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lundi, 12 février 2018

Angela et sa coalition-zombie en cours de désintégration

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Angela et sa coalition-zombie en cours de désintégration

Ex: http://www.dedefensa.org

Il y a eu un accord entre le SPD et la CDU/CSU pour un gouvernement allemand dite de “Grande Coalition”(laquelle n’a plus la majorité dans les sondages, mais passons puisque les sondages ne sont que des photographies d’un instant) ; c’est-à-dire qu’il y a eu un accord d’abord entre Martin Schulz et Angela Merkel, les deux dirigeants des deux partis et comme deux bois morts de la forêt dévastée qu’est la politique allemande ; puis, aussitôt après cet accord déjà des protestations très vives dans les “parties” prenantes, surtout au SPD, jusqu’à un coup de théâtre. Schulz, l’ancien et insupportable président du Parlement Européen fameux pour ses menaces méprisantes à l’encontre des Grecs et des Polonais, a dû en rabattre. Sorti de la salle de négociation en annonçant triomphalement qu’il prenait le poste convoité de ministre des affaires étrangères, il a dû reculer, pressé par la fureur qui a parcouru la direction de son propre parti devant lequel il s’était engagé à ne jamais faire partie d’un nouveau gouvernement Merkel, et renoncer à ce poste au profit du titulaire actuel, le SPD Sigmar Gabriel qui a mené la fronde. Ce qu’Alexander Mercouris nommait déjà “la Grande Coalition-fantôme” est devenue instantanément la “Grande Coalition-zombie” quasiment unijambiste sinon hémiplégique.

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Mercouris, grand connaisseur de l’Allemagne et jugeant la crise allemande actuelle particulièrement grave, avait commencé son article de fond sur l’accord Schulz-Merkel avec la situation initiale (Schultz ministre des affaires étrangères). Il l’a terminé par un “postcript” relatant par le biais du Financial Times les dernières péripéties :

« M. Schulz a fait face à une vague de colère de la part du SPD après avoir accepté le poste, bien qu'il ait juré de ne jamais servir dans un cabinet dirigé par Angela Merkel :

» “Les sociaux-démocrates ont déclaré que la volte-face [de Schulz] a laissé le parti avec un énorme problème de crédibilité alors qu'il lance un sondage national de ses 460 000 membres sur l'accord de coalition conclu cette semaine avec les conservateurs de Mme Merkel.

» Dans une déclaration vendredi, M. Schulz a déclaré que la discussion de son rôle “mettait en danger le succès de l’accord” et qu’il espérait qu’en abandonnant le ministère des Affaires étrangères, il pourrait mettre fin aux “discussions sur les questions de personne au sein du SPD”. “Nous faisons tous de la politique pour les gens de ce pays”, a-t-il dit, “il est donc approprié que mes ambitions personnelles soient reléguées au second plan des intérêts du parti“.

» Son retrait inattendu intervient après qu'il ait été l’objet d’une attaque furieuse du ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, qui l'a accusé d'avoir trahi ses engagements en acceptant son poste. M. Gabriel a déclaré au groupe de presse Funke qu'il avait été un ministre des Affaires étrangères efficace et populaire, mais que ‘les nouveaux dirigeants du SPD se fichent clairement de cette appréciation publique de mon travail’.

» Berlin a été secoué de tumulte depuis que les conservateurs d'Angela Merkel et le SPD de M. Schulz ont dévoilé mercredi leur nouvel accord de coalition, au milieu d'une fureur généralisée sur la façon dont les postes ministériels étaient répartis entre les deux partis.

» L'accord de 177 pages est conçu pour mettre fin à l'impasse politique laissée par les élections peu concluantes de septembre, au cours desquelles les deux partis ont perdu des voix en faveur de l'Alternative d'extrême droite pour l'Allemagne. Mais l’affaire a été éclipsée par la dispute sur quelles personnalités ont obtenu quels ministères.

» De leur côté, les conservateurs sont absolument déchaînés : le SPD, qui n'a remporté que 20,5% des suffrages – son pire résultat dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre – s’est vu également confier le ministère des Finances, qui depuis huit ans est le fief de la CDU de Mme Merkel. Au SPD, la colère à propos de la nomination de M. Schulz au ministère des Affaires étrangères était encore plus grande ...” »

Cela conduit Mercouris à sa conclusion finale qui laisse ouverte, sinon grande ouverte la porte à de nouveaux rebondissements dans ce qui est désormais, et de loin, la crise politique la plus grave de l’Allemagne d’après-guerre : « Cette révolte et la décision de Schulz d’abandonner le ministère des Affaires étrangères soulignent le fait qu’essayer de perpétuer le gouvernement de la ‘Grande Coalition’ qui a perdu tant de soutien en septembre est une très mauvaise idée. Le fait que Schulz ait été obligé de partir, et la réaction également furieuse à propos de cet accord de la part de nombreux membres du SPD et de la CDU/CSU, semblent signaler que l’accord pourrait bien être en train de se désintégrer... »

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L’épisode laisse effectivement présager d’autres tribulations pour cette “Grande Coalition” qui semble être rien de moins que mort-née ; qui, si elle se met tout de même en place, n’aura guère d’autorité ni de latitude d’action, comme un gouvernement de crise perpétuant l’apparence d’une sauvegarde... L’accord avec ses péripéties permettent d’avoir une vision impressionnante des ravages causés au système politique allemand, aussi bien par la politique de Merkel de ces dernières années que par la décrépitude de l’establishment, le vieillissement et l’inanité du personnel de direction, et notamment des dirigeants les plus en vue, le désordre interne des deux principaux partis, etc. Quelle différence avec l’Allemagne d’il y a trois ans, qui dictait sa loi à la Grèce comme si elle était le IVème Reich et faisait marcher l’Europe au pas de l’oie ! L’Europe justement : alors que Macron commence à rencontrer des difficultés sérieuses après l’hébétude fascinée qui suivit sa victoire, son attente des retrouvailles d’un “partenaire” allemand solide pour relancer une dynamique européenne selon la vision conventionnelle se trouve confrontée à de très sérieux obstacles. D’ores et déjà, l’élimination de Schulz du poste des affaires étrangères représente un sérieux revers pour Macron, Schulz étant un partisan acharnée d’une intégration européenne au forceps, selon ses habitudes ; au contraire, Gabriel est plus tenté par un équilibrage de la politique allemande, passant par une amélioration des relations avec la Russie, à laquelle une Merkel extraordinairement affaiblie ne pourra guère s’opposer.

Encore tout cela reste-t-il de la spéculation du meilleur des cas, celui où l’accord SPD-CDU/CSU de mercredi dernier serait accepté sans autre remous, et le nouveau gouvernement mis en place dans les mêmes conditions. Après l’épisode Schulz et le constat d’un si fort mécontentement des cadres des deux partis pour un accord qui ne satisfait personne, l’hypothèse d’une désintégration de cet accord est loin d’être hors de propos. On se trouverait alors dans une impasse, après avoir essayé toutes les formules, avec la possible nécessité de nouvelles élections qui pourraient être catastrophiques, – en fait, une autre sorte d’impasse pour les partis dominant, ou ex-dominant. (Actuellement, le SPD est à 17%, presque rejoint par l’AfD eurosceptique d’extrême-droite avec 15%, et il est probable que les dernières péripéties ont encore réduit cette marge minimaliste. D’autres déplacements de voix sont probables et ces divers facteurs font que de nouvelles élections pourraient réserver des surprises catastrophiques pour l’establishment.)

Il se confirme par conséquent que l’Allemagne se trouve dans une crise politique profonde, qui ébranle le régime lui-même. L’Allemagne suit la tendance crisique très forte qui affecte tous les pays du bloc-BAO, d’une façon ou l’autre, spécifiquement selon les pays, alors que les crises extérieures (en Syrie et au Moyen-Orient avec la “folie-compulsive” US, à “D.C.-la-folle” où se poursuit l’affrontement autour du pouvoir, etc.) continuent à se développer au rythme du “tourbillon crisique”. C’est un des derniers pôle d’une stabilité-Système qui tend à se dissoudre, tandis que le partenaire français de l’Allemagne, incapable de se dégager des engagements extérieurs catastrophiques de ces dix dernières années, continue à cultiver une exceptionnelle absence d’influence par rapport à ce que ce pays pourrait prétendre, – contribution française à la Crise Générale de l’Effondrement.

Avec la quasi-sécession en cours des pays d’Europe de l’Est (“les quatre de Visegrad”), l’Europe est sur la voie d’une sorte de désintégration par délitement et par dissolution de l’intérieur (autre approche du même processus que risque de suivre la “Grande Coalition” de la pauvre Merkel). Tout semble donc fonctionner, avec une quasi-parfaite coordination, pour poursuivre le processus de l’effondrement. Ce qui est remarquable, c’est la diversité des approches, et combien, les divers dangers identifiés (la montée du populisme, identifiée depuis 4-5 ans) ne se manifestent pas comme on les attend mais s’adaptent aux diverses situations. C’est qu’en vérité, il n’y a pas à craindre un danger ou l’autre qui attaquerait le Système puisque le seul danger est le délitement et le processus d’autodestruction alimentés par le Système lui-même. C’est de plus en plus une affaire qui roule...

Mis en ligne le 10 février 2018 à 14H58

Matthew Crawford: Creating a Place to Be

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Matthew Crawford: Creating a Place to Be

Review:

Matthew Crawford
The World Beyond Your Head
Farrar, Straus and Giroux, 2016

jacket_med.jpgMatthew Crawford is a new but powerful intellectual. His debut in the public sphere began in 2009 with his book Shop Class as Soulcraft, which was affectionately dubbed “Heidegger and the Art of Motorcycle Maintenance” by Slate [2], and positively reviewed by Francis Fukuyama [3]. Crawford’s second polemic, however, is more far-reaching, and stands to usurp his first work as a philosophical masterpiece.

The book seeks to resolve the crisis of attention in which we find ourselves. Modernity has gently but completely entrapped much of the world, not merely in advertisements and clickbait, but in automated distractions that have no care or interest in the cognitive cost that these stimuli impose on their audience. These claims on our attention make it difficult to develop a coherent thought, discern what is valuable, or build competence in a skill—all of which require periods of uninterrupted focus that our world doesn’t seem interested in allowing us. But perhaps worse than that, these distractions seem designed to create values—or even dependencies—in line with the interests of those crafting the distractions. Because the distribution of attention is a zero-sum equation, valuing what is procured for us by “choice architects” comes at the expense of other things we might otherwise value. Focusing on a social media or email notification on my phone, for instance, means that in that moment, I cannot focus on work that I get paid for, giving my daughter a bath, or paying attention to my wife. The constant stream of interruptions reduces our ability to marshal our attention effectively in the creation of an authentic self.

Crawford argues that the origins of the problem can be found in an Enlightenment idea of freedom most powerfully espoused by Immanuel Kant, which separates our will from the material world. The goal was to save human freedom from the mechanistic determinism of Thomas Hobbes by placing human autonomy on a plane of existence beyond the reach of the world. According to Kant, action must be inspired by the realm of the pure intellect, of a priori moral laws, if we are to be free agents, untarnished by mechanistic infringements upon our autonomy. This retains “free will,” and the dignity of humans as agents touched by the divine spark . . .  or does it?

The book meanders through the relevant literature on perception and cognition, eventually concluding that our ability to see is inseparable from motion, and that thinking similarly contingent upon objects in our environment, including our bodies. In other words, the agency Kant was seeking to protect is not shielded by running away from the material world, but rather is expanded (to whatever degree it can be) by orienting ourselves in relationship to the world.

By way of explanation, Crawford introduces the reader to the concepts of ‘jigs’ and ‘nudges.’ Jigs are contraptions—usually ad hoc—that allow a carpenter to make cuts at exactly the same length without having to measure every individual piece. More broadly, they are ways that experts design their own environment to take some of the cognitive burden of their work, allowing them to focus on other things. The term “nudge” was coined by Cass Sunstein, the head of the Office of Information and Regulatory Affairs under President Obama. Nudges are similar to jigs in principle, in that they accept the limitations of human attention and attempt to engineer behavior, usually by establishing default choices (in Cass Sunstein’s case, by changing the default employee 401k choice to “opt-in”). However, unlike the jig, which is organic creation and usually an indirect product of the environment itself, the nudge is the product of administrative fiat.

The efficacy of the jig and the nudge in the real-world show that this materially grounded conception of human will is not actually escaped by embracing Kant’s Grounding for the Metaphysics of Morals. All that happens is that the reins of attention—our physical world—are presented for control to someone else.

The book takes a downright sinister turn in the exploration of the psychology of casinos. The phenomenon of the casino demonstrates the naivete—or insidiousness—of people who moralize about pulling ourselves up by our bootstraps in an environment purposely engineered to keep that from happening. The design philosophy behind casinos, and perhaps of much of social media, is essentially autistic. It affords the participant the gratification of pseudo-action, having ‘made something happen,’ and this provides a sense of comfort. But this pseudo-action happens within such a constrained system that increases in skill or experience are not relevant, and sometimes not possible. Individual growth does not result in any meaningful change in outcome. By contrast, one can be constrained by the nature of a motorcycle engine, and by accepting and learning these constraints, the individual gradually become more competent in fixing them. Being constrained by the rules of a slot-machine, however, gives the actor the feeling of power over their environment (I push a button, and the machines spins) without any possibility of meaningful improvement.

MC-shop.jpgSuch a design philosophy does not make people more free. By placing their “free will” beyond the reach of their material environment, we make room for all sorts of impositions on people’s ability to act in their own interests, and we may even make them vulnerable to exploitation. In the casino, this can include exploitation “to extinction.”

The book lays out a lethal criticism of the libertarian idea that “people should be allowed to make their own decisions” on this point. Our decisions are not free, and cannot be free, because absolute freedom of choice would render decision-making impossible. The defense of libertarian freedom requires us to join Pennsylvania governor Ed Rendell, and say of problem gamblers that “anyone who has that bent is going to lose their money anyways.”

Even a few weeks of familiarity with smart phones, video games, alcohol, sex, cigarettes, or porn is enough to know that all humans ‘have that bent’ in some capacity. The defense of libertarian freedom is, at best, a failure to understand the environmental effect of decision-making; at worst, something more nefarious.

The “freedom” that both those on the left and the right want to preserve is not a kind of “ability to do otherwise,” though people often attempt to describe it in this way. Rather, it is the kind of feeling of power that Nietzsche articulated, which Crawford captures in his description of a line-cook who feels “like a machine” when he is performing at his best.

What he seems to convey when he exults “I’m a machine,” ironically enough, is that he is caught up in a moment of savoring his own distinctly human excellence. One virtue of the extended-mind rubric is that it offers a theoretical frame for understanding a very basic, low-to-the-ground mode of human flourishing, in which we are wholly absorbed in activity that joins us to the world and to others. The cook finds pleasure in his ability to improvise; to meet the unpredictable demands of the situation, and to do so within the structure imposed by the kitchen.

This feeling of power is accomplished by tuning ourselves to our environment, and also by tuning our environment to ourselves, to create an ecology of attention that gives a feeling of coherence in our lives.

It may be less surprising to some than to others that a writer like Rebecca Newberger Goldstein [4] might take issue with Crawford’s diagnosis, particularly with his assessment of the Enlightenment. While Crawford’s argument is, as Goldstein rightfully points out, by no means a complete history of enlightenment thought, the incompleteness of his account of Spinoza and Hume is not particularly relevant to the argument. Crawford is not saying ‘the Enlightenment was bad,’ but rather ‘this particular conception of the self is wrong.’ By outward appearances, Goldstein’s fixation on the Enlightenment looks like a superficial excuse to disagree with Crawford’s account of coherent self-hood, agency, and a moral theory of attention, without actually addressing the argument itself.

In the end, Crawford’s theory of attention and the self presents a challenge to the neoliberal and libertarian conceptions of individual agency that have separated us from the legacy of those who did have our best interests at heart. It is an argument which—red herrings about the Enlightenment aside—does not appear to have a strong counterargument. If it is correct, then it poses the reader with the challenge of finding some way to ‘jig’ our collective environment in such a way that the possibility of forging a coherent self is possible. If we don’t, then we will be ‘nudged’ into accepting an autistic existence in a kind of Brave New Casino.

Given the rates of porn addiction [5] and suicide [6] that we have presently, such a future may not be very far off.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/02/creating-a-place-to-be/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/02/WorldBeyondYourHead.jpg

[2] Slate: http://www.slate.com/articles/arts/books/2009/05/heidegger_and_the_art_of_motorcycle_maintenance.html

[3] Francis Fukuyama: http://www.nytimes.com/2009/06/07/books/review/Fukuyama-t.html?pagewanted=all

[4] Rebecca Newberger Goldstein: https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2015/05/dont-overthink-it/389519/

[5] porn addiction: https://www.webroot.com/us/en/home/resources/tips/digital-family-life/internet-pornography-by-the-numbers

[6] suicide: https://www.counter-currents.com/2017/07/chester-bennington-and-white-male-suicide/

dimanche, 11 février 2018

La Chine installe une base militaire en Afghanistan

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La Chine installe une base militaire en Afghanistan

Par Peter Korzun

Source Strategic Culture

Ex: http://lesakerfrancophone.fr

La province afghane du Badakhshan est limitrophe de la région autonome chinoise ouïgour, le Xinjiang. Elle faisait autrefois partie d’une voie commerciale reliant l’Orient et l’Occident, connue sous le nom d’ancienne route de la soie. Aujourd’hui, cette route est relancée dans le cadre de l’initiative chinoise One Belt, One Road (OBOR), qui prévoit la construction d’importantes infrastructures en Afghanistan et en Asie centrale, dans le but de stimuler l’intérêt de Beijing pour la province.

L’Afghanistan abrite d’importants gisements de matières premières que la Chine pourrait importer. Pékin est en train d’investir 55 milliards de dollars au Pakistan et prévoit de construire un corridor économique s’étendant  jusqu’à la mer d’Arabie. L’OBOR dynamisera l’économie mondiale et profitera également à l’Afghanistan. La Chine est le principal investisseur et partenaire commercial de l’Afghanistan. La stabilité en Afghanistan est dans l’intérêt de la Chine, mais il y a peu d’espoir que les États-Unis puissent la fournir. Après tout, Washington n’a rien réalisé de substantiel allant dans ce sens depuis 2001. Il y a eu des attaques et des replis soudains, des changements de tactiques et de stratégies, et de nombreuses études sur la façon de renverser la tendance de cette guerre, mais les talibans sont toujours forts et l’économie afghane en ruine – le trafic de drogue étant le seul type d’entreprise qui y prospère. Jusqu’à présent, l’administration Trump n’a pas encore présenté sa stratégie tant attendue pour l’Afghanistan, même s’il y a au moins 8 400 soldats américains basés dans le pays. Et leur nombre va bientôt augmenter. Les relations entre les États-Unis et les autres acteurs concernés, comme le Pakistan, sont très tendues. Washington a récemment suspendu son aide militaire à ce pays.

L’instabilité en Afghanistan menace le corridor économique sino-pakistanais, un élément important de l’OBOR. La Chine agit en tant que médiateur, essayant de concilier les différences entre les acteurs régionaux. Les relations afghanes et pakistanaises se sont détériorées en 2017 lorsqu’elles se sont accusé l’une et l’autre de fournir un soutien aux djihadistes opérant dans les zones frontalières. Pékin travaille d’arrache-pied pour améliorer ces relations bilatérales. Elle a mis en place une réunion tripartite entre tous les ministres des Affaires étrangères en 2017. L’un des résultats de ces discussions a été la création de groupes de travail pour promouvoir la coopération dans divers domaines d’activité. Une autre réunion devrait avoir lieu cette année à Kaboul.

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Le Mouvement islamique du Turkménistan oriental, un mouvement nationaliste et islamique ouïgour du Xinjiang, est actif en Afghanistan. Les militants acquièrent de l’expérience de combat en combattant côte à côte avec les talibans et d’autres groupes militants. Pékin ne veut pas que ces guerriers chevronnés reviennent et se livrent à des activités terroristes sur son territoire.

La Russie et la Chine ont intensifié leur aide militaire aux États d’Asie centrale. Elles estiment que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) peut contribuer de manière substantielle à un règlement pacifique. Ces deux pays tentent de construire un réseau d’États régionaux. Moscou et Pékin sont motivées par leurs intérêts nationaux. Conscientes de leurs responsabilités en tant que grandes puissances, elles travaillent ensemble pour promouvoir la sécurité en Afghanistan et en Asie centrale.

Ceci dit, la Chine pourrait penser que ses intérêts dans la région sont suffisamment forts pour justifier un engagement militaire à l’extérieur de ses frontières. Des représentants du gouvernement afghan ont indiqué que la Chine envisage de construire une base militaire au Badakhshan. Les discussions sur les détails techniques vont bientôt commencer. Les armes et le matériel seront chinois, mais l’installation sera dirigée par du personnel afghan. Les véhicules et le matériel seront acheminés par le Tadjikistan. Il ne fait aucun doute que des instructeurs militaires chinois et autres experts viendront également former et assister les missions. Le vice-président de la Commission militaire centrale chinoise, Xu Qiliang, affirme que la construction de cette base devrait être achevée en 2018.

Grâce à quelques offensives puissantes menées en 2017, les talibans ont capturé temporairement les districts d’Ishkashim et Zebak et celui du Badakhshan. Le gouvernement afghan n’a pas réussi à assurer une présence militaire suffisante pour assurer la sécurité. Un accord avait été conclu avec les commandants locaux sur le terrain, qui leur avait donné une part de la production de lapis-lazuli là-bas, en échange d’une cessation des hostilités. Mais les chamailleries internes ont sapé la paix fragile entre les groupes locaux, et les talibans ont saisi l’occasion pour intervenir. La présence d’État islamique dans la province est particulièrement préoccupante. La sécurité des frontières est donc une question d’une importance primordiale pour Pékin.

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La question est : jusqu’où la Chine est-elle prête à aller ? Jusqu’à présent, elle a limité ses activités militaires à des équipes commandos patrouillant dans le corridor de Wakhan. Une base militaire au Badakhshan constituerait une étape importante démontrant que Pékin est prête à étendre sa présence dans le pays et remplacer les États-Unis. La Chine a un atout dont les États-Unis manquent – ses bonnes relations avec la Russie et le Pakistan. Pékin représente l’OCS, une grande organisation internationale qui comprend des acteurs tels que la Turquie, l’Iran, l’Inde, le Pakistan et les pays d’Asie centrale. L’année dernière, le président russe Vladimir Poutine a pris l’initiative de relancer les travaux du Groupe de contact de l’OCS sur l’Afghanistan. Ces activités avaient été suspendues en 2009. La Russie préconise d’ouvrir dès que possible des pourparlers directs entre le gouvernement afghan et les talibans. Pékin soutient également cette idée. Les deux nations sont dans le même bateau. Moscou a déclaré qu’elle était prête à accueillir une conférence sur l’Afghanistan.

L’OCS peut transformer le processus de paix en un véritable effort multilatéral. Cela affaiblira le poids des États-Unis dans la région, mais renforcera les chances de trouver un règlement au conflit. La coopération et la diplomatie pourraient ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Afghanistan.

Peter Korzun

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.

 

Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

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Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

Par Patrice GOURDIN

Ex: https://www.diploweb.com

Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne à l’École de l’Air. Il intervient également à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique.

Alors que nous assistons à la mise en scène des « Jeux de la Paix » entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, l’Union européenne compte depuis 2004 un pays membre – Chypre - occupé en partie par un pays supposé candidat depuis 2005 – la Turquie. Patrice Gourdin offre ici une analyse géopolitique de ce lieu de tensions en mer Méditerranée. Un texte de référence sur une question souvent méconnue.

FIN janvier 2018, à Lefkosia (nom turc de Nicosie), à l’instigation du président turc Recep Tayyip Erdogan, des nationalistes ont attaqué le journal Afrika qui avait critiqué l’offensive contre les Kurdes de Syrie (opération Rameau d’olivier) et établi un parallèle avec l’intervention à Chypre en 1974. Cette violence illustre les rivalités qui affligent l’île. Sur le territoire de Chypre, la répartition du pouvoir est complexe : au nord, la République turque de Chypre du Nord-RTCN, une zone peuplée de Chypriotes turcs, occupée par l’armée turque depuis 1974 ; au sud, un espace contrôlé par la République de Chypre, où le pouvoir est exercé par des Chypriotes grecs. Issues d’un conflit, ces deux entités sont séparées par une zone tampon où se trouve stationnée depuis 1974 une force d’interposition de l’ONU, la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Ajoutons qu’après l’indépendance de Chypre en 1960, la Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires (Dhekelia, Akrotiri), sur la côte sud. La proximité de cet espace insulaire avec le Proche-Orient contribue à expliquer cet état de fait. Le poids de l’histoire est considérable et plusieurs acteurs extérieurs ont influé ou continuent d’influer sur l’évolution de l’île.

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Carte de Chypre en 2017.
Source de cette carte de Chypre en 2017 : Mathieu Petithomme « Chypre : l’impasse des pourparlers de réunification », Questions internationales n°87 - septembre-octobre 2017, La documentation Française.

I. Un carrefour insulaire

L’île de Chypre se situe en Méditerranée orientale, très près des côtes de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Israël et d’Égypte. Cela la place au contact direct d’une zone particulièrement instable : le Proche-Orient. La tumultueuse histoire de cette région pesa constamment sur les Chypriotes. L’île connut différents centres de pouvoir, aujourd’hui disparus ou délaissés. En 1192, la maison des Lusignan prit la direction du royaume et en fixa la capitale à Nicosie. La ville se trouvait idéalement située : sur la rivière Pedieos, pour l’approvisionnement en eau ; au cœur de l’île, donc équidistante des différentes régions ; dans la plaine de la Mésorée, principale zone agricole, pour l’alimentation des citadins. Nicosie est l’épicentre de tous les événements importants qui marquèrent l’évolution de l’île depuis près d’un millénaire. Moins connu que celui qui traversait Berlin entre 1961 et 1989, un mur de séparation matérialise, au cœur de la capitale, la coupure du pays en deux. La division politique de l’île, la zone tampon instituée en 1964 à Nicosie puis généralisée en 1974 et l’emprise des bases britanniques (Dhekelia, Akrotiri) fragmentent le territoire de Chypre. La découverte récente d’hydrocarbures offshore suscite des tensions autour de la délimitation des zones économiques exclusives des États riverains.

Chypre est peu étendue : 9 251 km², ce qui la place derrière la Sicile, la Sardaigne ou la Crète, à peu près à égalité avec la Corse. Ce territoire est marqué par les caractéristiques de l’insularité, plus ou moins pesantes selon les périodes de son histoire : un relatif isolement, des particularismes, une économie en partie dépendante de l’extérieur, des difficultés à maîtriser son sort.

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Plus arrosé que la chaîne de Kyrenia, le massif du Troodos est le château d’eau de l’île, source de plusieurs fleuves ou rivières (notamment le Pedieos) qui viennent irriguer la plaine fertile de la Mésorée. Mais la sécheresse du climat méditerranéen est particulièrement marquée, ce qui pose depuis toujours le problème des disponibilités en eau. L’existence des habitants, ainsi que le développement des aptitudes agricoles et des activités touristiques, dépendent de la plus ou moins grande capacité à mettre en place et à entretenir des systèmes hydrauliques efficaces. L’agriculture, autrefois prospère et source importante de richesse, occupe aujourd’hui une place modeste dans la vie économique (2,3 % du PIB de la République de Chypre). Les troubles dans l’île tout au long du XXe siècle ont entravé la modernisation de l’agriculture de la Mésorée, la grande plaine centrale. La coupure de l’île a ruiné les exploitations dans la partie nord. Depuis plus de quarante ans, les habitants attendent la mise en œuvre du programme d’aménagement promis par Ankara pour améliorer l’agriculture de la zone turque.

Chypre occupant une position de carrefour, son insularité ne l’empêcha pas de profiter très précocement de la révolution néolithique. Elle fut ensuite incorporée à toutes les grandes constructions politiques proche-orientales de l’Antiquité, tout en préservant une plus ou moins grande autonomie jusqu’à la domination macédonienne. Elle choisit l’hellénisme dès la période achéménide et appartint au vaste empire d’Alexandre, puis le diadoque Ptolémée en prit le contrôle. Après les conquêtes de Pompée en Orient, Chypre intégra l’Empire romain. Lors du partage du IVe siècle, elle échut à l’Empire romain d’Orient. Durant tout le Moyen-Âge, Chypre fut une plate-forme importante des échanges commerciaux et des affrontements entre l’Orient musulman et les puissances chrétiennes. Elle tomba aux mains de l’Empire ottoman, sous lequel son économie périclita et la population chrétienne souffrit. Elle appartint à l’empire colonial britannique de 1878 à 1960. Pour Londres elle eut une valeur stratégique variable : brièvement importante pour contrer l’avancée russe en Méditerranée à la fin du XIXe siècle, cruciale pendant la Première Guerre mondiale pour affronter l’Empire ottoman, considérable depuis la Seconde Guerre mondiale pour peser sur l’évolution du Proche-Orient. Aujourd’hui, la République de Chypre argue de cette situation de carrefour pour encourager l’implantation d’entreprises étrangères. Elle valorise le très riche patrimoine culturel accumulé au fil de ces différentes époques pour attirer les touristes étrangers.

