Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 15 février 2018

Villages à vendre

villvendre.jpg

Villages à vendre

par Pierre-Emile Blairon

Le maire d’Ollolai, un petit bourg au centre de la Sardaigne, brade deux cents maisons à un euro chacune pour repeupler son village. Quantité de « ruraux », dans toute l’Europe, quittent leur village natal pour la grande ville la plus proche ou, pire, vers la mégapole de la région ou du pays.

Bien sûr, la désertification de nos campagnes ne date pas d’hier. La Révolution bourgeoise de 1789 a amorcé le déclin (les « Républicains » étaient essentiellement des citadins) puis la révolution industrielle l’a accentué et la Première guerre mondiale a achevé le travail causant la mort effective de millions de paysans européens, dans un camp comme dans l’autre (à qui profite le crime ? Aux marchands d’armes d’abord).

Le visionnaire Oswald Spengler avait décrit cette dramatique involution : « Le paysannat a enfanté un jour le marché, la ville rurale, et les a nourris du meilleur de son sang. Maintenant, la ville géante, insatiable, suce la campagne, lui réclame sans cesse de nouveaux flots d’hommes qu’elle dévore, jusqu’à mourir elle-même exsangue dans un désert inhabité. »

La mondialisation pousse sans cesse les structures économiques au gigantisme. Selon le mondialisme, qui est la traduction politique et utopique de la mondialisation, un concept auquel adhère la quasi-totalité des dirigeants de la planète, les peuples attachés à leur terre ne devraient plus exister pour laisser place à un magma uniforme et informe, malléable et corvéable à merci. Les terroirs, à les entendre, ne seront bientôt plus que des « zones » dont la vocation industrielle ou agricole sera planifiée au niveau planétaire ; les « habitants » de ces lieux rendus anonymes, sans distinction de race ou d’origine, seront invités fermement à souscrire au nouveau paradigme. Cette uniformisation à marche forcée a déjà commencé en France avec l’initiative (concertée ?) des présidents de régions qui croient de bon aloi de renommer nos régions dans ce sens : Hauts de France, Grand Est, ou même Sud, pour le dernier avatar de cette infamie.

Peu importe donc à nos gouvernants la qualité de vie de leurs populations pourvu qu’ils y trouvent leur content (ou leur « comptant », terme qui serait plus adéquat). Il apparaît pourtant de plus en plus évident que ce gigantisme planétaire n’est pas viable. Toutes les régions du monde (y compris les déserts) possèdent un sol, un sous-sol, ou des peuples qui possèdent ce que les autres n’ont pas et qui peuvent échanger dans de saines relations avec ces autres leur génie ou leur savoir-faire local sans perdre leur identité et leurs moyens de subsistance. Au contraire de cette propagande uniformisatrice qui tend à nous faire croire que le fait d’être soi-même et de le revendiquer relève d’un quelconque « repli sur soi », il semble qu’une nouvelle génération ait envie de renouer avec les traditions ancestrales et de se réenraciner, loin des pratiques artificielles et trépidantes de leurs congénères des villes. Le monde qui vient ne pourra survivre que grâce à ces pionniers de la Tradition.

00:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, villages à vendre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La nouvelle politique militaire des États-Unis – attention – danger !

penta1.jpg

La nouvelle politique militaire des États-Unis – attention – danger !

mercredi, 14 février 2018

Perspectives pour une Corée réunifiée

CR-3T.jpg

Perspectives pour une Corée réunifiée

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Beaucoup d'attention a été non sans raison apportée aux contacts lors des Jeux olympiques de PyeongChang entre les deux présidents, Moon de la Corée du Sud et Kim Jung-un de la Corée du Nord. Il apparaît que Moon a été invité à  Pyongyang,  capitale de Corée du Nord, par son homologue. Il aurait accepté de s'y rendre.

CR-1.pngCeci bien évidemment s'est fait sans demander l'accord des Etats-Unis qui expriment actuellement leur fort mécontentement. Nul ne sait si les deux pays réussiront à s'entendre, ni sur quelles bases ceci se ferait. Mais beaucoup d'hypothèses très positives circulent en ce moment.

L'histoire et la logique font qu'une réunification des deux Corées, même si c'est sous la formule d'un Etat fédéral, se produira inévitablement dans les prochaines années. Manifestement la Chine et la Russie, très influentes de part et d'autre, y poussent. Mais sur quelles bases celle-ci pourrait-elle se faire?

Excluons dans cette question l'examen du fait que les Etats-Unis ont transformé la Corée du Sud en plateforme avancée des forces militaires considérables qu'ils déploient en mer du Japon et dans le Pacifique sud. Si en effet Séoul ne voulait plus de leur présence, ils seraient bien obligés d'en tenir compte, sauf à agiter des menaces militaires contre le pays ainsi colonisé qui voudrait s'en libérer.

Ceci étant, en dehors des différences démographiques, les deux pays ont un profil très différent. La Corée du Sud est connue dans le monde entier par la compétitivité des entreprises qu'elle y héberge, notamment dans le secteur des technologies numériques. Elle a lié tant aux Etats-Unis qu'en Europe des relations avec les entreprises correspondantes de ces pays qui la rendent en pratique inséparable sur de nombreux plans des économies américaines et européennes. Ces relations ne devraient pas être remises en cause pour des motifs purement politiques.

La Corée du Nord, comme nul n'en ignore aujourd'hui, a réussi à se donner des compétences de premier rang dans le domaine des missiles et de l'arme nucléaire qui la mettront vite au niveau d'autres pays du club des grandes puissances militaires. La Corée du Sud, privée pratiquement de tout moyen de défense en propre du fait des Etats-Unis, devrait être heureuse de partager les ressources militaires du Nord.

Au plan politique, la Corée du Sud peut prétendre être une démocratie. Elle a de bonnes relations avec tous les pays de ce type, notamment en Europe. La Corée du Nord, sans être à proprement parler une dictature, est incontestablement un régime autoritaire. A cet égard elle est proche de la Russie et de la Chine. Mais il y a tout lieu de penser que la pratique démocratique du Sud contaminerait rapidement le Nord. Ceci d'autant plus que si les deux Corées décidaient de s'unir afin de reformer une Corée unique, les populations, d'abord très hésitantes, particulièrement au sud, verraient ceci d'un bon oeil car le sentiment national « coréen » paraît encore vif, ou tout prêt à renaitre.

CR-2.pngComplémentarité

Dans ce cas, la complémentarité des deux économies et de leurs investissement respectifs s'adapterait à merveille. La nouvelle Corée deviendrait une véritable grande puissance mondiale, dans tous les domaines.

Si cette nouvelle Corée entretenait de bonnes relations avec la Chine et la Russie, elle pourrait y conquérir de nouveaux marchés, notamment au plan économique. D'ores et déjà la Chine a proposé d'étendre aux deux Corées une branche de l'OBOR ou Nouvelle Route de la Soie qui les mettrait en relation plus facilement que par la mer avec les pays traversés par cette nouvelle voie, comme avec l'Europe. Le coût pourrait en être partagé.

Le rôle nécessairement très important que jouera l'actuelle Corée du Sud dans la future Corée unifiée devrait rassurer tous les pays asiatiques, notamment ceux de l'Organisation de Coopération de Shanghai. Il n'est pas exclu que le Japon, actuellement très hostile, notamment sous l'influence de son allié américain, se rapproche pragmatiquement de ce nouvel ensemble.

Ce sont ces perspectives, que nous ne développerons pas davantage ici, qui déplaisent fortement à Donald Trump, lequel avait promis plusieurs fois de réduire Pyongyang en cendres, sort auquel d'ailleurs ne pourrait pas échapper Séoul, du fait de sa proximité. Ce sont les mêmes raisons qui ont justifié le visage furieux du vice président américain Mike Pence lors de la séance inaugurale des Jeux puis son départ précipité. Personne apparemment parmi les organisateurs sud-coréens n'a cherché à le retenir. Chacun sait désormais que du fait de sa perte d'influence en Asie, l'Amérique n'aura aucun moyen d'empêcher une future réunification.

mardi, 13 février 2018

Coronel Pedro Baños: La principal preocupación de EEUU es evitar la unión de Rusia con la UE

banoscoronel.jpg

Nuño Rodríguez: Entrevista al coronel Pedro Baños

Coronel Pedro Baños: La principal preocupación de EEUU es evitar la unión de Rusia con la UE

Ex: http://latribunadecartagena.com

El pueblo español sabrá salir adelante. No con nuestros dirigentes, digo con el pueblo español. Cuando hemos tenido que salir fuera hemos salido, y hemos hecho dinero pero sin hacer enemigos. Somos diferentes, yo he dado muchas vueltas por el mundo, la capacidad creativa, de iniciativa de imaginación que tiene el pueblo español lo tienen muy pocos pueblos en el mundo

Pedro Baños Bajo, coronel del Ejército de Tierra y Diplomado de Estado Mayor, es uno de los mayores especialistas en Geopolítica, Estrategia, Defensa, Seguridad, Terrorismo, Inteligencia y Relaciones Internacionales a nivel mundial; su situación militar de reserva es uno de esos lujos que España no debería permitirse. Ha sido jefe de Contrainteligencia y Seguridad del Cuerpo de Ejército Europeo, en Estrasburgo y profesor de Estrategia y Relaciones Internacionales en la Escuela Superior de las Fuerzas Armadas, perteneciente al Centro Superior de Estudios de la Defensa Nacional, en Madrid. Durante la presidencia española de la Unión Europea fue miembro del equipo de la Dirección General de Política de Defensa, del Ministerio de Defensa. Estuvo al frente de la División de Asuntos Estratégicos y Seguridad, de la Secretaría General de Política de Defensa, como Jefe del Área de Análisis Geopolítico. Fue asesor militar en el Parlamento Europeo. Ha cursado estudios en España, Alemania, Francia, Estados Unidos, Bélgica, Turquía, Reino Unido, Israel y China y, en la actualidad colabora con medios de comunicación e imparte conferencias en universidades y fundaciones -tanto en España como en el extranjero- sobre Estrategia, Geopolítica, Inteligencia, Terrorismo, Relaciones Internacionales, Defensa y Seguridad.

Recientemente ha publicado “Así se domina el mundo. Desvelando las claves del poder mundial”, ¡que ya se encuentra en su quinta edición!

 domina-el-mundo_pedro-banos-bajo_201708031558.jpgNo resulta sencillo entrevistar al coronel Pedro Baños. Su nivel de conocimiento requiere -en justa reciprocidad- un entrevistador a su altura. Por ello hemos enviado a Nuño Rodríguez, politólogo y colaborador habitual de La Tribuna de Cartagena.

Muchísimas gracias por atender a La Tribuna de Cartagena, coronel.

Ha escrito usted un libro interesantísimo; analiza usted desde los estados y las organizaciones supranacionales hasta la mente del individuo. Es un mundo complejo ¿Qué actores son los más importantes dentro de esta complejidad?

Yo sigo pensando que los estados. Por encima de todo, los estados. Se habla de los agentes no estatales, el terrorismo no estatal… pero los principales agentes son los estados. Estamos hablando que hay estados poderosísimos que, sin lugar a dudas,  tienen una capacidad para ejercer su influencia de modo omnímodo, no sólo porque el estado detente el monopolio de la violencia, sino porque estos estados tienen una fuerza gigantesca.

Comenta en el libro que el estado es un ser vivo. Por lo menos algunos de ellos… ¿Qué variables podemos tener para medir la vida real de un estado?

Hay una serie de parámetros que miden, por ejemplo, el desarrollo social y el desarrollo industrial de un país. Como por ejemplo el consumo de ciertas materias primas, de ciertas sustancias, minerales... Por supuesto hay otros parámetros para medir el desarrollo social, que puede ser hasta cuantos teléfonos móviles tiene un país. Hay muchos parámetros que lo pueden medir. Y es verdad que son estados vivos porque necesitan básicamente dos cosas; alimentarse y crecer. Que es, por un lado, mantener a la población, proveer todos los recursos para la supervivencia humana, y por otro lado, seguir manteniendo su desarrollo industrial, por lo tanto necesita consumir permanentemente, necesita alimentar su sangre, su industria, su sabia.

Y eso lo tienen que hacer todos los estados.

La armada de EE.UU. es más poderosa que todo el resto de las armadas del mundo juntas

España, se puede entrever dentro de su libro, que es un estado mariachi….

Sí, hay que pensar que aquí hay los típicos matoncillos de patio del colegio. Pero los líderes del patio del colegio son muy pocos, todos los demás hacemos la ola. Somos los seguidores, los adláteres de estos poderosos. Cada uno se ha alineado o se ha afiliado con un poderoso del patio y a nosotros nos ha tocado el bando de EE.UU. Pero también hay algunos países -como pasa con los niños del patio del colegio- que no quieren pertenecer a ningún grupo. Pero es muy peligroso, porque al final suelen ser los perjudicados.

Ciertamente, coronel; estamos hablando que hay estados independientes, pero son muy pocos y siempre están presionados para juntarse con uno u otro bando.

Así es.

¿Si España es un estado mariachi, un estado que va en coalición con su banda de malos, al tener la soberanía enajenada en muchos aspectos, ¿podríamos hablar de estados zombis?

Principalmente son estados que no pueden sustraerse al influjo de los poderosos. Más que zombis yo los llamaría títeres. Porque muchas veces no actúan en su propio beneficio sino en beneficio del jefe. Es verdad que podríamos acusar a los gobiernos europeos de seguir, algunas veces en exceso, las directrices de EE.UU. Pero también es muy difícil, como comento, sustraerse al gran poder que tiene EE.UU. en todos los órganos.

El presupuesto americano de defensa es casi 100 veces el de España

Machiavelssssss.jpgTambién comenta en su último libro una cita de Maquiavelo que decía que “siempre son estos estados los que suelen hacer el trabajo sucio de los grandes para mejorar su imagen frente a ellos…” Estamos también con otros actores, como son las organizaciones supranacionales, como la UE, o incluso la OTAN se podría contar como tal ¿Están estas organizaciones tomando forma de estado independiente, o son claras herramientas de los estados fuertes, de los matones del colegio?

Son herramientas. Primero hay unas organizaciones internacionales donde no se pierde soberanía, otras supranacionales como es la UE donde, teóricamente, se pierde soberanía, pero vemos que hay parte de la soberanía que se retiene a toda costa por parte de los estados, como es el caso de las fuerzas armadas. Se puede decir que la pérdida de soberanía es parcial, incluso dentro de la UE hay países que se niegan a seguir algunas de las directrices marcadas por Bruselas. Pero es verdad que, en el caso de la OTAN, es un instrumento geopolítico en manos de EEUU, que es el que más aporta en todos los órdenes. No sólo en términos económicos sino también de material.

eu-pesco-graphic-v1.jpg

Coronel Baños, estamos viendo como todos los países miembros de la OTAN están apoyando, con dinero o con tropas, en un trabajo que parece diseñado nada más para acorralar Rusia. Tenemos ahora una fuerza en Europa, la PESCO, que también está obligando a poner el 2% del PIB de los países europeos para financiarla ¿Qué razón tendría estar dentro de la OTAN una vez que se haya creado esta fuerza, si llegara a ser operativa?

Como estamos hablando la OTAN es básicamente EE.UU. por su capacidad de aportar medios estratégicos. Europa está empezando a tener aviones de transporte estratégico, pero también hablamos, por ejemplo, de sistemas de comunicaciones. A día de hoy el sistema Galileo no tiene ni punto de comparación con el sistema de posicionamiento global GPS, el sistema americano. Estamos hablando de una disparidad de medios entre organizaciones, enorme. En armamento nuclear estamos hablando de unas pocas cabezas que tengan Francia o Reino Unido, comparado con las miles de cabezas nucleares que tiene Estados Unidos, estamos hablando de barómetros completamente diferentes. Para hacernos una idea; la armada de EE.UU. es más poderosa que todo el resto de las armadas del mundo juntas, no de las europeas juntas, sino de todas las armadas del mundo juntas. Con lo cual estamos hablando de jugar en ligas completamente diferentes. El presupuesto americano de defensa es casi 100 veces el de España, para calcular la diferencia (risa).

En estas iniciativas como la que usted señala, PESCO, llevaron tanto tiempo hablar de ellas, que creo poco. La primera iniciativa para crear una comunidad europea de la defensa es de los años cincuenta, y fracaso también. Aquí surgen muchísimos problemas, acabas que comentar el tema del presupuesto, del aporte con respecto al PIB; hay países que aportan más del 2% -muy pocos- pero hay otros que no llegan al 0,5% del PIB.  La media en Europa está ahora en el 1,4% del PIB ¿De verdad hay gente que piensa que países, como España,  pueden pasar del 0,9% al 2%, aunque sea en pocos años? Desde luego tendría que evolucionar muchísimo la economía para que la población permitiera (habiendo recortes en educación, en sanidad, o en unas pensiones que prácticamente ya no se pueden sostener) que se duplicase el presupuesto de defensa. Más aun cuando si hablamos, no explicamos a la población cuáles van a ser los objetivos de esa duplicación del presupuesto. Eso hay que unirlo a varios aspectos más; lo primero es que no solamente el porcentaje frente al PIB son las fuerzas que tú puedas aportar, evidentemente no es lo mismo un país que pueda tener dos mil soldados -pensemos en el caso de Malta o Luxemburgo- que países como Alemania, Francia Italia o España. El problema que se plantea es ver si pasaría como en la OTAN, que al final las misiones son decididas básicamente por Estados Unidos y, obviamente, no van a ser en su perjuicio sino en su beneficio. Aquí podría pasar exactamente igual. Hay muchas circunstancias que a mí me hacen desconfiar. A lo mejor una idea podía ser una Europa de defensa de dos velocidades, pero tampoco sería una solución.

Entonces, ¿no ve factible que la UE, con sus organismos, llegue a alcanzar el nivel de desarrollo que tiene ahora mismo EEUU?

No, por supuesto que no; porque si hablamos de la OTAN estamos hablando de un liderazgo fuerte, que es el que dirige la organización. ¿Aquí quién la dirigiría? ¿Permitiría Francia que fuera Alemania? ¿Alemania dejaría este papel protagonista a Francia? Ya tenemos el problema servido. Después, como comento, aunque nos juntásemos y subiésemos el presupuesto al 4%, no llegaríamos ni de lejos a hacerle sombra a EE.UU. Además crear la PESCO no es, según nos han trasmitido nuestros políticos, abandonar la OTAN. Simplemente sería reforzar el pilar europeo dentro de la OTAN, que por otro lado, ya es algo que reclama EE,UU,, que dice que ya está bien de soportar nuestra defensa a costa de su erario público.

Galileo.svg.png

Es cierto que hemos enajenado nuestra defensa a los Estados Unidos, después si los EEUU quieren disponer de ella como quieran, ya es cosa suya. ¿Qué trabas podrían llegar a poner los EE.UU. pare frenar estos avances en la autodefensa de Europa, en el Galileo, en las misiones externas exclusivamente europeas? 

Hoy por hoy no le preocupa por lo que estamos hablando; nuestros avances son muy tímidos no vamos a engañarnos. Hasta que el Galileo llegar a pensar simplemente en hacer sombra al GPS, todavía quedaría muchísimo por desarrollar. En todo lo demás básicamente igual. Mientras este núcleo fortalecido de la defensa europea siguiera estando dentro de la OTAN, y mientras EEUU siguiera manejando este instrumento, tampoco sería algo que perjudicara a los Estados Unidos. Más al contrario; aportaría menos dinero, que igual le serviría para reforzar sus servicios sociales o asuntos internos, y por otro lado seguiría manejando la organización. Otra cosa sería si, hipotéticamente, nos convirtiéramos en un rival geopolítico, esos seria otra cuestión.

La principal preocupación de EE.UU. es evitar la unión de Rusia con la Unión Europea

¿Se está intentando evitar la unión de Rusia con la UE?

Esa es la principal preocupación de EE.UU. Y esa es la realidad. Para cualquiera que entienda de geopolítica es algo obvio. Como han intentado a lo largo de la historia todos los países omnímodos o imperialistas; el que surja una unión que les perjudicara a ellos. Es evidente.

Article-zbigniew-brzezinski.jpg

Brzezinski también estaba diciendo, en su antiguo libro del tablero mundial, que el campo de juegos iba a ser Eurasia, que intentar balcanizar Eurasia siempre iba a ser un objetivo de los EEUU.

Por supuesto.

Afirma usted que España es un estado mariachi -incluso dentro de la UE-. Pero España era un país que estaba industrializado, que tenía sus parámetros bien organizados, su empleo, su industria, su PIB… Para entrar en la UE nos obligaron a desindustrializarnos ¿Se puede decir que nos quitaron una escalera que era nuestra y que ahora no nos dejan subir?

Buena pregunta, porque hoy en día hay una sensación rara. Siendo verdad que hemos ganado muchas cosas -como infraestructuras y demás- por otro lado la vida se ha encarecido mucho desde la entrada del euro. Porque los sueldos prácticamente no han subido pero si ha subido todo lo demás. Solo hay que ver lo que en el año 2.000 costaba cualquier cosa, en comparación con los sueldos que había en aquel momento, y lo que cuesta hoy en día. Simplemente hay que ver los alquileres en Madrid, en comparación con los sueldos.  Hay mucha gente que empieza a verlo con mucho recelo. Son esos recelos, esas desilusiones, lo que fomentan el auge de extremismos políticos, enmarcando también, dentro de ellos, el nacionalismo.

Vemos, coronel Baños, que hay gente que ha subido con su escalera, que tienen países industrializados y que están abogando claramente por el libre comercio. Nosotros nos hemos quedado como un país de servicios que no tiene nada con lo que competir dentro de lo que es el libre comercio ¿Tiene futuro esta Europa de las dos velocidades?

El que haya una Europa de dos velocidades va en contra de los principios de la propia UE, como el principio de igualdad soberana. Con todo el esfuerzo que se ha hecho para incorporar países en la UE, las dos velocidades es ir en contra del esfuerzo. Ahora estamos viendo que igual no todos los países podían haber ingresado en la UE ¿Qué significan las dos velocidades?, ¿dejar una serie de países al margen?, ¿qué países van a quedar al margen? Porque cuando se habló de dejar al margen a Polonia, inmediatamente Polonia alzó la voz “Yo para eso no he ingresado en la UE”, además es un país importante, por población y por territorio, no es un país pequeño. Igual hay que hacerlo para sobrevivir como UE, que por supuesto la UE debe reinventarse a toda costa, pero marginar países miembros no creo que sea la mejor de las soluciones.

lawfarebook.jpgEl Lawfare, que como explica en su libro es el uso de las leyes contra la soberanía de otros países ¿qué incidencia está teniendo en España dentro de la UE? Porque ya tenemos muchos aspectos en los que no somos soberanos, ni en la economía, ni en la moneda, ni en la defensa…

No hay un objetivo claro de perjudicar a España, ni mucho menos. Pero es verdad que las leyes internacionales, que el derecho internacional, es una herramienta más en manos de los poderosos, que son los que lo pueden ejercer. En el libro expongo muchos casos de ello, por ejemplo; hay muchos países que están saliendo de la Corte Penal Internacional (CPI) porque consideran que sólo perjudica a los débiles, a los que no tienen esa capacidad de defensa.

La guerra de Yemen no aparece en los telediarios porque quien está atacando es Arabia Saudí

¿A África…?

Como África. Es una realidad, lo estamos viendo ¿Por qué ahora mismo no se está interviniendo en la República Democrática del Congo cuando hay un desastre humanitario gigantesco? O, lo mismo, en Yemen. En Yemen, como quien está atacando es Arabia Saudí y evidentemente es aliado de los poderosos, no hay interés casi ni de que aparezca en las noticias, en los telediarios... En cambio en otros conflictos en los que hay interés, nos machacan sistemáticamente con ese tipo de noticias.

Ahora que menciona Yemen, comenta usted en su libro que todos los países que están siendo díscolos con el sistema internacional, dentro de Oriente Medio, eran los que tenían una buena relación directa con la URSS y en los que todavía se supone que Rusia tiene una influencia más directa ¿Están los poderosos luchando  contra los vestigios de la URSS?

Sí, en cierto modo la guerra fría no ha terminado. Hay escenarios clarísimos donde sigue vigente. Como es el escenario de Corea del Norte; en este país perdura la guerra fría pura y dura. Además de intereses económicos, como reflejo en mi libro, hay intereses ideológicos clarísimos. No cabe duda que la guerra fría sigue en cierto modo vigente. Sobre todo ante una Rusia, que no es que quiera recuperar el esplendor absoluto que tuvo en su momento la URSS, pero sí es cierto que quiere tener parte de la influencia que llegó a tener la URSS; pero como EE.UU. intenta influir en toda América, en Europa o allí donde puede. Cuando nos dicen que parece que Rusia quiere conquistar el mundo, que quiere invadir a toda Europa, hay que ver que EE.UU. tiene cerca de 800 bases repartidas por todo el mundo. Vamos a ver el mapa, vamos a ser honestos y vamos a ver quién rodea a quién.

yemenwarcontrol.jpg

La influencia se suele ejercer más con el soft power, como comenta usted en el libro, que con el hard power…

Sobre todo ese soft power que era lo que pretendía, y así lo explicaba el presidente Obama en su Estrategia de Seguridad Nacional del 2.015. Ahora parece que le quieren dar la vuelta a la tortilla. Pero el objetivo es el mismo; ser el gran dominador del mundo. Dominarlo tanto con las armas como con las mentiras. La falacia es un arma de guerra, es un arma de guerra muy poderosa.

Todos los poderes políticos necesitan de la credibilidad de la población. En un mundo mediatizado, donde la política es una estructura narrativa basada en informaciones bastante inconcretas, ¿tiene esto una solución racional o incluso puede ser mejor que las poblaciones no tengan nada que ver con las decisiones de los gobiernos?

