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mardi, 26 décembre 2017

Olympisme vertueux – olympisme pervers

Stupeur dans l’Olympisme, le dopage sévit, consternation, la corruption aussi. Qui aurait pensé de telles abjections possibles, dans ce monde de vertu. L’hébétude règne. En vérité, seuls les naïfs, les ingénus ou les niais peuvent croire à ces simagrées de probité, mais certainement pas les professionnels du sport, d’où elles émanent, particulièrement des experts de la magouille et de la manipulation.

Ainsi le dopage serait l’apanage de la Russie, qu’il conviendrait de punir pour son manquement au code de déontologie de l’Olympisme. Il faudrait la clouer au pilori, en lui interdisant de participer aux jeux d’hiver organisés en Corée du Sud. Le sort à réserver à l’Olympisme pervers, face à l’Olympisme vertueux des autres nations, au premier rang desquelles figurent les États-Unis.

La réalité s’inscrit en faux, d’une Russie unique dévoyée du dopage, qui seule, mériterait les châtiments. La vérité est cruelle pour les chevaliers Bayard, car le dopage inonde, submerge, tous les pays, dont l’un des plus puissant d’entre eux, les États-Unis, qui occupent la première place dans ce triste palmarès.

L’attention est polarisée sur la Russie, afin d’occulter la reine du dopage, qui avec 652 cas recensés depuis 1976, arrive en tête de ce singulier hit-parade. La quasi-totalité des autres pays formant le peloton.

Si dans le sport, la culture du dopage est planétaire, plus de 52 médailles olympiques ont été retirées depuis 2000, elle apparaît particulièrement bien implantée aux États-Unis depuis les années 1960. Sans même être mis en cause, de nombreux athlètes américains ont dévoilé qu’ils prenaient des produits dopants.

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La dissimulation, comme pour les jeux olympiques de Sydney, ou l’éducation des athlètes à déjouer les contrôles antidopage, pratiqués par les États-Unis, montrent bien que, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les qualités naturelles des sportifs américains, ne sont pas les seules à les hisser sur les podiums olympiques.

Reconnaissons, malheureusement, que cette gangrène s’étend à tout le monde sportif, à toutes les disciplines. Des centaines de cas de dopages, en cyclisme, en haltérophilie et combien dans les sports les moins contrôlés, comme le football et le rugby. Même le tir à l’arc ou le golf le subissent. Dans la compétition à la prévarication, la corruption s’illustre également.

Quelques cas récents sont suffisamment significatifs, car une liste exhaustive constituerait une encyclopédie. Citons, pour l’Olympisme, la mise en cause du président du comité olympique brésilien et le doute de la justice française sur la désignation de Tokyo 2020, pour le football, l’interrogation sur l’attribution du mondial 2022 au Quatar et l’affaire multiforme Sepp Blatter à la FIFA.

Pour réhabiliter le sport professionnel, il convient, comme le préconise l’Agence Mondiale antidopage, que tout le domaine sportif soit soumis aux mêmes règles de contrôle. Seul un organisme totalement indépendant de ce milieu, peut éventuellement y parvenir.

Actuellement, les sanctions sectorielles, hypocrites et iniques qui frappent la Russie, ne sont pas recevables. C’est à une révision fondamentale, de toutes les structures qui régissent le sport, qu’il faut procéder. Sans ça, l’enthousiasme pour le sport professionnel va continuer de s’étioler. Il doit retrouver les valeurs dont il est normalement porteur, l’excellence, l’amitié et le respect, qui rejettent les pratiques actuelles, le dopage, la corruption et l’intrigue politique. Face à ce constat, il serait atterrant et scandaleux que la Russie soit bannie des jeux d’hiver organisés en Corée du Sud, alors que les États-Unis y sont admis. L’égalité, l’impartialité, la justice, imposent la participation de la Russie.

samedi, 23 décembre 2017

La nouvelle stratégie spatiale américaine

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La nouvelle stratégie spatiale américaine

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Donald Trump vient d'annoncer ce que sous son autorité sera la Stratégie de Sécurité Nationale 2018 et au delà 1). On a beaucoup remarqué les menaces voilées que comporte cette Stratégie à l'égard de la Russie et de la Chine. Mais l'on a pas assez commenté l'importance qu'y comportera la construction d'une infrastructure spatiale beaucoup plus ambitieuse qu'elle ne l'est actuellement.

Le Pentagone est en train de réaliser que tous les systèmes d'armes américains font confiance au GPS et aux communications satellitaires. Mais qu'arriverait-il si ces ressources se trouvaient détruites par un ennemi éventuel?

Le Colonel Richard Zellmann, commandant la 1st Space Brigade basée au Colorado, vient de remarquer dans un rapport que si l'Armée américaine devait se passer de ces outils, elle devrait tripler ses effectifs, sans être pour autant assurée de conserver sa supériorité. Or les récentes recherches russes et chinoises visent à développer des satellites anti-GPS ou à brouiller leurs résultats. Ce brouillage pourra être produits par des stations terrestres (jammers) peu coûteuses et faciles à implanter ou transporter 2)

En conséquence, l'Armée et la Marine américaine ont commencé à former des personnels maitrisant des savoirs tombés en désuétude depuis plus de 20 ans. On pensera notamment aux sextants, apparus au 18e siècle sous le nom d'octants (image). A plus long terme, la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) développera des systèmes de géolocalisation se passant du GPS, tel des gyroscopes et capteurs destinés à ce que l'on appelle la navigation inertielle. Le principe en est simple. Chaque piéton la pratique intuitivement dans la campagne en évaluant le nombre de ses pas dans une direction donnée, et en se repérant à fin de contrôle sur des signaux tels que les clochers d'église.

Par ailleurs le Pentagone mettra en service de nouvelles générations de satellites dotés de capacités anti-brouillage.

Donald Trump dans le document qu'il vient de diffuser a précisé que « The United States considers unfettered access to and freedom to operate in space to be a vital interest, « Any harmful interference with or an attack upon critical components of our space architecture that directly affects this vital US interest will be met with a deliberate response at a time, place, manner and domain of our choosing ».

Les Européens ne pourront que constater leur quasi absence dans ces nouveaux domaines stratégiques.

Références

1) Voir CNN
http://edition.cnn.com/2017/12/18/politics/5-things-to-kn...

2) L'Agence spatiale européenne annonce le lancement imminent de 4 nouveaux satellites, destinés au système Galileo, le rival du GPS
http://www.gpsdaily.com/reports/Galileo_satellites_atop_r...

jeudi, 21 décembre 2017

Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

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Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

SAMEN MET TURKIJE EN IRAN WIL RUSLAND DE WERELD HERTEKENEN

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten’

Alexander Doegin wordt wel eens de huisideoloog van Poetin genoemd. Hij droomt van een nieuwe wereld. Waar Turkije en Iran het Midden-Oosten beheersen en Europa geen vazal van de Verenigde Staten meer is. ‘Vergeet dat liberalisme. Daag ons uit met jullie eigen waarden.’

Van onze redactrice in Nederland Corry Hancké

De Russische filosoof Alexander Doegin was zaterdag in Amsterdam voor de jaarlijkse Nexus Conferentie. Een dag later vertelt hij over de clash die hij daar met de Franse filosoof Bernard-Henri Lévy had. De twee mannen zijn elkaars tegenpolen.

‘Hij is alles wat ik niet ben. Lévy verdedigt de imperialistische ideologie van het Westen en vecht tegen de opkomende multipolaire wereld. Alles wat ik bewonder, keurt hij af. Alles waarvoor hij staat, vind ik fout. Het was een echte clash van ideeën. Het was boeiend, want we vertrekken allebei vanuit de idee van een eeuwenoude oorlog tussen beschavingen: de oorlog tussen Sparta en Athene of tussen Rome en Carthago. Een oorlog tussen een landmacht en een zeemacht.’

‘De landmacht – en dat is een land als Rusland, staat voor een onveranderlijke, collectieve identiteit. De zeemacht ziet constante verandering, globalisering en vooruitgang als hoogste goed. Ze probeert iedereen te bevrijden van een collectieve identiteit, omdat die onderdrukkend zou zijn.

Maar dat liberalisme loopt ten einde. Het eindigt in decadentie en een complete loskoppeling van de natuurlijke wetten. Geslachtsbepaling of het uitstellen van de dood door artificiële intelligentie, zijn een ontkenning van de menselijke waarden. Je krijgt immortaliteit voor de prijs van
menselijkheid.’

Welke waarden zijn belangrijk voor een landmogendheid?

‘Een landmacht baseert zich op het concept van eeuwigheid. Het gaat om identiteit, het is een sacrale houding tegenover de natuur, de wereld en God. In die visie is God belangrijker dan de mens, hiërarchie is beter dan gelijkheid, traditie en identiteit zijn belangrijker dan verandering en grensverlegging. Eigenlijk is de afwezigheid van verandering de meest positieve waarde. Je probeert dezelfde te zijn als je voorouders en je conserveert hun manier van leven.’
‘De geest van de moderne mens is zo beïnvloed door de zeemogendheid dat hij de landwaarden als archaïsch, negatief beschouwt. Maar als je vanuit de waarden van een landmacht kijkt, dan zie je dat vooruitgang leidt tot decadentie, immoraliteit en verlies van waardigheid. Het verlies van de collectieve identiteit is nihilisme.’
‘Men probeert ons tegenwoordig te vertellen dat de weg naar een zeemogendheid de enige mogelijke is. Maar dat klopt niet, het is een keuze. Landen als Rusland, China, Turkije, Iran of zelfs India kunnen kiezen voor identiteit in plaats van voor liberalisme, vooruitgang, bevrijding,... De hegemonie van de westerse waarden is niet onaantastbaar. De geschiedenis ligt open.’

Rusland zoekt toenadering tot Turkije. De Turkse president Erdogan deelt jullie ‘landwaarden’?

‘Correct, hij moet kiezen tussen een Euraziatische en westerse identiteit. Ik had mijn bedenkingen bij hem, maar nadat hij de Gülenpartij heeft opzijgezet, komt hij steeds dichter bij die Euroaziatische kernwaarden en neemt hij steeds meer afstand van het Westen.’

Helpt u hem daarbij?

‘Ja, ik help de Turken om te kiezen voor het Eurazianisme. Mijn boek is in Turkije vertaald en het biedt aan de militairen een ander denkkader. Tevoren kenden ze alleen het Navo-Atlantisch denkkader, waarin hen werd geleerd hoe ze tegen Rusland moeten vechten. In mijn handleiding leg ik uit dat Turkije kan kiezen en ook tegen de VS kan vechten. Vroeger, als je als Turk niet tevreden was met de rol van de Amerikanen in de regio, zoals hoe ze de Koerden naar onafhankelijkheid helpen, dan had je geen keuze, want je had maar één denkkader.’
‘Iran staat voor dezelfde keuze. Dat land zag Rusland altijd als de oude vijand, maar toen mijn boeken er werden vertaald, ontdekten de Iraniërs dat er parallellen bestaan tussen het Euroazianisme en hun visie op de samenleving. Dat sloeg een brug tussen Rusland, Turkije en Iran. Die metafysische brug leidt uiteindelijk naar concrete politieke actie.’
Ze heeft alvast de situatie in Syrië doen kantelen. Rusland en Turkije gingen samenwerken en samen gaven ze de Syrische president al-Assad de mogelijkheid om de burgeroorlog in zijn land te winnen. ‘Dat klopt, Syrië was de laatste dominosteen die viel.’

Begon het toen in 2015 een Russische piloot boven Turkije werd neergeschoten?

‘Ik heb toen hard gewerkt om een confrontatie tussen Turkije en Rusland te vermijden en om de banden tussen beide landen aan te halen. Niet omdat ik pro-Turks ben, neen, ik ben Russisch-orthodox. Maar ik ben tegen de Amerikaans hegemonie.’
‘Die samenwerking heeft ook geleid tot de deal tussen Irak en de Iraanse generaal Soeleimani, waardoor het opstandige Kirkoek weer in handen van Irak kwam. Dat was de tweede grote overwinning die we hebben behaald in de multipolaire wereld.’

Die nieuwe samenwerking verandert de situatie in het Midden-Oosten grondig.

‘Ja, maar daar zijn tientallen jaren aan voorafgegaan. Na de val van de Sovjetunie hebben we met een aantal Russische patriotten een Euraziatische visie ontwikkeld, gebaseerd op de “landwaarden”. Die visie zijn we aan het uitdragen en we werken aan een alliantie met Turkije en Iran. Het was een lange weg. Poetins politiek is de finalisatie van die ideeën.’ 

De strijd in Syrië was het eerste kantelpunt. Wat wordt de volgende stap?

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten. Eerst zullen we aandacht geven aan de heropbouw van Syrië en Irak. We hebben een militaire overwinning behaald, nu moet de politieke volgen. We moeten de territoriale eenheid bewaren, we moeten uitzoeken wat we aan de Koerden kunnen bieden. Ze zijn door het Westen in de steek gelaten en nu kan Rusland een oplossing voor de Koerden zoeken. We zullen hen geen nieuwe staat laten bouwen, want niet iedereen is daar voorstander van. Islamitische Staat moet verdwijnen, dat is duidelijk. En de invloed van de Saudi’s moet worden gestopt. De oorlog in Jemen moet worden beëindigd. Daar kunnen we, tegen de Saudi’s in, de sjiieten helpen.’

U wil de Verenigde Staten weg uit het Midden-Oosten. De huidige Amerikaanse president Trump is sowieso minder geïnteresseerd in buitenlands beleid. Het kan dus voor de Russen niet zo moeilijk zijn om de Amerikanen te verdrijven?

‘Het is iets gemakkelijker dan vroeger. Trump zegt dat hij een non-interventionist is. Hij zou natuurlijk afstand kunnen nemen van die belofte, zoals hij wel vaker heeft gedaan. Maar hij heeft binnenlandse problemen. Dat hij die maar eerst oplost. Wij willen vrede, we willen een wereld die vrij is van de Verenigde Staten en van zijn zogenaamde democratie. Laat Eurazië en Europa met rust. Europa moet niet bang zijn, wij gaan dat niet inpalmen.’

En Oekraïne dan?

‘Oekraïne is deels Europees deels Russisch. Het is een nieuwe staat, die de keuze had als België te worden, een land met twee entiteiten. Maar het westelijke deel van Oekraïne wilde het hele land domineren, in naam van de democratie en de mensenrechten, alhoewel er ook fascisten bij waren.
Daarom is het oostelijk gedeelte in opstand gekomen en die opstand hebben wij gesteund. Wij zijn dus geen dreiging voor Europa, wij zijn geen dreiging voor West-Oekraïne. Dat is voor ons een legitiem deel van Oost-Europa.’
‘Het is boeiend: je ziet in Oost-Europa steeds meer landen die toenadering tot ons zoeken. Ik merk dat landen als Polen of Hongarije zich afvragen of Europa wel zo’n ideale wereld is. De Polen denken dat democratisering en vooruitgang hun katholieke identiteit vernietigen. De beweging die de nadruk legt op de Poolse identiteit groeit, ik krijg er steeds meer aanhangers. Hetzelfde voor Hongarije. Daar vraagt men zich af wat het beste is: hun identiteit laten vernietigen door Europa of ze te behouden, met onze steun. Voor hen is de EU een culturele bedreiging. Wij daarentegen dringen ons niet op, zij hebben gewoon de keuze.’
‘Aangezien wij Europa niet bedreigen, hebben de Europeanen een kans om over hun identiteit na te denken. Ze hebben gezien welke chaos de Amerikaanse zeemogendheid veroorzaakt. Europa heeft een kans om zich te bezinnen. Ik droom van een sterk, onafhankelijk Europa dat zijn eigen logica hanteert en dat misschien tegen ons is. En toch verkies ik dat, want dat zou betekenen dat Europa opnieuw waardigheid heeft en niet langer de vazal van de Verenigde Staten is. Wees de ander die het verschil maakt. Nu? met al dat liberalisme, zijn jullie dat niet. Daag ons uit met jullie eigen
waarden.’

mercredi, 20 décembre 2017

La Vraie Droite contre-attaque !

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La Vraie Droite contre-attaque !

Recension du livre métapolitique de Daniel Friberg

par Thierry Durolle

Ex: http://www.europemaxima.com

À l’aube du XXIe siècle, certains s’imaginent, à tort, que la Gauche et la Droite sont deux clivages politiques dépassés. L’émergence de formations politiques ou métapolitiques transcourants pourrait en effet nous tromper. Pourtant il n’en n’est rien. Bien que des idées de gauche passent à droite et vice versa (1), il y aura toujours une Gauche et une Droite « éternelles », « métaphysiques »; une Gauche synonyme d’horizontalité et une Droite de verticalité.

En cet âge sombre, où la confusion est reine, ces repères se trouvent donc parfois malmenés. Alors oui, il faut reconnaître que les frontières, dans certains cas, sont poreuses ou bien que le dialogue entre deux camps opposés est possible. L’histoire du Cercle Proudhon est d’ailleurs un bel exemple d’union sacrée. Néanmoins, il ne faut pas que le dialogue, ou l’emprunt de méthodes au camp adverse en vienne à modifier l’ADN des deux ensembles. Que Michel Onfray discute avec Alain de Benoist soit. Est-il devenu un homme de Droite pour autant ?

Évoquer la Droite en France ramène toujours aux libéraux, au patronat, aux affairistes de tout poil, même s’ils présentent une pointe de conservatisme un peu réactionnaire aux yeux des plus progressistes. À ce titre, nombre de ténors de la Droite « classique » sont compatibles avec les idées sociétales du Parti socialiste et d’En Marche. Est-ce la Droite « classique » qui se rabat sur sa gauche ou n’est-elle pas, historiquement parlant, la véritable Gauche, celle qui naquit a de la Révolution bourgeoise de 1789 ?

Dans ce cas-là, qu’en est-il de la véritable Droite ? Le Suédois Daniel Friberg, responsable des éditions Arktos, fondateur du groupe de réflexion métapolitique Motpol, et rédacteur européen de la plate-forme AltRight.com, s’est lui aussi posé cette question. Son livre, Le retour de la vraie droite, est désormais disponible en français. Ce petit recueil comporte six textes (en plus de la préface et de la postface) et d’un « dictionnaire métapolitique ».

DF-RVD.jpgDans son texte, « Le retour de la vraie Droite », l’auteur revient en premier lieu sur l’ascension culturelle de la Gauche et conqtate que « les idéaux de l’Occident ont subi une inversion totale, et des idées qui se situaient initialement à la périphérie de l’extrême gauche ont été élevées au rang de normes sociales qui prévalent aujourd’hui dans l’éducation, les médias, les institutions gouvernementales et les ONG privées (p. 2) ». Un tel résultat, nous explique l’auteur, n’aurait pas pu être possible sans « les sociologues et philosophes marxistes de l’Institut für Sozialforschung de Francfort [qui], au début du XXe siècle, visaient, au travers de la conception de la philosophie et leur analyse sociale sélective, à saper la confiance dans les valeurs et hiérarchies traditionnelles (p. 2) ». Sans doute que d’autres facteurs sont rentrés en ligne de compte concernant l’involution de l’Occident, et non pas uniquement des facteurs politiques, mais cela ne rentre peut-être pas dans la grille de lecture de l’auteur – ce qui n’enlève rien, par ailleurs, à la justesse de ses propos.

Justement, Daniel Friberg souligne que cet essor de la Gauche culturelle (que l’on nomme parfois « marxisme culturel ») fut rendu possible par « trois facteurs principaux ». Tout d’abord, « après la Seconde Guerre mondiale, la Droite a été assimilée au camp des vaincus, en particulier au national-socialisme (p.5) ». Ensuite la « longue marche de la Gauche à travers les institutions […] s’est accélérée dans les années 1960 et 1970 et a culminé dans la mainmise sur les médias, les institutions culturelles et les systèmes éducatifs, c’est-à-dire sur les piliers de la société qui forment précisément les pensées et les opinions des gens (p. 5) ». Enfin, la « nouvelle Gauche a rejeté la classe ouvrière européenne, jugée incurablement réactionnaire par les minorités sexuelles et ethniques (p. 5) ». Mais le plus important reste que « cette évolution a coïncidé avec la montée de puissants nouveaux intérêts et courants économiques et politiques (p. 6) ». N’est-ce pas un résumé de la genèse du paradigme libéral-libertaire actuel ?

Daniel Friberg relate ensuite brièvement l’émergence de la Nouvelle Droite. Est-ce bien nécessaire de revenir sur cet épisode sans doute bien connu du public français ? Dans tous les cas, son influence sur Daniel Friberg et certains de ses camarades déboucha sur la naissance de la Nouvelle Droite suédoise. « S’il fallait dater précisément le début de ces activités, écrit Friberg, on pourrait dire que la Nouvelle Droite suédoise est née en 2005, lorsqu’un petit groupe d’étudiants de droite a commencé à se former à Göteborg; il réunissait ceux d’entre nous qui s’étaient engagés avec enthousiasme dans la lecture d’un certain nombre d’ouvrages révolutionnaires, dont l’édition originale anglaise du livre New Culture, New Right de Michael O’Meara, ainsi que des essais d’Alain de Benoist, Guillaume Faye, Dominique Venner, Pierre Krebs et d’autres penseurs de la Nouvelle Droite continentale (p. 12). » Tout ce bouillonnement culturel « dextriste » donnera, le 10 juillet 2006, la création d’un cercle métapolitique nommé Motpol. D’autres projets alternatifs de Droite apparaîtront en Suède comme Fria Tider ou Avpixlat.

À l’époque, la méthode de conquête finale du pouvoir envisagée par la Nouvelle Droite n’est pas nouvelle en soit, mais son usage par un mouvement de Droite reste inédit. Elle consiste en ce que certains ont appelé un « gramscisme de Droite » à cause de l’adaptation qu’elle fit des théories du communiste italien : préparer les esprits pour parachever la prise de pouvoir politique. Daniel Friberg, en bon disciple des ténors du mouvement susnommé mise lui aussi sur cette méthode. Presque cinquante ans après l’avènement du GRECE en France, le bilan est pourtant décevant, voir médiocre. L’influence de la Nouvelle Droite s’est faite sur les milieux de la Droite nationale, et ce, pour le meilleur (c’est du moins notre avis). Il faut également préciser l’influence préalable d’Europe Action et, dans un registre différent, de Jeune Europe. En revanche, son influence sur le peuple est quasi nul, la faute à une campagne médiatique dont le but fut l’instauration d’un cordon sanitaire entre le peuple et la Nouvelle Droite, mais aussi, à la teneur hautement intellectuelle des travaux et des productions du GRECE ou de la revue Nouvelle École. Ainsi nous sommes assez sceptique sur l’efficacité de la métapolitique à influencer le peuple. En revanche, nous croyons plus à la pertinence d’une initiative comme TV Libertés, ainsi qu’aux autres plate-formes opérant à un travail de ré-information.

Dans le chapitre intitulé « Orientations » (sympathique clin d’œil à un philosophe italien), Daniel Friberg esquisse les grandes lignes de ce qu’il estime appartenir à une véritable pensée de Droite. Là encore le lecteur familier avec les idées de la Nouvelle Droite ne sera pas déstabilisé. Ethno-différencialisme, alter-européisme, anti-libéralisme, anti-impéralisme droit-de-l’hommiste, refus de l’uniformisation du monde et du mondialisme, refus de la méthode révolutionnaire empruntée à l’extrême gauche – « La vraie Droite ne devrait pas chercher à imiter cette stupidité, qui n’est que perte de temps (p. 35) » – figurent parmi ces orientations. Daniel Friberg réitère à propos de la méthode métapolitique qu’il qualifie à juste titre de « transformation graduelle ». La remarque qui nous vient immédiatement à l’esprit est « Avons-nous encore le temps ? » La réponse est sans doute non. Quels sont concrètement les succès de la métapolitique sur le peuple en France ? L’emploi dans les médias et par une infime frange du peuple des expressions comme « Français de souche » (2) et « Grand Remplacement » ? En outre, le discours métapolitique des cercles de réflexions issus de la Nouvelle Droite n’ont que très rarement concordé avec le Front national par exemple, alors qu’en face les gouvernements successifs œuvrent avec succès à notre neutralisation.

Nonobstant ces critiques concernant l’emploi de la métapolitique prôné dans cet ouvrage, Le retour de la vraie droite de Daniel Friberg est surtout digne d’intérêt pour le néophyte. Son langage clair, ses propos synthétiques et son utile dictionnaire métapolitique constitueront un excellent point de départ pour de nombreux jeunes militants.

Thierry Durolle

Notes

1 : Arnaud Imatz l’a parfaitement démontré dans son livre Droite / GauchePour sortir de l’équivoque. Histoire des idées et des valeurs non conformistes du XIXe au XXe siècle, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016.

2 : L’un de nos objectifs devrait inclure la réhabilitation du concept de nationalité – et non plus de citoyenneté – française, avec comme tout premier prérequis, sa nature albo-européenne, c’est-à-dire le fait d’être Blanc. Pour cela le travail à effectuer ne concerne pas seulement le domaine bioculturel, mais s’accompagne aussi d’un travail de revalorisation de l’Histoire de France, ou bien encore par la mise en avant d’une philosophie politique adaptée à nos objectifs.

• Daniel Friberg, Le retour de la vraie droite. Un manuel pour la véritable Opposition, Arktos, 117 pages, 2017, 12,72 €.

mardi, 19 décembre 2017

Syrie: le facteur chinois

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Bernhard Tomaschitz :

Syrie: le facteur chinois

Beijing accroît son engagement en Syrie pour mieux asseoir sa stratégie géopolitique après le conflit !

La Chine vient donc d’accroître son engagement en Syrie. Depuis avril 2016, quelque 300 conseillers et instructeurs chinois sont présents en Syrie d’après le Middle East Monitor ; désormais, la Chine veut y envoyer des soldats pour soutenir le Président Bachar El-Assad. On pense que ces soldats appartiendront aux fameuses unités d’élite chinoises, les « Tigres de Sibérie » et les « Tigres de Nuit ». Selon le droit chinois, l’envoi d’expéditions militaires à l’étranger est autorisé, à condition que ce soit pour combattre le terrorisme. Ensuite, on peut dire que les intérêts syriens et chinois coïncident en matière de sécurité. D’après les sources syriennes, quelque 5000 islamistes venus du Xinjiang chinois combattent dans les rangs de Daesh. Les Chinois craignent dès lors que ces hommes, après la défaite subie par l’organisation terroriste, ne reviennent dans leur pays et y commettent des attentats.

