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samedi, 15 décembre 2018

Gilets jaunes. Retour en force du concept marxiste de lutte des classes

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Gilets jaunes. Retour en force du concept marxiste de lutte des classes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Les commentateurs proches du pouvoir qui cherchent à comprendre le mouvement des gilets jaunes évitent soigneusement d'y voir une forme de lutte des classes modernisée. Pour les marxistes la lutte des classes était la lutte entre un prolétariat dominé et des forces capitalistes dominantes.

L'histoire semble avoir montré que cette opposition se traduisait toujours par un échec des dominés. Comment effectivement combattre avec succès une classe dominante disposant de tous les pouvoirs, militaires, économiques, juridiques et médiatiques ?

Faut-il en déduire qu'il faille abandonner le concept de lutte des classes au profit de termes plus inoffensifs, tels que divergence d'intérêts ou négociations sociales difficiles. Ceci serait rassurant pour la classe dominante. Mais cela cacherait une réalité, le fait que la lutte des classes se poursuit aujourd'hui et même s'intensifie. La lutte des gilets jaune est ouvertement une lutte de classe.

D'un coté une classe de possédants ayant mis, comme cela avait toujours été le cas jusqu'à présent, les institutions républicaines à son service (suppression de l'ISF, abattements fiscaux, crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (ou CICE) visant à soutenir les entreprises françaises mais ne soutenant en fait que les profits non redistribués des entrepreneurs...

D'un autre côté une classe dominée (taxation des carburants alors qu'aucun moyen de substitution n'est proposé, augmentation du gaz, de l'électricité, baisse de l'aide personnalisée au logement (ou APL) , hausse de la Contribution Sociale Généralisée (ou CSG), désindexation des pensions de retraite, remise en cause des allocations chômage, ruine du code du travail et destruction des services publics, de l'hôpital, des chemins de fer, de la poste...

Les promesses exposées par Emmanuel Macron le 10 décembre visant à alléger certains de ces charges sont purement symboliques. La classe des dominés l'a compris ou ne tardera pas à le comprendre. Autrement dit on peut prévoir que la lutte des classes dominées s'exprimant aujourd'hui par les manifestations des gilets jaunes ne diminuera pas. Au contraire elle devrait s'intensifier, même si le mouvement paraît inorganisé et faire appel à des résistances paraissant parfois incompatibles.

Comme nous l'avons écrit  précédemment, la non-organisation est parfois être une force car elle peut faire émerger des formes d'opposition aujourd'hui inattendues, prenant le pouvoir au dépourvu. Ceux qui en 1789 avaient pris la Bastille avaient-ils visé explicitement à la chute de la royauté et à son remplacement par la Convention Nationale ? Certainement pas.

Bien évidemment aujourd'hui la lutte des classes manifestement engagée pourra aboutir à une nouvelle défaite de la classe dominée, se traduirsant par le mise en place d'une véritable dictature des dominants, ceci d'autant plus que les oligarchies financières françaises sont-elles mêmes dominées par une oligarchie financière internationale ayant commencé à percevoir le mouvement des gilets jaunes français comme une menace pouvant s'étendre à d'autres pays.

L'on verra ce qu'il en sera. Mais dans l'intervalle, il vaut mieux pour les dominés parler de lutte des classes plutôt que d'une forme sympathique de négociation sociale.

Note au 11/12 20 h. 

Nous recevons d'un des membres du comité de rédaction le courrier suivant. Malgré son intérêt nous préférons, comme nous le faisons d'habitude, ne pas nommer ici son auteur

Mon point de vue sur cet article diverge, sans en remettre vraiment en cause le fond, sur la forme d'action à avoir, et sur des termes et références historiques. 

Pour ma part, je laisserais volontiers de coté toute la terminologie du 19/20eme siècle et les fantômes, frustrations et douleurs qu'ils incarnent. 

gauche-droite: un concept totalement dépassé. Macron n'est ni de gauche ni de droite (je pense que je n'ai pas besoin d'expliquer). Les GJ
ne sont ni de gauche ni de droite, mais des gens plutôt apolitiques comme la plupart des Français désormais (j'entends par la qu'ils ne se sentent vraiment proches d'aucun des partis traditionnels), 

Ils retrouvent le sens d'une communauté et d'une solidarité qu'ils avait perdu depuis longtemps. Les partis et syndicats ont essayé de récupérer le mouvement, même le descendant des Bourbons, mais pour l'instant sans succès aucun.

lutte des classes: les classes ont été cassées par des années de neo-libéralisme, mais aussi par une évolution constante du niveau de vie et d'instruction. Les fractures que je vois aujourd'hui sont essentiellement entre les "diplômés du supérieur" et les non diplômés, et bien sûr entre les 1% profitant du système et le reste. Le mouvement GJ a pour effetselon moi, et dans un premier temps, de mettre en branle un processus de lutte (a mort?) entre les 1% des super-dominants et le reste, tout en mettant en sourdine la fracture diplômés/non diplômés. Si les 1% perdent, les autres fractures pourraient apparaître de nouveau, mais ce n'est pas certain. Un gros challenge pour les leaders qui peuvent émerger des GJ! 

En fait, la seule référence  historique qui me semble adaptée aux GJ serait le poujadisme. La référence est cependant peu utilisée, car les dérives raciste du mouvement la rendent dangereuse à utiliser dans le contexte actuel. Mais les bases du poujadisme sont les mêmes: refus de tuer les petits pour engraisser les gros.

Je suis pour un renouvellement complet du vocabulaire politique. Les squelettes fumants de Hitler, Staline, Pétain et autres ne nous apprennent plus rien. Les bases de raisonnement droite/gauche ou la lutte des classes non plus. Marx était un bon théoricien du travail, mais un piètre politique, qui était convaincu que le communisme allait se développer là où la classe ouvrière était la plus large et la plus exploitée - en Angleterre. Il faut partir sur de nouvelles bases, mais toute discussion est sans avenir tant que l'UE, l'Euro, l'OTAN, etc nous tiennent. Si l'un de nous remplaçait Macron demain, il ne pourrait rien faire de plus!

Note au 12/12. Attentat à Strasbourg

Bien évidemment le concept de lutte de classe ne doit pas signifier lutte armée. L'attentat qui vient de se produire à Strasbourg ne s'apparente en rien à la lutte des classes. L'enquête dira espérons-le ce qu'il en est. Mais il ressemble fort à un retour du djihadisme, qui craignait sans doute  de se faire oublier avec tout le bruit  autour des Gilets Jaunes. 

jeudi, 13 décembre 2018

Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

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Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

Ex: http://www.dedefensa.org

On connaît le philosophe et homme d’influence Alexandre Douguine, qui défend en Russie la doctrine extrêmement russe de l’eurasisme (ou néo-eurasisme puisqu’un premier eurasisme fut développé dans les années 1920 par des exilés russes). Ses conceptions appréciées d’une façon générale s’appuient sur la Tradition et une sorte de nationalisme mystique ; bien entendu et évidemment, la critique libérale occidentale s’est trouvée mécaniquement conduite à le classer à l’extrême-droite selon les normes terroristes psychologiques et communicationnelles du bloc-BAO pour le faire entrer dans sa grille de “diabolisation” habituelle et rechercher sa destruction intellectuelle dans l’opprobre religieux de l’excommunication.

Sans nous attarder aux détails politiques, aux évolutions chronologiques, etc., qui effectivement réduisent le débat à des querelles stériles et effectivement se heurtent à cette dialectique-Système de la “diabolisation” enterrant justement tout débat selon l’argument religieux de l’anathème de l’excommunication, nous mettrions Douguine dans un courant nationaliste mystique russe de type métaphysique et métahistorique où figureraient aussi bien Dostoïevski que Soljenitsyne. D’une façon fondamentale et hors des scories de la “diabolisation” toujours elle, laquelle recherche à tout prix l’abaissement des jugements et de l’esprit par conséquent, ce courant sort de la seule sphère russe lorsqu’il développe ses perceptions métaphysiques et rejoint le grand courant de la Tradition évidemment antimoderniste où l’on trouve des penseurs tels que Guénon et Evola qui sont des références de Douguine.

A partir de cette présentation, on comprend que l’intérêt de ce texte de Douguine sur la révolte des Gilets-Jaunes (*), – texte venu de l’anglais de FortRuss.comà partir du russe sur RT, – tient d’abord en ce qu’il généralise et, en quelque sorte, “internationalise” selon la référence de la métahistoire la crise des Gilets-Jaunes en France. C’est à notre avis la voie impérative à suivre pour le jugement le plus fécond : bien loin de leurs revendications, faire sortir les Gilets-Jaunes du cadre français tout en conservant les composants français les plus hauts et les plus ouverts à une métahistoire générale, pour mieux rechercher et définir leur signification.

Travaillant comme on l’a décrit, on trouve l’évidence impérative d’un Douguine repoussant énergiquement et absolument la classification droite-gauche avec toutes ses besognes de “diabolisation” qui dépendent bien plus de la “com’” affectionnée par le Système que de la métaphysique, pour justement développer une appréciation métaphysique, ou plus précisément dans ce cas métahistorique selon notre référence méthodologique habituelle. Il en résulte que Douguine voit dans les Gilets-Jaunes un mouvement de révolte contre les élites, celles que nommons nous-mêmes élites-Système (ou “élitesSystème”, pour suivre notre habituelle méthodologie dialectique), qui n’ont évidemment pas de frontières, d’autant que l’une de leurs idées centrales en tant que globalistes forcenés et globalistes religieux-intégristes est la destruction des frontières comme de l’identité.

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La traduction politique rejoint alors, bien évidemment, le courant populiste que l’on voit partout se lever, sous des formes extrêmement différentes selon les nations, les régions et les conceptions, mais toutes ces formes se rejoignant et se transmutant en un courant homogène d’une vaste contre-attaque contre les élitesSystème unies au sein du courant globaliste (néolibéral, communautariste, “mélangistes”, etc., et “diabolisateur” bien entendu). Le caractère psychologique de cette réaction des Gilets-Jaunes est la rage et la colère contre l’arrogance et le nihilisme entropique, avec une indéniable couleur satanique, des élitesSystème.

Avec les Gilets-Jaunes, et particulièrement selon Douguine, il est évidemment question du “peuple” puisque l’attaque vise les élitesSystème dont la première démarche est le mépris et la haine du peuple qui rechigne à entrer dans le moule entropique de leur destruction. Pour autant, il est incontestable que la référence va aussi à une élite dissidente, dont Douguine lui-même fait partie et dont on trouve de nombreux représentants en France (là aussi hors des clivages droite-gauche et de leur désaccord dans la politique courante) ; qui se manifeste de plus en plus dans ce pays avec des gens aussi différents que Todd, Sapir, Finkielkraut, Zemmour, Michéa, Onfray, Gaucher, Guillluy, Houellebecq, de Benoist, etc.

L’intérêt des Gilets-Jaunes est effectivement de forcer à des grands reclassements hors des clivages favorisés par les élitesSystème pour développer leur dialectique déstructurante pour l’adversaire de la “diabolisation”, pour développer une critique antimoderne radicale. Il s’agit, à la fois opérationnellement mais aussi conceptuellement au plus niveau de la métahistoire, d’une critique antiSystème s’alimentant notamment, directement ou indirectement et pour une partie non négligeable, au courant de la Tradition primordiale débarrassée de ses clivages politiques bien entendu mais aussi de ses clivages par rapport à la question de la religion.

La menace suprême de l’entropie et de la destruction du monde que portent les élitesSystème par le biais de la globalisation doit conduire à écarter les querelles d’opinion, de chapelles, etc., pour en venir à l’essentiel. Les Gilets-Jaunes constituent à cet égard une formidable opportunité autant qu’une forte pression d’un type nouveau et c’est de ce point de vue que l’analyse de Douguine est d’une réelle utilité. Il est bon qu’elle vienne d’un non-Français, d’un nationaliste mystique russe qu’on croirait lié sinon fermé à son seul choix russiste (néo-eurasien), et qui au contraire apprécie le problème d’un point de vue transnational, unitaire, transcendant les frontières sans les abolir, transcendant les différences identitaires sans affaiblir en aucune façon les identités mais en les renforçant au contraire. Il y a une diversité très marquées mais qui se rejoint en un tronc commun face à la menace entropie/destruction du monde que développent les élitesSystème recherchant au contraire leur propre mélange niveleur et entropique puisqu’elles sont comptables de l’équation du Système surpuissance-autodestruction du Système.

(A cette occasion, il faut définir les élitesSystème comme ersatz d’élites, élites absolument inverties, car inversion plus encore que négation du concept d’élites, des “élites” absolument, totalement usurpatrices et inverties selon une démarche qui s’inspire de la manière satanique, jusqu’à faire croire à sa véritable existence sous la forme d’une influence entropique dévastatrice. Il faut aussi avancer l’hypothèse que la sociologie qu’en fait Douguine est soit contestable, soit incomplète, soit trop imprécise à notre sens ; à côté des nouveaux-super-riches, ou “super nouveaux-riches”, qui n’ont pas appris à être riches d’une manière responsable, toute l’infanterie des élitesSystème qui fait sa force de frappe est ainsi définie par Douguine : « ...personnes de types marginaux [qui] ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux [souvent sectaires] et sexuels – [qui] sont devenues dominants parmi eux. » Nous aurons une approche différentes : même s’il y a une telle diversité, c’est essentiellement la “fonction” qui caractérise cette “infanterie des élitesSystème”, essentiellement venue de la communication, que ce soit de l’entertainment, du show-biz, de la fausse-littérature, de l’art subventionné par le Corporate Power [A.C.], du clergé postmoderne, des ONG, etc. ; créatures particulièrement brillantes-blingbling, connues, pipoles clinquants, vedettes des talk-shows TV, élevées dans l’affectivisme tenant lieu d’intellectualisme, d’une culture subvertie et d’apparence, réduite aux acquêts postmodernes... Une très récente pétition pour que “les GJ se remettent au travail” comprend comme “personnalités” : Cyrile Hanouna, Stephane Berg, Thierry Lhermitte, BHL, – saltimbanques ou bouffons, ou les deux à la fois.)

dedefensa.org

Note

(*) Nous proposerions effectivement une “majusculation” générale en Gilets-Jaunes, pour marquer l’importance fondamentale de ce mouvement, et éventuellement utiliser l’acronyme “GJ” lorsque la rapidité d’un texte l’autorise, ou pour la facilité d’un titre. (D’ailleurs et “pour rendre à César” comme à notre habitude, nous noterons que certains lecteurs venus au Forum ont commencé à utiliser l’acronyme et nous ont inspirés à cet égard.)

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Douguine : insurrection en France

L’anatomie du populisme et le défi lancé aux élites

Les manifestations en France, symbolisées par des gilets jaunes, couvrent une partie de plus en plus importante de la société. Les experts politiques ont déjà qualifié ce mouvement de “nouvelle révolution”. L’ampleur du mouvement des gilets jaunes est d’ores et déjà telle qu’il est absolument nécessaire d’analyser ce phénomène de manière détaillée.

Nous avons affaire à une manifestation vivante du populisme européen moderne. La marque principale du populisme en tant que phénomène issu de la structure politique des sociétés formées à la suite de la Grande Révolution Française et basées sur l’antagonisme entre droite et gauche, est qu’il modifie radicalement cet antagonisme.

Les mouvements populistes rejettent ce schéma classique gauche / droite et ne suivent aucune attitude idéologique stricte, ni de droite ni de gauche . C’est la force et le succès du populisme: il ne joue pas selon les règles préétablies. Pour autant, le populisme a sa propre logique: malgré toute sa spontanéité, il est tout à fait possible de tracer une certaine logique et même les prémices d’une idéologie populiste qui se dessine sous nos yeux.

Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’ensemble de l’élite politique, sans distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le “soulèvement de la périphérie de la société contre son centre”. Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch(1932-1994) a qualifié la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne de “Révolte des élites”.

Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la “révolte des masses”, dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le Logos Européen. Mais Christopher Lasch a noté une nouvelle tendance politique : ce sont les élites qui détruisent la culture et le Logos Européen aujourd’hui. Ces nouvelles élites occidentales, qui n’ont atteint le sommet du pouvoir que par leur ressources et leur immense “volonté de puissance”, sont bien pires et plus destructrices que les masses.

Une personne ordinaire conserve encore certaines traditions culturelles; il est presque impossible de trouver un “prolétaire pur”. Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas d’aristocratisme, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de personnes de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – sont devenus dominants parmi eux. Selon Christopher Lasch, c’est cette cohue perverse qui constitue la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.

En conséquence, le populisme – y compris celui des “gilets jaunes” – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel règnent le double discours de convention, des normes du politiquement correct et de la démagogie libérale.

Selon ces “nouvelles élites”, le peuple et la société, dans leur état actuel, n’ont pas leur place dans ce monde. Par exemple,  cette représentante typique de la “nouvelle élite”, Hillary Clinton, furieuse du succès du populiste de droite Trump, a ouvertement insulté les Américains ordinaires – comme déplorables, ce qui veut dire “néfastes” et “inexistants”. Les “Déplorables” ont choisi Trump – non pas parce qu’ils l’aimaient, mais pour répondre à la “sorcière globaliste” Clinton.

Macron est un représentant du même type des “nouvelles élites”. Il est curieux qu’à la veille des élections, le journal français Libération ait publié le titre « Faites ce que vous voulez, mais votez Macron ». Cela est une paraphrase évidente d’Aleister Crowley, qui s’est proclamé au XXe siècle l’Antéchrist et la Bête 666: « Fais ce que tu voudras sera la totalité de la Loi ». En d’autres termes, les foules obéissantes devraient voter pour Macron non pas pour des raisons rationnelles, pas à cause de ses idées et de ses vertus, mais simplement parce qu’il s’agit de la loi impérative de l’élite dirigeante. Le mépris des élites pour les masses obéissantes et asservies est si affichée que ces élites ne se donnent même plus la peine de les séduire avec des promesses irréalisables : « Votez pour Macron, c’est la consigne et ce n’est pas discutable. » Votez et alors vous êtes libre. Sinon vous êtes déplorables… C’est tout.

En Italie, les deux principaux groupes de la population ont voté pour les populistes de droite de La Ligue et pour les populistes de gauche du Mouvement des 5 Etoiles. Ensemble ces partis ont réussi à créer le premier gouvernement populiste de l’histoire européenne. 

Et maintenant la France. Bien qu’en France, il n’existe pratiquement aucun contact politique entre le populisme de droite du Rassemblement National et le populisme de gauche de Mélenchon, aujourd’hui le populisme est réuni dans la révolte héroïque des “gilets jaunes”. Les gilets jaunes sont déplorables, à droite comme à gauche, au contraire de la droite libérale et de la gauche libérale qui sont admirables. Les populistes de droite sont terrifiés par la nouvelle politique insensée de l’élite en matière d’immigration et par la destruction des vestiges de l’identité française. Les populistes de gauche sont scandalisés par la politique économique désastreuse des libéraux, qui ne défendent que les intérêts des grandes entreprises. Macron est un protégé des Rothschild et cela montre de quel côté il est…

Les gilets jaunes se sont rebellés contre Macron et contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de droite ou de gauche classique. Macron est de gauche pour le soutien de la migration, la protection des minorités, la légalisation de la dégénérescence et le soi-disant “marxisme culturel”, mais il est de droite (droite libérale) en termes d’économie, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. Il est un pur globaliste, ne dédaignant pas une affirmation directe de son appartenance à la franc-maçonnerie (son fameux signe de la main représentant un triangle), même avec des slogans sataniques explicites : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.

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Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent pas être unis politiquement, étant l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, les gilets jaunes le feront à la place de ces dirigeants politiques cherchant à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de l’ensemble du système, contre le globalisme, contre le totalitarisme libéral, contre “l’état actuel des choses”. Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot “peuple” (populus, “le peuple”) doit être pris littéralement dans le concept de “populisme”.

Ce ne sont pas des masses abstraites ni un prolétariat impersonnel – ce sont les derniers peuples vivants qui se sont levés contre le pouvoir mondial de la progéniture globaliste, les rebelles de la culture et de la civilisation, comme le croit Laech, rebelles à propos de l’homme en tant que tel, des peuples. de Dieu. Aujourd’hui, il n’y a plus de droite ni de gauche : seul le peuple est contre l’élite. Les gilets jaunes créent une nouvelle histoire politique, une nouvelle idéologie. Le nom de Macron ne désigne pas une personne, c’est une étiquette de la matrice. Pour obtenir la liberté, il doit être annihilé. Ainsi les gilets jaunes se dressent-ils et disent-ils la vérité.

Alexandre Douguine

jeudi, 06 décembre 2018

A Mainstream Primer on Populism

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A Mainstream Primer on Populism

John B. Judis
The Populist Explosion: How the Great Recession Transformed American and European Politics
New York: Columbia Global Reports, 2016

Judis-200x300.jpgFollowing the collapse of the Warsaw Pact in 1989 and, two years later, of the Soviet Union itself, there was a widespread sense in the West that the free market had conclusively vindicated itself and that socialism had been just as conclusively relegated to the scrapheap of history. But the political outcome of this period, surprisingly, was not continued electoral triumph for conservative cum classical liberal politicians of the Reagan/Thatcher type who had presided over victory in the Cold War. Instead, an apparent embrace of “markets” by center-Left parties in the West was followed by the rise of “new Democrat” Bill Clinton in the US (1993) and “new Labourite” Tony Blair in the UK (1997). Asked in 2002 what her greatest achievement was, Thatcher replied, “Tony Blair and New Labour. We forced our opponents to change their minds.”

This was the neoliberal moment, when there appeared to be a broad consensus on economic issues among all mainstream parties. Francis Fukuyama famously speculated it might herald a Kojèvian end of history.

The worm in the apple was partly that the supposedly “pro-market” consensus between mainstream parties was not so much a return to laissez-faire as a new type of crony capitalism involving collaboration between business interests and the political class as a whole. To some extent, current dissatisfaction with “capitalism” is really anger at this corrupt alliance against the common man misinterpreted as market failure.

But it must also be admitted that the free international movement of labor and capital, perhaps the most important point on which business interests and political elites are agreed, is objectively contrary to the interests of the Western working class. As Cambridge University economist Ha-Joon Chang has written:

Wages in rich countries are determined more by immigration control than anything else, including any minimum wage legislation. How is the immigration maximum determined? Not by the “free” labor market which, if left alone, will end up replacing 80-90 percent of native workers with cheaper immigrants.

This kept the neoliberal honeymoon brief.

John B. Judis’ The Populist Explosion is fairly reliable on this economic aspect of recent populist movements; his subtitle even suggests they might merely be a consequence of the post-2008 recession. Yet Jean-Marie Le Pen founded the Front National as early as 1972. Populist opposition to mass immigration elsewhere long predates the neoliberal moment as well. Like all mainstream writers, however, Judis is innocent of race and identity. He is the sort of writer who thinks Islamic terrorism would disappear if all Muslim immigrants were provided with good jobs.

The Populist Explosion consists of an introduction, six historical chapters, and a conclusion. Theoretical discussion is mostly limited to the introduction and conclusion. The author follows the late Argentine political scientist Ernesto Laclau’s understanding of populism as developed in his book On Populist Reason (2005). In this view, there is no one feature common to all populist movements, but only a kind of family resemblance among them. This family resemblance certainly includes a rhetoric centered on advocacy for “the people” and opposition to entrenched elites, but people and elites may be defined differently by different movements. The people may be “blue-collar workers, shopkeepers, or students burdened by debt.” The elites may be the “money power” of late nineteenth-century American populism, George Wallace’s “pointy-headed intellectuals,” or today’s globalists.

The author also follows Laclau in recognizing the existence of both Left- and Right-wing populisms. He claims to see at least one defining difference between them, however:

Leftwing populists champion the people against an elite or establishment. Theirs is a vertical politics of the bottom and middle arrayed against the top. Rightwing populists champion the people against an elite that they accuse of coddling a third group, which can consist, for instance, of immigrants, Islamists, or African-American militants. Leftwing populism is dyadic. Rightwing populism is triadic. It looks upward, but also down upon an out group.

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I am unsure whether this is a timeless truth about populist movements, but it correctly describes a recent pattern. Sam Francis described the managerial elites’ alliance with the underclass as a “squeeze play” against the middle class. European nationalists’ struggle against the alliance of globalists with unskilled Third World immigrants fits this model as well. No Leftist movement would deliberately exclude the underclass or non-white immigrants, whom they hope instead to lure away from any loyalty to current elites.

Judis also remarks that populist movements “often function as warning signs of a political crisis.” They occur when people see the prevailing political norms as being at odds with their own hopes and fears. Populist politicians express these neglected concerns in a language pitting ordinary people against intransigent or out-of-touch elites, thus becoming catalysts for change. In a two-party system such as America’s populism, it may succeed indirectly by getting its concerns adopted by one of the major parties instead of by breaking through to electoral success itself.

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The book’s first chapter traces populism back to late nineteenth-century America, which may not seem all that far. Politics since ancient times has been a contest between the many and the few, but this modest study does not claim to cover the populares faction of Republican Rome. Modern populism in Judis’ sense is “an American reaction that spread later to Latin America and Europe.”

Between 1870 and 1890, farm prices in the South and Midwest fell by two-thirds, compounded in some regions by drought. Railroads, which enjoyed a virtual monopoly, were raising farmers’ transport costs at the same time. Many fell into debt or lost their land to East Coast investors. The response of President Grover Cleveland’s Secretary of Agriculture, Norman Jay Coleman, to calls for government help expressed the political orthodoxy of the time: “The intelligent, practical, and successful farmer needs no aid from the government; the ignorant, impractical and indolent farmer deserves none.”

In May 1891, the legend goes, some members of the Kansas Farmers Alliance, riding back home from a national convention in Cincinnati, came up with the term “populist” to describe the political views that they and other alliance groups in the West and South were developing. The next year, the alliance groups joined hands with the Knights of Labor to form the People’s Party that over the next two years challenged the most basic assumptions that guided Republicans and Democrats in Washington.

At its height, in 1894, the People’s Party elected four Congressmen, four Senators, twenty-one governors, and four hundred sixty-five state legislators. In 1896, Democratic presidential candidate William Jennings Bryan adopted much of the party’s platform, and they endorsed his candidacy rather than fielding someone of their own. The People’s Party subsequently lost support. Their historical significance was considerable, however:

The populists were the first to call for government to regulate and even nationalize industries that were integral to the economy, like the railroads; they wanted government to reduce the inequality that capitalism, when left to its own devices, was creating; and they wanted to reduce the power of business in determining the outcome of elections. Eventually, much of the populist agenda, [including] the graduated income tax, was incorporated into the New Deal.

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Judis’ first chapter also devotes space to Huey Long and George Wallace. His second chapter describes the Perot and Buchanan movements, as well as the Tea Party and Occupy Wall Street. Chapter Three concludes his history of American populism with the Bernie Sanders and Donald Trump campaigns. The author seems to understand that it was precisely the utopianism of Sanders’ program which attracted young voters:

While older voters evaluated Sanders’s programs by whether they could be included in the president’s Fiscal Year 2018 budget, younger voters liked the visionary sweep of Medicare for All and Free Public College. They understood that these couldn’t happen within the current “rigged system” and would require a political revolution. The contrast couldn’t have been sharper with Clinton’s campaign that dwelt entirely on lists of incremental changes.

“Visionary” is the correct word. Those of us old enough to remember the Cold War received a jolt recently when polls indicated that fifty-seven percent of young Democratic voters are favorably disposed toward a hot, new idea they have just heard about called “socialism.”

As for Donald Trump, the author writes that he:

. . . repeatedly displayed the thin skin of a businessman who treasures his celebrity. At his rallies, he cheered supporters who beat up protestors. And he tried to turn his supporters against the press. [Judis apparently thinks the press’s own behavior had nothing to do with this.] Trump’s actions reflect a bilious disposition, a meanness borne out of bare-knuckle real estate and casino squabbles, and a conviction, borne out of his financial success, or perhaps arrested development, that he could say in public whatever he thought in private about Mexicans or women without suffering any consequences.

Might this outspokenness not appeal to millions of Americans tired of being told they are not allowed to mention certain obvious realities? It wouldn’t seem so to an author who has never experienced the temptation to express an unorthodox thought. Going to press apparently in the late spring of 2016, the author, like all other mainstream so-called experts, expected Trump to be “soundly defeated.”

In keeping with his economic orientation, Judis explains the first appearance of populism in Europe as resulting from the downturn of the 1970s, and ascribes their recent breakthroughs to the recession after 2008. Left-wing populist movements, as he observes, have been most significant in southern Europe, while Right-wing populists have been most influential in the north. Particularly informative for this reviewer was his account in Chapter Five of recent Left-wing movements in Greece and Spain. Greece’s Coalition of the Radical Left, popularly referred to as Syriza, was established in 2004 and is now ruling the country. Its rise is largely a reaction to tough austerity measures forced upon Greece by the European Union. Golden Dawn, a less successful party which some would describe as Right-wing populist, is left unmentioned. Spain’s center-Left Podemos party was founded in 2014 and received twenty-one percent of the vote in parliamentary elections in December 2015. It is now the third-largest group in the Spanish legislature, but has suffered internal rifts.