Desde que existe información existe desinformación, manipulación de la información. Desde el origen de los tiempos y a partir de la aparición de la imprenta, de una manera mucho más palpable. Hoy en día, con la tecnología actual, desde los medios de comunicación, se permite hacerlo de una manera diferente. Pero el procedimiento, la base, es exactamente la misma. El otro día veía que iba a haber una comisión europea contra las fake news… pero vamos a ver, cualquiera que entienda un poco de qué va este mundo sabe que la primera fake news es la política y, la política institucional. Tanto estatal como comunitaria. Todos los días nos están bombardeando con noticias que no son ciertas. Nos dan una imagen que no corresponde con la realidad de los países. Ni sobre la realidad de Europa; eso son también fake news. Lo que pasa ahora, que parece que todos nuestros males tienen que provenir de Rusia, que parece quiere causarnos el mayor de los perjuicios, pues parece que únicamente Rusia elabora fake news. Y sin embargo es algo clásico, tradicional.

Con Obama Irán iba a acabar con el Estado Islámico. Y llega Trump y dice que Irán es el malo malísimo

También el mundo parece estar dividido tanto en estados poderosos, con sus gigantescas estructuras militares, como en sistemas mediáticos, como es el sistema mediático occidental, que tiene el enemigo creado con la satanización de Rusia ¿Qué otros enemigos creados podemos encontrar por el mundo?

Tenemos claramente Corea del Norte, y tenemos Irán. Además ese Irán basado en la hipocresía internacional, donde se crean y destruyen países por antojo. Recordemos que desde el año 79 era el gran Satán. Pero cuando llegó Obama y alcanzó un acuerdo nuclear y les dijo que les iba a desbloquear trescientos mil millones de dólares que tenían en cuentas congeladas, de repente nos decían -y podemos ir a la hemeroteca- que Irán iba a ser la solución de Oriente Medio. Irán iba a ser quien iba solucionara todos los problemas, en parte porque iba a acabar con el Estado Islámico. Y de repente llega Trump y dice de nuevo que Irán es el malo malísimo, la peor de las dictaduras, un régimen brutal… ¿A quién creemos? ¿Hace dos años a Obama o ahora a Trump? Para que veas cómo nos manejan, nos condicionan y ¡además nos lo creemos! El problema es que cuando intentas mirarlo de manera objetiva, independiente e imparcial, y tratas de transmitirlo a la población, la gente está ya tan condicionada por lo que le han bombardeado que dicen “no, no, no, este hombre está equivocado, la verdad es lo que nos acaban de decir”.

obama-rouhani-ap-5.jpg

La información con más carga emocional ¿es al final la que más hondo cala?

Por supuesto, y curiosamente es más fácil jugar con las emociones y los sentimientos de lo que la gente se cree. Pongo ejemplos en el libro de cómo consiguen en 48 horas hacernos cambiar el modo de ver el mundo, es facilísimo.

Si, al final se basa todo en la comunicación persuasiva y las narrativas de corte emocional. En un sistema mediático es más barato y efectivo convencer a la gente que imponerle políticas por la fuerza. ¿Va a suponer este hecho un cambio en el campo marcial, lo ha supuesto ya?

Claro, hoy en día se basa sobre todo de hacer la guerra en la mente de las personas. Para que nos hagamos una idea un poco gráfica; la guerra siempre ha sido para doblegar voluntades. Doblegar las voluntades de los líderes, es decir, que el líder al final firmase la rendición. ¿Qué ponían los líderes en medio? A los ejércitos. Hoy en día se trata de sortear al ejército, atacando directamente a las poblaciones y a los líderes, y por supuesto a la mente de las poblaciones y la mente de los líderes. Si tú convences a las poblaciones que les lleve a forzar a sus líderes a tomar decisiones que beneficien al adversario, estás ganando la guerra.

Afirma en el libro que todo de lo que estamos hablando, los estados, los poderes militares, el poder mediático… al final todo responde nada más que a razones económicas, a razones comerciales.

Todos los conflictos, todas las guerras tienen un componente económico. En algunos casos es el prioritario, en otros casos no lo es. Pero el económico es un componente que todos los conflictos tienen. Si hablamos ahora mismo del conflicto de Siria, del absoluto drama humanitario que hay allí, hay que ver cuestiones de trazados de gaseoductos y oleoductos. Porque no es lo mismo que haya un gobierno chií y que también lo haya en Irán, por lo tanto el gas y el petróleo provengan de Irán, y salga al Mediterráneo para que venga a Europa para que lo consumamos los europeos, a que allí haya un gobierno favorable al mundo suní, y que ese petróleo venga de los países suníes del Golfo Pérsico. Se ve que siempre detrás de los conflictos hay un componente económico. En el libro lo explico, la guerra como se hace; con dinero, con dinero y con más dinero. Y el dinero que has gastado lo tienes que rentabilizar, y eso lo haces obteniendo beneficios económicos del conflicto en el que has entrado.

ROTHSCHILD-IMF-World-Bank.jpg

Coronel Baños, en su libro habla de beneficios económicos, de comercio, de las grandes masas de dinero, del sistema bancario, de la familia Rotschild -que precisamente se hizo lo grande que es gracias a la falacia que divulgó sobre la batalla de Waterloo- ¿Cómo está configurado a día de hoy el mundo, dentro y sobre los estados, en familias económicas?

El poder económico es muy importante, condiciona incluso a los propios estados. Sobre todo porque en algunos ambientes, sabes que nosotros, en el mundo católico, el tener dinero o el ser pudiente está mal visto; lo que se dice de que es más fácil que entre un camello por el ojo de una aguja que un rico en el reino de los cielos. En cambio si vas a mundo protestante, en general, está bien visto. El calvinista -como Rockefeller- piensa que cuanto más rico eres más aportas a la sociedad, por lo tanto ser rico es algo socialmente beneficioso. En muchos países la unión entre la política y la economía es muy íntima. Aquí nos cuesta todavía apoyar como estado a nuestras industrias, porque pensamos que se van a  enriquecer por ello, pero no pensamos que si esa industria se enriquece va, por ejemplo, a pagar impuestos a los funcionarios. En el libro pongo ejemplos de cómo EE.UU. ha llevado a cabo golpes de estado para favorecer a sus empresas, para favorecer a sus industrias, principalmente las de energía. Evidentemente existe una fuerte relación entre el poder económico y el poder político. Hoy en día en EE.UU. las donaciones a los grandes partidos son secretas,  y se aportan grandes cantidades, y antes o después los receptores tendrán que devolver el favor. Hay que pensar que el poder, quien lo tiene, no aparece en ningún sitio. La familia Rotchild se supone que se compone de unos doscientos miembros que nadie sabe ni quiénes son, ni dónde están, ni se sabe nada sobre ellos. Se dice que el poder lo tiene el Club Bilderbeg, pero el Club Bilderberg no es nadie, porque hay alguien detrás que lo maneja. Como en la Cumbre de Davos. De lo que podamos ver y nos puedan transmitir no es lo importante, lo importante son las reuniones en paralelo que se realizan. Hay gente que paga fortunas por poder participar en esas reuniones en petit comité que es donde realmente se manejan los hilos del mundo.

Cuando hace diez años hablabas del Club Bilderberg te llamaban conspiranoico. A día de hoy salen sus reuniones anunciadas en los noticieros de la televisión y se ve que el poder va cambiando de escenario.

¡Se anuncian las reuniones y las listas de asistentes! Es información totalmente transparente, dónde y quién asiste, como Albert Rivera de Ciudadanos. Se les llama para ver qué opinan, qué piensan… pero hay gente por encima manejando todo eso.

Al final, lo que somos los ciudadanos nos limitamos a producir y a consumir. Somos una especie de hámster dentro de una rueda.

Y muchas veces lo hacemos felices. Aunque sepamos que somos el hámster dentro de la rueda, estamos encantados no tener que preocuparnos de buscar la comida fuera. Sabemos lo complejo que es el mundo, sabemos cómo nos manejan, cómo nos manipulan… pero es muy fácil decir que los problemas los solucionen otros. Yo tengo mis problemas personales, mis problemas laborales en mi pequeño mundo, pero lo demás ¿Qué me abusan? Pues que me abusen. Muchas veces es inconcebible como soportamos tales abusos, tanto de la política nacional como internacional. Además lo aceptamos con una pasividad absoluta. La gente dice ¿Cómo se pueden permitir estos casos de corrupción, estos escándalos? ¡Y en todos los niveles! Esto es para que hubiese habido una revolución clarísima. En cambio nos tienen tan adormecidos, tan anestesiados… Como explico en mi libro hay muchos estados corruptos donde los poderes para poder ser muy corruptos tienen que permitir, a los de abajo, participar de pequeñas corruptelas, así parece que están todos en el mismo barco. Y no estamos todos en el mismo barco.

Es una de las formas que expone en el libro de compartir el poder. También habla de que no hemos salido a las calles a protestar, pese a las informaciones que han salido, porque la narrativa en el sistema mediático consigue redirigirse de tal manera, que la atención se centra más en quién ha dicho la información, en desprestigiar a la fuente, que en la información misma.

Es un efecto interesante, porque aquí el asunto de Wikilieaks, por ejemplo, se sabe que la gente no se va a poner a leer miles de cables diplomáticos oficiales ¡Que todo lo que dice Wikileaks son cables diplomáticos oficiales, entre diplomáticos o servicios de inteligencia de un país! Aquí ahora nos preocupamos de que “es que ha sido Rusia quien lo ha desvelado” -que puede ser un problema- pero lo verdaderamente interesante es lo que dicen los cables. Del asunto de Wikileaks es que son cables propios, no son cables que hayan sido copiados o imitados.

wiki1028260186.jpg

Es uno de los problemas de la democracia, y de la la división sectorial del trabajo, una persona trabajadora normal, en una democracia, está obligada a una jornada laboral en su puesto de trabajo, pero después se supone que tiene que tener otra jornada para informarse de todas estas cosas.

La gente llega a su casa cansada. Tiene sus problemas y su pequeño mundo. Nos ponemos frente al televisor y nos anestesian, nos bombardean con informaciones sobre lo que está pasando, pero no ni el porqué ni el para qué. Y cuando nos explican el porqué y el para qué son razones viciadas completamente. La gente, que no tiene por qué saber de estos temas, como yo no sé de cirugía del cerebro -por ejemplo- (a mí me pueden contar cualquier cosa de neurocirugía y me lo voy a creer), con estos temas que nos afectan a todos por igual, directa y permanentemente, la gente que no tiene por qué saber, y cuando intenta saber esta tan condicionado por  la información viciada que tampoco se va a enterar.

Al final es un sistema de valores que hay que creérselo. Tienes que comulgar con ello. Coronel, como apunta en su libro, el ser humano necesita de creencias metafísicas. Hay en el libro una cita de Freud que es determinante; retirar el cristianismo de Europa no se va a poder hacer, a no ser que se sustituya por un sistema de creencias exactamente igual, pero diferente ¿Estamos haciendo un tránsito las sociedades occidentales antes sociedades cristianas, hacia unas sociedades con otras creencias?

Sí, de hecho hay que pensar cómo se ha transformado el mundo en muy poco tiempo. El mundo que yo conocí, hace 40 años, no tiene nada que ver con el actual. El modelo social que había en España es completamente diferente. Que nadie piense que estos cambios surgen por generación espontánea. Hay agentes que lo van condicionando, que lo van transformando. No digo ni para mejor ni para peor, pero es una realidad. Además, como expongo en el libro, hay una pérdida de valores donde todo se cuestiona, todo se banaliza, todo es posible, todo es… y ¿por qué no?, llegará un momento en que habrá una sociedad completamente diferente. No digo ni mejor ni peor, no sé si nos hará más felices o más desgraciados, pero que vamos a ser una sociedad con ese tipo de valores diferentes sin lugar a dudas.

En su libro comenta que las sociedades multiétnicas tienden a conflictos étnicos. Habla también en el libro de George Soros como percusor y mecenas de todas estas políticas de mentes y puertas abiertas ¿Cree que todas estas políticas pueden estar encaminadas a crear esta clase de conflictos étnicos dentro de los estados occidentales para ser más manejables?

 Yo no lo descartaría. Lo que sí que es cierto es que la diversidad, que debería enriquecernos, muchas veces es utilizada para dividirnos. No es tampoco una fábula, lo cierto es que ahora mismo estos movimientos migratorios, en muchos casos de musulmanes, está rompiendo Europa. Se muestra con datos objetivos lo que está pasando. En estos países del grupo de Visegrado, principalmente en Polonia y en Hungría, donde las declaraciones de sus líderes políticos principales, como es el caso de Victo Orban (el primer ministro de Hungría) que ha dicho que no quiere un solo refugiado por el mero hecho de ser musulmanes. Están volviendo a levantar fronteras,  están construyéndose muros; ahora mismo hay doce muros fronterizos construyéndose en Europa. Estamos viendo que se rompe Europa porque ya no se cumplen las directrices de Bruselas. Estamos hablando de que se produce un desorden social una vez que se produce ese multiculturalismo. A lo mejor nosotros en España lo aceptamos muchos mejor porque nosotros siempre hemos sido un cruce de culturas, de religiones, hasta de razas ¿Qué sucede? Que nosotros lo aceptamos mucho mejor que otros países donde se consideran, o consideraban, más étnicamente puros en todos los conceptos sociales. Nosotros cuando estamos en el extranjero nos relacionamos más, aceptamos cualquier relación. Además caemos bien y se nos quiere por eso precisamente.

deu0wtdxoaex3ys.jpg

Sabemos entonces cómo el sistema nos está manejando. Sabemos cómo están atacando nuestras sociedades desde sitios abstractos, indescriptibles, pero con políticas bastante concretas. La palabra de moda de este año, la más buscada en Google dicen, la más consultada, ha sido Aporafobia. Se supone que significa odio a los pobres. Como con otras fobias surgidas de la nada se empezara a legislar para blindarlas jurídica y socialmente. En su libro, coronel Baños, habla de cómo a los pobres se les puede utilizar, se les puede radicalizar con unos fines concretos. No hay que ser muy listo para saber que si desde el sistema mediático nos han dicho que esa ha sido la palabra de moda es porque el sistema económico-político se prepara para generar millones de pobres ¿Qué religiones o ideologías nos pueden vender para radicalizar a la gente y provocar que se revolucione?

Pues surgirán por todos los lados porque mira; yo cuando hablo de pobre lo enmarco en un concepto mucho más amplio.  Amplio desde el concepto de la persona desilusionada, desmotivada, frustrada…

¿Como el vendedor de fruta que se inmoló en Túnez del que habla en su libro?

Claro. Ese vendedor de fruta de Túnez lo tenemos aquí en España, lo tenemos en Europa, y cada vez hay más casos. A me gustaría que nuestros políticos aprendieran la lección de lo que ha pasado no hace mucho en Irán, hace poco en Túnez: las aspiraciones legítimas, sobre todo de los jóvenes, para pedir mejoras socio económicas. Aquí lo entendemos como movilizaciones en búsqueda de una democracia occidental, y no es eso. Buscan mejoras socio económicas. Hablamos de una juventud, en el caso de Túnez, que el 60% de los licenciados están en paro. Y sin ninguna perspectiva de trabajar en lo que han estudiado. En España no estamos de una manera muy diferente. Aquí tenemos una juventud que la tenemos adormecida, anestesiada, drogada, con el fin de que no surja esa revolución. Pero hay que ver lo que va a pasar a muy corto plazo. Tenemos una generación que en muchos casos no tiene capacidad para vivir por sí misma. Aunque esté trabajando, requiere de ayuda, o ayuda familiar o ayuda estatal. Eso significa, aunque estén mantenidos artificialmente, muchos no están cotizando a la Seguridad Social ni el sistema de pensiones. Si nosotros los mayores vamos a tener difícil tener una pensión ellos directamente no lo van a  tener. Pensemos el monstruo que estamos creando. Estamos abocados a una revolución, y todavía no estamos aprendiendo la lección de lo que está sucediendo.

Nos hablan de los logros de los últimos cuarenta años.  ¿Dónde están los logros?

Estamos teniendo ya todos los elementos de frustración en la sociedad española como para crear una yihad, acorde a su libro. ¿Nos falta el mecenas y la voluntad de los líderes políticos de arriba?

Claro. Al final alguien utilizara esta situación de modo torticero. Será una ideología política, será una religión, pero alguien lo utilizará, que no quepa ninguna duda. Cuando hay desesperanza la gente intenta agarrarse a algo que le ofrece una esperanza, incluso sabiendo que puede llegar a fracasar, ¡pero cuando la persona está ya fracasada…! Tiene que tener al menos esa ilusión. Porque no hay nada más desesperante en la vida que pensar que no se tiene futuro para uno mismo o para sus hijos.  Eso es lo más desesperante del mundo. Y la desesperación genera tensiones y las tensiones revoluciones.

nanoTX.jpg

He visto doctoras en nanotecnología trabajando de dependientas en una tienda…

El otro día me contaban que dos camareros de una cafetería de universidad, eran los dos licenciados, ingenieros. Muchas veces nos hablan de los logros en los últimos cuarenta años. Si lo analizamos con tranquilidad nos preguntamos ¿Dónde están los logros? En el año 77 los intereses hipotecarios estaban al 22%, hora están negativos. En aquel año, una familia, trabajando un solo miembro de la familia aportaba entre el 20-30% de su sueldo para pagar esa hipoteca y la pagaba entre cinco y diez años. Hoy en día, trabajando los dos padres, y aportando el 50% de los dos sueldos, esa misma hipoteca la pagan entre 30 y 50 años. Que me explique alguien en que hemos progresado; nos han hecho mucho más esclavos.       

Y encima han roto la estructura familiar, nos han hecho más esclavos y más débiles.

Y encima han roto la estructura familiar, nos han hecho más esclavos y más débiles.

Antes había movilidad social, que era uno de los pilares de la democracia. Una persona saliendo de las clases más humildes, trabajando, con honradez, con seriedad, echándole horas, pues esa persona podía pasar a clase media. Hoy en día es al revés; es la clase media la que está pasando a clase baja, y cada vez más. Hoy en día un joven lo más seguro, a pesar de toda la formación que tenga, puede que no salga en toda su vida de clase baja. No va a poder llegar a la clase media en la que vivían sus padres y sus abuelos. En el año 77 una persona que  había terminado una carrera, una ingeniería, arquitectura, abogacía, era un señor de por vida, tenía la vida resuelta de por vida; podía tener cuántos hijos quisiera, varias casas, lugares de recreo… hoy en día muchísimos arquitectos están trabajando de falsos autónomos, encima ganando una miseria.  Me contaban un caso de una persona que tenía dos hijos con carreras técnicas que le decían “nos habéis engañado, hemos estudiado y no tenemos ni para vivir” y eran estudiantes de Matrículas de Honor. Ese es el monstruo que estamos creando. Y después salen las fake news diciendo que todo va bien, que todo está mejorando, que todo es maravilloso y fantástico. En el año 77 el 3% de la población era licenciado superior, ahora más del 30% ¿Qué sucede? Que la gente con acceso a buenos puestos de trabajo, bien remunerados, sigue siendo el 3%. Que son los hijos de la gente pudiente, que ha podido estudiar en el extranjero, que hablan varios idiomas, han ido a universidades prestigiosas, esos evidentemente encuentran trabajo… Todos estos monstruos que han creado que son las universidades de pueblo ¿Cuánta gente que estudia en esas universidades va a encontrar trabajo? Además muchas de esas carreras que se sabe desde el origen que no van a tener salidas laborales, que no van a ejercer nunca ¿De qué sirven? Sólo sirven para generar frustraciones.  Porque estamos haciendo dos enseñanzas diferentes. Porque no es lo mismo el que está estudiando en un colegio público de un barrio periférico de Madrid que el que está estudiando en un colegio exclusivo que cuesta de 500 a 1500 euros al mes. No es lo mismo ni por el círculo de relaciones, ni por enseñanza, ni por los idiomas que aprenden… estamos marcando una diferencia desde el principio.  Eso lo tienes que unir luego con la enseñanza posterior. Podemos mirar los hijos de nuestros políticos y ver cuántos están estudiando en una universidad de una pequeña provincia, o cuantos están estudiando en las mejores universidades en el extranjero.

Volvemos otra vez al tema de la desindustrialización de España. Esto es algo que se tenía que saber ¿Cómo se pueden hacer tantas universidades generando gente preparada académicamente para un sistema laboral que no los va a poder absorber?

Porque aquí no se hacen planteamientos a largo plazo, se hacen planteamientos políticos a corto plazo. Aquí hay intereses políticos, además intereses políticos muy localistas. En toda Europa. Una de las debilidades, también de las ventajas, de la democracia es la alternancia en el poder. Mientras China hace planes estratégicos a 50 años vista, o Rusia, que no tiene que dar cuenta a ningún parlamento ni a ninguna oposición, nuestros políticos aquí están preocupados principalmente de ganar las siguientes elecciones, además de dar el codazo a su compañero de al lado para que no le vaya a quitar el puesto. Muchas veces es más fácil estar haciendo políticas que te garanticen un voto temporal para mantenerte o llegar al poder que estar haciendo políticas de estado, que igual te perjudican pero  benefician al país a largo plazo. Para la ciudadanía lo más sencillo es “si en mi pueblo que tiene quinientos habitantes, me ponen un hospital y un helicóptero medicalizado, y me ponen cuatro UVIs móvil, pues ¡qué bueno es el alcalde! Pero no piensan que después puede ser un lastre económico. La gente se piensa que el dinero crece de los árboles, después no piensan que el alcalde tendrá que poner el suelo para construir cuatro veces más caro porque alguien tendrá que pagar el hospital, el helicóptero y las UVIs móvil, y lo van a pagar los hijos o los nietos de los que lo están disfrutando. Pero el político se ha mantenido en el poder unos cuantos años y ha triunfado personalmente. Pero no ha hecho un beneficio para el pueblo.

Al final son otras potencias vecinas las que se acaban beneficiando de esto. Porque si hay otros países que se dicen amigos y aliados que absorben nuestros médicos generados a mucho más bajo coste que en sus propios países, y se los están llevando allí a pagarles unos sueldos irrisorios en relación a su preparación. Después estamos viendo como desde países pudientes sí que llegan inversores y compran los terrenos del pueblo de ese alcalde porque ellos sí que pueden comprar una casita con esos precios de construcción a primera línea de mar ¿Están empobreciendo España artificialmente?

Sí, porque además nosotros nos estamos quedando principalmente para el sector servicios. Sí que es cierto que tenemos multinacionales fuertes, bancos fuertes. Pero es el sector servicios una parte muy sustancial, muy importante del PIB ¿Pero y si mañana cambia la situación? ¿Y si mañana, Dios no lo quiera, sufrimos varios atentados que hacen huir el turismo? ¿Y si se abren otras zonas de turismo, como los Balcanes, de que vamos a vivir nosotros? Como bien dices ¿Para qué quieres tres mil ingenieros si no hay fábricas donde trabajar? ¿Para qué miles de arquitectos si no hay edificios que construir? Eso es lo que tenemos que pensar. Además la alta tecnología que tenemos, que como aquí no sabemos fomentar, potenciar y retener a nuestros mejores científicos pues las start up españolas las está comprando China a precio de saldo.

Somos diferentes. El pueblo español, no con nuestros dirigentes, sabrá salir a delante

espagnol-pauvre.jpg

Estamos generando capital humano de gran calidad para otros  a bajo coste. Para terminar; España, como ente socio político ha tenido que mutar sobre sí misma por lo menos tres veces en la historia para poder sobrevivir ¿Sobrevivirá España a los cambios a los que está expuesta?

Sobrevivirá ¿Sabes por qué? Por el pueblo español. Somos un pueblo, que aparte de ser generosos, tolerantes, que aceptamos la diversidad, somos un pueblo muy especial, que tenemos mucha imaginación. Somos un pueblo trabajador, que no nos achantamos por nada. Y lo demostramos cuando salimos a cualquier sitio. Somos un pueblo capaz de con cuatro alambres hacer un coche. Eso somos nosotros, los españoles. Y lo demostramos constantemente, incluso con nuestros jóvenes obligados a salir al extranjero que llaman la atención por su capacidad de hacer las cosas, y sobre todo con esa imaginación, con esa iniciativa.  El pueblo español sabrá salir adelante. No con nuestros dirigentes, digo con el pueblo español. Cuando hemos tenido que salir fuera hemos salido, y hemos hecho dinero pero sin hacer enemigos. Somos diferentes, yo he dado muchas vueltas por el mundo, la capacidad creativa, de iniciativa de imaginación que tiene el pueblo español lo tienen muy pocos pueblos en el mundo. Sigo teniendo mucha esperanza y mucha fe en el pueblo español que es el mejor valor que tenemos en España.

Después de todos los bombardeos mediáticos para olvidarnos de nosotros mismos ¿Sigue habiendo una idiosincrasia española dentro del sistema de naciones?

Yo creo que sí, a pesar de estos movimientos centrífugos si que creo que tenemos una idiosincrasia especial, y va a ser muy difícil acabar con ella. Eso es lo que nos une en cierto modo a todos. Todos los pueblos que han pasado con esas diversidades nos han formado de una manera muy especial, porque sabemos que esa diversidad nos ha enriquecido, sabemos que cuando una raza se mantiene demasiado pura acaba debilitándose. Esa diversidad aquí a sido favorable por que nos ha fortalecido.

Muchísimas gracias, coronel Pedro Baños por haber atendido a La Tribuna de Cartagena. Sólo puedo recomendar a todos los lectores su libro. Un libro que como hemos visto en la entrevista no deja ninguna manera de dominación mundial fuera del saco; desde los estados-nación hasta la mente del individuo, un libro sobre geopolítica redondo. Normal que vaya ya por la quinta edición, a punto de salir la sexta creo.

Sí, sale la sexta en breve y se está preparando una séptima con alguna actualización. Sale esta semana una edición en portugués, para el mundo lusófono, y se empieza esta semana también a comercializar en Hispanoamérica.

Rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine en Afghanistan

chine-syrie-armee.jpg

Rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine en Afghanistan

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Alors que Donald Trump continue à présenter la Chine comme une menace quasi existentielle pour les Etats-Unis , les militaires américains engagés par le même Donald Trump dans ce qui parait un guerre sans fin contre les Talibans envisagent sérieusement à cette fin un partenariat avec la Chine.

Début janvier, les forces américaines avait mené dans l'est de l'Afghanistan une frappe aérienne sur une milice progouvernementale afghane infiltrée par les islamistes affiliés aux Talibans, phénomène d'ailleurs courant. Treize combattants avaient été tués à cette occasion. (voir https://www.tdg.ch/monde/frappe-americaine-tirs-13-morts/...)

