivent aucune attitude idéologique stricte, ni de droite ni de gauche . C’est la force et le succès du populisme: il ne joue pas selon les règles préétablies. Pour autant, le populisme a sa propre logique: malgré toute sa spontanéité, il est tout à fait possible de tracer une certaine logique et même les prémices d’une idéologie populiste qui se dessine sous nos yeux.

Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’ensemble de l’élite politique, sans distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le “soulèvement de la périphérie de la société contre son centre”. Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch(1932-1994) a qualifié la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne de “Révolte des élites”.

Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la “révolte des masses”, dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le Logos Européen. Mais Christopher Lasch a noté une nouvelle tendance politique : ce sont les élites qui détruisent la culture et le Logos Européen aujourd’hui. Ces nouvelles élites occidentales, qui n’ont atteint le sommet du pouvoir que par leur ressources et leur immense “volonté de puissance”, sont bien pires et plus destructrices que les masses.

Une personne ordinaire conserve encore certaines traditions culturelles; il est presque impossible de trouver un “prolétaire pur”. Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas d’aristocratisme, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de personnes de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – sont devenus dominants parmi eux. Selon Christopher Lasch, c’est cette cohue perverse qui constitue la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.

En conséquence, le populisme – y compris celui des “gilets jaunes” – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel règnent le double discours de convention, des normes du politiquement correct et de la démagogie libérale.

Selon ces “nouvelles élites”, le peuple et la société, dans leur état actuel, n’ont pas leur place dans ce monde. Par exemple,  cette représentante typique de la “nouvelle élite”, Hillary Clinton, furieuse du succès du populiste de droite Trump, a ouvertement insulté les Américains ordinaires – comme déplorables, ce qui veut dire “néfastes” et “inexistants”. Les “Déplorables” ont choisi Trump – non pas parce qu’ils l’aimaient, mais pour répondre à la “sorcière globaliste” Clinton.

Macron est un représentant du même type des “nouvelles élites”. Il est curieux qu’à la veille des élections, le journal français Libération ait publié le titre « Faites ce que vous voulez, mais votez Macron ». Cela est une paraphrase évidente d’Aleister Crowley, qui s’est proclamé au XXe siècle l’Antéchrist et la Bête 666: « Fais ce que tu voudras sera la totalité de la Loi ». En d’autres termes, les foules obéissantes devraient voter pour Macron non pas pour des raisons rationnelles, pas à cause de ses idées et de ses vertus, mais simplement parce qu’il s’agit de la loi impérative de l’élite dirigeante. Le mépris des élites pour les masses obéissantes et asservies est si affichée que ces élites ne se donnent même plus la peine de les séduire avec des promesses irréalisables : « Votez pour Macron, c’est la consigne et ce n’est pas discutable. » Votez et alors vous êtes libre. Sinon vous êtes déplorables… C’est tout.

En Italie, les deux principaux groupes de la population ont voté pour les populistes de droite de La Ligue et pour les populistes de gauche du Mouvement des 5 Etoiles. Ensemble ces partis ont réussi à créer le premier gouvernement populiste de l’histoire européenne. 

Et maintenant la France. Bien qu’en France, il n’existe pratiquement aucun contact politique entre le populisme de droite du Rassemblement National et le populisme de gauche de Mélenchon, aujourd’hui le populisme est réuni dans la révolte héroïque des “gilets jaunes”. Les gilets jaunes sont déplorables, à droite comme à gauche, au contraire de la droite libérale et de la gauche libérale qui sont admirables. Les populistes de droite sont terrifiés par la nouvelle politique insensée de l’élite en matière d’immigration et par la destruction des vestiges de l’identité française. Les populistes de gauche sont scandalisés par la politique économique désastreuse des libéraux, qui ne défendent que les intérêts des grandes entreprises. Macron est un protégé des Rothschild et cela montre de quel côté il est…

Les gilets jaunes se sont rebellés contre Macron et contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de droite ou de gauche classique. Macron est de gauche pour le soutien de la migration, la protection des minorités, la légalisation de la dégénérescence et le soi-disant “marxisme culturel”, mais il est de droite (droite libérale) en termes d’économie, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. Il est un pur globaliste, ne dédaignant pas une affirmation directe de son appartenance à la franc-maçonnerie (son fameux signe de la main représentant un triangle), même avec des slogans sataniques explicites : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.

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Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent pas être unis politiquement, étant l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, les gilets jaunes le feront à la place de ces dirigeants politiques cherchant à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de l’ensemble du système, contre le globalisme, contre le totalitarisme libéral, contre “l’état actuel des choses”. Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot “peuple” (populus, “le peuple”) doit être pris littéralement dans le concept de “populisme”.

Ce ne sont pas des masses abstraites ni un prolétariat impersonnel – ce sont les derniers peuples vivants qui se sont levés contre le pouvoir mondial de la progéniture globaliste, les rebelles de la culture et de la civilisation, comme le croit Laech, rebelles à propos de l’homme en tant que tel, des peuples. de Dieu. Aujourd’hui, il n’y a plus de droite ni de gauche : seul le peuple est contre l’élite. Les gilets jaunes créent une nouvelle histoire politique, une nouvelle idéologie. Le nom de Macron ne désigne pas une personne, c’est une étiquette de la matrice. Pour obtenir la liberté, il doit être annihilé. Ainsi les gilets jaunes se dressent-ils et disent-ils la vérité.

Alexandre Douguine

Céline et Gramsci face à la France à Macron

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Céline et Gramsci face à la France à Macron

par Nicolas Bonnal
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 
 
Les gilets jaunes calmés, Marrakech signé, Macron réélu ou sa successeuse déjà choisie par Attali-Rothschild-BHL, il faut faire le point. Relisons Karl Marx et son dix-huit Brumaire: 

« Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur. » 

On nous casse tout le temps les pieds avec le néo-libéralisme. En réalité ce sont les libertariens qui ont raison et on est plutôt victimes de l’ultra-socialisme et de l’ultra-parasitisme, en ces temps de fin médiocre, digne de la Rome de Juvénal. Nos dettes et nos prélèvements de 48% montrent que l’on est tout sauf libéraux. On est dans le sozial et le tartufe prolétaire qui gavait Céline, et dans rien d’autre. Sauf que certains, les Macron, les défiscalisés et les hauts fonctionnaires, en profitent mieux que d’autres. Mais ce n’est pas nouveau. 

Découvrez les œuvres d’Antonio Gramsci. Lui envoyait déjà promener les fadaises sur le libre capitalisme entrepreneur, et voici ce qu’il écrit en 1920 : 

« Le capitaine d’industrie est devenu chevalier d’industrie, il se niche dans les banques, dans les salons, dans les couloirs des ministères et des parlements, dans les bourses. Le propriétaire du capital est devenu une branche morte de la production. » 

Comme on était lucide, au PC, avant d’appeler à voter Rothschild. 

Gramsci voyait donc le problème de la désindustrialisation apparaître, le règne de la finance arriver avec les coups en bourse (remarquez, Sorel, déjà…). Un siècle plus tard, il n’y a plus d’usines en Amérique mais Wall Street n’a jamais été si élevé, avec un Dow Jones à 24.000 en attendant 30 ou 40. C’est pourtant simple à comprendre : on a siphonné via les taux abaissés la richesse américaine comme la richesse européenne, sauf peut-être l’allemande plus maligne et plus industrielle. A Londres et Bruxelles, la politique et la finance se disputent comme à New York le cadavre de l’industrie. Et on demande aux banques centrales de continuer de faire « bonne impression » pour continuer de soutenir les marchés. 

Gramsci vit comme Tocqueville l’intrusion de l’Etat produire une dégénérescence anthropologique (découvrez le libertarien allemand Hoppe qui parle lui de dé-civilisation). La part de prélèvement est passée de 8 à 20% en France entre 1914 et 1920. Aujourd’hui on est à 48. 

Louis-Ferdinand Céline aussi tout compris, et j’ai invité à redécouvrir ses pamphlets : 

« … un million de fonctionnaires avec les rejetons, les houris, les mendigots, les hommes de main, les derviches, leurs lèpres, leurs tranchomes, les marchands d'haschisch, tout le caravansérail grêlé des hordes asiatiques. » 

Antonio Gramsci, moins lyrique que Céline, mais tout aussi efficace : 

« L’Etat devient ainsi l’unique propriétaire de l’instrument de travail, il assume toutes les fonctions traditionnelles de l’entrepreneur, il devient la machine impersonnelle qui achète et distribue les matières premières, qui impose un plan de production, qui achète les produits et les distribue : l’Etat bourgeois, celui des bureaucrates incompétents et inamovibles ; l’Etat des politiciens, des aventuriers, des coquins. Conséquences : accroissement de la force armée policière, accroissement chaotique de la bureaucratie incompétente, tentative pour absorber tous les mécontents de la petite-bourgeoisie avide d’oisiveté, et création à cet effet d’organismes parasitaires à l’infini. » 


Gramsci raisonne comme les futurs libertariens qui en ont marre de cette pléthorique gent sécuritaire. 

Gramsci décrivait la dégénérescence dans ces lignes. Le nombre de fonctionnaires avait décuplé en France en un siècle (observation déjà faite par Marx dans son Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte) : 

« Le nombre des non-producteurs augmente de façon malsaine, dépasse toute limite tolérable pour le potentiel de l’appareil productif. On travaille et on ne produit pas, on travaille durement et la production ne cesse de décroître. C’est qu’il s’est formé un gouffre béant, un gosier immense qui engloutit et anéantit le travail, anéantit la productivité ». 
Les heures non payées du travail ouvrier ne servent plus à augmenter la richesse des capitalistes : elles servent à nourrir l’avidité de l’énorme multitude des agents, des fonctionnaires, des oisifs, elles servent à nourrir ceux qui travaillent directement pour cette foule de parasites inutiles. » 


La fonction publique pléthorique recommandée par les adeptes de la dette immonde est une foutaise petite-bourgeoise qui n’avait rien à voir avec le marxisme ou même la gauche traditionnelle. Gramsci encore : 

« Et personne n’est responsable, personne ne peut être frappé : toujours, partout, l’Etat bourgeois avec sa force armée, l’Etat bourgeois qui est devenu le gérant de l’instrument de travail qui se décompose, qui tombe en morceaux, qui est hypothéqué et sera vendu à l’encan sur le marché international des ferrailles dégradées et inutiles... » 

La société des Attali-Juppé-Macron n’est pas moderne du tout, comme le populisme façon Mélenchon-Le Pen, ou la manif’ qui permet au populo de se défouler avant de retourner au chenil. 

Sur les personnages humanitaires et les programmes interminables et délétères, Céline aussi nous avait prévenus en vain : 

« le monde est encore plein de martyrs qui crèvent du désir de nous libérer puis d’être titularisés par la même aubaine dans des fonctions pas fatigantes, d’un ministère ou d’un autre, avec une retraite. » 

Il ne s’agit pas d’insulter les Français, mais de comprendre le rôle eschatologique de l’Etat dans notre histoire. On y reviendra avec Bernanos. 

Sources 

Antonio Gramsci dans le texte, I, II - Classiques.uqac.ca 

Nicolas Bonnal – Louis-Ferdinand Céline, le pacifiste enragé (Kindle-Amazon) – Le coq hérétique, autopsie de l’exception françaises (Les Belles Lettres, 1997)

jeudi, 06 décembre 2018

A Mainstream Primer on Populism

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A Mainstream Primer on Populism

John B. Judis
The Populist Explosion: How the Great Recession Transformed American and European Politics
New York: Columbia Global Reports, 2016

Judis-200x300.jpgFollowing the collapse of the Warsaw Pact in 1989 and, two years later, of the Soviet Union itself, there was a widespread sense in the West that the free market had conclusively vindicated itself and that socialism had been just as conclusively relegated to the scrapheap of history. But the political outcome of this period, surprisingly, was not continued electoral triumph for conservative cum classical liberal politicians of the Reagan/Thatcher type who had presided over victory in the Cold War. Instead, an apparent embrace of “markets” by center-Left parties in the West was followed by the rise of “new Democrat” Bill Clinton in the US (1993) and “new Labourite” Tony Blair in the UK (1997). Asked in 2002 what her greatest achievement was, Thatcher replied, “Tony Blair and New Labour. We forced our opponents to change their minds.”

This was the neoliberal moment, when there appeared to be a broad consensus on economic issues among all mainstream parties. Francis Fukuyama famously speculated it might herald a Kojèvian end of history.

The worm in the apple was partly that the supposedly “pro-market” consensus between mainstream parties was not so much a return to laissez-faire as a new type of crony capitalism involving collaboration between business interests and the political class as a whole. To some extent, current dissatisfaction with “capitalism” is really anger at this corrupt alliance against the common man misinterpreted as market failure.

But it must also be admitted that the free international movement of labor and capital, perhaps the most important point on which business interests and political elites are agreed, is objectively contrary to the interests of the Western working class. As Cambridge University economist Ha-Joon Chang has written:

Wages in rich countries are determined more by immigration control than anything else, including any minimum wage legislation. How is the immigration maximum determined? Not by the “free” labor market which, if left alone, will end up replacing 80-90 percent of native workers with cheaper immigrants.

This kept the neoliberal honeymoon brief.

John B. Judis’ The Populist Explosion is fairly reliable on this economic aspect of recent populist movements; his subtitle even suggests they might merely be a consequence of the post-2008 recession. Yet Jean-Marie Le Pen founded the Front National as early as 1972. Populist opposition to mass immigration elsewhere long predates the neoliberal moment as well. Like all mainstream writers, however, Judis is innocent of race and identity. He is the sort of writer who thinks Islamic terrorism would disappear if all Muslim immigrants were provided with good jobs.

The Populist Explosion consists of an introduction, six historical chapters, and a conclusion. Theoretical discussion is mostly limited to the introduction and conclusion. The author follows the late Argentine political scientist Ernesto Laclau’s understanding of populism as developed in his book On Populist Reason (2005). In this view, there is no one feature common to all populist movements, but only a kind of family resemblance among them. This family resemblance certainly includes a rhetoric centered on advocacy for “the people” and opposition to entrenched elites, but people and elites may be defined differently by different movements. The people may be “blue-collar workers, shopkeepers, or students burdened by debt.” The elites may be the “money power” of late nineteenth-century American populism, George Wallace’s “pointy-headed intellectuals,” or today’s globalists.

The author also follows Laclau in recognizing the existence of both Left- and Right-wing populisms. He claims to see at least one defining difference between them, however:

Leftwing populists champion the people against an elite or establishment. Theirs is a vertical politics of the bottom and middle arrayed against the top. Rightwing populists champion the people against an elite that they accuse of coddling a third group, which can consist, for instance, of immigrants, Islamists, or African-American militants. Leftwing populism is dyadic. Rightwing populism is triadic. It looks upward, but also down upon an out group.

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I am unsure whether this is a timeless truth about populist movements, but it correctly describes a recent pattern. Sam Francis described the managerial elites’ alliance with the underclass as a “squeeze play” against the middle class. European nationalists’ struggle against the alliance of globalists with unskilled Third World immigrants fits this model as well. No Leftist movement would deliberately exclude the underclass or non-white immigrants, whom they hope instead to lure away from any loyalty to current elites.

Judis also remarks that populist movements “often function as warning signs of a political crisis.” They occur when people see the prevailing political norms as being at odds with their own hopes and fears. Populist politicians express these neglected concerns in a language pitting ordinary people against intransigent or out-of-touch elites, thus becoming catalysts for change. In a two-party system such as America’s populism, it may succeed indirectly by getting its concerns adopted by one of the major parties instead of by breaking through to electoral success itself.

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The book’s first chapter traces populism back to late nineteenth-century America, which may not seem all that far. Politics since ancient times has been a contest between the many and the few, but this modest study does not claim to cover the populares faction of Republican Rome. Modern populism in Judis’ sense is “an American reaction that spread later to Latin America and Europe.”

Between 1870 and 1890, farm prices in the South and Midwest fell by two-thirds, compounded in some regions by drought. Railroads, which enjoyed a virtual monopoly, were raising farmers’ transport costs at the same time. Many fell into debt or lost their land to East Coast investors. The response of President Grover Cleveland’s Secretary of Agriculture, Norman Jay Coleman, to calls for government help expressed the political orthodoxy of the time: “The intelligent, practical, and successful farmer needs no aid from the government; the ignorant, impractical and indolent farmer deserves none.”

In May 1891, the legend goes, some members of the Kansas Farmers Alliance, riding back home from a national convention in Cincinnati, came up with the term “populist” to describe the political views that they and other alliance groups in the West and South were developing. The next year, the alliance groups joined hands with the Knights of Labor to form the People’s Party that over the next two years challenged the most basic assumptions that guided Republicans and Democrats in Washington.

At its height, in 1894, the People’s Party elected four Congressmen, four Senators, twenty-one governors, and four hundred sixty-five state legislators. In 1896, Democratic presidential candidate William Jennings Bryan adopted much of the party’s platform, and they endorsed his candidacy rather than fielding someone of their own. The People’s Party subsequently lost support. Their historical significance was considerable, however:

The populists were the first to call for government to regulate and even nationalize industries that were integral to the economy, like the railroads; they wanted government to reduce the inequality that capitalism, when left to its own devices, was creating; and they wanted to reduce the power of business in determining the outcome of elections. Eventually, much of the populist agenda, [including] the graduated income tax, was incorporated into the New Deal.

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Judis’ first chapter also devotes space to Huey Long and George Wallace. His second chapter describes the Perot and Buchanan movements, as well as the Tea Party and Occupy Wall Street. Chapter Three concludes his history of American populism with the Bernie Sanders and Donald Trump campaigns. The author seems to understand that it was precisely the utopianism of Sanders’ program which attracted young voters:

While older voters evaluated Sanders’s programs by whether they could be included in the president’s Fiscal Year 2018 budget, younger voters liked the visionary sweep of Medicare for All and Free Public College. They understood that these couldn’t happen within the current “rigged system” and would require a political revolution. The contrast couldn’t have been sharper with Clinton’s campaign that dwelt entirely on lists of incremental changes.

“Visionary” is the correct word. Those of us old enough to remember the Cold War received a jolt recently when polls indicated that fifty-seven percent of young Democratic voters are favorably disposed toward a hot, new idea they have just heard about called “socialism.”

As for Donald Trump, the author writes that he:

. . . repeatedly displayed the thin skin of a businessman who treasures his celebrity. At his rallies, he cheered supporters who beat up protestors. And he tried to turn his supporters against the press. [Judis apparently thinks the press’s own behavior had nothing to do with this.] Trump’s actions reflect a bilious disposition, a meanness borne out of bare-knuckle real estate and casino squabbles, and a conviction, borne out of his financial success, or perhaps arrested development, that he could say in public whatever he thought in private about Mexicans or women without suffering any consequences.

Might this outspokenness not appeal to millions of Americans tired of being told they are not allowed to mention certain obvious realities? It wouldn’t seem so to an author who has never experienced the temptation to express an unorthodox thought. Going to press apparently in the late spring of 2016, the author, like all other mainstream so-called experts, expected Trump to be “soundly defeated.”

In keeping with his economic orientation, Judis explains the first appearance of populism in Europe as resulting from the downturn of the 1970s, and ascribes their recent breakthroughs to the recession after 2008. Left-wing populist movements, as he observes, have been most significant in southern Europe, while Right-wing populists have been most influential in the north. Particularly informative for this reviewer was his account in Chapter Five of recent Left-wing movements in Greece and Spain. Greece’s Coalition of the Radical Left, popularly referred to as Syriza, was established in 2004 and is now ruling the country. Its rise is largely a reaction to tough austerity measures forced upon Greece by the European Union. Golden Dawn, a less successful party which some would describe as Right-wing populist, is left unmentioned. Spain’s center-Left Podemos party was founded in 2014 and received twenty-one percent of the vote in parliamentary elections in December 2015. It is now the third-largest group in the Spanish legislature, but has suffered internal rifts.

The author’s final chapter provides useful summaries of the history of four northern European Right-wing populist parties: the Danish People’s Party, Austria’s Freedom Party, UKIP, and France’s Front National (since renamed National Rally). All are best-known for opposing mass Third World immigration. Judis acknowledges that immigration threatens working-class wages, but does not seem to understand the threat to native folkways which motivates so many of these parties’ voters. He mentions Germany’s AfD only in passing. The Populist Explosion went to press before the rise of Sebastian Kurz in Austria or Marine Le Pen’s defeat at the hands of Emanuel Macron.

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The book’s conclusion discusses the threadbare accusation of fascism still leveled at Right-wing populists. Among the genuine resemblances the author sees are “the role of the charismatic leader, the flouting of democratic norms, [and] the scapegoating of an outgroup.” Of course, it is mainly these parties’ stress on the nation that reminds the Left of interwar fascism. Today’s Right-wing populism is a response to neoliberal globalism and its primary weapon of mass immigration, just as fascism was a response to the threat of Leninist Communism. But Judis concedes that today’s populists operate within a democratic, multiparty framework rather than aiming at dictatorship.

The second essential difference from interwar fascism (including German National Socialism) was that those earlier movements were expansionist and imperialistic. Today’s Right-wing populists sometimes describe themselves as “sovereigntist,” seeking to protect their borders from economic migrants and their national governments from supranational organizations such as the European Union and the United Nations. In other words, they are defensive rather than aggressive movements. The cry of fascism serves – and no doubt is meant – to divert attention from these obvious realities.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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lundi, 03 décembre 2018

Ombres sur l’eurocratie

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Ombres sur l’eurocratie

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Correspondant de Libération à Bruxelles pour la construction européenne, Jean Quatremer n’a jamais caché sa ferveur européiste. Lors de la présidentielle de 2017, il a soutenu la candidature d’Emmanuel Macron dont les conceptions européennes coïncident avec les siennes. Quelques semaines avant la victoire de son candidat, Jean Quatremer publiait un « Guide à l’usage des eurosceptiques » intitulé Les salauds de l’Europe sans que ce titre osé ne soulève la moindre indignation médiatique. Avec « Les salopes de l’Europe », gageons qu’il se serait attiré la hargne des rombières féministes…

Par « salauds », Jean Quatremer désigne bien sûr les souverainistes nationaux, mais aussi et surtout les responsables de l’actuelle Union soi-disant européenne. Il est désemparé par la tournure prise de la construction européenne. Il avoue que « longtemps, j’ai cru en l’Europe. Longtemps, j’ai souhaité l’émergence des États-Unis d’Europe. Longtemps, j’ai pensé qu’elle était notre Terre promise, celle qui nous permettrait de dépasser les États-nations, ces fauteurs de guerre. Aujourd’hui, c’est fini. Je n’y crois plus (p. 9) ». S’il critique bien évidemment les formations dites eurosceptiques, son irritation se porte en particulier sur « ceux qui sont en train de tuer l’Europe, ce sont les élites nationales et européennes, celles qui ont fait de l’Europe une postdémocratie où les citoyens sont tenus à l’écart, celles qui décident à Bruxelles de politiques qu’ils [sic !] n’assument pas dans leurs capitales, celles qui refusent d’expliquer la réalité de cette construction, celles qui croient que l’idéologie est la réalité (p. 47) ».

Contre la Commission de Bruxelles

Sa charge est très violente à l’encontre des fonctionnaires communautaires. Il n’y voit que « des médiocres à tous les étages (p. 20) ». Il a la nostalgie des années Delors (1985 – 1995) quand les institutions communautaires bénéficiaient du modèle administratif français, compétent et efficace. Or, en 2004 est entrée en vigueur une réforme structurelle qui ruine tout sens du bien commun au niveau européen. Voulue par l’Italien Romano Prodi, président de la Commission de 1999 – 2004, cette révision fut préparée par le travailliste britannique Neil Kinnock. Celle-ci exige désormais une rotation des fonctionnaires tous les quatre – cinq ans entre les différentes directions générales (les simili-ministères de l’Union). Or, « à la Commission, on estime qu’il faut un an au minimum pour apprendre et que la dernière année est consacrée à la recherche d’un nouveau poste de chute : autrement dit, un directeur général est à peu près efficace deux ou trois ans… (p. 145) ». Bref, « grâce à Kinnock, l’administration communautaire est devenue un grand corps arthritique (p. 149) ».

En outre, « les fonctionnaires ne sont plus recrutés sur leurs connaissances des affaires communautaires et leur engagement européen (qui étaient évalué par une dissertation et un oral), mais sur leur management skills (capacité à diriger des équipes). De fait, les nouveaux concours sont calqués sur les procédures de recrutement des entreprises internationales. […] Résultat : les nouveaux fonctionnaires ne sont pas là pour vendre l’Union, mais pour gérer l’organisation, faire de l’animation d’équipe et de l’évaluation de mission qui est devenue plus importante que la mission elle-même (p. 147) ». Sa critique se veut néanmoins constructive. Il rappelle qu’au contraire de leurs homologues à l’ONU, à l’OTAN, au FMI et à l’OCDE, les fonctionnaires communautaires payent des impôts et des cotisations salariales. Il n’empêche que les nouveaux profils des fonctionnaires à Bruxelles font que « la Commission a désormais autant d’âme qu’une salle de marché d’une banque d’affaires de la City (p. 148) ».