The author’s final chapter provides useful summaries of the history of four northern European Right-wing populist parties: the Danish People’s Party, Austria’s Freedom Party, UKIP, and France’s Front National (since renamed National Rally). All are best-known for opposing mass Third World immigration. Judis acknowledges that immigration threatens working-class wages, but does not seem to understand the threat to native folkways which motivates so many of these parties’ voters. He mentions Germany’s AfD only in passing. The Populist Explosion went to press before the rise of Sebastian Kurz in Austria or Marine Le Pen’s defeat at the hands of Emanuel Macron.

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The book’s conclusion discusses the threadbare accusation of fascism still leveled at Right-wing populists. Among the genuine resemblances the author sees are “the role of the charismatic leader, the flouting of democratic norms, [and] the scapegoating of an outgroup.” Of course, it is mainly these parties’ stress on the nation that reminds the Left of interwar fascism. Today’s Right-wing populism is a response to neoliberal globalism and its primary weapon of mass immigration, just as fascism was a response to the threat of Leninist Communism. But Judis concedes that today’s populists operate within a democratic, multiparty framework rather than aiming at dictatorship.

The second essential difference from interwar fascism (including German National Socialism) was that those earlier movements were expansionist and imperialistic. Today’s Right-wing populists sometimes describe themselves as “sovereigntist,” seeking to protect their borders from economic migrants and their national governments from supranational organizations such as the European Union and the United Nations. In other words, they are defensive rather than aggressive movements. The cry of fascism serves – and no doubt is meant – to divert attention from these obvious realities.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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mercredi, 05 décembre 2018

Didier Carette : « Je ne rêve pas d'une culture pour tous, mais pour chacun »

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Didier Carette : « Je ne rêve pas d'une culture pour tous, mais pour chacun »

 
« Je n'ai jamais rêvé d'une culture pour tous, moi je rêve d'une culture pour chacun. »
 
Retrouvez l'intervention de Didier Carette, conseiller régional du Front National en Occitanie lors de l'Assemblée plénière des 20 et 21 décembre 2017.
 

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lundi, 03 décembre 2018

Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (3 décembre 2018)

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Larges extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (3 décembre 2018)

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

L’émission Répliques d’Alain Finkielkraut recevait le 24 novembre le philosophe et mathématicien François-Xavier Bellamy et Sylvain Tesson grand voyageur. Le thème de la discussion était : demeurer ou partir; quelle vision du monde à l’ère du mouvement perpétuel ? « Demeure », titre du dernier livre de Bellamy, n’est pas synonyme de passivité ou d’immobilité explique-t-il, et la politique consiste moins à transformer qu’à sauver dans ce monde ce qui mérite d'en être transmis tandis que Tesson reprenant Novalis et Nietzsche décrète que marcher c’est s’ouvrir à la pensée et à la poésie. Un échange sur les cimes :

 
Sur le site de l’Institut Illiade une bonne note de lecture à propos du livre de Rémi Soulié Racination paru aux éditions Pierre Guillaume de Roux. Dans cet ouvrage à la langue limpide nous cheminons en compagnie d’Heidegger, Hôlderlin, Barrès, Boutang et Novalis à l’écoute de la terre et des morts. Une ode à l’enracinement et au génie des lieux :
 
 
Le philosophe André Perrin qui avait publié des réflexions acérées et aux antipodes du politiquement correct dans Chroniques de la vie intellectuelle en France revient ici sur les confusions de Guillaume Erner (de France-culture) dont on ne sait si elles sont inspirées par la malveillance ou l’ignorance à propos de l’antisémitisme contemporain et de ses auteurs :
 
 
Jean-Marc_Jancovici_(cropped).jpegPour Jean-Marc Jancovici nous sommes la seule espèce à utiliser des ressources énergétiques extra-corporelles depuis l’invention du feu il y a 500000 ans. Partant du principe qu’il n’y a pas de vrai débat en France (comme ailleurs) sur les véritables enjeux de la  « transition énergétique » ( qui se résument pour l’essentiel à une devise de shadok : « quand on ne sait pas où l’on va, l’essentiel est d’y aller le plus vite possible » ), il s’efforce a contrario d’apporter ici d’authentiques arguments scientifiques à cette mutation considérable qui doit nous faire abandonner les sources d’énergie carbonée ou bien de périr à brève échéance. Cette conférence, condensé d’intelligence, au surplus très pédagogique, a été tenue à la fin de l’année dernière à la cité des sciences et de l’industrie:
 
 
Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet débattent de l’hypothèse collapsologique. La décroissance, voulue ou non, est de toute évidence notre destin avec toutes les conséquences qu’elle implique, ici survolées à haute altitude. Comme le dit Yves Cochet, les seules solutions proposées pour l’heure par toutes les forces politiques sont : plus de croissance, plus de technologie, plus de marchés. Cette pure folie annonce une transition désastreuse,  à moins qu’elle ne soit prise en main par un pouvoir autoritaire pilotant une décroissance ordonnée comme le suggère Jancovici : 
 
 
Dans une tribune parue le 26 novembre dans Sud Ouest Matthieu Auzanneau et Jean-Marc Jancovici partent du principe que la sédition des gilets jaunes doit agir comme lancement d’alerte et proposent les mesures qu’imposeraient une véritable politique de transition énergétique. Aujourd’hui les gilets jaunes considèrent à raison que les taxes sur le carburant sont destinées à leur faire les poches puisque elles doivent rapporter l’an prochain 37 milliards d’euros contre 33 cette année et que sur ce total moins de 2 milliards d’euros seront consacrés à encourager la baisse de la consommation d’énergie. Ils rappellent que le financement très élevé des éoliennes et des panneaux photovoltaïques n’aide en rien à sortir des sources d’énergie fossile. Démonstration limpide et imparable :
 
 
Jobs-a-la-con_9498.jpgSur le livre consacré aux Bullshit Jobs (« jobs à la con ») de l’anthropologue David Graeber, Michel Drac livre une excellente analyse. Les bullshit jobs sont des emplois rémunérés totalement inutiles ou même néfastes dont le salarié lui-même ne parvient pas à justifier l’existence. Les exemples donnés atteignent des sommets d’absurdité et de grotesque. D’où la question : se pourrait-il que dans la fonction publique comme dans l’entreprise une grande partie des occupations rémunérées ne soient qu’un vaste théâtre d’ombres ? Drac donne les raisons pour lesquelles des travails qui ne servent rigoureusement à rien peuvent perdurer dans nos sociétés. Ces pseudo « métiers » représenteraient au bas mot 30% des emplois d’une société en quête, parait-il, de performance. Notre système socio-économique cautionne un immense gaspillage lié à notre conception du travail et génère beaucoup de souffrance et d'humiliation. 
Une ingénierie libérale propre à l’ère du techno-capitalisme, mise en place « parce que c’est notre projet… » :
 
 
Lors de son émission Répliques sur France-culture du 17 novembre Alain Finkielkraut recevait Paul Thibaud ancien directeur de la revue Esprit et Éric Zemmour pour débattre encore une fois de Pétain, de Gaulle et la France. 
À force de se prêter au jeu malsain des médias toujours à la recherche du bon client faisant le scoop et le buzz, Zemmour n’aurait-il pas tendance à ternir la richesse de son dernier ouvrage et des leçons qu’il contient ? :
 
 
discoursintimidant.jpgLaurent Fidès, ancien élève de l’École normale supérieure, a publié aux éditions du Toucan Face au discours intimidant; Essai sur le formatage des esprit à l’ère du mondialisme. Dans cette chronique il s’attaque aux nombreux mythes de l’idéologie progressiste et démonte les ressorts de la  domination culturelle « multiculturaliste, échangiste, déconstructiviste qui nous promet un monde sans frontière, sans différences, atomisé, peuple d’entités négociables et remplaçables ». Il constate par ailleurs qu’à la télévision on ne voit jamais ni Georges Feltin-Tracol ni Thomas Ferrier ni Olivier Rey ni Hervé Juvin… qui pourraient porter la contradiction à ces pensées obligatoires. Il s’en étonne, d’autant dit-il que le vent semble devoir tourner après des décennies de tyrannie idéologique :
 
 
Paul-François Paoli auteur de L’imposture du vivre-ensemble et tout récemment des Confessions d’un enfant du demi-siècle est interrogé par Tv-Libertés sur ce dernier ouvrage. Ancien gauchiste ayant traversé le chaos de toutes les modes intellectuelles des décennies passées, il se définit aujourd’hui comme un conservateur conséquent. Il pointe du doigt le rôle néfaste de certains intellectuels au premier desquels Jean-Paul Sartre « le plus démodé, le plus idéologue et le plus indigent ». Faisant état de l’écroulement de tous les « grands récits » il constate que le libéralisme n’a pu s'introduire en France que par le biais culturel de l’anthropologie libéral-libertaire. Il salue Houllebecq, Onfray (« phénomène gaulois ») et Alain de Benoist dont la revue Éléments serait selon ses dires la meilleure revue intellectuelle de notre temps :
 
 
Jean-Paul Brighelli possède un talent certain : celui de nous faire sourire des choses les plus graves. Ici il traite avec humour de la réception du dernier livre de Laurent Obertone, La France interdite par la presse de grand chemin qui use et abuse de clichés sociologiques pour opposer un déni officiel à tout ce que disent les vrais chiffres puisés dans l’appareil statistique gouvernemental :
 
 
mh_portrait.jpgContrairement à ce qu’enseigne trop souvent l’histoire officielle des États d’Afrique du Nord la conquête du Maghreb par les Arabes ne fut pas une promenade de santé. Elle se heurta à une vive résistance berbère (le peuple autochtone) et si l’islamisation fut rapide, l’arabisation se confronta à des échecs qui perdurent encore de nos jours. Sur ce sujet  Mouna Hachim, historienne, répond aux question de France-culture :
 


L’OJIM interroge Slobodan Despot à l’occasion du troisième anniversaire du lancement de L’Antipress devenu, entre-temps, Le Drone. Son objectif : « À la platitude, à l’absence de perspectives historique, culturelle, humaine de l’information de masse, opposer une chronique distanciée et libre - de cette liberté de pensée que donne la culture - de notre temps de trouble. » Pour la somme de 50 euros on peut souscrire un abonnement annuel. Pour ce faire s’adresse à < antipress.net > :
 
 
Excellente tribune de François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments, sur les gilets jaunes, nouveaux ploucs émissaires, dans Le Figaro :
 
 
Lettre de Jean-Claude Michéa au site des « amis de Bartleby » (site gascon décroissant) sur les gilets jaunes. Il en souligne l’inventivité populaire qu’il annonçait dans Les Mystères de la gauche et qui situe le mouvement à l’exact opposé de  Nuit Debout qui jouissait par ailleurs de la sympathie active des médias de propagande. Pour ce qui concerne les gilets jaunes il ajoute : « Ici, au contraire ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy - d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot) qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite… » Pour eux il n’a jamais été question ni de plan Marshall ni de plan banlieues  :
 
 
JSM-portrait.jpgDans une chronique de Figaro-vox  Jérôme Sainte Marie voit dans les « gilets jaunes » la convergence d’électorats populaires jusqu’ici opposés. Une jacquerie antifiscale qui unit des personnes aux origines variées mais de semblable statut économique, des travailleurs de la France périphérique ce qui explique que la France des métropoles en soit absente. Ce mouvement réalise d’une certaine manière une alliance « populiste » à l’italienne.  
Mais bien qu’il soit profondément politique le mouvement se veut non partisan, c’est là que réside sa principale faiblesse face au « bloc élitaire » outre le fait qu’il n’a aucune structure et aucune direction. Il n’empêche, Castaner veut voir en lui une fronde comparable à celle du 6 février 1934, tandis que son collègue Darmanin, épris de boisson à 100 euros la bouteille, parle de « peste brune ». L’emphase touche ici à la caricature. Si le ridicule tuait encore, ces deux là seraient en état de putréfaction avancée. Ce 27 novembre c’est Benjamin Griveaux qui ajoute sa pierre au bêtisier gouvernemental en déclarant sur France-info : « Quand des gens défilent sur les Champs en disant on est chez nous, ceux-là font partie de l’ultradroite ». On pourrait  répliquer à cet « any where » que quand un Français dit qu’il est chez lui à Paris il n’a pas tort. Et si ce n’est pas « chez lui », c’est chez qui ?  :
 
 
Gilets jaunes. Selon Jacques Sapir « nous sommes peut-être à la veille de quelque chose de bien plus important qu’une simple protestation contre les taxes ».
 
 
Par Michel Onfray, « Le message clair des gilets jaunes à BHL ». Dans le style limpide qui est sa marque de fabrique, le philosophe pamphlétaire cloue au pilori de ses contradictions successives l’intellectuel de plateau télévisé et affirme son soutien aux gilets jaunes (première occurence) et il parfait son analyse dans une deuxième occurence, vidéo celle là, où il montre que les médias, afin de discréditer les gilets jaunes, reprennent les éléments de langage complaisamment soufflés par le pouvoir pour énoncer de simples fariboles. Démonstration mordante :
 
 
 
CHhar.jpgEntretien d’Édouard Chanot avec Christian Harbulot, directeur de l’École de Guerre Économique  sur le pillage technologique de la France par les États Unis. Est mise en cause l’absence d’anticipation stratégique du coté français. 
Selon lui une politique d’indépendance et de puissance passe par une véritable rupture stratégique pour se ré-approprier notre destinée :
 
 
Dans le cadre de son émission Passé-Présent (sur Tv-Libertés) Philippe Conrad interroge Jean-Yves Le Gallou sur son livre manifeste Européen d’abord : Essai sur la préférence de civilisation (à partir de la trentième minute) :
 
 
Camille Galic tresse des lauriers au livre de Jean-Yves Le Gallou Européen d’abord (édition Via Romana) et ils sont largement mérités. Ouvrage vivifiant et mobilisateur, il se présente comme un manuel pour Européen désireux de survivre à la débâcle présente, un vade mecum pour se conduire en temps de détresse. D’ailleurs le livre ne se termine-t-il pas par une apostrophe pleine de la conviction qui anime son auteur : « le soleil reviendra »  : 
 
 
Nonobstant la cuistrerie dont font preuve certaines phrases de l’auteur (par exemple : « …venant fouetter la lourde atmosphère encharognée du cloaque putride de l’hygiénisme néopuritain qui nous sert… » qui gagnerait à plus de légèreté), le texte d’Aristide Leucate constitue une bonne synthèse de la pensée de Pier Paolo Pasolini concernant l’antifascisme de son époque et de toujours :
 
 
Dans le cadre de Géopragma, pôle français de géopolitique réaliste, Caroline Galactéros livre nombre d’éléments sur le dépeçage du journaliste saoudien Jamal Khasshoggi, un informateur de haut rang mêlé à de nombreuses affaires proche-orientales dans lesquelles trempent nombre de « services ». Nous sommes bien loin des afféteries pleurnichardes des médias français :
 
 
Conférence donnée par Wiktor Stoczkowski de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHSSS) sur le thème « L’antiracisme doit-il craindre la notion de race ? » Selon lui l’antiracisme construit depuis la seconde guerre mondiale sur un rejet « scientifique » de la diversité humaine est invalidé depuis une vingtaine d’années par les découvertes de la génomique qui réhabilitent le pluralisme racial de l’humanité. En bref, il n’est plus possible de superposer l’ordre des valeurs et l’ordre des faits et de faire cautionner un antiracisme non ratifié par la réalité par les sciences biologiques. Excellente analyse :
 
 
« Le monde d’en haut prétendument ouvert n’a jamais été plus refermé sur lui-même qu’aujourd’hui… Il est devenu prétentieux et arrogant ». Ainsi s’exprime Emmanuel Todd dans un entretien avec Thikerview. Pour lui si les élites pourrissent sur place, le petit peuple ne vaut guère mieux. Il s’inscrit ainsi en réalité contre une des thèses de Jean-Claude Michéa. Il exprime également sa conviction qu’avec Macron, la société va encaisser une baisse massive de son niveau de vie. Il critique également les médias tous alignés sur la représentation complètement faussée des élites. Pour lui ils sont les principaux producteurs de fake news.Todd rend compte aussi de sa russophilie et en explique la teneur par le niveau très supérieur des élites russes animées par une conscience historique qui fait défaut à l’oligarchie occidentale  : 
 
https://www.youtube.com/watch?time_continue=3172&v=6a...
 
Lecture de Rise and kill first de Ronen Bergman. Vidéo de 2h22 sur une histoire très informée du renseignement israélien par un journaliste éminent, lui-même israélien.
Michel Drac en tire de nombreuses leçons sur la mentalité juive et sur la force de son identité, fondatrice de l’efficacité de ses « services ». Remarquable synthèse :
 
 
Michel Pastoureau dans l’émission de Rt France de Frédéric Taddeï pour la sortie de son ouvrage Le loup : une histoire culturelle qui examine la représentation du loup dans l’imaginaire européen. Il revient incidemment sur les trois couleur de la symbolique indo-européenne : le noir, le rouge et le blanc :
 
 

dimanche, 02 décembre 2018

Nous sommes en pleine régression intellectuelle

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Nous sommes en pleine régression intellectuelle

Cet article apporte des hypothèses intéressantes à la réflexion sur la baisse de QI en Occident, mais même si la lecture sur écran s’avère inférieure sur les plans de la concentration, de la mémorisation et de la compréhension à sa contrepartie sur papier et que clairement, Internet peut surinformer, nous pensons que le relativisme culturel évoqué par Dimitri Casali est davantage en cause que la révolution numérique en elle-même, malgré tous les bémols qui peuvent en nuancer le bilan.

Parce que, si l’on se penche par exemple sur la Chine, une nation aujourd’hui aussi connectée (ordinateurs, tablettes, smartphones) que la France en 2007, elle affiche au contraire une hausse générale du QI de sa population, même dans la région autonome de Hong Kong, qui s’est massivement connectée à Internet au même moment que l’Occident. Si cette tendance chinoise se maintient, il faudra bien se résigner à envisager prioritairement des facteurs comme l’encouragement au nivellement par le bas de la culture en Occident pour comprendre notre tendance à la baisse. A suivre, donc.


Par Charles Sannat
Paru sur Insolentiae.fr


L‘historien Dimitri Casali prône la transmission des connaissances dans cet article du Midi Libre.

Selon Dimitri Casali, “la société bascule dans l’ignorance. Chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Mais d’après l’historien, jamais l’ignorance n’a gagné autant de terrain”.

Il en veut pour preuve les 3 millions de personnes illettrées dans notre pays qui ne savent ni lire ni écrire. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population et 6,5 millions de personnes !

Pour faire rentrer la France dans le siècle de la connaissance, c’est plutôt mal parti ! Il évoque aussi les enquêtes PISA, la baisse généralisée de QI.

C’est la fin de l’article qui est le plus intéressant.

À partir de quand peut-on dater, selon vous, cette montée de l’ignorance ?

“Je vois un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000 où on a assisté à une surinformation qui a conduit à l’ignorance. Les 15-29 ans ne lisent plus de livres. En revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs… D’après une étude de l’Université de Yale, la lecture sur Internet n’est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d’un livre permet de pénétrer les pensées de l’auteur et de structurer les informations.

Cela organise le cerveau. D’autres études sont à rapprocher de cela : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia est le plus bel exemple des effets pervers d’Internet. On a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c’est un agrégat d’informations nivelées par le plus grand nombre. Il n’y a plus de hiérarchisation du savoir. On est à l’époque du relativisme culturel. Tout se vaut. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d’articles que Homer Simpson.

Y a-t-il un moyen d’éradiquer la montée du phénomène ?

Bien sûr, il faut replacer la culture générale et l’histoire au centre de nos préoccupations. Et d’abord à l’école. Or, depuis une trentaine d’années, la culture générale a été abandonnée. Les fameux pédagogistes de la rue de Grenelle ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques. L’idée est de faire un homme nouveau, sans racines ni héritages, un bon consommateur. Rappelez-vous que Philippe Mérieu et Bourdieu préconisaient quand même d’apprendre à lire dans les notices d’appareils électroménagers et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière… Il faut sortir de ce rejet de la culture classique française qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire que nous devons tous être égaux dans la médiocrité.”

Charles Sannat
Photo Pixabay

Source Midi Libre

samedi, 01 décembre 2018

Le communautarisme fait perdre son identité collective à la gauche

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Le communautarisme fait perdre son identité collective à la gauche

Ex: http://entelekheia.fr

L’une des plaies de la société occidentale moderne est le vague des définitions, l’aspect d’auberge espagnole des concepts politiques, qui brouille tellement le débat public que parfois, il est impossible de savoir de quoi on parle au juste. On peut prendre comme exemples des mots comme « valeurs », « démocratie », « république » dont aujourd’hui, nous serions bien en peine de dégager une définition commune. Mais l’une des principales victimes de ce flou est le concept de « gauche ». D’où la reprise de cet article, dont l’auteur s’est attelé à l’œuvre salutaire d’en délimiter les différentes tendances et conflits internes.

Une nécessité pour enfin savoir de quoi on parle… et si quelqu’un parmi vous a une définition aussi claire de la droite, envoyez-la parce que, pour le moment, elle est tout aussi confuse.


Par Tomasz Pierscionek
Paru sur RT sous le titre How identity politics makes the Left lose its collective identity 


Le phénomène des communautarismes qui envahit le monde occidental est une stratégie de division et de conquête qui entrave l’émergence d’une véritable résistance aux élites.

L’un des principes fondamentaux du socialisme est l’idée d’une solidarité supranationale qui unit la classe ouvrière internationale et l’emporte sur tout facteur qui pourrait la diviser, comme la nation, la race ou le sexe. Les travailleurs de toutes les nations sont des partenaires, avec la même valeur et la même responsabilité dans la lutte contre les exploiteurs de leur cerveau et de leurs muscles.

Le capitalisme, surtout dans sa forme la plus aboutie, exploiteuse et dénuée d’états d’âme — l’impérialisme — a fait plus de tort à certains groupes de personnes qu’à d’autres. Les empires coloniaux réservaient leur pires brutalités aux peuples subjugués, alors que pour sa part, la classe ouvrière de ces nations impérialistes s’en sortait mieux, parce qu’elle se tenait plus près des miettes qui tombaient de la table de l’empire. La lutte internationale des classes vise à libérer tous les peuples du joug capitaliste, quel que soit leur degré d’oppression passé ou présent. L’expression an injury to one is an injury to all’ [‘Une attaque contre un est une attaque contre tous’, slogan du syndicat américain fondé en 1905 Industrial Workers of the World, Travailleurs industriels du monde, NdT] résume cet état d’esprit et exclut de donner la priorité aux intérêts d’une faction de la classe ouvrière sur la collectivité.

Depuis la fin du XXe siècle, une tendance d’inspiration libérale infiltrée dans la gauche (du moins en Occident) encourage l’abandon d’une identité collectivité unique fondée sur la classe sociale en faveur de communautés multiples fondées sur le genre, la sexualité, la race ou tout autre vecteur de divisions. Chaque sous-groupe, de plus en plus distant de tous les autres, se concentre sur une identité partagée et les seules expériences de ses membres, et donne la priorité à sa propre émancipation. Toute personne extérieure à ce sous-groupe est admise, au mieux, au rang d’allié.

Au moment où j’écris ceci, il existe apparemment plus de 70 genres différents en Occident, sans parler des nombreuses orientations sexuelles — l’acronyme LGBT s’est à présent démultiplié en LGBTQIP2SAA. En y ajoutant les races et ethnies, on obtient un nombre encore plus grand de permutations ou d’identités possibles. Chaque sous-groupe a sa propre idéologie. Certains de ces groupes gaspillent un temps fou à se battre contre ceux qu’ils jugent moins opprimés et à les sommer d’admettre leur statut de « privilégiés » à mesure des changements dans la hiérarchie de la victimisation de ces « Olympiades de l’oppression » – car les règles de ce sport sont aussi fluides que les identités de ses participants. Par exemple, l’un des derniers dilemmes du communautarisme LGBT est la question de savoir si les transgenres masculin → féminin méritent d’être reconnus et acceptés en tant que femmes ou s’ils ne ‘sont pas des femmes et s’avéreraient en réalité des hommes « violeurs » de lesbiennes’.

L’idéologie communautariste affirme que l’homme blanc hétérosexuel est au sommet de la pyramide des privilèges, et responsable de l’oppression de tous les autres groupes. Son péché originel le condamne à l’opprobre éternelle. S’il est vrai que les hommes blancs hétéros (en tant que groupe) ont rencontré moins d’obstacles que les femmes, les hommes non hétéros ou les minorités ethniques, la majorité des hommes blancs hétéros, passés et présents, tirent aussi le diable par la queue et ne sont pas personnellement impliqués dans l’oppression d’autres groupes. Bien que la plupart des individus les plus riches du monde soient des hommes de race blanche, il existe des millions d’hommes blancs pauvres et dénués de tout pouvoir. L’idée de « race blanche » est en soi un concept ambigu qui implique un profilage racial. Par exemple, les Irlandais, les Slaves et les Juifs ashkénazes peuvent bien être blancs, mais ils ont enduré plus que leur part de famines, d’occupations et de génocides au cours des siècles. Établir un lien entre le privilège d’un individu et son apparence est en soi une forme de racisme imaginée par des « intellectuels » libéraux fumeux (certains pourraient dire des privilégiés) qui seraient superflus dans toute société socialiste.

Les lesbiennes issues de groupe ethniques minoritaires de la classe moyenne d’Europe occidentale sont-elles plus opprimées que les Syriennes blanches qui tentent de survivre à l’occupation de l’Etat islamique ? Un ouvrier blanc britannique jouit-il vraiment de plus de privilèges qu’une femme de la classe moyenne de la même société ? Les stéréotypes fondés sur la race, le sexe ou tout autre facteur ne conduisent qu’à diviser et aliéner. Comment pourrait-il y avoir une unité de la gauche tant nous ne sommes loyaux qu’à nous-mêmes et à ceux qui nous ressemblent le plus ? Certains hommes ‘blancs’ pour qui la gauche n’a plus rien à offrir ont décidé de jouer le jeu du communautarisme dans leur quête d’une planche de salut, et ont dérivé vers Trump (un milliardaire avec qui ils n’ont rien de commun) ou l’extrême droite, ce qui a débouché sur une aliénation, des animosités et un sentiment d’impuissance supplémentaires qui renforcent les 1% de l’élite économique. Or, les gens du monde entier sont plus divisés en classes sociales qu’en tout autre critère.

Mais il est beaucoup plus facile de « lutter » contre un groupe aussi opprimé, ou légèrement moins opprimé que le vôtre que de s’unir et de s’organiser contre l’ennemi commun – le capitalisme. La lutte contre l’oppression par le biais du communautarisme est au mieux une forme paresseuse, perverse et fétichiste de la lutte des classes. Elle est pilotée par des militants issus de la classe moyenne et de l’enseignement supérieur pour la plupart libéraux, et qui ne comprennent pas grand-chose à la théorie politique de gauche. Au pire, il s’agit d’un autre outil utilisé par les 1 % de l’élite économique pour diviser les 99 % restants en 99, ou en 999 groupes concurrents trop occupés à se battre entre eux pour remettre en question le statu quo. Sans surprise, l’un des principaux donateurs de cette fausse gauche communautariste est le milliardaire cisgenre blanc George Soros, dont les ONG ont aidé à orchestrer les manifestations de l’Euromaïdan en Ukraine, avec leur émergence de mouvements d’extrême droite et néo-nazis : le genre d’individus qui croient dur comme fer à une supériorité raciale et ne voient pas la diversité d’un bon œil.

Il existe une fausse idée largement diffusée, selon laquelle le communautarisme dériverait de la pensée marxiste. L’expression sans signification « marxisme culturel », qui a plus de rapport avec la culture libérale qu’avec le marxisme, est utilisée pour vendre cette ligne de pensée. [Aux USA, le « marxisme culturel » est une idéologie très à la mode émanée de l’École de Francfort, dont les travaux démarrés en 1923 avaient fini par déboucher sur une fusion entre le marxisme et l’idéologie bourgeoise. En France, nous en avons eu l’équivalent (sans l’étiquette marxiste) avec des intellectuels comme Derrida, Foucault, Deleuze, Guattari, etc. On notera que par exemple, le Français Raymond Aron faisait à la fois partie de l’École de Francfort et du Congress for Cultural Freedom, une officine implantée par la CIA en France (lien en français) dans les années 50, expressément pour faire la promotion d’une gauche anticommuniste, libérale-libertaire, capable d’éliminer l’influence du Parti communiste en Europe. Mission accomplie, NdT].

Non seulement le communautarisme n’a rien de commun avec le marxisme, le socialisme ou tout autre courant de pensée traditionnelle de gauche, mais il en représente l’antithèse exacte.