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Dans l’Antiquité, Chypre fut le principal fournisseur de cuivre du bassin méditerranéen. Cette ressource généra une importante activité métallurgique aujourd’hui pratiquement disparue. Les exportations de matière première et de produits finis contribuaient largement à la prospérité de l’île. Temps révolus : les gisements sont épuisés et une seule mine reste en activité, celle de Skouriotissa. Les habitants tentent désormais de faire des sites d’extraction une attraction touristique. Le sous-sol ne recèle aucune autre ressource notable. Cela a contribué à l’absence d’activité industrielle significative jusqu’à nos jours (10,6% du PIB de la République de Chypre). Découvert à partir de 2009 dans la région maritime comprise entre l’Égypte et la Turquie, le « bassin du Levant » recèlerait, selon les estimations de l’US Geological Survey, 3 400 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Des experts comparent ce gisement à celui de la Mer du Nord. En 2011, d’importantes réserves ont été localisées au large de la côte sud de l’île. La République de Chypre entend bien s’appuyer sur ce pactole pour améliorer sa situation économique. Mais la mise en exploitation du gisement Aphrodite se heurte au problème des investissements et aux revendications de la Turquie.

L’île participa de tout temps aux échanges maritimes en Méditerranée, mais la valorisation de cet atout est limitée par les sanctions que la Turquie a prises à l’encontre des navires battant pavillon chypriote ou ayant fait escale dans un port de la République de Chypre. Toutefois, cette dernière, à l’instar de la Grèce, tire parti de sa longue tradition navale pour offrir un pavillon de complaisance (2% de flotte mondiale, soit1 053 navires totalisant une capacité de 33 Mt de port en lourd) qui contribue pour 5% au PIB du pays. Ceci, joint à une politique fiscale “attractive“ et à un système bancaire peu regardant, vaut à la République de Chypre une réputation douteuse et la présence de personnages ou d’entreprises pas toujours recommandables. Cette particularité remonte à la guerre civile libanaise (1975-1990), qui provoqua le transfert des activités bancaires de Beyrouth vers Nicosie. La fin de la Guerre froide a entraîné l’afflux des fortunes russes (notamment à Limassol où l’on décompte 30 000 résidents russes). Cela a contribué à amplifier les activités des banques chypriotes. Les difficultés de ces dernières sont à l’origine de la très grave crise financière qu’a connue le pays en 2008-2013. Le pays dut faire appel à l’Union européenne qui le plaça sous surveillance et lui imposa des réformes. La crise est officiellement terminée depuis 2016. La disponibilité d’importantes quantités de capitaux explique que la construction immobilière ait connu un essor important. Les investissements s’orientent également vers le tourisme (favorisé par le climat, l’omniprésence de la mer et le capital culturel) qui est devenu le secteur le plus important de l’économie chypriote (15% du PIB de la République de Chypre, qui reçoit 3 millions de visiteurs par an). De son côté, la RTCN tente de devenir un “casino flottant“ pour les ressortissants du Proche-Orient mais cela ne suffit pas pour lui éviter de stagner dans le marasme économique.

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La population de Chypre est faible : 1 116 500 habitants. Les habitants sont inégalement répartis dans l’espace. Si les faibles densités s’expliquent en partie par les conditions naturelles (relief inhospitalier, notamment le massif du Troodos), le dépeuplement du Nord résulte de l’expulsion des Chypriotes grecs lors de l’invasion turque en 1974. L’implantation de colons turcs venus d’Anatolie est loin d’avoir compensé cette perte. Les statistiques démographiques, fragmentaires, portent avant tout sur la République de Chypre. La population affiche un vieillissement marqué : 15,16 % de la population ont moins de quinze ans, 29,4 % ont moins de 25 ans, 11,8 % ont 65 ans ou plus. Avec 1,47 enfants par femme, le remplacement des générations n’est plus assuré. Comme partout où il se produit, ce phénomène obère l’avenir.

Dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

Avec un indice de développement humain élevé (0,856), la République de Chypre se situe au 33e rang mondial (au niveau de Malte ou de la Pologne, légèrement en-dessous de la Grèce et largement au-dessus de la Turquie). Les dépenses d’éducation atteignent 6,4 % du PIB et le taux d’alphabétisation de la population dépasse 99 %. Cela garantit une main-d’œuvre qualifiée, mais n’empêche pas le chômage (10% de la population active de la République de Chypre) car l’activité économique est insuffisante (la crise économique a provoqué le départ de 25 000 personnes). Les dépenses de santé représentent 7,4 % du PIB et l’espérance de vie est assez élevée : 81,6 ans pour les femmes, 75,8 ans pour les hommes. Un niveau comparable à celui de la Pologne ou des États baltes. La Turquie affiche des performances bien inférieures. D’ailleurs, selon les estimations, dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

La population de Chypre est hétérogène. La délimitation du périmètre d’attribution de la nationalité chypriote (question des colons turcs) dans la perspective d’une réunification constitue l’un des points débattus dans les négociations. Le nombre est un facteur important pour la répartition du pouvoir et des ressources dans la perspective qui semble la plus adaptée au cas chypriote : la mise en place d’un État fédéral associant deux entités fondées sur l’appartenance communautaire. Par conséquent, les chiffres qui circulent sont sujets à caution. En l’absence de recensement contemporain fiable, les extrapolations se basent sur celui de 1954. À cette date, les Chypriotes grecs représentaient 80,2 % de la population et les Chypriotes turcs 17,9 %. Avant la partition, les Chypriotes grecs étaient présents sur l’ensemble de l’île et les Chypriotes turcs étaient disséminés un peu partout (mais regroupés dans 45 enclaves depuis 1964). En 1974, les transferts forcés de population ont vidé la partie nord de ses habitants grecs et la partie sud de ses habitants turcs. Après une décennie de ségrégation spatiale, il s’est produit un processus d’épuration ethnique.

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Les deux parties de l’île ont des institutions politiques distinctes. Elles jouissent d’un régime démocratique, mais la partie nord subit depuis 1974 les avatars de l’autoritarisme caractéristique des pouvoirs turcs successifs. Des élections pluralistes sont régulièrement organisées dans les deux entités. De part et d’autre, dans les campagnes électorales, la question de la réunification occupe une large place. Au sein des deux communautés, une majorité semble favorable à celle-ci, mais la plupart des habitants de l’île ne souhaitent pas la réaliser à n’importe quel prix. La communauté turque tient à limiter les restitutions et/ou les indemnisations de biens grecs expropriés en 1974. La communauté grecque rechigne à l’octroi de la citoyenneté chypriote aux colons venus d’Anatolie. En conséquence, les négociations entre les deux parties n’ont, jusqu’à ce jour, jamais abouti et les divers plans proposés par la communauté internationale ont été rejetés.

Il s’avère d’autant plus difficile de trouver une solution que la culture insulaire mêle originalité et diversité.

II. Une population clivée

Chypre eut une grande importance dans l’histoire du christianisme. Elle fut l’une des étapes du premier voyage de conversion entrepris par Paul de Tarse. La première église fut fondée à Salamine et Barnabé (cousin de Marc l’Évangéliste et l’un des soixante-douze disciples du Christ) en fut le premier évêque. Selon la tradition chrétienne, après sa résurrection, pour fuir les persécutions, Lazare se rendit à Chypre où il prit une part active à l’évangélisation. Il devint le premier évêque de la ville de Kition, renommée après sa mort Larnaca (du grec larnax  : le tombeau). Le christianisme chypriote, base de l’identité de la communauté grecque, s’inscrit dans la tradition orientale, confortée par plusieurs siècles d’appartenance à l’Empire byzantin. Depuis 431(concile d’Éphèse), l’Église de Chypre est autocéphale : elle jouit d’une indépendance totale, sur le plan juridique comme sur le plan spirituel. Son rayonnement, limité par l’insularité, ne lui permit pas d’être érigée au rang de patriarcat. Il s’agit d’un archevêché, dont le titulaire détient l’autorité suprême, source d’un prestige et d’une autorité qui perdurèrent jusqu’à la mort de Mgr Makarios (1977).

Chypre se trouve sur la ligne de contact entre le christianisme et l’islam. Sa situation stratégique en Méditerranée orientale en fit une place disputée entre l’Empire musulman et l’Empire byzantin. En 649, elle passa sous le contrôle du Califat, qui la conserva jusqu’en 965, date à laquelle Nicéphore II Phocas mit fin à trois siècles de suprématie maritime arabe et restaura la souveraineté byzantine sur l’île. Point d’appui essentiel des royaumes latins d’Orient, Chypre passa sous le contrôle de la famille des Lusignan en 1192 (évincés par les Vénitiens en 1489). Dès 1196, l’Église latine s’imposa. Elle implanta un archevêché à Nicosie et édifia des lieux de culte de style gothique dont certains vestiges subsistent, contribuant à l’originalité du paysage. Les deux Églises coexistèrent plus ou moins difficilement jusqu’à la conquête turque, en 1570. Chypre devint alors une province de l’Empire ottoman. Quatre ans plus tard, l’Église orthodoxe fut rétablie dans ses droits, tandis que l’Église latine était supprimée et que ses édifices cultuels étaient transformés en mosquée ou désaffectés.

Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique.

L’islamisation de l’île se fit donc en deux temps : du VIIe au Xe siècle sous les dynasties Abbasside puis Omeyyade ; entre 1570 et 1878 dans le cadre de l’Empire ottoman. Il en résulte la présence d’une importante minorité musulmane, ainsi qu’une forte empreinte architecturale. Umm Ahram, la nourrice de Mahomet, participa à la conquête de l’île et mourut au bord du lac salé qui se trouve près de Larnaca. Elle y fut enterrée en martyre, et un complexe religieux y fut édifié. Il s’agit désormais d’un des plus importants lieux saints de l’islam. Sa localisation dans la partie grecque de l’île limite les possibilités de pèlerinage pour les Chypriotes turcs.

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Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique. Par la combinaison de la jalousie de la communauté musulmane et de la dégradation de l’administration, la situation des Chypriotes orthodoxes se détériora aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les exactions fiscales étaient monnaie courante, les famines se répétaient, engendrant des révoltes sévèrement réprimées et nombre de chrétiens émigrèrent vers la Crète, le Péloponnèse, Corfou, et même Venise. Au XIXe siècle, la population grecque de l’île, était instruite et ses élites suivaient les péripéties du mouvement des nationalités en Europe. Une partie de ses membres communiait dans la « Grande Idée » de se libérer du joug ottoman et de restaurer l’Empire byzantin. Par conséquent, le déclenchement de la guerre d’indépendance grecque provoqua, en 1821, une répression préventive de la part des autorités ottomanes, ainsi que l’abrogation des pouvoirs de l’Église. Le 9 juillet 1821, les principaux notables grecs — parmi lesquels l’archevêque, Cyprien — furent exécutés. Dès lors, animée d’un sentiment antiturc, une partie des Chypriotes revendiqua l’ enosis , le rattachement à la future Grèce libérée. L’île était désormais impliquée dans les rivalités qui tissaient la Question d’Orient. En 1832, lorsque l’Empire ottoman dut accepter l’indépendance de la Grèce par le traité de Constantinople (signé avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie), Chypre en était exclue, malgré le panhellénisme affiché par une partie de sa population. Compensation partielle, la politique de réformes (Tanzimat) entreprise à partir de 1839 par le sultan Abdülmecid Ier marqua le début d’une amélioration dans l’administration de l’île.

cyprusGB.jpgLa poussée russe en direction de la Méditerranée orientale et l’ouverture du canal de Suez (1869) amenèrent la Grande-Bretagne à s’intéresser à la position stratégique de Chypre. Après avoir limité les ambitions de Moscou en soutenant l’Empire ottoman (congrès de Berlin, 1878), la Grande-Bretagne conclut une alliance défensive avec Istanbul, qui lui confia l’administration de Chypre (Conventions des 4 juin, 1er juillet et 1er août 1878). L’anglais supplanta alors le français comme langue des élites. Mais la modernisation ne fut pas à la hauteur des espérances. En effet, dès 1882, les Britanniques disposèrent du port d’Alexandrie pour sécuriser le trafic maritime de la route des Indes via le canal de Suez et surveiller tout mouvement éventuel de la flotte russe. Chypre perdait son importance stratégique et les investissements déclinèrent rapidement. Déçus, en 1889, les Chypriotes grecs demandèrent officiellement leur indépendance et leur rattachement à la Grèce. Londres leur opposa le premier d’une longue série de refus.

L’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) provoqua l’abrogation des Conventions de 1878 et l’annexion de Chypre par la Grande-Bretagne (5 novembre 1914). La présence de troupes alliées à Salonique et en Égypte réactiva l’importance stratégique de Chypre et offrit à l’économie de l’île d’importants débouchés. À la fin de la Première Guerre mondiale, les Chypriotes grecs renouvelèrent sans succès leur demande de rattachement à la Grèce, tandis que la Turquie renonçait “définitivement“ à Chypre (1920 : traité de Sèvres ; 1923 : traité de Lausanne). Or, les guerres gréco-turques de 1919-1920 et l’épuration ethnique croisée qui en résulta avaient accru les passions identitaires. La revendication d’enosis en fut exacerbée, tandis que Londres maintenait son intransigeance : en 1925, l’île devint officiellement colonie britannique. Le 21 octobre 1931, une manifestation en faveur de l’enosis tourna à l’émeute et le palais du gouverneur britannique fut incendié. Les troubles persistèrent jusqu’en 1939.

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L’invasion de la Grèce par les puissances de l’Axe (28 octobre 1940 - 28 avril 1941) poussa des Chypriotes à s’engager dans l’armée britannique. Chypre redevint une base militaire essentielle après le débarquement de Rommel en Afrique du Nord, en février 1941, et la conquête de la Crète par les Allemands, en mai 1941. Londres autorisa une relative libéralisation de la vie politique sur l’île mais, en 1945, une nouvelle demande de rattachement à la Grèce fut rejetée. La Grande-Bretagne tenta de juguler le mécontentement par l’octroi d’un statut d’autonomie. Londres nourrissait de vives inquiétudes : alors que le contexte de Guerre froide avait entraîné une sanglante guerre civile en Grèce (1946-1949), le parti communiste chypriote (AKEL) avait connu un essor important depuis la Seconde Guerre mondiale. L’appréhension était partagée, comme en attesta la condamnation du communisme par l’archevêque de Nicosie. Mais ce dernier n’abandonnait pas pour autant la cause panhellénique. En janvier 1950, il organisa un référendum officieux sur l’enosis. 96 % des votants exprimèrent leur volonté de rattachement à la Grèce. Les autorités britanniques dénoncèrent l’illégalité de la consultation et refusèrent de la prendre en considération. Avec l’élection de Monseigneur Makarios III à sa tête, en octobre 1950, l’Église autocéphale chypriote intensifia le combat panhellénique. Le nouvel archevêque tenta de saisir l’ONU de la question de Chypre, mais la Grande-Bretagne s’y refusait et le gouvernement grec ne pouvait contrarier cette dernière car il en dépendait. Après l’évacuation de la zone du canal de Suez exigée en 1954 par le colonel Nasser, Londres eut un motif supplémentaire de conserver ce territoire : le quartier général britannique pour le Moyen-Orient devait y être transféré. Elle annonça un nouveau statut d’autonomie mais renouvela son refus d’aller au-delà. À l’automne 1954, la Grèce put enfin faire inscrire la question chypriote à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies. Les Britanniques, afin de dévier le problème sur le terrain de la rivalité gréco-turque et de se poser en arbitres, impliquèrent la Grèce et la Turquie dans les négociations. La manœuvre réussit à la perfection et aucune solution ne fut trouvée : alors que la première réclamait l’autodétermination, la seconde la refusa.

Georgios-Grivas_3084104c.jpgGeorges Grivas, un général grec vétéran des deux guerres mondiales, créa, en 1954, l’Organisation nationale des combattants chypriotes (Ethniki Organosis Kyprion Agoniston-EOKA). Le 1er avril 1955, avec l’accord de Mgr Makarios, il déclencha la lutte armée pour l’indépendance et l’enosis. Convaincus que Mgr Makarios instrumentalisait l’EOKA, les Britanniques l’exilèrent aux Seychelles (9 mars 1956). Cela déclencha des protestations internationales et Grivas intensifia les opérations, ce qui aggrava la répression. La violence atteignit son paroxysme et le gouvernement britannique se résigna à l’autodétermination. L’intervention à Suez, en novembre 1956, démontra tout à la fois l’utilité d’une base stratégique en Méditerranée orientale et la nécessité d’être en bonne intelligence avec la population sur le territoire de laquelle elle était implantée. Les pourparlers reprirent au printemps 1957, après la libération de Mgr Makarios. Sous la pression américaine, la Grèce et Mgr Makarios renoncèrent à l’ enosis , tandis que les Turcs abandonnaient leur projet de partition. L’EOKA cessa ses opérations en 1959.

Le 16 août 1960, l’île devint indépendante, avec une Constitution prévoyant un partage du pouvoir entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Sur le terrain, les deux communautés restaient imbriquées et avaient vécu en bonne intelligence jusqu’aux clivages intercommunautaires qui apparurent en 1956 et produisirent les premiers incidents sanglants en 1958. Afin de se protéger des violences perpétrées par l’EOKA, des Chypriotes turcs, autour de Rauf Denktash, fondèrent alors l’Organisation turque de résistance (Türk Mukavemet Teskilati-TMT) et prônèrent la partition. La multiplication des divergences rendit l’île ingouvernable. En 1962, pour sortir de la paralysie, Mgr Makarios tenta de modifier la Constitution. Mais les Chypriotes turcs, craignant de voir leurs droits réduits, s’y refusèrent. Les affrontements entre les deux communautés s’exacerbèrent en 1963 (Noël sanglante) et dès 1964, l’île faisait l’objet d’une partition de fait  : 100 000 Chypriotes turcs étaient regroupés dans 45 enclaves dispersées sur l’ensemble de l’île. S’ouvrit alors une décennie de crise, qui culmina le 15 juillet 1974 avec la tentative de coup d’État de la dictature militaire grecque (appuyée sur l’EOKA-B créée par Grivas en 1971 pour relancer l’enosis) contre Mgr Makarios. Les colonels essayaient d’enrayer la contestation populaire en Grèce par l’accomplissement de l’enosis. Cette manœuvre tourna à la confusion de ses auteurs : les Turcs débarquèrent dans le nord de l’île le 20 juillet 1974. À l’issue d’un mois de combats, auxquels participèrent activement les membres du TMT, Ankara contrôlait le tiers nord de l’île, ce qui provoqua un exode massif de populations (200 000 Chypriotes grecs chassés au sud ; 42 000 Chypriotes turcs chassés au nord) et la mise en place de deux entités politiques : la République de Chypre et la RTCN.

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Les oppositions entre insulaires ne se réduisent pas au clivage entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Chaque communauté connaît de vifs débats internes illustrés par les récentes élections : législatives du 7 janvier 2018 dans la partie turque, présidentielles des 28 janvier et 4 février 2018 dans la partie grecque. Si la question de la réunification nourrit largement les débats, les problèmes socio-économiques prennent de plus en plus d’importance. Notamment dans la partie grecque, où le président sortant (Nicos Anastasiades) vient d’être réélu non seulement sur la promesse de reprendre les négociations, mais aussi sur l’engagement de relancer l’économie (et l’emploi) et de créer un fonds dédié au remboursement d’une partie de l’épargne saisie lors de la crise bancaire de 2013. Le débat n’est pas absent de la partie turque : parti historique de la communauté, fondé en 1975 par Rauf Denktash, le Parti de l’unité nationale (conservateur nationaliste) n’a pas atteint la majorité absolue, une partie des électeurs lui reprochant tout à la fois d’être corrompu, d’abuser du pouvoir (qu’il a exercé pendant plus de 30 ans depuis 1975) et d’être trop étroitement soumis à Ankara. Bien qu’émiettée, l’opposition est parvenue à créer une coalition réformatrice modérée majoritaire. L’opinion est également divisée sur la politique du président Erdogan : des Chypriotes turcs de souche rejettent l’implantation de colons venus de Turquie (ils seraient majoritaires en RTCN), critiquent l’intransigeance d’Ankara dans les négociations sur la réunification, s’opposent à l’islamisation (ouverture d’écoles religieuses, construction de mosquées) et à ce qu’ils considèrent comme une politique extérieure expansionniste.

En dépit de l’indépendance acquise en 1960, le sort des Chypriotes ne dépend pas des Chypriotes seuls.

III. Une île très convoitée

Peut-être instruit par une histoire et une actualité marquées par de multiples rivalités qui ensanglantèrent l’île, Mgr Makarios fut un adepte du non-alignement. Ce positionnement, qui indisposa les États-Unis, même s’il n’empêcha pas le maintien des bases militaires britanniques, prit fin en 2004 avec l’intégration au sein de l’Union européenne (comme pour Malte).

Marquée par la culture hellénique depuis l’Antiquité, Chypre entretient des relations anciennes et complexes avec la Grèce. Elle se trouva de ce fait influencée par la tentative de regroupement de toute les populations grecques par Athènes depuis le XIXe siècle. Elle demeure une composante du nationalisme grec. Elle est également concernée par la rivalité entre les Grecs et les Turcs, dont les tragiques péripéties ont donné, au fil des siècles, naissance à une tradition d’affrontement entre la Grèce et la Turquie. Depuis les années 1950, les États-Unis, soucieux de la sécurité du flanc sud de l’Alliance atlantique, tentent de tempérer cet antagonisme. La Grèce contrôle pratiquement toutes les îles de la mer Égée et du Dodécanèse. La possession de Chypre renforcerait sa capacité à bloquer l’ensemble des ports turcs de Méditerranée. Sans oublier que la présence éventuelle de gisements sous-marins d’hydrocarbures aiguise les appétits et les tensions. En proie à de graves difficultés internes, Athènes ne dispose pas des moyens d’une politique extérieure active, notamment vis-à-vis d’Ankara.

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Incluse dans l’Empire ottoman pendant trois siècles, Chypre demeure liée à la Turquie. Celle-ci s’est notamment érigée en protectrice de la minorité chypriote turque, instrumentalisée lors de l’intervention militaire de l’été 1974. Depuis cette date, la Turquie maintient 40 000 soldats sur place (contrairement à la Grèce, qui n’en a aucun) et implante des colons venus d’Anatolie (environ 100 000, semble-t-il). Elle est le seul État à reconnaître officiellement la RTCN. Cette dernière lui sert de gage pour d’éventuelles négociations avec la Grèce et contribue à sécuriser ses ports sur la côte méditerranéenne. Ce dernier aspect gagne en importance avec la montée en puissance de la Turquie comme carrefour d’exportation des hydrocarbures entre la Russie, le Caucase, l’Asie centrale, l’Iran et l’Union européenne. La candidature à l’intégration dans cette dernière, incitait Ankara à une relative modération. Mais, depuis 2010, la Turquie prend ses distances vis-à-vis de l’Occident, s’engage dans une politique de puissance régionale assise sur son essor économique et les tensions remontent avec la République de Chypre, notamment au sujet de la zone économique exclusive maritime dans laquelle se trouvent les gisements gaziers. L’évolution du pays, sous la direction de M. Erdogan, vers un nationalisme plus marqué et appuyé sur l’islam, influe sur le destin de Chypre. D’une part, à l’image des Turcs, les habitants de la RTCN sont divisés au sujet de cette politique. D’autre part, le durcissement d’Ankara affaiblit les chances d’aboutir à une solution négociée, d’autant que la Turquie entre en période pré-électorale (élections législatives et présidentielles en novembre 2019), moment propice aux surenchères.

La Grande-Bretagne, puissance coloniale, domina Chypre de 1878 à 1959. Elle a conservé deux importantes implantations militaires avec accès à la mer : l’une près de Larnaca, à Dekhelia, l’autre à Akrotiri, où se trouve l’unique base de la Royal Air Force en Méditerranée. Celle-ci joue un rôle essentiel pour participer aux opérations dans la région : en Irak (2003-2008) et contre Daech (depuis 2014).

La fin de la Guerre froide n’a pas diminué l’intérêt stratégique du flanc sud de l’OTAN aux yeux des États-Unis, traditionnellement en retrait sur le dossier chypriote pour préserver l’unité de l’Alliance atlantique. Afin de garantir un environnement de sécurité en Méditerranée orientale, ils souhaitent une coopération entre Chypre, la Turquie, la Grèce et Israël. Le règlement de la question chypriote en constitue l’un des préalables. Mais Washington n’a pas réussi à instaurer le climat de confiance nécessaire à la résolution du différend. Les tensions croissantes avec la Turquie depuis le début des années 2010 ne laissent augurer aucun progrès et la Russie ne peut que chercher à les entretenir.

cyprusrussia.jpgDepuis les années 1990, la présence russe s’accroît. Les nouveaux riches de l’ère post-soviétique apprécient la combinaison de la culture orthodoxe, d’une villégiature agréable, d’un environnement fiscal avantageux et de l’acquisition aisée de la nationalité grâce aux Golden Passports généreusement distribués depuis 2013 en échange du placement de leurs fortunes dans les banques locales. L’influente communauté juive d’origine russe installée en Israël entretient des relations d’affaires avec ces ex-compatriotes. Inévitablement, les facilités offertes n’ont pas échappé aux mafias russes. L’accession de Vladimir Poutine au pouvoir alors que les capacités de la Russie s’amélioraient a remis la politique de puissance à l’ordre du jour. Le retour au Proche-Orient s’intègre dans ce projet et la République de Chypre peut contribuer à sa réalisation. Signe du rapprochement entre les deux États, en 1997, la Russie a commencé à vendre des armes à Nicosie, notamment des missiles en vue de contrer une éventuelle intervention turque. Depuis 2013, Moscou bénéficie de facilités portuaires pour sa marine de guerre. Comme le renforcement de l’implantation de son armée en Syrie, elles appuient la réaffirmation de sa puissance. Mais la coopération entre Moscou et Ankara au Proche-Orient, si elle s’avérait durable, pourrait remettre en cause cette politique.

La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque.

L’ONU est impliquée directement à Chypre depuis 1964, date à laquelle le Conseil de sécurité décida de déployer une force d’interposition entre les communautés grecque et turque : l’United Nations Peacekeeping Force in Cyprus - Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre-UNFICYP (Résolution n° 186). Depuis 1974 elle sécurise la zone tampon établie entre le nord et le sud de l’île. 1 106 personnes y sont aujourd’hui déployées. À plusieurs reprises, mais en vain, le Conseil de sécurité a déclaré illégale la partition, notamment par ses résolutions n° 367 (1975) et n° 541 (1983). En 1998, le Programme des Nations Unies pour le développement-PNUD, en étroite collaboration avec l’UNFICYP, entama une série de démarches pour mettre en place des coopérations entre les populations des deux communautés. Le processus fut lent car la société civile était quasi inexistante de part et d’autre. Avec les assouplissements apportés en 2003 par la partie turque au franchissement de la zone tampon (aujourd’hui 7 points de passage), la situation a évolué : les initiatives se sont multipliées et les habitants s’organisent. Jusqu’à ce jour, en dépit de nombreuses tentatives, les efforts des Nations Unies pour favoriser la réunification ont échoué (plan Annan de 2004, négociations de Crans-Montana en 2017, par exemple). La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque. Pour tenter de débloquer la situation, plusieurs dizaines d’organisations ont fondé la plateforme bicommunautaire Unite Cyprus Now, qui multiplie les actions en faveur d’un État fédéral.