En effet, « par une sorte de retournement dialectique imprévu, écrit Jean Quatremer, l’arrivée massive de politiques a abouti à donner le pouvoir à la bureaucratie (p. 144) ». Souvent néophyte en matière européenne, le commissaire choisi par son État d’origine avec l’accord unanime des autres membres est un politicien qui garde un petit espoir d’une carrière nationale provisoirement mise en parenthèse. Entouré d’eurocrates, c’est-à-dire de fonctionnaires européens, il dirige des « cabinets […] censés être un échelon politique, [qui] sont incapables de contrôler l’administration puisqu’ils en sont le fidèle reflet (p. 150) ». Jean Quatremer s’indigne par exemple des « revolving doors, excellente expression anglaise pour désigner les passages entre le public et le privé, [qui] sont devenus la norme plutôt que l’exception, depuis une vingtaine d’années, tant au niveau des commissaires que des parlementaires européens ou des eurocrates (p. 179) ». Le cas le plus édifiant demeure l’embauche de l’ancien président portugais de la Commission (2004 – 2014) José Manuel Barroso par la banque mondialiste Goldman Sachs !

Le triomphe quotidien des techniques et procédures juridiques, de la jurisprudence administrative et d’une gestion apolitique des affaires courantes suscite un dispositif impolitique. « Faute de penser politique, l’institution se raccroche à ses compétences qui sont devenues des vérités idéologiques qui doivent elles-mêmes produire des résultats (p. 171). » Cette tendance est si ancrée qu’« avoir un fort caractère est aujourd’hui devenu un empêchement dirimant à toute fonction de responsabilité au sein de la Commission (p. 152) ». Avec toutes ces critiques justifiées, on comprend mieux pourquoi « le correspondant qui suit les affaires européennes depuis 1990 que je suis est considéré comme un nationaliste franchouillard par une bonne partie des eurocrates, parce que j’ose ne pas chanter les louanges quotidiennes de ce phare lumineux de la construction communautaire [la Commission], alors qu’à Paris je suis qualifié “ d’ayatollah du fédéralisme ” (p. 142) ». Ainsi fut-il un jour traité par Hubert Védrines, le ministre mitterrandien des Affaires étrangères lors de la troisième Cohabitation (1997 – 2002). Nicolas Sarközy confirme le point de vue du journaliste. Dans une récente conférence, l’ancien président lançait à un auditoire composé de banquiers et d’hommes d’affaires : « Vous rêvez d’obtenir un poste important dans les institutions européennes ? Un conseil : n’ayez aucune colonne vertébrale et venez d’un petit pays. L’Europe est devenue un système en pilotage automatique, que plus personne ne maîtrise. Que vous mettiez quelqu’un de très intelligent ou de très bête à la tête de la Commission européenne, c’est pareil (1). » Vraiment ? Supposons un instant que le souverainiste frexiter François Asselineau soit nommé à la Commission, sa connaissance des traités et des mécanismes européens et l’indépendance de son cabinet totalement détaché de pesants réseaux eurocratiques ne seraient-ils pas finalement un réel avantage pour le bon fonctionnement du système soi-disant européen ?

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Langues en guerre…

Pourquoi certains cénacles eurocratiques accusent-ils donc Jean Quatremer de « franchouillardise », lui qui fut « blacklisté durant dix ans, ce qui signifie ni interview ni rencontre off avec le président [de la Commission] (p. 172) » ? Parce qu’il estime que « l’idéologie véhiculée par Bruxelles […] est de plus en plus le reflet de ce que pense le monde anglo-saxon faute pour les Français ou les Allemands de disposer de consultants de taille européenne, voire mondiale (p. 148) ». Concrètement, l’auteur s’élève contre l’hégémonie de la langue anglaise à l’heure du Brexit qui ne laissera la langue des Beatles seulement parlée à Malte, à Chypre et en Irlande. L’anglomanie linguistique de la Commission y est vive et tenace puisque « la seule presse pour laquelle le service du porte-parole se met en quatre est l’anglophone. Rien n’est trop beau pour eux, y compris une communication écrite quasi uniquement en anglais pour leur permettre de travailler plus vite. D’ailleurs, les seuls organes que les eurocrates lisent tous les jours sont le Financial Times, le quotidien des affaires britannique, et Politico, le site américain qui a désormais une importante antenne à Bruxelles (cofinancée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel) (pp. 173 – 174) ». En ce qui concerne la communication officielle du site de la Commission, « tout est fait pour la rendre incompréhensible au commun des mortels (p. 13) ».

Ce tropisme anglo-saxon (consubstantiel à son atlantisme congénital ?) bafoue des accords « prévoyant une communication strictement bilingue anglais – français (p. 174, note 1) ». Depuis les élargissements de 1995 et de 2004, « 95 % des textes originaux sont pensés et rédigés en anglais. Cet imperium linguistique fait l’affaire des anglophones : la Commission recrute d’ailleurs de plus en plus, pour des missions à durée déterminée, de native english speakers, même si c’est parfaitement illégal au regard du droit communautaire (p. 153) ». Récipiendaire d’un prix accordé par Défense de la langue française, l’auteur dénonce un monolinguisme de fait appliqué en plein centre de l’ensemble communautaire. À l’instar de Fichte et de Herder, il sait que « la langue n’est pas neutre, elle véhicule des valeurs et des concepts et, surtout, seule la langue de naissance permet de communiquer au plus près de sa pensée (pp. 154 – 155) ». Or « la langue que parlent les eurocrates n’est pas celle que l’on pratique à Oxford. À Bruxelles, c’est le globish qui règne en maître, une forme appauvrie à l’extrême de la langue de Shakespeare qui permet à tout le monde de communiquer sans problème (p. 155) ».

Les effets de cette domination sont délétères. « Ce globish, au vocabulaire dégradé et à la grammaire simpliste, accouche logiquement d’une pensée elle-même simplifiée à l’extrême. […] Ce choix du globish se traduit par un effondrement de la qualité des textes juridiques européens, comme s’en désolent tous les juristes. Ce qui s’énonce pauvrement s’écrit confusément (p. 156). » Il omet de préciser que les arrêts de la Cour de justice de l’UE sont bien plus structurés parce qu’écrits en langue française… Les griefs de Jean Quatremer contre la Commission sont tels qu’« après vingt-cinq ans passés à observer la Commission, je me demande sincèrement s’il y a encore quelque chose à sauver de cette institution qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut (p. 141) ». Il va très loin. À ses yeux, l’Union dite européenne se transformerait en « enfer bureaucratique qui cultive l’opacité et suinte l’hostilité à l’égard de tout ce qui est humain (p. 11) ». On voit poindre un fort agacement à propos du fonctionnement de la machinerie bruxelloise. « En plaisantant, je dis souvent que j’entre fédéraliste au Berlaymont, le nom de l’immeuble principal de la Commission, et que j’en sors souverainiste… (p. 142) »

L’État en accusation

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Attention néanmoins aux interprétations hâtives ! « Ma critique, insiste Jean Quatremer, n’a rien à voir avec celle des souverainistes qui croient que l’État-nation (une notion étroitement française) est l’horizon indépassable de l’humanité (pp. 16 – 17). » Il désigne, on l’a vu, les États membres comme les principaux responsables des dysfonctionnements majeurs de l’organisation communautaire. « Le problème de l’Union est qu’elle n’est que l’émanation des États membres (p. 191). » Il accuse les États de divers maux qui expliqueraient l’attrition européenne dont la plus manifeste serait son inflation de normes. Mais il préfère s’appesantir en prouvant « la folie réglementaire hexagonale (p. 213) » qui n’est pas imputable aux instances européennes ! « La proportion de normes européennes dans les lois nationales est comprise entre 30 et 40 % dans les secteurs agricole, bancaire, financier et environnemental, et entre 20 et 30 % dans l’énergie, les transports, la santé ou encore le commerce extérieur (pp. 219 – 220). » À rebours du discours souverainiste national habituel, il affirme que l’apport législatif de la Commission « n’est pas de 80 %, mais seulement de 20 % en moyenne sur une période de vingt ans, une proportion qui a même tendance à diminuer en dépit des compétences nouvelles (pp. 211 – 212) ». Il regrette « la propension des États à communautariser les échecs nationaux et à nationaliser les succès européens (p. 225) ». Pour lui, « ce sont les États qui bloquent et peuvent ainsi faire porter le chapeau à la Commission… (pp. 223 – 224) ». Bref, « l’Union […] n’est que la marionnette des États et aucun d’entre eux n’est prêt à accepter qu’elle lui échappe (p. 299) ». Il assure avec une audace rare que l’impéritie communautaire procède de la méthode intergouvernementale.

Il a bien saisi la césure ontologique existante entre les États fédéraux de l’Union (Allemagne, Autriche, Belgique), les États à forte dévolution territoriale (Espagne, Italie) et les États centralisés tels la France. Ce contraste se retrouve dans les institutions de l’Union supposée européenne. Avec le Brexit, la Commission ne comptera plus que vingt-sept commissaires ayant chacun la même voix, ce qui fait qu’une coalition de pays faiblement peuplés (Luxembourg, Pays-Bas, Slovénie, Irlande, etc.) peut se retrouver majoritaire aux dépens d’États plus peuplés (Allemagne, France, Italie, Pologne, etc.). Cette égalité institutionnelle se retrouve au Parlement européen avec une inégalité de fait : un député français à Bruxelles – Strasbourg représente 860 000 électeurs, un élu allemand 850 000, leur collègue luxembourgeois 76 000 et celui de Malte 67 000 ! Quant au Conseil européen qui rassemble tous les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union, Jean Quatremer incrimine « la médiocrité des dirigeants européens [qui] aboutit à une paralysie de l’ensemble de la machine européenne (p. 22) ».

Il oublie un trop vite que la démocratie représentative de masse et la partitocratie vicient dès le départ la sélection des dirigeants. Il s’en prend aux États sans comprendre que ceux-ci sont minés depuis très longtemps par les valeurs européennes modernes d’égalité, de liberté et de marché. Son hostilité à l’égard du cadre étatique rejoint celle de l’eurocratie, car « l’État, vu de Bruxelles, c’est le mal absolu, alors que le marché, lui, c’est le bien absolu (p. 33) ». Il ne comprend pas que l’État est une donnée fondamentale permanente du politique et qu’il se manifeste selon les circonstances historiques et les aires géographiques sous différentes formes juridiques (tribu, cité, nation, fédération, État-nation, empire…). Décidée et mise en œuvre par les gouvernements nationaux, les États membres représentent l’alpha et l’oméga du processus communautaire au point qu’il parle de l’UE comme « une Union confédérale (p. 87) » ! En raison de la règle de l’unanimité, les gouvernements nationaux ont le dernier mot, sauf en ce qui concerne la politique monétaire, l’union douanière, la politique des concurrences, les négociations commerciales internationales et la conservation des ressources biologiques marines. Le poids étatique des membres se vérifie avec leurs ambassadeurs respectifs auprès de l’UE appelés les « représentants permanents (RP) ». C’« est un personnage tellement important qu’il est en liaison directe avec son chef de gouvernement. Ainsi, le RP français est reçu chaque samedi matin par le président à l’Élysée (p. 103). » Les RP forment le COREPER (Comité des représentants permanents) qui prépare, démine et balaye en amont toutes les décisions adoptées ensuite par les conseils des ministres spécialisés et par le Conseil européen avant d’être entérinées en aval par la Commission de Bruxelles. « La démocratie imparfaite de l’Union reflète simplement le fait qu’elle est un groupement d’États souverains (p. 119) » avec, pour certains domaines, un aspect fédéral, et, pour le reste, une configuration proto-confédérale. Dès lors, « la construction communautaire est un processus lent, complexe, fragile, qui passe par l’accord de tous les États, ce qui implique des compromis parfois byzantins, et l’approbation des opinions publiques (pp. 45 – 46) ».

La production d’un monstre hyper-libéral

Ce caractère hybride n’est pas près d’être changé, surtout quand on place un maximum d’espoir sur le fameux « moteur » franco-allemand qui ne fonctionne plus depuis la fin du duo Mitterrand – Kohl. Jean Quatremer souligne en creux qu’originaire de la RDA, Angela Merkel n’est qu’une fausse européiste et une remarquable souverainiste dissimulée. « Sa force, en réalité, a été de toujours dire non aux propositions qu’on lui soumettait (pp. 201 – 202). » Sa reprise surprenante d’armée européenne lancée par Emmanuel Macron s’explique par la fin prochaine de sa carrière politique à la chancellerie. Le 28 novembre 2018, le vice-chancelier social-démocrate et ministre des Finances, Olaf Scholz, a demandé que la France abandonne son siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU au profit d’une évanescente Union dite européenne. Bel exemple de souverainisme non dit ! La question se posera quand une corporation martiale militante paneuropéenne unique dirigera plusieurs grands États du continent en même temps.

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Un peu dépité, l’auteur observe que soixante-dix ans d’élaboration européenne consensuelle n’ont pas surmonté les méfiances naturelles réciproques qu’éprouvent les États, en particulier la République française. « Le fait que la France ait toujours préféré la méthode intergouvernementale à la méthode communautaire renforce cette dérive a-démocratique puisqu’elle vise à écarter le contrôle démocratique au niveau européen afin de préserver les prérogatives présidentielles (p. 122). » Ne faut-il pas plutôt que l’union (géo)politique des Européens à venir s’établisse sur une assise charismatique, populiste et plébiscitaire ? L’auteur croit trop au sordide jeu politicien soumis en permanence aux injonctions atlantistes, financiers, libérales et cosmopolites.

« À Bruxelles, tout est subordonné au marché qui est le principe cardinal de la construction communautaire (p. 34). » L’absence d’une verticalité politique permet la prépondérance d’un dogme, « l’absence de frontières (p. 30) ». Pis, « l’idéologie dominante au Conseil européen, au Parlement et à la Commission n’est clairement pas favorable au secteur public. […] Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’y a qu’en France que service public rime avec efficacité (pp. 241 – 242) ». Il en surgit une abomination : « L’ultralibéralisme de l’Union va de conserve avec une bureaucratie extrême : l’Union a inventé le “ libéralisme bureaucratique ”, une gageure ! (p. 36) » Apparaît alors un libéralisme autoritaire d’État, émanation directe du spectaculaire intégré debordien (2). Ancien fédéraliste revenu à un plus grand pragmatisme, Jean Quatremer formule à la suite d’Emmanuel Macron et d’Édouard Balladur plusieurs suggestions réformatrices : un Conseil européen qui ne se tiendrait plus que deux à trois fois par an; un Parlement de la Zone euro et/ou un Parlement européen dont une centaine de députés serait élu sur des listes transnationales; une Commission réduite à une quinzaine de membres choisis par leur président. On peut imaginer que cette instance ait des commissaires permanents (français, allemand, espagnol, italien, polonais) et d’autres plus éphémères.

Jean Quatremer n’évoque jamais le principe de subsidiarité et regarde de l’extérieur les différents systèmes fédéralistes. Il est inexact d’affirmer que dans une fédération, « il existe des partis fédéraux, ce qui n’est pas le cas de l’Union qui n’est donc que le reflet des vies politiques nationales faute de pouvoir produire son propre personnel politique (p. 96) ». Vivant en Belgique, il devrait savoir que les partis wallons ne correspondent pas aux partis flamands. Au Canada, le Parti libéral du Québec n’est pas la section provinciale du Parti libéral du Premier ministre fédéral Justin Trudeau. Attaché aux formations politiciennes souvent véreuses, l’auteur désapprouve aussi le principe même des consultations référendaires. Certes, sur vingt-neuf référendums sur la question européenne, seulement dix ont été négatifs. Seulement, « le référendum est devenue la forme la plus achevée de la démocratie alors qu’il n’en est qu’une forme dégradée, comme l’ont bien compris les Allemands qui l’ont interdit (p. 131) ». Inexact ! L’Allemagne ignore certes au niveau national le référendum, mais les communes et les Länder y ont recours fréquemment. L’Italie accepte, elle, des procédures législatives référendaires pour annuler certaines lois. N’en déplaise à Jean Quatremer, l’acceptation du projet européen ne pourra passer que par une procédure référendaire, ce qui suppose au préalable de répandre dans les peuples européens le sentiment d’appartenance sincère à une communauté continentale de destin. « L’Union, c’est une démocratie indirecte au mieux, une technocratie au pire, comme si l’Europe était une chose trop sérieuse pour la confier aux peuples (p. 18). » Pour bien favoriser ce travail préparatoire d’acceptation référendaire nécessaire au projet civilisationnel albo-européen, il existe deux moyens incitatifs complémentaires. Le premier risque de déstabiliser le lecteur. En effet, le journaliste de Libération prône « l’instauration d’une “ préférence européenne ” pour les acteurs publics [qui] est une possibilité tout comme l’utilisation ferme des instruments de défense commerciale (p. 253) ». Dans cette perspective étonnante, il envisage qu’un nouveau traité refondateur « devrait instaurer une préférence communautaire qui s’imposerait à tous les contrats publics à condition que la différence de prix soit raisonnable (p. 302) ».

L’Europe par la défense ?

L’autre facteur d’« agrégation » des volontés européennes, plus fort encore, reposerait sur la défense commune du continent et de notre civilisation. Pour l’heure, l’« Europe […] se rêve en grande Suisse (p. 265) ». Le constat n’est pas nouveau. « Par peur de déplaire à l’allié américain à qui elle a sous-traité sa sécurité, elle se complaît dans son rôle de nain politique : l’Union, sur la scène mondiale, c’est le plus grand dénominateur commun des faiblesses et des lâchetés nationales (p. 10). » Jean Quatremer revient longuement sur « le refus de la CED, un suicide national et européen (p. 259) ». La Communauté européenne de défense (CED) fut vraiment l’occasion politique manquée de l’Europe comme le pensait Julien Freund et contrairement à l’auteur. « En réfléchissant sur l’échec de la CED, note l’universitaire alsacien, et en analysant la manière dont les États européens se sont constitués au cours de l’histoire, je suis arrivé à la conclusion que le vrai principe fédérateur en politique est le militaire et non l’économique ou le culturel. En effet, c’est par des guerres ou à la suite de guerres que les États se sont constitués. En théorie donc l’initiative de la CED était politiquement correcte, puisqu’elle essayait de fonder l’unification européenne sur l’intégration des forces armées, mais elle était prématurée, car elle contrevenait à l’idée de communauté, du fait que la contribution respective des membres était par trop inégale. Autrement dit, on a ruiné par précipitation une idée politiquement juste. Or, on ne répare pas une telle erreur, parce qu’on ne joue pas avec le militaire comme on peut jouer avec l’économique (3). » De son côté, « avec le recul, estime Jean Quatremer, la France a clairement mis la charrue avant les bœufs : comment imaginer une armée sans un gouvernement et un parlement fédéral qui la contrôle, même si, dans l’esprit des concepteurs, l’intégration politique suivrait automatiquement (p. 61). » Ne conclut-il pas que « l’Europe est la dernière utopie pacifiste du monde moderne et, pour cela, l’aventure mérite d’être poursuivie (p. 311) » ? Il oublie que l’histoire est par essence tragique, imprévue et riche en rapports de forces multiples. Le pacifisme n’y a pas sa place ! L’Europe ne doit jamais devenir un Bisounoursland !

Très critique à l’encontre des projets de plan Fouchet, Jean Quatremer qui ne veut pas sortir de son confort intellectuel, ne sait pas l’existence théorique d’une autre Europe, celle du « grand espace » schmittien organisé autour d’un État enfin dissocié de la nation. Il y fait pourtant référence d’une façon implicite avec un chapitre uchronique spéculant sur l’échec du Plan Schuman du 9 mai 1950. La France entame alors son propre Sonderweg. « En 1992, après l’effondrement de l’Union soviétique, [l’Allemagne] parvient à convaincre les anciennes démocraties populaires, le Benelux et les pays nordiques de créer une “ Europäische Union ”, c’est-à-dire une union politique, afin de stabiliser le continent. La France, approchée, refuse de s’y associer pour préserver son indépendance nationale et parce qu’elle sait que son économie n’y résisterait pas. […] Le Royaume-Uni, solidement arrimé aux États-Unis, décline aussi la proposition de l’Allemagne. Dix ans plus tard, cette Union, organisée autour d’une “ Europäische Kommission ”, d’un “ Rat der Europäischen Union ” et d’un “ Europäisches Parlament ” basés à Vienne, dont la langue unique est l’allemand, adopte comme monnaie unique l’euro-mark qui est géré par une banque centrale basée à Francfort, principale place financière de l’Europe, loin devant la City de Londres (pp. 309 – 310). » Revient toujours une constante dans les hypothèses uchroniques européennes, à savoir la centralité géopolitique de l’espace germanique (4). La France rejeta en 1950 une union franco-allemande envisagée par le chancelier Adenauer et caractérisée par une citoyenneté et un parlement communs.

L’Union dite européenne se débat aujourd’hui dans d’inextricables contentieux internes en raison de son ignorance volontaire des contingences spécifiques au politique. La solution serait-elle une organisation européenne en cercles concentriques ? À l’esquisse embryonnaire d’une éventuelle Europe-puissance autour des dix-neuf États de la Zone euro, spécule l’auteur, viendraient ensuite le Danemark, la Suède et les États d’Europe centrale et orientale, réticents au sentencieux « État de droit » individualiste et bourgeois, puis les États adhérents de l’Espace économique européen et, enfin, la Turquie, la Grande-Bretagne, voire l’Afrique du Nord. L’Europe peut se faire, mais sa réalisation finale pourrait bien défriser Jean Quatremer parce que les vrais salopards de l’Europe, à l’occurrence les États-Unis et l’hyper-classe mondialiste, n’ont pas encore dit leur dernier mot…

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Conférence à Paris du 7 novembre 2018 citée dans L’Obs du 22 novembre 2018.

2 : cf. avec une réserve certaine Grégoire Chamayou, La Société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire, La Fabrique, 2018.

3 : Julien Freund, La fin de la Renaissance, PUF, 1980, p. 11.

4 : cf. Georges Feltin-Tracol, « Considérations européennes, baroques et uchroniques sur le 11 novembre 1918 », mis en ligne sur Europe Maxima, le 11 novembre 2018.

• Jean Quatremer, Les salauds de l’Europe. Guide à l’usage des eurosceptiques, Calmann-Lévy, 2017, 316 p., 17,50 €.