Une attaque contre un est une attaque contre tous’ a été remplacé par quelque chose comme ‘Une attaque contre moi est tout ce qui m’importe’. Aucun pays socialiste n’a jamais fait la promotion du communautarisme. Ni les nations africaines et asiatiques qui se sont libérées de l’oppression colonialiste, ni les États de l’URSS et du bloc de l’Est, ni les mouvements de gauche qui ont vu le jour en Amérique latine au début du XXIe siècle n’ont eu le temps de faire joujou avec des politiques communautaristes.

L’idée selon laquelle le communautarisme fait partie de la pensée traditionnelle de gauche est diffusée par la droite, qui cherche à discréditer les mouvements de gauche, par les libéraux qui cherchent à les infiltrer, à les poignarder dans le dos et à les détruire, et par des jeunes radicaux malavisés qui ne connaissent rien à la théorie politique, et qui n’ont ni la patience ni la discipline nécessaires pour l’apprendre. Ces derniers cherchent à se donner à bon compte l’illusion d’ébranler les fondements du capitalisme alors qu’en réalité, ils les renforcent.

Le communautarisme est typiquement un phénomène moderne piloté par la classe moyenne [à la remorque des médias grand public, NdT] pour aider les dirigeants libéraux à diviser et distraire les masses. En Occident, vous êtes libre de choisir votre sexe ou votre sexualité, d’en changer à votre guise ou même de créer les vôtres, mais vous n’avez pas le droit de remettre en question les fondements du capitalisme ou du libéralisme. Le communautarisme est le nouvel opium du peuple et handicape sérieusement toute résistance organisée contre le système. Certains segments de la gauche occidentale pensent même que ces « libertés » susmentionnées sont un indicateur de progrès et de supériorité culturelle qui justifie leur exportation à l’étranger, que ce soit en douceur par l’intermédiaire d’ONG ou plus brutalement, par des révolutions de couleur et des changements de régime.

Tomasz Pierscionek est médecin spécialisé en psychiatrie. Il était auparavant membre du conseil d’administration de l’association caritative Medact, est rédacteur en chef du London Progressive Journal et a été l’invité de Sputnik, de RT et de l’émission Kalima Horra (présentée par George Galloway) sur la chaine de télévision pan-arabe Al-Mayadeen.

Traduction Entelekheia
Photo Pixabay

vendredi, 30 novembre 2018

Le sociétalisme est-il le poison électoral de la gauche ?

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Le sociétalisme est-il le poison électoral de la gauche ?

Ex: http://entelekheia.fr 

Après l’article de la semaine dernière sur le communautarisme dans la gauche occidentale actuelle, une autre analyse du même phénomène, cette fois non plus relative à la structure elle-même de la gauche libérale-libertaire/sociétale, mais à ses chances de victoires électorales. Écrit par un homme de droite républicaine américaine, cet article décrypte ce qui pourrait bien constituer l’un des principaux rouages de la « machine à perdre » de la gauche libérale à travers une courte, mais édifiante leçon d’histoire récente des USA.


Par James P. Pinkerton
Paru sur The American Conservative sous le titre Social Justice Warriors Are the Democrats’ Electoral Poison


Une jeune femme bien connue de la classe des bavards de New York s’est finalement lâchée sur ce qu’elle pense vraiment. « La race blanche est le cancer de l’histoire de l’humanité », dit-elle, « c’est la race blanche et elle seule — ses idéologies et ses inventions — qui éradique des civilisations partout où elle se répand, ce qui a bouleversé l’équilibre écologique de la planète, ce qui menace aujourd’hui la vie même. »

Votre serviteur vient-il de citer le tweet d’un de nos nouveaux justiciers anti-blancs ? Non. La citation ci-dessus remonte à 1967. Elle est de Susan Sontag, une critique littéraire sur papier glacé. Ses paroles étaient d’abord écrites en réaction à la guerre du Vietnam, mais comme nous pouvons le voir, sa critique s’est étendue bien au delà de la seule guerre. Nous pourrions également ajouter que Sontag a dit plus tard qu’elle regrettait ses mots — parce qu’ils manquaient de considération pour les victimes de cancer.

En d’autres termes, rien de nouveau sous le soleil. Les blancs sont mauvais, la culture occidentale est mauvaise, l’Amérique est mauvaise, etc. Récemment, la journaliste Sarah Jeong a publié une tribune sur le Washington Post, en date du 8 juin, intitulée « Pourquoi ne devrions-nous pas haïr les hommes ? » Et le 19 juin, The Root – une publication fondée par le propriétaire du Washington Post aujourd’hui propriété d’Univision — a mis à la Une un article intitulé « Les blancs sont des couards ». Et le 23 juillet dernier, le New Yorker a offert ceci : « Un sociologue analyse la ‘fragilité psychologique des blancs’ qui empêche les Américains blancs de se confronter au racisme. »

Comme nous pouvons le voir quotidiennement, beaucoup de journalistes et auteurs tentent aujourd’hui d’être de nouvelles Susan Sontag.

Le problème : le succès médiatique n’est pas la même chose que le succès politique. C’est-à-dire que ce qui est aimé de la classe bavarde n’est souvent, disons, pas aimé des électeurs.

Pour illustrer ce point, revenons à l’époque de Sontag, à la fin des années 1960. En 1968, l’année suivant sa déclaration sur le « cancer », les Démocrates, après deux mandats à la Maison Blanche [de 1961 à 1969 avec Kennedy et Johnson, NdT], ont perdu contre Richard Nixon. La fin des années 60 avait apporté un net changement à l’esprit du temps. Oui, la révolution culturelle s’était épanouie dans certaines universités et autres domaines de l’élite, mais en majorité, le pays s’était déporté vers la droite.

Par exemple, l’une des chansons les plus célèbres de 1968 était « Revolution » des Beatles, dont les parolesétaient, en fait, nettement contre-révolutionnaires. Et l’un des plus gros tubes de 1969, « Okie From Muskogee »de Merle Haggard, était carrément réactionnaire.

Certes, la gauche était encore très forte. Le 15 novembre 1969, une manifestation contre la guerre du Vietnam à Washington, D.C., avait attiré 500 000 personnes. Et en parlant de protestations, quoique d’un type particulier, en 1969 et 1970, il y avait eu 370 attentats à la bombe dans la seule ville de New York. Au cours des deux années suivantes, au moins 2 500 bombes avaient explosé dans le pays, y compris au Capitole.

Parallèlement, Hollywood était passé en mode turbo avec des paraboles anti-guerre du Vietnam comme M*A*S*HCatch 22 et Little Big Man. Sur la défensive face à la pop culture, les Républicains soulignaient qu’ils avaient hérité de la guerre du Vietnam des Démocrates, mais à l’époque, la gauche de l’Amérique avait déjà pris des dimensions sontagiennes. Par exemple, un film de 1970, Joe, sur un père ouvrier réactionnaire — Susan Sarandon à ses débuts y figurait — le dépeignait comme haineux au point de tuer.

Pourtant, comme toujours, la politique électorale, par opposition aux postures culturelles, se préoccupait de chiffres — qui avait la majorité ? Et c’est là que les gauchistes avaient un problème : ils avaient du venin à revendre, mais pas assez d’électeurs.

Les élections de mi-mandat de 1970 avaient été portées par des questions sociétales, notamment diffusées par la Nouvelle Gauche contre ce que Nixon avait surnommé la « majorité silencieuse », les partisans de la « loi et l’ordre ». Pendant ce temps, les critiques se déchaînaient, traitant Nixon de presque tous les noms, y compris « fasciste » et « nazi ».

Pourtant, les observateurs ont été surpris lorsque Nixon a choisi de riposter. En mai 1970, le 37e président a tourné en dérision les radicaux des campus en les qualifiant de « minables, vous savez, ceux qui font sauter les campus ». Selon les normes d’aujourd’hui, ce type de rhétorique peut sembler anodine, mais à l’époque, elle avait fait sensation.

Parallèlement, le vice-président de Nixon, Spiro Agnew, était allé plus loin en dénigrant les opposants, en particulier dans les médias, en les traitant de « snobs décadents » et « nababs de la négativité ».

Peut-être en conséquence, les résultats des élections de mi-mandat de 1970 avaient offert un succès mitigé au duo Nixon-Agnew : les Républicains avaient remporté deux sièges de plus au Sénat. Oui, ils avaient aussi perdu une douzaine de sièges à la Chambre et un certain nombre de gouvernorats, mais cette mauvaise nouvelle avait été quelque peu adoucie par la réélection confortable d’une étoile montante en Californie, Ronald Reagan. [Ajoutons qu’à cette époque, la popularité de Nixon était sévèrement écornée par son soutien à la Guerre du Vietnam, à l’encontre d’une opinion publique de plus en plus hostile à ladite guerre – qu’il avait d’ailleurs promis d’arrêter pendant sa campagne électorale de 1968 pour ensuite se dédire. La défaite calamiteuse de McGovern en 1972, soit deux ans plus tard, alors que McGovern avait déclaré vouloir mettre une fin immédiate à cette guerre des plus impopulaires, n’en est qu’encore plus surprenante, NdT].

Puisque la gauche n’avait pas pu vaincre Nixon par les urnes, elle a cherché à le battre à la télévision. En 1971, CBS a créé All in the Family, une sitcom qui mettait en vedette Archie Bunker, un homme réactionnaire de Queens, à New York. Le programme suivait la même ligne directrice que le film Joe, même si l’acteur Carroll O’Connor jouait Archie avec plus de clins d’yeux humoristiques (et depuis, de nombreux observateurs — y compris Rob Reiner, un membre du casting de l’émission — ont comparé Archie Bunker à un autre fils de Queens, Donald Trump.

Mais contrairement aux prévisions, Archie est devenu un héros. Les téléspectateurs de l’Amérique profonde avaient sûrement compris que censément, c’était un beauf, mais les gens de Muskogee et de Peoria avaient décidé de bien l’aimer quand même. Pour utiliser le langage d’aujourd’hui, les Américains de base avaient choisi de « s’approprier » Archie, avec tous ses défauts. L’émission a fait des records d’audience pendant cinq saisons, à une époque où, nous pouvons le noter, cela signifiait qu’un tiers de toutes les télévisions en Amérique étaient allumées sur cette chaîne (en revanche, aujourd’hui, une émission peut prendre la tête des audiences avec seulement un cinquième des téléspectateurs de All in the Family).

Donc, comme on peut le constater, la stratégie de la gauche contre la droite avait ses faiblesses, et même ses retours de boomerang. Mais, bien sûr, même avant l’arrivée de Fox News [la principale chaîne de télévision conservatrice des USA, NdT], il y avait au moins une certaine opposition à la contre-culture. Le début des années 70 avaient notamment vu la défense vigoureuse du pays, de ses institutions et de son peuple d’Arnold Beichman, Nine Lies About America (Neuf mensonges sur l’Amérique), et l’attaque cinglante d’Edith Efron contre les médias, The News Twisters (Les tordeurs d’informations). Mais surtout, les gens ordinaires, parfois peu éduqués, avaient écouté leurs tripes : si les élites culturelles impopulaires résidentes des deux côtes détestaient tant Nixon, alors il devait être dans le vrai. [Aux USA, les classes aisées, qui sont majoritairement de gauche libérale, se concentrent sur les deux côtes atlantique et pacifique. Le reste, l’Amérique profonde beaucoup plus conservatrice, est souvent dédaigneusement nommée « Flyover America », « l’Amérique qu’on survole en avion » pour se rendre d’une côte à l’autre, NdT].

Venons-en à l’élection présidentielle de 1972. Nixon n’était pas particulièrement populaire, mais il avait eu de la chance : les démocrates, enivrés par leur propre culture — et peut-être diverses substances – avaient choisi, à la place de leurs candidats modérés, un gauchiste libéral-libertaire, George McGovern. Et McGovern portait un handicap supplémentaire, à savoir ceux qui, dans ses rangs, donnaient dans un sociétalisme extrémiste, notamment ceux qui se glorifiaient d’une approche à la Sontag.

George McGovern a été battu avec pertes et fracas. La débâcle électorale l’a vu perdre dans 49 États.

Arrêtons ce petit tour historique ici. Qu’il suffise de dire que jamais depuis ce jour, les Démocrates n’ont plus présenté de candidat aussi gauchiste que McGovern. [Ce qui veut dire qu’ils se sont trompés sur les raisons de sa défaite et que, dans les discours et les programmes de leurs candidats, ils ont supprimé le volet social de la gauche pour n’en garder que l’aspect sociétal/communautariste. Autrement dit, la sociétaliste Hillary Clinton oui, le populiste Bernie Sanders non. Et ils l’ont payé par une défaite, comme du temps de McGovern. Et Barack Obama, direz-vous ? Obama était une exception – charismatique, jouant volontiers sur la fibre exceptionnaliste et nationaliste des Américains, il avait su séduire à droite comme à gauche, NdT].

En fait, on devrait peut-être dire qu’ils ne l’ont pas encore fait. Comme nous l’avons vu, la gauche libérale américaine a dérivé encore plus vers le sociétalisme et le communautarisme – au point d’un antagonisme pur et simple envers l’Amérique – ce qui est susceptible de décourager de nombreux électeurs, même ceux qui ne sont peut-être pas des fans de Trump. En d’autres termes, les justiciers du politiquement correct peuvent dominer sur le campus de Berkeley ou à Burlington, sur la côte Est, mais ils ne passent pas dans les villes de Pontiac, dans le Michigan, ou Provo dans l’Utah.

Qu’adviendra-t-il des démocrates en 2020 ? Vont-ils succomber, une fois de plus, au chant des sirènes du macgovernisme, avec ses notes d’extrémisme à la Sontag ?

Aucun candidat démocrate plausible n’est ouvertement hostile à la majorité de la population du pays. Pourtant, il reste à voir si l’un ou l’autre des candidats dénoncera activement les paroles des jusqu’au-boutistes sociétaux, et se vaccinera ainsi contre le poison électoral du politiquement correct.

On se souviendra que ce type de dénonciation avait été la stratégie gagnante du Démocrate Bill Clinton en 1992. En mai de la même année, Clinton avait condamné les propos incendiaires d’une rappeuse, Sister Souljah, qui avait dit : « Pourquoi ne pas prendre une semaine pour tuer des blancs ? », ce qui était exactement ce que les Américains attendaient de sa part. Bien sûr, Clinton l’a très intelligemment attaquée : il l’a comparée à David Duke, le chef du Ku Klux Klan, se mettant ainsi à égale distance de ces deux figures toxiques opposées.

Malgré l’évident calcul de sa démarche, Clinton a manifestement fait ce qu’il fallait. A ce moment-là — dont on se souvient comme de son moment Sister Souljah — il s’est posé en centriste courageux, sans peur de s’attaquer à l’extrémisme de droite comme de gauche. La gauche libérale de l’époque l’avait violemment critiqué, mais les électeurs l’ont récompensé en le portant à la Maison Blanche dans une victoire éclatante.

Les démocrates peuvent-ils reproduire l’exploit de Clinton aujourd’hui ? Peuvent-ils se dégager des éléments les plus politiquement handicapants de leur coalition ?

Il est tout à fait possible que l’élection présidentielle de 2020 dépende de la réponse à ces questions.

James P. Pinkerton écrit pour TAC, dont il est également rédacteur en chef adjoint. Il a travaillé au bureau du Haut conseiller à la Maison-Blanche pour les présidents Ronald Reagan and George H.W. Bush (Bush père).

 

Traduction et notes Corinne Autey-Roussel pour Entelekheia

jeudi, 29 novembre 2018

Que promet au monde le démembrement de la Russie ?

 

Le projet d'une véritable autonomie européenne et d'une renaissance de sa Puissance, qui est le projet d'un Imperium européen, se doit d'inclure une coopération approfondie avec l'Imperium eurasien centré sur la Russie (afin de tendre peut-être par la suite vers une fusion telle que l'aurait voulu Jean Thiriart ou Jordis von Lohaussen). Cette coopération devra se faire dans le cadre de protocoles partagés régissant des relations bilatérales saines et respectueuses entre les pôles spirituels et politiques que seront ces Imperium du Grand Continent Eurasien. Ces protocoles, dont il sera nécessaire de déterminer les prémisses en amont d'une véritable révolution conservatrice, chassant de nos terres l'occidentalisme dégénéré et intéressant donc nos deux civilisations régénérées, devront par conséquent résulter de nos réflexions et de nos expériences relationnelles et historiques. Ils devront surtout correspondre à de nouvelles théories en phase avec l'accélération historique du paradigme de la polycentricité (multipolarité) mais réorientée de façon à être en opposition frontale avec le globalisme. Ces protocoles devront également être en phase avec les préceptes de la Quatrième Théorie Politique initiée par Alexandre Douguine et précisée, adaptée et prolongée à leurs façons par certains autres en Europe, dont nous-mêmes. Une coopération avec l'Imperium eurasien sera, en outre, d'une nécessité vitale pour notre Imperium européen car elle nous permettra de nous ouvrir aux Grands espaces eurasiatiques qui représentent incontestablement pour nous une véritable ouverture sur un vaste monde qui nous est lié aussi bien économiquement qu'énergétiquement mais aussi historiquement, ethniquement, comme spirituellement. Une ouverture, une voie directe et sûre vers les espaces perses, indiens et extrême-orientaux, jusque l'Empire japonais, pourra, et devra même, nous apporter comme autant d'opportunités de pouvoir développer une Puissance qui aujourd'hui nous manque cruellement, ce qui nous empêche de développer notre autonomie (vis-à-vis d'un pseudo-empire comme celui des États-Unis) susceptible de nous faire rejouer un rôle important dans le Monde. Nous devrons par conséquent faire sauter le verrou psychologique, amplifié à dessein par les forces occidentalo-sionistes, que constitue la russophobie des pays de l'Europe de l'Est (et résoudre le problème ukrainien en faveur du peuple ukrainien et de sa diversité historique et ethnique – une coopération sincère et égale entre les deux Imperiums devrait grandement faciliter les choses en faisant de l'Ukraine une nation autonome à la croisée de ces deux entités impériales, mais surtout à l'intersection intéressée de leur échanges et de leurs intérêts stratégiques. La Moldavie pourra aussi jouer un tel rôle). L'Eurasie devra devenir pour nous autres européens dé-occidentalisés un espace immense où l'on pourra de nouveau se ressourcer au Graal de nos origines et de nos conquêtes antérieures.

Ivan Iline, considérant le contexte historique dans lequel il s'exprimait, peut, à notre sens, vivifier par ses écrits ces réflexions futuristes – et en même temps actuelles – et permettre à ce qu'elles puissent franchir le rubicon de l'actualité imposé par l'agenda occidental de façon à pouvoir se projeter vers un devenir enthousiasmant pour nos deux civilisations.

3143518962_1_2_QlT5nhtD.jpgNous voudrions seulement préciser une chose en ce qui concerne le centralisme revendiqué de cet auteur russe : si, pour notre part, nous nous faisons le défenseur d'un certain fédéralisme, nous nous devons néanmoins d'ajouter que celui-ci ne pourrait être, selon nous, désaccouplé d'une vision centraliste du pouvoir suprême par le fait de la considération spirituelle et traditionnelle qui motive et soutient celle-ci. L'indépendance ne saurait qu'être illusoire au regard de la dynamique de l'autonomie régionale et nationale (tout comme civilisationnelle) et, dans les faits, elle n'est qu'un voile destiné à camoufler une influence néfaste (réelle celle-là et destructrice de la diversité culturelle) sur la culture des peuples et sur leur singularité (l'américanisation sous-jacente au soutien déclaré à la « réappropriation » par les peuples minoritaires de leur culture et de leurs « droits », par exemple). Le centralisme est une nécessité au regard d'une dynamique culturelle qui n'est telle que parce qu'elle peut trouver à s'élever par rapport à un lieux spirituel et politique central, et ultime du point de vue de l'affirmation de sa propre singularité. Il ne peut y avoir de véritable progrès humain sans qu'il ne soit donné à un peuple, comme à une personne, la possibilité perpétuelle de pouvoir s'élever et s'affirmer par rapport aux Autres en regard d'un Ordre qui en donne la réelle possibilité sans encourir le chaos et, au final, l'extinction. La croissance d'une culture comme d'une personnalité est autant à considérer d'un point de vue horizontal que d'un point de vue vertical. Or, il n'est qu'une juste hiérarchie pour octroyer le réel pouvoir de s'élever parmi, et non à l'encontre, des Autres.

Yohann Sparfell

QUE PROMET AU MONDE LE DÉMEMBREMENT DE LA RUSSIE ?

Source : https://legrandcontinent.eu/2018/04/12/que-promet-au-mond...

Le GEG Russie est très fier de présenter à ses lecteurs la traduction inédite d’un texte, qui bien que méconnu, reste un fondamental de la pensée politique russe – composition de l’un des penseurs les plus originaux de l’histoire des idées russes, Ivan Iline (1883-1954). Ce texte, intitulé « Que promet au monde le démembrement de la Russie ? » (« Что сулит миру расчленение России ? ») figure, parmi près de 200 articles, dans le recueil « Nos missions » (« Наши задачи », paru à titre posthume à Paris en 1956 et réédité en 1993, non traduit). Iline le rédige en Suisse en 1950, 28 ans après son exil forcé vers l’Europe dans le fameux « bateau des philosophes » qui déporta, sur ordre du Guépéou, la fine fleur de la pensée conservatrice, nationaliste et religieuse russe (qui n’avait pas été exécutée ou emprisonnée), comme Nicolas Berdiaev, Sergueï Boulgakov ou Siméon Frank. Sauvé de l’exécution, il ne reverra jamais son pays, mais put profiter de son exil pour composer une œuvre féconde.

Ivan Iline est un penseur monarchiste et conservateur, farouche opposant à la révolution d’octobre 1917 et idéologue principal de l’Union générale des combattants russes (ROVS), fondée à Paris par le baron Wrangel, un ancien général blanc. Il est aussi un spécialiste de Hegel, auquel il a consacré une thèse intitulée « la philosophie de Hegel, doctrine de la nature concrète de Dieu et de l’homme ». Ses idées mêlent, entre autres, une réfutation de la non-violence tolstoïenne au nom de la guerre contre le mal, et l’apologie d’une “dictature démocratique”, fondée sur “la responsabilité et le service”. Il fut en cela très probablement influencé par Konstantin Leontiev (auteur d’une théorie toute nietzschéenne de la « morale aristocratique »), mais aussi par Vladimir Soloviev.

Tardivement redécouvert en Russie, il rencontre, selon Michel Eltchaninoff, un très vif succès au sein de l’administration poutinienne, dont il serait l’un des principaux idéologues. C’est le réalisateur Nikita Mikhalkov, un proche du pouvoir, qui aurait selon toute vraisemblance introduit ce penseur au Président russe. Ce dernier lui prêterait depuis lors un intérêt certain. Le lecteur le constatera lui-même en lisant ce texte : les thèmes ici abordés déteignent sur la rhétorique de Vladimir Poutine. Il pourra aussi bien s’agir de la méfiance « génétique » de l’Occident vis-à-vis de la Russie, de l’hypocrisie de ses valeurs démocratiques, de l’impossible fédéralisation de la Russie, de la fourberie des dirigeants occidentaux, de la violence au nom du bien, du caractère intrinsèquement majestueux de ce pays, et surtout, de cette obsession pour l’unité de la Grande Russie contre les prédations de ses voisins. D’ailleurs, le Président russe ne s’en cache pas : le philosophe est cité dans plusieurs de ses discours.

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Ce texte est très finalement contemporain, pour son virilisme, son antioccidentalisme viscéral, ses accents obsidionaux et son révisionnisme. Il semble, à bien des égards, orienter la politique de Vladimir Poutine. Thèse particulièrement originale à l’ère du « droit à disposer de soi-même » (la Charte des Nations-Unies avait été signée cinq ans auparavant), Iline y dénie par exemple aux « tribus » peuplant la Russie, ainsi qu’aux « petits frères » voisins (ukrainiens, géorgiens ou centrasiatiques) le droit à s’organiser en unités politiques indépendantes. Il ne leur reconnaît en effet aucun génie national, technique, politique ou social, et estime en conséquence qu’ils doivent être incorporés au vaste Empire russe, seul garant de leur conservation. Selon l’auteur, il relèverait de l’intérêt illusoire des occidentaux de « démembrer » la Russie, en incorporant ces « tribus » à leur giron, au nom des principes « dévastateurs » de « démocratie », de « liberté » et de « fédéralisme », transformant ainsi la Russie en de vastes « Balkans », livrée à des guerres incessantes.

Ce texte a pour qualité première sa limpidité. Ce que glissent aujourd’hui les responsables russes derrière le concept flou de « zone d’intérêts privilégiés » ou de « verticale du pouvoir » n’en ressort ainsi qu’avec plus d’éclat. Essentiel à la compréhension des fondements intellectuels de la politique intérieure et étrangère russe, cet article trouve, à l’aune du conflit en Ukraine et de l’hypercentralisation de la Russie, une formidable actualité. Il nous permet aussi, à nous européens, d’inverser notre regard sur notre Grand continent, et finalement, peut-être, de nous saisir de l’un des fragments de l’inconscient collectif de nos voisins russes, ô combien difficiles à comprendre.


Traduit du russe par Nelson Desbenoit, Pierre Bonnet et Théo Lefloch

I

1. Devisant au sujet de la Russie avec un étranger, chaque fidèle patriote russe se doit de lui expliquer que son pays ne correspond pas à une accumulation fortuite de territoires et de peuplades, encore moins à un « mécanisme » de « régions » artificiellement agencées, mais bien à un organisme vivant, historiquement formé et culturellement justifié, ne pouvant faire l’objet d’un démembrement arbitraire. Cet organisme correspond à une unité géographique, dont les différentes parties sont liées par une interdépendance économique ; il constitue une unité spirituelle, linguistique et culturelle, liant historiquement le peuple russe à ses jeunes frères ethniques par une osmose spirituelle ; il forme une unité étatique et stratégique ayant prouvé au monde sa volonté et sa faculté à se défendre ; il incarne enfin l’authentique bastion de la paix universelle et de l’équilibre en Eurasie, et par conséquent de l’ensemble de l’Univers. Son démembrement constituerait une entreprise politique aventureuse, sans précédent historique, et dont l’humanité supporterait durablement les conséquences.

Le démembrement d’un organisme en une multitude de composantes n’a jamais apporté nulle part et n’apportera jamais ni la guérison, ni l’harmonie créative, ni la paix. A contrario, il fut toujours et restera toujours la source d’un douloureux délitement, d’une décomposition progressive, d’un mécontentement, de querelles et d’une contamination généralisée. A notre époque, l’ensemble de l’Univers sera atteint par ce processus. Le territoire russe souffrira d’interminables dissensions et de guerres civiles, dégénérant à l’infini en confrontations à l’échelle mondiale. Cette dégénérescence deviendra absolument irréversible dans la mesure où les puissances du monde entier (européennes comme asiatiques et américaines) placeront leurs richesses, leurs intérêts commerciaux et leurs visées stratégiques au service de l’apparition de nouveaux petits États ; non seulement les voisins impérialistes développeront des rivalités mutuelles, afin d’asseoir leur domination et de s’emparer de « pôles de défense », mais ils s’emploieront également à « annexer » de manière implicite ou explicite ces nouveaux États, instables et vulnérables (l’Allemagne s’étendra vers l’Ukraine et les pays baltes, l’Angleterre s’attaquera au Caucase et à l’Asie centrale, le Japon convoitera les côtes extrême-orientales, etc.). La Russie se transformera en d’immenses « Balkans », source de guerres éternelles, immense terreau de désordres. Elle deviendra un lieu d’errance planétaire, où convergeront les rebuts sociaux et moraux du monde entier (« infiltrés », « occupants », « agitateurs », « espions », spéculateurs révolutionnaires et « missionnaires »). Tous les criminels, intrigants politiques et religieux de l’univers y convergeront en masse. La Russie démembrée deviendra alors l’ulcère incurable de ce monde.

2. Démontrons dès à présent que le démembrement de la Russie, fomenté en secret par les puissants de ce monde, ne possède pas le moindre fondement, ni aucune finalité au plan spirituel ou de la realpolitik, sinon une démagogie révolutionnaire, la crainte absurde d’une Russie unie, et une profonde inimitié vis-à-vis de la monarchie russe et de l’Orthodoxie orientale. Nous savons que les peuples occidentaux ne comprennent ni ne tolèrent la singularité russe. Ils perçoivent l’État russe unifié comme entrave à leur expansion commerciale, linguistique et militaire. Ils s’apprêtent à scier la « branche de bouleau » russe en rameaux, puis à briser ces rameaux séparément pour les brûler dans le brasier déclinant de leur civilisation. Il leur est nécessaire de démembrer la Russie afin de la soumettre au nivellement et à la décomposition occidentaux, la menant ainsi à sa perdition : voici en quoi consiste leur plan haineux et avide de pouvoir.  