Dans la suite de cette opération, l'aviation américaine vient de lancer une série de frappes contre l'ETIM ( East Turkestan Islamic Movement) au nord est de l'Afghanistan, dans la province du Badakhshan près de la frontière avec la Chine et le Tajikistan. https://www.defense.gov/News/Article/Article/1435247/us-f...

Le prétexte en était que l'ETIM y entretenait des camps d'entrainement au profit des Talibans, et leur fournissait des militants. Mais il se trouve que l'ETIM est très proche des séparatistes musulmans chinois ouighours (uighurs) que Pékin combat depuis des années, sans grands succès d'ailleurs. Le bruit a couru que les Etats-Unis avaient agi à partir d'informations fournies pas la Chine

Interrogé à ce sujet, le représentant du ministre des Affaires étrangères chinois a déclaré que la Chine était ouverte à toute coopération pragmatique avec les pays combattant le terrorisme et contribuant au maintien de la paix sur un pied d'égalité.

Le 6 février, lors d'une visite à Washington, peu commentée malgré son importance, le secrétaire d'Etat chinois Yanf Jiechi a rencontré Donald Trump. L'un et l'autre se sont félicités des bonnes perspectives de coopération entre les deux pays, dans de nombreux domaines notamment la lutte contre le terrorisme. http://www.xinhuanet.com/english/2018-02/10/c_136964623.htm

Dans le même temps, le chargé d'affaires russe pour l'Afghanistan Zamir Kabulov avait assuré que Moscou considérait la lutte contre l'Etat islamique en Afghanistan comme une priorité, compte tenu des dangers que celui-ci représentait pour les Etats asiatiques de l'ex-URSS et la Russie elle-même. http://tass.com/politics/989170 . Les combattants islamiques étaient désormais selon lui 10.000 et leur nombre augmentait régulièrement. Précédemment, Kabulov avait accusé les Etats-Unis d'y transférer des combattants islamique d'Iraq et de Syrie, et de continuer à les approvisionner en armes, ceci avait-il laissé entendre pour renforcer la menace islamique aux frontières de la Russie.

NATO-Afghanistan1.jpg

La lutte contre le terrorisme afghan représentera-t-elle un terrain de rapprochement durable entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie? On peut en douter. A supposer que l'Afghanistan soit définitivement purgée de tout terrorisme par une action commune entre ces trois grandes puissances, vu les potentialités stratégiques et économiques du pays, aucune de celle-ci ne renoncera à la perspective d'y exercer un protectorat de fait. Malgré son éloignement géographique, Washington pourra s'appuyer dans ce but sur son armée et les multiples bases militaires américaines de la région.

Sur l'ensemble du sujet, voir M.K. Bhadrakumar http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumaranrediffmailcom/

lundi, 12 février 2018

Angela et sa coalition-zombie en cours de désintégration

merkelskeptisch.jpeg

Angela et sa coalition-zombie en cours de désintégration

Ex: http://www.dedefensa.org

Il y a eu un accord entre le SPD et la CDU/CSU pour un gouvernement allemand dite de “Grande Coalition”(laquelle n’a plus la majorité dans les sondages, mais passons puisque les sondages ne sont que des photographies d’un instant) ; c’est-à-dire qu’il y a eu un accord d’abord entre Martin Schulz et Angela Merkel, les deux dirigeants des deux partis et comme deux bois morts de la forêt dévastée qu’est la politique allemande ; puis, aussitôt après cet accord déjà des protestations très vives dans les “parties” prenantes, surtout au SPD, jusqu’à un coup de théâtre. Schulz, l’ancien et insupportable président du Parlement Européen fameux pour ses menaces méprisantes à l’encontre des Grecs et des Polonais, a dû en rabattre. Sorti de la salle de négociation en annonçant triomphalement qu’il prenait le poste convoité de ministre des affaires étrangères, il a dû reculer, pressé par la fureur qui a parcouru la direction de son propre parti devant lequel il s’était engagé à ne jamais faire partie d’un nouveau gouvernement Merkel, et renoncer à ce poste au profit du titulaire actuel, le SPD Sigmar Gabriel qui a mené la fronde. Ce qu’Alexander Mercouris nommait déjà “la Grande Coalition-fantôme” est devenue instantanément la “Grande Coalition-zombie” quasiment unijambiste sinon hémiplégique.

Amer-1.jpeg

Mercouris, grand connaisseur de l’Allemagne et jugeant la crise allemande actuelle particulièrement grave, avait commencé son article de fond sur l’accord Schulz-Merkel avec la situation initiale (Schultz ministre des affaires étrangères). Il l’a terminé par un “postcript” relatant par le biais du Financial Times les dernières péripéties :

« M. Schulz a fait face à une vague de colère de la part du SPD après avoir accepté le poste, bien qu'il ait juré de ne jamais servir dans un cabinet dirigé par Angela Merkel :

» “Les sociaux-démocrates ont déclaré que la volte-face [de Schulz] a laissé le parti avec un énorme problème de crédibilité alors qu'il lance un sondage national de ses 460 000 membres sur l'accord de coalition conclu cette semaine avec les conservateurs de Mme Merkel.

» Dans une déclaration vendredi, M. Schulz a déclaré que la discussion de son rôle “mettait en danger le succès de l’accord” et qu’il espérait qu’en abandonnant le ministère des Affaires étrangères, il pourrait mettre fin aux “discussions sur les questions de personne au sein du SPD”. “Nous faisons tous de la politique pour les gens de ce pays”, a-t-il dit, “il est donc approprié que mes ambitions personnelles soient reléguées au second plan des intérêts du parti“.

» Son retrait inattendu intervient après qu'il ait été l’objet d’une attaque furieuse du ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, qui l'a accusé d'avoir trahi ses engagements en acceptant son poste. M. Gabriel a déclaré au groupe de presse Funke qu'il avait été un ministre des Affaires étrangères efficace et populaire, mais que ‘les nouveaux dirigeants du SPD se fichent clairement de cette appréciation publique de mon travail’.

» Berlin a été secoué de tumulte depuis que les conservateurs d'Angela Merkel et le SPD de M. Schulz ont dévoilé mercredi leur nouvel accord de coalition, au milieu d'une fureur généralisée sur la façon dont les postes ministériels étaient répartis entre les deux partis.

» L'accord de 177 pages est conçu pour mettre fin à l'impasse politique laissée par les élections peu concluantes de septembre, au cours desquelles les deux partis ont perdu des voix en faveur de l'Alternative d'extrême droite pour l'Allemagne. Mais l’affaire a été éclipsée par la dispute sur quelles personnalités ont obtenu quels ministères.

» De leur côté, les conservateurs sont absolument déchaînés : le SPD, qui n'a remporté que 20,5% des suffrages – son pire résultat dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre – s’est vu également confier le ministère des Finances, qui depuis huit ans est le fief de la CDU de Mme Merkel. Au SPD, la colère à propos de la nomination de M. Schulz au ministère des Affaires étrangères était encore plus grande ...” »

Cela conduit Mercouris à sa conclusion finale qui laisse ouverte, sinon grande ouverte la porte à de nouveaux rebondissements dans ce qui est désormais, et de loin, la crise politique la plus grave de l’Allemagne d’après-guerre : « Cette révolte et la décision de Schulz d’abandonner le ministère des Affaires étrangères soulignent le fait qu’essayer de perpétuer le gouvernement de la ‘Grande Coalition’ qui a perdu tant de soutien en septembre est une très mauvaise idée. Le fait que Schulz ait été obligé de partir, et la réaction également furieuse à propos de cet accord de la part de nombreux membres du SPD et de la CDU/CSU, semblent signaler que l’accord pourrait bien être en train de se désintégrer... »

Msch.jpg

L’épisode laisse effectivement présager d’autres tribulations pour cette “Grande Coalition” qui semble être rien de moins que mort-née ; qui, si elle se met tout de même en place, n’aura guère d’autorité ni de latitude d’action, comme un gouvernement de crise perpétuant l’apparence d’une sauvegarde... L’accord avec ses péripéties permettent d’avoir une vision impressionnante des ravages causés au système politique allemand, aussi bien par la politique de Merkel de ces dernières années que par la décrépitude de l’establishment, le vieillissement et l’inanité du personnel de direction, et notamment des dirigeants les plus en vue, le désordre interne des deux principaux partis, etc. Quelle différence avec l’Allemagne d’il y a trois ans, qui dictait sa loi à la Grèce comme si elle était le IVème Reich et faisait marcher l’Europe au pas de l’oie ! L’Europe justement : alors que Macron commence à rencontrer des difficultés sérieuses après l’hébétude fascinée qui suivit sa victoire, son attente des retrouvailles d’un “partenaire” allemand solide pour relancer une dynamique européenne selon la vision conventionnelle se trouve confrontée à de très sérieux obstacles. D’ores et déjà, l’élimination de Schulz du poste des affaires étrangères représente un sérieux revers pour Macron, Schulz étant un partisan acharnée d’une intégration européenne au forceps, selon ses habitudes ; au contraire, Gabriel est plus tenté par un équilibrage de la politique allemande, passant par une amélioration des relations avec la Russie, à laquelle une Merkel extraordinairement affaiblie ne pourra guère s’opposer.

Encore tout cela reste-t-il de la spéculation du meilleur des cas, celui où l’accord SPD-CDU/CSU de mercredi dernier serait accepté sans autre remous, et le nouveau gouvernement mis en place dans les mêmes conditions. Après l’épisode Schulz et le constat d’un si fort mécontentement des cadres des deux partis pour un accord qui ne satisfait personne, l’hypothèse d’une désintégration de cet accord est loin d’être hors de propos. On se trouverait alors dans une impasse, après avoir essayé toutes les formules, avec la possible nécessité de nouvelles élections qui pourraient être catastrophiques, – en fait, une autre sorte d’impasse pour les partis dominant, ou ex-dominant. (Actuellement, le SPD est à 17%, presque rejoint par l’AfD eurosceptique d’extrême-droite avec 15%, et il est probable que les dernières péripéties ont encore réduit cette marge minimaliste. D’autres déplacements de voix sont probables et ces divers facteurs font que de nouvelles élections pourraient réserver des surprises catastrophiques pour l’establishment.)

Il se confirme par conséquent que l’Allemagne se trouve dans une crise politique profonde, qui ébranle le régime lui-même. L’Allemagne suit la tendance crisique très forte qui affecte tous les pays du bloc-BAO, d’une façon ou l’autre, spécifiquement selon les pays, alors que les crises extérieures (en Syrie et au Moyen-Orient avec la “folie-compulsive” US, à “D.C.-la-folle” où se poursuit l’affrontement autour du pouvoir, etc.) continuent à se développer au rythme du “tourbillon crisique”. C’est un des derniers pôle d’une stabilité-Système qui tend à se dissoudre, tandis que le partenaire français de l’Allemagne, incapable de se dégager des engagements extérieurs catastrophiques de ces dix dernières années, continue à cultiver une exceptionnelle absence d’influence par rapport à ce que ce pays pourrait prétendre, – contribution française à la Crise Générale de l’Effondrement.

Avec la quasi-sécession en cours des pays d’Europe de l’Est (“les quatre de Visegrad”), l’Europe est sur la voie d’une sorte de désintégration par délitement et par dissolution de l’intérieur (autre approche du même processus que risque de suivre la “Grande Coalition” de la pauvre Merkel). Tout semble donc fonctionner, avec une quasi-parfaite coordination, pour poursuivre le processus de l’effondrement. Ce qui est remarquable, c’est la diversité des approches, et combien, les divers dangers identifiés (la montée du populisme, identifiée depuis 4-5 ans) ne se manifestent pas comme on les attend mais s’adaptent aux diverses situations. C’est qu’en vérité, il n’y a pas à craindre un danger ou l’autre qui attaquerait le Système puisque le seul danger est le délitement et le processus d’autodestruction alimentés par le Système lui-même. C’est de plus en plus une affaire qui roule...

Mis en ligne le 10 février 2018 à 14H58

Matthew Crawford: Creating a Place to Be

matthew-crawford-1garage.jpg

Matthew Crawford: Creating a Place to Be

Review:

Matthew Crawford
The World Beyond Your Head
Farrar, Straus and Giroux, 2016

jacket_med.jpgMatthew Crawford is a new but powerful intellectual. His debut in the public sphere began in 2009 with his book Shop Class as Soulcraft, which was affectionately dubbed “Heidegger and the Art of Motorcycle Maintenance” by Slate [2], and positively reviewed by Francis Fukuyama [3]. Crawford’s second polemic, however, is more far-reaching, and stands to usurp his first work as a philosophical masterpiece.

The book seeks to resolve the crisis of attention in which we find ourselves. Modernity has gently but completely entrapped much of the world, not merely in advertisements and clickbait, but in automated distractions that have no care or interest in the cognitive cost that these stimuli impose on their audience. These claims on our attention make it difficult to develop a coherent thought, discern what is valuable, or build competence in a skill—all of which require periods of uninterrupted focus that our world doesn’t seem interested in allowing us. But perhaps worse than that, these distractions seem designed to create values—or even dependencies—in line with the interests of those crafting the distractions. Because the distribution of attention is a zero-sum equation, valuing what is procured for us by “choice architects” comes at the expense of other things we might otherwise value. Focusing on a social media or email notification on my phone, for instance, means that in that moment, I cannot focus on work that I get paid for, giving my daughter a bath, or paying attention to my wife. The constant stream of interruptions reduces our ability to marshal our attention effectively in the creation of an authentic self.

Crawford argues that the origins of the problem can be found in an Enlightenment idea of freedom most powerfully espoused by Immanuel Kant, which separates our will from the material world. The goal was to save human freedom from the mechanistic determinism of Thomas Hobbes by placing human autonomy on a plane of existence beyond the reach of the world. According to Kant, action must be inspired by the realm of the pure intellect, of a priori moral laws, if we are to be free agents, untarnished by mechanistic infringements upon our autonomy. This retains “free will,” and the dignity of humans as agents touched by the divine spark . . .  or does it?

The book meanders through the relevant literature on perception and cognition, eventually concluding that our ability to see is inseparable from motion, and that thinking similarly contingent upon objects in our environment, including our bodies. In other words, the agency Kant was seeking to protect is not shielded by running away from the material world, but rather is expanded (to whatever degree it can be) by orienting ourselves in relationship to the world.

By way of explanation, Crawford introduces the reader to the concepts of ‘jigs’ and ‘nudges.’ Jigs are contraptions—usually ad hoc—that allow a carpenter to make cuts at exactly the same length without having to measure every individual piece. More broadly, they are ways that experts design their own environment to take some of the cognitive burden of their work, allowing them to focus on other things. The term “nudge” was coined by Cass Sunstein, the head of the Office of Information and Regulatory Affairs under President Obama. Nudges are similar to jigs in principle, in that they accept the limitations of human attention and attempt to engineer behavior, usually by establishing default choices (in Cass Sunstein’s case, by changing the default employee 401k choice to “opt-in”). However, unlike the jig, which is organic creation and usually an indirect product of the environment itself, the nudge is the product of administrative fiat.

The efficacy of the jig and the nudge in the real-world show that this materially grounded conception of human will is not actually escaped by embracing Kant’s Grounding for the Metaphysics of Morals. All that happens is that the reins of attention—our physical world—are presented for control to someone else.

The book takes a downright sinister turn in the exploration of the psychology of casinos. The phenomenon of the casino demonstrates the naivete—or insidiousness—of people who moralize about pulling ourselves up by our bootstraps in an environment purposely engineered to keep that from happening. The design philosophy behind casinos, and perhaps of much of social media, is essentially autistic. It affords the participant the gratification of pseudo-action, having ‘made something happen,’ and this provides a sense of comfort. But this pseudo-action happens within such a constrained system that increases in skill or experience are not relevant, and sometimes not possible. Individual growth does not result in any meaningful change in outcome. By contrast, one can be constrained by the nature of a motorcycle engine, and by accepting and learning these constraints, the individual gradually become more competent in fixing them. Being constrained by the rules of a slot-machine, however, gives the actor the feeling of power over their environment (I push a button, and the machines spins) without any possibility of meaningful improvement.

MC-shop.jpgSuch a design philosophy does not make people more free. By placing their “free will” beyond the reach of their material environment, we make room for all sorts of impositions on people’s ability to act in their own interests, and we may even make them vulnerable to exploitation. In the casino, this can include exploitation “to extinction.”

The book lays out a lethal criticism of the libertarian idea that “people should be allowed to make their own decisions” on this point. Our decisions are not free, and cannot be free, because absolute freedom of choice would render decision-making impossible. The defense of libertarian freedom requires us to join Pennsylvania governor Ed Rendell, and say of problem gamblers that “anyone who has that bent is going to lose their money anyways.”

Even a few weeks of familiarity with smart phones, video games, alcohol, sex, cigarettes, or porn is enough to know that all humans ‘have that bent’ in some capacity. The defense of libertarian freedom is, at best, a failure to understand the environmental effect of decision-making; at worst, something more nefarious.

The “freedom” that both those on the left and the right want to preserve is not a kind of “ability to do otherwise,” though people often attempt to describe it in this way. Rather, it is the kind of feeling of power that Nietzsche articulated, which Crawford captures in his description of a line-cook who feels “like a machine” when he is performing at his best.

What he seems to convey when he exults “I’m a machine,” ironically enough, is that he is caught up in a moment of savoring his own distinctly human excellence. One virtue of the extended-mind rubric is that it offers a theoretical frame for understanding a very basic, low-to-the-ground mode of human flourishing, in which we are wholly absorbed in activity that joins us to the world and to others. The cook finds pleasure in his ability to improvise; to meet the unpredictable demands of the situation, and to do so within the structure imposed by the kitchen.

This feeling of power is accomplished by tuning ourselves to our environment, and also by tuning our environment to ourselves, to create an ecology of attention that gives a feeling of coherence in our lives.

It may be less surprising to some than to others that a writer like Rebecca Newberger Goldstein [4] might take issue with Crawford’s diagnosis, particularly with his assessment of the Enlightenment. While Crawford’s argument is, as Goldstein rightfully points out, by no means a complete history of enlightenment thought, the incompleteness of his account of Spinoza and Hume is not particularly relevant to the argument. Crawford is not saying ‘the Enlightenment was bad,’ but rather ‘this particular conception of the self is wrong.’ By outward appearances, Goldstein’s fixation on the Enlightenment looks like a superficial excuse to disagree with Crawford’s account of coherent self-hood, agency, and a moral theory of attention, without actually addressing the argument itself.

In the end, Crawford’s theory of attention and the self presents a challenge to the neoliberal and libertarian conceptions of individual agency that have separated us from the legacy of those who did have our best interests at heart. It is an argument which—red herrings about the Enlightenment aside—does not appear to have a strong counterargument. If it is correct, then it poses the reader with the challenge of finding some way to ‘jig’ our collective environment in such a way that the possibility of forging a coherent self is possible. If we don’t, then we will be ‘nudged’ into accepting an autistic existence in a kind of Brave New Casino.

Given the rates of porn addiction [5] and suicide [6] that we have presently, such a future may not be very far off.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/02/creating-a-place-to-be/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/02/WorldBeyondYourHead.jpg

[2] Slate: http://www.slate.com/articles/arts/books/2009/05/heidegger_and_the_art_of_motorcycle_maintenance.html

[3] Francis Fukuyama: http://www.nytimes.com/2009/06/07/books/review/Fukuyama-t.html?pagewanted=all

[4] Rebecca Newberger Goldstein: https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2015/05/dont-overthink-it/389519/

[5] porn addiction: https://www.webroot.com/us/en/home/resources/tips/digital-family-life/internet-pornography-by-the-numbers

[6] suicide: https://www.counter-currents.com/2017/07/chester-bennington-and-white-male-suicide/

dimanche, 11 février 2018

La Chine installe une base militaire en Afghanistan

photo_verybig_8626.jpg

La Chine installe une base militaire en Afghanistan

Par Peter Korzun

Source Strategic Culture

Ex: http://lesakerfrancophone.fr

La province afghane du Badakhshan est limitrophe de la région autonome chinoise ouïgour, le Xinjiang. Elle faisait autrefois partie d’une voie commerciale reliant l’Orient et l’Occident, connue sous le nom d’ancienne route de la soie. Aujourd’hui, cette route est relancée dans le cadre de l’initiative chinoise One Belt, One Road (OBOR), qui prévoit la construction d’importantes infrastructures en Afghanistan et en Asie centrale, dans le but de stimuler l’intérêt de Beijing pour la province.

L’Afghanistan abrite d’importants gisements de matières premières que la Chine pourrait importer. Pékin est en train d’investir 55 milliards de dollars au Pakistan et prévoit de construire un corridor économique s’étendant  jusqu’à la mer d’Arabie. L’OBOR dynamisera l’économie mondiale et profitera également à l’Afghanistan. La Chine est le principal investisseur et partenaire commercial de l’Afghanistan. La stabilité en Afghanistan est dans l’intérêt de la Chine, mais il y a peu d’espoir que les États-Unis puissent la fournir. Après tout, Washington n’a rien réalisé de substantiel allant dans ce sens depuis 2001. Il y a eu des attaques et des replis soudains, des changements de tactiques et de stratégies, et de nombreuses études sur la façon de renverser la tendance de cette guerre, mais les talibans sont toujours forts et l’économie afghane en ruine – le trafic de drogue étant le seul type d’entreprise qui y prospère. Jusqu’à présent, l’administration Trump n’a pas encore présenté sa stratégie tant attendue pour l’Afghanistan, même s’il y a au moins 8 400 soldats américains basés dans le pays. Et leur nombre va bientôt augmenter. Les relations entre les États-Unis et les autres acteurs concernés, comme le Pakistan, sont très tendues. Washington a récemment suspendu son aide militaire à ce pays.

L’instabilité en Afghanistan menace le corridor économique sino-pakistanais, un élément important de l’OBOR. La Chine agit en tant que médiateur, essayant de concilier les différences entre les acteurs régionaux. Les relations afghanes et pakistanaises se sont détériorées en 2017 lorsqu’elles se sont accusé l’une et l’autre de fournir un soutien aux djihadistes opérant dans les zones frontalières. Pékin travaille d’arrache-pied pour améliorer ces relations bilatérales. Elle a mis en place une réunion tripartite entre tous les ministres des Affaires étrangères en 2017. L’un des résultats de ces discussions a été la création de groupes de travail pour promouvoir la coopération dans divers domaines d’activité. Une autre réunion devrait avoir lieu cette année à Kaboul.

Afghanistan-corridor-Wakhan_1_1020_848.jpg

Le Mouvement islamique du Turkménistan oriental, un mouvement nationaliste et islamique ouïgour du Xinjiang, est actif en Afghanistan. Les militants acquièrent de l’expérience de combat en combattant côte à côte avec les talibans et d’autres groupes militants. Pékin ne veut pas que ces guerriers chevronnés reviennent et se livrent à des activités terroristes sur son territoire.

La Russie et la Chine ont intensifié leur aide militaire aux États d’Asie centrale. Elles estiment que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) peut contribuer de manière substantielle à un règlement pacifique. Ces deux pays tentent de construire un réseau d’États régionaux. Moscou et Pékin sont motivées par leurs intérêts nationaux. Conscientes de leurs responsabilités en tant que grandes puissances, elles travaillent ensemble pour promouvoir la sécurité en Afghanistan et en Asie centrale.

Ceci dit, la Chine pourrait penser que ses intérêts dans la région sont suffisamment forts pour justifier un engagement militaire à l’extérieur de ses frontières. Des représentants du gouvernement afghan ont indiqué que la Chine envisage de construire une base militaire au Badakhshan. Les discussions sur les détails techniques vont bientôt commencer. Les armes et le matériel seront chinois, mais l’installation sera dirigée par du personnel afghan. Les véhicules et le matériel seront acheminés par le Tadjikistan. Il ne fait aucun doute que des instructeurs militaires chinois et autres experts viendront également former et assister les missions. Le vice-président de la Commission militaire centrale chinoise, Xu Qiliang, affirme que la construction de cette base devrait être achevée en 2018.

Grâce à quelques offensives puissantes menées en 2017, les talibans ont capturé temporairement les districts d’Ishkashim et Zebak et celui du Badakhshan. Le gouvernement afghan n’a pas réussi à assurer une présence militaire suffisante pour assurer la sécurité. Un accord avait été conclu avec les commandants locaux sur le terrain, qui leur avait donné une part de la production de lapis-lazuli là-bas, en échange d’une cessation des hostilités. Mais les chamailleries internes ont sapé la paix fragile entre les groupes locaux, et les talibans ont saisi l’occasion pour intervenir. La présence d’État islamique dans la province est particulièrement préoccupante. La sécurité des frontières est donc une question d’une importance primordiale pour Pékin.

b7c3be72-bb65-4e1b-86ad-1e6f42dca576.jpg

La question est : jusqu’où la Chine est-elle prête à aller ? Jusqu’à présent, elle a limité ses activités militaires à des équipes commandos patrouillant dans le corridor de Wakhan. Une base militaire au Badakhshan constituerait une étape importante démontrant que Pékin est prête à étendre sa présence dans le pays et remplacer les États-Unis. La Chine a un atout dont les États-Unis manquent – ses bonnes relations avec la Russie et le Pakistan. Pékin représente l’OCS, une grande organisation internationale qui comprend des acteurs tels que la Turquie, l’Iran, l’Inde, le Pakistan et les pays d’Asie centrale. L’année dernière, le président russe Vladimir Poutine a pris l’initiative de relancer les travaux du Groupe de contact de l’OCS sur l’Afghanistan. Ces activités avaient été suspendues en 2009. La Russie préconise d’ouvrir dès que possible des pourparlers directs entre le gouvernement afghan et les talibans. Pékin soutient également cette idée. Les deux nations sont dans le même bateau. Moscou a déclaré qu’elle était prête à accueillir une conférence sur l’Afghanistan.

L’OCS peut transformer le processus de paix en un véritable effort multilatéral. Cela affaiblira le poids des États-Unis dans la région, mais renforcera les chances de trouver un règlement au conflit. La coopération et la diplomatie pourraient ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Afghanistan.

Peter Korzun

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.

 

Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

cyprusmap.jpg

Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

Par Patrice GOURDIN

Ex: https://www.diploweb.com

Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne à l’École de l’Air. Il intervient également à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique.