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (3 décembre 2018)

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Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (3 décembre 2018)

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

L’émission Répliques d’Alain Finkielkraut recevait le 24 novembre le philosophe et mathématicien François-Xavier Bellamy et Sylvain Tesson grand voyageur. Le thème de la discussion était : demeurer ou partir; quelle vision du monde à l’ère du mouvement perpétuel ? « Demeure », titre du dernier livre de Bellamy, n’est pas synonyme de passivité ou d’immobilité explique-t-il, et la politique consiste moins à transformer qu’à sauver dans ce monde ce qui mérite d'en être transmis tandis que Tesson reprenant Novalis et Nietzsche décrète que marcher c’est s’ouvrir à la pensée et à la poésie. Un échange sur les cimes :

 
Sur le site de l’Institut Illiade une bonne note de lecture à propos du livre de Rémi Soulié Racination paru aux éditions Pierre Guillaume de Roux. Dans cet ouvrage à la langue limpide nous cheminons en compagnie d’Heidegger, Hôlderlin, Barrès, Boutang et Novalis à l’écoute de la terre et des morts. Une ode à l’enracinement et au génie des lieux :
 
 
Le philosophe André Perrin qui avait publié des réflexions acérées et aux antipodes du politiquement correct dans Chroniques de la vie intellectuelle en France revient ici sur les confusions de Guillaume Erner (de France-culture) dont on ne sait si elles sont inspirées par la malveillance ou l’ignorance à propos de l’antisémitisme contemporain et de ses auteurs :
 
 
Jean-Marc_Jancovici_(cropped).jpegPour Jean-Marc Jancovici nous sommes la seule espèce à utiliser des ressources énergétiques extra-corporelles depuis l’invention du feu il y a 500000 ans. Partant du principe qu’il n’y a pas de vrai débat en France (comme ailleurs) sur les véritables enjeux de la  « transition énergétique » ( qui se résument pour l’essentiel à une devise de shadok : « quand on ne sait pas où l’on va, l’essentiel est d’y aller le plus vite possible » ), il s’efforce a contrario d’apporter ici d’authentiques arguments scientifiques à cette mutation considérable qui doit nous faire abandonner les sources d’énergie carbonée ou bien de périr à brève échéance. Cette conférence, condensé d’intelligence, au surplus très pédagogique, a été tenue à la fin de l’année dernière à la cité des sciences et de l’industrie:
 
 
Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet débattent de l’hypothèse collapsologique. La décroissance, voulue ou non, est de toute évidence notre destin avec toutes les conséquences qu’elle implique, ici survolées à haute altitude. Comme le dit Yves Cochet, les seules solutions proposées pour l’heure par toutes les forces politiques sont : plus de croissance, plus de technologie, plus de marchés. Cette pure folie annonce une transition désastreuse,  à moins qu’elle ne soit prise en main par un pouvoir autoritaire pilotant une décroissance ordonnée comme le suggère Jancovici : 
 
 
Dans une tribune parue le 26 novembre dans Sud Ouest Matthieu Auzanneau et Jean-Marc Jancovici partent du principe que la sédition des gilets jaunes doit agir comme lancement d’alerte et proposent les mesures qu’imposeraient une véritable politique de transition énergétique. Aujourd’hui les gilets jaunes considèrent à raison que les taxes sur le carburant sont destinées à leur faire les poches puisque elles doivent rapporter l’an prochain 37 milliards d’euros contre 33 cette année et que sur ce total moins de 2 milliards d’euros seront consacrés à encourager la baisse de la consommation d’énergie. Ils rappellent que le financement très élevé des éoliennes et des panneaux photovoltaïques n’aide en rien à sortir des sources d’énergie fossile. Démonstration limpide et imparable :
 
 
Jobs-a-la-con_9498.jpgSur le livre consacré aux Bullshit Jobs (« jobs à la con ») de l’anthropologue David Graeber, Michel Drac livre une excellente analyse. Les bullshit jobs sont des emplois rémunérés totalement inutiles ou même néfastes dont le salarié lui-même ne parvient pas à justifier l’existence. Les exemples donnés atteignent des sommets d’absurdité et de grotesque. D’où la question : se pourrait-il que dans la fonction publique comme dans l’entreprise une grande partie des occupations rémunérées ne soient qu’un vaste théâtre d’ombres ? Drac donne les raisons pour lesquelles des travails qui ne servent rigoureusement à rien peuvent perdurer dans nos sociétés. Ces pseudo « métiers » représenteraient au bas mot 30% des emplois d’une société en quête, parait-il, de performance. Notre système socio-économique cautionne un immense gaspillage lié à notre conception du travail et génère beaucoup de souffrance et d'humiliation. 
Une ingénierie libérale propre à l’ère du techno-capitalisme, mise en place « parce que c’est notre projet… » :
 
 
Lors de son émission Répliques sur France-culture du 17 novembre Alain Finkielkraut recevait Paul Thibaud ancien directeur de la revue Esprit et Éric Zemmour pour débattre encore une fois de Pétain, de Gaulle et la France. 
À force de se prêter au jeu malsain des médias toujours à la recherche du bon client faisant le scoop et le buzz, Zemmour n’aurait-il pas tendance à ternir la richesse de son dernier ouvrage et des leçons qu’il contient ? :
 
 
discoursintimidant.jpgLaurent Fidès, ancien élève de l’École normale supérieure, a publié aux éditions du Toucan Face au discours intimidant; Essai sur le formatage des esprit à l’ère du mondialisme. Dans cette chronique il s’attaque aux nombreux mythes de l’idéologie progressiste et démonte les ressorts de la  domination culturelle « multiculturaliste, échangiste, déconstructiviste qui nous promet un monde sans frontière, sans différences, atomisé, peuple d’entités négociables et remplaçables ». Il constate par ailleurs qu’à la télévision on ne voit jamais ni Georges Feltin-Tracol ni Thomas Ferrier ni Olivier Rey ni Hervé Juvin… qui pourraient porter la contradiction à ces pensées obligatoires. Il s’en étonne, d’autant dit-il que le vent semble devoir tourner après des décennies de tyrannie idéologique :
 
 
Paul-François Paoli auteur de L’imposture du vivre-ensemble et tout récemment des Confessions d’un enfant du demi-siècle est interrogé par Tv-Libertés sur ce dernier ouvrage. Ancien gauchiste ayant traversé le chaos de toutes les modes intellectuelles des décennies passées, il se définit aujourd’hui comme un conservateur conséquent. Il pointe du doigt le rôle néfaste de certains intellectuels au premier desquels Jean-Paul Sartre « le plus démodé, le plus idéologue et le plus indigent ». Faisant état de l’écroulement de tous les « grands récits » il constate que le libéralisme n’a pu s'introduire en France que par le biais culturel de l’anthropologie libéral-libertaire. Il salue Houllebecq, Onfray (« phénomène gaulois ») et Alain de Benoist dont la revue Éléments serait selon ses dires la meilleure revue intellectuelle de notre temps :
 
 
Jean-Paul Brighelli possède un talent certain : celui de nous faire sourire des choses les plus graves. Ici il traite avec humour de la réception du dernier livre de Laurent Obertone, La France interdite par la presse de grand chemin qui use et abuse de clichés sociologiques pour opposer un déni officiel à tout ce que disent les vrais chiffres puisés dans l’appareil statistique gouvernemental :
 
 
mh_portrait.jpgContrairement à ce qu’enseigne trop souvent l’histoire officielle des États d’Afrique du Nord la conquête du Maghreb par les Arabes ne fut pas une promenade de santé. Elle se heurta à une vive résistance berbère (le peuple autochtone) et si l’islamisation fut rapide, l’arabisation se confronta à des échecs qui perdurent encore de nos jours. Sur ce sujet  Mouna Hachim, historienne, répond aux question de France-culture :
 


L’OJIM interroge Slobodan Despot à l’occasion du troisième anniversaire du lancement de L’Antipress devenu, entre-temps, Le Drone. Son objectif : « À la platitude, à l’absence de perspectives historique, culturelle, humaine de l’information de masse, opposer une chronique distanciée et libre - de cette liberté de pensée que donne la culture - de notre temps de trouble. » Pour la somme de 50 euros on peut souscrire un abonnement annuel. Pour ce faire s’adresse à < antipress.net > :
 
 
Excellente tribune de François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments, sur les gilets jaunes, nouveaux ploucs émissaires, dans Le Figaro :
 
 
Lettre de Jean-Claude Michéa au site des « amis de Bartleby » (site gascon décroissant) sur les gilets jaunes. Il en souligne l’inventivité populaire qu’il annonçait dans Les Mystères de la gauche et qui situe le mouvement à l’exact opposé de  Nuit Debout qui jouissait par ailleurs de la sympathie active des médias de propagande. Pour ce qui concerne les gilets jaunes il ajoute : « Ici, au contraire ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy - d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot) qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite… » Pour eux il n’a jamais été question ni de plan Marshall ni de plan banlieues  :
 
 
JSM-portrait.jpgDans une chronique de Figaro-vox  Jérôme Sainte Marie voit dans les « gilets jaunes » la convergence d’électorats populaires jusqu’ici opposés. Une jacquerie antifiscale qui unit des personnes aux origines variées mais de semblable statut économique, des travailleurs de la France périphérique ce qui explique que la France des métropoles en soit absente. Ce mouvement réalise d’une certaine manière une alliance « populiste » à l’italienne.  
Mais bien qu’il soit profondément politique le mouvement se veut non partisan, c’est là que réside sa principale faiblesse face au « bloc élitaire » outre le fait qu’il n’a aucune structure et aucune direction. Il n’empêche, Castaner veut voir en lui une fronde comparable à celle du 6 février 1934, tandis que son collègue Darmanin, épris de boisson à 100 euros la bouteille, parle de « peste brune ». L’emphase touche ici à la caricature. Si le ridicule tuait encore, ces deux là seraient en état de putréfaction avancée. Ce 27 novembre c’est Benjamin Griveaux qui ajoute sa pierre au bêtisier gouvernemental en déclarant sur France-info : « Quand des gens défilent sur les Champs en disant on est chez nous, ceux-là font partie de l’ultradroite ». On pourrait  répliquer à cet « any where » que quand un Français dit qu’il est chez lui à Paris il n’a pas tort. Et si ce n’est pas « chez lui », c’est chez qui ?  :
 
 
Gilets jaunes. Selon Jacques Sapir « nous sommes peut-être à la veille de quelque chose de bien plus important qu’une simple protestation contre les taxes ».
 
 
Par Michel Onfray, « Le message clair des gilets jaunes à BHL ». Dans le style limpide qui est sa marque de fabrique, le philosophe pamphlétaire cloue au pilori de ses contradictions successives l’intellectuel de plateau télévisé et affirme son soutien aux gilets jaunes (première occurence) et il parfait son analyse dans une deuxième occurence, vidéo celle là, où il montre que les médias, afin de discréditer les gilets jaunes, reprennent les éléments de langage complaisamment soufflés par le pouvoir pour énoncer de simples fariboles. Démonstration mordante :
 
 
 
CHhar.jpgEntretien d’Édouard Chanot avec Christian Harbulot, directeur de l’École de Guerre Économique  sur le pillage technologique de la France par les États Unis. Est mise en cause l’absence d’anticipation stratégique du coté français. 
Selon lui une politique d’indépendance et de puissance passe par une véritable rupture stratégique pour se ré-approprier notre destinée :
 
 
Dans le cadre de son émission Passé-Présent (sur Tv-Libertés) Philippe Conrad interroge Jean-Yves Le Gallou sur son livre manifeste Européen d’abord : Essai sur la préférence de civilisation (à partir de la trentième minute) :
 
 
Camille Galic tresse des lauriers au livre de Jean-Yves Le Gallou Européen d’abord (édition Via Romana) et ils sont largement mérités. Ouvrage vivifiant et mobilisateur, il se présente comme un manuel pour Européen désireux de survivre à la débâcle présente, un vade mecum pour se conduire en temps de détresse. D’ailleurs le livre ne se termine-t-il pas par une apostrophe pleine de la conviction qui anime son auteur : « le soleil reviendra »  : 
 
 
Nonobstant la cuistrerie dont font preuve certaines phrases de l’auteur (par exemple : « …venant fouetter la lourde atmosphère encharognée du cloaque putride de l’hygiénisme néopuritain qui nous sert… » qui gagnerait à plus de légèreté), le texte d’Aristide Leucate constitue une bonne synthèse de la pensée de Pier Paolo Pasolini concernant l’antifascisme de son époque et de toujours :
 
 
Dans le cadre de Géopragma, pôle français de géopolitique réaliste, Caroline Galactéros livre nombre d’éléments sur le dépeçage du journaliste saoudien Jamal Khasshoggi, un informateur de haut rang mêlé à de nombreuses affaires proche-orientales dans lesquelles trempent nombre de « services ». Nous sommes bien loin des afféteries pleurnichardes des médias français :
 
 
Conférence donnée par Wiktor Stoczkowski de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHSSS) sur le thème « L’antiracisme doit-il craindre la notion de race ? » Selon lui l’antiracisme construit depuis la seconde guerre mondiale sur un rejet « scientifique » de la diversité humaine est invalidé depuis une vingtaine d’années par les découvertes de la génomique qui réhabilitent le pluralisme racial de l’humanité. En bref, il n’est plus possible de superposer l’ordre des valeurs et l’ordre des faits et de faire cautionner un antiracisme non ratifié par la réalité par les sciences biologiques. Excellente analyse :
 
 
« Le monde d’en haut prétendument ouvert n’a jamais été plus refermé sur lui-même qu’aujourd’hui… Il est devenu prétentieux et arrogant ». Ainsi s’exprime Emmanuel Todd dans un entretien avec Thikerview. Pour lui si les élites pourrissent sur place, le petit peuple ne vaut guère mieux. Il s’inscrit ainsi en réalité contre une des thèses de Jean-Claude Michéa. Il exprime également sa conviction qu’avec Macron, la société va encaisser une baisse massive de son niveau de vie. Il critique également les médias tous alignés sur la représentation complètement faussée des élites. Pour lui ils sont les principaux producteurs de fake news.Todd rend compte aussi de sa russophilie et en explique la teneur par le niveau très supérieur des élites russes animées par une conscience historique qui fait défaut à l’oligarchie occidentale  : 
 
https://www.youtube.com/watch?time_continue=3172&v=6a...
 
Lecture de Rise and kill first de Ronen Bergman. Vidéo de 2h22 sur une histoire très informée du renseignement israélien par un journaliste éminent, lui-même israélien.
Michel Drac en tire de nombreuses leçons sur la mentalité juive et sur la force de son identité, fondatrice de l’efficacité de ses « services ». Remarquable synthèse :
 
 
Michel Pastoureau dans l’émission de Rt France de Frédéric Taddeï pour la sortie de son ouvrage Le loup : une histoire culturelle qui examine la représentation du loup dans l’imaginaire européen. Il revient incidemment sur les trois couleur de la symbolique indo-européenne : le noir, le rouge et le blanc :
 
 

dimanche, 02 décembre 2018

Nous sommes en pleine régression intellectuelle

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Nous sommes en pleine régression intellectuelle

Cet article apporte des hypothèses intéressantes à la réflexion sur la baisse de QI en Occident, mais même si la lecture sur écran s’avère inférieure sur les plans de la concentration, de la mémorisation et de la compréhension à sa contrepartie sur papier et que clairement, Internet peut surinformer, nous pensons que le relativisme culturel évoqué par Dimitri Casali est davantage en cause que la révolution numérique en elle-même, malgré tous les bémols qui peuvent en nuancer le bilan.

Parce que, si l’on se penche par exemple sur la Chine, une nation aujourd’hui aussi connectée (ordinateurs, tablettes, smartphones) que la France en 2007, elle affiche au contraire une hausse générale du QI de sa population, même dans la région autonome de Hong Kong, qui s’est massivement connectée à Internet au même moment que l’Occident. Si cette tendance chinoise se maintient, il faudra bien se résigner à envisager prioritairement des facteurs comme l’encouragement au nivellement par le bas de la culture en Occident pour comprendre notre tendance à la baisse. A suivre, donc.


Par Charles Sannat
Paru sur Insolentiae.fr


L‘historien Dimitri Casali prône la transmission des connaissances dans cet article du Midi Libre.

Selon Dimitri Casali, “la société bascule dans l’ignorance. Chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Mais d’après l’historien, jamais l’ignorance n’a gagné autant de terrain”.

Il en veut pour preuve les 3 millions de personnes illettrées dans notre pays qui ne savent ni lire ni écrire. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population et 6,5 millions de personnes !

Pour faire rentrer la France dans le siècle de la connaissance, c’est plutôt mal parti ! Il évoque aussi les enquêtes PISA, la baisse généralisée de QI.

C’est la fin de l’article qui est le plus intéressant.

À partir de quand peut-on dater, selon vous, cette montée de l’ignorance ?

“Je vois un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000 où on a assisté à une surinformation qui a conduit à l’ignorance. Les 15-29 ans ne lisent plus de livres. En revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs… D’après une étude de l’Université de Yale, la lecture sur Internet n’est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d’un livre permet de pénétrer les pensées de l’auteur et de structurer les informations.

Cela organise le cerveau. D’autres études sont à rapprocher de cela : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia est le plus bel exemple des effets pervers d’Internet. On a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c’est un agrégat d’informations nivelées par le plus grand nombre. Il n’y a plus de hiérarchisation du savoir. On est à l’époque du relativisme culturel. Tout se vaut. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d’articles que Homer Simpson.

Y a-t-il un moyen d’éradiquer la montée du phénomène ?

Bien sûr, il faut replacer la culture générale et l’histoire au centre de nos préoccupations. Et d’abord à l’école. Or, depuis une trentaine d’années, la culture générale a été abandonnée. Les fameux pédagogistes de la rue de Grenelle ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques. L’idée est de faire un homme nouveau, sans racines ni héritages, un bon consommateur. Rappelez-vous que Philippe Mérieu et Bourdieu préconisaient quand même d’apprendre à lire dans les notices d’appareils électroménagers et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière… Il faut sortir de ce rejet de la culture classique française qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire que nous devons tous être égaux dans la médiocrité.”

Charles Sannat
Photo Pixabay

Source Midi Libre

samedi, 01 décembre 2018

Le communautarisme fait perdre son identité collective à la gauche

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Le communautarisme fait perdre son identité collective à la gauche

Ex: http://entelekheia.fr

L’une des plaies de la société occidentale moderne est le vague des définitions, l’aspect d’auberge espagnole des concepts politiques, qui brouille tellement le débat public que parfois, il est impossible de savoir de quoi on parle au juste. On peut prendre comme exemples des mots comme « valeurs », « démocratie », « république » dont aujourd’hui, nous serions bien en peine de dégager une définition commune. Mais l’une des principales victimes de ce flou est le concept de « gauche ». D’où la reprise de cet article, dont l’auteur s’est attelé à l’œuvre salutaire d’en délimiter les différentes tendances et conflits internes.

Une nécessité pour enfin savoir de quoi on parle… et si quelqu’un parmi vous a une définition aussi claire de la droite, envoyez-la parce que, pour le moment, elle est tout aussi confuse.


Par Tomasz Pierscionek
Paru sur RT sous le titre How identity politics makes the Left lose its collective identity 


Le phénomène des communautarismes qui envahit le monde occidental est une stratégie de division et de conquête qui entrave l’émergence d’une véritable résistance aux élites.

L’un des principes fondamentaux du socialisme est l’idée d’une solidarité supranationale qui unit la classe ouvrière internationale et l’emporte sur tout facteur qui pourrait la diviser, comme la nation, la race ou le sexe. Les travailleurs de toutes les nations sont des partenaires, avec la même valeur et la même responsabilité dans la lutte contre les exploiteurs de leur cerveau et de leurs muscles.

Le capitalisme, surtout dans sa forme la plus aboutie, exploiteuse et dénuée d’états d’âme — l’impérialisme — a fait plus de tort à certains groupes de personnes qu’à d’autres. Les empires coloniaux réservaient leur pires brutalités aux peuples subjugués, alors que pour sa part, la classe ouvrière de ces nations impérialistes s’en sortait mieux, parce qu’elle se tenait plus près des miettes qui tombaient de la table de l’empire. La lutte internationale des classes vise à libérer tous les peuples du joug capitaliste, quel que soit leur degré d’oppression passé ou présent. L’expression an injury to one is an injury to all’ [‘Une attaque contre un est une attaque contre tous’, slogan du syndicat américain fondé en 1905 Industrial Workers of the World, Travailleurs industriels du monde, NdT] résume cet état d’esprit et exclut de donner la priorité aux intérêts d’une faction de la classe ouvrière sur la collectivité.

Depuis la fin du XXe siècle, une tendance d’inspiration libérale infiltrée dans la gauche (du moins en Occident) encourage l’abandon d’une identité collectivité unique fondée sur la classe sociale en faveur de communautés multiples fondées sur le genre, la sexualité, la race ou tout autre vecteur de divisions. Chaque sous-groupe, de plus en plus distant de tous les autres, se concentre sur une identité partagée et les seules expériences de ses membres, et donne la priorité à sa propre émancipation. Toute personne extérieure à ce sous-groupe est admise, au mieux, au rang d’allié.

Au moment où j’écris ceci, il existe apparemment plus de 70 genres différents en Occident, sans parler des nombreuses orientations sexuelles — l’acronyme LGBT s’est à présent démultiplié en LGBTQIP2SAA. En y ajoutant les races et ethnies, on obtient un nombre encore plus grand de permutations ou d’identités possibles. Chaque sous-groupe a sa propre idéologie. Certains de ces groupes gaspillent un temps fou à se battre contre ceux qu’ils jugent moins opprimés et à les sommer d’admettre leur statut de « privilégiés » à mesure des changements dans la hiérarchie de la victimisation de ces « Olympiades de l’oppression » – car les règles de ce sport sont aussi fluides que les identités de ses participants. Par exemple, l’un des derniers dilemmes du communautarisme LGBT est la question de savoir si les transgenres masculin → féminin méritent d’être reconnus et acceptés en tant que femmes ou s’ils ne ‘sont pas des femmes et s’avéreraient en réalité des hommes « violeurs » de lesbiennes’.

L’idéologie communautariste affirme que l’homme blanc hétérosexuel est au sommet de la pyramide des privilèges, et responsable de l’oppression de tous les autres groupes. Son péché originel le condamne à l’opprobre éternelle. S’il est vrai que les hommes blancs hétéros (en tant que groupe) ont rencontré moins d’obstacles que les femmes, les hommes non hétéros ou les minorités ethniques, la majorité des hommes blancs hétéros, passés et présents, tirent aussi le diable par la queue et ne sont pas personnellement impliqués dans l’oppression d’autres groupes. Bien que la plupart des individus les plus riches du monde soient des hommes de race blanche, il existe des millions d’hommes blancs pauvres et dénués de tout pouvoir. L’idée de « race blanche » est en soi un concept ambigu qui implique un profilage racial. Par exemple, les Irlandais, les Slaves et les Juifs ashkénazes peuvent bien être blancs, mais ils ont enduré plus que leur part de famines, d’occupations et de génocides au cours des siècles. Établir un lien entre le privilège d’un individu et son apparence est en soi une forme de racisme imaginée par des « intellectuels » libéraux fumeux (certains pourraient dire des privilégiés) qui seraient superflus dans toute société socialiste.

Les lesbiennes issues de groupe ethniques minoritaires de la classe moyenne d’Europe occidentale sont-elles plus opprimées que les Syriennes blanches qui tentent de survivre à l’occupation de l’Etat islamique ? Un ouvrier blanc britannique jouit-il vraiment de plus de privilèges qu’une femme de la classe moyenne de la même société ? Les stéréotypes fondés sur la race, le sexe ou tout autre facteur ne conduisent qu’à diviser et aliéner. Comment pourrait-il y avoir une unité de la gauche tant nous ne sommes loyaux qu’à nous-mêmes et à ceux qui nous ressemblent le plus ? Certains hommes ‘blancs’ pour qui la gauche n’a plus rien à offrir ont décidé de jouer le jeu du communautarisme dans leur quête d’une planche de salut, et ont dérivé vers Trump (un milliardaire avec qui ils n’ont rien de commun) ou l’extrême droite, ce qui a débouché sur une aliénation, des animosités et un sentiment d’impuissance supplémentaires qui renforcent les 1% de l’élite économique. Or, les gens du monde entier sont plus divisés en classes sociales qu’en tout autre critère.

Mais il est beaucoup plus facile de « lutter » contre un groupe aussi opprimé, ou légèrement moins opprimé que le vôtre que de s’unir et de s’organiser contre l’ennemi commun – le capitalisme. La lutte contre l’oppression par le biais du communautarisme est au mieux une forme paresseuse, perverse et fétichiste de la lutte des classes. Elle est pilotée par des militants issus de la classe moyenne et de l’enseignement supérieur pour la plupart libéraux, et qui ne comprennent pas grand-chose à la théorie politique de gauche. Au pire, il s’agit d’un autre outil utilisé par les 1 % de l’élite économique pour diviser les 99 % restants en 99, ou en 999 groupes concurrents trop occupés à se battre entre eux pour remettre en question le statu quo. Sans surprise, l’un des principaux donateurs de cette fausse gauche communautariste est le milliardaire cisgenre blanc George Soros, dont les ONG ont aidé à orchestrer les manifestations de l’Euromaïdan en Ukraine, avec leur émergence de mouvements d’extrême droite et néo-nazis : le genre d’individus qui croient dur comme fer à une supériorité raciale et ne voient pas la diversité d’un bon œil.

Il existe une fausse idée largement diffusée, selon laquelle le communautarisme dériverait de la pensée marxiste. L’expression sans signification « marxisme culturel », qui a plus de rapport avec la culture libérale qu’avec le marxisme, est utilisée pour vendre cette ligne de pensée. [Aux USA, le « marxisme culturel » est une idéologie très à la mode émanée de l’École de Francfort, dont les travaux démarrés en 1923 avaient fini par déboucher sur une fusion entre le marxisme et l’idéologie bourgeoise. En France, nous en avons eu l’équivalent (sans l’étiquette marxiste) avec des intellectuels comme Derrida, Foucault, Deleuze, Guattari, etc. On notera que par exemple, le Français Raymond Aron faisait à la fois partie de l’École de Francfort et du Congress for Cultural Freedom, une officine implantée par la CIA en France (lien en français) dans les années 50, expressément pour faire la promotion d’une gauche anticommuniste, libérale-libertaire, capable d’éliminer l’influence du Parti communiste en Europe. Mission accomplie, NdT].

Non seulement le communautarisme n’a rien de commun avec le marxisme, le socialisme ou tout autre courant de pensée traditionnelle de gauche, mais il en représente l’antithèse exacte.

Une attaque contre un est une attaque contre tous’ a été remplacé par quelque chose comme ‘Une attaque contre moi est tout ce qui m’importe’. Aucun pays socialiste n’a jamais fait la promotion du communautarisme. Ni les nations africaines et asiatiques qui se sont libérées de l’oppression colonialiste, ni les États de l’URSS et du bloc de l’Est, ni les mouvements de gauche qui ont vu le jour en Amérique latine au début du XXIe siècle n’ont eu le temps de faire joujou avec des politiques communautaristes.

L’idée selon laquelle le communautarisme fait partie de la pensée traditionnelle de gauche est diffusée par la droite, qui cherche à discréditer les mouvements de gauche, par les libéraux qui cherchent à les infiltrer, à les poignarder dans le dos et à les détruire, et par des jeunes radicaux malavisés qui ne connaissent rien à la théorie politique, et qui n’ont ni la patience ni la discipline nécessaires pour l’apprendre. Ces derniers cherchent à se donner à bon compte l’illusion d’ébranler les fondements du capitalisme alors qu’en réalité, ils les renforcent.