3. Les peuples occidentaux se réfèreront vainement aux grands principes de « liberté », de « liberté nationale », à l’exigence d’« autonomie politique »… Pourtant, jamais et nulle part les délimitations tribales des peuples n’ont coïncidé avec celles des Etats. L’Histoire dans sa globalité en a apporté les preuves vivantes et convaincantes. Il a toujours existé des tribus et peuples peu nombreux, inaptes à acquérir leur autonomie politique : retracez l’Histoire millénaire des Arméniens, peuple autonome par son caractère et sa culture, cependant dépourvu d’État ; puis demandez-vous où se trouve l’État indépendant des Flamands (4,2 millions d’entre eux vivant en Belgique, un million en Hollande) ? Pourquoi ne sont pas souverains les Gallois et les Ecossais (comptant pour 600 000 habitants) ? Où se trouve l’État des Croates (correspondant à trois millions de personnes), des Slovènes (incluant 1,26 million d’habitants), des Slovaques (près de 2,4 millions), des Vénètes (65 000 personnes) ? Qu’en est-il des Basques français (170 000 habitants), des Basques espagnols (450 000 personnes), des Tsiganes (moins de cinq millions), des Suisses romanches (45 000 personnes), des Catalans d’Espagne (six millions), des Galiciens (2,2 millions de personnes), des Kurdes (plus de deux millions) et de la multitude d’autres tribus asiatiques, africaines, australiennes et américaines ?

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Ainsi, les « liens tribaux » en Europe comme sur les autres continents ne correspondent nullement aux frontières étatiques. De nombreuses petites ethnies n’ont trouvé leur salut qu’en s’agrégeant à des peuples de plus grande envergure, constitués en Etats et tolérants : accorder l’indépendance à ces petites peuplades reviendrait soit à les faire passer sous la coupe de nouveaux conquérants, portant ainsi un coup fatal à leur vie culturelle propre, soit à les détruire à jamais, ce qui serait spirituellement dévastateur, économiquement coûteux et politiquement absurde. Souvenons-nous de l’Histoire de l’Empire romain – il s’agissait d’une multitude de peuples « intégrés », bénéficiant des droits liés à la citoyenneté romaine, indépendants et protégés des Barbares. Quid encore de l’Empire britannique contemporain ? Et voici précisément en quoi consiste aussi la mission civilisatrice de la Russie unie.

Ni l’Histoire, ni la culture moderne de la légalité ne connaissent cette loi selon laquelle « à chaque peuplade son État ». Il s’agit là d’une doctrine récente, absurde et mortifère, désormais portée au pinacle dans le but unique de démembrer la Russie unie et de briser sa culture spirituelle propre.  

II

4. Que l’on nous ne dise pas, par ailleurs, que les « minorités nationales » de la Russie vivaient sous le joug oppressif d’une majorité russe et de son souverain. C’est une fabulation idiote et fallacieuse. La Russie impériale n’a jamais dénationalisé ses petits peuples, comme l’ont fait, par exemple, les Allemands en Europe occidentale.

Donnez-vous la peine de jeter un coup d’œil à une carte historique de l’Europe à l’époque de Charlemagne et des premiers carolingiens (768-843). Vous y verrez que, presque du Danemark même, le long et au-delà de l’Elbe (du slave « Laba »), à travers Erfurt, jusqu’à Ratisbonne et sur le Danube étaient installées de nombreux peuples slaves : Abodrites, Loutitches, Linones, Heveli, Redari, Oukri, Pomériens, Sorabes et beaucoup d’autres. Où sont-ils tous ? Que reste-t-il d’eux ? Ils ont été conquis, éradiqués et dénationalisés par les Germains. La tactique des conquérants était la suivante : après une victoire militaire, les Germains convoquaient la classe supérieure du peuple conquis. Cette aristocratie était alors massacrée sur place. Puis ce peuple « étêté » était soumis au baptême et converti de force au catholicisme. Les dissidents étaient tués par milliers, les autres étaient germanisés sans vergogne.

A-t-on déjà vu quelque chose de semblable dans l’histoire de la Russie ? Jamais nulle part ! De tous les petits peuples de Russie assimilés par l’Empire au cours de l’histoire, tous ont conservé leur identité propre. Il faut distinguer, c’est vrai, les classes supérieures de ces peuples, mais uniquement parce qu’elles ont été intégrées aux classes supérieures de l’empire. Ni le baptême forcé, ni l’éradication, ni l’uniformisation n’ont été des pratiques russes. La dénationalisation forcée et le nivellement communiste n’ont été introduits que par les bolchéviques.

En voici la preuve : la population allemande, qui avait absorbé tant de peuples, fut soumise à une dénationalisation impitoyable en faveur d’une homogénéité allemande, tandis qu’en Russie, les recensements établirent d’abord plus d’une centaine, puis près de cent soixante tribus linguistiques et jusqu’à trente confessions religieuses différentes. Et messieurs les « démembreurs » voudraient nous faire oublier que la Russie impériale a toujours respecté l’intégrité des compositions tribales lorsqu’il s’agissait de procéder à des démarcations territoriales.

Rappelons l’histoire des colons allemands en Russie. Ont-ils été soumis à quelconque dénationalisation pendant 150 ans ? Entre 40 000 et 50 000 colons se déplacèrent vers la Volga et le sud de la Russie durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle (1765-1809). Au début du XXèmesiècle, ils constituaient la couche la plus riche de la paysannerie russe et représentaient 1,2 million d’individus. Leur langue, leurs confessions et leurs coutumes étaient tolérées par tous. Et quand, poussés par les expropriations bolchéviques, ils retournèrent en Allemagne, les Allemands furent étonnés de découvrir qu’ils employaient des dialectes issus du Holstein, du Wurtemberg et d’autres régions. Tout ce qui avait été écrit sur la russification forcée s’écroulait ainsi et fut discrédité.

Mais la propagande politique ne s’arrête pas devant un mensonge aussi évident.

5. Il faut ensuite reconnaître que le démembrement de la Russie constitue un problème territorial insoluble. La Russie impériale n’a jamais considéré ces petits peuples comme du simple « bois de chauffage », susceptibles d’être transférés d’un lieu à vers un autre. Elle ne les a donc jamais arbitrairement déportés d’un bout à l’autre du pays. Leur installation en Russie relevait plutôt d’un processus historique et d’une libre sédimentation. Il s’agissait là d’un processus irrationnel, que l’on ne saurait réduire à des démarcations géographiques précises. Il s’agissait d’un processus de colonisation, de départ, de réinstallation, de dispersion, de confusion, d’assimilation, de reproduction et d’extinction. Ouvrez une carte ethnographique de la Russie prérévolutionnaire (1900-1910) et vous constaterez une extraordinaire diversité : notre pays était parsemé de petits « îlots » nationaux, de « ramifications », « d’environnements », de « baies » tribales, de « détroits », de « canaux » et de « lacs ». Regardez de plus près ce mélange tribal et considérez les avertissements suivants :

     a. Toute cette légende sur la carte n’est que symbolique car personne n’a empêché les Géorgiens de vivre à Kiev ou à Saint-Pétersbourg, les Arméniens en Bessarabie ou à Vladivostok, les Lettons à Arkhangelsk ou dans le Caucase, les Circassiens en Estonie, les Grands Russes partout, etc ;

      b. C’est pourquoi toutes ces couleurs sur la carte n’indiquent pas l’établissement « exclusif » d’une population tribale, mais une implantation seulement « majoritaire » ;

      c. Tous ces peuples, depuis cent ou deux-cents ans, se sont mélangés, et les enfants issus de ces mariages mixtes se sont à leur tour mélangés, encore et toujours.

      d. Tenez également compte de la capacité de l’esprit et de la nature russe à intégrer les hommes d’un sang étranger, chose qui se manifeste dans ce proverbe du sud de la Russie : « Papa est turc, maman est grecque, et moi je suis russe » ;

      e. Étendez ce processus à l’ensemble du territoire russe – d’Araks au fjord de Varanger et de Saint-Pétersbourg à Iakoutsk – et vous comprendrez pourquoi la tentative bolchévique de diviser la Russie en « républiques » nationales a échoué.

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Les bolchéviques n’ont pas réussi à arracher chaque peuple de son territoire propre, parce que tous les peuples de Russie avaient déjà été éparpillés et dispersés, que leur sang avait été mélangé et qu’ils s’étaient géographiquement entremêlés les uns avec les autres.

S’isolant politiquement, chaque peuple prétendait, bien sûr, avoir droit d’usage sur ses propresrivières et ses canaux, sur son sol fertile, ses richesses souterraines, ses pâturages, ses routes commerciales et ses frontières défensives, sans parler de la « matrice » principale de ce peuple, aussi petite fût-elle.

Ainsi, si nous détournons notre attention de ces petits peuples dispersés comme les Votiaks, les Permiaki, les Ziriani, les Vogoules, les Ostiaks, les Tchérémisses, les Mordves, les Tchouvaches (…), et que nous nous concentrons sur les substrats nationaux du Caucase et de l’Asie centrale, nous remarquons une chose. C’est que l’installation des tribus les plus grandes et les plus significatives en Russie est telle que chaque « État » individuel a dû abandonner ses « minorités » à ses voisins, tout en intégrant dans sa propre population des « minorités » étrangères. C’est ce qu’il se passa au début de la Révolution en Asie centrale avec les Ouzbeks, les Tadjiks, les Kirghizes et les Turkmènes. Les tentatives de démarcations nationales n’y ont cependant causé que des rivalités féroces, des haines et des méfiances mutuelles. Ce fut exactement la même chose dans le Caucase. La vieille querelle nationale entre les Azerbaïdjanais tatars et les Arméniens exigeait une division territoriale stricte, mais cette partition s’est révélée complètement inapplicable : des unités territoriales avec une population mixte ont été créées, où seule la présence des troupes soviétiques a empêché des massacres. Des problématiques similaires se sont nouées autour de la démarcation de la Géorgie et de l’Arménie, notamment en raison du fait que les Arméniens de Tiflis, principale ville de Géorgie, représentaient près de la moitié de la population et, qui plus est, la majorité prospère.

Il est entendu que les bolchéviques qui, sous prétexte de favoriser l’« indépendance nationale » voulaient isoler, dénationaliser et internationaliser les peuples russes résolurent tous ces problèmes avec un arbitraire dictatorial, derrière lequel se cachaient des considérations marxistes et la force des armes de l’Armée rouge.

La démarcation nationale-territoriale des peuples était un objectif profondément vain.

III

6. Ajoutons que de nombreuses tribus de Russie ont vécu, jusqu’à nos jours, dans une inculture (малокультурность) spirituelle et politico-étatique complète. Parmi ces tribus, certaines sont demeurées au stade le plus primitif du chamanisme ; toute la « culture » n’y est réduite qu’à un banal artisanat ; le nomadisme y perdure encore ; aucune ne dispose de frontières naturelles pour délimiter son territoire, ni de grande ville, ni de ses propres graphèmes, ni d’écoles primaires et secondaires, ni d’une intelligentsia, ni d’une conscience nationale, ni d’une culture de la légalité. Ils sont encore incapables d’une moindre vie politique, sans même citer l’impossibilité, pour eux, de mener des procédures juridiques complexes, à construire des représentations nationales, à développer des technologies, une diplomatie et des stratégies – cela était su des autorités impériales et fut vérifié par les bolchéviques. Aux mains des bolchéviques, ils obéissent désormais aux moindres gestes de la dictature, à la manière d’une marionnette. A peine les autorités agitent-elles les doigts que l’ensemble de la marionnette s’anime, se courbe, lève docilement les mains et ressasse les vulgarités partisanes et marxistes que lui ont inculqué ses maîtres. La démagogie et la duperie, les expropriations et la terreur, l’anéantissement de la religion et de la vie furent présentés comme l’« épanouissement national » des minorités russes. Et il y eut en Occident des fous et des observateurs véreux qui se félicitèrent de cette « libération des peuples » …

ffd902a65380d78cc34b4bb7bad28933.jpgQuestion inévitable : après la séparation de ces tribus de la Russie, qui les prendra sous sa responsabilité ? Quelle puissance étrangère se jouera d’elles et en retirera la sève vitale ?

7. Des décennies d’arbitraire, de famine et de terreur bolchévique se sont écoulées depuis. Même après l’ouragan de la Seconde Guerre mondiale, un « nettoyage national » post-guerre fut entrepris. Depuis maintenant 33 ans, les bolchéviques ont systématiquement éliminé ou affamé les pans les plus récalcitrants de la population et ont déporté les membres de toutes les tribus de Russie dans des camps de concentration, des villes nouvelles et des usines. La Seconde Guerre mondiale a conduit à la déportation de citoyens issus de la moitié européenne de la Russie, menant des « Ukrainiens », des colons Allemands, des Juifs vers l’est, vers l’Oural et au-delà, tandis que d’autres étaient déplacés vers l’ouest, comme les « Ostarbeiter », ou les réfugiés – notamment ceux qui se sont volontairement rendus en Allemagne, à l’instar des Kalmouks. Les Allemands ont occupé des territoires russes comptant près de 85 millions de personnes, massacré des otages et exterminé un demi-million de Juifs. Le rythme des exécutions n’a pas décéléré lorsque les bolchéviques sont parvenus à reprendre les territoires perdus. Pis, les massacres des minorités ont alors commencé : certaines durent être considérées comme presque éteintes –  comme les colons Allemands, les Tatars de Crimée, les Karatchaïs, les Tchétchènes ou les Ingouches. Le massacre se poursuit désormais en Estonie, en Lettonie et en Lettonie. Les représentants de l’UNRA estiment aujourd’hui les morts biélorusses à 2,2 millions de personnes, et de sept à neuf millions en Ukraine. De plus, nous savons de source sûre que les populations déclinantes d’Ukraine, de Biélorussie et de la Baltique sont remplacées par des populations issues des provinces centrales, avec d’autres traditions nationales.

Tout cela pour dire que le processus d’extinction et de remplacement national, ainsi que de déplacement de population atteint des proportions sans précédent en Russie depuis la Révolution. Des tribus entières disparurent complètement ou devinrent insignifiantes ; l’ensemble des provinces et des oblasts ont vu, à l’issue de la Révolution, leur population totalement recomposée ; des districts entiers tombèrent en déliquescence. Tous les plans et les estimations des « démembreurs » s’en trouvèrent infondés et caduques. Si la révolution soviétique s’achève en effet par une troisième guerre mondiale, les compositions tribales de la population russe changeront, ce après quoi l’idée même de démembrement politico-national de la Russie deviendra une chimère : un plan non seulement traître, mais aussi grossier et irréalisable.

8. Mais nous devons malgré tout nous préparer aux actions hostiles et saugrenues des « démembreurs » de la Russie, qui tenteront, dans ce chaos post-bolchévique, de la trahir au nom des principes sacro-saints de « liberté », de « démocratie » et de « fédéralisme ». Ils souhaitent mener les peuples et les tribus russes à leur perte. Au nom de la « prospérité », ils veulent livrer la Russie à ses ennemis : opportunistes et politiciens assoiffés de pouvoir. Nous devons nous y préparer, d’abord parce que la propagande allemande a investi beaucoup d’argent et d’efforts dans le séparatisme ukrainien (et peut-être pas uniquement ukrainien) ; ensuite, parce que la psychose de la « démocratie » et du « fédéralisme » influencent largement les penseurs postrévolutionnaires et des carriéristes politiques ; enfin, parce que les partisans du complot contre l’unité de la Russie ne renonceront à leurs ambitions qu’une fois qu’ils auront totalement échoué.

IV

9. Lorsque les bolchéviques s’effondreront , la machine propagandiste internationale s’efforcera de distiller dans le chaos russe ce slogan : « peuples de l’ancienne Russie, désolidarisez-vous ! ». Deux voies pour l’avenir de la Russie émergeront rapidement. Soit d’une part elle verra l’instauration d’une dictature nationale, qui s’arrogera les « rênes du pouvoir » et balaiera ces slogans pernicieux. La dictature mènera la Russie vers son unification, en mettant un terme à tous les mouvements séparatistes du pays. Soit d’autre part, s’il advenait qu’une telle dictature fût caduque, le pays plongera dans un interminable chaos : émigrations, immigrations, revanchisme, pogroms, paralysie des transports, chômage, faim, froid et anarchie (…).

La Russie, sombrant dans l’anarchie, s’abandonnera alors à ses ennemis nationaux, militaires, politiques et religieux. Débutera un cycle interminable de pogroms et de troubles, ce « Maelstrom du mal » que nous avons évoqué en première partie. Certaines tribus partiront ainsi en quête d’un salut illusoire, qu’elles ne trouveront que dans « l’être-en-soi », c’est-à-dire dans leur division.

Il va sans dire que tous nos « bons voisins » voudront profiter de cet état d’anarchie pour justifier leurs interventions au prétexte de leur « défense », d’une « pacification » ou d’un « rétablissement de l’ordre » (…). Ces « bons voisins » useront de leurs modes d’intervention habituels : menace diplomatique, occupation militaire, détournements de matières premières, appropriation de « concessions », pillage de stocks militaires, mise en place d’un parti unique et corruption de masse, constitution de groupes séparatistes (appelées « armées nationales-fédérales »), mise en place de gouvernements fantoches, incitation et aggravation de conflits civils sur le modèle chinois. La nouvelle Ligue des nations tentera quant à elle d’instaurer un « nouvel ordre », en correspondance constante avec Paris, Berlin ou Bruxelles, via des résolutions visant à la suppression et au démembrement de la Russie Nationale.

Admettons que tous ces efforts pour « la démocratie et la liberté » aboutissent et que la Russie soit démembrée. Qu’est-ce que cela apportera aux peuples de Russie et aux puissances voisines ?

10. D’après les estimations les plus modestes, il y existe près de vingt « États » qui ne possèdent ni territoire propre, ni gouvernement efficient, ni lois, ni cours de justice, ni armée, ni population proprement nationale. Près de vingt noms qui ne recouvrent que du vide. Mais la nature a horreur du vide. Et dans ce trou noir, dans ce tourbillon anarchique, sont aspirés des hommes et toute leurs vices. D’abord, tous les nouveaux aventuriers, en mal de nouvelles révolutions ; ensuite, les mercenaires des Etats voisins ; enfin, les opportunistes étrangers, les condottières [1], les spéculateurs et autres « missionnaires » (lisez, pour vous en convaincre, Boris Godounov, d’Alexandre Pouchkine, ou les textes historiques de Shakespeare). Tout ce chaos, toute cette propagande et cette agitation antirusse, toute cette corruption politique et religieuse seront bien entendu entretenus à dessein.

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Lentement, de nouveaux Etats seront créés ex nihilo ou selon un processus de fédéralisation. Chacun mènera avec son voisin une lutte à mort pour son intégrité territoriale et pour sa population, ce qui implique, pour la Russie, d’incessantes guerres civiles (…).

Ces nouveaux Etats deviendront, quelques années plus tard, ou bien les satellites de puissances voisines, ou bien des colonies étrangères, ou bien encore des « protectorats ». L’incapacité avérée de la population Russe, à se constituer en une fédération politique, ainsi que leur désir historique « d’indépendance », sont insurmontables. Et lorsque les plan de fédération auront été abandonnés, les peuples russes, dans leur désespoir, préféreront se soumettre aux étrangers plutôt que de se battre pour l’unité panrusse.

11. Afin de prendre la mesure de cette longue démence dont souffrirait la Russie, il suffit d’imaginer le destin d’une « Ukraine autonome ». Cet « État » devrait tout d’abord créer une ligne de défense d’Ovroutch à Koursk, puis à Kharkov, Bakhmout et Marioupol. Un front apparaîtrait ainsi entre l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine serait soutenue par l’Allemagne et ses alliés ; et dans l’éventualité d’une nouvelle guerre entre l’Allemagne et la Russie, le front allemand s’étendrait d’emblée de Koursk à Moscou, de Kharkov à la Volga, de Bakhmout et Marioupol au Caucase. Cela représenterait une configuration stratégique inédite, où les Allemands disposeraient d’une avance tactique encore jamais vue.

Il est par ailleurs très aisé de deviner comment la Pologne, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis réagiraient à cette nouvelle donne stratégique : il s’empresseraient de reconnaître l’« Ukraine autonome » – ce qui reviendrait, ironiquement, à l’offrir aux Allemands (…).

Peut-être l’Europe occidentale prendrait alors conscience du danger que représente pour elle leur obsession pour le « fédéralisme » et le démembrement de la Russie.

V

12. Compte tenu de ce qui a été dit jusqu’ici, il nous paraît désormais évident que l’intérêt profond des plans de démembrement de la Russie est limité, aussi bien pour la Russie que pour l’ensemble de l’humanité. Certes, tant que l’on se satisfera de verbiages, tant que les théories politiques ne s’appuieront que sur des slogans trompeurs et que l’on ne misera que sur des traîtres à la Russie, tant que les visées impérialistes des voisins se feront discrètes, tant que l’on considérera la Russie comme morte et enterrée, et donc sans défense, son démembrement paraîtra simple et aller de soi. Mais un jour les grandes puissances prendront conscience des répercussions catastrophiques que ce démembrement aura sur eux, car un jour la Russie s’éveillera et leur parlera ; alors toutes les solutions ne deviendront plus que des problèmes, et ce qui paraissait simple jadis deviendra extrêmement complexe.

Bien qu’elle fût l’objet de querelles incessantes, cette Russie en proie aux pillages, personne ne pourra la contrôler. Elle représentera alors un danger aussi immense qu’inacceptable pour l’ensemble de l’humanité. L’économie mondiale, déjà déséquilibrée par la dégradation de la production russe, se verra ainsi frappée de stagnation pour des dizaines d’années.

Le monde, déjà instable, devra relever épreuves sans précédent. Le démembrement de la Russie n’offrira rien aux puissances lointaines, mais renforcera inexorablement les puissances voisines – les impérialistes. Il est difficile d’imaginer une chose plus bénéfique pour l’Allemagne que la proclamation d’une « pseudo-fédération » en Russie : cela reviendrait à « effacer » tous les acquis des deux guerres mondiales, ainsi que de l’entre-deux guerres (1918-1939), et d’offrir à l’Allemagne l’hégémonie mondiale sur un plateau d’argent. L’indépendance de l’Ukraine ne peut être qu’une passerelle vers cette hégémonie allemande (…).

Les ennemis de la Russie démontrent leur frivolité et leur bêtise en voulant introduire les tribus russes au principe – déconcertant – du démembrement. Cette idée fut déjà proposée par les puissances européennes au Congrès de Versailles (1918). Elle fut acceptée et appliquée.

Et puis qu’advint-il ?

En Europe, un certain nombre de petits Etats apparurent, devant assurer, bien que faibles, leur propre défense : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie ; la Pologne, vaste mais inconséquente ; la Tchécoslovaquie, stratégiquement insignifiante, friable et divisée dans ses propres frontières ; l’Autriche, petite et désarmée ; la Hongrie, réduite, affaiblie et dépouillée ; jusqu’à la Roumanie, ridiculement boursouflée [2],  mais dénuée de toute valeur stratégique réelle – et tout cela aux portes de l’Allemagne qui, désavouée, rêvait de revanche. Trente ans se sont écoulés depuis, et lorsque nous regardons le cours des évènements, nous sommes forcés de nous demander si les politiciens de Versailles ne cherchaient pas à transformer ces Etats en une proie facile pour l’Allemagne belliqueuse – de Narva à Varna, et de Bregenz à Baranavitchy. Car ce sont bien eux qui, après tout, ont fait de ces régions européennes une sorte de « jardin d’enfants », tout en laissant à ces petits « chaperons rouges » le soin de se défendre eux-mêmes, face au loup affamé et en colère… Étaient-ils naïfs au point de croire qu’une « gouvernante » française pourrait châtrer le loup ? Ou alors ils ont sous-estimé l’énergie vitale et les fières intentions allemandes ? Peut-être encore pensaient-ils que la Russie aurait encore l’intention de rétablir l’équilibre dans la balance européenne, certains que l’Etat soviétique représentait encore la Russie ? Qu’importe la question, elle est absurde…

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Il est désormais difficile de savoir ce à quoi pouvaient bien penser ces messieurs, ou plutôt ce à quoi ils n’ont pas pensé. La seule évidence, c’est que le démembrement de l’Europe, désormais partagée par les impérialistes allemands et soviétiques, est le fruit de leur bêtise, probablement la plus grande du vingtième siècle. Malheureusement, cette leçon ne leur a rien appris vis-à-vis du principe de démembrement, projet qui fut exhumé aussitôt achevée la guerre.

Pour nous, le fait que les politiciens européens aient commencé à parler au même moment d’union pan-européenne et de démembrement de la Grande Russie, est très symptomatique ! Nous subissons cette cacophonie depuis déjà longtemps. Dans les années 1920, les éminents socialistes révolutionnaires se gargarisaient en public de leur prouesse : éviter d’employer le nom « Russie » et lui préférer cette locution, pour le moins évocatrice : « les pays situés à l’Est de la ligne Curzon ». Cette terminologie d’apparence prometteuse, en réalité scélérate, nous ne l’avons jamais oubliée, et en en avons tiré les conclusions appropriées : le monde des intrigues souhaite, en coulisses, enterrer la Russie nationale et unie.

Mais cela n’est ni avisé, ni clairvoyant. Tout ceci ne procède que d’une haine et d’une hystérie séculaires. La Russie, ce n’est pas de la poussière humaine, ni un chaos. C’est avant tout une grande nation, qui n’a pas abdiqué sa force, ni renoncé à sa vocation. Ce peuple russe avait faim « d’ordre libre » (« свободный порядок »), de labeur tranquille, de prospérité et de culture nationale. Ne l’enterrez pas prématurément !

Car un jour viendra, où ce peuple s’extirpera de la fosse spirituelle où on l’a jeté, et réclamera ses droits !


[1] Désigne un chef de mercenaires italien qui, au Moyen-Âge, louait ses services de guerre à un prince, à une république, et parfois se saisissait du pouvoir dans une cité conquise ; mais aussi, un homme qui conduit ses entreprises d’une manière conquérante.

[2] La région de Transylvanie, jadis intégrée à l’Empire austro-hongrois, a été rattachée à la Roumanie à l’issue du traité de Trianon de 1920.

mardi, 27 novembre 2018

Désordre et Géopolitique : "Lorraine engagée" reçoit Jean-Michel Vernochet

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Désordre et Géopolitique : "Lorraine engagée" reçoit Jean-Michel Vernochet

lundi, 26 novembre 2018

Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

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Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré aux manifestations des "Gilets jaunes" du 24 novembre. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

La bataille de la dignité

La journée du 24 novembre, acte II de l’histoire des gilets jaunes, a été largement polluée par l’effet de loupe sur les violences (d’une gravité tout à fait relatives, que l’on parle dégâts ou nombre d’interpellations) sur les Champs-Elysées. Casseurs d’ultra-droite dans la journée, d’extrême-gauche le soir ? C’est possible, encore que le fait d’avoir laissé la situation pourrir dès 10 H du matin avec toutes sortes d’accès non filtrés aux Champs, avec du mobilier urbain disponible, ait pu donner des tentations à quelques uns. Et de belles images pour les télés du monde entier.

La théorie de Castaner - complot, radicalisation, ultra-droite séditieuse, factieuse, rappelant le 6 février 34, s’en prenant aux institutions, commanditée par Marine le Pen, peut-être aidée de Jean-Luc Mélenchon, ajoutent quelques seconds couteaux - est pour le moins réductrice. Et ressemble furieusement à une stratégie du leurre. Elle pourrait d’ailleurs tourner à la prophétie auto-réalisatrice : à criminaliser moralement le gilets jaunes, et à jouer l’affrontement des réformateurs avec les forces obscures, on finit par donner des tentations électorales à des gens apolitiques qui se diront que stigmatisés pour stigmatisés.... C’est si bon quand c’est un péché. Et il est bien connu que le choix de notre ennemi révèle quelle est notre propre question.

Mais la question n’est pas là. Le gouvernement et une bonne partie des commentateurs se plaignent du caractère horizontal, déstructuré, presque liquide du mouvement : comment négocier avec des gens qui n’ont pas de chefs, pas de revendications précises et qui prétendent s’auto-représenter ? Quelle confusion !

Il nous semble au contraire que la parole des manifestants, dès qu’on leur passe un micro, soit d’une clarté remarquable.

- Nous sommes le peuple, disent-ils. Il y a un sentiment de légitimité de gens qui expérimentent souvent pour la première fois l’expression directe dans la rue et qui, notamment, ne comprennent pas qu’on leur dise où ils ont le droit ou pas de manifester.

- Nous sommes la classe moyenne qui n’en peut plus, les perdants, les déplorables, les culturellement dévalorisés, nous sommes exactement tels que nous décrivent des Guilluy, des Michéa, des Piketty, des gens que nous n’avons pas forcément lus, mais dont les élites auraient du écouter les avertissements. Nous voulons que vous réalisiez notre sentiment de chute et d’angoisse.

- Nous voulons de la considération: être reçus, avoir des réponses, ne pas être traités par le mépris. Notez avec quelle fréquence revient ce mot de « mépris ». A cet égard, le tweet de Macron : «  Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République », mélange d’emphase et de cours de morale aux vilains gamins habillés en jaune est un chef d’œuvre d’incompréhension de ce que ressentent les gens. Quand ils disent rendre l’argent (notamment celui de l’ISF), les manifestants ajoutent souvent aussi qu’ils veulent qu’on leur rende leur honneur de travailleurs. Soit dit en passant, il circule en ce moment des vidéos anonymes de policiers et gendarmes qui disent leur honte d’être obligés de taper sur le peuple. Cela ressemble à un gros signal faible.