Alors que nous assistons à la mise en scène des « Jeux de la Paix » entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, l’Union européenne compte depuis 2004 un pays membre – Chypre - occupé en partie par un pays supposé candidat depuis 2005 – la Turquie. Patrice Gourdin offre ici une analyse géopolitique de ce lieu de tensions en mer Méditerranée. Un texte de référence sur une question souvent méconnue.

FIN janvier 2018, à Lefkosia (nom turc de Nicosie), à l’instigation du président turc Recep Tayyip Erdogan, des nationalistes ont attaqué le journal Afrika qui avait critiqué l’offensive contre les Kurdes de Syrie (opération Rameau d’olivier) et établi un parallèle avec l’intervention à Chypre en 1974. Cette violence illustre les rivalités qui affligent l’île. Sur le territoire de Chypre, la répartition du pouvoir est complexe : au nord, la République turque de Chypre du Nord-RTCN, une zone peuplée de Chypriotes turcs, occupée par l’armée turque depuis 1974 ; au sud, un espace contrôlé par la République de Chypre, où le pouvoir est exercé par des Chypriotes grecs. Issues d’un conflit, ces deux entités sont séparées par une zone tampon où se trouve stationnée depuis 1974 une force d’interposition de l’ONU, la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Ajoutons qu’après l’indépendance de Chypre en 1960, la Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires (Dhekelia, Akrotiri), sur la côte sud. La proximité de cet espace insulaire avec le Proche-Orient contribue à expliquer cet état de fait. Le poids de l’histoire est considérable et plusieurs acteurs extérieurs ont influé ou continuent d’influer sur l’évolution de l’île.

chypre-la-division-du-pays-en-2017_500.jpg

Carte de Chypre en 2017.
Source de cette carte de Chypre en 2017 : Mathieu Petithomme « Chypre : l’impasse des pourparlers de réunification », Questions internationales n°87 - septembre-octobre 2017, La documentation Française.

I. Un carrefour insulaire

L’île de Chypre se situe en Méditerranée orientale, très près des côtes de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Israël et d’Égypte. Cela la place au contact direct d’une zone particulièrement instable : le Proche-Orient. La tumultueuse histoire de cette région pesa constamment sur les Chypriotes. L’île connut différents centres de pouvoir, aujourd’hui disparus ou délaissés. En 1192, la maison des Lusignan prit la direction du royaume et en fixa la capitale à Nicosie. La ville se trouvait idéalement située : sur la rivière Pedieos, pour l’approvisionnement en eau ; au cœur de l’île, donc équidistante des différentes régions ; dans la plaine de la Mésorée, principale zone agricole, pour l’alimentation des citadins. Nicosie est l’épicentre de tous les événements importants qui marquèrent l’évolution de l’île depuis près d’un millénaire. Moins connu que celui qui traversait Berlin entre 1961 et 1989, un mur de séparation matérialise, au cœur de la capitale, la coupure du pays en deux. La division politique de l’île, la zone tampon instituée en 1964 à Nicosie puis généralisée en 1974 et l’emprise des bases britanniques (Dhekelia, Akrotiri) fragmentent le territoire de Chypre. La découverte récente d’hydrocarbures offshore suscite des tensions autour de la délimitation des zones économiques exclusives des États riverains.

Chypre est peu étendue : 9 251 km², ce qui la place derrière la Sicile, la Sardaigne ou la Crète, à peu près à égalité avec la Corse. Ce territoire est marqué par les caractéristiques de l’insularité, plus ou moins pesantes selon les périodes de son histoire : un relatif isolement, des particularismes, une économie en partie dépendante de l’extérieur, des difficultés à maîtriser son sort.

troodos.jpg

Plus arrosé que la chaîne de Kyrenia, le massif du Troodos est le château d’eau de l’île, source de plusieurs fleuves ou rivières (notamment le Pedieos) qui viennent irriguer la plaine fertile de la Mésorée. Mais la sécheresse du climat méditerranéen est particulièrement marquée, ce qui pose depuis toujours le problème des disponibilités en eau. L’existence des habitants, ainsi que le développement des aptitudes agricoles et des activités touristiques, dépendent de la plus ou moins grande capacité à mettre en place et à entretenir des systèmes hydrauliques efficaces. L’agriculture, autrefois prospère et source importante de richesse, occupe aujourd’hui une place modeste dans la vie économique (2,3 % du PIB de la République de Chypre). Les troubles dans l’île tout au long du XXe siècle ont entravé la modernisation de l’agriculture de la Mésorée, la grande plaine centrale. La coupure de l’île a ruiné les exploitations dans la partie nord. Depuis plus de quarante ans, les habitants attendent la mise en œuvre du programme d’aménagement promis par Ankara pour améliorer l’agriculture de la zone turque.

Chypre occupant une position de carrefour, son insularité ne l’empêcha pas de profiter très précocement de la révolution néolithique. Elle fut ensuite incorporée à toutes les grandes constructions politiques proche-orientales de l’Antiquité, tout en préservant une plus ou moins grande autonomie jusqu’à la domination macédonienne. Elle choisit l’hellénisme dès la période achéménide et appartint au vaste empire d’Alexandre, puis le diadoque Ptolémée en prit le contrôle. Après les conquêtes de Pompée en Orient, Chypre intégra l’Empire romain. Lors du partage du IVe siècle, elle échut à l’Empire romain d’Orient. Durant tout le Moyen-Âge, Chypre fut une plate-forme importante des échanges commerciaux et des affrontements entre l’Orient musulman et les puissances chrétiennes. Elle tomba aux mains de l’Empire ottoman, sous lequel son économie périclita et la population chrétienne souffrit. Elle appartint à l’empire colonial britannique de 1878 à 1960. Pour Londres elle eut une valeur stratégique variable : brièvement importante pour contrer l’avancée russe en Méditerranée à la fin du XIXe siècle, cruciale pendant la Première Guerre mondiale pour affronter l’Empire ottoman, considérable depuis la Seconde Guerre mondiale pour peser sur l’évolution du Proche-Orient. Aujourd’hui, la République de Chypre argue de cette situation de carrefour pour encourager l’implantation d’entreprises étrangères. Elle valorise le très riche patrimoine culturel accumulé au fil de ces différentes époques pour attirer les touristes étrangers.

chypre_01.jpg

Dans l’Antiquité, Chypre fut le principal fournisseur de cuivre du bassin méditerranéen. Cette ressource généra une importante activité métallurgique aujourd’hui pratiquement disparue. Les exportations de matière première et de produits finis contribuaient largement à la prospérité de l’île. Temps révolus : les gisements sont épuisés et une seule mine reste en activité, celle de Skouriotissa. Les habitants tentent désormais de faire des sites d’extraction une attraction touristique. Le sous-sol ne recèle aucune autre ressource notable. Cela a contribué à l’absence d’activité industrielle significative jusqu’à nos jours (10,6% du PIB de la République de Chypre). Découvert à partir de 2009 dans la région maritime comprise entre l’Égypte et la Turquie, le « bassin du Levant » recèlerait, selon les estimations de l’US Geological Survey, 3 400 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Des experts comparent ce gisement à celui de la Mer du Nord. En 2011, d’importantes réserves ont été localisées au large de la côte sud de l’île. La République de Chypre entend bien s’appuyer sur ce pactole pour améliorer sa situation économique. Mais la mise en exploitation du gisement Aphrodite se heurte au problème des investissements et aux revendications de la Turquie.

L’île participa de tout temps aux échanges maritimes en Méditerranée, mais la valorisation de cet atout est limitée par les sanctions que la Turquie a prises à l’encontre des navires battant pavillon chypriote ou ayant fait escale dans un port de la République de Chypre. Toutefois, cette dernière, à l’instar de la Grèce, tire parti de sa longue tradition navale pour offrir un pavillon de complaisance (2% de flotte mondiale, soit1 053 navires totalisant une capacité de 33 Mt de port en lourd) qui contribue pour 5% au PIB du pays. Ceci, joint à une politique fiscale “attractive“ et à un système bancaire peu regardant, vaut à la République de Chypre une réputation douteuse et la présence de personnages ou d’entreprises pas toujours recommandables. Cette particularité remonte à la guerre civile libanaise (1975-1990), qui provoqua le transfert des activités bancaires de Beyrouth vers Nicosie. La fin de la Guerre froide a entraîné l’afflux des fortunes russes (notamment à Limassol où l’on décompte 30 000 résidents russes). Cela a contribué à amplifier les activités des banques chypriotes. Les difficultés de ces dernières sont à l’origine de la très grave crise financière qu’a connue le pays en 2008-2013. Le pays dut faire appel à l’Union européenne qui le plaça sous surveillance et lui imposa des réformes. La crise est officiellement terminée depuis 2016. La disponibilité d’importantes quantités de capitaux explique que la construction immobilière ait connu un essor important. Les investissements s’orientent également vers le tourisme (favorisé par le climat, l’omniprésence de la mer et le capital culturel) qui est devenu le secteur le plus important de l’économie chypriote (15% du PIB de la République de Chypre, qui reçoit 3 millions de visiteurs par an). De son côté, la RTCN tente de devenir un “casino flottant“ pour les ressortissants du Proche-Orient mais cela ne suffit pas pour lui éviter de stagner dans le marasme économique.

Pyramide_Chypre.PNG

La population de Chypre est faible : 1 116 500 habitants. Les habitants sont inégalement répartis dans l’espace. Si les faibles densités s’expliquent en partie par les conditions naturelles (relief inhospitalier, notamment le massif du Troodos), le dépeuplement du Nord résulte de l’expulsion des Chypriotes grecs lors de l’invasion turque en 1974. L’implantation de colons turcs venus d’Anatolie est loin d’avoir compensé cette perte. Les statistiques démographiques, fragmentaires, portent avant tout sur la République de Chypre. La population affiche un vieillissement marqué : 15,16 % de la population ont moins de quinze ans, 29,4 % ont moins de 25 ans, 11,8 % ont 65 ans ou plus. Avec 1,47 enfants par femme, le remplacement des générations n’est plus assuré. Comme partout où il se produit, ce phénomène obère l’avenir.

Dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

Avec un indice de développement humain élevé (0,856), la République de Chypre se situe au 33e rang mondial (au niveau de Malte ou de la Pologne, légèrement en-dessous de la Grèce et largement au-dessus de la Turquie). Les dépenses d’éducation atteignent 6,4 % du PIB et le taux d’alphabétisation de la population dépasse 99 %. Cela garantit une main-d’œuvre qualifiée, mais n’empêche pas le chômage (10% de la population active de la République de Chypre) car l’activité économique est insuffisante (la crise économique a provoqué le départ de 25 000 personnes). Les dépenses de santé représentent 7,4 % du PIB et l’espérance de vie est assez élevée : 81,6 ans pour les femmes, 75,8 ans pour les hommes. Un niveau comparable à celui de la Pologne ou des États baltes. La Turquie affiche des performances bien inférieures. D’ailleurs, selon les estimations, dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

La population de Chypre est hétérogène. La délimitation du périmètre d’attribution de la nationalité chypriote (question des colons turcs) dans la perspective d’une réunification constitue l’un des points débattus dans les négociations. Le nombre est un facteur important pour la répartition du pouvoir et des ressources dans la perspective qui semble la plus adaptée au cas chypriote : la mise en place d’un État fédéral associant deux entités fondées sur l’appartenance communautaire. Par conséquent, les chiffres qui circulent sont sujets à caution. En l’absence de recensement contemporain fiable, les extrapolations se basent sur celui de 1954. À cette date, les Chypriotes grecs représentaient 80,2 % de la population et les Chypriotes turcs 17,9 %. Avant la partition, les Chypriotes grecs étaient présents sur l’ensemble de l’île et les Chypriotes turcs étaient disséminés un peu partout (mais regroupés dans 45 enclaves depuis 1964). En 1974, les transferts forcés de population ont vidé la partie nord de ses habitants grecs et la partie sud de ses habitants turcs. Après une décennie de ségrégation spatiale, il s’est produit un processus d’épuration ethnique.

ChypreNordSud.jpg

Les deux parties de l’île ont des institutions politiques distinctes. Elles jouissent d’un régime démocratique, mais la partie nord subit depuis 1974 les avatars de l’autoritarisme caractéristique des pouvoirs turcs successifs. Des élections pluralistes sont régulièrement organisées dans les deux entités. De part et d’autre, dans les campagnes électorales, la question de la réunification occupe une large place. Au sein des deux communautés, une majorité semble favorable à celle-ci, mais la plupart des habitants de l’île ne souhaitent pas la réaliser à n’importe quel prix. La communauté turque tient à limiter les restitutions et/ou les indemnisations de biens grecs expropriés en 1974. La communauté grecque rechigne à l’octroi de la citoyenneté chypriote aux colons venus d’Anatolie. En conséquence, les négociations entre les deux parties n’ont, jusqu’à ce jour, jamais abouti et les divers plans proposés par la communauté internationale ont été rejetés.

Il s’avère d’autant plus difficile de trouver une solution que la culture insulaire mêle originalité et diversité.

II. Une population clivée

Chypre eut une grande importance dans l’histoire du christianisme. Elle fut l’une des étapes du premier voyage de conversion entrepris par Paul de Tarse. La première église fut fondée à Salamine et Barnabé (cousin de Marc l’Évangéliste et l’un des soixante-douze disciples du Christ) en fut le premier évêque. Selon la tradition chrétienne, après sa résurrection, pour fuir les persécutions, Lazare se rendit à Chypre où il prit une part active à l’évangélisation. Il devint le premier évêque de la ville de Kition, renommée après sa mort Larnaca (du grec larnax  : le tombeau). Le christianisme chypriote, base de l’identité de la communauté grecque, s’inscrit dans la tradition orientale, confortée par plusieurs siècles d’appartenance à l’Empire byzantin. Depuis 431(concile d’Éphèse), l’Église de Chypre est autocéphale : elle jouit d’une indépendance totale, sur le plan juridique comme sur le plan spirituel. Son rayonnement, limité par l’insularité, ne lui permit pas d’être érigée au rang de patriarcat. Il s’agit d’un archevêché, dont le titulaire détient l’autorité suprême, source d’un prestige et d’une autorité qui perdurèrent jusqu’à la mort de Mgr Makarios (1977).

Chypre se trouve sur la ligne de contact entre le christianisme et l’islam. Sa situation stratégique en Méditerranée orientale en fit une place disputée entre l’Empire musulman et l’Empire byzantin. En 649, elle passa sous le contrôle du Califat, qui la conserva jusqu’en 965, date à laquelle Nicéphore II Phocas mit fin à trois siècles de suprématie maritime arabe et restaura la souveraineté byzantine sur l’île. Point d’appui essentiel des royaumes latins d’Orient, Chypre passa sous le contrôle de la famille des Lusignan en 1192 (évincés par les Vénitiens en 1489). Dès 1196, l’Église latine s’imposa. Elle implanta un archevêché à Nicosie et édifia des lieux de culte de style gothique dont certains vestiges subsistent, contribuant à l’originalité du paysage. Les deux Églises coexistèrent plus ou moins difficilement jusqu’à la conquête turque, en 1570. Chypre devint alors une province de l’Empire ottoman. Quatre ans plus tard, l’Église orthodoxe fut rétablie dans ses droits, tandis que l’Église latine était supprimée et que ses édifices cultuels étaient transformés en mosquée ou désaffectés.

Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique.

L’islamisation de l’île se fit donc en deux temps : du VIIe au Xe siècle sous les dynasties Abbasside puis Omeyyade ; entre 1570 et 1878 dans le cadre de l’Empire ottoman. Il en résulte la présence d’une importante minorité musulmane, ainsi qu’une forte empreinte architecturale. Umm Ahram, la nourrice de Mahomet, participa à la conquête de l’île et mourut au bord du lac salé qui se trouve près de Larnaca. Elle y fut enterrée en martyre, et un complexe religieux y fut édifié. Il s’agit désormais d’un des plus importants lieux saints de l’islam. Sa localisation dans la partie grecque de l’île limite les possibilités de pèlerinage pour les Chypriotes turcs.

archcyprus.jpg

Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique. Par la combinaison de la jalousie de la communauté musulmane et de la dégradation de l’administration, la situation des Chypriotes orthodoxes se détériora aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les exactions fiscales étaient monnaie courante, les famines se répétaient, engendrant des révoltes sévèrement réprimées et nombre de chrétiens émigrèrent vers la Crète, le Péloponnèse, Corfou, et même Venise. Au XIXe siècle, la population grecque de l’île, était instruite et ses élites suivaient les péripéties du mouvement des nationalités en Europe. Une partie de ses membres communiait dans la « Grande Idée » de se libérer du joug ottoman et de restaurer l’Empire byzantin. Par conséquent, le déclenchement de la guerre d’indépendance grecque provoqua, en 1821, une répression préventive de la part des autorités ottomanes, ainsi que l’abrogation des pouvoirs de l’Église. Le 9 juillet 1821, les principaux notables grecs — parmi lesquels l’archevêque, Cyprien — furent exécutés. Dès lors, animée d’un sentiment antiturc, une partie des Chypriotes revendiqua l’ enosis , le rattachement à la future Grèce libérée. L’île était désormais impliquée dans les rivalités qui tissaient la Question d’Orient. En 1832, lorsque l’Empire ottoman dut accepter l’indépendance de la Grèce par le traité de Constantinople (signé avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie), Chypre en était exclue, malgré le panhellénisme affiché par une partie de sa population. Compensation partielle, la politique de réformes (Tanzimat) entreprise à partir de 1839 par le sultan Abdülmecid Ier marqua le début d’une amélioration dans l’administration de l’île.

cyprusGB.jpgLa poussée russe en direction de la Méditerranée orientale et l’ouverture du canal de Suez (1869) amenèrent la Grande-Bretagne à s’intéresser à la position stratégique de Chypre. Après avoir limité les ambitions de Moscou en soutenant l’Empire ottoman (congrès de Berlin, 1878), la Grande-Bretagne conclut une alliance défensive avec Istanbul, qui lui confia l’administration de Chypre (Conventions des 4 juin, 1er juillet et 1er août 1878). L’anglais supplanta alors le français comme langue des élites. Mais la modernisation ne fut pas à la hauteur des espérances. En effet, dès 1882, les Britanniques disposèrent du port d’Alexandrie pour sécuriser le trafic maritime de la route des Indes via le canal de Suez et surveiller tout mouvement éventuel de la flotte russe. Chypre perdait son importance stratégique et les investissements déclinèrent rapidement. Déçus, en 1889, les Chypriotes grecs demandèrent officiellement leur indépendance et leur rattachement à la Grèce. Londres leur opposa le premier d’une longue série de refus.

L’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) provoqua l’abrogation des Conventions de 1878 et l’annexion de Chypre par la Grande-Bretagne (5 novembre 1914). La présence de troupes alliées à Salonique et en Égypte réactiva l’importance stratégique de Chypre et offrit à l’économie de l’île d’importants débouchés. À la fin de la Première Guerre mondiale, les Chypriotes grecs renouvelèrent sans succès leur demande de rattachement à la Grèce, tandis que la Turquie renonçait “définitivement“ à Chypre (1920 : traité de Sèvres ; 1923 : traité de Lausanne). Or, les guerres gréco-turques de 1919-1920 et l’épuration ethnique croisée qui en résulta avaient accru les passions identitaires. La revendication d’enosis en fut exacerbée, tandis que Londres maintenait son intransigeance : en 1925, l’île devint officiellement colonie britannique. Le 21 octobre 1931, une manifestation en faveur de l’enosis tourna à l’émeute et le palais du gouverneur britannique fut incendié. Les troubles persistèrent jusqu’en 1939.

ellas-kypros-enosis__article.jpg

L’invasion de la Grèce par les puissances de l’Axe (28 octobre 1940 - 28 avril 1941) poussa des Chypriotes à s’engager dans l’armée britannique. Chypre redevint une base militaire essentielle après le débarquement de Rommel en Afrique du Nord, en février 1941, et la conquête de la Crète par les Allemands, en mai 1941. Londres autorisa une relative libéralisation de la vie politique sur l’île mais, en 1945, une nouvelle demande de rattachement à la Grèce fut rejetée. La Grande-Bretagne tenta de juguler le mécontentement par l’octroi d’un statut d’autonomie. Londres nourrissait de vives inquiétudes : alors que le contexte de Guerre froide avait entraîné une sanglante guerre civile en Grèce (1946-1949), le parti communiste chypriote (AKEL) avait connu un essor important depuis la Seconde Guerre mondiale. L’appréhension était partagée, comme en attesta la condamnation du communisme par l’archevêque de Nicosie. Mais ce dernier n’abandonnait pas pour autant la cause panhellénique. En janvier 1950, il organisa un référendum officieux sur l’enosis. 96 % des votants exprimèrent leur volonté de rattachement à la Grèce. Les autorités britanniques dénoncèrent l’illégalité de la consultation et refusèrent de la prendre en considération. Avec l’élection de Monseigneur Makarios III à sa tête, en octobre 1950, l’Église autocéphale chypriote intensifia le combat panhellénique. Le nouvel archevêque tenta de saisir l’ONU de la question de Chypre, mais la Grande-Bretagne s’y refusait et le gouvernement grec ne pouvait contrarier cette dernière car il en dépendait. Après l’évacuation de la zone du canal de Suez exigée en 1954 par le colonel Nasser, Londres eut un motif supplémentaire de conserver ce territoire : le quartier général britannique pour le Moyen-Orient devait y être transféré. Elle annonça un nouveau statut d’autonomie mais renouvela son refus d’aller au-delà. À l’automne 1954, la Grèce put enfin faire inscrire la question chypriote à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies. Les Britanniques, afin de dévier le problème sur le terrain de la rivalité gréco-turque et de se poser en arbitres, impliquèrent la Grèce et la Turquie dans les négociations. La manœuvre réussit à la perfection et aucune solution ne fut trouvée : alors que la première réclamait l’autodétermination, la seconde la refusa.

Georgios-Grivas_3084104c.jpgGeorges Grivas, un général grec vétéran des deux guerres mondiales, créa, en 1954, l’Organisation nationale des combattants chypriotes (Ethniki Organosis Kyprion Agoniston-EOKA). Le 1er avril 1955, avec l’accord de Mgr Makarios, il déclencha la lutte armée pour l’indépendance et l’enosis. Convaincus que Mgr Makarios instrumentalisait l’EOKA, les Britanniques l’exilèrent aux Seychelles (9 mars 1956). Cela déclencha des protestations internationales et Grivas intensifia les opérations, ce qui aggrava la répression. La violence atteignit son paroxysme et le gouvernement britannique se résigna à l’autodétermination. L’intervention à Suez, en novembre 1956, démontra tout à la fois l’utilité d’une base stratégique en Méditerranée orientale et la nécessité d’être en bonne intelligence avec la population sur le territoire de laquelle elle était implantée. Les pourparlers reprirent au printemps 1957, après la libération de Mgr Makarios. Sous la pression américaine, la Grèce et Mgr Makarios renoncèrent à l’ enosis , tandis que les Turcs abandonnaient leur projet de partition. L’EOKA cessa ses opérations en 1959.

Le 16 août 1960, l’île devint indépendante, avec une Constitution prévoyant un partage du pouvoir entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Sur le terrain, les deux communautés restaient imbriquées et avaient vécu en bonne intelligence jusqu’aux clivages intercommunautaires qui apparurent en 1956 et produisirent les premiers incidents sanglants en 1958. Afin de se protéger des violences perpétrées par l’EOKA, des Chypriotes turcs, autour de Rauf Denktash, fondèrent alors l’Organisation turque de résistance (Türk Mukavemet Teskilati-TMT) et prônèrent la partition. La multiplication des divergences rendit l’île ingouvernable. En 1962, pour sortir de la paralysie, Mgr Makarios tenta de modifier la Constitution. Mais les Chypriotes turcs, craignant de voir leurs droits réduits, s’y refusèrent. Les affrontements entre les deux communautés s’exacerbèrent en 1963 (Noël sanglante) et dès 1964, l’île faisait l’objet d’une partition de fait  : 100 000 Chypriotes turcs étaient regroupés dans 45 enclaves dispersées sur l’ensemble de l’île. S’ouvrit alors une décennie de crise, qui culmina le 15 juillet 1974 avec la tentative de coup d’État de la dictature militaire grecque (appuyée sur l’EOKA-B créée par Grivas en 1971 pour relancer l’enosis) contre Mgr Makarios. Les colonels essayaient d’enrayer la contestation populaire en Grèce par l’accomplissement de l’enosis. Cette manœuvre tourna à la confusion de ses auteurs : les Turcs débarquèrent dans le nord de l’île le 20 juillet 1974. À l’issue d’un mois de combats, auxquels participèrent activement les membres du TMT, Ankara contrôlait le tiers nord de l’île, ce qui provoqua un exode massif de populations (200 000 Chypriotes grecs chassés au sud ; 42 000 Chypriotes turcs chassés au nord) et la mise en place de deux entités politiques : la République de Chypre et la RTCN.

Archbishop-Makarios-648x365.jpg

Les oppositions entre insulaires ne se réduisent pas au clivage entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Chaque communauté connaît de vifs débats internes illustrés par les récentes élections : législatives du 7 janvier 2018 dans la partie turque, présidentielles des 28 janvier et 4 février 2018 dans la partie grecque. Si la question de la réunification nourrit largement les débats, les problèmes socio-économiques prennent de plus en plus d’importance. Notamment dans la partie grecque, où le président sortant (Nicos Anastasiades) vient d’être réélu non seulement sur la promesse de reprendre les négociations, mais aussi sur l’engagement de relancer l’économie (et l’emploi) et de créer un fonds dédié au remboursement d’une partie de l’épargne saisie lors de la crise bancaire de 2013. Le débat n’est pas absent de la partie turque : parti historique de la communauté, fondé en 1975 par Rauf Denktash, le Parti de l’unité nationale (conservateur nationaliste) n’a pas atteint la majorité absolue, une partie des électeurs lui reprochant tout à la fois d’être corrompu, d’abuser du pouvoir (qu’il a exercé pendant plus de 30 ans depuis 1975) et d’être trop étroitement soumis à Ankara. Bien qu’émiettée, l’opposition est parvenue à créer une coalition réformatrice modérée majoritaire. L’opinion est également divisée sur la politique du président Erdogan : des Chypriotes turcs de souche rejettent l’implantation de colons venus de Turquie (ils seraient majoritaires en RTCN), critiquent l’intransigeance d’Ankara dans les négociations sur la réunification, s’opposent à l’islamisation (ouverture d’écoles religieuses, construction de mosquées) et à ce qu’ils considèrent comme une politique extérieure expansionniste.