Le communautarisme est typiquement un phénomène moderne piloté par la classe moyenne [à la remorque des médias grand public, NdT] pour aider les dirigeants libéraux à diviser et distraire les masses. En Occident, vous êtes libre de choisir votre sexe ou votre sexualité, d’en changer à votre guise ou même de créer les vôtres, mais vous n’avez pas le droit de remettre en question les fondements du capitalisme ou du libéralisme. Le communautarisme est le nouvel opium du peuple et handicape sérieusement toute résistance organisée contre le système. Certains segments de la gauche occidentale pensent même que ces « libertés » susmentionnées sont un indicateur de progrès et de supériorité culturelle qui justifie leur exportation à l’étranger, que ce soit en douceur par l’intermédiaire d’ONG ou plus brutalement, par des révolutions de couleur et des changements de régime.

Tomasz Pierscionek est médecin spécialisé en psychiatrie. Il était auparavant membre du conseil d’administration de l’association caritative Medact, est rédacteur en chef du London Progressive Journal et a été l’invité de Sputnik, de RT et de l’émission Kalima Horra (présentée par George Galloway) sur la chaine de télévision pan-arabe Al-Mayadeen.

Traduction Entelekheia
Photo Pixabay

vendredi, 30 novembre 2018

Le sociétalisme est-il le poison électoral de la gauche ?

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Le sociétalisme est-il le poison électoral de la gauche ?

Ex: http://entelekheia.fr 

Après l’article de la semaine dernière sur le communautarisme dans la gauche occidentale actuelle, une autre analyse du même phénomène, cette fois non plus relative à la structure elle-même de la gauche libérale-libertaire/sociétale, mais à ses chances de victoires électorales. Écrit par un homme de droite républicaine américaine, cet article décrypte ce qui pourrait bien constituer l’un des principaux rouages de la « machine à perdre » de la gauche libérale à travers une courte, mais édifiante leçon d’histoire récente des USA.


Par James P. Pinkerton
Paru sur The American Conservative sous le titre Social Justice Warriors Are the Democrats’ Electoral Poison


Une jeune femme bien connue de la classe des bavards de New York s’est finalement lâchée sur ce qu’elle pense vraiment. « La race blanche est le cancer de l’histoire de l’humanité », dit-elle, « c’est la race blanche et elle seule — ses idéologies et ses inventions — qui éradique des civilisations partout où elle se répand, ce qui a bouleversé l’équilibre écologique de la planète, ce qui menace aujourd’hui la vie même. »

Votre serviteur vient-il de citer le tweet d’un de nos nouveaux justiciers anti-blancs ? Non. La citation ci-dessus remonte à 1967. Elle est de Susan Sontag, une critique littéraire sur papier glacé. Ses paroles étaient d’abord écrites en réaction à la guerre du Vietnam, mais comme nous pouvons le voir, sa critique s’est étendue bien au delà de la seule guerre. Nous pourrions également ajouter que Sontag a dit plus tard qu’elle regrettait ses mots — parce qu’ils manquaient de considération pour les victimes de cancer.

En d’autres termes, rien de nouveau sous le soleil. Les blancs sont mauvais, la culture occidentale est mauvaise, l’Amérique est mauvaise, etc. Récemment, la journaliste Sarah Jeong a publié une tribune sur le Washington Post, en date du 8 juin, intitulée « Pourquoi ne devrions-nous pas haïr les hommes ? » Et le 19 juin, The Root – une publication fondée par le propriétaire du Washington Post aujourd’hui propriété d’Univision — a mis à la Une un article intitulé « Les blancs sont des couards ». Et le 23 juillet dernier, le New Yorker a offert ceci : « Un sociologue analyse la ‘fragilité psychologique des blancs’ qui empêche les Américains blancs de se confronter au racisme. »

Comme nous pouvons le voir quotidiennement, beaucoup de journalistes et auteurs tentent aujourd’hui d’être de nouvelles Susan Sontag.

Le problème : le succès médiatique n’est pas la même chose que le succès politique. C’est-à-dire que ce qui est aimé de la classe bavarde n’est souvent, disons, pas aimé des électeurs.

Pour illustrer ce point, revenons à l’époque de Sontag, à la fin des années 1960. En 1968, l’année suivant sa déclaration sur le « cancer », les Démocrates, après deux mandats à la Maison Blanche [de 1961 à 1969 avec Kennedy et Johnson, NdT], ont perdu contre Richard Nixon. La fin des années 60 avait apporté un net changement à l’esprit du temps. Oui, la révolution culturelle s’était épanouie dans certaines universités et autres domaines de l’élite, mais en majorité, le pays s’était déporté vers la droite.

Par exemple, l’une des chansons les plus célèbres de 1968 était « Revolution » des Beatles, dont les parolesétaient, en fait, nettement contre-révolutionnaires. Et l’un des plus gros tubes de 1969, « Okie From Muskogee »de Merle Haggard, était carrément réactionnaire.

Certes, la gauche était encore très forte. Le 15 novembre 1969, une manifestation contre la guerre du Vietnam à Washington, D.C., avait attiré 500 000 personnes. Et en parlant de protestations, quoique d’un type particulier, en 1969 et 1970, il y avait eu 370 attentats à la bombe dans la seule ville de New York. Au cours des deux années suivantes, au moins 2 500 bombes avaient explosé dans le pays, y compris au Capitole.

Parallèlement, Hollywood était passé en mode turbo avec des paraboles anti-guerre du Vietnam comme M*A*S*HCatch 22 et Little Big Man. Sur la défensive face à la pop culture, les Républicains soulignaient qu’ils avaient hérité de la guerre du Vietnam des Démocrates, mais à l’époque, la gauche de l’Amérique avait déjà pris des dimensions sontagiennes. Par exemple, un film de 1970, Joe, sur un père ouvrier réactionnaire — Susan Sarandon à ses débuts y figurait — le dépeignait comme haineux au point de tuer.

Pourtant, comme toujours, la politique électorale, par opposition aux postures culturelles, se préoccupait de chiffres — qui avait la majorité ? Et c’est là que les gauchistes avaient un problème : ils avaient du venin à revendre, mais pas assez d’électeurs.

Les élections de mi-mandat de 1970 avaient été portées par des questions sociétales, notamment diffusées par la Nouvelle Gauche contre ce que Nixon avait surnommé la « majorité silencieuse », les partisans de la « loi et l’ordre ». Pendant ce temps, les critiques se déchaînaient, traitant Nixon de presque tous les noms, y compris « fasciste » et « nazi ».

Pourtant, les observateurs ont été surpris lorsque Nixon a choisi de riposter. En mai 1970, le 37e président a tourné en dérision les radicaux des campus en les qualifiant de « minables, vous savez, ceux qui font sauter les campus ». Selon les normes d’aujourd’hui, ce type de rhétorique peut sembler anodine, mais à l’époque, elle avait fait sensation.

Parallèlement, le vice-président de Nixon, Spiro Agnew, était allé plus loin en dénigrant les opposants, en particulier dans les médias, en les traitant de « snobs décadents » et « nababs de la négativité ».

Peut-être en conséquence, les résultats des élections de mi-mandat de 1970 avaient offert un succès mitigé au duo Nixon-Agnew : les Républicains avaient remporté deux sièges de plus au Sénat. Oui, ils avaient aussi perdu une douzaine de sièges à la Chambre et un certain nombre de gouvernorats, mais cette mauvaise nouvelle avait été quelque peu adoucie par la réélection confortable d’une étoile montante en Californie, Ronald Reagan. [Ajoutons qu’à cette époque, la popularité de Nixon était sévèrement écornée par son soutien à la Guerre du Vietnam, à l’encontre d’une opinion publique de plus en plus hostile à ladite guerre – qu’il avait d’ailleurs promis d’arrêter pendant sa campagne électorale de 1968 pour ensuite se dédire. La défaite calamiteuse de McGovern en 1972, soit deux ans plus tard, alors que McGovern avait déclaré vouloir mettre une fin immédiate à cette guerre des plus impopulaires, n’en est qu’encore plus surprenante, NdT].

Puisque la gauche n’avait pas pu vaincre Nixon par les urnes, elle a cherché à le battre à la télévision. En 1971, CBS a créé All in the Family, une sitcom qui mettait en vedette Archie Bunker, un homme réactionnaire de Queens, à New York. Le programme suivait la même ligne directrice que le film Joe, même si l’acteur Carroll O’Connor jouait Archie avec plus de clins d’yeux humoristiques (et depuis, de nombreux observateurs — y compris Rob Reiner, un membre du casting de l’émission — ont comparé Archie Bunker à un autre fils de Queens, Donald Trump.

Mais contrairement aux prévisions, Archie est devenu un héros. Les téléspectateurs de l’Amérique profonde avaient sûrement compris que censément, c’était un beauf, mais les gens de Muskogee et de Peoria avaient décidé de bien l’aimer quand même. Pour utiliser le langage d’aujourd’hui, les Américains de base avaient choisi de « s’approprier » Archie, avec tous ses défauts. L’émission a fait des records d’audience pendant cinq saisons, à une époque où, nous pouvons le noter, cela signifiait qu’un tiers de toutes les télévisions en Amérique étaient allumées sur cette chaîne (en revanche, aujourd’hui, une émission peut prendre la tête des audiences avec seulement un cinquième des téléspectateurs de All in the Family).

Donc, comme on peut le constater, la stratégie de la gauche contre la droite avait ses faiblesses, et même ses retours de boomerang. Mais, bien sûr, même avant l’arrivée de Fox News [la principale chaîne de télévision conservatrice des USA, NdT], il y avait au moins une certaine opposition à la contre-culture. Le début des années 70 avaient notamment vu la défense vigoureuse du pays, de ses institutions et de son peuple d’Arnold Beichman, Nine Lies About America (Neuf mensonges sur l’Amérique), et l’attaque cinglante d’Edith Efron contre les médias, The News Twisters (Les tordeurs d’informations). Mais surtout, les gens ordinaires, parfois peu éduqués, avaient écouté leurs tripes : si les élites culturelles impopulaires résidentes des deux côtes détestaient tant Nixon, alors il devait être dans le vrai. [Aux USA, les classes aisées, qui sont majoritairement de gauche libérale, se concentrent sur les deux côtes atlantique et pacifique. Le reste, l’Amérique profonde beaucoup plus conservatrice, est souvent dédaigneusement nommée « Flyover America », « l’Amérique qu’on survole en avion » pour se rendre d’une côte à l’autre, NdT].

Venons-en à l’élection présidentielle de 1972. Nixon n’était pas particulièrement populaire, mais il avait eu de la chance : les démocrates, enivrés par leur propre culture — et peut-être diverses substances – avaient choisi, à la place de leurs candidats modérés, un gauchiste libéral-libertaire, George McGovern. Et McGovern portait un handicap supplémentaire, à savoir ceux qui, dans ses rangs, donnaient dans un sociétalisme extrémiste, notamment ceux qui se glorifiaient d’une approche à la Sontag.

George McGovern a été battu avec pertes et fracas. La débâcle électorale l’a vu perdre dans 49 États.

Arrêtons ce petit tour historique ici. Qu’il suffise de dire que jamais depuis ce jour, les Démocrates n’ont plus présenté de candidat aussi gauchiste que McGovern. [Ce qui veut dire qu’ils se sont trompés sur les raisons de sa défaite et que, dans les discours et les programmes de leurs candidats, ils ont supprimé le volet social de la gauche pour n’en garder que l’aspect sociétal/communautariste. Autrement dit, la sociétaliste Hillary Clinton oui, le populiste Bernie Sanders non. Et ils l’ont payé par une défaite, comme du temps de McGovern. Et Barack Obama, direz-vous ? Obama était une exception – charismatique, jouant volontiers sur la fibre exceptionnaliste et nationaliste des Américains, il avait su séduire à droite comme à gauche, NdT].

En fait, on devrait peut-être dire qu’ils ne l’ont pas encore fait. Comme nous l’avons vu, la gauche libérale américaine a dérivé encore plus vers le sociétalisme et le communautarisme – au point d’un antagonisme pur et simple envers l’Amérique – ce qui est susceptible de décourager de nombreux électeurs, même ceux qui ne sont peut-être pas des fans de Trump. En d’autres termes, les justiciers du politiquement correct peuvent dominer sur le campus de Berkeley ou à Burlington, sur la côte Est, mais ils ne passent pas dans les villes de Pontiac, dans le Michigan, ou Provo dans l’Utah.

Qu’adviendra-t-il des démocrates en 2020 ? Vont-ils succomber, une fois de plus, au chant des sirènes du macgovernisme, avec ses notes d’extrémisme à la Sontag ?

Aucun candidat démocrate plausible n’est ouvertement hostile à la majorité de la population du pays. Pourtant, il reste à voir si l’un ou l’autre des candidats dénoncera activement les paroles des jusqu’au-boutistes sociétaux, et se vaccinera ainsi contre le poison électoral du politiquement correct.

On se souviendra que ce type de dénonciation avait été la stratégie gagnante du Démocrate Bill Clinton en 1992. En mai de la même année, Clinton avait condamné les propos incendiaires d’une rappeuse, Sister Souljah, qui avait dit : « Pourquoi ne pas prendre une semaine pour tuer des blancs ? », ce qui était exactement ce que les Américains attendaient de sa part. Bien sûr, Clinton l’a très intelligemment attaquée : il l’a comparée à David Duke, le chef du Ku Klux Klan, se mettant ainsi à égale distance de ces deux figures toxiques opposées.

Malgré l’évident calcul de sa démarche, Clinton a manifestement fait ce qu’il fallait. A ce moment-là — dont on se souvient comme de son moment Sister Souljah — il s’est posé en centriste courageux, sans peur de s’attaquer à l’extrémisme de droite comme de gauche. La gauche libérale de l’époque l’avait violemment critiqué, mais les électeurs l’ont récompensé en le portant à la Maison Blanche dans une victoire éclatante.

Les démocrates peuvent-ils reproduire l’exploit de Clinton aujourd’hui ? Peuvent-ils se dégager des éléments les plus politiquement handicapants de leur coalition ?

Il est tout à fait possible que l’élection présidentielle de 2020 dépende de la réponse à ces questions.

James P. Pinkerton écrit pour TAC, dont il est également rédacteur en chef adjoint. Il a travaillé au bureau du Haut conseiller à la Maison-Blanche pour les présidents Ronald Reagan and George H.W. Bush (Bush père).

 

Traduction et notes Corinne Autey-Roussel pour Entelekheia

jeudi, 29 novembre 2018

Que promet au monde le démembrement de la Russie ?

 

Le projet d'une véritable autonomie européenne et d'une renaissance de sa Puissance, qui est le projet d'un Imperium européen, se doit d'inclure une coopération approfondie avec l'Imperium eurasien centré sur la Russie (afin de tendre peut-être par la suite vers une fusion telle que l'aurait voulu Jean Thiriart ou Jordis von Lohaussen). Cette coopération devra se faire dans le cadre de protocoles partagés régissant des relations bilatérales saines et respectueuses entre les pôles spirituels et politiques que seront ces Imperium du Grand Continent Eurasien. Ces protocoles, dont il sera nécessaire de déterminer les prémisses en amont d'une véritable révolution conservatrice, chassant de nos terres l'occidentalisme dégénéré et intéressant donc nos deux civilisations régénérées, devront par conséquent résulter de nos réflexions et de nos expériences relationnelles et historiques. Ils devront surtout correspondre à de nouvelles théories en phase avec l'accélération historique du paradigme de la polycentricité (multipolarité) mais réorientée de façon à être en opposition frontale avec le globalisme. Ces protocoles devront également être en phase avec les préceptes de la Quatrième Théorie Politique initiée par Alexandre Douguine et précisée, adaptée et prolongée à leurs façons par certains autres en Europe, dont nous-mêmes. Une coopération avec l'Imperium eurasien sera, en outre, d'une nécessité vitale pour notre Imperium européen car elle nous permettra de nous ouvrir aux Grands espaces eurasiatiques qui représentent incontestablement pour nous une véritable ouverture sur un vaste monde qui nous est lié aussi bien économiquement qu'énergétiquement mais aussi historiquement, ethniquement, comme spirituellement. Une ouverture, une voie directe et sûre vers les espaces perses, indiens et extrême-orientaux, jusque l'Empire japonais, pourra, et devra même, nous apporter comme autant d'opportunités de pouvoir développer une Puissance qui aujourd'hui nous manque cruellement, ce qui nous empêche de développer notre autonomie (vis-à-vis d'un pseudo-empire comme celui des États-Unis) susceptible de nous faire rejouer un rôle important dans le Monde. Nous devrons par conséquent faire sauter le verrou psychologique, amplifié à dessein par les forces occidentalo-sionistes, que constitue la russophobie des pays de l'Europe de l'Est (et résoudre le problème ukrainien en faveur du peuple ukrainien et de sa diversité historique et ethnique – une coopération sincère et égale entre les deux Imperiums devrait grandement faciliter les choses en faisant de l'Ukraine une nation autonome à la croisée de ces deux entités impériales, mais surtout à l'intersection intéressée de leur échanges et de leurs intérêts stratégiques. La Moldavie pourra aussi jouer un tel rôle). L'Eurasie devra devenir pour nous autres européens dé-occidentalisés un espace immense où l'on pourra de nouveau se ressourcer au Graal de nos origines et de nos conquêtes antérieures.

Ivan Iline, considérant le contexte historique dans lequel il s'exprimait, peut, à notre sens, vivifier par ses écrits ces réflexions futuristes – et en même temps actuelles – et permettre à ce qu'elles puissent franchir le rubicon de l'actualité imposé par l'agenda occidental de façon à pouvoir se projeter vers un devenir enthousiasmant pour nos deux civilisations.

3143518962_1_2_QlT5nhtD.jpgNous voudrions seulement préciser une chose en ce qui concerne le centralisme revendiqué de cet auteur russe : si, pour notre part, nous nous faisons le défenseur d'un certain fédéralisme, nous nous devons néanmoins d'ajouter que celui-ci ne pourrait être, selon nous, désaccouplé d'une vision centraliste du pouvoir suprême par le fait de la considération spirituelle et traditionnelle qui motive et soutient celle-ci. L'indépendance ne saurait qu'être illusoire au regard de la dynamique de l'autonomie régionale et nationale (tout comme civilisationnelle) et, dans les faits, elle n'est qu'un voile destiné à camoufler une influence néfaste (réelle celle-là et destructrice de la diversité culturelle) sur la culture des peuples et sur leur singularité (l'américanisation sous-jacente au soutien déclaré à la « réappropriation » par les peuples minoritaires de leur culture et de leurs « droits », par exemple). Le centralisme est une nécessité au regard d'une dynamique culturelle qui n'est telle que parce qu'elle peut trouver à s'élever par rapport à un lieux spirituel et politique central, et ultime du point de vue de l'affirmation de sa propre singularité. Il ne peut y avoir de véritable progrès humain sans qu'il ne soit donné à un peuple, comme à une personne, la possibilité perpétuelle de pouvoir s'élever et s'affirmer par rapport aux Autres en regard d'un Ordre qui en donne la réelle possibilité sans encourir le chaos et, au final, l'extinction. La croissance d'une culture comme d'une personnalité est autant à considérer d'un point de vue horizontal que d'un point de vue vertical. Or, il n'est qu'une juste hiérarchie pour octroyer le réel pouvoir de s'élever parmi, et non à l'encontre, des Autres.

Yohann Sparfell

QUE PROMET AU MONDE LE DÉMEMBREMENT DE LA RUSSIE ?

Source : https://legrandcontinent.eu/2018/04/12/que-promet-au-mond...

Le GEG Russie est très fier de présenter à ses lecteurs la traduction inédite d’un texte, qui bien que méconnu, reste un fondamental de la pensée politique russe – composition de l’un des penseurs les plus originaux de l’histoire des idées russes, Ivan Iline (1883-1954). Ce texte, intitulé « Que promet au monde le démembrement de la Russie ? » (« Что сулит миру расчленение России ? ») figure, parmi près de 200 articles, dans le recueil « Nos missions » (« Наши задачи », paru à titre posthume à Paris en 1956 et réédité en 1993, non traduit). Iline le rédige en Suisse en 1950, 28 ans après son exil forcé vers l’Europe dans le fameux « bateau des philosophes » qui déporta, sur ordre du Guépéou, la fine fleur de la pensée conservatrice, nationaliste et religieuse russe (qui n’avait pas été exécutée ou emprisonnée), comme Nicolas Berdiaev, Sergueï Boulgakov ou Siméon Frank. Sauvé de l’exécution, il ne reverra jamais son pays, mais put profiter de son exil pour composer une œuvre féconde.

Ivan Iline est un penseur monarchiste et conservateur, farouche opposant à la révolution d’octobre 1917 et idéologue principal de l’Union générale des combattants russes (ROVS), fondée à Paris par le baron Wrangel, un ancien général blanc. Il est aussi un spécialiste de Hegel, auquel il a consacré une thèse intitulée « la philosophie de Hegel, doctrine de la nature concrète de Dieu et de l’homme ». Ses idées mêlent, entre autres, une réfutation de la non-violence tolstoïenne au nom de la guerre contre le mal, et l’apologie d’une “dictature démocratique”, fondée sur “la responsabilité et le service”. Il fut en cela très probablement influencé par Konstantin Leontiev (auteur d’une théorie toute nietzschéenne de la « morale aristocratique »), mais aussi par Vladimir Soloviev.

Tardivement redécouvert en Russie, il rencontre, selon Michel Eltchaninoff, un très vif succès au sein de l’administration poutinienne, dont il serait l’un des principaux idéologues. C’est le réalisateur Nikita Mikhalkov, un proche du pouvoir, qui aurait selon toute vraisemblance introduit ce penseur au Président russe. Ce dernier lui prêterait depuis lors un intérêt certain. Le lecteur le constatera lui-même en lisant ce texte : les thèmes ici abordés déteignent sur la rhétorique de Vladimir Poutine. Il pourra aussi bien s’agir de la méfiance « génétique » de l’Occident vis-à-vis de la Russie, de l’hypocrisie de ses valeurs démocratiques, de l’impossible fédéralisation de la Russie, de la fourberie des dirigeants occidentaux, de la violence au nom du bien, du caractère intrinsèquement majestueux de ce pays, et surtout, de cette obsession pour l’unité de la Grande Russie contre les prédations de ses voisins. D’ailleurs, le Président russe ne s’en cache pas : le philosophe est cité dans plusieurs de ses discours.

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Ce texte est très finalement contemporain, pour son virilisme, son antioccidentalisme viscéral, ses accents obsidionaux et son révisionnisme. Il semble, à bien des égards, orienter la politique de Vladimir Poutine. Thèse particulièrement originale à l’ère du « droit à disposer de soi-même » (la Charte des Nations-Unies avait été signée cinq ans auparavant), Iline y dénie par exemple aux « tribus » peuplant la Russie, ainsi qu’aux « petits frères » voisins (ukrainiens, géorgiens ou centrasiatiques) le droit à s’organiser en unités politiques indépendantes. Il ne leur reconnaît en effet aucun génie national, technique, politique ou social, et estime en conséquence qu’ils doivent être incorporés au vaste Empire russe, seul garant de leur conservation. Selon l’auteur, il relèverait de l’intérêt illusoire des occidentaux de « démembrer » la Russie, en incorporant ces « tribus » à leur giron, au nom des principes « dévastateurs » de « démocratie », de « liberté » et de « fédéralisme », transformant ainsi la Russie en de vastes « Balkans », livrée à des guerres incessantes.

Ce texte a pour qualité première sa limpidité. Ce que glissent aujourd’hui les responsables russes derrière le concept flou de « zone d’intérêts privilégiés » ou de « verticale du pouvoir » n’en ressort ainsi qu’avec plus d’éclat. Essentiel à la compréhension des fondements intellectuels de la politique intérieure et étrangère russe, cet article trouve, à l’aune du conflit en Ukraine et de l’hypercentralisation de la Russie, une formidable actualité. Il nous permet aussi, à nous européens, d’inverser notre regard sur notre Grand continent, et finalement, peut-être, de nous saisir de l’un des fragments de l’inconscient collectif de nos voisins russes, ô combien difficiles à comprendre.


Traduit du russe par Nelson Desbenoit, Pierre Bonnet et Théo Lefloch

I

1. Devisant au sujet de la Russie avec un étranger, chaque fidèle patriote russe se doit de lui expliquer que son pays ne correspond pas à une accumulation fortuite de territoires et de peuplades, encore moins à un « mécanisme » de « régions » artificiellement agencées, mais bien à un organisme vivant, historiquement formé et culturellement justifié, ne pouvant faire l’objet d’un démembrement arbitraire. Cet organisme correspond à une unité géographique, dont les différentes parties sont liées par une interdépendance économique ; il constitue une unité spirituelle, linguistique et culturelle, liant historiquement le peuple russe à ses jeunes frères ethniques par une osmose spirituelle ; il forme une unité étatique et stratégique ayant prouvé au monde sa volonté et sa faculté à se défendre ; il incarne enfin l’authentique bastion de la paix universelle et de l’équilibre en Eurasie, et par conséquent de l’ensemble de l’Univers. Son démembrement constituerait une entreprise politique aventureuse, sans précédent historique, et dont l’humanité supporterait durablement les conséquences.

