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mardi, 10 janvier 2017

Lille: conférence de Robert Steuckers

Conférence de Robert Steuckers - Bande-annonce

L’équipe d’E&R Lille accueillera Robert Steuckers le samedi 21 janvier 2017 à 15h00 pour une conférence autour de cette « congruence » d’idéologies destructrices, intitulée «Les iconoclastes, de Cromwell à DAECH».

Réservations : reservation.erlille@outlook.fr

lundi, 09 janvier 2017

CIA, le monstre à double face : farces & menaces

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CIA, le monstre à double face : farces & menaces

par Philippe Grasset

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous vous invitons à lire cet article bien documenté de notre estimé confrère Philippe Grasset.

... Effectivement, le texte du 6 janvier de ZeroHedge.com commence par le constat « La farce est complète ». Il s'agit du commentaire d'introduction concernant le rapport de tous les services de renseignement US enfin réunis en une unanimité émouvante, pour faire un rapport dit “authoritative”, rapport décisif, sans appel, dispensant la lumière finale, présenté jeudi au président-partant Obama, – ému aux larmes suppute-t-on, – puis le lendemain au président-élu Trump, et entretemps “fuité” vers divers organes de la presse-Système. Cela fut à ce point que The-Donald piqua une colère aussitôt transmutée en tweet demandant une enquête officielle des commissions ad hoc du Congrès sur cette question...

« I am asking the chairs of the House and Senate committees to investigate top secret intelligence shared with NBC prior to me seeing it », hurle le président-tweet.

Mais là où la farce est vraiment “complète”, c'est dans ce sens que le fameux rapport de 25 pages dont on aura la semaine prochaine une version répandue publiquement, expurgée de ses secrets d'État (sans doute fera-t-elle 32 pages ?), ne contient strictement aucune preuve de ce qui est affirmé, à savoir le “complot russe” et son train. La “farce est vraiment 'complète'”, mais elle n'est plus très drôle ; le ridicule n'est pas vraiment producteur d'humour ou d'ironie, mais plutôt d'un mélange de pathétique, d'agacement et de découragement. Voir défiler tous ces pauvres hères, l'épais Brennan de la CIA en tête, qui tentent encore de vendre leur camelote extrêmement faussaire, et que même les applaudissements nourris de leurs nombreux partisans ne parviennent pas à requinquer, tout cela semble bien nous montrer que la farce, le “complot russe”, commence à lasser.

Pour autant, ne nous désintéressons pas de l'affaire elle-même, du fameux rapport de ces 25 pages qui scintillent de toute l'intelligence des 17 agences de renseignement US mises ensemble.

Enfin, comme on voit ci-dessous, dans la présentation résumée que ZeroHedge.com fait du rapport avant de passer au détail, la CIA et le FBI ont un jugement de “high confidence” (degré élevé de confiance) dans les affirmations du rapport, ce qui signifie que “la grande qualité des informations et/ou la nature du jugement posé rend possible un jugement affirmé. Quoi qu'il en soit, cette classification implique la possibilité que le jugement soit faux”. (Concernant le FBI sur ce point, on constatera de plus en plus clairement la politique fluctuante et insaisissable du Bureau dans cette affaire, répondant à des intérêts, des jugements de rapports de force, qui interdisent de porter un jugement sérieux sur sa position.)

Dans ce même rapport, la NSA intervient pour définir son appréciation de jugement sur l'affaire du “complot russe” par l'expression “moderate confidence”, qui implique “des sources en général crédibles et des informations plausibles, mais de qualité insuffisante et sans corroboration décisive pour permettre un jugement de 'high confidence'”. Bien entendu et d'une façon générale, il n'est pas question de preuves dans ce rapport, il est peu utile d'insister sur une chose déjà tant répétée mais voilà une répétition de plus tout de même et à tout hasard puisque nous sommes dans l'univers de l'IC (Intelligence Community) US “au pays des merveilles”, – IC-Alice si l'on veut...

Le plus remarquable dans ces dernières précisions, c'est l'intervention officielle de la NSA pour la première fois dans cette affaire ; ordre supérieur du président-sortant et divers pressions obligent. Le plus remarquable dans ce “plus remarquable” est que l'agence qui a nécessairement, par sa mission, par ses moyens, etc., toutes les preuves possibles existantes dans ses archives et ses hyper-gigabytes de toutes les écoutes du monde, la NSA donc est celle qui n'a que “moyennement confiance” à la différence des deux autres. C'est une absurdité qui va bien dans l'ensemble bouffe-farce : la NSA étant ce qu'elle est (maîtresse de toutes les communications) et le “complot russe“ affirmée dans le rapport étant fait par le biais de la communication comme l'affirme également le rapport, la NSA est la seule à tout savoir et n'a qu'une alternative de jugement, selon les documents qu'elle a en sa possession : “aucune confiance” (pas de documents-preuves) ou une “confiance absolue” (documents-preuves) dans les affirmations de ce rapport qui portent sur de nombreux points de communication, hacking, cyberguerre, etc. Elle choisit la position intermédiaire (peut-être/peut-être pas), chose impossible pour elle-qui-sait-tout ; est-ce une façon de dire entre les lignes ce qu'elle pense vraiment de tout cela, au risque d'être mal vue dans la partie bouffe-farce (mais who cares ?)...

« The farce is complete.

» One week after a joint FBI/DHS report was released, supposedly meant to prove beyond a reasonable doubt that Russia intervened in the US presidential election, and thus served as a diplomatic basis for Obama's expulsion of 35 diplomats, yet which merely confirmed that a Ukrainian piece of malware which could be purchased by anyone, was responsible for spoofing various email accounts including that of the DNC and John Podesta, moments ago US intelligence agencies released a more “authoritative”, 25-page report, titled "Assessing Russian Activities and Intentions in Recent US Elections", and which not surprisingly only serves to validate the media narrative, by concluding that Russian President Vladimir Putin 'ordered' an effort to influence U.S. presidential election.

» Specifically, the report concludes the following:

» We assess Russian President Vladimir Putin ordered an influence campaign in 2016 aimed at the US presidential election. Russia's goals were to undermine public faith in the US democratic process, denigrate Secretary Clinton, and harm her electability and potential presidency. We further assess Putin and the Russian Government developed a clear preference for President-elect Trump.

» What proof is there? Sadly, again, none. However, as the intelligence agencies state, "We have high confidence in these judgments"... just like they had high confidence that Iraq had weapons of mass destruction.

» And while the report is severely lacking in any evidence, it is rich in judgments, such as the following:

» We assess Russian President Vladimir Putin ordered an influence campaign in 2016 aimed at the US presidential election. Russia's goals were to undermine public faith in the US democratic process, denigrate Secretary Clinton, and harm her electability and potential presidency. We further assess Putin and the Russian Government developed a clear preference for President-elect Trump. We have high confidence in these judgments.

» We also assess Putin and the Russian Government aspired to help President-elect Trump's election chances when possible by discrediting Secretary Clinton and publicly contrasting her unfavorably to him. All three agencies agree with this judgment. 

» At this point a quick detour, because the intel agencies responsible for drafting the report then explain how “confident” they are: “CIA and FBI have high confidence in this judgment; NSA has moderate confidence.”

» What do these distinctions mean?  

» • High confidence generally indicates judgments based on high-quality information, and/or the nature of the issue makes it possible to render a solid judgment. However, high confidence judgments still carry a risk of being wrong.

» • Moderate confidence generally means credibly sourced and plausible information, but not of sufficient quality or corroboration to warrant a higher level of confidence.

» In other words, while not carrying the infamous DHS disclaimer according to which last week's entire joint FBI/DHS report is likely garbage, the US intel agencies admit they may well be “wrong.” »  

• Là-dessus, il faut dire un mot sur la rencontre tant attendue, tant annoncée et commentée par avance de Trump et des principaux chefs de renseignement, les mêmes (ou certains d'entre eux) qui témoignaient jeudi devant le Sénat pour affirmer, – du moins ceux qui avaient été soigneusement sélectionnés dans ce sens, – qu'il y avait bien eu un “complot russe” pour interférer sur les élections présidentielles. Le résultat de cette rencontre se trouve dans un communiqué du président-élu Trump après la rencontre, qui semble l'objet d'une sorte d'étrange compromis si l'on se réfère aux invectives et affirmations furieuses que les uns et les autres échangent depuis plusieurs semaines. La rencontre a été “constructive”, dit Trump, qui ajoute que les tentatives de “hacking”, – il y en a tout le temps, et de très nombreux pays, groupes et personnes privés, précise-t-il, – n'ont eu “absolument aucun effet sur le résultat des élections”. Reprenons ici quelques lignes, pour confirmation, d'une source convenable, soit RT-America :

« Hacking “had absolutely no effect” on the outcome of the 2016 US presidential elections, President-elect Donald Trump has announced following a meeting with intelligence officials.

» Having described his meeting with top representatives of the US intelligence community as “constructive,” Trump said on Friday that no cyber hacking from Russia, China or any other country had affected the vote. “While Russia, China, other countries, outside groups and people are consistently trying to break through the cyber infrastructure of our governmental institutions, businesses and organizations including the Democrat National Committee, there was absolutely no effect on the outcome of the election,” Trump said in his statement. “There was no tampering whatsoever with voting machines,” he added. »

Ainsi tout se passe comme si rien ne s'était vraiment mal passé, ce qui indique que personne n'a voulu un affrontement spectaculaire ni quelque développement décisif que ce soit. Les affirmations de Trump, appuyées ironiquement sur le caractère “constructif” de l'entretien, vont toutes contre la version défendue par le duo Brennan-Clapper (CIA-DNI)... Pour mesurer l'abîme séparant les interlocuteurs de cette rencontre, il suffit de comparer la citation confiante d'Assange qu'a faite Trump mercredi et cet échange McCain-Clapper au Sénat un jour plus tard (« – Croyez-vous qu'on puisse accorder quelque crédibilité que ce soit à cet individu [Assange] compte tenu de la documentation qu'il a fuitée et qui ont mis des vies US en danger ? – De mon point de vue, absolument pas. »)

Cette rencontre en forme de jeu de cache-cache dissimule par conséquent une orientation vers des affrontements beaucoup plus rudes à mesure qu'on s'approche du moment décisif où Trump prendra les commandes, placera aussitôt ses hommes, notamment ceux qui, avec Flynn, n'ont pas besoin que leur nomination soit approuvée par le Congrès, et autorisera des actions concrètes immédiates. Ces choses se préparent dans une atmosphère qui va peu à peu nous éloigner de l'aspect bouffe pour une atmosphère plus proche de la tragédie. Nous avions mentionné cette déclaration le 5 janvier : « Du côté de l'administration Obama, l'attitude de Trump vis-à-vis du renseignement US (de la CIA) est l'objet de commentaires officieux extrêmement durs : « “C'est effrayant”, dit une source citée par le WSJ. “Aucun président n'a jamais défié et diffamé de cette façon la CIA , en espérant pouvoir s'en sortir sans encombres.” »

Cette remarque est commentée par Ricky Twisdale le même 5 janvier sur Russia Insider : « But notably, a statement from one anonymous inteviewee appeared to contain a veiled threat against the President-elect: Intelligence officials told the Journal that they are ultimately disgusted with the President-elect's social media behavior and disapproval of the CIA. “It's appalling,” one official said. “No president has ever taken on the CIA and come out looking good.”

» This is an incredible statement, and one which was obviously made to the WSJ very deliberately and conscientiously, a paper with which the CIA is known to have strong ties. The neocon rebels in the clandestine services are not happy that Donald Trump has publicly called them out for their warmongering Russophobic lies. Now they are sending him a message: “Don't cross us. Or you won't come out good.”

» Read between the lines of that statement and make of it what you will. »

Cela rejoint l'interprétation que donne PhG, le lendemain, de l'intervention du sénateur démocrate Schumer avec Rachel Maddow : « Schumer, vieille ordure de Wall Street, prend l'air finaud et diabolique qui convient pour dire qu'à continuer comme ça, il va lui arriver des problèmes, à Trump (« Let me tell you: You take on the intelligence community — they have six ways from Sunday at getting back at you »). Et Rachel, lesbienne, progressiste-sociétale, autrefois pourfendeuse talentueuse de GW Bush et de ses guerres épouvantables où la CIA tint son rang, qui boit ça comme du petit lait, l'annonce par la vieille ordure que la CIA pourrait régler son compte au président des États-Unis... »

Tout cela, bien des signes annonçant les temps à venir où le bouffe de ces rapports abracadabrantesques sur le “complot russe” vont laisser place à la véritable bataille. « Purge the CIA, they're a threat to the republic », exhorte Justin Raimondo sur Antiwar.com ce 7 janvier. Il est vrai que l'on approche du point où les duels à fleurets mouchetés de communication ne suffisent plus à régler les débats du jour et, dès lors que l'autotrité changera, il faudra en venir à l'affrontement ouvert, celui où les comptes se règlent et où le bouffe le cède à la tragédie.

L'article original se trouve dans http://www.dedefensa.org/article/cia-le-monstre-a-double-face-farces-menaces

Trump, la CIA et le FBI

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Trump, la CIA et le FBI

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Autant que l'on sache, Donald Trump paraît décidé à s'attaquer ouvertement aux pouvoirs acquis depuis des décennies par la CIA, le FBI et quelques autres agences de renseignement sur la vie politique américaine et le monde en général.
 
Selon le Wall Street Journal, http://www.wsj.com/articles/lawmakers-officials-frown-on-... Donald Trump, avant même d'être officiellement confirmé comme Président, réfléchit avec quelques conseillers bien informés sur la possibilité d'amoindrir l'influence de ces agences. Ceci supposerait une restructuration du cœur de l'espionnage américain, l'Office of the Director of National Intelligence ou ODNI (https://www.dni.gov/index.php) qui regroupe et coordonne les 17 principales agences de renseignement. Trump affirme qu'elles sont manipulées et politisées.

Il avait ouvert la voie lui-même lorsqu'il avait accusé la CIA, avec apparemment un certain soutien du FBI, d'avoir prétendu que la publication des emails du serveur d'Hillary Clinton avait contribué à son succès électoral, ceci avec le soutien de la Russie. Dans un de ses désormais célèbres tweets, il avait évoqué le fait que selon Julian Assange, un enfant de 14 ans aurait pu hacker les serveurs de Podesta et du Comité électoral de soutien à la candidature Clinton. Ceci tellement ces serveurs étaient mal protégés. Le piratage, a-t-il affirmé, ne venait pas nécessairement de Moscou.

Les représentants américains au Congrès et au Sénat, dont le sénateur Lindsey Graham, ont riposté que s'ils devaient choisir entre la version d'un « criminel «  tel qu'Assange et les affirmations des 17 agences de renseignement dédiées à la défense de l'Amérique, le choix serait vite fait. Cela signifiait en fait qu'ils accusaient implicitement Donald Trump de vouloir détruire l'Amérique, avec l'aide évidemment de Vladimir Poutine.

Barack Obama, pour contrer les soupçons de Donald Trump, avait demandé à ces agences un rapport détaillé sur ce piratage. Celui-ci n'a pas encore pu être produit. La chose est surprenante quand on connait leurs capacités à espionner l'ensemble de échanges numériques. Rappelons, sans nous donner plus d'importance que nous en avons, que la NSA classera dans ses immenses serveurs le présent article dès qu'il sera mis en ligne.

Donald Trump a accepté de rencontrer le 06/01 les directeurs de la CIA et du FBI afin que ceux-ci lui communiquent les grandes lignes de leur rapport. Mais il a déjà suggéré que si ce rapport était si long à établir, c'était parce qu'il fallait monter tout un cas permettant d'accuser la Russie.

Trump est-il fou ?

La plupart des commentateurs se demandent si Trump n'est pas quelque peu insensé en décidant d'affronter le cœur du renseignement et de la décision politique américains. Si véritablement il est décidé à le faire - ce dont on peut toujours douter en dénonçant beaucoup de gesticulation dans ces échanges - il devra disposer de nombreux appuis. Ses récents choix peuvent rassurer à cet égard: le Général Mikhail Flynn comme chef du Conseil de sécurité nationale (National Security Council ou NSC) et le Général James Mattis comme Secrétaire à la Défense. Tous deux sont des « insiders » provenant du cœur du Système et sont très appréciés par une grande majorité de ceux qu'ils auront à commander.

Cependant, il serait naïf de croire qu'un « outsider » comme Trump, fut-il pétri d'audace et de confiance en lui, puisse réussir, même avec quelques appuis, à modifier le bastion de l'américanisme, ceci avec ou sans l'aide de Vladimir Poutine. Nous avons déjà évoqué ici l'hypothèse selon laquelle Donald Trump aurait en fait été créé et serait soutenu par une partie du Système américaniste. Il s'agirait de ceux persuadés que des enjeux bien plus nombreux s'offriraient dans ce que l'on pourrait nommer la réconciliation avec l'Eurasie et toute la partie d'un monde multipolaire que délibérément ou par sottise les précédentes présidences américaines avaient décidé d'affronter afin de mieux les coloniser.

Même lorsque l'on est persuadé que ce ne sont pas des individus fussent-ils exceptionnels qui font l'histoire, mais des compétitions systémiques entre grands ensembles, il est difficile d'oublier le rôle, mauvais ou bon, qu'ont joué des individus tels qu'un Hitler, un De Gaulle et aujourd'hui un Poutine. Il n'est pas exclu que Donald Trump rejoigne un jour cette cohorte. Malheureusement pour la France l'on cherche encore l'individu exceptionnel qui, comme de Gaulle en son temps, lui permettrait de figurer parmi ceux qui feront le monde de demain.

22:09 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, cia, fbi, états-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

«Das Verschweigen hat System» Interview mit Ellen Kositza

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«Das Verschweigen hat System»

Interview mit Ellen Kositza

Ein Jahr nach der Kölner Silvesternacht: Die Publizistin Ellen Kositza beklagt in ihrem Buch «Die Einzelfalle» das Weglügen des muslimischen Frauenhasses durch die Medien – und das Versagen des Feminismus. 

Es folgen Auszüge aus dem Interview, das Sie vollständig im aktuellen COMPACT-Magazin 01/2017 lesen können. Sie erhalten die Ausgabe im Zeitschriftenhandel. Wer sich den Weg zum Kiosk sparen möchte, kann sie über Online-Bestellung ordern oder via Abo diese und weitere Ausgaben bequem ins Haus gesendet kriegen.

Jürgen Elsässer im Gespräch mit Ellen Kositza

COMPACT: Nach der kurzzeitigen Empörung über den Kölner Sex-Dschihad wurde die Angst der Frauen auf deutschen Straßen nicht mehr breit thematisiert. Hat das Ausmaß der Belästigungen durch Migranten abgenommen – oder wird von den Medien das meiste vertuscht?

Ellen Kositza: Die entsprechenden und quantitativ unverminderten Meldungen in Lokalzeitungen und auf diversen sozialen Netzwerken rauschen ja nur so durch! Dem Medienkonsumenten geht es wohl ein bisschen wie dem Anwohner einer vielbefahrenen Hauptstraße: Man nimmt den Verkehrslärm irgendwann gar nicht mehr richtig wahr. Der gehört halt dazu!

Es gibt keine Schlagzeile mit Ausrufezeichen wegen «ein bisschen Grabscherei» oder einer Vergewaltigung. Was ich krass finde: nicht einmal bei noch Ärgerem! Dass ein Kurde in Hameln seine Frau gerade ans Auto gehängt und halb totgeschleift hat, konnte man als Meldung zwar kaum unterdrücken. Schauen Sie aber mal nach auf den Seiten des NDR und anderer Medien: Da ist von einem 38-jährigen Täter und einem 28-jährigen Opfer die Rede. Sonst noch irgendwelche Merkmale? Nö, was auch? Opfer wie Täter waren «deutsche Staatsbürger». So geht das!

Für ähnlich schlimme, meist tödliche Fälle gibt es die Seite ehrenmord.de, die ich auch deshalb empfehle, weil sie erstens durch und durch seriös ist und weil zweitens die Macherin Uta Glaubitz keinesfalls unter «rechts»-Verdacht zu stellen ist. Nehmen wir aus den dort akribisch dokumentierten Fällen nur mal den November 2016: Da wäre Aysha, 50 Jahre alt, in Hamburg durch ihren türkischen Ehemann tödlich verbrüht; Tina, 36, in hochschwangerem Zustand von ihrem iranischen Ehemann erschossen; Roya, 41, in Bergen auf Rügen von ihrem syrischen Mann getötet; Asma, 27, Mutter von fünf Kindern, in Senftenberg von ihrem Mann ums Leben gebracht. Nur eine Auswahl! Aus einem Monat! Haben Sie auch nur von einem dieser schrecklichen Fälle in der Tagesschau gehört? Oder sonstwo in den Hauptnachrichten? Nein, oder? Dieses Verschweigen und Kleinhalten hat natürlich System.

COMPACT: Alice Schwarzer hat nach den Kölner Vorkommnissen vehement vor dem Frauenhass der Muslime gewarnt. War das ein Einzelfall – oder deutet sich angesichts der islamischen Bedrohung eine Spaltung des Feminismus oder der ganzen Political Correctness an?

Ellen Kositza: Die feministischen Kreise sind in dieser Hinsicht längst gespalten. Die Schwarzer hat ja das Etikett «Rassistin» schon lange vorher angeklebt bekommen! Der Neofeminismus – größtenteils von Mädels getragen, die sich vor allem mit einer großen Klappe profilieren, aber nichts Wirkliches aufgebaut haben – lebt und agitiert in einer ziemlich abgespaceten Filterblase ohne Kontakt zum «Bodenpersonal». Und was den Werdegang der Political Correctness allgemein angeht: Mit einigem Entzücken nehme ich wahr, dass sie mittlerweile weniger als respektgebietende Norm betrachtet wird, die es einzuhalten gilt, sondern mehr und mehr als Schmähund Ulkwort gilt. Ich glaube, es gibt so eine Art Grundregel: Je mehr einer (oder eine!) im wirklichen Leben steht, desto stärker nimmt derjenige den Islam als Gefahr wahr. Im schicken In-Kiez oder vom Professorensessel aus kann man dagegen die Bedrohung ausklammern und sich die Sachen schönreden. So blind sind die ganz normalen Leute nicht mehr.