- Cessez d’évacuer la question sociale d’égalité au profit des promesses d’efficacité économique et de modernité sociétale. C’est bête mais nous pensons fins de mois, riches et pauvres et moyens de vivre demain. C’est bête, mais les conditions matérielles de vie restent le premier facteur de mobilisation. Vous l’aviez oublié là-haut ?

Colère (le sentiment), plus auto-organisation (les médiations), plus refus des représentations dominantes (allant jusqu’à l’agressivité contre les médias « complices »), inquiétudes sur le contrat social (consentement à l’impôt remis en cause) et même une certaine fraternité qui naît. Depuis quand n’avions nous pas vu une pareille conjonction ?

Et, puisque nous avons cité Guilluy, dont les analyses trouvent ici une incroyable illustration, nous ne résistons pas à une tentation sur ce qu’il appelle le soft-power de la France périphérique.

L’expression soft-power n’est pas la plus parlante pour désigner une capacité de résistance et de refus de la culpabilisation, et nous aurions, pour notre part, plutôt parlé de résistance idéologique et culturelle. Mais Guilluy a raison quand il décrit « cette autonomie contrainte d’un monde d’en bas désormais hermétique aux discours et injonctions d’en haut permet aux classes populaires de réaffirmer ce qu’elles sont collectivement. Contre toute attente, elles exercent aujourd'hui un soft-power invisible qui contribue à l’effondrement de l’hégémonie culturelle des classes dominantes et supérieures »
Or, pour suivre cette hypothèse, ceux d’en bas, semblent, en effet de plus en plus imperméables au discours venu d’en haut. Qu’il s’agisse du discours « de vérité » (vous n’allez pas croire ces fake news, si on regarde bien les chiffres, on voit au contraire que tout va de mieux en mieux. Ou du discours de la peur morale (attention au fascisme, pensez à la planète, ne soyez pas factieux.

Résister à l’impératif hégémonique, c’est une chose. Énoncer des objectifs politiques, c’est mieux.
 
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 25 novembre 2018)

Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

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Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

Par

FIGAROVOX/TRIBUNE - Fatiha Boudjahlat déplore le règne de la victimisation, à une époque où les identités sont toujours plus fictives et déclaratives. N'importe qui, selon l'enseignante, peut être n'importe quoi, surtout si cela le range parmi les catégories opprimées.


Fatiha Boudjahlat est cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle est aussi l'auteur de l'essai Féminisme, tolérance, culture: Le grand détournement (éd. du Cerf, novembre 2017).


Les commémorations du centenaire de 1918 ont célébré beaucoup de choses, mais pas le fait qu'il s'agissait d'une victoire militaire de la France. Les programmes scolaires n'abordent pas non plus cette vérité, insistant sur le ressenti du Poilu, son «expérience combattante», ses sentiments. Victorieux, il n'est pourtant considéré et célébré que comme victime, un «malgré-lui» avant l'heure. De la guerre, de l'état-major, etc... C'est qu'il ne fait pas bon être vainqueur. Désormais, le seul statut reconnu et valorisé est celui de victime.

Les services de ressources humaines des médias et des universités ne sont plus intéressés par les Curriculum Vitae, recensant un parcours, une trajectoire, une formation, des actions, mais par les Curriculum Traumae, ou Victimae, corrélant la légitimité et la visibilité d'un militant à la somme de ses traumatismes ou des oppressions qu'il a subies.. L'expert n'est plus expert que de lui-même, de ses souffrances et de celles de ceux qui lui ressemblent. L'expert est témoignage. Ce qui compte est l'endroit d'où l'on parle. Ou plutôt d'où l'on prétend parler, tant les nouveaux militants gauchistes réactionnaires, indigénistes, néoféministes racialistes, sont eux-mêmes dans une construction identitaire individuelle et collective que nous serions bien avisés de déconstruire, suivant en cela leur exemple.

Les idées et les engagements sont désormais présentés comme le prolongement naturel de son identité. L'utérus et la teinte de l'épiderme déterminent les convictions et légitiment la prise de parole, dans cette «chromatocratie», pour reprendre le terme de François-Xavier Fauvelle. Puisque les idées sont l'extension de l'identité, en débattre et les contester revient à opprimer celui qui les formule. Le débat n'est plus possible, en tout cas il ne porte plus sur les idées, mais sur la personne qui les exprime.

C'est le règne de l'anti-politique: la ressemblance détermine et préempte le rassemblement, l'intérêt général n'existe plus ou est réduit à la somme d'intérêts communautaires. On renonce à une lecture de classe sociale. Ainsi Pierre Rosanvallon explique que «les individus sont dorénavant plus déterminés par leur histoire que par leur condition», condition socio-économique s'entend. Il ne faut donc plus s'attacher à la transformer, ce qui était l'honneur de la gauche... autrefois. Les modalités et les conditions de la mobilisation politique en sortent bouleversées. Vous êtes un trauma, ou vous n'êtes rien.

Chaque individu est ainsi invité à construire une identité à la carte. La carte victimaire.

Prenons simplement ce Hollandais qui intente une action en justice pour que l'état-civil modifie sa date de naissance et le rajeunisse de 20 ans... parce qu'il pense et ressent qu'il a 20 ans de moins et que son âge vécu, déconnecté de son âge administratif et biologique, le pénalise socialement et professionnellement, jusque sur Tinder. Façon d'accuser les femmes qui ne le choisissent pas de faire de la discrimination par l'âge. Il plaira à son patron et au régime de retraite puisqu'après tout, il faudra effacer 20 ans de cotisations sociales, non? Justifiant la démarche, il explique être victime, rajoutant «nous sommes tous victimes de quelque chose.» Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime. Invisibilisant et reléguant à l'arrière-plan les vraies victimes.

Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime.

Prenons encore cet homme français marié, qui se perçoit et vit désormais comme femme. Sans changer biologiquement de sexe. Qui a un enfant avec son épouse et demande à être reconnu comme sa mère... Il faut reconnaître que la problématique du genre et du transgenre relance une ingénierie sociologique, sémantique et même juridique puisque la Cour d'appel de Montpellier a innové en créant le statut de parent biologique.

Remarquons que les exigences de certains transgenres reviennent à prolonger la subordination et l'effacement des femmes. Refusant l'opération de changement de sexe, dans un attachement assez contradictoire au pénis qui n'est plus un pénis masculin mais un pénis féminin en fait, des demandes sont relayées sur les réseaux sociaux et dans les universités pour ne plus parler de vagin mais de «trou de devant»: faute de quoi les transgenres qui se sentent femmes, tout en faisant le choix de conserver un pénis, se jugent discriminés ou exclus. Jusqu'à l'annulation récente, dans une université du Michigan, de la représentation des Monologues du vagin, pièce féministe s'il en est, pourtant pas assez inclusive envers les transgenres. Les serviettes hygiéniques deviennent discriminatoires, puisque ces femmes ne sont pas menstruées. Qu'est ce qui fait d'eux des femmes, alors? Leur ressenti. Et étrangement, l'adoption de comportements dits féminins, somme de stéréotypes transmis par la société patriarcale. Nous arrivons en bout de course de l'incohérence, une course folle.

» LIRE AUSSI - Géraldine Smith: «Aux États-Unis, chacun vit dans sa cave identitaire»

Mais finalement ce sont toujours les femmes qui trinquent, elles qui se sont battues pour leur visibilité, y compris celle de leurs corps. La moitié du genre humain doit encore s'effacer pour ménager le ressenti d'une minorité à l'intérieur d'une minorité. Alors que les néo-féministes inconséquentes soutiennent le droit des femmes à allaiter en public, combien de temps encore avant que des transgenres non opérés combattent cette pratique oppressive leur rappelant qu'ils ne peuvent pas, «elleux», donner le sein? Ces nouvelles guerres identitaires et victimaires se feront, comme les anciennes, sur le corps des femmes.

Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

La construction de soi serait donc entièrement subjective, mais jusqu'où? Difficile de l'analyser sans la mettre en rapport avec des motivations qui ne sont plus issues de la «lutte pour la reconnaissance» mutuelle, introduite par Hegel, et renouvelée par Axel Honneth, mais un benchmarking des avantages potentiellement accessibles, dont une reconnaissance sociale, associative et médiatique, et qui passe par l'exigence de réparations et d'adaptations. Un eugénisme à l'envers. Comme cette militante des droits civiques, blanche, ayant fait croire qu'elle était noire, jusqu'à ce que ses parents, excédés, la dénoncent... Mais si elle se sentait noire, après tout? Un article ésotérique paru sur Slate évoquait cette «transracialité». On peut se sentir femme en étant un homme. On peut se sentir noire en étant blanche. Mais ce ressenti et cette volonté de reconnaissance ne sont-ils pas liés à la mode actuelle qui incrimine les blancs dominateurs? Qui pourra juger de la réalité de ce ressenti? Il n'y a qu'à considérer ce prisonnier anglais, incarcéré dans une prison pour femmes, puisqu'il se sentait femme, sans vouloir être opéré, et de nouveau déplacé après plusieurs agressions sexuelles sur les détenues... Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

Le dommage subi est devenu une identité, qui ouvre droit à une visibilité et une réparation. Dommage dont on refuse qu'il se résorbe, parce que l'on perdrait ces dédommagements, et qui conduit désormais à une concurrence entre victimes. Et alors que l'on nage en pleine ingénierie sociologique, il faut sans cesse réintroduire de l'anthropologique, comme gage de vérité biologique. Alors est convoquée l'épigénétique pour prouver la transmission sur plusieurs générations des traumas des ancêtres. Comme pour la traite atlantique. Pas arabo-musulmane, étrangement. Elle n'a pas créé de trauma génétiques, elle. L'agenda politique n'est jamais loin. Comme le déplorait la féministe algérienne Wassyla Tamzali, «l'identité de victime est devenue une identité de combat». C'est la défaite absolue du politique. Cela nuira aux femmes. Mais ce business fait vivre tant de ces drôles de militants se délectant de faire de l'humanitaire...

11:19 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, idéologie victimaire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 25 novembre 2018

Geopolitics of Turkey in Asia

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Geopolitics of Turkey in Asia

 
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Turkey is a transcontinental power, and, while the European side of the country is secure and calm, the situation could not be more different on the Asian front. The collapse of the Sykes-Picot agreement is disintegrating the territorial borders from within and in the subsequent vacuum of power, major nations seek to carve out their own spheres of influence. All these activities, directly and indirectly, affect Turkey and determine the country’s geopolitical objectives in Asia.
 
Soundtrack: Dreams Become Real by Kevin MacLeod (incompetech.com)
 
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Dr. Rainer Rothfuß: Feindbild Russland, Syrien, Geopolitik verstehen, menschliche Begegnung, Frieden

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Dr. Rainer Rothfuß: Feindbild Russland, Syrien, Geopolitik verstehen, menschliche Begegnung, Frieden

 
Die Macht menschlicher Begegnung als Alternative zur militärischen Eskalationsspirale 13. März 2018 Eggenfelden Europa steht am Scheideweg. Während das entspannungspolitische Experiment des US-Präsidenten Donald Trump nach wenigen Monaten unter dem Druck der Befürworter einer konsequenten Bekämpfung des aufstrebenden geopolitischen Rivalen Russland scheiterte, steht Deutschland als führende Macht Europas nun vor der Wahl, den von der US-Regierung unter Obama aufgezwungenen Anti-Russlandkurs fortzusetzen oder zu einer eigenständigen Vision und Strategie europäisch-eurasischer Integration zurückzufinden. Noch dominiert das "Feindbild Russland" die deutsche Medienberichterstattung. Doch in der politischen Debatte werden Stimmen lauter, die eine pragmatische und an langfristigen Stabilitätsinteressen orientierte Russlandpolitik propagieren. Ist eine EU, die sich von Russland aufs Schärfste abgrenzt der einzig denkbare Entwicklungsweg? Kulturelle und historische Verknüpfungen, die sich über Jahrhunderte zwischen Ost und West herausgebildet haben, zeigen mögliche Entwicklungspfade in einem weiter gefassten Kontext auf. In der Bevölkerung regt sich das Bewusstsein, dass die dialogorientierten und auf Austausch und Kooperation zielenden Ansätze, die Europa aus der Zerstrittenheit des Zweiten Weltkriegs herausgeführt hatten, auch Grundlage werden könnten für tragfähige friedliche Beziehungen zum östlichen Nachbarn Russland. Mittels "Volksdiplomatie" bzw. "Geopolitik von unten" hat die aus Deutschland hervorgegangene "Druschba"-Initiative (russisch für "Freundschaft") einen Weg eingeschlagen, der beiderseits der imaginären "unüberwindbaren" Grenze zwischen Ost und West einen Weg aufzeigt, der die NATO-Russland-Aufrüstungsspirale durch breit angelegte Bewusstseinsarbeit stoppen könnte: Völkerfreundschaft statt militärischer Abschreckung als Weg zum Frieden im eurasischen Raum. Damit könnte eine mittlerweile internationale Bürgerbewegung zugleich zum Wegbegleiter eines sich anbahnenden langfristigen Integrationsprozesses nie da gewesenen Ausmaßes werden: Das Giga-Projekt der eurasischen Integration im Kontext des Billionen-Projekts der "Neuen Seidenstraße".
 
Katholische Erwachsenenbildung Rottal-Inn-Salzach, IPPNW http://www.keb-ris.de
 
Internationale Ärzte für die Verhütung des Atomkrieges/Ärzte in sozialer Verantwortung https://www.ippnw.de #RainerRothfußFeindbildRusslandSyrienGeopolitikverstehen
 

samedi, 24 novembre 2018

TERRE & PEUPLE Magazine n°77

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie

TERRE & PEUPLE Magazine n°77

Le numéro 77 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le thème ‘Identité et communautarisme’.  Dans son éditorial, sous le titre ‘Les incendiaires’, Pierre Vial dénonce le mépris abyssal que manifeste Macron et ses suiveurs pour les ‘gens d’en bas’, éveillant chez ceux-ci un ressentiment qui va croissant.  Ces incendiaires sont déjantés de la réalité, quand ils ne sont pas des pyromanes cyniques, transportés par la perspective de voir flamber notre monde qu’ils haïssent, au point de s’en promettre la joie dans des morceaux de rap, dont les racailles qui empoisonnent les cités ne perdent pas une syllabe.  Cultureux et bourgeois sont assis béatement sur un tonneau de poudre.

Pierre Vial dégage le modèle identitaire des Juifs, depuis les déplacements des Hébreux (Habiru en ougaritique, Apiru en égyptien) sur le pourtour du Croissant fertile, aux environs de -1500 AC.  Selon les traditions bibliques, il y a eu, à l’origine, quatre groupes qui se rattachent aux patriarches Abraham (dans la montagne de Juda) et Isaac (dans le Négeb), Jacob (en Haute Mésopotamie) et Israël (dans la montagne d’Ephraïm).  La figure de Jacob a été identifiée à celle d’Israël suite à l’alliance des Benê-Israël avec les Benê-Jacob.  Abraham a émigré jusqu’en Canaan depuis Ur, cité de Mésopotamie détruite par l’invasion élamite en -1960 AC.  La Genèse (17, 1, 10) révèle l’alliance consentie par l’Eternel, lequel confère aux migrants, qui ne l’occupaient qu’en tant qu’étrangers, la possession perpétuelle du pays, soit la (per)mission de génocide, contre le signe de l’alliance (la circoncision). La Bible relate l’opération par le détail.  La coutume sémitique réservait au chef la part royale du butin.  Dans la guerre sainte, la part de Dieu doit être sacrifiée. 

Pénétrant en Canaan, Josué voua à l’anathème tout ce qui s’y trouvait, « aussi bien la femme que l’homme, le vieux que le jeune, le taureau, le mouton, l’âne, les passant tous au fil de l’épée. » (Livre de Josué 6, 21), intransigeance que Yahvé attend du peuple avec lequel il a passé une alliance exclusive.  Pour amalgamer une population faite de clans d’origines diverses, il fallait l’élection divine et l’Alliance.  Les douze fils de Jacob sont la souche des douze tribus, qui se répartissent ensuite en deux royaumes, celui d’Israël et celui de Judée.  Le groupe des Hébreux Benêt-Joseph/Benêt-Israël s’était employé temporairement, sous le règne du pharaon Ramsès II (-1270 à -1250-), à des travaux de construction dans l’est du delta du Nil. Sous la conduite de Moïse (un Hébreux pénétré de culture égyptienne qui parvint à leur faire accepter la prééminence de la divinité unique YHWH, dont on ne devait en aucun cas fabriquer de représentation imagée), ils quittèrent l’Egypte et attendirent quarante ans dans le désert dans la perspective de conquérir un pays d’abondance.  Ils étaient unis dans leur commune obéissance au Décalogue, la loi du dieu unique. 

astarte-Sources_-http_www.teenwitch.com_divine_phoenicia_pi.jpgCe sentiment de commune appartenance a franchi des millénaires.  A la fin de la période dite des Juges, chefs de tribu qui résistent à la menace d’envahisseurs et autres Philistins et à la tentation de revenir au culte de Baal, Samuel, le dernier des Juges, institue le premier fédérateur, le roi Saül, dont le gendre, David, installe un état solidement centralisé. Le fils de David, Salomon (-973 à-933), marque avec l’édification du Temple l’apogée du Royaume d’Israël, qu’il répartit en douze districts.  Nœud de communication commercial central, le pays fait jonction entre l’Egypte et Babylone et entre la Méditerranée et l’Inde.  Mais l’édification de sanctuaires dédiés à des dieux étrangers, dont Astarté, va susciter la révolte de Jéroboam lequel, avec l’appui du Pharaon, provoque la scission entre les royaumes de Juda et d’Israël.  Celui-ci est le théâtre des affrontements entre les défenseurs de la tradition (les prophètes) et les partisans du polythéisme, appuyés par des princesses étrangères, dont Jézabel (qui sera assassinée).  Car les prophètes préconisent, pour se libérer du polythéisme, le hérem ou sacrifice sanglant, ce que pratiqua avec zèle le roi Jéhu et sa dynastie (-872 à -744) sur les partisans de Baal.  Au contraire, le petit royaume de Juda était, à l’exception de la reine Athalie (-842), resté fidèle à la tradition monothéiste.  En dépit de l’alliance de Juda avec l’Egypte, Nabuchodonosor envahit le pays et déporta le roi, les nobles et les meilleurs artisans à Babylone, où il les autorisa à vivre en communauté avec leur prophète Ezechiel. 

En -586, Jérusalem est détruite, mais la victoire de Cyrus, roi des Perses, sur les Babyloniens est une libération.  Le temple est reconstruit, mais les Juifs revenus au pays s’unissent par mariages mixtes aux païens implantés entre-temps et le culte de Baal reprend.  Les Juifs de Babylone réagissent et envoient un réformateur, Ezra.  Celui-ci annule les mariages mixtes et, avec l’appui du gouverneur perse de Judée, instaure au Temple la pratique de la lecture publique de la Bible.  Celle-ci, n’étant plus réservée à l’élite religieuse, devient la constitution vivante de l’Etat, assurant l’unité du peuple, tant en Palestine que dans la Diaspora.  Celle-ci ne s’étend pas qu’à l’empire perse et à l’Egypte, mais bientôt à l’empire d’Alexandre.  Libéral et tolérant, celui-ci accorde même l’autonomie à la Judée et reconnaît les mêmes droits aux Juifs qu’aux colons grecs.  Quand ses généraux se partageront son empire, Ptolémée Ier Sôter s’emparera de Jérusalem et sa dynastie, les Lagides (qui déportera nombre de Judéens et de Samaritains) restera au pouvoir jusqu’en -200 et pénétrera la contrée d’hellénisme polythéiste.  A Jérusalem, toutefois, le Grand-Prêtre n’en continuait pas moins d’incarner la tradition juive et, à Alexandrie, la fameuse bibliothèque est même dotée par Ptolémée II de la célèbre traduction de la Bible des Septante.  Toutefois, lorsque les Séleucides s’emparent de Jérusalem, les juifs se rallient à eux et en seront récompensés.  Mais, lorsque Seleucus IV envoie son ministre Héliodore confisquer le trésor du Temple, le grand-prêtre Onias Ier s’entend avec le ministre pour faire assassiner le roi. 

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A travers l’ensemble de la Diaspora méditerranéenne, nord-africaine et proche-orientale, les communautés juives ont appliqué ce modèle de comportement, avec l’efficacité qu’on sait.  Mais avec des constances variables : le grand-prêtre Onias III est supplanté par son frère Jason, qui se lance dans l’hellénisation, rebaptisant Jérusalem en Antioche, pour honorer le roi Antiochus IV.  Une révolte des traditionnalistes est matée, les livres de la Loi sont brûlés et le temple est dédié à Zeus. Nombre de notables, marqués depuis leur jeunesse par l’hellénisation, s’y plient, d’autres feignent ou se cachent pour pratiquer la tradition, d’autres plongent dans la révolte et la clandestinité, tel le prêtre Mattathias qui, après avoir égorgé un Juif qui s’apprêtait à sacrifier aux dieux païens, massacra l’envoyé du roi.  Rassemblant six mille Hassidim (fidèles), il les fit renverser les idoles, brûler des villages et circoncire de force les hommes.  C’est la révolte des Maccabée, menée à la mort de Mattathias par son fils Judas, qui chercha l’appui des Romains, à qui il affirma que les Juifs ne revendiquaient que de vivre selon leur Loi.  Réoccupant Jérusalem le 14 décembre -164 (Hanukâh), il purifia et fortifia le Temple.  Dans un but d’apaisement, le nouveau roi séleucide Antiochus V reconnut le droit des Juifs à vivre selon leur loi propre, mais l’esprit de révolte n’était pas mort pour autant. 

Comme Judas Maccabée soutient leur arrogance, le nouveau roi séleucide Démétrius Ier envoie son général Nicanor, avec une armée.  Par miracle, Judas la défait et tue Nicanor (le ‘Jour de Nicanor’ se célèbre encore aujourd’hui), mais il est écrasé peu après et tué lui-même.  Ses frères lui succèdent, Jonatan d’abord et ensuite Simon, et enfin Jean Hyrcan, qui règnera trente ans comme grand-prêtre et ethnarque.  Il obtiendra du roi Antiochus VII, contre un tribut et le démantèlement des murailles de Jérusalem, le respect de la pratique de la religion juive.  Le parti des Pharisiens (scribes attachés à la tradition religieuse, qui avaient soutenu Jonatan et Simon), s’étant opposé à Jean Hyrcan, celui-ci réprima durement leur révolte et se rallia au parti des Sadducéens (prêtres, aristocrates et possédants, parmi lesquels un groupe d’esséniens puritains).  Les héritiers de Hyrcan vont alterner les révoltes et les répressions féroces, jusqu’à ce que la femme du roi-grand-prêtre Alexandre Jannée, Alexandra (-76 à -67) joue la carte de l’apaisement avec les pharisiens, qu’elle fait entrer au Conseil des Anciens. 

héroderoi.jpgA sa mort, les Romains vont jouer la rivalité entre ses fils et c’est la fin du Royaume Hasmonéen, dont la politique de judaïsation forcée n'a pas pu gommer les différences : les villes de la côte étant plus hellénistes que juives.  Les pharisiens étaient influents dans les campagnes et les Sadducéens puissants à Jérusalem, les Esséniens se murant dans leur isolement.  Mais avec un attachement, partagé par tous, pour une littérature hébraïque florissante.  Les révoltes et les répressions se succèdent avec les assassinats et les massacres.  La Judée est rattachée au monde romain par Pompée.  Membre de la maison du grand-prêtre Hyrcan II, Hérode est un habile manœuvrier qui parvient à se faire apprécier à Rome par les détenteurs successifs du pouvoir, Antoine puis Octave.  Il en obtient d’être installé roi de Judée.  Il s’empare de Jérusalem grâce aux légions romaines et règne sans scrupule par l’assassinat, y compris des siens. 

Bâtisseur, il construit un théâtre et un amphithéâtre, édifices païens qui suscitent la colère des Juifs pieux.  Pour les amadouer, il reconstruit le Temple.  Il obtient de l’empereur Auguste des droits et privilèges pour tous les Juifs de la Diaspora, notamment de pratiquer leur Loi et d’envoyer des offrandes au Temple.  Son règne dure trente ans.  A sa mort, le royaume est divisé en trois tétrarchies.  Mais, dès l’an 6, l’administration en est confiée à un procurateur romain, lequel veillera à conserver les institutions juives : le Sanhédrin continue de légiférer et de juger les Juifs, à l’exception de ceux qui sont citoyens romains.  L’époque n’en est pas moins à la sédition.  Divers groupements d’activistes provoquent l’agitation, dont les Zélotes, partisans de la lutte armée, les Baptistes, dont Jean qui sera exécuté en tant qu’agitateur, et les Nazôréens, disciples de Jésus de Nazareth, soupçonné de complot et crucifié.  Comme l’empereur Caligula, revendiquant sa propre divinité, voulait placer sa statue dans le temple de Jérusalem, les révoltes et émeutes se succèdent et les Sicaires, Zélotes qui exécutaient au poignard (sica) les juifs collaborateurs, invitent à la révolution et au pillage. 

Le procurateur Florus s’étant emparé du trésor du Temple, révoltes et représailles débouchent sur une vraie guerre et les Sicaires parviennent à s’emparer de la forteresse de Massada.  La destruction d’une légion, tombée dans une embuscade, débouche sur une guerre de libération nationale.  Néron confie trois légions à Vespasien, général aguerri.  Les Zélotes prennent le contrôle de Jérusalem et massacrent les notables et les familles sacerdotales.  Vespasien, désigné comme empereur par les légions, charge son fils Titus de nettoyer les bastions de résistance.  Celui-ci s’empare du temple qu’il livre au feu le 6 août 70.  Massada ne fut emportée qu’en avril 73.  Il n’y eut pas de survivant : les derniers se suicidèrent plutôt que de tomber aux mains des Romains.  Certains soldats de Tsahal prêtent le serment « Massada ne tombera pas une seconde fois ».  Le ‘complexe de Massada’ serait la représentation paranoïaque d’un Israël isolé dans un monde qui cherche sa perte.  La destruction du second Temple marque la fin de l’Etat hébreu.  Le peuple juif doit alors trouver de nouvelles formules de survie.

Alain Cagnat dissèque le communautarisme musulman.  En dépit de ses valeurs universelles, la République est impuissante à assimiler l’islam colonisateur : ce n’est pas une surprise.  Il n’est pas trop tard, mais il faudrait d’abord identifier les agresseurs et leurs complices.  Leur nombre, qu’il est interdit de compter, doit se situer vers les dix millions, soit 15% de la population de la France.  A la différence des autres religions, l’islam est ‘incréé’, dicté directement par Allah (même s’il a été ‘transcrit’ au fil des siècles par des dizaines de rédacteurs).  Et ce n’est pas une religion de l’individu, mais une religion-Etat : « Rien n’est à César, tout est à Allah ! »  Enfin, l’islam postule son hégémonie planétaire, alors qu’il s’oppose frontalement aux valeurs de notre civilisation : intolérance, négation du libre-arbitre, infériorité des non-musulmans, mépris de la femme, violence. Toutefois, la conquête de l’Europe se réalisera probablement sans violence, par le ventre des musulmanes et par la lâcheté ou le calcul électoral de nos élus.  Les démocraties libérales sont désarmées par les droits de l’Homme, le respect des minorités et la criminalisation de l’islamophobie.  Les mosquées, le halal, le voile sont des armes plus mortelles que les poignards de quelques fous d’Allah.  Le nombre de mosquées, qui était moins de 100 en 1970, était passé à 1.036 en 2000, 2.449 en 2012 et 6.556 en 2018. 

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Or les mosquées (‘Nos casernes,’ dit Erdogan) sont les citadelles du Dar el-Arb, le territoire de la guerre.  Elles sont financées aujourd’hui par l’Arabie ou le Qatar.  Pour décrocher les autorisations de laïcards bouffeurs de curés, on bloque les rues avec les prières du vendredi.  Le port du voile, intégral ou non, sert de provocation, à l’école, dans les services publics, dans la rue, contre les pouvoirs publics qu’on taxe d’islamophobie et qu’on fait condamner par les instances européennes et onusiennes.  Réconfortant : la République laïque résiste aux pressions pour le voile, à l’exception des universités.  Et à l’exception des cités, où niqab et jilbab paradent impunément.  Au contraire du burkini, qui est interdit dans les piscines, mais qui règne sur les plages sous la protection de grands frères dissuasifs.  Le communautarisme musulman se montre volontiers agressif, notamment dans les hôpitaux, quand il réclame ou refuse des soins en fonction du sexe du personnel soignant, dans les piscines et sur les plages, quand il réclame des horaires ou des zones exclusifs, lors du ramadan, quand il revendique toutes sortes d’accommodements.  La nourriture halal est un levier de l’affirmation identitaire islamique et le mouvement halal, issu de la révolution iranienne, converge avec les intérêts des requins de l’industrie alimentaire et de la grande distribution, qui ont contaminé les secteurs cosmétiques et pharmaceutiques. 