Le démembrement d’un organisme en une multitude de composantes n’a jamais apporté nulle part et n’apportera jamais ni la guérison, ni l’harmonie créative, ni la paix. A contrario, il fut toujours et restera toujours la source d’un douloureux délitement, d’une décomposition progressive, d’un mécontentement, de querelles et d’une contamination généralisée. A notre époque, l’ensemble de l’Univers sera atteint par ce processus. Le territoire russe souffrira d’interminables dissensions et de guerres civiles, dégénérant à l’infini en confrontations à l’échelle mondiale. Cette dégénérescence deviendra absolument irréversible dans la mesure où les puissances du monde entier (européennes comme asiatiques et américaines) placeront leurs richesses, leurs intérêts commerciaux et leurs visées stratégiques au service de l’apparition de nouveaux petits États ; non seulement les voisins impérialistes développeront des rivalités mutuelles, afin d’asseoir leur domination et de s’emparer de « pôles de défense », mais ils s’emploieront également à « annexer » de manière implicite ou explicite ces nouveaux États, instables et vulnérables (l’Allemagne s’étendra vers l’Ukraine et les pays baltes, l’Angleterre s’attaquera au Caucase et à l’Asie centrale, le Japon convoitera les côtes extrême-orientales, etc.). La Russie se transformera en d’immenses « Balkans », source de guerres éternelles, immense terreau de désordres. Elle deviendra un lieu d’errance planétaire, où convergeront les rebuts sociaux et moraux du monde entier (« infiltrés », « occupants », « agitateurs », « espions », spéculateurs révolutionnaires et « missionnaires »). Tous les criminels, intrigants politiques et religieux de l’univers y convergeront en masse. La Russie démembrée deviendra alors l’ulcère incurable de ce monde.

2. Démontrons dès à présent que le démembrement de la Russie, fomenté en secret par les puissants de ce monde, ne possède pas le moindre fondement, ni aucune finalité au plan spirituel ou de la realpolitik, sinon une démagogie révolutionnaire, la crainte absurde d’une Russie unie, et une profonde inimitié vis-à-vis de la monarchie russe et de l’Orthodoxie orientale. Nous savons que les peuples occidentaux ne comprennent ni ne tolèrent la singularité russe. Ils perçoivent l’État russe unifié comme entrave à leur expansion commerciale, linguistique et militaire. Ils s’apprêtent à scier la « branche de bouleau » russe en rameaux, puis à briser ces rameaux séparément pour les brûler dans le brasier déclinant de leur civilisation. Il leur est nécessaire de démembrer la Russie afin de la soumettre au nivellement et à la décomposition occidentaux, la menant ainsi à sa perdition : voici en quoi consiste leur plan haineux et avide de pouvoir.  

3. Les peuples occidentaux se réfèreront vainement aux grands principes de « liberté », de « liberté nationale », à l’exigence d’« autonomie politique »… Pourtant, jamais et nulle part les délimitations tribales des peuples n’ont coïncidé avec celles des Etats. L’Histoire dans sa globalité en a apporté les preuves vivantes et convaincantes. Il a toujours existé des tribus et peuples peu nombreux, inaptes à acquérir leur autonomie politique : retracez l’Histoire millénaire des Arméniens, peuple autonome par son caractère et sa culture, cependant dépourvu d’État ; puis demandez-vous où se trouve l’État indépendant des Flamands (4,2 millions d’entre eux vivant en Belgique, un million en Hollande) ? Pourquoi ne sont pas souverains les Gallois et les Ecossais (comptant pour 600 000 habitants) ? Où se trouve l’État des Croates (correspondant à trois millions de personnes), des Slovènes (incluant 1,26 million d’habitants), des Slovaques (près de 2,4 millions), des Vénètes (65 000 personnes) ? Qu’en est-il des Basques français (170 000 habitants), des Basques espagnols (450 000 personnes), des Tsiganes (moins de cinq millions), des Suisses romanches (45 000 personnes), des Catalans d’Espagne (six millions), des Galiciens (2,2 millions de personnes), des Kurdes (plus de deux millions) et de la multitude d’autres tribus asiatiques, africaines, australiennes et américaines ?

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Ainsi, les « liens tribaux » en Europe comme sur les autres continents ne correspondent nullement aux frontières étatiques. De nombreuses petites ethnies n’ont trouvé leur salut qu’en s’agrégeant à des peuples de plus grande envergure, constitués en Etats et tolérants : accorder l’indépendance à ces petites peuplades reviendrait soit à les faire passer sous la coupe de nouveaux conquérants, portant ainsi un coup fatal à leur vie culturelle propre, soit à les détruire à jamais, ce qui serait spirituellement dévastateur, économiquement coûteux et politiquement absurde. Souvenons-nous de l’Histoire de l’Empire romain – il s’agissait d’une multitude de peuples « intégrés », bénéficiant des droits liés à la citoyenneté romaine, indépendants et protégés des Barbares. Quid encore de l’Empire britannique contemporain ? Et voici précisément en quoi consiste aussi la mission civilisatrice de la Russie unie.

Ni l’Histoire, ni la culture moderne de la légalité ne connaissent cette loi selon laquelle « à chaque peuplade son État ». Il s’agit là d’une doctrine récente, absurde et mortifère, désormais portée au pinacle dans le but unique de démembrer la Russie unie et de briser sa culture spirituelle propre.  

II

4. Que l’on nous ne dise pas, par ailleurs, que les « minorités nationales » de la Russie vivaient sous le joug oppressif d’une majorité russe et de son souverain. C’est une fabulation idiote et fallacieuse. La Russie impériale n’a jamais dénationalisé ses petits peuples, comme l’ont fait, par exemple, les Allemands en Europe occidentale.

Donnez-vous la peine de jeter un coup d’œil à une carte historique de l’Europe à l’époque de Charlemagne et des premiers carolingiens (768-843). Vous y verrez que, presque du Danemark même, le long et au-delà de l’Elbe (du slave « Laba »), à travers Erfurt, jusqu’à Ratisbonne et sur le Danube étaient installées de nombreux peuples slaves : Abodrites, Loutitches, Linones, Heveli, Redari, Oukri, Pomériens, Sorabes et beaucoup d’autres. Où sont-ils tous ? Que reste-t-il d’eux ? Ils ont été conquis, éradiqués et dénationalisés par les Germains. La tactique des conquérants était la suivante : après une victoire militaire, les Germains convoquaient la classe supérieure du peuple conquis. Cette aristocratie était alors massacrée sur place. Puis ce peuple « étêté » était soumis au baptême et converti de force au catholicisme. Les dissidents étaient tués par milliers, les autres étaient germanisés sans vergogne.

A-t-on déjà vu quelque chose de semblable dans l’histoire de la Russie ? Jamais nulle part ! De tous les petits peuples de Russie assimilés par l’Empire au cours de l’histoire, tous ont conservé leur identité propre. Il faut distinguer, c’est vrai, les classes supérieures de ces peuples, mais uniquement parce qu’elles ont été intégrées aux classes supérieures de l’empire. Ni le baptême forcé, ni l’éradication, ni l’uniformisation n’ont été des pratiques russes. La dénationalisation forcée et le nivellement communiste n’ont été introduits que par les bolchéviques.

En voici la preuve : la population allemande, qui avait absorbé tant de peuples, fut soumise à une dénationalisation impitoyable en faveur d’une homogénéité allemande, tandis qu’en Russie, les recensements établirent d’abord plus d’une centaine, puis près de cent soixante tribus linguistiques et jusqu’à trente confessions religieuses différentes. Et messieurs les « démembreurs » voudraient nous faire oublier que la Russie impériale a toujours respecté l’intégrité des compositions tribales lorsqu’il s’agissait de procéder à des démarcations territoriales.

Rappelons l’histoire des colons allemands en Russie. Ont-ils été soumis à quelconque dénationalisation pendant 150 ans ? Entre 40 000 et 50 000 colons se déplacèrent vers la Volga et le sud de la Russie durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle (1765-1809). Au début du XXèmesiècle, ils constituaient la couche la plus riche de la paysannerie russe et représentaient 1,2 million d’individus. Leur langue, leurs confessions et leurs coutumes étaient tolérées par tous. Et quand, poussés par les expropriations bolchéviques, ils retournèrent en Allemagne, les Allemands furent étonnés de découvrir qu’ils employaient des dialectes issus du Holstein, du Wurtemberg et d’autres régions. Tout ce qui avait été écrit sur la russification forcée s’écroulait ainsi et fut discrédité.

Mais la propagande politique ne s’arrête pas devant un mensonge aussi évident.

5. Il faut ensuite reconnaître que le démembrement de la Russie constitue un problème territorial insoluble. La Russie impériale n’a jamais considéré ces petits peuples comme du simple « bois de chauffage », susceptibles d’être transférés d’un lieu à vers un autre. Elle ne les a donc jamais arbitrairement déportés d’un bout à l’autre du pays. Leur installation en Russie relevait plutôt d’un processus historique et d’une libre sédimentation. Il s’agissait là d’un processus irrationnel, que l’on ne saurait réduire à des démarcations géographiques précises. Il s’agissait d’un processus de colonisation, de départ, de réinstallation, de dispersion, de confusion, d’assimilation, de reproduction et d’extinction. Ouvrez une carte ethnographique de la Russie prérévolutionnaire (1900-1910) et vous constaterez une extraordinaire diversité : notre pays était parsemé de petits « îlots » nationaux, de « ramifications », « d’environnements », de « baies » tribales, de « détroits », de « canaux » et de « lacs ». Regardez de plus près ce mélange tribal et considérez les avertissements suivants :

     a. Toute cette légende sur la carte n’est que symbolique car personne n’a empêché les Géorgiens de vivre à Kiev ou à Saint-Pétersbourg, les Arméniens en Bessarabie ou à Vladivostok, les Lettons à Arkhangelsk ou dans le Caucase, les Circassiens en Estonie, les Grands Russes partout, etc ;

      b. C’est pourquoi toutes ces couleurs sur la carte n’indiquent pas l’établissement « exclusif » d’une population tribale, mais une implantation seulement « majoritaire » ;

      c. Tous ces peuples, depuis cent ou deux-cents ans, se sont mélangés, et les enfants issus de ces mariages mixtes se sont à leur tour mélangés, encore et toujours.

      d. Tenez également compte de la capacité de l’esprit et de la nature russe à intégrer les hommes d’un sang étranger, chose qui se manifeste dans ce proverbe du sud de la Russie : « Papa est turc, maman est grecque, et moi je suis russe » ;

      e. Étendez ce processus à l’ensemble du territoire russe – d’Araks au fjord de Varanger et de Saint-Pétersbourg à Iakoutsk – et vous comprendrez pourquoi la tentative bolchévique de diviser la Russie en « républiques » nationales a échoué.

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Les bolchéviques n’ont pas réussi à arracher chaque peuple de son territoire propre, parce que tous les peuples de Russie avaient déjà été éparpillés et dispersés, que leur sang avait été mélangé et qu’ils s’étaient géographiquement entremêlés les uns avec les autres.

S’isolant politiquement, chaque peuple prétendait, bien sûr, avoir droit d’usage sur ses propresrivières et ses canaux, sur son sol fertile, ses richesses souterraines, ses pâturages, ses routes commerciales et ses frontières défensives, sans parler de la « matrice » principale de ce peuple, aussi petite fût-elle.

Ainsi, si nous détournons notre attention de ces petits peuples dispersés comme les Votiaks, les Permiaki, les Ziriani, les Vogoules, les Ostiaks, les Tchérémisses, les Mordves, les Tchouvaches (…), et que nous nous concentrons sur les substrats nationaux du Caucase et de l’Asie centrale, nous remarquons une chose. C’est que l’installation des tribus les plus grandes et les plus significatives en Russie est telle que chaque « État » individuel a dû abandonner ses « minorités » à ses voisins, tout en intégrant dans sa propre population des « minorités » étrangères. C’est ce qu’il se passa au début de la Révolution en Asie centrale avec les Ouzbeks, les Tadjiks, les Kirghizes et les Turkmènes. Les tentatives de démarcations nationales n’y ont cependant causé que des rivalités féroces, des haines et des méfiances mutuelles. Ce fut exactement la même chose dans le Caucase. La vieille querelle nationale entre les Azerbaïdjanais tatars et les Arméniens exigeait une division territoriale stricte, mais cette partition s’est révélée complètement inapplicable : des unités territoriales avec une population mixte ont été créées, où seule la présence des troupes soviétiques a empêché des massacres. Des problématiques similaires se sont nouées autour de la démarcation de la Géorgie et de l’Arménie, notamment en raison du fait que les Arméniens de Tiflis, principale ville de Géorgie, représentaient près de la moitié de la population et, qui plus est, la majorité prospère.

Il est entendu que les bolchéviques qui, sous prétexte de favoriser l’« indépendance nationale » voulaient isoler, dénationaliser et internationaliser les peuples russes résolurent tous ces problèmes avec un arbitraire dictatorial, derrière lequel se cachaient des considérations marxistes et la force des armes de l’Armée rouge.

La démarcation nationale-territoriale des peuples était un objectif profondément vain.

III

6. Ajoutons que de nombreuses tribus de Russie ont vécu, jusqu’à nos jours, dans une inculture (малокультурность) spirituelle et politico-étatique complète. Parmi ces tribus, certaines sont demeurées au stade le plus primitif du chamanisme ; toute la « culture » n’y est réduite qu’à un banal artisanat ; le nomadisme y perdure encore ; aucune ne dispose de frontières naturelles pour délimiter son territoire, ni de grande ville, ni de ses propres graphèmes, ni d’écoles primaires et secondaires, ni d’une intelligentsia, ni d’une conscience nationale, ni d’une culture de la légalité. Ils sont encore incapables d’une moindre vie politique, sans même citer l’impossibilité, pour eux, de mener des procédures juridiques complexes, à construire des représentations nationales, à développer des technologies, une diplomatie et des stratégies – cela était su des autorités impériales et fut vérifié par les bolchéviques. Aux mains des bolchéviques, ils obéissent désormais aux moindres gestes de la dictature, à la manière d’une marionnette. A peine les autorités agitent-elles les doigts que l’ensemble de la marionnette s’anime, se courbe, lève docilement les mains et ressasse les vulgarités partisanes et marxistes que lui ont inculqué ses maîtres. La démagogie et la duperie, les expropriations et la terreur, l’anéantissement de la religion et de la vie furent présentés comme l’« épanouissement national » des minorités russes. Et il y eut en Occident des fous et des observateurs véreux qui se félicitèrent de cette « libération des peuples » …

ffd902a65380d78cc34b4bb7bad28933.jpgQuestion inévitable : après la séparation de ces tribus de la Russie, qui les prendra sous sa responsabilité ? Quelle puissance étrangère se jouera d’elles et en retirera la sève vitale ?

7. Des décennies d’arbitraire, de famine et de terreur bolchévique se sont écoulées depuis. Même après l’ouragan de la Seconde Guerre mondiale, un « nettoyage national » post-guerre fut entrepris. Depuis maintenant 33 ans, les bolchéviques ont systématiquement éliminé ou affamé les pans les plus récalcitrants de la population et ont déporté les membres de toutes les tribus de Russie dans des camps de concentration, des villes nouvelles et des usines. La Seconde Guerre mondiale a conduit à la déportation de citoyens issus de la moitié européenne de la Russie, menant des « Ukrainiens », des colons Allemands, des Juifs vers l’est, vers l’Oural et au-delà, tandis que d’autres étaient déplacés vers l’ouest, comme les « Ostarbeiter », ou les réfugiés – notamment ceux qui se sont volontairement rendus en Allemagne, à l’instar des Kalmouks. Les Allemands ont occupé des territoires russes comptant près de 85 millions de personnes, massacré des otages et exterminé un demi-million de Juifs. Le rythme des exécutions n’a pas décéléré lorsque les bolchéviques sont parvenus à reprendre les territoires perdus. Pis, les massacres des minorités ont alors commencé : certaines durent être considérées comme presque éteintes –  comme les colons Allemands, les Tatars de Crimée, les Karatchaïs, les Tchétchènes ou les Ingouches. Le massacre se poursuit désormais en Estonie, en Lettonie et en Lettonie. Les représentants de l’UNRA estiment aujourd’hui les morts biélorusses à 2,2 millions de personnes, et de sept à neuf millions en Ukraine. De plus, nous savons de source sûre que les populations déclinantes d’Ukraine, de Biélorussie et de la Baltique sont remplacées par des populations issues des provinces centrales, avec d’autres traditions nationales.

Tout cela pour dire que le processus d’extinction et de remplacement national, ainsi que de déplacement de population atteint des proportions sans précédent en Russie depuis la Révolution. Des tribus entières disparurent complètement ou devinrent insignifiantes ; l’ensemble des provinces et des oblasts ont vu, à l’issue de la Révolution, leur population totalement recomposée ; des districts entiers tombèrent en déliquescence. Tous les plans et les estimations des « démembreurs » s’en trouvèrent infondés et caduques. Si la révolution soviétique s’achève en effet par une troisième guerre mondiale, les compositions tribales de la population russe changeront, ce après quoi l’idée même de démembrement politico-national de la Russie deviendra une chimère : un plan non seulement traître, mais aussi grossier et irréalisable.

8. Mais nous devons malgré tout nous préparer aux actions hostiles et saugrenues des « démembreurs » de la Russie, qui tenteront, dans ce chaos post-bolchévique, de la trahir au nom des principes sacro-saints de « liberté », de « démocratie » et de « fédéralisme ». Ils souhaitent mener les peuples et les tribus russes à leur perte. Au nom de la « prospérité », ils veulent livrer la Russie à ses ennemis : opportunistes et politiciens assoiffés de pouvoir. Nous devons nous y préparer, d’abord parce que la propagande allemande a investi beaucoup d’argent et d’efforts dans le séparatisme ukrainien (et peut-être pas uniquement ukrainien) ; ensuite, parce que la psychose de la « démocratie » et du « fédéralisme » influencent largement les penseurs postrévolutionnaires et des carriéristes politiques ; enfin, parce que les partisans du complot contre l’unité de la Russie ne renonceront à leurs ambitions qu’une fois qu’ils auront totalement échoué.

IV

9. Lorsque les bolchéviques s’effondreront , la machine propagandiste internationale s’efforcera de distiller dans le chaos russe ce slogan : « peuples de l’ancienne Russie, désolidarisez-vous ! ». Deux voies pour l’avenir de la Russie émergeront rapidement. Soit d’une part elle verra l’instauration d’une dictature nationale, qui s’arrogera les « rênes du pouvoir » et balaiera ces slogans pernicieux. La dictature mènera la Russie vers son unification, en mettant un terme à tous les mouvements séparatistes du pays. Soit d’autre part, s’il advenait qu’une telle dictature fût caduque, le pays plongera dans un interminable chaos : émigrations, immigrations, revanchisme, pogroms, paralysie des transports, chômage, faim, froid et anarchie (…).

La Russie, sombrant dans l’anarchie, s’abandonnera alors à ses ennemis nationaux, militaires, politiques et religieux. Débutera un cycle interminable de pogroms et de troubles, ce « Maelstrom du mal » que nous avons évoqué en première partie. Certaines tribus partiront ainsi en quête d’un salut illusoire, qu’elles ne trouveront que dans « l’être-en-soi », c’est-à-dire dans leur division.

Il va sans dire que tous nos « bons voisins » voudront profiter de cet état d’anarchie pour justifier leurs interventions au prétexte de leur « défense », d’une « pacification » ou d’un « rétablissement de l’ordre » (…). Ces « bons voisins » useront de leurs modes d’intervention habituels : menace diplomatique, occupation militaire, détournements de matières premières, appropriation de « concessions », pillage de stocks militaires, mise en place d’un parti unique et corruption de masse, constitution de groupes séparatistes (appelées « armées nationales-fédérales »), mise en place de gouvernements fantoches, incitation et aggravation de conflits civils sur le modèle chinois. La nouvelle Ligue des nations tentera quant à elle d’instaurer un « nouvel ordre », en correspondance constante avec Paris, Berlin ou Bruxelles, via des résolutions visant à la suppression et au démembrement de la Russie Nationale.

Admettons que tous ces efforts pour « la démocratie et la liberté » aboutissent et que la Russie soit démembrée. Qu’est-ce que cela apportera aux peuples de Russie et aux puissances voisines ?

10. D’après les estimations les plus modestes, il y existe près de vingt « États » qui ne possèdent ni territoire propre, ni gouvernement efficient, ni lois, ni cours de justice, ni armée, ni population proprement nationale. Près de vingt noms qui ne recouvrent que du vide. Mais la nature a horreur du vide. Et dans ce trou noir, dans ce tourbillon anarchique, sont aspirés des hommes et toute leurs vices. D’abord, tous les nouveaux aventuriers, en mal de nouvelles révolutions ; ensuite, les mercenaires des Etats voisins ; enfin, les opportunistes étrangers, les condottières [1], les spéculateurs et autres « missionnaires » (lisez, pour vous en convaincre, Boris Godounov, d’Alexandre Pouchkine, ou les textes historiques de Shakespeare). Tout ce chaos, toute cette propagande et cette agitation antirusse, toute cette corruption politique et religieuse seront bien entendu entretenus à dessein.

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Lentement, de nouveaux Etats seront créés ex nihilo ou selon un processus de fédéralisation. Chacun mènera avec son voisin une lutte à mort pour son intégrité territoriale et pour sa population, ce qui implique, pour la Russie, d’incessantes guerres civiles (…).

Ces nouveaux Etats deviendront, quelques années plus tard, ou bien les satellites de puissances voisines, ou bien des colonies étrangères, ou bien encore des « protectorats ». L’incapacité avérée de la population Russe, à se constituer en une fédération politique, ainsi que leur désir historique « d’indépendance », sont insurmontables. Et lorsque les plan de fédération auront été abandonnés, les peuples russes, dans leur désespoir, préféreront se soumettre aux étrangers plutôt que de se battre pour l’unité panrusse.

11. Afin de prendre la mesure de cette longue démence dont souffrirait la Russie, il suffit d’imaginer le destin d’une « Ukraine autonome ». Cet « État » devrait tout d’abord créer une ligne de défense d’Ovroutch à Koursk, puis à Kharkov, Bakhmout et Marioupol. Un front apparaîtrait ainsi entre l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine serait soutenue par l’Allemagne et ses alliés ; et dans l’éventualité d’une nouvelle guerre entre l’Allemagne et la Russie, le front allemand s’étendrait d’emblée de Koursk à Moscou, de Kharkov à la Volga, de Bakhmout et Marioupol au Caucase. Cela représenterait une configuration stratégique inédite, où les Allemands disposeraient d’une avance tactique encore jamais vue.

Il est par ailleurs très aisé de deviner comment la Pologne, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis réagiraient à cette nouvelle donne stratégique : il s’empresseraient de reconnaître l’« Ukraine autonome » – ce qui reviendrait, ironiquement, à l’offrir aux Allemands (…).

Peut-être l’Europe occidentale prendrait alors conscience du danger que représente pour elle leur obsession pour le « fédéralisme » et le démembrement de la Russie.

V

12. Compte tenu de ce qui a été dit jusqu’ici, il nous paraît désormais évident que l’intérêt profond des plans de démembrement de la Russie est limité, aussi bien pour la Russie que pour l’ensemble de l’humanité. Certes, tant que l’on se satisfera de verbiages, tant que les théories politiques ne s’appuieront que sur des slogans trompeurs et que l’on ne misera que sur des traîtres à la Russie, tant que les visées impérialistes des voisins se feront discrètes, tant que l’on considérera la Russie comme morte et enterrée, et donc sans défense, son démembrement paraîtra simple et aller de soi. Mais un jour les grandes puissances prendront conscience des répercussions catastrophiques que ce démembrement aura sur eux, car un jour la Russie s’éveillera et leur parlera ; alors toutes les solutions ne deviendront plus que des problèmes, et ce qui paraissait simple jadis deviendra extrêmement complexe.

Bien qu’elle fût l’objet de querelles incessantes, cette Russie en proie aux pillages, personne ne pourra la contrôler. Elle représentera alors un danger aussi immense qu’inacceptable pour l’ensemble de l’humanité. L’économie mondiale, déjà déséquilibrée par la dégradation de la production russe, se verra ainsi frappée de stagnation pour des dizaines d’années.

Le monde, déjà instable, devra relever épreuves sans précédent. Le démembrement de la Russie n’offrira rien aux puissances lointaines, mais renforcera inexorablement les puissances voisines – les impérialistes. Il est difficile d’imaginer une chose plus bénéfique pour l’Allemagne que la proclamation d’une « pseudo-fédération » en Russie : cela reviendrait à « effacer » tous les acquis des deux guerres mondiales, ainsi que de l’entre-deux guerres (1918-1939), et d’offrir à l’Allemagne l’hégémonie mondiale sur un plateau d’argent. L’indépendance de l’Ukraine ne peut être qu’une passerelle vers cette hégémonie allemande (…).

Les ennemis de la Russie démontrent leur frivolité et leur bêtise en voulant introduire les tribus russes au principe – déconcertant – du démembrement. Cette idée fut déjà proposée par les puissances européennes au Congrès de Versailles (1918). Elle fut acceptée et appliquée.