En dépit de l’indépendance acquise en 1960, le sort des Chypriotes ne dépend pas des Chypriotes seuls.

III. Une île très convoitée

Peut-être instruit par une histoire et une actualité marquées par de multiples rivalités qui ensanglantèrent l’île, Mgr Makarios fut un adepte du non-alignement. Ce positionnement, qui indisposa les États-Unis, même s’il n’empêcha pas le maintien des bases militaires britanniques, prit fin en 2004 avec l’intégration au sein de l’Union européenne (comme pour Malte).

Marquée par la culture hellénique depuis l’Antiquité, Chypre entretient des relations anciennes et complexes avec la Grèce. Elle se trouva de ce fait influencée par la tentative de regroupement de toute les populations grecques par Athènes depuis le XIXe siècle. Elle demeure une composante du nationalisme grec. Elle est également concernée par la rivalité entre les Grecs et les Turcs, dont les tragiques péripéties ont donné, au fil des siècles, naissance à une tradition d’affrontement entre la Grèce et la Turquie. Depuis les années 1950, les États-Unis, soucieux de la sécurité du flanc sud de l’Alliance atlantique, tentent de tempérer cet antagonisme. La Grèce contrôle pratiquement toutes les îles de la mer Égée et du Dodécanèse. La possession de Chypre renforcerait sa capacité à bloquer l’ensemble des ports turcs de Méditerranée. Sans oublier que la présence éventuelle de gisements sous-marins d’hydrocarbures aiguise les appétits et les tensions. En proie à de graves difficultés internes, Athènes ne dispose pas des moyens d’une politique extérieure active, notamment vis-à-vis d’Ankara.

carte-oil-chypre-673.jpg

Incluse dans l’Empire ottoman pendant trois siècles, Chypre demeure liée à la Turquie. Celle-ci s’est notamment érigée en protectrice de la minorité chypriote turque, instrumentalisée lors de l’intervention militaire de l’été 1974. Depuis cette date, la Turquie maintient 40 000 soldats sur place (contrairement à la Grèce, qui n’en a aucun) et implante des colons venus d’Anatolie (environ 100 000, semble-t-il). Elle est le seul État à reconnaître officiellement la RTCN. Cette dernière lui sert de gage pour d’éventuelles négociations avec la Grèce et contribue à sécuriser ses ports sur la côte méditerranéenne. Ce dernier aspect gagne en importance avec la montée en puissance de la Turquie comme carrefour d’exportation des hydrocarbures entre la Russie, le Caucase, l’Asie centrale, l’Iran et l’Union européenne. La candidature à l’intégration dans cette dernière, incitait Ankara à une relative modération. Mais, depuis 2010, la Turquie prend ses distances vis-à-vis de l’Occident, s’engage dans une politique de puissance régionale assise sur son essor économique et les tensions remontent avec la République de Chypre, notamment au sujet de la zone économique exclusive maritime dans laquelle se trouvent les gisements gaziers. L’évolution du pays, sous la direction de M. Erdogan, vers un nationalisme plus marqué et appuyé sur l’islam, influe sur le destin de Chypre. D’une part, à l’image des Turcs, les habitants de la RTCN sont divisés au sujet de cette politique. D’autre part, le durcissement d’Ankara affaiblit les chances d’aboutir à une solution négociée, d’autant que la Turquie entre en période pré-électorale (élections législatives et présidentielles en novembre 2019), moment propice aux surenchères.

La Grande-Bretagne, puissance coloniale, domina Chypre de 1878 à 1959. Elle a conservé deux importantes implantations militaires avec accès à la mer : l’une près de Larnaca, à Dekhelia, l’autre à Akrotiri, où se trouve l’unique base de la Royal Air Force en Méditerranée. Celle-ci joue un rôle essentiel pour participer aux opérations dans la région : en Irak (2003-2008) et contre Daech (depuis 2014).

La fin de la Guerre froide n’a pas diminué l’intérêt stratégique du flanc sud de l’OTAN aux yeux des États-Unis, traditionnellement en retrait sur le dossier chypriote pour préserver l’unité de l’Alliance atlantique. Afin de garantir un environnement de sécurité en Méditerranée orientale, ils souhaitent une coopération entre Chypre, la Turquie, la Grèce et Israël. Le règlement de la question chypriote en constitue l’un des préalables. Mais Washington n’a pas réussi à instaurer le climat de confiance nécessaire à la résolution du différend. Les tensions croissantes avec la Turquie depuis le début des années 2010 ne laissent augurer aucun progrès et la Russie ne peut que chercher à les entretenir.

cyprusrussia.jpgDepuis les années 1990, la présence russe s’accroît. Les nouveaux riches de l’ère post-soviétique apprécient la combinaison de la culture orthodoxe, d’une villégiature agréable, d’un environnement fiscal avantageux et de l’acquisition aisée de la nationalité grâce aux Golden Passports généreusement distribués depuis 2013 en échange du placement de leurs fortunes dans les banques locales. L’influente communauté juive d’origine russe installée en Israël entretient des relations d’affaires avec ces ex-compatriotes. Inévitablement, les facilités offertes n’ont pas échappé aux mafias russes. L’accession de Vladimir Poutine au pouvoir alors que les capacités de la Russie s’amélioraient a remis la politique de puissance à l’ordre du jour. Le retour au Proche-Orient s’intègre dans ce projet et la République de Chypre peut contribuer à sa réalisation. Signe du rapprochement entre les deux États, en 1997, la Russie a commencé à vendre des armes à Nicosie, notamment des missiles en vue de contrer une éventuelle intervention turque. Depuis 2013, Moscou bénéficie de facilités portuaires pour sa marine de guerre. Comme le renforcement de l’implantation de son armée en Syrie, elles appuient la réaffirmation de sa puissance. Mais la coopération entre Moscou et Ankara au Proche-Orient, si elle s’avérait durable, pourrait remettre en cause cette politique.

La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque.

L’ONU est impliquée directement à Chypre depuis 1964, date à laquelle le Conseil de sécurité décida de déployer une force d’interposition entre les communautés grecque et turque : l’United Nations Peacekeeping Force in Cyprus - Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre-UNFICYP (Résolution n° 186). Depuis 1974 elle sécurise la zone tampon établie entre le nord et le sud de l’île. 1 106 personnes y sont aujourd’hui déployées. À plusieurs reprises, mais en vain, le Conseil de sécurité a déclaré illégale la partition, notamment par ses résolutions n° 367 (1975) et n° 541 (1983). En 1998, le Programme des Nations Unies pour le développement-PNUD, en étroite collaboration avec l’UNFICYP, entama une série de démarches pour mettre en place des coopérations entre les populations des deux communautés. Le processus fut lent car la société civile était quasi inexistante de part et d’autre. Avec les assouplissements apportés en 2003 par la partie turque au franchissement de la zone tampon (aujourd’hui 7 points de passage), la situation a évolué : les initiatives se sont multipliées et les habitants s’organisent. Jusqu’à ce jour, en dépit de nombreuses tentatives, les efforts des Nations Unies pour favoriser la réunification ont échoué (plan Annan de 2004, négociations de Crans-Montana en 2017, par exemple). La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque. Pour tenter de débloquer la situation, plusieurs dizaines d’organisations ont fondé la plateforme bicommunautaire Unite Cyprus Now, qui multiplie les actions en faveur d’un État fédéral.

Contrairement à sa pratique habituelle consistant à ne pas accueillir en son sein de pays affectés par des contentieux internationaux, l’Union européenne a admis la République de Chypre en 2004. Outre la satisfaction d’une demande activement soutenue par la Grèce, il s’agissait d’une manœuvre diplomatique pour amener Ankara à assouplir sa position. La candidature de la Turquie semblait créer des conditions favorables pour une normalisation de la situation et la réunification de l’île. Le pari se solda par un échec, consacré par le virage de la diplomatie turque en 2010. L’embargo que la Turquie applique aux navires et aux marchandises originaires de/ou transitant par la République de Chypre constitue un handicap pour le commerce maritime de l’Union européenne. Il compromet également le partenariat euro-méditerranéen. Le gaz naturel découvert en 2011 au large des côtes chypriotes constitue un enjeu important pour l’Union européenne dans la perspective d’une diminution de sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Le secteur bancaire chypriote, s’appuyant sur une législation particulièrement favorable en matière de fiscalité des entreprises, joue un rôle-clé dans l’affirmation de la République de Chypre comme un des principaux paradis fiscaux de la planète. Pour cela, elle est régulièrement placée sur la sellette par les ONG (OXFAM, notamment) et les enquêtes (parlementaires, journalistes d’investigation). Corollaire de ces “facilités“, dans les deux parties de l’île, le crime organisé transnational s’épanouit.

Conclusion. Une partition durable ?

La géopolitique de Chypre constitue un cas d’école. La dimension identitaire pèse particulièrement lourd sur le destin de l’île. Or, les tensions ou les conflits qui en résultent s’avèrent partout parmi les plus difficiles à résoudre et les plus aisés à manipuler, de l’intérieur comme de l’extérieur. En janvier 1977, Mgr Makarios, président de l’entité grecque et Rauf Denkash, président de l’entité turque, les chefs historiques des deux communautés, étaient parvenus à un accord de principe pour instaurer un État fédéral. Mais Mgr Makarios mourut en avril de la même année, sans avoir finalisé cet arrangement. Une occasion unique de régler le problème chypriote fut ainsi ratée. Aujourd’hui, la dynamique paraît plutôt se trouver au cœur de la société civile. Mais cette dernière saura-t-elle et pourra-t-elle surmonter les représentations géopolitiques concurrentes et triompher des rivalités de puissance ?

Copyright Février 2018-Gourdin/Diploweb.com

J. F. Gayraud: finance mondiale et capitalisme criminel

JFG-1por.jpg

La Finance mondiale est-elle minée par le crime?

Entretien avec Jean-François Gayraud, auteur du livre
" Le nouveau Capitalisme criminel". Jean-François GAYRAUD
n'en démord pas : les économistes se trompent,
la crise économique n'est pas systémique
mais criminelle. Ce commissaire divisionnaire de la
Police nationale, ancien membre de la DST,
criminologue, proche du chercheur belge Paul JORION,
a un point de vue unique sur la crise financière.
L'actualité lui donne raison. Au Japon, le bitcoin est
en chute libre : et s'il s'agissait d'une
vaste escroquerie ? L'Escroquerie et le crime n'ont-ils
pas, de tout temps, accompagné la vie
économique? Jean-François Gayraud
dénonce cette criminalité dans un rapport.
 
 

JFG-2NCC.jpgJean-François

Gayraud :

l'économie mondiale

vue du côté de la criminologie (RFI )

 
Crises financières,
narcobanques,
trading de haute
fréquence...
Financiarisé,
mondialisé
et dérégulé à l'excès,
le capitalisme n'est-il pas
devenu criminogène ?
 
Invités :
 
- Jean-François Gayraud,
commissaire de la Police
nationale, et ancien
membre de la Direction
de la surveillance du
territoire, essayiste.
« Le nouveau capitalisme
criminel », éditions Odile
Jacob.
 
- Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint
de la revue Alternatives Economiques. « La capture.
Où l'on verra comment les intérêts financiers ont
pris le pas sur l'intérêt général et comment mettre
fin à cette situation », éd. La Découverte.
 
- Jacques de Saint-Victor, historien. « Un pouvoir
invisible. Les mafias et la société », éd. Gallimard.
 

vendredi, 09 février 2018

Michel Drac sur Radio Courtoisie: «De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique?»

MD-macron.jpg

Michel Drac sur Radio Courtoisie: «De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique?»

 
« De quoi Macron est-il le nom dans ce monde chaotique ? » : Pascal Lassalle reçoit Michel Drac dans "le libre journal des lycéens" sur Radio Courtoisie (3 février 2018).
 
Comprendre Macron avec Michel Drac : « VOIR MACRON, 8 scénarios pour un quinquennat ».
Michel Drac revient avec cet essai de futurologie politique.
Pour découvrir la quatrième de couverture et commande le livre : http://bit.ly/2i4haQ8
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

jeudi, 08 février 2018

Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène

guerre-environnementale-pixabay-688po.jpg

Jean-Michel Valantin, le Machiavel de l’anthropocène

par Alice Audouin

Ex: http://www.aliceaudouin.com

Dans son dernier ouvrage Guerre et Nature (Prisma, 2013), Jean-Michel Valantin, chercheur spécialisé sur le lien entre Défense et Environnement, partage sa connaissance approfondie de la Défense américaine, explore et analyse la manière dont cette « première armée du monde » intègre les enjeux du développement durable. Cette exploration le conduit à remettre en perspective la notion d’hégémonie à l’ère de l’« anthropocène » (cette nouvelle ère géologique façonnée par l’homme) et montre que les techniques de résilience vont permettre de dominer un monde  soumis chaque jour davantage aux pénuries, pandémies et catastrophes naturelles. Tel Machiavel en son temps, Jean-Michel Valantin identifie les clés de la pérennité au pouvoir. Cette nouvelle version du Prince, érudite, visionnaire et d’une grande intelligence s’impose comme le livre de chevet indispensable des dirigeants politiques et militaires.

valantinLivre.jpgL’armée américaine intègre le développement durable

Le coup d’envoi est donné en 2006, avec la publication du rapport militaire National Security and the Threat of Climate Change.  L’armée américaine joue ici les précurseurs. Non seulement le rapport reconnait le réchauffement climatique comme une menace, mais le présente  (contrairement au risque nucléaire) comme une catastrophe inévitable. Si le gouvernement de Georges Bush n’avait pas su quoi faire de ce rapport, il marque néanmoins le premier changement culturel du pays. Depuis, plusieurs facteurs ont contribué à l’avancée du développement durable dans la défense américaine.

Tout d’abord, le peak oil se rapproche.  Or l’armée américaine fonctionne avec des énergies fossiles importantes, de plus en plus chères.  Avions, bateaux et chars et autres engins énergivores posent d’immenses problèmes d’approvisionnement, surtout dans un pays comme l’Irak ou le danger impose des convois renforcés, le tout devenant encore plus énergivore. L’amélioration des conditions de vie des combattants est elle aussi, très consommatrice de pétrole. L’utilisation massive de climatiseurs pendant la guerre en Irak a nécessité une gigantesque consommation d’énergie. C’est justement en Irak avec le casse-tête des climatiseurs, que les premières solutions de production d’énergie décentralisée et autonome, à base de photovoltaïque, a été mise en place. Le vol du premier avion de l’US Navy en 2010 avec 50 % de biofuel est le prémisse du passage vers une « great green fleet » et marque l’avancée de la Navy  sur l’US Air Force sur son propre terrain, l’aviation.  La Navy est précurseur dès 2008 avec la création de la Task Force on Climate Change, dans un contexte où l’Arctique, nouvel eldorado né de la fonte accélérée de la banquise, oblige à définir rapidement une stratégie.

Un autre facteur, lui aussi de plus en plus prépondérant, concerne l’ampleur croissante des catastrophes naturelles aux Etats-Unis, aboutissant à des destructions massives d’infrastructures, des pertes humaines, ce qui fragilise le pays et donc sa sécurité. Avec Katrina, le pays a découvert sa vulnérabilité.  Les catastrophes dues à la négligence humaine, comme Deepwater-Horizon, laissant écouler du pétrole sur 30 jours prouve l’existence d’un nouveau type de catastrophe,  dont l’ampleur des dégâts ne cesse de croître. La National Security entre en jeu, s’invite ainsi au débat, dès lors que les besoins en énergie et les conditions de vie sont impactés. La National Security évolue vers la Natural Security.

valantinL2.jpgEnfin, de nouvelles opportunités de domination apparaissent au fur et à mesure de la montée des enjeux environnementaux. Les  terres rares essentielles aux technologies propres du futur, situées dans des pays émergents, mais également les besoins d’aides après les catastrophes qui se multiplient, sont autant d’occasions de coopération et d’intervention dans les pays. Il est désormais prouvé que le réchauffement climatique accentue la puissance des catastrophes naturelles, ainsi que la pénurie de ressources nécessaires à la vie.  La mauvaise gestion de l’eau ou de la chaine alimentaire crée l’opportunité de dépendre de solutions américaines et d’ainsi étendre la puissance américaine. C’est sur ce dernier plan que selon Jean-Michel Valantin, la pensée stratégique prend un tournant inédit. Elle cesse ici d’être uniquement fondée sur la supériorité militaire, mais intègre la capacité à répondre technologiquement à la déstabilisation socio-environnementale planétaire. Le leadership en climate resiliency devient un atout stratégique. Le besoin croissant de se sortir rapidement et efficacement d’une catastrophe naturelle ou industrielle fera appel à un savoir-faire dont les meilleurs experts auront un avantage majeur.
 
Les films de guerre, annonciateurs d’un nouveau paradigme

Révélateur des représentations et mythes reliés à la puissance, Hollywood est un thermomètre fiable pour voir l’évolution de la société américaine et de son rapport à sa propre hégémonie. Pour pleinement mesurer l’avancée du développement durable dans la culture de la Défense, Jean-Michel Valantin analyse finement  les films de guerre issus des studios Hollywoodiens depuis la seconde guerre mondiale et retrace son évolution au travers de nombreux exemples. On démarre avec la Bombe A, qui est le premier socle culturel, les images des bombardements nucléaires ayant été eux-mêmes largement diffusés dans les media.

Avec Hiroshima, un imaginaire de « l’après catastrophe » se façonne : dévastation, retour au cannibalisme, guerres tribales entre survivants, etc.  La bombe nucléaire permet d’identifier une menace pour ce que l’homme a de plus élevé : la société, l’humanité.  La planète des singes ou encore Mad Max 2 sont  des avertissements de cette régression.

Le Seigneur des Anneaux et Avatar occupent eux l’avant-scène d’un nouveau paradigme, celui d’une alliance nécessaire entre l’homme, la nature et le « surnaturel » pour éviter la catastrophe finale. Ils rappellent tous deux l’importance de la relation avec la vie et ses mystères. Le Seigneur des Anneaux actionne une mythologie de la « vitalité », au travers du rôle symbolique des Elfes. Les ingrédients indispensables à la vie sont imbriqués dans une recette qui inclut une part de sacré.

valantinCIN3.jpgAvatar montre le changement de camp d’un ancien marine, passant du champ de la puissance militaire à la puissance naturelle. Il défend ce changement de camp, le présentant comme légitime et nécessaire à l’heure où l’humanité détruit le vivant. Là encore, la dimension sacrée est du côté de la vie et de ce qui mérite que l’on se batte et que l’on renonce au monde militaro-industriel qui la menace. Dans un autre ordre, le dernier James Bond Quantum of Solace montre que les nouveaux trésors sont naturels, comme l’eau, et qu’ils seront  les enjeux des luttes de demain. Leur raréfaction va multiplier les conflits. Enfin, les grands films sur les pandémies révèlent le potentiel viral et global de destruction d’un acte au départ isolé, montrant bien les jeux d’interdépendances entre les différents risques systémiques et globaux. L’imaginaire du nucléaire continue : l’enjeu derrière la dégradation environnementale, est la destruction de l’humanité.
 
Guerre et Nature prévient les princes du monde à l’heure du réchauffement climatique. La lutte  pour acquérir de gré ou de force les dernières ressources, les dernières terres rares, le dernier pétrole,  la dernière eau potable ou les derniers kilos de lithium, ne fera que condamner l’ensemble des acteurs sur l’échiquier du pouvoir, l’enjeu de conquête devenant une véritable peau de chagrin. La vitesse dans la course aux ressources manquantes ne sera pas le véritable levier de puissance, mais la capacité à faire fonctionner un monde moins dépendant des ressources. Le pouvoir sera au contraire à celui qui aura la capacité de changer son mode de vie fondé sur l’ensemble de ces ingrédients, pour définir une société alternative et durable.  Le prince qui saura s’adapter à l’anthropocène, qui saura mettre en œuvre la responsabilité de l’homme vis-à-vis d’un bien commun, la Terre, sera le Prince durable. La clé de la puissance sera désormais le développement durable.

mercredi, 07 février 2018

La revue de presse de Pierre Bérard (07 février 2018)

revue-de-presse-les-unes-.jpg

La revue de presse de Pierre Bérard

(07 février 2018)

Au sommaire :

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

• Le grand remplacement : complot, fantasme ou réalité ? Édouard Chanot répond par un modèle de chronique vidéo. En moins de 10 minutes il fait le tour du problème avec une limpidité et un sens remarquable de la pédagogie :

 
En Belgique comme ailleurs les immigrationnistes qui détiennent tous les leviers de l’information dissimulent à la population les chiffres d’une immigration dont ils chérissent pourtant les effets. Le sénateur de centre-droit 
Alain Destexhe rend compte de cette réalité aussi paradoxale qu'incontestable dans une tribune du Figaro :
 
 

ADx-1.jpg

Du même auteur, Alain Destexhe, cette analyse concernant la Belgique toujours où 70% de la population est opposée à la poursuite de l’immigration. Celle-ci est cependant frénétiquement soutenue par les élites et le parti des médias qui n’hésitent pas à user des totems issus de la période de l’Occupation pour imposer leur point de vue. « Rafle », « armée des ombres », « nouveaux Justes » sont convoqués de manière à assimiler les migrants à de nouveaux juifs, alors que nombre d’entre eux sont depuis l’enfance biberonnés à l’antisémitisme… Le parti des médias, on le voit, ne s’embarrasse pas de subtilités. Jusqu’où ces apprentis-sorciers pousseront-ils la bienveillance vis à vie de leurs protégés ? :
 
 
Troubles dans la sociologie. En effet certains sociologues, très minoritaires, s’inquiètent de ce qui leur apparaît comme un dévoiement de leur discipline par l’irruption dans leur champ d'une « sociologie critique » devenue majoritaire depuis l’époque Bourdieu. Alors qu’auparavant la contestation des conclusions de la sociologie (culture de l’excuse) provenait de philosophes ou de journalistes, désormais elle est issue des rangs mêmes de la discipline. Loin d’être une simple querelle de chapelles cette controverse interroge l’intelligibilité de notre monde. La dernière émission d’Alain Finkielkraut (Répliques) opposait le bourdieusien militant Marc Joly à Nathalie Heinich qui réfute la confusion de la sociologie avec des approches politiques engagées (critique réductrice de la domination et des dominants, toujours coupables, au nom des intérêts des dominés réputés innocents même lorsqu’ils sont coupables) et rappelle l’importance de la culture au sens anthropologique dans l’appréciation des faits sociaux :
 
 
Chronique pleine d’ironie de Philippe Bilger à propos de la ministre de la « culture censurée » qui se rétracte à la première objurgation d’individus regroupés dans des associations de nuisance à prétention antiraciste. Faudra-il pour les satisfaire renoncer à tout un pan de notre héritage culturel qui a le malheur de leur déplaire et faire pénitence ad vitam aeternam pour avoir osé s’en réclamer ? Le cas Maurras, après celui de Céline, est à cet égard symptomatique quoi qu’on puisse penser de ce personnage :
 
 
Journaliste et écrivain Richard Labévière présente un document inédit d’une diplomate russe offrant un point de vue différent de celui auquel nous ont accoutumé les médias de grand chemin sur la crise syrienne et la bataille d’Alep :
 
 

BELGAIMAGE-108080600.jpg

Bonne analyse de Pierre Brunet à propos de l’offensive lancée par le président turc Recep Tayyip Erdogan sur la zone kurde d’Afrin (Syrie). Sérieux avertissement pour l’OTAN qui voit ses deux principales armées (États-Unis et Turquie) se précipiter dans un face à face qui pourrait conduire à la fragilisation de l’alliance, sinon à sa disparition de fait :
 
 
Pour Gilles Richard auteur chez Perrin de l’ « Histoire des droites en France. De 1815 à nos jours », le centre et l’extrême droite sont de simples fictions. Dans le paysage politique actuel où la question nationale a pris le dessus sur tout autre problématique, l'interrogation est la suivante : « Est-ce que la France demeurera une nation souveraine, ou bien est-ce qu’à terme, elle se fondra dans une entité plus grande, intégré, l’Union européenne ? Le clivage principal est devenu celui-ci… ». Il distingue deux niveaux d’analyse, celle qui concerne les familles politiques (idée) et celle qui s’attache aux partis (organisation) qui ont leur propre logique. Dans la configuration actuelle il discerne deux grandes familles de droite, celle des néo-libéraux et celle des nationalistes attentifs aux spécificités de chaque peuple. L’entente, déclare-t-il, est impossible entre ces deux familles. En réalisant l’unité des néo-libéraux de droite et ceux de gauche Macron devrait obliger Wauquiez à purger son parti des libéraux qui y demeurent encore, mais en a-t-il la volonté ? Il conclue en soulignant que ni les libéraux ni les nationaliste n’ont de réponses à ce qui taraude notre devenir : la question écologique :
 
 
Les propos de l’homme d'affaires Robert Bourgi (qui a fait fortune dans le marigot de la France-Afrique) dans l’émission de BFM intitulée « Qui a tué François Fillon ? » donnent un aperçu des pires maux de la vie politique française : un cocktail de batailles d’ego, de rancoeurs et de vengeance personnelles dans lesquels s’anéantit toute idée de bien commun et d’intérêt général. Selon Maxime Tandonnet le déclin de la culture et de l’intelligence politique, autrement dit l’impolitique, est au centre du grand malaise touchant en premier lieu les élites dirigeantes et médiatiques :
 
 

Richard-Millet_visuel_article2.jpg

Contrairement à ce que proclame la propagande macronienne la France n’est pas « back », mais « out » selon Richard Millet qui excipe toutes sortes de raisons dont la principale est la médiocrité, voire le grotesque de son 
personnel politique. Selon lui « Ce qui reste de la France relève donc de la muséification et de la disneylandisation ». Ce bilan n’est-il pas un brin trop doloriste ? :
 
 
En quelques minutes Éric Zemmour démonte les mécanismes de la mondialisation. Plus de 80% de la richesse crée en 2017 ne profite qu’à une très mince oligarchie, et cela dure depuis des décennies. Le processus est simple : exploiter les pauvres des pays pauvres pour fabriquer des produits bas de gamme qu’achètent les pauvres des pays riches en le payant de leurs emplois. Et pour les emplois non délocalisables (bâtiment, restauration, entretien) des pays riches, ces mêmes oligarchies alimentent une immigration pléthorique qui a l’avantage de maintenir un taux de chômage élevé et de faire ainsi pression à la baisse sur les salaires, 
avec le soutien paradoxal des syndicats et des « humanistes compassionnels », dont l’action est guidée par ce qu’il leur reste d’internationalisme. On le voit : la plus value fait quelques heureux et des masses de miséreux : 
 
 
Entretien captivant, en deux parties, du romancier Patrice Jean avec la revue Philitt à propos de son roman paru en 2017 « L’Homme surnuméraire ». Dans ce récit de mise en abyme, il met en scène un père de famille banal et sans histoire brimé par sa femme, sorte de Mme Bovary féministe et un personnage plus jeune travaillant à nettoyer la littérature de ses passages offensant le politiquement correct dans une maison d’édition qui affiche bien haut ses prétentions « humanistes ». 
 