Des grandes marques, telles Carrefour Halal, Wassina Casino, Isla Mondial, Medina Halal, Reghalal, témoignent de la complicité entre les manipulations fondamentalistes et capitalistes apatrides.  L’os pourrait se trouver dans l’horreur de l’abattage rituel (tant casher qu’halal) et dans l’étiquetage Halal, qui risque d’écarter certains clients et de tarir une source importante de revenus (15 cent au kilo sur pied, soit 100€ en moyenne par bête).  Sans compter les problèmes d’hygiène et de santé publics.  Une tentative de normalisation avec les mosquées détentrices du monopole et le Conseil français du culte musulman a échoué. Pour l’Aïd el-Kébir, l’Etat tolère même des ‘abattoirs temporaires’.  La ‘Finance islamique’, dont la pionnière en France est Noor Assur, propose des produits ‘islamiquement propres’ et notamment une assurance Vie ‘charia compatible’, qui ne place ses réserves dans aucune société liée à l’alcool, les armements ou la drogue. 

Le Crédit Agricole a créé une filiale spécialisée qui s’appuie sur les conseils de trois éminentes sommités en matière d’interprétation de la charia (laquelle est le ‘chemin pour respecter la loi d’Allah’.  Tombée en désuétude dans l’Empire ottoman et sous la colonisation, elle a été ranimée vers 1930 par les Frères Musulmans en Egypte et par les Saoudiens. Mise sous l’éteignoir avec Nasser, elle a été réhabilitée par Khomeiny.  Elle s’étend au monde sunnite avec le GIA algérien et les talibans afghans et ensuite les printemps arabes. 

Le Royaume-Uni tolère depuis 1982 les tribunaux islamiques, qui sont agréés comme tribunaux arbitraux depuis 1996.  On ne parle pas des châtiments corporels, puisqu’ils n’existent pas !  Les complicités sont nombreuses de naïfs, de taupes, de collabos qui veulent croire que l’islam est soluble dans la République, qu’il n’est pas violent, que les chrétiens ont été violents eux aussi.  Mais les islamo-gauchistes ne sont pas naïfs.  Les trotskistes (une grande proportion du personnel politique français est passée par le moule), humiliés par l’effondrement du marxisme, veulent voir dans les musulmans une armée de substitution.  Troisième catégorie de collabos, les humanitaristes, dégoulinants de bons sentiments, financent et organisent au détriment de la nôtre un monstrueux exode de cultures étrangères.  Ce sont probablement nos pires ennemis, subventionnés par des fondations américaines, notamment l’Open Society Justice Initiative du milliardaire israélo-américain George Soros.

Jean-Patrick Arteault s’attache à dégager l’avenir de l’identité et du communautarisme albo-européen, dans un monde où la plupart des nations européennes ne survivent plus que par la vitesse acquise.  Il subsiste des bribes d’Européens qui méritent une seconde chance.  Dans le cas de la France, il remarque qu’elle n’est française que depuis l’édit de François Ier qui, en 1539, impose le français comme langue administrative. Lequel lors de la Révolution française, n’est parlé que dans 15 départements sur 83, lorsque l’abbé Grégoire déclare la guerre aux ‘patois’ régionaux.  Inconscients de leur identité et des valeurs que celle-ci comporte, les Français se trouvent alors en situation de faiblesse face à des idéologues résolus à les reformater, dans une vision holiste au principe de l’individualisme, au moment où les inventions vont bouleverser les modes de vie et remplacer une oligarchie nobiliaire par une oligarchie financière et industrielle qui croit dans la ‘main invisible du marché’. 

Ce sont toutefois des hommes concrets, en ‘bandes organisées’, qui ont mis en place les structures dont ils ont été et sont les principaux profiteurs.  Les peuples racinés n’ont pas subi qu’un transfert de pouvoir, mais une refonte de leur être.  La diversité des pratiques ne posait pas de problèmes à l’ancienne oligarchie.  La nouvelle veut au contraire les unifier.  En 1870, la moitié de la population ne comprenait toujours pas le français.  C’est la IIIe République qui a créé la nation citoyenne.  En 1914, les nouvelles générations étaient enfin formatées.  Elles avaient eu le temps d’oublier les mœurs des anciennes, mais pas encore de s’enraciner dans les nouvelles.  Aujourd’hui, c’est la faillite identitaire : les Français de souche ne croient plus ni à la France d’avant ni à la nation citoyenne. 

Les trois facteurs, ethnique, politico-idéologique et techno-économique, qui avaient fait sa puissance causent à présent son déclin. Le facteur ethnique : le contrat s’est fondé sur une homogénéité raciale, mais idéologiquement l’individualisme et l’égalitarisme des Lumières persuadaient que, le modèle français étant universel, on peut transformer un Africain « en catholique et français ».  Il en va autrement de l’immigration allochtone des années 1970-2010.   Le facteur politico-idéologique : les peuples racinés de France ont échangé leur identité contre la participation à un corps mystique prestigieux, ce qui justifiait le sacrifice de leur sang et de leur argent.  La République est victorieuse en 1918, mais elle est fragilisée et une fraction de la classe populaire déserte la nation citoyenne pour l’internationalisme soviétique.  Le rêve va se fracasser en 1940 et, malgré Pétain et De Gaulle, ne s’en remettra pas. 

L’après Seconde Guerre est un calvaire de déclassement, avec la décolonisation et la soumission à l’atlantisme et avec une américanisation en profondeur.  Le facteur techno-économique : la nation citoyenne a mobilisé pour le compte du capitalisme une armée du travail, au sein de laquelle le socialisme a heureusement organisé une solidarité, tolérée par crainte du contre-modèle communiste.  Par la suite, la révolution dans les technologies du transport et de la communication produira un marché mondial de la main-d’œuvre et l’informatique et la robotique dévaloriseront le travail non-qualifié et même qualifié.  Alors que les sujets ordinaires se révèlent ‘de trop’, l’oligarchie, pour presser les salaires à la baisse, ouvre les vannes d’une immigration de masse. 

La gauche y trouve un électorat de substitution.  L’esprit de Mai 68 fait obstacle à l’adaptation au système scolaire et au travail des jeunes immigrés, lesquels souvent ne veulent pas s’adapter.  La protection sociale et médicale, qui justifie l’obéissance, régresse au moment où l’Etat s’est laissé par le moyen de la dette prendre en otage par les institutions financières.  Dans le même temps où la racio-pudibonderie épure la Constitution du mot race, elle réclame des « manifestations racisé-e-s en non-mixité», réunions de Noirs interdites aux Blancs, sur l’avenir desquels on doit s’interroger.  Comme sur ce qui, pour nous, fait un Blanc.  Son origine génétique est une condition nécessaire, mais non suffisante : comme pour un ordinateur, elle est le matériel qui permet la vie, mais il faut encore le système d’exploitation (la vision du monde qui donne sens et perspective à la vie) et les logiciels (éléments de culture, qui permettent l’action).  Il existe deux visions du monde, radicalement opposée : les visions universalistes (une vérité universelle régit l’ensemble du réel particulier) et les visions enracinées (on n’atteint l’universel qu’à travers l’exploration du particulier, qui vaut par lui-même). 

A la différence des universalistes, les visions enracinées ne peuvent être implantées en dehors de leur sphère d’origine.  Les visions universalistes sont en conflit avec toutes, car la vérité est unique !  Parler d’une supériorité culturelle des Blancs n’a aucun sens.  Pour évaluer le monde Blanc, l’auteur a choisi un étalon fondé sur des critères de fidélité historique et culturelle, nommé albo-européen non-seulement par référence à sa terre originelle, mais à ses valeurs qu’on qualifie d’indo-européennes à la suite des linguistes.  Etre albo-européen, c’est donc avoir une conscience empathique de ses racines culturelles d’avant la christianisation. 

Cela ne concerne qu’une minorité dans le monde blanc occidentalisé.  Certains sont ‘gentils conscients’ de leur responsabilité génétique à l’endroit de la noblesse héroïque de leur généalogie (gentils par référence à des traditions non-chrétiennes et non-juives).  Cette minorité-là est infime : l’auteur cite l’action remarquable des identitaires de Defend Europe, qui a éveillé la sympathie des ‘braves gens’, mais pas leur engagement.  Comptant en France 45 millions d’autochtones, il évalue à partir de l’appareil du FN à 25.000 les aptes à se mobiliser pour les enjeux vitaux de leur pays. 

On peut leur ajouter les ‘braves gens’, qui votent populiste.  Le reste, 24 millions d’indigènes, qui est hostile à toute vision autochtone, est formé de la masse des suiveurs, benêts, autruches et conformistes, encadrée par les escadrons des renégats, au nombre desquels on peut distinguer les vrais croyants sectaires, les ambitieux et les Grands Serviteurs, officiers généraux de l’oligarchie, dont on ne peut exclure qu’ils croient à l’idéologie qu’ils servent, ni qu’ils rêvent d’être cooptés parmi les maîtres.

Robert Dragan suggère d’être identitaire efficacement.  Du moyen-âge à la Révolution française, l’histoire a pour moteur les ambitions des princes, structurées par l’Eglise, en particulier lorsque celle-ci fait l’objet d’une menace, qu’elle soit alors interne (hérésie, schisme, réforme) ou externe (islam).  En 1789, le renversement politique coïncide avec une révolution démographique, industrielle et coloniale.  Autant la superbe des princes était ostentatoire, autant sont discrètes les forces nouvelles, au sein desquelles se cooptent les nouveaux vassaux, banquiers et sociétés secrètes, lesquels ne s’exposent jamais physiquement.  Les réactions des contre-révolutionnaires, pour rétablir l’ordre ancien sans tenir compte des changements, étaient vouées à l’échec.  Le mérite de Maurras est alors de proposer un modèle alternatif, synthèse du national et du social, qui continue de prospérer aujourd’hui, à l’état de projet, du Venezuela à la Chine populaire et d’Egalité & Réconciliation à l’OEuvre française. 

maurrasNBTP.jpgL’inconvénient de ces socialismes est précisément d’être nationaux et dès lors moins aptes aux alliances que les démocraties populaires, à commandement unique et qui pensent globalité et non pas préférences.  La défense de leurs valeurs ethniques et culturelles place les identitaires dans la situation de réactionnaires, face à des adversaires qui ont déjà transformé la France.  Autre vache sacrée de la réaction, les racines chrétiennes, que les identitaires français voient catholiques, en opposition au protestantisme et à l’orthodoxie, soit aux deux tiers des Européens blancs !  En oubliant l’héritage païen multimillénaire, qui s’accommode de l’agnosticisme des masses albo-européennes, de leur curiosité scientifique, de leur goût de la nature et de leur amour du vrai.  On doit en conclure que l’avenir de la révolution appartient aux racialistes païens plutôt qu’aux nationaux catholiques. 

Pour ce qui est de la méthode à suivre, on peut envisager de renverser l’opinion, comme l’ont tenté les Royalistes sous la Ière République, comme si cela avait été le peuple de France qui avait ‘fait’ la Révolution, alors que c’est Paris et les sociétés de pensée.  Les identitaires nourrissent l’illusion que le peuple va changer d’avis et renverser la vapeur.  Ils veulent croire par ailleurs dans les élites militaires, qui feraient de bons chefs politiques.  En réalité, le mythe du chef guerrier est incapacitant et on le constate dans l’histoire récente du mouvement identitaire.  La foule des militants suivistes va où brille la lumière.  Ce qui fait défaut, c’est une contre-société, gardienne d’un projet.  Faut-il la créer au sein du peuple ou se replier parmi les nôtres ?  Conservatrice des mœurs, elle a valeur de modèle. 

Le système échoue à reformater l’esprit d’enfants qui ont été bien éduqués.  La contre-société génère l’optimisme (voir Jean Mabire : « Je ne sais pas si nous allons changer le monde, mais le monde, au moins, ne nous changera pas. »).  L’Empire existe déjà dans l’esprit de communautés dispersées d’Albo-Européens.  Chaque acquis de l’une d’elle est un pas vers la réalisation de notre idéal.  Notre contre-société n’a pas besoin d’exercer de violence et doit prendre modèle des communautés chinoises, qui sont pacifiques.  Si la violence vient à s’imposer, les activistes y trouveront une base de repli, sur le modèle des Sinn-feiners irlandais.  La contre-société règle sa guidance par une assemblée de sages.  Racialiste, socialiste et païenne, elle intègre mieux qu’une organisation politique les différences sociales.

geoSC.jpgJean-Patrick Arteault réalise l’exploit de condenser sur trois pages de la revue sa recension de l’ouvrage, déjà particulièrement dense, de Michel Geoffroy ‘La super-classe mondiale contre les peuples’. Tenter de résumer encore la teneur de l’article serait vanité.  Notons quand même que la super-classe est présentée ici comme quatre cercles concentriques, au centre desquels il y a le cercle des grands requins blancs et à l’extérieur le cercle du pouvoir dur des élites publiques, politiques et administratives, entourant le cercle du pouvoir doux des ONG, think-tanks et autres instruments de l’ingénierie sociale qu’entoure enfin le cercle de l’état-major des officiers supérieurs.  La deuxième partie du livre est consacrée à l’échec prévisible de l’oligarchie mondialiste occidentale.  Jean-Patrick Arteault, qui la juge beaucoup trop optimiste, reconnaît néanmoins que l’arme migratoire pourrait avoir pour effet la révolte des autochtones ou un chaos non maîtrisé et surtout que de nouvelles oligarchies émergentes en Chine, en Russie, en Inde, pourraient contester l’hégémonie occidentale.   

 

vendredi, 23 novembre 2018

Zwarte Piet: The Face of National Resistance in The Netherlands

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Zwarte Piet: 
The Face of National Resistance in The Netherlands

In The Netherlands we have an annual tradition called Sinterklaas, which is a colloquial expression that signifies the celebration of a Christmas-like holiday named after St. Nicholas, a Byzantine bishop and saint from Anatolia, famous for his charity to children. The actual roots of the holiday go farther back to pagan traditions celebrating Yule and the coming of winter. The fatherly, horse-riding saints and the bearded Father Christmas with his sleigh are, in the end, all Christianized versions of Odin. Nordic and Germanic countries generally all celebrate this Odin-like figure and his holiday, of which Christmas is one, Sinterklaas another, and Krampus a third. In the same vein, Sinterklaas is also connected to the Austrian Krampus celebration. Both Sinterklaas and Krampus feature a bearded bishop accompanied by servants who bring gifts to children. In Krampus’ case, the servants are demons who hunt the naughty children. At Sinterklaas, Zwarte Piet (“Black Pete”) performs the same role. He hands out punishment to the naughty children, and candy and presents to the well-behaved children.

Zwarte Piet, unlike the demon Krampus, is a caricature of a negro (note that neger, or negro in English, is still a commonly used term for blacks in The Netherlands). He is always played by white men or women in blackface, featuring thick red lips, large golden earrings, a curly wig, and a funny accent, dressing like a sixteenth-century page. It couldn’t be more obvious that he is a caricature of a black man. Civic nationalists steadfastly deny that this is so, however, and insist that it is just chimney soot and colonial garb, and that people shouldn’t complain so much about racism, anyway. Truth be told, it probably was just a modification of Krampus to suit the Dutch colonial epoch; but yes, it is a caricature of a black slave.

Obviously, in our Americanized public discourse, given that Europe today is a cultural slave to America, this became a problem. Black activists started complaining that Zwarte Piet was a racist caricature offensive to “Dutch people of African descent.” In 2013, the United Nations ruled that it was a problematic tradition and should be changed. And since 2013, a debate is ongoing about Zwarte Piet every year, lasting from November until mid-December, when Sinterklaas is celebrated.

Strangely, this issue of removing blackface from an ancient children’s holiday became a robust redoubt for the defense of nationalism. When polled, eighty percent of Dutch people said that Zwarte Piet should not change. Every even vaguely nationalist or patriotic politician, media personality, actor, and academic declared themselves to be against changing Zwarte Piet. Whether conservative, libertarian, or populist, the Right was united on this issue. The Dutch could swallow mass migration, the legalization of gay marriage, a mosque on every street, a million Muslims in their country, increased crime, and increased taxes to fund the expanded welfare state – but this is where the Dutch drew the line. We will keep our blackface, and no foreign institution, activist group, or lobbyist in the world will change our minds. If necessary, blackface will be defended with violence.

Last year during Sinterklaas, the ceremony marking Saint Nicholas’ entry into The Netherlands was to be held in Dokkum, a Frisian town in the north of the country. Traditionally, a different town is selected every year for Saint Nicholas’ “official” entry. It has to be a coastal town, because he arrives by steamboat. The anti-Zwarte Piet discussion had been ongoing for four years by that point, and several activist groups had emerged whose aim was banning Zwarte Piet: “Kick Out Zwarte Piet” (KOZP), “Graauwe Eeuw” (Grey/Grim Century, a play off of the Golden Century, the era when the Dutch were the preeminent European naval and colonial power), “Stop Blackface,” and “New Urban Collective.” These groups were all set up and led by blacks, most of whom were recent arrivals from Africa to boot. Of these groups, KOZP is the most prominent, and I will use their name to refer to all the anti-Zwarte Piet black activists generally.

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KOZP announced that they would demonstrate in Dokkum against Zwarte Piet, and at the same time one of the leaders of Graauwe Eeuw made death threats against the actor playing Saint Nicholas. He said he wished to see “blood and bone splinters rain upon the children in attendance.” The local Frisians decided they weren’t about to let this happen, so on the day of the event, some fifty locals blocked the highway to Dokkum with their tractors and cars, preventing KOZP from entering the town and allowing the celebrations to carry on as usual. The media was scandalized, while the common man heralded them as heroes.

The locals involved were all charged with blocking a highway and endangering traffic. In a highly politicized trial, a dozen or so of the Frisians were tried and convicted, and given comparatively heavy sentences. These snelwegblokkeerders have become folk heroes. At their trial, several hundred people showed up to support them, including politicians of the PVV (Geert Wilders’ party) and some prominent Right-wing journalists. The instigator of the blockade, a local businesswoman, was given a month in jail and two hundred forty hours of community service. In comparison, a Polish drunk driver who killed two people at a zebra crossing last year got only one hundred ten hours of community service.

The trial was held less than two weeks before Sinterklaas 2018 and became a huge media spectacle. Tensions were high given that it coincided with the revival of the usual debate about Zwarte Piet during the 2018 holiday season. In the last few weeks, over three hundred thousand euros has been crowdfunded to support the convicted Frisian snelwegblokkeerders.

And then it was time for Sinterklaas 2018. Last Saturday, November 17, was the beginning of this year’s celebration. As usual, an actor dressed as Saint Nicholas with a host of Zwarte Piet helpers sailed into The Netherlands on a steamboat. This year, the town to receive the official Saint Nicholas was Zaanstad. Most towns and even small villages who host the event hold a parade for Saint Nicholas and his helpers. The KOZP announced that they would hold demonstrations against the event in eighteen towns and cities. The news spread like wildfire, and many nationalist groups announced counter-actions, mostly dressing up as Zwarte Piet to spite the Left and handing out candy and nationalist flyers to children. It was good optics.

But the bad optics started on the day itself. As I said, eighty percent of Dutch people support Zwarte Piet staying black. And this discussion has been ongoing for five years, with the common man on the side of Zwarte Piet, while the Left, the media, and minority activists oppose him. Anger has been growing on both sides. On the day, things escalated quickly. Loose coalitions of football hooligans, activists, and working-class men started fights with the KOZP demonstrators. I will list the most notable events of the day:

  1. In Rotterdam, people drove cars into the crowds of KOZP demonstrators and hurled fireworks, eggs, and stones at them. Football hooligans from Feyenoord FC got in fistfights with them. Police had to pull the two camps apart several times with their batons. Several people were hospitalized and others arrested.
  2. In Eindhoven, several hundred hooligans from PSV FC stormed a KOZP anti-Pieten demonstration of about fifty people, breaking through the police cordon and forcing the KOZP to take refuge in a police station, all the while pelting them with eggs and beer cans.
  3. In Leeuwarden, the locals attempted to break through a police cordon to get at the KOZP demonstrators, but they failed after police reinforcements arrived. In response, the locals paid an organ player to play Sinterklaas songs and loudly sang along to drown out the demonstrators.
  4. In The Hague, a KOZP demonstration began later in the day. Large groups of gathering football hooligans from ADO Den Haag intent on disrupting the protest were stopped by police cavalry charges.
  5. In Groningen, locals and football hooligans attempted to break through the police lines to get to KOZP demonstrators. Although unable to get through, they spent the day shouting in heated exchanges with the protesters.
  6. In Hilversum, a small KOZP protest was forced to flee to a police station after about one hundred fifty locals and hooligans arrived to chase them off the street.

There were other altercations that didn’t turn violent and were limited to verbal abuse in Den Helder, Tilburg, Amstelveen, and Hoorn. In total, sixty-two people were arrested and over a dozen hospitalized. Everywhere KOZP went, they were either forced to retreat or to rely on a strong police presence to remain. Thousands of ordinary Dutchmen mobilized throughout the country in a manifestation of spontaneous rage against the minority grievance industry that is spoiling their culture, traditions, and their children’s parties. The line had been drawn in the sand, and this is where the Dutch literally fought to keep their way of life.

For us Dutch etnonationalists, however, it is an odd spectacle. We of course aren’t opposed to Zwarte Piet. We support Zwarte Piet if only so that we can annoy the Left and the grievance industry. And we acknowledge that Zwarte Piet is in fact a caricature of a black man. On the other hand, we also don’t care that some are offended. They can go and be offended somewhere that isn’t in The Netherlands. But why is it this event that sparked blind fury among the common Dutchmen? Why not one of the myriad other problems caused by multiculturalism? We have been abused, dispossessed, burdened with taxes, beaten, robbed, and assaulted by all the joys of multicultural society for decades now – and this is the breaking point? Blackface on an actor performing for children?

My personal theory is that this was such a blatant case of anti-white activism, and combined so many facets of the anti-white crusade in it, that for the common man who intuitively senses that something is wrong – who doesn’t like multiculturalism, but can’t yet articulate the cause – now sees the culmination of several decades of his dispossession embodied in a single cause: the anti-Zwarte Piet movement.

Suddenly, it has all been revealed to him. The anti-white hatred. The enmity that his own institutions have for him. All the dimensions of white dispossession are present: the Leftist media siding with an aggrieved minority against the general populace, despite eighty percent opposing the change; an activist group of recent immigrants who openly hate whites and who are ungrateful for everything Dutch society offers them; a legal system that punishes the natives disproportionately while letting minorities off the hook; a very weak excuse to pass unpopular measures (“we need to make Zwarte Piet inclusive of children from all backgrounds”); and elitist Left-wing politicians denouncing the prevailing racism among the working class.

The native Dutchman sees this dishonesty and unfairness subverting his traditions, and he suddenly realizes, “Wait a minute, this is what they have been doing all along!” He grows furious; not even his child’s party is safe from them. Not even his own childhood memories. So there is the line in the sand. No more, they say. They pushed too far.

I therefore encourage the Left to continue to try and ban Zwarte Piet, and to take even harsher repressive measures against those who rioted on Saturday (which the Minister for Justice, Grapperhaus, has already announced). Those who defended Dokkum last year were put through a political show trial. In response, this year thousands of men stood up and decided to fight – in some cases physically – when it was necessary. Let the Left keep escalating. The Dutch are angry. If they want to make Zwarte Piet an icon of nationalist resistance against globalism and multiculturalism, then blackface will become an act of defiance in our country.

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Quand le « Menhir » se souvient

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Quand le « Menhir » se souvient

par Georges FELTIN-TRACOL

Avec Fils de la nation, Jean-Marie Le Pen publie après bien des années d’hésitation et d’attente le premier tome de ses Mémoires. Ils concernent la première partie de sa vie, de sa naissance à La Trinité-sur-Mer en juin 1928, jusqu’au début des années 1970 à son accession à la présidence du Front National. Il raconte avec une belle truculence son enfance, son adolescence meurtrie par la disparition subite de son père en mer en 1942, touché par une mine, une scolarité agitée, et des années étudiantes dans la capitale au cours desquelles les Parisiennes se montraient sensibles à la prestance physique du président de la Corpo de Droit.

Jean-Marie Le Pen relate bien sûr son engagement chez les légionnaires parachutistes en Indochine, à Suez et en Algérie. Il en profite pour rétablir quelques vérités aujourd’hui bien étouffées par les cabots universitaires. D’une manière plus intime, et après avoir dépeint un monde qui n’existe plus, celui de sa Bretagne natale, il insiste sur sa passion de la mer. Fils et petit-fils de marin pêcheur, il navigue tôt et juge le métier de marin plus éprouvant que celui de mineur… Ami d’Éric Tabarly, il accepte un jour de prendre à son bord un jeune garçon qui deviendra un grand navigateur amnésique de cette période jugée sulfureuse pour ses intérêts, l’« Amiral » Olivier de Kersauson.

Une révolte d’avant-garde

L’homme des vagues et des embruns garde en lui une forte dimension tellurique. « Par ma mère, je tiens aussi à la terre. Les fenêtres de notre maison de La Trinité donnaient sur le jardin abrité du vent de mer. Mon père y planta le jour de ma naissance un platane sycomore, mon jumeau, dont je ne peux plus faire le tour avec mes bras quand je l’enlace, lors de mes trop rares visites. Les arbres et les pierres me parlent autant que les vagues (pp. 354 – 355). » Il y a du paganisme dans son catholicisme traditionnel. Loin de le rebuter, cette coexistence l’élève. « C’est peut-être pour cela que j’aime tant la Grèce, cet autre pays, avec le Morbihan, où la terre et la mer n’en finissent pas de se mêler. J’ai toujours été philhellène (p. 355). » C’est en 1950 qu’il découvre la patrie d’Homère et d’Aristote. Il comprend tous les bienfaits de la culture classique enseignée par les Jésuites et l’école laïque quand celle-ci inculquait aux garnements de solides connaissances. Il perçoit qu’« il y a quelque chose dans les sanctuaires de la Grèce antique qui rend sensible le sacré (p. 357) ». Cette sensibilité l’amène à reproduire le geste des antiques Hellènes sur le site d’Olympie. « Je me déshabillai et me mis dans la position du départ, comme les athlètes deux mille ans plus tôt, nu comme il convenait (p. 356). » Plus tard, au Parthénon encore épargné du fléau touristique, il renouvelle l’action d’Olympie ! « J’étais seul, encore une fois, et encore une fois je me mis nu. Puis je picorai mes olives et me repus de ma pastèque dont je jetai le vert sous un arbuste (p. 358). »

Cette inclination vers le sacré élémentaire prédisposait très certainement Jean-Marie Le Pen à considérer autrement l’écologie. « J’ai lu en leur temps le docteur Carrel et le docteur Carton, qui furent plus que des précurseurs de l’écologie quand les progressistes, modérés ou de gauche, ne rêvaient encore que béton et bakélite : cela m’aide à ne pas perdre de vue que la récupération de l’écologie par l’extrême gauche est une imposture (p. 366). » Plus jeune député de France en 1956 grâce à la vague poujadiste, il insiste volontiers sur l’aspect pionnier du « mouvement Poujade, que l’on présente comme un combat d’arrière-garde de ploucs ringards, de beaufs menés par quelques fascistes, était en fait très en avance. D’une part, c’est l’agriculture industrielle et la grande distribution qui sont aujourd’hui obsolètes, alors que le bio, le raisonné, le commerce de proximité, les circuits courts ont montré leur intérêt : le coût social de prétendus progrès des années cinquante et soixante n’a pas fini d’être calculé. D’autre part, le fiscalisme, dont je n’ai cessé en soixante ans de carrière politique de dénoncer les méfaits, est non seulement un étrangloir économique, mais la matrice de l’État policier. L’habitude de surveillance, les instruments statistiques qu’il crée, ont été mis à profit par le totalitarisme informatisé qui s’installe. La réaction du peuple était juste, et Poujade l’a exprimée avec talent (p. 211) ». Cet éloge rejoint l’admiration de la rédaction de la revue anarcho-royaliste Le Lys Noir, il y a quelques années. Avant la mode des bio-carburants (qui engendre d’autres problèmes agricoles), Pierre Poujade eut l’anticipation de fonder en 1979 une Association nationale pour l’utilisation des ressources énergétiques françaises (ANUREF), puis dès l’année suivante un syndicat de producteurs de topinambours de l’Aveyron. Il réclama en vain le recours à un carburant national « essence – alcool ».

Il regrette néanmoins l’impasse dans laquelle se fourvoya le papetier de Saint-Céré dans le Lot. « La révolution sociale et mentale que les technocrates menaient par l’impôt devait engendrer, en matière de commerce, les géants de la grande distribution. Pierre Poujade se révolta contre l’État qui spoliait les petits au profit des gens. […] C’était, soixante ans avant Trump, l’espoir d’une contre-révolution nationale et populaire contre la trahison des élites (p. 211). » Jean-Marie Le Pen trouve que Poujade ne comprit pas l’enjeu civilisationnel. « Un grand ministère du commerce et de l’artisanat l’aurait comblé. Pour vouloir le pouvoir, il faut plus d’appétit qu’il n’en avait (p. 218). » Toutefois, « Poujade fut quand même grand, il fut un précurseur. Il a donné un moment un véritable espoir au peuple. Ce fut un libérateur à moitié (p. 221) ».