Et puis qu’advint-il ?

En Europe, un certain nombre de petits Etats apparurent, devant assurer, bien que faibles, leur propre défense : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie ; la Pologne, vaste mais inconséquente ; la Tchécoslovaquie, stratégiquement insignifiante, friable et divisée dans ses propres frontières ; l’Autriche, petite et désarmée ; la Hongrie, réduite, affaiblie et dépouillée ; jusqu’à la Roumanie, ridiculement boursouflée [2],  mais dénuée de toute valeur stratégique réelle – et tout cela aux portes de l’Allemagne qui, désavouée, rêvait de revanche. Trente ans se sont écoulés depuis, et lorsque nous regardons le cours des évènements, nous sommes forcés de nous demander si les politiciens de Versailles ne cherchaient pas à transformer ces Etats en une proie facile pour l’Allemagne belliqueuse – de Narva à Varna, et de Bregenz à Baranavitchy. Car ce sont bien eux qui, après tout, ont fait de ces régions européennes une sorte de « jardin d’enfants », tout en laissant à ces petits « chaperons rouges » le soin de se défendre eux-mêmes, face au loup affamé et en colère… Étaient-ils naïfs au point de croire qu’une « gouvernante » française pourrait châtrer le loup ? Ou alors ils ont sous-estimé l’énergie vitale et les fières intentions allemandes ? Peut-être encore pensaient-ils que la Russie aurait encore l’intention de rétablir l’équilibre dans la balance européenne, certains que l’Etat soviétique représentait encore la Russie ? Qu’importe la question, elle est absurde…

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Il est désormais difficile de savoir ce à quoi pouvaient bien penser ces messieurs, ou plutôt ce à quoi ils n’ont pas pensé. La seule évidence, c’est que le démembrement de l’Europe, désormais partagée par les impérialistes allemands et soviétiques, est le fruit de leur bêtise, probablement la plus grande du vingtième siècle. Malheureusement, cette leçon ne leur a rien appris vis-à-vis du principe de démembrement, projet qui fut exhumé aussitôt achevée la guerre.

Pour nous, le fait que les politiciens européens aient commencé à parler au même moment d’union pan-européenne et de démembrement de la Grande Russie, est très symptomatique ! Nous subissons cette cacophonie depuis déjà longtemps. Dans les années 1920, les éminents socialistes révolutionnaires se gargarisaient en public de leur prouesse : éviter d’employer le nom « Russie » et lui préférer cette locution, pour le moins évocatrice : « les pays situés à l’Est de la ligne Curzon ». Cette terminologie d’apparence prometteuse, en réalité scélérate, nous ne l’avons jamais oubliée, et en en avons tiré les conclusions appropriées : le monde des intrigues souhaite, en coulisses, enterrer la Russie nationale et unie.

Mais cela n’est ni avisé, ni clairvoyant. Tout ceci ne procède que d’une haine et d’une hystérie séculaires. La Russie, ce n’est pas de la poussière humaine, ni un chaos. C’est avant tout une grande nation, qui n’a pas abdiqué sa force, ni renoncé à sa vocation. Ce peuple russe avait faim « d’ordre libre » (« свободный порядок »), de labeur tranquille, de prospérité et de culture nationale. Ne l’enterrez pas prématurément !

Car un jour viendra, où ce peuple s’extirpera de la fosse spirituelle où on l’a jeté, et réclamera ses droits !


[1] Désigne un chef de mercenaires italien qui, au Moyen-Âge, louait ses services de guerre à un prince, à une république, et parfois se saisissait du pouvoir dans une cité conquise ; mais aussi, un homme qui conduit ses entreprises d’une manière conquérante.

[2] La région de Transylvanie, jadis intégrée à l’Empire austro-hongrois, a été rattachée à la Roumanie à l’issue du traité de Trianon de 1920.

mercredi, 28 novembre 2018

Bullshit jobs (David Graeber)

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Bullshit jobs (David Graeber)

 
Une note de lecture sur l'ouvrage consacré par un anthropologue américain à la question des boulots inutiles qui prolifèrent dans notre économie tertiarisée https://www.amazon.fr/Bullshit-Jobs-D...
 
L'ouvrage : 00:15
L'auteur : 00:30
La démarche: 02:00
Constat : 05:15
Typologie et mise en perspective : 13:15
Vision du monde et interprétation : 28:45
Aperçu historique : 43:45
Quelle solution ? : 54:0
Annonce prochaine vidéo: 59:00
 

mardi, 27 novembre 2018

Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

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Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

par Tom Luongo

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Tom Luongo développe un plan qui, selon lui, devrait être celui de Salvini en Italie, s’il ne l’est déjà. L’enchaînement essentiel des causes est 1) que Salvini a une pensée-longue qui va dans le sens de ce plan ; 2) que son parti ne cesse de monter dans les sondages, où il se trouve désormais n°1 incontestable avec une perspective proche des 40% des intentions de vote ; et 3) que par conséquent Salvini, de concert avec les électeurs italiens mobilisés dans ce sens, doit mener ce plan à son terme. Ce “plan”, qui pourrait être un “plan-B” si la Commission refusait le budget italien, mais qui tendrait de plus en plus à devenir un “plan-A“, sinon “le plan” tout court, avait déjà été évoqué dans son principe par Jacques Sapir.

Luongo estime que Salvini doit saborder le gouvernement italien, obtenir de nouvelles élections où la Liga arriverait aisément en tête, quasiment proche de la majorité absolue, et engagerait la bataille finale contre Bruxelles pour la sortie de l’Italie de l’euro, et plus si nécessaire, – tout en s’inspirant de la “Dame de Plâtre” (Theresa May) pour faire exactement le contraire de son Brexit et obtenir un Italexit convenable.

Cette formidable montée de Salvini et de sa Liga, avec en plus les élections européennes dans le viseur et un PE qui pourrait devenir un terrible “ennemi intérieur” au sein de l’UE, se fait au moment où toutes les tensions se manifestent en Europe. La pensée courte nomme cela “populisme”, ce qui permet de nombreux “éléments de langage” aux esprits paresseux pour vomir quelques insultes politiquement correctes, alors qu’il s’agit d’une émeute collective de type antiSystème, animée par une dynamique collective particulièrement impressionnante qui laisse à penser sur le sens et le processus même de création de cet étrange-événement (un de plus et toujours le même).

La chance de Salvini, c’est que les trois “grands” européens sont à la dérive, et pour un certain temps, et dans un climat des plus grandes incertitudes...

• Au Royaume-Uni, l’étonnante “Dame de Plâtre” réussit à mettre le Royaume-Uni dans une situation pire que celle qu’il avait lorsqu’il était membre de l’UE. Sans doute s’agit-il de prouver aux citoyens britanniques qu’ils ont eu tort de voter en faveur du retrait de l’Europe, laquelle Europe semble pousser les élites et directions des pays européennes, toutes sous la bienheureuse influence du Système, à mettre toutes leurs intelligences considérables au service des politiques les plus stupides qui soient pour tous les acteurs-Système si l’on considère le résultat final probable.

• En Allemagne, c’est Merkel qui lutte pour retenir sa place dans l’Histoire, unanimement détestée, y compris dans son parti auquel elle a dû concéder la promesse de son départ avec les prochaines élections à l’issue desquelles elle aura peut-être réussi à suffisamment affaiblir ce parti pour permettre aux autres de trouver une combinaison de gouvernement sans lui. Merkel peut d’ores et déjà être désignée comme la plus fidèle exécutrice de la transformation de l’UE en une machine autodestructrice, insupportable aux peuples qu’elle prétend réunir ; elle a établi une fausse puissance de l’Allemagne, économiquement plus forte que jamais, politiquement plus éclatée qu’elle ne fut jamais et quasi-ingouvernable, stratégiquement gisant comme un pays véritablement “occupé” et privé de toute souveraineté, bien plus encore qu’au temps de la Guerre froide, par des États-Unis eux-mêmes en crise profonde.

• La France, on en a beaucoup parlé, parce que ce président, qui met toute sa prodigieuse intelligence au service des ambitions les plus stupides, a réussi à déclencher dans ce pays anesthésié par 20-30 ans de transformation de sa posture politico-culturelle en une parodie culturelle-sociétale, une émeute générale du type-jacquerie, incontrôlable, idéale pour susciter de puissants courants populistes, etc. Macron semble presque douée d’instinct divin subverti en diabolique pour, même dans les plus courtes déclarations possibles, jeter sur l’incendie qu’il veut éteindre à tout prix quelques gallons d’essence à très haut octane et au prix augmenté de taxes diverses... Comme ce matin à Bruxelles où il parvient à glisser, pour apaiser les choses, qu’il y a en France ceux qui s’adaptent à la mondialisation (dites plutôt globalization/globalisation, monsieur le président-si-parfaitement-anglophone) et ceux qui sont quelque chose comme “inaptes au progrès”, – donc, comprend-on, bons à jeter avec leurs gilets-jaunes dégueulasses. Le chemin dialectique de Macron est extraordinaire et tient du Disneyland pour attardés mentaux : accroché à la planche-pourrie Merkel, il exhorte et ordonne aux Français de s’adapter à une globalisation qui s’effondre partout, et notamment dans de nombreux pays d’Europe et surtout aux États-Unis.

On comprend alors que cette UE qui est en train de perdre tous ses dirigeants-Système et qui est conduite par une bureaucratie bruxelloise absolument aveugle tend à devenir à une très grande vitesse du pain béni pour un politicien aussi enragé et habile sinon machiavélique à la fois qu’est Salvini. Entre les naufrages des trois grands dont l’un offre les germes d’une jacquerie européenne, l’aveuglement bruxellois, les prochaines élections européennes, les coups de boutoir des américanistes-trumpistes qui se font dans ce cas les alliés objectifs des populistes, se forme ce que l’on nomme dans la langue anglo-américaine “a perfect storm” anti-UE dont Salvini devrait pouvoir profiter.

Salvini, mais aussi le gouvernement italien dans son entier avec les M5S, ont réussi l’opération majeure pour les populistes venant au pouvoir qui est de poursuivre une politique et une stratégie antiSystème après être entrés au cœur et à la direction de l’institution-Système qu’est le gouvernement. Ils l’ont fait en modifiant leur position naturelle, ce qui les exonère de toute responsabilité fondamentale pour leur parcours national (raison pour laquelle Salvini ne cesse de gagner en popularité depuis qu’il est au gouvernement) : au lieu de s’installer comme seulement victorieux au plan national et de se trouver devant le principal obstacle de mettre leur politique à l’épreuve des faits et du pouvoir, ils se sont placés au niveau européen de façon à affronter un nouvel adversaire (Bruxelles-UE), représentant bien mieux le Système que le gouvernement de l’Italie, et donc ainsi de conserver une posture antiSystème en passant de la référence nationale à la référence européenne.

Voici donc ci-dessous l’article de Tom Luongo, – en fait la première partie, qui concerne essentiellement Salvini, la deuxième partie étant consacrée aux risques que fait courir à la puissance de Wall Street qu’est Goldman-Sachs (dont le directeur de la BCE Mario Draghi fut l’honnête représentant en Europe, et en reste évidemment l’obligé) les possibles/probables déboires de l’euro. Le texte a paru sur le site de Luongo, Goats, Gold’n Guns, le 24 novembre 2018.
dedefensa.org

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Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

Le Vice-Premier Ministre italien Matteo Salvini vient de se déclarer leader de l’avenir de l’Europe. Il refuse de bouger d’un pouce dans les négociations avec l’Union européenne sur le budget de l’Italie et il menace maintenant de renverser le gouvernement. En disant implicitement cela, il ne parle pas seulement pour les Italiens, il parle pour cette partie croissante de la population européenne qui voit en quoi l’UE est en train de se transformer et recule devant l’horreur de la chose.

Capture d%u2019écran 2018-09-26 à 11.34.15.pngLes protestations contre la nouvelle taxe sur le diesel dans la France d’Emmanuel Macron sont devenues violentes. Les dirigeants britanniques ont complètement trahi leur peuple dans leurs négociations sur le Brexit. Ils gagneront peut-être cette bataille mais l’animosité du peuple à leur encontre ne fera que se renforcer avec le temps.

Alors que les dirigeants en France et en Allemagne perdent en popularité et ne restent en place que grâce aux querelles politiques internes, Merkel et Macron ne cessent de durcir leur rhétorique contre le nationalisme en plein essor que représente Salvini. Les deux s'emploient à promouvoir leur fédération européenne avant de quitter la scène du pouvoir, dans les prochaines années au mieux. S'ils perdent leur combat contre Salvini et le Hongrois Viktor Orban, ils risquent de devoir quitter leurs fonctions à la force des piques et des torches des violences de la rue.

Bernard Connelly, auteur du livre brillant The Rotten Heart of Europe (à lire absolument) pose la question essentielle du Brexit à laquelle aucune personne associée au Projet Fear ne tient à être confrontée. Si la séparation de l'UE est si compliquée, pourquoi personne ne parlait-il de blocus et de catastrophe économique avant le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en 2014 ? La réponse est simple : personne au pouvoir ne s’attendait à ce que le référendum donne une réponse positive et la question n’a donc pas été considérée.

Maintenant, revenons à l’Italie. Salvini peut agiter sa menace audacieuse de faire tomber le gouvernement parce que son parti de la Legacontinue de monter dans les sondages chaque fois qu’il le fait.

Extrait de Zerohedge.com :

« ...Depuis lors, Salvini a continué de distancer Luigi Di Maio, l’autre vice-Premier ministre du pays, en tant que symbole politique et public de l’opposition farouche à l’UE. La Ligade Salvini a atteint 36,2% des intentions de vote en novembre, ce qui fait le quatrième sondage consécutif montrant une augmentation, selon une enquête Ipsos du journal Corriere della Sera. Le Movimento 5-Stelle (M5S), qui s’était imposé comme le premier parti lors des élections générales de mars, a chuté à 27,7% ce mois-ci, contre 28,7% en octobre. »

Cette situation place Salvini exactement où il veut être, aux commandes, orchestrant le spectacle de l’attaque contre Bruxelles dans le cadre de l’avenir de l’Italie. Mais il ne joue plus seulement pour l’avenir de l’Italie. Il sait que l’Italie est désormais le porte-drapeau de la résistance face à la tension particulièrement odieuse de la technocratie européenne.

Salvini a discrètement mis de côté la question de Italeave(Italexit) lors de la campagne des élections de mars parce que c'était de bonne politique. Une fois enfonction, lui et Luigi Di Maio, son partenaire du M5S, se sont engagés à fond dans un paquet de mesures économiques qui à la fois rencontrent une promesse de campagne et constituent un doigt d’honneur à l’intention de Merkel. De plus, Salvini a annoncé avec Orban le développement d’une “Ligue des Ligues” pour prendre d'assaut la Bastille du Parlement européen aux élections de mai 2019.

Plus il agit dans ce sens, plus il devient populaire.

Plus important encore, plus Di Maio et lui renforcent à leurs engagements, plus les Italiens voient Bruxelles comme l’ennemi de leur avenir. Et ne vous y trompez pas, ils suivent de près la façon dont Theresa May la “Dame de Plâtre” accouche d’un Brexit de cauchemar pour les Britanniques et par conséquent comment il faut procéder, – au contraire de May, – pour faire face avec efficacité à la terrible “incertitude” de la rupture avec l’UE.

La menace de Salvini de renverser le gouvernement dont il est actuellement le chef de file, c’est une déclaration de guerre contre Bruxelles et le reste de la classe politique italienne qui tenterait de s’opposer à lui dans les négociations sur le budget et la dette. La Legaest actuellement le partenaire junior dans le gouvernement italien. Des élections anticipées pourraient facilement la voir dépasser les 40% et obtenir un mandat populaire quasiment imbattable pour soutenir son approche conflictuelle de Bruxelles, tout en forçant ses partenaires 5-Etoiles de la coalition à le suivre.

Il s’agit là d’une tentative d’un coup politique majeur pour Salvini. En cas de succès, il deviendra le pôle d’attraction des eurosceptiques dans tous les pays européens qui leur permettra de rompre avec le “merkelisme” et la consolidation du pouvoir autour de l’Allemagne au sein de l’UE.

Les problèmes d’endettement de l’Italie ne peuvent être résolus dans l’euro. Salvini comprend cela. Le plus gros obstacle à ses projets est le peuple italien lui-même. Salvini doit faire comprendre aux Italiens que les charges et les difficultés à court terme d’une sortie de l’euro sont facilement justifiées par les avantages à long terme.

J’ignore si Salvini a expliqué, et suffisamment expliqué, cette manœuvre mais c’est absolument ce qu’il devra faire. C’est, dans l’esprit et selon n’importe quel composant (euro ou pas euro) la sorte de manœuvre que Theresa May a refusée, et c’est pourquoi elle a engagé des négociations sur le Brexit qui ont produit un accord bien pire que la situation dont la Grande-Bretagne disposait en tant que membre à part entière de l’UE.

Tom Luongo
Source

 

Désordre et Géopolitique : "Lorraine engagée" reçoit Jean-Michel Vernochet

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Désordre et Géopolitique : "Lorraine engagée" reçoit Jean-Michel Vernochet

lundi, 26 novembre 2018

Un livre fait le point sur la vision du monde de George Soros

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Un livre fait le point sur la vision du monde de George Soros

par Patrice-Hans Perrier
Ex: http://www.zejournal.mobi
Le journaliste Pierre-Antoine Plaquevent signe un ouvrage qui nous aide à comprendre les motivations du célèbre financier.

Le multimilliardaire George Soros et son Open Society attirent l’attention d’un nombre grandissant d’observateurs provenant de toutes les tendances politiques. On reproche à ce spéculateur d’utiliser sa fortune considérable, que certains évaluent à plus de 30 milliards de dollars US, afin de financer une pléthore d’organisations non gouvernementales (ONG) qui font la promotion de l’immigration de masse ou de l’abolition des frontières.

Une société-écran tentaculaire

Gérant le Soros Fund Management, basé à New York, ce financier d’origine hongroise a fondé l’Open Society Institute qui a été transformé, en 2010, en ces fameuses Open Society Foundations (OSF) dont il préside aux destinées. Wikipedia souligne que « l’OSF inscrit à l’origine son activité dans la lutte contre les discriminations, les droits des minorités et le droit à l’éducation ».

Un monde sans frontières

George Soros est un disciple de Karl Popper, un philosophe américain qui a lancé le concept d’« Open society », en prônant l’établissement d’un monde sans frontières où l’humanité pourrait s’épanouir, enfin délivrée du poids des conventions, de la morale ou de la permanence des cultures. Les idées de Karl Popper et ce qu’il est convenu d’appeler le « marxisme culturel » ont permis à George Soros de broder un véritable plan de subversion à l’échelle planétaire afin de pouvoir dissoudre tout ce qui pouvait constituer les contours d’une nation : frontières, culture et langue dominantes, mœurs, traditions, etc.

Financer la subversion

George Soros et son réseau des Open Society Foundations (OSF) ont déjà été pris la main dans le sac à financer plus de 50 organisations qui avaient appelé à manifester contre Donald Trump lors de la Women’s March du 21 janvier 2017. D’ailleurs, l’organisme Wikileaks a révélé, à la même époque, que l’organisation MoveOn.org, un des principaux moteurs de contestation contre l’administration Trump, avait aussi bénéficié d’importantes contributions provenant de l’OSF.

Un milliardaire indésirable

Outre l’Amérique du Nord, George Soros et ses fondations ont investi des sommes colossales afin de fomenter des révolutions de couleur aux quatre coins du monde. Cette façon de procéder, par l’entremise de sociétés-écrans, a fait en sorte qu’il finisse par être banni de son propre pays, la Hongrie.

De fil en aiguille, une masse de citoyens, prenant conscience du rôle joué par ce spéculateur mondialiste, a mis en branle une pétition afin qu’il soit banni des États-Unis. Les pétitionnaires, selon ce que rapportait RT France, dans son édition du 16 février 2017, dénonçaient, entre autres, le fait qu’il possède des machines à voter dans seize États américains.

La fortune ne sourit plus à M. Soros

Il semblerait que la « Roue de la Fortune » se mette à tourner en sens contraire pour M. Soros, selon ce que rapportait notre confrère Éric Pilon dans un article antérieur. En effet, George Soros croit qu’il est en train de perdre son pari, celui de créer un monde libéral, dépourvu de frontières. De fait, les peuples et certains de leurs leaders politiques se réveillent en n’acceptant plus les dictats du mondialisme et du multiculturalisme.

Un livre qui met en perspective le phénomène Soros

« SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme » est un ouvrage essentiel qui passe en revue les principaux éléments qui ont été exposés ci-haut et qui propose une analyse nous aidant à comprendre les principales motivations de ce curieux « philanthrope ». Des motivations qui vont bien au-delà de l’appât du gain.

En effet, comme nous l’explique son auteur, Pierre-Antoine Plaquevent, dans le cadre d’un entretien mené par Culture Populaire (www.cultpop.fr), les financiers de la trempe de George Soros agissent comme une sorte d’organisation transnationale. Cette institution hybride pourrait, à coup de milliards, finir par privatiser le monde de la politique tel que nous le connaissons. Pierre-Antoine Plaquevent estime que « ces gens-là ont les moyens de mener une « métapolitique du globalisme » qui chevauche les prérogatives des États, pour réaliser, par étapes, l’avènement d’un monde sans frontières ».

Voici la ou les sources de cet article : Entrevue avec l''auteur, WikipediaAmazonRTRT FRANCE, Influence WatchARTELe Temps et Le Québécois

Photo d'illustration: Niccolò Caranti, WikimediaCC BY-SA 3.0

SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme
Auteur : Pierre-Antoine Plaquevent

Éditeur: Éditions Le Retour au

- Source : Le Peuple (Canada)

Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

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Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré aux manifestations des "Gilets jaunes" du 24 novembre. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

La bataille de la dignité

La journée du 24 novembre, acte II de l’histoire des gilets jaunes, a été largement polluée par l’effet de loupe sur les violences (d’une gravité tout à fait relatives, que l’on parle dégâts ou nombre d’interpellations) sur les Champs-Elysées. Casseurs d’ultra-droite dans la journée, d’extrême-gauche le soir ? C’est possible, encore que le fait d’avoir laissé la situation pourrir dès 10 H du matin avec toutes sortes d’accès non filtrés aux Champs, avec du mobilier urbain disponible, ait pu donner des tentations à quelques uns. Et de belles images pour les télés du monde entier.

La théorie de Castaner - complot, radicalisation, ultra-droite séditieuse, factieuse, rappelant le 6 février 34, s’en prenant aux institutions, commanditée par Marine le Pen, peut-être aidée de Jean-Luc Mélenchon, ajoutent quelques seconds couteaux - est pour le moins réductrice. Et ressemble furieusement à une stratégie du leurre. Elle pourrait d’ailleurs tourner à la prophétie auto-réalisatrice : à criminaliser moralement le gilets jaunes, et à jouer l’affrontement des réformateurs avec les forces obscures, on finit par donner des tentations électorales à des gens apolitiques qui se diront que stigmatisés pour stigmatisés.... C’est si bon quand c’est un péché. Et il est bien connu que le choix de notre ennemi révèle quelle est notre propre question.

Mais la question n’est pas là. Le gouvernement et une bonne partie des commentateurs se plaignent du caractère horizontal, déstructuré, presque liquide du mouvement : comment négocier avec des gens qui n’ont pas de chefs, pas de revendications précises et qui prétendent s’auto-représenter ? Quelle confusion !

Il nous semble au contraire que la parole des manifestants, dès qu’on leur passe un micro, soit d’une clarté remarquable.

- Nous sommes le peuple, disent-ils. Il y a un sentiment de légitimité de gens qui expérimentent souvent pour la première fois l’expression directe dans la rue et qui, notamment, ne comprennent pas qu’on leur dise où ils ont le droit ou pas de manifester.

- Nous sommes la classe moyenne qui n’en peut plus, les perdants, les déplorables, les culturellement dévalorisés, nous sommes exactement tels que nous décrivent des Guilluy, des Michéa, des Piketty, des gens que nous n’avons pas forcément lus, mais dont les élites auraient du écouter les avertissements. Nous voulons que vous réalisiez notre sentiment de chute et d’angoisse.

- Nous voulons de la considération: être reçus, avoir des réponses, ne pas être traités par le mépris. Notez avec quelle fréquence revient ce mot de « mépris ». A cet égard, le tweet de Macron : «  Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République », mélange d’emphase et de cours de morale aux vilains gamins habillés en jaune est un chef d’œuvre d’incompréhension de ce que ressentent les gens. Quand ils disent rendre l’argent (notamment celui de l’ISF), les manifestants ajoutent souvent aussi qu’ils veulent qu’on leur rende leur honneur de travailleurs. Soit dit en passant, il circule en ce moment des vidéos anonymes de policiers et gendarmes qui disent leur honte d’être obligés de taper sur le peuple. Cela ressemble à un gros signal faible.