La Chine a cependant d’autres intérêts en Syrie, sur le long terme cette fois, car ce pays du Levant aura un rôle important à jouer dans le grand projet chinois de la « route de la soie », l’OBOR. C’est la raison majeure qui amène Beijing à intervenir dans le processus de paix. « En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a toujours veillé à ce que règne la paix, la stabilité et le développement au Proche-Orient », a déclaré, fin novembre 2017, Geng Shuan, porte-paroles du ministère chinois des affaires étrangères. Geng Shuan s’est avéré encore plus précis : « La Chine soutient les efforts des pays de la région qui cherchent à renforcer la lutte antiterroriste et entendent rétablir l’ordre et la stabilité ». La Chine est prête à échanger des idées avec les pays de la région « qui travailleront à la réalisation du projet OBOR et qui voudront assurer la paix et la stabilité en optant pour une politique de développement ».

La Chine, tout comme la Russie, veut participer à grande échelle à la reconstruction de la Syrie pour gagner en influence dans la région aux dépens des Etats-Unis. Beijing et Moscou profitent du fait que l’Occident, engoncé dans ses marottes idéologiques, cultive encore et toujours l’illusion d’un changement de régime à Damas. « Les Etats occidentaux disent qu’ils apporteront leur soutien à la reconstruction de la Syrie seulement si s’amorce « un processus crédible conduisant à un véritable changement politique soutenu par la majorité du peuple syrien », écrivait l’agence Reuters le 24 novembre 2017. La Chine, elle, ne demande à la Syrie que de faire preuve de ‘flexibilité’, d’esprit de dialogue et de négociation.

Pour se préparer à l’ère de la reconstruction, une rencontre bilatérale sino-syrienne de haut niveau a eu lieu en juillet dernier. Y participait également la « Banque d’investissements structurels asiatique », créée à l’initiative de la Chine. On y a planifié l’édification d’un parc industriel en Syrie, qui serait ouvert aux entrepreneurs chinois et aurait une valeur de deux milliards de dollars. Comme le remarquait Asia Times, « rien n’aurait davantage de sens qu’un engagement chinois ». Finalement, les négociants syriens ont été très actifs sur la route de la soie pour le petit commerce, avant la tragique guerre civile syrienne ». Les Chinois n’ont pas oublié non plus qu’aux temps de l’ancienne route de la soie la Syrie contrôlait le passage des marchandises vers l’Europe et vers l’Afrique.

Aujourd’hui, ajoute Asia Times, le projet OBOR fera inévitablement émerger un « moyeu syrien ». Ce n’est donc pas un hasard si l’ambassadeur syrien en Chine, Imad Mustafa, mise sur cet atout. La Chine, la Russie et l’Iran recevront la priorité demain, après la fin des hostilités, quand il s’agira de lancer les programmes de reconstruction, de rééquipement et d’investissements infrastructurels. Les Etats-Unis et, à leur suite, les Etats de l’Union européenne, resteront sur le carreau.

Avec l’aide de la Chine, Assad pourra sans doute réaliser son rêve des « Quatre mers ». En 2009, il avait déclaré dans un interview : « Dès que l’espace économique entre la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran sera intégré, nous deviendrons le lien nodal entre la Méditerranée, la Caspienne, la Mer Noire et le Golfe Persique. Dès que ces mers seront reliées entre elles, nous serons, dans le monde, le point d’intersection optimal pour tous investissements, transports et autres ». On avait planifié en Syrie la construction de routes, de ports et d’oléoducs. De plus, la stratégie dite des « Quatre mers » avait été évoquée dans « Syria today » en janvier 2011 : ce projet, disait le magazine syrien, «montrera que la Syrie, en matière de stabilité, ne dépendra plus des Etats-Unis et de leurs principaux alliés : c’est là un message clair pour beaucoup d’autres pays comme le Venezuela, le Brésil et l’Argentine ».  Assad n’a plus pu réitérer ce message car, très peu de temps après l’avoir formulé une première fois, les Etats-Unis ont déclenché leur guerre contre la Syrie, par terroristes interposés.

Or, sept ans après avoir énoncé ce projet, Assad a, envers et contre tout, consolidé son pouvoir et a offert aux adversaires géopolitiques des Etats-Unis l’occasion de gagner considérablement en influence au Levant. On dirait que l’histoire a puni l’Amérique. L’analyste russe Alex Gorka en tire des conclusions pertinentes : « La Chine peut devenir un acteur très important en Syrie. La Syrie, en effet, doit être reconstruite et la Chine est en mesure d’offrir cette aide. En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, le rôle qu’elle peut jour pour parvenir à une solution pacifique est de toute première importance. La participation chinoise fait que le processus de paix sera vraiment international, avec une large représentation de puissances autres qu’occidentales, réduisant du même coup le rôle que pourra jouer l’Ouest ».

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°50/2017, http://www.zurzeit.at ).  

Sahra Wagenknecht ou l'art politique de suggérer des alternatives originales

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Alexander Schleyer :

Sahra Wagenknecht ou l’art politique de suggérer des alternatives originales

Dans le « Parti de Gauche » en Allemagne (la « Linkspartei ») la base gronde et grogne. Elle n’est plus vraiment seule : de nombreux élus refusent désormais d’obéir à la présidente du parti, Sahra Wagenknecht. Pourquoi ? Parce que cette femme de caractère formule des critiques serrées du statu quo et se montre adepte d’une Realpolitik bien adaptée aux réalités contemporaines. Du coup, la « Gauche » estime que sa propre présidente est trop à droite !

Sahra Wagenknecht est têtue : elle prend sans hésiter la liberté de dire haut et clair que tout le monde ne peut pas venir s’installer en Allemagne. Cette audace, elle est quasi seule à la partager. Les menées asociales des patrons de l’économie subissent ses critiques les plus vertes, de même que la valetaille politicienne qui est embourbée jusqu’au cou dans les intrigues des soi-disant « employeurs ». Elle a aussi l’outrecuidance de rejeter l’idée qu’un islam politique puisse s’implanter en Allemagne. A la différence de Merkel qui, au titre de secrétaire à la propagande, a toujours su exploiter le système à son profit, Sahra Wagenknecht ruait déjà dans les brancards au temps de la RDA communiste. Elle fit bien quelques tentatives pour rejoindre sa mère à l’Ouest mais sans succès : elle a vécu chez ses grands-parents dans les environs d’Iéna. Sa mère vivait et étudiait à Berlin et aurait bien voulu garder sa fille près d’elle mais la petite Sahra ne s’est adaptée à aucune école maternelle : elle était rebelle ; dans le jargon communiste de la RDA, elle était « incapable de comportement collectif » (« kollektivunfähig »).

SW-buch.jpgSa scolarité a été marquée du même esprit de rétivité : elle était certes une élève très douée, qui obtenait les meilleures notes mais le régime ne lui a pas permis d’accéder à l’enseignement supérieur. Il a condamné la jeune fille rebelle à descendre de l’échelle sociale : elle a dû abandonner ses études et aller travailler comme secrétaire. Très vite, elle donne sa démission, vivote de petits boulots occasionnels, tout en restant une belle jeune femme aux allures altières.

Elle adhère malgré tout à la SED (l’inamovible parti socialo-communiste au pouvoir) pendant l’été 1989, tout en conservant et son idéalisme et son individualisme. Rebelle sous le régime communiste, elle s’affiche communiste dans la République Fédérale néo-libérale. Jamais elle ne reniera son engagement de l’été 1989 : elle restera la dirigeante majeure de la dite « plateforme communiste ». Pourquoi ? La lâcheté de toujours vouloir « se distancer » est le propre des conventionnels sans épine dorsale et des conservateurs de salon qui, en bout de course, finissent par adopter tous les travers de leurs adversaires de gauche. Cette rébellion anti-communiste d’hier et cette fidélité au communisme aujourd’hui rendent justement le discours de Sahra Wagenknecht intéressant dans un paysage politique, uniquement composé désormais d’opportunistes et d’obséquieux.  Sahra Wagenknecht est marxiste : elle défend donc une vision de la politique qui est collectiviste. Mais cela ne l’empêche pas de rester elle-même, la rebelle que personne ne parvient à dompter.

Elle a la langue acerbe et le ton tranchant, ce qui se remarque tout de suite quand elle est invitée sur les plateaux de télévision, notamment aux émissions du modérateur Markus Lanz. Wagenknecht y a exprimé sans fard son euroscepticisme. Lanz, qui est évidemment un conformiste, fut désarçonné et perdit les derniers lambeaux de sympathie qui lui restait auprès du public, surtout après sa dernière question, dépourvue de pertinence, où il demandait combien gagnait Sahra Wagenknecht.

Dans la question des réfugiés, Sahra Wagenknecht campe résolument sur ses positions, même après deux séances houleuses de sa fraction au parlement allemand. Elle a gardé le cap, n’a édulcoré que quelques détails de son discours, où elle avait notamment déclaré : « Juridiquement parlant, le terme ‘droit d’hôte’ (‘Gastrecht’) n’est certainement pas correct ». « Mais la grande majorité le ressent ainsi ». Cette citation ne vise pas les demandeurs d’asile mais ceux qui demandent simplement une protection (provisoire) au nom de la convention de Genève sur les réfugiés. Leur renvoi, que réclame Wagenknecht, est bel et bien inscrit dans le droit en vigueur, prévu depuis toujours. « Le gouvernement n’est pas maître de la situation », a-t-elle répété sans cesse pour fustiger les résultats de la crise provoquée par l’afflux massif de réfugiés en Allemagne. Jamais elle n’a épargné Merkel, personnification du scandale qui ébranle aujourd’hui la société allemande de fond en comble : « Elle a toujours cru que sa fonction consistait à reconnaître pleinement la souveraineté américaine en Allemagne et à l’accepter sans broncher, ce qui signifie, que cette souveraineté étrangère doit être reconnue comme telle et cela, à jamais », a déclaré Sahra Wagenknecht lors d’un entretien accordé à « Russia Today ».

Tout naturellement, son esprit de rébellion et son hostilité à la domination américaine l’ont amenée à considérer que la seule piste pour sortir la Syrie de la crise était d’amorcer « une coopération plus étroite avec la Russie et de ne plus jouer la seule carte de la confrontation ». Pour assurer la paix au monde, il faut « dissoudre l’OTAN et la remplacer par un système de sécurité collective, qui puisse inclure la Russie ». Dans le cadre de l’Allemagne actuelle, l’idéal d’accueil de la chancelière Merkel, qui est évidemment aberrant, a eu pour résultat de créer dans le pays des problèmes insolubles en matière d’intégration. « C’est un problème aux dimensions gigantesques qui jette le doute dans l’esprit des Allemands et rencontre leur désapprobation profonde ».

Ce qui frappe le plus les observateurs de l’histoire politique allemande depuis les années 1950, c’est que cette femme combattive est tout à la fois l’une des dernières à défendre la RDA et son système social et l’une des dernières admiratrices du Chancelier Ludwig Erhard qui avait fait de la République de Bonn un Etat social bien plus acceptable (même pour une communiste !) que la nouvelle République de Berlin, percluse de néolibéralisme asocial. Ce n’est donc pas un hasard si Sahra Wagenknecht s’est toujours portée candidate sur les listes de gauche en Rhénanie du Nord/Westphalie : elle est bien l’avocate des perdants de la réunification à l’Ouest et non celle des anciennes élites de l’Est.

Alexander Schleyer.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°49/2017, http://www.zurzeit.at ).

 

lundi, 18 décembre 2017

« Dans les démocraties libérales, tout est fake news » : entretien avec Alexandre Douguine

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« Dans les démocraties libérales, tout est fake news » : entretien avec Alexandre Douguine

Entretien accordé par Alexandre Douguine aux hebdomadaire Knack (version néerlandaise) et Le Vif à Bruxelles

Propos recueillis par Jeroen Zuallaert

Ex: http://zejournal.mobi

 
Auteur : Jeroen Zuallaert | Editeur : Walt | Lundi, 18 Déc. 2017 - 11h04

« Vous prononcez le mot démocratie comme s’il était sacré. Vous trouvez certainement que les antidémocrates ne sont pas humains ! » Notre confrère de Knack s’est entretenu avec Alexandre Douguine, le prophète autoproclamé de Vladimir Poutine qui rêve d’un empire eurasien où il n’y a pas de place pour les journalistes.

Alexandre Douguine n’est pas l’idéologue maison de Vladimir Poutine. « Ou du moins pas littéralement », admet-il. « À l’heure actuelle, je n’occupe pas de position officielle au sein de l’appareil d’État. Je n’ai pas de ligne directe avec Poutine, je ne l’ai même jamais rencontré. Mais j’ai mes façons de communiquer ».

Pourtant, le terme « idéologue maison » n’est pas mal choisi, estime Douguine. « Si vous comparez mes théories et mes écrits à mon travail, vous pouvez uniquement en conclure que Poutine a suivi pratiquement toutes mes propositions politiques. Il a resserré les liens avec l’Iran et la Turquie et il a annexé la Crimée, ce que je lui recommande depuis des années. Il mise sur les normes et les valeurs traditionnelles. Il a fondé l’Union eurasienne, qui doit constituer la base d’un empire eurasien. Il y a dix ans, j’étais à Washington pour un débat, et on m’a introduit en ces termes : "Ne regardez pas la position de monsieur Douguine, regardez ses écrits et comparez-les aux actes de Poutine". C’est tout à fait ça ».

En Russie, Douguine est surtout populaire dans les cercles militaires, où la lecture de sa Quatrième théorie politique est obligatoire pour les futurs officiers. Cette théorie succède à trois idéologies politiques – le libéralisme, le communisme et le fascisme – qui d’après lui ont perdu leur légitimité. La quatrième théorie politique doit combiner les éléments des trois théories précédentes, même si Douguine semble surtout détester la démocratie libérale. La quatrième théorie politique doit devenir l’idéologie dominante en Eurasie, une alliance géopolitique entre la Russie et l’Europe, qui, tout comme dans 1984 de George Orwell, doit endiguer ce qu’il appelle l’impérialisme américain.

Vous avez qualifié l’investiture de Trump de « l’une des meilleures journées de votre vie ». Êtes-vous toujours de cet avis ?

Alexandre Douguine : Je pouvais à peine en croire mes oreilles ! Pour moi, l’élection de Trump est la preuve que le peuple américain est toujours en vie. Je suis très heureux de l’avènement du trumpisme, même si aujourd’hui il est pris en otage par le Deep State (l’État dans l’État, NLDR). Aujourd’hui, Trump se trouve dans la camisole de force des globalistes américains, on dirait un personnage de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Et pourtant, rien que son élection a été une gifle énorme pour l’interventionnisme américain. Grâce à lui, l’Amérique n’est plus le centre de la globalisation. Même s’il n’arrive qu’à implémenter un centième de ce qu’il a promis, ce serait un soutien incroyable pour le projet eurasien.

Assistons-nous à la fin du libéralisme ?

Ce n’est certainement pas encore la fin, mais les aspects négatifs du libéralisme se manifestent de plus en plus clairement. C’est une sorte de fascisme libéral qui considère tout le monde qui ne possède pas au moins un iPhone 6 comme moins humain. La modernité se voit elle-même comme un objectif final, alors que pour les traditionalistes c’est un choix. Heureusement, de plus en plus de personnes comprennent que le libéralisme est fondamentalement une erreur.

Quelle est pour vous l’erreur du libéralisme ?

Il a privé l’homme de toute forme d’identité collective. La religion, les valeurs traditionnelles, la hiérarchie, la conscience nationale : il faut s’en débarrasser. Tout devient optionnel : on peut choisir sa religion, sa nation, et aujourd’hui même son sexe.

Les transgenres sont tout de même une réalité...

Au contraire, c’est l’idéologie pure. L’homme invente ces concepts et la réalité s’y adapte. Les transgenres et l’homosexualité sont une idéologie politique, ils sont le dernier stade du libéralisme.

L’homosexualité a toujours existé, non ?

C’est de la propagande politique pure qui impose des normes de manière totalitaire à la société.

Dans une démocratie libérale, personne n’est contraint à être homosexuel, non ?

À partir du moment où on autorise quelque chose, la norme change. Au fond, les normes sont une sorte de schéma qu’il faut suivre, et si vous tolérez autre chose que la norme, vous en faites automatiquement une nouvelle norme. Si vous autorisez l’homosexualité, vous détruisez la société hétérosexuelle, parce que vous lui enlevez une forme d’identité collective. L’objectif ultime du libéralisme, c’est d’éliminer l’humanité : vous donnez le choix aux gens de poursuivre leur vie comme un cyborg, ou comme un animal.

Il n’y a tout de même personne qui propose ça sincèrement ?

Nous devons comprendre que le libéralisme est un produit de la modernité. Les concepts tels que le racisme, l’esclavage et le totalitarisme sont des concepts européens nés dans la modernité. Quand le libéralisme était encore contraire au fascisme et au communisme, on aurait dit un système antitotalitaire. Mais à présent qu’il n’y a plus de grands ennemis idéologiques, le libéralisme montre son vrai visage. Les idéologues tels que George Soros et Karl Popper divisent le monde en deux groupes : les sociétés ouvertes et fermées. Tout comme les communistes divisaient le monde en capitalistes et prolétaires et les nazis faisaient la distinction entre les ariens et les non-ariens, ils divisent le monde en progressistes – les bons – et les conservateurs – les mauvais.

Cela ne rime à rien, non ? Dans une démocratie libérale, les conservateurs ont tout à fait le droit d’avoir des idées conservatrices.

Dans une démocratie libérale, seuls les conservateurs libéraux sont les bienvenus. Ceux qui ne le sont pas sont immédiatement marginalisés et criminalisés. Les gens comme moi, qui préconisent une démocratie non libérale, sont immédiatement traités de fascistes et de stalinistes. Nous sommes les nouveaux juifs et ouvriers du goulag. Votre société soi-disant ouverte n’accepte que les partisans de la société ouverte.

AD-book4PTH.jpgMais les partis conservateurs sont tout de même autorisés dans les sociétés occidentales ?

Le débat est mené uniquement parmi les partisans du libéralisme. On peut être libéral de droite et libéral de gauche. On peut être libéral d’extrême droite ou libéral d’extrême gauche. Mais il est impossible d’être non libéral.

Considérez-vous le Front national comme un parti libéral ?

Le FN est un parti libéral d’extrême droite, car il est pour la république et la démocratie. Mais même lui est diabolisé et conspué parce qu’il n’est pas assez libéral.

N’est-il pas normal que les opposants politiques se critiquent entre eux ? Le FN peut tout de même simplement participer aux élections.

Mais ses adeptes sont diabolisés, ce sont des parias ! La même chose vaut pour les personnes qui soutiennent Trump. Si vous êtes dans un café à New York et vous dites que vous avez voté Trump, vous risquez de vous prendre une gifle.

Si vous êtes dans un café à Moscou et vous dites que vous détestez Poutine, vous risquez aussi de vous prendre une gifle.

Je ne suis pas d’accord avec cette analogie. En Russie, on peut parfaitement être anti-Poutine. Le seul moment où nous défendons Poutine, c’est quand nous sommes confrontés aux haïsseurs de l’extérieur. C’est une forme de solidarité russe collective.

Selon votre interprétation, l’Eurasie est-elle une démocratie ?

Vous prononcez le mot démocratie comme s’il était sacré. Vous trouvez certainement que les antidémocrates ne sont pas humains !

C’est une simple question. Votre interprétation de l’Eurasie est-elle démocratique ?

Ah, c’est quoi démocratique ? Disons-le ainsi : pour moi, l’Eurasie ne doit pas être non démocratique. Le taux démocratique de l’Eurasie dépend de ce que décide la société.

N’est-il pas logique qu’une telle décision découle d’un processus démocratique ?

Je trouve qu’une société doit pouvoir décider d’être régie par un monarque ou un dictateur. Le résultat d’une telle décision ne doit pas forcément être une démocratie. La seule véritable décision démocratique en Russie a été prise à l’époque du Zemski Sobor, l’assemblée russe qui a élu le premier tsar des Romanov au 17e siècle. Nous avons choisi un monarque, et nous en avons toujours été contents.

Que se passe-t-il si une société change d’avis ?

Tant qu’il n’y a pas de révolution, il y a un accord tacite qui légitime l’autorité du régime. Les libéraux veulent mettre fin à l’histoire et imposer leur idéologie à tout le monde alors que l’histoire politique est ouverte : la démocratie n’est pas une valeur universelle incontestable que le monde entier n’a qu’à accepter.

Ne trouvez-vous pas problématique que la Russie n’ait pas d’élections impartiales ?

Nos élections sont absolument impartiales, car chez nous elles ne servent pas à amener un nouveau régime au pouvoir. En tant que société, nous sommes plus ou moins contents de Poutine. Alors peu importe le pourcentage exact de gens qui votent pour lui.

Pourtant, vous êtes régulièrement critique vis-à-vis de Poutine ?

Je trouve qu’il ne fait pas ce qu’il a à faire, mais cela ne signifie pas que je ne trouve pas qu’il soit le seul leader légitime possible de la Russie. L’esprit russe fonctionne à plusieurs niveaux. Pour nous, la contradiction n’est pas inacceptable.

Quelle est votre principale critique envers Poutine ?

Je lui reproche d’avoir créé un système où il soit le seul individu capable de prendre une décision. En soi, c’est mieux que le chaos total, mais c’est instable. Poutine se comporte comme s’il était immortel. Malheureusement, il ne l’est pas.

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Vous plaidez en faveur d’une dynastie Poutine.

C’est impossible, car pour cela il faut les institutions, et pour fonder ces institutions il faut formuler les principes de votre vision de la société. Il ne le fait pas. Le plus grand problème de Poutine, c’est qu’il n’a pas d’idéologie. C’est un leader génial qui a transformé un pays qui se désagrégeait en puissance souveraine. Aujourd’hui, chacun doit deviner ce qu’il signifie par « démocratie », « tradition », « religion » ou « modernisation ». Et celui qui devine mal, est puni. En 2014, j’ai été éjecté de l’université parce que j’ai critiqué sa politique étrangère. Mais je me suis résigné, je ne m’intéresse pas à ma carrière.

Êtes-vous content de la politique étrangère de Poutine ?

Je la trouve généralement équilibrée. Sa plus grande erreur c’est de ne pas avoir poursuivi la libération de l’Est de l’Ukraine. Il aurait pu pénétrer beaucoup plus loin en Ukraine. On savait à l’avance qu’il y aurait des sanctions économiques. Aujourd’hui, nous payons un prix lourd pour un produit relativement limité.

Voyez-vous un successeur possible ?

Dans le système de Poutine, il n’y a pas de place pour un successeur. Il craint de nommer un héritier qui soit aussi fort que lui, parce qu’il pourrait l’éclipser. Il était impossible de trouver un meilleur dirigeant que lui, mais nous en avons trouvé de pires. Entre 2008 et 2012, Dmitri Medvedev a pratiquement détruit le système, et il est toujours Premier ministre. C’est un danger que Poutine manipule : si vous ne me soutenez pas, je mets le monstre libéral sur le trône, et notre stratégie au Moyen-Orient tombe à l’eau. Rien n’a été réglé formellement. Le problème, c’est que Poutine parie sur deux systèmes : il est tant eurasianiste que libéral. Dans le paradigme économique, il trouve le libéralisme nettement plus important. Il devrait faire un testament où il explique son idée à son héritier.

Vous souhaitez que Poutine détermine à quel point la Russie peut être occidentale.

(hoche la tête) Il doit traduire son intuition individuelle en une doctrine destinée à sécuriser l’ordre futur. Il n’a tout simplement pas d’idéologie déclarée, et cela devient de plus en plus problématique. Chaque Russe sent que cette approche hyper individuelle de Poutine représente un risque énorme. La propagande à la télévision russe devient de plus en plus stupide. Les talk-shows politiques sur Pervyj Kanal (la principale chaîne publique, NLDR) sont carrément stupides. Les présentateurs sont une bande de libéraux qui se font passer pour des conservateurs par considérations financières. C’est une espèce de jeu : si Poutine change d’avis, il faut changer toute la machine de propagande. Là, ils invitent en permanence les mêmes idiots américains et ukrainiens pour faire passer l’Occident pour stupide. Ce n’est plus convaincant. Comprenez-moi bien : l’Occident est mauvais, mais nous devons au moins prendre la peine de l’étudier.

Ne craignez-vous pas que pour beaucoup de Russes les libertés occidentales paraissent attrayantes ?

Les Russes sont plus constants que vous ne le pensez. Dans les années nonante, les Russes ont été séduits par le libéralisme, mais ils ont rapidement senti la réalité amère. Nous ne devons pas craindre les Russes et leur présenter une caricature de la réalité à laquelle personne ne croit. C’est pourquoi je trouve la télévision russe actuelle aussi répugnante.

Cette critique vaut-elle également pour Russia Today et Sputnik ?

C’est tout à fait différent. RT et Sputnik font parfaitement leur travail. Ils promeuvent une alternative à l’agenda libéral globaliste. Ils élargissent l’opinion démocratique. Nous nous défendons uniquement contre l’élargissement agressif de la société moderne. L’Occident devrait accepter que la forme de société libérale soit optionnelle.

Ne trouvez-vous pas problématique que des médias comme Russia Today et Sputnik inventent tout le temps des événements ?

Les médias mentent en permanence. Tout est fake news. On ne peut approcher la réalité de manière neutre. L’esprit humain fonctionne toujours avec de l’information pro-cédée. Si vous cherchez la vérité, je vous conseille de devenir philosophe : vous aurez une vie intéressante. Celui qui travaille dans les médias est par définition un menteur.

De quelle façon est-ce que je mens, monsieur Douguine ?

Vous mentez parce que vous faites passer une réalité codée définie par la société, par les détenteurs de pouvoir qui contrôlent les médias. Antonio Gramsci dirait : vous mentez parce que vous avez conclu un pacte historique avec le capitalisme. Tout est idéologique, dit le marxisme, et l’idéologie est une fausse conscience : un mensonge pur.

AD-putin.jpgMais il y a les faits, tout de même ? Si demain Moscou lâche une bombe sur Bruxelles, et j’écris que Moscou a lâché une bombe sur Bruxelles, ce n’est pas un mensonge ?

(ricane) D’abord et avant tout, vous ne pourrez rien écrire si cela arrive. Vous serez mort.

Mettons que je survive.

Même alors, il vous faut recueillir des informations et vérifier les sources. Qui paiera votre billet pour accéder aux ruines ? Comment allez-vous prouver que Moscou est derrière les bombardements et non Oussama ben Laden ? Aujourd’hui, il n’est même pas clair qui étaient les auteurs du 11 Septembre ! D’abord, c’étaient les Saoudiens, mais à présent le président Trump a suggéré qu’il fallait une nouvelle enquête. Pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que tout est fake news.

Vous êtes sérieux là ?

Dans notre société, on ne peut jamais être vraiment sûr que l’avion avec lequel Moscou a soi-disant lâché la bombe ait été détourné au dernier moment par des musulmans. Vous connaissez le film Conspiracy Theory ?

Non.