Contrairement à sa pratique habituelle consistant à ne pas accueillir en son sein de pays affectés par des contentieux internationaux, l’Union européenne a admis la République de Chypre en 2004. Outre la satisfaction d’une demande activement soutenue par la Grèce, il s’agissait d’une manœuvre diplomatique pour amener Ankara à assouplir sa position. La candidature de la Turquie semblait créer des conditions favorables pour une normalisation de la situation et la réunification de l’île. Le pari se solda par un échec, consacré par le virage de la diplomatie turque en 2010. L’embargo que la Turquie applique aux navires et aux marchandises originaires de/ou transitant par la République de Chypre constitue un handicap pour le commerce maritime de l’Union européenne. Il compromet également le partenariat euro-méditerranéen. Le gaz naturel découvert en 2011 au large des côtes chypriotes constitue un enjeu important pour l’Union européenne dans la perspective d’une diminution de sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Le secteur bancaire chypriote, s’appuyant sur une législation particulièrement favorable en matière de fiscalité des entreprises, joue un rôle-clé dans l’affirmation de la République de Chypre comme un des principaux paradis fiscaux de la planète. Pour cela, elle est régulièrement placée sur la sellette par les ONG (OXFAM, notamment) et les enquêtes (parlementaires, journalistes d’investigation). Corollaire de ces “facilités“, dans les deux parties de l’île, le crime organisé transnational s’épanouit.

Conclusion. Une partition durable ?

La géopolitique de Chypre constitue un cas d’école. La dimension identitaire pèse particulièrement lourd sur le destin de l’île. Or, les tensions ou les conflits qui en résultent s’avèrent partout parmi les plus difficiles à résoudre et les plus aisés à manipuler, de l’intérieur comme de l’extérieur. En janvier 1977, Mgr Makarios, président de l’entité grecque et Rauf Denkash, président de l’entité turque, les chefs historiques des deux communautés, étaient parvenus à un accord de principe pour instaurer un État fédéral. Mais Mgr Makarios mourut en avril de la même année, sans avoir finalisé cet arrangement. Une occasion unique de régler le problème chypriote fut ainsi ratée. Aujourd’hui, la dynamique paraît plutôt se trouver au cœur de la société civile. Mais cette dernière saura-t-elle et pourra-t-elle surmonter les représentations géopolitiques concurrentes et triompher des rivalités de puissance ?

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J. F. Gayraud: finance mondiale et capitalisme criminel

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La Finance mondiale est-elle minée par le crime?

Entretien avec Jean-François Gayraud, auteur du livre
" Le nouveau Capitalisme criminel". Jean-François GAYRAUD
n'en démord pas : les économistes se trompent,
la crise économique n'est pas systémique
mais criminelle. Ce commissaire divisionnaire de la
Police nationale, ancien membre de la DST,
criminologue, proche du chercheur belge Paul JORION,
a un point de vue unique sur la crise financière.
L'actualité lui donne raison. Au Japon, le bitcoin est
en chute libre : et s'il s'agissait d'une
vaste escroquerie ? L'Escroquerie et le crime n'ont-ils
pas, de tout temps, accompagné la vie
économique? Jean-François Gayraud
dénonce cette criminalité dans un rapport.
 
 

JFG-2NCC.jpgJean-François

Gayraud :

l'économie mondiale

vue du côté de la criminologie (RFI )

 
Crises financières,
narcobanques,
trading de haute
fréquence...
Financiarisé,
mondialisé
et dérégulé à l'excès,
le capitalisme n'est-il pas
devenu criminogène ?
 
Invités :
 
- Jean-François Gayraud,
commissaire de la Police
nationale, et ancien
membre de la Direction
de la surveillance du
territoire, essayiste.
« Le nouveau capitalisme
criminel », éditions Odile
Jacob.
 
- Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint
de la revue Alternatives Economiques. « La capture.
Où l'on verra comment les intérêts financiers ont
pris le pas sur l'intérêt général et comment mettre
fin à cette situation », éd. La Découverte.
 
- Jacques de Saint-Victor, historien. « Un pouvoir
invisible. Les mafias et la société », éd. Gallimard.
 

vendredi, 09 février 2018

Michel Drac sur Radio Courtoisie: «De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique?»

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Michel Drac sur Radio Courtoisie: «De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique?»

 
« De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique ? » : Pascal Lassalle reçoit Michel Drac dans "le libre journal des lycéens" sur Radio Courtoisie (3 février 2018).
 
Comprendre Macron avec Michel Drac : « VOIR MACRON, 8 scénarios pour un quinquennat ».
Michel Drac revient avec cet essai de futurologie politique.
Pour découvrir la quatrième de couverture et commande le livre : http://bit.ly/2i4haQ8
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

jeudi, 08 février 2018

Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène

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Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène

par Alice Audouin

Ex: http://www.aliceaudouin.com

Dans son dernier ouvrage Guerre et Nature (Prisma, 2013), Jean-Michel Valantin, chercheur spécialisé sur le lien entre Défense et Environnement, partage sa connaissance approfondie de la Défense américaine, explore et analyse la manière dont cette « première armée du monde » intègre les enjeux du développement durable. Cette exploration le conduit à remettre en perspective la notion d’hégémonie à l’ère de l’« anthropocène » (cette nouvelle ère géologique façonnée par l’homme) et montre que les techniques de résilience vont permettre de dominer un monde  soumis chaque jour davantage aux pénuries, pandémies et catastrophes naturelles. Tel Machiavel en son temps, Jean-Michel Valantin identifie les clés de la pérennité au pouvoir. Cette nouvelle version du Prince, érudite, visionnaire et d’une grande intelligence s’impose comme le livre de chevet indispensable des dirigeants politiques et militaires.

valantinLivre.jpgL’armée américaine intègre le développement durable

Le coup d’envoi est donné en 2006, avec la publication du rapport militaire National Security and the Threat of Climate Change.  L’armée américaine joue ici les précurseurs. Non seulement le rapport reconnait le réchauffement climatique comme une menace, mais le présente  (contrairement au risque nucléaire) comme une catastrophe inévitable. Si le gouvernement de Georges Bush n’avait pas su quoi faire de ce rapport, il marque néanmoins le premier changement culturel du pays. Depuis, plusieurs facteurs ont contribué à l’avancée du développement durable dans la défense américaine.

Tout d’abord, le peak oil se rapproche.  Or l’armée américaine fonctionne avec des énergies fossiles importantes, de plus en plus chères.  Avions, bateaux et chars et autres engins énergivores posent d’immenses problèmes d’approvisionnement, surtout dans un pays comme l’Irak ou le danger impose des convois renforcés, le tout devenant encore plus énergivore. L’amélioration des conditions de vie des combattants est elle aussi, très consommatrice de pétrole. L’utilisation massive de climatiseurs pendant la guerre en Irak a nécessité une gigantesque consommation d’énergie. C’est justement en Irak avec le casse-tête des climatiseurs, que les premières solutions de production d’énergie décentralisée et autonome, à base de photovoltaïque, a été mise en place. Le vol du premier avion de l’US Navy en 2010 avec 50 % de biofuel est le prémisse du passage vers une « great green fleet » et marque l’avancée de la Navy  sur l’US Air Force sur son propre terrain, l’aviation.  La Navy est précurseur dès 2008 avec la création de la Task Force on Climate Change, dans un contexte où l’Arctique, nouvel eldorado né de la fonte accélérée de la banquise, oblige à définir rapidement une stratégie.

Un autre facteur, lui aussi de plus en plus prépondérant, concerne l’ampleur croissante des catastrophes naturelles aux Etats-Unis, aboutissant à des destructions massives d’infrastructures, des pertes humaines, ce qui fragilise le pays et donc sa sécurité. Avec Katrina, le pays a découvert sa vulnérabilité.  Les catastrophes dues à la négligence humaine, comme Deepwater-Horizon, laissant écouler du pétrole sur 30 jours prouve l’existence d’un nouveau type de catastrophe,  dont l’ampleur des dégâts ne cesse de croître. La National Security entre en jeu, s’invite ainsi au débat, dès lors que les besoins en énergie et les conditions de vie sont impactés. La National Security évolue vers la Natural Security.

valantinL2.jpgEnfin, de nouvelles opportunités de domination apparaissent au fur et à mesure de la montée des enjeux environnementaux. Les  terres rares essentielles aux technologies propres du futur, situées dans des pays émergents, mais également les besoins d’aides après les catastrophes qui se multiplient, sont autant d’occasions de coopération et d’intervention dans les pays. Il est désormais prouvé que le réchauffement climatique accentue la puissance des catastrophes naturelles, ainsi que la pénurie de ressources nécessaires à la vie.  La mauvaise gestion de l’eau ou de la chaine alimentaire crée l’opportunité de dépendre de solutions américaines et d’ainsi étendre la puissance américaine. C’est sur ce dernier plan que selon Jean-Michel Valantin, la pensée stratégique prend un tournant inédit. Elle cesse ici d’être uniquement fondée sur la supériorité militaire, mais intègre la capacité à répondre technologiquement à la déstabilisation socio-environnementale planétaire. Le leadership en climate resiliency devient un atout stratégique. Le besoin croissant de se sortir rapidement et efficacement d’une catastrophe naturelle ou industrielle fera appel à un savoir-faire dont les meilleurs experts auront un avantage majeur.
 
Les films de guerre, annonciateurs d’un nouveau paradigme

Révélateur des représentations et mythes reliés à la puissance, Hollywood est un thermomètre fiable pour voir l’évolution de la société américaine et de son rapport à sa propre hégémonie. Pour pleinement mesurer l’avancée du développement durable dans la culture de la Défense, Jean-Michel Valantin analyse finement  les films de guerre issus des studios Hollywoodiens depuis la seconde guerre mondiale et retrace son évolution au travers de nombreux exemples. On démarre avec la Bombe A, qui est le premier socle culturel, les images des bombardements nucléaires ayant été eux-mêmes largement diffusés dans les media.

Avec Hiroshima, un imaginaire de « l’après catastrophe » se façonne : dévastation, retour au cannibalisme, guerres tribales entre survivants, etc.  La bombe nucléaire permet d’identifier une menace pour ce que l’homme a de plus élevé : la société, l’humanité.  La planète des singes ou encore Mad Max 2 sont  des avertissements de cette régression.

Le Seigneur des Anneaux et Avatar occupent eux l’avant-scène d’un nouveau paradigme, celui d’une alliance nécessaire entre l’homme, la nature et le « surnaturel » pour éviter la catastrophe finale. Ils rappellent tous deux l’importance de la relation avec la vie et ses mystères. Le Seigneur des Anneaux actionne une mythologie de la « vitalité », au travers du rôle symbolique des Elfes. Les ingrédients indispensables à la vie sont imbriqués dans une recette qui inclut une part de sacré.

valantinCIN3.jpgAvatar montre le changement de camp d’un ancien marine, passant du champ de la puissance militaire à la puissance naturelle. Il défend ce changement de camp, le présentant comme légitime et nécessaire à l’heure où l’humanité détruit le vivant. Là encore, la dimension sacrée est du côté de la vie et de ce qui mérite que l’on se batte et que l’on renonce au monde militaro-industriel qui la menace. Dans un autre ordre, le dernier James Bond Quantum of Solace montre que les nouveaux trésors sont naturels, comme l’eau, et qu’ils seront  les enjeux des luttes de demain. Leur raréfaction va multiplier les conflits. Enfin, les grands films sur les pandémies révèlent le potentiel viral et global de destruction d’un acte au départ isolé, montrant bien les jeux d’interdépendances entre les différents risques systémiques et globaux. L’imaginaire du nucléaire continue : l’enjeu derrière la dégradation environnementale, est la destruction de l’humanité.
 
Guerre et Nature prévient les princes du monde à l’heure du réchauffement climatique. La lutte  pour acquérir de gré ou de force les dernières ressources, les dernières terres rares, le dernier pétrole,  la dernière eau potable ou les derniers kilos de lithium, ne fera que condamner l’ensemble des acteurs sur l’échiquier du pouvoir, l’enjeu de conquête devenant une véritable peau de chagrin. La vitesse dans la course aux ressources manquantes ne sera pas le véritable levier de puissance, mais la capacité à faire fonctionner un monde moins dépendant des ressources. Le pouvoir sera au contraire à celui qui aura la capacité de changer son mode de vie fondé sur l’ensemble de ces ingrédients, pour définir une société alternative et durable.  Le prince qui saura s’adapter à l’anthropocène, qui saura mettre en œuvre la responsabilité de l’homme vis-à-vis d’un bien commun, la Terre, sera le Prince durable. La clé de la puissance sera désormais le développement durable.

mercredi, 07 février 2018

La revue de presse de Pierre Bérard (07 février 2018)

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La revue de presse de Pierre Bérard

(07 février 2018)

Au sommaire :

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

• Le grand remplacement : complot, fantasme ou réalité ? Édouard Chanot répond par un modèle de chronique vidéo. En moins de 10 minutes il fait le tour du problème avec une limpidité et un sens remarquable de la pédagogie :

 
En Belgique comme ailleurs les immigrationnistes qui détiennent tous les leviers de l’information dissimulent à la population les chiffres d’une immigration dont ils chérissent pourtant les effets. Le sénateur de centre-droit 
Alain Destexhe rend compte de cette réalité aussi paradoxale qu'incontestable dans une tribune du Figaro :
 
 

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Du même auteur, Alain Destexhe, cette analyse concernant la Belgique toujours où 70% de la population est opposée à la poursuite de l’immigration. Celle-ci est cependant frénétiquement soutenue par les élites et le parti des médias qui n’hésitent pas à user des totems issus de la période de l’Occupation pour imposer leur point de vue. « Rafle », « armée des ombres », « nouveaux Justes » sont convoqués de manière à assimiler les migrants à de nouveaux juifs, alors que nombre d’entre eux sont depuis l’enfance biberonnés à l’antisémitisme… Le parti des médias, on le voit, ne s’embarrasse pas de subtilités. Jusqu’où ces apprentis-sorciers pousseront-ils la bienveillance vis à vie de leurs protégés ? :
 
 
Troubles dans la sociologie. En effet certains sociologues, très minoritaires, s’inquiètent de ce qui leur apparaît comme un dévoiement de leur discipline par l’irruption dans leur champ d'une « sociologie critique » devenue majoritaire depuis l’époque Bourdieu. Alors qu’auparavant la contestation des conclusions de la sociologie (culture de l’excuse) provenait de philosophes ou de journalistes, désormais elle est issue des rangs mêmes de la discipline. Loin d’être une simple querelle de chapelles cette controverse interroge l’intelligibilité de notre monde. La dernière émission d’Alain Finkielkraut (Répliques) opposait le bourdieusien militant Marc Joly à Nathalie Heinich qui réfute la confusion de la sociologie avec des approches politiques engagées (critique réductrice de la domination et des dominants, toujours coupables, au nom des intérêts des dominés réputés innocents même lorsqu’ils sont coupables) et rappelle l’importance de la culture au sens anthropologique dans l’appréciation des faits sociaux :
 
 
Chronique pleine d’ironie de Philippe Bilger à propos de la ministre de la « culture censurée » qui se rétracte à la première objurgation d’individus regroupés dans des associations de nuisance à prétention antiraciste. Faudra-il pour les satisfaire renoncer à tout un pan de notre héritage culturel qui a le malheur de leur déplaire et faire pénitence ad vitam aeternam pour avoir osé s’en réclamer ? Le cas Maurras, après celui de Céline, est à cet égard symptomatique quoi qu’on puisse penser de ce personnage :
 
 
Journaliste et écrivain Richard Labévière présente un document inédit d’une diplomate russe offrant un point de vue différent de celui auquel nous ont accoutumé les médias de grand chemin sur la crise syrienne et la bataille d’Alep :
 
 

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Bonne analyse de Pierre Brunet à propos de l’offensive lancée par le président turc Recep Tayyip Erdogan sur la zone kurde d’Afrin (Syrie). Sérieux avertissement pour l’OTAN qui voit ses deux principales armées (États-Unis et Turquie) se précipiter dans un face à face qui pourrait conduire à la fragilisation de l’alliance, sinon à sa disparition de fait :
 
 
Pour Gilles Richard auteur chez Perrin de l’ « Histoire des droites en France. De 1815 à nos jours », le centre et l’extrême droite sont de simples fictions. Dans le paysage politique actuel où la question nationale a pris le dessus sur tout autre problématique, l'interrogation est la suivante : « Est-ce que la France demeurera une nation souveraine, ou bien est-ce qu’à terme, elle se fondra dans une entité plus grande, intégré, l’Union européenne ? Le clivage principal est devenu celui-ci… ». Il distingue deux niveaux d’analyse, celle qui concerne les familles politiques (idée) et celle qui s’attache aux partis (organisation) qui ont leur propre logique. Dans la configuration actuelle il discerne deux grandes familles de droite, celle des néo-libéraux et celle des nationalistes attentifs aux spécificités de chaque peuple. L’entente, déclare-t-il, est impossible entre ces deux familles. En réalisant l’unité des néo-libéraux de droite et ceux de gauche Macron devrait obliger Wauquiez à purger son parti des libéraux qui y demeurent encore, mais en a-t-il la volonté ? Il conclue en soulignant que ni les libéraux ni les nationaliste n’ont de réponses à ce qui taraude notre devenir : la question écologique :
 
 
Les propos de l’homme d'affaires Robert Bourgi (qui a fait fortune dans le marigot de la France-Afrique) dans l’émission de BFM intitulée « Qui a tué François Fillon ? » donnent un aperçu des pires maux de la vie politique française : un cocktail de batailles d’ego, de rancoeurs et de vengeance personnelles dans lesquels s’anéantit toute idée de bien commun et d’intérêt général. Selon Maxime Tandonnet le déclin de la culture et de l’intelligence politique, autrement dit l’impolitique, est au centre du grand malaise touchant en premier lieu les élites dirigeantes et médiatiques :
 
 

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Contrairement à ce que proclame la propagande macronienne la France n’est pas « back », mais « out » selon Richard Millet qui excipe toutes sortes de raisons dont la principale est la médiocrité, voire le grotesque de son 
personnel politique. Selon lui « Ce qui reste de la France relève donc de la muséification et de la disneylandisation ». Ce bilan n’est-il pas un brin trop doloriste ? :
 
 
En quelques minutes Éric Zemmour démonte les mécanismes de la mondialisation. Plus de 80% de la richesse crée en 2017 ne profite qu’à une très mince oligarchie, et cela dure depuis des décennies. Le processus est simple : exploiter les pauvres des pays pauvres pour fabriquer des produits bas de gamme qu’achètent les pauvres des pays riches en le payant de leurs emplois. Et pour les emplois non délocalisables (bâtiment, restauration, entretien) des pays riches, ces mêmes oligarchies alimentent une immigration pléthorique qui a l’avantage de maintenir un taux de chômage élevé et de faire ainsi pression à la baisse sur les salaires, 
avec le soutien paradoxal des syndicats et des « humanistes compassionnels », dont l’action est guidée par ce qu’il leur reste d’internationalisme. On le voit : la plus value fait quelques heureux et des masses de miséreux : 
 
 
Entretien captivant, en deux parties, du romancier Patrice Jean avec la revue Philitt à propos de son roman paru en 2017 « L’Homme surnuméraire ». Dans ce récit de mise en abyme, il met en scène un père de famille banal et sans histoire brimé par sa femme, sorte de Mme Bovary féministe et un personnage plus jeune travaillant à nettoyer la littérature de ses passages offensant le politiquement correct dans une maison d’édition qui affiche bien haut ses prétentions « humanistes ». 
 
 
 
La dernière émission I-Média animée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp revient largement sur l’affaire Théo et démonte les nombreux bobards auxquels elle donna lieu. Comme trop souvent, le rétablissement 
des faits intervient tardivement lorsque l’effet de sidération des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs a opéré. Remarquable séquence de résistance au formatage ambiant qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, les bandes de racailles pour des saints et les flics pour d’affreux voyous :
 
 

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En Russie orthodoxe les rituels d’origine païennes des Sviatki rendent compte de l’origine commune à tous les européens des sources de la spiritualité. Sources bien antérieures à la christianisation (période des 12 nuits de Noël, déguisements, visites etc…):
 
 
Philippe Marlière qui cosignait en juin dernier une tribune de soutien à Houria Bouteldja et anime un blog sur le site web de Mediapart crie son indignation sur Tweeter. Le motif lui en est fourni par l’ouverture du débat démocratique à de nouveaux intervenants. Si l’on en croit Marlière les seuls débats licites doivent donc être organisés entre interlocuteurs s'entendant tacitement sur leurs conclusions. Toute opinion critique étant soustraite à la discussion. Le pluralisme ainsi jeté aux orties, explique dans un large mesure l’épuisement de la doxa contemporaine dénuée de curiosité et son psittacisme désespérant. Aux dernières nouvelles les vigilants l’ont encore emporté et la Fondation Feltrinelli annule ses invitations. Nous vivons une époque formidable :
 

mardi, 06 février 2018

Du dextrisme et de la révolution conservatrice

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Du dextrisme et de la révolution conservatrice

Ex: http://oragesdacier.info

Philosophie magazine titrait sa dernière revue « De quoi la gauche est-elle malade ? ». On pourrait en dresser une longue liste, mais il faut voir plus clairement une névrose multiple. Elle est amnésique, schizophrène et paranoïaque : menteuse, elle voit des choses qui n’existent pas, se crée des peurs paniques, devient colérique et de mauvaise foi. Certains diront qu’elle n’est pas malade mais simplement bête. Nous aimons à penser que les symptômes et la bêtise peuvent largement se cumuler, comme on a pu malheureusement l’observer depuis trop longtemps. Mais qu’en est-il à droite ?
 
Gaël Brustier (ancien collaborateur d’Arnaud Montebourg) a été le premier à parler de « dextrisme » à propos d’une lame de fond de droite, qui a supplanté dorénavant la gauche culturelle, voire la gauche tout court. Non sans quelques erreurs, il a bien vu que la synergie des mouvements contre le Mariage pour tous a donné pour résultat un « Mai 68 conservateur ». Puis, Guillaume Bernard a pris le pas en parlant de mouvement « dextrogyre » pour évoquer la même direction que prenaient les tournures politiques. Enfin, Patrick Buisson, dans son ouvrage revendicatif et revenchard, a repris la notion de Gaël Brustier en parlant de « dextrisme ».

Ces observateurs de la vie politique ne se sont pas trompés. Depuis quelques années déjà, il y a bel et bien une rupture des digues liée à la désillusion d’une société prospère, mondialisée et ouverte sur l’Europe. Nous n’y voyons que précarité, chômage de masse, insécurité et immigration de masse. Vision peut-être pessimiste mais néanmoins réaliste des circonstances présentes.

Est-ce à dire que le Français est un populiste en puissance ? Pour des journalistes vivant au cœur de Paris, se déplaçant en vélib’ ou en métro, et ne connaissant rien du Français moyen hors une vision phantasmée du beauf de province, oui. Pourtant, par principe, le peuple est doué d’une logique implacable. Certes on peut l’influencer, et les hommes politiques et industriels dépensent des fortunes en publicité et marketing pour cela, mais il est loin d’être bête. On peut dire même qu’il est conservateur. Prenez pour exemple des Corses, dont les élections régionales ont tourné en faveur d’une gauche corse, elle reste nationaliste, réfractaire à l’immigration et à la diversité.

Le problème dans tout cela, c’est d’y voir le terme conservateur seulement en ce qu’il veut conserver des acquis. Le conservatisme se doit d’allier des principes fondateurs, des valeurs, telles que l’autonomie et l’enracinement, qui appellent en effet à des sacrifices ou des consentements pour la France. Acheter français, acheter des produits frais cultivés en France, éviter autant que faire ce peut le « made in China » ou le « Hollywood-Disneyland-Apple ». Plus encore, le conservatisme, même présent comme logique et comme sentiment de bon sens, de « common decency » telle que le formulait George Orwell (un anarchiste-conservateur), doit être aujourd’hui transcrit politiquement. Il est bienheureux que la logique populaire française se mette en marche pour des situations ubuesques où l’idéologie de l’homme politique prend le pas sur l’expérience et sur la cohérence !

Il faut désormais transformer le tir, et tout faire pour que ce conservatisme soit dorénavant un facteur de victoire politique. Et non, Fillon est tout sauf conservateur, hormis si on prend pour lui la définition péjorative de celui qui conserve ses acquis (ou ses émoluments, comme sa femme qui a 500 000 euros de biens mal acquis dans une sorte d’emploi fictif d’assistante parlementaire).

9782081333208FS.gifQu’on puisse avoir des doutes ou des réclamations sur un parti comme le Front National est logique, mais la victoire politique doit s’abstenir d’une réaction similaire à celle qui pourrait avoir lieu à la buvette du coin. D’autant plus dans une situation de fait majoritaire où ce parti doit obtenir 50,1% des voix pour réussir. Et cela, aussi bien pour les présidentielles que pour les législatives.

Les dernières élections, départementales, municipales et régionales ont montré que le vent tournait en sa faveur. Il est temps que pour les deux prochaines élections, ce vent favorable continue de souffler. D’ailleurs, un élément en ce sens s’observe avec les primaires. C’est juridiquement un non-sens que d’avoir des primaires. Cette américanisation des élections est bien la preuve d’une altération de la vie politique française. Il y a des primaires aux Etats-Unis que parce que les Américains ne peuvent pas élire directement leur président et doivent passer par des grands électeurs. En France, depuis 1962, les électeurs choisissent directement leur président en deux tours. Les deux tours de la présidentielle, voilà nos primaires. Effectuer des primaires à la droite libérale et chez les socialistes-libéraux montrent un élément fondateur de l’avancée du conservatisme. C’est la désacralisation totale des hommes politiques dans ces partis qui se ressemblent et l’absence de chef naturel, sans compter la victoire de l’ego. Tout le monde veut devenir le calife à la place du calife. Sans pour autant réussir une quelconque unité, car ils ne sont pas légitimes ni compétents pour devenir des chefs. On peut être capitaine, mais il faut le mériter et le prouver, c’est encore plus difficile dans la reconnaissance de devenir un chef de bataillon.

Autre exemple de désacralisation, c’est l’atteinte physique des hommes politiques (mais justifiée). Il semblait improbable pour un de Gaulle, un Chirac ou un Mitterrand d’être pris à parti. A partir du moment où l’absence d’incarnation en tant que chef, où l’esprit vil et mercantile, méprisant à l’égard du peuple a pris le pas, alors toute forme de respect disparaît logiquement. Mais la justice des puissants prend le pas pour condamner les actes de revendication des faibles, à savoir nous.

A nous donc de ne plus être faibles. En premier lieu en évitant de garder un tropisme d’esprit conservateur en famille, mais bien de le revendiquer, comme par exemple aux élections présidentielles et législatives.

Cela s’accompagne d’un point plus important, accoler le terme révolution à celui de conservateur. Nous ne voulons pas garder des acquis, faire comme si de rien n’était. Bouger dans l’immobilisme, cela a été le quinquennat Hollande, ou les législatures avec Angela Merkel. Il est important de refonder le système. Pas de le réformer : quand les fondations d’une maison sont mauvaises, on ne change pas les portes et fenêtres, on détruit pour rebâtir. Cette opportunité de 2017 est un moyen supplémentaire d’avancer pour faire changer les choses. 2017 ne va pas tout changer, mais au moins, elle permettra de meilleures dispositions pour que notre Nation soit épargnée des dégâts idéologiques du libéralisme mondialisé et de ses conséquences (chômage, précarité, immigration). 
 
Le choix vous appartient donc, mais sachez juste que les préceptes liés au Baby-boom et à Mai 68 sont obsolètes. Pour paraphraser les politiciens repus, il faut changer de paradigme. Macron, Fillon, Valls et consorts représentent les deux faces opposées d’une même pièce. Engagez-vous en politique, formez-vous, lisez, réinformez-vous, adhérez, créez des associations. Tous ces éléments si anodins sont aujourd’hui subversifs, parce qu’ils ne sont pas compris dans la liste de l’acceptable exigée par un système soft-totalitaire qui demande la résignation consolée par la consommation.
 

Tom Wolfe: “Lo ‘políticamente correcto’ es un instrumento de poder de las clases dominantes”

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Ex: www.latribunadelpaisvasco.com
 
Entrevista en Le Figaro

Tom Wolfe: “Lo ‘políticamente correcto’ es un instrumento de poder de las clases dominantes”

A sus 86 años de edad, Tom Wolfe, uno de los mejores escritores norteamericanos contemporáneos y, sin duda, uno de los periodistas más importantes de las últimas décadas, acaba de conceder una entrevista a Le Figaro Magazine en la que el autor de obras excelsas como “La hoguera de las vanidades” o “Lo que hay que tener” habla claramente sobre algunos de los temas más candentes de la actualidad política y cultural, sin dejar de practicar la que es una de sus aficiones más queridas: fustigar sin compasión a lo que, ya en 1970, definió como el “Radical chic” o “la izquierda caviar”.

Alexandre Devecchio, que firma el texto en Le Figaro, recuerda a Wolfe que desde uno de sus primeros textos, titulado precisamente “Radical chic”, ha criticado duramente lo políticamente correcto, el izquierdismo cultural, la tiranía de las minorías…

... “‘Radical chic’ fue un reportaje que publiqué en 1970 en ‘The New York Magazine’, en el que contaba una fiesta organizada por el compositor Leonard Bernstein en su duplex neoyorquino de tres estancias con terreza. La fiesta tenía como objeto recaudar fondos para ‘Los Panteras Negras’ (organización nacionalista negra, socialista, filoterrorista y revolucionaria), activa en Estados Unidos entre 1966 y 1982" (...)