(…)

COMPACT: Justizminister Heiko Maas und sein Anhang wollen das Problem sexueller Übergriffe mit neuen Gesetzen in den Griff bekommen: «No means no» zielt gegen alle potentiellen Vergewaltiger, auch die inländischen. Kann das was werden?

Ellen Kositza: Ach je! Diese Leute sind nicht imstande oder nicht willens, die äußeren Grenzen zu sichern, darum infiltrieren sie jetzt die Schlafzimmer von Herrn Müller und Frau Schmidt… Das Gesetz über «Vergewaltigung in der Ehe», anno 1997, war bereits so ein Paragraph, mittels dessen höchstrichterlich über intimste Zustände befunden wurde. «Nein heißt nein» ist lächerlich und ein reines Einfallstor für private Schlammschlachten. Krass gesagt, beruht ein Gutteil der erotischen abendländischen Geschichte auf einem gehauchten «Oh nein…»! Wer will das «Nein» oder das «Jein» überhaupt nachweisen? Es ekelt mich direkt. Die gesamte Erotik auf verbriefte und vertraglich abgesicherte Jas und Neins festzulegen, hieße, sie auf Eis zu legen. Also bitte!

COMPACT: Sind Sie als Rechte irgendwie nicht auch Feministin? Eigentlich müsste das ja zusammenpassen, denn die ursprünglichen Feministinnen – jedenfalls die von Ihnen erwähnten «Differenzialistinnen» – vertreten doch eine Form biologisch fundierter Identitätspolitik und damit das genaue Gegenteil der biologieverleugnenden Gender-Mainstream-Agenda.

Ellen Kositza: Nö. Der Feminismus-Pool ist mir einfach zu verkeimt. Der tonangebende Feminismus hat sich vor hundert Jahren von einer biologisch fundierten Identitätspolitik verabschiedet – also auch von meinen eigenen Positionen und meinem selbst gewählten, heute schier mittelalterlich wirkenden Leben als siebenfache Mutter mit eigenem Kopf und Lebensprogramm. Das mit dem Feminismus ist wie mit einem T-Shirt, das eigentlich gut passt und echt nett ausschaut. Aber gucken wir mal auf die Zusammensetzung! Unter welchen Bedingungen wurde der Stoff geerntet, gewoben, verarbeitet? Da stecken verkehrte Arbeitsbedingungen drin, Pestizide und am Ende ein Markt, an dem ich nicht teilhaben will. Vorhin habe ich gesagt, wir könnten kaum hinter die Forderungen der linken Frauenbewegung um die Jahrhundertwende zurück: Gleiche Rechte, gleiche Chancen, unbedingt, ja! Aber keine Bevorzugung, kein Sonderröllchen, kein Hätte-Wollte-Könnte. Damals wäre das eine feministische Position gewesen. Heute gilt das als reaktionär – na und! Insofern bin ich strikt antifeministisch.

Das vollständige Interview finden Sie in COMPACT-Magazin 01/2017. Jetzt im Zeitschriftenhandel. Bestellen können Sie das Magazin online hier. Das Abo gibt es hier.

dimanche, 08 janvier 2017

Pas de souveraineté sans identité charnelle

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Pas de souveraineté sans identité charnelle 

L’identité de la France peut-elle se cantonner aux valeurs de la République ou à la laïcité 

Avocat
Ex: http://www.bvoltaire.fr 
 

Si l’on considère que la souveraineté est le « contenant » qui permet à un État d’être maître de son destin, il ne servirait à rien de quitter l’Union européenne pour reproduire les mêmes erreurs sur le plan national : jacobinisme bureaucratique, nihilisme idéologique et sociétal, multiculturalisme.
 
Le contenu, c’est précisément l’identité d’un pays. Mais que faut-il y mettre dedans ? L’identité de la France peut-elle se cantonner aux valeurs de la République ou à la laïcité ?
 
L’intérêt de cette distinction n’est pas purement intellectuel.
 
S’agit-il de défendre les valeurs républicaines, comme le propose monsieur Peillon, avec ce que ce critère contient d’éminemment subjectif, ou au contraire une réalité culturelle, historique et charnelle ?
 
Dans la première hypothèse, n’importe quelle personne adhérant aux valeurs universelles de la République peut devenir français, voire plus français que certains Français d’origine. Dans la deuxième hypothèse, cela ne peut suffire.
 
Selon la conception classique, la patrie est la terre des pères, le pays de la naissance et de l’éducation, pour reprendre la définition de saint Thomas d’Aquin dans la Somme théologique.
 
C’est donc une « réalité » à la fois charnelle et spirituelle, ce que Péguy résume parfaitement par ces mots : « La patrie est cette quantité de terre où l’on peut parler une langue, où peuvent régner des mœurs, un esprit, une âme, un culte. C’est une portion de terre où l’âme peut respirer. »
 
La seconde est l’enfant des Lumières et de la Révolution française. Elle repose sur une vision idéologique et contractuelle de la société, héritée de Rousseau.

Est national ou français celui qui adhère à l’idéologie des droits de l’homme.
 
La conception jacobine marque la victoire d’une conception abstraite et désincarnée de la nation. Ce qui fait la nation, selon cette conception jacobine, c’est l’adhésion volontaire aux principes publiquement proclamés dans la Déclaration des droits de l’homme ; on ne naît pas français, on le devient par cet acte d’adhésion.
 
On procéda, d’ailleurs, à des naturalisations symboliques d’autres révolutionnaires de diverses origines, au motif que la France pouvait désormais être définie abstraitement comme « le pays des droits de l’homme » ; quiconque approuvait les droits de l’homme était français. La nation est une « nation-contrat » qui repose sur une « libre association de citoyens ». L’unité nationale se fonde, alors, sur une identité de droits et sur la reconnaissance réciproque d’une telle identité.
 
La première définition est fondée sur l’identité et l’enracinement alors que la seconde est fondée, non sur le réel, mais sur l’idéologie.
 
S’il est impératif de retrouver les attributs de notre souveraineté, cela ne suffit pas. Autrement dit, un souverainisme qui ne défendrait pas, par ailleurs, une conception charnelle et enracinée de la patrie, comme le propose un Florian Philippot, serait plus qu’une impasse mais une imposture…
 
Il est donc impératif de se réapproprier notre identité en rappelant que celle-ci ne peut reposer uniquement sur le concept idéologique des « valeurs républicaines ». Il est plus que jamais temps d’en finir avec le jacobinisme.

Mathieu Bock-Côté: Le multiculturalisme est une religion politique

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Le multiculturalisme est une religion politique

Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

Passionnant entretien accordé par le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, à Politique Magazine, à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage.

En quoi le multiculturalisme est-il une religion politique ?

Le multiculturalisme est apparu au mitan du xxee siècle comme une révélation. Il ne prétend pas améliorer la société, mais la démanteler pour la reconstruire radicalement selon une nouvelle anthropologie. Ce en quoi il est aussi une eschatologie : il y a le monde d’avant, coupable de péchés indélébiles contre la diversité, et le monde d’après, qui tend vers le paradis diversitaire et transnational, étape ultime de l’aventure humaine et seul visage possible de la modernité.

Selon les tables de la loi multiculturelle, les vieilles institutions sociales doivent s’effacer au profit des revendications exprimées par tous les « exclus » de la terre qui se trouvent parés, en tant que tels, de l’aura christique des réprouvés.

De là découle une conception particulière de l’affrontement politique. Car les grands prêtres du multiculturalisme ne conçoivent pas la démocratie comme la confrontation de conceptions concurrentes du bien commun mais comme un espace d’éradication du mal. Qui ne communie pas au culte de la diversité est le diable en personne – et le diable est intolérant, raciste, islamophobe, homophobe… C’est ainsi que le débat public en Occident a été confisqué par un petit clergé progressiste qui menace du bûcher toute pensée dissidente.

Vous expliquez que le multiculturalisme est né sur les décombres du soviétisme, comme une métamorphose de l’imaginaire marxiste…

Il est certain qu’à partir des années 1950, la plupart des intellectuels marxistes prennent conscience que l’URSS, leur nouvelle Jérusalem, ressemble davantage à un enfer concentrationnaire qu’à un paradis de travailleurs. C’est le début de ce que j’appelle le « socialisme migrateur » ou « socialisme tropical » : beaucoup vont chercher de nouvelles terres promises en Chine, à Cuba, en Afrique… Mais c’est à partir des années 1960 que le progressisme va profondément muter en se détachant du communisme.

Mai 68 et les Radical Sixties marquent le triomphe du gauchisme et de la contre-culture qui débordent le communisme par la gauche et transforment le rapport au mythe révolutionnaire. C’est l’époque où Herbert Marcuse parle avec dédain des « classes populaires conservatrices ». La gauche radicale constate que le prolétariat aspire davantage à la middle class qu’à la révolution. Désormais, elle fera la révolution sans le peuple et même, au besoin, contre lui. Et c’est aux minorités que le rôle de catégorie sociale révolutionnaire de substitution est dévolu.

Mais le muticulturalisme ne menace-t-il pas d’implosion violente les sociétés où il s’exerce ?

Pourquoi vivre en commun si on ne partage pas la même culture ? En laissant cette question sans réponse, le multiculturalisme, loin de tenir sa promesse du « vivre-ensemble », ne produit, au mieux, qu’une pluralité d’appartenances au sein de sociétés fragmentées et communautarisées. Mais ne réduisons pas sa critique aux aspects liés à la paix civile même s’ils ne sont pas négligeables.

L’idéologie multiculturelle obéit d’abord à une logique de déracinement qui passe par le démantèlement des institutions et des systèmes normatifs traditionnels. Elle est fondée sur une inversion du devoir d’intégration : l’immigré n’a plus vocation à se fondre dans le creuset de la culture d’accueil mais c’est la culture d’accueil qui doit s’accommoder de la culture d’importation. La culture d’accueil perd ainsi son statut référentiel et devient, en quelque sorte, optionnelle, sauf pour expier ses crimes contre la diversité, ce qui revient évidemment à œuvrer à sa propre destruction. C’est exactement ce qui est arrivé au Canada.

Le Canada, présenté par les thuriféraires du multiculturalisme comme un modèle de gestion ethnoculturelle… Qu’en est-il de la réalité ?

Je ne sais pas si on peut parler de modèle, mais le multiculturalisme est là-bas une sorte de doctrine d’état. Avec son enthousiasme coutumier, notre flamboyant Premier ministre, Justin Trudeau, vient d’expliquer dans le New York Times que c’était la diversité qui caractérisait le Canada. Et de fait, au pays des accommodements raisonnables, une immigrée peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux ou le Premier ministre d’une province comme l’Alberta peut se montrer dans une vidéo revêtue d’un voile islamique pour fêter la fin du ramadan…

Ce zèle diversitaire, ce multiculturalisme triomphant récoltent l’admiration béate des élites culturelles et médiatiques qui se congratulent entre elles de ces marques définitives de tolérance et d’ouverture d’esprit. Au Canada, le multiculturalisme est, si j’ose dire, entré dans les mœurs.

En revanche, on sait moins qu’il y a été utilisé et programmé comme une arme de guerre contre le nationalisme québécois. C’est Pierre Trudeau, le père de l’autre, qui l’a fait inscrire dans la loi constitutionnelle de 1982, imposée de force au Québec afin de désamorcer ses revendications historiques à se constituer en nation. Trudeau voyait en effet d’un très mauvais œil le souverainisme québécois qu’il accusait d’ethnocentrisme, alors même que le socle de l’identité canadienne reposait traditionnellement sur la figure des deux peuples fondateurs, les anglophones et les francophones.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Ainsi constitutionnalisé, le multiculturalisme a non seulement amputé le Canada de son identité française, mais il a aussi privé le Québec de son statut de nation fondatrice. Triste destin pour le peuple québécois, extrait de sa propre histoire, dépossédé d’une part de lui-même et rabaissé à l’état de communauté ethnique parmi d’autres au sein de la diversité canadienne…

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En France, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite est parfois analysée comme une réaction à l’idéologie des élites, largement comparable à ce que vous décrivez pour le Canada. Est-ce aussi votre sentiment ?

Oui, d’une certaine façon, même si, en France, les références aux valeurs républicaines entretiennent l’illusion d’une communauté politique unifiée. Je dis bien l’illusion : on sait que la réalité est tout autre et qu’énormément de Français ont le sentiment que leur pays se décompose. C’est pourquoi je crois que les gens ont moins voté pour le programme de François Fillon que pour l’image d’une France traditionnelle et enracinée qu’il personnifie. De ce point de vue, il est l’exact contraire de Justin Trudeau qui incarne un cosmopolitisme diversitaire sans racines et la dissolution du politique dans la communication. Fillon est la sobriété faite homme. Pas de transgression outrancière chez lui. Ce qui le distingue aussi d’un populiste du genre Donald Trump.

Fillon l’a plus emporté pour la part de conservatisme qu’on lui attribue que pour sa promesse de rétablir les finances publiques ?

Sans aucun doute, même si le verbe « rétablir » que vous venez d’employer est celui qui lui convient. François Fillon doit avoir conscience des enjeux qu’il a fait naître. Il porte pour l’élection de 2017 tous les espoirs d’un certain conservatisme à la française. Je veux parler d’un mélange d’enracinement, de sens commun, de dignité qu’il lui faudra, sous peine d’immense déception, incarner personnellement mais aussi politiquement s’il est élu à la tête de l’État.

Ce conservatisme réclame une part de volontarisme car, dans le monde qui est le nôtre, il ne s’agit plus seulement de conserver, il faut également restaurer ce qui a été mutilé par quarante ans de progressisme maniaque. En France, cela commence par l’État, l’autorité de l’État. La psychologie politique de votre pays est profondément imprégnée de l’idée que c’est l’état souverain qui incarne le destin de la nation et il serait tout à fait illusoire de vouloir lui substituer la société civile comme le prône le philosophe anglais Roger Scruton. Le conservatisme français est une synthèse originale d’identité et de liberté, même sur les questions de mœurs.

Cela le distingue du conservatisme social américain qui peut avoir une dimension agressive, très éloignée du conservatisme tranquille qui s’est exprimé lors de la Manif pour tous. Si les Français sont à la recherche de leur conservatisme, qu’ils ne le regardent surtout pas avec une loupe américaine ou britannique !

Le problème de ce conservatisme n’est-il pas de ne jamais s’assumer en tant que tel ?

C’est tout le problème des dirigeants de ce qu’on appelle la droite. Alain Juppé était tellement heureux d’être célébré par la presse de gauche qu’il en a oublié que la France ne se réduisait pas à ce que pensent Les Inrockset Télérama. Le rêve d’une certaine droite, et c’est le danger qui guette Fillon désormais, c’est que la gauche lui dise qu’elle n’est pas vraiment de droite. Elle se croit donc obligée de prouver qu’elle est la plus moderne et, pour faire moderne, elle ne parle que d’Europe et de mondialisation, jamais ou presque jamais des questions sociétales et identitaires. Le débat public se résume ainsi depuis quarante ans à une querelle entre progressistes. C’est ce que j’appelle dans mon livre le « malaise conservateur » : bien que prégnant en France, le conservatisme n’a jamais trouvé sa traduction politique, sinon dans quelques discours électoraux vite oubliés une fois au pouvoir.

Pourtant, on entend beaucoup dire que les « réacs » auraient gagné la suprématie culturelle…

Et qui l’affirme ? Certes, quelques voix discordantes se font entendre un tout petit peu plus qu’avant, ce qui provoque un double phénomène : d’une part, la gauche hégémonique se croit assiégée parce que sa domination est très légèrement contestée ; de l’autre, la droite silencieuse se croit conquérante parce qu’elle est un tout petit peu plus entendue. Mais le fait est que la quasi-intégralité des pouvoirs institutionnels et culturels reste progressiste.

Un dernier mot sur le regard qu’on porte sur la France depuis le Québec ?

Il y a un vieux sentiment d’affection filiale qui vire à l’hostilité chez les élites car la France est perçue comme un rouleau compresseur laïciste qui étouffe sa diversité. Mais pour les souverainistes, qui représentent grosso modo 40% de la population, la France demeure la première alliée et un enjeu interne : même si la langue française est fragilisée à cause de l’État fédéral où elle n’existe quasiment plus, le Québec ne parle pas norvégien ou danois.

Il parle français, une des plus grandes langues du monde, et cela a contribué à sa survie. Si l’aventure coloniale a pu avoir des aspects positifs, c’est bien ici, en Amérique du Nord, où la France a accouché d’un peuple neuf !

Extrait de: Source et auteur

Entretien de Charlotte d’Ornellas avec Patrick Buisson

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Entretien de Charlotte d’Ornellas avec Patrick Buisson

À l'occasion de la sortie de son livre La Cause du peuple, Patrick Buisson évoque Nicolas Sarkozy, Donald Trump, le hiatus entre les promesses de campagne et l'action politique, le combat entre "les enracinés du local" et "les agités du global", l'absence de culture de la classe politique, l'identité, l'amitié française, le lien social, les enjeux métapolitiques, la révolution conservatrice, le fait religieux, le sursaut identitaire, la possible guerre civile... mais aussi son espérance : nous sommes à la fin d'un cycle et au début d'un autre.

samedi, 07 janvier 2017

Le Kosovo, citadelle du djihadisme?

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Par Bob Woodward

Ex: http://www.decryptnewsonline.com 

D’après les services de sécurité italiens, environ 400 djihadistes sont entrés en Europe en se faisant passer pour des réfugiés, y compris l’un des recruteurs principaux de l’EI, Lavdrim Muhaxheri.

Entre 300 et 400 combattants du groupe terroriste État islamique (EI, Daech) ont pénétré au Kosovo depuis la Syrie en se faisant passer pour des réfugiés, écrit le site Daily Mail, citant une source au sein des services de renseignement italiens. Les terroristes, poursuit le média, quittent la Syrie suite à des défaites cuisantes face à l'armée syrienne et ses alliés. Pour passer inaperçus, ils mettent des vêtements civils et essayent de se fondre parmi les milliers de réfugiés. Bien que certains d'entre eux soient interceptés par les services de renseignement, la plupart des djihadistes parviennent toutefois à passer entre les mailles du filet. Il est à noter que parmi les terroristes qui ont pénétré récemment en Europe figure notamment l'un des chefs principaux de Daech, Lavdrim Muhaxheri, alias Abu Abdullah al Kosova. Muhaxheri est connu non seulement comme l'un des leaders des terroristes albanais du Kosovo, mais aussi comme un recruteur émérite de l'EI. Originaire de Macédoine, al Kosova s'est rendu en Syrie fin 2012, a été par la suite repéré dans plusieurs vidéos de propagande de Daech dans lesquelles il appelait les Albanais à rejoindre les rangs des djihadistes. En outre, plusieurs images ont été publiées sur Internet sur lesquelles on voyait Muhaxheri décapiter un otage, ainsi qu'une vidéo dans laquelle il tirait sur un homme avec un lance-roquettes. À en croire les services de sécurité italiens, Muhaxheri et ses acolytes envisageraient de perpétrer des attaques contre des institutions publiques et internationales. Le Kosovo, qui a proclamé son indépendance en 2008, n'a pas été la cible d'attentats islamistes, mais au moins 200 personnes ont été interpellées ou font l'objet d'enquêtes policières pour des activités illicites en lien avec l'État islamique. Environ 300 Kosovars combattent au sein du groupe en Syrie et en Irak.Environ 70 citoyens du Kosovo sont impliqués dans les combats en Irak et en Syrie, contre 300 auparavant, a déclaré le ministre kosovar de l'Intérieur Skender Hyseni. Selon lui, en Irak et en Syrie, il y a également 38 femmes et 27 enfants provenant du Kosovo.

Le Kosovo est depuis longtemps considéré comme le "bastion européen" de l'Etat islamique (EI, Daech). Le représentant russe au Conseil de sécurité de l'Onu a notamment qualifié le Kosovo de "centre de formation" de Daech, rappelant que cette région avait donné aux groupes islamistes radicaux plus de membres en proportion du nombre total d'habitants que d'autres pays. Cependant, les autorités kosovares sont impuissantes face à ce problème, parce que, tout d'abord, beaucoup de ceux qui sont partis en Syrie et en Irak étaient des combattants de l'Armée de libération du Kosovo, une organisation terroriste dont les soldats sont toujours considérés comme des héros de la guerre de libération du Kosovo de "l'occupation serbe". Les frontières du Kosovo avec l'Albanie et la Macédoine n'existent que sur le papier et les camps de formation des radicaux sont bien cachés. Ainsi, il est presque impossible de contrôler les cellules des islamistes. "Des dizaines de combattants du Kosovo ont lutté aux côtés de l'Etat islamique, et ils sont tous soigneusement surveillés par les autorités compétentes. Mais il est impossible de tout prévoir, et il y a beaucoup cas de ce genre", a indiqué à Sputnik Fadil Lepaja, chef du Centre des recherches balkaniques.  Beaucoup de jeunes, non seulement du Kosovo, mais aussi de la Bosnie-Herzégovine et des régions musulmanes de la Serbie, sont recrutés alors qu'ils suivent un programme éducatif gratuit dans des Etats du monde arabe qui soutiennent les terroristes islamistes. Plus tard, on les retrouve dans des cellules islamistes en Europe, où, le cas échéant, ils sont prêts à prendre part à des actes terroristes. Selon des experts, il est difficile pour les services secrets des pays européens d'identifier les membres de groupes terroristes, car la plupart d'entre eux sont des jeunes bien instruits et dont la biographie ne laisse rien transparaître.