C’est un film extrêmement intéressant dont le personnage principal voit des complots partout, et qui est traité de fou. Mais finalement, il s’avère qu’il est le seul à avoir eu raison depuis le début.

Mais c’est de la fiction, non ?

Non, c’est le paradigme de la réalité. Nous vivons dans une réalité virtuelle du fake news. Le journalisme aussi est un produit typique de la modernité. La vérité est difficile à trouver, et pour la trouver nous devons éliminer le journalisme.

Vous voulez supprimer le journalisme ?

Il y a des sociétés sans journalisme qui ne sont pas pires que la société occidentale. En même temps je réalise que les mensonges peuvent être diffusés de millions de façons. Nous cherchons tout au plus la sécurité, la tolérance, le confort, et peut-être un peu de justice sociale. Le libéralisme ne s’occupe que d’efficacité et d’accélération, et plus de la recherche de la vérité.

L’autoritarisme s’intéresse encore beaucoup moins à la vérité.

Au contraire, dans l’autoritarisme il y a encore un choix. Le totalitarisme, la théocratie, la société de castes : dans les systèmes autoritaires, nous avons le choix entre plusieurs mensonges, ce qui est nettement plus agréable. En démocratie libérale, il n’y a qu’un mensonge à croire : l’assertion que la démocratie est la moins pire de toutes les formes de gouvernement. (réfléchit) Vous savez, le mal est surtout en nous. Nous mettons trop d’espoir et de confiance en la technologie épistémologique. Par exemple, je suis très préoccupé par la confiance aveugle des sociétés en les réseaux sociaux.

Vous aussi vous êtes un fervent utilisateur des réseaux sociaux.

J’essaie de transformer le poison en remède.

La Russie utilise les réseaux sociaux pour influencer les élections étrangères.

(ricane) Je crains que vous nous surestimiez. Oui, la Russie essaie de s’armer contre les attaques technologiques de l’Occident, mais nous n’y parvenons guère. Au fond, c’est une réaction à la guerre en réseau américaine des années nonante. Il vous faudra encore un peu de patience. Notre cyberprogramme n’en est qu’à ses balbutiements, et on nous accuse déjà d’avoir piraté les élections !


- Source : Le Vif (Belgique)

Ukraine. L'Union européenne à la botte de Washington

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Ukraine. L'Union européenne à la botte de Washington

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union européenne, lors d'un sommet européen à Bruxelles le 14 décembre, a décidé de reconduire ses sanctions contre la Russie à propos de l'Ukraine. Ces sanctions touchent des banques, des entreprises de défense et des compagnies pétrolières russes, et interdisent aux Européens les investissements financiers en Russie.

Le conflit ukrainien connait actuellement un regain. Les Ukrainiens de Kiev, soutenus et armés jusqu'ici de façon non officielle par les Etats-Unis, ont repris de violentes offensives contre les séparatistes russophones de l'Est. Les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les « rebelles » séparatistes, notamment en leur fournissant des armes, ce qui semble exact, bien que Moscou démente catégoriquement la chose. Mais le soutien russe reste modeste. Il n'est en rien comparable à l'aide occidentale. On apprend d'ailleurs aujourd'hui que le Canada a décidé, officiellement, d'armer les Ukrainiens de l'Ouest   https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/...

La décision du sommet européen devra encore être officiellement adoptée par les 28 pays de l'Union européenne, probablement dès la semaine prochaine, selon un porte-parole de l'Estonie, le pays qui assure la présidence tournante de l'Union jusqu'à fin décembre.

Il est regrettable que ni Angela Merkel ni Emmanuel Macron n'aient présenté d'objections à la décision du Conseil, au prétexte que le protocole de Minsk n'était toujours pas appliqué. Mais ils ont paru en imputer la responsabilité à la Russie, sans mentionner la volonté de Kiev, affichée dès le début, de n'en tenir aucun compte,. Depuis quelques mois, elle a repris ses offensives sur une large échelle.

Moscou a réagi calmement, mais il est évident que les relations entre la Russie et les Européens, déjà quasiment au point mort, ne s'amélioreront pas. Dans un premier temps, les contre-sanctions russes, dont souffre principalement l'agriculture françaises, ne seront pas levées.

La récente tournée européenne du secrétaire d'Etat Rex Tillerson a montré que Donald Trump fera tout son possible pour éloigner l'Europe de la Russie...et qu'il y a déjà réussi. Tillerson n'a cessé d'affirmer que la Russie était une menace grandissante pour l'Europe: « L'agression russe en Ukraine reste la plus grande menace actuelle contre la sécurité européenne » “Russia's aggression in Ukraine remains the biggest threat to European security.”. Aucun de ses interlocuteurs européens n'a fait valoir la moindre objection.

Il en résultera qu'au plan géostratégique, l'alliance entre la Russie et la Chine se renforcera. L'Europe sera de moins invitée à s'y joindre, le voudrait-elle. Quant à l'Ukraine, Vladimir Poutine dans sa dernière conférence de presse a mis en garde contre le risque d'un « massacre dans les Etats ukrainiens russophones pire que celui de Srebrenica si les Occidentaux continuaient à renforcer leur aide aux forces ukrainiennes nationalistes de Kiev ». On remarquera qu'avec sa prudence habituelle il n'a pas évoqué dans ce cas une intervention militaire de la Russie en défense des républiques populaires de Lougansk et de Donetz.

dimanche, 17 décembre 2017

Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering?

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Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce projet, plusieurs fois étudié dans le passé, a toujours échoué devant le refus du Canada et des Etats-Unis d'être relié à la Russie. Pourtant il ressurgit dans l'esprit d'un certain nombre d'Etats et d'investisseurs privés susceptibles d'être intéressés par les perspectives d'emplois et de développement économique qu'il générerait.

Il suffit de regarder une carte pour en comprendre l'intérêt. Même si le réchauffement climatique facilitait les trafic maritimes dans les mers adjacentes dites mer des Tchouktches et mer de Sibérie orientale, ces passages resteraient aléatoires voire dangereux une grande partie de l'année. Les liaisons trans-Pacique présentent leurs propres inconvénients. Une voie ferrée rapide doublée d'un pont-tunnel ferroviaire sous le détroit de Bering représenterait un investissement certes coûteux mais qui serait vite rentabilisé par les retombées économiques en résultant.

Le détroit n'est large que de 51 miles nautiques. Le tunnel pourrait selon les premières estimations être construit à des profondeurs d'entre 50 et 100 m, ce qui est tout à fait à la portée , même si l'on tient compte du fait que le sol est gelé, des méthodes modernes d'ingénierie. Il en serait de même des tronçons de ponts permettant d'y accéder.

La Chine a repris le projet dans le cadre de son grand programme d'interconnexion international dit One Belt One Road. La voie ferrée permettrait la circulation de trains à grande vitesse, tant pour les marchandises que pour les voyageurs. Ils relieraient la Chine et la Russie au Canada et aux Etats-Unis. L'Académie Chinoise d'Ingénierie ( Chinese Academy of Engineering) a déjà proposé de nommer la future ligne China-Russia-Canada-America line.

La Chine a besoin de charbon. Elle pourra l'importer des mines de l'Alaska. De même, elle pourra importer du pétrole de l'Alberta, à hauteur de 3 millions de barils par jour. Les défenseurs des énergies nouvelles ne s'en réjouiront pas, mais ils ne seront évidemment pas écoutés. Le coût du tunnel serait d'environ $35 milliards, montant très faible au regard du coût total d'une future liaison ferroviaire reliant Pékin à Moscou et à Washington.

Même si pour le moment, le climat politique à Washington ne peut pas faire espérer un accord des Etats-Unis sur un tel projet, on peut penser que le Canada, le Mexique et même certains Etats d'Amérique centrale y verraient une occasion irremplaçable de se relier à l'ensemble euro-asiatique en cours de mise en place. L'Allemagne, nous l'avons vu dans un article précédent, sera certainement prête à y investir, compte tenu des bénéfices qu'elle en retirerait.

samedi, 16 décembre 2017

Donald Trump et le sionisme chrétien

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Donald Trump et le sionisme chrétien

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les commentateurs politiques européens se sont étonnés de voir Donald Trump décider de transférer l'ambassadeur américaine à Jérusalem. Trump reconnaissait de fait cette ville comme la capitale d'Israël, Etat s'affirmant juif, alors qu'elle est également revendiquée comme capitale au moins religieuse par les musulmans et par les chrétiens.

Etait-ce une de ses irresponsabilités habituelles, ou une provocation gratuite à l'égard des musulmans de Palestine – lesquels n'ont pas tardé de commencer à réagir?

Ce n'était rien de cela. Il s'agissait de la satisfaction donnée à une partie de son électorat, lequel lui est resté imperturbablement fidèle, et que l'on désigne par les Sionistes Chrétiens ou « Christian Zionist » . Il s'agit d'une croyance religieuse très répandue aux Etats-Unis, parfois qualifiée de christianisme évangélique ou fondamentaliste, dont le vice-Président Mike Pence est le représentant le plus connu. Il en est de même des deux George Bush.

Récemment, devant le sommet annuel des « Christians United for Israel », Mike Pence a rappelé qu'il était temps de voir Donald Trump concrétiser enfin ses promesses électorales de soutien à Israël. Pour les Sionistes Chrétiens, l'actuel Etat d'Israël est la réalisation d'une des prophéties de la Bible et l'avenir des Etats-Unis est lié irrévocablement à celui de cet Etat. Binjamin Netanyahu serait lui aussi un éminent représentant de cette croyance. Disons qu'il n'y a pas fait allusion lors de sa visite à l'Elysée du 10 décembre.

Préparer Armageddon

Pour les Sionistes Chrétiens américains, formant répétons-le une partie importante de l'électorat de Donald Trump, il faut obéir aux injonctions du Messie en se préparant pour la bataille finale d'Armageddon. Selon la Bible, telle qu'ils l'interprètent, Jésus reviendra alors sur la Terre et fera triompher son Royaume. Tous les fidèles d'autres religions, Musulmans, Juifs, Bouddhistes, Hindous Catholiques ou autres, ainsi que les athées, se convertiront à la parole du Seigneur. Sinon ils seront massacrés. Les évangéliques considèrent donc que l'existence même de l'État d'Israël ramènera Jésus sur Terre, le fera définitivement reconnaître comme Messie et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal.

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Mais pour cela, la terre historique de l'ancien Israël devra être purgée des hérétiques, notamment des musulmans qui l'ont envahie. Ceci ne se fera pas pacifiquement. Comme l'indique le terme d'Armageddon, le retour de Jésus sera précédé d'une série d'évènements catastrophiques, encore imprévisibles. Israël sera détruit pendant l'Apocalypse. Ceux des Juifs que ne regardent pas Jésus comme le Messie seront détruits comme les autres.

Rappelons que pour les Sionistes Chrétiens américains, dont Mike Pence se veut le représentant à la Maison Blanche, sans attendre l'Apocalypse, il faut éliminer d'ores et déjà tous les hérétiques qui pourront l'être, par exemple les médecins qui pratiquent la contraception, ou les homosexuels. Par contre, ils considèrent la force armée américaine, la première au monde, comme devant faire partie des instruments destinés à servir la colère de Dieu contre les hérétiques. Le complexe militaro-industriel américain, même s'il ne partage pas systématiquement cette vision apocalyptique, s'en réjouira. Les crédits ne lui manqueront pas à l'avenir.

On peut espérer que Donald Trump n'est pas aussi convaincu que le sont ses pieux électeurs de la nécessité de préparer l'Armageddon. Mais que ne fera-t-il pas pour conserver et élargir sa base électorale?

Trump : la fin du soft power U.S. ?

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Trump : la fin du soft power U.S. ?

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Trump peut-il détruire le soft power américain ? Dans tous les cas, il suffit d’ouvrir un journal ou une télévision n’importe où dans le monde pour être au courant de sa provocation quotidienne, des manifestations ou des déclarations qui se déchaînent contre lui, des indignations qu’il suscite. Nixon au moment des bombardements du Vietnam ne provoquait pas plus de rejet, ou, pour employer un mot à la mode, n’était pas plus clivant. Et le contraste entre les mois Trump et les années Obama, dont le passage en France vient de montrer l’incroyable popularité hors frontières souligne le contraste.

Bien entendu, que l’image d’un homme ou d’une politique repousse n’implique pas que l’on parle moins anglais à travers le monde, que l’on porte moins de Nike ou que l’on programme moins de blockbusters, ni même que nos mœurs politiques ou autres s’américanisent moins en profondeur comme le montre Régis Debray dans Civilisation. Mais, si l’on considère que le soft power comprend un volet d’attraction spontanée, celle d’un mode de vie, d’une culture, des goûts des populations(au sens du mainstream, de ce qui plaît à tout le monde, sur toute la planète) mais aussi une part de stratégie délibérée de séduction, de réseaux et de persuasion, le second volet fait singulièrement défaut.

Au-delà du caractère d’un homme ou de l’image d’une politique, l’influence ne se réduit pas au fait d’être gentil ou de bien communiquer.
Comme on le sait, le terme « soft power » a été « inventé », ou au moins popularisé, par Jospeh Nye dans un livre de 1990, Bound to Lead.

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L'émergence de ce concept-valise dans cette période s'inscrivait dans un contexte de soulagement (disparition de l’ennemi) et d'optimisme (la mondialisation heureuse). Il fait la synthèse d'une pluralité d'éléments :

- l'assimilation des industries culturelles américaines à un modèle universel : l'irrésistible attirance du contenu "mainstream" prolonge la prédominance politique et économique de l'hyperpuissance

- l'exemplarité du mode de vie US, que l'on cherche à imiter partout sur la planète, l'admiration pour une société ouverte et prospère

- plus largement encore, la notion qu'une sorte de sens de l'histoire qui menait l'humanité à adopter un même modèle politique, économique et culturel, favorisé par la fin de la grande confrontation Est Ouest et par l'émergence des nouvelles technologies

- le triomphe des valeurs occidentales confirmé par leur victoire contre le communisme

- et la stratégie qui semblait en découler : chercher le plus possible à obtenir le consensus, l'alliance et le soutien de autres nations. Bref, ne pas se montrer autoritaire pour rester séduisant.

Le tout repose sur deux éléments : l'absence de réelle compétition face à un modèle présumé triomphant, et la fin inéluctable de l'hostilité. Contrairement à la vision volontariste et agressive de la diplomatie publique antérieure (la lutte idéologique contre le communisme menée depuis les années 60 sous l’étiquette « diplomatie publique »), il ne s’agissait plus de gagner une compétition entre deux visions du monde ou de déstabiliser l'autre, mais d'assurer paisiblement une transition heureuse sur fond de pax americana. De ne pas contrarier un mouvement auquel tendent les lois de l'économie et de la technique (via la révolution de l'information ). Et d'attirer encore davantage vers ce que tous tendent naturellement à admirer.

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Le 11 septembre bouleversa tout. Autant que la révélation de sa fragilité, l'Amérique fut frappée par le retour du tragique et du conflit. La figure de l'Ennemi revient et avec elle le principe de compétition idéologique. Dans un réflexe presque pavlovien, l'une de premières réactions de l'administration Bush fut de recréer un sous secrétariat d'État à la Diplomatie Publique. Ses missions : répondre à l'angoissante question "Mais pourquoi nous haïssent-ils ?", rétablir l'image de l'Amérique en lançant de nouveaux médias arabophones cette fois (et, modernité oblige quelques sites Internet), mener une politique de séduction envers le monde arabe en séparant ceux avec qui l'Amérique a "des valeurs communes" de "ceux qui haïssent notre liberté et notre mode de vie". Plus tard, on s’essaiera au contre-discours et à la déradicalisation comme réponse psychologique à un problème géopolitique. On commencera aussi à pratiquer quelques interventions pour soutenir des mouvements politiques de type révolutions de couleurs qui devaient liquider les derniers autocrates de la planète, avec de l’argent, des médias et une formation à l’activisme non violent.

 Les schémas de guerre froide trouvent une nouvelle jeunesse dans une perspective de guerre au terrorisme (que l'administration Obama rebaptisera pudiquement "combat contre l'extrémisme violent"). Avec la même notion sous-jacente d'un malentendu : si les gens nous connaissaient vraiment, ils nous aimeraient. L'anti-américanisme est évoqué en termes de "misperception", comme si tout était affaire de mauvaise compréhension. Une bonne communication « basée sur les faits », qu’elle passe par des chaînes internationales ou par les réseaux sociaux (où va se déployer une diplomatie numérique) doivent y porter remède.

Durant les années Obama, l’image du personnage - celle qui lui permet, par exemple, d’avoir été le président américain qui a fait le plus de guerres et le plus longtemps pendant ses mandats tout en ayant la réputation d’être l’archange de la paix - occulte bien des choses.

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D’abord la multiplicité des acteurs qui s’essaient au jeu du soft power. Les autres grandes Nations qui adoptent des stratégies d'image (on parle désormais de "Nation branding") et de communication. La prolifération des chaînes internationales d'information (y compris qatarie, saoudienne, vénézuelienne, russe...) en est un bon symptôme. La Chine, la Russie adoptent les mêmes méthodes : développement de médias internationaux, réseaux d’influence, protections de leur espace Internet et intervention sur celui des autres.

Mais les États ne sont pas seuls à jouer le nouveau jeu : les lobbies internationaux, les mouvements d'idées, les ONG, les groupes activistes transnationaux, etc. sont aussi entrés en lice avec des moyens de dénonciation, d'inspiration, de mobilisation jusque là inconnus. Ils sont désormais à même d'imposer leur thématique, leurs débats, leurs exigences à des États courant souvent derrière l'évolution de l'opinion pour reprendre le contrôle de leur agenda et l'initiative politique. Même les mouvements terroristes (après tout le terrorisme, "propagande par le fait" est aussi un moyen d'influence) fonctionnent avec des moyens d'expression nouveaux que ce soit sur le Net ou à travers des médias classiques (voir le Hezbollah se dotant d'une chaîne de télévision par satellite).

- Les réseaux numériques perturbent la donne. En interne, ils affaiblissent le contrôle des États : la critique venue de l'extérieur ou de l'intérieur, l’appel à la résistance et à l’action se développent avec le Web 1.0 puis 2.0. Tandis que dans le camp des démocraties, le discours officiel est contredit par le journalisme citoyen, la fuite ou le "whistle blowing" (de la circulation des images de sévices à Abou Graibh aux révélations à très grande échelle de Wikileaks). La tendance lourde d'Internet s'est exaspérée (une capacité de communiquer avec la planète entière à la portée de chacun, pourvu qu'il parvienne à mobiliser les réseaux de l'indexation, de la citation, de la recommandation etc, qui permettront à son message d'émerger et d'attirer l'attention de l'opinion en situation de surinformation). Du coup, ce qui enchantait l’Occident au moment du printemps arabe - l’État ne peut contrôler l’expression, les réseaux se jouent des frontières, l’information est produite par tout un chacun, émetteur et prescripteur à la fois - change de signe au moment de l’Ukraine et surtout de l’année de l’élection présidentielle US. C’est désormais la subversion 2.0 que l’on craint.

Avec la propagande djihadiste, les États-Unis ont découvert la résistance de croyances « archaïques » face aux effets sophistiqués des machines à produire du consensus global. En clair le fondamentalisme islamique se renforce du spectacle de nos démocraties et de nos modes de vie. Et, surprise, voilà que se développent des courants populistes, des idéologies « illibérales », assumées à l’est de l’Europe, et que la Russie recommence à exercer attraction et influence hors de ses frontières.

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Le phénomène arroseur arrosé culmine en 2016 et 2017 quand l’appareil d’État américain se met à dénoncer la désinformation et les manipulations que subiraient les U.S.A. L’ingérence venue du froid est devenue une machine à expliquer la conduite des peuples qui votent mal (Brexit, Trump, Catalogne)... Moscou utiliserait conjointement les réseaux humains (sa cinquième colonne) et les réseaux virtuels pour répandre théories conspirationnistes et fake news. Pire, les Russes attaquent sur tous les fronts (cela s’appelle la guerre hybride) : interventions militaires et soutiens à des gouvernements ou mouvements armés, propagande par des médias internationaux (Russia Today et Radio Spoutnik), trolls et pirates en ligne, intrusions dans les ordinateurs du Parti démocrate ou de Macron pour faire fuiter des informations compromettantes, alimentation des réseaux de fausses nouvelles...

Que Trump se fiche du soft power, c’est une évidence. Il s’adresse bizarrement à son électorat, à des gens qui hurlent de joie chaque fois qu’il choque les médias et les élites, des gens qui l’ont, après tout, élu sur un programme isolationniste. Mais derrière Trump cause, il y a Trump symptôme. Celui d’une Amérique qui avait déjà perdu le monopole des moyens et de l’ambition de séduire la planète. Idéologiquement, en tout cas.

vendredi, 15 décembre 2017

L'Allemagne, la France et l'Eurasie

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L'Allemagne, la France et l'Eurasie

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans une Allemagne ou Angela Merkel semble avoir perdu sa capacité à rassembler les différents partis politiques, il est intéressant de constater la montée en influence de Sigmar Gabriel, actuel ministre des Affaires Etrangères et membre influent du SPD, Parti social-démocrate (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmar_Gabriel).

Ceci est d'autant plus important que Sigmar Gabriel défend des perspectives très intéressantes dans le domaine international. Elles concernent tout autant la France que l'Allemagne. Ainsi, dans un discours-programme sur la politique étrangère, le 5 décembre, il paru prendre acte de la perte d'influence des Etats-Unis en Europe. Mais loin de la regretter, il s'est est quasiment réjoui. Il y voit une occasion pour l'Allemagne de réaffirmer ses ambitions géopolitiques. Il parlait devant des diplomates et experts de haut rang rassemblés dans le cadre du Forum Berlinois sur la politique étrangère organisé par l'influente Fondation Körber 1).

Certains pourraient craindre en France que le concept de Grande Allemagne qui était sous-jacent à son discours corresponde à celui d'Europe allemande. En effet, pour lui, il n'est pas question d'envisager d'une façon ou d'une autre le retrait de l'Union européenne. Cependant, même s'il ne l'a pas dit, obligé à la réserve diplomatique, il considère que l'Allemagne n'a rien à gagner dans l'Europe actuelle, largement au service des intérêts américains, tant économiques omni-présents à Bruxelles que politico-militaires fondamentalement anti-russes au sein de l'Otan.

Par contre, si l'on peut dire les choses d'une façon un peu brutale que Sigmar Gabriel ne voudrait certainement exprimer officiellement, il ambitionne une Europe franco-allemande, ou plutôt alémano-française. Avec réalisme, il admet que si l'Allemagne dispose d'une puissance économique et financière infiniment supérieure à celle de la France, celle-ci aura longtemps, car ces choses ne s'improvisent pas, la supériorité d'une force armée polyvalente, de solides industries de défense et de capacités de déploiement incomparables dans un certain nombre de théâtres mondiaux.

On peut penser qu'aujourd'hui Emmanuel Macron, par divers qualités que nous n'examineront pas ici, est beaucoup plus rassurant pour l'Allemagne que ses prédécesseurs. Macron lui-même avait déjà montré son attrait pour une Europe franco-allemande, mais le moins que l'on puisse dire est qu'Angela Merkel ne l'avait pas encouragé dans cette voie. Les ouvertures d'un Sigmar Gabriel, même si celui-ci ne dispose encore que de pouvoirs limités au sein de l'actuelle ou de la future Grande Coalition, ne pourront que l'intéresser.

Une stratégie eurasiatique

Au plan international, Sigmar Gabriel, dans son discours, s'est radicalement démarqué de ce que l'on pourrait appeler la stratégie américaine de ses prédécesseurs, visant à faire de l'Allemagne le meilleure élève d'une classe européenne dont Washington resterait toujours le magister. Il a expliqué, pour la première fois en Allemagne, dans une instance aussi influente que le Forum Berlinois, qu'il portait un intérêt considérable au grand projet de la Chine, dont nous avons souvent discuté ici, relatif à l'OBOR, “One Belt One Road” ou “nouvelle Route de la Soie”). Il y voit une initiative très prometteuse pour intégrer les politiques économiques, géopolitiques et géostratégiques des nombreux pays qui seront ainsi reliés.

Certes la Chine, responsable de l'initiative, entend en rester le moteur, mais en aucun cas elle ne paraît viser à le faire à son seul profit, non plus qu'à celui de la Russie, son alliée indéfectible. Il a expliqué que «  Nous, en Occident, pourrions être à juste titre critiqués pour n'avoir conçu aucune stratégie comparable ». Il semble y voir, non seulement pour l'Allemagne, mais pour une Europe alémano-française, une occasion irremplaçable permettant de s'intégrer à la construction d'un grand ensemble eurasiatique en gestation. Celui-ci deviendrait sans discussions la première puissance mondiale à tous égards – peut-être la seule puissance capable d'assurer la survie du monde face aux multiples crises qui se préparent.

Il serait inadmissible que la France ne voit pas les enjeux et tarde encore, comme elle le fait actuellement, à rejoindre le grand ensemble eurasiatique qui se mettra d'autant plus vite en place qu'une Allemagne sous la direction d'un Sigmar Gabriel, déciderait sans attendre d'en exploiter les opportunités.

1) Voir
* https://www.deutschland.de/fr/topic/politique/forum-berli...
* https://www.koerber-stiftung.de/en/berlin-foreign-policy-...

Allemagne, le début d’une crise de régime

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Carnets d’outre Rhin:

Allemagne, le début d’une crise de régime

Olivier Tisier ♦
Correspondant de Métamag à Berlin

Ex: http://metamag.fr

La coalition jamaïque a fait du reggae

Après une énième tentative avortée de coalition jamaïcaine, les membres du FDP, le parti libéral qui avait été revigoré par on ne sait quel miracle, ont choisi de se retirer. Cela fut fortement critiqué par les Verts (les Grünen) qui ne voyaient, pour leur part, aucune raison de quitter les négociations puisque leur directeur Cem Özdemir estime que la démocratie naît du compromis. Cela peut sembler dépassé mais pour lui, l’interêt de l’Allemagne doit passer avant les querelles de partis. Le chef du FDP, Christian Linder a déclaré, au contraire, qu’ils n’abandonneraient pas les électeurs de son parti en participant à une coalition contraire à ses valeurs. Il a ajouté qu’il valait mieux ne pas gouverner que de gouverner mal.

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Ainsi, après des semaines de tractations, rien n’est finalement sorti de ces échanges sauf des conflits et de fausses promesses. Il faut dire que le principal thème du désaccord portait sur l’immigration. La plupart des membres de ce qui aurait été la future coalition aurait voulu la réduire. Le FDP parle d’une fenêtre maximale de 150 000 à 250 000 personnes, la CDU de 200 000 tandis que les Verts se refusaient à tout quota qu’ils jugent inacceptable. La dispute a porté aussi sur le regroupement familial. Les Grünen voudraient que chaque réfugié ayant un statut de protection même subsidiaire puisse en bénéficier alors que la CDU et la CSU en particulier y sont totalement opposés.