(...) "Los anfitriones tuvieron que contratar camareros blancos para no herir la susceptibilidad de los ‘panteras’. Lo políticamente correcto, que yo también suelo definir como PC (Policía Ciudadana), nace de la idea marxista que afirma que todo aquello que separe socialmente a los seres humanos debe ser prohibido para evitar la dominación de un grupo social sobre otro. Pero, curiosamente, con el paso del tiempo lo políticamente correcto se ha convertido en el instrumento preferido de las ‘clases dominantes’; se trata de explotar la idea de que hay que tener una ‘conducta apropiada’ para mejor asumir su ‘dominación social’ y bañarse en bueba conciencia. Poco a poco, lo políticamente correcto se ha convertido en un marcador de ‘dominación’ y en un instrumento de control social, una manera de distinguirse de las ‘clases bajas’ y de censurarlas deslegitimando su visión del mundo en nombre de la moral. De este modo, la gente, cada vez en mayor medida, debe prestar atención a lo que dice, especialmente en las universidades. El éxito de Donald Trump ha consistido, precisamente, en romper con esto”.

9780312429133-us.jpgEn otro momento de la entrevista, Tom Wolfe explica cómo, en su opinión, parte del voto a Donald Trump se comprende por la desolación de quienes se sienten en una status social inferior o de quienes creen que han descendido de status. “En ‘Radical chic’ describí el nacimiento de lo que hoy yo denominaría como ‘izquierda caviar’ o ‘progresismo de limusina’. Se trata de una izquierda que se ha liberado de cualquier responsabilidad con respecto a la clase obrera norteamericana. Es una izquierda que adora el arte contemporáneo, que se identifica con las causas exóticas y el sufrimiento de las minorías… pero que no quiere saber nada de las clases menos sofisticadas y adineradas de Ohio" (...)

“Los norteamericanos han tenido el sentimiento”, continúa explicando el autor de 'El nuevo periodismo', que el Partido Demócrata solamente tenía interés en seducir a las más diversas minorías, pero que se negaba a prestar atención a una parte muy importante de la nación. Concretamente, al sector obrero de los ciudadanos, que históricamente ha constituido la espina dorsal del Partido Demócrata. Durante las últimas elecciones, la aristocracia del Partido Demócrata ha preferido apoyar a una coalición de minorías y ha excluído de sus preocupaciones a la clase obrera blanca. Donald Trump solamente ha tenido que acercarse ellos para hacerse con todos sus apoyos”.

 

Paul Craig Roberts fulmine contre la Nuclear Posture Review de Washington

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Paul Craig Roberts fulmine contre la Nuclear Posture Review de Washington

par Paul Craig Robert
Ex: http://zejournal.mobi
 
 
 
Le monde ne survivra pas à la doctrine américaine des néoconservateurs de l’hégémonie mondiale des États-Unis

Le gouvernement des États-Unis est clairement entre des mains démoniaques. Nous sommes submergés de preuves. Prenez aujourd’hui (2-2-18) par exemple. Un rapport du House Intelligence Committee a été publié, qui prouve que le Federal Bureau of Investigation, le ministère de la Justice (sic) et le Democratic National Committee sont engagés dans une conspiration contre la démocratie américaine et le président des États-Unis avec le plein appui de la presse.

Comme si cela ne suffisait pas, le Pentagone publie également aujourd’hui sa nouvelle étude sur la posture nucléaire. Un examen de la posture nucléaire précise l’attitude d’un pays à l’égard des armes nucléaires et de leur emploi. Dans le passé, on considérait que les armes nucléaires étaient inutilisables, sauf en représailles à une attaque nucléaire. L’hypothèse était que personne ne s’en servirait. Il y avait toujours la possibilité que de fausses alertes d’ICBMs entrants aient pour conséquence de pousser le bouton nucléaire, déclenchant ainsi l’Armageddon. Il y a eu de nombreuses fausses alertes pendant la guerre froide. Le président Ronald Reagan était très préoccupé par une fausse alerte qui aurait entraîné la mort et la destruction de masse. C’est pourquoi son objectif principal était de mettre fin à la guerre froide, ce qu’il a réussi à faire. Il n’a pas fallu longtemps aux gouvernements qui ont succédé pour ressusciter la guerre froide.

La nouvelle posture nucléaire des États-Unis est une dérive imprudente, irresponsable et déstabilisatrice de l’attitude antérieure à l’égard des armes nucléaires. L’utilisation ne serait-ce que d’une petite partie de l’arsenal américain suffirait à détruire la vie sur terre. Pourtant, l’examen de la posture préconise davantage d’armes, dit que les armes nucléaires sont  » utilisables  » et justifie leur utilisation lors des premières frappes, même contre les pays qui n’en possèdent pas.

C’est une escalade insensée. Il dit à tous les pays que le gouvernement américain croit au premier recours aux armes nucléaires contre tous les pays. Des puissances nucléaires telles que la Russie et la Chine doivent voir cela comme une augmentation massive du niveau de menace venant des États-Unis. Les personnes responsables de ce document devraient être enfermées dans des asiles psychiatriques, et non laissées à des positions politiques où elles peuvent les mettre en pratique.

Le président Trump est accusé pour l’agressivité nucléaire américaine annoncée aujourd’hui. Cependant, le document est un produit néoconservateur. Trump, peut-être, aurait pu empêcher la publication du document, mais sous la pression de l’accusation selon laquelle il aurait comploté avec Poutine pour voler l’élection présidentielle américaine à Hillary, Trump ne peut se permettre de s’opposer au Pentagone néoconisé.

Les néoconservateurs sont un petit groupe de conspirateurs. La plupart sont des Juifs sionistes alliés à Israël. Certains ont la double nationalité. Ils ont créé une idéologie de l’hégémonie mondiale américaine, précisant que l’objectif principal de la politique étrangère américaine est d’empêcher l’ascension de toute autre puissance qui pourrait être une entrave à l’unilatéralisme américain. Comme les néoconservateurs contrôlent la politique étrangère américaine, cela explique l’hostilité des Etats-Unis envers la Russie et la Chine, ainsi que l’utilisation par les néoconservateurs de l’armée américaine pour écarter les gouvernements du Moyen-Orient considérés par Israël comme des obstacles à l’expansion israélienne.

Nuclear-Posture-Review-Trump-400x518.jpgDepuis deux décennies, les États-Unis mènent des guerres pour Israël au Moyen-Orient. Ce fait prouve le pouvoir et l’influence des déments néoconservateurs. Il ne fait aucun doute que des gens aussi fous que les néoconservateurs lanceraient une attaque nucléaire contre la Russie et la Chine. Les gouvernements russe et chinois semblent ignorer totalement la menace que les néoconservateurs font peser sur eux. Je n’ai jamais connu, dans mes entretiens avec les Russes et les Chinois, la moindre conscience de l’idéologie néoconservatrice. Cela leur parait peut-être trop insensé pour le comprendre.

Les idéologues tels que les néoconservateurs ne se basent pas sur des faits. Ils poursuivent leur rêve d’hégémonie mondiale. La Russie et la Chine font obstacle à cette hégémonie. Ayant appris les limites de la puissance militaire conventionnelle américaine – après 16 ans, la « superpuissance » américaine n’a pas été en mesure de vaincre quelques milliers de talibans légèrement armés en Afghanistan – les néoconservateurs savent que les invasions conventionnelles de la Russie ou de la Chine mèneraient à la défaite totale des forces américaines. Par conséquent, ils ont élevé les armes nucléaires au rang d’arsenal de première frappe, que l’on peut utiliser et qui, dans le rêve néoconservateur de l’hégémonie mondiale, peut servir à détruire la Russie et la Chine.

Les idéologues qui se séparent des faits se créent un monde virtuel pour eux-mêmes. Leur croyance en leur idéologie les aveugle avec des risques pour eux-mêmes et pour les autres dans le monde à qui ils l’imposent.

Il est assez clair que sans le ministère de la Justice (sic) et le FBI d’Obama, le Comité national démocrate entièrement corrompu, contrôlé par Clinton, et les médias américains et européens complètement corrompus qui s’emploient à détruire la présidence de Trump en l’accusant d’être  » un agent russe « , le président Trump, sachant que la révision de la posture du Pentagone ne ferait qu’aggraver, et non normaliser, les relations avec la Russie, aurait profondément enfoui le document démoniaque qui menace toute vie sur terre.

Grâce aux libéraux/progressistes/gauchistes américains, l’ensemble du monde est confronté à une mort nucléaire bien plus probable que celle qui nous a menacés pendant la guerre froide avec l’Union Soviétique.

Par sa collaboration avec le complexe militaire/sécuritaire et la DNC corrompue de Hillary, la gauche libérale/progressiste s’est toujours discréditée. Elle est maintenant perçue par tous les penseurs du monde entier comme un ministère de propagande dément à cause du projet des néoconservateurs d’utiliser les armes nucléaires pour éliminer les entraves à l’unilatéralisme américain. Pour la gauche libérale ou progressiste, c’est « l’hégémonie ou la mort ».

Ce sera la mort. Pour nous tous.

Traduction : Avic– Réseau International

La loi sur les Fakes news de Macron: Du terrorisme journalistique ?

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La loi sur les Fakes news de Macron: Du terrorisme journalistique ?

Ex: Suppression rapide des fausses nouvelles durant les périodes électorales, coopération des plateformes avec l’Etat et transparence exigée : la ministre de la Culture a précisé les contours de la nouvelle loi sur «la confiance dans l'information».

Ex: http://zejournal.mobi

Preuve de l’importance qu’Emmanuel Macron semble y consacrer : la loi sur les fausses informations avait été annoncée lors de ses vœux 2018. Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a été tout aussi prompte à préciser la teneur de cette loi sur «la confiance dans l’information». Dans un entretien au JDD le 4 février, elle a annoncé la création d’une procédure judiciaire accélérée, une coopération requise des plateformes avec l’Etat et davantage de transparence sur les contenus sponsorisés.

Le ministre a donc défini plusieurs axes transversaux pour permettre au gouvernement de lutter avec rapidité et efficacité contre les informations erronées, particulièrement en période électorale.

Tout d’abord, face à la vitesse de propagation des contenus, et la capacité d’achat d’audience qui en démultiplie la pénétration, Françoise Nyssen a dégainé un dispositif législatif adapté : le référé. «Une procédure de référé judiciaire sera mise en place pour faire cesser rapidement la diffusion d'une fausse nouvelle, lorsque celle-ci est manifeste», a-t-elle déclaré. Le délai de suppression pourrait ne plus dépasser 48 h.

Autre moyen pour lutter contre les fausses informations : obliger les plateformes à rendre des comptes sur leurs contenus. Comment ? «La loi prévoira des obligations nouvelles pour les plateformes, qui devront coopérer avec l'État et être transparentes sur les contenus sponsorisés», a ajouté Françoise Nyssen. «S'il y a manquement aux obligations qu'imposera la loi (devoir de coopération, transparence sur les contenus sponsorisés), il y aura des sanctions», a-t-elle affirmé. 

Parallèlement, le texte empêchera les plateformes de pratiquer leurs propres règles de censures vis-à-vis des «vraies nouvelles», la ministre faisant à cet effet référence au tableau L’Origine du monde de Gustave Courbet censuré par Facebook, une suppression qui avait fait polémique mais rendue possible en l’absence de cadre législatif. L’affaire a été portée devant les tribunaux le 1er février par l’utilisateur de Facebook qui avait vu sa publication du célèbre tableau retirée du réseau social et son compte bloqué.

Selon le quotidien Le Figaro, le texte aurait été l'objet de travaux préparatoires dès novembre 2017. Il serait déjà prêt, et la proposition de loi serait présentée par le groupe LREM à l'Assemblée nationale au printemps 2018, pour qu'elle soit déjà en place pour les élections européennes de 2019.  

Dans sa volonté affichée de lutter contre «le complotisme et le populisme», Emmanuel Macron avait annoncé le 3 janvier à l'occasion de ses vœux à la presse un projet de loi visant à «protéger la vie démocratique». Evoquant «la vérité», ou encore «la liberté d'expression», le président de la République a expliqué que l'Etat souhaitait surveiller la façon dont les informations sont produites et diffusées.


- Source : RT (Russie)

Liban et Israël. Guerre du pétrole en vue ?

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Liban et Israël. Guerre du pétrole en vue?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www;europesolidaire.eu

En décembre 2017, le gouvernement libanais a approuvé un projet de décision visant à donner à un consortium pétrolier international le droit d'explorer deux zones maritimes où se trouvent de très importantes réserves de gaz naturel. Elles sont nommées Block 4 et Block 7.

Le consortium comprend le russe Novatek, le français Total et l'italien ENI, déjà actif en Sibérie. Ces réserves pourraient rapporter jusqu'à 2040 plus de 100 milliards de dollars.

Le problème est qu'Israël affirme que ces blocks relèvent de sa propriété. La ministre israélien de la défense Avigdor Lieberman vient d'affirmer qu'ils sont siens sans ambiguïté.

Il faut rappeler que des réserves de gaz naturel à fort potentiel avaient été ces dernières années découvertes dans ce qui est nommé le bassin de Leviathan. En décembre 2010, un accord de délimitation des zones économiques exclusives (ZEE)  a été signé entre Israël et Chypre en vue de « faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d'hydrocarbures » dans la partie orientale de la Méditerranée.

Le Liban a mis en place quant à lui en février 2017 une « Administration pétrolière » chargée de gérer les offres des entreprises qui soumissionnerait pour être autorisées à procéder à de premiers sondages sur les blocs contestés. Le Hezbollah et le Liban agissent de concert dans cette affaire. 

Il n'est pas facile de délimiter précisément les frontières des zones maritimes appartenant à Israël et celles appartenant au Liban. L'un et l'autre revendiquent la propriété du bassin du Léviathan, qui doit probablement s'étendre dans les zones économiques des deux pays.

Aujourd'hui, la Russie et sans doute aussi plus discrètement la France soutiennent la position libanaise. Les Etats Unis, bien qu'ils ne soient pas directement concernés, ont pris sans ambiguïté fait et cause pour leur allié de toujours, Israël. On ne voit pas très bien qui pourrait, à défaut d'accord négocié entre les deux parties, arbitrer entre elles, sauf intervention de l'ONU d'ailleurs demandée par le Liban. Faudra-t-il envisager une nouvelle occasion de conflit au Moyen-Orient ?

dimanche, 04 février 2018

Pékin appelle l'Europe à combattre l’unilatéralisme

La Chine a demandé aux pays européens, dont l’Allemagne, de ne pas se contenter de « mots » face à l’unilatéralisme commercial et de prendre des mesures concrètes.

Le porte-parole du ministère chinois du Commerce Gao Feng, cité par l’IRNA, a souligné que les Européens ne devaient pas dresser d’obstacles aux investissements chinois dans leurs pays.

Dans une interview à Pékin, ce responsable chinois a affirmé que l’Allemagne, l’Italie et la France avaient rédigé des règlements qui leur permettraient d’entraver l’accès des sociétés chinoises à leurs marchés ainsi que l’achat par pékin de biens européens.

« Lors du Forum économique de Davos en Suisse, c’étaient les mêmes dirigeants européens, dont les Allemands, qui avaient annoncé que l’unilatéralisme commercial n’était pas le choix du futur et qu’il fallait le combattre », a-t-il ajouté.

« Bien que les investissements chinois en Allemagne aient augmenté tout au long de ces dernières années, ils sont encore dans la phase initiale et les tergiversations de Berlin et d’autres chancelleries européennes bloqueront le développement des relations et des investissements bilatéraux », a précisé le diplomate chinois.

D’après M. Feng, les investissements chinois en Allemagne ont atteint les 2 milliards 270 millions de dollars, un chiffre rudimentaire par rapport à l’ensemble des investissements effectués en Allemagne, ce qui ne constitue pas une menace.

« Pékin encouragera encore les entreprises chinoises à investir dans l’Union européenne, tout en espérant que les Européens leur accordent une attitude juste et équitable », a-t-il affirmé.

Depuis des années, la Chine s’est engagée à faire évoluer son modèle de croissance économique vers un modèle axé sur la consommation, les services et l’innovation. Les chiffres montrent que ces efforts portent leurs fruits.

« La guerre civile froide », une dissection de la post-modernité

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« La guerre civile froide », une dissection de la post-modernité

Recension de Laurent James

Ex: https://www.leretourauxsources.com

« Le monde moderne est une Atlantide submergée dans un dépotoir », écrivait Léon Bloy.

Jean-Michel Vernochet s'est donné ici comme mission de participer à l'impérieux nettoyage des écuries d'Augias qu'est devenu l'Occident, en commençant par mettre au propre les notions politiques, sociales et ontologiques de droite et de gauche, ainsi que les idées qui les soutiennent. Car aujourd'hui, les seules divinités communément acceptées et pratiquées sont - fort malheureusement - les idées, idées-idoles sur l'autel desquelles la réalité est chaque jour sacrifiée de manière encore plus sanglante. Le concept de « théogonie républicaine » est ainsi parfaitement justifié pour décrire l'origine de ces idées résolument meurtrières.

GCF-couv.jpgL'idée contemporaine prend toujours l'apparence d'une utopie bienveillante, fraternelle et égalisatrice, pour redresser les torts d'une société jugée encore trop paternelle ou hiérarchique. L'égalité des genres, le hashtag balance-ton-porc ou la discrimination positive sont avant tout des parodies de parodies, c'est-à-dire à la fois des parodies du principe platonicien ET de l'éthique quichottesque. Car c'est ici qu'il faut être précis : notre civilisation s'est d'abord bâtie sur l'affirmation de mythes spirituels et religieux, la cathédrale littéraire du Graal en constituant la dernière occurrence historique. Puis la modernité s'érigea sur la parodie desdits mythes, parfois somptueuses et emplies d'une belle énergie à l'instar du Quichotte.

Mais la post-modernité, cette guerre civile froide que nous décrit Vernochet avec toute l'attention clinique du chirurgien de haute précision, c'est la guerre menée par les idéaux républicains désincarnés contre l'harmonie primordiale (lutte contre « la droite ») ET contre l'idéal de justice universelle (lutte contre « la gauche ») : car elles visent à établir à la fois la discorde ET l'injustice. La distance entre l'androgyne primordial évoqué par Platon et le LGBTQ contemporain est tout aussi grande que la distance entre la communauté originelle de l'être et la « termitière humaine » du métissage totalitaire, ainsi que la distance entre l'ingénieux Hidalgo de la Manche et les Enfants de Don Quichotte d'Augustin Legrand. Parodie des parodies, tout est parodie.

La post-modernité n'a pas d'autre ambition que la destruction au service du mal. Elle se débarrasse progressivement de ses oripeaux idéologiques pour laisser apparaître son véritable visage, directement modelé par la stratégie des ténèbres. Ainsi, par exemple, si la post-modernité s'emploie d'une part à nomadiser les peuples coutumièrement sédentaires (migrations, délocalisations, etc.), il ne faut pas oublier qu'elle s'attache d'autre part à la sédentarisation des peuples nomades de tous les continents (inuits, nénètses, gitans, hadzas, etc.). Le but de cette guerre civile froide, c'est bien d'instaurer le désordre injuste par tous les moyens, et notamment par le plus puissant d'entre eux : l'inversion systématique des valeurs et de leurs significations, le remplacement de la main gauche par la droite et vice versa. « Les mots cul par-dessus tête ». Renommé « Monsieur Nini » par J.-M. Vernochet, Macron est un nouvel avatar du Monsieur Ouine de Bernanos : une incarnation supplémentaire du promoteur de « l'universalité incantatoire » et du relativisme absolu.

En réalité, le nom de Macron est Légion, car ils sont nombreux.

« Réduit à son universalisme abstrait, que reste-t-il de l'humain dans sa vérité essentielle ? » demande J.-M. Vernochet. La réponse est sombre et froide, implacable comme la mort : il ne reste plus que le mensonge et le froid.

Laurent James
31 janvier 2018
Parousia.

Le Japon réembrigadé par le Pentagone

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Le Japon réembrigadé par le Pentagone

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

En décembre 2016, la Russie et le Japon s'étaient entendues sur un projet de coopération économique concernant les «Kouriles du Sud», ainsi appelées par les Russes, et que les Japonais nomment «Territoires du Nord». Ces quatre îles font officiellement partie de la région russe de Sakhaline, mais sont revendiquées par le Japon, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ce différend territorial n'était toujours pas réglé.

Cependant, au cours d'une visite officielle au Japon, les 15 et 16 décembre 2016, le président russe Vladimir Poutine, dont c'était la 16e rencontre avec le Premier ministre Shinzo Abe, avait estimé qu'«il serait naïf de penser qu'on puisse régler ce problème en une heure. Mais il est sans doute nécessaire de chercher une solution. Il faut un travail méticuleux pour renforcer la confiance bilatérale.»

Shinzo Abe s'était dit d'accord pour, dans ses termes, une «nouvelle approche» axée sur le levier économique. Les deux pays avaient décidé d'«ordonner à des experts d'entamer des consultations afin de se mettre d'accord sur les conditions et les domaines d'exploitation commune» .

Ce rapprochement entre le Japon et la Russie ne pouvait être accepté par Washington. Les consultations ont tourné court à l'annonce du déploiement d'un système américain Aegis de missiles de défense au Japon. Comme nous l'avons souvent indiqué, ces missiles peuvent aussi bien être de défense que d'attaque. De plus ils pourront facilement être dotés des bombes nucléaires d'un format réduit dont le Pentagone vient d'annoncer l'étude. Une version maritime du système Aegis a déjà été mise en place au Japon. En décembre 2017, le gouvernement japonais avait approuvé un budget militaire record de $46 milliards comportant une contribution à l'installation au Japon de deux stations terrestres Aegis. Celles-ci devraient être opérationnelles vers 2023.

Moscou a toujours refusé d'admettre que les missiles Aegis fussent uniquement défensifs. Le 28 décembre la porte-parole du ministère de la défense a déclaré que la décision japonaise causait de graves inquiétudes. Il s'agissait selon elle d'un nouveau pas pour le déploiement dans tout le Pacifique sud d'un système global de missiles susceptibles de frapper la Russie. La Chine avait exprimé la même préoccupation.

Moscou n'a pas tardé à répliquer. Medvedev vient d'annoncer le 30 janvier qu'un aéroport installé dans l'ile Itutop des Kouriles allait être transformé pour recevoir des avions militaires ou des drones ainsi qu'un système adéquat de contrôle aérien. Il s'agit évidemment d'un premier pas pour la militarisation des Kouriles. Ces décisions réciproques, japonaises et russes, semblent enterrer l'espoir d'un traité de pais entre les deux pays. Ce que l'on avait nommé l'offensive de charme de Shinzo Abe est en train de tourner court. Le Japon, de son fait, continue à être considéré par Moscou comme un allié indéfectible des Etats-Unis. Voilà qui devrait rassurer Washington quant à la crainte d'une « trahison » du Japon.

Il y a lieu de craindre que les échanges économiques et touristiques qui commençaient à s'établir entre ce pays et la Sibérie russe ne puissent plus se poursuivre. C'est sans doute ce que veut Donald Trump aujourd'hui, qui multiplie les déclarations agressives envers la Chine et la Russie.

Références

Voir en date du 19/12/2016
http://geopolis.francetvinfo.fr/conflit-des-iles-kouriles...

Ainsi que, daté du 2/02/2018
http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumara...

Oborne Again: The Triumph of the Political Class

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Oborne Again:
The Triumph of the Political Class

triumph-of-the-political-class-9781471142048_hr.jpgReview:

Peter Oborne
The Triumph of the Political Class
London: Simon & Schuster, 2007

Some books are born again. Every book with a political theme aims to be prophetic, and only time can reveal their success or otherwise. Orwell’s 1984, Bloom’s The Closing of the American Mind, Huntington’s The Clash of Civilizations, Faye’s Convergence of Catastrophes are all books whose time has arrived. It is difficult to believe that one such book is a little over a decade old, but Peter Oborne’s The Triumph of the Political Class (TPC) has never been as relevant as it is today.

The book concerns itself solely with the United Kingdom, although its main thesis is relevant to the USA, as well as to the gauleiters of Europe. Oborne is a well-respected British journalist. As what is termed in Britain a lobby correspondent, he has access to the innermost workings of the ‘mother of all parliaments’, as politician John Bright described England’s governmental locus in 1865. TPC, as dazzling as it is, naturally made Oborne enemies within the very elite whose rise and victory he describes in the book. For Oborne gave the game away, like the heckler in the audience who sees and tells his fellow spectators how the magician on the stage is working his wonders, or little Toto pulling back the curtain to reveal that the Wizard of Oz is just an eccentric old man with a set of cogs and levers.

Oborne’s essential theme is that “the real divide in British public life is no longer between the main political parties, but between the Political Class and the rest.’ (p. xvii).

This class, he writes, replaced the old establishment and its standards of governance. Instead of public servants entering parliament from many walks of life, politicians in the UK are now unlikely to have worked outside of journalism, PR, advertising, or the legal profession. Very few have experience outside the world of politics, and the established route is from one of the top universities, Oxford or Cambridge, usually studying Politics, Philosophy and Economics, famously known as PPE. The next step is an internship, working for an established politician. Some may become specials advisers, or SpAds as they are known, to a working politician. This tier of government has largely replaced the function of Britain’s long-established Civil Service, and is illegitimately funded by the British taxpayer. It is also wholly politically orthodox. As Oborne emphasises, any opinions or ideological beliefs outside the accepted protocols will disable a political career before it has even begun.

This incubation of political agency has serious consequences. Politics ceases to be an active, deeply social and communitarian practice and becomes instead occupied by a technocratic cabal convinced that they are best equipped to improve the lot of others. The results of this in the UK is a country well on the way to ruination. Increasingly Sovietised, Britain – and particularly England – is being run by malevolent arch-bureaucrats, a managerial class more concerned with appearance than reality. As Orwell famously wrote, in The Lion and the Unicorn, England is a family with the wrong members in control.

Oborne credits 19th-century Italian lawyer and social theorist Gaetano Mosca with the coinage of what he called the classe politica. Mosca’s major work, Elementi de Scienzi Politica, is now seen by the new establishment as a precursor to Italian fascism under Mussolini, and this is a clear example of the ‘fascist’ or ‘far Right’ tag being applied by the Political Class and their provisional wing in the media to anyone who gives the game away.

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Peter Oborne

Oborne updates Mosca’s 1896 insight, and describes how the modern Political Class – I will follow Oborne’s practice of capitalising the words in this phrase – has devoted itself to the destruction and replacement of the Establishment. Speech, vocabulary, dress, lifestyle; all of these elements serve to identify the new regime, and have been standardized to produce a homogenous tier of operatives who now serve themselves only, and their shadowy backers in the business world.

Oborne stresses that the political class is the result of a toxic amalgam of 1960s student agitation, technocracy and, in particular, Communism. Ostensibly defeated with the fall of the Berlin Wall, Communism in fact merely hibernated and emerged in a different guise. Oborne relegates his comments on Communism to a footnote, but it should not elude us. “Although Communism has enjoyed barely any electoral success in Britain during the last 100 years,” he writes, “its influence has been exceptionally strong among the governing elite…” (p. 47).

Communism, the spectre haunting Europe with which Marx famously opened the Communist Manifesto, is now a revenant. The EU is notoriously staffed, in its upper echelons at the very least, by ex-Communist sympathisers and even members. Angela Merkel’s Communist past is well known. The Red Menace never went anywhere, it just changed its livery. This lingering of Communism explains Oborne’s observation that ‘the Political Class has at all times resented and sought to destroy the free-standing status of British institutions.’ (p. 49).

And it is the destruction or infiltration of the great British institutions that Oborne delineates, as each one is shown to have fallen to this triumphal Political Class, making as it has a long march of its own of which Mao or Gramsci would have been proud. This factional overthrow serves but one purpose, that “the instinctive priority of the Political Class has been to expand the role and powers of the executive and its proxies, sacrificing civil liberties if necessary.” (p. 183).

The inevitable attacks on the British monarchy are highlighted, seen as it is by the new rulers as an archaic irrelevance whose popularity with ordinary people they despise.

Parliament, and its essential function in what was a democratic Britain, has been undermined as a direct result of the journalistic backgrounds not just of MPs, but of advisers to government. “All important announcements”, writes Oborne, “are now made through the media, and only as an afterthought through the [House of] Commons.” (p. 201).