Ces derniers jours, des nouvelles informations ont déclenché des alertes sur de l'étendue réelle de la présence djihadiste dans le narco-état créé par l'OTAN et par les pétromonarchies. Les camps d'entraînement de l'État islamique dans le Kosovo seraient jusqu'à cinq, et se trouveraient à Ferizaj, Gjakovica, Decani, Prizren et Pejë. Où des centaines d'aspirants jihadistes, la plupart d'ethnie albanaise provenant de divers pays, en plus d'étudier l'arabe et une version paranoïaque du Coran, apprennent à utiliser les armes et les explosifs et différentes techniques  de guérilla, formés par des hommes du Califat et par des 'ex' miliciens de l'UCK, la soi-disant "armée de libération" kosovare qui grâce à la guerre déclenchée par l'Alliance atlantique contre la Yougoslavie en 1999 avait réussi à s'imposer dans l'ancienne province autonome de Belgrade devenu 'indépendante'.

Tout cela se passe dans un petit territoire qui est en fait encore un protectorat de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne, des institutions qui peuvent compter sur la présence au Kosovo de diverses bases militaires, de centres de commandement et de contrôle, de dizaines de milliers de militaires, observateurs et fonctionnaires civils. Par exemple, le camp d'entraînement de Daesh de Ferizaj se trouverait à quelques kilomètres de Camp Bondsteel, la plus grande base militaire que les Etats-Unis aient jamais réalisé en dehors de leur propre territoire après la guerre du Vietnam, qui accueille en moyenne 7.000 soldats et  employés civils. Près de Gjakovica, une autre ville kosovare qui abrite l'un des camps d'entraînement du Califat, siège le détachement aéronautique de l'Amiko (Force italienne de l'Air au Kosovo), ce qui n'a pas empêché que Daesh prolifère à un pas des installations de la mission de la KFOR. Et la même chose arrive à Pejë, où surgit le Village Italia, et à Prizren, où la présence de l'Alliance atlantique est également consistante.

Lorsque l'État islamique n'était pas encore été considéré comme un problème par les États-Unis, Lavdrim Muhaxheri, le commandant de la malfamée "brigade des Balkans" de Daesh, a travaillé au Camp Bondsteel, et l'on dit la même chose pour Blerim Heta, un kamikaze albanais qui s'est ensuite fait exploser à Bagdad.

L'histoire a été remontée à la surface par des reportages réalisés par des  médias internationaux après l'arrestation de quatre citoyens kosovars  accusés d'être membres du réseau terroriste de l'Etat islamique. Des nouvelles d'arrestations sont fréquentes au Kosovo, en Macédoine, en Bosnie, en Serbie elle-même. Selon les données fournies dans les derniers jours par le ministre de l'Intérieur du Kosovo, Skender Hyseni, au moins 57 combattants étrangers ont été tués au combat, quarante ont été arrêtés avant de pouvoir partir, 102 ont été arrêtés sur des soupçons d'avoir participé à des activités terroristes.

Mais à finir menottés ne sont qu'un petit pourcentage des miliciens du Califat ou des aspirants jihadistes, alors que la plupart continuent à agir sans être dérangés dans les enclaves fondamentalistes des Balkans.

America’s Lynch Mob ‘Democracy’

It is the effete, self-regarding ruling US elite who are acting like a murderous rabble. The hate-figures are Russian leader Vladimir Putin and incoming president Donald Trump. Both are being lined up to be lynched, one as a foreign enemy, the other as a traitor.

Lynch mob blood-lust is a mere finger pointed, the baying of deranged crowds and the stringing up of some unfortunate from the nearest tree without pause for a fair trial. «Guilty!» shouted with red-faced thunder is all that’s needed. And anyone who dares to question the madding crowd is liable to meet the same grim fate.

Public opinion in the US is being stampeded to accept as unquestioned fact that Russia «attacked American democracy» as Senators like John McCain are claiming on prime time television. Furthermore, Russian President Vladimir Putin is accused of being the mastermind behind the alleged cyber attacks, which supposedly subverted the US presidential election in favor of Republican candidate Donald Trump.

Incumbent President Barack Obama, the US «intelligence community» and a consensus of lawmakers on Capitol Hill are all asserting without a flicker of doubt that Russian state-sponsored hackers interfered in the November election. The US mainstream media have abdicated any pretense of independence or journalistic standard by rowing in behind the assertions, stating what are fundamentally tendentious claims as if they are fact. The word «alleged» before the words «Russian hacking» has been shorn from headlines and commentaries. The American lynch mob has decreed Russia as guilty. No due process, no skepticism, no verifiable proof, just stampeding group-think let loose.

Never mind that Moscow has repeatedly rejected the vapid claims, and has demanded verifiable evidence to be presented. Never mind that Washington has failed to provide any verifiable evidence to support its accusations. Never mind that several respected former US intelligence experts, such as William Binney formerly of the NSA, have come forward to dismiss the claims of Russian hacking as preposterous.

The inherent lack of credibility in Washington’s narrative was given a seeming fix when Obama ordered the expulsion of 35 Russian diplomats last week. The intention of the sanctions was to brand the word «scumbag» over the Kremlin in the eyes of the world, a US cyber security expert told Reuters. This is more of the same demonization-mentality that resulted in African-Americans being dangled from branches or suspected sorcerers being torched alive by self-righteous American christians.

A second seeming fix to the attenuated «Russian hacker» story came with reports of an alleged attempt to disable the US power grid. The CIA-linked Washington Post broke the story of an electric company in Vermont finding «Russian malware» on a laptop. The report can be quickly parsed as fake, but it seemingly gave substance to claims that the US was «under attack from Russia». Right on cue.

Russian President Vladimir Putin refused to be baited by Obama’s expulsion of diplomats by declining to reciprocate similar measures against US officials in Moscow. Wisely too. For such a response would tend to only lend credibility to what are otherwise baseless American claims.

More insanity to back up Russophobia is expected this week when shadowy «US intelligence officials» give «briefings» to President-elect Trump and members of Congress. The latter will inevitably be «wowed» by more of the same anti-Russian claims that the CIA has already inculcated the American mass media with.

Trump, however, is not such an easy pushover. He appears to remain skeptical about «intelligence» impugning Russia. Trump previously lampooned CIA claims as «ridiculous». Again this week he referred to the «disaster of Iraq’s weapons of mass destruction» when false US intelligence led to a decade-long war in the Middle East country, the death of over a million people and the unleashing of jihadist terrorism across the globe.

To browbeat Trump into joining the lynch mob to hang Putin and Russia, the US media are blatantly setting him as a «traitor» if he doesn’t comply.

Referring to his forthcoming presidential inauguration, the New York Times editorial board demanded: «In less than a month, Mr Trump will have to decide whether he stands with his democratic allies on Capitol Hill or his authoritarian friend in the Kremlin».

The editors at the Washington Post continued the treason theme, making the reckless claim that Russia had perpetrated a «Cyber Pearl Harbor» on the US. The newspaper then went on to note Trump’s «odd behavior in the face of a clear threat from Russia». The Post insinuated that Trump was putting alleged personal business interests with Russia ahead of patriotic duty.

Another report in the New York Times quoted various pundits claiming that Trump is undermining national security by being friendly towards Russia and expressing his skepticism towards US intelligence.

One senior lawmaker, Democrat Representative Adam Schiff called on Trump «to stop denigrating» US secret services.

Moreover, if veteran Republican Senator John McCain is allowed to assert on CNN that Russian cyber attacks are an «act of war» – then, it follows according to this warped logic, that Trump is in bed with the enemy.

This embodies lynch mob rule rolled into burning witches at Salem along with McCarthyite Red Scaremongering.

Trump is effectively being noosed with claims that he is a Russian stooge and a traitor to his country. Claims that are in turn based on unfounded, hysterical allegations that Russia has «attacked our nation». All that’s missing here are effigies of Putin and Trump being set alight on Capitol Hill.

What this represents is a profound degeneration in American democracy. Rumor, speculation and propaganda have become the currency of US public discourse, ranging from the supposedly highest office of the White House to the legislative branch of government – and all reinforced by a supine media.

Anyone who shows the slightest dissent from the stampeding mentality to lynch Russia is also liable to be lynched. The fate of Donald Trump is in the balance.

The irony in all this is that it is not some external enemy who is eroding American democracy. It is own’s political establishment that is throttling the supposed pillars of democracy.

Whenever two of its purported leading newspapers are openly accusing the next president of «treason» – based on fabricated accusations – then it is a clear sign that American democracy has indeed become condemned.

Asie : dessous des cartes et nouvelle donne

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Asie: dessous des cartes et nouvelle donne

par Rémy Valat, historien

Ex: http://metamag.fr 

Les foyers de développements économiques ou civilisationnels, les zones où se nouent le destin de l’humanité (ou d’une partie de celle-ci) n’ont cessé d’évoluer au cours de l’histoire.

Il y a encore moins de 50 ans l’Occident dictait sa loi sur le monde. La fin des conflits coloniaux et la chute du bloc soviétique ont favorisé l’essor de puissances issues du Tiers-Monde, pays qui pour la plupart se trouvent en Asie. C’est la trajectoire des pays asiatiques et la nouvelle donne géopolitique dans cette région que nous dessine avec brio, Jean-Christophe Victor * (que l’on ne présente plus) dans la dernière publication de la série « Le dessous des cartes » (éditions Tallandier-Arte, 2016), un ouvrage tiré de l’émission éponyme diffusée sur la chaîne Arte.

Comme le souligne l’auteur, l’Asie pose d’emblée un problème de définition géographique et culturel, mais ce qui la caractérise aujourd’hui c’est l’essor économique de quasiment tous les pays de la région (à l’exception de la Corée du Nord). Un envol qui a eu pour impact de déplacer le centre du monde de l’Occident vers l’Extrême Orient et le Pacifique. L’Asie est et restera dans les prochaines décennies la zone mondiale la plus peuplée (50,5% en 2050 pour 56,5% aujourd’hui), à la seule différence que l’Inde dépassera la Chine à l’horizon 2025-2030, et deviendra le pays ayant la population la plus nombreuse de la planète. Toutefois, la transition démographique frappe les grandes puissances de la région, la baisse du taux de natalité et le vieillissement de la population menacent la croissance économique chinoise et a déjà atteint ceux du Japon.

En Asie, le développement est inégal et injuste et l’écart entre riches et pauvres ne cesse de se creuser dans des pays souvent (et à des niveaux divers) gangrenés par la corruption (en particulier en Inde et en Chine) : en Chine, 11% de la population (150 millions d’individus vivent sous le seuil de pauvreté) ; en 2012 l’Asie de l’Est (7%) et du Sud (18%) était la région du monde la plus défavorisée après l’Afrique sub-saharienne. Autre résultat de l’urbanisation et de l’essor économique asiatiques : la pollution et la dégradation de l’environnement. La Chine brûle annuellement 50% de la production mondiale de charbon et est devenu le premier marché mondial de véhicules particuliers. Les images de Pékin sous le « smog » nous sont devenues familières. L’environnement, et en particulier l’eau, relèvent des priorités vitales pour les pays traversés par les grands fleuves nourriciers, fleuves ayant pour source la région hymalayenne sous contrôle chinois. Or Pékin n’est pas signataire de la Convention des Nations unies sur les utilisations des cours d’eaux internationaux (1997), entrée en vigueur en 2014, ce qui laisse planer le risque d’un détournement de cette richesse au détriment des pays en aval des fleuves, en particulier les pays arrosés par le Mékong (Birmanie, Laos, Thaïlande, Cambodge Viêtnam). Un motif supplémentaire de tensions et de conflits.

La soif de matières premières, carburée par les tensions (souvent anciennes) entre pays voisins, aiguise les rancoeurs et pousse à la militarisation et à la revendication territoriale. Mais, si les conflits entre grandes puissances sont larvés, les affrontements sont surtout internes : mouvements séparatistes, identitaires et religieux (en particulier les affrontements entre populations musulmanes et bouddhistes), voire insurrectionnels marxistes (naxalistes indiens). Sans compter la rivalité sino-américaine, matérialisée par des accords de partenariats militaires et économiques rivaux et un renforcement du potentiel militaire, que tempère de réciproques besoins commerciaux..

Pour approfondir sue ce vaste sujet, Jean-Christophe Victor, donne une excellente bibliographie en langue française et anglaise. Je conseillerais également l’excellent ouvrage, plus classique sur la forme et destiné aux classes préparatoires aux grandes écoles, coordonné par Vincent Thébault : Géopolitique de l’Asie (Nathan, régulièrement réédité). Une touche personnelle pour conclure : « Le dessous des cartes » fait partie des rares émissions intelligentes du paysage audiovisuel français : merci à Jean-Christophe Victor pour cette bouffée d’oxygène dans l’univers pollué de l’ « Entertainment »….

*Fils de l’explorateur polaire Paul-Emile Victor, grand amoureux de la Polynésie, Jean-Christophe Victor est mort subitement dans la nuit du 27 au 28 décembre à Montpellier, à l’âge de 69 ans, des suites d’une crise cardiaque. Ethnologue et brillant pédagogue, il s’est particulièrement illustré par une forme originale de présentation télévisée des concepts géopolitiques à partir de cartes. Nous avons tous regardé un soir son émission Le Dessous des Cartes. Elle a inspiré nombre de professeurs d’Histoire du secondaire et on retrouve son influence directe dans une revue intéressante comme Carto  disponible dans tous les kiosques. Sans carte, on ne saurait en effet gagner une quelconque bataille qu’elle soit militaire, culturelle ou climatique. Notre collaborateur Rémy Valat lui rend ici l’hommage qu’il se doit. ML

JEAN-CHRISTOPHE VICTOR, LE DESSOUS DES CARTES », ÉDITIONS TALLANDIER-ARTE, 2016, 224 PAGES, 300 CARTES, 14,90€
VINCENT THÉBAULT, GÉOPOLITIQUE DE L’ASIE ÉDITIONS NATHAN, 352 PAGES, 33.90€

vendredi, 06 janvier 2017

Cerveau connecté, cerveau vidé ?

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Cerveau connecté, cerveau vidé ?

Philippe Vernier, chercheur au CNRS, commente la chute libre de la durée d’attention

Spécialiste des neurosciences, il reconnaît qu’il s’agit là d’une « régression ». Il affirme dans son entretien que le fait de disperser son attention entre plusieurs tâches ou plusieurs sollicitations a nécessairement pour résultat de diminuer la qualité d’attention que l’on accorde à chacune, même s’il est possible selon lui de s’entraîner à ce nouveau mode de fonctionnement cérébral. Et de recommander, notamment pour les métiers où l’attention et la concentration sont primordiales, de couper son téléphone et de se réhabituer à prendre son temps. Car le zapping, souligne-t-il, est « addictif » : l’esprit humain apprécie la nouveauté et a donc tendance à la rechercher de plus en plus.
 
Mais lorsque Philippe Vernier recommande de « remplacer la satisfaction du zapping par celle de la compréhension de sujets approfondis », la vraie question – et il n’y répond pas – est de savoir si c’est encore possible pour des esprits biberonnés aux sollicitations cognitives incessantes et sans lien entre elles, ou à tout le moins, s’ils peuvent y arriver seuls. Quid de ces jeunes qui sont nés avec un téléphone dans la main, et à qui on impose qui plus est de travailler sur l’écran de l’école, à partir de méthodes globales qui inhibent la parole et l’analyse, comme le font – et de plus en plus – les programmes les plus récents de l’Education nationale ?

Un chercheur au CNRS appelle au réapprentissage de la concentration

 
Il faut prendre Vernier au sérieux lorsqu’il affirme, sur la foi de l’étude Microsoft : « C’est une évidence que l’on est capable d’absorber plus d’informations en moins de temps. C’est ce que montre l’étude et on peut les croire la dessus, cependant, c’est forcément au détriment de la qualité de l’attention que l’on porte à un sujet donné. »
 
Il en tire cette conclusion : « Pour la presse écrite, c’est un problème. De moins en moins de gens ont cette capacité à lire un article de fond et la tendance dans les médias est de faire court, percutant pour que l’on sache beaucoup de choses mais sur lesquelles nous n’approfondissons pas. On ne cherche plus le pourquoi des choses. »
 
Autrement dit, la tendance de fond de la soi-disant « information » est de nous balancer à la tête d’innombrables faits qu’on ne traite plus à la manière intelligente qui devrait être le propre de l’homme : analyse, synthèse, et s’il y a lieu jugement critique. Ces types de connaissances accumulées appellent des réactions primaires, cantonnent le lecteur ou l’auditeur dans l’émotion. S’il n’a que huit secondes de temps de cerveau disponible, il est clair que la réflexion n’y a aucune place.

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Le cerveau connecté devient comme celui du poisson rouge…

Selon Philippe Vernier, une autre retombée négative de cet état de fait – que nous dirons, quant à nous, désastreux – est que le travail en entreprise est devenu un vrai problème pour beaucoup de jeunes ou des personnes passant de longues heures sur leurs écrans :
 
« Dans les entreprises, les personnes qui ne sont plus capables de réaliser des tâches à long terme sont devenues un problème pour les chefs d’entreprise. Lorsque l’on fait un rapport de synthèse par exemple, il faut être apte à travailler longtemps et de manière efficace. C’est aussi un problème pour les créatifs, l’imagination et la créativité de manière générale demandent du temps. Et ce temps de cerveau disponible mobilisable, nous ne l’avons plus. »
 
Il est significatif que ce soit précisément Microsoft qui se livre à ces enquêtes. L’objectif marketing du géant de l’informatique est clair : il faut sans cesse modifier les contenus et en réduire la richesse, le volume et la profondeur pour espérer toucher les internautes qui n’ont plus la capacité de lire et de comprendre sur la durée. Plonger les hommes dans la « réalité virtuelle »… Mais il faut ajouter que les créateurs de contenu Internet et du mode de fonctionnement des espaces connectés créent en même temps les problèmes auxquels ils prétendent chercher à répondre.

La chute de la durée attention, résultat des multiples sollicitations des écrans connectés
 
Il en va ainsi des multiples alertes, pop-ups et autres sollicitations incessantes qui détournent l’attention de ce que l’on est en train de faire véritablement, ainsi que de la tentation de cliquer sur les liens hypertextes : tout cet ensemble d’appels à l’attention qui interrompent la pensée et le raisonnement aboutissent logiquement à la mise en veille de la mémoire longue – c’est-à-dire, finalement, de la culture – au profit d’une mémoire immédiate qui se vide presqu’aussitôt remplie. C’est le thème de l’indispensable ouvrage de Nicholas Carr, au titre si mal traduit : Internet rend-il bête.
 
Philippe Vernier, lui, est un peu plus optimiste. Mais il semble penser que la solution pour reconquérir de la concentration et de la durée d’attention passe notamment par l’image, la vidéo. « La vidéo a une vertu considérable, une image en mouvement ou le fait de pouvoir changer le support visuel de ce que l’on apprend, cela permet de maintenir l’attention », explique-t-il.
 
Or la vidéo – et globalement tout ce qui relève avant tout de l’image en mouvement – présente justement l’inconvénient de court-circuiter la parole : on voit l’image et on réagit sans verbaliser, sans même avoir le temps de le faire. Et cela contribue précisément à réduire la durée de l’attention et la capacité de raisonnement, comme l’a amplement montré Elisabeth Nuyts dans ses divers ouvrages. Et elle, elle donne de vraies solutions face à la véritable déshumanisation que les nouveaux modes d’apprentissage entraînent.
 
Anne Dolhein

L’eau sale dans les «guerres propres» occidentales Par Maxime Chaix

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L’eau sale dans les «guerres propres» occidentales

L’instrumentalisation de l’eau dans les conflits armés est une tactique plurimillénaire. Selon le géographe Philippe Boulanger, dès l’Antiquité, « le détournement des eaux [est] recommandé par le stratège chinois Sun Tse dans L’Art de la guerre (Ve siècle av. J.-C.), ou par le stratège romain Frontin dans Les stratagèmes (Ier siècle apr. J.-C.) ». D’après l’historien Jean-Nicolas Corvisier, il existe dans la Grèce antique « une certaine conscience de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas durant les conflits (…) : ne pas utiliser des armes interdites ; ne pas empoisonner les eaux ; ne pas priver d’eau une Cité (…) Toutefois, si ces pratiques sont réprouvées, elles sont loin d’être inconnues. Certaines ont même fini par se banaliser avec le temps. (…) En revanche, l’interdit sur l’empoisonnement des eaux est beaucoup plus respecté ». 2 500 ans plus tard, et malgré le développement du Droit international humanitaire depuis un siècle et demi, le recours à des tactiques illégales qui transforment l’eau en arme est une constante dans les guerres occidentales, qu’elles soient ouvertes (Irak, Kosovo, Libye…) ou clandestines (Yémen, Syrie…).

En septembre 2016, le Huffington Post rapporta qu’une « une station de pompage fournissant de l’eau aux quartiers d’Alep-Est tenus par les rebelles [avait] été détruite par des bombardements », ajoutant que les adversaires de Bachar el-Assad avaient « répondu en fermant une station approvisionnant le reste de la ville, laissant deux millions de personnes sans accès à l’eau potable. » Un an auparavant, dans un texte cosigné par cinq parlementaires français, le député syrien Boutros Merjaneh et le journaliste franco-libanais Nader Allouche dénoncèrent le fait que « les groupes armés à Alep, qui ont pris possession de la station de pompage et d’épuration de l’eau, [avaient] décidé de couper l’accès à [cette ressource vitale], dont ils [privaient] intentionnellement la population d’Alep, qui compte encore 2,5 millions d’habitants. » Rappelant les « relations privilégiées de la France avec les belligérants et leurs parrains » du Golfe, ils incitèrent en vain les autorités françaises à s’opposer à cette manœuvre des milices anti-Assad.