Désaccord aussi sur le concept de pays d’origine validé. Le FDP veut instaurer un quota maximum de 5% d’immigrés issus du Maghreb. Les Grünen y sont naturellement totalement opposés.

Et Angela Merkel dans tout cela? La chancelière est très déçue de l’arrêt des négociations. Elle déclare vouloir faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le pays continue à être bien gouverné. Seulement les Allemands, peuple pragmatique s’il en est, se rendent bien compte que la CDU et la CSU sont conjointement responsables de cette crise de régime en ayant voulu créer une coalition de chimères. Merkel devrait au cours du mois de décembre s’entretenir avec le président Frank Walter Steinmeier.

Que risque-t-il donc se passer ? Un gouvernement ne possédant pas une majorité serait bien trop affaibli pour gouverner, aussi l’Allemagne repassera-t-elle sans doute par la case ”élections”. Rappelons que le SPD, grand absent, avait depuis les résultats des dernières élections décliné fermement toute possibilité de Groko, c’est à dire de GrosseKoalition.

Un professeur d’université dans la tourmente

L’université de Leipzig évalue les poursuites juridiques possibles à l’encontre d’un professeur. Il est en effet reproché au professeur de droit Thomas Rauscher d’être raciste. La direction de l’université a déclaré promouvoir un monde ouvert et être totalement opposée aux idéologies intolérantes et xénophobes. Le professeur Rauscher avait tweeté : «Nous ne devons rien aux Africains et aux Arabes. Ils ont détruit leur propre continent par la corruption, la paresse, les conflits ethniques et religieux et maintenant nous prennent ce que nous avons bâti avec efforts ».

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Rauscher a, de plus, commenté la manifestation d’indépendance à Varsovie en ces termes: « Une Europe blanche de nations frères, c’est pour moi un but merveilleux ».On imagine mal en France ce que fut d’ailleurs cette journée de l’indépendance du 11 novembre à Varsovie dont on n’a pas parlé dans l’hexagone sauf pour dire que c’était une manifestation de l’extrême droite polonaise alors que dans la capitale polonaise, ce fut carrément grandiose : le rassemblement d’une population unie dans un nationalisme réel. Chacun avait son brassard blanc et rouge, les drapeaux étaient fièrement brandis. On sentait alors à Varsovie que le peuple polonais en avait bavé de vivre sous le joug russe et qu’il chérit ainsi plus que tout et avec amour l’indépendance de sa patrie. Mais revenons à Leipzig, où la ministre des Sciences (SPD), Eva Maria Stange a critiqué les idées xénophobes du professeur Rauscher. La responsable du cycle secondaire de l’enseignement, affiliée aux Verts, Claudia Maicher a indiqué que la réaction de l’université était nécessaire et fondée. Encore une fois dans les hautes sphères de l’enseignement, que l’on soit en France ou en Allemagne, on trouve des femmes de gauche, c’est disons classique. On trouve aussi parfois des hommes c’est vrai, enfin des hommes d’un certain type, c’est plus original ! L’association des étudiants socio-démocrates se sont en tout cas empressés de perturber le cours du professeur sous le slogan original « Rauscher dégage ». Ils ont aussi projeté ses tweets sur le mur de la salle d’amphi. Le professeur leur a demandé de ne plus perturber son cours et a critiqué « leurs méthodes de nazi ».

Entre temps, il avait supprimé son compte tweeter. Ce professeur de droit originaire de Franconie enseignait depuis le milieu des années 90 à Leipzig. Il était aussi directeur de l’institut pour les procédures de droit privé européennes ainsi que professeur de droit privé. En fait, cet universitaire représente un certain type d’allemand de plus de 40 ans qui sent que le pays qu’il a connu est en train de partir à volo. Une bonne partie de cette génération ne bronche pas et se console en faisant des voyages à Majorque ou en roulant dans des Mercedes rutilantes. Mais le fait que cette affaire se passe dans l’ancienne Allemagne de l’Est ne nous surprendra pas car les gens y sont plus attachés à leur identité que dans le reste du pays.

Des milliers de suppressions d’emplois annoncés chez Siemens

A Berlin, les employés, le conseil d’entreprise et les syndicats ont protesté contre l’annonce de milliers de licenciements chez Siemens. Déjà, l’annonce du plan avait donné lieu à des manifestations à Leipzig. Siemens souhaite supprimer pour des raisons de changement structurel mondial, 6 900 emplois dans la production. D’après Janina Kugel du comité de direction, c’est le seul moyen pour Siemens de conserver ses parts de marché face à la concurrence. C’est l’ère du capitalisme le plus sauvage, des banksters et ce genre d’événements ne vont hélas que s’amplifier dans l’avenir. A moins de revenir vers un protectionnisme national.

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Ces licenciements concernent plusieurs sites allemands. Les turbines de Görlitzet Leipzig avec 920 suppressions et le site de Erfurt qui sera vraisemblablement vendu. A Berlin, ce sont 870 emplois qui sont concernés. Les sites d’Erlangen et Offenbach devrait être fusionnés. Mülheim dans la Ruhr devrait perdre 640 employés. IG Metall promet de se battre pour chaque emploi. D’après les mots de son représentant qui est aussi membre du conseil de surveillance de Siemens, Jürgen Kernen: «Un plan social d’une telle importance est au regard de la situation globale de l’entreprise absolument inacceptable mais seul compte pour le capitalisme l’augmentation du profit ».

En effet la semaine précédant ces annonces, le PDG de Siemens Joe Kaeser avait présenté le bilan annuel en indiquant que cette année avait été particulièrement bonne. Et c’est presque au même moment que ce dernier s’apprête à jeter dehors quantité de ses salariés. On peut ainsi comprendre le dégoût et la colère des ouvriers. La présidente du conseil d’entreprise  Birgit Steinborn a elle aussi ajouté que ce plan était un coup bas porté aux employés de Siemens. Les représentants du personnel voient aussi dans ces suppressions de postes une trahison du pacte conclu en 2010 concernant la garantie de l’emploi. Mais les promesses, même les garanties sociales des pactes de « flexibilité » ou des ordonnances de « flexi-sécurité » n’engagent à Berlin comme à Paris que ceux qui y croient.

jeudi, 14 décembre 2017

La quintessence de l’expérience chinoise

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La quintessence de l’expérience chinoise

HE WENPING*

Ex: https://histoireetsocietes.wordpress.com

Lorsque Deng Xiaoping, architecte en chef de la réforme et de l’ouverture menées en Chine, avait rencontré en août 1985 le président tanzanien de l’époque, Julius Kambarage Nyerere, venu effectuer une visite en Chine, il avait affirmé : « Notre réforme est une expérimentation, aussi bien pour la Chine que pour le monde. Si elle réussit, nous pourrons fournir nos expériences pour qu’elles servent la cause socialiste et le développement dans les pays sous-développés aux quatre coins du globe. »

Aujourd’hui, plus de trente ans après le lancement de la politique de la réforme et de l’ouverture, la Chine polarise l’attention du monde de par son succès économique phénoménal. Elle a non seulement réussi l’exploit de faire sortir plus de 700 millions d’habitants de la pauvreté, mais en plus, elle est parvenue à se hisser au rang de deuxième économie mondiale juste derrière les États-Unis.

Alors comment la Chine a-t-elle pu opérer cette brillante métamorphose ? Tout au long de la réforme, comment le Parti communiste chinois (PCC), en tant que parti au pouvoir, a-t-il fait pour consolider sa capacité à gouverner et gagner constamment en popularité auprès du peuple ?

dengtime.jpgDéveloppement économique et gouvernance politique

Au cours de ces trente dernières années de réforme et d’ouverture, la Chine a accumulée une expérience très riche et variée en matière de développement, qui couvre de multiples domaines : agriculture, industrie, commerce extérieur, réduction de la pauvreté, culture et éducation, développement des ressources humaines, renforcement des capacités de gouvernance, etc.

Depuis longtemps, les réalisations du développement économique chinois s’attirent largement l’admiration et les éloges du monde, y compris les pays occidentaux. Quant aux nombreux pays en développement, ils s’inspirent de l’expérience chinoise, en particulier de celle acquise dans la réduction de la pauvreté et le développement économique, puisqu’il s’agit des deux principaux objectifs ciblés par les gouvernements de ces pays.

Les accomplissements de la Chine dans ces deux domaines sont applaudis et très peu contestés à l’échelle internationale. Toutefois, la route est encore longue et sinueuse avant que le monde parvienne à comprendre pleinement la gouvernance politique de la Chine. D’après certains, la réforme chinoise ne se borne qu’à la dimension économique, alors qu’elle marque le pas dans la dimension politique. À en croire d’autres, la réforme économique chinoise va trop vite, tandis que son régime politique, inadapté, finira par s’effondrer.

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, avec l’éclatement de l’URSS et la fin de la Guerre froide, des grands débats et pronostics sur « l’effondrement de la Chine » ont émergé dans le monde occidental, en écho à la thèse de « la fin de l’histoire » prêchée par le chercheur américain d’origine japonaise Francis Fukuyama. Comme la suite l’a démontré, la Chine ne s’est pas effondrée, bien au contraire ! Elle s’est engagée d’un pas plus assuré sur la voie du développement et de la stabilité. Néanmoins, les préjugés et les idées négatives sur la gouvernance politique chinoise, qui ont pris racine dans la méconnaissance de la Chine ou la mentalité digne de la Guerre froide, persistent dans l’opinion publique internationale, à dominante occidentale.

Ce « nuage » formé d’a priori a commencé à se dissiper au début du XXIe siècle, époque caractérisée par un monde plus globalisé et secouée par des bouleversements nouveaux, en particulier dans la dernière décennie. Alors que le monde a subi la crise financière survenue en 2008 et le Printemps arabe amorcé fin 2010, soit deux épreuves d’une portée planétaire menaçant le développement économique et sociopolitique, la Chine socialiste sous la direction du PCC n’a connu ni krach financier en réplique au séisme frappant l’épicentre capitaliste, ni crise sociopolitique tels les troubles connus dans le monde arabe, en dépit des prédictions de certains observateurs occidentaux. A contrario, grâce à son système politique présentant certains avantages, elle s’est avérée plus résiliente aux pressions et aux chocs que les États-Unis et l’Europe, avec leurs systèmes capitalistes.

Ainsi, ces dernières années, la gouvernance politique chinoise est devenue un sujet d’attention pour une foule d’analyses, au même titre que le partage de l’expérience chinoise en matière de développement. En septembre 2014, le livre Xi Jinping : la gouvernance de la Chine a été publié pour la première fois. En seulement deux ans et demi, cet ouvrage traduit en de nombreuses langues (anglais, français, russe, arabe, espagnol, portugais, allemand, japonais, etc.) a été imprimé à plus de six millions d’exemplaires dans une centaine de pays et régions du monde. De plus en plus de gouvernements et partis politiques étrangers, fascinés par les prouesses attribuées à la « voie chinoise », se sont mis à puiser des idées dans la sagesse des dirigeants et du parti au pouvoir chinois. De nombreux pays en développement notamment espèrent trouver, par le biais de l’expérience chinoise, leur propre voie de développement sur l’actuel échiquier international, caractérisé par un multilatéralisme croissant et l’essor du monde non occidental. Ainsi, l’expérience chinoise voit son attractivité dépasser le cadre du développement économique pour atteindre la sphère de la gouvernance politique.

En particulier depuis le XVIIIe Congrès du PCC, les réalisations de la Chine, par exemple dans l’édification du Parti et la lutte contre la corruption, sont au vu et au su de la communauté internationale. Ainsi, tout naturellement, l’intérêt qu’éprouvent les pays en développement pour le « modèle chinois » ne se cantonne plus au développement économique, mais commence à s’étendre au développement politique, qui se traduit par l’édification du Parti et la gouvernance de l’État. Par ailleurs, certaines mesures telles que les formations proposées aux partis politiques étrangers, les dialogues entre les partis et l’établissement de mécanismes d’échanges ont également pris une place importante dans les relations qu’entretiennent les pays en développement avec la Chine.

deng-time-magazine-maos-ghost.jpgRéforme progressive

L’un des principes au cœur de l’expérience chinoise consiste à procéder à la réforme de manière progressive, en pondérant les rapports entre réforme, développement et stabilité, en vertu d’un concept de développement qui évolue avec son temps. Dans un pays en développement en pleine transition, les grandes réformes ont inévitablement des répercussions sur la structure sociale d’origine et sa stabilité. Or, la réforme se doit de considérer la stabilité comme la prémisse et le développement comme la finalité. La voie chinoise de réforme et d’ouverture adhère donc au principe suivant lequel « la stabilité est prioritaire ». Comme le soulignait Deng Xiaoping, « la stabilité passe avant tout ». Il faut apaiser l’agitation sociale et conforter la stabilité avant de rechercher le développement, puis entretenir cette stabilité grâce aux fruits de la réforme et du développement, afin de parvenir à un équilibre coordonné entre stabilité, développement et réforme.

Au cours de la réforme et du développement économiques, le gouvernement chinois a appliqué une « approche par tâtonnements » pour garantir une transition en douceur, considérant qu’une réforme radicale serait susceptible de provoquer des turbulences dans l’économie nationale et ainsi d’accroître le risque et la probabilité d’échec de la réforme. En d’autres termes, il s’attaque aux questions les plus faciles d’abord et les plus difficiles ensuite, étape par étape. En outre, il commence toujours par mettre en œuvre des projets pilotes, puis, en fonction des résultats obtenus, décide ou non de les généraliser et de les promouvoir. Que ce soit l’instauration du système d’exploitation forfaitaire à base familiale en milieu rural ou la promotion des entreprises rurales, que ce soit la réforme des entreprises publiques ou la réforme du secteur financier, sans oublier les réformes opérées dans l’emploi, la sécurité sociale, la répartition des revenus et le registre d’état civil, lesquelles visent à soutenir le passage d’une économie planifiée à une économie de marché… Dans toutes ces réformes, l’objectif a toujours été d’atténuer le choc ressenti par les groupes les plus vulnérables, ainsi que de limiter ou de répartir les coûts et les risques associés.

Dans le domaine politique, c’est également dans le respect de cette prémisse, la stabilité, que les réformes s’opèrent. Celles-ci consistent à élargir graduellement la participation politique, tout en promouvant activement les recherches et essais relatifs aux élections démocratiques (organisées dans un premier temps aux échelons de base) et à la démocratie au sein du Parti, dans le but ultime de réaliser l’égalité politique.

C’est grâce à cette progression graduelle et ordonnée que la réforme chinoise a pu s’approfondir cycle après cycle. Et dans le même temps, cette réforme méthodique a permis à la Chine d’accomplir, dans l’ensemble, une transition socioéconomique particulièrement vaste et profonde, en un laps de temps très court et dans des circonstances relativement harmonieuses et stables.

Depuis le lancement de la réforme et de l’ouverture il y a plus de trente ans, au-delà d’équilibrer les relations réforme-développement-stabilité, le gouvernement chinois, avec les différentes générations de dirigeants, s’attache à guider en tout temps le développement, l’envisageant selon une conception évolutive, pour que celui-ci réponde en permanence aux exigences de l’époque. Considérant que « les problèmes découlant du développement doivent être résolus par le développement » et que « le développement constitue la source et la solution des problèmes », il saisit le « développement » comme une clé multifonction pour engager les diverses réformes.

Tout comme les défis et les tâches auxquels fait face la Chine évoluent en fonction des stades de développement traversés, le concept de développement chinois a été renouvelé à plusieurs reprises ces trente dernières années. Dans les années 1970 et 1980, au sortir de la Révolution culturelle, le plus grand défi à relever pour la Chine consistait à sortir de son état de faiblesse et de pauvreté, et à réaliser les « quatre modernisations » de l’industrie, de l’agriculture, de la défense nationale, ainsi que des sciences et des technologies. Ainsi, l’architecte en chef et pionnier de la réforme et de l’ouverture, Deng Xiaoping, a avancé les fameux préceptes « Le développement est la pierre de touche » ou « Peu importe que le chat soit noir ou blanc, pourvu qu’il attrape les souris ». Guidée par ce concept de développement, l’économie chinoise a suivi une progression fulgurante, avec un taux de croissance à deux chiffres.

Cependant, ce développement exponentiel a produit des effets secondaires, notamment un développement extensif, la pollution de l’environnement et l’accroissement des disparités de revenus. Afin de résoudre les problèmes découlant du développement, la troisième session plénière du XVIe Comité central du PCC, tenue en octobre 2003, a présenté le nouveau concept de développement scientifique. Les grands principes de ce concept sont les suivants : insister sur une planification générale sans pour autant négliger chaque domaine particulier ; placer l’homme au centre de toutes les préoccupations ; établir un concept de développement global, coordonné et durable ; et favoriser le développement à la fois socioéconomique et humain. D’après ce nouveau concept de développement scientifique, il serait simpliste d’assimiler la croissance du PIB au développement et au progrès social, et à ce compte-là, il convient de remédier aux déséquilibres observés dans certains domaines et certaines régions, où les progrès sociaux, la valeur attribuée à l’homme et le bien-être à long terme sont négligés au profit des indices économiques, des acquisitions matérielles et des intérêts immédiats.

dengpc-2001-002.jpgÀ l’heure où l’environnement économique et commercial international est de plus en plus complexe et hasardeux, le Comité central du PCC, avec le camarade Xi Jinping comme noyau dirigeant, a lancé en temps opportun le concept de développement innovant, coordonné, vert, ouvert et partagé. M. Xi a indiqué : « Nous devons prendre conscience que l’économie chinoise, en dépit du volume considérable qu’elle représente, n’est pas encore robuste et qu’en dépit de sa croissance très rapide, elle n’affiche pas une qualité optimale. Notre modèle de développement extensif qui misait principalement sur les facteurs de production, en particulier les ressources, pour stimuler la croissance économique et l’expansion du volume économique n’est pas durable. Il est temps d’accélérer notre transformation pour passer d’un développement essentiellement alimenté par les facteurs de production et l’investissement massif à un développement tiré par l’innovation. »

En conclusion, c’est en persistant dans l’idée de développement, mise au diapason de son époque, que la Chine est devenue sans conteste l’exemple type d’un État développeur.

Gouvernement fort et politiques adéquates

Le second principe au cœur de l’expérience chinoise consiste à avoir un gouvernement fort et engagé dans le développement, ainsi que des dirigeants visionnaires et des politiques adéquates. Dans un pays en pleine transition, il est nécessaire d’avoir, à certaines périodes et pour certains domaines, un « gouvernement fort », doté d’une grande autorité politique et d’une vive capacité en matière de gouvernance. L’objectif étant d’unir la population nationale autour d’une volonté commune et d’un sentiment de cohésion, ainsi que de conjuguer les efforts de tout le pays pour faire progresser de manière ordonnée les réformes économiques, sociales et politiques.

Dans l’histoire humaine, les faits démontrent depuis longtemps que le développement économique peut être atteint dans des circonstances politiques autres que la démocratie occidentale. Dans les années 1960 et 1970, certains pays et régions en développement (à l’instar des « Quatre dragons asiatiques ») ont connu une croissance économique assez rapide. Pour expliquer cet essor des économies émergentes de l’Asie de l’Est, dont la Chine, de nombreux chercheurs occidentaux ont recouru au concept du soi-disant « État développeur ». Selon leur définition, « un État développeur se caractérise par un modèle de développement économique dirigé par un gouvernement fort et faisant preuve d’une ferme volonté de développement économique, un gouvernement capable de mobiliser et de redistribuer efficacement les diverses ressources dans le but de promouvoir le développement national. »

Concernant le régime politique, bien que le système de collaboration multipartite et de consultation politique sous la direction du PCC ait longtemps été interprété par les sociétés occidentales comme « un parti unique au pouvoir de longue date », toutes les analyses faisant preuve d’objectivité reconnaissent qu’« un parti unique au pouvoir de longue date » est plus à même d’assurer une continuité politique. Élaboré pour la première fois en 1949 sous la houlette du PCC, le Plan quinquennal pour le progrès social et le développement économique en est désormais à sa XIIIe édition.

En accord avec les plans quinquennaux successifs, la Chine poursuit ses efforts de manière ordonnée dans la construction d’infrastructures, dans l’aménagement de zones économiques spéciales, ainsi que dans la coopération internationale en matière de capacités de production et pour la construction des Nouvelles Routes de la Soie. De plus, le PCC ne cesse de perfectionner ses équipes de cadres dirigeants aux différents échelons par le biais du système de mandat, de la direction collective, de la sélection au mérite et de la mise en concurrence des candidats aux postes. C’est donc en assurant une « bonne gouvernance » plutôt qu’en poursuivant aveuglément la « démocratisation des élections » que le PCC cherche à renforcer sa popularité, qui constitue le socle de la gouvernance de l’État.

En outre, bien que les réalisations du développement économique chinois soient connues et reconnues du monde entier, très peu de gens semblent se rendre compte que la Chine a mené sa réforme économique en simultané et en symbiose avec sa réforme sociopolitique. Les résultats obtenus à travers la réforme économique sont donc indissociables des efforts déployés dans le cadre de la réforme sociopolitique. Ces trente dernières années, de nombreuses réformes progressives sur la supervision du pouvoir et la mise en œuvre de contre-pouvoirs sont menées, notamment dans le système de direction, le système de nomination des cadres dirigeants, le système électoral (élections internes au Parti, mais aussi élections aux échelons de base), les systèmes législatif et judiciaire, ainsi que le système de prise de décision.

De cette manière, la réforme économique peut progresser en continu et en profondeur, et au cours de la transition socioéconomique majeure, les différentes ethnies et les diverses couches sociales parviennent à vivre en harmonie et à concilier leurs intérêts. Bien sûr, la Chine est encore confrontée à de nombreux défis dans son processus de développement, comme le fossé entre riches et pauvres ou les inégalités entre les différentes régions. Mais du point de vue diachronique, le peuple chinois jouit de droits économiques, sociaux et politiques toujours plus nombreux, aujourd’hui à un niveau sans précédent dans son histoire. C’est sans doute pourquoi le « Consensus de Beijing » axé sur le développement est en mesure de concurrencer le « Consensus de Washington » axé sur la libéralisation économique. D’ailleurs, ce « Consensus de Beijing » est aujourd’hui prisé par un nombre croissant de pays en développement.

*HE WENPING est chercheuse senior à l’Institut Chahar et chercheuse à l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Ouest et l’Afrique qui relève de l’Académie des sciences sociales de ChinePropos d’expert

Lire aussi :
• HE Wenping, China-Africa Knowledge Project Research Hub – Jeune Afrique – World Economic Forum.
• Dossier documentaire Economie Chine, Monde en Question.
• Index Économie, Monde en Question.
• Veille informationnelle 中國 Chine, Monde en Question.

mardi, 12 décembre 2017

L’atlantisme: une passion française

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L’atlantisme: une passion française

Auteur : Guillaume Berlat
Ex: http://zejournal.mobi

 

 

« L’OTAN est un faux-semblant. C’est une machine pour déguiser la mainmise de l’Amérique sur l’Europe. Grâce à l’OTAN, l’Europe est placée sous la dépendance des États-Unis sans en avoir l’air » déclarait le 13 février 1963 le général de Gaulle qui en connaissait un rayon sur nos meilleurs amis américains. Manifestement, les choses ont peu évolué dans notre Douce France. Au lieu de se tenir à distance respectable de cette institution avatar de la Guerre Froide comme l’avait fait le premier président de la Cinquième rompant avec la structure militaire intégrée de l’Alliance atlantique, ses successeurs n’ont eu de cesse que de reprendre une place pleine et entière à Evere et à Mons. Malheureusement, le rôle d’idiot utile n’est jamais payant auprès du grand frère américain, pas plus hier qu’aujourd’hui. La théorie de la servitude volontaire chère à Etienne de la Boétie n’a pas pris la moindre ride. Il est pathétique d’entendre déclamer par les servants de la liturgie des éléments de langage de l’OTAN les fadaises sur « l’alliance la plus durable de l’histoire ». Quelques précisions sémantiques s’imposent d’entrée de jeu pour mieux appréhender le concept d’atlantisme qui n’est pas neutre.

PRÉCISIONS SÉMANTIQUES

Avant toute chose de quoi parle-t-on concrètement dans un domaine où la confusion est souvent la règle ? D’un fort ancrage anglo-saxon de l’OTAN que l’on doit compléter par un questionnement sur la finalité de l’Alliance atlantique après la fin de la Guerre froide.

Un fort socle anglo-saxon de l’OTAN

Sur le plan de l’étymologie : le terme d’atlantisme est un dérivé d’atlantique, concept contenu dans l’appellation de l’ « Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (OTAN sous son acronyme français et NATO en anglais). Le mot atlantique est issu du grec atlantikos, Atlantique. Il est un dérivé d’Atlas, du nom d’une chaîne de montagnes situées en Afrique du Nord. L’adjectif « atlantique » qualifie ce qui concerne l’Océan atlantique et les pays riverains. L’atlantisme désigne une politique extérieure caractérisée par le soutien apporté aux Etats-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN. Conceptualisé au début de la Guerre froide, l’atlantisme prône une étroite coopération entre les Etats-Unis, le Canada et les pays européens dans les domaines politique, militaire, économique et culturel. L’objectif avoué consiste, en principe, à assurer la sécurité des pays membres de l’OTAN (clause de solidarité de l’article 5 qui veut qu’une attaque contre l’un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous) et de protéger les valeurs qui les unissent : démocratie, libertés individuelles et Etat de droit. L’atlantisme désigne aussi l’attitude politique, l’opinion, la doctrine de ceux qui font du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) la base de leur action extérieure et qui, au nom de ces principes, s’alignent de manière plus ou moins systématique, idéologique sur la politique extérieure des Etats-Unis qu’elle soit entièrement justifiée ou totalement infondée, ce qui arrive parfois.

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Un questionnement sur la finalité de l’OTAN dans l’après-guerre froide

Depuis la fin de la Guerre froide, l’atlantisme est souvent dénoncé, dans les mouvements de gauche et altermondialistes de certains pays d’Europe, mais aussi chez ceux qui se revendiquent du gaullo-mitterrandisme, comme un soutien à la politique étrangère des États-Unis et à la défense d’une conception purement anglo-saxonne du libéralisme économique. Les préjugés envers l’atlantisme sont plutôt favorables au Royaume-Uni, en Pologne, dans les pays Baltes, et défavorables en France et en Allemagne. Un atlantiste est un partisan de l’atlantisme. L’adjectif atlantiste qualifie ce qui est relatif à l’atlantisme(1). L’Atlantiste se revendique d’une vision occidentaliste et universaliste du monde consistant à prétendre se substituer aux autres peuples pour définir leurs intérêts, y compris par la force pour les plus récalcitrants d’entre eux (Cf. concept du Grand Moyen-Orient développé par George W. Bush après la guerre en Irak). On peut mesurer les effets négatifs d’une telle conception du monde à travers les expériences afghane, irakienne, libyenne. Cette approche atlantiste peut se résumer sommairement en un amour immodéré de l’OTAN(2) complété par une haine viscérale de la Russie(3).