In addition to this sidelining of an ancient democratic process, Oborne shows the way in which the Parliamentary Commissioner for Standards had had his or her role watered down and weakened. The Political Class does not wish for scrutiny, at least not of itself. The people, of course, are another matter. Great Britain has around a quarter of the CCTV cameras in the world, far more per capita than Russia or North Korea.

The section of TPC dealing with the Political Class’s capture of the British media is exemplary of how democracy in Great Britain has been subverted. Oborne writes that the Political Class has “sought to give an almost constitutional role to the British media by building it up as an alternative to existing state institutions.” (p. 234).

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In short, the British government and Her Majesty’s Opposition now use the media as a glorified advertising agency. ‘Client journalists’ now do the work Parliament used to do. This pact is compounded by a sleight of hand which effects to produce the myth of a ‘hostile media’, that is, a fourth estate which still fulfils its original role in speaking truth to power in any meaningful way. It does no such thing, of course, and any journalist who dissents from this arrangement will soon find themselves filing their copy in the backwaters of a provincial newspaper.

The role of the media in the Iraq War is focused on briefly in the book, and as an exemplar of the way in which the UK Political Class now uses the media. This war is still the most disgraceful chapter of Tony Blair’s tenure as Prime Minister, and Oborne lays out clinically the way that the British press, and the BBC, conspired to paint a flattering, Dorian Gray-like picture of Blair as war hero, when in fact it was the lies told by him and his jumped-up press secretary Alastair Campbell – very much a villain of Oborne’s book – that initiated that wholly spurious and ruinous conflict.

The great losers in this Caesarean and triumphalist rise to power are, of course, the British people. They are now treated as a set of consumerist statistics to be manipulated and triangulated. Indeed, as Oborne writes, “Members of the Political Class… regard civil society as a threat because it represents a giant area of the public domain which stands outside its control” (p. 329).

With serious calls from the likes of Tony Blair to have a second and even third Brexit referendum, the contempt that the Political Class has for the ordinary people they are supposed to represent is clear. The EU’s disdain for its citizens is even more apparent, and entire countries have already been made to vote more than once for continued membership of this corrupt bloc, the elites simply recasting the vote until it goes their way.

With British politics currently rudderless, and becoming more impotent by the week, it is tempting to herald the unravelling of Oborne’s Political Class, in the UK at least, and my only disappointment with TPC is that Oborne spends little time on technocracy, the fallacious idea that government is best suited to improve the lot of its citizens by virtue of its collective expertise. Having myself worked and clashed with management companies for the past ten years, I can see the parallels between management and government, and the willful blindness of those who believe they are the experts.

Oborne’s book is eerily prophetic, and shows what he calls the architecture of the Political Class. Any tremor which threatens to shake the whole is to be feared and attacked. In the same way that the average Republican is aghast at the victory of Donald Trump, so too the British political class would resist any attempt to alter its fundamental structure and aims, even if its own putative party were in power. Brexit is, of course, the most obvious example of resistance and, in the same way that the deep state is confounding Trump’s attempts to govern, so too the EU, in collusion with Britain’s own deep state, will not allow Brexit to happen without fighting to the last redoubt.

Towards the end of TPC, Oborne writes a paragraph that is a distant echo of Orwell’s famous statement, in his most famous book, that the only hope lies with the proles. It is profoundly to be wished for that these two great visionaries are right.

[It] is almost certain… that the next great political movement will come from outside the Political Class. Just as the Political Class has emerged from the wreckage of the party system, so it is certain to produce its own antithesis. At some stage a British politician may well discover a new language of public discourse and methodology of political engagement which communicates simply and plainly to voters. (p. 331).

Should this language and methodology ever be discovered, Peter Oborne’s prescient book will serve well both as its dictionary and instruction manual.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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samedi, 03 février 2018

La Russie, centre de contre-culture

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La Russie, centre de contre-culture

Ex: http://www.dedefensa.org

Des sites russes d’inspiration nettement proche de l’Église chrétienne orthodoxe diffusent les résultats d’une enquête sur l’évolution des opinions concernant des questions sociétales extrêmement présentes aujourd’hui. Les résultats sont évalués sur un temps assez long, sur les vingt années qui nous séparent de 1998, ce qui permet d’avoir une indication de tendance profonde. D’autres précisions, venues d’autres sources complètent le travail avec d’autres précisions dans les mêmes domines. Le chiffre le plus marquant est celui de l’évolution du nombre d’avortements, passant en 25 ans de 5 millions (en 1993) à 600 000 (en 2017), et cela accompagnant une évolution également remarquable dans le jugement des personnes qui ont été interrogées pour l’enquête : le pourcentage des personnes jugeant l’avortement “inacceptable” est passé de 12% en1998 à 35% en 2017, – alors que cette pratique était elle-même institutionnalisée durant la période communiste (sauf pendant la période 1936-1955). Tous les autres résultats sur les questions sociétales vont dans le même sens.

Le fait que cette enquête se fasse sur ce “temps assez long” est d’une réelle importance, surtout pour la Russie. Il permet une comparaison entre la Russie post-URSS “occidentalisée” type-Eltsine des années 1990 et celle d’aujourd’hui. Outre les conditions économiques, son évolution culturelle (et donc psychologique) se déplace exactement à l’inverse de la politique générale suivie dans le bloc-BAO, sous l’impulsion du Système.

C’est le site Orthochristian.com, version anglaise du site en russe Pravoslavie.ru, qui publie le texte (le 12 janvier 2018) sur cette enquête et les divers à-côtés.

« La proportion de citoyens russes qui considèrent l'avortement comme inacceptable a triplé au cours des 20 dernières années, passant de 12% à 35%. La condamnation de l’adultère et des relations homosexuelles a également augmenté de manière significative, selon les données d'un récent sondage sociologique du Levada Center. Selon les experts, le changement dans l'opinion publique atteste du renforcement des valeurs familiales traditionnelles, rapporte Pravoslavie.ru.

» L'enquête nationale réalisée fin décembre 2017 a montré que la majorité des Russes (68%) condamnent les relations sexuelles extra-conjugales, alors que seulement 50% les condamnaient en 1998. Ce pourcentage de 2017 comprend 77% de femmes et 57% d'hommes. Les personnes interrogées qui désapprouvant les relations homosexuelles sont passés de 68 à 83% au cours de la même période, avec seulement 1% de différence entre les hommes et les femmes.

» En ce qui concerne le sondage sur l’avortement (jugé inacceptable par 35% des sondés contre 12% en 1998), le pourcentage des réponses est équivalent selon les situations économiques, y compris st dans le cas des familles à faible revenu. Les femmes ont adopté une position plus stricte, avec 37% condamnant l'avortement dans tous les cas, contre 31% des hommes. Aucune différence n'a été observée en ce qui concerne l'âge de la femme qui répond.

» Karina Pipia, sociologue du Centre Levada, a noté que les chiffres démontrent une tendance générale conservatrice dans la nation, bien que les répondants des petites villes et des villages soient plus fidèles à l'avortement en raison du faible revenu. Le président de la Société russe des obstétriciens-gynécologues, Vladimir Serov, a déclaré au journal Izvestia que les avortements ont diminué de 800% en Russie au cours des 25 dernières années, passant d'environ 5 millions à 600 000 chaque année.

» Cette évolution a été facilitée par un certain nombre de mesures, notamment le soutien économique de l'État aux familles, la création de centres de soutien aux femmes enceintes en difficulté, le développement de la contraception et le développement de l'éducation sur les dangers de l'avortement. Le directeur scientifique de l'Institut indépendant de la famille et de la démographie Igor Beloborodov considère que le changement d’opinion publique sur l’avortement est le résultat de la politique gouvernementale et du travail éducatif de l'Église orthodoxe russe.

» Alors qu'il y a eu une tendance positive à la diminution du nombre d'avortements, cet acte terrible reste légal en Russie, avec environ 2 000 enfants tués chaque jour. L'Église et diverses sociétés orthodoxes organisent régulièrement des manifestations pro-vie à Moscou et dans tout le pays. Le mouvement “Pour La Vie !” a organisé hier (11 janvier 2018) une cérémonie symbolique avec 2 000 bougies allumées durant une moleben dans une église de Moscou, pour symboliser les enfants perdus tous les jours du fait des avortements. En outre, plus d'un million de signatures ont été recueillies dans toute la Russie l'année dernière, appelant à une interdiction législative de l'avortement. »

Le commentaire que nous allons faire écarte absolument tout débat de fond sur les diverses questions qui sont abordées (avortement, homosexualité, concubinage, etc.). Ce qui nous intéresse, c’est la question des tendances profondes qu’illustrent ce sondage et les autres événements cités. Le fait que le site rapportant la chose d’une manière favorable soit chrétien orthodoxe n’est pas indifférent : le poids de l’Église chrétienne orthodoxe russe, autant que la politique familiale et sociétale du gouvernement depuis les premières années-Poutine, jouent un rôle considérable dans l’évolution constatée. Il n’empêche que cette évolution n’apparaît pas forcée, mais bien facilitée par ces politiques institutionnelles. A côté des agitations souvent très médiatisées, – et pour cause, – des minorités pro-occidentalistes toutes suspectes d’“intelligence avec l’ennemi”, il existe aujourd’hui en Russie un accord profond entre la population, sa direction politique et sa hiérarchie religieuse. Cet accord est une affirmation de type néo-conservateur, dans le vrai sens de l’expression exactement contraire au “neoconisme” US qui est un parfait usurpateur du sens des mots et des choses, – rien pour nous étonner, dans cela.

Par conséquent, il nous paraît peu indiqué de monter tel ou tel procès indigné sur ce parti-pris ici ou là, ni d’éditos vengeurs sur “ces populations rétrogrades”, ces “fachos-réacs’” et toute cette saltimbanquerie, – ce néologisme pour exprimer l’épuisement de nos âmes poétiques devant ce traquenard où tombent tant d’esprits aiguisés. Ce qui nous intéresse c’est l’essentiel, savoir les positions et les forces s’exerçant par rapport au Système, pour ou contre. Il faut laisser notre emportement affectiviste courant de croire à la centralité du débat sociétal pour admettre cette évidence que ce débat sociétal fait partie de la stratégie considérablement puissante du Système, et que c’est par conséquent en fonction de ce fait central (la stratégie du Système) et rien d’autre qu’il faut déterminer, affirmer et assurer sa position.

Dès lors, le constat est le suivant : la Russie est devenue, en profondeur d’elle-même et en cela retrouvant sa tradition, un centre de contre-culture face à la postmodernité et le Système. Il est évident que les autorités politiques et religieuses l’y poussent ; avec une direction politique qui est aussi radicale dans les domaines culturel et social, avec effet sur le sociétal, qu’elle est modérée dans le domaine économique par rapport par rapport à l’“offre” pressante du bloc-BAO d’adopter ses références-Système ; avec une hiérarchie religieuse extrêmement pugnace dans la défense des intérêts culturels russes dans le sens de la tradition... Les accusations de corruption que colportent régulièrement les porte-voix de la communication-Système contre ces directions n’ont pas d’effets de rupture dans la mesure où cette corruption, qu’elle apparaisse ou pas du point de vue vénal, ne touche pas le niveau psychologique. (En aucun cas, on ne peut en dire autant des élites-Système du bloc-BAO.)

(De même, les accusations d’“autoritarisme” qui fondent la stratégie antirussistes du bloc-BAO n’ont d’autres effets que de mettre en lumière la position d’agonie accélérée dans le désordre et le nihilisme du “modèle démocratique” du bloc-BAO et du Système. C’est dans ce contexte qu’il faut poser un jugement.)

Cette situation implique effectivement que la Russie constitue non plus un obstacle, mais un véritable “barrage culturel” contre la tentative permanente d’invasion de la culture-Système dont le programme implique l’équation déstructuration-dissolution-entropisation (dd&e). Du fait même de cet antagonisme, et quoi qu’on pense selon la moraline courante de façon parcellaire et cloisonnée de toutes ces positions et options, la situation générale russe est perçue comme s’opposant à la poussée dissolvante du Système et devient de ce fait, par simple logique antagoniste, complètement structurante pour la Russie elle-même. Cette perception du Système ne peut aller qu’en s’amplifiant parce qu’elle se nourrit à l’antirussisme qui lui-même se renforce de la perception qu’il induit : logique fermée parfaite.

Pour autant, il ne faut pas conclure que les Russes offrent un “contre-modèle” : leur contre-culture est uniquement défensive et d’ailleurs ne prétend à rien d’autre, ni ne peut prétendre à rien d’autre car c’est effectivement dans le mode défensif qu’elle est réellement efficace en mettant en évidence les outrances et les vices de l’adversaire. La Russie n’est pas en position d’offrir un “contre-modèle” parce qu’elle n’a pas les instruments pour le faire, ni encore moins la capacité conceptuelle. (Personne n’a d’ailleurs cette capacité conceptuelle ni “les instruments” pour l’opérationnaliser, bien entendu : nous sommes en attente de la chute du Système.) La Russie servant donc de “barrage culturel” a comme véritable fonction opérationnelle de faire s’épuiser le Système dans son hostilité à son encontre, et par conséquent d’accélérer son propre effondrement en cours. Tout cela trace une certaine situation d’équilibre pour la Russie dans laquelle Poutine occupe la place qui convient, – ce qui explique aussi bien sa popularité que les intentions de vote pour l’élection présidentielle (actuellement, 81,1% en faveur de Poutine).

 

Mis en ligne le 24 janvier 2018 à 13H40

La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

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La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

Monsieur PGL vous propose un entretien avec notre ami Robert Steuckers, à l’occasion de la trilogie qu’il publie aux éditions Bios et qui est la somme de ses écrits et réflexions sur le destin de notre continent. Ce sera l’occasion également de revenir sur son parcours.

A la barre PGL, à la technique JLR.

Pour écouter:

https://radiomz.org/emission-n330-europa-eurasia-identite...

 

vendredi, 02 février 2018

Histoire du soft power américain

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Histoire du soft power américain

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

1. De la guerre froide à Obama

Aux USA, l’influence est pensée depuis longtemps comme technique à finalité stratégique: une guerre pour désarmer l’hostilité, une guerre à la guerre en somme qui fera du monde « un endroit plus sûr pour les États-Unis » selon la formule de Wilson. Ce dernier partait du principe que les démocraties ne se combattent pas par les armes. Il entrevoyait déjà un apaisement général par propagation des principes politiques américains.

D’où l’idée récurrente d’influencer l’autre pour le rendre un peu moins « autre » et éventuellement un peu plus démocrate, un peu plus amoureux de la liberté à l’américaine, davantage désireux d’en adopter le mode de vie. Cela repose sur une certaine confiance en la valeur universelle du système et sur la conviction que celui qui le combat ne peut être qu’en proie à illusion doctrinale, à une méconnaissance de la réalité ou à une passion contraire à la nature humaine : il s’agit donc de le guérir. Par une contre-offensive idéologique.

Durant la guerre froide, la CIA conçoit un plan de «guerre culturelle» et conduit, notamment à travers le Congrès pour la Liberté Culturelle, une politique de subventions à des journaux, des livres, des conférences, des manifestations artistiques. Tout cela est censé sauver l’intelligentsia du giron du communisme et offrir une alternative culturelle, politique et morale aux populations de l’Est ou des pays tiers. L’affrontement est clairement idéologique.

L’agence s’emploie à diffuser les auteurs antistaliniens, fussent-ils de gauche, mais aussi le jazz, la peinture abstraite, toutes les formes d’une culture distractive, « jeune », antitotalitaire qui font contraste avec le pesant réalisme socialiste : des gens qui lisent Koestler, sifflent l’air de Porgy and Bess ou aiment la peinture abstraite ne seront jamais de vrais Rouges, pense-t-on à l’Agence. De la concurrence des idées on passe à celle des cultures.

Diplomatie publique

L’entreprise eut un prolongement. Eisenhower créa en 1953 l’United States Information Agency qui devait fonctionner jusqu’en 1999 pour mener une politique de vitrine médiatique. Elle lança des publications et manifestations et surtout des radios dont Voice of America émettant en 45 langues et Radio Free Europe, destinée à l’autre côté du rideau de fer. Le but était projeter une « bonne image » des USA, d’offrir à des audiences étrangères des informations auxquelles elles n’avaient pas accès, de promouvoir certaines valeurs en particulier culturelles. L’USIA se chargeait d’entretenir des réseaux d’amis des USA : journalistes et personnalités invités à visiter le pays, boursiers (notamment le programme Fullbright) et contacts avec d’anciens étudiants des universités américaines…

Le tout fut baptisé en 1970 : « diplomatie publique », une diplomatie qui soutient les objectifs politiques en s’adressant directement à l’opinion extérieure. Mais pas au public domestique : l’US Information and Educational Exchange Act de 1948 connu comme Smith-Mundt Act, interdisant de faire de la propagande destinée aux citoyens américains.
Dans la décennie 90, la notion devait tomber en désuétude faute d’ennemi à combattre, l’USIA finit par se « fondre » dans le département d’État).

voice-of-america-labyrinth.jpgPendant un demi siècle, relayée par l’USIS (United State Information Service), la diplomatie publique avait ainsi produit ou exporté des milliers d’heures d’émission, de films, de livres,…, mais aussi établi des contacts avec des milliers de gens pour «raconter au monde l’histoire vue d’Amérique».

Son bilan sera discuté : l’USIA est parfois vue comme un agence de propagande coûteuse qui faisait mal ce que l’autre camp réalisait plus efficacement en sens inverse, relayé par des intellectuels progressistes et profitant du courant de la contre-culture.
Second reproche à la diplomatie publique : était-il vraiment utile de payer des fonctionnaires pour rendre l’Amérique plus populaire alors que James Dean, Marilyn Monroe, Elvis Presley , la MGM, puis CNN y parvenaient de cause de façon plus crédible et en rapportant des devises ? D’autres se demandent pareillement si la chute du Mur de Berlin n’est pas à porter au crédit de la télévision de RFA reçue en RDA : elle propageait une image bien plus positive de l’Occident que tout service officiel.

Dans les années qui séparent la fin de l’URSS du 11 septembre, la politique d’influence US semble se confondre au moins dans l’esprit de ses promoteurs avec un « élargissement » du modèle occidental, pour ne pas dire avec le mouvement de l’Histoire. Il s’agit pour les USA de « contrôler la mondialisation » (shapping the globalization), donc d’encourager une mondialisation qui repose autant sur les droits de l’homme et le marché que sur les technologies de la communication et la mondialisation des cultures.

Cette politique quasi pédagogique prend de multiples formes. Ce peut être l’accompagnement du passage à la démocratie des anciens pays socialistes par ONG ou think tanks interposés, aussi bien que l’apologie des autoroutes de l’information comme « agora planétaire ». Le tout dans un contexte où l’influence US semble sans rivale.

Le contrôle de la globalisation

Pour une part, l’influence se privatise. Elle devient une dimension fondamentale de l’intelligence économique. Elle sert d’abord à la conquête des marchés ; là encore, les Américains comprennent qu’il faut combiner soutien politique, imitation des modes de vie, prépondérance des les standards techniques ou juridiques et un imaginaire culturel rendant désirable le made in USA. D’autres facteurs jouent telle la complexité croissante des normes internationales de production, donc le rôle des instances internationales et partant l’intérêt du lobbying.

Citons aussi le poids de mouvements d’opinion concernés par des dimensions écologiques, sociales ou sécuritaires de l’activité économique donc le rôle des ONG et des « parties prenantes », les facteurs d’image et de réputation dans la compétitivité des firmes… Autant de raisons pour les entreprises de se lancer à dans une politique internationale d’influence positive, voire agressive. Elles sont à la merci d’une rumeur sur Internet, d’une mise au pilori par une ONG, d’une attaque médiatique, d’une offensive informationnelle : elles doivent se préserver d’une influence déstabilisatrice comme une « e-rumeur ».

Parallèlement, une notion prend de l’importance dans les années 90 : celle d’affaire, action ou coopération civilo-militaires (qui donnent toujours le sigle ACM). Elle est liée à des conflits typiques de la fin du XX° siècle : des États disloqués, en proie à des guerres civiles, ou des situations indécises entre guerre et paix où des violences armées sont menés sporadiquement par des groupes ethniques, politiques, criminels voire mêlant les trois. L’intervention des forces occidentales, avec ou sans mandat des Nations Unies appelle une politique de reconstruction de la paix ou de la nation (peace building, nation building) ou, pour le moins, la gestion d’une situation indécise. À rebours de leur fonction traditionnelle (affronter symétriquement une autre troupe en uniforme jusqu’à la victoire politique scellée par le traité de paix), les troupes sont confrontées à des situations où il s’agit de contrôler l’exercice de la violence pour en freiner l’escalade. Il est tout aussi nécessaire de recréer les conditions d’une vie « normale » sur des territoires livrés au chaos.

Surtout dans la période qui mène à la mise en place d’autorités civiles reconnues, les troupes sont de facto chargées de tâches humanitaires, économiques administratives, politiques, bref non militaires. Cela les met au contact de civils, d’ONG, d’organisations internationales, de forces politiques, d’autres armées, d’entreprises… et bien sur des médias . Cette quête pratique n’est pas forcément désintéressée : les ACM peuvent rapporter des dividendes en termes d’image, de contrats de reconstruction pour ses entreprises, d’adoption de normes favorables à ses industries, …. Intérêts publics et privés peuvent se trouver liés comme civils et militaires. Mais l’objectif immédiat est surtout de contribuer à la stabilité du pays par des relations fiables avec les autres acteurs, un mélange entre action d’urgence et relations publiques.

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La quête du soft power

Aux USA et dans la même période que l’influence trouve son nouveau nom : soft power. L’expression lancée par le doyen Joseph S.Nye gagne le statut de concept clé des relations internationales. Elle exprime une attractivit américaine qui repose sur la séduction de sa culture de masses (blockbusters hollywwodiens, séries TV, Mc Donald, basket, etc.), plus excellence scientifique et universitaire, plus les succès de sa technologie surtout numérique (les GAFA et la Silicon Valley), plus médias internationaux, plus influence intellectuelle de ses essayistes et de ses think tanks, plus américanisation des élites mondiales, plus image démocratique du pays, plus popularité de l’american way of life, plus...

Si l’Amérique prédomine dans le domaine du hard power, en particulier militaire, dit en substance Nye, elle doit aussi son statut d’hyperpuissance à sa capacité de séduire et d’attirer. La notion recouvre le rayonnement de l’Amérique, dû à sa technologie, à sa réputation, à ses artistes, à son cinéma, à ses université, … et autres choses où le gouvernement a peu de responsabilité, mais elle repose aussi sur sa diplomatie, sa capacité de convaincre et d’entraîner dans les organisations internationales. Amener les autres à désirer ce que vous voulez « sans carotte ni bâton » : voilà qui est tentant mais résonne un peu comme un vœu pieux.

Ce débat plutôt abstrait avant le 11 septembre prend une tout autre tournure en 2001. L’Amérique découvre alors la haine qu’elle suscite. Pour une part, les néo-conservateurs qui tenaient en réserve leurs plans contre les États voyous, leur guerre « préemptive » voire leur « quatrième guerre mondiale » contre le terrorisme jouent la carte du dur.

Parallèlement le recours à l’influence douce semble redevenir un saint Graal de la géopolitique US ou une ressource mystérieuse que l’Amérique devrait retrouver pour mettre fin à l’animosité.

L’appel à rétablir un soft power submergé par l’antiaméricanisme et décrédibilisé par une guerre contreproductive devient une des constantes du discours critique contre G.W. Bush. Ce slogan résonne souvent comme un pathétique « Aimez nous ». Ainsi, lorsque Francis Fukuyama rompt avec le camp néo conservateur, l’ancien chantre de la fin de l’histoire oppose la mauvaise méthode, la promotion de la démocratie par les armes, à la «bonne», celle qui consisterait à restaurer le soft power. Il ne faudrait pas renoncer au principe wilsonien, mais, parallèlement recommencer à négocier, à rechercher le consensus de ses alliés, à mener une action à travers des ONG et des organisations internationales régionales. Il est tentant de traduire : se rendre aimable, en somme.

Il serait caricatural de faire du soft power un monopole des démocrates, et de croire les républicains forcément partisans du «hard». La nuance entre diplomatie publique, soft power et influence renseigne davantage sur le locuteur que sur le contenu de la politique qu’elle recouvre.

Ainsi, quand Nye déclare que "l'Amérique doit mélanger le pouvoir dur et soft en un "pouvoir intelligent" (smart power), comme elle le faisait du temps de la guerre froide.", pareille nostalgie ne caractérise pas exactement un progressiste. Du reste, dans le camp conservateur, beaucoup en appellent à une grande politique qui tarirait les sources de l’extrémisme religieux et restaurerait une image de leur pays dont les sondages –ils en sont grands consommateurs - montrent la dégradation depuis six ans.

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Une des premières réactions de l’administration Bush en 2001, fut de recréer un sous-secrétariat d’État à la diplomatie publique. Il fut d’abord confié à la publicitaire Charlotte Beers ; elle s’employa à produire des vidéos démontrant la liberté de culte dont jouissent les musulmans aux USA. Au fur et à mesure des guerres d’Afghanistan et d’Irak apparurent des radios arabophones et même une télévision, al Hurrah, censée concurrencer al Jazeera, mais avec un succès modéré dans le monde arabe. Parallèlement, l’administration Bush créa un Bureau d’Influence Stratégique (Office of Strategic Influence): il fallut le dissoudre lorsque la presse révéla qu’il risquait de mener des actions de désinformation qui toucheraient les citoyens américains.

Mais la diplomatie publique n’est pas seulement l’affaire des hauts fonctionnaires : le secteur privé intervient dans la promotion de l’Amérique. Ainsi Walt Disney produisant avec le département d’État des films présentant le pays à ses visiteurs ou les entreprises qui créent des « cercles d’influence » avec des groupes de journalistes ou des chambres de commerce. De la même façon, nombre d’opérations sont sous-traitées à des « agences de communication » ou assimilées qui, suivant le cas, «vendent» l’opposition à Saddam et la thèse des armes de destruction massive (comme le groupe Rendon) avant la guerre d’Irak ou, après, s’assurent de la bonne orientation de la presse locale (comme le Lincoln Group).

On verra aussi l’appareil d’État américain s’engager dans un combat quasi spirituel : il faut contrer « l’extrémisme violent » (comprenez le djihadisme), lancer un contre-discours, montrer que cela n’a rien à voir avec le vrai islam, contrer la propagande mensongère d’al Qaïda puis celle, plus moderne, plus efficace, et plus « Web 2.0 » de Daech.

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La stratégie d’influence américaine comporte aussi un volet « subversif » : l’aide aux mouvements dits de la socité civile qui luttent contre des régimes autoritaires et, comme par hasard, antiaméricains,. Ceci vaudra sous les présidences successives de G.W. Bush et de Obama, mais prend la suite du bons vieux système de regime change consistant à aider l’oppostion dans certains pays. S’inspirant de l’expérience du renversement de Milosevic et des méthodes du groupe OTPOR, il y aura la révolution des roses en Géorgie (2003), orange en Ukraine (2004), des tulipes au Kirghizistan, « en jean » en Biélorussie (2005), du cèdre au Liban (2005). Ne parlons pas de la vague verte d’Iran (2009) ni de l’enthousiasme que déclenchera le printemps arabe de 2011 (ça y était, le monde arabe, évitant le double péril de l’islmamisme et des autocraties, allait se convertir au modèle démocratique occidental). Chaque fois on retrouve des fonds (d’ailleurs pas dut tout occultes- de l’US AID, du département d’État, du National Endowment for Democracy, de l’Institut pour la paix, etc. Des Ong finançant et formant les activistes démocratiques comme l’Albert Einstein Institute et la fondation Soros Open Society soutiennent les révoltes. Nous ne sommes pas en train de dire que les services américains ou quelques ONG renversent les gouvernement à leur guise partout sur la planète, mais qu’il jouent ouvertement la carte du soutien aux forces réputées modernes et ouvertes, donc pro-occidentales.

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Soft Obama

Les années Obama ont-elles changées la pratique de l'influence stratégique d'État ?

La personnalité même du président devenu star internationale avant son élection et nobelisé au seul bénéfice de l'image fut en soi un exemple de "branding". Il "était" la marque USA dans toute sa splendeur, et rendait visible l'idée de soft power, comme s'il lui suffisait d'apparaître pour réconcilier l'Amérique avec le monde. La communication de la Maison Blanche exploita largement l'effet de contraste : elle opposait sa pratique apaisée à la brutalité de G.W. Bush. Très vite Hillary Clinton, au Département d’État, prit le relais, elle qui se réclame de Joseph Nye et de son smart power : la nouvelle Amérique utilisant suivant le cas sa puissance militaire, diplomatique, économique... mais aussi culturelle pour accomplir ses objectifs internationaux ; le moindre n'était pas de lutter contre les djihadistes et de dissiper les fantasmes dont est sensé se nourrir l'antiaméricanisme. Bien entendu, l'enthousiasme des débuts se heurtera aux réalités assez vite.