Depuis la fin décembre, le même processus d’instrumentalisation militaire de l’eau est à l’œuvre dans la région de Damas, chaque camp se renvoyant la responsabilité de cette situation tragique qui affecte près de 5 millions de civils. Comme l’a rapporté le site israélien YNetNews.com, en se basant sur des informations de Reuters, « la source d’Aïn el-Fijé, qui fournit 65 % des réserves d’eau de Damas, a été bloquée par les rebelles ; ces derniers auraient également contaminé l’eau avec du carburant », tandis que les opposants à Bachar el-Assad accusent l’armée syrienne d’avoir bombardé la station de pompage de cette ville. Durant ce conflit, les milices rebelles autant que les forces loyalistes ont utilisé l’eau potable pour déstabiliser l’ennemi, ce qui a durement touché la population. Sachant que l’État français et ses alliés soutiennent l’opposition anti-Assad, ils se sont abstenus de protester lorsque la rébellion a empêché des millions de personnes d’accéder à l’eau potable, tout en dénonçant les crimes de l’armée syrienne et de ses soutiens. À l’aune de l’Histoire récente, cette complaisance occidentale face à de telles méthodes n’est pas surprenante, puisque les systèmes nationaux de distribution d’eau ont été systématiquement visés durant les « guerres propres » des puissances de l’OTAN (Golfe, Yougoslavie, Afghanistan, Libye), et dans les « guerres inavouables » où elles sont clandestinement impliquées (Yémen, Syrie).

Yougoslavie, Afghanistan : des guerres « propres » et « humanitaires » ?

Lancée en 1999, la guerre du Kosovo est la première application moderne du concept de « guerre humanitaire », autrement qualifiée d’« intervention d’humanité ». Or, comme l’a souligné l’universitaire Jean-Baptiste Jeangène Vilmer – qui est pourtant un défenseur de la doctrine de « Responsabilité de Protéger » (R2P) appliquée en Libye –, « la campagne aérienne de l’OTAN au Kosovo a été une catastrophe humanitaire. Elle constitue encore aujourd’hui l’un des cas les plus exemplaires de violation du principe de proportionnalité. La majorité des purges a eu lieu après le début des bombardements, et on a des raisons de croire qu’ils les ont accélérées. Lord Carrington lui-même, ancien ministre des Affaires étrangères britannique, Secrétaire général de l’OTAN et président de la Conférence Européenne sur la Yougoslavie, pense que ce sont les bombardements qui ont causé le nettoyage ethnique. » Moins connues de l’opinion publique, d’autres conséquences négatives de cette intervention militaire sont à déplorer, et elles discréditent la notion orwellienne de « guerre propre » popularisée en 1991, durant l’opération Tempête du désert.

En janvier 2001, un rapport de l’Assemblé parlementaire du Conseil de l’Europe dénonça l’impact écologique de cette campagne de l’OTAN en Serbie et au Kosovo. D’après ce document, « entre le 24 mars et le 5 juin 1999, 78 sites industriels et 42 installations énergétiques en Yougoslavie ont été endommagés par les bombardements et les frappes de missiles [, ce qui a] entraîné une grave contamination de l’air, de l’eau et du sol par des substances dangereuses. » Cet impact environnemental ne s’est pas limité à la Yougoslavie, « qui possède des nappes phréatiques d’importance européenne ; leur contamination peut avoir des incidences négatives à de grandes distances du territoire yougoslave. La situation est d’autant plus grave que les capacités d’auto-épuration des eaux souterraines sont nettement inférieures à celles des cours d’eau », selon les auteurs de ce rapport – qui soulignèrent également l’impact nocif des munitions à l’uranium appauvri. En outre, la destruction des infrastructures fournissant l’électricité ou l’eau potable – telles que les stations d’épuration –, ont massivement affecté les civils, ces frappes visant à encourager un rejet populaire de Slobodan Milosevic, alors Président de la République fédérale de Yougoslavie. Titrant que ces opérations réduisaient les Serbes à des « hommes des cavernes », le New York Times rapporta qu’« après deux mois de bombardements, qui commencèrent le 24 mars [1999], une OTAN désireuse de paralyser l’effort de guerre serbe s’[attaqua] intensivement au réseau électrique de ce pays, et les réserves d’eau dépendant des pompes électriques en [souffrirent] considérablement. Les bombes hautement explosives [causèrent] des dommages permanents à ces deux systèmes. »

Deux ans plus tard, à la suite du 11-Septembre, « Tony Blair et Georges W. Bush [appelèrent] de leurs vœux la formation d’une coalition militaro-humanitaire avant d’attaquer l’Afghanistan ». Les opérations furent lancées quelques semaines après ces attentats. À l’époque, les infrastructures garantissant l’accès à l’eau potable dans ce pays furent également visées par les avions de la coalition occidentale, qui frappèrent notamment les réseaux et les installations électriques permettant aux civils d’extraire l’eau de leur sol. Durant cet automne 2001, le peuple afghan venait de subir trois années consécutives de sécheresse. De ce fait, le cabinet de recherches énergétiques Frost & Sullivan souligna que ces frappes de l’OTAN suscitaient « de vives préoccupations en termes de santé publique et d’hygiène, puisque les villes [et les villages afghans avaient] besoin d’électricité pour pomper l’eau ». Ce pays entrait alors dans sa troisième décennie de guerre ininterrompue, ce qui avait délabré le système national d’assainissement des eaux et d’irrigation. S’ils n’en sont pas à l’origine, les bombardements occidentaux en Afghanistan ont aggravé une situation déjà critique, alors que ce pays traversait une crise de l’eau qui a persisté jusqu’à présent.

Comme s’en est récemment alarmé le médecin humanitaire Teck Young Wee, « partout sur cette planète, les enfants devraient pouvoir accéder à l’eau [potable]. Mais dans un Afghanistan “démocratique”, qui est soutenu par la communauté internationale et qui est le pays “le plus frappé par des drones”, Zuhair n’est qu’une personne parmi les 73 % de citoyens afghans qui n’ont pas accès à de l’eau potable et propre. Quelque chose me contrariait alors : puisque l’État afghan et les gouvernements alliés ne semblent pas vraiment préoccupés par la résolution des causes premières de cette crise de l’eau, de celle de l’environnement et de bien d’autres [fléaux], que pouvions-nous faire, [mon ONG] et moi-même ? » Ainsi, malgré les dizaines de milliards de dollars investis par la communauté internationale dans la reconstruction de ce pays – dont une part substantielle a été détournée à des fins de corruption –, l’accès à l’eau potable reste un problème majeur pour les trois quarts des Afghans.

Sur le long terme, les tactiques ciblant les infrastructures d’assainissement et de distribution de l’eau peuvent avoir des conséquences désastreuses sur les populations (maladies infectieuses, pandémies, cancers, pénuries…). Or, considérant le manque d’études épidémiologiques sur cette question, il est impossible de mesurer l’impact de ces politiques, qui échappent souvent à l’attention médiatique. Il est donc difficile de sensibiliser l’opinion sur ces méthodes mortifères et illégales. En effet, selon l’article 54 du Protocole I additionnel aux Conventions de Genève de 1949, de tels actes constituent des crimes de guerre. Dans certains cas, ils peuvent même être considérés comme des tactiques génocidaires s’ils engendrent la « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », en vertu de l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui fut adopté par les Nations-Unies en 1948. Puisqu’elles ont induit le recours prémédité à des tactiques de privation d’eau potable ayant gravement affecté plusieurs millions de civils, nous allons expliquer dans quelle mesure les guerres du Golfe, de Libye et du Yémen pourraient entrer dans ce dernier cas de figure.

En Irak, l’eau est une « arme de destruction massive » depuis 1991

Au début de l’année 1991, les États-Unis, la France et leurs alliés lancèrent en Irak ce qui était présenté par CNN et d’autres médias occidentaux comme une « guerre propre », mais qui s’est avérée bien plus sale qu’on ne la décrivait. À l’époque, les images des puits de pétrole en feu ont marqué l’opinion, et l’on se rappelle donc qu’en janvier 1991, « Saddam Hussein [ordonna] la destruction des sites d’exploitation pétrolière dans le but de créer une pollution marine, le dysfonctionnement des usines de traitement de l’eau salée et des obstacles à un possible débarquement de la coalition. Les forces irakiennes [mirent] le feu à 60 puits de pétrole le 21 janvier, puis jusqu’à 613 (sur 732 dynamités) à la fin de février, produisant une catastrophe écologique équivalant à 12 fois (…) le désastre de l’Exxon Valdez en Alaska en 1989 [, selon le Pentagone] ». Peu évoqué dans les médias grand public – contrairement à ces sabotages de l’armée irakienne –, un fait historique encore plus dérangeant échappe à la mémoire collective, et discrédite totalement cette notion de « guerre propre ».

En effet, selon l’expert britannique Nafeez Ahmed, « des chiffres de l’ONU jamais remis en question démontrent qu’environ 1,7 million de civils irakiens sont morts à cause [du] régime de sanctions (…) imposé par l’Occident [à la fin de la guerre du Golfe], dont près de la moitié étaient des enfants. Il semblerait que cette abondance de morts ait été intentionnelle. Parmi les biens interdits par les sanctions de l’ONU, l’on peut recenser des produits chimiques et des équipements essentiels au fonctionnement du système national de traitement des eaux de l’Irak. Un document secret de l’Agence de Renseignement militaire du Pentagone (DIA) (…) a été découvert par le Professeur Thomas Nagy, qui enseigne à l’École de Commerce de l’Université George Washington. Selon lui, ce document constitue “un plan de génocide contre le peuple irakien”. » Toujours selon Nafeez Ahmed, « dans son article scientifique (…), le Professeur Nagy expliqua que ce document de la DIA révélait, dans “les moindres détails, une méthode parfaitement opérationnelle pour ‘délabrer complètement le système de traitement des eaux’ d’une nation entière” pendant une décennie. Par conséquent, la politique de sanctions créerait “les conditions favorables à une vaste propagation de maladies, dont des épidémies de grande ampleur (…) liquidant ainsi une vaste portion du peuple irakien”. »

D’autres sources confirment cette politique génocidaire et son caractère intentionnel, dont la lettre adressée en mai 2000 par le parlementaire américain Tony Hall à la secrétaire d’État Madeleine Albright. Comme s’en alarmait alors ce représentant au Congrès, « je partage les inquiétudes de l’UNICEF face à la détérioration permanente des systèmes d’assainissement et d’approvisionnement de l’eau sur la santé des enfants [irakiens]. Première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, les maladies diarrhéiques ont dorénavant atteint des proportions épidémiques, et elles touchent quatre fois plus de personnes qu’en 1990. Les restrictions frappant les contrats dans le secteur de l’eau et de l’assainissement sont la première raison de la hausse des maladies et des décès. Sur les 18 contrats concernés, 17 interdictions ont été imposées par le gouvernement des États-Unis. (…) [Madame Albright,] je vous implore de reconsidérer votre décision [d’interdire ces contrats], car les maladies et les décès sont la conséquence inévitable de ne pouvoir ni consommer de l’eau potable, ni s’assurer une hygiène minimale. »

Quatre ans plus tôt, en mai 1996, une journaliste de l’émission télévisée 60 Minutes rappela à la secrétaire d’État Madeleine Albright que cette politique de sanctions imposée par les puissances occidentales avait tué « un demi-million » d’enfants irakiens en 5 ans, selon des estimations de l’UNICEF. Visiblement choquée par ces chiffres, elle lui demanda si cela « en valait la peine ». Sans hésiter, la secrétaire d’État lui répondit par l’affirmative, ce qu’elle regrettera des années plus tard, mais sans démentir ce lourd bilan. En d’autres termes, Madeleine Albright reconnut puis confirma la responsabilité centrale du gouvernement des États-Unis dans ce qui constitue un génocide au regard du Droit pénal international. Depuis ces aveux, aucun dirigeant occidental n’a été inquiété pour ce crime de grande ampleur, et l’Irak continue de s’enfoncer dans le chaos depuis l’invasion illégale de cette nation en 2003. À l’époque, selon le New Yorker, les soldats américains « découvrirent un pays brisé par les sanctions. Les centrales électriques vacillaient, les canaux d’irrigation étaient bouchés, les ponts et les routes tombaient en ruine ; dans leur majorité, les infrastructures semblaient avoir été improvisées. Le gouvernement des États-Unis dépensa ensuite des milliards de dollars pour les reconstruire. »

Malgré les sommes colossales investies dans la reconstruction de ce pays, les conditions de vie de la majorité des Irakiens restent catastrophiques, notamment en termes d’accès à l’eau potable. Selon le dernier rapport annuel du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) relatif à l’Irak – qui a été publié un an avant l’offensive de Mossoul –, « les besoins humanitaires [dans ce pays] sont énormes, et ils sont en croissance permanente. L’accès aux services de santé essentiels représente un besoin immédiat pour 8,5 millions de personnes. À travers le pays, 6,6 millions de personnes ont un besoin urgent d’accéder à l’eau, à des installations sanitaires et à de l’aide en termes d’hygiène. (…) Les systèmes de distribution hydrique et d’assainissement des eaux usées sont délabrés, ce qui amplifie le risque de crises majeures de santé publique. » Depuis lors, selon les dernières estimations de l’OCHA, les conditions de vie de la population se sont encore dégradées, ce qui n’a pas empêché l’Irak de redevenir un producteur et un exportateur majeur de pétrole. « Mission accomplished ».

En Libye, quand la « guerre humanitaire » assoiffe la population

En 2011, vingt ans après le lancement de l’opération Tempête du désert, l’OTAN est intervenue en Libye au nom de la « Responsabilité de Protéger ». Quatre ans plus tard, pour citer à nouveau Nafeez Ahmed, « de nombreux commentateurs parlent de la crise de l’eau qui s’aggrave à travers [ce pays], sachant que les besoins dépassent la production. Certains ont souligné le contexte environnemental de raréfaction de l’eau due aux changements climatiques. Or, ils ont ignoré le fait que [la Grande Rivière Artificielle (GRA),] le complexe système national d’irrigation patiemment construit et développé depuis des décennies afin de régler ce problème, fut délibérément ciblé et dégradé par l’OTAN. (…) En septembre [2011], (…) l’UNICEF rapporta que la destruction partielle de la GRA avait laissé 4 millions de Libyens sans eau potable. [En 2016,] la GRA est toujours en mauvais état, et la crise de l’eau en Libye continue de s’aggraver. »

Ces dernières années, d’autres experts ont confirmé une probable intensification de cette crise. Les raisons qu’ils invoquent pour l’expliquer sont principalement d’ordre naturel, telles que la rareté de l’eau dans cette région désertique. Or, les frappes de l’OTAN ont fortement détérioré le système national de distribution de l’eau en Libye, tout en retardant le développement de la GRA. En 2016, si l’on se base sur les estimations de l’OCHA, « environ 680 000 personnes [dans ce pays nécessitaient] une aide humanitaire pour satisfaire leurs besoins basiques en consommation d’eau et en hygiène (…) Par ailleurs, le traitement des eaux usées [était] de plus en plus préoccupant, en particulier pour les demandeurs d’asile et les migrants. » Selon le spécialiste des questions environnementales Kieran Cooke, le système de la GRA « pourrait s’effondrer si le chaos en Libye perdure – aboutissant à une pénurie chronique d’eau potable qui affecterait des millions de personnes ».

Comme l’avait rapporté Bloomberg.com en mai 2015, les problèmes d’accès à l’eau en Libye sont également dus aux coupures d’électricité engendrées par le délabrement du système électrique national et les affrontements continuels entre milices rivales. La campagne de l’OTAN ayant engendré ce chaos sécuritaire et la destruction partielle des infrastructures libyennes, elle fut donc un facteur central d’aggravation de cette crise de l’eau qui menace l’avenir de ce pays. De toute évidence, le recours à cette tactique fut intentionnel, puisque les frappes contre ces équipements ne constituèrent en aucun cas des bavures, mais des attaques planifiées et assumées par l’état-major de l’OTAN. Au Yémen, des méthodes similaires de destruction intentionnelle des infrastructures d’assainissement et de distribution de l’eau sont employées par la « coalition arabe ». Bien qu’étant central, le rôle des États occidentaux dans ces opérations n’est toutefois pas assumé, sachant que cette guerre ne peut être justifiée par les motifs humanitaires attrayants qui ont légitimé l’intervention en Libye.

Au Yémen, un désastre humanitaire aggravé par les puissances de l’OTAN

Avant le conflit qui oppose depuis mars 2015 la coalition dirigée par l’Arabie saoudite aux rebelles houthis, le Yémen était déjà répertorié parmi les nations devant affronter les pénuries d’eau les plus graves. D’après certains experts, les nappes phréatiques de ce pays pourraient d’ailleurs être épuisées dès cette année. Dans un tel contexte, la guerre de la « coalition arabe » contre les Houthis a exacerbé une crise humanitaire qui préexistait, avec l’appui décisif mais confidentiel d’au moins trois États occidentaux. En effet, comme l’a souligné Régis Soubrouillard en avril 2015, le Pentagone, la Direction du Renseignement Militaire (DRM) et la DGSE aident l’armée saoudienne à planifier ses bombardements et à sélectionner ses cibles, notamment au moyen de renseignements satellitaires. En mai 2016, dans Le Figaro, le grand reporter George Malbrunot confirma l’implication clandestine de militaires français dans cette guerre, un haut gradé anonyme lui ayant affirmé que la France était « très discrètement cobelligérante », fournissant des « dossiers d’objectifs » ou effectuant des « missions de reconnaissance (…) non seulement par satellite, mais aussi avec des avions ». L’engagement direct des États-Unis et de la Grande-Bretagne dans ce conflit est mieux couvert par la presse anglo-saxonne, et il ne se limite pas à des ventes d’armements. En effet, des officiers militaires de ces deux pays aident notamment leurs alliés locaux à planifier leurs opérations. La « coalition arabe » est donc une expression qui masque, intentionnellement ou non, le rôle majeur des gouvernements américain, français et britannique dans cette offensive aux conséquences humanitaires désastreuses – notamment en termes d’accès à l’eau potable.

Comme l’a rapporté Amnesty International en février dernier, « j’ai été témoin de ce que les Yéménites endurent – voir des corps tirés des décombres à Sanaa ou des restes humains parmi les gravats jonchant le site d’une station d’épuration visée par une frappe aérienne à Hajja ». En janvier 2016, l’UNICEF expliquait que « les enfants représentent au moins la moitié des 2,3 millions de personnes déplacées de leur foyer, et au moins la moitié des 19 millions de personnes qui s’efforcent chaque jour de trouver de l’eau potable ; (…) Les services publics de santé, d’eau et d’assainissement ont été décimés et ne peuvent pas répondre aux besoins toujours croissants d’une population désespérée. » Ainsi, des millions de civils yéménites subissent les conséquences des bombardements massifs d’infrastructures civiles par la « coalition arabe ». Ces opérations aggravent le manque chronique d’eau potable, ce qui favorise l’émergence ou la propagation d’épidémies de maladies diarrhéiques et de choléra. En d’autres termes, les dirigeants occidentaux ayant décidé d’appuyer secrètement cette offensive sont juridiquement coresponsables de l’aggravation d’un désastre humanitaire dans la nation la plus pauvre du Moyen-Orient. En effet, ces opérations limitent considérablement l’accès à l’eau potable dans un pays qui connaissait déjà des difficultés structurelles dans ce domaine, sans parler des pénuries de nourriture suscitée par les bombardementsd’infrastructures agroalimentaires et le blocus imposé par la « coalition arabe ».

Dans les « guerres propres », des millions de malades et d’assoiffés 

Dans les pays de l’OTAN, la guerre au Yémen passe au second plan. En revanche, l’indignation politico-médiatique s’est massivement concentrée sur Alep-Est, ce qui est paradoxal puisque la reprise de ces quartiers par les forces syriennes et leurs alliés représente une défaite militaire majeure pour al-Qaïda. À Mossoul, le même objectif est recherché par la coalition dirigée par les États-Unis, mais l’offensive contre Daech « a longuement piétiné » et les civils paient un lourd tribut dans cette opération, qui pourrait encore durer plusieurs mois. Dans ce contexte orwellien – où les jihadistes sont décrits comme « modérés » ou « extrémistes » en dépit de leur idéologie commune –, les opinions occidentales s’indignent des exactions de Bachar el-Assad et de ses soutiens, mais n’ont majoritairement pas conscience de l’implication de leurs gouvernements respectifs dans ce qui pourrait constituer des crimes de guerre, voire de génocide, au Yémen et dans les autres conflits étudiés à travers cet article.

Secrètement engagées dans des guerres inavouables au Levant et dans la Péninsule arabique, les puissances de l’OTAN y ont soutenu une coalition arabe et des mercenaires salafistes notoirement insensibles aux Conventions de Genève et aux droits de l’Homme. Entre autres actes de barbarie, ces forces sunnites ont empêché des millions de personnes d’accéder à l’eau potable. Plus globalement, depuis 1991, les États occidentaux ont affirmé conduire des « guerres propres » en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan et en Libye. Or, durant ces opérations, les infrastructures fournissant l’eau à la population ont été massivement et intentionnellement dégradées, engendrant des crises humanitaires ayant affecté des millions de civils. Et comme nous l’avons souligné, les pénuries d’eau courante ne sont que l’un des innombrables fardeaux imposés aux peuples « libérés » par ces offensives. De ce fait, et malgré les risques majeurs induits par sa présidence, il est plutôt rassurant que Donald Trump rejette les politiques de « changement de régime », qui sont hors de contrôle depuis le 11-Septembre, et qui ont provoqué la plupart des catastrophes humanitaires décrites dans cet article. Néanmoins, au vu de son hostilité ouverte à l’égard de la Chine, des ex-généraux bellicistes qui domineront son équipe de sécurité nationale, et de sa volonté de durcir la guerre contre Daech en assouplissant les règles d’engagement au détriment des civils, tempérons notre optimisme et gardons à l’esprit que les promesses n’engagent que celles et ceux qui les reçoivent.