Un retour en arrière sur l’immédiat après Seconde Guerre mondiale dans notre pays.

LA TENTATION OTANIENNE : UN MARQUEUR DE LA QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

Durablement affaiblie sur la scène internationale après « l’étrange défaite » de 1940, la France de la Quatrième République n’a d’autre ressource que de se soumettre aux Diktats de Washington surtout à une époque où le péril soviétique est bien présent en Europe. La défaite de Dien Bien Phu ne redore pas le blason terni d’une France affaiblie politiquement, économiquement et diplomatiquement. En dépit des appels à l’aide lancés à l’Amérique pour l’aider à desserrer l’étau autour de la cuvette de la mort, Washington reste de marbre. Cela lui permettra de remplacer la France en Indochine. L’expédition franco-britannique de Suez est condamnée par les États-Unis. Les premières tentatives d’acquisition de l’arme atomique font l’objet de sévères mises en garde de Washington auquel l’OTAN emboîte le pas.

La France est accusée d’être un pays proliférateur et priée de cesser de jouer dans la cour des grands. La guerre d’Algérie vient ajouter un sujet de mécontentement américain à l’endroit de la « Grande Nation ». Mais, lorsqu’on est affaibli, il faut savoir faire bon cœur contre mauvaise fortune et se montrer un otanien discipliné et servile. Accepter sans coup férir les humiliations répétées, les Oukazes, les rabaissements… venus de Washington. Il faudra attendre le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958 pour que la donne change petit à petit… mais sûrement. Cela va décoiffer chez les esprits formés au moule de la servitude atlantiste.

Le retour du général de Gaulle aux affaires en 1958 constitue de ce point de vue une véritable rupture idéologique vis-à-vis de l’Amérique et de ses outils de domination, en particulier militaires.

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LE CHOIX DE L’INDÉPENDANCE NATIONALE : LE DÉSIR DU GÉNÉRAL

Seul un retour à une économie forte et dynamique permet au premier président de la Cinquième République de gagner son indépendance militaire.

Le retour de l’autonomie économiqueC’est que le général de Gaulle a quelques idées bien arrêtées sur la nature de la relation qu’il entend développer avec les États-Unis qui lui ont donné pas mal de fil à retordre pendant la Seconde Guerre mondiale et à la Libération de la France qui avait vocation à un régime de tutelle. La première de ses préoccupations consiste à rembourser toutes ses dettes aux Américains tout en mettant un terme au conflit algérien pour retrouver les mains libres. Allié fidèle en cas de coup dur, il le sera comme pendant les crises de Berlin et de Cuba. Aligné indéfectible en temps normal, il refusera de l’être choisissant la voie de l’indépendance nationale. Construire une Europe avec un moteur franco-allemand, renforcer le franc, contester la convertibilité du dollar, réclamer voix au chapitre dans les grandes décisions otaniennes… telles sont les grands axes de la politique étrangère du général de Gaulle. Contrairement à certains de ses éminents successeurs, il fait ce qu’il dit. Les actes suivent les paroles au grand dam de nos excellents amis américains très peu portés à la contradiction et au rejet de leur politique hégémonique, pour ne pas dire parfois, leur politique impériale.

Le choix de l’indépendance militaire

Qui dit indépendance économique, dit indépendance diplomatique (parler avec Moscou, établir des relations diplomatiques avec Pékin, critiquer la guerre du Vietnam lors du discours de Phnom Penh ; titiller Washington en Amérique latine et au Québec…) et indépendance militaire (parvenir au seuil nucléaire sans l’aide américaine et faire ses premiers essais nucléaires dès le début des années 1960 dans le Sahara). Toutes choses, on l’imagine, qui ne sont pas du meilleur goût pour nos alliés américains et pour toute la piétaille française grassement rémunérée pour lutter contre le terrorisme mais surtout pour cultiver un état de servitude volontaire vis-à-vis du tuteur américain.

N’ayant obtenu aucune réponse favorable à ses demandes de traitement identique à celui des Britanniques, le général de Gaulle en tire les conséquences : retrait de la structure militaire intégrée, départ de toutes les troupes américaines stationnées en France, déplacement du siège de l’OTAN de Paris à Bruxelles… Circulez, il n’y a rien à voir en France. Allez voir chez nos voisins belges ! Ils seront ravis de vous héberger à Bruxelles et à Mons pour aller vous préparer à faire la guerre… surtout après la fin de la Guerre froide. Le premier président de la République traite directement avec l’ours soviétique et avec Mao sans aller chercher ses instructions à la Maison Blanche.

En France, les vieux démons ont la vie dure. Chassez le naturel, il revient au galop. Sortie par la grande porte de l’histoire gaullienne, la pensée atlantiste revient par la petite fenêtre de l’histoire sarkozyste.

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LE RETOUR AU BERCAIL OTANIEN : LE CHOIX DE NICOLAS SARKOZY

Après quelques hésitations des successeurs directs du général de Gaulle en termes de positionnement par rapport à l’OTAN, c’est l’un de ceux qui se prétendent ses héritiers qui pratiquera la transgression, la trahison.

Les héritiers du général

Les successeurs du général de Gaulle, avec des degrés différents, maintiennent le dogme gaullien tout en se montrant plus souple sur la forme. Georges Pompidou n’aura pas le temps matériel de s’affirmer mais fait le voyage aux États-Unis sous les lazzis. Valery Giscard d’Estaing apprécie ses rencontres avec ses homologues américains, flattant ainsi son ego démesuré. François Mitterrand veut se différencier de l’homme du coup d’état permanent tout en le caricaturant mais doit, au moins au début de son premier quinquennat, montrer pattes blanches en raison de la présence de ministres communistes dans son premier gouvernement. L’affaire Farewell lui permet de démontrer qu’il est un allié fiable dans la lutte contre les menées subversives de l’URSS.

Reconnaissons-lui le mérite d’avoir proposé la création d’une confédération européenne après la chute du mur de Berlin (rejetée avec vigueur par tous nos alliés) et d’avoir interpellé George Bush père lors du sommet de l’OTAN à Rome en 1992, lui rappelant que l’Alliance atlantique n’était pas la Sainte Alliance. Quant à Jacques Chirac, il s’opposera, certes, à la guerre en Irak de 2003 mais fera assaut d’amabilités auprès de Washington pour se faire pardonner sa déviance anti-atlantiste. Il en faudra de peu pour qu’il rejoigne la structure militaire intégrée de l’OTAN. Il y renoncera dans la mesure où les Américains ne lui proposeront pas un grand commandement.

« Sarko l’américain », le capitaine de pédalo et Jupiter

Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir en 2007 pour que « Sarko l’américain » brise le tabou en reprenant en 2009 le chemin perdu du Saint des Saints en se rangeant sous la coupe du Pentagone. Les Américains décident, les Français exécutent comme des idiots utiles. En échange, nous recevons un commandement à Norfolk en Virginie (SACT ou Commandement Suprême Allié de la Transformation). Tout est bien qui finit bien pour la France ! Le président de la République multiplie les attentions à l’endroit de ses interlocuteurs américains. Mais, contrairement à ce qu’il escomptait (ceci ne relevait-il pas de la vulgaire farce ?), les Américains et autres Britanniques ne font pas le moindre pas en direction de la politique européenne de sécurité et de défense.

L’argument est imparable en période de restrictions budgétaires, pourquoi faire mal au Berlaymont ce que l’on fait parfaitement à Evere ! C’est le règne du circulez, il n’y a rien à voir. Quant à François Hollande qui avait critiqué la décision de Nicolas Sarkozy alors qu’il était le chef de l’opposition, il n’y trouve rien à redire dès qu’il prend ses fonctions à l’Élysée. Il fait même rédiger un rapport par Hubert Védrine qui souligne les inconvénients d’un nouveau départ de la structure intégrée. Tout est bien qui finit bien. Jupiter écrase la main de Donald Trump mais essuie ses avanies successives (retrait de l’accord sur le climat, décertification de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, retrait de l’UNESCO au moment où une Française, Audrey Azoulay est désignée comme directrice générale Place Fontenoy…). Dans son discours sur la refondation de la Sorbonne, il se prononce pour une défense européenne en concertation avec l’OTAN, le membre de phrase qui tue. Ce qui signifie en clair que tout change pour que rien ne change ! La servitude volontaire a encore de beaux jours devant elle.

La voie est désormais libre pour tout ce que la France compte d’admirateurs de l’Amérique.

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L’AMOUR DE L’AMÉRIQUE : LES NÉOCON TIENNENT LE HAUT DU PAVÉ PARISIEN

L’américanisme touche d’abord une haute administration passée par le même moule de l’ENA qui est majoritairement néo-conservatrice.

Une haute administration passée par le même moule

Mais, il y a plus grave encore dans cette otanomania. Elle concerne toute la haute administration française (formée sur les bancs de l’ENA) qui constitue le meilleur ambassadeur des thèses néoconservatrices en France et dans les institutions internationales. Que nous dit le général Pierre Lorenzi sur le sujet : quand les hauts fonctionnaires civils trustent la quasi-totalité des directions du ministère de la défense (des armées) et des postes interministériels à vocation stratégique ?

La  qualité de l’administration civile française, la valeur de ses hauts fonctionnaires, issus pour un certain nombre de l’ENA et l’ouverture de la Défense à des savoir-faire originaux ne sont pas contestées. La Défense peut se sentir honorée de l’attrait de ces fonctionnaires civils pour la chose militaire. Mais cette tendance très nette à la substitution des personnels d’encadrement aboutissant peu à peu au monopole des personnels civils sur ces postes laisse perplexe quand on connait l’investissement de la Défense – et donc du contribuable français  – dans la sélection et la formation permanente de ses  officiers généraux. Aller chercher ailleurs ce dont la Défense dispose largement en son sein, à un moment où les contraintes budgétaires sont sans cesse rappelées, répond-il à un besoin effectif ?

Pour illustrer ces propos, observons la distribution des rôles dans l’appareil de sécurité et de défense français et les parcours universitaires et professionnels de leurs détenteurs : président de la République : inspecteur des finances ; Premier ministre : conseiller d’Etat ; ministre des Armées : conseillère d’Etat ; Secrétaire Général de la Défense et de la Sécurité Nationale : conseiller maître à la Cour des Comptes ; éphémère prédécesseur du ministre des Armées, directeur des Affaires financières au ministère de la Défense, directeur du Service Historique de la Défense, directeur des Relations Internationales et de la Stratégie au ministère des Armées, directeur de la DGSE, responsable national du contre-terrorisme, coordinateur du renseignement auprès du Président : tous diplômés de l’ENA !

Sans compter le nombre considérable de conseillers, membres et directeurs de cabinets de ces dirigeants, et la diminution considérable du nombre de militaires dans le pilotage des derniers Livres blancs de la Défense, dont l’extension à la sécurité constitue là encore un prétexte supplémentaire à la marginalisation des militaires. Plus largement, on peut s’étonner que le musée de l’air et de l’espace, à forte dimension militaire, ne soit plus dirigé par un officier général de l’armée de l’Air ou que la communication de la défense (DICOD) soit désormais pilotée exclusivement par des civils (4).

Une haute administration majoritairement néo-conservatrice

Ce que l’on dit moins est que notre élite bienpensante pense (le terme est peu approprié), parle anglais, ne rêve que d’un monde unilingue et se nourrit au lait des « think tanks » d’Outre-Atlantique, du cinéma d’Hollywood, de la chanson anglo-saxonne, privilégie le « fast food » à la gastronomie française…. Elle se montre de plus en plus incapable de penser français de parler français. À Abidjan, le président de la République, Emmanuel Macron qui avait vanté la veille à Ouagadougou les vertus de la langue française et de la francophonie (il était accompagné de sa représentante personnelle pour la Francophonie, Leïla Slimani), n’hésite pas à évoquer une task force » (pour évoquer un groupe de travail ou une force opérationnelle) et « l’intelligence » (en parlant du renseignement).

En un mot, elle est néo-conservatrice, plus néo-conservatrice que les néo-conservateurs américains-5). C’est la fable bien connue de l’élève qui dépasse le maître. Cette élite gagnerait à méditer le petit opuscule de Noam Chomsky intitulé « De la guerre comme politique étrangère des États-Unis »(6). On reste confondu au spectacle d’une haute administration formée sur les bancs des meilleures écoles de la République, en particulier de l’ENA, qui succombe aux sirènes américaines sans mesurer les impasses auxquelles conduit la diplomatie (ou l’absence de diplomatie) d’une Amérique rongée par l’hubris alors même qu’elle perd de plus en plus son rôle de nation indispensable dans le monde. Pense-t-elle que la France serait une terre de mission américaine qui se grandirait en s’abaissant au rôle de valet de Washington ?(7)

Cette dérive néo-conservatrice préjudiciable aux intérêts bien compris de la France ne semble émouvoir que quelques esprits chagrins ! Comment parler sérieusement de « souveraineté européenne » comme le fait le président de la République, Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne tout en se mettant dans le même temps sous le parapluie américain de moins en moins fiable et de moins en moins crédible depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche (le président jugeant « obsolète » l’OTAN) ? Nous devenons plus otanien que les Américains alors que ces derniers deviennent moins otanien. Méfions-nous que notre atlantisme ne se transforme un jour en Atlantide, cette île mythique évoquée par Platon qui fut engloutie par les flots dans un cataclysme provoqué à l’instigation de Zeus, dieu grec que les Romains appelaient Jupiter… Telle serait la morale de cette passion française, qui dévore nos élites et qui a pour nom l’atlantisme.

Notes:

(1) www.toupie.org/Dictionnaire/Atlantisme.htm 

(2) Jaap de Hoop Scheffer, « La Turquie pose un sérieux problème à l’OTAN », Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.

(3) Gaidz Minassian, L’illusoire « soft power » russe, Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.

(4) www.asafrance.fr/item:la-defense-pilotee-par-des-hauts-fo... , 20 octobre 2017. 

(5) Juliette Grange, Les néoconservateurs, Agora Pocket, 2017.

(6) Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Agone, 2017.

(7) Jean-Michel Autran, La France, terre de mission américaine, Vendémiaire, 2017.

dimanche, 10 décembre 2017

Nikolaï Starikov : «Les politiciens occidentaux auraient dû créer une ceinture d’États indépendants en Europe centrale»

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Nikolaï Starikov : «Les politiciens occidentaux auraient dû créer une ceinture d’États indépendants en Europe centrale»

Ex; https://www.visegradpost.com/fr

Roumanie, Timişoara – Entretien avec Nikolaï Starikov, écrivain russe, journaliste d’opinion, activiste social et co-président du Parti de la Grande-Patrie: « Si les politiciens occidentaux s’inquiétaient vraiment de la possibilité d’une guerre et voudraient l’éviter, ils auraient établi une ceinture d’États indépendants en Europe centrale. »

En mai, Ferenc Almássy a eu l’occasion de rencontrer Nikolaï Starikov, qui était à Timişoara, pour présenter son livre « La nationalisation du rouble – La voie vers la liberté de la Russie ». Une bonne occasion d’avoir une petite conversation avec un intellectuel et politicien patriotique russe pour mieux comprendre le point de vue des Russes sur les pays d’Europe centrale et orientale.


Ferenc Almássy : D’abord, je voudrais vous remercier pour cet entretien. Nous avons l’occasion de nous rencontrer à Timişoara, où vous avez lancé la promotion de l’édition roumaine de votre livre « La nationalisation du rouble – La voie vers la liberté de la Russie ». Je commencerais par une première question : comment vit-on en Russie, dans une démocratie illibérale ?

Nikolaï Starikov : Vous avez posé la question clé. D’un côté, en utilisant le mécanisme du marché, Poutine a réussi à rétablir une part importante du pouvoir de l’État en Russie et à rétablir la position de la Russie sur la scène internationale. Aujourd’hui, la situation en Russie est contradictoire, d’une part nous avons une politique étrangère puissante et sûre d’elle. D’un autre côté, en économie interne, nous avons suivi le système économique mondial américain. Mon opinion est que les opportunités offertes par le modèle économique libéral ont été épuisées. Nous avons besoin d’une nouvelle politique économique et de nouvelles personnes capables de l’appliquer. Je veux souligner que lorsque je parle de nouvelles personnes, je veux dire, nouveau Premier ministre, nouveaux gouverneurs, de nouvelles forces politiques. Ceux-ci doivent compléter l’activité du Président, que je considère comme l’un des meilleurs politiciens de l’histoire de la Russie.

FA : Vous êtes le président de votre propre parti, le Parti de la Grande-Patrie. Cela signifie-t-il que vous voulez gagner le pouvoir ou que vous voulez travailler avec Vladimir Poutine, une personnalité que vous semblez apprécier ?

Nikolaï Starikov : La politique est l’art du possible et toute force politique est créée pour accéder au pouvoir. Nous approuvons la politique de Vladimir Poutine, notre Président. Toutefois, nous sommes opposés à la politique économique mise en place par le gouvernement. L’évolution du processus politique au cours des dernières décennies peut être résumée comme suit : après la chute de l’Union soviétique, les «ultra-libéraux» sont arrivés au pouvoir. Toutes leurs actions n’étaient pas destinées au bien de la Russie mais à celui des États-Unis. En raison des actions de Poutine, ces “ultra-libéraux” ont été remplacés par des patriotes libéraux. Ils sont prêts à s’opposer aux Américains en matière de politique étrangère, mais ils ne sont pas prêts à avoir une politique intérieure souveraine. Cela conduit à une situation dangereuse, dans laquelle l’engagement d’une politique intérieure souveraine devient impossible parce que notre économie est négativement affectée par son cours libéral. À mon avis, nous avons besoin de nouvelles personnes et de nouvelles forces politiques pour changer la politique intérieure du pays. Je qualifierais ces forces de patriotiques, parmi lesquelles je compte, bien sûr, le Parti de la Grande-Patrie.

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FA : Votre parti est présenté comme un “parti de la défense” russe, mais dans les médias occidentaux en particulier, la Russie est présentée comme une agresseuse et non comme une victime, et il y a plusieurs exemples : la Crimée, le Donbass, l’exercice Zapad, les provocations dans les pays baltes. Alors, la Russie est-elle vraiment dans une situation défensive ?

Nikolaï Starikov : Analysons les faits. De 1945 à 1990 en Europe, il y avait deux États allemands. Cela veut-il dire qu’il y avait deux peuples allemands différents ? Bien sûr que non. En 1990, un État a englouti l’autre et aujourd’hui nous avons un État allemand uni et un peuple allemand uni. Cela a été rendu possible parce que l’Union Soviétique, c’est-à-dire la Russie, a organisé ce processus et ne l’a pas bloqué. Aujourd’hui, nous ne comprenons pas pourquoi l’Europe bloque le même type d’intégration pour le peuple russe. En politique, il est risible de parler de gratitude, néanmoins on aimerait voir, d’abord en Allemagne et en Europe de l’Est, qu’on a laissé choisir son propre destin politique, une certaine forme d’appréciation. Pour mieux comprendre notre situation, regardez-la de notre point de vue : Hitler a attaqué l’Union Soviétique. À cette époque, trois jours d’avance ininterrompue étaient nécessaires pour qu’un char allemand atteigne Moscou. Aujourd’hui, il y a 350 km de la frontière russo-ukrainienne à Moscou. Des bases militaires américaines dans les pays baltes à ma ville natale de Saint-Pétersbourg, il y a moins de 200 km. Aujourd’hui, les Américains, les troupes de l’OTAN, sont beaucoup plus proches de nos centres économiques, culturels et politiques. La question est de savoir pourquoi ils se rapprochent et qui est l’agresseur potentiel ? Si les politiciens occidentaux s’inquiétaient vraiment de la possibilité d’un éclatement de la guerre et voudraient l’éviter, ils auraient établi une ceinture d’États indépendants en Europe centrale. Au lieu de cela, ils ont violé tous les engagements pris envers Gorbatchev, et l’infrastructure de l’OTAN a été accolée à la Russie. Autour de nos frontières, un soi-disant bouclier anti-missiles est en train d’être mis en place. Lorsque nous nous interrogeons sur son objectif, nous sommes traités comme des enfants de maternelle et nous nous voyons répondre que le bouclier est dirigé contre les missiles iraniens et nord-coréens. Évidemment, si ce bouclier était dirigé contre l’Iran et la Corée du Nord, deux pré-requis auraient été nécessaires : premièrement, que ces pays possèdent ce type de missiles et deuxièmement, dans ce cas le bouclier aurait dû être placé aux frontières de la Corée du Nord et de l’Iran, pas en Roumanie, en Bulgarie et en Pologne. Si nous devions suivre cette pseudo-explication proposée par les politiciens américains à l’époque, le réarmement de l’armée russe est entrepris afin de protéger l’Europe contre une invasion extraterrestre. Peut-être que cela aura lieu. Et nous avons une bonne armée. Ou peut-être que nous devons nous défendre contre les barons de la drogue colombiens.

FA : Vous avez dit que l’Europe centrale devrait être neutre, être une zone tampon. Quelle est votre opinion sur le groupe de Visegrád et cette région de l’Europe ? Comment voyez-vous la situation actuelle ?

Nikolaï Starikov : Le comportement est différent d’un État à l’autre. Le plus inquiétant est la position de la Pologne. D’un autre côté, nous, en tant que réalistes, comprenons que les décisions politiques en Europe ne sont prises ni à Bucarest, ni à Budapest ni à Varsovie, pas même à Bruxelles, mais à Washington. Par conséquent, notre président essaie de conclure un accord avec ceux qui déterminent le cours des politiques européennes. Mais, au lieu d’un accord, nous voyons le rapprochement des forces militaires vers nos frontières. Lorsque les pays de l’Europe de l’Est ont adhéré au Traité de Varsovie, ils ont été confrontés à l’infrastructure militaire de l’OTAN. Aujourd’hui, parce qu’ils appartiennent à l’OTAN, ils seront automatiquement pris pour cibles par l’appareil militaire russe. Quelle est la différence ? Je ne pense pas que leur sécurité ait été augmentée en devenant la cible d’une arme nucléaire différente. La priorité était complètement différente : aucune arme nucléaire ne devrait viser les pays d’Europe de l’Est. Quand les Américains effraient l’Europe avec le péril russe, chacun devrait se poser la question suivante : de quoi la Russie a-t-elle besoin de l’Europe ? A-t-elle besoin de territoires européens ? Avons-nous des revendications territoriales sur la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie? Nous n’en avons jamais eu. La Pologne a des fantômes historiques et des griefs contre nous. Nous n’avons aucun grief contre la Pologne. Nous voulons seulement rétablir l’unité de notre peuple. Nous ne cherchons pas à acquérir de territoires étrangers.

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FA : Cela signifie-t-il que vous voulez reprendre d’autres parties de l’Ukraine ou certaines parties des pays baltes où il y a d’importantes minorités russes ?

Nikolaï Starikov : Chaque ère historique dicte ses propres formes d’intégration. Auparavant, un empire intégrait un certain territoire. Et ce territoire devenait une partie de l’empire en question. Il y avait des États dans une certaine dépendance des grands empires, mais ils gardaient leur indépendance. À l’époque, les empires se battaient entre eux en essayant de démembrer leurs rivaux par la création de petits États « indépendants » sur le territoire de leurs rivaux, qui finissaient par devenir dépendants d’un certain acteur géopolitique. À titre d’exemple, aujourd’hui, les États européens sont subordonnés aux États-Unis d’Amérique. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que, dans l’Europe d’aujourd’hui, il n’y a pas de véritables Etats indépendants même si certains attributs extérieurs de l’indépendance tels que le Président, le drapeau national ou le sceau sont conservés. Personne ne dit que l’Europe fut légalement occupée par les États-Unis, mais, en fait, ce sont les Américains qui la dirigent. C’est pourquoi je pense que quand quelqu’un affirme que nous voulons inclure des territoires dans notre État, il pense au siècle dernier. Nous voulons rétablir notre influence sur ces territoires et mettre fin à l’influence de nos opposants géopolitiques, en l’occurrence les États-Unis, qui ont conduit à des conflits armés. Peut-être qu’en Europe occidentale, tout le monde ne sait pas que l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie sont trois États habités en réalité par le même peuple. L’Ukraine n’a pas existé dans l’histoire. C’est un projet artificiel de l’Empire austro-hongrois, et il a une date de naissance, la fin du XIXe siècle. Aux États-Unis, les immigrants de ces parties de l’Empire austro-hongrois imprimaient des journaux. Si vous regardez dans un de ces journaux, vous verrez que jusqu’à une certaine date, dans la seconde moitié du XIXe siècle, ils s’appelaient eux-mêmes ruthènes ou russes. Soudainement, dans les mêmes journaux le terme Ukrainiens est apparu. Donc, hier, ils étaient des Ruthènes, aujourd’hui ils sont des Ukrainiens. C’est impossible. L’Ukraine a été créée et elle a été approuvée jusqu’à aujourd’hui par les Américains afin de devenir un État anti-russe et russophobe. Imaginez qu’aux frontières de la Hongrie, un nouvel État, dont l’idéologie et le but de l’existence serait la destruction de la Hongrie, apparaisse. Dans cet État, les habitants seraient hongrois et la langue officielle serait un dialecte hongrois avec un grand nombre de mots allemands et roumains. La langue hongroise serait interdite. Le hongrois ne serait pas étudié dans les écoles et son utilisation serait interdite à la radio et à la télévision. Toute personne ayant le hongrois comme langue maternelle, soit 98% de la population, serait obligée d’écrire tous les documents dans cette nouvelle langue avec beaucoup de mots étrangers. Et tout cela au milieu d’une énorme propagande qui dit aux gens qu’ils sont des Ukrainiens et non des Hongrois et que les Hongrois se sont moqués des Ukrainiens tout au long de leur Histoire. C’est la situation actuelle.

FA : J’ai compris, mais si des millions de personnes disent qu’elles forment une nation, qui peut-il leur refuser ce droit ? Les nations aussi naissent et finissent par mourir. Peut-être, d’un certain point de vue, la naissance de la nation ukrainienne peut être considérée comme artificielle, mais maintenant, elle existe. Et après ? Niez-vous le droit des Ukrainiens d’avoir un État ?