Si le soft power est un état idéal ou un résultat désiré, l'influence, la lutte idélogique, la présence médiatique, la "com", la mise en valeur de l'image américaine (éventuellement à travers celle de son président) en furent les moyens. Du coup, le terme "diplomatie publique" perdit ses connotations de Guerre foide et d'anti-communisme républicain. On se mit à parler d'une "nouvelle diplomatie publique" qui reposerait moins sur l'utilisation de grands médias émettant vers l'étranger (telle la télévision arabophone al Hurrah) que sur la présence sur les réseaux sociaux, le prestige culturel, la coopération avec les ONG et la société civile pour véhiculer le bon message... La propagande d’État devait passer par les réseaux sociaux et par les organisations de la société civile.

L'administration Obama a joué de ses atouts comme ses bonnes relations avec les entreprises de la Silicon Valley. Sa stratégie devient ostensiblement "2.0". Tandis que l'armée (qui ne fait désormais plus de "psyops" mais des "Military Informations Strategic Operations", ce qui sonne moins redoutable), la diplomatie américaine devient "e-diplomacy". Les représentants des USA, militaires ou diplomates, sont invités à être très présents sur les réseaux sociaux, à y faire du "storytelling" et à délivrer y compris à des audiences étrangères leur message de soutien aux objectifs de leur pays.

hillary-caricature-large.jpgParallèlement l'Amérique affiche sa volonté de soutenir les cyberdissidences et de lutter pour que s'épanouisse en ligne une société civile sans frontières. Hillary Cliton, en particulier, présente le droit de se connecter comme un droit de l'homme et milite pour des "technologies de libération" : l'extension d'Internet, échappant au contrôle des régimes étatiques est sensée apporter à la fois des bénéfices économiques, politiques (favoriser la démocratie pluraliste) aussi favoriser l'épanouissement d'une indispensable société civile. Du coup la cause universelle du Net se confond avec les intérêts des USA, première société de l'information de la planète (comme pendant la Guerre froide, ils se confondaint avec la défense universelle des libertés politiques).

La lutte pour la liberté du Net, se concrétise par le refus de principe de laisser des entreprises américaines vendre des techniques de censure à des gouvernements dictatoriaux mais aussi la volonté de fournir aux "blogueurs démocrates" de la formation ou des outils et logiciels pour échapper à la police. Même si les mauvais esprits font remarquer que les États Unis changent d'attitude lorsqu'il s'agit de lutter contre Wikileaks ou Megaupload... Ou contre Snowden.

Par ailleurs, en 2011, Obama crée le Center for Strategic Counterterrorism Communications qui doit mener la lutte pour la déradicalisation et la réfutation de la propagande djihadiste. Preuve que l’on en revient aux méthodes de guerre froide, ou plutôt d’affrontement idéologique à l’échelle de la planète. En 2016 le CSCC se transforme en Global Engagement Center sensé lutter avec des partenaires (ONG; écoles, leaders religieux...) contre le jihad dans les têtes. Mais, o surprise, juste avant que quitter son bureau ovale, Obama rajoute aux compétences du GEC la lutte contre la propagande et les interférences étrangères : Chine, Corée et surtout Russie.

Counter-speech (la contre-propagande contre le djihad, smart power, "nouvelle" diplomatie publique : le vocabulaire change, mais les fondamentaux restent les mêmes : l'Amérique retrouve spontanément sa tentation de convertir le reste du monde à ses valeurs pour sa propre sécurité (en vertu du vieux principe kantien que les démocraties ne se font pas la guerre), mais aussi pour sa prospérité. Et elle tend facilement à se persuader que les outils de la communication garantissent la liberté et l'harmonie des peuples, ce qui est très exactement la définition de l'idéologie de la communication.

SPFBH-4trump.jpg2. Trumpisme et « sharp power »

Peu de gens nieraient que le soft power américain ait diminué : un président qui traite les autres pays de trous à merde n’incarne pas exactement l’attractivité et la persuasion.

Si l’on s’en réfère à des sources comme le classement annuel des pays « The soft power 30 » du centre de diplomatie publique de Portland - qui range les nations selon leur capacité à « attirer, construire et mobiliser des réseaux d’acteurs pour agir en commun », les États-Unis sont passés en troisième position, dépassés par la France (grâce à l’élection de Macron qui nous aurait sauvés du péril populiste) et le Royaume-Uni (en dépit du Brexit). Les U.S.A. continuant à prédominer dans le domaine de l’excellence universitaire, de l’influence culturelle, de la technologie, etc. souffriraient de la déplorable image (y compris personnelle) et de la rhétorique de Trump qui affirme sans complexe vouloir poursuivre les intérêts de son pays et non des valeurs ou des buts universels. On accordera sans trop chicaner : la perception de la nouvelle présidence est désastreuse. Une fois que nous avons dit cela, nous n’avons pas dit grand chose.
On pourrait aussi analyser la supposée crise du soft power U.S. comme traduisant - au-delà de la perte d’attractivité d’un modèle qui se prenait pour celui de la fin de l’Histoire - la concurrence d’autres pouvoirs nationaux d’influence.

Si l’on parle concurrence, et en mettant de côté des pays qui peuvent avoir une bonne image internationale comme la Suisse ou l’Australie mais ne pèsent guère sur les affaires du monde, on pense immédiatement à la Chine. Qu’il s’agisse de la prolifération des instituts Confucius, de l’accueil d’étudiants étrangers, de l’engagement économique en Afrique, d’opérations de communication spectaculaires comme le thème des Routes de la Soie, de l’image globale de ses performance, la Chine progresse dans l’opinion hors frontière et développe une diplomatie efficace. L’autre grande puissance qui entend développer son soft power (miagkaïa sifa dans sa langue) est la Russie, même si l’idée même que Moscou puisse faire quoi que ce soit de doux semble hérisser beaucoup de commentateurs.

L’influence russe est largement idéologique ; elle passe, en synergie avec sa diplomatie, par l’affirmation d’un pôle « illibéral », contre-modèle à la mondialisation à l’occidentale. Son message préconise les valeurs traditionnelles, les identités et souverainetés ; il prône une alternative multilatérale (on aurait dit autrefois impérialistes) au modèle occidental, atlantiste, unipolaire. L’influence russe se manifeste largement par les médias et les réseaux, réalisant ainsi une performance assez paradoxale dans le domaine de la public diplomacy et du cyberpower où l’Amérique était censée être imbattable. La Russie est en effet présente à travers des médias internationaux (RT qui vient de lancer une chaîne francophone, Spoutnik, etc.) et sur le Web 2.0. D’où un contre-discours accusant la Russie, ses pompes, ses œuvres et sa disinformatsya, d’être derrière les mouvements populistes et à l’origine de la diffusion des fake news, d’asphyxier les médias 2.0 avec des armées de trolls (pour la propagande) et de hackers (pour saboter, voler des données confidentielles et éventuellement les publier comme dans le cas des mail du parti démocrate américain), d’avoir des agents et des réseaux politiques et intellectuels partout, de fausser les élections, ... Ces accusations de subversion, souvent plus violentes que ce que l’on disait pendant la guerre froide de l’influence occulte des agents bolchevik, se ramènent à l’idée d’une sorte de gigantesque sabotage. Poutine tenterait en somme de provoquer le chaos politique et, plutôt que d’attirer en faveur de son modèle idéologique, de saboter les démocraties (on ne dit plus le monde libre) par le chaos électoral, idéologique et politique. Cette influence « alternative » destinée à casser le monopole médiatique et idéologique des sociétés « ouvertes » est donc présentée comme purement négative pour ne pas dire nihiliste. D’où apparition d’un néologisme sharp power, qui désignerait ce pouvoir « aigu » de la Chine et de la Russie ; elles chercheraient à nous blesser : moins à persuader de l’excellence de leurs régimes autoritaires qu’à affaiblir l’adversaire occidental. De The Economist qui dénonce en couverture le sharp power chinois, à Foreign Affairs qui soupçonne Moscou de favoriser toutes les tendances antidémocratiques qui peuvent affaiblir l’Otan, l’UE ou les USA. Ce serait donc une nouvelle façon de désigner une guerre subversive de l’information et même Joseph Nye, l’homme qui a lancé les notions de soft et smart power, se joint au concert contre ces opérations occultes. Profitant de l’asymétrie des forces et de nos faiblesses (donc de la liberté d’informer occidentale, du libéralisme et du pluralisme, comme de notre manque de pugnacité idéologique), deux États seraient donc en train de nous manipuler et de nous diviser.

Le concept-valise de sharp power ne traduit pas seulement le retour d’une rhétorique de guerre froide (les agents de l’étranger s’en prennent à nos valeurs et diffusent de fausses informations subversives), il est la traduit en termes de causalité diabolique (l’action des méchants pervertissant le meilleur des mondes possibles) des faiblesses de l’idéologie. Et la plus grave d’entre elles : être incapable de penser que l’on s’oppose à elle autrement que par méchanceté ou par naïveté.

Presseschau Februar 2018

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Presseschau

Februar 2018

 

AUßENPOLITISCHES

 

Das Weltwirtschaftsforum in Davos: Wer bestimmt die globale Agenda?

https://www.youtube.com/watch?v=iuJsEufXP-4

 

Weltwirtschaftsforum in Davos

George Soros wirft CSU Rechtsruck vor

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/george-...

 

Deutschland geht leer aus: Was geschieht mit den 73 Sitzen Großbritanniens in der EU?

http://www.epochtimes.de/politik/europa/deutschland-geht-...

 

Reaktion auf Schulz-Kritik

Orbán: „Ihr wolltet die Migranten, wir nicht!“

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/orban-ihr-w...

 

Brutaler Sieg eines scheinbar Sanftmütigen

Sebastian Kurz bei Maischberger: Der Tag, an dem das Alter sichtbar wurde

https://www.tichyseinblick.de/feuilleton/medien/sebastian...

 

Die halbe "Ente" aus Finnland

Was für ein Grundeinkommen spricht

https://www.n-tv.de/wirtschaft/Was-fuer-ein-Grundeinkomme...

 

Wie läuft's in Finnland?

560 Euro monatlich fürs Nichtstun

https://www.n-tv.de/wirtschaft/560-Euro-monatlich-fuers-N...

 

Massenausweisung

Schweden plant Abschiebung von Zehntausenden Flüchtlingen

http://www.spiegel.de/politik/ausland/fluechtlinge-schwed...

 

„Beleidigung“

Bulgariens Staatschef fühlt sich von Merkel übergangen

https://www.welt.de/politik/ausland/article172813056/Ange...

 

Insel versinkt im Dreck

Müllgesetz für Mallorca: Jetzt geht es Plastiktellern und Kaffeekapseln an den Kragen

https://www.focus.de/reisen/reise-news/insel-versinkt-im-...

 

„Fire and Fury“

Bannon verläßt Breitbart

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/bannon-verl...

 

Bann gegen Bannon

https://sezession.de/58102/58102

 

(Manipulativer "Spiegel")

USA

Debatte um Polizeigewalt

Weiße Täter, schwarze Opfer?

von Lukas Mihr

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/weisse-ta...

 

Papst Franziskus in Chile: "Würde ist ansteckend"

http://www.dw.com/de/papst-franziskus-in-chile-w%C3%BCrde...

 

Vor Papstbesuch: Angriffe auf Kirchen in Chile

http://www.dw.com/de/vor-papstbesuch-angriffe-auf-kirchen...

 

"Operation Olivenzweig"

Machtpolitik auf syrischem Flickenteppich

Türkische Truppen gehen mit syrischen Verbündeten militärisch gegen die kurdischen Volksschutzeinheiten (YPG) vor. Russlands Präsident Putin lässt seinen türkischen Kollegen Erdogan gewähren. Die USA stehen ihren Verbündeten nicht bei.

https://www.n-tv.de/politik/Machtpolitik-auf-syrischem-Fl...

 

Flüchtlingspolitik

Marshallplan für Syrien

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/marshal...

 

Wieso Nordkoreas Diktator von einem Berg abstammt

Kein Volk der Welt glaubt, dass sein Staatsoberhaupt von einem Berg abstammt. Ausser die Nordkoreaner. Die Macht von Kim Jong Un beruht auf einem kuriosen Führermythos - und einer Berglandschaft.

https://nzzas.nzz.ch/hintergrund/im-hoehenrausch-nordkore...

https://www.welt.de/politik/ausland/article124520518/Kim-...

 

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Migration

Es muss erst noch schlimmer kommen, bevor es besser wird

Von Michael Stürmer

https://www.welt.de/debatte/kommentare/article172916494/F...

 

(Geld fließt in die Asylrücklage)

Bund verzeichnet offenbar Überschuss von 3,7 Milliarden Euro

https://www.finanzen.net/nachricht/aktien/ueber-den-erwar...

 

Steinmeier will jetzt auch geistiger Brandstifter sein

http://www.achgut.com/artikel/steinmeier_will_jetzt_auch_...

 

Frauen in Chefetagen

Barley droht Vorständen mit Regulierungen

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2018/barley-droht-vor...

 

Bremens Wirtschaft klagt an

Bremer Politik schreckt Arbeitnehmer mit Kindern ab

von Bastian Behrens

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/bremer-po...

 

Paragraf 103 StGB gestrichen

Majestätsbeleidigung ist in Deutschland Geschichte

http://www.spiegel.de/panorama/gesellschaft/majestaetsbel...

 

Heiko Maas verteidigt NetzDG gegen Kritik

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/heiko-m...

 

Die AfD und das Netzgesetz

Gelungene Inszenierung

https://www.ovb-online.de/politik/gelungene-inszenierung-...

 

Eigener Tweet verschwunden 

Lösch-Gesetz wird für Maas zum Bumerang

http://www.t-online.de/nachrichten/deutschland/id_8300963...

 

Heiko Maas und das NetzDG

Der Zensurbesen schlägt zurück

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/zensurbes...

 

Netzwerkdurchsetzungsgesetz

Der Unmut wächst

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/der-unm...

 

Nach Kritik von Amtskollegen „Völlig willkürlich“ - Palmer wehrt sich gegen Rassismus-Vorwürfe

https://www.welt.de/politik/deutschland/article172472965/...

 

Nach Kandel: Nichts wird vergessen

https://sezession.de/57524/nach-kandel:-nichts-wird-verge...

 

Sohn von Boris Becker

Noah Becker klagt über Rassismus

https://www.focus.de/kultur/musik/sohn-von-boris-becker-n...

 

Maier-Tweet

„Halbneger“-Aussage sorgt für Streit in AfD

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/halbneg...

 

Maier-Tweet

Zweifel an der Zurechnungsfähigkeit

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/zweifel-a...

 

Von Halbnegern und Meinungsfreiheit für Vollidioten

http://www.achgut.com/artikel/von_halbnegern_und__meinung...

 

Anmerkungen zu einem aktuellen Konflikt

„Halbneger“ ist kein Wort für Patrioten

http://www.pi-news.net/2018/01/halbneger-ist-kein-wort-fu...

 

(Til Schweiger muss natürlich auch noch einen in seinem Stil drauflegen…)

Unterstützung für Noah Becker

Darum nennt Til Schweiger einen AfD-Politiker „widerlicher Drecksack“

https://www.bz-berlin.de/leute/darum-nennt-til-schweiger-...

 

Jens Meier und Noah Becker

von Johannes Konstantin Poensgen

https://sezession.de/57523/jens-meier-und-noah-becker

 

„Halbneger“-Tweet

Was Jens Maier von Becker & Becker lernen kann

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/was-jens-...

 

Parteiausschlußverfahren

Gedeon und die Grenzen der AfD

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/gedeon-un...

 

AfD-Berlin kritisiert Demokratiedefizit an Humboldt-Uni

http://www.pi-news.net/2018/01/afd-berlin-kritisiert-demo...

 

Bundestag

Deutscher Kulturrat: „Ausschußvorsitz darf nicht an AfD gehen“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/deutsch...

 

Die Angst der Kulturmarxisten vor der Aufklärung und der AfD

von Alice Weidel

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-angst...

 

Élysée-Vertrag: AfD boykottiert Feierlichkeiten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/elysee-...

 

Andreas Kalbitz im Gespräch – Die soziale Frage und die AfD

https://sezession.de/58155/andreas-kalbitz-im-gespraech-d...

 

FAZ: „Hurra, wir haben die AfD unter Kontrolle“

http://www.pi-news.net/2018/01/faz-hurra-wir-haben-die-af...

 

Eklat um Björn Neumann wegen ehem. NPD Mitgliedschaft auf dem 8. AfD-Bundesparteitag (02.12.2017)

https://www.youtube.com/watch?v=bEMAsxwe05c

 

Landtag 

Landtag: Rasches Ende der staatlichen Finanzierung der NPD

http://www.t-online.de/nachrichten/id_83110992/landtag-ra...

 

(Kommentar dazu)

Parteienfinanzierung

Im Geiste undemokratisch

von Moritz Schwarz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/im-geiste...

 

Wer hat uns verraten?

Der Doppelbetrug der Sozialdemokraten

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-doppe...

 

SPD

Wirklichkeitsferne

Abschied vom Volk

von Nicolaus Fest

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/abschied-...

 

Bundesdelegiertenkonferenz der Grünen

Neue Gesichter, alter Größenwahn

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/neue-gesi...

 

Öffentliche Verkehrsbetriebe

Richterbund: Schwarzfahren soll keine Straftat mehr sein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/richter...

 

Ersatzfreiheitsstrafe

Schwarzfahrer im Knast kosten den Staat Millionen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/schwarz...

 

Hessens Behörden haben 2017 erneut mehr Kleine Waffenscheine ausgestellt

http://www.echo-online.de/politik/hessen/hessens-behoerde...

 

Einsatz zur Ortung von Tatverdächtigen: Behörden schicken immer mehr "stille SMS" Handy-Überwachung nimmt zu

https://www.ovb-online.de/handy-ueberwachung-nimmt-955604...

 

Bundesnachrichtendienst

Deutschland lässt zu, dass sein Geheimdienst unkontrolliert schaltet und waltet

http://www.sueddeutsche.de/politik/bundesnachrichtendiens...

 

Der geheimnisvolle Neubau des Bundesnachrichtendienstes

http://www.tagesspiegel.de/berlin/buchvorstellung-ueber-a...

 

Verbrennen von Israel-Flaggen verbieten

CDU-Fraktion im Abgeordnetenhaus stellt Antrag. Zentralrat der Juden begrüßt die Initiative

http://www.juedische-allgemeine.de/article/view/id/30569

 

Niederschlesien erhalten - Historisches nicht einfach streichen!

http://www.afdsachsen.de/presse/pressemitteilungen/nieder...

 

Greifswald

Ernst-Moritz-Arndt-Universität benennt sich um

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/ernst-moritz-arndt-u...

 

Rudolf Gramlich gehörte der Waffen-SS an

Eintracht lässt NS-Zeit ihres Ehrenpräsidenten untersuchen

https://www.op-online.de/sport/eintracht-frankfurt/eintra...

 

Oskar Gröning

Ex-SS-Mann reicht Gnadengesuch ein

http://www.tagesspiegel.de/politik/oskar-groening-ex-ss-m...

 

Ex-SS-Mann Gröning: Gnadengesuch abgelehnt

https://www.ndr.de/nachrichten/niedersachsen/lueneburg_he...

 

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS/ RECHTE

 

Friktionen in der Linkspartei

Die Dialektik des Sozialen

von Werner Patzelt

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-diale...

 

Karheinz Weißmann: Kulturbruch ’68 – eine Rezension

Von Werner Olles

https://sezession.de/58137/karheinz-weissmann-kulturbruch...

 

Ellen Kositza: "Nebenbei: knallrechts"

Ellen Kositza lebt auf einem Rittergut, hat sieben Kinder und gilt als Frontfrau der Neuen Rechten. Sieht so ein nationalistischer Feminismus aus?

http://www.zeit.de/2018/05/ellen-kositza-neue-rechte-femi...

 

Kampagne gegen IB-Chef Sellner

„Wer nicht ihrer Ideologie entspricht, soll ruiniert werden“

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/wer-nic...

 

AfD-Anzeige gegen Eintracht-Präsident Fischer

http://www.faz.net/aktuell/sport/fussball/bundesliga/afd-...

 

JF-TV

Zwietracht Frankfurt – Die Doppelmoral des Peter Fischer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/zwietra...

 

Eintracht-Frankfurt-Präsident Peter Fischer legt gegen AfD nach

https://www.gmx.net/magazine/sport/fussball/bundesliga/ei...

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/frankfu...

 

Politisierung des Sports

HSV geht auf Distanz zu Anti-AfD-Antrag

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/hsv-geh...

 

(Linke Demonstration gegen die "Demo für alle")

„Queer, pervers und arbeitsscheu“

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/queer-p...

 

"Recht auf faires Asylverfahren" Hunderte demonstrieren in Darmstadt gegen Abschiebegefängnis

In Darmstadt haben sich hunderte Menschen gegen die Einrichtung eines Abschiebegefängnisses gewandt. Mit Trillerpfeifen und Plakaten forderten sie faire Verfahren für alle Asylbeweber.

http://www.hessenschau.de/gesellschaft/hunderte-demonstri...

 

Düsseldorf

Proteste gegen Abschiebung nach Afghanistan

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/protest...

 

Leipziger Buchmesse

Skipis: Rechte Verlage sind keine Opfer, sondern Täter

https://jungefreiheit.de/kultur/literatur/2018/skipis-rec...

 

#verlagegegenrechts

Literarischer Zwergenaufstand

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/literaris...

 

Konzerte sollen verboten werden

Frei.Wild: Grüne sind beim Zündeln immer in erster Reihe

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/frei-wi...

 

Martin Schulz (SPD) beschimpft während Pressekonferenz Zwischenrufer als "Nazi" (15.01.2018)

https://www.youtube.com/watch?time_continue=39&v=5uEg...

 

Kritik an Facebook-Eintrag

Empörung über KZ-Vergleich von Jusos

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/empoeru...

 

Ermittlungsverfahren

„Bullenhunde“: Linken-Politikerin pöbelt gegen Polizisten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bullenh...

 

65 Prozent mehr "Reichsbürger" – 1000 besitzen legal Waffen

https://www.morgenpost.de/politik/article213229301/65-Pro...

 

SPD warnt vor Reichsbürger

Die SPD hat einen neuen Feind ausgemacht, der das gesellschaftliche Leben bedroht: Bundesvize Ralf Stegner warnt vor Unterschätzung der „Reichsbürger“-Szene.

https://www.mmnews.de/politik/46209-spd-warnt-vor-reichsb...

 

„Aufstehen gegen Rassismus“

AfD: Keine öffentlichen Gelder für Feierabendterroristen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-kei...

 

(Geduldeter Linksextremismus in Offenbach)

Polizei: Aktion in Zollamt-Studios unbedenklich

Tätowieren für die Antifa

https://www.op-online.de/offenbach/taetowieren-antifa-955...

https://de-de.facebook.com/events/1552738274761305/

 

G20-Ausschreitungen

Linken-Politikerin attackiert „Rote Flora“-Besetzer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linken-...

 

Kosten in Millionenhöhe

Polizei räumt besetzte Schule in Berlin-Kreuzberg

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/polizei...

 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

PRO ASYL – Migrationsnetzwerk und Meinungsmacht

https://fassadenkratzer.wordpress.com/2016/06/06/pro-asyl...

 

Türkische Gemeinde: Deutschland neu denken

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/tuerkis...

 

Europa Reform des Asylrechts der Gemeinschaft besorgt einige Mitgliedstaaten / Bis zu 1,4 Millionen zusätzliche Einwanderer?

Nachzugspläne alarmieren Deutschland

https://www.morgenweb.de/mannheimer-morgen_artikel,-polit...

 

Bundesagentur für Arbeit

Mittlerweile ist fast jeder sechste Hartz-IV-Empfänger ein Flüchtling

https://www.welt.de/politik/deutschland/article172660377/...

 

Die Flüchtlingskosten sind ein deutsches Tabuthema

https://www.nzz.ch/meinung/kommentare/die-fluechtlingskos...

 

(Na dann ist ja alles wieder gut…)

GroKo-Sondierungen

Union und SPD erklären Flüchtlingskrise für beendet

https://www.welt.de/politik/deutschland/article172416497/...

 

(Na also… Nur, wer bezahlt es den Kassen?...)

Regierung soll „gute Situation nutzen“

Kassen: Flüchtlinge entlasten Krankenversicherung

https://www.op-online.de/wirtschaft/kassen-fluechtlinge-e...

 

Gesundheitsversorgung für Flüchtlinge

Die Mär von der Entlastung der Krankenkassen

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-maer-...

 

Christmette im Petersdom

Papst ruft zu Mitgefühl für Geflüchtete auf

http://www.spiegel.de/panorama/gesellschaft/papst-franzis...

 

Papst fordert zum Weltflüchtlingstag Überwindung von Ängsten

https://www.kirche-und-leben.de/artikel/papst-fordert-zum...

 

Papst Franziskus fordert offene Türen für Migranten

https://www.stern.de/panorama/papst-franziskus-fordert-of...

 

Essen

SPD-Politiker beklagt Moslemisierung ganzer Stadtteile

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/spd-pol...

 

Knapp die Hälfte der Klagen gegen Asylbescheide erfolgreich

https://www.welt.de/politik/deutschland/article172477957/...

 

Bayern

Gericht hängt Kreuz in Prozeß gegen Afghanen ab

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gericht...

 

Merkels Erbe: Ein verunsichertes Land

https://www.youtube.com/watch?v=M55Tkb0V4nI

 

Werner J. Patzelt - "Europa für alle? Aspekte der neuen Völkerwanderung"

https://www.youtube.com/watch?v=t2YOyDPN4RQ

 

Udo di Fabio - "Europa für alle? Aspekte der neuen Völkerwanderung"

https://www.youtube.com/watch?v=nyO-3yj1CNA

 

Flüchtlingszahlen

Eine Hartz-IV-Stadt jährlich

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/eine-hart...

 

(Abschiebung verunmöglicht; gleich arabisch übersetzt)

https://www.youtube.com/watch?v=nYC0rdmKo-A

 

SPD-Außenminister verbreitet wiederholt "türkische Wiederaufbaulüge"

Sigmar Gabriel: Türken haben Deutschland aufgebaut

http://www.pi-news.net/2018/01/sigmar-gabriel-tuerken-hab...

 

Die Sonntage immer den Künsten!

Von Michael Klonovsky

https://www.michael-klonovsky.de/acta-diurna/item/741-14-...

 

(Christian Pfeiffer)

Zuwandererkriminalität

Schuld ist die Gesellschaft

von Fabian Schmidt-Ahmad

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/schuld-is...

 

Interview

Aras Bacho: „Ich will nicht provozieren“

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2018/aras-bach...

 

Familiennachzug

500.000 Syrern könnten genau so viele Angehörige folgen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article160844524/...

 

Behörde genehmigt Ausnahmen 

Zwei Syrer dürfen Zweitfrauen nach Deutschland holen

http://www.t-online.de/nachrichten/deutschland/gesellscha...

 

Düsseldorf

Islamisten bedrohen Bundespolizisten vor seiner Haustür

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/islamis...

 

Flüchtlingspolitik

Jeder Zweite klagt erfolgreich gegen negativen Asylbescheid

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/jeder-z...

 

Studie

Radikal-islamisch in der dritten Generation

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/radikal-i...

 

Besonders Schwarze betroffen

Antidiskriminierungsbeauftragte geißelt Alltagsrassismus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/antidis...

 

Arbeitsagentur

Integration von Flüchtlingen dauert noch lange

http://www.hessenschau.de/wirtschaft/arbeitsagentur-integ...

 

Moslemische Kopfbedeckungen

Islamkurs-Debatte: Volkshochschule bietet Burkaanprobe an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/islamku...

 

Forscher schlagen Alarm

Flüchtlinge bringen neue Form der Tuberkulose nach Europa

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...

 

Es wurden Raubtiere unter Schafe gemischt und die Folgen werdet ihr spüren!

https://www.youtube.com/watch?v=YjT2NcvHdV8

 

KiKA-Sendung über junges Pärchen

Flüchtlingsliebe im Kinderfernsehen

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/fluechtlingsl...

 

Kinderkanal von ARD und ZDF betätigt sich als Kuppelsender mit "Flüchtlingen"

KiKA: Love-Story zwischem Moslem-Syrer und 16-jähriger Deutscher

http://www.pi-news.net/2018/01/kika-love-story-zwischem-m...

 

„Malvina, Diaa und die Liebe“

Flüchtlingsliebe im Kinderfernsehen: Unions-Politiker fordern Stopp von Doku

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...