On y lit au fil des pages les talents culinaires de Roger Holeindre et d’autres portraits parfois incisifs. François « Brigneau, mon ami, mon presque frère, qui fut souvent aussi mon ennemi. Tout nous rapprochait dans la vie, beaucoup, en politique, nous séparait (pp. 361 – 362) ». Son avis sur Charles de Gaulle correspond globalement à l’interprétation de Dominique Venner dans La Grandeur et leNéant. Pressenti un temps à la présidence du futur FN par les membres d’Ordre Nouveau, ce qu’il refusa tout net, Venner n’est cité qu’une seule fois, en page 349, et n’est même pas répertorié en index ! Rencontré en ces temps estudiantins, Jean Mabire est oublié… Impossible de parler de toutes les amitiés de jeunesse.

Des portraits féroces

Le président d’honneur du Front National se montre plus féroce encore envers d’autres contemporains. « Garçon à la parole déjà fuligineuse (p. 159) », Michel Rocard y est qualifié de « diffamateur de bonne foi (p. 256) » quand il hurlait à la « torture » en Algérie. Avec Jean-Louis Tixier-Vignancour, le candidat de l’Opposition nationale à la présidentielle de 1965, Jean-Marie Le Pen confirme ce qu’il avait déjà exprimé précédemment. « La candidature Tixier restera le plus grand regret de ma vie politique (p. 347). » Pourtant, « j’avais été frappé par ses plaidoiries, sa faculté de synthèse. […] L’homme n’était pas […] une personnalité sans ombres et il ne fut pas simple de l’intégrer au projet. Son image était épouvantable, y compris dans le milieu de la droite nationale. Il avait une réputation de picole, justifiée, et de collabo, injuste. C’était un sauteur aussi (p. 341) ». Pour preuve, cette savoureuse anecdote : le célèbre avocat « avait un faible pour les demoiselles très fardées et très vulgaires, au point que je dus un jour supprimer d’une liste d’invités trois putes. Son épouse protesta, vous avez écarté trois amies de mon mari, oui Madame, ce sont de drôles d’amies(p. 345) ».

71ORrZiQexL.jpgAvec le recul, malgré sa jeunesse, le Président Le Pen pense qu’il aurait dû se présenter contre le Général De Gaulle. En dépit d’une défaite certaine face au président sortant, « nous aurions eu les cent mille militants. Gagné des années. Changé Mai 68. Réussi l’union des patriotes qui a toujours été mon objectif. Lancé quinze ans plus tôt, et dans une société beaucoup plus saine, l’aventure qui a produit le Front National (p. 347) ». Par conséquent, au moment des événements, « s’il y avait eu un vrai parti de droite avec une organisation militante en ordre de bataille, la face du monde, ou au moins de la France, aurait pu s’en trouver changée (p. 347) ». Prenant parfois des accents dignes d’Ivan Illich d’Une société sans école en des termes bien plus durs, il dénonce « ce rêve fou d’hégémonie scolaire [qui] est le fruit paradoxal de la “ révolution ” de Mai 68, qui vouait la fonction enseignante au nettoyage des WC. La Salope n’est pas crevée, tel un moloch femelle qui se renforce des armes tournées contre elle. L’Alma Mater affermit la Dictature des pions (p. 379) ». Cette scolarisation programmée de l’ensemble du corps social constitue une retombée inattendue du résistancialisme dont « le pire legs […] fut […] l’inversion des valeurs morales (p. 132) ». Il ne faut donc pas s’étonner que « le résistancialisme […] a perpétué la guerre civile pour pérenniser ses prébendes et son pouvoir. Et qui le perpétue toujours (p. 131) ». L’auteur sait de quoi il parle puisqu’il en a été la cible principale quarante ans durant d’une rare diabolisation avec plusieursprocès intentés à la suite d’infâmes lois liberticides.

Jean-Marie Le Pen dénonce avec force l’Épuration. Il aurait plutôt aimé que les Français se retrouvassent unis autour de la patrie restaurée et de ses martyrs. Ce ne fut pas le cas, par le jeu personnel de l’homme du 18 juin et des manigances communistes. Il n’oublie pas que Maurice Thorez déserta et se réfugia à Moscou, que le PCF démarcha les autorités d’occupation allemande afin de refaire paraître L’Humanité au nom de l’amitié germano-soviétique et que le « Parti » n’a jamais eu75 000 fusillés, mais seulement des centaines de terroristes.

L’Épuration et ses conséquences

Ainsi écorne-t-il le tristement célèbre groupe Manouchian dont l’« Affiche rouge » est enseignée dans les écoles, collèges et lycées de l’Hexagone à des gamins qui n’entendront jamais parler du capitaine de corvette Henri Honoré d’Estienne d’Orves dont la mémoire est insultée par des cloportes sociétalistes. « Sous le nom de résistance, des étrangers vont faire la guerre en France à d’autres étrangers, pour le compte d’un gouvernement étranger, en y impliquant malheureusement le peuple français comme masse de manœuvre d’une stratégie révolutionnaire et comme victime de celle-ci (p. 126). » Profondément légaliste, Jean-Marie Le Pen a toujours désapprouvé les actions violentes illégales et le terrorisme. Le « résistant » « est la perversion morale qui érige en modèle la confusion du militaire et du civil, utilisée à des fins politiques (p. 135) ». A-t-il au moins lu Théorie du partisande Carl Schmitt ?

Cette réticence se comprend parce qu’il considère que « la phraséologie de la décolonisation doit tout au résistancialisme. Celle du terrorisme aussi (p. 133) ». Pendant la Guerre d’Algérie, le FLN n’imita-t-il pas la France libre en créant un GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) qui singeait le GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) de 1944 – 1946 ? « Le résistancialisme a bravé l’obéissance et justifié toutes les rébellions, politiques ou morales. Il devait servir de modèle quelques années plus tard aux mouvements qui allaient se lever contre l’autorité de la France. Il exaltait l’attentat individuel, le meurtre “ patriotique ”, le sabotage : on allait s’en souvenir (p. 133). » Ce n’est pas un hasard si le préfet de police de Paris en mai 1968, Maurice Grimaud, provenait de la « Résistance ». Il ordonna par conséquent aux forces de l’ordre une incroyable modération envers les émeutiers gauchistes pour le malheur de la société française.

Il en résulte désormais que « le monde ancien, l’homme ancien, ont été dissous, et se dessinent maintenant l’homme nouveau et ses valeurs nouvelles. Aux héros et aux saints qu’on nous montrait en exemple a succédé l’écocitoyen LGBT friendly et phobophobe, ouvert au vivre ensemble, au culte de la terre mère, qui ne fume pas, accueille le migrant et se prépare à rouler en voiture autonome (p. 380) ». La formule est belle et cinglante. Rectifions-là cependant. La voiture autonome peut aider à sortir de l’emprise des énergies fossiles même si elle implique du fait des terres rares d’autres dépendances stratégiques. Pris dans un sens à la fois écologique et païen, le culte de la terre mère peut, à l’instar des mouvements sociaux-populistes dans les Andes, fort bien susciter l’inévitable re-indigénisation des Albo-Européens. Quant à ne pas fumer, l’auteur aurait pu être plus précis. L’éco-citoyen déteste la cigarette, mais ne rechigne pas à fumer des pétards ! Acte hautement anti-moderne (le tabac vient d’Amérique), ne pas fumer permet en outre de ne pas financer l’État hexagonal ethnocidaire et les firmes multinationales prédatrices. Quant à la phobophobie citoyenneépidermique, elle demeure hémiplégique. Certaines phobies restent plus qu’encouragées par les médiats : la serbophobie dans les années 1990, la corsophobie récurrente, l’omniprésente russophobie et l’incontournable fachophobie. Le phobophobe carabiné a lui-même des propres phobies dont il ne doute pas la portée totalitaire.

Européen convaincu !

Fils de la nation revient enfin sur son hostilité supposée à l’égard de l’Europe. En janvier 1953, avec d’autres jeunes compatriotes, Jean-Marie Le Pen va aux Pays-Bas aider les populations néerlandaises touchées par des inondations catastrophiques. « Je garde quelque fierté de cette équipée hollandaise. Et une conviction européenne forte. Député, quatre ans plus tard, je voterai contre le traité de Rome, dont je perçois tout de suite l’esprit supranationaliste et les pièges qu’il réserve malgré ses avantages immédiats. Cela fera de moi un adversaire résolu de l’usine à gaz bruxelloise et de la révolution mondialiste par le libre-échange, non un ennemi de l’Europe. Surtout pas un ennemi de l’Europe. Je suis Français, patriote, solidement enraciné dans ma petite patrie la Bretagne, mais je me sens aujourd’hui comme en 1953, profondément européen, solidaire des peuples européens devant la submersion migratoire comme je l’étais alors devant la submersion marine (pp. 165 – 166). » Lors de ses dernières campagnes présidentielles, il revendiquera l’« Europe boréale » et soutiendra à une alliance salutaire entre les nations blanches d’Amérique du Nord, d’Europe et de Russie tout en gardant sa fidélité pour ses patries charnelle et politico-historique. Jean-Marie Le Pen s’inscrit lui aussi dans les « trois patries » subsidiaires de l’homme boréen !

Surnommé le « Menhir » du fait de ses origines bretonnes proches de Carnac, Jean-Marie Le Pen apporte un témoignage remarquable. Ce livre connaît un franc succès auprès des milliers de Français (hélas bien trop peu nombreux !) qui ont au moins une fois voté pour lui. Il souligne que « le mépris du peuple est une constante de la gauche (p. 217) ». Il reviendra certainement sur ce mépris dans un second tome intitulé Tribun du peuple. On a dès à présent hâte de découvrir le « phénomène Le Pen » par lui-même.

Georges Feltin-Tracol

• Jean-Marie Le Pen, Mémoires. Fils de la nation, Éditions Muller, 2018, 446 p., 22,90 €.

mardi, 20 novembre 2018

Schröder dénonce l’«occupation» de l’Allemagne par les USA

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Schröder dénonce l’«occupation» de l’Allemagne par les USA

Ex: https://echelldejacob.blogspot.com

 
L’ancien chancelier allemand s’en est pris dans une interview récente à la politique commerciale américaine qu’il a qualifiée d’ «occupation». Selon lui, il est inévitable que «ceux qui souffrent des conflits déclenchés par les États-Unis se rapprochent».

Dans une interview accordée à la chaîne allemande N-TV, Gerhard Schröder a dénoncé la politique commerciale américaine à l'égard de l'Allemagne.

«Nous ne pouvons pas tolérer d'être traités comme un pays occupé. Lorsque j'observe les actions de l'ambassadeur américain en Allemagne, j'ai l'impression qu'il se croit un officier d'occupation et non l'ambassadeur des États-Unis dans un État souverain», a-t-il déclaré.

Selon l'ancien chancelier allemand, Berlin doit chercher des partenaires qui ont des intérêts semblables. Parmi de tels pays, il a indiqué la Chine.

«Il est impossible d'empêcher que ceux qui souffrent des conflits déclenchés par les États-Unis se rapprochent», a-t-il résumé.

En mars dernier, la Maison-Blanche a imposé des tarifs douaniers supplémentaires à hauteur respectivement de 25 et 10% sur les importations d'acier et d'aluminium, en exemptant de manière permanente l'Argentine, le Brésil et l'Australie notamment, en échange toutefois de quotas.

Le 25 juillet, Jean-Claude Juncker s'était rendu aux États-Unis afin de rencontrer le Président américain. À l'issue de négociations, ils avaient annoncé une série de mesures sur l'agriculture, l'industrie et l'énergie pour apaiser le conflit commercial qui déchire les relations entre les États-Unis et l'Union européenne.

Donald Trump avait promis de «résoudre» la question de l'augmentation des tarifs douaniers américains de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium européens. Ce sont précisément ces taxes, appliquées depuis le 1er juin, qui ont mis le feu aux poudres entre Washington et Bruxelles. Il n'a cependant pas indiqué si cela signifiait que son administration avait l'intention de suspendre ces taxes.
 

Le Sri Lanka, enjeu géopolitique important

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Le Sri Lanka, enjeu géopolitique important

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Sri Lanka est peu connu en France. C'est un tort car cette petite île, nommée Ceylan du temps de l'ancienne route des Indes pour laquelle elle constituait une escale obligée, située au sud-est de l'Inde et peuplée d'environ vingt-deux millions de personnes, est devenu un enjeu majeur de pouvoir entre les Etats-Unis et la Chine.
Les Etats-Unis veulent absolument y conserver leur influence traditionnelle, y compris militaire, car elle commande géographiquement la circulation maritime entre le Golfe du Bengale et la Mer Rouge autrement dit le Canal de Suez. Pour la Chine, commencer à y implanter des entreprises chinoises est considéré comme un premier pas permettant de concurrencer la domination économique de l'Inde, qui est encore aujourd'hui largement sous influence américaine.

 

 

 

L'ancien homme fort du pays, le chef du gouvernement Mahinda Rajapakse, avait accepté de nombreux prêts chinois pour la construction d'infrastructures semble-t-il démesurées. Cet endettement a fait que fin 2017, le Sri Lanka avait concédé pour 99 ans le port de Hambantota, dans le sud de l'île, à une société d'Etat chinoise en échange de l'effacement d'un peu plus de 1 milliard d'euros de dettes.

Or l'Inde et derrière elle les Etats-Unis, voient avec inquiétude la transformation possible de l'île en étape des « nouvelles routes de la soie » chinoises empruntant la voie maritime. Pékin a été l'une des rares capitales à avoir félicité Mahinda Rajapakse lorsqu'il a été nommé premier ministre fin octobre 2018.

Nous n'entrerons pas ici dans les détails fort compliqués de la vie politique du Sri Lanka et des luttes d'influences qui s'y exercent entre les différentes communautés politiques et religieuses. Disons seulement que la situation s'est tendue depuis que le président du Sri Lanka, Maithripala Sirisena, avait limogé, le 26 octobre, son premier ministre Ranil Wickremesinghe pour le remplacer par Mahinda Rajapakse. Or celui-ci, souvent présenté comme l'homme de Pékin, se voit aussi reprocher de nombreux faits de corruption.

Mais le remplacement ne s'est pas fait comme prévu, le chef du gouvernement sortant Ranil Wickremesinghe a refusé de quitter son poste de même que sa résidence officielle. Par ailleurs il bénéficie toujours d'une majorité au Parlement. Le président Maithripala Sirisena avait essayé de dissoudre la Chambre et d'organiser des élections anticipées. Mais la Cour suprême vient d'invalider ces décrets présidentiels.

Le pays est paralysé et nul ne sait qui le gouverne. Fin octobre, le Sri Lanka avait deux premiers ministres, celui qui refusait de partir, Ranil Wickremesinghe, et celui qui venait d'être nommé, Mahinda Rajapakse. Aujourd'hui, constitutionnellement, il n'en a plus aucun. Mahinda Rajapakse n'a pas le soutien du Parlement et Ranil Wickremesinghe a perdu celui du président Maithripala Sirisena. Ceci d'autant plus que Ranil Wickremesinghe envisagerait de se porter candidat à la présidence du pays fin 2019, alors que l'actuel président souhaite le rester. Les deux hommes multiplient les accusations l'un contre l'autre. Mais les citoyens du Sri Lanka restent, si l'on peut employer ce terme, dubitatifs.

Rappelons que Mahinda Rajapakse, accusé de népotisme, de corruption et de crimes de guerre lorsqu'il était président entre 2005 et 2015, avait écrasé la rébellion des Tigres tamouls en 2009. L'armée sri-lankaise qu'il dirigeait a été accusée d'avoir torturé, violé et tué des civils.

Il convient de suivre avec attention l'évolution de la crise actuelle. Elle pourra indiquer notamment sous quelle influence, indo-américaine ou chinoise, pourrait à l'avenir se retrouver le pays.

 

lundi, 19 novembre 2018

Guénon et les grands esprits pour les gilets jaunes

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Guénon et les grands esprits pour les gilets jaunes

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Le mouvement des gilets jaunes nous permet de redécouvrir modestement les forces vives de la nation dont avait parlé un jour Pie XII ; il a très utilement été insulté par BHL et va constituer un pont entre les forces de gauche et de droite.

On lui reproche d’être populiste et de n’avoir pas su se joindre au train des hérauts de la modernité. Ce qui m’amuse c’est que les avant-gardes et autres minorités ne sont guère une élite, bien plutôt cet amalgame de journaliers pressés et torturés qui passent leur vie dans les bureaux et les aéroports, et se revêtent des oripeaux de la pensée humanitaire. Les classes moyennes c’est le dernier homme de Nietzsche qui dit avoir inventé le bonheur mais se bourre de médicaments pour dormir. Concentrée dans des grosses villes de plus en plus sales, cette post-humanité n’est pas tellurique mais numérique.

On va citer Guénon qui sentait venir cette nouvelle humanité de classes moyennes et de médiocrités, classe moyenne mondiale et uniforme (elle est caricaturale en Chine par exemple), sans aucun génie vernaculaire. Vous pouvez le lire ici : Le masque populaire, chapitre XXVIII d’Initiation et réalisation spirituelle.

Guénon donc, incarnation de notre déchue élite sacerdotale (au sens de Dumézil presque) qui écrit ceci du peuple :

« C’est d’ailleurs à ce même peuple (et le rapprochement n’est certes pas fortuit) qu’est toujours confiée la conservation des vérités d’ordre ésotérique qui autrement risqueraient de se perdre, vérités qu’il est incapable de comprendre, assurément, mais qu’il n’en transmet cependant que plus fidèlement, même si elles doivent pour cela être recouvertes, elles aussi, d’un masque plus ou moins grossier ; et c’est là en somme l’origine réelle et la vraie raison d’être de tout « folklore », et notamment des prétendus « contes populaires ». Mais, pourra-t-on se demander, comment se fait-il que ce soit dans ce milieu, que certains désignent volontiers et péjorativement comme le « bas peuple », que l’élite, et même la plus haute partie de l’élite, dont il est en quelque sorte tout le contraire, puisse trouver son meilleur refuge, soit pour elle-même, soit pour les vérités dont elle est la détentrice normale ? Il semble qu’il y ait là quelque chose de paradoxal, sinon même de contradictoire ; mais nous allons voir qu’il n’en est rien en réalité. »

J’ai bien décrit dans mon livre sur le paganisme au cinéma (Dualpha et Amazon.fr) le lien entre folklore et culture populaire. Guénon ajoute à ce sujet :

« Le peuple, du moins tant qu’il n’a pas subi une « déviation » dont il n’est nullement responsable, car il n’est en somme par lui-même qu’une masse éminemment « plastique », correspondant au côté proprement « substantiel » de ce qu’on peut appeler l’entité sociale, le peuple, disons-nous, porte en lui, et du fait de cette « plasticité » même des possibilités que n’a point la « classe moyenne » ; ce ne sont assurément que des possibilités indistinctes et latentes, des virtualités si l’on veut, mais qui n’en existent pas moins et qui sont toujours susceptibles de se développer si elles rencontrent des conditions favorables. »

Le plus dur est de maintenir le potentiel d’un peuple intact (c’est pourquoi on cherche à le remplacer ou à la faire changer de sexe quand on n’incendie pas son sol comme ici ou là) :

« Contrairement à ce qu’on se plaît à affirmer de nos jours, le peuple n’agit pas spontanément et ne produit rien par lui-même ; mais il est comme un « réservoir » d’où tout peut être tiré, le meilleur comme le pire, suivant la nature des influences qui s’exerceront sur lui. »

rgpor.jpgAprès Guénon se défoule sur la classe moyenne apparue en France à la fin du Moyen Age et si visible déjà au temps de Molière (que ne le lisez-vous en ce sens celui-là !) :

« Quant à la « classe moyenne », il n’est que trop facile de se rendre compte de ce qu’on peut en attendre si l’on réfléchit qu’elle se caractérise essentiellement par ce soi-disant « bon sens » étroitement borné qui trouve son expression la plus achevée dans la conception de la « vie ordinaire », et que les productions les plus typiques de sa mentalité propre sont le rationalisme et le matérialisme de l’époque moderne ; c’est là ce qui donne la mesure la plus exacte de ses possibilités, puisque c’est ce qui en résulte lorsqu’il lui est permis de les développer librement. Nous ne voulons d’ailleurs nullement dire qu’elle n’ait pas subi en cela certaines suggestions, car elle aussi est « passive », tout au moins relativement ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est chez elle que les conceptions dont il s’agit ont pris forme, donc que ces suggestions ont rencontré un terrain approprié, ce qui implique forcément qu’elles répondaient en quelque façon à ses propres tendances ; et au fond, s’il est juste de la qualifier de « moyenne », n’est-ce pas surtout à la condition de donner à ce mot un sens de « médiocrité » ? »

Voilà pour Guénon, qui n’a guère besoin de commentaires. J’ajouterai ce fameux passage de Taine dans son La Fontaine, dernière grande incarnation du génie français traditionnel :

« Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l’antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d’hommes que la société façonne, la moins capable d’exciter quelque intérêt. Car il est exclu de toutes les idées et de toutes les passions qui sont grandes, en France du moins où il a fleuri mieux qu’ailleurs. Le gouvernement l’a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses. La ville capitale a pris pour elle la pensée, et les gens de cour l’élégance. L’administration, par sa régularité, lui épargne les aiguillons du danger et du besoin. Il vivote ainsi, rapetissé et tranquille. A côté de lui un cordonnier d’Athènes qui jugeait, votait, allait à la guerre, et pour tous meubles avait un lit et deux cruches de terre, était un noble. »

Que cela est bien dit !

Et je reprends Balzac qui a tout dit aussi sur la classe moyenne, le bobo et le parigot dans les deux premières pages fascinées de sa Fille aux yeux d’or :

« À force de s’intéresser à tout, le Parisien finit par ne s’intéresser à rien. Aucun sentiment ne dominant sur sa face usée par le frottement, elle devient grise comme le plâtre des maisons qui a reçu toute espèce de poussière et de fumée. En effet, indifférent la veille à ce dont il s’enivrera le lendemain, le Parisien vit en enfant quel que soit son âge. Il murmure de tout, se console de tout, se moque de tout, oublie tout, veut tout, goûte à tout, prend tout avec passion, quitte tout avec insouciance ; ses rois, ses conquêtes, sa gloire, son idole, qu’elle soit de bronze ou de verre ; comme il jette ses bas, ses chapeaux et sa fortune. À Paris, aucun sentiment ne résiste au jet des choses… »

Il oubliera Macron alors le parisien ?

« Ce laisser-aller général porte ses fruits ; et, dans le salon, comme dans la rue, personne n’y est de trop, personne n’y est absolument utile, ni absolument nuisible : les sots et les fripons, comme les gens d’esprit ou de probité. Tout y est toléré, le gouvernement et la guillotine, la religion et le choléra. »

La base de tout alors ? Le fric et le cul, répond Balzac.

« Vous convenez toujours à ce monde, vous n’y manquez jamais. Qui donc domine en ce pays sans mœurs, sans croyance, sans aucun sentiment ; mais d’où partent et où aboutissent tous les sentiments, toutes les croyances et toutes les mœurs ? L’or et le plaisir. »

Au moyen âge on disait que Dieu avait créé le prêtre, le laboureur et le guerrier, que le diable avait créé le bourgeois. Balzac évoque alors nos avocats politiciens, des gestionnaires de fortune comme on dit :

« Nous voici donc amenés au troisième cercle de cet enfer, qui, peut-être un jour, aura son DANTE. Dans ce troisième cercle social, espèce de ventre parisien, où se digèrent les intérêts de la ville et où ils se condensent sous la forme dite affaires, se remue et s’agite par un âcre et fielleux mouvement intestinal, la foule des avoués, médecins, notaires, avocats, gens d’affaires, banquiers, gros commerçants, spéculateurs, magistrats. Là, se rencontrent encore plus de causes pour la destruction physique et morale que partout ailleurs. »

balzac.jpgLa classe moyenne pense sur tout pareil, et c’est en fonction des médias. Elle a été d’abord terrifiante en Angleterre (lisez Fukuyama) puis en France et dans le monde. Balzac :

« Alors, pour sauver leur amour-propre, ils mettent tout en question, critiquent à tort et à travers ; paraissent douteurs et sont gobe-mouches en réalité, noient leur esprit dans leurs interminables discussions. Presque tous adoptent commodément les préjugés sociaux, littéraires ou politiques pour se dispenser d’avoir une opinion ; de même qu’ils mettent leurs consciences à l’abri du code, ou du tribunal de commerce. »

Il est évident pour conclure que le peuple peut être dévié de son but, comme dit Guénon. Mais que comme le chien Ran-Tan-Plan du génial Goscinny (un concentré du génie de la sagesse juive humoristique) qui nous fit tant rire enfants, « il sent confusément quelque chose » au lieu de foncer comme le petit-bourgeois qui mène le monde à sa perdition sous la forme Macron ou Merkel chez le premier Homais venu pour se déboucher le nez.

Sources

Guénon, Initiation et réalisation spirituelle (classiques.uqac.ca)

Balzac – La Fille aux yeux d’or

Bonnal – Chroniques sur la Fin de l’Histoire ; le paganisme au cinéma ; Céline pacifiste enragé (Amazon.fr).

Taine – La Fontaine et ses Fables

dimanche, 18 novembre 2018

"Turquie, quels enjeux ?"

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 "Turquie, quels enjeux ?"
 
 
Le 4ème numéro de Pragma avec Robert Steuckers est disponible !

jeudi, 15 novembre 2018

America’s Permanent-War Complex

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America’s Permanent-War Complex

Eisenhower's worst nightmare has come true, as defense mega-contractors climb into the cockpit to ensure we stay overextended.

What President Dwight D. Eisenhower dubbed the “military-industrial complex” has been constantly evolving over the decades, adjusting to shifts in the economic and political system as well as international events. The result today is a “permanent-war complex,” which is now engaged in conflicts in at least eight countries across the globe, none of which are intended to be temporary.

This new complex has justified its enhanced power and control over the country’s resources primarily by citing threats to U.S. security posed by Islamic terrorists. But like the old military-industrial complex, it is really rooted in the evolving relationship between the national security institutions themselves and the private arms contractors allied with them.

The first phase of this transformation was a far-reaching privatization of U.S. military and intelligence institutions in the two decades after the Cold War, which hollowed out the military’s expertise and made it dependent on big contractors (think Halliburton, Booz Allen Hamilton, CACI). The second phase began with the global “war on terrorism,” which quickly turned into a permanent war, much of which revolves around the use of drone strikes.

The drone wars are uniquely a public-private military endeavor, in which major arms contractors are directly involved in the most strategic aspect of the war. And so the drone contractors—especially the dominant General Atomics—have both a powerful motive and the political power, exercised through its clients in Congress, to ensure that the wars continue for the indefinite future.

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The privatization of military and intelligence institutions began even before the end of the Cold War. But during the 1990s, both Congress and the Bush and Clinton administrations opened the floodgates to arms and intelligence contractors and their political allies. The contracts soon became bigger and more concentrated in a handful of dominant companies. Between 1998 and 2003, private contractors were getting roughly half of the entire defense budget each year. The 50 biggest companies were getting more than half of the approximately $900 billion paid out in contracts during that time, and most were no-bid contracts, sole sourced, according to the Center for Public Integrity.

The contracts that had the biggest impact on the complex were for specialists working right in the Pentagon. The number of these contractors grew so rapidly and chaotically in the two decades after the Cold War that senior Pentagon officials did not even know the full extent of their numbers and reach. In 2010, then-secretary of defense Robert M. Gates even confessed to Washington Post reporters Dana Priest and William M. Arkin that he was unable to determine how many contractors worked in the Office of the Secretary of Defense, which includes the entire civilian side of the Pentagon.

Although legally forbidden from assuming tasks that were “inherent government functions,” in practice these contractors steadily encroached on what had always been regarded as government functions. Contractors could pay much higher salaries and consulting fees than government agencies, so experienced Pentagon and CIA officers soon left their civil service jobs by the tens of thousands for plum positions with firms that often paid twice as much as the government for the same work.

That was especially true in the intelligence agencies, which experienced a rapid 50 percent workforce increase after 9/11. It was almost entirely done with former skilled officers brought back as contractor personnel. Even President Barack Obama’s CIA director Leon Panetta admitted to Priest and Arkin that the intelligence community had for too long “depended on contractors to do the operational work” that had always been done by CIA employees, including intelligence analysis, and that the CIA needed to rebuild its own expertise “over time.”

By 2010, “core contractors”—those who perform such functions as collection and analysis—comprised at least 28 percent of professional civilian and military intelligence staff, according to a fact sheet from the Office of the Director of National Intelligence.