PAR MAXIME CHAIX 

Journaliste indépendant, traducteur de Peter Dale Scott, être humain engagé.

Source: https://blogs.mediapart.fr/maxime-chaix/blog/050117/l-eau...

Trump Is Working On A Plan To Restructure, Pare Back The CIA And America's Top Spy Agency

Just in case the accusations that president-elect Donald Trump is a puppet of the Kremlin, intent on destabilizing and weakening the US weren’t loud enough, moments ago the WSJ assured these would hit an unprecedented level with a report that Trump, a harsh critic of U.S. intelligence agencies, is working with top advisers on a plan that would restructure and pare back the nation’s top spy agency, the Office of the Director of National Intelligence, prompted by a belief that it has “become bloated and politicized.”

The Office of the Director of National Intelligence, or ODNI, was established in 2004 in large part to boost coordination between intelligence agencies following the Sept. 11, 2001, terror attacks.

The planning comes in a time of turbulence between Trump and American intelligence agencies: the president-elect has leveled a series of social media attacks in recent months and the past few days against the U.S. intelligence apparatus, at times dismissing and mocking their assessment – perhaps with cause, after all there is still no evidence – that the Russian government hacked emails of Democratic groups and John Podesta and then leaked them to WikiLeaks and others in an effort to help Trump win the White House.

According to the Journal, among those helping lead Mr. Trump’s plan to restructure the intelligence agencies is his national security adviser, Lt. Gen. Michael Flynn, who had served as director of the Defense Intelligence Agency until he was pushed out by DNI James Clapper and others in 2013. Also involved in the planning is Rep. Mike Pompeo (R., Kan.), who Mr. Trump selected to be his CIA director.

It’s not just the ODNI: one of the people familiar with Trump’s planning told the WSJ his advisors also are working on a plan to restructure the Central Intelligence Agency, cutting back on staffing at its Virginia headquarters and pushing more people out into field posts around the world. The CIA declined to comment on the plan.

“The view from the Trump team is the intelligence world [is] becoming completely politicized,” said the individual, who is close to the Trump transition operation. “They all need to be slimmed down. The focus will be on restructuring the agencies and how they interact.”

Trump may have a point: after all, it was the Democrats who accused the FBI of being so politicized that Comey’s reopening of the Clinton email server case is what cost her the presidency. Alternatively, Trump has listed his reasons to allege that the CIA is likewise “politicized”, however in the other direction.

To be sure, he has been quite open about his feelings on the subject. In one of his Wednesday tweets, Trump referenced an interview that WikiLeaks editor in chief Julian Assange gave to Fox News in which he denied Russia had been his source for the thousands of hacked Podesta and DNC emails. As reported earlier, Trump tweeted: “Julian Assange said ‘a 14-year-old could have hacked Podesta’—why was DNC so careless? Also said Russians did not give him the info!”

In response, Trump was criticized by both Democratic and Republican lawmakers and from intelligence and law-enforcement officials for praising Russian President Vladimir Putin, for attacking American intelligence agencies, and for embracing Mr. Assange, long viewed with disdain by government officials and lawmakers.

“We have two choices: some guy living in an embassy on the run from the law…who has a history of undermining American democracy and releasing classified information to put our troops at risk, or the 17 intelligence agencies sworn to defend us,” said Sen. Lindsey Graham. “I’m going with them.”

Additionally, Trump’s advisers say he has long been skeptical of the CIA’s accuracy, and the president-elect often mentions faulty intelligence in 2002 and 2003 concerning Iraq’s weapons programs. But he has focused his skepticism of the agencies squarely on their Russia assessments, which has jarred analysts who are accustomed to more cohesion with the White House.

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The rest of the story is largely familiar: here is the rundown from the WSJ

Top officials at U.S. intelligence agencies, as well as Republican and Democratic leaders in Congress, have said Russia orchestrated the computer attacks that hacked and leaked Democratic Party emails last year. President Barack Obama ordered the intelligence agencies to produce a report on the hacking operation, and he is expected to presented with the findings on Thursday.Russia has long denied any involvement in the hacking operation, though Mr. Putin has said releasing the stolen emails served a public service.

The heads of the CIA, Federal Bureau of Investigation, and Director of National Intelligence James Clapper are scheduled to brief Mr. Trump on the findings on Friday. Mr. Trump tweeted late Tuesday that this meeting had been delayed and suggested that the agencies still needed time to “build a case” against Russia.

White House officials said Mr. Trump will be briefed on the hacking report as soon as it is ready. White House officials have been increasingly frustrated by Mr. Trump’s confrontations with intelligence officials.

“It’s appalling,” the official said. “No president has ever taken on the CIA and come out looking good.”

* * *

In what some may see as a pre-emptive counter-coup against unfriendly elements, the WSJ notes that Trump shares the view of Flynn and Pompeo that the intelligence community’s position that Russians tried to help his campaign is an attempt to undermine his victory or say he didn’t win, the official close to the transition said.

Flynn will lead the White House’s National Security Council, giving him broad influence in military and intelligence decisions throughout the government. He is also a believer in rotating senior intelligence agencies into the field and reducing headquarters staff.

Meanwhile, current and former intelligence and law-enforcement officials have reacted with a mix of bafflement and outrage to Mr. Trump’s continuing series of jabs at U.S. spies. “They are furious about it,” said one former senior intelligence official, adding that a retinue of senior officials who thought they would be staying on in a Hillary Clinton administration now are re-evaluating their plans following Mr. Trump’s election.

Additionally, current and former officials said it was particularly striking to see Trump quote Assange in tweets. “It’s pretty horrifying to me that he’s siding with Assange over the intelligence agencies,’’ said one former law-enforcement official.

And that may explain why Trump has decided to overhaul the entire US security apparatus from the ground up.

Paul Pillar, a 28-year veteran of the CIA who retired in 2005, said he was disturbed by Trump’s tweets and feared much of the intelligence community’s assessments could be filtered through Lt. Gen. Flynn, chosen by Mr. Trump as his national security adviser.

“I’m rather pessimistic,” he said. “This is indeed disturbing that the president should come in with this negative view of the agencies coupled with his habits on how he absorbs information and so on that don’t provide a lot of hope for change.”

As a result of Trump’s unprecedented overhaul of the US intelligence apparatus, we expect that to soon hear the loudest calls for Trump committing treason yet.

Reprinted with permission from Zero Hedge.

15:58 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, actualités, états-unis, cia, services secrets | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Guilluy et le crépuscule de la bobocratie

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Guilluy et le crépuscule de la bobocratie

 

Le géographe Christophe Guilluy vient de publier Le crépuscule de la France d’en haut (Flammarion), un ouvrage passionnant dans lequel il met en évidence la partition géographique, culturelle et sociale des deux France qui se font désormais face : d’une part, la France des bourgeois-bohêmes (très minoritaires) qui profitent de la mondialisation libérale et qui règnent sans partage sur la quinzaine de métropoles françaises et d’autre part, la France périphérique des perdants (très majoritaires) de cette même mondialisation. L’oligarchie a choisi de concentrer les richesses dans ces quinze métropoles dans lesquelles elle vit à l’écart des ‘’red-necks’’ de la périphérie qui sont supposés être fascistes.

La minorité de privilégiés qui bénéficie des effets de la mondialisation libérale pratique un apartheid qui ne dit pas son nom et utilise les lois du marché qui, du fait de l’augmentation du prix des biens immobiliers dans ces quinze métropoles, permettent de créer une barrière de verre infranchissable sans avoir à utiliser les méthodes habituelles (murs, grillages, forces de l’ordre…).

Une partie de la population de ces métropoles est d’origine immigrée et accepte de vivre dans des zones résiduelles de moindre qualité et désertées par les autochtones qui ne veulent plus vivre au contact de populations aux mœurs par trop différentes des leurs. Cette population immigrée sert d’alibi aux privilégiés qui se veulent ouverts aux autres et leur permet, en fait, de disposer d’une main d’œuvre bon marché dans le domaine des services domestiques et commerciaux (restaurants…).

Les bobos sont les bourgeois du XXIème siècle qui se donnent bonne conscience en participant au combat fantasmatique contre le fascisme et le racisme.  Fantasmatique parce que le danger fasciste n’existe pas (Jospin lui-même l’a reconnu) et parce que les Français ne sont pas racistes (seule une très petite minorité l’est) ; ils veulent seulement préserver leur culture, leur mode de vie, leur sociabilité, leurs institutions… qui sont menacés par l’immigration que nous subissons depuis quarante ans.

L’idéologie de la bobocratie est véhiculée par la quasi-totalité des médias mais, malgré cela, les Français ne tiennent plus compte des sermons, des mises en garde, des menaces, des injures, des mensonges qu’ils profèrent à longueur d’année. 90% d’entre eux ne leur font pas confiance (lors d’un sondage fait récemment par une radio très connue, 91% des auditeurs ont répondu que les journalistes sont des menteurs !) et Marine Le Pen a été la personnalité politique préférée par les Français en 2016, devant tous les candidats du système ! La bobocratie est en perdition, en France, comme en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Europe centrale et à peu près partout dans le monde occidental.

L’idéologie de la métropole

 L’idéologie de la métropole est celle d’une nouvelle bourgeoisie, libérale-libertaire, dont le modèle est celui de la Silicon Valley californienne. Comme l’a écrit Jean-Claude Michéa, cité par l’auteur, : ‘’Ce modèle repose en effet sur cette idéologie libérale-libertaire qui « constitue depuis des décennies la synthèse la plus accomplie de la cupidité des hommes d’affaires libéraux et de la contre-culture californienne de l’extrême-gauche des sixties »’’. Cette nouvelle bourgeoisie, cool et décontractée, n’en partage pas moins avec la bourgeoisie du passé, un mépris à peine voilé pour les classes populaires : ‘’D’un côté des métropoles embourgeoisées qui travaillent, de l’autre une France périphérique peuplée d’assistés. Une représentation condescendante des classes populaires qui est, à peu de choses près, celle de la bourgeoisie traditionnelle depuis au-moins les Rougon-Macquart !’’.‘’Bénéficiaires d’un modèle économique et territorial qui assure aussi leur hégémonie politique et culturelle, les classes supérieures métropolitaines sont les gardiennes du temple libéral’’.

Dans ces métropoles désertées par les gros bataillons des autochtones les plus modestes au cours des vingt-cinq dernières années, il y a une population d’origine immigrée qui permet aux privilégiés de disposer d’une main d’œuvre peu exigeante, disponible pour des activités de services domestiques et commerciaux et qui leur donne le sentiment de vivre dans un univers mondialisé et ouvert , ce qui n’est qu’un trompe-l’œil : ‘’Cette présence populaire et immigrée permet aux tenants de la métropolisation de mettre en avant l’image d’une ville ouverte et mixte. La réalité est que la présence de ces catégories ne freine qu’à la marge le processus d’éviction des catégories modestes des métropoles. Par ailleurs, l’accentuation des inégalités spatiales montre que le modèle métropolitain ne favorise pas l’ouverture et la mixité, mais la ségrégation’’.

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Les bourgeois-bohêmes ou la nouvelle bourgeoisie

Selon Christophe Guilluy, les bobos ont horreur de cette appellation parce qu’elle contient  le mot « bourgeois ». Ils ne peuvent pas imaginer qu’ils sont les nouveaux privilégiés, ceux qui profitent d’un système économique très dur pour l’immense majorité des Français (ou des Italiens, ou des Anglais…..la situation est la même partout). Pour se donner bonne conscience, le bobo affiche sa solidarité avec les homosexuels, les immigrés et les victimes des guerres. Çà ne lui coûte pas cher ; un tweet de temps en temps et la participation à une manifestation lui donnent l’impression d’être un rebelle. Le bobo vit claquemuré dans sa métropole dont il pense qu’elle est un monde ouvert, à la différence de la France périphérique qui serait, selon lui, intrinsèquement « pétainiste ». En fait, tout cela est faux. Le bobo est le bourgeois du vingt et unième siècle ; un bourgeois hypocrite qui essaie de dissimuler son aisance derrière un look débraillé et un langage branché, « cool ». ‘’Derrière le mythe de la société ouverte et égalitaire des métropoles cosmopolites, nous assistons donc au retour des citadelles médiévales, de la ville fermée, et à la consolidation d’un modèle inégalitaire de type anglo-saxon… Détachée de toute appartenance collective autre que celle de son milieu, la nouvelle bourgeoisie surfe sur la loi du marché pour renforcer sa position de classe, capter les bienfaits de la mondialisation et se constituer un patrimoine immobilier qui rivalisera demain avec celui de l’ancienne bourgeoisie’’.

 L’idéologie des bobos est un libéralisme poussé dans ses plus extrêmes conséquences en matière d’individualisme ; ce qui se traduit par un mondialisme radical, une désaffiliation à l’égard de toute communauté autre que socio-économique, une approbation totale du libéralisme économique et un libertarisme radical en matières de mœurs.

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L’antifascisme : une rhétorique qui vise à dissimuler une guerre de classes

Les bobos se donnent bonne conscience en ‘’militant’’ contre le racisme et contre le fascisme, deux maux illusoires dont ‘’Lionel Jospin reconnaîtra plus tard que cette « lutte antifasciste en France n’a été que du théâtre » et même que le « Front National n’a jamais été un parti fasciste »’’. Quant au racisme qui est peu fréquent au sein de la population autochtone, il est surtout le fait des immigrés musulmans dont l’antisémitisme est fréquent et parfois même criminel. ‘’Véritable arme de classe, l’antifascisme présente en effet un intérêt majeur. Il confère une supériorité morale à des élites délégitimées en réduisant toute critique des effets de la mondialisation à une dérive fasciste ou raciste. Mais, pour être durable, cette stratégie nécessite la promotion de l’ « ennemi fasciste » et donc la sur-médiatisation du Front National’’. ‘’La France du repli d’un côté, des ploucs et des ruraux, la France de l’ouverture et de la tolérance de l’autre. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cet « antiracisme de salon » ne vise absolument pas à protéger l’ « immigré », le « musulman », les « minorités » face au fascisme qui vient, il s’agit d’abord de défendre des intérêts de classe, ceux de la bourgeoisie’’. Intérêts de classe qui sont dénoncés par la France périphérique qui, elle, ne profite pas de la mondialisation voulue par la nouvelle bourgeoisie et qu’il faut réduire au silence en la méprisant et en l’injuriant.‘’Car le problème est que ce n’est pas le Front National qui influence les classes populaires, mais l’inverse. Le FN n’est qu’un symptôme d’un refus radical des classes populaires du modèle mondialisé. L’antifascisme de salon ne vise pas le FN, mais l’ensemble des classes populaires qu’il convient de fasciser afin de délégitimer leur diagnostic, un « diagnostic d’en bas » qu’on appelle « populisme »’’.

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Le séparatisme des bobos

Les bobos ont abandonné toute idée de nation et l’Union européenne n’est, pour eux, qu’une étape vers un monde unifié dont les pôles seraient les métropoles dans lesquelles seraient rassemblées les élites culturelles, financières et techniques. Dans ce monde des métropoles interconnectées, les zones comprises entre elles seraient des zones réservées aux « losers » et seraient ignorées de la caste métropolitaine : ‘’Dans une tribune commune, Anne Hidalgo et Sadiq Khan font l’apologie du dynamisme des villes globales et ouvertes qu’ils opposent à la léthargie des Etats-nations, considérés comme le cadre du repli sur soi. Structurellement minoritaires, les partisans de l’ordre mondialisé prônent donc maintenant l’indépendance de leurs citadelles et l’abandon des périphéries populaires ! Les grands contempteurs de la France ou de l’Angleterre du repli préconisent ainsi le repli territorial de la bourgeoisie. Cependant, en attendant la création de ces cités-Etats, les classes dominantes et supérieures devront se confronter à un problème existentiel : comment assurer l’avenir d’un modèle mondialisé rejeté par une majorité de l’opinion ?’’.

Le mythe d’un monde nomade

attalinomade.jpgL’idée que les bobos se font du monde est celle d’un monde de nomades (l’ineffable Jacques Attali a dit que sa seule patrie était son ordinateur !). Or les études démographiques et sociologiques montrent qu’il en va très différemment.  ‘’ Contrairement à ce que laisse entendre le discours dominant, la majorité des gens sont sédentaires : ils vivent dans les pays, régions ou départements où ils sont nés… en France comme dans le monde, les classes populaires vivent et préfèrent vivre, là où elles sont nées. Si les gens apprécient le « voyage », le tourisme, ils ne choisissent pas le déracinement’’. L’idée d’un monde fluide, atomistique, est celle que tentent de nous imposer les classes dominantes libérales pour lesquelles il n’est de réalité qu’individuelle. ‘’Cette représentation permet d’imposer efficacement l’idée d’une société hors sol, d’individus libérés de toutes attaches, circulant comme les marchandises au gré de l’offre et de la demande, contrairement aux classes populaires réticentes au changement et tentées par le « repli »’’. Les nomades ne sont qu’une toute petite minorité au plan mondial et les sociétés enracinées restent la norme.

Les préoccupations ethnoculturelles de la France d’en bas

 La classe dominante rabat la contestation du système qu’elle impose sur les seuls succès électoraux du Front National mais cette contestation est le fait d’une part beaucoup plus importante du peuple français. Ce sont environ 70% de nos compatriotes qui considèrent qu’il y a trop d’immigrés et 60% qui ne se sentent plus vraiment chez eux. Le Front National a donc une marge de progression énorme s’il n’abandonne pas ce qui a fait son succès : la lutte prioritaire contre l’immigration et pour la préservation de la culture nationale. Christophe Guilluy souligne le fait que ce sont les plus âgés des Français qui continuent de soutenir le système tandis que ce sont les plus jeunes, surtout ceux des milieux populaires, qui, au contraire, le contestent massivement. Un sondage CEVIPOF de mai 2016, ‘’révèle ainsi que 37% des jeunes issus du milieu ouvrier et 60% des primo-votants chômeurs accorderaient leurs suffrages à Marine Le Pen, contre 17% des jeunes issus des catégories cadres et professions intellectuelles supérieures. L’étude souligne que « Marine Le Pen est particulièrement visible au sein des primo-votants issus de l’immigration européenne (Espagne, Italie et Portugal) et crée en cela une fracture politique et électorale au sein même de la population issue de l’immigration »’’. La tendance est donc au renforcement des contingents d’électeurs dits ‘’populistes’’, ce qui est confirmé par Jérôme Fourquet de l’IFOP  qui a dit ‘’que désormais les ressorts électoraux des électeurs populaires sont essentiellement « ethno-culturels »’’ (cité par Christophe Guilluy). ‘’Débarrassées des affiliations politiques traditionnelles, les classes populaires réinvestissent leur capital social et culturel. Ce processus n’est pas le signe d’un repli, mais la réponse à un modèle libéral mondialisé qui détruit les solidarités’’. Les classes populaires de la ‘’périphérie’’ (60% des Français selon Guilluy et non pas les quelques 15 à 20% de ruraux âgés et éloignés de tout dont parlent les statistiques officielles) rejettent désormais la mondialisation libérale et la culture qui lui est associée tout en se raccrochant à la culture nationale (le seul recours disponible puisqu’il n’y a pas de culture européenne et qu’il n’y a plus de cultures régionales dynamiques hormis dans quelques régions) qui lui sert de refuge, ce qui se traduit par un ré-enracinement strictement national qui court-circuite les projets européens du passé. Il semble bien que, comme l’a dit récemment Viktor Orban,  la nation ait de beaux jours devant elle.

Les bobos sont en train de perdre la partie

 ’C’est par ces périphéries que la France d’en haut est en train de perdre le contrôle. Maastricht a été le premier coup de semonce, le référendum de 2005, le deuxième. La déstabilisation ne viendra pas d’un hypothétique « grand soir », mais du lent processus de désaffiliation sociale et culturelle des classes populaires. De la classe politique au monde culturel et intellectuel en passant par les médias, l’ensemble de la classe dominante commence à redouter les conséquences du marronnage des classes populaires. Car il rend visible un conflit de classes, aux soubassements désormais sociaux et identitaires, et dont on a longtemps prétendu qu’il n’existait pas’’.  Désormais, l’antifascisme et l’antiracisme, les deux armes de la bourgeoisie bobo n’impressionnent plus personne. ‘’C’est terminé. Les classes populaires ne parlent plus avec les « mots » de l’intelligentsia. Le « théâtre de la lutte antifasciste » se joue devant des salles vides’’. ‘’Le discours de la classe dominante n’a plus aucune prise sur le réel, il fait apparaître une France privilégiée mais hors sol, une « France du vide »’’.

Des bobos sur la voie du totalitarisme

L’oligarchie commence à comprendre qu’au plan démocratique elle a perdu la partie et qu’elle ne maîtrise plus l’évolution de l’opinion (le Brexit et l’élection de Trump ont montré que, désormais, des changements de fond sont possibles malgré les tirs de barrage de l’oligarchie ; Breitbart et d’autres sites de moindre importance ont permis ces deux victoires électorales qui ont sidéré la bobosphère). Sûre et certaine de détenir la seule et unique vérité, elle réagit en dénonçant les travers de la démocratie et en affirmant de plus en plus clairement sa préférence pour un modèle despotique (forcément « éclairé ») : ‘’Réunie sous la bannière de l’antifascisme, partageant une représentation unique (de la société et des territoires), les bourgeoisies de gauche et de droite sont tentées par le parti unique. « Si les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires » (Simon Leys), une tentation totalitaire semble aussi imprégner de plus en plus une classe dominante délégitimée, et ce d’autant plus qu’elle est en train de perdre la bataille des représentations. Ainsi, quand la fascisation ne suffit plus, la classe dominante n’hésite plus à délégitimer les résultats électoraux lorsqu’ils ne lui sont pas favorables. La tentation d’exclure les catégories modestes du champ de la démocratie devient plus précise’’.