- Cessez d’évacuer la question sociale d’égalité au profit des promesses d’efficacité économique et de modernité sociétale. C’est bête mais nous pensons fins de mois, riches et pauvres et moyens de vivre demain. C’est bête, mais les conditions matérielles de vie restent le premier facteur de mobilisation. Vous l’aviez oublié là-haut ?

Colère (le sentiment), plus auto-organisation (les médiations), plus refus des représentations dominantes (allant jusqu’à l’agressivité contre les médias « complices »), inquiétudes sur le contrat social (consentement à l’impôt remis en cause) et même une certaine fraternité qui naît. Depuis quand n’avions nous pas vu une pareille conjonction ?

Et, puisque nous avons cité Guilluy, dont les analyses trouvent ici une incroyable illustration, nous ne résistons pas à une tentation sur ce qu’il appelle le soft-power de la France périphérique.

L’expression soft-power n’est pas la plus parlante pour désigner une capacité de résistance et de refus de la culpabilisation, et nous aurions, pour notre part, plutôt parlé de résistance idéologique et culturelle. Mais Guilluy a raison quand il décrit « cette autonomie contrainte d’un monde d’en bas désormais hermétique aux discours et injonctions d’en haut permet aux classes populaires de réaffirmer ce qu’elles sont collectivement. Contre toute attente, elles exercent aujourd'hui un soft-power invisible qui contribue à l’effondrement de l’hégémonie culturelle des classes dominantes et supérieures »
Or, pour suivre cette hypothèse, ceux d’en bas, semblent, en effet de plus en plus imperméables au discours venu d’en haut. Qu’il s’agisse du discours « de vérité » (vous n’allez pas croire ces fake news, si on regarde bien les chiffres, on voit au contraire que tout va de mieux en mieux. Ou du discours de la peur morale (attention au fascisme, pensez à la planète, ne soyez pas factieux.

Résister à l’impératif hégémonique, c’est une chose. Énoncer des objectifs politiques, c’est mieux.
 
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 25 novembre 2018)

Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

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Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

Par

FIGAROVOX/TRIBUNE - Fatiha Boudjahlat déplore le règne de la victimisation, à une époque où les identités sont toujours plus fictives et déclaratives. N'importe qui, selon l'enseignante, peut être n'importe quoi, surtout si cela le range parmi les catégories opprimées.


Fatiha Boudjahlat est cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle est aussi l'auteur de l'essai Féminisme, tolérance, culture: Le grand détournement (éd. du Cerf, novembre 2017).


Les commémorations du centenaire de 1918 ont célébré beaucoup de choses, mais pas le fait qu'il s'agissait d'une victoire militaire de la France. Les programmes scolaires n'abordent pas non plus cette vérité, insistant sur le ressenti du Poilu, son «expérience combattante», ses sentiments. Victorieux, il n'est pourtant considéré et célébré que comme victime, un «malgré-lui» avant l'heure. De la guerre, de l'état-major, etc... C'est qu'il ne fait pas bon être vainqueur. Désormais, le seul statut reconnu et valorisé est celui de victime.

Les services de ressources humaines des médias et des universités ne sont plus intéressés par les Curriculum Vitae, recensant un parcours, une trajectoire, une formation, des actions, mais par les Curriculum Traumae, ou Victimae, corrélant la légitimité et la visibilité d'un militant à la somme de ses traumatismes ou des oppressions qu'il a subies.. L'expert n'est plus expert que de lui-même, de ses souffrances et de celles de ceux qui lui ressemblent. L'expert est témoignage. Ce qui compte est l'endroit d'où l'on parle. Ou plutôt d'où l'on prétend parler, tant les nouveaux militants gauchistes réactionnaires, indigénistes, néoféministes racialistes, sont eux-mêmes dans une construction identitaire individuelle et collective que nous serions bien avisés de déconstruire, suivant en cela leur exemple.

Les idées et les engagements sont désormais présentés comme le prolongement naturel de son identité. L'utérus et la teinte de l'épiderme déterminent les convictions et légitiment la prise de parole, dans cette «chromatocratie», pour reprendre le terme de François-Xavier Fauvelle. Puisque les idées sont l'extension de l'identité, en débattre et les contester revient à opprimer celui qui les formule. Le débat n'est plus possible, en tout cas il ne porte plus sur les idées, mais sur la personne qui les exprime.

C'est le règne de l'anti-politique: la ressemblance détermine et préempte le rassemblement, l'intérêt général n'existe plus ou est réduit à la somme d'intérêts communautaires. On renonce à une lecture de classe sociale. Ainsi Pierre Rosanvallon explique que «les individus sont dorénavant plus déterminés par leur histoire que par leur condition», condition socio-économique s'entend. Il ne faut donc plus s'attacher à la transformer, ce qui était l'honneur de la gauche... autrefois. Les modalités et les conditions de la mobilisation politique en sortent bouleversées. Vous êtes un trauma, ou vous n'êtes rien.

Chaque individu est ainsi invité à construire une identité à la carte. La carte victimaire.

Prenons simplement ce Hollandais qui intente une action en justice pour que l'état-civil modifie sa date de naissance et le rajeunisse de 20 ans... parce qu'il pense et ressent qu'il a 20 ans de moins et que son âge vécu, déconnecté de son âge administratif et biologique, le pénalise socialement et professionnellement, jusque sur Tinder. Façon d'accuser les femmes qui ne le choisissent pas de faire de la discrimination par l'âge. Il plaira à son patron et au régime de retraite puisqu'après tout, il faudra effacer 20 ans de cotisations sociales, non? Justifiant la démarche, il explique être victime, rajoutant «nous sommes tous victimes de quelque chose.» Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime. Invisibilisant et reléguant à l'arrière-plan les vraies victimes.

Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime.

Prenons encore cet homme français marié, qui se perçoit et vit désormais comme femme. Sans changer biologiquement de sexe. Qui a un enfant avec son épouse et demande à être reconnu comme sa mère... Il faut reconnaître que la problématique du genre et du transgenre relance une ingénierie sociologique, sémantique et même juridique puisque la Cour d'appel de Montpellier a innové en créant le statut de parent biologique.

Remarquons que les exigences de certains transgenres reviennent à prolonger la subordination et l'effacement des femmes. Refusant l'opération de changement de sexe, dans un attachement assez contradictoire au pénis qui n'est plus un pénis masculin mais un pénis féminin en fait, des demandes sont relayées sur les réseaux sociaux et dans les universités pour ne plus parler de vagin mais de «trou de devant»: faute de quoi les transgenres qui se sentent femmes, tout en faisant le choix de conserver un pénis, se jugent discriminés ou exclus. Jusqu'à l'annulation récente, dans une université du Michigan, de la représentation des Monologues du vagin, pièce féministe s'il en est, pourtant pas assez inclusive envers les transgenres. Les serviettes hygiéniques deviennent discriminatoires, puisque ces femmes ne sont pas menstruées. Qu'est ce qui fait d'eux des femmes, alors? Leur ressenti. Et étrangement, l'adoption de comportements dits féminins, somme de stéréotypes transmis par la société patriarcale. Nous arrivons en bout de course de l'incohérence, une course folle.

» LIRE AUSSI - Géraldine Smith: «Aux États-Unis, chacun vit dans sa cave identitaire»

Mais finalement ce sont toujours les femmes qui trinquent, elles qui se sont battues pour leur visibilité, y compris celle de leurs corps. La moitié du genre humain doit encore s'effacer pour ménager le ressenti d'une minorité à l'intérieur d'une minorité. Alors que les néo-féministes inconséquentes soutiennent le droit des femmes à allaiter en public, combien de temps encore avant que des transgenres non opérés combattent cette pratique oppressive leur rappelant qu'ils ne peuvent pas, «elleux», donner le sein? Ces nouvelles guerres identitaires et victimaires se feront, comme les anciennes, sur le corps des femmes.

Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

La construction de soi serait donc entièrement subjective, mais jusqu'où? Difficile de l'analyser sans la mettre en rapport avec des motivations qui ne sont plus issues de la «lutte pour la reconnaissance» mutuelle, introduite par Hegel, et renouvelée par Axel Honneth, mais un benchmarking des avantages potentiellement accessibles, dont une reconnaissance sociale, associative et médiatique, et qui passe par l'exigence de réparations et d'adaptations. Un eugénisme à l'envers. Comme cette militante des droits civiques, blanche, ayant fait croire qu'elle était noire, jusqu'à ce que ses parents, excédés, la dénoncent... Mais si elle se sentait noire, après tout? Un article ésotérique paru sur Slate évoquait cette «transracialité». On peut se sentir femme en étant un homme. On peut se sentir noire en étant blanche. Mais ce ressenti et cette volonté de reconnaissance ne sont-ils pas liés à la mode actuelle qui incrimine les blancs dominateurs? Qui pourra juger de la réalité de ce ressenti? Il n'y a qu'à considérer ce prisonnier anglais, incarcéré dans une prison pour femmes, puisqu'il se sentait femme, sans vouloir être opéré, et de nouveau déplacé après plusieurs agressions sexuelles sur les détenues... Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

Le dommage subi est devenu une identité, qui ouvre droit à une visibilité et une réparation. Dommage dont on refuse qu'il se résorbe, parce que l'on perdrait ces dédommagements, et qui conduit désormais à une concurrence entre victimes. Et alors que l'on nage en pleine ingénierie sociologique, il faut sans cesse réintroduire de l'anthropologique, comme gage de vérité biologique. Alors est convoquée l'épigénétique pour prouver la transmission sur plusieurs générations des traumas des ancêtres. Comme pour la traite atlantique. Pas arabo-musulmane, étrangement. Elle n'a pas créé de trauma génétiques, elle. L'agenda politique n'est jamais loin. Comme le déplorait la féministe algérienne Wassyla Tamzali, «l'identité de victime est devenue une identité de combat». C'est la défaite absolue du politique. Cela nuira aux femmes. Mais ce business fait vivre tant de ces drôles de militants se délectant de faire de l'humanitaire...

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dimanche, 25 novembre 2018

Geopolitics of Turkey in Asia

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Geopolitics of Turkey in Asia

 
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Turkey is a transcontinental power, and, while the European side of the country is secure and calm, the situation could not be more different on the Asian front. The collapse of the Sykes-Picot agreement is disintegrating the territorial borders from within and in the subsequent vacuum of power, major nations seek to carve out their own spheres of influence. All these activities, directly and indirectly, affect Turkey and determine the country’s geopolitical objectives in Asia.
 
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Dr. Rainer Rothfuß: Feindbild Russland, Syrien, Geopolitik verstehen, menschliche Begegnung, Frieden

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Dr. Rainer Rothfuß: Feindbild Russland, Syrien, Geopolitik verstehen, menschliche Begegnung, Frieden

 
Die Macht menschlicher Begegnung als Alternative zur militärischen Eskalationsspirale 13. März 2018 Eggenfelden Europa steht am Scheideweg. Während das entspannungspolitische Experiment des US-Präsidenten Donald Trump nach wenigen Monaten unter dem Druck der Befürworter einer konsequenten Bekämpfung des aufstrebenden geopolitischen Rivalen Russland scheiterte, steht Deutschland als führende Macht Europas nun vor der Wahl, den von der US-Regierung unter Obama aufgezwungenen Anti-Russlandkurs fortzusetzen oder zu einer eigenständigen Vision und Strategie europäisch-eurasischer Integration zurückzufinden. Noch dominiert das "Feindbild Russland" die deutsche Medienberichterstattung. Doch in der politischen Debatte werden Stimmen lauter, die eine pragmatische und an langfristigen Stabilitätsinteressen orientierte Russlandpolitik propagieren. Ist eine EU, die sich von Russland aufs Schärfste abgrenzt der einzig denkbare Entwicklungsweg? Kulturelle und historische Verknüpfungen, die sich über Jahrhunderte zwischen Ost und West herausgebildet haben, zeigen mögliche Entwicklungspfade in einem weiter gefassten Kontext auf. In der Bevölkerung regt sich das Bewusstsein, dass die dialogorientierten und auf Austausch und Kooperation zielenden Ansätze, die Europa aus der Zerstrittenheit des Zweiten Weltkriegs herausgeführt hatten, auch Grundlage werden könnten für tragfähige friedliche Beziehungen zum östlichen Nachbarn Russland. Mittels "Volksdiplomatie" bzw. "Geopolitik von unten" hat die aus Deutschland hervorgegangene "Druschba"-Initiative (russisch für "Freundschaft") einen Weg eingeschlagen, der beiderseits der imaginären "unüberwindbaren" Grenze zwischen Ost und West einen Weg aufzeigt, der die NATO-Russland-Aufrüstungsspirale durch breit angelegte Bewusstseinsarbeit stoppen könnte: Völkerfreundschaft statt militärischer Abschreckung als Weg zum Frieden im eurasischen Raum. Damit könnte eine mittlerweile internationale Bürgerbewegung zugleich zum Wegbegleiter eines sich anbahnenden langfristigen Integrationsprozesses nie da gewesenen Ausmaßes werden: Das Giga-Projekt der eurasischen Integration im Kontext des Billionen-Projekts der "Neuen Seidenstraße".
 
Katholische Erwachsenenbildung Rottal-Inn-Salzach, IPPNW http://www.keb-ris.de
 
Internationale Ärzte für die Verhütung des Atomkrieges/Ärzte in sozialer Verantwortung https://www.ippnw.de #RainerRothfußFeindbildRusslandSyrienGeopolitikverstehen
 

samedi, 24 novembre 2018

Oude en Nieuwe Zijderoutes - Geopolitiek als drijvende kracht in de geschiedenis

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Oude en Nieuwe Zijderoutes

Geopolitiek als drijvende kracht in de geschiedenis

door Jonathan van Tongeren

Ex: http://www.novini.nl

Het onderstaande artikel is de tekst van een lezing gehouden op het 2e congres van het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland (GIVN) op 17 november 2018 te Leuven.

526 jaar geleden bereikte een groep Spaanse schepen onder het commando van de 41-jarige Genuees Cristoforo Colombo (vernederlandst Christoffel Columbus) het eiland Guanahani. Dit geldt als de ‘ontdekking van Amerika’. De zeelui hadden een reis van 5.700 kilometer in het ongewisse achter zich en hun admiraal daarenboven nog dik zeven jaar aan overtuigingswerk aan de Spaanse en Portugese hoven.

Het idee om simpelweg naar het westen te varen om de oostkust van Azië te bereiken, stamde oorspronkelijk van de Griekse filosoof en naturalist Aristoteles. In de tijd daarna werd het idee onder andere door grootheden als Seneca, Roger Bacon en Pierre d’Ailly naar voren gebracht. In de 15e eeuw was het de Florentijnse geleerde Paolo dal Pozzo Toscanelli die er de grootste voorvechter van was. Tegelijk was de voorstelling van de aarde als schijf grotendeels obsoleet geworden. Zo schreef paus Pius II in zijn rond 1460 verschenen ‘Cosmographia’, dat onze planeet een bol is die om de zon draait. In zoverre zwom Columbus echt niet meer tegen de stroom in, toen hij in 1484 begon te werven voor een zeetocht naar Azië via het westen.

Constantinopel en het Iberisch schiereiland

Bovendien waren de geopolitieke verhoudingen in het Middellandse Zeegebied hem behulpzaam. Want door de Ottomaanse verovering van Constantinopel in mei 1453 was de route over land naar China en Indië afgesneden, wat de zoektocht naar nieuwe handelsroutes over zee enorm stimuleerde.

Overigens onderschatte Columbus de afstand tussen Europa en Oost-Azië ernstig. Hij meende dat de Canarische eilanden en Japan slechts 4.500 kilometer van elkaar verwijderd waren – in werkelijkheid was het 20.000. Verantwoordelijk hiervoor waren de onjuiste gegevens over de breedte van de Euraziatische landmassa van Toscanelli en D’Ailly, waarop Columbus zich baseerde. De respectievelijke deskundigen aan het Spaanse en Portugese hof zagen dit in, en ontrieden hun vorsten in eerste instantie de Genuees te ondersteunen bij zijn onderneming.

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De kaart van Toscanelli over een hedendaagse kaart geprojecteerd

Toen kwam echter 2 januari 1492, de dag waarop de emir van Granada, Muhammad XII, capituleerde. Waarmee de Reconquista op het Iberisch schiereiland succesvol afgesloten werd. Nu groeide het verlangen van Isabella I van Castilië en León en Ferdinand II van Aragón, om de Portugese koning Johan II in te halen. Zijn zeevaarders tastten zich namelijk langs de kust van Afrika een weg naar Indië en leken daarbij kort voor een succes te staan.

Koopwaar

Columbus verlangde echter dermate veel privileges, dat de hele zaak daarop stuk dreigde te lopen. De Genuees verlangde namelijk de benoeming tot ‘admiraal van de oceaan’ als ook de titel van onderkoning en gouverneur-generaal van de door hem ontdekte gebieden. Bovendien stond hij erop, dat hij het recht zou hebben om van alle “parels, edelstenen, goud, zilver, specerijen als ook alle andere koop- en handelswaar die in zijn gebied gevonden, geplukt, verhandeld of gewonnen worden, na aftrek van de kosten, een tiende voor zichzelf te houden”. Uiteindelijk gaven Isabella en Ferdinand op advies van hun schatmeester Luis de Santángel op 17 april 1492 in de zogenaamde capitulatie van Santa Fe toe.

De voor de expeditie benodigde twee miljoen Maravedi’s (zo’n 300.000 euro) kwamen echter niet uit de schatkist van het koningspaar, maar grotendeels van het confederale politieleger Santa Hermandad (Heilige Broederschap). Daarnaast droegen Santángel en enkele Genuese kooplieden nog enkele honderdduizenden Maravedi’s bij. Van dat geld werden de grote driemaster (kraak) ‘Santa Maria’ en de twee karvelen ‘Niña’ en ‘Pinta’ gecharterd en van proviand voor een jaar voorzien. Daarnaast moesten circa 90 zeelieden ingehuurd en betaald worden.

De drie schepen verlieten in de morgen van 3 augustus 1492 de haven van Palos de la Frontera bij Huelva in Andalusië, waarbij de Santa Maria onder het bevel van Columbus zelf stond, terwijl de twee andere schepen onder het commando van Vicente Yáñez Pinzón en Martín Alonso Pinzón stonden. Om het beschadigde roer van de Niña te repareren en het grootzeil van de Pinta te vervangen, maakte Columbus weinig later halt in de haven van San Sebastián op het Canarische eiland La Gomera, om op 6 september aan de tocht dwars over de Atlantische Oceaan te beginnen.

Las Indias

In de daarop volgende weken zeilde de groep schepen met bestendige passaatwinden in de rug bij overwegend goed weer met een doorsnee snelheid van tien knopen naar het westen. De admiraal hoopte zo de door Marco Polo beschreven Chinese havenstad Quinsay, het huidige Hangzhou, te bereiken, waar hij de groot-khan brieven van zijn koninklijke opdrachtgevers Isabella en Ferdinand wilde overhandigen. Anders dan vaak onjuist gesteld wordt, was Columbus namelijk niet voornemens naar Indië zelf te varen, maar naar ‘Las Indias’, waarmee naast het eigenlijke Indië destijds ook alle landen ‘voorbij’ Indië (vanuit het westen gezien) bedoeld werden.

In de nacht van 11 op 12 oktober 1492 kreeg de joodse matroos Rodrigo de Triana alias Juan Rodriguez Bermejo van de Pinta een eiland in zicht, waarop de Genuees en zijn bemanning dan later op de dag voet aan wal zetten. Daarover lezen we in Columbus reisdagboek het volgende:

“Om 2 uur ’s morgens kwam het land in zicht, waarvan we zo’n acht zeemijlen verwijderd waren [..] Toen kwamen we bij elkaar en wachtten tot de dag aanbrak. Het was een vrijdag, waarop we voet aan wel zetten op een eiland, dat in de Indianentaal Guanahani heette.”

Met deze ontdekking ontsnapte de admiraal overigens aan een naderende muiterij, want veel van zijn mannen werd de reis, die ogenschijnlijk nergens naartoe leidde, met de dag ongemakkelijker. Om welk eiland het precies gaat, is tot op de dag van vandaag onduidelijk. Inmiddels gelden zowel het Watling-eiland dat sinds 1926 officieel de naam San Salvador heeft, als ook Samana Cay, Plana Cays en Mayaguana in de Bahama’s als mogelijke kandidaten.

Hoe het ook zij, Columbus voer aansluitend tot 16 januari 1493 door de Caraïbische Zee en ontdekte daarbij onder andere Cuba en Hispaniola. De terugtocht vond plaats zonder de Santa Maria, die op Kerstdag van het jaar daarvoor op een zandbank gelopen was. De overige twee schepen bereikten Palos op 15 maart 1493. Daarna werd Columbus als held gevierd.

Geopolitiek

Zo ziet u wat een ingrijpende gevolgen geopolitieke gebeurtenissen kunnen hebben. De verovering van Constantinopel door de Ottomanen en de voltooiing van de reconquista van het Iberisch schiereiland, leidden tot de ontdekking van Amerika. En enkele eeuwen later zou een voormalige kolonie in de Nieuwe Wereld uitgroeien tot de ‘laatste supermacht’.

Maar wat is nu eigenlijk geopolitiek? Het gebruik van de term geopolitiek lijkt de laatste jaren sterk in opkomst te zijn, nadat er enige tijd een taboe op rustte. Dat taboe kwam voort uit de associatie van geopolitiek met Duitse nationaalsocialistische noties als Lebensraum en Heim ins Reich. Een associatie kortom met een specifieke subjectieve en ideologische kijk op geopolitiek. Nu het taboe allengs afneemt, zien we het gebruik van de term sneller toenemen dan het verstaan ervan. Geopolitiek wordt dikwijls gebruikt als synoniem voor internationaal conflict. Of men veronderstelt dat het hoofdzakelijk over pijpleidingen en olie of andere delfstoffen gaat. Nu kunnen die zaken wel met geopolitiek te maken hebben, maar ze zijn niet zelf de geopolitiek. Kort gezegd gaat geopolitiek over de beheersing van geografische ruimtes. Waarbij beheersing uiteraard gradueel kan verschillen van invloed tot effectieve soevereiniteit. In het hiervoor besproken voorbeeld hebben we gezien hoe de beheersing van de geografische ruimtes van wat nu respectievelijk Turkije en Spanje zijn, leidde tot de opschorting van de Oude Zijderoute en een zoektocht naar een nieuwe zijderoute die zou leiden tot de ontdekking van de Nieuwe Wereld, oftewel de Amerika’s.

Enfin, geopolitiek dus, de beheersing van geografische ruimte. Denk maar aan het bordspel Risk, één van de manieren om verder te komen in het spel en kans te maken om te winnen, is het beheersen van continenten. In de geopolitieke realiteit is het niet veel anders. De Verenigde Staten beheersen bijvoorbeeld al geruime tijd het Noord-Amerikaanse continent en hebben stevige invloed in Latijns-Amerika, wat een goede uitgangspositie bood om uit te groeien tot de ‘enige supermacht’.

Eén van de lastigste continenten om onder controle te krijgen in het bordspel Risk is Azië. Ook in de geopolitiek ligt er een sterke focus op dit grote en centrale continent. Azië wordt gedomineerd door twee grootmachten: Rusland, dat zich in Europa bevindt, maar zich ook uitstrekt over Noord-Azië tot aan het Verre Oosten, en China. Mede daartoe gedreven door het westerse sanctiebeleid, is Rusland zich in de afgelopen jaren meer en meer op China gaan richten.

Oost-Azië

Het economisch expansieve China heeft van zijn kant te maken met een Amerikaans containmentbeleid, onder president Obama ‘pivot to Asia’ genoemd. De VS hebben een snoer van bondgenoten en meer halfslachtige partnerlanden in Oost-Azië gevormd, van Zuid-Korea tot Vietnam en verder richting India, waarmee China als het ware ingesnoerd wordt.

Juist de import en export over zee spelen echter een grote rol in de economische ontwikkeling van China. Het conflict in de Zuid-Chinese Zee draait dan ook in essentie niet om een handvol nietige eilandjes, maar om de vraag wie de zeewegen beheerst. De VS werpen zich wel op als kampioen van de vrije navigatie, maar het is veeleer China dat er vitaal belang bij heeft deze zeewegen open te houden.

Door de combinatie van containmentbeleid tegenover China en sanctiepolitiek tegenover Rusland, heeft het Westen deze twee grootmachten onbedoeld in elkaars armen gedreven en zo de consolidatie van een Euraziatische synergie in de hand gewerkt.

China heeft economisch echter zo’n sterke uitstraling in de regio, dat het niet alleen diverse Centraal-Aziatische landen aantrekt, maar dat ook diverse Zuidoost-Aziatische landen het containmentbeleid inmiddels doorbroken hebben. President Duterte van de Filipijnen nam hierin het voortouw en werd al snel gevolgd door de Maleisische regering en later zelfs de Japanse.

Zuid-Azië

China laat zich door dergelijke ontwikkelingen op de korte termijn echter niet in slaap sussen, maar houdt voor de langere termijn nog altijd rekening met een eventuele blokkade van cruciale zeewegen. Zo heeft het transportcorridors met autowegen, spoorwegen, pijpleidingen, diepzeehavens en olie- en gasterminals door Birma en Pakistan aangelegd, waardoor het toegang krijgt tot de Indische Oceaan, i.c. de Golf van Bengalen en de Arabische Zee, met omzeiling van de flessenhals van de Straat van Malakka.