The dependence on the private sector in the Pentagon and the intelligence community had reached such a point that it raised a serious question about whether the workforce was now “obligated to shareholders rather than to the public interest,” as Priest and Arkin reported. And both Gates and Panetta acknowledged to them their concerns about that issue.

Powerfully reinforcing that privatization effect was the familiar revolving door between the Pentagon and arms contractors, which had begun turning with greater rapidity. A 2010 Boston Globe investigation showed that the percentage of three- and four-star generals who left the Pentagon to take jobs as consultants or executives with defense contractors, which was already at 45 percent in 1993, had climbed to 80 percent by 2005—an 83 percent increase in 12 years.

The incoming George W. Bush administration gave the revolving door a strong push, bringing in eight officials from Lockheed Martin—then the largest defense contractor—to fill senior policymaking positions in the Pentagon. The CEO of Lockheed Martin, Peter Teets, was brought in to become undersecretary of the Air Force and director of the National Reconnaissance Office (where he had responsibility for acquisition decisions directly benefiting his former company). James Roche, the former vice president of Northrop Grumman, was named secretary of the Air Force, and a former vice president of General Dynamics, Gordon R. England, was named the secretary of the Navy.

In 2007, Bush named rear admiral J. Michael McConnell as director of national intelligence. McConnell had been director of the National Security Agency from 1992 to 1996, then became head of the national security branch of intelligence contractor Booz Allen Hamilton. Not surprisingly McConnell energetically promoted even greater reliance on the private sector, on the grounds that it was supposedly more efficient and innovative than the government. In 2009 he returned once again to Booz Allen Hamilton as vice chairman.

The Pentagon and the intelligence agencies thus morphed into a new form of mixed public-private institutions, in which contractor power was greatly magnified. To some in the military it appeared that the privateers had taken over the Pentagon. As a senior U.S. military officer who had served in Afghanistan commented to Priest and Arkin, “It just hits you like a ton of bricks when you think about it. The Department of Defense is no longer a war-fighting organization, it’s a business enterprise.”

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The years after 9/11 saw the national security organs acquire new missions, power, and resources—all in the name of a “War on Terror,” aka “the long war.” The operations in Afghanistan and Iraq were sold on that premise, even though virtually no al Qaeda remained in Afghanistan and none were in Iraq until long after the initial U.S. invasion.

The military and the CIA got new orders to pursue al Qaeda and affiliated groups in Pakistan, Yemen, Somalia, and several other African countries, parlaying what the Bush administration called a “generational war” into a guarantee that there would be no return to the relative austerity of the post-Cold War decade.

Drone strikes against targets associated with al Qaeda or affiliated groups became the common feature of these wars and a source of power for military and intelligence officials. The Air Force owned the drones and conducted strikes in Afghanistan, but the CIA carried them out covertly in Pakistan, and the CIA and the military competed for control over the strikes in Yemen.

The early experience with drone strikes against “high-value targets” was an unmitigated disaster. From 2004 through 2007, the CIA carried out 12 strikes in Pakistan, aimed at high-value targets of al Qaeda and its affiliates. But they killed only three identifiable al Qaeda or Pakistani Taliban figures, along with 121 civilians, based on analysis of news reports of the strikes.

But on the urging of CIA Director Michael Hayden, in mid-2008 President Bush agreed to allow “signature strikes” based merely on analysts’ judgment that a “pattern of life” on the ground indicated an al Qaeda or affiliated target. Eventually it became a tool for killing mostly suspected rank-and-file Afghan Taliban fighters in both Pakistan and Afghanistan, particularly during the Obama administration, which had less stomach and political capital for outright war and came to depend on the covert drone campaign. This war was largely secret and less accountable publicly. And it allowed him the preferable optics of withdrawing troops and ending official ground operations in places like Iraq.

Altogether in its eight years in office, the Obama administration carried out a total of nearly 5,000 drone strikes—mostly in Afghanistan—according to figures collected by the Bureau of Investigative Journalism.

But between 2009 and 2013, the best informed officials in the U.S. government raised alarms about the pace and lethality of this new warfare on the grounds that it systematically undermined the U.S. effort to quell terrorism by creating more support for al Qaeda rather than weakening it. Some mid-level CIA officers opposed the strikes in Pakistan as early as 2009, because of what they had learned from intelligence gathered from intercepts of electronic communications in areas where the strikes were taking place: they were infuriating Muslim males and making them more willing to join al Qaeda.

In a secret May 2009 assessment leaked to the Washington Post, General David Petraeus, then commander of the Central Command, wrote, “Anti-U.S. sentiment has already been increasing in Pakistan…especially in regard to cross-border and reported drone strikes, which Pakistanis perceive to cause unacceptable civilian casualties.”

More evidence of that effect came from Yemen. A 2013 report on drone war policy for the Council on Foreign Relations found that membership in al Qaeda in the Arabian Peninsula in Yemen grew from several hundred in 2010 to a few thousand members in 2012, just as the number of drone strikes in the country was increasing dramatically—along with popular anger toward the United States.

Drone strikes are easy for a president to support. They demonstrate to the public that he is doing something concrete about terrorism, thus providing political cover in case of another successful terrorist attack on U.S. soil. Donald Trump has shown no interest in scaling back the drone wars, despite openly questioning the stationing of troops across the Middle East and Africa. In 2017 he approved a 100 percent increase in drone strikes in Yemen and a 30 percent increase in Somalia above the totals of the final year of the Obama administration. And Trump has approved a major increase in drone strikes in Afghanistan, and has eliminated rules aimed at reducing civilian casualties from such strikes.

Even if Obama and Trump had listened to dissenting voices on the serious risks of drone wars to U.S. interests, however, another political reality would have prevented the United States from ending the drone wars: the role of the private defense contractors and their friends on Capitol Hill in maintaining the status quo.

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Unlike conventional bombing missions, drone strikes require a team to watch the video feeds, interpret them, and pass on their conclusions to their mission coordinators and pilots. By 2007 that required more specialists than the Air Force had available. Since then, the Air Force has been working with military and intelligence contractors to analyze full-motion videos transmitted by drones to guide targeting decisions. BAE, the third-ranking Pentagon contractor according to defense revenues, claims that it is the “leading provider” of analysis of drone video intelligence, but in the early years the list of major companies with contracts for such work also included Booz Allen Hamilton, L-3 Communications, and SAIC (now Leidos).

These analysts were fully integrated into the “kill chain” that resulted, in many cases, in civilian casualties. In the now-famous case of the strike in February 2010 that killed at least 15 Afghan civilians, including children, the “primary screener” for the team of six video analysts in Florida communicating via a chat system with the drone pilot in Nevada was a contract employee with SAIC. That company had a $49 million multi-year contract with the Air Force to analyze drone video feeds and other intelligence from Afghanistan.

The pace of drone strikes in Afghanistan accelerated sharply after U.S. combat ended formally in 2014. And that same year, the air war against ISIS began in Iraq and Syria. The Air Force then began running armed drones around the clock in those countries as well. The Air Force needed 1,281 drone pilots to handle as many “combat air patrols” per day in multiple countries. But it was several hundred pilots short of that objective.

To fulfill that requirement the Air Force turned to General Atomics—maker of the first armed drone, the Predator, and a larger follow-on, the MQ-9 Reaper—which had already been hired to provide support services for drone operations on a two-year contract worth $700 million. But in April 2015 the Air Force signed a contract with the company to lease one of its Reapers with its own ground control station for a year. In addition, the contractor was to provide the pilots, sensor operators, and other crew members to fly it and maintain it.

The pilots, who still worked directly for General Atomics, did everything Air Force drone pilots did except actually fire the missiles. The result of that contract was a complete blurring of the lines between the official military and the contractors hired to work alongside them. The Air Force denied any such blurring, arguing that the planning and execution of each mission would still be in the hands of an Air Force officer. But the Air Force Judge Advocate General’s Office had published an article in its law review in 2010 warning that even the analysis of video feeds risked violating international law prohibiting civilian participation in direct hostilities.

A second contract with a smaller company, Aviation Unlimited, was for the provision of pilots and sensor operators and referred to “recent increased terrorist activities,” suggesting that it was for anti-ISIS operations.

The process of integrating drone contractors into the kill chain in multiple countries thus marked a new stage in the process of privatizing war in what had become a permanent war complex. After 9/11, the military became dependent on the private sector for everything from food, water, and housing to security and refueling in Iraq and Afghanistan. By 2009 contractors began outnumbering U.S. troops in Afghanistan and eventually became critical for continuing the war as well.

In June 2018, the DoD announced a $40 million contract with General Atomics to operate its own MQ-9 Reapers in Afghanistan’s Helmand Province. The Reapers are normally armed for independent missile strikes, but in this case, the contractor-operated Reapers were to be unarmed, meaning that the drones would be used to identify targets for Air Force manned aircraft bombing missions.

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There appears to be no braking mechanism for this accelerating new reality. U.S. government spending on the military drone market, which includes not only procurement and research and development for the drones themselves, but the sensors, modifications, control systems, and other support contracts, stood at $4.5 billion in 2016, and was expected to increase to $13 billion by 2027. General Atomics is now the dominant player in the arena.

This kind of income translates into political power, and the industry has shown its muscle and more than once prevented the Pentagon from canceling big-ticket programs, no matter how unwanted or wasteful. They have the one-two punch of strategically focused campaign contributions and intensive lobbying of members with whom they have influence.

This was most evident between 2011 and 2013, after congressionally mandated budget reductions cut into drone procurement. The biggest loser appeared to be Northrop Grumman’s “Global Hawk” drone, designed for unarmed high-altitude intelligence surveillance flights of up to 32 hours.

By 2011 the Global Hawk was already 25 percent over budget, and the Pentagon had delayed the purchase of the remaining planes for a year to resolve earlier failures to deliver adequate “near real time” video intelligence.

After a subsequent test, however, the Defense Department’s top weapons tester official reported in May 2011 that the Global Hawk was “not operationally effective” three fourths of the time, because of “low vehicle reliability.” He cited the “failure” of “mission central components” at “high rates.” In addition, the Pentagon still believed the venerable U-2 Spy plane—which could operate in all weather conditions, unlike the Global Hawk—could carry out comparable high-altitude intelligence missions.

As a result, the DoD announced in 2012 that it would mothball the aircraft it had already purchased and save $2.5 billion over five years by foregoing the purchase of the remaining three drones. But that was before Northrop Grumman mounted a classic successful lobbying campaign to reverse the decision.

That lobbying drive produced a fiscal year 2013 defense appropriations law that added $360 million for the purchase of the final three Global Hawks. In Spring 2013, top Pentagon officials indicated that they were petitioning for “relief” from congressional intent. Then the powerful chairman of the House Armed Services Committee, California Republican Buck McKeon, and a member of the House Appropriations Defense Subcommittee, Democrat Jim Moran of Virginia, wrote a letter to incoming Defense Secretary Chuck Hagel on May 13, 2013, pressing him to fund the acquisition of the Global Hawks.

The Pentagon finally caved. The Air Force issued a statement pledging to acquire the last three Northrop Grumman spy planes, and in early 2014, Hagel and Dempsey announced that they would mothball the U-2 and replace it with the Global Hawk.

Northrop spent nearly $18 million on lobbying in 2012 and $21 million in 2013, fielding a phalanx of lobbyists determined to help save Global Hawk. It got what it wanted.

Meanwhile, Northrop’s political action committee had already made contributions of at least $113,000 to the campaign committee of House Armed Services Committee Chairman McKeon, who also happened to represent the Southern California district where Northrop’s assembly plant for the Global Hawk is located. Representative Moran, the co-author of the letter with McKeon, who represented the northern Virginia district where Northrop has its headquarters, had gotten $22,000 in contributions.

Of course Northrop didn’t ignore the rest of the House Armed Services Committee: they were recipients of at least $243,000 in campaign contributions during the first half of 2012.

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The Northrop Grumman triumph dramatically illustrates the power relationships underlying the new permanent-war complex. In the first half of 2013 alone, four major drone contractors—General Atomics, Northrop Grumman, Lockheed Martin, and Boeing—spent $26.2 million lobbying Congress to pressure the executive branch to keep the pipeline of funding for their respective drone systems flowing freely. The Center for the Study of the Drone observed, “Defense contractors are pressuring the government to maintain the same levels of investment in unmanned systems even as the demand from the traditional theatres such as Afghanistan dies down.”

Instead of dying down, the demand from drones in Afghanistan has exploded in subsequent years. By 2016, the General Atomics Reapers had already become so tightly integrated into U.S. military operations in Afghanistan that the whole U.S. war plan was dependent on them. In the first quarter of 2016 Air Force data showed that 61 percent of the weapons dropped in Afghanistan were from the drones.

In the new permanent-war complex the interests of the arms contractors have increasingly dominated over the interests of the civilian Pentagon and the military services, and dominance has became a new driving force for continued war. Even though those bureaucracies, along with the CIA, seized the opportunity to openly conduct military operations in one country after another, the drone war has introduced a new political dynamic into the war system: the drone makers who have powerful clout in Congress can use their influence to block or discourage an end to the permanent war—especially in Afghanistan—which would sharply curtail the demand for drones.

Eisenhower was prophetic in his warning about the threat of the original complex (which he had planned to call the military-industrial-congressional complex) to American democracy. But that original complex, organized merely to maximize the production of arms to enhance the power and resources of both the Pentagon and their contractor allies, has become a much more serious menace to the security of the American people than even Eisenhower could have anticipated. Now it is a system of war that powerful arms contractors and their bureaucratic allies may have the ability to maintain indefinitely.

Gareth Porter is an investigative reporter and regular contributor to The American Conservative. He is also the author of Manufactured Crisis: The Untold Story of the Iran Nuclear Scare.

Fake news : Débat avec François-Bernard Huyghe

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Fake news : Débat avec François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’IRIS 

Source : Le Glob, François-Bernard Huyghe

Impossible de leur échapper, elles sont partout ! Dans les médias, sur les réseaux sociaux où nous en avons très probablement relayé au moins une, au Parlement où elles reviennent cet automne dans un projet de loi. Qui ? Les fake news bien sûr, ces cousines des infox, fausses nouvelles et autres rumeurs. Mais qu’est-ce qu’une fake news au juste ?

Les médiathèques d’Antony ont choisi de leur consacrer un « Monde en question », le premier de la saison 2018-2019, avec comme invité pour nous éclairer François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’IRIS et auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont deux tout récents sur la désinformation.

En 2h d’intense réflexion, nous avons parcouru grâce à lui tout l’éventail des mots à la mode – et en anglais – pour désigner les avatars d’une désinformation aussi vieille que l’humanité. Nous nous sommes ensuite penchés sur les moyens de les repérer avant de nous demander : « Pourquoi ça marche si bien ? ». Le tout exemples à l’appui, du plus incroyable et grotesque au plus subtil.

Retrouvez la conférence et le débat animés par Rencontres et Débats autrement en vidéo :

 

mercredi, 14 novembre 2018

Le naufrage de l’ordre libéral mondial

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Le naufrage de l’ordre libéral mondial

Ex: https://www.geopolitica.ru

Il y a quelques semaines, le président du think tank Council on Foreign Relations, Richard Haass, a publié un article intitulé « Ordre mondial libéral, RIP ». Il y établit que la menace actuelle contre l’ordre mondial libéral ne provient pas d’Etats-voyous, de régimes totalitaires, de fanatiques religieux ou de gouvernements obscurantistes (des termes spéciaux employés par les libéraux en référence à des pays qui ne s’alignent pas sur le modèle de développement capitaliste), mais de son architecte principal – les États-Unis d’Amérique.

« Nous assistons à l’émergence d’ordres régionaux. Les tentatives de construction de cadres mondiaux sont en train d’échouer. »

Haass écrit : « Le libéralisme recule. Les démocraties ressentent les effets de la montée des mouvements populaires. Les partis des extrêmes politiques gagnent du terrain en Europe. Le vote britannique en faveur de la sortie de l’Union atteste de la perte d’influence de l’élite. Même les USA subissent des attaques sans précédent de la part de leur propre président contre les médias du pays, les cours de justice et les institutions de maintien de l’ordre. Les systèmes autoritaires, y compris la Chine, la Russie et la Turquie ont acquis de l’influence. Des pays comme la Hongrie et la Pologne semblent indifférents au sort de leurs jeunes démocraties…

« Nous assistons à l’émergence d’ordres régionaux. Les tentatives de construction de cadres mondiaux sont en train d’échouer. »

Haass avait déjà publié des affirmations alarmistes, mais cette fois, il emploie cette rhétorique pour souligner la nature mondiale du phénomène. Bien qu’entre les lignes, on puisse aisément lire, d’abord un certain degré d’arrogance – l’idée que seuls les libéraux et les mondialistes savent vraiment comment administrer la politique étrangère – et ensuite, un certain complotisme.

« Les autres grandes puissances d’aujourd’hui, y compris l’UE, la Russie, la Chine, l’Inde et le Japon pourraient être critiquées pour ce qu’elles font, pour ce qu’elles ne font pas ou pour les deux. »

Cette liste pourrait probablement s’étendre à un certain nombre de pays d’Amérique latine, plus à l’Égypte qui signe des contrats de ventes d’armes avec la Corée du Nord en violation des sanctions de l’ONU, et au nouvel axe chiite Iran-Irak-Syrie-Liban.

Mais Haass est navré parce que c’est Washington elle-même qui change les règles du jeu et semble totalement indifférente à ce que vont faire ses alliés, partenaires et clients dans divers coins du monde.

« La décision de l’Amérique d’abandonner le rôle qu’elle joue depuis sept décennies marque ainsi un tournant. L’ordre mondial libéral ne peut pas survivre de lui-même, parce que les autres manquent soit d’intérêt, soit de moyens de le maintenir en vie. Le résultat en sera un monde qui sera moins libre, moins prospère et moins paisible, pour les Américains comme pour les autres. »

Un confrère de Haass au CFR, Stewart Patrick est d’accord avec lui sur le fait que les USA sont en train d’enterrer l’ordre mondial libéral. Ils ne le font toutefois pas seuls, mais avec la Chine. Si les USA avaient auparavant entretenu l’espoir que le processus de mondialisation allait graduellement transformer la Chine (et possiblement la détruire, comme dans le cas de l’Union Soviétique plus tôt), alors les Américains doivent avoir été très surpris de ce qui s’est en fait produit. Le pays s’est modernisé sans s’occidentaliser, une idée qui avait été également préconisée par le leader de la révolution islamique iranienne, l’Ayatollah Khomeini.

Aujourd’hui, la Chine étend son influence en Eurasie dans le respect de son modèle, et elle est généralement bien accueillie par ses pays partenaires.

Mais cela a été un processus douloureux pour les USA, parce qu’elle grignotait progressivement et irrévocablement son hégémonie.

« Son ambition à long terme est de démanteler le système des alliances des USA en Asie, pour le remplacer par un ordre régional de sécurité plus bienveillant (dans la vision de Pékin), dans lequel elle aurait une place d’honneur, et idéalement une sphère d’influence proportionnelle à sa puissance. L’initiative Belt and Road (nouvelle Route de la soie) fait parie intégrante de cet effort, en offrant non seulement des investissements (hautement bienvenus) dans des infrastructures pour les pays voisins, mais aussi la promesse d’une plus grande influence politique dans le Sud-Est, le Sud et l’Asie Centrale. Sur un ton plus agressif, la Chine continue de réclamer scandaleusement pour elle-même la presque intégralité de la Mer de Chine méridionale, où elle continue à bâtir ses îles artificielles, et aussi à mener des actions de provocation contre le Japon dans la Mer de Chine orientale, » écrit Patrick.

Quant aux USA, « Les États-Unis, pour leur part, sont un titan las, qui ne veut plus assumer la charge du leadership mondial, que ce soit économiquement ou géopolitiquement. Trump traite les alliances comme un racket mafieux de protection et l’économie mondiale comme une arène de compétition à somme nulle. Le résultat en est un effilochage de l’ordre libéral international sans champion prêt à investir dans le système lui-même. »

On peut tomber d’accord avec les analyses des deux auteurs sur le changement de comportement d’un secteur de l’élite américaine, mais il est lié à beaucoup plus que Donald Trump (qui est si imprévisible qu’il s’est entouré de créatures du marécage même qu’il disait vouloir drainer) ou la classe populaire nord-américaine. Il faut regarder bien au delà.

Dans son livre Nation of Devils:  Democratic Leadership and the Problem of Obedience, Stein Ringen, un politicien norvégien fort d’une longue carrière dans des institutions internationales, note, « Aujourd’hui, l’exceptionnalisme démocratique américain est défini par un système qui est dysfonctionnel à tous les niveaux nécessaires à des règlements amiables et à la loyauté… Le Capitalisme s’est effondré dans une crise due à une orgie de dérégulations. L’argent s’ingère dans la politique et mine la démocratie elle-même. » Et, en citant son confrère Archon Fung de la Harvard Kennedy School, « La politique américaine n’est plus caractérisée par le vote de l’électeur moyen, si cela avait jamais été le cas. Aujourd’hui, dans l’Amérique contemporaine, le capitaliste moyen règne, et les partis démocrate et républicain ajustent leurs politiques à des intérêts d’argent pour les attirer. » Et finalement, Mr Ringen ajoute, « Les politiciens américains réalisent qu’ils ont sombré dans un bourbier de corruption, mais ils sont piégés. »

Trump ne fait que refléter la dysfonction et les contradictions internes de la politique américaine. C’est le Gorbachev américain, mais qui a lancé la perestroïka au mauvais moment. Il doit être malgré tout concédé que si Hillary Clinton était devenue présidente, l’effondrement des USA n’en aurait été que plus douloureux, surtout pour les citoyens du pays. Nous aurions vu des réformes encore plus calamiteuses, un afflux accru de migrants, un déclin encore plus prononcé de la base industrielle du pays, et encore plus d’incitations à de nouveaux conflits. Trump tente de garder le corps de la politique nationale américaine à peu près en vie à l’aide de rustines, mais ce qu’il lui faut est une restructuration majeure, avec des réformes politiques de grande portée qui permettraient à ses citoyens de penser qu’ils peuvent jouer un rôle dans la destinée du pays.

Ces développements se sont étendus à de nombreux pays d’Europe, un continent qui, à cause de son engagement transatlantique, était déjà vulnérable et susceptible de turbulences géopolitiques dans le contexte actuel – dont l’émergence, au passage, est une des principales conséquences des politiques néolibérales elles-mêmes.

Stein Ringen continue sur ce sujet, « Les services financiers mondiaux exercent un pouvoir de monopoles sur les politiques nationales, sans une seule entrave de la part de la moindre apparence de pouvoir politique mondial. La confiance s’évapore, l’Union Européenne, la plus grande expérience historique en démocratie supranationale, est en train d’imploser… »

Il est intéressant de noter qu’une panique s’est emparée l’Europe de l’Ouest et les USA – la maison-mère de l’atlantisme, bien que diverses versions de cette recette de libéralisme aient été appliquées dans d’autres régions – par exemple, Singapour et le Brésil. Mais ils ne semblent pas aussi paniqués là-bas que dans l’Occident. C’est probablement parce que le modèle occidental de néolibéralisme n’accorde pas de liberté réelle de commerce, d’expression ou d’activité politique, mais impose plutôt un régime de soumission inscrit dans un cadre clairement défini. De sorte que la destruction du système actuel implique la perte de tous les dividendes précédemment acquis par les élites politiques libérales de l’Occident, qu’elles obtenaient en spéculant en bourse, par les mécanismes des paiements en devises étrangères (le système du dollar) et à travers les instruments des institutions supranationales (l’ONU, l’OMC et la Banque mondiale). Et, bien sûr, il y a des différences fondamentales dans la variété des cultures mondiales.

Dans son livre Le Dieu caché, Lucien Goldmann tire quelques conclusions intéressantes, qui suggèrent que les fondations de la culture occidentale ont des origines rationalistes et tragiques, et qu’une société immergée dans ces concepts qui a « aboli Dieu et la communauté… [voit rapidement]… la disparition de toutes les normes externes qui peuvent guider l’individu dans sa vie et ses actions ». Et, parce que de par sa nature intrinsèque, le libéralisme doit continuer, mécaniquement, à « libérer » l’individu de toute forme de structure (classes sociales, église, famille, société et genre, jusqu’à libérer l’homme de sa propre individualité), en l’absence de normes communes dissuasives, il est très logique que le monde occidental ait été destiné à se trouver en crise. Et la montée de mouvements populaires, de mesures protectionnistes et des politiques conservatrices dont Haass et d’autres mondialistes libéraux parlent ne sont rien de plus que des exemples de l’instinct d’auto-préservation de ces nations.

Aucun besoin de concocter des théories du complot sur l’ingérence de la Russie ou de Poutine dans les élections américaines (que Donald Trump a également niée, se contentant de noter que le seul soutien de la Russie s’est porté sur Hillary Clinton, et il est absolument vrai qu’une partie de son financement provenait de Russie). Les décisions politiques prises par l’Occident obéissent à la logique interne de la crise actuelle : comme toujours, les élites occidentales ont besoin d’un bouc émissaire. Ce bouleversement géopolitique a commencé en Occident à cause de la nature du projet occidental lui-même, qui portait les germes de sa propre destruction.

Mais comme des scénarios de développement alternatifs existent, ils érodent le système actuel. Et d’autres projets politiques commencent à remplir le vide idéologique qui résulte de l’échec de la vision libérale – à la fois dans la forme et sur le fond.

Il est donc assez probable que la crise actuelle du libéralisme enterrera définitivement le système de l’hégémonie unipolaire occidentale.

Et les mouvements populaires naissants, et le protectionnisme régional peuvent servir de base à un nouvel ordre mondial multipolaire.

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Traduction Corinne Autey-Roussel pour Entelekheia.

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mardi, 13 novembre 2018

"Een sterke plaats voor de Lage Landen in het Verre Westen van Eurazië"

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"Een sterke plaats voor de Lage Landen in het Verre Westen van Eurazië"

Kort gesprek met Robert Steuckers

Op 17 november aanstaande organiseert het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland voor de tweede maal een congres in Leuven, ditmaal onder het thema ‘Een eerlijke kijk op geopolitiek’. Eén van de sprekers op dat congres is de Brusselse publicist Robert Steuckers, Novini sprak met hem.

Meneer Steuckers, u spreekt op 17 november aanstaande op het congres van het GIVN, over welk onderwerp zult u daar spreken en waarom juist dat onderwerp?

Eerst over een algemene definitie van wat in mijn ogen geopolitiek wel is: de noodzakelijkheid de lessen van de geschiedenis te onthouden op ieder specifiek stuk land op deze aarde. Geschiedenis is tijd en aardrijkskunde is ruimte. Niets gebeurt buiten tijd en ruimte. Dan, in het tweede deel, over geopolitiek in de specifieke tijd en de eigen ruimte van onze Lage Landen. Welke geopolitieke lessen kunnen wij trekken uit ons verleden, een verleden dat wij niet altijd zelfstandig hebben kunnen bepalen?

U heeft al veel geschreven over de geopolitiek van Europa, wat heeft in eerste instantie uw belangstelling voor die materie gewekt?

Ik werd altijd, zelfs als kind, gefascineerd door geschiedenis en door atlassen, in het bijzonder door historische atlassen. Met historische kaarten heb ik kunnen ontdekken dat door overwinningen en nederlagen onze huidige tijd er heel anders uit had kunnen zien. De regels van deze vooruit- of achteruitgangen uit het verleden moeten onderzocht worden. Daarom de drie delen van mijn recente drieluik, dat als titel “Europa” draagt. Wat in het verleden is gebeurd kan zich vaak herhalen op dezelfde plaatsen waar ze ooit aan de oude geschiedenis vorm en inhoud hebben gegeven.

Zijn er uit de huidige trends op dit gebied bepaalde ontwikkelingen voor de middellange termijn af te leiden? Zo ja, welke ontwikkelingen kunnen we als eerste verwachten? Zijn er bepaalde zaken die onze bijzondere aandacht verdienen als het om de toekomst van Europa gaat?

De trend die men vanuit Amsterdam, Rotterdam, Antwerpen of Brussel moet observeren en volgen, is ontwijfelbaar de strijd tussen een hernieuwde poging om de verschillende grote regio’s van Eurazië communicatief (spoorwegen, wegen, kanalen) te verbinden, meestal vanuit China, en de inspanningen van Amerika om de realisatie van deze verbindingen binnen de Euraziatische landmassa te verhinderen. Wij moeten schema’s en plannen schetsen om een sterke plaats voor de Lage Landen en voor Midden-Europa te vinden of beter, terug te vinden, hier in het Verre Westen van Eurazië. Daarom is het ook nodig de tot hiertoe verborgen gebleven wortels van een potentiële geopolitiek voor de Lage Landen grondig te doordenken.

Hartelijk dank voor uw antwoorden!

Het 2e congres van het Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland (GIVN) onder het thema ‘Een eerlijke kijk op geopolitiek’ vindt plaats op zaterdag 17 november 2018, van 14.00 tot 17.00 uur aan de Andreas Vesaliusstraat 2 te Leuven. Van deelnemers wordt een kleine bijdrage in de onkosten gevraagd.