Quand Alain Minc déclare que le Brexit, « c’est la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués » ou lorsque Bernard-Henri Lévy insiste sur la « victoire du petit sur le grand et de la crétinerie sur l’esprit », la volonté totalitaire des classes dominantes se fait jour’’. Cette arrogance et ce mépris se sont manifestés à nouveau lors de la victoire électorale de Donald Trump dont l’oligarchie a stigmatisé les électeurs d’en bas forcément abrutis, incultes et alcooliques. L’oligarchie dépitée ne sait plus qu’injurier le peuple ; elle va tenter de reprendre la main et de limiter la pratique de la démocratie mais elle ne réussira pas à conserver le pouvoir durablement. Ironie de l’histoire, cette oligarchie ne sera même plus tentée de se réfugier aux États-Unis qui sont désormais dirigés par un nouveau diable. Prise en sandwich entre Poutine et Trump, désavouée en Grande-Bretagne et en Italie, dénoncée par les leaders politiques d’Europe centrale, rejetée par toutes les périphéries, en France et ailleurs, la bobocratie est en perdition !

Bruno Guillard

Christophe Guilluy – ’Le crépuscule de la France d’en haut’’ – Editions Flammarion

jeudi, 05 janvier 2017

Neutraliser définitivement l'Arabie Saoudite et le Qatar

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Neutraliser définitivement l'Arabie Saoudite et le Qatar

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

 
Beaucoup de ceux qui se préoccupent de l'avenir de l'Europe l'ont souvent demandé, dont nous-mêmes ici. Mais le voeu risque de rester sans effets, vu le nombre et le poids de ceux qui, en France même, s'enrichissent des relations diverses avec ces deux pays.
Il y a cependant de plus en plus de raisons pour rompre toutes relations avec l'Arabie Saoudite et le Qatar, notamment en cessant d'acheter leur pétrole et leur gaz, quitte à s'approvisionner ailleurs, en Russie et en Iran notamment. Cesser d'acheter leurs hydrocarbures ne les ruinerait pas nécessairement, mais y contribuerait fortement vu le rôle important qu'ils trouvent dans les marchés européens et américains. Il faudrait aussi renoncer à leurs investissements, permis directement par les achats pétroliers venus des pays occidentaux. Ceux-ci se traduisent par un pillage des ressources économiques et culturelles européennes.

Ces raisons intéressent directement les Européens, mais elles commencent à être prises en considération par le président-élu américain Donald Trump lui-même. Celui-ci découvre le rôle majeur de ces deux pays dans la tentative actuelle d'annulation de son élection menée par le parti Démocrate et l'ex-équipe de campagne d'Hillary Clinton.

La raison de fond qui justifierait la lutte (une lutte à mort, dirait-on) contre l'Arabie Saoudite et le Qatar serait le rôle essentiel, sinon dominant, qu'ils ont toujours joué et continuent à jouer dans l'expansion mondiale d'un islam de combat, d'inspiration radicale, au service des actions terroristes de par le monde. L'islam à lui seul n'est pas particulièrement radical, même s'il n'est guère tolérant. Mais l'usage qu'en font les Saoudiens et leurs imams pour s'en servir comme un argument de recrutement de « croyants » inspirés par les attraits du terrorisme, devrait à lui seul justifier la neutralisation, en premier lieu, du Royaume de Saoud.

Plutôt que mener dans le monde des combats voués d'avance à l'échec contre un terrorisme toujours renaissant, il faudrait s'en prendre directement et définitivement à la source. Aurait-on pu imaginer qu'avant le seconde guerre mondiale les démocraties luttant contre l'hitlérisme aient laissé Hitler mener à loisir ses vitupérations en Allemagne même ?

Mais à cette raison qui devrait d'ailleurs être prise en considération par ceux qui prétendent lutter contre le terrorisme aux Etats-Unis-mêmes, s'en ajoute une autre. L'islam radical, propagé par l'Arabie Saoudite et le Qatar, a dès le début été utilisé sinon encouragé par le complexe militaro-industriel américain pour détruire les forces qui dans le monde voulaient se défendre contre les offensives multiples de ce complexe. Ceci en ayant financé et armé directement le terrorisme responsable de la destruction du Moyen Orient. Mais aussi en continuant à soutenir le terrorisme islamique qui s'en prend, notamment à travers les populations immigrés, à l'ordre public et à la stabilité des gouvernements non encore pleinement convaincus des bienfaits de la colonisation américaine.

La CIA

Concernant Donald Trump, celui-ci vient de découvrir l'appui essentiel que l'Arabie a toujours apporté à la CIA (Central Intelligence Agency), afin d'en faire un instrument armé mondial de l'américanisme. Or dans ses intentions annoncées de se rapprocher de Moscou, il se heurte directement à cette même CIA, au contraire d'ailleurs que la relative sympathie que manifeste à son égard le FBI. Le rôle actuel anti-Trump de son très influent directeur, John Brennan, a été été dès le début orienté dans ce sens par son long séjour comme chef de station à Ryad, en Arabie. On a tout lieu de penser que Brennan a été soumis à toutes les influences imaginables – ou non imaginables – provenant de l'Arabie Saoudite afin que malgré certaines divergences l'Amérique reste indéfectiblement son allié y compris pour le pire.

Aujourd'hui, Donald Trump n'aurait aucun espoir de mener – sauf à être assassiné dans l'intervalle - la politique qu'il envisage si, à travers l'actuelle CIA, l'Arabie Saoudite et son bon allié le Qatar, continuent à s'opposer à lui par de multiples moyens. Il devra donc s'il veut survivre contribuer à leur neutralisation, en s'alliant éventuellement avec les puissances chiites de la région, notamment l'Iran, qui lui fourniront différents moyens de terrain. Certes pour le moment, Trump continue à présenter l'Iran comme un ennemi de l'Amérique. Mais s'il veut survivre il devra réviser d'urgence cette position – comme le font d'ailleurs de plus en plus les gouvernements européens.

Les bons musulmans diront qu'il ne faut pas toucher à l'Arabie, siège des lieux saints à La Mecque. Mais ceci ne devrait rien y avoir à voir. Envisagerait-t-on que le Vatican – comme il est vrai il l'a souvent fait dans l'histoire - finance directement les mouvements politiques et terroristes s'en prenant aux gouvernements décidés à rester fidèles au pacte de laïcité?

Pourquoi l’US Navy est-elle à quai ?

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Pourquoi l’US Navy est-elle à quai?

Ex: http://www.dedefensa.org 

On sait depuis longtemps, – en fait, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondial, – que l’US Navy veille à garder en déploiement opérationnel un certain nombre de ses groupes de porte-avions, autour de cette unité centrale du contrôle des mers qu’est devenu le grand porte-avions d’attaque (CVA pour l’US Navy). Il s’agit d’une planification très complexe aujourd'hui parce que le nombre de CVA est réduit à dix et qu’un certain nombre d’entre eux doivent se trouver en relâche technique, soit pour une simple raison d’une nécessaire interruption du service pour repos et entretien courant, soit pour des périodes d’entretien plus fondamental (mise en radoub), soit pour des stades de modernisation, des réparations, etc.

Avec les CVA modernes, extrêmement complexes et d’un entretient délicat, ces périodes d’immobilisation s’allongent et rendent encore plus complexe la planification, alors que les crises ne cessant d’éclater et de se développer dans le monde. Quoi qu’il en soit, la Navy essaie d’avoir trois ou quatre unités en déploiements opérationnels en même temps sur toutes les mers du monde et selon les nécessités stratégiques du moment ; ces dernières années, des situations se sont présentées où ces déploiements simultanés étaient réduits à deux groupes, dans de courtes périodes intermédiaires où un CVA avait quitté sa zone opérationnelle alors qu’un autre se trouvait sur le point d’y arriver. Mais la situation actuelle est complètement originale et étrange : aucun déploiement opérationnel de CVA, une “première” depuis 1945, à la très forte signification stratégique et symbolique même si cette situation ne devrait durer que d’une à trois semaines.

Infowars.com s’empare de la nouvelle pour en faire une interrogation sur son sens politique et caché : pourquoi l’administration Obama a-t-elle ordonné ce repli de l’US Navy et ne se pourrait-il pas que cette mesure préparât une opération de type-falseflag d'ici le 20 janvier et la prestation de serment de Trump ?

« In what can only be described as a disproportionate appropriation of U.S. Navy assets, a blatant breach of standard protocol, and a possible set up for a false flag operation — the entire U.S. Navy aircraft carrier group, 10 active carriers, have returned to port and are now all sitting ducks. According to information displayed on GoNavy.jp, which tracks the current locations of all active aircraft carriers, the Obama Administration has ordered every single active U.S. aircraft carrier home.

» About 6000 sailors from the USS Dwight D. Eisenhower strike group returned to Norfolk, Virginia “out of nowhere” Friday, just ahead of New Year’s, after CVN69’s deployment on June 1. “The Eisenhower’s replacement carrier, the USS George H.W. Bush, was delayed by more than six months in the shipyards and will not be able to replace the Ike until early” 2017, Navy officials say. [...]

» Additionally it’s important to note that radio talk show host Alex Jones has warned of a possible impending false flag, one that may come before President-elect Trump takes office.

» Could something be brewing on the horizon? »

C’est essentiellement à partir d’une enquête faite par FoxNews et difffusée le 31 décembre 2016 qu’il est apparu que l’US Navy se trouvait dans cette posture. Le texte que donne FoxNews en complément de son reportage filmé reste assez confus à cause du mélange des explications techniques et budgétaires et des arguments de communication que donnent les officiels contactés. Il semblerait que cette situation ne durerait formellement qu'une semaine, à l'issue de laquelle le USS Carl-Vinson quitterait sa base et son port d’attache de San Diego pour aller prendre position dans le Pacifique ou éventuellement dans l’Océan Indien (ce qui demandera un certain temps et ne comblera réellement le “vide stratégique” que vers le 20 janvier, – justement...).

Voici quelques extraits du texte de FoxNews :

« For the next week, not only will there be no U.S. Navy aircraft carrier in the Middle East, but there will be no American aircraft carriers deployed at sea anywhere else in the world, despite a host of worldwide threats facing the United States. [...]

» While there is no U.S. aircraft carrier in the Middle East right now, there is a large deck U.S. Navy amphibious assault ship with thousands of Marines on board as well as helicopters and some jets to respond to a crisis, according to officials. [...] In the meantime, the Navy tells Fox News the U.S. military has other jets available to make up for the aircraft carrier gap in the Middle East and elsewhere in the world. The Navy can also “surge” a carrier now in port to deploy if necessary. But the absence of a deployed U.S. Navy aircraft carrier, long seen as a symbol of American power projection, is noteworthy. It is believed to be the first time since World War II that at least one U.S. aircraft carrier has not been deployed. [...]

» It’s not the first time there was a carrier gap in the Middle East. Last fall, the U.S. Navy relied on a French aircraft carrier to fill the void when the USS Theodore Roosevelt returned home. At the time it was the first gap in carrier coverage in the Middle East since 2007.

» Other factors contribute to the U.S. Navy not having an aircraft carrier deployed anywhere in the world right now. [...] The congressionally mandated budget cuts known as sequestration have also been felt on the waterfront since 2011. After billions of dollars were cut from the Navy’s budget, ships such as the George H.W. Bush were forced to prolong their time in the shipyards, which had a ripple effect down the line. If the Bush had left the shipyard on time, she would have relieved the Ike in the Gulf or the Mediterranean, officials tell Fox News. »

On observera que les deux interprétations diffèrent notablement, Infowars.com posant aussitôt l’hypothèse d’un “coup” de l’administration Obama et FoxNews se contentant d’exposer les arguments de la Navy, tout en mettant en évidence le caractère stratégique extraordinaire de la situation qui symbolise bien le déclin de la puissance stratégique US. Il reste que cette occurrence effectivement extraordinaire se produit dans une séquence de grande tension aux USA, avec deux présidents, le sortant et le nouvel élu, en position d’affrontement jusqu’au 20 janvier et l’inauguration officielle du président Trump.

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Bien qu’une coïncidence reste effectivement possible, l’argument d’une situation provoquée ne peut être complètement rejetée, loin s’en faut. La Navy planifie de loin la situation de ses CVA, et il paraît plutôt étonnant qu’elle ait laissé se faire ce “vide” stratégique extraordinaire en plein processus de transition du pouvoir, dans une période où, en général, les forces armées US ont plutôt tendance, sinon mission de montrer leur puissance alors que le pouvoir politique est dans une position constitutionnellement incertaine. Cette remarque s'accompagne par ailleurs dans notre chef de la précision que nous sommes plutôt en complet désaccord sur l’énoncé de l’article d’Infowars.com selon lequel “l’administration Obama a ordonné que tous les porte-avions d’attaque de l’US Navy regagne leurs ports d’attache” (« ...the Obama Administration has ordered every single active U.S. aircraft carrier home... »). Une direction politique ne peut donner un tel ordre secrètement, surtout sur un temps très réduit comme l’article le laisse entendre, et l’US Navy de son côté ne se prêterait certainement pas à une manœuvre à long terme, demandant une planification à mesure, sans soulever l’aspect politique et stratégique complètement extraordinaire, sinon extraordinairement suspect de la chose dans la période actuelle de transition et de tension ; bref, il est difficile à des comploteurs, fussent-ils américanistes et de l’administration Obama, de jouer avec des groupes de porte-avions d’attaque comme l’on dirige des drones liquidateurs à 7.000 kilomètres de distance.

Il existe par contre une autre possibilité, qui est que l’US Navy ait volontairement effectué une telle planification pour priver le commandement civil d’une capacité importante de frappe, au cas où une opération de provocation (par exemple contre la Syrie) aurait été lancée pour tenter de déstabiliser, par exemple soit la candidature Trump, soit le président-élu Trump. (L’exemple choisi [Trump] est en fait le seul cas possible impliquant l’hypothèse d’une “opération de provocation” au vu de la distribution des pouvoirs, des candidats, de leurs programmes, etc., tout au long de la campagne USA-2016.) L’US Navy avait réalisé une opération de cette sorte, d’une façon politiquement très claire derrière les arguments techniques qui avaient permis de dégarnir les capacités d’attaque contre l’Iran dans la période 2006-2007, alors que les extrémistes de l’administration Bush (Cheney & sa clique) réclamaient une attaque contre l’Iran. De simples dispositions techniques, avec des procédures de remplacement arrangées dans un sens adéquat en modulant les déplacements des porte-avions avaient permis de réduire la présence de l’US Navy à deux, voire un seul CVA au large de l’Iran en juillet-août 2007, au moment le plus intense de la possibilité d’une attaque ; cette présence était absolument insuffisante pour le dispositif aérien et de soutien technique nécessaire à l’attaque stratégique envisagée. (On retrouve des traces de cette opération notamment dans le F&C du 18 juillet 2007 sur « Le porte-avions volant », tandis que de nombreuses autres références renvoient à un conflit ouvert entre des chefs du JCS et de l’US Navy, – les amiraux Mullen et Fallon particulièrement, – et les extrémistes de l’administration GW Bush.)

Avec cette référence à l’esprit, on peut effectivement donner une signification politique à cette situation stratégique extraordinaire de l’US Navy, au moins pendant cette période vitale et très tendue de la transition. On sait depuis longtemps, au moins dans la période depuis 9/11, que les militaires US ont été la fraction du pouvoir la moins encline au déclenchement d’un conflit et, en général, aux diverses politiques bellicistes développées avec ce zèle par les pouvoirs politiques et certains services de sécurité. Par ailleurs, cette même situation stratégique de l’US Navy sert de rappel utile, de la part des militaire, des promesses du candidat Trump de restaurer l’outil militaire US dans toute sa puissance. Enfin, pour couronner cette addition d’arguments qui ont une logique commune mais qui sont finalement contradictoires dans leur signification à long terme, la situation actuelle de “vide stratégique” de l’US Navy renforce le choix supposé de l’administration Trump d’abandonner une politique belliciste et d’interventionnisme extérieur... Puisque, décidément et preuve par les CVA de la Navy, il s’avère que les USA n’en ont plus les moyens...

mercredi, 04 janvier 2017

La France et l’Arabie saoudite ou le mariage forcé vers l’Eurabia ou l’Eurislamisme?

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La France et l’Arabie saoudite ou le mariage forcé vers l’Eurabia ou l’Eurislamisme?

Michel Lhomme, philosophe, politologue 

Ex: http://metamag.fr 

nos-tres-chers-emirs-dr-208x320.jpgLa voracité des hommes politiques français est sans pareil. Il faut avoir lu pour s’en convaincre Nos très chers Emirs (1) des journalistes d’investigation Christian Chesnot et Georges Malbrunot mais on avait aussi raconté en son temps comment François Mitterrand n’avait jamais de porte-monnaie ou de portefeuille sur lui et comment il avait aussi l’habitude de se faire toujours inviter dans les maisons de campagne ou de vacances de ses courtisans.

La France n’a plus de sang bleu

Ses élites sont celles de l’égalitarisme des concours passés par le filtre du milieu enseignant, l’un des plus radins de France. Alors, quand ils pensent aux Pays du Golfe à l’Arabie Saoudite ou à Dubaï, nos hommes politiques et nos technocrates de cabinet n’en peuvent plus, rêvent de luxe et de yachts, de voyages d’avion en première classe. En somme, ils rêvent d’improbables trésors au paradis musulman.

Or, les temps changent en Arabie saoudite et certains vont même jusqu’à dire qu’il en sera bientôt fini du luxe et de la volupté à la fin de la décennie. Les Saoudiens traverseraient la plus grave crise économique de leur très courte histoire. Depuis le début de la crise pétrolière, qu’ils ont en grande partie provoquée en inondant le marché de leurs barils, ils demeurent incapables de juguler les effets néfastes de la chute des cours du pétrole, nonobstant les mesures d’austérité drastiques qu’ils ont décrétées et qui touchent, pour la première fois, les salaires des fonctionnaires et les budgets alloués au tiers secteur. En octobre dernier, le ministre saoudien des Finances a même avoué publiquement que le pays risquait de se retrouver, dans trois ans, dans une situation de cessation de paiement. Du coup, Riyad a accepté de faire récemment des concessions – auxquelles il n’aurait jamais consenti en temps normal – avec ses partenaires de l’Opep pour stopper la dégringolade.

Cette analyse, là encore le Quai d’Orsay ne la lit pas. Elle est pourtant confirmée par Saad Faqih, porte-parole du mouvement saoudien d’opposition basé à Londres. Il affirme que l’Arabie Saoudite «court inexorablement vers la banqueroute», ce qui prélude selon lui à la chute de la monarchie wahhabite qu’il espère forcément proche. Ce prince saoudien compare d’ailleurs la situation que traverse aujourd’hui la Monarchie saoudienne avec l’intermède qui a précédé la chute du Chah d’Iran, en 1979. Une bonne piqûre de rappel car c’est justement après l’événement de la «révolution islamique» de l’Ayatollah Khomeiny que l’Occident a commencé effectivement à miser exclusivement sur l’Arabie Saoudite pour s’assurer d’une stabilité d’approvisionnement en hydrocarbures. Le porte-parole du mouvement saoudien d’opposition va sans doute trop loin en concluant que la crise saoudienne est aujourd’hui telle que le parrain américain ne pourrait plus empêcher l’effondrement du régime wahhabite « qui peut survenir aussi rapidement ».

Une telle crise aurait effectivement de quoi inquiéter car elle entraînerait forcément une révolution religieuse pour le gardien des lieux saints de l’Islam, une crise profonde de l’Islam dont il est difficile de mesurer les conséquences en raison  des volontés géopolitiques de leadership de l’Islam mondial par l’Indonésie, le plus grand pays musulman au monde (12,7 % ). Les groupes religieux qui risqueraient de succéder alors à la monarchie en place s’accapareraient en tout cas de l’immense arsenal militaire saoudien sachant que Ryad consacre chaque année, des budgets faramineux pour l’achat d’armes, en particulier à la France et à la Grande-Bretagne (avec la dernière signature cette année d’un contrat d’armement à hauteur de 1,7 milliard de dollars avec le gouvernement britannique).

L’Arabie saoudite en difficultés économiques est aussi la grande perdante d’Alep dont elle assurait en grande partie le financement et l’encadrement des organisations terroristes dites  »rebelles ». Elle bombarde actuellement sans état d’âme et sans aucune pitié le Yémen voisin y commettant des crimes de guerre en séries qu’uns fois de plus, nos journalistes humanitaires aux œillères orientées ne voient pas. La lutte saoudienne contre les houthis, un mouvement politico-religieux dirigé par des chiites zaydites, n’est en fait qu’un des épisodes de la guerre en cours contre les Chiites, les ennemis jurés des Saoudiens car comme en Syrie, c’est bien l’Iran, l’ennemi numéro un d’Israël que cherche aussi à viser l’Arabie saoudite au Yémen en s’en prenant aux rebelles du royaume zaydite. Les rebelles Houthis s’étaient beaucoup rapprochés ces derniers temps du modèle combattant du Hezbollah, filleul politique et militaire de l’Iran au Liban mais aussi le grand vainqueur de la bataille d’Alep. De fait, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a proclamé récemment que la cause houthie était la sienne, autorisant même les médias houthis à s’installer dans la banlieue sud de Beyrouth. Les slogans politiques houthis, la propagande du mouvement et son modus operandi sont désormais calqués sur ceux du Hezbollah, une véritable école de la guerre globale proche-orientale.

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En s’engageant au Yémen, avec le soutien du bout des lèvres des Américains, l’Arabie saoudite se place dans une guerre confuse, qui risque d’être de longue durée et donc forcément ruineuse et onéreuse.  L’Arabie saoudite n’avait pas non plus le choix car sans cette intervention militaire, elle jouait gros en risquant de voir s’installer au Nord-Yémen une sorte de Liban-Sud avec un bras armé iranien qui travaillerait à loisir contre son royaume.