 

KiKA-Sendung

Hessischer Rundfunk verteidigt Doku über Flüchtlingsliebe

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/hessischer-ru...

 

Kritik an AfD

Grüne nehmen KiKA-Doku über Flüchtlingsliebe in Schutz

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruene-...

 

KiKA-Dokumentation

Flüchtlingsliebe: Sender weist Islamismus-Vorwürfe zurück

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...

 

KiKA-Liebesdoku

Gemeingefährliche Vielfalts-Propaganda

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/gemeingef...

 

KiKA und Kandel

https://sezession.de/57527/?komplettansicht=1

 

Frankfurt : Betonblöcke gegen Anschläge mit Lastwagen

http://www.faz.net/aktuell/rhein-main/betonbloecke-gegen-...

 

Debatte nach Mord in Kandel

Kinderärzte stemmen sich gegen Alterstests bei Flüchtlingen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kindera...

 

Darmstadt

Parallelen zu Kandel

16-Jähriger sticht Ex-Freundin nieder - Staatsanwaltschaft beantragt Altersüberprüfung

https://www.focus.de/panorama/welt/parallelen-zu-kandel-1...

 

Parallelen zum Fall Kandel

Altersprüfung bei Flüchtling nach Messerstichen auf 17-Jährige

https://www.welt.de/politik/deutschland/article172199090/...

 

#120db

Mein Name ist Mia

https://sezession.de/58169/mein-name-ist-mia

 

Angriff in Berlin

19-Jähriger versucht, 17-Jährige in Havel zu ertränken

https://www.welt.de/vermischtes/article171756964/Angriff-...

 

Studie zu Asylbewerber-Kriminalität

Und nun?

https://www.ovb-online.de/politik/nun-9497730.html

 

Gewaltkriminalität

Zahl der Messerattacken in Hessen gestiegen

http://www.hessenschau.de/panorama/zahl-der-messerattacke...

 

(Prügelopfer in Wien)

Edi Finger: So schlecht geht es ihm

http://www.oe24.at/oesterreich/chronik/wien/Edi-Finger-So...

 

Vier Fälle in einer Nacht

17 Jahre alter Afghane tritt Polizisten immer wieder gegen Kopf

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/17-jahr...

 

Polizisten krankenhausreif geprügelt

Regensburg: Foto zeigt Hauptverdächtigen auf Polizeiauto

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/regensb...

 

„Schweigespirale durchbrechen“

Weidel: Angriffe auf Einsatzkräfte sind „kulturelles Phänomen“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/weidel-...

 

Hamburg

Barmbeker Messerstecher wollte als Märtyrer sterben

https://www.abendblatt.de/hamburg/article213088835/Prozes...

 

Kein heißes Pflaster

Spricht Serie von Gewalttaten für veränderte Sicherheitslage?

https://www.op-online.de/region/hanau/serie-gewalttaten-h...

 

Neun Jahre in Haft nach lebensgefährlichen Schüssen

Eskalation im Zockermilieu

https://www.op-online.de/offenbach/eskalation-zockermilie...

 

Nauen

Urteil im Prozess um Mord in Flüchtlingsheim - "Menschlich schwer nachvollziehbar, wie das geschehen konnte"

https://www.rbb24.de/politik/beitrag/2018/01/urteil-somal...

 

Gesicht aufgeschlitzt

Erneute Messerattacke in Cottbus – zwei Syrer festgenommen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/erneute...

 

Erneut Konflikte zwischen Ausländern und Deutschen in Cottbus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/erneut-...

 

Nach Messerangriffen

Cottbus wird keine weiteren Flüchtlinge aufnehmen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article172640202/...

 

Prenzlau

18-jähriger Syrer wegen Bedrohung angezeigt

https://www.nordkurier.de/prenzlau/18-jaehriger-syrer-weg...

 

Nicht der erste Konflikt an Prenzlauer Schule

https://www.nordkurier.de/prenzlau/nicht-der-erste-konfli...

 

Suhl: Asylbewerber lassen Polizei nicht zur Ruhe kommen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/suhl-as...

 

Gelsenkirchen

Wegen Wodka: Moslemische Sittenwächter bedrohen Supermärkte

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/wegen-w...

 

KLfeb8-1.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Leben im Denkmal

Alle wollen im Fachwerk wohnen, im Bauhaus lieber nicht

https://www.welt.de/finanzen/immobilien/article172210406/...

 

Initiative „Gegen die Zerstörung historischer Fassaden durch Wärmedämmung“

https://stadtbildberlin.wordpress.com/schwerpunktthema-en...

 

Bahnprojekt Stuttgart 21

Stuttgart – Massengrab

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/stuttgart...

 

Frankfurts Merkel-Poller sollen schöner werden

Junge Union mit Ideen, BFF hat natürlich die besseren

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1260

 

Gegenwartsbewältigung durch Realitätsverweigerung

http://www.achgut.com/artikel/gegenwartsbewaeltigung_durc...

 

Inflationsbedingt

ARD-Intendant fordert höhere Rundfunkgebühr

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/ard-intendant...

 

„Strategie der schlauen Schlange“

Papst Franziskus ruft zum Kampf gegen „Fake News“ auf

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/papst-f...

 

Umstrittenes Busen-Memory

Heute bei Kika: Brüste! Brüste! Brüste!

https://www.bz-berlin.de/kultur/fernsehen/heute-bei-kika-...

 

Fragwürdiger Online-Beitrag

Neuer Kika-Wirbel: Hier lernen Jungs, wie man Mädchen an die Wäsche geht

https://www.bz-berlin.de/panorama/kika-beitrag-bh-oeffnen...

 

Politische Korrektheit

Formel 1 verzichtet zukünftig auf „Grid-Girls“

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/formel-...

 

Eklat um WDR-Sendung: "Cool" - Pubertierendes Mädchen wird zum Tragen eines Kopftuchs animiert

https://deutsch.rt.com/inland/64099-wdr-sendung-fur-puber...

 

Veranstaltung mit Hermann-Hesse-Schülern

Kabarettist Malte Anders: „Ich muss nicht mehr lügen“

Obertshausen - Schwul, lesbisch, bi – soll das Schule machen? – Die „Partnerschaft für Demokratie im Kreis Offenbach“ und die Hermann-Hesse-Schule in Obertshausen sagen Ja und laden den Kabarettisten Malte Anders ein, mit Achtklässlern zu reden.

https://www.op-online.de/region/obertshausen/ich-muss-nic...

 

Frankreich plant Gesetz gegen sexistische Beleidigungen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/frankreich-...

 

Amazon und Google erhalten Einblick auf private Kontodaten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/amazon-...

 

Überwachung

Amazon: Datenabfrage der Behörden auf Rekordniveau

von Henning Lindhoff

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2018/amazon-datenabfr...

 

„Freiheit, lästig zu sein“

#MeToo-Debatte: Filmstar Deneuve verteidigt offenen Brief

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/metoo-debat...

 

("Antirassistische" Feministen)

„Boris Palmer, wir hassen dich!“

Wilde Mädchen

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/wilde-mae...

 

Berlin

Politische Korrektheit

Sexismus-Vorwurf: Liebesgedicht an Hochschule wird übermalt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/liebesg...

 

Alice-Salomon-Hochschule

Poesie-Zensur – Wie eine Hochschule für Sozialarbeit versagt

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/poesie-ze...

 

Das Drei-Klassen-Bildungssystem des Globalismus in Frankfurt

Privatschulen für Brexit-Kinder ausgebucht

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1262

 

Fiume kommt nicht wieder – Demographie und Chancen

von Martin Sellner

https://sezession.de/58149/fiume-kommt-nicht-wieder-demog...

 

„2.000 Jahre alte Hirtenmythologie“

Jusos blasen zum Kirchenkampf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/jusos-b...

 

Frankreich-Polen

Posse um Papst-Denkmal

In einer französischen Kleinstadt soll das Kreuz von einem Denkmal für den 2005 verstorbenen Papst Johannes Paul II. verschwinden.

http://www.deutschlandfunk.de/frankreich-polen-posse-um-p...

 

Aufsehenerregende Aktion in der Domstadt

Identitäre zünden Bengalos auf Kölner Hohenzollernbrücke

http://www.pi-news.net/2018/01/identitaere-zuenden-bengal...

 

CSU

Dobrindt fordert konservative Revolution

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/dobrind...

 

(Zum Wiener Akademikerball)

Inländertaxi, Cucking und Quadrille: Wiener Akademikerball

https://sezession.de/58151/inlaendertaxi-cucking-und-quad...

 

Angebliches Islamverbot in Türkei

Medien verdrehen Aussage von Björn Höcke über Islam

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/medien-...

 

Hessen

Karnevalsrede

Innenminister provoziert mit Witz über Flüchtlinge

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/innenmi...

 

Rassismusvorwurf in Frankfurt

Ausländerbeirat fordert Namensänderung der „Mohren“-Apotheken

https://www.welt.de/vermischtes/article172872020/Rassismu...

 

„Mohren-Apotheke“ in Frankfurt entfernt Logo

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mohren-...

 

Amerikanische Baseball-Liga

Nach Rassismusvorwürfen: Cleveland Indians entfernen Logo

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/nach-rassis...

 

Foto zurückgezogen

Rassismus-Vorwürfe gegen H&M wegen „Affen“-Pullover-Werbung

https://www.welt.de/vermischtes/article172294655/Foto-zur...

 

(Der "Skandal" hat sich nicht nur für einen offenbar gelohnt)

Nach Rassismus-Skandal: H&M-Model bekommt Millionen-Deal von P. Diddy

https://www.gmx.net/magazine/unterhaltung/lifestyle/rassi...

 

Nach Rassismus-Vorwurf

Randale in südafrikanischen H&M-Filialen

https://www.br.de/nachrichten/randale-in-suedafrikanische...

 

Umstrittene H&M-Werbung

Das Empörende ist der Rassismus-Aufschrei

https://www.welt.de/vermischtes/article172302125/Umstritt...

 

Disney-Klassiker mit Will Smith

Weiße zu Arabern geschminkt: Rassismus-Vorwürfe gegen "Aladdin"-Neuverfilmung

https://www.stern.de/kultur/film/aladdin--disney-neuverfi...

 

Rassismus-Vorwürfe

Was für ein Affenzirkus!

Ein Journalist des "Kicker" bezeichnet Pierre-Emerick Aubameyangs Eskapaden als "Affenzirkus". Der BVB-Stürmer begibt sich auf Internetrecherche und fühlt sich rassistisch beleidigt – Aufregung allenthalben. Doch die Sache ist kompliziert.

http://www.rp-online.de/sport/fussball/borussia-dortmund/...

 

Rattenexperiment

(Calhoun 1962).

http://www.nulb.de/Calhoun.htm

 

L’Oréal wirbt mit Kopftuchmoslemin für Haarshampoo

http://www.pi-news.net/2018/01/loreal-wirbt-mit-kopftuchm...

 

Sieben Millionen sind zu wenig

Verkäufer bleibt auf Hitlers Mercedes sitzen

https://www.n-tv.de/auto/Verkaeufer-bleibt-auf-Hitlers-Me...

 

Darren Aronofskys „Mother!“ über die Zerstörung unserer kulturellen Identität

https://sezession.de/58136/darren-aronofskys-mother-ueber...

 

(Ängste vor der politischen Rechten in der Unterhaltungsliteratur und im Kino)

Wer hat Angst vor welchem Mann?

https://sezession.de/58101/wer-hat-angst-vor-welchem-mann

 

Das war's. Diesmal mit: Panik vor Büchern und unserem "Stoff"

https://sezession.de/57522/das-war's

 

Jelena Tschudinowa: „Die Moschee Notre-Dame“

https://sezession.de/58114/jelena-tschudinowa-die-moschee...

 

Buchtipp: "Tote weiße Männer lieben"

Streitschrift gegen Weißenfeindlichkeit

http://www.pi-news.net/2018/01/streitschrift-gegen-weisse...

jeudi, 01 février 2018

The Economist et la guerre mondiale

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The Economist et la guerre mondiale

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans son édition papier du 27 janvier 2018 1) The Next War le journal financier britannique The Economist annonce une menace grandissante de guerre entre les grandes puissances “The Growing Threat of Great Power Conflict.”

TheE-NW93084.jpgEn éditorial, The Economist déclare que même si les guerres de ces 25 dernières années ont causé des millions de morts, une guerre entre Grandes Puissances n'était pas imaginable. Aujourd'hui du fait de changements à long terme dans les équilibres géopolitiques et parce que la domination militaire des Etats-Unis et de ses alliés est mise en défaut par la prolifération des nouvelles technologies, une troisième guerre mondiale est devenue plausible. Le monde, écrit-il, n'y est pas préparé.

D'ores et déjà, il prévoit l'explosion de conflits régionaux ou urbains meurtriers, notamment dans les quartiers misérables et surpeuplés des grandes villes. Le changement climatique, la croissance démographique, les conflits ethniques ou religieux, en seront les moteurs. Les carnages récents à Mossoul et Alep en sont la préfiguration.

Mais bien plus menaçant est le fait la Russie et la Chine soient désormais considérées par Washington comme des adversaires stratégiques. Ceci de proche en proche pourrait déboucher sur un holocauste nucléaire.

Or The Economist, organe représentatif du capitalisme anglo-américain dont le succès est lié à la domination américaine, loin d'utiliser ces mises en garde pour un nouvel appel à une mobilisation contre la guerre et aux négociations diplomatiques, évoque ces perspectives pour demander que le “hard power” c'est-à-dire l'armée américaine, soit utilisée partout dans le monde.

Cela seul permettra, selon lui, de sauvegarder la paix. Il prévient que si les classes dominantes russes et chinoises sont autorisées par l'Amérique à assurer leur domination dans leur propre pays, elles refuseront rapidement la domination américaine dans leurs sphères d'influence élargie, l'Asie orientale pour la Chine, l'Europe continentale et l'Asie centrale pour la Russie.

A la suite de cet éditorial, l'essentiel de The Next War est consacré à l'énumération des domaines où les Etats-Unis doivent réaffirmer leur pouvoir après « vingt ans de dérives stratégiques » L'ouvrage mentionne notamment de nouvelles armes nucléaires, ainsi que des armes conventionnelles rajeunies utilisant notamment l'Intelligence Artificielle et la robotique. Ni la Chine ni la Russie ne doivent être laissées libres de se doter de moyens comparables. Il ne mentionne pas le fait que les dépenses militaires américaines équivalent déjà à celles réunies des autres Etats

De plus, pour The Economist, les entreprises américaines de l'informatique et de l'Internet doivent être intégrées dans l'effort de réarmement américain. En particulier les GAFA doivent dorénavant, par une censure préalable, ne pas permettre aux oppositions à l'Amérique de s'exprimer librement, et moins encore de mener des cyber-guerres, comme la Russie, d'après Washington, l'a fait jusqu'ici sans opposition.

Observation

On notera que, dans tous les domaines où The Economist s'alarme d'un prétendu recul des Etats-Unis, le complexe militaro-industriel américain a déjà imposé au pays et au monde les différentes décisions que le journal estime nécessaires pour sauvegarder la domination américaine. Le dispositif nucléaire est en plein renforcement, les vecteurs comme les bombardiers stratégiques et les sous-marins en sont déployés dans le monde entier, y compris aux frontières de la Russie et de la Chine. Quant aux nouvelles technologies de l'informatique et de l'Internet, y compris l'Intelligence Artificlle avancée, tous les experts savent que les investissements américains visant à leur utilisation militaire dépassent largement ce que peuvent faire de leur côté la Russie et la Chine.

Ce qui manque encore aux Etats Unis et à leurs alliés, en premier lieu les Britanniques, est d'avoir convaincu leurs populations qu'elles doivent se préparer à une guerre mondiale inévitable. Or pour l'éviter, affirme The Economist, dans l'immédiat, elles doivent accepter de prendre en charge les coûts nécessaires à la domination militaire américaine. Ceci en admettant de fortes baisses de leurs niveaux de vie.

Ce dernier numéro de The Economist, manifestement, souhaite contribuer à une remobilisation des esprits. « Augmentons dramatiquement les moyens nécessaire au rétablissement de la domination américaine et la guerre nucléaire pourra peut-être être évitée ».

1) https://www.economist.com/na/printedition/2018-01-27
 

mercredi, 31 janvier 2018

Colloque de l'Institut Iliade: « Fiers d’être Européens ! »

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Repentance, ahurissement, avachissement…

Stop ou encore ?

« Fiers d’être Européens ! »

 

Cinquante ans après Mai 68, le « macronisme » achève la victoire du libéral-libéralisme le plus débridé. Son cœur idéologique reste celui de la gauche, marquée par l’héritage d’une mauvaise conscience coloniale, la repentance perpétuelle et obligatoire, la haine de soi. Il est temps d’y mettre un terme en retrouvant l’amour de nos racines, la fierté de ce que nous sommes ! C’est à cet impératif que s’attachera le colloque annuel de l’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne, organisé samedi 7 avril 2018 à partir de 10h à la Maison de la Chimie, 28 Rue Saint Dominique, 75007 Paris

La journée est divisée en deux séquences. La matinée (10h-12h30) dressera le cadre de l’analyse, pour appeler à en finir avec la culpabilisation des Européens. Interviendront à cette occasion Philippe Conrad (« Pourquoi s’attaquent-ils à notre Histoire ? »), Javier Portella (« Du nihilisme à l’ethnomasochisme »), ainsi qu’Olivier Dard, Bernard Lugan et Martial Bild (TVLibertés) autour du thème : « En finir pour de bon avec la culture de la repentance ». La conclusion de la matinée sera présentée par le juriste Thibault Mercier, qui s’attachera à définir « le droit des Européens à la continuité historique ». Une première séance de rencontres et dédicaces est proposée avec les orateurs de cette matinée.

L’après-midi (14h-18h30) explorera les voies et moyens de redevenir ce que nous sommes. Interviendront ainsi Hélène Gallois (« L’apport du Moyen Âge à l’identité européenne »), Jean-François Gautier (« Ce que nous devons aux Européens ») et François Bousquet (« Gagner la guerre culturelle »), la conclusion valant synthèse des travaux étant assurée par Jean-Yves Le Gallou. Ces interventions seront entrecoupées d’illustrations concrètes, à partir de travaux des auditeurs de l’Iliade, et de deux tables rondes. La première réunira Rémi Soulié, Paul-Marie Coûteaux et Gérard Dussouy pour traiter des moyens de se réapproprier notre identité, tant à l’échelle locale que nationale et européenne. La deuxième table ronde, illustrée d’une vidéo de témoignages dans différents pays européens, réunira les journalistes Yann Vallerie (Breiz-Info) et Ferenc Almassy (Visegrád Post) autour du thème « Irlande & Europe centrale et orientale : comment se réveille un peuple ? ».

Ce colloque constitue la manifestation publique annuelle de l’Institut Iliade. Il s’est rapidement imposé comme l’un des plus importants rassemblements des partisans de l’identité nationale et européenne avec, à chaque édition, plus de 1'000 participants désireux d’explorer les pistes du nécessaire réveil de notre civilisation, d’échanger et de se retrouver, y compris autour d’un verre, dans la convivialité d’une communauté ainsi reformée.

L’édition 2018 sera l’occasion de présenter en exclusivité le deuxième ouvrage édité par l’Iliade chez Pierre-Guillaume de Roux : Ce que nous sommes. Les sources de l’identité européenne. Ce livre original, tout à la fois érudit et engagé, réunit douze auteurs autour de trois grands chapitres (« Notre longue mémoire », « Un regard européen sur le monde », « Combats d’aujourd’hui et de demain »). Leurs contributions composent un chant polyphonique d’amour et de combat pour l’Europe de demain. Histoire, mythologie, arts, musique, sciences, littérature, politique et philosophie : en se réappropriant les différentes facettes de leur héritage commun, les Européens ont toutes les raisons de croire encore en leur avenir !

Pour être certain de disposer d’une place et accéder plus rapidement à la salle, il est vivement recommandé de réserver en s’inscrivant en ligne dès maintenant via la page d’accueil du site de l’Institut : institut-iliade.com

 
Contact, demandes d’interviews et renseignements complémentaires : contact@institut-iliade.com

 

lundi, 29 janvier 2018

Présidentielles tchèques : Zeman réélu pour un deuxième mandat

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Présidentielles tchèques : Zeman réélu pour un deuxième mandat

Ex: http://www.zuerst.de

Prague. Les Présidentielles tchèques donnent un bon résultat pour l’Europe parce qu’il est mauvais pour les eurocrates et pour les gauches dévoyées : l’actuel Président tchèque Milos Zeman est réélu et pourra exercer son mandat pendant cinq années supplémentaires. Après le dépouillement des résultats de 95% des bureaux de vote, force était de constater, samedi après-midi, qu’il emportait les présidentielles avec un score de 52,2%, tandis que son concurrent Jiri Drahos obtenait 47,8% des suffrages.

Zeman occupe la fonction de Président depuis 2013. Âgé aujourd’hui de 73 ans, cet ancien premier ministre d’un gouvernement de gauche est devenu, contrairement à beaucoup de ses homologues socialistes d’Europe occidentale, un critique virulent de toute immigration musulmane vers l’Europe. Il a eu aussi maintes fois l’occasion de critiquer les sanctions de l’UE contre la Russie, alors que son concurrent, le scientifique Drahos, est considéré comme pro-occidental. Zeman s’est également engagé pour que les Tchèques aient le droit de porter les armes, pour que le peuple tout entier soit armé pour faire face à tout éventuel problème.

Zeman, malgré son étiquette de gauche, se trouve sur la même longueur d’onde que le nouveau gouverment du « populiste de droite » Andrej Babis qui, toutefois, n’a pu obtenir, ces derniers jours, un vote de confiance. Babis a donc présenté la démission de son gouvernement mais on peut d’ores et déjà envisager que l’ancien et nouveau Président Zeman lui confiera, une fois de plus, la tâche de former un gouvernement.

Les cinq leçons de Carl Schmitt pour la Russie

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Les cinq leçons de Carl Schmitt pour la Russie

par Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolica.ru

Extrait de The Conservative Revolution (Moscou, Arktogaïa, 1994), The Russian Thing Vol. 1 (2001), et de The Philosophy of War (2004). – Article écrit en 1991, publié pour la première fois dans le journal Nash Sovremennik en 1992.

Le fameux juriste allemand Carl Schmitt est considéré comme un classique du droit moderne. Certains l’appellent le « Machiavel moderne » à cause de son absence de moralisme sentimental et de rhétorique humaniste dans son analyse de la réalité politique. Carl Schmitt pensait que, pour déterminer les questions juridiques, il faut avant tout donner une description claire et réaliste des processus politiques et sociaux et s’abstenir d’utopisme, de vœux pieux, et d’impératifs et de dogmes a priori. Aujourd’hui, l’héritage intellectuel et légal de Carl Schmitt est un élément nécessaire de l’enseignement juridique dans les universités occidentales. Pour la Russie aussi, la créativité de Schmitt est d’un intérêt et d’une importance particuliers parce qu’il s’intéressait aux situations critiques de la vie politique moderne. Indubitablement, son analyse de la loi et du contexte politique de la légalité peut nous aider à comprendre plus clairement et plus profondément ce qui se passe exactement dans notre société et en Russie.

Leçon #1 : la politique au-dessus de tout

Le principe majeur de la philosophie schmittienne de la loi était l’idée de la primauté inconditionnelle des principes politiques sur les critères de l’existence sociale. C’est la politique qui organisait et prédéterminait la stratégie des facteurs économiques internes et leur pression croissante dans le monde moderne. Schmitt explique cela de la manière suivante : « Le fait que les contradictions économiques sont maintenant devenues des contradictions politiques … ne fait que montrer que, comme toute autre activité humaine, l’économie parcourt une voie qui mène inévitablement à une expression politique » [1]. La signification de cette allégation employée par Schmitt, comprise comme un solide argument historique et sociologique, revient en fin de compte à ce qu’on pourrait définir comme une théorie de l’« idéalisme historique collectif ». Dans cette théorie, le sujet n’est pas l’individu ni les lois économiques développant la substance, mais un peuple concret, historiquement et socialement défini qui maintient, avec sa volonté dynamique particulière – dotée de sa propre loi – son existence socioéconomique, son unité qualitative, et la continuité organique et spirituelle de ses traditions sous des formes différentes et à des époques différentes. D’après Schmitt, le domaine politique représente l’incarnation de la volonté du peuple exprimée sous diverses formes reliées aux niveaux juridique, économique et sociopolitique.

Une telle définition de la politique est en opposition avec les modèles mécanistes et universalistes de la structure sociétale qui ont dominé la jurisprudence et la philosophie juridique occidentales depuis l’époque des Lumières. Le domaine politique de Schmitt est directement associé à deux facteurs que les doctrines mécanistes ont tendance à ignorer : les spécificités historiques d’un peuple doté d’une qualité particulière de volonté, et la particularité historique d’une société, d’un Etat, d’une tradition et d’un passé particuliers qui, d’après Schmitt, se concentrent dans leur manifestation politique. Ainsi, l’affirmation par Schmitt de la primauté de la politique introduisait dans la philosophie juridique et la science politique des caractéristiques qualitatives et organiques qui ne sont manifestement pas incluses dans les schémas unidimensionnels des « progressistes », qu’ils soient du genre libéral-capitaliste ou du genre marxiste-socialiste.

La théorie de Schmitt considérait donc la politique comme un phénomène « organique » enraciné dans le « sol ».

La Russie et le peuple russe ont besoin d’une telle compréhension de la politique pour bien gouverner leur propre destinée et éviter de devenir une fois de plus, comme il y a sept décennies, les otages d’une idéologie réductionniste antinationale ignorant la volonté du peuple, son passé, son unité qualitative, et la signification spirituelle de sa voie historique.

Leçon #2 : qu’il y ait toujours des ennemis ; qu’il y ait toujours des amis

Dans son livre Le concept du Politique, Carl Schmitt exprime une vérité extraordinairement importante : « Un peuple existe politiquement seulement s’il forme une communauté politique indépendante et s’oppose à d’autres communautés politiques pour préserver sa propre compréhension de sa communauté spécifique ». Bien que ce point de vue soit en désaccord complet avec la démagogie humaniste caractéristique des théories marxiste et libérale-démocratique, toute l’histoire du monde, incluant l’histoire réelle (pas l’histoire officielle) des Etats marxistes et libéraux-démocratiques, montre que ce fait se vérifie dans la pratique, même si la conscience utopique post-Lumières est incapable de le reconnaître. En réalité, la division politique entre « nous » et « eux » existe dans tous les régimes politiques et dans toutes les nations. Sans cette distinction, pas un seul Etat, pas un seul peuple et pas une seule nation ne pourraient préserver leur propre identité, suivre leur propre voie et avoir leur propre histoire.

Analysant sobrement l’affirmation démagogique de l’antihumanisme, de l’« inhumanité » d’une telle opposition, et de la division entre « nous » et « eux », Carl Schmitt note : « Si on commence à agir au nom de toute l’humanité, au nom de l’humanisme abstrait, en pratique cela signifie que cet acteur refuse toute qualité humaine à tous les adversaires possibles, se déclarant ainsi comme étant au-delà de l’humanité et au-delà de la loi, et donc menace potentiellement d’une guerre qui serait menée jusqu’aux limites les plus terrifiantes et les plus inhumaines ». D’une manière frappante, ces lignes furent écrites en 1934, longtemps avant l’invasion terroriste du Panama ou le bombardement de l’Irak par les Américains. De plus, le Goulag et ses victimes n’étaient pas encore très connus en Occident. Vu sous cet angle, ce n’est pas la reconnaissance réaliste des spécificités qualitatives de l’existence politique d’un peuple, présupposant toujours une division entre « nous » et « eux », qui conduit aux conséquences les plus terrifiantes, mais plutôt l’effort vers une universalisation totale et pour faire entrer les nations et les Etats dans les cellules des idées utopiques d’une « humanité unie et uniforme » dépourvue de toutes différences organiques ou historiques.