Nikolaï Starikov : À notre époque, les gens découvrent l’émergence de nouvelles nations à la télévision. On leur dit ces choses. C’est un projet absolument artificiel et des millions de personnes n’ont pas leur mot à dire. Par exemple, nous pourrions tirer la conclusion qu’en 1933, 80 millions d’Allemands ont soudainement décidé, pour une raison inconnue, de tuer des Juifs et des communistes et d’occuper toute l’Europe. Il est évident que cette décision n’a pas été prise par des dizaines de millions d’Allemands, mais par un petit cercle de nazis qui sont arrivés au pouvoir. C’est pourquoi je dis que la déclaration selon laquelle des millions de personnes participent au processus de construction de la nation n’est qu’une spéculation politique. Les gens simples sont intéressés par des choses simples : ils veulent un bon travail, un bon salaire, ils veulent élever leurs enfants et vivre en paix. Ils sont inoculés avec la rage, qui à la longue est censée mener à la guerre. Pendant six ans, les Allemands ont été inoculés avec la haine envers les Slaves, les Tsiganes, les Juifs et les communistes. Que s’est-il passé après? Les nazis ont amené les gens à tuer sans pitié. En Ukraine, une propagande similaire est en cours depuis deux décennies. Une génération prête à tuer a été élevée. Aujourd’hui, cette génération tue des gens dans le Donbass. Il n’y a pas de pas combats entre Russes et Ukrainiens dans le Donbass. Là, des représentants du même peuple se combattent. Il y a des personnes avec un prénom et un nom totalement russes qui combattent du côté de l’Ukraine. De même, il y a des personnes avec des noms de famille spécifiques aux régions du sud de la Russie combattant pour le compte du Donbass. Ils parlent la même langue. Dans la majorité des bataillons ukrainiens les plus brutaux, le russe est la langue parlée. Les politiciens ukrainiens parlent seulement ukrainien devant les caméras de télévision. Une fois que les caméras sont éteintes, ils recommencent à parler le russe, qui est leur langue maternelle.

FA : Je comprends votre opinion sur l’Ukraine, mais ne pensez-vous pas que l’Europe centrale, que vous aimeriez voir neutre, est devenue membre de l’OTAN (et l’Ukraine veut faire de même) parce que la Russie n’a pas bien géré fin de l’Union soviétique et n’a pas été en mesure de développer de nouvelles relations avec ces pays ?

Nikolaï Starikov : Nous avons établi de nouveaux types de relations avec ces pays au cours des deux dernières décennies. Nous n’avons pas interféré dans la politique interne et, sous la pression de Washington, nous avons subi des pertes commerciales en vendant du gaz à l’Ukraine à un très petit prix. À la fin, nous avons obtenu un État ennemi à nos frontières et des missiles de l’OTAN qui peuvent atteindre notre capitale en quelques minutes. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas continuer une telle politique.

FA : Que pourrait-on faire sur le plan diplomatique, ainsi qu’à d’autres niveaux, pour aider l’Europe centrale à redevenir neutre ? Comment pouvons-nous avoir un nouveau départ entre la Russie et l’Europe centrale ? Que devrait faire la partie russe ?

Nikolaï Starikov : En tant que réaliste politique, je dirai que la Russie doit s’entendre avec les États-Unis. Et les États-Unis ne peuvent pas et ne parviendront pas à un accord avec nous parce que le but final des politiciens américains n’est pas la paix du monde mais le maintien de la domination à n’importe quel prix, y compris par les conflits militaires.

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FA : Avez-vous une opinion concernant l’Initiative des Trois Mers, un projet qui envisage un réseau de gazoducs et de terminaux GNL pour relier les trois mers – la mer Baltique, l’Adriatique et la mer Noire ?

Nikolaï Starikov : Aujourd’hui, les gazoducs sont des instruments politiques. Nous serions heureux qu’ils soient construits uniquement pour acheminer du gaz du point A au point B. Mais, étant donné qu’ils sont construits dans un but géopolitique, nous appuierons les gazoducs qui sont à notre avantage et à l’avantage de l’Europe. Nous nous opposerons également aux tentatives des Américains de construire des gazoducs dont le but est de nous exclure du processus politique européen. En passant, les Américains agissent de la même manière. C’est la raison pour laquelle la Russie et l’Europe ne peuvent pas construire la deuxième ramification du Nord Stream 2 ou du South Stream, initialement arrêté par la Bulgarie, suivi par la Macédoine, où des émeutes «inattendues» ont éclaté. À l’heure actuelle, il y a une intention de construire ces gazoducs à travers la Turquie.

FA : Une dernière question : ne pensez-vous pas que le monde devient multipolaire et que l’Europe centrale pourrait être l’un de ces pôles ? Ne serait-il pas bon que la Russie cautionne de tels efforts afin de libérer cette région de la domination occidentale et de devenir un voisin et un partenaire indépendant ?

Nikolaï Starikov : Nous exprimons notre désir d’un monde multipolaire parce que ce serait un monde beaucoup plus stable. À mon avis, nous devons soutenir le processus qui a pour but final la création d’un nouveau centre de pouvoir mondial, sur l’ensemble du continent européen (ou des parties de celui-ci).

Presseschau Dezember 2017

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Presseschau - Dezember 2017

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https://www.youtube.com/watch?v=ob-YpAs94YE

Facebook löscht Kommentar zu rassistischer Multi-Kulti-Propaganda

Martin Sellners Antwort auf die „Typisch Deutsch?“-Kampagne

http://www.pi-news.net/martin-sellners-antwort-auf-die-ty...

Auch ohne Arbeit besser als in der Heimat

Von Thilo Sarrazin

http://www.achgut.com/artikel/auch_ohne_arbeit_besser_als...

"Die Menschen spüren, dass Europa insgesamt die Kontrolle verloren hat"

Der frühere polnische Außenminister Radoslaw Sikorski kritisiert im Interview der NZZ die Flüchtlingspolitik von Angela Merkel.

https://www.nzz.ch/international/die-menschen-spueren-das...

Karl Lagerfeld nennt Flüchtlinge "Feinde" der Juden

Der deutsche Modedesigner Karl Lagerfeld sorgt mit einer harschen Kritik an Angela Merkels Flüchtlingspolitik für Aufsehen.

https://bazonline.ch/panorama/leute/karl-lagerfeld-nennt-...

Staatliches Gewaltmonopol: Eine persönliche Geschichte

von Johannes Konstantin Poensgen

https://sezession.de/57475/das-problem-des-staatlichen-ge...

Radikale Prediger

Emirate kritisieren lasche Kontrollen von deutschen Moscheen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/emirate-kri...

Düsseldorf

Polizisten verletzt

Kurdische Gemeinde distanziert sich von Ausschreitungen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/kurdisc...

Frankfurt

Über den Zaun an der Startbahn West geklettert

Aufregung am Flughafen: Flüchtling wollte nach Italien

https://www.op-online.de/region/frankfurt/nach-aufregung-...

Essener Hauptbahnhof

Bis zu 200 Einwanderer sprengen Halloween-Veranstaltung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/bis-zu-...

Spezialeinheit für den Alex

Ein Platz unter Polizeischutz

https://www.berliner-kurier.de/berlin/polizei-und-justiz/...

Zwei „psychisch labile“ Merkel-Gäste

Nürnberg-Südstadt: Schüsse, Macheten und „Allahu Akbar“-Schreie

http://www.pi-news.net/nuernberg-suedstadt-schuesse-mache...

Audi-Zentrum Landshut: Mein Auto, mein Land, meine Psychose

Syrischer „Flüchtling“ fordert sein Auto: „Frau Merkel bezahlen…“

http://www.pi-news.net/syrischer-fluechtling-fordert-sein...

Polizeifahndung

Brutaler Angriff: Polizei sucht Schläger vom Alexanderplatz

Mit Fotos aus der Überwachungskamera sucht die Polizei mehrere Personen, die am Alexanderplatz zwei Männer verletzt haben sollen.

https://www.morgenpost.de/berlin/polizeibericht/article21...

Berliner Kinderbauernhof: Mann (23) vergeht sich sexuell an Pony

https://rtlnext.rtl.de/cms/berliner-kinderbauernhof-mann-...

http://www.wochenblatt.de/boulevard/regensburg/artikel/21...

Italienische Staatsbürger

„Spaß erlaubt“: Polizei nimmt Obdachlosen-Anzünder fest

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/spass-e...

(Die Überschrift ist natürlich irreführend. Es handelt sich nicht um "hessische Autoknacker", sondern, wie der Artikel dann zeigt "organisierte Banden aus Osteuropa", die – nicht nur – in Hessen Autos stehlen.)

Hessische Autoknacker spezialisieren sich: Vor allem Lenkräder und Airbags sind begehrt

http://www.allgemeine-zeitung.de/lokales/polizei/hessisch...

Kein Aufschrei und keine Lichterketten der üblichen "Rassismus-Riecher"

Düsseldorf: Araber-Gang attackiert Passanten mit Messerstichen

http://www.pi-news.net/duesseldorf-araber-gang-attackiert...

Falsche Identität und Todesdrohungen

Dortmund: Polizei nimmt grapschenden Afrikaner fest

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/dortmun...

Merkel-Gäste zeigen sich erkenntlich: Landfriedensbruch - Körperverletzung - Sachbeschädigung

Essen: Syrer zerlegen Tchibo-Filiale

http://www.pi-news.net/essen-syrer-zerlegen-tchibo-filiale/

(Beim Kölner Stadt-Anzeiger sind es "Jugendliche". Erst im letzten Abschnitt wird im Text auf die syrische Herkunft hingewiesen. Immerhin.)

Essener Hauptbahnhof

Jugendliche zerlegen Tchibo-Filiale und verletzen Ladendetektiv https://www.ksta.de/region/essener-hauptbahnhof-jugendlic...

Blutige Folgen von Merkels Grenzöffnung

Das Opfer von Sachsenhausen klagt an

http://www.bff-im-roemer.de/index.php?id=44&no_cache=...

Ausländerkriminalität

Möglichst keine Details

http://sichtplatz.de/?p=9620

Bayern

Belästigungen und Diebstähle: Linke Bar sperrt Flüchtlinge aus

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/belaest...

Offenbach

Sicherheitsmaßnahmen werden verschärft

Punsch zwischen Betonpollern

https://www.op-online.de/leben/weihnachten-ere44823/beton...

Mann rast mit Pkw in Gruppe

Autoattacke mitten in Cuxhavens City

https://www.cn-online.de/stadt-land/news/autoattacke-mitt...

Bei Hausbesuch

Syrer vergewaltigt Sozialarbeiterin im Dienst

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/syrer-v...

Woman, 32, is left with a horrific head wound after three Asian thugs beat her in the street in a 'racially aggravated' attack

http://www.dailymail.co.uk/news/article-5130171/Woman-lef...

(Kriminalfälle-Sammlung)

Bunte Republik Deutschland

http://www.achgut.com/artikel/bunte_republik_deutschland

(Kriminalfälle-Sammlung)

Bunte Republik Deutschland, Fortsetzung

http://www.achgut.com/artikel/bunte_republik_deutschland_...

KLdez5.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

Die tödliche Verwahrlosung der deutschen Hauptstadt

http://www.achgut.com/artikel/die_verwahrlosung_berlins_i...

Bibel-Museum in Washington D.C. eröffnet heute

https://www.pro-medienmagazin.de/gesellschaft/weltweit/20...

Freiheit im Internet

Zensur durch Regierungen nimmt zu

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/zensur-durc...

FDP-Wahlversprechen

Internetverband fordert Stop von Anti-Haß-Gesetz

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/interne...

Gesetzesinitiative

AfD sagt NetzDG Kampf an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/afd-sag...

Anordnung

Zürcher Polizei darf Herkunft von Straftätern nicht mehr nennen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/zuercher-po...

Schulen in Deutschland

„Sprachschwierigkeiten, schlimmste soziale Verhältnisse“

https://www.welt.de/politik/deutschland/article170324917/...

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1240

Deutsche Hochschulen

Gemeinschaft von Gläubigen

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/gemeinsch...

Das 3. Geschlecht und seine Folgen

Nicht das 3. Geschlecht ist das Problem. Der Umgang damit.

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/nicht-das...

LGBT-Lobby

New Yorks U-Bahn-Ansprachen ab sofort geschlechtsneutral

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/new-yorks-u...

Nach Protest der Académie Française

Frankreich schafft geschlechtergerechte Schreibweise ab

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/frankreich-...

Sexismus

Macron will Maßnahmenpaket gegen Sexismus

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/macron-will...

Penny-Gayt

Endlich! Auch der Nikolaus outet sich als schwul

http://www.pi-news.net/endlich-auch-der-nikolaus-outet-si...

„Agent*In“

Linker Soziologe will Anti-Gender-Pranger fortführen

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/linker-...

Gender

Lehrer suspendiert, weil er Transgender-Schüler falsch ansprach

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/lehrer-susp...

Gendertheorie

Evangelische Kirche in Schweden macht Gott geschlechtsneutral

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/evangelisch...

Durchgeknallt

Hass-Aktivismus: Homosexueller Islamkritiker soll zum „Homophoben des Jahres 2017“ erklärt werden

https://philosophia-perennis.com/2017/10/21/hass-aktivism...

(Einsatz gegen Rassismus und Homophobie)

"Let's dance" im Big AppleStadt

New York hebt uraltes Tanzverbot auf

https://www.n-tv.de/panorama/Stadt-New-York-hebt-uraltes-...

(Zum Feminismus aus Sexualneid)

#menot

von Ellen Kositza

https://sezession.de/57484/#menot

Urteil gegen Ärztin

"Mehr als vorgestrig"

Die Ärztin Kristina Hänel muss eine Strafe zahlen, weil sie für Schwangerschaftsabbrüche geworben haben soll. Ihre Anwältin ist entsetzt. Die wichtigsten Fragen in diesem umstrittenen Fall.

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/aerztin-kristina-ha...

Wegen Sexismus

Englische Mutter will „Dornröschen“ verbieten

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/englische-m...

Schweden

Pippi-Langstrumpf-Hörspiel sorgt für Polizeieinsatz

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/pippi-langs...

Hochschulverbandspräsident

„Das Klima der Political Correctness ist bedenklich“

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/das-kli...

Netzwerkdurchsetzungsgesetz

Die Säuberungswellen laufen an

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/die-saeuberun...

Leipzig Uni will gegen rassistischen Professor vorgehen

http://www.spiegel.de/lebenundlernen/uni/leipzig-minister...

Rassismusvorwürfe

Universität Leipzig prüft dienstrechtliche Schritte gegen Professor

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/univers...

(Dazu…)

Sonntagsheld (38) - Bringt die Geschütze in Stellung

https://sezession.de/57482/sonntagsheld-(38)bringt-die-ge...

Universität Leipzig: Linke Ideologie vs. Bildung

Linke Hetzjagd auf Leipziger Uniprofessor Rauscher geht weiter!

http://www.pi-news.net/linke-hetzjagd-auf-leipziger-unipr...

Klage gegen Konzerthaus-Chef

Gabalier scheitert vor Gericht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/andreas...

Der FAZ-Leninist Dietmar Dath und die „Schmarotzmonster“

https://sezession.de/57474/?komplettansicht=1

Die Verewigung der Vergangenheit

Immer wieder taucht der Begriff „Schuld“ in den politischen Diskussionen auf. Besonders beim Wort „Schuldkult“ regt sich in unserem Gastautor Felix Ludwig Widerspruch. Eine Gegenhypothese.

https://sezession.de/57476/?komplettansicht=1

Kanada

Antifa calls Jewish Defense League "Nazis"

https://www.youtube.com/watch?v=CGIW0I7hy4g

Vorwürfe gegen "Defend Europe"

Sellner: "Die linke Presse will uns das in die Schuhe schieben"

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2017/sellner-d...

Dekonstruktion, die AfD und Juli Zehs Molotowcocktail

https://sezession.de/57477/

Lust an der Empörung

"Moralismus mit totalitären Zügen"

Der Philosoph Alexander Grau plädiert dafür, mehr Dissens zuzulassen. Zur Zeit dominiere in gesellschaftlichen Debatten ein "Tonfall hochgeschraubter Moralität", kritisierte Grau im Dlf. Sachfragen kämen zu kurz. Die "Hegemonie des hypermoralistischen Diskurses" diskreditiere Nonkonformisten.

http://www.deutschlandfunk.de/lust-an-der-empoerung-moral...

Antisemitismus

Der Beginn der Unterwerfung

Von Mathias Döpfner

https://www.welt.de/debatte/kommentare/article170728821/D...

Islam und Wissenschaft. Ein Gegensatz? Gründe für den Niedergang der Blütezeit des Islams

http://lynxx-blog.blogspot.de/2011/06/islam-und-wissensch...

Sturz in den Schatten

Der Islam erlebte sein Goldenes Zeitalter, während Europa im Mittelalter stagnierte. In der Neuzeit aber fiel das Morgenland weit hinter das Abendland zurück - eine schlüssige Erklärung dafür steht noch aus.

http://www.spiegel.de/spiegel/spiegelgeschichte/d-7396692...

Vorbild Ibtihaj Muhammad

Mattel bringt Kopftuch-Barbie auf den Markt

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/mattel-...

Kopftuch-Hype

Lautloses Einsickern

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/lautloses...

Bands, Lichteffekte, Lounge-Atmosphäre

So will die evangelische Kirche Jugendliche erreichen

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/so-will-die-ekd-juge...

Hufftingtonpost - wo geistige Armut über den Islam nachdenkt

Akif Pirinçci: Der diskrete Charme der Frauenverachtung

http://www.pi-news.net/akif-pirincci-der-diskrete-charme-...

Kunstinstallation

Berlin-Kreuzberg: Attentäter von Paris wird als Märtyrer ausgestellt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/berlin-...

Pirelli-Kalender 2018 : „Alice im Wunderland“ mal anders

Naomi Campbell, Sean „Diddy“ Combs, Whoopi Goldberg und ein paar umwerfend schöne, schwarze Models: Der Pirelli-Kalender 2018 ist eine Hommage an schwarze Menschen. Fotograf Walker hofft, dass seine Botschaft ankommt.

http://www.faz.net/aktuell/stil/mode-design/pirelli-kalen...

Indonesien

Keine Selfies mehr mit Adolf

Museum schafft Hitler-Wachsfigur ab

http://www.n-tv.de/panorama/Museum-schafft-Hitler-Wachsfi...

In Trondheim

Norwegische Studenten feiern in Nazi-Uniformen

http://www.focus.de/panorama/welt/in-trondheim-norwegisch...

100 Jahre Kommunismus. 100 Millionen Tote.

http://www.achgut.com/artikel/100_jahre_kommunismus._100_...

Schönheit versus Nahostkrieg

Foto von Miss-Irak und Miss-Israel verursacht arabischen Shitstorm

http://www.pi-news.net/foto-von-miss-irak-und-miss-israel...

(Thorsten Schulte)

Umstrittener Bestsellerautor : Der Provokateur

http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/afd-sympathisant-un...

US-Sektengründer und Serienmörder

Charles Manson ist tot

http://www.spiegel.de/panorama/leute/charles-manson-serie...

Das war's. Diesmal mit: Narren, Närrinnen und Süßigkeiten

https://sezession.de/57479/das-war's.-diesmal-mit:-narren...

Neuer EU-Hammer: Warum Ihre Banking-PIN bald unsicher ist

http://www.chip.de/news/Neuer-EU-Hammer-Warum-Ihre-Bankin...

(Zum Smartphone- und Online-Wahn)

KenFM im Gespräch mit: Manfred Spitzer ("Cyberkrank!")

https://www.youtube.com/watch?v=dxicBvXv-DM

Geschichte, Archäologie

Fernhandel provozierte größte Schlacht der Bronzezeit

https://www.welt.de/geschichte/article171024374/Fernhande...

Ich hab damals zwei AfD-ler im Keller versteckt – Sätze, die wir in einigen Jahren en masse hören werden

https://juergenfritz.com/2017/11/26/ich-hab-zwei-afd-ler-...

(Wieder mal ein Film zur "Neonazi"-Gefahr…)

"Aus dem Nichts": Schaut auf dieses Gesicht

Fatih Akins Film "Aus dem Nichts" lebt ganz von den Großaufnahmen, die seine Hauptdarstellerin Diane Kruger zeigen.

http://www.zeit.de/2017/48/aus-dem-nichts-diane-kruger-fa...

(Und die nächste "Neonazi"-Klamotte…)

"Familie Braun"

ZDF-Serie gewinnt internationalen Emmy

Am Montagabend wurden die "International Emmys" in New York verliehen. Neben Großbritannien, dem Abräumer des Abends, kann sich auch Deutschland freuen: Die ZDF-Serie "Familie Braun" erhielt eine der begehrten Auszeichnungen.

https://www.stern.de/kultur/tv/zdf-serie--familie-braun--...

http://www.filmstarts.de/nachrichten/18515752.html

(Nun wird auch noch "Ötzi" für den Kampf gegen "Fremdenhass" missbraucht…)

Steinzeitmann

"Der Mann aus dem Eis": Jürgen Vogel begeistert als "Ötzi"

https://www.volksstimme.de/kino/filmbesprechung/der-mann-...

 

mercredi, 06 décembre 2017

Die Unmöglichkeit des Dialogs in der Demokratie

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Die Unmöglichkeit des Dialogs in der Demokratie

L'immigrationnisme des libéraux a pour origine leur conception individualiste de la société

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L'immigrationnisme des libéraux a pour origine leur conception individualiste de la société

par Robert Skidelsky

Ex: http://lesalonbeige.blogs.com

Robert Skidelsky, professeur émérite d'économie politique à l'université de Warwick, publie une analyse dans Les Echos

"La sociologie, l'anthropologie et l'histoire ont apporté d'importantes avancées au débat sur l'immigration. Elles permettent notamment d'affirmer que l'hostilité à l'égard de l'immigration de masse ne peut être réduite à une protestation contre les pertes d'emplois, la baisse des salaires et les inégalités croissantes. L'économie a certainement joué un rôle dans la montée de la politique d'identité, mais la crise d'identité ne sera pas simplement effacée par des réformes économiques. Le bien-être économique n'est pas la même chose que le bien-être social.

Commençons malgré tout par l'économie, en utilisant le Royaume-Uni, qui s'apprête à sortir de l'UE, comme un cas d'espèce. Entre 1991 et 2013, il y a eu un afflux net de 4,9 millions de migrants nés à l'étranger en Grande-Bretagne. La théorie économique nous dit que l'immigration nette, comme le libre-échange, ne profite à la population autochtone qu'avec un certain retard. L'argument ici est que si l'on augmente la quantité de main-d'oeuvre, son prix (les salaires) baisse. Cela permet d'augmenter les bénéfices. L'augmentation des bénéfices conduit à davantage d'investissements, qui vont augmenter la demande de main-d'oeuvre, ce qui va renverser la première tendance à la baisse des salaires. L'immigration permet ainsi à une population plus nombreuse de jouir du même niveau de vie que la population moins nombreuse dans la situation précédente, d'où une nette amélioration du bien-être total.

Une étude récente de l'économiste de l'université de Cambridge Robert Rowthorn a toutefois montré que cet argument comporte de nombreuses lacunes. Les prétendus effets temporaires en termes de travailleurs autochtones déplacés et de salaires plus bas peuvent durer cinq ou dix ans, alors que les effets bénéfiques supposent une absence de récession. Et même sans récession, s'il y a un afflux de migrants, plutôt qu'une augmentation exceptionnelle de la taille de la main-d'oeuvre, la demande de main-d'oeuvre peut constamment être en retard sur la croissance de l'offre. La « thèse selon laquelle les migrants occupent les emplois de travailleurs locaux et poussent leurs salaires vers le bas est peut-être exagérée, dit Rowthorn, mais elle n'est pas toujours fausse ».

Un deuxième argument économique est que l'immigration va rajeunir la main-d'oeuvre et va stabiliser les finances publiques, parce que les jeunes travailleurs importés vont générer les impôts nécessaires pour financer un nombre croissant de retraités. La population britannique devrait dépasser les 70 millions d'habitants avant la fin de la prochaine décennie, soit une augmentation de 3,6 millions, ou 5,5 %, en raison de l'immigration nette et de l'excédent des naissances sur les décès parmi les nouveaux venus. Rowthorn rejette cet argument. « Pour maintenir une fois pour toutes une réduction du taux de dépendance, il faut un flux incessant de migrants. Une fois que l'afflux s'arrête, la structure des âges revient à sa trajectoire d'origine. » Ainsi, même avec des résultats optimaux comme l'évitement de la récession, les arguments économiques en faveur de l'immigration à grande échelle ne sont guère concluants. Ainsi le noeud de la question est vraiment son impact social. 

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David Goodhart, ancien rédacteur en chef de la revue « Prospect », a plaidé en faveur de la restriction d'un point de vue social-démocrate. Il tient pour acquis que la plupart des gens préfèrent vivre avec leurs semblables et que les décideurs doivent prêter attention à cette préférence. Une attitude de laisser-faire quant à la composition de la population d'un pays est aussi intenable que l'indifférence quant à sa taille. Pour Goodhart, l'origine de l'hostilité des libéraux à propos des contrôles migratoires est leur conception individualiste de la société. À défaut de comprendre l'attachement du peuple à des communautés sédentaires, ils taxent l'hostilité à l'égard de l'immigration de réaction irrationnelle ou raciste.

Un afflux trop rapide de migrants affaiblit les liens de solidarité et érode à long terme les liens affectifs nécessaires pour maintenir l'Etat providence. « Les gens préféreront toujours leur propre famille et leur propre communauté, affirme Goodhart, c'est la tâche d'un libéralisme réaliste de s'efforcer d'obtenir une définition de la communauté suffisamment large pour inclure les personnes de différentes origines, sans être trop large au point de perdre toute signification. » Les libéraux économiques et politiques sont associés dans la défense d'une immigration sans restriction. Les libéraux économiques considèrent les frontières nationales comme des obstacles irrationnels à l'intégration mondiale des marchés. De nombreux partis politiques libéraux considèrent les Etats-nations et les loyautés qu'ils inspirent comme des obstacles à l'intégration politique plus large de l'humanité.

Sur ce point se joue le plus vieux débat des sciences sociales. Les collectivités peuvent-elles être créées par la politique et les marchés, ou bien est-ce qu'elles présupposent un sentiment d'appartenance ? Il me semble que quiconque réfléchit à ces questions est forcé d'accepter avec Goodhart que la citoyenneté, pour la plupart des gens, est une chose dans laquelle ils sont nés. Si la composition d'une communauté se modifie trop rapidement, cela arrache les gens à leur propre histoire, en en faisant des déracinés. L'anxiété des libéraux de ne pas passer pour des racistes leur cache ces vérités. Une explosion de ce que l'on appelle actuellement le populisme est une conséquence inévitable.