Au Yémen, l’Arabie saoudite a donc clairement défini deux objectifs militaires

Au Yémen, l’Arabie saoudite a donc clairement défini deux objectifs militaires. Le premier est de perturber et d’empêcher les livraisons d’armes iraniennes aux houthis; le deuxième, de faire clairement comprendre aux houthis qu’une alliance avec l’Iran leur coûtera cher et leur sera mortelle. . Ces deux objectifs semblent avoir été atteints. Les aéroports yéménites ont été fermés et les ports yéménites sont soumis à un blocus total. Pendant ce temps, l’Arabie saoudite prenant en quelque sorte modèle sur l’aviation russe en Syrie a poursuivi une intense campagne aérienne avec près de 10 000 personnes, en majorité des civils tués depuis le début du conflit. Au Yémen, l’Arabie saoudite n’a pas été miséricordieuse comme le recommande le Prophète et elle avait d’autant plus les mains libres que le monde avait les regards de Chimène pour Alep ou Mossoul.

A l’opposé, moins dépendant du pétrole proche-oriental par le gaz de schiste et échaudé par les derniers rapports sur le 11 septembre, mettant clairement en cause le royaume des Séoud, les États-Unis en plein repli isolationniste ont annoncé selon  le très sérieux quotidien britannique The Guardian, arrêter les ventes d’armes prévues à l’Arabie Saoudite  en relation avec les frappes aériennes du Yémen. Menée seule avec le soutien cependant évident et tacite une fois de plus d’Israël, son allié contre-naturel, la guerre du Yémen risque en tout cas d’être une sorte de tonneau des Danaïdes pour le royaume en raison des dépenses pour l’effort de guerre (tanks, avions, navires, missiles perfectionnés, intendance) même s’il faut aussi relativiser l’Arabie Saoudite n’est pas en faillite comme l’État français. Elle tire encore des gros revenus du pétrole et surtout du plus grand tourisme religieux industriel du monde : le hadj de la Mecque qui est en train de devenir la branche principale de son économie avec 11 millions de pèlerins chaque année et une véritable manne tombée du ciel de la superstition estimée à 12 milliards de dollars. Elle a diversifié ces revenus par de nombreux fonds de réserves importants au niveau de plusieurs banques occidentales et elle détient une grande partie de la dette américaine sur lequel elle exerce un chantage permanent.

La monarchie wahhabite ne court donc pas à la faillite malgré ce qu’affirme son opposant résident britannique. Elle possède aussi des réserves d’or inestimables en Suisse et dans des paradis fiscaux. Mais la voilure a baissé et  l’idéologie fanatique du Wahhabisme religieux a pris un sérieux coup en s’en prenant dans les attentats à des Musulmans innocents.

Alors, le Wahhabisme ne risque-t-il pas de devenir maintenant un frein à son intégration globale, les USA ne semblant plus considérer l’Arabie Saoudite comme un allié sûr ou stratégique au Moyen Orient ?

Et si du coup, l’avenir de l’Arabie Saoudite, était dans la France de Hollande et Valls avec cette idée pas si folle de leur point de vue, de construire sur la tête de pont de la péninsule européenne un nouvel empire, l’Eurabia ou l’Eurislamisme de l’espérance verte ?

  1. NOS TRÈS CHERS ÉMIRS DE CHRISTIAN CHESNOT ET GEORGES MALBRUNOT, ÉDITIONS MICHEL LAFON, 17.95€

mardi, 03 janvier 2017

Redistribution des cartes à l’échelle planétaire

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Bernhard Tomaschitz :

Redistribution des cartes à l’échelle planétaire

Trump a été élu Président des Etats-Unis, Erdogan a bâti un système autoritaire après un putsch militaire manqué

L’année 2016 a pris fin et cette fin d’année a été ponctuée d’événements qui auront immanquablement des répercussions sur l’année à venir et sur le futur plus lointain. Le 8 novembre 2016, après une campagne électorale longue, pénible et vicieuse, Donald Trump, Républicain, a été élu 45ème Président des Etats-Unis. L’« opinion publique », c’est-à-dire l’opinion fabriquée par les médias dominants, avait compté sur une victoire claire et nette de la candidate démocrate, Hillary Clinton.

On ne peut prédire d’avance si Trump tiendra effectivement ses nombreuses promesses électorales. Il a notamment annoncé qu’il renoncerait au traité de libre-échange transpacifique qui aurait lié les Etats-Unis à douze pays de l’espace asiatique/pacifique. Au lieu d’accords multilatéraux comme les traités transpacifique et transatlantique (avec l’UE), Trump veut réhabiliter la pratique des traités commerciaux bilatéraux et « ramener les emplois et les industries productrices aux Etats-Unis ». Le traité transpacifique n’était pas un simple traité de libre-échange. Ce traité était la pierre angulaire d’une géopolitique dirigée contre une Chine montante, mise au point sous la présidence d’Obama.

Contrairement à Hillary Clinton, favorite des néoconservateurs et du complexe militaro-industriel, Trump a promis, lors de sa campagne électorale, de pratique une politique étrangère mesurée. Cependant, cette promesse ne signifie pas pour autant que la politique étrangère américaine va opérer un changement de cap à 180°, malgré les propos apaisants à l’endroit de Moscou qu’a prononcés le fringant candidat républicain, entrepreneur immobilier dans le civil.  Il a déclaré en substance qu’il voulait résoudre le conflit syrien en accord avec le Président russe Vladimir Poutine. Ensuite, sa promesse d’investir des milliards dans les infrastructures défaillantes des Etats-Unis ne signifie pas qu’il négligera totalement la chose militaire. « Nous commencerons par dépenser de l’argent pour nous-mêmes mais nous demeurerons aussi forts qu’auparavant sur le plan militaire », a-t-il dit lors de l’un de ses discours. Il ne faut pas oublier que Trump vient d’accueillir dans sa future équipe gouvernementale quelques faucons en politique étrangère, sans doute pour apaiser la fureur de ses critiques néoconservateurs qui s’insurgent face à sa « nouvelle politique internationale ». Le futur ministre de la défense, James Mattis, est considéré comme un « chien fou ». Quant à son futur conseiller en matière de sécurité, Michael Flynn, c’est un ancien directeur des services secrets et un ancien général qui a toutefois gardé de bonnes relations avec les Russes. Flynn considère que les Etats-Unis « sont en guerre contre l’islamisme radical ». C’est là un langage que « peu d’Américains vont réellement comprendre; ils auront encore moins d’idées quant à la façon de la gagner, cette guerre ». Flynn a déjà conseillé Trump pendant la campagne électorale pour les questions militaires et de politique étrangère. C’est lui qui exercera sans nul doute une influence prépondérante sur l’attitude intransigeante qu’adoptera peut-être Trump face à l’Iran. Trump a défini l’accord conclu avec l’Iran pour mettre un terme à la querelle nucléaire, comme « l’accord le plus stupide de tous les temps », dont l’abandon devrait constituer sa priorité première.

Par ailleurs, dans un discours tenu début décembre, Trump a déclaré « vouloir renforcer des amitiés anciennes et s’efforcer de créer des amitiés nouvelles » et « vouloir aussi renoncer à la politique du gouvernement d’Obama qui, par des mises en scène et des coups d’Etat, entendait provoquer des « changements de régime » dans des pays tiers. Sous sa présidence, laissait-il entrevoir, les Etats-Unis « cesseraient de vouloir renverser des régimes étrangers, dont ils ne connaissent rien ».

Le coup d’Etat perpétré en Ukraine au début de l’année 2014 avec le soutien déterminant des Etats-Unis, s’est avéré une source particulièrement pernicieuse d’instabilité en Europe orientale.

Quelques indices permettent toutefois de croire que les relations entre Washington et Ankara s’amélioreront légèrement. Elles s’étaient considérablement refroidies depuis l’échec du putsch du 15 juillet 2016. Le Président Recep Tayyip Erdogan en avait profité pour faire arrêter quelque 36.000 opposants. Il reproche aux Etats-Unis d’héberger le chef d’orchestre présumé de cette tentative de coup d’Etat, le prédicateur islamiste Fetullah Gülen. Trump a plusieurs fois laissé sous-entendre qu’il autoriserait une extradiction vers la Turquie de ce nouvel ennemi d’Erdogan. C’est sans surprise que l’on a entendu Erdogan se réjouir de la victoire électorale de Trump : « Il accèdera officiellement à la présidence le 20 janvier 2017. Si c’était possible, j’aimerais bien le rencontrer avant cette date ».

A cela s’ajoute qu’Erdogan ne devra pas trop craindre l’immixtion d’un gouvernement Trump dans les affaires intérieures turques, en matière de droits de l’homme ou de démocratie, si ce n’est pour la forme. Ainsi, il pourra consolider le système présidentiel qu’il a taillé sur mesure pour sa propre personne en Turquie. C’est dans le même sens que s’exprime dans une interview Ekin Alptekin, président du conseil économique américano-turc : « Le gouvernement d’Obama n’a pas suffisamment tenté de nous comprendre et n’a pas manifesté d’empathie à l’égard de nos préoccupations ».

Entretemps, on devine de plus en plus clairement quelles allures prendra le système présidentiel turc concocté par Erdogan. Le premier ministre Binali Yildirim a fait savoir qu’Erdogan, à la façon d’un sultan ottoman, pourra désormais énoncer des décrets qui auront force de loi. L’état d’exception, toujours décrété aujourd’hui, suite au putsch militaire avorté, deviendrait ainsi un dispositif permanent. Erdogan ne doit pas trop craindre les critiques de l’étranger, surtout en provenance d’Europe, car l’UE a négocié avec lui un compromis sur les réfugiés. Finalement, les mesures draconiennes qu’il a prises après le putsch raté ne l’ont nullement conduit à l’isolement international.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, http://www.zurzeit.at , n°52/2016).

lundi, 02 janvier 2017

Alain Corvez sur la Syrie et ses enjeux géopolitiques

 

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Dextra et ses militants vous souhaite une excellente année 2017 ! 
 
Et pour commencer cette année sur les chapeaux de roues nous recevrons 
Alain Corvez
Qui nous parlera de la Syrie et ses enjeux géopolitiques ! 
 
Au Molière
12, rue de Buci 75006 Paris 
 
Vendredi 6 janvier 19h 
 
Une bonne résolution de l’année 2017 : 
Venez nombreux et à l’heure !

2016 : la droitisation du paysage politique

De tous ces scrutins, il est possible de tirer un certain nombre d'enseignements. Les idées s'affichant sans complexe de droite ne font pas à elles-seules la victoire (dans un référendum des courants disparates peuvent converger) ; de même, elles ne rassemblent pas encore une majorité absolue de suffrages (d'où l'échec du FPÖ en Autriche tandis que la victoire du ticket Trump-Pence, avec une minorité de suffrage populaires s'explique par la structure fédérale des États-Unis). Mais, ce sont bien les idées de la droite ontologique (et non seulement situationnelle), d'une droite qui ne cache pas son anti-modernisme, qui progressent et repoussent vers la gauche du spectre politique les idées qui occupaient son espace électoral ; ce que j'ai proposé d'appeler le «mouvement dextrogyre» (ou «dextrisme»). 

Qu'elle l'emporte ou échoue in extremis, 2016 a vu se concrétiser la déferlante «dextriste». Son ressort électoral est le populisme. Avec des caractéristiques propres à chaque pays, celui-ci consiste dans la valorisation de ce qui vient du peuple (angle social) et de ce que fait le peuple (angle démocratique). Il dénonce la distorsion entre le peuple et les élites ; il revendique donc l'exercice de la démocratie directe contre celle représentative. Politiquement, le populisme entend agir pour la protection de celui qui, dans une relation d'altérité, est le plus faible (défense de la main d'œuvre nationale contre la concurrence déloyale, sauvegarde de la dignité de la personne contre sa chosification). Doctrinalement, il se fait le défenseur de l'identité du corps social en tant qu'il est un tout (la nation) contre la juxtaposition d'identités partielles (les communautarismes) ; il affirme que les corps sociaux (comme la famille) existent en eux-mêmes et donc que la volonté des personnes (le mariage, par exemple) serve à s'y inscrire et non à les créer artificiellement. Il existe donc, dans le vote populiste, un double aspect patrimonial portant sur le niveau de vie (aspect matériel) mais surtout sur le mode de vie (aspect culturel). Le vote populiste, c'est la révolte des classes populaires oubliées et des classes moyennes qui se paupérisent (la «France périphérique» ou l' «Amérique du milieu») contre les métropoles mondialisées et multiculturelles. Au final, le populisme est un anxiolytique: il est l'anti-syndrome de Stockholm. 

Outre qu'elle est susceptible de varier en fonction des circonstances nationales, l'idéologie politique portée par le «mouvement dextrogyre» n'est sans doute pas encore parfaitement explicite et homogène. Mais, plusieurs traits caractéristiques peuvent être dégagés. Elle est une combinaison des facteurs suivants: 

- l'idenditarisme (par opposition au multiculturalisme): hostilité envers l'immigration considérée comme un facteur de déstabilisation culturelle et de désagrégation sociale, affirmation des racines chrétiennes des nations occidentales vis-à-vis de l'islamisme mais aussi du laïcisme ; 

- le souverainisme (par opposition au mondialisme): revendication de pouvoir disposer de son destin (contrôle des frontières), de déterminer son avenir (contrôle du pouvoir normatif) ; «Take back control» fut le slogan des partisans du Brexit ; 

- le subsidiarisme (par opposition tant au libéralisme qu'au socialisme): rejet tant de la loi de la jungle libérale (travail du dimanche) que de l'égalitarisme socialiste (assistanat) ; préconisation d'un État fort (susceptible d'exercer un protectionnisme douanier) mais limité dans ses domaines d'intervention (baisse des prélèvements obligatoires pesant sur les familles et les entreprises, défense des libertés pour les corps sociaux comme les institutions scolaires et universitaires) ; acceptation d'une société avec marché (où seuls certains biens sont échangeables) et non d'une société de marché (où celui-ci devient la méthode d'analyse de l'ensemble des phénomènes sociaux) ; 

- le conservatisme (par opposition au progressisme): affirmation de l'enracinement des personnes individuelles et collectives dans une histoire et des traditions ; il ne consiste donc pas en une simple volonté de maintenir l'ordre établi et en un frein au progressisme mais en une réaction aux différentes manifestations de la modernité, aussi bien l'individualisme que le matérialisme (d'où son insistance dans le combat pro-vie). 

La France n'échappe pas au «mouvement dextrogyre». Les sondages annoncent un nouveau «21-avril» opposant François Fillon à Marie Le Pen tandis que toute une partie des ténors de la gauche s'affiche désormais social-libérale (Manuel Valls, Emmanuel Macron). Cependant, les partis font encore de la résistance: la recomposition du spectre politique tarde encore et aucun des actuels candidats à la présidentielle ne semble avoir compris le contenu idéologique porté par le «dextrisme». Marine Le Pen cultive le souverainisme mais bascule vers une forme d'étatisme. François Fillon préconise les libertés économiques mais néglige la question identitaire. Tous deux s'adonnent au libéralisme sociétal même s'ils essaient de le mâtiner de marqueurs conservateurs (uniforme à l'école pour l'un, abrogation de la loi Taubira remplacée par un PACS amélioré pour l'autre). Faisant preuve d'une incohérence doctrinale (sous prétexte d'attirer à eux différents segments électoraux), ils ne satisfont donc pas entièrement leur électorat «droitier» qui est, en partie, susceptible de basculer de l'un à l'autre. À moins, chose possible mais difficilement réalisable dans l'état actuel des choses, qu'une meilleure offre politique ne se présente à lui…"

Extrait de: Source et auteur

L'Amérique ne renoncera pas à sa politique anti-russe en Afghanistan

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L'Amérique ne renoncera pas à sa politique anti-russe en Afghanistan

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Une rencontre dont les médias français ont peu parlé s'est tenue à Moscou le 27/12 entre représentants de la Russie, de la Chine et du Pakistan. Ils se sont mis d'accord pour obtenir de l'ONU le retrait de certaines personnalités afghanes d'une liste recensant des Afghans soumis à sanction compte tenu de leur aide aux Talibans en Afghanistan 1).
 
La rencontre a par ailleurs recommandé  l'instauration d'un « dialogue  pacifique » entre le gouvernement de Kaboul et les Talibans. Ceux-ci, présentés notamment par les Etats-Unis comme des terroristes à éliminer (ce que d'ailleurs ils n'ont jamais réussi à faire) devraient au contraire être considérés, selon les conclusions de la rencontre à Moscou, comme des auxiliaires efficaces contre l'emprise d'un Etat islamique (EI) de plus en plus présent en Afghanistan.

Le ministre russe des affaires étrangères a exhorté en conséquence Kaboul à se montrer plus coopératif avec le mouvement taliban, compte tenu de la montée croissante dans le pays de la branche afghane de l'EI. L'on comprend bien que la Russie comme la Chine veuillent lutter en Afghanistan et dans les régions voisines contre l'extrémisme de l'EI, qui s'en prend directement à leurs intérêts. Au contraire les Talibans, jusqu'ici accusés (non sans raisons d'ailleurs) de radicalisme religieux et d'une phobie anti-féministe spectaculaire, se révèlent infiniment moins dangereux que l'EI sur ces deux points.

Le président afghan actuel Ashraf Ghani aurait du se montrer satisfait de cet engagement trilatéral en faveur du combat qu'il est censé mener contre l'EI, bien plus menaçant pour lui que ne le sont ce qui reste de Talibans. Mais s'était sans compter sans les Etats-Unis dont le principal souci a été et reste de lutter contre l'influence russe dans la région. Ce n'est pas principalement le désir de défendre une démocratie à l'occidentale à Kaboul qui les conduit mais celui de se préserver l'accès futur aux richesses minières considérables de l'Afghanistan. Dans ce but, en dehors d'un maintien de plus en plus impopulaire d'une force militaire dans les principaux centres stratégique, ils ont déployé des moyens considérables, par l'intermédiaire de la CIA et des « forces spéciales », pour convaincre Ashraf Ghani de rester dans le rang, c'est-à-dire de s'opposer à tout retour de l'influence russe dans le pays.

Or Ashraf Ghani s'était doté d'un vice-président, un certain Rashid Dostum, qui déplaisait de plus en plus à Washington par son ouverture supposée à la Russie. Celui-ci était un chef de guerre, « war lord » qui ne se faisait pas remarquer par une grande aptitude à représenter l'idéal démocratique tel que conçu par les Américains. Mais pour ceux-ci son principal défaut était qu'il commençait à s'opposer à la politique américaine de plus en plus mal supportée par différents groupes tribaux. Au contraire, il semblait prêter une oreille favorable aux ouvertures russes et turques en faveur d'une Afghanistan plus ouverte à la coopération avec ses voisins asiatiques et potentiellement avec Moscou. Aussi avait-il fait l'objet de campagnes incessantes dans les médias américains dénonçant son « warlordisme ».

Finalement Washington a pu obtenir le principe de son éviction par Ashraf Ghani et son remplacement par Gulbuddin Hekmayar, un autre war lord qui ne le cède en rien en férocité à Dostum. Il a fait assassiner un grand nombre de ses rivaux. Quant aux moeurs, il est devenu populaire par son fondamentalisme islamique radical et sa recommandation d'inonder d'acide les femmes réticentes à se voiler. Ceci ne l'avait pas empêché de bénéficier d'un appui constant de la CIA, de ses dollars et de ses livraisons d'armes.

L'on comprend que la Russie et son alliée la Turquie, sans mentionner la Chine et le Pakistan, ne soient pas enthousiasmés par le retour d'un radicalisme proche du terrorisme à Kaboul. Certes, ces pays ne sont pas moins intéressés que les Etats-Unis par un futur possible accès aux richesses minières afghanes. Mais leur principal souci est la lutte contre un EI à leur porte. Un faible président Ashraf Ghani sous contrôle d'un vice président tel que Gulbuddin Hekmayar ne peut à cet égard que les inquiéter.

On se demandera si l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche entrainera une révision de la stratégie américaine en Afghanistan. Les intérêts stratégiques des Etats-Unis dans la région toute entière ne laisseront sans doute pas à Donald Trump d'autre choix que continuer dans ce domaine la politique d'Obama. Quant aux Européens, qui fournissent encore malgré leurs réticences des moyens militaires pour une prétendue lutte contre les Talibans, ils ne seront pas consultés.

1) Voir notamment https://www.geo.tv/latest/125224-Russia-China-Pakistan-ag...

 

dimanche, 01 janvier 2017

Meilleurs vœux pour 2017: l’année du réveil de la dormition?

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Meilleurs vœux pour 2017: l’année du réveil de la dormition?

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

La crise morale qui affecte l’Europe depuis maintenant près d’un demi-siècle va continuer en 2017. Les raisons de l’effondrement de notre civilisation sont toujours là. L’impuissance si ce n’est la complicité de nos dirigeants à cet état de fait va continuer. Beaucoup de Français espèrent un changement politique important à l’issue des élections présidentielles et législatives qui se dérouleront de mai à juin 2017. Ils se trompent. Rien ne sortira des urnes nationales, ni chez nous ni chez notre voisin allemand.

Le plus probable en France est un second tour opposant Marine Le Pen à François Fillon, même si la première fait une très mauvaise campagne, entretenant une confusion idéologique permanente afin de ne pas porter la tunique de Nessus de son père, adoucissant son programme jusqu’à le rendre méconnaissable, aboutissant sous l’influence de son conseiller Florian Philippot à une sorte de social-démocratie ayant comme seul axe de différenciation un programme non seulement anti-UE mais en vérité anti-européen. François Fillon, qui a tenu une ligne très libérale pour gagner les primaires de la droite et du centre, va également recentrer son positionnement. Ses positions pro-russes, salutaires sur le papier, semblent également s’amenuiser au fur et à mesure des semaines qui s’écoulent. Il décevra, et il ne peut que décevoir.