 
 
La dernière émission I-Média animée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp revient largement sur l’affaire Théo et démonte les nombreux bobards auxquels elle donna lieu. Comme trop souvent, le rétablissement 
des faits intervient tardivement lorsque l’effet de sidération des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs a opéré. Remarquable séquence de résistance au formatage ambiant qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, les bandes de racailles pour des saints et les flics pour d’affreux voyous :
 
 

sviatki.jpg

En Russie orthodoxe les rituels d’origine païennes des Sviatki rendent compte de l’origine commune à tous les européens des sources de la spiritualité. Sources bien antérieures à la christianisation (période des 12 nuits de Noël, déguisements, visites etc…):
 
 
Philippe Marlière qui cosignait en juin dernier une tribune de soutien à Houria Bouteldja et anime un blog sur le site web de Mediapart crie son indignation sur Tweeter. Le motif lui en est fourni par l’ouverture du débat démocratique à de nouveaux intervenants. Si l’on en croit Marlière les seuls débats licites doivent donc être organisés entre interlocuteurs s'entendant tacitement sur leurs conclusions. Toute opinion critique étant soustraite à la discussion. Le pluralisme ainsi jeté aux orties, explique dans un large mesure l’épuisement de la doxa contemporaine dénuée de curiosité et son psittacisme désespérant. Aux dernières nouvelles les vigilants l’ont encore emporté et la Fondation Feltrinelli annule ses invitations. Nous vivons une époque formidable :
 

mardi, 06 février 2018

Du dextrisme et de la révolution conservatrice

lys3.jpg

Du dextrisme et de la révolution conservatrice

Ex: http://oragesdacier.info

Philosophie magazine titrait sa dernière revue « De quoi la gauche est-elle malade ? ». On pourrait en dresser une longue liste, mais il faut voir plus clairement une névrose multiple. Elle est amnésique, schizophrène et paranoïaque : menteuse, elle voit des choses qui n’existent pas, se crée des peurs paniques, devient colérique et de mauvaise foi. Certains diront qu’elle n’est pas malade mais simplement bête. Nous aimons à penser que les symptômes et la bêtise peuvent largement se cumuler, comme on a pu malheureusement l’observer depuis trop longtemps. Mais qu’en est-il à droite ?
 
Gaël Brustier (ancien collaborateur d’Arnaud Montebourg) a été le premier à parler de « dextrisme » à propos d’une lame de fond de droite, qui a supplanté dorénavant la gauche culturelle, voire la gauche tout court. Non sans quelques erreurs, il a bien vu que la synergie des mouvements contre le Mariage pour tous a donné pour résultat un « Mai 68 conservateur ». Puis, Guillaume Bernard a pris le pas en parlant de mouvement « dextrogyre » pour évoquer la même direction que prenaient les tournures politiques. Enfin, Patrick Buisson, dans son ouvrage revendicatif et revenchard, a repris la notion de Gaël Brustier en parlant de « dextrisme ».

Ces observateurs de la vie politique ne se sont pas trompés. Depuis quelques années déjà, il y a bel et bien une rupture des digues liée à la désillusion d’une société prospère, mondialisée et ouverte sur l’Europe. Nous n’y voyons que précarité, chômage de masse, insécurité et immigration de masse. Vision peut-être pessimiste mais néanmoins réaliste des circonstances présentes.

Est-ce à dire que le Français est un populiste en puissance ? Pour des journalistes vivant au cœur de Paris, se déplaçant en vélib’ ou en métro, et ne connaissant rien du Français moyen hors une vision phantasmée du beauf de province, oui. Pourtant, par principe, le peuple est doué d’une logique implacable. Certes on peut l’influencer, et les hommes politiques et industriels dépensent des fortunes en publicité et marketing pour cela, mais il est loin d’être bête. On peut dire même qu’il est conservateur. Prenez pour exemple des Corses, dont les élections régionales ont tourné en faveur d’une gauche corse, elle reste nationaliste, réfractaire à l’immigration et à la diversité.

Le problème dans tout cela, c’est d’y voir le terme conservateur seulement en ce qu’il veut conserver des acquis. Le conservatisme se doit d’allier des principes fondateurs, des valeurs, telles que l’autonomie et l’enracinement, qui appellent en effet à des sacrifices ou des consentements pour la France. Acheter français, acheter des produits frais cultivés en France, éviter autant que faire ce peut le « made in China » ou le « Hollywood-Disneyland-Apple ». Plus encore, le conservatisme, même présent comme logique et comme sentiment de bon sens, de « common decency » telle que le formulait George Orwell (un anarchiste-conservateur), doit être aujourd’hui transcrit politiquement. Il est bienheureux que la logique populaire française se mette en marche pour des situations ubuesques où l’idéologie de l’homme politique prend le pas sur l’expérience et sur la cohérence !

Il faut désormais transformer le tir, et tout faire pour que ce conservatisme soit dorénavant un facteur de victoire politique. Et non, Fillon est tout sauf conservateur, hormis si on prend pour lui la définition péjorative de celui qui conserve ses acquis (ou ses émoluments, comme sa femme qui a 500 000 euros de biens mal acquis dans une sorte d’emploi fictif d’assistante parlementaire).

9782081333208FS.gifQu’on puisse avoir des doutes ou des réclamations sur un parti comme le Front National est logique, mais la victoire politique doit s’abstenir d’une réaction similaire à celle qui pourrait avoir lieu à la buvette du coin. D’autant plus dans une situation de fait majoritaire où ce parti doit obtenir 50,1% des voix pour réussir. Et cela, aussi bien pour les présidentielles que pour les législatives.

Les dernières élections, départementales, municipales et régionales ont montré que le vent tournait en sa faveur. Il est temps que pour les deux prochaines élections, ce vent favorable continue de souffler. D’ailleurs, un élément en ce sens s’observe avec les primaires. C’est juridiquement un non-sens que d’avoir des primaires. Cette américanisation des élections est bien la preuve d’une altération de la vie politique française. Il y a des primaires aux Etats-Unis que parce que les Américains ne peuvent pas élire directement leur président et doivent passer par des grands électeurs. En France, depuis 1962, les électeurs choisissent directement leur président en deux tours. Les deux tours de la présidentielle, voilà nos primaires. Effectuer des primaires à la droite libérale et chez les socialistes-libéraux montrent un élément fondateur de l’avancée du conservatisme. C’est la désacralisation totale des hommes politiques dans ces partis qui se ressemblent et l’absence de chef naturel, sans compter la victoire de l’ego. Tout le monde veut devenir le calife à la place du calife. Sans pour autant réussir une quelconque unité, car ils ne sont pas légitimes ni compétents pour devenir des chefs. On peut être capitaine, mais il faut le mériter et le prouver, c’est encore plus difficile dans la reconnaissance de devenir un chef de bataillon.

Autre exemple de désacralisation, c’est l’atteinte physique des hommes politiques (mais justifiée). Il semblait improbable pour un de Gaulle, un Chirac ou un Mitterrand d’être pris à parti. A partir du moment où l’absence d’incarnation en tant que chef, où l’esprit vil et mercantile, méprisant à l’égard du peuple a pris le pas, alors toute forme de respect disparaît logiquement. Mais la justice des puissants prend le pas pour condamner les actes de revendication des faibles, à savoir nous.

A nous donc de ne plus être faibles. En premier lieu en évitant de garder un tropisme d’esprit conservateur en famille, mais bien de le revendiquer, comme par exemple aux élections présidentielles et législatives.

Cela s’accompagne d’un point plus important, accoler le terme révolution à celui de conservateur. Nous ne voulons pas garder des acquis, faire comme si de rien n’était. Bouger dans l’immobilisme, cela a été le quinquennat Hollande, ou les législatures avec Angela Merkel. Il est important de refonder le système. Pas de le réformer : quand les fondations d’une maison sont mauvaises, on ne change pas les portes et fenêtres, on détruit pour rebâtir. Cette opportunité de 2017 est un moyen supplémentaire d’avancer pour faire changer les choses. 2017 ne va pas tout changer, mais au moins, elle permettra de meilleures dispositions pour que notre Nation soit épargnée des dégâts idéologiques du libéralisme mondialisé et de ses conséquences (chômage, précarité, immigration). 
 
Le choix vous appartient donc, mais sachez juste que les préceptes liés au Baby-boom et à Mai 68 sont obsolètes. Pour paraphraser les politiciens repus, il faut changer de paradigme. Macron, Fillon, Valls et consorts représentent les deux faces opposées d’une même pièce. Engagez-vous en politique, formez-vous, lisez, réinformez-vous, adhérez, créez des associations. Tous ces éléments si anodins sont aujourd’hui subversifs, parce qu’ils ne sont pas compris dans la liste de l’acceptable exigée par un système soft-totalitaire qui demande la résignation consolée par la consommation.
 

Tom Wolfe: “Lo ‘políticamente correcto’ es un instrumento de poder de las clases dominantes”

3157381_7_e2b0_tom-wolfe-en-2012_907f17edf983ed33efca8e30a2540a08.jpg

Ex: www.latribunadelpaisvasco.com
 
Entrevista en Le Figaro

Tom Wolfe: “Lo ‘políticamente correcto’ es un instrumento de poder de las clases dominantes”

A sus 86 años de edad, Tom Wolfe, uno de los mejores escritores norteamericanos contemporáneos y, sin duda, uno de los periodistas más importantes de las últimas décadas, acaba de conceder una entrevista a Le Figaro Magazine en la que el autor de obras excelsas como “La hoguera de las vanidades” o “Lo que hay que tener” habla claramente sobre algunos de los temas más candentes de la actualidad política y cultural, sin dejar de practicar la que es una de sus aficiones más queridas: fustigar sin compasión a lo que, ya en 1970, definió como el “Radical chic” o “la izquierda caviar”.

Alexandre Devecchio, que firma el texto en Le Figaro, recuerda a Wolfe que desde uno de sus primeros textos, titulado precisamente “Radical chic”, ha criticado duramente lo políticamente correcto, el izquierdismo cultural, la tiranía de las minorías…

... “‘Radical chic’ fue un reportaje que publiqué en 1970 en ‘The New York Magazine’, en el que contaba una fiesta organizada por el compositor Leonard Bernstein en su duplex neoyorquino de tres estancias con terreza. La fiesta tenía como objeto recaudar fondos para ‘Los Panteras Negras’ (organización nacionalista negra, socialista, filoterrorista y revolucionaria), activa en Estados Unidos entre 1966 y 1982" (...)

(...) "Los anfitriones tuvieron que contratar camareros blancos para no herir la susceptibilidad de los ‘panteras’. Lo políticamente correcto, que yo también suelo definir como PC (Policía Ciudadana), nace de la idea marxista que afirma que todo aquello que separe socialmente a los seres humanos debe ser prohibido para evitar la dominación de un grupo social sobre otro. Pero, curiosamente, con el paso del tiempo lo políticamente correcto se ha convertido en el instrumento preferido de las ‘clases dominantes’; se trata de explotar la idea de que hay que tener una ‘conducta apropiada’ para mejor asumir su ‘dominación social’ y bañarse en bueba conciencia. Poco a poco, lo políticamente correcto se ha convertido en un marcador de ‘dominación’ y en un instrumento de control social, una manera de distinguirse de las ‘clases bajas’ y de censurarlas deslegitimando su visión del mundo en nombre de la moral. De este modo, la gente, cada vez en mayor medida, debe prestar atención a lo que dice, especialmente en las universidades. El éxito de Donald Trump ha consistido, precisamente, en romper con esto”.

9780312429133-us.jpgEn otro momento de la entrevista, Tom Wolfe explica cómo, en su opinión, parte del voto a Donald Trump se comprende por la desolación de quienes se sienten en una status social inferior o de quienes creen que han descendido de status. “En ‘Radical chic’ describí el nacimiento de lo que hoy yo denominaría como ‘izquierda caviar’ o ‘progresismo de limusina’. Se trata de una izquierda que se ha liberado de cualquier responsabilidad con respecto a la clase obrera norteamericana. Es una izquierda que adora el arte contemporáneo, que se identifica con las causas exóticas y el sufrimiento de las minorías… pero que no quiere saber nada de las clases menos sofisticadas y adineradas de Ohio" (...)

“Los norteamericanos han tenido el sentimiento”, continúa explicando el autor de 'El nuevo periodismo', que el Partido Demócrata solamente tenía interés en seducir a las más diversas minorías, pero que se negaba a prestar atención a una parte muy importante de la nación. Concretamente, al sector obrero de los ciudadanos, que históricamente ha constituido la espina dorsal del Partido Demócrata. Durante las últimas elecciones, la aristocracia del Partido Demócrata ha preferido apoyar a una coalición de minorías y ha excluído de sus preocupaciones a la clase obrera blanca. Donald Trump solamente ha tenido que acercarse ellos para hacerse con todos sus apoyos”.

 

Paul Craig Roberts fulmine contre la Nuclear Posture Review de Washington

Paul-Craig-Roberts-met-une-nouvelle-fois-en-garde-contre-le-risque-de-3e-guerre-mondiale-voulue-par-les-dirigeants-américains.jpg

Paul Craig Roberts fulmine contre la Nuclear Posture Review de Washington

par Paul Craig Robert
Ex: http://zejournal.mobi
 
 
 
Le monde ne survivra pas à la doctrine américaine des néoconservateurs de l’hégémonie mondiale des États-Unis

Le gouvernement des États-Unis est clairement entre des mains démoniaques. Nous sommes submergés de preuves. Prenez aujourd’hui (2-2-18) par exemple. Un rapport du House Intelligence Committee a été publié, qui prouve que le Federal Bureau of Investigation, le ministère de la Justice (sic) et le Democratic National Committee sont engagés dans une conspiration contre la démocratie américaine et le président des États-Unis avec le plein appui de la presse.

Comme si cela ne suffisait pas, le Pentagone publie également aujourd’hui sa nouvelle étude sur la posture nucléaire. Un examen de la posture nucléaire précise l’attitude d’un pays à l’égard des armes nucléaires et de leur emploi. Dans le passé, on considérait que les armes nucléaires étaient inutilisables, sauf en représailles à une attaque nucléaire. L’hypothèse était que personne ne s’en servirait. Il y avait toujours la possibilité que de fausses alertes d’ICBMs entrants aient pour conséquence de pousser le bouton nucléaire, déclenchant ainsi l’Armageddon. Il y a eu de nombreuses fausses alertes pendant la guerre froide. Le président Ronald Reagan était très préoccupé par une fausse alerte qui aurait entraîné la mort et la destruction de masse. C’est pourquoi son objectif principal était de mettre fin à la guerre froide, ce qu’il a réussi à faire. Il n’a pas fallu longtemps aux gouvernements qui ont succédé pour ressusciter la guerre froide.

La nouvelle posture nucléaire des États-Unis est une dérive imprudente, irresponsable et déstabilisatrice de l’attitude antérieure à l’égard des armes nucléaires. L’utilisation ne serait-ce que d’une petite partie de l’arsenal américain suffirait à détruire la vie sur terre. Pourtant, l’examen de la posture préconise davantage d’armes, dit que les armes nucléaires sont  » utilisables  » et justifie leur utilisation lors des premières frappes, même contre les pays qui n’en possèdent pas.

C’est une escalade insensée. Il dit à tous les pays que le gouvernement américain croit au premier recours aux armes nucléaires contre tous les pays. Des puissances nucléaires telles que la Russie et la Chine doivent voir cela comme une augmentation massive du niveau de menace venant des États-Unis. Les personnes responsables de ce document devraient être enfermées dans des asiles psychiatriques, et non laissées à des positions politiques où elles peuvent les mettre en pratique.

Le président Trump est accusé pour l’agressivité nucléaire américaine annoncée aujourd’hui. Cependant, le document est un produit néoconservateur. Trump, peut-être, aurait pu empêcher la publication du document, mais sous la pression de l’accusation selon laquelle il aurait comploté avec Poutine pour voler l’élection présidentielle américaine à Hillary, Trump ne peut se permettre de s’opposer au Pentagone néoconisé.

Les néoconservateurs sont un petit groupe de conspirateurs. La plupart sont des Juifs sionistes alliés à Israël. Certains ont la double nationalité. Ils ont créé une idéologie de l’hégémonie mondiale américaine, précisant que l’objectif principal de la politique étrangère américaine est d’empêcher l’ascension de toute autre puissance qui pourrait être une entrave à l’unilatéralisme américain. Comme les néoconservateurs contrôlent la politique étrangère américaine, cela explique l’hostilité des Etats-Unis envers la Russie et la Chine, ainsi que l’utilisation par les néoconservateurs de l’armée américaine pour écarter les gouvernements du Moyen-Orient considérés par Israël comme des obstacles à l’expansion israélienne.

Nuclear-Posture-Review-Trump-400x518.jpgDepuis deux décennies, les États-Unis mènent des guerres pour Israël au Moyen-Orient. Ce fait prouve le pouvoir et l’influence des déments néoconservateurs. Il ne fait aucun doute que des gens aussi fous que les néoconservateurs lanceraient une attaque nucléaire contre la Russie et la Chine. Les gouvernements russe et chinois semblent ignorer totalement la menace que les néoconservateurs font peser sur eux. Je n’ai jamais connu, dans mes entretiens avec les Russes et les Chinois, la moindre conscience de l’idéologie néoconservatrice. Cela leur parait peut-être trop insensé pour le comprendre.

Les idéologues tels que les néoconservateurs ne se basent pas sur des faits. Ils poursuivent leur rêve d’hégémonie mondiale. La Russie et la Chine font obstacle à cette hégémonie. Ayant appris les limites de la puissance militaire conventionnelle américaine – après 16 ans, la « superpuissance » américaine n’a pas été en mesure de vaincre quelques milliers de talibans légèrement armés en Afghanistan – les néoconservateurs savent que les invasions conventionnelles de la Russie ou de la Chine mèneraient à la défaite totale des forces américaines. Par conséquent, ils ont élevé les armes nucléaires au rang d’arsenal de première frappe, que l’on peut utiliser et qui, dans le rêve néoconservateur de l’hégémonie mondiale, peut servir à détruire la Russie et la Chine.

Les idéologues qui se séparent des faits se créent un monde virtuel pour eux-mêmes. Leur croyance en leur idéologie les aveugle avec des risques pour eux-mêmes et pour les autres dans le monde à qui ils l’imposent.

Il est assez clair que sans le ministère de la Justice (sic) et le FBI d’Obama, le Comité national démocrate entièrement corrompu, contrôlé par Clinton, et les médias américains et européens complètement corrompus qui s’emploient à détruire la présidence de Trump en l’accusant d’être  » un agent russe « , le président Trump, sachant que la révision de la posture du Pentagone ne ferait qu’aggraver, et non normaliser, les relations avec la Russie, aurait profondément enfoui le document démoniaque qui menace toute vie sur terre.

Grâce aux libéraux/progressistes/gauchistes américains, l’ensemble du monde est confronté à une mort nucléaire bien plus probable que celle qui nous a menacés pendant la guerre froide avec l’Union Soviétique.

Par sa collaboration avec le complexe militaire/sécuritaire et la DNC corrompue de Hillary, la gauche libérale/progressiste s’est toujours discréditée. Elle est maintenant perçue par tous les penseurs du monde entier comme un ministère de propagande dément à cause du projet des néoconservateurs d’utiliser les armes nucléaires pour éliminer les entraves à l’unilatéralisme américain. Pour la gauche libérale ou progressiste, c’est « l’hégémonie ou la mort ».

Ce sera la mort. Pour nous tous.

Traduction : Avic– Réseau International

La loi sur les Fakes news de Macron: Du terrorisme journalistique ?

macron-fake-news.jpg

La loi sur les Fakes news de Macron: Du terrorisme journalistique ?

Ex: Suppression rapide des fausses nouvelles durant les périodes électorales, coopération des plateformes avec l’Etat et transparence exigée : la ministre de la Culture a précisé les contours de la nouvelle loi sur «la confiance dans l'information».

Ex: http://zejournal.mobi

Preuve de l’importance qu’Emmanuel Macron semble y consacrer : la loi sur les fausses informations avait été annoncée lors de ses vœux 2018. Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a été tout aussi prompte à préciser la teneur de cette loi sur «la confiance dans l’information». Dans un entretien au JDD le 4 février, elle a annoncé la création d’une procédure judiciaire accélérée, une coopération requise des plateformes avec l’Etat et davantage de transparence sur les contenus sponsorisés.

Le ministre a donc défini plusieurs axes transversaux pour permettre au gouvernement de lutter avec rapidité et efficacité contre les informations erronées, particulièrement en période électorale.

Tout d’abord, face à la vitesse de propagation des contenus, et la capacité d’achat d’audience qui en démultiplie la pénétration, Françoise Nyssen a dégainé un dispositif législatif adapté : le référé. «Une procédure de référé judiciaire sera mise en place pour faire cesser rapidement la diffusion d'une fausse nouvelle, lorsque celle-ci est manifeste», a-t-elle déclaré. Le délai de suppression pourrait ne plus dépasser 48 h.

Autre moyen pour lutter contre les fausses informations : obliger les plateformes à rendre des comptes sur leurs contenus. Comment ? «La loi prévoira des obligations nouvelles pour les plateformes, qui devront coopérer avec l'État et être transparentes sur les contenus sponsorisés», a ajouté Françoise Nyssen. «S'il y a manquement aux obligations qu'imposera la loi (devoir de coopération, transparence sur les contenus sponsorisés), il y aura des sanctions», a-t-elle affirmé. 

Parallèlement, le texte empêchera les plateformes de pratiquer leurs propres règles de censures vis-à-vis des «vraies nouvelles», la ministre faisant à cet effet référence au tableau L’Origine du monde de Gustave Courbet censuré par Facebook, une suppression qui avait fait polémique mais rendue possible en l’absence de cadre législatif. L’affaire a été portée devant les tribunaux le 1er février par l’utilisateur de Facebook qui avait vu sa publication du célèbre tableau retirée du réseau social et son compte bloqué.

Selon le quotidien Le Figaro, le texte aurait été l'objet de travaux préparatoires dès novembre 2017. Il serait déjà prêt, et la proposition de loi serait présentée par le groupe LREM à l'Assemblée nationale au printemps 2018, pour qu'elle soit déjà en place pour les élections européennes de 2019.  

Dans sa volonté affichée de lutter contre «le complotisme et le populisme», Emmanuel Macron avait annoncé le 3 janvier à l'occasion de ses vœux à la presse un projet de loi visant à «protéger la vie démocratique». Evoquant «la vérité», ou encore «la liberté d'expression», le président de la République a expliqué que l'Etat souhaitait surveiller la façon dont les informations sont produites et diffusées.


- Source : RT (Russie)

Liban et Israël. Guerre du pétrole en vue ?

Francois-pétrole.jpg

Liban et Israël. Guerre du pétrole en vue?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www;europesolidaire.eu

En décembre 2017, le gouvernement libanais a approuvé un projet de décision visant à donner à un consortium pétrolier international le droit d'explorer deux zones maritimes où se trouvent de très importantes réserves de gaz naturel. Elles sont nommées Block 4 et Block 7.

Le consortium comprend le russe Novatek, le français Total et l'italien ENI, déjà actif en Sibérie. Ces réserves pourraient rapporter jusqu'à 2040 plus de 100 milliards de dollars.

Le problème est qu'Israël affirme que ces blocks relèvent de sa propriété. La ministre israélien de la défense Avigdor Lieberman vient d'affirmer qu'ils sont siens sans ambiguïté.

Il faut rappeler que des réserves de gaz naturel à fort potentiel avaient été ces dernières années découvertes dans ce qui est nommé le bassin de Leviathan. En décembre 2010, un accord de délimitation des zones économiques exclusives (ZEE)  a été signé entre Israël et Chypre en vue de « faciliter et de poursuivre les recherches off-shore d'hydrocarbures » dans la partie orientale de la Méditerranée.

Le Liban a mis en place quant à lui en février 2017 une « Administration pétrolière » chargée de gérer les offres des entreprises qui soumissionnerait pour être autorisées à procéder à de premiers sondages sur les blocs contestés. Le Hezbollah et le Liban agissent de concert dans cette affaire. 

Il n'est pas facile de délimiter précisément les frontières des zones maritimes appartenant à Israël et celles appartenant au Liban. L'un et l'autre revendiquent la propriété du bassin du Léviathan, qui doit probablement s'étendre dans les zones économiques des deux pays.

Aujourd'hui, la Russie et sans doute aussi plus discrètement la France soutiennent la position libanaise. Les Etats Unis, bien qu'ils ne soient pas directement concernés, ont pris sans ambiguïté fait et cause pour leur allié de toujours, Israël. On ne voit pas très bien qui pourrait, à défaut d'accord négocié entre les deux parties, arbitrer entre elles, sauf intervention de l'ONU d'ailleurs demandée par le Liban. Faudra-t-il envisager une nouvelle occasion de conflit au Moyen-Orient ?

dimanche, 04 février 2018

Pékin appelle l'Europe à combattre l’unilatéralisme

La Chine a demandé aux pays européens, dont l’Allemagne, de ne pas se contenter de « mots » face à l’unilatéralisme commercial et de prendre des mesures concrètes.