La conclusion politique à tirer est banale, mais il est bon de la rappeler. La tolérance d'un peuple au changement et à l'adaptation ne doit pas être étendue au-delà de ses limites. Plus précisément, l'immigration ne doit pas être poussée trop loin, parce qu'elle déclenchera à coup sûr l'hostilité."

mardi, 05 décembre 2017

L'Iran en train de s'imposer au Moyen-Orient au détriment de l'Arabie Saoudite

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L'Iran en train de s'imposer au Moyen-Orient au détriment de l'Arabie Saoudite

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les forces chiite Houthis sont en voie de prendre le contrôle complet du Yémen. Elles en éliminent progressivement les représentants du gouvernement se disant légitime de Sanaa, la capitale. Elles devraient prochainement la conquérir entièrement, ainsi qu'une partie de plus en plus étendue des provinces stratégiques du sud du pays.

Elles viennent d'annoncer la mort de l'ancien président, Ali Abdallah Saleh, tué dans des affrontements à Sanaa. Celui-ci était leur allié, jusqu'au moment où il s'était enfui pour leur échapper et s'était réfugié en Arabie saoudite.Il suffit de regarder une carte du Yémen pour comprendre l'intérêt stratégique du pays au profit de celui qui le contrôle. Il commande très largement le trafic maritime dense qui circule en Mer Rouge à partir ou vers le canal de Suez.

C'est la raison pour laquelle l'Arabie saoudite, avec le soutien des Etats-Unis, s'efforce depuis des mois d'en éliminer les Houthis, tribus chiites du nord du pays, en guerre contre le gouvernement officiel, allié depuis le début des pétro-monarchies sunnites. En fait, elle a surtout bombardé les populations, détruit les cultures vivrières et engendré les morts, les famines et les épidémies qui dévastent actuellement le Yémen

Or l'Iran est en train de s'imposer comme puissance dominante au Moyen-Orient. Son objectif est de remplacer dans ce rôle l'Arabie Saoudite. Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait décidé depuis le début de soutenir les rebelles Houthis. Bien qu'elle s'en défende, elle l'a fait en leur fournissant des armes et semble-t-il quelques contingents de combattants. Cette perspective était insupportable pour Ryad. L'Arabie avait donc décidé d'attaquer les positions Houthis avec notamment des moyens aériens considérables et des armes modernes acquis aux Etats-Unis. Mais les Saoudiens sont de piètres miliaires. Ils n'ont jamais réussi à se débarrasser des Houthis.

Ils ne réussiront pas davantage aujourd'hui, autant que l'on puisse le pronostiquer, à les empêcher de s'emparer de la partie utile du Yemen. Les efforts impuissants de l'héritier du trône saoudien Mohammad bin Salman, le montrent amplement. 

L'ennui est que, comme indiqué, ce sera inévitablement l'Iran qui profitera de cette impuissance, au détriment de l'Arabie saoudite. L'Iran vient de déclarer, par la voix de son président Hassan Rohani, que les Yéménites vainqueurs allaient faire regretter leurs actions aux "agresseurs", dans une allusion à l'Arabie saoudite. 

L'axe chiite

Mais si l'Iran est en train de cerner l'Arabie par le sud, elle est depuis bien plus longtemps en bonne voie pour le faire par le nord. Elle est l'élément le plus actif de la coalition politico-militaire dit « axe chiite » qui est en train de se former et qui réunira l'Iran, la Syrie et une partie de l'Irak. L'objectif, comme nous l'avons souvent relaté ici, est non seulement d'affirmer les Chiites en face des Sunnites, mais d'éliminer du Moyen-Orient l'influence et les intérêts américains. Nul n'ignore en effet que depuis plus de 15 ans, ce sont les politiques désastreuses de Washington qui ont provoqué de nombreux conflits et des centaine de millions de morts.

L'Iran est d'autant plus motivée aujourd'hui pour jouer un rôle déterminant au sein de l'axe chiite que le président américain affirme en toutes circonstances que l'Iran est un ennemi organique des Etats-Unis et doit donc être rapidement détruite. Pour ce faire, il semble compter en premier lieu sur l'Arabie saoudite. Un des premiers objectifs de l' « axe chiite » en cours de mise en place sera donc, même s'il s'en défende, de neutraliser une Arabie alliée de Washington.

La Russie, pour sa part, a toujours encouragé l' « axe chiite », notamment à travers Damas et dans une moindre mesure Téhéran. Il est en effet vital pour elle de résister aux efforts américains qui cherchent à l'éliminer de la région, et notamment de ses bases en Syrie.

Mais peut-on craindre qu'elle profite des échecs de Ryad pour prendre des postures beaucoup plus agressives à l'égard de la coalition militaire américano-arabe, et au profit de Téhéran. Cela ne semble pas être dans le caractère de Vladimir Poutine, qui a toujours préféré les négociations. Au Moyen-Orient, certes, il n'acceptera jamais de se voir éliminer au profit de Washington, avec l'appui des Saoudiens. Cependant, il continue à entretenir différents types de dialogues avec ceux-ci. On ne doit sans doute pas, à Moscou, renoncer à la perspective de relations apaisées avec les monarchies sunnites. 

dimanche, 03 décembre 2017

Qui est derrière la campagne américaine de dénonciations sexuelles?

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Qui est derrière la campagne américaine de dénonciations sexuelles?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Loin de nous l'idée de nier que, notamment dans la vie professionnelle ou dans certaines rues, les femmes sont victimes de harcelement et chantages de la part des hommes. Celui-ci vise à obtenir d'elles des relations sexuelles auxquelles elles se refusent pour diverses raisons.

Le mouvement féministe en France a donc parfaitement raison d'encourager les femmes à ne pas céder à de tels chantages et dénoncer, quand cela est justifié, les hommes qui s'y livrent. Elles ont d'autant plus de mérites à le faire que ces hommes disposent de pouvoirs dont ils ont la possibilité d'abuser à leur égard. On peut donc considérer que la campagne dite « denoncetonporc », est légitime, malgré le relent nécessairement vichyssois qu'entraine avec lui le terme de dénonciation.

Lorsque ce sont des individus masculins bien identifiables qui sont ainsi dénoncés, et non des comportements généraux, comme le voulaient initialement quelques initiatrices de cette campagne, il est bien évident par contre que, comme toute dénonciation en justice, elle doit s'appuyer sur des preuves ou au moins de fortes présomptions. L'homme dénoncée doit aussi avoir le droit de se défendre, y compris en justice.

En France, la campagne de dénonciation des abus masculins à l'égard de femmes n'ayant pas suffisamment de moyens pour se défendre a pris une certaine ampleur, justifié par l'universalité des comportements « machistes » agressifs. Mais elle reste dans des limites raisonnables. Elle ne doit pas non faire oublier aux femmes qu'en premier lieu, quand elles sont libres de le faire, elle doivent être assez fortes pour se défendre elles-mêmes, avant de chercher de l'aide ailleurs.

Aux Etats-Unis, comme il fallait s'y attendre, les processus sociaux de refoulement de la sexualité, qu'il s'agisse de celle des hommes ou de celles des femmes, ont profité de la campagne de dénonciation pour réinstaurer le puritanisme profond d'origine religieuse qui a toujours marqué la société américaine. On avait pu penser dans les années 1960/2000 que la société américaine avait commencé à s'affranchir de ce puritanisme cachant une grande angoisse devant la sexualité, paralysant autant les hommes que les femmes. Mais « chassez le naturel, il revient au galop ». La campagne de dénonciation des abus masculins prend une telle ampleur qu'elle devient suspecte. C'est manifestement sur les efforts récents de libération sexuelle accomplis par les américains et américaines qu'elle s'efforce de revenir.

Il y a pire. Comme l'indique l'article du World Socialist Web Site dont on trouvera ci-dessous une version française, les 1% de super-puissants et de super-riches qui dominent le monde actuel tirent grand profit de cette campagne. Pendant que l'on dénonce les harcèlements sexuels, on ne dénonce pas les pouvoirs de toutes sortes qu'ils se sont arrogés pour aliéner le monde. « Dénoncez, dénoncez, braves gens, et laissez nous pendant ce temps faire nos petites affaires ».

Comme c'est aux Etats-Unis que la domination des multinationales financières est la plus généralisée, il ne faut pas s'étonner que ce soit aux Etats-Unis que les campagnes de type « dénonce ton porc » rencontrent le plus de succès. Ces multinationales ont fait ce qu'il fallait pour lui donner le plus de retentissement médiatique possible.

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Référence

Repressive political agenda of the “sexual harassment” campaign comes into the open
David Walsh 
28 november 2017

http://www.wsws.org/en/articles/2017/11/28/marc-n28.html

Version française
L'article est long, mais il mérite la lecture. Il s'agit d'une véritable thèse de sciences humaines. Le WSWS nous pardonnera cet emprunt, qui est un hommage à sa lutte pour ce qu'il nomme « les droits démocratiques ».
http://www.wsws.org/fr/articles/2017/11/30/rpao-n30.html

Les intentions politiques répressives derrière la campagne contre le «harcèlement sexuel» plus évidentes que jamais

Par David Walsh 
30 novembre 2017

Le torrent d'allégations et de dénonciations d'inconduite sexuelle contre des personnalités médiatiques, des personnalités hollywoodiennes et des politiciens continue d'affluer sans relâche. Rien ne semble plus obséder la classe moyenne supérieure aux États-Unis, sauf peut-être Vladimir Poutine. Entretemps, les masses populaires aux États-Unis vivent leur vie dominée par des problèmes économiques et sociaux.

La présente campagne n'a rien à voir avec la protection des femmes – et surtout pas des femmes de la classe ouvrière – contre le harcèlement sexuel, sans parler de la violence criminelle et autres formes d'exploitation et de répression qu'elles vivent. Avec chaque jour qui passe, les intentions politiques réactionnaires, antidémocratiques et socialement et politiquement répressives de la campagne actuelle menée par les médias deviennent de plus en plus explicites.

Quiconque suffisamment aliéné ou naïf pour s'être fait avoir devrait reprendre ses esprits avec toute la saleté qui émerge maintenant, notamment l'article dément de Stephen Marche publié dimanche dans le New York Times sur la brutalité de la libido masculine, et dans lequel l'auteur déclare que l'autocastration, rien de moins, peut être une réponse au problème.

La campagne contre l'inconduite sexuelle a commencé dans le Times et le New Yorker avec les présumés méfaits de Harvey Weinstein. Tout le monde peut probablement être induit à détester ce gros magnat d'Hollywood. Mais tout cela s'inscrivait simplement dans un processus d'acclimatation en vue de prendre les gens au dépourvu.

Cette croisade est devenue depuis une opération ouvertement de droite dégageant une odeur toujours plus prononcée de réaction et de répression. De façon extraordinaire, des incidents survenus dans l'industrie du divertissement se transforment maintenant en un appel à la restauration de contrôles stricts sur l'activité sexuelle.

Dans une inhabituelle chronique du Washington Post, «Let's Rethink Sex» (Repensons le sexe), Christine Emba explique à ses lecteurs ce qu'elle considère être un malentendu commun, à savoir «qu'il y aurait une certaine quantité de sexe que nous devrions obtenir ou que l'on devrait du moins être autorisé à poursuivre. Suite à cela vient l'hypothèse que la capacité de poursuivre et de satisfaire nos désirs sexuels... est primordiale.»

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Emba poursuit en expliquant que «puisque les excès de notre éthique sexuelle actuelle se heurtent à leurs conséquences, un réajustement inconfortable devra se produire. S'adapter à cette nouvelle compréhension peut signifier moins de sexe pour certains, à court terme, et plus d'anxiété pour plusieurs. Dommage...». Puis elle conclut: «Nous ne mourrons pas d'avoir moins de sexe (en effet, cela n'est jamais arrivé à qui que ce soit). D'une certaine façon, les gens trouveront toujours des moyens de se rencontrer, de s'accoupler et de propager l'espèce. Si vous êtes une personne décente, la perspective d'une éthique sexuelle plus claire et plus restreinte ne devrait pas vous effrayer.»

L'argument selon lequel la répression sexuelle «n'a jamais tué personne», et qu'en fait que cela pourrait être un bien positif, est digne de Cotton Mather. En effet, ce ministre protestant de la Nouvelle-Angleterre puritaine conseillait aux jeunes et aux adultes d'éviter toute stimulation sexuelle et de contrôler les désirs qui «sommeillent dans votre cœur».

Nous pourrions demander qui a nommé Emba, cette ancienne critique du «Hilton Kramer Fellow» au New Criterion, une publication de droite, et dont les écrits ont paru dans la National Review, comme Gauleiter sexuel des États-Unis? Pourquoi devrait-on en effet prêter la moindre attention à ses prescriptions morales misérables et à ses définitions de ce qu'est la «décence»? Il n'est pas difficile de supposer qu'Emba a une pile de «A» écarlates dans son placard prêts à être déployés au besoin.

D'où viennent toutes ces idioties? Nul doute que de toute cette réaction apparaîtra – à la grande surprise et au désarroi de certains – des efforts pour interdire toutes sortes d'activités sexuelles, y compris les relations extraconjugales, ou la «fornication» pour reprendre les termes d'Emba, le mariage homosexuel et autres formes de sexualité désapprouvées par ces nouveaux Victoriens.

Abordant les choses sous un angle légèrement différent, un commentaire du Sunday Times intitulé «The Unexamined Brutality of the Male Libido» (La brutalité ignorée de la libido masculine) de Marche, un écrivain torontois bien lié aux médias et à l'establishment politique canadien, relève tout simplement du délire.

Marche fait référence à «la nature des hommes en général», au «grotesque de leur sexualité», à «la laideur et la dangerosité de la libido masculine», à «la brutalité implicite de la sexualité masculine» et cite la thèse de la «féministe radicale» ultraréactionnaire Andrea Dworkin selon laquelle «le seul sexe entre un homme et une femme qui peut être entrepris sans violence est le sexe avec un pénis flasque.» Marche poursuit en invoquant, du fait de son contexte, l'exemple du «grand théologien catholique Origène (qui vécut au IIIe siècle après J.-C.) qui s'est castré.»

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Par la suite, Marche poursuit l'élaboration de son mythe et de son conte de fées à propos de la «peur de la libido masculine», expliquant qu'«un vampire n'était qu'un homme puissant de l'ancien temps avec une faim insatiable pour la jeune chair» et rajoutant que «les loups-garous n'étaient que des hommes perdant régulièrement le contrôle de leur nature bestiale».

Impliquant que le sexe est une maladie, Marche affirme qu'«il ne reste plus aucun remède au désir humain». Que devrait-on faire alors? Faisant référence à Freud, il écrit: «L'idée du complexe d'Œdipe contient comme argument implicite la nécessité d'une répression acharnée: si vous laissez les garçons être des garçons, ils finiront par assassiner leur père pour coucher avec leur mère.»

Mais tout ce délire ne s'arrête pas là. «L'ère post-Weinstein sera une ère de pessimisme sexiste», car il se pourrait bien qu'il n'y ait «pas de réconciliation possible entre les idéaux propres et brillants de l'égalité des sexes et les mécanismes du désir humain». Prenant un autre chemin qu'Emba, Marche n'en arrive pas moins à la même destination, proclamant triomphalement que «la morale sexuelle, à laquelle résistent depuis longtemps les libéraux, revient avec un esprit de vengeance», et, avec une satisfaction évidente, il souligne que «nous revenons à la honte comme forme sociale primaire de contrôle sexuel».

Marche conclut plus ou moins comme suit: «Si vous voulez être un homme civilisé, vous devez réfléchir à ce que vous êtes. Prétendre être quelque chose d'autre – une quelconque fiction que vous préféreriez être – n'aidera en rien. Ce n'est pas la morale, mais la culture – le fait d'accepter notre monstruosité et de vivre avec – qui peut nous sauver.» Un tel aveu évoque des images de moines se flagellant et s'immergeant dans l'eau glacée et diverses formes d'automutilation. Marche argumente explicitement que l'enjeu ici est la suppression de la libido masculine.

Cette haine contre lui-même est-elle une prise de position conçue pour s'attirer les faveurs de la foule partisane de la politique du genre ou est-elle authentique? Peut-être que seul M. Marche peut répondre à cette question. Mais quelle que soit la réponse, ses idées malades et pourries n'en sont pas moins publiées dans le New York Times. Seules les intentions politiques les plus profondément réactionnaires peuvent utiliser des conceptions aussi toxiques.

Le mépris des droits démocratiques dans la campagne contre le harcèlement sexuel apparaît de plus en plus clairement.

De plus en plus, les commentateurs expriment le plus grand manque d'intérêt qui soit quant à l'innocence ou la culpabilité des accusés.

Ainsi, Emily Lindin, chroniqueuse de Teen Vogue, explique sur Twitter: «Je ne suis pas le moins du monde préoccupée par le fait que des hommes innocents puissent perdre leur emploi suite à de fausses accusations d'agression sexuelle ou de harcèlement», puis renchérit par la suite: «Si la réputation d'un homme innocent doit prendre un coup dans le processus pour défaire le patriarcat, c'est un prix que je suis absolument prête à payer.»

Olivia Goldhill quant à elle a titré un article dans Quartz «Naming abusers online may be “mob justice” but it's still justice.» (Nommer les agresseurs en ligne est peut-être une “justice populaire”, mais c'est quand même de la justice). Goldhill ne semble pas comprendre que l'expression «justice populaire» signifie justement l'absence de justice.

En ce qui concerne les protestations contre les dénonciations de type maccarthystes, Roxane Gay dans le New York Times se plaint amèrement qu'il y ait «beaucoup de tergiversations à propos de la diffamation et de l'éthique de la divulgation anonyme».

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Chez Splinternews, Isha Aran suggère qu'«à la lumière de la campagne #MeToo sur les médias sociaux où des dizaines de femmes de tous les milieux partagent leurs expériences de harcèlement et d'agression, le fait même d'évoquer le concept de fausses accusations est inopportun et grossier.»

Encore une fois, tout cela vient d'une partie très aisée de la population, qui cherche à tirer profit de circonstances dites souffrantes pour accumuler des richesses encore plus grandes.

Des décennies de réaction idéologique et politique sous-tendent ces notions réactionnaires, mais aussi beaucoup d'ambitions.

Comme l'explique l'avocate et écrivaine Jill Filipovic, sur le site Internet de NBC News : «Nous devons faire pression pour un réel pouvoir féminin – pour que les femmes prennent la place des nombreux hommes qui sont actuellement au sommet de presque toutes les industries. Certes cela n'empêchera pas totalement les abus, mais cela les diminuera certainement.»

Cette défense et cette poursuite de la richesse ne peuvent avoir lieu que dans la mesure où la loi et l'ordre bourgeois sont maintenus, que l'opposition politique est détournée ou contenue. C'est là l'une des voies de la répression généralisée.

Il est tout à fait approprié de qualifier cette campagne de chasse aux sorcières sexuelle, au sens politico-juridique du terme. Le dictionnaire Collins en ligne définit la chasse aux sorcières (britannique) comme «une campagne rigoureuse pour rassembler ou exposer des dissidents sous prétexte de sauvegarder le bien-être public» et (américain) comme une «enquête menée ostensiblement pour découvrir la déloyauté, l'activité politique subversive, etc., généralement avec beaucoup de publicité et souvent en s'appuyant sur des preuves non concluantes et en capitalisant sur la peur du public à l'endroit des opinions impopulaires.»

Or si l'offensive contre les opposants politiques n'a pas encore commencé, ça ne saurait tarder!

Le Code de production d'Hollywood, qui se référait principalement aux comportements sexuels et antisociaux de toutes sortes et qui ne mentionnait jamais la politique ou la lutte des classes, a été strictement appliqué le 1er juillet 1934. Cette année-là avait été exceptionnellement explosive, dominée par trois grèves largement suivies et dirigées par des socialistes de gauche, des trotskystes et des membres du Parti communiste – à savoir les grèves de Toledo Auto-Lite, des chauffeurs de camion de Minneapolis et des débardeurs de San Francisco.

L'application du Code en plein milieu de la Dépression reflétait incontestablement la nervosité généralisée et bien compréhensible au sein de la classe dirigeante à propos de l'effondrement de toutes sortes de tabous moraux et sociaux et des conséquences plus profondes qu'avait une telle rupture. Comme nous l'avons déjà dit il y a quelque temps: «l'imposition du Code de Production était précisément l'un des moyens par lesquels l'industrie cinématographique et ses superviseurs pouvaient veiller à ce que les réalités de la Dépression ne s'expriment pas à l'écran.»

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La campagne contre l'inconduite sexuelle est malhonnête à bien des égards. Il y a la prétention ridicule par exemple qu'Hollywood et l'industrie du divertissement sont le reflet général des rapports entre les sexes et professionnels aux États-Unis. Dans le General Social Survey, une enquête menée en 2014, un échantillon aléatoire d'Américains se sont fait poser cette question: «Au cours des 12 derniers mois, avez-vous été harcelé sexuellement par quelqu'un pendant que vous étiez au travail?» En réponse, 3,6 % des femmes ont répondu affirmativement, ce qui est une baisse par rapport au chiffre de 6,1 % de 2002. Ce n'est certes pas là une statistique définitive d'aucune sorte, mais on est loin tout de même de l'«enfer» décrit par les différents chroniqueurs et experts.

Ces derniers d'ailleurs ne se soucient jamais des conditions de la grande masse de la population américaine ou mondiale, qu'elle soit féminine ou masculine. La pauvreté, la destruction des retraites et des soins de santé, l'itinérance, la crise des opioïdes et le taux de suicide – ou même l'annulation brutale du droit à l'avortement, l'attaque contre les mesures de planification familiale et autres programmes essentiels pour la santé des femmes – ne les préoccupent en effet nullement. Et quand ont-ils jamais protesté contre les massacres en Irak et en Afghanistan, les frappes illégales de drones et les «listes de personnes à abattre»?

Le Parti démocrate en particulier est profondément plongé dans les affaires de crimes sexuels. Aux élections de 2016, la stratégie d'Hillary Clinton pour l'emporter était basée sur l'affaire Brock Turner à Stanford, l'accès aux toilettes pour les personnes transgenres et le «privilège blanc». Les démocrates ont énormément investi d'efforts dans tout cela, et cela a échoué. Maintenant ils mettent les bouchées doubles. Au «privilège blanc» vient s'ajouter «la sexualité masculine». Ces idées sont logées dans une section bien précise et privilégiée de la population.

Quiconque étudie les procès des sorcières de Salem arrive à la conclusion qu'il n'y avait pas là simplement une crise d'hystérie collective, mais que des processus économiques et sociaux précis étaient à l'œuvre. Comme le remarque Christopher Bigsby, dans sa préface à l'ouvrage Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller, «Salem en 1692 était en pleine tourmente. La Charte royale venait d'être révoquée. Les titres fonciers originaux avaient été annulés et de nombreux autres n'étaient pas encore sécurisés. Tous se regardaient avec suspicion, craignant que leurs terres ne soient réaffectées à leur voisin. C'était aussi une communauté profondément déchirée par des schismes...»

Toute personne voulant sérieusement comprendre l'hystérie sexuelle actuelle doit fouiller sous la surface de la société américaine pour saisir la spécificité de la «tourmente» qui la hante.

L’UE et l’OTAN disent «fake news» mais envisagent l’abolition de nos droits fondamentaux

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«On préfère ignorer les opinions du peuple»

L’UE et l’OTAN disent «fake news» mais envisagent l’abolition de nos droits fondamentaux

par Willy Wimmer, ancien Secrétaire d’Etat du ministre fédéral de la défense de l’Allemagne

Ex: http://www.zeit-fragen/fr

On est à nouveau au point où le fait d’exprimer une opinion indépendante s’avère dangereux. On se retrouve dans la ligne de mire lorsqu’une opinion personnelle ne correspond pas aux directives gouvernementales officielles, aux lignes directrices de l’Union européenne ou au cadre géopolitique prescrit par Washington par le biais de l’OTAN. Au Bundestag, on n’a alors plus le droit de s’exprimer.1 On est poussé à quitter le Parlement pour raison de «dissidence». Il n’est donc pas étonnant que l’Assemblée plénière du Bundestag ressemble de plus en plus à l’Opéra Kroll2 ou à la Volkskammer [Chambre du peuple] de triste mémoire. A Berlin, le Sénat interdit des manifestations publiques en faveur du pluralisme des opinions.3


Selon notre Loi fondamentale, la libre formation de l’opinion est un droit fondamental pour tout citoyen. Elle n’a plus lieu. Où trouve-t-on encore dans nos grands médias l’expression des opinions divergentes prévalant dans la population allemande? Où le gouvernement doit-il débattre de ces avis divergents au sein du pays, s’ils n’existent plus dans le miroir des médias? Le gouvernement est donc libre de faire ce qu’il veut, dans le style d’un front populaire «à la mode de OTAN». Il peut ainsi sanctionner des opinions dissidentes de manière totalitaire. Le Ministère de la justice a ainsi développé un «Service pour l’externalisation de la censure et l’immunité des fausses nouvelles de l’OTAN».4


willy-wimmer-1028008150.jpgSelon la loi fondamentale, le développement des opinions et des volontés au sein de la population est la seule justification politique pour l’existence des partis politiques. On peut observer chaque jour à quel point ce processus est pourri. Les partis sont tous en train de dépérir. Là où ils existent encore, ils sont strictement alignés aux dirigeants de Berlin. Toute opinion déviante, pouvant mettre en danger le cartel des personnes au pouvoir à Berlin, est rapidement transmise à Berlin. On préfère ignorer les opinions du peuple, car elles pourraient contrecarrer la ligne directrice. Une fin immédiate de la carrière serait alors garantie. L’opportunisme est devenu la ligne générale des partis et a conquis maintenant tous les anciens partis représentés au Bundestag, sauf quelques rares exceptions. Finalement, on veut participer au gouvernement. Et ce n’est possible que si l’on suit la ligne générale belliciste de l’OTAN.


On a bien le droit d’attaquer l’actuel président américain Trump, à qui on a octroyé une interdiction d’entrer en contact avec son équivalent russe Poutine. Pourquoi? Parce qu’il y aurait danger d’un accord dans des questions importantes. Ces questions – soyons-en conscients – mettent en danger l’existence de toute l’humanité, ou seulement de nous, habitants de l’Europe centrale, si elles devaient être résolues de manière belliciste.


Mais où étaient la Chancelière et le Président fédéral et tous ceux qui boudent unanimement le nouveau président américain Trump, lorsque les présidents prédécesseurs plongèrent la planète dans la misère actuelle, pour laquelle ils demeurent les responsables exclusifs? Y compris le coup d’Etat en Ukraine, probablement mis en scène pour justifier le déploiement militaire contre la Fédération de Russie. Parjure et violation du contrat dominent la politique de l’Occident depuis 1992, et Belgrade fut la première victime en 1999.