41SyAtkwoQL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgCommençant par ces conditions préalables, Carl Schmitt développa la théorie de la « guerre totale » et de la « guerre limitée » dénommée « guerre de forme », où la guerre totale est la conséquence de l’idéologie universaliste utopique qui nie les différences culturelles, historiques, étatiques et nationales naturelles entre les peuples. Une telle guerre représente en fait une menace de destruction pour toute l’humanité. Selon Carl Schmitt, l’humanisme extrémiste est la voie directe vers une telle guerre qui entraînerait l’implication non seulement des militaires mais aussi des populations civiles dans un conflit. Ceci est en fin de compte le danger le plus terrible. D’un autre coté, les « guerres de forme » sont inévitables du fait des différences entre les peuples et entre leurs cultures indestructibles. Les « guerres de forme » impliquent la participation de soldats professionnels, et peuvent être régulées par les règles légales définies de l’Europe qui portaient jadis le nom de Jus Publicum Europeum (Loi Commune Européenne). Par conséquent, de telles guerres représentent un moindre mal dont la reconnaissance théorique de leur inévitabilité peut protéger les peuples à l’avance contre un conflit « totalisé » et une « guerre totale ». A ce sujet, on peut citer le fameux paradoxe établi par Chigalev dans Les Possédés de Dostoïevski, qui dit : « En partant de la liberté absolue, j’arrive à l’esclavage absolu ». En paraphrasant cette vérité et en l’appliquant aux idées de Carl Schmitt, on peut dire que les partisans de l’humanisme radical « partent de la paix totale et arrivent à la guerre totale ». Après mûre réflexion, nous pouvons voir l’application de la remarque de Chigalev dans toute l’histoire soviétique. Si les avertissements de Carl Schmitt ne sont pas pris en compte, il sera beaucoup plus difficile de comprendre leur véracité, parce qu’il ne restera plus personne pour attester qu’il avait raison – il ne restera plus rien de l’humanité.

Passons maintenant au stade final de la distinction entre « nous » et « eux », celui des « ennemis » et des « amis ». Schmitt pensait que la centralité de cette paire est valable pour l’existence politique d’une nation, puisque c’est par ce choix que se décide un profond problème existentiel. Julien Freud, un disciple de Schmitt, formula cette thèse de la manière suivante : « La dualité ennemi-ami donne à la politique une dimension existentielle puisque la possibilité théoriquement impliquée de la guerre soulève le problème et le choix de la vie et de la mort dans ce cadre » [2].

Le juriste et le politicien, jugeant en termes d’« ennemi » et d’« ami » avec une claire conscience de la signification de ce choix, opèrent ainsi avec les mêmes catégories existentielles qui donnent aux décisions, aux actions et aux déclarations les qualités de réalité, de responsabilité et de sérieux dont manquent toutes les abstractions humanistes, transformant ainsi le drame de la vie et de la mort en une guerre dans un décor chimérique à une seule dimension. Une terrible illustration de cette guerre fut la couverture du conflit irakien par les médias occidentaux. Les Américains suivirent la mort des femmes, des enfants et des vieillards irakiens à la télévision comme s’ils regardaient des jeux vidéo du genre Guerre des Etoiles. Les idées du Nouvel Ordre Mondial, dont les fondements furent posés durant cette guerre, sont les manifestations suprêmes de la nature terrible et dramatique des événements lorsqu’ils sont privés de tout contenu existentiel.

La paire « ennemi »/« ami » est une nécessité à la fois externe et interne pour l’existence d’une société politiquement complète, et devrait être froidement acceptée et consciente. Sinon, tout le monde peut devenir un « ennemi » et personne n’est un « ami ». Tel est l’impératif politique de l’histoire.

Leçon #3 : La politique des «circonstances exceptionnelles» et la Décision

L’un des plus brillants aspects des idées de Carl Schmitt était le principe des « circonstances exceptionnelles » (Ernstfall en allemand, littéralement « cas d’urgence ») élevé au rang d’une catégorie politico-juridique. D’après Schmitt, les normes juridiques décrivent seulement une réalité sociopolitique normale s’écoulant uniformément et continuellement, sans interruptions. C’est seulement dans de telles situations purement normales que le concept de la « loi » telle qu’elle est comprise par les juristes s’applique pleinement. Il existe bien sûr des règlementations pour les « situations exceptionnelles », mais ces réglementations sont le plus souvent déterminées sur la base de critères dérivés d’une situation politique normale. La jurisprudence, d’après Schmitt, tend à absolutiser les critères d’une situation normale lorsqu’on considère l’histoire de la société comme un processus uniforme légalement constitué. L’expression la plus complète de ce point de vue est la « pure théorie de la loi » de Kelsen. Carl Schmitt, cependant, voit cette absolutisation d’une « approche légale » et du « règne de la loi » [= « Etat de droit »] comme un mécanisme tout aussi utopique et comme un universalisme naïf produit par les Lumières avec ses mythes rationalistes. Derrière l’absolutisation de la loi se dissimule une tentative de « mettre fin à l’histoire » et de la priver de son motif passionné créatif, de son contenu politique, et de ses peuples historiques. Sur la base de cette analyse, Carl Schmitt postule une théorie particulière des « circonstances exceptionnelles » ou Ernstfall.

L’Ernstfall est le moment où une décision politique est prise dans une situation qui ne peut plus être régulée par des normes légales conventionnelles. La prise de décision dans des circonstances exceptionnelles implique la convergence d’un certain nombre de facteurs organiques divers reliés à la tradition, au passé historique, aux constantes culturelles, ainsi qu’aux expressions spontanées, aux efforts héroïques, aux impulsions passionnées, et à la manifestation soudaine des énergies existentielles profondes. La Vraie Décision (le terme même de « décision » était un concept clé de la doctrine légale de Schmitt) est prise précisément dans une circonstance où les normes légales et sociales sont « interrompues » et où celles qui décrivent le cours naturel des processus politiques et qui commencent à agir dans le cas d’une « situation d’urgence » ou d’une « catastrophe sociopolitique » ne sont plus applicables. « Circonstances exceptionnelles » ne signifie pas seulement une catastrophe, mais le positionnement d’un peuple et de son organisme politique devant un problème, faisant appel à l’essence historique d’un peuple, à son noyau, et à sa nature secrète qui fait de ce peuple ce qu’il est. Par conséquent, la Décision politiquement prise dans une telle situation est une expression spontanée de la volonté profonde du peuple répondant à un défi global, existentiel ou historique (ici on peut comparer les vues de Schmitt à celles de Spengler, Toynbee et d’autres révolutionnaires-conservateurs avec lesquels Carl Schmitt avait des liens personnels).

Dans l’école juridique française, les adeptes de Carl Schmitt ont développé le terme spécial de « décisionnisme », à partir du mot français décision (allemand Entscheidung). Le décisionnisme met l’accent sur les « circonstances exceptionnelles », puisque c’est dans ce cas que la nation ou le peuple actualise son passé et détermine son avenir dans une dramatique concentration du moment présent où trois caractéristiques qualitatives du temps fusionnent, à savoir le pouvoir de la source d’où est issu ce peuple dans l’histoire, la volonté du peuple de faire face à l’avenir et d’affirmer le moment précis où le « Moi » éternel est révélé et où le peuple prend entièrement la responsabilité dans ses mains, et l’identité elle-même.

En développant sa théorie de l’Ernstfall et de l’Entscheidung, Carl Schmitt montra aussi que l’affirmation de toutes les normes juridiques et sociales survient précisément durant de telles périodes de « circonstances exceptionnelles » et qu’elle est primordialement basée sur une décision à la fois spontanée et prédéterminée. Le moment intermittent de l’expression singulière de la volonté porte plus tard sur la base des normes constantes qui existent jusqu’à l’émergence de nouvelles « circonstances exceptionnelles ». Cela illustre en fait parfaitement la contradiction inhérente aux idées des partisans radicaux du « règne de la loi » : ils ignorent consciemment ou inconsciemment le fait que l’appel à la nécessité d’établir le « règne de la loi » est lui-même une décision basée précisément sur la volonté politique d’un groupe donné. En un sens, cet impératif est avancé arbitrairement et pas comme une sorte de nécessité fatale et inévitable. Par conséquent, l’acceptation ou le refus du « règne de la loi » et en général l’acceptation ou le refus de tel ou tel modèle légal doit coïncider avec la volonté du peuple ou de l’Etat particulier auquel est adressée la proposition ou l’expression de volonté. Les partisans du « règne de la loi » tentent implicitement de créer ou d’utiliser les « circonstances exceptionnelles » pour mettre en œuvre leur concept, mais le caractère insidieux d’une telle approche et l’hypocrisie et l’incohérence de cette méthode peuvent tout naturellement provoquer une réaction populaire, dont le résultat pourrait très bien apparaître comme une autre décision alternative. De plus, il est d’autant plus probable que cette décision conduirait à l’établissement d’une réalité légale différente de celle recherchée par les universalistes.

51XZ6ZEG2JL._SX195_.jpgLe concept de la Décision au sens supra-légal ainsi que la nature même de la Décision elle-même s’accordent avec la théorie du « pouvoir direct » et du « pouvoir indirect » (potestas directa et potestas indirecta). Dans le contexte spécifique de Schmitt, la Décision est prise non seulement dans les instances du « pouvoir direct » (le pouvoir des rois, des empereurs, des présidents, etc.) mais aussi dans les conditions du « pouvoir indirect », dont des exemples peuvent être les organisations religieuses, culturelles ou idéologiques qui influencent l’histoire d’un peuple et d’un Etat, certes pas aussi clairement que les décisions des gouvernants mais qui opèrent néanmoins d’une manière beaucoup plus profonde et formidable. Schmitt pense donc que le « pouvoir indirect » n’est pas toujours négatif, mais d’un autre coté il ne fait qu’une allusion implicite au fait qu’une décision contraire à la volonté du peuple est le plus souvent adoptée et mise en œuvre par de tels moyens de « pouvoir indirect ». Dans son livre Théologie politique et dans sa suite Théologie politique II, il examine la logique du fonctionnement de ces deux types d’autorité dans les Etats et les nations.

La théorie des « circonstances exceptionnelles » et le thème de la Décision (Entscheidung) associé à cette théorie sont d’une importance capitale pour nous aujourd’hui, puisque c’est précisément à un tel moment dans l’histoire de notre peuple et de notre Etat que nous nous trouvons, et les « circonstances exceptionnelles » sont devenues l’état naturel de la nation – et non seulement l’avenir politique de notre peuple mais aussi la compréhension et la confirmation essentielle de notre passé dépendent maintenant de la Décision. Si la volonté du peuple s’affirme et que le choix national du peuple dans ce moment dramatique peut clairement définir qui est « nous » et « eux », identifier les amis et les ennemis, et arracher une auto-affirmation politique à l’histoire, alors la Décision de l’Etat russe et du peuple russe sera sa propre décision existentielle historique qui placera un sceau de loyauté sur des millénaires de « construction du peuple » et de « construction de l’empire ». Cela signifie que notre avenir sera russe. Si d’autres prennent la décision, à savoir les partisans de l’« approche humaine commune », de l’« universalisme » et de l’« égalitarisme », qui depuis la mort du marxisme représentent les seuls héritiers directs de l’idéologie utopique et mécaniste des Lumières, alors non seulement le futur ne sera pas russe mais il sera « seulement humain » et donc il n’y aura « pas de futur » (du point de vue de l’être du peuple, de l’Etat et de la nation). Notre passé perdra tout son sens et les drames de la grande histoire russe se transformeront en une farce stupide sur la voie du mondialisme et du nivellement culturel complet au profit d’une « humanité universelle », c’est-à-dire l’« enfer de la réalité légale absolue ».

Leçon #4 : Les impératifs d’un Grand Espace

Carl Schmitt s’intéressa aussi à l’aspect géopolitique des questions sociales. La plus importante de ses idées dans ce domaine est la notion de « Grand Espace » (Grossraum) qui attira plus tard l’attention de nombreux économistes, juristes, géopoliticiens et stratèges européens. La signification conceptuelle du « Grand Espace » dans la perspective analytique de Carl Schmitt se trouve dans la délimitation des régions géographiques à l’intérieur desquelles les variantes de la manifestation politique des peuples et des Etats spécifiques inclus dans cette région peuvent être conjointes pour accomplir une généralisation harmonieuse et cohérente exprimée dans une « Grande Union Géopolitique ». Le point de départ de Schmitt était la question de la Doctrine Monroe américaine impliquant l’intégration économique et stratégique des puissances américaines dans les limites naturelles du Nouveau Monde. Etant donné que l’Eurasie représente un conglomérat beaucoup plus divers d’ethnies, d’Etats et de cultures, Schmitt postulait qu’il fallait donc parler non tant de l’intégration continentale totale que de l’établissement de plusieurs grandes entités géopolitiques, chacune devant être gouvernée par un super-Etat flexible. Ceci est assez analogue au Jus Publicum Europeaum ou à la Sainte Alliance proposée à l’Europe par l’empereur russe Alexandre 1er.

D’après Carl Schmitt, un « Grand Espace » organisé en une structure politique flexible de type impérial et fédéral équilibrerait les diverses volontés nationales, ethniques et étatiques et jouerait le rôle d’une sorte d’arbitre impartial ou de régulateur des conflits locaux possibles, les « guerres de forme ». Schmitt soulignait que les « Grands Espaces », pour pouvoir être des formations organiques et naturelles, doivent nécessairement représenter des territoires terrestres, c’est-à-dire des entités tellurocratiques, des masses continentales. Dans son fameux livre Le Nomos de la Terre, il traça l’histoire de macro-entités politiques continentales, la voie de leur intégration, et la logique de leur établissement graduel en tant qu’empires. Carl Schmitt remarquait que parallèlement à l’existence de constantes spirituelles dans le destin d’un peuple, c’est-à-dire des constantes incarnant l’essence spirituelle d’un peuple, il existait aussi des constantes géopolitiques des « Grands Espaces » qui gravitent vers une nouvelle restauration avec des intervalles de plusieurs siècles ou même de millénaires. Dans ce sens, les macro-entités géopolitiques sont stables quand leur principe intégrateur n’est pas rigide ni recréé abstraitement, mais flexible, organique, et en accord avec la Décision des peuples, avec leur volonté, et avec leur énergie passionnée capable de les impliquer dans un bloc tellurocratique unifié avec leurs voisins culturels, géopolitiques ou étatiques.

La doctrine des « Grands Espaces » (Grossraum) fut établie par Carl Schmitt non seulement comme une analyse des tendances historiques dans l’histoire du continent, mais aussi comme un projet pour l’unification future que Schmitt considérait non seulement comme possible, mais désirable et même nécessaire en un certain sens. Julien Freund résuma les idées de Schmitt sur le futur Grossraum dans les termes suivants : « L’organisation de ce nouvel espace ne requerra aucune compétence scientifique, ni de préparation culturelle ou technique dans la mesure où elle surgira en résultat d’une volonté politique, dont l’ethos transforme l’apparence de la loi internationale. Dès que ce ‘Grand Espace’ sera unifié, la chose la plus importante sera la force de son ‘rayonnement’ » [3].

9782081228733-fr-300.jpgAinsi, l’idée schmittienne du « Grand Espace » possède aussi une dimension spontanée, existentielle et volitionnelle, tout comme le sujet fondamental de l’histoire selon lui, c’est-à-dire le peuple en tant qu’unité politique. Tout comme les géopoliticiens Mackinder et Kjellen, Schmitt opposait les empires thalassocratiques (la Phénicie, l’Angleterre, les Etats-Unis, etc.) aux empires tellurocratiques (l’empire romain, l’empire austro-hongrois, l’empire russe, etc.). Dans cette perspective, l’organisation harmonieuse et organique d’un espace n’est possible que pour les empires tellurocratiques, et la Loi Continentale ne peut être appliquée qu’à eux. La thalassocratie, sortant des limites de son Ile et initiant une expansion navale, entre en conflit avec les tellurocraties et, en accord avec la logique géopolitique, commence à miner diplomatiquement, économiquement et militairement les fondements des « Grands Espaces » continentaux. Ainsi, dans la perspective des « Grands Espaces » continentaux, Schmitt revient une fois de plus aux concepts des paires ennemis/amis et nous/eux, mais cette fois-ci à un niveau planétaire. La volonté des empires continentaux, les « Grands Espaces », se révèle dans la confrontation entre les macro-intérêts continentaux et les macro-intérêts maritimes. La « Mer » défie ainsi la « Terre », et en répondant à ce défi, la « Terre » revient le plus souvent à sa conscience de soi continentale profonde.

Comme remarque additionnelle, nous illustrerons la théorie du Grossraum avec deux exemples. A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, le territoire américain était divisé entre plusieurs pays du Vieux Monde. Le Far West, la Louisiane appartenaient aux Espagnols et plus tard aux Français ; le Sud appartenait au Mexique ; le Nord à l’Angleterre, etc. Dans cette situation, l’Europe représentait une puissance tellurocratique pour les Américains, empêchant l’unification géopolitique et stratégique du Nouveau Monde sur les plans militaire, économique et diplomatique. Après que les Américains aient obtenu l’indépendance, ils commencèrent graduellement à imposer de plus en plus agressivement leur volonté géopolitique au Vieux Monde, ce qui conduisit logiquement à l’affaiblissement de l’unité continentale du « Grand Espace » européen. Par conséquent, dans l’histoire géopolitique des « Grands Espaces », il n’y a pas de puissances absolument tellurocratiques ou absolument thalassocratiques. Les rôles peuvent changer, mais la logique continentale demeure constante.

En résumant la théorie schmittienne des « Grands Espaces » et en l’appliquant à la situation de la Russie d’aujourd’hui, nous pouvons dire que la séparation et la désintégration du « Grand Espace » autrefois nommé URSS contredit la logique continentale de l’Eurasie, puisque les peuples habitant nos terres ont perdu l’opportunité de faire appel à l’arbitrage de la superpuissance [soviétique] capable de réguler ou d’empêcher les conflits potentiels et réels. Mais d’un autre coté, le rejet de la démagogie marxiste excessivement rigide et inflexible au niveau de l’idéologie d’Etat peut conduire et conduira à une restauration spontanée et passionnée du Bloc Eurasien Oriental, puisqu’une telle reconstruction est en accord avec toutes les ethnies indigènes organiques de l’espace impérial russe. De plus, il est très probable que la restauration d’un Empire Fédéral, d’un « Grand Espace » englobant la partie orientale du continent, entraînerait au moyen de son « rayonnement de puissance » l’adhésion de ces territoires additionnels qui sont en train de perdre rapidement leur identité ethnique et étatique dans la situation géopolitique critique et artificielle prévalant depuis l’effondrement de l’URSS. D’autre part, la pensée continentale du génial juriste allemand nous permet de distinguer entre « nous » et « eux » au niveau continental.

La conscience de la confrontation naturelle et dans une certaine mesure inévitable entre les puissances tellurocratiques et thalassocratiques offre aux partisans et aux créateurs d’un nouveau Grand Espace une compréhension claire de l’« ennemi » auquel font face l’Europe, la Russie et l’Asie, c’est-à-dire les Etats-Unis d’Amérique avec leur alliée insulaire thalassocratique, l’Angleterre. En quittant le macro-niveau planétaire et en revenant au niveau de la structure sociale de l’Etat russe, il s’ensuit donc que la question devrait être posée : un lobby thalassocratique caché ne se trouve-t-il pas derrière le désir d’influencer la Décision russe des problèmes dans un sens « universaliste » qui peut exercer son influence par un pouvoir à la fois « direct » et « indirect » ?

Leçon #5 : La « paix militante » et la téléologie du Partisan

A la fin de sa vie (il mourut le 7 avril 1985), Carl Schmitt accorda une attention particulière à la possibilité d’une issue négative de l’histoire. Cette issue négative de l’histoire est en effet tout à fait possible si les doctrines irréalistes des humanistes radicaux, des universalistes, des utopistes et des partisans des « valeurs communes universelles », centrées sur le gigantesque potentiel symbolique de la puissance thalassocratique que sont les USA, parviennent à une domination globale et deviennent le fondement idéologique d’une nouvelle dictature mondiale – la dictature d’une « utopie mécaniste ». Schmitt pensait que le cours de l’histoire moderne se dirigeait inévitablement vers ce qu’il nommait la « guerre totale ».

Selon Schmitt, la logique de la « totalisation » des relations planétaires au niveau stratégique, militaire et diplomatique se base sur les points-clés suivants. A partir d’un certain moment de l’histoire, ou plus précisément à l'époque de la Révolution française et de l’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique, commença un éloignement fatal vis-à-vis des constantes historiques, juridiques, nationales et géopolitiques qui garantissaient auparavant l'harmonie organique sur la planète et qui servaient le « Nomos de la Terre ».

Sur le plan juridique, un concept quantitatif artificiel et atomique, celui des « droits individuels » (qui devint plus tard la fameuse théorie des « droits de l'homme »), commença à se développer et remplaça le concept organique des « droits des peuples », des « droits de l’Etat », etc. Selon Schmitt, l’élévation de l’individu et du facteur individuel isolé de sa nation, de sa tradition, de sa culture, de sa profession, de sa famille, etc., au niveau d’une catégorie juridique autonome signifie le début du « déclin de la loi » et sa transformation en une chimère égalitaire utopique, s’opposant aux lois organiques de l’histoire des peuples et des Etats, des régimes, des territoires et des unions.

Au niveau national, les principes organiques impériaux et fédéraux ont fini par être remplacés par deux conceptions opposées mais tout aussi artificielles : l’idée jacobine de l’« Etat-nation » et la théorie communiste de la disparition complète de l’Etat et du début de l'internationalisme total. Les empires qui avaient préservé des vestiges de structures organiques traditionnelles, comme l’Autriche-Hongrie, l’empire ottoman, l’empire russe, etc., furent rapidement détruits sous l’influence de facteurs externes aussi bien qu’internes. Enfin, au niveau géopolitique, le facteur thalassocratique s’intensifia à un tel degré qu’une profonde déstabilisation des relations juridiques entre les « Grands Espaces » eut lieu. Notons que Schmitt considérait la « Mer » comme un espace beaucoup plus difficile à délimiter et à ordonner juridiquement que celui de la « Terre ».

La diffusion mondiale de la dysharmonie juridique et géopolitique fut accompagnée par la déviation progressive des conceptions politico-idéologiques dominantes vis-à-vis de la réalité, et par le fait qu’elles devinrent de plus en plus chimériques, illusoires et en fin de compte hypocrites. Plus on parlait de « monde universel », plus les guerres et les conflits devenaient terribles. Plus les slogans devenaient « humains », plus la réalité sociale devenait inhumaine. C’est ce processus que Carl Schmitt nomma le début de la « paix militante », c’est-à-dire un état où il n’y a plus ni guerre ni paix au sens traditionnel. Aujourd’hui la « totalisation » menaçante contre laquelle Carl Schmitt nous avait mis en garde a fini par prendre le nom de « mondialisme ». La « paix militante » a reçu son expression complète dans la théorie du Nouvel Ordre Mondial américain qui dans son mouvement vers la « paix totale » conduit clairement la planète vers une nouvelle « guerre totale ».

Carl Schmitt pensait que la conquête de l’espace était le plus important événement géopolitique symbolisant un degré supplémentaire d’éloignement vis-à-vis de la mise en ordre légitime de l’espace, puisque le cosmos est encore plus difficilement « organisable » que l’espace maritime. Schmitt pensait que le développement de l’aviation était aussi un pas de plus vers la « totalisation » de la guerre, l’exploration spatiale étant le début du processus de la « totalisation » illégitime finale.

Parallèlement à l’évolution fatale de la planète vers une telle monstruosité maritime, aérienne et même spatiale, Carl Schmitt, qui s’intéressait toujours à des catégories plus globales (dont la plus petite était « l’unité politique du peuple »), en vint à être attiré par une nouvelle figure dans l’histoire, la figure du « Partisan ». Carl Schmitt y consacra son dernier livre, La théorie du Partisan. Schmitt vit dans ce petit combattant contre des forces bien plus puissantes une sorte de symbole de la dernière résistance de la tellurocratie et de ses derniers défenseurs.

Le partisan est indubitablement une figure moderne. Comme d’autres types politiques modernes, il est séparé de la tradition et il vit en-dehors du Jus Publicum. Dans son combat, le Partisan brise toutes les règles de la guerre. Il n’est pas un soldat, mais un civil utilisant des méthodes terroristes qui, en-dehors du temps de guerre, seraient assimilées à des actes criminels gravissimes apparentés au terrorisme. Cependant, d’après Schmitt, c’est le Partisan qui incarne la « fidélité à la Terre ». Le Partisan est, pour le dire simplement, une réponse légitime au défi illégitime masqué de la « loi » moderne.

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Le caractère extraordinaire de la situation et l’intensification constante de la « paix militante » (ou « guerre pacifiste », ce qui revient au même) inspirent le petit défenseur du sol, de l’histoire, du peuple et de la nation, et constituent la source de sa justification paradoxale. L’efficacité stratégique du Partisan et de ses méthodes est, d’après Schmitt, la compensation paradoxale du début de la « guerre totale » contre un « ennemi total ». C’est peut-être cette leçon de Carl Schmitt, qui s’inspirait lui-même beaucoup de l’histoire russe, de la stratégie militaire russe, et de la doctrine politique russe, incluant des analyses des œuvres de Lénine et Staline, qui est la plus intimement compréhensible pour les Russes. Le Partisan est un personnage intégral de l’histoire russe, qui apparaît toujours quand la volonté du pouvoir russe et la volonté profonde du peuple russe lui-même prennent des directions divergentes.

Dans l’histoire russe, les troubles et la guerre de partisans ont toujours eu un caractère compensatoire purement politique, visant à corriger le cours de l’histoire nationale quand le pouvoir politique se sépare du peuple. En Russie, les partisans gagnèrent les guerres que le gouvernement perdait, renversèrent les systèmes économiques étrangers à la tradition russe, et corrigèrent les erreurs géopolitiques de ses dirigeants. Les Russes ont toujours su déceler le moment où l’illégitimité ou l’injustice organique s’incarne dans une doctrine s’exprimant à travers tel ou tel personnage. En un sens, la Russie est un gigantesque Empire Partisan, agissant en-dehors de la loi et conduit par la grande intuition de la Terre, du Continent, ce « Grand, très Grand Espace » qui est le territoire historique de notre peuple.

Et à présent, alors que le gouffre entre la volonté de la nation et la volonté de l’establishment en Russie (qui représente exclusivement « le règne de la loi » en accord avec le modèle universaliste) s’élargit dangereusement et que le vent de la thalassocratie impose de plus en plus la « paix militante » dans le pays et devient graduellement une forme de « guerre totale », c’est peut être cette figure du Partisan russe qui nous montrera la voie de l’Avenir Russe au moyen d’une forme extrême de résistance, par la transgression des limites artificielles et des normes légales qui ne sont pas en accord avec les canons véritables de la Loi Russe.

Une assimilation plus complète de la cinquième leçon de Carl Schmitt signifie l’application de la Pratique Sacrée de la défense de la Terre.

Remarques finales

Enfin, la sixième leçon non formulée de Carl Schmitt pourrait être un exemple de ce que la figure de la Nouvelle Droite européenne, Alain de Benoist, nommait l’« imagination politique » ou la « créativité idéologique ». Le génie du juriste allemand réside dans le fait que non seulement il sentit les « lignes de force » de l’histoire mais aussi qu’il entendit la voix mystérieuse du monde des essences, même si celui-ci est souvent caché sous les phénomènes vides et fades du monde moderne complexe et dynamique. Nous les Russes devrions prendre exemple sur la rigueur germanique et transformer nos institutions lourdaudes et surévaluées en formules intellectuelles claires, en projets idéologiques clairs, et en théories convaincantes et impérieuses.

Aujourd’hui, c’est d’autant plus nécessaire que nous vivons dans des « circonstances exceptionnelles », au seuil d’une Décision si importante que notre nation n’en a peut-être jamais connue de telle auparavant. La vraie élite nationale n’a pas le droit de laisser son peuple sans une idéologie qui doit exprimer non seulement ce qu’il ressent et pense, mais aussi ce qu’il ne ressent pas et ne pense pas, et même ce qu’il a nourri secrètement en lui-même et pieusement vénéré pendant des millénaires.

Si nous n’armons pas idéologiquement l’Etat, un Etat que nos adversaires pourraient temporairement nous arracher, alors nous devons forcément et sans faille armer idéologiquement le Partisan Russe qui se réveille aujourd’hui pour accomplir sa mission continentale dans ce que sont maintenant les Riga et Vilnius en cours d’« anglicisation », le Caucase en train de s’« obscurcir », l’Asie Centrale en train de « jaunir », l’Ukraine en train de se « poloniser », et la Tatarie « aux yeux noirs ».

La Russie est un Grand Espace dont la Grande Idée est portée par son peuple sur son gigantesque sol eurasien continental. Si un génie allemand sert notre Réveil, alors les Teutons auront mérité une place privilégiée parmi les « amis de la Grande Russie » et deviendront « les nôtres », ils deviendront des « Asiates », des « Huns » et des « Scythes » comme nous, des autochtones de la Grande Forêt et des Grandes Steppes.

Notes

[1] Carl Schmitt, Der Begriff des Politischen, p. 127

[2] Julien Freund, « Les lignes de force de la pensée politique de Carl Schmitt », Nouvelle Ecole No. 44.

[3] Ibid.