La gauche est laminée, même si Macron semble placé très haut dans les sondages, et ce centrisme libéral, qui empêche Bayrou d’exister à nouveau, pourrait créer la surprise. Cet ancien ministre de Hollande, qui n’a jamais été élu à la moindre élection, et dont le statut médiatique est parfaitement artificiel, exactement comme celui d’Alain Juppé avant sa défaite aux primaires, a néanmoins toutes les caractéristiques d’une baudruche politique. Je ne le vois pas si haut à l’arrivée.

En Allemagne, les choses sont également simples. L’AfD, mouvement populiste ayant axé sa campagne sur la dénonciation de l’insécurité migratoire, et fustigeant à juste titre la politique délirant d’Angela Merkel, devrait créer la surprise et dépasser les 15% des voix aux élections législatives. Ils seront alors victimes d’un évident cordon sanitaire des partis dits « respectables », maintenant au pouvoir une grande coalition affaiblie, à moins qu’une gauche plurielle, avec Die Linke, se mette en place. Comme en France, par la faute de la droite classique, ce serait alors la gauche la plus mondialiste qui imposerait ses vues à une population de plus en plus inquiète et hostile à cette immigration qu’on nous présente mensongèrement comme une force. La droite aurait pu depuis longtemps, en cessant de courir derrière la gauche ou de céder à ses oukases, briser ce consensus mou en osant une droite plurielle qui, à défaut d’être salutaire, limiterait la casse.

Il convient de noter que deux lignes s’opposent au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la droite nationale en Europe, entre un courant identitaire, qu’on nous présente comme libéral, et un courant souverainiste, qu’on nous présente comme social. Au sein du FN, ce clivage est représenté par l’opposition entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot. Un discours social et identitaire ne serait-il pas pourtant le plus adapté ? Le discours anti-européen, qui dépasse la seule critique de l’UE actuelle ou du pilotage de l’euro, que sagement le candidat FPÖ a su taire en 2016 (Norbert Hofer), n’est-il pas avant tout une façon de ne pas s’attaquer aux vrais problèmes que sont la dénatalité des populations européennes indigènes et la submersion migratoire ?

Si l’Union Européenne actuelle doit être sévèrement critiquée, c’est d’abord parce qu’elle est à l’image des gouvernements nationaux qui en choisissent les dirigeants. Opposer un sain Etat « national » à l’UE est un mensonge et une forfaiture. Prétendre qu’on pourrait au niveau national réaliser ce que l’on se refuse de réaliser au niveau européen l’est aussi. Dire que l’Etat protège quand il trahit est aberrant.

La victoire du camp du brexit, qui a galvanisé les droites nationales en Europe, l’illustre amplement. Les Britanniques ont voté contre l’UE pour dénoncer des politiques dont sont responsables avant tout les gouvernements britanniques depuis un demi-siècle. Car ce sont eux, et eux seuls, qui ont ouvert les portes à l’immigration postcoloniale issue de son ancien empire, un phénomène grave que dénonçait déjà le conservateur Powell dans les années 60. Ce ne sont pas les Polonais qui posent problème à leur pays, contrairement aux tirades stupidement xénophobes de certains ténors de la droite. Les émeutes de 2010 et le scandale sexuel de Rotherham rappellent où est la vraie menace. Et ce n’est pas la faute de l’UE, même si elle partage les mêmes idées mondialistes que les dirigeants britanniques de « gauche » et de « droite ». Le brexit est donc une voie de détournement de la colère populaire vers un bouc émissaire facile, dont les tabloïdes britanniques depuis des années dénonçaient les travers.

Les malheurs des Britanniques ne viennent pas de l’UE, même si sa gouvernance actuelle n’est pas meilleure, mais d’abord de l’ancien empire colonial et des gouvernements « nationaux » qui les dirigent et les emmènent dans le mur depuis des décennies. Le brexit était donc une mauvaise réponse apportée à une mauvaise question.

Néanmoins, 2016 nous a enseigné que les Européens se méfient de plus en plus et à juste titre là encore de leurs dirigeants. En conséquence tout référendum est détourné pour devenir un vote de confiance à l’égard du pouvoir en place et à chaque fois, ce pouvoir est mis à bas. Matteo Renzi et David Cameron l’ont su amèrement à leurs dépens. L’alternance gauche/droite continue néanmoins comme auparavant et à chaque fois qu’une tête de l’hydre est coupée, elle repousse immédiatement sous un autre nom. En matière de promotion du multiculturalisme et d’opportunisme politique, Teresa May vaut bien David Cameron. Après avoir été favorable, certes du bout des lèvres, au maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, la voilà désormais une farouche eurosceptique. Dans le même temps, son ministre Boris Johnson, rallié à la cause du brexit par carriérisme pur, se ridiculise et a dû reconnaître avoir menti, tout comme Nigel Farage, lors de la campagne référendaire.

En somme, euro-mondialistes et eurosceptiques, même s’ils s’opposent, utilisent les mêmes méthodes de désinformation pour convaincre les citoyens de les suivre. Les uns promettaient une catastrophe économique totale en cas de brexit. Les seconds annonçaient que tout changerait avec ce vote. Même si le brexit réel n’a pas eu lieu, et n’est pas annoncé avant 2019 au mieux, on ne voit pas ce qu’il changera pour un pays qui n’avait pas l’euro et n’était pas dans l’espace Schengen.

2017 donc, une année pour rien ? Probablement. Mais tôt ou tard, les Européens vont bien finir par se rendre compte que tous leur mentent et voudront donner un grand coup de balai à cette classe politique incapable. Ce jour-là, les menteurs mondialistes et les faussaires souverainistes seront démasqués en même temps et envoyés dans les oubliettes de l’histoire. En attendant, pendant toute l’année 2017, le Parti des Européens va continuer de prôner une vraie alternative, défendre son programme révolutionnaire, en espérant qu’il pourra connaître cette année son ascension médiatique.

En tant que dirigeant du Parti des Européens, je souhaite à tous les Européens une très bonne année 2017, en les invitant à la méfiance face aux dialectiques de renoncement. N’espérez aucun changement politique par les voies traditionnelles ou les partis existants. Mais gardez espoir !

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

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ZEHN GUTE VORSÄTZE FÜR 2017

Wachsamkeit, Skepsis und vor allem Gelassenheit

Den Mut, zu ändern, was man ändern kann, die Gelassenheit hinzunehmen, was nicht zu ändern ist und die Hoffnung, unterscheiden zu können, was in welche Kategorie gehört - wäre in Zeiten wie diesen ein passender Vorsatz: ein frohes neues Jahr!

Weihnachten ist vorbei, das neue Jahr hat noch nicht begonnen. “Zwischen den Jahren” – das ist die Zeit der Rück- und Ausblicke und der guten Vorsätze für das neue Jahr. Wohl keiner hat es je geschafft, zwölf Monate lange nach den selbst aufgestellten Grundsätzen zu leben. Aber es hat noch niemandem geschadet, darüber nachzudenken, was er selbst im nächsten Jahr anders und besser machen könnte. Hier also ein paar Vorschläge für gute Vorsätze.

1. Wachsam und wehrhaft sein

Islamistische Terroristen haben uns den Krieg erklärt. Nach den Morden am Breitscheidplatz muss selbst der Friedfertigste merken, dass im Namen Allahs unter uns lebende Killer sich nicht dafür interessieren, ob wir Verständnis für sie haben oder nicht. Sie wollen töten, weil sie uns hassen: unseren Lebensstil, unsere Freiheiten, unseren Rechtsstaat, unsere Demokratie. Im Namen ihrer verqueren, pseudoreligiösen Ideologie ergötzen sie sich am Tod anderer.

Da bekommt der Begriff “wehrhafte Demokratie”, der sich einst auf den Kampf gegen Anti-Demokraten im Innern bezog, eine neue Bedeutung. Eine wehrhafte Demokratie erfordert heute sichere europäische Außengrenzen, kontrollierte Binnengrenzen, Transitzentren, schnelle Abschiebung von illegalen Migranten und Scheinasylanten, eine Aufrüstung unserer Sicherheitsorgane, eine bessere Videoüberwachung, eine Kontrolle der Hinterhofmoscheen und vieles mehr. Demokraten sollten sich dafür einsetzen – jeder an seinem Platz, jeder nach seinen Möglichkeiten.

2. Skeptisch gegenüber Gutmenschen bleiben

“Jeder Zuwanderer ist eine Bereicherung” war schon in vergangenen Jahren das Dümmste, was zum Thema “Flüchtlinge” zu hören war. Denn die schlichte Wahrheit lautet: Auch nicht jeder “Bio-Deutsche” ist eine Bereicherung. Doch man sollte die Macht derer, die in Politik, Medien und gesellschaftlichen Institutionen die Gefahren unkontrollierter Zuwanderung klein reden und die angeblichen Segnungen einer Multi-Kulti-Idylle groß herausstellen, nicht unterschätzen. Unsere freiheitliche Gesellschaft wird nicht allein durch Terroristen gefährdet. Gefährlich sind auch jene politisch korrekten Schönredner, deren Geschäft die Relativierung und Verharmlosung ist.

Wenn Mörder “Gott ist groß” rufen, dann hat das sehr wohl etwas mit dem Islam zu tun. Wenn tausende Migranten Frauen sexuell belästigen, wie an Silvester in Köln, dann sind das nicht 1.000 Einzelfälle; hier spiegelt sich vielmehr das Frauenbild von Männern aus muslimischen Gesellschaften wider. Wenn junge Muslime in der Schule oder am Arbeitsplatz Lehrerinnen oder weiblichen Vorgesetzten den notwendigen Respekt versagen, dann hilft kein Verständnis, sondern nur das Pochen auf eindeutige Regeln. Lassen wir uns 2017 von den Gutmenschen nicht einlullen. Für den Missbrauch unserer Freiheiten muss gelten: null Toleranz.

3. Zwischen religiöser Verkündigung und politischer Indoktrination unterscheiden

Die Kirchen sind unverändert wichtige Pfeiler unserer Gesellschaft. Die freiheitliche Gesellschaft wird auch vom Geist der Bergpredigt getragen. Ein Land ohne religiöse Fundamente ist keine erstrebenswerte Perspektive. Doch bei allem Respekt vor den Kirchen und ihren Repräsentanten: Die Neigung vieler Geistlicher, die Kanzel mit einer politischen Rednertribüne zu verwechseln, nimmt zu. Je leerer die Kirchen werden, um so eilfertiger versuchen Pfarrer wie Bischöfe, dem Zeitgeist hinterherzuhecheln. Mündige Christen sollten sich dagegen verwahren.

4. Auf Etikettenschwindel achten

Die politische Linke – SPD, Grüne, Linkspartei – setzt im Wahljahr 2017 auf das Thema soziale Gerechtigkeit. Genauer gesagt: Die vereinte Linke wird die angeblich schreiende Ungerechtigkeit beklagen. Sie darf sich breiter medialer Unterstützung sicher sein: Gegen “die Reichen” machen viele Medien gerne mobil – nicht zuletzt die öffentlich-rechtlichen Anstalten.

Die Bürger sollten sich nichts vormachen lassen. Wenn von der “Armutsquote” die Rede ist, dann muss man erstens wissen, dass es sich um die “Armutsgefährdungsquote” handelt. Und dass diese zweitens nicht absolute Armut, sondern Ungleichheit misst. So gibt es nach dieser “Statistik” in Tschechien, Slowenien oder der Slowakei weniger Arme als in der reichen Bundesrepublik. Was natürlich Unsinn ist: In diesen im Vergleich armen Ländern ist die “Armut” nur gleichmäßiger verteilt. Wer den Etikettenschwindlern unter den Armutsforschern und ihren Jüngern nicht auf den Leim gehen möchte, sollte stets daran denken: Nach dieser “Berechnungsmethode” gab es in der DDR viel weniger “Arme” als in der Bundesrepublik. Nur konnten sich die DDR-Bürger davon nichts kaufen.

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5. Dem Zeitgeist widerstehen

Nie war der Satz so richtig wie heute: Wer den Zeitgeist heiratet, kann ganz schnell Witwer werden. Wer sich unkritisch an der “herrschenden” Meinung orientiert, also an dem, was die sogenannten Leitmedien veröffentlich, der muss ziemlich flexibel sein. Wer noch in Erinnerung hat, was im Zeichen des “Willkommensrauschs” Ende 2015 alles geschrieben und gesendet wurde, der erkennt heute Spiegel, Zeit oder Bild nicht mehr. Fakten lassen sich eben nur eine zeitlang schönen; im Zweifelsfall ist die Wirklichkeit stärker als das Wunschbild.

Da hilft nur eines: skeptisch bleiben und nicht alle politische Moden mitmachen. Wenn Spiegel, Süddeutsche Zeitung, Zeit, ARD und ZDF alle dieselbe Melodie spielen, dann hilft bisweilen ein Blick in ausländische Medien – zur nüchternen Analyse.

6. Dem Staat mehr vertrauen als selbst ernannten Bürgeranwälten

Wir leben in einem funktionierenden Gemeinwesen, einem Rechtsstaat mit der besten Verfassung, die es in der deutschen Geschichte jemals gab. Das heißt nicht, dass auch manches schief läuft, dass es unentschuldbare Pannen und schwere Versäumnisse staatlicher Institutionen gibt. Aber das macht eine Demokratie aus: dass sie zur Selbstkorrektur fähig ist.

Deshalb sollten wir dem Staat und seinen demokratisch legitimierten Institutionen das notwendige Vertrauen entgegenbringen. Selbst ernannte “Bürgeranwälte”, die hinter jeder Gesetzesänderung und jeder Aktionen unserer Sicherheitsorgane sofort einen Anschlag auf die Freiheit wittern, sollte man links liegen lassen – im wörtlichen wie im übertragenen Sinn.

7. Managern ihre Bekenntnisse zur Marktwirtschaft nicht unbesehen abnehmen

Es geht den Herren in Nadelstreifen so leicht von den Lippen: die Beschwörung der Sozialen Marktwirtschaft, das Bekenntnis zu Leistung und Wettbewerb. Im Alltag handeln viele Bosse aber ganz anders, wie die dreisten Betrügereien des Volkswagen-Konzerns und anderer Automobilhersteller uns plastisch vor Augen geführt haben. Für viele Manager – nicht für alle – rangieren die Interessen ihrer eigenen Arbeitnehmer, ihrer Zulieferer und Kunden sowie der Allgemeinheit ganz hinten. Für viele – zu viele – zählen nur der eigene Kontostand und die eigene Macht. Gier schlägt Gemeinwohl! Das spricht keineswegs gegen die Soziale Marktwirtschaft, aber sehr wohl gegen die Lippenbekenntnisse vieler Bosse. Auch da ist Skepsis nicht nur angebracht, sondern geradezu Pflicht aufgeklärter Wirtschaftsbürger.

8. Polizisten, Feuerwehrleute und Pflegekräfte mehr schätzen

Nie waren sie so wertvoll wie heute: unsere Polizisten, Feuerwehrleute und Pflegekräfte. Sie sind gefordert – und vielfach wegen ständig steigender Anforderungen und Personalmangels überfordert. Sie setzen sich für uns alle ein, aber wir entgelten ihnen ihre Dienste nicht angemessen – weder materiell noch ideell. Wenn Politiker diese Dienstleister am Gemeinwesen rühmen, dann sollten wir sie immer fragen, was sie konkret tun, um deren personelle und finanzielle Situation zu verbessern. Und wir sollten, wann immer wir können, Polizisten, Feuerwehrleuten und Pflegenden unseren Respekt bekunden. Wir Bürger können das öffentliche Klima durchaus verändern – wenn wir nur wollen.

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9. In den “sozialen” Medien für einen zivilisierten Ton sorgen

Facebook, Twitter und so weiter gelten als “soziale” Netzwerke. Vielfach geht es dort aber höchst unsozial, ja asozial zu. Üble Beschimpfungen, gezielt gestreute Gerüchte, erfundene “Fakten”, das Überhandnehmen von Fäkalausdrücken – und das alles häufig im Schutz der Anonymität. Generell gilt: je anonymer, umso unver-schämter, je feiger, umso primitiver. Wobei es zwischen der Primitivität der Ausdrucksweise und der Primitivität der dahinter steckenden Gedanken meistens einen engen Zusammenhang gibt.

Als Nutzer dieser Dienste kann man sich wehren: unverschämte anonyme Feiglinge ignorieren oder blockieren. Das kostet Follower, erhöht aber die Lebensqualität im “Net”.

10. Vor allem aber: auch 2017 gelassen bleiben

Das neue Jahr wird politisch ausgesprochen spannend. Wird Donald Trump berechenbar? Werden die Franzosen eine rechtspopulistische, antieuropäische Präsidentin wählen? Werden neue Flüchtlingsströme auf Deutschland zukommen? Wird der islamistische Terror unsere alltäglichen Freiheiten einschränken? Wird das Land in zehn Monaten zum ersten Mal von einer Bundesregierung unter Einschluss der Linken alias SED regiert? Wir wissen das alles nicht.

Deshalb ist Gelassenheit ein ganz wichtiger Vorsatz für 2017. Die Lebenserfahrung lehrt, dass es eigentlich nie so schlimm kommt, wie wir in unseren Albträumen befürchten, und nie so gut, wie wir uns als Ideal ausgemalt haben. Den Mut, zu ändern, was man ändern kann, die Gelassenheit hinzunehmen, was nicht zu ändern ist und die Hoffnung, unterscheiden zu können, was in welche Kategorie gehört – das wäre in Zeiten wie diesen ein passender Vorsatz.

In diesem Sinne: ein frohes neues Jahr!

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Presseschau Spezial Januar 2017

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Presseschau Spezial

Januar 2017

 

samedi, 31 décembre 2016

Wordt Orbán Europese schakel tussen Trump en Poetin?

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Wordt Orbán Europese schakel tussen Trump en Poetin?

door Prof. Dr. László Marácz

Ex: http://www.elsevier.nl 

De jihadistische aanslag op de kerstmarkt in Berlijn laat zien dat West-Europa de ‘sense of urgency’ mist om met terreur om te gaan. De aanslag had plaats tegen de achtergrond van de geopolitieke veranderingen in de wereld, die na de inauguratie van de Amerikaanse ‘president-elect’ Donald daadwerkelijk vorm zullen krijgen, schrijft László Marácz.

Onthutsend was de houding van de Duitse autoriteiten daags na de aanslag. Op de persconferentie hielden zij vol dat zij geen fouten hadden gemaakt en dat het geenszins duidelijk was dat het om een jihadistische aanslag ging.

Reis door West-Europa

In plaats van het zwartste scenario te nemen dat er wel degelijk een ernstige terroristische actie had plaatsgevonden, vervielen de Duitse autoriteiten wederom in de Keulse ontkenningsreflex. Dit keer geen zevendaagse verdoezeling – er waren doden en gewonden gevallen – maar het verspreiden van mist. Al de Al-Qa’ida-achtige aspecten wezen echter vanaf de eerste minuut onmiskenbaar op een jihadistische aanslag.

De Tunesische migrant kon na zijn daad in Berlijn nog in dezelfde stad een moskee bezoeken, in Nijmegen of een andere Nederlandse stad een SIM-kaart ophalen (of kreeg hij deze aangereikt?), door België, Frankrijk en Italië reizen.

Nota bene door België en Frankrijk die verstrikt zijn geraakt in de war on terror. Deze terrorist was vuurwapengevaarlijk, zoals later in Milaan bleek. Zelfs bij een losgebroken crimineel vermeldt de politie nog weleens dat hij/zij vuurwapengevaarlijk is. Niets van dit alles in West-Europa.

Visegrad-landen sceptisch tegenover Merkel

De Visegrad-landen of V4 (Hongarije, Slowakije, Polen, Tsjechië) hebben vanaf september 2015 sceptisch gestaan tegenover het opendeurenbeleid van de Duitse bondskanselier Angela Merkel, die er zelf maar geen afstand van kan nemen.

Het valt niet te ontkennen dat haar beleid aantoonbaar de terreuraanslagen in Parijs, Brussel en Berlijn en veel andere steden in West-Europa, in de kaart heeft gespeeld. Ook nu nog arriveren er dagelijks 3.000 migranten in Duitsland. De Duitse autoriteiten geven daarin toe dat het onmogelijk is om van dergelijke aantallen de identiteit vast te stellen.

Trump vindt Poetin minder gevaarlijk dan jihadisme

De Amerikaanse president-elect Donald Trump beschouwt Rusland en Poetin als een minder gevaarlijke vijand voor het Westen dan het jihadisme. Daar valt alles voor te zeggen. Uit zijn aangekondigde benoemingen wijst niets op politieke naïviteit, maar juist op een nieuwe Amerikaanse geopolitieke agenda.

Vanuit die agenda bezien is de V4 een veel betrouwbaarder partner in de strijd tegen illegale migratie en het jihadisme dan West-Europa onder Duitse leiding. De V4-landen hebben hun krachten gemobiliseerd en defensie-structuren opgebouwd om illegale migratie en jihadisme buiten de deur te houden.

Orbán ontvangt Trump

Trumps agenda blijft niet bij retoriek. Viktor Orbán, de Hongaarse premier die zich heeft ingezet voor het succes van de V4, zal in februari van het nieuwe jaar door de nieuwe president worden ontvangen.

Voor zijn bezoek zal de Russische president Poetin in Boedapest zijn opwachting maken. De nieuwe alliantie Trump-Orbán-Poetin zal zeker meer werk gaan maken van het bestrijden van illegale migratie en jihadisme dan die van Obama-Clinton-Merkel. Die alliantie heeft Europa juist in gevaar gebracht.

László Marácz

Prof. Dr. László Marácz is verbonden aan de afdeling Europese studies van de Universiteit van Amsterdam. Zijn ouders kwamen na de Hongaarse Opstand in 1956 als vluchteling naar Nederland.