Cette semaine, le Premier ministre britannique a tenté de mettre en relief l’essence de cette politique dans un discours concernant la politique de la sécurité, dans le style d’une «furie insulaire». Quiconque finance chaque année la BBC comme instrument de la dominance globale avec des centaines de millions de livres, dispose de bien des moyens entre leurs mains contre la concurrence. Il faut que les gens courent après BBC et CNN. Un programme d’excellente qualité journalistique comme la RT russe devient alors un mal majeur, notamment quand la RT donne la parole à ceux en Europe et aux Etats-Unis qui refusent de participer aux préparations de guerres de l’UE et de l’OTAN. Mme Theresa May l’a clairement formulé dans son discours. Il s’agit de la supériorité de la «race anglo-saxonne» dans le sens de Cecil Rhodes, se matérialisant à nos jours dans le «nouvel ordre mondial». Pour atteindre ce but, il faut bien parfois éliminer une personne ou un pays récalcitrants, même si c’est dans la forme de la RT ou de «Sputnik». Mme May et d’autres disent «fake news» mais envisagent l’abolition de nos droits fondamentaux.    

Annotations de la rédaction:

1    Dans les divers groupes politiques du Bundestag allemand, la décision de donner la parole à leurs membres, au cours des débats parlementaires appartient au comité du groupe. Celui-ci n’est pas attribué aux parlementaires ne suivant pas l’opinion majoritaire de leur groupe. Entre autres, c’est aussi Willy Wimmer qui en a fait l’expérience lorsqu’il critiqua la participation allemande à la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie en 1999, déclenchée à l’encontre du droit international. Tout en étant un politicien ayant fait la preuve de grande compétence en défense et affaires extérieures, le groupe CDU/CSU lui a refusé le droit de s’exprimer. Dans une telle situation, la seule possibilité de prendre la parole dans le Bundestag reste la «déclaration personnelle».


2    L’Opéra Kroll à Berlin était le lieu des sessions du Reichstag (le Parlement allemand avant 1945) après l’incendie du bâtiment du Reichstag en février 1933.Ce lieu représente le symbole d’un Parlement n’ayant plus aucun pouvoir, étant aligné et soumis à un pouvoir exécutif dictatorial.


3    Le sénateur berlinois de la culture Klaus Lederer (Die Linke, la gauche) est intervenu pour empêcher la cérémonie de la remise d’un prix au journaliste Ken Jebsen. Le 14 décembre 2017, Jebsen aurait dû recevoir le «Prix Charlemagne pour la littérature et la journalisme engagé». La Neue Rheinische Zeitung Online remet ce prix. Au dernier moment, la location du lieu de la remise a été résiliée et les organisateurs ont annulé la remise du prix.


4    A la demande du ministre de la Justice Heiko Maas (SPD), le Bundestag (Chambre du peuple) et le Bundesrat (Chambre des Länder) ont adopté une loi, peu avant la fin du dernier mandat législatif fin juin 2017, menaçant les réseaux sociaux de peines lourdes s’ils publient des soi-disant «discours haineux». Ce n’est qu’une mesure étatique entre autres, prévues contre les soi-disantes «fake news», contre la «propagande russe», etc. Des critiques pensent que les réseaux sociaux, par crainte d’être poursuivis, effaceront ou supprimeront des vraies infractions pénales, mais également toute critique politique, notamment envers l’Union européenne et l’OTAN.

Les Etats-Unis continuent à développer une scission entre la Russie et l’Europe

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Les Etats-Unis continuent à développer une scission entre la Russie et l’Europe

par Eberhard Hamer,

professeur en économie, Allemagne

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Récemment, le Département d’Etat américain a présenté une nouvelle liste des sanctions contre la Russie. Il remplit ainsi une exigence signée par le Président Trump le 2 août, intitulée CAATS (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act). Ce règlement prend effet le 29 janvier 2018 et comprend une nouvelle attaque de la guerre économique contre la Russie, concernant non seulement des entreprises russes, mais en premier lieu les entreprises européennes réalisant des affaires avec des entreprises russes sanctionnées.


L’accentuation de cette nouvelle guerre économique correspond entièrement à la devise trumpienne de l’«Amérique d’abord». S’agissant par exemple des sanctions contre les entreprises russes et allemandes participant à la pipeline North Stream, le but avoué est de couper l’Europe du gaz russe, afin de mieux lui imposer l’achat de gaz liquide américain plus cher, actuellement disponible en abondance mais sans aucun acheteurs trouvé. Il faut donc que le gazoduc North Stream soit interrompu à mi-chemin, tout en menaçant en même temps les entreprises allemandes impliquées, pour stopper leur participation.


Toutes les sanctions américaines sont punissables aux Etats-Unis, car la justice américaine soumet au droit américain toutes les affaires accomplies dans le monde entier et facturées en dollar ou effectuées à l’aide du dollar. Tout endroit, où le dollar est utilisé, est un territoire soumis à la juridiction et à l’hégémonie américaine. Cela permet aux Etats-Unis de condamner et d’exploiter à volonté les sociétés européennes. Seul VW a déjà dû payer 25  milliards d’euros à la justice américaine à cause des normes US spécialement introduites contre les moteurs diesel. La Deutsche Bank, quant à elle, a dû régler plus de 10 milliards et d’autres multinationales européennes des montants de différentes hauteurs.


EH-visionen.jpgL’acte américain CAATS prévoit que toutes les sanctions doivent être harmonisées avec les partenaires étatsuniens. On ne peut donc guère l’exprimer plus ouvertement: les sanctions ne seront poursuivies que là où elles nuisent aux partenaires américains au niveau de la concurrence. Finalement, les entreprises américaines restent les instances décisionnelles des sanctions.


De cette manière, les Etats-Unis veulent non seulement isoler systématiquement la Russie de l’Europe et empêcher les sociétés russes de réaliser quelques affaires que ce soit avec l’Europe, mais ils veulent également menacer de peines (et d’exécution de peines) le reste du monde et notamment l’Europe, si un commerce a lieu avec des entreprises russes. Cela a des conséquences considérables en Europe, où le commerce avec le marché de l’avenir le plus optimiste (Russie) a diminué de 30% au cours des deux dernières années. Parallèlement à la réduction du commerce européen avec la Russie, le commerce américain avec ce pays a augmenté. Il ne s’agit donc non seulement de causer du tort à la Russie, mais aussi de soutenir l’idée «America first» [«Amérique d’abord»], c’est-à-dire empêcher l’Europe de faire des affaires avec la Russie, là où les entreprises américaines veulent et peuvent les accomplir.


Il est difficile de s’imaginer une manière plus brutale d’effectuer l’impérialisme économique américain au détriment de l’Europe. Non seulement les grandes entreprises n’osent plus faire du commerce avec la Russie ou participer à des investissements russes – mais également des centaines d’entreprises de grandeur moyenne, ayant jusqu’à présent bien commercé avec la Russie, n’osent plus continuer leurs affaires, parce qu’ils ne survivraient pas à des brutaux paiements de sanction américains.


Aux Etats-Unis se prépare encore un nouveau durcissement de la guerre économique contre la Russie: on veut interdire aux banques européennes et même à des privés de commercer ou de tenir des emprunts russes. Ainsi, on veut punir la Russie de ne plus vouloir accepter le dollar comme seul monnaie mondial, mais de vouloir imposer le rouble comme moyen de paiement international. En outre, on veut empêcher les marchés financiers européens d’utiliser le rouble au lieu du dollar et de ne plus du tout travailler avec des emprunts en roubles.


De telles mesures unilatérales nuisent à l’Europe et devraient être discutées avec les alliés européens. On aurait au moins pu s’attendre à des protestations de la part de la Commission européenne et du gouvernement fédéral allemand. Mais non, pas de réaction! L’UE cède sans broncher à la puissance coloniale, même là où cela fait mal.


Isoler la Russie de l’Europe est non seulement fatale à court terme pour une partie de notre économie, mais à long terme pour toute notre prospérité en Europe: la politique de l’«Amérique d’abord» au profit des sociétés américaines rend maintenant déjà tout commerce avec les Etats-Unis de plus en plus difficile et le réduit fortement. Cela aura des conséquences dramatiques, quand le système pourri du dollar des Etats-Unis surendettés s’effondra.


A long terme, la Russie va continuer à augmenter sa solvabilité, mais à l’avenir, elle aura également besoin de l’économie européenne. L’économie allemande continuera uniquement à croître jusqu’en 2050, si elle s’élargit vers l’Est. La Russie dispose de toutes les matières premières dont nous avons besoin et nous avons toutes les technologies dont la Russie a besoin. Pour les deux pays et pour l’Europe, cette coopération est décisive pour la prospérité durant un siècle.1 Si nous nous laissons évincer par les Etats-Unis, les entreprises américaines concurrentes vont conquérir ce marché et nous resterons les perdants.


Mais qui ose, en Allemagne ou en Europe, s’opposer au comportement arbitraire des Américains?   

1    cf. Hamer, Eberhard, Visionen 2050. Wohin steuern wir? Trends und Prognosen für Deutschland und Europa. [Vision 2050. Où nous dirigeons-nous? Tendances et prévisions pour l’Allemagne et l’Europe], Kopp Verlag 2016

samedi, 02 décembre 2017

The Alt Right Among Other Rights

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The Alt Right Among Other Rights

This is the text of a lecture I gave to the H.L. Mencken Club on November 4, 2017.

By Keith Preston

Ex: https://www.attackthesystem.com

Speaking about the intricacies of different ideological tendencies can often be a bit tedious, and certainly a topic like the Alt-Right can get very complicated because there are so many currents that feed into the Alt-Right. I know that when I spoke here last year I was speaking on the right-wing anarchist tradition, which is a highly esoteric tradition, and one that is often very obscure with many undercurrents. The Alt-Right is similar in the sense of having many sub-tendencies that are fairly obscure in their own way, although some of these have become more familiar now that the Alt-Right has grown in fame, or infamy, in the eyes of its opponents. Some of the speakers we have heard at this conference so far have helped to clarify some of the potential definitions of what the Alt-Right actually is, but given the subject of my presentation I thought I might break it down a bit further, and clarify a few major distinctions.

What is the Alt-Right?

The Alt-Right can be broadly defined as a highly varied and loose collection of ideologies, movements, and tendencies that in some way dissent from the so-called “mainstream” conservative movement, or are in actual opposition to mainstream conservatism. Of course, this leaves us with the task of actually defining mainstream conservatism as well. I would define the conservative movement’s principal characteristics as being led by the neoconservatives, oriented towards the Republican Party, and as a movement for whom media outlets like Fox News, talk radio, and publications like National Review and the Weekly Standard are its leading voices. Outside of the framework of what some here appropriately call “Conservatism, Inc.,” we could say that there is an Alt-Right that can be broadly defined, and an Alt-Right that can be more narrowly defined.

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The Alt-Right broadly defined would be anything on the Right that is in opposition to the neocon-led Republican alliance. This could include everything from many Donald Trump voters in the mainstream, to various tendencies that have been given such labels as the “alt-lite,” the new right, the radical right, the populist right, the dark enlightenment, the identitarians, the neo-reactionaries, the manosphere (or “men’s right advocates”), civic nationalists, economic nationalists, Southern nationalists, white nationalists, paleoconservatives, right-wing anarchists, right-leaning libertarians (or “paleolibertarians”), right-wing socialists, neo-monarchists, tendencies among Catholic or Eastern Orthodox traditionalists, neo-pagans, Satanists, adherents of the European New Right, Duginists, Eurasianists, National-Bolsheviks, conspiracy theorists, and, of course, actually self-identified Fascists and National Socialists. I have encountered all of these perspectives and others in Alt-Right circles.

Under this broad definition of the Alt-Right, anyone from Steve Bannon or Milo Yiannopolis all the way over to The Daily Sturmer or the Traditionalist Workers Party could be considered Alt-Right. In fact, ideological tendencies as diverse as these have actually embraced the Alt-Right label to describe themselves. For example, Steve Bannon said at one point during the Trump campaign in 2016 that he wanted to make Breitbart into the voice of the Alt-Right, but then I have also encountered people who are actual neo-Nazis using the Alt-Right label to describe themselves as well.

A narrower definition of the Alt-Right might be to characterize what is most distinctive about the Alt-Right. In this sense, the Alt-Right could be characterized as a collection of tendencies that is specifically oriented towards some of kind identification with European history and tradition, and regard Europe and, by extension, North America as part of a distinct Western civilization that was developed by European and, predominantly, Christian peoples. Consequently, the Alt-Right tends to be much more oriented towards criticizing ideas or policies like multiculturalism, mass immigration, and what is commonly called “political correctness,” than what is found among mainstream conservatism. This is in contrast to the Left’s views, which are increasingly the views of mainstream liberalism as well, and which regards the legacy of Western history and culture as nothing but an infinite string of oppressions such racism, sexism, homophobia, classism, anti-Semitism, Islamophobia, xenophobia, patriarchy, hierarchy, nativism, cisgenderism, speciesism, and the usual laundry list of isms, archies, and phobias that the Left sees as permeating every aspect of Western civilization. Presumably, other civilizations have never featured any of these characteristics.

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In this way, the Alt-Right is obviously in contrast to mainstream conservatism given that the so-called “conservative movement” is normally oriented towards what amounts to three basic ideas. One idea is that of the foreign policy “hawks,” or advocates of military interventionism for the ostensible purpose of spreading the Western model of liberal democracy throughout the world, whose greatest fear is isolationism in foreign policy, and which is a perspective that I would argue is also very convenient for the armaments manufacturers and the Pentagon budget. A second idea is a fixation on economic policy, such as a persistent advocacy of “tax cuts and deregulation,” which in reality amounts to merely advancing the business interests of the corporate class. And the third idea is a type of social conservatism that is primarily religion-driven, and has opposition to abortion or gay marriage as central issues of concern, but typically gives no thought to cultural or civilizational issues in any broader or historical sense. For example, it is now common in much of the evangelical Protestant milieu, as well as the Catholic milieu, to welcome mass immigration, as a source of potential converts, or as replacement members for churches that are losing their congregations due to the ongoing secularization of the wider society. In fact, the practice of adopting Third World children has become increasingly common within the evangelical Protestant subculture in the same way it has among celebrities and entertainers like Madonna or Angelina Jolie.

Predictably, there has been a great deal of conflict that has emerged between the Alt-Right and the mainstream conservative movement, with many movement conservatives and their fellow travelers going out of their way to attack or denounce the Alt-Right. In this sense, the attacks on the Alt-Right that have originated from mainstream conservatism essentially mirror those of the Left, or of the liberal class. For example, the Associated Press issued a description of the Alt-Right that was intended for writers’ guideline policy purposes, and which reads as follows:

The ‘alt-right’ or ‘alternative right’ is a name currently embraced by some white supremacists and white nationalists to refer to themselves and their ideology, which emphasizes preserving and protecting the white race in the United States in addition to, or over, other traditional conservative positions such as limited government, low taxes and strict law-and-order. The movement has been described as a mix of racism, white nationalism and populism … criticizes “multiculturalism” and more rights for non-whites, women, Jews, Muslims, gays, immigrants and other minorities. Its members reject the American democratic ideal that all should have equality under the law regardless of creed, gender, ethnic origin or race (John Daniszewski, Associated Press, November 26, 2016)

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While the above quotation is from the Associated Press, I do not know that there is anything in it that could not have come from the pages of not only The New Yorker, The Atlantic, or the Southern Poverty Law Center’s Intelligence Report, but also from the pages of the National Review, Weekly Standard, the Federalist, or a Prager University video.

As for some specific examples, writing in The Federalist, conservative political scientist Nathanael Blake stated that “Christianity and Greco-Roman philosophy, rather than race, are the foundations upon which Western Civilization was built,” and suggested that the Alt-Right is actually attacking the legacy of Western Civilization rather than defending the Western cultural heritage. These questions have become a major point of contention between cultural conservatives and the racialist right-wing. Writing in National Review, David French (Bill Kristol’s one-time proposed presidential candidate), called Alt-Right adherents “wanna-be fascists” and denounced “their entry into the national political conversation.” I suppose the difference between the views of David French and the views of the Left would be that the Left would say that the Alt-Right are actual fascists, and not merely “wanna-be” fascists. Presumably, this is what separates the mainstream Right from the Left nowadays.

Writing for The Weekly Standard, Benjamin Welton has characterized the Alt-Right as a “highly heterogeneous force” that “turns the left’s moralism on its head and makes it a badge of honor to be called ‘racist,’ ‘homophobic,’ and ‘sexist'”. Based on my own experiences with the Alt-Right, I would say this assessment by Welton is largely true. In the National Review issue of April, 2016, Ian Tuttle wrote:

The Alt-Right has evangelized over the last several months primarily via a racist and anti-Semitic online presence. But for Allum Bokhari and Milo Yiannopoulos, the Alt-Right consists of fun-loving provocateurs, valiant defenders of Western civilization, daring intellectuals—and a handful of neo-Nazis keen on a Final Solution 2.0, but there are only a few of them, and nobody likes them anyways.

Jeffrey Tucker, a libertarian writer affiliated with the Foundation for Economic Education, describes the Alt-Right as follows:

The Alt-Right “inherits a long and dreary tradition of thought from Friedrich Hegel to Thomas Carlyle to Oswald Spengler to Madison Grant to Othmar Spann to Giovanni Gentile to Trump’s speeches.” Tucker further asserts that Alt-Right adherents “look back to what they imagine to be a golden age when elites ruled and peons obeyed” and consider that “identity is everything and the loss of identity is the greatest crime against self anyone can imagine.”

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Whatever one thinks of the Trump presidency, it is highly doubtful that Trump actually draws inspiration from Hegel.

Writing in The Federalist, a libertarian feminist named Cathy Young criticized a Radix Journal article on abortion that criticized the pro-life position as “‘dysgenic,” because it supposedly “encourages breeding by ‘the least intelligent and responsible’ women.” So apparently, it is not enough to simply favor abortion rights. Instead, one has to be “pro-choice” for what are apparently the “right reasons,” such as a “woman’s right to choose,” as opposed to “bad reasons,” such as eugenic practice. This line of thought is in keeping with the fairly standard leftist viewpoint which insists that motives and intentions rather than ideas and consequences are what matters, and the standard by which people ought to be morally judged.

Another interesting aspect of these criticisms is that the mainstream conservatives have attacked the Alt-Right by using leftist terminology, such as labeling the Alt-Right as racist, sexist, fascist, xenophobic, etc. But a parallel tactic that has been used by mainstream conservatism has been to denounce the Alt-Right as leftist. For example, at this year’s gathering of CPAC, or the Conservative Political Action committee, Dan Schneider, who is currently the executive director of the American Conservative Union, an organization that hosts the annual CPAC conference, criticized the Alt-Right as “a sinister organization that is trying to worm its way into our ranks,” insisting that, quote, “We must not be duped. We must not be deceived,” and said of the Alt-Right:

“They are nothing but garden-variety left-wing fascists..They are anti-Semites; they are racists; they are sexists. They hate the Constitution. They hate free markets. They hate pluralism. They despise everything we believe in.”

This sounds very similar to the rhetoric that often comes from the far left where dire warnings are issued concerning the supposed threat of fascist entryism into leftist organizations. For example, there is term called the “the fascist creep” that is used by some very far Left antifa and Maoist tendencies to describe what are supposedly ongoing nefarious plots by “fascists” to infiltrate and co-opt leftist movements, and steer these towards fascism. Ironically, this conspiracy theory is very similar to traditional anti-Semitic conspiracy theories about how Jews supposedly infiltrate and take over everything, and manipulate institutions in order to advance all sorts of supposed nefarious plots. It would appear that the far Left, and apparently increasingly mainstream conservatism, has developed its own rhetoric about the “fascist conspiracy” as a counterpart to far Right fantasies about the “Jewish conspiracy.” Perhaps we could characterize the former as the “Protocols of the Learned Elders of Thule.”

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Jeff Goldstein, writing in The Federalist on September 6, 2016, suggests that, quote, “the Alt-Right is the mirror image of the New Left,” and describes the Alt-Right “an identity movement on par with Black Lives Matter, La Raza, the Council on American-Islamic Relations, and other products of cultural Marxism.” Goldstein further says of the Alt-Right:

The Alt-Right is a European-style right-wing movement that is at odds with the classical liberalism upon which our country was built, and which the Left has redefined as “Right.” That is to say, the European “Right” is mapped onto a political spectrum different than our own. Our “right” — conservatism or classical liberalism —is dead-center on our spectrum, no matter how persistently the Left tries to claim otherwise. It is constitutionalism, which incorporates federalism, republicanism, legal equity, and a separation of powers.

These comments are fairly representative of the rhetoric used by mainstream conservatives who attempt to either portray the Alt-Right as leftists, or label the Alt-Right as fascists and then claim fascism is really on the Left. The general argument that is made by mainstream conservatives in response to the Alt-Right is that “true” conservatism or the “true” Right is actually veneration for the Enlightenment-influenced ideas found in the Declaration of Independence, veneration of the Founding Fathers, and reverence for the Constitution as a kind of secular Bible. Parallel to these claims is the idea of America as a “propositional nation” that has no roots in any kind of history, culture, or tradition other than just a very vaguely defined “Judeo-Christianity.” This idea of what “conservatism” supposedly is basically amounts to being for so-called “limited government,” so-called “free enterprise,” “individualism,” and various other vaguely defined abstractions, plus policy preferences like a so-called “strong national defense” (which is often just a euphemism for the neoconservatives’ foreign policy agenda), and various center-right policy prescriptions like tax cuts, opposing Obamacare, opposing affirmative action, opposing gun control, opposing abortion, opposing gay marriage, supporting school vouchers, and other ideas we are all familiar with.

These policy preferences will often be accompanied by silly platitudes like “Democrats are the real racists,” or dubious and often flagrantly false claims like “Martin Luther King was a conservative,” or that foreign policy hawks are the real friends of feminists and gays because of their opposition to so-called “Islamo-fascism.” At times, Democrats will be labeled as fascists and anti-Semites because of their supposed pro-Islamic views, or because some on the far Left are pro-Palestinian. Taken to extremes, there are characters like Dinesh D’Souza who would probably claim that the Democrats crucified Jesus.

The representatives of “Conservatism, Inc.” will also give lip service to opposition to attacks on free speech and academic freedom in the name of political correctness, but they are very selective about this. For example, their defense of the politically incorrect does not extend to anti-Zionists like Norman Finkelstein. On the immigration issue, while there are some mainstream conservatives that are immigration restrictionists, it is just as common that the proposed method of reducing illegal immigration advanced by mainstream conservatives is to make legal immigration easier, on the assumption that the only problem with illegal immigration is its illegality. A defining characteristic of mainstream conservatism when contrasted with the Alt-Right is the total lack of seriousness, or any kind of solid philosophical or intellectual foundation that is displayed by mainstream conservatism.

The Alt-Right is more of a meta-political movement than a political one, and the specific policy proposals that are found among Alt-Rightists vary enormously. I do not know that it would even be possible to draft a platform for an Alt-Right political party because the Alt-Right contains so much diversity of ideas. However, the Alt-Right is far more serious about ideas than mainstream conservatism in the sense of having an understanding of the reality of demographic conflict, recognizing the difficulties that are associated with rapid demographic change, understanding the reality of class conflict as well as cultural and civilizational conflicts, understanding that Western liberal democracy is particular to the cultural foundations and historical circumstances of the West, and not something that can be easily transplanted elsewhere, and concerns that mainstream conservatives normally have no perception of, or do not take seriously.

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I will end my presentation by pointing to an observation by Professor George Hawley of the University of Alabama, who suggested that the Alt-Right may pose a greater threat to progressivism than the mainstream conservative movement. I would agree that this is true, but only in the sense that the mainstream conservative movement poses no threat to progressivism at all. I would argue that far from being a threat to the Democratic Party, mainstream media, the corporate class and the cultural elite, the mainstream conservative movement is actually partners in crime with the progressives. The Alt-Right at least proposes ideas that are an ideological threat to progressivism even if this small size prevents the Alt-Right from being a political threat, at least at the present time.

Multiculturalism and the Politics of Guilt: Towards a Secular Theocracy Reply

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Multiculturalism and the Politics of Guilt: Towards a Secular Theocracy Reply
by Keith Preston

Ex: https://attackthesystem.com

A classic from Paul Gottfried and one of the definitive works criticizing totalitarian humanism. Available at Amazon. The important point for anarchists and libertarians is that totalitarian humanists are not amoral, libertine, hedonists as their critics often claim. Instead, they are fanatical moral puritants (“secular theocrats”). They oppose religious fundamentalists, nativists, racists, reactionaries, right-wing authoritarians, etc not because they are pro-freedom but because they want to replace these with authoritarian state-centric moralisms of their own. Many anarchists and libertarians have trouble understanding this, because they sympathize with the rhetorical values of the totalitarian humanists. Most anarchists and libertarians are not religious conservatives, racists, nativists, etc (though some are). But many anarchists and libertarians do sympathize with leftist causes like anti-racism, anti-sexism, gay liberation, environmentalism, etc, and consequently remained blinkered regarding totalitarian humanism.

PG-guilt.jpgMulticulturalism and the Politics of Guilt extends Paul Gottfried’s examination of Western managerial government’s growth in the last third of the twentieth century. Linking multiculturalism to a distinctive political and religious context, the book argues that welfare-state democracy, unlike bourgeois liberalism, has rejected the once conventional distinction between government and civil society. Gottfried argues that the West’s relentless celebrations of diversity have resulted in the downgrading of the once dominant Western culture. The moral rationale of government has become the consciousness-raising of a presumed majority population. While welfare states continue to provide entitlements and fulfill the other material programs of older welfare regimes, they have ceased to make qualitative leaps in the direction of social democracy. For the new political elite, nationalization and income redistributions have become less significant than controlling the speech and thought of democratic citizens. An escalating hostility toward the bourgeois Christian past, explicit or at least implicit in the policies undertaken by the West and urged by the media, is characteristic of what Gottfried labels an emerging “therapeutic” state. For Gottfried, acceptance of an intrusive political correctness has transformed the religious consciousness of Western, particularly Protestant, society. The casting of “true” Christianity as a religion of sensitivity only toward victims has created a precondition for extensive social engineering.

Gottfried examines late-twentieth-century liberal Christianity as the promoter of the politics of guilt. Metaphysical guilt has been transformed into self-abasement in relation to the “suffering just” identified with racial, cultural, and lifestyle minorities, Unlike earlier proponents of religious liberalism, the therapeutic statists oppose anything, including empirical knowledge, that impedes the expression of social and cultural guilt in an effort to raise the self-esteem of designated victims. Equally troubling to Gottfried is the growth of an American empire that is influencing European values and fashions. Europeans have begun, he says, to embrace the multicultural movement that originated with American liberal Protestantism’s emphasis on diversity as essential for democracy. He sees Europeans bringing authoritarian zeal to enforcing ideas and behavior imported from the United States. Multiculturalism and the Politics of Guilt extends the arguments of the author’s earlier After Liberalism. Whether one challenges or supports Gottfried’s conclusions, all will profit from a careful reading of this latest diagnosis of the American condition.