Le porte-parole du ministère chinois du Commerce Gao Feng, cité par l’IRNA, a souligné que les Européens ne devaient pas dresser d’obstacles aux investissements chinois dans leurs pays.

Dans une interview à Pékin, ce responsable chinois a affirmé que l’Allemagne, l’Italie et la France avaient rédigé des règlements qui leur permettraient d’entraver l’accès des sociétés chinoises à leurs marchés ainsi que l’achat par pékin de biens européens.

« Lors du Forum économique de Davos en Suisse, c’étaient les mêmes dirigeants européens, dont les Allemands, qui avaient annoncé que l’unilatéralisme commercial n’était pas le choix du futur et qu’il fallait le combattre », a-t-il ajouté.

« Bien que les investissements chinois en Allemagne aient augmenté tout au long de ces dernières années, ils sont encore dans la phase initiale et les tergiversations de Berlin et d’autres chancelleries européennes bloqueront le développement des relations et des investissements bilatéraux », a précisé le diplomate chinois.

D’après M. Feng, les investissements chinois en Allemagne ont atteint les 2 milliards 270 millions de dollars, un chiffre rudimentaire par rapport à l’ensemble des investissements effectués en Allemagne, ce qui ne constitue pas une menace.

« Pékin encouragera encore les entreprises chinoises à investir dans l’Union européenne, tout en espérant que les Européens leur accordent une attitude juste et équitable », a-t-il affirmé.

Depuis des années, la Chine s’est engagée à faire évoluer son modèle de croissance économique vers un modèle axé sur la consommation, les services et l’innovation. Les chiffres montrent que ces efforts portent leurs fruits.

« La guerre civile froide », une dissection de la post-modernité

JMV-GCF.jpg

« La guerre civile froide », une dissection de la post-modernité

Recension de Laurent James

Ex: https://www.leretourauxsources.com

« Le monde moderne est une Atlantide submergée dans un dépotoir », écrivait Léon Bloy.

Jean-Michel Vernochet s'est donné ici comme mission de participer à l'impérieux nettoyage des écuries d'Augias qu'est devenu l'Occident, en commençant par mettre au propre les notions politiques, sociales et ontologiques de droite et de gauche, ainsi que les idées qui les soutiennent. Car aujourd'hui, les seules divinités communément acceptées et pratiquées sont - fort malheureusement - les idées, idées-idoles sur l'autel desquelles la réalité est chaque jour sacrifiée de manière encore plus sanglante. Le concept de « théogonie républicaine » est ainsi parfaitement justifié pour décrire l'origine de ces idées résolument meurtrières.

GCF-couv.jpgL'idée contemporaine prend toujours l'apparence d'une utopie bienveillante, fraternelle et égalisatrice, pour redresser les torts d'une société jugée encore trop paternelle ou hiérarchique. L'égalité des genres, le hashtag balance-ton-porc ou la discrimination positive sont avant tout des parodies de parodies, c'est-à-dire à la fois des parodies du principe platonicien ET de l'éthique quichottesque. Car c'est ici qu'il faut être précis : notre civilisation s'est d'abord bâtie sur l'affirmation de mythes spirituels et religieux, la cathédrale littéraire du Graal en constituant la dernière occurrence historique. Puis la modernité s'érigea sur la parodie desdits mythes, parfois somptueuses et emplies d'une belle énergie à l'instar du Quichotte.

Mais la post-modernité, cette guerre civile froide que nous décrit Vernochet avec toute l'attention clinique du chirurgien de haute précision, c'est la guerre menée par les idéaux républicains désincarnés contre l'harmonie primordiale (lutte contre « la droite ») ET contre l'idéal de justice universelle (lutte contre « la gauche ») : car elles visent à établir à la fois la discorde ET l'injustice. La distance entre l'androgyne primordial évoqué par Platon et le LGBTQ contemporain est tout aussi grande que la distance entre la communauté originelle de l'être et la « termitière humaine » du métissage totalitaire, ainsi que la distance entre l'ingénieux Hidalgo de la Manche et les Enfants de Don Quichotte d'Augustin Legrand. Parodie des parodies, tout est parodie.

La post-modernité n'a pas d'autre ambition que la destruction au service du mal. Elle se débarrasse progressivement de ses oripeaux idéologiques pour laisser apparaître son véritable visage, directement modelé par la stratégie des ténèbres. Ainsi, par exemple, si la post-modernité s'emploie d'une part à nomadiser les peuples coutumièrement sédentaires (migrations, délocalisations, etc.), il ne faut pas oublier qu'elle s'attache d'autre part à la sédentarisation des peuples nomades de tous les continents (inuits, nénètses, gitans, hadzas, etc.). Le but de cette guerre civile froide, c'est bien d'instaurer le désordre injuste par tous les moyens, et notamment par le plus puissant d'entre eux : l'inversion systématique des valeurs et de leurs significations, le remplacement de la main gauche par la droite et vice versa. « Les mots cul par-dessus tête ». Renommé « Monsieur Nini » par J.-M. Vernochet, Macron est un nouvel avatar du Monsieur Ouine de Bernanos : une incarnation supplémentaire du promoteur de « l'universalité incantatoire » et du relativisme absolu.

En réalité, le nom de Macron est Légion, car ils sont nombreux.

« Réduit à son universalisme abstrait, que reste-t-il de l'humain dans sa vérité essentielle ? » demande J.-M. Vernochet. La réponse est sombre et froide, implacable comme la mort : il ne reste plus que le mensonge et le froid.

Laurent James
31 janvier 2018
Parousia.

Le Japon réembrigadé par le Pentagone

trump-shinzo-abe-japan-13.jpg

Le Japon réembrigadé par le Pentagone

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

En décembre 2016, la Russie et le Japon s'étaient entendues sur un projet de coopération économique concernant les «Kouriles du Sud», ainsi appelées par les Russes, et que les Japonais nomment «Territoires du Nord». Ces quatre îles font officiellement partie de la région russe de Sakhaline, mais sont revendiquées par le Japon, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ce différend territorial n'était toujours pas réglé.

Cependant, au cours d'une visite officielle au Japon, les 15 et 16 décembre 2016, le président russe Vladimir Poutine, dont c'était la 16e rencontre avec le Premier ministre Shinzo Abe, avait estimé qu'«il serait naïf de penser qu'on puisse régler ce problème en une heure. Mais il est sans doute nécessaire de chercher une solution. Il faut un travail méticuleux pour renforcer la confiance bilatérale.»

Shinzo Abe s'était dit d'accord pour, dans ses termes, une «nouvelle approche» axée sur le levier économique. Les deux pays avaient décidé d'«ordonner à des experts d'entamer des consultations afin de se mettre d'accord sur les conditions et les domaines d'exploitation commune» .

Ce rapprochement entre le Japon et la Russie ne pouvait être accepté par Washington. Les consultations ont tourné court à l'annonce du déploiement d'un système américain Aegis de missiles de défense au Japon. Comme nous l'avons souvent indiqué, ces missiles peuvent aussi bien être de défense que d'attaque. De plus ils pourront facilement être dotés des bombes nucléaires d'un format réduit dont le Pentagone vient d'annoncer l'étude. Une version maritime du système Aegis a déjà été mise en place au Japon. En décembre 2017, le gouvernement japonais avait approuvé un budget militaire record de $46 milliards comportant une contribution à l'installation au Japon de deux stations terrestres Aegis. Celles-ci devraient être opérationnelles vers 2023.

Moscou a toujours refusé d'admettre que les missiles Aegis fussent uniquement défensifs. Le 28 décembre la porte-parole du ministère de la défense a déclaré que la décision japonaise causait de graves inquiétudes. Il s'agissait selon elle d'un nouveau pas pour le déploiement dans tout le Pacifique sud d'un système global de missiles susceptibles de frapper la Russie. La Chine avait exprimé la même préoccupation.

Moscou n'a pas tardé à répliquer. Medvedev vient d'annoncer le 30 janvier qu'un aéroport installé dans l'ile Itutop des Kouriles allait être transformé pour recevoir des avions militaires ou des drones ainsi qu'un système adéquat de contrôle aérien. Il s'agit évidemment d'un premier pas pour la militarisation des Kouriles. Ces décisions réciproques, japonaises et russes, semblent enterrer l'espoir d'un traité de pais entre les deux pays. Ce que l'on avait nommé l'offensive de charme de Shinzo Abe est en train de tourner court. Le Japon, de son fait, continue à être considéré par Moscou comme un allié indéfectible des Etats-Unis. Voilà qui devrait rassurer Washington quant à la crainte d'une « trahison » du Japon.

Il y a lieu de craindre que les échanges économiques et touristiques qui commençaient à s'établir entre ce pays et la Sibérie russe ne puissent plus se poursuivre. C'est sans doute ce que veut Donald Trump aujourd'hui, qui multiplie les déclarations agressives envers la Chine et la Russie.

Références

Voir en date du 19/12/2016
http://geopolis.francetvinfo.fr/conflit-des-iles-kouriles...

Ainsi que, daté du 2/02/2018
http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumara...

Oborne Again: The Triumph of the Political Class

parlement.jpg

Oborne Again:
The Triumph of the Political Class

triumph-of-the-political-class-9781471142048_hr.jpgReview:

Peter Oborne
The Triumph of the Political Class
London: Simon & Schuster, 2007

Some books are born again. Every book with a political theme aims to be prophetic, and only time can reveal their success or otherwise. Orwell’s 1984, Bloom’s The Closing of the American Mind, Huntington’s The Clash of Civilizations, Faye’s Convergence of Catastrophes are all books whose time has arrived. It is difficult to believe that one such book is a little over a decade old, but Peter Oborne’s The Triumph of the Political Class (TPC) has never been as relevant as it is today.

The book concerns itself solely with the United Kingdom, although its main thesis is relevant to the USA, as well as to the gauleiters of Europe. Oborne is a well-respected British journalist. As what is termed in Britain a lobby correspondent, he has access to the innermost workings of the ‘mother of all parliaments’, as politician John Bright described England’s governmental locus in 1865. TPC, as dazzling as it is, naturally made Oborne enemies within the very elite whose rise and victory he describes in the book. For Oborne gave the game away, like the heckler in the audience who sees and tells his fellow spectators how the magician on the stage is working his wonders, or little Toto pulling back the curtain to reveal that the Wizard of Oz is just an eccentric old man with a set of cogs and levers.

Oborne’s essential theme is that “the real divide in British public life is no longer between the main political parties, but between the Political Class and the rest.’ (p. xvii).

This class, he writes, replaced the old establishment and its standards of governance. Instead of public servants entering parliament from many walks of life, politicians in the UK are now unlikely to have worked outside of journalism, PR, advertising, or the legal profession. Very few have experience outside the world of politics, and the established route is from one of the top universities, Oxford or Cambridge, usually studying Politics, Philosophy and Economics, famously known as PPE. The next step is an internship, working for an established politician. Some may become specials advisers, or SpAds as they are known, to a working politician. This tier of government has largely replaced the function of Britain’s long-established Civil Service, and is illegitimately funded by the British taxpayer. It is also wholly politically orthodox. As Oborne emphasises, any opinions or ideological beliefs outside the accepted protocols will disable a political career before it has even begun.

This incubation of political agency has serious consequences. Politics ceases to be an active, deeply social and communitarian practice and becomes instead occupied by a technocratic cabal convinced that they are best equipped to improve the lot of others. The results of this in the UK is a country well on the way to ruination. Increasingly Sovietised, Britain – and particularly England – is being run by malevolent arch-bureaucrats, a managerial class more concerned with appearance than reality. As Orwell famously wrote, in The Lion and the Unicorn, England is a family with the wrong members in control.

Oborne credits 19th-century Italian lawyer and social theorist Gaetano Mosca with the coinage of what he called the classe politica. Mosca’s major work, Elementi de Scienzi Politica, is now seen by the new establishment as a precursor to Italian fascism under Mussolini, and this is a clear example of the ‘fascist’ or ‘far Right’ tag being applied by the Political Class and their provisional wing in the media to anyone who gives the game away.

POb-p.jpg

Peter Oborne

Oborne updates Mosca’s 1896 insight, and describes how the modern Political Class – I will follow Oborne’s practice of capitalising the words in this phrase – has devoted itself to the destruction and replacement of the Establishment. Speech, vocabulary, dress, lifestyle; all of these elements serve to identify the new regime, and have been standardized to produce a homogenous tier of operatives who now serve themselves only, and their shadowy backers in the business world.

Oborne stresses that the political class is the result of a toxic amalgam of 1960s student agitation, technocracy and, in particular, Communism. Ostensibly defeated with the fall of the Berlin Wall, Communism in fact merely hibernated and emerged in a different guise. Oborne relegates his comments on Communism to a footnote, but it should not elude us. “Although Communism has enjoyed barely any electoral success in Britain during the last 100 years,” he writes, “its influence has been exceptionally strong among the governing elite…” (p. 47).

Communism, the spectre haunting Europe with which Marx famously opened the Communist Manifesto, is now a revenant. The EU is notoriously staffed, in its upper echelons at the very least, by ex-Communist sympathisers and even members. Angela Merkel’s Communist past is well known. The Red Menace never went anywhere, it just changed its livery. This lingering of Communism explains Oborne’s observation that ‘the Political Class has at all times resented and sought to destroy the free-standing status of British institutions.’ (p. 49).

And it is the destruction or infiltration of the great British institutions that Oborne delineates, as each one is shown to have fallen to this triumphal Political Class, making as it has a long march of its own of which Mao or Gramsci would have been proud. This factional overthrow serves but one purpose, that “the instinctive priority of the Political Class has been to expand the role and powers of the executive and its proxies, sacrificing civil liberties if necessary.” (p. 183).

The inevitable attacks on the British monarchy are highlighted, seen as it is by the new rulers as an archaic irrelevance whose popularity with ordinary people they despise.

Parliament, and its essential function in what was a democratic Britain, has been undermined as a direct result of the journalistic backgrounds not just of MPs, but of advisers to government. “All important announcements”, writes Oborne, “are now made through the media, and only as an afterthought through the [House of] Commons.” (p. 201).

In addition to this sidelining of an ancient democratic process, Oborne shows the way in which the Parliamentary Commissioner for Standards had had his or her role watered down and weakened. The Political Class does not wish for scrutiny, at least not of itself. The people, of course, are another matter. Great Britain has around a quarter of the CCTV cameras in the world, far more per capita than Russia or North Korea.

The section of TPC dealing with the Political Class’s capture of the British media is exemplary of how democracy in Great Britain has been subverted. Oborne writes that the Political Class has “sought to give an almost constitutional role to the British media by building it up as an alternative to existing state institutions.” (p. 234).

CH-Lords.jpg

In short, the British government and Her Majesty’s Opposition now use the media as a glorified advertising agency. ‘Client journalists’ now do the work Parliament used to do. This pact is compounded by a sleight of hand which effects to produce the myth of a ‘hostile media’, that is, a fourth estate which still fulfils its original role in speaking truth to power in any meaningful way. It does no such thing, of course, and any journalist who dissents from this arrangement will soon find themselves filing their copy in the backwaters of a provincial newspaper.

The role of the media in the Iraq War is focused on briefly in the book, and as an exemplar of the way in which the UK Political Class now uses the media. This war is still the most disgraceful chapter of Tony Blair’s tenure as Prime Minister, and Oborne lays out clinically the way that the British press, and the BBC, conspired to paint a flattering, Dorian Gray-like picture of Blair as war hero, when in fact it was the lies told by him and his jumped-up press secretary Alastair Campbell – very much a villain of Oborne’s book – that initiated that wholly spurious and ruinous conflict.

The great losers in this Caesarean and triumphalist rise to power are, of course, the British people. They are now treated as a set of consumerist statistics to be manipulated and triangulated. Indeed, as Oborne writes, “Members of the Political Class… regard civil society as a threat because it represents a giant area of the public domain which stands outside its control” (p. 329).

With serious calls from the likes of Tony Blair to have a second and even third Brexit referendum, the contempt that the Political Class has for the ordinary people they are supposed to represent is clear. The EU’s disdain for its citizens is even more apparent, and entire countries have already been made to vote more than once for continued membership of this corrupt bloc, the elites simply recasting the vote until it goes their way.

With British politics currently rudderless, and becoming more impotent by the week, it is tempting to herald the unravelling of Oborne’s Political Class, in the UK at least, and my only disappointment with TPC is that Oborne spends little time on technocracy, the fallacious idea that government is best suited to improve the lot of its citizens by virtue of its collective expertise. Having myself worked and clashed with management companies for the past ten years, I can see the parallels between management and government, and the willful blindness of those who believe they are the experts.

Oborne’s book is eerily prophetic, and shows what he calls the architecture of the Political Class. Any tremor which threatens to shake the whole is to be feared and attacked. In the same way that the average Republican is aghast at the victory of Donald Trump, so too the British political class would resist any attempt to alter its fundamental structure and aims, even if its own putative party were in power. Brexit is, of course, the most obvious example of resistance and, in the same way that the deep state is confounding Trump’s attempts to govern, so too the EU, in collusion with Britain’s own deep state, will not allow Brexit to happen without fighting to the last redoubt.

Towards the end of TPC, Oborne writes a paragraph that is a distant echo of Orwell’s famous statement, in his most famous book, that the only hope lies with the proles. It is profoundly to be wished for that these two great visionaries are right.

[It] is almost certain… that the next great political movement will come from outside the Political Class. Just as the Political Class has emerged from the wreckage of the party system, so it is certain to produce its own antithesis. At some stage a British politician may well discover a new language of public discourse and methodology of political engagement which communicates simply and plainly to voters. (p. 331).

Should this language and methodology ever be discovered, Peter Oborne’s prescient book will serve well both as its dictionary and instruction manual.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/02/osborne-again-the-triumph-of-the-political-class/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/02/1966244.jpg

samedi, 03 février 2018

La Russie, centre de contre-culture

Polienko_Ivan_Winter_In_Zagorsk_medium_254186.jpg

La Russie, centre de contre-culture

Ex: http://www.dedefensa.org

Des sites russes d’inspiration nettement proche de l’Église chrétienne orthodoxe diffusent les résultats d’une enquête sur l’évolution des opinions concernant des questions sociétales extrêmement présentes aujourd’hui. Les résultats sont évalués sur un temps assez long, sur les vingt années qui nous séparent de 1998, ce qui permet d’avoir une indication de tendance profonde. D’autres précisions, venues d’autres sources complètent le travail avec d’autres précisions dans les mêmes domines. Le chiffre le plus marquant est celui de l’évolution du nombre d’avortements, passant en 25 ans de 5 millions (en 1993) à 600 000 (en 2017), et cela accompagnant une évolution également remarquable dans le jugement des personnes qui ont été interrogées pour l’enquête : le pourcentage des personnes jugeant l’avortement “inacceptable” est passé de 12% en1998 à 35% en 2017, – alors que cette pratique était elle-même institutionnalisée durant la période communiste (sauf pendant la période 1936-1955). Tous les autres résultats sur les questions sociétales vont dans le même sens.

Le fait que cette enquête se fasse sur ce “temps assez long” est d’une réelle importance, surtout pour la Russie. Il permet une comparaison entre la Russie post-URSS “occidentalisée” type-Eltsine des années 1990 et celle d’aujourd’hui. Outre les conditions économiques, son évolution culturelle (et donc psychologique) se déplace exactement à l’inverse de la politique générale suivie dans le bloc-BAO, sous l’impulsion du Système.

C’est le site Orthochristian.com, version anglaise du site en russe Pravoslavie.ru, qui publie le texte (le 12 janvier 2018) sur cette enquête et les divers à-côtés.

« La proportion de citoyens russes qui considèrent l'avortement comme inacceptable a triplé au cours des 20 dernières années, passant de 12% à 35%. La condamnation de l’adultère et des relations homosexuelles a également augmenté de manière significative, selon les données d'un récent sondage sociologique du Levada Center. Selon les experts, le changement dans l'opinion publique atteste du renforcement des valeurs familiales traditionnelles, rapporte Pravoslavie.ru.

» L'enquête nationale réalisée fin décembre 2017 a montré que la majorité des Russes (68%) condamnent les relations sexuelles extra-conjugales, alors que seulement 50% les condamnaient en 1998. Ce pourcentage de 2017 comprend 77% de femmes et 57% d'hommes. Les personnes interrogées qui désapprouvant les relations homosexuelles sont passés de 68 à 83% au cours de la même période, avec seulement 1% de différence entre les hommes et les femmes.

» En ce qui concerne le sondage sur l’avortement (jugé inacceptable par 35% des sondés contre 12% en 1998), le pourcentage des réponses est équivalent selon les situations économiques, y compris st dans le cas des familles à faible revenu. Les femmes ont adopté une position plus stricte, avec 37% condamnant l'avortement dans tous les cas, contre 31% des hommes. Aucune différence n'a été observée en ce qui concerne l'âge de la femme qui répond.

» Karina Pipia, sociologue du Centre Levada, a noté que les chiffres démontrent une tendance générale conservatrice dans la nation, bien que les répondants des petites villes et des villages soient plus fidèles à l'avortement en raison du faible revenu. Le président de la Société russe des obstétriciens-gynécologues, Vladimir Serov, a déclaré au journal Izvestia que les avortements ont diminué de 800% en Russie au cours des 25 dernières années, passant d'environ 5 millions à 600 000 chaque année.

» Cette évolution a été facilitée par un certain nombre de mesures, notamment le soutien économique de l'État aux familles, la création de centres de soutien aux femmes enceintes en difficulté, le développement de la contraception et le développement de l'éducation sur les dangers de l'avortement. Le directeur scientifique de l'Institut indépendant de la famille et de la démographie Igor Beloborodov considère que le changement d’opinion publique sur l’avortement est le résultat de la politique gouvernementale et du travail éducatif de l'Église orthodoxe russe.

» Alors qu'il y a eu une tendance positive à la diminution du nombre d'avortements, cet acte terrible reste légal en Russie, avec environ 2 000 enfants tués chaque jour. L'Église et diverses sociétés orthodoxes organisent régulièrement des manifestations pro-vie à Moscou et dans tout le pays. Le mouvement “Pour La Vie !” a organisé hier (11 janvier 2018) une cérémonie symbolique avec 2 000 bougies allumées durant une moleben dans une église de Moscou, pour symboliser les enfants perdus tous les jours du fait des avortements. En outre, plus d'un million de signatures ont été recueillies dans toute la Russie l'année dernière, appelant à une interdiction législative de l'avortement. »

Le commentaire que nous allons faire écarte absolument tout débat de fond sur les diverses questions qui sont abordées (avortement, homosexualité, concubinage, etc.). Ce qui nous intéresse, c’est la question des tendances profondes qu’illustrent ce sondage et les autres événements cités. Le fait que le site rapportant la chose d’une manière favorable soit chrétien orthodoxe n’est pas indifférent : le poids de l’Église chrétienne orthodoxe russe, autant que la politique familiale et sociétale du gouvernement depuis les premières années-Poutine, jouent un rôle considérable dans l’évolution constatée. Il n’empêche que cette évolution n’apparaît pas forcée, mais bien facilitée par ces politiques institutionnelles. A côté des agitations souvent très médiatisées, – et pour cause, – des minorités pro-occidentalistes toutes suspectes d’“intelligence avec l’ennemi”, il existe aujourd’hui en Russie un accord profond entre la population, sa direction politique et sa hiérarchie religieuse. Cet accord est une affirmation de type néo-conservateur, dans le vrai sens de l’expression exactement contraire au “neoconisme” US qui est un parfait usurpateur du sens des mots et des choses, – rien pour nous étonner, dans cela.

Par conséquent, il nous paraît peu indiqué de monter tel ou tel procès indigné sur ce parti-pris ici ou là, ni d’éditos vengeurs sur “ces populations rétrogrades”, ces “fachos-réacs’” et toute cette saltimbanquerie, – ce néologisme pour exprimer l’épuisement de nos âmes poétiques devant ce traquenard où tombent tant d’esprits aiguisés. Ce qui nous intéresse c’est l’essentiel, savoir les positions et les forces s’exerçant par rapport au Système, pour ou contre. Il faut laisser notre emportement affectiviste courant de croire à la centralité du débat sociétal pour admettre cette évidence que ce débat sociétal fait partie de la stratégie considérablement puissante du Système, et que c’est par conséquent en fonction de ce fait central (la stratégie du Système) et rien d’autre qu’il faut déterminer, affirmer et assurer sa position.

Dès lors, le constat est le suivant : la Russie est devenue, en profondeur d’elle-même et en cela retrouvant sa tradition, un centre de contre-culture face à la postmodernité et le Système. Il est évident que les autorités politiques et religieuses l’y poussent ; avec une direction politique qui est aussi radicale dans les domaines culturel et social, avec effet sur le sociétal, qu’elle est modérée dans le domaine économique par rapport par rapport à l’“offre” pressante du bloc-BAO d’adopter ses références-Système ; avec une hiérarchie religieuse extrêmement pugnace dans la défense des intérêts culturels russes dans le sens de la tradition... Les accusations de corruption que colportent régulièrement les porte-voix de la communication-Système contre ces directions n’ont pas d’effets de rupture dans la mesure où cette corruption, qu’elle apparaisse ou pas du point de vue vénal, ne touche pas le niveau psychologique. (En aucun cas, on ne peut en dire autant des élites-Système du bloc-BAO.)

(De même, les accusations d’“autoritarisme” qui fondent la stratégie antirussistes du bloc-BAO n’ont d’autres effets que de mettre en lumière la position d’agonie accélérée dans le désordre et le nihilisme du “modèle démocratique” du bloc-BAO et du Système. C’est dans ce contexte qu’il faut poser un jugement.)

Cette situation implique effectivement que la Russie constitue non plus un obstacle, mais un véritable “barrage culturel” contre la tentative permanente d’invasion de la culture-Système dont le programme implique l’équation déstructuration-dissolution-entropisation (dd&e). Du fait même de cet antagonisme, et quoi qu’on pense selon la moraline courante de façon parcellaire et cloisonnée de toutes ces positions et options, la situation générale russe est perçue comme s’opposant à la poussée dissolvante du Système et devient de ce fait, par simple logique antagoniste, complètement structurante pour la Russie elle-même. Cette perception du Système ne peut aller qu’en s’amplifiant parce qu’elle se nourrit à l’antirussisme qui lui-même se renforce de la perception qu’il induit : logique fermée parfaite.