Vanzelfsprekend vertegenwoordigen deze transportcorridors niet dezelfde capaciteit als die van de aanvoer langs de traditionele routes. Niettemin lijken andere spelers er het nodige aan te doen om deze Chinese strategie te doorkruisen. Zo laaide recent het conflict tussen de Rohingya-minderheid en de Birmese staat weer op, uitgerekend in die provincie waar zich de diepzeehaven van Kyaukpyu bevindt die voor China van belang is. Gewapende groeperingen, waarvan de leiders in Saoedi-Arabië zijn opgeleid, richtten dood en verderf aan in dorpen van andere etnische groepen en vielen militaire posten aan. De Birmese regering sloeg keihard terug, maar inmiddels geven ook westerse mensenrechtenorganisaties toe dat de Rohingya het conflict in gang hebben gezet.

ONZ2afgh.jpgOok de transportcorridor door Pakistan heeft met dergelijke destabilisaties te kampen. In deze regio strekken veel bevolkingsgroepen zich uit over de grens tussen Afghanistan en Pakistan, zodat instabiliteit in Afghanistan ook uitstraalt naar Pakistaanse regio’s.

Ondanks de jarenlange militaire aanwezigheid van de Amerikanen in het land floreren ‘Islamitische Staat’ en de Taliban er nog altijd, zodat de vraag rijst of men soms belang heeft bij het in stand houden van deze groepen ter rechtvaardiging van voortdurende Amerikaanse militaire aanwezigheid. Ondertussen speelt Afghanistan weer een grote rol in de drugshandel en hebben de Amerikanen hier een stevige vinger in de pap. In diverse provincies bestaat daarnaast onvrede over de vermoedelijke exploitatie van mijnen, onder andere uranium, door de Amerikanen.

Centraal-Azië

De voortdurende Amerikaanse aanwezigheid in Afghanistan dient echter ook het indirecte nut, dat men door het instabiel houden van de regio de belangen van de grote concurrent China in deze regio doorkruist. Men onttrekt Afghanistan op deze wijze grotendeels aan de mogelijke economische synergie met China, Pakistan en de Centraal-Aziatische landen en bovendien hangt het schrikbeeld van het overslaan van islamistisch radicalisme naar andere landen in de regio als een donkere wolk boven de politiek van die landen.

Het zoeken naar nieuwe handelsroutes om te ontsluiten, lijkt de aangewezen weg voor China en dit is dan ook precies wat Peking doet. Zo wordt er sterk geïnvesteerd in de economische betrekkingen en de aanleg van nieuwe transportroutes naar Rusland en Siberië en diverse Centraal-Aziatische landen, in het kader van de zogenoemde Nieuwe Zijderoutes (let op: meervoud). Hiermee kan uiteindelijk bijvoorbeeld ook de verbinding over land gelegd worden met Iran en Turkije. Economisch niet onbelangrijke spelers die ieder op hun eigen manier een moeizame verhouding met de VS hebben.

Voor de verbindingen over land naar Voor-Azië en Europa is China echter afhankelijk van de samenwerking met diverse Centraal-Aziatische landen. De regeringen van deze landen zien hier het belang van in, ze hebben zelf baat bij de economische groei en de stabiliteit die dit met zich meebrengt. Dit is de steppe- en woestijnzone tussen de traditionele Russische en Chinese beschavingsgebieden. Hier zijn islamitische en grotendeels Turkse volkeren gevestigd. Dit is echter ook de zwakke plek van de Euraziatische integratie waarop de Amerikanen geregeld in proberen te spelen. Dit was bijvoorbeeld te zien in de Tulpenrevolutie in Kirgizië en we zien het ook in het opstoken van het separatisme onder de Oeigoeren in de noordwestelijke Chinese provincie Sinkiang.

Noord-Azië

Mede vanwege dit complex aan factoren is Rusland een waardevolle partner voor China. Rusland kent reeds een hoge mate van economische en militaire integratie met voormalige Sovjetrepublieken in Centraal-Azië en heeft op die wijze een stabiliserende werking. Daarnaast heeft Rusland goede relaties met traditionele vijanden van China in Azië, zoals India en Vietnam, die anders geheel onder Amerikaanse invloed zouden kunnen komen.

Verder heeft Rusland ook vanwege zijn geografische ligging China het nodige te bieden. Zo wordt er geïnvesteerd in het revitaliseren van de Trans-Siberische spoorlijn, die vertakkingen heeft naar Binnen-Mongolië en Mantsjoerije, maar aan de andere kant ook naar Finland. Hier liggen kansen voor Europa, zowel qua economische kosten als milieukosten ligt intensivering van de handel met Eurazië meer voor de hand dan de intercontinentale handel met Noord- en Zuid-Amerika (TTIP, CETA, Mercosur) waardoor de Europese Commissie in beslag genomen wordt. De Oostenrijkse en Slowaakse regeringen hebben in ieder geval concrete plannen om aan te sluiten op de Trans-Siberische spoorlijn, waarbij in Wenen een grote terminal moet komen voor de overslag naar Europees spoor of andere transportvormen.

ONZ3arct.jpgNog groter is het potentieel van de zogeheten Arctische Zijderoute. Rusland en China verkennen in dit kader de mogelijkheden om de Noordoostelijke Doorvaart te gaan gebruiken. Het gaat om een potentiële scheepvaartroute langs de noordkust van de Russische Federatie, die de Stille Oceaan met de Atlantische verbindt via de Beringzee, de Oost-Siberische Zee, Karazee, Barentszzee en de Noorse Zee.

Dit heeft het grote (kosten)voordeel dat deze route voor vrachtschepen tussen China en Europa twee weken korter is dan de route door de Zuid-Chinese Zee, de Straat van Malakka, de Indische Oceaan, het Suez-kanaal en de Middellandse Zee. Daarnaast heeft het voor China het voordeel dat de route grotendeels door de Russische invloedssfeer verloopt en dus veel minder flessenhalzen kent dan de hierboven beschreven gangbare route.

Zo bezien komt ook de recente grootschalige NAVO-oefening Trident Juncture op IJsland, de Noorse Zee en in Noorwegen, zogenaamd tegen een eventuele Russische invasie gericht, in een geheel ander licht te staan. Maar dat terzijde.

Afrika

ONZ4afr.pngDe Noordoostelijke Doorvaart biedt dus veel voordelen ten opzichte van de nu gangbare route. Het gebied rond het Suez-kanaal is momenteel immers bepaald instabiel. De Straat van Bab el Mandeb, die vanuit de Golf van Aden toegang geeft tot de Rode Zee en het Suezkanaal, ligt immers tussen Jemen enerzijds en Eritrea/Djibouti anderzijds. In Jemen voert een Arabische coalitie onder leiding van Saoedi-Arabië en met ondersteuning van de VS, het Verenigd Koninkrijk en Frankrijk een alles vernietigende oorlog tegen de Houthi-rebellen, waarvan valselijk beweerd wordt dat het Iraanse proxy’s zouden zijn. Iets zuidelijker ligt het door burgeroorlog verscheurde Somalië, van waaruit de piraten van al Shabab opereren. Door de komst van een nieuwe Ethiopische premier lijkt de spanning tussen Ethiopië en Eritrea en tussen Ethiopië en Egypte wat af te nemen, maar een recente (mislukte) moordaanslag op deze politicus maakt behoedzaam. China heeft intussen een militair steunpunt in Djibouti ingericht ter ondersteuning van de bestrijding van de piraterij. Diverse andere landen hebben ook militaire bases in het land en Turkije heeft sinds kort een basis in buurland Somalië om de regering daar te steunen. Vooralsnog is het roeien met de voor handen zijnde riemen, maar het mag duidelijk zijn dat een dermate volatiele regio, inclusief de militaire aanwezigheid van diverse grootmachten een riskante cocktail vormt. Dit maakt een alternatieve verbinding tussen Oost-Azië en Europa des te interessanter.

Voor Rusland heeft dit het bijkomende voordeel dat het een extra impuls kan geven aan de ontwikkeling van het hoge noorden. Zowel Siberië als het Noordpoolgebied herbergen nog veel niet geëxploiteerde bodemschatten, China is dan ook zeer geïnteresseerd in het investeren in de ontsluiting hiervan. Zo neemt China bijvoorbeeld al deel aan de recent begonnen productie van vloeibaar gas (LNG) op het schiereiland Jamal. Toen de Britten tijdens de koude van de afgelopen winter een aardgastekort hadden, moest een grote tanker met LNG van het Jamal-schiereiland aanrukken om de Britten, ondanks sancties en gezwollen retoriek, toch nog een behaaglijke Kerst te geven.

Europa

Met de extra capaciteit van de Nordstream II-pijpleiding zou er zo nodig natuurlijk, via Nederland, op goedkopere wijze meer aardgas naar Engeland geloodst kunnen worden. Of die pijpleiding definitief doorgaat, is echter nog altijd niet geheel duidelijk. Er wordt immense druk uitgeoefend op de betrokken Europese landen om er vanaf te zien. Economisch is de aanleg van Nordstream II echter zeer voor de hand liggend. Russisch aardgas is relatief dichtbij, de kosten voor het transport liggen laag, terwijl de prijzen voor het Russische gas ook goed zijn. Rusland niet gunstig gezinde EU-lidstaten als Polen en Litouwen kiezen er echter om politieke redenen voor te investeren in terminals om per schip veel duurdere LNG te kunnen importeren, bij voorkeur uit Amerika, dus met grote transportkosten en uit schaliegas, dus sowieso al duurder.

De strategische logica van de pijpleiding door de Oostzee is dat hiermee de afhankelijkheid van Oekraïne als doorvoerland verkleind wordt. Om politieke redenen willen verscheidene Europese politici dit niet. Als men de antipathie tegen Rusland even tussen haakjes zet, ligt – gezien de reputatie van Oekraïne voor het illegaal aftappen van gas, waardoor EU-lidstaten met tekorten te kampen hadden – niets meer voor de hand dan het omzeilen van Oekraïne. Door de logica van de oppositie tussen het westerse, Atlantische blok en het Russische blok, zou Europa er echter nog toe komen om in dezen tegen haar eigen belangen in te handelen, zoals Polen en Litouwen reeds voordoen.

Noord-Amerika

De Russische en Chinese investeringen in het Noordpoolgebied doen in de VS intussen reeds alarmbellen afgaan. Zo riep oud-staatssecretaris Paula Dobriansky (dochter van de beruchte Lev Dobriansky) het westerse bondgenootschap op zijn positie in het Noordpoolgebied te versterken en een militaire infrastructuur uit te bouwen. De VS hebben zelf immers maar een relatief kleine claim op het poolgebied, in de vorm van Alaska. Zodoende moeten NAVO-bondgenoten als Canada, Denemarken en Noorwegen er aan te pas komen – onder Amerikaanse leiding uiteraard.

Intussen worden er in de Groenlandse politiek concrete voorbereidingen getroffen voor afscheiding van Denemarken. Chinese bedrijven zijn in de arm genomen voor het winnen van de Groenlandse bodemschatten, maar Chinese aanwezigheid op het Noord-Amerikaanse continent zou natuurlijk een doorn in het oog van Amerika zijn. De Groenlandse regering heeft echter ten eerste de inkomsten uit de winning van haar delfstoffen nodig om financieel onafhankelijk te worden van Denemarken. Ten tweede bevindt de meest noordelijke luchtmachtbasis van de Verenigde Staten zich in Groenland. Van daaruit worden spionagevluchten boven Rusland uitgevoerd. Een verlies van deze positie zou de Amerikaanse greep op de Noordpool verder verslappen.

Slotwoord

We zien kortom dat er op diverse continenten een concurrentiestrijd gaande is tussen de Verenigde Staten en China, waarbij geopolitieke realiteiten als nabijheid, bereikbaarheid en de kostenefficiëntie van transport herhaaldelijk in botsing komen met gevestigde politieke voorkeuren en ideologische vooronderstellingen. Ik durf u echter wel te voorspellen dat de geopolitieke realiteiten de langere adem zullen blijken te hebben.

Un tournant dans la politique étrangère allemande

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Un tournant dans la politique étrangère allemande

par Irnerio Seminatore

L'alliance pour le multilatéralisme et l'autonomie stratégique de l'Europe dans la redéfinition des relations euro-atlantiques.

La nouvelle responsabilité franco-allemande face à une géopolitique planétaire.

Heiko Maas et l'UE, "pilier de l'ordre international".

La tribune du quotidien allemand Handelsblaat du 22 août, portant la signature du Ministre des Affaires Étrangères Heiko Maas a marqué un tournant historique dans la diplomatie de la République Fédérale Allemande depuis sa constitution en 1949.

Heiko Maas a plaidé pour une révision de la politique étrangère de son pays et pour une "autonomie stratégique" de l'Europe, en faisant de l'Union Européenne "un pilier de l'ordre international".

Cette convergence, de l'Allemagne et de l'Union Européenne, permettra-t-elles d'instaurer "un partenariat équilibré" avec les États-Unis d'Amérique?

Pour l'heure c'est un tournant marquant de la diplomatie du Mittelage.

Après avoir surmonté les "limites de la politique rhénane"de H.Khol et de  la "voie allemande" de Schröder, la politique étrangère allemande a-t-elle tourné le dos à la "puissance discrète" de A.Merkel, en réagissant aux provocations  souverainistes de D.Trump et à la fragmentation décisionnelle de l'U.E, face aux nouveaux défis de l'ordre mondial?

Suffira-t-il à l'Allemagne et, avec elle, à l'Europe, de remplacer le concept global d'hégémonie par l'idéologie juridique du multilatéralisme et de la sécurité collective aux promesses aléatoires, en oubliant la décomposition géopolitique de la suprématie américaine, qui a pris la forme, sous Obama, d'une série de "deals régionaux" conçus pour la pérenniser?

La  déclaration de Heiko Maas, évoquant sa prise de distance avec les États-Unis évoque implicitement trois moments significatifs de l'histoire allemande et souligne ainsi la lente maturation de sa politique étrangère depuis la fin de la bipolarité:

- le "Rapport K.Lamers-W.Schauble" de 1994 sur les nouvelles responsabilités de l'Allemagne, suite à la réunification du 3 octobre 1990 et à la lecture d'une Europe reconfigurée, à partir des "intérêts nationaux allemands", jusqu'ici tabou.

- la déclaration informelle de M.me Merkel à Munich, en mai 2017, sur l'émancipation de l'Europe vis à vis des États-Unis et sur l'impératif des européens "de prendre en main leur destin". Ajoutons, dans le même sens, la déclaration du Président de la République française à l’Élysée du 27 août 2018, à l'occasion de la réunion annuelle des Ambassadeurs de France, sur "l'indispensable"autonomie stratégique de l'Europe" et sur une redéfinition générale de la politique extérieure et de défense de l'Europe".

- le Sommet de l'Otan des 12 et 13 juillet 2018 à Bruxelles, sur le partage du fardeau de la défense euro-atlantique et sur la menace du retrait des États-Unis de l'Alliance. La remise en cause de celle-ci s'est exprimée sous la forme du "veto", adressé par Trump à la Chancelière A.Merkel, à propos de la réalisation du " Nord Stream 2" et d'une politique énergétique moins dépendante de la Russie.

Quant au chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, dans son interview du 22 août au journal "Handelsblaat" redessine les contours d'une "nouvelle stratégie américaine" vis à vis de l'Allemagne et définit  les bases "d'un renouveau de la collaboration" avec l'allié transatlantique, en partenariat avec les autres pays européens.

Ce renouveau aurait pour fondement "le multilatéralisme", déjà rejeté  antérieurement par D.Trump, qui lui préfère le souverainisme et s’appuierait sur deux piliers:

- un "partenariat équilibré" entre les USA et l'UE

- une alliance avec tous les pays attachés au droit, aux règles contraignantes et à une concurrence loyale, au delà de l'U.E et sur la scène internationale. La carence de cette alliance est de ne pas tenir compte ni des rapports des forces, ni de l'esprit de système, autrement dit, des regroupements multipolaires du monde. Elle apparaît, de ce fait, en décalage avec les référents permanents de la politique globale et en syntonie avec les positions d'une négociation permanente et toujours précaire de l'ordre mondial.

Le changement de cap de la politique américaine vis à vis de l'U.E.- confirme le ministre allemand - a commencé  bien avant l'élection de Trump - et devrait survivre à sa présidence".

En effet, constate-t-il, " l'Atlantique est devenu politiquement plus large" de ce qu'il n'était à l'époque de la bipolarité, car la profondeur stratégique de l'Eurasie replace la menace et les dangers vers l'Asie-Pacifique.

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Les implications de la notion "d'autonomie stratégique "européenne

Les implications de ce tournant, qui sont imposées aux européens, comportent un double volet, interne et extérieur:

-à l'extérieur,

-induisant une reconsidération des relations de l'U.E.avec la Russie dans le cadre d'une architecture régionale de sécurité

-faisant de l'Europe "une puissance d'équilibre" entre Washington et Moscou. Ce positionnement inverserait la logique du "triangle stratégique" Washington- Moscou-Bruxelles, par l'adoption des recommandations de Kissinger des années 1970, selon lesquelles l'Europe doit être toujours plus proche de Washington ou de Moscou,que l'Amérique de la Russie ou Moscou de Washington.

à l'intérieur,

-poussant à une révision des fondements de toute construction politique, concernant la légitimité et la souveraineté, bref les conceptions de la démocratie, du pluralisme  et des autres formes de gouvernement.

- faisant évoluer les relations entre institutions européennes  et États-membres vers un modèle politique, organisé sur la base d'une hiérarchie contraignante , sans  avoir résolu les deux aspects majeurs de l'histoire européenne, ceux  de unité politique et du leadership.

Ainsi l'ensemble des défis posés par la notion "d'autonomie stratégique" situe cette perspective dans le long-terme, dont le calendrier échappe à toute maîtrise raisonnable et condamne cette idée à une rhétorique ordinaire.

Macron/Merkel, l'"armée européenne" et la nouvelle responsabilité franco-allemande

Or l'imprégnation de cette notion est revenue à la surface le 6 novembre dernier, à l'avant-veille des commémorations du centenaire de la "Grande Guerre 14-18",
dans l’exhortation aux européens du Président Macron, de créer une "armée européenne", pour protéger l'Europe des visées russes, américaines et chinoises.

Cette expression, reformulée en terme de "défense européenne", a été reprise par Macron dans l'enceinte du Bundestag allemand, le dimanche 11 novembre, lors des cérémonies du Volkstrauertag, consacrées aux victimes de guerre, dans le but "de ne pas laisser glisser le monde vers le chaos" et de "construire les outils de souveraineté", afin que l'Europe ne soit pas "effacer du jeu" par les grandes puissances.

"Nous devons élaborer une vision, nous permettant d'arriver un jour à une véritable armée européenne", a repris Angela Merkel à Strasbourg, devant le Parlement Européen le mardi 13, mais"pas une armée contre l'Otan", situant sa constitution dans un avenir lointain; le temps de corriger le strabisme divergent entre la France et l'Allemage. la première fixant ses priorités au Sud, la deuxième à l'Est.

Il a été observé (J.H.Soutou) que trois conditions doivent être remplies, pour répondre à ce défi:

- l'existence d'une culture stratégique commune et, de ce fait, d'une lecture partagée du système international et de ses menaces
- des moyens de défense adéquats, inclusifs d’États-majors doués de capacités de commandement opérationnels, en complément de l'Otan
- d'un budget européen, dont on ignore l'ordre de grandeur.


Les européens confrontés à l'hostilité de l'administration américaine.


Devenir un pilier de l'ordre international et instaurer une fonction de puissance d'équilibre entre Washington et Moscou, d'après le ministre allemand des affaires étrangères, sont-ils des objectifs compatibles avec l'exercice d'un "vrai dialogue de sécurité avec la Russie", prôné par les vœux du Président Macron?

En effet, dans le contexte de la nouvelle donne de sécurité transatlantique, l'autonomie stratégique de l'Europe pour se protéger des États-Unis, pouvait-elle échapper à la réaction de Trump, la jugeant "très insultante" pour le pays qui a volé au secours de la France par deux fois au cours du XXème siècle?

Le nouvel état d'insécurité du monde laisse les européens divisés et tétanisés, car le système immunitaire sur lequel a été bâtie la suprématie allemande,est aujourd'hui anéanti.
Le stress de l'urgence efface, en République Fédérale, le tabou du leadership et la faiblesse de l'économie ne compense pas, en France, l'hardiesse rhétorique des propos de Macron.

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Mais comment l'Europe peut-elle bâtir son unité, si la compétition pour le primat fertilise les esprits et la Pologne, porteuse de nouvelles perspectives stratégiques, se propose comme l'allié le plus sûr des États-Unis et si elle fédère autour d'elle des projets et des pays (l'initiative des trois mers,Baltique, Adriatique et Mer Noire), en matière d'énergie et de conceptions politiques et culturelles, qui allègent la dépendance de l'Europe vis à vis de Moscou et accroissent l’indépendance politique de la Pologne vis à vis de l'U.E?

Comment par ailleurs le divorce de la Grande Bretagne de l'Union Européenne et son choix, inacceptable pour les brexiters durs, entre la vassalisation à l'Union et le chaos d'une reddition sans conditions, pourrait -il ne pas se répercuter à l’intérieur du continent, plongeant l'Europe dans la solitude et dans la division?


La rétrospective historique et ses enseignements

Déjà le choix entre l'Europe européenne et l'Europe atlantique s'était posé dans les années cinquante/soixante, associé aux deux conceptions de la construction européenne, l'Europe des Patries et l'Europe intégrationniste, la première indépendante mais alliée des États-Unis, la deuxième tributaire d'une allégeance, qui mettra sa sécurité, au travers de l'Otan, dans les mains tutélaires du "Grand Frère" anglo-saxon et cherchera sa lumière dans les yeux de son maître.


Ce même dilemme se propose aujourd'hui, dans un système international devenu multipolaire, où la priorité n'est plus la révision de Yalta et de ses sphères d'influences et, par conséquent, des périls d'une confrontation permanente et générale, imputable à la "question allemande",mais  d'entrer pleinement dans une géopolitique planétaire, où le monde sera post-américain et post-occidental et imposera à l'Europe, sur tous les échiquiers, une montée en puissance d'autres acteurs et une diversification des fonctions d'influence, de dissuasion et de contrainte.

Dans ce nouvel environnement stratégique, l'accroissement des inconnues et des incertitudes, est signalé par la dégradation de la confiance des européens vis à vis de la nouvelle administration américaine et par le déploiement aux marges orientales du continent du projet russe d'ouverture eurasienne, ressenti comme une menace géopolitique.
 
C'était dès lors inévitable, qu'un rééquilibrage de l'axe euro-atlantique s'impose et que l'idée d'une armée européenne, à dominante franco-allemande, soit sortie de l'amnésie et proposée aux opinions et aux gouvernants, si l'Europe ne veut être effacée par les rivalités des grandes puissances.

On rajoutera à ces observations la fin du processus d'unification fonctionnelle de l'UE ( ordo-libéral ou bismarcko-keynésien), et l'urgence, pour l'Europe, de se positionner vis à vis de la Chine montante et d'autres grands pays asiatiques (Iran, Inde,Pakistan, Japon ), par le retour sur la scène mondiale des unités politiques rodées par l'expérience séculaire de la diplomatie et de l'histoire, les Nations.
 
Ça sera désormais par les alliances et par la coopération organisée entre les États européens, que seront abordées  les relations de sécurité et d'équilibre du système pluripolaire, en bannissant les prétentions universalistes de l'Occident et en embrassant en commun, comme "une vérité transcendante", les besoins mystiques et immanents de la foi.

Dans ce cadre, la pérennité des nations, qui vivent dans le temps, prévaudra sur la précarité des régimes et des formules de gouvernement, qui sont les produits de rapports aléatoires dans la vie turbulente des peuples et des conjonctures civilisationnelles.

Par ailleurs l'extension planétaire des "sociétés civiles" et la compétition entre "système de valeurs", supportant la compétition stratégique entre les États, englués dans le brouillard d'une guerre globale contre le terrorisme islamiste et dans  le maelström d'une immigration invasive et conquérante, imposeront  au monde une  configuration éthico-politique aux pôles raciaux et religieux multiples et, de ce fait, à une démultiplication des menaces, démographiques et culturelles.

C'est dans ce contexte, assombri et déstructuré par le rejet de la démocratie et de la "raison", que l'idée émancipatrice d'une volonté armée tire sa justification et sa légitimité, celles d'une nécessité défensive et existentielle, dictée par le "Struggle for Life" et éclairé par la foudre tardive d'une prise de conscience humiliante sur la solitude géopolitique et stratégique de l'Europe, que seul un rappel du réalisme politique, de l’égoïsme des intérêts et de la logique de la force peuvent soustraire au glissement désespéré et irrésistible vers la pente de la guerre, du déclin et de la mort.

Bruxelles, le 21 novembre 2018

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