Pour autant, il ne faut pas conclure que les Russes offrent un “contre-modèle” : leur contre-culture est uniquement défensive et d’ailleurs ne prétend à rien d’autre, ni ne peut prétendre à rien d’autre car c’est effectivement dans le mode défensif qu’elle est réellement efficace en mettant en évidence les outrances et les vices de l’adversaire. La Russie n’est pas en position d’offrir un “contre-modèle” parce qu’elle n’a pas les instruments pour le faire, ni encore moins la capacité conceptuelle. (Personne n’a d’ailleurs cette capacité conceptuelle ni “les instruments” pour l’opérationnaliser, bien entendu : nous sommes en attente de la chute du Système.) La Russie servant donc de “barrage culturel” a comme véritable fonction opérationnelle de faire s’épuiser le Système dans son hostilité à son encontre, et par conséquent d’accélérer son propre effondrement en cours. Tout cela trace une certaine situation d’équilibre pour la Russie dans laquelle Poutine occupe la place qui convient, – ce qui explique aussi bien sa popularité que les intentions de vote pour l’élection présidentielle (actuellement, 81,1% en faveur de Poutine).

 

Mis en ligne le 24 janvier 2018 à 13H40

La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

Meridienne-330-500x340.jpg.pagespeed.ic.v63yd2wRSm.jpg

La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

Monsieur PGL vous propose un entretien avec notre ami Robert Steuckers, à l’occasion de la trilogie qu’il publie aux éditions Bios et qui est la somme de ses écrits et réflexions sur le destin de notre continent. Ce sera l’occasion également de revenir sur son parcours.

A la barre PGL, à la technique JLR.

Pour écouter:

https://radiomz.org/emission-n330-europa-eurasia-identite...

 

vendredi, 02 février 2018

Histoire du soft power américain

SPFBH-2bis.jpg

Histoire du soft power américain

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

1. De la guerre froide à Obama

Aux USA, l’influence est pensée depuis longtemps comme technique à finalité stratégique: une guerre pour désarmer l’hostilité, une guerre à la guerre en somme qui fera du monde « un endroit plus sûr pour les États-Unis » selon la formule de Wilson. Ce dernier partait du principe que les démocraties ne se combattent pas par les armes. Il entrevoyait déjà un apaisement général par propagation des principes politiques américains.

D’où l’idée récurrente d’influencer l’autre pour le rendre un peu moins « autre » et éventuellement un peu plus démocrate, un peu plus amoureux de la liberté à l’américaine, davantage désireux d’en adopter le mode de vie. Cela repose sur une certaine confiance en la valeur universelle du système et sur la conviction que celui qui le combat ne peut être qu’en proie à illusion doctrinale, à une méconnaissance de la réalité ou à une passion contraire à la nature humaine : il s’agit donc de le guérir. Par une contre-offensive idéologique.

Durant la guerre froide, la CIA conçoit un plan de «guerre culturelle» et conduit, notamment à travers le Congrès pour la Liberté Culturelle, une politique de subventions à des journaux, des livres, des conférences, des manifestations artistiques. Tout cela est censé sauver l’intelligentsia du giron du communisme et offrir une alternative culturelle, politique et morale aux populations de l’Est ou des pays tiers. L’affrontement est clairement idéologique.

L’agence s’emploie à diffuser les auteurs antistaliniens, fussent-ils de gauche, mais aussi le jazz, la peinture abstraite, toutes les formes d’une culture distractive, « jeune », antitotalitaire qui font contraste avec le pesant réalisme socialiste : des gens qui lisent Koestler, sifflent l’air de Porgy and Bess ou aiment la peinture abstraite ne seront jamais de vrais Rouges, pense-t-on à l’Agence. De la concurrence des idées on passe à celle des cultures.

Diplomatie publique

L’entreprise eut un prolongement. Eisenhower créa en 1953 l’United States Information Agency qui devait fonctionner jusqu’en 1999 pour mener une politique de vitrine médiatique. Elle lança des publications et manifestations et surtout des radios dont Voice of America émettant en 45 langues et Radio Free Europe, destinée à l’autre côté du rideau de fer. Le but était projeter une « bonne image » des USA, d’offrir à des audiences étrangères des informations auxquelles elles n’avaient pas accès, de promouvoir certaines valeurs en particulier culturelles. L’USIA se chargeait d’entretenir des réseaux d’amis des USA : journalistes et personnalités invités à visiter le pays, boursiers (notamment le programme Fullbright) et contacts avec d’anciens étudiants des universités américaines…

Le tout fut baptisé en 1970 : « diplomatie publique », une diplomatie qui soutient les objectifs politiques en s’adressant directement à l’opinion extérieure. Mais pas au public domestique : l’US Information and Educational Exchange Act de 1948 connu comme Smith-Mundt Act, interdisant de faire de la propagande destinée aux citoyens américains.
Dans la décennie 90, la notion devait tomber en désuétude faute d’ennemi à combattre, l’USIA finit par se « fondre » dans le département d’État).

voice-of-america-labyrinth.jpgPendant un demi siècle, relayée par l’USIS (United State Information Service), la diplomatie publique avait ainsi produit ou exporté des milliers d’heures d’émission, de films, de livres,…, mais aussi établi des contacts avec des milliers de gens pour «raconter au monde l’histoire vue d’Amérique».

Son bilan sera discuté : l’USIA est parfois vue comme un agence de propagande coûteuse qui faisait mal ce que l’autre camp réalisait plus efficacement en sens inverse, relayé par des intellectuels progressistes et profitant du courant de la contre-culture.
Second reproche à la diplomatie publique : était-il vraiment utile de payer des fonctionnaires pour rendre l’Amérique plus populaire alors que James Dean, Marilyn Monroe, Elvis Presley , la MGM, puis CNN y parvenaient de cause de façon plus crédible et en rapportant des devises ? D’autres se demandent pareillement si la chute du Mur de Berlin n’est pas à porter au crédit de la télévision de RFA reçue en RDA : elle propageait une image bien plus positive de l’Occident que tout service officiel.

Dans les années qui séparent la fin de l’URSS du 11 septembre, la politique d’influence US semble se confondre au moins dans l’esprit de ses promoteurs avec un « élargissement » du modèle occidental, pour ne pas dire avec le mouvement de l’Histoire. Il s’agit pour les USA de « contrôler la mondialisation » (shapping the globalization), donc d’encourager une mondialisation qui repose autant sur les droits de l’homme et le marché que sur les technologies de la communication et la mondialisation des cultures.

Cette politique quasi pédagogique prend de multiples formes. Ce peut être l’accompagnement du passage à la démocratie des anciens pays socialistes par ONG ou think tanks interposés, aussi bien que l’apologie des autoroutes de l’information comme « agora planétaire ». Le tout dans un contexte où l’influence US semble sans rivale.

Le contrôle de la globalisation

Pour une part, l’influence se privatise. Elle devient une dimension fondamentale de l’intelligence économique. Elle sert d’abord à la conquête des marchés ; là encore, les Américains comprennent qu’il faut combiner soutien politique, imitation des modes de vie, prépondérance des les standards techniques ou juridiques et un imaginaire culturel rendant désirable le made in USA. D’autres facteurs jouent telle la complexité croissante des normes internationales de production, donc le rôle des instances internationales et partant l’intérêt du lobbying.

Citons aussi le poids de mouvements d’opinion concernés par des dimensions écologiques, sociales ou sécuritaires de l’activité économique donc le rôle des ONG et des « parties prenantes », les facteurs d’image et de réputation dans la compétitivité des firmes… Autant de raisons pour les entreprises de se lancer à dans une politique internationale d’influence positive, voire agressive. Elles sont à la merci d’une rumeur sur Internet, d’une mise au pilori par une ONG, d’une attaque médiatique, d’une offensive informationnelle : elles doivent se préserver d’une influence déstabilisatrice comme une « e-rumeur ».

Parallèlement, une notion prend de l’importance dans les années 90 : celle d’affaire, action ou coopération civilo-militaires (qui donnent toujours le sigle ACM). Elle est liée à des conflits typiques de la fin du XX° siècle : des États disloqués, en proie à des guerres civiles, ou des situations indécises entre guerre et paix où des violences armées sont menés sporadiquement par des groupes ethniques, politiques, criminels voire mêlant les trois. L’intervention des forces occidentales, avec ou sans mandat des Nations Unies appelle une politique de reconstruction de la paix ou de la nation (peace building, nation building) ou, pour le moins, la gestion d’une situation indécise. À rebours de leur fonction traditionnelle (affronter symétriquement une autre troupe en uniforme jusqu’à la victoire politique scellée par le traité de paix), les troupes sont confrontées à des situations où il s’agit de contrôler l’exercice de la violence pour en freiner l’escalade. Il est tout aussi nécessaire de recréer les conditions d’une vie « normale » sur des territoires livrés au chaos.

Surtout dans la période qui mène à la mise en place d’autorités civiles reconnues, les troupes sont de facto chargées de tâches humanitaires, économiques administratives, politiques, bref non militaires. Cela les met au contact de civils, d’ONG, d’organisations internationales, de forces politiques, d’autres armées, d’entreprises… et bien sur des médias . Cette quête pratique n’est pas forcément désintéressée : les ACM peuvent rapporter des dividendes en termes d’image, de contrats de reconstruction pour ses entreprises, d’adoption de normes favorables à ses industries, …. Intérêts publics et privés peuvent se trouver liés comme civils et militaires. Mais l’objectif immédiat est surtout de contribuer à la stabilité du pays par des relations fiables avec les autres acteurs, un mélange entre action d’urgence et relations publiques.

géopolitique,actualité,soft power,sharp power,métapolitique,politique internationale,états-unis,services secrets,services secrets américains


La quête du soft power

Aux USA et dans la même période que l’influence trouve son nouveau nom : soft power. L’expression lancée par le doyen Joseph S.Nye gagne le statut de concept clé des relations internationales. Elle exprime une attractivit américaine qui repose sur la séduction de sa culture de masses (blockbusters hollywwodiens, séries TV, Mc Donald, basket, etc.), plus excellence scientifique et universitaire, plus les succès de sa technologie surtout numérique (les GAFA et la Silicon Valley), plus médias internationaux, plus influence intellectuelle de ses essayistes et de ses think tanks, plus américanisation des élites mondiales, plus image démocratique du pays, plus popularité de l’american way of life, plus...

Si l’Amérique prédomine dans le domaine du hard power, en particulier militaire, dit en substance Nye, elle doit aussi son statut d’hyperpuissance à sa capacité de séduire et d’attirer. La notion recouvre le rayonnement de l’Amérique, dû à sa technologie, à sa réputation, à ses artistes, à son cinéma, à ses université, … et autres choses où le gouvernement a peu de responsabilité, mais elle repose aussi sur sa diplomatie, sa capacité de convaincre et d’entraîner dans les organisations internationales. Amener les autres à désirer ce que vous voulez « sans carotte ni bâton » : voilà qui est tentant mais résonne un peu comme un vœu pieux.

Ce débat plutôt abstrait avant le 11 septembre prend une tout autre tournure en 2001. L’Amérique découvre alors la haine qu’elle suscite. Pour une part, les néo-conservateurs qui tenaient en réserve leurs plans contre les États voyous, leur guerre « préemptive » voire leur « quatrième guerre mondiale » contre le terrorisme jouent la carte du dur.

Parallèlement le recours à l’influence douce semble redevenir un saint Graal de la géopolitique US ou une ressource mystérieuse que l’Amérique devrait retrouver pour mettre fin à l’animosité.

L’appel à rétablir un soft power submergé par l’antiaméricanisme et décrédibilisé par une guerre contreproductive devient une des constantes du discours critique contre G.W. Bush. Ce slogan résonne souvent comme un pathétique « Aimez nous ». Ainsi, lorsque Francis Fukuyama rompt avec le camp néo conservateur, l’ancien chantre de la fin de l’histoire oppose la mauvaise méthode, la promotion de la démocratie par les armes, à la «bonne», celle qui consisterait à restaurer le soft power. Il ne faudrait pas renoncer au principe wilsonien, mais, parallèlement recommencer à négocier, à rechercher le consensus de ses alliés, à mener une action à travers des ONG et des organisations internationales régionales. Il est tentant de traduire : se rendre aimable, en somme.

Il serait caricatural de faire du soft power un monopole des démocrates, et de croire les républicains forcément partisans du «hard». La nuance entre diplomatie publique, soft power et influence renseigne davantage sur le locuteur que sur le contenu de la politique qu’elle recouvre.

Ainsi, quand Nye déclare que "l'Amérique doit mélanger le pouvoir dur et soft en un "pouvoir intelligent" (smart power), comme elle le faisait du temps de la guerre froide.", pareille nostalgie ne caractérise pas exactement un progressiste. Du reste, dans le camp conservateur, beaucoup en appellent à une grande politique qui tarirait les sources de l’extrémisme religieux et restaurerait une image de leur pays dont les sondages –ils en sont grands consommateurs - montrent la dégradation depuis six ans.

charlotte-beers-81-56-03.jpg

Une des premières réactions de l’administration Bush en 2001, fut de recréer un sous-secrétariat d’État à la diplomatie publique. Il fut d’abord confié à la publicitaire Charlotte Beers ; elle s’employa à produire des vidéos démontrant la liberté de culte dont jouissent les musulmans aux USA. Au fur et à mesure des guerres d’Afghanistan et d’Irak apparurent des radios arabophones et même une télévision, al Hurrah, censée concurrencer al Jazeera, mais avec un succès modéré dans le monde arabe. Parallèlement, l’administration Bush créa un Bureau d’Influence Stratégique (Office of Strategic Influence): il fallut le dissoudre lorsque la presse révéla qu’il risquait de mener des actions de désinformation qui toucheraient les citoyens américains.

Mais la diplomatie publique n’est pas seulement l’affaire des hauts fonctionnaires : le secteur privé intervient dans la promotion de l’Amérique. Ainsi Walt Disney produisant avec le département d’État des films présentant le pays à ses visiteurs ou les entreprises qui créent des « cercles d’influence » avec des groupes de journalistes ou des chambres de commerce. De la même façon, nombre d’opérations sont sous-traitées à des « agences de communication » ou assimilées qui, suivant le cas, «vendent» l’opposition à Saddam et la thèse des armes de destruction massive (comme le groupe Rendon) avant la guerre d’Irak ou, après, s’assurent de la bonne orientation de la presse locale (comme le Lincoln Group).

On verra aussi l’appareil d’État américain s’engager dans un combat quasi spirituel : il faut contrer « l’extrémisme violent » (comprenez le djihadisme), lancer un contre-discours, montrer que cela n’a rien à voir avec le vrai islam, contrer la propagande mensongère d’al Qaïda puis celle, plus moderne, plus efficace, et plus « Web 2.0 » de Daech.

Game_Intext_003-1444294901.jpg

La stratégie d’influence américaine comporte aussi un volet « subversif » : l’aide aux mouvements dits de la socité civile qui luttent contre des régimes autoritaires et, comme par hasard, antiaméricains,. Ceci vaudra sous les présidences successives de G.W. Bush et de Obama, mais prend la suite du bons vieux système de regime change consistant à aider l’oppostion dans certains pays. S’inspirant de l’expérience du renversement de Milosevic et des méthodes du groupe OTPOR, il y aura la révolution des roses en Géorgie (2003), orange en Ukraine (2004), des tulipes au Kirghizistan, « en jean » en Biélorussie (2005), du cèdre au Liban (2005). Ne parlons pas de la vague verte d’Iran (2009) ni de l’enthousiasme que déclenchera le printemps arabe de 2011 (ça y était, le monde arabe, évitant le double péril de l’islmamisme et des autocraties, allait se convertir au modèle démocratique occidental). Chaque fois on retrouve des fonds (d’ailleurs pas dut tout occultes- de l’US AID, du département d’État, du National Endowment for Democracy, de l’Institut pour la paix, etc. Des Ong finançant et formant les activistes démocratiques comme l’Albert Einstein Institute et la fondation Soros Open Society soutiennent les révoltes. Nous ne sommes pas en train de dire que les services américains ou quelques ONG renversent les gouvernement à leur guise partout sur la planète, mais qu’il jouent ouvertement la carte du soutien aux forces réputées modernes et ouvertes, donc pro-occidentales.

obama-soft-power-11.jpg

Soft Obama

Les années Obama ont-elles changées la pratique de l'influence stratégique d'État ?

La personnalité même du président devenu star internationale avant son élection et nobelisé au seul bénéfice de l'image fut en soi un exemple de "branding". Il "était" la marque USA dans toute sa splendeur, et rendait visible l'idée de soft power, comme s'il lui suffisait d'apparaître pour réconcilier l'Amérique avec le monde. La communication de la Maison Blanche exploita largement l'effet de contraste : elle opposait sa pratique apaisée à la brutalité de G.W. Bush. Très vite Hillary Clinton, au Département d’État, prit le relais, elle qui se réclame de Joseph Nye et de son smart power : la nouvelle Amérique utilisant suivant le cas sa puissance militaire, diplomatique, économique... mais aussi culturelle pour accomplir ses objectifs internationaux ; le moindre n'était pas de lutter contre les djihadistes et de dissiper les fantasmes dont est sensé se nourrir l'antiaméricanisme. Bien entendu, l'enthousiasme des débuts se heurtera aux réalités assez vite.

Si le soft power est un état idéal ou un résultat désiré, l'influence, la lutte idélogique, la présence médiatique, la "com", la mise en valeur de l'image américaine (éventuellement à travers celle de son président) en furent les moyens. Du coup, le terme "diplomatie publique" perdit ses connotations de Guerre foide et d'anti-communisme républicain. On se mit à parler d'une "nouvelle diplomatie publique" qui reposerait moins sur l'utilisation de grands médias émettant vers l'étranger (telle la télévision arabophone al Hurrah) que sur la présence sur les réseaux sociaux, le prestige culturel, la coopération avec les ONG et la société civile pour véhiculer le bon message... La propagande d’État devait passer par les réseaux sociaux et par les organisations de la société civile.

L'administration Obama a joué de ses atouts comme ses bonnes relations avec les entreprises de la Silicon Valley. Sa stratégie devient ostensiblement "2.0". Tandis que l'armée (qui ne fait désormais plus de "psyops" mais des "Military Informations Strategic Operations", ce qui sonne moins redoutable), la diplomatie américaine devient "e-diplomacy". Les représentants des USA, militaires ou diplomates, sont invités à être très présents sur les réseaux sociaux, à y faire du "storytelling" et à délivrer y compris à des audiences étrangères leur message de soutien aux objectifs de leur pays.

hillary-caricature-large.jpgParallèlement l'Amérique affiche sa volonté de soutenir les cyberdissidences et de lutter pour que s'épanouisse en ligne une société civile sans frontières. Hillary Cliton, en particulier, présente le droit de se connecter comme un droit de l'homme et milite pour des "technologies de libération" : l'extension d'Internet, échappant au contrôle des régimes étatiques est sensée apporter à la fois des bénéfices économiques, politiques (favoriser la démocratie pluraliste) aussi favoriser l'épanouissement d'une indispensable société civile. Du coup la cause universelle du Net se confond avec les intérêts des USA, première société de l'information de la planète (comme pendant la Guerre froide, ils se confondaint avec la défense universelle des libertés politiques).

La lutte pour la liberté du Net, se concrétise par le refus de principe de laisser des entreprises américaines vendre des techniques de censure à des gouvernements dictatoriaux mais aussi la volonté de fournir aux "blogueurs démocrates" de la formation ou des outils et logiciels pour échapper à la police. Même si les mauvais esprits font remarquer que les États Unis changent d'attitude lorsqu'il s'agit de lutter contre Wikileaks ou Megaupload... Ou contre Snowden.

Par ailleurs, en 2011, Obama crée le Center for Strategic Counterterrorism Communications qui doit mener la lutte pour la déradicalisation et la réfutation de la propagande djihadiste. Preuve que l’on en revient aux méthodes de guerre froide, ou plutôt d’affrontement idéologique à l’échelle de la planète. En 2016 le CSCC se transforme en Global Engagement Center sensé lutter avec des partenaires (ONG; écoles, leaders religieux...) contre le jihad dans les têtes. Mais, o surprise, juste avant que quitter son bureau ovale, Obama rajoute aux compétences du GEC la lutte contre la propagande et les interférences étrangères : Chine, Corée et surtout Russie.

Counter-speech (la contre-propagande contre le djihad, smart power, "nouvelle" diplomatie publique : le vocabulaire change, mais les fondamentaux restent les mêmes : l'Amérique retrouve spontanément sa tentation de convertir le reste du monde à ses valeurs pour sa propre sécurité (en vertu du vieux principe kantien que les démocraties ne se font pas la guerre), mais aussi pour sa prospérité. Et elle tend facilement à se persuader que les outils de la communication garantissent la liberté et l'harmonie des peuples, ce qui est très exactement la définition de l'idéologie de la communication.

SPFBH-4trump.jpg2. Trumpisme et « sharp power »

Peu de gens nieraient que le soft power américain ait diminué : un président qui traite les autres pays de trous à merde n’incarne pas exactement l’attractivité et la persuasion.

Si l’on s’en réfère à des sources comme le classement annuel des pays « The soft power 30 » du centre de diplomatie publique de Portland - qui range les nations selon leur capacité à « attirer, construire et mobiliser des réseaux d’acteurs pour agir en commun », les États-Unis sont passés en troisième position, dépassés par la France (grâce à l’élection de Macron qui nous aurait sauvés du péril populiste) et le Royaume-Uni (en dépit du Brexit). Les U.S.A. continuant à prédominer dans le domaine de l’excellence universitaire, de l’influence culturelle, de la technologie, etc. souffriraient de la déplorable image (y compris personnelle) et de la rhétorique de Trump qui affirme sans complexe vouloir poursuivre les intérêts de son pays et non des valeurs ou des buts universels. On accordera sans trop chicaner : la perception de la nouvelle présidence est désastreuse. Une fois que nous avons dit cela, nous n’avons pas dit grand chose.
On pourrait aussi analyser la supposée crise du soft power U.S. comme traduisant - au-delà de la perte d’attractivité d’un modèle qui se prenait pour celui de la fin de l’Histoire - la concurrence d’autres pouvoirs nationaux d’influence.

Si l’on parle concurrence, et en mettant de côté des pays qui peuvent avoir une bonne image internationale comme la Suisse ou l’Australie mais ne pèsent guère sur les affaires du monde, on pense immédiatement à la Chine. Qu’il s’agisse de la prolifération des instituts Confucius, de l’accueil d’étudiants étrangers, de l’engagement économique en Afrique, d’opérations de communication spectaculaires comme le thème des Routes de la Soie, de l’image globale de ses performance, la Chine progresse dans l’opinion hors frontière et développe une diplomatie efficace. L’autre grande puissance qui entend développer son soft power (miagkaïa sifa dans sa langue) est la Russie, même si l’idée même que Moscou puisse faire quoi que ce soit de doux semble hérisser beaucoup de commentateurs.

L’influence russe est largement idéologique ; elle passe, en synergie avec sa diplomatie, par l’affirmation d’un pôle « illibéral », contre-modèle à la mondialisation à l’occidentale. Son message préconise les valeurs traditionnelles, les identités et souverainetés ; il prône une alternative multilatérale (on aurait dit autrefois impérialistes) au modèle occidental, atlantiste, unipolaire. L’influence russe se manifeste largement par les médias et les réseaux, réalisant ainsi une performance assez paradoxale dans le domaine de la public diplomacy et du cyberpower où l’Amérique était censée être imbattable. La Russie est en effet présente à travers des médias internationaux (RT qui vient de lancer une chaîne francophone, Spoutnik, etc.) et sur le Web 2.0. D’où un contre-discours accusant la Russie, ses pompes, ses œuvres et sa disinformatsya, d’être derrière les mouvements populistes et à l’origine de la diffusion des fake news, d’asphyxier les médias 2.0 avec des armées de trolls (pour la propagande) et de hackers (pour saboter, voler des données confidentielles et éventuellement les publier comme dans le cas des mail du parti démocrate américain), d’avoir des agents et des réseaux politiques et intellectuels partout, de fausser les élections, ... Ces accusations de subversion, souvent plus violentes que ce que l’on disait pendant la guerre froide de l’influence occulte des agents bolchevik, se ramènent à l’idée d’une sorte de gigantesque sabotage. Poutine tenterait en somme de provoquer le chaos politique et, plutôt que d’attirer en faveur de son modèle idéologique, de saboter les démocraties (on ne dit plus le monde libre) par le chaos électoral, idéologique et politique. Cette influence « alternative » destinée à casser le monopole médiatique et idéologique des sociétés « ouvertes » est donc présentée comme purement négative pour ne pas dire nihiliste. D’où apparition d’un néologisme sharp power, qui désignerait ce pouvoir « aigu » de la Chine et de la Russie ; elles chercheraient à nous blesser : moins à persuader de l’excellence de leurs régimes autoritaires qu’à affaiblir l’adversaire occidental. De The Economist qui dénonce en couverture le sharp power chinois, à Foreign Affairs qui soupçonne Moscou de favoriser toutes les tendances antidémocratiques qui peuvent affaiblir l’Otan, l’UE ou les USA. Ce serait donc une nouvelle façon de désigner une guerre subversive de l’information et même Joseph Nye, l’homme qui a lancé les notions de soft et smart power, se joint au concert contre ces opérations occultes. Profitant de l’asymétrie des forces et de nos faiblesses (donc de la liberté d’informer occidentale, du libéralisme et du pluralisme, comme de notre manque de pugnacité idéologique), deux États seraient donc en train de nous manipuler et de nous diviser.

Le concept-valise de sharp power ne traduit pas seulement le retour d’une rhétorique de guerre froide (les agents de l’étranger s’en prennent à nos valeurs et diffusent de fausses informations subversives), il est la traduit en termes de causalité diabolique (l’action des méchants pervertissant le meilleur des mondes possibles) des faiblesses de l’idéologie. Et la plus grave d’entre elles : être incapable de penser que l’on s’oppose à elle autrement que par méchanceté ou par naïveté.